Joseph Gergan et l'Histoire. Le Tibet Occidental vu par un chrétien Ladakhi

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INSTITUT NATIONAL DES LANGUES ET CIVILISATIONS ORIENTALES HISTOIRE, SOCIÉTÉS ET TERRITOIRE DU MONDE ASIE-PACIFIQUE MASTER TIBÉTAIN

JOSEPH GERGAN ET L’HISTOIRE LE TIBET OCCIDENTAL VU PAR UN CHRÉTIEN LADAKHI

Mémoire présenté par Jonathan Guyon Le Bouffy sous la direction de Mme Heather Stoddard

2012

JOSEPH GERGAN ET L’HISTOIRE LE TIBET OCCIDENTAL VU PAR UN CHRÉTIEN LADAKHI

Mémoire présenté par Jonathan Guyon Le Bouffy sous la direction de Mme Heather Stoddard

Avant propos Note sur l’utilisation des mots tibétains ou écrits en tibétain

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Introduction 16 Première partie ............................................................................................................. 17 Joseph Gergan (c. 1877-1946) ...................................................................................... 17 1.Contexte familial 18 a. Ses origines 18 b. Sa vie 20 c. Ses héritiers 23 2.Apports extérieurs et influences 25 a. Les missions moraves 25 – Les premiers chrétiens au Tibet 26 – Les missions jésuites 26 – Les origines des moraves et de leurs missions 27 – Les moraves en Himalaya 28 – La mission du Ladakh 29 – Les contacts avec la culture locale 29 b. Une grande figure : A.H. Francke (1870-1930) 31 – Sa vie 31 – Son œuvre 33 c. Les explorateurs occidentaux 35 Illustrations 39 Deuxième partie ............................................................................................................ 45 Histoire du ladakh ........................................................................................................ 45 1.Points de repères : une histoire du Ladakh 46 a. Définitions 46 b. Premières populations et témoignages 48 – Les Mons 48 – Les Dardes 48 – Les influences politiques 49 c. La première dynastie tibétaine, les Lhachen 50 – Les origines 50 – Les événements marquants 51 – Problèmes et outils de recherches 53 d. La seconde dynastie tibétaine, les Namgyal 54 – Le changement de dynastie 54 e – Les premiers rois (XVI siècle) 55 – Senge Namgyal (r. 1616-1646) 57 – Le déclin 58 – Les derniers rois du Ladakh 61 – Les guerres dogras 62 2.Les “anciennes” versions de l’histoire du Ladakh 66 a. Les manuscrits disparus 66 b. Présentation des manuscrits disponibles 67 – Le manuscrit Schlagintweit (Ms.S.) 67 – Le manuscrit du British Museum (Ms.L.) 68 – Les manuscrits de Karl Marx (Mss.A, B et C) 68 c. Le travail de Francke 69 Illustrations 73 4

Troisième partie ............................................................................................................ 84 Le Trésor éternel : Bla dwags rgyal rabs ’chi med gter ............................................... 84 1.La genèse du texte 85 a. Le titre 85 b. Le fonds Gergan 85 c. Le concept temporel 87 – Centralité 88 – Cosmogonies 89 – Archétype 90 – Le cycle du temps 91 – L’Homme et l’Histoire 92 d. Les raisons et conséquences 94 – Raisons 94 – Conséquences 95 2.Le texte 97 a. La forme 97 – Notes de bas de pages 97 – Choix d’un système de datation 98 – Le sommaire 98 – La bibliographie 99 – Les annexes 99 – Les cartes et illustrations 99 – La langue et les écritures utilisées 99b b. Le fond 100 – Le sommaire 100 – La description du Spiti 101 – Tradition 102 – Influences 103 – La touche chrétienne 107 – Les apports 108 Conclusion

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Annexes ........................................................................................................................ 116 Index ............................................................................................................................. 180 Sources ......................................................................................................................... 190 Bibliographie ................................................................................................................ 193 Sites internet ................................................................................................................. 203 Sources iconographiques .............................................................................................. 204 Remerciements ............................................................................................................. 206

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« Une civilisation débute par le mythe et finit par le doute ». Émile Michel Cioran1

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Émile Michel Cioran, La chute dans le temps, Paris, Gallimard, 1964, p. 62.

Avant propos Le Ladakh, région de culture tibétaine du nord-ouest de l’Inde dans l’état du Jammu et Cachemire2, compte un peu plus de 290 000 habitants pour 59 146 km2. Cette région, depuis toujours aux carrefours des routes commerciales entre l’Inde, le Taklamakan et le Tibet, a été fermée au tourisme peu après l’indépendance de l’Inde en 1947. Depuis sa réouverture en 1974 elle est devenue une zone touristique très appréciée3. Cette popularité ne manque pas de poser des problèmes divers, même si l’industrie du tourisme est aujourd’hui indispensable à l’économie locale. En effet, elle contribue à compenser la perte de revenus que le Ladakh tirait du commerce avec le Tibet et le Cachemire, revenus dont il est privé depuis la fermeture des frontières avec le Pakistan et la Chine suite à la partition et à la guerre de 1962. Certains Ladakhis4 considèrent leur culture comme menacée, et cela à plus d’un titre. D’une part, la guerre dogra au début du XIXe siècle a eu pour conséquence l’arrivée massive de Cachemiris qui n’ont jamais eu une très bonne réputation5. D’autre part, la majorité des touristes occidentaux ne viennent pas par intérêt pour la culture, les us et coutumes, les traditions… mais plus largement pour randonner. Les touristes indiens donnent l’impression d’arriver en pays conquis et se comportent parfois de manière irrespectueuse ; nous pourrions aussi parler de l’indianisation. Le climat social s’en trouve modifié, mais aussi les références, la foi, les centres d’intérêts6… Dans ce contexte quelques savants tentent de motiver l’intérêt de la population pour leur histoire et culture. Mais on constate qu’une grande partie des recherches sur le Ladakh est toujours faite par des occidentaux et des Indiens qui ne sont pas originaires du Ladakh. L’implantation d’associations telle la Tibet Heritage Fund a été d’une grande importance pour la sauvegarde de la vieille ville de Leh, la conservation du savoir local, le travail des artisans… et la prise de conscience par une partie de la population de l’intérêt de leur culture. Pourtant, le marché de l’offre et de la demande a pour conséquence l’utilisation publicitaire

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Les chiffres cités proviennent de : http://www.census2011.co.in/ (consulté le 19 février 2012). Nous avons additionné les données du district de Kargil et celles du district de Leh. Les frontières avec le Pakistan et la Chine étant problématiques, on trouve des superficies diverses, presque le double. Pour comparaison, cela correspond à la population d’une ville comme Nantes sur un espace grand comme environ deux fois la Belgique, ce qui donne une densité d’environ 5 hab/km2 : 3 hab/km2 pour le district du Ladakh, et 10 hab/km2 pour le district de Kargil. Les touristes, indiens comme occidentaux, représentent une population croissante pendant les mois d’été (527 en 1974, 35 000 en 2004) et créent de nombreux problèmes. Bien qu’il conviendrait de dire Ladakhpa (La-dwags-pa), nous utiliserons ici le terme couramment utilisé de Ladakhi. Un proverbe ladakhi dit : « Confier un secret à un Cachemiri, c’est comme verser de l’eau dans une passoire » (kha che la gtam dang chag ma la chu). Pascale Dollfus, Lieu de neige et de genévriers, Paris, CNRS, 1989, 282 p.

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de la culture par les agences de voyages locales, mais aussi dans les monastères où la vie monastique tend à disparaître par endroits au profit du « Gompa Business ». Or, le Ladakh recèle nombre d’érudits en tous domaines qui ne demandent qu’à être reconnus par leurs concitoyens. Toutefois, les travaux de chercheurs chrétiens et musulmans, contemporains comme antérieurs, sont encore mis de côté par certains bouddhistes, probablement sous l’influence de la Ladakh Buddhist Association7. Ainsi, l’histoire et les travaux de Joseph Gergan (c. 18771946)8, un Ladakhi converti au christianisme auprès de missionnaires protestants moraves, sont à étudier. Ce personnage est le premier d’une lignée de pasteurs ladakhis9. Il a travaillé avec les missionnaires sur leurs recherches historiques et s’est attelé à traduire la Bible. Il a écrit une histoire du Ladakh en tibétain, le Bla-dwags rGyal-rabs ‘Chi-med gTer10, que nous nommerons ici « Trésor éternel » afin de distinguer son livre des autres histoires anciennes du Ladakh. Ce livre est l’objet de la présente étude.

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Voir note 65, p. 25. À propos de son nom, il précise dans une lettre du 31 mai 1923 : « En anglais, j’écris mon nom comme ceci [Joseph], en urdu j’écris Yusuf, et en tibétain Yoseb. Certaines personnes écrivent Yusuf et Yoseb aussi en anglais. Je ne comprend pas pourquoi ? ». Cité dans John Bray, « Towards a Tibetan Christianity? The lives of Joseph Gergan and Eliyah Tseten Phuntsog », pp. 68-80 in Per Kvaerne (ed.), Tibetan Studies, Oslo, Institute for Comparative Research in Human Culture, 1994, vol. 1, note 4, cit. p. 79. 9 Aujourd’hui encore, le pasteur de la mission morave de Leh, capitale du Ladakh, est le petit-fils de Joseph Gergan. 10 Trésor éternel des Chroniques du Ladakh. Joseph Gergan, S.S. Gergan (ed.), Ladags rGyalrabs Chimed sTer (sic) (bLa-dwags rGyal-rabs ‘Chi-med gTer) History of Ladakh in Tibetan, New Delhi, Sterling, 1976, 646 p. 8

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Note sur l’utilisation des mots tibétains ou écrits en tibétain

Comme l’a fait remarquer Sam Van Schaik dans son ouvrage Tibet A History : « La translitération des écritures étrangères n’est jamais simple, mais celle du tibétain est d’une difficulté notoire ». Le système Wylie, bien qu’il soit une norme aujourd’hui, pose cependant certains problèmes. Il a les défauts de ses qualités, ainsi le respect de l’orthographe ne permet pas à un lecteur peu familier avec le tibétain d’avoir une lecture fluide et les enchevêtrements de consonnes risquent de le rebuter. D’autre part, la translitération Wylie ne permet pas d’avoir un rendu phonétique propre à chaque langue tibétique. La langue du Ladakh, la dwags kyi skad, présente en effet des sonorités qui sont parfois éloignées de celles du tibétain « dit » standard. Pour ne prendre qu’un exemple, le monastère de dpe thub, à quelques kilomètres de Leh au bord de l’Indus, devrait se prononcer Pétub en tibétain standard, mais au Ladakh on dit Spituk. Pour toutes ces raisons, nous avons choisi de limiter l’utilisation du Wylie dans le texte. Afin de connaître l’orthographe tibétaine des noms, toponymes et termes techniques, le Wylie apparaît dans l’index. Dans le texte, nous utiliserons une transcription phonétique basée sur les orthographes communément rencontrées dans les ouvrages en langues occidentales. Rappelons la prononciation de certaines lettres :

‘g’ est toujours dur ‘u’ se prononce ‘ou’ ‘ö’ se prononce ‘eu’ ‘ch’ se prononce ‘tch’

‘e’ se prononce ‘é’ ou ‘è’ ‘ü’ se prononce ‘u’ ‘zh’ et ‘sh’ se prononcent ‘ch’ ‘j’ se prononce ‘dj’

Toutefois, le texte étudié comporte aussi des transcriptions en tibétain de mots urdus, persans ou anglais. Les combinaisons particulières de lettres tibétaines demandent donc de préciser notre utilisation du Wylie. Les lettres principales des seuls noms propres seront en majuscules. Les orthographes particulières seront notées ainsi : Les voyelles majuscules indiquent un a chung souscrit (mIr : !"#)

Les consonnes soulignées indiquent une souscrite dans les cas particuliers (dha : !) Les consonnes majuscules indiquent une lettre inversée (Ta : ")

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CARTES Carte 1 : L’empire tibétain vers la fin du VIIIe siècle, début du IXe (avec les frontières modernes en référence)

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CARTES Carte 2 : Carte des Missions du Tibet. Les villes soulignées indiquent la présence de missions protestantes

CARTES Carte 3 : Le Tibet Occidental

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CARTES Carte 4 : Carte du Maryül, du Ladakh, et du Ngari Korsum

CARTES Carte 5 : Carte du Cachemire et des régions adjacentes

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CARTES Carte 6 : Carte de la guerre de Wazir Zorawar Singh contre le gouvernement central du Tibet (1834-1842). Bien que présentant de nombreuses erreurs, cette carte permet de situer grossièrement les batailles importantes de la conquête dogra.

Introduction Nous nous proposons donc de travailler sur Joseph Gergan et son texte, le Bla-dwags rGyal-rabs ‘Chi-med gTer (Trésor éternel), afin de voir ses différences et similitudes avec des textes plus anciens ou traditionnels, et de comprendre qu’est-ce qui a pu influer sur le travail de Joseph Gergan. Nous tenterons de souligner ainsi les particularités de cette présentation de l’histoire, mais aussi ce qui s’aligne sur le point de vue traditionnel. Nous chercherons à comprendre la raison de l’écriture de cet ouvrage, l’origine des connaissances de l’auteur sur certains événements et ses sources, ainsi que les documents et réflexions qu’il apporte pour l’étude de l’histoire du Ladakh. Nous traiterons tout d’abord de l’auteur du Trésor éternel afin de connaître le contexte de son écriture. Nous consacrerons la première partie de cette étude aux ancêtres de Joseph Gergan, puis nous proposerons une courte biographie et nous terminerons ce passage en revue de son histoire personnelle en nous intéressant à ses descendants. Nous étudierons ensuite ses influences réciproques à travers l’histoire des missions protestantes moraves, et le travail en particulier d’August Hermann Francke (1870-1930). Nous terminerons en examinant le passage de divers explorateurs occidentaux ayant traversé le Ladakh en ce début de XXe siècle. Une seconde partie sera consacrée à l’histoire du Ladakh et des manuscrits qui ont permis la compilation homogène des chroniques “anciennes” du Ladakh par A.H. Francke11. Nous tenterons d’exposer l’histoire du Ladakh en abordant les quatre grandes périodes qui sont : les premières populations, la première dynastie tibétaine, la seconde dynastie tibétaine, et les guerres dogra. Certains règnes et événements importants seront détaillés. Nous finirons par une présentation des divers manuscrits anciens des chroniques du Ladakh. Enfin, nous étudierons plus particulièrement le Trésor éternel. Nous nous intéresserons tout d’abord à la genèse du texte à travers son titre, au fonds de documents collectés par Joseph Gergan et son fils, et à une réflexion sur le concept temporel. Finalement, l’ouvrage de Gergan sera abordé à travers la description de sa forme et de son contenu en insistant sur les similitudes et différences qu’il peut avoir vis-à-vis des chroniques anciennes.

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August Hermann Francke, Antiquities of Indian Tibet, New Delhi, Asian Educational Services, 1992, vol. 2 [première édition 1926]

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PREMIÈRE PARTIE JOSEPH GERGAN (C. 1877-1946)

« La civilisation mondiale ne saurait être autre chose que la coalition de cultures, préservant chacune son originalité ». Claude Lévi-Strauss12 « On dit souvent que l’observation modifie la réalité observée. Elle modifie aussi celui qui observe. L’ethnologue l’apprend au prix de son confort physique sans doute, de son confort moral aussi ». Jean Pouillon13

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Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, Paris, Folio, 1989, p. 77. Jean Pouillon, « L’œuvre de Claude Lévi-Strauss », dans Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, Paris, Folio, 1989, p. 127.

JOSEPH GERGAN

Afin de mieux appréhender le travail de Joseph Gergan, il est indispensable de le présenter. En effet, aujourd’hui encore, sa vie n’est pas banale pour un habitant du Ladakh. Ses origines, son éducation et sa conversion au christianisme font de ce personnage un acteur atypique de la société ladakhie. Le contexte familial sera tout d’abord abordé à travers ses origines, son enfance et son travail. Il sera ensuite question des hommes qui ont influencé sa vie, avec une présentation de l’histoire des missions moraves au Ladakh, en particulier d’August Hermann Francke (1870-1930) avec qui il collabora beaucoup, et d’autres chercheurs occidentaux qu’il aurait pu rencontrer.

1. Contexte familial a. Ses origines La famille Gergan n’est pas originaire du Ladakh. En effet, Gergan Sönam Wangyal († 1890), le père du futur Joseph Gergan, avait des responsabilités au Tibet Central qu’il dut fuir en raison d’intrigues politiques. Le passé du père de Joseph Gergan au Tibet reste incertain. Un témoignage de Henry Lansdell, qui voyagea au Tibet et au Ladakh à la fin du XIXe siècle, confirme l’hypothèse de l’appartenance de Sönam Wangyal à une famille noble du Tibet Central. Il le décrit comme ayant été le fils du trésorier du dalaï lama14. Dans un article plus récent15, John Bray et Tsering Gonkatsang proposent que le « Lhassa Munshi16 » du missionnaire morave Friedrich Redslob soit Sönam Wangyal. Mais John Bray rapporte la tradition orale familiale à travers le témoignage de la fille de Joseph Gergan, Sungkyil († 2011), selon laquelle son grand-père était tuteur du panchenlama17. Ce serait pour cette raison qu’ils sont appelés Gergan18, qui signifie « professeur » en

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Henry Lansdell, Chinese Central Asia: a ride to Little Tibet, Londres, S. Low Marston & Co., 1893, vol. 2, p. 373. John Bray et Tsering Gonkatsang, « Three 19th Century Documents from Tibet and the Lo Phyag Mission from Leh to Lhassa », pp. 97-116 in John Bray et Elena de Rossi Filibeck (eds.), Mountains, Monasteries and Mosques: Recent Research on Ladakh and Western Himalaya ; proceedings of the 13th Colloquium of the IALS, Rome, Serra Ed., 2009, p. 105. Munshi est un terme urdu utilisé au Ladakh pour qualifier un secrétaire ou une personne lettrée. John Bray, « The Moravian church in Ladakh: The first forty years 1885-1925 », pp.81-91 in D. Kantowsky et R. Sander (ed.), RRL: History, culture, sociology, ecology, München, Weltforum Verlag, 1983, 282 p., p. 84 (n. 20). Repris dans John Bray, « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », in Lungta XI, Hiver, 1998, n° 11, p. 6. Voir aussi John Bray, « Towards a Tibetan Christianity ?

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JOSEPH GERGAN tibétain. Cette version de l’origine du nom et cette affirmation au sujet de la fonction du père sont dignes de foi car elles émanent de la tradition orale familiale. Toutefois, les raisons de la fuite de Sönam Wangyal ne sont pas expliquées. Dans leur ouvrage sur les documents historiques de l’Himalaya Occidental, Tobdan et Dorje semblent faire un mélange des deux versions19. De multiples raisons peuvent expliquer leur exil vers le Ladakh. Mais nous ne pouvons pas ne pas souligner l’importance de la guerre qui a eu lieu avec les Dogras du Penjab entre 1834 et 1842. Le traité de paix signé en 1842 et en 1852 entre le Tibet, le Ladakh et le Cachemire annexe le Ladakh au Jammu et Cachemire20. Dans ces conditions, la famille Gergan put rester dans une culture tibétaine, loin de Lhassa et de sa juridiction. Les Gergan s’installent tout d’abord au Lahul, au Sud du Ladakh, où ils font la rencontre de missionnaires moraves. Se pose la question du lien entre Sönam Wangyal et Nathaniel Zodpa Gyaltsen (n.c.), baptisé à Poo en 1872 par Eduard Pagell (1820-1883) : ils sont parfois présentés comme frères21. Pourtant les sources ne sont pas claires à ce sujet. Ils vont par la suite se déplacer au Ladakh, à Hundar dans la vallée de la Nubra, à la fin des années 1870 où Sönam Tseten, futur Joseph Gergan, va naître. Sönam Wangyal ne s’est jamais converti et est resté bouddhiste, mais il a été proche des missionnaires. Il fut l’un des premiers instituteurs à l’école de Leh et aida à la traduction des textes chrétiens en tibétain22. Dans une description de voyage A.W. Heyde, collaborateur de Pagell, narrant son chemin de Kyelang à la vallée de la Nubra entre le 15 juin et le 10 aout 1875, note : « Les 8 et 9 juillet, j’étais dans le grand village de Hundar. Ici, j’ai eu la joie de rencontrer un homme du nom de Gergan, qui aimerait bien devenir chrétien. C’est par l’intermédiaire de Jacob qu’il me fit d’abord connaître son soutient et qu’il se fit introduire plus tard auprès de moi. Il est natif de Lhassa et est venu ici il y a une quinzaine d’années en tant que compagnon d’un grand lama, se maria et fut peu après – comme il était un homme cultivé – employé par le gouvernement comme correspondant pour ce village, et jouit d’une bonne situation et n’est aucunement endetté. À ma question concernant les raisons de son souhait de devenir chrétien, il répondit : “J’ai lu vos livres et je

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The lives of Joseph Gergan and Eliyah Tseten Phuntsog », pp. 68-80 in KVAERNE Per (ed.), Tibetan Studies, Oslo, Institute for Comparative Research in Human Culture, 1994, vol. 1, p. 69. Gergan est la prononciation ladakhie de dGe rgan. Dorje C. et Tobdan, Historicals Documents from Western Trans-Himalaya, Delhi, Kaveri, 1996, p. 65. Alexander McKay (ed.), The History of Tibet, London, New York, Routledge Curzon, 2003, 3 vol., pp. 786788. Voir Annexe 19, p. 171 et Annexe 20, p. 175. John Bray, « The Moravian church in Ladakh: The first forty years 1885-1925 », p. 84. Et Dorje C. et Tobdan, op. cit. Ibid. Il aida notamment Redslob pour sa traduction des Psaumes.

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JOSEPH GERGAN suis convaincu que le Christ est bien celui qui peut nous venir en aide ; je souhaite devenir chrétien pour le bien de mon âme” »23.

b. Sa vie Sönam Tseten serait né à la fin des années 187024 à Hundar dans la vallée de la Nubra au nord de Leh25. Après avoir reçu une éducation traditionnelle tibétaine durant les dix premières années de sa vie, incluant l’étude du bouddhisme et l’apprentissage de la langue et de l’écriture tibétaines, il part suivre ses études à Srinagar à 14 ans26. Vers douze ans, juste avant son départ pour le Cachemire, il se convertit auprès des missionnaires27 et prend le nom chrétien de Joseph28. Selon son petit-fils, Elijah Gergan, cette conversion précoce est primordiale 29 . Il est l’un des premiers Ladakhis à suivre ce type de formation occidentale à l’extérieur du Ladakh30, à l’école Tyndale Biscoe créée en 1880 par le Rev. J. Knowles Hilton (1876-1880) de la Church Missionary Society31. Il y enverra par la suite ses enfants, notamment Sönam Chimed (1899-1929)32. À Srinagar, Sönam Tseten a appris l’anglais et l’urdu, mais aussi les bases de l’islam et du christianisme33. À son retour au Ladakh, il devient instituteur à l’école morave de Leh. Filippo de Filippi (1869-1938) nous donne un témoignage de son travail à l’école : « Melle Birtill était enseignante à l'école, où les petits Ladakhis apprenaient à lire et à écrire leur langue et un peu d’anglais, à coudre et… à se laver. Elle 23

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Manfred Taube et Hartmut Walravens, August Hermann Francke und die Westhimalaya-Mission des Herrnhuter Brüdergemeine (August Hermann Francke et la mission de l’église morave en Himalaya Occidental), Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1992, p. 225. La date de naissance n’est pas précise, nous avons opté pour une date intermédiaire entre les deux versions. En effet, John Bray donne deux années différentes dans ses articles : 1876 dans son article de 1998 « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », 1878 dans son article de 1994 « Towards a Tibetan Christianity ? The lives of Joseph Gergan and Eliyah Tseten Phuntsog ». John Bray, « Towards a Tibetan Christianity ? The lives of Joseph Gergan and Eliyah Tseten Phuntsog », p. 69. A.H. Francke, Gabriele Reifenberg (trad.), « Schools in Leh » pp. 281-292, in BRAY John (ed.), Ladakhi Histories, Leiden-Boston, Brill, 2005, 402 p. Entretien du 22/07/2011 avec Elijah Gergan, petit-fils de Joseph. Il est baptisé le 17 août 1890. Manfred Taube et Hartmut Walravens, op. cit., p. 198. À propos de son nom, il précise dans une lettre du 31 mai 1923 : « En anglais, j’écris mon nom comme ceci [Joseph], en urdu j’écris Yusuf, et en tibétain Yoseb. Certaines personnes écrivent Yusuf et Yoseb aussi en anglais. Je ne comprends pas pourquoi ? ». Cité dans John Bray, « Towards a Tibetan Christianity ? The lives of Joseph Gergan and Eliyah Tseten Phuntsog », p. 79. Entretien du 22/07/2011 avec Elijah Gergan. Le père de Joseph étant âgé lors de sa rencontre avec les missionnaires, il ne préféra pas se convertir, mais il incita son fils à le faire. Des Ladakhis musulmans sont aussi allés faire leurs études en dehors du Ladakh, notamment à l’université d’Aligarh. Martijn van Beek, « Worlds Apart: Autobiographies of Two Ladakhi Caravaneers Compared », in FOCAAL, n. 32, 1998, pp. 55-69. John Bray, Idem. Voir aussi John Bray, « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », p. 6. John Bray, « The Moravian church in Ladakh: The first forty years 1885-1925 », p. 87. Nous avons trouvé, sur la page Facebook de la Tyndale Biscoe School, une photo d’une plaque commémorative citant S. Chimed Gargen (sic) mort en 1929. Dorje C. et Tobdan, op. cit., pp. 61-64.

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JOSEPH GERGAN était assistée par un chrétien ladakhi, Joseph Tseten, qui était un guide excellent et compétent pour les excursions et les visites dans les villages et monastères des environs de Leh »34. En 1920 il est l’un des deux premiers Ladakhis, avec Dewazung Dawa (n.c.), à être ordonné pasteur par l’évêque Arthur Ward (n.c.) de Londres lors de sa visite à Kyelang. Il servira à la mission de Kyelang pendant six années avant de retourner à la congrégation de Leh en 192635. Il meurt le 11 aout 194636 à Leh, avant la publication de sa traduction de la Bible. Il est enterré dans le cimetière morave de Leh. Le travail de Joseph Gergan est de deux ordres : d’une part évangélique, et d’autre part historique. En tant que pasteur et missionnaire, Joseph Gergan dut exposer le christianisme à la population convertie, mais aussi aux Ladakhis bouddhistes et musulmans. Il serait intéressant de comparer ses textes avec la présentation que Desideri (1684-1733)37 fit du christianisme aux Tibétains. Bien que prosélyte, il fut aussi un acteur important du dialogue interreligieux et interculturel. En 1926 il publia à Kyelang La théorie audible et la pratique des religions38, traduite par Walter Asboe (n.c.) en anglais et destinée à un public maîtrisant le tibétain littéraire. Dans ce texte il discute du christianisme, du bouddhisme et de l’islam. Sa connaissance de ces trois religions fut sans aucun doute un grand avantage et permet d’apprécier d’autant plus son travail. Il maîtrisait le tibétain et le ladakhi, mais aussi l’urdu et l’anglais ; il utilisait parfois toutes ces langues sur une seule page de ses carnets de notes39. Même s’il connaissait un peu l’allemand, il correspondait en anglais. Il débute par des traductions d’extraits de la Bible comme l’Évangile selon Saint-Marc en 1919, qu’il cherche à écrire dans un style simplifié, plus accessible et proche du dialecte du Ladakh40. Dans ce domaine, la grande œuvre de Joseph Gergan est la traduction de la Bible41 en tibétain42 débutée en 1909 et terminée peu de temps avant sa mort. Ce travail n’aurait pas pu être réalisé sans le soutien et l’aide d’August H. Francke, de F.E. Peter et de Walter Asboe.

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Filippo de Filippi, Storia della Spedizione Scientifica Italiana nel Himàlaia, Caracorùm e Turchestàn Cinese (1913-1914), Bologne, Nicola Zanichelli, 1924, p. 184. Ibid., p. 69. Dorje C. et Tobdan, op. cit., p. 63. Ippolito Desideri, Filippo de Filippi (ed.), Essenza della dottrina Cristiana, Rome, IIME, 1982. Joseph Gergan, rNa ba’i bcud len gyi rtogs brjod bzhugs so (Hearable Theory and Practice of Religions), Kyelang, Mission Press, 1926. Aussi traduit par Understandable Expression of Moral Thoughts, présenté par John Bray pp. 70-73 dans « Towards a Tibetan Christianity ? The lives of Joseph Gergan and Eliyah Tseten Phuntsog ». Entretien du 22/07/2011 avec Elijah Gergan. Ibid. Traduction débutée depuis la Bible en anglais et la traduction urdu de 1743, puis poursuivie avec l’aide de Walter Asboe avec des sources grecques et latines. Joseph Gergan (trad.), The Holy Bible in Tibetan (Zhal Chad sNga Phyi gnyis kyi mdo bzhugs so), Lahore, United Bible Societies, 1983, 926 p. -454 p.- 847 p. [Comprend la réimpression de l’Ancien Testament de 1948 et du Nouveau Testament de 1968]

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JOSEPH GERGAN

Le travail évangélique passe aussi par la composition d’outils pédagogiques comme des manuels de langue. Joseph Gergan a probablement travaillé sur plusieurs des abécédaires et manuels de tibétain, d’urdu, et même d’anglais que les moraves ont créés et diffusés, son nom apparaît sur au moins l’un d’entre eux qu’il édita à Kyelang en 192143. Sur le terrain de la recherche historique, il fut le collaborateur principal de Francke. Il l’aida non seulement à collecter et à recopier des documents, mais il fut aussi son intermédiaire après 1914 alors que Francke était à Berlin. Il a aussi collaboré avec l’Archæological Survey of India (ASI) jusqu’en 192644. Il a notamment été envoyé au monastère de Tabo et à Alchi45. Ses travaux ont servi pour d’autres chercheurs comme Giuseppe Tucci (1894-1984)46. L’ASI lui demanda aussi une copie d’ouvrages tibétains qui furent rédigés pour Alexandre Csoma de Körös (1784-1842)47. Dans ce domaine l’ouvrage principal de Joseph Gergan est Le trésor éternel des chroniques du Ladakh48, que nous appellerons désormais pour plus de facilité simplement Trésor éternel. C’est, selon John Bray, un ouvrage de référence et qui présente pour la première fois une histoire critique de son pays49. Le Trésor éternel sert encore aujourd’hui de référence pour les travaux contemporains50. Joseph Gergan était un érudit qui, malgré sa conversion, a gardé le mode de vie ladakhi. Attaché à sa culture, il a su la mettre en valeur. Ses connaissances multiples en langues, religions et histoire lui ont permis de préparer son pays natal à une modernité politique et cultu-

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Manfred Taube et Hartmut Walravens, op. cit. Voir Annexe 14, p. 163. John Bray, « Christianity in Ladakh: The Moravian church from 1920 to 1956 », p. 211. Om Chand Handa, Buddhist western Himalaya: A politico-religious history, Delhi, Indus, 2001, 400 p. Voir aussi Om Chand Handa, Tabo Monastery and Buddhism in the trans-Himalaya: thousand years of existence of the Tabo Chos-khor, Delhi, Indus, 1994, 167 p. Giuseppe Tucci, Rin-chen-bzang-po and the Renaissance of Buddhism in Tibet around the millenium, New Delhi, Aditya Prakashan, 1988, p. 53. Louis Ligeti, « Ouvrages tibétains rédigés à l'usage de Csoma », dans T’oung Pao, Second Series, vol. 30, n°. 1-2, 1933, pp. 26-36. Voir aussi Gudrun Meier, « A.H. Francke – A “Brother in Spirit” to Alexander Csoma de Körös », pp. 397-403 in Osmaston & Denwood (eds), RRL 4 & 5, Proceedings of the Fourth and Fifth International Colloquia on Ladakh, Londres, SOAS, p. 401. Joseph Gergan, S.S. Gergan (ed.), Ladags rGyalrabs Chimed sTer (sic) (bLa-dwags rGyal-rabs ‘Chi-med gTer) History of Ladakh in Tibetan, New Delhi, Sterling, 1976, 646 p. John Bray, A Bibliography of Ladakh, Warminster, Aris & Phillips, 1988, p. 51. Voir aussi John Bray, « Research Reports, Recent Research on Ladakh: an Introductory Survey », in Himalayan Research Bulletin, vol. 18-19, Nepal Studies Association, 1998, p. 49. Elena de Rossi Filibeck, « A Description of Spyi ti by J. Gergan », pp. 313-324 in Katia Buffetrille et Hildegard Diemberger (dirs), Territory and Identity in Tibet and the Himalayas, Leiden-Boston-Köln, Brill, 2002, 351 p. Roberto Vitali, « Tribes which populated the Tibetan plateau, as treated in the texts collectively called the khungs chen po bzhi », in Lungta 16, Printemps, 2003, n° 16, pp. 37-63. Lozang Jamspal, « The Three Provinces of mNga’-ris: Traditional Accounts of Ancient Western Tibet » pp. 152-156 in Matthew Kapstein et Barbara Nimri Aziz, Soundings in Tibetan civilization, Delhi, Manohar-IATS, 1985, 397 p. Nawang Tsering Shakspo, A Cultural History of Ladakh, Leh, Centre for Research on Ladakh, 2010, 272 p.

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JOSEPH GERGAN relle51 qui ne tarda pas à s’imposer après sa mort. Marco Pallis (1895-1989) de passage au Ladakh en 1936 le décrit ainsi : « Un autre ami, à Leh, auquel nous ne saurions assez témoigner de reconnaissance pour l’aide généreuse qu’il nous a donnée, était un chrétien nommé Joseph Gergan. Heureusement, malgré son changement de religion, il n’avait pas cherché à ressembler à un Européen, ce qui est trop souvent le cas chez les convertis. C’était un homme qui méritait réellement son nom chrétien, car je n’ai jamais rencontré personne chez qui l’amour de Jésus et l’imitation de Sa Vie (sic) aient été plus manifestes. Il n’essayait pas d’éluder ce qui pouvait être malaisé dans les enseignements du Christ ; il y avait en lui la pureté d’un enfant, en même temps que la sagesse d’un esprit cultivé, substantiel. Nous l’appelions toujours “Gergan-le-Traducteur”, empruntant ce titre à Saint Marpa et aux autres Introducteurs des livres sacrés au Tibet52, au XIe siècle ; car Joseph était, lui aussi, un homme qui essayait de transmettre à d’autres une doctrine qu’il avait d’abord pratiquée lui-même. Il s’était évertué pendant des années à la tâche immense de traduire la Bible en langage tibétain courant ; il parvint à achever ce travail, mais mourut avant sa publication, qui n’a pas encore eu lieu »53. Aujourd’hui, il est plus connu par les chrétiens ladakhis pour son travail de traduction que pour son apport aux recherches historiques. Pourtant, au sein des chercheurs ladakhis, tibétains, indiens ou occidentaux, son Trésor éternel est encore une référence régulièrement citée bien que peu étudiée.

c. Ses héritiers Joseph Gergan eut deux fils et une fille avec sa femme Dedzin54. Son premier fils, Sönam Chimed est allé à l’école Tyndale Biscoe de Srinagar. Il fut tué par des contrebandiers au Zanskar en 1929. Son frère Sönam Skyabdan († 1981) a poursuivi le travail historique de son père. Il a notamment édité et annoté le Trésor éternel en 1976. Il a aussi écrit une introduction critique et annoté une des éditions de l’histoire du Tibet Occidental de Francke55, il a rédigé

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Par « modernité », nous entendons ici les changements liés à l’indépendance de l’Inde avec l’application de lois interdisant la polyandrie, les conflits contre le Pakistan et la Chine… Il est important de noter ce qu’entend Marco Pallis par “traducteur” dans Cimes et Lamas, p. 81 : « “Le Traducteur”, au sens où l’entendent les Tibétains, n’est pas un simple érudit, qui à l’aide de dictionnaires rend un texte d’une langue dans une autre, et s’en tient là. Un texte laissé à l’interprétation fantaisiste de n’importe quel lecteur, si peu cultivé soit-il, devient un danger public ; car on peut semer ainsi toute une moisson d’erreurs, qui à leur tour, en engendrent de nouvelles lesquelles, à la longue, acquerront le prestige d’une autorité reconnue ». Marco Pallis, Cimes et Lamas, Paris-Pondicherry, Kailash, 1997, pp. 262-263. [première édition 1939] Dedzin est la fille de Samuel Jolden, un des premiers ladakhis converti. Manfred Taube et Hartmut Walravens, op. cit., p. 329. A.H. Francke, A History of Ladakh, Lahore, Book Traders, 1995, 191 p. [réédition de A History of Western Tibet, 1907]

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JOSEPH GERGAN divers articles et a participé à des ouvrages collectifs sur le Ladakh56. On peut regretter que H.P.S. Ahluwalia, qui dans son ouvrage Hermit Kingdom: Ladakh 57 , cite un article de S.S. Gergan intitulé A Gap in the History of Ladakh, ne donne aucune référence précise à son sujet, car aucune trace de ce texte n’a été trouvée. Toujours intéressé par l’histoire de son pays, S.S. Gergan ne manquait pas une occasion de dénicher des manuscrits comme en témoigne Pierre Vittoz (n.c.) lors d’une excursion au monastère de Hemis avec Eliyah Tseten Phuntsog (1908-1973) à la recherche d’un manuscrit traitant de la vie du Christ58. Dans les années 1970, il est venu à l’université de Bonn sur l’invitation de Dieter Schuh afin de photographier le fonds de manuscrits et documents collectés par son père et lui-même. Nous nous attarderons un peu plus ici sur le gendre de Joseph Gergan, le mari de sa fille Sungkyil. On peut dire que Eliyah Tseten Phuntsog est l’héritier spirituel de Joseph Gergan. Ils ont travaillé côte à côte pendant les quinze dernières années de la vie de ce dernier. Comme Joseph Gergan, Eliyah Tseten Phuntsog est né dans une famille bouddhiste cultivée de haut rang : il était le cousin du roi du Ladakh59. Né à Sabu dans une famille aristocratique, il est allé étudier au monastère de Ridzong avant d’être contraint de rentrer s’occuper de sa famille. En 1926 il rencontre Joseph Gergan, qui plus tard lui remet un de ses textes sur le christianisme. Après une période de réflexion, Eliyah Tseten Phuntsog se fait baptiser en 1934 et prend le nom chrétien d’Eliyah. Il se marie à la fille de Joseph Gergan peu de temps après60. Par sa situation sociale élevée (il est proche de la famille royale), on déduit que sa conversion a été choisie suite à une réflexion personnelle, en dehors de toute incitation ou tentation. Malgré cela, elle est mal perçue par une part de la population, on menace de le déshériter, on tente de l’empoisonner… Il prend tout de même des responsabilités politiques et les autorités du Cachemire lui demandent son aide en 1940 pour régler un différend à la frontière tibétaine au sujet du meurtre d’un nomade qui eut lieu en 193561. En 1948, il joue un rôle important durant la guerre contre le Pakistan et devient même Tehsildar (percepteur d’impôt) en 1950 après le cessez-le-feu62.

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S.S. Gergan, Big Game of Jammu & Kashmir, Srinagar, The Game Warden, 1962, 54 p. S.S. Gergan, « The Losar of Ladakh, Spiti, Lahul, Khunnu and Western Tibet », TJ, vol. III, n°4, Automne 1978, pp. 41-43. S.S. Gergan, « History » pp. 10-27 in Chopra P.N. (ed.), Cultural Heritage of Ladakh, Delhi, Ministry of Education and Social Welfare, 1978, 100 p. H.P.S. Ahluwalia, Hermit Kingdom, Ladakh, New Delhi, Vikas, 1980, p. 162. Pierre et Catherine Vittoz, Un autre Himalaya, Lausanne, Éd. Du Soc, 1957, p. 150. Ibid., p. 162. John Bray, « Towards a Tibetan Christianity ? The lives of Joseph Gergan and Eliyah Tseten Phuntsog », p. 73. John Bray, « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », p. 7. John Bray, « Kashmir, Ladakh and Western Tibet – Episodes in Frontier Diplomacy during British Rule in India », pp. 255-269 in Osmaston & Denwood (eds), RRL 4 & 5, Proceedings of the Fourth and Fifth International Colloquia on Ladakh, Londres, SOAS, 429 p. John Bray, « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », p. 7.

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JOSEPH GERGAN Outre l’aide qu’il apporte à Pierre Vittoz en étudiant les Cent mille chants de Milarepa avec lui, il a aussi écrit des articles, chants et saynètes chrétiennes pour son journal. En 1956 une décision du gouvernement indien impose aux époux Vittoz, les derniers missionnaires européens au Ladakh, de quitter la région. Eliyah Tseten Phuntsog et un autre chrétien, Yonathan Paljor (n.c.), sont alors ordonnés pasteurs par l’évêque O’Connor (n.c.) pour remplacer Pierre et Catherine Vittoz. Le témoignage de Sungkyil, la femme d’Eliyah Tseten Phuntsog, et les écrits de ce dernier sur la pratique chrétienne soulignent la convergence d’une certaine vision du christianisme entre celui-ci et Joseph Gergan. Il accomplit un syncrétisme entre bouddhisme et christianisme aussi bien dans ses sermons où le Christ est le Guru, que dans sa pratique où la méditation tient une place importante63. Eliyah Tseten Phuntsog va aussi travailler dans le domaine de l’éducation. En 1933 il édite, avec Rahul Sankrityayan (1893-1963), le premier livret d’un manuel de tibétain64. Il fut secrétaire de la Ladakh Buddhist Education Society65 lors de sa création. Il tentera aussi une réforme de l’écriture afin de simplifier et de faciliter l’apprentissage. Mais ce dernier point, bien qu’ambitieux, est probablement le plus polémique. En effet, il propose d’abolir la lettre A (!) pour la remplacer systématiquement par a’ (") ; le A étant une syllabe germe dans le bouddhisme, la première lettre du célèbre mantra Om-ma-ni-pad-ma-hung, ces idées nouvelles ne pouvaient pas être acceptées. En 1959, il part s’installer en Uttar Pradesh, à Mussoorie où il retrouve Pierre Vittoz. Il va ensuite aider les réfugiés tibétains à s’installer aux alentours de Dehradun. En 1963, il fonde une école pour les enfants de réfugiés tibétains à Rajpur où il finira sa vie66 et où une partie de ses enfants vit toujours. Pierre Vittoz qui l’a côtoyé durant ses années passées au Ladakh consacre un chapitre entier de son livre Un autre Himalaya à la personne d’Eliyah Tseten Phuntsog67.

2. Apports extérieurs et influences a. Les missions moraves Les missionnaires protestants moraves ne sont pas les premiers chrétiens à être passés dans la région du Ladakh. Mais une courte introduction de leur histoire dans cette région permettra

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Ibid. Eliyah Tseten Phuntsog et Rahul Sankrityayan, Bod-skad bsLab-bya Dang-po (Manuel de tibétain parlé, premier tome), Calcutta, Baptist Mission Press, 1933, 25 p. [LTWA n°770], voir Annexe 15, p. 164. Martijn van Beek, « Rahula Sankrityayana and the History of Buddhist Organisation in Ladakh » in Ladakh Studies, n°16, Décembre 2001, p 19. John Bray, Idem. Pierre et Catherine Vittoz, op. cit., pp. 160-168.

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JOSEPH GERGAN d’avoir une vision plus large de leurs prédécesseurs et ainsi de mieux comprendre leurs motivations. Ensuite, la naissance des moraves et de leurs missions (celles de l’Himalaya en particulier) seront abordées. Pour finir, il sera fait une description plus détaillée de l’histoire de la mission du Ladakh et de son travail. –

Les premiers chrétiens au Tibet

Au VIIe siècle, des chrétiens nestoriens se sont installés sur les routes de la soie jusqu’en Chine. Jean Dauvillier, qui a particulièrement étudié le christianisme nestorien au Tibet, rapporte de nombreuses preuves de leur présence et il les analyse68. Il reste des traces comme des thogcha69, dont ceux rapportés par Giuseppe Tucci représentant des croix, mais aussi des colombes70. Des pétroglyphes attestent aussi de leur passage au Baltistan et au Ladakh, notamment près de Drangtse et à proximité du lac Tsomoriri71. Ces gravures représentent, elles aussi, des croix ainsi que des colombes. Elles ont été examinées par Francke et ont été datées de la première moitié du IXe siècle.72 –

Les missions jésuites

Par la suite, les missions chrétiennes au Tibet débutent au XVIIe siècle avec le père jésuite Antonio de Andrade (1580-1634) qui établit une mission en 1624 à Tsaparang au royaume de Guge, à l’est du Ladakh. Ces missionnaires aspiraient notamment à trouver le royaume du prêtre Jean, un royaume chrétien mythique, que certaines rumeurs rapprochaient du Tibet. En 1626, une nouvelle mission est fondée plus au nord, et plus près du Ladakh, à Rudok. Suite à des différends internes au royaume de Guge, le roi du Ladakh, Senge Namgyal (c. 1616-1646) fait prisonnier le roi de Guge, Tashi Dragpa (n.c.), et détruit la station de Rudok en 1630. L’année suivante, Francisco de Azevedo (1578-1660) est envoyé inspecter la mission de Tsaparang. Il sera le premier occidental à passer par le Ladakh. Cette mission prend fin en 164173.

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Jean Dauvillier, « L’expansion au Tibet de l’Église chaldéenne au Moyen Age », dans Bulletin de la Société Toulousaine d’Études Classiques, n° 49, Toulouse, 1950, pp. 1-4. Jean Dauvillier, « Témoignages nouveaux sur le christianisme nestorien chez les Tibétains », dans Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, 3e série, tome 4, 2e fasc. Toulouse, Privat, 1941, pp. 1-5. Cité par Géza Uray, « Tibet’s Connections With Nestorianism And Manicheism In The 8th-10th Centuries », pp. 399-429 in Contributions On Tibetan Language, History And Culture, vol I, Proceedings of the Csoma de Körös Symposium, Vienne, 1981, 455 p. Les thog lcags sont des petits objets en métal datant du premier millénaire avant notre ère jusqu’au dixième siècle de notre ère. Ils sont retrouvés par terre et considérés comme des amulettes par les Tibétains pour qui ils se forment lorsque la foudre frappe la terre. Giuseppe Tucci, Tibet, Genève, Nagel, 1973, 239 p. Géza Uray, op. cit. Jean Dauvillier, op. cit., 1950, p. 2. Hugues Didier, Les Portugais au Tibet : les premières relations jésuites (1624-1635), Paris, Chandeigne, 2002, 382 p.

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JOSEPH GERGAN En 1715 deux jésuites, dont Ippolito Desideri74, traversent le Ladakh pour rejoindre Lhassa. Mais, malgré les contacts prometteurs qu’ils ont pu avoir avec la population, aucun missionnaire catholique ne cherchera à s’établir au Ladakh avant longtemps75. La seule tentative, qui fut un échec, a été entreprise à la fin du XIXe siècle. Daniel Kilty (1855-1889) de la Mill Hill Mission de Londres arrive au Ladakh depuis Srinagar en 1888, mais il meurt de maladie moins d’un an après. Il est enterré dans le cimetière de la mission morave. Cette mission catholique va se perpétuer quelques années, jusqu’en 1895, puis sera abandonnée76. –

Les origines des moraves et de leurs missions

Il faut attendre la moitié du XIXe siècle pour que des missionnaires protestants s’installent dans cette région. En 1855, August Wilhem Heyde (1825-1907) et Eduard Pagell sont les deux premiers missionnaires moraves à voyager au Ladakh. Il est important de connaître l’histoire de l’Église morave et les raisons de son implantation dans l’Himalaya. Comme leur nom l’indique, les moraves viennent d’Europe Centrale, de Bohème et de Moravie (aujourd’hui en République Tchèque). C’est là qu’au début du XVe siècle le Père Jan Hus (1369-1415), précurseur du protestantisme, lutte contre les erreurs du clergé catholique. Il sera condamné et brûlé en 1415. Ses idées se sont perpétuées avec la Réforme et en 1457, des disciples se retrouvent dans l’Unitas Fratrum, dénomination reconnue par Luther (14831546) et encore utilisée aujourd’hui. À la suite de la guerre de Trente Ans (1618-1648), ils se réfugient en 1722 à Herrnhut en Saxe sous la protection du comte Nikolaus Ludwig Zinzendorf (1700-1760) et commencent à envoyer des missionnaires à travers le monde dix ans plus tard77. Les valeurs du travail, du savoir et de l’éducation sont au centre de leurs activités78. Les premiers contacts entre les moraves et le bouddhisme tibétain se font dans les années 1760. L’impératrice de Russie, Catherine II la Grande (1729-1796), avait invité les membres de l’Unitas Fratrum à fonder une mission à Sarepta79 au bord de la Volga, au sud de la Rus-

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Ippolito Desideri et Filippo de Filippi (ed.), An Account of Tibet, New Delhi, Asian Educational Services, 1995, 477 p. Une bible ayant appartenu à Desideri aurait même été retrouvée. August Hermann Francke, Antiquities of Indian Tibet, New Delhi, Asian Educational Services, 1992, vol. 1, p. 22. Pascale Dollfus, « Chrétiens dans le royaume bouddhiste du Ladakh », pp. 461-483 dans KARMAY Samten et SAGANT Philippe (dir.), Les habitants du toit du monde, Nanterre , Société d'Ethnologie, 1997, p. 464 John Bray, « The Roman Catholic Mission of Ladakh, 1888-1898 », pp. 29-42 in OSMASTON Henry et Nawang Tsering (eds), RRL 6, Proceedings of the 6th International Colloquium on Ladakh, Leh 1993, Delhi, Motilal Banarsidass, 1997, 374 p. Ernest-Arvède Senft, L’église de l’Unité des frères (moraves) : Esquisses historiques précédées d’une notice sur l’église de l’Unité de Bohême et de Moravie et le piétisme allemand du XVIIe siècle, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, Paris, Monnerat, 1888, 277 p. Pascale Dollfus, loc. cit. Et Anonyme, Moravian in Ladakh, [en ligne] disponible sur : (consultée le 31/12/10) Aujourd’hui Volgograd.

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JOSEPH GERGAN sie. Ils y rencontrèrent des Kalmouks bouddhistes gelugpa80. En 1850 Karl Gützlaff (18031851), un missionnaire en poste en Chine, incite le comité des missions moraves à Herrnhut à envoyer des missionnaires chez les Mongols. Heyde et Pagell sont choisi parmi une trentaine de volontaires81. –

Les moraves en Himalaya

En août 1854, ne pouvant passer par la Russie et la Sibérie faute d’autorisations82, Heyde et Pagell s’embarquent à Portsmouth pour Calcutta afin de rejoindre la Mongolie par une autre route. En 1855, ils vont en reconnaissance au Zanskar, Ladakh et Spiti. Mais, ayant été refoulés par trois fois à la frontière du Tibet, ils décident de fonder une mission au Lahul, à Kyelang83, au nord-ouest de l’Inde, à proximité du Ladakh. Ils notent que les villages du Ladakh sont désertés en raison des impôts du gouvernement du Cachemire. Ces Ladakhis se réfugient au Lahul, notamment à Kyelang. En 1865, les premiers convertis seront Nicodemus Sönam Stobgyas (n.c.) et son fils Samuel Jolden (n.c.), originaires de Stok au Ladakh84. En 1889 encore, la grande majorité des chrétiens convertis à Kyelang sont des Ladakhis. En 1857, Heinrich August Jäschke (1817-1883) arrive à Kyelang et devient superintendant de la mission. Il connait déjà dix-sept langues à son arrivée dont sept couramment85. Il part à Stok au Ladakh pour étudier le tibétain, puis va à Darjeeling apprendre le tibétain de Lhassa en 1865. Cette même année, une nouvelle mission est fondée à Poo86 au Kinnaur. Jäschke va travailler sur de nombreux textes en tibétain, des traités de grammaire et de médecine, la vie de Bouddha, les Cent mille chants de Milarepa et les chroniques du Ladakh87. Il a commencé une traduction de la Bible et, surtout, rédige un dictionnaire tibétain-allemand traduit ensuite en anglais. Une première édition d’un dictionnaire en tibétain romanisé vers l’anglais et suivant l’ordre alphabétique latin sera éditée en 1866 grâce à la presse lithographique de Kyelang88. En 1868, il doit rentrer en Allemagne pour raisons de santé. C’est à Herrnhut qu’il fini-

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John Bray, « Early Protestant Missionary Engagement with the Himalayan Region and Tibet », pp. 249-270 in BRAY John (ed.), Ladakhi histories: Local and regional perspectives, Leiden, Brill, 2005, p. 251. Hermann G. Schneider et Arthur Ward (trad.), Working and Waiting for Tibet: A Sketch of the Moravian Mission to the Western Himalayas, Londres, Morgan & Scott, 1891, p. 50. Ibid. Keylong, Kyelong, Keylang. Cette mission est restée en activité jusqu’en 1940. John Bray, « The Moravian church in Ladakh: The first forty years 1885-1925 », p. 82. Ibid. Cette mission est restée en activité jusqu’en 1924. John Bray, « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », in Lungta XI, Hiver, 1998, n° 11, p. 5. Heinrich August Jäschke, Romanized Tibetan and English Dictionary, Keylang, Moravian lithographic Press, 1866. John Bray, A Bibliography of Ladakh, Warminster, Aris & Phillips, 1988, p. 62.

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JOSEPH GERGAN ra son travail, dont la première édition de son dictionnaire en 1871, traduite en anglais dès 188189. –

La mission du Ladakh

En 1882 deux familles chrétiennes converties à Kyelang rentrent au Ladakh. La volonté de monter une mission à Leh grandit parmi les missionnaires de Kyelang. Il faut attendre 1884 pour que le Maharaja du Jammu et Cachemire donne la permission de s’installer à Leh avec l’appui du Vice-Roi des Indes. C’est donc en 1885 que la mission de Leh est créée, avec l’arrivée de Friedrich Adolf Redslob (1838-1891) qui a monté avec lui un observatoire météorologique. Beaucoup de progrès sont faits les cinq premières années : en 1886 l’église de Leh est construite, en janvier 1887 Redslob commence une petite école et en avril de la même année le docteur Karl Marx (1857-1891) arrive pour fonder une clinique sponsorisée par le gouvernement Britannique. En 1891, Redslob et Marx meurent du typhus à quelques mois d’intervalle. La mission survit grâce à des missionnaires de Poo90. En 1896 August Hermann Francke arrive à Leh et fonde une nouvelle mission à Khalatse en 1899. Durant la guerre de 1914-18, les Allemands sont contraints de quitter le territoire britannique et la mission de Leh est alors gardée par des moraves suisses et anglais. En 1920, l’évêque Arthur Ward, de Londres, ordonne les deux premiers pasteurs ladakhis Joseph Gergan et Dewazung Dawa lors d’une visite dans les missions de l’Himalaya91. D’autres conversions vont se faire, et une “lignée” de pasteurs ladakhis va naître. Les missionnaires occidentaux vont se succéder jusqu’en 1956, date à laquelle le gouvernement indien demande à Pierre et Catherine Vittoz, les deux derniers missionnaires suisses au Ladakh, de quitter la région92. C’est en 1967 que la province évangélique de l’Himalaya Occidental est pleinement confiée aux Ladakhis. Cette province comporte aujourd’hui les paroisses de Leh, Khalatse, Shey et Rajpur93. –

Les contacts avec la culture locale

Ces missionnaires vont s’adapter à la culture locale dans une certaine mesure, en s’inspirant des usages bouddhistes. Ils fabriquent des rouleaux de toiles peintes représentant des images du Christ, à la manière des thangka. De même, ils vont graver et peindre des

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Heinrich August Jäschke, A Tibetan-English Dictionary, Delhi, Motilal Barnasidass, 1975, 671 p. [réédition de 1881]. Anonyme, « Heinrich August Jäschke », in This Month in Moravian History, n° 35, Septembre 2008, Bethlehem, Moravian Archives. John Bray, « The Moravian church in Ladakh: The first forty years 1885-1925 », p. 82. Ibid. John Bray, « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », p. 4. British Mission Board, The Moravian Textbook with Almanach, Rajpur, Moravian institute, 2011, p. 16. Elle fut désignée Unity Undertaking et est administrée par la province de Grande-Bretagne. C’est une sorte d’évêché de l’Himalaya au sein de l’archevêché de Grande-Bretagne.

