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Didier Mansuy
Henri Mansuy L’inventeur de la préhistoire de l’Extrême-Orient méridional Préface de Yves Coppens
Débats / Histoire / Asie du Sud-Est
Daniel Cohen éditeur www.editionsorizons.fr Collection « Débats » Thème : Histoire / Asie du Sud-Est Il est des écrits qui sortent des sentiers battus : de leur fond, de leur forme affleurent richesse et probité ; la personnalité de l’auteur, le thème qu’il articule méritent une collection à part entière. Elle s’ouvre à la discussion et à des thématiques variées et universelles : Histoire, Esthétique, Littérature, Philosophie, Sciences à l’occasion. Telle est la collection « Débats ».
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ISBN : 979‑10-309-0274-7
© Orizons, Paris, 2021
Henri Mansuy L’inventeur de la préhistoire de l’Extrême-Orient méridional L’homme du Bacson
Préface de Yves Coppens
Didier Mansuy
Henri Mansuy L’inventeur de la préhistoire de l’Extrême-Orient méridional
Préface de Yves Coppens
2021
Du même auteur aux Éditions Orizons Cas de figures, 2011 Le linceul de pourpre de Marcel Jouhandeau la trinité Jouhandeau-Rode-Coquet, 2009 Facettes, 2012 Les Porteurs de feu, 2012
Parus dans la même collection Michel Arouimi, La guerre aux terres saintes, 2020 (Série Questions contemporaines) Académos, Revue de Théologie & de Philosophie, La doctrine augustinienne de la Trinité, Revue anuuelle 2018 (Série Philosophie) Claude Brunier-Coulin (sous la direction de), Institutions et destitutions de la Totalité, Explorations de l’œuvre de Christian Godin, 2016. (Série Philosophie) Claude Brunier-Coulin, L’homme pécheur, 2017. (Série Philosophie) Gilbet Boillot, Science et dénis, 2018 (Série Questions contemporaines) Claude Brunier-Coulin, La réception de Kierkegaard chez Balthasar et Barth — Explorations dans la problématique du réel et du possible, 2017. (Série Philosophie) Claude Brunier-Coulin, Karl Barth, une anthropologie philosophique, 2018. (Série Philosophie) Claude Brunier-Coulin, Morphologie du divertissement, 2018. (Série Philosophie) Sous la direction de Claude Brunier-Coulin et Jean-François Petit, Philosophies et théologies au XXIe siècle — Actes du colloque des 7-8-9 juillet 2016 — Abbaye Saint-Louis-du-Temple de Vauhallan, 2018. (Série Philosophie) Sous la direction de Claude Brunier-Coulin et Jean-François Petit, Spiritualités et gnoses — Hier et aujourd’hui, Actes du colloque des 7-8-9 juillet 2017 — Abbaye Saint-Louis-du-Temple de Vauhallan, 2018. (Série Philosophie) Sous la direction de Patrick Cerutti, Amour et vérité autour de Qui est la vérité ? de Jad Hatem, 2018. (Série Philosophie) Daniel Cohen, L’Argent, sa corde et l’Écrivain, 2018. (Série Controverse) Monique Lise Cohen, Les Juifs ont-ils du cœur ? — Une intime extériorité, 2016. (Série Philosophie) Monique Lise Cohen, Job, de l’errance du cœur au secret de l’embryologie, 2018. (Série Philosophie) Éric Colombo, Empêcher que le monde se défasse, 2016. (Série Questions contemporaines)
Béatrice Delaurenti, Lettres de Marinette 1914-1915, 2017. (Série Histoire européenne / Première guerre mondiale) Dominique Delouche, La Danse, le désordre et l’Harmonie, 2020. (Série Esthétique / Danse) Nadine Dormoy, L’univers de René Girard, 2018 (Série Philosophie) Bernard Forthomme, Théologique de la folie, trois volumes parus, 2015, 2016, 2017. (Série Philosophie) Bernard Forthomme, Histoire de la pensée au Pays de Liège. Tome I, IVe s.-XIes., 2018. (Série Histoire européenne) Bernard Forthomme, Histoire de la pensée au Pays de Liège. Tome II, XIIe s.-XVes., 2019. (Série Histoire européenne) Bernard Forthomme, Histoire de la pensée au Pays de Liège. Tome III, XVIe s.-XVIIIes., 2019. (Série Histoire européenne) Bernard Forthomme, Histoire de la pensée au Pays de Liège. Tome IV, XIXe s.-XXIes., 2020. (Série Histoire européenne) Bruno Goffinet, Du rire romanesque en Afrique noire — Critique littéraire 1944-1969, 2019 (Série Afrique noire) Bruno Goffinet, Le Premier Réalisme néocolonial, 2020 (Série Afrique noire) Bruno Goffinet, La poétique des Cubes — Impressions de Robert Dugué, sculpteur-frigoriste symbolique des années 1980, 2021 (Série Esthétique / Arts/ Sculpture) Mogens Chrom Jacobsen, La morale des droits de l’homme, (Série Questions contemporaines), 2019 Francis Poulenc, Lettres inédites à Brigitte Manceaux, 2019 (Série Esthétique / Musique) Carlo Regazzoni, Aux sources de l’alternance catholique, 2019 (Série Philosophie) Jean-Claude Villain, En regardant en écrivant, 2021 (Série Esthétique) Raymond Zanchi, Le gymnaste et le danseur, 2016. (Série Esthétique : Écrans, cinéma et télévision)
Je remercie tout particulièrement : ma mère Colette Mansuy pour son aide et son assistance constante ; ma cousine, Irène Coupier, petite nièce de Henri Mansuy, pour m’avoir donné de nombreux éléments et des ouvrages parmi ceux que je n’avais pas en ma possession, afin d’éclairer encore davantage le propos dans cet ouvrage et d’apporter des précisions. Irène est très attachée à la mémoire de son oncle ; M. Yves Coppens pour sa disponibilité, son écoute, son aide et le juste et bon souvenir qu’il a de Henri Mansuy, et de sa préface qu’il a réalisé avec cœur, engagement et un enthousiasme sincére ; M. Valery Zeitoun pour ses conseils, ses corrections de grande qualité ayant nécessité qu’il consacre beaucoup de temps ; M. Hubert Forestier pour son écoute, sa visite du site au Cambodge, en compagnie de Heng Sophady, à Laang-Spean cave (Battambang) ; M. Olivier Martel pour sa relecture attentive ; M. Jean-Philippe Carrié pour sa relecture et ses conseils.
Préface
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rès au courant de ce qui est appelé « l’Affaire Deprat », une histoire de 9 espèces de Trilobites découverts en Indochine ou découverts ailleurs et introduits dans un lot de fossiles de ce Pays, affaire interne au monde de la Géologie, opposant ce chercheur, Jacques Deprat, à Henri Mansuy, la personnalité décrite dans cet ouvrage, c’est donc en toute connaissance de cause que j’ai accepté l’invitation de l’auteur, Didier Mansuy, à le préfacer. Je ne suis pas assez compétent en géologie du Paléozoïque, ni en paléontologie des trilobites, bien que formé à l’Institut de Géologie de l’Université de Rennes où ces étages du vieux massif armoricain et leurs fossiles sont bien connus et bien enseignés, pour avoir l’autorité de prendre parti dans ce conflit. Je pense que c’est par la Science, en l’occurrence grâce à de nouvelles récoltes, que ce débat pourrait, peut-être un jour, trouver une réponse satisfaisante, ce qui, à mon avis, n’a pas encore été le cas. L’histoire de Henri Mansuy est en effet celle d’une passion incontestable, celle de la manière admirable et courageuse dont elle a été saisie et celle tout aussi admirable et
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intelligente dont elle a été appliquée. Henri Mansuy, d’origine modeste, armé de son seul certificat d’études, est entré très jeune dans la vie professionnelle, pratiquant, de manière opportuniste, tous les métiers qui se présentaient à lui, jusqu’à ce qu’il accède, de manière un peu plus stable, à un emploi de tailleur. C’était rue Saint Martin, dans le 10e arrondissement de Paris. Mais sa passion des Sciences naturelles lui a fait employer tous ses loisirs (modestes aussi) à fréquenter les galeries de géologie, de minéralogie et de paléontologie du Muséum d’Histoire naturelle et les collections géologiques et paléontologiques de l’École des Mines, à courir les affleurements et les carrières de la région parisienne et à y collecter tous les échantillons de sédiments et de fossiles qu’il pouvait y trouver. J’ai eu la chance de vivre une vocation comparable et je pense par suite bien comprendre combien une telle passion peut être dévorante, faisant de vous quelqu’un d’un peu obsédé certes, mais d’heureux et de comblé. Non content de ces visites et collectes, Henri Mansuy a eu l’intelligence et le courage de les accompagner de lectures et de cours du soir, notamment à l’Hôtel de Ville, et du travail qui doit s’ensuivre pour en tirer un réel profit. Ces fréquentations assidues l’ont évidemment fait remarquer par, entre autres, René Verneau, Professeur d’Anthropologie au Muséum d’Histoire naturelle (ma propre Chaire d’Anthropologie du Musée de l’Homme était l’héritière de cette Chaire d’Anthropologie du Muséum) et par Henri Dauvillé, Professeur de Paléontologie à l’École des Mines, personnalités scientifiques qui ne cesseront plus de le suivre dans sa vie. J’ai été très impressionné, je dois dire, par toute la connaissance que Henri Mansuy était ainsi parvenu à acquérir. Son comportement en Indochine comme on
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va le voir, a été, en effet, celui, surprenant, d’un aussi parfait professionnel qu’il avait été un parfait autodidacte ! Un poste de préparateur au service géologique d’Indochine en poche, grâce à l’intercession de René Verneau, il s’embarqua, en effet, pour Saigon un beau jour de 1901. Il avait 44 ans. Et, à peine arrivé, il s’y fit remarquer par son étonnante activité dans le service même, qu’il participa à organiser, et sur le terrain, qu’il pratiqua dés qu’il le put. Comme je le disais plus haut, c’est là qu’il fit tout-de-suite la démonstration de son esprit scientifique, comprenant par exemple la nécéssité de fouiller tout site archéologique par niveau (la stratigraphie) ou celle de suivre les variations des couches géologiques (la tectonique). Un de ses Chefs de service, Honoré Lantenois, séduit, l’emmènera, dés 1903 pour une grande tournée à travers le Tonkin et le Yunnan, pour reconnaitre le parcours d’un projet de ligne de Chemin-de-fer, de Hanoï à Yunnan-Fou. Et ce n’est que peu de temps après que Henri Mansuy proposa la toute première carte géologique de l’Indochine et du Yunnan (au 1/500.000). Et l’activité de Henri Mansuy ne cessera pas, de 1901 donc à 1921, puis de 1922 à 1926, soit un quart de siècle, date à laquelle il rentrera définitivement en France. Il avait presque 70 ans. Le bilan de son immense activité est largement développé dans ce livre mais disons tout-de-même qu’elle s’est manifestée avec brillo en géologie et paléontologie d’une part -Henri Mansuy a décrit plus de mille espèces animales du Cambrien au Trias-, en préhistoire et en anthropologie d’autre part — il a fouillé des sites de l’Annam, du Tonkin, du Cambodge, du Laos, du Yunnan, en a décrit le mobilier, créé le Bacsonien, une culture néolithique et démontré l’existence de populations anciennes, mélanésiennes, différentes des populations récentes et actuelles —, qu’elle s’est manifestée
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aussi dans son implication dans le développement du Musée d’Histoire naturelle du service géologique et dans la création d’un Musée de paléontologie et de préhistoire à Hanoï. Une œuvre immense donc et bien évidemment pionnière dans tous ces domaines. Sa carrière a heureusement progressé en même temps que ses efforts — qui, pour lui, je suis sûr, n’en étaient pas —. Il a gravi en Indochine tous les échelons, de Préparateur à Géologue de 1e Classe, le plus haut grade ; membre de l’Académie des Sciences coloniales (devenu Académie des Sciences d’Outre-mer), il a été deux fois lauréat de l’Académie des Sciences de l’Institut de France, lauréat de la Société de Géographie, lauréat de la Société géologique de France dont il a d’ailleurs été Vice-Président et aussi Chevalier puis Officier de la Légion d’Honneur et Chevalier de l’Ordre du Cambodge. Sa réputation était celle, mille fois écrite, d’un homme honnête, agréable, enjoué, serviable, généreux, je dirais, de manière un peu populaire, « sympa ». Tout le parcours de sa vie le prouve. Il a d’ailleurs laissé, derrière lui, beaucoup d’amis, beaucoup d’élèves (on cite souvent, en premier lieu, Madeleine Colani), des enfants adoptés, des filleuls fidèles. Il s’éteignit en 1937, à l’Hopital de Suresnes. Après avoir salué Henri Mansuy, je tiens à saluer son cousin Didier Mansuy. Son ouvrage est un superbe hommage à l’incroyable personnalité dont nous venons, à grands pas, de décrire le parcours, une vie d’ouvrier 44 ans, une vie de chercheur 37 ans ! Votre livre, Monsieur Didier Mansuy, est en outre un modèle de précision, à la documentation exceptionnelle. Votre souci du détail est partout, permanent, agréable, rassurant. Merci de nous avoir composé ce portrait, de nous avoir montré la grandeur de l’œuvre et la qualité de la nature
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de cette Personnalité que vous pouvez être fier d’avoir dans votre famille et merci d’avoir bien voulu m’offrir le privilège de préfacer votre travail. Yves Coppens
Henri Mansuy (1857-1937)
Le préhistorien et paléontologue de l’Indochine
H
enri Mansuy est né le 18 février 1857 à Paris 9e arrondissement. Il est décédé le 21 octobre 1937 à Suresnes. Henri Mansuy s’intéressa très tôt à la paléontologie et à la préhistoire, les passions de sa vie. Il suivit les cours du professeur René Verneau (1852-1938) avant de partir pour l’Indochine où celui-ci lui avait trouvé un poste au service de géologie. Sur place, il contribua largement à la Préhistoire du Sud-est asiatique. Ses apports furent importants, ses découvertes nombreuses ayant donné lieu à une cinquantaine de publications parmi lesquelles une trentaine d’ouvrages1. En ce début de XXe siècle, il s’inscrit résolument dans l’histoire des sciences et de la paléontologie en inventant le « Bacsonien ». Madeleine Colani, son élève, prolongea un peu plus tard la définition de cette préhistoire indochinoise avec le « Hoabinhien ». Les 1.
La liste des publications et ouvrages se trouve en annexe no 1 de cet ouvrage.
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travaux et les qualités de Henri Mansuy lui valurent d’être nommé chevalier de l’ordre du Cambodge, officier de la Légion d’honneur, vice-président de la société géologique de France, membre de l’Académie des sciences coloniales. En plus de ses travaux sur la paléontologie et la cartographie, Henri Mansuy fut l’un des premiers inventeurs de la Préhistoire de l’Indochine. Sa grande soif de savoir et sa capacité à mettre en œuvre des opérations scientifiques, marquent sa personnalité, avec un sens artistique prononcé pour le dessin et la musique. L’art équestre, héritage de ses années de service militaire, lui facilita le travail sur les différents terrains qu’il explora (à l’époque : Yunnan, Annam2, Tonkin, Indo-Chine, Vietnam, Laos, Cambodge), alors dépourvus de voies de communication et de mode de transport. Le cheval constituait tout autant un outil de travail pour pouvoir accéder à des sites éloignés et encore inconnus qu’un plaisir personnel. Il fit cependant le plus souvent ses déplacements à pied compte tenu de l’inaccessibilité sur de nombreuses pentes abruptes, dans des paysages couverts de forêt tropicale dense et humide ou dans des zones montagneuses. Son travail de préhistorien et de paléontologue permit de faire progresser considérablement les connaissances scientifiques et l’appréciation des cultures anciennes. En Indochine, Henri Mansuy travailla sous l’autorité de l’ingénieur des mines Honoré Lantenois et eut pour élève Madeleine Colani. À son retour à Paris, Henri Mansuy, à la retraite, habita à peine à 500 mètres du domicile de H. Lantenois. Ils se verront chaque jour et continueront à travailler
2.
Le nom An-nam « sud pacifié » fut donné par le premier empereur de la dynastie Tang en 679.
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ensemble sur des articles, pour des revues, des congrès et les sociétés savantes. Dans une note du 30 mars 1935, H. Lantenois écrivit à son sujet : « J’ai pu apprécier personnellement ses hautes qualités d’intelligence, de labeur, de dévouement et de caractère, ainsi que les services exceptionnels qu’il a rendus à l’Indochine française et à la Science française »3. H. Lantenois assistera H. Mansuy à l’hôpital de Suresnes, en octobre 1937. C’est lui qui fit la déclaration de décès, le lendemain, en mairie. H. Mansuy décéda le 21 octobre 1937, à 17 heures 15, à l’hôpital4. Ensuite il organisa les obsèques, payant même la concession pour cent ans au cimetière5. H. Lantenois informa du décès de Henri Mansuy, tous les officiels et les services par lettres manuscrites personnalisées. Il veilla, jusqu’à son propre décès, sur la mémoire de Henri Mansuy, preuve d’amitié, de fidélité, de respect6.
Honoré Lantenois Honoré, Félix, Jean-Baptiste, Charles Lantenois est né en 1863, à Cherbourg et décéda en 1940, à Paris. Polytechnicien en 1882, Honoré Lantenois est devenu élève ingénieur des mines en 1884. Après avoir progressé régulièrement dans le corps des mines, il fut nommé à Carcassonne (18881891) chargé du sous-arrondissement minéralogique, puis détaché dans les Colonies : en Algérie à Bône (1891-1895), ensuite à Constantine (1895-1900) puis à Alger (1900-1902).
3. 4. 5. 6.
Note au Grand Chancelier de la Légion d’Honneur. rue Worth, Suresnes. Cimetière Voltaire de Suresnes : 1ere division, 33e rang, 5e tombe. Cette amitié, bien plus tard, sera moquée et tournée en dérision par M. Michel Durand-Delga pourtant bien mal informé, de parti pris avec des jugements moraux incroyables.
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Honoré Lantenois s’inscrivit à la société géologique, en 1896, parrainé par ses maîtres Henri Douvillé et Marcel Bertrand. Il était alors lieutenant-colonel d’artillerie coloniale. Il devint chef du service des mines en Indochine en 1903 où il fut accueilli par Henri Mansuy déjà en poste. Dès 1903-1904, ils font ensemble une mission au Yunnan de quatre mois. Il œuvra pour faire rattacher le service géologique de l’Indochine au service des mines alors qu’il était intégré à celui de l’agriculture. Il le réorganisa en 1909 avec l’aide efficace de Henri Mansuy, après le départ de Jean-Baptiste Counillon, ex-chef du service, malade depuis longtemps, absent, dépressif et sous influence de l’opium. H. Lantenois rentra en avril 1914 en France7 alors en guerre. Il fut momentanément remplacé par André Lochard puis revint en Indochine comme chef de service, en février 1917, en raison de la mobilisation de son successeur. H. Lantenois fut à nouveau accueilli par Henri Mansuy. En 1920, H. Lantenois de retour à Paris, s’occupa notamment de constituer et rédiger le dossier de demande de la Légion d’honneur pour Henri Mansuy. H. Lantenois fut nommé chevalier de la Légion d’honneur le 22 juillet 1906, officier le 9 janvier 1914, commandeur le 9 janvier 1931. Il fut président du conseil général des mines en 1932.
Madeleine Colani Madeleine Colani est née à Strasbourg en 1866 et est décédée en juin 1943, à Hanoï (Indochine). Elle était la fille du célèbre pasteur Timothée Colani et de Josèphe Marie Vinante. Sa sœur cadette Eléonore, née en 1877 à Paris, est décédée en 1943 à Hanoï ; tout d’abord téléphoniste, elle se consacra vite exclusivement aux travaux de recherche
7. En 1906, lors d’un retour à Paris pour une mission, il habita 20 rue du Ranelagh, Paris 16e, comme en 1914.
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avec sa sœur. Toutes deux font des expéditions pour Henri Mansuy lorsqu’il ne peut pas les faire en raison de sa santé. Une très grande amitié les liait. C’est Madeleine Colani qui rédigera et publiera la nécrologie de Henri Mansuy. Elle y nota le grand cœur et l’esprit de sacrifice de Henri Mansuy qui n’hésita pas à s’engager dans des actions humanitaires : « Il avait pris chez lui8 des petits garçons orphelins9. Il s’occupait de ces enfants, leur inculquait des principes d’ordre et d’honnêteté, les distrayait les jours de congé, absorbant une partie de son activité. Il avait pour eux les sentiments d’un grand-père affectueux et prévoyant »10. Elle indiqua combien Henri Mansuy était d’une grande attention envers les autres et avait un immense souci de les aider autant qu’il le pouvait. Titulaire d’une licence, Madeleine Colani partit en 1898 pour l’Indochine comme institutrice à Phu-Lang-Thuong, appelée par Paul Doumer, sans doute en souvenir des anciennes relations avec son père Timothée. Sa sœur la rejoignit à Hanoï en 1912. Puis Madeleine Colani fut professeur d’histoire naturelle au lycée Albert Sarraut à Hanoï, jusqu’en 1916. Parallèlement, elle soutint un doctorat d’université et un doctorat d’État. Henri Mansuy la remarqua en raison de sa passion pour les fossiles et pour la préhistoire. Il la fit entrer au service de géologie de l’Indochine, en 1917, où elle restera jusqu’au premier janvier 1927, lors de sa mise à la retraite. Madeleine Colani s’intéressa à l’étude des végétaux fossiles dans les bassins lacustres du Tertiaire. Elle accumula
8. 9.
10.
Rue Laubarède à Hanoï. Il s’agit des enfants Lévy, Alfred et Adrien. Adrien Lévy fut présent à l’hôpital et aux obsèques de H. Mansuy, qui l’amena avec lui en France, en 1926, afin qu’il fasse des études d’ingénieur en électricité. H. Mansuy finança une grande partie de ses études. Nécrologie de H. Mansuy par Melle. Colani, en 1937, dans le BEFEO Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient.
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une documentation impressionnante et démontra la relative nouveauté de l’arrivée d’une flore tropicale du Nord du Vietnam, sujet de son doctorat obtenu en juin 1920. Elle s’intéressa ensuite aux animaux puis à la préhistoire, poussée par Henri Mansuy. Elle sillonna toutes les régions de l’Indochine avec sa sœur Eléonore jusqu’en 1938. Elle fit des explorations au Tonkin, au Nord et au centre de l’Annam, dans le Laos central et dans le Haut Laos. Elle découvrit plus de cent sites préhistoriques hoabinhiens et de nombreuses stations néolithiques, dont certaines grottes sépulcrales. Dans la région de Tran-Ninh, au Laos, elle fit la découverte de la plaine des Jarres, s’intéressa aux mégalithes et réunit d’importantes collections. Celles-ci furent transmises ensuite à des musées. Une partie est exposée, aujourd’hui, au musée du quai Branly. Élue membre correspondant de l’Académie des sciences coloniales, début 1929, elle explore sept grottes ou abris dans les provinces de Hoa-Binh, Ninh-Binh et An-nam. De retour à Hanoï, elle utilise la saison des pluies pour classer et étudier ses récoltes d’objets. En octobre 1929, elle repart explorer la province de Thanh-Hoà et réunit des notes sur ses résultats aujourd’hui conservés à Hanoï dans des archives. Après sa retraite du service géologique de l’Indochine, elle continua à se consacrer à la paléontologie, en collaboration avec Henri Mansuy, notamment en rédigeant livres et articles, et en participant au congrès des préhistoriens de 1932 à Hanoï qui consacra le Hoabinhien, puis à ceux de Manille en 1935 et de Singapour en 1938. À la demande de Louis Finot11, elle fut chargée par l’École française d’Extrême-Orient (EFEO), de 1929 à 1932, de missions préhistoriques et de différents travaux. Déléguée au congrès des préhistoriens d’Extrême-Orient en 1938, elle se rendit au Cambodge dont elle revint très affaiblie.
11.
Louis Finot était alors directeur de l’EFEO à Hanoï.
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Elle restera l’élève et la collaboratrice fidèle de Henri Mansuy. Elle fut nommée chevalier de la Légion d’honneur en août 1937 comme assistante hors classe du service géologique de l’Indochine. Elle désigna comme délégué pour cette décoration, M. George Coedès, directeur de l’École française d’Extrême-Orient, lui-même chevalier de la Légion d’honneur12. Elle fut membre de l’Institut français d’anthropologie, en 1938, présentée par Marcel Mauss. C’est George Coedès qui rédigea la nécrologie de Madeleine Colani dans le Journal, L’Action, du 5 juin 1943. Paul Lévy lui rendit hommage lors d’une conférence au musée Louis Finot à Hanoï, le 6 décembre 194313
12. 13.
Il habitait 38, boulevard Rivière Hanoï. Paul Lévy, Madeleine Colani (1866-1943) et la Préhistoire indochinoise, conférence faite au musée Louis Finot le 6 décembre 1943. Extrait des Cahiers de l’EFEO no 37, 1944.
Chapitre I Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy
L
es parents de Henri Alphonse Mansuy1 constituaient une famille modeste mais très unie. Son père tout d’abord plafonneur2, dans la commune de Troyon, arrondissement de Commercy, partit à Paris3 et devint gardien de la paix dans le 9e arrondissement. Le père de Henri était très attentif au respect des lois, d’autrui et de la Nation. Il donna une excellente éducation à son fils et à sa fille. Tout enfant, Henri Mansuy s’exerça à l’esprit critique et à l’apprentissage des connaissances. Bientôt, dès que possible, il fréquenta les musées et
1.
Son père, Jean Mansuy, est né à côté de Saint Mihiel (Meuse 55300) à Koeur de Haut, le 16 juin 1828, et décédé à Koeur de Bas (Koeur la Petite), le 3 juillet 1899. Sa mère, Marie Magdeleine Anus, est née à Koeur de Bas, le 20 septembre 1826, et décédée, le 27 mars 1900, à Koeur la Petite. 2. Ce ne fut qu’une activité transitoire, alimentaire dans le bâtiment. Il n’y avait pas de carrière de gypse dans la région contrairement aux propos de M M. Durand-Delga. 3. Au 8, rue Poulletier dans le 4e arrondissement de Paris.
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les érudits, parallèlement à un travail quotidien harassant. Il ne partit au Vietnam qu’à l’âge de 44 ans.
Un idéal en construction grâce à un travail acharné Henri Mansuy eut de bons parents et s’entendait très bien avec sa sœur Marie-Eugénie. Il alla à l’école primaire jusqu’à 12 ans, chez les frères, et était bon élève. Il fut aussi enfant de chœur. Il aimait savoir et découvrir. En 1869 il obtint, à l’âge de 12 ans, le certificat d’étude institué depuis peu. Bien qu’il commençât à travailler à 13 ans, il voulut absolument continuer à apprendre : il lisait tous les ouvrages que lui confiaient les bouquinistes des quais de Seine qui avaient décelé en lui un enfant exceptionnel. Dans l’inspiration du courant des pensées de son temps, il rêvait à un monde meilleur, juste et équitable et souhaita ardemment contribuer à son avènement, croyant au pouvoir des idées et de la connaissance. Il perdit rapidement la Foi en raison de la trop grande primauté de la forme sur le fond, notamment dans les rites, qui manquait d’une véritable dimension sacrée. Il douta de leur pertinence pour l’époque. En revanche, il croyait profondément à la science et à l’humanité. Parallèlement, il apprit la musique qu’il aimait beaucoup tant comme mélomane que comme musicien. L’art le passionnait.4 Il fut plus tard collectionneur averti d’objets d’arts. Un autre art lui tenait à cœur : le dessin, dans lequel il excellait comme le montre les travaux qu’il réalisa pour illustrer les fossiles, les roches, les crânes ou les outils préhistoriques qui figurent dans les nombreuses planches de ses différents ouvrages.
4.
Ce qui montre qu’il ne correspond en rien aux images médisantes données par J. Deprat dans son livre.
Chapitre I — Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy 27
Adolescent, pour gagner sa vie, il entra dans une maison de nouveautés, rue Mouffetard, ouverte au chaland chaque jour. Il ne voulait pas pousser les passants à acheter, manquant de goût pour la harangue, et voulant conserver ses fins de semaine pour ses études, il changea d’emploi. Mais il ne trouva que des travaux plus pénibles, dont le seul avantage était de libérer ses dimanches pour ses excursions géologiques. Ainsi il pouvait se consacrer à la visite des carrières de la région parisienne. Il revint souvent à Meudon. Les premiers livres d’initiation prêtés par les bouquinistes des quais de Seine lui avaient permis d’apprendre les strates géologiques. Il s’attachait à les retrouver et comprendre sur place : un mètre et ses carnets de notes à la main. Il récolta et accumula des fossiles, qu’il étudiait avec passion, plongé dans ses livres. Pour vérifier et ne pas se tromper, il redoublait d’efforts en effectuant des visites assidues à l’école des mines et au Muséum national d’histoire naturelle où il pouvait confronter ses découvertes à celles exposées dans les vitrines. C’est à ces occasions qu’il rencontra un autre passionné : André Laville, jeune garçon de son âge, qui s’illustra plus tard par ses travaux géologiques dans le bassin parisien. Ces deux jeunes hommes avaient soif de progrès, certains que seul le travail acharné vainc tout. L’adolescence de Henri Mansuy s’écoula studieuse et travailleuse. Le dimanche, il partait avec A. Laville pour assouvir leur passion des fossiles. Munis d’un pain et de fromage dans leur large sac à dos, ils revenaient chargés de roches et de fossiles, ayant souvent parcouru 40 kilomètres à pied. Le conseil municipal de Paris avait créé un cours d’Anthropologie à l’Hôtel de Ville, qui avait lieu le soir et était dispensé par le docteur René Verneau du Muséum. Henri Mansuy en fut l’auditeur le plus assidu. Frappé
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de cette assiduité et de l’attention qu’il portait à ses leçons, le professeur Verneau s’enquit de la situation de ce modeste travailleur et fut surpris de l’ampleur des connaissances qu’il possédait déjà. Henri Mansuy acquis aux idées progressistes de la société de l’époque, s’affirma politiquement et trouva indigne l’égoïsme des bien-pensants et des nantis. Républicain, il ne croyait pas à l’Empereur contrairement à son père, représentant de la Loi et de l’ordre, qui pensait sincèrement que l’Empire apportait la prospérité au pays. D’une certaine façon, c’est bien à Napoléon III que nous devons la construction de l’immense réseau de communication (routes et voies ferrées) qui bientôt permit à la France de réaliser des échanges commerciaux fructueux, d’assurer un large développement économique et qui développa la physiocratie considérée comme la meilleure source, à ce moment, d’enrichissement économique par la terre. Une phrase du père de Henri reflète bien la contradiction qui devait exister, lors des conversations familiales, entre les actions du gouvernement et les difficultés politiques du moment : « Notre Empereur est si bon, que pendant qu’il construit pour les riches l’Opéra, pour les pauvres, il agrandit l’Hôtel-Dieu. » Un propos révoltant pour Henri Mansuy. Henri Mansuy continuea sa vie de labeur alimentaire comme ouvrier coupeur de tissus, terrassier, fabriquant de margarine ou de blocs de glace, etc. Il se couchait tôt, sans sortie inutile, afin de garder ses forces pour l’école. Pendant plus de 10 ans, il travailla chez un patron, tailleur pour hommes, rue Saint Martin à Paris. Henri Mansuy devait couper des pièces d’étoffes pour fabriquer des tenues de travail pour les hommes d’équipe de la compagnie de chemin de fer du Nord. Traçant la forme
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de la pièce sur le tissu pour faire un patron5, au moyen de la craie à tracer, il coupait ensuite une dizaine de pièces en une seule fois : l’épaisseur et la dureté de l’étoffe nécessitaient une grande force pour réaliser correctement le travail mais causaient des douleurs importantes. Ses souffrances-là n’étaient peut-être pas les pires. L’atelier avait toujours les fenêtres fermées, la poussière des tissus engendrait une atmosphère irrespirable qui irritait les poumons et provoquait des maladies respiratoires. Ironiquement, Henri Mansuy écrivit au-dessus de la porte de l’atelier « L’enfer de Dante ». Malheureusement il n’y avait pas d’espoir d’y rencontrer la Béatrice du poète, ni la Lumière. Le propriétaire ne goûta pas l’ironie et se fâcha, prétextant que le latin6 ne devait pas être écrit dans son atelier car c’était une chose d’Église ! L’antipathie augmenta et monta si fort, qu’après avoir passé dix années dans l’Enfer, Henri Mansuy trouva la porte du Ciel et quitta l’établissement, sans même réclamer son dernier gage. Il prit le large suivant un idéal précaire et incertain mais guidé par instinct, par souci de ne pas accepter ni continuer à supporter l’injustice et l’immoralité. Il travailla alors chez de nombreux patrons différents et projeta même de devenir vendeur ambulant de petits animaux (batraciens, salamandres, etc.), avec une charrette de quatre saisons. Dans cette première partie de vie, le 10 mai 1896, en compagnie d’André Laville, Henri Mansuy remarqua deux éclats de silex sur la route de Paris à Fresnes-les-Rungis. Avec l’autorisation du propriétaire de la sablière, M. Bervialle, ils fouillèrent tout l’été et l’hiver 1896-1897. C’était leur première découverte
5. 6.
Il s’agit de la forme dessinée sur le tissu, un modèle type, pour un vêtement et une taille. Le titre n’était pas en latin mais l’employeur était un peu rustre.
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notable. Ils la publièrent dans un article avec le docteur René Verneau, Stations préhistoriques de Hautes-Bruyères, Villejuif (Seine), par A. Laville et H. Mansuy. Description des restes humains, par R. Verneau, en 1897, dans L’Anthropologie, tome 8. Des silex taillés, des céramiques, des objets de parures, des petites lames de bronze7, une importante quantité d’ossements de mammifères8, des ossements humains du Néolithique (un crâne et un squelette très endommagé) furent mis à jour9. Ils découvrirent dans une deuxième carrière dite Sévin, à Villejuif au sommet du plateau à 300 mètres de la redoute des HautesBruyères, deux squelettes incomplets accompagnés de silex et d’ossements de blaireau.
7.
M. Damour en a fait l’analyse à l’école des mines, qui a révélé dans l’alliage, l’existence d’une certaine quantité d’étain. 8. Genres bos, ovis et sus. 9. Découverte à la fin du XIXe siècle, dans la sablière Sévin, par A. Laville et H. Mansuy, la station préhistorique des Hautes-Bruyères s’est révélée, à la suite des recherches méthodiques entreprises par François Bordes, Georges Bailloud puis Philippe Andrieux, directeur du laboratoire départemental d’archéologie, d’une exceptionnelle richesse. Offerte aux chasseurs, voici 120 000 ans, la steppe rase qui couvrait ce site s’élevait alors à 70 mètres au-dessus du niveau actuel de la Seine et de la Bièvre, dans une région noyée sous les eaux, dont les Bruyères sont un promontoire entre les deux rivières et les marécages. Lorsque les eaux se retirèrent, au cours des millénaires suivants, la chasse continua dans ces régions propices. Cependant, avec l’arrivée des populations agricoles du néolithiques, il y a 6 000 ans environ, une véritable révolution s’accomplit. La Seine et la Bièvre atteignirent alors leur cours actuel. La chasse disposait de petits gibiers insuffisants pour nourrir une population plus dense : l’agriculture y pourvut. Ce fut la naissance des premiers villages, dont celui des Hautes-Bruyères. On y cultivait des blés venus d’Orient et des orges ; on éleva bœufs, chèvres, moutons. Grâce à la céramique, des ustensiles apportérent les premiers éléments de confort. Quant aux outils, la pierre, d’abord taillée, puis polie, céda sa place au bronze. La station des Hautes-Bruyères a fourni de nombreux témoignages de ces divers matériaux et des formes diverses de vie dont ils sont la preuve.
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Henri Mansuy fit son service militaire (numéro matricule 4689, classe 187710). Il partit11 au recrutement avec son ami Lucien Schwob qui habitait en face de chez lui. Mais Lucien Schwob était soutien de famille, il fut donc « dispensé provisoirement ». Henri Mansuy quant à lui fut affecté au 2e régiment de cuirassiers, 2e escadron, 2e dragon, du 8 novembre 1878 au 30 septembre 1882. Il fut nommé brigadier le 30 septembre 1880, puis maréchal des logis le 14 octobre 1881. Envoyé de Troyes en congé, le 30 septembre 1882, il partit dans son hameau parental à Koeur la Petite attendant son passage dans la réserve de l’armée active, le 1er juillet 1883. Il accomplit une période d’exercices dans le 3e régiment de cuirassiers, du 1er au 28 octobre 1884. Puis une nouvelle période d’exercices au 10e régiment de cuirassiers, du 1 au 28 octobre 1886. Il passa dans la réserve de l’armée territoriale, le 1er novembre 1887, et accomplit encore une période d’exercices dans le 1er escadron 6e dragon de la 4e région, du 1er au 13 octobre 1888. Il passa dans la réserve de l’armée territoriale le 1er novembre 1897. Puis après son changement de domicile pour Saïgon, le 7 juillet 1901, il fut libéré de service militaire au 1er novembre 1903. Il était considéré par sa hiérarchie militaire comme très bon. C’est grâce au service militaire qu’il devint un cavalier remarquable et obtint les galons de sergent. Cette période sous le drapeau le fit se confronter à de jeunes officiers, bien nés et nantis, qui souvent étaient méprisants à l’égard de la
10.
Selon l’avis de recrutement du Préfet Ferdinand Duval, du 30 mars 1877, qui l’invitait à se rendre à un conseil de révision le lundi 8 avril 1877 à 8 heures du matin. 11. Henri Mansuy habitait alors au 8, rue Poulletier dans le 4e arrondissement de Paris.
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« populace ». Il en était choqué et n’appréciait pas cette prétendue supériorité de classe. Le réconfort était pour Henri Mansuy12, dès sa jeunesse, de se plonger dans les sciences naturelles. Tous les loisirs que lui laissait son travail, étaient consacrés à l’étude. Le soir, il suivait les cours publics et, le dimanche il prenait part aux excursions des professeurs du Muséum. À force d’économie, il s’était constitué une petite bibliothèque scientifique comprenant les œuvres des naturalistes les plus éminents. Dès son adolescence, les carrières de la région parisienne, leurs géologies et leurs fossiles n’eurent plus de secret pour lui. Passionné par la paléontologie, le Muséum d’histoire naturelle fut son lieu de prédilection, tout comme les collections de l’école des mines. Plus tard le Gouverneur général de l’Indochine, Maurice Long, dira de lui (lettre du 21 juin 1921 à Hanoï) : « De l’humble origine dont vous gardez, à juste titre, la fierté, conscient de la noblesse attachée à la rude mais saine discipline du labeur quotidien, vous vous êtes élevé,
12. Henri Mansuy résidera successivement : — 23, rue des Nonnains-d’Hyéres, Paris, domicile de ses parents ; — 8, rue Poulletier, Paris, chez ses parents ; — Koeur la Petite à côté de Saint Mihiel (Meuse), (octobre 1882) ; — 57, rue Saint Louis en l’Ile, Paris ; — 19, rue des Bernardins, Paris (10 janvier 1883) ; — 41, rue Buffon, Paris (6 avril 1886) ; — 25, rue du Champ de l’Alouette, Paris (jusqu’à son départ en juillet 1901) ; — à Saïgon (le 9 février 1901) ; — à l’hôtel du Grand Balcon à Saïgon (jusque vers le 7 juillet 1901) ; — à Hanoï, dont rue Laubarède ; — puis à Valence chez sa sœur, 1 rue Denis (1921) ; — au Teil (Ardèche), maison des parents d’Irène Coupier ; — à nouveau Hanoï, rue Laubarède ; — hôtel Hanin, 51 Boulevard Saint Marcel, Paris 13e ; — et enfin 13 bis, rue Campagne Première Paris 14e de 1927 à 1937, 3e étage sur rue et traversant, cuisine et trois pièces avec grande bibliothèque.
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par votre seul effort, jusqu’à la place éminente que vous avez conquise parmi l’élite du monde savant, offrant ainsi un rare et magnifique exemple de ce que peuvent la volonté et le travail mis au service d’une vraie vocation. »
Après avoir exprimé les regrets qu’il éprouvait en se séparant d’un fonctionnaire tel que Henri Mansuy, le Gouverneur général lui adressa ainsi, au nom de la Colonie, les remerciements que méritait sa générosité (Henri Mansuy fit don de sa collection d’art indigène à l’École française d’Extrême-Orient et de sa bibliothèque au service géologique). Le Gouverneur se faisait l’interprète des sentiments unanimes des membres de la Colonie. H. Lantenois, lettre du 29 mai 193613, relate la première partie de la vie de H. Mansuy avec une formule concise et imagée, « Né de parents pauvres, ouvrier manuel dans les tissus en gros, rue Saint Martin, jusqu’à l’âge de 44 ans et, pendant 30 ans de cette existence difficile, il a parfait tout seul son instruction scientifique, et cela à tel point que lorsque, grâce à l’appui du docteur René Verneau »,
il arriva à Hanoï, il savait énormément de choses et plus que beaucoup d’ingénieurs ou de géologues sortis de grandes écoles prestigieuses.
Le départ pour Hanoï, 1901 Liés au professeur René Verneau, André Laville et Henri Mansuy le reconduisaient souvent chez lui le soir, la leçon terminée, ce qui leur permettait en chemin de discuter âprement des problématiques soulevées lors du cours, des concepts nouveaux appris ou
13.
Signalons que tous ces documents sont rassemblés dans ma collection privée : Collection DM.
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de ceux qu’ils découvraient. R. Verneau avait reconnu vite chez H. Mansuy, une grande intelligence, un esprit vif, un savoir déjà étendu et une forte envie d’en savoir plus en travaillant infatigablement pour s’améliorer. C’est pourquoi René Verneau s’attacha à lui trouver un poste dans les Colonies. R. Verneau envoya plus de cent lettres. Une réponse favorable arriva du service de l’agriculture de Hanoï, après une rencontre entre le professeur Verneau et le directeur de l’agriculture, des forêts et du commerce de l’Indochine, M. Guillaume Capus (1857-1931), lors d’un de ses séjours à Paris. Henri Mansuy était alors doté de son seul certificat d’études, mais René Verneau, qui avait confiance en ses qualités et capacités à apprendre, s’engagea résolument pour le recommander et mit sa garantie personnelle en avant. R. Verneau apprit vite à Henri Mansuy comment réaliser des analyses de terre selon la procédure adéquate. Très appliqué, H. Mansuy réussit parfaitement les manipulations. Un certificat d’aptitude lui fut délivré avant son départ à l’âge de 44 ans. Pour faciliter le recrutement, le professeur Verneau avait organisé une rencontre entre Henri Mansuy et le directeur Guillaume Capus. L’impression du directeur fut très favorable et il décida de l’engager sans attendre, comme préparateur au service géologique. H. Mansuy partit immédiatement. Puis Guillaume Capus écrivit, le 22 mai 1901, au Gouverneur général de l’Indochine, M. Paul Doumer, pour lui demander son accord et lui présenter les moyens pour financer ce poste. M. Capus insista sur les déshérences du service géologique du fait de M. Counillon, et la nécessité d’avoir recours à H. Mansuy : « Le service géologique14 est actuellement dépourvu de personnel actif par le départ de ses deux Géologues en
14. Lettre de M. Guillaume Capus du l’Indochine Paul Doumer.
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mai
1901
au Gouverneur général de
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titre. Après M. Monod qu’un état de santé assez précaire retient en France, M. Counillon a dû partir d’urgence, par le dernier courrier du mois d’avril, pour rétablir sa santé fortement ébranlée à la suite de son dernier voyage d’exploration géologique du bassin de Tourane. Il ne reste au Service Géologique qu’un secrétaire indigène. »
Dès 1901, M. Guillaume Capus, visionnaire, souhaita garder définitivement Henri Mansuy, avant même qu’il ait commencé : « Sachant l’importance15 et l’étendue des travaux géologiques à entreprendre en Indo-Chine, œuvre à peine commencée, vous jugerez peut-être, Monsieur le Gouverneur Général, que la nomination de ce modeste auxiliaire sera utile, non seulement en ce moment où le personnel du service est absent de la Colonie, mais alors même que l’un ou l’autre des deux Géologues aura repris ses fonctions actives. »
Pour assurer que c’est bien Henri Mansuy qu’il veut voir recruter, le directeur Guillaume Capus insiste encore sur son choix : « M. Mansuy, que j’ai vu à Paris lors de mon dernier séjour, m’a été très vivement recommandé par M. le Docteur Verneau, professeur d’Anthropologie assistant au Muséum d’Histoire Naturelle, et comme je suis sûr de la valeur de cette garantie morale, je vous serais reconnaissant de bien vouloir revêtir de votre signature le projet d’arrêté de nomination, que j’ai l’honneur de vous soumettre. »
Le 10 juillet 1901, l’arrêté est signé à Paris. Henri Mansuy est nommé préparateur au service géologique de l’Indochine, avec « le salaire d’un gardien de phare, mais sans le logis »16,
15. 16.
Idem, lettre du 22 mai 1901. Comme le diront Honoré Lantenois et Madeleine Colani.
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soit 1500 francs pour la solde d’Europe et un supplément colonial de 1500 francs. Henri Mansuy était arrivé à Saïgon, le 9 février 1901, par bateau et s’installa à l’hôtel du Grand Balcon17. La confrontation avec le « milieu colonial » du début du siècle fut brutale : les « civilisés »18 avaient beaucoup à apprendre des populations locales mais les considéraient mal. Henri Mansuy fut désillusionné par ce choc des cultures. De plus le service géologique, rattaché au service de l’agriculture, était encore dans un état embryonnaire et mal géré par un patron, M. Jean-Baptiste Counillon, qui passait la plus grande part de son temps, lorsqu’il n’était pas malade (déprime et opium), en déplacements en France pour essayer de guérir.
Des débuts prometteurs M. Counillon aimait se faire photographier, assis à son bureau de quasi ministre, ce qui lui laissait croire à son importance. Cette période ne fut ni heureuse ni sympathique pour Henri Mansuy. Personne ne se soucia de ses compétences. La science n’était pas de mise dans cette ambiance de laisser-aller permanent où seules comptaient les apparences et la flatterie. En
17. Hôtel du Grand Balcon (Annuaire général de l’Indochine française, 1925, p. I-87) 5, rue Amiral-Dupré, Saïgon. (L’Écho annamite, 29 septembre 1926) tenu par M. Ordioni, Ange Toussaint, inspecteur de 1ère classe de la police de sûreté de l’Indochine, en service en Cochinchine. Il fut placé, sur sa demande, dans la position de disponibilité sans traitement pour une période d’un an à compter du 20 septembre 1926 (Ordioni est aussi le nom de la femme du frère de H. Lantenois). Puis cet hôtel devint l’Hôtel des Balcons 5, rue Amiral-Dupré Saïgon. Mme F. Ordioni était la propriétaire-directrice. Pension 40 $ par mois, repas sans vin 1 $, pension et chambre à partir de 60 $ par mois, chambre à la journée depuis 2 $ par jour, prix spéciaux pour familles nombreuses, cuisine soignée et de famille. 18. Les Civilisés, roman de Claude Farrère, prix Goncourt 1905.
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1901,
M. Counillon, dont le Gouverneur voulait vraiment se séparer depuis un moment, ne faisait plus rien pour le service depuis longtemps. Henri Mansuy se vit donc confier les missions importantes, comme celle d’aller recueillir des informations à Hâ-Tièn (dans le sud du pays, sur le delta du Mékong). Il s’y rendit dès octobre 1901. M. Guillaume Capus demanda, par lettre du 6 décembre 1901, à l’administrateur de la province du Kampot de signer a posteriori la feuille de route de Henri Mansuy qui avait oublié de faire réaliser cette formalité, trop concentré sur la réalisation de son travail lors de cette mission. Il alla aussi à Angkor-Vat19 et fit une étude sur l’origine des roches utilisées pour la construction des monuments anciens. Cette étude s’intitule, La nature des roches employées dans la construction des monuments anciens de l’Indo-Chine, publiée dans le Bulletin Économique de L’indo-Chine, 1er décembre 1901, paru en mars 1902, tome 2. Un article de Louis Finot la mentionne : « Après avoir examiné au point de vue lithologie environ 30 monuments anciens du Cambodge et de l’Annam, Henri Mansuy arrive à cette conclusion que, « à quelques exceptions près, les roches employées dans la construction de ces monuments sont des grès de composition variables, parmi lesquels domine un gré porphyrique, à grains plus ou moins fins, où l’on retrouve les minéraux essentiels des roches cristallines qui présentent un si grand développement dans la partie méridionale de l’Indo-Chine, c’est-à-dire les granulites et les microgranulites. » Les grés des monuments du Cambodge et de l’Annam sont d’une composition identique. On n’a pas fait usage du calcaire dans ces anciennes constructions, bien que d’importants gisements de cette roche se rencontrent dans la colonie.
19.
Sans doute avec Louis Finot.
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Une stèle inscrite de Po Nagar de Nhatrang parait être faite d’une roche basique. Deux stèles de Phnom-Penh sont en schiste ardoisier noir (phyllade). L.F.20 »
Des photos sont prises à Angkor Vat par Henri Mansuy en 1901, l’année même du séjour de Louis Finot sur ce lieu, elles sont reproduites dans le Cahier des illustrations.
Somrong-Sen 1902 Henri Mansuy part à Somrong-Sen au Cambodge, province de Kampong Chhnang, afin de réaliser des fouilles et une récolte d’objets pour préserver le site de l’avidité des vendeurs de souvenirs. Sa lettre destinée à Guillaume Capus, en tout début janvier 1902, depuis Saïgon, pour préparer son départ, relate les préparatifs : « Me souvenant que vous m’avez donné l’assurance de m’envoyer à Somrong-Sen, afin d’étudier le riche gisement préhistorique de cette localité, dès que le niveau des eaux en rendrait l’accès possible, je me permettrai de soumettre à votre appréciation les mesures que je compte prendre dans le but d’assurer le succès de cette mission. Le niveau du Tonlé-Sap se sera suffisamment abaissé au commencement de février, d’après des renseignements provenant de sources diverses, pour déterminer l’émersion presque complète des pentes qui entourent ce village. Votre intention était de m’adjoindre un interprète, à l’aide duquel je pourrais recueillir les traditions et les légendes ayant trait à l’occupation par l’homme du monticule de Somrong-Sen à une époque reculée. Il est parfois possible de dégager quelques parcelles de vérité de ces antiques récits cependant profondément altérés ; le folklore a été heureusement mis à contribution depuis quelques années, son étude a jeté déjà une bien vive lumière sur certains points obs20.
Louis Finot.
