L'âge de l'inscription : la rhétorique du monument en Europe du XV au XVII siècle 9782251443867


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L'âge de l'inscription : la rhétorique du monument en Europe du XV au XVII siècle
 9782251443867

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Le Cabinet des images Collection dirigée par Florence Vuilleumier Laurens et Daniel Russell

Enregistrant le vif intérêt suscité depuis de nombreuses années par ces deux produits de l’ingegno que sont la devise et l'emblème et mettant l’accent sur ces deux formes canoniques de l’association d’un texte et d’une image qu’on a souvent représentés comme « l’âme » et le « corps », la présente

collection, où alterneront

éditions et commentaires,

études et essais, entend

les replacer dans leur

contexte, saturé de formes, anciennes et nouvelles (exemple : les hiéroglyphiques du Songe de Poliphile, les Médailles de Louis le Grand, les marques d’imprimeurs, ou les grands manuels d’iconologie) qui, au seuil de l'ère moderne, dessinent les contours d’un nouveau monde symbolique, nourrissant aussi bien l’histoire complexe du livre illustré que ces grands programmes décoratifs que sont les entrées triomphales, les décorations funèbres et les décorations de palais.

L’AGE DE L’ INSCRIPTION LA RHÉTORIQUE

DU MONUMENT

DU XV: AU XVIIe SIÈCLE

EN EUROPE

FLORENCE VUILLEUMIER LAURENS PIERRE LAURENS

L’AGE DE L’INSCRIPTION

DÉJÀ PARU

Nicolas Milovanovic,

Du Louvre à Versailles. Lecture des grands décors monarchiques.

Prix de la Fondation Simone et Cino del Duca, pour

Versailles, 2004.

LA RHETORIQUE DU MONUMENT EN EUROPE DU XV¢ AU XVII: SIÈCLE

Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre

LES BELLES LETTRES 2010

AVANT-PROPOS

J'ai toujours considéré, depuis mon enfance, que les seuls textes valables étaient ceux qui pouvaient être inscrits dans la pierre... Pour parvenir à des textes qui puissent tenir sous forme d’inscriptions... il faut (et naturellement l'amour de la langue latine est absolument concomitant à cela) il faut, dis-je, faire très attention.

Que les mots soient surveillés, Et presque préférés aux idées (bien sûr). Qu'ils soient employés dans leur sens le plus certain, le plus immuable, celui qui ne risque pas de leur manquer. (Ponge,

Pour un Malherbe)

J'ai tort de dire que la science et l’art du Mot sont réservés à l'Extrême-Orient.Je devrais me rappeler que l'inscription lapidaire a toujours été et reste encore une spécialité de l'Italie, héritière à cet égard des plus vieilles traditions de l'humanité. Votre pays est plein de ces grandes pages où vos Papes, vos Princes, et vos

Républiques ont superposé à l’architecture un monument scriptural... Mais déjà l’inscription n’est plus le mot pur et simple, le vocable unique hors du temps par lui-même proféré. Déja il s’agit de ce que j’appelle la page, une architecture de lignes contenue et déterminée par un

cadre. De cette architecture, les feuilles de titres de vos beaux in-folio italiens du xvi‘ et du xvir siècle, avec leur parfaite composition de caractères, j'allais dire d’ordres différents, l’entrecroisement éclatant et pur des noirs et des carmins, le tout délicatement timbré de délicieux culs-de-lampe à l’eau-forte, nous offrent des modèles

achevés. Ces édifices typographiques sont aussi beaux que les façades de Palladio et de Borromini. Mais le texte lui- méme dans les vieux documents, cette procession des grandes capitales romaines dont chacune ressemble ἃ une statue, a un élément d’aqueduc ou de colonnade, s’ordonne en frise sur des parois aussi majestueuses. (Claudel,

La Philosophie du livre)

Si le mot « épigraphie », science qui a pour objet l'étude des inscriptions, n’apparait pas dans notre

langue avant le dernier tiers du x1x* siècle (Littré, 1863 ; Dictionnaire de l'Académie, 1878), soit au moment

AVANT-PROPOS AVANT-PROPOS

de la constitution des grands corpus sur lesquels notre connaissance a reposé jusqu’à ces derniers temps, on doit faire remonter bien plus haut, jusqu'aux « antiquaires » de la Renaissance italienne, les premiers inventaires systématiques et les premières études d’un type de documents inscrits dans la pierre et dont la masse et le puissant intérêt, historique, politique, esthétique, le disputent à ceux de la littérature proprement dite transmise par les manuscrits. Les auteurs du Corpus Inscriptionum Latinarum n’ont eu garde de l'oublier, comme le montre la richesse de leurs apparats critiques, et aussi leurs précieuses notices, matériaux pour une histoire des développements de la discipline qui, de l’aveu des meilleurs spécialistes, reste encore à écrire. Retracer l’ensemble

de cette histoire

n’est pas non

plus notre

dessein,

bien que

notre

premier

chapitre, qui traite de la naissance de l’épigraphie moderne, tente de brosser, et pour la première fois avec une réelle ampleur grâce à l'immense documentation dont nous disposons aujourd’hui, le cadre, l'arrière-plan culturel sur lequel va s’ouvrir et prospérer une nouvelle ère de l'inscription. II s'avère en effet que le regard porté par les hommes de la Renaissance sur les monuments du passé n’est pas tout à fait le nôtre : il ne s’arréte pas au désir de connaissance. Cette Antiquité admirée, on

veut la connaître, mais c’est pour construire, aidé de Poggio à Niccolò Niccoli : « Toujours recueillir des l’on n’en faisait rien ». Connaître le passé, mais pour et subvertissant, le présent et l’avenir : c’est ainsi que

et la mise en page de la lettre, les grands débats sur le style et sur la langue : le premier, qui oppose

de part et d’autre des Alpes, une esthétique de la magnificence à une esthétique de la gravité et de la

simplicité ; le dernier, le plus retentissant et aussi le plus riche des conséquences ayant pour résultat,

dans la France louis-quatorzienne, la substitution du français au latin, déchiffré par nous pour la première fois, sous les tableaux d'histoire de Charles Le Brun dans la galerie des Glaces de Versailles. Ce

dernier épisode, en fermant une époque et en ouvrant une nouvelle ère de l'inscription, justifie l’arc

chronologique que nous avons défini, en même temps qu'il illustre à nouveau et de façon éclatante les interfaces multiples d’un objet situé au croisement de disciplines multiples, histoire, politique, rhétorique, histoire de l'écriture, histoire de l’art.

EV.L. et PL. Paris, le 22 février 2010

ses leçons, un monde nouveau. C’est le mot de pierres, du bois, du mortier, semblerait fou, si édifier, en l’interprétant voire en le gauchissant la redécouverte des monuments antiques avec

leurs belles épigraphes ne satisfait pas seulement le plaisir de la chasse et de la collection et, en plus d’une

occasion, les intérêts du campanilisme,

elle ne renouvelle

pas seulement,

de concert avec les

textes, l'étude de tous les secteurs de la sacrosancta antichità, mais encore s'accompagne, tant entre les mains des particuliers qu'entre les mains des institutions et des Etats, d’une véritable explosion en même temps que d’un spectaculaire renouvellement de la forme-inscription. Le titre et le contenu de

l'ouvrage d’Ottavio Boldoni, Epigraphica (1660), qui réunit inscriptions antiques et modernes, témoigne

symptomatiquement de cette ambiguïté essentielle.

De cette observation est né, il ya cinquante ans, le beau livre de John Sparrow,

Visible words (Cambridge,

1969), et il y a maintenant quinze ans qu'avec Filippo Coarelli et Mario Luni nous organisions, à Acquasparta et a Urbino, le colloque Vox lapidum. Dalla riscoperta delle iscrizioni antiche all’invenzione di un nuovo stile scrittorio (11-13 Settembre 1993, Eutopia 1994 — III, 1-2). Sur le premier ouvrage, riche d’intuitions, mais d’érudition facile, et sur le deuxième, de nature encore exploratoire, la présente

contribution, qui couronne une série de recherches étendues sur plus de trois lustres, revendique au moins l’avantage d’une construction cohérente. Tandis que trois chapitres analysent |’exploitation originale du matériau épigraphique par trois grands créateurs de formes (les épigraphes du Tempietto de Pontano, les inscriptions de Francesco Colonna dans le Songe de Poliphile, le rôle du modèle épigraphique dans l'invention de |’ Emblème par André Alciat), les chapitres suivants explorent les liens privilégiés que l'inscription ne tarde pas à (re)nouer avec le politique, à Rome d’abord, ville des inscriptions monumentales et des possessi, puis, avec le développement des fêtes éphémères (entrées royales et funérailles princières) dans les cours et les villes de l'Europe baroque et monarchique ; une troisième l’apparition et le prodigieux succès de l'inscription pour le livre et la définition d’un nouveau genre

N.B. Le présent livre est le développement d’un projet défini par Florence Vuilleumier Laurens dans son article « La rhétorique du monument. L'inscription dans l'architecture en Europe au xvi siècle », xvir siècle, 1987, 3, 291-312. Sur les douze chapitres qu'il contient, sept reprennent, en les remaniant parfois profondément, des articles déjà publiés soit séparément soit en commun par les deux auteurs (voir notes aux chapitres IV, VI, VII, IX, X, XI, XII), cinq sont entièrement originaux

au premier plan les problèmes formels, orchestre, parallèlement aux recherches nouvelles sur la forme

affectueusement remercié.

partie s’arréte sur un phénomène qui a marqué l’histoire de l'écriture autant que celle de la librairie :

littéraire, l’elogium, intermédiaire entre la prose et la poésie ; une quatrième et dernière partie, qui met

10

(I, I I,

V, VI).

L'ensemble

ainsi constitué a bénéficié

de la relecture

toujours généreuse

d'Alain

Segonds

: qu'il en soit

CHAPITRE NAISSANCE

PREMIER

DE L'ÉPIGRAPHIE

MODERNE

« Lo studio dell’epigrafia classica ὃ un prodotto dell Umanesimo ». Ce jugement de Roberto Weiss ! n’est infirmé ni par le fait que les plus anciennes syllogai que nous possédions remontent au Ix° siècle ? — mais il s’agit, à une exception près, d'inscriptions chrétiennes destinées à servir de modèles —, ni par les quelques traces réelles d’un intérêt pour les inscriptions antiques qu’on peut relever au ΧΙ“ siècle dans les Mirabilia Vrbis ou dans les œuvres d’un Jean de Salisbury *, ni par l’enthousiasme qui salue la découverte, entre 1318 et 1324, à Padoue, où Lovato Lovati avait déjà persuadé les magistrats d’élever une tombe pour recevoir les restes présumés du troyen Anténor, d’une stèle romaine où figurait les mots T. Livivs 4, ni par l’intérêt plusieurs fois attesté de Pétrarque °, et de Boccace ὃ, qui, dans son élegie latine à Costanza, ne reprend pas moins de quinze vers sur vingt-six à la fameuse inscription d’Omonea, ni enfin, malgré sa forte charge symbolique, par le geste de Cola di Rienzo 7, à Saint-Jean1. R. Weiss, « Lineamenti per una storia degli studi antiquari

in Italia dal dodicesimo secolo al sacco di Roma del 1527 », Rinascimento, IX, 2 (1958), 141-201, part. 181 ; également Ip., The Renaissance discovery of classical Antiquity, Oxford 1969 ; trad. ital. :

La scoperta dell'antichità classica nel Rinascimento, Padova, 1989. 2. A. SILVAGNI, « Nuovo ordinamento delle sillogi epigrafiche di Roma anteriori al sec. XI », Dissertazioni della Pontificia Accademia di Archeologia, XV (1921), 181-229 ; In., dans /nscriptiones Christiane Vrbis Rome septimo seculo anteriores, n.s., Roma,

I, XVIII-XXIX.

1922-,

3. Ioannis Saresberiensis Polycraticus, éd. C.C.]. Webb, Oxford, 1909, I, 13 (l'inscription de l’arc de Constantin). 4. B.L. ULLMAN, Studies in the Italian Renaissance, Rome, 1955,

55-56.

5. Sur l’activité épigraphique de Pétrarque, voir /nscriptiones Christiane Vrbis Rome..., op. cit., 1, 2, 315-316. 6. V. BRANCA,

Tradizione delle opere di Giovanni

Boccaccio, I,

Rome, 1958, 201-229. 7. Voir la biographie anonyme du xiv‘ siècle, éd. A.M. Ghisalberti, Florence-Rome-Genève, 1928, 3-4 et 8-11. Et pour la thèse que l’histoire de l’épigraphie débute dans la sphère du politique : F. Sax, « The Classical Inscription in Renaissance Arts and Politics.

Bartholomæus Fontius : Liber monumentorum Romane urbis et aliorum locorum », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, IV, 1-2 (1940-41), 19-46, part. 19. Plus récemment, M. GREENHALGH, « Ipsa ruina docet. Politica e uso dell’antico nel Medioevo », Memoria dell’Antico, éd. S. Settis, « Biblioteca di Storia dell’arte », N.S.,

Torino, 1984-1986, I : L’uso dei classici,

113-167. Contre l'attribution

L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

NAISSANCE DE L’EPIGRAPHIE MODERNE

de-Latran, retournant pour la commenter devant le peuple de Rome la plaque de bronze qui portait la Lex de imperio Vespasiani et que le pape Boniface VIII, par haine de l’Empire, selon le tribun, avait dissimulée à l’envers dans la structure de l’autel. Le seul qui au Trecento paraît annoncer les grands antiquaires du siècle suivant est un autre ami de Pétrarque, le médecin humaniste padouan Giovanni Dondi dall’Orologio, qui durant son séjour à Rome mesure, quoique grossièrement, les monuments antiques, étudie leur architecture et note leurs inscriptions, non sans quelques erreurs et difficultés ὃ, Les vrais débuts de l’épigraphie humaniste, les premières tentatives pour former un corpus epigraphicum de I’ Urbs commencent dans la première décennie du Quattrocento ° avec Niccolo Signorili et Poggio Bracciolini, suivis par Ciriaco d’Ancona,

Felice Feliciano, Giovanni

Marcanova,

suivis à leur tour par

Michele Ferrarini, Bartolomeo Fonzio, Francesco Maturanzio, Pietro Sabino, Fra Giocondo et enfin cent autres...

1. Trois figures du Quattrocento Poggio Bracciolini (1380-1459)

Dans les pages qui ouvrent le premier livre du De Varietate Fortune, Poggio Bracciolini, profitant des loisirs que laisse aux secrétaires de la Curie la maladie qui emportera bientôt le pape Martin V (+ 1431), se représente arrétant son cheval au sommet du Capitole et devisant avec son ami Antonio Loschi devant le spectacle des ruines qui s'étendent sous ses yeux côté Forum : mise en scène classique, rappelant celle de Pétrarque contemplant avec son ami, le dominicain Giovanni Colonna, la Rome ancienne du haut de la coupole des thermes constantiniens et annonçant celle de Volney devant les ruines de Palmyre : Il y ἃ quelque temps, comme le pape Martin V s’était retiré pour raison de santé dans son domaine de Tusculum, et que nous étions donc libres de tout souci public ou privé, nous venions souvent contempler, l’illustre Antonio Loschi et moi-même, les solitudes de la ville, et, devant l’ancienne grandeur des monuments effondrés et l’immensité des ruines de la cité antique, devant l’ampleur de la chute d’un tel empire, nous

admirions du fond de l’âme la stupéfiante et affligeante inconstance de la Fortune 10...

À l’appui de sa méditation sur les ravages du temps et des hommes, Poggio cite d’abord les deux

arcs du Tabularium

insérés déja dans les batiments modernes,

dont une

inscription en capitales « a

a Cola de la syllogè signorilienne, voir A. Sivacni, « Se la silloge

10. Le Poccr (Gian Francesco Poggio Bracciolini), Les ruines

Latinitatis Medii Æui, 1 (1924), 175-183. 8. Sa description de Rome se trouve dans le Codice topografico

et notes J.-Y.B. et F. Coarelli, « Les Classiques de l’'Humanisme », Paris, 1999, I, 1, 11 : Nuper cum pontifex Martinus, paulo ante quam

epigrafica signoriliana possa attribuirsi a Cola di Rienzo », Archiuum

della citta di Roma, éds. R. Valentini, G. Zucchetti, Roma, 1940-53, 4 vol., t. IV, 68-73. Le Panthéon est encore appelé Santa Maria della Rotonda, la colonne Trajane est appelée Hadrienne et ἃ propos de l'inscription de Constantin, l’auteur note : Sunt multe littere sed difficulter leguntur.

9. Voir Inscriptiones Christiane Vrbis Rome..., op. cit., 1, XXIX-XLI

et Corpus Inscriptionum Latinarum [C.I.L.], VI, Index Auctorum.

14

de Rome. De uarietate fortune, Livre I, éd. trad. J.-Y. Boriaud, intro.

diem suum obiret, ab urbe in agrum Tusculanum secessisset ualetudinis

causa, nos autem essemus negotiis curisque publicis uacui, uisebamus sæpe deserta urbis, Antonius Luscus, uir clarissimus egoque, admirantes animo ob ueterem collapsorum ædificiorum magnitudinem et uastas urbis

antique ruinas, tum ob tanti imperii ingentem stragem stupendam profecto ac deplorandam fortune uarietatem...

demi rongées par le sel », révèle l’antique destination, Q. Lutatium QF. et !1 Q. Catulum Coss. substructionem et tabularium de suo faciundum coeravisse ; puis, après le tombeau de C. Publicius, également près

du Capitole, le pont Fabricius sur le Tibre, dont une autre inscription ancienne perpétue le nom des magistrats qui le firent construire : L. Fabricium C.F. curatorem uiarum faciundum coerasse... et M. Lepidum M.E Cos. approbasse. Ces premiers relevés ouvrent une énumération impressionnante, où sont identifiés, à travers les inscriptions d'époque républicaine, puis impériale, les tombeaux de Bibulus, de Cæcilia Metella, le Panthéon, le temple d’Antonin et Faustine, les thermes de Caracalla, de Dioclétien, de Constantin, d'Alexandre Sévère. Remarquable est la mention du monument connu jusque-là sous le nom de Meta Romuli : S’ajoute la pyramide près de la porte d’Ostie, prise dans le mur d’enceinte, noble tombeau de Caius Sestius, septemvir epulonum, ouvrage achevé en cent trente jours, comme le dit l'inscription gravée sur le monument. C'est pourquoi, poursuit-il,je m'étonne, étant donné que l'inscription est intacte, que le savant Pétrarque [Fam., VI, 2] écrive dans une de ses lettres que c’est là le tombeau de Rémus.Je suppose que, s’en remettant à l’opinion courante, il n’a pas jugé bon de relever l'inscription cachée par les broussailles, que ses successeurs, pourtant moins savants, ont lu plus scrupuleusement !2...

On ἃ suggéré que Poggio pense ici à Pier Paolo Vergerio, qui, dès 1398, écrivait : Sed qui litteras marmoribus inscriptas legerunt, id negant (sc. hanc esse Metam Remi), quas nunc dificillimum est legere propter arbusta que inter marmorum commissuras oborta sunt '*. Les broussailles qui couvraient la base de la pyramide devaient être suffisamment vivaces, puisque, quelques années encore après le Pogge, Fra Giocondo, donnant à son tour l'inscription, fait loyalement ce commentaire : J'ai trouvé sur quelques exemplaires avant les mots C. Cestius cette indication : Ponti PE Clamele Heredis et Pot. III que je n’ai pas pu vraiment voir. Car, comme la pyramide est complètement cernée par les broussailles et les ronces, j'ai voulu croire que d’autres ont vu ce queje n’ai pas vu, et ce que j'ai vu,je ne l’ai pas bien identifié.

Reste qu'entre l’âge de Pétrarque, encore marqué par l'imaginaire médiéval des Mirabilia Vrbis, et le témoignage de première main du Pogge et même de deuxième main de Fra Giocondo se place une petite révolution épistémologique analysée par Filippo Coarelli dans son introduction au volume des Ruines de Rome déjà cité. En effet, plus que le nombre important d'inscriptions latines citées dans ce premier livre du De varietate, document-programme et acte de naissance d’une science topographique, c’est la démarche même qui est nouvelle. Démarche confirmée par ce que nous dit ici ce fragment de dialogue, renvoyant au travail de Poggio épigraphiste. C’est d’abord Antonio qui parle : J'approuve, dit Antonio, le soin scrupuleux qui t'a fait aller rechercher, sur les édifices publics et privés, dans la ville et en dehors, en bien des endroits, ces inscriptions pour les rassembler en un petit ouvrage et les donner ainsi à lire aux amoureux des lettres. 111. Quoique les autres puissent en penser, répondis-je, c’est

dans l'intérêt général que je les ai toutes soigneusement recopiées, mot pour mot, en entier, les arrachant 11. Ce et est, on le verra plus loin, le fruit d’une mauvaise lecture. 12. Ibid, 1, n, 19 : Adiciunt et Pyramidem prope portam Ostiensem menibus urbis insertam, nobile sepulchrum C. Sestii VIT uiri epulonum,

quod opus absolutum ex Testamento Ponthi Clamela diebus CCCXXX litteræ in eo incisæ referunt. Quo magis miror, integro adhuc epigrammate,

doctissimum uirum Franciscum Petrarcam in quadam sua epistola scribere id esse sepulchrum Remi ; credo, secutum uulgi opinionem, non

magni fecisse epigramma perquirere fruticetis contectum, in quo legendo

qui postmodum secuti sunt minore cum doctrina maiorem diligentiam

prebuerunt... 13. Weiss, The Renaissance discovery..., op. cit., 55-56.

15

L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

NAISSANCE DE L’EPIGRAPHIE MODERNE

parfois aux ténébres, parmi les ronces et la broussaille, pour les révéler au public. De la sorte, si les Romains

d’aujourd’hui — ce qu’on les a vus souvent faire — les détruisent, du moins subsistera ce souvenir de leurs

inscriptions '*...

Au-delà de la polémique contre l’environnement culturel romain indifférent à la préservation du « patrimoine » historique (polémique sans cesse reprise jusqu’à la fameuse lettre de Raphaël-Castiglione

à Léon X !), se déchiffre une méthode d'investigation, celle de l’homme

de terrain qui, avant Flavio

Biondo et Francesco Albertini, est en train d’inventer les conditions de la naissance d’une véritable topographie romaine, et un projet éditorial, celui d’un recueil d'inscriptions majoritairement de I’ Vrbs, dont le matériau est en partie conservé, nous le savons aujourd’hui, dans un manuscrit, le Vaticanus Latinus 3691, à la suite d’une série d'inscriptions en cursive recopiées d’un exemplaire de l’unique manuscrit médiéval à avoir conservé une série d'inscriptions non chrétiennes antiques. En effet, si le nom de Poggio Bracciolini s’offre plus que tout autre à introduire ce chapitre sur la naissance de l’épigraphie moderne, plus par exemple que ceux du médecin humaniste padouan, ami de Pétrarque, Giovanni Dondi

!f, ou surtout du secrétaire du sénat de Rome,

Niccolà Signorili 17 qui

pourraient à d’autres égards y prétendre, c'est aussi parce que son recueil (fait ignoré jusqu’au milieu de xrx* siècle), tout en étant un des tout premiers témoignages de la nouvelle science, fait spectaculairement le lien avec l’un des rares documents de ce genre que nous ait laissé le Moyen Age, le manuscrit 326 d’Einsiedeln !8. C’est aussi que la découverte de ce recueil poggien signe un des beaux moments de l’histoire de l’épigraphie au moment de son plein épanouissement. On est alors en 1850 : il faut partir ici de l'intuition, ou plutôt véritable diuinatio, de Theodor Mommsen !° qui, observant que dans les manuscrits du xv° et les éditions du xvi° siècle se trouvent de nombreuses inscriptions transmises par 14. Jbid., I, u-m,

19-21

: In hoc laudo,

inquit Antonius,

curam

et diligentiam tuam, Poggi, qui istarum publicorum tum priuatorum operum epigrammata intra urbem et foris quoque multis in locis conquisita in paruum uolumen coacta, litterarum studiosis legenda tradidisti. πι. Vicumque id ceteri accipiunt, inquam, ad utilitatem certe communem diligenter omnia,

nonnulla inter uirgulta et rubos latentia eruens, ut

aliis paterent, ad uerbum integra expressi : ut si, quod persepe uidimus,

ea Romani euerterint, saltem titulorum extet memoria... 15. Voir FP, pt Teoporo, Raffaello, Baldassar Castiglione e la

« Lettera a Leone X ». Con

di Mercurio

Vaggiunta di due saggi raffaeleschi, « 1 figli

», Bologna, 2003

(1'° éd. : 1994).

16. Codice topografico..., op. cit., τ. IV, 62-73. Voir le jugement

de Weiss,

La scoperta..., op. cit., 59 : « Ma

la passione si rivelù

superiore alla competenza ». 17. Celui-ci ἃ laissé trois rédactions de sa sylloge composée quasi exclusivement d'inscriptions romaines. La première, rédigée en

1409 est conservée dans le Barb. Lat. 1952 ; la deuxième et la

troisième, apprêtées sous le pontificat de Martin V (1417-1431),

se lisent l’une dans le Vat. Lat. 10687 et le Chig. I VI 204, l’autre dans le Vat. Lat. 3851. Le recueil a été un moment attribué à

Cola di Rienzo [voir SILVAGNI, « Se la silloge signoriliana... », art. cit. supra note 7]. 18. Antiqua collectio veterum Einsidlensis 326, fol. 67-79. En

inscriptionum

1683, Mabillon

romanarum,

découvre,

dans

l'abbaye d’Einsiedeln, en Suisse, un mss. du ix siècle, copie d'un 16

original du vu‘ au Ix° siècle, contenant un itinéraire dans la ville de Rome et un recueil d'inscriptions romaines, plus quelques textes copiés dans d’autres lieux, comme Pavie. L'inscription

la plus récente date du pontificat d’Honorius I* (628-638). Il

publie ce texte dans le Veterum analectorum tomus IV, complectens iter germanicum..., Luteciæ Parisiorum, 1685. Depuis : H. JORDAN, Topographie der Stadt Rom im Alterthum, Berlin, 1907 ; T. MOMMSEN, dans Rheinisches Museum für Philologie, n.F., XTX (1864) ; G.F. HANEL,

dans Archiv für Philologie und Pädagogik, V-VIII (1837-42) ; G.B. De

Rossi, Roma sotterranea descritta ed illustrata, Roma, 1864-77, I, 146 ; T. MOMMSEN (dans Sitzungsberichte der Kôniglich Sächsische Gesellschaft der Wissenschaften, 1850) pense que |’ Einsidlensis a été

copié sur le manuscrit de Saint-Gall dont le Pogge trouva une

partie (jusqu’au n° 47) qu'il inséra dans la première partie de son recueil. Voir aussi R. LANCIANI, « L’Itinerario di Einsiedeln e

l’ordine di Benedetto canonico », Monumenti antichi, 1 (1890), 437-552. L’ Itinerarium Einsidlensis a été publié dans les Itineraria et alia geographica (ætatis patrum, saec. VI-VIII), « Corpus christianorum.

Series latina » 175, Turnhout,

1965 et la reproduction

des inscriptions dans G. WALSER, Die Einsiedler Inschriftensammlung

und der Pilgerführer durch Rom : Codex Einsidlensis 326, Facsimile, Umschrift, Ubersetzung und Kommentar, « Historia. Einzelschriften »,

Stuttgart, 1987. 19. Epigraphische Analekten, n. 13-16 dans Sitzungsberichte der Kôniglich Sächsische Gesellschaft der Wissenschaften,

1850, 287 suiv.

le seul Anonyme d’Einsiedeln, révélé en 1683 par Jean Mabillon, s’avisa qu'il fallait créditer le Pogge, découvreur de tant de manuscrits dans les monastéres de Suisse et de Germanie, du mérite d’avoir déterré, sinon l’exemplaire de Mabillon, du moins un autre exemplaire, mutilé, du même écrit, qu'il aurait emporté avec lui et divulgué. À l’appui de son hypothèse, le même Mommsen alléguait deux fragments de lettres du Pogge, l’une adressée à Agostino Villa, l’autre à Gregorio Tifernas, restées inédites mais divulguées partiellement par Ludwig Preller ? d’après un manuscrit parisien, faisant état de la découverte en Allemagne d’un mince quaternion (ailleurs quinternion) contenant des épitaphes, ou quedam essent quibus careremus ; dans l’une ?! ; Epitaphia, que petis, sunt in patria cum reliquis meis libris, sed ea parum quid sunt. Vnicus parvus est quinternio, quem inter pulveres repertum in manicam conjeci, cum libros quererem apud Alemanos.

Epist. X, 16 Tonelli. dans l’autre :

Res parvula est : unum enim tantum quaternionem haud magnum abiectum neglectumque reperi apud Germanos, quem detuli mecum, cum ibi quedam essent quibus careremus. Epist. X, 17 Tonelli.

L'étape suivante et décisive, celle-là, est due à un autre athlète des études épigraphiques : c’est, signalée deux ans plus tard dans le Giornale arcadico de 1852 35, la mise au jour par Giovanni Battista

De Rossi d’un manuscrit de la Vaticane (aujourd’hui le Vaticanus Latinus 9152) datant du début du

xvi siècle ou de la fin du xv*, et contenant, après un liber notarum, un recueil d’inscriptions antiques sans nom d'auteur ni titre, composé de deux parties étroitement liées : l’une, en caractères minuscules, ou est littéralement transcrite une grande partie de la syllogé d’Einsiedeln — soit toutes les inscriptions à partir du numéro 6 jusqu’à la majeure partie de 47, à l’exception précisément de celles qui seront données plus loin en majuscules comme choses vues : la partie retranscrite correspond au contenu du fameux quaternion ou quinternion avec les Note—, puis, en capitales, une deuxième série d'inscriptions tirées directement des marbres, où De Rossi, tirant parti des recoupements

évidents avec les inscrip-

tions commentées dans le premier Livre du De Varietate fortune (ainsi de la mélecture de l'inscription de Lutatius Catulus), reconnut le livre où, selon les propres paroles du Pogge dans le même dialogue,

étaient réunies {um publicorum tum privatorum operum epigrammata intra Vrbem et foris quoque multis in locis

conquisita atque in parvum volumen coacta (Planche 1). Cette démonstration, qu’on ne peut reproduire dans son détail, confirmée par Wilhelm Henzen 35, est élargie encore dans le second volume des Inscriptiones christiane Vrbis Rome **, où De Rossi considère à présent attentius la correspondance du Pogge avec ses amis. Concernant d’abord le codex Einsiedinensis, il dévoile d’abord une lettre écrite en 1432 par Ambrogio Traversari, attestant qu’il a eu dans sa cellule 20. L. PRELLER, « Zur rômischen Topographie », Rheinisches

Museum für Philologie, n.F., IV (1846), 467.

21. Voir Poggii Epistole, editas collegit et emendauit plerasque ex codd. mss. eruit ordine chronologico disposuit notisque illustrauit, ed.

T. de Tonelli, vol. I, Florentiæ, 1832 ; /bid., vol. IL, Florentiz, 1859

et vol. III, Florentiz, 1861.

22. G.B. pe Rossi, « Le prime

raccolte d’antiche iscrizioni

compilate in Roma tra il finire del secolo xiv e il cominciare del

XV », Giornale arcadico, CXXVIII (1852), 9-76. 23. C.I.L. VI, 28-40.

24. DE Rossi dans /nscriptiones christiane..., op. cit., IL (1888), 338 suiv. 17

NAISSANCE

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du couvent des Camaldules quaternionem solum et vetustissimum in quo plura epigrammata Romane urbis scripta sunt non majusculis sed communibus litteris et demandant qu'il soit rendu à son propriétaire — Erat in cellula nostra et credo facile reperietur —, puis livre l'intégralité des deux lettres dont des fragments seulement étaient donnés dans l’article du Rheinisches Museum : il ressort de ces lettres (présumées datées de 1451) que Poggio vers la fin de sa vie n’a plus le manuscrit en sa possession — Mitterem ad te libenter epitaphia si mecum essent... — et s'excuse sur la minceur de la perte, sed res parvula est, ajoutant relevés. L'étude de la correspondance confirme aussi de façon lumineuse la précocité et la continuité de l'intérêt porté par notre humaniste aux inscriptions de l’ Vrbs et d’ailleurs : installé à Rome de 1402 — il est alors âgé de vingt-trois ans — a 1414, il envoie dès 1403 des inscriptions à Coluccio Salutati qui l'en remercie — Video quidem te pauco tempore nobis urbem totam antiquis epigrammatibus traditurum 35 —, et a Niccolo Niccoli “5 : Epigrammata Tiburtina iamdudum a me habuisti omnia ; puis revenu a Rome en 1423 après l’épisode du Concile de Constance et le séjour en Angleterre, il relève en 1427 (Epistole NI, 12 Tonelli), en compagnie de Cosme de Médicis, l’inscription de M. Antius Lupus sur la via Ostiensis (n° 65),

puis relate dans trois lettres adressées ἃ Niccolo Niccoli, datées de septembre 1428 ?7 les découvertes épigraphiques qu'il a faites à Ferentino et Aletri, se riant de l’admiration des curieux qui croient qu'il déchiffre des lettres grecques et trouvant dans l’agréable présence d’accortes jouvencelles — l’humaniste ἃ alors quarante-huit ans — une compensation aux périlleuses conditions du déchiffrement 38, On peut déduire de ces précieuses lettres que le noyau originel de la syllogé du Pogge remonte aux années de son premier séjour à Rome, en 1403 ; que son intérêt est ravivé par la découverte du quaternion lors de sa participation au concile de Constance 1414-1418 ; que ses recherches se poursuivent 25. Coluccio SALUTATI, Epist. ed. Rigacci, I, p. 76. La lettre

est datée tout nuement

du 23 décembre,

mais avec N. Anziani,

préfet de la Laurentienne, De Rossi la date de 1403. Voir aussi T. TONELLI, Vita di M. Poggio scritta in inglese da G. Sheperd, Firenze, 1825, I, p. 10-13. 26. Epistole, III, 12 Tonelli, « mai 1427 », 210 (= P.B., Lettere, éd. H. Harth, « Carteggi umanistici Niccolà Niccoli, 73, 188).

», Firenze,

1984, I. Lettere a

27. Epistole, II, 19, 20 et 21 Tonelli, 218-222 (= Lettere, I, 69, 70 et 71 Harth, 179-184). 28. Lettere, 1, 69 Harth,

« Rome,

11 sept.

1428 », 179-180

(=

Epistole, 1, 19 Tonelli, 219) : ... Ego lucellum tibi apporto ex peregrinatiuncula nostra ; quod licet parvi sis facturus, tamen nonnihil te oblectabit. Fuimus Ferentinum, B. de Monte Politiano egoque, ille animi laxandi gratia, ego antiquitatis querende cum quodam amico nostro, qui nos opipare accepit. Sed solo die ibi mansimus, quo ego nunquam quievi, licet calor immensus. Primum lustravi urbem arcemque in ea antiquo opere perquisivi. Vrbs est sita in monte ; circum summitas

montis cingitur muro lapideo, omnis qui murus adhuc extat solo tenus intrinsecus, extrinsecus vero multis in locis prealtus et preruptus, ut admirationem prebeat magnitudo operis. Est preterea turris quadrata ingens, cuius in duobus lateribus sunt litere, quas videbis. Extra urbem prope muros in parte prerupta montis excisum est saxum, secus viam, ad quem ascenditur cum difficultate in hanc formam... Intus est epitaphium, quod ad te transmitto quod, ut opinor, placebit etiam stomacho nauseanti. Sed vide, ut recte intelligas eas abbreviationes ; sunt enim

Planche

1 : Vaticanus Latinus 9152, fol. 32v°-33r°.

MODERNE

qu'il a perdu, en les prétant, multa que habeba(t) ex variis locis in volumen coniecta, sans doute ses propres

Ccectvs. LPO. epPRTR PLVIL

SACRVA.

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0. Fa, CATVAVS Ge VIATIVS

DE L'ÉPIGRAPHIE

multe, et quid tibi de eo videatur responde. Fuit mihi summus labor

legere has literas, primum illas, que sunt in turri arcis, cum sint a visu

remote et magna ex parte consumpte vetustate, deinde eas, que sunt in

saxo illo. Pluribus enim horis insudavi, et sudavi quidem in meridie

ad solem ; sed tamen labor omnia vincit. Nequivi amplius investigare loca circumuicina, licet cupiens, quia socii properabant. Charta deficit

et somnus premit. Vale, manu veloci, die XI sept. 1428. Lettere, 1, 70 (181 Harth), « Rome, 15 sept. 1428 » : ... Scripsi me reperisse in

turri quadam antiquissime arcis Ferentinatis epigramma quoddam et item aliud alio in loco non contemnendum. Id quod est in arce fuit laboriosus ad legendum, tum propter altitudinem, tum propter varia virgulta, que cooperiunt litteras et ee multis sunt in locis exese propter vetustatem. Mirabantur accole me id legere, quod neminem meminerant legisse, cum dicerent eas esse litteras grecas. Sed legendi cognoscendique laborem

minuebant adolescentes due

innupte...

Lettere, 1, 71

(183 Harth), « Rome, 2 oct. 1428 » : ... Pridem aliud epigramma summo cum labore purgato muro excenpsi, quod antea propter hederam et virgulta nunquam potui legere. Preteribant plurime femine (nam id est in porta qua itur Tibur) et quidem forma cospicue... Adstabant nonulle ridebantque velut inanem meum laborem, ego eas itidem iocans ridebam. Censeasne tu, homo severe, hoc pro maleficio habendum ?... Sed puniam te : non habebis hoc epigramma, cum sit egregium, nisi satisfeceris. Nam quod prius scribis, difficillimis ad intelligendum notis, ego omnia plenissime lego intelligoque exceptis quattuor litteris simul ordine positis, videlicet H.A.1.R. Tu si quid habeas preter ea ad me scribas velim, Edipum me prestabo tibi...

L’AGE DE L'INSCRIPTION

NAISSANCE

encore activement aux alentours de |’ Vrbs dans les années

1427-28. Il est donc

raisonnable d’assigner,

avec De Rossi, à l’année 1429 la texture définitive de la sylloge dont Poggio semble avoir perdu la trace en 1451. Pour la rédaction de la partie archéologique du De Varietate, dont le dialogue se situe peu avant la mort de Martin V, mais qui est forcément

rédigée après cette date, il est plus difficile de

conclure, les allusions polémiques aux thèses de « certains » touchant l'antiquité des murs n’obligeant nullement,

comme

le voudrait Riccardo

Fubini 39, à assigner à l’année

1448, année

de l’achèvement

des quatre livres *°, toute la partie archéologique, traitée par lui comme une réaction critique à la Roma

instaurata de Flavio Bondio publiée en 1444. Ce qui importe, c’est que, outre le manuscrit de la sylloge,

trop généreusement prêté, on l’a vu, par son auteur, déjà copié, on le verra, par Ciriaco, et qui a eu sa circulation propre, les inscriptions poggiennes, lestées de leur commentaire, et valorisées par leur mise

en scéne, ont été rapidement popularisées d’abord par les manuscrits, soit du De Varietate entier, soit

du seul Livre premier, soit méme de la seule partie archéologique de ce livre ; puis par les premiéres éditions de ce Livre premier, le seul ἃ étre publié dans les Opera en 1510, 1511 (Strasbourg), puis en

1513 (Paris et Strasbourg) et 1538 (Bale), avant d’étre intégré au recueil d’antiquités du Novus Thesaurus

de Sallengre en 1716, l’édition des quatre livres ne paraissant à Paris qu’en

1723.

Ciriaco d’Ancona (ca. 1391 — ca. 1455)

On passe très naturellement de Poggio à Ciriaco *!, de douze ans seulement plus jeune que son

aîné, qu'il croise forcément à Rome — Henzen dit simplement : Fieri vix poterat ut non novisset Poggium

ibi degentem °? —, soit lors d’un premier bref séjour en décembre 1423, soit plutôt en 1432 lorsque son

protecteur le cardinal Gondulmer devient le pape Eugène IV : non seulement Poggio lui laisse alors copier sa syllogé, dont les traces sont lisibles, comme celles de Signorili, dans l’Angelicus 4, 18, mais il lui donne une lettre de recommandation pour Giacomo Foscari — Commendo tibi Ciriacum, doctus est et bonorum studiosus —, avant de l’accabler de sarcasmes dans une longue lettre a Leonardo Bruni

— Nunc cum nihil literarum sciat, cum sit omnium quos norim stultissimus 4... — parce que le jeune imper-

tinent lui a reproché de s’en prendre à la mémoire de César, ceci avant d’en faire un personnage d’une de ses facéties. Celui-ci est un homme

29. R. Fusini, « Premessa » dans P. BRACCIOLINI, Opera omnia, éd. R. Fubini, t. 1-3, Torino, 1964-66. 30. Lettere, ΠῚ, 1 Harth (= P.G., Lettere II. Epistolarum familia-

rium libri secundum volumen, éd. H. Harth, « Carteggi umanistici »,

Firenze, 1987), 58-59, « Rome, 28 fév. 1448 », : Edidi quatuor libros De varietate Fortune... 31. Ou Ciriaco de’ Pizicolli (1391-1457) : MOMMSEN, C.L.L.,

ΠῚ, ΧΧΗ suiv. ; X, XXxvexxxvi ; W. HENZEN, C.L.L., VI, χι. suiv. ; Inscriptiones Christiane

Vrbis Rome...,

op. cit., 11,

356- 387 ; W. HENZEN, « Uber die von Cyriacus von Ancona gesammelten Inschriften der Stadt Rom », Monatsberichte der Koniglich Preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1866, 20

MODERNE

comptabilité pour un cousin. À l’âge de l’Université, il écoute l’appel de la mer : en 1412, il embarque pour Alexandrie, la Sicile, Constantinople, revient à Ancône, où il devient l’un des trois trésoriers du

cardinal Gabriel Gondulmer, futur Eugène IV. Quand le cardinal fait réhabiliter le port, en 1420-1421, Ciriaco copie l'inscription latine de l’arc de Trajan : cette inscription est le premier texte lapidaire d’une œuvre aujourd’hui en grande partie perdue 35, mais qui allait le rendre célèbre. Ici l’on peut céder la parole à son biographe, Francesco Scalamonti

:

Cependant à Ancône il examinait avec soin le fameux arc en marbre du divin empereur Trajan et tandis qu'il s’extasiait sur la merveilleuse beauté de l’ouvrage, il s’aperçut qu’il était amputé en sa partie supérieure

de la statue équestre d’une facture admirable, que jadis le Sénat et le peuple romain avaient dédiée à l’ex-

cellent prince, fondateur prévoyant de ce port extrêmement sûr et qui se dressait, d’une facture admirable

entre les statues de la divine Marciana sa sœur et de la divine Plotina son épouse. L'image splendide de cette statue, l'excellent empereur en personne, en sa royale magnificence, avait autorisé la cité noble entre toutes

celles du bord de l’Adriatique à la porter éternellement en signe d’honneur... Or sur cet arc admirable était portée l'inscription suivante :

[suit, en lettres capitales, le texte de la dédicace à Trajan, flanquée des deux courtes dédicaces à Plotine et à Martine, sœur

et épouse de l'empereur] *. ... La vue de cette architecture imposante et de l'inscription si noble, en magnifiques lettres latines, avait jeté dans l’esprit généreux du jeune Ciriaco comme un premier germe, le plus noble et le plus propre à l’inciter à rechercher et examiner les autres illustres monuments de l’Antiquité répandus à travers le monde. C'est ainsi qu’il se rendit aussitôt dans l’illustre ville de Rome auprès de Martin V, pour y voir d’abord les plus grands et les plus précieux monuments témoins des grandes actions... Dès ce moment, accueilli avec joie et bienveillance pendant les quarante-deux jours qu'il resta dans la ville, chaque jour à travers la grande

cité, monté sur son cheval blanc comme neige, il voyait avec une incomparable passion et examinait tous les restes encore visibles de cette si grande capitale et de sa vénérable antiquité : temples, théâtres, palais, thermes admirables, obélisques, et les arcs magnifiques, aqueducs, fontaines, statues, colonnes, bases, ainsi que

les plus nobles inscriptions, qu’il se mit à inspecter avec un zèle incroyable, les examinant et les relevant, et, pour pouvoir ensuite rédiger des commentaires dignes de foi, il notait tout méthodiquement. Et après avoir vu que dans la ville les plus importants témoins d’une noble race n'étaient plus que des pierres éparses sur le sol, et que ces pierres semblaient offrir des grandes choses du passé une connaissance de loin plus sûre que celle des livres, il prit la résolution de visiter et de mettre par écrit les autres ruines éparses par le monde, afin

de plein air, un voyageur, autodidacte, dont presque toutes les découvertes

sont originales. Il est né vers 1392 à Ancône, port de l’Adriatique, porte de l'Orient, ville de banquiers, de marchands et d’armateurs. Son grand-père paternel était commerçant et lui-même, dès l’âge de neuf ans, voyage, à Venise, Naples, Padoue, Ancône. Il fait l'apprentissage commercial, apprend la

DE Rossi, dans

DE L'ÉPIGRAPHIE

758-781 ; E.G.L. ZIEBARTH, « Ciriaco von Ancona als Begriinder der Inschriftforschung », Neue Jahrbücher für das klassische Alterthum, IX (1902), 214-226 et Jbid., XI (1903), 480-493 ; J. Coun, Cyriaque d’Ancone, le voyageur, le marchand, U’-humaniste, Paris, 1981 (riche, mais confus et souvent acritique) et le colloque : Ciriaco d’An-

cona e la cultura antiquaria dell’Umanesimo : Atti del Convegno

Internazionale di Studio (Ancona, 6-9 feb. 1992), éd. G.F. Paci,

S. Sconocchia, Reggio Emilia, 1998. Pour les voyages ultérieurs :

voir infra, note 42. S2>GRL., Vix: 33. Poccio, Lettere, VII, 12 (294 Harth).

34. Ibid., VU, 13 (298 Harth).

35. Comme témoignages directs de l’œuvre de Ciriaco, éparpillés très tôt « comme

les feuilles de la Sibylle » (Mommsen),

restent : une partie de la Correspondance et des Diarii, la « Lettre à Eugène IV » publiée par Lorenzo Menus sous le titre de Kyriaci Anconitani Itinerarium nunc primum ex ms. cod. in lucem erutum ex Bibl. baronis Philippi Stosch (Florentiz, 1742) avec une importante

préface au lecteur, p. ΧΕΊΧΧΗ et un appendice de huit lettres de Ciriaco

; la biographie,

Vita clarissimi et famosissimi

uiri Ciriaci

Anconitani (considérée comme a moitié autobiographique) de SCALAMONTI (cité note suivante), copiée par Felice Feliciano sur un original aujourd'hui perdu (texte dans G. CoLuccr, Antichita Picene,

Fermo,

t. XV,

1792,

1-c)

; enfin, trace des abondants

Commentaria, brûlés dans l’incendie qui détruisit la bibliothèque des Sforza ἃ Pesaro en 1514, un fragment autographe conservé dans l’Ambrosianus Trotti, 373. L’essentiel de la moisson exceptionnellement riche des Commentaria nous est connu grace aux

innombrables copies (partielles) exécutées par ses contemporains et successeurs de la deuxiéme moitié du Quatrocento et du Cinquecento, chaîne savante qui est elle-même à la base d'une partie importante du matériel rassemblé aujourd’hui dans le C.Z.L. 36. Nous donnons ici selon C./.L., IX, n° 5894 et H. Dessau [nscriptiones Latine Selecte, Berlin, 1892-1916 (repr. 1955), 3 tomes,

n° 298] le texte de l'inscription centrale : « IMp CÆSARI DIVI Fdlio> NERVÆ/ TRAIANO OPTIMO AVG GERMANIC/ DACICO PONT MAX TR POT P«atriæ» PROVIDENTISSIMO PRINCIPI/ SENATVS P«opulus» Quue> Rcomanus> QVOD ACCESSVM/ ITALLE HOC ETIAM ADDITO EX PECVNIA SVA/ PORTV TVTIOREM NAVIGANTIBVS REDDIDERIT » et des deux inscriptions latérales, à gauche : « PLOTINÆ / AVG«ustze> / CONIVGI AVG » ; à droite : « DIVÆ/ MARCIANÆ/ AVG/ SORORI AVG »

L'ÂGE DE L'INSCRIPTION



_ IMP- CAESAR?: L'VERI AVG: FIL DIVI-PIÙ NET

que la postérité ne perdit pas entièrement la trace des choses qui s’écroulent, victimes de la fuite du temps

DNEPOTI- L SEPTIMIO- SEVE POR-PER O I)

L'histoire de l'inscription de Trajan, qui ouvre cette page de l’ami et biographe, appelle un double commentaire. Notre première remarque concerne un trait qui caractérisera la démarche de Ciriaco tout au long de sa carrière : l’étroite solidarité entre épigraphie et archéologie. La Laus et aussi l Ttinerarium °8 complètent ici le témoignage de la Vita — mirificum opus admirans cognouit a superiori parte deficere— en suggérant que c’est la présence des trois dédicaces, la majeure, toujours citée, au centre, et les deux

MAXIMO

grammate (Laus, 272), Hoc nobilissimo suo testante aureis litteris epigrammate (Vita). On a suggéré depuis,

interprétant le témoignage des Croniche (1492) de Lazzaro de’ Bernabei ®° que la présence d’une tour de défense adossée a l’arc aurait pu permettre à ce bon observateur de repérer d’en haut les trous creusés dans l’attique pour recevoir le scellement des statues. De plus, si le biographe portait seulement un jugement paléographique, la beauté des lettres, latinis insignibus litteris epigramma, la précision donnée ici, aureis litteris, montrent que Ciriaco s’était avisé que les sillons des lettres n'étaient que le logement qui accueille les lettres de bronze doré. Notre deuxième remarque concerne l’utilisation civique de l'inscription, car, parmi les nombreuses copies, les unes autographes, les autres non, dérivées de cette lecture — Mommsen en comptait huit,

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ms. Trev.

Vita clarissimi et famosissimi uiri Kiriaci

I, 138

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1), 40v°

; Cotucct,

Delle

Antichità Picene, op. cit., t. XV, 15, txxu: Interea cum apud Anconitanum insignem illum marmoreum diui Traiani Cæsaris arcum diligentius inspexisset, mirificum opus admirans cognouit a superiori parte deficere et auream illam equestrem statuam quam inclytus olim ille Senatus P.Q.R. huic optumo principi huiusce saluberrimi portus prouidentissimo conditori conspicuas inter diue Marciane sororis Plotineque coniugis imagines miraque architectorum ope dicarat. Cuius uero splendentem Iconis effigiem ipse deinde optumus Imperator huic tam egregie maritimas inter (sc. ciuitates) ad adriacum ciuitatis ciuibus omne per ewum honorabile signum gestare regia pro sua liberalitate donauit... Sed ex eo denique mirifico arcu hoc ipsum epigramma conscriptum est... Hoc ipsum tam ingens et mirabile architectoreumque conspicuum opus et ipsum et tam graue latinis insignibus litteris epigramma, generoso Kiriaci adolescentis animo ad reliqua per orbem nobilia uetustatum monumenta perquirenda scrutandaque... primum quoddam idoneum atque predignum seminarium fuerat. Et sic se statim ad Romam inclytam ad urbem et ut ex ea primum maxima rerum atque potissima nobilium in orbe monumenta uideret, quam auidissime

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contulit Martino V... A quo tempore quam late benigneque susceptus, 22

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quater denos per dies apud eum in urbe moratus quotidie magnam

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litteris commendautt... 38. Itinerarium : Ottob. Lat. 2967 fol. 20 ; Kiriaci Anconitani Itinerarium, op. cit., 1-52 (pour l’arc, 44-46). 39. L. BERNABEI, Chroniche Anconitane, 13-14 : « Perché Ancona

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porta el cavallo per insegna : ‘Le quale imagine, benché fosseno ruinate da Attila sopranominato, tamen adhuc appareno alcuni segni in forma triangolare, dove erano piombate...’ ». Elles n’ont

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pontes, statuas, columnas, bases et nobilia rerum epigrammata incredibili diligentia sua uiderat, excrutarat, exceperatque et ut postea ex

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extaret uenerande sue ueternitatis Templa, Theatra ingentiaque palatia, Thermas, mirificos obeliscos et insignes arcus, aqueductus,

41. DE Rossi, dans Inscriptiones Christiane Vrbis Rome..., op. cit., I, 1, 376, 379.



ΧΙΠῚ

ia Amen u S;OLTG{I/)QJ'? W"ù… pc lece reporéds dele ai VenernrhoS-rme prefàl

per urbem niueo suo deuectus equo quicquid tante ciuitatis reliquum

inediti ed editi rari delle città e terre Marchigiane, par C. Ciavarini a Ancône. 40. A. Campana, « Giannozzo Manetti, Ciriaco e l’arco di Traiano ad Ancona », Italia Medioevale e Umanistica, Π (1959), 483-504.

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SIXTVS V PONT.MAX.

AN. M.D. LXXXVI PONT.

or

OPERdOSO

MALO

:

6. « A l’empereur César Auguste, fils du divin Julesetal’em-

1

OBELISCVM VATICANVM 9ᾶιις GENTIVM Impepio, Cvityv DicarTrve AD APOSTOLORVM LIMINA

PLEBEM SVAM DEFENDAT.

pereur Tibére. »

VC

Dalla banda di Mezo giorno è l’altra infcrittione .

E PRIORI SEDE AVVLSVM

OPEROSO

=

Cathie tT ν CH RE Sor ws

CRIS TVR ME PLEBEM SV Am

CONSECRAVIT

AD APOSTOLORVM

CR

Pb ur Mie R HUE TX LSVM VOA L Th AT Es ser

Dalla banda di Ponente verfo San Pietro.

SANCTISSIMÆ CRVCI

— in meridionali et septentrionali®

Vi

inferittioni per tutte quattro le facie.

— in latere occidentali infra pyramydium, face à Saint-Pierre (Planche 13) 7:

CHRISTVS AB OMNI

BE

OS

Di più ha fatto intaghare nel piedeflallo forto la cimafa del mezole fottofiritte

reçoit quatre nouvelles inscriptions :

I.L. ABLATVM

O

A

7

7

40 ἃ.

SACRVM.

SIXTVS V. PONT.

CTESETRR

SUX VS mi

symétrie du porche de la basilique, le regard étant conduit à s’élever vers la croix. Ensuite il est couronné de cette croix, remplaçant la sphère que l’on croyait contenir les cendres de Jules César — plus tard Alexandre VII y intercalera son stemma contenant des fragments de la « vraie » Croix : c’est une véritable substitution de reliques. Puis on jette des médailles dans le soubassement : façon d'insérer le « petit monument » dans le grand monument. Enfin les inscriptions consacrent visiblement et explicitement la victoire du christianisme sur le paganisme pris en trophée : Le 27 septembre 1586, après avoir été exorcisé, l’obélisque d’Héliopolis, haut de plus de vingt-cinq mètres, et qui portait seulement la dédicace ° :

36

Dalla banda di Tramontana l vltima inferittione è.

II.

MAX. Pont. V. SIXTVS TY AE TRVIC CHE v'eTr NVM ICA VAT OBELISCVM IONE TIT SVPERS ImPpiA ΑΒ IVSTIVS, ExPI1IATVM SECRAVIT CON vs rici FEeL Er iL PONT. ME RE Des AN.

délivre son peuple de tout mal. »

8. « Le pape Sixte Quint a déplacé a grand effort jusqu'au

seuil des apôtres l’obélisque du Vatican, naguère consacré à un culte impie. »

L'inférit one

Μ

118

Planche

13 : Domenico

Fontana, Della trasportazione dell obelisco vaticano...,

Roma, D. Basa, 1590, p. 36 (© J.-L. Charmet).

L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

LE MODÈLE ROMAIN

Restaient cinq obélisques : celui du champ de Mars, le Gnomon, est aujourd’hui encore au même endroit ; deux autres se trouvaient devant le mausolée d’Auguste : Sixte en déplace un ; deux autres sont retrouvés dans le grand cirque : tous deux trouvent une nouvelle place dans la Rome sixtienne. L’obélisque du Mausolée d’Auguste (14, 8 m.) transféré par Sixte trouve place devant Sainte-MarieMajeure en 1587, il reçoit en même temps quatre inscriptions, l’une, en style historique !! :

— in latere orientali in stylobate® : ECCE FVGITE

CRVX

DOMINI

PARTES VINCIT

AVVERSÆ LEO

DE TRIBV

IVDA

SIXTVS V. PONT. CRVCI OBELISCVM AB IMPVRA

SIXTVS V. PONT.

MAX.

INVICTÆ

ÆGYPTO

VATICANVM

SVPERSTITIONE

EXPIATVM

M.D.LXXXVI.

PONT.

IVSTIVS

IN EIVS MAVSOLEO DICATVM

II.

DEINDE

ET

PARTES IN VIA AD SANCTVM

DOMENICVS FONTANA EX PAGO MILI AGRI NOVOCOMENSIS TRANSTVLIT ET EREXIT

ROCHVM

Il faut souligner que l’exploit du déplacement de cet obélisque, commémoré par cette dernière inscription, avait été un véritable événement qui avait duré quatre mois et dont les étapes sont décrites dans le livre Della trasportazione: i — le 24 août 1585 la congrégation des prélats et des nobles avait déterminé le site et le choix du maître d'œuvre : Fontana, qui sera le grand architecte de Sixte et le premier architecte pontifical ; il sera fait cavalier de l’éperon d’or. — On publie une ordonnance afin qu’au jour choisi pour élever l’aiguille nul ne franchisse les barrières, sauf les ouvriers. Peine de mort est édictée pour qui forcera les grilles et de sévères punitions pour qui parlera, crachera ou fera quelque bruit. — Le 28 avril 1586 on dresse l’échafaudage. Le 7 mai on abaisse l’obélisque, ce qui nécessite quarante

treuils, neuf cent sept hommes et soixante-quinze chevaux. « Autant par la nouveauté de l’ouvrage, écrit Fontana, qu’en raison de la gravité des peines, dans cette foule si nombreuse se fit un grand silence ». Une seule fois, dit-on, ce silence fut interrompu par le cri, « Aqua, aqua », de l’eau sur les cordes, au

moment où celles-ci commengaient à s’échauffer dangereusement et où on manque de peu la catastrophe. Puis on le fait glisser sur une digue en bois jusqu’au nouvel emplacement. On replace l’ancien socle de base retrouvé en quatre parties, sous lequel on jette un premier jeu de médailles à l'effigie de sainte Véronique ; entre le socle et la base, un second jeu de médailles à l'effigie de Sixte. — Le 11 septembre, jour de l’élévation de la Croix, après avoir dit deux messes avant l’aube, avec quarante treuils, cent quarante cavaliers et huit cents hommes on dresse l’aiguille ; on l'élève d’abord de moitité, puis en cinquante-deux coups on la met à la verticale ; à la tombée de la nuit elle est droite

sur son piédestal.

Fuyez, troupes ennemies,

devant la victoire du lion de Juda. / Avec plus de justice et de

bonheur le pape Sixte Quint a consacré à la Croix invincible l’obélisque du Vatican délivré d’une impure superstition en l’an 120

EVERSVM

IN PLVRES CONFRACTVM

— in ima stylobate parte !° :

9. « Voici la Croix du Seigneur.

ADVECTVM

AVGVSTO

ET FELICIVS CONSECRAVIT AN.

MAX.

OBELISCVM

1586, deuxième année de son pontificat. »

,

10. « Dominique Fontana, natif de Còme, région de Milan,

l’a déplacé et dressé. »

IACENTEM

IN PRISTINAM

FACIEM

RESTITVTVM SALVTIFERÆ

CRVCI

FELICIVS HIC ERIGI IVSSIT AN. M.D.LXXXVII

PONT.

D. III,

une deuxième en style plus pointu À : CHRISTI DEI IN ÆTERNVM VIVENTIS CVNABVLA LÆTISSIME COLO QVI MORTVI SEPVLCRO AVGVSTI TRISTIS SERVIEBAM.

Une troisième et une quatrième développent moins l'opposition entre la religion et lidolatrie

qu'elles ne soulignent une continuité providentielle et toute romaine : l’une en exploitant la thèse

exprimée dans le De monarchia de Dante, justifiant la puissance universelle de Rome par l'idée que le Christ a voulu naître à l'apogée de cette puissance : ; 11. « Cet obélisque, transporté d'Égypte par Auguste pour être . dédié à son mausolée, renversé depuis et brisé en plusieurs morceaux et gisanten la rue Saint-Roch, le pape Sixte Quint l’a rendu à sa beauté première et l’a fait ériger avec plus de bonheur en l'honneur de la

Sainte Croix en l’année 1587, troisième de son pontificat. »

12. « J’honore dans la joie le berceau du Christ toujours vivant, πηοὶ qui gardais tristement la tombe du défunt Auguste. » 13. « Puisse le Christ, par la Croix invincible, donner la paix ἃ son peuple, lui qui sous la paix d’Auguste a voulu naître dans

une étable. »

121

L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

AAO

CHRISTVS PER INVICTVM CRVCEM POPVLO PACEM PRÆBEAT QVI AVGVSTI PACE IN PRÆSEPE NASCI VOLVIT,

l’autre qui tire parti de la légende de la conversion d’Auguste après que la vierge lui soit apparue sur le Capitole pour lui annoncer la naissance du Christ !+ : CHRISTVM QVEM

DOMINVM

AVGVSTVS

DIVI.

F

PONTIFEX. XII. COS.

AEGVPTO.

MAXIMVS

XI. TRIB.

POT.

tT ies » Ἢ HAS

ADEA CL PRIE I PPT CIRE

DE

AVGVSTVS IMP.

t

è

CAESAR.

2

IMP.

t hù i

5122720

Des deux autres obélisques, enfouis dans le Circus Maximus et déterrés le 15 février 1587, le premier ornait le temple du soleil à Héliopolis avant qu’Auguste le fit transporter dans le grand cirque. Déplacé en 1589 devant Sainte-Marie-du-Peuple (Planche 14), il porte désormais trois séries d’inscriptions qui le dédient au soleil. La première est celle d’Auguste 5 :

CAT

ADORO.

= an = -|

DICI VETVIT

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DOMINVM

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DEINCEPS

| € È€ ξΗ

ASTANA

SEQVE

§

RT

ADORAVIT

RZ

VIVENS

DOPED LE OD ἐσ ἃ

DE VIRGINE NASCITVRVM

XIV

IN. POTESTATEM

POPVLI.

ROMANI.

REDACTA

SOLI.

DONVM.

DEDIT.

MPCAESAR DIVE. F Avavstvs

14. « J'adore le Christ seigneur, qu’Auguste de son vivant adora, apprenant qu'il naitrait d'une vierge et refusant dès lors

qu'on l’appelât seigneur. » 15. « L'empereur César Auguste, fils du divin César et grand

_ pontife, empereur pour la douzième année, consul pour la onzième, tribun pour la quatorziéme, ayant réduit l'Égypte sous la puissance

du peuple romain, m’a consacré en présent au Soleil. »

“--.--. este pret

122

Planche

14 : Domenico

:..-.:

Fontana, Della trasportazione dell ‘obelisco vaticano..., Roma,

obélisque devant Santa Maria del Popolo, colonnes Antonine et Trajane (©

D. Basa, 1590:

J.-L. Charmet).

L’AGE DE L’INSCRIPTION

LE MODÈLE ROMAIN

Les deux inscriptions de Sixte prennent appui sur la dédicace paienne et en reprennent les termes, mais chacune développe l’idée à un niveau différent, étant dans le même rapport que le sens littéral et le sens tropologique. La première dit simplement !6 : SIXTVS V. PONT. OBELISCVM A CÆS.

SOLI RITV

Orientale :

IMPIO.

MISERANDA FRACTVM

MAX.

MAX.

DICATVM

PATRIS OPVS MVNVSQVE SVVM TIBI ROMA DICAVIT AVGVSTVS TOTO CONSTANTIVS ORBE RECEPTO ET QVOD NVLLA TVLIT TELLVS NEC VIDERAT ÆTAS CONDIDIT VT CLARIS EXEQVENT DONA TRIVMPHIS HOC DECVS ORNATVM GENITOR COGNOMINIS VRBIS ESSE VOLENS CASA THEBIS DE RVPE REVELLIT !8,

HVNC

AVG.

IN CIRCO

Australe :

SED GRAVIOR DIVVM TANGEBAT CVRA VEHENDI QVOD NVLLO INGENIO NISVQVE MANVQVE MOVERI CAVCASEAM MOLEM DISCVRRENS FAMA MONEBAT AT DOMINVS MVNDI CONSTANTIVS OMNIA FRETVS CEDERE VIRTVTI TERRAS INCEDERE IVSSIT HAVD PARTEM EXIGVAM MONTIS PONTOQVE TVMENTI !°,

RVINA

OBRVPTVMQ.

ERVI TRANSFERRI FORM CRVCIQ.

SV

INVICTISS.

DEDICARI AN.

REDDI IVSSIT

M.D.LXXXIX.

PONT.

IV.

Septentrionale :

La deuxième dégage admirablement la valeur symbolique !7 :

CREDIDIT

LITVS AD HESPERIVM

ANTE SACRAM

INTEREA

ILLIVS ÆDEM

AVGVSTI

AVGVSTIOR LÆTIORQ.

AVG. IMPERANTE SOL IVSTITLE EX ORTVS EST,

déclaration d’autant plus forte que par l’image du soleil de Justice elle rejoint la dédicace première, hiéroglyphique, puisque le nom même de Ramsès contient « le soleil [Rè] soutien de justice ». Pour le second obélisque arraché au champ de Mars et qui est aussi le plus ancien et le plus élevé (31 m.), provenant du temple d’Amon a Thèbes, puissante masse de granit rouge, brisée en trois morceaux et couverte d'inscriptions et d’hiéroglyphes, il sera placé en 1588 devant Saint-Jean-de-Latran en lieu et place de la statue de Marc Auréle qui avait émigré en 1538 sur la place du Capitole. Elevé par Constance II, fils de Constantin qui l’avait fait transporter à Rome en 357, il avait lui aussi ses inscriptions latines : d’abord une longue phrase unique qui courait sur les quatre côtés et narrait les péripéties qui avaient conduit à Rome la merveille :

16. « Cet obélisque, qu’Auguste par un rite impie a consacré au Soleil dans le Grand Cirque, et qui était misérablement brisé et fracassé, le pape Sixte Quint l’a fait déterrer, déplacer, rendre à sa beauté première, pour le consacrer à la Croix invincible, en

124

NON

SVRGO

VIRGINALI

l’année 1589, quatrième de son pontificat. » 17. Je me dresse aujourd’hui plus auguste et plus heureux

devant l’église de celle dont les entrailles ont donné naissance,

du vivant d’Auguste, au Soleil de justice. »

ET PLACIDO

TANT

ROMAM

TIBERI

TAPORO

IACVIT DONVM

FASTV SPRETI MOLIS

VEXERVNT

MIRANTE

VASTANTE

STVDIVMQVE

SED QVOD

OPVS SVPERAS

ÆQVORA

NON

FLVCTV

CARINAM TYRANNO LOCANDI

CREDERET

CONSVRGERE

VLLVS

IN AVRAS

2°,

Occidentale :

NVNC VELVTI RVRSVS RVFIS AVVLSA METALLIS EMICVIT PVLSATQVE POLOS HÆC GLORIA DVDVM REDDITVR ATQVE ADITV ROM VIRTVTI REPERTO VICTOR OVANS VRBIQVE LOCAT SVBLIME TROPHÆVM

PRINCIPIS ET MVNVS CONDIGNIS VSQVE TRIVMPHIS 5".

18. « Cet ouvrage de son pére et son présent personnel,

20. « ... En furie et les flots apaisés portèrent le vaisseau au

l’empereur Constance te l’a dédié, Rome, après avoir conquis le

rivage italien, à la stupéfaction du Tibre. Cependant, comme le

il l’a élevé pour que le présent égalat le triomphe. Voulant orner

sol et avec lui le désir de la relever, non par mépris mais parce

monde, et ce que nulle terre n’avait porté ni nul âge contemplé,

cette gloire, le chef patronyme de notre ville a fait creuser la roche de Thèbes. »

19. « ... Mais un souci plus grave préoccupait ce héros, car la renommée disait partout que nulle volonté, ni effort ni bras ne saurait mouvoir cette masse gigantesque. N'importe : le maitre

du monde, Constantin, certain que la vertu triomphe de tout, ordonna à cet énorme quartier de montagne de traverser les terres, il le confia à la mer... »

tyran Taporus dévastait Rome, le don de l’Auguste fut jeté au

que personne ne croyait qu’un pareil colosse put se dresser vers

le ciel... »

21. « ... Pourtant aujourd’hui, comme arraché de nouveau aux mines rougeatres, il a surgi et trophée glorieux menace déja les nuages, il revient, vainqueur et triomphant, rouvrant la voie a

la vertu romaine, trophée sublime du prince et présent vraiment

digne de tous ses triomphes. »

L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

LE MODÈLE ROMAIN

Mais une deuxième série de trois inscriptions liait déjà étroitement l'exploit du double transfert à la fameuse victoire de Constantin et au triomphe du christianisme sur les Gentils : FL. CONSTANTINVS CHRISTIAN FIDEI

FLAVIVS CONSTANTINVS AVG.

