201 73 6MB
French Pages [222] Year 1998
LA CHIRURGIE DANS L'EGYPTE GRECO-ROMAINE D'APRES LES PAPYRUS LITTERAIRES GRECS par
MARIE-HELENE MARGANNE
BRILL LEIDEN • BOSTON • KOLN 1998
Public avec le concours de la Fondation Universitaire de Belgique et de la Fondation Francqui. This book is printed on acid-free paper.
Library of Congress Cataloging-in-Publication Data Marganne, Marie-Helene. La chirurgie dans l'Egypte greco-romaine d'apres les papyrus litteraires grecs / par Marie-Helene Marganne. p. cm. - (Studies in ancient medicine, ISSN 0925-1421 ; v. 17) Includes bibliographical references and indexes. ISBN 9004111344 (cloth : alk. paper) I. Surgery-Egypt-History. 2. Manuscripts, Greek (Papyri) 3. Medicine, Egyptian. 4. Medicine, Greek I. Series. and Roman. RD23.M37 1998 617'.0932-dc21 98-34413 CIP
Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme Marganne, Marie-Helene: La chirurgie clans l'Egypte Greco-Romaine d'apres les papyrus litteraires grecs / par Marie-Helene Marganne. - Leiden ; Boston ; Koln : Brill, 1998 (Studies in ancient medicine ; Vol. 17) ISBN 90-04--11134--4
ISSN 0925-1421 ISBN 90 04 11134 4 © Copyright 1998 by Konink.lijke Brill NV, Leiden, The Neth£rlands
All rights reserved. No part ef this publication "'l!Y be reproduced, trans{a/,ed, stored in a retrieval system, or transmitted in any form or by any means, el.ectronic, mechanical, photocopying, recording or otherwise, without prior written permission from the publisher. Authorization to photocopy items for internal or personal use is granted by Brill provided that the appropriate fies are paid direct!} to The Copyright Cl.earance Cmter, 222 Rosewood Drwe, Suite 910 Danvers MA 01923, USA. Fees are subject to change. PRINTED IN THE NETHERLANDS
Or, il y avait clans chaque bourg et clans chaque village un ou plusieurs Heros Medecins, designes parfois par un nom, le plus souvent par le simple qualificatif qui marquait leur activite bienfaisante. Ils guerissaient generalement en imposant la main droite-d'ou des noms comme Cheiron, Dexion-, et en souriant. Leur popularite resta grande mais purement locale. Asclepios les eclipsa, du reste sans les evincer, parce que ses pretres surent utiliser une technique mysterieuse, qui excitait la curiosite des simples et des habiles. Marie DELCOURT, Les grands sanctuaires de /,a Grece, ·Paris, 1947, pp. 93-94 (a propos d'Epidaure).
TABLE DES MATIERES
Avant-propos .............................................................................. Introduction ............... .. .... ............ ... ... ... ...... .... .. ... ... .. ............ ...... Table des abreviations ...... ..... ................ .......................... ......... Table des figures ..................................... ........ ............. ..............
1x
XI XXIX XXXI
P. Unw. Giss. 4. 44 (MP 3 2375 = Marganne 186). Operation d'un coloboma ..................................................................... . BKT 3. 22-26 (MP 3 2354 = Marganne 4). Sur l'enseignement
de la chirurgie ....................................................................... .
13
P. lit. Lond. 166 (MP 3 2374 = Marganne 103). Reduction d'une luxation de la machoire
........................................... .
35
P. Strasb. inv. gr. 1187 (MP 3 2372 = Marganne 168). Fragment chirurgical ............................................................ ..
67
P. Geneve, inv. 111 (MP 3 2373 = Marganne 87). Questionnaire de chirurgie ................................................... .
85
P. Monac. 2. 23 (MP 3 458.3 = Marganne 77). Heliodore,
Chirurgie, IV ........................................................................... .