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JOSEPH GERGAN pierres comme pour les mani, mais aussi créer des saynètes rappelant les danses cham durant les cérémonies bouddhistes94. De plus, les Ladakhis chrétiens d’aujourd’hui suivent le calendrier et les fêtes traditionnelles du Ladakh auxquelles ils ajoutent Noël et Pâques. D’autre part, les missionnaires vont aussi importer des nouveautés dans la vie des Ladakhis. Le travail missionnaire des moraves met l’accent sur l’éducation. Ainsi, ils vont rapidement fonder une école qui existe encore aujourd’hui. Elle accueillait aussi bien des chrétiens que des bouddhistes ou des musulmans95. L’équipe d’enseignants a notamment compté Marx et les Gergan père et fils. De nombreuses matières étaient enseignées comme le tibétain, l’urdu, l’anglais, la géographie, les sciences naturelles et l'arithmétique96. C’est au nom de cette volonté d’éducation que Francke va créer le premier journal entièrement en tibétain, les Nouvelles du Ladakh97, en 1904. La réflexion autour de la langue et des problèmes de traduction ont conduit Eliyah Tseten Phuntsog à vouloir mener une réforme de l’écriture98. Outre l’école, les missionnaires moraves vont apporter leur savoir médical avec la fondation d’un hôpital en 1887, qui a fermé en 1952. Les femmes des missionnaires vont aussi jouer un rôle important : elles introduisent la technique de tricotage en jacquard qui est largement répandue aujourd’hui pour les chaussettes et les bonnets. Dans ce secteur d’activité, Walter Asboe créa une filature et des ateliers de tissage à Leh99 comprenant des métiers à tisser importés d’Occident. Dans les années 1960-70, le gouvernement indien reprit ces idées et fut aidé par des artisans formés à la mission100. Les missionnaires apportèrent aussi des nouveautés dans le domaine agricole en introduisant plusieurs légumes dont la pomme de terre, le navet, la laitue101… Pour la cuisine, la cuisson à la pression a permis de cuisiner des aliments jusqu’alors difficile à préparer à cette altitude102.

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Pascale Dollfus, loc. cit., p. 464. Ibid. 96 John Bray, « The Moravian church in Ladakh: The first forty years 1885-1925 », p. 87. Anonyme, Moravian in Ladakh. Et A.H. Francke, Gabriele Reifenberg (trad.), « Schools in Leh » pp. 281-292, in John Bray (ed.), Ladakhi Histories, Leiden-Boston, Brill, 2005, 402 p. 97 La-dwags kyi Ag-bAr, puis La-dwags Pho-nya et Ladakh Herald. John Bray, « A.H. FRANCKE’s La-dwags kyi Akhbar: The First Tibetan Newspaper », in TJ, Automne 1988, Vol XIII, n° 3, pp. 58-63. 98 John Bray, « Towards a Tibetan Christianity ? The lives of Joseph Gergan and Eliyah Tseten Phuntsog », p. 75. 99 John Bray, « Christianity in Ladakh: The Moravian church from 1920 to 1956 », pp. 207-220 in DENDALETCHE Claude (dir.), Ladakh, Himalaya Occidental ethnologie, écologie: Recent research n° 2, Pau, Centre pyrénéen de biologie et anthropologie des montagnes, 1985, p. 209. 100 Pascale Dollfus, op. cit., p. 475. 101 Ibid. et John Bray, « The Moravian church in Ladakh: The first forty years 1885-1925 », p. 88. 102 Ahluwalia H.P.S., Hermit Kingdom, Ladakh, New Delhi, Vikas, 1980, p. 162. 95

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JOSEPH GERGAN Nous constatons que les missionnaires moraves avaient des normes élevées quant aux personnes à convertir. En conséquence, les conversions ne furent pas importantes. Ils combattirent notamment ceux qu’ils appelèrent “chrétiens pour du riz”103 et qui se convertissaient uniquement pour les avantages matériels que cela pouvait produire. Cette attitude se traduit aussi par le fait que les candidats à la conversion étaient soumis à une période probatoire104. Une autre caractéristique marque la mission morave ; en effet, les premiers convertis étaient des lettrés. L’importance du travail et de l’éducation est bien visible dans les méthodes missionnaires employées au Ladakh. Aujourd’hui, il n’y a que très peu de convertis, mais les chrétiens restent parmi la classe de la société la plus instruite. Ils furent au nombre des premiers Ladakhis à obtenir des postes dans l’administration. Certains poursuivent leurs études ailleurs en Inde, mais aussi à l’étranger105. Leurs bonnes relations avec l’étranger se traduisent aussi par des mariages ; il n’y a pas assez de femmes chrétiennes au Ladakh et, même si les mariages interconfessionnels sont possibles, les Ladakhis chrétiens n’hésitent pas à se marier avec des chrétiennes venues d’ailleurs. Bien que les missionnaires étrangers aient été plutôt bien accueillis au Ladakh106, les convertis eurent parfois à subir la désapprobation de certains de leurs anciens coreligionnaires bouddhistes. Ces tensions étaient moins importantes à Leh, où la mixité cultuelle est nettement présente, que dans les missions du Lahul et Spiti où la population est uniquement bouddhiste. Pour les immigrés, la conversion était plus facilement acceptée, mais la vie d’Eliyah Tseten Phuntsog décrit bien la violence qu’il dut parfois subir en raison de sa conversion107.

b. Une grande figure : A.H. Francke (1870-1930) Francke est le missionnaire morave en poste au Ladakh qui influença probablement le plus Joseph Gergan, notamment par ses contributions à la recherche historique et par ses publications mais aussi par son soutien pour la traduction de la Bible. –

Sa vie

Francke naquit en 1870 à Gnadenfrei en Silésie. Il vient d’une famille de confession morave originaire de Bohème qui s’était installée à proximité d’Herrnhut au XVIIIe siècle. Son 103 104 105 106 107

John Bray, « Christianity in Ladakh: The Moravian church from 1920 to 1956 », p. 213. Ou Chrétiens pour du lait. Pascale Dollfus, op. cit., p. 468. Ibid., p. 479. Ibid., p. 469. et John Bray, « Christianity in Ladakh: The Moravian church from 1920 to 1956 », p. 214. John Bray, « Towards a Tibetan Christianity ? The lives of Joseph Gergan and Eliyah Tseten Phuntsog », p. 73.

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JOSEPH GERGAN grand-père Christian Friedrich Francke (n.c.) fut missionnaire en Afrique du Sud. A.H. Francke fit des études dans diverses universités européennes et étudia plusieurs langues avant de devenir instituteur puis d’être envoyé en mission à Leh où il arrive le 8 juin 1896108. En 1897, il alla à Amritsar pour se marier avec Anna Théodora Weiz (n.c.), connue sous le nom de Dora. Cette dernière était aussi morave et sa famille avait été en mission en Afrique du Sud et au Surinam. Elle fit de brillantes études en Europe avant de venir à l’Institut Anglais pour filles d’Amritsar. Mais il est important de noter que son beau frère était Karl Marx109. C’est d’ailleurs elle qui traduisit le troisième manuscrit (Ms.C.) de Marx110 ainsi que les mémoires d’un vétéran de la guerre dogra111, Tseten de Khalatse. A.H. Francke aura trois enfants avec Dora, tous nés au Ladakh. À l’exception du premier, il fit comme les chrétiens ladakhis en leur donnant un nom chrétien et un nom tibétain112. Mis en place à Leh en 1896, il va créer une mission à Khalatse en 1899, puis s’installera à la mission de Kyelang en 1906. En 1908 la santé de sa femme le contraint à rentrer en Allemagne, mais il retourne l’année suivante en Himalaya à la demande de l’Archaeological Survey of India113. En 1911, il est nommé professeur honoris causa à l’université de Breslau, aujourd’hui Wroc!aw en Pologne 114 . En 1914, il retourne au Ladakh via la Russie, l’établissement morave de Sarepta, Yarkand et le col de Karakoram. Arrivé au Ladakh il rencontre l’expédition de Filippo de Filippi qui lui apprend l’entrée en guerre de l’Allemagne contre la Russie. Après être resté trois semaines seulement à Leh, il va à Srinagar où, la première guerre mondiale ayant éclaté, il est interné au camp de Ahmadnagar. Il est rapatrié en Allemagne en 1916 et sert d’interprète dans un camp de prisonniers militaires indiens en Roumanie. Il est emprisonné une seconde fois en 1918 en Serbie. À la fin de la guerre, ne pouvant plus retourner en Inde, il continue ses études et traductions en Allemagne où, à partir de 1922, il donne des cours de tibétain à l’université de Berlin avant que celle-ci ne le nomme professeur extraordinaire de l’université en 1925. Il meurt à Berlin en 1930115.

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John Bray, « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », p. 5. Gudrun Meier, op.cit., p. 402. Karl Marx était le mari de la sœur de Théodora Francke. Karl Marx, « Three Documents Relating to the History of Ladakh », in JASB, 1902, vol. 71, part. 1, n° 1, pp. 21-34. Anna Theodora Francke, SNgonmai ladwags rgyalpoi, dang Singpai dmaggi lorgyus. Unterladakher Darstellung des Dograkrieges, Deutsche Über-setzung, Leh, Mission Press, 1903. L’aîné est August Hermann né en 1898, le second Walter Siegfried Döndrub né en 1900 et la dernière Hilde Deskyid née en 1903. Les dates de décès nous sont inconnues pour le moment. John Bray, « A.H. FRANCKE’s Letters from Ladakh, 1896-1906. The Making of a Missionary Scholar », pp. 17-36. in EIMER Helmut (ed.), Studia Tibetica et Mongolica, Swisttal-Odendorf, Indica et Tibetica Verlag, 1999, vol. 34. John Bray, op. cit. John Bray, op. cit. Jina Prem Singh, Famous Western Explorers to Ladakh, New Delhi, Indus, 1995, p. 93. John Bray, op. cit. Jina Prem Singh, « A.H. Francke’s Contribution in the Cultural History of Ladakh », p. 46.

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JOSEPH GERGAN –

Son œuvre

Francke fut l’un des savants morave les plus prolifiques, avec la publication de plus de 200 articles en anglais et en allemand et de nombreux livres à propos du Ladakh116. Il s’intéressa à l’histoire ancienne du Ladakh et à l’établissement de ses premiers habitants, à travers l’étude de preuves matérielles telles que des objets dardes117 ou des inscriptions, mais aussi en s’appuyant sur la tradition orale. Cette dernière comprend d’une part la retranscription de chants, dardes et ladakhis, mais aussi des traditions, contes et légendes. Les Ladakhis se considérant comme des descendants de Gesar de Ling, Francke a dû étudier l’épopée éponyme. Peut-être est-ce pour cette raison qu’il émit l’hypothèse, fausse, selon laquelle le Ladakh était le berceau des rois du Tibet. Il avait même cherché à faire correspondre des localités mentionnées dans cette épopée avec des toponymes au Ladakh118. Il rapporta aussi un grand nombre de manuscrits et de livres qui sont aujourd’hui dans les archives allemandes, britanniques et indiennes119. Parmi les manuscrits auxquels il a pu avoir accès, se trouvent les manuscrits des chroniques anciennes du Ladakh qui composent le second volume de Antiquities of Indian Tibet (AIT). Après son retour en Allemagne, Francke étudia aussi un texte bönpo, le Sermig120, ainsi qu’un document historique tibétain retrouvé à Turfan121. Bien qu’il ait su allier son travail scientifique et son activité missionnaire, il reçut tout de même quelques critiques de la part de certains de ses coreligionnaires comme Benjamin La Trobe (n.c.), évêque à Herrnhut, qui lui fit le reproche que ses études l’empêchaient de se concentrer sur son travail d’évangélisation. Francke lui répondit que pour communiquer, il fallait connaître la culture. Durant ses expéditions de 1906-1908, Sir Aurel Stein (1862-1943), découvrant des manuscrits tibétains dans les ruines de la forteresse de Miran dans le Taklamakan, notera au sujet de Francke : « Tandis que je tenais [les documents] entre mes mains engourdies, je pensais aux difficultés de traduction qu’ils susciteraient dans l’avenir, sans parler de la calligraphie elle-même, serrée et très cursive. […] Pour une élucidation to116

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Il aurait écrit 221 articles exactement. John Bray, « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », p. 6. Pour la bibliographie de Francke, voir : Manfred Taube et Hartmut Walravens, August Hermann Franckeund die Westhimalaya-Mission des Herrnhuter Brüdergemeine. Mit einem Beitrag von Michael Hahn, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1992. Phuntshog Stobdan, « A Survey of Source Material for the Historical Geography of Ladakh » pp. 69-73 in DENDALETCHE Claude (dir.), Ladakh, Himalaya Occidental ethnologie, écologie : Recent research n° 2, Pau, Centre pyrénéen de biologie et anthropologie des montagnes, 1985, p. 70. G. Cœdès, « L. Petech : A Study on the Chronicles of Ladakh (Indian Tibet) » p. 455 in Bulletin de l'École Française d'Extrême-Orient, 1940, vol. 40, n° 2. A.H. Francke, « The Kingdom of gNya khri btsanpo, the First King of Ladakh » in JASB 6, 1910, pp. 93-99. John Bray, « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », p. 6. Voir « APPENDIX B » pp. 118-121 in A.H. Francke, Antiquities of Indian Tibet, New Delhi, Asian Educational Services, 1992, vol. 1. A.H. Francke (ed. et trad.), « gZer-myig. A Book of the Tibetan Bon-pos » in Asia Major, 1924-1926-19271930. John Bray, loc. cit.

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JOSEPH GERGAN tale des documents, tels que ceux qui furent découverts dans la forteresse de Miran, une perspicacité philologique doublée d’une connaissance intime de la langue vivante ainsi que des coutumes du Tibet étaient absolument essentielles. Le docteur révérend A.H. Francke de la mission morave de Leh – l’un de mes anciens collaborateurs dont l’autorité est reconnue en matière d’antiquités du Tibet de l’ouest – est le confrère indispensable pour cette tâche et, à ma grande satisfaction, il a accepté d’y participer. »122 Francke eut aussi l’occasion d’utiliser les presses lithographiques de Leh et de Kyelang. Celle de Kyelang avait déjà servie à Jäschke vers 1858 pour imprimer des tracts, des articles et son dictionnaire romanisé. Outre les traductions religieuses comme une vie de Jésus en ladakhi123, il y publiera certaines de ses études sur les proverbes, les histoires locales et les inscriptions. En 1904, il espère populariser l’écriture en lançant le premier journal entièrement écrit en tibétain, les Nouvelles du Ladakh124. Il l’écrit en écriture cursive, U-me, souhaitant l’opposer à l’U-can qu’il pense être réservée aux textes religieux125. Ce journal mensuel comporte trois sections : l’une consacrée aux nouvelles internationales tirée du Bombay Guardian, une autre sur des textes ladakhis et la troisième à caractère prosélyte. Il est intéressant de noter qu’il fut notamment question de l’expédition Younghusband de 1904. La seconde partie comportait des extraits des chroniques anciennes du Ladakh et enthousiasma les Ladakhis lorsqu’il fut question de la conquête dogra du début du XIXe siècle. À ce sujet, Francke recueillit notamment les mémoires de Khalatse qui seront publiées en 1938-39 par Walter Asboe. La troisième partie, quant à elle, se propose d’utiliser les proverbes ladakhis pour faire passer le message chrétien. Malgré des problèmes de distribution, le journal aurait passé de main en main la frontière avec le Tibet126. Cette première mouture du journal cessera au départ de Francke en 1908 puis l’idée d’un journal sera reprise par Asboe qui ajoutera des illustrations, puis par les époux Vittoz. Ces derniers travailleront notamment avec Eliyah Tseten Phuntsog en éditant des pamphlets anti-communistes dans les années cinquante. Il faut souligner aussi que, parmi les 150 exemplaires de la première édition, 20 furent envoyés à Darjeeling. De plus, il est important de noter que l’imprimerie de Kyelang avait pour souscripteurs la Bibliothèque Nationale de Berlin ou le professeur Tucci127. 122

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Citation tirée de Aurel Stein, Ruins of desert Cathay, Londres, MacMillan, 1912. Le texte se poursuit ainsi : « Pourtant, des obligations de dernière minute survenues à la suite de ses propres recherches l’empêchèrent de se libérer quelques mois durant avant de pouvoir s’adonner à l’examen complet de mes documents tibétains. » Cité aussi dans Michel Jan, Le voyage en Asie Centrale et au Tibet, Anthropologie des voyageurs occidentaux du Moyen-Âge à la première moitié du XXe siècle, Paris, Robert Laffont, 1992, p. 672. skyabs mgon ye shu. John Bray, « A.H. FRANCKE’s La-dwags kyi Akhbar: The First Tibetan Newspaper », pp.58-63. in TJ, Automne, 1988, Vol XIII, n° 3, p. 58. Le journal a pris plusieurs noms, La-dwags kyi Ag-bar, puis La-dwags Pho-nya. On peut aussi citer le Kyelang gi Ag-bar. John Bray, op. cit. Sönam Tsering, « La-dwags kyi Ag-bAr dang de’i rgyab-ljongs (Le Ladakh kyi Agbar et son contexte) » pp. 29-30 in Latse Library Newsletter, vol. III, automne 2005. John Bray, op. cit. Ibid., p. 61. Ibid.

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JOSEPH GERGAN Sa connaissance des langues et des dialectes l’ont conduit aussi à travailler sur la traduction d’extraits de la Bible. Bien qu’il acceptât, comme Jäschke avant lui, que la Bible fût traduite en tibétain classique, il comprit les difficultés des populations locales pour comprendre cette version. Il traduisit notamment l’Évangile selon Marc en dialecte du Lahul128. En 1906 il fut nommé membre d’honneur de la British and Foreign Bible Society. En 1909, alors qu’il était rentré en Allemagne, la British and Foreign Bible Society coordonna et finança le travail de traduction de la Bible. Joseph Gergan traduisit alors des extraits de l’Ancien Testament en 1910 qu’il envoya pour correction à Francke. Francke la révisa et en adressa une copie à David McDonald (~1870-1962), un officier britannique, de parents sikkimais et écossais, parlant couramment le tibétain de Lhassa129. Bien que certaines thèses de Francke, concernant notamment l’histoire ancienne du Tibet et du Ladakh, se soient révélées fausses, son travail pionnier sur le plan historique reste aujourd’hui encore reconnu par les historiens du Ladakh, notamment les Ladakhis130. Selon Elijah Gergan, c’est Francke qui a donné à Joseph Gergan son intérêt pour l’Histoire131. De plus, ses efforts concernant la traduction de la Bible, son poste au sein de la British and Foreign Bible Society et ses connaissances diverses auront permis à Joseph Gergan de mener à bien la publication de la traduction de la Bible en tibétain132.

c. Les explorateurs occidentaux Outre les missionnaires moraves, Joseph Gergan a rencontré d’autres chercheurs et explorateurs occidentaux. Qu’il ait été simple témoin de leur passage ou qu’il les ait assistés dans leurs travaux, il est utile de présenter ici quelques-uns de ces hommes. Sven Hedin (1865-1952) est venu deux fois au Ladakh : entre 1899 et 1902 puis entre 1906 et 1908133. Il aurait fait don de sa montre à la mission134. Il note l’accueil de la mission morave : « La mission morave à Leh m’a rendu des services inestimables. Ils m’ont reçu avec autant d’hospitalité et de bienveillance qu'auparavant (1899-1902), et j’ai passé bien des heures inoubliables dans leur agréable cercle domestique. […] Beaucoup de mes plus chers souvenirs des longues années que j'ai 128 129 130 131 132 133 134

John Bray, « The Contribution of the Moravian Mission to Tibetan Language and Literature », p. 5. Jina Prem Singh, op. cit. John Bray, op. cit. Ibid. Entretien du 22/07/2011 avec Elijah Gergan. Joseph Gergan (trad.), The Holy Bible in Tibetan (Zhal Chad sNga Phyi gnyis kyi mdo bzhugs so). Jina Prem Singh, Famous Western Explorers to Ladakh, p. 83. Aymon Baud, Philippe Forêt et Svetlana Gorshenina, La Haute-Asie telle qu’ils l’ont vue, Genève, Olizane, 2003, pp. 71-75. H.P.S. Ahluwalia, op. cit., p. 162.

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JOSEPH GERGAN passé en Asie sont liés à des stations de mission, et plus j'apprends à connaître à propos des missionnaires plus j'admire leur travail tranquille, incessant, et souvent ingrat. Tous les moraves que j'ai rencontrés dans l'Himalaya Occidental sont éduqués à un niveau très élevé, et sortent exceptionnellement bien préparés pour le travail qui les attend. Par conséquent, il est très stimulant et très instructif de s'attarder parmi eux, et il n'y a personne parmi les Européens vivant actuellement qui puisse rivaliser avec ces missionnaires dans leurs connaissances du peuple du Ladakh et de leur histoire. Je ne citerai que le Dr Karl Marx et le pasteur A.H. Francke qui sont deux hommes parfaitement à l'aise dans les recherches archéologiques rigoureusement scientifiques. »135 Sir Francis Younghusband a, lui aussi, visité le Ladakh de nombreuses fois136. En 1908 Aurel Stein, de retour de son expédition en Asie Centrale, s’arrête plusieurs semaines à la mission morave de Leh. Arrivé le 7 octobre, il repart vers Srinagar le 1er novembre après avoir s’être fait soigner pour des gelures aux pieds137. Outre sa présence physique, Aurel Stein a aussi travaillé en collaboration avec Francke, qui a pu examiner certains textes tibétains découvert dans les oasis du Taklamakan. Nous pouvons noter deux travaux de Francke sur les textes découverts par Stein : Tibetans Manuscripts and Sgraffiti discovered at Endere138, et Notes on Sir Aurel Stein’s Collection of Tibetan Documents from Chinese Turkestan139. En 1913, Filippo de Filippi arrive à Leh à la tête d’une mission scientifique140. Il est accompagné du géologue Giotto Dainelli (1878-1968), qui reviendra au Ladakh en 1930 accompagné d’Hashmatullah Khan141, de guides valdotains et de quatre cartographes du Survey of India. Le compte rendu de cette mission scientifique regorge de photographies de divers monastères, vallées et scènes vie. De son passage à Leh, il retient : « Au moment de notre séjour à Leh, la Mission était dirigée par le Rev F.E. Peter, avec une expérience de quinze années de résidence à Leh, avec sa famille. Il a contribué à l'expédition par ses conseils […]. Les moraves accompagnent la propagande religieuse d’une aide matérielle aux populations d’où ils exer-

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Sven Hedin, Trans-Himalayas, Discoveries and Adventures in Tibet, Delhi, Asian Educational Services, 1999, vol. 1, p. 54. [première impression en 1913]. Cité dans : Jina Prem Singh, op. cit. Ibid., p. 85. Aymon Baud et al., op. cit., pp. 87-89. Aurel Stein, Ruins of desert Cathay, Londres, MacMillan, 1912, vol. 2, pp. 486-488. L.D. Barnett et A.H. Francke, « Tibetans Manuscripts and Sgraffiti discovered by Dr. A. Stein at Endere », Appendix B pp. 548-569 dans Aurel Stein, Ancient Khotan, Oxford, Clarendon Press, 1907, vol. 1. A.H. Francke, « Notes on Sir Aurel Stein’s Collection of Tibetan Documents from Chinese Turkestan », pp. 37-59 dans Journal of the Royal Asiatic Society, 1914. [voir aussi « Appendix G », dans Aurel Stein, Serindia, Oxford University, 1921, vol. 3, pp. 1460-1466] Aymon Baud et al., op. cit., pp. 91-93. Jina Prem Singh, op. cit., p. 96. Filippo de Filippi, Storia della Spedizione Scientifica Italiana nel Himàlaia, Caracorùm e Turchestàn Cinese (1913-1914), Bologne, Nicola Zanichelli, 1924, 541 p. Oscar Nalesini, Ladakh, Fotografie storiche italiane – Italian historical photographs, 1880-1935, Rome, 13ème conférence IALS, 2007. [en ligne] disponible : http://independent.academia.edu/OscarNalesini/Papers/905114/Ladakh__Fotografie_storiche_italiane_italian_historical_photographs_1880-1935, (consultée le 5 décembre 2011). Abdul Ghani Sheikh, Abdul Ghani Sheikh, Reflections on Ladakh, Tibet and Central Asia, New Delhi, Skyline, 2010, p. 16.

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JOSEPH GERGAN cent leur ministère : je veux dire soins de santé et scolarité. La mission dispose d'un hôpital bien équipé à Leh confié à M. et Mme Heber Reeve, les deux médecins, assistés par une infirmière. Les patients de toutes sortes de maladies viennent des quatre coins du Ladakh, des personnes aveugles par la cataracte, si commune dans toute la région entre l’Himalaya et le Karakoram, en passant par les pauvres voyageurs touchés par les gelures en franchissant les montagnes, avec les pieds ou les mains, le nez ou les oreilles gangrenés. Dr. Heber aide également les patients de Leh à leur domicile. […] Même si les disciples de la Mission sont en minorité, l'influence sociale et scolaire exercée par celle-ci est largement suffisante pour justifier son existence »142. En 1925, l’expédition de George Roerich (1902-1960) et de son père Nicholas (1874-1947) est de passage au Ladakh. Dans l’ouvrage qui retrace ce voyage, Trails To Inmost Asia143, il cite à de nombreuses reprises le travail de Francke. Georges Roerich traduira plus tard, en compagnie de Gedün Chöpel (1903-1951), Les Annales Bleues144. Mais à cette date, en 1925, Joseph Gergan était encore à Kyelang. Giuseppe Tucci, avec qui Joseph Gergan a collaboré, est venu quatre fois au Ladakh145 : en 1928, 1930, 1931 et 1935146. Il a rencontré plusieurs fois Joseph Gergan à Leh alors que Tucci s’intéressait notamment aux versions du récit de la vie de Rinchen Zangpo (c. 958-1055)147. En 1933, le moine bouddhiste allemand Anagarika Govinda (1898-1985) accompagna Rahul Sankrityayan dans un de ses voyages au Ladakh148. Rahul Sankrityayan rencontra notamment Eliyah Tseten Phuntsog avec qui il débuta un manuel de tibétain149. Marco Pallis est de passage en 1936150, il rencontra plusieurs fois Joseph Gergan. En 1938, c’est le prince Pierre de Grèce et du Danemark (1908-1980) qui visite Leh151. Il décrit Joseph Gergan comme étant : « […] une notabilité de Leh, […] chapelain auxiliaire de l’église de la mission, homme vénérable et érudit, très respecté pour son ardent attachement au Ladak (sic) et à son peuple. »152

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Filippo de Filippi, op. cit., p. 184. George N. Roerich, Trails to Inmost Asia, Delhi, Book Faith India, 1996, 504 p. [première impression en 1931] George N. Roerich, The Blue Annals, Delhi, Motilal Banarsidass, 2007, 1275 p. [première édition Calcutta, 1949] Jina Prem Singh, op. cit., p. 105. Oscar Nalesini, « Assembling Loose Pages, Gathering Fragments of the Past: Giuseppe Tucci and His Wanderings Throughout Tibet and the Himalayas, 1926-1954 », pp. 79-112 in Francesco Sferra (ed.), Sanskrit Texts from Giuseppe Tucci’s Collection Part I, Rome, Istituto Italiano per l’Africa e Oriente, 2008, p. 112. Giuseppe Tucci, Rin-chen-bzang-po and the renaissance of Buddhism in Tibet around the millenium, New Delhi, Aditya Prakashan, 1988, p. 53. Martijn van Beek, « Rahula Sankrityayana and the History of Buddhist Organisation in Ladakh » in Ladakh Studies, n°16, Décembre 2001, p 21. Eliyah Tseten Phuntsog et Rahul Sankrityayan, op. cit. [LTWA 770], voir Annexe 15, p. 164. Jina Prem Singh, op. cit., p. 106. Ibid., p. 121. Une photographie du musée national du Danemark représente le Prince Pierre en compagnie de Joseph Gergan, Nono Tseten Phuntsog, Walter Asboe et de trois autres notables. Reproduite dans : Abdul Ghani Sheikh, op. cit., p. 39. Prince Pierre de Grèce, Chevauchée tibétaine, Paris, Fernand Nathan, 1958, p. 50

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JOSEPH GERGAN

Tous ces personnages illustres cités ici ne représentent qu’une partie des explorateurs européens ayant sillonné la région à la fin du XIXe et au début du XXe. Bien que les explorateurs, missionnaires, chercheurs et militaires ne furent pas nombreux à traverser cette région au début du XXe siècle, Jina Prem Singh a recensé une vingtaine de visiteurs ayant laissé des témoignages écrits sur le Ladakh sur la période allant de 1900 à 1947153, mais sa recherche n’est pas exhaustive. La présence de ces étrangers, dans le cadre d’expéditions scientifiques ou pour des motivations personnelles, révèle le contact de la région avec des idées nouvelles. Ces voyageurs, lors de leur passage à Leh, fréquentaient régulièrement la mission qui avait aussi créé un lieu d’accueil pour les voyageurs, à la manière des maisons d’hôtes que l’on trouve aujourd’hui partout dans la capitale. Qu’ils soient cités par Joseph Gergan, ou qu’euxmêmes aient cité Joseph Gergan, souligne la réalité des relations que Joseph Gergan entretenait avec certains de ces hommes et peut-être des influences réciproques.

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Jina Prem Singh, op. cit., « Explorers to Ladakh Before it Opened to the Foreign Tourists », pp. 71-138.

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Fig. 3 : Joseph Gergan

Fig. 1 : Joseph Gergan

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Illustrations

Fig. 2 : Joseph Gergan

Fig. 6 : S.S. Gergan

ILLUSTRATIONS

Fig. 4 : Un exemple du travail de Joseph Gergan

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Fig. 5 : Eliyah Tseten Phuntsog

Fig. 9 : Inscriptions nestoriennes de Drangtse

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Fig. 7 : La mission de Kyelang

ILLUSTRATIONS

Fig. 8 : Les premiers convertis en 1866

Fig. 10 : Eduard Pagell

ILLUSTRATIONS

Fig. 12 : À la mission de Leh, 1901

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Fig. 11 : August W. Heyde

Fig. 14 : Le La-dwags kyi Ag-bar

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Fig. 15 : Représentation de la vie de Jésus rappelant la roue de la vie

ILLUSTRATIONS

Fig. 13 : Le Kye-lang Ag-bar

Fig. 17 : August Hermann Francke

ILLUSTRATIONS

Fig. 18 : Francke et sa famille 44

Fig. 16 : A.H. Francke à Ahmadnagar en 1915

DEUXIÈME PARTIE HISTOIRE DU LADAKH

« Le temps brise et disperse la réalité, ce qui reste devient mythe et légende ». Nuto Revelli154 « La culture, c’est la mémoire du peuple, la conscience collective de la continuité historique, le mode de penser et de vivre ». Milan Kundera155

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Nuto Revelli, Le disparu de Marburg, Paris, Rivages, 2006, 173 p. Le Monde, 19 janvier 1979.

HISTOIRE DU LADAKH

1. Points de repères : une histoire du Ladakh Il est indispensable de présenter l’histoire du Ladakh ici dans ses grandes lignes. Bien que les dynasties royales du Ladakh soient directement liées à l’histoire du Tibet, il faudra aussi s’attarder sur les premières populations de la région. De plus, même si nous possédons des chroniques du Ladakh contenant la succession des rois, certaines périodes demeurent difficiles à comprendre. Les recherches pionnières de Cunningham (1814-1893) et de Francke restent la base du travail historique sur le Ladakh, mais les recherches de Roberto Vitali156 et de Luciano Petech (1914-2010)157 nous permettent d’appréhender cette histoire avec plus de précision. Ils émirent notamment des hypothèses permettant de corriger certains problèmes de datations. Afin d’avoir une vision d’ensemble de l’histoire du Ladakh, nous reviendrons ici sur les principales périodes à travers les conflits, les traités et les fondations importantes de monastères et de châteaux. Nous utiliserons principalement les datations de Petech tout en gardant à l’esprit que ces dates restent des approximations.

a. Définitions Nous verrons ici les différents termes utilisés pour désigner la région du Tibet Occidental. Tout d’abord, durant la période de l’empire tibétain qui prend fin avec l’assassinat de Udum Tsenpo (Langdarma) en 842, il y avait un grand royaume connu sous le nom de Zhang-zhung. Ce royaume est connu pour avoir été le berceau de la tradition bön. Il semblerait aussi qu’il ait eu des liens avec la Perse158. Une division traditionnelle découpe le Tibet en trois régions : le haut (stod) à l’Ouest, le milieu (bar) au centre et le bas (smad) à l’est. L’Ouest tibétain est aussi appelé Ngari ou Ngari Korsum, c’est à dire les trois divisions du Ngari. Il y a plusieurs façons de diviser ce territoire. La division la plus commune, et probablement la plus ancienne159, rapportée par Nyang Ral

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Roberto Vitali, The Kingdoms of Gu.ge Pu.hrang According to mNga’.ris rgyal.rabs by Gu.ge mkhan.chen Ngag.dbang grags.pa, Dharamsala, Tho.ling gtsug.lag.khang lo.gcig.stong 'khor.ba'i rjes.dran.mdzad sgo'i go.sgrig tshogs.chung gis dpar skrun, 1996, 642 p. Luciano Petech, A Study on the Chronicles of Ladakh, New Delhi, Low Price Publications, 1999, 189 p. [réédition de 1937]. Luciano Petech, The Kingdom of Ladakh, Roma, IIMEO, 1977, 191 p. Luciano Petech, « The Tibetan-Ladakhi-Moghul war (1681-1683) », pp. 19-44 in PETECH Luciano, Selected Papers on Asian History, Roma, IIMEO, 1988, 412 p. Roberto Vitali, op. cit., p. 162. Le terme utilisé pour la Perse, sTag-gzig, comprend dans les sources bönpos le Cachemire (Kha-che), Swat (O-rgyan) et Hunza (Bru-zha). Roberto Vitali, op. cit., p. 226. Nyang ral nyi ma 'od zer, Chos 'byung me tog snying po sbrang rtsi'i bcud (Le miel du cœur des fleurs), Lhasa, bod ljongs mi dbang dpe bskrun khang, 1988, pp. 457-458. Heather Stoddard, «A Note on Royal Patronage in Tenth Century Tibet during the ‘Rekindling of the Flame’ », pp. 49-104 in Christoph Cüppers (ed), The Relationship between Religion and State (chos-srid zung-'brel) in Traditional Tibet: proceedings of a Seminar held in Lumbini, Nepal, March 2000, Lumbini International Research Institute, Népal, 2004, 339 p.

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HISTOIRE DU LADAKH Nyima Özer compte : Purang, Guge et le Maryül160. Il y a d’autres divisions citées par Joseph Gergan161. On peut aussi se référer à la division du Ngari par Nyimagön pour ses enfants : Guge, le Zanskar, et le Ladakh. Parmi ces régions, il y a le Maryül qu’il ne faut pas confondre avec le Mangyül (Mangyul)162, qui correspond à une zone du nord du Népal163. Outre les défauts d’écriture qui peuvent rendre difficile la distinction entre Maryül et Mangyül, il est possible que Mangyül ait été une dénomination ancienne pour le Ladakh. Le Maryül comprend la haute vallée de l’Indus et bien qu’étant dans le haut Tibet (stod), Maryül est parfois traduit par “pays du bas” (mar bas, yul pays) comme le propose Cunningham164 mais il est plus probable qu’il s’agisse d’une déformation de Mangyül, “nombreux villages” (mang beaucoup, yul village). Il est parfois écrit dMar-yul : pays rouge165, ce qui pourrait correspondre au paysage désertique du Ladakh. Le Ladakh, ou Maryül Ladakh, est situé le long de la haute vallée l’Indus. Il est divisé en deux zones : le haut Ladakh (La-dwags stod) autour de Leh, et bas Ladakh (shams) autour de Khalatse. On trouve plusieurs orthographes aussi pour le Ladakh : La-dwags, Bla-dwags, Lathag… En anglais et dans les langues occidentales aussi différentes orthographes ont été utilisées : Ladak ou Ladakh. Aujourd’hui la région est souvent appelée “petit Tibet” dans les guides touristiques ; cette appellation a été donnée par les géographes arabes pour décrire le Balti, et pas le Ladakh qui était le “grand Tibet”166, puis repris par des explorateurs occidentaux. Sans s’attarder sur tous les villages ou villes du Ladakh, nous pouvons tout de même traiter du cas de la capitale actuelle, Leh. Plusieurs orthographes sont utilisées en tibétain pour le nom de la capitale : Sle, Slel, Sles, Gles, Gle. Selon Francke, ce nom est peut-être dérivé de lHas, « enclos » en tibétain167. La dernière est la plus utilisée aujourd’hui et désigne un lieu

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Nyang ral nyi ma 'od zer, Ibid. : « spu (rang) […] lung pa rta (bshas) kyi khog pa gangs kyis bskor ba ‘dra (ba) na mi srid (po) ‘dra ba zhig mchis zer / gu ge […] / (lung pa nya ltar dkar gyi khog pa ‘dra ba g.ya’ yis bskor ba zhig la mi lug ‘dra ba gda’ zer /) (mang) yul […] / yul ko mog chab kyis gang ba gangs kyis skor ba ‘dra ba zhig gda’ / » - « Pu(rang) […] “qui ressemble au ventre ouvert d'un cheval mort, entouré de montagnes enneigées, avec des hommes comme des démons” ; Guge […] “blanc comme le ventre d'un poisson, entouré de ardoises, avec des hommes comme des moutons” ; et (Mang)yul “rempli de ko-mog-chab (?) eaux marécageuses (?) et entourée de montagnes enneigées, avec des hommes comme des grenouilles… » (traduction Mme Stoddard) Voir Annexe 10, p. 147. D’autres divisions dans Bod-rgya Tshig-mdzod Chen-mo (Grand dictionnaire tibétain-tibétain-chinois), Pekin, mi-rigs dpe-skrun-khang, 1985, p. 683. et Lozang Jamspal, op. cit. Lozang Jamspal, op. cit. Bod-rgya Tshig-mdzod Chen-mo (Grand dictionnaire tibétain-tibétain-chinois), op.cit., p. 2055. Alexander Cunningham, Ladak Physical, Statistical, and Historical, New Delhi, Asian Educational Services, 1998, p. 21. [réédition de 1854] Ibid., pp. 18-19. Entre autres : Abu Bakr Amir-uddin Nadwi, Tibet and Tibetan Muslims, Dharamsala, LTWA, 2004, p. 41. AIT, vol. 2, p. 99.

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HISTOIRE DU LADAKH marécageux entre deux rivières168. La transcription habituelle en langue occidentale est aujourd’hui Leh, mais on trouve aussi l’orthographe Lé dans certains textes anciens.

b. Premières populations et témoignages Les premières populations du Tibet Occidental ne sont pas tibétaines, en d’autres termes il n’y a pas de Ladakhi autochtone169. Les premiers habitants qui s’installèrent dans ces régions furent des tribus aryennes. Ces premières populations dateraient de 6 700 ans comme ont pu le démontrer des analyses exécutées sur des outils découverts en 1979 par l’Archæological Survey of India à Alchi, Saspol, Likir170… D’autre part, des caves habitées ont été découvertes jusque dans la vallée de la Nubra, elles dateraient de 3 000 à 4 000 ans171. Deux tribus sont régulièrement citées : d’une part des Môns qui seraient originaires des flancs sud de l’Himalaya, et ceux qui sont appelés Dardes venus de l’Ouest. Bien que ces deux dénominations sont et ont été largement utilisées, il ne faut pas pour autant les prendre pour des populations homogènes172. –

Les Môns

Si les Môns ne sont plus vraiment représentés au Ladakh aujourd’hui, il y a tout de même des traces de leur implantation. Ceux qui sont présentés comme étant leurs descendants sont pour la plupart des musiciens et des charpentiers. Il est intéressant de noter l’influence des Môns au Zanskar que les Dardes ne semblent pas avoir colonisés. Des ruines sont encore appelées aujourd’hui château de Môns173. Les luttes incessantes entre les Dardes et les Môns ont mené à la quasi disparition de ces derniers. Au Xe siècle, les Môns gouvernaient encore sur Gya, à l’Est du Ladakh. –

Les Dardes

Bien qu’il soit difficile de définir quand les premiers migrants se sont installés, nous trouvons des témoignages de l’implantation des Dardes grâce aux historiens grecs et romains comme Hérodote, Mégasthène, Pline ou Ptolémée qui semblent les situer au Gandhara174. Il semblerait qu’ils aient été producteurs d’or, Hérodote parle de fourmis chercheuses d’or, ce 168 169

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Bod-rgya Tshig-mdzod Chen-mo (Grand dictionnaire tibétain-tibétain-chinois), op.cit., p. 427. Patrick Kaplanian, « Mythes et légendes sur les origines du peuplement du Ladakh » pp. 255-270, in Ernst Steinkellner (ed.), Tibetan history and Language: Studies dedicated to Uray Géza on his seventieth birthday, Wien, Arbeitskreis für tibetische und buddhistiche Studien, 1991, p. 260. Abdul Ghani Sheikh, Reflections on Ladakh, Tibet and Central Asia, New Delhi, Skyline, 2010, p. 176. Ibid. Patrick Kaplanian, op. cit. Voir aussi : Graham E. Clark, « Who Were the Dards? A Review of the Ethnographic Literature of the North-Western Himalaya » in Kailash, vol. 5, n°4, 1977, pp. 323-356. mon gyi mkhar. A.H. Francke, A History of Western Tibet, pp. 19-26. Alexander W. McDonald (dir.), Les royaumes de l’Himalaya, histoire et civilisation : le Ladakh, le Bouthan, le Sikkim, le Népal, Paris, Imprimerie Nationale, 1982, p. 37.

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HISTOIRE DU LADAKH qui fut repris par ses successeurs175. De plus, Francke a repéré des traces d’anciennes mines176. Nous pourrions citer aussi des sources chinoises, indiennes, et arabes. Petech présente toutes ces sources et en fait la critique dans le deuxième chapitre de son ouvrage, The Kingdom of Ladakh177. Outre les textes, les traces dardes sont encore visibles aujourd’hui : des mesures anthropomorphiques confirment les origines indo-européennes de certains habitants, d’autre part les populations de Dah-Hanu à l’ouest du Ladakh parlent encore des langages dardes. Ces traces sont aussi visibles dans les toponymes et dans les hymnes populaires178. Bien qu’il faille faire attention sur l’utilisation de la dénomination darde179, il ne fait en tout cas pas de doute que ces populations, qu’elles aient été liées entre elles ou pas, sont d’origines indoeuropéennes et pas tibétaines. Le terme utilisé par les Ladakhis pour identifier les Dardes est Drogpa180 (‘Brog-pa), il semble que ce nom ait pour origine le nom donné aux habitants de la région d’Hunza (’Bru-zha), Drogmi (‘Brog-mi)181 qui est peut-être une déformation de Drumi (’Bru-mi). Ce nom provient peut-être tout simplement des origines nomades de ces populations. –

Les influences politiques

Les traces archéologiques comme les pétroglyphes attestent qu’une partie du Ladakh actuel fut d’abord sous la domination de l’empire kouchan. Une inscription en Kharosthi retrouvée à Khalatse est attribuée à l’empereur kouchan Vima Kadphises182 (fin du Ier siècle). Le bouddhisme venu du Cachemire a pu être enseigné dans les familles importantes durant cette période sans qu’il ne s’y implante. Il pourrait rester quelques traces de ce bouddhisme au Zanskar183. D’autres inscriptions en tibétain, syriaque, kouchéen et sogdien indiquent le passage de marchands184 et souligne le rôle économique important de cette région. Ces pétroglyphes ont été retrouvés plus à l’Ouest et sont plus tardifs, IXe siècle environ. La région se divisa en petits royaumes indépendants et fut suzeraine du Tibet au début du VIIIe siècle185. Selon les chroniques du Ngari étudiées par Roberto Vitali, dix points font références aux relations entre le royaume tibétain de Pugyal et l’Ouest. Parmi ceux-ci : Songtsen Gampo (c. 610-

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Luciano Petech, The Kingdom of Ladakh, p.6. A.H. Francke, A History of Western Tibet, p. 16. Luciano Petech, Ibid., Chapitre II : « Earliest History », pp. 6-13. Voir aussi Rolf Stein., La civilisation tibétaine, Paris, le Sycomore-l’Asiathèque, 1981, p. 13. A.H. Francke, op. cit., pp. 27-38. Graham E. Clark, op. cit. Le terme ‘Brog-pa signifiant nomade en tibétain, les Ladakhis appellent les nomades Changpa (Byang-pa), du nom de la région où ils vivent, le Changthang. Le Changthang (Byang-thang), plaine du Nord, se situe en fait à l’est du Ladakh. Roberto Vitali, op. cit., p. 250. Père de Kanishka Ier. Voir Abdul Ghani Sheikh, op. cit., p. 177. A.H. Francke, op. cit., p. 24. Rolf Stein, op. cit. Luciano Petech, op. cit., p. 10.

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HISTOIRE DU LADAKH 650) fit un mariage d’alliance avec une princesse du Zhang-zhung puis a soumis ce royaume ; Trisong Detsen (c. 755-797) a pris le contrôle du Balti, puis Ralpachen (c. 815-841) aurait conquis les frontières de la Perse186. La souveraineté du Tibet sur le Ladakh prit rapidement fin avec l’effondrement de l’empire tibétain à la mort de Langdarma Udum Tsenpo en 842. Il faut garder à l’esprit que la tibétisation du Ladakh ne commence qu’après cette période et que bien que des mélanges ethniques aient pu être possible avant, la population devait s’exprimer majoritairement en langue darde et non pas en tibétain187. Les Ladakhis considèrent ces premiers habitants et les premiers gouverneurs comme étant des descendants de Gesar188 et les diverses versions de l’épopée, différentes dans presque chaque village, peuvent nous informer sur leurs propres visions de l’histoire.

c. La première dynastie tibétaine, les Lhachen –

Les origines

La première dynastie tibétaine au Ladakh arrive au Xe siècle alors que le seigneur de Gya était en guerre contre des nomades venus de Khotan. Ce chef aurait demandé de l’aide à Nyimagön à qui il aurait donné des territoires, notamment à Shey189. D’après les chroniques anciennes, il semble que l’installation de Nyimagön et de sa descendance au Ladakh est due à un mariage d’alliance avec la fille du roi de Purang190. Les deux versions ne sont pas forcément incompatibles. Nyimagön a conquis tout le Tibet Occidental, ce qui est resté dans les mémoires au travers de certains chants dardes191. Mais c’est son fils, Palgyigön (r. c. 930960), qui s’installera au Ladakh et y fondera la première dynastie tibétaine. Nous nommerons cette dynastie Lhachen, ce terme d’adresse étant régulièrement utilisé pour citer ces rois192. Cette dynastie est dans le prolongement de la dynastie des empereurs du Tibet qui s’est terminée par l’assassinat de Langdarma Udum Tsenpo vers 842. Des deux fils de Langdar-

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Roberto Vitali, op. cit., pp. 99-105. Luciano Petech, op. cit., p. 13. AIT, p. 35. (l. 9) pour le tibétain, p. 93. pour la traduction anglaise. « de’i dus su mar yul la dwags stod ge sar gyi b(r)gyud pas ‘dzin » - « à cette époque, le Maryül Ladakh était tenu par la lignée de Gesar ». Roberto Vitali, op. cit., p. 246. et p. 555. Hriday Nath. Kaul et Shridhar Kaul, Ladakh Through the Ages, New Delhi, Indus, 1992, p. 39. Roberto Vitali, op. cit., p. 171. AIT, p. 35. (l. 9-12) pour le tibétain, p. 93. pour la traduction anglaise. « de’i tshe dge bshes btsan (MS.L. dge shes bkra shis btsan) gyis pu hrangs su zhu ste / ‘bro za ‘khor skyong btsun mor phul ba khab tu bzhes pa la / sras gsum byung zhing / sku mkhar nyi zungs rtsig ste / rgyal sa btab nas / mnga’ ris skor gsum chab ‘og tu bsdus nas / rgyal srid chos bzhin du bskyangs so // » - « Alors, Guéshé Tsan (MS.L. Guéshé Tashi Tsan) invita [Nyimagön] à Purang, et lui offrit Droza Korkyong en tant que femme. Ils eurent trois fils. Il fonda le château de Nyizung et une capitale. Il gouverna le Ngari Korsum en accord avec le dharma après l’avoir conquis complètement ». A.H. Francke, A History of Western Tibet, p. 61. La redondance du terme Lhachen sera ici évitée en ne citant que les noms des rois.

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HISTOIRE DU LADAKH ma193, Ösung est parti à l’Ouest. Nyimagön, le petit-fils de Ösung, vécut vers la fin du Xe siècle194. Nyimagön, qui a pris le pouvoir sur le Tibet Occidental partage son territoire entre ses trois fils : Guge revient à Tashigön, le Zanskar à Detsugön et le Ladakh à Palgyigön. La filiation avec Langdarma s’est perpétuée dans le mode vestimentaire des rois du Ladakh. En effet, dans la vision bouddhiste de l’histoire du Tibet, Langdarma est possédé par un démon, ce qui est trahi par la présence de deux cornes sur la tête et par la langue noire. Il est dit que les rois du Ladakh portaient des turbans pour cacher cette corne toujours visible chez les descendants de Langdarma195. –

Les événements marquants

Depuis Palgyigön, après la division du territoire en trois royaume, au début du Xe siècle jusqu’à Lodrö Chogden (r. c. 1440-1470), dernier roi de la dynastie Lhachen dans la deuxième moitié du XVe siècle, les chroniques présentent une succession de dix-huit souverains de père en fils. Au sujet de la succession des rois, il faut se rapporter à Rolf Stein (1911-1999) qui nous donne des orientations, mais ne conclut guère : « Au Ladakh, selon certains, le roi abdiquait à la naissance d’un fils, et des ministres gouvernaient alors au nom du fils. Selon d’autres, c’était à l’âge de 13 ans que le prince était associé à son père pour régner. »196 Les premières fondations importantes ne sont pas l’œuvre de rois, mais de Rinchen Zangpo, au début du XIe siècle. Ce grand traducteur à qui la tradition attribue la fondation de cent huit temples parmi lesquels Tabo au Spiti, Nyarma, Alchi et le Senge Lhakhang de Lamayuru au Ladakh, partit chercher des enseignements au Cachemire. Par la suite, durant la seconde moitié du XIe siècle et le début du XIIème, trois rois importants se succèdent : Lhachen Gyalpo (r. c. 1050-1080), Utpala (r. c. 1080-1110) et Naglug (r. c. 1110-1140). Le premier d’entre eux posa les fondements du monastère de Likir. Jusqu’alors, le haut et bas Ladakh étaient encore divisés avec : le bas-Ladakh constitué de petits royaumes et le haut occupé par la dynastie des Lhachen. Utpala unifia les forces du bas et haut Ladakh et continua la conquête de territoire commencée par Nyimagön ; il occupe Kullu, Purang, le Mustang et le Balti197. Son territoire était peut-être même plus grand que celui de son ancêtre Nyimagön198. Naglug, quant à lui, fonda les palais de Wanla et de Khalatse199. Ce serait aussi lui qui aurait construit le

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Yum-brtan et ‘Od-srung(s). Yum-brtan fondera les dynasties du Tibet Central et Oriental. Le fils de ‘Od-srung, dPal-‘khor-btsan a deux fils : sKyil-lde Nyi-ma-mgon et bKra-shis-rtsegs qui fondera une dynastie au Tibet Central. A.H. Francke, op. cit., p. 60. Rolf Stein, op. cit., p. 70. Alexander W. McDonald, op. cit., p. 39. A.H. Francke, op. cit., p. 65. Alexander W. McDonald, op. cit., p. 40.

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HISTOIRE DU LADAKH premier pont sur l’Indus200 à Khalatse. Les noms non-tibétains de certains rois comme Utpala, Naglug ou Gebhe (r. c. 1140-1170) semblent, selon Roberto Vitali, prouver une certaine résurgence du pouvoir des tribus locales Dardes durant le XIe siècle201. D’autre part, la présence de ces noms laisse supposer que cette lignée ne fut pas continue comme le disent les chroniques. À la charnière entre le XIIIe et le XIVe siècle, le règne du roi Norup (r. c. 1290-1320) est marqué par la disparition de la tradition bön. Ce qui est peut-être lié aux actions de ce roi en faveur du bouddhisme. Non seulement il fait rénover des temples et commande deux copies du Kangyur, mais il va aussi encourager les moines à aller étudier au Tibet Central202. Le cas du fils de Norup, le prince Rinchen (r. c. 1320-1380), est important à étudier. C’est autour de l’histoire de ce roi du Ladakh que Francke commet une erreur. En effet, bien que certains ouvrages continuent de soutenir les thèses de Francke203, des chercheurs comme Petech ont montré ses incohérences et réfutent ses idées. Francke s’appuie sur trois “preuves” pour expliquer que le prince Rinchen aurait occupé le Cachemire, se serait converti à l’islam et aurait pris le nom de Sultan Sadar-Ud-Din204. Selon Francke, le fait qu’il n’apparaisse qu’en tant que prince dans les chroniques serait en raison de sa conversion, que les compilateurs bouddhistes auraient voulu cacher205. Ce problème ne se pose pourtant pas pour le cas de certains rois suivants. Cette thèse ne s’appuie pas sur de véritables preuves, mais plus sur des similitudes historiques entre le Cachemire et le Ladakh. Petech ne nie pas les textes, mais il indique : « Nous pouvons assurer que le nom du prince a été inséré ici par les compilateurs de la chronique en vue de renforcer l'importance des rois du Ladakh dans les yeux des Cachemiris, qui avaient des liens commerciaux étroits de tous temps avec le Ladakh »206. Roberto Vitali, reprend les thèses de Petech en affirmant l’invalidité de certains points207. En se basant non seulement sur les sources tibétaines, mais aussi sur les sources musulmanes, il contredit Luciano Petech notamment à propos du titre de prince, rgyal-bu. Rappelant la pré-

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A.H. Francke, op. cit., p. 66. Roberto Vitali, op. cit., p. 328. et p. 425. Ibid., pp. 24, 68-69. Alexander W. McDonald, Idem. Notamment : Janhwij Sharma, Architectural Heritage: Ladakh, New Delhi, Har-Anand Publications, 2003, p. 16. Ibid. A.H. Francke, op. cit., p. 72. Luciano Petech, op. cit., p. 21. Roberto Vitali, « Some Conjectures on Change and Instability During the One Hundred Years of Darkness in the History of La dwags (1280s-1380s) » pp. 97-123 in John Bray (ed), Ladakhi Histories, Leiden-Boston, Brill, 2005, 402 p.

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HISTOIRE DU LADAKH sence non tibétaine, et les invasions venues d’Asie Centrale, Roberto Vitali propose que ce prince Rinchen ne fût pas d’origine tibétaine, mais turco-mongole208. Au début du XVe siècle, le Baltistan est attaqué par les armées musulmanes du Sultan Zain-Ud-Abidin (r. 1423-1474). Il y eut deux attaques sur le Tibet qui firent beaucoup de destructions jusqu’à Guge. Ces campagnes militaires apparaissent dans les chroniques du Cachemire mais ne sont pas présentes dans les chroniques du Ladakh209. On écrit souvent l’histoire des gagnants, rarement celle des vaincus. À la même époque Tritsugde (r. c. 13801410) est roi du Ladakh, et les bouleversements qui ont suivi ces invasions semblent être à l’origine de la seconde dynastie. Roberto Vitali note des contradictions à propos de l’histoire du Maryül entre la version des chroniques du Ladakh et celle des chroniques du Ngari. Il remet en question la lignée de Palgyigön présentée dans les chroniques du Ladakh210, et souligne la partialité de celles-ci précisant qu’elles ne citent pas toutes les lignées royales présentes au Ladakh211. Francke considère Tritsugde comme étant le dernier roi de la dynastie Lhachen212, bien que les chroniques citent Lodrö Chogden comme ayant été le dernier de cette première dynastie. Celui-ci aurait envoyé des présents à Gendün Drub (1391-1474), et malgré des succès militaires il fut écarté du pouvoir et mis en prison par le premier roi de la seconde dynastie, Bhagan (r. c. 1460-1485)213. –

Problèmes et outils de recherches

L’histoire de cette première dynastie, dite tibétaine, du Ladakh pose de nombreux problèmes en raison du manque de sources. De plus, la tradition et les chroniques anciennes ne présentent qu’un point de vue, celui des vainqueurs. Le Ladakh apparaît comme homogène et uni, alors que la région était constituée de petits royaumes avec des populations et des dirigeants qui n’étaient pas tous Tibétains. La généalogie présentée dans les chroniques anciennes, en ce qui concerne les Lhachen, semble mélanger les noms de rois et parfois la chronologie. Le lien de parenté qui apparaît dans les chroniques anciennes par l’expression de’i sras214, semble bien plus être un effet de style qu’une réalité filiale. Pour finir, certains noms de rois étaient très utilisés215, ce qui rend parfois difficile leur identification. Les dates restent elles aussi hypothétiques et certaines posent encore de gros problèmes. Par exemple le roi

208 209 210 211 212 213 214 215

Ibid., p. 109-115. Alexander W. McDonald (dir.), Idem. Roberto Vitali, The Kingdoms of Gu.ge Pu.hrang, pp. 493-494. Ibid., p. 500. A.H. Francke, op. cit., p. 73. Alexander W. McDonald (dir.), Idem. Le fils de celui-ci/son fils Cf. note 19, p. 183 dans Erberto Lo Bue, « The Guru Lha khang at Phyi dbang: a Mid-15th Century Temple in Central Ladakh », pp. 175-196 in Amy Heller et Giacomella Orofino (eds), Discoveries in Western Tibet and the Western Himalayas, Leiden-Boston, Brill, 240 p.