VINDEX ET ASSERTOR OBELISCVM

PER

él

ANTINVS ΟΟΝΒΤΆΝΤΙ PER CRVCEM VICTOR

A S. SILVESTRO HIC CRVCIS GLORIAM PROPAGAVIT 22.

AB ÆGVPTO

CONSTANTIÆ

AVG. F.

OBELISCVM A PATRE

LOCO SVO MOTVM

REGNO

IMPVRO VOTO SOLI DEDICATVM

SEDIBVS AVVLSVM SVIS PER NILVM TRANSFERRI ALEXANDRIAM IVSSIT VT NOVAM ROMAM AB SE CONDITAM EO DECORARET MONVMENTO 2°,

DIVQVE ALESSANDRIÆ ; ; IACENTEM : OPE TRECENTORVM REMIGVM MIRANDA VASTITATIS PER MARE TIBERIMQVE MAGNIS MOLIBVS ROMAM CONVECTVM S.P.Q.R. DD. 24,

Aussi le nouveau pontife se bornera-t-il à inscrire dans le marbre avec une dernière dédicace l'ultime destinée de l’obélisque : OBELISCVM

HVNC

DICAVIT AN. M.D.L.

|

XXXVIII. PONT. IV 29,

À lérection des quatre obélisques qu’on vient de décrire et qui sont à coup sûr le meilleur titre de gloire dont Sixte puisse s’enorgueillir à la fois en tant qu’édile et en tant que propagandiste de la foi, l’architecte du pape, Domenico Fontana a tenu à lier dans le magnifique in-folio de l'imprimerie vaticane la transmutation et le rajeunissement de la colonne aurélienne de la place Colonna (Planche 14), obtenu lui aussi par la dédicace à un saint de la religion chrétienne et à la pose de trois inscriptions n ouvelles : ER FINC IMP. : ARMENIS

SIXTVS V PONT. MAX. COLVMNAM HANC AB OMNI IMPIETATE EXPVRGATAM SAN. PAOLO APOSTOLO NEA EIVS STATVA INAVRATA IN SVMMO VERTICE POSITA DD AN. M.D.L.XXXIX. PONT.

MAXIMO

SIXTVS V PONT. MAX. COLVMNAM HANC COCHILIDEM IMP. ANTONINO DICATAM RVINAMOVE PRIMA FORM RESTITVIT A. M.D.L.XXXIX. PONT. IV 27,

Iv 76,

SPETIE EXIMIA TEMPORIS CALAMITATE FRACTVM

CIRCI MAX.

RVINIS HVMOQVE ALTE DEMERSVM

LIMOQVE MVLTA

IMPENSA EXTRVXIT HVNC IN LOCVM

MAGNO

LABORE TRANSTVLIT FORMAQVE

PRISTINÆ

ACCVRATE RESTITVTVM CRVCI INVICTISSIMÆ

impur dédié au Soleil, Flavius Constantin, défenseur et cham-

pion de la foi chrétienne, l’arracha à sa première demeure et 126

le transportant à Alexandrie par le Nil, voulant orner par ce

monument la nouvelle Rome qu'il venait de fonder. »

24. « L’obélisque que son père avait déplacé et qui gisait depuis longtemps à Alexandrie, l'empereur Constantin, fils de l'empereur Constance, le fit transporter à Rome à travers d'immenses mers et sur le Tibre, masse énorme, charriée par trois cents rameurs. »

BELLO

DEVICTIS

TRIVMPHALEM COLVMNAM GESTIS

HANC REBVS

INSIGNEM

IMP. ANTONIO

PIO

PATRI DEDICAVIT

TRIVMPHALIS ET SACRA NVNC SVM CHRISTI VERE PIVM DISCIPVLVMQVE FERENS QVOD PER CRVCIS PREDICATIONEM DE ROMANIS BARBARISQVE TRIVMPHAVIT 2°,

Les réalisations de Sixte marquent assurément l’apogée d’une politique édilitaire mise au service d’une idéologie militante qui célèbre le triomphe providentiel de l’Église romaine, héritière de l'Empire, sur la Rome des Césars, elle-même déjà victorieuse des barbares. Les successeurs de Sixte ne feront que poursuivre, dans le même esprit, la même œuvre restauratrice, tel Innocent X (1644-1655), responsable

du réaménagement de la place de l’Agone vulgairement appelée place Navone et qui, ayant commandé au Bernin la fontaine des Quatre fleuves, pourvoit le chef-d'œuvre de ce double commentaire : 25. « Cet obélisque d'une beauté exceptionnelle mais brisé

22. « L'empereur Flavius Constantin, vainqueur grace à la Croix, ici devant l’église de saint Silvestre, a propagé la gloire de la Croix. » 23. « Cet obélisque, venu du royaume d'Égypte et par un rite

PARTHIS

GERMANISQVE

27. « Cette colonne cochlide, naguère dédiée à l'empereur

par la tempête du temps et profondément enfoui sous les ruines,

Antonin et depuis très endommagée, le souverain pontife Sixte Quint l’a rendue à sa beauté première. »

puleusement à sa beauté première l’a dédié à la Croix invincible

guerre, des Arméniens, des Parthes et de Germains, a consacré cette colonne triomphale magnifiée par ses exploits à son père

la terre et la boue du Grand Cirque, il l’a déterré à grands frais, l’a, à grand labeur, transporté en ce lieu et l'ayant rendu scru-

en l’année 1588, quatrième de son pontificat. »

26. « Cette colonne, purifiée de toute impiété, le souverain

pontife Sixte Quint l’a consacrée à l’apôtre saint Paul, dont la statue de bronze se dresse à son sommet. »

28. « L'empereur Marc Aurèle, vainqueur, dans une grande

Antonin le pieux ; maintenant, triomphale et sacrée,je porte

le pieux disciple du Christ, qui par la prédication de la croix a vaincu les Romains et les barbares. » 127

L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

Al mezzo giorno

LE MODÈLE ROMAIN

INNOCENTIVS X. PONT. MAX.

NILOTICIS ÆNIGMATIBVS EXARATVM LAPIDEM AMNIBVS SVPER LABENTIBVS IMPOSVIT VT SALVBREM SPATIANTIBVS AMOENITATEM SITIENBVS POTVM MEDITANTIBVS ESCAM MAGNIFICE LARGIRETVR 7%. All’Oriente

NOXIA ÆGYPTIORVM MONSTRA INNOCENS PREMIT COLVMBA QV PACIS OLEAM GESTANS ET VIRTVIVM LILUS REDIMITA OBELISCVM PRO TROPHÆO SIBI STATVENS ROM TRIVMPHAT 0.

Francesco Cancellieri *!, qui cite ces deux inscriptions ainsi que deux autres, qui ornaient les ας autres côtés, ajoute que, selon Alberto Cassio, les Pères Alfonso Chacon et Athanase Kircher ee re supposé que sur les quatre flancs du rocher étaient encore gravées quatre autres aR ΗΝ Er ne elles relevant que ces dernières ne furent jamais portées, faute de place, il conclut qu en posées que pour l'édition, comme plusieurs autres encore, que cite Kircher et qui circulaient a " | les mains des érudits. inscrip| de romaine pratique la que ainsi montre précède qui Un dernier mot. Toute l’analyse l'usage de chrétienne confiscation audacieuse une tion consiste moins dans une imitation que dans =: ue. pe c'est ce que confirment les études faites sur la lettre sixtienne. Il faut en effet rappeler ici es d’aller plus loin que le livre de Fontana sur le transport de l’obélisque n’était al origine que le ee i volet d’un diptyque dont la deuxième partie, due à Luca Horfei da Fano, devait contenir les = oss inscriptions du très-saint Père. De ce calligraphe, dont le role était resté inconnu jusqu à ce que tanley Morison lui consacre un chapitre retentissant de son Politics ans Script °, on possède au moins trois : | ents importants : dO(;lrreîlmièremgnt : un court manuscrit, découvert par la Signora Marzoli, le Vaticanus Latinus 554 1, où Horfei, qui se désigne comme Palatii Apostolici scriptor et, comme quelqu'un qui a passé sa vie à l’étude 29. « Le souverain pontife Innocent X a fait poser, sur le ruisseau qui coule en-dessous, cette pierre qui porte gravés des

signes énigmatiques du Nil, afin d'offrir généreusement aux promeneurs un air sain et agréable, aux gosiers altérés une eau pure, aux contemplatifs de quoi attacher leur méditation. »

30. « Porteuse de l'olivier de la paix l’innocente colombe foule les monstres pernicieux de l'Egypte ; couronnée des lys des vertus elle triomphe dans Rome et s’offre pour trophée cet

obélisque. » 128

31. Voir Francesco CANGELLIERI, Il mercato. Il Lago dell'Aqua

Vergine ed il Palazzo Panfiliano nel circo Agonale detto volgarmente

Piazza Navona descritti... con Appendice di XXXII Documenta ad un Trattato sopra gli obelischi, in Roma per Francesco Bourlié, 1811, dans CANCELLIERI, Miscellanea, ..., 1 [E.C., 4° A 33]. 32. S. Morison, Politics and Script : aspects of authority and freedom

in the development of Greco-Latin script from the 6" century B.C. to the 20th century A.D., ed. completed N. Barker, « The Lyell lectures »

1957, Oxford, 1972.

des lettres capitales, quas uulgo maiusculas appellant, présente l'érection de l’obélisq ue de Saint-Pierre comme un trophée de la religion chrétienne, trophée couronné, écrit-il, par la décision prise par Sixte Quint de faire graver des inscriptions par un artifex— c'est-à-dire lui-même — capable d'élaborer « un modèle de lettre égal sinon supérieur en beauté à celui des Anciens ». Deuxième et troisièmement : deux autres ouvrages dont l’un est resté en manuscrit : l’Alfabeto delle

maiuscole Antiche Romane [...] nelle quale con ragione geometrica s insegnano le misure di dette lettere (Roma, 5.4.) 33, et surtout les déjà nommés Varie Inscrittioni del Santissimo S.N. Sisto V Pont. Max.... dissegnate

in pretra, et dal medesimo fatte intagliare in rame, per mostrare la lettera antica romana in diverse grandezze &

compartimenti... (Roma, [1589]).

Ce dernier volume, qui contient les fac-simile des quatre inscriptions de la base de l’obélisque de Saint-Pierre, mais aussi l’inscription circulaire qui court autour de l’œil (base du lanternon) de la coupole, celle de la fontaine de l’Aqua Felice, place Saint-Bernard ™, etc., est resté inédit. Mais les dessins du manuscrit, comme les lettres gravées dans la pierre, démontrent qu’Horfei, éléve de Giovanni Francesco Cresci *°, ne s’est pas borné à reproduire la capitale romaine impériale, Commentant son dessin plus élancé, James Mosley avait démontré, en 1964, dans un remarquable article d’ Alphabet *, que la nouvelle lettre se démarquait, autant que par la splendeur de l'exécution, par une distinction supérieure, et il ajoutait : « L’alphabet sixtien dérive de sa rationalité supérieure sa capacité à surpasser les capitales néo-classiques ou néo-païennes ». Dans le même esprit, Morison, dans l’article déjà cité, voit lui aussi dans les lettres sixtiennes une version modernisée de la capitale antique : They are still roman, but without being any longer imperial. In effect, the Sixtine capitals are ἃ christian version of the capitals that were part of the insignia of Augustus, Trajan and the succeeding pre-christian emperors... The Sixtine departure from the proportions of the then admired letters on the Trajan column

was deliberate, authoritative and christian.

Ainsi l’histoire de la lettre monumentale culminerait dans la grande inscription mosaique en bandeau continu de la basilique Saint-Pierre et autour du lanternon à cent cinquante pieds au-dessus du sol, en lettres de cinq pieds de haut : combinaison unique du talent du graveur (ou du graphiste) et du génie architectural suscité par Sixte : TV ES PETRVS

ET SUPER

HANC

PETRAM

ÆDIFICABO

33. L'ouvrage [Vat. Lat. 5541] a cependant été édité en 1986 :

L’Alfabeto delle maiuscole romane di Luca Orfei, intro. A. Petrucci, Milano. 34. SIXTVS V PONT.

MAX.

PICENVS/

AQVAM

EX AGRO COLVMNÆ/

VIA PRENESTIN. SINISTRORSVM MVLTA COLLECTIO/ NE VENARVM/ DVCTV SINVOSA A RECEPTACVLO/ MIL. XX A CAPITE XXII. ADDVXIT FELICEM/ DE NOMINE ANTE PONT. DIXIT/ CŒPIT PONT. AN. IL ABSOLVIT II. / M.D. IXXXVII. Cette inscription, qui célèbre l’arrivée à Rome de l’eau de |’ Alexandrina, puisée sur le terrain des Colonna a

Palestrina, nous reconduit plus nuement aux inscriptions édilitaires antiques et replace les interventions sixtiennes, comme

ECCLESIAM

MEAM

TIBI DABO

CLAVES

REGNI

CÆLORVM.

celle de l’adduction d’eau sur le Quirinal, dans la pratique de l’époque impériale et les manifestations monumentales de

l'exercice du pouvoir.

35. G.-F. Crescl, Il perfetto scrittore..., dove si contengono le vere

forme delle maiuscole antiche romane necessarie all'arte del perfetto scri-

vere... Parte seconda, Roma, 1570. Voir F. Perrucct-NARDELLI, $.v.

« Cresci », D.B.I., Roma,

1984, 30, 668-670.

36. J. Mostey, « Trajan revived », Alphabet, I (1964), 17-48,

puis Ip., « Giovan Francesco Cresci and the Baroque Letter in Rome », Typography Papers 6. The Classical Tradition in Letters, London, 2005.

129

LE MODELE ROMAIN

L’AGE DE L’INSCRIPTION

DE. APOSTOLICA. SEDE. SOCIORVMQ. SALVTE. AC POP. ROM. DIGNITATE OPTIME. MERITO S.P.Q.R.

Les entrées et « possesst »

Mais cet usage de l'inscription à l’antique, que la propagande pontificale emprunte aux anciens Romains pour triompher durablement d’eux sur les principaux monuments de la ville, devait connaitre à partir du milieu du xvi° siècle une formidable extension, quoique chaque fois éphémère, à I occasion des entrées, processions et cavalcades qui rythment très régulièrement la vie de la cité, d'abord en célébration d’un événement important, puis à chaque intronisation d’un nouveau pape, le possesso étant le geste rituel par lequel, partant de Saint-Pierre le pontife traverse la ville pour aller prendre | | possession de Saint-Jean-de-Latran. Cela commence,

Quint

lors de l’entrée de Charles

à son retour triomphal

de Tunis,

le 5 avril

1536, avec le dégagement des arcs de Septime Sévère, Titus, Constantin et de l’antique voie sacrée des empereurs, action décidée par Paul III, « afin que que leur auguste successeur puisse passer sous leurs arcs » : à cette occasion deux cents maisons seront rasées — rapporte Rabelais — ainsi que trois ou quatre églises — on débaptise le temple d’Antonin et Faustine que l’on reconsacrera en 1 590 —, afin de rendre leur splendeur aux monuments du Forum. Baldassar Peruzzi, auteur des architectures éphémères qui scandent l'itinéraire du cortège, avait prévu de substituer aux inscriptions antiques des inscriptions dédicatoires (epitaffi e istorie) : celles-ci ne seront pas réalisées, mais l’idée est déjà là. C’est donc l’entrée triomphale de Marcantonio Colonna, après la victoire de Lépante

sur la flotte

de la Sublime Porte, le 4 décembre 1571, qui est à l’origine du recouvrement des arcs qui serviront ensuite la gloire des nouveaux pontifes lors de leur accession au trône. Le parcours, qui reproduit celui ouvert par Charles Quint, commence via Appia et se poursuit par la porte Capène, le Circus Maximus, les arcs de Constantin, de Titus, de Septime Sévère, le Capitole, le Campo

Volle il papa, che Marcantonio Colonna fosse ricevuto in Roma con somma dimostrazione di onore, ed in cid molto ardente dimostrossi il Popolo romano ; e stabili, che egli entrasse in trionfo per la porta Capena, on di S. Sebastiano, per la quale fece anche solenne ingresso Carolo V, allorché ritorn6 vittorioso dell’Africa ”.

Selon ce récit, sur la porte Capéne étaient associées les armes du pape, du peuple romain et de Colonna lui-même et au-dessus et au dehors, sur une grande pancarte, on lisait ce titulus en témoignage de reconnaissance °° :

PONTIFICIÆ.

COLVMNÆ

CLASSIS.

EXVLTANS. CLARISSIM.

CIVEM.

38. Ibid., 112.

130

AMPLECTITVR.

ROMA.

(rasé depuis par Alexandre VII) et on lit sur l’arc de Constantin dont la double mémoire

(du

vainqueur du pont Milvius, sub signo crucis, et du fondateur de Constantinople aujourd’hui encore occupée) est récupérée pour la circonstance, au milieu 4! : COGITA. AD.

CONSTANTINI.

ADITVM.

VRBEM.

IAM.

PATEFIERI

IVVANTE.

DEO.

RECVPERANDAM,

sur le côté gauche ‘? : PRIMVS.

ROMANORVM.

IMPERATORVM.

CRVCIS. CVM.

ACERRIMIS.

VEXILLO.

CHRISTIANI.

FELICISSIME.

CONSTANTINVS

VSVS NOMINIS.

HOSTIBVS

CERTAVIT,

à quoi répond, sur le côté droit, symétriquement, avec cet autre incipit ® : PRIMVS. CVM.

ROMANORVM. REGE.

EODEM.

PONTIFICVM.

CATH.

PIVS. V.

ET REP. VENETA

SOCIETATE.

INITA

SALVTARI.

SIGNO.

FVLTVS

PRÆFECTO 40. Ibid. : « Rome, qui se réjouit en le Seigneur, accueille dans

37. F. CANCELLIERI, Storia de’ solenni Possessi de’ sommi Pontefici detti anticamente processi o processioni, dopo la loro coronazione, dalla basilica Vaticana alla Lateranense, Roma, 1802 (M.A. Colonna : 112 ; Clément IX : 281 et 283 ; Innocent X : 220).

IN. DOMINO

SVVM.

Poursuivant son chemin sur la via Appia, on tourne a main droite vers le Septizonium de Septime

Sévére

dei Fiori, via papale, via dei

Banchi, pont et château Saint-Ange, enfin la basilique Saint-Pierre : à peu de chose près le parcours que feront en sens inverse les papes nouvellement élus pour aller prendre possession du Latran. Ù On doit ἃ Cancellieri, dans sa passionnante histoire Dei solenni possessi °? une description détaillée de cet itinéraire à bien des titres inaugural :

M. ANTONIO.

Sur la méme porte, outre les ornements de feuillage et de festons, et sur tout le pourtour était peinte la bataille navale et sur les côtés se dressaient deux trophées ainsi faits : sur la base du tronc qui soutenait le trophée on voyait la Lune, insigne du Turc, avec les cornes tournées vers la terre et de part et d’autre, en stuc, deux esclaves turcs enchainés, les mains liées derriére le dos, le visage sombre et triste ; au-dessus, trois écussons, au milieu une demi-lune et plus haut un carquois et des fléches, ainsi que deux cimeterres et sur ces armes gisait un casque fracassé. Passée la porte, sur le premier arc a l’intérieur — il s’agit du très bel arc de Drusus, qui servit de Porte Capéne aprés qu’Auguste et Claude élargirent le pomerium ; au-dessus passait un aqueduc ; la porte actuelle, en avant de cet arc datait sans doute d’Aurélien — était cette inscription de bienvenue “ :

39. CANCELLIERI, Storia de’ solenni..., op. cit., 113 : « A Marc Antoine Colonna, préfet de la flotte pontificale, qui a bien mérité du siège apostolique, du salut des alliés et de la dignité du peuple romain, le sénat et le peuple romain. »

ses bras son glorieux concitoyen. » 41. Ibid. : « Songe que désormais la voie est ouverte pour rentrer en possession, avec l’aide de Dieu, de la cité de Constantin. » 42. Ibid. : « Premier des empereurs romains, Constantin, brandissant l’étendard de la Croix, a lutté avec le plus grand bonheur

contre les plus acharnés ennemis du nom chrétien. »

43. Ibid. : « Premier des pontifes romains, _ alliance avec le roi catholique et la république porté sur l'immense armada turque la victoire en s'appuyant sur le même emblème salvateur.

Pie V, ayant fait de Venise, a remla plus éclatante »

131

L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

LE MODELE ROMAIN VICTORIAM.

CONTRA.

MAXIMAM.

CONSECVTVS.

EST.

TVRCARVM.

CLASSEM

LÆTISSIMAM,

la deuxième inscription, présentant la victoire de Lépante comme une nouvelle victoire du pont Milvius. De là, laissant le Colisée sur la droite, on gagne l’arc de Titus, lui aussi éminemment représentatif des relations de Rome avec l’orient méditerranéen : une inscription nouvelle tire son thème de sa relation à l’arc et de l'inscription qu'elle recouvre et construit une antithése entre le chef païen réduisant Jérusalem en esclavage et le chef chrétien luttant pour la libérer 44 : LÆTARE. QVAM.

OLIM.

HIERVSALEM.

TITVS. VESPASIANVS.

PIVS. V. LIBERARE.

CAPTIVAM.

DVXIT

CONTENDIT.

contraste purement rhétorique est ménagé a propos de Jérusalem entre captivité (Titus et Vespasien) et libération (Colonna), le parallélisme établi entre les Parthes et les Turcs, rappelé sur les piliers du dernier arc, se résout même ἃ l’attique en une sorte d’identité, l'exploit d’aujourd’hui renouvelant celui d'hier. Mais tout change a partir d'ici, puisque, au lieu d’emprunter le cliuus capitolinus d’autrefois pour se rendre au temple de Jupiter capitolin où le général vainqueur consacrait ses trophées, on gagne le sommet de la colline par une voie récemment ouverte sur la droite, la via di Marforio, qui mène jusqu’au parvis de l’église de l’Aracceli, c'est-à-dire, jusqu’au réaménagement d’ailleurs imminent de la placedu Capitole, au véritable cœur politique de la Rome nouvelle : c’est là en effet que durant le Moyen Age les sénateurs se réunissaient pour discuter de la chose publique ; là que, pendant la tenue des comices, Cola di Rienzo parlait souvent au peuple ; où Charles d'Anjou tint parlement avec les Romains ; où les guelphes de Rome se défendirent contre l’empereur Henri VII en 1312. Déplacement symbolique de grande portée, que commente sévèrement l'inscription mise sur la façade de l’Aracæli * : QVAS.

Puis on traverse le Forum par l’antique voie sacrée en laissant à droite et à gauche le temple de la

Paix, le temple des saints Cosme

et Damien,

le temple d’Antonin

et Faustine, le temple

pour passer sous l’arc de Septime Sévère, orné de trois inscriptions. A l’attique * :

de Saturne,

EAS. NVNC. CHRISTIANVS. VERO.

S.P.Q.R. MONVMENTVM DE. PARTHIS. TRIVMPHOS

DEO. APPROBANTE.

EXCIPIAT,

sur la pile de gauche ‘6 ; PRISCI. IMPERIVM.

ILLI. DVCES.

PARTHORVM. FORTITER.

IN. SVAM.

PRISTINAM.

ROM.

ARMIS.

VASTATVM

PVGNANDO

DIGNITATEM.

RESTITVERVNT,

sur la pile de droite ‘ : NOSTRI. INSIGNI. ATQ. INVSITATO.

PRORSVS. NAVALI. PRŒLIO

PARTA, VICTORIA. TVRCARVM. A. CHRISTIANORVM.

FVROREM

CERVICIBVS. REPVLERVNT.

Déployée tout au long d’un parcours qui jusque-là reproduit celui du triomphe antique, la thématique principale développée sur les pancartes qui recouvrent les anciennes inscriptions, est celle d’une continuité victorieuse entre l’ancienne Rome

132

46. Ibid. : « Les anciens chefs romains par leur valeur guerrière

ont rendu à sa dignité ancienne l'empire dévasté par les armes des Parthes. »

47. Ibid. : « Les nôtres, remportant la victoire en un combat naval d'une nouveauté inouie, loin des nuques chrétiennes ont

fait reculer la fureur turque. »

DEO.

DVCTORES

RE. BENE.

GESTA

STVLTE.

AGEBANT

AD.

CŒLI.

ARAM

ASCENDENS. CHRISTO.

DVX

IESV...

Bien que le reste du parcours qui, par la place San Marco, le Campo dei Fiori et le pont Saint-Ange conduit jusqu’à Saint-Pierre soit encore scandé de monuments célébratifs, dont le plus fastueux, un arc de triomphe élevé sur la place San Marco à la hauteur du palazzo du même nom par l’architecte Antonio da Sangallo, la partie symboliquement la plus forte de l'événement est dès lors épuisée. La voie est à présent ouverte, mais à rebours, aux épiphanies pontificales sous le ciel des arcs impériaux. A la suite des nombreux arcs élevés entre Saint-Pierre et le pied du Capitole sur le passage du possesso, une fois accomplie la montée triomphale du Capitole-Sinaï, couronnée par l’arc offert par le Sénat, les arcs antiques, à leur tour, rendent leur hommage obligé et parfois contraint, rajeunis par une inscription conçue contre l’originelle, le long de la via sacra reparcourue en sens inverse en une sorte de descente du Sinaï. C’est en particulier l'arc de Titus, site assigné pour son hommage obligatoire au nouveau pontife à la communauté juive, tenue de décorer l’arc pour suppléer la présentation de la Loi, « afin », selon les termes de Grégoire XV, « que dans le triomphe de Titus sculpté dans l'arc, ils reconnaissent le triomphe du suprême sacerdoce des Chrétiens sur leur triomphateur et l’accomplissement de toutes les prophéties » , Voici quelques exemples représentatifs de cette rhétorique célébrative : Dédiée à Paul V en 1605, sur l’arc de Septime Sévère, cette première inscription °° : PONTIFICI. MAX. ROMANO

(celle de Constantin, il est vrai) et la nouvelle : si un

44. Ibid. : « Réjouis-toi, Jérusalem, que jadis Titus Vespasien mena en esclavage et que Pie V s’acharne à libérer. » 45. Ibid., 114 : « Cet antique monument de la victoire parthique du Sénat et du peuple romain se dresse encore aujourd'hui pour accueillir avec l’aide de Dieu de nouveaux triomphes sur les Parthes. »

GENTILES.

PRO.

IN. CAPITOLIO.

STAT. ETIAM. NVNC. VETVS. PARTHICÆ. VICTORLE VT. NOVOS.

OLIM.

IDOLIS.

OB. ANTIQVAM. VRBIS. FELICITATEM 48. Ibid., 118 : « Les actions de grâces que jadis les chefs

paiens après leur victoire rendaient stupidement aux idoles sur

le Capitole, aujourd'hui le chef chrétien, montant sur l'Araceli, les rend au vrai Dieu des chrétiens, à Jésus... »

49. Ibid., 223.

50. Ibid., 176 : « Au souverain

pontife romain,

pour avoir

rendu ἃ la ville son antique félicité par le gouvernement du meilleur prince, la ville de Rome, transférant à un meilleur usage l'arc des empereurs Septime et Antonin, conserve ces vestiges

de l’ancienne Rome ».

133

LE MODÈLE ROMAIN

L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

OPTIMI. PRINCIPIS. IMPERIO. RESTITVTAM SEPTIMII. ET. ANTONINI. IMPERATORVM ARCV. AD. MELIORES. VSVS. TRANSLATO VETERIS. ROMA. RELIQVIAS. CONSERVAT S.P.Q.R.,

SEPOUR: TRIVMPHALEM. HANC. SEPTIMI. CÆSARIS. MOLEM ALEXANDRI. VII. P. O. M. NOMINE. ET. VIRTVTIBVS. CONSECRAT VTERQVE. IN. LEGATIONE. GERMANICA. FAMAM. CVMVLAVIT SED. EX. EA. SANGVINEM. ILLE. HAVSIT. HIC. PVRPVRAM VTERQVE. MORI. DIDICIT. ANTE. MORTEM. VT. VIVERE. DOCERET VRNAM. ILLE. SEPVLCHRALEM. SVAM. MORITVRVS. ATTRECTANS TV. CAPIES. INQVIT. QVAM. ORBIS. TERRE. NON. CAPIT HIC. LOCVLVM. SIBI. STRVCTVM. APVD. SE. HABENS EO. METITVR. MAGNITVDINEM. SVAM AT. ILLE. SERO. SAPIENS. NIHIL. PROFVIT HIC. PLVRIMVM. SIBI. ET. ALIS. QVIA. MATVRE,

maintient un raisonnable équilibre entre sauvegarde d’une grandeur passée (restitutam, conseruat) et conversion des symboles à un meilleur usage (ad meliores usus translato). Dédiée à Innocent X en 1644, l'inscription portée sur l’arc de Septime Sévère, côté Forum, prend la vieille Rome à témoin de l’admirable et heureux (felicius) changement des temps, traduit par l’opposition olim / nunc et symbolisé par la substitution aux Aigles guerrières de la Colombe porteuse de

paix 1:

RESPICE. TVIS. E. RVDERIBVS ROMA. VETVS. VRBIVM. QVAM.

PRINCEPS. MVNDI.

DOMINA

MVTATIS. SECVLIS

TVA. IN. MELIVS. FORTVNÆ. TVA. MAIESTATIS. MVTANTVR. CAPITOLINIS. OLIM. ARCIBVS. PVGNACES.

ILLZ. TERRARVM.

CEDE. TITE. ALEXANDRO

INSIGNIA AQVILÆ.

PRÆSIDEBANT

PACIS. AVIS

SPATIIS. IMPERABANT

HAC, ADMIRABILI. CLAVIVM. SCEPTRO.

humain » °°:

DECORA

NVNC. VATICANIS. MOLIBVS. PRÆEST NOEMI. OLIVIFERA.

le second en prenant appui sur le fameux éloge de Titus, qualifié selon Suétone de « délices du genre

SVPRA. CÆSAREM. VERIVS. HIC. AMOR.

ET. HVIC. FORMA CVI. NON. MINVS. INSIT. AVSTERITATIS. QVAM. GRATLE ET. HIC. IN. GERMANIA.

PERTINGIT. AD. CŒLVM

SVMMA.

FELICIVS. OPPIDO. CAPITOLIVM VBI. VATICANO. PROPTEREA. PONTIFICATVS.

MAXIMI.

DECIMVM

CLAVVM. TENENTEM

S. P. Q. R. ADORAT,

GLORIAM

EXVLTABVNDVS.

Dédiés 4 Alexandre VII en 1655 les deux arcs, de Septime Sévére vers le Capitole et de Titus côté

Colisée exploitent à leur tour le thème de l’outdoing cher à Lucain, Martial, Stace et Claudien et étudié par Ernst Curtius dans un de ses meilleurs chapitres, le premier notamment appuyant sa syncrisis Sur un trait prêté par les historiens à l’empereur devenu philosophe sur le tard °° : 51. Ibid., 220 : « Regarde, depuis tes ruines, Rome ancienne, reine des villes, du monde souveraine, combien au cours des siècles

ont gagné les ornements de ta fortune, les insignes de ta majesté : jadis les aigles belliqueux présidaient aux citadelles capitolines,

aujourd’hui sur la masse imposante du Vatican règne l'oiseau de Noé, porteur du rameau d’olivier de la paix ; ceux-là commandaient à l’étendue des terres, celui-ci par le sceptre admirable des clés, touche au ciel. Pour le bonheur de la cité, le Capitole

134

abaisse ses faisceaux devant le Vatican. C’est pourquoi le sénat

et le peuple romain en liesse adorent Innocent X, détenteur des

clés du pontificat suprême, à qui rien ne manque pour atteindre

les sommets de la vertu et de la gloire. »

52. Ibid., 262 : « Cet ouvrage triomphal de Septime Sévère, le

peuple de Rome le consacre au nom et aux vertus du souverain pontife, le pape Alexandre VII. L'un comme l’autre, dans sa

légation en Allemagne, fit provision de gloire, mais l'un en tira

FAMA

TOTVM. ILLVD. ELOGIVM PONTIFICATVM.

MAXIMVM.

IDEO SE. PROFESSVM. ACCIPERE

VT. PVRAS. SERVARET. MANVS.

CVI. NIHIL. DEEST AD. SVMMAM. VIRTVTEM. AD. SVMMAM.

REM. GESSIT

INDVSTRIA. MODESTIA.

HVIC. DEMVM. APTIVS. QVAM. TIBI

SVBMITTIT. FASCES

INNOCENTIVM.

PONTIFEX

ET. DELICIÆ. GENERIS. HVMANI

La rhétorique est désormais si bien rodée que l’on retrouvera plus d’une fois en l'honneur des nouveaux pontifes ce schéma dont l'efficacité a été analysée par Quintilien : « Dans les antithèses et les comparaisons, la répétition alternée des premiers mots des phrases qui se répondent est souvent une figure », figure qu'il illustre par une citation de Cicéron mettant en parallèle le travail de l’orateur et celui du général : « Vous veillez, toi, la nuit, pour répondre à ceux qui te consultent, lui pour arriver à temps avec son armée au point fixé. Toi, ce sont les accents du coq qui te réveillent, lui, celui des

du sang, l’autre la pourpre ; l'un et l’autre apprit à mourir avant de mourir, afin d'enseigner à vivre : celui-là, moribond, dit, en

touchant son urne funéraire : Tu contiendras celui que l'univers

ne contient pas ; celui-ci, gardant près de lui le cercueil qu'il

avait fait préparer, mesurait à cet objet sa propre grandeur. Mais

le premier, sage sur le tard, fut inutile, le deuxième, fort utile à

lui et aux autres, pour s’y être pris à temps. »

53. Ibid., 263 : « Incline-toi, Titus, devant Alexandre : le pape

est au-dessus de César. Celui-ci est plus véritablement les délices

du genre humain, celui-ci aussi a la beauté, mais qui n’enferme

pas moins de sévérité que de grâce ; lui aussi a servi en Germanie, avec grand zèle, modestie et gloire ; bref à lui bien plus qu'à toi convient cet éloge, d’avoir dit accepter le pontificat afin de

garder les mains pures. »

135

L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

LE MODELE ROMAIN

buccins. Toi, tu ordonnes ton plaidoyer, lui il range son armée. Toi, tu veilles à ce que tes consultants, lui à ce que les villes et les camps ne soient pas pris » 54, L'inscription dédiée à Clément IX en 1667 sur l’arc de Septime Sévère, côté Capitole, exploite ce schéma oppositionnel, validé ingénieusement par les noms des deux dédicataires 55 : TRIVMPHALE.

SEPTIMII.

NE. AD.

ORIENTEM. QVID

CLEMENTIS. PRODEAT.

LEGATIONEM.

HIC.

SEVERVS. ISTE.

SIBI. PVRPVRAM.

HIC

BELLORVM. TRIBVTA.

REI. FRVMENTARIÆ.

SED.

AMBITIONIS.

SVPRA.

SPECTACVLA., HIC. VNVM.

TINXIT.

HIC.

HIC.

SVDORE

IMPERIVM

LEVAVIT

HIC.

POP.

GENIO.

STVDIOSVS

BENIGNITATE.

QVID.

ADHVC.

MVNIFICENTIA.

ROM.

DEDIT ADORANDVM

FECIT.

PRÆSTANTIOREM. NON.

CÆDIBVS.

HABES.

ET. FERRO.

POPVLORVM.

MEMORAS.

FAMA. SED.

tu de nocte ut tuis consultoribus repondeas, ille ut eo quo intendit mature

cum exercitu perueniat. Te gallorum, illum bucinarum cantus suscitat A tu actionem instituis, ille aciem instruit ; tu caues ne consultores tui, ille

ne urbes aut castra capiantur...

55. CANCELLIERI, Storia de’ solenni..., op. cit., 281

: « Ne cher-

che point ici, lecteur, le nom triomphal de l'empereur Septime

SANCTIMONIA

IN. CLEMENTE MVNERIBVS.

ET. AVRO

SVBIGENTE

les ἃ allégés ; tous deux ont augmenté les approvisionements en blé, mais l’un était aiguillonné par l’ingéniosité de l'ambition,

l’autre par le génie de la charité ; il n’est pas un domaine où le pape ne surpasse l'empereur ; celui-là a donné des spectacles à son peuple, celui-ci s’est offert lui-même comme un spectacle adorable au monde entier, »

56. Ibid., 283 : « Pourquoi, Rome, rappeler le nom de Titus?

Sévère : il s’éclipse, au lever de la majesté de Clément IX, Pourquoi

Tu as en Clément un être tellement supérieur en bonté munificence, gloire, majesté, sainteté, soumettant l'âme des peuples non

de sueur ; le premier par son bras ἃ affermi l'empire, le second

aussi, mais dans l'amour des gens, attaché non à ravir aux autres leurs dépouilles mais à les délivrer de leurs malheurs. Puisse donc celui qui vainc Titus par sa clémence le vaincre aussi par le nombre des années. »

Sévère paraitrait-il là où Clément brille ? celui-là, par sa férocité, a souillé sa légation en Gaule, celui-ci par sa munificence, a enrichi la sienne en Espagne. L'un a teint sa pourpre de sang, l’autre

l'a fait par son esprit ; l’un a déclenché l'incendie des guerres,

l’autre s’est efforcé de l’éteindre ; l’un a alourdi les tributs, l’autre

136

VINCIT

On voit par les documents réunis par Bernard Guenée et Françoise Lehoux sur les entrées royales parisiennes de 1328 à 1515, que la connotation religieuse s'était renforcée au long des deux siècles précédents, faisant peu à peu de la simple fête qu’elle était d'abord un moment essentiel de la religion royale. Le roi entre dans Paris venant de Saint-Denis où sont venus au devant de lui l’évêque de Paris et la foule des notables, et, tandis que quatre échevins et clercs portent au-dessus de sa tête le dais ou |

tiuis solet repondere primorum uerborum alterna repetitio [...] : Vigilas

TITVM.

ÆTATE.

sur le précédent du triomphe romain ©.

ROMA

PRINCIPATV.

SIBI. ANIMOS.

54. Quint. Int. Or. IX, 3, 32 : Etiam in contrapositis uel compara-

QVI. CLEMENTIA.

Rome de Marcantonio Colonna. Ce qui est acquis d’ores et déjà en France, comme dans la Rome des papes, c'est l’évolution qui a conduit rapidement le protocole de l’Entrée royale à se modeler non plus, comme au cours du bas Moyen Âge sur l’entrée du Christ à Jérusalem ou sur la procession du Christ roi ‘!, mais, ici encore,

Lui fait écho dans le même esprit celle de l’Arc de Titus, vers le Campo ὅθ; TITVM.

SPOLIA

de Charles IX et Elisabeth d'Autriche en 1571 %, celle-ci exactement contemporaine de l’entrée à

CHARITATIS

PONTIFEX

OMNIBVS.

SPECTACVLVM.

ERIPERE.

CALAMITATES

Il est intéressant et éclairant pour les chapitres qui vont suivre de comparer à l’usage romain tel que nous venons de le caractériser la pratique contemporaine de l’autre côté des Alpes, pratique dont plusieurs documents importants nous permettent de nous faire une idée très précise. C’est le récit de l'entrée à Lyon d'Henri II et Catherine de Médicis en 1549, préparée par Maurice Scève 57, c’est le Recueil d'inscriptions d’Estienne Jodelle 58, composé pour les fêtes parisiennes données à l’occasion de la reconquête de Calais en 1558, ce sont les archives qui commémorent le Royal Tour de France d'Henri II en 1564 *, c’est enfin et surtout Le bref et sommaire recueil de Simon Bouquet pour l’entrée parisienne

SVA

ACCENDIT

IN. CVNCTIS.

ILLE.

AMAT.

TRIVMPHET

Pendant ce temps, dans la France monarchique...

FVNESTAVIT

AMPLIFICANDÆ.

SE. GENTIBVS.

AMORE.

VINCAT.

EXTINGVERE

INGENIO.

CÆSAREM,

VTINAM.

OBSCVRATVR

BEAVIT.

FIRMAVIT.

ILLE. AVXIT,

VTERQVE.

HIC,

QVAM.

ELVCET

FEROCIA.

ILLE. FLAMMAS.

HIC. CONATVR.

ΠΕ.

SVA.

MVNIFICENTIA. MENTE.

ALIA.

NOMEN

MAIESTATEM.

VBI. CLEMENS.

ILLE. CRVORE.

ILLE.

CÆSARIS.

NON.

IN. GENTIVM.

LECTOR

IX. P.O.M.

ILLE GALLICAM.

HISPANICAM. MANV.

SEVERI.

QVÆRAS.

VT.

par le fer de la guerre mais par l’or des présents, pour triompher

57. La magnificence de la superbe et triumphante entrée de la noble et antique cité de Lyon faicte au Treschrestien Roy de France Henry

deuxième de ce nom, et à la Royne Catherine son Espouse le XXIIT de Septembre M.D.XLVIII, éd. G. Guigue, « Relations et documents contemporains », Lyon, 1927.

58. Estienne JODELLE, Le recueil des inscriptions (1558). A lite-

rary and iconographical Exegesis, éds. V.E. Graham, W. McAllister

Johnson, Toronto, 1972. 59. The Royal Tour of France by Charles IX and Catherine de’ Medici

Festivals and Entries 1564-1566, éds. VE. Graham, W. McAllister Johnson, Toronto-Buffalo-London, 1979. Egalement le Recueil des

choses notables qui ont été faites à Bayonne à l'entrevue du roi Charles IX

et de la royne sa mère avec la royne catholique sa sœur, Paris, Vascosan,

1566.

60. [Simon Bouquet], Bref et Sommaire recueil de ce qui a esté faict et de l'ordre tenüe à la ioyeuse et triumphante Entree de tres-puissant, tresmagnanime & tres-chrestien Prince Charles IX. de ce nom Roy de France, en sa bonne ville & cité de Paris, capitale de son Royaume, le Mardy

sixiesme iour de Mars. avec Le couronnement de tres-haute, tres-illustre et tres-excellente Princesse Madame Elizabet d’Austriche son espouse, le

Dimanche vingtcinquiesme et Entree de ladicte Dame en icelle ville le leudi

XXIX. Dudict mois de Mars, M. D. LXXI, A Paris, De l' Imprimerie de Denis du Pré, pour Olivier Codoré, rie Guillaume Iosse, au

Herault d’armes, pres la rte des Lombars, 1572. Voir The Paris Entries of Charles IX and Elisabeth of Austria, with an analysis of

Simon Bouquet’s Bref e sommaire recueil, éds. VE. Graham,

W. McAllister Johnson, Toronto, 1974 ; F.A. Yates, « Poètes et artistes dans les Entrées de Charles IX et de sa reine a Paris en

1571 », Les Fêtes de la Renaissance, éd. J. Jacquot, Paris, 1956, 61-84 ; ‘ etaussi Ip., La joyeuse entree de Charles IX roy de France en Paris, 1572, Amsterdam-New York, 1970. 61. B. GUENÉE, F. LEHOUX, Les entrées royales françaises de 1328 à 1515, Paris, 1968. 62. R. SCHNEIDER, « Le thème du triomphe dans les entrées solennelles en France à la Renaissance », Gazette des Beaux Arts,

56, 1 (1913), 85-95.

| L'ÂGE DE L'INSCRIPTION LE MODÈLE ROMAIN

« ciel » que l’on portait depuis le milieu du x1v° siècle au-dessus du Saint Sacrement ; il se rend directement, « comme le veut l'usage et avant de descendre où que ce fût », à l’église cathédrale Notre-Dame où le clergé l’accueille processionnellement avec des cantiques et toute la pompe ecclésiastique. La ville est, comme dans la procession de la Fête-Dieu « encourtinée de divers draps », les rues et les carrefours « tendus de tapisseries comme des temples ». Outre les fontaines artificielles d’où jaillit du lait, du vin ou une eau limpide, on a dressé en divers endroits sur le parcours du cortège des « escarfaults » sur lesquels des personnages « vifs » représentent sous forme de tableaux, « par contenance et sans mouvoir », des « histoires » ou « mystères » sur des sujets le plus souvent religieux (épisodes de la vie du Christ ou de la vie de saint Denis) ou des scènes allégoriques (les neufs Preux et les neuf Preuses, les sept Vices et les sept Vertus, les trois États de la ville, la série des Rois de France depuis Charlemagne ou Saint Louis)

: c’est notamment

vers « dit » au passage du cortège :

à travers ces scènes muettes, commentées

soit par un discours en

Par Noblesse et Humanité, Richesse, Libéralité, Puissance, aussi Fidélité

Le chief parvient à la couronne...,

soit par un poème en français écrit « en bien grosse lettre » sur un Tableau placé sous l’échafaud : Les estas de ceste cité

Vous offrent d’un consentement Leurs cœurs, par vraye humilité : Recevez-les bénignement,

que s’ébauche, avec l’appui du clergé et des corps constitués, une stratégie de justification et d’exaltation du pouvoir monarchique que les siècles suivants vont développer avec un éclat sans précédent, mais dans un esprit tout différent, le « Roi très-chrétien » qu'il est toujours revétant pour l’occasion les habits du triomphateur antique. Signe de cette réorientation décisive de la cérémonie : les nouvelles architectures, dont témoignent les gravures sur bois qui illustrent, en 1548, La Magnificence de la superbe et triumphante entrée de la noble et antique cité de Lyon faicte au Treschrestien Roy de France Henry deuxième de ce nom: L’obélisque, Le Portal de Pierrencise, L’arc de Bourgneuf, Le Trophée du Griffon, Le double arc de Port Saint Pol, La Perspective du Change... En témoignent, outre les descriptions et les gravures, les registres des sommes versées

aux artisans chargés de réaliser en 1571 les architectures éphémères à l’antique, colonnes, fontaines,

corniches, entablements, architraves, perspectives, et surtout les arcs qui servaient de supports aux figures et aux inscriptions de l'entrée parisienne, telle « la charpenterie de quatre arcs triomphaux, lung à la porte Saint-Denis, ung autre près l’Hospital Saint-Jacques, et les deux autres aux deux bouts du pont Nostre Dame » °°, qui scandaient la progression du cortège royal. Parallèlement, s’est considérablement accrue, à côté de la narration de la fête (déroulement du cortège, récitation des compliments et des réponses), qui constituait jusque-là l'essentiel du compte-rendu, la place faite à la description, à l’organisation de l’espace visuel : la fête est en train de céder la place au spectacle, spectaculum et même 63. Voir The Paris Entries..., op. cit., App. IV, 327 suiv. 138

speculum maiestatis. Deux éléments y prédominent, dans le même rapport que le corps et l’âme et par suite connaîtront un développement parallèle : le monument éphémère, imaginé par l'architecte et réalisé grâce à la collaboration de nombreux corps de métiers — et l'inscription éphémère, procurée par l’homme de science. Le sonnet d’Estienne Pasquier qui ouvre le Bref et sommaire Recueil par l'évocation de ces « somptueux appareils », qui offrent autant de tables d'attente, souligne oportunément la filiation et l’analogie avec le triomphe romain : Nestime point, Lecteur, que ce soit une Entrée Que tous ces sumptueux appareils que tu vois, Tous ces arc triomphaux, ces superbes arrois,

Dont Paris notre ville est ores illustrée. Ainsi que Rome on vit de lauriers tapissée

Embrasser le guerrier enflé de haulx exploitz : Ainsi à notre Charle, au plus grand de nos rois Pour rendre dans les ans sa mémoire enchassée,

Paris d'un œil joyeux, Paris sa grand'cité,

Luy dressant ce trophée à la postérité,

L'a voulu honorer d’un triomphe supréme...

On notera toutefois, touchant les inscriptions proprement dites, désormais de plus en plus nombreuses, une évolution notable de la pratique française entre 1548 et 1571. Dans le livret lyonnais de 1548, tous les énoncés gravés sauf un (VN DIEV, VN ROY, VNE Loy, devise de la ville) sont en latin, les vers français qui émaillent le texte étant non pas écrits, mais récités devant le souverain par des personnages allégoriques, et un relatif équilibre est maintenu entre l'inscription historique classique : Salutation, sur l’Arc du Bourg neuf : INGREDERE

HENRICE

COLONIAM

FRANC.

VT DEVO.

R. CHRIS. VRBEM

CIVIBVS TVIS SECVR.

TVAM

ANTIQVAM.

REIP. ÆTERNAM

ROM. PR.

Dédicace, au fronton du Double Arc de Port sainct Pol : HONORIS HENRICO

VIRTVTISQ.

PRINC.

PERPETVÆ

INVICTISS.

SACRVM

D.D.

Actions de grâces sur la base de la Colonne de Victoire en la Place de l’Archevéché : OB ADVENTVM VOTIS ANTEA ATQVE

HENRICI EXPETITVM

OPT.

PRINC.

RHODANVS

ARARIS GRATVLANTVR,

et les vers latins (distiques, monostiques et parfois fragment de vers) qui modulent le discours panégyrique. 139

L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

L'entrée de 1548, préparée par Maurice Scève, représente ainsi par sa sévérité même l'interprétation la plus fidèle du modèle romain antique. Mais sans doute cette austérité a-t-elle paru bientôt excessive. Car, si l’on interroge à présent les documents relatifs aux plus abouties des Entrées qui marquent le Tour royal de Charles IX en 1564, celle de Lyon, conçue par le juriste Antoine Giraud, ou celle de Toulouse, organisée par Jean-Estienne Durand, avocat au Parlement ™, on voit s’introduire, sur les tables d’attente des piédestaux ou des tympans ou des frises ou encore sur les festons, à côté d'inscriptions latines où grecques en prose, de poèmes latins en hexamètres et pentamètres, de simples distiques latins ou grecs, ou de courtes devises, ou de simples titres, et enfin (renouant avec une pratique plus ancienne) des vers français, dont cette fois plusieurs sonnets. Cette tendance à la poétisation du texte est confirmée et accentuée dans le livret de 1571, où, bien que les textes conçus pour les tables d'attente reçoivent tous indifféremment ce nom, il n’est pas une seule des nombreuses compositions improvisées pour la circonstance qui présente la forme d’une véritable inscription à l'antique : à la place, ou de simples titres, désignant une figure (CAROLVS IX INVICTIS.

CHAPITRE

GALLORVM REX ; ACAD. REGIS FILIA ; GALLIA ; ANTEPOZ NIKH), Ou des devises (PIETATE ET IVSTITIA, la devise royale ;

OYAEN ANEY BOYAHE), tandis qu’à profusion dominent les poèmes, soit explicitant un titre ou une devise , soit autonomes, soit latins, soit désormais, et à proportion égale, français, ou même grecs avec leur traduction en vers français, soit monostiques, ou distiques, ou tristiques ou tétrastiques, ou enfin ici encore sonnets. Le « bouquet typographique » en belle page de Simon Bouquet précise que « les vers grecs et latins, mis à part ceux empruntés aux anciens auteurs, sont de Dorat, le Poète royal. Pour les vers français, quand ils sont suivis de la lettre R, ils sont de Ronsard

VI

L'IMAGE DU ROI DANS LA POMPA INTROITVS FERDINANDI

À ANVERS EN 1635 *

; quand c’est la lettre B, il faut les

attribuer à Simon Bouquet lui-même » %. On regardera comme typiquement française et représentative du milieu lettré et humaniste parisien où règne la poétique savante de la Pléiade cette double dérive érudite mais festive, d’une part vers la langue nationale et accessoirement la langue grecque et d’autre part vers la poésie et l'hommage en vers qui, dans la partie écrite de la fête, concurrence décidément la partie récitée. Certes le latin, qui est la langue par excellence des inscriptions, est toujours présent, mais c’est au latin des poètes et non à la grande prose épigraphique qu'il est demandé de fourbir les pointes réclamées par la circonstance. Il appartiendra à l’âge suivant de réaliser la synthèse entre les deux interprétations, romaine et française, d’un même type d'événement.

Que la représentation du pouvoir royal soit par excellence le lieu du symbolique, c’est ce qu'a montré depuis longtemps le livre d’Ernst Kantorowicz, The King’s two bodies !, suivi pour la période qui nous occupe par celui de Ralph Giesey, Cérémonial et puissance souveraine ?. On peut situer dans la même ligne l'ouvrage de Louis Marin, Le portrait du roi. D'un autre côté un nombre important de travaux anciens et récents — un des premiers est l’Efimero Barocco * de Maurizio Fagiolo dell’Arco, l'un des plus récents en date est l’ouvrage de Paulette Choné, Emblème et pensée symbolique en Lorraine” — ont déplacé l'intérêt des rites sur les pompes royales en tant qu’événements destinés à déployer l'idéologie monarchique, entrées, naissances, obsèques étant autant d'occasions de rendre visible la majesté souveraine. Nous avons dans le chapitre précédent commencé d’analyser les stratégies de la représentation du pouvoir souverain dans les entrées princières, stratégies qui substituent au modèle médiéval de l'entrée

au Christ à Jérusalem le modèle humaniste de la pompa triomphalis des généraux etempereurs romains,

tant dans les possessi pontificaux, marqués, en dépit de traits fortement originaux, comme l'emploi * Développement de la communication de F. VUILLEUMIER,

2. ΒΕ. ΟἸΕΒΕΥ, Cérémonial et puissance souveraine. France, xv‘ N Xvu* siècles, Paris, 1987.

che sur l'Anthropologie au xvir siècle, Dijon, Université de

4. M. FAGIOLO DELL ARCO, LEffimero barocco, Roma, 1978.

notion de représentation au xvi" siècle, org. par le Centre de recher-

64. The Royal Tour..., op. cit., 187 suiv. ; 252 suiv.

65. Ibid., 114 : « Sous les pieds de laquelle Victoire estoit escript en Grec ΑΠΤΕΡΟΣ NIKH, qui signifie Victoire sans ailes, et au dessous en Latin, Staret ut hic, celeres Victoria perdidit alas », réaménagement d’une

140

pointe empruntée à une épigramme de I’ Anthologie palatine.

66. Ibid., 426 : Greci et latini uersus preter eos qui ex antiquis sunt excerpti, sunt Aurati Poetæ regii ; gallici uero qui R litera subnotantur, Ronsardi ; quibus B. litera supponitur, dicto Bouquet ascribendi.

corps du Roi, trad. fr., Paris, 1989.

« L'image du roi dans la Pompa introitus Ferdinandi à Anvers en 1635 : le peintre et l’archigrammate », au colloque Autour de la Bourgogne,

6 mars 1998.

1. E.H. Kantorowicz, The King’s Two Bodies : a study in Mediæval Political Theology, Princeton University Press, 1957 ; In, Les Deux

3. L. MARIN, Le portrait du roi, Paris, 1981.

f

5, P. CHONÉ, Emblèmes et puissance symbolique en Lorraine, Paris,

1991.

L’AGE DE L'INSCRIPTION

| Ì '

|

|

|

|

L'IMAGE DU ROI DANS LA POMPA INTROITUS FERDINANDI À ANVERS EN 1635

d’une rhétorique éclatante, par la prégnance écrasante du style antique, que dans les entrées françaises, qui mettent en ceuvre une interprétation plus diverse, plus libre et plus poétique. Nous verrons que ce mode de représentation trouve son acmé et son accomplissement au cours du siécle suivant en prenant pour thème la Pompa introitus de Ferdinand d’Autriche à Anvers le 15 (ou 16) avril 1635, célébrant la prise de fonctions du Cardinal infant d'Espagne, frère de Philippe IV, comme gouverneur de la Belgica, après la mort d'Isabelle Claire Eugénie et la victoire de Nordlingen S. Il s’agit là d’un événement exemplaire et pourtant exceptionnel à double titre. D’abord par l’exceptionnelle beauté de ces décorations éphémères : car ces « magnifiques arcs triomphaux que le Magistrat d'Anvers fit édifier » passèrent aussitôt pour un prodige et « eussent obscurci, dira-t-on encore en 1682, tout ce que l’ancienne Rome a vu de plus éclatant dans la pompe de ses triomphes » : il est vrai que la conception avait été confiée pour les inscriptions à Gaspar Gevaerts, archigrammate de la ville d'Anvers et bientôt historiographe du roi 7, et, pour les structures et peintures, à Pierre-Paul Rubens *, dont c’est l’une des dernières grandes productions. Il est d’ailleurs remarquable qu’alors que beaucoup des productions de ce genre, improvisations d’un jour, ont disparu au lendemain de la fête, la plupart des panneaux peints pour cette circonstance précise ont été accueillis depuis par les musées européens °. La deuxième raison, c’est que toute cette beauté a survécu à la circonstance 6. J. Rupert MARTIN, The Decorations for the « Pompa Introitus

Ferdinandi », « C.R.L.R » XVI, Brussels-London-New York, 1972 ; P. ARENTS, « Pompa Introitus Ferdinandi », tiré-à-part de Overdruck uit De Gulden Passer, 27 (1949), 2-4 ; H. D’OUTREMANNUS, Descriptio

Triumphi et spectaculorum principibus Alberto et Isabelle..., Antverpiæ,

apudJ. Moretus,

1602.

7. Littérateur et jurisconsulte belge (1593-1666), nommé en 1611 conseiller d’Etat et historiographe par l’empereur Ferdinand ΠΙ. Grand érudit, il a publié, outre la Pompa Introitus, un Papinianarum Lectionum Commentariusà la suite de son édition de Stace (Leiden, 1616), des Electorum libri III in quibus plurima ueterum scriptorum loca obscura et controuersa explicantur, illustrantur et emendantur, Paris, 1619. Il publiera en tant qu’éditeur les Icones Imperatorum Romanorum e priscis numismatibus ad uiuum

delineate et breui narratione historica illustrate, per Hubertum Goltzium, Antverpiz, 1645. Sur ce notable lettré, voir F de R[EIFFENBER]G,

Recueil d'opuscules de Gaspar Gevaerts, fait par lui-méme, s.1., 1846 ; également le Catalogus Librorum Bibliothece Cl. Viri Gasp. Gevartii, Quondam Cesari ac Regii Consiliarii et Historiographi, Archigrammatei Antverpiani pridem Emeriti Huius Bibliothece Libri publica Auctione

venales exponetur Antverpiæ, in ædibus Heredum eiusdem defuncti,

die XIII. & sequentibus

LXVI (1666).

mensis Septembris,

hoc anno

M.DC.

8. Isaac BULLART, Académie des sciences et des arts,..., vol. II, Amsterdam, 1682, 474 : « Mais enfin lassé de la Cour, & accablé des Gouttes, il [Rubens] se retira en sa belle maison d’Anvers è

où il ordonna encore quelques ouvrages dignes d’une mémoire immortelle : entre autres ces magnifiques Arcs triomphaux que le Magistrat d'Anvers fit ériger au Prince-Cardinal Ferdinand Infant d'Espagne, à son entrée en cette ville ; qui passèrent pour un prodige, & qui eussent obscurcy tout ce que l’ancienne Rome ἃ veu de plus éclatant dans la pompe de ces triomphes... comme rend témoignage le livre qu’on en a donné au Public. Cet 142

ouvrage signalé fut la dernière production de ce grand esprit ».

Voir J.F.M. MicHeL, Histoire de la vie de PP. Rubens, Bruxelles, 1771, part. 207-249 [explication des tableaux allégoriques, appliqués aux portiques triomphaux]. 9. Ainsi pour le Quos ego : Dresde, depuis 1765 — sous ce nom dans le Catalogue des tableaux de la Galerie éléctorale à Dresde en 1765, de J.A. Riedel, C.F. Wenzel, n° 446 : Tableau appelé communément Quos Ego, ou Neptune appaisant la tempête, lors-

que que le Cardinal-Infant fit le trajet d'Espagne en Italie. Voir

festive grace à l'immense in-folio écrit par Gaspar Gevaerts et illustré par les planches de Theodor van Thulden (Planche 15) !. Non pas une simple description de la fête, un de ces racconti comme l’époque en ἃ tant produit, mais un ouvrage qui exigea tant de soin qu’il ne verra le jour qu’aprés la mort et de Rubens et du Cardinal Infant, un livre-monument, où tout le détail de l'exposition graphique ainsi que les inscriptions est reproduit à l’eau-forte, décrit, expliqué, avec l'indication des sources érudites, complété en outre par un traité sur les médailles des Empereurs et une série d'inscriptions élogieuses à la Maison d’Autriche. Déjà, trente ans plus tôt, Johannes Boch (curator) dans son Historica narratio de l’Entrée des archiducs Albert et Isabelle Claire Eugénie, gouverneurs de Belgique, 4 Bruxelles en 1599, avait mesuré la portée du récit ou de la narration du Spectaculum, comme un effort d’ultime préservation de l’éphémère : Nous avons décidé de vous offrir ces prémices avec l’idée bien réfléchie de consacrer par un monument écrit impérissable les sentiments... et ce pour que ne périsse, en même temps que les structures matérielles de la

fête, le souvenir des biens qu'ils nous ont donnés, du moins en attendant que soient réalisés les trophées de

marbre dus à nos vertus !!.

Ainsi, à son tour, Gevaerts, conçoit son double rôle de narrateur et d’archigrammate dans une même perspective « conservatoire », liée à l'ambition que « la description du triomphe soit en même temps, comme dit Cicéron, un triomphe du discours » : Horace, à ce propos, appelle Æditui (prêtres) ceux qui avaient la charge de célébrer les louanges des triomphateurs : c’est qu’en effet, à l'instar des gardiens des temples et des images consacrées, ils dérobaient, par leurs écrits, à l'oubli des hommes et aux injures du temps la vertu et le nom des plus fameux héros. Dans le même sens, l’antique commentateur Porphyrion définit, à cet endroit, les Æditui, comme des Narrateurs et des témoins. Car les Æditui, dit-il, étant au service des temples et des divinités, expliquent aux visiteurs et

aussi : Catalogue des tableaux, … estampes du cabinet de... Van Schorel,

seigneur de Wylrick, ancien premier bourgmaitre de la ville d'Anvers.

vente... 7 juin 1774, Anvers, 1774, n° 20, 27-28, 650-650 bis [n° 20 (tableau) : « L'Escaut appuyé sur son urne : esquisse qui paroit avoir

servi de modèle au Sculpteur qui a exécuté la Figure, que l’on voit en cette Ville au fronton de la Porte qui donne sur le Mayegat. Cette figure se trouve répétée dans l’Estampe de la p. 155 de l’Introitus Ferdinandii, où elle représente le Maragnon, fleuve du

Pérou, 7 po. de haut sur 9 de large B. 6/00 ; n° 27-28 (tableau) :

Vulcain forgeant des Armes, Esquisse qui fut faite pour l’un des

Arcs de Triomphe de l'Entrée de Ferdinand, Infant d’Espagne, à Anvers : elle se trouve gravée dans l’estampe de la p. 155 de la

Description de cette Entrée. Dim. : 9 1/4 sur 71. B. 22/00. Deux figures debout, représentant la Providence & la Libéralité, esquisse qui fut faite pour la même entrée... [p. 108, 7 1/4. 10/00] » ;

de Belgique (Bruxelles)..., Bruxelles, 1864, « n° 294-295 : — portrait de l’arch. Albert, dim. h. 1,30 ; L. 1,5 (tableau), — portrait de l’infante Isabelle

(arc de la place de Meir), vendus

à Londres

en 1829 coll. T. Emerson, cédés plus tard à l'administration communale de Bruxelles. Notice des tableaux du Musée national de Stockholm, Stockholm,

1867, « n° 597 P.P. Rubens : Mercure s élevant

dans les nues : le Dieu a un pied posé sur un ballot entouré de

diverses marchandises, auprès desquelles on voit deux Amours. Un troisième Amour plane dans l’espace et jette des fleurs sur les attributs du commerce. (H. 292 ; 1. 141) ».

10. G. GEVAERT, Inscriptiones/ Pompæ/ Triumphalis/ Introitis/ Ferdinandi/ Austriaci/ Hispaniarum Infantis/ S.R.E. Card./ Belgarum

Anecdotes of Painting in England... collected by the late George Vertue ;

et Burgundionum Gubernatoris &c./ A.S.P.Q. Antverp./ decretæ & adornatæ :/ Cum mox ἃ nobilissimé ad Nordlingam part Victoria Antverpiam auspicatissimo Aduentu suo bearet,/ XV. Kal. Maij. Ann.

tableaux... exposés dans le Château royal..., 2° éd., E.A.R., Windsor, 1841, 18 : la « Bataille de Nordlingen » de Rubens ; E. REYNART,

M.DC.XXXV, 1685; Inscriptiones/ Arcum/ Triumphalis/ Et Pegmatum/ Antverbiæ/ Electorum/ Honori Sereniss. Principis/ Ferdinandi/ Austrii/ Hispaniarum Infantis/ S.E.R. Cardinalis/ Belgarum et Burgundionum/ Gubernatoris, etc.,/ Cum eam Vrbem optatissimo aduentu suo bearet/ XV.

and now digested and published from his original mss. by Horace Walpole, II, Strawberry-Hill, 1762 ; Guide de Windsor... avec une notice des Notice des tableaux... exposés dans les galeries du Musée des tableaux

de Lille, Lille, 1862, « n° 128-129.198 : l'Abondance (H. 2,84 ; L. :

1,35) fig. de 2,47.129 : la Providence, pendant du précédent, achetés par la ville en 1860 ». Catalogue descriptif du Musée royal

Kalendas Maij, anno M.DC.XXXV, Ex off. Plantiniana Balthasaris Moreti. La préface, aprés un bref historique des précédentes

entrées princiéres, nomme

les deux principaux responsables

de la féte ainsi que le graveur, éléve de Rubens, responsable de l'illustration de ce magnifique in-folio : [...] Petro item Paullo Rubenio, Equite, homine pererudito, ac Pictorum omnis Æui facile principe ; & me, huius operis Scriptore, sententiis, conceptaque rerum

publico Apparatu exhibendarum Materia ; placuit Senatui Arcuum

omnium Triumphalium (si Lusitanicum Excipias) & Pegmatum prototypa ab eodem Rubenio designari, ac fecunda (qua pollet) Inuentionum pulcherrimarum Venustate locupleta delineari ; Inscriptionum autem, Elogiorum, ac Lemmatum qua prosâ, qua uersu, curam idem Senatus mihi delegauit... Omnes porrd Pegmatum, Arcuum atque Iconum Tabule ex Archetypis Rubenianis per Theodorum Tuldenum, Pictor celebrem, & Rubenij olim discipulum, in hoc libro representate & expressa sunt aqua

quam fortem uulgù uocant.

11. Historica narratio profectionis et inaugurationis serenissimorum Belgii principum Alberti et Isabelle, Austrie archiducum..., Antverpiæ ex officina plantiniana, apudJ. Moretum, 1602. : Has uobis primitias offerre decreuimus,

ea mente et consilio,

ut... eternis

litterarum monumentis consecrentur, ne eorum memoria que nobis edi-

derunt, cum materia structura intercidat, dum debita nostris uirtutibus

trophea marmorea præparentur. Pour cette entrée intervinrent

Juste Lipse pour les inscriptions et le peintre Othon van Veen pour la décoration.

148

- EOIS

») -

L'IMAGE

DU

ROI DANS

LA POMPA

INTROITUS FERDINANDI À ANVERS

EN

1635

aux ignorants l’origine des rites. D’autres pensent que Æditui se disait des clients et des familiers et par suite désignaient les louangeurs et les prêtres !2,

L'auteur du livre-monument, qui se présente comme I’ edituus ou, au sens d’Horace, tout à la fois le gardien, le guide et l'interprète du sens de la cérémonie, sans rien sacrifier de la variété de l'invention, met en effet fortement l'accent sur l’omni-présence du modèle romain, particulièrement appelé ici tant par les prétentions de la Maison d’Autriche, héritière des Césars, que par la culture des deux res-

ponsables de la fête — on connaît en particulier les relations de Rubens et de son frère Philippe avec le grand antiquaire Juste Lipse : un caractère qui se manifeste à tous les niveaux, celui des architectures symboliques, celui des inscriptions qui en sont l’âme, enfin, celui du contenu idéologique.