96
P. Ryl. 3. 529 (MP 3 2376 = Marganne 153). Traitement de l'epaule luxee ......................................................................... .
l IO
a la
.. ..
148
Conclusion ................................................................................ ..
155
Bibliographie ............................................................................. .
165
Index des noms propres I. grec ................................................................................... . 2. fran~ais ............................................................................. .
181 181
Autres temoignages papyrologiques relatifs
chirurgie
Vlll
TABLE DES MATIERES
Index des matieres l. grec .................................................................................... 2. latin .................................................................................... 3. franc;ais ................................................................................
183 186 187
Index des noms scientifiques
192
AVANT-PROPOS
Si l'etude des papyrus litteraires grecs de medecine reste une quete toujours inachevee, puisque tant de papyrus sont encore inedits ou insuffisamment exploites, et que tant de domaines restent encore a explorer parmi les sources litteraires, documentaires, epigraphiques et archeologiques (y compris les restes humains), sans parler des sources hieratiques et demotiques, qui peuvent eclairer d'une lumiere nouvelle }'existence et le contenu des papyrus medicaux, il n'en reste pas mains que, chemin faisant, il peut s'averer opportun de presenter la synthese des recherches dans un domaine donne, afin de susciter peut-etre d'autres recherches ou d'autres vocations de chercheurs, mais surtout de mettre autant que possible a la portee du plus grand nombre, des documents,-les papyrus grecs de medecine-, qui, trap souvent encore, paraissent esoteriques aux non inities. Deuxieme valet, apres L'ophtalmowgi,e dans l'Egypte greco-romaine d'apres les papyrus litteraires grecs (Brill, Leiden-New York-Koln, 1994 = Studies in Ancient Medicine, 8) de notre etude d'ensemble sur la medecine de l'Egypte greco-romaine, et redige dans le meme esprit, le present ouvrage propose done la synthese de nos recherches, deja ebauchees dans le troisieme volume de notre these liegeoise intitulee Papyri medicae Graecae. Contribution de la papyrologi,e a l'histoire de la medecine antique (1983), sur la chirurgie dans l'Egypte greco-romaine d'apres les papyrus litteraires grecs. Sans doute n'aurions-nous pu mener a bien ces recherches sans la collection unique au monde de photographies de papyrus litteraires grecs et latins reunie, sous la direction du Professeur Paul Mertens, au Centre de Documentation de Papyrologie Litteraire (CEDOPAL) de l'Universite de Liege, ni sans les magnifiques bibliotheques du CEDOPAL, du Departement des Sciences de l'Antiquite et du Centre d'lnformation et de Conservation des Bibliotheques (CICB) de cette meme Universite, dans lesquelles nous avons toujours reyu le meilleur des accueils. Au seuil de cet ouvrage, c'est pour nous un agreable devoir que de remercier taus ceux qui nous ant aidee de quelque maniere : nos deux Maitres, Messieurs Paul Mertens et Mirko D. Grmek, a qui ce livre doit plus que nous ne saurians dire, Monsieur Michel Malaise, qui nous a guidee dans la bibliographie relative a l'Egypte pharaonique,
X
AVANf-PROPOS