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HISTOIRE DU LADAKH Norup est présenté comme le prédécesseur du prince Rinchen au début du XIVe siècle, pourtant les chroniques de Guge rapportent qu’il aurait été roi de Purang avant de devenir roi du Ladakh au début du XIIIe siècle216. Pour cette présentation, nous avons suivi la succession donnée par les chroniques anciennes, sachant qu’elles mélangent les lignées royales de Shey, Sabu et d’autres petits royaumes alors présents. D’une manière générale la fin de la dynastie Lhachen, XIVe et XVe siècles, reste obscure mais les articles de Roberto Vitali217, Erberto Lo Bue218 et Kurt Tropper219 permettent de mieux comprendre certains détails de cette période. Outre la présence d’armées étrangères et de roitelets non-tibétains, ces recherches permettent de souligner l’importance des lignées tibétaines d’enseignements bouddhistes dans les changements politiques voir artistiques. Les souverains semblent avoir eu une attitude non sectaire vis-à-vis des différentes écoles, sakya et drigung principalement. Mais les luttes d’influence étaient bien présentes et semblent être à l’origine de la seconde dynastie lorsque deux moines gelugpa furent envoyés au Ladakh par Gendün Drub.

d. La seconde dynastie tibétaine, les Namgyal –

Le changement de dynastie

Durant les attaques musulmanes du XVe siècle, le royaume s’est divisé entre les deux fils de Trisugde. C’est pourquoi Francke considère ce roi comme le dernier des Lhachen. Pourtant, Dragbumde (r. c. 1410-1440) le fils aîné va régner encore sur le haut Ladakh ainsi que son fils Lodrö Chogden. Dragpabum le fils cadet, frère de Dragbumde, fonde un royaume dans le bas-Ladakh autour de Basgo. Puis installe sa capitale à Temisgam220. Les chroniques ne disent rien de son fils Bhara. Le fils de Bhara, Bhagan, forme une alliance avec la population de Shey, détrône Lodrö Chogden et impose une nouvelle dynastie celle des “victorieux”, les Namgyal. Selon Roberto Vitali, la prise de pouvoir de Bhagan semble avoir eu lieu en 1461221. Malgré cela, pouvons-nous vraiment parler d’une dynastie différente ? En effet, selon les chroniques Bhagan et Lodrö Chogden sont cousins. Petech semble soutenir cette version aussi, pourtant il est notable que Bhara et Bhagan ne sont pas

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Roberto Vitali, « Some Conjectures on Change and Instability During the One Hundred Years of Darkness in the History of La dwags (1280s-1380s) », p. 99. Ibid. Erberto Lo Bue, op. cit. Kurt Tropper, « The Historical Inscription in the gsum brtsegs Temple at Wanla, Ladakh », pp. 105-150 in Deborah Klimburg-Salter, Kurt Tropper et Christian Jahoda (eds), Text, Image and Song in Transdisciplinary Dialogue, PIATS 2003, Leiden-Boston, Brill, 2007, 247 p. Luciano Petech, op. cit., p. 25. Roberto Vitali, The Kingdoms of Gu.ge Pu.hrang, p. 517.

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HISTOIRE DU LADAKH des noms tibétains222. C’est pourquoi on peut, une fois de plus, supposer que la lignée est discontinue. La grande différence entre ces deux dynasties semble être l’authenticité généalogique de ses successeurs. Si les rois de la dynastie Lhachen, cités dans les chroniques anciennes, n’ont pas nécessairement de liens de parenté, cela est beaucoup plus certain pour la dynastie Namgyal et d’autant plus à partir du règne de Tashi Namgyal. Roberto Vitali relie les noms non-tibétains des chroniques anciennes d’une part à l’expédition de Zain-Ud-Abidin, et d’autre part aux témoignages tibétains 223, notamment celui de Thangtong Gyalpo (13611485)224. –

Les premiers rois (XVIe siècle)

La seconde dynastie, celle des Namgyal, débute à la fin du XVe siècle. Pourtant, les dates de règnes posent un problème, non seulement pour les premiers rois, mais aussi pour leurs successeurs225. Nous utiliserons ici les recherches de Luciano Petech The Kingdom of Ladakh publié dans les années 1970. En comparant ce travail avec sa thèse de doctorat sur les chroniques du Ladakh, nous remarquons qu’il apporte des changements et des propositions quant à la généalogie de la seconde dynastie. Ainsi, au regard des durées de règne, Petech suppose qu’il manque trois rois entre Bhagan et Tashi Namgyal. En effet, les chroniques considèrent Bhagan comme étant le père de Tashi Namgyal (r. c. 1555-1575). Petech ne donne pas de nom pour le successeur de Bhagan, mais il situe ce règne vers 1485 à 1510. Il propose un nom

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Ibid., p. 516. Ibid., pp. 515-517. Ibid., p. 515. Thang stong rgyal po rnam thar, p. 309, l. 12 à p. 310, l. 5 : « mnga’ ris skor gsum la ‘bul sdud grub ‘tshams / grub thob chen pos slar yang hor gyi kh gnon la ‘gro dgos gsungs pa’i bka’ shog phebs / hor gyis bsad yong zer kun gyis (b) phul yang gzhan mi ‘gro na’ng nga rang dang dpal (dpyad) gnyis ‘gro gsung / gzhan yang tshe blos btang ba’i dpon slob nyi shu mar yul du byon / mar yul stod smad kyi rgyal po gnyis mngon shes dang rdzu ‘phrul gyis rtsod pa zhi bar mdzad / mar yul na gzhis phab pa’i stod hor grong khyer drug cu tsam la / ma Ni’i lung gnang / sdig pa spong zhing dge ba sgrub pa’i spang blang bstan / grub thob chen po’i dgongs bzhed ‘gengs pa’i slad du / hor dmag zil gyis gnon pa’i thugs dam mdzad pas / hor yul du byi ba’i char phab ‘bru brlags pas mu ge dang nad yams chen pos stod hor gyi dmag dpung kha ba can gyi rgyal khams la ‘jug pa’i go skabs med par mdzad do/ » - « Ayant terminé de recueillir des aumônes au Ngari Korsum, grub thob chen po a de nouveau envoyé un bka' shog en disant qu'il voulait aller apprivoiser le Hors. Tout le monde le pria de ne pas y aller puisque les Hors pourraient le tuer. Il a dit : "Si vous ne souhaitez pas y aller [c'est parfait], je vais y aller avec dpal dpyad, nous deux". En outre, le maître et une vingtaine de disciples, qui [ont été préparés à] sacrifier leur vie, sont allés au Maryül. Il a réglé le différend entre les rois du Maryül stod smad, ces deux, en faisant des prophéties et des miracles. Au Maryül, il donna le Ma ni'i lung (enseignement) à une soixantaine d’endroits du stod hor, qui avait envahi les terres du Maryül. Il leur a donné des instructions sur la façon de s'abstenir du péché et de réaliser la vertu. Afin de mettre son plan en action, comme grub thob chen po médita pour subjuguer les troupes de Hor par sa puissance, il a provoqué une pluie de rats dans le pays Hor. Les cultures ont été détruites, la famine et les épidémies ont éclaté, ce qui a abouti au fait que les troupes de stod hor n’ont jamais eu la possibilité d'envahir le royaume du Tibet ». (traduction anglaise de Roberto Vitali) Neil Howard, « What Happened Between 1450 and 1550 AD ? and other questions from the history of Ladakh », pp. 121-137 in OSMASTON Henry et Nawang Tsering (eds), RRL 6, proceedings of the 6th International Colloquium on Ladakh, Leh 1993, Delhi, Motilal Banarsidass, 1997, 374 p.

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HISTOIRE DU LADAKH supposé pour les deux suivants, Lata Jughdan et Künga Namgyal, dont les dates de règne respectives seraient autour de 1510 à 1535, et 1535 à 1555226. Petech trouve une trace de Lata Jughdan dans le Tarikh-i-rashidi de Mirza Haidar (c. 15001551) qui décrit son expédition au Ladakh en 1532227. Il précise cependant qu’il y avait deux gouverneurs au Ladakh. Pour ce qui est de Künga Namgyal, Petech se réfère à une inscription à Taru228. Les premiers règnes de la dynastie Namgyal restent encore à être étudiés. Plusieurs théories sont possibles : le Ladakh était probablement encore disloqué en petits royaumes, ou bien la gouvernance s’est faite en collaboration entre frères ou parents, ou encore le règne de Tashi Namgyal fut si prestigieux qu’il occulta celui de ses prédécesseurs. Le cinquième roi des Namgyal serait donc Tashi Namgyal, qui régna de 1555 à 1575. C’est avec lui que le Ladakh va connaître le début de sa période de prospérité jusqu’au XVIIe siècle. Bien qu’il ait pris le pouvoir à son frère d’une manière brutale (il lui a fait crever les yeux et enfermé à Lingshed229), Tashi Namgyal reste un fondateur et mécène important. Il déplace la capitale de Shey à Leh où il fait construire le palais du Namgyal Tsemo230. Il finance aussi des ponts. Il encourage le développement du bouddhisme en faisant des dons à Lhassa, Samye, Sakya231… Son maître principal, Denma Künga Dragpa (c. 1560-1590), est le fondateur du monastère de Phyang. Il va aussi entreprendre des réparations à Alchi. D’un point de vue militaire, il reconquit une large partie du Tibet Occidental que les tensions et invasions avaient divisé et repoussa notamment des attaques du Cachemire en 1562232. À sa mort, n’ayant pas d’enfants, ce sont ses neveux, les fils de son frère aveugle Lhawang Namgyal qui reprennent le pouvoir : Tsewang Namgyal I, qui règne de 1575 à 1595, Namgyal Gönpo qui règne de 1595 à 1600 en collaboration avec son frère Jamyang Namgyal qui règne de 1595 à 1616. Ici encore, Petech propose ce règne de Namgyal Gönpo bien qu’il n’apparaisse pas en tant que roi dans les chroniques, mais il se base sur une inscription lui donnant le titre royal complet de Grand Roi du Dharma233. De plus, il se pourrait que Namgyal Gönpo soit le prince tibétain que le frère jésuite Bento de Gois (c. 1562-1607) aurait

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Luciano Petech, op. cit., p. 25-27. Ibid., p. 26. Mirza Muhammad Haidar Dughlat, Tarikh-i-Rashidi: a history of the Moghuls of Central Asia, Londres, Curzon, 1898, chap. XCIII. Luciano Petech, op. cit., p. 27. Ibid., p. 28. Janhwij Sharma, Architectural Heritage: Ladakh, p. 16. Alexander W. McDonald, op. cit., p. 41. Ibid. chos rgyal chen po, Luciano Petech, op. cit., p. 32.

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HISTOIRE DU LADAKH rencontré à Yarkand234. Pourtant, Petech ne fait que souligner la ressemblance des noms et rapproche aussi l’épisode de Bento de Gois avec le fils d’un gouverneur de la Nubra. –

Senge Namgyal (r. 1616-1646)

Durant le règne de Jamyang Namgyal, le chef de Skardo, Ali Mir Sher Khan, occupe le Ladakh, avec pour conséquence la destruction de nombreux textes. Un mariage entre les rois et les princesses de chaque part permet de sceller la paix. Les deux premiers fils de Jamyang Namgyal avec la reine Tsering Wangmo sont écartés du pouvoir235. Les successeurs des rois du Ladakh devront être les enfants de Gyal Khatun, la fille d’Ali Mir. Les armées du Balti rentrent à Skardo après les noces à Leh, les autorités bouddhistes reconnaissent en Gyal Khatun une incarnation de Tara236. La légende du rêve d’Ali Mir237 a probablement aussi permis au peuple d’accepter cette reine musulmane ainsi que le successeur de Jamyang, Senge Namgyal (r. c. 1616-1646). Le règne de Senge Namgyal est l’un des plus important, malgré une querelle avec son frère qui lui prit le pouvoir une année. Senge Namgyal fut un bâtisseur, un meneur d’hommes et un mécène important pour le Tibet Occidental. La vie de ce roi est intimement liée à son maître, Stagtsang Raspa (1574-1651). Ce maître, de la lignée drukpa kagyü, est né au centre du Tibet dans le clan Khön à l’origine de la lignée sakya. Il partit en pèlerinage au Wutaishan en Chine avant de retourner au Tibet pour repartir à l’Ouest, en Uddiyana238. Lors de son premier passage au Ladakh, Jamyang Namgyal l’invita, mais ce n’est qu’à son retour qu’il s’installa auprès de Senge Namgyal. Leurs noms respectifs sont utilisés pour appuyer la puissance de cette collaboration, roi lion et maître tigre. D’après le récit de la vie de Stagtsang Raspa qui revint d’Uddiyana vers 1616, c’est la reine Gyal Khatun qui assura le pouvoir au début du règne de Senge Namgyal. En 1622, la collaboration du roi et de Stagtsang Raspa est marquée par la fondation, à Basgo, du temple de Maitreya239. Lorsque son frère Norbu Namgyal lui prit le pouvoir en 1623 (avant de mourir rapidement) Senge Namgyal se réfugia à Hanle où il fonda un temple. Le palais de Leh fut

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À propos du prince : « Il trouva là-aussi captif un roi du Tibet qui avait été […] amené en ce pays trois ans plus tôt. Il s’appelait “Gombuna Miguel” [mGon-pa rNam-rgyal] ». Hugues Didier, Fantômes d’islam et de Chine : le voyage de Bento de Gois (1603-1607), Paris, Chandeigne, 2003, p. 74. Ngag-dbang rNam-rgyal et bsTan-‘dzin rNam-rgyal. Luciano Petech, op. cit., p. 36. Alexander W. McDonald, op. cit., p. 42. A.H. Francke, op. cit., p. 94. AIT, vol. 2, p. 39 et p.106 : « kha sang nga yis rmi lam du / (mdun) mtsho nas seng ge (cig) nar gyis mchoms (nas) / rgyal kha thun la thim par mthong / de dang dus mtshungs bu mo ‘di (l’ang) / sems can dang [ni] ldan par gyur / ‘di la bu zhig nges par skye / ming du seng ge rnam rgyal thogs » - « Hier, j’ai rêvé que je voyais un lion sortir de la rivière en face du palais en sautant sur Gyal Khatun. Au même moment, Gyal Khatun conçut [un enfant]. Maintenant, il est certain qu’elle donnera naissance à un garçon, que nous devrions appeler Senge Namgyal. ». Peter Schwieger, « Stag-tshang Ras-pa’s Exceptional Life as a Pilgrim » in Kailash-Journal of Himalayan Studies, vol. 18, n° 1-2, 1996, pp. 81-107. Alexander W. McDonald, op. cit., p. 43.

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HISTOIRE DU LADAKH construit à son retour sur le trône. Vers 1630, le monastère de Hemis est fondé sur l’impulsion de Stagtsang Raspa, ce monastère deviendra le plus important du Ladakh avec plus de cinq cents moines et marque l’implantation de la lignée drukpa kagyü au Ladakh. À la mort du roi en 1646, Stagtsang Raspa lui rend hommage en fondant le monastère de Chemre. Senge Namgyal fut aussi un grand meneur d’hommes. En 1630, il mit fin aux querelles que le Ladakh entretenait depuis dix-huit années avec Guge en l’annexant, étendant ainsi la zone d’influence du Ladakh jusqu’au Maryum-la. En 1638 et 1640, il fit face aux armées mongoles venues du Tibet Central : une première fois contre Cho-kur, un descendant d’Altan Khan (1507-1582) puis une seconde contre Güshri Khan (1582-1655). La première lui permis d’asseoir son autorité si bien qu’il n’y eu pas de bataille en 1640, les Mongols ayant jugé plus prudent de se retirer devant une armée regroupant des hommes venus de tout le Tibet Occidental240. Durant ces conflits Stagtsang Raspa joua parfois un rôle de conciliateur. Adam Khan, un des fils d’Ali Mir, fut installé comme chef de Skardo en 1639. Les armées du Balti, soutenues par le gouvernement indien du Moghol Shah Jahan (1592-1666)241, attaquèrent le Purig, majoritairement islamisé au XVe siècle242 mais sous contrôle ladakhi, puis se retranchèrent avant l’hiver. Senge Namgyal aurait été capturé durant une bataille. Il fut libéré contre la promesse de payer un tribut, ce qu’il ne fit jamais243. Par vengeance, Senge Namgyal interdit l’accès du Ladakh aux Cachemiris, ce qui eut des conséquences catastrophiques sur le commerce et l’économie du Ladakh244. Le commerce entre le Tibet et l’Inde ne transita plus que par le Népal alors que les routes commerciales entre le Cachemire et Kashgar ne se sont plus faites que par Skardo, isolant complètement le Ladakh sans que ni les Cachemiris, ni les Moghols ne soient gênés. Cette décision marque le début de la chute du royaume du Ladakh, dont les difficultés seront révélées lors du règne de Delden Namgyal (r. 1646-1675), le fils de Senge Namgyal, après la mort de ce dernier en 1646. –

Le déclin

Le règne de Delden Namgyal est marqué par divers conflits. D’une part entre les lignées bouddhistes gelug et kagyü245 (représentée au Ladakh par les drukpa-kagyü et drigung-

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Ibid., p. 45. François Bernier, Voyage au Cachemire, Paris, Carnets des tropiques, 2009, p. 89. [Texte publié dans les Suites des Mémoires du Sieur François Bernier sur l’Empire du Grand Moghol, édition de 1671] Gérard Rovillé, « Contribution à l’Étude de l’Islâm au Baltistân et au Ladakh », pp. 113-124 dans Lydia Icke-Schwalbe et Gudrun Meier (eds), Wissenschaftsgeschichte und gegenwärtige Forschungen in NordwestIndien, Dresden, Museum für Völkerkunde, 1990, 276 p. Alexander W. McDonald, op. cit., p. 46. Ibid. François Bernier, op.cit., p. 92 : « Mais depuis cette entreprise que fit Shah Jahan de ce côté-là, le roi (Senge Namgyal) du Grand Tibet (Ladakh) a entièrement fermé le chemin et ne permet que personne du côté du Cachemire entre dans son pays. C’est pour cela que les caravanes partent à présent de Patna, sur le Gange, pour ne point passer par dessus ses terres, les laissant à la gauche, et gagnant droit le royaume de Lhassa ». Alexander W. McDonald, op. cit.

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HISTOIRE DU LADAKH kagyü). D’autre part, l’influence moghole se fait sentir. En 1663, Aurangzeb (1618-1707) visite le Cachemire et menace le Ladakh d’une invasion, cette intimidation est appuyée par ses alliés du Balti. Delden Namgyal lui envoie une ambassade forte de diverses promesses. Aurangzeb de retour à Delhi, Delden Namgyal “oublia” l’accord passé246. Deux ans plus tard, le grand Moghol envoya Saïf Khan auprès du roi du Ladakh pour lui faire reconnaître la suzeraineté de l’empire Moghol sur le Ladakh247. Trois conditions principales marquent cette reconnaissance : l’écoute du sermon de la prière du vendredi (Khutba), la frappe de pièces248 et la construction d’une mosquée249. Son fils, Delek Namgyal (r. 1675-1694) va devoir protéger son pays des armées Mongoles du Tibet. Depuis 1642 et la prise du pouvoir sur le Tibet Central des Mongols soutenus par les gelugpas, le Ve dalaï lama Ngawang Lobsang Gyatso (1617-1682) a entrepris une expansion du territoire et la diffusion de sa lignée. Le Tibet Central entre en conflit avec le Bhoutan. En 1681, le Ganden Phodrang entre en guerre contre le Ladakh250 et envoie le moine-général mongol Ganden Tsewang (n.c.) à la tête d’une armée. La guerre dura trois ans avec des temps de repos. Le climat ne permettant pas des manœuvres en toutes saisons, les périodes de batailles s’étalent pendant l’été jusqu’en automne. En 1682 Ganden Tsewang conquiert Leh et assiège Basgo. Durant cet hiver les Ladakhis, réfugiés à Temisgam avec à la tête de l’armée le premier ministre Shakya Gyatso (n.c.), sont contraints de demander de l’aide au Cachemire. L’année suivante, en 1683, les troupes de Ganden Tsewang sont repoussées jusqu’aux frontières du Ladakh, à Tashigang. Les articles de Luciano Petech et Gerhard Emmer, « The Tibetan-Ladakhi-Moghul War (1681-83) »251 et « dGa’-ldan Tshe-dbang dPal-bzang-po and the Tibet-Ladakh-Mughal War of 1679-84 »252 décrivent parfaitement toutes les étapes de ce conflit en recoupant des sources aussi bien mogholes que tibétaines ou ladakhies.

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François Bernier, op.cit., pp. 90-91 : « Maintenant que le roi de ce Grand Tibet a su qu’Aurangzeb est au Cachemire et qu’il le menace de guerre, il lui a envoyé un ambassadeur avec des présents du pays […]. Le train de cet ambassadeur consistait en trois ou quatre cavaliers et en dix ou douze grands hommes. […] Il traita avec Aurangzeb de la part de son maître, promettant qu’il souffrirait que dans sa ville capitale il serait bâtie une mosquée, dans laquelle la prière se ferait à la mahométane, que la monnaie se ferait désormais marquée d’un côté au coin d’Aurangzeb […]. Mais on croit que dès que ce roi saura qu’Aurangzeb sera hors du Cachemire, il se moquera de tout ce traité comme il a déjà fait autrefois de celui qu’il avait fait avec Shah Jahan. » Alexander W. McDonald, op. cit. Voir aussi Luciano Petech, op. cit., p. 65. Wolfgang Bertsch, « The Use of Tea Bricks as Currency among the Tibetans », dans TJ, vol. XXXIV, n. 2, 2009, pp. 35-80. http://www.tibet-encyclopaedia.de/tibetische-muenzen.html Alexander W. McDonald et Luciano Petech, op. cit. Alexander W. McDonald, op. cit., p. 47. Luciano Petech, « The Tibetan-Ladakhi-Moghul War (1681-1683) », pp. 19-44 in PETECH Luciano, Selected Papers on Asian History, Roma, IIMEO, 1988, 412 p. Gerhard Emmer, « dGa’-ldan Tshe-dbang dPal-bzang-po and the Tibet-Ladakh-Mughal War of 1679-84 », pp. 81-107 dans Uradyn E. Bulag et Hildegard G.M. Diemberger (eds.), The Mongolia-Tibet Interface, Leiden-Boston, Brill, 2007, 381 p.

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HISTOIRE DU LADAKH Un accord préalable est signé avec le Ladakh en attendant l’accord définitif connu sous le nom de traité de Temisgam signé en 1684253. Craignant la conversion à l’islam du roi du Ladakh, le régent Sangye Gyatso (1653-1705) envoya le hiérarque de la lignée drukpa, le VIe Gyalwang Drukpa Mipham Wangpo (1641-1717), pour ratifier le traité. Il faut insister sur le fait que cette guerre n’implique pas uniquement des raisons religieuses, mais aussi économiques. Selon S.S. Gergan, il y a trois causes à cette guerre : l’antagonisme politique entre les lignées kagyü et les gelugs, la suprématie du Ladakh sur la région du Kailash, et les mines d’or de Thog Jalung à l’est de Rudok254. Pour les Tibétains comme pour les Cachemiris, le contrôle du commerce de laine est au centre des accords de paix. Le traité est à l’origine du Lochag, caravane commerciale initialement prévue pour payer le tribut du Ladakh à Lhassa tous les trois ans255. Le Tibet récupère la région du Ngari, qui avait été conquise par Senge Namgyal, et réaffirme les limites du Ladakh historique comme l’avait définit Nyimagön256. Cette guerre marque particulièrement le déclin du royaume du Ladakh et la fin de son indépendance. Le Ladakh devient une zone tampon sous la double suzeraineté du Cachemire et du Tibet257. Cependant, la dynastie est toujours en place bien que le royaume ait doublement à payer les indemnités de guerres vis-à-vis du Tibet et du Cachemire en plus du tribut qu’il leurs doit régulièrement. Les liens religieux avec les drukpa du Bhoutan furent maintenus, mais la lignée gelug pris de l’importance. Le frère cadet du roi Delek Namgyal fut emmené à Lhassa comme otage. Il se fit moine et entra à Drepung et fut nommé abbé du monastère de Pelkhor Chöde à Gyantse en 1694258. L’abbé de Thiktse, monastère mère gelug, fut désormais nommé directement par Lhassa259. Au XVIIIe siècle le roi Nyima Namgyal (r. 1694-1729), fils de Delek Namgyal, est à citer pour sa tentative de réorganisation judiciaire du pays. Il est question ici d’octroi de titres de propriétés, mais aussi de l’organisation du tribunal. Nyima Namgyal est aussi connu comme “roi de la foi”260 en raison des nombreuses constructions qu’il finança. Les règnes suivants ne sont pas marqués par des événements importants. Luttes de pouvoir, soulèvements, révoltes, épidémies… n’ont pas fini d’affaiblir la royauté261.

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Voir Annexe 18, p. 170. Cité dans Gerhard Emmer, ibid., p. 88. Mais S.S. Gergan est le seul à parler des mines d’or. John Bray et Tsering Gonkatsang, « Three 19th Century Documents from Tibet and the Lo Phyag Mission from Leh to Lhassa » Voir Annexe 18, p. 170. Luciano Petech, op. cit., p. 194. Alexander W. McDonald, op. cit., p. 48. Ibid. AIT, vol. 2, p. 119. Ibid., p. 50.

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HISTOIRE DU LADAKH Un épisode, qui est tout de même notable, est l’intervention d’un maître venu du Khams, à l’est du Tibet, Katok Rigzin Tsewang Norbu (1698-1755), pour régler un conflit au sein de la famille royale. Après la mort de sa première femme, le roi Nyima Namgyal se maria une seconde fois avec Zizi Khatun. La reine s’évertua à donner un royaume distinct pour son fils Tashi Namgyal262, elle obtint pour lui la région du Purig. Après la mort de Nyima Namgyal, son fils Dekyong Namgyal (r. 1729-1739) eut un règne très court. Une querelle eut lieu entre Phuntsog Namgyal (r. 1739-1753), fils de Dekyong et petit-fils de Nyima Namgyal, et son oncle Tashi Namgyal qui avait le pouvoir sur le Purig. Les opposants demandèrent au VIIe dalaï lama Kelzang Gyatso (1708-1757) d’envoyer un médiateur pour résoudre le conflit. En 1752, Katok Rigzin Tsewang Norbu arrive au Ladakh et invite les deux parties à Hanle pour faire un arrangement permettant de clarifier les frontières et les droits de chacun. Tashi Namgyal n’ayant pas eu d’enfants, le Purig revint au sein du royaume du Ladakh à sa mort263. Bien que cet épisode n’ait pas eu de conséquences à long terme, il est révélateur des conflits incessants dans la région, mais aussi du pouvoir de certaines reines. D’autre part, la demande auprès du dalaï lama et la présence d’un médiateur venu du Tibet marque le changement de relation entre le Tibet Occidental et le gouvernement de Lhassa depuis la guerre et le traité de 1684. –

Les derniers rois du Ladakh

La fin du XVIIIe siècle préfigure la guerre dogra de 1834 à 1842 qui marquera la fin du pouvoir de la royauté au Ladakh depuis le Xe siècle. Au début des années 1750, Tsewang Namgyal II (1753-1782), arrière petit fils de Nyima Namgyal, devient roi. Il se montra tyrannique et des soulèvements eurent lieux contre lui. Sa première femme le quitta et il épousa une musulmane de basse caste connue sous le nom de Bibi. En 1781, il dut abdiquer suite à de nouvelles révoltes264. C’est son fils Tseten Namgyal (1782-1802), âgé de trois ans, qui fut intronisé. Il devint populaire mais mourut prématurément de la variole. Le VIIIe Drukchen Kunzig Mipham Chökyinangwa (1768-1822), alors invité au Ladakh, présida ses funérailles. Son frère, Tsepal Döndrup Namgyal (1802-1837, 1839-1841), abandonna son statut de moine et fut proclamé roi. Ce fut aussi un grand mécène, il fit construire de nombreuses statues et le palais de Stok où la famille royale s’installa. Il aurait abdiqué un temps en faveur de son fils, Tsewang

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À ne pas confondre avec son ancêtre homonyme, roi du Ladakh durant le XVIe siècle. Peter Schwieger, « Kathog Rigzin Tsewang Norbu’s diplomatic mission to Ladakh in the 18th century », pp. 219-230 in Henry Osmaston et Nawang Tsering (eds), RRL 6, proceedings of the 6th International Colloquium on Ladakh, Leh 1993, Delhi, Motilal Banarsidass, 1997, 374 p. Alexander W. McDonald, op. cit., p. 50.

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HISTOIRE DU LADAKH Rabten (mort en 1839) appelé Chogtrül, réincarnation de Stagtsang Raspa265. C’est la version que semble appuyer Gergan. Cette période est marquée par des invasions au Lahul, au Spiti et au Zanskar. C’est aussi durant le règne de Tsepal Döndrup Namgyal que William Moorcroft (1767-1825), George Trebeck (1800-1825)266 et Alexandre Csoma de Körös ont traversé le Ladakh. –

Les guerres dogras

En 1819, Ranjit Singh (1780-1839) conquit le Penjab. Goulab Singh (1792-1857), le roi de Jammu, sous l’autorité de Ranjit Singh, eut pour projet de contrôler le commerce de laine du Tibet Occidental267. Il confia cette tâche au général dogra Zorawar Singh (1786-1841) qu’il avait placé comme gouverneur du Kishtawar peu de temps avant. Il lui fallut pas moins de trois campagnes avant d’écraser toutes les velléités de la résistance ladakhie. Pour la première campagne, les troupes de Zorawar Singh avec environ cinq mille soldats bien équipés268 remontèrent la vallée de la Chenab pour redescendre dans la vallée de la Suru au Purig. La rencontre entre l’armée dogra et les premières résistances ladakhies eurent lieu le 16 août 1834 au sud de Kartse269. Les Ladakhis, mal équipés face aux fusiliers dogras, durent reculer jusqu’à Paskyum où une bataille importante se termina par la défaite des Ladakhis après la mort de leur chef, le ministre de Stok270. L’hiver arrivant, Zorawar Singh proposa un traité qui fut refusé par la reine Zizi271. Dès avril 1835, les Ladakhis reprirent l’offensive dans la vallée de la Suru, à Langkartse. Bien que les Dogras comptèrent de nombreuses pertes, ils furent vainqueurs et repoussèrent les Ladakhis jusqu’à Lamayuru où le roi Tsepal Namgyal demandât un cesser le feu272. Les deux parties se rencontrèrent à Basgo puis se rendirent à Leh où les Dogras restèrent quatre mois jusqu’en octobre 1835. Le tribut annuel s’élevait à 20 000 roupies plus 50 000 roupies273 pour les indemnités de guerre, ce qui eut des conséquences audelà des zones de batailles274.

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267 268 269 270 271 272 273 274

Ibid. William Moorcroft et George Trebeck, Travels in the Himalayan Provinces of Hindustan and the Panjab ; in Ladakh and Kashmir ; in Peshawar, Kabul, Kunduz, and Bokhara, New Delhi, Sagar, 1971, 2 vol. [première édition 1841] Chaman Lal Datta, General Zorawar Singh His Life and Achievements in Ladakh, Baltistan and Tibet, Delhi, Deep & Deep, p. 29. Ibid. Charles-Eudes Bonin, « La conquête du Petit-Tibet » dans Revue du monde musulman, vol. XI, n°6, 1910, p. 219. C.L. Datta, op. cit., p. 31. La femme de Chogtrül, à ne pas confondre avec Zizi Khatun qui est la seconde femme de l’ancêtre de Chogtrül, Nyima Namgyal. Ibid., p. 34. Une roupie de l’époque faisait dix grammes d’argent. Le tribut et les indemnités de guerre apparaissent extrêmement élevés. La majeure partie était payée en nature : laine, animaux… Ibid.

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HISTOIRE DU LADAKH Très rapidement, le roi refusa de payer le tribut, enferma et tortura le représentant des Dogras à Leh275. La résistance ladakhie étant installée sur la première route prise par Zorawar Singh, le général dogra pris le risque de marcher sur Leh en plein hiver via le Zanskar276. Parti en novembre 1835 en marche forcée, les troupes dogras s’installèrent à Chemre. Les Ladakhis, pris par surprise tentèrent de demander l’aide du gouvernement britannique par la voix du prince-lama Chogtrül qui s’enfuit à Shimla via le Spiti avec ses femmes et sa mère277. Le roi Tsepal fut déposé et on lui conféra des territoires à Stok. Les Dogras nommèrent le premier ministre Ngödrup Tenzin comme nouveau roi. En mars 1836, Zorawar Singh rentra à Jammu avec des otages après avoir laissé une garnison de 300 soldats dans le fort qu’il fit construire à Leh278. Le tribut et les indemnités de guerre furent réévalués. Avant son départ, Zorawar Singh ordonna au colonel Basti Ram de pacifier et d’annexer le Zanskar. L’outrage provoqué par la résistance du Zanskar qui mis à mal une garnison entière de l’armée dogra obligea Zorawar Singh à punir ces rébellions lui-même au printemps 1836279. En novembre 1837 Zorawar Singh retourne au Ladakh en plein hiver. En effet, Ngödrup Tenzin, le nouveau roi, est accusé d’avoir aidé la résistance au Zanskar280. Il semblerait aussi que le choix du nouveau roi ne fut pas approuvé par Goulab Singh281. À l’annonce de l’approche des troupes dogras, Ngödrup Tenzin tente de fuir en territoire britannique mais il est capturé à Tabo au Spiti et ramené à Leh. L’ancien roi Tsepal retrouve sa place et les tributs et indemnités de guerre sont une nouvelle fois réévalués. En mai 1838 Zorawar Singh retourne au Kishtawar282. Un an plus tard, en mai 1839, Zorawar Singh entame une nouvelle campagne au Ladakh en raison des rebellions qui eurent lieu au Purig. Il prend les rebelles à revers en passant de nouveau par la route du Zanskar. Les chefs musulmans du Purig, Rahim Khan de Chigtan et Hussain de Paskyum, s’enfuirent au Baltistan283. Rattrapés, ils subirent les tortures des Dogras. Fin 1840, pour son expédition au Baltistan, Zorawar Singh employa les Ladakhis sous l’autorité de Bangapa, un général Ladakhi présent contre les Dogras lors de leurs premières incursions dans la vallée de la Suru. Ahmat Shah, le prince de Skardo, ayant déshérité son

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279 280 281 282 283

Ibid., p. 36. Ibid., p. 37. Ibid. Ibid. p. 38. D’après Deep Bakshi, le fort de Leh aurait été construit en 1841 par Diwan Hari Chand après une insurrection. Mais il est possible que ce ne fût qu’une extension faite à une construction plus petite déjà existante. Deep Bakshi, Footprints in the snow: on the trail of Zorawar Singh, New Delhi, Lancer Pub., 2002, p. 154. C.L. Datta, op. cit., p. 39. Ibid. Charles-Eudes Bonin, Ibid., p. 222. C.L. Datta, op. cit., p. 40. Ibid.

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HISTOIRE DU LADAKH aîné, Mouhamad Shah, ce dernier demandât l’aide des Dogras pour prendre le trône284. Une fois Mouhamad Shah intronisé avec une garnison dogra pour le protéger, les troupes ladakhies et dogras rentrèrent sur Leh en 1841 avec les trésors et des prisonniers. En route le roi Tsepal, qui avait dû accompagner l’expédition, et son général Bangapa moururent de la variole. L’avenir de la dynastie n’était représenté que par Jigmet Namgyal (1836-1873), fils de Chogtrül, alors âgé de huit ans285. Outre les sommes de plus en plus importantes que demandaient les Dogras en indemnités et impôts, ils étaient sans pitié. Ainsi voici ce que Charles-Eudes Bonin (1865-1929) décrit à plusieurs reprises dans son article de 1910 : « […] les défenseurs furent les uns pendus, les autres mutilés, le nez et les oreilles coupés »286. Un peu plus loin à propos de Sukamir, un chef du Purig : « Zorawar lui fit, devant la foule assemblée, trancher la langue et la main droite, et le bras amputé fut plongé dans le beurre bouillant pour arrêter le sang »287. Ensuite à propos de la guerre au Baltistan : « Avant de repartir, Zorawar, pour donner une leçon aux Baltis, força le prince dépossédé à lui livrer ses deux plus fidèles partisans : tous les habitants de Skardo furent rassemblés dans la prairie où campait le général, et les deux hommes, après avoir été enivrés avec du hachich, furent amenés au milieu du cercle, devant une marmite de beurre bouillant. L’un eut la main, le nez, les oreilles successivement coupés, l’autre la langue et la main, et après des applications de graisse fumante sur les plaies, ils furent déliés et rejetés au milieu de la foule terrifiée pour lui servir d’exemple ; le second seul survécut au supplice »288. En 1841, plutôt que de redescendre à Jammu, risquant ainsi une nouvelle insurrection ladakhie, Zorawar Singh préféra attaquer le Tibet Occidental. D’une part ce territoire fût jadis sous l’autorité du roi du Ladakh, d’autre part la mise à sac des monastères promettait un beau butin. Mais surtout, le commerce de la laine serait entièrement entre les mains de Jammu289. Ainsi, à la mi-juin 1841 Zorawar installa ses troupes aux avant-postes du Tibet Occidental. Il y avait entre 6 000 et 7 000 soldats dogras plus des Baltis et des Ladakhis, près de 10 000 hommes290. Les troupes de Zorawar Singh avancèrent rapidement et par trois routes diffé-

284 285 286 287 288 289 290

Charles-Eudes Bonin, op. cit., p. 223. Ibid., p. 224. Charles-Eudes Bonin, op. cit. Ibid., p. 223. Ibid., p. 224. Ibid., p. 225. Sukhdev Singh Charak, « Extracts from General Zorawar Singh » pp. 748-767 in McKAY Alexander (ed.), The History of Tibet, London, New York, Routledge Curzon, 2003, vol. 2, p. 751. On trouve d’autre chiffres peut-être plus réalistes : 4 000 soldats dogras sous les ordres de Zorawar Singh, 500 Ladakhis sous les ordres de Nono Sodnam, et 500 Baltis sous les ordres de Ghulam Khan dans : Gagan Deep Bakshi, op. cit., p. 101.

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HISTOIRE DU LADAKH rentes jusqu’à Purang, au sud du lac Manasarovar. Il prit notamment Rudok, Tashigang, Chumurti, Tsaparang et Gartok291. Face à lui se trouvait les troupes tibétaines avec à leur tête les généraux Dapön Shedra et Dapön Surkang soutenus par le ministre Pelhün292. Le froid et l’éloignement avaient déjà fait beaucoup de mal dans les lignes dogras quand, le 12 décembre 1841 Zorawar Singh fut tué au combat d’une lance dans le cœur par un certain Migmar à Toyo au sud de Purang293. L’armée désorganisée de Zorawar Singh fut poursuivie jusque dans la vallée de la Nubra. Goulab Singh envoya 8 000 hommes en renfort avec Diwan Hari Chand à leur commandement294. Ayant pris connaissance de la mort de Zorawar Singh, les Ladakhis se soulevèrent mettant à mal la garnison de Leh qui fut sauvée par l’arrivée des renforts. Les tibétains se retirèrent avec le jeune roi Jigmet Namgyal et ses ministres jusqu’au Pangong où ils se fortifièrent à Drangtse. Les Dogras vinrent à bout du siège en détournant les eaux de la vallée, inondant ainsi le camp tibétain295. Suite à cette bataille, un arrangement fut conclu une première fois à Chushül en septembre 1842296 puis reconduit en 1852297 annexant ainsi le Ladakh au Jammu et Cachemire. Le 16 mars 1856, lors du traité d’Amritsar, l’Empire Britannique reconnaît l’autorité dogra sur le Ladakh mais s’empare des régions du Lahul et Spiti. Le Ladakh fut sous autorité dogra jusqu’à l’indépendance de l’Union Indienne en 1947. Le Ladakh reste une zone de tension entre l’Inde, le Pakistan et la Chine. Il y eut de nombreuses guerres avec le Pakistan en 1947, 1965, et le conflit de Kargil en 1999298, mais aussi avec la Chine en 1962. Cette présentation de l’histoire du Ladakh nous permet de mieux appréhender le travail de Joseph Gergan. Bien qu’il reste encore et toujours des périodes difficiles à étudier et à comprendre (comme la charnière entre les deux dynasties) nous pourrons constater quels événements sont omis ou détaillés par les chroniques anciennes ou par Joseph Gergan. Certains règnes (comme celui de Senge Namgyal) sont particulièrement documentés. Il en est de même pour les conflits (guerre de 1681-1684, guerres dogras) qui ont marqué profondément la société ladakhie. Ainsi les textes des chroniques anciennes comme le Trésor éternel, s’attardent longuement sur les guerres dogras en particulier. Cette présentation, qui tente de donner une version la plus objective possible au regard d’études anciennes et récentes, insiste sur les pé-

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Sukhdev Singh Charak, op. cit., p. 752. Tsepon W. D. Shakabpa, Tibet A Political History, New Delhi, Paljor, 2010, p. 242. [réédition de 1967] Charles-Eudes Bonin, op. cit., p. 226. Sukhdev Singh Charak, op. cit., p. 761. Tsepon W. D. Shakabpa, op. cit., p. 243. Ibid. Charles-Eudes Bonin, op. cit., p. 228. Tsepon W. D. Shakabpa, op. cit., p. 244, pp. 446-448. Voir Annexe 19, p. 171. Ibid., p. 247, pp. 448-449. Voir Annexe 20, p. 175. Général V.P. Malik, Kargil from Surprise to Victory, New Delhi, HarperCollins, 2006, 436 p.

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HISTOIRE DU LADAKH riodes abordées dans les textes qui ont marqué le plus la population du Ladakh comme le règne de Senge Namgyal ou les guerres dogras. Comme les textes étudiés s’arrêtent à la fin des guerres dogras, l’histoire du Ladakh de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours n’a été que brièvement présentée.

2. Les “anciennes” versions de l’histoire du Ladakh L’histoire du Ladakh, ou plus largement du Tibet Occidental fut étudiée très tôt par les explorateurs et scientifiques occidentaux. Pourtant les textes en tibétain que nous connaissons sont lacunaires. Selon Cunningham, il n’y a pas de textes historiques entre le IXe siècle et le XVIe siècle, soit depuis Palgyigön jusqu’à Tsewang Namgyal I. Ce vide est dû à l’invasion du Ladakh par Ali Mir à la fin XVIe, comme l’explique bien Cunningham, repris par Francke : « Durant l’invasion du Ladakh par Ali Mir, le chef Mahométan (sic) de Skardo (XVIème), tous les temples et monastères auraient été détruits, et leurs bibliothèques jetées dans l’Indus ».299 Au regard des différentes bibliographies historiques dont nous disposons300, les manuscrits tibétains encore disponibles de nos jours se limitent à ceux utilisés par Francke pour compiler la première partie du deuxième volume d’Antiquities of Indian Tibet.

a. Les manuscrits disparus Selon Francke, la première occurrence de l’existence d’une histoire continue dans des recherches occidentales serait due à Alexandre Csoma de Körös301. Bien que Csoma n’ait jamais eu accès à ces textes, il note leur existence dans un de ses articles302. Cunningham remarquera quelques années plus tard que Csoma était probablement mal informé à propos de ces textes qui, selon lui ont tous été détruits lors de l’invasion d’Ali Mir303. En 1846-47, durant son voyage au Ladakh, Cunningham semble avoir eu accès à un texte en tibétain qui fut traduit pour lui en urdu. Il en a traduit des extraits dans son ouvrage Ladak Physical, Statistical, and Historical304. Selon Cunningham lui-même, la majeure partie du

299 300

301 302 303 304

Alexander Cunningham, op. cit., p. 317. Repris par Francke, AIT, vol. 2, p. 1. Une ancienne : Andrei I. Vostrikov, Tibetan Historical Literature, Calcutta, Indian Studies, Past & Present, 1970, p. 5. Et une plus récente : Dan Martin, Tibetan Histories: a Bibliography of Tibetan Language Historical Works, Chicago, Serindia Publications, 1997, p. 109. AIT, vol. 2, p. 1. Alexander Csoma de Körös, « Table LV. Kings of Tibet, to the subdivision of the country in the tenth century », pp. 290-291 in Prinsep’s Useful Tables. Alexander Cunningham, op. cit. Ibid., p. 318.

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HISTOIRE DU LADAKH manuscrit présentait les idées bouddhistes au sujet de la cosmogonie ou de la théogonie305. La partie traitant de l’histoire débute avec Tsewang Namgyal I et la traduction anglaise se termine avec Delek Namgyal au XVIIe siècle. Malheureusement le manuscrit tibétain ainsi que sa traduction en urdu ont disparu306, nous sommes donc contraints de passer par le travail de Cunningham si nous voulons utiliser ce texte. Francke précise qu’en comparant le travail de Cunningham avec les textes découverts par Karl Marx quelques années plus tard, il ne fait pas de doute que Cunningham ait eu accès à des documents originaux307. Il faut aussi noter que le livre de Cunningham est noté en tant que source dans le Trésor éternel, dans l’introduction et dans la bibliographie308.

b. Présentation des manuscrits disponibles –

Le manuscrit Schlagintweit (Ms.S.)

En 1856, Hermann von Schlagintweit (1826-1882) visite Leh. Il obtient une copie préparée spécialement pour lui par trois moines309 d’après un original appartenant à l’ex-roi du Ladakh Jigmet Namgyal310. Son frère Émil Schlagintweit (1835-1904), resté en Allemagne, édite ce texte et sa version allemande en 1866311. Karl Marx nous décrit ce manuscrit dans le premier de ces trois articles sur l’histoire du Ladakh312. Il note les imperfections de la traduction de Schlagintweit, ce que Petech nuance en rappelant le manque de bons dictionnaires disponibles autour de 1860313. Le texte est écrit en U-can et semble comporter de nombreuses fautes d’orthographes ou erreurs d’épellation, mais aussi des ajouts et des omissions de mots ou de phrases. Ces deux aspects font dire à Karl Marx que les copistes auraient pu remanier le texte original à destination d’un Européen314. Le texte se compose de trois parties : la généalogie des Shakya, une brève histoire des rois du Tibet, et les rois du Ladakh315. La copie de Schlagintweit est conservée à la Bodleian Li-

305 306 307 308 309 310 311 312 313 314 315

Ibid., p. 316. Luciano Petech, The Kingdom of Ladakh, p. 2. AIT, vol. 2, p. 1. LGCT, p. 3 de l’introduction. Voir Annexe 1, p. 124. AIT, op. cit. Francke écrit « trois lamas ». Luciano Petech, op. cit. AIT, vol. 2, p. 3. Émil Schlagintweit, Die Könige von Tibet, verlag der königlichen Bayerischen Akademie der Wissenschaften, Vol. X, Munich, 1866. Karl Marx, « Three Documents Relating to the History of Ladakh », in JASB, 1891, vol. 60, p. 97-98. Luciano Petech, op. cit. AIT, vol. 2, p. 4. Karl Marx, op. cit.

67

HISTOIRE DU LADAKH brary d’Oxford316. L’original, le manuscrit du roi, a disparu et n’apparaît pas dans le catalogue de la bibliothèque du palais de Stok317. Selon Francke, une copie très similaire de ce texte a dû être en possession de Jäschke qui l’a utilisé pour son dictionnaire, cette référence est notée Glr., mais aussi par la suite dans celui de Chandra Das. Les mentions au Glr. reprennent des mots ou passages tibétains similaires au Ms.S., mais Jäschke en donne une autre traduction318. –

Le manuscrit du British Museum (Ms.L.)

Dans l’introduction d’Antiquities of Indian Tibet, Francke cite un manuscrit conservé au British Museum319. Il en fait une description précise bien qu’il n’ait eu accès qu’à des photographies de ce document. C’est un petit livre format tibétain320 comportant soixante-douze feuilles en papier indigo. Il y a cinq lignes de texte écrit en U-can en lettres d’or. Il ne donne pas les origines de ce texte et, comme Petech321, nous indique la référence n°6683 de la collection des manuscrits orientaux du British Museum. Pourtant ni Andrei Vostrikov, ni Dan Martin ne donnent cette référence dans leurs bibliographies historiques respectives322. La première partie du manuscrit traite de cosmologie et de la généalogie du Bouddha, suit ensuite l’histoire de la dynastie du Tibet puis du Ladakh. D’après Francke, le texte est similaire à celui du Ms.S. jusqu’au règne de Senge Namgyal. Ce règne est particulièrement présenté dans le Ms.L., les suivants ne sont que listés sans plus de détails323. –

Les manuscrits de Karl Marx (Mss.A, B et C)

Le premier manuscrit de Karl Marx, Ms.A., compose le premier de ses trois articles dans le JASB324. Il s’agit d’un texte en in-16325 comportant 109 feuilles en bon état. Tout comme les autres documents, le manuscrit débute par la cosmologie, poursuit par la généalogie des Shakya et l’histoire des rois du Tibet. L’histoire du Ladakh jusqu’au règne de Senge Namgyal se prolonge sur vingt feuilles326. Le premier article de Karl Marx contient une introduction précise, le texte en tibétain, sa traduction et de nombreuses notes.

316 317 318 319 320 321 322 323 324 325 326

Michael Aris, « A Note on the Resources for Tibetan Studies at Oxford » in Bodleian Library Record, vol. 10, n°6, Mai 1982. Luciano Petech, op. cit. AIT, vol. 2, p. 1-2. Ibid., p. 6. 23,5 cm X 8,5 cm Luciano Petech, op. cit., p. 1. Andrei I. Vostrikov, op. cit. Dan Martin, op. cit. AIT, op. cit. Karl Marx, op. cit. Format de pliage : 16 folios, dim : entre 15-17.5 cm de haut. AIT, vol. 2, p. 5.

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HISTOIRE DU LADAKH Le second manuscrit de Karl Marx, Ms.B., présente l’histoire de la dynastie Namgyal jusqu’aux invasions dogras327. Bien que très abimé et mal écrit, les quatre feuilles volantes qui le composent donnent des informations importantes sur le déclin de la dynastie. L’article correspondant à ce texte ne contient ni introduction, ni le texte en tibétain et très peu de notes. Ce manuscrit a été difficile à retrouver par Francke malgré l’aide de Tsanden Munshi et Joseph Gergan328. Le dernier manuscrit de Karl Marx, Ms.C., est en deux parties. La première est une commande du Wazir du Ladakh représentant trente trois feuilles. Mal écrit, il est clair que l’auteur, Munshi Palgyas, a pris soin de ne pas offenser son commanditaire dogra. Cette première partie de vingt trois feuilles, éditée avec le Ms.B.329, couvre l’histoire du Tibet et du Ladakh jusqu’aux guerres dogras. Écrite en U-me, avec une traduction en urdu entre les lignes, cette version n’apporte que très peu d’informations nouvelles330. La seconde partie, qui constitue le dernier article de Karl Marx331, a été traduite par sa belle sœur Dora, la femme de Francke. Le texte de six feuilles, écrit en “ladakhi moderne” donne une version très subjective des guerres dogras332.

c. Le travail de Francke Comme l’explique très bien Luciano Petech dans l’introduction de son étude des chroniques du Ladakh333, Francke a compilé tous les manuscrits qu’il avait à sa disposition en un seul texte. Ce qui présente l’avantage de pouvoir reconstituer des parties du texte abimé, mais aussi de mettre en valeur les différentes orthographes utilisées en fonction des manuscrits puisque l’origine de chaque portion de texte est clairement indiquée. De plus, Francke inclut les notes des traducteurs qui l’ont précédés en plus de ses propres notes. Les manuscrits ne donnent aucune date pour les règnes, mais Francke va inclure sa propre datation qui semble plutôt juste pour la première dynastie. Les dates de la seconde dynastie posent problème notamment en raison du manque d’informations qu’il y a à la charnière entre les deux dynasties. Par exemple, les dates de règne qu’il donne pour Senge Namgyal ont au moins vingt ans de retard. Les voyageurs jésuites, Francisco de Azevedo et le père Oliveira ont visité le Ladakh en octobre 1631 et nous donnent une description de Senge Namgyal, or Francke date le règne

327 328 329 330 331 332 333

Karl Marx, « Three Documents Relating to the History of Ladakh », in JASB, 1894, vol. 63, pp. 94-107. AIT, op. cit. Karl Marx, op. cit. AIT, op. cit. Karl Marx, « Three Documents Relating to the History of Ladakh », in JASB, 1902, vol. 71, pp. 21-34. AIT, vol. 2, p. 6. Luciano Petech, A Study on the Chronicles of Ladakh, p. 2.

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HISTOIRE DU LADAKH de Senge Namgyal de 1590 à 1620, ce qui ne correspond pas334. De plus, on peut souligner que Francke se pose la question de « où commence la vérité »335, il considère les rois mythiques comme ayant des origines bön et accepte l’existence historique des ancêtres de Songtsen Gampo cent vingt ans avant lui. Francke compile une histoire du Ladakh à partir de ces manuscrits en conservant le style traditionnel de présentation de l’histoire. Il divise ainsi son travail en dix parties336 : I : les hymnes d’introductions II : la cosmologie et cosmogonie III : la généalogie des Shakya IV: les rois du Tibet jusqu’à Langdarma V : la persécution du bouddhisme par Langdarma VI : les rois de la première dynastie du Tibet Occidental

VII : les rois de la seconde dynastie du Tibet Occidental jusqu’à Senge Namgyal VIII : les derniers rois indépendants du Ladakh IX : l’histoire de la guerre dogra X : le Ladakh après la guerre dogra (1842-1886)

Luciano Petech, dans sa thèse de doctorat, divise ces chapitres en trois sections : une première concernant les brefs traités de cosmologie et la mythologie (I à III), une seconde section à partir des origines de la monarchie tibétaine jusqu’à 842 (IV et V), et une dernière intitulée histoire du Ladakh jusqu’à environ 1635 (VI et VII). Il considère les autres chapitres comme des annexes : une narration jusqu’à 1834 (VIII), les guerres dogras (IX), de 1842 à 1886 (X)337. L’utilisation des manuscrits est répartie ainsi par Francke338 : Parties

Ms.A

Ms.B.

Manuscrits utilisés Ms.C.

Ms.S.

Ms.L.

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(!)

I II

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III

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IV

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V

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VI

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VII

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VIII IX

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X

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! : textes ayant servi de base pour chaque partie. ! : textes apparaissant dans la version finale de Francke pour comparaison. (!) : textes n’apparaissant pas dans la version finale de Francke car très similaires au texte utilisé comme base de chaque partie.

334 335 336 337 338

Abdul Ghani Sheikh, op. cit., p. 22. AIT, op. cit., p. 11. AIT, op. cit., p. 10-11. Luciano Petech, op. cit., p. 3. Ibid.