Les architectures symboliques Ι. « Les Anciens, après de beaux faits de guerre, consacraient à la vertu des Empereurs-dieux

non

seulement des arcs, des colonnes, et des portiques, mais aussi des temples et des autels...» (Gevaerts) 15,

C’est un lieu commun de définir l'architecture antique comme forme symbolique de la gloire. On ne

s’étonne donc pas de retrouver ici en premier lieu les grandes formes architectoniques : — Cinq arcs triomphaux (LVSITANICI, 19 ; PHILIPPI, 25 ; FERDINANDI, 99 ; MONETALIS, 151 ; HERCVLIS ET BELLEROPHONTIS ad D. Michaëlis, 159), traités à l’antique, à ceci près que l'architecture, grace à la légèreté

PARCERE

SVBIECTIS

epi

Se

ET

DEBELLARE

i

des matériaux, offre une exubérance, des hardiesses moins tolérées pour des édifices durables : et

donc, moins une copie qu’une puissante interprétation baroque de l'arc triomphal : colonnes substituées aux pilastres, rupture des frontons, installation de statues entre les colonnes et sur les attiques,

SVPERBOS. |

TNA

balustrades, volutes, targes et mascarons,

AVSTRIACI

le fameux

A

|

ratifies ΩΝ αν

δὲ

DECRETA ET ADORNATA © Cum mox ad NorLmoam μάà nobiliflima A καὶ.

MAN,

AWW.

CID,

σι XXXV.

Quos ego de Rubens, appelé par la tempête qui avait marqué le trajet royal d’Espagne en

— À côté des arcs, les portiques : lieu de déambulation sous forme de colonnade ou d’arcade, exposant des statues allégoriques ou historiques : tel était le portique des Dii Consentes sur l'antique Forum

2re.

5. P. Q. ANTVERP

XV.

romain,

exposant

les statues des douze

Olympiens,

CASPERIVS

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GEVARTIVS

Le. :

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Lavaca Casscsna codon Alton dfrita.

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direct du portique des douze

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ANTVERPIÆ,

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merger εις AND του. A ry) ἐπὶ YH VMN

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Planche 15: Gaspar Gevaerts, Pompa I ntroitus..., Antverpiæ, 1635, Frontispice

(© B.n.F.).

narrant. Alij editvos pro ( ‘lientibus ac Familiaribus dici putant, ac per

isto loco eos qui Triumphalium uirorum laudibus depredicandis pree-

hoc Laudatores Poëtas que significant.

rant, ÆDITVOS appellat. Vipote, qui uelut sacrarum Ædium, in tisque dedicatarum Imaginum Custodes, Virtutem nomenque clarissimorum

13. Pompa. τ op. cit. : Nam, cum non tantum Arcus, Pegmata et Porticus, sed et Templa atque Aras Imperatorum Ducumque Virtuti post

uindicarent. In eumdem sensum uetus Interpres Porphyrion, ÆDI TVOS hic exponit Narratores atque Indices. Æditui enim (inquit) Templorum ac Numinum quibus inseruiunt, Scarorum originem aduenis & ignorantibus

14. Ibid., 11 : Insigne pegma, triplici picturarum sibi iunctarum, serie distinctum [...], operis ionici, e se quadratis pilis striatis, auro obductis, constans et in fornicem assurgens, altum pedes LXXX, latum LXXVII.

Heroum scriptis suis ab Hominum obliuione, Temporumque iniuria

OEM

il est ici le modèle

Tconefg à ET; Pavzo |

12. Pompa..., op. cit., « Præfatio ad lectorem » : Oratio : Horatius

At

; sur l’arc dédié à

Belgique, pour figurer I’heureuse traversée du prince sur la mer une fois calmée.

M ET BVRGVNDION VM:

Arcus,

oléopiles...

orné, de part et d’autre du tableau central surmonté par l'inscription, de deux autres tableaux, dont

HISPANIARVM INFANTIS S. R. E. CARD. GVBERNATORIS,

trophée en amortissements,

Philippe, un deuxième arc à l'étage supérieur. S’ajoute, variante de l’arc de triomphe sous lequel on passe, l’arc-tableau, devant lequel on s’arréte. La Pompa en offre trois exemples, avec la scène d’apothéose d'Isabelle Claire-Eugénie, (page 94) et le tableau généalogique de la dynastie (page 143), mais déjà (page 11) l’insigne pegma, qui accueille d’abord le prince avec la Gratulatio !1 : magnifique ouvrage

rem præclare gestam veteres decernerent...

145

4 — Le temple

(TEMPLVM

Janus (Planche 17).

IANI, page

117)

: nous reviendrons plus loin abondamment

sur le temple de

IL. Relevons pour l'instant qu'avec les grandes formes ou pegmata se marient statues, trophées, can-

délabres, atlantes, caryatides et toute la variété des figures symboliques ainsi évoquées par Emanuele Tesauro dans l’un des premiers chapitres du Cannocchiale aristotelico :

NN

ET (ei)

page 43 (Planche 16).

(PORTICVS CÆSAREO AVSTRIACA),

}

5

empereurs germaniques alternant justement avec les douze dieux romains

Micros βηξενο ONFLIXI MARTE :COECt “NASSOVINM AVSTRIACIS PROSTR ATVI CEIARF SION

L’AGE DE L’INSCRIPTION

Di questa maniera si scolpivano le Imprese in honor de’ trionfatori negli archi o nei templi, o nelle colonne istoriate o rostrate : con misteriose Imagini di nemici incatenati, di Fiumi, o di Provincie soggiogate, di Città espugnate, di Corone intrecciate, e con altri simulacri che si portavano tra’ Fercoli de’ trionfi ; o tra

με My ΗΜ

misteri delle sacre Pompe : tutte Argutie mutole, Metafore scolpite, Imprese di rilievo, alludenti alla gloria

del Vincitore o del Nume. Et con quest’arte quel bello spirito di Virgilio volea scolpir le Imprese del suo

Signore in quel superbissimo Tempio che senza marmi, senza fatica e senza dispendio veruno egli fabricava

nell’animo !5,

La dernière phrase est un clair renvoi au fameux prélude du III chant des Géorgiques :

VATES,

SACERDOS.

VICA SVE

VOCE

MIHI

sues

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A

ΕΞ

DOMVS

PIKMAVIT

_ | # -

du souverain catholique surplombant le fronton brisé du Frontispice), tantôt le revers et exhibant alors un motif symbolique (Planche 16 : Horror et Pallor, Honos et Virtus, sous l’entablement des deux édicules qui flanquent le temple de Janus).

PIVS

ΠῚ. Enfin, ultime parmi les supports figurés, il faut faire une place à part à l’héritière de la monnaie romaine républicaine et impériale, la médaille ou « petit monument », dont le lien avec la politique est constant depuis Pétrarque jusqu’à I’ Histoire métallique de Louis XIV : tantôt présentant l’avers (portrait

DEMA

l’invincible rocher !6,..

mai

les Furies et les flots sombres du Cocyte et les serpents enroulés autour d’Ixion et la roue monstrueuse et

TIDICAQVE

Tros, père de la race et le dieu du Cynthe, fondateur de Troie. La Haine mise en déroute tremblera devant

1 Fa

extrémités du monde et le double triomphe remporté sur les peuples de l’un et de l’autre rivage. Debout aussi des blocs de Paros se tiendront, statues vivantes, descendants d’Assaracus, glorieuse lignée de Jupiter,

L Avovsræ

les colonnes érigées avec le bronze des navires. J’ajouterai les villes d'Asie domptées, le Niphate ébranlé, le Parthe confiant en sa fuite et dans les flèches qu'il lance en se retournant, les deux trophées conquis aux

(2

Sur les battants de la porte je représenterai en or et en ivoire massif la bataille contre les Gangarides et les armes de Quirinus victorieux ; d’autre part le cours puissant du Nil agité par les vaisseaux de guerre et

15. Il Cannocchiale aristotelico, o sia dell’arguta e ingeniosa elocu-

zione che serve a tutta l’Arte oratoria, lapidaria e simbolica, esaminata co’ principi del divino Aristotele dal Conte e Cavalier Gran Croce D. Emanuele Tesauro, patritio torinese, in Torino MDCLXX (1670) ;

repr. an., Savigliano, 2000, 32.

16. VirG. Georg. III, 25, 39 : In foribus pugnam ex auro solidoque elephanto/ Gangaridum faciam uictorisque arma Quirini,/ Alque hic undantem bello magnumque fluentem/ Nilum ac nauali surgentis

aere columnas./ Addam urbes Asiae domitas pulsumque Niphaten/ Fidentemque fuga Parthum uersisque sagittis ;/ Et duo rapta manu diuerso ex hoste tropaea/ stabunt et Parii lapides, spirantia signa,/ Assaraci proles demissaeque ab Ioue gentis/ Nomina, Trosque parens et Troiae Cynthius auctor./ Inuidia infelix Furias amnemque seuerum/ Cocyti metuet tortosque Ixionis anguis/ Immanemque exsuperabile saxum.

rotam et non

H LUN

146

Planche 16 : Gaspar Gevaerts, Pompa Introitus..., Antverpiæ, 1635, « Porticus Cæsareo Austriaca

: Rodolphus

» (© B.n.F. ).

| the

L’IMAGE

DU

ROI DANS

LA POMPA

INTROITUS FERDINANDI À ANVERS

EN

1635

Les inscriptions latines

|

Elles sont la partie la plus essentielle des Décorations, parce qu’elles en sont l’âme. Elles appliquent les sujets, font parler les Figures, les Emblèmes et les Devises, et il n’y a rien dans tous ces desseins où elles n’aient la meilleure part !7.

|

Ménestrier parle avec raison des inscriptions au pluriel. Il y en a en effet autant de sortes que de

supports : avec les supports de grande dimension, placard ou table d’attente, notamment à l’attique des

arcs, voisinent les supports de moyenne ou petite dimension, comme le piédestal, la frise de l’assiette de la statue, ou encore le « cartouche », le bouclier, la bannière, etc. Cette considération purement

spatiale, à elle seule, a pour effet de souligner une hiérarchie :

— au premier rang, l'inscription honorifique ou dédicace (elle règne en grandes capitales romaines

à l’attique des arcs) !8 :

LVSITANORVM ARCVS Pars anterior : FERDINANDO AVSTRIACO PHILIPPI IV HISPANIARVM ET LVSITANLE REGIS FRATRI RESTITVTORI GERMANIA DEBELLATIS SVEVIS ET ROMANI IMPERII PERDVELLIBVS HOSTIVM DVCE CAPTO LVSITANI LETITLE ET PRIVATE PIETATIS ERGO PP.



(soit, propria pecunia, soit, proprio s.e. aere posuerunt).

A Ferdinand d’Autriche, frère de Philippe IV, roi d’Espagne et du Portugal, sauveur de l’Allemagne, après

sa victoire sur les Suéves et sur les ennemis du romain empire et la capture du chef, les Portuguais ont élevé a leurs frais (cet arc) en gage de la joie de la communauté et de la ferveur des particuliers.

Pars posterior !° :

INVICTISSIMO PRINCIPI FERDINANDO

AVSTRIACO FVNDATORI PVBLICÆ QVIETIS SVSCEPTVM BELGICÆ REGIMEN, 17. C.-F. MÉNESTRIER, Des Décorations funèbres, où il est amplement

traité des tentures, des lumières, des mausolées, catafalques, inscriptions et autres ornements funèbres..., Paris, R.-J.-B. de la Caille, 1683, 232.

18. Pompa..., op.cit., 19. 19, Ibid, 22.

149

Planche

17 : Gaspar Gevaerts, Pompa Introitus..., Antverpiæ,

1635, « Templum

Iani » (© B.n.F.).

L'IMAGE DU ROI DANS LA POMPA INTROITUS FERDINANDI A ANVERS EN 1635

L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

AVSTRIADVM PER REGNA MEAT SVRGENSQ. CADENSQ.

et AVSPICATISSIMVM

ADVENTVM

LVSITANI GRATVLANTVR.

Au prince invaincu, Ferdinand d’Autriche, fondateur de la paix publique, les Portuguais disent leur joie pour son bon gouvernement et son heureuse venue.

C’est l'inscription par excellence, celle qui enferme dans l’orbe de la période unique, sans fioritures

inutiles, tous les éléments de l’idée : personnalité du dédicant, nom et titres du dédicataire, raison et

occasion de l'hommage public : à ce type est remarquablement approprié le commentaire de Tesauro, mettant en valeur la noblesse de l'inscription honorifique : Ma sontuosissime

per mio avviso, oltre a tutte l’altre Inscrittioni, eran quelle, che

a memoria

eterna de’

benefatti, in que’ Secoli sinceramente Latini, si dirizzavano par decreto del Senato Romano ; compilandosi da’ Senatusconsulti medesimi, dettati da quei felici padri della eloquenza e ripassati al vaglio di scrupulosi grammatici ; con termini perfettamente eleganti e maestosi ; che in diverse Orationi contra Marco Antonio son chiamati da Cicerone. VERBA AMPLISSIMA. SINGVLARIA VERBA. CLARISSIMÆ LITER. QVAM AMPLISSIMA MONVMENTA. LITER DIVINÆ VIRTVTIS TESTES SEMPITERNÆ. 20

— Mais on voit que, si elle est de loin la plus solennelle, la plus majestueuse, l’inscription honorifique coexiste avec d’autres types : — Sur ce même ARC DES PORTVGAIS, partie postérieure, l’on voit, en haut, de part et d’autre du tableau central qui surmonte l'inscription, deux figures allégoriques, qu’explicitent deux formules lapidaires dans le style des légendes de monnaie :

En haut, au-dessus de la statue de Rodolphe, deux hexamètres préservant la division du vers : AVGVSTÆ

DIADEMA

FATIDICAQVE

PVBLICA,

tandis qu’au premier ordre, pour désigner les statues des princes placés dans les niches, figurent deux tituli :

REX

εἰς:

IOANNES, LVSITANORVM REX

avec, au-dessous de chacun, ce qui semble le motto d’une devise : VICTA JACET... [illisible !] — d’autre part, le titulus, qu’on retrouve sur le socle des statues du PORTIQVE DES CESARS OLYMPIENS 2!, y

est associé, dans un ensemble complexe, à deux séries d’inscriptions métriques, mettant chaque fois en œuvre le vers héroïque par excellence, le vers de Virgile et de l'épopée ; en bas, à gauche, sous la

statue du Soleil qui ouvre la série comme la Lune le ferme, à droite, symétriquement, un hexametre

dactylique défait en inscription :

20. Tesauro, Il Cannocchiale aristotelico..., op. cit., 184.

21. Pompa..., op. cit., 51 : Sex priorum Impp. Cass. Austriacorum

150

SACERDOS

La couronne de la maison impériale je la tiens de la sibylle suève Et de la voix fatidique du prêtre très saint.

Cette royauté de l’hexamètre fait que cohabitent harmonieusement les inscriptions forgées pour la circonstance et les citations proprement dites empruntées à Virgile. On rencontre pourtant au moins une fois (page 26), sur la partie antérieure de l’arc de Philippe, le vers de l’élégie, lui aussi défait dans le cartouche, dans une des inscriptions qui célèbrent dans le mariage de l’archiduc Maximilien et de

Marie l’union des maisons d'Autriche et de Bourgogne : AVSTRIA BVRGVNDIA

IVNXISTI ET BELGICA

IVRA MAXIME

PER

THALAMOS TVOS

forme, l’une, brève, dont on a dit seulement un mot en passant : c’est le motto de la devise, sur le por-

tique peint de l’ADVENTVS GRATVLATIO ?, dans le cartouche placé sous la palme au sommet de l'arc : SVMIT

LVSITANORVM

MIHI SVEVICA VATES

À ces diverses formes purement antiques, qu’elles utilisent l’oratio soluta ou l’oratio uincta, se marie fort bien, encore qu’elle s’en distingue sensiblement par son caractère moderne et pointu, une autre

et

ALPHONSVS

DOMVS

PIVS FIRMAVIT VOCE

ÆMILIANE

NOVA SPES REIP SECVRITAS

En sa course il se lève et se couche sur l’empire d’Autriche.

cum Diis Consentibus... Augg. statue, majori forma.

DE PONDERE

VIRES

De la pesée elle prend force.

Signalons pour finir que ne figuraient pas dans l’appareil de la fête, mais seront insérées finalement dans le livre monumental, en capitales romaines, sur le modèle des grandes tables gravées portant des

décrets, de longues inscriptions en prose, œuvre elles aussi, de Gevaerts, donnant la biographie de chacun des douze monarques représentés dans le Portique des Césars (Planche 16). Bien entendu, à la variété de formes que l’on vient d'évoquer, il faut ajouter un correctif de taille,

mais qui soutient notre propos : l'emploi généralisé du latin, recommandé dans toute l'Europe pour son auctoritas, sa grauitas, son splendor, pour sa majesté, sa dignité, sa virilité et l'éclat de sa force, ajoutons : sa résistance au temps, sa vertu d’éternité. Ces propriétés de la langue de Cicéron et de 22. Pompa..., op. cit., 11 : In urbem Antuerpiam Adventus serenissimi Principis Gratulatio.

151

L'IMAGE DU ROI DANS LA POMPA INTROITUS FERDINANDI À ANVERS EN 1635

L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

Virgile, évoquées par Francis Ponge dans une page, citée par nous en exergue, de son splendide Pour un Malherbe, paraissaient si évidentes aux gens du xvi‘ siècle qu'il faudra attendre le plaidoyer de François Charpentier, première escarmouche des Modernes contre les Anciens, menée sur le terrain de la langue, pour que soit sérieusement remise en cause cette prééminence symbolique de la langue latine.

IMPERIO

BELGAS,

GERMANE,

MEMENTO,

Toi, mon frère, souviens-toi de gouverner les Belges. calqué sur le vers de Virgile : Tu, ... Romane, populos (les nations), la suite énonçant dans les mêmes

termes le même programme °3 :

PARCERE

SVBIECTIS

ET DEBELLARE

Plus loin (ARCVS PHILIPPI, pars anterior) : sur le thème de l’union dynastique (mariage de l’archiduc Maximilien et de Maria, fille du duc de Bourgogne), trois autres souvenirs virgiliens : au tympan, sous le couple Jupiter-Junon désignés respectivement par la présence de l'aigle et du paon, l'adaptation du mot de Didon, supputant les conséquences politiques d’un mariage avec Énée : 23. Virc. din. VI, 851-852 : Tu regere imperio populos, Romane,

memento/ (He tibi erunt artes), pacique imponere morem, / Pacere subiectis

et debellare superbos. « A toi de régir les peuples sous ta loi, Romain, 152

qu'il

ten souvienne — ce sont là tes arts à toi — et de donner des

règles à la paix : respecter les soumis, désarmer les superbes

FACIET TE PROLE

».

PARENTEM

Elle fera de toi le père d’un bel enfant,

tandis que l'inscription centrale développe la prophétie de Junon aux Romains : Imperium sine fine dedi. Enfin, amené par le rappel de la tempête qui avait failli naufrager le vaisseau princier, c’est naturellement Virgile encore qui offre, dans le PORTIQUE DE L’ADVENTVS, avec le fameux Quos ego... — « Je vais les... » : c’est, mettant en œuvre la figure de la reticentia analysée par Quintilien, les premiers mots du discours avorté de Neptune tançant la désobéissance des vents —, le modèle allégorique servant l’idée de la protection accordée par les dieux et la Providence à la famille régnante. Mais cette présence de Virgile n’est qu’un aspect privilégié d’un commentaire qui puise à toutes les sources de l’Antiquité, comme

l'explique la Préface au lecteur ?{ :

À présent, pour ce qui est de la description, tant du cortège que de l'interprétation des Tableaux et des Images, nous avons opté pour la Poikilia, c'est-à-dire une écriture variée et mêlée, choix nécessaire dans l'exposition de sujets si divers. Il m’a fallu, [explique à ce propos le savant historiographe], feuilleter les témoignages innombrables des historiens tant anciens que récents, rouvrir les Annales de presque toutes J'ai dû battre les buissons de Orateurs et des les Nations sur lesquelles s’étend la souveraineté de l’Autriche. et même revisiter les portiques Mythographes des et Poètes des fables les et mystères les rouvrir Philologues, des Philosophes : en un mot rouvrir les sanctuaires de toute l'Antiquité. Et comme les Phrygiens ornaient j'ai moi-même orné et illustré mes leurs vêtements et leurs tissus de bandes de soie et d’or tissées ensemble, et les témoignages les plus variés pensées les elles su descriptions des arcs et autres monuments en greffant et les plus appropriés... Aussi ai-je inséré au passage nombre de monnaies des anciens Empereurs : et en appliquant oportunément leurs Symboles et Epigraphes, ai-je tâché d'illustrer du mieux que j'ai pu, les Princes de l’Auguste Maison ad Descriptionem Pompe, Tabularumque atque Iconum Interpretationem

Epargnant les vaincus, anéantissant les rebelles.

REBVS

au-dessous dans un ovale, toujours d’après Virgile, la promesse d’une heureuse descendance :

24. Pompa..., op. cit., « Præfatio ad Lectorem », *** : Nunc, quod

SVPERBOS

GLORIA

TALI

Par quels exploits s’élévera la gloire de l’Autriche, grace a un tel mariage !

PVLCHRA

Il reste, au-delà de ces modèles formels que sont les types architecturaux et les types scripturaires — ces derniers inséparables de l’emploi d’une langue fortement connotée comme vouée au service de la gloire —, à montrer comment le contenu politique et idéologique est lui-même, jusque dans le détail, informé, voire conditionné par des représentations héritées directement de la Rome des Empereurs. Les sources sont ici de deux sortes, la littérature (poètes, notamment Virgile, en tant que chantre de l’idée impériale, et historiens) et les monuments — en particulier, les revers des monnaies impériales, qui enferment dans leurs brèves épigraphes tout un art du bon gouvernement. La présence de Virgile est claire dès la page de FRONTISPICE (Planche 15) : d’abord, le portrait de Philippe IV au dessus du fronton brisé est surmonté d’un vers élégiaque ou pentamètre défait, HEsPERVS EOIS LVCET ET OCCIDVIS : Hespérus (= à la fois l’étoile de Vénus et le patronyme de l'Espagne) brille à l'Orient comme à l'Occident : thème romain de l’Empire universel, souligné picturalement par la symétrie axiale opposant ombre et lumière, Levant et Couchant, et repris dans l'inscription placée sous le fronton brisé : « Le Soleil ne se couche jamais sur les terres de l’Empire » Mais on relévera surtout les deux hexamètres, transposition du discours d’Anchise à Enée, formulant la mission politique de Rome et tout ensemble sa légitimation grace à l'association des deux vertus politiques de force et de clémence :

ATTOLLET

CONIVGIO

*

TV REGERE

SE QVANTIS

spectat, Poikilon, varium ac mixtum scribendi genus secuti sumus. Ita necesse fuit, in tam diversi generis argumentis explicandis. Revolvenda

fuere Historicorum tam veterum quam recentiorum monumenta pene innumera, ac omnium fere gentium (hoc est, qua regnat Austria) Annales

excutiendi ; Oratorum ac Philologorum vireta denuo peragranda ; Poetarum ac Mythologorum involucra, Fabuleque replicanda. Atque ut Phrygiones et polymitarii sericis aureisque segmentis intertextis vestes ac

el NVMISMATA uelerum Imperatorum passim inseruimus : eorumque Symbolis et Epigraphis suo loco applicatis, Augustissime domus Austriæ

Principes, resque eorum gestas Et merito quidem cum antiquis inusitatæ et incomparabiles eius seculum excedant ; ac Futura

Quantum uero Eruditionis ac prisce Elegantiæ in Numis antiquis lateat, recte perspexit Vir et genere et doctrina illustrissimus, ANTON. AVGVSTINVS,

Cesaraugustanus, Archiepiscopus Tarraconensis, Hispane sidus : docui-

tque in pulcherrimis suis Antiquitatum Romanarum Hispanarumque

stromata exornant : ita ipse variis, tisque (ut reor) non intempestiuis grauissimorum Auctorum sententiis ac testimoniis adductis, Arcuum et

Dialogis,

infinitum infra eius Maiestatis fastigia ac merita subsidet. [...] Quocirca

Nummos

Pegmatum Descriptiones ornaui atque illustraui. De illius enim domus amplitudine loquendum erat, ad quam digne estimandam et celebrandam, licet omnia que unquam fulsere Ingenia, conspirent, quicquid adferent,

illustrare, pro re nata, conati sumus. illis Heroibus ipsos contulimus, quod familiæ Virtutes, ut Priora, ita Presens in exemplum sibi easdem proponent. /

Roma una cum Nummorum Iconismis, Hispanico atque Italico idiomate editis. Quos deinde Latio sermone donauit uir optimus et doctissimus Andreas Schottus, de Societate Iesu Presbyter, nostri, dum

uixit, amicissimus et affinis. In iis Dialogis plerosque, quos attulimus, uidere est...

153

L'ÂGE DE L'INSCRIPTION d'Autriche et leurs belles actions, les comparant à bon droit avec les héros d'autrefois, car les vertus inouies

et incomparables de cette famille éclipsent aussi bien les siècles passés que le présent, tandis que les futurs se les proposeront en exemple. C’est qu'il s'agissait de parler d’une Maison si auguste que pour l’estimer et célébrer, tout ce que pourra faire la conspiration de tous les meilleurs esprits ne peut que rester très en dessous des mérites et des éminences de sa Majesté. Au reste, la somme d’érudition qui se cache dans les monnaies antiques, c’est ce qu'a bien vu un homme illustre par sa naissance et par son savoir, Antonio Agustin, de Saragosse, archevêque de Tarragone, astre de l'Espagne ; et il l’a montré dans ses très beaux Dialogues sur les Antiquités Romaines et Espagnoles, données en espagnol et en italien avec les revers de médailles, ouvrage traduit ensuite en latin par l'excellent et très savant Andreas Schott, membre de la Compagnie de Jésus et aussi longtemps qu'il vécut mon proche et mon ami...

De fait, autant et plus qu’un commentaire de l’action présente, ce que le lecteur-spectateur se voit

offrir à cette occasion, c’est, ordonnée à la célébration de la maison régnante, une grande, une magis-

trale leçon d’Antiquités. Un exemple suffira à mettre ce caractère en lumière : les explications dont Gevaerts enrichit la planche gravée représentant l’une des pièces maîtresses de la fête, l’ouverture du

TEMPLE DE JANYS (Planche 17).

D'abord, citant Macrobe, Saturnales, il explique pourquoi le dieu Janus, premier roi d'Italie, était à deux faces : c’est pour regarder à la fois derrière et devant, quod proculdubio ad prudentiam regis referendum est, « ce qui sans nul doute doit être rapporté à la prudence du roi » ; c’est la vertu royale par excellence. Puis, il justifie la forme du temple, ainsi représenté, mais sans le tholos, sur une monnaie

d’Auguste éditée par Du Choul. Quant au rite des portes, ouvertes en temps de guerre, fermées en temps de paix, il est rapporté, d’aprés Plutarque, Tite Live et Varron, a Numa, quien serait le fondateur. Néanmoins la référence palmaire est encore une fois un passage du VII Livre de l’Enéide: Latinus, roi des Laurentes, prince pacifique, se refusant ἃ ouvrir les portes du temple de la guerre, c’est Junon qui le fait (impulit ipsa manus), dans un mouvement qui était prêté à la Discorde elle-même par Ennius : postquam Discordia tetra Belli ferratos postes portasque refregit « aprés que la noire Discorde a brisé les battants des portes de la guerre ». Puis il explique les figures allégoriques : dans le panneau central au premier plan, au centre, Furor (Virgile, 1; Pétrone, Bellum civile ; Stace) ; à gauche le couple Discordia et Tisiphone (Virgile, VI et Stace, VIII), surmontées par une Harpye — Hésiode, Virgile III et le Commentaire de Servius, une monnaie romaine de Lucius Valerius, enfin Hygin, qui attribue à ces êtres malfaisants un bec d'oiseau ; à droite, la Paix, tenant le caducée avec à ses pieds une cornucopie (thèmes de médailles impériales). Sur les entablements : au centre, sous l'inscription, l'égide, cuirasse de Zeus dans la Gigantomachie, puis naturellement de Minerve (peau de chèvre, Virgile, VIII). À gauche, Pauor et Pallor (dieux de

la déroute) traités en revers de médailles. Live nous dit qu’un temple était déjà voué à ces divinités par Tullus Hostilius, ce qui est confirmé par les monnaies romaines de ce roi éditées par Fulvio Orsini. Al étage, accoudées a l’oléopile, à gauche, sous le titre Calamitas publica, les deux figures de Paupertas

et de Luctus. A droite, sous l'étiquette Felicitas temporum, deux figures symétriques : Abundantia et Vbertas :

soit tout un discours sur les propriétés respectives de la guerre et de la paix. Pour finir, Gevaerts énumére les périodes heureuses de l’histoire romaine où le temple fut fermé —Ro! notamment nen trois fois sous Auguste, comme l’attestent en core une fois les monnaies : à ce propos il cite l’inscription du monument d’Auguste en Espagne : 154

L’IMAGE DU ROI DANS LA POMPA INTROITUS FERDINANDI À ANVERS EN 1635 IMP. CAS.

DIVI F. AVGVSTVS PONT. MAX.

COS.

    XII TRIBVNIC. POT. X IMP. VII ORBE MARI ET TERRA PACATO TEMPLO IANI CLVSO VIAM SVPERIORVM COSS. TEMPORE INCHOATAM PRO DIGNITATE IMPERII LATIOREM LONGIOREMQVE GADES VSQVE PERDVXIT

    L’empereur César Auguste, fils du divin Jules, grand pontife, consul pour la douziéme fois, tenant la puissance tribunicienne pour la dixième fois, imperator pour la huitième, ayant pacifié la terre et la mer et fermé le temple de Janus, a prolongé jusqu’à Gadès la route commencée du temps des consuls précédents, l’a élargie et allongée conformément à la dignité de l'Empire.

    Ainsi, ce qui est résumé dans un unique tableau synoptique, c'est toute l'idéologie romaine de la guerre, de la guerre injuste et de la guerre juste, combat de la raison contre la force brutale, des calamités de l’état de guerre opposées aux bienfaits de la paix, telle que ces notions, élaborées dès les premiers temps de la République, ont servi la propagande impériale, promues d'un côté par les historiens et les poètes, de l’autre (déjà) par le pouvoir politique façonnant sa propre image à travers la rédaction des inscriptions et la frappe des monnaies.

    CHAPITRE

    VII

    LA PÉDAGOGIE DES VERTUS ROYALES DANS LES DÉCORATIONS FUNÈBRES *

    Nous retrouvons ici en qualité de mystagogue le Père jésuite Claude-François Ménestrier ', brillant polygraphe, auteur, entre autres, d’un Art des Emblèmes, d’un Art du Blason, d'une Histoire métallique du règne de Louis XIV, d’un ouvrage sur les Décorations funèbres, de traités des ballets, des carrousels, des feux d'artifice et de nombreuses descriptions de cérémonies solennelles (entrées, mariages, inaugurations, pompes funèbres), autant de matériaux et prémisses d’une Philosophie des images symboliques dont il n’a laissé que le plan. La Préface des Décorations funèbres. ?, qui, en 1683, s'ouvre sur une réflexion de portée générale : ... Quoy qu'il n’y ait rien de si triste que les images de la mort, la vanité n'a pas laissé d’y introduire une espece de luxe. Nous paroissons magnifiques dans les sujets les plus lugubres, soit que nous affections de faire voir par cette Pompe exterieure que l’homme ne meurt pas entierement ; soit que... nous tachions par cet artifice d’en consacrer la memoire en rappelant le souvenir de leurs actions glorieuses.

    * Reprise de l’article de F. VUILLEUMIER, « Imporre tutta la

    machina a un solo autore : le discours des vertus royales d’Emanuele Tesauro aux obsèques de Philippe ΠῚ à Milan en 1621 », Actes du colloque La constitution du texte : le tout et ses parties (Poitiers 20-22 mars 1997), dans La Licorne, 1998, 7-24. 1. P. ALLUT, Recherches sur la vie et les œuvres du P Claude-François

    Ménestrier de la Compagnie de Jésus ; suivies d’un recueil de lettres inédites de ce Père à Guichenon, et de quelques autres lettres de divers Savans de son temps, inédites aussi, Lyon, 1856 ; J. RENARD, Notice bibliographique

    sur les ouvrages du Père Claude-François Ménestrier, Lyon,

    1861 ;

    J. Loacn, « L'influence de Tesauro sur le Pére Ménestrier », dans

    La France et l'Italie au temps de Mazarin, éd. J. Serroy, Grenoble,

    1986, 167-171 ; In, « Menestrier’s Emblem Theory », Emblematica,

    2, 2 (1987), 317-336 ; J.-F. GROULIER, « Constitution et statut de la figure dans les Décorations funèbres de C.-F. Ménestrier », L'Ecritvoir, 8 (1986), 98-107 ; VUILLEUMIER LAURENS, La Raison des figures symboliques..., op. cit., 297-315.

    2. MÉKESTRIER, Des Décorations funèbres, op. cit.

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    LA PEDAGOGIE DES VERTUS ROYALES DANS LES DECORATIONS FUNEBRES

    souligne l’évolution sensible qui s’est faite dans les appareils en l’espace de deux siècles :

    L'architecture « funèbre »

    Il y a deux sortes de décorations funèbres : l’une, commune et ordinaire, qui ne consiste qu’en tentures et en lumières, et l’autre, plus solennelle, qui est accompagnée de peintures, d'inscriptions, d’emblémes, de

    Après avoir ainsi délimité son sujet, Ménestrier annonce son plan :

    devises, de mausolées, de lits funèbres, de chapelles ardentes et de tous les autres ornements que la douleur

    peut souffrir *.…

    Les Parties de la Decoration dont je dois traiter icy reçoivent divers ornemens. Les Corps d'Architecture, les lumières, les Images, les Festons, les Trophées, les Inscriptions, dont il faudra faire autant de Chapitres ?.

    … Mon dessein est de traiter ces Decorations que l’usage a introduites, ou plûtost renouvellées depuis

    Dans cette page-programme relevons d’emblée la référence aux funérailles des Anciens, caution et modèle de la nouvelle manière d’ensevelir. Deux passages essentiels de la littérature antique décrivaient les funérailles impériales accompagnées du ritus consecrationis (i.e. l'apothéose) : une page de Dion Cassius pour les funérailles de Pertinax en 193 © ; et une autre d’Hérodien (Liber IV) pour les

    funérailles de Septime Sévère en 211 7.

    Sur ces témoignages s'était développée au cours du xvi‘ siècle une importante littérature qui fournira — à travers toute l'Europe, en France, dans la sphère d'influence espagnole, la Savoie, dans les États à tendance régalienne — aux concepteurs des « appareils » solennels les références utiles à la conduite de ce que nous pourrions appeler les épiphanies royales ; parmi les auteurs qui se sont consacrés au sujet il faut compter Lilio Gregorio Giraldi, Tommaso Porcacchi, Onofrio Panvinio, Jacques Gouthier, Claude Guichard, Jan Meursius, Johannes Kirchmann, François Pomey mais aussi Antonio Bosio À.

    3. Ibid., 25.

    4. Ibid., 1-2. Genèse 50 : ce que Ménestrier appelle le Planctus Ægypti. 2

    5. Ibid., 7. A la suite de quoi Ménestrier cite les auteurs français qui ont écrit sur la question, /bid., 7, 8, 10, 14 : Jacques Gouthier,

    avocat au parlement de Paris, Claude Guichard, docteur en droit de Lagnieu et le jésuite François Pomey. 6. His. Rom. LXXV, 4, 2.

    7. À ce sujet voir l’article qui reste essentiel de E. BICKERMANN,

    1591) ; O. PANVINIO, De ritu sepeliendi mortuos apud veteres Christianos, Frankfurt, 1581 ; J. GOUTHIER, De Jure manium, seu de ritu, more, &

    legibus prisci funeris, libri tres, s.1.n.d. ; C. GuicHARD qui dédie en 1581 ἃ Carlo Emanuele I, duc de Savoie, un Traité des funerailles &° diverses manieres d'ensevelir des Romains, Grecs, & autres Nations lant anciennes que modernes ; J. Meursius, De funere liber singularis, in quo Greci et Romani ritus, La Haye, Jacob, 1604 ; J. KigcHMANN,

    De funeribus Romanorum,

    Hamburg,

    1605 ; P.

    F. Pomey, Libitina,

    « Die rômische Kaiserapotheose », Archiv für Religionwissenschaft,

    seu de Funeribus, Epitomes eruditionis volumen alterum, in quo precipui sepulture ritus... revocantur in novem lucem. De funeribus item

    and Burial in the Roman Empire », Harvard Theological Review,

    selecta... Lyon, A. Molin,

    XXVII XXV

    (1929),

    1-34 ; également celui de D. Nock,

    « Cremation

    (1932), 331-359. Sur le ritus consecrationis : R.E. ΟἼΕΒΕΥ, Le roi

    ne meurt jamais, trad. frçse, Paris, 1987, 224-240.

    animalium adducuntur nonnulla. Quibus denique epitaphia quedam

    1659 ; A. Bosio, Roma sotterranea, opera

    postuma..., compita, disposta e accresciuta dal M.R.P.G. Severiani da

    [Lilli Gregorii Gyraldi Ferrariensis, De sepulchris, et wario sepeliendi

    Everino... Nella quale si tratta de’ sacri cimiteri di Roma... nuovamente visitati e riconosciuti dal 5. O. Pico... publicata dal comm. Fr. C. Aldobrandino, Roma, G. Facciotti, 1632. Voir aussi Jean LEMAIRE DE BELGES dont les Anciennes pompes funeralles (1507) sont restées

    Funerali Antichi di diversi populi, Venezia, 8. Calignani, 1574 (rééd.

    Textes français modernes ».

    8. L.G. GIRALDI, De sepulchris et uario sepeliendi ritu libellus, Basileæ, M. Isingrinus, 1539, rééd. augmentée en 1676, éd. Iohannes Faes ritu, ad Carolum Miilthzien, Germanum] ; T. PORCACCHI DA CASTIGLIONE,

    158

    manuscrites jusqu’en 2001 : éd. M.M. Fontaine, « Société des


    Bae

    NONIS

    IANVARII.

    S. SIMEON

    Bue

    ugiat;! fugiat; /Ceruumifc equitur :

    - Precipiti: lapfa

    a

    programme très ambitieux qui ne remplit pas moins de cinq cent quatre-vingt-deux pages : placé, dans l’Adresse au Lecteur, sous le patronage de Tertullien — Habes, inquit, tuos census, tuos fastos, nthil tibi cum gaudiis seculi etc. — chaque mois est préfacé par une longue notice érudite, où, pour chaque jour du calendrier, est donné le détail des fêtes civiles et religieuses des Grecs et de Romains, mais pour mieux leur opposer les actes et les triomphes des nouveaux martyrs qui ont illustré chaque jour : fasti ueterum Romanorum atque Græcorum, collati cum nostris ; puis viennent, sous la date, le titre et un bref résumé ou synopsis en prose, les quatre cent quatorze encomia sanctorum, à raison d’au moins un par jour et parfois plusieurs, véritable calendrier et martyrologue chrétien. Témoin l'éloge de Siméon le stylite, que nous

    386

    Carolus Emmanuel Il. Sabaudia Dux =

    Orvium:vt

    3-

    Stylites

    Synop. In columna statue instar stetit immobilis. Ostenditur a nullo alio statuario potuisse tanto uiro digna effingi statua,

    preterquam ab ipso admirabili artifice eiusdem columne inscriptio et dedicatio apponitur ENCOMION 10

    Non indiget stylo Rhetorum stylites, Non est formandus alterius arte sculptoris, Qui se ipsum fecit statuam.

    EE

    ox :

    Supra columnam statuit se quasi eneum nisi quod colliquescebat lacrymis.

    A Praxitele tantum sculpi uoluit Alexander

    δε

    34e 386 38€

    Se ipsum prestitit et statuarium et statuam.

    :

    Intuere, obstupescere, modo ne et tu marmor fias.

    pererireLE PATTI

    ΡΒ.

    a.

    L'INSCRIPTION DANS LE LIVRE. NAISSANCE D'UN GENRE LITTERAIRE, L'ELOGIUM

    At hic, quia erat Alexandro maior Et ars Praxitela ipso minor, Ades huc viator, paucis te volo. Hic, qui marmoream erigit sibi columnam

    Contemptor est omnis honoris et fastus, Perstat hic solus, teste celo,

    Nulla eum disturbat tempestas ac turbo, 24. « Point n'a besoin d’un style le stylite/ Ni de l’art d’un autre sculpteur/ Qui s’est fait lui-même statue./ Au haut de la colonne il s’est dressé, tel un bronze,/ Si ce n’est que de larmes il ruisselait./ Alexandre n'a point voulu d’autre artiste

    que Praxitèle,/ Mais celui-ci, plus grand qu’Alexandre,/ Et plus

    artiste que Praxitéle/ S’est fait lui-même et statuaire et statue./ Approche, Passant, écoute ces quelques mots,/ Contemple,

    étonne-toi, sans pour cela te pétrifier: / Cet homme, qui se dresse à lui-même une statue,/ Méprise pourtant les honneurs

    et le faste/ Et demeure

    ici seul, avec le ciel pour témoin./

    Nulle bourrasque ou tempête ne le trouble,/ Des outrages des vents il fait sa parure./ Quand le soleil fait rage à la canicule, il ne recule pas comme le Cancre, mais, impavide et droit sur ses jambes, / Il philosophe

    bien

    mieux/

    Que

    d’autres sous le

    portique de Zénon./ C'est qu'il n’a désiré s'élever que pour fondre sur l’Ennemi./ Sculpte donc, Passant, sur cette colonne, les palmes de la victoire,/ Et graves-y des paroles dignes d’un tel héros./ Que ton inscription soit brève, mais immortelle

    la louange, par exemple :/ Celui queje porte est à lui seul le

    statuaire et la statue ».

    183 Planche 20 : Emanuele Tesauro, Inscriptiones quotquot reperiri potuerunt,

    Torino, 1666, p. 553 « Publica Monimenta » (© B.n.F.).

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    L'INSCRIPTION

    Celi iniurias vertit in decora : Immotus semper cruribus rectis stat.

    Multo melius hic philosophatur sub dio Quam qui sub Zenonis porticu. Sublimis eminere voluit, ut immineret hosti.

    Personas et scænam Ubi nunc homines,

    | |

    |

    La même année que les Encomia Celitum, le Père Alberti donnait au public ses Vite et Elogia XII Patrum. Bien que le propos soit ici limité à la célébration de douze saints (Antonius, Pachomius, Basilius, Benedictus, Bruno,

    Bernardus, Dominicus,

    Thomas Aquinas,

    Franciscus Assisias, Bonaventura,

    Ignatius Loyola), le livre atteint lui aussi des proportions considérables (trois cent trente-huit pages), car chaque Elogium, précédé d’une courte introduction en prose et suivi par un Tumulus en capitales romaines est éclaté en fragments comme

    celui-ci, amorce de cinquante-neuf autres 25 :

    néas, suivis d’éloges de la Trinité, puis des saints, des personnes royales, en commençant par Louis XIII,

    puis, après une Educatio regia dédiée à Mazarin — Louis XIV a sept ans —, de Richelieu, des Grands

    Le même, plus loin, après avoir défini les trois composantes de l'éloge — I’ acwmen, la pureté de langue et enfin le flexus qui est le secret de l’art, parce que c’est lui qui détermine l’ordre des mots, la place de la pointe —, distingue deux sortes d’éloges :

    A peine deux ans après paraît le Christus Iesus (1641) de Giuglaris, jésuite introdui t comme Tesauro a la cour de Turin — il est responsable de Τ᾿ apparatus funèbre pour Victor Amédée en 1637 : ce sont encore, en Cent soixante-trois pages trés serrées, cent elogia, séparés par de simples traits, composés en moyenne

    d’une cinquantaine de versus en minuscules romaines, précédés chacun de son numéro et de son titre (Elogium XXXIV : Ceco nato nouam aperit diem ; Elogium XXVI : Filium uiduæ suscitat) en

    belles capitales suivis, en petites italiques, de la référence ou des référenc es bibliques qui l’ont inspiré — d’autres sources sont reportées en couches serrées dans les marges, celles-ci empruntées aux deux

    Antiquités —, embrassant tout la vie du Christ, non seulement depuis sa conception et sa naissance mais

    depuis le commencement des siècles, Elogium 1, Christus Dei filius ab eterno jusqu’au jour du Jugement

    dernier, Elogium C, E tribunali in solium migrat, ubi regnat in eterno, qui sonne comme un Dies ire®

    . 184

    préfacés par un éloge du pape, dédicataire du livre, sur une Vita et elogia de la Vierge en trente-neuf ali-

    auri, hoc elogistis Elogium est, Panegyricus Panegyrici ?.

    Vel supra hominem. Magnorum est excessum amare Aut uirtute aut uitio.

    :

    c’est le propre des grands génies/ D’aimer l’outrance en plus ou en moins », 26. « La pièce de Dieu est jouée/ Tous les acteurs déposent le masque,/

    Italiens, il faut faire une place à un Français, Pierre L’Abbé, dont les Elogia deuxième moitié du siècle, dédiés à Alexandre VII, mais furent rédigés pour règne de Louis XIII : énorme in-folio de quatre cent soixante-huit pages, où les entremélés de devises héroiques et de courtes dissertations ou Judi, s'ouvrent,

    essentiam esse, essentiam essentiæ, florem floris, liquorem liquoris, aurum auri, metallum metalli. Quod chymicis aurum

    In quo omnia uel infra hominem,

    Car

    Enfin, à côté de ces paraissent tard dans la une bonne part sous le elogia proprement dits,

    Elogium est succus et quasi spiritus, anima et quasi essentia panegyrici : spiritum appellant chymici essentiam a singulis rebus beneficio ignis et artis eductam, animam floris, succum liquoris, spiritum auri, mentem metalli : addunt quintam

    Monstrum prodiit Augustinus. Sed monstrorum ferax est Africa. Nullum tamen prodigiosius isto tulit,

    mesure./

    est ?

    Pierre L’Abbé mérite encore d’être cité parce qu'il nous donne, dans le même ouvrage, une des meilleures définitions de l’elogium :

    Ex patre ethnico, matre christiana

    est soit au-dessous,/ Soit au-dessus de l’humaine

    L’ELOGIUM

    et, enfin, de la ville de Lyon.

    Augustinus I

    25. « D'un père gentil, de mère chrétienne/ Est né Augustin, ce monstre sacré./ Oui, cette Afrique prodigue de monstres ,/ n enfanta point plus prodigieux que celui-ci,/ Chez qui tout

    LITTERAIRE,

    Morti ipsi sua quoque mors imminet Fiet illa carnifex sui cum cæterorum esse desierit...

    Brevis sit hec epigraphe, at laude non brevi. Statuarius simul est qui huic incumbit, et statua.

    Augustinus,

    D'UN GENRE

    sequitur fatum.

    ubi urbes, ubi Mundus

    Ubi eris tu, qui hæc legis ?

    Insculpe quisquis es columne victrices palmas, Incide notas tanto dignas heroe.

    | | | j

    NAISSANCE

    Peracta Dei fabula Recognoscuntur Actores Et unum et idem

    Cum Sol in cancro torret, non recedit ut cancer,

    |

    DANS LE LIVRE.

    Et les personnages et la scène/ Connaissent le même

    Elogiorum duo sunt quasi genera, unum singularibus lineis constat, alterum periodis. In primo illo genere, singule lineæ debent proponere et concludere, debent esse res ipsa et ratio rei, debent inferre et inferri, antecedere et sequi, debent esse epigramma unius carminis, discursus unius propositionis, debent esse propositio rem probans et res ipsa probata. In

    altero elogii genere periodus sententiis constare debet non vacuis verbis, singula membra acumina sunt inter se connexa et

    se invicem augentia, crescit secundum ex primo, augetur secundum a tertio, ex omnibus sententiis quasi et totidem gemmis exsurgit periodus quasi partarba, multiplex gemma et unica *. destin./ Où sontà présent les hommes, les villes, le Monde ?/ Et toi, qui lis cela ?/ Sur la Mort même plane la Mort,/ bourrelle d’elle-méme/ après avoir été celle d’autrui ». 27. Pierre L'ABgé, Elogia sacra, theologica et philosophica, regia, eminentia, illustria, historica, poetica, miscellanea, solitudo, Gratianopoli,

    apud P. Chanuys, 1664, 440 : « L’éloge est comme le suc et pour ainsi dire l’esprit, l'âme, voire l'essence du panégyrique. Les alchimistes appellent esprit l'essence extraite de chaque chose au moyen du feu et de l’art, âme de la fleur, fleur de la fleur, liqueur de la liqueur, or de l’or, métal du métal. Ce qu'est pour les alchimistes l'or de l'or, tel est pour les Elogiastes l'éloge, Panégyrique du Panégyrique ».

    28. Ibid. : « L'un consiste en une série de lignes distinctes, l’autre s'organise en périodes. Dans le premier genre, chaque ligne doit à la fois proposer et conclure, dire la chose et son explication, être l’inférence et l'induction, l’antécédent et la conséquence, Chacune doit être une épigramme en un seul vers, un raisonnement d’une seule proposition, elle doit être le propos qui fait la preuve et la preuve elle-même. Dans le deuxième genre, la période doit consister en pensées ingénieuses [ou : formules

    denses] et non en mots creux, les membres de la période sont des traits (acumina) unis entre eux et tirant accroissement les uns

    des autres, le second en gradation sur le premier et le troisième sur le second, en sorte que de toutes ces sententiæ réunies, comme

    185

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    L'INSCRIPTION DANS LE LIVRE. NAISSANCE D'UN GENRE LITTÉRAIRE, L'ELOGIUM

    De fait, si l’analyse de loin la plus pénétrante et la plus complète de ce style se trouve, on le verra dans le chapitre suivant, dans le Cannocchiale aristotelico, qui est aussi, comme l'indique le sous-titre, un traité de l'inscription héroïque, une claire conscience de ses réquisits, de ses mérites, voire de ses limites, s’affiche dans les préfaces des nouveaux auteurs. C’est d’abord un syle laconique et anti-périodique, comme le souligne Giuglaris : Periodos tamen qui queris, et Latini medullam sermonis, aliam omnem officinam adito... Libera Poesis hœc suis solum propemodum legibus uiuit ; Ornatum omnem ex nitore luminum querit, que uestire woluisse, tegere est”...

    un style, renchérit Alberti, ami de la briéveté et du discours haché, proche en cela de la poésie : Insolens opinor ipsa tibi scriptura uidebitur, dum ad singulos quosque sensus concidit, ritu carminum ; atqui, ut in breuibus elogiis nemo est quin agnoscat, quidni etiam hic ? ubi elogia tot habere te credito, quot gesta narrata 30 un style, commente Mascolo, non grandiori murmure sonantem, non multiplici nexu plicabilem, non longioribus meandris circumductum, sed candore nitidum, breuitate comptum, acumine fastigiatum ; hec enim ille que peranguste refersit, Viatorum oculis non multum

    immorantibus magis quam Lectorum auribus amplius nescio quid desiderantibus exhibuit ; ea tamen adeo eleganter coarctauit, ut abirent statim qui legerent, sed que legerant non abirent. Quid, quod ex composito Author pressiorem hunc stylum adamauit, quo pretiosior foret (ut olim de unionibus dixerat Plinius) contracta in angustum Maiestas. Didicerat sane

    plures esse Musas, sed gratias tantum tres, et ideo fortasse gratas ; ac magnum nescio quid inesse breuitati, quod expleat,

    ieiunitati, quod satiet*"...

    un style enfin, qui demande au lecteur une approche particulière, voulant être goûté par fragments et non bu d’un trait comme le rappelle plus loin Giuglaris, Monita ad Lectorem : Nisi cum moderatione sumatur, nimium auidis mentibus nauseam creat. Perpenduntur hac non percurruntur, ideo cum uiolentiam quandam legenti inferant a quo non quamcumque sed omnem attentionem exposcunt, diu tolerari non possunt... Flores hi sunt, carpuntur per se singuli summis digitis, non tota immissa falce metuntur. Vbi unum aut alterum delibaris Elogium ne fastidire alia debeas nouam famem exspecta **.

    Que les auteurs de ces ouvrages aient eu pleinement conscience de la petite révolution qu’ils apportaient dans l’art d’écrire, c’est ce qui apparaît aussi dans leurs préfaces ou dans les avertissements de leurs préfaciers. d’autant de gemmes, surgit la période, telle une pantarbe, gemme multiple et unique ». 29. « Toi qui cherches des périodes, et la moelle du discours

    latin, adresse-toi ἃ un autre atelier que celui-ci... La libre Poésie vit de ses propres lois, elle veut pour tout ornement l’éclat des traits, que tout vétement offusque... »

    30. « Le style t'en paraîtra,je pense, insolite, vu qu'il est coupé a chaque sentence, a la maniére des poémes ; mais ce qu’on

    concède a de brefs éloges ne peut-il être admis ici, où il te suffit

    de penser que tu as autant déloges que de faits narrés... » 31. « Non point sonnant à grand fracas, non compliqué en multiples détours, non contourné en longs méandres, mais net et brillant, bref et élégant, et terminé en pointe ; les pensées 186

    qu'il enferme dans un corps étroit, il les propose aux yeux des passants qui n’ont pas le temps de s’arréter plus qu'aux oreilles

    des lecteurs qui désirent quelques chose de plus ; mais il les a si

    resserrées si adroitement que ceux qui les lisent s’en vont aussitôt, mais pas les choses qu'ils ont lues. » 32. « Faute de la goûter avec modération des esprits trop gourmands y peuvent ressentir de la nausée. Ces propos se pèsent, ils ne se lisent pas en courant ; et comme ils font violence au lecteur dont ils exigent non pas un vague intérêt, mais toute son attention, on ne peut les souffrir trop longtemps... C’est comme des fleurs, que l’on cueille une à une du bout des doigts, et non par brassée

    qui tombe sous la faux. Quand tu auras goûté un ou deux de ces éloges, ne pousse pas plus loin : attends une autre faim ».

    C’est Giuglaris, dans ses Monita ad Lectorem : Genus hoc scriptionis iam nosti. Nostro natum seu renatum in seculo, pleraque nobilitauit ingenia *.

    C’est Panealbo, dans sa Préface aux Inscriptiones de Tesauro : Priscis temporibus Artificium hoc exemplis constabat, non Preceptis... Nostro seculo postquam Exempla parere Artem

    ceeperunt, eluxere Ingenia 4

    La meilleure justification de ces auteurs, c’est l’applaudissement et la demande du public, comme le note Panealbo a propos du premier ensemble composé dans ce style, les éloges de saint François-Xavier : Quod laudationis genus, ea tempestate maxime nouum, sua festiuitate atque coloribus tantos exciuit plausus,ut etiam post biennium, quando ille Beatus a Gregorio XV inter Sanctos inuocari cepit, hec ipsa elogia in publico uiarum apparatu Neapoli exposita fuerint et mira ingeniorum auiditate perlecta atque transcripta *°.

    et comme le souligne Alberti, dans sa Préface Anonymo rhetori : Biennium totum, quo me audiebas (bonarum artium candidate), efflagitare te solitum memini, ut aperirem tibi quosdam

    quasi fontes argutiarum, quos ut sepe alias, ita nunc maxime sitive uidentur ingenia

    36

    Qu'est-ce à dire ? Le succès est même tel, que ceux-là mêmes qui sont les coryphées du nouveau style s’en inquiètent et, prenant bien soin de rappeler qu’eux-mémes ont pratiqué avec bonheur d’autres manières d'écrire, croient de leur devoir d’appeler leurs jeunes disciples à une saine modération, tel Alberti un peu plus loin : Illud in primis meminisse te uelim, genus hoc dicendi me suscepisse, non tanquam familiare atque perpetuum, aut passim

    in omni argumento locoue usurpandum ; quippe haud ignarus ac inexpertus sum, quam parce his utendum luminibus,

    et quasi oculis eloquentiæ ; quam modeste noue huic licentie indulgendum, qua deprauari atque corrumpi ingenuam eloquentiam plerique aiunt*’... Et Mascolo, Lectori : Qua in re non desinam admonere adolescentes ne subito impetu ad hoc scribendi genus rapiantur, exerceant antea se Tullii stylo ; discant excurrere in fusum

    illud orationis genus,

    utantur primo circumscriptione uerborum et ambitu,

    ut

    tanquam in orbe inclusa circumferatur oratio ; tum ad hec contractiora acutiora et quasi argutiora se conferant ; neque hec attingant, antequam etate et doctrina adoleuerint *... 33. « Tu connais cette façon d’écrire : née ou plutôt renée en notre siécle, elle a illustré la plupart des meilleurs esprits ». 34. « Dans les temps anciens cet art consistait en exemples plus qu’en préceptes... mais depuis qu’en notre siècle les exemples ont engendré l’art on a vu briller les meilleurs esprits ». 35. « Cette sorte de louange, absolument neuve aujourd’hui,

    a excité par son alacrité et ses couleurs tant d’applaudissements que deux ans après encore, quand le Bienheureux a été placé par Grégoire XV entre les saints, les mêmes éloges, exposés à Naples parmi l'appareil déployé en place publique, furent lus et et copiés avec un incroyable enthousiasme ». 36. « Depuis deux ans que tu suivais mes leçons, j'ai souvenir que tu me demandais de t’ouvrir les sources de l’argutia dont les esprits semblent plus que jamais assoiffés... »

    37. « Je voudrais avant tout que tu n’oublies pas que j’ai adopté ce style non comme mien et pour toujours, ou utilisable partout et adaptable à tous sujets : car je n’ignore pas, je sais avec quelle retenue l’on doit user de ces traits qui sont comme les yeux de l’éloquence ; et avec quelle modération il faut sacrifier à cette licence, dont beaucoup disent qu'elle risque de dépraver et corrompre le véritable art de parler... » 38. « Sur ce point,je ne me lasserai pas de déconseiller aux jeunes gens de se jeter d'emblée à cette façon d’écrire : il faut qu'ils s'exercent d’abord au style cicéronien : qu'ils apprennent à se donner libre carrière dans ce style large et usent d’abord des périodes afin que leur discours se déroule en vastes cercles ; ensuite ils pourront s’adonner à cette écriture plus resserrée, plus pointue et plus brillante ; mais ils ne doivent pas s'y porter avant d’avoir müri en âge et en doctrine... » 187

    CHAPITRE

    IX

    DE LA PRATIQUE À LA THÉORIE : LE CANNOCCHIALE ARISTOTELICO LU COMME UN TRAITÉ DE L’INSCRIPTION HÉROÏQUE *

    Emanuele Tesauro avait soixante-quatorze ans en 1666, quand un érudit et admirateur, professeur de droit canon à l’Université de Turin, Emanuele Filiberto Panealbo (ou Panebianco) — à qui Tesauro léguera tous ses manuscrits ! — publie chez Zavatta un volumineux in-douze intitulé /nscriptiones ? : il sera réédité cinq fois du vivant de l’auteur avec des adjonctions et des reclassements significatifs ; ce liber de structure stratifiée et ouverte — comme l'indique la sphragis conclusive : Finis non finis —, peut également se lire dans l’in-octavo publié à Rome l’année suivante, ou dans les in-quarto de Francfort (1688 et 1715), ou encore et surtout, dans le splendide in-folio donné à Turin en 1670, édition qui a

    notre préférence. Ce volume, qui réunit des compositions échelonnées sur plus de quarante-cinq années de 1619 à 1665, espace de temps considérable — de fait, il couvre, selon les termes de Maria Luisa Doglio, l'entière

    * Reprise de la préface écrite par F. VUILLEUMIER LAURENS et P. LAURENS pour la reproduction anastatique du Cannochiale aris-

    princeps, éd. M.L. Doglio, Milano, 1975 ; L'idée de la parfaite devise,

    totelico (1670), [Savigliano], 2000, 41-57 et déjà P. L., « Le débat sur la langue et le style de l'inscription à l’âge classique », Atti del convegno internazionale « Vox lapidum », 11-13 sept. 1993, Eutopia

    « Le Corps éloquent » 1, trad. F. Vuilleumier, préf. F.V., P. Laurens, Paris, 1992. D. Emmanuelis Thesauri Comitis et majorum insignium equitis Inscriptiones, quotquot reperiri potuerunt opera et diligentia E.Ph. Panealbi, Torino, Zavatta, 1666. Sur les inscriptions tésaurien-

    1. Sur Panealbo voir T. VALLAuRI, Storia dell’universita degli Studi

    cortigiana di Emanuele Tesauro (con due inediti /nscriptiones) »,

    ΠῚ, 1-2 (1994), 231-249. del Piemonte, Torino

    1845-56.

    2. M. ZANARDÌ S,J., « Vita ed esperienza di Emanuele Tesauro

    nella Compagnia di Gest », Archiwum historicum Societatis Jesu, XLVI, 93 (1978), 1-96. E. Tesauro, /dea delle perfette imprese, editio

    nes en général, voir notamment M.L. Docu, « Latino e ideologia

    Filologia e forme letteraria. Studi in onore di E della Corte, Urbino, 1987, 567-78. Sur les éditions des nscriptiones entre 1666 et 1679 : Docuio, « Lettere inediti di Emanuele Tesauro », Lettere italiane,

    31 (1979), 438-462, part. 456-457.

    L’AGE DE L'INSCRIPTION

    parabole de la production tésaurienne, sans pour autant en épuiser la totalité, puisqu'il laisse en dehors, notamment,

    un remarquable

    elogium, en italien, du roi-soleil, architecte de Versailles (Planche 21) “—,

    témoigne et de l’exceptionnelle longévité de l’auteur et de sa féconde et incessante génialité inventive : puisqu'il offre toute la gamme des variations possibles sur le thème inscriptionnel, tel un promptuaire, ou

    = _.nelpièofcuro dellanottey “™ onde à tanti altri pregidiquefto ‘ “piccolo Mondofi: γόος iuftizia _ aggiungere quello d ILL VSFRE

    plutôt un musée-théâtre ou encore une immense galerie où sont exposées toutes les formes de l'éloge.

    En première place, après le somptueux frontispice (Planche 22), la page de titre, les dédicaces, l'éditeur a placé les inscriptions purement livresques : ce sont les elogia en forme épigraphique : la série des Patriarches, puis des Douze Césars et les Eloges de saint Francois Xavier. Seuls ces derniers, qui

    retracent et exaltent la carrière du héros chrétien, avaient été exposés en placards en 1622 à Naples, in publico viarum apparatu, pour les fêtes de la canonisation du saint. Les autres sont des inscriptions réalisées exclusivement dans le livre : premiers en date, les Douze Césars avaient été publiés en 1619 4, quand Tesauro n'était encore qu'un « garzoncello », pour l'avènement de Ferdinand II à l'Empire. Consacrées aux douze figures du canon suétonien, ces inscriptions, mixtes d’éloge et de satire — mais le blame n'est qu'un éloge inversé —, devaient servir à illustrer, à travers les vices de l'Antiquité, les vertus supérieures du nouveau souverain. Panealbo les présente comme un genre de louange tout à fait nouveau à l’époque, genus laudationis ea tempestate maxime nouum : et c’est, on l’a vu, la première réalisation à grande échelle de ce qui deviendra pour un demi-siècle un véritable genre littéraire, entrevu seulement par Giambattista Marino et Juste Lipse, et qu'après Tesauro illustreront à l’envi maint autre membre de la Compagnie de Jésus, avec cependant moins de brio. Appartiennent au même genre, dans notre recueil, les Patriarches, composés

    à la demande

    de Charles Emmanuel

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    un des caractères de la librairie seicentesque, avait déjà inspiré les propos

    les beaux in-folio italiens des xvi et

    puo direnow men'élegante chemaeftofa

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    xvii siècles, et leur « procession de grandes capitales romaines dont chacune ressemble à une statue.

    s’ordonnant en frise sur des parois majestueuses... », il concluait : « Ces édifices typographiques sont aussi beaux que les façades de Palladio et de Borromini

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    tantôt en belles italiques, dans un accord surveillé du graphique et du figuratif : cette attention remarjustement

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    quable prétée à l’image de l'écriture et à sa mise en page dans le livre de luxe, relevée à juste titre par Petrucci comme

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    4 di PARI GI potrrail GALLICO

    l'éloge vient s'inscrire en lignes inégales superposées, en grande écriture d’apparat, dans une parfaite symétrie axiale, jouant des différences de caractères et de corps, tantôt en grandes capitales romaines,

    de Paul Claudel, dans La philosophie du livre. Evoquant

    "11:10

    il Romano AWGVSTO

    MARMOREAM

    préface éloquente à son histoire des origines de la Maison de Savoie. Déjà édités en 1651 5, ils ouvrent à présent le volume, portique monumental, consistant en une série de soixante-trois éloges en forme épigraphique de soixante-trois figures vétéro-testamentaires depuis Adam jusqu’au Christ. Divisés en six groupes, Correspondant aux six âges du monde, ils exaltent le sens sacré de la royauté dans la double optique du pouvoir juste et du prince, image de dieu sur la terre 6 : soit, sur la trame historique encore, ab Orbe condito, un formidable déploiement célébratif, où chaque page est une table d'attente où

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    L'intention politique était déjà sensible dans les ensembles que nous venons d'évoquer. Elle s’af-

    firme avec éclat dans les inscriptions portées sur les architectures éphémères des Funebres Apparatus, des

    Natalitie Pompe, des Publice principum Receptiones. Ici encore, le recueil de 1666 se borne à reprendre le

    texte de publications antérieures : les racconti publiés certaineme nt par les soins de Tesauro lui-même 3. De Ludo Ludovico XIIII, Gallorum Gi rege, vaticinium, s\n.d. 4. Puis à Oxford, 1637.

    5. Patriarche siue Christi seruatoris genealogiæ, London,

    6. Voir supra, Chap. IX, 178.

    1651.

    190

    Planche

    21 : Emanuele

    Tesauro, De Ludovico XIIII, Gallorum rege, vaticinium, s.l.n.d. (© B.n.F.).

    au lendemain des cérémonies ou des fêtes dont il était le maître d'œuvre : nous avons étudié un de ces « racconti », celui des obsèques de Philippe III d'Espagne (1621) 7 et ailleurs celui de la naissance

    du prince-infant Balthazar Charles Dominique (1630) $, à l’occasion de laquelle Tesauro a aussi prononcé l’un de ses meilleurs panégyriques. S'y ajoute ici notamment la description des somptueuses aginées pour la naissance de Francois-Jacinthe, « primogenito » de Victor-Amédée : s ces relations que l’âme de ces programmes spectaculaires, gigantesques appareils de communication publique, c’est l'inscription latine, véhicule prestigieux de diffusion universelle de l'idéologie monarchique. À la profusion des arcs, des colonnes, des portiques, des statues, des supports de toute sorte correspond la variété des formes inscriptionnelles : mottos des devises et des emblèmes, ] ] les, tituh des statues, titres des peintures, épigrammes en distiques, inscriptions roriques, inscriptions votives, inscriptions « argute », appelées proprement « éloges ». Variété inouie, tant au niveau de la partie que du tout : par la subordination des inscriptions τ] ΤᾺ à inscription monumentale, historique ou « arguta » ; et pia mmes) ganisateur qui réunit ces compositions éclatées en un seul et même En

    dernière

    place

    on a mis la multitude

    d'inscriptions destinées

    à orner

    les monuments

    réels,

    bas-reliefs, etc. et avant tout les demeures princières et communales : le Palais

    arcs, Statues,

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    > d'été de Rivoli, le Palais civique : soit cet ensemble monumental voulu ur exalter la nouvelle capitale turinoise, destinée à rivaliser avec les fas-

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    us européennes. Les études menées sur la culture et le pouvoir en Savoie, depuis ì > ἃ Turin, en 1964, jusqu'à la réimpression, surveillée par Luigi Firpo et splendide Theatrum Sabaudie de Jorg Blæu en 1984 — nous pensons aux > Ferrero, de Margaret McGowan, et d’Andreina Griseri °, ces dernières de restauration des édifices royaux — bref les études les plus récentes insistent lesauro autant comme exécuteur infatigable que comme inépuisable

    pe

    grands programmes décoratifs, représentation en grandeur nature de la regia { lu thème héroïque au Palais royal, où les inscriptions latines explicitaient les > dams les salles, aujourd’hui en partie détruites, des Gloires saxonnes, des Vertus ges royaux, etc., les inscriptions en langue italienne étant réservées aux apparte dominance du goût arcadien et pastoral et triomphe de l'emblème et du mofto εἰ τς, palais de plaisir et de chasse, architecture de rêve, songée par Charles Emanuel II,

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    l'hui, mais dont l’image fidèle est conservée à la fois dans ce livre et dans ἢ ues piplanches aquarellées du livre du Comte Amadeo di Castellamonte,

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    Planche 22 : Emanuele Tesauro, /nscriptiones quotquot reperiri potuerunt, Torino, 1666, Frontispice (© B.n.F.).