Madame Odette Bouquiaux-Simon, clans la consultation des archives photographiques et de la banque de donnees du Thesaurus linguae Graecae au moyen du systeme IBYCUS au Centre de Documentation de Papyrologie Litteraire de l'Universite de Liege, Messieurs Jules Labarbe, notre regrette Doyen de la Faculte de Philosophie et Lettres, Robert Joly, Robert Halleux, Simon Byl et Willy Clarysse, qui nous ont fait part de judicieuses suggestions, Madame Marie-Paule LoicqBerger, qui nous a considerablement facilite l'acces aux ouvrages de reference les plus recents, ainsi que tous les collegues et amis, beiges et etrangers, qui ne nous ont menage ni leur aide materielle, par l'envoi de renseignements, livres et articles, ni leurs encouragements. Notre reconnaissance s'adresse egalement a la Fondation Universitaire de Belgique et a la Fondation Francqui, qui ont facilite la publication de cette etude, a la maison d'edition Brill, qui a accepte de la publier, et a Monsieur John Scarborough, qui l'a accueillie clans sa collection Studies in Ancient Medicine. Enfin, pour son soutien de tous les instants, nous tenons a exprimer notre profonde gratitude a notre famille, specialement a notre epoux, Marc Melard, notre premier lecteur, et a nos enfants, qui ont respecte nos heures studieuses. Voroux-Goreux, octobre 1997
INTRODUCTION
I. La chirurgi,e antique Comme le trauma, 1 la traumatologie remonte aux ongmes de l'histoire humaine. 2 Des recherches recentes ont montre non seulement que l'homme de Neandertal soignait les blesses, mais encore que Jes trepanations craniennes abondent des la fin du Neolithique et notamment !ors de !'apparition du metal, ce qui pourrait nous laisser croire que Jes trepans pourraient etre des couteaux de cuivre ou de bronze. Elles sont particulierement frequentes clans certaines regions (... ), ce qui (... ) traduirait la presence d'ecoles veritables de paleo-chirurgiens. La reduction souvent parfaite de fractures parfois graves, la presence d'un paleo-assistanat social (... ), temoignent d'une prise de conscience formelle du traitement des affections neolithiques par Jes premiers producteurs de nourriture. Cet etat de fait, qui demande encore naturellement a etre etaye, tant Jes preuves inherentes qui nous en parviennent sont minces, parait directement inscrit clans le cadre d'une evolution technique et sociale, basee sur !'observation empirique, la necessite d'une guerison rapide permettant de foumir des sujets actifs au sein de communautes de production, et sur la montee d'une mentalite d'assistance mutuelle, gage de prosperite et de fecondite. 3
On ne s'etonnera done pas que la chirurgie soit certainement la partie la plus ancienne de la medecine. 4 Combinee probablement a la magie a l'origine, elle devint pourtant assez rapidement un art codifie. En Egypte, le celebre traite chirurgical du papyrus Edwin Smith
Sur ce terme, voir J. HAMBURGER (pref.), Dictwnnaire de midecine, Paris, 1975, p. 727, s.v. trauma: "toute blessure ou lesion produite sur une portion limitee de l'organisme par une action violente, exterieure a cet organisme". Pour des representations de traitements des blessures en Grece antique, voir S. GEROULANOS R. BRIDI.ER, Trauma. Wwui-Entstehung wui Wwui-Pjlege im antiken Griahenland, Mainz, 1994. 2 L. CAPASSO - L.R. ANGELETII, Hiswry of Medicine and Prehiswric Orthopedics, dans Medicina nei Secoli, 6, 1 (1994), pp. 71-81. 3 J. ZAMMIT, Maladies et emergence de /,a midecine chez /,es premiers agricu/Jeurs du .Neolithique .frartfais : etat de recherche, dans Maladies, midecines et societes. Approches hiswriques pour k present. Actes du VI' CoUoque d'Hiswire au Present, L'Harmattan, 1993, p. 27. 4 E. GURLT, Geschichte der Chirurgu und ihrer Ausiibung, I, Berlin, 1898; G. MAJNO, The Healing Hand. Man and Wound in the Ancient World, Cambridge (Mass.)3, 1982; A. KRuG, Heillcunst und Heillcult. Mediz:_in in der Antike, Miinchen2, I 993. 1