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HISTOIRE DU LADAKH On constate la grande utilisation des Mss.S et L, qui semblent plus complets que les autres. Ces deux manuscrits sont très similaires et ne diffèrent généralement que par l’orthographe de certains mots, noms et toponymes. On peut aussi remarquer que Francke ne cite pas le Ms.L. pour le chapitre concernant la cosmogonie339. En effet, il ne demanda des photographies du texte qu’à partir de l’histoire de Nyatri Tsenpo, à la trente quatrième feuille340. Il est dommage de ne pas avoir, à titre de comparaison, la version traitant de la cosmogonie tirée de ce texte, soit les trente trois premières feuilles. Francke introduit, dans une onzième partie qui fait office d’annexe, des informations concernant la fiscalité du Ladakh, écrit par l’auteur du Ms.C., Munshi Palgyas. L’énorme travail de Francke permet aux chercheurs d’avoir accès à un texte homogène qui reste attaché à ses origines diverses. Sa traduction, les nombreuses notes de Marx et de luimême permettent de mieux appréhender les difficultés de traduction et d’interprétation à l’époque. Le volume d’AIT se termine par des chroniques dites mineures comme celles du Zanskar ou du Lahul, ainsi que des généalogies. Luciano Petech note ses nombreux points de désaccords avec Francke bien qu’il reconnaisse la qualité de son travail et de sa traduction. Ces oppositions sont notamment liées au fait que Petech est allé chercher dans d’autres sources. Il a étudié des textes tibétains notamment le récit de la vie de Stagtsang Raspa et d’autres grands maîtres du Tibet Central. Il a aussi examiné les histoires mogholes, des documents chinois et les rapports des explorateurs occidentaux341. Selon Abdul Ghani Sheikh, Joseph Gergan n’aurait pas forcement communiqué tous les matériaux à sa disposition342, il rapporte : « Francke admet qu’il y a plusieurs documents historiques au sujet du Ladakh dont il est mal informé. Dans ce contexte, Gergan écrit aussi qu’il était extrêmement difficile pour un Européen d’avoir accès à certains documents historiques du Ladakh en ce temps là. »343 Petech cite le travail de Joseph Gergan et les documents qu’il a collectés et listés tout en soulignant que ces textes, par la suite édités par Dieter Schuh344, demandent une étude critique. À propos du Trésor éternel, il note : « Hormis les documents, ce travail, bien que ne tenant pas à des normes scientifiques modernes, contient bon nombre de témoignages traditionnels, pour lesquels il peut être classé comme un original ».345 339 340 341 342 343 344

Ibid., p. 2. AIT, op. cit., p. 6. Luciano Petech, The Kingdom of Ladakh, pp. 3-4. Entretien du 22/07/2011 avec Abdul Ghani Sheikh. Abdul Ghani Sheikh, op. cit., p. 16. Dieter Schuh, Herrscherurkunden und Privaturkunden aus Westtibet (Ladakh), Halle, International Institute for Tibetan and Buddhist Studies, 2008, 475 p.

71

HISTOIRE DU LADAKH Les chroniques du Ladakh que sont les différents manuscrits présentés par Francke ne représentent qu’une partie de l’histoire de la région. De nombreux autres documents tels que les récits de vie, les lettres, les inventaires, les reçus, les témoignages, sans oublier les inscriptions pétroglyphiques et les chants permettent d’apporter des détails sur certains épisodes. De plus, les chroniques des régions voisines peuvent servir à avoir une idée plus précise concernant des dates, des personnages ou des évènements. Antiquities of Indian Tibet et le Trésor éternel ne peuvent peut-être pas vraiment être comparés en tant que textes analogues. Antiquities of Indian Tibet peut tout à fait servir de base pour présenter la version traditionnelle de l’histoire du Ladakh, ce qui pourra mettre en valeur les apports et influences de Joseph Gergan.

345

Luciano Petech, op. cit., p. 4.

72

Fig. 21 : Dardes 73

Fig. 19 : Pétroglyphes à Saspol

Illustrations

Fig. 20 : Môns

ILLUSTRATIONS

Carte 8 : Le royaume de Nyimagön ~975-1000 (A History of Western Tibet)

Carte 7 : Le royaume de Tsewang Namgyal I et celui de Jamyang Namgyal XVIe siècle (A History of Western Tibet) 74

Fig. 25 : Alchi, le gsum brtsegs lha khang, 1913-1914

Fig. 24 : Khalatse, 1938 75

Fig. 22 : Rinchen Zangpo

ILLUSTRATIONS

Fig. 23 : Alchi, gsum brtsegs lha khang, 2009

Fig. 27 : L’arrivée du premier roi tibétain du Ladakh, dPalgyi-mgon

ILLUSTRATIONS

Fig. 26 : Le roi dNgos-grub

Fig. 28 : Le roi ‘Jam-dbyangs rNam-rgyal 76

Fig. 31 : Temisgam

Fig. 30 : Basgo

77

Fig. 29 : Le roi Tsewang Namgyal I et ses frères, Basgo

ILLUSTRATIONS

Fig. 32 : Leh, 1913-1914

Fig. 34 : Le Namgyal Tsemo

Fig. 33 : Vue générale de Leh, 1938

ILLUSTRATIONS

78

ILLUSTRATIONS

Fig. 35 : La couronne du roi du Ladakh

Fig. 36 : Le roi Tashi Namgyal

Fig. 38 : L’ex-roi Sönam Namgyal, 1913-1914

Fig. 37 : L’ex-roi Künzang Namgyal 79

Fig. 40 : Bazar de Leh, 1873

Fig. 41 : Leh, 2010

Fig. 39 : Bazar de Leh, 1907

ILLUSTRATIONS

Fig. 42 : Bazar de Leh, 1913-1914 80

Fig. 45 : Staktsang Raspa

81

Fig. 46 : Le monastère d’Hémis

Fig. 43 : Les environs de Leh, années 1950

ILLUSTRATIONS

Fig. 44 : Staktsang Raspa

Fig. 50 : Shah Jahan

ILLUSTRATIONS

Fig. 47 : Aurangzeb

Fig. 49 : Palais de Stok, 1913-1914 82

Fig. 48 : Mosquée de Leh, 1913-1914

Fig. 53 : Le fort Zorawar Singh à Leh

83

Fig. 51 : Traité de paix de 1834 entre les dogras et le Ladakh, en persan

ILLUSTRATIONS

Fig. 52 : Tombe de Zorawar Singh à Toyo

TROISIÈME PARTIE LE TRÉSOR ÉTERNEL BLA DWAGS RGYAL RABS ’CHI MED GTER

« Attention, lenteur et patience sont nécessaires. “Un livre est une malle bourrée de quantité de choses, dit-il. À la douane, le préposé y fourrage négligemment pour la forme, mais le chercheur de trésors examine le moindre fil.” Ce n’est que par une longue fréquentation des œuvres qu’on peut espérer en découvrir les secrets à travers les lieux, les personnes et les objets. “Assez curieusement, on ne peut pas lire un livre, assène Nabokov, on ne peut que le relire. Un bon lecteur actif et créateur est un relecteur ». Vladimir Nabokov cité par Cécile Guilbert346

346

Cécile Guilbert, « Les ruses du professeur Nabokov », p. XXX, préface de Vladimir Nabokov, Littératures, Paris, Robert Laffont, 2010, 1211 p.

LE TRÉSOR ÉTERNEL

1. La genèse du texte a. Le titre Une question se pose quant au choix de Joseph Gergan pour le titre de son ouvrage. Chime (tib. : ‘chi med), signifie littéralement « sans mort », ce qui peut être traduit par « immortel » ou « éternel ». Quand à Ter347 (tib. : gter), « trésor », l’utilisation de ce terme rappelle les termas, textes cachés, de la tradition Nyingmapa. Les descendants de Joseph Gergan348 ne connaissent pas la raison du choix de leur ancêtre. Pourtant, plusieurs explications sont possibles. D’une part, il pourrait s’agir d’un hommage à son premier fils Chimed mort en 1929. D’autre part, ce choix a éventuellement été pris pour inclure une tournure chrétienne dans son titre. En effet, bien que Chime soit utilisé dans le bouddhisme, il peut être compris ici sous un aspect chrétien. Traduit comme éternel349, il est possible de comprendre ce choix simplement comme étant la volonté de qualifier son texte d’intemporel. L’affixe Ter est important à étudier aussi. Dans les lignées nyingma et bön, les termas sont des enseignements ou des objets sacrés cachés à une certaine époque pour être redécouverts en temps utile puis divulgués pour le bien des êtres350. L’utilisation de ce mot pourrait insinuer le fait que Joseph Gergan nous révèle, dans son histoire du Ladakh, des faits rarement traités, cachés ou oubliés qui lui semblent important à rappeler pour l’avenir de sa région. Si éternel peut contraster avec la vision bouddhiste, le trésor reste attaché dans une certaine mesure avec l’idée tibétaine des textes révélés. Bien que l’explication du titre ne reste qu’hypothétique, il pourrait indiquer la vision chrétienne de l’auteur tout en restant ancré dans la culture de son pays. Il se peut aussi qu’il ne faille pas chercher plus loin que le fait que l’auteur ait été conscient de la valeur « éternelle » de son texte.

b. Le fonds Gergan À la fin de l’ouvrage de Joseph Gergan, se trouve des annexes récapitulant les documents, édits et contrats utilisés comme sources de son travail en plus de sa bibliographie. Ils représentent le fonds Gergan qui a été récupéré par son fils S.S. Gergan mais qui malheureusement

347 348 349 350

Prononcé ster au Ladakh. Entretiens avec Elijah Gergan (son petit-fils) et Naomi Sönam (son arrière petite-fille). Roberto Vitali, A treasure truly eternal: in praise of Joseph Gergan’s Bla dwags rgyal rabs ’chi med gter, intervention lors de la quinzième conférence de l’IALS à Leh le 21 aout 2011. Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme, Paris, Seuil, 2006, p. 620.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL semble avoir disparu351 aujourd’hui. En 1978, Dieter Schuh rencontra S.S. Gergan à Srinagar, il photographia la collection de documents recueillis par Joseph Gergan et l’invita à l’université de Bonn. Nous traiterons ici succinctement de l’index donné par Joseph Gergan à la fin de son histoire du Ladakh, et de l’édition du travail de Dieter Schuh352, accessible seulement depuis 2008, contenant en particulier des facsimile de la collection Gergan. Les annexes 3 à 10 du Trésor éternel recensent, sous forme de tableaux les documents que Joseph Gergan a pu recueillir durant ses recherches. Soixante et un textes sont rapportés allant du règne de Senge Namgyal à celui de Tsepal Döndrup Namgyal, du XVIIe siècle au début du XIXe siècle. Plus de la moitié des documents datent des règnes les plus importants. À l’exception de celui de Senge Namgyal dont un seul texte ressort, on compte quatorze documents de l’époque de Nyima Namgyal, dix-huit sous le règne de Tsewang Namgyal II et dix sous Tsepal Döndrup Namgyal. Il s’agit, en majorité, d’ordres royaux concernant l’octroi de terres ou de privilèges, dont la plupart proviennent directement du palais de Leh, et sont à destination de divers personnages plus ou moins illustres. On observe plusieurs tentatives de classer sa collection. Un nombre est attribué pour chaque règne, de 1 pour Senge Namgyal à 11 pour Tsepal Döndrup Namgyal. Ayant plusieurs documents sous les règnes de Deldan Namgyal et de Delek Namgyal, le classement se poursuit d’une manière tibétaine, avec l’alphabet Ka pour le premier, puis Kha… Ce qu’il modifie pour les textes de l’époque de Nyima Namgyal en optant pour une numérotation par chiffres, à partir de 0353. Ces hésitations quant à la classification de sa collection peuvent indiquer une volonté de se rapprocher d’un système de classification plus occidental. Dans son tableau, Joseph Gergan nous donne les dates du calendrier tibétain et celles du calendrier grégorien qu’il utilise dans tout son texte. Mis à part le document 6, où la date est décalée d’un cycle, toutes ses conversions concordent avec les tables de conversions utilisées actuellement. Le travail de Dieter Schuh permet aussi de mieux appréhender le fonds Gergan. En effet, les soixante-neuf documents présentés dans son ouvrage ne correspondent pas tous avec l’inventaire fait par Gergan à la fin de son ouvrage. Outre le fait que des documents aient pu être perdus, il semble surtout que Gergan n’a inventorié que les documents royaux, contrairement à Schuh qui a introduit aussi des contrats et lettres. Schuh présente quarante-six documents royaux, trois lettres officielles, quatre contrats privés approuvés par le roi, et douze

351 352 353

Entretien du 22/07/2011 avec Elijah Gergan, petit fils de Joseph, confirmé par John Bray. Dieter Schuh, Herrscherurkunden und Privaturkunden aus Westtibet (Ladakh), Halle, International Institute for Tibetan and Buddhist Studies, 2008, 475 p. À l’exception des textes du règnes de Tseten Namgyal qui semblent être numéroté à partir de 1.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL documents divers et lacunaires354. Il donne les références des documents correspondants dans les inventaires de Gergan et de Petech. Tous les documents sont entièrement en tibétains à l’exception du numéro 65, qui comporte un sceau en écriture persane355. Tous ces documents comportent divers éléments intéressants pour l’étude de la région, et ce à différents points de vue. Ils traitent d’initiatives diplomatiques, de campagnes militaires contre le Baltistan, d’octroi de privilèges, des musulmans au Ladakh… Le fonds Gergan, ou du moins les facsimile sauvés par Dieter Schuh, révèle de nombreux aspects de l’histoire et de la société ladakhie. Ces documents, et d’autres découverts plus tard356, restent encore à être étudier en détail.

c. Le concept temporel Au cours d’entretiens avec le petit-fils de Joseph Gergan, ce dernier a soulevé l’importance de la différence qu’il y a dans la conception du temps chrétien et bouddhiste357. Elijah Gergan présente simplement les choses en opposant un point de vue cyclique bouddhiste et un temps linéaire chrétien. En d’autres mots, il indique que le sens de l’histoire n’est pas un accomplissement lorsque le temps est circulaire, mais l’est dans l’idée chrétienne du temps. Le travail de Mircea Eliade, bien que critiqué en partie aujourd’hui358, reste une référence avec son aîné Georges Dumézil (1898-1986) en ce qui concerne la description des civilisations anciennes à travers leurs mythes. Au regard de ces recherches récentes concernant la vie et l’œuvre de Mircea Eliade, son attrait pour l’occulte semble avoir été le moteur de ses intérêts. Ainsi ses descriptions des sociétés traditionnelles restent de qualités à l’exception de certains travaux359. Les critiques portent particulièrement sur sa relation avec le monde moderne, et plus particulièrement judéo-chrétien, ses descriptions relatives à ce sujet se révèlent moins objectives. Les reproches faits à l’encontre de Mircea Eliade se rapprochent de ceux faits à l’égard de Sven Hedin quant à ses relations avec l’Allemagne Nazie. À la différence que pour l’un, Sven Hedin, ses liens avec l’Allemagne et l’idéologie Nazie sont tardifs et se situent 354 355 356

357 358

359

Voir Annexe 17, p. 168. Dieter Schuh, op. cit., p. 378. Voir : Peter Schwieger, « Documents on the Early History of He-Na-Ku, a Petty Chiefdom in Ladakh », pp. 161-174 in John Bray (ed.), Ladakhi histories: Local and regional perspectives, Leiden, Brill, 2005, 402 p. Entretien du 22/07/2011 avec Elijah Gergan, petit fils de Joseph. Michael Löwy, « Daniel Dubuisson, Impostures et pseudo-science. L'œuvre de Mircea Eliade », dans Archives de sciences sociales des religions, juillet - décembre 2005, pp. 131-132. Daniel Dubuisson, « L'ésotérisme fascisant de Mircea Eliade » dans Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 106-107, mars 1995, pp. 42-51. Daniel Dubuisson, Mythologies du XXe siècle : Dumézil, Lévi-Strauss, Eliade, Lille, Presses du Septentrion, 2008, 320 p. Claude Le Manchec, « Mircéa Eliade, le chamanisme et la littérature » dans Revue de l'histoire des religions, tome 208, n°1, 1991. pp. 27-48.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL durant la période qui suit ses recherches, alors que c’est l’inverse en ce qui concerne Mircea Eliade. Quoi qu’il en soit, si les motivations ou les prises de positions du chercheur peuvent parfois l’orienter vers de mauvaises conclusions, ses sources et ses constatations peuvent être de qualités. Deux ouvrages principaux traitent des conceptions de l’être et de la réalité dans le comportement des sociétés : Le mythe de l’éternel retour360, et Le sacré et le profane361. Le premier traite principalement des sociétés dites traditionnelles, alors que le second semble s’attarder sur les religions du Livre. En se basant sur divers modèles exposés par Mircea Eliade, dans Le mythe de l’éternel retour, qu’il aurait aussi pu nommer Introduction à une Philosophie de l’Histoire362, nous nous efforcerons de donner des exemples correspondants dans la société tibétaine et ladakhie. À travers cette étude, il aide à mieux appréhender la vision du monde et de l’histoire des civilisations. –

Centralité

Les événements et la réalité dans laquelle les sociétés traditionnelles se trouvent sont marqués par l’aspect sacré qui y est apposé. Ainsi, l’habitat, la ville ou le village rappellent les cosmogonies dans leur symbolisme 363 . Le centre revêt une importance particulière 364 à l’image du foyer de la maison. Ces aspects sont visibles dans la société traditionnelle tibétaine sédentaire comme nomade à travers le concept d’un monde fondée autour d’un axis mundi, le mont Meru assimilé au mont Kailash mais aussi par la conscience de vivre dans une région centrale365. L’attachement à un monde sacré se retrouve à l’échelle de la vallée et du village avec les lha tho, et par la sacralisation de l’espace ceint d’ouvrages religieux comme les Chorten et les murs à Mani. L’organisation366 à l’intérieur de la maison ou de la tente et les divinités qui y siègent367 sont encore un exemple à l’échelle de la famille de cette omniprésence du sacré pour décrire le réel. Le corps lui-même pourrait aussi être décrit ainsi. Tout

360 361 362 363 364 365

366 367

Mircea Eliade, Le mythe de l’éternel retour, archétypes et répétition, Paris, Gallimard, 1969, 182 p. [première édition française en 1949] Mircea Eliade, Le sacré et le profane, Paris, Gallimard, 1965, 185 p. Mircea Eliade, Le mythe de l’éternel retour, p. 11. Ibid., p. 30. Ibid., p. 24. P.T. 1286, lignes 35-37 : « gnam gyi ni dbus / sa’i dkyil / gling gi ni snying po / gangs kyi ni ra ba / chu bo kun gyi ni mgo bo / ri mtho sa gtsang / yul bzang / myi ‘dzangs shing dpa’ du skye / chos bzang du byed / rta mgyogs su ‘phel ba’i gnas / (…) » - « Milieu du ciel – Centre de la terre – Cœur du monde – Entouré de montagnes enneigées – Sources de toutes les rivières – Hautes montagnes, terre pure – Pays agréable – Où les hommes naissent sages, courageux – Et pieux – Où se déploient les chevaux rapides ». Voir aussi : Lama Jabb, « Singing the Nation: Modern Tibetan Music And National Identity », dans Revue d’Études Tibétaines, Octobre 2011, n° 21, pp. 20-30. Samten G. Karmay, The Arrow and the Spindle: Studies in History, Myths, Rituals and Beliefs in Tibet, Katmandu, Mandala, 1998, pp. 89-91. Samten G. Karmay, op. cit., pp. 200-205. thab lha.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL l’environnement et le paysage peuvent être rattachés au sacré : les montagnes, fleuves, lacs, arbres, pierres… C’est ce que Rolf Stein explique et relie en quelques lignes : « Tous ces “sièges de l’âme” ne se distinguent guère des êtres ou objets qui sont l’habitat d’une divinité ou plutôt qui sont eux-mêmes des divinités. Les arbres-âmes ou arbres-de-vie (bla shing) d’une personne sont identiques aux arbres sacrés ou arbres-dieux (lha shing) auxquels on rend un culte et qu’il est naturellement interdit de couper […]. Ce sont tantôt des arbres solitaires, tantôt des bosquets sacrés. Il en est de même des lacs, rochers ou montagnes. Les “dieux du pays” (yul lha) et les dieux guerriers sont autant dans le site naturel que dans le corps humain. On les considère comme d’anciens rois, héros ou guerriers morts dont l’âme exaltée par les exploits survit et devient une divinité protectrice »368. La place de la montagne, son culte ainsi que l’organisation de l’espace sont des thèmes régulièrement abordés par Samten Karmay dans The Arrow and the Spindle. –

Cosmogonies

Dans le monde traditionnel, tout semble rappeler les cosmogonies, toutes les activités sont susceptibles d’évoquer la réitération d’un événement : les fêtes de nouvel an (qui, notons le varient d’une région à l’autre du Tibet et selon les classes sociales), les offrandes aux divinités, les mariages, les divers rites de purification ou de protection… Les activités les plus profanes trouvent aussi leurs origines dans des mythes fondateurs369 : mythe d’origine des tribus tibétaines, l’apparition de l’agriculture, le tir à l’arc, la domestication des chevaux, le jeu de dé, la danse370, les instruments de musique371, les arts… C’est ce que Rolf Stein relève une fois de plus dans son article « Du récit au rituel dans les manuscrits tibétains de TouenHouang »372. Il note qu’en fonction des traditions, le récit des origines d’animaux, d’objets ou de coutumes utilisés dans les rituels prend plus ou moins de place mais est toujours présent373. Le cas des Mosso est particulièrement remarquable. Dans ses Recherches sur l’épopée et le barde au Tibet, Rolf Stein précise même que la récitation des contes est l’une des neufs espèces d’exercices de l’homme parfait374. Les fêtes du nouvel an basées sur un rythme “biocosmique” de régénération naturelle sont marquées par des cérémonies périodiques375, expulsions des démons puis rituels de bons au-

368 369 370 371

372 373 374 375

Rolf Stein, La civilisation tibétaine, p. 199. Mircea Eliade, op. cit., p. 41. Samten G. Karmay, op. cit., p. 196. Mireille Helffer, « L’origine des instruments de musique d’après un texte bon-po du XIXe siècle » pp. 343364 dans Samten Karmay et Philippe Sagant (ed.), Les habitants du toit du monde, études recueillies en hommage à Alexander W. Macdonald, Nanterre, Société d’ethnologie, 1997, 747 p. Rolf Stein, « Du récit au rituel dans les manuscrits tibétains de Touen-Houang » pp. 479-547 dans Ariane Mcdonald (ed.), Études tibétaines dédiées à la mémoire de M. Lalou, Paris, A. Maisoneuve, 1971, 573 p. Ibid., pp. 535-536. Rolf Stein, Recherches sur l’épopée et le barde au Tibet, Paris, PUF, Bibliothèque de l’Institut des Hautes Études chinoises, vol. XIII, 1959, pp. 328-329. lo rgyus kyis dge ‘thon pa Mircea Eliade, op. cit., p. 67.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL gures. Au delà de la simple répétition d’un modèle, ces rituels de purification peuvent être eux-aussi rattachés à la vision traditionnelle du monde cherchant ainsi à ne pas perdre le contact avec l’être376. La volonté de purification semble liée plus à une faute primordiale qu’à une faute répétée. Cette “faute” serait à l’origine de la rupture entre le divin et l’humain, ainsi, Drigum coupe la corde rmu377 qui reliait les rois du Tibet au ciel. Cette idée de faute à purifier se retrouve aussi dans les recherches de Stein. En effet, bien qu’il n’y a pas qu’une seule histoire des origines, il décrit la structure des récits d’origine débutant par un âge d’or qui est ensuite “inversé” avec un âge de calamités, on observe par la suite la rupture d’avec les dieux378. D’autre part, selon la vision bouddhiste, l’homme vit dans des temps de dégénérescence, cet aspect explique aussi la volonté de purification et de rappel de la condition humaine en se distinguant des animaux. Au Ladakh, où les récits d’origines recueillis par Patrick Kaplanian379 se rapprochent des mythes tibétains, on observe un intérêt plus accru à l’égard des origines du peuplement. Pourtant on peut faire les mêmes observations : les histoires des origines des populations du Ladakh permettent de donner nombre d’explications sur les métiers, les toponymes. Selon P. Kaplanian, il n’est pas étonnant que les habitants du Ladakh s’intéressent moins aux origines de l’humanité puisqu’il n’y a pas d’autochtones, « les Ladakhis sont le produit de plusieurs couches de populations successives »380. La version des “trois hommes de Gilgit”381 citée par Kaplanian reprend de nombreux aspects déjà vus : âge d’or et relation avec les dieux, l’esprit devient mauvais et séparation des dieux… De plus, il note l’importance de la transformation de l’animal en homme, du dieu en homme ou de la plante en homme382, d’où l’importance de la purification pour ne pas inverser le processus. –

Archétype

Ainsi, comme le rappelle Mircea Eliade, « un objet ou un acte ne devient réel que dans la mesure où il imite ou répète un archétype »383. Cette conception marque fortement la relation entre le mythe et l’Histoire présente dans les sociétés traditionnelles. Au delà du modèle proposé par les cosmogonies et théogonies (que l’on trouve au Tibet et qui ont été bouddhisée),

376 377 378

379

380 381 382 383

Ibid., p. 109. rmu thag, dmu thag, dmu dag. Rolf Stein, « Du récit au rituel dans les manuscrits tibétains de Touen-Houang », p. 483 et pp. 490-491. Voir aussi : Samten G. Karmay, « Tibetan Indigenous Myths and Rituals with Reference to the Ancient Bön Text » pp. 54-68 in José Ignacio Cabezon (ed.), Tibetan Ritual, Oxford, Oxford University Press, 2010, p. 55. Patrick Kaplanian, « Mythes et légendes sur les origines du peuplement du Ladakh » pp. 255-270, in Ernst Steinkellner (ed.), Tibetan history and Language: Studies dedicated to Uray Géza on his seventieth birthday, Wien, Arbeitskreis für tibetische und buddhistiche Studien, 1991, 536 p. Ibid., p. 260. Ibid., p. 261. Ibid., p. 262. Ibid., p. 48.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL le héros apporte un repère supplémentaire aux civilisations384. C’est la figure de Gesar et son mythe qui représente cet aspect : d’une part pour le Ladakh385 comme pour d’autres régions du Tibet il est considéré comme leur premier gouverneur, d’autre part il apparaît dans le paysage par des autels qui sont consacrés à certains épisodes de son épopée386. L’épopée, que certains appellent aussi la saga, de Gesar comporte des éléments se rapportant au contexte proprement tibétain, mais aussi plus largement centrasiatique387. Cet archétype du héros induit à mythifier plus ou moins des personnages historiques388 et en premier lieu ce héros dont rien n’est moins sûr au sujet de son existence. C’est le cas de certains rois du Tibet comme Nyatri Tsenpo, Lhatotori Nyantsen, Drigum ou les trois Chögyal. Langdarma est aussi un exemple de cette mythification, celle de l’antihéros. Tout comme Drigum marquait la rupture d’avec le ciel, l’assassinat de Langdarma par Lhalung Palgyi Dorje indique que l’exemple du héros n’est pas uniquement l’apanage des rois. Pour le Ladakh, et dans une époque plus proche, les récits entourant l’histoire de Senge Namgyal tendent à le mythifier a posteriori : la légende du rêve d’Ali Mir389, la reconnaissance de sa mère Gyal Khatun comme étant une émanation de Tara, mais aussi la comparaison qui est fait de lui avec le Bouddha390… Le cas de Senge Namgyal est probablement le plus frappant dans l’histoire du Ladakh, mais d’autres exemples peuvent être donnés concernant le Ladakh et plus largement le Tibet. Le lien entre le mythe, la tradition et l’Histoire étant si présent, on peut penser que c’est cet aspect qui a fait commettre des erreurs aux premiers chercheurs occidentaux comme Francke qui a considéré le Ladakh comme étant le royaume de Nyatri Tsenpo 391. –

Le cycle du temps

Les grands cycles cosmiques qui marquent les traditions religieuses de l’Inde d’où le bouddhisme tire ses racines soulignent les différences entre les deux points de vue qui ont été nommés vision traditionnelle bouddhiste (et bön) et vision “moderne” chrétienne. Mircea Eliade indique à propos des cycles cosmiques : « Nous devons y revenir, parce que c’est là que ce précisent pour la première fois deux orientations distinctes : l’une traditionnelle, pressentie (sans avoir jamais été formulée avec limpidité) dans toutes les cultures “primitives”, celle

384 385 386 387 388 389 390

391

Ibid., p. 54. Cf. note 188, p. 50. Rolf Stein, Recherches sur l’épopée et le barde au Tibet, pp. 109-135. Ibid. Mircea Eliade, op. cit. Voir note 237, p. 57. Ibid., p. 39 et p. 108 : « chung ngu’i dus nas sku stobs shin tu che bas […] sgyus rtsal thams cad sngon gyi zas gtsang sras po don grub lta bu’o » ; « Dès son enfance, il était très fort […] dans toutes sortes d’activités physiques, il était comparé au Bouddha le fils de Suddhodana. » A.H. Francke, « The Kingdom of gNya khri btsanpo, the First King of Ladakh » in JASB 6, 1910, pp. 93-99.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL du temps-cyclique, se régénérant ad infinitum – l’autre, “moderne”, du tempsfini, fragment (quoique cyclique lui aussi) entre deux infinis atemporels. »392 La répétition du cycle, création-destruction-recréation, à diverses échelles induit que l’homme ne peut s’échapper de ce cercle que par un acte de liberté spirituelle393. La division du temps en quatre yuga permet d’expliquer et de justifier les catastrophes et la décadence progressive de l’homme394. Dans ce contexte bouddhiste de décadence de l’homme395 et de causalité, le rôle et le ressenti de la souffrance est important dans la vision des événements historiques396. En effet c’est ce qui lui permet d’endurer les souffrances de l’histoire car celles-ci ne sont pas le fait du hasard, mais du karma ou d’influences magiques397. Cette conception explique d’autant plus l’existence de divers rituels : contre les maladies398, contre des esprits399, contre des poisons400… On peut ainsi considérer les divinations comme des rites pré-karma (avant que l’action ne soit faite), les purifications et les rituels apotropaïques comme étant intermédiaires (l’action a été faite, mais le résultat n’a pas encore été ressenti), et les rites de guérison comme des post-karma (le résultat est en train de se faire ressentir)401. Les souffrances ne semblent ni gratuites, ni arbitraires et sont le résultat des actions passées. À ce sujet, Mircea Eliade indique : « Si nous ne retrouvons nulle part dans le monde archaïque une formule aussi explicite que celle du karma pour rendre compte de la “normalité” des souffrances, nous rencontrons cependant partout une égale tendance à accorder à la douleur et aux événements historiques une “signification normale” »402. –

L’Homme et l’Histoire

Pour finir, Mircea Eliade conclut en incorporant les points abordés avec la vision de l’histoire selon l’homme traditionnel. Il tente de présenter une évolution de la pensée de l’histoire à travers le regard des religions du salut que sont le judaïsme et le christianisme. Ainsi, il se propose de « confronter l'“homme historique” (moderne) qui se sait et se veut créateur d'histoire, avec l'homme des civilisations traditionnelles qui avait à l'égard de l'histoire une attitude négative »403. La question est de se demander comment l’homme “survit” au

392 393 394 395 396 397 398 399 400 401 402 403

Mircea Eliade, op. cit., pp. 130-131. Ibid., pp. 133-134. Ibid., pp. 136-137. Ibid., pp. 135. Ibid., p. 111. Ibid., pp. 113-114. Rolf Stein, « Du récit au rituel dans les manuscrits tibétains de Touen-Houang », p. 483. Marcelle Lalou, « Le culte des Nagas et la thérapeutique » dans Journal Asiatique, CCXXX, janvier-mars 1938, pp. 1-19. Marcelle Lalou, « Fiefs, poisons et guérisseurs » dans Journal Asiatique, CCXLVI, 1958, pp. 157-201. Rolf Stein, op. cit., p. 482. Mircea Eliade, op. cit., p. 117. Ibid., p. 158.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL temps et à l’histoire, comment il lui donne un sens. Si l’utilisation d’archétypes et d’une certaine vision cyclique du temps semble l’apanage des société dites traditionnelles, ces conceptions n’ont pas totalement disparu dans les sociétés dites modernes. Les saints, les rites de passages… restent présents mais ont changé de rôle404. Ils permettent d’unifier une communauté, mais c’est la vision du salut, du chemin et du sacrifice du prophète qui donne un sens à l’histoire. Le rôle du prophète, le concept de jugement dernier et de fin des temps place ces communautés dans un temps linéaire. Mais, tout comme les théories d’Hegel impliquant un “Esprit Universel” ayant la volonté que les événements aient lieux405, ces philosophies historicistes ne permettent pas pour autant d’échapper aux souffrances dues à l’Histoire. Pour combattre ces souffrances, les uns ont recours aux rites pour se projeter dans un temps mythique, alors que les autres font appel à la croyance en un Dieu406. La différence entre les sociétés modernes et traditionnelles semble résider dans la valeur que chacune d’elles donnent aux événements. Pour Mircea Eliade, l’homme traditionnel refuse son histoire en acceptant une autre qui n’est pas la sienne, celle des héros mythiques. Les sociétés modernes seraient marquées par le fait qu’elles semblent vouloir créer leur histoire, ne plus être qu’un sujet mais prendre conscience de leur rôle. Au regard des descriptions de Mircea Eliade sur les sociétés et le rôle de leurs mythes dans leurs conceptions de l’être et du réel, l’homme traditionnel voit le temps cyclique comme quelque-chose de positif. Cet éternel retour est en quelque sorte indispensable pour que le monde tienne debout, comme dans l’hindouisme où la rita doit être respectée pour maintenir le dharma, l’ordre. Pourtant dans le bouddhisme, le cycle éternel du samsara apparaît au contraire comme quelque-chose de négatif, source de souffrances. Le bouddhisme, grâce à l’assimilation de rites locaux, semble être dans une situation intermédiaire entre une société traditionnelle et moderne comme le décrit Mircea Eliade. Au Tibet, le bön semble avoir fait le même chemin cette fois-ci en assimilant des aspects du bouddhisme. Les croyances de la société archaïque du Tibet sont probablement à rechercher dans ce que Rolf Stein a appelé la “religion sans nom”. On observe un retour vers ce temps cyclique dans les religions abrahamiques par les liturgies, ce qui est à l’origine des critiques faites envers Mircea Eliade. Mais aucune linéarité n’est recherchée dans les religions que l’on pourrait qualifier d’intermédiaires. Pourtant, à bien y regarder, si la linéarité du christianisme est légitimée par le salut et le jugement dernier, le bouddhisme aussi propose un salut qui est l’éveil. Ainsi au-

404 405 406

Ibid., p. 159-160. Ibid., p. 165-166. Ibid., p. 181.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL cune société ne fonctionne qu’avec une conception du temps cyclique ou linéaire, mais en spirale cyclo-linéaire. Si on peut dire que la tendance cyclique est plus importante dans le bouddhisme que dans le christianisme, ce n’est pas pour autant qu’un temps linéaire est a bannir, et vice-versa. La conception chrétienne ou bouddhiste du temps ne permet pas de qualifier une vision moderne ou non de l’Histoire, tout dépend de la place de la composante traditionnelle, cyclique, que l’historien adopte. Ainsi, malgré les propos de son petit-fils, nous verrons que Joseph Gergan, bien que chrétien, peut s’inscrire dans une description traditionnelle de l’histoire de son pays. Si Joseph Gergan est régulièrement cité comme un des premiers Ladakhis moderne, c’est peut-être plus dans ses méthodes de travail, dans son ouverture d’esprit que par sa présentation de l’histoire.

d. Les raisons et conséquences –

Raisons

Nous pouvons proposer plusieurs raisons quant à l’écriture du Trésor éternel par Joseph Gergan. Tout d’abord il affirme le fait d’être Ladakhi, lui dont la famille est originaire du Tibet Central et qui s’est converti au christianisme. Ensuite, au regard de l’époque de sa composition, la population du Ladakh en ce début de XXe siècle semble être toujours très touchée par les conséquences des guerres dogra, dans ce contexte Joseph Gergan a pu avoir une motivation supplémentaire de présenter cette histoire en plein changements. L’histoire récente était bien présente, mais qu’en était-il vraiment des périodes antérieures ? Pierre Vittoz rapporte quelques années plus tard : « Un instituteur se plaignit que ses écoliers ne savaient rien du passé de leur petit pays du Ladak (sic). Un marchand confessa n’en rien savoir non plus lui-même, ajoutant qu’il ne demanderait pas mieux que d’en entendre parler ou d’en lire quelque chose »407. Enfin son travail aux côtés de chercheurs comme Francke ou Tucci lui a apporté la possibilité de mettre la main sur des documents d’exceptions, mais aussi de réaliser et d’affirmer la singularité de sa culture ladakhie et plus largement tibétaine. Outre les raisons de l’écriture de cette histoire, nous pouvons aussi nous demander pourquoi la présentation de Joseph Gergan s’arrête à la fin de la conquête dogra. D’une part, il est difficile de prendre du recul vis-à-vis des événements contemporains, de les comparer et de les critiquer408. D’autre part, ce point confirme peut-être les mots de Mircea Eliade au sujet de 407 408

Pierre et Catherine Vittoz, op. cit., p. 171. Derek F. Maher, « Sacralized Warfare: The Fifth Dalai Lama and the Discourse of Religious Violence », pp. 77-90 dans M.K. Jerryson et M. Juergensmeyer (eds), Buddhist Warfare, Oxford, Oxford Unity Press, 2010, 257 p.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL

« l’“homme historique” (moderne) qui se sait et veut créateur d’histoire »409. Joseph Gergan, conscient de créer une partie de l’histoire de son pays, laisse ses descendants écrire sa propre histoire qui est encore en mouvement. L’objectivité recherchée par l’historien semble être une question que s’est posée S.S. Gergan si ce n’est son père ; en effet, la principale critique faite vis-à-vis du travail d’Hashmatullah Khan concerne son manque d’objectivité : « À propos des armées sikhes il est écrit sans qu’il y ait d’écriture qui ne soit pas partisane dans les chroniques de Molwi Hashmatullah Khan […]. Voici ce qu’il y a dans ses chroniques : “Parmi ces livres une “chronique” du Ministre Zorawar Singh Kalhorya m'a offert une suggestion pour mes écrits à propos de l'attaque du Ladakh. À la lecture [de son livre] je me suis rendu compte que des évènements extrêmement incomplets et fragmentaires y sont décrits, ce qui a fait naître chez la jeunesse du Ladakh une opinion erronée à propos des Dogras. […]”. Il n’a pas pu écrire honnêtement, Molwi Hashmatullah étant chef d’un district gouverné par la politique dogra »410. S.S. Gergan a aussi fait des critiques à l’encontre de Francke au sujet du peu de place que ce dernier a donné aux descriptions des dégâts infligés au Ladakh et à sa population par Basti Ram. Bien que les guerres dogra aient été violentes et aient fortement marqué le Ladakh, on peut tout de même se poser la question de l’objectivité de S.S. Gergan au sujet de cette période en particulier. –

Conséquences

Le travail de Joseph Gergan peut être considéré comme les prémisses de la prise de conscience du peuple du Ladakh en tant que nation au sein de ce qui allait devenir l’Union Indienne. Le Ladakh de Joseph Gergan était en pleine mutation, il subissait encore les conséquences des guerres dogras, et l’influence de l’empire britannique alors que les mouvements pour l’indépendance de l’Inde se faisaient sentir. Ce que nous pourrions appeler “réveil nationaliste” est le fruit de multiples personnes et influences dont Joseph Gergan ne représente qu’un aspect. Quelques années après le décès de Joseph Gergan, Pierre et Catherine Vittoz sont les témoins des activités ladakhies au sujet d’un groupe d’étude de la culture du Ladakh411. Plusieurs chrétiens participèrent dont Eliyah

409 410 411

Mircea Eliade, op. cit., p. 158. Voir Annexe 1, p. 118. Pierre et Catherine Vittoz, op. cit., p. 169.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL Tseten Phuntsog et S.S. Gergan qui « proposa qu’on dressât une liste de “monuments historiques” »412. Pierre Vittoz note, malgré sa crainte du nationalisme : « J’en suis venu à penser que ce sens national est nécessaire aux chrétiens de l’Himalaya – et d’ailleurs. Il leur donne la possibilité de se réintégrer dans leur société nationale et d’y travailler à son bien »413. Pierre Vittoz est un témoin précieux et compréhensif de ces changements, de cette “éclosion d’une conscience nationale”414. Plusieurs passages de son chapitre intitulé Aube dans son livre Un autre Himalaya décrivent les mutations en cours : « Au lieu d’en ramener une admiration irréfléchie pour le génie indien ou la culture occidentale telle qu’elle apparaît dans les villes de l’Inde, ils avaient réussi à dominer leurs impressions et à étudier cette civilisation. Mais plutôt que de la juger, ils avaient fait un retour sur eux-mêmes. Et ils avaient – par comparaison, par opposition quelquefois – compris l’importance de leur propre passé. […] Un peuple, […] se découvrait distinct par sa culture, et en même temps portait un jugement de valeur sur sa langue, sa littérature, ses arts, ses traditions, en un mot, son esprit »415. Le travail sur la langue, bien que presque inexistant aujourd’hui, semble avoir été l’activité la plus nationaliste : « Affirmer la valeur de la langue ladaque (sic), c’était presque adresser un défi à l’hindi, langue officielle de l’Inde et du Cachemire et facteur important de l’unité indienne. C’était un germe d’opposition à l’Union Indienne dont le Ladak fait partie »416. Il ne traite pas uniquement des changements dans la société ladakhie en général, mais aussi au sein de la communauté chrétienne en affirmant que les Ladakhis sont responsables d’euxmêmes et de leur communauté : « L’Église s’est rendu compte qu’elle avait dans ses rangs des gens de l’étoffe dont on fait les responsables, et qu’elle était capable de les soutenir et de les suivre. Elle a désiré prendre l’initiative matérielle et spirituelle »417. Bien que Joseph Gergan n’ait pas été l’acteur de ces mutations dans la société ladakhie, on peut considérer qu’il fut l’un de ceux qui ont préparé la région à la modernité, ceux qui ont planté les graines de cette “conscience nationale”. Le témoignage des époux Vittoz date des années 1950, soit une vingtaine d’années avant l’édition posthume de l’ouvrage de Gergan. Nous pouvons concevoir que S.S. Gergan a décidé cette édition en raison des discutions et demandes des Ladakhis. Durant les trente ans qui séparent le décès de Joseph Gergan et la parution du Trésor éternel, son fils S.S. Gergan a très probablement fait des ajouts au manus-

412 413 414 415 416 417

Ibid., p. 171. Ibid., p.176. Ibid., p. 171. Ibid., pp. 171-172. Ibid., p.175. Ibid., p. 176.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL crit de son père, il est même parfois présenté comme l’auteur. Malgré cela, il est indéniable que la base et la majorité du travail présenté est de Joseph.

2. Le texte L’ouvrage de Joseph Gergan fut édité par son fils S.S. Gergan (bSod-nams sKyabs-ldan) en 1976, presque trente ans après la mort de son père. S.S. Gergan a aussi écrit l’introduction et probablement certains passages. Il y cite aussi les différentes sources, explique le travail de son père, et décrit quelques événements historiques marquants. Nous verrons ici en quoi cette présentation de l’histoire du Ladakh, et plus largement du Tibet Occidental, par Joseph Gergan et son fils peut se rapprocher ou s’éloigner des versions traditionnelles recueillies par Francke. De plus, certains passages permettront de mettre en lumière quelques aspects qui semblent marquer une influence sur ce travail.

a. La forme Nous nous intéresserons ici non seulement sur les éléments qui constituent ce livre, mais aussi sur son plan. Tout d’abord, il est bon de rappeler que ce travail compte plus de six cents pages contre à peine cinquante pour la compilation des textes anciens418. Pour faire une comparaison plus juste, il faut rajouter à ce compte ce que Francke nomme les “chroniques mineures”, qui traitent des régions adjacentes du Ladakh à proprement parler, ce qui fait une centaine de pages. Cette différence quantitative souligne à elle seule l’apport du travail de Joseph Gergan concernant l’histoire. –

Notes de bas de pages

S.S. Gergan a annoté le travail de son père. Bien que ces notes de bas de page soit assez peu nombreuses, cet aspect marque une différence importante avec les textes anciens. Ces précisions sont de différents ordres : il donne parfois des sources, précise des dates, rappelle le contexte historique… Joseph Gergan semble avoir lui aussi ajouté des notes en particulier dans la partie concernant les guerres sikhes. Après avoir présenté ses sources, il est précisé : « Comme il y a de nombreux mots écrits des langues de l’Inde et du farsi, ce sera précisé dans les notes »419. Il est vrai que certains textes tibétains sont annotés, en particulier par les traducteurs, mais le format traditionnel utilisé n’étant pas propice aux notes en bas de page, ces notes étaient

418 419

AIT, vol. 2, pp. 20-59. Voir Annexe 9, p. 146.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL introduites soit dans le texte en caractères plus petits, soit entre les lignes. Le texte de Gergan adopte deux méthodes : les notes de bas de page, et les parenthèses. Les précisions sur les mots urdu ou sur les toponymes se retrouvent aussi bien dans des parenthèses qu’en bas de page. Comme pour son inventaire de documents, Joseph Gergan semble avoir eu des hésitations. –

Choix d’un système de datation

Dès l’introduction, S.S. Gergan précise que malgré les différents systèmes de calcul du temps auxquels il a pu être confronté, il donne les dates selon le calendrier grégorien. « Les [dates des] calendriers indien et chinois du Turkestan, du Cachemire et des Mongols, du calendrier des Cachemiris musulmans et du cycle tibétain seront exprimées avec les dates du calendrier grégorien »420. Même si parfois ces dates sont doublées par celles du calendrier tibétain (rab byung), ce point marque un apport important de Joseph Gergan même si certaines sont fausses421. –

Le sommaire

D’après le sommaire422 (dkar chag), Joseph Gergan semble suivre un schéma traditionnel. Le Trésor éternel a été divisé en quatre parties. Une première intitulée “lignées des rois et des sujets tibétains de Pugyal” traitant plus particulièrement des cosmogonies. Les autres parties n’ont pas de noms. C’est en fait la seconde partie qui décrit l’histoire des lignées des rois de Pugyal depuis Nyatri Tsenpo jusqu’aux fils de Langdarma, Yumten et Ösung. La troisième partie concerne l’histoire du Ladakh et plus largement du Tibet Occidental. La quatrième partie est concentrée sur les guerres sikhes. Cette division en quatre parties est très similaire à celle faite par Luciano Petech pour le travail de Francke. Ceci ne marque pas une influence de ce dernier, mais bien plus un découpage traditionnel de l’histoire. Joseph Gergan, ou son fils S.S. Gergan, a rajouté à cela des annexes comportant des généalogies, des tableaux et une grande carte du Tibet Occidental. En étudiant plus particulièrement le sommaire, l’aspect traditionnel reste présent dans la périodisation qui est faite. Il est tout d’abord question des cosmologies, et de l’histoire de l’apparition des hommes au Tibet selon deux sources tibétaines : le Ma-ni bKa’-‘bum et le gDung-rabs Pad-ma dKar-po’i Phreng-ba. Puis, il continue par la présentation de la lignée de Pugyal, l’invention de l’écriture, l’introduction du bouddhisme au Tibet et termine par Langdarma et ses fils. Quand à l’histoire du Ladakh à proprement parler, il débute par Nyimagön, descendant de Langdarma. On remarque aussi des différences apportées par Joseph Gergan, comme par exemple une histoire du bön dans la deuxième partie, des descriptions détaillées

420 421 422

LGCT, pp. 2-3. Voir Annexe 1, p. 124. Abdul Ghani Sheikh, op. cit., p. 22. Voir Annexe 1, p. 118.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL de régions, de temples, de personnes qui ne se retrouvent pas dans les textes anciens des chroniques du Ladakh. Les textes traitant de ces sujets, quand ils existent, n’ont pas été incorporés dans les chroniques anciennes. –

La bibliographie

Joseph Gergan introduit une bibliographie423 à la manière des bibliographies occidentales bien qu’il ne donne pas plus d’informations que le titre des ouvrages et parfois leur auteur. Parmi les quarante-deux sources citées il y en a en urdu : Les chroniques du Jammu, Cachemire, Ladakh, Balti et Purig de Molwi Hashmatullah Khan, en persan : Les chroniques du Cachemire et celles du Turkestan, et en anglais : Travels in Hindustan de Moorcroft424 et Ancient Khotan d’Aurel Stein425. –

Les annexes

Bien que la version de Francke comporte une chronologie et un tableau de taxes, les annexes de Joseph Gergan sont bien plus complètes et précises. Tout d’abord, Joseph Gergan reprend les arbres généalogiques des trois lignées royales depuis Nyimagön. S’en suit plusieurs tableaux reprenant les documents officiels en sa possession. Et enfin un tableau de recensement du village de Sabu avec les familles et les taxes. –

Les cartes et illustrations

S.S. Gergan a rajouté à cela une grande carte du Tibet Occidental dessinée par ses soins. Deux autres cartes incorporées au texte permettent de mieux comprendre les manœuvres de l’armée dogra426. Quelques photographies ont aussi été introduites427. –

La langue et les écritures utilisées

Bien que le texte de Gergan soit principalement en tibétain, souvent proche du ladakhi, de nombreux noms et mots urdu sont présents. Comme dans les textes anciens, ils sont transcrits en tibétain. Des mots particuliers, la plupart ayant trait à l’islam, à des noms de chefs musulmans, ou à des termes administratifs, sont doublés, retranscrits en tibétain et écrits en nastaliq428. D’autre part, des documents en urdu comme des lettres et des traités ont été recopiés puis traduits. Ces différences d’écritures se constatent aussi dans la numérotation des pages. Il faut ici distinguer l’introduction et le texte. Dans l’introduction, la pagination est faite en tibétain centrée en haut de la page et en toutes lettres ; elle est doublée par une numérotation centrée en 423 424 425 426

427 428

Voir Annexe 12, 161. William Moorcroft et George Trebeck, op. cit. Aurel Stein, Ancient Khotan, Oxford, Clarendon Press, 1907, 2 vol. Au sujet de la méfiance des Tibétains vis-à-vis des cartes nous pouvons nous référer par exemple à Évariste Huc, Le Tibet, Paris, Magellan & Cie, 2008, pp. 79-80, 92, 125. [extrait de : Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie et le Thibet, 1854] Voir Annexe 1, p. 118. Écriture arabo-persane utilisée pour écrire l’urdu.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL bas de page et en chiffres nastaliq. En ce qui concerne le texte, on observe aussi une double pagination : en haut en chiffres tibétains, en bas en chiffres arabes. Trois systèmes d’écritures des nombres sont ainsi utilisés : en tibétain (chiffres et lettres), en nastaliq (chiffres uniquement), et en chiffres arabes. Quelques mots et noms anglais sont aussi présents et aussi très peu de mots hindi écrits en dévanagari. Les chroniques anciennes du Ladakh comprennent aussi un certain nombre de mots en urdu et quelques-uns en anglais. Francke a recensé cinquante neufs mots urdu, onze mots et quatre noms anglais429. Il précise que les premiers mots en urdu, ou persan, apparaissent dans les chroniques sous le règne de Senge Namgyal, puis sont de plus en plus récurrents dans les derniers chapitres430. Il semble qu’ils n’aient toutefois pas été écrits en nastaliq.

b. Le fond –

Le sommaire

Comme il a déjà été noté en ce qui concerne la forme, le sommaire permet déjà d’avoir une idée sur le fond du texte. En effet de nombreux détails sont donnés et on peut voir ce travail comme un résumé de tout le texte. Il faut noter que la seconde partie, concernant l’histoire du Tibet Central depuis Nyatri Tsenpo jusqu’à Ösung, comporte une présentation de l’histoire du bön en plus des sujets abordés traditionnellement comme l’écriture tibétaine, les reines Chinoise et Népalaise, les traducteurs, et la religion. Les chroniques du Ladakh débutent par une présentation du Tibet Occidental et de ses régions adjacentes ; dans l’ordre Khotan, Guge, Purang, le Zanskar, le Spiti et le Lahul. Bien qu’il suive l’ordre traditionnel des rois et des dynasties de Nyimagön à Chogtrül, Joseph Gergan présente une succession des rois431 appelée gDung-rabs Zam-‘phreng432, cette généalogie offre de nombreux apports aux chercheurs, comme Roberto Vitali433, qui travaillent sur le Tibet Occidental. Outre la présentation d’événements historiques importants, le sommaire permet de constater qu’il glisse de nombreuses explications complémentaires sur la fondation de villages, de monastères. On peut aussi remarquer qu’il cite des individus n’apparaissant pas dans les chro-

429 430 431 432 433

AIT, vol. 2, pp. 145-146. Ibid., p. 145. LDCT, p. 339. Le rosaire de la succession des générations Roberto Vitali, op. cit. Il utilise régulièrement cette liste qu’il a même intégrée en tant que source distincte du LDCT. Voir aussi : Roberto Vitali, « Some Conjectures on Change and Instability During the One Hundred Years of Darkness in the History of La dwags (1280s-1380s) » pp. 97-123 in John Bray (ed), Ladakhi Histories, Leiden-Boston, Brill, 2005, 402 p.