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curs de l’histoire primitive de l’humanité. D’autre part, la présence d’un interprète éviterait la perte de temps qui résulte inévitablement de l’incompréhension du langage des ouvriers que l’on occupe. Vous avez également manifesté l’intention de demander un crédit destiné à faire face aux travaux de terrassements nécessaires pour explorer fructueusement cette station préhistorique. La longueur du monticule sur lequel s’élève Somrong-Sen est d’environ 300 mètres, sa largeur varie de 80 à 150 mètres, et son plus grand relief serait de 5 mètres, d’après M. Corre21. Une partie de ce monticule est occupée par le village. Un certain nombre de puits ont été creusés dans le but d’extraire les coquilles employées pour la fabrication de la chaux. Ces puits ont de 0,80 mètre à 5 mètres de diamètre. Ces travaux s’ils existent encore à l’heure actuelle me permettront de connaître la stratigraphie du gisement sur différents points, en « rafraîchissant » les coupes, mais je ne saurais les utiliser pratiquement pour établir d’une manière rigoureusement exacte la chronologie des objets recueillis. Pour faire des observations précises de ce point de vue, il faut découvrir les couches successivement par faibles épaisseurs, puis, repérer sur un plan à l’échelle l’emplacement occupé par chaque objet. De plus, ces découvertes doivent présenter une étendue assez considérable, on peut en opérant de cette manière faire une récolte plus abondante de débris divers, fragments de céramiques par exemple, permettant après examen de leurs caractères différentiels de dater chaque horizon avec certitude. Des constatations de ce genre ne sont guère possibles sur des surfaces trop restreintes. J’estime que les dimensions moyennes de ces fouilles, pour en permettre l’exécution avec une facilité relative, ne pourraient être inférieures à 5 mètres de côté, leur nombre
21. En 1879 et 1880, M. Corre publia dans Excursions et Reconnaissances, tomes 1 et 2, un compte rendu intéressant sur le site. Armand Marie Corre (Laval, 4 septembre 1841 — Brest, 30 mai 1908) était médecin de marine et sociologue français. Il a rédigé de très nombreux livres.
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sera évidemment subordonné aux particularités locales que l’on ne saurait connaître qu’en se rendant sur les lieux. Si vous jugez convenable, Monsieur le Directeur, de prendre les mesures que vous croyez nécessaires pour l’accomplissement de ce travail, je vous prie de bien vouloir m’en informer vers la fin du mois. Je vous serai également reconnaissant de m’adresser en même temps la lettre de service m’autorisant à partir à Somrong-Sen. Je daterai moi-même ma feuille de route, ignorant jusqu’au dernier moment le jour de mon départ. On est en droit de fonder de grandes espérances sur les résultats scientifiques de ces recherches. S’il était permis de formuler quelques critiques sur les communications dont cette station préhistorique a été l’objet, je n’hésiterais pas à affirmer que l’esprit de méthode avec lequel on devrait toujours se livrer à ces sortes d’investigations a plus ou moins fait défaut aux auteurs de ces notices. L’unique travail revêtant un véritable caractère scientifique est celui de M. Fuchs22. La haute compétence de ce savant distingué, sa parfaite connaissance de la géologie des terrains récents de la région, lui ont permis d’émettre d’intéressantes hypothèses sur l’âge de ce dépôt, hypothèses basées sur l’hydrographie actuelle de la mer, dans le voisinage des côtes et sur le débit et le colmatage du fleuve. Je crois vous avoir fait part des intentions de certains membres de la Société des Études Indo-Chinoises. Ces Messieurs me semblent déterminés à extraire le plus rapidement qu’ils le pourront, le plus grand nombre d’objets possibles de cette riche localité, afin de garnir leurs vitrines ! Je crois fermement qu’il est temps d’agir, si l’on veut préserver de la destruction ces vestiges précieux de 22. M. Edmond Fuchs, ingénieur en chef des mines, présenta à l’Association française pour l’avancement des sciences, le 26 août 1882, une notice dans laquelle il se livrait à un calcul de l’extension des formations alluviales en Cochinchine et au Cambodge et sur le colmatage du Mékong, dans le but de déterminer l’âge du gisement préhistorique de Somrong-Sen.
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la plus ancienne civilisation connue dans notre colonie de l’Indo-Chine. J’ai reçu le télégramme relatif aux gratifications accordées aux deux employés indigènes, j’ai fait établir immédiatement les pièces nécessaires. J’ai reçu également la feuille de route rectifiée de mon voyage à Hâ-Tièn, dès que j’aurai touché le mandat, je vous adresserai aussitôt la somme qui m’a été avancée avant mon départ. Agréez, monsieur le Directeur, l’expression de mes sentiments respectueux. H. Mansuy »
La mission de Henri Mansuy à Somrong-Sen, de fin décembre 1901 à mars 1902, fut fort peu onéreuse. Seulement 114 piastres 3123 pour les fouilles, l’achat d’objets à des personnes locales et le transport des objets découverts par H. Mansuy. 200 piastres prévisionnels avaient été octroyées à H. Mansuy mais, économe, il limita les dépenses le plus possible, sans doute trop car il ne veilla pas sur sa santé et s’épuisa au travail, sans prendre les précautions suffisantes contre le paludisme. Depuis Somrong-Sen, le 23 février 1902, Henri Mansuy rédige son rapport :
23. Piastre : Sur la ligne de tramway C, de Hanoï, le billet valait selon le trajet de 0,03 à 0,07 piastres, dans les années 1905. Plus tard, mais après l’inflation de la piastre, une surcharge de timbre pour 10 grammes d’enveloppe valait, en 1929, 0,6 piastres, et le salaire d’Alfred Levy, en 1930, comme auxiliaire de Chancellerie au Consulat de Yunnan-Fou aurait dû être de 500 piastres. Dans un livre de Herberd Wild, Dans les replis du dragon, page 199, il indique : « au taux d’alors 10 piastres valaient 25 francs » et c’est manifestement durant la période entre 1910 et 1916. Pour compléter, selon Jules Boissière, L’Indo-Chine avec les Français, Édition Louis Michaud, page 48 : 15 piastres valent, en 1896, 60 francs ; un soc de charrue 0 F 60 ; un coupe-coupe 0 F 15 ; un moulin à décortiquer le riz 1 F 45 ; une herse, une bêche et une pioche 0 F 80. En 1931, selon Alfred Lévy, trois superbes bœufs de trait valaient 150 piastres.
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« Monsieur Le Résident, J’ai l’honneur de vous informer que mes premières recherches à Somrong-Sen ont été couronnées d’un plein succès. J’ai pu réunir jusqu’à présent une importante collection archéologique provenant de la fouille que j’ai faite exécuter et de l’achat d’objets appartenant aux habitants. Je possède à l’heure actuelle plus de trois cents spécimens de l’antique civilisation de ce riche gisement préhistorique. L’outillage lithique est représenté par environ quatre vingts échantillons, haches de types divers, ciseaux, gouges, etc. La céramique pour une innombrable quantité de fragments de vases couverts de dessins les plus variés donne une idée heureuse des goûts artistiques des anciens pêcheurs qui vivaient sur les bords du Strung-Kinit. Les objets de parure, tels que bracelets, anneaux, pendeloques, perles, etc. révèlent également une conception du sentiment décoratif qui n’est pas sans étonner. J’ai omis de citer deux vases entiers, de forme archaïque et d’une valeur indéniable. Les débris humains ne comprennent que trois maxillaires incomplets et quelques os longs. Ce trésor scientifique ne m’a pas coûté plus de 22 piastres, c’est-à-dire presque rien, mais je dois compter avec les dépenses à venir. J’estime qu’une somme de 100 à 120 piastres serait nécessaire pour mener à bien mon travail. J’ignore si M. le directeur de l’Agriculture a répondu au télégramme de M. le Résident Supérieur. C’est pour cette raison que je ne peux lui écrire directement. Je vous prie, Monsieur Le Résident, de bien vouloir lui adresser cette lettre, en lui demandant de faire connaître par la voie la plus rapide la détermination qu’il aura jugée convenable de prendre à ce sujet. Je vous serai très obligé de me faire savoir si depuis mon arrivée à Somrong-Sen, M. Capus vous a informé par télégramme de sa décision. Agréez, Monsieur le Résident, avec mes remerciements, l’expression de mes sentiments respectueux. Signé : Mansuy
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Je peux tenir à l’aide de mes propres ressources environ quinze jours. »
Un caractère amène et cordial Avec cette importante mission, Henri Mansuy en réalisa une autre significative telle que rapportée, le 4 février 1903, par le lieutenant-colonel Mondon, commandant le 3e territoire militaire, au général de division commandant supérieur des troupes de l’Indochine, depuis Hanoï : « Mon Général, J’ai eu l’honneur de vous rendre compte, le 2 février sous le No 55a, du départ de Hagiang pour Hanoï, de M. le Préparateur géologue Mansuy, mis à votre disposition par le Directeur de l’Agriculture, du Commerce et des Forêts de l’Indo-Chine, pour accomplir une mission d’études géologiques dans le Territoire. Pendant son séjour dans le Territoire, — du 24 décembre 1902 au 2 février 1903 —, M. Mansuy a visité la haute Rivière-Claire, de Na-Cho-Cai à Lao-Chay, de Tuyên-Quang à Hagiang, le Song-Chay par Hoang-Thu-Bi et le Song-Con par Yên-Binh-Xa. Il a étudié le terrain aurifère de Coc-Ran avec grand soin ; la fatigue l’a empêché de donner un soin pareil à l’étude du terrain aurifère de Tinh-Yen. Le travail accompli par M. Mansuy est, en tous points digne d’attention. L’éloge de ce fonctionnaire n’est pas à faire ici, certainement, car les connaissances techniques de M. Mansuy, son attachement à ses devoirs, son dévouement absolu, sont appréciés de ses Chefs de Service. Je dois toutefois signaler l’aménité de son caractère et la cordialité de ses relations, qui ont laissé, parmi nous tous, un excellent souvenir. Enfin, permettez-moi, je vous prie, de vous demander, Mon Général, un témoignage de satisfaction pour M. Mansuy. Ce fonctionnaire a regagné Hanoï dans un état
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de fatigue très accusé, dû à ce qu’il a voulu accomplir sa mission tout entière, malgré les fièvres paludéennes qu’il semble avoir contractées ici. C’est un serviteur Modèle. Signé : Mondon Copie conforme : Le chef d’État-Major des Troupes de l’Indo-Chine Signé : Bataille »
Il est remarquable de noter les commentaires du lieutenant-colonel Mondon sur « l’aménité de son caractère », « la cordialité de ses relations », « son travail est en tous points digne d’attention. » et qu’il a laissé « un excellent souvenir »24.
La première carte et la restructuration du service À son retour dans la Colonie après une période de repos, Jean-Baptiste Counillon installa à nouveau un mauvais climat dans le service jusqu’à ce qu’arrive Honoré Lantenois, ingénieur en chef des mines en 1903. D’un esprit vif et curieux, chercheur et volontaire, H. Lantenois passa sur les a priori hiérarchiques et voua à H. Mansuy de la sympathie. Il reconnut vite ses capacités et l’emmena dans une expédition au Yunnan. Il s’agissait d’établir le meilleur tracé pour la ligne de chemin de fer entre Hanoï et Yunnan-Fou. Sur le terrain H. Mansuy excella dans la détermination des fossiles. Il conquit H. Lantenois définitivement. Sa carrière scientifique s’ouvrait enfin. H. Mansuy commença alors la réalisation du fonds cartographique géologique de l’Indochine et édita la première 24. Ces commentaires flatteurs sont diamétralement opposés aux propos inventés par M. Michel Durand-Delga et à ceux de Jacques Deprat, que nous verrons plus loin : lesquels ne reposent sur aucune vérité mais sur des affirmations gratuites.
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carte géologique en 1908. H. Lantenois reconnut son savoir et lui voua une amitié qui ne se démentira jamais jusqu’à leurs morts. Les travaux tant de H. Lantenois que de H. Mansuy furent ensuite détournés par Jacques Deprat qui prétendit être l’auteur initial de la carte géologique. Puis H. Mansuy et H. Lantenois mirent en œuvre la restructuration du service géologique. Tout était à faire après les errements dans lesquels Jean-Baptiste Counillon l’avait plongé. Il fallait jeter des bases scientifiques et matérielles, en réorganisant le travail et en donnant les moyens de le faire bien. La collaboration entre le chef de service, H. Lantenois, et le paléontologue, H. Mansuy, maître d’œuvre du muséum, se poursuivit avec un programme d’organisation performant, rompant avec le laisser-aller sous la mission de J-B Counillon. Tout fut mis en place par Henri Mansuy pour rendre le travail rationnel. Madeleine Colani rapporta ces améliorations : « Je me rappelle que lorsque j’entrais au Service Géologique, nous avions chacun un secrétaire particulier, qui dactylographiait nos brouillons, faisait les recherches bibliographiques demandées. Les conditions des missions géologiques furent améliorées. »25
La création du musée à Hanoï décidée, H. Mansuy se consacra à la construction des bâtiments selon des plans adaptés : deux grands bâtiments, avenue Puginier26. Il surveilla tout avec un génie technique assuré, fruit de ses expériences anté-
25. Madeleine Colani, 1937, Nécrologie de Henri Mansuy. 26. Un tableau de correspondance des rues anciennes et de leurs noms aujourd’hui se trouve en annexe 9 de cet ouvrage, dans le but de pouvoir retrouver sur place, pour ceux qui voudraient faire le voyage, les lieux où les événements se produisirent et où les personnages ont vécu. Le changement des noms des rues rend aujourd’hui la démarche impossible sans ce viatique.
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rieures. Il vérifia chaque vitre, chaque crémone, toute chose. Il s’attacha à faire, en fonction des besoins et des objectifs, les plans de chaque meuble et demanda aux menuisiers un travail rigoureux et précis. Alfred Lacroix écrivit27 : « Par ses soins, une magnifique collection paléontologique indo-chinoise a été installée dans un bâtiment consacré spécialement à cet effet ; elle constitue un puissant instrument de travail pour ceux qui veulent ou voudront étudier la constitution du sol de l’Indo-Chine et de la Chine méridionale. M. Mansuy a sauvé28 de la destruction les documents accumulés par l’ancienne Mission scientifique permanente de l’Indo-Chine : il les a classés, a veillé à ce qu’aucun ne soit perdu29, les a complétés par ses propres récoltes et a jeté ainsi le fondement du Musée d’histoire naturelle d’Hanoï ».
H. Mansuy mena la tâche à merveille, tout en continuant ses recherches et déterminations.
Les missions archéologiques et paléontologiques Les missions archéologiques et paléontologiques s’enchaînèrent : Angkor-Vat (1901), Cambodge (1902), Sud du Vietnam (1901, 1902 et 1903), Yunnan (1903-1904 avec H. Lantenois), Nord du Tonkin (1905-1906), Laos (1908-1909), Yunnan encore en 1909-1910. J. Deprat et H. Mansuy, durant une année, sont 27.
Rapport d’Alfred Lacroix pour l’attribution du prix Wilde en 1916 par l’Académie des sciences. 28. Propos de Alfred Lacroix de l’Académie des sciences en 1916 lors de l’attribution du prix Wilde, pages 874 et 875, dans la séance du 18 décembre 1916. 29. Plus tard du matériel a disparu : il s’agit de la collection personnelle que M. J-B Counillon avait amenée avec lui lors de son arrivée depuis l’Europe et qu’il détenait chez lui. Elle disparut quelques temps après l’arrivée de Deprat, 1910. Ce que Deprat avoua lui-même dans son roman, Les chiens aboient, p 269. Henri Mansuy s’en rendit compte et en parla à J. Deprat qui ne lui répondit jamais.
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chargés par le Gouverneur général de l’Indochine d’une mission de reconnaissance géologique dans le Yunnan oriental avec l’agrément du gouvernement chinois, notamment pour la finalisation30 de la ligne de chemin de fer vers Yunnan-Fou. Les résultats des travaux de Henri Mansuy lui apportèrent le prix Tchihatchef. Ensuite, il y eut les missions à Ky-Lua (1916), Lang-Son (1916 et 1922), Somrong-Sen (1923), Bac-Son (1922), Dong-Thuôc, Keo-Phay, Pho-Binh-Gia (1922-1923) et Phu-Ly (1923). Ces missions lui permirent de réaliser les publications qui ont fasciné la communauté scientifique du monde entier et qui lui valurent un rôle de référence et l’obtention de nouveaux prix. Toutes ses découvertes et théories servirent de base aux générations de paléontologues et de géologues qui l’ont suivi. Comme l’a écrit Honoré Lantenois, Henri Mansuy était un vrai savant, il y mettait même une majuscule.
Une œuvre considérable Henri Mansuy laisse une trace indélébile dans la paléontologie et la préhistoire de l’Indochine. Pionnier pour l’époque, c’est à ce titre que nous lui devons d’en être l’un des premiers
30. La ligne fit l’objet d’une ouverture complète le 1er avril 1910. La première locomotive arriva de Yi-Léang le 1er janvier 1910. Les travaux furent terminés (globalement) en mars 1910. Il y avait eu beaucoup de difficultés : glissements de terrains, terrains mauvais, entreprises peu scrupuleuses, milliers de morts parmi les coolies, rixes, changements nombreux d’entreprises et prévarications, tracés aléatoires sur des pentes instables et non reconnues avant, chutes de pierres énormes entrainant avec elles des ouvrages d’art entiers. Après l’ouverture, il dut y avoir un important programme de consolidation dit de « parachèvement et de défense » en raison d’effondrements, de chutes de pierres, de bétons mal faits, etc. Exemple, un bloc de pierre tomba au kilomètre 339, le 25 août 1910, de 200 mètres de haut, et il emporta le tablier d’un viaduc. La ligne fit au total 858km 667mètres : 394 km au Tonkin et 464 km en Chine. En comparaison, la ligne Paris Marseille fait 863 km.
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inventeurs, comme l’a reconnu M. Charles Jacob, qui arrivé à la tête du service géologique de l’Indochine, écrivit en 1920 : « Je puis vous préciser par écrit que ses travaux paléontologiques sur les faunes primaires et triasiques de l’Indochine lui ont valu, en Europe et en Amérique, la réputation d’être un grand savant »31.
Et il écrivit encore : « C’est un collaborateur de tout premier ordre (…) courage et droiture inébranlables, tels peuvent se résumer les titres tout à fait exceptionnel du fils de ses œuvres qu’est M. Mansuy »32.
Ses missions sur le terrain s’arrêtèrent un temps à cause d’une fièvre bilieuse hématurique plus sévère que celles précédemment contractées en 1901 et 1902. Elle le cloua au lit. Lorsqu’il en fut à peu près remis, il demanda momentanément à ne plus se rendre sur le terrain, mais à rester au laboratoire et au musée pour déterminer les fossiles rapportés par les uns et les autres. Il dépendait alors du matériel rapporté et de l’exactitude des notes jointes pour en connaître la provenance et la situation : ce qui ne fut pas le cas avec J. Deprat. L’œuvre de Henri Mansuy en Indochine est considérable. En paléontologie, elle embrasse toute la période comprise entre le Cambrien et le Trias. Ses découvertes permirent d’établir une première carte géologique de l’Indochine au 1/500 000 dès 1908. Ces travaux couplés à ceux de Honoré Lantenois, René de Lamothe et du capitaine Georges Louis François Zeil, permirent d’établir la grande carte au 1/200 000 pour laquelle Henri Mansuy, par sentiments amicaux, laissa Jacques Deprat 31. 32.
Lettre de M. Charles Jacob à Honoré Lantenois de 1920. Lettre de M. Charles Jacob d’avril 1920.
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prétendre qu’il en était l’auteur, alors qu’il n’était pas arrivé lorsque furent faites les six cartes couvrant l’ensemble de cette région : feuille 1, le Yunnan Oriental avec deux feuilles pour Tong-Tchouan ; feuille 2, feuilles pour Yunnan-Fou ; feuille 3, deux feuilles pour Mong-Tseu. Dès ces travaux fondamentaux et précurseurs, l’examen approfondi des faunes anciennes, leurs parentés étroites avec celles de l’Inde et celles de l’Europe occidentale, virent confirmer l’existence, à ces époques, d’une Mésogée ou mer intérieure, divisant l’Eurasie en deux parties presque égales, Est et Ouest. Les productions d’ouvrages et de matériaux fossiles par Henri Mansuy égalent et dépassent les œuvres des grands paléontologues contemporains de l’Inde tel que Bittner ou Diener, et sont comparables par leur importance et leur exactitude à celles des paléontologues du siècle précédent comme Linné, Lamarck ou Deshayes. En Préhistoire, il est un pionnier comme l’indiquent les écrits du docteur Verneau : « En préhistoire son œuvre est aussi considérable. Il a su montrer notamment à Somrong-Sen, en allant bien au-delà des recherches qui y avaient été précédemment faites, que les couches superficielles du dépôt se prolongent et que les gisements les plus anciens des rives du Tonlé-Sap plongent dans le Néolithique. Convaincu que l’Homme avait laissé ses traces, en Indochine, dans des assises beaucoup plus anciennes, il se mit à explorer les grottes du Tonkin tout d’abord seul puis avec sa collaboratrice Madeleine Colani. Les résultats dépassèrent les espérances. Les couches les plus profondes du remplissage des nombreuses cavernes explorées ont livré une industrie lithique tout à fait inattendue. À côté d’instruments de pierre aussi grossièrement taillés que les plus anciens instruments paléolithiques d’Europe, il trouva des galets qui ne présentaient d’autre trace de travail qu’un polissage très rudimentaire à une extrémité. Le polissage,
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même fort sommaire, était considéré comme caractéristique du Néolithique. Il est maintenant démontré qu’en Indochine, tout au moins, un travail aussi simple a été exécuté par l’Homme alors qu’il savait à peine dégrossir par percussion un fragment de roche pour l’adapter à quelque usage. »33
Ainsi Henri Mansuy a contribué à documenter plusieurs niveaux stratigraphiques et a établi les étages géologiques régionaux. Il fit également des découvertes préhistoriques majeures sur les hommes qui habitaient l’Indochine quelques millénaires avant les civilisations récentes. Henri Mansuy a recueilli avec le plus grand soin les restes osseux des premiers artisans préhistoriques découverts dans la région. Les recherches de Henri Mansuy montrent que l’industrie lithique originale d’Extrême-Orient méridional n’a pas évolué de la même façon que dans d’autres régions de l’Eurasie et, en particulier, de l’Europe occidentale qui servait de jalon pour construire la préhistoire de l’époque. Madeleine Colani insista sur la portée des recherches de Henri Mansuy, la justesse de ses analyses et de ses apports à la science. Elle fit une liste34 dans la nécrologie qu’elle établit en 1937 où elle rappela la chronologie et les travaux réalisés : — le Cambrien de l’Indochine et du Yunnan (fossiles recueillis en 1903-1904 et 1909-1910) : existence d’une grande province pacifique cambrienne ; — l’absence de l’Ordovicien ; — le Gothlandien, observé au Tonkin ; — le Dévonien qui est, après le Carboniférien et le Permien, la formation présentant l’extension géographique la plus 33. 34.
Lettre du docteur René Verneau du 30 mars 1935. Dans la nécrologie de 1937 que Madeleine Colani rédigea sur Henri Mansuy.
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considérable en Indochine avec en Annam, une extension méridionale de l’Eifélien calcaire yunnanais à affinités rhénanes ; — l’Anthracolithique qui montre les plus étroites affinités entre les faunes du Carboniférien inférieur de l’Europe occidentale et celles du Carboniférien inférieur du Yunnan oriental ; — le Carboniférien inférieur peut être rapporté à l’horizon calcaire de la Montagne de l’Eléphant, près de Haïphong, Tonkin. Au Laos, au Tran-Ninh, est rencontrée une faune franchement viséenne, à fossiles européens caractéristiques ; — le Moscovien n’a pas été observé en Indochine ; — l’Ouralo-permien calcaire couvre une aire très étendue au Tonkin et au Laos. Les faunes montrent d’étroites affinités avec les faunes ouralo-permiennes de la Russie orientale ; — la période anthracolithique du Cambodge qui comprend une série d’horizons calcaires ayant des affinités avec les faunes ouralo-permiennes de l’Inde, de Timor et de l’Oural ; — le Trias dont les horizons les plus anciens du Trias inférieur du Yunnan oriental sont caractérisés par des flores offrant un mélange de formes paléozoïques et d’espèces similaires à celles du Trias européen ; — le Trias indochinois qui bien qu’observé dans de très nombreuses localités du Tonkin, de l’Annam et du Laos n’était que très imparfaitement connu ; — le Jurassique du Yunnan où le Rhétien houiller n’est pas marin alors que dans le reste de l’Indochine il existe quelques formations marines secondaires ; gite houiller à Hongay, etc. formations terrestres ;
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— le Tertiaire dont le faciès marin n’a été observé ni en Indochine orientale, ni au Yunnan mais dont quelques formations lacustres et des dépôts de grottes, à tufs ossifères, renferment une faune intéressante dont des poissons lacustres au Tran-Ninh. « Voilà un résumé du tableau dressé par Mansuy en 1919. Nous l’avons respecté, nous n’avons pas cherché à l’enrichir en mentionnant les acquisitions nouvelles. Ce sont ses déterminations qui, en très grande partie, ont fourni ces résultats précieux, précis et détaillés. »35
Une lente ascension des échelons Honoré Lantenois rédigea un premier rapport concernant Henri Mansuy, le 9 février 1904, afin de faire passer sa solde coloniale de 5000 à 6000 francs (majorée de 100% par rapport à la Métropole) : « Rapport Au cours de notre mission au Yunnan, j’ai eu sous mes ordres directs, pendant 4 mois, M. Mansuy géologue préparateur au Service Géologique. J’ai eu tout le temps d’apprécier mon collaborateur. M. Mansuy n’a point de titre universitaire, son éducation de géologue s’est faite uniquement en suivant les cours du Muséum, en classant ses collections et étudiant la géologie sur le terrain, en France. Le mérite de M. Mansuy n’en est que plus grand. J’ai constaté qu’il avait en fait des connaissances étendues de paléontologie, histoire naturelle et géologie.
35.
Madeleine Colani, Nécrologie de Henri Mansuy 1937.
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J’estime que le traitement annuel de 5000 francs (sans indemnité) alloué à M. Mansuy depuis le 1er janvier 1903, n’est pas en rapport avec ses connaissances ni avec les services qu’il rend à la Colonie depuis déjà plus de deux ans. Je propose que ce traitement soit élevé à 6000 francs par an, ce qui donnera à M. Mansuy une situation comparable à celle de conducteur des Travaux Publics de 4e classe. Lantenois »
Le 17 mai 1905 (attention il y a une erreur sur la lettre où il est écrit 1907, par inadvertance, il s’agit bien en fait de 1905), Honoré Lantenois établit un rapport pour la nomination de Henri Mansuy au grade de géologue de 2e classe : « Rapport36 L’objet du présent rapport est de proposer en faveur de M. Mansuy un avancement exceptionnel, à raison des services rendus par lui à la Science géologique. M. Mansuy est entré au Service Géologique de l’Indo-Chine à la date du 31 août 1901, il y a quatre ans37. Nous ignorons les circonstances qui ont présidé à sa nomination. À notre avis, tel que nous connaissons aujourd’hui M. Mansuy, il aurait mérité de recevoir tout de suite le grade et les appointements de Géologue. Mais M. Mansuy n’avait pas de titre universitaire et il accepta la très modeste fonction de préparateur au Service Géologique avec les appointements de 3000 francs seulement. Cependant M. Capus, directeur de l’Agriculture, qui a pour M.
36.
37.
Ce rapport est adressé au Gouvernement général de l’Indo-Chine. Direction générale des travaux publics. Services des mines. Numéro d’ordre du registre 469 A. Enregistré direction générale des travaux publics, le 17 mai 1905 sous le no 979. Nomination de M. Mansuy au grade de géologue de 2e classe. Cette phrase explique la confusion des dates. Le rapport est en fait de 1905 comme en atteste le numéro et la date d’enregistrement du rapport à l’année 1905. Ce qui explique la formule « les quatre années » depuis son arrivée puisque Henri fut embauché réellement le 10 juillet 1901.
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Mansuy une très profonde estime, essaya d’améliorer la situation de son subordonné. En 1902, 1903 et 1904, M. Mansuy reçut des augmentations de traitement de 1000 francs. La dernière lui a été donnée sur notre avis et la proposition de M. le Directeur Général des Travaux Publics par l’arrêté du Gouverneur Général du 28 mai 1904 qui classe M. Mansuy comme géologue de quatrième classe avec la solde coloniale de 6000 francs. Nous rappelons que le Service Géologique de l’Indo-Chine a été rattaché au Service des Travaux Publics par arrêté du 3 février 1904. Un arrêté du 28 mai 1904 a fixé la hiérarchie, les traitements, les conditions d’avancement et le classement du personnel du service Géologique. Cet arrêté organique est toujours en vigueur. Le décret du 18 janvier 1905 n’ayant point mentionné les géologues, ceuxci font partie, par conséquent, aux termes de l’article 6 dudit décret des personnels spéciaux pouvant être constitués par des arrêtés du Gouverneur Général. L’arrêté du 28 mai 1904 a prévu une durée minimum de service de deux années pour être proposé pour l’avancement, de sorte que M. Mansuy aux termes de cet arrêté, ne peut obtenir un avancement de classe, qui portera sa solde à 7000 francs, que le 24 mai 1906, dans un an.38 Nous demandons qu’une dérogation spéciale et exceptionnelle soit faite à l’arrêté du 28 mai 1904 en faveur de M. Mansuy et qu’il soit nommé, immédiatement géologue de deuxième classe avec les appointements de 8000 francs (solde coloniale). Nous ferons remarquer que l’arrêté du 28 mai 1904 est tout nouveau. Il a été pris par analogie avec l’arrêté organique qui règle la situation des Conducteurs des Travaux Publics et des Contrôleurs des Mines. Lorsque le Service Géologique était rattaché à la Direction de l’Agriculture, aucun texte organique ne définissait la situation des Géo-
38.
Ce qui confirme bien que le rapport est de 1905.
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logues qui résultait des arrêtés individuels du Gouverneur Général. En thèse très générale, il est évidemment excellent que l’avancement des fonctionnaires soit soumis à des règles fixes. En ce qui concerne tout particulièrement le Service Géologique, nous ferons cependant une réserve. Ce service est une création scientifique. Aussi, dans ce service, bien plus qu’ailleurs il peut être fait de l’ouvrage de valeur extrêmement inégale selon l’activité et les aptitudes de chacun. Il ne suffit pas en effet, pour être un bon Géologue, de parcourir le terrain, le marteau à la main, de noter la nature pétrographique du sol, et de ramasser des échantillons de roches et de fossiles. Il faut aussi généraliser les faits observés et les interpréter ; et cela doit se faire sur place par l’observateur lui-même ; comme travail de laboratoire il faut encore qu’il détermine les roches et les espèces fossiles recueillies. Cela n’est pas très facile. Selon que ce travail est fait par un Marcel Bertrand39, de l’Institut, ou par un jeune élève quelconque, on obtient des résultats d’une valeur exceptionnelle ou des résultats médiocres et peu intéressants. Entre Marcel Bertrand et le jeune élève quelconque, il y a d’ailleurs toute l’échelle des aptitudes scientifiques. Nous admettons donc que, lorsque le travail fourni par le Géologue aura une valeur tout à fait remarquable, l’Administration doit payer ce travail, si nous pouvons ainsi parler, d’une façon exceptionnelle. Mais, tout de suite, une objection se présente à l’esprit. Où commence le travail remarquable, et où finit-il ? L’appréciation paraît arbitraire. Elle le serait, en effet, s’il n’existait un critérium à la fois des plus sérieux et des plus simples. Il consiste dans l’acceptation par l’une des Universités de France, d’une thèse de géologie et par la délivrance du titre très méritoire de docteur ès-sciences qui en dérive. Assurément, si un des géologues du service Géologique 39. Marcel Alexandre Bertrand, né à Paris le 2 juillet 1847 et mort à Paris le 13 février 1907, était un géologue français, fondateur de la tectonique moderne par ses études sur les Alpes et sa découverte des nappes de charriages.
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de l’Indo-Chine produit un tel travail et reçoit comme récompense le titre de Docteur ès-sciences, il aura fait quelque chose de vraiment remarquable et les barrières imposées par les règles ordinaires de l’avancement doivent pour lui être abaissées. Il est très possible que, plus tard, le cas que nous venons de citer reçoive application.40 M. Mansuy n’est pas candidat au grade de Docteur èsSciences et il ne peut l’être ne possédant point les premiers titres universitaires indispensables. D’ailleurs, il ne possède pas jusqu’ici, que nous sachions, les éléments d’une thèse de doctorat. Le critérium précité ne lui est donc pas applicable. Mais, il n’en est pas moins vrai que M. Mansuy a à son actif un beau travail et d’une valeur considérable ; nous voulons dire la détermination des fossiles du Yunnan qui a fait l’objet d’une note présentée par lui, le 6 mars 1905, à l’Académie des Sciences. Nous rappelons, à ce propos que M. Mansuy a fait partie de notre mission au Yunnan, laquelle a donné lieu à une moisson féconde d’échantillons fossilifères. À la suite de ce voyage M. Mansuy a été envoyé à Paris avec la charge « de présenter » à l’École supérieure des Mines les échantillons fossilifères recueillis au cours de la mission minière au Yunnan. M. Mansuy, au lieu de se borner à la partie en quelque sorte matérielle de son travail, a entrepris spontanément et sous la haute direction de M. Douvillé41, professeur à l’École des Mines, la détermination des espèces. Pendant dix mois, sans un répit, il s’est livré à un véritable travail de Bénédictin. M. Douvillé l’en a récompensé de la façon la plus haute qui puisse être en renonçant à présenter lui-même à l’Académie des Sciences, le résumé du travail
40. 41.
En effet, c’est prémonitoire : ce fut le cas de Madeleine Colani dix ans plus tard. Joseph Henri Ferdinand Douvillé, né le 16 juin 1846 à Toulouse et mort le 19 janvier 1937, était un paléontologue français. Ses travaux sur l’organisation des ammonites font autorité.
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et en ordonnant à M. Mansuy de présenter la note. Ceci honore à la fois le maître et l’élève. Nous avons eu sur le travail de M. Mansuy des renseignements certains. Nous n’hésiterons pas à dire, voulant résumer notre pensée d’un mot que ce travail classe M. Mansuy parmi les Savants. À l’heure actuelle, M. Mansuy a quarante-huit ans42. Sa santé a été quelque peu ébranlée, dans l’hiver de 1903, par une fièvre bilieuse hématurique qu’il avait contractée au cours d’une pénible tournée faite dans la région de Hagiang. Lorsqu’il a été rétabli, il a fait paraître au Bulletin économique de l’Indo-Chine une étude excellente sur la formation géologique de cette région. Nous avons pu constater dans notre voyage d’avril-mai 1904 la scrupuleuse exactitude des descriptions. M. Mansuy est donc un géologue très zélé, très intelligent et très instruit. L’amour de la Science est sa grande passion. Nous demandons instamment que M. le Directeur Général des Travaux Publics et M. le Gouverneur Général veuillent bien tenir compte à la fois, de l’âge déjà avancé de M. Mansuy, de la modicité de sa situation administrative, des services qu’il a rendus pendant quatre ans de 1901 à 1905 et finalement du beau résultat de sa mission à Paris, et lui accorde le grade de Géologue de deuxième classe auquel il aurait certainement droit, sans parler de ses services antérieurs, par la seule considération qu’il est un vrai savant. L’unique objection serait celle tirée de l’arrêté organique du 28 mai 1904. Elle n’est pas capitale. Il y a d’ailleurs un précédent et qui est récent. M. le Gouverneur Général a fait connaître à M. Counillon43 Géologue principal de deuxième
42. 43.
Nous sommes donc bien en 1905. J-B-Henri Counillon participa à la mission Auguste Pavie de 1890 à 1892 et prit part à l’exploration du Laos dont il devait lever la carte géologique et recenser les ressources minières. Chef du service géologie à Hanoï avant l’arrivée de H. Lantenois, il avait rencontré des problèmes d’addiction et aimait se faire
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classe, qu’il était « disposé à le nommer Géologue principal de première classe, sans attendre qu’il ait l’ancienneté fixée par l’arrêté du 28 mai 1904, cela pour lui tenir compte des bons services qu’il a rendus sous le régime antérieur »44. L’Ingénieur en Chef des Mines de l’Indo-Chine Signé : H. Lantenois »
La carrière de Henri Mansuy a été ponctuée d’une succession d’avancements progressifs de grades jusqu’au plus élevé : — préparateur, le 10 juillet 1901, arrêté signé par le Gouverneur général Paul Doumer, salaire de 3000 francs (1500 solde européenne plus 1500 solde coloniale) ; avec ordre de début (de régularisation) par le ministre des Colonies, du 20 juillet 1901, pour rallier son poste par le vapeur quittant Marseille le 1 août 1901 mais Henri Mansuy est déjà là depuis février ; — géologue préparateur à compter du 1er janvier 1902 ; solde de 4000 francs (2000 solde européenne plus 2000 solde coloniale) ; — géologue préparateur à compter du 1er janvier 1903 ; solde de 5000 francs (2500 solde européenne plus 2500 solde coloniale) ;
44.
photographie devant son bureau, Henri Mansuy en plan arrière en train de ranger les livres dans les rayonnages de la bibliothèque. La remarque de M. Lantenois a un double sens : puisque M. Counillon a été promu par le Gouverneur dans un cadre exceptionnel alors le Gouverneur ne peut qu’accepter la même faveur pour Henri Mansuy, d’autant que ce dernier est un fonctionnaire excellent alors que la promotion pour M. Counillon était de nature à pouvoir le faire partir compte tenu de ses addictions et absence de travail. En fait, cette dérogation avait été prise pour mettre M. Counillon à la retraite, ce que le Gouverneur voulait depuis longtemps, 10 ans, car il voulait s’en séparer. Ce ne fut donc pas dû à l’action de H. Lantenois contrairement à ce qu’écrira plus tard M. Michel Durand-Delgas à tort.
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— géologue de 4e classe, le 28 mai 1904 ; salaire 6000 francs ; — géologue de 3e classe, le 1er juillet 1905 ; salaire 8000 francs ; — contrôleur (nouvelle formulation réglementaire) de 4e classe, le 10 mai 1906 ; — contrôleur de 2e classe, le 1er janvier 1908 ; — géologue (nouvelle formation) de 2e classe, le 1 juillet 1908 ; salaire 8000 francs ; — géologue de 1ère classe, le 1er juillet 1910 ; — géologue principal de 3e classe, le 1er janvier 1913 ; — géologue principal de 2e classe, le 1er janvier 1915 ; salaire 13000 francs ; — géologue principal de 1ère classe, le 1er janvier 1917 ; salaire 15000 francs ; — géologue de 2e classe (nouvelle formation), le 18 novembre 1917 ; — géologue de 1ère classe, 1er janvier 1920 ; — conservateur du musée du service géologique de l’Indochine à compter du 11 novembre 1920 ; — conservateur du musée géologique de Hanoï ; — au laboratoire d’anthropologie du Muséum national d’histoire naturelle de Paris 61, rue de Buffon Paris 6e, à compte de 1927. Sa fiche de notation de 1916, signée par Jacques Deprat, indique que « sa constitution » est très bonne et qu’il a été lauréat déjà de trois prix scientifiques. J. Deprat rajoutait : « Je ne peux que renvoyer à mes appréciations extrêmement élogieuses de l’année dernière sur M. Mansuy dont les remarquables travaux reçoivent actuellement une nouvelle consécration de la part de l’Académie des Sciences qui vient de le faire lauréat de l’important prix Wilde, et indiquer que M. Mansuy est actuellement un savant dont l’autorité
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scientifique est mondiale. Je répèterai que la seule distinction possible pour M. Mansuy serait la Légion d’honneur. »
Depuis le 1er janvier 1915, Henri Mansuy était donc géologue principal de 2e classe, au salaire de 13000 francs avec une durée dans le grade de deux ans obligatoires. Un passage à géologue de 1ère classe, au salaire de 15000 francs n’était possible que le 1er janvier 1917. C’est pourquoi pour préparer le dossier qui sera remis le 1er janvier 1917, le chef du service de géologie, J. Deprat, le 23 novembre 1916, à Hanoï, (H. Lantenois étant parti à la guerre en Europe) écrivit à l’inspecteur général des travaux publics pour lui demander cette promotion pour Henri Mansuy : « Je propose M. Mansuy, Géologue principal de 2e classe pour le grade de Géologue principal de 1ère classe. Je ferai valoir, en insistant très vivement sur cette proposition, les arguments suivants : M. Mansuy a fourni dans ces deux dernières années, comme auparavant du reste, une somme de travail des plus considérables. Sa production scientifique a été assez grande pour que l’Académie des Sciences ait cru devoir lui décerner cette année le prix Wilde ; c’est la troisième distinction de ce genre que M. Mansuy obtient (prix Tchihatchef de l’Académie des Sciences ; prix Ducros-Aubert de la Société de Géographie ; prix Wilde de l’Académie des Sciences). Ma note personnelle, qui est appuyée par ces jugements impartiaux, est que M. Mansuy est un savant de la plus grande valeur dont la réputation mondiale est telle que l’Indochine peut s’en honorer. Le Géologue chef de Service J. Deprat »
Le docteur René Verneau avait été clairvoyant d’initier Henri Mansuy à sa discipline préférée, la paléontologie
Chapitre I — Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy 61
humaine. Son départ pour l’Indochine avait été pour Henri Mansuy une occasion de faire de grandes découvertes, comme Madeleine Colani le confirma « il lui (à Madeleine Colani) répéta bien des fois45, (…) que l’Indochine était une terre particulièrement riche en restes humains remarquables, squelettes et industries ».
Le parcours depuis 1901 était impressionnant. Dès 1902, Henri Mansuy publia sur Somrong-Sen, situé sur les rives du Tonlé-Sap, et Longprao (Cambodge) où il découvrit un crâne humain dans un amas coquillier associé à des ossements fracturés et calcinés, des galets taillés et quelques poteries. Puis il découvrit d’autres restes humains à Luang-Prabang (Haut Laos) associés à une grande quantité d’instruments en pierre et en bronze. Il expertisa de nombreux sites : gouffre de Ban-DonTiao, grotte de Pho-Binh-Gia où il trouva trois crânes humains et de l’outillage qui lui permirent de définir une nouvelle industrie lithique : le Bacsonien d’après le nom de la région montagneuse du Bac-Son où se situaient ces grottes (Montagne nord, aussi appelées Caï-Kinh ou Kai-Kinh). L’étude anthropologique fut réalisée avec précision par le docteur René Verneau. Ce sont donc des avancées importantes qui furent réalisées grâce à Henri Mansuy. En 1916, malgré ses problèmes de santé, il décida de fouiller les grottes de Ky-Lua, près de Lang-Son. Il y découvrit une faune de mammifères qui avaient des équivalents dans ce qui était considéré comme appartenant au Néogène supérieur en Chine et au Japon et, dans les Siwaliks en Inde. Cette faune restera longtemps une référence régionale pour le Quaternaire de l’Asie du Sud-est.
45.
Madeleine Colani, 1937, Nécrologie de Henri Mansuy.
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La trahison Après des recherches fructueuses et l’accumulation de connaissances nouvelles considérables, l’affaire, dont Jacques Deprat fut l’origine, consterna et indigna Henri Mansuy46. Avec la reconnaissance de la culpabilité de J. Deprat pour fraude géologique, Henri Mansuy continua ses travaux mais choisit de ne plus se consacrer qu’à la Préhistoire. Lors d’une appréciation annuelle de notation, Charles Jacob, chef du service géologique note que Henri Mansuy est « Un collaborateur de tout premier ordre », et que ses rapports avec les autorités et avec le public sont « Excellents ». Cette appréciation rejoint celle qu’il avait faite le 8 septembre 1919 : « Titres exceptionnels : M. Mansuy est un fils de ses œuvres, dont l’histoire offre avec une belle réussite scientifique, un rare exemple d’énergie. Ouvrier tailleur parisien, il s’est instruit lui-même, jusqu’à l’âge de 40 ans, à suivre les cours du soir, à fréquenter les collections et à accompagner les excursions du Muséum d’histoire naturelle. Cette vocation déterminée, remarquée par le Professeur VERNEAU, lui valut de venir, en 1901, en Indochine, au Service géologique qu’il n’a quitté, depuis, que pour de courts séjours à l’École des Mines à Paris, consacrés à l’étude des matériaux indochinois sous la direction du Professeur DOUVILLE. Successivement M. Mansuy a exploré le Cambodge (1902), le Nord du Tonkin (1905-1906), le Laos (1908-1909) et le Yunnan (1903-1904 et 1909-1910). Puis, lorsque les documents paléontologiques ont afflué, il s’est spécialisé dans leur détermination et il a classé la splendide collection, dont son nom est désormais inséparable. Ce labeur s’est accompagné de publications fondamentales pour l’Indochine et pour la paléontologie des terrains primaires 46.
Nous allons étudier cette affaire aux chapitres III, IV, V.
Chapitre I — Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy 63
et secondaires. Au reste, à leur sujet, le monde savant s’est prononcé, en décernant à leur auteur : la Société de géographie, le prix Ducros-Aubert (1914) ; la Société géologique, le prix Fontannes (191747) ; l’Académie des sciences, les prix Tchihatchef (1911) et Wilde (1916). M. Mansuy a aujourd’hui 63 ans, si la Croix de la Légion d’honneur venait couronner sa carrière peu commune, la géologie française applaudirait. Ch. Jacob. »
En dépit de la reconnaissance unanimement de ses qualités, Henri Mansuy a d’abord été choqué puis démobilisé par la fraude de J. Deprat. Il prit ensuite la décision, à contre cœur, de rentrer en France en demandant la liquidation de sa retraite. Il commença à établir son dossier de demande de pension et rencontra les difficultés de la bureaucratie. Des erreurs furent commises par les services instructeurs et il lui fallut recommencer les demandes : acte d’état civil sur papier timbré payant en lieu et place de bulletin de naissance, erreurs successives dues au changement de numérotation des arrondissements parisiens depuis sa naissance. Les services municipaux se télescopaient ou se trompaient et le service des archives de la Seine ne répondait pas. La nécessité de documents militaires « constatation de services militaires pour pension civile » était soumise au bon soin du ministre de la Guerre : les obtenir était une prouesse. S’ajoutaient les tra-
47.
Le prix Viquesnel, fut fondé en 1875 et destiné à l’encouragement des études géologiques. Il fut biennal. Le lauréat, sans distinction de nationalité, devait être membre de la Société géologique. Ce prix était une médaille et une somme correspondant à ce qui était disponible des arrérages du capital légué par M. Viquesnel (environ 600 francs). Ce prix fut distribué en 1914. François Fontannes (1836-1886) établit un prix en alternance avec le prix Viquesnel, fondé en 1888 et destiné à récompenser un auteur français.
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casseries financières avec le paiement de sommes majorées à la caisse de retraite de la Colonie en raison de la contribution de 5% à la caisse locale. Mais il fallait aussi faire face à l’impossibilité de faire un règlement par chèque sur une banque de la Colonie car il était refusé par la caisse locale de Hanoï, même avec une perte au change, etc. Tout cela l’épuisa et le navra, après le tourment qu’avait été pour lui l’affaire Deprat, dans laquelle il n’avait pourtant commis aucune faute. Il en avait beaucoup souffert. L’injustice est toujours très difficile à supporter lorsque innocent il faut subir les fautes d’un autre. La fin de ce brillant séjour fut ternie par la vanité de J. Deprat. Profondément affecté par « la félonie scientifique qu’il avait pu constater. Une affaire compliquée, dite des faux trilobites, en résulta. Il en sortit victorieux ; mais, après avoir beaucoup lutté et souffert. Il lui semblait que ce qu’il avait de plus cher, ses ouvrages en étaient souillés. Il avait une Foi naïve en les hommes de sciences, il plaçait très haut leurs études, ils lui semblaient être des prêtres de la vérité, ils exerçaient un sacerdoce et étaient incapables de mentir »48.
Ses illusions les plus chères avaient été ainsi cruellement meurtries par l’affaire créée par Jacques Deprat. Henri Mansuy avait été blessé et déçu, lui qui aimait tant faire partager à tous les plaisirs de la science et de la connaissance. D’autant qu’il avait une profonde humanité et compassion à l’égard d’autrui, comme le rapporte Madeleine Colani : « Parfois, dans la brousse, je passais quelque temps avec lui auprès des plus modestes. Ils étaient enthousiastes de tout ce qu’il leur avait dit. Pendant des heures souvent,
48.
Madeleine Colani.
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échantillons préhistoriques en mains, il faisait à ses auditeurs de rencontres un vrai cours : « Qu’il est intéressant ! nous répétait-on ; que de belles choses il nous a apprises ! » Il provoquait presque des vocations ».
La liquidation de sa pension demandée, il partit de Hanoï.
Le premier départ pour la France 1921 Le 22 avril 1921, Henri Mansuy écrivit au Gouverneur : « Ayant demandé à jouir en France d’un congé administratif d’un an, que vous avez bien voulu m’accorder par votre arrêté du 11 mars 1921, et devant avoir droit au 31 juillet 1922 à une retraite pour ancienneté, j’ai l’honneur de solliciter cette mise à la retraite à compter du 1er août 1922. »
Avant qu’il parte le Gouverneur général lui adressa une lettre forte élogieuse dont Henri fut touché et remercia, depuis Hanoï le 22 juin 1921. « Monsieur le Gouverneur Général J’ai été extrêmement touché de la lettre si élogieuse que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser. Au moment de quitter définitivement l’Indochine, un tel témoignage de satisfaction émanant de vous, Monsieur le Gouverneur Général, et se rapportant à toute ma carrière scientifique, a pour moi un prix inestimable. J’ai l’intention de consacrer le reste de ma vie à la science, c’est-à-dire à la recherche de la vérité. Quand je travaillerai, en France, je songerai bien souvent aux lignes que vous m’avez écrites et trouverai, dans ce souvenir, un puissant encouragement. Permettez-moi, Monsieur le Gouverneur général, de vous remercier bien vivement et veuillez agréer, je vous prie,
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l’expression de mon entier dévouement et de mon profond respect. H. Mansuy Conservateur du Musée du service Géologique de l’Indochine À Hanoï »
Parmi beaucoup d’autres, une preuve de l’intérêt que suscitait Henri Mansuy se trouve dans cet intéressant témoignage de Maurice Cossmann49, dans sa revue Critique de Paléozoologie, numéro 1, janvier 1921. Elle démontre, s’il en était besoin, le travail incessant de remise en cause et de questionnement qui animait Henri Mansuy et le conduisait sans cesse à vérifier et corriger les expertises ou analyses déjà faites en profitant des connaissances acquises au fur et à mesure. « MANSUY, H. Catalogue général, par terrains et par localités, des fossiles recueillis en Indochine et au Yunnan, par les géologues du service géologique et par les officiers du service géographique de l’Indochine, au cours des années 1903-1918. Révisions paléontologiques des déterminations déjà publiées dans le Bulletin et Mémoire du Service géologique de l’Indochine. Bull. Serv. Géol., I.-C., Vol. VI, fasc. VI, 226 p. grand in-8°, Hanoï, 1919. Ce volume représente plus que son modeste titre de Catalogue ; il est, en réalité, le résumé — mis à jour — des gigantesques travaux de Paléontologie accumulés, en quinze ans, par un infatigable chercheur que n’ont rebuté ni les difficultés de la tâche, ni surtout les odieuses entraves suscitées par des jalousies et des calomnies locales. L’auteur, M. Mansuy, en a d’ailleurs été récemment
49. Alexandre Edouard Maurice Cossmann (né le 18 septembre 1850 à Paris et mort le 17 mai 1924 à Enghien-les-Bains) était un paléontologue français.