INTRODUCTION
Xll
(vers 1550 avant notre ere) montre a lui seul le haut niveau atteint en traumatologie par les medecins des bords du Nil. 5 Dans le monde grec, on deduit des temoignages concordants d'Homere, 6 de l'iconographie de l'epoque 7 et de la paleopathologie, 8 que les techniques decrites clans le Corpus hippocratique etaient deja maitrisees aux IX/VIII< s. 9 ll s'agissait alors exclusivement de chirurgie osseuse (fractures), articulaire (luxations), et superficielle (plaies, blessures de guerre), dont les procedes se transmettaient sans doute oralement. 10 Ce n'est probablement point un hasard si, clans la CoUection hippocratique qui, selon !'expression de M.D. Grmek, rassemble "les plus anciens textes medicaux conserves des civilisations occidental es", 11 le noyau le plus ancien est constitue notamment par des traites chirurgicaux. Ceux-ci codifient en fait par ecrit !'experience collective de plusieurs generations de praticiens, dont les premiers durent appartenir a la periode creto-mycenienne. 12 Dans la Collection hippocratique, la part de la chirurgie 13 est relativement modeste. Sur la soixantaine de livres Sur le papyrus Edwin Smith, voir surtout TH. BARDINET, us papyrus midicaux de l'Egypte pharaonique, Paris, 1995, pp. 15-16; 234-243; 493-522. Sur la chirurgie egyptienne, voir aussi F. JoNCKHEERE, Dans !'arsenal thirapeutique des ancims Egyptiens, dans Histoire de la midecine, 3, 2 (Paris, 1953), pp. 9-24; A.T. SANDISON, art. Chirurgi,e, dans L. A·., I (1975), col. 947-950; Io., art. /nstrumente, dans L. A·., 3 (1980), col. 165-166; M. PAHL, art. Trepanation, dans L. A·., 6 (1986), col. 756-757; J.F. NUNN, Ancient Egyptian Medicine, London, 1996, pp. 163-190. 6 CH. DAREMBERG, La midecine dans Homere, Paris, 1865; A. ALBARRACIN TEULON, La Cirurgia omerua, dans Episteme, 5, 2 (1971), pp. 83-97; E.A. KoUDIGELis, OrtJwpiidischtraumatologi,sche Darstellung in den Epen Homers, Diss., Essen, 1983; M.D. GRMEK, Les maladi.es a l'aube de la civilisation occidentale, Paris, 1983, pp. 50-60. 7 Voir GEROULANos - BRIDLER, Trauma, cite plus haut. 8 Voir surtout Jes travaux de J.L. ANGEL, The People ef Lerna : Ana!,sis ef a Prehistori.c Aegean Population, Washington, 1971; Human Sk£letons.from Circles at Mycenae, dans G.E. MYLONAS, 0 l.ofikos Ifyklos B tou Myk£nou, Athenes, 1973, pp. 379-397; Patterns ef Fractures.from Neolithic to Modern Tunes, dans Anthrop. Koz/emmyek (Budapest), 18 (1974), pp. 9-18; GRMEK, Les maladi.es .. ., cite n. 6; R. ARNOTT, Healing and Medicine in the Aegean Bronze Age, dans Journal ef the Royal Soci.ery ef Medicine, 89 (1996), pp. 265-270. 9 M.D. GRMEK, Anciennete de la chirurgi,e hippocratique, dans Actes du IV' CoUoque international hippocratique, Geneve, 1983, pp. 285-295. 1° F. KUDLIEN, Medical Education in Classical Antiquity, dans C.D. O'MALLEY (ed.), The History ef Medical Education, Berkeley, 1970, p. 5. 11 M.D. GRMEK, La pratique medicate, dans D. GoUREVITCH - M.D. GRMEK P. PELLEGRIN, Hippocrate de Cos. De l'art midical, Paris, 1994, pp. 57-59. 12 Pour le monde minoen, voir P J.P. McGEORGE, Health and Di.et in Minoan Times, dans R.E. JoNEs - H.W. CATLING (ed.), New Aspects ef Archaeological Science in Greece. Proceedings ef a Meeting He/,d at the British School at Athens, January 1987, British School at Athens, Occasional Paper 3, 1988, pp. 47-54; voir aussi M.D. GRMEK, Les maladi.es ... , pp. I02- 103. 13 Sur la chirurgie hippocratique, voir J.E. PETREQ.UIN, Chirurgi,e d'Hippocrate, 1-11, Paris, 1877 /8; S. LURJE, Studi.en iiber di£ Chirurgi,e der Hippokrati.k.er, Diss., Dorpat, 1890; 5