100

LE TRÉSOR ÉTERNEL niques anciennes comme : Namkha Palgön, Chönyi Dobo, Temur Bheg, Taratopa, Abdul Sattar… Comme dans les chroniques anciennes, la guerre dogra prend une place importante dans le Trésor éternel. La table des matières de l’ouvrage de Joseph Gergan permet de bien situer les événements successifs. Il en est de même pour la guerre contre le Tibet Central, la mort de Zorawar Singh et la fin de la guerre avec la signature du traité de paix de 1842. Les dernières pages traitant du droit du Ladakh et présentant un guide du Ladakh semblent plus être des annexes qu’une partie intégrante du texte. –

La description du Spiti

L’article d’Elena de Rossi Filibeck sur la description du Spiti par Joseph Gergan dans le Trésor éternel434 permet aussi de servir de base pour étudier le fond du texte. Elle note que la partie sur le Spiti ne donne pas de détails historiques, mais se borne à faire une description de la région435. Cette section sur le Spiti se compose de six sujets : une explication du nom, une description des privilèges des Nono436, les noms des familles ou des clans, les divinités locales du Spiti, les temples et sanctuaires, et les monastères. Cette description révèle des points intéressants concernant la vallée, comme son aspect frontalier mélange de culture indo-tibétaine et de culture proprement tibétaine. Ainsi, il est fait mention de divinités inconnues côtoyant des divinités récurrentes du bouddhisme tibétain. Cependant, si Joseph Gergan semble donner une liste précise et utile aux chercheurs actuels, il ne fait aucun commentaire437. À propos du texte, de son style et de ses caractéristiques, Elena de Rossi Filibeck note : « Je ferai remarquer que le chapitre sur le Spiti par Gergan n’a pas été facile à traduire étant donné que l’auteur écrit dans un langage courant en utilisant des expressions locales, des mots anglais et urdu. De plus son style est extrêmement concis. Je dois noter aussi que tous les numéros dans le texte sont écrits en chiffres et non en lettres »438. Ces remarques concernant notamment l’utilisation d’un langage courant reprennent les explications de S.S. Gergan dans l’introduction : « De nos jours, du fait qu’il y a vraiment peu de personnes qui communiquent en écriture tibétaine sur ce sujet et qui connaissent bien la langue du dharma, et afin que tout soit facile à comprendre il a écrit en se rapprochant du dialecte du Ladakh, à l’exception des citations »439. 434

435 436 437 438 439

Elena de Rossi Filibeck, « A Description of Spyi ti by J. Gergan », pp. 313-324 in Katia Buffetrille et Hildegard Diemberger (dirs), Territory and Identity in Tibet and the Himalayas, Leiden-Boston-Köln, Brill, 2002, 351 p. Ibid., p. 314. Gouverneurs du Spiti Ibid., p. 315. Ibid., p. 318, n. 8. Voir Annexe 1, p. 125.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL Cette utilisation de la langue est probablement influencée par les missionnaires moraves qui ont cherché, dès leur arrivée en Himalaya, à traduire la Bible dans les langues vernaculaires. Cette volonté de communiquer avec la population s’est développée ensuite avec la création des journaux à Leh et à Kyelang, eux aussi écrits en langue dialectale. Outre cette influence, ce choix révèle aussi la détermination de l’auteur à pouvoir être lu de tous et à partager ses connaissances. Bien qu’il soit d’origine du Tibet Central, il est bien né au Ladakh. Bien que chrétien, il est avant tout Ladakhi. –

Tradition

Joseph Gergan fait de nombreuses citations tirées de textes classiques tibétains comme le Ma-Ni bKa’-‘bum, le rGyal-rabs gSal-ba’i Me-long, le Bu-ston Chos-byung, le Padma thang yig, le Deb-ther sNgon-po… Il utilise aussi beaucoup les quatre textes du Khungs Chen-po bzhi440 : Sems-can gyi Khog-pa, mGo-zlum Das-chad, Mi-rabs Shing-rtse/rtsa, sTong-sde Mi’i-byung-srid441. Reprenant les propos de l’introduction du Trésor éternel, Roberto Vitali remarque : « Les documents sur lesquels je souhaite concentrer mon attention ont été publiés par Joseph Gergan dans son Bla-dwags rGyal-rabs ‘Chi-med gTer et ouvrent même ce dernier ouvrage. Son auteur a estimé que son rGyal-rabs aurait été “un château sans fondations ou un arbre sans racines” s'il n'avait pas commencé avec l'apparition des tribus ancestrales. […] Les documents que Joseph Gergan a sélectionnés pour jeter les bases de son château littéraire sont d'un intérêt remarquable pour plusieurs raisons »442. Mais Gergan compare ces différentes sources et, sans mettre en doute une version plutôt que l’autre, ne décide pas du vrai ou du faux de ces variantes. Par exemple au sujet des origines des hommes il note : « À présent, en accord avec les explications données dans chacun des documents cités ci-dessus, si on résume très brièvement la généalogie des populations et l’histoire de l’apparition des rois, tout d’abord à propos de l’origine et la généalogie des hommes le mGo-zlum Das-chad et d’autres chroniques sont en accord à propos [du fait que] le premier ancêtre était gShed-can ou gShedla-dbang, que les dieux âgés sont devenus hommes, et que les sPu-rgyal-pa, ou bien les sept ou huit tribus [originelles] du Tibet descendraient du dieu Rupati ou de [la déesse] Rupini. Cependant, comme ça ne correspond pas à l’explication du Ma-Ni bKa’-‘bum qui dit que les Tibétains descendent du père singe et de la mère démone des rochers, je ne vois aucun moyen [pour décider] de qui les premiers ancêtres des Tibétains, sMra, Zhang-zhung,

440 441 442

Roberto Vitali, « Tribes which populated the Tibetan plateau, as treated in the texts collectively called the khungs chen po bzhi », in Lungta 16, Printemps, 2003, n° 16, pp. 37-63. Les quatre grandes origines : l’estomac des êtres sensibles, l’histoire des têtes rondes, la racine (ou le sommet) de l’arbre des généalogies humaines, l’apparition de l’humanité dans les communautés de 1000. Roberto Vitali, op. cit., p. 37.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL gTong, (g)Sum-pa, lDong, Me(i)-nyag, bSe et ‘a-zha descendent et d’où ils viennent »443. –

Influences

Bien que la question des influences reste difficile, on constate que Francke et Gergan ont des analyses similaires quant à certaines périodes de l’histoire. Pourtant, il est difficile sans plus d’indices de savoir si c’est Joseph Gergan qui a influencé Francke dans sa compréhension de la culture du Ladakh et du Tibet ; ou si, à l’inverse, Francke a influencé Gergan dans son analyse de l’histoire. Dans son article sur une inscription à Tabo444, Kurt Tropper se pose aussi des questions au sujet de la relation entre Gergan et Francke. L’exemple le plus éloquent est peut-être celui du prince Rinchen. Bien que dans les chroniques anciennes son nom soit cité sans plus de précisions, Gergan comme Francke détaillent la thèse selon laquelle il aurait été au Cachemire et serait devenu musulman : « Son fils (à Lhachen Ngödrub) est le prince Rinchen. Ce roi s’est enfuit au Cachemire et en est devenu roi se faisant appeler Rinchen Shah. Plus tard, il est devenu fakir ou bien un disciple de Bulbul Shah puis s’est engagé dans la religion des musulmans, revêtant le nom de Sadar-Ud-Din. Le prince Rinchen a régné d’à peu près 1320 jusqu’à 1323 »445. Dans sa partie sur Khotan et le Taklamakan446, Joseph Gergan commence par donner comme référence tibétaine le texte de Lobsang Chökyi Nyima447. Il décrit ensuite les différentes dénominations de cette région avant de traiter de l’influence tibétaine sur cette région grâce aux découvertes récentes d’explorateurs occidentaux comme Sven Hedin ou Aurel Stein qu’il cite. Il donne des indications sur les ruines tibétaines ainsi que sur les peintures murales et les textes tibétains découverts, et précise que ces textes ont été emportés par les archéologues, ainsi que des peintures murales. À ce propos, il indique le Musée National de Delhi. Au sujet des textes, il copie un exemple d’un manuscrit en provenance de Dunhuang. Grâce au sceau représentant un oiseau aux ailes déployées, nous avons pu retrouver relativement facilement le document original qui est le P.T. 1085448. La présence de ce texte dans le travail de Gergan pose de multiples questions d’autant plus qu’il avait déjà été recopié par

443 444

445 446 447 448

Voir Annexe 3, p. 135. Kurt Tropper, « New evidence on the “renovation inscription” at Tabo monastery », in Rivista di Studi Sudasiatici, 2008, n° III, pp. 181-200. Voir aussi : Kurt Tropper, The Founding Inscription in the gSer-khang of Lalung (Spiti, Himachal Pradesh), Dharamsala, LTWA, 2008, 95 p. Voir Annexe 7, p. 143. Voir Annexe 5, p. 138. Thukan Lobsang Chökyi Nyima (Thu’u-bkan Blo-bzang Chos-kyi Nyi-ma), Grub-mtha’ Shel gyi Me-long (miroir de cristal des systèmes philosophiques), Montréal, Institute of Tibetans Classics, 2007, p. 320. Voir Annexe 16, p. 166.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL Gedün Chöpel dans ses Annales blanches449. Ce texte retrouvé à Dunhuang traite d’une pétition de la part d’habitants d’un district de Li-yul, ce qui justifie sa présence dans cette partie. Cependant, comment Joseph Gergan a-t-il pu avoir connaissance de ce texte ou plus probablement d’une copie ? À notre connaissance, Joseph Gergan et Gedün Chöphel ne se sont pas rencontrés, mais il est possible qu’ils aient eu des contacts épistolaires ou par d’autres intermédiaires lorsque Gedün Chöphel était à Nagar près de Manali. Joseph Gergan n’a probablement pas eu accès aux Annales blanches dans leur première édition de 1946, mais il est possible qu’il ait eu accès à des ébauches de la part de Gedün Chöphel. La copie du sceau est intéressante à étudier, comme le notent Ariane Macdonald et Yoshiro Imaeda à propos du P.T. 1085 : « Dge-‘dun chos-‘phel qui a reproduit le dessin du sceau […] en a mal lu la légende (il n’avait probablement qu’une mauvaise photographie du document à sa disposition) : Mthong-la nas rtags bkye. La bonne lecture, rétablie par M. Imaeda est : pho-brang nas bka (=bka’) rtags bkye, c’est à dire : “sceau émanant du gouvernement du Palais (ou du Palais gouvernemental) »450. Ce détail permet de rapprocher Joseph Gergan et Gedün Chöphel car la reproduction de Gergan comporte la même faute. Joseph Gergan, comme Gedün Chöphel, recopie le texte avec ses archaïsmes comme les gi gu inversés, pourtant les textes de Gergan et de Chöphel comportent les mêmes corrections. Par exemple, à la première ligne, ils ont écrit ldan dkar au lieu de lhan dkar et zla à la place de sla dans le texte original. Ces aspects nous permettent de supposer qu’il y a eu un lien entre Joseph Gergan et Gedün Chöphel, mais ce point demande à être confirmé par de plus amples recherches. La traduction de la Bible par Joseph Gergan ayant été révisée par David McDonald, des informations sur les textes de Dunhuang ont pu aussi passer par lui. Il est aussi probable que ce fût un ajout postérieur à l’écriture du Trésor éternel de la part de S.S. Gergan. La question d’un lien avec Gedün Chöphel se pose. Plusieurs preuves indirectes semblent attester d’une relation, probablement épistolaire. Des collaborateurs de Gedün Chöphel ont pu être en contact avec Joseph Gergan à Leh ou avec les missionnaires moraves, nous pensons à Rahul Sankrityayan qui travailla avec Eliyah Tseten Phuntsog, ou à la famille Roerich. Ce lien a peut-être été possible via le journal de Tharchin Babu (1890-1976), le Tibet Mirror451. Gedün Chöphel a écrit un certain nombre d’articles sur l’histoire452. Certains numéros du Tibet 449

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Gedün Chöpel reproduit le P.T. 1085 puis le P.T. 1083. Les Annales blanches ont été écrites en 1946. Gedün Chöphel (dGe-‘dun Chos-‘phel), Deb-ther dKar-po (Les Annales blanches), Pékin, Mi-rigs dpe-skrun-khang (édition des nationalités), 2002, pp. 23-24. Ariane Macdonald et Yoshiro Imaeda, Mission Pelliot. Choix de documents tibétains conservés à la Bibliothèque Nationale, Paris, Bibliothèque Nationale, 1978, p. 17. Yul phyogs so so’i gsar ‘gyur me long Entre autres, citons : Gedün Chöphel, « Bod kyi rgyal rabs gal chen (L’importance de l’histoire politique du Tibet) » dans Tibet Mirror, vol. X, n. 3, novembre 1938. Et « Yul kyi ming dang mtshams brje tshul (Com-

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Mirror sont probablement arrivés jusqu’à Leh par l’intermédiaire de marchand musulmans453, mais des personnages auraient également pu faire le lien entre Gedün Chöphel, Tharchin Babu, et Joseph Gergan comme Marco Pallis ou Giuseppe Tucci. Nous devons aussi citer Geshe Yeshe Döndrub454, un moine Ladakhi qui travailla pour le Tibet Mirror. Le Tibet Mirror ne s’intéresse que très peu au Ladakh, toutefois il y a quelques articles sur le Ngari, Rudok, Stagtsang Tulku ou Ridzong. Deux numéros, dont l’un antérieur à la mort de Joseph Gergan, comportent des photographies de Leh455.

Un autre passage du texte de Joseph Gergan permet de révéler des aspects particuliers de son travail. Il s’agit de la partie traitant du passage de Moorcroft et Trebeck. À la lecture de ce passage, nous pouvons remarquer deux choses. D’une part, Joseph Gergan s’est en partie inspiré des chroniques anciennes du Ladakh à ce sujet puisqu’il cite mot pour mot un passage censé reprendre les paroles mêmes des deux anglais : « rgyal po mjal dgos zer ba la mi’i ngan ci yong mi shes zer thams cad gsung gros nas mjal ma bcug par zla ba kha shas bkag / “Nous souhaitons rencontrer le roi !” ont-ils déclaré. [Il leurs a été répondu,] “On ne peut pas savoir quel mal peut venir des hommes !” Et après que tous (les ministres) se soient tous consultés, l’audience fut refusée pendant plusieurs mois »456. Ensuite, Joseph Gergan semble citer un extrait de l’ouvrage de Moorcroft et Trebeck, Travels in the Himalayan Provinces of Hindustan457. Mais, bien que sa traduction de l’anglais reprenne les dates, noms et événements du livre, elle ne semble pas entièrement fidèle. C’est le cas notamment des demandes faites au gouvernement du Ladakh. Joseph Gergan ne les

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ment changent les noms et les frontières d’un pays) » dans Tibet Mirror, vol. X, n. 4, janvier 1939. Voir aussi Heather Stoddard, Le mendiant de l’Amdo, Paris, Société d’Ethnographie, 1985, pp. 329-336. Et Luc Schaedler, Angry Monk: Reflections on Tibet: Literary, Historical, and Oral Sources for a Documentary Film, Zurich, University of Zurich, 2007, pp. 422-432. Outre les témoignages de marchands musulmans comme Abdul Wahid Radhu, des publicités dans le Tibet Mirror de Ladakhis installés à Kalimpong renforcent cet argument. Abdul Wahid Radhu, Caravane Tibétaine, Paris, Fayard, 1981, 299 p. Martijn van Beek, « Worlds Apart: Autobiographies of Two Ladakhi Caravaneers Compared ». Yul phyogs so so’i gsar ‘gyur me long, 1950, vol. 18, n. 4, p. 8. [en ligne] : (consultée le 03/04/12) Peter Richardus, « The Life and Work of Ye shes Don grub (1897-1980) » pp. 203-207 in Shoren Ihara et Zuiho Yamaguchi (eds), Tibetan Studies. Proceedings of the 5th Seminar of the IATS, Narita, Naritasan Shinshoji, vol. 1. Nawang Tsering Shakspo, A Cultural History of Ladakh, Sabu-Leh, The Solitarian, 2010, pp. 63-81. Ibid., 1945, vol. 14, n. 3, p. 4. Et 1950, vol. 18, n. 10, p. 7. Voir Annexe 8, p. 144. William Moorcroft et George Trebeck, op. cit.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL présente pas dans le même ordre et avec un sens parfois différent. Dans l’ouvrage original en anglais, on trouve : « 1. La liberté de commercer avec le Ladakh, et par son entremise avec d'autres pays 2. Des droits modérés 3. Un comptoir commercial permanent à Leh 4. Les bons offices du gouvernement, avec celui de Gartok, pour inciter celle-ci à ouvrir Niti Ghat au commerce britannique »458. Joseph Gergan, de son côté, indique : « 1. La permission de construire un magasin ou bien un comptoir ici, dans la capitale Leh 2. Ouvrir des relations commerciales avec le Ladakh sans qu’il n’y ait d’obstacles pour faire du commerce avec d’autres pays 3. Des taxes modérées 4. Autoriser les routes commerciales du Ladakh et de l’Inde à accéder à Gar Gunsa, Gar Yarsa via le col de Niti ; demander cela fermement à votre allié, le gouvernement du Tibet, et l’obtenir »459. Nous pouvons constater tout d’abord qu’il met en avant la construction d’un bâtiment, ensuite l’ouverture des relations commerciales, les taxes, et enfin les tractations avec le gouvernement du Tibet pour ouvrir une mission commerciale à Gar. Ce choix de Gergan dans l’évolution des demandes semble refléter un ordonnancement de ces dernières. Nous pourrions considérer que cette évolution va du moins contraignant au plus astreignant. Nous pouvons aussi remarquer qu’il cite uniquement l’Inde. Cette attitude vis-à-vis du gouvernement britannique marque éventuellement un regard critique suite à l’expédition Younghusband de 1904 qui fut suivie a posteriori au Ladakh avec intérêt grâce au Ladakhi Agbar. Les demandes de Moorcroft, que Joseph Gergan présente comme encore plus pressantes et contraignantes, ne se sont pas réalisées à cette époque pour de multiples raisons. Mais suite au traité de Lhassa en 1904, les relations commerciales entre Gartok et l’Inde sont ouvertes. Bien que la traduction de Joseph Gergan présente des différences par rapport à l’original anglais, l’utilisation de sources en langue anglaise peut être considérée comme une influence ; une grande différence par rapport aux chroniques anciennes ; et un apport peut-être inédit dans un texte en tibétain.

Malgré des années de collaboration avec Francke, et aussi probablement les conseils et débats autour des articles de ce dernier, Joseph Gergan ne le cite personnellement que très peu. Nous découvrons son nom dans l’introduction de S.S. Gergan460, qui a par ailleurs introduit et 458 459 460

Ibid., p. 255. Voir Annexe 8, p. 144. Voir Annexe 1, p. 118.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL annoté une des éditions de l’histoire du Tibet Occidental de Francke461. Son nom revient, ici dans les mots de Joseph Gergan, lorsque ce dernier présente les sources relatives aux guerres dogras. À propos de la seconde, il précise : « “L’histoire de la guerre avec une armée étrangère”, le petit livre sur témoignage oral de Tsetan, un vieil homme de Khalatse, recueillit et édité par le missionnaire morave, docteur Francke »462. –

La touche chrétienne

L’influence chrétienne n’est pas flagrante dans le travail de Joseph Gergan. Quelques aspects sont toutefois notables. La photographie de Joseph Gergan en frontispice est surmontée d’un sceau représentant l’Agnus Dei, symbole chrétien utilisé par les moraves. Cet agneau de Dieu est circonscrit par la phrase latine : vicit agnus noster eum sequamur - notre agneau a conquis, suivons-le ! Ce sceau est complété par une phrase en tibétain écrite en phagspa, écriture communément utilisée pour les sceaux, le déchiffrement n’est pas aisé et on ne peut que supposer que c’est une traduction de la devise morave. Gergan marque tout de même son ouvrage d’une empreinte chrétienne au tout début de son texte. Tout comme dans les chroniques anciennes qui comprennent des hymnes religieux, Joseph Gergan introduit son travail par sa traduction du psaume 148463. Il faut noter que cette traduction est différente de celle qu’il a donnée dans sa traduction de la Bible en tibétain464. Avant ces “paroles de bons augures”, Joseph Gergan présente son travail en ces mots : « Je me prosterne respectueusement par le corps, la parole et l’esprit, devant Dieu insurpassable et tout puissant, qui a créé tout ce qui se trouve dans le ciel et sur la terre, et qui protège sans exception tous les êtres humains et animaux, sans la moindre partialité. En son nom excellent, je désire mettre par écrit l’histoire appelée Trésor éternel, avec une partie des documents collectés sur l’histoire du Maryül Ladakh »465. Le choix de ce psaume en particulier semble revendiquer d’autant plus sa double appartenance à la communauté tibétaine, ou ladakhie, et chrétienne. Le psaume 148 est une louange universelle dans laquelle les hommes et les autres créatures vivent en interrelations mutuelles sous le regard de Dieu. Le motif de cette louange est l’acte de création du monde et des êtres par Dieu466. Par ce choix, Joseph Gergan affirme une fois de plus un rôle de médiateur.

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A.H. Francke, A History of Ladakh, Lahore, Book Traders, 1995, 191 p. [première édition de cette version en 1977, réédition, introduite et annotée par S.S. Gergan, de A History of Western Tibet, 1907] LGCT, p. 511. Voir Annexe 9, p. 146. Voir Annexe 2, p. 133. Joseph Gergan (trad.), The Holy Bible in Tibetan (Zhal Chad sNga Phyi gnyis kyi mdo bzhugs so). Ibid. Hervé Tremblay, « La louange universelle (psaume 148) », janvier 2005, en ligne : http://www.spiritualite2000.com/page-256.php (consultée le 10 février 2012).

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LE TRÉSOR ÉTERNEL

Une photographie des pétroglyphes nestoriens de Drangtse est présente face à la page 188 du Trésor éternel. La présence sur l’image du numéro de page 278 semble indiquer qu’elle a été extraite d’un ouvrage ou d’un article. Sans plus d’informations, il est difficile d’en retrouver l’origine, mais la période et le numéro de page permettent d’éliminer rapidement les quelques articles sur le sujet. Les annotations de Joseph Gergan sont lisibles : celles de gauche font référence au nestoriens, quant à celles du dessous elles reprennent la traduction des inscriptions chrétiennes en sogdien : « Dans l’année 210, nous avons été envoyés, (nous, à savoir) Caitra de Samarkhand avec le moine Nosh-farn, en tant que messagers auprès du Khan du Tibet »467. La date n’est pas selon le calendrier grégorien, plusieurs théories proposent qu’il s’agisse de l’hégire ou du calendrier zoroastrien (Yazdegerdi), la conversion nous donne une date entre 825 et 841. D’une manière générale, Joseph Gergan reste discret sur son adhésion au christianisme, mis à part l’utilisation du calendrier grégorien avec l’expression Ye-shu’i ‘khrungs lo. On peut toutefois noter une référence à Jésus dans le texte lorsqu’il tente de situer le début de la dynastie Pugyal : « En ce qui concerne le trente-troisième détenteur de la lignée royale de Pugyal, Songtsen Gampo, comme il est clair […] qu’il est né en l’an 624, on peut en déduire que Nyatri Tsenpo est apparu à peu près en même temps que Jésus »468. Si Joseph Gergan compare Jésus et Nyatri Tsenpo, c’est probablement en raison du repère des calendriers tibétain et grégorien qui ont respectivement pour année zéro la naissance du roi mythique Nyatri Tsenpo et celle de Jésus. Bien que la date qu’il donne pour la naissance de Songtsen Gampo (~609/613-650) se rapproche de ce qui est acceptée aujourd’hui, sa conclusion quant à Nyatri Tsenpo est d’autant plus surprenante. On peut se demander si ce n’est pas une remise en question de la tradition. –

Les apports

Comme nous l’avons vu plus haut, la chronologie de la première dynastie du Ladakh est problématique. Joseph Gergan nous propose deux généalogies : tout d’abord le gDung-rabs

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Nicholas Sims-Williams, « The Sogdian Inscriptions of Ladakh », pp. 151-163 dans Karl Jettmar (ed.), Antiquities of Northern Pakistan – Reports and Studies Vol. 2, Mainz, Philipp von Zabern, 1993, 163 p. : « In the year 210 we (were) sent (we, namely) Caitra the Samarkandian together with the monk Nosh-farn (as) messenger(s) to the Tibetan Qaghan ». Voir Annexe 4, p. 137.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL Zam-‘phreng469, ensuite la succession conforme aux chroniques anciennes. Ces deux présentations sont à la fois dans le texte470 avec des informations supplémentaires sur les fondations de châteaux et de temples, et aussi en annexes sous forme d’arbres. Sa deuxième lignée est plutôt très fidèle à la tradition bien qu’il l’a rattache à Palgyigön par son fils Chögön plutôt que Drogön comme dans les chroniques anciennes. Mais le gDung-rabs Zam-‘phreng semble être plus homogène et se rapporte qu’à la dynastie de Shey. Roberto Vitali utilise ce texte tout au long de son article « Some Conjectures on Change and Instability During the One Hundred Years of Darkness in the History of La dwags (1280s-1380s) », et il fait remarquer que ce texte est d’une grande importance en ce concerne divers aspects de l’histoire du Ladakh et du Ngari Korsum en général471. Après avoir présenté l’histoire des hommes et des tribus originelles, Joseph Gergan tente de relier les Tibétains et les Mongols et se pose des questions quant aux rapports qui pourraient rapprocher leurs langues admettant qu’ignorant le mongol il ne peut se prononcer. Il donne aussi des explications sur le nom Tibet. D’une part sur le nom en tibétain, Bod, mais aussi sur les différentes manières qu’ont les pays qui l’entourent pour définir le Tibet et ses habitants472. Outre cette discussion autour des origines du nom du Tibet Joseph Gergan présente divers toponymes du Ladakh. Il discute des orthographes utilisées pour le Ladakh et le Maryül et explique succinctement son choix d’écrire Ladakh, Bla-dwags 473 . Il se concentre sur l’étymologie du Maryül (ou Mangyül) en s’appuyant notamment sur le mDo-zlum Das-chad. Le dernier point du Trésor éternel est précisément sur les provenances des noms de villages de la région 474 . Il différencie les origines tibétaines et non-tibétaines. Parmi les noms d’origines tibétaines, il distingue le tibétain ancien d’un tibétain plus récent. Il souligne surtout le fait qu’une majorité des toponymes du Ladakh proviennent de langues étrangères. Au sujet de la langue, il consacre quelques pages à une langue tibétaine du Lahul475, le bunan, qui est une des trois langues principales de la région avec le tinan et le manchat. Il base ce travail sur ses six années au Lahul. Cet intérêt pour les différents dialectes, ou langues, de la région est probablement lié aux questions que se sont posés les missionnaires pour leurs traductions de la Bible. Ici aussi Joseph Gergan cherche des liens avec le tibétain ancien. Ses 469 470 471 472 473 474 475

Le rosaire de la succession des générations LDCT, pp. 338-347. Roberto Vitali, « Some Conjectures on Change and Instability During the One Hundred Years of Darkness in the History of La dwags (1280s-1380s) », p. 99. Voir Annexe 3, p. 135. Voir Annexe 10, p. 147. Idem. Voir Annexe 6, p. 141.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL réflexions sont loin d’être aussi précises et sérieuses que celles des linguistes contemporains, mais elles mettent en lumière un autre aspect des multiples centres d’intérêt de Joseph Gergan. Les quinze dernières pages476 du Trésor éternel forment à elles seules un résumé de tous les apports de Joseph Gergan. Nous pouvons décomposer cette partie en huit sections : 1. Guide des lieux importants du Maryül Ladakh et Leh 2. Les représentants, messagers et marchands étrangers 3. La religion musulmane, l’islam au Ladakh Maryül 4. La monnaie 5. Le courrier 6. Un résumé de l’histoire depuis les rois de Pugyal jusqu’aux trois Gön 7. Des explications des origines des toponymes et mots Maryül, Ladakh, Leh 8. Les Môns Certains sujets sont récurrents comme les Argöns, les divisions du Ngari Korsum et les tribus. Les quatre pages de la première section traitent de la ville de Leh. Joseph Gergan s’intéresse particulièrement au système d’adduction d’eau pour la population et les châteaux, et il élargit son propos à d’autres villes comme Basgo ou Temisgam. Il décrit la ville de Leh en retraçant l’histoire de ses quartiers comme Karzo et le bazar. Cette description permet d’entrevoir les changements que la ville a subit. Divers thèmes sont abordés à travers le commerce, l’organisation sociale, et la justice. La seconde section ne comporte qu’un court paragraphe, mais souligne l’importance des relations du Ladakh avec ses voisins. Il insiste surtout sur le comportement des Cachemiris, puis sur les changements liés aux guerres dogra avec la construction du Magna Haweli477. Les messagers Turc, Indiens et Tibétains sont rapidement cités. Joseph Gergan traite ensuite de l’islam au Ladakh sur quatre pages. Il débute par la première reine musulmane, Gyal Khatun, qui aurait fait construire trois mosquées. La mosquée et l’histoire de Hundar, le village de naissance de Joseph Gergan, sont particulièrement décrites ; d’une part comme étant un lieu cher à la reine qui y fut enterrée ; d’autre part en raison des changements de taxations liés à la conquête dogra. Joseph Gergan évoque aussi la mosquée de Shey en citant un de ses contemporains, Ghulam Rassul Galwan. Ce musulman, né à Leh d’une famille Cachemirie, a accompagné des explorateurs occidentaux comme Sven Hedin et

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Voir Annexe 10, p. 147. Haweli de Magna. Magna était le Thanadar de Leh. Haweli signifie “endroit clôt” et fait référence aux maisons marchandes de l’Inde.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL a écrit sa biographie en anglais dans les années 1920478. Avant de reprendre l’histoire de l’islam au Ladakh avec la construction officielle de la mosquée de Leh en 1666 sous l’influence d’Aurangzeb, Joseph Gergan donne des précisions sur les places réservées aux musulmans. Sans donner beaucoup de détails, Joseph Gergan indique discrètement la présence de sunnites et de shiites dans cette communauté. Nous pouvons remarquer que Joseph Gergan laisse une place importante à la description de l’histoire de l’islam au Ladakh, ce qui n’apparaît que par bribes dans les chroniques anciennes qui ne citent pas les fondations de Gyal Khatun, ni les relations des musulmans avec la noblesse et leurs places auprès du gouvernement. Les quatrième et cinquième sections, aux sujets de la monnaie et du courrier, sont brèves mais donnent des indications sur les changements de traditions au Ladakh en ce début de XXe siècle. Pour la monnaie, il précise la valeur approximative de chaque pièce existante au Ladakh. La sixième section présente de nouveau le lien entre les dynasties du Tibet Occidental et l’empire tibétain de Pugyal. Les dates du calendrier grégorien que Joseph Gergan nous donne ici sont toutes décalées d’un cycle de soixante ans479. Ce point est étonnant puisque la même lignée présentée en annexe ne comporte pas ces erreurs480. Il reprend la lignée de Nyatri Tsenpo, l’introduction du bouddhisme au Tibet, le meurtre de Langdarma et l’arrivée de Nyimagön au Ngari. Les tribus tibétaines présentes dans la région sont citées ainsi que les Môns et les Dardes. Ce point, qui est repris par la suite par Joseph Gergan n’apparaît pas dans les chroniques anciennes qui ne parlent que des descendants de Gesar pour qualifier les habitants du Ladakh avant l’arrivée de Nyimagön. Joseph Gergan redonne une fois de plus des explications sur les toponymes du Ladakh dans la septième section. Outre l’étymologie du mot Maryül, Joseph Gergan compare diverses sources au sujet des divisions du Ngari. Il traite des multiples populations et de leurs croyances en citant la place du bön au Tibet Occidental avant l’arrivée de Nyimagön. Joseph Gergan tente de situer les déplacements des tribus. Au sujet des Môns, il semble distinguer les éleveurs des serviteurs. Bien qu’il reste assez peu précis, il est aussi question de Shivaïtes s’étant mêlés aux populations du Maryül. À propos du mélange ethnique, une comparaison est faite entre le Ladakh et les autres vallées du Tibet Occidental comme le Spiti, le Zanskar, ou

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Ghulam Rassul Galwan, Servant of Sahibs, A Book to be read Aloud, New Delhi-Chennai, Asian Educational Services, 2005, 282 p. [première édition Cambridge, W. Heffer & Sons, 1923] Voir aussi : Martijn van Beek, « Worlds Apart: Autobiographies of Two Ladakhi Caravaneers Compared ». Ce sont les mêmes dates erronées que l’on retrouve dans le Bod-rgya Tshig-mdzod Chen-mo (Grand dictionnaire tibétain-tibétain-chinois), op.cit., pp. 3207-3209. Voir Annexe 11, p. 160.

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LE TRÉSOR ÉTERNEL le Lahul où Joseph Gergan précise qu’au contraire de la vallée de l’Indus chaque personne est capable d’expliquer son propre nom de famille. Pour finir, Joseph Gergan présente les Môns en donnant tout d’abord une description globale de ces habitants des flancs sud de l’Himalaya. Il précise ensuite qu’il les considère comme étant les autochtones du Maryül. Il décrit la tibétanisation de la région comme étant contemporaine d’une certaine dardisation, expliquant ainsi non seulement la disparition du pouvoir Môn, mais aussi le mélange ethnique important. Bien qu’ils aient pratiquement disparu aujourd’hui, Joseph Gergan présente les différents corps de métier dont ils restent les représentants. Il les décrit physiquement et donne des détails sur leur croyance. Il remarque les traces d’un culte shivaïte au sein d’un rituel aux divinités locales en précisant qu’ils font des offrandes de sang à Shiva bien qu’ils soient bouddhistes. Ces quinze dernières pages soulignent les centres d’intérêts de Joseph Gergan que sont la toponymie, les divisions du Ngari Korsum, et le mélange ethnique des populations vivants actuellement dans la région. Nous constatons aussi qu’il insiste sur des points qui sont pas ou peu présent dans les chroniques anciennes. Ces dernières gardent un point de vue tibétain et bouddhiste, le bön481 et les Môns482 sont très peu cités et les Dardes ne le sont pas du tout. Nous pouvons observer une tentative de tibétanisation dans l’orthographe des toponymes dont Joseph Gergan nous précise qu’ils ne sont pas d’origine tibétaine. Le travail de Joseph Gergan se distingue aussi des chroniques anciennes du Ladakh par la place qu’il donne à ses descriptions de la ville, de ses habitants, et de la vie sociale à travers la monnaie, le courrier, ou la place et l’histoire des musulmans et de l’islam au Ladakh.

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Quatre fois dans AIT. Deux fois.

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Conclusion La vie de Joseph Gergan et ses relations avec des chercheurs comme Francke ou Tucci demande encore à être étudiée. Les archives moraves de Londres et d’Herrnhut, ainsi que des archives personnelles à Leh, pourraient nous donner de plus amples informations sur sa vie, son approche de l’évangélisation, et sa vision de l’histoire. Ces recherches, entreprises par John Bray, pourraient aboutir à une monographie comparable au travail de Louis Fader sur Tharchin Babu483. Bien que l’histoire du Ladakh fût très tôt étudiée, de nombreuses périodes et événements restent obscurs. Mais les recherches approfondies sur des documents originaux, dont certains retrouvés récemment484, sur des témoignages, et sur les diverses versions modernes485 de cette histoire permettent petit-à-petit de mieux comprendre l’enchainement des événements. Les périodes qui nous semblent relativement claires nous apportent sans cesse, de la même manière, un éclairage nouveau sur un ou plusieurs aspects de la vie des populations du Ladakh. Il faut reconnaître, malgré leurs failles, la place des chroniques anciennes compilées par Francke. Ce travail est à la base des recherches actuelles et forme le fondement de ce qui pourrait être appelé ladakhologie486. Il s’agit ici plus d’une présentation du texte de Joseph Gergan que d’une étude approfondie sur ce texte ou d’une véritable étude comparatiste. Des parties spécifiques du texte ont été analysées par Elena de Rossi Filibeck ou Roberto Vitali. Ce dernier relève très bien les qualités du Trésor éternel dans ses divers articles. Mais il est important de voir le texte dans sa globalité avant d’entrer dans le détail. Il en est de même en ce qui concerne la compréhension globale de l’histoire qui permet de mieux appréhender une période particulière. Les contacts que Joseph Gergan a pu avoir avec des explorateurs et des chercheurs occidentaux l’ont sans doute influencé, mais il est bien difficile de juger qui a influencé qui, et dans quelle mesure cela se ressent-il dans le travail de chacun.

483 484 485 486

Louis H. Fader, Called from obscurity: the life and times of a true son of Tibet, God's humble servant from Poo, Gergan Dorje, Kalimpong, Tibet Mirror Press, 2004, 3 vol. Peter Schwieger, « Documents on the Early History of He-Na-Ku, a Petty Chiefdom in Ladakh », pp. 161174 in BRAY John (ed.), Ladakhi histories: Local and regional perspectives, Leiden, Brill, 2005, 402 p. En tibétain et en urdu : Hashmatullah Khan, Joseph Gergan, Tashi Rabgyas, Kacho Sikandar Khan, Ngawang Tsering Shakspo, Abdul Ghani Sheikh. Patrick Kaplanian, « Ladakhologie – est elle une science ? » in Claude Dendaletche (dir.), Ladakh, Himalaya occidental ethnologie, écologie : Recent research n° 2, Pau, Centre pyrénéen de biologie et anthropologie des montagnes, 1985, 271 p.

CONCLUSION Nous pouvons considérer les apports de Gergan selon deux approches : une adaptation, et une création. D’une part, Joseph Gergan réutilise des aspects occidentaux et tibétains comme l’utilisation de notes, la bibliographie, ou son fonds de documents. Son fils S.S. Gergan a introduit les illustrations. Il est créateur dans son choix de datation, ses sources en langue anglaise, et la langue utilisée. Ce texte révèle les centres d’intérêts de Joseph Gergan en particulier pour l’époque ancienne et la période de tibétanisation du Ladakh ; les questions de langue et d’orthographe semblent aussi l’attirer. Cette attention pour ces sujets peut le relier avec d’autres savants tibétains comme Gedün Chöpel. Du point de vue de sa construction et de son fond, le Trésor éternel semble de prime abord être très différent des chroniques anciennes du Ladakh. Mais nous avons pu voir que dans sa structure et dans sa composition, ce texte garde une approche traditionnelle. Néanmoins, son ouvrage regorge de détails inédits pour l’époque qu’il s’agisse de ses influences ou de ses apports. Parmi ses spécificités les plus importantes, on peut noter l’utilisation de sources en anglais. Le travail de Joseph Gergan sur l’histoire semble rester sur un schéma traditionnel bien qu’il le remette en question ou émet des doutes par moments. Si son texte ne reflète pas la pensée moderne qu’on prête à son auteur, il revêt une valeur ethnographique indéniable par ses descriptions, ses annexes, et ses copies de documents historiques. Les sujets abordés dans le Trésor éternel n’apparaissent pratiquement pas dans les textes des chroniques anciennes, ni dans les sources ladakhies ou tibétaines de l’époque : le peuplement du Ladakh, l’islam, la monnaie, les toponymes. Joseph Gergan, comme Gedün Chöphel, s’est intéressé à des aspects de sa culture qui étaient mis de côté, oubliés… tout en ayant un regard curieux sur les changements liés à la modernité. Mais si Joseph Gergan est régulièrement cité comme un des premiers Ladakhis moderne, avec Abdul Wahid Radhu, c’est peut-être plus dans ses méthodes de travail, dans son ouverture d’esprit que par sa présentation de l’histoire. L’ouvrage de Joseph Gergan marque la période charnière entre un Ladakh encore tourné vers ses préoccupations traditionnelles et les grands changements qu’a subi la région dans les années 1950. Le décès de Joseph Gergan (août 1946) eut lieu un an avant l’indépendance de l’Union Indienne. Les guerres, les lois, la politique, la fermeture des frontières ont imposé à la société ladakhie de ne plus se tourner vers l’élevage et le commerce transfrontalier entre le Cachemire, le Tibet et le Turkestan. Le Ladakh a dû se diriger vers le sud, l’Inde et le tourisme. Dans ce contexte, le Trésor éternel semble avoir une place centrale légitimée par l’utilisation, encore trop discrète, de cette source par les chercheurs ladakhis, tibétains ou occidentaux dans leurs travaux sur la région. 114

CONCLUSION

La vie et l’œuvre de Joseph Gergan et, dans une autre mesure, celles de son fils et de son gendre peuvent être comparées avec celles d’autres Tibétains de la même période qui furent des acteurs d’une volonté de modernisation du Tibet. Par modernisation, on entend progressisme politique pour certains comme Gedün Chöpel ou même Bapa Phuntso Wangye (né en 1922), mais aussi un modernisme dans la vision religieuse au sein du bouddhisme ou du christianisme. Ainsi Gedün Chöpel487 retourna aux sources du bouddhisme au Sri Lanka. Bapa Phuntso Wangye488 quant à lui s’est converti à l’islam après être allé dans une école missionnaire489. Il ne s’agit que d’une conversion de convenance, sa femme étant musulmane. Pour le christianisme, outre ces Ladakhis, il faut bien sûr citer Gegen Dorje Tharchin connu aussi sous le nom de Tharchin Babu490, originaire de Poo, converti auprès des moraves puis en poste à Kalimpong. Il a notamment soutenu Gedün Chöpel et Bapa Phuntso Wangye dans leurs travaux. Deux autres points sur lesquels ils se retrouvent sont l’éducation et la presse. La première partie du XXe siècle est, pour le Tibet, une période charnière où le voisin chinois d’un côté vit une période de troubles depuis la fin de la dynastie Qing en 1911, et où d’autre part les tensions entre les empires russe au Nord et britannique au Sud s’apaisent à peine. L’expédition Younghusband de 1904 et les deux exils du XIIIe dalaï lama (1875-1933) sont en partie à l’origine de la montée des conservatistes mais aussi de l’émergence des progressistes. Il faut pourtant mettre le contexte du Ladakh à part : en effet, la conquête dogra avait pour conséquence le rattachement politique du Ladakh au Jammu et Cachemire depuis 1842. D’une certaine manière, on peut comparer la conquête et l’annexion du Ladakh par les Dogra à l’invasion, ou la libération selon le point de vue observé, du Tibet en 1951 par l’Armée populaire de libération.

487 488 489 490

Heather Stoddard, Le mendiant de l’Amdo, Paris, Société d’Ethnographie, 1985, 395 p. Melvyn Goldstein, Sherap Dawei et William Siebenschuh, A Tibetan Revolutionary. The Political Life and Times of Bapa Phüntso Wangye, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, 2004, 371 p. Roland Barraux, Histoire des dalaï lamas. Quatorze reflets sur le Lac des Visions, Paris, Albin Michel, 1993, p. 336. Louis H. Fader, op. cit.

115

ANNEXES

! Annexe 1 ...................................................................................................................... 118 Introduction et sommaire du Trésor éternel Traduction

118 124

Annexe 2 ...................................................................................................................... 133 Texte des pages 1 à 3 du Trésor éternel Traduction

133 134

Annexe 3 ...................................................................................................................... 135 Texte des pages 73 et 74 du Trésor éternel Traduction

135 136

Annexe 4 ...................................................................................................................... 137 Texte et traduction de la page 75 du Trésor éternel

137

Annexe 5 ...................................................................................................................... 138 Texte des pages 188 à 191 du Trésor éternel Traduction

138 140

Annexe 6 ...................................................................................................................... 141 Texte des pages 335-336 du Trésor éternel Traduction

141 142

Annexe 7 ...................................................................................................................... 143 Texte et traduction des pages 342 et 343 du Trésor éternel

143

Annexe 8 ...................................................................................................................... 144 Texte des pages 495 et 496 du Trésor éternel Traduction

144 145

Annexe 9 ...................................................................................................................... 146 Texte et traduction des pages 510 et 511 du Trésor éternel

146

Annexe 10 .................................................................................................................... 147 Texte des pages 617 à 632 du Trésor éternel Traduction

147 153

Annexe 11 .................................................................................................................... 160 Texte et traduction de la page 636 du Trésor éternel

160

Annexe 12 .................................................................................................................... 161 Bibliographie du Trésor éternel

161

Annexe 13 .................................................................................................................... 162 Descendance de Joseph Gergan et S.S. Gergan

162

Annexe 14 .................................................................................................................... 163 Bibliographie du travail de Joseph Gergan

163

CONCLUSION Annexe 15 .................................................................................................................... 164 Introduction du manuel de tibétain par Tseten Phuntsog et Rahul Sankrityayan Traduction

164 165

Annexe 16 .................................................................................................................... 166 P.T. 1085 Traduction

166 167

Annexe 17 .................................................................................................................... 168 Inventaire du fonds Gergan selon Dieter Schuh

168

Annexe 18 .................................................................................................................... 170 Traité de paix entre le Ladakh et le Tibet à Temisgam (1684)

170

Annexe 19 .................................................................................................................... 171 Lettres d’accord entre le Tibet et le Ladakh (1842) Texte et transcription de la lettre tibétaine Texte urdu de la lettre d’accord tiré du Trésor éternel, pp. 586-587

171 172 174

Annexe 20 .................................................................................................................... 175 Accord entre le Tibet et le Cachemire (1852)

175

Annexe 21 .................................................................................................................... 176 Lettre d’introduction au Trésor éternel par le dalaï lama Traduction

176 177

Annexe 22 .................................................................................................................... 178 Liste non exhaustive des missionnaires moraves dans les missions du Tibet Occidental (Kyelang, Poo, Leh, Khalatse) : 178

117

ANNEXES Annexe 1 Introduction et sommaire du Trésor éternel

118

119

ANNEXES

ANNEXES

120

121

ANNEXES

ANNEXES

122

123

ANNEXES

ANNEXES Traduction L’ouvrage de Joseph Gergan ne fut imprimé qu’en 1977 par son fils, lui même historien, Sönam Skyapdan Gergan. Afin de pouvoir comparer les deux textes, les pages de Antiquities of Indian Tibet491 se référant aux mêmes évènements sont citées. Pour le sommaire, nous avons adapté la mise en page afin de mieux appréhender la structure du texte. Des titres ont été ajoutés en fonction du corps du texte ; ces ajouts sont notés par un texte barré. Nous avons rajouté au sommaire une liste des illustrations présentes dans le Trésor éternel. Dédicaces Je dédie le “trésor éternel492 des chroniques du Ladakh” à mon père digne de respect Sönam Tseten Joseph Gergan, ma mère Dedzin, mon grand frère Sönam Chimed, ma sœur Sungkyil Dronma, ma femme Florence Chandramukki, mes filles Munsel, Prem Shudhamani, Pritti Komalini, mes fils Kundul, Joseph, Elijah et les habitants du Ladakh493. Préface/introduction Ici, il est important d’annoncer l’introduction. Avant, du temps du royaume du Ladakh, il y avait quelques écrits (livres, manuscrits) incomplets qui résumaient les chroniques. On en trouve encore aujourd’hui. En 1880 à peu près, quatre copieurs sous la direction de Tashi Temphel, un Lama du monastère de Stagna, Sonu Munshi de Umla, Tsanden Munshi et Lhadag Tsering Wangchuk, ont transcrit les chroniques du Ladakh à partir des chroniques lacunaires. Les dates importantes des chroniques, les dates494 de naissances et de morts des rois, de celles de leurs intronisations, les noms des reines puissantes et des grands ministres, les faits royaux importants n’existant pas, cela apparaît comme étant histoires et légendes. Divers documents de l’ancien Ladakh et du Tibet ont été rassemblés : des livres, des édits royaux du Tibet de l’Inde et de la Chine, des traités de paix et accords, des Manis, des Stupas, des éloges et peintures murales des temples des divinités locales et des protecteurs, l’origine495 des palais, monastères et des villages, les récits de vie de maîtres et de laïcs, des listes, des notes, des contrats, des reçus et des chants. Les [dates des] calendriers496 indien et chinois du Turkestan, du Cachemire et des Mongols, du calendrier des Cachemiris musulmans497 et du cycle tibétain seront exprimées avec les dates du calendrier grégorien. Une bibliographie est faite498. Des tableaux simples reprenant les documents et édits officiels ont été mis en annexe. Divers passages des deux livres en anglais, Ladak499 et Histoire du Tibet Occidental500 de Cunningham501 et Francke502 sont largement cités. Aujourd’hui, comme Zorawar Singh et Diwan Hari Chand ont détruit et emporté les anciennes chroniques, les édits écrits sur de riches brocards des dalaï lamas et des rois chinois qui sont les trésors des principaux palais et monastères, et d’autres documents importants sont éparpillés. Les peintures murales des châteaux, 491 492 493 494 495 496 497

498 499 500 501 502

Il s’agit toujours du volume 2 sauf indication contraire. Lorsque plusieurs pages sont indiquées, la première fait référence au texte tibétain et la seconde à la traduction anglaise avec les notes. Immortel. Famille de S.S. Gergan, voir Annexe 13, p. 162. Précises, année du cycle, mois et jour. Textes traitant des origines. En nastaliq dans le texte : Sam-bat. Le calendrier Vikram Sambhat utilisé au Népal et dans le nord de l’Inde notamment par les Sikhs. Il commence 56,7 années avant le calendrier grégorien. En nastaliq dans le texte : Hij-ri, hégire. Le calendrier musulman tient sont nom de l’exode du prophète Mahomet de La Mecque à Yatrib (ancien nom de Médine). Il débute le 16 juillet 622 de notre calendrier grégorien, mais l’hégire comportant moins de mois que le calendrier grégorien, il faut avoir recours à une table de conversion. Traduction littérale : “On a fait une liste de chaque livre”. En anglais dans le texte. Idem. Idem. Idem.

124

ANNEXES des monastères, des temples des protecteurs, des Manis et des Stupas ont été mises en pièces à cause des ravages de la pluie, des tremblements de terre et des inondations. Voyant que (l’histoire) du Ladakh et du Spiti n’était dans les mains de personne, mon humble père Sönam Tseten Joseph Gergan, âgé d’une cinquantaine d’années, a composé de nouvelles chroniques du Ladakh et a mis en ordre les documents qu’il a progressivement rassemblés. Ces textes appropriés, déjà mentionnés, ont pour origine le haut et bas Ladakh, la vallée de la Nubra, le Balti, le Purig, le Zanskar, le Spiti, le Lahaul503, le Kinnaur, le Ngari, le Changthang, Gilgit, Hunza, Khotan, la Mongolie et les régions musulmanes. Il mourra le 11 aout 1947 sans avoir réussi à imprimer son manuscrit de la traduction de la Bible en tibétain504. Pour que celui-ci ne soit pas éparpillé, et comme il avait le souhait de l’imprimer et de le diffuser, j’ai pris en main ce travail ardu pour les personnes sages, et aussi parce qu’il y a des personnes de mauvaises intentions dans le pays qui détruisent les enseignements. Vers l’an 900, la branche de Khyilde Nyimagön, descendante des anciennes familles et clans tibétains et de la lignée des rois du dharma505, est réduite au Ngari Korsum. Aux frontières, les derniers rois, reines et ministres ont abandonné les lois temporelles et du dharma et ont été emportés par la passion. Comme les hommes de mauvaise vertu étaient réunis, “Dieu506” a remis les derniers roi-gouverneurs du Ladakh entre les mains des sikhs dogra. Le pouvoir de la lignée tibétaine des rois du dharma s’est terminé en 1842. C’est écrit jusqu’à cette période. De nos jours, du fait qu’il y a vraiment peu de personnes qui communiquent en écriture tibétaine sur ce sujet et qui connaissent bien la langue du dharma, et afin que tout soit facile à comprendre il a écrit en se rapprochant du dialecte du Ladakh, à l’exception des citations. Dans le passé, de nombreux traducteurs et pandits ont émergé au Ngari, en particulier au Ladakh, Zanskar et dans les zones frontières qui ont vécu cent quinze ans sous la domination des Dogras, il y a eu ensuite des soldats et plusieurs générations d’hommes brutaux dans le gouvernement507, les fonctionnaires et les travailleurs de notre pays. Ils assujettissaient le Ladakh de manière arrogante et scandaleuse. L’ordre des choses a changé et [les habitants du Ladakh] ont été contraints de devenir peureux et serviles. Astreints au travail forcé, les hommes et les femmes étaient comme des esclaves de la même manière que du bétail. Les connaissances, les qualités, l’artisanat, l’écriture tibétaine et les arts se sont modifiés et les anciennes traditions des lois royales ont toutes dégénéré. Garçons et filles, se retrouvent avec la responsabilité d’une famille depuis le plus jeune âge et, sans clan, ils sont devenus comme des chèvres et des moutons508. Maintenant, le courage est né et les hommes et femmes, jeunes et vieux, de toutes confessions sont en harmonie. Ils considèrent comme modèles les ancêtres Lha-Lama Yeshe Ö, Rinchen Zangpo, Gyalbu Rinchen, Senge Namgyal, Namkha Pelgön, le ministre Shakya Gyatso… Je prie pour qu’ils fassent des efforts en tibétain sur les différentes qualités bouddhistes et non-bouddhistes. Mon vœu le plus cher est que mon pays et ma langue s’élève et remonte dans l’estime du monde. Comme il n’apparaît pas le besoin que les chroniques du Tibet apparaissent dans les chroniques du Ladakh, afin d’indiquer uniquement la succession des rois, les noms des rois des origines du Tibet seront notés succinctement ici. Si vous souhaitez l’étudier, regardez dans le Clair Miroir des Chroniques du Tibet509 où est écrit la vaste histoire des rois du Tibet.

503 504 505 506 507 508 509

Gar-zhwa. En anglais dans le texte. Le tibétain précise : « La traduction en tibétain de l’ancien et du nouveau testament ». Chos rgyal : Dharmaraja. dKon-mchog Kun-dbang : le Dieu des chrétiens et des musulmans. En nastaliq C’est à dire qu’ils ne connaissent même plus leur propre histoire familiale. rGyal-rabs gSal-ba’i Me-long.

125

ANNEXES En 958 à peu près, après la naissance du traducteur Rinchen Zangpo, le Ngari Korsum a été rempli du dharma, de Stupas, de temples, des enseignements ; les chroniques et les récits de vie qui ont été compilés expliquent cela. Depuis que le roi Sönam Namgyal a prêté un petit livre au sujet de Gyalbu Rinchen au chef spirituel de Spituk, Kushok Bakula (le prince du palais de Zangla), il n’est jusqu’alors pas possible de mettre la main dessus. À propos des armées sikhes il est écrit sans qu’il y ait d’écriture qui ne soit pas partisane dans les chroniques510 de Molwi Hashmatullah Khan511, en langue dogris dans l’écriture parsi512 de la langue Perse, au sujet de la victoire sur le Kishtawar et le Balti. Voici ce qu’il y a dans ses chroniques : « Parmi ces livres une “chronique513” du Ministre Zorawar Singh Kalhorya m'a offert une suggestion pour mes écrits à propos de l'attaque du Ladakh. À la lecture [de son livre] je me suis rendu compte que des évènements514 extrêmement incomplets et fragmentaires y sont décrits, ce qui a fait naître chez la jeunesse du Ladakh une opinion erronée à propos des Dogras. En conséquence j'ai suggéré qu'après avoir recherché les véritables causes du mouvement de [la campagne de] Zorawar Singh, on publie cela dans le “Tannati Zyan515” »516. Il n’a pas pu écrire honnêtement, Molwi Hashmatullah étant chef d’un district517 gouverné par la politique dogra. Wazir Zorawar Singh et ses armées ont démoli et pillé le trésor du grand et magnifique palais de Leh en 1835, puis ils ont détruit le Stupa du monastère de Kartse et, en 1841 les objets et l’argent d’offrandes des villages et monastères de Purang, soixante dix chevaux chargés d’objets précieux ont été envoyés à Jammu. Tous les témoignages de l’histoire de l’hostilité de Diwan Hari Chand et du Wazir du Kishtawar envers les châteaux, les monastères, et les supports du corps de la parole et de l’esprit du Ladakh en faisant la guerre et en faisant payer 200 000 roupies en 1842, sont cités. Voyez ceci. Sönam Skyapdan Gergan. Publié le 3 octobre 1976 à Srinagar. ______________________________________________ Sommaire du “Trésor éternel des chroniques du Ladakh”

Première et seconde parties : les chroniques du Tibet.

1

Première partie : Lignées des rois et des sujets tibétains de Pugyal. L’estomac de tous les êtres519 1 518

• Les êtres vivants520 mGo-zlum Das-chad 510 511 512 513 514 515 516 517 518 519

520

Idem. Idem. En nastaliq ur. : Risaala antécédents, graphie peu sûre Nom d’un journal ? Texte en nastaliq, traduction de M. Désoulières. Idem. Pour toute la première partie voir : AIT, pp. 19-24 et pp. 63-71. Pour les premières parties, se repporter à Roberto Vitali, « Tribes which populated the Tibetan plateau, as treated in the texts collectively called the khungs chen po bzhi », dans Lungta 16, Printemps, 2003, n° 16, pp. 37-63. sems can gyi khog p’ai lugs

126

3 7

ANNEXES

• • • • •

Mi-rabs Shing-rtse/rtsa, l’extrémité (la racine) de l’arbre des généalogies humaines 9 sTong-sde Mi’i-byung-srid, l’apparition de l’humanité dans les communautés de 1000 13 Les quatre peuples : Chine, Mongolie, Mon et Pugyal 16 Les quatre continents du monde 17 Le Tibet 17 521 Les tribus originelles . 18 Histoire des Hommes selon Padma Karpo 24 Lignée des Chos-rgyal du Tibet 63 Histoire des Hommes au regard du Ma-ni bKa’-‘bum 68

Seconde partie522 •

• •



• •

76

La lignée de Nyakhri Tsenpo523 Songtsen Gampo524 Thönmi Sambhota et l’écriture U-can et U-med525 Les reines chinoise et népalaise526 À propos de la traduction du dharma par les traducteurs et les pandits Les lois royales Histoire du bön À propos des traducteurs du chinois au tibétain Le moine chinois [Hashang Mahayana]527 Différences entre les sages traducteurs (du sanskrit) et ceux du chinois Langdarma et Khride Yumten528 Khrinamde Ösung529 Au sujet des frontières du Tibet À propos du dharma Gyal-rabs gSal-ba’i Me-long

Troisième partie • •

521

522 523 524 525 526 527 528 529 530 531

76 85 86 97 98 101 122 138 140 145 159 163 166 170 172

177

Les chroniques du Ladakh. Kyilde Nyimagön Palgyigön, Tashigön, Detsugön531 Khotan

530

177 182 188

Le nombre et le nom des premières tribus tibétaines varient en fonction des sources, voir Tarthang Tülku, Ancient Tibet: Research Materials, Berkeley, Dharma Pub., 1986, chap. 7, pp. 114-125. Gyilung Tashi Gyatso et Gyilung Thugchok Dorji, Yeshi Dhondup (trad.), The Treasure of the Ancestral Clans of Tibet (Bod kyi mi-bu-gdong-drug gi rus-mdzod me-tog skyed-tshal zhes-bya-ba bzhugs-so), Dharamsala, LTWA, 2009, 168 p. Roberto Vitali, op. cit. AIT p. 66. lDong ma nyag = lDong me ngag. Sum pa stong = gTong gsum pa. ‘Jam bse = Se ‘a zha. rMu zhang zhung = sMra zhang zhung. Pour toute la seconde partie voir : AIT, pp. 28-34 et pp. 76-92. AIT, p. 29 et pp. 77-78. AIT, p. 31 et pp. 82-83. AIT, p.31 et p. 82. AIT, p. 31 et p. 83. AIT, p. 31 et p. 83. AIT, p. 34 et pp. 90-92. AIT, p. 34 et p. 92. AIT, p. 35 et p. 93. AIT, p. 35 et pp. 94-95.

127

ANNEXES •



• •



• •

Guge Puhrang Lha Lama Yeshe Ö La venue d’Atisha au Ngari Histoire du Zanskar533 Les soldats de Mirza Haidar au Zangskar534 Au sujet de Kushok Bakula et de Tsultrim Nyima535 Explications complémentaires des stupas de Kanika Explications complémentaires du monastère de Diskit À propos du traducteur Rinchen Zangpo La statue de Maitreya à Mulbek Description du Spiti Les temples et sanctuaires du Spiti Les monastères du Spiti 536 Le Lahul Le roi Tsewang Namgyal I Succession des rois

191532 192 195 209 216 223 225 257 269 317 320 326 328 329 338 339

Le Prince Rinchen537

• •

532 533 534 535 536 537 538 539 540 541 542 543 544 545 546

Le monastère rouge. Le rocher jaune538 Fondation de Spituk La destruction de Guge par le roi Lodrö Chogden539 La construction de la capitale Temisgam par le roi Dragpabum540 Le roi Bhara et autres541 La construction du palais et du temple du Namgyal Tsemo à Leh par le roi Tashi Namgyal542 Explications complémentaires Fondation du village de Chubi Mort de nombreux Mongols dans l’armée mongole543 Instauration de la taxe des moines544 Le roi Jamyang Namgyal545 La reine Gyal Khatun donne naissance à Senge Namgyal Le roi Senge Namgyal546 Le maître Stagtsang Raspa Namkha Palgön

Erreur de numéro de page AIT, pp. 151-162. AIT, p. 155 et p. 158. Fondateur du monastère de Ri-rdzong. AIT, pp. 64-65. Gar-zhwa : dKar-zhwa, dKar-cha AIT, p. 36 et p. 98. AIT, p. 99. Te’u ser po aussi appelé Te’u bkra shis ‘od ‘phro, ruines appelées aujourd’hui Tissuru Stupa. AIT, p. 37 et p. 101-102. AIT, p. 37 et p. 102. Idem. AIT, pp. 37-38 et p. 103. Idem. Obligation pour chaque famille de plus de trois enfants de donner un enfant au monastère. AIT, pp. 38-39 et pp. 106-107. AIT, pp. 39-41 et pp. 108-112.