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vengé et récompensé tout à la fois par la distinction honorifique50 dont il a été l’objet de la part du Ministère de l’Instruction publique, en France. Nous ne pouvons évidemment, dans le cadre un peu étroit de cette Revue, signaler tous les détails rectificatifs ou complémentaires que comporte ce volumineux catalogue, mais il nous suffira de dire qu’il est indispensable à tous les paléontologistes qu’intéresse la faune paléozoïque de l’Asie et des contrées avoisinantes. M. Cossmann »
Henri Mansuy s’embarqua sur un paquebot, le 1er mai 1921, et arriva en France en juin. Signe de ses qualités, Henri Mansuy avait fait l’objet d’un nouvel avancement le 17 janvier 1920 à compter du 1er janvier 1920. La lettre d’information fut transmise par la voie hiérarchique à monsieur l’ingénieur en chef des mines, Charles Coppens51. Au surplus, comme l’annonça Maurice Cossmann, par décret du Président de la République du 28 septembre 1920, sur proposition du ministre de Colonies, Henri Mansuy fut nommé chevalier de la Légion d’honneur, en rappelant sa fonction de géologue de 1ère classe au service géologique de l’Indochine, et son rattachement à la société géologique de France52. La notification fut envoyée le 1er octobre 1920 par le Gouverneur aux bons soins de M. Charles Jacob53. Les deux personnalités adressèrent leurs félicitations sur le document : le Gouverneur « adresse à M. Mansuy mes plus vives et cordiales félicitations » ; monsieur Jacob « Mansuy avec mes chaleureuses
50. 51. 52. 53.
Il s’agit de la Légion d’honneur. Charles Coppens, né le 2 avril 1881. Ingénieur en chef le 15 juin 1901. Direction des mines de l’Indochine. Palmes académiques. 28, rue Serpente Paris, à cette époque, année 1922. Charles Jacob, professeur de géologie à la Sorbonne et membre de l’Institut.
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félicitations personnelles ». Comme il reçut la notification, en 1921, avant son départ pour la France, Henri Mansuy demanda que le diplôme lui soit envoyé chez sa sœur Marie-Eugénie Coupier54, mais il se fit remettre l’ordre (conformément à l’article 24 du décret organique de la Légion d’honneur du 16 mars 1852) par Louis Hillairet, officier de la Légion d’honneur55, le 26 mars 1921 à Hanoï, par délégation du grand Chancelier. À son arrivée en France, il séjourna chez sa sœur à Valence, mais il s’y ennuya vite, bien qu’il fût très proche de sa famille. Il avait avec eux une correspondance réguliére par lettres et ils étaient très liés comme en témoigne l’intéressant symbole des montres. Henri avait acquis en 1900 une montre en or, et sa sœur dans un parallélisme de franc-amour entre frère et sœur avait un modèle proche mais plus petit. Il brûlait de chercher à nouveau et de se livrer aux activités d’un scientifique, si bien qu’il ne tenait plus en place dans un foyer bien accueillant et très confortable mais sans l’attrait et les palmitations de la découverte pour accroître les connaissances de l’humanité. À Valence, Henri Mansuy faisait des commentaires littéraires et scientifiques à sa famille afin de leur faire partager son enthousiasme indemne pour la science et la culture. Irène Coupier, sa petite nièce, se souvient notamment qu’en 1926, Henri venait dans la cuisine voir sa sœur, Marie-Eugénie (la grand-mère d’Irène), et la mère d’Irène qui faisaient à manger, pour leur lire des passages de livres et les leur commenter. Souvent, il prenait Irène sur un bras et essayait de lui faire boire
54. Au 1, rue Denis à Valence. Marie-Eugénie Coupier, née Mansuy, est la mère d’Irène Coupier. 55. Louis Hillairet, né le 1er septembre 1859 à Echillais, Charente inférieure. Domicilié 11 rue Pavie, Hanoï, attaché aux services agricoles et commerciaux de l’Indochine.
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une tisane, ce qu’elle ne voulait pas. C’était là une sorte de jeu affectueux, un moment de partage, ainsi que la démonstration de son caractère bon et chaleureux autant enjoué que bienveillant. Même loin de l’Indochine, il rappelait sans cesse à ses proches qu’il appréciait particulièrement Honoré Lantenois, Madeleine Colani et le docteur René Verneau. Dans cette situation sans but et sans recherche, Henri Mansuy voulut revenir en Indochine pour se consacrer uniquement à des recherches préhistoriques. Compte tenu de son renom, de ses qualités, et fort du témoignage de reconnaissance de la communauté entière des savants, après les turpitudes de Jacques Deprat jugé coupable, Henri Mansuy obtint la faveur de se voir attribuer une nouvelle mission.
Le retour à Hanoï pour achever son œuvre, de fin 1922 à 1926 Henri Mansuy partit de Marseille avec le paquebot L’Amboise et arriva à Haïphong le mardi après-midi, 26 décembre 1922. Un premier contrat du 8 septembre 1922, signé par le résident supérieur en Indochine, M. Garnier56, au nom du Gouverneur, engagea donc à nouveau Henri Mansuy. Un contrat de recrutement définitif se substitua au premier, sur papier timbré du service des mines en date du 15 mai 1923 à Hanoï à compter du 22 décembre 1922 date d’arrivée à Saïgon, et signé par le secrétaire général du Gouvernement général d’Indochine. Henri Mansuy fut recruté sous l’autorité directe du directeur des mines pour des études de paléontologie et d’archéologie préhistorique, pour deux années, et s’engagea 56.
Albert, Edmond, Joseph, Marius Garnier, né le 14 novembre 1870 à Remollon (Hautes-Alpes)], résident supérieur en Indochine, directeur de l’agence économique de l’Indochine.
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à servir dans toutes les régions de l’Extrême-Orient où le directeur des mines le jugerait utile. Sa solde était fixée à 17 000 francs, augmentée d’un supplément colonial de 5 715 piastres par an durant son séjour. À sa solde étaient cependant soustraits les 10 325 francs de sa pension de retraite. Il avait le droit aux mêmes dispositions que les fonctionnaires des cadres réguliers. Dans le cas où il serait admis à renouveler son contrat, il avait le droit, au bout de trois ans de service, à un congé de six mois, traversée non comprise, pour en jouir en France. Un avenant du 30 mars 1924, signé par le secrétaire général du Gouvernement général d’Indochine, fut pris, pour préciser à nouveau les dispositions financières de son traitement et éviter le cumul entre la pension et le nouveau traitement. Un nouvel avenant du 22 novembre 1924 prorogea dans les fonctions Henri Mansuy d’un an à compter du 21 décembre 1924, c’est-à-dire jusqu’au 21 décembre 1925. Un autre avenant du 26 décembre 1925 signé par le secrétaire général du Gouvernement général de l’Indochine organisa la fin de sa mission : « du 21 décembre 1924 jusqu’au jour de son embarquement à Haïphong qui aura lieu au plus tard dans le courant de Juin 1926 ». Il partit de Hanoï, pour la dernière fois, le 10 juillet 1926 à 10 heures, sur le paquebot L’Azay-le-Rideau à destination de Marseille, après en avoir demandé l’autorisation au Gouverneur général : « Hanoï, le 15 mai 1926 H. Mansuy, Agent contractuel chargé des travaux préhistoriques au Service géologique, à Monsieur le GOUVERNEUR GENERAL de l’Indochine Monsieur le GOUVERNEUR GENERAL À l’expiration de l’avenant à mon contrat et sur la déci-
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sion de Monsieur le Directeur des Mines, me donnant l’ordre de m’embarquer, mes travaux terminés, sur un paquebot quittant Haïphong vers le 10 juillet et n’effectuant pas de transbordement à Saïgon, cela en raison du transfert, en France, dont je suis chargé, de matériaux scientifiques très fragiles, j’ai l’honneur de vous prier, Monsieur le GOUVERNEUR GENERAL, de bien vouloir m’autoriser à quitter le Tonkin à cette date. Veuillez agréer, Monsieur le GOUVERNEUR GENERAL, l’expression de mon profond respect. »
Henri Mansuy arriva à Marseille, le 14 août 1926, après avoir fait escale à Tourane, Saïgon, Singapour et Port-Saïd. Adrien Lévy l’accompagnait sur le même bateau, signalé comme étudiant. Henri Mansuy était chargé d’un précieux matériel qui devait être étudié par les spécialistes à Paris. Ce point sera évoqué plus loin dans l’annexe 5 consacrée à « L’affaire des crânes ». Préalablement à ce retour définitif, Henri Mansuy, de 1923 à 1926, revisita ses anciens sites préhistoriques et en découvrit de nouveaux : Somrong-Sen, Lang-Son, Tuyên-Quang, Luang-Prabang, Pho-Binh-Gia, Bac-Son (= Cai-Kinh, province de Bac-Giang), Keo-Phay (qui signifie en Tay : « montagne (dent) de feu »), Dông-Thuoc (en Tay signifie tertre), Tonkin méridional Phu-Ly, Lang-Cuom. Henri Mansuy découvrit de nombreux crânes humains. Son élève Melle. Madeleine Colani et sa sœur Eléonore se rendaient sur les lieux de fouilles avec lui ou seules lorsque par fatigue ou en raison de sa santé il ne pouvait pas y aller. Une collaboration scientifique très positive et fructueuse se déroula dans une ambiance amicale et chaleureuse. Henri ne voulait pas revivre les monstruosités que lui avaient fait subir J. Deprat,
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seule personne du service à avoir voulu délibérément faire des faux pour se grandir au mépris de la vérité et de la science. Henri Mansuy réalisait la détermination des fossiles et des objets, leurs analyses et en assurait les synthèses, au musée de Hanoï et en débattait de tout avec Madeleine Colani. Ainsi, il retourna tout d’abord à Somrong-Sen. Vingt ans s’étaient écoulés depuis sa première visite. Il publia à nouveau sur ce site. Puis ce fut celui de Pho-Binh-Gia. Madeleine Colani relata : « Il partit de Lang-Son, à pied, par un temps très chaud. Redoutant une congestion cérébrale (il était hanté par cette crainte), il s’arrêtait à chaque village, puisait dans la jarre mise à la disposition des voyageurs et à l’aide de noix de coco, arrosait son vaste crâne. Lui qui ne marchait jamais à Hanoï, il fit 40 kilomètres par jour. Le garde principal du poste de Pho-Binh-Gia, ancien boulevardier, informé de son arrivée, avait préparé un repas délicat, « bien parisien ». Mansuy s’évanouit avant presque d’y avoir fait honneur. Il resta plusieurs jours malade dans le poste. Il en repartit sans que la moindre observation intéressante lui fût possible. En s’en allant sur la route de Pho-Binh-Gia à Dong-Mo, longeant, puis traversant le massif calcaire du Bac-Son, encore à moitié malade, mais énergique, il aperçut une grotte à Keo-Phay. Au milieu d’un falun d’apport humain, il recueillit de beaux instruments en pierre taillée, de petites pièces, portant ce que nous appelons maintenant la « marque du bacsonien », et des haches polies au tranchant seulement. Cette industrie offrait des rapports avec celle de Pho-Binh-Gia. De Keo-Phay, Mansuy suivit, en allant vers le sud-ouest, la route de Lang-Son à Hanoï. À Dong-Thuoc, il fouilla une « caverne », il y trouva au milieu d’un kjökkenmöd-
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ding57 constitué en partie par des coquilles de Melania (mollusque fossile) dans les lits inférieurs, une industrie lithique analogue à celle de Keo-Phay, et un crâne humain incomplet ; dans les lits supérieurs des instruments en pierre polie. Ce crâne dolichocéphale a attiré particulièrement l’attention des spécialistes, il fait partie des Austro-Mélanésiens. Mansuy rentré à Hanoï, tenta une nouvelle expérience, il essaya de faire des recherches dans le Tonkin méridional, dans les calcaires de la région de Phu-Ly. Il fut frappé comme à Pho-Binh-Gia, s’évanouit et fut soigné dans la concession de Monsieur Leconte58, son ami. Il s’imagina que ces indispositions étaient de petites attaques précédant une hémiplégie. Il en fut très affecté et renonça à aller dans la brousse. Nous y allâmes à sa place59 et fûmes assez heureuse de lui rapporter une première fois les mobiliers préhistoriques de dix-neuf cavernes du massif du Bac-Son. C’était une confirmation éclatante des faits révélés déjà par Pho-Binh-Gia, Keo-Phay et DongThuôc. ».
Lorsque, seules, Madeleine Colani et sa sœur se déplacèrent sur le terrain, elles documentèrent les emplacements et les niveaux de fouilles, contrairement à ce que faisait Jacques Deprat qui n’était ni empreint d’exactitude ni de rigueur. Les deux sœurs rapportèrent le matériel préhistorique de onze gisements. Onze crânes incomplets furent mis au jour avec d’autres parties de squelettes. Henri Mansuy en fit l’analyse
57. 58. 59.
Mot d’origine danoise : c’est un amas de déchets de cuisine, essentiellement des coquilles résultant de la consommation de mollusques sur une longue période et qui sont associés à divers objets, débris ou détritus. M. Emile Leconte avait été nommé tuteur des enfants Lévy, mais Henri Mansuy s’en occupait aussi, surtout d’Alfred et Adrien comme nous le verrons plus loin dans le chapitre, « Une famille d’adoption ». Madeleine Colani y alla accompagnée de sa sœur Eléonore.
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suivant les méthodes interprétatives de l’époque. Madeleine Colani annota60 qu’ils « se rattachent à des types ethniques variés Proto-Mélanésiens (dont un élément pygmée), Proto-Australiens, Indonésiens, etc. Ils se trouvaient dans un kjökkenmödding à coquilles de Melania, parmi des instruments taillés et d’autres polis, mais au tranchant seulement. »
Toujours au service de Henri Mansuy, les sœurs Colani découvrirent dans le massif du Bac-Son, qu’il connaissait parfaitement, un site d’industrie lithique néolithique avec un polissage soigné et des parures composées de « coquilles marines, préparées pour l’ornementation ». Il se pencha sur ces découvertes et se passionna. Les crânes l’intéressaient particulièrement. Il commença par douter, tant il y avait une somme prodigieuse de matériel, ce qui lui semblait incroyable et totalement inespéré. Il en réalisa les déterminations en concertation et discussions permanentes avec Madeleine Colani, de façon à n’omettre aucun détail et à ne pas laisser se glisser d’erreur. Chaque pièce fut minutieusement examinée et photographiée. Tout fut déposé au musée situé rue du Maréchal Gallieni, à Hanoï, qui resta ouvert jusqu’au 16 mars 1925 (avant sa destruction en 1928). Les collections furent alors déplacées dans un musée provisoire, boulevard Carreau61 ouvert le 11 juin 192562. C’est à cette occasion que Henri Mansuy fit don 60.
Plusieurs propos ou extraits de Madeleine Colani sont issus de l’article Nécrologie de Henri Mansuy. 61. Numéros 39 et 41. 62. Dans le Bulletin de l’École Française d’Extreme Orient : L’ancien musée, situé rue Maréchal-Galliéni, est resté ouvert jusqu’au 16 mars 1925. Les collections ont été ensuite transférées dans le musée provisoire, boulevard Carreau, no 39 et 41, qui a été ouvert au public le 11 juin 1925. Elles se sont enrichies d’achats acquis des marchands indigènes qui les recherchaient spécialement pour
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à l’EFEO à Hanoï (selon George Coedès63) d’objets en céramiques et de monnaies anciennes en bronze provenant d’un caveau en briques mis à jour dans la concession Lévy à Kha-
63.
l’École. Le résident supérieur au Laos offrit une série de onze bouddhas laotiens, 3 en bronze, 5 en argent, un en métal plaqué or et un en pierre tendre. M. Mansuy, géologue au Service des Mines de l’Indochine, fit don de quelques objets en céramique et de pièces de monnaies anciennes en bronze, provenant d’un caveau en briques mis au jour dans la concession Lévy, à Kha-luat, près de Chi-né, au Musée de l’École d’Extrême-Orient. (L’Éveil économique de l’Indochine, 27 décembre 1925 page 19). Ce tombeau pourrait bien être assez similaire à celui découvert par Jean Yves Claeys en 1933, qui était censé être daté du Ier au IIIe siècle, près de la ville de Vinh-Yen, province de Vinh-Phuc. George Cœdès, né le 10 août 1886 à Paris 16e et mort le 2 octobre 1969 à Neuillysur-Seine, épigraphiste combiné avec archéologue. En 1903-1905, il est élève à l’école pratique des hautes études. Alfred Foucher lui enseigne le sanskrit et l’initie aux méthodes de l’archéologie et de l’iconographie. Le 24 octobre 1911, il est nommé pensionnaire de l’École française d’Extrême-Orient, en remplacement de Henri Maspero, fils de l’égyptologue Gaston Maspero. Il s’embarque pour le Cambodge, fin 1911. La première guerre mondiale interfère sur sa carrière : il est réformé, sur intervention de son directeur Louis Finot qui ne souhaite pas le perdre comme chercheur ; mais en 1917, le Siam déclare la guerre à l’Allemagne, si bien que Oscar Frankfurter, directeur de la bibliothèque Vajirañana de Bangkok, rentre en Allemagne pour ne pas être interné en Thaïlande. Le prince Damrong propose à George Cœdès de le remplacer. Il entre donc au service du gouvernement siamois en décembre 1917, après accord du gouverneur général de l’Indochine, Albert Sarraut. En 1929, il est nommé à la tête de l’École française d’Extrême-Orient, à Hanoï, poste qu’il occupera jusqu’en 1946. En janvier 1947, il est nommé conservateur du musée d’Ennery, à Paris. Le 14 février 1958, il est admis à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, dans le fauteuil de Maurice Gaudefroy-Demombynes. G. Cœdès est l’auteur de deux ouvrages fondamentaux, Les États hindouisés d’Indochine et d’Indonésie et Les peuples de la péninsule indochinoise. La « redécouverte » du royaume indonésien de Sriwijaya est due à George Cœdès : identifié depuis comme étant situé à l’emplacement de l’actuelle Palembang dans le sud de l’île de Sumatra.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Luat pré de Chi-Né64 (Cette concession est celle de Lucien Lévy, père des enfants que Henri « adopta ».)65
Une famille d’adoption Monsieur Lucien Lévy66, le père de famille, détenteur d’une concession de café et de coton à Kha-Luat, était ami de Henri Mansuy. Il décéda dans des circonstances non connues, en mai 1918 à Phu-Ly, laissant une famille de cinq enfants.
64.
Concession située à côté de Ninb-Binh, district aujourd’hui de Gia-Viên. Sur une carte dans le livre de Charles Jacob Études géologiques dans le Nord-Annam et le Tonkin, à la fin de l’ouvrage, BSGI, 1921, apparait Chi-Né à côté (au Nord-Ouest) de Co-Nghia (aujourd’hui peut-être Xa-Co-Nghia), lui-même au Sud-Est de Huong-Thi sur la rivière du Song-Boi non loin de la rivière Song-Day, sorte de bras de delta du Fleuve-Rouge. Hoa-Binh apparaît au Nord-Ouest à une distance d’environ 55 km et à 65 km de Hanoï. Toutes ces précisions sont aujourd’hui utiles car il est extrêmement difficile de retrouver les lieux sur le terrain dans le nouvel environnement du pays. 65. Lévy Lucien, colon à Kha-Luât par Yên-hoa, Ninh-Binh. À sa mort la concession est transférée à « Messieurs Lévy fils (mineurs) à Kha-Luât par Chi-Né (Phu-Ly) ». 66. Monsieur Lucien Lévy, planteur à Kha-Luat, a reconnu ses cinq enfants, mais seulement les 3 garçons avec une femme annamite du nom de Nguyen Ali Tham (ce nom est mentionnée seulement sur l’acte de décès d’Adrien Lévy). Lucien Lévy décède à Phu-Ly 11 mai 1918 (la cause n’est pas connue) âgé de 54 ans, fils de Bernard Lévy et Clara Bernard. Il avait pour enfants : Elysée Bernard, né à Kha-Luat le 5 février 1904 et décédé à Kha-Luat le 10 juin 1938, mentionné célibataire ; Alfred Vaillant Lévy, né à Kha-Luat le 15 novembre 1907, qui se maria avec Durand Marie Louise Simone, à Hanoï le 9 janvier 1943 et décéda à Marseille 6e le 25 janvier 2000 ; Adrien Constant Lévy, né à Kha-Luat le 11 mars 1911, se maria à Paris le 1er février 1947 avec Petitit Renée, décéda à Boulogne Billancourt le 11 juin 1995, avec la particularité qu’il a changé de nom selon décision du tribunal le 25 janvier 1955 et est devenu « Chevallier ». Il habitait 96, rue Raynouard Paris. Sur son acte de décès et sur le sien seul est indiqué le nom de sa mère Ali Tham Nguyen. Il se caractérisait et se distinguait des autres enfants selon son frère Alfred ; Marthe Lévy, née à Kha-Luat le 15 décembre 1906, se maria avec Pierre Repelin à Phu-Ly le 24 mars 1924 ; Thérèse Lévy, née à Kha-Luat le 27 mars 1914, décéda à Marseille 12e le 31 janvier 2009, mariée avec Emile Parisot le 26 avril 1941 à Saïgon.
Chapitre I — Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy 77
Monsieur Emile Leconte67, ami de Henri Mansuy et Lucien Lévy, fut désigné tuteur des enfants mais il s’épuisa à cette charge d’autant que sa propre famille était de plus en plus nombreuse. Il renonça plus tard à la tutelle et passa le flambeau à Alfred Lévy devenu adulte. Pour aider, et pallier les manques, de tout temps Henri Mansuy fut en quelque sorte le grand-père ou le « second père » des enfants. Henri Mansuy reçut chez lui à Hanoï, notamment rue Laubarède, Alfred et Adrien. Il suivit leurs études, contribua financièrement, les sortait les jours de week end ou de fêtes. Il veilla sur eux avec attention et un grand amour de « grand-père ». Il facilita les études d’élève ingénieur en électricité d’Adrien à Paris après 1926. Adrien Lévy, né le 11 mars 1911 à Kha-Luat sur la concession de son père, avait 26 ans au décès de Henri. En 1926, à partir du 14 août, il séjourna trois mois avec Henri Mansuy à Valence chez sa sœur. C’est Adrien Lévy qui vint rendre visite à Henri Mansuy (comme le signala Madeleine Colani dans la Nécrologie) à l’hôpital à Suresnes. C’est encore, Adrien Lévy qui fut présent aux obsèques de Henri Mansuy, comme Lucien
67.
Émile Leconte, né le 24 novembre 1876 à Bois-Colombes, engagé volontaire dans l’infanterie de marine (9 décembre 1895-9 décembre 1898) au Tonkin, période de guerre du 1er janvier 1897 au 8 décembre 1898. Installé dès sa libération comme gérant de plantations dans le chau de Lac-Thuy, province de Annam. Puis exploite à son propre compte. Tuteur des enfants mineurs de Lucien Lévy, planteur de café à Kha-Luat. Marié à Phu-Ly le 15 octobre 1927 avec RuongThi Hoi. Puis il se maria avec Marie Lomet domiciliée à Hanoï (Chantecler (Hanoï), 30 mai 1935). Le mariage fut célébré, à la résidence de Annam. Il était domicilié à Dông-Lang. Chevalier de la Légion d’honneur du 24 juillet 1929 (promotion du ministère des Colonies) (parrainé par Marius Borel) : planteur-éleveur au Tonkin. 1.400 hectares environ à Dông-Lang, Cho-Cay et Vuon-Giau, Côc-Thôn, par Phu-Ly, dont près de 200 affectés à la culture du café. Le reste débroussaillé et aménagé en prairies et pâturages pour 1.200 bœufs et 200 buffles. Vice-président, puis président de la chambre d’agriculture du Tonkin. Sa concession n’était pas très loin de celle de Lucien Lévy.
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Coupier et son épouse, Honoré Lantenois, René Verneau, la concierge Mme Cochet et quelques autres personnes. Les enfants Lévy : — Alfred entretint une correspondance suivie avec Henri Mansuy en souvenir et reconnaissance de tout ce que celui-ci avait fait pour les élever. Il le considérait comme son second père comme en atteste une photo dédicacée, envoyée le 4 mars 1935 (Cette photo est reproduite dans le Cahier des illustrations) : « À monsieur Mansuy, En témoignage de ma vive et respectueuse reconnaissance, et en souvenir des heures radieuses passées près de celui qui fut pour moi un second Père. Hanoï le 4 mars 1935. Alfred Lévy ».
Il sera interprète à la cour d’appel de Hanoï. C’est le chef de la fratrie, même s’il n’est que le deuxième fils. Après le renoncement à la tutelle par M. Emile Leconte, Alfred Lévy est chargé de la tutelle de ses frères et sœurs. Plus tard, après la mort de Henri Mansuy et la guerre au Vietnam, c’est lui qui organisa le retour de toute la famille, frères et sœurs et leurs enfants, en France, après que ceuxci aient été mis deux fois en camp de concentration par les autorités vietnamiennes. Et c’est Alfred Lévy qui collecta la rançon, en or, exigée pour libérer sa famille. Il se maria et eut une fille. — Adrien, né le 11 mars 1911 à Kha-Luat, « frivole et très enfantin » selon son frère Alfred dans une lettre, ne se rendit pas toujours compte des difficultés financières de sa famille. À Paris, il résida dans une chambre non loin de chez Henri Mansuy. En 1937, il vit toujours à Paris en
Chapitre I — Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy 79
chambre meublée, chez Mme Scébat puis chez Mme Ruty. Henri Mansuy était proche de lui et suivait de près ses études. Il obtint son diplôme d’ingénieur en électricité et se maria avec une alsacienne mais ils n’eurent pas d’enfant. Il tint absolument à changer de nom en 1955 pour s’appeler « Chevallier » ; — Marthe épouse de Pierre Repelin, naquit le 15 décembre 1906. Pierre Repelin né à Ecully le 25 juin 1895 devint son mari le 24 mars 1924 à Phu-Ly (Vietnam) et mourut (comptable) le 7 août 1935 à Hongaï. Ils eurent cinq enfants : André, MarieMadeleine, Lucien, Jeanne, Yvette qui eurent des enfants ; — Elisée (né à Kha-Luat le 5 février 1904 et décédé à KhaLuat le 10 juin 1938). Il assurera le suivi de la plantation de café et coton à Kha-Luât dans une période difficile, en raison de diverses calamités dont une grande sécheresse. L’argent fut très dur à gagner. Un jour d’orage, il subit les conséquences de la foudre qui s’abattit sur un hangar sous lequel il s’était abrité. Il en garda de graves conséquences. Il eut une fille avant cet accident ; — Thérèse, la plus jeune. Elle envoya à Henri Mansuy une photo de Saïgon68, le 19 décembre 1934 : « Souvenirs affectueux de votre petite Thérèse ». C’était sans doute « la plus fine et délicate » selon son frère Alfred69. Tout le monde « aimait Thérèse » dira une de ses petites-nièces70. Elle travaillait bien à l’école, poussée par son frère Alfred, et continua après le brevet.
68. 69. 70.
Reproduite dans le Cahier des illustrations. Dans une lettre de Alfred Lévy, reproduite plus loin. Petite fille de Marthe Lévy.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Pour Alfred Lévy, Henri Mansuy est son « cher Papa », celui qui l’aida pour devenir un homme en le suivant et l’accompagnant dans la vie pour l’éduquer. Henri Mansuy comme le montre la photo qui le représente en casque colonial blanc à l’arrière de sa maison de la rue Laubarède71 à Hanoï (photo reproduite dans le Cahier des illustrations), recevait chez lui les enfants Lévy : il les hébergeait, les nourrissait, les vêtait et leur donnait une éducation, surtout à Alfred et Adrien. Dans une lettre du 30 novembre 1929, Alfred déclare : « Je déplore, hélas ! la distance qui m’empêche de sauter à votre cou, et, entre deux larmes de joie, vous dire à l’oreille mes souhaits pour 1930 : souhaits de bonne santé, souhaits de vie reposante, tous les souhaits capables de contribuer à votre bonheur. Quelques baisers et l’expression joyeuse de mes yeux vous diraient mieux que des phrases malhabiles les vœux sincères que je forme du fond du cœur pour Vous qui avez, mieux que personne, remplacé mon Père. Vous n’avez pas eu à gérer nos intérêts, besogne dans laquelle vous n’auriez peut-être pas été dans votre élément, mais vous vous êtes occupé de nous moralement et intellectuellement, selon votre bon cœur et votre sensibilité exquise. »
Alfred ne cessa jamais de redire des mots affectueux et de témoigner à Henri Mansuy de sa grande reconnaissance :
71.
Jules Boissière, en 1896, L’Indo-Chine avec les Français, Édition Louis Michaud, page 226 puis 230, cite la rue Laubarède : « Jeune lieutenant, peu connu, tombé dans une embuscade, au cours d’une de ces colonnes de 1886 à 1892, où périrent tant de vaillants dont l’histoire ne se souviendra pas, car ils sont morts quelques années trop tard pour leur gloire, car ils furent des héros après la « période héroïque » de la conquête. » Jules Boissière, né le 12 avril 1863 à Clermont-l’Hérault est décédé brutalement à Hanoï le 12 août 1897 à 34 ans. Marié avec Térése Boissière qui continuera à éditer ses ouvrages après sa mort. Journaliste, romancier et fonctionnaire. Ces ouvrages reflètent les expériences de son double séjour en Indochine, comme soldat et administrateur 1886-1891 et 1892-1897. Il devint même vice-résident de première classe. Il consommait de l’opium.
Chapitre I — Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy 81
— lettre du 22 juin 1931 : « vous êtes pour moi comme un Père ». — lettre du 24 novembre 1931 : « Je ne cesserai de regretter la distance qui nous sépare et qui m’empêche de vous voir, de vous entendre et de vous embrasser. Vos lettres éveillent toujours en moi l’attendrissant souvenir des bonnes années passées en votre paternelle compagnie. Le bonheur est rare et fugitif, il est doux parfois de vivre avec son passé, quand le présent est terne et l’avenir indécis. »
Dans la correspondance qu’ils entretinrent, Henri Mansuy continue de conseiller Alfred Lévy : « permettez-moi de vous remercier pour les bons conseils qu’en « Papa dévoué » vous me prodiguez. » (Lettre du 12 mars 1930). Pour Alfred ce « bon Papa » est trop loin et il se languit de ne pas le voir, il décide, en juin 1936, de prendre le bateau Jean Laborde72 le 6 septembre 1936, pour venir voir son cher ami :
72.
Lancé le 28 septembre 1929 à La Ciotat, identique au navire Le Maréchal Joffre et très proche du Le Président Doumer. Il fut affecté à la ligne de l’Océan Indien jusqu’en 1933, avec un premier départ de Marseille le 20 mars 1931. Ce bateau effectua ensuite en alternance des voyages vers l’Indochine. Le navire fut modifié en 1936 (avant incliné, allongement de 7 mètres, transformation des moteurs), puis reprit son service habituel. En janvier 1940, il est en Extrême-Orient, et rapatria 800 personnes de Tien-Tsin à Saïgon. Alors qu’il tentait de rallier l’Europe par Le Cap, il fut immobilisé par l’armistice à Pointe Noire le 25 juin 1940. Tandis que la colonie du Gabon se ralliait à la France Libre, le 1er septembre 1940, le Jean Laborde dont l’État-Major est resté fidèle à Vichy s’échappa à la faveur de la nuit. Il repartit vers Dakar où il fut le 7 septembre 1940 lors de l’attaque alliée, mais il ne subit pas de dommages. Arrivé à Marseille en octobre 1940, il fut désarmé et servit de navire-école. Il ne naviguera jamais plus et ne connaîtra pas la gloire de ses frères nautonaphtes Felix Roussel et Président Doumer, qui ont su garder haut le pavillon national. Envoyé dans l’étang de Berre en 1943, il est incendié au quai de Caronte par les allemands le 19 août 1944. Malgré une tentative de remorquage en 1946, il sera jugé irréparable et détruit pour la ferraille en 1948.
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« Un bon Papa comme vous sait bien se redresser quand il s’agit de serrer dans ses bras un fils tant attendu. Je vois d’ici votre fin et doux sourire illuminer votre cher visage ; c’est sur ce visage, dont l’image n’a jamais quitté mon cœur que je déposerai les baisers les plus fervents et les plus respectueux. Comme nous pourrons causer à cœur ouvert, nous dire toutes les choses spirituelles. »
Mais il n’est pas sûr qu’Alfred ait en fait réalisé ce voyage, compte tenu de l’état de santé de Henri Mansuy.
Le retour définitif de Henri Mansuy en France Alors que sa sœur s’était éteinte à son domicile de Valence73, le 2 janvier 1924, Henri Mansuy repartit pour Paris, depuis Hanoï, en 1926 après avoir légué ses collections préhistoriques et d’art indigène à l’École française d’Extrême-Orient et à d’autres prestigieux instituts. Parmi ces nombreux objets, certains74 revinrent au Muséum national d’histoire naturelle de Paris qui doit conserver ce legs comme un précieux trésor, d’autant plus que les guerres ont détruit beaucoup de ce qui était le patrimoine indochinois sur place, tant dans les sites préhistoriques que dans les musées. Ce trésor constitue un outil précieux pour ceux qui veulent étudier la géologie de l’Indochine et de la Chine méridionale, ainsi que leurs anciennes civilisations.
73. 74.
1, rue Denis. Dons au service géologique de son importante bibliothèque et d’autres pièces et dons à l’École française d’Extrême-Orient : en 1921, une collection de poteries anciennes indochinoises de qualité ; en 1908-1909, l’ensemble des objets (lithiques, bronzes et autres) trouvés dans les fouilles à Luang-Prabang, comme les collections d’objets du professeur Saramon ; d’autres collections d’objets de fouilles.
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Au moment de son départ de Hanoï, monsieur Louis Finot75 écrit à Henri Mansuy : « École française d’Extrême-Orient, Paris le 27 juillet 1926, 11, rue Poussin. Cher Monsieur Mansuy, M. Aurousseau76 me transmet les deux fascicules des Mémoires et le numéro de Bulletin du Service Géologique que vous avez la bonté de m’offrir. Je vous en remercie très vivement et j’ai trouvé un puissant intérêt à lire la description détaillée de vos belles découvertes et les conclusions importantes auxquelles ces recherches vous ont conduit. Les lointaines origines de l’Indochine en reçoivent une lumière toute nouvelle. Recevez mes cordiales et bien sincères félicitations pour ces splendides résultats. Puis-je vous demander de vouloir bien offrir mes remerciements à Melle. Colani pour l’aimable pensée qu’elle a eu de s’associer à ce présent d’une publication à laquelle elle a fourni de si importants éléments ? J’en ai été très touché. Veuillez croire, cher Monsieur Mansuy, à mes sentiments très cordialement dévoués. L. Finot »
75. Louis Finot, né à Bar-sur-Aube le 20 juillet 1864 et mort à Toulon le 16 mai 1935, était un archéologue et orientaliste français, spécialiste de la philologie et de l’épigraphie de l’Asie du Sud-Est. Il consacra la majeure partie de sa vie à l’Indochine et à la découverte des sites historiques tels Angkor. Il se joint à d’autres archéologues pour sillonner toute l’Indochine, afin de veiller à la sauvegarde des sites historiques tels que les sites Cham et Khmer. À la création de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) en 1898, il en devint un membre essentiel et en sera directeur à 4 reprises : de 1898 à 1904 et de 1920 à 1926, par intérim de 1914 à 1918 et de 1928 à 1930. En 1901 comme Henri Mansuy, il visita Angkor. 76. M. Léonard Aurousseau de l’EFEO.
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Après ce départ, le 20 novembre 1926, le lieutenant colonel Bonifacy77 dans les colonnes du journal, L’Avenir du Tonkin, retraça tout le parcours de Henri Mansuy. Il compara ses recherches à celles des Pères Lissant et Teilhard de Chardin qui fouillèrent en Chine (Chou-Kou-Tien). Bonifacy insista sur « les rares qualités (de Henri Mansuy), autodidacte au grand cœur et à la culture exceptionnelle », et voulut rendre hommage à « sa droiture, sa modestie, sa bonté, son honnêteté », « ce qui fut le sentiment de tous ceux qui l’ont connu » si bien que « ses collaboratreurs devenus ses successeurs sont animés par la passion de son exemple pour continuer à développer son œuvre. »
Le 30 août 1926, dès le retour de Henri Mansuy en France, M. Auguste Curvalier (sa signature n’est pas lisible, il y a peutêtre faute d’orthographe : il s’agit peut-être d’Auguste Chevalier 1873-1956) lui écrivit sur papier à entête, un étonnant courrier : « École pratique des hautes Études. Laboratoire d’Agronomie Coloniale. Muséum d’Histoire Naturelle 57, rue Cuvier (Cour de la Baleine) Cher Monsieur Mansuy, J’apprends par M. Laville78 votre retour en France et en même temps que vous venez de subir une petite opération. J’espère qu’il n’y a rien de grave et lorsque ce mot vous parviendra vous serez sans doute déjà remis. Je vais en même temps vous demander un service.
77. 78.
Membre de la Société d’anthropologie de Paris et de la Société d’ethnographie de France. Avec qui Henri Mansuy avait fait ses premières excursions, en bassin parisien, dans les carrières pour trouver des fossiles et des restes préhistoriques.
Chapitre I — Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy 85
Je viens d’accepter l’offre que m’a faite M. Maspero de collaborer à l’ouvrage qu’il prépare sur l’Indochine et auquel ainsi qu’il me l’a dit vous collaborez vous aussi. Le chapitre qui m’a été confié est celui de « L’exploration scientifique de l’Indochine. Études, flore, faune, géologie. » Pour les trois premiers paragraphes, je puis trouver des documents, mais pour le dernier Géologie, paléontologie, musée géologique d’Hanoï, vous seul pouvez me renseigner complètement. Je vous serais infiniment reconnaissant s’il vous était possible de me mettre sur le papier tous les renseignements que vous pouvez : explorateurs et voyageurs qui les premiers ont dévoilé la géologie de l’Indochine, enfin un court aperçu sur les travaux du service de géologie de l’Indochine depuis sa formation. Je sais que vous avez une grande place dans cette histoire de la géologie de l’Indochine et nul mieux que vous ne peut fournir d’utiles et précieuses indications. En vous remerciant à l’avance pour ces renseignements, je vous prie d’agréer, Cher Monsieur, l’expression de mes sentiments cordialement dévoués. Aug Curvalier (peut-être Chevalier ?) »
Effectivement Henri Mansuy a fourni un important chapitre sur la préhistoire et la protohistoire, avec une superbe planche de crânes et des outils préhistoriques, dans l’ouvrage de Georges Maspero79. Un extrait de l’ouvrage a été réalisé spécialement pour Henri Mansuy sous couverture rouge. L’original80 de ce texte ainsi que le document de base, tapé à la machine par Henri Mansuy surchargé de quelques corrections manuscrites, reflète sa minutie pour répondre aux demandes de l’éditeur. Mais rien
79. 80.
Georges Maspero, Un empire colonial français. L’Indochine, tome 1, Le pays et ses habitants. L’histoire. La vie sociale, Les Éditions G. van Oest, 1929, in-4° de 357 pages. Collection Privée D.M.
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ne dit qu’il ait répondu à la requête de M. Curvalier (ou Chevalier), d’ailleurs ce dernier ne figure pas dans la publication de Georges Maspero qui a sans doute préféré demander directement, au principal spécialiste, Henri Mansuy de faire l’article. Le caractère tout à fait agréable de Henri Mansuy, sa grande aménité comme le signalait le commandant Mondon, dans le rapport du 4 février 1903, comme le lieutenant colonel Bonifacy et bien d’autres scientifiques, son souci des autres, son intérêt pour les pauvres et les défavorisés sont des constantes dans sa vie : elles le caractérisent. De nombreux correspondants signalent ses beaux traits de caractère. Il essayait toujours d’aider les autres et plus particulièrement les plus faibles ou les maltraités. Sentiments sans doute inspirés de ses propres débuts difficiles et dont témoigne son soutien à la famille Lévy. Henri était très attentionné, enjoué, toujours prêt à donner de lui. Il ne parlait que peu de ses ennuis (notamment liés à J. Deprat). Il aida vraiment beaucoup de gens qui lui rendirent bien cet attachement, en l’aimant et le respectant profondément. Comme bien d’autres, Mme Durand, son mari et leurs enfants le recevaient souvent pour le plaisir de discuter avec lui et P. Durand écrivit d’ailleurs une lettre touchante, le 29 août 1926, depuis l’hôtel Fan-Si-Pan à Chapa81 (Sapa aujourd’hui) : « Mon cher Monsieur Mansuy, Comme vous le voyez, c’est de Chapa que je vous écris où je suis monté extrêmement fatigué82, l’exercice, le grand air et l’appétit aidant ont vite eu raison de mon état général qui
81. 82.
Hôtel Fan-Si-Pan. Propriété E. Morellon, hôtelier à Lao-Kay de 1920 (déjà) à 1937 (au moins). Il décédera peu de temps après, en 1929.
Chapitre I — Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy 87
était surtout une grande faiblesse due tant au surmenage qu’à la chaleur excessive que nous avons dû subir. Madame Durand est venue nous rejoindre pour 10 jours, seulement, hélas ! Pensez la joie des enfants de revoir la maman, jamais nous n’avions été séparés depuis notre séjour à la Colonie. Ils sont superbes nos gosses, plein de santé et marchent bien, de vrais montagnards. Mais assez parlé de nous. Que devenez-vous, mon cher Monsieur Mansuy ? Je veux espérer que votre retour s’est effectué sans incident et que vous n’avez pas eu trop souvent à sévir contre vos deux aides de Camp83. Un entrefilet d’un journal local nous a appris votre arrivée à Marseille le 14 courant84, on ne parlait pas de votre suite85 qui a dû arriver en même temps que vous. Je ne vous apprendrai pas grand-chose d’Hanoï, je lis sur les journaux que c’est une continuelle trombe d’eau qui s’abat sur la ville et ses environs, plusieurs quartiers sont inondés, le petit lac déborde, les dancings sont pleins, etc. J’allais oublier de vous transmettre un bonjour de la part de Monsieur Bourbon, géomètre des Mines ; il a eu l’occasion de vous piloter au cours de vos recherches et vous tient en grande estime86. Enfin plus que 7 jours et nous retournons dans cette maudite capitale. C’est si reposant ici. Monsieur Mansuy, le paysage me rappelle la France, comme climat et plus les Vosges comme configuration de terrain, loin du bruit des intrigues, des mauvaises langues, etc. aussi le contraste n’en est que plus frappant. Mais je m’aperçois que je bavarde comme un jeune collégien. Je vous quitte mon cher Monsieur Mansuy et souhaite bien sincèrement que le Muséum de Paris vous réserve bon
83. L’un des deux est absolument Adrien Lévy. L’autre est sans doute Alfred Lévy mais est-il venu ? 84. Henri Mansuy arrive donc le 14 août 1926 à Marseille, cf. l’article du journal. 85. Adrien est bien mentionné dans le journal, L’Avenir du Tonkin d’aout 1926, comme étudiant sur le navire. 86. Voilà encore un personnage qui estime beaucoup Henri Mansuy.
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accueil et que vous puissiez confondre les gens87 que vous connaissez, ce ne serait que mérite et justice. Je vous serre cordialement la main et vous souhaite à nouveau succès et bonne santé, bon souvenir de ma femme et caresses des enfants. P. Durand 31, boulevard Carreau »
Il fallait alors, avec la ligne de chemin de fer, Hanoï-Yuhnnan-Fou, qui avait pu être réalisé grâce aux travaux de Henri Mansuy et Honoré Lantenois, environ 15 heures pour arriver avec un train de nuit à Chapa.
Le Congrès de Hanoï 1932 Le 21 juillet 1932, un des fidèles amis de Henri Mansuy, Victor Goloubew88, lui adresse un compte rendu, pour lui tout spécialement, du « Premier congrès des Préhistoriens d’Extrême-Orient. Procès-verbal des séances et réunions ».
87. 88.
Il s’agit bien sûr de Jacques Deprat et de son livre, Les chiens aboient. Victor Goloubew, né à Saint-Pétersbourg (Russie), 1878, décédé à Hanoï, 1945, membre de l’EFEO 1920 à 1945. Issu d’une famille aristocratique russe, Victor Goloubew reçoit une solide formation classique. Ruiné par la révolution russe, il continue de fréquenter les milieux orientalistes. Il fait la connaissance de Louis Finot, qui soumet sa candidature à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il est nommé membre temporaire de l’EFEO en 1920. En 1931, il se rend en France, afin d’organiser l’installation des collections de l’EFEO à l’Exposition coloniale. Homme public, bénéficiant de ses nombreuses relations, il va devenir, selon une expression de George Coedès, « l’ambassadeur intellectuel de l’École », donnant de nombreuses conférences, tant en France qu’à l’étranger, dans des domaines variés touchant l’histoire de l’Inde et de l’Indochine. En 1941, il adhéra à la légion des combattants de Hanoï, créa un organe de propagande franco-japonais. Sa mort à Hanoï pendant l’occupation japonaise, en avril 1945, à la suite d’une maladie, passa presque inaperçue.
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À l’entête de l’École française d’Extrême-Orient, Gouvernement général de l’Indochine « Hanoï, le 21 juillet 1932 Cher Monsieur Mansuy, Voici le compte rendu complet89 de notre Congrès dont vous étiez par la pensée. Si je vous l’envoie si tard, c’est parce que je voulais qu’il soit absolument complet et revu, en outre, par tous les délégués. Vous verrez sans doute bientôt le docteur P. van Stein Callenfels90 qui viendra vous serrer91 la main et vous conter de vive voix nos travaux. J’espère que ces lignes vous trouveront en bonne santé et en bonne forme morale, tel que je vous ai connu en 1930-3192. Mademoiselle Colani qui est assise à côté de moi, en ce moment, avec un grand carton de cartes et de dessins, me charge pour vous de son très cordial souvenir, auquel s’ajoute le mien. Votre tout dévoué. Victor Goloubew »
Ce compte rendu complet et important figure, en annexe 4, de cet ouvrage, intégralement retranscrit. Le journal, L’Avenir du Tonkin, dans ses numéros des 26, 28 et 29 janvier 1932, puis du 1er février 1932, avec des articles écrits par Nguyen Tô corrobore l’importance de ce congrès international de préhistoriens.
89. 90. 91. 92.
Voir en fin d’ouvrage, annexe 4. Pieter Vincent van Stein Callenfels (né à Maastrich le 4 septembre 1883, décès à Colombo (Sri Lanka) le 26 avril 1938) était un archéologue et historien pour les Indes Néerlandaises. À Paris, bien sûr, où Henri Mansuy continue à voir et recevoir toute la société des savants, contrairement à ce qu’affirmera sans savoir M. Michel Durand-Delga. Lors de la préparation de l’Exposition coloniale à Paris.
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Pour la photo des participants au Congrès de Hanoï de janvier 1932 (dans le Cahier des illustrations), j’ai rassemblé les noms des participants, qui s’étaient perdus dans les mémoires. Ces noms sont : Premier rang, de gauche à droite : Luang Boribal Buribhand (conservateur du musée national de Bangkok — délégué du Siam), Son Altesse Sérénissime le Prince Rajadabhisek Sonakul (professeur à l’université de Bangkok — délégué du Siam), Richard Winstedt (conseiller général auprès du sultan de Johore — délégué de Malaisie), Pieter Vincent van Stein Callenfels (inspecteur des services archéologiques des Indes néerlandaises — délégué des Indes néerlandaises), George Coedès (vice-président du conseil de recherche, directeur du musée Louis Finot, organisateur du congrès), Amédée Thalamas (recteur de l’Académie, directeur de l’instruction publique en Indochine), Madeleine Colani (professeur — délégué de l’Indochine), Mme Winstedt, Joseph Lexden Shellshear (professeur à l’université de Bangkok — délégué de Hongkong), Paul Rivet (directeur du Museum d’histoire naturelle de Paris). Second rang (? = sans certitude) de gauche à droite : Victor Goloubew, Léon Pagès (?) (Secrétaire Général du gouvernement d’Indochine), André Louis Lochard (inspecteur général des mines et de l’industrie successeur de H. Lantenois), Charles Haguenauer (directeur de la maison franco-japonaise à Tokyo) (?), Jean Yves Clayes (?). Étaient présents aussi : Le Gouverneur des Colonies résident supérieur par interim au Tonkin, Jacques Fromaget, Etienne Patte, Albert-Edmond Pasquier résident supérieur en Indochine, Ivor Hugh Norman Evans directeur du musée d’ethnographie de Taiping, Henry Otley Beyer (Université de
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Manille — délégué des Philippines), l’inspecteur général des travaux et Mme Delamarre, le docteur Raymond directeur de la santé publique, l’administrateur en chef des Colonies Alberti, S.E. Hoang-Trong-Phu Tong-Doc de Hadong, le consul de Belgique et Mme Jaspar, l’administrateur résident et Mme Guillemain, M. Dumoutier, M. d’Argence, Paul Munier, le résident de Bac-Giang, le Tri-Chaû de Lang-Met, le médecin inspecteur Gaido, le général Bonnet brigade de Tong, M. Hilaire directeur de la compagnie du Yunnan, l’inspecteur général des forêts et de l’agriculture Mangin, le trésorier payeur général Géhin, l’inspecteur général directeur des P.T.T. et Mme Walter, M. Lafferanderie directeur local de l’enseignement du Tonkin, M. le résident supérieur Tissot, le président de la chambre de commerce Perroux, le chef de la sûreté Arnoux, M. et Mme Lesterlin, M. de Rozario de l’université, etc. Les articles dans les colonnes de L’Avenir du Tonkin rappelèrent le rôle primordial de Henri Mansuy, loué par tous les délégués. Le journal indiqua qu’à l’initiative notamment de M. André Lochard, le congrès « touché par la délicate pensée qu’a eue l’un de vous et que vous avez tous fait nôtre, avec tant de bonne grâce, d’envoyer un lointain salut à Mansuy, notre vieil ami qui en recevra une émotion profonde, mais très douce. »
Il y eut donc à l’initiative de M. Pieter van Stein Callenfels l’envoi du fameux télégramme de félicitation93. Le journaliste, M. Nguyen Tô, souligna les propos des congressistes : « Il revient (à Henri Mansuy) le grand honneur d’avoir entrepris les premières recherches scientifiques méthodiques, dont ce Congrès est le résultat et le couronne93.