INTRODUCTION
Xlll
qui composent la Collection, huit ou neuf seulement sont relatifs a la chirurgie : ii s'agit des traites Du medecin, Des plaies, Des fistules (et) Des hemorrouies, 14 Des plaies de tete, De l'ojficine du medecin, Des .fractures (et) Des articulations, Mochlique. Les traites Des .fractures (et) Des articulations et Des plaies de tet,e, qui ant suscite le plus d'admiration au cours des ages, auraient pu etre rediges par Hippocrate lui-meme, a la fin du ye/ debut du IVe s. 15 A cette epoque, ii n'existait pas de division entre la medecine et la chirurgie. Le medecin pratiquait lui-meme toutes les operations, qu'il s'agisse des reductions de luxations et de fractures, des trepanations en cas de traumatismes craniens, des ligatures et des incisions de fistules, des excisions et des cauterisations d'hemorroi:des. Comme l'a ecrit recemment M.D. Grmek, la chirurgie hippocratique, parfaitement rationnelle, est d'un tres haut niveau technique. La reduction des articulations luxees et des os fractures est codifiee de maniere exemplaire. Certaines manoeuvres d'Hippocrate sont encore utilisees clans !es temps modemes (... ). Les traumatismes craniens sont traites par la trepanation. Les fractures des os longs sont soignees par la coaptation des fragments, suivie de !'extension du membre et de son immobilisation clans une position naturelle par des bandages et attelles. Hippocrate sait que, clans une fracture compliquee, ii importe d'agir le plus tot possible apres !'accident et de s'occuper plus des os que de la plaie. Quant aux plaies en general, ii conseille de !es nettoyer (sans !es humecter, si ce n'est avec du vin), d'evacuer le pus, de Jes debrider et, si elles sont circulaires, de !es allonger par des incisions. Hippocrate pratique le drainage des abces, !'amputation des extremites en cas de gangrene et la resection des hemorroi:des, des fistules anales, des tumeurs extemes et meme des neofonnations intemes (par exemple, !'ablation et la cauterisation des polypes de l'arrieregorge). Le traitement de l'empyeme par la paracentese thoracique est decrit avec tous !es details techniques utiles (... ). L'experience a appris
E. IVERSEN, Wounds in the Head in Egyptian and Hippocratic Medicine, clans Melanges Petersen, Copenhague, 193 7, pp. 163-1 71; A. BENEDETTI, Traumatologia al tempo di lppocrate, Roma, 1969; A. RosELLI, La chirurgia ippocratica, Firenze, 197 5; MAJNO, op. cit., pp. 141-205; J. JouANNA, Hippocrate, Paris, 1992, pp. 98; 125-143. 14 II est probable que ces deux textes, comme Des .fractures (et) Des articulations,
aient forme une seule oeuvre ou aient appartenu, a l'origine, au meme traite : voir R. JoLY, clans son ed. d'HIPP., t. XIII, Paris, Les Belles Lettres, 1978, Notice, p. 133; JouANNA, loc. cit. 1' Voir L. BoURGEY, Observation et experience che;:, /,es medecins de /,a Coll,ection hippocratique, Paris, 1953, pp. 59-60; R. JoLY, Le nweau de la science hippocratique. Contribution a la psychologi,e de l'histoire des sciences, Paris, 1966, pp. 237-239; J. DucATILLON, Polimiques dans la Coll,ection hippocratique, these, Paris, 1977, p. 341 sqq.