128

342

343 345 345 346 347 348 353 355 355 357 359 360 389

ANNEXES











• •

547 548 549 550 551 552 553 554 555 556 557 558 559 560 561 562

Delden Namgyal547 Assassinat du ministre de Sabu par Chönyi Dobo Les nababs du Cachemire Ibrahim Khan et Temur Bheg548 Construction de la mosquée de Leh Delden Namgyal effectue des prières musulmanes. Les 200 000 roupies et la construction de la mosquée Le roi Delek Namgyal549 Le mongol Ganden Tsewang550 Le prince Ngawang Namgyal se fait moine gelugpa. Un ordre royal sur brocard d’or fait de Ngawang Namgyal abbé de Thiktse Kushok Bakula Khönchog Rangdröl L’abbé de Thiktse, fils de Taratopa Venue à Temisgam du Drukpa Mipham pour un traité de paix551 Le roi Nyima Namgyal552 Accords faits par Rigzin Chenpo à Hanle553 Copie exacte de la lettre d’Aurangzeb Alamgir envoyée à Nyima Namgyal en Farsi Copie exacte de la lettre du roi de Chine Le roi Phuntsog Namgyal554 L’expulsion de la reine Nordzin555 dans les plaines du Sud (chez les Mons) en 1722556 Le roi Tsewang Namgyal II557 Mariage de Tsewang Namgyal II avec Bemo Bibi558 Naissance du prince Jigmet à la “petite” reine Tsering Khatun559 Tsewang Namgyal II est assigné au monastère de Thiktse Montée sur le trône du prince Tseten Namgyal en 1782 Le roi Tsewang décide de ne plus se lier à Hemis Création du Tsechu à Hemis du temps du prince Lama Mipham Le roi Tseten Namgyal (1782-1808)560 Le roi Tsepal Döndrup Namgyal561 L’arrivée dans la capitale Leh des deux anglais Moorcroft et Trebeck562 en 1820563

AIT, p. 41 et pp. 113-115. AIT, p. 243. AIT, pp. 42-43 et pp. 115-118. Idem. Idem. AIT, pp. 43-44 et pp. 118-120. AIT, p. 45 et pp. 121-122. Idem. Nordzin, femme ou fille du gouverneur de Glo. AIT, pp. 233-235. AIT, p. 120. AIT, pp. 45-46 et pp. 122-123. Idem. AIT, p. 46 et p. 123. AIT, pp. 46-47 et pp. 123-124. AIT, pp. 47-48 et pp. 124-127. Bada Sahib et Chota Sahib dans AIT

129

396 398 400 402 403 406 407 434 438 439 440 440 443 449 454 455 463 471 474 477 478 478 483 483 489 490 493 495

ANNEXES



La destruction du Spiti par Sowaram de Kullu564 497 La mise à feu du Zanskar par Waren-Mandre565 498 Construction du nouveau palais 498 Le seigneur de Tambis, le trésorier des Namgyal et le ministre de Mulbek rapportent des rumeurs concordantes 499 L’arrivée de la lettre disant que Tsewang Rabten566 est Tulku de Staktsang 500 567 Abdul Sattar arrive à Leh [pendant] sa fuite 501 Mariage de Tsewang Rabten (Chogtrül) à Kalzang Drolma568 504 Tsewang Rabten Chogtrül 505 La même année, [le roi] se marie à trois femmes : la princesse de Paskyum, Sönam Palkyi et Zora Khatun569 505 Le roi Tsepel vit séparément dans le nouveau palais 505 Querelle entre Malik et le seigneur de Tambis 506 Pèlerinage de Chogtrül au Mont Kailash 508

Quatrième partie570 •

563 564 565 566 567 568 569 570 571 572 573 574 575

509

À propos des guerres sikhes 509 Discussion autour de la séparation des sikhs du Kishtawar et de Waren-Mandre 511 Déclaration de guerre des sikhs en aout 1834 512 Tashi Wangchug (de Sabu), père et fils, meurent en défendant Kartse 515 571 Construction de remparts à Langkartse et à Kyinmartse 517 Le ministre Dorje Namgyal, de Stok, meurt par les armes 518 572 Rencontre de l’envoyé des sikhs, en présence de Bangapa, et des Ministres. 521 573 La reine refuse de donner 15 000 roupies 521 Le ministre de Leh, Ngödrup Tenzin père et fils, changent de camp et offrent 200 Thum574 à Wazir Zorawar Singh521 Bangapa, les ministres et les soldats (du Ladakh) ne s’opposent pas 523 Ngödrup Tenzin père et fils, le seigneur de Tambis, le trésorier et le seigneur de Gya se faisant guides, l’armée de Zorawar arrive à Leh 523 Zorawar Singh et l’ex-roi Tsepal se rencontrent à Basgo 524 Retour du pèlerinage de Chogtrül au Kailash 528 Remboursement575 de 10 000 roupies 530 Du Balti, Tenzin de Banga envoie une lettre à Leh

AIT, p. 47 et p. 125. AIT, p. 300. Kullu en ladakhi : Nyung-ti Régions de l’ouest du Ladakh AIT, p. 127, 309. Tshe-dbang Rab-brtan et mChog-sprul sont les deux noms du roi-tülku. Peu d’informations sur Abdul Sattar sont disponibles. Voir Abdul Ghani Sheikh, Reflections on Ladakh, Tibet and Central Asia, New Delhi, Skyline, 2010, p. 138. AIT, p. 126. Idem. Pour toute la dernière partie voir : AIT, pp. 48-53 et pp. 127-138. Phag ra(gs) rgyab (r)Tsa AIT, p. 128. La reine Zizi : femme de Chogtrül brgya (‘)thumm gnyis ? bzang lugs sa phud

130

ANNEXES





576 577 578 579 580 581

en raison d’une possible autonomie Du Zanskar Zorawar Singh arrive à Leh en passant par Gyanyima Les femmes du roi Chogtrül, la reine mère, Sopalkyi, Zora Khatun et les officiels non-laïcs partent au Kinnaur et à Shimla via Hanle Wazir Zorawar détruit les trésors du palais de Leh. Le ministre de Leh, Ngödrup Tenzin est nommé roi. Tseten, seigneur de Gya, est nommé premier ministre La reine Kalzang Drolma donne naissance à son fils Jigmet dans le palais de Shey En 1839 Zorawar Singh arrive à Leh Ngödrup Tenzin et le moine officiel sont mis aux fers à cause de mauvais comptes. Préparation de la guerre à Skardo576 Il y a comme un accord de paix sans qu’il n’y ait eu beaucoup de confrontations avec le roi de Skardo, Ahmat Shah Rahim Khan, seigneur de Paskyum au Purig et ses serviteurs ont les jambes, bras, langues et nez coupés et sont persécutés577 Le roi Tsepal meurt de la variole Guerre contre le gouvernement central du Tibet Prise de Rudok, Tashigang, Gar Gunsa et Gar Yarsa L’armée tibétaine et les champs de bataille de Drogpo Relsum578 Destruction des forteresses et envoie de leurs trésors à Leh Huit jours de discussion entre les Gurkhas du Népal et Zorawar Singh Le chambellan Gönpo579 arrive du Ladakh avec 1800 [soldats] à Toyo580 Envoi d’une lettre à Jammu pour avoir plus de soldats. Déplacement du camp des soldats à Toyo Wazir Zorawar Singh meurt d’une lance dans le cœur Les efforts de l’intendant Gönpo pour obtenir la liberté581 Diwan Hari Chand et son armée arrivent au Cachemire Destruction des supports du corps, de la parole et de l’esprit dans les palais et monastères Traité de paix entre le commandant des troupes de Lhassa et Hari Chand Le seigneur Rigzin se fait nommer Go-bind-ra, ministre du Ladakh et Kar-dAr Histoire de la guerre sikhe d’après l’ancien moine [du palais] Könchog Nyima Rangdröl Mort de la reine, et de la mère de Chogtrül à Shimla

AIT, p. 131. Le tribut n’a pas été complètement payé. AIT, p. 132. AIT, p. 135. Grogs-po rab-gsum lieu indéterminé par Francke, entre le sPang-gung mtsho et Gu-ge. Voir carte de S.S. Gergan dans LGCT p. 568. mGon-po : nom de l’intendant. AIT, p. 134. To-yo ou Do-yo lieu indéterminé par Francke. Voir carte de S.S. Gergan dans LGCT p. 568. AIT, p. 135.

131

531 532 533 534 536 541 542 543 549 549 554 556 558 560 564 564 565 568 571 571 571 584 590 594 600

ANNEXES • •

Le droit du Ladakh et les fonctionnaires Les taxes commerciales royales Explications du Maryül, Ladakh, Leh Histoire des lieux saints de Leh et du Ladakh Maryül Les marchands et messagers étrangers et l’islam Explications des origines du nom Maryül Origines des lignées Mons et des noms de villages

Bibliographie

604 613 617 621 621 627 630 633

Les liens du Maryül-Ladakh-Ngari Korsum à la lignée de Nyatri Tsenpo Généalogies (descendances de Nyimagön)

636 637-646

Annexes – – – –

Index des rois et ministres en tant qu’explications complémentaires. 1 et 2 Index des documents officiels. 3 à 10 Liste des noms de familles et taxes de Sabu à l’époque des rois. 11 Carte du Maryül-Ladakh-Ngari Korsum.

Liste des illustrations Cette liste n’apparaît pas dans le Trésor éternel. Les légendes sont en tibétain sauf indications contraire. Bazar de Leh et le palais (pas de légende) couverture Photographie du dalaï lama opp. p. B Photographie de Sönam Tseten Joseph Gergan Frontispice Photographie de Sönam Skyabdan Gergan opp. p. 16 Photographie des pétroglyphes nestoriens de Drangtse (pas de légende, tirée de notes) opp. p. 188 Copie du PT 1085 et son sceau (pas de légende) p. 191 Photographie du Maitreya de Mulbek opp. p. 318 Photographie de Kushok Stagtsang opp. p. 362 Lettre en mongol signée de l’abbé de Thiktse opp. p. 438 Carte de la retraite à Kyinmartse durant la guerre du Ladakh contre les ennemis dogras p. 519 Carte de la guerre de Wazir Zorawar Singh contre le gouvernement du Tibet opp. p. 568 Photographie des conséquences de l’oppression de Wazir Zorawar Singh opp. p. 570 582 Gravure de Leh avant les guerres sikhes opp. p. 581 Photographie de Leh en 1940 opp. p. 582 Photographie des employés du Tehsil dogra en 1903 (légende en hindi) opp. p. 603 Photographie de Dardes et de Môns opp. p. 631 Photographie de Sönam Skyabdan Gergan Rabat du quatrième de couverture

582

Gravure tirée de William Moorcroft et George Trebeck, Travels in the Himalayan Provinces of Hindustan and the Panjab ; in Ladakh and Kashmir ; in Peshawar, Kabul, Kunduz, and Bokhara, New Delhi, Sagar, 1971, 2 vol. [première édition 1841]

132

133

Texte des pages 1 à 3 du Trésor éternel

Annexe 2

ANNEXES

ANNEXES Traduction Je me prosterne respectueusement par le corps, la parole et l’esprit, devant Dieu insurpassable et tout puissant, qui a créé583 tout ce qui se trouve dans le ciel et sur la terre, et qui protège sans exception tous les êtres humains et animaux, sans la moindre partialité. En son nom excellent, je désire mettre par écrit l’histoire appelée Trésor éternel, avec une partie des documents collectés sur l’histoire du Maryül Ladakh. Alleluia ! Louez le SEIGNEUR depuis les cieux : louez-le dans les hauteurs ; louez-le, vous tous ses anges ; louez-le, vous toute son armée ; louez-le, soleil et lune ; louez-le, vous toutes les étoiles brillantes ; louez-le, vous les plus élevés des cieux, et vous les eaux qui êtes par dessus les cieux. Qu’ils louent le nom du SEIGNEUR, car il commanda, et ils furent créés. Il les établit à tout jamais ; il fixa des lois qui ne passeront pas.

montagnes et toutes les collines, arbres fruitiers et tous les cèdres, bêtes sauvages et tout le bétail, reptiles et oiseaux, rois de la terre et tous les peuples, princes et tous les chefs de la terre, jeunes gens, vous aussi jeunes filles, vieillards et enfants ! Qu’ils louent le nom du SEIGNEUR, car son nom est sublime, lui seul, sa splendeur domine la terre et les cieux. Il a relevé le front de son peuple. Louange pour tous ses fidèles, les fils d’Israël, le peuple qui lui est proche !

Louez le SEIGNEUR depuis la terre ; dragons et vous tous les abîmes, feu et grêle, neige et brouillard, vent de tempête exécutant sa parole,

Alleluia !584

Ayant prononcé ces paroles de bon augure, voici ce sur quoi je souhaitais discourir : sans parler d’une façon résumée de l’histoire du peuple tibétain et du lignage royal de sPurgyal, je pensais qu’il fallait écrire l’histoire du Ladakh, et j’avais établi une première mouture. [Mais] comme ceci ressemblait à un château sans fondations, ou un arbre sans racines, je vais faire une présentation ci-dessous juste en tant qu’appendice suivant la manière descriptive du mGo-zlum Das-chad qui se trouve dans les Sutras585. Au sujet des origines des populations et des sphères d’existences, les quatre grandes histoires des origines : Sems-can gyi Khog-pa, mGo-zlum Das-chad, Mi-rabs Shing-rtse/rtsa, sTong-sde Mi’i-byung-srid586.

583 584

585 586

bkod : mis en place, disposé Psaume 148, précisé dans les notes de Gergan. La traduction est directement tirée de la TOB, ce n’est pas une traduction du tibétain. La traduction de Gergan en tibétain est différente dans le LGCT et dans sa version de la Bible. Collectif, La Bible, Traduction œcuménique, Bibli'O-Société biblique française-éd. du Cerf, 2010, pp. 1479-1480. Les livres des sermons du guide (Shakyamuni). Roberto Vitali, « Tribes which populated the Tibetan plateau, as treated in the texts collectively called the khungs chen po bzhi »

134

135

Texte des pages 73 et 74 du Trésor éternel

ANNEXES Annexe 3

ANNEXES Traduction

À présent, en accord avec les explications données dans chacun des documents cités cidessus 587 , si on résume très brièvement la généalogie des populations et l’histoire de l’apparition des rois, tout d’abord à propos de l’origine et la généalogie des hommes le mGozlum Das-chad et d’autres chroniques sont en accord à propos [du fait que] le premier ancêtre était gShed-can ou gShed-la-dbang588, que les dieux âgés sont devenus hommes, et que les sPu-rgyal-pa, ou bien les sept ou huit tribus [originelles] du Tibet descendraient du dieu Rupati589 ou de [la déesse] Rupini590. Cependant, comme ça ne correspond pas à l’explication du Ma-Ni bKa’-‘bum qui dit que les Tibétains descendent du père singe et de la mère démone des rochers, je ne vois aucun moyen [pour décider] de qui les premiers ancêtres des Tibétains, sMra, Zhang-zhung, gTong, (g)Sum-pa, lDong, Me(i)-nyag, bSe et ‘a-zha591 descendent et d’où ils viennent. Si j’observe la morphologie des tibétains, leur teint, leurs manières, leur caractère, leurs vêtements, il est logique de constater qu’ils descendent de lignées mongoles. Ne sachant pas parler mongol, je n’ose pas dire si oui ou non le mongol et le tibétain se sont développés depuis une même famille. Au sujet du Tibet (Bod) dans le contexte de ce qui est appelé la lignée des rois du dharma, on explique que Bod provient du [verbe] ‘bod592, mais à mon humble avis de la même manière que les Tibétains disent rGya-gar pour l’Inde (Bha-rat) ou l’Hindustan (Hin-du-stAn), rGya-nag pour la Grande Chine (Ma-hA Tsi-na), et Bal-po pour le Népal (NAe-pAl) ; les Indiens, les Cachemiris… disent pour le pays de sPu-rgyal : Tibet (Ti-bed), Tibat (Tib-bat), Thubet (Thub-bed), et pour les habitants de sPu-rgyal, Bhot (BhAoT) et Bhota (BhAo-TA). À partir de là, j’en déduis que comme [la prononciation de] la lettre Ta (!" rétroflexe) est incorrecte dans les langues des gens de sPu-rgyal, ils disent Bod pour BhoT. Jusqu’à aujourd’hui, les Indiens disent Bhot (BhAoT) et les Cachemiris Bhota (Bho-Ta) pour le Tibet 587 588 589

590 591

592

Notamment le Ma-ni bKa’-‘bum Selon Francke gshed can = Manu. AIT, vol. 2, pp. 64-65. Voir Alaka Chattopadhyaya et Lama Chimpa, Atisha and Tibet, Delhi, Motilal Banarsidass, 1981, p. 153 : « Bu-ston, de l'autorité du commentaire su Devatisaya-stotra, dit : « Au moment où les cinq Pandavas se battaient avec les douze armées des Kaurava, le roi Rupati avec 1000 guerriers, déguisés en femmes, ont fui dans le district rocheux de l'Himalaya. Parmi ceux-ci (les Tibétains) sont considérés comme les descendants ». S.C. Das, cependant, dit que, après la migration vers le Tibet Rupati “a trouvé le pays sPu-rgyal largement peuplé par une race d'hommes encore à l’état primitif. Ils l'ont accueilli comme leur roi.” [...] Les Tibétains considèrent généralement Rupati et ses compagnons comme les ancêtres des Tibétains et le premier roi du Tibet est toujours mentionné comme étant gNya-khri btsan-po » Bu-ston Rin-chen-grub, Bu-ston Chos-‘byung, Krung-go Bod kyi Shes-rig dpe-skrun-khang, 1988, p. 180 : « dang po la spyir bod kyi yul du mi’i ‘gro b dang po byung tshul ni / lha las phul du byung b’i bstod p’i ‘grel par (slob dpon shes rab go chas byas pa’i) / skya seng bu lnga dang (shAkya’i rigs so) / dgra ngan dpung tshogs bcu gnyis ‘thab pa’i dus su rgyal po ru pa ti zhes pa dmag stong phrag gcig dang bcas pa bud med kyi chas su zhugs te ri gangs can gyi gseb tu bros pa las ‘phel ba yin par bshad cing / bod kyi gtam (bod ‘dir dang po mi med / mi ma yin gyis gang ba la srid pa phya’i mkhan rjes dbang byas / de nas mu rje btsan po bdud ma TraM ru TraM / srin po yag she de wa / klu rgyal gang po rnams kyis dbang byas / de nas spre’u dang brag srin las mi rnams byung / ma sangs spun dgu / rgyal phran nyi shu rtsa lnga / rgyal phran bcu gnyis / rgyal phran sil bu bzhi bcus dbang byas so) las spre’u dang brag srin mo las chad par ‘chad de de dag rgyas par gzhan du blta’o ». Pas d’informations sur Rupini. Au sujet des premières tribus, de leur nombre et de leurs noms qui diffèrent en fonction des sources, des régions et des traditions voir : Gyilung Tashi Gyatso et Gyilung Thugchok Dorji, Yeshi Dhondup (trad.), The Treasure of the Ancestral Clans of Tibet (Bod kyi mi-bu-gdong-drug gi rus-mdzod me-tog skyed-tshal zhesbya-ba bzhugs-so), Dharamsala, LTWA, 2009, 168 p. Roberto Vitali, « Tribes which populated the Tibetan plateau, as treated in the texts collectively called the khungs chen po bzhi », in Lungta 16, Printemps, 2003, n° 16, pp. 37-63. appeler, invoquer

136

ANNEXES (Bod). Dans les temps anciens, les Chinois appelaient le Tibet Toufan (Tu’u-phan). Il est manifestement corrompu qu’en l’appelant, de la même manière, Thubhat (Thu-bhad) en langue mongole. De plus, du temps du calife musulman Harun Rashid (765-809), à cause du fait que les Arabes et les Hors eussent établi d’importantes relations commerciales de soie et de vêtements en direction de la Chine, ils ont appelé les habitants de sPu-rgyal, Thubhat (ThubHat) de la même manière qu’en mongol. Il apparaît que le Tibet et les origines du Tibet doivent être particulièrement étudiés593.

Annexe 4 Texte et traduction de la page 75 du Trésor éternel

En ce qui concerne le trente-troisième [détenteur] de la lignée royale [de sPu-rgyal], Songtsen Gampo, comme il est clair selon le Be-dkar594 qu’il est né en l’an 624, on peut en déduire que Nyatri Tsenpo est apparu à peu près en même temps que Jésus595.

593

594 595

sar gcad ? terme ladakhi ? Louis Bazin et James Hamilton, « L’origine du nom Tibet » pp. 9-28 in Ernst Steinkellner (ed.), Tibetan History and Language, Studies dedicated to Uray Géza on his seventieth birthday, Vienne, arbeitskreis für tibetische und buddhistische studien universität wien, 1991, 536 p. Peut-être une abréviation pour le gDung-rabs Pad-ma dKar-po’i ‘Phreng-ba. Ce qui ne correspond pas puisque Nyatri Tsenpo, roi mythique, serait né selon la tradition en -126 de l’ère chrétienne, le calendrier tibétain prenant cette date pour année zéro.

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ANNEXES Annexe 5 Texte des pages 188 à 191 du Trésor éternel

138

139

ANNEXES

ANNEXES Traduction

Le Taklamakan : Tout comme ce vainqueur (le dalaï lama) ne savait pas ce qu’était le pays appelé Li, c’est devenu quelque chose d’inconnu actuellement. Mais, le grand savant Lobsang Chökyi Nyima596, mort en 1802, auteur du Grub-mtha’ so-so’i bshad-pa597, avait semble-t-il compris que le pays de Li est près de Sog Yul. Il a compris que Li-yul est le nom non seulement pour ce qu’on appelle Turkestan oriental aujourd’hui, mais c’est le nom général pour les territoires que sont le Pamir, Samarkand et le Taklamakan. Le pays de Li se trouve au nord du Tibet, et aux confins sud de la Russie. C’est [la région] appelée Shinhrang598 par les Chinois, Kamshadesh par les Indiens, et Turkestan dans d’autres pays. Il est connecté au nord du lac Kokonor à ses frontières orientales, et aux frontières occidentales se trouvent la Perse599, Hunza, le Balti et le Ladakh. Dans les temps anciens, la doctrine du Bouddha s’est développée partout et en 860 environ, les royaumes ouïgour600 et musulman s’agrandissant le dharma déclina. Les moines ont fuit en Inde, en Chine et au Tibet. En (sans date) Sir Aurel Stein, célèbre savant des temps anciens, a constaté l’existence de nombreux monastères anciens qu’il y avait à Loulan601 ou Shanshan dans la région du Taklamakan. D’autre part il a examiné des stupas en ruines et des forteresses. On a aussi découvert, au milieu des sables de ce pays désertique, de nombreuses ruines de forteresses tibétaines, et de celles-ci sont sortis de nombreux objets du Tibet ancien : outils divers, de nombreuses listes grandes et petites d’impôts collectés auprès des populations, beaucoup de lettres et des tablettes échangées entre les chefs de districts et les généraux etc… Ceux-ci ont été emportés dans plusieurs pays et tous les archéologues602 qui ont analysé l’histoire ancienne en ont confiance603. La totalité des peintures murales sur fond d’argile de l’un des anciens temples a été enlevée et emportée en Inde où elles sont aujourd’hui au musée national604 de la capitale Delhi. Mais il y a encore beaucoup d’autres objets à découvrir. Il y a des registres fiscaux sur des morceaux d’os, des Sam-Ta en bois, sur du cuir, des plaques en bois605… Voici par exemple une réponse à une pétition livrée à un général : Copie du P.T. 1085606

596 597 598 599 600 601 602 603 604 605 606

(1737-1802) 13e/3e Thuken (Thu’u-bkwan) Hutuktu auteur du Clair miroir des systèmes philosophiques. Thukan Lobsang Chökyi Nyima (Thu’u-bkan Blo-bzang Chos-kyi Nyi-ma), Grub-mtha’ Shel gyi Me-long (miroir de cristal des systèmes philosophiques), Montréal, Institute of Tibetans Classics, 2007, p. 320. Xinjiang, Shinjang en ouïgour. Ta-zig (sTag-gzig) yu gur Découverte par Sven Hedin 1899. sngon gyi lo rgyus dpyod pa’i mkhas pa : note de bas de page précisant la traduction du terme archéologue par Joseph Gergan. Attention aux faux cf. Peter Hopkirk, Bouddhas et rôdeurs sur la route de la soie, Paris, Arthaud, 1989, 283 p. [édition anglaise : Foreign Devils on the Silk Road, Londres, John Murray Pub., 1980] ne she nal mi’u zim byang bu Voir Annexe 16, p. 166.

140

141

ANNEXES Annexe 6 Texte des pages 335-336 du Trésor éternel

ANNEXES

Traduction

À propos de la langue bunan607, il s’agit d’un mélange d’une très vieille langue tibétaine et d’autre part des langues Môns. Afin de démontrer en quoi est elle proche du tibétain ancien, nous proposons six exemples. 1) Tout d’abord, un premier groupe d’exemples afin [de démontrer] des concordances avec le tibétain : Il y a un certain nombre de mots qui correspondent : dkon cog (ancienne forme pour dkon mchog), khyad (particulier, caractéristique, différent), gyong-po (rigide, fort, inflexible), nga-ro (voix forte), cub( ?), chos (doctrine), jo (seigneur), nya (poisson), stod (haut, supérieur), tho (liste, cairn), dag sam ( ?), nor (possessions, richesses), par (moule, impression), phag (cochon), bu tsha (fils, enfant), me (feu), tsong (oignon), mtsho (lac), dza-ti (muscade), wang [dbang] (le pouvoir), zhu (demander), bzo (fabriquer), gzugs (forme, corps), ‘un [‘un thug] (?), yam tshan (ya mtshan, étonnant, merveilleux), ru-co (corne ?), lo (année), sems (esprit), ham pa (bravoure, courage), a zhang (oncle maternel)… 2) En deuxième exemple, il y en a qui ne correspondent pas tout à fait : kum=khyim (maison), khyu=khyi (chien), khyem=khyams (cour), gro ba=glo ba (poumons), myos=rmos (charrue), zhod=yod (exister), za men=zas (nourriture)… 3) En troisième exemple, comme en tibétain ancien, on nomme les ra gtags et ya gtags comme au Balti : khru (coudée), khral (taxe), gral (ligne), brag (rocher), bya (oiseau), phyag (main), phrin (message, nouvelles, activité) 4) ……………

607

Le bunan ou punan, aussi appelé ghara ou ghar, est une langue du Lahul. Elle est l’une des trois principales langues de cette région avec le tinan et le manchat. Cette langue semble avoir été écrite en Takri, les missionnaires moraves l’ont aussi transcrite en écriture tibétaine.

142

ANNEXES

Annexe 7 Texte et traduction des pages 342 et 343 du Trésor éternel

Son fils (à Lhachen Ngögrub) est le prince608 Rinchen. Ce roi s’est enfui au Cachemire et en est devenu roi se faisant appeler Rinchen Shah. Plus tard, il est devenu fakir609 ou bien un disciple610 de Bulbul Shah611 puis s’est engagé dans la religion des musulmans, revêtant le nom de Sadar-Ud-Din. Gyalbu Rinchen a régné d’à peu près 1320 jusqu’à 1323.

608 609 610 611

Gyal-lu Pha-kIr, au Ladakh la lettre Pha est parfois prononcée {fa}. Par exemple, le monastère de Phyi-dbang peut être nommé {Pyang} ou {Fyang}. Le Fakir est un ascète soufi. Littéralement un « étudiant de yoga », prendre ici le yoga comme les pratiques soufies. Hazrat Sharaf-ud-Din Abdul Rehman Bulbul Shah († 1326), il est l’un des premiers soufis a être entré au Cachemire après avoir voyagé de Bagdad au Turkestan. Il est à l’origine de la première dynastie musulmane du Cachemire. Voir : http://sufinews.blogspot.com/2005/12//hazrat-bulbul-shah-1st-great-muslim.html (consultée le 03/01/12) Nabi Hadi, Dictionary of Indo-Persian literature, New-Delhi, Abhinav Pub., 1995, p. 143.

143

ANNEXES Annexe 8 Texte des pages 495 et 496 du Trésor éternel

144

ANNEXES

Traduction

À cette époque, les deux étrangers anglais possédant beaucoup de richesses, Moorcroft et George Trebeck612, arrivèrent le 24 septembre 1820 à Leh depuis Kullu via le Lahul et restèrent dans la maison d’un artisan. « Nous souhaitons rendre visite au roi ! » ont-ils déclaré. [Il leurs a été répondu], « On ne peut pas savoir quel mal peut venir des hommes ! ». Et, après que les ministres se soient tous consultés, l’audience fut refusée pendant plusieurs mois.613 Dans les notes de William Moorcroft614 : « Les intrigues et conspirations des marchands de laine615 du Cachemire ont été montrés616 au ministre Tsewang Döndrub, Nono Kalön, au chef de Leh Tamdrin Namgyal et à la reine mère, et pendant plusieurs mois on ne leur avait pas permis de rencontrer le roi. Plus tard, Khoja Shah Nyas et Mir Izzet Ullah sont venus en médiateurs et le 21 octobre 1820 le ministre Tsewang Döndrub, Nono Kalön, Khaga Tenzin et quelques fonctionnaires des châteaux du Ladakh, ainsi que Mohsin Baba un marchand Turc617, et Abdul Latif ont fait un accord et on a pu rencontrer le roi. Nous lui avons offert toutes sortes d’objets, principalement des armes à feu. Nous avons donné aux aristocrates du Ladakh beaucoup de richesses merveilleuses en fonction de leur rang. Nous avons demandé au roi : “Vous, et les ministres, les fonctionnaires et les sujets, il y a un risque que quelqu’un ne vous trompe et prenne votre pays en raison de vos échanges commerciaux, méthodes, le fait que le pays est pauvre, et votre manière de penser. [Nous demandons :] [1.] La permission de construire un magasin permanent ou bien un comptoir commercial ici, dans la capitale Leh 2. Ouvrir des relations commerciales avec le Ladakh sans qu’il n’y ait d’obstacles pour faire du commerce avec d’autres pays 3. Des taxes modérées 4. Autoriser les routes commerciales du Ladakh et de l’Inde à accéder à Gar Gunsa, Gar Yarsa via le col de Niti ; demander cela fermement à votre allié, le gouvernement du Tibet, et l’obtenir. »

612 613 614 615 616 617

sa hib che chung : le grand et le petit monsieur Texte tibétain tiré mot pour mot des chroniques anciennes : AIT, p. 47 (p. 125, traduction anglaise). Ce n’est pas une traduction fidèle de l’anglais, mais les informations suivantes proviennent de : William Moorcroft et George Trebeck, op. cit., p. 253-255. le na : pashmina ngan dang gros ngan hor

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618

Annexe 9 Texte et traduction des pages 510 et 511 du Trésor éternel618

Se reporter aussi à Luciano Petech, The Kingdom of Ladakh, p. 138.

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Ce que Petech nomme : « an account added to the series of the descendants of Padma Karpo ». Il y a peu d’informations au sujet de ce texte voir : Drikung Kyabgon Chetsang, A History of the Tibetan Empire, Dehra-Dun, Songtsen Library-CTHS, 2011, p. 68. Bla-zur Zin bris gsum brtag ltar brtsams nas med do /

1. Il y a une quantité assez importante d’annexes dans les sources fiables dont « La guirlande des lotus blancs »619, où il y a de brefs (récits) à propos de la Guerre des Sikhs. 2. “L’histoire de la guerre avec une armée étrangère (au delà) des frontières”, le petit livre sur témoignage oral de Tsetan, un vieil homme de Khalatse, recueillit et édité par le missionnaire morave, docteur Francke. 3. L’histoire écrite en 1862 par l’ex-moine620 de Lamayuru, Könchog Nyima Rangdröl (qui lui-même a souffert au moment de la destruction des supports du corps, de la parole et de l’esprit du monastère, et du monastère lui-même, durant la guerre sikhe. 4. Le manuscrit original de ce qui a été vu et entendu par le secrétaire du roi Tsheten Döndrup Namgyal, lui-même, au sujet de la guerre sikhe. Nous n’avons pas commencé avec l’examen des trois sources écrites 621 (Lotus blanc, Könchog Nyima Rangdröl, et le secrétaire). Comme il y a de nombreux mots écrits des langues de l’Inde et du farsi, ce sera précisé dans les notes.

Bien qu’il y ait beaucoup de documents qui aient été écrits en farsi, urdu, dogri, tibétain à propos de la guerre Sikh, j’ai collecté quatre documents fiables dans le Bas-Ladakh qui semblent être impartiaux, en voici la liste ci-dessous :

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Annexe 10 Texte des pages 617 à 632

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ANNEXES Traduction Les passages soulignés ont une traduction très incertaine, la transcription du texte tibétain a été mise en note. D’autres termes sont restés en Wylie dans la traduction, certains proviennent probablement d’un vocabulaire ladakhi.

Guide des lieux importants du Maryül, Ladakh et Leh. Gle : lieu dans le désert où il y a des prairies, des sources, des arbres. Oasis622 ; parc ; jardin. Le roi Tashi Namgyal a fondé le château de Leh connu sous le nom de Namgyal Tsemo ainsi que le village nommé Chu-bi d’en haut623. Au Namgyal Tsemo, il a érigé un temple aux divinités protectrices dans lequel des cadavres de soldats Hors tués dans la guerre ont été posés à ses pieds. Le roi Jamyang Namgyal a construit la première partie du grand palais de Leh, le Gle-chen dPal-mkhar. Plus tard, le roi Senge Namgyal a agrandi ce château et il a érigé trois portes dans la partie supérieure au village appelé Chu-bi d’en bas. Jadis, les habitants de Leh s’alimentaient en eau à partir de la source et de la citerne qui sont au pied de la montagne où il y avait l’ancien sentier de ce qui est à présent Chu-bi d’en bas. Cependant aujourd’hui et depuis un certain nombre d’années ce réservoir s’est rempli de terre, et on ne le reconnaît plus. On voit qu’il y avait la coutume de faire alimenter le château par un canal secret mené depuis l’endroit où il y a une statue en pierre au pied de la montagne de la porte nord du château. On doit reconnaître qu’il en était de même pour d’autres châteaux anciens comme Basgo, Temisgam… Probablement, parce que l’eau des rivières et des canaux d’irrigation pouvaient être détournée par les ennemis, on a créé des lieux d’alimentation à partir des sources et des puits. Les châteaux et monastères sont aujourd’hui en haut des montagnes, les anciens monastères du temps des rois avaient des systèmes d’irrigation creusés dans la montagne624. C’est toujours possible de les voir aujourd’hui. Jadis, la plupart des châteaux du pays étaient à l’intérieur de remparts625 à cause des nombreux ennemis et bandits. Depuis les sources proches de chaque château et jusqu’aux châteaux les canaux étaient traditionnellement couverts par des srol thog. De même, des spe’u626 étaient construits aux abords des sources, et ces endroits qui étaient difficiles d’accès sont connus sous le nom de Chubi. De tous les jardins de Leh le plus charmant ayant de l’eau pure est le jardin du roi appelé Karzo. Auparavant c’était construit comme lieu d’habitation de l’envoyé britannique627. Aujourd’hui, il est devenu le quartier des officiers indiens628. Près de cet endroit, au lieu dit Karzo-du-dessous, il y a les locaux de la mission morave629. Le plus grand de tous les champs de Leh, c’est le champ de la reine mère. À l’époque des Sikhs, ils ont agrandi le marché en faisant faire un bâtiment avec deux côtés. Du temps des

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En nastaliq. Du sommet Sngon mkhar dang dgon pa da lta sgang sngon dgon pa bya ba la rgyal dus su ri’i nang nas chu spi bar srol brkos nas chu ‘dren pa yin chud dam Petites maisons, abris ang rez mi sna ka mish nar En anglais dans le texte : Officers’ Mess. Texte de S.S. Gergan, cette partie fait référence au Mess Alpha. Aujourd’hui fait donc référence à une date postérieure à 1947. Communication avec John Bray du 12 mai 2012. En anglais dans le texte

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ANNEXES rois, dans les rues adjacentes à l’intérieur des remparts, il n’y avait pas de bouchers, [mais] des petits marchants vendaient des textiles, des épices, du thé etc… Les gros marchants faisaient du commerce à l’intérieur [de magasins]631. Auparavant les courses de chevaux se faisaient d’ouest en est, devant les principales maisons en direction de Ka-ka-ning. Maintenant, les courses se font du sud au nord, depuis les maisons baltis jusqu’à la mosquée et comme avant le spectacle n’est pas visible du château. Avant, Dewi Gulab Mandri et le Tehsildar se sont installés dans les champs appelés Skyusa et dans le vieux bazar. Tous les villages autour du bazar et la nouvelle ville632 se sont formés durant la période dogra. À l’extérieur des remparts, entre les maisons des orfèvres et le vallon aux abricots, il y a le grand jardin du château appelé Loting633. Au moment de la guerre sikhe, ils ont détruit le charmant verger d’abricotiers dans le vallon. La plupart des terres de Loting sont devenues propriétés des Argöns (enfants de pères musulmans et de mères bouddhistes converties à l’islam), et leurs maisons y sont encore jusqu’à aujourd’hui. En accord avec les anciens contrats de propriété, la valeur des terres à l’intérieur des remparts est plus élevée. C’est comme le dit le proverbe, « mkhar chud di khang pa dang / rdzing g.yog gi zhing »634. Aujourd’hui toutes les anciennes fortifications sont progressivement tombées en travers de la montagne et des habitations ont été construites [avec les ruines] dans les anciens quartiers d’été près des champs et de l’eau. Ceux qui restaient à l’intérieur des fortifications, on les appelait les nanglog ; et ceux qui étaient à l’extérieur, des phyi-logs. À l’intérieur il y a un chef et un Dag to ga che [aussi appelé nang tog], à l’extérieur aussi il y a quelque chose de similaire. Il y a quatre portes635 dans le mur d’enceinte. Ces quatre portes sont : la porte de l’est [qui sert pour] la piste des chevaux ; la porte de l’ouest [qui est] une triple porte ; la porte du devant [nord] Tetses ; et la porte du sud tshas mkhan srol ‘og. Devant chaque porte il y a un Ka-ka-ning, et un gardien ; et avec chaque porte il y a quelques caves-prisons. Ceux qui ont fait de grands crimes et qui vont être exécutés nyo mar bkal636. La plupart étaient exécutés par les bourreaux637 de ces temps là, en les jetant à l’eau. Ceux qui avaient fait des délits moins graves étaient torturés comme dans les enfers chauds : le jour ils étaient ensevelis nus dans la sable jusqu’au cou, la nuit, ils étaient mis en prison, attachés avec des chaînes. Si à la fin de leur sentence ils n’étaient pas encore morts, alors ils étaient chassés. Pour ceux qui avaient commis des fautes encore moins graves : ils étaient battus avec des bâtons le jour et punis en [les forçant à] porter de grandes pierres, la nuit ils étaient mis dans les caves-prisons à côté des portes d’où on les surveillait. Le roi [pardonnait, en leurs] donnant le statut de « personnes à la vie sauvée638 » à ceux qui arrivaient sur les hauteurs là où se trouve le monastère de Thar-pa-gling639 et qui arrivaient à y saisir le grand mat de prières640. 630

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sentiers et les petits commerçants, dans la rue. urdu : Nau shahar Lo-gting Joseph Gergan et Walter Asboe (trad.), « A Thousand Proverbs and Wise Sayings with short explanations of obscure Phrases » in JASB, vol. VIII, 1942, proverbe n. 108, p. 169 : « mkhar chud di khang pa dang / rdzing g.yog gi zhing / de ‘dra’i zhing dang khang par stod dus zer ro/ A house within the city wall, and a field beneath a dam » sTa sgo sont amenés devant des témoins ? bshan pa tshe thar ba Lamayuru : Yung-drung Thar-pa-gling dgon-pa dar-chen

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ANNEXES Les représentants, messagers et marchands étrangers : Tous les trois ans, une centaine de propriétaires641 du Cachemire, ou bien plus que ça642 venaient se faisant passer pour des messagers. Par le passé, les messagers [qui arrivaient au Ladakh] étaient respectés comme des invités et pouvaient jouir de tout ce qu’ils souhaitaient. C’est pourquoi les Cachemiris, étant sans vergogne, se sont comportés comme des brigands et, lorsqu’ils venaient, tous les hommes et les femmes ladakhis devaient s’enfuir en cachant leurs ornements les plus attirants de peur qu’ils ne les volent. Bien que, de la même manière, il y avait des émissaires Tibétains et Hors, ils ne faisaient pas comme ça. La maison qui s’appelle Don grub khang gsar qui était la résidence pour les messagers tibétains, les envoyés643 turcs et indiens, avait des kha bad644 et des rab gsal645. Le mur d’enceinte qui se trouvait à l’extérieur a été détruit plus tard, durant la période Sikh. Le Thanadar646 Mag na l’a reconstruit, et c’est pourquoi on lui a donné le nom indien de Haweli de Mag na. La religion musulmane, l’islam au Ladakh Maryül Le roi Jamyang Namgyal ayant établi des frontières de paix avec l’armée Balti, il a fallu accepter de prendre en tant qu’épouse Gyal Khatun, la fille du seigneur du Balti. Jusqu’à la mort de la reine Gyal Khatun, elle resta au sein de sa religion, l’islam. Elle fit construire trois mosquées dans trois lieux importants : une petite mosquée en dessous du vieux château du Namgyal Tsemo à Leh, une en contrebas du château de Temisgam, et une autre à Hundar dans la Nubra. Plus tard, elle mourra au château Khyung-rdzong de Hundar, et on y construisit un tombeau647 pour l’ensevelir à côté de la mosquée. En juillet648 1928, des torrents d’eau venus depuis le col de Thang-klas, ont submergé les maisons, les champs, la mosquée, et le tombeau, et ils ont été détruits. La mosquée de Hundar qui occupait une position dominante comme communauté musulmane est devenu bouddhiste plus tard, mais jusqu’à aujourd’hui, c’est la tradition d’apporter des gzims ting au siège de la mosquée. Il n’y a qu’une seule maison, qui était donné comme un cadeau, avec ses champs au service de la mosquée. Lorsque le temps des Sikhs est venu les champs [de la mosquée] ont été inclus parmi les champs taxés, et la mosquée en était entourée. Puis les musulmans de Hundar ont construit une mosquée sur les fondations de la cour intérieure de l’ancienne mosquée. En 1913 la vieille mosquée de Shey fut détruite et on a émis une louange de grandeur, à propos des g.ya mang chung pendant la construction de la nouvelle. Jusqu’à cette année-là, ça faisait 330 ans (du calendrier musulman, l’hégire) que la mosquée était là, et le riche musulman du Ladakh Khan Bahadur Ghulam Rassul649 dit : « Nous savons que cette mosquée aussi a été fondée par le pouvoir de Gyal Khatun ». De la même manière, lorsque des musulmans ou des tibétains non-bouddhistes arrivent dans ce pays, les marchands musulmans protègent les richesses (en provenance) de l’Inde, de la Perse et des Turcs, et ainsi ils réjouissent les rois et les aristocrates. Parmi ceux-ci certains sont nommés secrétaires-interprètes et ils traduisent650 les lettres de Hor, d’Inde, du Cachemire en tibétain et écrivent des réponses. (On

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urdu : ma lig de las kha chag pa urdu : el chi kha bad : ornement architectural d'une maison tibétaine formé par les extrémités saillantes des poutres qui soutiennent le toit rab gsal : véranda Thanadar : Commissaire de police caché ju la : anglais July Ghulam Rassul Galwan († 1925) Ghulam Rassul Galwan, Servant of Sahibs, A Book to be read Aloud, New Delhi-Chennai, Asian Educational Services, 2005, 282 p. [première édition Cambridge, W. Heffer & Sons, 1923] phab pa : décodent

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ANNEXES nomme Argön les riches lignées entre femmes du Ladakh et musulmans Hor). Il y a un petit peu (de récit) que l’on pourrait raconter depuis les tout premiers décrets à propos des trois lignées des tout premiers habitants, (1) les secrétaires du roi qui s’appelaient Kho-ja-kun ; et (2) ce qu’on appelait les orfèvres, qui frappaient les pièces de monnaie du roi Baba ; et (3) les chefs cuisiniers du roi appelés Malik. Les familles musulmanes nommées Argön qui sont arrivées à l’époque des rois sont aujourd’hui nombreuses, et bien qu’il ne soit pas expliqué que leurs ancêtres sont arrivés ici depuis le Cachemire et le Kishtawar quelques générations auparavant, il a déjà été expliqué ci-dessus que ce fut en 1666 que le roi de Delhi, Aurangzeb, par son pouvoir a fait construire la mosquée de Leh au roi Deldan Namgyal grâce à un complot651 musulman. Concernant la place des moulins à eau dans les nouveaux potagers : du temps de l’expansion des musulmans il est expliqué dans l’édit proclamé par le roi qu’il donna un lieu pour faire un jardin pour les deux branches sunnites et shiites. Quelques familles Hor aussi ont été mélangées aux Argöns. Durant la période Sikh, de nombreux ouvriers Sikhs du Kishtawar et du Cachemire sont devenu Argöns652. À l’époque des rois, la monnaie était rare. À cette période, mise à part la petite monnaie653 et les grosses pièces d’argent654, il n’y avait pas en plus les dong-tse. Un Ja’u pour un Silma655, 6 Silma pour un Zho656, ou pour une mesure de thé, et plus si on pouvait en obtenir657. Jusqu’alors on comptait cinq Ja’u pour [1] roupie658. Nous savons par des vieux registres que l’on a le pouvoir sur le pays en ayant beaucoup de céréales, avec l’ordre aux districts [de fournir] des milliers de mesures de céréales. On sait par des listes de cette époque qu’il y a eu un édit du ministre de Stok, Tsultrim Dorje, [qui recevait] 31 000 mesures de grain du haut et bas Ladakh, du Zanskar, et du Khapulu. Pour les contacts épistolaires, à la place du timbre (d’aujourd’hui), on écrivait la requête puis on allait au château avec un ‘don bum, une khata, et un présent. Il fallait savoir écrire les noms de l’expéditeur et du destinataire659 ensemble sur une ou deux lignes en haut de la feuille et on apposait un sceau. Résumé660 Il y a une succession de vingt huit rois : sept rois Khri du ciel, deux sTengs de l’espace intermédiaire, six Legs de la terre, huit lDe de l’eau, cinq bTsan du milieu. Le vingt neuvième, Trisong Detsan, est né en 730 environ. En 749, le maître Padmasambhava est arrivé au Tibet et il a détruit le bön et il a fait se répandre la doctrine du Bouddha. Le trente deuxième roi de la succession est Langdarma est né en 863. Trente neuf rois ont régné. En 902, le bouddhisme, qui avait été introduit et disséminé par Shantarakshita et Padmasambhava661, a été

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phyi ma nang se sont mariés avec des femmes Ladakhies ja’u sil-ma rdo-tshad : unité de 50 Srang H. A. Jäschke, A Tibetan-English Dictionary, Delhi, Motilal Barnasidass, 1975, p. 573 : Sil-dngul la roupie du Ladakh, = 4 Jau, = 4/5 d’une roupie indienne Ibid., p. 479 : Zho = 2/3 de roupie Wolfgang Bertsch, « The Use of Tea Bricks as Currency among the Tibetans », dans TJ, vol. XXXIV, n. 2, 2009, pp. 35-80. Phyi sgor : pièce étrangère Che-ge-mo dang Ma-ge-mo Les dates de cette partie sont toutes décalées d’un cycle (60 ans), il faut soustraire 60 ans aux dates données. Des erreurs de cycles sur cette période se retrouvent régulièrement, par exemple dans la chronologie de Dungkar. Pourtant Gergan donne des dates correctes en annexes, dans ce qu’il a appelé Le rosaire de la succession des noms de rois souverains au Maryül, Ladakh et Ngari Korsum, descendus de la lignée du Seigneur Nyatri Tsenpo, voir Annexe 11, p. 160. Slob-dpon

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ANNEXES détruit, les communautés sont devenues chasseurs et bouchers. Ceux qui n’écoutaient pas les lois étaient tués et leurs corps étaient dissimulés dans des grottes et dans la terre, et ils étaient totalement éclipsés. Ensuite en 903 Lhalung Palgyi Dorje a tué [Langdarma] devant la stèle en lançant une flèche. À partir de là, et pendant plus de 98 années, (la société n’était) pas sous (le bouddhisme, et puis) la deuxième diffusion a été établie. Son fils Ösung est né en 905 (année du taureau de bois femelle), il a atteint l’âge de 63 ans663 et est mort en 956. L’enfant de sa seconde femme est Tashi Tsegpal et celui de sa première femme est Kyilde Nyimagön. Yumten a pris le pouvoir, Khyilde a été banni au Ngari et Tashi Tsegpal au Yarlung. Kyilde Nyimagön est arrivé au Ngari avec cent cavaliers et (avec à leur tête) principalement les trois ‘Bal-ma Zug-btsan, Khung-mo(e) Nyag-pa, et A-ka vajra664. À cette époque, le haut Maryül Ladakh était pris par la lignée de Gesar, mais ils n’ont pas fait du tort au Maryül. (Mais) le bas Ladakh était divisé. À ce moment (alors que Khyilde Nyimagön était au Ngari), Guéshé Tsan l’invita [Nyimagön] à Purang et lui donna Droza Korkyong en tant que femme avec qui il eut trois fils : Palgyigön (l’aîné), Tashigön le cadet, et Detsugön le benjamin. Le plus grand eut le contrôle du Ngari-Maryül (avec ses sujets aux arcs noirs), le Guge-Purang et ses montagnes (pics-sommets) revint au second, et le plus jeune régna sur le Zhang-zhung, Zanskar, et Spiti. Dans le passé, en plus du Ngari Korsum, le Zhang-zhung (se situait) dans la région entre Droshö et Gilgit665. Dans ces endroits vivaient une multitude de groupes ethniques Menyag, lDong, rMa, Rum-pa, Zhang-zhung, mGo-gar, sBal-ti… les Môns et les Dardes666. Plus tard, à la place de Zhang-zhung on a appelé Ngari Korsum (c’est à dire, c’est le vrai sens du “royaume”667). Les trois rois Gön668 ont pris en charge l’administration des trois royaumes, c’est devenu le Ngari Korsum. Selon le mGo-zlum Das-chad : « les trois territoires (sont) : le Maryül, la province shing-ber, Purang-Guge (provinces des noms de clans), et Garlog (Gilgit), la province de ceux qui ont une petite voix. (La région) au sud et au nord du Zhangzhung, fut appelé Tsang Droshö, Lowo a été appelé Gungthang, Ta-se669 a été appelé Purang, le Zhang-zhung a été appelé Maryül », d’après cela le Maryül est le Zhang-zhung. De là sont expliquées les divisions en trois provinces du Ngari Korsum. Mais au sein du seul Zhangzhung il y a avait trois (autres) divisions, et les dénominations de Tsang, Droshö, Purang et Maryül n’y apparaissent pas. Dans le chant de grandeur de celle qui est devenue Sermakar670, de la lignée des frontières de Rongchu671 (il y a) : « Victoire au grand roi du dharma Paldan Tridelha et sa famille ! Au centre du Zhang-zhung sous le pouvoir du dharma ». 662

Explications des origines des toponymes et mots Maryül, Ladakh, Leh… Ladakh : la-thag, slel-la-dwags, sle, gle-bla-dwags. Namkha Palgön, Kunga Chölegs le maître de Dzongkül672 et d’authentiques savants l’écrivent correctement ainsi, Gle et Bla-dwags. Sle, Slel, La-thag, La-dwags ne sont pas correctes. Maryül : dmar-yul, mang-yul. Soit les clans tibétains connus autrefois au Maryül sous le nom de rMa, rMe ou sMra, erraient sans but depuis l’Amdo et le Khams, ou bien ils se sont déplacés, et comme ils se sont 662 663 664 665 666 667 668 669 670 671 672

sangha Il ne faut pas tenir compte des dates et de l’âge. Ösung n’a bien sûr pas pu naitre deux ans après la mort de son père. Et 956 moins 905 ne fait pas 63 ans, mais 51. AIT, p. 35 et p. 93. L’identification des trois est difficile bien que cette phrase semble avoir été recopiée mot pour mot des chroniques anciennes. Ces dernières comportent des différences entre le Ms. L et le Ms. S. En anglais ‘Brog-pa Shrin mnga’-ris Palgyigön, Tashigön et Detsugön Peut-être Ti-se Peut-être est-il question de Sad-mar-kar, la princesse du Zhang-zhung qui fut mariée à Songtsen Gampo. Rong chu mtha’ pa’i rgyud gser ma dkar chags kyi che brjod na Monastère du Zangskar

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ANNEXES installés dans la vallée de l’Indus, le nom de rMa-yul ou sMra-yul s’est appliqué à cette vallée. Plus tard, comme des lignées de rois élus par la population ont exercé le pouvoir au Maryul, dMar-yul ou Mang-yul (avec des lettres corrompues), on a écrit Mang-yul. Ceci inclus ce qui a été désigné Ladakh comme les synonymes de la capitale Leh, à la place de rMa-yul. Mar-yul et Mang-yul ont été adoptés pour tout le Zhang-zhung. À présent au Ngari Korsum, en disant (que les trois sont) : Rudok entouré d’eau ; Purang cerclé de montagnes enneigées ; et Guge ceint de schistes, ceci est faux. En 1693 durant le règne de Nyima Namgyal, dans un édit envoyé par le roi du Tibet673 à Ngawang Phuntsog Namgyal, les trois domaines sont : - le domaine de Purang, Mangyul, et Zangskar - le domaine de Li, Drusha, et Balti (Li : ce qui est appelé Liyül par les Tibétains est la région, aujourd’hui disparue, du Taklamakan et de Khotan, ou écrit dans les livres anciens Hotan. Drusha : Gilgit) - le domaine de Zhang-zhung et Tride haut et bas. Il est clair que les trois royaumes des trois rois Gön ne font qu’un avec l’ancien Ngari Korsum. Le Ngari Korsum et le Zhang-zhung sont identiques, de la même manière, ceux appelés rMa, rMe ou sMra et Zhang-zhung sont les mêmes. Dans le mGo-zlum Das-chad aussi les quatre divisions des tribus des “petits hommes” qui sont apparues depuis le Tibet674 : « sMra et Zhang-zhung qui comptent comme un, sTong et Sum-pa qui comptent comme un, ce sont là les quatre tribus ». Dans le même texte : « c’est depuis les rMa que se divisent le bön de base et le bön des merveilles675 ». Avant que les trois rois Gön ne gouvernent le Ngari Korsum, le bön s’y était établi et le Ngari Korsum était comme le centre de cette doctrine. Parmi ses trente sept monastères il y en a un qui est le monastère de Yungdrung676 au Maryül. Du temps des trois rois Gön, le bön était solidement ancré au Ngari, nous allons expliquer [ce qui se passait] avant l’installation des tibétains. Jusqu’à aujourd’hui dans beaucoup d’endroit on voit ce qui est appelé des tombes môns, des châteaux môns, des villages môns, des stupas môns. Bien qu’on ne connaisse pas exactement les endroits où il y avait des Tibétains et des autochtones Môns qui élevaient des chèvres, des moutons, des yaks et des chevaux comme les nomades, et qui cultivaient la terre, et les endroits où les Môns étaient serviteurs, voici une explication de ce qu’étaient les Môns dans le passé. De plus, jusqu’à présent au Maryül, des non-bouddhistes tels des brahmanes, ne mangeant ni œufs ni bœuf, ainsi que des personnes soutenant Shiva677, sont présents. Ils se sont déplacés progressivement depuis les régions de Hunza, Gilgit et du Balti à l’ouest, jusqu’aux berges de l’Indus, la vallée de la Shyok, et les plaines de Deosai678. Puis ces personnes errantes se sont mélangées à des Tibétains rMa, lDong, Me-nyag, et des populations Môns. Ensuite les familles s’étant progressivement mélangées (encore et encore), au Maryül il n’y a maintenant pas la moindre explication aux noms de familles. Chaque personne du Lahul, Spiti, Changtang et Zanskar peut expliquer son propre nom de famille. Le Zhang-zhung est la région et le mélange des deux lignées zhang et zhung. Dans les populations actuelles du Ladakh, on peut voir dans une seule génération le mélange des trois lignées môns, dardes et tibétaines. Des familles balties, cachemiri et hor sont aussi intégrées. Les Môns : Si on se demande qui sont les Môns (voici ce que l’on peut répondre) : les Môns sont les hommes vivants aux frontières de l’Inde et du Tibet, depuis les Môns Tawang des vallées

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Celui qui gouvernait le Tibet, Sangyé Gyamtso. sPu-rgyal Bod rma las gzhi bon mtshar bon chad do Lamayuru mahadeva en anglais. Deosai : plaines d’altitudes entre Skardo et Gilgit.