Il en sera question plus loin.
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ment de son labeur », « Il (H. Mansuy) révolutionna la préhistoire indochinoise », « (H. Mansuy) était le plus sûr garant que rien ne serait négligé pour donner aux études préhistoriques (…) le plus bel essor », « C’est la gloire impérissable de monsieur Mansuy d’avoir inauguré les recherches méthodiques », « Henri Mansuy, c’est l’explorateur aussi savant qu’infatiguable, au grand cœur et à la culture exceptionnelle. »
L’officier de la légion d’Honneur Cette distinction est bien sûr hautement significative et d’une grande portée symbolique. Elle permet de récompenser toute une vie de travail et de découvertes. Le contenu du dossier est un bon moyen de rassembler tout pour présenter une synthèse du parcours de Henri Mansuy, c’est pourquoi elle est placée ici et non pas au chapitre rassemblant les honoraires et les prix. Dans une correspondance avec le secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, Alfred Lacroix, un ami, Henri Mansuy, le 19 février 1933, le remercie d’avoir eu la gentillesse de lui conseiller quelques médicaments, mais lui écrit aussi pour préparer son dossier d’officier de la Légion d’honneur. « Monsieur le Secrétaire perpétuel Conformément à votre désir, je vous donne les renseignements suivants concernant mon curriculum vitae. Né le 18 février 1857. — Employé de commerce, en France, jusqu’à l’âge de 43 ans, mais ayant consacré tout le temps disponible laissé par mon travail à l’étude des sciences naturelles, particulièrement la géologie, vers lesquelles mon attention était vivement attirée. J’ai été engagé, à cet âge, au Service géologique de l’Indochine grâce à la bienveillante intervention de M. le docteur Verneau, professeur d’anthropologie au Muséum. J’ai collaboré, dès
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mon arrivée dans la colonie, à l’établissement de la carte géologique, et en dernier lieu, jusqu’en 1926, à l’étude de la paléontologie et de la préhistoire. Spécialisé de plus en plus en paléontologie, j’ai décrit et figuré environ 1400 espèces de la série primaire et des termes les plus anciens de la série secondaire ; environ 1000 pages de texte et 121 planches des Mémoires du service, in-4° Jésus, plus 433 pages et 56 planches in-8° Jésus, des bulletins et divers ; puis quelques communications à l’Académie des Sciences. Ces travaux ont largement contribué, je l’ai dit déjà, à l’établissement de la carte géologique. Les déterminations des fossiles, commencées et poursuivies à Hanoï, ont été complétées à l’École supérieure de Mines, à Paris. Je dois à l’intérêt montré pour mes études par M. Douvillé, inspecteur général des Mines, Membre de l’Institut, le prix Tchihatchef, 18 juillet 1911, le prix Wilde, 23 juillet 1916, qui m’ont été décernés par l’Académie des Sciences. En 1914, j’ai obtenu le prix Ducros-Aubert de la Société de Géographie ; en 1917, le prix Fontannes de la Société géologique de France, dont j’ai été vice-président en 1920. Chevalier de la Légion d’honneur le 28 septembre 1920. Diplôme de Grand Prix à l’Exposition coloniale de 1931. J’ai exploré le Cambodge en 1902, le Nord du Tonkin 1905, 1906, le Laos 1908, 1909 et le Yunnan 1903, 1904 et 1909, 1910. Je n’ai jamais rien demandé, ni avancement, ni récompense. Aujourd’hui, âgé de 76 ans, fatigué, je n’aspire plus qu’à un repos, que je crois, bien gagné. Je n’ai aucune communication à faire actuellement à l’Académie des Sciences coloniales. Vifs remerciements, Monsieur le Secrétaire perpétuel, pour les renseignements que vous avez bien voulu me donner. Des médicaments que j’expérimenterai incessamment. Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs. H. Mansuy »
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Puis lors de la constitution du dossier d’officier de la Légion d’honneur, Honoré Lantenois traça, en 1935, cet éloge de Henri Mansuy adressé au grand chancelier : « J’ai l’honneur de vous remettre, une lettre de félicitation en date du 21 juin 1921 de M. LONG, Gouverneur général de l’Indochine, adressée à M. Mansuy au moment où il quittait l’Indochine d’une façon non définitive car il devait encore y revenir pour s’occuper de recherches préhistoriques ; une notice sur les titres et travaux scientifiques de M. Mansuy par MM. LACROIX, Professeur de minéralogie au Muséum national d’Histoire naturelle, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, DOUVILLE, Inspecteur Général des Mines, ancien Professeur de paléontologie à l’École des Mines de Paris, membre de l’Académie des Sciences, Docteur VERNEAU, professeur honoraire d’Anthropologie au Muséum national d’Histoire naturelle, et moi-même. Tous les signataires de cette Notice sont Commandeurs de la Légion d’honneur94. M. Mansuy a pris soin, dans la pétition qu’il vous a adressée, de préciser les titres scientifiques qui le désignent à votre bienveillance pour la haute distinction qu’il sollicite. Ces titres, véritablement exceptionnels, avaient été énumérés dans ma proposition, faite le 19 février 1919, à M. le Gouverneur Général de l’Indochine. J’appréciais les travaux de M. Mansuy, je puis dire en toute connaissance de cause, puisque j’ai été Ingénieur en Chef, Chef du Service des Mines et du Service Géologique de l’Indochine depuis l’année 1903 jusqu’à l’année 1914 et depuis 1917 jusqu’en 1919, c’est-à-dire pendant treize années, au cours desquelles j’ai suivi de très près les travaux géologiques et paléontologiques de M. Mansuy qui était mon subordonné. 94. Il serait utile aussi de rajouter, comme le fit le professeur Verneau, Emile Haug, professeur à la Sorbonne et membre de l’Institut, spécialiste en paléontologie.
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J’ai tenu d’ailleurs, dans la proposition susdite, à me référer à l’avis particulièrement autorisé sur les travaux de M. Mansuy que m’avait donné M. Jacob, alors Professeur de géologie à Toulouse, aujourd’hui Professeur de géologie à la Sorbonne et membre de l’Académie des Sciences. À l’époque dont je viens de parler, qui s’est écoulée de 1903 à 1919, le service géologique de l’Indochine était placé sous le haut patronage de Savants éminents, Membres de l’Académie des Sciences, MM. LACROIX, DOUVILLE et TERMIER ; ce dernier savant est aujourd’hui décédé, je n’ai donc pu lui demander de signer la Notice qui est jointe à la présente lettre et dont la rédaction est due à M. VERNEAU, Professeur d’Anthropologie au Muséum, mais je puis affirmer ici que M. TERMIER était un grand admirateur et de l’œuvre et de la personne de M. Mansuy. Notre avis, je veux dire celui de MM. LACROIX, DOUVILLE, VERNEAU et le mien, a, d’après ce que je viens de dire, le caractère d’un véritable témoignage donné par des personnes autorisées et qui ont suivi effectivement et constamment les travaux de M. Mansuy. La lettre de félicitations si élogieuse de M. le Gouverneur Général LONG, du 21 juin 1921, a également de son côté une très haute valeur. Enfin, les hautes récompenses que l’Académie des Sciences, la Société de Géographie et la Société Géologique de France ont, tour à tour, décernées à M. Mansuy sont aussi un témoignage de la très haute estime dans laquelle il est tenu dans le monde savant. Je pourrais, s’il en était besoin, ce que je ne crois pas, citer encore bien d’autres témoignages typiques démontrant combien l’œuvre de M. Mansuy est estimée par les savants étrangers. Ce sur quoi je tiendrais à insister c’est sur le caractère véritablement magnifique et tout exceptionnel de la carrière de M. Mansuy. Né en février 1857, il a donc aujourd’hui 77 ans accomplis. D’une origine extrêmement modeste, il n’a d’abord fait que des études primaires et a été mis dans l’obligation de commencer, dès l’âge de 13 ans, à gagner sa vie, par
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des métiers purement manuels. Après quoi, il est entré comme ouvrier manuel dans des ateliers de confection de drap, à Paris, et il y est resté, gagnant modestement et honorablement sa vie (car il était bon ouvrier), jusqu’à l’âge de 43 ans (je dis : quarante-trois ans). Mais pendant qu’il peinait ainsi à sa tâche journalière, il utilisait ses loisirs en lisant beaucoup, en parachevant son instruction générale, littéraire, scientifique, en suivant les cours publics du soir, en fréquentant les collections du Muséum et de l’École des Mines de Paris, à ramasser des fossiles qu’il étudiait lui-même ensuite. M. Mansuy était né, pour tout dire, « grand naturaliste » comme d’autres naissent « grands musiciens ». Je ne m’étendrai pas ici sur les tracas, les déceptions de toutes sortes graves et navrantes où sa passion de la science avait conduit M. Mansuy. Il a connu, je l’ai su par M. VERNEAU, des heures tragiques. Enfin il obtint, un jour, en 1901, grâce à l’appui de M. VERNEAU, d’être nommé aide préparateur de géologie au Service géologique de l’Indochine qui n’était encore qu’à l’état embryonnaire. On lui avait donné les appointements d’un gardien de phare, mais sans le loger. C’est en 1903 que j’ai connu M. Mansuy, à mon arrivée en Indochine. Je l’ai emmené avec moi dans ma mission géologique et minière, au Yunnan, qui a duré quatre mois et, dès ce moment, j’ai compris que j’avais en face de moi un homme supérieur et par l’intelligence et par le caractère. Je lui ai confié les travaux paléontologiques du Service Géologique de l’Indochine. Je l’ai vu travailler et produire. Je l’ai vu grandir. Il a publié, peu à peu, de très nombreux mémoires paléontologiques qui ont fait du Service Géologique de l’Indochine le digne émule du beau « Geological Survey of India ». Il est entré en relation avec les savants du monde entier, notamment avec le grand géologue américain WALCOTT95, Chef du Service Géologique des ÉtatsUnis, qui écrivait toujours à M. Mansuy en commençant ses 95. Charles Doolittle Walcott (31 mars 1850 — 9 février 1927) était un paléontologue américain spécialiste des invertébrés. Il devint célèbre pour sa dé-
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lettres par ces mots « My dear Doctor ». M. Mansuy a créé les collections paléontologiques du Service Géologique de l’Indochine qui sont parmi les plus belles du monde. Lorsque je quittai définitivement, en 1919, mes fonctions d’Ingénieur en Chef des Mines en Indochine, pour être nommé Inspecteur Général des Mines à Paris, M. Mansuy resta en Indochine. Il ne tarda pas à prendre sa retraite, en 1921, à 20 ans de service et 64 d’âge. Il revint donc en France, mais à ce moment, il fut piqué du désir de retourner en Indochine, pour s’y livrer à des études anthropologiques spéciales qui avaient été la passion de son jeune temps, lorsque, tout en faisant son métier d’ouvrier, il suivait autant qu’il le pouvait, les leçons d’Anthropologie de M. VERNEAU, et collaborait, étant ouvrier, à la Revue d’Anthropologie du Muséum. Une mission fut accordée, sur sa demande, à M. Mansuy qui fit un nouveau séjour en Indochine de trois ans, de l’âge de 66 ans à l’âge de 69 ans, et y fouilla les cavernes, où il fit des découvertes tout à fait sensationnelles qui ont attiré sur lui non seulement l’attention mais l’admiration du Monde Savant, ainsi qu’en a témoigné le câblogramme qui lui a été envoyé à Paris par le Congrès des Préhistoriens de l’Extrême-Orient qui s’est tenu à Hanoï en 1932, et dont je cite ici le texte : « Délégués Congrès Préhistorique s’unissent pour envoyer cordial hommage reconnaissance et admiration au fondateur de la Préhistoire indochinoise. » Je me résume. Je ne connais pas d’existence plus belle, par sa simplicité, son énergie et son intelligent dévouement à la science que celle de mon ancien collaborateur M. Mansuy. Il a rendu des services inestimables à l’Indochine française et à la Science française. Je suis certain que tous les savants français applaudiront à son élévation au grade d’Officier de la Légion d’honneur, si ce grade lui est attribué. couverte en 1909 de fossiles bien préservés dans les schistes de Burgess en Colombie-Britannique, au Canada.
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Veuillez agréer, Monsieur le Grand Chancelier de la Légion d’honneur, l’expression de mes sentiments les plus respectueux. Lantenois »
Henri Mansuy compléta son dossier par un petit rapport décrivant ce qu’il avait fait. C’est un résumé de son œuvre et de sa vie : « Durant mon séjour en Indochine de 1901 à 1926, j’ai étudié la Paléontologie et la Préhistoire de cette Colonie. En Paléontologie, j’ai décrit 1090 espèces, dont environ 1/3 nouvelles, la plupart dans des mémoires du Service — grand in-4° —, quelques-unes dans les Bulletins. Ces 1090 espèces, recueillies du Cambrien au Trias, sont représentées sur 121 planches en phototype comprenant 3936 figures. Le texte est de 1091 pages. Ces études paléontologiques ont permis d’établir une première carte géologique au 1/500 00096. L’examen approfondi de ces faunes, leur parenté étroite avec les faunes synchroniques de l’Inde d’une part, d’autre part avec les faunes synchroniques de l’Europe occidentale, vient confirmer l’existence, à ces époques, d’une Mésogée ou mer intérieure, divisant l’Eurasie, de l’Est à l’Ouest, en deux parties presque égales. Mes productions égalent au moins les travaux sur les mêmes terrains, œuvres des paléontologistes de l’Inde : Waagen97, Bittner98, Diener99, etc., insérées dans le Paléontologia indica et ne sont comparables, par leur
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Rappelons, c’est important, que, dès 1908, cette carte était sortie, sans intervention de J. Deprat puisqu’il n’était pas encore arrivé dans le territoire. 97. Wilhelm Heinrich Waagen (23 juin 1841 — 24 mars 1900) était géologue et paléontologue. Il est né à Munich et décédé à Vienne. 98. Alexander Bittner (16 mars 1850, Friedland — 31 mars 1902, Vienne) était un paléontologue et géologue autrichien. 99. Karl Diener (11 décembre 1862 à Vienne ; 6 janvier 1928 Ebenda) était un géologue et paléontologue autrichien.
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importance et leur exactitude, qu’aux descriptions sur la Paléontologie européenne, données par les grands précurseurs : Linné100, Lamarck101, Deshayes102 (ci-joint la liste de mes mémoires103). Successivement, j’ai exploré le Cambodge en 1902, le Nord du Tonkin en 1905, 1906, le Laos en 1908, 1909, le Yunnan en 1903-1904, et 1909-1910, puis quand les documents paléontologiques ont afflué, je me suis spécialisé dans leur étude et j’ai classé la collection d’Hanoï dans un vaste local approprié. En Préhistoire, j’ai décrit 16 crânes exhumés des dépôts de cavernes, ces crânes nous apprennent, et cela est de la plus grande importance, que des Mongoliques ont été précédés, au moins en Extrême-Orient continental méridional, par des Noirs océaniens : Néo-Guinéens, Australiens. Les déterminations que j’ai faites au service, à l’aide d’une bibliographie insuffisante, ont été confirmées au Muséum à une exception près. Des instruments en pierre, taillés : pointes, grattoirs, de style pléistocène, étaient mélangés à d’autres instruments polis à une extrémité seulement ; ce mélange constaté en des couches horizontales non remaniées. Ces faits démontrent que l’industrie lithique, en Extrême-Orient, n’a pas évolué de même que dans d’autres régions d’Eurasie. Ce sont les découvertes préhistoriques que j’ai faites, seul tout d’abord, puis en collaboration avec Melle. Colani, qui ont incité les savants internationaux qui ont pris part au premier Congrès des Préhistoriens d’Extrême-Orient, tenu à
100. Carl Linnæus, puis Carl von Linné après son anoblissement, né le 23 mai 1707 à Råshult et mort le 10 janvier 1778 à Uppsala, était un naturaliste suédois qui a fondé les bases du système moderne de la nomenclature binominale. 101. Jean-Baptiste de Lamarck (1er août 1744, Bazentin, Somme — 18 décembre 1829, Paris) était un naturaliste français. Au début du XIXe siècle, il a réalisé la classification des invertébrés. Il est un de ceux qui ont pour la première fois utilisé le terme de biologie pour désigner la science qui étudie les êtres vivants. 102. Gérard Paul Deshayes (13 mai 1795 — 9 juin 1875), était un géologue et conchyliologue français. 103. Elle est plus complète en annexe 1 de cet ouvrage.
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Hanoï en 1932, à fixer leur choix sur l’Indochine française. Voir Prehistorica Asias orientalis104, ouvrage dans lequel je suis abondamment cité. Pendant une partie du temps de mon séjour en Indochine, j’ai eu pour chef de service M. Lantenois, qui non seulement a facilité mon travail, mais m’a puissamment aidé en des circonstances difficiles, à tel point qu’elles compromettaient l’avenir du service et au sujet desquelles je n’insiste pas105. »
Madeleine Colani tint toujours à maintenir haut le nom de Henri Mansuy dans la liste des acteurs de la préhistoire. Elle publia notamment un article paru dans le journal de L’Indochine, le 6 janvier 1937, qui est reproduit dans le Cahier des illustrations.
L’intérieur de son appartement La description, à son décès, de l’intérieur de l’appartement de Henri Mansuy, rue Campagne Première, Paris, est à plus d’un titre remarquable. Elle montre sa modestie et son souci du travail scientifique. Il était situé au 3e étage et traversant, composé de 3 pièces : un bureau, une chambre, une salle à manger, une cuisine, un débarras et un tub pour se laver. Une grande table en chêne siégeait dans le bureau, avec à côté une bibliothèque. La pièce bureau était située côté rue et le grand bureau était face à la fenêtre avec une lampe posée dessus. Le siège de travail avait un dossier arrondi afin d’être plus confortable et, à droite, se trouvait la bibliothèque en chêne type Chine à deux portes vitrées facilement accessible et à portée de mains, remplie de livres, à gauche un poêle Godin avec seau et pelle
104. Revue éditée depuis Hanoï, après le congrès de 1932. 105. Il s’agit de l’affaire J. Deprat bien sûr !
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à charbon pour l’hiver. Trois chaises permettaient d’accueillir les visiteurs. Une photographie encadrée des Eyzies était accrochée au mur, site de préhistoire hautement symbolique. Il y avait aussi dans cette pièce pour les livres et dossiers : un meuble classeur à 16 tiroirs en pitchpin et une vitrine murale à étagères vitrée. Le tout était agrémenté d’une décoration sobre mais chaude avec deux rideaux aux fenêtres et une portière en tissu pour atténuer les bruits et sans doute calfeutrer des courants d’air en hiver. Une canne et un parapluie était à portée de main. Dans sa chambre, son lit était en fer et cuivre, avec sommier et matelas, oreillers, couvertures, une table de nuit type Chine, une petite armoire type Chine de rangement à portes pleines, avec une malle et des vêtements, notamment avec des faux cols, des cravates, des chapeaux car il veillait sur sa tenue et sa présentation. Le coffre à charbon se trouvait dans la cuisine avec une tête de loup pour nettoyer les conduis de fumée et un escabeau. Cet équipement simple tranchait avec l’abondance des livres qui constituaient son vrai monde, sa vraie vie, son trésor, son jardin intérieur.
Faire face jusqu’au bout Henri Mansuy, malade, quitta son logement du 13 bis, rue Campagne Première à Paris, le 20 septembre 1937 pour la maison de santé Lyautey106. C’était sa seconde séquence d’hospitalisation. Il y entra à 15h30, dans la chambre numéro 43, à droite au 4e étage. Son médecin fut le docteur Blamoutier et le chirurgien, M. Soupot.
106. Maison de santé Lyautey,10, rue Lyautey à Passy Paris 16.
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M. Lantenois alors souffrant lui écrivit un mot, le 22 septembre 1937 : « Mon cher ami, Je forme mes vœux les plus ardents — pour le rétablissement de votre santé. Dès que la bronchite légère que j’ai me permettra de sortir j’irais vous voir. Par prudence extrême Je me permets de vous faire remettre ci-joint un projet de testament à écrire entièrement de votre main et à signer et dater. Votre ami H. Lantenois Vous devriez à mon avis remettre votre argent que vous avez à la clinique en dépôt provisoire à l’établissement de la clinique contre reçu qui vous serait remis et en même temps un duplicata de ce reçu pourrait être remis à votre neveu et à moi-même. »
Effectivement, c’est ce qui a été décidé par Henri Mansuy, à 15 heures, et la clinique Lyautey remit un original du dépôt de 52 550 francs à Henri Mansuy et deux duplicatas, l’un à Honoré Lantenois, l’autre à Lucien Coupier, neveu de Henri107, le père d’Irène Coupier. Henri Mansuy garda avec lui sa montre en or avec ses initiales gravées, à laquelle il tenait tant108 et dont la photo est reproduite dans le Cahier des illustrations. La concierge 107. Lucien Coupier était descendu à l’hôtel Maison F. Ayrald au 155, boulevard Montparnasse 75006 (aujourd’hui Hôtel Novanox), juste en face l’appartement de M. Lantenois. 108. Cette montre en or est caractérisée par les références suivantes : 18R0.750, Zénith no 136130, grand prix 1900, médaille d’or Genève 1895, Ancre, 16 rubis, Balancier compensé, spiral Brèguet, Châtons.
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de l’immeuble, où habitait Henri Mansuy, Mme Cochet, avertit Adrien Lévy. Elle prévint aussi immédiatement le docteur René Verneau109. La proximité des adresses d’habitation de ces trois amis Lantenois, Verneau, Mansuy, facilitait leur travail en commun et leur permettait des rencontres fréquentes en raison de leur grande amitié depuis des dizaines d’années. Henri Mansuy laissa ses deux neveux pour héritiers110, sans avoir fait peut-être assez tôt le bon document pour laisser seul héritier un seul des neveux. Henri Mansuy avait souffert au Vietnam de fatigues dues aux fièvres paludéennes, au surmenage et à l’épuisement par le travail, dans une forte chaleur, notamment lors de ses campagnes de recherches sur sites, dès ses excursions de 1901 et 1902, puis 1903. Ensuite il voyagea encore tombant malade à d’autres occasions sous l’effet de fièvres paludéennes (la deuxième fois il arrêta un long moment toute excursion)111. Il eut alors une véritable phobie de la maladie et peur de devenir hémiplégique. Des restes de ces fièvres influencèrent peut-être sa santé durant la fin de sa vie. 109. Le professeur Verneau habitait au 72, avenue d’Orléans 75014, il décéda 3 mois après H. Mansuy, le 7 janvier 1938. 110. L’étude de notaire Danthony au Teil (07) a établi un acte de notoriété en faveur des neveux, le 31 janvier 1938, et l’étude Amy à Paris au 105, rue de la Pompe Paris 16 (téléphone : passy 99.06) organisa tout y compris la prise et vente du mobilier par l’huissier M. Panty. Ce dernier assura la vente par le Commissaire-Priseur Georges Guidou, le 28 mars 1938 à 14 heures, à Drouot. La vente rapporta 1864 francs, moins les frais il resta 1067,20 francs. L’ensemble de la succession fut réalisé en trois étapes : le 16 avril 1938, le 10 mars 1939 et 6 août 1940. Sur un actif de 170 071,91 francs un prélèvement de 50% fut réalisé pour l’État, ensuite le notaire, l’huissier et les services se rémunèrent et il ne resta que 53228francs pour les deux neveux, à part égale. Il n’y eut pas de testament reconnu. 111. Ce fut notamment chez le garde principal du poste de Pho-Binh-Gia qui lui avait préparé un repas délicat. La deuxième fois dans la concession de son ami M. Emile Leconte.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Lorsqu’il revint en 1926 en France, immédiatement après, il subit une petite intervention. La fatigue le tint désormais souvent, il vieillissait et s’en ressentait, jusqu’aux deux opérations lourdes et douloureuses qu’il aurait dû subir pour son affection de la prostate : la seconde, il n’eut pas le temps de la subir. Henri décéda le 21 octobre 1937, à l’hôpital (Foch) à Suresnes. Henri Mansuy travailla beaucoup jusqu’au bout, comme en témoigne la conférence de Paul Munier relatée dans L’Avenir du Tonkin, du 13 avril 1934 : « Monsieur Mansuy après 30 ans de bon service, aurait le droit de poser enfin sa plume : il n’en continue pas moins à travailler comme par le passé, et, non content de nous donner cette preuve d’esprit qui consiste à vivre longtemps, il y joint l’exemple d’une activité que d’autres, plus jeunes que lui de beaucoup, n’ont certes pas. ».
Henri Mansuy, géologue principal de l’Indochine en retraite, continua ses travaux et publia plusieurs ouvrages et articles (1928, 1929, 1931). Il travailla avec Honoré Lantenois et le docteur René Verneau, tous les trois n’habitaient avantageusement pas très loin l’un de l’autre112. Il œuvrait aussi à distance avec Madeleine Colani. Henri Mansuy travailla beaucoup avec le Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Il eut des travaux et correspondances régulières avec les hommes de sciences et les sociétés savantes, ce qui lui prenait beaucoup de temps : Georges Maspero, Pieter van Stein Callenfels, Victor Goloubew, l’Académie des sciences coloniales, la Société géologique dont il avait été vice-président en 1920, la Sociéte
112. H. Mansuy au 13 bis, rue Campagne Première. H. Lantenois au 160, boulevard Montparnasse. R. Verneau au 72, avenue d’Orléans 75014.
Chapitre I — Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy 105
de géographie, l’Académie des sciences coloniales, des savants, et d’autres encore. De ce point de vue, il est significatif que le secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales, Paul Bourdarie113, lui adresse le 26 février 1926, la lettre qui suit : « Monsieur et honoré Confrère, J’ai l’honneur et le très grand plaisir, au nom du Bureau, de vous faire connaître qu’un décret de M. le Président de la République, en date du 26 janvier et publié au journal Officiel du 30 janvier, confère à l’Académie des Sciences Coloniales le caractère d’Institution d’État. Ce décret est contresigné par M.M. les Ministres des Colonies, des Affaires Etrangères, de l’Intérieur et de l’Instruction Publique. Il faut voir dans cette haute décision gouvernementale la consécration des travaux ou initiatives de l’Académie et de l’esprit colonial qui anime tous ses membres. Le Bureau espère que vous voudrez bien vous-même y trouver une raison nouvelle de resserrer davantage vos relations personnelles avec la compagnie soit par l’envoi de vos ouvrages, soit par des notes et correspondances portant sur des questions de votre choix et dont il pourrait être donné lecture en séance. Dans cet espoir je vous prie d’agréer l’assurance de mes sentiments les plus distingués et dévoués. Le Secrétaire Perpétuel P. Bourdarie »
Cette lettre reflète tout l’intérêt des sociétés savantes et des savants à correspondre et travailler avec Henri Mansuy 113. Paul Bourdarie (né à Montfaucon le 19 juillet février 1950) était un explorateur français.
1864
et mort à Veyrac le
21
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
en raison de son honnêteté et de ses qualités. Henri Mansuy eut une retraite parisienne studieuse, remplie d’échanges et de relations scientifiques. Tous les témoignages concordent et le disent, toute sa vie, Henri Mansuy fut considéré comme un honnête homme, aimable, soucieux de son prochain, ne supportant pas le manque de respect envers autrui. Sympathique, avenant, mesuré et calme, son bon caractère a été décrit autant par Alfred Lacroix, René Verneau, P. Durand et bien d’autres : « autodidacte dont la remarquable énergie attirait la sympathie »114, « pour moi qui le connais bien, depuis des années et qui l’ai suivi dans toute sa carrière, je puis me porter garant de la droiture de son caractère et du sentiment du devoir qui a dicté sa conduite »115.
Jean Darbois dans les colonnes de L’Avenir du Tonkin, le 30 juillet 1931, déclara : « Notre grand anthropologue Henri Mansuy, savant aussi modeste qu’admirable » et « que nous avons bien connu ».
Et c’est encore dans les colonnes de L’Avenir du Tonkin, le 4 décembre 1937, signé A.T.116 qu’est annoncé le décès de Henri Mansuy : « Le grand géologue Henri Mansuy, est décédé le 21 octobre 1937, (…) un des Maîtres des études géologiques indochinoises » dont « le fourmillement des notes » se trouve notamment « dans la revue d’Anthropologie ». « Notre admiration et notre reconnaissance, (…) d’avoir 114. Alfred Lacroix, séance de l’Académie des sciences le 18 décembre 1916. 115. Lettre du docteur René Verneau du 30 mars 1935. 116. A.T. est la signature globale pour L’Avenir du Tonkin. Elle engage toute la rédaction du journal qui de cette façon insiste sur la collégialité et l’unanimité.
Chapitre I — Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy 107
révélé une époque ignorée de la préhistoire, (…) « animé de cette naturelle bienveillance qui vient du cœur et qui répand autour d’elle comme un rayonnement, (…) redoublant de zèle pour s’élever en quelques sortes, (…) qualité morale, (…) supériorité intellectuelle et générosité qui attire et subjugue. »
Chapitre II Les prix et les récompenses
D
epuis son arrivée en Indochine, le 9 février 1901 et sa prise de fonction effective le 10 juillet 1901, Henri Mansuy s’illustra comme en attestent ses publications et les articles réalisés sur lui, en matière de géologie, de paléontologie et de préhistoire. Sur les bords du Tonlé-Sap (au Cambodge), il visita et étudia le site préhistorique de Somrong-Sen, qui avait été découverte en 1875 par un des frères Roque1. Il pros1.
Les messageries fluviales de Cochinchine ont été créées qu’en 1881 par les frères Roque. Xavier Roque est, le découvreur de Somrong-Sen, fondateur avec ses deux frères Victor et Henry des Messageries à vapeur de Cochinchine. Les Roque (Victor Jean Charles, Xavier et Henry Fulcrand) sont nés dans le département de l’Aveyron, morts en leur château de Montifray (sauf Henry en Indochine en 1911), commune de Beaumont-la-Ronce (Indre-et-Loire). Armateurs et négociants, en Cochinchine, puis à Haïphong. Ils étaient à Saïgon vers 1872, directeurs des Messageries fluviales, associés à Larrieu-Manon, un ancien greffier. Ils avaient passé un contrat avec l’administration de la Cochinchine pour le transport par bateau des marchandises et des passagers européens et asiatiques dans les différents postes de la colonie. Ce contrat ne leur ayant point été renouvelé par le Gouverneur Le Myre de Vilers, ils liquidèrent leurs navires connus sous le nom de « Les Roques », et ils allèrent se fixer à Haïphong, en qualité de commerçants.
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pecta au Cambodge, au Laos, en Annam et au Tonkin. Le 15 décembre 1906, il découvrit à proximité du village de PhoBinh-Gia (Tonkin), à 75 kilomètres nord-ouest de Lang-Son, une grotte contenant des haches, des polissoirs, des tessons de poteries et cinq squelettes humains néolithiques. Cela lui permettra de caractériser le Bacsonien. De la naquirent les premiers supports de publications qui allaient le rendre célèbre. Humaniste, très dévoué et d’un grand respect pour autrui, Henri Mansuy laisse une œuvre complète. Dans les Bulletins et surtout dans les Mémoires du service géologique de l’Indochine, il décrivit près de 1400 espèces de fossiles dont un tiers d’inédites pour l’ère primaire et l’ère secondaire. Il réalisa une cartographie complète de la géologie de l’Indochine au 1/500 000. Henri Mansuy décrivit avec méthode et une infinie subtilité les seize crânes humains qu’il découvrit. Son énorme travail, ses ouvrages riches et considérablement documentés l’ont fait reconnaître
En 1890, le 8 janvier à 11 heures du soir, les deux frères se trouvant dans leur plantation avec trois de leurs employés, furent attaqués par une partie de la bande de Luu-Ky auquel les avait vendus leur compradore chinois (homme de confiance !), Wing-Fat-Cheou. Leur capitaine d’armement Roze fut tué, et les deux frères et leur employé Costa furent enlevés deux mois. Arrêté, le compradore convaincu de sa participation avec les pirates fut exécuté. Luu-Ky qui réclamait 400.000 francs pour la rançon de ses prisonniers, après de longues tractations, se contenta d’une somme de 50.000 piastres avec cent pièces de soie et douze montres en or. La rançon fut remise contre les prisonniers le 8 mars à M. Briffaud, agent de la Maison Roque, à Haïphong, escorté par la compagnie européenne du capitaine Baudot, de l’infanterie de marine. Henry Roque fut membre du Conseil colonial de la Cochinchine. Il siégeait à cette assemblée en 1882. Son troisième frère, Xavier découvrit la station préhistorique de Somrong-Sen (Cambodge) en 1875. Victor Roque à la suite de son enlèvement par les Luu-Ky, s’était retiré en Touraine en 1890 et mourut dans son château de Montifray, le 19 août 1896, dans sa soixante-septième année. (Moniteur des Colonies du 28 avril 1890, Lettre du Tonkin, Le Courrier d’Haïphong, janvier 1890.)
Chapitre II — Les prix et les récompenses 111
dans le monde savant et il fut admiré comme un très grand géologue, paléontologue et préhistorien. Sa vie de labeur a été toute dévouée à la Science. Son courage et sa droiture lui attirèrent la sympathie des plus grands savants qui lui demandaient son avis autorisé, tel l’américain Charles Doolittle Walcott, chef du service géologique des États-Unis qui écrivait toujours à Henri Mansuy en commençant ses lettres par « My dear Doctor ». L’élite du monde savant français faisait partie de ses amis et lui vouait une très grande estime, comme les professeurs Honoré Lantenois et René Verneau mais également l’académicien Alfred Lacroix (professeur de minéralogie, célèbre paléontologiste et secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences), Henri Douvillé (inspecteur général des mines, ancien professeur de paléontologie à l’école des mines de Paris), Charles Jacob (professeur de géologie à Toulouse puis à La Sorbonne et membre de l’Académie française), Pierre Termier (grand admirateur de l’œuvre de Mansuy), Exupère-Joseph Bertin de l’Académie des sciences, Emile Haug professeur à la Sorbonne et d’autres membres de l’Académie des sciences, ou particulièrement le Gouverneur général d’Indochine Maurice Long2 et aussi ses successeurs les Gouverneurs Antony Klobukowski3 et Pierre Pasquier, le président Louis Alfred Habert (conseiller à la cour d’appel de Hanoï), le ministre des Colonies Henry Simon, les autorités du Palais au Cambodge et particulièrement le Roi et le Prince
2.
3.
Le Gouverneur Maurice Long écrivit, le 21 juin 1921, une longue lettre dans laquelle il dit : « Par son seul effort, s’est élevé jusqu’à la place éminente qu’il a conquise parmi l’élite du monde savant, offrant ainsi un rare et magnifique exemple de ce que peuvent la volonté et le travail mis en œuvre au service d’une vraie vocation. » M. Long décède en 1923. Gendre de Paul Bert.
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héritier qui suivaient de très près ces questions de préhistoire et de paléontologie, ainsi que le prince Damrong de Thaïlande. Lors du fameux congrès de Préhistoire qui réunit tout le monde savant de la préhistoire à Hanoï, en 1932, ses pairs s’assemblèrent pour lui envoyer le câble élogieux de reconnaissance mais aussi de consécration dont il a déjà été fait état. Après ce Congrès, Alfred Lévy lui écrivit de Hanoï, le 17 février 1932, afin de lui envoyer les journaux locaux qui parlaient de lui : « Vous recevrez, par ce même courrier, un paquet d’imprimés contenant 4 journaux (en date du 26, 27, 28 et 29)4 relatant les discours et travaux du Congrès de la Préhistoire, qui a siégé à cette époque à Hanoï. Ce fut avec une émotion profonde que j’ai parcouru ces lignes où, en termes des plus élogieux, une grande place vous a été réservée. Il ne doit pas exister une récompense plus légitime, et dont un homme, au sens élevé du mot, puisse être plus fier que de cette marque d’admiration de la part de ses successeurs. Vous auriez peut-être pu venir ici, si vous l’aviez voulu ? Je regrette sincèrement que vous n’ayez pas profité de cette aubaine : nous nous serions revus. »
Mais Henri était sans doute trop fatigué pour faire un si long voyage. Les termes d’admiration notés par le jeune Alfred Lévy sont significatifs et importants pour rappeler encore une fois combien Henri Mansuy était reconnu par ses pairs et combien il était aimé par ceux qui l’avaient côtoyé ou qu’il avait élevés. Ces propos correspondent bien à ceux contenus dans les journaux relatant le Congrès comme aux écrits de tous les correspondants et savants.
4.
Il s’agit très probablement de L’Avenir du Tonkin, dont des extraits ont déjà été cités.
Chapitre II — Les prix et les récompenses 113
Sa carrière lui permit d’obtenir de nombreux prix prestigieux : — présentation personnelle, et donc exceptionnelle à la demande expresse de Henri Douvillé, le 6 mars 1905 à l’Académie des sciences, de ses travaux sur les fossiles du Yunnan ; — prix Tchihatchef en 1911 (séance du 18 décembre 1911) par l’Académie des sciences ; — prix Ducros-Aubert5 de la Société de géographie 1914 (médaille d’or) ; — prix Wilde en 1916 (séance du 18 décembre 1916) par l’Académie des sciences ; — prix Fontannes de la Société géologique de France 1917 ; — à l’Exposition coloniale internationale de Paris en 1931 : grand prix de la section scientifique (groupe II, classe 3).
Prix Tchihatchef par l’Institut de France, Académie des sciences, 1911 Le 18 juillet 1911, les secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences écrivent à Henri Mansuy, attaché au service de géologie de l’Indo-Chine : « Monsieur, Nous avons l’honneur de vous informer que l’Académie des Sciences vous a décerné la moitié6 du prix Tchihatchef. Nous saisissons cette occasion de vous offrir nos félicitations personnelles et de vous témoigner l’intérêt que l’Académie prend à vos travaux et à vos succès.
5. 6.
Notons que Madeleine Colani obtiendra ce prix en 1938 pour Études archéologiques en Indochine. Conjointement avec M. J. Deprat.
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Des billets pour assister à la séance publique de l’Académie, dans laquelle sera proclamé le résultat des concours, vous seront délivrés en temps utile, si vous voulez bien faire la demande à Monsieur le Chef du Secrétariat. Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de notre considération la plus distinguée. Darboux, Van Tieghem »
En effet sur proposition de M Douvillé et H. Lantenois, dans sa séance du 18 décembre 1911, le prix est attribué conjointement à MM. Deprat et Mansuy. « (Commissaires : MM. Grandidier, Bassot, Guyou, Hatt, Ph. Van Tieghem, Perier, le prince Roland Bonaparte ; Ch. Lallemand et Bertin, rapporteurs) Rapport sur les travaux de MM. Deprat et Mansuy, par M. Bertin. MM.
Deprat et Mansuy, chargés par le Gouverneur général de l’Indo-Chine d’une mission de reconnaissance géologique dans le Yunnan oriental avec l’agrément du gouvernement chinois, ont employé une année à étudier le pays (fin 1909 à fin 1910) ; un topographe était joint à la mission. Le résultat des travaux, publié par le Service des Mines de l’Indo-Chine, comprend : 1° Une carte géologique à l’échelle de 1/ 200 000 (géologique et géographique) ; Cette carte comprend six feuilles (format 55cm sur 74cm) en couleur, intitulé Carte Géologique du Yunnan Oriental Feuilles de Tong-Tchouan (2), Feuilles de Yunnan-Fou (2), Feuilles de Mong-Tseu (2) avec le commentaire suivant figurant dessus : « Les explorations et les tracés géologiques ont été faits de novembre 1909 à novembre 1910 par J. Deprat, Docteur ès-sciences, Géologue du Service Géologique de l’Indochine. Les déterminations paléontologiques ont été faites par M. H. Mansuy, Géologue du
Chapitre II — Les prix et les récompenses 115
Service Géologique de l’Indochine sous la direction de M. H. Douvillé, Membre de l’Institut. La coordination topographique a été faite par M. U. Margheriti, Agent du Service Géologique d’après les itinéraires de M. M. Saramon, topographe de la Mission, Duclos, Lieutenant Grillières, Capitaine de Vaulserre, Capitaine de Batz, Pierlot, Schreder. Le travail graphique a été exécuté sous la Direction de M. U. Margheriti. L’héliogravure a été exécutée par le Service Géologique de l’Indochine. Documents cartographiques consultés : travaux de M. M. Leclère, Lantenois. La présente publication a été faite par : M. H. Lantenois Ingénieur en Chef des Mines étant chef du Service des Mines et du Service Géologique ; M.M. Le Lieutenant-Colonel Aubé et le Commandant Scherdlin étant Chefs du service Géographique.7 » 2° Un mémoire géologique, auquel seront annexés : une carte hypsométrique à petite échelle ; 3 planches de coupes géologiques ; 18 planches de vues géologiques et 1 planche de pétrographie ; 3° Un mémoire paléontologique, avec un atlas de 34 planches in-4° représentant les fossiles recueillis. Le territoire reconnu s’étend sur une largeur de 100 km Est-Ouest et sur une longueur Nord-Sud de 400 km, de la bouche du haut Fleuve-Bleu au Nord, à la ville de MongTsé au Sud. Grâce à l’abondance des matériaux recueillis, le travail constitue dans une certaine mesure une liaison entre ceux antérieurement exécutés par Richtofen, par Loczy et les géologues américains en Chine, par le Service géologique anglais dans les Indes anglaises, par Verbeck
7.
Cette œuvre colossale n’a donc pas été réalisée par Jacques Deprat seul comme certains, dont Michel Durand-Delga, le prétendent mais relève d’un travail collectif basé sur la détermination des fossiles et la cartographie par H. Mansuy et sur la cartographie initiale et les études précédentes de la mission Lantenois-Mansuy, de quatre mois en 1903-1904 au Yunnan. Mais aussi grâce aux travaux du capitaine Georges Louis François Zeil et de René de Lamothe.
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dans les Indes Néerlandaises et enfin par le nouveau Service géologique français en Indo-Chine.
L’importance des résultats obtenus peut être évaluée d’après le résumé suivant : Une magnifique série sédimentaire, allant du Cambrien inférieur au Trias supérieur inclusivement, a été observée ; plus de 40 horizons géologiques distincts ont été définis et plus de 400 espèces de fossiles recueillies. Le Cambrien inférieur a fourni une belle faune de trilobites analogues à ceux de l’Amérique du Nord, mais présentant des caractères propres qui en font une province zoologique distincte. Les faunes du Dévonien sont presque identiques à celles d’Europe occidentale et de l’Oural. Les différents niveaux du Carbonifère et du Permien sont bien définis et datés par les Foraminifères du groupe Fusulinidés, particulièrement riches en espèces dans les terrains de cet âge en Extrême-Orient. Les Brachiopodes et les Mollusques sont en formes représentatives des mêmes organismes fournis par le Carbonifère et le Permien de l’Europe et de l’Inde. La faune du Trias offre des analogies à la fois avec celle du Trias alpin et celle du Trias himalayen. Au point de vue tectonique, il apparaît qu’un premier ridement a déterminé l’émersion de la région les lacs entre Mong-Tsé et Yunnan-Sen. Des mouvements et transgressions ont ensuite eu lieu aux époques dévonienne, dinantienne et ouralienne. Le Permien supérieur marque l’émersion générale du pays ; il est caractérisé par un développement intense des formations détritiques suivies de formations lagunaires gypso-salifère. À la fin du Permien est survenu un immense épanchement de roches volcaniques (Labradorite). Une nouvelle transgression marine s’est produite à l’époque du Trias. L’émersion définitive du continent s’est faite ensuite, vraisemblablement au début des temps
Chapitre II — Les prix et les récompenses 117
jurassiques. Plus tard, à l’époque tertiaire, des lacs ont rempli les dépressions causées par des effondrements. Tous ces faits ont un intérêt de premier ordre. Le Yunnan apparaît dans son ensemble comme un pays extrêmement plissé. La poussée s’est faite du Nord-Ouest au Sud-Est. Les terrains primaires du Sze-Tchouen ont été, selon M. Deprat, charriés sur le massif primaire du Yunnan oriental qui a chevauché lui-même sur les terrains secondaires. Ces derniers ont été refoulés et sont venus buter contre le môle résistant, formé par le massif primaire et cristallophylien du Haut-Tonkin. Plus tard le pays a été soumis à de grandes dislocations verticales. La Commission propose d’attribuer la moitié du prix Tchihatchef à MM. Deprat et Mansuy. Elle souhaiterait que l’état des arrérages permît d’augmenter la somme à partager entre M. Deprat et M. Mansuy. L’Académie adopte les conclusions de ce Rapport. »
Prix Ducros-Aubert, 1914 La Société de géographie, fondée en 18218, écrivit à Henri Mansuy le 4 mars 1914 : « Monsieur, Nous avons l’honneur de vous informer que la Société de Géographie, sur la décision de sa commission des Prix, vous a attribué cette année, ainsi qu’à M. Deprat, le Prix DUCROS-AUBERT, 1400 francs et médaille d’or9, pour votre exploration et votre étude géologique du Yunnan oriental.
8. 9.
184,
Boulevard Saint Germain Paris VI. Note de bas de page manuscrite « Le prix étant partagé par moitié se composera pour chacun, de vous d’une médaille d’or et d’une somme de 500 francs. »
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L’assemblée générale consacrée à la remise des distinctions décernées par la Société devant avoir lieu le vendredi 24 avril 1914 à 8 heures ¾ du soir, boulevard Saint Germain, 184, nous vous demanderons de vouloir bien nous faire savoir, au secrétariat, si vous vous proposez d’assister à cette réunion pour recevoir du Président le Prix qui vous est décerné. Particulièrement heureux d’avoir à vous faire connaître la décision de la Commission des Prix, nous vous prions d’agréer, Monsieur, l’expression de nos sentiments les plus distingués. Le Secrétaire général Le Président de la Commission centrale Ch. Lallemand »
Prix Wilde par l’Académie des sciences, Séance du 18 décembre 1916 Encore sur proposition de M. Douvillé, inspecteur général des Mines, Membre de l’Institut, et de Honoré Lantenois, le prix Wilde est décerné à Henri Mansuy par l’Académie des Sciences. « (Commissaires : MM. Gaston Darboux, Alfred Grandidier, Gabriel Lippmann, Emile Picard, Léon Guignard, Jules Violle ; Alfred Lacroix, rapporteur). La Commission propose d’attribuer un prix de deux mille francs à M. Mansuy, paléontologiste du service géologique de l’Indochine, pour l’ensemble de ses travaux. Rapport sur les travaux de M. Mansuy. Les travaux de M. Mansuy sont tous consacrés à l’étude de la faune paléozoïque de notre grande colonie d’Ex-
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trême-Orient. Depuis quinze ans, M. Mansuy s’est exclusivement consacré à cette tâche. Tout d’abord collaborateur de M. Lantenois dans l’exploration du Yunnan, il a parcouru seul le nord du Tonkin, le Laos, puis, à partir de 1909, il est devenu pour l’exploration du Yunnan le dévoué collaborateur de M. Deprat, directeur du service géologique : l’étude du Yunnan oriental résultant de cette dernière collaboration a été récompensée, il y a quelques années, par le prix Tchihatchef. M. Mansuy s’est consacré tout particulièrement à l’étude et à la description des fossiles recueillis par lui-même ou par ses collègues d’Hanoï. Il a publié successivement dans les Mémoires du service géologique de l’Indo-Chine les œuvres suivantes richement illustrées : Les résultats paléontologiques de la mission du Laos (9 planches in-folio) ; La paléontologie du Yunnan oriental (25 planches) ; Une série de Contributions à la Paléontologie de l’Annam, du Tonkin et de l’Indo-Chine (15 planches) ; La première partie d’une Description monographique de la faune des calcaires à Productus (13 planches). Malgré les difficultés de l’heure présente, la deuxième partie, accompagnée, elle aussi, de nombreuses planches, est à peu près achevée et va paraître incessamment. Les êtres paléozoïques que M. Mansuy a étudiés plus spécialement sont du plus haut intérêt et en grande partie nouveaux pour la Science ; on lui doit la découverte du Cambrien, présentant des affinités américaines, tandis que certaines faunes du Dévonien rappellent celles d’Europe. La monographie en cours de publication montre bien le grand développement des faunes carbonifériennes et permiennes dans le Sud-Est de l’Asie. M. Mansuy n’a pas négligé les formations plus récentes ; il nous a fait connaître une importante faune triasique, prolongement de celle de l’Himalaya, et a publié d’intéressantes contributions à l’anthropologie de l’Indo-Chine.