    L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

    1674), précieux encore parce que le commentaire en forme de dialogue met en scène, avec l’auteur,

    le cavalier Bernin, en visite à Turin.

    Ainsi, malgré l'apparence, la différence n’est pas si grande entre les inscriptions écrites pour le livre, les inscriptions éphémères des fêtes, destinées à être détruites à peine accomplie leur fonction luxueuse — voire à partir en fumée dans l'instant même, comme le volcan qui, avec ses placards, s’embrase sur la place de Milan lors des fêtes de la naissance de l’Infant d'Espagne — et les inscriptions en dur, si fragiles finalement face aux aléas de l’histoire : puisque dans tous les cas, le livre est le monument qui leur assure la pérennité : monumentum ere perennius. Les trois types d'inscriptions ont encore en commun la fonction privilégiée assignée à l’écriture comme signe visible et orateur muet, Calamus potentior lingua :

    Maraviglioso ritrovo dell’intelletto, che han parole e non lingua, non han discorso et discorrono, non san leggere e ogni scienza c’insegnano !

    Pense-t-on que ce magnifique éloge de l'invention des lettres, soit d’un Juan Caramuel y Lobkowitz ou d’un Athanase Kircher ? Il se lit dans le Cannocchiale et en rappelle étonnamment un autre, celui de l’argutezza :

    Per miracolo di lei le cose Mutole

    parlano, le insensate vivono, le morte

    risorgono, le Tombe,

    1 Marmi,

    le

    Statue, da questa incantatrice degli animi ricevendo voce, spirito e movimento, con gli Huomini ingegnosi, ingegnosamente discorrono.

    Cette double citation nos conduit aux pages du Cannocchiale que nous avons voulu mettre ici au centre de notre réflexion. ἧς

    En effet, l’on peut assigner aux inscriptions tésauriennes présentées dans ce livre une double fonction. Courtisane : elles servent un propos célébratif, la glorification de la maison de Savoie. Expérimentale : elles sont une illustration des infinies variations possibles sur la forme inscriptionnelle idéale, telle qu’elle est analysée dans le Cannocchiale Aristotelico. Inversement le Cannocchiale lui-même peut être lu non plus seulement comme un traité de rhétorique et d'esthétique générale, mais aussi et avant tout comme un traité de style épigraphique : une épigraphie en opposition complète avec la tradition classique et renaissante, accusée d’être sans aucune vivacité ni piquant, « senza vivezze e acume niuno » ; une épigraphie définie par une lisibilité particulière, qui ne résulte pas seulement de l’intelligibilité du signe et du texte, mais de l'adéquation de celui-ci à la norme de la rhétorique contemporaine : en un mot, un véritable manifeste théorique de l’épigraphie baroque. Le titre même du traité autorise et même impose cette lecture. Titre de 1654 : Il Cannocchiale Anistotelico o sia, Idea delle argutezze heroiche vulgarmente chiamate imprese, e di tutta l’arte simbolica e lapidaria... Titre de 1670 : Il Cannocchiale aristotelico o sia Idea dell’arguta et ingeniosa elocutione che serve à tutta l'Arte oratiora, lapidaria, et simbolica...

    (Planche 23).

    Planche 23 :

    Titre de la traduction latine de 1714 : Idea argute et ingeniose dictionis, ex principiis Aristotelis sic eruta ut in uniuersum arti rhetorice et in primis lapidariæ atque simbolice inseruiat. 194

    ORPORE

    NÆVO

    Howe:

    Emanuele Tesauro, Il Cannocchiale Aristotelico..., Torino,

    1670, Frontispice.

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    Mais surtout, deux chapitres importants sont expressément consacrés au style de l'inscription. Le chapitre xi, intitulé précisément « Trattato delle Inscrittioni argute », s'ouvre sur un remarquable parallèle entre le style de Cicéron et celui de Tacite, base d’une opposition plus fondamentale, entre style oratoire et style lapidaire. Tesauro cite d’abord un long passage de la XIV° Philippique, où Cicéron, après la bataille contre Antoine à Modène, propose un monument et un éloge funèbre pour les héros de la légion Marcia — nous n’en citons que le début : O fortunata Mors, que, Nature debita, pro Patria est potissimum reddita.

    Vos uero Patrie natos iudico, quorum etiam

    nomen a Marte est : ut idem Deus Vrbem hanc gentibus ; vos huic Vrbi genuisse wideatur...

    Tu vois, observe-t-il, dans cet éloge une belle forme Oratoire, bonne à dérouler sur parchemin, mais non Lapidaire et faite pous s’inscrire dans le marbre. Tu vois que chaque Période est Conceptueuse, mais non Concise: les Pointes s’y fondent sur la Métaphore, mais adoucie, et sur |’ Opposition, mais peu resserrée : il y manque le Laconisme, qui s'accorde mal avec la rondeur de la Période 1. Sur quoi, à l'intention du lecteur, il réduit le discours cicéronien à la manière lapidaire, en l’élaguant comme suit (Planche 24) : Fortunata Mors, Naturæ debita ; Patriæ reddita.

    Legio vere Martia, A Patrio Numine Nomen adepta. Vtidem Armorum Deus Vrbem hanc Gentibus : vos huic Vrbi genuerit...

    Ne vois-tu pas comment, grâce à un changement infime, un Éloge audible est devenu lisible ? La manière Tullienne est excellente pour l'oreille, mais l’autre est meilleure pour les yeux 1"...

    Il se tourne alors vers Tacite et cite un passage susceptible, dit-il, d’être mis en forme lapidaire par simple disposition en lignes, sans changer une syllabe, « senza mutare una sillaba » : Compare cet Eloge avec celui de Cicéron et tu auras de quoi philosopher sur la différence du style oratoire au lapidaire, du Discours aux Inscriptions. Celui de Cicéron est plus vide, parce qu'il tourne toujours sur un seul Theme ; celui-ci est plus plein, parce que chaque Période forme un nouveau Thème, qui fournit de nouvelles et vives pointes. Celui-la a une matiére plus Pathétique, celui-ci plus Politique , rendant les Inscriptions moins touchantes, mais plus graves. Celui-là joue quasi tout au long sur une seule Figure d’ Opposition superficielle ; en celui-ci les Oppositions sont relevées par le Laconisme, faisant allusion à des histoires si lointaines que chaque mot exigerait un commentaire. Celui-là finalement a un rythme plus moelleux et arrondi, celui-ci plus dur et plus concis. Ce qui fait que les phrases de Cicéron sont plus élégantes pour le Discours et celles de Tacite plus vives (frizzante) pour les Inscriptions. Et il y a précisément entre le Discours et l’Inscription la différence qu’Aristote relevait entre le style Oratoire et le style Historique, appelant l’un Contentioso et l’autre précisément Exquisito. Et ainsi tu verras que beaucoup de modernes compositeurs d’Eloges et d’Inscriptions, voulant dans leurs phrases paraître cicéroniens, émoussent la pointe de leurs concetti. Et au contraire, si tu récitais au Peuple les inscriptions qui donnent le plus de plaisir au lecteur, tu romprais les oreilles à tes auditeurs et les vivacités seraient ressenties comme des blessures. Quant à moi je me suis appliqué à ce second style pour 10. TESAURO,

    Cannocchiale...., op. cit., 596-597.

    11. Jbid., 597.

    Inferittioni Argute.

    597

    con Ia ritondità Periodica. Che fe tu voleffi ridurli tai quai fono, alla

    manicra Lapidaria : potrefti cu andarli (com'io diceua ) troncando , &

    raccogliendo cosi.

    Fortunata

    Mors ,

    Natura debita; Patria reddita. Legio vere Martia,

    A Patrio Numine Nomen adepta. Vt idem Armorum Deus

    Vrbem banc Gentibus : vos huic Vrbi genuerit.

    In fuga, feda Mors: in Vittoria, gloriofa. Mars enim fortifsimos pigneratur. Vos vitti vidores ,

    Pi impios occidiffis, occifi. Staque , dum impios muléfant Inferi;

    Vos Superas inter [edes, triumphatis . Breuis Vita, Memoria [empiterna.

    Que nifi Vita longior efer ,

    Quis gloriam quareret per Mortes ?

    Aum igitur préclare vobifcum,

    Fortifsimi olim Milites , nunc Sanétifsimi. uorum Virtus ,

    Ne vel obliuione vel reticentia infepulta fit 3 Immortali Sepulcro Senatus cautt.

    '

    Ingentes Exercitus Punicis, Gallicis ; Italicis bellis ,

    Maiorem felicitatem habuere , non premium .

    Atque vtinam maiora pofemus , qui maxima accepimus . Vos Hostem Antonium Furentem auertiffe , redeuntem repuliffe ,

    Æterna hac Moles, aternitati teffabitur.

    Hance quamdiu {pettabunt oculi , vos lingua loquentur , Pro mortali conditione , immortalitatem confecutos .

    .

    Non vedi tu con quanto piccol mutamento vn’ Elogio afcoltabile fia

    diuenuto /eggibile : non hauendo niun dubio , che la maniera Tulliana non fia più dolce ad vdire: & quefta piu propria à leggere » per ca-

    ion delle concifioni più frequenti, & delle Concinnita pit riftrette :

    che rendono le Periodi più dure, ma più acute. Ma quanto alle ArguKkkk

    :

    tezze;

    196 Planche 24 : Emanuele Tesauro, Il Cannocchiale Aristotelico..., Torino,

    1670, p. 597.

    L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

    LE CANNOCCHIALE ARISTOTELICO LU COMME

    les Eloges des Césars, comme plus lisible. Bien que, comme

    j'étais alors un tout jeune homme, il ne faut pas

    s’étonner que le style en soit juvénile, et plus vif que solide !2,

    UN TRAITÉ

    DE L'INSCRIPTION

    HÉROÏQUE

    puis la table s’étage et se divise en deux lignes :

    On a reconnu dans ces pages lumineuses opposant le style oratoire, concertatif et plus pathétique, au

    MALIM

    style lapidaire, plus piquant et politique, on a reconnu, appliquée au visible et à l’audible, la méthode du

    Judicio où, déjà avec l’aide d’Aristote, le jeune auteur, raisonnant sur les conditions de la performance oratoire, opposait l’esthétique du près à l’esthétique du loin. Mais plus fondamental encore est l’immense chapitre des « Figures harmoniques » 15, aussi important dans l’économie du traité que celui des Figures ingénieuses. Cette fois, Tesauro reprend les choses d’un peu plus loin, rappelant que pendant longtemps ἃ régné en Grèce un style bavard comparable à celui des cigales, sans respiration mesurée,

    OFFENDERE,

    puis trois :

    verbeux et uniforme, n’ayant d’autre terme que l'épuisement de la matière : oratio pendens, qu’ Aristote compare aux Anabolai des dithyrambes. A ce style, il oppose la premiére invention de Thrasimaque, divisant ces phrases interminables par des pauses sur le modèle de l’ode : les périodes étant les strophes du discours ; puis les perfectionnements apportés par Gorgias, coupant les périodes en membres et en incises, justement mesurés entre eux, aboutissant à un style non métrique, mais cependant rythmé,

    MELIvs

    CREDITVR !8.

    jusqu’à des ensembles fort complexes, arbres inversés à deux branches symétriques et à paliers successifs :

    Jucundior est Periodus, si est articulis membrisque distincta, quam si continuata et producta : quia suas respirationes

    Hunc tamen qui

    habet et mens respirat cum Oratore, deinde magis dilucida est, quia memoria facilius tenetur et magis patet 4,

    Concinnitas est le mot de Cicéron pour caractériser ce style « gorgiastique » qui triomphera à l’âge de Sénèque et des rhéteurs, en qui semble en effet revivre l'esprit du sophiste de Leontium . II désigne les périodes harmoniques et figurées, dont la beauté naît de trois choses : égalité des membres,

    Rempublicam

    opposition des termes, similitude des consonances (tsokolie, antithesis, paromiosis ). Fort de cette analyse, Tesauro livre enfin a son lecteur le secret de l’harmonie des périodes concises : c’est au moyen de tables

    | liberam Ι fecit :

    métriques, si distinctement démonstratives, dit-il, que non plus les oreilles, mais les yeux deviennent

    juges compétents de l’harmonie, et par les yeux l’intellect. Harmonie que Tesauro traduit en symétries, et que la page du livre littéralement fait voir, ponit ante oculos, figures dans l’espace, de complication croissante :

    mots en asyndète sur une seule ligne :

    |

    Qui se

    VENI — VIDI — ναι 15,

    | inermem | armatis | obtulit :

    mots liés en symétrie sur une seule ligne : EMINVS — ET — COMINYS !6, 12. Ibid., 598-599. 13. Ibid., capitolo IV, « Cagion Formale dell'Agutia circa le Figure. Figure harmoniche », 124-206,

    14. Jbid., 127. 15. Ibid., 134. 16. Lbidem.

    QVAM SINGVLIS

    OMNIBVS,

    semblant vers aux prosateurs et prose aux versificateurs. Style adopté à Rome, dit-il, dans les dernières

    années de Cicéron, dont l'écriture s’est aiguisée à cette meule étrangère, en sorte qu'après avoir frappé Verrès du plat de l’épée, il sut percer Antoine de la pointe. Et il est vrai que Cicéron lui-même, dans l’Orator, de dix ans postérieur au De oratore, confesse la beauté de ce style :

    QVAM ADVLARI 17,

    17. Ibidem.

    Respublica

    | Et |

    | captiuum | occidit.

    |

    hunc

    | liberum | libertas | non tulit.

    18. Jbid., 135.

    198 199

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    Figure Harmoniche.

    | | Et in afflicta Rep. | locum esse

    |

    Sapientiæ.

    | Et in beata | locum esse

    |

    temeritati 15.

    L'important est que, ayant exposé la période concise, il passe à la rotonde : c’est parce que du mélange des deux on pourra en fabriquer d’une troisième sorte, plus harmonieuse, mais c’est d’abord parce que la rotondité est bienvenue dans les inscriptions majestueuses, avec ses trois vertus : scansion

    harmonieuse, beauté des vocables, volume des vocables (Planche 25). On en trouve, dit Tesauro, de

    bons exemples dans les épitaphes de Gruter, mais les plus somptueuses de toutes sont ces inscriptions que pour éterniser les belles actions décrétait le Sénat romain : textes superbes, inscrits dans les senatusconsultes, dictés par ces bienheureux pères de l’éloquence, revus par de scrupuleux grammairiens, qui en controlaient la pureté et la majesté, et que Cicéron dans plusieurs discours contre Antoine qualifie magnifiquement

    de uerba amplissima,

    singularia uerba, clarissime littere, quam amplissima monumenta,

    littere divine uirtutis testes sempiterne ; la plus belle de toutes étant cependant la fameuse inscription de l'arc d’Auguste a Augusta de’ Salassi au pied des Alpes : IMPERATORI CÆSARI DIVI FILIO AVGVSTO, PONTIFICI MAXIMO, IMPERATORI XIV. TRIBVNITIÆ POTESTATIS XVII. SENATVS POPVLVSQVE ROMANVS. QVOD EIVS DVCTV AVSPICIISQVE, GENTES ALPINE OMNES, QVÆ A MARI SVPERO ADINFERVM PERTINEBANT, SVB IMPERIVM POPVLI ROMANI REDACTÆ SVNT 20.

    Suit, sous la plume de ce maitre de l’ingéniosité, une analyse des qualités de cette inscription, qui est en fait un magnifique éloge de la simplicité de la grande inscription antique. Simplicité ἃ laquelle déroge déjà l’inscription de l’arc de Constantin, bien qu’aux yeux d’un Moderne elle puisse passer pour un modèle idéal : étant majestueuse par la dignité des sujets, belle par l’abondance des voyelles sonnantes, harmonieuse par le nombre. Et pourtant, si on les compare l’une à l’autre avec un jugement attentif, on dira que de l’époque d’Auguste à celle de Constantin les Latins étaient devenus esclaves autant que la langue latine était devenue libre : car on trouve ici de l’adulation dans les titres honorifi-

    ques, Maximus, Pius, Felix, de la vanité dans les ablatifs instrumentaux, instinctu diuinitatis, animi magnitudine, sans compter l’inutilité de cette explication, cum suo exercitu, car on sait bien que l’empereur ne

    menait pas paitre un troupeau de moutons... Bref, il y a autant de différence entre cette inscription de Constantin et celle d’Auguste qu’entre l’architecture de l’arc de Constantin et celui d’Auguste, car c’est dans les mêmes proportions qu’ont dégénéré l’Empire et la langue latine : en sorte que celle-ci a beaucoup d’arabesques et d’ornements, mais sujets à censure : où celle d’Auguste est si pure et si nette que la censure n’y trouve pas plus à piquer que la guépe sur un miroir. 19. Ibid., 141. 200

    (onferte

    e

    Vi scias :

    20. Ibid., 187.

    199

    -

    Hanc pacem---cum---illo bello: Huius Pratoris aduentum---cum--.illins Imperatoris victoria : Husus cohortem impuram---cum---illins exercitu inuiéto : Huius libidines-—cum-illins continentia:

    i

    i

    eAb illo qui cepit

    conditas :

    |

    ab hoc qui consHitutas accepit

    |

    captas

    Dicetis Syracufas. Non vedi tu, che la vaghezza di quefta Periodo non nafce folamente dalla Concinnita delle membra; ma dalla loro harmonica ritondisa? Et del medefimo ambiante camina queft’ altra, che paragonando Sul-

    picio Giureconfulto con Murena Capitano; contrapon l’arte militare alla prudenza ciuile .

    Vigilas tu de nocte

    Vi tuis Confultoribus refpondeas : Ille vt eo quo tendir,

    Mature cum exercitu perueniat : Te Gallorum ----- Illum Buccinarum cantus exfu[citat :

    Tu actionem inffituis

    Ze

    |

    Ille aciem instruit .

    Tu canes ne tui Confultores — Ille ne Vrbes aut Caffra capiantur :

    Îlle {cit vt hoftinm copie — Tu vt aqua pluuia arceantur. Ihe exercitatus est

    CAS in propagandis finibus --- Tu in regendis . Ma quella del fupplicio de’ parricidi più su andar non puo : in cui l'Orator non confronta Membro à Membro : ma premefla vna quan-

    ura di difgiunti, à ciafcun difgiunto appicca vn’ harmonico membret-

    to, in quefta forma.

    FF

    2

    Quid

    Planche 25 : Emanuele Tesauro, Il Cannocchiale Aristotelico..., Torino, 1670, p. 199.

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION LE CANNOCCHIALE ARISTOTELICO LU COMME UN TRAITÉ DE L'INSCRIPTION HÉROÏQUE

    On retiendra, nous espérons, la lucidité de cette analyse et le magnifique hommage rendu ici au style simple par le théoricien et le maitre de la pointe. Il est vrai qu’il ajoute que d’un autre côté il est vrai que l'inscription n'étant pas une création singulière, mais populaire, elle doit s’accommoder — il ne dit pas au goût du public, mais au génie de la multitude éclairée, plutôt que des esprits les plus exquis. Aussi est-il prêt à accorder qu'aujourd'hui où les esprits ont sensiblement dégénéré par rapport à l'antique sévérité, le style de l'inscription de Constantin recevra des applaudissements plus nourris. Après quoi, en hommage au goût nouveau et en guise de démonstration, il récrit en style pointu la susdite inscription d’Auguste !

    D. VICTORIS BELLICAM ATQVE

    INFLEXVM

    METALLO TOTVM

    Il est tentant de revenir, à la lumière de ces analyses, outillé de ce perspicillum, ou « lentille grossissante », aux inscriptions tésauriennes, pure illustration de la théorie exposée ici. De fait, tout comme l'intelligence critique de Tesauro est assez subtile pour apprécier la simplicité et la majesté du style ancien, alors même qu'un juste sentiment du goût de son siècle le pousse vers des formes plus alambiquées et plus ludiques, son génie est assez souple pour rappeler, à l’occasion, la grauitas du style romain antique, même si dans l’ensemble, sa production inscriptionnelle est éminemment représentative de son temps. Une relative simplicité liée à la grandeur se découvre notamment dans les inscriptions rédigées pour des constructions royales ou municipales : CAROLVS EMANVEL II SABAVDIAE DVX PEDEM. PRINC. CYPRI REX PVBLICA FELICITATE PARTA SINGVLORVM COMMODIS INTENTVS BREVIOREM SECVRIOREMQVE VIAM REGIAM A NATVRA OCCLVSAM ROMANIS INTENTATAM CÆTERISQVE DESPERATAM DEIECTIS SCOPVLORVM REPAGVLIS ÆQVATA MONTIVM INIQVITATE QVÆ CERVICIBVS IMMINEBANT PRACIPITIA PEDIBVS SVBSTERNENS ÆTERNIS POPVLORVM COMMERCIIS PATEFECIT ANNO MDCLXX.

    La période, qui enferme en une seule phrase tous les éléments nécessaires à l’inform ation, est bien d’ascendance romaine. Ce qui ne l’est pas cependant et relève de l’esthétique moderne , c’est, outre le découpage de l’idée en uersus, et favorisée évidemment par ce découpage, la rhétorique qui, même discrète, avec le trikolon du vers 5, la symétrie subtile du vers 6 et les métaphores d'opposi tion des vers 3 et 7, superpose à l'énoncé pur et simple son commentaire laudatif. La même analyse s’applique aux inscriptions du Palais royal, à l'exclusion des appartements de la Reine, rédigées en italien dans le style de la devise. Ainsi sur les deux côtés de la base de la statue équestre de Victor Amédée à l’entrée du palais *! on peut lire :

    IVSTITIÆ

    EXPRESSVM ANIMVM

    SI VELOX

    RIGOREM, VIDES.

    VIDERES,

    INGENIVM,

    FLEXILEMQVE EXPRIMERE

    *

    AMEDEI

    FORTITVDINEM,

    CLEMENTIAM,

    METALLVM

    POSSET.

    εἰ:

    D. VICTORI AMEDEO QVOD VNVM RAPERE FATA NON POTVERVNT REGIAM ORIS MAIESTATEM ÆTERNA VINDICAT HÆC IMAGO. IN REGIAS VIRTVTES ET HEROICA GESTA IVS NVLLVM FATIS RELIQVIT FAMA 22,

    Ici encore la sobriété n’exclut pas la subtilité : adaptant un thème d’épigramme, la première de ces compositions, parfaitement symétrique et ménageant une subtile correspondance entre les deux parties — Metallo expressum uides / uideres... exprimere... metallum ----, exploite l’ opposition entre les vertus représentables par l’art et celles qui transcendent la représentation ; de structure oppositionnelle aussi, la deuxième renchérit en dépouillant le sort de son privilège d’anéantir beauté et vertu. Plus clairement encore dans les inscriptions qui illustrent — ou qui soutiennent — les portraits des ancêtres de la Maison de Savoie, une pointe discrète (par exemple une équivoque ou un climax) vient relever la sévérité d’un énoncé qui serait sans elle purement informatif : REDIMAT

    SACRA

    LAVRVS

    QVI GODEFREDO PRŒLIORVM

    COMES

    REDEMPTORIS

    HVBERTVM

    BVLIONO ET PRÆMIORVM

    SEPVLCHRVM

    REDEMIT

    ou bien : AD ARAM CRVENTO

    HANC

    SVSTITIT FERRO LAVREA

    HOSTIVM

    DIGNVS

    AMEDEVS

    STATOR

    ET AVREA

    TRIVMPHATOR

    ET SVI.

    C’est que les inscriptions composées pour le monument, celles du Palais royal ou encore du palais civique, participent évidemment d’une recherche de la splendeur. C’est que l'inscription étant un orateur muet ou encore l’âme du monument, elle relève du persuasif, et a donc égard d’un côté aux mœurs de la

    21. Editio quinta, 1670 : « Regiarum ædium ornamenta ». 202

    22. TESAURO, Inscriptiones..., op. cit., « Regii Palatii Taurinensis ornamenta », 349-350. 203

    L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

    LE CANNOCCHIALE ARISTOTELICO LU COMME UN TRAITÉ DE L’INSCRIPTION HÉROÏQUE

    nation, de l’autre à la pédagogie des vertus royales dont la première est la majesté dont une des modalités est la magnificence, La Magnificenza était déjà le titre du panégyrique de Tesauro prononcé en 1627 pour Maurice de Savoie. Mais écoutons encore l'éditeur Panealbo, parlant des décorations du palais royal : Nihil his in Ædibus est, quod non rapiat oculos, regiamque Caroli Emanuelis eo Nomine Secundi, Magnificentiam,

    uel tacendo, non eloquatur. Plurimus hic Auri nitor, pretiosa suppellex, admirabiles Sculpture, nobilis Pictura, nobiliores

    [Historie] Inscriptiones immemorabilis aeui memoriam reuocantes 23...

    A la magnificence et a la munificence royales répond le faste du discours épidictique, chargé de faire paraître la grandeur du roi : Nihil scribi debere nisi quod excitet Lectoris admirationem.

    Toutefois, s’il importe de signaler dans l’œuvre de Tesauro la présence d’une « rhétorique modérée », compatible avec la dignité des monuments élevés à la gloire royale, il faut se hâter de dire que la part la plus belle de sa production sacrifie sans retenue au plaisir de briller. Les Inscriptiones historice, i.e. Patriarcharum genealogie se présentent d’emblée comme une étourdissante démonstration de savoir-faire, puisque les quatre-vingt-trois pièces qui les composent illustrent, on l’a dit, quatre-vingt-trois formes différentes répertoriées en début de volume dans l’Elenchus elogiorum. Composée sur le modèle de «Enigme », l'inscription consacrée à Adam qui, avec l'inscription symétrique sur Jésus-Christ, encadre cet impressionnant ensemble, est exemplaire de ce style tésaurien hardi (Planche 19) : Siste gradum Viator ; mira leges. Hic ille iaceo, per quem omnes iacent. [...] Czlo natum ex coeno. Nec orbus, nec posthumus fui,

    Sed Patris expers. Vel fecit me Pater, non peperit. Matrem habui, quæ me habet. [...] Filiam non filiam Vxorem duxi. Quæ simul nata et nupta. Vno partu Nepotem mihi, & Liberum, genuit. [...] Heu stolida Sapientiz fames ! Cum omnia scirem, vt plura scirem, desipere coepi. [...] Itaque cum profuga coniuge Ex Rege agricola

    23. Ibid., 349 : ...« Il n’est rien, dans ce palais, qui ne ravisse les yeux et méme sans parler ne proclame la royale Magnificence de Charles-Emmanuel, deuxiéme de ce nom. Ici est prodiguée la splendeur

    de l'or, le raffinement du mobilier, les marbres

    admirables, les plus nobles peintures et, plus nobles encore, 204

    habebis 24.

    Terræ Filius. Ænigma

    I. C. IVLIVS CASAR Lucii Cesaris Filius, lux Cesarum & Pater. Romanus Alexander, Terre Mars.

    opposition, équivoque proportion

    Pretium fecit seruituti,

    déception

    Ingratam Patriam patriis armis puniit. Eam uicit inuitus, qua uixit inuita.

    opposition, déception opposition, déception

    Qui Rome propugnator non regnauit, Regnauit expugnator. Pro Roma triumpharat, de Roma triumphauit. Amauit tamen inimicam : nolenti profuit. Sæpe a fulmine Lauro seruatus Regia, Non semper. Quem inermem timuerunt arma,

    165 inscriptions historiques qui ravivent le souvenir de temps | immémoriaux... » 24. Ibid., « Patriarcharum genealogiz. Mundi puerilitas, Pastores : Adam

    Ou bien encore, comme nous y invite l’auteur lui-même évoquant ses compositions de jeunesse, rouvrons les Cæsares”, en commençant aussi par le fondateur de la lignée, objet d’une des compositions les plus brillantes, puisqu’a chaque ligne on peut relever une ou plusieurs figures du Cannocchiale. L'attaque, qui se fait normalement sur le gentilice (Lucii Cesaris filius) est flamboyante (lux Cesarum et pater), exposant, autour de la symétrie axiale, l’antithèse (filius / pater), l'équivoque (lucii / lux) et la paronomase (Cesaris / Cæsarum) : dans le même homme s’accomplit une lignée de patriciens et commence, plus illustre, une dynastie d’empereurs. La suite ne relâche nullement la tension rhétorique. L'inscription, prolongée sur vingt-quatre lignes, consiste en une série de propositions indépendantes dont chacune renchérit sur la précédente, introduit un nouveau paradoxe, en sorte que la vie merveilleuse du héros apparaisse d’un bout à l’autre gouvernée par l’aprosdokèton :

    Victo Orbe, Vrbem victricem Orbis vicit. Defuere illi hostes, hostem habuit Patriam, Ne deesset unquam quod uinceret.

    Nomen flagitas ? Quatuor mundi plagam ab Græcis pete : Anatoli, Dysis, Arctos, Mesembria capita iunge, nomen

    L’essence de l'énigme est de joindre ensemble, tout en disant ce qui est, des termes inconciliables... or il n’est pas possible de le faire quand on assemble les autres noms, mais c’est possible avec la métaphore. Arist. Poet. 22.

    Omnibus tam metuendus quam mitis :

    Quia numen non colui terram colui. fered

    Abscissa nominum

    Analysons cette chaîne d’énigmes : Hic ille iaceo— « Je gis ici » : c’est la formule rituelle — per quem omnes iacent— « Moi par qui tous gisent » : symétrie entre la principale et la relative et pointe par double renversement, du patient à l’agent et du singulier au pluriel : Adam mort est le père d’une longue suite de mortels. Puis, sans interruption, ornées par les équivoques : cælo / cæno, nata et nupta, numen colui, terram colui, les oppositions se pressent — fecit, non genuit, filiam non filiam—, faisant surgir autant d’adunata qu’il y a de vers, selon la définition aristotélicienne de l’énigme :

    », 7.

    Armata necauit toga.

    Cessit Ciuibus Cesar Cesus. Sero cognitum luxit Patria.

    opposition

    opposition, équivoque, déception opposition, déception

    opposition opposition déception

    opposition, déception

    équivoque

    25. R. P. Emanuelis THESAURI, ... Caesares et eiusdem uaria carmina..., Lugduni, sumptibus G. du Four, 1635. 205

    L’AGE DE L'INSCRIPTION

    LE

    Viuentem Hostem, mortuum uocauit Patrem,

    Parricidium confessa cum Patrem dixit. Disce Lector Melius sepe que non habes vides, quam que habes.

    opposition

    opposition

    L'éloge composé sur l’effigie de Charles Emanuel II, duc de Savoie et roi de Chypre est construit sur le même modèle, démarrant lui aussi sur une explosion de figures : Carolum refert ; Bello natum ut Pacem pareret...

    pour enchainer, sur ce double thème, de la paix et de la guerre, en quatre immenses strophes, où à l'énergie de l’écriture est confié ce qui excède les pouvoirs de la statuaire, dire les vertus souveraines, en un style tendu et figuré, dont chaque ligne contient une épigramme et étincelle d’autant de traits qu'elle compte de mots, {ot sententiis quot uerbis gemmantem, selon l’image de la préface de Panealbo, image que l’on retrouve brillamment développée chez Pierre L’Abbé lorsqu'il définit les deux sortes d’éloges, coupé et périodique et donne sa fameuse définition de l'éloge comme succus et quasi spiritus, anima et quasi essentia panegyrici 55, définition reprise et commentée par Christian Weise dans sa Poésie des Politiques : Pourquoi quintessence du panégyrique ? parce qu’intermédiaire entre poésie et éloquence, unissant les : De l’éloquence, il a la liberté du discours, nullement contraint par les règles

    des pieds et des syllabes : d’où nul obstacle naturel à l'invention. De la poésie, la luxuria qui, pratiquement en chaque ligne prodigue le jeu inédit de I’ ingenium poétique 37,

    Cette relation établie avec le panégyrique, synonyme de luxuria, nous amène à évoquer de nouveau l’ethos de l'inscription monumentale : en effet, au faste du discours épidictique, à ce style « turinois » qui de ce côté des Alpes et aussi en Allemagne répond à la magnificence et à la munificence royales, nous avons déjà eu l’occasion d’opposer le style francais et gallican 38, Ici, à de rares exceptions près, la magnificence recule et cède la place à la gravité et à cette autre constellation : majesté, gravité, simplicité. Le conseil de l’abbé Tallemant — « En ce genre d'écrire, rien ne vaut la noble simplicité, et ne coûte rien tant que le tour naturel » — consonne ici avec la maxime de Paul Pellisson — « Π faut louer le Roi partout mais pour ainsi dire sans louange » — et avec le mot de Racine, opposant précisément le panégyrique et l’histoire — « Le panégyrique et l’histoire sont éloignés comme le ciel l’est de la terre ». Géographie des esprits, au sens où l’entendait Juan Huarte ? Il est bien certain aussi que les brillants dont se rehausse l'inscription moderne s'expliquent par sa destination : pour une grande part le livre, qui échappant aux contraintes spatiales est un lieu privilégié d’expérimentation ; pour une autre part les fêtes, qui encouragent toute forme de capricciosita, comme il est dit expressément dans le Cannocchiale : Ma queste ingeniose vivacità, molto maggiori licenze ottengono in certo Genere d’Inscrittioni capricciose , che si compongono per sola pompa, sopra’ Soggetti ameni, e festerecci : dove formandosi gli Temi sommamente ammirabili è lecito di eccedere 39... 26. L'Agsé, Elogia sacra..., op. cit, 440 ; voir supra chapitre 8. 27. Christian Weise, De poesi hodiernorum politicorum, siue de

    argutis inscriptionibus libri I, ..., 1678, Préface. Voir Cannocchiale...,

    206

    ARISTOTELICO LU COMME

    UN TRAITE DE L’INSCRIPTION

    HÉROÏQUE

    I] n’est pas dès lors jusqu'aux Funebres apparatus qui n’exigent, mêlés à la tristesse du sujet les déploiements de la pompe, d’où les éloges qu’à l’élogiaste adresse son éditeur et préfacier : Suis in elogiis duas res lapidarie maxime proprias maximeque difficiles, Argutiarum delicias cum Argumentorum tetricitate conciliauit.

    Mais on ne s’étonnera pas que cette capricciosita se donne libre cours dans cette ludique célébration d’une Vigne : Huc est Vrbe Suburbium, Viator, de uia devia : Vrbi mera sed vera & pia Volupia, Colonos colit.

    Blanditer ferox & ferociter blanda hac Effigies,

    délices et la saveur des deux

    CANNOCCHIALE

    op. cit., 595. 28. Laurens, « Le débat... », art. cit., part. 243-249, 29. TESAURO,

    Cannocchiale..., op. cit. p. 603.

    Varia hic Spectacula, ut Spectantes recreet, Natura creat.

    Hic rabidus, & rapidus Torrens, iucunde terrens, Pari ruina & rapina saxa diruit, dum

    ruit :

    Vt credas in gelidum Fulmen mutari Flumen. Illinc lacteus latex, gelido gelu, fluens refluens,

    Flores educat, quos educit. Hic fraga fragrant, Serpyllum serpit, Rosa ridet : Gratiisque grata uiolaria, nullæ uiolant niues, Atque ut Flora Flores, sic Pomaria Pomona pingit. Nam coloris artifice calore,

    Optimorum Malorum omnigena genera, Ramos ornant quos onorant. Neque hic meridianus Apollo pollet. Nam sine luce lucus, ex vetustate venustatem adeptus, Abditis Adytis, quos regit protegit : Silentique vmbra meestis læta,

    Testatur adesse Numen, vbi nullum est Lumen. Hic personata personans Echo, Mortua viuit, elinguis loquitur. Per auras ludens, aures illudit °°...

    Cette fois la virtuosité touche a la pure jonglerie verbale et cette piéce apparaitrait comme un défi lancé à l’austérité, pourtant si bien analysée par notre auteur, de l’inscription « à l’antique », si on ne lui trouvait au moins un modèle antique ou pseudo-antique : la très joyeuse et prolixe épitaphe d'un acteur, relevée à Pola sur une pierre mire magnitudinis par Felice Feliciano et transmise après lui par tous les épigraphistes, jusqu’au Corpus Inscriptionum Latinarum qui la classe, il est vrai, parmi les false *! !

    30. TESAURO, Inscriptiones..., op. cit., 565-566 : Inscriptio Vinee. Quam CvRIFVGIVM uocat. 31. C.LL., V, 1, n° 1*: I. porA. Relevons quelques passages : Nec miremini si moramini... uiuus assueui prudens mortuus inprudens mortuus... uoluit ualuitque... scriptum uah quid loquor immo sculptum... silex silens... efferri et affari... uixit at si uexi uitam tam uobis gratam quam

    notam urbi et orbi non minus munus... domum suam onus... affuistis Jauistis… post ualete abite in rem uestram uiatores optumi his n ugis truffis ambagibusque meis condonati postumis. Notons que cette inscription 56 trouvait notamment à Turin, transmise par un des manuscrits de Pirro Ligorio (trente et un volumes conservés aujourd hui à l'Archivio di Stato), achetés par Charles-Emmanuel I. 207

    CHAPITRE

    X

    L’ ORATEUR ET LE MONUMENT DANS L’ ARS EPIGRAPHICA D’ OTTAVIO BOLDONI *

    « Latin epigraphy did not die out along with antiquity... » : en illustration de ces mots de Kajanto !, les chapitres précédents ont montré que tant s’en faut que soit perdue la pratique des inscriptions qu’elle s’étend au contraire et qu'aux innombrables tituliconcus pour le monument, ou privé ou public,

    s’ajoutent dès le xvi siècle les épigraphes destinées à orner les architectures éphémères, puis, dès les premières années du xvi siècle, des inscriptions destinées exclusivement au livre, en sorte que l’on

    peut dire qu’à ce moment l'inscription est devenue un genre littéraire à part entière, voire même une

    province de la littérature. On a vu aussi qu’en même temps qu’elle se multiplie et tend à envahir ainsi

    tous les supports, l'inscription moderne, de plus en plus liée au politique, introduit dans la forme et le

    style des changements considérables, dont témoigne l'apparition d’un terme nouveau : | elogium. Aussi

    le moment est-il apparu propice pour une réflexion d’ensemble qui, réunissant le matériau immense engrangé dans les deux principales sommes que sont pour I inscription antique le recueil de Gruter et pour la moderne celui de Sweerts, essaierait de proposer une théorie idéale de ce genre d’écrire. Cet effort est accompli pour la première fois au milieu du xvir siècle par Ottavio Boldoni ?. La réputation de Boldoni a cruellement souffert des critiques partisanes de Stefano Antonio Morcelli * et ses successeurs, qui lui reprochent précisément d’avoir fait la part trop belle au nouveau * Reprise de l’article de F. VUILLEUMIER Laurens, « L’orateur et le monument : L'ars epigraphica d'Ottavio Boldoni », Atti del convegno internazionale « Vox lapidum », 11-13 sept. 1993, Eutopia, ΠῚ, 1-2 (1994), 217-230. 1. I. Kajanro, « Latin verse inscriptions in Medieval and

    Renaissance

    Rome

    », Latomus, 52 (1993), 42-57.

    2. 1600, Milano-Teano, 1680. Sur Boldoni, voir la Biblioteca Barnabitica illustrata, éd. G. Boffito, Firenze, tome I, 1933, s.v., 263-267 et C. Mutini D.B.L, s.v. « Boldoni ». 3. S.A. MoRcELLI, De stylo inscriptionum Latinarum libri II, Roma, 1780 et O. Berrint, De Stylo inscriptionum : Appendix aux Inscriptiones

    de Tommaso VALLAURI (1875), Thome Vallauri Inscriptiones. Accedit

    L’AGE DE L'INSCRIPTION

    EPIGR A PHICA

    style lapidaire. Mais Morcelli écrit à une période de violente réaction néo-classique contre le style du Seicento. Soucieux apparemment de préserver de cette maladie du goût la jeunesse des écoles, il n’hé-

    site pas à qualifier de « monstres » les elogia qui viennent illustrer les analyses de Boldoni dans la partie

    consacrée à l’argutia. Mais aveuglé par ce reproche, il manque le point capital et l’apport décisif du barnabite, au point d'oublier ou feindre d’oublier que celui-ci, en définissant pour la première fois les cadres d’une analyse systématique de l'inscription, est le véritable fondateur d’une nouvelle branche de la discipline. Nous disons « feindre », car la structure même de son propre De stylo donne à penser qu'il n’assassine son prédécesseur que pour mieux le piller. Né vers 1600 dans le Milanais, barnabite de Saint-Paul, helléniste, épigraphiste et littérateur assez réputé pour fonder fort jeune deux académies, celle des Infuocati puis celle des Oculati, Boldoni fut évêque de Teano (1661) et précepteur de Cosimo III de’ Medici, dédicataire de son œuvre. Il a laissé des sermons et des panégyriques : deux volumes d’Extemporalium rhetoricorum en 1652 et 1674-76 *. Le deuxième tome contient ses propres inscriptions ?. Son ouvrage de loin le plus important est le monumental in-folio intitulé Epigraphica, deuxième volet de sa Rhétorique , publié à Pérouse en 1660

    (Planche 26). Mais il convient de peser chaque mot du titre complet

    :

    EPIGRAPHICA SIVE ELOGIA INSCRIPTIONESQVE QVODVIS GENVS PANGENDI RATIO VBI DE INSCRIBENDIS Tabulis, Symbolis, Clypeis, Trophaeis, Donariis, Obeliscis, Aris, Tumulis, Musaeis, Hortis, Villis, Fontibus, Et si quae sunt alia huiusmodi Monumenta, facili

    ELOGIA INSCRIPTIONESQYE Quoduis genus pangendiratio |

    DE INSCRIBENDIS Tabulis,Symbolis,Clypeis, Trophaeis, Donarijs ,Obelifcis, Aris, Tumulis, Mufaeis, Hortis, Villis, Fontibus,

    methodo dissertatur subiectisque Exemplis A ntiquis, ac Recentibus Nonnullis etiam ex vtrisque nondum vulgatis Præcepta dilucidantur ?.

    E: fi qua fant alia buiufmodi Monuments, facili methodo differtatur

    Osvaldi Berrinii appendix de Stilo Inscriptionum, Auguste Taurinorum, 1880. Voir sur Morcelli le colloque Stefano Morcelli 1737-1821 : Atti

    4. Theatrum temporaneum æternitati Cesaris Montii S.R.E. cardinalis et archiep. Mediolan. sacrum... Mediolani, in Templo δ. Alexandri

    170. Le seul endroit où Morcelli mentionne Boldoni est en pi:

    4. Pacifici Pontii, Typis Archiepisc. 1636 ; KosMonoma, seu Mundus e gentilitiis Mediceorum globis Architecta Sapientia perfectus : ac sereniss. magnis ducibus Hetrurie Ferdinando II. et Victoriæ Ominandis feliciter ipsorum Nuptiis expositus Pisis in templo S. Frigdiani.. anno

    del Convegno Milano-Chiari, 2-3 ott. 198 7, Brescia, 1989, notammen t les articles de J. Ijsewyn, « Morcelli epigrafista tra erudizion e umanistica ed arte neoclassica », 13-40, et de I. CALABI LIMENTANI, « Dal De Stilo del Morcelli all Amplissima colle dell’ ctio Orelli », 155-

    « CVLTORIBVS ANTIQVITATIS PROOEMIVM DE RATIONE OPERIS UNIVERSA » : [...] Verum qui omnes antiquitatis latebras scrutati, tot literatos lapides descripsere, uiri eruditi, quamquam his utrumque integrum erat, ut & ueterum moribus lucem afferrent, & absolulam nobis inscriptio num pangendarum artem conficerent, sic primum illum laboris sui fructum expetiuerunt, ut hunc alterum omnino contempsisse uideantur. Quis enim, quum titulorum antiquorum libros ediderint tam multos, quis, inquam, eorum iustum aliquod uolumen reliquit, in quo de stilo inscriptionum dedita opera atque ex ueterum preescripto disseruerit ? neque uero id

    celeri prestitere, qui prisci leporis

    & Romane grauitatis expertes, ita in

    hoc argumento uersati sunt, ut nullam Latine consuetudinis rationem haberent, nullam in antiquitatis imitatione laudem esse arbitrarentur.

    Nam a Tesauro quidem noua ellogiorum exempla seu potius monstra

    prodierunt : Boldonius uero eo uolumine, quod Epigraphi ca inscripsit, ælalis sue, non ueterum precepta, complexus est, quibus equidem poene adiunxerim Masenium quoque & Morhofium, ceteros omnes, qui de arte

    aut disciplina argutiarum commentando, nouas inscriptionum formas, noua genera inuexerunt, plurimum enim ab acerrima illa Latinorum

    norma semper discessisse animaduerti, quicumque ingenio suo multum, uelerum auctoritati parum tribuerunt. 210

    VBI.

    excitatum Mense Augusto, Anno MDCXXXV,

    MDCXXXIIX,

    Perugia, A. Bartolomeo,

    SubieStifque Exemplis Antiquis, ac Recentibus

    Mediolani, Apud Her.

    1641

    ; une

    Nonnullis etiam ex vtrifque nondum vulgaris Praccepta dilucidantur .

    ‘ ocTMJMOLDOJÉÈ%É‘%?ÈLÉ%ÌSNU

    Cyropedia de

    1647 etc. Extemporalium Rhetoricorum. Prime partis Pars prior Oratoria complectens præfationum breuium ad disputationem....,

    Roma,

    F. Caballi,

    1652,

    Extemporalium

    rhetoricorum pars oratoria

    complectens præfationes, et gratias ad disputandum de quaque Scientia. Ad Laureas doctorales ad alia quedam publica munia Quibus accedunt Dedicandarum Thesium, aliorumque Operum Formule, Editio altera....

    Rome, Varesi, 1674. 5. Epigrapharum Extemporalium Post editum Rome uolumen Amicorum rogatus conscriptarum appendicula Octauio Boldonio Mediol. Episcopo Theanen. Auctore. 6. L’Epigraphica formait la seconde partie, elogiastica, de sa

    - AD

    Boldonum...

    p. 144 » (Biblioteca..., op. cit.).

    ὦ eee SERENISSIMVM

    COSMVM

    MEDICEVM

    ASP

    Rhétorique, la troisième partie, poetica, n’a jamais été publiée (voir Biblioteca..., op, cit., 266).

    7. Auguste Perusiæ, Ex Typographia Camerali, & Episcopali, Apud Bartolos, & Angelum Laurentium, 1660. « L’opera provoco una risposta del dotto Enrico H. Noris : Latinitas et orthographia utriusque Pisane Tabulæ augustea etate digna contra Octauium

    2

    |

    /

    i

    AVGVSTAE PERVSIAE + MDCLX.

    Ex Typographia Camerali ; & Epifcopali ; Apud Bartolos , & Angelum Laurentiur .

    DE LICENTIA PRAESIDVM.

    Planche 26 : Ottavio Boldoni, Epigraphica, siue

    elogia inscriptionesque quoduis genus pangendi ratio,

    Auguste Perusiz, 1660, Titre (© B.n.F).

    EEE

    ————————————————————————————————

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION On

    remarquera

    L'ORATEUR ET LE MONUMENT DANS L’ARS EPIGRAPHICA D'OTTAVIO BOLDONI

    dans l’énumération,

    l’extrême diversité des supports de l'inscription, ensuite, la

    continuité des exemples, antiques et modernes, les premiers, on l’a dit, cités d’après Gruter À, les seconds d’après Sweerts °, pour le Moyen Age, Carlo Baronio 1°, plus quelques exemples relevés par l’auteur : en sorte que ce livre est lui aussi un musée de l’histoire entière de l'inscription. Mais le souci pédagogique est premier, car c’est essentiellement une méthode, ratio ou ars inscriptiones pangendi, à la fois descriptive et normative, où les exemples du passé sont recensés pour en extraire des préceptes pour le présent et l'avenir, par là encore l’ouvrage assure le lien entre l'inscription antique et la nouvelle. Il faut souligner enfin le choix du néologisme, Epigraphica'', au sens de Epigraphica Ars, et l’'équivalence établie entre les deux mots, elogium et inscriptio '*. Dissertation liminaire !3 et préface ont précisément pour but d'éclairer ces deux points cruciaux. Dans la première, Boldoni se défend contre un critique qui eût préféré le titre de Lithographia ou Ars lapidaria *. Ces termes répond-il d’abord, conviendraient plutôt à l’art du lapicide, puis il relève qu’on a utilisé pour l'inscription d’autres matières que la pierre : marbre, airain, argent (pour les monnaies), ou, plus viles ou fragiles : fer des boucliers, plomb, terre cuite, écorce, tissu, papier ©... En outre l’inscription n’est même pas toujours faite pour durer : par exemple, le titulus « Veni, vidi, υἱοὶ », porté inter fercula au triomphe de César selon Suétone 16,1 ya mieux : c'est l'exemple moderne des inscriptions « tésauriennes », accrochées au flanc du simulacre de 8. J. GRUTER, Inscriptiones antique totius orbis Romani in corpus absolutissimum redacta, Heidelberg, 1602-03 ; Ip., Inscriptionum Romanarum corpus..., op. cit., 1616 ; et la dernière édition fournie par Marquard Gupe et Johann Georg Grer (Grævius) avec les planches de J.-J. Boissard en 4 volumes : Inscriptiones antique totius orbis Romani absolutissimum corpus redacte olim... diligenter J.G. Nunc curis secundis ejusdem Gruteri et notis Marquardi Gudii emendate et tabulis eneis a Boissardo confectis illustrate, denuo cura... 1.G. Grœuii

    recensit..., Amsterdam, 1707.

    9. Sweerts, Selecta christiani Orbis delicie..., op. cit., 25. 10. C. Barontus, Annales Ecclesiastici, Roma, 1593-1607 vol.).

    (12

    11. BOLDONI, ... op. cit., « EPIGRAPHICÆ MEA PROGRAPHICA SEV OPERIS DISSERTATIO LIMINARIS », 12 col. 2-13 col. 1 : Hæc nobis impensè commendatam habebant appellationem Artis Tabulariæ, sedissetque sententia, ni alia succurrisset melior, que nos incunctanter pedarios

    Jecit. Namque apud Plutarchum obseruatum erat, Inscriptionem Trophei Epigrapham dici, apud Aristidem uerô Epigramma, ubi quidem iusta belli

    © uictorie ascribitur causa, cuiusmodi ab eo citatur / EPIGRAMMA

    HELLENIKON : PROMACHANTES ATHENAIOI MARATHONOI EKTEINAN MEDON ENNEA MURIADAS, i.e. Epigramma Grecorum : Propugnantes Athenienses Marathoni ceciderunt Medorum nonaginta millia. Que perfecti in genere suo Elogij typum gerit. Inde ergo cum uideremus Speciei attributum

    Suisse genus, nempe Trophæo nomen latinè, Inscriptionem sonans, quod

    utique Statuis, Aris, Tumulis, Columnis, & quibuscunque aliis, precterquam Trophæo, conuenit, obtulit sese facile Operi nostro Titulus materia uniuerse adequatus, promptumque fuit ex alterutra uoce EPIGRAMMA, aut EPIGRAPHE deducere nomen Artis quasi Inscriptoriæ, EPIGRAPHICA,

    cuius tamen nominis duritiem, si qua inest, emolluimus subdita inter-

    pretatione Latina : Quamquam ex usu Latinis familiari istarum uocum nostram quoque ex his natam uti uernaculam Viris doctis acceptum int confidimus ; non secus atque illas in Grecia ortas Grammatica, Rhetorica,

    212

    Logica,

    & huiusmodi sexcentas uulgaris consuetudo Latinas effecit. Nam

    Greece quemadmodum recté auditur GRAPHIKE

    idest Ars Scriptoria; ita et EPIGRAPHIKÈ Jaciendae. Ac sicut GRAPHE Scriptura, Inscriptio : cur non & EPIGRAPHICA probari potuisse titulum Epigraphia,

    ( subintelligendo TECHNE ),

    Ars Inscriptoria, seu Inscriptionis aut tabula scripta, & EPIGRAPHE Inscribendi Ars? Haud inficior quemadmodum suo indidit Operi

    Toannes Poselius Calligraphia Oratoria linguae Greece nimirum

    Ratio cum elegantia scribendi Graecas orationes : & suo loannes

    Franciscus Quintianus Stoa Epigraphia de Syllabarum quantitate : Simili modo in alijs Orthographia, Cosmographia, Chorographia, Geographia, &.

    12. Ibid., 10 col. 2 : Elogium hoc loco Epitaphium vtique intenpreteris,

    literam vero scripturam, que scriptura idcirco voce tacita firmat Elogium, quia expressæ vocis ministerium supplet. Vox igitur per se intenditur in Elogio, Scriptura per accidens. 13. « EPIGRAPHICÆ MEÆ/ PROGRAPHICA/ SEV/ OPERIS DISSERTATIO LIMINARIS », 1-13. 14. Ibid., 1 col. 1 : LITHOGRAPHICA vt inscriberetur opus, aut meliùs LITHOXOICA, contendebat non illiteratus Censor, consonante (aiens) illi, quam vulgus nostratium obtinuisse iam videtur, LAPIDARIE appellationi.

    Cut capiti etsi multum deferremus in exteris, in hoc tamen haud licuit

    reluctantem conciliare genium. 15. Ibid, 2 col. 2 : Tacemus uiliores materias huic pariter destinatas usui, Plumbum,

    Chartam,

    Linteum, Papyrum,

    Ceram Arborum folia,

    earum libros, seu Cortices, quæ quidem... uniuersa comprehendit Polydorus Vergilius lib. IT cap. VII.

    16. Ibid, 3 col. 2 : Nec nisi in ligno probabile et fuisse titulum Cesaris triumphalem, de quo Suetonius in Cs. cap. XXXVIT Pontico ait triumpho inter pompae fercula trium uerborum pretulit titulum

    VENI. VIDI. VICI.

    17. Ibid., 9 col. 1-2 : Placet ὃ seculo labente firmamentum petere nostri placiti, producto artis Magistro consummatissimo, & plurimis

    volcan érigé sur la place de Milan, en 1630, pour Dominique, et qui s’embrasent et s’anéantissent L'écrit même n’est pas toujours nécessaire : Curtius pourchassant les Romains à travers tout VICIMVS

    la naissance de l’Infant d’Espagne Balthazar-Charlesavec leur support pour le plaisir des spectateurs 17. c'est d’abord une Vox, comme celle du sabin Metius l’espace du Forum !8 :

    PERFIDES

    IMBELLES IAM SCIVNT

    LONGE

    VIRGINES ALIVD

    HOSPITES.

    HOSTES. ALIVD

    ESSE.

    RAPERE.

    PVGNARE

    CVM

    VIRIS.

    « Ce qui est », dit Boldoni, « un elogium perfectum suis numeris ». Au fond, la matiére ou support et l’écrit lui-même ne sont que des accidents, les paroles seules sont la substance et l’essence de l'inscription. Mais si l’on veut marquer que la wox est inscrite, alors, il convient de choisir le terme le plus large. Ars tabularia, l'a d'abord tenté. Mais plutôt, sur epigraphe, qui est le mot de Plutarque, et epigramma qui est le mot d’Aristide pour l'inscription des Athéniens à Marathon, il a préféré créer Epigraphica, sur le modèle de Grammatica, Rhetorica, etc., s'appuyant aussi sur le parallèle Graphikè / Epigraphike , quitte à atténuer ce que la création, le coinage, pourrait avoir de dur grace a la traduction latine, Ars inscriptoria seu inscriptionis faciendi. Il admet d’ailleurs — ceci devrait nous intéresser —, qu'il eût pu aussi intituler son livre Epigraphia, sur le modèle d'Orthographia, Geographia’... id genus publicatis argumentis percelebri Emanuele Thesauro. Eo nos

    Auctore celebratum uidimus Mediolani ortum Principis Hispaniarum,

    editis ingenio, pari ac sumptu popularibus ludis. [...] Hac, ut uidemus,

    Inscriptio pariter cum Mole Operis nata erat incendio, non ergo instituto deforet ludorum, quorum causa fabricata : Tabulæ quoque incisa, non lapideæ, quasi durata in posteris, sed ligneæ, ut in oculis præsentium

    interitura ; neque id casu pretento, ut usuuenit edificiis marmoreis, &

    ipsis interdum Montibus flammigantibus (quemadmodum memoria nostra Veseuo) uerüm ex manifesto Auctoris destinato, qui Ætnam symbolicam exctlasse se interpretatur, ut incensa illa exhibeat Infanti Regio obsequium honoris, ac plausus simul & astantibus letitie spectaculum. Ita hunc

    Montem etiam Pyram uocat, idest lignorum struem,

    & suis interituram

    ignibus. Aduentitium est autem, quod huius miranda molis memoria cum exemplis pulcherrimarum Inscriptionum ad œternam Auctoris celebritatem apud nos supersit. Le récit et la description par Tesauro lui-même des festivités a été publié ἃ Milan en 1630 sous le titre : Racconto

    delle pubbliche allegrezze fatte dalla Nobilis. Citta di Milano. Alli 4 feb.

    MDCXXX. Per la felice Nascita del Ser. Primogenito di Spagna Baldasar Carlo Domenico. Voir aussi notre introduction à E. TESAURO, L'idée de la parfaite devise, Paris, 1992. 18. Ibid, 9 col. 2-10 col. 1: Tantum abest, ut inscribatur Tempori,

    quia quod inscribitur, ne scriptum illud quidem existere poscat, sed uoce

    dumtaxat,

    ac enunciatione contineatur.

    Vt idcirco externa sit Elogio

    Inscriptio, illudque natura uocale, simul fluxum cum uoce ipsa, que ut primüm oritur, moritur. [...] Nemo autem inficietur, carmina illa € paeanas recitatos uicem gesturos Inscriptionum, si literis, non uoci

    demandari libuisset. Sed preesens triumphis, cui seruiebatur, uoces magis

    poscebat, quam ποίας. Quis uero negauisset Metio Curtio Sabino tropheum,

    cum effusas egit Romuli copias toto quantum foro (inquit Liuius lib. 1.) spatium est, cui Trophæo illud ipsum inscriberet, quod clamitanti suggesserat impetus Martis uictoris : VICIMVS PERFIDES HOSPITES. IMBELLES

    HOSTES, IAM SCIVNT LONGE ALIVD ESSE. VIRGINES RAPERE. ALIVD PVGNARE

    CVM VIRI. Hac enim que nobilior alia, aut speciosior Epigraphe ? Ceterùm etsi fugax in sola uoce Elogium, uerùm id tamen est atque perfectum suis numeris, nihil ut illi ad absolutionem ex literis accedat.

    19. Voir supra note 11 Jbid., 11 col. 2 : Totum in eo negotium positum est, vt generalis Vox assignetur argumentis omnibus scripturæ capacibus accommodata. Quod quidem Lithoxoicae, seu Lapidariae minimé conuenire citm ipsum per se, tùm hactenus disputatis facilè constat. Adde, videri hanc potius appellationem mechanicam illius, quam Latomi exercent, Artis, cædendi scilicet, poliendique varias in formas lapides, non mente fingendi (quorum gratia lapides ipsi formantur) Elogia, Inscriptionesque. Nec altera quidem vox Lithographica tollit scrupulum, quippe cùm Lapicidæ (quorum opera inscribuntur lapides) ut & reliqui eius note fabri, indoctum plerumque sit hominum genus, & analphabetum, quibus tu preconium de lapide spondére vltré possis,

    si litteras mod elementarias nouerint, ne dum speres, suo composituros

    Marte, quod cudant. Vtinam vel ex œtate florente Latini sermonis non aliqua extarent huiusce rei vestigia : Sed ætate etiam nostra vsque οὖ crassitudinis ventum est, vt nobis testibus oculatis, prescripta quam diligentissimè protographa ἃ viris doctis dum ij quidem obseruant, tim in ipsa opera persepe turpiter peccent ; quandoque etiam temeraria censura vitient, mendisque corrumpant. Hic de causis hœæsimus profecta aliquandiu, An Artem hanc Tabulariam meliis diceremus. Quid enim est aliud, aiebamus in quo pingitur, in quo scribitur, præterquèm tabula?

    Penicillo efficta imago, siue illa è ligno sit, siue marmore, linteo, cortice,

    213

    L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

    L’ORATEUR ET LE MONUMENT DANS L’ARS EPIGRAPHICA D'OTTAVIO BOLDONI

    La préface, quant à elle, introduit un second ensemble de considérations à propos d’un autre mot, capital, le mot elogium “ἢ. Chez d’autres auteurs, à la même époque, le sens de ce mot est très précis, il désigne cette espèce d'inscription ingénieuse alors très en vogue chez les jésuites. Boldoni lui assigne le domaine entier de l'inscription. Il s’appuie pour cela sur l’équivocité de l’étymon (ellogion, eklogion, eulogion) et sur la variété des acceptions de ce mot dans l'Antiquité, où il désigne tantôt une simple déclaration d'intention, tantôt un éloge (ou inversement un blame) et tantôt un témoignage et une attestation. D’autre part, notre auteur rappelle la parenté de l'inscription avec l’épigramme : l’elogium ne serait qu’un epigramma solutum ac pedestre?\, ou encore une prosa oratio arguta et breuis— les deux adjectifs qualifient l’épigramme chez Pline le Jeune. Or il y a épigramme et épigramme : selon la division de Jules-César Scaliger, il y a l’épigramme simple, pure relation d’un fait, et l’épigramme composée, qui des prémisses déduit une conclusion ingénieuse 55. De même l’elogium peut être simplement historique et informatif, ou bien s’ajoute un commentaire, rhétorique ou poétique. Par là encore, Boldoni établit un continuum entre l'inscription antique et la moderne. Conçu comme une rhétorique de l'inscription, l’ouvrage s'organise en deux grandes parties, consacrées respectivement à la langue et au style de cet orateur silencieux qu'est l'inscription ou elogium. La première, Elogii Character, s'ouvre sur une citation du De oratore : Quasi fundamentum

    Oratoris uides locutionem emendatam & Latinam.

    D'où les défauts à éviter : rareté (raritas), bassesse (humilitas), grossièreté (sordes), obscénité (obscenitas), archaïsme (antiquitas), mots étrangers (peregrinitas), barbarismes (barbaries). Sur le barbarisme

    — qui longiorem tractationem exigit**, Boldoni se réfère à Scaliger : multa marmora barbarissima fuerunt,

    innouantibus posters in ueterum contemptum **. Suit, selon le schéma scaligérien une histoire des âges de la langue latine. Boldoni suit pas à pas, avec des exemples tirés notamment de Baronius, l’inexorable dégradation de l’art épigraphique, jusqu’aux premiers signes d’un renouveau. Puis, tout en rendant hommage au travail herculéen de Gruter sur les inscriptions antiques, il observe que celui-ci n’a pas séparé les inscriptions en bonne langue des médiocres et des mauvaises, ce qui fait qu’on ne peut s'y référer sans précaution. Pour pallier ces manques, le chapitre suivant offre un catalogue détaillé des formes et des termes barbares. Un deuxième volet de ces observations sur la langue, rendu nécessaire lapide, aere, aliauè quoduis genus materie, vt obseruat suo loco Ambr. Calepinus. Tentative épistémologique qui n’est pas sans rappeler celle que fera plus tard un Jacques Spon, suivi par Fabricius, à propos de la science antiquaire : voir ses Miscellanea erudite

    antiquitatis de 1679.

    20. Ibidem, « ELOGI NATVRA/ EX ETYMO, FINITIONE, ET MOLE LIBER

    1./ Elogii etymon, seu unde dictum », 15 col. 1-2. Ellogion : ELLOGION

    (Casaubon, com. Suétone),« quod sit titulus, atque testatio, uirtutes cuiusque aut uitia ; recté facta, uel flagitia commemorans,

    EX QUO ELLOGISMOS eloquens, eximius : seu K, quasi ab EKLOGION (quo censet Pulmannus in Suet. & Turnebus lib. VII) parua ecloga, quemadmodum parua poémata Graecis EIbVLLIA, Latinas feré

    sunt Ecloga. [... ] Seu, v, ab EVLOGIA, quae est honestus sermo, laus,

    predicatio, fausta acclamatio. Sic in antiquis Lexicis legit Turnebus

    Elogium, & Eulogium ; nos etiam in codice peruestuto Culicis Virgiliani uersu antepenult. pro Elogium, ut in recentibus, legimus / Eulogium tacita quod firmat litera uoce ». 214

    21. Jbid., « Elogium quid sit, seu eius definitio », 30 col. 1 : Nihil est ergo Elogium, si nos sciscitere, preterquam Epigramma solutum ac pedestre : Vt contra Epigramma nil nisi poéticum, & strictum Elogium. 22. Ibid., 32 col.

    1 : Quemadmodum

    ergo Epigramma

    définitur

    Plinio lib. VIL Epist. IX. (interprete Vincentio Gallo opusc. de Epigr.

    Cap. L) carmen argutum, & breue : Argutum Scaliger lib. IIT. Cap.

    CXXV. duplex statuit, unum, cum ex narratis, seu propositis deducitur, quod aut maius sit, aut minus, aut par, aut aduersum, aut contrarium :

    alterum, cium narratio, que sola simplicis Epigrammatis implet locum,

    rem exprimit cium décoro, & imitatione : Ita non inscitè definitum per nos fuerit Elogium, Prosa oratio arguta & breuis : Arguta quidem uel

    deducto ex narratione alio sensu (quod præstant Elogia composita) uel rei modo narrate (quod simplicia) decoro seruato. 23. Ibid., 56 col. 1. 24. J.-C. SCALIGER, Poetices libri septem...,.1., apud A. Vincentium,

    1561.

    par les changements considérables intervenus entre l’Antiquité et l’âge moderne, concerne les néologismes. Lesquels sont légitimes, lesquels ne le sont pas, comment traiter les noms gentilices, les noms des dignitaires de l'Eglise, etc. ? C’est l’objet d’un immense chapitre qui vient utilement compléter la chasse déjà largement entamée contre la barbaries. Tout cette partie sur la langue de l'inscription est fondamentale et occupe plus de la moitié de l'ouvrage. Elle nous retiendra moins cependant que la partie consacrée au style de l'inscription. Ici, suivant la méthode de Théophraste, de Cicéron et de Quintilien, Boldoni envisage les quatre vertus qui distinguent la parfaite inscription : perspicuitas, breuitas, uenustas, argutia. Abordant la perspicuitas, il cite Quintilien, II, 3 : Nam et prima est eloquentiæ virtus perspicuitas,

    et également Hermogène : Haec uirtus ture prima statuitur ab Hermogene.

    L'ensemble de l'exposé de cette vertu est lui-même calqué sur la division de Théon. La narration devient obscure premièrement in rebus, soit par l’omission de choses nécessaires, soit par l’introduction d’allusions a des choses mal connues ; deuxiémement in uerbis, par l'emploi de mots poétiques, forgés, métaphoriques, archaiques, étrangers, équivoques.

    Breuitas : ici encore, la référence est à Cicéron, De claris oratoribus : in historia pura et illustri, nihil esse

    breuitate dulcius. Π en va de même de l’inscription, qui relève du genre historique. Et comme rien ne s’oppose plus à la brièveté que la luxuries, on exclura les épithétes oisives, les synonymes, les répétitions, les transitions, les parenthèses, les périphrases. Une différence se fait jour ici entre l’élogiaste et l’orateur. Atticisme contre asianisme. La où Cicéron dit : Multa memini, multa uidi, multa legi, la castitas

    de l’éloge veut simplement : multa memini, uidi, legi. Là où Cicéron dit : Ubi gentium, ubi terrarum, |’ élogiaste écrit simplement : wbi. Suit une série de conseils pratiques pour resserrer l'expression : utilité des ablatifs absolus (au lieu de propositions circonstancielles), utilité des gérondifs, de la conjonction ob, et, pour les figures : ellipse, zeugma, syllepse... — naturellement nous résumons à grands traits. Les préceptes relatifs à la troisième vertu, la wenustas, viennent aussi tout droit de l’enseignement

    des rhéteurs : on y retrouve les trois composantes,

    du choix des mots ou elegantia (choisir les natiua,

    amæna, lenia, sonantia, grauia), de l’arrangement des mots (la compositio uerborum, titre du traité de Denys d’Halicarnasse), et enfin de l’emploi (modéré) des figures.