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ANNEXES orientales de l’Himalaya (N.E.F.A. ) jusqu’au Cachemire à l’ouest, à l’exception du Népal, du Sikkim et du Bhoutan. Les autochtones du Maryül Ladakh sont les Môns qui sont les hommes qui ont vécus au Ladakh il y a longtemps. Les Tibétains très puissants rMa, Me-nyag et Zhang-zhung chevauchant des chevaux et exhibant des armes680 (flèches), et les Dardes de Hunza montrant leurs armures ont progressivement opprimé les autochtones Môns depuis l’est et l’ouest, puis en ont fait des serviteurs [bka’ gyur : À l’époque du roi Drigum, le bön681 était diffusé et était connu au Zhang-zhung et au Balti]. Les Tibétains rMa, Me-nyag, Zhang-zhung, et (Dardes) de ‘Bru-zha se sont petit à petit mariés avec les lignées héréditaires de seigneurs, de nobles et la population môn. Les générations se sont agrandies et les lignées682 se sont mélangées. Parmi les autochtones Môns, on compte différentes lignées de basses castes de charpentiers, forgerons, et d’hommes qui savent battre les tambours (et sonner) des hautbois683 qui ne se sont pas mélangés avec les Tibétains et les Dardes. Aujourd’hui encore, il y a des personnes similaires, des familles pures et non-mélangées. Les caractéristiques de leurs visages, têtes, corps et moustaches sont similaires aux familles Môns d’Inde. Bien que leur religion soit le bouddhisme, au moment de s’occuper de l’autel des divinités locales684, ils se recueillent devant le grand dieu non bouddhiste, Shiva. Ils font des offrandes de sang à Shiva en déposant dans une assiette le sang chaud du cœur encore tremblant extrait d’un mouton ou d’un bouc (mâle). Tous les Môns Bédas685 sans exception parlent entre eux leur propre langue bé. Ces classes inférieures sont identiques avec d’autres noms : Manush (ma-nush) chez les Tibétains, Turc chez les Baltis, Kyir chez les musulmans, Bak-ri chez les Ra-ma, Go chez les rta etc… Comme il en est de même pour les langues des confins, les Môns font partie des familles indiennes (J’ai écris en anglais un document au sujet des Môns). 679

Les Toponymes : Regardons les toponymes du Maryül. Il y a trois types de noms : en ancien tibétain, en nouveau tibétain, et pas en tibétain. Il y a les villages établis par les anciens tibétains, qui se terminent par tse et ti. Par exemple : Drangtse (Grang tse), Kartse (dKar tse), Stagtse (sTag tse), Khalatse (mKha’ la tse)… et aussi Balti (sBal ti), Tshati (Tshati), Tirit (Ti rid), Saspol (Sa spo la), Leh (Gle), Ladakh (Bla dwags). Les nouveaux : Gya (rGya), Chushod (Chu shod), Skyurbucan (sKyur bu can), Dokhar (mDo mkhar), Temisgam (gTing mo sgang), Diskyit (bDe skyid)… Par rapport à ces deux groupes, il y a bien plus de noms non-tibétains. On constate des endroits établis par des non-Tibétains qui avaient un autre langage : Chemre (lCem re), Sakti (Sag khri), Canga (Cang ga), Egu (E gu), Miru (Mi ru), Shara (Sha ra), Shey (She), Hemis (He mis), Alci (Alci), Wanla (Wan la)… Si on se demande qui sont-ils (ceux qui ont donnés ces noms), ce sont les Môns que l’on a cité plus haut. Les villages Dardes [se nomment] : Dha (Dha), Hanu (Ha nu), Shimsha (Shim sha), Darsa (Dars) ou Hebab (He ‘babs), Matayan (Ma Ta yan) etc… Zizi Khatun, la femme de Nyima Namgyal, a planté des arbres fruitiers tels des O-se, des pommiers et des abricotiers, dans la partie basse de la vallée humide de Sabu et en a fait un jardin. C’est le jardin Ayum, en utilisant l’honorifique, [qui est devenu] Ayu avec le temps (par détérioration). Trois villages ont été créés durant la période des Sikhs : Rambirpur (Ram bIr pUr), Rampur (Ram pUr) et Partabpur (Par tAb pUr).

679 680 681 682 683 684 685

En anglais dans le texte. N.E.F.A. : North East Frontier Agency. Des flèches dur-bon : nécromancie rus Sur-na dA-man brdung-bshes-mkhan Sur-na : hautbois, dA-man : tambour lHa-tho de caste inférieure

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Annexe 11 Texte et traduction de la page 636 du Trésor éternel

687

686

Zangs-dkar sgo gsum spyi ti spi lcogs

Le fils de l’épouse ainée de Langdarma (836-842) est Yumten. Le fils de l’épouse cadet est Ösung (né en 842). Seigneur Palkhortsen (né en 893 Taureau d’eau femelle). Kyilde Nyimagön (r. 922 Cheval d’eau mâle) 1. Palgigön 2. Tashigön 3. Detsugön L’ainé, Palgigön, a donné le Ngari Maryül (à Palgigön) Le second, Tashigön, a gouverné sur le Guge Purang Le plus jeune, Detsugön, a gouverné sur le Zanskar686 et le Spiti687.

C’est à dire une succession de vingt huit rois : sept rois Khri du ciel, deux sTengs de l’espace intermédiaire, six Legs de la terre, huit lDe de l’eau, cinq bTsan du milieu. Le vingt-cinquième de la lignée royale est Songtsen Gampo. Son arrière-(arrière)-petit-fils est Trisong Detsen. Le petit fils de son arrière petit-fils Langdarma, est Kyilde Nyimagön.

Le rosaire de la succession des noms de rois souverains au Maryül, Ladakh et Ngari Korsum, descendus de la lignée du Seigneur Nyatri Tsenpo :

ANNEXES

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Bibliographie du Trésor éternel

ANNEXES Annexe 12

ANNEXES Annexe 13 Descendance de Joseph Gergan et S.S. Gergan

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ANNEXES Annexe 14 Bibliographie du travail de Joseph Gergan La traduction de la Bible et le Trésor éternel ne sont pas les seuls travaux édités par Joseph Gergan. Le travail d’archive de Manfred Taube et Hartmut Walravens, permet de présenter ici les divers travaux, pamphlets, manuels édités par Joseph Gergan aux presses de la mission de Kyelang. Ses nombreuses collaborations ne sont pas présentes ici.

1921 Bod skad kyi brda’i dpe cha dang po. brda’i bstan bcos so so las btus nas sbyar to. Tibetan grammar, Kyelang, 40 p., 100 copies [Première partie par Joseph Gergan d’un traité en 21 chapitres]. Archives de l’université de Leipzig : 255.69 Bod yig bslab bya’i dpe cha dang po (Premier manuel de tibétain), Kyelang, 32 p., 3 annas. Bibliothèque Nationale de Berlin : V 1926.394,2 Bod yig bslab bya’i dpe cha gsum pa (Troisième manuel de tibétain), Kyelang, 48 p., 90 copies, 6 annas. Bibliothèque Nationale de Berlin : V 1926.394,10 Bod skad kyi kri ya’i rnam par dbye ba’i me long (miroir des distinctions du kri-ya du tibétain), Kyelang, 1 feuille. 1924 Zhu rgya (Appel, pamphlet religieux), Kyelang, 24 p. Bibliothèque Nationale de Berlin : Or 1926.1613,61 rNa ba’i bcud len gyi rtogs brjod bzhugs so (La théorie audible et pratique des religions), Kyelang, 112 p., 8 annas. Bibliothèque Nationale de Berlin : Or 1926.1613,1, Leh (Ms. 1923. 26 p.) ; Leh (2ème édition, 1926, 68 p.) 1935 « How I became a Christian », traduit par Walter Asboe dans Moravian Missions, Février 1935. « Wie ich Christ Wurde », traduit par Samuel Ribbach dans Missionsblatt der Brüdergemeine. 1942 Avec Walter Asboe, « A Thousand Proverbs and Wise Sayings with short explanations of obscure Phrases » in JASB, vol. VIII, 1942, pp. 157-276. 1948 The Holy Bible in Tibetan (Zhal-chad sNga Phyi gnyis kyi mdo bzhugs so), Lahore, United Bible Societies, 1983, 926 p.-454 p.-847 p. [Comprend la réimpression de l’ancien testament de 1948 et du nouveau testament de 1968] 1976 S.S. Gergan (ed.), Ladags rGyalrabs Chimed sTer (sic) (bLa-dwags rGyal-rabs ‘Chi-med gTer) History of Ladakh in Tibetan, New Delhi, Sterling, 1976, 646 p.

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ANNEXES Annexe 15

Introduction du manuel de tibétain par Tseten Phuntsog et Rahul Sankrityayan

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ANNEXES Traduction Le document LTWA 770 est le premier livret d’un manuel de tibétain. Il coutait 4 Annas et était publié par la Mahabodhi Society et imprimé à la mission Baptiste de Calcutta. Il est composé de 34 pages. L’introduction nous présente les conditions et les raisons de la composition de ce support de travail. Il faut noter que les mots dans les phrases sont séparés d’un espace comme le voulait la réforme de l’écriture de Tseten Phuntsog, pourtant le A est toujours présent et n’a pas été remplacé par le a-chung. Les leçons suivent l’enchainement traditionnel de l’apprentissage de l’écriture tibétaine : les 30 consonnes, les 4 voyelles, les lettres suffixées, les souscrites, les suscrites, les lettres préfixées, le tout accompagné de mots simples. 17 tests sont annexés à la fin ainsi qu’une page d’exemple d’écritures dBus-med. La dernière page présente les tarifs des livrets suivants, et les “contributeurs” de Lhassa, Gyantse, Leh, Darjeeling et Kyelang.

Aujourd’hui, tout le monde n’enseigne pas le tibétain écrit aux élèves des écoles de la même manière que dans les indispensables livres de tibétain parlé, il est nécessaire d’avoir de bons livres conformes aux connaissances et à l’âge des petits enfants. Comme aujourd’hui cela prend de l’importance pour les professeurs qui en ont besoin, nous avons réfléchi à ce propos et nous avons écrit ce premier livret basé sur le tibétain (parlé). Le coût de ce livre et ses corrections ont été pris en main par Joseph Gergan, un chrétien du Ladakh688, et Nono Ngodrup Gyaltsan, directeur de l’école pour les enfants tibétains de Leh, dans l’intention d’être utile à tous. Il n’aurait pas été possible d’achever ce manuel sans leur aide. C’est pour cela que nous (deux) les remercions tous les deux énormément pour leur gentillesse. Ce livret ainsi que le deuxième et le troisième sont terminés. Notre grand espoir est de présenter le quatrième et le cinquième rapidement.

Au Ladakh Le 18e jour du 7e mois De l’année de l’oiseau d’eau du 16e cycle689 Année 2416 du calendrier bouddhiste

688 689 690

Faute d’impression : Bla-drags-pa ou lieu de Bla-dwags-pa. 1933 Faute d’impression : Phur-tshogs à la place de Phun-tshogs.

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Rahul Sankrityayana Tseten Phuntsog690

ANNEXES Annexe 16 P.T. 1085

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ANNEXES

Traduction La traduction de ce texte est tirée de la traduction de Gedün Chöphel faite en tibétain moderne. Cette dernière a été traduite en anglais par Samten Norboo691. Cette traduction n’est qu’à titre informatif et demande à être reprise depuis le tibétain. « Ordre donné par le palais de LHan-dkar aux officiers du district de Sha-cu692 au milieu de l’hiver de l’année du dragon. Les sujets de Sha-cu ont demandés : “il existe la coutume annuelle d’offrir (faire des cadeaux) Tong-li au palais et au général militaire. Les produits des jardins d’état sont non seulement suffisants, mais souvent en surplus important. Grâce à la bienveillance de Votre Excellence Divine et celle des ministres, nous, le meilleur poste LHobal dispose d’un jardin devant chaque maison. En raison de notre incapacité à payer la cotisation annuelle à partir du produit de ces jardins, les responsables de district (qui nous ont toujours opprimés) envisagent maintenant de nous extorquer. Par conséquent, afin que nous puissions ne pas être volés et blessés à l’avenir, nous prions Votre Excellence d’émettre un ordre fort pour assurer la sécurité de vos sujets et de leurs jardins”. Transmis, signé et dûment estampillé par les ministres Khrom-bzher et LHa-bzang en vertu du grand ministre Zhang-blon, avec une demande de délivrance d’un acte. »693

691 692 693

Gedün Chöphel, Samten Norboo (trad.), The White Annals (Deb-ther dkar-po), Dharamsala, LTWA, 1978, pp. 3436. Dunhuang Gedün Chöphel précise : « Dans la pétition ci-dessus, le mot Pho-brang LHan-dkar est synonyme avec le palais de sTong-thang lDan-dkar et c’est là que l’index du bKa’-‘gyur a été compilé pour la première fois. Sha-cu était un district de Li-yul ; rtse-rje était un ministre ou un agent du district ; Khrom Chen-po un commandant de l’armée. Lothang bla-skyes était le terme utilisé pour la taxe annuelle payable à l’avance pour le souverain. Tong-li était le nom d’un fruit. rJe-blon phrul ou ‘phrul-gi rje-blon implique les souverains divins ou incarnés et leurs ministres. bDagcag lho-bal (nous, les Népalais du Sud) se réfère à des personnes d’origine népalaise qui s’étaient installées dans le Li-yul. Selon le Thang-yig, en raison de l’instabilité politique dans leur pays (Népal), les Newars avaient migrés vers Li-yul. De la même manière, la politique tibétaine d’agrandissement et de conquête de Gru-gu a entraîné la migration de la population locale jusqu’au Mon au Sud ». Selon Marcelle Lalou, Tong-li est le nom de l’inspecteur. Marcelle Lalou, Inventaire des manuscrits tibétains de Touen-Houang conservés à la Bibliothèque Nationale, Paris, Bibliothèque Nationale, 1950, vol. 2, p. 56.

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ANNEXES Annexe 17 Inventaire du fonds Gergan selon Dieter Schuh La numérotation est celle de Schuh, les espaces marquent les documents manquants Gergan 1 : Contrat entre le monastère de Khrig-rtse et les fermiers de la région du 20 août 1771 sur le remboursement d’une dette avec une note de confirmation du roi Tshe-dbang rNam-rgyal Gergan 3 : Ordre du roi bDe-skyong rNam-rgyal, émis le 24 mars 1731 Gergan 4 : Ordre du roi Phun-tshogs rNam-rgyal, émis en décembre 1747 Gergan 5 : Ordre du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis en septembre/octobre 1762 Gergan 6 : Ordre du roi Tshe-dpal don-grub rNam-rgyal, émis le 24 juillet 1817 Gergan 7 : Ordre du roi (probablement) Tshe-brtan rNam-rgyal, émis en 1787 Gergan 8 : Acte de confirmation commun au roi bKra-shis rNam-rgyal et à sa mère, émis en 1750/1751 Gergan 9 : Ordre du roi bDe-skyong rNam-rgyal, émis le 14 février 1734 Gergan 10 : Ordre conjoint du roi Nyi-ma rNam-rgyal et de son fils bDe-skyong rNam-rgyal (1729-1739), émis en avril 1718 Gergan 11 : Document partiellement préservé d’un ordre du roi bDe-skyong rNam-rgyal, émis le 17 décembre 1736 Gergan 12 : Ordre du roi Nyi-ma rNam-rgyal, émis le 18 février 1719 Gergan 13 : Diplôme du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis le 17 mars 1762 Gergan 14 : Ordre du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis en avril/mai 1770 Gergan 15 : Diplôme partiellement préservé du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, sans date Gergan 16 : Ordre du roi Nyi-ma rNam-rgyal, émis en février 1718 Gergan 17 : Ordre du roi Nyi-ma rNam-rgyal, émis le 13 juin 1697 avec une note de confirmation du roi Tshe-dbang rNam-rgyal le 7 février 1756 Gergan 18 : Ordre du roi Tshe-brtan rNam-rgyal, émis le 30 juin 1783 Gergan 19 : Fragment d'un ordre royal d'auteur inconnu Gergan 20 : Ordre du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis en 1780-1781 Gergan 21 : Ordre du roi Phun-tshogs rNam-rgyal Gergan 22 : Ordre du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis 29 septembre 1755 Gergan 23 : Ordre du roi Tshe-brtan rNam-rgyal, émis en juin/juillet 1783 Gergan 24 : Ordre du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis en 1766-1767 Gergan 25 : Décision de justice du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis en mai/juin 1766 Gergan 26 : Contrat pour la vente d'un terrain 1768-1769 Gergan 27 : Ordre légal du roi Tshe-brtan rNam-rgyal, émis le 1er mars 1790 Gergan 28 : Diplôme du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis en 1764-1765 Gergan 29 : Ordre du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis en 1760-1761 Gergan 30 : Acte de confirmation de rgyal-sras rin-po-che Mi-pham 'Jam-dpal mthu-stobs, du prince (lha-sras) Tshe-dbang rNam-rgyal et de sa mère, émis en 1754-1755 Gergan 31 : Ordre de la reine bsTan-'dzin bu-khrid dbang-mo, émis 1764-1765 Gergan 32 : Diplôme du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis en juin/juillet 1765 Gergan 32a : Ordre du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis le 4 avril 1760 Gergan 33 : Diplôme du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis le 15 novembre 1777 Gergan 34 : Diplôme du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis en 1760-1761 Gergan 35 : Décision de justice du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis le 28 mars 1772 Gergan 36 : Ordre du roi Tshe-brtan rNam-rgyal, émis en avril/mai 1785 Gergan 37 : Diplôme du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis le 8 février 1776 Gergan 38 : Lettre du dalaï lama 168

ANNEXES Gergan 39 : Ordre du roi Nyi-ma rNam-rgyal, émis le 29 avril 1698 Gergan 40 : Ordre du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis le 27 juillet 1762 Gergan 41 : Diplôme du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis le 17 juin 1781 Gergan 42 : Lettre du roi Tshe-dbang rNam-rgyal Gergan 43 : Contrat pour la vente des champs 1764-1765 Gergan 44 : Contrat pour la vente de champs en novembre 1758 Gergan 45 : Contrat de garantie pour un prêt 26 septembre 1773 Gergan 46 : Ordre du roi Nyi-ma rNam-rgyal, émis le 11 novembre 1711 Gergan 46a : Contrat de transfert de propriétés foncières 8 mai 1796 Gergan 49 : Ordre du roi Tshe-dpal don-grub rNam-rgyal, émis le 1er janvier 1805 Gergan 51 : Contrat pour la vente de champs Gergan 53 : Certificat global avec deux contrats d'échange des terres et un contrat de vente Gergan 54 : Contrat d'échange de maisons août/septembre 1776 Gergan 55 : Liste de cadeaux de la Reine, des autres membres de la famille royale et du clergé du Ladakh au haut-clergé du Tibet à partir de 1763 Gergan 57 : Contrat sur l'échange de terrains et de maisons 24 septembre 1772 Gergan 58 : Lettre juridique du monastère Khrig-rtse du 9 août 1781 sur la location des champs avec la note de confirmation du roi Tshe-dbang rNam-rgyal Gergan 59 : Lettre juridique du monastère Chu-shod bKra-shis Chos-gling sur la nomination des deux personnes comme administrateurs du monastère Gergan 60 : Ordre du roi Nyi-ma rNam-rgyal, émis le 27 mars 1711 Gergan 61 : Contrat sur l'échange de terrains et de maisons mars/avril 1779 Gergan 62 : Lettre du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis le 4 mars 1759 Gergan 63 : Diplôme du roi Tshe-dbang rNam-rgyal, émis le 27 mars 1776 Gergan 64 : Ordre du roi Nyi-ma rNam-rgyal, émis le 14 juillet 1703 Gergan 65 : Contrat pour la vente d'une maison avec terrain, émis le 23 mars 1772, avec une note de confirmation du roi Tshe-dbang rNam-rgyal Gergan 66 : Déclaration de consentement d'échange de maison et de champs en 1758-1759 avec la note de confirmation du roi Tshe-dbang rNam-rgyal Gergan 67 : Décret général du roi Tshe-brtan rNam-rgyal, émis en juin 1783 Gergan 68 : Fragment d'un diplôme, dont l'auteur est sans doute le roi bDe-skyong rNamrgyal Gergan 69 : Fragment d'un ordre du roi Nyi-ma rNam-rgyal, émis le 23 avril 1707

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ANNEXES

Annexe 18 Traité de paix entre le Ladakh et le Tibet à Temisgam (1684)694 Le Drukchen Mipham Wangpo qui, dans ces incarnations précédentes, fut toujours le maître des rois du Ladakh de générations en générations, a été envoyé de Lhassa à Tashigang pour arranger les conditions d’un traité de paix afin que le roi du Ladakh ne puisse pas refuser de se soumettre à la décision de celui-ci. Il fut accepté ainsi que : • Les frontières fixées au début, quand le roi Kyilde Nyimagön donna un royaume à chacun de ces trois fils, devront être maintenues. • Seuls les habitants du Ladakh auront la permission de faire le commerce de la laine au Ngari Korsum. • Aucune personne du Ladakh, à l’exception des marchands royaux de la cour du Ladakh, n’aura la permission d’entrer à Rudok. • Un marchand royal sera envoyé par le grand Lama de Lhassa, de Lhassa au Ladakh, une fois par an, avec 200 chevaux chargés de thé. • Un “Lochag” sera envoyé tous les trois ans de Leh à Lhassa avec des cadeaux. En ce qui concerne la qualité et la valeur des cadeaux apportés pour tous les Lamas ordinaires, la question est sans importance, mais les articles suivants devront être donnés au trésor du palais : (a) Poudre d’or – dix fois le poids d’un zho. (b) Safran – dix fois le poids d’un srang. (c) Textiles en coton de Yarkhand – six pièces. (d) Textiles en coton fin – une pièce. Les membres de la mission de Lochag devront être fournis en provisions, gratuites, durant leur séjour à Lhassa, et pour le voyage ils devront être équipés de la même manière avec 200 animaux de charge, 25 poneys de monte et 10 serviteurs. Pour la portion inhabitée du voyage, des tentes devront être fournies. • La région du Ngari Korsum devra être donnée au Drukchen, Mipham Wangpo, et en lieu et place de celle-ci le grand Lama de Lhassa donnera trois autres districts (au Grand-Tibet) au roi du Ladakh. • Les recettes du Ngari Korsum seront mises de côté afin de couvrir les frais des lampes d’offrandes, et des cérémonies qui seront faites à Lhassa. • Mais le roi du Ladakh se réserve le village de Minsar au Ngari Korsum, qui pourrait être indépendant ici ; et il mettra de côté ces recettes dans le but de répondre aux charges qui participent à maintenir les lumières d’offrandes au Kailash, et aux lacs sacrés du Manasarovar et du Raksal Tal. En référence à la première clause du traité, il doit être expliqué ceci, grosso modo le roi Kyilde Nyimagön donna les territoires suivant à ces fils : – À l’ainé – Les régions connues aujourd’hui sous le nom de Ladakh et Purig, s’étendant d’Hanle à l’est au Zojila à l’ouest, incluant Rudok et le district d’or de Gogpo. – Au second fils – Guge, Purang et quelques autres petits districts. – Au troisième fils – le Zanskar, le Spiti et d’autres petits districts.

694

Traduction tirée de : Alexander McKay (ed.), The History of Tibet, London, New York, Routledge Curzon, 2003, vol. 2, pp. 785-786. Publié dans Political Treaties of Tibet 821 to 1951, Dharamsala, TYC. Publié originairement dans The Sino-Indian Boundary, New Delhi, Indian Society of International Law, 1962, pp. 1-2.

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ANNEXES Annexe 19 Lettres d’accord entre le Tibet et le Ladakh (1842)695 Lettre d’accord ladakhie. Shri Khalsaji Apsarani Shri Maharajah, le Kalön Surkang représentant de Lhassa, l’inspecteur Dapön Peshi commandant des forces, Balana le représentant de Gulam Kahandin, et l’interprète Amir Shah ont écrit cette lettre après s’être assis ensemble. Nous avons convenu que nous n’avons pas de rancune à cause de la guerre passée. Les deux rois devront désormais toujours rester amis. La relation entre le Maharajah Goulab Singh du Cachemire et le Lama Guru de Lhassa (dalaï lama) est maintenant établie. Le Maharajah Sahib, avec Dieu696 comme témoin, promet de reconnaître les anciennes frontières, qui devront être prises en charges de chaque côté sans avoir recours à la guerre. Les descendants des premiers rois, qui ont fui du Ladakh au Tibet et qui sont maintenant de retour, seront restitués à leur ancien poste. L’envoi annuel du Ladakh au Tibet ne sera pas stoppé par Shri Maharajah. Le commerce entre le Ladakh et le Tibet devra continuer comme d’habitude. Les commerçants du gouvernement tibétain qui viendront au Ladakh auront le transport gratuit ainsi que le logement comme avant et l’envoyé Ladakhi à son tour recevra les mêmes aménagements à Lhassa. Les Ladakhis prêtent serment devant Dieu qu’ils ne comploteront pas ni ne créeront de nouveaux troubles sur le territoire tibétain. Nous avons convenu avec Dieu comme témoin, que le Shri Maharajah Sahib et le Lama Guru de Lhassa (dalaï lama) vivront ensemble comme membres d’une même famille. Nous avons écrit ce qui précède le 17 septembre 1842697. Scellé par le Wazir, Diwan Balana et Amir Shah. Lettre d’accord tibétaine. Cet accord est fait dans l’intérêt des liens d’amitiés entre les autorités de Lhassa, le Shri Maharajah Sahib et le Maharajah Goulab Singh. Le 17 septembre 1842698, le représentant de Lhassa Kalön Surkang, l’inspecteur Dapön Peshi, Shri Sahib Diwan Hari Chand et le Wazir Ratun Sahib, le représentant de Shri Maharajah Sahib se sont assis amicalement ensemble avec Dieu (ou les trois précieux joyaux)699 comme témoin(s). Ce document a été établi pour assurer une amitié durable entre les Tibétains et les Ladakhis. Il a été convenu de ne pas nuire à l’autre en aucune façon et de veiller aux intérêts de notre propre territoire. Nous avons conclu de continuer le commerce de thé et de laine dans les mêmes conditions que par le passé, et de ne pas nuire aux marchands ladakhis qui viendraient au Tibet. Si certains de nos sujets erraient dans votre pays, ils ne devront pas être protégés. Nous oublierons les divergences passées entre les autorités de Lhassa et Shri Maharajah. L’accord intervenu aujourd’hui restera fermement établi pour toujours. Dieu, le mont Kailash, le lac Manasarovar et Khochag Jowo ont été cités comme témoins de ce traité. Scellé par Kalön Surkang et Dapön Peshi.

695 696 697 698 699

Traduction tirée de : Tsepon Wangchuk Deden Shakabpa, Derek F. Maher (Trad.), One Hundred Thousand Moons, an Advanced Political History of Tibet, Leiden-Boston, Brill, 2010, vol. 2, p. 585. dKon-mchog. Le second jour d’Assura, Sambhat 1899. Le treizième jour du huitième mois de l’année du Tigre d’eau. dKon-mchog.

171

ANNEXES Texte et transcription de la lettre tibétaine

Le document LTWA 920 est une copie de la lettre d’accord ladakhie traduite ci-dessus Ce texte est aussi copié par Joseph Gergan dans le Trésor éternel pp. 584-585.

172

11. Bklon zur khang

10. por bzhag pas

mda’ dpon spel bzhi

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9. rgyun ring po’i bar ‘di nang ltar byed / bar la dkon mchog bzhag nas rgyun ring po byas chog / yang bskyar gangs ti se / mtsho ma pham / kho char job o dpang

8. sku tshab bar la sngar phan gyi las cheung (che chung) tshang ma sems la ma bzhag par bskyur bzhag / de ring bzang ‘grig drang po byung song / brtag par ‘di la gnas yong / dang pos

7. gleng rgyu med / la dwags kyi tshong pa ‘gro ba la gnod mi skyel / nga tsho’i lung pa’i khyod tsho’i lung par bsleb na bdag po mi byed / si ri mhA ra ja sa heb dang / lha sa’i

6. rang rang gis bdag po byas / gcigis gcig la gnod mi skyel / ja dang le na gtong rgyu la dwags kyi lam snga ma nang ltar lo ltar gtong rgyu / ‘di la lab rgyu

5. po byas nas bla ma dkon mchog dpang la bzhag nas yi ge sprad pa yin / la dwags kyi sa mtshams snga ma nang ltar dang / lha sa’i sa mtshams snga ma nang ltar

4. sa hib dang / lha sa’i bla ma dpon po gnyis kyi sku tshab rnams ‘grig po byung ba yin / yang bskyar bzang ‘grigi yig cha drang por drang bzhag byas pa sems bzang

3. [po bsdas] / nye po byed pa snying nas byas pa yin / kha dan byas dkon mchog dpang por bzhag / rgyal po gnyis la bzang ‘grig drang po byas pa si ri mhA ra ja

2. tshab bklon (bka’ blon) zur khang / zhib dpyod mda’ dpon spel bshi / si ri mhA ra ja sa hib kyi mi ‘de wan ha ri can sa hib / wa zir ra dun sa hib bcas [mnyam]

1. Lha sa’i dpon po dang mnyam du si ri hal sa ‘ji ghi rdi pa na pa sher sing ma hA ra ja gho lab sing bzang ‘grig pa chu stag (1842) zla ba 8 pa’i tshes 13 nyin lha sa’i sku

ANNEXES

ANNEXES Texte urdu de la lettre d’accord tiré du Trésor éternel, pp. 586-587

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ANNEXES Annexe 20 Accord entre le Tibet et le Cachemire (1852)700 Conclu entre les deux Garpöns701 ou gouverneurs provinciaux nommés par le dalaï lama et les représentants du Maharaja du Cachemire. Daté du troisième jour de l’année du bœuf d’eau702. Les Ladakhis refusant de fournir le marchand du gouvernement tibétain Kesang Gyurmé avec les habituels animaux de bâts en raison de la baisse du commerce de thé, les fonctionnaires703 des gouverneurs704 ont été envoyés pour en savoir davantage sur cette question et pour enquêter sur le différend frontalier entre le Ladakh et le Tibet. Une réunion a donc été faite entre Ladak Thanadar Sahib Bastiram et Kalön Rigzin accompagné par son serviteur Yeshe Wangyal et un accord a été conclu ainsi : À l’avenir, les Ladakhis fourniront les marchands du gouvernement tibétain avec les besoins de transport habituels sans aucune hésitation. Les administrateurs705 demanderont à leur gouvernement de nommer uniquement des hommes intelligents et capables pour prendre le tribut annuel au Tibet. Les Ladakhis doivent fournir aux commerçants du gouvernement tibétain logements et serviteurs comme d’habitude, et leur fournir toute assistance supplémentaire, selon la coutume ancienne établie. Les gouverneurs donneront des ordres qui auront pour effet que le thé et les produits de la laine arrivés au Ngari ne devront être envoyés qu’au Ladakh, et nul part ailleurs. La frontière entre le Ladakh et le Tibet restera la même que par le passé. Aucune restriction ne devra être déposée par les habitants de Rudok sur l’exportation de sel et des produits de la laine et sur l’importation de la farine d’orge et de l’orge. Nulle partie ne pourra contrevenir aux règles en vigueur et aux taux de douane, et l’approvisionnement du marché sera fixé par les deux parties concernées. Les règles ci-dessus s’appliquent aux cultivateurs706 qui exportent du sel. Les voyageurs du Nord et de l’Ouest qui traverseront les vallées cultivées707 donneront les passeports au Thanadar. Ils sont passibles de droits de douane comme prévu dans leurs passeports. Si jamais l’un d’eux est incapable de produire son passeport, il devra payer cinquante fois le montant recouvrable habituellement. Aucun cas ne doit être entendu contre les recouvrements effectués par l’agent des douanes. En décidant toutes les questions importantes de la règle, les mœurs et coutumes des deux parties devront être pris en compte et les anciennes règles établies concernant l’offre de transport seront observées. Il ne doit avoir aucune restriction pour les animaux de pâture dans les pâturages réservés aux animaux des commerçants du gouvernement, mais le peuple ne doit pas être autorisé à abuser de ce privilège en mettant les animaux à brouter à l’extérieur de celui-ci. Les deux parties doivent respecter strictement l’accord ainsi intervenu entre le Tibet et les sikhs708 et les deux agents de la frontière devront agir en parfait accord et coopérer.

700 701 702 703 704 705 706 707 708

Traduction tirée de : Alexander McKay (ed.), The History of Tibet. Publié dans Political Treaties of Tibet 821 to 1951. Publié originairement dans The Sino-Indian Boundary, pp. 4-5. Gar-dpon : chefs de Gar au Ngari. Apparemment 1852. gNyer-pa. Gar-dpon. sDe-srid, titre que les gouverneurs auraient pu tenir. Rong-pa. Rong. Cachemiris.

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ANNEXES

Annexe 21 Lettre d’introduction au LGCT par le dalaï lama

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ANNEXES

Traduction

Je dois exprimer ma reconnaissance pour le long et difficile travail de compilation et de publication des Chroniques Éternelles du Ladakh par Messieurs Sönam Tseten et son fils Sönam Skyapdan du Ladakh.

En voici les raisons, pour notre peuple en général et spécialement pour ceux de la haute région du Ladakh, beaucoup de leurs histoires anciennes n’ont pas disparu sans laisser de traces comme un arc en ciel. Ils ont volontairement pris en charge une grande et difficile tâche afin de garder les connaissances aussi dans le futur. Je pense que c’est approprié que nos générations futures se rappellent simplement de leur bonté pour avoir fait cela. De toute manière, tous les objets mondains, en général et en particulier, impliquent qu’ils sont transitoires et sont simplement des phénomènes mouvants. Je prie aux personnes intelligentes d’examiner en détail la pièce de l’histoire du Ladakh qui est jouée sur la scène de ce livre-ci. Je vous prie de discerner à quel point les résultats sont pertinents pour notre société. Je salue tous et je formule des prières de vertu et de connaissance.

Le dalaï lama, Dans noble pays de l’Inde en Himalaya, À Dharamsala, Thekchen Choling. Le 19e jour du 9e mois de l’année du lièvre de bois du 16e cycle du calendrier tibétain, le 24 octobre 1976.

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ANNEXES Annexe 22 Liste non exhaustive des missionnaires moraves dans les missions du Tibet Occidental (Kyelang, Poo, Leh, Khalatse) : Même si elles ne sont pas toutes nommées, la plupart des missionnaires moraves étaient accompagnés de leurs femmes. Asboe Walter à Leh en 1921 puis à Kyelang en 1925 Birtill Hannah (n.c.) durant la Ière guerre mondiale Bruske Julius Traugott (1853-1933) à Poo en 1894, à Chini de 1900 à 1908 Burroughs F. (n.c.) durant la Ière guerre mondiale Driver Norman marié à Mary Shawe, au Ladakh de 1933 à 1952 Francke August Hermann (1870-1930) de 1896 à 1908 avec sa femme Anna Theodora (Dora), puis seul quelques semaines en 1914 Heber Adolf Reeve (1883- ?) et Kathleen Mary de 1913 à 1925 Hettash G. mort à Kyelang en 1908 Heyde August Wilhelm (1825-1907) de 1855 à 1899 avec sa femme Maria Jäschke Heinrich August (1817-1883) arrivé en 1856 à 1864 Kunick Hermann de 1906 à 1910 à Poo La Trobe Benjamin visite Kyelang et Poo en 1901 Marx Hermann de 1906 à 1910 à Poo Marx Karl Rudolf (1857-1891) arrivé en avril 1886, il est enterré avec sa femme au cimetière morave de Leh Moore Ada (n.c.) durant la Ière guerre mondiale Pagell Eduard (1820-1883) de 1855 à 1865 à Kyelang puis à Poo jusqu’à sa mort Peter Friedrich A. (1904-1988) 1930 à Leh, 1931 à Khalatse, 1938 à Kyelang avec sa sœur Élisabeth jusqu’en 1948 Peter Friedrich E. († 1945) à Leh et à Kyelang entre 1898 et 1919 puis à partir de 1926, marié à Mathilde Redslob Rechler succède à Jäschke à Kyelang en 1868, il est toujours en poste en 1874 Redslob Friedrich Adolf (1838-1891) à Kyelang en 1883, puis à Poo en 1884, il fonde la mission de Leh en 1885, il est enterré au cimetière morave de Leh Reichel G. à Leh après Francke Ribbach Samuel Heinrich (1863-1943) 1894 à Kyelang, puis de 1895 à 1898 à Leh, 1906 à Kyelang puis à Khalatse de 1906 à 1913 Schmitt S. à Leh Schnabel Ernst Reinhold (1869-1944) 1895 à Kyelang, 1908 à Chini jusqu’en 1910 Schreve Theodor Daniel Lorenz (1860-1930) à Poo de 1887 à 1903 Shawe Frederick Ernest (1871-1907) arrivé à Leh en 1897 pour remplacer Marx jusqu’à sa mort Shawe Frederick Becker (1864-1898) 1890 à Leh jusqu’à sa mort Shawe Mary fille de Frederick Shawe à Leh de 1930 à 1952, mariée à Norman Driver Vittoz Pierre à Leh de 1950 à 1956 Ward Arthur de passage à Kyelang en 1920 Weber Wilhelm Karl Julius (1851-1934) remplace Redslob à Poo en 1883 jusqu’en 1896 Wilson Andrew à Kyelang en 1873 178

Liste des abréviations

AIT : Antiquities of Indian Tibet ASI : Archæological Survey of India BSTEC : Bulletin de la Société Toulousaine d'Études Classiques CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique EFEO : École Française d’Extrême Orient Glr. : Chroniques Royales, rGyal-Rabs IATS : International Association for Tibetan Studies IIMEO : Instituto Italiano per il Medio ed Estremo Oriente JASB : Journal of the Asiatic Society of Bengal JIATS : Journal of the International Association of Tibetan Studies LdGR : Chroniques anciennes du Ladakh, La-dwags rGyal-rabs LGCT : Histoire du Ladakh par Joseph Gergan, Bla-dwags rGyal-rabs ‘Chi-med gTer LTWA : Library of Tibetan Works and Archives MEP : Missions Étrangères de Paris Ms.A. : Manuscrit A de Karl Marx Ms.B. : Manuscrit B de Karl Marx Ms.C. : Manuscrit C de Karl Marx Ms.L. : Manuscrit de Londres Ms.S. : Manuscrit d’Émil Schlagintweit P.T. : Pelliot Tibétain RRL : Recent Research on Ladakh TJ : Tibet Journal TOB : Traduction Œucuménique de la Bible

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Index !! Adam Khan, A-dam mkhan (XVIIe) – Troisième fils d’Ali Mir, entre en guerre contre le Ladakh de Senge Namgyal en 1639 ......................58 Afrique du Sud ..............................32 Agnus Dei – Agneau de Dieu, symbole chrétien représentant un agneau portant une croix utilisé par les moraves ...................................106 Ahluwalia H.P.S. – Militaire et alpiniste indien, auteur d’un livre sur le Ladakh ................................ ......................................24, 31, 36 Ahmadnagar – Ville du Maharashtra, camp britannique de prisonniers ... ..................................................33 Ahmat Shah, Ag-mad khan (début XIXe) – Dernier roi du Balti ......... ..........................................63, 131 Alchi, A-lci – Village et complexe monastique dont la fondation est attribuée à Rinchen Zangpo. Situé à 40 Km de Leh .........22, 48, 51, 56 Ali Mir/Ali Mir Sher Khan, A-li Mir Sher-han (XVIIe) – Chef de Skardo, père de Gyal Khatun qu’il marie à Jamyang Namgyal après l’avoir vaincu ..........56, 58, 66, 91 Aligarh – Ville de l’Uttar Pradesh connue pour son université musulmane fondée en 1875 par Syed Ahmad Khan ....................20 Allemagne .......29, 32, 33, 35, 67, 87 Altan Khan (1507-1582) – Chef Mongol, il créa et offrit le titre de dalaï lama à Sönam Gyatso ......57 Amritsar – Ville du Penjab ......32, 65 Anagarika Govinda, né Ernst Lothar Hoffman (1898-1985) – Moine bouddhiste Allemand, il a visité le Tibet en 1932 ............................37 Andrade Antonio de (1580-1634) – Missionnaire jésuite, premier occidental à installer une mission au Tibet Occidental, à Thöling en 1624 ..........................................26 Anglais............................................... 8, 9, 20-22, 28-30, 33, 47, 99-101, 105, 106, 110, 113, 124, 125, 129, 145, 153, 155, 157-159, 167 Arabe .................................47, 48, 99

Archæological Survey of India – Service Archéologique de l’Inde, rattaché au ministère de la culture, fondé en 1861 par Alexander Cunningham ............... 22, 48, 179 Argön, Ar-gon – Enfants de pères musulmans et de mères bouddhistes converties à l’islam ....................... ................................ 109, 154-156 Ariane Macdonald – Tibétologue 104 Asboe Walter (n.c.) – Missionnaire morave en poste au Ladakh au milieu du XXe siècle ..................... .. 21, 22, 30, 35, 38, 154, 163, 178 Asie ................................... 34, 36, 52 Atisha Dipamkara, A-ti-sha Mar-medmdzad dPal-ye-shes/Jo-bo-rje dPal-ldan A-ti-sha (c. 983-1054) – Maître Bengali ré-introducteur du bouddhisme au Tibet pendant la diffusion postérieure du bouddhisme .................... 128, 136 Aurangzeb Alamgir (1618-1707) – Souverain de l’empire Moghol de 1658 à 1707 ...... 58, 110, 129, 156 Azevedo Francisco de (1578-1660) – Missionnaire jésuite, est passé au Ladakh dans les années 1630-40 .. ............................................ 27, 69 "! Baltistan, sBal-ti (yul) – Région du Tibet Occidental à majorité musulmane situé au nord-ouest du Ladakh. Aujourd’hui au Pakistan, ses villes principales sont Skardo et Gilgit ............................................. 46, 47, 49, 51, 56, 58, 99, 125, 126, 130, 140, 142, 155, 158, 159 Bangapa, Bang-kha-pa (début XIXe) – Ministre de Banga, il tient un rôle important durant la guerre Dogra .......................................... 63, 130 Bapa Phuntso Wangyel, ‘Ba’-pa Phun-tshogs dBang-rgyal (né en 1922) – Homme politique tibétain, fondateur du parti communiste tibétain en 1939 ...................... 114 Basgo, Ba-mgo/Bab-sgo/Bab-mgo/Basgo – Village à 30 Km à l’ouest de Leh. Le château de Basgo est nommé bKra-shis Rab-brtan lHartse ................................................ ........ 54, 57, 59, 62, 110, 130, 153 Basti Ram, Ba-sti Ram – Chef de l’armée dogra suite à la mort de Zorawar Singh .................... 63, 95

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Bemo Bibi, Be-mo Bi-bi/Bhe-mo-rgyal (fin XVIIIe) – Deuxième femme de Tsewang Namgyal II ........ 61, 129 Bento de Gois (1562-1607) – Jésuite et explorateur de l’Asie Centrale .. .................................................. 56 Berlin ......................... 22, 33, 35, 163 Bhagan, Bha-gan (r. c. 1460-1485) – Selon les chroniques, fils de Bhara, roi du Ladakh, premier roi de la dynastie Namgyal ............... 53-55 Bhara, Bha-ra (début du XVe) – Selon les chroniques, chef de Basgo, fils de Dragpabum et père de Bhagan .......................................... 54, 128 Bhoutan, ‘Brug-yul .......... 59, 60, 158 Bible .................................................. 8, 18, 21-23, 28, 32, 35, 101, 104, 107, 109, 125, 134, 163 Bibliothèque Nationale de Berlin ...... .......................................... 35, 163 Bodleian Library – Bibliothèque d’Oxford fondée en 1602 ......... 67 Bohème ................................... 27, 32 Bombay Guardian – Journal indien, a servi de base pour les journaux moraves .................................... 34 Bön, Bon – Religion du Tibet ........... 46, 51, 69, 85, 91, 93, 98, 100, 111, 127, 156, 158, 159 Bonin Charles-Eudes (1865-1929) – Explorateur spécialiste de l’Extrême-Orient ................ 62-65 Bonn ........................................ 24, 86 Bouddha ............ 28, 68, 91, 140, 156 Bouddhisme, nang pa’i chos ............. 19-21, 24, 25, 27, 28, 31, 37, 49, 51, 52, 56, 70, 85, 87, 90-93, 98, 101, 111, 114, 155, 156, 159, 165 Bray John – Tibétologue, président de l’IALS ........................................... 8, 18-22, 24, 25, 27-35, 52, 60, 86, 87, 100, 113 Breslau – Ancien nom de Wroc!aw en Pologne ..................................... 32 British and Foreign Bible Society ..... .................................................. 35 British Museum ......................... 4, 68 Bulbul Shah, Hazrat Sharaf-ud-Din Abdul Rehman Bulbul Shah († 1326) – un des premiers soufis au Cachemire, à l’origine de la première dynastie musulmane du Cachemire ....................... 103, 143 Bunan – Langue du Lahul ... 109, 142

INDEX Butön Rinchen Drub, Bu-ston Rin- Chorten, mChod-rten {tib.} chen Grub (1290-1364) – Maître et Stupa {skt} – Monument religieux, historien sakyapa, compilateur du à l’origine reliquaire ..................... canon bouddhiste tibétain ............. .................................. 88, 126, 128 ........................................102, 136 Christian Friedrich Francke – Père de A.H. Francke ............................ 32 #! Christianisme ..................................... 8, 18-21, 23-26, 32, 34, 85, 87, 92, Cachemire, Kha-che yul/Kha93, 94, 102, 106, 108, 114, 165 chul/Kashmir – Vallée du nord- Chumurti, Chu-mur-ti ? – Village du ouest de l’Inde, capitale Srinagar . Ladakh, à 200 Km au sud-est de 7, 14, 19, 20, 24, 28, 29, 46, 49, 51, Leh ............................................ 64 52, 56, 58-60, 65, 96, 98, 99, 103, Chushül, Chu-shul – Village du 114, 115, 117, 124, 129, 131, 143, Ladakh, à 100 Km à l’est de Leh. 145, 154-156, 158, 171, 175 Lieu de la signature des accords de Calcutta ................25, 28, 37, 66, 165 paix suite à la guerre Dogra ...... 65 Catherine II la Grande (1729-1796) – Corde, rmu-thag/dmu-thag – Moyen Impératrice de Russie, aida à de communication des rois l’implantation des moraves sur le mythiques avec leurs ancêtres au sol Russe ...................................28 ciel, Drigum l’a coupa ............ 127 Cham, ‘Cham – Danses religieuses Csoma de Körös Alexandre (1784bouddhistes ...............................30 1842) – Linguiste Hongrois, Changthang, Byang-thang – La plaine rencontra Moorcroft à Leh qui le du Nord. Au Ladakh, le convainquit d’étudier la langue Changthang est la région désertique tibétaine .................. 22, 26, 61, 66 à l’Est où vivent les nomades Cunningham Alexandre (1814-1893) – appelés Changpa ...............49, 125 Archéologue et ingénieur Chemre, lCe-bde/lCe-‘bre/lCembritannique, créateur et premier ‘bre/lCem-‘gre – Village et directeur (de 1861 à 1885) de monastère situé à 30 Km au sud-est l’Archæological Survey of India ... de Leh. Monastère fondé par .............................. 46, 47, 66, 124 Stagtshang Raspa à la mort du roi Senge Namgyal ...........57, 62, 159 $! Chenab, Me-rlog/Cang-sa – Une des cinq rivières formant le Penjab, Dah-Hanu – mDa’-Ha-nu – Villages à longe le sud du Zanskar ............62 100 Km à l’ouest de Leh où vivent Chigtan, Cig-ldan/Cig-gtan – Capitale encore de nos jours les dernières des sultans du Purig ..................63 populations dardes du Ladakh .. 49 Chine, rGya-nag ................................ Dainelli Giotto (1878-1968) – 7, 23, 26, 28, 56, 57, 65, 124, 127, Géologue et géographe italien, a 129, 136, 140 participé à l’expédition de Filippo Chinois.............71, 98, 114, 124, 127 de Filippi................................... 36 Chögön, Chos-mgon (Xe siècle), fils Dalaï lama ......................................... de Palgyigön, frère du roi Drogön 18, 59, 60, 114, 115, 117, 124, 132, ................................................108 140, 168, 171, 175, 176, 177 Chogtrül, mChog[-gi]-sprul[- Dapön Shedra, mDa’-dpon bShadsku] (début du XIXe-mort en 1839) sgra dBang-phyug rGyal-po – – Autre nom de Tsewang Rabten, Général tibétain lors de la guerre roi et réincarnation (tülku) de dogra, devenu par la suite ministre Stagtsang Raspa ............................ puis régent ................................ 64 .................... 61-63, 100, 130, 131 Dapön Surkang, mDa’-dpon ZurChögyal, Chos-rgyal {tib.} khang – Général tibétain lors de la Dharmaraja {skt} – roi du dharma, guerre dogra, signataire de l’accord roi religieux...............................91 de paix ...................................... 64 Cho-kur (XVIIe) – Chef Mongol Darde, ‘brog-pa ................................. descendant d’Altan Khan, entre en 33, 48, 50, 51, 111, 132, 157, 158, guerre contre Senge Namgyal en 159 1638 ..........................................57 Darjeeling, rDo-rje gLing – Ville du Chönyi Dobo, Chos-nyid rDo-bo Bengale-Occidental .... 28, 35, 165 (début XIXe) – Ministre de Sabu ........................................100, 129

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Dauvillier Jean (1908-1983) – Professeur de droit canonique à l’Université Catholique de Toulouse, parallèlement il s’intéressa aux nestoriens dans plusieurs articles ....................... 26 Dehradun – Capitale de l’Uttarakhand .................................................. 25 Dekyong Namgyal, bDe-skyong rNam-rgyal (r. c. 1729-1739) – Roi du Ladakh ................................. 60 Delden Namgyal, bDe-ldan rNamrgyal (r. c. 1646-1675) – Roi du Ladakh .............................. 58, 129 Delek Namgyal, bDe-legs rNam-rgyal (r. c. 1675-1694) – Roi du Ladakh ........................ 59, 60, 66, 86, 129 Delhi – Capitale de l’Union indienne 8, 16, 19, 22-24, 27, 29, 31-33, 36, 37, 46-48, 50, 52, 55, 58, 61-65, 103, 130, 132, 136, 140, 156, 163, 170 Denma Künga Dragpa, lDan-pa Kundga’ Grags-pa (c. 1560-1590) – Maître Drigungpa de Tashi Namgyal, fondateur du monastère de Phyang (sGang-sngon bKra-shis Chos-rdzong) ............................ 56 Desideri Ippolito (1684-1733) – Missionnaire jésuite, est resté trois ans à Lhassa ........................ 21, 27 Detsugön, lDe-gtsug-mgon (Xe) – Troisième fils de Nyimagön, roi du Zanskar ............. 50, 127, 157, 160 Dewazung Dawa, bDe-ba-bzung Zlaba (début XXe) – Premier pasteur Ladakhi, ordonné avec Joseph Gergan en 1920 .................. 21, 29 Dharma {skt.} Chos {tib.} – En sanskrit ce mot revêt plus de dix définitions. Selon le contexte, phénomène, loi, doctrine. Ces deux dernières traductions étant les plus répandues ...................................... 50, 93, 101, 125-127, 136, 140, 157 Dieu – Traduit en tibétain par dKonmchog Kun-dbang aussi bien pour le Dieu des musulmans que pour celui des chrétiens ........................ .......... 93, 106, 107, 125, 134, 171 Diskit, bDe-skyid – Village et monastère de la vallée de la Nubra fondé en 1433, à 40 Km au nord de Leh .......................................... 128 Diwan {ur.} – Conseiller du roi, ministre ......................................... ............ 63, 64, 124, 126, 131, 171 Diwan Hari Chand, DE-wAn (De-wan) Ha-ri Cand (début XIXe) – Général dogra ... 63, 64, 124, 126, 131, 171 dKar-chag – Sommaire, table des matières ............................ 98, 157

INDEX Dogra, Sing-pa (Sikh) – Population indo-aryenne de la région de Jammu ........................................... 7, 15, 16, 19, 32, 34, 61-65, 68-70, 94, 95, 99, 100, 106, 110, 115, 125, 126, 132, 142, 154 Dorje Namgyal, rDo-rje rNam-rgyal (XIXe) – Ministre de Stok .......130 Dragbumde, Grags-‘bum-lde (c. 14101440) – Roi du Ladakh, selon les chroniques fils de Tritsugde, frère de Dragpabum, père de Lodrö Chogden ....................................54 Dragpabum, Grags-pa-‘bum (début du XVe) – Selon les chroniques, chef de Basgo, frère de Dragbumde, père de Bhara et grand-père de Bhagan le fondateur de la dynastie Namgyal............................54, 128 Drangtse, Brang-rtse/Grangtse/Drang-tse – Village à proximité du lac Pangong, à 50 Km de Leh .. ....................26, 65, 107, 132, 159 Drepung, ‘Bras-spung – Un des trois grands monastères autour de Lhassa, avec Sera et Ganden ....60 Drigum Tsenpo, Gri-gum bTsan-po – Roi mythique du Tibet .................. ....................................90, 91, 159 Drigung Kagyü, ‘Bri-gung bKa’rgyud – Lignée d’enseignements bouddhistes ...............................54 Drogön, ‘Gro-mgon (r. c. 960-990), fils de Palgyigön, frère de Chögön ................................................108 Drogpo Relsum, Grog-po Ral(b)gsum/Grog-po Shar – Champ de bataille important durant la guerre Dogra. Francke ne situe pas ce lieu, S.S. Gergan dans ses cartes situe cet endroit à l’ouest du mont Kailash ....................................131 Drukchen Kunzig Mipham Chökyinangwa, ‘Brug-chen Kungzigs Mi-pham Chos-kyi-snang-ba (1768-1822) – Huitième Drukchen Rinpoche ...................................61 Drukpa kagyü, ‘Brug-pa bKa’-rgyud – Lignée d’enseignements bouddhistes ...................57, 59, 60 Dunhuang – Oasis du Gansu actuel qui fut un centre important de commerce et d’échanges pour les caravanes sur les routes de la soie ................................103, 104, 167 %! Eliyah Tseten Phuntsog, E-li-ya Tshebrtan Phun-tshogs (1908-1973) – Disciple et gendre de Joseph Gergan .......................................... 8, 19-21, 24, 25, 30, 31, 35, 37, 104

Erberto Lo Bue – Historien de l’art ... .................................................. 53 Europe ..................................... 27, 32 &! Filippi Filippo de (1869-1938) – Explorateur, médecin et géographe italien, participe à plusieurs expéditions dans le Karakorum, traducteur et éditeur du carnet de voyage de Desideri ....................... .......................... 21, 27, 32, 36, 37 Francke Anna Theodora (Dora) (née Weiz) (fin XIXe-XXe) – Femme de August Francke et nièce de Karl Marx, elle a traduit le Ms.C .......... .......................................... 32, 178 Francke August Hermann (18701930) – Missionnaire morave au Ladakh, auteur de plus de 200 articles sur l’histoire du Ladakh, très proche de Joseph Gergan ....... 16, 18, 20, 22, 24, 26, 27, 29, 30, 32-37, 46-54, 57, 66-71, 91, 94, 95, 97-100, 102, 106, 113, 124, 131, 136, 146, 178 '! Ganden Tsewang Pelzangpo, dGa’ldan Tshe-dbang dPal-bzang-po – Général mongol à la tête des troupes du Tibet Central lors de la guerre de 1681-1684 ......... 59, 129 Gandhara – Royaume autour de la vallée de Swat, entre le premier millénaire et le XIe siècle.......... 48 Gar Gunsa, sGar dGun-sa – Le camp d’hiver, une des deux parties formant Gartok ....... 105, 131, 145 Gar Yarsa, sGar dByar-sa – Le camp d’été, une des deux parties formant Gartok ..................... 105, 131, 145 Gartok, sGar-thog – Village du Ngari, à 300 Km à l’est de Leh ................ .................................. 64, 105, 106 Gebhe, dGe-bhe (r. c. 1140-1170) – Roi du Ladakh .......................... 51 Gedün Chöpel, dGe-‘dun Chos-’phel (1903-1951) – Érudit et artiste tibétain .............. 37, 103, 112, 114 Gelugpa, dGe-lugs-pa – Lignée d’enseignements bouddhistes ....... ........................ 28, 54, 58, 60, 129 Gendün Drub, dGe-‘dun Grub (13911474) – Disciple de Tsongkhapa, Ier dalaï lama reconnu rétroactivement après que le titre ait été donné au troisième ............................. 53, 54 George Dumézil (1898-1986) – Linguiste, philologue et académicien .............................. 87