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Par ses soins, une magnifique collection paléontologique indo-chinoise a été organisée dans un bâtiment consacré spécialement à cet effet ; elle constitue un puissant instrument de travail pour tous ceux qui veulent ou voudront étudier la constitution du sol de l’Indo-Chine et de la Chine méridionale. M. Mansuy a sauvé de la destruction les documents accumulés par l’ancienne Mission scientifique permanente de l’Indo-Chine ; il les a classés, les a complétés par ses propres récoltes et a jeté ainsi le fondement du Musée d’histoire naturelle de Hanoï. Le caractère de M. Mansuy est à la hauteur de sa science ; c’est un autodidacte dont la remarquable énergie attire la sympathie. Ouvrier manuel dans sa jeunesse, il a acquis à force de travail et de persévérance une forte instruction ; passionné pour l’histoire naturelle, il consacrait jadis tout le temps qu’il pouvait dérober à son labeur journalier à visiter les carrières des environs de Paris pour y recueillir des fossiles, à fréquenter les cours publics du soir et les laboratoires où il a conquis de solides amitiés. Engagé en 1901 comme géologue par le gouvernement de l’Indo-Chine, il n’a depuis lors quitté la colonie que pour trois courts séjours en France, consacrés à des recherches comparatives dans les collections de Paris. En attribuant un prix Wilde de deux mille francs à M. Mansuy, l’Académie honorera donc une existence laborieuse et utile. Elle donnera aussi, en sa personne, une marque d’estime et de sympathie à ceux qui, loin de la mère patrie, travaillent noblement à sa grandeur en même temps qu’au développement de la Science. »
Ce rapport permet de noter que Henri Mansuy est revenu 3 fois en France entre 1901 et 1916 : — voyage à Paris en 1904-1905, durant dix mois, sous la haute direction de Joseph Henri Douvillé, pour la détermination des fossiles du Yunnan recueillis durant l’expédition Lantenois qui fit l’objet d’une note présentée par Henri Mansuy
Chapitre II — Les prix et les récompenses 121
lui-même, le 6 mars 1905, à l’Académie des sciences : honneur remarquable, exceptionnellement accordé par M Douvillé. — voyage à Paris en décembre 1911 pour la réception du prix Tchihatchef ; — voyage à Paris en avril 1914 pour la réception du prix Ducros-Aubert. Il faut ajouter que Henri Mansuy vint aussi en France en 1910. La date n’est pas certaine, soit de mai à août, soit à partir de septembre. Pour remercier de l’attribution du prix Wilde, Henri Mansuy écrivit le 21 août 1916 à Alfred Lacroix10 : « Cher Maître, J’apprends par une lettre affectueuse de mon Maître et ami le docteur Verneau que l’Académie des Sciences m’a décerné un prix Wilde et que je dois cette haute distinction à votre très bienveillante intervention11. Je m’empresse, cher Maître, de vous exprimer mes sentiments de bien vive reconnaissance et vous remercie du fond du cœur, non seulement pour moi-même, mais pour le bon renom scientifique du Service géologique de l’Indochine. L’intérêt dont vous voulez bien honorer mes études sur la paléontologie de l’Extrême-Orient sera pour moi le plus grand encouragement à persévérer dans ces travaux, 10. Alfred Antoine François Lacroix, né à Mâcon (Saône-et-Loire) le 4 février 1863 et mort le 12 mars 1948, était un minéralogiste, pétrographe et géologue, volcanologue français, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et membre du Collège de France. Il fut secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences pendant 34 ans. Ce chercheur scientifique a marqué la minéralogie française. L’espèce minérale naturelle de fluorophosphate d’aluminium et de sodium monoclinique, de formule chimique NaAl(PO4)F a été dénommée en 1914 par František Slavik, la lacroixite en son honneur. 11. Il ne s’agit donc pas de l’intervention de J. Deprat comme M. Durand-Delga le prétend.
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à leur donner la coordination qui leur manque encore, à établir le parallélisme, déjà entrevu, des nombreuses faunes découvertes avec les faunes similaires d’autres régions ; à rechercher la parenté phylétique des formes étudiées ; à tirer enfin de tous ces faits, joints, dans ce but, aux observations géologiques, des données nouvelles sur les changements paléogéographiques survenus au cours de cette longue succession stratigraphique. Nous sommes, dans ce pays d’Indochine, particulièrement favorisés au point de vue paléontologie ; nous avons pu reconnaître déjà, tant au Yunnan qu’en Indochine, une série sédimentaire s’étendant, presque sans solution de discontinuité, du Cambrien inférieur à un horizon que l’on peut considérer comme étant synchronique de la grande oolithe en Europe occidentale. Plus de deux mille espèces ont été recueillies. D’importants problèmes d’ordre paléogéographique se posent à tout instant ; on voit, par exemple, des faunes à faciès nettement européen succéder immédiatement à des faunes à faciès américain, et cela à plusieurs reprises, peut-être sans interruption dans la sédimentation, sans transgression ; ces faits sont d’autant plus difficiles à interpréter que l’on se trouve en présence de faunes littorales. Dans l’ensemble, les faunes synchroniques, en Indochine et au Yunnan, malgré leur proximité, sont entièrement différentes ; dans ces deux régions voisines, les manifestations de la vie marine, au cours des âges, ne montrent, pour ainsi dire, aucune similitude. Dans les limites mêmes de l’Indochine française, sur une étendue moindre encore, des constatations semblables ont déjà été faites, notamment en ce qui concerne l’Ouralo-permien qui, au Tonkin et au Laos, est caractérisé par des faunes identiques à celles des terrains du même âge des monts Oural et des monts Timan, tandis que les faunes ouralo-permiennes du Cambodge affinent très étroitement aux faunes des calcaires à Productus de la Salt-Range. En géologie, outre les obstacles résultant des conditions climatériques, de l’abondance de la végétation tropicale et de la pénurie de moyen d’accès, la complica-
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tion et l’ampleur des phénomènes tectoniques rendent les observations extrêmement difficiles, les solutions de continuité laissant à l’interprétation une part trop large dans les tentatives d’explication de ces phénomènes ; ce n’est qu’après un long séjour dans le pays, après des explorations locales très suivies et souvent répétées, précédées de grandes randonnées au cours desquelles on effectue la reconnaissance générale des principaux traits de la géologie structurale ; toutes ces observations étant contrôlées, d’autre part, par la détermination des fossiles, qu’il devient possible de tenter l’établissement d’une première carte géologique à petite échelle12. À l’heure actuelle, cette phase de l’étude géologique de l’Indochine est presque atteinte et une carte au 1/ 1 000 000 sera très probablement publiée en 1917 ; des cartes locales au 1/ 100 000 sont déjà à l’impression. Croyez, cher Maître, que nous apportons, dans la tâche qui nous est confiée, toute l’énergie dont nous sommes capables ; que nous nous efforçons de contribuer le plus activement et le plus utilement possible à la mise en valeur de notre Indochine, l’un des plus beaux joyaux de la grande France, et, dans un avenir prochain, l’une des principales sources d’enrichissement du patrimoine national. Veuillez agréer, cher Maître, l’expression de mon profond respect et de mon entier dévouement. H. Mansuy »
12.
Ces informations sont révélatrices et indiquent que des appropriations ont été faites par J. Deprat, qui arrivé depuis peu, sans expérience suffisante, sans la connaissance des lieux, se targua d’avoir tout inventé alors qu’il n’avait aucune antériorité et n’a fait que reprendre à son compte, en les détournant, les travaux préexistants de H. Mansuy, H. Lantenois, et d’autres, sans avoir arpenté le terrain, sans savoir passé assez de temps à explorer et chercher, sans un travail approfondi.
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Chevalier de la légion d’honneur, 1920, puis Officier en 1936 Ce point a déjà été vu supra, comme exemple pour descrire toute la carrière de Henri Mansuy, complétons simplement par quelques éléments succincts. Henri Mansuy fut nommé chevalier de la Légion d’honneur par décret du 28 septembre 1920, en qualité de géologue de 1ère classe au service de géologie de l’Indochine sur le rapport du ministre des Colonies. Il reçut l’accolade avec la formule traditionnelle, à Hanoï, le 27 mars 1921, de Louis Hillairet. Son diplôme fut envoyé chez sa sœur13, à Valence, en 1921. Il fut ensuite promu officier de la Légion d’honneur par décret du 1er juillet 1936, pris sur le rapport du grand chancelier, en qualité de savant distingué. Immédiatement Henri Mansuy écrivit au grand chancelier, le général Nollet, pour le remercier mais aussi pour lui « donner l’assurance que je ne cesserai pas de me montrer digne de cette haute distinction honorifique »14. Encore une fois, Henri Mansuy mit un point d’honneur à rappeler ses principes intangibles de respect, de loyauté et de droiture dont jamais il ne s’écarta. Honoré Lantenois15 écrivit lui-même au grand chancelier de la Légion d’honneur, le 26 octobre 1937, une lettre pour annoncer le décès de Henri et une autre lettre pour remercier de l’attribution de la distinction.
13. Au 1, rue Denis à Valence. 14. Lettre de Henri Mansuy du 10 juillet 1937 au grand chancelier de la Légion d’honneur. 15. C’est d’ailleurs Honoré Lantenois qui remit officiellement la distinction à Henri Mansuy, le 22 juillet 1937.
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« Monsieur le Grand Chancelier de la Légion d’honneur, J’ai l’honneur et le vif regret de vous faire part du décès, survenu à Suresnes, le 21 octobre 1937, dans sa 81e année, de monsieur Henri Mansuy, mon ami et ancien collaborateur du Service géologique, Officier de la Légion d’honneur, Membre de l’Académie des Sciences Coloniales, Lauréat de l’Académie des Sciences, de la Société de Géographie et de la Société Géologique de France, ancien Vice-président de cette dernière Société. Les obsèques ont eu lieu à Suresnes le 23 octobre dans la plus stricte intimité. Veuillez agréer, monsieur le Grand Chancelier, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués. H. Lantenois Monsieur le Général Nollet16, Je me permets d’ajouter un mot personnel à la lettre officielle ci-jointe. Je te remercie de l’hommage que tu as bien voulu faire au Grand Savant qu’était Mansuy — et en même temps à son beau caractère — en le faisant promouvoir au grade d’Officier de la Légion d’honneur. Je te prie de croire à mes sentiments cordialement dévoués. H. Lantenois »
Cette amitié qui lia, depuis 1903, H. Lantenois et H. Mansuy dura donc 34 ans. Elle ne se démentit jamais.
16. Charles Marie Édouard Nollet était un militaire et ministre français, né le 28 janvier 1865 à Marseille (Bouches-du-Rhône) et mort le 28 janvier 1941 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
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Chevalier de l’Ordre du Cambodge, 1904 et vice-président de la Société de géologie 1920 Henri Mansuy avait aussi été nommé, le 1er février 1904, chevalier de l’ordre du Cambodge17 par le ministre des Colonies. Il fut élu vice-président de la Société géologique de France en 1920 et l’Académie des sciences coloniales tint à le compter au nombre de ses membres, ainsi que M. Bourdarie, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales, l’en informa par courrier. Cette institution lui attribua une médaille en août 1922. L’Académie des sciences coloniales le nomma « membre correspondant national » en 1923. Henri Mansuy remercia alors le secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales, monsieur Paul Bourdarie18, le 1er septembre 1923 :
17.
Selon Francis de Croisset, La Côte de Jade, pages 46 et 47, cette décoration du Royaume du Cambodge était réservée aux vieux savants du Royaume (en 1936-37). En fait cette vision n’est pas exacte totalement. L’Ordre Royal du Cambodge fut fondé par le roi Norodom 1er, le 8 février 1864, calqué sur celui de la Légion d’Honneur (décret du 16 mars 1852). Mais le décret de la République Française du 10 mai 1896 détacha tous les Ordres coloniaux de l’obédience des souverains protecteurs et ne garda que les noms sans indication royale ou impériale. L’Ordre Royal du Cambodge devint l’Ordre du Cambodge qui récompensait les services civils et militaires. De même l’Ordre Impérial du Dragon de l’Annam et l’Ordre Royal de l’Etoile Noire d’Anjouan devinrent l’Ordre du Dragon de l’Annam et l’Ordre de l’Etoile d’Anjouan. L’Ordre du Nichan-el-Anouar (Ordres des Lumières) ne changea pas de nom. (Cf. Le Bailli Comte Michel de Pierredon, Paris 1926, Imprimerie du Poitou à Poitiers). Les nominations étaient désormais faites par le Ministre des Colonies sur proposition souvent des Gouverneurs ou des Résidents. 18. Paul Bourdarie (né le 19/07/1864 à Montfaucon et mort le 21/02/1950 à Veyrac) était l’un des membres fondateurs et le premier secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales, en 1922.
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« Monsieur, J’ai l’honneur de vous informer que j’ai reçu la lettre que vous avez bien voulu m’adresser et par laquelle vous me faites connaître que sur la proposition de sa quatrième section, l’Académie des Sciences coloniales m’a conféré le titre de membre correspondant national. Ce témoignage de haute estime couronne plus brillamment que je n’aurais osé l’espérer ma déjà longue carrière de géologue et de paléontologiste de l’Indochine. Toutes les fois que les sujets de mes études offriront un intérêt suffisant, je m’empresserai d’en faire une communication à l’Académie des Sciences coloniales. Je me permets, Monsieur, de vous adresser la série complète de mes travaux et des travaux du Service sur la paléontologie et la géologie de l’Indochine. Veuillez agréer, Monsieur, avec mes remerciements, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués. H. Mansuy »
Après cette date, H. Mansuy travailla beaucoup avec l’Académie des sciences coloniales. Signalons son intervention en 1928 (relatée par L’Avenir du Tonkin, le 6 mars 1928) : « Henri Mansuy a fait connaître à l’Académie des Sciences Coloniales la suite des résultats obtenus par le Service Géologique de l’Indochine et Madeleine Colani ».
Prix Fontannes, 1917, et prix de l’Exposition coloniale, 1931 Henri Mansuy obtint de la Société géologique de France en 1917, le prix François Fontannes. Ce prix fut fondé en 1888 et destiné à récompenser un auteur français du meilleur travail stratigraphique publié pendant les cinq dernières années. Il
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était biennal en alternance avec le prix Viquesnel. Ce prix consistait en une médaille d’or et une somme d’environ 300 francs. Puis en 1931, il reçut le prix spécial de l’Exposition coloniale de 1931 grâce à la publication qu’il fit alors : La Préhistoire en Indochine. Résumé de l’état de nos connaissances sur la préhistoire et l’ethnologie des races anciennes de l’Extrême-Orient méridional. (26 pages.), (cf. chapitre : Une œuvre scientifique sans tache). Dans les colonnes de L’Avenir du Tonkin, le journaliste Nguyen Tô signale, le 18 février 1931, à propos de Henri Mansuy que « l’éloge du savant n’est plus à faire tant il a analysé avec rectitude et qu’il a renouvelé plus d’un côté du sujet ».
Le journal rajoutera encore, de nombreuses fois, des commentaires dont le suivant à l’occasion d’un numéro de L’Anthropologie, mars 1940 (le 19 juillet 1940) : « La grande figure de savant Henri Mansuy offre une singulière similitude avec son ami de jeunesses A. Laville que l’abbé Breuil s’est attaché à retracer (…) Sa carrière fut pourtant plus brillante (…) son titre de gloire fut notamment la découverte de Pho-Binh-Gia et d’une civilisation nouvelle le Bac-Sonien (…) Ses aptitudes scientifiques exceptionnelles (avaient été) remarquées par H. Lantenois (…) mais (il resta) modeste collaborateur (…) ».
Chapitre III La tourmente d’une méchante affaire
N
ommé dans l’administration le 22 mai 1909, géologue de 3e classe, Jacques Deprat1 (né le 31 juillet 1880) arriva à Hanoï, le 25 juin 1909. Henri Mansuy l’accueillit en lui accordant immédiatement une affectueuse sympathie et une aide précieuse. Mais rapidement Henri Mansuy se rendit compte, à son grand désappointement, de l’authentique morgue dans laquelle vivait J. Deprat, homme prétentieux qui avait pourtant déjà commis diverses erreurs de jugement importantes dans sa courte carrière (en Grèce, en Corse, pour la Nouvelle Calédonie, etc.), il avait pris les travaux d’autres chercheurs pour se les approprier.
1.
Jacques Deprat, né le 31 juillet 1880, décédé dans une randonnée en montagne le 7 mars 1935, au pic de Petragene, marié en 1904 avec Marguerite Tissier, dont il a deux filles en 1905 et 1906. Le père était Amédé Jules Deprat, professeur au collège Sainte Barbe, domicilié 40, rue Vaugirard, né à Dole le 14 février 1848, décédé à Yunnan-Fou, marié le 27 août 1878 Paris 1er à Alice Justine Baluchet, mineure, née le 10 août 1858 de Georges Baluchet et Léonide Perrichon au 8 rue des Bons Enfants, Paris 1er.
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Bientôt, Henri Mansuy fut troublé par la présence de certains fossiles parmi ceux collectés par J. Deprat. Il voulut savoir mais préféra attendre pour comprendre. Il questionna mais n’obtint aucune réponse de l’intéressé qui se campa dans le silence arguant de ses activités « trop prenantes »2. Les faux découverts embarrassaient la probité scientifique et l’honnêteté de Henri Mansuy. Ses tentatives auprès de J. Deprat restèrent vaines. Il le relança pourtant sur ce douloureux problème à plusieurs reprises et finit par lui signaler avec clarté qu’il suspectait une fraude. J. Deprat refusa encore de répondre et adopta une attitude méprisante et hautaine. Que c’était-il donc passé ? Jacques Deprat, doué d’une intuition, fondée sur les travaux réalisés par les agents du service de géologie de l’Indochine, notamment ceux de Honoré Lantenois et Henri Mansuy qui avait déjà émis l’idée d’une mer intérieure (cf. les publications de Henri Mansuy), voulut absolument prouver la thèse d’une Mésogée intérieure séparant l’actuelle « Europe » de « l’Extrême-Orient ». Pour cela, il était indispensable qu’il exhibe des fossiles marins identiques trouvés de part et d’autre des rives de cette « mer » (à l’ouest en Europe, en Bavière par exemple, et en Extrême-Orient, au Tonkin et Yunnan). Dans les années 1910-14, les fossiles qui avaient été trouvés en Indochine ne permettaient pas d’étayer cette affirmation. Qu’à cela ne tienne, puisque de toute façon Jacques Deprat était certain qu’il avait raison, il introduisit dans les récoltes de fossiles qu’il confia ensuite pour analyse à Henri Mansuy, des fossiles européens. Il les obtint en abusant de la
2.
J. Deprat était très occupé par ses activités au service de géologie, sa famille et ses relations en ville.
Chapitre III — La tourmente d’une méchante affaire 131
faiblesse de Jean-Baptiste Counillon souvent embrumé par son accoutumance à l’opium. Celui-ci avait appris à Jacques Deprat qu’il possédait une collection de fossiles qu’il avait apportés d’Europe. Ce dont convient Deprat dans son livre Les chiens aboient (page 269) se prenant ainsi les pieds à son propre jeu du vrai et du faux. Jean-Baptiste Counillon s’aperçut du vol mais ne dit presque rien car il était déjà suffisamment mal en point et incapable de lancer une alerte. Les fossiles introduits dans les récoltes par J. Deprat troublèrent donc Henri Mansuy, qui s’en inquiéta. En réponse J. Deprat l’éloigna de lui le plus possible pour être moins soumis à ses interrogations. Henri Mansuy toujours bienveillant pensa d’abord que cet éloignement était dû à la fatigue et aux activités que J. Deprat développait en dehors du service et de sa famille3. Henri Mansuy ne savait plus comment faire car il avait de l’affection pour Jacques Deprat. Il aurait aimé être une aide et un tuteur scientifique pour lui et ne voulait surtout pas livrer publiquement ses doutes et interrogations. Las de demander et écarté, il attendit le retour annoncé comme chef de service de Honoré Lantenois pour lui en parler, confiant dans la sagacité, le jugement de celui-ci et sa capacité à dénouer l’affaire au mieux. Honoré Lantenois écouta, réfléchit, étudia le problème, observa des erreurs manifestes, continua à expertiser pour se faire une opinion, vérifia et interrogea Jacques Deprat à son tour. Ce dernier réagit avec violence et arrogance, affichant sa probité offensée alors qu’il était pris la main dans le sac et qu’il suffisait de faire quelques corrections indispensables pour que l’affaire soit oubliée.
3.
Des rencontres dans Hanoï.
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L’affaire éclata. Alors J. Deprat insista, se braqua, et se lança dans une défense à l’encontre des règles scientifiques et hiérarchiques. Il accusa tout le monde, il insulta ou dédaigna, ne sachant jamais mettre des limites dans sa mégalomanie. Il finit par être suspendu en octobre 1917, renvoyé en France pour y être jugé. Il fut dégradé et révoqué par ses pairs, dans un verdict sans appel après que lui-même ait accusé H. Lantenois, H. Mansuy, M. Colani et presque tous les membres du service géologique ainsi que le Gouverneur, les autorités locales, de nombreux savants éminents d’avoir fomenté un complot contre lui ! Toutes les personnes accusées par lui furent blanchies. J. Deprat fut définitivement radié de la fonction publique, des effectifs de la société géologique. Il se lança alors, en France, dans l’écriture de romans pour régler ses comptes. C’est notamment dans le roman Les chiens aboient, publié sous le pseudonyme de Herbert Wild, qu’il se livra à une romance à sa façon pour décrire l’affaire dite des faux trilobites. Son pseudonyme faisait écho à sa jalousie du prix Wilde reçu par Henri Mansuy. Dans son roman, J. Deprat se dépeignait sous les traits les plus favorables, avec de l’esprit, de la pertinence, de la finesse, de la poésie, de l’éducation, du savoir, du savoir-vivre et de belles qualités physiques, insistant tout particulièrement sur l’importance de ses yeux bleus et de ceux de son épouse. Il se livra à des descriptions ubuesques à propos des protagonistes qui ne lui étaient pas favorables, c’est-à-dire quasiment tout le monde. Il usa à leur encontre des adjectifs les plus méprisants, les plus injustes, souvent abjects : « gras, gros, grossiers, pervers, petits ou vieille », etc. Lui et sa femme par contre avaient les « yeux bleus » et étaient beaux ; les autres étaient
Chapitre III — La tourmente d’une méchante affaire 133
moches et idiots. Tous ces mots sont extraits de son roman ! Par exemple H. Lantenois y est décrit comme : « un sot vaniteux, chef bien que polytechnicien », « un homme grand, gros, d’un embonpoint un peu bouffi » (avec) « une tête toute ronde aux cheveux coupés courts, d’un blond vaguement roussâtre », aux « yeux myopes clignotants, une parole hésitante et un peu embarrassée », « affichant une paternelle cordialité mais tendant une main trop molle ».
J. Deprat prêta même à H. Lantenois des histoires scandaleuses et perverses. Il décrivit H. Mansuy avec « une tête de bagnard, une tête énorme au large crâne dénudé, c’est un roublard, un Ursus speleus4 », « Mansuy est remarquablement intelligent mais a du mépris »,
ajoutant cette phrase ô combien méprisante pour qualifier Henri Mansuy : « Oignez vilain, il vous poindra »5.
Madeleine Colani de son côté reçoit les attributs : « de vieille laide, toute petite personne rétrécie » 6, « elle est bassement obséquieuse 7 ». Jacques Deprat disqualifia ainsi les autres en les diabolisant et endossa le rôle du bouc émissaire mais il laissa cependant échapper quelques vérités à son encontre en s’affublant d’étranges qualificatifs et qualités, signes d’un mal-être et sans doute également d’un dérangement mental. Il écrivit de lui-même :
4. 5. 6. 7.
Ce qui veut dire : ours des cavernes. Les chiens aboient, p. 362. Les chiens aboient, p. 150. Les chiens aboient, p. 360.
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« Il est toujours épuisé, abattu, souffrant, prêt à mourir, tension nerveuse, etc. Lui seul travaille beaucoup, il maigrit et est épuisé. Il épuise sa santé. »8
Il se mit en porte-à-faux avec l’administration qui lui donnait des ordres. En effet, il décida de ne pas exécuter les instructions de son supérieur9. Lors d’une réception, entre autres évènements ou festivités, chez le Gouverneur général d’Indochine, il trouva tous les invités et le Gouverneur lui-même, stupides. Il se présenta comme une victime, sacrificielle et propitiatoire qui ne pouvait et ne savait pas se défendre car il aurait été tellement supérieur qu’il ne daignait même pas répondre aux arguments et aux interrogations de sa hiérarchie, en méprisants ses chefs du haut de sa « grandeur ». Pourtant, il ne faisait qu’un mètre soixante mais rêvait d’être un grand homme et se convainquait qu’il l’était puisqu’il avait les « yeux bleus », ce caractère « particulier de la supériorité de la race des élites »10. Dans son roman, Les chiens aboient, le pseudonyme de Lamy est donné par Jacques Deprat au lieutenant Laval, brillant topographe. Celui-ci était la seule personne qui avait gardé un lien, un peu cordial, avec J. Deprat. Cependant il écrivit à J. Deprat ce qui est relaté dans Les chiens aboient 11 : « Il te manque la connaissance de la vie. Ce que tu feras ne sentira jamais que l’excellent devoir (...) Ton successeur a dit que tu avais commis des erreurs effarantes. Quel motif t’a fait agir ? Orgueil, inconscience, ambition ou désordre ? ».
8. 9. 10. 11.
Tous ces mots sont extraits de son roman pour le qualifier. Les chiens aboient, p. 319-320. Conformément à son analyse raciologique à lui. Les chiens aboient, p. 330.
Chapitre III — La tourmente d’une méchante affaire 135
Henri Mansuy déjà fatigué par la fourberie, les mensonges et le désir maladif de J. Deprat de se faire passer pour un persécuté, au moment de l’affaire à partir de 1916, ne voulut pas réagir, préférant la distance et la dignité à un nouveau saut dans la rumeur, le scandale, les racontars et les médisances. Outré une nouvelle fois par Les chiens aboient, Henri Mansuy choisit de ne pas faire de commentaires car le texte du roman reflète de luimême la mégalomanie intrinsèque de J. Deprat et ses manques. Ce qui rassura Henri Mansuy, c’est que ceux qui savent lire et comprendre, verraient immédiatement dans ce roman quelle fut la méthode de J. Deprat pour introduire les faux trilobites en Indochine car J. Deprat n’était pas rentré en métropole durant toute la période. Dans le roman, conduit par un double syndrome schizophrénique et paranoïaque, J. Deprat avoue son forfait et même le moyen qu’il utilisa ! Par supériorité annoncée, J. Deprat attaque tout le monde de façon très maladroite. Têtu et borné, il ne contrôle pas ses colères comme il l’écrit lui-même « la colère me prend12 devant le jury : je charge à fond ». Il est persuadé que le monde lui en veut. Il se prend pour un incompris, un génie ignoré et maltraité mais qui vaincra contre tous par la démonstration inévitable de sa grandeur. Son double inventé dans Les chiens aboient, Lebret (le clairvoyant) est un personnage en miroir de son autre double Dorprat (le naïf). C’est à la fois amusant et très significatif psychologiquement. Ce dédoublement de personnalité est révélateur de sa duplicité13. Ce qui éclaire sur la fraude et le processus psychologique pour y arriver.
12. 13.
Les chiens aboient, p. 300. Bien sûr l’image de Mister Hyde et docteur Jekill vient immédiatement.
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Mais, à 71 ans de distance, en 1990, M. Michel Durand-Delga savant de renommée, se fourvoya dans un rapport, au mépris de la vérité, qu’il présenta à la Société géologique de France et au Cofrhigeo (Comité Français d’Histoire de la Géologie) dans le but de réhabiliter Jacques Deprat à la demande de sa famille. Qu’est-ce qui pouvait bien l’animer ou le pousser ? M. Michel Durand-Delga qui se vanta d’avoir lu le roman de J. Deprat plusieurs fois, pour s’en imprégner et bien le comprendre, n’a pas vu la supercherie, ne l’a pas comprise, ou bien n’a pas voulu, braqué qu’il était sur sa seule thèse. Son rapport à charge et son aura parvinrent à duper les membres de ces sociétés savantes. Ceci conduisit au scandale d’une réhabilitation qui reste infamante et dégradante pour les protagonistes innocents des turpitudes de Jacques Deprat. Pourtant les vrais connaisseurs de cette période, les scientifiques dans leurs articles et les juges qualifiés du moment avaient tranchés en disant le droit. Les revues rappelèrent l’action positive de Henri Mansuy. L’Avenir du Tonkin, comme les autres, disait encore, le 19 juillet 1940, que « Mansuy par sa connaissance approfondie avait fait découvrir la supercherie ». C’est donc un déni et une insulte à la justice que cette réhabilitation puisqu’aucun fait nouveau n’a été apporté et que des « inspecteurs autoproclamés » ont voulu faire prévaloir un sentiment pour juger alors qu’ils n’en avaient pas le droit.
Chapitre IV Une réhabilitation infamante
A
près des discussions avec la famille Deprat, qu’il questionna longuement mais sans jamais interroger les autres familles, Michel Durand-Delga a largement confondu la fiction avec la réalité, en prenant pour faits vrais les inventions du roman vengeur de J. Deprat. La remise d’un rapport à la Société géologique aboutit, le 28 novembre 1990, à une réhabilitation. Les faits étaient pourtant anciens et ténus pour la famille Deprat, comme Jacques Deprat le disait lui-même : « Les fillettes1 voyaient leurs parents tristes et préoccupés, mais l’insouciance du jeune âge les libéraient promptement »2.
Les filles de M. Deprat, en raison de leurs âges 9 et 10 ans environ au moment des faits, n’avaient pas de souvenirs réels, seulement des souvenirs inculqués par leur père qui a toujours
1. 2.
Ce sont les filles de J. Deprat, nées en 1905 et 1906 Les chiens aboient, p. 235.
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contrefait la vérité. Michel Durand-Delga écrivit un plaidoyer seulement à charge, comportant des erreurs, des absences de remise en cause, des inventions et rédigé dans un langage le plus souvent méprisant. Il nia la supercherie et ne sut pas en lire les modalités pourtant révélées dans le roman qui servait de base à son rapport. Il est regrettable que les instances de la Société géologique et du Cofrhigeo se soient laissées berner aussi grossièrement. Les enquêtes doivent être reprises pour faire la lumière sur la réalité et rétablir les décisions des années 1917-1919 et surtout laver de cet opprobre les familles salies dans ce processus de réhabilitation infamante. Il n’est pas concevable que pour le plaisir, certes louable, des enfants de M. Deprat, la mémoire d’innocents soit bafouée. Les portraits de Honoré Lantenois et Henri Mansuy dans le roman Les chiens aboient sont peu sympathiques, univoques et sans rapport avec la réalité. Ce sont des copier-coller tirés de la lecture du roman de Jacques Deprat qui sont utilisés par Michel Durand-Delga pour discréditer tous les protagonistes et disculper J. Deprat. Sur le fond de l’affaire, dans la partie du rapport «Quand et comment», juste à la fin avant les remerciements, Michel Durand-Delga présente deux solutions pour que, selon lui, l’imposture (l’introduction des fossiles européens) soit possible par J. Deprat : « soit qu’il amène les fossiles avec lui en 1909 ; soit qu’il se les fasse envoyer. »
Il omet la réalité, présentée d’ailleurs dans les propos de Jacques Deprat lui-même : le vol de fossiles dans la collection de Jean-Baptiste Counillon. M. Durand-Delga remet en cause la sagacité des Grands anciens de la Société de géologie tels
Chapitre IV — Une réhabilitation infamante 139
que Emmanuel de Margerie, Lucien Cayeux, Marcel Bertrand, Jules Bergeron, René Chudeau, etc. qui destituèrent J. Deprat. Il est grand temps que la Société géologique et le Cofrhigeo reconsidèrent cette malheureuse décision de 1990 tout comme l’attribution du prix Wegmann à monsieur Durand-Delgas en 2004. Je les ai déjà interrogés, mais ils ne veulent pas traiter le dossier, comme en témoignent plusieurs courriers (Annexe 8). Mes demandes de conciliation sont restées sans suite, sans possibilité de me faire entendre par la Société géologique et le Cofrhigeo. Ils n’ont pas voulu m’offrir un droit de réponse dans leurs colonnes ou sur leur site à égal quantité de texte que le rapport de M. Durand-Delga. Ma dernière lettre n’a même pas reçu de réponse.
Chapitre V Analyse critique du rapport de Michel Durand-Delga
M
. Durand-Delga s’est lancé, à la fin des années 1980, dans la rédaction d’un texte ayant pour but de réhabiliter M. Jacques Deprat. Pourquoi l’a-t-il fait ? Quelles étaient ses motivations ? Tout aurait bien été, s’il avait réalisé son travail en confrontant des sources variées, en interrogeant les familles, en faisant une enquête contradictoire avec vérification des affirmations. Au lieu de cela, il a ignoré les familles Mansuy, Lantenois et les autres et a pris pour vérité les éléments romancés de la fiction de Jacques Deprat. Ensuite Michel Durand-Delga a entraîné la Société géologique et le Cofrhigeo dans une décision qui a trahi leurs pairs. Cette réhabilitation n’a pas de base scientifique et n’est fondée que sur la confiance portée à un homme de renom. Les faits instruits n’apportent pas d’élément contradictoire ni d’élément nouveau à l’affaire jugée dans les années 1917-1919. D’ailleurs la réhabilitation n’a
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pas entraîné de modification de la position de l’administration qui a radié J. Deprat. Le parcours de M. Durand-Delga aurait dû l’empêcher de se fourvoyer dans cette entreprise de réhabilitation indue. En effet, Docteur ès-sciences il a successivement été préparateur de géologie au Collège de France (1945-47), chef de travaux à l’Institut national agronomique (1947-58), maître de conférences (1958), professeur sans chaire (1960) puis professeur titulaire de géologie à titre personnel (1963-71) à la faculté des sciences de Paris puis à l’université Paul-Sabatier de Toulouse (1972-85), professeur émérite (1986), professeur honoraire (1991) des universités, membre du Comité national du Centre national de la recherche scientifique (1967-76) et président de la section de géologie (1971-76), président (197576) de la société géologique de France, correspondant de l’Institut (Académie des sciences) (depuis 1980), membre (1996), membre d’honneur (2004) du Comité international d’histoire des sciences géologiques. Il est l’auteur de nombreuses publications et ouvrages traitant essentiellement de la géologie et de la structure des chaînes alpines d’Afrique du Nord (surtout Kabylie et Rif), de l’arc de Gibraltar, d’Espagne méridionale (cordillères bétiques), de la partie orientale des Pyrénées et de Corse. Parmi ses ouvrages : Étude géologique de l’Ouest de la chaîne numidique (1955), Jules Marcou, pionnier français de la géologie nord-américaine (2002), Marcel Bertrand, génie de la tectonique (2010). Il a été gratifié de plusieurs titres et honneurs : Chevalier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite, Croix de guerre 39-45, Croix des combattants volontaires, Médaille des évadés, Officier des Palmes académiques, Lauréat de l’Académie des sciences (1956), prix
Chapitre V — Analyse critique du rapport de Michel Durand-Delga 143
Prestwich (1972) et prix Wegmann1 (2004) de la société géologique de France, Médaille d’honneur Saint-Kliment Ohridski de l’université de Sofia (Bulgarie) (1994), Golden Jurassic Ammonite Award décerné par l’International Geological Correlation Programme (IGCP) (2008). Enfin, il a occupé de nombreuses positions comme membre d’honneur de la Société géologique de Pologne, de la Société tchécoslovaque de géologie et minéralogie auprès de l’Académie des sciences de Prague, de la Société géologique de Bulgarie, membre étranger de l’Académie polonaise des Sciences (1980), membre correspondant étranger de la Real Academia de Ciencias y Artes de Barcelona (1982), membre étranger de l’Académie de Roumanie (1992), membre d’honneur étranger de l’Académie de Hongrie (1998), docteur honoris causa de l’université de Cagliari (Italie) (1993), de l’université de Grenade (Espagne) (2005).
Un rapport à charge Mis en ligne sur Internet, sur le site du Cofrhigeo, le rapport de M. Durand-Delga est troublant par son style et le mode choisi. Il est systématiquement en faveur de J. Deprat et accablant pour tous les autres protagonistes de l’affaire enchaînant les attaques personnelles et n’apportant aucun élément scientifique pour défendre J. Deprat. Le site est : 1990. L’affaire Deprat. Travaux du Comité français d’Histoire de la Géologie, (3), IV, p. 117-212. http ://www.annales.org/archives/cofrhigeo/deprat.html
1.
Dont il est utile de revoir l’attribution.
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Le décryptage de la fiction Les chiens aboient de Herbert Wild alias Jacques Deprat Après son exclusion, Jacques Deprat choisit Herbert Wild pour nom de plume. Contrairement à l’invention de Michel Durand-Delga, Wild ne renvoie ni à « libre » ni à « sauvage » mais à la jalousie qu’avait J. Deprat de l’attribution du prix Wilde à Henri Mansuy. Dans son roman, J. Deprat vise à se grandir et à se disculper en salissant tous les autres. Les clés des personnages du roman sont les suivantes : Jacques Deprat = Dorprat (le naïf) = Lebret (le clairvoyant) Honoré Lantenois = Tardenois Henri Mansuy = Mihiel (ville où est né son père) Jean-Baptiste Counillon = Mérion (a eu ses collections pillées par J. Deprat) Charles Jacob = Maxence le directeur général des services d’Indochine après H. Lantenois Capitaine Georges Zeil = Commandant Diez = Guéralde Jean Louis Giraud Umberto Margheriti = Munteanu Madeleine Colani = Vergani Pierre Termier Jean Joseph Douvillé Alfred Lacroix Emmanuel de Margerie Lucien Cayeux Marcelin Boulle Capitaine Fr. Magnin André Lochard Emile Haug
= Bornier = Vernollet = Bourges = Montmorency = Heyrier = Valbert = Capitaine Vergny = Beauregard = Mügge
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Laval = Lamy lieutenant du service topographique Oun-Kham = Hin-Boun2 (le Laotien préparateur de J. Deprat).
Michel Durand-Delga les utilisa d’ailleurs largement, comme tels, dans son rapport présenté en 1990.
Les non conformités du rapport de 1990 Le but de Michel Durand-Delga semble être d’absoudre complétement J. Deprat. Pour se faire, il s’est attaché à salir les autres et à décrire J. Deprat comme une victime injustement condamnée. Les attaques de Michel Durand-Delga portent sur l’esprit supposé ou le physique des protagonistes en reprenant pour vérité la fiction du roman de J. Deprat. À cela s’ajoute des erreurs dans la chronologie des évènements, des inventions et le déni de plusieurs faits avérés, des interprétations personnelles hasardeuses. Ce qui est flagrant, c’est qu’un fait illustrant un défaut de J. Deprat est pardonné pour celui-ci alors qu’il est monté en épingle à la charge des autres protagonistes. Le rapport de Michel Durand-Delga devrait être repris ligne par ligne afin de présenter tous les subterfuges et les entorses (une analyse beaucoup plus complète peut être produite : elle est déjà réalisée) mais ici, pour ne pas alourdir, ce sont seulement quelques éléments, parmi de nombreux autres, qui sont présentés comme révélateurs et particulièrement troublants, injustes, injustifiés ou inventés, voire diffamatoires. Rapport de Michel Durand-Delga :
2.
Les chiens aboient, pages 58 et autres, puis 361.
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Page 1 : L’article commence « Jacques Deprat, le 4 juin 1919, venait d’être accusé par son collaborateur et «ami», le paléontologiste Henri Mansuy, 62 ans, d’avoir introduit un certain nombre de trilobites d’Europe dans ses récoltes d’Indochine et du Yunnan ». En réalité, à cette date l’affaire a déjà été déclenchée et ce depuis plus de 3 ans et même elle est jugée. Henri Mansuy avait tenté, en vain, d’interroger J. Deprat dès 1914-1915. Puis, « Mansuy trouva dans la personne de Honoré Lantenois, 56 ans, ingénieur en chef au corps des Mines, supérieur de Deprat, un porte-parole ardent, acharné à perdre un subordonné indocile. Deprat a durement dénoncé la vilénie ». Michel Durand-Delga renverse les choses en faveur de J. Deprat dont il prend fait et cause. Michel Durand-Delga remet en cause les « corps constitués », « qui s’unirent pour éliminer un jeune savant qui avait osé tenir tête à certains d’entre eux ». Jacques Deprat leur avait menti de nombreuses fois déjà, ils ont donc normalement réagi. J. Deprat s’est toujours approprié faussement les travaux des autres. Michel Durand-Delga minimise le fait que Jacques Deprat s’est rendu au fameux congrès de Toronto, en 1913, en forçant sa hiérarchie, avec menace d’y aller même sans accord. L’ambiance électrique que J. Deprat installa sur place fit l’objet d’une tentative de solution conciliatrice par les autres chercheurs afin d’éviter de saborder ce congrès. « Les géologues qui succédèrent à Deprat en Indochine, pourtant chargés de mettre à bas toute son œuvre », en l’occurrence M. Durand-Delga parle de Jacques Fromaget. Or celui-ci n’a jamais été un défenseur de Jacques Deprat, il a reconnu qu’il avait contribué à des travaux intéressants et qu’il avait eu des idées visionnaires mais en apportant de bien mauvais moyens pour les démontrer. « Personne n’a examiné sérieusement
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le dossier » : c’est une affirmation, une manœuvre de diversion de M. Durand-Delga pour discréditer plusieurs années d’enquête préalable dans les années 1917-1919 alors que nous allons le voir, dans les lignes qui suivent, Michel Durand-Delga enchaîne erreurs et surinterprétations. « Certains documents (…) jettent sur l’affaire une lueur permettant d’atteindre un satisfaisant degré de certitude », certainement, mais à condition que ces éléments soient correctement utilisés et non manipulés. Page 2 : Le portrait de J. Deprat (alias Dorprat et Lebret) réalisé par Michel Durand-Delga le vante comme le fils d’un respectable professeur, oubliant de dire que ce respectable père épousa une jeune fille mineure alors que pour les autres protagonistes, il utilise ce genre d’argument moral pour discréditer leur personne. En effet, Michel Durand-Delga n’hésite pas à faire des allusions équivoques sur tel ou tel acteur de l’affaire, dans le but de dépeindre un environnement malsain à leur encontre afin d’établir une ambiance négative pour influencer les lecteurs du rapport. Il organise la mise en faveur psychologique envers J. Deprat qui aurait été victime de tout un groupe de mal-intentionnés. « Deprat accomplit une œuvre considérable en Indochine » en « cartographie » et « monte le service géologique » : ceci est faux et en réalité la cartographie de l’Indochine était déjà faite avec l’aide de Henri Mansuy bien avant l’arrivée de J. Deprat. De plus, la réorganisation du service géologique fut décidée par Honoré Lantenois et Henri Mansuy en fut le maître d’œuvre. Tout était terminé avant l’arrivée de J. Deprat. « Durant la période où il (Deprat) est en Indochine, le service publie une quantité impressionnante de mémoires ». Or, c’est Henri Mansuy qui en est principalement l’auteur
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alors que les quelques publications, peu nombreuses au demeurant de J. Deprat, ont été signalées comme entachées de fausses interprétations et de contorsions. Le portrait flatteur que Michel Durand-Delga fait de J. Deprat se voit opposé au portrait quasi méprisant qu’il fait de Henri Mansuy. « Fils d’un ouvrier-plâtrier3, devenu gardien de la paix ». Cette critique sociale n’est qu’un reflet du mépris de celui qu’il défend, à charge contre les autres, alors que les membres de la famille de Jacques Deprat sont de même condition que celle de Henri Mansuy. Page 3 : « Mansuy publie de nombreux mémoires paléontologiques, (…) décrivant essentiellement les récoltes de Deprat. » La liste des publications de Henri Mansuy montre qu’il n’a pas attendu J. Deprat pour publier de nombreux rapports géologiques et paléontologiques. « Lantenois et Mansuy, liés par une amitié qui surprend entre deux célibataires d’origines et de situations si différentes. » vise à salir les protagonistes insidieusement alors que, page 4, J. Deprat est décrit comme possédant « un caractère affirmé (celui de sa mère) dont son fils Jacques paraît avoir hérité alors que physiquement il tient de son père (petit homme doux modeste et bienveillant) ». Michel Durand-Delga ne fait que polluer l’environnement et donner une vision contrastée dans son rapport à charge. Une petite phrase apparait anodîne pour un observateur non averti, sur Honoré Lantenois, qui aurait agi contre Jean-Baptiste Counillon : « il obtient la mise à la retraite d’office de J.B. Counillon, ex-chef du service ». La rédaction est 3.
Michle Durand-Delga confond « plafonneur » et « platrier ».
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insidieuse et laisse à penser que Honoré Lantenois a obtenu la retraite de M. Counillon parce qu’il lui était hostile, préfiguration comme pour J. Deprat plus tard. Voilà le procédé type de Michel Durand-Delga dans son article : organiser une mise en condition des lecteurs pour recevoir leur assentiment. Qu’en est-il vraiment de Jean-Baptiste Counillon, qui détient la clef essentielle de l’histoire. Déjà avant 1901, Guillaume Capus, directeur de l’agriculture, des forêts et du commerce de l’Indochine, se plaint de Jean-Baptiste Counillon : toujours malade, ne travaillant pas, mégalomane, opiomane, qui dépense force argent, du sien et de celui du service, pour ses conquêtes. Il est complétement soumis à la drogue, en profonde déprime, en très mauvaise santé. Dès cette date, le Gouverneur voulait absolument se séparer de M. Counillon. Le temps a été bien long pour le faire. Jean Baptiste Counillon fut mis à la retraite, dix ans plus tard, à la faveur d’une exception réglementaire pour l’éloigner et faire cesser les troubles qu’il engendrait. Ce fut plutôt une opération de sauvetage social qu’une exclusion. Peu après il mourut de façon très étrange et qui pose toujours problème : qui a bien voulu le tuer, pour qu’il se taise ? « si (...) Mansuy n’avait pas (…) » tout aurait été mieux selon Michel Durand-Delga. Or si H. Mansuy n’avait pas dit la vérité qui l’aurait fait ? Et, c’est la science qui y aurait perdu. Tout le rapport de Michel Durand-Delga est orienté : il accumule des petits mots, des petites phrases dénuées de fondements et de bases scientifiques pour affirmer plus tard ; il discrédite par de l’intoxication. Michel Durand-Delga finit cette page par : « Mansuy, jetant le masque accuse sans préavis son jeune chef de forfaiture, auprès de Lantenois. Et le drame commence ». Celui qui jette
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le masque, c’est Michel Durand-Delga qui dévoile son parti pris pour Jacques Deprat. Page 4 : Michel Durand-Delga fait une description qui se veut sincère de Deprat. Or il grandit les origines modestes de Jacques Deprat, contrastant totalement avec les allusions déployées contre la famille de Henri Mansuy. Il dit de Deprat : « petit, environ 1,60m, d’aspect jeune, élancé, visage sérieux, sous une chevelure d’un blond presque blanc, avec des yeux bleus très clairs ». Il s’attache toujours à parler des yeux bleus de J. Deprat, mais ne le signale qu’incidememnt une fois pour Honoré Lantenois et Henri Mansuy ! Page 5 : Michel Durand-Delga ajoute sans fondement : « Deprat acquiert de cette enfance le sentiment d’appartenir à une aristocratie de l’esprit et a un caractère intransigeant sur les principes ». L’emphase, pour mépriser les autres, mais elle n’est fondée sur rien. Sur la mission de J. Deprat dans l’île d’Eubée, en Grèce, Michel Durand-Delga écrit qu’il s’y est rendu : « 8 mois maximum, c’est peu pour une île de plus de 4000 km2 dont Deprat donne une carte géologique au 300 000 ». En effet, il fera de même en Indochine, prétendant avoir fait la carte géologique. L’habitude de J. Deprat est de s’approprier les travaux de ceux qui étaient venus avant lui. En l’occurrence, à Eubée, ceux de Miles Teller. Mais Michel Durand-Delga est toujours indulgent avec Jacques Deprat, et l’excuse : « On lui a vivement reproché d’avoir faussement daté le Crétacé inférieur à Requienia et Toucasia, inexistant dans l’île. La lecture de sa thèse montre qu’il a imprudemment hasardé ces déterminations sur des sections en surface de roche ». Ces erreurs, grossières
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et significatives, que Michel Durand-Delga ne pardonnerait à personne d’autre, là, il les absout pour J. Deprat. Jacques Deprat recommencera les appropriations de recherches des autres encore et encore, jusqu’à la sanction d’exclusion de 1919. Michel Durand-Delga affirme que Jacques Deprat « est victime », de son animosité avec Emile Haug4. En effet, au printemps 1904 « Deprat a une sévère empoignade avec le rugueux Haug lors de sa thèse », mais Michel Durand-Delga omet de dire que c’est à cause du plagiat que J. Deprat a fait des travaux de E. Haug ! Encore un vol. Page 7 : Lors d’un travail sur la Corse, sur lequel il est bien connu que Jacques Deprat s’était approprié les résultats de ses prédécesseurs, sur ce fait éclata un autre incident avec Pierre Termier alors que Michel Durand-Delga écrit : « Un incident naît entre eux : Termier voit rapidement la portée des idées de Deprat, lui propose paternellement de co-signer avec lui une note (1908) ». En Indochine, Jacques Deprat agira de même, se mettant à dos toute la colonie au grand complet. Depuis toujours, sa prétention, son irascibilité et ses supercheries, agacèrent et furent à l’origine de plusieurs conflits. - en 1903, avec le vénérable chanoïne Bourgeat contre qui Jacques Deprat s’offusqua car ce maître n’avait pas su connaître le remarquable étudiant qu’il aurait été ; — en 1908, avec l’italien Gaëtano Rovereto qui « paraît ne pas connaître ses travaux » ; — en 1905-1906, il ferrailla avec Jules Savornin ;
4.
Emile Haug qui va remplacer, dans la grande chaire de la Sorbonne, Ernest Munier-Chalmas.
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— en 1905, vive querelle avec Maurice Piroulet, car Jacques Deprat voulut se mettre en avant et utilisa frauduleusement ses recherches, profitant du départ de celui-ci pour la Nouvelle-Calédonie. Maurice Piroulet accusera J. Deprat de vol. La série est donc largement commencée lorsqu’il arrive en Indochine. J. Deprat s’était fait la main : utilisation des travaux des autres, matériels déplacés, vols. « C’est une illustration regrettable » ne fait que dire Michel Durand-Delga. Page 8 : Michel Durand-Delga se présente comme aimant le détail et la précision, or il ne vérifie pas. Il annonce que « ses parents (de Deprat) suivront bientôt en octobre » l’arrivée du fils. En fait, ils sont partis en Chine à Yunnan-Fou où le père mourra. À cette époque pour aller d’un lieu à l’autre, il faut deux semaines. Les parents ne sont donc pas à Hanoï, en vie de famille indiquée par Michel Durand-Delga. C’est la série de ces petites erreurs associées à de plus grosses et à des fautes de raisonnement qui conduisent le rapport de Michel Durand-Delga sur la piste de la réhabilitation aux forceps de Jacques Deprat. Page 9 : Michel Durand-Delga reste dans le copier-coller du roman de J. Deprat pour les portraits qu’il rapporte de Henri Mansuy, Umberto Margheriti, du capitaine Georges. Zeil ou de Jean-Baptiste Counillon avec des erreurs dont il ne se rend même pas compte. D’Umberto Margheriti, il dit : « il a 27 ans le charmant italien rescapé de la Légion étrangère, Franchini sous son nom « de guerre », « grand garçon au visage sympathique (...) à la tenue irréprochable (...) doux, aimant, serviable », « précieux
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factotum, agent temporaire du Service géologique, apprécié de tous, sauf de Mansuy : le sévère lorrain abhorre le fringant enfant de la Ville Éternelle qui le lui rend bien. » Suivant que cela l’arrange ou le dessert pour la mise en valeur de J. Deprat, Michel Durand-Delga encensera U. Margheriti ou le descendra en flammes dans son rapport. À propos de J-B. Counillon : « aux approches de la cinquantaine qui fut le chef du service géologique avant l’arrivée de Lantenois. Issu du Laboratoire marseillais de Vasseur, cet homme effacé, traînant anémie tropicale et dysenterie, vit avec une annamite ». Vivre avec une Annamite, est sans doute une honte, conformément à ce qu’en dit Jacques Deprat dans son livre. Michel Durand-Delga ne cesse d’utiliser de tels arguments « moraux » ou « raciaux ». Au surplus, J-B Counillon était tout sauf effacé car il aimait se mettre en avant, en dehors des ses phases abattues par l’opium. Entre la page 9 et la 10, le portrait dressé par Michel Durand-Delga du capitaine Georges Ziel (alias commandant Diez dans Les chiens aboient) est infondé « prétentieux, ignorant », « qu’il s’avère être un piètre géologue », alors que H. Lantenois le « prônait comme un savant de haute valeur ». Comble, c’est grâce aux travaux du capitaine Georges Zeil et de Henri Mansuy que Jacques Deprat prétendra avoir fait la carte géologique de l’Indochine, puisque ce sont eux qui l’ont faite avant son arrivée ! J. Deprat a peu d’amis, indique Michel Durand-Delga. C’est sûr, il se fait haïr de tous : Henri Douvillé, Marcel Bertrand, Pierre Termier, Maurice Piroulet, Jules Savorin,
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Gaëtano Rovereto, Milles Teller, etc. en raison de sa prétention et de son mépris à l’égard de tous5. Page 10 : Michel Durand-Delga veut nous faire croire que Jacques Deprat, en onze mois seulement au Yunnan, a tout découvert sur un terrain immense et difficile, et qu’il rapporte les fossiles que Henri Mansuy se contente d’étudier. En réalité, dans la même période Henri Mansuy va, en éclaireur (deux mois avant), au Yunnan pour faciliter la tâche de Jacques Deprat et rapporte beaucoup de matériel. Au surplus, Henri Mansuy avait fait beaucoup de travaux préparatoires antérieurs : 4 mois au Yunnan avec H. Lantenois, puis 10 mois de détermination et de compléments avec H. Douvillé et l’Académie des sciences. Les publications de Henri Mansuy avant l’arrivée même de J. Deprat en Indochine étaient denses sur le sujet. Mais il y a eu aussi l’ensemble de la mission Lantenois et les travaux du capitaine Georges Zeil comme ceux de René de Lamothe et de Henri Mansuy (missions et mémoires de1905, 1906, 1907, 1908 avec carte) et pour aboutir à cette carte de 1908. 5.