    Que l’on nous permette de réserver provisoirement la quatrième vertu, l’argutia, pour mettre en lumière la présence, dans ces chapitres qui appliquent au style de l’élogiaste des concepts qui ont servi à définir l'idéal de l’orateur, d’un complément important, motivé par la différence entre l'oral et l'écrit, entre le discours et l'inscription. En effet, comme dans la rhétorique traditionnelle les préceptes sur le style ont leur prolongement dans les préceptes touchant la diction (cinquième partie de l’art oratoire),

    ici, ils sont couronnés par des observations qui concement la lisibilité de l'inscription. C’est ainsi que le chapitre sur la perspicuitas s'enrichit d’un remarquable Additamentum de perspicuitate totius structure inscriptionis. Boldoni entend dire que la clarté et donc la lisibilité de l'inscription sera plus grande si la totalité du texte inscrit est disposée en lignes respectant la division des membres et des incises. Une telle disposition est rendue souhaitable par l'absence dans les textes en majuscules 215

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    .8

    L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

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    de signes de ponctuation correspondant à nos virgule, point, deux-point — on ne parle pas des points séparant chaque mot. Le meilleur palliatif est dans ce découpage du texte non seulement en membres, qui sont les principales parties de la période, mais en incises : organisation des plus efficaces, souligne l’auteur, tant pour l'intelligence du sens que pour l'énergie de l'expression, siue ad significationem tan-

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    tum, siue etiam ad energeiam.

    Le chapitre sur la wenustass’enrichit lui aussi d’ observations très intéressantes concernant la « mise en page » de l’inscription (Planches 27 et 28). Les premières apparaissent sous le titre Dignitas in scriptura : c'est pour recommander l'emploi généralisé de la lettre antique, c’est-à-dire majuscule, recommandation accompagnée de mises en garde touchant la forme parfaite de la lettre ou de la diphtongue. Puis, sous le titre De uersus ductu et positura, il est recommandé de rechercher la variété dans la disposition des lignes, d’étudier cette variété chez les Anciens qui offrent tantôt une alternance entre un wersus long et un uersus court, tantôt une structure renflée, deux wersus courts entourant deux longs, ou, à l'inverse, creusée au milieu, ou allant en diminuant. Sous le titre De incremento ac decremento incisorum in numeris, l'auteur transpose à l'usage de l’élogiaste les conseils concernant le rythme qui ont fait leurs preuves dans l’art de l’orateur. Beauté de la diminution :

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    S’ajoute que la première condition de la beauté est la convenance. Tout orateur se doit de tenir compte de cette exigence du prepon ou du decorum. De même l’élogiaste aura à considérer en premier lieu les dimensions de la tabula, afin de s’adapter aussi bien à un vaste espace qu'à un espace étroit. On préférera les marges spacieuses, les lettres de grande dimension, les larges espacements qui « remplissent les yeux et font naître dans l'esprit une impression de dignité et de respect envers la chose exposée » “Ὁ. Mais un bref espace oblige l’élogiaste à ramasser toutes les forces de son esprit pour enfermer beaucoup en peu, ce qui est le triomphe des vrais génies. On tiendra compte enfin pour le tracé des lettres de la distance de la table au spectateur. Car une table donnée à lire de près (cominus legenda) souffre une inscription en minuscules et par suite une inscription plus longue, mais celle qu’on doit lire de loin — que uero eminus : l'opposition est de source aristotélicienne — veut de grandes lettres et une inscription plus brève. L'on peut à présent revenir a l’argutia, quatrième vertu de l’élogiaste selon Boldoni, ce qui n’eût pas manqué de surprendre un Ancien. Il est vrai que cette vertu n’est pas mise par notre auteur au rang des trois autres : alors que ces dernières sont requises en toute inscription, l’argutia orne seulement une catégorie particulière, qualifiée par lui de poétique. Elle a néanmoins sa place dans l’économie du traité pour

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    Me 20 parures

    Mais aussi, beauté de la concinnitas et de l’isokolon :

    Vide quid sim Fui quod es Eris quod sum.

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    Honestæ uoluptati

    216

    yorfibus;

    + sancoqoidé

    Perpetue salubritati

    25. BOLDONI, Epigraphica, op. cit. : … Que utique oculos implent, simul et ingerunt menti plus quiddam dignitatis ac uenerationis erga

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    Planche 27 : Ottavio Boldoni, Epigraphica, ... , Augustæ Perusiæ, 1660, p. 628 (© B.n.F.).

    L'ORATEUR ET LE MONUMENT

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    Dans le titre, j'ai appelé les inscriptions ingénieuses Poésie des Politiques, non parce que je voudrais voir les politiques s'occuper de ces choses, mais parce que, selon l’usage de ce temps, l'essentiel de l’estimation que l’on fait des actions politiques se fait par ce moyen °°.

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    deux raisons. La première est théorique : elle tient à la parenté, établie par Boldoni, entre inscription et épigramme. Or on sait que si la breuitas est le propre de l’épigramme, |’ argutia, bien plus que la uenustas, est son âme. La deuxième raison est de circonstance : Boldoni est bien obligé de tenir compte de la pratique de son siècle, marquée par l’incroyable développement d’une inscription ingénieuse, illustrée par nous dans les chapitres précédents. Il le fait, non sans marquer de sérieuses réserves, cette partie de la théorie ayant moins besoin, dit-il, de précepteurs que de censeurs, capables d’endiguer les abus de l’esprit. Nous avons vu que d’autres auteurs à la même époque sont loin de montrer la même modération et se situent tout entiers du côté des modernes. Exemplaire ici encore Christian Weise, qui, dans son traité De Poesi hodiernorum politicorum siue de Argutis inscriptionibus libri IT, publié à Iéna en 1678, explique ainsi le choix de son titre dans sa préface :



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    Voilà pour « politique ». Quant à la poésie : Inscriptio est oratio uerbis solutis Poesin imitata, argutis sensibus laudem aut uituperium alicuius referens 57.

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    DANS L’ARS EPIGRAPHICA D'OTTAVIO BOLDONI

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    Postérieur de près de vingt ans au livre de Boldoni, mais limité à l’inscription ingénieuse, l'ouvrage de Weise ne lui cède en rien quant a l’ambition théorique. Une vaste introduction historique et bibliographique énumère les grands recueils d’inscriptions antiques et modernes, ce qui permet à l’auteur de souligner la différence entre les deux : il y a loin de la pratique ancienne a la moderne, diwersam plane referunt faciem, bien qu’on relève çà et la dans les épitaphes une formule ingénieuse et brillante (du type déjà rencontré) : Fui, non sum / Es, non eris ; ce ne sont que des traces : habemus igitur in uetustate argutiarum uestigia “5. En fait, les précédents antiques les plus convaincants et les plus nombreux se trouvent plutôt chez les historiens : Salluste, Tacite, Florus, Velleius Paterculus, également chez Pline (Panégyrique de Trajan), enfin chez les Pères “5 — on remarquera que ce sont là les mêmes références que dans l’Agudeza y arte de ingenio de Baltasar Gracian. Puis, Weise suit la progressive invasion des épitaphes par la luxuria des Modernes, invasion favorisée par la commodité de la typographie, qui permet d’enfermer les éloges des hommes illustres non seulement dans la pierre et le marbre, mais aussi sur la charta, capable de recevoir un appareil beaucoup plus complexe *. Fort judicieusement l’auteur apenene le rôle joué dans cette histoire par les Elogia de Paul Jove, les Icones et Imagines de Nicolas Reusner*

    |

    mieux encore, ce qui est très bien vu, il attire l’attention sur l'influence décisive de Juste Lipse : 26. Weise, De Poesi hodiernorum politicorum..., op. cit.

    27. L'inscription est un discours en prose imitant la poésie et par des pensées ingénieuses disant l'éloge (ou inversement le blame) de quelqu'un. 28. Ibid., 38, VIL : Equidem in Epitaphiis aliquando siue argutum sensum, siue elegantiorem sententiam, ita miscuerunt, ut aliquam partem nostris argutiis comparari queant. Geminum affert PETRVS LABBE, ubi agit

    de Elogio, STA VIATOR ET LEGE/ Fui non sum,/ Es non eris... etc. Ibid.,

    ENCOMIVM OVI

    DES

    Planche 28 : Ottavio Boldoni,

    Epigraphica, … Augustæ Perusiæ,

    1660, p. 629 (© BnF).

    48, XVII : Habemus igitur in uetustate argutiarum uestigia, at ipsas habitu nostris temporibus usitato non deprehendimus. 29.

    Ibid., 58, XXVII,

    XXIIX

    : ... Primus

    in manum

    uenit

    AUGYSTINVS, in hoc dicendi genere non raro Augustus... 30. Ibid., 82, XL

    : Sic inuecta Epitaphiis luxuria. Accessit porro

    31. Ibid., 82, XL

    : Inde circa annum

    typographic commoditas, ut uirorum clarorum elogia non saltem in crea ut marmore, quorum breuior est capacitas, sed etiam in charta legerentur, que ampliorem apparatum posset complecti. 1540.

    Virorum Illustrium

    Elogia persecutus est Paulus Jouius : Postea idem egit. [...] Neque tamen ista Elogia communem Oratoris stylum excedebant, adeoque a nostris

    argutiis longius erant remoti... XLI : Tentauit tamen Nic. Reusnerus 1587, an Iconibus Elogia possint addi, in formam Inscripionum distincta.

    219

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    Florebat eo tempore in Belgio Justus Lipsius, antiquitatis sectator, stylique argutioris celeberrimus auctor. Is quo minus

    inscriptionum hodiernarum aliqua posuerit fundamenta nullum est dubium *.

    À l'appui de cette affirmation, Weise invoque la forme inscriptionnelle des dédicaces du grand érudit, en particulier celle de son grand commentaire de Pline, dédié aux archiducs Albert Maximilien II et Isabelle Claire Eugénie *°. Reste que la dernière main donnée à la naissance et au puissant développement des formes nouvelles, Vitima obstetricis manus est due à ses contemporains et prédécesseurs immédiats dont les meilleurs s’y sont illustrés 1. À la liste des auteurs souvent cités Weise, par coquetterie, ajoute un nom et une inscription dans le plus pur style moderne : elle est de la plume de Maffeo Barberini, devenu pape sous le nom d’Urbain VIII *°. De ce livre écrit à la fin du siècle l’on retiendra donc d’abord et avant tout ce bilan extrêmement précieux. De la partie consacrée aux préceptes, où l’auteur applique à l’art de l'inscription des modèles empruntés notamment à Daniel Morhof, nous ne mentionnerons pour terminer que la première règle, exemplaire de tout le reste. Sur l’exigence de brièveté qui, de l’aveu de tous, caractérise l'inscription, l’auteur fonde lui aussi une esthétique de l’ingéniosité :

    CHAPITRE

    Prima regula est : Seruandam in omnibus decentem BREVITATEM, ut ubique lector plura inueniat cogitanda quam uidet legenda. Hinc preceptum : singulas inscriptionis lineas debere obtinere uim epigrammatis *.

    LE DÉBAT

    SUR LA LANGUE

    L’ ARC DE TRIOMPHE

    DU

    XI DE L’ INSCRIPTION

    FAUBOURG

    :

    SAINT-ANTOINE

    On sait que l’éblouissante démonstration en faveur de la plasticité de la langue latine déployée par Guillaume Budé dans le De Philologia (1531), dialogue mi-réel, mi-idéal entre le philologue et le prince, réflexion passionnante sur les rapports de la langue et du pouvoir, des intellectuels et du pouvoir, premier essai aussi de linguistique comparée, n’empéchera pas François I* d'élever, huit ans plus tard, le français comme seule langue de l’administration royale par l’Édit de Villers-Cottérêts (1539). A cette décision irréversible, qui ne faisait qu’accomplir un mouvement amorcé de longue date, il y avait pourtant encore une compensation : car ce même pouvoir qui rejetait le latin comme langue de communication destinée à tous, le réservait néanmoins à son usage personnel en en faisant la langue privilégiée de son idéologie et de sa gloire, lui réservant le vaste domaine des inscriptions sur les monuments, devises et médailles.

    i

    La primauté sinon l’exclusivité du latin ne sera point discutée en ce qui concerne la médaille ou « petit monument » !, que les érudits de la petite Académie, bientòt Académie des Inscriptions et des

    32. Ibid., 87.

    33. Ibid., 87 : Nam inter primos ipse fuit, qui Principum titulos, in

    librorum dedicatione, diuersis lineis exhibuerunt : cum alias rudis &

    confusa spectaretur istorum titulorum scriptio. Sic autem commentarium

    suum in Plinti Panegyricum dedicat, ut in uno exemplo quæsitus ab eo, ornatus cognoscatur. ..

    34. Ibid, 102, LIV : Et ex his uero initiis profluxerunt cumulatiores sermonum arguti® : nondum tamen ad popularem notitiam prodiissent, nisi ultimam obstetricis manum aliorumque monumentorum Parergis deditissimi, 220

    juxta & rerum Oratoriarum ac Poéticarum callentissimi, Inscriptionum lusus ita fecerunt suis operibus familiares, ut nunc harum argutiarum omnia

    sint plena. Nam certe quoties symbola explicanda, aut imagines illustrandæ

    uidebantur, apertius id præstare poterat inscriptio soluta Poësi incedens, quam Carmen qualicunque coactione sensum sui obtegens. 35. Ibid., 112, LX : Nec mirum, si inter antesignanos conspiciatur Maffeus Barbarini, postea sub nomine Vrbani VII. Pontifex, cujus alioquin carmina, ne nostris quidem Bibliothecis sunt incognita.

    36. Ibid., 4 10, VIII.

    1. Voir pour la période antérieure au règne de Louis : P. Claude DU MOLINET, Explication des médailles des Roys de France qui sont au

    Rois et Reines. Remarquées en leurs Medailles d'or, Argent et bronze,

    Cabinet du Roy depuis Charles VII jusqu'à Louis XIV (Méd. Paris.

    tirées des plus précieux cabinets, Paris, M.DC.XXXVI. L'Introduction à l'Histoire du règne de Louis le Grand par les médailles, publiée par

    été fournies pour le Cabinet du Roy par M' de la Chapelle ce 308 juillet 1684 (Méd. Paris. 1 ACM 14), médailles 1 à 13 ; J.-J. Luck, Sylloge

    XIII, accompagnant la dédicace d’un temple rue Saint-Antoine,

    fr. 24914)

    ; Pierre DE RAINSSANT,

    Catalogue des médailles qui m'ont

    numismatum elegantiorum que diuersi tes, respublice, diuersas ob causas, ab 1600 cudi fecerunt, Argentine, 1620 métallique contenant les actions célèbres

    impp., reges, principes, comianno 1500 ad annum usque ; Jacques DE Bir, La France tant publiques que privées des

    C.-F. MÉNESTRIER à Paris en 1693 (3° éd.), donne dans ses premières pages (2) les légendes françaises de deux médailles de Louis

    porteur d’une inscription également en langue française, consacré à Saint Louis pour obtenir par son intercession la naissance d’un dauphin. Néanmoins la médaille frappée par Mauger pour la naissance du futur Louis XIV porte au droit les mots LUPOVICUS

    LE DEBAT SUR LA LANGUE DE L’INSCRIPTION : L’ARG DE TRIOMPHE DU FAUBOURG SAINT-ANTOINE

    L’AGE DE L’INSCRIPTION

    Médailles, ont précisément mission de composer dans la langue noble sur le meilleur modele antique : c’est ce qu’illustrera avec éclat la publication en 1702 de l’ouvrage intitulé Médailles sur les Principaux événements du Règne de Louis le Grand, couronnement du projet présenté à Henri IV par Pierre Antoine de Rascas, sieur de Bagarris, gardien du Cabinet des médailles et antiquitez du roi ?, amorcé sous Colbert en 1663 et intensifié et achevé sous Louvois. Il en va de même non de toutes, mais de la plupart des inscriptions monumentales, comme celles gravées en l’honneur du roi par le prévôt des marchands et les édiles parisiens : c’est en latin que sera portée l'inscription de François Blondel (Lvpovico MAGNO) à l’attique de l’arc de la porte Saint-Denis en 1672 *, en latin celles de la porte Saint-Bernard * : LVDOVICO

    MAGNO

    ET LVDOVICI

    ABVNDANTIA

    MAGNI

    PARTA PRA.

    PROVIDENTLE

    PRÆ.

    ET ADIL.

    ET ADIL.

    P. CC. AN.

    P. CC. AN.

    D. M.DC.LXXIIII

    D. M.DC.LXXIIII.

    et de la porte Saint-Martin en 1674°: LVDOVICO SEQVANISOVE

    MAGNO

    GERMANORVM ET ADIL.

    ET FRACTIS

    HISPANORVM

    BATAVORVMQUE PRÆS.

    VESVNTIONE

    BIS CAPTIS

    P. CC. ANNO

    EXERCITIBVS R. S. H. M. DC.

    LXXIV.

    En latin, encore, seront les inscriptions célébrant les actions du roi de 1660 ἃ 1686, composées en 1689 par André Félibien et placées autour de la cour de |’H6tel de Ville 6. On voit que la situation est comparable pour les inscriptions associées aux grands tableaux d’histoire dans les demeures royales pour lesquelles le modèle italien, tel qu’il est exposé au palais Farnése a Caprarola, a pu servir de référence : le Père Pierre Dan, à qui l’on doit la description des merveilles du chateau de Fontainebleau, ne manque pas de signaler que le tableau 7 qui est au fond sur l’entrée de la porte de la galerie d’Ulysse, ou l’on voit la Reddition de la ville du Havre de Grâce par les Anglais au roi Charles IX, symétrique d’un autre tableau représentant la Prise d’Amiens par Henri IV, est expliqué par une longue inscription latine en lettres d’or gravées sur une table de marbre À. Enfin la langue ancienne est le truchement privilégié de XIII, FR. ET NAV. REX et au revers la légende Celi munus. Voir aussi récemment : T. SARMANT, Le Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale,

    1661-1848, Paris, 1994 ; Ip., La République des médailles :

    numismates et collections numismatiques à Paris du Grand siècle au

    siècle des Lumières, Paris, 2003.

    2. De la nécessité de l’Usage des Medailles dans les Monnoyes, Paris, chez Jean Berjon, 1611 : « Moniment des Moniments ;/ Et le plus Auguste et seul incorruptible Threzor,/ De la gloire et de la Memoire/ Des plus grands Princes » cité d’entrée par J. Jacquior, Médailles et jetons de Louis XIV d'après le manuscrit de Londres ADD. 31.

    908, « Académie

    1968, vol. I, vi.

    des Inscriptions et Belles-Lettres », Paris,

    3. Don Michel FÉLIBIEN, Histoire de la ville de Paris... reveue, aug-

    mentée et mise au jour par D. Guy-Alexis Lobineau, Paris, G. Desprez

    et J. Desessartz, 1725, vol. II, 1495. 4. Ibid., t. 11, 1496. 5. Ibid., t. Il, 1498. 222

    6. Ibid. t. 1,620: « Sur une frise de marbre qui règne tout autour

    de la cour on a gravé en lettres d’or des incriptions de la composition d’André Félibien, où sont marquez les principaux événements du

    règne de Louis XIV, depuis l’an 1660 jusqu’à l’an 1689 ». 7. R.PE. Pierre Dan Le Tresor de la Maison royale de Fontainebleau,

    la devise héroïque, comme on le voit aussi bien sur les quatre-vingt-cing « emblémes ou devises » de la galerie d’Ulysse décrites par Pierre Dan °, que sur les figures de l’arc de la place Dauphine élevé par le peuple de Paris pour l'entrée du roi et de la reine en 1661 et décrit par André Félibien 10, et que sur les très fameuses Tapisseries du Roy où sont représentés les quatre elements et les quatre saisons, publié en 1679 par Sébastien Mabre-Cramoisy ''. Ce n’est pas à dire que le français soit exclu de tous les programmes d’exposition, mais il s’agit alors le plus souvent de compositions en vers, développant les inscriptions latines, comme sur les Tapisseries pré-citées, ou employées seules a des réalisations plus festives (les quatrains de Benserade expliquant les sujets des trente-deux fontaines du Labyrinthe de Versailles) ou de simples titres donnés à des scènes, même héroiques, confiées à des supports plus légers comme la tapisserie (Histoire du roi en tapisserie, mise sur le métier par Le Brun entre 1665 et 1674) !? ou la gravure. C’est qu’à l’incorruptibilité du latin s'ajoutent des qualités intrinsèques qui, liées à l'élégance et à la lisibilité de la belle capitale, semblent le recommander plus qu'aucun autre support : « Je préfèrerais pourtant le latin à toutes les autres langues », écrit Pierre Le Moyne dans son Art de la devise, « il est plus majestueux et la source d’où il nous est venu est la plus noble » !3 ; et dans ses Elogia, Pierre L’Abbé renchérit : Verba Romana esse debent, ut sint mascula et robusta '*. Et nous avons trouvé dans le fragment de Pour un Malherbe de Francis Ponge cité en épigraphe un écho de ces arguments : Pour parvenir à des textes qui tiennent sous forme d'inscription, il faut — et naturellement l'amour de la langue latine est absolument concomitant à cela — il faut, dis-je, faire très attention : que les mots soient surveillés. Et presque préférés aux idées. Qu'ils soient employés dans leur sens le plus certain, celui qui ne risque pas de leur manquer un jour 15... Pourtant,

    et dans

    les mêmes

    années,

    s’amorce

    une

    puissante

    contestation

    de cette primauté

    consentie jusque-là unanimement. Un signe avant-coureur est la publication en 1667 par Louis Le Laboureur d’un mince libelle, dans lequel, après avoir revendiqué contre son ami Du Perrier la richesse lexicale de la langue dérivée — « Il y a des filles plus belles que leurs mères » —, sa capacité de langue vivante à s’acheminer vers la perfection, et déjà son étendue dans les cours d'Europe, l’auteur, abordant le chapitre des Muses et défendant la rime française contre la mesure du vers latin, revendique

    l'aptitude du français à s'exprimer avec autant de force et de brièveté, mais sans

    préjudice de la clarté et de la douceur. Thèse à ce moment encore paradoxale, et qui déclenche entre 9. Ibid., Livre II, chap. XI, 119-127.

    10. Recueil de descriptions de peintures et d'autres ouvrages faits

    le mariage de Louis (1660), on lit, pour l’une, dans la bordure du bas : « Entrevue de Louis XIV, roi de France et de Navarre, et de

    contenant la description de son antiquité, de sa fondation, de ses basti-

    pour le Roy, à Paris, chez la Veuve de Sébastien Mabre-Cramoisy,

    Philippe IV, roi d’Espagne, dans l’île des Faisans, pour la ratification

    chez Sebastien Cramoisy, imprimeur ordinaire du Roy, 1642 : Livre II, chapitre X.

    11. Dans un des derniers volumes des Comptes Rendus de l’Aca-

    Ans] et pour l’accomplissement du mariage de Sa Majesté très chrétienne avec Marie-Thérèse d'Autriche, infante d'Espagne » et « Cérémonie du mariage de Louis XIV, roi de France et de

    ments, de ses rares Peintures, Tableaux, Emblemes et Devises..., À Paris,

    8. D.O.M. Cum per occasionem ciuilium armorum et ob impuberem Principis etatem, quibus tota fere Gallia exarserat, Elizabetha Anglorum Regina, Portum oppidumque Gratiæ, quod est ad ostium Sequane positum,

    natura manuque munitissimum, insigni fraude occupassel, firmissimoque presidio teneret, Auspiciis Caroli Noni Christianissimi Regis, consilioque et prudentia singulari Catharine Matris Regine, paucis diebus oppugnari

    summa ui coeptum deditione receptum est Anno M.D.LXHI. (Dan, Le Tresor de la Maison royale..., op. cit., 117-118).

    1689, 1-22.

    démie des Inscriptions et Belles-Lettres (2005, 1, 298-300), J.-P. BABELON,

    citant Mme Jean Coural, attire l’attention sur la mention, dans Τ᾽ Inventaire des meubles du château de Versailles en 1708 (A.N., ΟἹ

    3445) de « seize tabourets de broderie d’or, fonds d’argent ayant au milieu un ornement rond de ladite Broderie qui enferme une devise de broderie de soye en tableau dont les paroles latines sont en lettres de broderie d'or sur le devant ».

    12. Sur deux tapisseries d’après Le Brun, tissées entre 1665 et

    1672, conservées au Musée national des Gobelins et commémorant

    de la paix [= paix des Pyrénées mettant fin a la Guerre de Trente

    Navarre, avec la Sérénissime Infante Marie Thérèse d'Autriche,

    fille aînée de Philippe IV, roi d'Espagne ».

    13. Pierre LE Moyne 5.]., L'art des devises... avec divers recueils de devises du même auteur, Paris, S. Cramoisy et S. Mabre Cramoisy,

    1666.

    14. L'Aggé, Elogia sacra..., op. cit., 440.

    15. F. Ponce, Pour un Malherbe, Paris, 1965, 386.

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    LE DEBAT SUR LA LANGUE DE L'INSCRIPTION : L'ARC DE TRIOMPHE DU FAUBOURG SAINT-ANTOI NE

    1667 et 1669 une courtoise mais vive polémique sans vainqueur ni vaincu avec un savant chanoine

    de la cathédrale d'Anvers '°.

    Limitée à la composition poétique, la discussion amorcée par Louis le Laboureur n’impliquait a aucun moment le choix de la langue de l'inscription. C’est au contraire, comme on va le voir, sur ce point focal que se développe, pratiquement dans la foulée, l'offensive la plus vigoureuse en faveur de la langue moderne, celle aussi qui aura le plus grand retentissement, impliquant en faveur du français deux fameuses institutions : l’Académie française, dont la vocation est justement de défendre la langue nationale qu’elle s'emploie à fixer par l’élaboration du Dictionnaire !7, mais aussi la petite Académie, dont, à l'exception d’Amable de Bourzeis '*, les principaux acteurs, comme François Charpentier !9 mais aussi Paul Tallemant ?°, quoique requis « pour toutes les choses qui regardent les Bâtiments et où peut entrer de l'esprit et de l’érudition » — on demande à Tallemant de rédiger en latin les inscriptions de la galerie —, ne laissent pas de partager et de soutenir le point de vue de l’Académie française dont ils font aussi partie.

    Occasion et chronologie du débat sur la langue de l'inscription Plusieurs documents, cités et analysés ci-après, permettent de reconstruire avec précision la chronologie de la dispute sur la langue des Inscriptions. Celle-ci a pris naissance à l’occasion du projet d’Arc 16. Louis Le LABOUREUR, Les Avantages de la langue françoise sur la langue latine, à M’ de Montmor..., Paris, F. Lambert, 1667 ; puis Ip., Avantages de la Langue Françoise sur la Langue Latine, À Paris, chez Guillaume de Luynes, 1669 : réunion par S. de Sorbière, qui dédie l’ensemble au duc de Chevreuse de trois Dissertations de

    Le Laboureur et, en réponse deux lettres latines de M. De Sluze, chanoine de l'Église de Saint-Lambert, la cathédrale de Liège, celles-ci traduites du latin par l'éditeur : « Le Lab., Montmorency, le 20juil. 1667 » ; « Sluze, Liège le 6 nov. 1668 » ; « Le Lab.,

    Montmorency, ce dernier jour de nov. 1668 » ; « Sluze, Liège, 29 nov. 1668 » ; « Le Lab., Paris, le 3 janv. 1669 ».

    17. Le rappel de cette vocation essentielle de l'Académie française, qui sera évoquée plus d’une fois par les tenants du français

    au cours de la Querelle, est au cœur du Discours prononcé le 8 juin 1671 par Bossuet, évêque de Condom, « à présent Evéque de Meaux », lorsqu'il fut reçu à la place de Monsieur du Castelet (Recueil des Harangues,

    155) : « Vous avez été choisis, Messieurs,

    pour ce beau dessein... Vous êtes, Messieurs, un Conseil réglé et perpétuel, dont le crédit, établi sur l'approbation publique, peut

    réprimer les bizarreries de l’usage et tempérer les dérèglements de cet empire trop populaire. C’est le fruit que nous espérons

    bientôt recevoir de cet Ouvrage admirable que vous méditez... Telle est donc l'institution de l’Académie, elle est née pour élever la Langue Françoise à la perfection de la Langue grecque et de la Langue latine... »

    18. Amable pe Bourzeis (1606-1670), abbé de Saint-Martinde-Cores près d’Autun, prédicateur, collaborateur du Journal des Sçavans créé en 1665, secrétaire de Richelieu, est l’un des quatre

    224

    premiers membres de la Petite Académie et le premier occupant

    du 26° fauteuil de l'Académie française où il est élu en 1654 et dont il prononce le deuxième discours, Sur le dessein de l'Académie

    et sur le différent génie des langues. On lui devrait la composition du

    Traité des droits de la Reyne très chrétienne sur divers Estats de la monarchie d'Espagne, 1667. Voir la thèse récente de Y. Noro, Un littérateur face aux événements du xvi" siècle. Amable de Bourzeis et les événements de sa biographie (Univ. Blaise Pascal, Clermont-Ferrand II, 2006). 19. Francois Charpentier (1620-1702), connu comme traducteur de Xénophon et de l’empereur Julien et auteur d’une Vie de

    Socrate, recu le 7 jany. 1651 en remplacement de Jean Baudoin a

    l’Académie française dont il est à sa mort le secrétaire perpétuel, il est entré aussi à la Petite Académie dès sa formation. 20. L'abbé Paul Tallemant (1642-1712), cousin de Gédéon

    et de François Tallemant des Réaux, entré fort jeune à l’Acadé-

    mie dès 1666 et dans la Petite Académie à la mort de l'abbé de

    Bourzeis en 1671, esten 1683 après Charpentier le membre le plus ancien de cette institution, qui s’augmente alors de La Chapelle (recruté en remplacement

    de Perrault),

    de Jean

    Racine,

    de

    Boileau-Despréaux, historiographes du roi, et de Pierre Rainssant.

    Intendant des devises et des inscriptions depuis le 29 novembre

    1681, il verra son rôle au sein de la Compagnie ne cesser de s’accroître puisque, assurant déjà le secrétariat à partir de 1694,

    il devient, après le Règlement de 1701 créant l'Académie royale des inscriptions et médailles, secrétaire perpétuel sous la direction de l’abbé Bignon. C’est lui qui, la même année, a rédigé pour la publication de l’histoire métallique la grande préface que pourtant le roi ne laissera pas imprimer.

    de Triomphe du faubourg Saint-Antoine ?!, destiné à être édifié sur la place du Trône pour célébrer les premiers succès de Louis XIV dans la guerre de Dévolution et la paix d’Aix-la-Chapelle. On sait qu’à la différence des deux arcs de la porte Saint-Denis et de la porte Saint-Martin, élevés par la ville de Paris respectivement en 1672 et 1674, l'arc du faubourg Saint-Antoine est seulement un projet qui ne sera finalement jamais réalisé. En effet, Colbert ayant mis en concurrence Le Brun, dont on ἃ gardé sept dessins, Louis Le Vau et Claude Perrault, c’est le projet de Perrault qui l'emporte en 1669 et un modèle grandeur nature en plâtre et en bois est construit en 1670 (Planche 29) : Claude Le Peletier, prévôt des marchands, pose la première pierre symbolique à la barrière du Trône en présence de Colbert. Mais ce projet étant entre 1670 et 1680 l’objet de vifs débats, la construction en est à peine commencée quand la mort de Colbert arrête les travaux ; puis, l’Académie d'architecture consultée par Louvois ayant montré son hostilité ?, le modèle ainsi que les parties du bâtiment déjà réalisées seront détruits en 1716 *. Nous sommes donc en présence d’un pur cas d’école, le débat théorique sur la langue se greffant sur le débat d'architecture qui se joue entre les projets concurrentiels des architectes et la discussion s’engageant avec d'autant plus de liberté que les hésitations du pouvoir royal laissent la réalisation matérielle du monument en suspens. Il semble, et cela mérite d’être noté, que la dispute sur la langue ait été autorisée par une question de Colbert lui-même — Charpentier : « ... Ce grand homme qui avoit esmue cette dispute entre 21. M. FELIBIEN, ..., op.cit., t. II, 1498.

    22. Voir Procès-verbaux des séances de l’Académie [d'Architecture], 1° décembre 1681-26 août 1692, Archives de l’Institut, B1,

    148, « Du 13 juillet 1685 » : « La Compagnie ayant eu l’ordre de M. de Louvois de s'appliquer à l'examen du dessein du modelle

    fait pour la construction de l'arc de triomphe commencé hors

    la porte Saint Antoine et d'observer exactement s’il peut estre continué suivant la première intention ou s’il y a quelque chose que l’on puisse y réformer en se servant de ce qui a esté déjà basti et enfin dire ses avis sur ce que l’on doit y faire pour le mieux... Sign. : Blondel, Gettard, Bullet, D’Orbay, Félibien » et Ibid, 149 suiv. ; et H. LEMONNIER, Procès-verbaux de l'Académie royale

    d'Architecture (1671-1793), Paris, 1911-1929, t. II (1912), 98-101 et

    figure p. 99, les académiciens s'étant déplacés à la porte SaintAntoine pour prendre les mesures du modèle : « Du 20 juillet 1685 : L'Académie, pour satisfaire aux ordres que Monseigneur de Louvois luy a donnez de faire des remarques sur le modelle de

    l'arc de triomphe de la porte Saint Antoine, est convenue que la

    porte triomphale, qui donne le nom d'arc à l'ouvrage, devroit en estre la maistresse et y dominer. Qu'il faudroit que l’on connust d’abord que c’est pour elle que le tout est construit, au lieu que, par la proportion de la longueur à la hauteur du modelle qui est de 2 à 1, la porte ne paroist que comme l'entrée d’un palais pour lequel on l’auroit faite, et non pas le palais pour elle... Le grand nombre des colonnes semble aussi confus. Les ornements qui sont au dessus des petites portes, quoy que le travail

    en soit exquis, sont trop couplez l’un sur l’autre... Les pentes

    des médailles qui se voyent entre les colonnes sont plus propres pour les ornements d’une feste que pour servir dans un ouvrage de cette nature qui, se faisant pour estre consacré à l’immortalité,

    ne veut rien que de grand et de fort... C’est ce qui fait dire que

    si on jugeoit à propos de changer le dessein qui est déjà fait pour

    l'arc de triomphe, on s’empescheroit bien d’orner la face de tant

    de colonnes, de tant de bas reliefs et autres ornements, qui ne font que diminuer de la grandeur et de la majesté de l’ouvrage. Surtout on supprimeroit cette masse d'amortissement qui porte la statue equestre du Roy sur l’attique du modelle parce que non seulement elle charge le dessus de la principale porte, mais parce qu'il semble que l’arc de triomphe, qui est le principal sujet, ne soit néanmoins fait que pour estre à la base de cette figure qui, cependant n’est qu’accessoire et un ornement à l'arc ». La sévérité du jugement porté par l’Académie d'architecture n’empéchera

    pas les membres de la petite Académie, réunis dix ans plus tard

    (séance du mardi 14 avril 1695), d'examiner et d'arrêter « La description de la médaille faite surle modèlede l'Arc de triomphe » — c'est le type reproduit dans la planche 29 — avec pour légende « Pour les conquestes de Flandre et de la Franche Comté/ m.pc. LXX », la seule, on le verra plus loin, de toutes celles composées par l'Académie qui soit rédigée en français ; voir Registre général des Délibérations et des Assemblées de l'Académie Royale des Inscriptions depuis le 11 nov. 1695 au 4 sept. 1695, où nous notons que le dessin donne la date de M. pc. Lx en chiffres romains, mais la description 1668 en chiffres arabes. 23. « Le monument du Trône dessiné par Claude Perrault et qui avait été construit en plâtre et comme modèle seulement, fut

    démoli en 1716. C’est comme pour rappeler cette ruine qu’au

    bout du faubourg Saint-Antoine l'architecte Ledoux éleva ses deux colonnes isolées. Ainsi des pilastres épars restent dans le désert

    pour dire où était le temple géant de Baalbek et de Tadmor »

    (Ernest FOUINET, Un voyage en omnibus de la barrière du Trône à la

    barrière de l'Etoile, Paris ou le livre des Cent et un, tome deuxième, à Paris, chez Ladvocat, 1831).

    225

    LE DÉBAT SUR LA LANGUE DE L’'INSCRIPTION : L'ARC DE TRIOMPHE DU FAUBOURG SAINT-ANTOINE



    nous... » ; et le Père Jean Lucas : Interea autem illustrissimo viro, cui Regis honor et regni salus et regiorum edificiorum absolutio unica cordi sunt, venit in mentem scitari, satin commode patrio etiam sermone monumenta inscriberentur. La première contribution dont nous ayons connaissance est délivrée au sein de l’Académie française par Charpentier, suscitant une réponse de Bourzeis qui meurt peu après (1672), intervention a laquelle Charpentier réplique par un deuxiéme discours plus argumenté. Le discours de Bourzeis, mort en 1672, n’a, semble-t-il jusqu’à présent, jamais été publié et n’est connu que par les citations en italiques ou entre crochets qu’en fait Charpentier dans sa réponse, publiée avec le premier discours seulement quelques années plus tard, en mars 1676. Cette publication à son tour relance le débat en suscitant en novembre de la même année à l’occasion de la rentrée solennelle du collège de Clermont un vibrant plaidoyer du Père Lucas, jésuite, discours en latin en faveur du latin, aussitôt combattu, le 23 décembre de la même année, au sein de l’Académie et au nom même des efforts accomplis par cette Compagnie pour promouvoir la langue nationale, par l'abbé Tallemant — qui sera pourtant l’auteur des inscriptions latines de la galerie —, ceci avant que Charpentier, revenant sur le sujet, ne mette la main à la plaidoirie de loin la plus importante, qui ne sera publiée elle-même qu’en 1683, année vraiment charnière, puisqu'elle est à la fois celle de la mort de Colbert, aussitôt remplacé par Louvois, et, comme on le verra, celle du remplacement des inscriptions latines de Tallemant par les premières inscriptions françaises composées par Charpentier pour les tableaux de la galerie des Glaces de Versailles. : 1. Claude Gros de Boze, Histoire de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres depuis son Etablissement, avec les éloges des Académiciens morts depuis son Renouvellement, en trois volumes, tome I, A Paris,

    | |

    chez Hippolyte-Louis Guérin, 1740 24 :

    Ce fut dans le cours de ces premiers travaux et à l’occasion de ver à l'entrée du Faubourg S. Antoine, que les gens de lettres se Inscriptions de nos Monuments publics devoient être Latines ou personnellement intéressé. Il publia à ce sujet un volume sous le deux autres ensuite sur son Excellence et ses avantages.

    i i f i i

    l'Arc de Triomphe que l’on songeait à élepartagérent sur la question : Scavoir, si les Françoises ; Monsieur Charpentier s’y crut titre de Défense de la langue Françoise, et i « Eloge de Charpentier », 183.

    2. François Charpentier, Deffense de la Langue Françoise pour l’Inscription de l’Arc de Triomphe, dédiée au Roy par M. Charpentier, de l’Académie Françoise. Facile erat uincere non repugnantes (Cic., Tusc. 1), À Paris, chez Claude Barbin, au Palais sur le second Perron de la S Chapelle, MDCLXXVI... (registré sur le livre de la Communauté des libraires le 4 février 1676, achevé d'imprimer pour la première fois le 20. jour de mars 1676) : L’Arc de triomphe qu’on élève aux incomparables Vertus de V.M. jette une grande jalousie entre ces deux Langues... Toutes deux ont des raisons pour appuyer cette prétention et la Latine a pour elle encore la prévention qui règne en sa faveur... J’ay voulu prouver que l’Inscription en devoit estre Francoise, contre l'opinion commune, qui veut qu’elle soit Latine. Et j’avois assez bien établi ce sentiment dans mon premier Discours en l’appuyant sur l’exemple des Romains... Monsieur l’Abbé de Bourzeis dont la mémoire est en vénération parmy les Sçavants fit une réponse à ce premier Discours. Et ses raisons se réduisaient à deux : la première à me disputer l'exemple des Romains...

    Planche 29 : [Claude Perrault], « Arc de triomphe du faubourg Saint-Antoine », H. Lemonnier, Procès-Verbaux de l’Académie d'architecture

    (1671-1793 ), t. II, Paris, 1912, p. 99.

    Le second estoit fondé sur l'excellence de la langue

    24. 1 éd. : Imprimerie Royale, 1736 ; 3° éd. : Histoire suivie de l'Académie royale..., Amsterdam, François Chamguion, 1743.

    |

    |

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    i . objections m’obligérent à traiter la Question à fond dans mon second Discours que je divise Romaine... ces en trois parties... : es

    |

    |

    LE DÉBAT SUR LA LANGUE DE L'INSCRIPTION : L’ARC DE TRIOMPHE DU FAUBOURG SAINT-ANTOINE

    i

    « Epistre Au Roy », aiiii.

    Il eust été malaisé de deviner que le Discours que j’ay fait Pour l’Inscription de l’Arc de Triomphe et qui

    |

    n’a P pour objet Jet q que l’honneur de la langue gu Francoise, eust trouvé de la contradiction au milieu de la F rance,

    et surtout de la part d’un homme qui est si passionné pour la gloire de |’Estat et qui s’est servi si utilement de son Eloquence pour soutenir les Droits de notre grand Monarque contre ceux qui ont eu l’audace de les attaquer [il s’agit du Traité des droits de la Reyne très-chrétienne sur divers etats de la monarchie d'Espagne, publié par l'abbé de Bourzeis en1672]. Aussi je ne saurais me persuader qu'il ait agi sérieusement. Puisqu’il faut découvrir la vérité entière, je n’ay peu m’empescher de persister dans une opinion qui me paraissoit approuvée de ce grand homme qui avoit esmue cette dispute entre nous. Un goust aussi épuré que le sien, un esprit aussi pénétrant, ne peut faire un choix douteux ; et bien que d’abord on ne connaisse les raisons qui le font déterminer, il suffit qu'il se détermine pour nous convaincre. J'ay esprouvé sur moy-mesme cette vérité. Quatre ou cing mots que j'eus l'honneur de lui ouir dire, me donnent un violent soupçon que l'opinion de mon illustre adversaire, vers laquelle je penchois d'abord, ne pouvoit estre la bonne... « Deuxième Discours », 27.

    3. Jean Lucas, De monumentis publicis latine inscribendis oratio, habita Parisiis VII Cal. Decembr. Anno 1676 in collegio Claromontano Soc. Jesu a Joanne Lucas ejusdem Societatis sacerdote, Parisiis apud Simonem Benard, 1677, « Au Lecteur » : Pour qu'on ne m’accuse pas de plaider une cause entendue en démontrant longuement que les inscriptions des monuments publics doivent être faites en latin, je veux que tu saches, Lecteur, à quelle occasion j’ai écrit ceci. On élevait un peu partout par la ville en l'honneur du roi, outre l'Arc de triomphe, nombre d’autres monuments. Et chacun de rivaliser d’esprit et de science dans l'élaboration de titres triomphaux. Entretemps, il vint à l'esprit de Celui qui a pour seul souci l'honneur du Roi, le salut du royaume et la perfection des édifices royaux, de se demander si les monuments ne pourraient pas porter aussi des inscriptions en langue nationale. Les membres les plus éminents de l’Académie française qui relevèrent ce propos se partagèrent de sorte que, argumentant les uns pour, les autres contre, d’une interrogation fortuite naquit entre eux un débat en règle des plus sérieux. L'un des intervenants, Francois Charpentier, fameux par sa traduction de

    Xénophon

    et d’autres travaux savants, écrivit un livre pour défendre

    le français dans l'inscription de l’arc

    de triomphe, plus je pense pour glorifier la langue nationale et voir ce qu'on pourrait dire sur le sujet, que dans l'espoir de nous persuader. Mais quoi ? l’habileté de cet homme aussi savant qu'éloquent ayant jeté sur ce sujet neuf les couleurs du vrai, s’emparérent aussitôt de la thèse novatrice les esprits plus amoureux de la nouveauté que de la vérité et se réjouirent tous ceux qui ignoraient les lettres latines, tandis que les demisavants n’osaient se prononcer, attendant que se lève un défenseur de la langue latine, et qu’adoptaient l’un ou l’autre parti ceux qui avaient assez d’esprit pour se laisser prendre au piège d'arguments spécieux et pas assez pour s’en délivrer. Les choses en étaient là quand, arrivant le moment où il me fallait prendre la parole en qualité d’orateur pour l’ouverture officielle de l’année universitaire, j'ai choisi de traiter ce sujet si actuel. À toi de dire, Lecteur, si je l’ai bien traité. J'ai entendu depuis la réponse que le très éloquent Paul Tallemant a faite à mon discours le jour de la réception de l’illustre Monsieur de Mesmes, grande lumière de l’Académie française : il ne m'a pas fait changer d’avis 35. 25. Dans notre traduction. « Lectori » : Ne widear actum agere, qui inscriptiones publicorum operum Latinas esse oportere bene longa

    passim in urbe monumenta ; et triumphales titulos excogitabant pro se quisque, qui plus ingenio et doctrina poterant quam ceteri. Interea autem

    occasione scripserim. Attollebantur Regi preter arcum triumphalem alia

    absolutio unica cordi sunt, venit in mentem scitari, satin commode patrio

    oratione demonstrem, scire te tantum uolo, Lector, hoc quicquid est qua

    228

    illustrissimo viro, cui Regis honor et regni salus et regiorum edificiorum

    4. Paul Tallemant, « Discours prononcé par M". l’Abbé P. Tallemant le Jeune, le 23 Décembre 1676, pour servir de réponse à celuy du R.P. Lucas Jésuite, qui soûtenoit que les Monuments publics doivent

    avoir des Inscriptions Latines », dans Recueil des harangues prononcées par Messieurs de l'Académie francaise dans leurs réceptions et en d'autres occasions différentes, depuis l'établissement de l'Académie jusqu’à présent, tome premier, À Amsterdam, Aux dépens de la Compagnie, MDCCI :

    Je crois, Messieurs, qu'il est peu de personnes, parmi vous, qui n’ayent entendu un Discours latin plein d’érudition, et d’Eloquence, qu’un célèbre Orateur a récité depuis peu de jours. La langue Latine y fut louée si élégamment,

    et la Francoise fut bannie

    avec des raisons si puissantes, des endroits honorables



    elle voulait se placer, que moy-même je me sentis ébranlé, et prêt à croire qu’elle ne devoit avoir aucune part aux monuments publics. Mais je ne demeuray guères dans ce sentiment, je démeslay bien-tost l'adresse et la force de l’Orateur d'avec la vérité, et j’eus même, si je l’ose dire, une espece d’indignation, de voir la langue Francoise si injustement dégradée... Je crus voir le travail de quarante années périr en un quart d’heure et cette langue, qui occupe depuis si longtemps vos veilles, entrainer avec elle tous ceux qui pretendoient avoir heureusement travaillé ἃ l’immortaliser… Pour bien entendre l’état de la question, il est bon que j’instruise cette celébre Assemblée de ce qui s’est passé, il y a quelques années, au sujet de cette Proposition. Quand notre grand Monarque prit en main les resnes de ce florissant Empire..., ce Roy également grand en toutes choses, voulut joindre à tant de desseins heureux qu'il avoit pour le bien de ses sujets, un soin particulier pour tous les beaux Arts : c’est dans cette vaé qu'il entreprit ces bâtiments superbes qui passent en magnificence tout ce qu’on nous a jamais dit de l’antiquité ; Et ce fut alors qu'un ministre infatigable, chargé des plus importantes affaires de l'Etat et de la conduite de tout ce qui regardoit les Arts, fit l'honneur à certaines personnes fameuses dans l'empire des Lettres, de les appeler auprès de luy, afin que la raison et le sçavoir étant joints à l’adresse et à l’industrie des Architectes, des Peintres et des Sculpteurs, tous ces ouvrages et ces grands Monuments fussent dignes du Prince qui les ordonnoit. L'Académie Françoise, qui avoit fourni ces excellents hommes, entre plusieurs capables de cet employ, regrettera toujours la perte des deux que la mort luy a ravis, et jouit encore tous les jours avec joie de la présence des deux autres. C’est parmy eux qu’on agita en même temps plusieurs questions importantes et entre autres : sçavoir si dans les Tableaux, Bas-reliefs et Tapisseries, representant l'Histoire du Roy, les habits devoient être à l'antique ou à la moderne ; si les trophées d'armes devoient être embellis de flèches, de javelots, de haches et de faisceaux romains ; ou de canons, de piques, de drapeaux et de mousquets ; et enfin [si] les inscriptions de tous les Monuments public devoient se faire en langue Françoise ou en Latin. Les Peintres et les Sculpteurs qui dès leur jeunesse se sont accoutumés à dessigner d’après les Anciens, songeant plus à leur soulagement qu’à leur gloire, vouloient des vêtements et des trophées à l’antique. Ils ne manquoient pas de raisons pour soutenir leur sentiment : et les changements de mode, beaucoup plus fréquents que ceux de la langue, sembloient un puissant obstacle au dessein de se servir d’habits à la moderne. Mais sans faire ici le détail de toutes ces contestations pleines d’érudition, et d’esprit, et dans lesquelles on fit dès ce temps-là de

    etiam sermone monumenta inscriberentur. Quam vocem Gallice Academie

    proceres, qui forte aderant, sic versarunt in omnes partes, ut aientibus aliis, aliis negantibus, ex fortuita interrogatione justa et gravis inter ipsos exorta altercatio sit. Unus ex eo numero Franciscus Carpentarius, sua Xenophontis

    interpretatione lucubrationibusque aliis notissimus de arcu triumphali Gallica inscribendo librum scripsit, opinor commendandi potius vernaculi

    sermonis gratia et ut experiretur quid dici in eam rem probabiliter posset, quam quo se illud persuasurum speraret. Quid queris ? argumento tam novo colorem veri illevit eruditi et eloquentis viri industria et edito quidem libro recentem opinionem arripere amantiores novitatis quam veritatis,

    gratulari sibi qui litteras Latinas minus nossent ; herere semidocti dum

    Latinitatis defensor aliquis exurgeret ; ire in alterutruam partem quibus satis est ingenii ut probabilium argumentationum laqueis irretiantur, non est satis ut se extricent ipsi. Hoc erant res loco, dum recurrit tempus,

    quo ad instaurationem Scholarum nostrarum prefari me aliquid pro officio Rhetoris oporteret. Itaque celebratissimum nunc certe argumentum sumpsi. Quid consecutus dicendo sim, tuum esto, Lector, judicium. Ex eo quidem tempore, disertissimum Paulum Tallemannum huic mee orationi respondentem eo die, quo magnum Gallice Academie lumen accessit illustrissimus Memmius, audivi : sententiam non mutavi, 229

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    LE DEBAT SUR LA LANGUE DE L'INSCRIPTION : L’ARC DE TRIOMPHE DU FAUBOURG SAINT-ANTO INE

    part et d’autre des écrits d’une mémoire éternelle, il suffit de dire qu’on rejetta de tout ce qui regarde notre Histoire les vêtements et les trophées à l’antique... Cette question étant ainsi décidée on parla des Inscriptions. Un des plus sçavants hommes de notre siècle

    Loraison latine au sujet des Inscriptions publiques, que l’on dit qu'il faut faire en latin, composée et prononcée a Paris au Collège de Clermont dès le 26. jour de l’année 1676 par le R. Père Jean Lucas de la Compagnie

    Charpentier] prit le parti du Francois. Ils épuisèrent de part et d’autre tout ce que le scavoir et l'Eloquence peuvent fournir sur ce sujet. Mais enfin pour l'incription de l'Arc-de-Triomphe, il fut résolu qu'elle seroit Françoise. Et c’est longtemps après cette décision que l’on a fait part au public d'un Livre qui contient les raisons profondes et solides qui ont donné cet avantage à notre langue. Si on y avoit bien remarqué les raisons favorables a la langue latine, on y auroit vu cette matière tellement épuisée qu'on aurait eu lieu de s’en contenter. Mais puisque ce problème a fait un nouveau bruit dans l’Empire des Lettres, j’ay été bien aise de faire cette petite narration à mes Auditeurs, afin de donner bonne opinion du parti queje soutiens, et afin de n'être point obligé de redire les raisons qu’un autre a mieux traitées queje ne le pourrois faire, j'y joindray seulement quelques pensées que j’ay eues, pour avoir l'honneur d’être mêlé dans une si fameuse dispute. pages 413-430.

    page 1.

    prit le parti du latin [M. l’Abbé de Bourzeis], un autre non moins profond, ni moins sçavant

    [Monsieur

    L'importance de ce bref discours de Tallemant tient moins à la force des arguments qu’à trois particularités des plus notables : l’une est la position résolument « moderne » assumée par son auteur, qui prononcera plus tard dans le même cadre un éloquent éloge de Charles Perrault et qui ici, en tant que membre de l’Académie Française, rappelle l'engagement de la célèbre Compagnie en faveur de la langue nationale, alors qu’en sa qualité de membre de la petite Académie, il aura en charge, on l’a dit, de composer en latin les premières inscriptions de la galerie des Glaces ; une autre est le lien qu'il est seul, dans ce contexte, à établir entre le problème de la langue de l'inscription et celui de l’habit, antique ou moderne, dans la peinture d’histoire ; enfin, Tallemant est le seul qui fasse référence à une décision effective prise en faveur d’une inscription en langue

    française,

    information

    doublement

    confirmée

    : d’abord

    par la mention

    dans

    le Catalogue

    de

    Pierre Rainssant en 1684 d’une médaille déjà frappée et déposée dans le Cabinet du Roy : « L’arc de triomphe. POUR LES CONQUÊTES DE LA FRANCHE COMTÉ. 1670 » % ; puis, sous la signature des abbés Bignon et Tallemant, dans le Registre général des Délibérations et des Assemblées de l'Académie Royale des Inscriptions depuis le

    11 novembre 1695 au 4 septembre 1695, en date du mardy 14 avril 1695, la décision

    de la petite Académie d’arrêter la description de cette médaille, lui conservant pour type le modèle de Perrault avec la même légende en français, fait exceptionnel parmi les médailles approuvées par la petite Académie.

    5. Michel de Marolles, Considérations en faveur de la langue françoise au sujet d'un livre intitulé De monumentis publicis Latine inscribendis..., imprimé à Paris chez Simon Benard, 1777, datées des 8 et 17 juillet

    1677 et publiées sous le n° 11 dans Poésies et autres pièces de Mr de Marolles, Abbé de Villeloin, à Paris, chez Frederic Leonard, 1678 27 :

    26. RAINSSANT, Catalogue des médailles..., op. cit., n° 30. 27. Dans le même recueil (58-63 : « De la brièveté et de la clarté de la langue Francoise, au sujet de quelques Inscriptions Latines

    qui sont dans Paris »), au cœur de la piéce intitulée Paris, qui est

    une immense description en quatrains des principaux monuments, 230

    institutions, personnalités et particularités de la capitale, Marolles, rouvrant la polémique contre la prétendue brièveté inimitable du latin, s'amuse à rendre vers pour vers en français les épigrammes

    latines composées

    par

    Jean de Santeul

    (Monsieur

    S. Victor) pour diverses fontaines de Paris.

    Santeüil de

    de Jésus,

    me vient enfin de tomber entre les mains...

    … Je ne dis point tout ceci en copiant les raisonnements de qui que ce soit, bien qu'il s’en trouve d’excellents dans de beaux discours, tels que ceux qui sont contenus dans quelques livres de Monsieur Le Laboureur Bailli de Montmorancy, de Monsieur Charpentier de l’Académie Françoise et de Monsieur Talmant prieur de S. Albin, de la mesme Académie, qui sont aussi louez par le R. Père Lucas, bien qu'il ne soit pas en cela de leur avis, et que pour avoir leu ces beaux ouvrages il n’ait point changé d’opinion comme il le dit luy-mesme, sans avoir parlé de celuy de M. Le Laboureur, qui est le premier de tous, et qui pouvoit n’estre pas oublié. Pour celuy de Monsieur Charpentier, comme il est rempli de beaucoup de doctrine, il est aussi le plus étendu et le plus recherché... page 15. 6. François Charpentier, De l'Excellence de la Langue Françoise, par M. Charpentier, de l'Académie françoise,

    tome premier, A Paris, chez la Veuve Bilaine, au second Pilier de la grand salle du palais, au grand César, MDCLXXXIII... :

    -.. Les admirateurs de la langue Latine ont voulu faire un dernier effort pour nous réduire à cette nécessité honteuse et c'est ce qui m’a mis de nouveau la plume à la main pour leur résister... « Epistre Au Roy », aii.

    Lorsque Monsieur le Premier Président de Paris fut reçu à l'Académie francoise, il s’y fit un grand concours de personnes d’esprit qu’une action si éclatante y avoit attirées... l’Académie, qui garde assez étroitement le secret de ses exercices ordinaires, ouvre ses portes à tout le monde en ces jours solennels où l’on a accoutumé de faire diverses lectures en Prose et en vers, ce qui est ordinairement attendu avec impatience et escouté avec plaisir. Je ne pus me dispenser d’y lire un petit Discours que plusieurs de mes amis m’avoient demandé, et qui fait partie de ce traité de l’Excellence de la langue Françoise. J'avois commencé cet ouvrage il y a desjà du temps, à l'occasion d’un Discours latin que le R.P. Lucas de la Compagnie de Jésus, Professeur en Théologie, avoit prononcé dans la chapelle du collège de Clermont sur la fin de l’année 1676. Le dessein de cet excellent Orateur estoit de prouver que les Inscriptions des Monuments publics devoient estre en Latin et de renverser ainsi tout ce que j’avois voulu établir par mon livre publié quelque temps auparavant. Chapitre premier, 1. Je me voyais attaquer dans une langue accoutumée à vaincre. Le Discours de mon Adversaire estoit animé par la chaleur de la déclamation et du geste ; et il parloit en présence des Autels où cette mesme Langue accomplit nos plus sacrez Mystères. Ces avantages néanmoins ne débauchèrent pas tous mes Sectateurs. Monsieur l’Abbé Tallemant fut de ce nombre, et retint même une partie de ses Objections, auxquelles il répondit par un Discours qu’il prononça depuis dans l’Académie.Je fus bien aise, je l'avouë, qu'il eust entrepris de soutenir mon opinion et de faire valoir avec toute la véhémence de sa prononciation quelques-uns de mes arguments qui n’avoient peut-être pas fait tant d'impression sur les Esprits dans le silence de la lecture. Mais j’aurais désiré qu’il eust traité ce sujet en Orateur, qui cherche plutost ἃ persuader ses Auditeurs qu’a les entretenir agréablement. Il m'aurait sauvé la peine de paraistre une deuxième fois dans la carrière. Peu de jours après, le Discours latin du Père Lucas ayant paru imprimé,je me vis presser par plusieurs personnes 231

    LE DEBAT SUR LA LANGUE DE L'INSCRIPTION : L’ARC DE TRIOMPHE DU FAUBOURG SAINT-ANTOINE

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION |

    qui s’estoient rendues à mes raisonnements de leur faire voir qu'ils pouvoient y persister, et les doutes qu'ils

    et où on applaudit les comédies écrites en grec ; enfin il oppose au prétendu mépris des vainqueurs

    me proposoient ne me permettoient pas de délibérer sur ce que

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    pour la langue des vaincus les témoignages constants de l’admiration des Romains pour la littérature

    termes, et que je ne méditois qu'à me délivrer de ce nouveau travail,je me vis engager

    dans un autre, qui

    grecque ; cette mise au point l’amène à mettre une nouvelle fois en évidence la véritable raison du

    page 5.

    Ces monuments glorieux n’ont été eslevez parmy les Romains, non plus que chez les autres Peuples, que pour honorer et faire aimer la Vertu... Mais cet honneur que l’on rend aux Vertueux, n’est pas, s’il faut ainsi

    ’obli pr i différ cela fut fut cause cause que jeje différay différay de j jour la en"Ἢ jou de jour Cela fortrt différents. des soins àA prendre m'obligea

    je devois a ce nouvel adversaire...

    response q que ponse

    : . ; de la langue nationale choix: par les Romains

    dire, oisif, et ne meurt pas en la personne

    IL. Développement des arguments des deux parties 1. Première offensive et première passe d'armes : l'exemple des Romains, la véritable vocation de l’arc de

    triomphe, et déjà l’éminente qualité des œuvres écrites en langue française. Charpentier fonde sa défense du français sur l'exemple même

    des Romains, que leur admiration et

    leur amour du grec n’ont pas empêché de rédiger leurs inscriptions dans leur langue nationale :

    |

    .

    j’avois à faire. Mais a

    Cependant, quand il a été question d’honorer les Empereurs et d’eslever des Monuments publics de leurs triomphes, ils n’ont point employé cette Langue Estrangère si fameuse et si chérie. Ils se sont contentez de la leur propre. Ils ont creu que la mesme Langue qui avait fourni les commandements militaires et qui avoit enseigné aux Soldats à vaincre, estoit capable d’expliquer leur victoire... Ils ont jugé que dans ces ouvrages d’esclat et de durée il estoit de leur grandeur de parler leur Langue, aussi bien que dans les Decrets du Sénat. Ils ne se sont pas mis en peine si la Langue Grecque estoit plus agréable que la Latine : sermo Græcus Latino iucundior, disoit Quintilien. Ils ont mieux aimé leur rudesse naturelle, qu’une douceur estrangère…

    « Premier discours », 7.

    Bourzeis, on l’a vu, élève contre cette thèse deux objections, oppose dans son deuxième Discours une triple réponse :

    résumées

    par Charpentier

    qui leur

    Dans la premièreje fais voir que le rapport de la langue Latine à la Grecque est le même que de la langue Françoise à la Latine ; et ensuite que si les Romains ne se sont point servi de la langue Grecque dans les Inscriptions de leurs Arcs de triomphe, ce n’a point été parce qu'ils la méprisassent, comme estant celle de leurs sujets, mais par une autre raison, que j’establis dans ma seconde partie. Cette raison est une espèce de démonstration en cette matière et prouve que les Inscriptions de tous les Monuments destinés pour honorer la Vertu, doivent être dans chaque pays en langue Vulgaire... Dans une troisième partie,je m’efforce de répondre aux objections qui regardent le grand mérite de la langue Latine, non pour contester ce mérite

    absolument, mais pour faire voir que la nôtre n’est pas moins excellente.

    Préface, 3.

    de celuy qui le reçoit. Il ἃ encore un second

    effet, aussi noble et

    peut-être plus utile, qui est d'entretenir l'Amour de la Vertu dans le cœur des hommes... Les Romains se proposaient-ils par là autre chose que l’avantage de leur propre République ὃ... Quand le Sénat fit eslever la Colonne Rostrale à C. Duilius, le faisait-il pour exhorter le Peuple de Carthage, avec qui il estoit en guerre, à estre plus brave et plus hardi dans le Combat ὃ... Le Sénat... n’avoit en vue que la jeunesse Romaine, qu'il vouloit inciter aux belles actions en leur faisant naître l’envie de mériter un semblable honneur. Et par conséquent n’étoit-ce pas une nécessité que l'inscription qui devoit accompagner ce monument fust en langue Romaine, afin que le peuple pust l'entendre et profiter de cet exemple 3... « Premier discours », 111 suiv. Car après tout les Inscriptions ne sont point des pièces inutiles en ces sortes de monuments. Au contraire, c'est ce qui les perfectionne et qui les anime. L'inscription nous fait connaître celuy en l'honneur de qui le monument est eslevé ; elle nous en découvre la cause, elle nous explique les vertus dont le marbre et le bronze ne nous disent rien. Elle donne une voix à toutes ces bouches muettes. Enfin c’est elle qui produit le plus

    grand effet, c’est ce qui frappe l'âme. C’est ce qui s’emporte dans la mémoire. Quatre lignes à la base d’une statue ou sous la frise d’un arc de triomphe valent mieux qu’un grand discours pour réveiller le courage des

    spectateurs. Il semble que ce soit la Vertu mesme qui parle. C’est le fruit qu’il y ἃ à espérer de ces sortes d’édifices. Toutes les autres beautés qui s’y rencontrent sont d’un autre genre et d’un ordre inférieur. L’élégance

    de la sculpture,

    la superbe

    magnificence

    des colonnes,

    la richesse des mtériaux,

    le bronze,

    le marbre,

    le

    porphyre, toutes ces choses servent d’objet à l’admiration. Mais ce sont des choses qu'on peut voir sans en devenir meilleurs. L'inscription seule, qui justifie le dessein de l'ouvrage, peut produire de meilleurs effets en faisant voir que c’est un hommage qu'on rend à la vertu héroïque. Elle peut la faire aimer et suivre ; et par conséquent elle doit être de la langue du pays, afin qu’il n’y ait pas un seul citoyen qui ne puisse profiter

    de cet exemple...

    « Discours II », 128-130.

    Ce grand arc de triomphe sera un orateur véritable, plus éloquent que les orateurs ordinaires, et qui parlera

    tant que le marbre sera durable, et son discours étant appuyé sur des faits certains et de la vérité desquels on

    ne doute point, il ne saurait manquer de persuader et de produire les deux effets dont j'ai parlé,je veux dire porter l’Emulation dans le cœur de son fils et le respect dans ceux de ses sujets. et c'est là le fondement de

    la prospérité des Etats, comme dit Live au livre huitième : certe id firmissimum longe imperium est, quo obeedientes

    Nous détachons de ce nouveau discours les trois idées-force °8 : contre Bourzeis, qui insiste sur le statut différent des deux langues, latine (accomplie et universelle) et française (en devenir et d’éten-

    gaudent...

    leur langue était encore et nouvelle et imparfaite et réduite aux frontières d’un jeune

    Cette thèse, présente, on l’a vu, dès le premier Discours et qu’on retrouvera dans De l'Excellence de la

    due limitée), Charpentier rappelle d’abord que lorsque les Romains ont élevé la colonne de Duillius,

    Etat, les forces

    romaines étant encore loin de sortir d'Italie pour la répandre ; il écarte ensuite l’idée qu’à la même époque la langue grecque était mal connue à Rome, où Fabius Pictor écrit en grec l’histoire nationale |

    « Discours II », 151 suiv.

    langue Françoise, est au cœur de la « démonstration » présentée par Charpentier. Mais il ajoute à présent une considération destinée à une grande fortune, puisque s’y esquissent déjà quelques-uns des thèmes qui structureront bientòt le Poème de Charles Perrault :

    28. 34 suiv.

    233

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    LE DEBAT SUR LA LANGUE DE L’INSCRIPTION : L'ARC DE TRIOMPHE DU FAUBOURG SAINT-ANTOINE

    Je voudrois donc que ces injustes Ennemis de la Langue Françoise, pussent en gouster les beautez et la douceur, comme elles s’imaginent gouster celles de la Langue Latine... Ils trouveroient dans le Thrésor de nos Muses des madrigaux et des Sonnets aussi tendres et aussi délicieux que tout ce qui les touche si fort dans Catulle. Ils y trouveroient des épigrammes aussi percantes et aussi fines que toutes celles de Martial. Ils avoueroient que nous avons des élégies aussi passionnées et aussi languissantes que celles de Tibulle. La famille des Poétes de Théatre leur fourniroit des Tragédies qui peuvent le disputer avec celles de Sophocle et d’Euripide. Et quand nous aurions le Thyeste de Varius ou la Médée d’Ovide, que quelques Critiques disent avoir veue, qui ne scay si nous les admirerions davantage que la Mariane ou les Horaces ? II verroit que nous avons des Comédies qui vont d’égal avec celles de Térence... « Discours II », 305-307.

    Que peut-on opposer encore au fameux Chasteau de Versailles ? ... Tous les autres beaux Arts se ressentent de ce progrès merveilleux. La Poésie, l'Eloquence, la Musique, tout est parvenu à un degré d’excellence ot on n’avoit point encore monté... « Discours II », 331-333.

    2. Arguments en faveur du latin : langue sanctionnée par l’usage, incorruptible et universelle. L'initiative, dans la seconde phase, déclenchée par la publication des deux Discours de Charpentier, revient aux défenseurs du Latin. S’exprimant dans la langue même qu'il défend, Lucas assure d’abord que le latin a pour lui l’usage établi ; citant deux inscriptions fameuses à la gloire d'Henri IV et de Louis XIII, il demande si la victoire de l’opinion nouvelle entraînera aussi l’effacement des inscriptions rédigées récemment par les édiles parisiens : Il faudrait donc, si l’emportait l’opinion aujourd’hui répandue dans la foule, effacer tous ces éloges que

    vous avez fait placer ?9 ?

    « Epistola », Serenissimo Delphino.