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Gergan Dedzin, dGe-rgan bDe-‘dzin – Femme de Joseph Gergan, fille de Samuel Jolden .................. 23, 124 Gergan Elijah, dGe-rgan E-li-jah – Petit fils de Joseph Gergan, actuel directeur de l’école de la mission et pasteur de Leh .............................. .................. 20, 21, 35, 85-87, 124 Gergan Joseph Sönam Tseten, dGergan Yo-seb bSod-nams Tshe-brtan (c. 1877-1946) .............................. 8, 16-25, 29-32, 35, 37, 38, 65, 68, 71, 72, 85-87, 94-114, 116, 124, 125, 132, 140, 154, 162, 163, 165, 172 Gergan S.S., dGe-rgan bSod-nams sKyabs-ldan († 1981) – Deuxième fils de Joseph Gergan, éditeur du LGCT et historien ......................... 8, 22, 24, 59, 85, 95-99, 101, 104, 106, 116, 124, 131, 162, 163 Gergan Sönam Chimed, dGe-rgan bSod-nams ‘Chi-med (18991929) – Premier fils de Joseph Gergan ........................ 21, 23, 124 Gergan Sönam Wangyal, dGe-rgan bSod-nams dBang-rgyal († 1890) – Père de Joseph Gergan ....... 18, 19 Gergan Sungkyil Phuntsog, dGe-rgan gSung-‘khyil Phun-tshogs († 2011)– Fille de Joseph Gergan .............................. 19, 24, 25, 124 Gesar de Ling, gLing Ge-sar – Personnage principal de l’épopée qui porte son nom, le Ladakh aurait été tenu par ses descendants avant le Xe siècle selon la tradition ........ ...................... 33, 50, 90, 111, 157 Geshe Yeshe Döndrub, dGe-bshes Yeshes Don-grub (1897-1980) – Moine Ladakhi, a fait ses études au Tibet Central, a travaillé pour le Tibet Mirror, est devenu abbé du monastère de Tashilhünpo en Inde ................................................ 104 Ghani Sheikh Abdul – Historien et journaliste ladakhi ........................ 37, 38, 48, 49, 69, 71, 98, 113, 130 Ghulam Rassul Galwan († 1925) – Né à Leh d’une famille du Cachemire, il est l’auteur de Servant of Sahibs ........................................ 110, 155 Gilgit, Gil-git/Gil-lid – Ville du Baltistan ............ 90, 125, 157, 158 Gnadenfrei – Village de naissance de A.H. Francke ............................ 32 Goulab Singh (1792-1857) – Maharaja du Jammu et Cachemire durant les guerres dogra ........ 61, 63, 64, 171 Guerre ................................................ 16, 60, 61, 65, 69, 70, 94, 95, 97, 98, 106, 110, 114, 130-132, 146

INDEX Guge, Gu-ge – Village du Tibet Occidental ..................................... 26, 47, 50, 52, 53, 57, 100, 128, 158, 160, 170 Güshri Khan (1582-1655) – Chef Qoshot, en 1642 après une campagne au Tibet, il donne le pouvoir temporel sur le Tibet au Ve Dalaï-Lama ..........................57 Gützlaff Karl Friedrich August (18031851) – Missionnaire allemand en Chine, Corée, Siam ...................28 Gya, brGya – Village du Ladakh, à 60 Km au sud de Leh .................... ....................48, 50, 130, 131, 159 Gyal Khatun, rGyal-khA-thun (XVIIe) – Reine du Ladakh, fille d’Ali Mir mariée à Tashi Namgyal, mère de Senge Namgyal ............... ..............56, 57, 91, 110, 128, 155 Gyantse, rGyal-rtse – Ville du Tibet Central, à 250 Km au sud-ouest de Lhassa ...............................60, 165 (! Hanle/Wamle – Wam-le – Village du Ladakh sur la route du Spiti, à 200 Km au sud-est de Leh ............ ....................57, 60, 129, 131, 170 Hashmatullah Khan (XXe) – Employé du gouvernement du Jammu et Cachemire au Ladakh au début du XXe siècle, auteur en urdu d’une .. ......................36, 95, 99, 113, 126 Heber Adolf Reeve (1883- ?) – Médecin de l’hôpital morave de Leh en 1913 lors du passage de l’expédition Filippi ...........37, 178 Hedin Sven (1865-1952) – Géographe, explorateur du Tibet à la fin du XIXe et début XXe siècle .............. ....................36, 87, 103, 110, 140 Hegel Georg Wilhelm Friedrich (1770-1831) – Philosophe allemand ..................................................93 Hégire, Hij-ri – Calendrier musulman, débute le 16 juillet 622 ................. ................................107, 124, 155 Hemis, He-mis/He-mi/Hi-mis – Monastère drugpa kagyü fondé par Stagtshang Raspa et Senge Namgyal en 1630. Il est le plus grand monastère du Ladakh avec plus de cinq cent moines. Situé à 30 Km au sud-est de Leh .............. ............................24, 57, 129, 159 Hérodote (Ve av. J.-C.) – Historien grec ...........................................48 Herrnhut – Ville de Saxe, origine de la communauté morave..................... ........................ 27-29, 32, 33, 113

Heyde August Wilhem (1825-1907) – Premier missionnaire morave en Himalaya avec Pagell ................... .............................. 19, 27, 28, 178 Himalaya ........................................... 18-20, 22, 24-30, 32, 33, 36, 37, 48, 96, 101, 111, 113, 136, 158, 177 Hor, Hor – Différentes significations selon l’époque et le lieu, Mongol, Turc .......... 55, 137, 153, 155, 156 Hundar, Hun-dar – Village de la vallée de la Nubra, lieu de naissance de Joseph Gergan ......... ............................ 19, 20, 110, 155 Hunza, ‘Bru-zha – Région du Balti le long de la rivière Hunza à proximité de Gilgit ....................... ............ 46, 49, 125, 140, 158, 159 Hus Jan (1369-1415) – Théologien et réformateur Tchèque, à l’origine de la création de l’église morave ... 27 Hussain de Paskyum – Chef musulman du Purig durant les guerres dogra ............................ 63 )! Ibrahim Khan, Ib-ra-him mkhan/KhAn (début XIXe) – Nabab du Cachemire ............................... 129 Inde, rGya-gar ................................... 7, 23, 28, 31, 33, 58, 65, 91, 95-97, 105, 106, 110, 114, 124, 136, 140, 145, 146, 155, 158, 159, 177 Indus, Seng-ge Kha-‘bab – Fleuve prenant sa source au pied du mont Kailash, traverse le Ladakh avant de continuer au Pakistan ............... 9, 22, 32, 47, 50, 51, 66, 111, 157, 158 Islam .................................................. 21, 52, 56, 59, 99, 109, 110, 112, 114, 132, 154, 155 *! Jammu – Ville indienne, actuelle capitale d’hiver du Jammu et Cachemire. Durant la guerre Dogra, elle était capitale du Maharaja ...... 7, 19, 24, 29, 61, 62, 64, 99, 115, 126, 131 Jammu et Cachemire – État du nordouest de l’Inde .. 7, 19, 29, 65, 115 Jamyang Namgyal, ‘Jam-dbyangs rNam-rgyal (r. c. 1595-1616) – Roi du Ladakh, succède à son frère Namgyal Gönpo, père de Senge Namgyal ..... 56, 57, 128, 153, 155

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Jäschke Heinrich August (18171883) – Parfois noté Jaeschke. Missionnaire morave au Ladakh à la fin du XIXe siècle, compositeur d’un dictionnaire........................... .......... 28, 29, 34, 35, 67, 156, 178 Jésus ........................ 23, 34, 108, 137 Jigmet Namgyal, ‘Jigs-med rNamrgyal (1836-1873) – Descendant des rois du Ladakh ........ 63, 65, 67 Jina Prem Singh – Chercheur au Central Institute of Buddhist Studies à Choglamsar ................... ................................ 32, 33, 35-38 Journal ............................................... ......... 25, 30, 34, 36, 92, 104, 126, +! Kagyü, Bka’-rgyud – Lignée d’enseignements bouddhistes ....... ............................................ 57-59 Kalimpong – Ville du Bengale Occidental ............... 104, 113, 114 Kalmouk – Population mongole bouddhiste de la Volga ............. 28 Kalön Pelhün, bKa’-blon dPal-lhun (dPal-‘byor lHun-po) – Ministre tibétain durant la guerre dogra...... .................................................. 64 Kalzang Drolma, bsKal-bzang sGrolma – Reine du Ladakh .... 130, 131 Kangyur, bKa’-‘gyur – Partie du canon bouddhiste tibétain contenant les Sutras .................. 52 Kanika – voir Kanishka ............... 128 Kanishka Ier (c. 127-147) – Roi Kouchan, favorisa l’expansion du bouddhisme et de l’art grécobouddhiste ................................ 49 Kaplanian Patrick – Ethnologue........ .................................... 48, 90, 113 Karakoram – Massif montagneux au nord du Pakistan ................. 32, 37 Kargil, dKar-‘khyil/Kar-gil – Ville du Ladakh (Purig), à 230 Km à l’ouest de Leh ................................... 7, 65 Karma {skt.} las {tib.} – Action du corps de la parole de l’esprit......... ............................................ 59, 92 Kartse, dKar-rtse – Village du Purig à 150 Km à l’est de Leh et 20 Km au sud de Kargil .... 62, 126, 130, 159 Kashgar – Ville du Turkestan chinois, centre important des routes de la soie au nord de la chaine du Karakorum ................................ 58 Katok Rigzin Tsewang Norbu, bKa’thog Rig-‘dzin Tshe-dbang Nor-bu (1698-1755) – Maître de Katok au Khams, émissaire envoyé par le dalaï lama pour régler un conflit au Ladakh en 1752 ........................ 60

INDEX Kelzang Gyatso, bsKal-bzang rGyamtsho (1708-1757) – VIIe dalaï lama ..........................................60 Khalatse, Kha-la-rtse – Ville du Ladakh à 70 Km à l’ouest de Leh 29, 32, 34, 47, 49, 51, 106, 117, 146, 159, 178 Khams, Khams – Région de l’est du Tibet ..................................60, 157 Kharosthi – Alphabet utilisé pour écrire le sanskrit et le gandhari par les scribes du Gandhara, utilisé du IIIe siècle av. J.C. au IIIe siècle ap. J.C. ......................................49 Khatun {ur.} khA-tun {tib.} – Dame de la cour, princesse, reine............ 57, 60, 62, 91, 110, 128-131, 155, 159 Khedrub Gyatso, mKhas-grub rGyamtsho (1838-1856) – XIe dalaï lama ..................................................18 Khön, mKhon – Famille tibétaine à l’origine de la lignée Sakyapa, famille de Stagtsang Raspa .......57 Khotan, Li – Ville du Turkestan chinois, oasis du sud du Taklamakan, centre important des routes de la soie ............................ 36, 50, 99, 100, 103, 125, 127, 158 Khutba {ur.} – Sermon du vendredi à la mosquée ................................59 Kilty Daniel (1855-1889) – Missionnaire catholique au Ladakh, mort et enterré à Leh .................27 Kinnaur, Khu-na – District de l’Himachal Pradesh en Inde au sudest du Ladakh ............28, 125, 131 Kishtawar, Ka-shta-war – Vallée du Cachemire au sud de Kargil et de la vallée de la Suru, aussi appelé vallée de Wardwan ....................... ....................62, 63, 126, 130, 156 Knowles Hilton J. (1876-1880) – Fondateur de l’école de la mission de Srinagar qui prendra le nom de Tyndale-Biscoe .........................20 Könchog Nyima Rangdröl, dKonmchog Nyi-ma Rang-sgrol (XIXe) – Moine du palais pendant les guerres dogra ..................131, 146 Kouchéen – Langue parlée dans le bassin du Tarim (Taklamakan) jusqu’à la fin du premier millénaire, aussi appelée tokharien B (occidental) ...........................49 Kullu, Nyung-ti – District de l’Himachal Pradesh en Inde .......... ..................................51, 130, 145 Künga Namgyal, Kun-dga’ rNamrgyal (r. c. 1535-1555) – Roi du Ladakh ......................................55 Kurt Tropper – Tibétologue .............. ....................................53, 54, 103

Kushok Bakula Khönchog Rangdröl, sKu-gzhogs Ba-ku-la dKon-chog Rang-grol – XVIIe incarnation de Kushok Bakula ....................... 129 Kushok Bakula, sKu-gzhogs Ba-kula – Nom des chefs spirituels du monastère de Spituk, leur lignée remonte à l’arhat Bakula .............. ................................ 126, 128, 129 Kyelang/Keylong/Kyelong, Kye-lang – Ville et centre administratif important du district du LahulSpiti, sur la route entre Kullu et le Ladakh .......................................... 19, 21, 22, 28, 29, 32, 34, 101, 117, 163, 165, 178 ,! La Trobe Benjamin (XXe) – Évêque morave .............................. 33, 178 Ladakh Buddhist Association ... 8, 25 Ladakh, La-dwags/Bla-dwags ........... 7-9, 13, 16, 18-38, 45-71, 85-87, 90, 91, 94, 95, 97-102, 104-115, 117, 124-127, 130-132, 134, 140, 143, 145, 146, 153, 155-160, 163, 165, 169-171, 175, 177, 178 Ladakhi, La-dwags kyi skad – Langue 7, 21, 23, 34, 69, 99, 130, 137, 153 Lahul, Gar-zhwa/dKar-zhwa/lHo-yul – Vallée du nord de l’Himachal Pradesh, qui, regroupée avec le Spiti à l’Est forme le district de Lahul-Spiti, sa capitale est Kyelang 19, 24, 28, 31, 35, 61, 65, 71, 100, 109, 111, 128, 142, 145, 158 Lamayuru, bLa-ma Yu-ru – Village et monastère (Yung-drung Thar-pa gLing) du Ladakh fondé en 1038, à 75 Km à l’ouest de Leh ................ .................... 51, 62, 146, 154, 158 Langdarma Udum Tsenpo, Glang-darma ‘U-dum bTsan-po (IXe, mort en 842) – Dernier empereur du Tibet 46, 49, 50, 70, 91, 98, 111, 127, 156, 160 Langkartse, Glang-dkar-rtse – Village de la vallée de Suru, à proximité de Kartse................................ 62, 130 Lata Jughdan (r. c. 1510-1535) – Roi du Ladakh ................................. 55 Leh, Gle/Gles/Sle/Slel/Sles – capitale du Ladakh ..................................... 7-9, 18-21, 23, 27, 29-32, 34, 3638, 47, 55-57, 59-63, 65, 67, 85, 86, 101, 104, 105, 109, 110, 113, 117, 126, 128-132, 145, 153, 155157, 159, 163, 165, 170, 178 Lhachen Gyalpo, lHa-chen rGyal-po (r. c. 1050-1080) – Roi du Ladakh .................................................. 51

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Lha-Lama Yeshe Ö, lHa Bla-ma Yeshes ‘Od (c. 947-1024) – Roi de Guge, a invité Atisha au Tibet ...... ................................................ 125 Lhalung Palgyi Dorje, lHa-lung dPalgyi rDo-rje – Assassin de Langdarma ........................ 91, 156 Lhassa, lHa-sa – Capitale du Tibet ... 18-20, 27, 28, 35, 56, 58, 60, 61, 106, 131, 165, 170, 171 lha-tho – Autel pour les divinités locales ....................................... 88 Lhatotori Nyantsen, lHa-tho-tho-ri gNyan-btsan (~Ve siècle) – Selon une légende les premiers écrits bouddhistes du Tibet tombèrent du ciel sur le toit de son palais ...... 91 Lhawang Namgyal, lHa-dbang rNamrgyal (XVIe) – Frère aîné de Tashi Namgyal ................................... 56 Likir, Glu-dkyil – Monastère du Ladakh fondé en 1115, à 40 Km à l’ouest de Leh ..................... 48, 51 Lingshed, Gling-bshed/Lings-shed – Monastère du nord du Zanskar fondé en 1040, à 75 Km au sudouest de Leh et 50 Km au nord de Padum ....................................... 56 Lobsang Chökyi Nyima, Blo-bzang Chos-kyi Nyi-ma (1737-1802) – 13e/3e Thuken (Thu’u-bkwan) Hutuktu auteur du Clair miroir des systèmes philosophiques. .............. ........................................ 103, 140 Lochag, Lo-phyag – Mission commerciale trisannuelle entre le Ladakh et Lhassa instaurée à la suite du traité de Temisgam en 1684 .................................. 59, 170 Lodrö Chogden, Blo-gros mChog-ldan (r. c. 1440-1470) – Roi du Ladakh, dernier roi de la dynastie Lhachen .............................. 51, 53, 54, 128 Londres .............................................. 18, 21, 22, 24, 27-29, 34, 36, 55, 113, 140 Luther Martin (1483-1546) – Théologien et réformateur allemand ................................... 27 -! Manali – Ville de l’Himachal Pradesh au nord de Kullu ..................... 103 Manasarovar, Ma-pham g.Yu-mtsho – Lac sacré au pied du Mont Kailash. 320 Km2 à 4 500 m d’altitude ...... .................................. 64, 170, 171 Manchat – Langue du Lahul ............. ........................................ 109, 142 Mangyül, Mang-yul – Région du nord du Népal, parfois confondue avec Maryül .............................. 47, 109

INDEX Ma-ni bKa’-‘bum – Texte attribué à Songtsen Gampo relatant les origines de l’homme et les enseignements d’Avalokiteshvara ..................................98, 127, 136 Mantra {skt} sNgags {tib.} – Formule répétée support de méditation ...25 Marpa Chökyi Lodrö, Mar-pa Choskyi bLo-gros (c. 1012-1097) – Traducteur, maître et saint bouddhiste .................................23 Martin Dan – Tibétologue .......66, 68 Marx Karl (1857-1891) – Missionnaire morave, médecin et historien ........................................ ...... 29, 30, 32, 36, 67-69, 71, 178 Maryül, Mar-yul/dMar-yul – Territoire du Tibet Occidental correspondant au Ladakh .............. 13, 46, 47, 50, 53, 55, 107, 109, 111, 132, 134, 153, 155-160 Maryum-la, Mar-yum-la – Col entre Lhassa et le Ngari .....................57 McDonald David (~1870-1962) – De père écossais et de mère lepcha, il contrôla la traduction de la Bible et fut agent commercial britannique au Tibet .............................35, 104 Mégasthène (IIIe av. J.-C.) – Historien et diplomate Grec, a été envoyé en 300 av-JC à la cour de Chandragupta Maurya à Pataliputra ..................................................48 Migmar, Mig-dmar – Soldat tibétain qui a tué Zorawar Singh............64 Milarepa, Mi-la Ras-pa (1040-1123) – Saint tibétain .......................25, 28 Mill Hill Mission – Mission Catholique au Ladakh à la fin du XIXe siècle ................................27 Miran – Oasis sur les routes de la soie au sud du Lop-nor .....................34 Mircea Eliade (1907-1986) – Historien des religions ........ 87-95 Mirza Muhammad Haidar Dughlat, Mig-za-dhar (1500-1551) – Général turco-mongol, a combattu au Cachemire et au Tibet, auteur du Tarikh-i-Rashidi................55, 128 Mlle Birtill – Institutrice à l’école de Leh lors du passage de Filippo de Filippi................................21, 178 Moghol – Empire d’Inde entre 1526 et 1857 fondé par les descendants de Tamerlan .......................58, 59, 71 Molwi {ur.} – Le théologien, titre donné aux érudits ........95, 99, 126 Môn – Peuples des flancs sud de l’Himalaya .................................... .. 48, 109, 111, 132, 142, 157-159 Mongolie, Sog-yul ............................. 28, 57, 59, 98, 108, 124, 125, 127, 128

Mont Kailash, Gangs Rin-poche/Gangs Ti-se – Montagne sacrée pour les bouddhistes, hindouistes, bönpos, jaïns. Située à l’ouest du Tibet, à 500 Km au sud-est du Ladakh .......................................... ........ 23, 48, 59, 88, 130, 170, 171 Moorcroft William, Bada Sahib ou Ma-ka-ra-phad (1767-1825) – Vétérinaire britannique de passage au Ladakh au début du XIXe siècle .... 61, 99, 105, 106, 129, 132, 145 Moravie – Région d’Europe Centrale en république Tchèque ............. 27 Mosquée, Masjid {ur.} ...................... ............ 58, 59, 110, 129, 154-156 Mouhamad Shah – Dernier roi du Balti (Skardo), a demandé de l’aide aux Dogras pour prendre la place de son père ................................ 63 Mulbek, Mul-be – Village du Ladakh, à 110 Km à l’ouest de Leh ............ ................................ 128, 130, 132 Munshi {ur.} – Secrétaire, écrivain public, personne lettrée ................. ........................ 18, 68, 69, 71, 124 Munshi Palgyas, Mun-shi sPel-rgyas – Compilateur et auteur des Ms.C ... ............................................ 69, 71 Mussoorie – Ville de l’Uttarakhand en Inde où furent accueillit les premiers réfugiés tibétains ........ 25 Mustang, Glo (Lo/Blo) sMon-thang – Royaume du nord du Népal ...... 51 Musulman .......................................... 8, 20, 21, 30, 52, 54, 57, 58, 61-63, 87, 98, 99, 103, 104, 109, 110, 112, 114, 124, 125, 129, 137, 140, 143, 154-156, 159 .! Nagar – Village la vallée de Kullu, résidence de la famille Roerich .... ................................................ 103 Naglug, Nag-lug (r. c. 1110-1140) – Roi du Ladakh .......................... 51 Namgyal Gönpo, rNam-rgyal mGonpo (r. c. 1595-1600) – Roi du Ladakh ...................................... 56 Namgyal Tsemo rNam-rgyal rTse-mo – Château de Leh construit par Tashi Namgyal, à ne pas confondre avec le gle chen dpal mkhar. ........ .......................... 56, 128, 153, 155 Namkha Palgön, Nam-mkha’ dPalmgon (XVIIe) – Ministre de Senge Namgyal ................. 100, 128, 157 Nastaliq, Nasta!l"q {ur.} – Écriture arabo-persane utilisée pour l’urdu .................. 99, 100, 124-126, 153 Nathaniel Zodpa Gyaltsen, Na-ta-nyel bZod-pa rGyal-mtshan (XIXe) –

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Converti et baptisé à Poo, probable frère de Sönam Wangyal .......... 19 Népal, Bal-yul ................................... 47, 48, 58, 124, 131, 136, 158, 167 Nestorien – Forme de christianisme oriental ...................................... 26 Ngari Korsum, gNga’-ris sKor-gsum – District du Tibet Occidental ......... 13, 46, 49, 50, 53, 55, 60, 105, 108, 109, 111, 125, 126, 128, 156-158, 160, 170, 175 Ngawang Lobsang Gyatso, Ngagdbang Blo-bzang rGya-mtsho (1617-1682) – Ve dalaï lama, premier de la lignée à avoir le pouvoir temporel au Tibet en 1642 .................................................. 59 Ngawang Namgyal, Ngag-dbang rNam-rgyal (XVIIe) – Prince du Ladakh .................................... 129 Ngödrup (Norup ou Morup) Tenzin, dNgos-grub bsTan-‘dzin (XIXe) – Roi nommé par les Dogras entre 1837 et 1839 ....... 62, 63, 130, 131 Nicodemus Sönam Stobgyas, Ni-code-mus bSod-nams sTobs-rgyas – Originaire de Stok, exilé à Kyelang, premier Ladakhi converti .................................................. 28 Nono, No-no – Titre honorifique utilisé pour les princes du Spiti .... .................... 38, 64, 101, 145, 165 Norbu Namgyal, Nor-bu rNam-rgyal (r. 1623-1624) – Roi du Ladakh, frère de Senge Namgyal ........... 57 Norup, dNgos-grub (r. c. 1290-1320) – Roi du Ladakh ................. 51-53 Nubra, Nub-ra/lDum-ra – Vallée au nord de Leh ................................... .......... 19, 20, 48, 56, 64, 125, 155 Nyatri Tsenpo, gNya’-khri bTsan-po – Premier empereur mythique du Tibet, né selon la tradition en -126 70, 91, 98, 100, 108, 111, 132, 137, 156, 160 Nyima Namgyal, Nyi-ma rNam-rgyal (r. c. 1694-1729) – Roi du Ladakh .............. 60-62, 86, 129, 158, 159 Nyimagön/Khyilde Nyimagön, sKyidlde Nyi-ma-mgon (fin du IXe, début du Xe) – Fils de Palkhortsen, règne sur le Tibet Occidental qu’il divise entre ses trois fils .......................... 47, 50, 51, 60, 98-100, 111, 125, 127, 132, 157, 160, 170 Nyingma, rNying-ma – Lignée d’enseignements bouddhistes ... 85

INDEX / 0! Ösung/Khrinamde Ösung, Khri gNamlde ‘Od-srungs (IXe) – Fils de Landarma, frère de Yumten, fondateur des lignées occidentales ....50, 98, 100, 127, 156, 157, 160 Oxford ...................36, 67, 90, 94, 99 1! Padma Karpo, Padma dKar-po (15271592) – IVe Drukchen .....127, 146 Pagell Eduard (1820-1883) – Premier missionnaire morave en Himalaya avec Heyde ...........19, 27, 28, 178 Pakistan .................7, 23, 25, 65, 107 Palgyigön, dPal-gyi-mgon (r. c. 930960) – Premier roi du Ladakh, premier fils de Nyimagön ............. ........50, 51, 53, 66, 108, 127, 157 Palkhortsen, dPal-‘khor-btsan (IXe) – Fils d’Ösung père de Nyimagön ... ................................................160 Pallis Marco (1895-1989) – Explorateur britannique, a traversé le Ladakh en 1936.......23, 37, 104 Pangong, sPang-gong mTsho – Lac du Ladakh, à la frontière Sinoindienne ....................................65 Paskyum, Pas-skyum – Village du Purig à proximité de Kargil .......... ............................62, 63, 130, 131 Pelkhor Chöde, dPal-‘khor Chos-sde – Complexe monastique à Gyantse . ..................................................60 Penjab – État du nord de l’Inde ......... ............................................19, 61 père Oliveira – Compagnon de route de Francisco de Azevedo durant son voyage de 1631 ..................69 Perse, sTag-gzig(s) ............................ ....................46, 49, 126, 140, 155 Petech Luciano (1914-2010) – Tibétologue, a fait sa thèse et de nombreux autres travaux sur l’histoire du Ladakh ...................... 33, 46, 48-50, 52, 54-56, 58-60, 6771, 87, 98, 146 Peter Friedrich E. († 1945) – Missionnaire morave en poste à Leh lors du passage de l’expédition Filippi............................................ 37, 57, 61, 87, 104, 113, 140, 178 Phagspa – Écriture inventée par ‘Gromgon ‘Phags-pa pour écrire les langues de l’empire mongol, utilisé comme écriture sigillaire ........106 Phuntsog Namgyal, Phun-tshogs rNam-rgyal (r. c. 1739-1753) – Roi du Ladakh .................60, 129, 158

Phyang, Phyi-dbang – Village et monastère (sGang-sngon bKra-shis Chos-rdzong) du Ladakh fondé en 1515, à 10 Km de Leh .............. 56 Pline (Ier siècle) – Historien romain .. .................................................. 48 Pologne .......................................... 32 Poo, sPu – Village du Kinnaur .......... 19, 28, 29, 37, 113, 114, 117, 178 Portsmouth .................................... 28 Presse ..................................... 28, 114 Prince Pierre de Grèce et du Danemark (1908-1980) – Tibétologue ............................... 38 Prince Rinchen, rGyal-bu(lu) Rinchen (r. c. 1320-1380) – Roi du Ladakh .......................................... 37, 51-53, 103, 125, 126, 128, 143 Ptolémée (Ier siècle ap. J.-C.) – Historien grec ........................... 48 Pugyal, sPu(r)-rgyal – Ancient nom du Tibet......................................... .... 49, 98, 108, 109, 110, 126, 127 Purang, sPu-hreng – District du sud du Mont Kailash, aussi appelé Taklakot (sTag-la-koT ?) ou Taklakar ........................................ 46, 50, 51, 53, 64, 100, 126, 157, 158, 160, 170 Purig, (s)Pu-rig – Région à majorité musulmane à l’ouest du Ladakh et au sud du Balti. Sa capitale est Kargil ............................................ 47, 58, 60, 62-64, 99, 125, 131, 170 2! Rahim Khan (XIXe) – 62e chef de Khapulu (Kha-pu-lu) ........ 63, 131 Rajpur – Ville à proximité de Dehradun ............................ 25, 29 Ralpachen, Khri Ral-pa-can/Khrigtsug lDe-btsan (c. 815-838) – Un des trois Chögyal du Tibet........ 49 Ranjit Singh (1780-1839) – Chef sikh, unificateur et roi du Penjab ...... 61 Redslob Friedrich Adolf (18381891) – Missionnaire morave, fondateur de la mission de Leh ..... .............................. 18, 19, 29, 178 Reine Zizi – Femme de Chogtrül, à ne pas confondre avec Zizi Khatun qui est la seconde femme de Nyima Namgyal ........................... 62, 130 République Tchèque ...................... 27 Ridzong, Ri-rdzong – Monastère du Ladakh, dernier monastère fondé au Ladakh en 1831 ........... 24, 105 Rinchen Zangpo, Rin-chen bZang-po (c. 958-1055) – Maître et traducteur tibétain envoyé trois fois au Cachemire par Lha Lama Yeshe Ö .................... 37, 51, 125, 126, 128

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Rita {skt} – Dans l’hindouisme agir selon la loi morale .................... 93 Roerich Georges (1902-1960) – Tibétologue, fils de Nicholas Roerich, traducteur en anglais des Annales Bleues avec Gedün Chöphel .................................... 37 Roerich Nicholas (1874-1947) – Artiste et explorateur Russe ......... .......................................... 37, 107 Rossi Filibeck Elena de – Tibétologue, élève de Luciano Petech ............... ............................ 18, 22, 101, 112 Roumanie ...................................... 33 Royaume du prêtre Jean – Pays mythique dont les jésuites se mirent en quête..................................... 26 Rudok, Ru-thog – Ville du Tibet Occidental ..................................... 26, 47, 59, 64, 105, 131, 158, 170, 175 Russie .............................. 28, 32, 140 3! Sabu, Sa-phud/Sa-bu – Village à proximité de Leh .......................... ...... 24, 53, 99, 129, 130, 132, 159 Sadar-Ud-Din – Selon Francke c’est le nom qu’aurait pris le prince Rinchen après sa conversion à l’Islam et sa montée sur le trône du Cachemire ................. 52, 103, 143 Saïf Khan (n.c.) – Envoyé d’Aurangzeb auprès de Delden Namgyal en 1665 pour imposer la volonté des moghols ................. 58 Sakya, Sa-skya – Ville et monastère du Tibet Central. Lignée d’enseignements bouddhistes ....... ...................................... 54, 56, 57 Sambhat, Sam-bat – Calendrier utilisé par les sikhs. Il commence 56,7 années avant le calendrier grégorien ......................... 124, 171 Samsara {skt} ‘Khor-ba {tib.} – Cycle des existences conditionnées .................................................. 93 Samten Karmay, bSam-gtan mKharme’u (né en 1936) – Tibétologue spécialiste du bön ..................... 89 Samuel Jolden (XXe) – Ladakhi originaire de Stok, un des premiers convertis à Kyelang avec son père Nicodemus Sönam Stobgyas ........ ............................................ 23, 28 Samye, bSam-yas – Un des plus anciens temples du Tibet dont la construction est attribuée à Guru Rinpoche à la fin du VIIIe siècle .. .................................................. 56

INDEX Sangye Gyatso, Sangs-rgyas rGyamtsho (1653-1705) – Régent du Ve Dalaï Lama ...............................59 Sankrityayan Rahul (1893-1963) – Érudit indien, a travaillé avec Gedün Chöpel ............................... ....................25, 37, 104, 117, 164 Sarat Chandra Das (1849-1917) – Espion britannique, compilateur d’un dictionnaire et auteur de nombreux articles .....................68 Sarepta – Ville Russe du bord de la Volga ..................................28, 32 Saspol, Sa-spo-la/Sa-spol – Village à proximité d’Alchi .............48, 159 Saxe ...............................................27 Schlagintweit Émil von (1835-1904) – Traducteur du Ms.S. des chroniques anciennes du Ladakh ........67, 179 Schlagintweit Hermann von (18261882) – Explorateur allemand ..67 Schuh Dieter (né en 1942) – Tibétologue ................................... ................24, 71, 86, 87, 117, 168 Senge Lhakhang, Seng-ge lHa-khang – Temple de Lamayuru dont la construction est attribuée à Rinchen Zangpo, fondé en 1038 .............51 Senge Namgyal, Seng-ge rNam-rgyal (r. 1616-1646) – Roi du Ladakh, fils de Jamyang ............................. 26, 56-58, 60, 65, 68-70, 86, 91, 100, 125, 128, 153 Serbie .............................................33 Sermig, gZer-myig – Texte Bön ....33 Shah Jahan (1592-1666) – Grand Moghol de l’Inde, supporta Adam Khan chef de Skardo dans sa guerre contre Senge Namgyal ..............58 Shakya {skt} ShAkya {tib.} – Clan du Bouddha ..........59, 67, 68, 70, 125 Shakya Gyatso, ShAkya rGya-mtsho – Ministre et général des troupes du Ladakh durant le conflit TibétoLadakhi-Moghol de 1681-83 ........ ..........................................59, 125 Shey, Shel/She ye – Ancienne capitale du Ladakh, à 12 Km au sud-ouest de Leh ........................................... 29, 50, 53, 54, 56, 108, 110, 131, 155, 159 Shimla – Capitale de l’Himachal Pradesh..............................62, 131 Shiva, Ma-hA DE-wa ..111, 158, 159 Sibérie ............................................28 Sikh, Sing-pa – Religion d’Inde du nord fondée au XVe siècle par Guru Nanak au XVe siècle ..................... 95, 97, 98, 124-126, 130-132, 146, 153-156, 159, 175 Silésie ............................................32

Skardo, sKar-rdo – Capitale du Balti, à 220 Km au nord-ouest de Leh ... .......... 56, 58, 63, 64, 66, 131, 158 Sogdien – Langue ancienne d’Asie Centrale (Sogdiane) .......... 49, 107 Sönam Namgyal, bSod-nams rNamrgyal (1866-1942) – Descendant de la famille royale du Ladakh .... 126 Sönam Palkyi, bSod-nams dPal-skyid (fin XVIIIe) – Seconde femme de Chogtrül .................................. 130 Songtsen Gampo, Srong-btsan sGampo (c. 610-650) – Roi du Tibet ..... .... 49, 69, 108, 127, 137, 157, 160 Spiti, sPyi-ti – Vallée du nord-est de l’Himachal Pradesh, qui, regroupée avec le Lahul à l’Ouest forme le district de Lahul-Spiti, sa capitale est Kaza ........................................ 24, 28, 31, 47, 51, 61-63, 65, 100, 101, 103, 111, 125, 128, 130, 157, 158, 160, 170 Spituk, dPe-thub – Monastère du Ladakh fondé en 1432, siège du Bakula Rinpoche, à 4 Km au sud de Leh .............................. 9, 126, 128 Sri Lanka ..................................... 114 Srinagar – Capitale d’été du Jammu et Cachemire ..................................... ............ 20, 23, 24, 27, 32, 36, 126 Stagtsang Raspa, sTag-tshang Ras-pa (1574-1651) – Maître tibétain, fondateur de nombreux monastères du Ladakh ....... 57, 58, 61, 71, 128 Stein Aurel (1862-1943) – Explorateur et tibétologue ................................ ...................... 34, 36, 99, 103, 140 Stein Rolf Alfred (1911-1999) – Sinologue et tibétologue ............... ................................ 49, 51, 88-93 Stok, sTog – Village du Ladakh où la famille royale vit aujourd’hui, à 12 Km au sud de Leh .................... ................ 28, 61, 62, 67, 130, 156 Suddhodana – Père du Bouddha.... 91 Suisse ............................................. 29 Sukamir, Su-ka-mir – Chef du Purig durant la guerre dogra ............... 64 Sultan Zain-Ud-Abidin (r. 1423-1474) – Roi du Cachemire, a mené une expédition militaire au Balti et jusqu’à Guge ....................... 52, 55 Surinam ......................................... 32 Suru, Su-ru – Rivière de l’ouest du Ladakh, passe par Kargil .... 62, 63 Syriaque – Langue du moyen orient, utilisée dans la liturgie nestorienne .................................................. 49

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4! Tabo, rTa-bo – Monastère du Spiti dont la fondation est attribuée à Rinchen Zangpo ........................... .............................. 22, 51, 63, 103 Taklamakan – Désert du Turkestan chinois .... 7, 34, 36, 103, 140, 158 Tambis, Tam-bis – Village du Purig ................................................ 130 Tara {skt} sGrol-ma {tib.} – Bodhisattva très populaire au Tibet ............................................ 57, 91 Tarikh-i-Rashidi – Chroniques écrites par Mirza Haidar ...................... 55 Taru, Ta-ru ? – Village du Ladakh à 15 Km à l’ouest de Leh ............ 55 Tashi Dragpa, bKra-shis Grags-pa[lde] (début XVIIe) – Roi de Tsaparang ................................. 26 Tashi Namgyal de Purig (XVIIIe siècle) – fils de Nyima Namgyal et de sa deuxième femme Zizi Khatun, roi du Purig ..................... ............................................ 60, 61 Tashi Namgyal, bKra-shis rNam-rgyal (r. c. 1555-1575) – Roi du Ladakh ............................ 54-56, 128, 153 Tashi Rabgyas, bKra-shis Rab-rgyas (né en 1928) – Historien Ladakhi ................................................ 113 Tashi Wangchug, bKra-shis dBangphyugs – Père et fils, commandants de Kartse ................................. 130 Tashigang, bKra-shis-sgang – Village entre le Ladakh et Guge, à 200 Km au sud-est de Leh .......................... ............................ 59, 64, 131, 170 Tashigön, bKra-shis-mgon (Xe) – Deuxième fils de Nyimagön, roi du Zanskar ............. 50, 127, 157, 160 Tehsil {ur.} – Zone administrative .... ................................................ 132 Tehsildar {ur.} – administrateur du Tehsil, percepteur d’impôts .......... .......................................... 25, 154 Temisgam, gTing-[mo-]sgang – Ancienne capitale du Ladakh, à 60 Km à l’ouest de Leh ................ 54, 59, 110, 117, 128, 129, 153, 155, 159, 170 Temur Bheg, Ti-mur-bhig – Chef d’armée mongol .............. 100, 129 Terma, gTer-ma – Textes trésors dans la tradition Nyingma ................. 85 Thab-lha – Divinité du foyer......... 88 Thanadar {ur.} – Commissaire de police ...................... 110, 155, 175 Thangka, Thang-ka – Peinture sur toile ........................................... 30

INDEX Thangtong Gyalpo, Thang-stong rGyal-po/lCags-zam-pa (~13611485) – Saint tibétain, constructeur de ponts et créateur de l’opéra tibétain ......................................55 Tharchin Babu/Gegen Dorje Tharchin, dGe-rgan rDo-rje mThar-phyin (1890-1976) – Missionnaire en poste à Kalimpong, originaire de Poo, créateur du journal Miroir du Tibet (Yul-phyogs So-so’i gSar‘gyur gyi Me-long) ........................ ................................104, 113, 114 Thiktse, Khrig-rtse – Village et monastère du Ladakh fondé en 1410, à 20 Km au sud-est de Leh ..................................60, 129, 132 Thog Jalung – Mines d’or à l’est de Rudok........................................59 Thogcha, Thog-lcags – Objets en métal retrouvés par terre et considérés comme des amulettes par les Tibétains qui considèrent qu’ils se forment lorsque la foudre frappe la terre ............................26 Thönmi Sambhota, Thon-mi Sam-bhoTa (VIIe) – Créateur de l’écriture et de la grammaire tibétaine .......127 Tibet................................................... 7, 9, 11, 12, 15, 16, 18, 19, 22-24, 26-28, 33-37, 46-50, 52, 53, 55-60, 62, 64, 66, 67-72, 88-91, 93, 94, 97-107, 109-111, 113, 114, 117, 124-127, 130-132, 136, 137, 140, 145, 156, 158, 169-171, 175, 178 Tibet Occidental ................................ 12, 24, 46, 48, 50, 56-58, 61, 62, 64, 66, 70, 97-100, 106, 110, 111, 117, 124, 178 Tibétain .............................................. 8-10, 18-23, 25, 28, 30, 32-35, 37, 46, 47, 49, 50, 56, 65, 66, 68, 86, 91, 98, 99, 101, 106-111, 113, 117, 124, 125, 127, 132, 134, 136, 137, 142, 145, 146, 153, 155, 159, 163165, 167, 171, 175, 177 Tinan – Langue du Lahul ....109, 142 Toyo, To-yo – Lieu de la bataille qui vit la mort de Zorawar Singh, au sud de Purang....................64, 131 Traité ................................................. 19, 58, 59, 61, 62, 65, 101, 106, 129, 163, 170, 171 Trebeck George, Chota Sahib (18001825) – Botaniste britannique, compagnon de Moorcroft ............. ............61, 99, 105, 129, 132, 145 Trésor éternel .................................... 8, 16, 22-24, 65, 67, 71, 72, 84, 86, 94, 96, 98, 100-102, 104, 107, 109, 112-114, 116-118, 124, 126, 132135, 137, 138, 141, 143, 144, 146, 160, 161, 163, 172, 174

Tribut ..... 58, 59, 60, 62, 63, 131, 175 Trisong Detsen, Khri-srong lDe-btsan (c. 755-797) – Un des trois Chögyal du Tibet .............. 49, 160 Tritsugde, Khri-gtsug-lde (r. c. 13801410) – Roi du Ladakh, selon les chroniques père de Dragpabum et Drabumde ................................. 52 Tsanden Munshi, Tsandn Mun-shi – Assistant de Francke ......... 68, 124 Tsaparang, rTsa-brang – Village du Royaume de Guge .............. 26, 64 Tsechu, Tshes-bcu – Dixième jour du mois. Fête de Guru Rinpoche ....... ................................................ 129 Tsepal Döndrup Namgyal, Tshe-dpal Don-grub rNam-rgyal (r. 18021841) –Dernier roi du Ladakh ...... ................ 61, 62, 63, 86, 129-131 Tsepön Shakabpa, rTsi-dpon Zhwasgab-pa (1908-1989) – Historien et homme politique tibétain, auteur d’une histoire politique du Tibet .. .................................... 64, 65, 171 Tsering Khatun, Tshe-ring Kha-tun (XVIIIe) – Reine du Ladakh, mère de Jigmet Namgyal ................. 129 Tsering Wangmo, Tshe-ring dBangmo (fin XVIe) – Reine du Ladakh, première femme de Jamyang Namgyal ................................... 56 Tseten de Khalatse, Kha-la-tse-pa Tshe-brtan – Vétéran des guerres dogra, son témoignage a été enregistré par Francke .............. 32 Tseten Namgyal, Tshe-brtan rNamrgyal (r. 1782-1802) – Roi du Ladakh ........................ 61, 86, 129 Tsewang Namgyal I, Tshe-dbang rNam-rgyal (r. c. 1575-1595) – Roi du Ladakh ..................................... ................ 56, 61, 66, 86, 128, 129 Tsewang Namgyal II, Tshe-dbang rNam-rgyal (r. 1753-1782) – Roi du Ladakh ................... 61, 86, 129 Tsewang Rabten/Chogtrül, Tshedbang Rab-brtan/mChog-sprul (mort en 1839) – Prince du Ladakh et réincarnation de Stagtsang Raspa .................... 61-63, 100, 130, 131 Tsomoriri, mTsho Mo-ri-ri – Lac d’altitude (4 600m) de l’est du Ladakh d’une superficie de 120 Km2 .................................... 26 Tsultrim Nyima, Tshul-krims Nyima – Chef spirituel de Ridzong .... ................................................ 128 Tucci Giuseppe (1894-1984) – Tibétologue italien ........................ .......... 22, 26, 35, 37, 94, 104, 113 Tülku, sprul-sku – Corps d’émanation, Nirmanakaya {skt} ................. 127

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Turfan – Ville du Turkestan chinois, oasis du Taklamakan, centre important des routes de la soie ..... .................................................. 33 Turkestan, Li-yul – région chinoise de population Ouïgour comprenant notamment le Taklamakan ........... 36, 47, 98, 99, 114, 124, 140, 143 Tyndale Biscoe School – École missionnaire de Srinagar .......... 21 Tyndale-Biscoe Cecil Earle (18631949) – Directeur de l’école de la mission de Srinagar ...... 20, 21, 23 5! U-can, dBu-can – Style d’écriture tibétaine ................ 34, 67, 68, 127 Uddiyana – Ancienne région à l’ouest du Tibet, aujourd’hui dans le nord du Pakistan ............................... 57 U-me, dBu-med – Style d’écriture tibétaine .............................. 34, 69 Umla, Um-la – Village à proximité de Taru ........................................ 124 Union indienne .......... 65, 95, 96, 114 Unitas Fratrum – Nom de l’Église morave ................................ 27, 28 Utpala, (r. c. 1080-1110) – Roi du Ladakh ...................................... 51 Uttar-Pradesh – État du nord de l’Inde .................................................. 25 6! Vima Kadphises (fin du Ier siècle) – Souverain kouchan, père de Kanishka ................................... 49 Vitali Roberto – Tibétologue, travaille sur le Trésor éternel ..................... 22, 23, 46, 49-55, 85, 100, 102, 108, 112, 113, 126, 127, 134, 136 Vittoz Pierre et Catherine – Missionnaires moraves suisses, derniers missionnaires occidentaux en poste à Leh ............................... ...... 24, 25, 29, 35, 94, 95, 96, 178 Volga ............................................. 28 Vostrikov Andrei Ivanovich (19041937) – Tibétologue ........... 66, 68 7! Wanla, Wan-la – Village à proximité de Lamayuru ............... 51, 54, 159 Ward Arthur (début XXe) – Évêque morave, ordonne les deux premiers pasteurs ladakhis, Dewazung Dawa et Joseph Gergan, à Kyelang en 1920 ...................... 21, 28, 29, 178 Waren-Mandre – Région entre le Kishtawar et le Purig .............. 130 Wazir {ur.} – Ministre ...................... ............ 15, 69, 126, 130-132, 171

INDEX Wazir Zorawar Singh, Wa-zir Zo-rawar Sing (1786-1841) – Gouverneur du Kishtawar et général de l’armée Dogra ............. 15, 62-64, 95, 101, 124, 126, 130132 Wroc!aw – Nom actuel de Breslau en Pologne .....................................32 Wutaishan – Montagne sacrée de Chine liée au Bodhisattva de la sagesse Manjusri, lieu de pèlerinage important .................57

Yoshiro Imaeda ........................... 104 Younghusband Francis Edward (18631942) – Général britannique, chef de l’expédition sur Lhassa en 1904 ............................ 34, 36, 106, 115 Yuga {skt} – Période cosmique..... 92 Yul-lha – Divinité du pays ............. 89 Yumten/Khride Yumten, Khri-lde Yum-brtan (IXe) – Fils de 8! Langdarma, frère d’Ösung, fondateur des lignées du Tibet Yarkand – Ville du Turkestan chinois, Central et Oriental98, 127, 157, oasis du sud du Taklamakan, centre 160 important des routes de la soie ..... ............................................32, 56 Yonathan Paljor, Yo-na-than dPal‘byor (XXe) – Pasteur ladakhi 9! ordonné en même temps qu’Eliyah Tseten Phuntsog par Bishop Zangla, bZang-la – Capitale du O’Connor pour remplacer les Zanskar ................................... 126 époux Vittoz .............................25

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Zanskar, Zangs-dkar – Région au sud du Ladakh et au nord du Lahul. Nom du fleuve qui la traverse ...... 23, 28, 46, 48-50, 61-63, 71, 100, 111, 125, 128, 130, 131, 156-158, 160, 170 Zhang-zhung, Zhang-zhung – Royaume de l’ouest du Tibet........ ............ 46, 49, 102, 136, 157, 158 Zinzendorf Nikolaus Ludwig (17001760) – Protecteur de l’église morave ...................................... 27 Zizi Khatun, Zi-zi KhA-thun – Seconde femme de Nyima Namgyal, à ne pas confondre avec la reine Zizi qui est la femme de Chogtrül ...................... 60, 62, 159 Zora Khatun, Zho-ra KhA-tUn (fin XVIIIe) – Reine du Ladakh .......... ........................................ 130, 131

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Fig. 1 : Joseph Gergan (http://www.nwtv.co.uk, photographié par Paul Sarchet-Waller au domicile d’Elijah Gergan) .......................................................................................................................................................... 39 Fig. 2 : Joseph Gergan (Moravian Church House, Londres) .................................................................................. 39 Fig. 3 : Joseph Gergan (« Chrétiens au pays de Bouddha », réal. Evelyne Garcia Jousset, L’esprit du Monde, 52’, 2008) ............................................................................................................................................................. 39 Fig. 4 : S.S. Gergan (A History of Ladakh) ............................................................................................................ 40 Fig. 5 : Eliyah Tseten Phuntsog (Pierre et Catherine Vittoz, Un autre Himalaya) ................................................ 40 Fig. 6 : Un exemple du travail de Joseph Gergan (Manfred Taube et Hartmut Walravens) .................................. 40 Fig. 7 : Inscriptions nestoriennes de Drangtse (Nicholas Sims-Williams, « The Sogdian Inscriptions of Ladakh ») ....................................................................................................................................................................... 41 Fig. 8 : La mission de Kyelang (Manfred Taube et Hartmut Walravens) .............................................................. 41 Fig. 9 : Les premiers convertis en 1866 (Manfred Taube et Hartmut Walravens) ................................................. 41 Fig. 10 : Eduard Pagell (Marshall Broomhall, The Chinese Empire) ..................................................................... 42 Fig. 11 : August W. Heyde (Marshall Broomhall) ................................................................................................. 42 Fig. 12 : À la mission de Leh, 1901 (Herrnhuter Brüdergemeine (Herrnhut), http://images-missions.net, la légende pose problème puisqu’elle cite Karl Marx) ..................................................................................... 42 Fig. 13 : Représentation de la vie de Jésus rappelant la roue de la vie (Guyon Le Bouffy 2011).......................... 43 Fig. 14 : Le La-dwags kyi Ag-bar (Lungta XI, p. 8) ............................................................................................... 43 Fig. 15 : Le Kye-lang Ag-bar (Moravian Church House, Londres) ....................................................................... 43 Fig. 16 : A.H. Francke à Ahmadnagar en 1915 (Lungta XI, p. 6) .......................................................................... 44 Fig. 17 : August Hermann Francke (A History of Ladakh) .................................................................................... 44 Fig. 18 : Francke et sa famille (Manfred Taube et Hartmut Walravens) ................................................................ 44 Fig. 19 : Pétroglyphes à Saspol (Guyon Le Bouffy 2010) ..................................................................................... 73 Fig. 20 : Dardes (LGCT) ......................................................................................................................................... 73 Fig. 21 : Môns (LGCT) ........................................................................................................................................... 73 Fig. 22 : Rinchen Zangpo (www.treasuryoflives.org) ............................................................................................ 75 Fig. 23 : Alchi, le gsum brtsegs lha khang, 1913-1914 (Filippo de Filippi, Storia della Spedizione Scientifica Italiana nel Himàlaia) ................................................................................................................................... 75 Fig. 24 : Alchi, gsum brtsegs lha khang, 2009 (Guyon Le Bouffy) ....................................................................... 75 Fig. 25 : Khalatse, 1938 (Prince Pierre de Grèce, Chevauchée tibétaine) .............................................................. 75 Fig. 26 : L’arrivée du premier roi tibétain du Ladakh, dPal-gyi-mgon (Yongdzin Könchog Sönam, La dwags dgon pa rnamskyi lo rgyus padma’i phreng ba) ........................................................................................... 76 Fig. 27 : Le roi dNgos-grub (Yongdzin Könchog Sönam) ..................................................................................... 76 Fig. 28 : Le roi ‘Jam-dbyangs rNam-rgyal (Yongdzin Könchog Sönam) ............................................................. 76 Fig. 29 : Basgo (Filippo de Filippi) ........................................................................................................................ 77 Fig. 30 : Temisgam (Filippo de Filippi) ................................................................................................................. 77 Fig. 31 : Le roi Tsewang Namgyal I et ses frères, Basgo (http://warburf.sas.ac.uk) .............................................. 77 Fig. 32 : Le Namgyal Tsemo (Filippo de Filippi) .................................................................................................. 78 Fig. 33 : Leh, 1913-1914 (Filippo de Filippi) ......................................................................................................... 78 Fig. 34 : Vue générale de Leh, 1938 (Prince Pierre de Grèce) ............................................................................... 78 Fig. 35 : Le roi Tashi Namgyal (David L. Snellgrove, The Cultural Heritage of Ladakh).................................... 79

SOURCES ICONOGRAPHIQUES Fig. 36 : La couronne du roi du Ladakh (David L. Snellgrove) ............................................................................. 79 Fig. 37 : L’ex-roi Sönam Namgyal, 1913-1914 (Filippo de Filippi) ...................................................................... 79 Fig. 38 : L’ex-roi Künzang Namgyal (A History of Western Tibet) ....................................................................... 79 Fig. 39 : Bazar de Leh, 1873 (E.F. Chapmann, Yarkund Mission, British Library) .............................................. 80 Fig. 40 : Leh, 2010 (Guyon Le Bouffy).................................................................................................................. 80 Fig. 41 : Bazar de Leh, 1913-1914 (Filippo de Filippi).......................................................................................... 80 Fig. 42 : Bazar de Leh, 1907 (Bouillane de Lacoste E.A.H. de, Autour de l’Afghanistan) ................................... 80 Fig. 43 : Staktsang Raspa (Guyon Le Bouffy, 2010) ............................................................................................. 81 Fig. 44 : Staktsang Raspa (David L. Snellgrove) ................................................................................................... 81 Fig. 45 : Le monastère d’Hémis (Filippo de Filippi) .............................................................................................. 81 Fig. 46 : Les environs de Leh, années 1950 (Pierre et Catherine Vittoz) ............................................................... 81 Fig. 47 : Mosquée de Leh, 1913-1914 (Filippo de Filippi) .................................................................................... 82 Fig. 48 : Shah Jahan (Bodleian Library, Oxford) ................................................................................................... 82 Fig. 49 : Aurangzeb (The Cleveland Museum of Art)............................................................................................ 82 Fig. 50 : Palais de Stok, 1913-1914 (Filippo de Filippi) ........................................................................................ 82 Fig. 51 : Le fort Zorawar Singh à Leh (Standley Leighton, 1869, British Library) ............................................... 83 Fig. 52 : Traité de paix de 1834 entre les dogras et le Ladakh, en persan (Ahluwalia H.P.S., Hermit Kingdom, Ladakh) ......................................................................................................................................................... 83 Fig. 53 : Tombe de Zorawar Singh à Toyo (G.D. Bakshi, Footprints in the snow: on the trail of Zorawar Singh) ....................................................................................................................................................................... 83

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Remerciements Je tiens à remercier : mes professeurs à l’Inalco, Mme Heather Stoddard et Mme Françoise Robin pour leurs conseils et leur soutien M. John Bray, Rvd. Elijah Gergan, Mme Naomi Sonam, M. Abdul Ghani Sheikh pour l’aide apportée et les entretiens accordés Mme Pascale Dollfus, M. Alain Désoulières, Nils Martin, Namgyal Henry pour les diverses discussions m’ayant permis d’affiner certains détails Salim Khan et sa famille pour leur accueil depuis plusieurs années au Ladakh ma famille pour la relecture.