Dans cette page est écrit encore : « le paléontologiste Mansuy, 52 ans » … « une haute silhouette puissamment charpentée, maigre, un peu voûté » des « yeux gris-bleu d’acier » un regard pénétrant « plein de franchise », enfoncés dans « une forte tête osseuse », « chauve, à la forte mâchoire inférieure et aux longues lèvres minces ». (C’est un portrait qui ne correspond pas aux photos de Henri Mansuy. Encore l’imagination de Jacques Deprat. J. Deprat qualifie Henri d’« ursus speleus ».) Michel Durand-Delga reprend en copiant. La « parole modeste et vigoureuse », la phrase « courte et saccadée », la « voix nette ». De Henri Mansuy émane, aux yeux de Jacques Deprat, « une énergie étrange, presque inquiétante ». Le ton et le discours de Henri Mansuy indiqués par Jacques Deprat et bis par Michel Durand-Delga ne correspondent pas à la réalité de ceux qui encore aujourd’hui ont connu Henri Mansuy, comme Irène Coupier. C’est une invention de plus de Michel Durand-Delga qui conduit son lecteur vers son but à lui, en dehors de toute raison scientifique.
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Contrairement à ce que dit J. Deprat, relayé par Michel Durand-Delga, c’est Honoré Lantenois et Joseph Henri Ferdinand Douvillé qui font obtenir le prix Tchihatchef à Henri Mansuy et à Jacques Deprat. Ce n’est pas Jacques Deprat qui le fait donner à Henri Mansuy, ceci est une supercherie. Page 11 : Michel Durand-Delga disculpe encore Jacques Deprat sur ses obligations alors qu’il avait publié des notes sans aviser son chef. Pourtant Jacques Deprat avait un devoir comme fonctionnaire d’un service d’État, celui de rendre compte. C’est une obligation et une règle de la fonction publique, Michel Durand-Delga ne la connait-il pas ? Ou bien Michel Durand-Delga veut oublier cette règle ou volontairement l’ignorer. Pour le congrès géologique au Canada en 1913, Michel Durand-Delga tire ses conclusions de sept lettres de J. Deprat. Il n’y a pas d’étude contradictoire avec des documents de H. Lantenois. Selon Michel Durand-Delga, alors qu’il ne produit pas de documents, « On s’arrachait Deprat » qui vit au quotidien avec Pierre Termier. Or cette version est inexacte puisque Pierre Termier avait un grave conflit avec J. Deprat. Michel Durand-Delga ne prend pas le soin de vérifier ces affirmations, il se contente des propos de J. Deprat que celui-ci a tronqués et faussés. Tout est unilatéralement favorable à Jacques Deprat. La réalité est autre, inverse : J. Deprat est insupportable, sa prétention agace tout le monde autant que ses erreurs dont beaucoup de savants ont le souvenir comme de ses appropriations des travaux des autres. Tout ce qui suit est du même acabit, Michel Durand-Delga se contente de copier-coller extraits de Les chiens aboient en rajoutant quelques perles :
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— « nous avions un secrétaire particulier qui dactylographiait nos brouillons, etc. » protocole attribué à J. Deprat alors que c’est Henri Mansuy qui a mis en place cette formule lorsque Honoré Lantenois lui a demandé de réorganiser le service, et ce avant l’arrivée de J. Deprat comme en atteste Madeleine Colani ; — « il est vraisemblable que, si Lantenois n’était pas inopinément revenu en Indochine « l’affaire » n’aurait pas éclaté ». Il n’est pas possible d’arriver « inopinément » en Indochine en pleine guerre, et il y a des arrêtés de nomination et toute une machine administrative, et un mois de voyage. — la contestation de la détermination des fossiles contenus dans les récoltes de Jacques Deprat par Henri Mansuy, montre uniquement son honnêteté et sa rigueur scientifique et non une volonté de quoi que ce soit. Henri Mansuy n’a jamais eu envie d’être chef. Page 12 : « On reste confondu devant la puissance de dissimulation de Mansuy, qui quelques semaines plus tard, accusera son jeune chef de forfaiture » Or, Henri Mansuy avait déjà parlé sans écho à J. Deprat qui ne voulait pas répondre. Il avait recherché comment Jacques Deprat avait pu se procurer des fossiles européens. Mais c’est Jacques Deprat qui le lui révélera, lui-même, dans un échange lapidaire : « la collection Counillon prise comme ressource ! ». Jacques Deprat était absolument persuadé que Henri Mansuy n’oserait pas révéler les fautes que lui Jacques Deprat avait commises. Quant-aux interrogations fallacieuses de Michel Durand-Delga sur les envies de Henri Mansuy de devenir chef de service, elles n’ont aucun sens. Henri Mansuy n’en a jamais
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eu envie. Il n’aspirait qu’au plaisir de la recherche et de la connaissance. Page 13 : Jean Louis Giraud a connu J. Deprat lorsqu’ils étaient jeunes. Michel Durand-Delga précise que « ses vantardises (celles de Deprat) ont «épaté» le jeune esprit ». Ce que reproche a posteriori en fait Michel Durand-Delga à Jean Louis Giraud, c’est qu’il met au jour le vrai caractère de Jacques Deprat et qu’il découvre la personnalité de très grande valeur de Henri Mansuy. En effet, Jean Louis Giraud maintint que : « Mansuy est un savant de premier ordre qui est l’âme du service », (…) « Mansuy a acquis une véritable maîtrise (…) je crains qu’il n’en soit pas de même pour la tectonique de Deprat ». Michel Durand-Delga ennuyé, prend, comme toujours, le parti de Jacques Deprat contre Jean Louis Giraud qui ajoute : « Deprat est bien connu et pas avantageusement (…) il fait du chiqué et non de la géologie (…) l’avenir éclaircira tout cela et montrera ce que valent ses travaux et ses grandes synthèses de pure imagination ». Bien sûr qu’un tel jugement gêne Michel Durand-Delga, donc il cherche à discréditer Jean Louis Giraud. « Nous savons que, depuis longtemps, Mansuy avait dans l’esprit d’accuser Deprat de faux. » Cela est une invention de Michel Durand-Delga qui n’a nullement été présent et ne sait pas. Michel Durand-Delga continue sur ces affirmations accusatrices et veut conduire le lecteur à sa seule conclusion : Jacques Deprat est bon, Henri Mansuy est mauvais. Page 14 : Michel Durand-Delga continue dans son dithyrambe en faveur de Jacques Deprat : les faits sont présentés de façon
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contrefaite et insideuse pour sembler vraie aux non-avertis. Il faudrait relever chaque page, chaque ligne et en donner une longue explication, car tous les faits sont déformés. Mais un tel exercice d’exégése critique devient inutile tant la méthode est répétitive et déjà mise au jour : tout d’abord organiser la mise en condition du lecteur, répéter, inventer, puis asséner des vérités inventées ou basées sur le discrédit et des arguements moraux et raciaux faux. « Deprat commence à se débattre devant l’accusation infamante de Mansuy ». L’accusation est juste, puisque c’est J. Deprat qui a volé les fossiles européens importés par Jean Baptiste Counillon. De plus J. Deprat les a volés avec préméditation en 1910, en tant que de besoin, en abusant de J.B. Counillon faible. « Mansuy ne s’est jamais manifesté directement (…) restant à l’arrière-plan, il va guider et conseiller Lantenois ». Mansuy s’est manifesté directement auprès de J. Deprat qui n’a pas voulu entendre, ni répondre puis il laissa comme il se doit Honoré Lantenois agir comme chef de service. Jacques Deprat en rajoute beaucoup dans sa fiction et Michel Durand-Delga y reste collé : — page 214 : « l’homme pour lequel il avait tout fait, qu’il avait tant aimé, dont il se croyait aimer ! (...) puis tout s’illumina l’épouvantable nature du traître ». Jacques Deprat inverse les rôles, Henri Mansuy n’avait pas eu besoin de lui pour produire son œuvre et n’a pas trahi. — page 218 : « ne voyait guère que la trahison de Mihiel. Il avait, sans figure de rhétorique, l’impression d’un abîme gigantesque ouvert subitement sous ses pieds. Il pleurait l’amitié perdue, il rougissait de sa naïveté prolongée et
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il avait honte de l’humanité qu’un de ses représentants intelligent pût figurer un pareil monstre moral. », c’est pratiquement ce qu’écrivait H. Mansuy sur ce qu’il ressentait lui-même à l’égard de J. Deprat, qui avait détourné les principes scientifiques et trahi son amitié. Page 15 : Michel Durand-Delga essaie de tirer argument du contenu du rapport Habert sur le diagnostic de H. Mansuy. Or, les constations de H. Mansuy sont exactes. À propos du rapport Habert, Michel Durand-Delga écrit : « Dans cette réponse, il (J. Deprat) n’élève aucune contestation au sujet des fossiles dont on déniait l’origine indochinoise ; il proteste avec hauteur contre l’invraisemblable supposition qu’ils peuvent ne pas être authentiques. Aux arguments qu’on lui a opposés, il répond : 1°) Faits d’ordre paléontologique. De ce que jusqu’à ce jour on n’a jamais trouvé d’espèce européenne dans le Cambrien d’Indochine, il n’est pas permis de conclure qu’on n’en trouvera jamais. L’argument est donc antiscientifique. 2°) Faits d’ordre lithologique. Ce second argument n’a pas plus de valeur que le premier : on peut retrouver en Indochine tous les faciès lithologiques d’Europe, ils sont tous représentés ici. 3°) Faits d’ordre matériel. Il a trouvé au Tonkin et au Yunnan bien d’autres échantillons entiers et bien conservés. Pourquoi les Trilobites d’Europe auraient-il le privilège exclusif de se présenter en bon état de conservation ? Quant à la proposition que lui fait M. Lantenois d’aller sur le terrain avec lui pour fouiller ses gisements et, à défaut de fossiles, prélever des échantillons de roches, il la décline catégoriquement. Il ne peut accepter de se soumettre à une pareille humiliation, — du reste, il est malade. » (C’est le texte de J. Deprat !)
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Michel Durand-Delga déplace grossièrement le problème, nie l’évidence : il justifie sa théorie par le fait qu’à l’avenir des fossiles pourraient être trouvés (mais à cet instant ils ne l’ont pas été !) et conteste la réalité du fractionnement des fossiles locaux, ce qui est dû à des conditions géologiques différentes de celles d’Europe (charriages). Il ne fait que montrer et reprendre l’aveuglement de J. Deprat. « Deprat se cabre devant l’allégation infamante ». Soit l’allégation est fausse et Michel Durand-Delga doit le démontrer, soit elle est vraie et l’infamie est bien celle de J. Deprat. Page 16 : Michel Durand-Delga invente et attribue des qualités aux protagonistes : « Lantenois fait preuve de bons sentiments, mais aussi de manque de tact (ce sont deux aspects que l’on retrouve souvent chez lui) ». Honoré Lantenois était pourtant connu de tous et reconnu pour sa courtoisie et sa grande politesse. Michel Durand-Delga conclut un point par « ce qui nous semble plus probable ». Or rien ne le prouve sauf sa volonté de disculper son favori. Et ce n’est pas Michel Durand-Delga qui a le pouvoir de juger. Michel Durand-Delga indique cependant que Jacques Deprat ne veut jamais exécuter l’ordre de son supérieur Honoré Lantenois, ni lui rendre compte. « Je serais le dernier des pleutres si j’acceptais cette outrageante injonction » déclare J. Deprat alors qu’il commet une faute professionnelle en ne s’exécutant pas. Il accuse « vous avez séquestrés (les échantillons de fossiles) » alors que H. Lantenois a seulement immobilisé les preuves de la fraude avec le soutien entier et total de toute l’administration et du Gouverneur. Ce qui est normal pour éviter de nouvelles supercheries. Cependant, Honoré Lantenois est magnanime puisqu’il propose une
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solution pour que J. Deprat se disculpe : « Si vous trouvez une seule des autres espèces incriminées, l’affaire aura progressé d’un grand pas et peut-être pourrait être tenue pour entièrement solutionnée ». Ce que, coupable, J. Deprat ne peut en aucun cas accepter, sachant qu’il est impossible qu’il en trouve d’autres in situ. Page 17 : Michel Durand-Delga accuse les lanceurs d’alerte de collusion : « La duplicité de Lantenois est attestée » et « probablement poussé par Mansuy ». Sauf qu’il admet que « Deprat gravement s’enferra » et que J. Deprat rédige « un peu hâtivement ». C’est toujours la même méthode conduite par Michel Durand-Delga, accuser les autres et disculper J. Deprat. Page 18 : Michel Durand-Delga ne souligne pas que Jacques Deprat pense « Ils n’oseront pas aller jusqu’au bout », dans son roman page 241. Page 19 : Jacques Deprat avoue l’impossibilité de redécouvrir des fossiles, dans son roman, or c’est la base de la science : la reproductibilité. Il avoue donc lui-même, puisque ce n’est pas possible que c’est faux. À propos de l’avis des experts, concernant l’instruction du responsable du service, Honoré Lantenois, de retourner sur le terrain pour y retrouver des spécimens identiques, J. Deprat dit : « Elle (la réponse des trois savants Alfred Lacroix, Pierre Termier et Joseph Henri Douvillé) donnait raison à Dorprat (alias Deprat) sur son refus d’accompagner Tardenois (alias Lantenois). On reconnaissait qu’une telle expédition serait impossible. On concluait en engageant Dorprat à reprendre ses explorations. Il se peut que vous re-
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trouviez les fossiles incriminés, disait-on, avec l’avantage de faire de nouvelles découvertes ». Toute personne connaissant les pratiques administratives comprend immédiatement que les rédacteurs, les trois experts, ne disaient pas ce J. Deprat prétend. Page 19 : Chez Joseph Constantin, inspecteur général des travaux publics de l’Indochine, vers le 11 décembre 1917, dans une réunion officielle, Jacques Deprat refuse la proposition de Honoré Lantenois qui cherche à le sauver : « une demande de démission » et « un écrit avouant la substitution » moyennant la promesse d’une chaire en France. Dans Les chiens aboient Deprat utilise ces faits contre Honoré Lantenois en rajoutant qu’il aurait dit : « Et j’espère vous voir dans la misère avec votre famille » ! Conjectures de la part de Michel Durand-Delga. Le portrait de Joseph Louis Marius Emmanuel Constantin, fait par J. Deprat est : «petit homme mince ». Il est important de rappeler que L. Constantin mesurait 1,68 m alors que Jacques Deprat ne mesurait que 1,60 m. Ce trait de caractère de Jacques Deprat est évident, il voit pour mal chez les autres ce qu’il doit trouver bien chez lui : son complexe permanent de petitesse le tourmentait et l’amenait à toutes les inventions. Page 20 : Michel Durand-Delga concède que Jacques Deprat « est d’une susceptibilité extrême » et est plus indulgent pour Pierre Termier que pour Honoré Lantenois et Henri Mansuy, puisqu’il se demande si les descriptions de Jacques Deprat dans Les chiens aboient sont bien justes : « Ceci surprend un peu de Termier, homme généreux et moralement exigeant, tel que l’ont décrit tant d’observateurs dignes de foi ». Que
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n’a-t-il eu le même avis sur les écrits portant sur les autres protagonistes ? Rappelons que P. Termier avait vu les fraudes de J. Deprat concernant la Corse : il « avait produit une carte en grande partie fausse (...) En amplifiant les erreurs commises et en inventant, selon son habitude, de nouveaux tracés, Deprat était arrivé à un joli résultat ». Michel Durand-Delga avoue luimême : « Il est exact que Jacques Deprat a souvent reproduit tels quels les vieux levers de Nentien et que les observations (…) sont en partie inexactes ». Mais il absout Jacques Deprat et tord la réalité : « Mais il s’agit d’erreurs banales ». Il tord toujours le cou à la vérité, à son avantage pour son but. Sous le prétexte que le rapport du juge François Thermes6 n’a pas été retrouvé et que le rapport de Louis Alfred Habert n’en parle pas, Michel Durand-Delga conclut que Jacques Deprat a dit vrai dans Les chiens aboient ! C’est intellectuellement incroyable. Jacques Deprat écrit que le rapport de Thermes lui aurait été « entièrement favorable ». Michel Durand-Delga écrit : « On peut accepter ces affirmations : bien que le rapport de Thermes n’ait pas pu être trouvé, le fait que le rapport Habert (1918) n’en parle pas nous semble significatif de sa conclusion ». Comment interpréter un document invisible dont le texte n’est pas publié, cela ne relève pas d’une démarche très méthodique ? Surtout pour un enquêteur et un scientifique. Page 22 : Après la décision du Gouverneur général, Albert Sarraut, ordonnant « une visite contradictoire du site géologique de Nui-Nga-Ma près de Vinh », Jacques Deprat s’y rend. Le rapport n’ayant pas été retrouvé, Michel Durand-Delga se
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M. François, Thomas, Eugène Thermes, juge, procureur de la République à Haïphong, chevalier de l’ordre du Cambodge, (JORF, 18 mars 1920).
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fonde encore étonnement sur Les chiens aboient ! (Nui-NgaMa est l’alias du site de Dong-Lé7). Page 23 : Michel Durand-Delga renverse les accusations, comme J. Deprat « susceptible et peu partageur », qui, coupable d’appropriations multiples, accuse les autres : « Ce système, employé par quelques confrères, (…) qui produisaient des travaux inédits grâce au labeur d’autrui ». C’est le monde à l’envers ! Michel Durand-Delga dénigre même Alfred Lacroix : « la grave insinuation de Lacroix est sans fondement ». Sur les faits Michel Durand-Delga se contredit puisque dans le paragraphe sur Joseph Henri Douvillé, il indique que ce dernier a longtemps hébergé Henri Mansuy à Paris après 1911, alors qu’il dit exactement le contraire page 14 de son rapport. Un homme qui se trompe autant ne peut être suivi, ni cru. Michel Durand-Delga, qui n’est pas à une suspicion près, dit que Joseph Henri Douvillé perdit son fils à la guerre comme Pierre Termier son gendre chéri. C’est toujours spécieux avec Michel Durand-Delga. Ces insinuations permanentes sur les sensibilités affectives des personnes, apparaissent depuis le début du rapport, elles sont odieuses et mal venues. Michel Durand-Delga élucubre encore contre Joseph Henri Douvillé : « Il est vraisemblable que Douvillé (…) dut avoir peine à tenir la balance égale entre l’ingénieur en chef Lantenois — dont il a vanté maintes fois les mérites — et le jeune Jacques Deprat, simple universitaire ». Ce sont des spéculations gratuites qui ne grandissent pas Michel Durand-Delga, ou le découvre.
7.
Qui doit être Dong-Lay (Dong-Lai).
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Page 24 : « Habert devant l’incohérence apparente de la défense de Jacques Deprat, devait sincèrement tenir celui-ci pour coupable ». Il n’y aucune apparence. Cette phrase anodine est étonnante. Elle montre la volonté qu’a Michel Durand-Delga de glisser un mot, souvent, afin de faire venir le lecteur à sa façon de voir. « Apparente » est le mot clef qui résonne sans rien dire mais en dit long pour essayer de convaincre. C’est un procédé basé sur le discrédit et le complot. Le portrait de Louis Alfred Habert par J. Deprat est celui de « un homme corpulent aux manières mielleuses et discrètes », « un arriviste, habile, ménager de sa carrière, flatteur des puissants ». Ce que Michel Durand-Delga admet sans critique ni interrogation. Au nombre de ses forfaitures, Jacques Deprat accuse Henri Mansuy d’avoir envoyé à Paris à Alfred Lacroix, Pierre Termier et Joseph-Henri Douvillé des trilobites qui ne sont pas les bons et le dit au Gouverneur général. Celui-ci envoie un câble : « Deprat suggère géologue Mansuy aurait dans un but intéressé substitué chaque fois trilobites provenance européenne aux trilobites provenance locale que lui remettait Deprat ». Les trois savants répondent que non : « que les trilobites envoyés ont bien figuré dans les publications du service (ce sont les mêmes) » et qu’ils sont « persuadés de la parfaite honnêteté de Mansuy et le croient incapable d’avoir commis la faute qu’on lui attribue » et que « c’est impossible que Mansuy ait eu sous la main et en très beaux échantillons des espèces européennes ». Tout est dit mais Michel Durand-Delga ne s’interroge pas pour savoir comment Henri Mansuy, qui n’est pas retourné en Europe selon lui, aurait pu disposer de ces trilobites alors que, dans le cas de Jacques Deprat, Michel Durand-Delga veut trouver des explications pour justifier la
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venue des trilobites et fait des grandes théories fausses, alors que la solution est simple et évidente. Au surplus la lettre de retour des trois savants parisiens accable Jacques Deprat, ce que veut ignorer Michel Durand-Delga. À ce moment Michel Durand-Delga accuse Henri Mansuy : « en fait ces variations de Mansuy prouvent seulement son incohérence ». Si les incohérences dans le rapport de Durand-Delga étaient comptées, personne ne pourrait le soutenir, ni le croire ! Michel Durand-Delga rajoute « sur les faciès des gangues, cet homme vieillissant ». Odieux argument de sénilité. Rappelons qu’en 1918, Henri Mansuy avait 61 ans mais qu’en 1990 lorsqu’il a rédigé son papier Michel Durand-Delga avait 67 ans. Concernant les changements d’avis, Henri Mansuy a toujours écrit que les recherches scientifiques devaient faire l’objet de la contradiction, étaient évolutives en fonction des savoirs qui pouvaient changer et des progrès scientifiques qui pouvaient permettre d’affiner ce qui initialement était déterminé. Henri Mansuy a ainsi publié, contrairement à ce que dit Michel Durand-Delga, des corrections et des modificatifs de ses déterminations précédentes à la fois en 1919 et 1927 : 1919. Volume VI. Fascicule VI. Catalogue général, par terrain et par localité, des fossiles recueillis en Indochine et au Yunnan, par les Géologues du Service géologique et par les Officiers du Service géographique de l’Indochine, au cours des années 1903-1918. Révision paléontologique des déterminations déjà publiées dans les Mémoires et Bulletins du Service géologique de l’Indochine (226 pages, in-8° jésus) ;
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1927.
Catalogue des publications du Service géologique de l’Indochine du 1er septembre 1927, imprimerie d’Extrême-Orient Hanoï. Publications dont nous avons vu que des articles scientifiques vantent l’exactitudes et l’importance. Michel Durand-Delga a deux attitudes selon que cela l’arrange pour démontrer son parti pris. Premier cas, il accuse Henri Mansuy de changer d’avis (exemple avec le spirifer que nous avons vu page 12 du rapport). Deuxième cas, Michel Durand-Delga accuse Henri Mansuy de ne pas changer d’avis. C’est la défense de Jacques Deprat à tout prix. Page 25 : Michel Durand-Delga admet que Jacques Deprat « s’est arc-bouté sur cette défense, pourtant peu crédible » et c’est un « homme affolé qui n’arrive pas à reconnaître pour sien » le trilobite qu’on lui montre et qui pourtant est le même « incontestablement celui qui a été photographié par Deprat et figuré par Mansuy en 1913 ». Michel Durand-Delga ignore alors la contre-expertise, il passe sous silence. Le paragraphe 6 de Michel Durand-Delga reprend mot à mot Les Chiens aboient et l’établit comme une vérité : « Dans une longue lettre (31-1-1919) où le Gouverneur Sarraut expose l’affaire au Ministre des Colonies — au moment où Deprat et Lantenois vont quitter l’Indochine — il est précisé que l’enquête de Habert «a duré trois mois, elle a été très ardue, à cause des difficultés scientifiques soulevées. Elle a permis, toutefois, de recueillir les témoignages des personnes qui ont eu à connaître des fossiles, dans la Colonie, et de déterminer les circonstances matérielles dans lesquelles s’effectuait la remise des fossiles, au retour des tournées de M. Deprat, ainsi que leur conservation dans les collections du service, leur détermination scientifique et leur publication.» Parmi ces témoins, outre certaines
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relations personnelles de Deprat entendues à sa demande (Lorans, Marty, Chauvin) (cf. lettre d’Habert à Deprat, 296-1918), figurent ses anciens subordonnés. Nous ne connaissons le résultat de leurs auditions que par ce qu’en écrit Deprat (Les chiens aboient, p. 271-272) qui, légalement, en avait eu connaissance. Son ami Margheriti (alias Munteanu), factotum du Service, terrifié à l’idée de perdre son poste », et « dont il avait invoqué le témoignage à propos de points importants (...) ne savait rien, se dérobait ». « Mlle. Colani (alias Vergani), que Deprat venait de faire titulariser au service l’accablait sans vergogne ». « Elle certifiait exacts tous les dires de Tardenois et de Mihiel (alias de Lantenois et Mansuy), car elle avait la conviction que Dorprat (alias de Deprat) était perdu ». « Giraud (alias Guéralde) produisit un long factum de mensonges haineux (qui) par leur exagération même (...) témoignaient pour Dorprat ». « Quant à Mérion (alias de Counillon), encore à sa rancune d’avoir été chassé en 1910, par Lantenois, de son poste de Géologue, il aurait témoigné contre Mansuy en faisant allusion à une « collection de fossiles d’Europe » qu’il possédait et qui « disparut dans le déménagement de l’Institut (lire : du service géologique), avant l’arrivée de Deprat donc (Ce qui est faux, car Jacques Deprat arrive après la création du batiment du service géologique et avant le vol chez J-B. Counillon. J. Deprat vit les fossiles dans la maisonde J.B. Counillon puis il les vola). Mais son témoignage ne pouvait que traduire sa rancœur contre le sort qu’en 1910 lui avait réservé Lantenois et cela n’aida en rien Deprat. »
Parce que Jacques Deprat ne sait plus comment s’en sortir, il invente le vol par Henri Mansuy alors que c’est lui qui est l’auteur de ce vol. Il révèle même, la supercherie qu’il a commise, page 269 de son roman Les chiens aboient. Michel Durand-Delga n’a pas su lire le livre de J. Deprat, alors qu’il prétend l’avoir lu plusieurs fois : cela n’arrangeait pas son rapport à charge. Dorprat et Lebret (les alias de J. Deprat dans le livre) sont la parfaite manifestation de la duplicité de J. Deprat.
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Michel Durand-Delga reparle de Jean Baptiste Counillon (s’appuyant sur Les chiens aboient) qui déclare qu’on lui aurait volé une collection en 1910. C’est juste (le transfert au service géologique des collections était fini depuis longtemps : les fossiles de la collection J-B. Counillon étaient toujours chez celui-ci !) et c’est Jacques Deprat qui a commis ce vol, il était alors arrivé et visitait J-B. Counillon. Michel Durand-Delga déclare que Jacques Deprat n’est pas arrivé. Michel Durand-Delga a vraiment un problème avec les dates et les âges, et cela est disqualifiant pour tous ses argumentaires. Page 26 : le rapport Habert conclut : « Il existe un ensemble de présomptions, graves, précises et concordantes pour renvoyer Deprat devant une autre commission sous l’inculpation de “faux scientifiques constituant faute professionnelle grave” ». Tout est dit. Page 27 : À propos des courriers qui selon J. Deprat, accusent Henri Mansuy, Michel Durand-Delga n’apporte aucun élément fondé : « On peut en conclure que de tels documents (que je n’ai pas retrouvés) existaient bien » ! Bel exemple de méthode scientifique. Page 29 : Honoré Lantenois, à Paris, aurait été au ministère avant Jacques Deprat ce « qui laisse à croire à Deprat que Lantenois avait réussi à se faire embarquer quinze jours avant lui ». C’est inexact comme le confirme Michel Durand-Delga qui, effectivement, retrouva les deux dates d’embarquement des deux protagonistes mais Michel Durand-Delga n’insiste pas sur ce mensonge supplémentaire de Jacques Deprat et comment ne pas se voir sur un bateau durant un mois.
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Le ministre écrivit à Emmanuel de Margerie : « En un mot s’attacher à faire la lumière la plus complète que possible, au point de vue scientifique, dans l’affaire dite des trilobites et exprimer son avis dans un rapport final. » C’est bien ce qui fut fait. Il est extrêmement présomptueux de la part de Michel Durand-Delga de vouloir après Emmanuel de Margerie et les membres de la commission refaire le jugement et le rapport et surtout les contredire sans éléments. Page 30 : Michel Durand-Delga fait d’Emmanuel de Margerie une description haineuse parce qu’il n’est pas du côté J. Deprat : « géologue très spécial, n’a jamais fait de recherche », « hante les congrès », « sait se rendre indispensable », « une totale absence de diplôme », « habile flatteur, adorant les ficelles, capable parfois de réactions d’une extrême nervosité ». Quand il n’aime pas, Michel Durand-Delga est excessif dans ses portraits. À propos de Jules Bergeron, Michel Durand-Delga invente sans base factuelle et détourne : « C’est abusivement que Lantenois a écrit (…) les experts qualifiés Douvillé, Bergeron (…) ont affirmé leur conviction absolue et complète que les susdits échantillons sont de provenance européenne. », « Bergeron n’a pas pu avoir l’opinion que l’ingénieur lui prête. » Mais comme Michel Durand-Delga le saurait-il, lui ? Il affirme c’est tout. Dans une description de René Chudeau, Michel Durand-Delga use encore d’arguments moraux qu’il n’utilise pas à l’encontre de J. Deprat : « assez médiocre », « s’être affiché avec une femme connue pour ses mœurs légères », « mourra misérablement ».
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Page 31 : On reproche à Jacques Deprat « sa mauvaise foi » marquée par le refus de communiquer ses « carnets de notes, prises en cours de route ». Carnets, qu’il déclare, avoir été détruits : « par les termites et par l’humidité, allégation démentie par le parfait état de conservation des lettres versées au dossier par M. Deprat ». Une fois de plus Jacques Deprat ment mais Michel Durand-Delga ne relève pas ce fait, cela ne l’arrangue pas. Michel Durand-Delga rappelle cependant un reproche de la Commission : « L’évidente disproportion entre l’importance et la précision apparente de ses publications et la brièveté du temps consacré aux recherches sur le terrain. » C’est ce qui s’est passé aussi en Grèce, Corse ou pour la Nouvelle-Calédonie, etc. Si Jacques Deprat a pu faire ce qu’il a prétendu, ce n’est que grâce au travail acharné de Henri Mansuy, depuis dix ans avant l’arrivée de Jacques Deprat, à l’élaboration par Henri Mansuy d’une carte et de notes, à des publications et aux travaux de Honoré Lantenois, du capitaine Georges Zeil et de René de Lamothe. C’est du détournement de recherches. Au lieu de le reconnaître Michel Durand-Delga se lance dans une phrase à sous-entendu. Les assertions fausses de Jacques Deprat contre H. Lantenois sont retenues par Michel Durand-Delga « n’ayant jamais mis les pieds dans ces régions dangereuses. » Vraiment, Michel Durand-Delga ne se rend même plus compte, pris par son prisme déformant. Honoré Lantenois a été plusieurs fois longtemps sur le terrain du Yunnan et Henri Mansuy aussi. Il n’est pas possible, devant ces grossières erreurs, d’accorder crédit aux arguments de Michel Durand-Delga.
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Page 32 : La conclusion de la commission est sans appel : « La Commission n’a pu relever à la charge de M. Mansuy aucune présomption de culpabilité dans l’affaire dite des Trilobites. Elle tient à affirmer sa conviction que M. Mansuy est resté complètement étranger aux faux d’ordre scientifique qui lui ont été imputés par M. Deprat. Par contre, la Commission, à l’unanimité, conclut à la culpabilité de M. Deprat. » Mais Michel Durand-Delga tord la réalité et interprète en faveur de Jacques Deprat : « l’hypothèse d’une malheureuse confusion de collections dont il aurait accepté d’endosser la responsabilité », « Mais il est trop fier pour entrer dans une semblable combinaison, qu’un véritable faussaire aurait logiquement acceptée ». Tout cela n’est pas respectable pour un scientifique ayant fait une si longue carrière. Page 34 : Emmanuel de Margerie annonce à Jacques Deprat qu’il est radié de la Société géologique de France. Jacques Deprat répond « qu’il s’en honore ». Il a donc été déshonoré d’être provisoirement réhabilité grâce au rapport de Michel Durand-Delga ! Tout continue à l’identique sur cette page. Nul besoin de reprendre les arguties de Michel Durand-Delga. Il ne saisit pas pourquoi les actions administratives après le jugement contre J. Deprat, eurent pour conséquence l’éloignement de J. Deprat du service géologique. Michel Durand-Delga s’offusque de ce qui est une pratique courante et nécessaire. Ne sait-il pas gérer un service ? Page 38 : Michel Durand-Delga déclare que « Mansuy est avec Jacob au moins officiellement dans de bons termes mais qui (Mansuy) manifestement supporte mal la tutelle d’un chef
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de service ». Or, Henri Mansuy et Charles Jacob s’entendent très bien comme les lettres et les livres de Charles Jacob en 1920 et 1921 le prouvent notamment dans les introductions et le corps du texte, ainsi que les appréciations de Ch. Jacob. Encore une invention de M. Durand-Delga juste pour dire le contraire de la réalité et essayer d’organiser des éléments favorables à J. Deprat. Encore une fois, Henri Mansuy n’avait pas envie d’être chef. Michel Durand-Delga insiste sur les observations de Jacques Deprat et qu’il avait eu de belles idées. Ce n’est pas la pertinence des idées sur les nappes de charriages8 qui est contestable, c’est la méthode voulant démontrer en trichant, avec des faux. Page 39 : Honoré Lantenois écrit à Charles Jacob (son successeur à Hanoï) : « Toute l’œuvre de Deprat est frappée de suspicion légitime. Nous avons, en effet, la certitude que toute sa vie scientifique a été une imposture. Tous ses travaux sont entachés de faux (...) » Jamais H. Lantenois ne variera plus d’un pouce dans son appréciation. Madeleine Colani fut du même avis, comme Jacques Fromaget, Charles Jacob, Maurice Cossmann et de nombreux autres. Pourquoi M. Michel Durand-Delga n’a-t-il pas voulu les lire ? « Mansuy n’a pas réussi à trouver d’autres cas litigieux parmi les milliers de fossiles rapportés par Deprat. » Effectivement il est dû à la rigueur de Henri Mansuy d’avoir pu identifier dix fossiles frauduleux parmi des milliers. C’est plutôt un
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Madelaine Colani disait de Deprat : « son style souvent original et parfois brillant » et « les résultats qui sont consignés auraient, s’ils n’étaient pas inexacts, une importance capitale ».
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exploit. Mais pourquoi tant de méchanceté dans le propos de Michel Durand-Delga. D’autant plus qu’il ne relève pas que la grande théorie élaborée par J. Deprat n’a pas reposé sur plus de fossiles, ceux-là seuls sont les bases de sa théorie. Le Gouverneur Maurice Long, lors du départ de Henri Mansuy dit, le 21 juin 1921 écrivit : « découvrant par votre seule pénétration de savant une imposture inouïe, qui devait rencontrer d’abord beaucoup d’incrédules, vous n’avez pas hésité à vous exposer aux pires calomnies pour rétablir dans son intégrité la Vérité scientifique. » M. Durand-Delga est incohérent en prétendant que ces dires ne sont pas sincères mais téléguidés par Charles Jacob, alors que dans la page précédente il nous disait que Charles Jacob et Henri Mansuy ne s’entendaient pas. Étrange. Au surplus il ne cite pas tout de la lettre : « par son seul effort, s’est élevé jusqu’à la place éminente qu’il a conquise parmi l’élite du monde savant, offrant ainsi un rare et magnifique exemple de ce que peuvent la volonté et le travail mis en œuvre au service d’une vraie vocation. » C’est loin des écrits de Michel Durand-Delga. Michel Durand-Delga tordant les faits déclare que, après le retour de Henri Mansuy à Hanoï, parce que des collaborateurs ne voient pas d’un bon œil l’arrivée de H. Mansuy, celui-ci se cantonne dans des travaux de préhistoire. Si Michel Durand-Delga avait bien cherché et lu la lettre de mission de Henri Mansuy, il aurait constaté d’évidence que Henri Mansuy n’était revenu que pour de la préhistoire : c’était son unique mission. Page 40 : Jacques Deprat déclara Henri Mansuy désagréable vis à vis des indigènes et des faibles, tout dit le contraire, alors que, lui J. Deprat, les traite de « coolies de bas étage ». Gen-
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tillesse, bonté, écoute, humanité sont les caractéristiques de H. Mansuy. Michel Durand-Delga insiste sur des rapports prétendument défavorables d’André Lochard ou Fernand Blondel contre Madeleine Colani, qui aurait été soutenue grâce à l’influence qu’aurait eu autrefois son père auprès de Léon Gambetta. Galéjade. Gambetta étant mort en 1882, il ne pouvait donc rien faire pour M. Colani en 1917. Avec Michel Durand-Delga ce qui est faux devient vrai et ce qui est vrai devient faux. Le temps pour lui est aboli comme les dates et la chronologie, il s’y perd ! Page 41 : Michel Durand-Delga écrit : « Après l’avoir lu (le roman de Deprat) un grand nombre de fois, afin d’en bien saisir les clés et de pénétrer les pensées de l’auteur — qui se met en scène doublement (« Lebret », le clairvoyant qui met vainement en garde « Dorprat », le naïf), je suis convaincu que sur le plan des faits rapportés — en particulier les scènes où paraissent les témoins (car pour les monologues ou pensées qu’il prête aux autres, c’est œuvre d’imagination) — et après avoir confronté « Les chiens » avec les nombreux autres documents retrouvés, le récit de Deprat peut être généralement tenu pour fiable ». L’avis de Michel Durand-Delga est donc bien fondé sur la fiction vengeresse de J. Deprat. De multiples fois, Michel Durand-Delga ne relève pas les erreurs, les accepte et même les déclare pour vrai. Tout cela n’est pas scientifique ! À la lecture du roman de Jacques Deprat, Henri Mansuy fut une nouvelle fois abasourdi par tant de mensonges, de faux semblants, de dédoublements. Mais il décida de ne rien dire et de ne rien faire, car quiconque sait lire comprend que les propos sont outranciers et faux. À l’inverse, les quelques clefs
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que Michel Durand-Delga prétend avoir trouvées semblent lui échapper. Celles-ci révèlent en fait la supercherie de Jacques Deprat et le montage de la fraude pourtant de façon claire. Page 42 : Signe d’inexactitude, le roman de Jacques Deprat sort en 1926, or Michel Durand-Delga écrit « dans la colonie 30 ans plus tard, en 1940, il soulève encore des gorges chaudes ». Michel Durand-Delga est âgé lorsqu’il écrit son rapport mais il donne des leçons sur la fragilité que l’âge provoque sur le jugement, en parlant de plus jeune que lui, comme à cette époque Henri Mansuy. Alors qu’il commet des fautes de raisonnement et d’analyse, qu’il organise des incohérences nombreuses, Michel Durand-Delga aurait pu, comme scientifique, au moins sur les chiffres ne pas commettre tant d’erreurs. Michel Durand-Delga prétend que Henri Mansuy est : « un homme vieilli et amer, pratiquement sans famille, qui ne se manifestera plus guère. » Cette phrase voudrait être le reflet de la vie de Henri Mansuy à son retour à Paris, or c’est faux. Henri Mansuy publia encore (1926, 1927, 1928, 1929, 1931) comme sa bibliographie l’atteste. Il travailla beaucoup avec les sociétés savantes, l’Académie des sciences, celle d’Outre-mer, la Société géologique, la Société de géographie, les savants du monde entier, etc. Il fut conservateur honoraire et chargé des crânes d’Indochine. Il organisa pour l’Exposition internationale les collections préhistoriques et leurs explications. Le Muséum national d’histoire naturelle lui demanda de l’aide pour l’organisation et l’installation des collections. Il travailla à des articles avec René Verneau, Madeleine Colani, Honoré Lantenois, Georges Maspero, Pieter van Stein Callenfels. Michel Durand-Delga parle donc une fois de plus sans savoir.
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Page 44 : Michel Durand-Delga affirme : « cet homme, au caractère ardent, intransigeant, très — trop ! — sûr de lui, d’une intégrité morale incontestée (nous avons vu que c’est faux), n’a rien du faussaire qu’aurait été, aux yeux de beaucoup, Jacques Deprat. » alors qu’il est démontré qu’il a détourné des travaux, menti, volé des recherches et des fossiles. Vraiment, comment pouvoir affirmer de telles faussetés ! Page 45 : « Dans le milieu géologique, la lecture des «Chiens aboient» n’a pu avoir qu’un impact limité, du fait qu’en 1919 la quasi-totalité des grands maîtres des Sciences de la terre s’était retrouvée, comme un seul homme, pour condamner Deprat (...) Tout au plus l’ouvrage de «Herbert Wild» put-il réussir à faire déconsidérer Mansuy, le «traître», et Lantenois, son abusif porte-parole, sans pour autant innocenter Deprat » Or, Michel Durand-Delga écrit quelques pages plus tôt (page 41) que le livre avait eu un succès de lecture parmi « maints géologues » (il n’y eu que 2200 exemplaires !). Toujours manque de rigueur et contradiction. Au surplus la date de sortie du livre n’est pas bonne. Mais Michel Durand-Delga s’arroge le droit de juger et de salir. Il est bien sûr que Henri Mansuy n’était pas un « traître » et que Honoré Lantenois n’était pas « son abusif porte-parole » ! Michel Durand-Delga essaie de nous dire que Jacques Deprat avait de l’intelligence et qu’il a eu des intuitions géologiques pertinentes : il est possible de le suivre. Ce qui est inacceptable, c’est que pour soutenir cette idée, il essaye de faire passer un coupable pour innocent avec des arguties. Ce sont les méthodes de Jacques Deprat pour prouver ses thèses qui sont en cause, c’est là où Michel Durand-Delga n’aurait pas dû se tromper.
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Page 46 : Albert Bordeaux écrivit à Charles Jacob afin de réaliser une intervention en faveur de Jacques Deprat, après la mort de celui-ci : « Il a voulu soutenir par des faits une hypothèse qui lui tenait à cœur, se disant que les preuves viendraient bien à leur tour. Il aurait pu, même dû, le reconnaître, s’il ne s’agissait que d’un tout petit nombre ». Ce qui ne signifie nullement un acquittement mais de la clairvoyance sur les fautes. Michel Durand-Delga utilise les propos de Pierre Termier en les tordants : « dès 1905, Deprat émettait l’hypothèse d’un traînage, (…) hypothèse basée sur le fait bien curieux, observé par lui (ce qui voudrait dire par lui seul) … » puisqu’il en déduit que « Termier reconnaissait toujours la maitrise scientifique de Deprat. Davantage encore, que celui-ci méritait indulgence voire réhabilitation ». Pourtant ce n’est pas le cas, et P. Termier ne le considéra pas et l’exemple cité n’est pas en Indochine, où Deprat arrive plus tard. Page 47 : Selon Michel Durand-Delga : « M. Jacob a donné une carte au millionième du nord de l’Indochine. Mais il faut se souvenir que Deprat avait préparé depuis 1916 une telle carte qui, selon Mansuy (lettre à Lacroix 21-8-1916) — peu suspect de complaisance- «sera très probablement publié en 1917», prévision que la mise en accusation de Deprat empêchera de voir réalisée. » Or, c’est Henri Mansuy qui publia une carte en 1908 (cf. bibliographie et le corps du texte ci-dessus), bien avant l’arrivée de Jacques Deprat. Cette carte Michel Durand-Delga veut l’ignorer systématiquement afin d’arranger sa démonstration. Rappelons ainsi ici : Contribution à l’Étude Géologique du Haut-Tonkin, par le Capitaine G. Zeil ; Note sur la Géologie de l’Indochine par Honoré Lantenois ; Note sur la Géologie du Cambodge et du Bas-Laos par René de La-
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mothe, paru à la Société géologique de France, 1907, puis les nombreux travaux de Henri Mansuy sur le fameux gisement de Lang-Chiet (feuille de Son-Tây), vallée de la Rivière-Noire, non loin de Hanoï, ou encore celui de Hagiang et les mines d’or qui complétent les expertises géologiques pour établir la carte géologique en 1908. Les travaux du capitaine Georges Zeil, publiés en 1907, précisent : « Au cours des campagnes 1904-1905, 1905-1906, pendant que les officiers de ma brigade topographique levaient à 1/ 80 000 la région indiquée sur la carte géologique ci-jointe à 1/ 500 000, j’ai réuni les matériaux nécessaires au tracé de ses aires géologiques9 » (…) « De Pac-Binh à Tri-Xuyen, M. Mansuy a trouvé une zone triasique à Myophories continuant celle de Lang-Son. » et conclut en joignant à son texte une carte qui : « permet de voir la direction des plissements qui, d’abord N. S. au centre, s’incurve ensuite vers l’O. aussi bien au N. qu’au S. pour aller se confondre avec celle des plissements du Fleuve-Rouge. Au Sud, près de Thaï-Nguyen, l’incurvation est en même temps accompagnée d’un coincement qui explique la fin Ouest du synclinal de Dine-Ca, ainsi que celle du petit synclinal de Trung-Xa. Pincés entre le granite du Phia-Bioc au N. et les terrains cristallophylliens du Tam-Dao au Sud, les plis tertiaires suivant la voie des plis anciens ont dû se resserrer au contact de ces deux môles déjà consolidés. Si, de ces faits, je rapproche ceux obtenus par ailleurs en Indochine, (…), il en résulte que l’incurvation de la montagne de l’Éléphant10 et le coincement de Thaï-Nguyen se font sentir jusqu’à la côte et même dans les îles qui bordent cette dernière (…) Le problème de synthèse tectonique se présente alors
9. 10.
La carte géologique est publiée à 1/ 100 000, en courbes et en couleurs par le service géographique de l’Indochine. En prolongement de la coupe Coc-Xo à Nuï-Bon, près de Haïphong.
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comme fort complexe, et j’estime que de nouvelles observations locales (…) sont nécessaires, avant de pouvoir aborder une hypothèse permettant de rattacher l’orogénie tonkinoise à celle des régions entourant l’Indo-Chine. » Précisant enfin : « En terminant cette note, je crois utile de dire qu’elle est appuyée : 1 — Sur des observations prises au cours de 7000 kilomètres d’itinéraires ; 2 — Sur la récolte de plus de 5000 échantillons de roches diverses ; 3 — Sur la découverte et la prospection de 60 gites fossilifères ; 4 — Sur de nombreux croquis panoramiques dessinés en cours d’exploration. »
Toutes ces observations méticuleuses et abondantes permettent de noter que le travail de cartographie et d’interprétation avait déjà été largement fait avant l’arrivée de Jacques Deprat. Honoré Lantenois certifie ces faits dans la note qu’il rédigea à la suite de la note du capitaine G. Zeil. Il fait une synthèse des travaux depuis avant 1903 jusqu’en 1907. Il aboutit à une description complète de la géologie du Tonkin : stratigraphie et tectonique. Il y met en avant toutes les découvertes et analyses de Henri Mansuy. À ce moment Jacques Deprat n’était pas arrivé. Page 48 : Eugène Fournier écrit de manière claire : « Enfin c’est aussi sur mes conseils et sous ma direction que Deprat avait entrepris l’étude de l’Indochine : vous connaissez mieux que moi ses travaux et s’il a sombré dans une aventure déplorable, j’estime pourtant que c’était un bon géologue et qu’il restera de bonnes observations dans son œuvre qui est considérable mais sur l’ensemble de laquelle ses procédés incorrects
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et profondément blâmables jettent malheureusement une suspicion générale. » Il dit l’essentiel, la valeur de la science se juge par la qualité des procédés. Michel Durand-Delga ne s’appuient pas sur des faits mais sur ce que, sans doute en toute sincérité, Mme Deprat a cru en n’écoutant que son père. J. Deprat faisait partager sa propre réalité mythifiée à son entourage pour l’en persuader. Michel Durand-Delga fait parler les protagonistes en son sens : « Fromaget semble penser (…) » alors que J. Fromaget n’a pas du tout et jamais pensé en faveur de J. Deprat. Page 48 suite : Michel Durand-Delga écrit : « si Deprat avait réellement commis un tel acte, (...) il aurait fallu que, dès 1909, il médite son futur forfait avant de quitter la France et que, de 1910 à 1916, il “saupoudre” de loin en loin ses authentiques et considérables récoltes, de ces pièces amenées d’Europe ». Comme tricheur avéré, il aura suffi à J. Deprat de voler des fossiles à Jean-Baptiste Counillon, en 1910, pour asseoir ses intuitions. Michel Durand-Delga ajoute : « Si Jacques Deprat avait montré des signes de dérangement mental, ou témoigné d’un comportement cynique, ou facétieux, dans le reste de son existence (...) passe encore. » oubliant délibérément les affaires de l’île d’Eubée en Grèce, de Corse, de Nouvelle-Calédonie, et les heurts avec tant et tant de savants offusqués par les comportements de Deprat et les propos du lieutenant Laval qui évoque « un désordre ». D’ailleurs, J. Deprat lui-même écrivit de lui : « Il composait des petits romans de vengeance qui lui faisaient pitié quand la raison revenait ». Michel Durand-Delga inverse encore les rôles et réalise des portraits infondés pour nuire : « Le malheur a voulu que cet homme trop sûr de lui, incapable de compromis, prompt
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aux enthousiasmes, très «personnel» et intrinsèquement dominateur, se soit heurté, sans qu’il en ait conscience, au vieux solitaire, vaniteux, envieux et soupçonneux, ne supportant aucune autorité hiérarchique ou scientifique mais le masquant sous un masque flagorneur, qu’était Mansuy : ex-anarchiste partagé entre la haine du bourgeois et l’envie de profiter de son statut — au demeurant paléontologiste sérieux, travailleur et de qualité ». Voilà beaucoup d’affirmations désagréables. Or c’est Jacques Deprat qui ne supporte pas l’autorité hiérarchique et a refusé d’exécuter les ordres de H. Lantenois son supérieur hiérarchique. C’est encore lui qui s’est révélé être vaniteux et méprisant, s’isolant complétement de la petite communauté coloniale française. Michel Durand-Delga ne sait pas être mesuré. Michel Durand-Delga poursuit : « Nous ne croyons pas paradoxal de mettre également au crédit de Deprat la défense extraordinairement maladroite qui fut la sienne, et l’»impossible» argumentation qu’apparemment de bonne foi il réunit pour, à son tour, accuser Mansuy de forfaiture. » Michel Durand-Delga ne fait ici que suivre la stratégie imprimée par Jacques Deprat dans Les Chiens aboient, en prenant le contre-pied de la réalité. Sur le registre psychologique dans sa fiction Jacques Deprat se décrit lui-même : « toujours épuisé, abattu, souffrant, prêt à mourir, souffrant de tension nerveuse, etc. » symptômes de sa situation mentale. Au demeurant caractériel, son comportement est caractéristique d’un schizophrène, persécuté par tout le monde. Que tout le monde l’aime ou le haïsse, peu importe. Il est jaloux, affirme avoir tout fait et être le plus brillant. Page 49 : Michel Durand-Delga admet tout de même : « Il nous semble exclu que Mansuy soit l’auteur de telles fraudes : il
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faudrait lui attribuer un machiavélisme exceptionnel, concrétisé dès la minute où Deprat débarque (...) du remplacement des fossiles par lui recueillis par d’autres, qu’aurait introduits Mansuy pour le perdre. Cette interprétation n’est pas raisonnable », mais sans revenir sur ses allégations, ni s’excuser pour toutes les insultes, les propos nauséeux qu’il a tenus. Surtout Michel Durand-Delga ne se pose pas les bonnes questions et ne voit pas que le machiavélisme a été celui de J. Deprat.