    Venant au fond, il retourne contre Charpentier l’idée que l’arc est un orateur véritable et l’inscription l'âme de ce corps, cela au moyen de deux arguments qu'il développe avec une éloquence dont nous aimerions qu’il reste une trace dans notre traduction. Le premier, appuyé sur la définition cicéronienne du monument — Nat. deor: 2 : extructio que sit ad memoriam eternitatis, ara virtutis —, est celui de l’éternité du témoignage : comme le corps du monument doit être d’une structure faite pour la durée, de même l'inscription, qui est son âme, doit être faite dans une matière incorrupti ble : Eh ! quoi ? sur la voie qui mène à Vincennes, où je vois s’activer la foule des ouvriers, où j'entends gémir les charriots qui transportent les pierres destinées à la construction d’un édifice en tous points gigantesque, où j'ai devant les yeux la terre creusée à une immense profondeur pour jeter les fondements sur lesquels reposera toute la masse de l’arc triomphal — si je demande quelle est la chose que l’on prépare avec tant d'effort et de sueur ? et que me réponde non quelque mathématicien ou architecte responsable de l’ouvrage, mais un ouvrier quelconque, un maçon, un tailleur de pierres, à condition qu'il ne soit pas complète ment stupide et pierre lui-même : il me dira, bien sûr, qu’on élève un ouvrage que nul âge n’abolira, et que c’est pour cela qu'on choisit des pierres capables de résister au temps, des ciments qui ne se peuvent dissoudre, une forme, une situation, une figure d’édifice qui n’ait pas moins de solidité que de beauté. Et il aurait raison. Car c’est la voix de la nature, c'est le sens commun des peuples, qui ont décrété pour les héros ces marques d'honneur, 29. Oratio, 6 : Delenda quippe que regi elogia posuistis, si recens Sparsa in vulgus opinio valet ?

    234

    afin que vivent éternellement dans la mémoire des hommes ceux qui pour servir leur patrie n’ont reculé devant aucun péril, aucune difficulté. Or si aux statues et aux ouvrages d'architecture nous ajoutons des lettres, nous les ajoutons, bien sûr, pour reprendre les mots de Cicéron, « en tant que témoins éternels de la divine vertu », et ce dans l'intention, si mon interprétation est correcte, qu’aussi longtemps que se dressera le monument de pierre, aussi longtemps la voix des lettres déclare et atteste à qui et pourquoi un si grand honneur a été attribué. S'il en est ainsi, si rien n’est moins certain, qu’est-il besoin d’argumenter pour entendre quelle est la langue qui convient le mieux, quelles paroles, quelle inscription ?... C'est que l'inscription est à la pierre ce que l'âme est au corps : sans elle, la pierre est un corps sans vie et un cadavre, masse brute, incapable de glorifier la vertu et absolument muette ; grace à elle, et comme si elle lui insufflait l’esprit à travers les membres, elle vit, par sa voix elle parle, par sa force et son efficace elle s’acquitte de sa fonction qui est de porter témoignage de la valeur héroique devant la postérité. Donc, pour que le monument ne soit pas élevé en vain à l’instar de quelque monstre, il faut qu'une âme s’ajoute a ce corps, non inconsistante sur un corps solide, ni faible sur un corps robuste, ni caduque sur un corps immuable, ni changeante sur un corps immuable, ni éphémére sur un corps éternel : mais sur un corps éternel, perenne et durable, une ame éternelle, incorruptible et immortelle ...

    La deuxième raison, symétrique de la première, est l’universalité du message : le monument est fait aussi en effet pour être vu de tous, érigé en un endroit choisi pour cela, porteur de caractères bien visibles, ce qui ne servirait à rien si la langue n’était pas comprise des personnes venues du monde entier. Cet endroit du discours mérite d’autant plus d’être cité que, pour la première fois au cours du débat qui nous occupe, l'argument est élargi de l’arc de triomphe de la place du Trône aux réalisations du palais de Versailles dont on décore à ce moment l’Escalier des Ambassadeurs : Ce qu'il espèreront en vain si peu de nations lisent et comprennent les lettres qui rendent témoignage de leurs actions... Ce que nous obtiendrons en revanche si ne s'y opposent, par un amour importun de la langue nationale, ceux qui ont la charge et l'honneur de mettre une inscription sur ces deux ou sur l’un de ces deux monuments... En effet, quel que soit le titre que le roi acceptera qu’on lui donne dans la reine de toutes les demeures royales, qu'il y paraisse comme celui qui, enfant, a mis un terme aux guerre civiles, ou, à peine adolescent, comme le gouverneur unique du royaume, ou à l'étranger le vainqueur d’ennemis innombrables ou, au dedans comme au dehors le défenseur de la religion, ou encore comme le meilleur législateur, la Cour le verra, et le verront les ambassadeurs venus du monde entier pour parler de paix et de guerre. Et tous les 30. Oratio, 13-17 : Quid enim ? in ea via que hinc ad Vincennas est, dum fervere video turbam artificum, dum gemere audio plaustra vectandis lapidibus molis in omnem partem immense, dum defossa

    οἱ substructionibus ipsis si literas addimus ; addimus profecto ut hic

    bus arcus triumphalis tota coagmentatio innitatur ; quid si inquam interrogo quid sit, quod tanto paratur nisu et sudore ? respondeat non Mathematicus aliquis, aut princeps Architectus redemptorve ac inventor

    tantum honoris tributum sit. Quod ita si habeat, ut certo certius habet,

    in magnam

    altitudinem terra cerno ante oculos jaci fundamenta,

    operis ; sed sumptus de medio opifex, sed cementarius,

    qui-

    sed lapicida,

    modo is ne plane hebes sit ac ipse lapis : opus videlicet exigi quod nulla abolitura sit vetustas ; eamque ob rem eligi lapides qui etatem ferant, cementa que dissolvi non possint, formam, situm, figuramque edifi-

    cui, que non minus firmitudinis habeat quam venustatis. Atque ille

    quidem egregie. Hec siquidem nature vox est, hic communis populorum, qui talia honorum insignia heroibus decreverunt posterorum memoria vitam sempiternam viverent qui Reipublice nihil moliri arduum, nihil subire formidolosum recusassent./ Jam

    sensus ut in causa signis

    etiam Tullii verbis utar, TANQUAM DIVINE VIRTUTIS TESTES SEMPITERNAS

    idque consilii nobis est si recte interpretor, ut quamdiu extabit compages lapidum, tandiu vox literarum declaret ac testetur, cui quam ob causam

    quid argumentatione opus est, ut intelligatur que monumento maxime

    lingua conveniat, qui sermo, que inscriptio ?/ Omnino inscriptio lapidi

    velut anima corpori advenit : hac sine lapis inane vite corpus ac plane cadaver, rudisque moles et inepta predicande virtuti ac muta prorsus est. Huius ope et quasi infuso per artus spiritu vivit, hujus voce loquitur, hujus vi et efficentia suo illo dicendi apud posteros de heroica fortitudine testimonti munere fungitur. Quocirca ne monumentum frustra sit, neve monstri simile quid habeat, accedat oportet anima corpori, non solido inanis, non infirma robusto, non immobili caduca, non constanti varia, non perpetuo brevis ; sed eterna eterno, perenni incorrupta, durabili

    nunquam intermoritura...

    235

    L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

    LE DEBAT SUR LA LANGUE DE L’INSCRIPTION : L'ARC DE TRIOMPHE DU FAUBOURG SAINT-ANTOINE

    mots que nous inscrirons à l’attique et sur les deux côtés de l’arc en construction..., les verront non seulement les citoyens de notre bonne ville, mais aussi les habitants des provinces et pas seulement les provinciaux, mais les voyageurs venus des royaumes voisins, voire du bout du monde. Ils les verront, les liront, et, à condition

    que l'inscription soit faite non dans la langue domestique et privée mais dans la langue commune à tous et connue des diverses nations, ils les comprendront, les confieront à leur mémoire, les réciteront à leurs parents et amis, les confieront aux livres, les graveront dans le bronze en sorte qu'elles viennent entre les mains des peuples les plus éloignés *!.…

    Enfin, à ces deux arguments, Lucas ajoute plusieurs considérations, liées à la nature de la langue latine : son appropriation au style épigraphique, l’étendue de l'empire où elle a été parlée, l'illustration que lui ont donnée les grands auteurs, l'usage qui en est fait dans les collèges, les écoles de théologie et de médecine etc. On fait tant de cas en général de la concision dans les inscriptions que l’on abrège même les syllabes et les caractères; mais la brièveté est si propre aux Latins qu’aucun écrivain de langue française ne peut rivaliser avec eux. Le latin n’a pas besoin en effet de ces mots d’appui que multiplie la langue vulgaire : il n’a pas besoin d'articles qui courent toujours devant les mots et qui les mènent comme par la main, partout où ils vont. Il n’a pas recours à ces particules du discours qui le lient et s’infiltrent partout, pour remplir les vides d’une phrase béante et en boucher les brèches. Il a un tour brusque et des cas libres de tout lien... Nous sommes vaillants au combat, comme

    nous ne l'avons

    jamais

    été, et avons vaincu mainte nation : mais

    nous n'avons pas encore soumis l’Asie, l'Afrique et l'Europe entière, ce qu'ont fait les Romains. Nous nous exprimons désormais avec élégance, comme jamais peut-être : mais nous n’avons pas encore égalé dans nos écrits et nos discours les Virgile, les Cicéron, les Tite Live, les Horace, dont nous essayons de suivre la trace. Beaucoup en dehors des Français parlent notre langue, mais ni les collèges, ni le barreau, ni les chaires des théologiens, les estrades des orateurs, les officines des juristes et des médecins ne parlent la langue de tous les jours au lieu du latin... Ce qui est notre langue maternelle, pour le reste du monde, même connue, est une langue étrangère ; le latin qui n’est la langue maternelle de personne, n’est étranger non plus à personne... il est la langue commune à tous ὁ"...

    31. Oratio, 41-45 : Quod sane frustra sperent illi, si minus multe

    gentes rerum gestarum testes literas perlegunt atque intelligunt... Quod consequemur sine dubio nisi prepostero vernaculi sermonis amore obsistant, quibus perhonorificum utriusque vel alterutrius monumenti inscribendi negotium committeretur... Quemcumque enim se in regiarum edium

    capite summo nominari Rex sinet, sive extinctorem bellorum civilium a

    puero, sive a prima adolescentia administratorem regni totius unicum, sive domitorem externorum hostium ferme innumerabilium, sive domi et

    Joris propugnatorem religionis, legum latorem optimarum, videbit Aula,

    videbunt ad Aulam missi undique de pace et bello oratores. Quodcumque nos in fronte et utroque inchoati arcus latere ejus nomini supponemus...

    videbunt non cives modo alme urbis, sed provinciarum etiam homines,

    nec provinciales tantum, sed ex finitimis circumquaque regnis advenæ ultimarumque incole terrarum. Videbunt autem et legent et, si quidem lingua scriptum sit non domestica et privata sed communi et nota variis

    diversisque gentibus, intelligent mandabunt memoria, recitabunt suis, in

    codicillos referent, in æs incident, ut per manus etiam disjunctissimorum populorum pervagentur... 236

    32. Oratio, 58-62 : Tanti vulgo in elogiis brevitatem fieri, ut syllabarum quoque et apicum compendia faciamus : breviloquentiam vero ita Latinorum propriam ut ne se quidem in eo equiperare illis ulla Gallicorum scriptorum rivalitas queat. Caret enim Latinitas adjuvantibus illis verbis toties in populari locutione iteratis. Non eget articulis, qui nomina semper precurrant et deducant quasi pretentato, quocumque iter est, gressu. Non opus habet vincientibus et insinuantibus se se particulis illis minutis, que lacunas impleant hiulci sermonis et rimas obducant... Pugnamus fortiter, ut nihil supra, nationes numero infinitas vicimus : nondum tamen Asiam, Africam, Europam totam sub ditione, ut habuerunt romani, habemus... Loquimur nunc eleganter, ut nunquam melius : nondum tamen Marones,

    Tullios, Livios, Flaccos, quos imitatione sequimur, assecuti scribendo et loquendo sumus. Gallice discunt preter Gallos multi, nondum tamen

    Horti, Lycæa, porticus, nondum Theologorum exedra, Rhetorum pulpita, medicorum Jurisconsultorum officina, ut Latinum,

    ita vulgarem hunc

    nostrum sermonem sonant... Nobis qui sermo patrius, ille ceteris, etsi cognitus, tamen peregrinus est. Latinus nulli patrius, nulli peregrinus,

    sed medius, ut sic loquar...

    3. Le dernier mot : l’« Excellence » de la langue française Le Discours de Lucas donne à Charpentier l’occasion de développer sa thèse dans un immense plaidoyer en deux tomes et quarante-sept chapitres, qu’on nous pardonnera de résumer ici. A. Ses premières flèches visent l'argument de l’usage, débouté par trois arguments : 1. Il a toujours été permis de quitter l'usage reçu quand il s’en présente un meilleur. 2. Π n'est pas vrai que le latin ait été d’un usage constant dans les inscriptions de la monarchie française, puisque : « Tout Paris est plein de ces marbres », gravés par les magistrats d’une inscription en langue nationale.

    3. Pour les deux inscriptions des statues équestres de Henri IV et de Louis XIII, elles prouvent le contraire de ce qu’on a dit. Car si le premier de ces marbres porte bien une inscription latine, composée et exécutée sous le jeune Louis XIII par M. Gaulmier qui a plagié un passage de Tertullien et une inscription antique, il faut se souvenir que l'inscription projetée à l’origine et composée par le Pere Pierre Coton S,J., était française et commençait par les mots : À L'IMMORTELLE MAJESTÉ DE HENRI IV ROY DE FRANCE ET DE NAVARRE.

    Quant la statue de Louis le Juste, élevée sur la place Royale, c’est un témoin avec lequel l'adversaire « ne s’est pas bien concerté », puisque l'inscription principale en est française, même s’il y a aussi à la base une inscription latine : « Mais elle est en une place si peu honorable qu’il eust mieux valu pour elle qu’elle n’y fust pas ». B. Contre le double argument de l'éternité et de l’universalité du message confié au monument, Charpentier reprend et orchestre éloquemment et savamment la thèse qui était au cœur du premier Discours : Disons maintenant: la France est censée faire l’inscription de l'Arc de triomphe. C’est là qu’elle doit déclarer à tous les François qu'elle a eslevé ce Monument glorieux aux vertus de son Prince : elle n’adresse point sa voix ni aux Italiens ni aux Espagnols, ni aux Allemands, ni à toutes les Nations du Nord. Elle parle premiérement et directement à nos Peuples, qu’elle prétend engager à une amour plus tendre, à une obéissance plus prompte envers ce grand Monarque, en leur proposant continuellement l’image de ses vertus... page 305.

    et, citant l’une des trois inscriptions athéniennes données par Eschine dans son Contre Ctésiphon — « Le Peuple athénien offre à ses capitaines / Ce monument d’honneur pour prix de leurs travaux / Afin que nos neveux de leur gloire rivaux / Brûlent d’un zèle égal pour la grandeur d'Athènes » —, ainsi que le mot de Denys d’Halicarnasse commentant la fameuse oraison funèbre de Périclès — « L'auteur, dit-il, mesle deux différents desseins ensemble, la louange des morts et l’exhortation aux vivants » —, il conclut : Nos adversaires retranchent des Monuments publics le principal de ce dessein : ils n’envisagent que la louange, ils ne songent point à l’exhortation. page 315.

    i

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    C. Cependant, le principal effort est à présent dirigé contre les préventions de ceux qui humilient la langue française devant la latine. C’est ce qu’annonce, outre le titre, le libellé de la majorité des chapitres : Tome premier: 8. On ne peut invoquer l’infériorité de nos auteurs. 9. Si notre éloquence est inférieure. [...] 11. Qu'il est impossible d’égaler les Anciens en écrivant en latin, mais qu’asseurément on peut les égaler en se servant de la Langue Française et des autres Langues vulgaires illustres. [...] 17. Que la Langue Française est presentement Immortelle. 18. Que la Langue Francaise est presentement Fixe au mesme sens que l’est la Latine. 19. Que la Langue Francoise est dans son estat de perfection, ce qui est amplement prouvé dans les chapitres suivans. [...] 21. Que la prononciation de la langue Francoise est plus belle que l’ancienne prononciation de la Latine. 22. Que nos Poétes Francois des derniers siècles n’ont rien de si licentieux ni de si

    | |

    grossier qu’Ennius. [...] 24. De l’harmonie de la Langue Françoise, où il est traité De nos nombres Oratoires,

    De nostre Poësie, Des pieds dont nos Vers sont composés. Et de nos Rimes. 95. Si les Vers françois sont moins propres au Chant que les Vers Latins. [...] Tome second : 28. Excellence de l’estat present de la Langue Françoise : sa Correction, sa Delicatesse, et sa Pudeur, qui fait voir que le Genie du François est plus honneste, et approche de plus près l’Elégance Attique que le Genie des Romains. 29. Qu'il s’est fait depuis peu dans nostre Poésie et dans nostre Prose une reformation semblable à celle qui se fit dans la Langue Grecque lorsqu'elle arriva à son dernier degré de perfection. 30. Que la construction Directe comme est celle de la Langue françoise, est incomparablement plus estimable que la Construction renversée de la latine. Et que les Grecs et les Latins mesmes en ont jugé de la sorte. 31. Que la Prose Françoise est plus distinguée de nostre Poësie que la Prose Latine ne l’est de la sienne. 32. Qu'il n’est pas impossible de reconnoistre dans une Langue vivante qu’elle est parvenue à sa dernière perfection. 33. Que, supposant mesme que la Langue Françoise deust acquerir plus de perfection à l’avenir, ce ne seroit pas une raison pour l’exclure de l'Inscription de l’Arc de Triomphe ; Et qu’il n’est point vray, comme l’ont dit nos Adversaires, que dans nostre Langue, l'Antiquité des mots puisse faire qu’un

    LE DEBAT SUR LA LANGUE DE L'INSCRIPTION : L’ARC DE TRIOMPHE DU FAUBOURG SAINT-ANTO INE

    d’estre obscur. Il faut que ce soit une brièveté où il ne manque rien, Breuitas integra, comme dit Quintilien, et non une brièveté estropiée... La Langue Francoise est de meilleure foy... pages 1058-1064.

    Mais on prétera une attention particuliére ἃ cette derniére observation, obvie, comme on le verra plus loin, pour tous les bons esprits de la France louis-quatorzienne, et néanmoins remarquable sous la plume de celui qui, l’année même de la publication de ces lignes, s’apprête à fournir à Le Brun pour les grands cartouches de la grande Galerie les intitulés les plus bavards : … Enfin qui a dit à nos Adversaires que l’Inscription d’un Arc de triomphe demande tant de discours, que la moindre place n'y puisse suffire ? n'est-ce pas assez de marquer que ce Monument est eslevé à la gloire de tel Prince, sans qu'il soit besoin d’ajouter un narré de ses Actions ? Le sénat Romain faisant eslever l'Arc de Titus n'y mit que ces mots, Senatus Populusque Romanus / Divi Tito Divi Vespasiani FE / Vespasiano Augusto. C’est a l'histoire de raconter plus au long les Expeditions militaires, les Occasions dangereuses, les Siéges des Villes, les Batailles rangées, les exemples de Piété, de Clémence, de Justice, et les autres grands Evenements de la vie du prince qui a pu meriter cet honneur. Plus le Monarque est grand, moins il a besoin de louanges. Qui dit Hercule, qui dit Achille, qui dit Louis, dit assez. Ce sont des noms qui laissent tout a penser et qui vont plus loin que les Eloges. Ainsi quand on retrancheroit tous les Epithètes qui forment l'échantillon d’Inscription

    que nous avons donné, quand on se contenteroit de mettre À la gloire immortelle de Louis le grand, tout l'univers

    supplééroit aysément le reste...

    page 1065.

    discours sérieux tombe dans le ridicule. [...] 44. Si les Inscriptions francoises peuvent estre aussi belles que

    les latines. 45. De la briéveté de la Langue Latine et de la Francoise. 46. De la pretendué facilité de la Langue Francoise ; Et qu’il est plus malaisé de bien escrire en Francois qu’en latin.

    De cet effort soutenu en faveur de notre langue, qui précéde de quatre ans seulement le Discours de Charles Perrault, nous retiendrons pour notre propos le chapitre XLV, consacré préciséme nt au style de l’inscription. Charpentier affronte d’abord l'argument de la brièveté dont on crédite généralement la langue Latine : … Mais nos adversaires qui n’oublient rien et qui descendent mesme jusqu’a des minuties, disent encore qu'ordinairement on a peu de place pour mettre une inscription ἃ un arc de triomphe, et qu’ainsi il est a propos d’employer la langue qui est la plus resserrée, ce qui les fait conclure en faveur de la latine, à qui ils attribuent l’avantage de pouvoir dire plus de choses en moins de paroles et d’une manière inimitable aux François. Et c’est ἃ ce propos qu’ils ne manquent pas de nous objecter l’importunité de nos Articles, la mollesse de nos Expressions, et quelques autres Defauts imaginaires dont nous nous sommes desja suffisamment desfendus... Est-ce donc une raison pour se determiner, de ce que le François demander a peut-être six lignes et que le Latin n'en demandera que cinq, supposé mesme qu'il demande une ligne davantage ? L’Inscription Francoise de la Place Royale n’est pas plus longue que la latine... L'Inscrip tion de l'Arc de Triomphe de Constantin, celle d’Arcadius et d’Honorius, celle du trophée d’Auguste dans les Alpes, ont toutes plus d’estendue que I’Inscription françoise que nous venons de donner : sans parler de celle de Septime Sevère, qui est trois fois plus longue, quoique la moitié des mots soient en abrégé. C’est encore dans ces abréviations... que nos Adversaires tirent un grand secours pour la brièveté pretendué... Mais ce n’est pas estre bref que 238

    239

    CHAPITRE

    XII

    LE CHANTIER DE VERSAILLES ET LA PÉRIPÉTIE

    DES INSCRIPTIONS LATINES, PUIS FRANÇAISES

    À LA LUMIÈRE

    DES RÉCENTES DÉCOUVERTES

    !

    On ἃ souligné dans le précédent chapitre le caractère purement théorique d’un débat soulevé à propos d’un monument (l'arc du faubourg Saint-Antoine) qui ne sera jamais réalisé. Seule la médaille commémorative décidée par la petite Académie témoignera de la victoire virtuelle de l'inscription francaise *. Mais ce débat n’en est que plus exemplaire et constitue, comme les contemporains l'ont bien noté, une « répétition » de ce qui va se jouer en réel autour des inscriptions de la galerie des Glaces, véritable arc de triomphe, conçu dans la foulée et peu s’en faut avec les mêmes acteurs. Le fait nouveau et remarquable est que ce premier enjeu, qui concerne la langue, se double à présent d’un deuxième , à propos du style de l'inscription. L’exceptionnelle visibilité de la galerie confère au choix final du français une signification exemplaire que l’on peut, sous la double lumière de la dispute entamée dix ans plus tôt et du fort de la « Querelle » lancée quelques années plus tard par Perrault, interprét er simplement comme une première grande et décisive victoire des modernes. L'enjeu cependant est plus complexe : ce qui est en question, c’est l'élaboration d’un grand style épigraphique national, capable par ses qualités proprement inscriptionnelles d’être opposé victorieusement au modèle latin. 1. D'une part : N. MILOVANOVIC, « Les inscriptions dans le décor de la galerie des Glaces à Versailles : nouvelles décou-

    vertes

    », CRAI,

    2005,

    281-308

    ; F. VUILLEUMIER

    LAURENS

    et P.

    Laurens, « Les inscriptions latines de la galerie des Glaces de

    Versailles : compte-rendu de chantier », CRAI, 2006, 2085-2115 ;

    lip., « La découverte et le déchiffrement des inscriptions latines

    de la galerie des Glaces à Versailles, Monuments et Mémoires de la fondation Eugène Piot, tome 86 (2007), 57-164. D'autre part :

    Η. ΒΙΦΈΝΒΤΑΡ, « Plus d’éclaircissement touchant la grande gale-

    τίθ de Versailles : du nouveau sur les inscriptions latines », xvi’ siècle, 243

    (2009), 321-343.

    2. Voir supra, chap. ΧΙ, note 22.

    LE CHANTIER DE VERSAILLES ET LA PERIPETIE DES INSCRIPTIONS LATINES

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    Quand Colbert meurt le 6 septembre 1683, cédant ἃ Louvois la mainmise sur la surintendance des Batiments, le travail des peintres est arrivé a la travée n°13 et aucune inscription n’est encore posée. Cet épisode a été décrit a plusieurs reprises ° : c’est à ce moment qu’entrent dans la petite Académie,

    Bref rappel historique On sait par l'Histoire de l’Académie placée en tête du Registre des Délibérations de l'Académie des Inscriptions depuis 1694, que, quand Charles Le Brun entreprit de peindre la voûte de la grande Galerie, il demanda à Colbert le conseil de quelques hommes de lettres, obtenant de lui la collaboration de l’abbé Paul Tallemant, membre

    de l’Académie française et de la Petite Académie,

    rellement chargé de composer les inscriptions :

    qui sera tout natu-

    Quand Monslieur] Le Brun entreprit de peindre la Grande Galerie de Versailles, il demanda à Monsieur Colbert quelques hommes de lettres pour consulter ses dessins et lui fournir les lumières dont il auroit besoin. Mons[ieur] l'Abbé Tallemant fut choisi pour cela : il a beaucoup travaillé dans tout le cours de cet ouvrage à fournir à Mons[ieur] Le Brun tout ce qui lui a été nécessaire, les mémoires de la vie du roi avec une exactitude

    telle qu'il l’exigeait, les armoiries des villes et des princes ®...

    L'examen des Comptes des Bâtiments du roi, de la Correspondance de Louvois, du Journal de Dangeau et des compte-rendus publiés par le Mercure galant nous renseigne dès lors très précisément sur l’avance-

    ment des travaux. Les ouvrages de sculpture de stuc, de bronze et de « métail » sont réalisés en 1679 et

    en 1680 notamment par Jean-Baptiste Tuby, Antoine Coysevox, pour l’ensemble des trophées, Philippe Caffieri et Lespandel, Pierre I* Legros et Benoit Massou. A la fin de l’année 1680, on paye les peintres « qui ont travaillé à la grande gallerie » : il s’agit du début du chantier de la peinture de la voûte. Le 7 juillet, Anguier et Le Breton sont payés pour « avoir tracé les dessins des peintures de M. Le Brun dans la grande gallerie du château ». En 1681, les peintres qui travaillent « sous M. Le Brun » à la galerie des Glaces reçoivent 10 346 livres, puis 13 010 livres en 1682. En août 1681 un premier aperçu de l’œuvre de Le Brun est offert aux yeux de la cour, comme

    en témoigne le Mercure Galant *. A la fin de l’année

    1682, le Mercure Galant donne une description des « parties achevées » de la galerie. II s’agit de la partie nord de la galerie où l’on voit le « Passage du Rhin » et la « Prise de Maestricht » : « La Hollande éperdue, qui oppose en vain ses digues, ses fleuves et ses rivières à la rapidité de ce conquérant » °. 3. « Histoire de l'Académie des Inscriptions » écrite par

    Tallemant à la demande de Pontchartrain et placée en tête du

    Reg. Dél. depuis le 3° avril 1694. jusqu'au mardy 7 septembre de la mesme année. de la petite Académie : Voir JACQUIOT, Médailles...,

    op. cit., 1, XCII. 4. Mercure Galant, août 1681, p. 120-123 : « Je croyais ne vous parler de la Galerie qu'on fait à Versailles qu'après qu'elle seroit

    achevée ; mais il n’y a pas moyen de me taire d’un morceau qui pendant sept ou huit jours qu'on l’a laissé découvert, a fait l’admiration de toute la cour et d’un nombre infini de Curieux. Ce fut dans le dernier mois qu'on eut le plaisir de voir le commencement de ce magnifique Ouvrage. Mr Le Brun en ἃ fait tout le dessein, c’est à dire que les Ornements, la Sculpture et enfin toutes les choses qui contribuent ἃ l'enrichissement de la Galerie, partent du

    génie de ce premier Peintre de Sa Majesté. Les grands Tableaux sont de sa main et le tout ensemble représente l'Histoire du Roy

    par allégorie. Les fortes expressions, qui sont si naturelles a cet Homme tout merveilleux dans son Art, jointes a la grandeur du

    242

    sujet et à la crainte pleine d’admiration et de respect qu’imprime la Personne de nostre auguste Monarque représentée en plusieurs endroits, ébloüissent tellement les yeux, que pour les tenir trop attachez à ce qu’on ne peut assez regarder, on demeure dans une agréable extase dont on voudroit ne sortir jamais. Si vous aviez entendu parler ceux qui ont veu ce superbe Ouvrage, vous diriez sans doute que je hazarde beaucoup à vous en vouloir entretenir, puisqu'on ne scauroit trouver de termes qui puissent bien exprimer

    ce qu'il a de surprenant.Je crois pourtant que quelques beautez qu'il ait, vous les comprendrez quandje vous raporteray ce qui en a été dit, qui est qu'il estoit digne du Roy. Dispensez moy de rien

    ajoûter à une loüange qui comprend tout ce qu'on peut dire. On a recouvert ce beau morceau qu’on ne reverra que dans deux ans et demy, que la Galerie doit estre achevée ». 5. Voir Mercure Galant,

    décembre

    1682,

    1-72 ; 1-2 : « Les

    plus belles choses ne sont pas toûjours les plus faciles à peindre. La grandeur et l’éclat de la matiere ébloüissent quelque-

    fois ; & quand elle donne trop a exprimer, on [2] craint de

    d’abord, Pierre Rainssant qui, succédant à Pierre de Carcarvi, devient Garde du Cabinet des Médailles

    et Antiques lorsque le roi fait transférer celui-ci à Versailles en juin 1684 et le conserve jusqu’à sa mort le 7 juin 1689, lorsqu'il se noie dans le bassin des Suisses du jardin de Versailles :

    Dans le même temps, monsieur Rainssant que monsieur l'archevêque de Reims avait introduit auprès de

    monsieur de Louvois, comme

    un homme

    très savant, et surtout très habile dans la connaissance des médailles

    antiques, fut fait directeur du Cabinet des médailles et agathes du roi, et il fut aussi agrégé à la Petite Académie qui se trouva lors composée de huit personnes, savoir messieurs Charpentier, Félibien, l’abbé Tallemant, Quinault, La Chapelle, Racine, Despréaux [Boileau], Rainssant 7.

    Mais quelques jours plus tard, la cour s’apprétant à revenir de Fontainebleau à Versailles ὃ où l’on

    promet

    le dévoilement

    des deux premiers tiers de la galerie, Louvois adresse une lettre à Tallemant, lui

    demandant les inscriptions à placer sous les tableaux pour les soumettre au roi :

    Dans l'incertitude où l’on estoit, si les choses demeureraient en l’estat ou changeroient de face, chacun alla à Fontainebleau où estoit la cour pour prendre des mesures. Monsieur l’abbé Tallemant fut mandé d’abord par Monsieur de Louvois à cause que les deux tiers de la galerie alloient paroistre au retour du roy à Versailles, succomber sous l’accablement, & d'affoiblir les beautez qu’on

    cherche à mettre au jour, tant les plus vives couleurs semblent avoir peu de force pour faire un Portrait qui ait de la ressemblance. Telle est la bonté que fait paroistre le Roy depuis son retour de Fontainebleau, en permettant l’entrée de son grand

    Appartement de Versailles, le Lundy, le de chaque semaine, pour y joüer à toutes six heures du soir jus-l3lqu’a dix. [...] » sont ornez pour les Divertissemens que donne

    trois la semaine, commencent

    Mercredy, & le Jeudy sortes de Jeux, depuis ; 6-10 : « Les lieux qui ce grand Monarque

    par le bout de la Galerie

    de Versailles, qui n’est pas encore découvert, parce que la Peinture, & les Ornemens qui la doivent accompagner, ne sont pas achevez. Vingt-six Lustres de cristal, & seize Chandeliers

    d'argent portez par des Guéridons dorez, éclairent cet endroit.

    On y voit un Billard accompagné de vingt quatre [7] Formes de Velours vert à Franges d’or. On passe ensuite dans le bout de la Galerie qui est découvert, parce qu'il est achevé. Ce qui s’en voit fait assez juger quel sera ce merveilleux Ouvrage, où M' le Brun peint dans la Voûte l'Histoire du Roy. Il a représenté dans le morceau découvert, la Hollande éperduë, qui oppose en vain des Digues, ses Fleuves, ses Remparts, & ses Rivieres, ἃ la rapidité de ce Conquérant, que rien ne peut arrester. I] paroist dans un Char conduit [8] par Minerve, & accompagné de la Gloire. Mars & la Victoire le suivent, & la Terreur & la Renommée marchent devant luy. Je ne decriray icy ny la beauté

    de la Peinture,

    ny la force de la correction

    du dessein, ny la verité des expressions. La Plume ne sçauroit

    donner cet air majestueus & intrépide que ce grand Peintre a sçeu conserver dans l’action du Roy, ny représenter avec assez de force

    la frayeur de la Hollande,

    & la terreur des Peuples

    vaincus ἃς renversez [9] au premier choc. Des Termes ἃς des Trophées peints, soûtiennent la Voûte. D’autres Trophées en relief, & dorez, sont sur la Corniche,

    qui est dorée aussi-bien

    que la frise & l’Architrave. Les Chapiteaux & les Bazes sont de

    bronze doré, & tous les Pilastres sont d’un Marbre choisy, aussi bien que les reste de l’Architecture. Des Glaces font de fausses

    Fenestres vis à vis des veritables, & multiplient un million de

    fois cette Galerie, qui paroist n'avoir point de fin, quoy qu'il 1101 n'y ait qu’un bout qu’on en voye. Huit Brancards d'argent portant des Girandoles, sont entre quatre Quaisses d’Orangers d’argent, portez sur des Bazes de mesme métal, & garnissent l’entre-deux des Fenestres ; & huit Vazes d’argent accompagnent les Brancards qui sont aux costez des Portes. Quatre Torcheres dorées portent dans les angles de grands Chandeliers d’argent. Huit Girandoles d’argent sont sur des Guéridons dorez, posez

    au milieu des Fenestres de glace.

    6. lecture Paris, 7.

    [...] ».

    Précisément par N. Mitovanovic, Du Louvre à Versailles : des grands décors monarchiques, « Le Cabinet des Images », 2005. « Histoire de l’Académie. », Registre..., op. cit. JACQUIOT,

    I, XCIII.

    8. La réalisation de la galerie des Glaces et surtout, en ce qui nous concerne, la pose des inscriptions, est exactement rythmée

    par le mouvement pendulaire du roi, suivi par la Cour, qui en septembre de chaque année se rend une quinzaine de jours (pour

    la chasse) à Chambord, puis séjourne a Fontainebleau jusqu’au milieu novembre. C’est la période propice mise a profit par le

    surintendant pour les nouvelles orientations du chantier et pour la libre disposition des lieux par l’équipe de Le Brun (voir là-dessus DANGEAU, Journal..., op. cit. infra, note 13).

    243

    LE CHANTIER DE VERSAILLES ET LA PÉRIPÉTIE DES INSCRIPTIONS LATINES

    L’AGE DE L'INSCRIPTION

    r l’abbé Tallemant luy en rendit compte, et qu'il vouloit sçavoir en quel estat les choses estoient. Monsieu prétes. Monsieur de Louvois le mena au roy qui les approuva et lui

    et luy porta les inscriptions qui estoient ordonna d’aller à Versailles les faire placer °.

    du ministre : Ge récit de l’historique de l’Académie est confirmé et précisé par la correspondance Tallemant de m'apporter La Lettre que vous avez pris la peine de m’écrire m’a été rendue. J'écris à M. l'abbé Je vous les enverrai... Roy, au voir fait aurai les les inscriptions pour la galerie de Versailles et aussitôt queje un grand plaisir de fait se et prochain mois du jours Sa Majesté fait estat d’aller à Versailles dans les premiers e 1683 5)... septembr 14 le bleau, Fontaine A (« achevée rendre de voir la galerie que vous lui avez promis où il y avoit celle de Le Roy ἃ vu les devises de l'abbé Tallemant, que sa Majesté a approuvées, à la réserve faire pourrez Vous Gallie. emula d’ Nove leges sancite et d'une autre où, en parlant de l'Espagne, on la qualifie peindre toutes les autres (Le 16 septembre

    [1683]) 10,

    ion, Nous savons depuis peu, grâce aux découvertes autorisées par l’actuel chantier de restaurat peintes que, contrairement à ce qu'on a écrit, les inscriptions latines ont eu en effet le temps d’être jusqu à avant le retour de Fontainebleau sur les deux premiers tiers de la galerie où elles resteront la la même saison de l’année suivante, et même, pour certaines d’entre elles où nous avons trouvé , Tallemant que ui aujourd'h r confirme peut trace d’un repentir, en deux versions successives ; et l’on prenant bonne note des observations du roi, a bien corrigé la première formule citée en Salutaris legum emendatio et n’a pas manqué de substituer à emula Galliæ, « rivale de la France », une nouvelle version, Gallici regni dignitati inuida, « jalouse », plus conforme à l'idéologie du règne. Pourtant, ces premières inscriptions sont à peine posées et présentées au jugement de la cour que Louvois, gagné par les arguments de Charpentier, décide de leur substituer des inscriptions françaises, un revirement accompagné d’un changement d’acteur que Tallemant, dans l'Histoire de l'Académie des Inscriptions, note dans un raccourci hardi : Peu de jours après le Roy revint à Versailles, Monsieur Charpentier entra bien avant dans les grâces de Monsieur de Louvois, qui lui donna à faire les Inscriptions de la galerie en François, au lieu qu’Elles estoient en Latin. Et qui, outre cela, le chargea de la Description des Tableaux que Monsieur l’abbé Tallemant avoit faite 1".

    L’ Explication demandée à Charpentier paraît en août 1684 12, limitée aux deux tiers de la galerie qu’on pouvait voir et donnant seulement les titres ou sujets de sept grands tableaux et de douze petits, sans référence encore aux nouvelles inscriptions puisqu'on attend pour les poser le départ annuel de la Cour ; le 3 septembre, Louvois écrit à Le Brun à ce sujet ; on sait par le Journal de Dangeau que le roi quitte Versailles le 21 septembre pour Chambord et Fontainebleau 13 ; un « mémoire pour parler au roi », daté du 26 octobre 1684 par Louvois, précise que le deuxième échafaudage de la galerie ne pourra pas être défait à cause de « quelque chose qui est à ajouter aux inscriptions » ; en décembre 9. « Histoire de l’Académie. », Ibid., XCII-XCIHIT. 10. Lettre de Louvois à Le Brun du 16 septembre

    r 1683 (A

    Fontainebleau) : Archives historiques de la Guerre, vol. 696, fol. 340. Voir Ρ DE NoLHAC, Versailles, résidence de Louis XIV, Paris, 1925, 243-244, note 2. 11. TALLEMANT, « Histoire de l’Académie. », dans JACQUIOT, Médailles..., op. cit., 1, XCIHII.

    244

    12. Explication des tableaux de la galerie de Versailles, À Paris, De Imprimerie de François Muguet, Imprimeur ordinaire du Roy, 1684 [Colophon : ... août 1684]. | 13. Voir Journal du marquis de Dangeau publié pour la première fois par MM. Soulié, Dussieux, de Chennevières, Mantz, de Montaiglon, avec les additions inédites du duc de Saint-Simon, publiées par M. Feuillet de Conches, Tome

    1 1684-1685-1686,

    Paris, 1854, 51suiv.

    1684 !4, la galerie étant enfin entièrement découverte, le Mercure galant publie une description complète (les neuf grands tableaux et les dix-huit petits), attribuée à « Mr. Lorne, peintre », qui n’est autre que Le Brun, toujours sans mention d'inscriptions, bien que les inscriptions françaises de Charpentier aient été posées selon toute vraisemblance avant le 15 novembre, l'inauguration de la Galerie coincidant avec le jour du retour de la Cour. Ces nouvelles inscriptions, à l'exception toutefois de celles des deux derniers grands Tableaux et des six petits qui les accompagnent, lesquels « sont encore en manuscrit entre les mains du Roy », sont révélées par le Mercure galant de janvier 1685 15, accompagnés d’un préambule qui, en soulignant l’accueil unanime réservé au changement de langue, relie étroitement la péripétie actuelle à la bataille livrée au cours des dix années précédentes : ... Maïs puisque vous prenez tant de plaisir à tout ce qui regarde la Galerie de Versailles, je vous diray que d’abord on avoit mis à tous ces Tableaux des Inscriptions Latines ; mais quelques nouvelles réflexions ayant fait juger que les Inscriptions Françoises y conviendroient mieux, Sa Majesté commanda encore à Monsieur Charpentier de les faire et ce sont celles qui y sont aujourd’huy. Toutes les Dames ont esté ravies de ce change-

    ment, qui leur donne le moyen de lire avec admiration les grandes Actions de Sa Majesté. Et les Estrangers mesmes, que le désir d'apprendre le François attire le plus souvent à Paris et à la Cour, sont bien aises de trouver icy des Inscriptions dont le sujet est si noble, et s'engagent avec plus de plaisir à l’estude de nostre Langue.Je ne vous parle point encore de la plupart des Courtisans et des Peuples, qui n’ayant pas la Langue Latine à commandement, demeurent d’acord qu’on leur ἃ fait grand plaisir de leur faciliter l'intelligence de ces Tableaux, et de pouvoir retenir par cœur les Eloges de nostre grand Monarque. Par ce glorieux succès, suivy de l’approbation du Roy et de toute le France, Monsieur Charpentier voit heureusement couronner l’opinion qu'il a soutenue, que toutes les Inscriptions des Monuments publics, qui s’eslévent en l'honneur du Roy, et en mémoire de ses vertus héroiques, doivent estre en Langue Francoise. Ce qu'il n’a point craint d’avancer en un temps où il estoit presque le seul à s'opposer au torrent de la prévention contraire. C’est ce qui a servy de sujet à un des plus éloquents et un des plus sçavants Livres qui ayent paru de nos jours, intitulé Défense de la Langue Françoise, pour l’Inscription de l’Arc de Triomphe. Un homme d'un mérite distingué avoit répondu à cet Ouvrage, par un Ecrit latin très beau et très estimé, mais Monsieur Charpentier y ἃ fait une Réplique par deux volumes qui ont pour titre, De l’Excellence de la Langue Francoise, où cette Question a esté de nouveau traitée d’une manière à n’y plus revenir ; et comme les raisons qu'il a alléguées, pour montrer qu'il falloit mettre en Francois l'Inscription de l'Arc de Triomphe, pouvoient aisément s'appliquer à la Galerie de Versailles, c'est vraisemblablement ce qui a fait prendre le party des Inscriptions Françoises pour cette Galerie, puisqu'à proprement parler, elle n'est autre chose qu'un véritable Arc de Triomphe, avec cette différence que c'est un Arc de Triomphe plus estendu et plus diversifié que ceux qui se bâtissent de Marbre et de Bronze...

    Cependant la longueur louangeuse des inscriptions de Charpentier avait nécessité la confection de douze grands cartouches en bois, dessinés par Le Brun, exécutés par le sculpteur Philippe Caffieri, destinés à recouvrir les anciens cartouches en stuc !6. Cinq seulement ont été recouverts, mais, à peine posées, les nouvelles inscriptions furent à leur tour la cible d’apres critiques, résumées dans le Discours de Boileau Sur le style des inscriptions ’ : 14. Mercure Galant, déc. 1684.

    15. Mercure Galant, janvier 1685, 106-131. 16. Cinq cartouches ont été posés et non quatre comme le spécifie MILOVANOVIC (« Les inscriptions... », art. cit., 284), qui renvoie au « mémoire de Caffiéri » du 21 déc. 1684 : « Pour douze cartouches de bois pour mettre les écrits de l'Histoire du

    Roy mis à la grande galerie du chateau de Versailles, en l'année

    1684. Contenant neuf articles venant ensemble à la somme de 894 livres 10 sols » (cf. Arch. Nat. ΟἹ 2629, f° 35) ; voir dans le même

    article la figure 5, p. 287, représentant un dessin de cartouche de l’atelier de Le Brun. 17. Dans Œuvres, Paris, E. Billot, 2 vol., 1715.

    245

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    LE CHANTIER DE VERSAILLES ET LA PERIPETIE DES INSCRIPTIONS LATINES

    M: Charpentier de l’Académie Françoise, ayant composé des Inscriptions pleines d’emphase, qui furent mises par ordre du Roy au bas des Tableaux des Victoires de ce Prince, peints dans la grande Galerie de Versailles par Mr Le Brun ; Monsieur de Louvois, qui succéda à Monsieur Colbert dans la charge de Sur-Intendant des Bastiments, fit entendre à Sa Majesté, que ces Inscriptions déplaisoient fort à tout le monde ; et pour mieux luy montrer que c’estoit avec raison, me pria de faire sur cela un mot d’escrit qu'il peust montrer au Roy. Ce que je fis aussitost. Sa Majesté leust cet escrit avec plaisir, et l’approuva. De sorte que la saison l’appelant à Fontainebleau, il ordonna qu’en son absence on ostast toutes ces pompeuses déclamations de Monsieur Charpentier, et qu’on y mist des Inscriptions simples, qui y sont ; que nous composasmes presque sur le champ, Monsieur Racine et moy, et qui furent approuvées de tout le monde... Les inscriptions [explique Boileau] doivent être simples, courtes et familières. La pompe ni la multitude des paroles n'y valent rien et ne sont point propres au style grave, qui est le vrai style des inscriptions. Il est absurde de faire une déclamation autour d’une médaille ou au bas d’un tableau ; surtout lorsqu'il s’agit d’actions comme celles du Roy, qui, estant d’elles mêmes toutes grandes et toutes merveilleuses, n’ont pas besoin d’être exagérées... Il suffit d'annoncer simplement les choses pour les faire admirer. Le passage du Rhin dit beaucoup plus que le merveilleux passage du Rhin. L’épithéte de merveilleux en cet endroit, bien loin d’augmenter l’action, la diminue

    et sent son déclamateur,

    qui veut grossir de petites choses...

    D'ailleurs, comme

    les Tableaux de la galerie de Versailles sont des espèces d’emblémes héroïques des actions du Roy, il ne faut dans les règles que mettre au bas du tableau le fait historique, qui a donné occasion à l'emblème. Le tableau doit dire le reste et s'expliquer tout seul.

    On soulignera que le discours de Boileau, aggravé encore par un examen peu charitable de chacune des inscriptions de son confrère, exprimait exactement la conception d’une encomiastique à la française : « Le roi veut être loué partout, mais pour ainsi dire sans louange », avait déjà averti Pellisson dans un projet d'histoire du règne. « Le roi ne veut rien que de grand, mais aussi rien que de sage et de raisonnable », lira-on un peu plus tard dans une lettre de Louis Phélipeaux de Pontchartrain à propos des inscriptions de la statue de la Place des Victoires. Même discours chez Thomas Corneille, le 2 janvier 1685, jour de sa réception à l’Académie française : Ce n’est que pour relever les actions médiocres qu’on a besoin d’éloquence... Quand vous diriez simplement, Louis le Grand ἃ soumis une Province entière en huit jours dans la plus forte rigueur de l’Hiver, En vingt-quatre heures il s’est rendu maistre de quatre villes assiégées tout à la fois, etc., cela est simple, cela est uni ; mais cela remplit l'esprit de si grandes choses, qu’il embrasse incontinent tout ce qu’on n’explique pas, et je doute que ce grand Panégyrique qui a cousté tant de soins à Pline le Jeune fasse autant pour la gloire de Trajan que ce peu de mots, tout desnuez qu'ils sont de ce fard qui embellit les objets, seroit capable de faire pour celle de nostre Auguste Monarque '*.

    Aussi la critique, à peine soumise au roi, devait-elle porter à son tour, puisque moins d’un an plus tard, le 6 septembre 1685, Louvois, qui avait demandé un nouveau texte ἃ Boileau et ἃ Racine, pouvait écrire a Le Brun: C'est le sieur Rainssant qui a les nouvelles inscriptions qui doivent être mises dans la galerie. Ayez soin de les faire peindre à peu près du même caractère que celles qui y sont 9,

    En juin 1687 a lieu le démontage du dernier échafaud roulant de la galerie. Les nouvelles inscriptions françaises seront publiées par Pierre Rainssant dans L'explication des tableaux de la Galerie de Versailles et de ses deux salons, en 1687, puis à nouveau par Jean-Aimar Piganiol de la Force, Nouvelle description..., en 1701, et par Francois Félibien, Description de Versailles en 1703 (avec approbation de Tallemant). Bien que l'essentiel soit alors joué “9, on relève, comme le fait Nicolas Milovanovic en comparant les dessins de Jean-Baptiste Massé (exécutés entre 1723 et 1731) et les gravures publiées d’après ses dessins dans La Grande Galerie de Versailles... (1752), trois légères retouches et une dernière, très considérable,

    datant de la première moitié du xvii‘ siècle, qui retiendront plus loin notre attention. Ce sont les dernières modifications en ce qui concerne le texte lui-même. Car, toutes les inscriptions des cartouches, qui étaient portées à l’origine en bleu de smalt sur fond or reposant sur différentes mixtions, ayant été effacées à la bronzine sous la Révolution, elles seront restaurées en 1814-1815-1826 à l'identique,

    deux fautes typographiques mises à part, en lettres dorées sur fond vert olive, par Simon Moench, responsable de l’état ultime, tel qu’il s’offrait avant la récente restauration ?1.

    Pour résumer cette brève mais nécessaire introduction historique : on avait jusqu'ici une bonne connaissance des péripéties et des enjeux, ainsi que de la teneur des deux campagnes d'inscriptions françaises, dont la deuxième est toujours en place à quelques retouches près ; mais des latines, dont on savait qu’elles avaient été composées et soumises au roi, on n’avait jusqu'ici retrouvé nulle trace ; les meilleurs spécialistes doutaient même qu’on eût eu le temps de les peindre. C'est dire l’importance de deux découvertes récentes et complémentaires * qui, dans l'intervalle des cinq dernières années, viennent d’en dévoiler la teneur. La première et la plus spectaculaire a eu lieu à l’occasion du dernier chantier de restauration de la galerie : c’est le repérage accidentel par les équipes de doreurs de la présence in situ de mots latins sous les diverses couches d'inscriptions françaises, amenant la décision, prise par Jean-Pierre Babelon, de nous en confier le déchiffrement. La deuxième,

    tout aussi providentielle, est, deux ans seulement après notre publication, l'exploit individuel d’un chercheur norvégien qui, le premier après tant de lecteurs de Félibien pourtant mille fois sollicité, a su mettre la main sur un premier état de sa Description de Versailles non encore amputé, à la différence 20. Bien que la suite des péripéties telle qu'on vient de la

    fois qu'il désaprouvoit ces Inscriptions, & qu'elles lui déplaisoit

    l'abandon des inscriptions de Tallemant par les défauts de style qui

    Charge d’ Intendant des Devises & Inscriptions, ayant voulu en remplir les fonctions, fit des Inscriptions pour être mises en la place de celles de Charpentier ; & les ayant présentées à M. de Louvois, ce ministre trouva qu'elles ne valoient pas mieux que les autres, les

    décrire soit suffisamment documentée, il n’a pas manqué dans le passé ancien et même récent de récits qui ou bien expliquaient avaient discrédité ensuite celles de Charpentier ; Voir J. JACQUIOT, « Pourquoi l’Académie s’est-elle appelée Académie des Inscriptions et Belles Lettres », C.R.A.L, janv.-mars 1967, 135, note 4: « Bien que ces inscriptions aient eu l'approbation du roi, Furetière dit qu'elles étaient très mauvaises et que ce fut pour cette raison qu'elles furent refaites par Charpentier : Furetière, Second factum

    contre quelques-uns de l'Académie française », ou bien même inversaient purement et simplement la chronologie des interventions,

    tel J.-A. PIGANIOL DE LA FORGE, Nouvelle description des chasteaux et

    pares de Versailles et de Marly, Paris, 1764 : « Les Inscriptions que Charpentier avoient composées, étoient pleines d’emphases, &

    n’avoient rien de cette précision & de cette noble simplicité dont

    18. Discours prononcez à l'Académie francoise le 2 janvier 1685,

    Paris, impr. de P. Le Petit, 1685.

    246

    19. Lettre de Louvois a Le Brun du 6 septembre 1685 ; Archives historiques de la Guerre, vol. 749,

    18.

    les Anciens nous ont donné des exemples sur les monumens qui nous restent. M. de Louvois ayant succédé à M. Colbert dans la Charge de Surintendant des Bâtimens, témoigna plusieurs

    infiniment. L'Abbé Tällemant le jeune, qui alors étoit pourvu de la

    rejetta brusquement, & renvoya l’Auteur fort mécontent. C'est un fait que l'Abbé Tallemant m'a raconté plusieurs fois, avec une

    bonne foi & une ingénuité peu commune chez les Auteurs... » Cette étrange version des faits, due probablement à la mauvaise mémoire de Piganiol, ne figure évidemment pas dans l'édition de 1701, approuvée par Tallemant. 21. Mémoire des ouvrages de Peinture en Rehaussé d'or et de dorure

    de Rehaussé faits à la Voussure de la Galerie et des Peintures en marbre

    du Plafond et Corniche au second palier de l'Escalier de marbre, Exercice 1815. Voir Synthèse des prélèvements, mars 2005.

    22. Voir supra note 1.

    23. Jean-François FÉLIBIEN DES AVAUX, Description sommaire de Versailles ancienne et nouvelle. Avec des figures..., À Paris, chez Antoine 247

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    LE CHANTIER DE VERSAILLES ET LA PÉRIPÉTIE DES INSCRIPTIONS LATINES

    de la quasi totalité des exemplaires conservés et toujours interrogés, d’un cahier qui contenait ces inscriptions ou plus exactement une première mouture de ces inscriptions. Le lecteur souffrira que nous commencions par résumer les enseignements livrés par le chantier et objet d’un exposé exhaustif dans un des derniers volumes des Monuments Piot **, tout en nous réservant de tirer, outre la confirmation des résultats acquis, quelques lumières supplémentaires de ce dernier et précieux document. Les révélations du chantier

    Décelables sur les neuf premières sections sur treize de la galerie en partant du Nord, le dernier tiers de la galerie étant encore inachevé, ce que nous déduisons de la description incomplète de Charpentier datée du mois d'août 1684, les inscriptions latines dont nous avons déchiffré environ 80 %, travaillant en lumière rasante, à raison parfois de quatre à cinq heures pour une seule inscription, couvraient tous les types de supports : cartouches en stuc, placés sous les grandes peintures d’histoire et dont plusieurs ont été masqués ensuite par des cartouches en bois, de taille plus grande, pour recevoir les longues inscriptions de Charpentier ; boucliers des trophées qui flanquent les cartouches de part et d’autre et qui ont été recouverts très tôt par un décor de smalt et d’or ; petits cartouches peints associés aux grands et petits ovales et enfin médaillons octogonaux à la clef de la voûte, ovales et octogones célébrant les

    actions militaires mais aussi diplomatiques et civiles durant les premières années du règne. Soit quatre situations de lecture qui ont autorisé des résultats inégaux. En effet si les cartouches en stuc non remplacés ne livrent en général aucune information sur l’inscription latine primitive en raison de l’entassement des couches (parfois jusqu’à cinq), il en va par

    chance différemment pour ceux d’entre eux qui, très tôt masqués, portaient au maximum

    deux couches

    d'inscriptions : tel est le cas de CA W 02 où l'enlèvement du cartouche en bois qui porte l'inscription,

    légèrement modifiée, de Boileau-Racine, LE Roy ARME SVr / TERRE ET SVR MER, 1672, occultant le texte

    de Charpentier a dégagé le cartouche en stuc qui contient le début de ce dernier texte (les mots : [R]

    OY ARME PAR MER E[T]), mais aussi, lisibles en léger relief sous la dorure,

    PRINCIPIS, Prévoyance du prince (Planche 30).

    les mots latins PROVIDENTIA /

    La situation est tout aussi favorable pour les boucliers sous chaque grand tableau à droite et à gauche

    du cartouche central. Ces seize boucliers, on l’a dit, avaient été retouchés au moment de l’effacement

    des inscriptions latines, et l'inscription remplacée par un motif décoratif symbolique se détachant sur un fond où nous sommes les premiers à avoir reconnu le fameux pavage de Truchet. L'abbé Sébastien Truchet, si on nous permet cette digression, était un scientifique : spécialiste des

    canaux, il aurait travaillé notamment aux aqueducs de Versailles et à la grande cascade de Marly ; on

    lui doit aussi l'invention du « diable », petite machine mise au point pour le transport des arbres du Chrétien, imprimeur-juré-ibraire de l'Université, pont Saint

    Michel, 1703 : B.n.F. 8° LK? 10182 (A) et 8°Z Le Senne 12132 (voir BJORNSTAD, « Plus d’éclaircissement... », art. cit. supra, note 1.

    24. VUILLEUMIER LAURENS, LAURENS, « La découverte et le déchiffrement... », art. cit. supra note 1. 25. R.P. Sébastien TRUCHET, « Mémoires sur les Combinaisons

    [1704] », publié dans Histoire de l'Académie Royale des Sciences, Année

    248

    M.DCC.IV. Avec les Mémoires de Mathématique et de Physique pour la même année, liréz des Registres de cette Academie, seconde Edition revüë el augmentée, Paris 1722, 363-371. Les dessins adoptés à Versailles correspondent à la figure A de la première planche de dessins, 367. Voir Methode pour faire une infinité de desseins différens avec des carreaux

    mi-partis de deux couleurs par une ligne diagonale, ou Observations du Père Dominique Douat, Religieux Carme de la province de Toulouse sur un

    parc (voir tome IV des machines approuvées par l’Académie) ; inventeur du point typographique, il sera quelques années plus tard, auprès de Philippe Grandjean, Jaugeon et Des Billettes l’un des responsables de l’élaboration du « Romain du roi », l'alphabet typographique destiné à concurrencer les Elzévirs. On relèvera avec intérêt qu’à la date du 16 avril 1683, on lui alloue sur les comptes des bâtiments 400 livres pour son application aux mathématiques. Le « pavage de Truchet » , ancêtre de la cristallographie, est donc le quadrillage d’une surface en carrés bicolores divisés par la diagonale : c’est le procédé utilisé sur nos boucliers et aussi sur tous les espaces intermédiaires entre les grands tableaux. Ainsi recouverts de ce pavage doré, les boucliers apparaissaient comme muets, mais ici encore la lecture en lumière rasante attestée par la photographie a dévoilé et permis de restituer en la plupart des cas, comme sur le trophée TR W 07 : HISPANIA / GALLICI REGNI / DIGNITATI / INVIDA, L'Espagne envieuse de la dignité du royaume de France, V'intégralité de l’inscription latine occultée et plus d’une fois en palimpseste deux versions superposées d’une même inscription latine. Analyse stratigraphique et lecture en lumière rasante ont donné des résultats analogues pour les cartouches peints associés aux ovales — par exemple : le cartouche peint CAP sup. E 01, où, sous : La HOLLANDE SECOVRVE CONTRE L’EVESQVE DE MVNSTER, On peut lire FRANCIA BATAVLE VINDEX, La France au secours de la Hollande. Beaucoup plus problématique en revanche s’est révélée la lecture des octogones du plafond : d’abord insoupçonnés en raison de l’absence d'espaces spécifiques pour les recevoir, puis révélés par de prudents sondages, des vestiges de mots latins sont apparus néanmoins sous les français, soit en bas, soit en haut, dans l’espace de la peinture dans les deux premiers octogones, ce qui paraît indiquer que la voûte entière devait être dès l’origine constellée d'inscriptions. Tout est parti du dégagement, dans l’octogone SOVLAGEMENT DV PEVPLE PENDANT LA / FAMINE, 1662, d’un S en lapis lazzuli sur la droite de la première ligne, sous le E de PENDANT, suggérant un possible SVBLATA ou SVBLEVATA final (Planche 31). Nous avons demandé qu’on dégageat la lettre la plus proche qui s’est révélée effectivement être un V. Entre-temps nous avions clairement conscience que le programme décoratif de la voûte réunissait pour la première fois de façon synoptique les grands événements de la première partie du règne personnel, les mêmes qu’au plafond du Grand escalier peint aussi par Le Brun et détruit en 1752, sorte d'histoire du roi par séquences qui depuis 1670 était devenue, sous la plume d’un Paul Pellisson mais aussi justement de Paul Tallemant un thème de panégyrique “° ; certains avaient déjà inspiré à la petite académie ses premières médailles, un travail qui allait s'intensifier sous Louvois à partir de 1683, comme en témoigne le manuscrit de Londres, étudié par la regrettée Josèphe Jacquiot, et surtout après 1694 avec Pontchartrain pour aboutir avec les séries uniformes à l’histoire métallique de Louis XIV telle qu’elle est consignée dans les grands folios de 1702 et 1723 7. Mémoire inséré dans l'Histoire de Academie Royale des Sciences de Paris

    l'année 1704, présenté par le reverend Père Sebastien Truchet, Religieux du même ordre, Academicien Honoraire, Paris, 1722.

    séquences, désignent la plupart des événements qui sont le

    sujet des peintures de la galerie. Dans un autre panégyrique, prononcé

    le 25 août

    1679, Tallemant

    imagine

    pour un arc de

    26. G. SABATIER cite fort pertinemment dans son Versailles ou la figure du roi, Paris, 1999, 234-235, deux extraits de panégyriques étudiés par P. ZOBERMANN, Les panégyriques du roi prononcés dans l'Académie française, Paris, 1991 : l’un de Paul Pellisson,

    triomphe le programme que Le Brun est en train d'élaborer à Versailles. Le panégyrique de PELLISSON se lit dans L'histoire

    1673, qui, définissant le principe d’une histoire du roi par

    Grand avec des explications historiques, Paris, Imprimerie royale, 1702 ;

    du 3 février

    1671, l’autre de Tallemant

    lui-même,

    du 25 août

    de l’Académie française par Pellisson et d'Olivet, éd. C.L. Livet, t. I,

    Paris, 1858, 332-347.

    27. Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le

    249

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    LE CHANTIER DE VERSAILLES ET LA PERIPETIE DES INSCRIPTIONS LATINES

    La consultation du Catalogue dressé le 30 juillet 1684 par Pierre Rainssant °8 — c’est son premier acte de garde des médailles du Cabinet du roi à Versailles — et qui contient la liste des médailles frappées entre 1663 et 1684, mais aussi d’une liasse de seize vélins aquarellés conservée au Château de Condé??,

    seize dessins de médailles célébrant les actions du roi entre 1662 et 1673, nous ayant donné le titre d’une d’entre elles « Le soulagement du peuple pendant la famine », avec la légende latine correspondante, FAMES PIETATE PRINCIPIS SVBLEVATA, C’est cette formule qui nous a servi d’hypothése à vérifier. Composée de trente caractères et trois espaces, elle s’inscrivait exactement sur la première ligne de l'inscription française de l’octogone. Un dernier très léger sondage a permis de dégager l’empâtement et le début de la jambe d’un A sous le T de SOVLAGEMENT , accréditant la présence du A de PIETATE à l'endroit exact où on l’attendait. On a procédé de même pour LA FVREVR DES DVELS ARRESTEE, 1662, où la lecture en lumière rasante a permis d'identifier, en troisième couche sous les quatre dernières lettres de DvELs et dans l'intervalle suivant les lettres VROR ; un revers de médaille reproduit dans l’ Histoire du roi Louis le Grand par les médailles, publiée par Ménestrier en 1689 et qui figurera encore parmi les onze que l’Académie, sur proposition de Tallemant, choisit plus tard ® pour être offertes en cadeaux aux ambassadeurs

    étrangers, nous ἃ donné

    l'hypothèse SINGVLARIVM CERTAMINVM

    par la présence d’un RC sous le Est de ARRESTEE et d’un S sous le 1 de 1662.

    FVROR COERCITVS, soutenue

    PRINCIPIS SVBLEVATA, Qui sont parmi les premières composées par la petite Académie, soit qu’inversement Vinscription de la galerie préfigure déjà exactement la légende qui sera bientôt retenue par l’Académie après 1685 : c’est le cas de SINGVLARIVM CERTAMINVM FVROR COERCITVS ; soit (en l’absence d'inscription

    latine) que l'inscription de Charpentier, adoptée par Boileau-Racine, apparaisse comme la traduction de la légende de la médaille correspondante, comme RENOVVELLEMENT D’ALLIANCE AVEC LES SVISSES (FŒDVS HELVETICVM INSTAVRATVM) OU IONCTION DES DEVX MERS (IVNCTA MARIA) ; soit qu’on ait affaire à une variante

    proche de la légende, comme dans le cas de INGENVÆ ARTES HONORIBVS ET PRÆMIIS DECORATÆ (Cf. BONÆ ARTES REMVNERATÆ de la première série uniforme et PRÆMIA LITTERIS CONSTITVTA, de la série uniforme réformée).

    Sous les grands tableaux au contraire, la comparaison entre les campagnes d'inscriptions successives nous place véritablement, bien au-delà d’un pur intérêt archéologique ou du simple problème de langue et de style, devant l'opposition entre deux systèmes d’exposition graphique. On a vu en effet que les inscriptions latines n'étaient pas cantonnées aux cartouches médians, comme les françaises, mais couvraient aussi, de part et d’autre, les boucliers des trophées : ce qui rend à ceux-ci une fonction autre que simplement ornementale, fonction que l’on n’imaginait pas tant qu’ils étaient recouverts par le motif décoratif, et qui permet une articulation subtile des boucliers entre eux et avec le cartouche

    central.

    Ainsi l'énoncé du cartouche

    La philosophie des inscriptions latines

    reproches adressés aux autres compositions *, explique la relative stabilité des énoncés successifs.

    Le fait à relever est l’étroite parenté, signalée par nous chaque fois que cela ἃ été possible, entre

    l'inscription latine originelle ou, en son absence, de l'inscription française, et la devise de la médaille

    correspondante. Soit, on l’a vu, que l'inscription de Tallemant reprenne à la lettre la légende de la médaille déjà frappée pour l'événement, comme dans le cas de NAVIGATIO INSTAVRATA, OU de FAMES PIETATE une sur quarante-cinq.

    avec des explications historiques, Paris, Imprimerie royale, 1723. 28. B.n.F : Archives du Cabinet des médailles, 1 ACM 14

    32. BOILEAU, Critique des inscriptions, op. cit. : « En général on peut remarquer deux grands défauts dans toutes ces inscriptions.

    29. Ce recueil de seize folios en velin, relié en maroquin bleu par les soins du duc d’Aumale et acquis avec la bibliothèque Cigongne, est conservé au château de Chantilly sous le n° 951-1573.

    ἂ celui que les inscriptions demandent. L'autre, qu’il descend dans τη trop grand détail ; ce qui n’est pas moins opposé au caractère d’une inscription de tableaux, pour laquelle il ne faut que dire

    (autographe).