INTRODUCTION
XIV
aux medecins hippocratiques qu'ils ne peuvent penetrer impunement clans la cavite abdominale, si ce n'est pour pratiquer une ponction d'ascite. On doit admirer l'audace qu'ils durent avoir pour inciser jusqu'au rein en cas d'abces consecutif a une nephrolithiase (... ). A cette exception pres, la chirurgie des organes intemes leur etait interdite a cause de !'imperfection des procedes d'hemostase et de !'ignorance des mesures contre !'infection. 16
C'est a la periode alexandrine que furent accomplis des progres remarquables en chirurgie, sous !'impulsion des connaissances acquises clans des sciences nouvelles: l'anatomie et la mecanique. 17 Les premieres dissections systematiques de corps humains semblent avoir ete pratiquees a Alexandrie au Ille s. avant notre ere. 18 Pour mieux comprendre le fonctionnement des organes, il est done necessaire, ecrit Celse,1 9 d'inciser les cadavres et d'explorer leurs visceres et leurs entrailles. Herophile 20 et Erasistrate 21 ont obtenu
16 M.D. GRMEK, La pratique medicak, clans D. GouREVITCH P. PELLEGRIN, Hippocrate de Cos. De l'art medical, Paris, I 994, pp. 17 Sur la chirurgie a l'epoque alexandrine, voir notamment Spezialisi.erungsprobkm und die antike Chirurgie, Stuttgart-Wien, 1969
- M.D. GRMEK -
5 7-59.
M. M1cHLER, Das et surtout, Io., Die akxandrinischen Chirurgen. Eine Sammlung und Auswertung ihrer Fragmente, Wiesbaden, 1968; P.M. FRASER, Pt,o/,emaic Akxandria, I, Oxford, 1972, pp. 338-376; MAJNo, op. cit., pp.
327-338.
18 Sur l'histoire de la dissection clans l'antiquite, voir not. L. EDELSTEIN, Die Geschichte der Sektion in der Antike, clans ()_yell. und Stud. z. Geschichte d. Naturwiss. und d. Mediz:,in, 3, 2 (1932), reedite sous le titre Tu History of Anatomy in Antiquiry, clans Ancient Medicine, Baltimore, 1967, pp. 24 7-30 I; F. KuoLIEN, art. Anatomie, clans R.E., Suppl. 11 (1968), pp. 38-48; G. LLovn, Alcrruuon and the Early History of Dissection, clans Sudheffs Archiv, 59, 2 (1975), p. 116; F. KunLIEN, Antike Anatomie und menschlicher Leichnam, clans Hermes, 97 (1969), pp. 78-94; K.-D. F1scHER, Seneca d. A:, Controversiae I 0, 5, I 7: Ein iibersehenes ,v cxuTip xiiacx 1tpcxyµcxTeicx 'tl1COlV ~t~A.ioov fcxA.flVO\l lCCXl µ~v lCCXl 'APXtY£VOU~
INTRODUCTION
XXI
Asclepiade, Demosthene, etc. Comme clans les Coll. med. d'Oribase, les auteurs sont cites clans les 1tivmm; au debut de chaque livre et clans les titres des chapitres. 57 La chirurgie est surtout etudiee clans le livre XIV. Paul d'Egine, qui parait avoir exerce la medecine a Alexandrie au Vile s., 58 s'inspira beaucoup de Galien et d'Oribase clans son Epitome ('Emtoµ~ iatptK11) en sept livres. 59 Son but etait de presenter une synthese du savoir medical, plus pratique que les Coll. med. d'Oribase qui, en raison de leur ampleur, ne sont pas d'un abord facile, 60 et plus complete que la Synopsis, qui lui paraissait trop sommaire. 61 La chirurgie est etudiee clans le livre VI. Veritable mine d'informations, ii foumit des descriptions tres detaillees de plus de 120 operations, ainsi que le nom des instruments que l'on y utilise. 62
IC ]~All ]wt o~
BKT
3· 22-26
15.
(MP3
2354
= MARGANNE
]f!>V AO ]~ElV
]. µ [.]
]µ,e hou
20.
]-[
une ligne manque ]-[
Col. II [ ou OEt tov µav]1. 0avovta Eicrayea0m