Une réhabilitation infondée Après avoir fait le montage d’un décor systématiquement défavorable à l’ensemble des protagonistes ayant dénoncés la fraude de Jacques Deprat, après avoir trouvé des excuses pour les erreurs et les fraudes antérieurs de Jacques Deprat ou émis des réserves, Michel Durand-Delga conclut (page 49) : « En pareil domaine, le degré de certitude est affaire de jugement personnel. Aussi peut-on estimer que cette enquête mériterait certains compléments ».
Son rapport bien qu’infondé et n’apportant aucun nouvel élément, a tout de même servi à une réhabilitation. Une nouvelle commission d’enquête doit être réunie pour l’annuler en reprenant ses propres mots « cette enquête mériterait certains compléments ». À tout le moins, la demande de réhabilitation de la famille Deprat bercée d’un mythe domestique, instruite par le seul discours d’un mari et d’un père psychopathe n’aurait pas dû être obtenue sur la seule base d’une calomnie généralisée : celle de Henri Mansuy, Honoré Lantenois, Madeleine
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Colani, Georges Zeil, Etienne Patte, Léon Dussault11, Umberto Margheriti, le docteur Verneau, Jean Louis Giraud, les Gouverneurs de l’Indochine, les fonctionnaires, Emmanuel de Margerie, des Académiciens, les géologues et tant d’autres. En annexe Michel Durand-Delga reprend qu’il y a « Nombre des trilobites contestés : il s’agit de dix échantillons au total, se rapportant à neuf espèces. Les récoltes de fossiles de Deprat — dont tout le reste n’a pas été contesté — concernent des milliers d’échantillons, en particulier entre 100 et 200 espèces de trilobites d’âge cambrien à silurien, représentés par de très nombreux individus ».
Bien que peu nombreux, les spécimens contestables sont justement ceux qui pouvaient permettre de soutenir la théorie de l’existence d’une Mésogée intérieure au continent de Laurasie-Gondwana. Cette idée a d’ailleurs été lancée par Henri Mansuy bien avant l’arrivée12 de J. Deprat (cf. Carte géologique de 1908, articles et bulletins). Ces fossiles volés dans la collection personnelle de Jean-Baptiste Counillon ont été collectés en France, en Bavière, en Hongrie, etc. Ces fossiles ne sont nullement présentés comme faux ainsi que l’a laissé entendre Michel Durand-Delga. Ce qui est faux, c’est leur provenance. Que Michel Durand-Delga13 veuille analyser des trilobites sur-
11. Décédé à Hanoï en 1934, hommage rendu dans L’Avenir du Tonkin, le 25 juillet 1936. 12. En 1908, Contribution à la carte géologique de l’Indo-Chine, Paléontologie, Gouvernement général de L’Indochine. Direction des Travaux Publics, Service des Mines. (73 pages, in-8° jésus, 18 planches), Imprimerie d’Extrême-Orient. René Verneau le confirme aussi par lettre du 30 mars 1935. 13. Remarquons qu’une fois de plus Michel Durand-Delga est incohérent puisqu’ici, dans son rapport, il dit que H. Mansuy est allé en France en 1910, alors que plus haut dans le texte il dit que H. Mansuy n’a pas bougé de Hanoï. Incohérence, sur incohérence, contre sens et manque de synthèse dans ses idées.
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numéraires retrouvés en 1989 au Collège de France n’a pas de sens, ni n’apporte rien à l’affaire. La question est uniquement de savoir pourquoi Jacques Deprat a introduit les fossiles volés à Jean-Baptiste Counillon si ce n’est pour asseoir sa thèse.
Un argumentaire fictionnel Le texte fondateur de l’argumentaire de Michel Durand-Delga est une fiction, un roman, dans lequel la méthode de Jacques Deprat consiste à indiquer des éléments dispersés puis à les regrouper en une accusation en miroir. Jacques Deprat accuse les autres de ce qu’il est ou a fait lui-même, à l’instar de sa double représentation personnelle : Lebret et Dorprat dans Les chiens aboient. Dans sa fiction vengeresse (page 72), Jacques Deprat plante le décor : à son arrivée, il rend visite à Jean-Baptiste Counillon « il vit un homme peu éloquent, l’allure paysanne et gauche vivant au milieu de ses fossiles. » Les fossiles sont donc bien chez J.B. Counillon et pas au musée. Immédiatement J. Deprat remarque les fossiles. Il aura plus tard le temps d’en tirer parti profitant de la faiblesse de Jean-Baptiste Counillon usé et détruit par l’opium. Jacques Deprat ajoute : « Il n’en tira rien à cette première entrevue. » signe de la préméditation et qu’il revint. Page 76 : Jacques Deprat retourne effectivement chez Jean-Baptiste Counillon : « Deprat se laissa conduire chez Counillon. Counillon lui montra des cartes de régions qu’il avait étudiées ». Page 215 : la planification du forfait se poursuit : « Dorprat sentit une sueur froide et se souvint de Mérion ».
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Page 224 : Ici Jacques Deprat se dévoile : « qu’il prétend avoir été apportés de France ». Il connaît donc la provenance des fossiles. Page 239 : Jacques Deprat dévoile le scénario. Il parle à son double Lebret : « vous savez bien qu’il ne pourra retrouver les mêmes ». Difficile en effet de retrouver localement les mêmes fossiles, malgré toutes les savantes fiches de détermination de Michel Durand-Delga, les fossiles étaient européens et non locaux. Page 268 : Jacques Deprat, un peu coincé par le nouvel échantillon de la collection de Jean-Baptiste Counillon qu’il prétend avoir trouvé à Dong-Lé14, invente que c’est Honoré Lantenois qui aurait été le déposer. Pourtant Jacques Deprat nous répète dès que possible que H. Lantenois est trop gros pour bouger et se rendre sur le terrain ! Du coup J. Deprat prête ces mots à Mihiel (alias de H. Mansuy) : « N’a-t-il pas affirmé devant témoins qu’il avait recueilli sur place le second échantillon de Dong-Lé ? » Qui cela peut-il tromper, c’est la pratique habituelle des supercheries inversées en miroir de Jacques Deprat. Page 269 : « Counillon lui raconta comment, sans discussion possible, Tardenois (alias Lantenois) et Mihiel (alias Mansuy) lui avaient volé des résultats importants, avaient vécu sur ses travaux ». J. Deprat renvoie sur les autres ses propres travers. Jean-Baptiste Counillon ne risquait pas de se faire voler des travaux qu’il ne faisait plus depuis son addiction à 14.
Qui doit être Dong-Lay (Dong-Lai).
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l’opium et depuis longtemps, dix ans au moins : déjà en 1901 le Gouverneur se plaignait qu’il ne produisait plus rien ! Jacques Deprat avoue de cette façon ses actes et transpose : « Et pour votre affaire, dit l’ancien chef de l’Institut scientifique, je vais vous donner un renseignement essentiel. Je possédais, jadis, une collection de fossiles d’Europe. Elle disparut dans le déménagement de l’Institut. J’imagine que Mihiel a pris là les fossiles qu’il a substitués aux vôtres ». L’installation du musée est terminée avant l’arrivée de J. Deprat, il est donc impossible que les fossiles, toujours chez Counillon à l’arrivée de Deprat, aient été transférés après à l’occasion du déménagement du musée déjà fait ! Deprat a par contre bien vu les fossiles européens demeurés chez J-B. Counillon après la fin de la construction du musée, comme il le dit lui-même d’ailleurs. Page 365 : Jacques Deprat révèle que « Counillon est mort assassiné par des indigènes (...) En style de faits divers : on a supposé que le vol était le mobile du crime » (…) « assassiné nous n’avons rien à ajouter ». Il n’y avait donc plus rien à craindre des révélations possibles de J-B. Counillon. C’est « le vol des fossiles de la collection Counillon » qui a permis à Jacques Deprat, l’introduction de ces faux fossiles dans ses collectes. Pour compléter un peu, page 306, Jacques Deprat indique : « Il composait des petits romans de vengeance qui lui faisaient pitié quand la raison revenait. » et Michel DurandDelga de conclure « Les chiens étaient vraiment lâchés (...) on les espère muselés ! » (page 62 de son rapport). Promoteur d’un roman pour réhabiliter un fraudeur (page 63), Michel Durand-Delga remercia « Le Conseil de la Société géologique, sur l’initiative des présidents, les Pr. Jean Didier (1989-1990) et Claude Ba-
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bin (1991), a décidé enfin de mettre en route le processus tendant à la réhabilitation de Jacques Deprat, qu’une décision regrettable avait, en 1919, exclu de la Société. »
Rajoutons comme paradoxe troublant, que selon M. Quella-Villèger (dans la préface de La côte de Jade de Francis de Croisset, page II 3e ligne) la fille de Jacques Deprat aurait assisté à la réhabilitation de son père par M. Durand-Delga. La phrase « En présence de sa fille », voudrait-elle dire que la réhabilitation était acquise d’avance par l’auditoire, en raison de la présentation par Michel Durand-Delga, qui avait fait venir la fille pour y assister et constater son succès ? Aujourd’hui les institutions qui ont permis cette réhabilitation doivent tout mettre en œuvre pour rétablir l’honneur de Henri Mansuy et Honoré Lantenois, des familles salies et surtout la vérité scientifique, comme revoir l’attribution du prix Wegmann.
Chapitre VI Une œuvre scientifique sans tache
Q
uelques exemples parmi les publications, permettront d’avoir un aperçu de l’œuvre scientifique de Henri Mansuy. Dès son arrivée en Extrême-Orient, Henri Mansuy s’intéressa aux monuments de l’Indochine avec un travail, qu’il réalisa en 1901, sur l’identification de la nature des roches employées dans la construction des monuments anciens. Ce travail est relaté par Louis Finot dans un article paru dans le Bulletin Économique d’Indochine1. Cette étude pétrographique initiait une recherche sur la compréhension de la chaîne économique utile à la réalisation des monuments à cette époque reculée. Une publication suivante plongea de plain-pied Henri Mansuy dans la préhistoire, avec les fouilles qu’il entreprit au Cambodge, dans la partie inférieure du lac Tonlé-Sap à Somrong-Sen.
1.
Finot, Louis. H. Mansuy, La nature des roches employées dans la construction des monuments anciens de l’Indo-Chine, 1er décembre 1901, Bulletin Économique de l’Indochine, Tome 2, no 1, mars 1902, page 85.
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Somrong-Sen 19022 Le professeur Verneau écrivit dans une lettre du 30 mars 1935 : « À part les observations faites auparavant dans le gisement cambodgien de Somrong-Sen et de Longprao, nous ne possédions que quelques documents épars, recueillis à la surface du sol, qui ne nous renseignaient guère sur le passé ethnique de l’Indochine. À Somrong-Sen, les fouilles n’avaient entamé que les couches superficielles du dépôt. H. Mansuy prolongea les siennes jusqu’à la base et démontra que les gisements les plus anciens des rives du Tonlé-Sap ne remontent pas au-delà du Néolithique. Cette constatation ne pouvait lui suffire. Convaincu que l’Homme avait dû laisser ses traces dans les assises beaucoup plus anciennes de l’Indochine, il se mit à explorer les grottes du Tonkin dès qu’il en eut la possibilité. (…) il entreprit des fouilles qui aboutirent à des résultats du plus haut intérêt. »
Voici ce que dit Henri Mansuy dans cette publication : « Quel plaisir, malgré les difficultés du voyage, depuis Hanoï, et les inconfortables accommodations de l’hébergement, lorsque je suis venu pour la première fois dans ce petit village, en 1902. Je pensais alors très fort à mon Maître, le docteur René Verneau, qui avait su reconnaître en moi la fibre préhistorique et m’avait aidé comme jamais, en soutenant mes études dans son cours à Paris puis en me trouvant un poste en Indochine. J’étais arrivé dans la Colonie pour lui et par lui et j’étais heureux de pouvoir lui témoigner de la reconnaissance en faisant du mieux possible pour répondre à ses attentes et assurer des travaux dignes de lui. »
2.
D’après, Henri Mansuy. Station préhistorique de Somrong-Sen et de Longprao (Cambodge), 1902, Hanoï F, H. Schneider Imprimeur Editeur.
Chapitre VI — Une œuvre scientifique sans tache
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Le plan du site de Somrong-Sen par Henri Mansuy est reproduit dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Le site avait été visité sans qu’il y ait de fouilles méthodiques au tout début, en 1876, par M. Roque3, directeur de la compagnie des messageries fluviales, puis M. Moura4 lieutenant de vaisseau représentant du Protectorat au Cambodge. M. Moura n’examina que sommairement ce gisement et ne fit aucune fouille mais récupéra de nombreux objets qui furent ensuite déposés au musée d’histoire naturelle de Toulouse où le docteur Noulet5, conservateur du lieu, en fit la description scientifique. En 1879 et 1880, M. Corre6, médecin de la marine, publia dans Excursions et Reconnaissances, tomes I et II, un compte rendu. Puis M. Edmond Fuchs7, ingénieur en chef des mines, présenta à l’Association française pour l’avancement des sciences, le 26 août 1882, une notice. L’occupation du site aurait eu lieu dès la période d’âge du bronze8 et de la pierre po3. 4. 5. 6. 7. 8.
M. Victor Roque, directeur de la Compagnie des Messageries fluviales de Cochinchine, l’un des trois frères Roque. Jean Moura, lieutenant de vaisseau qui devint représentant du Protectorat français au Cambodge. Jean-Baptiste Noulet, chercheur et naturaliste français, né le 1er mai 1802 (11 floréal an X) et mort le 24 mai 1890 à Venerque, département de la Haute-Garonne, conservateur du musée de Toulouse. Armand Marie Corre (Laval, 4 septembre 1841 — Brest, 30 mai 1908) était médecin de la marine et sociologue français. Edmond Fuchs, né à Strasbourg le 1er avril 1837 et mort à Paris le 7 septembre 1889, géologue, ingénieur du corps des mines. Élève de Polytechnique, il enseigna la topographie et la géologie appliquée à l’école des mines de Paris. Un passage des Annales impériales de l’An-nam, (Abel des Michels, Paris 1889) se rapportant aux échanges entre les Chinois et les Annamites, apprend : « En 183 av J.-C. l’impératrice chinoise Lû Hâu, des Han, défendit de faire le commerce des ustensiles de fer, à la frontière de Nam-viêt. Le roi Vo Vu’o’ng apprit cela et dit : « Cao Dé avait noué avec nous des rapports diplomatiques aussi bien que commerciaux, en ce qui concerne les ustensiles et les produits. Aujourd’hui Lû Hâu, écoutant les insinuations de ses ministres, établit une différence entre les sujets de Han et les habitants Viêt
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lie dans le Cambodge. La liste des visiteurs9 ne s’arrête pas là. M. Jammes10, membre de la société des études indo-chinoise se rendit en 1887-88 à Somrong-Sen. Il fit une courte note11 avant d’entreprendre de nouvelles recherches, en 1897, mais les objets qu’il recueillit ne furent ni décrits ni conservés. Henri Mansuy et son équipe déplacèrent pendant la durée des travaux quatre cents mètres cubes de matériaux ; constamment présent sur le lieu des fouilles, il s’efforça de ne rien laisser échapper à ses investigations : ce qui lui permit d’acquérir des données exactes sur la stratigraphie ainsi que sur le mode de formation du dépôt. Longprao, à environ 30 kilomètres au Sud-Est de Somrong-Sen lui offrit aussi une centaine d’objets anciens semblables à ceux de Somrong-Sen. « La station préhistorique de Somrong-Sen représente l’épanouissement de la période de la pierre polie en Extrême-Orient. La perfection de l’industrie lithique, le fini dans l’exécution, la régularité des formes, la diversité d’adaptation de l’outillage, tout aussi bien que l’absence de types intermédiaires, de formes de passage, reliant la
et interrompt les premiers échanges. » De la naquit entre le Nam-viêt et la Chine une guerre qui dura quelques années. Lorsque, en 179, les relations reprirent entre les deux pays, Cao-Vu’o’ng rappela à l’envoyé impérial les origines de la querelle, dans les termes suivants : « L’impératrice Lû Hâu, ayant pris les rênes du gouvernement, voulut établir une distinction entre les Chinois et les barbares. Elle émit un édit dans lequel elle disait : « Qu’on ne donne point d’instruments agricoles en métal ou en fer aux habitants du Nam-Viêt. Quant aux chevaux, aux bœufs et aux moutons, lorsqu’on leur en donnera, que ce soient seulement des mâles, mais non point des femelles » ». 9. Les plus importantes publications sur la Préhistoire de l’Indochine, jusqu’en 1904, sont citées dans le tome III de la mission Pavie : A. Pavie, Études diverses, III Recherches sur l’histoire naturelle de l’Indochine orientale, etc., p.p. I-40, 1904. 10. Ludovic Jammes, professeur dans le Tarn puis à l’école de Phnom-Penh, visita le site en 1887-88. 11. Revue Indo-Chinoise no 8, 1893.
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période paléolithique aux temps néolithiques (autant qu’il est permis de recourir à l’emploi de ces termes en usage dans la préhistoire européenne) démontrent amplement que, depuis des siècles, l’homme y était familiarisé avec le travail de la pierre. » (...). « L’industrie lithique des stations de la pierre polie au Cambodge se différencie de l’industrie des gisements néolithiques d’Europe, mais aussi de certains spécimens isolés recueillis sur quelques points de la Cochinchine et de l’Annam, notamment à Saïgon et à Bien-Hoa. Dans ces localités des instruments ayant l’apparence de grandes erminettes et présentant une extrémité parfaitement appropriée à l’emmanchement ressemblent assez aux haches avec soie12 du Cambodge mais la ressemblance est faible car la partie active des outils acquiert un développement considérable et les proportions sont rigoureusement géométriques, les bords équarris avec soins, le tranchant en biseau non ébréché sauf en cas de cassures récentes. À Somrong-Sen, par contre, les pièces semblent beaucoup plus anciennes et sans doute non fabriquées sur place car il n’a pas été retrouvé d’éclats ni de polissoirs et peu de percuteurs (…) à moins que l’atelier de fabrication n’ait été relégué dans quelque partie limitée du gisement. Il nous paraît plus plausible de croire, en raison de la prédominance de l’emploi des roches locales, que cette fabrication avait lieu dans le voisinage, en dehors des parties envahies par l’inondation. »
Les planches I, VIII, XIII, XIV (crâne) de Somrong-sen, sont reproduites dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Les formes des instruments en pierre polie pouvaient être réparties en six groupes (Somrong-Sen, 1902, Planche I) : 12.
Mode d’emmanchement sur le bâton.
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— hache avec une extrémité appropriée à l’emmanchement, nettement séparée de la partie active ; — hache dont le tranchant est obtenu sur chaque face par des courbes ménagées, sans ligne de démarcation ; — hache à tranchant résultant d’un biseau plus ou moins oblique sur l’une des faces : le type le plus abondant ; — instruments dont le tranchant est produit par la rencontre de deux plans obliques, un biseau se montrant sur chaque face ; — petits instruments longs et étroits, à sommet presque aussi large que le tranchant, peut-être des ciseaux ; — gouges à tranchant creusé en gouttière. Les potiers de Somrong-Sen ont laissé de nombreux témoignages de leur savoir-faire (Planche V, Somrong-Sen, 1902). Certains spécimens présentent des dessins en creux, parfois même en relief. À Somrong-Sen, la répétition fréquente de quelques motifs purement géométriques s’observe sur de nombreuses céramiques comme une décoration en quelque sorte déjà fixée conventionnellement : faisceau de brindilles, courbes et droites, ligne en zigzag parfois ondulées et lignes compliquées parallèles deux à deux se rencontrant sous les angles. Ces poteries ont été réalisées à la main avec une grande dextérité et régularité dans les formes : en effet ces vases doivent être examinés avec attention pour se rendre compte qu’ils ont été modelés et non tournés. Les objets de parure sont abondants (Somrong-Sen, 1902, planche XIII) : anneaux ou bracelets en roche noire, dure sans doute du pétrosilex ; disques aplatis larges et peu épais, coupés obliquement à l’intérieur ; ornements auriculaires en terre cuite et en os en forme de court cylindre et présentant une
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cannelure circulaire analogue à la gorge d’une poulie. Des dessins cruciformes sont représentés. Parmi les outils préhistoriques saillants que découvrit alors Henri Mansuy notons : pointes de flèches, hampes, flèches à ailerons, hameçons, perles, pendeloques, disques et cylindres en pierre ; de rares objets en bronze. Parmi les restes de faunes, ont été retrouvés des cyrena et des corbicula13, des reptiles (crocodiles, émydes, serpents), des oiseaux, des mammifères (suidés, cervidés, bovidés, canidés, félidés, loutres, etc.) et quelques restes humains (fémurs, tibias, péronés, humérus, cubitus, radius, des maxillaires inférieurs, des arcades sourcilières saillantes dans le voisinage de la glabelle, de nombreux débris de crânes, etc.) Un crâne (Somrong-Sen, 1902, Planche XIV), exhumé à 3,80 m de profondeur, était isolé avec un peu de mobilier funéraire et une seconde voûte crânienne a été trouvée à 5 m 50 de profondeur. Ces crânes ont été minutieusement expertisés et commentés dans le Mémoire du Service géologique de 1923, réalisé par H. Henri Mansuy à l’occasion de ses nouveaux travaux à Somrong-Sen. Il est intéressant et important de noter que Henri Mansuy, fidèle à lui-même, était toujours respectueux des autres même lorsqu’il était en désaccord, et qu’il leur accordait l’antériorité et la primauté qui leur revenaient. C’est ainsi qu’il écrivit : « Nous regrettons de nous trouver en désaccord sur bien des points avec les observateurs qui se sont occupés avant nous des stations de la pierre polie du Cambodge, mais nous n’en devons pas moins reconnaître pleinement que ce sont leurs recherches et leurs travaux qui nous ont guidés dans nos propres études, et que nous leur sommes redevables de bien des renseignements précieux. » 13.
Qui sont des petits mollusques alimentaires.
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Dans un article du BEFEO (Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient) de janvier-mars 1903, tome 3, Henri Hubert14 déclare : « L’exploration de M. Mansuy a été, sinon plus étendue en surface que celle de Jammes, qui a rapporté de là des quantités considérables d’outils et d’ossements, du moins infiniment plus scientifique. On peut même dire, sans aucun risque de se tromper, que ce sont les seules fouilles scientifiques qui aient été exécutées en Indo-Chine. Les conclusions de M. Mansuy différent en plus d’un point de celles de ses prédécesseurs (M. Corre, M. Edmond Fuchs) (…) il en résulte que Somrong-Sen n’a été fréquenté qu’après la formation du Tonlê-Sap. Une autre conclusion de M. Mansuy (…) est que les couches ont été profondément remaniées (…) et M. Mansuy n’a pas découvert de tombeaux. »
Somrong-Sen (1923), résultats de nouvelles recherches effectuées dans le gisement préhistorique (Cambodge)15 De nouvelles recherches réalisées à Somrong-Sen, au Cambodge, en 1923 après le retour de Henri Mansuy, augmentèrent considérablement les connaissances relatives à l’évolution culturelle régionale, en particulier sur les productions de l’industrie lithique. Outre les objets les plus usuels : instruments 14. Henri Hubert, né à Paris 6e le 23 juin 1872, mort à Chatou le 25 mai 1927, archéologue et sociologue des religions comparées. Il fut connu pour son travail sur les Celtes et sa collaboration avec Marcel Mauss et d’autres membres de L’Année sociologique. 15. Henri Mansuy, Volume X, Fasc. I, Contribution à l’étude de la Préhistoire de l’Indochine. III. Résultats de nouvelles recherches effectuées dans le gisement préhistorique de Somrong-Sen (Cambodge). Suivi d’un résumé de l’état de nos connaissances sur la Préhistoire et sur l’Ethnologie des races anciennes dans l’Extrême-Orient méridional. 1923. Hanoï, Imprimerie d’Extrême-Orient.
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en pierre, céramique, ornementation, ces découvertes montrèrent une série de pièces pouvant avoir un caractère rituel. Ce gisement anciennement connu (H. Mansuy, 190216), mais délaissé depuis longtemps, était, en 1923, presque complètement épuisé ; toutes les parties fouillées avaient été bouleversées par les habitants locaux dans le but de recueillir les coquilles fluviatiles afin de fabriquer de la chaux par calcination. Seuls avaient été conservés de rares vestiges préhistoriques. Des planches de Somrong-Sen, 1923, sont reproduites dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Selon Henri Mansuy, Somrong-Sen témoigne de l’essor d’une très ancienne et déjà très remarquable civilisation dont la lente évolution n’a pu s’accomplir qu’à la faveur d’une longue série de siècles mais sans qu’il soit encore possible d’évaluer cette profondeur dans le temps. Le travail de la pierre, en ces époques reculées, au Cambodge, paraît cependant avoir atteint sa perfection. L’apparition de l’industrie du bronze, d’autre part, tendant à se substituer peu à peu à l’outillage lithique, le conduisit à considérer que ce dépôt archéologique embrasse plusieurs époques après la formation du delta du Mékong17. Les inondations quelques fois exceptionnelles ont dû conduire par le passé les anciens habitants des bords du Strung-Kinit à chercher un refuge jusque sur les avancées du petit massif montagneux voisin, situé à environ sept kilomètres N.O. du gisement18. Henri Mansuy évoque ses prédécesseurs :
16.
H. Mansuy, Stations préhistoriques de Somrong-Sen et Longprao (Cambodge), Hanoï 1902. 17. L’épaisseur des alluvions peut atteindre 200 mètres. 18. Ainsi les recherches de Hubert Forestier, notamment à Batambang dans la grotte de Laang-Spean, pourraient se situer sur les sites de refuges des anciens habitants de Somrong-Sen.
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« Les comparaisons entre les outillages lithiques de Somrong-Sen, du Haut-Laos à Luang-Prabang, des pays des Bahnars, des Sédangs et des Reungaos, etc. montrent d’assez notables différences, permettant de distinguer ces industries les unes des autres, à la condition de disposer de séries assez importantes d’objets examinés appartenant à chacune d’elles, ce dont la science est redevable à l’infatigable persévérance, à l’énergie soutenue et éclairée de chercheurs, parmi lesquels nous avons le devoir de citer Auguste Pavie, Pierre Lefèvre-Pontalis, M. Massie, Henri d’Orléans19. Enfin, les découvertes plus récentes des dépôts de cavernes de Pho-Binh-Gia, au Tonkin20 et de Minh-Cam, en Annam, ainsi que les abondantes récoltes des révérents pères Max et Henri de Pirey, dans la région de Quang-Tri et de Hué21 complètent les connaissances relatives à la préhistoire indochinoise ».
Henri Mansuy établit que les industries lithiques et le Bronze demeurent indépendantes en Europe et en Extrême-Orient. Dans ses conclusions générales de 1923, il note que : a) dans cette région de l’Asie orientale, le Paléolithique n’a pas encore été découvert ; 19. Auguste Pavie, Mission Pavie en Indochine, 1879-1895. Études diverses. III. Recherches sur l’Histoire naturelle de l’Indochine orientale. Anthropologie. Préhistoire, pages 1-40. 1901. Signalons le livre de Henri d’Orléans, Du Tonkin aux Indes, janvier 1895 — janvier 1896, Paris Calmann Lévy, 1898, in-4, 442 pp, nombreuses illustrations et croquis dont certains à pleine page, 5 cartes en couleurs données par Emile Roux : l’ouvrage s’achève sur des considérations ethnographiques, géologiques, météorologiques et de sciences naturelles. 20. H. Mansuy, Gisement préhistorique de la caverne de Pho-Binh-Gia (Tonkin). René Verneau. Les crânes humains du gisement préhistorique de Pho-Binh-Gia (Tonkin). L’Anthropologie. T. XX. 1909. 21. Les nombreuses haches recueillies par les révérends pères Henri et Arnoulx de Pirey sont déposées dans les collections de l’École française d’Extrême-Orient. Henri de Pirey est né à Maizière le 5 juillet 1873, ordonné prêtre en 1891, décéde en 1931. Son frère Maximilien était féru d’études numismatiques et décéda en 1932.
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b) les débuts et l’évolution de l’industrie de la pierre polie sont balbutiants à Pho-Binh-Gia, tandis que le plein épanouissement de l’outillage lithique de cette époque est parfaitement connu par l’exploration de gisements en surface ou situés dans les grottes ; c)la première industrie du Bronze n’est révélée que par un petit nombre de formes associées à de la pierre polie ; d) aucun fait n’autorise à considérer les industries de la pierre polie et du Bronze, en Extrême-Orient, comme synchroniques des industries similaires eurasiatiques. À Somrong-Sen est aussi découvert un moule en grès montrant (Planche n°IX, figure 1) très nettement la contre-empreinte d’un petit couperet ou ciseau à douille, lequel est comparable à l’un des instruments en bronze figurés sur la planche IV du volume III de la mission Auguste Pavie. Ainsi les anciens habitants de Somrong-Sen, pratiquaient la fonte du bronze avec une certaine habileté.
Pho-Binh-Gia22 1909 En 1909, Henri Mansuy visita la grotte de Pho-Binh-Gia qui est située à 400 mètres du village et à 75 kilomètres au Nord-Ouest de Lang-Son dans le Nord du Tonkin. Elle est creusée dans le massif du Bac-Son aussi appelé Kai-Kinh (ou Caï-Kinh). C’est à la base du dépôt, sur le bed-rock, que des ossements humains ont été découverts associés à des objets manufacturés. Le dépôt archéologique était surmonté d’une couche de terre noire d’une épaisseur de 0,30 m contenant 22.
D’après, Henri Mansuy, Gisement préhistorique de la Caverne de Pho-Binh-Gia (Tonkin), 1909, L’Anthropologie, T. XX, p. 531 à 543 Masson et Cie Éditeurs.
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de la céramique récente et des ossements de porcs, bœufs et buffles. L’outillage lithique est constitué surtout de haches réalisées en roches locales : microgranite, roche éruptive ou métamorphique ; deux seulement sont en phtanite du calcaire carbonifère alors que les pilons, molettes, polissoirs, etc. sont en grès ou en schiste argileux métamorphisé. Des planches de Pho-Binh-Gia, 1909, sont reproduites dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Les ossements humains n’ont pu être conservés à cause de leur extrême fragilité. Cinq squelettes d’adultes et deux d’enfants ont cependant été décrits par le professeur René Verneau23. Un crâne entier a été exhumé, le 16 décembre 1906, en présence de M. Bonain24, garde principal de milice indigène. Auparavant, en 1904, le capitaine Georges Zeil, chef de la brigade topographique, avait fait exécuter des fouilles dans une cavité latérale à la grande salle. Un foyer avait été découvert mais sans trace d’industrie humaine. Cependant, ce site semble devoir être considéré comme le plus ancien de tous ceux qui ont été découverts jusqu’ici (en 1923) en Indochine.
L’industrie de la pierre et du bronze dans la région de Luang-Prabang, Haut Laos, 192025 Henri Mansuy fut chargé de la mission géologique au HautLaos en 1908-1909, dans la région de Luang-Prabang. Ont alors 23.
R. Verneau, Les crânes humains du gisement préhistorique de Pho-Binh-Gia (Tonkin), L’Anthropologie, T. XX, p.p. 545-559, 1909. 24. En 1906, M. Bonain est garde principal de milice indigène. Il était né le 28 juin 1865. 25. D’après Henri Mansuy, Volume VII. Fasc. I, Contribution à l’étude de la Préhistoire de l’Indochine. I, L’industrie de la pierre et du bronze dans la région de
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été recueillis 108 instruments en pierre et 6 de bronze permettant de caractériser l’outillage lithique ancien de cette partie de l’Indochine26. Tous les objets (pierre, bronze et céramiques) de cette mission, collectés par Henri Mansuy et M. Saramon27, ont été donnés à l’École française d’Extrême-Orient à Hanoï28. Les planches I, V et VI de Luang-Prabang, 1920, sont reproduites dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Sur l’industrie du bronze, le docteur Verneau déclara : « L’abondance des objets en bronze dans le Nord-ouest, leur rareté relative dans l’Est et dans le Sud-est porte à croire que les importateurs de l’industrie métallurgique ont pénétré par l’angle Nord-ouest dans la péninsule indochinoise ».29
Les fragments de céramiques découverts dans le gouffre de Ban-Don-Tio, sur la rive gauche du Mékong, à quelque kilomètres30 de Luang-Prabang, sont couverts d’une ornementation au trait.
Luang Prabang (Haut-Laos), 1920. « Tous les objets recueillis par nous-mêmes et par M. Saramon, au Laos, ont été déposés dans les collections de l’École française d’Extrême-Orient, par le docteur Yersin, les révérends pères Jeannin et Guerlach et le docteur Verneau » (in Pavie Vol. III p. 28. pl. VI). 26. M. Massie, membre de la mission Pavie, durant les années 1888-1889, avait fait une ample moisson d’instruments aux environs de Luang Prabang. La description des pièces typiques les plus remarquables a été donnée, par l’auteur même de ces découvertes et par Pierre Lefèvre-Pontalis, dans la publication des résultats de la mission Pavie : A. Pavie, Mission Pavie en Indochine 18791895, Études diverses III, Recherches sur l’Histoire Naturelle de l’Indochine orientale, etc. et Massie, Catalogue des objets des âges de la pierre et du bronze recueillis dans la région de Luang Prabang, p. 10, — Lefèvre-Pontalis. (Note sans titre, suite et développement de la note précédente de Massie, p.16.) 27. Topographe de la mission. 28. Dépôt à l’École française d’Extrême-Orient à Hanoï. 29. René Verneau, in Pavie III, p. 39. 30. Page 8 du Bulletin du Service Géologique volume VII, Fascicule I, en 1920. Il semblerait que ce site se trouve juste en face de Chiang-Saen en Thaïlande, non
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Gisements préhistoriques des environs de Lang-Son et Tuyên-Quang, Tonkin31 M. Rétif32 propriétaire d’une concession à Lang-Son explora la grotte de Mai-Pha et donna tous les objets au service géologique. La grotte creusée dans le roc, au S. O. du village de Mai-Pha se trouve à 1600 mètres de la ligne de chemin de fer de Hanoï à Lang-Son. Une quantité considérable de tessons de poteries portant des traces d’impression de vannerie a été mise au jour. La particularité la plus curieuse de ces poteries de type Mai-Pha33 est la fréquence relative de petits vases à parois latérales couvertes d’une décoration exécutée au trait. Des petits vases perforés, surbaissés, à large ouverture, ont dû être employés pour la combustion de matières végétales odorantes. À la pâte constitutive de ces vases ont été ajoutées des matières charbonneuses et des grains de quartz (cette technique est quasi universelle pour éviter le retrait lors de la cuisson). Les planches I, III, IV et V de Lang-Son et une du livre du docteur Nguyen sont reproduites dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage.
loin du Triangle d’or. Le musée local renferme beaucoup d’outils lithiques et de poteries. Par contre le chiffre de 7 kilomètres (donné dans le texte) semble erroné ou bien il y a eu une coquille lors de l’impression du document. 31. D’après Henri Mansuy, Bulletin du Service Géologique de l’Indochine, Volume VII, Fascicule II, 1920. 32. Auguste Paul Rétif, prospecteur à Lang-Son, co-fondateur des Phosphates du Tonkin, propriétaire des mines de Son-Loc, créateur des Phosphates de Lang-Son, co-fondateur de la Cie électrique minière indochinoise (CEMI) : lignites et schistes ligniteux de Loc-Binh. 33. Sur ce site de Mai-Pha, le docteur Nguyen Cuong, directeur du musée de Hanoï, reprit des fouilles et fit sa thèse publiée au Vietnam en 2002.
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À Mai-Pha34, l’outillage lithique n’est représenté que par une petite hache polie à biseau en phtanite, au tranchant oblique qui suggère également une utilisation comme burin. Dans les grottes environnantes ont été découvertes, en extrême abondance, des coquilles présentant toutes une fracture de l’extrémité, montrant que ces mollusques entraient dans l’alimentation. Des fragments d’un crâne humain à parois peu épaisses avec portion du maxillaire supérieur ayant conservé des molaires à surface occlusale très usée ont également été découverts. Ce sont les seuls restes humains rencontrés dans ces grottes de Lang-Son, avec un fragment calciné de diaphyse de fémur d’un individu semblant de petite taille et faiblement développé musculairement. Les très intéressants objets de la grotte de Binh-Ca près de Tuyên-Quang ont été donnés par M. Gage35 propriétaire de la concession. Binh-Ca est au Sud-Est de Tuyên-Quang, sur la rive gauche de la Rivière-Claire. Y a été découvert un objet de forme sub-cylindrique dilaté aux extrémités, pourvu d’une sorte de poignée latérale horizontale située sur le milieu de sa hauteur. Cet objet est peut-être une lampe. Les rares tessons sont plus épais qu’à Lang-Son. Trois haches polies
34. Le 21 avril 2016, le directeur du musée national d’histoire de Hanoï, M. Ph D. Nguyen Van Cuong, rencontré dans son bureau du musée d’histoire à Hanoï, me donna son livre The Mai Pha culture consacré à son étude sur le site de Mai-Pha, réalisé en 2002 et qui apporte des descriptions et des illustrations des objets qu’il y découvrit. 35. Sans doute M. Gache (probablement Henri). Il semble avoir commencé vers 1901comme commerçant à Hagiang (3e territoire militaire). Puis il est représentant en 1906 de la Cie générale du Tonkin et de l’Annam à Tuyên-Quang (même territoire militaire). En 1911, il commence une plantation de café sur sa concession de Tuyên-Quang (85 ha). À partir de 1915, il est entrepreneur et planteur. Il est entrepreneur de vidange 44, bd Gambetta à Hanoï en 1920. Sa trace est perdue après 1925.
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à biseau simple, courbe, se confondant insensiblement avec une des faces ont également été recueillies. De ce gisement proviennent également des pointes de lances ou de sagaies en schistes. Un anneau en ivoire (d’éléphant semble-t-il) de proportion géométrique parfaite est présenté comme étant sans doute un bracelet. Des dents de buffles imposantes ont également été découvertes.
Stations néolithiques de Hang-Rao et Khé-Tong (Annam), Henri Mansuy et Jacques Fromaget, 192436 Les gisements néolithiques de Hang-Rao et de Khé-Tong (Annam) sont situés sur la feuille de Ké-Bang (au 1/100 000), comprenant les territoires contigus de l’Annam et du Laos. La grotte de Hang-Rao est creusée dans la vallée de Rao-Té qui est un affluent de la rivière Troc37. Du village de Phong-Nha, sur la rivière Troc, en remontant vers le torrent du Rao-Té, est atteint la grotte de Hang-Rao. Son plancher est à 5 m 80 au-dessus du lit du torrent. L’abondance de dents de rhinocéros (R. sondaicus Cuv.) y est un évènement très rare en 1924 dans cette partie de l’Indochine. Les planches I et III de Hang-Rao, Khe-Tong sont reproduites dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Des foyers ont aggloméré des coquillages d’eau douce et terrestres, des restes de tortues et de crustacés ainsi que 36. 37.
Bulletins du Service géologique de l’Indochine, Volume XIII, Fasc. III, Station néolithique de Hang-Rao et de Khé-Tong (Annam) par H. Mansuy et J. Fromaget, 1924. Les découvertes des stations préhistoriques de Hang-Rao et de Khé-Tong, dues à M. Fromaget, ont été faites au cours d’une mission géologique accomplie durant l’hiver 1923-1924.
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des fragments de céramiques. Des dents humaines, un crâne morcelé, un thorax aplati, des côtes fracturées étaient encore sous un gros bloc calcaire. Deux petites haches à épaules ont été découvertes non loin des ossements humains. Les outils comme la céramique datent du Néolithique supérieur indochinois comme Minh-Cam et Dong-Hoi. Khe-Tong : La grotte est située en bordure de l’une des principales et probablement plus anciennes voies de communication qui relient la province du Quang-Binh, en Annam, à celle du Khammon (ou Cammon), au Laos. La cavité est ouverte à 20 mètres au-dessus du lit du Khé-Song-Cac affluent du Song-Dai-Giang. Plusieurs couches archéologiques d’âges différents y ont été observées contenant des débris humains, des haches polies et de la céramique associés à des restes fauniques : primates, ours, rongeurs, bovidés, cervidés, chéloniens, etc. Dans la couche la plus riche, il y a abondance de débris d’ours du Tibet (ursus tibetanus Cuv.), mustelidae de grande taille (peut-être : arctonyx collaris F. Cuv.), cervidés (cervus (rusa) aristotelis Cuv.), un sanglier (sus cristatus Wagn.), rhinocéros sp., hystrix (acanthion) subcristata Swinh., hylobates, un grand macaque (M. nemestrinus Linné), tortue (trionyx sp.) et des ophidiens. Les haches à tenon d’emmanchement sont du Néolithique extrême-oriental. Les grottes du Bac-Son ont révélé un Néolithique primitif très ancien qui ressemble petit à petit au Néolithique supérieur suivant une progression dans la facture des instruments. Les tessons de poteries, abondants, montrent une fabrication au panier. D’autres vases présentent, près de leur bord, des formes en dents de loup ou des ondulations obliques obtenues avec des brindilles ou par essuyage. Toute cette décoration, assez monotone, se retrouve durant la fin du Néolithique, en
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Asie orientale, depuis l’Indochine jusqu’en Mandchourie et en Mongolie, empruntant parfois, à l’inspiration locale, des variations dans la composition des motifs. Un outil taillé dans un galet d’andésite, par ses proportions, ses retouches marginales qui régularisent son contour, a un aspect plus archaïque que ceux de Kéo-Phay, ou des stations préhistoriques du Bac-Son. Cet outil est unifacial comme tous les outils primitifs à contour elliptique des dépôts meubles de Kéo-Phay. Les hommes en Annam et au Tonkin façonnaient grossièrement les mêmes outils primitifs.
Station préhistorique de Kéo-Phay (suite), de Khac-Kiem (suite), de Lai-Ta et de BangMac, dans le massif calcaire du Bac-Son (Tonkin) suivie de Note sur deux instruments en pierre polie provenant de l’île de Trê (Annam) 192538 Dans le massif calcaire de Bac-Son, dans les grottes situées près des villages de Lai-Ta et de Bang-Mac, sur la route de Dong-Mo (station du chemin de fer de Hanoï à Na-Cham, kilomètre 113), la fouille du riche gisement de Kéo-Phay a été faite. Un crâne très fragmenté, étroitement apparenté à ceux de Pho-Binh-Gia, a été exhumé à Kéo-Phay et une seconde voûte crânienne a été recueillie à Khac-Kiem par Madeleine Colani. Le dépôt meuble, peu épais, encombré de blocs ne montra aucune stratification appréciable mais contenait un ou-
38.
D’après Henri Mansuy, Mémoires du service Géologique de l’Indochine, Volume XII, Fasc. II, Contribution à l’étude de la Préhistoire de l’Indochine et VI, Stations préhistoriques de Kéo-Phay (suite), de Khac-Kiêm (suite), de Lai-Ta et de Bang-Mac, dans le massif calcaire de Bac-Son (Tonkin). Note sur deux instruments en pierre polie provenant de l’île de Trê (Annam), 1925.
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tillage de faciès pléistocène. Celui-ci comprenait cinq instruments subelliptiques ou amygdaloïdes de dimensions parfois réduites, quatre racloirs et quelques éclats. Deux véritables coups de poing en roche péridotique noirâtre à cassures irrégulières, y sont identiques par leurs contours et proportions aux pièces chelléennes les moins longues des alluvions inférieures des cours d’eau de l’Europe occidentale. La planches I de Keo-Phay est reproduite dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Un uniface découvert est identique à ceux observés dans des cavités du Bac-Son, à Co-Kho notamment. Le crâne humain de Kéo-Phay, très incomplet, est proche de ceux décrits par le docteur René Verneau39. Le capitaine Etienne Patte, attaché au service géologique, réalisa quelques annotations sur les crânes de Pho-Binh-Gia et de Combe-Capelle (Dordogne)40. Station de Lai-Ta : À 400 mètres, au sud de la route de Dong-Mo à Van-Linh, à environ 6 kilomètres de cette localité, la grotte de Lai-Ta forme un couloir d’érosion de 50 mètres. L’ouverture la plus accessible est au Nord, à 10 m au-dessus des rizières. Une lame peu épaisse, en rhyolite, ayant gardé sur l’une des faces une partie de la croûte érodée du nodule présente une face éclatée finement retaillée sur tout son pourtour41. Les grands côtés sont habilement régularisés par l’enlèvement de petites retouches. Elle est associée à un autre outil curieux :
39.
R. Verneau, Les crânes humains du gisement préhistoriques de Pho-Binh-Gia (Tonkin), L’Anthropologie, p. 549, Fig. 2, p. 552, Fig. 4, p.p. 558, 559. 40. Birkner, Die Rasen und Volker der Menschheit, Munchen, 1913, Pl. 10, fig. b et c. 41. Ce type de taille peut faire penser au « couteau suisse » multi usages.
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« Cet outil emprunte, dans sa facture, à l’industrie paléolithique et à l’industrie néolithique, associant à un racloir de style pléistocène une hache à large tranchant poli. Fait en cornéenne, roche se prêtant assez bien à la taille, de contour subrectangulaire large, sa largeur égale environ les trois quarts de sa longueur. Peu épais, d’épaisseur égalisée sur presque toute l’étendue des faces par le départ de grands éclats, il est façonné en racloir sur son côté convexe. D’une remarquable symétrie bilatérale, les extrémités de ce côté s’abaisse sous la même longueur, depuis la partie centrale surélevée. Un des petits côtés de cette pièce a reçu un polissage régulier sur les deux faces. Les surfaces polies montrent le même degré d’altération, la même décoloration que toutes les parties taillées. Cette décoloration par perte de substance se reconnait nettement, par contraste, avec une cassure récente au tranchant, découvrant la roche non altérée, d’un gris bleuâtre très foncé, dont le ton se détache au milieu de la couleur gris clair de toute la surface. C’est exactement ce que nous avons observé sur des instruments amygdaloïdes de Vo-Muong et de Con-Ké, notamment, pour lesquels le polissage d’une extrémité semble contemporain, à peu près, de la taille. »42
Les autres éléments remarquables sont des haches, des pilons et une faune à gastéropode, lamellibranches avec parfois des ornements supposés intentionnels. Un de ceux-ci fut déterminé par Henri Mansuy suivant le traité de conchyliologie de Paul Fischer43. La provenance de cet Arcidae est alors supposée être l’Australie. La petite grotte de Bang-Mac n’a produit qu’un pauvre mobilier archéologique alors que dans la station de Khac-Kiem a été découvert un crâne dont la description particulièrement 42. 43.
H. Mansuy, Mem. Serv. géol. de l’Indochine, Vol. XII, Fasc. I, 1924. Paul Fischer, Manuel de Conchyliologie et de Paléontologie conchyliologique, pl. XVII, fig. 10, 1887.
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minutieuse a été faite dans un mémoire du service de géologie44 : il ne subsiste de ce crâne que l’occipital presque entier, le pariétal gauche fracturé postérieurement, une petite fraction attenante du pariétal droit, le temporal gauche, la moitié gauche postérieure du frontal. Une note complémentaire fait le point sur deux instruments en pierre polie provenant de l’île de Tré45 dans la baie de Nha-Trang, non loin du village de Bich-Dam, au sud du Vietnam. Là, ont été trouvées des grandes haches à tenons d’emmanchement avec tranchant obtenu par un biseau sur l’une des faces. La planche VII, île de Trê, est reproduite dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Ce sont de grands instruments non usagés, en serpentine, qui datent peut-être du commencement de la Proto-histoire. En 1925, dans le Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient (BEFEO no 25), Charles Robequain déclare46 : « Depuis 1904, date à laquelle nos connaissances sur la préhistoire de l’Indochine française sont exposées dans les mémoires de la Mission Pavie47, une série de décou-
44.
45. 46.
47.