    -

    30. Reg. délib. du mardi 19 aout 1698. 31. Trente et une inscriptions latines déchiffrées sur cinquante-quatre supports dont onze anépigraphes, donc trente et 250

    (CA W 04), qui met en valeur la

    prise de décision (inscription française définitive : RÉSOLVTION PRISE DE FAIRE LA GVERRE AVX HOLLANDAIS,

    Quoique inégale en fonction des supports, la moisson, dont témoignent nos relevés *!, est assez considérable pour nourrir une réflexion sérieuse sur l’évolution de la philosophie de l'inscription. Il faut distinguer ici encore entre les inscriptions des grands tableaux d'histoire militaire retraçant la guerre de Hollande et celles des petits tableaux des ovales et des octogones, qui désignent avec sobriété les actions de Louis XIV durant la première partie du règne. Dans ces derniers, aucune différence notable de style entre l'inscription latine et l'inscription française lapidaire qui, dès Charpentier, à la manière d’un simple titre, en est le plus souvent la traduction fidèle. Ce choix du « style historique », approuvé par Boileau qui exonère ici son prédécesseur des

    Médailles sur les principaux événements du règne entier de Louis leGrand

    central : DE BELLO INEVNDO CONSILIVM

    L'un, que l’auteur y affecte un style pompeux, tout à fait contraire

    simplement le fait historique, comme l'a fait Vauteuren quelques-uns des Tableaux de la Galerie. Mais il y a encore quelque chose à dire en la plupart de ces Inscriptions. Par exemple... »

    1671), était complété par deux groupes d’énoncés, à gauche : MINERVA BELLI LABORES FORTISSIMO PRINCIPI [RE] CITAT, Minerve fait voir au plus courageux des princes les épreuves de la guerre (TR W 09), à droite : MARS TRIVMPHOS PARAT, Mars prépare les lauriers (TR W 08), véritable pesée des enjeux de la guerre qui est une lecture fidèle de l’allégorie de Le Brun, laquelle affronte la déesse de la sagesse (à gauche du tableau) et le dieu de la guerre (à droite). Cette aptitude de l’inscription à interpréter le concept organisateur de la peinture — voir le mot de Louis XIV : « Monsieur Le Brun, vous m'avez fait voir des choses que j'ai ressenties » — qui est le premier caractère de l'inscription latine de Tallemant sous les grands tableaux, se retrouve sur les deux boucliers qui flanquent à droite et à gauche la peinture du cintre Nord, représentant l’«Alliance de l'Allemagne et de l'Espagne avec la Hollande » (d’un côté : ARMA PRÆCIPITANTER ET PERTVRBATE PARANTVR, la forge des Cyclopes ; de l’autre : ARMANTVR INNVMERI GERMANIÆ PRINCIPES, la horde des princes allemands), tout comme sur ceux qui, de part et d’autre du tableau

    central, « FASTE DES PVISSANCES VOISINES. » désignent en les distinguant les deux nations étrangères (HisPANIA GALLICI REGNI DIGNITATI INVIDA, BATAVIA TOTIVS ORBIS COMMERCIA SIBI SOLI VINDICANS) alliées à l’Allemagne

    contre la France. Un autre caractère de l’inscription latine, complémentaire du précédent, est la volonté d’assigner l’action historique à l’une des principales vertus royales pour faire de chaque tableau, selon une expression employée par Boileau, un emblème héroïque. Témoin la triple inscription placée sous le tableau

    « Le roi arme sur terre et sur mer », dont les deux boucliers, TR W 05 et TR W 04, conformément au

    schéma qu’on vient d'analyser, portent les deux énoncés symétriques, d’un côté : CLASSES ORNATÆ NAVALIA

    EXTRVCTA, Armement de la flotte, construction des arsenaux (TR W 05), de l’autre : MILITVM DELECTVS ARCES

    CONDITÆ, Levées de troupes, travaux de fortifications (TR W 04), correspondant respectivement aux allégories des parties gauche — Neptune tend au roi son trident — et droite — Apollon, Mercure et Vulcain lui offrent des armes — du tableau. Mais ces deux inscriptions latérales sont subsumées sous l'énoncé 251

    L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

    LE CHANTIER DE VERSAILLES ET LA PERIPETIE DES INSCRIPTIONS LATINES

    du cartouche central : PROVIDENTIA PRINCIPIS, Prévoyance du prince (CA W 02) : cette PROVIDENTIA, c’est en

    effet la vertu figurée en bleu derrière le roi et tenant d’une main un livre, de l’autre un compas — et on lisait au-dessus dans les esquisses de Le Brun le mot Prévoyance ; mais il importe se souligner que la mise en évidence, tantôt à la légende, tantôt à l’exergue, de la vertu du prince (PROVIDENTIA, CLEMENTIA, PIETAS, IVSTITIA...) illustrée par l'événement particulier, est depuis toujours un trait caractéristique et même constitutif de la médaille : PROVIDENTIA PRINCIPIS se retrouve à I’ exergue de plusieurs revers, par

    originelle un dialogue s’instaurait entre le bouclier de gauche : INTER PACIS / ET FORTVNÆ / FLORENTIS / ILLECEBRAS, Au milieu des séductions de la paix et de la fortune florissante (TR E 06), et le bouclier de droite : GLORIÆ / AMORE / INCENDITYR, II est enflammé par l'amour de la gloire (TR E 07), phrase unique dont la stucture binaire dévoile lumineusement l'intention constitutive de la composition allégorique. Mais qu'en est-il du cartouche central où nous ne détections que la trace de trois lettres, ]cap[, et, plus bas, la date attendue, MDCLX ?

    comme nous l'avons rappelé, un usage qui remonte au monnayage romain impérial (pour Prouidentia un as de cuivre frappé en l'honneur d’Auguste divinisé ou pour PROVIDENTIA AUG«usti deux deniers d'argent de Commode et de Sévère Alexandre). Ce subtil montage, qui disparaît des inscriptions françaises successives — Boileau et Racine écriront

    Le problème [écrivions-nous dans notre rapport de chantier] est qu’on ne saurait dire si l'inscription latine du cartouche, presque totalement occultée, d'abord par les traces de la longue inscription de Charpentier, puis récemment par une dernière couche de dorure, recouvrement prématuré décidé par l’équipe de restauration pour supporter la nouvelle inscription, portait simplement le nom et titulature du roi, sujet attendu de la phrase, ou exprimait déjà le fait de la prise de pouvoir.

    exemple pour l’année 1669 sur la « Sûreté et netteté de Paris », PROVIDENTIA OPTIMI PRINCIPIS) 33, suivant,

    simplement

    : LE ROI ARME SVR MER ET SVR TERRE, banalisé ensuite en : SVR TERRE ET SVR MER), équivalent

    du terra marique, où se perd le sens de la lecture, nous met donc sur la voie d’un troisième et dernier caractère de l'inscription latine, qui confirme et complète l'observation déjà formulée à propos des inscriptions des petits tableaux : c’est l’étroite parenté qu’elle entretient cette fois avec le dispositif du revers de médaille. Un bon exemple en est offert par le cartouche CA E 04 (Planche 32), où l’action

    du roi : HISPANVM GERM. AC. BATAV. AVXILdO>. FRVSTRA FIDENTEM REX ARMIS AGGREDITVR, Le γοὶ

    Bornons-nous à rappeler dès 1689 *° et republiée en à Voltaire, offre à l’avers la la légende ORDO ET FELICITAS qu'une seule phrase ».

    résultats de cette action, d’un côté : COMITATVS BVRGVNDLE ITERVM SVBACTYS, La Franche-Comté conquise pour la seconde fois (TR E 08), de l’autre : VESVNTIO CAPTA, Prise de Besançon (TR E 09), deux formules qui se

    L'apport des pages retrouvées de Félibien

    attaque l'Espagnol vainement confiant en l'appui de l'Allemand et du Hollandais, au centre, est assortie des

    complètent comme la légende et l’exergue d’une médaille — cette fois, c’est l'inscription de gauche

    qui devient le modèle de la française : LA FRANCHE COMTÉ CONQVISE POVR LA SECONDE FOIS.

    Voici un exemple encore plus probant : l’ensemble formé par le cartouche CA E 02 et les deux

    boucliers TR E 04 et TR E 05, où l'inscription centrale : REGIS INVICTISSIMI IN BATAVIAM INGRESSVS, M.DC.LXXII,

    est entourée d’un côté par l'énoncé global : QVATTVOR VRBES SIMVL EXPVGNATA et de l’autre par l’énumération des quatre villes : Orsoy, WESEL, BvRICH, RHIMBERG (exceptionnellement et à notre surprise en français), qui correspondent exactement à la légende et à l’exergue de la médaille que l'abbé Tallemant lui-même — on le sait par le registre des délibérations de l’Académie — proposera à ses confrères le mardi 22 août 1695 pour célébrer le même événement. On mesure mieux à présent la justesse de l’observation d’un excellent connaisseur de la grande

    Galerie, assimilant celle-ci à « un grand médailler » quand il écrivait #, présentant le frontispice de

    l’Explication des tableaux de la Galerie par Pierre Rainssant (1687), qui met en scène l’avers d’une des médailles de la série royale de I’ Histoire du Roi, mais sans pouvoir alors appuyer son intuition autrement que sur une comparaison des sujets et des types : Cette mutation d’une galerie de peintures en médailler est clairement explicitée par le frontispice de la publication de Rainssant en 1687... La galerie de Versailles est le grand médailler royal, et Rainssant, garde des Médailles de Sa Majesté, en donne le sens.

    Nous avons réservé jusqu’ici le cas du tableau central de la galerie, désigné aujourd’hui sur le cartouche CA E 03, par les mots : LE ROI GOVVERNE PAR LVI-MÊME. On découvre que dans l’inscript ion latine 33. Jacquior, Meédailles..., op. cit., 11, 224-228. 252

    34. SABATIER, Versailles..., op. cit., 265-266.

    que 1691 tête et à

    la médaille correspondante, telle qu’elle est publiée par Ménestrier et 1693 sous le titre Le roi gouverne par lui-même, hier encore attribué du roi avec l'intitulé Lvpovicvs XIV REX CHRISTIANISSIMVS et au revers à l’exergue CVRAS IMPERII CAPESSENTE, 1661, les deux énoncés ne faisant

    On nous accordera que la prudence de l’épigraphiste ne pouvait aller plus loin. Mais c’est le point où elle est providentiellement relayée par le document-archive, dont il faut à présent parler. Lecteur de Félibien après tant d’autres, Hall Bjornstad *, à la suite de notre article des Monuments Piot de 2007, alerté par la présence, dans la « Table » du livre, d’une rubrique « Inscriptions > avec

    un renvoi aux pages 323-333, qui n’existent pas dans le volume, et, dans la liste des

    Errata », a cette

    place, par l’indication de trois corrections qui concernent des mots latins, précédées de cette indi-

    cation : « Pag. 323. ajoutez à la marge il faut ôter toutes les inscriptions latines qui sont ci-après » Ἢ, ἃ eu

    la bonne fortune de trouver à la Bibliothèque Nationale de France deux exemplaires d’une édition « primitive » de la Description sommaire où figuraient encore les pages supprimées, présentant au total trente inscriptions : sie | — page 323 (signature d'André Félibien, fin de l’« Explication du principal Tableau de la galerie ») : une inscription, celle « qui est au-dessus du Roi ». ; | — pages 323-332 (sans signature, « Explication des Principaux Tableaux de la galerie de Versailles »} ; sept Tableaux — dont un double : le Tableau central, dont la partie Est répète d’ailleurs l’explication

    35. Voir l’exemplaire Ars. Fol. H 1818. 36. BJARNSTAD, « Plus d’éclaircissement... », art. cit. 37. Cette instruction s'adresse bien évidemment au com-

    positeur et non au lecteur, comme semble le croire l’auteur de l'article : « Autrement dit, les pages qui manquent contenaient des inscriptions latines, mais la correction a été si bien suivie

    qu’au lieu d'ajouter, c'est-à-dire de mentionner en marge il faut ôter, etc., on a véritablement ôté » (bid., 327). Que pourrait bien signifier pour un lecteur cette mention en marge ? elle a proba-

    blement été portée dans la marge par Tallemant serres qui donne l'imprimatur à l'ouvrage et le fait d'être signalée dans les errala est une distraction du compositeur.

    L’AGE DE L'INSCRIPTION

    et l'inscription précédentes

    — avec chacun ses trois inscriptions, soit vingt-quatre inscriptions. À noter

    la précision finale : « La description précédente fut faite en l’année 1683 par quelqu'un de M. [sic] de

    l’Académie Royale des inscriptions », sans doute, étant donnée la date, qui correspond à l’achèvement des deux premiers tiers de la galerie, directement ou indirectement, Tallemant lui-même. À noter aussi l’absence inexpliquée de la description et des trois inscriptions de la Prise de Maastricht, qui auraient

    porté le compte au nombre attendu de vingt-sept.

    — page 333 (signature de Jean-François Félibien) : six inscriptions latines supplémentaires (quatre cartouches peints seulement sur six et deux octogones seulement sur quatre inscrits, les deux premiers réalisés étant inexplicablement absents).

    On voit par le bilan qu'on vient de dresser que le nouveau document dont nous disposons présente

    lui-même des lacunes : manquent ainsi les trois inscriptions de la « Prise de Mæstricht » dont deux, celles

    des trophées (TR W 03, TR W 02 entourant CA W 01), sont lues par nous ; celles de quatre cartouches peints (CAP E 01, CAP W 02, CAP W 01, CAP E 02) dont nous lisons deux (E ΟἹ et W 02) et celles des deux premiers octogones (OCT 01 « Soulagement du peuple... » et OCT 02 « La fureur des duels... »)

    que le rapport de chantier a permis, quant à lui, de restituer. Soit six inscriptions appartenant au début

    du chantier, que nous relevons et qui ne figurent pas chez Félibien.

    Inversement, il supplée opportunément les carences du déchiffrement en quatre cas, soit, si l’on réserve pour le moment le cas du tableau central : CA W 03 GERMANIA ROMANI IMPERII TITVLO SVPERBA, CA N ΟἹ GERMANIA HISPANIA BATAVIA FŒDVS INEVNT, OCT

    PAX AQVISGRANENSIS.

    Dans tous les dix-neuf autres cas, il confirme

    03 DOTALES REGLE CONIVGIS VRBES VINDICATÆ et OCT

    les lectures faites sur place, soit a la lettre

    criptions), soit avec des différences qui méritent pour le moins d’être analysées :

    Key

    SAT

    AU

    04

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    97 /) a Nig

    AI

    (seize ins-

    — Certaines résultent de simples fautes ou coquilles du document : vendicans pour vindicans, concilium pour consilium, Rhenoberga pour Rhinoberga, Hispanorum pour Hispanum, promeiis pour premiis, omission de amore dans glorie amore.

    — Mais d’autres laissent entrevoir, ce dont Bjgrnstad ne semble pas s’aviser, un réel progrés entre la version du document et celle de l’inscription peinte : soit que s’introduise dans cette dernière une précision importante : « Wesalia, Burcinacium expugnate ad Rhenum

    » ; Ærarium ab ipso optimo principe

    administratum, ou suppriment une redondance : Ingenue [ac bone] artes honoribus et premiis honorate (pour l’« Etablissement des Académies ») ; soit qu'ailleurs (le « Passage du Rhin ») la première ver-

    sion, mettant l’accent sur la rapidité incroyable des conquêtes du roi : Ludovici in vincendo celeritas incredibilis, soit remplacée par une autre : Rhenus superalus in presentia hostium, Vimage de l'éclair et

    de la foudre étant déplacée,

    comme

    dans tous les récits qui relatent cette victoire, sur le tableau de

    la « Prise de Gand » ; soit qu’un aménagement progressif se lise entre la leçon du document (Arma

    perturbate et precipitatione parantur) et les premier Arma perturbate et præcipitanter parantur (première (deuxième version) °°. Notre hypothèse est qu’avec le document nous au roi par Tallemant, puisque figure déjà sous le

    2 Ni wre ots nar ]Σla ri > — ΤΙTallemant Ρ 38. Correctio avis n ;imposéeSe par logique s’avise que c’est la précipitation qui provoque la confusion et non

    254

    et deuxième états superposés de l'inscription peinte : version), puis : Arma precipitanter et perturbate parantur avons affaire non à la toute première version soumise tableau des « Puissances » la correction exigée par le % l'inverse — et que confirme sans conteste la lecture en lumière 1è rasante.

    Planche 30 : Cartouche en stuc CA

    W 02 : « PROVIDENTIA. / PRINCIPIS. » (© J. Marsac C2RMF).

    \

    À

    ne

    sy Y

    Planche 31 : Octogone OCT 01 : Dégagement de SV de svBLEVATA sous le EN de PENDANT (© J. Marsac C2RMF).

    Planche 32 : Cartouche en stuc sous-jacent CA E 04 : « HISPANVM. / GERM. AC. BATAV. C2RMF) AVXIL. FRVSTRA. FIDENTEM. / / REX. ARMIS. AGGREDITVR. M.DC.LXXIV. » (© J. Marsac

    LE CHANTIER DE VERSAILLES ET LA PÉRIPÉTIE DES INSCRIPTIONS LATINES

    roi : invida au lieu de emula, mais d’une version encore imparfaite, que l’académicien améliorera une fois sur le terrain. Et peut-être avons-nous là, avec l’état d’incomplétude déjà signalé, une des raisons, sinon la raison, qui ont conduit Félibien à retirer ces pages °°, ceci probablement avec l'approbation, sinon l’injonction de l’auteur présumé (Tallemant), qui est celui aussi qui délivre I’ imprimatur. On en vient donc au tableau principal, où le document semble devoir combler notre attente, en enfermant l’idée de la prise de pouvoir en une seule et unique phrase distribuée entre les deux boucliers et le cartouche central : INTER PACIS ET FORTVNÆ ILLECEBRAS (bouclier de gauche)

    LVDOVICVS MAGNVS AD GVBERNACVLA REGNI [ var. :

    IMPERII] ACCEDENS (cartouche central) GLORIÆ AMORE INCENDITVR (bouclier de droite).

    Dans ce relevé encore nous remarquons, certes, quelques signes d’incomplétude ou d’hésitation : manque en effet dans le premier segment, l’adjectif FLORENTIS (fortune florentis), qu’on lira en revanche sur l'inscription peinte ; est tombé d’autre part, dans le dernier segment, le mot AMORE, lapsus corrigé dans la page des errata ; enfin la partie centrale laisse paraître une hésitation entre : AD GVBERNACVLA REGNI (première citation) et : AD GVBERNACVLA IMPERII (deuxième citation).

    Mais l’on peut avec Bjgrnstad se féliciter de pouvoir enfin commenter la pièce manquante. Nous notons, dans une des deux versions données par Félibien, le choix du mot imperii utilisé aussi dans la médaille correspondante citée par nous ; l’image du gouvernail ou du timon qui renvoie à la peinture, mais sera critiquée par Boileau comme trop figurée ; enfin et surtout, cette fois à la différence de la médaille, l'emploi du titre, Lvpovicvs MAGNYS : anachronisme à cette date, même s’il est corrigé par la précision ad gubernacula accedens, et comme tel dénoncé par Boileau dans la version de Charpentier, mais anachronisme assez lourd de sens pour être ainsi commenté par notre auteur : Là où la phrase « Le roi gouverne par lui-même » décrit un état qui dure, Tallemant évoque, lui, une transition, un point de départ, une véritable prise de pouvoir. Si donc l'inscription actuelle du tableau nous incite à y découvrir l’« essence même de l’absolutisme » (Sabatier), la première inscription insiste, elle, sur le moment même de son origine... Même s’il ne reçoit l’épithète de « Grand » que beaucoup plus tard, « quand sa grandeur ἃ paru dans ses actions » (Boileau), le roi de la voûte de la grande galerie est Ludovicus Magnus dès 1661, dès l’origine absolue d’un règne personnel glorieux et sans précédent ‘°.

    Cette interprétation appelle au moins deux ajustements. Tout d’abord, Ludovicus Magnus. S’il faut accorder a Bjgrnstad que le premier état de l'inscription

    de Tallemant a pu porter, in-situ comme sur le papier, cette titulature, ce que tendrait à confirmer la reprise du même titre dans la première inscription française, celle de Charpentier — « Louis le Grand

    dans la fleur de la jeunesse... » —, on ne saurait régler sans le documenter a minima un problème qui a suscité un débat aussi sérieux que passionné chez les historiographes et médaillistes du roi. Et il est pour le moins imprudent d’inférer d’un simple tatônnement (vite corrigé) les conclusions politiques

    que l’on prétend en tirer #1.

    39. La raison invoquée par BJORNsSTAD (« Plus d’éclaircissement... », art. cit., 333) — Tallemant, « remis au pas » par « la sanction tombée d’en-haut » qui en 1702 frappe sa préface, se

    serait auto-censuré — est pure extrapolation.

    40. Byornstap, « Plus d’éclaircissement... » art. cit., 337. 41. Première occurrence : la médaille offerte au roi à son

    retour de la guerre de Flandres et frappée par la ville de Paris

    en 1671, gravée ensuite par Sébastien Le Clerc pour le père Souhaitty (Jacquior, Médailles..., op. cit., vol. 1, XXXTI-XXXIIT ; XLIX,

    note 4 ; planche H). Discussion : 1. « Le 5 Juin

    graveur Mauger plusieurs testes de l’Inscription jusqu’en 1672 il

    1696, le

    avait exposé à la Compagnie ‘qu'ayant à faire du Roy aux differents âges, Il n’estoit pas seur qu'il falloit mettre’. La Compagnie a dit ‘que falloit mettre LVD. XIV. FRAN, ET NAV. REX. Et depuis

    255

    L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

    Deuxième remarque : le texte donné par Félibien pour ce cartouche a-t-il été le texte inscrit l’espace d’un bref moment sous la voûte de la galerie (Planche 33) ? Le même auteur n’en doute pas et cependant, considérant les traces relevées par nous in situ — c’est-à-dire, les trois lettres : }cap[, et surtout la date : M.DC.Lx1 en chiffres romains —, l’on ne doit pas exclure la possibilité, ici encore, d’une récriture incluant d’une part le verbe CAPESSERE (prendre en main), pour exprimer la même idée, soit avec le mot imagé : gubernacula, soit, comme dans la médaille, avec les mots : curam imperii, conjuguant d’autre part ce verbe à l’indicatif, CAPESSIT, forme qui n’est pas seulement plus correcte que la forme nominative du participe, mais qui est exigée ici par la présence de la date * : une telle solution présente l'avantage, en rendant son autonomie et sa force au cartouche central, de laisser dialoguer ensemble, comme sous les autres tableaux, les deux boucliers latéraux.

    Le débat franco-français Quoi qu'il en soit de ce problème passionnant, c’est donc, sous les grands tableaux, le jeu de l'inscription tripartite (adaptation du modèle de la médaille), qui permet en général à Tallemant, « compagnon » de Le Brun, sans rien sacrifier du laconisme et de la gravité exigés dans ce genre de compositions, à la fois de nommer l'événement historique, de le décomposer en ses éléments, réels ou métaphoriques, ce qui revient en ce dernier cas à proposer une lecture du programme iconographique, et enfin éventuellement de l’interpréterà la lumière de ce que nous pouvons appeler une pédagogie des vertus royales, la geste relatée en séquences sur ces voûtes étant — nous citons Pellisson — « le plus beau champ pour parler en abrégé de toutes les vertus du roi ». L'erreur de Charpentier, heureux promoteur et malheureux auteur des premières inscriptions françaises, n’est pas seulement d’avoir chargé le style d'expressions laudatives qui déplurent, mais d’avoir tenté de garder tous ces éléments sur un seul support, reconduisant au choix ultérieur d’une inscription réduite, comme le voulait Boileau dans son Discours sur le stile des médailles, à la désignation la plus sobre, la plus nue possible de l'événement représenté allégoriquement dans la peinture. cette année LVD. MAGNVS. REX CHRISTIANISSIMVS » (voir Ibid., CXXIX,

    Pièce justificative n° 61) ; 2. « Lors de la séance du 31 juil. 1696, Mauger intervient sur les erreurs commises dans la frappe des

    médailles : par exple, une médaille commémorant la naissance du roi avec pour titulature LVDOvICVS MAGNYS. L'Académie retient le 28 sept. 1696, douze têtes du roi (pour l’avers) dont les dessins

    sont remis par Coypel le 11 juin 101. On finit par retenir huit portraits de Louis XIV pour illustrer autant de périodes de son

    règne » ; 3. « De 1643 à 1672 : LVDOVICYS. REX. CHRISTIANISSIMVS. /

    De 1672 à 1715 : LVDOVICVS. MAGNVS. REX. CHRISTIANISSIMYS » (Jbid., XLIX). Voir également Jbid., vol. II,

    42. Ibid., vol. IT, 144-148 : « Médailles du roi prenant le gouver-

    nement de l'Etat 1661. [...] Reg. Dél. du Samedy 11 Décembre 1994 :

    On a lt la Description de la Medaille frappée sur la Felicité de la France lorsque le Roy prit Luy-mesme le Gouvernement de son Estat, et Elle ἃ esté arrestée. Après la mort du Cardinal Mazarin,

    sa Majesté resolut de prendre Elle mesme le soin de ses Estats et

    de s'appliquer uniquement a assurer le bonheur de ses sujets. Par cette sage resolution le Royaume changea bientost de face, les abus qui s’estoient glissés dans l'Administration de la Justice et dans le maniement des Finances furent reformés, les Arts et

    les Sciences refleurirent et l’Abondance qui regna partout, fit oublier en peu de temps les maux qu'une longue guerre avoit causés. C’est pour exprimer ces heureux Effets de l’application du Roy aux affaires qu’on l’a representé dans cete Medaille sous la figure d’Apollon assis sur un Globe orné de trois fleurs de Lys. Il tient de la main droitte un gouvernail pour montrer qu'il conduit Luy mesme toutes choses dans son Estat. Et de l’autre main une lyre symbole se la parfaite harmonie de toutes parties de l'Empire françois. Les mots ORDO ET FELICITAS signifient que la félicité de la France vient de cet ordre et de cet accord admirables. Et les paroles de l’Exergue, CURAS IMPERII CAPESSENTE | M. DC.

    LxI. veulent dire qu’en l’année 1661 le Roy a pris Luy mesme le gouvernement de ses Estats ».

    256

    Planche 33 : Tableau

    « LE Roy PREND LVY MÊME / LA CONDVITE DE SON ROYAVME

    ET SE DONNE ΤΟΥ͂Τ ENTIER / AVX AFFAIRES. 1661 », dessin de Jean-Baptiste Massé.

    /

    LE CHANTIER DE VERSAILLES ET LA PERIPETIE DES INSCRIPTIONS LATINES

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    La meilleure analyse, la plus impitoyable aussi, des inscriptions de Charpentier est due à la plume de Boileau, qui mérite d’être cité intégralement ici : 1. Louis le grand dans la fleur de sa jeunesse prend en main le timon de l'Estat et, renonçant au repos et aux plaisirs se donne tout entier à l'amour de la véritable gloire. Le roy dans la fleur de sa jeunesse n’était pas encore appelé Louis Le Grand, et ce titre ne lui a été donné qu'après que sa grandeur ἃ paru dans ses actions. De la jeunesse n'est pas juste, il fallait mettre de sa jeunesse. Mais fleur de jeunesse et timon de l'Estat sont des expressions figurées que la simplicité des inscriptions n’admet point. Et renonçant au repos et aux plaisirs, se donne tout entier à l'amour de la véritable gloire : l'auteur ne fait-il pas cette véritable gloire un peu trop austère ? Et n'y at-il pas plus de grandeur pour les héros de pouvoir allier la Gloire avec les Plaisirs, que de renoncer absolument aux Plaisirs pour suivre la Gloire ? 2. L'Allemagne, l'Espagne et la Hollande sont alarmées de la résolution héroïque de ce jeune monarque et commencent à redouter son bras qui devoit estre fatal à leurs ambitions. Résolution héroïque, jeune monarque, bras qui devoit estre fatal, tout cela est encore trop fleuri et les belles inscriptions sont plus simples et plus naturelles. 3. Le roy délibère s'il attaquera les Hollandois, et après diverses réflexions que la prudence et la valeur luy font faire, il se détermine a la guerre par le conseil de la Justice. La valeur et la prudence suggèrent d’abord des raisons au Roy pour et contre la Guerre ; puis tout a coup il n’est plus question d’elles, l’on dirait que la Justice le fait conclure indépendamment de ces deux vertus. L'auteur n'a pas remarqué sans doute que la Justice est inséparable de la Prudence. Mais aussi pourquoy s'attacher à nommer toutes les figures d’un tableau et en décrire les actions, lorsqu'il n’est question que d'exposer le fait général ? 4. Le roy arme par terre et par mer, avec tant de grandeur et de promptitude que ses ennemis n'en concoivent pas moins

    d'admiration que d'épouvante. Ceci est encore une Explication pompeuse, plutôt qu’une véritable Inscription. 5. Le roy forme le dessein d'assieger en mesme temps Wesel, Burich, Orsoy et Rhimberg, et en règle les préparatifs avec ses généraux. En règle les préparatifs est équivoque. On ne sçait si ce sont les préparatifs d’assiéger. Mais ni l’un ni l’autre ne se peuvent dire en français. 6. Le merveilleux passage du Rhin donne entrée aux français jusque dans le cœur de la Hollande, et rien ne peut resister à la justice des armes du roy, ni retarder la rapidité de ses conquestes. Merveilleux est une épithète à retrancher. Le passage donne entrée est presque la méme chose que si l’on dit l'entrée donne entrée ou le passage donne le passage. Jusque dans le cœur de la Hollande ? Le cœur est d’autant plus mal en cet endroit que la Hollande est figurée,

    dans le Tableau, par une femme.

    Rien ne peut resister à la justice des armes du roy, etc. on ne dit pas trop bien ni la Justice des armes, ni resister à la Justice des armes. Le parti de Sa majesté ἃ toujours esté très juste. Mais ses ennemis ne se sont rendus que quand ils n’ont pu resister à la force de ses armes, ni retarder la rapidité de ses conquestes, pour parler le langage de cette Inscription. 7. La Hollande effrayée de tant de pertes imprévues et presque incroyables cherche un remède à ses malheurs dans l'alliance qu'elle fait avec l'Espagne et l'Allemagne. À la bonne heure, que la Hollande s’effraye de ses pertes imprévues. Mais si ces mesmes pertes lui semblent incroyables, pourquoy s’en effrayer avant que d’en estre pleinement instruite ? Cherche un remède est d'autant plus désagréable que cela semble faire allusion à une farce d’un des derniers tems, où Poisson joue la Hollande à qui on donne un remède. Avec l'Espagne et l'Allemagne : les Allemands se plaindront de la préséance qu’on leur 6te en cette occasion.

    8. Treize jours d'attaque rendent le roy maître de Maestrich, à Vétonnement de toute l Europe,

    tandis que ses vaisseaux

    mettent en fuite la flotte hollandaise sur les costes d'Amérique. Rendre à l'étonnement, peut faire équivoque ; et, de plus, à l’étonnement n’est pas du bel usage. Tandis que ses vaisseaux mettent en fuite etc. L'affaire de Tabago, dont l’auteur veut parler, ne s’est passée que plus de trois ans après la prise de Maestrich : aussi n’y a-t-il rien dans le Tableau. 9. La Franche-Comté soumise pour la seconde fois, avec une promptitude extraordinaire, malgré l ‘opposition des saisons, fait repentir l'Espagne, mais trop tard, de son engagement conre la France. Il semble que la Franche-Comté et sa soumission regardent moins les armes du roy que l’impatience qu’avoit cette province de se soumettre, ce qui fait un sens contraire à celui que l’auteur a dû se proposer. Malgré l'opposition, ne vaut guère mieux que le « nonobstant de l'opposition » dont on se sert au Palais. Et d’ailleurs on ne dit point l'opposition des Saisons. Fait repentir l'Espagne, mais trop tard etc. Ce mais trop tard est une parenthèse bien inutile ; d’autant plus que toute cette inscription ne semble composée que de parenthèses, qui en interrompent le sens à chaque mot, et font un effet très désagréable. 10. Le roy tombe comme un foudre sur la ville de Gand et par cette nouvelle conqueste ôte à la Flandre la dernière espérance qui lui restait. Le roy tombe est une expression basse, équivoque, et qui ne convient nullement à Sa Majesté. On ne tombe que parce qu'on ne peut se soutenir. Comme un foudre est d'autant plus mal que le roy luy-mesme tient le foudre en sa main droite, et que l’Inscription doit avoir rapport au Tableau. Sur la ville de Gand : l'auteur n’a pas pris garde que la ville de Gand estoit représentée par une femme. Dernière espérance, est obscur, et demanderoit quelque éclaircissement. 11. La puissance victorieuse du roy renverse la politique de l'Espagne, éblouit son conseil et déconcerte sa prévoyance. Victorieuse du roy est équivoque. Renverser la politique d'Espagne, éblouir son conseil, déconcerter sa prévoyance signifient la mesme chose au fond, et tout cela n’est bon que pour multiplier les figures d’un Tableau. 12. La Hollande tend les bras à la paix qui lui est offerte, et se désunit de l'Allemagne et de l'Espagne qui font de vains efforts pour l’arrester. Qui lui est offerte est dit en l’air, il fallait ajouter par qui, d'autant plus que c’est le sujet du Tableau. Qui font de vains efforts pour l’arrester. On ne sait si c’est la paix ou la Hollande, qu’on veut arrester, retenir eut esté mieux. En général on peut remarquer deux grands défauts dans toutes ces inscriptions. L’un est que l’auteur y affecte un style pompeux, tous à fait contraire à celui que les Inscriptions demandent. L'autre qu'il descend dans un trop grand détail ; ce qui n’est pas moins opposé au caractère d’une Inscription de Tableaux, pour laquelle il ne faut que dire simplement le fait historique, comme l’a fait l’auteur en quelques uns des tableaux de la Galerie. Mais il y a encore quelque chose à dire en la plupart de ces Inscriptions. Par exemple : 13. Ordre remis dans les finances. LL. L'ordre remis est dur, et de plus on ne dit point ordre remis, mais l’ordre remis ; il faut un article en cet endroit-là.

    L'ordre rétabli serait mieux. 14. Les duels abolis.

    On dit abolir une Loi, abolir une coutume, un usage. Mais abolition, en matière de crimes, est autre chose :

    témoin les lettres d’abolition. 15. Réparation d'outrages faits à Rome à l'ambassadeur de France. > i | Réparation d’outrages n’est pas françois, il falloit : de l’outrage, à cause de ce qui suit. Mais outrage paroist injurieux. 16. Préséance sur l'Espagne conservée à la France. | Cette Inscription ne dit point le principal, qui est que la préséance a été reconnue par l'Espagne.

    17. Hotel royal des invalides.

    I

    Ceci ne peut estre bon que pour mettre sur la porte des Invalides. 259

    L'ÂGE DE L'INSCRIPTION

    LE CHANTIER DE VERSAILLES ET LA PERIPETIE DES INSCRIPTIONS LATINES

    De cette lecture sans indulgence on ne retiendra pas, bien que, s'agissant d'inscriptions monumentales, elles soient loin d’être vénielles, les critiques qui portent sur les infractions à la correction et au « bel usage », ou à la clarté ou la propriété de l'expression, ou celles qui dénoncent quelque liberté par rapport a l’exactitude historique, voireau sens principal du tableau ; et l’on s’attachera aux deux défauts que Boileau retrouve et fustige dans la plupart de ces inscriptions : l’auteur y affecte un style pompeux ; il y descend trop dans le détail. Le premier reproche vise l'inflation d’adjectifs (« merveilleux », « incroyable », « héroïque », « extraordinaire »), l'emploi de figures (« la fleur de la jeunesse », « le timon de l'Etat » — bien que dans ce dernier cas l'expression soit la simple transposition de l’allégorie en peinture; « le bras fatal », « le roi tombe comme

    un foudre »), l’amplification verbale (« renverse »,

    « éblouit », « déconcerte »), autant de procédés qui soutiennent les thèmes d'un commentaire encomiastique à deux versants (d’un côté « grandeur », « justice », « résolution », « promptitude », « puissance victorieuse » — et de l’autre : « repentir », « trop tard », « en vain », « pertes imprévues »). Le second reproche vise d’abord l'application que Charpentier a mise à rendre compte des diverses parties de la composition —« pourquoy s'attacher à nommer toutes les figures d’un tableau et en décrire les actions, lorsqu'il n’est question que d’exposer le fait général ? » : on ἃ vu que c'était déjà, mais délégué au jeu de miroir des boucliers, un caractère de plusieurs inscriptions de Tallemant ; ensuite la lourdeur et l'embarras d’une diction encombrée de circonstancielles (les « parenthèses »). Contrastera donc avec ce style lourd, fleuri et ampoulé un style simple et naturel, le seul de mise quand « il n’est question que d’exposer le fait général » : 1. Le roi prend lui-même la conduite de son royaume et se donne tout entier aux affaires, 1661. 2. L'ancien orgueil des puissances voisines de la France. 3. Résolution prise de châtier les Hollandais, 1671. 4. Le roi arme sur mer et sur terre, 1672.

    5. Le roi donne ses ordres pour attaquer en même temps quatre des plus fortes places de la Hollande, 1672. 6. Passage du Rhin en présence des ennemis, 1672. 7. Ligue de l’Allemagne et de l'Espagne avec la Hollande. 8. Le roi prend Mastrick en treize jours, 1673. 9. La Franche-Comté conquise pour le seconde fois, 1674. 10. Prise de la ville et de la citadelle de Gand en six jours, 1678. 11. Les mesures des Espagnols rompués par la prise de Gand. 12. La Hollande accepte la paix et se détache de l'Allemagne et de l'Espagne, 1678. L'intervention de Boileau et Racine, en mettant fin aux remaniements,

    fixe définitivement l’état

    des inscriptions de la galerie, ἃ quatre retouches près qui datent, on l’a dit, de la première moitié du

    xvii® siècle. L’une d’elles se borne à lisser l’expression : le syntagme SVR MER ET SVR TERRE qui dans l’ins-

    cription n°4, « LE Roy ARME SVR MER ET SVR TERRE » respectait encore, le sens de la lecture du tableau,

    devient SVR TERRE ET SVR MER, par retour ἃ l’euphonie du syntagme usuel, calqué sur le latin des inscriptions, TERRA MARIQVE. Trois autres — ici (n° 7), le mot « Licve » remplacé par « ALLIANCE », la (n° 2), « L’ANCIEN ORGVEIL » par « LE FASTE », enfin (n° 3) Résolution de « FAIRE LA GVERRE AVX HOLLANDOIS », au lieu de « CHATIER LES HOLLANDOIS » — marquent, selon Marc Fumaroli 35, une « euphémisation » de la diction. La modification la plus spectaculaire est le remplacement de l’inscription de Boileau-Racine 260

    (Planche 34) au cartouche central par les simples mots : LE ROI GOVVERNE PAR LVI MEME, 1661, formule dont on a pensé qu'elle était prise à Voltaire — c’est en effet le titre d’un chapitre fameux du Siècle de Louis XIV (1753) —, mais dont nous avons montré plus haut qu’elle introduit déjà le sujet de la médaille de la prise du pouvoir dans I’ Histoire du roi Louis le Grand par les médailles publiée en 1689 par Ménestrier. Cette formule dont la concision même fait la force marque le point d’accomplissement de l’évolution vers la sobriété, dont nous avons retracé les étapes. Le style est donc enfin trouvé, celui d’un grand style inscriptionnel français, capable par sa simplicité et son laconisme de lutter avec la gravité de l'inscription latine. Rappelons qu’un choix analogue avait déjà été fait à propos de la médaille, appelée aussi petit monument, comme l’atteste le projet de préface de Paul Tallemant aux Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand **, mais il s'agissait la de refuser le style brillant que les modernes tentaient d'introduire sur le modèle de la devise : Il ne sera pas inutile à ce propos de faire voir la différence du goust des Modernes au goust des Anciens. Henri II, l’un de nos Roys estoit fort amoureux de Diane de Poitiers, Duchesse de Valentinois. Cette Duchesse fit frapper une Medaille où Elle est peinte en Diane, qui tient un arc à la main, et foule aux pieds l'Amour ; la Legende OMNIVM VICTOREM VICI, veut dire : J’ay vaincu le vainqueur du monde. Cette pensée est très belle et dans tout le moderne à peine s’en trouvera-t-il cinq ou six de cette beauté-là, car la comparaison est très galante, de Diane qui se vantait d’avoir vaincu Amour vainqueur de tous les dieux, avec Diane de Poitiers,

    qui avoit soumis à ses charmes un jeune Roy fort aimable. Cependant pour le Type, les Anciens n'auraient pas mis l’Amour sous les pieds de Diane et se seroient contentez de le mettre auprès d’Elle, ou enchaisné, ou luy presentant son arc et ses flèches ; parce que la bienseance est blessée de voir cette Divinité le fouler aux pieds, d’autant plus que l’Amour designe le Roy. Quant à la Legende, les paroles conviendroient mieux à une Devise, elles manquent d’une certaine gravité requise pour les Medailles. Les Anciens auroient mis simplement DIANA VICTRIX, Diane victorieuse, et c’estoit une Médaille parfaite.

    Or Ménestrier tenait le même discours à propos de décorations funèbres : Il y a là deux métaphores qui nuisent à la gravité du sujet... On ne peut nier qu'il y ait de l’esprit dans cette inscription, mais je ne sais si elle est assez grave pour un sujet aussi lugubre... Cette inscription est admirable selon le génie de l'Italie, elle ne l’est pas selon le nôtre, qui est moins exagératif... 45

    Ce qui se constitue avec les inscriptions de Versailles, en opposition totale avec les essais de Charpentier, mais aussi (comme à propos des médailles) avec la manière « italienne » dont Tesauro a donné tant de brillants exemples, donc aussi loin de l’enflure rhétorique que de l’ingéniosité des pointes, c'est donc bien ce que Racine, justement, appelait le style historique, quand il notait, en marge de son exemplaire de Lucien : « Le panégyrique et l’histoire sont éloignés comme le ciel l’est de la terre. De ce style « historique » français on ne saurait trouver pour finir meilleure définition que celle de Pellisson dans son Projet de l’histoire de Louis XIV, adressé à Colbert : 43. Cité dans MILANOVIC, « Les inscriptions dans le décor. », art. cit., 293, note 24. 44. Médailles sur les principaux Evénements..., op. cit. supranote 28.

    Sur les principales étapes de l'élaboration de cet ouvrage, JACQUIOT,

    Médailles.…, op. cit., vol. I, Introduction, I-LXXXIII et pièces justificatives, LXXXV-CXLVIIL. Le projet de Préface, supprimé sur l’ordre du roi, est cité LV, la Pièce justificative n° 52, CXXIII.

    45. MÉNESTRIER, Des Décorations funèbres, op. cit., 163, 185, 187. 261

    L'ÂGE DE L’INSCRIPTION

    HU

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    TABLEAUX DES INSCRIPTIONS DE LA

    Planche 34 : Cartouche central « Le Roy / GOVVERNE / PAR LVI MEME. / 1661. » mise en œuvre originale

    pour le stuc et la polychromie, L. Labbe, E. Pris, 2003.

    Entre tous ces caractères [que l'historien met en scène], celui de Sa Majesté doit éclater. Il faut louer le

    roi partout, mais pour ainsi dire sans louange, par un récit de tout ce qu’on lui a vu faire, dire et penser, qui paraisse désintéressé, mais qui soit vif, piquant et soutenu, évitant dans les expressions tout ce qui tourne vers le panégyrique. Pour en être mieux cru, il ne s’agit pas de lui donner là les épithètes et les éloges magnifiques qu'il mérite, il faut les arracher de la bouche du lecteur par les choses mêmes. Plutarque ni Quinte Curce n'ont point loué Alexandre

    d’une autre manière et on l’a trouvé bien loué. Il serait à souhaiter sans doute que Sa Majesté approuvat et agréat ce dessein. mais il ne faut pas qu’elle paraisse l'avoir agréé, ni su, ni commandé *°,

    Texte capital et paradoxal, et dont il faut peser chaque mot, à la suite du regretté Louis Marin, qui l'analyse dans Le portrait du roi “7. Parce que s'y dévoile en toute clarté la stratégie française : il s’agit bien toujours de « faire concevoir » la grandeur du monarque — « Il faut louer le roi partout » —, mais à la faveur d’un détour et d’une manière fort subtile, par l’exclusion affichée de l’épidei

    ctique — « Mais pour ainsi dire sans louange ». Ce n’est Pourtant qu'un piège, puisque le discours d’éloge (les épithètes et les éloges magnifiques), exclu du récit, mais non éliminé, fait sournoi sement retour, déplacé seulement dans l’esprit et sur les lèvres du lecteur : « Il ne faut pas les lui donner là, mais il faut les arracher de la bouche du lecteur par les choses mêmes ». 46. PELLISSON-FONTANIER, Œuvres diverses, 2, Paris, Didot, 1735,

    323-328.

    262

    47. L. Marin, Le Portrait du roi, Paris, 1981, 49 suiv.

    GALERIE

    DES GLACES

    TABLEAU

    Support et localisation (TR = trophée ; CA = grand cartouche ; E = Est ; W= Ouest ; N = Nord, S = Sud ;

    numérotation du Nord au Sud)

    Inscriptions latines de Paul Tallemant (1683-

    84), restituées par lecture en lumière rasante (sur cartouche en stuc

    I

    GRANDS

    CARTOUCHES

    Inscriptions latines de Paul Tallemant,

    publiées dans JeanFrancois Félibien, Description de Versailles... en 1703

    ou bouclier en stuc)

    ET TROPHEES

    AVEC

    BOUCLIERS

    Inscriptions de Francois Charpentier + publiées dans le Mercure galant, janv. 1685 :

    en italiques * vérifiées en lumière

    rasante in situ : en petites

    capitales

    (sous les grandes peintures d'histoire) Inscriptions de Nicolas Boileau et Jean Racine ee par

    Inscriptions françaises publiées dans Jean-François ae: ear PR Le 4 wa

    Inscriptions dans les dessins de Jean-

    Inscriptions dans les gravures La Bes galerie...,

    tableaux de la Galerie

    (aprob. Tallemant)

    et 1731

    les dessins de Massé

    Pierre Rainssant dans L'explication des de Versailles... en 1687

    de Versailles... en 1703

    (inscriptions en petites capitales

    Baptiste Massé 9 réalisés entre 1723

    1753 + réalisées d’après

    entre 1731 et 1752

    Etat actuel des inscriptions RTs. Os Sse eons aes ts sco ee Sem ees

    rt

    ass

    e

    devis de ION Moench de 1815)

    dans le texte)

    TRW 01

    ARMA, / PRÆCIPITANTER. / ET. / PERTVRBATE. /

    AC PRECIPITATIONE

    [VI] La Hollande effrayée

    sed ante corr. :

    PARANTUR

    de tant de pertes impréviies,

    hci

    el

    CAN 01

    / ay: /

    TR E 02

    CA E 01

    ἿΝ GERMANIÆ.

    & presque incroyables,

    HISPANIA

    GERMANIA,

    ’ BATAVIA FOEDUS

    lisi Non on lisible ARMANTVR. NVM

    Lies

    ARMA PERTURBATE

    PARANTVR.

    INEUNT:

    /

    ARMANTUR

    INNUMERI

    var / PRINCIPES.

    GERMANIAE

    PRINCIPES

    RVVNT. / SIMVL. / VRBES. / ET. /

    RUUNT SIMUL URBES MUNITISSIMAE,

    DIVITISSIMA. / VIRES. MARIS. / COMMERCIA. /

    VIRES MARITIMAE, COMMERCIA, LIBERTAS

    ee ee RHENVS. SVPERATVS. /

    IN. PRÆSENTIA. HOSTIVM.

    Ss

    sll

    ae



    IN VINGENDO

    saint i

    TR E 03

    RHENI. / SVPERATI. /

    RHENI SUPERATI

    TRW 03

    TRAIECTVM. / AD. MOSAM. / VI. RAPITVR.

    a

    INDIGNATIO.

    cherche un remède à ses malheurs, dans l'Alliance :

    ἢ qu Ἶelle ie it avec l'Espagne

    TR W 02 264

    ἘΞ

    MIRANTVR.

    /

    LONGINQVÆ. / NATIONES.

    =

    Hollande. 1672.

    [18] LIGUE DE L’ALLEMAGNE ET DE L” ESPAGNE AVEC LA HOLLANDE, 1672.

    LIGVE DE L’ALLEMAGNE / ET DE L'ESPAGNE AVEC / LA HoOLLANDE. / 1672

    [XXXI] ALLIANCE / DE L’ ALLEMAGNE ET DE L’ESPAGNE / AVEC LA HOLLANDE / 1672

    entrée aux François jusques dans le cœur de la Hollande,

    & rien ne peut resister à la justice des armes du Roy,

    en lumière rasante :

    inscr. Charpentier

    (cartouche en stuc)

    [V. 1] Le merveilleux Passage du Rhin donne [V. 1] Pafage du

    Rhin en presence des

    [19] PASSAGE DU

    RHIN EN PRESENCE DES

    PASSAGE DV RHIN / EN PRESENCE DES ENNEMIS / 1672

    Ennemis. 1672.

    ENNEMIS, 1672.

    [inscription en

    [V. 2] Prise de Mastrich en treize jours 1673.

    [20] PRISE DE MASTRICH EN TREIZE Jours, 1673.

    LE Roy PREND / MASTRICK [SIC] EN TREIZE / IOVRS. 1673.

    ny retarder la rapidité de ses

    [TV] PASSAGE DV RHIN / EN PRESENCE DES ENNEMIS / 1672

    partie effacée]

    PASSAGE DV RHIN /

    EN PRESENCE DES ENNEMIS, / 1672.

    (cartouche en stuc)

    Conquestes.

    INDIGNATIO

    =

    Non lisible

    [VI] Ligue de l'Allemagne & de l'Espagne avec la

    & l'Allemagne.

    [V. 2]

    Treize jours d’Attaque

    rendent le Roy maistre de CA W 01

    ALLIANCE DE

    L’ALLEMAGNE / ET DE L’ESPAGNE AVEC / LA HoLLANDE / 1672.

    Mastrich, à l’étonnement de

    toute l’Europe, tandis que ses Vaisseaux mettent en fuite la Flotte Hollandoise sur les

    [V] LE ROY / PREND MASTRICH / EN TREIZE

    Jovrs / 1673

    LE Roy PREND / MASTRICH EN TREIZE / IOVRS /

    1673.

    (cartouche en stuc)

    Costes de l'Amérique.

    265

    ANNEXE

    =.

    Support et localisation

    Inscriptions latines

    à

    Inscriptions latines

    Ppe (TR = trophée ; CA = grand cartouche ; E = Est ; W = Ouest ; N = Nord, S = Sud ;

    de Paul Tallemant (168384), restituées par lecture en lumiére rasante

    Paul ‘Tall e Pau emant, publiées dans JeanFrancois Félibien,

    numérotation du Nord

    (sur cartouche en stuc

    Description de Versailles...

    au

    Sud)

    ou

    bouclier

    en

    de

    stuc)

    en

    1703

    j

    e

    nscriptions

    aer

    de

    y

    I

    Francois

    de Nicolas Wailer

    Charpentier

    i et Jean Racine + publiées par Pierre Rainssant

    si * publiées dans le Mercure galant, janv. 1685 : en italiques + vérifiées en lumière rasante

    ἘΠ

    nscriptions

    dans L'explication des

    in situ : en petites

    tableaux

    capitales

    de la Galerie

    de Versailles... en 1687

    A

    Inscriptions ¢

    DEEE Ρ

    :

    dans Jean-François Félibien, Description dv CE Iles i es ri en 1703

    (aprob.

    A Dons nscriptions dans les dessins de JeanBaptiste Massé ὁ réalisés entre 1723

    Tallemant)

    et 1731

    (inscriptions

    en petites capitales

    Inscriptions dans

    les gravures La grande galerie..., 1753 9 réalisées d’après

    les dessins

    de

    Etat actuel des

    inscriptions FR QE ῬΕΙ͂Ν ἐμᾷ aie a, ana

    Ρ Se

    eae

    ‘Gane

    Massé

    entre 1731 et 1752

    Moench de 1815)

    dans le texte) QVATTVOR. / VRBES. / SIMVL. / EXPVGNATÆ.

    TR E 04

    série

    ORSOVIUM, RHENOBERGA

    EXPVGNATE.

    EXPUGNATAE

    ORSOVIVM. / RHINOBERGA. / VIUM, RHEN

    Poe aire CA E 02

    = 5

    TR W 05

    =

    IN. BATAVIAM. /

    INGRESSVS. M.DC.LXXII.

    ORSOY. WESEL. /

    / ΒΗΙΜΒΕΚΟ. ante awe : WESALIA. / BVRCINACIVM. / EXPVGNATÆ. / AD. RHENVM.

    CLASSES. / ORNATÆ.

    NAVALIA. / EXTRVCTA.

    oa

    [IV] Le Roy forme le dessein dassiegeren mesme temps REGIS INVICTISSIMI IN

    BATAVIAM INGRESSUS, 1672

    WES:

    Wesel, Burich, Orsoy,

    CLASSES ORNATAE,

    NAVALIA EXTRUCTA

    [I]

    Le Roy arme par

    mer & par terre avec

    TR W 04

    MILITVM. / DELECTVS. / ARCES. / CONDITÆ.

    MILITUM DELECTUS, ARCES CONDITAE

    pas moins d’admiration que

    TR E 06

    ET. FORTVNÆ. /

    INTER PACIS ET

    [1.1] Lovis LE GRAND

    FLORENTIS. /

    FORTUNAE ILLECEBRAS

    CAE 03 a

    à

    ἸΑΡΙ

    ]M.DC.LXI.[

    GLORIÆ. / AMORE. / INCENDITVR.

    promptitude, que ses

    TES i Ennemis n'en conçoivent

    a

    GUBERNACULA IMPERII ACCEDENS

    GLORIAE AMORE INCENDITUR

    [17] LE Roy DONNE DES ORDRES POUR

    ATTAQUER EN MESME

    TEMPS QUATRE DES

    PLUS FORTES PLACES DE LA HOLLANDE,

    1672.

    LE Roy DONNE SES ORDRES / POVR

    ATTAQVER EN MESME

    TEMPS QVATRES

    [sic] / DES PLVS FORTES PLACES DE LA

    HoLLANDE / 1672.

    [X] LE ROI DONNE SES ORDRES / POVR

    |

    ATTAQVER EN MÊME

    QVATRE DES / PLVS

    TEMS QVATRE DES

    FORTES PLACES DE

    PLVS / FORTES PLACES DE LA HOLLANDE /

    1672

    LA HOLLANDE, 1672.

    (cartouche en bois

    sur cartouche en stuc sous-jacent)

    ἘΣ ROVARME WW

    L

    HIT] Le Roy arme sur mer BF Site dome 1672

    [16] LE ROY ARME

    SUR MER ET 50

    R

    reams, ONE

    LE Roy ARME / SVR

    MER & SVR TERRE, / s :

    1615:

    [IX] LE ROI ARME /

    SVR TERRE ET SVR / 1672

    ΜῈ

    SVR / TERRE ET SVR ΜΕΝ,

    LE TIMON DE

    [I. 1] Le Roy

    2

    PREND EEE

    [1] LE ROY PREND

    i

    sur cartouche en stuc sous-jacent)

    pbs

    ΒΕΝΟΝΟΑΝΤᾺΝ ΒΕΡΟΣῈΤ

    LA CONDVITE / DE SES ESTATS, ET SE DONNE

    ESTATS, ET SE DONNE

    TOVT ENTIER / À L’AMOVR

    TOVT / ENTIER AVX

    TOUT ENTIER AVX

    AVX PLAISIRS, SE DONNE DE LA VERITABLE

    PE

    A

    /

    RARE

    CONDVITE DE SES 2

    supe 166]

    Le Roy /

    LE Roy PREND LVY

    È

    Rite

    CONDVITE

    BEESON ΒΟΥΑΥ͂ΜΕ 7 ET SE DONNE TOVT ENTIER / AVX

    AFFAIRES. / 1661

    :

    / 1678.

    è à (cartouche en bois

    hand tA ΈΡΕΝΕ DE LA

    L'ETAT, ET

    casas

    POVR ATTAQVER / EN MESME TEMPS

    |

    d'épouvante.

    JEVNESSE, PREND EN MAIN

    LUDOVICUS MAGNUS AD |

    sos

    ip F eee doe Î μὴ ον Has 672

    tant de grandeur & de

    PROVIDENTIA PRINCIPIS

    nn

    ne iia peaks

    les Préparatifs avec ses Genéraux.

    ῬΒΟΝΙΌΕΝΊΙΑ, /

    INTER. PACIS. /

    ἐπ

    Rhimberg, & en regle

    CA W 02

    PRINCIPIS.

    LIV] La Roy ae alee! 13:

    BURSINACIUM EXPU GNATAE

    ILLECEBRAS.

    266

    ΤΕ ΒΟΥΡΟΝΝΕ :

    Aig i

    REGIS. INVICTISSIMI. /

    ith

    É

    ΠῚ τε κοι /

    GOVVERNE / PAR LVI μέμε 7 1661

    back

    πῶ ear ΓΝ]

    ΜΕΜΕ.

    nor



    int tenter εἰ

    ec

    see

    :

    (1661)

    εἰς ΜΡ se

    (cartouche en stuc)

    267

    ANNEXE

    Support et localisation

    (TR = trophée ; CA = grand cartouche ; E = Est ; W = Ouest ; N = Nord, S = Sud ; numérotation du Nord au Sud)

    Inscriptions latines de Paul Tallemant (168384), restituées par lecture en lumière rasante (sur cartouche en stuc ou bouclier en stuc)

    Inscriptions de Francois

    Inscriptions latines de Paul Tallemant, publiées dans Jean-

    Charpentier

    * publiées dans le Mercure

    galant, janv. 1685 :

    François Félibien,

    Description de Versailles... en 1703

    Pierre Rainssant dans L'explication des tableaux de la Galerie de Versailles... en 1687

    en italiques * vérifiées en lumière rasante in situ : en petites

    capitales

    TR W 07

    CA W 03

    TR W 06

    TRE

    08

    HISPANIA. / GALLICI.

    REGNI. / DIGNITATI. / INVIDA.

    Non lisible

    09

    TR W 09

    ;

    i

    ΒΡΟΝΙ

    JEVNE / MONARQVE,

    SIBI. SOLI. / VINDICANS.

    VINDICANS

    COMITATVS. / BVRGVNDLÆ. / ITERVM. / SVBACTVS.

    BATAV. / AVXIL. FRVSTRA.

    FIDENTEM. / REX. ARMIS. AGGREDITVR.

    VESVNTIO.

    M.DC.

    / CAPTA.

    MINERVA. / BELLI.

    LABORES. / FORTISSIMO. PRINCIPI. / [RE]CITAT.

    HISPANORUM,

    ET

    BATAVORUM AUXILIIS FRUSTRA FIDENTEM

    REX

    ARMIS AGGREDITUR VESUNTIO

    W

    04

    TR W 08

    CAPTA

    MINERVA BELLI LABORES

    FORTISSIMO PRINCIPI RETEGIT

    268

    DE BELLO. / INEVNDO. /

    DE BELLO INEUNDO

    CONSILIVM.

    CONCILIUM

    MARS / ΤΕΙΝΜΡΗΟΒ., PARAT.

    1753 + réalisées d’après les dessins de Massé entre 1731 et 1752

    (les inscriptions des douze principales compositions correspondent au devis de Simon Moench de 1815)

    dans le texte)

    FASTE / DES

    HÉROÏQVE DE CE

    ET COMMENCENT / À

    REDOVTER

    SON BRAS, QVI

    [I. 2] L'ANCIEN ORGVEIL / DES PVISSANCES VOISINES / DE LA FRANCE.

    [2] L'ANCIEN ORGUEIL DES PUISSANCES VOISINES DE LA FRANCE

    L'ANCIEN ORGVEIL / DES PVISSANCES VOISINES / DE LA FRANCE.

    [IT] FASTE / DES PVISSANCES /

    VOISINES / DE LA FRANCE

    PVISSANCES

    VOISINES / DE LA FRANCE.

    en Lumière rasante. :

    inscr. Charpentier et inscr. Boileau-Racine (cartouche en stuc)

    DEVOIT / ESTRE FATAL / À

    πρὸ

    SE

    ae

    à

    MARS TRIUMPHOS PARAT

    La FRANCHE

    LA SECONDE FOIS / AVEC

    VNE PROMPTITVDE /

    EXTRAORDINAIRE, MALGRE

    L'OPPOSITION / DES

    SAISONS,

    FAIT REPENTIR

    L’ ESPAGNE MAIS / TROP TARD, DE SON

    ἘΝΘΑΘΕΜΕΝΤΙ

    COMTÉ / CONQVISE [VII] La FrancheComté conquise pour

    la seconde fois. 1674.

    [21] LA FRANCHECOMTÉ CONQUISE

    POUR LA SECONDE Fois, 1674.

    LA FRANCHE COMTE / CONQVISE POVR LA SECONDE FOIS / 1674

    [XI] LA FRANCHE COMTÉ / CONQVISE POVR LA SECONDE FOIS / 1674

    POVR LA SECONDE / FOIS, 1674. en lumière rasante :

    inscr. Charpentier

    (cartouche en bois sur carrtouche en stuc sous-jacent)

    ΘΟΝΤΒΕΤΑ

    FRANCE.

    RÉSOLVTION

    [II] Le Roy / DÉLIBÈRE S'IL 7 ATTAQVERA

    LES

    HOLLANDOIS ET / APRÈS CA

    en petites capitales

    La grande galerie...,

    Etat actuel des inscriptions

    LEVR AMBITION.

    COMITATUS BURGUNDIAE ITERUM SUBACTUS

    GERMANORUM,

    * réalisés entre 1723 et 1731

    Inscriptions dans les gravures

    HOLLANDE, /

    SUPERBA

    COMMERCIA SIBI

    (aprob. Tallemant) (inscriptions

    Inscriptions dans les dessins de JeanBaptiste Massé

    L'ESPAGNE ET LA

    GERMANIA ROMANI

    IMPERII TITULO

    Inscriptions françaises publiées dans Jean-François Félibien, Description de Versailles... en 1703

    [1.2] L’ALLEMAGNE, /

    SONT ALARMÉES DE LA RÉSOLVTION /

    BATAVIA TOTIUS ORBIS

    LXXIV.

    TRE

    f

    BATAVIA. / TOTIVS. /

    ORBIS. / COMMERCIA. /

    HISPANVM. / GERM. AC.

    CA E 04

    ΠΕΦΑΝΙΑ Se

    Inscriptions de Nicolas Boileau et Jean Racine * publiées par

    DIVERSES RÉFLEXIONS /

    QVE LA PRVDENCE

    ET LA

    VALEVR LVY / FONT FAIRE, IL SE DETERMINE A LA / GVERRE, PAR LE CONSEIL. DE LA JVSTICE.

    [II] Resolution

    prise de chastier les Hollandois. 1671.

    [15] RESOLUTION PRISE DE CHASTIER LES HOLLANDOIS, [67].

    RESOLVTION PRISE / DE FAIRE LA GVERRE / AVX HOLILANDOIS / 1671

    [VIII] RESOLVTION PRISE / DE FAIRE LA GVERRE / AVX HOLLANDOIS / 1671

    PRISE / DE FAIRE LA GVERRE / AVX

    HOLLANDOIS. / 1671.

    en lumière rasante :

    inscr. Charpentier

    (cartouche en bois

    sur cartouche en stuc sous-jacent)

    269

    ANNEXE

    ANNEXE

    Support et localisation

    (TR = trophée ; CA = grand cartouche ; E = Est ; W = Ouest ; N = Nord, S = Sud ; numérotation du Nord

    au Sud)

    Inscriptions latines de Paul Tallemant (168384), restituées par lecture en lumière rasante (sur cartouche en stuc

    ou bouclier en stuc)

    Inscriptions latines de Paul Tallemant,

    publiées dans JeanFrançois Félibien, Description de Versailles... en 1703

    Inscriptions de Francois Charpentier

    + publiées dans le Mercure

    galant, janv. 1685 :

    en italiques * vérifiées en lumière

    rasante in situ : en petites capitales

    TRE

    10

    Anépigraphe

    Anépigraphe

    on

    TRE

    11

    Anépigraphe



    TRW 11

    Anépigraphe



    CA W 05

    Anépigraphe



    [VIII. 1] Le Roy tombe comme un Foudre sur la Ville de Gand, & par cette nouvelle Conqueste, ôte à la Flandre la derniere espérance qui luy restoit.

    [VIII. 2] La puissance victorieuse du Roy renverse

    la Politique d'Espagne, ébloüit son Conseil, &

    déconcerte sa prévoyance. TRW

    10

    Anépigraphe

    =

    TRE

    12

    Anépigraphe

    cz

    CAS

    01

    [IX] LA HOLLANDE TEND LES BRAS À LA PAIX / QVI

    ᾿ς

    Anépigraphe



    LVY EST OFFERTE,

    ET SE

    DÉSVNIT DE L’ALLEMAGNE ET DE L’ESPAGNE, QVI

    FONT ff DE VAINS

    Anépigraphe

    et Jean Racine + publiées par

    Pierre Rainssant dans L'explication des tableaux de la Galerie de Versailles... en 1687

    Inscriptions françaises publiées

    dans Jean-François

    Félibien, Description de Versailles... en 1703 (aprob. Tallemant)

    (inscriptions

    Inscriptions dans les dessins de JeanBaptiste Massé * réalisés entre 1723 et 1731

    en petites capitales

    Inscriptions dans les gravures La grande galerie..., 1753

    + réalisées d’après les dessins de Massé entre 1731 et 1752

    Etat actuel des inscriptions

    (les inscriptions des douze principales compositions correspondent au devis de Simon Moench de 1815)

    dans le texte)



    CAE 05

    Ἂν:

    Inscriptions de Nicolas Boileau

    EFFORTS

    POVR L. ARRESTER.

    [VIII,

    1] Prise de

    la Ville & de la Citadelle de Gand en six jours. 1678.

    [23] PRISE DE LA VILE [sic] ET CITADELLE DE GAND EN SIX JOURS, 1678.

    PRISE DE ET DE LA / DE GAND IOVRS,

    LA VILLE CITADELLE EN SIX / 1678

    [VI] PRISE DE LA VILLE / ET CITADELLE DE GAND / EN SIX Jovrs / 1678

    PRISE DE LA VILLE ET DE LA / CITADELLE DE GAND EN SIX / IOVRS, 1678. (cartouche en stuc)

    [VIII, 2] Les mesures des Es i Ἑ POO :

    rompués par la prise

    [24] LES MESURES DES ESPAGNOLS ROMPUES PAR LA PRISE DE GAND.

    LES MESVRES DES / ESPAGNOLS ROMPVES

    PAR / LA PRISE DE SE

    de Gand.

    PAR LA PRISE / DE CD ;

    ΙΧ ollande he accepte la Paix,

    25] LA HOLLANDE [25] ACCEPTE LA PAIX

    € se détache de

    ET SE DÉTACHE

    l'Allemagne & de l'Espagne. 1678.

    [VII] MESVRES DES ESPAGNOLS / ROMPVES

    DE L'ALLIANCE DE L’ESPAGNE, 1678.

    LA HOLLANDE /

    ACCEPTE LA PAIX ET SE DETACHE / DE L'ALLEMAGNE ET DE L’ESPAGNE / 1678.

    [XXXIII]’ τὰ HOLLANDE /

    ACCEPTE LA PAIX ET SE DÉTACHE / DE L’ALLEMAGNE ET DE L'ESPAGNE / 1678

    MESVRES DES / ESPAGNOLS ROMPVES PAR / LA G PRISE DE GAND. (cartouche en stuc)

    LA HOLLANDE ACCEPTE / LA PAIX

    ETà SE DETACHE re DE / L’ ALLEMAGNE ET DE L’EspAGNE. / 1678. en lumière rasante :

    inscr. Charpentier

    (cartouche en bois : pas de cartouche en stuc sous-jacent)

    271

    TABLEAU

    Inscriptions

    Support et

    localisation

    (CAP = cartouche peint ; E = Est ; W = Ouest ; numérotation du

    Nord au Sud)

    CAPE 01

    galant, janv. 1685 : en

    * publiées par Pierre

    Jean-François Félibien, Description de

    italiques vérifiées en lumière rasante in situ :

    Rainssant dans L'explication des tableaux de la Galerie de Versailles...

    1703

    (B = Bande)

    (PT = petit tableau)

    Tallemant

    publiées dans

    (1683-1684) * restituées par lecture en lumière

    FRANCIA /

    BATAVLE / VINDEX

    Tallemant,

    Versailles... en

    --

    + publiées dans le Mercure

    [BI, 2] La Hollande

    secourué contre l'Evesque de Munster.

    [BI, 3] REPARATION

    CAP W 01

    Non lisible

    -

    DE / L’OVTRAGE FAIT À ROME / À L’ AMBASSADEVR / DE

    FRANCE.

    a

    ER

    Jean Racine

    enjuillet 1687

    en petites capitales

    ie

    (associés aux ovales)

    Inscriptions

    de Nicolas Boileau et

    latines de Paul

    rasante

    PEINTS AILÉS

    Francois Charpentier

    Inscriptions

    latines de Paul

    Inscriptions de

    II CARTOUCHES

    Inscriptions publiées dans Jean-Francois Félibien, Description

    de Versailles... en 1703 (aprob. Tallemant)

    (inscriptions en petites capitales dans le texte)

    Inscriptions dans

    Inscriptions dans les dessins de JeanBaptiste Massé

    * réalisés entre 1723 et 1731

    les gravures de La grande galerie..., 1753 * réalisées d’après les

    dessins de Massé entre

    1731 et 1752

    (les inscriptions en italiques sont inscrites

    sous les gravures)

    secourué contre l'Evesque de Munster 1665.

    [11] LA HOLLANDE SECOURUE CONTRE L’EVESQUE DE MUNSTER, 1665.

    LA HOLLANDE / SECOVRVE / CONTRE LEVESQVE / DE MYXSTER / 1665

    [PT III] Reparation de l'attentat des Corses, 1664.

    [8] RÉPARATION DE L’ATTENTAT DES CORSES, 1664.

    REPARATION / DE L'ATTENTAT / DES Corses, / 1664.

    Réparation de l'attentat des Corses / 1666

    [PT V] Defaite des

    [9] DÉFAITE DES TURCS EN HONGRIE PAR LES TROUPES DU ROY, 1664.

    DEFAITE DES Tvrcs / EN HONGRIE PAR / LES TROVPES DV/ Roy, 1664

    Défaite des Turcs en Hongrie par les Troupes du Roy / 1664

    [PT Π] La Hollande

    Troupes du Roy, 1664.

    Etat actuel des inscriptions

    La Hollande secourué contre l'Evêque de Munster / 1665

    LA HOLLANDE / SECOVRVE / CONTRE L’EVESQVE / DE MVNSTER / 1665. (petit cartouche ailé « en bronze » supérieur)

    REPARATION / DE L'ATTENTAT DES / Corses, / 1664. en lumière rasante : inscr. Charpentier) (petit cartouche ailé « en bronze » supérieur) -

    DÉFAITE DES TVRCS / EN HONGRIE

    PAR / LES TROVPES DV / Roy, 1664. en lumière infra-rouge : Les Tvrcs / CHASSÉS DE LA / HONGRIE / 1664 (petit cartouche ailé « en bronze »

    supérieur)

    [IVS / PRÆCE] CAP W 02

    eet

    AP

    HIJSPAN[O /



    CONCESSVM

    [ΒΗ, 3] PRESÉANCE

    [PT VI] La Preéminence

    SVR / L’ESPAGNE, / CONSERVÉE / À LA Lie

    de la France, reconnué ee par l'Espagne, 1662.

    [4] LA PRÉEMINENCE DE LA FRANCE RECONNUE PAR L'ESPAGNE, 1662.

    LA PREEMINENCE DE / LA FRANCE RECONNVE / PAR L’ESPAGNE / 1662

    La Prééminence de la France reconnué par l'Espagne / 1662

    LA PRÉEMINENCE DE / LA FRANCE RECONNVE / PAR L’ESPAGNE. / 1662. en lumière rasante : inscr. Charpentier (petit cartouche ailé « en bronze » supérieur)

    NAVIGATIO / INSTAVRATA

    LEGVM

    CAP W 03

    /

    / SALVTARIS EMENDATIO

    NAVIGATIO INSTAURATA

    LEGUM

    SALUTARIS

    EMENDATIO

    (BIII, 2]

    RÉTABLISSEMENT / DE LA

    NAVIGATION.

    BUI,

    3

    ; DE LA RAS once

    EE

    À

    ee

    Ì

    de la Navigation, I 663.

    [5] RETABLISSEMENT DE LA NAVIGATION, 1663.

    RETABLISSEMENT / DE LA NAVIGATION, / 1664.

    Rétablissement de la Navigation / 1663

    RETABLISSEMENT / DE LA

    NAVIGATION. / 1663. en lumière rasante : inscr. Charpentier (grand cartouche-bouclier ailé inférieur)

    PAR

    ;

    Reena

    la Iustice, 1667.

    [13] REFORMATION DE LA JUSTICE, 1667.

    REFORMATION / DE LA IVSTICE, / 1667

    Réformation de la Justice / 1667

    REFORMATION / DE LA IVSTICE. / 1667.

    en lumière rasante : inscr. Charpentier (grand cartouche-bouclier ailé inférieur)

    "Ὁ

    CAP E 03

    ANNEXE

    Inscriptions latines de Paul Tallemant

    Support et localisation

    (CAP = cartouche

    peint ; E = Est ;

    W=

    Ouest ; numérotation du Nord au Sud)

    ἘΞ

    de Nicolas Boileau

    Charpentier * publiées dans le

    publiées dans Jean-

    Mercure galant, janv.

    lecture en lumière rasante

    Description de Versailles... en 1703

    e vérifiées en lumière rasante in situ : en petites capitales (B = Bande)

    ÆRARIVM

    / AB

    IPSO / OPTIMO PRINCIPE /

    eee / ARTES eee

    DECORATÆ

    CAP E 05

    Inscriptions

    de François

    (1683-1684)

    * restituées par

    ADMINISTRATVM

    CAP W 04

    Inscriptions latines de Paul Tallemant,

    Inscriptions

    = Anépigraphe

    Francois Félibien,

    AERARIUM

    OPTIMO

    AB

    PRINCIPE

    ADMINISTRATUM

    INGENUAE AC

    1685 : en italiques

    [BIV, 2] Ordre remis dans les Finances.

    BONAE ARTES

    [BIV, 3] Protection

    PROEMIIS

    Arts.

    HONORIBUS ET DECORATAE



    accordée aux beaux

    [BV, 2] HosteL /

    RoIYAL Ζ os /



    et Jean Racine + publiées par

    Pierre Rainssant

    dans L'explication des tableaux de la Galerie de Versailles...

    Inscriptions publiées dans Jean-François Félibien, Description de Versailles... en 1703 (aprob. Tallemant) (inscriptions en petites capitales dans le texte)



    Bones

    7

    1669

    à

    ἙΑΡῈ δ

    CAP W06

    274

    Ancpigraphe

    ἜΣ ei i

    tae

    Anépigraphe

    ἘΞ

    [PT XII] Protection accordée aux beaux Arts,

    1663.

    ΓΤ A

    Etablissement de l'Hôtel Royal des

    Invalides, 1674.

    [6] PROTECTION

    qi

    Zs

    See

    L'Ordre rétabli dans les

    [22] ETABLISSEMENT

    DE L HOSTEL ROYAL DES

    ENVOYÉES DES

    /

    ANS BONE



    Finances / 1662

    Protection accordée aux

    arts, / 1663.

    Beaux-Arts / 1663

    ETABLISSEMENT / DE

    Etablissement de l'Hôtel

    INVALIDES, / 1674

    1674

    i

    ihi il

    ξ

    ho ad

    Royal des Invalides /

    Ambassades: envonées

    DES / EXTRÉMITÉS / DE LA TERRE

    des extrémités de la Terre

    [7] RENOUVELLEMENT D’ALLIANCE VEC LES SUISSES, 1663.

    RENOUVELLEMENT / D'ALLIANCE / AVEC LES Svisses / 1663.

    Renouvellement d’Alliance avec les Suisses / 1663

    [27] LA JONCTION DES

    IONCTION / DES / DEVX MERS

    Jonction des deux Mers / 1667

    TERRE.

    [BVI, 2]

    [PT XVII]

    [PT XVIII] Jonction des deux Mers.

    À

    L'HÔTEL ROYAL / DES

    INVALIDES, 1674.

    extremitez de la terre.

    Renouvellement d’Alliance avec les Suibes, 1663.

    POLES

    arts, 1663.

    [PE RV] Awbapades RONC

    [BVI, 3] Jonction des deux Mers.

    L'ORDRE / RETABLI / DANS LES FINANCES.

    PROTECTION

    :

    ieee DES NATIONS LES PLVS / ; ÉLOIGNÉES.

    Renouvellement d'Alliance avec les Suisses.

    grande galerie..., 1753 9 réalisées d’après les dessins de Massé entre 1731 et 1752 (les inscriptions en italiques sont inscrites sous les gravures)

    9 réalisés entre 1723 et 1731

    [I] L'ORDRE RÉTABLY DANS LES FINANCES, 1662.

    [28] asus

    ek ial

    Inscriptions dans les dessins de JeanBaptiste Massé

    en juillet 1687 (PT = petit tableau)

    trier

    Inscriptions dans les gravures de La

    EXTRÉMITEZ DE LA

    DEUX MERS.

    Etat actuel des inscriptions

    L’ORDRE / RÉTABLI / DANS LES FINANCES. / 1662.

    (grand cartouche-bouclier ailé inférieur)

    PROTECTION / ACCORDÉE AVX BEAVX (

    ARTS / 1663.

    d cartouche-bouclier ailé pada inférieur)

    ETABLISSEMENT / DE L’ HOSTEL Roya / DES INVALIDES, / 1674.

    en lumière rasante : inscr. Charpentier (petit cartouche ailé « en bronze » supérieur)

    AMBASSADES / ENVOYÉES DES /

    EXTREMITEZ DE / LA TERRE.

    en lumière rasante : inscr. part. Charpentier (petit cartouche ailé « en bronze »

    supérieur)

    RENOVVELLEMENT / D’ALLIANCE /

    AVEC LES Svisses / 1663.

    (petit cartouche ailé « en bronze »

    supérieur)

    IONCTION / DES / DEVX MERS

    en lumière rasante : ionction / des deux mers

    (petit cartouche ailé « en bronze » supérieur)

    TABLEAU

    Support et

    localisation

    (OCT = médaillon

    octogonal central ; numérotation du

    ed

    oct 01

    Inscriptions latines de Paul Tallemant (1683-84) 9 restituees

    par

    lecture en lumière

    ee

    Inscriptions latines de Paul Tallemant,

    publiées dans JeanFrançois Félibien,

    Description de

    Versailles... en 1703

    [FAMES PIET]A[TE

    PRINCIPIS]



    SV[BLEVATA]

    ΠῚ MÉDAILLONS

    Inscriptions de François

    Charpentier

    + publiées dans le Mercure galant en janvier 1685

    (B = Bande)

    (BI, 1] Soulagement

    du Peuple pendant la famine en 1662.

    OCTOGONAUX

    (à la clé de la voûte)

    Inscriptions de Nicolas Boileau et Jean Racine * publiées par Pierre Rainssant dans L'explication des tableaux de la Galerie de

    Versailles: en 1687

    Inscriptions

    publiées par JeanAymar Piganiol de la Force, Nouvelle description... en

    1701

    (PT = petit tableau)

    [PT I] Soulagement

    du Peuple pendant la famine, 1662.

    Inscriptions dans

    Inscriptions

    [13] Soulagement

    publiées par Jean-

    Francois Félibien, Description de Versailles... en 1703 (aprob. Tallemant) (inscriptions en petites capitales dans le texte)

    Famine. 1662.

    [2] SOULAGEMENT pu PEUPLE PENDANT LA FAMINE, 1662.

    [16] La fureur des

    [26] LA FUREUR DES

    du Peuple pendant la

    Inscriptions dans

    les dessins de JeanBaptiste Massé + réalisés entre 1723 et 1731

    les gravures de La grande galerie..., 1753

    + réalisées d’après les dessins de Massé entre 1731 et 1752 (les inscriptions en italiques sont inscrites

    Etat actuel des inscriptions

    Soulagement du Peuple pendant la Famine en 1662

    SOVLAGEMENT DV

    sous les gravures)

    [Pas de titre]

    [SINGVLARIVM

    cr 02

    9.

    CERTAMINVM

    F]VROR C[OE]

    [BII, 1] Les Duels

    abolis.

    RC[ITV]S

    ocrg

    τ ane

    oct 04

    Non lisible

    ocr 05

    ;

    Anépigraphe

    Anépigraphe

    DOTALES REGIAE

    CONJUGIS URBES BELLO

    [BIII, 1] Premiére

    [PT IV] La fureur

    des Duels arrestée.

    Duels arrêtée.

    DUELS ARRESTEE.

    [PT VII] Guerre

    [19] Guerre contre

    [12] GUERRE CONTRE

    1667.

    Droits de la Reyne. 1667.

    DROITS DE LA REINE, 1667.

    l'Espagne pour les

    L’ESPAGNE POUR LES

    VINDICATAE

    Guerre contre l'Espagne, pour les

    Droits de la Reyne.

    contre l'Espagne pour les droits de la Reine,

    PAX AQUISGRANENSIS

    [BIV, 1] Paix conclué a Aix la Chapelle.

    [PT X] Paix faite à Aix-la-Chapelle, 1668.

    [22] Paix faite à Aix la Chapelle. 1668.

    [14] PAIX FAITE A AIX

    [PT XII] Acquisition de

    [25] Acquisition de

    Dunkerque, 1662.

    Dunkerque. 1662.

    [3] ACQUISITION DE DUNKERQUE, 1662.

    [PT XVI] La Police & la seuretè rètablies dans Paris, 1665.

    [28] La Police & la Seureté rétablies dans Paris. 1665.

    [10] LA POLICE ET LA SEURETÉ RÉTABLIES DANS PARIS, 1665.

    ye ne

    =

    Fes

    --

    Poe [BVI, 11 Stireté de la

    eee

    Ville de Paris.

    LA CHAPELLE, 1666.

    [Pas de titre]

    Éd ds Gee)

    [Pas de titre]

    La Fureur des Duels arretée en

    1662

    PEVPLE PENDANT

    LA / FAMINE. 1662.

    La FVREVR DES DVELS ARRESTEE 1662.

    Guerre contre

    GVERRE CONTRE

    Droits de la Reine / 1667

    DROITS DE LA REINE. / 1667.

    La Paix de Aix la

    La PAIX CONCLVE À

    l'Espagne pour les

    Chapelle, en 1668

    [Pas de titre]

    L’Acquisition de Dunkerque en 1662

    [Pas de titre]

    Police et Sureté établies dans Paris en 1662

    L’ESPAGNE /

    AIX-LA-CHAPELLE /

    1668.

    ACQVISITION DE DVNKERQVE

    SEVRETE DE LA VILLE DE Paris en lumière rasante :

    Sevreté et nettoyement de la ville de Paris

    277

    TABLE

    — Planche

    |

    |

    — — — — —

    Planche Planche Planche Planche Planche

    1:

    2: 3 : 4 : 5 : 6:

    DES ILLUSTRATIONS

    Poggio Bracciolini, Vaticanus Latinus 9152, 32v°-33r° (© Biblioteca Apostolica Vaticana). Ciriaco d’Ancona, Vaticanus Latinus 218, 1r° (© Biblioteca Apostolica Vaticana).

    Ciriaco d’Ancona, Vaticanus Latinus 218, 1v° (© Biblioteca Apostolica Vaticana).

    Felice Feliciano, Vaticanus Latinus 6852 (© Biblioteca Apostolica Vaticana). Giovanni Francesco Cresci, Il perfetto scrittore..., Roma, 1570 (© B.n.F.). Giovanni Gioviano Pontano, dans J.-J. Boissard, VI tomus inscriptionum et monumentorum, Francforti,

    1602, 205 (© BnF).

    — Planche 7: Hypnerotomachia Poliphili, Venetiæ, 1499, q 7v°-q 8r°. — Planche 8 : Hypnerotomachia Poliphili, Venetiæ, 1499, r iiv°-r iiir’. — Planche 9 : Andrea Alciato, Parisinus n.a.l. 1149, fol. 109r° (© B.n.F.). Planche 10 : Andrea Alciato, Parisinus n.a.l. 1149, fol. 107v° (© B.n.F.). — Planche

    11

    : Andrea Alciato, Emblematum liber, Augsburg, H. Steyner 1531, E 2 r° (© B.n.F.).

    de — Planche 12 : Domenico Fontana, Della trasportazione dell’obelisco vaticano..., Roma, D. Basa, 1590, Frontispice Natale Bonifacio (© J.-L. Charmet).

    — Planche

    13 : Domenico Fontana, Della trasportazione dell’obelisco vaticano..., Roma, D. Basa, 1590, 36

    (© J.-L. Charmet). obélisque devant — Planche 14 : Domenico Fontana, Della trasportazione dell’obelisco vaticano..., Roma, D. Basa, 1590,

    Santa Maria del Popolo, colonnes Antonine et Trajane (© J.-L. Charmet). B.n.F.). — Planche 15 : Gaspar Gevaert, Pompa Introitus..., Antverpiæ, 1635, Frontispice (©

    : Rodolphus » — Planche 16 : Gaspar Gevaert, Pompa Introitus..., Antverpiæ, 1635, « Porticus Cæsareo Austriaca (© B.n.F.).

    — Planche 17 : Gaspar Gevaert, Pompa Introitus..., Antverpiæ, 1635, « Templum Iani » (© B.n.F.).

    B.n.F.). —Planche 18 : Racconto delle sontuose Essequie..., Milano, 1621, « Mole funerale » (© B.n.F.). (© » Adam « 7, 1666, Torino, ..., /nscriptiones Tesauro, Emanuele : 19 —Planche » (© B.n.F.). — Planche 20 : Emanuele Tesauro, Inscriptiones..., Torino, 1666, 553 « Publica Monimenta B.n.F.). (© s.l.n.d. , — Planche 21 : Emanuele Tesauro, De Ludovico XII, Gallorum rege, vaticinium

    TABLE DES ILLUSTRATIONS

    — Planche 22 : Emanuele Tesauro, Inscriptiones..., Torino, 1666, Frontispice (© B.n.F.). — Planche 23 : Emanuele Tesauro, Il Cannocchiale Aristotelico..., Torino, 1670, Frontispice. — Planche 24 : Emanuele Tesauro, 1] Cannocchiale Aristotelico..., Torino, 1670, 597.

    — Planche 25 : Emanuele Tesauro, 1! Cannocchiale Aristotelico..., Torino,

    1670,

    199.

    — Planche 26 : Ottavio Boldoni, Epigraphica..., Augustæ Perusiz, 1660, page de titre (© B.n.F.). — Planche 27 : Ottavio Boldoni, Epigraphica..., Auguste Perusiæ, 1660, 628 (© B.n.F.). — Planche 28 : Ottavio Boldoni, Epigraphica..., Auguste Perusiz, 1660, 629 (© B.n.F.).

    — Planche 29: « Arc de triomphe du faubourg Saint-Antoine », H. Lemonnier, Procés-Verbaux de l'Académie d’archi-

    — — — —

    tecture (1671-1793), τ. II, Paris, 1912, 99.

    Planche Planche Planche Planche

    — Planche

    2003.

    30 31 32 33

    : : : :

    Versailles, Versailles, Versailles, Versailles,

    34 : Cartouche

    galerie galerie galerie galerie

    des des des des

    central

    Glaces Glaces Glaces Glaces

    : : : :

    Cartouche en stuc sous-jacent CA W 02. dégagement de SV dans I’Octogone OCT 01. Cartouche en stuc sous-jacent CA E 04. dessin de Jean-Baptiste Massé.

    : mise en œuvre

    originale pour le stuc et la polychromie,

    L. Labbe,

    E. Pris,

    INDEX

    Crédits photographiques : Biblioteca Apostolica Vaticana‘* : Bibliothèque nationale de France ; Jean-Loup Charmet ; Institut de France ; Jean Marsac et Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (Versailles) ; Réunion des Musées Nationaux.

    (Sont donnés en italiques les auteurs et personnages anciens, en romains les modernes)

    A Abbondanza, Roberto 90 (n. 7), 93 (n. 29), 97 (n. 50) Accursio Mariangelo 34, 53 Adam 180, 204, 205 Agabiti, Pietro Paolo 68 (n. 3) Aglié, Filippo di 192 (n. 9) Agustin, Antonio 36, 40, 41, 43 (n. 111, 114), 53, 87 (n. 72), 91 (n. 14), 153 (n. 24), 154

    Albani (famille) 45

    Albert Maximilien II 142, 143, 220 Alberti, Giovanni Andrea 174, 184, 186, 187 Alberti, Leon Battista 30, 69, 83, 114 Albertini, Francesco degli 16, 33, 40, 44



    i A ; Nous tenons à remercien r ici le Dr. Marco Buonocore, Scriptor Latinus et Direttore della Sezione Archivi de la B.A.V. pour son aide courtoise et particulièrement efficace qui ἃ facilité la publicati on de cet ouvrage. 280

    Alcée 108 Alciat : voir Alciato Alciato, Andrea 10, 25, 35, 36, 40 (n. 100, 102), 41, 43 (n. 108, 114), 69, 89-112 Aldobrandini, Fr.C. 158 (n. 8) Alexandre le Grand 183, 262 Alexandre Sévère 15 Alexandre VII 118, 131, 134, 135 Allegranza, Giuseppe 95 (n. 38)

    Allut, Paul-Auguste 157 (n. 1)" Alphonse, roi de Naples 60 Alveri, Gaspare 45 (n. 122) Amantius, Bartholomeus 34, 35, 43, 87 (n. 71), 103 (n. 79) Ambroise 110 Amelung, Walther 103 (n. 77)

    Amerbach, Boniface 90

    Aneau, Barthélemy 108-110

    Anguier, Guillaume 242

    Anténor 13, 48 (n. 133)

    Antipater de Sidon 69, 103

    Antonin le Pieux 28, 130, 132 Anziani, 19 (n. 25)

    Apianus : voir Bienewitz

    Apollonia 52, 61 Apulée 38 Arcadius 238 Archiloque 108 Archimède 39, 69 Arese, Giulio 162 (n. 19) Aretino, Leonardo 48 (n. 133) Ariadna : voir Sassone

    Arents, Prosper 142 (n. 6) Ariani, Marco 67 (n. 1)

    Aristide 213 Aristoménès 91 Aristophane 105 Aristote 146 (n. 15), 166 (n. 30), 167, 194, 196, 198 Arnigio, Bernardo 77 (n. 46) Artémidore de Daldis 100, 103, 107 Artémise 83 Asconius Pedianus 98 Atimetus 51 Atlas 39 Auguste 122, 125, 129, 131, 154, 155, 200, 202, 238 Aurélien 131 Aureolus 100 Ausone 52

    Babelon,

    Bachofen,

    B Jean-Pierre 223 (n. 11), 247

    Johann Jakob 92 (n. 17)

    Bagarris : voir Rascas Balavoine, Claudie 92 Balthazar Charles Dominique d'Espagne 192, 213

    INDEX

    Boccace, Jean 13, 51, 68, 77, 80 Boch, Johannes 143

    Barattolo, Andrea 25 (n. 45) Barbaro, Ermolao 92 (n. 17) Barberi, Francesco 85 (n. 67) Barberini, Francesco 44, 48 Barberini, Maffeo (Urbain VIII) 40 (n. 102), 220 Barbin, Claude (éditeur) 227 Barker, Nicolas 128 (n. 32) Barni, Gian Luigi 90 (n. 8), 97 (n. 48) Barocchi, Paola 112 (n. 98) Baronio, Carlo (Baronius) 212, 214 Baronius : voir Baronio Bartolomeo, A. (éditeur) 210 (n. 4) Basa, Domenico (éditeur) 116 Batta, Ernst 116 (n. 5) Bellini, Giovanni 26 Bellovese 110 Benard, Simon (éditeur) 228, 230 Benedetto, Filippo di 26 (n. 51) Benndorf, Otto 91 (n. 16) Benserade, Isaac de 223 Bernabei, Lazzaro dei 22, 43 (n. 108) Bernabù, R. (éditeur) 45 (n. 120) Bernin : voir Bernini Bernini, Gian Lorenzo (Bernin) 127, 194 Berrini, Osvaldo 209 (n. 3), 210 (n. 3) Bertalot, Luigi 26 (n. 47)

    Bodnar, Edward W. 25 (n. 44, 45) Boffito, Giuseppe 209 (n. 2) Boileau Despréaux, Nicolas 224 (n. 20), 243, 245, 246, 248, 250-252, 255, 258, 259, 265-276

    Boissard, Jean-Jacques 36, 39, 40, 42, 103,

    174 Boldoni, Ottavio 10, 88, 209-220 Bonhomme, Matthieu 100

    Boniface VHT 14

    Bonifacio, Natale 114 Borgia, Gasparo di 175, 176 Boriaud, Jean-Yves 14 (n. 10) Borromée, Cardinal 40 (n. 100) Borromini, Francesco 9, 190 Bosio, Andrea 158 Bossuet, Bénigne 224 (n. 17) Bouquet, Simon 137, 140 Bourzeis, Amable de 224, 227, 228, 230, 232 Bramante 114, 116 Branca, Vittore 13 (n. 6) Brunelleschi, Battista Pietro 45 Bruni, Leonardo 20 Bruzi, Giovanni 45 (n. 122) Buccapadulio, Prospero 114 (n. 2) Budé, Guillaume 89, 221 Buecheler, Franz 64, 87 Bullart, Isaac 142 (n. 8) Bullet, Jean-Baptiste 225 (n. 22) Buonaccorsi Callimachus, Filippo 48 (n. 133) Buondelmonte, Cristoforo 26 (n. 46) Burman l'Ancien, Pieter (Burmannus) 40 Burman le Jeune, Pieter (Burmannus

    Beschi, Luigi 25 (n. 44)

    Bianchi, Guglielmo (Blanchus) 116 (n. 5) Bickermann, Elias 158 (n. 7) Bidelli, Giovanni Battista (Bidellius) 93 (n. 23) Bidellius : voir Bidelli Bienewitz, Peter (Apianus) 32, 33, 34, 40, 41, 87, 103 Bignon, Jérôme 224 (n. 20), 230 Bilaine, Veuve (éditeur) 231

    Billanovich, Giuseppe 112

    secundus) 53, 62, 87

    Billanovich, Maria Pia 68

    Burmannus : voir Burman l'Ancien Burmannus secundus : voir Burman le

    Billanovich, Myriam 28

    Billot, E. (éditeur) 245 (n. 17) Biondo, Flavio 16, 20, 36 (n. 91), 44 Biraghi, Luigi 93 (n. 24), 94 (n. 31), 97 98 (n. 58, 60), 107 Bjgrnstad, Hall 247, 253, 254, 255 Blanchus : voir Bianchi

    Bleu, Jorg 192

    Blondel, François 222, 225 (n. 29) 282

    Jeune

    >

    Busbecq, Ogier Ghislain de 40 (n. 100) Buttinone, Bernardino 96 (n. 46)

    C Caballi, Francesco (éditeur) 210 (n. 4) Caecilia Metella 15, 114, 159

    Cesia Gemella 62 Caffarelli, Giovanni Pietro 45 (n. 122) Caffieri, Philippe 242, 245 Caius Sestius 15 Calabi Limentani, Ida 89 (n. 1), 94 (n. 31), 210 (n. 3)

    Calcagnini, Celio 100

    Calchus : voir Calco Calco, Tristano 95, 97, 98 Calderini, Aristide 109 (n. 91) Calepin, Ambroise (Calepinus)214 (n. 19)

    Calepinus : voir Calepin

    Calignani, 8. (éditeur) 158 (n. 8) Caligula 116 Calleri, Marta 30 (n. 71) Callistrate 91

    Callu, Jean-Pierre 77

    Calpurnius Fabatus 96 (n. 45) Calvesi, Maurizio 67 Calvo, Francesco Minizio 90, 91, 93 Camden, William 42 Camerarius : voir Kammermeister

    Campana, Augusto 22 Campilia (famille) 99

    Cancellieri, Francesco 128, 130 Cantoni, Pietro 95 (n. 38) Cantonus : voir Cantoni Capaccio, Giulio Cesare 62 (n. 77), 64

    Capitolinus : voir Julius Capitolinus Capocci, Giovanni 45

    Capodilista, Antonio 77 Capycio Galeota, Fabio 176 Caramuel y Lobkowitz, Juan 194 Carcarvi, Pierre de 243 Carlo Emanuele I de Savoie 180, 190, 207 Carlo Emanuele IT de Savoie 192, 202, 204, 206 Carrion, José 40 (n. 100) Cartelli, Antonio 30 Casaubon, Isaac 214 (n. 20) Casella, Maria Teresa 68 (n. 4) Casimiro, Francesco 45 Cassio, Alberto 128 Castelet, Monsieur du 224 (n. 17) Castellamonte, Amadeo di 192 Castiglione, Baldassar 16

    Castiglione, Bonaventura 96 (n. 46), 108 Castiglione, Giuseppe 40 (n. 100)

    Caton

    73,

    110

    Cattaneo, Giovanni Maria 97 Catulle 97, 234 Cavaliero, Tommaso 114 (n. 2) Cavalli, Camillo (éditeur) 174 (n. 9) Cervini, Marcello (Marcel IT) 36, 41, 91 (n. 14) César 20, 69, 116, 118, 205, 212 Chacon, Alfonso 46, 47, 128 Chamguion, Francois (éditeur) 227 (n. 24) Chanuys, P. (éditeur) 185 (n. 27)

    Charles d'Anjou 133

    Charles Emmanuel de Savoie : voir Carlo Emanuele Charles Quint 34, 114, 130, 165 Charles VII 221 (n. 1) Charles IX 137, 140, 222 Charpentier, François 152, 224, 225, 227, 228, 230-234, 237, 243-246, 248, 250, 251, 256, 258, 259, 261, 264-271 Chennevières, M. de 244 (n. 13) Chevreuse (duc de) 224 (n. 16) Chiarelli, Domenico Antonio de’ 44 Chiarlo, Carlo Roberto 27, 68 Cholerus : voir Koler Choné, Paulette 141 Christine de Suède 44 Christodoros 95

    Chytreus : voir Kochhaff

    Ciapponi, Lucia A. 33 (n. 76), 67 (n. 1) Ciavarini, Carisio 22 (n. 39) Ciceri, Francesco 94 Cicéron 38, 48 (n. 133), 69, 151, 196, 198, 200, 215, 235, 236 Ciriaco d'Ancona : voir Pizzicolli Cisterna Dal Pozzo, Prince de 45 Claude 131 Claudel, Paul 9, 190 Claudia 61 Claudien 110, 134 Clément IX 45, 136 Clementini, Girolamo 45 Coarelli, Filippo 10, 15, 89 (n. ) Codoré, Olivier 137 (n. 60) Cola di Rienzo 13, 133

    Colbert, Jean-Baptiste 222, 225, 227, 242, 243, 261

    Colin, Jean 20 (n. 31) Colocci, Angelo 99 Colonna, Francesco 10, 67-88

    Colonna, Giovanni 14 Colonna, Marcantonio 114, 130, 133, 137 Colucci, Giuseppe 21 (n. 35), 22 (n. 37) Commelin, Jean (éditeur) 38 Commode 76

    Compater : voir Golin

    Constance 126 (n. 24) Constance II 124, 125 Constantin 124, 126, 130, 131, 132, 200, 202, 238

    Contarini (famille) 68 (n. 11)

    Conti da Quinziano, Giovanni Francesco (Quintianus) 212 (n. 11) Contd, Agostino 26 (n. 49) Copernic, Nicolas 86 Cornarius, Janus (Hagenbut) 91, 103 Corneille, Thomas 246 Cortes, Fernando 165 Corvisiero, Costantino 45 (n. 122)

    Coton, Pierre 237 Cotta, Paolo Michele, dit Catelliano 93

    (n. 26), 94, 95 (n. 38) Coural, Mme Jean 223 (n. 11)

    Courcillon marquis de Dangeau, Philippe

    de 242, 244 Covi, Dario 30 (n. 67) Coypel, Nicolas 256 (n. 41)

    Coysevox, Antoine 242 Cramoisy, Sébastien (éditeur)

    Cresci, Giovan Francesco 30-31, 129 Crivelli, (cardinal) 98 Cujas, André 89 Cumont, Franz 99 Curtius, Ernst 134 Cusano, Giovanni Battista 94 (n. 38) Cusano, Marco Antonio 94 (n. 38)

    D Da Ponte, eredi da Pacifico (éditeur) 210 (n. 4) Dal Pozzo, Cassiano 44, 45 Daly Davis, Margaret 91 (n. 14) Dan, Pierre 222, 223

    Dangeau voir Courcillon De Angelis, Mariangela 92, 106 De Bie, Jacques 221 (n. 1) De Bry, Israél 103 De Bry, Théodore 42, 103 De Carpi, Cardinal 41 De Rossi, Giovanni Battista 17, 20, 22, 26, 33, 44, 45 (n. 122), 46

    De Vecchi, Pierluigi 96 (n. 46)

    Decembrio, Pietro Candido40 (n. 102) Dédale 39 Delamarre, Xavier 111 (n. 96)

    Denys d'Halicarnasse 237

    Des Billettes, Gilles Filleau 249 Desessartz, Jean (éditeur) 222 (n. 3) Desprez, Guillaume (éditeur) 222 (n. 3)

    Dessau, Heinrich 21 (n. 36) Diane de Poitiers 261 Dillon Bussi, Angela 68 (n. 7) Dioclétien 43 Dion Cassius 158

    Does, Jan van der (Dousa) 37 Doglio, Maria Luisa 189

    Donatello 30 Dondi dall’Orologio, Giovanni 14, 16

    Doni, Anton Francesco 43

    Dorat, Jean 140

    Douat, Dominique 248 (n. 25) Dousa : voir Does

    Drôge, Christoph 89 (n. 1)

    Drusus 131 Drysdall, Denis L. 91 (n. 15)

    Du Cerceau, Jacques Androuet 160 Du Choul, Guillaume 103, 154 Du Creux, Jacques (éditeur) 174 (n. 7) Du Périer, Charles François 223 Du Pré, Denis (éditeur) 137 (n. 60) Dufour, Geoffroy (éditeur) 205 (n. 25) Duillius 233 Durand, Jean-Estienne 140

    Dürer, Albrecht 30 Dussieux, Louis 244 (n. 13) Duvernier, Françoise 67 (n. 1)

    Egio, Benedetto 37

    E

    Elisabeth d’Autriche 137 283

    | INDEX INDEX

    Elisabeth I" d'Angleterre 173

    Elzévirs (éditeurs) 249 Emerson, T. (collection) Ennius 48 (n. 133), 238

    Florus 219

    143 (n. 9)

    Erasme 48 (n. 133)

    Eschine 237 Eugène IV : voir Gondulmer Euripide48 (n. 133), 234 Ewich von Wesel, Hermann 36 Ewich, Johann 36 (n. 91)

    Fabius Pictor 232 Fabretti, Raffaele 50 Fabricius, Georg 40, 47, 53, 214 (n. 19) Facciotti, Guglielmo (éditeur) 158 (n. 8)

    Faes, Johann (éditeur) 158 (n. 8) Fagiolo dell’Arco, Maurizio 141 Farnese : voir Farnese Farnese, Alessandro 36, 37 (n. 93), 41, 44 Fasanini, Filippo 92, 100

    Faustine 75, 76, 130, 132

    Fonseca y Züñica, Emanuele 176 Fontana, Domenico 116,120, 127, 128 Fontana,

    Gabriele 95

    Fonzio, Bartolomeo 14 Foppa, Vincenzo 96 (n. 46) Forcella, Vincenzo 44, 45, 46 Foscari, Giacomo 20 Foss, Clive 25 (n. 44) Fouinet, Ernest 225 (n. 23) Four, Du : voir Du four Francois F 221 François Jacinthe de Savoie 192 Franzoni, Claudio 49 (n. 1) Froben, Johann (éditeur) 100 (n. 71) Fubini, Riccardo 20

    Fugger, Raymond 34, 36

    Fulvius Phillius 107 Fumagalli, Edoardo 68 (n. 3) Fumaroli, Marc 259 Furetière, Antoine 247 (n. 20) Furno, Martine 68 (n. 12)

    Feierabend, Sigmund 48

    Félibien des Avaux, André 222, 223, 295 (n. 22), 243, 253 Félibien des Avaux, Jean-Francois 247, 253, 254, 255, 256, 264-276 Félibien des Avaux, Michel 247 (n. 3) Feliciano, Felice 14, 21 (n. 35), 25, 26-32, 33, 49, 68, 72, 76, 82, 83 Fendt, Tobias 48 Ferdinand d'Autriche 142, 149, 150, 162 Ferdinand IT d'Autriche 190 Ferdinand III d'Autriche 142 (n. 7)

    Ferrante F d'Aragon 54

    Ferrari, Ottaviano 94 (n. 37) Ferrarini, Michele Fabrizio 14, 27, 33, 49, 72

    Ferrary, Jean-Louis 40

    Ferreti, Giambattista 53 Feuillet de Conches, Félix 244 (n. 13) Ficin, Marsile 48 (n. 133) Filangieri di Candida, Riccardo 53 (n. 24), 54 Filelfo, Francesco (Philelphe)40 (n. 102)

    Fiocco, Giuseppe 26 (n. 50) Firpo, Luigi 192 284

    G Gabriele, Mino 67 (n. 1) Galetti, Augusto 45 (n. 120) Garzya, Antonio 53 (n. 24) Gatti Perer, Maria Luisa 96 (n. 46) Gaulmier 237 Gelardi, Maurizio 69 (n. 13) Genséric 43 Gettard 225 (n. 22) Gevaerts, Gaspar 142, 143, 145, 151, 154 Ghisalberti, Alberto Maria 13 (n. 7) Giehlow, Karl 70, 90, 92, 100

    Giesey, Ralph E. 141

    Gilbert, Creighton E. 27 Giocondo, Fra Giovanni 14, 15, 33, 36 (n. 91), 40, 87 Giorgetti, Dario 34 (n. 81) Giovio, Benedetto 94, 95, 96 (n. 45), 97, 98, 99 (n. 64) Giovio, Paolo 165, 219 Giraldi, Lilio Gregorio 158 Girard, Paul Frédéric 97 (n. 50) Giraud, Antoine 140 Giraud, Yves 92 (n. 20)

    Giuglaris, Luigi (Juglaris) 174 (et n. 7), 175 (n. 12), 184, 186, 187 Giuliano, Antonio 45 (n. 121) Golin, Pietro (Compater) 59, 63 Goltzius, Hendrik 43 (n. 109) Goltzius, Hubert 40 (n. 100), 142 (n. 7) Gondulmer, Gabriele (Eugène IV) 20, 21

    Gorgias 198

    Gori, Antonio Francesco 33

    Goujon, Jean 82

    Gouthier, Jacques 158 Gracian, Baltasar 219

    Graef : voir Grevius

    Grevius Johann Georg (Graef) 173, 212 (n. 8)

    Graham, Victor E. 137 (n. 58, 60) Grandazzi, Alexandre 112

    Grandjean, Philippe 249

    Hadrien 14 (n. 8), 28, 98, 159 Halma, Francois 174 Hanel, Gustav F. 16 (n.

    18)

    Hannibal 43 Harprath, Richard 91 (n. 14) Harth, Helen 19 (n. 27, 28), 20 (n. 30, 33, 34) Heckscher, William S. 92 Heinsius, Daniel 39, 44, 53

    Henri IT 137, 261 Henri IV 38, 222, 234, 237 Henri VII (empereur) 133 Henzen, Wilhelm 17, 20, 50 Herbert, Thomas 173 Hercule 32, 39, 53, 165, 180, 239

    Hermogène 215

    Homonea

    Griseri, Andreina 192 Gros de Boze, Claude 227

    Honorius 1° 238 Horace 143, 236 Horapollo (Horus Apollo) 69, 92, 99, 100 Horatius a Valle : voir Valle

    Grotius, Hugo 39

    Groulier, Jean-Francois 157 (n. 1) Grünberg-Drôge, Monica 89 (n. 1) Gruter : voir Gruytere Gruytere, Jan (Gruter) 33, 36, 38, 40, 41,

    42, 43, 44, 53, 83, 84, 87, 88, 172, 173, 200, 209, 212, 214 Gualdi, Francesco 45 (n. 122) Guarino de Vérone 77 Gude,

    Holstein, Lucas (Holstenus) 43, 44

    Homère 43, 107 51, 53

    Horfei : voir Orfei

    Hülsen, Christian 26 (n. 47), 45 (n. 120), 70 Hutten, Ulrich von 48 (n. 133) Huttich, Johann 36 (n. 88, 90) Hygin 154

    91

    137

    Guérin, Hippolyte-Louis 227

    Guichard, Claude 158

    Guigue, Georges 137 (n. 57) Guillaume d'Orange 173 Gutenstein, Leonhard (Gutenstenius) 40,

    41 Gutenstenius : voir Gutenstein

    H

    Habert de Montmor Henri Louis 224 (n. 16)

    Ledoux,

    (n. 100)

    K Kaibel, Georg 52 (n. 23), 100 (n. 70)

    Kammermeister, Joachim (Camerarius) 47 Kantorowicz, Ernst H. 141 Kerver (éditeur) 67 (n. 2), 85 (n. 67) Kessler, Eckhard 53 (n. 36) Kircher, Athanase 128, 194

    Koler, Johannes (Cholerus) 35, 36, 88

    Kretzulesco Quaranta, Emanuela 68

    (n. 3) Kristeller, Paul-Oskar 94 (n. 36)

    Isingrin, Michael (Isingrinus : éditeur)

    J

    Jacob (éditeur) 158 (n. 8) Jacob, Ernest Fraser 27 (n. 56), 68 (n. 9)

    Le Moyne, Pierre 223

    Juvénal 76

    Kochhaff, Nathan (Chytreus) 48

    158 (n. 8) Isingrinus voir Isingrin

    Laurinus : voir Lauweryn

    Lauweryn, Marc (Laurinus) 37 Le Breton 242 Le Brun, Charles 11, 223, 225, 239, 249, 245, 246, 249, 251, 256 Le Clerc, Sébastien 255 (n. 41) Le Laboureur, Louis 223, 224, 231

    Junius, Hadrianus (De Jonge, Adrian) 40

    Klein, Robert 96 (n. 46)

    I IJsewijn, Joseph 210 (n. 3) Innocent X 127, 128, 134, 180 Isabelle Claire Eugénie 142, 143, 145, 220

    Lanciani, Rodolfo 16 (n. 18) Lascaris, Jean 77, 91, 103 Latinus, roi des Laurentes 154 Lattimore, Richmond 72 (n. 21) Laurens, Pierre 89 (*), 90 (n. 2, 4), 93 (n. 22), 107 (n. 89), 168 (n. 36), 189 (*, n. 2), 206 (n. 28), 241 (n. 1), 247, 248 (n. 24) Laurino, Marco 37

    Le Peletier, Claude 225 Le Petit, Pierre (éditeur) 246 (n. 18)

    Kirchmann, Johann 158

    Marcquard 43, 44, 173

    Guenée, Bernard

    Julius Capitolinus 76, 98

    Kajanto, liro 65, 86, 171, 209

    Huarte, Juan 206

    Hutton, James

    Jove : voir Giovio

    Juglaris : voir Giuglaris Jules I134, 44, 114, 116, 172

    Julien (empereur) 224 (n. 19) Julien (ulianus) 108

    Hérodien 158 Hésiode 154

    Grassi, E. 53 (n. 36) Grazioli, Pietro 94 Greenhalgh, Michael 13 (n. 7)

    Grégoire XIII 46, 115 Grégoire XV 133, 180 (n. 20), 187

    Jacquiot, Josèphe 222 (n. 2), 242 (n. 3), 244 (n. 11), 247 (n. 20), 249, 252 (n. 33), 255 (n. 41) Jacquot, Jean 137 (n. 60) Jansonius : voir Van Almeloveen Jaugeon, Jacques 249 Jésus-Christ 115, 118, 121, 122, 127, 133, 137, 138, 141,177-179, 180, 184,190, 204 Jodelle, Estienne 137 Jones-Davies, Marie-Thérèse 92 (n. 20) Jordan, Henri 16 (n. 18)

    E L'Abbé, Pierre 174, 185, 206, 223 La Blanchère, René de 42 La Chapelle : voir Luillier Ladvocat (éditeur) 225 (n. 23) Lafreri, Antoine (éditeur) 86 (n. 67) Lambert, E (éditeur) 224 (n. 16) Lambert, Pierre-Yves 111 (n. 96)

    Le Vau, Louis 225 Claude Nicolas 225 (n. 23)

    Lefaivre, Liane 68 (n. 7) Legros, Pierre 17 242 Lehoux, Francoise 137 Lelio Cosmico, Niccolo 68 (n. 7) Lelli da Teramo, Teodoro de’ 68 (n. 7) Lemonnier, Henri 225 (n. 22) Léon X 16, 33, 91 (n. 14), 172 Léonard : voir Vinci Léonard, Frédéric (éditeur) 230 Léonidas 108

    Lernout, Jean 39 Lespandel 242

    Lier, Bruno 72 (n. 21) Ligorio, Pirro 36, 38, 40, 41, 43, 44, 207 Lindenbrog, Friedrich 51 (n. 17)

    Lindenbrogius : voir Lindenbrog

    Lipse, Juste 37, 40, 48, 143 (n. 11), 145, 172, 190, 219, 220 Live : voir Tite Live Livet, Charles L. 249 (n. 26) Lo Parco, Francesco 94 (n. 34) Loach, Judith 157 (n. 1) Lomazzo, Giovanni Pietro 94 (n. 34), 96 (n. 46) Lorenzo, Bartolo et Angelo (éditeur) 210 (n. 7) Lorne : voir Le Brun 285

    |

    INDEX

    INDEX Loschi, Antonio 14 Lothaire, roi d'Italie 97

    Louis le Juste : voir Louis XIII

    Louis XIII 185, 221 (n. 1), 234, 237 Louis XIV 146, 157, 161, 185, 221 (n. 1), 223 (n. 12), 229, 244, 245, 246, 249, 250, 255, 256, 258-259, 260-261 Louvois, François Michel le Tellier de 222, 225, 227, 242, 243, 244, 246 Lovati, Lovato 13

    Loyola, Ignace de 175, 184

    Lucain 134 Lucas, Jean 227, 228, 229, 231, 236, 237 Lucien 261 Lucius Valerius 154 Lucrèce 73 Luillier, Claude-Emmanuel (La Chapelle) 243 Luni, Mario 10, 89 (n. ) Luynes, Guillaume de (éditeur) 224 (n. 16)

    Lysippe 91

    M Mabillon, Jean 17 Mabre-Cramoisy, Sébastien (éditeur) 223 Macé-Bonhomme (éditeurs) 90 (n. 2) Macrobe 154 Maffei, Mario (Volaterranus) 33 Magionami, Leonardo 30 (n. 71)

    Magno, Stefano 40 (n. 102)

    Mahomet IT 25 Maioli, Simone 165 Malatesta, Melchior 192 (n. 8) Malatesta, Novello 26, 33

    Malatesta, Pandolfo 162-169

    Manetti, Giannozzo 22 (n. 40)

    Manning, John 107

    Mantegna, Andrea 26, 27, 33, 40 (n. 100, 102), 76, 82 Mantz, Paul 244 (n. 13) Manuce : voir aussi Manuzio Manuce junior, Alde 36, 43 (n. 110), 50, 94 Manuce, Paul 38 Manuzio, Aldo 40, 92 286

    Marc Antoine 150, 196, 200 Marc Aurèle 28, 76, 127 Marcanova, Giovanni 14, 25, 26, 27, 33, 40 (n. 100, 102), 76, 82 Marcel IT : voir Cervini Marcia 73 Marcus Censorinus 107 Mardersteig, Giovanni 30 (n. 70), 83 (n. 57), 85 (n. 67) Marengo, Silvia Maria 25 (n. 42) Marie (Vierge) 25, 28, 52, 107, 122, 177, 185

    Marie de Bourgogne 151, 152

    Marie-Thérèse d'Autriche 223 (n. 12) Marin, Louis 141, 262 Marino, Giambattista 190 Marliani, Giovanni Bartolomeo (Marlianus) 40, 43 Marolles, Michel de 230

    Marsac, Jean 280

    Martial 38, 134, 234 Martin

    V 14, 20, 21

    Martin, Jean 67, 73-84 Martin, John Rupert 142 (n. 6) Martorelli, Giacomo 54

    Martyr d’Anghieri, Pietro 40 (n. 100)

    Marzoli (Signora) 128 Mascolo, Giovanni Battista 174, 180, 186, 187 Masculus : voir Mascolo Masen, Jakob 210 (n. 3) Massé, Jean-Baptiste 247, 265-277 Massou, Benoit 242 Matal, Juan (Metellus) 36, 37, 40, 41 Maturanzio, Francesco 14 Mauger, Nicolas 221 (n. 1), 255 (n. 41), 256 (n. 41) Maurice de Savoie 204 Maximilien I? d'Autriche 151, 152, 165 Maximilien IT d’Autriche 48 Mayer, Marc 25 (n. 42) Mazarin, Jules 185, 256 Mazochius : voir Mazzocchi Mazzocchi, Iacopo 33, 34, 40, 41, 45, 87, 91 (n. 14), 99, 103

    McAllister Johnson, William 137 (n. 58, 59, 60) McCuaig, William 43 (n. 109)

    McGowan, Margaret 192

    Mottola Molfino, Alessandra 96 (n. 46)

    Médicis (famille) 25, 34 Médicis, Catherine de 137 Médicis, Cosimo IIT de 210 Médicis, Cosme de 19 Médicis, Laurent de 33 Mehus, Lorenzo 21 (n. 35), 49 Meiss, Millard 30 Melanchton, Philipp 34, 47 Melissus : voir Schede Ménestrier, Claude-Francois 149, 157, 159, 160, 162, 174, 250, 253, 259 Mercuriale, Giovanni 40 (n. 100) Mesmes, Monsieur de (Memmius) 228 Metellus : voir Matal Metius Curtius 213 Meursius : voir Van Meurs Michaut, Mia 67 (n. 1)

    Michel Ange 114

    Michel, J.-E-M. 142 (n. 8) Michiel, Marcantonio 54 Miedema, Hessel 90 (n. 6), 92, 107 Miella-Suilla 53 Mignault, Claude 69, 110 Milovanovic, Nicolas 247 Mitchell, Charles 27, 68 Mithridate 43 Moench, Simon 247, 265-271 Molin, A. (éditeur) 158 (n. 8) Molinet, Claude du 221 (n. 1)

    Moltzer, Jakob 34

    Mommsen, Theodor 16, 17, (n. 91), 49, 53, 93, 95, 98, Montaiglon, Anatole de 244 Montmor : voir Habert Morcelli, Stefano Antonio 209,

    22, 25, 36 100, 112 (n. 13) 210

    Moretus, Balthasar (officine Plantin) 143

    Moyllus, Damianus da 30

    Muguet, François (éditeur) 244 (n. 12)

    Müller, Sabine 69 (n. 13)

    Muratori, Lodovico Antonio 33 Mycillus : voir Moltzer

    Naar, Wilfred Nevius 48 (n. Natale, Mauro Néron 76, 116 Niccoli, Niccolò Nicolas V113,

    N 77 133) 96 (n. 46) 10, 19 114

    Nicolini, Fausto 54 (n. 38) Nock, Arthur Darby 158 (n. 7) Noris, Enrico H. 210 (n. 7) Noro, Yasushi 224 (n. 18) Numa 154

    O Œschger, Johann 53 (n. 28) Ominandi, Vittoria 210 (n. 4) Onofrio, Carlo di 40

    Oporin, Johann 53 (n. 31)

    Orbay, François de 225 (n. 22)

    Orelli, Jacob Konrad von 53

    Orfei, Luca 30, 128, 129 Orsi, Giambattista (Ursus) 174, 175, 179 Orsini, Fulvio (Ursinus) 33, 36, 40, 41, 43 (n. 111), 91 (n. 14), 154 Outreman, Henri de (Outremannus) 142 (n. 6) Outremannus : voir Outreman Ovide 48 (n. 133), 78, 92, 234

    (n. 10)

    Moretus, Jean (officine Plantin) 142 (n. 6), 143 (n. 11) Morhof, Daniel 220 Morillon, Antoine 36, 37, 40 (n. 100), 41, 42, 50 Morison, Stanley 128, 129 Moroni, Carlo 43, 44 Moschetti, Andrea 30 (n. 69) Môseneder, Karl 113 (n. 1)

    Mosley, James 129

    Panebianco : voir Panealbo Panvinio, Onofrio 33, 36, 37 (n. 93), 38, 40, 41, 42, 43, 47, 91 (n. 14), 158

    Parenzano, Bernardino 70 (n. 18)

    Parrasio, Aulo Giano (Parrhasius) 91, 93, 103 Parrhasius : voir Parrasio Parronchi, Andrea 68 (n. 3) Pasquier, Estienne 139 Paul I 114, 130 Paul V133 Pausanias 91, 92 (n. 17) Pavia, Gasparo da 70 (n. 18) Pedemontius, Franciscus Philippus 40 (n. 102) Peiresc, Nicolas 93 (n. 28)

    Polygnote 92 (n. 17)

    Pellisson, Paul 206, 246, 249, 256, 261

    Pomey, François 158

    Périclès 237 Perozzi, Silvio 97 (n. 50) Perrault, Charles 230, 233, 238, 241 Perrault, Claude 225 Perse 48 (n. 133) Pertinax 158 Peruzzi, Baldassar 130

    Pesce, Luigi 68 (n. 7)

    Petrarca, Francesco (Pétrarque) 13, 14, 15,

    16, 30 (n. 71), 146, 192 (n. 9)

    Pétrarque : voir Petrarca

    Pétrone 154 Petrucci, Armando 190 Peutinger, Konrad 33 (n. 80), 35 (n. 86), 36, 38, 92 (n. 20), 96 (n. 45, 47)

    Philelphe : voir Filelfo

    Philippe 17 165 Philippe IT 165 Philippe III 162, 166, 169, 176, 192 Philippe IV 142, 145, 149, 151, 152, 175, 223 (n. 12)

    Philipps, Thomas 34 (n. 81)

    Ρ Paci, Gianfranco 20 (n. 31) Pacioli, Luca 30, 83 Palatino, GiamBattista 30 Palladio, Andrea 9, 190 Pallas 51, 52 (n. 18) Palma, Marco 30 Panealbo, Emanuele Filiberto 175, 180, 187, 189, 190, 204, 206

    Pithou, Pierre 53 Pizzicolli, Ciriaco de’ 14, 20-26, 27, 32, 33, 35, 40 (n. 102), 43, 49, 50, 68, 95, 97, 98 Planude, Maxime 69, 77, 91, 95, 103, 108 Plaute 38 Pline l'Ancien 25, 97 Pline le Jeune 48 (n. 133), 97, 214, 219, 220, 246 Plutarque 154, 213, 262

    Philostrate 91, 95 Pie V 46, 115 Pier Luigi (Fra) 45 (n. 122)

    Pigafetta, Filippo 116 (n. 5) Piganiol de la Force, Jean-Aymar 247, 277 Pighius : voir Winand Pignoria, Lorenzo 40 (n. 102), 103 Pio da’ Carpi, Rodolfo 37 Piranesi, Giambattista 86 (n. 67)

    Pogge, Le : voir Poggio Bracciolini

    Poggio Bracciolini, Gian Francesco 10,

    14-20, 25, 32, 113 Polybe 165

    Pompée 43 Pompeius Festus 98 Pomponio Leto,

    Giulio 34, 68, 93, 95

    Pomponius Letus : voir Pomponio

    Ponge, Francis 9, 152, 223

    Pontano, Giovanni Gioviano 10, 43 (n. 110), 49-66 Pontano, Leonarda 53 (n. 29) Pontano, Lucia Marzia 54, 57-58, 66 Pontano, Lucillo 54, 59, 63 Pontano, Lucio Francesco 54, 58 Pontano, Stella 54 Pontano, Violante 53 (n. 29)

    Pontanus, Johannes Isaacus 39, 40

    (n. 100) Pontchartain, Louis Phélipeaux de 242 (n. 3), 246, 249 Ponthus, Clamela 15 Ponti, Pacifico (éditeur) 210 (n. 4) Pontia 76 Pontius : voir Da Ponte

    Porcacchi da Castiglione, Tommaso 158 Portoghesi, Paolo 115, 116 Poselius : voir Possel Possel, Johann (Poselius) 212 (n. 11) Pozzi, Giovanni 67, 68, 70, 72, 76 Prassicius, Paulus 50 Pratilli, Luigi 27 Praxitèle 183 Praz, Mario 90

    Preller, Ludwig 17

    287

    INDEX

    INDEX Publius Victor, pseudo- 34 Pulmann, Theodor (Pulmannus) 214 (n. 20) Pulmannus : voir Pulmann Puteanus : voir Van de Putte

    Q

    Quaquarelli, Leonardo 26 (n. 51)

    Quinault, Philippe 243 Quinte Curce 262 Quintianus : voir Conti da Quinziano Quintilien 135, 153, 215, 232, 239

    Rabelais, François Racine, Jean 224 251, 252, 259, Rainssant, Pierre 243, 246, 247,

    R 130 (n. 20), 243, 246, 248, 261, 265-276 de 224 (n. 20), 230, 250, 252

    Raphaël : voir Sanzio

    Rascas sieur de Bagarris, Pierre Antoine de 222

    Recio Vaganzones, Alejandro 46

    Reinach, Salomon 112 Reinesius, Thomas 43, 44 Renan, Ernest 112 Renard, Joseph 157 (n. 1) Renier, Léon 43 (n. 107) Reusner, Nicolas (Reusnerus) 39, 86, 219 Reusnerus : voir Reusner

    Reynart, Édouard 142 (n. 9)

    Richelieu 185, 224 (n. 18) Riedel, Jean-Antoine 142 (n. 9) Rienzo : voir Cola di Rienzo Robert, Louis 112 Rodolphe I 38, 151 Ronsard, Pierre de 140 Roscher, Wilhelm Heinrich 92 (n. 17) Rosfeld, Johann (Rosinus) 34, 38, 165

    Rosinus : voir Rosfeld

    Rossellino, Bernardo 114 Rossi : voir De Rossi Rouille, Guillaume (éditeur) 103 (n. 80), 110 (n. 92, 93) Rubeis, A. de (éditeur) 63 (n. 34) Rubens, Philippe 145, 172 288

    Rubens, Rupert John Russell,

    Pierre-Paul 142, 145, 162 Martin, John : voir Martin, Rupert Daniel 107

    Rusticucci (cardinal) 42 (n. 105)

    Rybisch, Siegfried 48

    5 Sabatier, Gérard 249, 252 (n. 34), 255 Sabellicus : voir Sabellico Sabellico, Marcantonio 40 (n. 102) Sabino, Pietro (Sabinus) 14, 33, 40 (n. 102) Sabinus : voir Sabino

    Saint Augustin 184 Saint Saint Saint Saint

    Christophe 30 Cosme 132 Damien 132 François-Xavier 180, 187, 190

    Saint Jacques 30 Saint Jean 52

    Saint Silvestre 126 (n. 22) Saint-Vallet 108 Sales, François de 180 Salisbury, Jean de 13

    Sallengre, Roger 20

    Salluste 38, 219 Salomon 116 Salutati, Coluccio 19, 50 Sanchez, Francisco 110 Sangallo, Antonio da 133 Santeul, Jean de 230 (n. 27) Santo Monti, D. 95 (n. 43) Sanudo, Marin 49 (n. 1) Sanzio, Raffaello 16, 114, 172

    Sappho 99

    Sarchi, Alessandra 49 (n. 1) Sartori, Antonio 89 (n. 1) Sassone, Adriana (Ariadna) 53, 54-56, 61, 63, 66 Savelli (cardinal) 42 (n. 105) Savino, Giancarlo 68 (n. 7) Saxe-Weimar (duc de) 162 Saxl, Fritz 13 (n. 7) Scalamonti, Francesco 21, 27

    Scaliger, Joseph-Juste 36, 38, 39, 10, 41, 173, 212

    Scanderbey (Scandereba) 53 (n. 29) Scapecchi, Piero 68 (n. 7) Scardeone, Bernard (Scardeonius) 40 (n. 102) Scardeonius : voir Scardeone Scève, Maurice 137, 140 Schæffer, Johann 36 (n. 88, 90) Schede, Paul (Melissus) 39 Schneider, René 137 (n. 62) Schône, Albrecht 92

    Schopp, Gaspar (Scioppius) 41

    Schott, Andreas 41, 153 (n. 24), 154 Schraderus : voir Schrader Schrader, Lorenz 47, 54, 60 Schrijuer, Pieter (Scriverius) 39 Scioppius : voir Schopp

    Scipion l'Africain 73

    Sconocchia, Sergio 20 (n. 31) Scriverius : voir Schrijuer Scultetus, Tobias 42 Sénèque 38, 42, 198 Septime Sévère 25, 130, 131, 132, 133, 134, 136, 158, 238 Serrano, Atilio 47

    Soderini, Francesco (Sotherinus) 44 Sophocle 234 Soter, Johann 91 (n. 11) Souhaitty, Jean-Jacques 255 (n. 41) Soulié, Eudore 244 (n. 13)

    Sparrow, John Spartianus 98

    10, 65, 171 |

    Spon, Jacques (Sponius) 43, 219 (n. 19)

    Sponius : voir Spon

    Spreti, Desiderio 33 (n. 80) Stace 38, 134, 142 (n. 7), 154 Stewering, Rosvitha 68 (n. 7, 11) Steyner, Heinrich 91, 92, 100, 106, 111 Stosch, Philipp 21 (n. 35) Strein, Richard (Streinnius) 43 (n. 111) Streinnius : voir Strein Strozzi, Alessandro 68 (n. 11)

    Sturm, Johann 47

    Sforza (famille) 25

    Sidoine Appolinaire 110 Signorili, Niccolo 14, 16, 20, 25, 32, 33, 44 Sigonio, Carlo (Sigonius) 40 (n. 100), 43 (n. 109)

    Sigonius, voir Sigonio

    Silva, Donato 94, 95 (n. 38) Silva, Hercole 94 (n. 38) Silvagni, Angelo 13 (n. 2), 14 (n. 7), 16 (n. 17)

    Siméon le stylite 183

    Sweerts, Frans 48, 88, 171 (n. 1), 209, 212

    Sixte IV 44 Sixte V113, 115, 116, 118, 120, 121, 124, 127, 129 Sluze, René Francois Walter de 224 (n. 16) Smet, Maarten de (Smetius) 33, 36, 37, 39, 40, 41, 43 Smetius : voir Smet

    Ù i

    Tacite 38, 196, 219 Tallemant des Réaux, François 224 (n. 20) Tallemant des Réaux, Gédéon 224 (n. 20) Tallemant, Paul 206, 224, 227-231, 242-244, 247, 249-251, 253 (n. 37), 254-256, 259, 261, 264-276 Taporus 125 Tarquin Collatin 73 Teodoro, Francesco Paolo di 16 (n. 15) Térence 73, 234 Tertia Æmiliana 73 Tertullien 183, 237 Tesauro, Emanuele 146, 162, 165, 166, 168,

    174, 175, 180, 184, 189, 190,

    192, 196, 198, 200, 202, 204, 261 Théocrite 103 Théon (Ælius) 215

    Théophraste 215

    Tiepolo, Niccolo 54 Tifernas, Gregorio 17 Tiraqueau, André 77

    Tite Live 13, 38, 48 (n. 133), 60, 112, 154, 236 Titus 130, 132, 133, 134, 135, 239

    Tocco Paleologo Comneno d'Anjou, Carlo

    175 Tolomei, Claudio 112 Tonelli, Tommaso de 17, 19 Torelli, Lelio 40 (n. 102) Torre, Filippo della 40 (n. 102) Tortelli, Giovanni 43 (n. 110)

    Tory, Geoffroy 30

    Tozzi, Pier Paolo 96 (n. 46) Tradate, Samuele da 26, 27, 28 Trajan 21, 22, 43, 129, 246

    Suardo, Suardino 53 Suétone 135, 212 Summonte, Pietro 54

    Serroy, Jean 157 (n. 1)

    Servius 70, 154 Settis, Salvatore 13 (n. 7) Séuère, Alexandre : voir Alexandre Sévere Severiani da Everino, G. 158 (n. 8)

    Thuillius : voir Thuille Tibère 118 Tibulle 234

    Thibaut, Viviane 67 (n. 1) Thomas d'Aquin 176-177 Thrasimaque 198 Thuille, Johann (Thuillius) 103, 105, 111

    Traversari, Ambrogio 17

    Trebellius Pollio 99 Treviso, Eliseo da 68 (n. 3) Tristano, Caterina 30 (n. 71) Trivulzio, Gian Giacomo 94 (n. 31) Truchet, Sébastien 248, 249

    Tuby, Jean-Baptiste 242

    Tuldenus : voir Van Thulden Tullus Hostilius 154 Turnèbe, Adrien (Turnebus) 214 (n. 20) Turnebus : voir Turnèbe Turre : voir Torre Tyro 42

    U Ugonio, Pompeio 47 Ullman, Berthold Louis 13 (n. 4) Urbain VII 48, 180, 220 (voir aussi : Barberini, Maffeo) Ursinus : voir Orsini Ursinus Velius 103 Ursus : voir Orsi

    ; V Vagenheim, Ginette 36 (n. 92), 43

    (n. 115), 94 (n. 35)

    Valentini, Roberto 14 (n. 8) Valère Maxime 72 Valerio, Tacopo (Valerius) 106 Valerius : voir Valerio Valerius Probus 34, 98 Valesius 72 Vallauri, Tommaso 189 (n. 1), 209 (n. 3) Valle, Orazio della 40, 41

    Van Almeloveen, Theodor (Jansonius) 51

    (n. 17) Van de Putte, Erich (Puteanus) 88 (n. 75) Van Meurs, Jan (Meursius) 39, 158 Van Schorel (collection) 142 (n. 9) Van Thulden,

    Theodor (Tuldenus) 143

    Van Veen, Otho 143 (n. 11) Vanuxem, Jacques 192 (n. 9) Varesi, (éditeur) 210 (n. 4) Varius 234 Varron 154

    Vasari, Giorgio 30

    Vascosan, Michel de (éditeur) 137 (n. 59) Velleius Paterculus 38, 219 Velserus : voir Welser Venier, Girolamo (ou Venieri) 25 Venieri : voir Venier Vergerio, Pier Paolo 15 Vergilio, Polidoro 212 (n. 15) Verrès 198 Vertue, George (collection) 142 (n. 9) Vespasien 133, 239 Viale Ferrero, Mercedès 192 Victor Amédée de Savoie 184, 192, 202, 203 Victorius, Peter 40 (n. 102) Villa, Agostino 17 Vincent, Antoine (Vincentius : éditeur) 214 (n. 24) Vincentius : voir Vincent Vinci, Leonardo da 96 Virgile 27, 48 (n. 133), 74, 99, 106, 146, 150, 151, 152, 156, 154, 162, 23 Visconti, Alessandro 97 (n. 50) Visconti, Ambrogio 90 Visconti, Ercole 45

    Vivès, Joan Lluis 77

    Volaterranus : voir Maffei Vollenhoven, Eberhard von 36 289

    INDEX Volney, Constantin-François Chassebœuf, comte de 14 Voltaire 253, 261 Vossius, Isaac 44 Vuilleumier : voir Vuilleumier Laurens Vuilleumier Laurens, Florence 69 (n. 14), 89 (*), 157 (n. 1), 168 (n. 36), 189 (*), 192 (n. 8), 209 (*), 241 (n. 1), 247, 248 (n. 24)

    (n. 16), 103 (n. 82) Welser, Marc (Velserus) 38, 40, 173 Wenzel, Christian Friedrich 142 (n. 9) Williams, Philipp M. 103 (n. 82)

    W Walpole, Horace 142 (n. 9) Walser, Gerold 16 (n. 18)

    X Xénophon 32, 224 (n. 19), 228

    (n. 3) Weise, Christian 206, 219, 220 Weiss, Roberto 13, 15 (n. 13), 16

    Υ Yates, Frances A. 137 (n. 60)

    Webb, Clement Charles Julian 13

    Winand, Étienne (Pighius) 36, 37, 40, 41, 43 (n. 109), 50

    Wirth, Karl-August 92

    Wittkower, Rudolf 192 (n. 9) Wrede, Harpart 91 (n. 14), 112 (n. 98)

    Ζ

    Zabughin, Vladimiro 95 (n. 40) Zaccaria, Roberto 49 Zaltieri, Bolognino (éditeur) 86 (n. 67) Zamponi, Stefano 30 (n. 71), 32 (n. 73) Zanardi, Mario 189 (n. 2) Zappata : voir Zavatta Zavatta, Bartolomeo (éditeur) 189 Zenale, Bernardo 93, 95, 107 Zeno, Iacopo 26 (n. 47) Zénon 183-184 Ziebarth, Erich G.L. 33 Zobermann, Pierre 249 Zucchetti, Giuseppe 14 (n. 8)

    TABLE DES MATIÈRES

    AVATMPDIO DOS eee ne nel en ar de ere ie man ἐν DUMAS τιν asie ee ae See NS Re Chapitre premier Naissance de Tépigraphie modenes 1220. eu ac. co eee ser Chapitre II : Un des premiers cycles d'inscriptions modernes : le Tempietto de Giovanni Gioviano Pontano d'INADIES τ το te MP ie Ne en ee di Ro en nes cest 49 Chapitre III : La réverie épigraphique dans l’ Hypnerotomachia Poliphili de Francesco Colonna ............. 67 Chapitre IV : L'invention de l’Emblème par André Alciat et le modèle épigraphique.................... 89 Chapitre V LE Modele om. du roue ra oc Ua NOT τ τα Ut 113 Chapitre VI : L'image du roi dans la Pompa introitus Ferdinandi à Anvers en 1635....................... 141 Chapitre VII : La pédagogie des vertus royales dans les décorations funèbres ......................... 157 Chapitre VIII : L'inscription dans le livre. Naissance d’un genre littéraire : l’elogium ................... 171 Chapitre IX : De la pratique à la théorie : le Cannocchiale aristotelico lu comme un traité de l'inscription RÉTOIQUE Re ee EE A Ὅτ reer ξεν eine 189 Chapitre X : L’orateur et le monument dans I’ Ars epigraphica d'Ottavio Boldoni ....................... 209 Chapitre XI : Le débat sur la langue de l'inscription : l’arc de triomphe du faubourg Saint-Antoine. ...... 221 Chapitre XII : Le chantier de Versailles et la péripétie des inscriptions latines, puis françaises à la lumière dé 1 CPNA CEOEES ED το τ τ dre see ste meurent aoe maT res 241 Annexe : Tableaux des Inscriptions de la galerie des Glaces. ....................................... 263 AS Die des ΠΠεείθῆθεν.... Ὁ .τῸῸ..Ὸὖ0»..τοὔὺὖ»νἋνῪχῊηῇἙυτ O IE see se leu ins sue nn Sie mine τον 279 RÉ τ τ ro une Le RE cit MONS DE D RE ROE P EE 281

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