Mémoires du service Géologique de l’Indochine, Volume XII, Fasc. II, Contribution à l’étude de la Préhistoire de l’Indochine et VI, Stations préhistoriques de Kéo-Phay (suite), de Khac-Kiêm (suite), de Lai-Ta et de Bang-Mac, dans le massif calcaire de Bac-Son (Tonkin). Note sur deux instruments en pierre polie provenant de l’île de Trê (Annam), 1925. Déposés au service géologique par les soins le capitaine Marchand, attaché au service géographique. Charles Robequain (1897-1963). Agrégé d’histoire-géographie, spécialiste de l’Extrême-Orient. Enseignant détaché à l’École française d’Extrême-Orient (1924-1926) puis professeur de géographie à la faculté des lettres de Paris, université de la Sorbonne. Mission Pavie (Indochine 1879-1895), Études diverses III. Recherches sur l’histoire naturelle de l’Indochine orientale, L’Anthropologie. p : 1-40 (avec bibliographie des travaux antérieurs).
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vertes, dues à la persévérance de quelques savants, rares mais enthousiastes, membres du Service de Géologique de la Colonie, ont jeté quelques lueurs nouvelles dans ce domaine à peine exploré. Ce sont les fouilles conduites avec une rigoureuse méthode dans les dépôts des cavernes qui ont permis les observations les plus neuves et les plus fécondes (…) toutes ses découvertes ont conduit M. Mansuy a des conclusions (…) qui montrent bien que le néolithique n’est pas homogène partout (…) Ce savant ne dissimule pas les incertitudes qui subsistent, mais déjà les découvertes sont grosses de promesses, elles suscitent le ferme espoir de reculer bientôt plus loin, plus haut dans le passé, la présence de l’homme en Indochine. »48
Néolithique inférieur (Bacsonien) et Néolithique supérieur dans le Haut-Tonkin avec description des crânes du gisement de Lang-Cuom par Henri Mansuy et Madeleine Colani, 192549 Ce mémoire donne la description de nouveaux matériaux : ossements humains, outillages lithiques, etc. provenant de dépôts des grottes du massif calcaire de Bac-Son et de la région de Cao-Bang, au Tonkin50. Il affine les données archéostra48. Se rapporter à l’article de MM. Boule et Verneau. L’Anthropologie XXXV, no 162. 1925. p : 47-62 sur « Les récentes découvertes préhistoriques en Indochine ». Selon Ch. Robequain « Le docteur Verneau y rend un hommage mérité aux travaux et à l’œuvre remarquable de M. Mansuy. À cet hommage l’École française d’Extrême-Orient s’associe entièrement. » 49. Mémoires du Service Géologique de l’Indochine, Volume XII, Fasc. III, Contribution à l’étude de la Préhistoire de l’Indochine et VII, Néolithique inférieur (Basconien) et Néolithique supérieur dans le Haut-Tonkin. (Dernières recherches). Avec la description des crânes du gisement de Lang-Cuom par Henri Mansuy et Madeleine Colani, 1925. 50. Tous les gisements préhistoriques étudiés dans le présent travail : LangCuom, Lang-Rang, Han-Moun, Dong-Lay, Chuc-Quan, Lang-Loi, Na-
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tigraphiques et la séquence typologique des outils lithiques depuis le Bacsonien jusqu’au Néolithique dont le kjökkenmödding de Somrong-Sen, au Cambodge, représente l’apogée. Le vaste abri-sous-roche de Lang-Cuom, à 12 kilomètres Ouest, 13° degré Nord de Van-Linh, feuille de Pho-Binh-Gia, creusé dans un escarpement calcaire faisant face à l’Est, à la partie élargie a livré des couches archéologiques sépulcrales, déposées sur un substratum rocheux, atteignant une épaisseur de 3 m 30. Entre 80 et 100 squelettes humains y ont été découverts, très fragmentés associés à des outils lithiques. Les planches I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII de Lang-Cuom sont reproduites dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Le gisement de Lang-Cuom n’a donné aucun instrument de style paléolithique comparable à ceux de Kéo-Phay, de Giouc-Giao, etc. et les vestiges sont essentiellement des haches au tranchant poli de type bacsonien. De nombreuses autres grottes furent encore visitées et fouillées : — station de Lang-Rang : abri sous roche ; — grotte Hot ; — station de Han-Moen avec des instruments caractéristiques du premier Néolithique ; — station de Dong-Lay : (grande caverne) — grande terrasse à deux étages avec un atelier de tailleurs de pierre dès le début des premiers temps néolithiques ; — station de Dong-Lay Ouest à 100 mètres : découverte d’un maxillaire supérieur comparable à celui recueilli dans la
Moun, Ba-Xa, Lung-Yem, Ban-Hau, Na-Con, etc., ont été découverts et explorés par mademoiselle Madeleine Colani et sa sœur Eléonore.
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— — — —
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51. 52.
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caverne de Minh-Lé montre une projection alvéolaire excessive. Les proportions des parties conservées de ces deux mandibules, de Minh-Lé et de Dong-Lay, sont presque identiques51 ; station de Dong-Lay Est : vaste abri sous roche de grande dimension, 34 m, avec des cavités en cavernes ; station de Chuc-Quan : caverne dite de Na-Lua à 1 km du village de Chuc-Quan ; station de Lang-Loi ; station de Na-Moun : comme souvent, cette grotte surplombe un petit cours d’eau. Outillages paléolithiques et néolithiques sont présents. Un coup de poing unifacial ressemble à celui plus petit provenant de Kéo-Phay52. Ces pièces elliptiques ou subelliptiques, de faciès paléolithique, ont déjà été recueillies en assez grand nombre, observées parfois en juxtaposition avec un Néolithique commençant. L’un de ses tranchants est poli et il convient de le désigner sous le nom de « Bacsonien », conformément à la terminologie usitée en Géologie et Préhistoire ; station de Na-Con : kilomètre 8 et 9 de la rue de NguyênBinh à Cao-Bang ; station de Loung-Yem et Ban-Hau : à quelques kilomètres de Ba-Xa se trouve le cirque de Loung-Yem (sur la carte au 1/ 100 000, village de Lang-Man) ;
H. Mansuy, Contribution à l’histoire de la préhistoire d e l’Indochine, V, Nouvelles découvertes dans les cavernes du massif calcaire du Bac-Son (Tonkin), Mem. Serv. Géol. de l’Indcohine, Vol. XII, Fasc. I, 1925. H. Mansuy, Contribution à l’étude de la Préhistoire de l’Indochine. VI, Stations préhistorique de Kéo-Phay (suite), de Khac-Kiem (suite), de Lai-Ta et de BangMac, dans le massif calcaire du Bac-Son (Tonkin), pl. I, fig. 2a-c. Mem. Serv. Géol. de l’Indochine, Vol. XII, Fasc. II, 1925.
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— station déjà fouillée et trop bouleversée pour révéler des nouveaux objets intéressants mais elle aurait sans doute pu révéler toute la succession du Néolithique ; — station de Ba-Xa est une grotte d’accès difficile perchée en haut d’un pic à 108 mètres. Elle a livré exclusivement de l’outillage lithique néolithique similaire à celui du kjökkenmödding de Somrong-Sen. Le matériel de la cavité est en phtanite montrant une spécialisation de l’outillage associé à de nombreux coquillages percés et des perles discoïdes. Les planches IX, X, XI, XII, XIII, XIV sont reproduites dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Les recherches effectuées, dans un grand nombre de grottes des massifs calcaires du Tonkin, permettent de confirmer que le travail de la pierre a suivi une progression, non seulement avec une facture achevée des instruments, mais également avec une plus grande variété de matériaux. La chronologie des âges de la pierre ne présente pas la succession ordinairement observée en Eurasie, rien ne rappelle non plus le Mésolithique. Ne sont pas retrouvées les phases de transition industrielle de la fin du Paléolithique et du commencement du Néolithique. Dans les couches les plus anciennes du Bacsonien53, se rencontrent, en juxtaposition, des instruments de style paléolithique primitif, rappelant les pièces caractéristiques du Pléistocène inférieur européen, avec des « haches » rudimentaires, parfois au contour naturel repris par retouches plus ou moins étendues. Toutes n’étaient polies qu’à l’une
53. « Bacsonien » ou Néolithique inférieur, du massif calcaire du Bac-Son où les découvertes les plus importantes ont été faites.
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des extrémités seulement. Cet outillage Bacsonien apparaît comme une persistance de l’une des industries les plus archaïque de la pierre taillée jusqu’à l’apparition du polissage. La présence d’instruments elliptiques et amygdaloïdes trouvés en mélange avec ces vestiges est à l’origine de l’hypothèse d’une substitution par migration brusque entre le Néolithique et le Paléolithique. La fréquence et la richesse des stations préhistoriques, au Tonkin, demeurent subordonnées à la proximité de gîtes de galets de rivière. Dans les colonnes du BEFEO no 25 de 1925 (pages 477-480) Charles Robequain écrit : « La préhistoire indochinoise a connu, dans ces dernières années, une belle fortune ; des fouilles récentes dans le massif tonkinois du BacSon permettent à M. Mansuy, le savant animateur de ces études passionnantes, de confirmer et même d’étendre ses conclusions antérieures. Ainsi nous pouvons maintenant jalonner, à travers toute l’Indochine française, l’expansion de cette culture (néolithique supérieur), qui dut précéder de peu l’âge du bronze. Reste à découvrir si elle vint du Nord ou du Sud et quel fut le sens de sa propagation. (…) Certaines stations comme celle de Lang-Cuom, une des plus fructueuse du Bac-Son, révèlent, dans une superposition logique, le perfectionnement du polissage, d’abord limité au tranchant, puis s’étendant peu à peu sur les faces. En tout cas, il n’est pas encore permis de remonter au-delà du néolithique ; la pierre taillée s’accompagne toujours d’outils présentant des traces de polissage ; on ne peut pas, en l’état actuel des recherches, affirmer que l’Indochine a connu un stade paléolithique (…) Il serait puéril d’exiger dès maintenant à ce vaste problème des origines humaines en Indochine une solution péremptoire. On ne peut qu’admirer les résultats déjà acquis par M. Mansuy et ses collaborateurs, et souhaiter qu’ils soient une base solide à leurs travaux futurs. »
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La préhistoire en Indochine, en 193154 Henri Mansuy réalisa ce travail comme un résumé des connaissances et des travaux qu’il avait réalisés en Préhistoire dans l’Extrême-Orient méridional. Les premières découvertes isolées, en préhistoire de l’Indochine, suivies par des recherches méthodiques, remontent à 187055. Elles ont révélé la grande importance et l’originalité d’une industrie de la pierre ayant précédé de peu l’usage des métaux cuivreux et du bronze, et ayant persisté longtemps. Ces découvertes se rapportent toutes à une dernière période de la pierre polie et à un mobilier néolithique très achevé. Le Néolithique indochinois le plus récent se compose d’instruments en roches polies sur leur étendue : haches, gouges, ciseaux, de contour rectangulaire ou trapézoïdal, présentant un tranchant obtenu par un biseau sur l’une des faces, ou par doubles biseaux, résultant parfois de courbes ménagées. Les haches lorsque leur tranchant était ébréché, recevaient de nouveaux polissages, tant que le fragment restant demeurait utilisable. Les ciseaux sont plus étroits, plus tenus. L’une des extrémités des gouges est incurvée, creusée 54.
D’après Henri Mansuy. Exposition Coloniale Internationale. Paris 1931. Indochine française. Section des sciences. La Préhistoire en Indochine. Résumé de l’état de nos connaissances sur la préhistoire et l’ethnologie des races anciennes de l’Extrême-Orient méridional, 1931. 55. Victor Roque qui en 1875 découvrit la riche station de Somrong-Sen, au Cambodge. Les découvertes de haches polies dans les régions de Bien-Hoa et Tay-Ninh en Cochinchine par Holbé. Les collections recueillies par le docteur Yersin au pays Bahnar. Les récoltes du P. Guerlach sur les territoires voisins. Les nombreux matériaux préhistoriques rapportés par Pavie, Massie, Lefèvre-Pontalis au cours de la mission Pavie de 1888 à 1895. Au Tonkin, peu après l’occupation, Rivière à Tuyen-Quang explore quelques gisements néolithiques. D’Argence, dans l’Est du Tonkin, recueille nombre d’objets sporadiques.
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en gouttière. Les haches de forme rectangulaire sont accompagnées d’instruments similaires, dits haches à talon, à soie ou à épaulement, dont le côté opposé au tranchant se rétrécit brusquement en un tenon d’emmanchement qui rencontre le corps de l’outil à angle droit. Les haches à tenon se trouvent dans toutes les parties de l’Indochine et dans les pays voisins. Les parures en phtanite ou en calcaire (anneaux, bracelets, bagues) datent de la même époque. La céramique du Néolithique supérieur indochinois, en pâte grossière et à dégraissant de charbon et de quartz, a pris diverses formes : vases subsphériques, bols, vases à large ouverture et pourvus d’un pied, dans les niveaux inférieurs non-remaniès de Somrong-Sen. Les nombreux tessons sont remarquables par la diversité de leur ornementation. Les particularités de la décoration de la poterie ancienne, en Extrême-Orient méridional, la rendent originale et n’autorisent aucun rapprochement avec des styles européens ou du reste de l’Asie. L’observation des instruments recueillis à Pho-Binh-Gia (1906), Khéo-Phay (1922-1923) et Dong-Thuôc, laisse supposer une évolution industrielle locale avec peut-être un passage rapide sans transitions graduées entre le Paléolithique et le Néolithique le plus ancien. Cette dynamique ne suit pas la séquence typologique établie pour les temps préhistoriques européens et ceux d’autres régions. Les affinités dans la facture de nombreux instruments du Bacsonien avec l’outillage paléolithique de l’Ancien Monde le rattachent cependant au Néolithique avec seulement un polissage partiel comme dans certains sites (Kéo-Phay). Le gisement de Somrong-Sen (Cambodge) constitue un jalon remarquable d’une abondante industrie lithique néo-
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lithique avec également les premières manifestations de l’industrie du bronze en Indochine. En résumé, les instruments en pierre des niveaux inférieurs des dépôts de cavernes, dans l’Est du Tonkin, se répartissent en deux catégories distinctes : — les uns simplement taillés, pointes et racloirs, présentant la plus étroite ressemblance avec les instruments paléolithiques des temps chelléens et acheuléens de l’Europe occidentale ; — les autres, obtenus de galets non retouchés ou à peine régularisés par de grossières retouches, ont une extrémité polie en un tranchant plus ou moins acéré et étendu. Ces deux types d’instrument sont rencontrés le plus souvent mélangés, au contact les uns des autres. Henri Mansuy rappelle que Madeleine Colani56 découvrit vingt gisements dans la région de Hoa-Binh (Rivière-Noire) et visita plus de quarante grottes. Dans les niveaux moyens et supérieurs, en général, l’industrie de la région de Hoa-Binh, s’assimile de plus en plus à celle du Bac-Son. Madeleine Colani57 catalogua trois périodes au sens large : une période archaïque, une période intermédiaire, une période moins ancienne. « Paléolithique supérieur, néolithique le plus inférieur, Bacsonien. Nos dépôts supérieurs ne contiennent presque pas de pièces polies, ils ne peuvent nullement être comparés à ceux qui dans le Bac-Son appartiennent à une période plus récente que Kéo-Phay et Giouc-Giao, à ceux de LangCuom, par exemple. Non seulement l’évolution de l’in-
56. 57.
Madeleine Colani, L’Âge de la pierre dans la province de Hoa-Binh (Tonkin), Mem. Serv. géol. de l’Indochine, Vol. XIV, Fasc. I, 1927. Selon Madeleine Colani, page 12 § 2, du texte de Henri Mansuy de 1931.
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dustrie tonkinoise est différente de celle d’Europe, mais elle n’est pas la même dans deux régions distantes d’une centaine de kilomètres, fait curieux et très important. »58
Les gisements préhistoriques les plus anciens, au Tonkin, sont répartis en deux groupes. L’un au N.N.E de la vallée du Fleuve-Rouge : le Bacsonien, du nom du massif calcaire de Bac-Son, où se situent les cavernes explorées. Le second au S.S.E du Fleuve-Rouge : le Hoabinhien, du nom de la localité de Hoa-Binh, sur la Rivière-Noire, auquel il est possible de rattacher les gisements de même âge de Phu-Nho-Quân, près de Ninh-Binh. Les deux noms différents : Bacsonien, Hoabinhien, donnés pour deux régions voisines riches en gisements préhistoriques ont leur raison d’être. En effet, « l’industrie lithique hoabinhienne renferme des types qui se retrouvent dans le Bac-Son, des types qui vraisemblablement appartiennent au paléolithique de Ceylan et enfin des types européens »59. Des planches de l’article pour l’Exposition coloniale internationale de 1931, figures 1, 2, 3, 4 et 5 et de l’article dans le livre de Georges Maspero, Un Empire colonial français, sont reproduites dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. À partir des résultats de ses recherches, Henri Mansuy donna un résumé précis et substantiel en y intégrant ses hésitations ou ses contradictions. Celles-ci sont inhérentes à des découvertes scientifiques. Au fils du temps, ses travaux ont permis de présenter l’histoire d’une humanité préhistorique plus ancienne que celle connue jusqu’alors pour la partie septentrionale de l’Indochine.
58. 59.
Madeleine Colani. Extrait de Henri Mansuy.
Chapitre VII Et depuis que s’est-il passé ?
D
epuis les travaux et découvertes de Henri Mansuy, la recherche en matière de préhistoire n’a que peu progressé en Extrême-Orient à cause des événements qui ont accompagné la décolonisation. La trame fondamentale mise en évidence par Henri Mansuy reste globalement la même. L’étage du Bacsonien défini par Henri Mansuy, en 1902 et 190960, a été étendu par son élève Madeleine Colani avec la définition plus large du Hoabinhien. Bacsonien et Hoabinhien expriment des faciès typiques de l’Extrême-Orient préhistorique pouvant s’étaler sur une assez longue période avec des outils laissant apparaître de larges secteurs sur le « galet » généralement utilisé. De fait, cette typologie se heurte à l’absence de nuance. Cependant cette récurrence de l’emploi de galet fait émerger une préhistoire
60.
Station préhistorique de Somrong-Sen et de Longprao (Cambodge) par Henri Mansuy. 1902. Hanoï. Éditions Schneider. Gisement préhistorique de la caverne de Pho-Binh-Gia (Tonkin) par Henri Mansuy. L’Anthropologie TXX, p. 531 à 543. Masson et Cie Éditeurs.
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caractéristique par ses choix techniques, différente de ce que nous connaissons en Europe et en Afrique. Ces choix sont associés à un environnement particulier, celui de la forêt tropicale humide et le plus souvent un manque d’affleurement en roche siliceuse. Le Hoabinhien reste le plus grand dénominateur commun régional. Il demeure en usage aujourd’hui comme étant le faciès industriel le plus représentatif de l’activité technique de l’homme de l’Asie du Sud-est méridional aux temps préhistoriques. Il remonterait à près de 40 000 ans avec le site le plus ancien connu dans le Sud de la Chine et perdure jusqu’au milieu de l’Holocène. En écho à la trame énoncée en Europe, le Hoabinhien a souvent été décrit comme une industrie relevant du Paléolithique final en transition vers le Mésolithique et se prolongeant jusqu’au Néolithique. Son extension géographique est très importante et englobe : le Nord-Est de l’Inde, le Sud de la Chine, la Birmanie, le nord Viêtnam, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, la Malaisie jusqu’au Sud de Sumatra, voire Les Philippines. Le Bacsonien quant à lui caractérise plutôt un Néolithique asiatique de moins de 6 000 ans. Dès sa découverte à partir de 1902, confirmé en 1920 par Henri Mansuy dans le massif du Bac-Son, au nord Viêtnam, il fut considéré comme une évolution locale néolithisée de l’industrie lithique locale. Il se caractérise par un matériel lithique composé de lames de pierre polie d’allure classique mais surtout d’outils partiellement polis. Il est souvent associé à des sépultures et à une céramique tripode comme l’avait initialement décrit Henri Mansuy. Les travaux tant de Pham-Huy-Thong (1980), Dinh-Inh-Thi-TuyêtMai (1985), Pham-Ly-Huong (1994) ou Johannes Moser (2001) proposaient la chronologie suivante pour le Vietnam : — un pré-Hoabinhien ou Sonviien daté entre moins 15 000 et 12 000 ans ;
Chapitre VII — Et depuis que s’est-il passé ? 221
— un Hoabinhien « classique » au début de l’Holocène moins 11 000 ans ; — un Bacsonien pour les niveaux supérieurs moins 10 000 à 6 000 ans. Le passage entre Hoabinhien et Bacsonien est hypothétique, porté par la vision évolutionniste des chercheurs vietnamiens « comme continuum idéal au cours duquel la transition technique reflèterait le passage des sociétés de chasseurs-cueilleurs à celles des sociétés horticoles-sédentaires. Cette « néolithisation » est loin d’être vérifiable, (…) au contraire jusqu’à présent ce phénomène relève d’une exception nord-vietnamienne qui ne trouve pas d’équivalents en Thaïlande et en Malaisie. »61
Alain Testart (1977) indiquait quant à lui que « L’Asie du Sud-Est pourrait être caractérisée dès la Préhistoire comme la région de la civilisation du végétal »,
ce que Wilhelm Solheim (1972) dénommait Lignic period. Il est assimilé au Hoabinhien et à sa tradition d’outils de style chopper et chopping-tools associés à des objets naturels éphémères réalisés en bambou constituant ainsi un véritable ensemble technologique qui a pu inspirer une technologie du végétal62. Les recherches de Henri Mansuy ont été faites dans les conditions délicates de travail, au tout début du XXe siècle, à une époque où les modes de locomotion étaient difficiles avec
61. 62.
Préhistoire au sud du triangle d’or, page 52 de Valery Zeitoun, Hubert Forestier, Supaporn Nakhbunlung. Éditions IRD, Paris, 2008. Préhistoire au sud du triangle d’or, page 53 et page 16, par Valéry Zeitoun, Hubert Forestier et Supaporn Nakbunlung. Édition IRD, Paris, 2008.
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des accès mal aisés dans une forêt profonde, un climat éprouvant, peu de moyens techniques comme humains et une absence quasi totale de références bibliographiques scientifiques. Elles sont pionnières et constituent la base des recherches en cours. Plusieurs des sites qu’il a fouillés ont été complètement détruits soit par une exploitation abusive (À Somrong-Sen, au Cambodge, par exemple, le gisement de coquilles lacustres alimenta longtemps la fabrication de chaux), soit par la guerre, tant au Vietnam, au Laos qu’au Cambodge, où ont été détruits ou considérablement endommagés de nombreux sites. Comme le soulignait Henri Hubert dans un numéro du BEFEO de janvier-mars en 1903 (Pages 90 et 91), Henri Mansuy a initié une démarche scientifique réussie et entière sur un territoire alors encore vierge. Dans les colonnes de L’Avenir du Tonkin, le 27 juillet 1934, il était indiqué d’ailleurs que : « Henri Mansuy, archéologue incomparable, qui, à la science géologique, joignit un jugement impeccable »
et dans ces mêmes colonnes, du 10 septembre 1928, que Henri Mansuy fit parcourir « un chemin immense en préhistoire en peu de temps ».
Le 17 août 1929, le colonel Bonifacy y notait que Henri Mansuy avait réalisé en préhistoire « une œuvre magistrale répondant à un réel besoin ».
Les recherches, depuis le milieu du vingtième siècle, se sont développées sur de nouveaux sites et en particulier dans les karsts qui malheureusement ont été réutilisés souvent par
Chapitre VII — Et depuis que s’est-il passé ? 223
des communautés bouddhistes entravant la recherche archéologique et détruisant souvent les archives de la terre63. Les recherches de Henri Mansuy ont concerné des gisements préhistoriques du Néolithique supérieur d’Extrême-Orient correspondant à des âges de l’ordre de 3000, 3500 jusqu’à 5000 ans et plus. Les recherches du Sud-Est asiatique demeurent aujourd’hui encore beaucoup moins importantes que celles qui ont couverts l’Europe et l’Afrique. Les périodes historiques dites « classiques », des empires ou royaumes de cette partie du monde (Indes, Thaïlande, Cambodge, Chine, etc.) ont été beaucoup plus étudiées si bien que des repères typologiques et de nombreuses données manquent encore en Préhistoire. Cependant, avec la reprise de la fouille du site de Laang-Spean au Cambodge depuis 2009, avec Hubert Forestier, et la découverte de nouvelles espèces humaines à Flores en 2003 ou aux Philippines, un nouvel élan anime l’Asie du Sud-Est.
63.
Préhistoires au sud du triangle d’or, page 16, par Valéry Zeitoun, Hubert Forestier et Supaporn Nakbunlung. Édition IRD, Paris, 2008.
Conclusion
D
ans la petite communauté des habitants de Hanoï, dans le premier quart du XXe siècle, tout le monde ne se rendit pas forcément compte de l’importance des découvertes préhistoriques réalisées par Henri Mansuy. Comme souvent lorsque nous vivons trop près de l’histoire, histoire en cours ou science en construction, nous ne comprenons pas toujours et nous ne nous rendons pas compte des avancées remarquables qui sont faites. Même ceux qui avaient pour tâches d’étudier, d’expliquer, de chercher, d’enseigner, ne remarquèrent pas, ne réalisèrent pas l’importance des découvertes faites. Henri Mansuy a lancé les questionnements anthropologiques sur l’origine des pratiques préhistoriques en Extrême-Orient méridional selon les vues de son temps, mais il a surtout incité les préhistoriens à étudier plus attentivement encore et à chercher davantage. Le temps était mûr pour faire progresser la recherche et la connaissance mais la géopolitique interrompit ce premier élan pour longtemps. Henri Mansuy a découvert des sites exceptionnels et en a réalisé des descriptions précises dès le début des années 1900, en espérant que d’autres chercheurs allaient venir. Il les a incités à
226
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
poursuivre et à approfondir avec des moyens plus importants et des outils de plus en plus sophistiqués, les questions qui se posaient sur les pratiques de nos ancêtres. Cela fait écho à sa trajectoire personnelle, exigeant avec lui-même, visionnaire, éloigné de tout désir de paraître ou d’obtenir des avantages, n’escomptant qu’avoir fait progresser la recherche. La formule de Teilhard de Chardin « Savoir plus pour Etre plus, Etre plus pour aimer davantage. Car être c’est unir. » s’applique à Henri Mansuy. Acteur de recherches fondamentales en paléontologie, en géologie et en préhistoire en Extrême-Orient méridional, nous lui devons d’avoir ouvert la voie. Il ne s’est pas limité à ses seules recherches dans le domaine scientifique, il avait depuis son enfance le goût de l’humain et du respect des autres à tel point qu’il consacra une grande partie de sa vie à l’éducation et au suivi des enfants Lévy dont le père était décédé. Il a toujours eu une foi immense en la science. Pour lui ce qui n’était pas encore connu « relevait du domaine du non encore exploré ». La connaissance était pour lui la clef de l’intelligence du monde : « Je me suis voué à la recherche et à la préhistoire comme moyens d’exhaler mon amour de la matière, de la vie, des humains » déclara-t-il à sa famille en 1926 au Teil (Ardèche).
Annexe 1 Bibliographie de Henri Mansuy
1897.
Stations préhistorique des Hautes-Bruyères, commune de Villejuif (Seine), par André Laville et Henri Mansuy et description des restes humains par le docteur René Verneau, L’Anthropologie 8, pages 385-398.
1901.
La nature des roches employées dans la construction des monuments anciens de l’Indochine, Bulletin Économique de l’Indochine, tome 2, pages 1084 à 1086.
1901.
La pierre de Bien-Hoa, Revue-Chinoise, hebdomadaire no 165 du 15 décembre 1902, p 1157.
1901,
Nombreux articles de commentaires de Henri Mansuy. L’Anthropologie 12, pages 201 à 237 ; pages 470 à 489 ; pages 733 à 750. Et dans d’autres numéros de L’Anthropologie.
228
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
1902.
Stations préhistorique de Somrong-Sen et de Longprao (Cambodge), (29 pages, in-8° jésus, plus 15 planches), Imprimeur-Editeur F-H Schneider, Hanoï.
1903. Notice sur la géologie de la haute Rivière-Claire, Bulletin
Économique de l’Indochine, VIe année, nouvelle série, 1 fig. croquis, pl. carte. 1904.
Bulletin Économique de l’Indochine, Étude sur la formation géologique de la région de Hagiang, pages 958 à 962.
1905.
Examen des fossiles rapportés du Yunnan par la mission Lantenois, Comptes rendus hebdomadaires de l’Académie des Sciences, Note de détermination des fossiles du Yunnan, présentée le 6 mars 1905, présentée à l’Académie des Sciences, pages 692 à 694.
1906.
Facultés des sciences, Liste des mollusques récoltés en Indochine et au Yunnan par Henri Mansuy et description d’espèces nouvelles, par Philippe Dautzenberg et Hans Fischer.
1907. Résultats de la mission géologique et minière du Yunnan
méridional (septembre 1903 — janvier 1904) par Honoré Lantenois, Henri Mansuy, Jean-Baptiste Counillon et G. Zeiler, Editeur H. Dunod et E. Pinat. 1908. Contribution à la carte géologique de l’Indo-Chine, Paléon-
tologie, Gouvernement général de L’Indochine, Direction des Travaux Publics, Service des Mines, (73 pages, in-8°
Annexe 1 — Bibliographie de Henri Mansuy
229
jésus, 18 planches), Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1909.
Gisement préhistorique de la caverne de Pho-Binh-Gia (Tonkin), L’Anthropologie 20, pages 531 à 543, Editeur Masson et Ci., Paris.
1910.
Résultats stratigraphiques généraux de la mission géologique du Yunnan (avec J. Delprat), Comptes rendus hebdomadaires de l’Académie des Sciences, pages 572 et 1011.
1910.
La succession stratigraphique aux environs de LuangPrabang (Haut-Laos), Comptes rendus hebdomadaire de l’Académie des sciences du 7 novembre 1910, Tome 151.page 839.
1911. Contribution à la carte géologique de l’Indochine, Paléon-
tologie, Comptes rendus hebdomadaires de l’Académie des Sciences, Prix Tchihatchef 1911, le 18 décembre 1911, pages 1304 à 1307. 1912.
Volume I, Fasc. I, Étude géologique du Yunnan Oriental par Jacques Deprat et Henri Mansuy. Ière partie Géologie générale par Jacques Deprat. (370 pages et 20 planches). Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong.
1912.
Volume I, Étude géologique du Yunnan Oriental par Jacques Deprat et Henri Mansuy. Ière partie Géologie générale par Jacques Deprat. (178 figures et 3 cartes), Mé-
230
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
moire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1912. Volume I, Fasc. II, Étude géologique du Yunnan Oriental, IIe partie. Paléontologie, (147 pages, in-4° jésus, 25 planches
doubles), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1912. Volume I, Fasc. III, Étude géologique du Yunnan Oriental
par Jacques Deprat et Henri Mansuy, Mémoire du Service géologique de l’Indochine. 1912. Volume I, Fasc. IV, I. Mission du Laos. — 1. Géologie des
environs de Luang-Prabang. — 2. Mission Zeil dans le Laos septentrional. Résultats paléontologiques. — II. Contribution à la Géologie du Tonkin. Paléontologie. Suivi d’un Exposé des découvertes paléontologiques en Indochine, au cours de l’année 1911 et au début de l’année 1912 (82 pages, in-4° jésus, 13 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1913. Volume II, Fasc. III, Paléontologie de l’Annam et du Tonkin
(48 pages, in-4° jésus, 6 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1913.
Volume II, Fasc. IV, Faunes des calcaires à Productus de l’Indochine. Première série, (137 pages, in-4° jésus, 13 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong.
Annexe 1 — Bibliographie de Henri Mansuy
231
1913.
Extraits des Comptes rendus hebdomadaires de l’Académie des sciences du 31 mars 1913, Tome 156, p. 1030 et suivantes ; 21 avril 1913 page 1212 ; 28 avril 1913 page 1345, Imprimeur-Libraire des comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, Gauthier-Villars, Paris.
1913. Volume II, Fasc. V, Nouvelle contribution à la Paléontolo-
gie de l’Indochine. — I. Contribution à l’étude des Faunes paléozoïques et triasiques du Tonkin. — II. Faune du Carboniférien inférieur du Trân-ninh. — III. Sur la présence du genre Pomarangina Diener, du Trias de l’Himalaya, dans le Trias du Tonkin, (39 pages, in-4° jésus, 5 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1914. Volume III, Fasc. II, — I Nouvelle contribution à la Paléon-
tologie du Yunnan. II Description d’espèces nouvelles des Terrains paléozoïques et triasiques du Tonkin. III Contribution à la Paléontologie du Laos. IV Gisement liasique des schistes de Trian (Cochinchine). V Étude des Faunes paléozoïques et mésozoïques des feuilles de Phu-Nho-Quan et de Son-Tây (Tonkin), (91 pages, in-4° jésus, 10 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1914.
Volume III, Fasc. III, Faunes des calcaires à Productus de l’Indochine. Deuxième série, (59 pages, in-4° jésus, 7 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong.
232
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
1915. Volume IV, Fasc. II, Faunes cambriennes du Haut-Tonkin,
(35 pages, in-4° jésus, 3 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1915. Volume IV, Fasc. III, Contribution à l’étude des Faunes de
l’Ordovicien et du Gothlandien du Tonkin, (22 pages, in-4° jésus, 3 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1916. Volume V, Fasc. I, Faunes cambriennes de l’Extrême-Orient
méridional, (52 pages, in-4° jésus, 7 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1916.
Volume V, Fasc. II, Sur quelques mammifères fossiles récemment découverts en Indochine (Mémoire préliminaire), (26 pages, in-4° jésus, 7 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong.
1916.
Volume V, Fasc. IV, Faunes paléozoïques du Tonkin septentrional. Nouvelle contribution à l’étude des faunes des calcaires à Productus de l’Indochine. Étude complémentaire des Faunes paléozoïques et triasiques dans l’Est du Tonkin (feuilles de That-Khê, Pho-Binh-Gia, Lang-Son), (73 pages, in-4° jésus, 8 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong.
Annexe 1 — Bibliographie de Henri Mansuy
233
1916.
La paléontologie et à la paléobotanique du Tonkin, du Yunnan et du Laos, Mémoire du Service géologique de l’Indochine.
1916.
Prix Wilde de l’Académie des Sciences, le 18 décembre 1916, Tome 163, p 874-876.
1918.
Volume V, Fasc. II, Description de quelques fossiles paléozoïques de la région de Pho-Binh-Gia et de Thai-Nguyên, Tonkin, (12 pages, in-8° jésus, 2 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine.
1918. Volume V, Fasc. III, Paludinidae fossiles du Bassin lacustre
de Mong-Tseu, Yunnan, (7 pages, in-8° jésus, 2 planches), Bulletin du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1919.
Volume VI, Fasc. I, Faunes triasiques et liasiques de NaCham, Tonkin. Description de quelques espèces du Dévonien du Tonkin, du Laos et Carboniférien du Yunnan, (39 pages, in-4° jésus, 5 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong.
1919. Volume VI, Fasc. VI, Catalogue général, par terrains et par
localités, des fossiles recueillis en Indochine et au Yunnan, par les géologues du Service géologique et par les officiers du Service géographique de l’Indochine, au cours des années 1903-1918. Révision paléontologique des déterminations déjà publiées dans les Mémoires et Bulletins du Service géologique de l’Indochine, (226 pages, in-8° jésus), Bulletin
234
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1920.
Volume VII, Fasc. I, Nouvelle contribution à l’étude des faunes paléozoïques et mésozoïques de l’Annam septentrional, région de Thanh-Hoa. Fossiles des terrains mésozoïques de la région de Sam-Neua, Laos Nord-Oriental. Fossiles des calcaires ouralo-permiens du Trân-Ninh, Laos, (64 pages, in-4° jésus, 6 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong.
1920.
Volume VII, Fasc. I, Contribution à l’étude de la Préhistoire de l’Indochine. I. L’industrie de la pierre et du bronze dans la région de Luang-Prabang (Haut-Laos), (14 pages, in-8° jésus, 6 planches doubles), Bulletin du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haiphong.
1920.
Volume VII, Fasc. II, Contribution à l’étude de la Préhistoire de l’Indochine. II. Gisements préhistoriques des environs de Lang-Son et de Tuyên-Quang, Tonkin, (10 pages, in-8° jésus, 5 planches), Bulletin du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong.
1920. Volume VII, Fasc. III, Supplément au Catalogue général, par
terrains et par localités, des fossiles recueillis en Indochine et au Yunnan, (47 pages, in-4° jésus), Bulletin du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong.
Annexe 1 — Bibliographie de Henri Mansuy
235
1921. Volume VIII, Fasc. I, Étude complémentaire des faunes tria-
siques de la région de Thanh-Hoa, Nord-Annam. Description de fossiles des terrains paléozoïques et mésozoïques du Tonkin septentrional (feuilles de Cao-Bang, de Ha-Lang, de That-Khê et de Lang-Son). Description de quelques espèces de l’Ouralo-Permien et du Trias du Tonkin occidental. — Nouvelle contribution à l’étude des faunes des terrains gothlandiens, dévoniens et rhétiens de la région de la basse Rivière-Noire (feuilles de Son-Tây et de Van-Yên), (53 pages, in-4° jésus, 3 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. 1922.
Revue critique de Paléozoologie et de Paléophytologie, no 2 avril 1922, p 61, p 65, p 79, Maurice Cossmann avec la collaboration de Henri Mansuy.
1923. Volume X, Fasc. I, Contribution à l’étude de la Préhistoire
de l’Indochine. III. Résultats de nouvelles recherches effectuées dans le gisement préhistorique de Somrong-Sen (Cambodge). Suivi d’un résumé de l’état de nos connaissances sur la Préhistoire et sur l’Éthnologie des races anciennes dans l’Extrême-Orient méridional, (24 pages, in-4° jésus, 9 planches doubles), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï. 1924.
Volume XI, Fasc. II, Contribution à l’étude de la Préhistoire de l’Indochine. IV. Stations préhistoriques dans les cavernes du massif calcaire de Bac-Son (Tonkin), (37 pages, in-4° jésus, 14 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine.
236
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
1924. Volume XIII, Fasc. III, Station Néolithique de Hang-Rao et
de Khé-Tong (Annam) par Henri Mansuy et Jacques Fromaget, (12 pages, in-8° jésus, 5 planches doubles), Bulletin du Service géologique de l’Indochine, Hanoï. 1925.
Volume XII, Fasc. I, Contribution à l’étude de la Préhistoire de l’Indochine. V. Nouvelles découvertes dans les cavernes du massif calcaire de Bac-Son (Tonkin), (39 pages, in-4° jésus, 25 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine.
1925. Volume XII, Fasc. II, Contribution à l’étude de la Préhistoire
de l’Indochine. — VI. Stations préhistoriques de Kéo-Phay (suite), de Khac-Kiêm (suite), de Lai-Ta et de Bang-Mac, dans le massif calcaire de Bac-Son (Tonkin). Note sur deux instruments en pierre polie provenant de l’île de Trê (Annam), (21 pages, in-4° jésus, 7 planches doubles), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Hanoï. 1925. Volume XII, Fasc. III, Contribution à l’étude de la Préhis-
toire de l’Indochine. — VII. Néolithique inférieur (Basconien) et Néolithique supérieur dans le Haut-Tonkin. (Dernières recherches) avec la description des crânes du gisement de Lang-Cuom par Henri Mansuy et Madeleine Colani, (46 pages, in-4° jésus, 14 planches doubles), Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Hanoï. 1925. Volume XIV, Fasc. VI, Contribution à l’étude de la Préhis-
toire de l’Indochine. VIII. La caverne sépulcrale néolithique de Ham-Rông près de Thanh-Hoa (Annam). Description d’un crâne indonésien ancien de Cho-Ganh (Tonkin).
Annexe 1 — Bibliographie de Henri Mansuy
237
Complément à l’étude de crânes recueillis dans la caverne sépulcrale de Lang-Cuom, massif de Bac-Son, (12 pages, in-8° jésus, 3 planches), Mémoire du Service géologique de l’Indochine. 1926.
L’homme au commencement des temps néolithiques en Indochine (8 pages), Extraits des comptes rendus du XIVe congrès géologique international de 1926 à Madrid, Éditions Graficas Reunidas S.A. Calle del Barquillo 8, Madrid, Publié en 1929.
1927. Catalogue des publications du Service géologique de l’Indo-
chine du 1er septembre 1927, Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï. 1928.
Carte géologique de l’Indochine à l’échelle du 500 000. Notice sur la feuille de Vinh d’après les travaux de MM. Charles Jacob, Henri Mansuy, Léon Dussault, Jacques Fromager et Mlle Madeleine Colani, Mémoire du Service géologique de l’Indochine.
1929.
Préhistoire et Protohistoire (10 pages), In : Un Empire colonial francais : l’Indochine sous la direction de Georges Maspero, Tome premier. (pages 83-92), Éditions G.van Oest, Paris et Bruxelles.
1931.
Publié par l’Exposition coloniale Internationale, Paris, 1931, Indochine française, Section des sciences, La Préhistoire en Indochine. Résumé de l’état de nos connaissances sur la préhistoire et l’ethnologie des races anciennes de l’Extrême-Orient méridional, (26 pages.).
Annexe 2 Les échanges avec Alfred Lévy
Lettre d’Alfred Lévy du 30 novembre 1929 À monsieur Henri Mansuy 13 bis, rue Campagne Première Paris Cher Monsieur, Un courrier doit quitter Haïphong demain ; il arrivera en France sensiblement pour le Jour de l’An, et je désire que mes vœux vous parviennent aux environs du 1er janvier 1930. Cette pensée du « petit Poulbot » vous touchera et vous persuadera que je ne vous oublie pas ; j’avoue cependant que je devrais vous écrire plus souvent : vous y avez droit, non seulement parce que vous vous êtes penché sur mon adolescence mais parce que vous continuez encore à me suivre dans la vie. Je déplore, hélas ! la distance qui m’empêche de sauter à votre cou, et, entre deux larmes de joie, vous dire à l’oreille mes souhaits pour 1930 : souhaits de bonne santé, souhaits de vie reposante, tous les souhaits capables de contribuer à votre bonheur. Quelques baisers et l’expression joyeuse de mes yeux vous diraient mieux que des phrases malhabiles les vœux sincères que je forme du fond du cœur pour Vous qui avez, mieux
240
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
que personne, remplacé mon Père. Vous n’avez pas eu à gérer nos intérêts, besogne dans laquelle vous n’auriez peut-être pas été dans votre élément, mais vous vous êtes occupé de nous moralement et intellectuellement, selon votre bon cœur et votre sensibilité exquise. Vous avez guetté avec joie ma première réflexion d’enfant initié à la culture française ; vous vous êtes appliqué à me faire comprendre mille choses ; mieux, vous avez éveillé en moi une sensibilité native qui s’est développée depuis, et qui, hélas ! me fait souffrir plus que les autres des bassesses de ce monde. Mon Dieu ! que d’injustices, que de méchancetés ! (...) Je comprends mieux chaque jour de ma vie pourquoi il existe des révoltés, des aigris. Il y a tant et tant d’hypocrisie, de sentiments mesquins. Je suis étonné de les découvrir chez des êtres que l’on suppose supérieurs. La vérité est que l’homme est une pauvre bête, chez laquelle la crainte du gendarme est souvent le commencement de la sagesse. Je constate avec peine que les petits partout sont opprimés ; et pour moi-même, si je n’avais pas un tuteur1 qui ait bec et ongles, je crois que les « loups » de notre monde m’auraient déjà dévoré ! Je crois cependant être de nature assez énergique et même combattive, mais je suis encore si petit dans la vie matérielle de ce monde. Je ne désespère pas, comme je l’écris à Adrien2, de me faire un jour « moi-même », c’est-à-dire mener une vie libre et large. Les nécessités m’obligent à entrer maintenant dans l’administration comme surveillant d’internat, poste que j’occupais avant mon service militaire ; mais c’est un emploi d’attente et je le quitterai dès que j’aurai découvert une situation plus riche d’avenir. L’ironie du sort veut même qu’après 18 mois de service militaire je gagne moins qu’auparavant, c’est-à-dire qu’à 22 ans je vais toucher des mensualités plus faibles de 20 piastres à 30 piastres à celles que je touchais à 19 ans. Et 1. 2.
Il s’agit de M. Emile Leconte. Il s’agit de son frère cadet : Adrien Lévy.
Annexe 2 — Les échanges avec Alfred Lévy
j’attends néanmoins cette place depuis le 5 septembre, date de ma libération. À la suite de démarches répétées auprès des administrations intéressées, il m’a été répondu que j’aurai une place prochainement, c’est-à-dire en décembre ! Je ne puis qu’attendre, et cela est difficile pour ma toute petite bourse ! N’y a-t-il pas là une première injustice du sort ? Je suis doué autant que n’importe quel autre pour les études ; je m’appliquais, et voilà que des nécessités matérielles m’ont obligé à quitter une branche où je réussissais. J’aurai pu être à l’heure actuelle en possession d’un premier certificat de licence, comme beaucoup de mes anciens camarades de classe, maintenant au lycée de Montpellier. Et à 24 ans, j’aurai eu une situation intéressante dans le droit, le notariat, le professorat, etc. ou même en entrant de plain pied dans le cadre supérieur d’une administration ! Ces constatations sont très pénibles pour ma jeune nature, prompte à l’indignation. Cela ne sera peut-être pas mauvais, car l’adversité dressera encore mieux mon énergie ; mais il est à craindre que je ne devienne plus tard dur pour les autres comme pour moi-même. Et pourtant, j’aurais fait tant de biens si j’étais né riche ! Il y a tellement de misères à soulager ! Je souffre de n’y pouvoir apporter aucun remède. Monsieur Emile Leconte dont la famille augmente, a de plus en plus besoin de liberté de ses gestes : il nous a donc prévenus qu’il déposera la tutelle au début de 1930. Le tribunal lui désignera un remplaçant, et j’ai lieu de croire que ce sera moi. Voilà une bien lourde tâche pour mon inexpérience et à laquelle mon devoir m’interdira de me soustraire. Je me trouverai devant une situation délicate, car la récolte de café s’annonce nettement déficitaire ; nous serons obligés d’emprunter à la Banque, et il me faudra réduire les frais au minimum. Cette dernière nécessité serait assez possible si le caractère d’Elisée n’était pas si indolent ; mais hélas ! il est si nonchalant qu’il sera incapable d’adopter une attitude énergique constante. Il
241
242
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
me faudra beaucoup batailler pour obtenir quelque économie ; et cela me navre à l’avance. Thérèse continue à nous donner satisfaction dans son travail. C’est, de tous les miens, celle qui me contente le plus. Fine, délicate, affectueuse, elle est la joie de ma vie. Peut-être sera-t-elle la seule à se rendre compte plus tard de ce que j’aurai fait pour eux tous ? Il y a tant d’ingratitude sur terre que j’arrive à douter de mes frères et sœurs : pourquoi ne seraient-ils pas comme les autres ? Ce sont des êtres humains comme ceux-ci ! Marthe a eu en août dernier un 4e bébé ; ils ont donc, Repelin et elle, deux filles et deux garçons, famille bien nombreuse pour la petite solde de mon beau-frère, dont la santé trop fragile m’inquiète constamment3. Et s’il venait à disparaître, que ferait Marthe, sans retraite de son mari, sans même un secours ? Ne croyez-vous pas que mon devoir me dira de lui tendre mes mains secourables ? Et alors, moi ? Il me sera interdit de me marier, d’avoir aussi des enfants, puisque je n’aurai pas de quoi les nourrir, ayant déjà 4 neveux et nièces ! Je peinerai parce que mon beau-frère n’a jamais eu l’énergie de réfléchir à ses actes ? Je les ai pourtant sermonnés tous les deux ; mais ils avaient un enfant par an, malgré mes conseils ! Et ma sœur, qui était une belle fille de 54 kilos à 18 ans, maigrit à chaque couche ; pensez qu’elle est descendue à 41 kg dernièrement ! De plus elle est d’une nervosité maladive qui la rend acariâtre, insupportable à la longue. Elle ne peut garder de domestiques ; en plus des soucis de ménage, du soin des gosses, elle s’appuie parfois les besognes déprimantes de la cuisine. Quelle santé résisterait longtemps à un tel traitement ? Je vois de gros nuages à leur horizon. Rien ne me laisse espérer qu’ils n’auraient pas un 5e enfant : c’est tellement une habitude chez eux maintenant ! Je suis quelques fois furieux de ne pouvoir leur faire comprendre qu’on a une responsabilité énorme 3.
Ce beau frère va d’ailleurs décéder rapidement, en enfant naquit effectivement avant.
1935,
et un cinquième
Annexe 2 — Les échanges avec Alfred Lévy
envers ses enfants : il ne suffit pas de les soigner quand ils sont jeunes, il faut encore pouvoir les éduquer, les élever jusqu’à leur majorité, leur mettre en mains des moyens qui leur permettent de gagner leur vie dignement, de ne pas devenir des individus dangereux pour la collectivité, et qui déshonoreraient leur nom ? Hélas, je raisonne des murs ! et je m’arrête, écœuré de ne pas être compris par les miens ! Si j’insistais trop, on se brouillerait. Mon Dieu, que la vie est difficile aux consciencieux ! Je m’excuse, cher Monsieur, d’avoir abusé de votre bonté. Vous avez sans doute vos soucis aussi, et point n’était besoin des miens, car cela contribue à vous rendre neurasthénique. Je n’ai que vous qui puissiez me comprendre et j’ouvre largement mon cœur, qui saigne parfois devant cette pauvre vie qui ordonne nos actes, qui les rend si mesquins ! Permettez-moi de vous remercier des soins prodigués à Adrien. Voudriez-vous le raisonner un peu pour l’inciter à économiser, car nous nous trouverons devant une situation financière difficile ? Je projetais de le faire entrer à l’École Supérieure d’Electricité ; les études y durent un an, et le titre d’ingénieur de cette école sera assurément une garantie de plus pour Adrien. Mais j’ignore si les disponibilités de la caisse commune me permettront d’exécuter mon intention. Monsieur Emile Leconte m’a parlé d’aider mon jeune frère de son capital, pour qu’il s’installe à son compte ici, quand il nous reviendra. C’est pour plus tard, il sera nécessaire qu’Adrien se perfectionne d’abord en France, quelques années, afin de ne pas commettre ici des erreurs qui le gêneraient fortement. Je vous serais reconnaissant d’attirer son attention sur tous ces points ; je le sais docile, mais je le sais aussi assez frivole, et encore très enfant. Croyez, cher Monsieur, que je suis bien heureux de vous savoir à ses côtés, car il y a de si mauvaises fréquentations dans une ville comme Paris !
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Grâce à vous, il aura connu « la ville lumière » dans ce qu’elle a de plus beau : musées, monuments, etc. Je vous joins une photo de moi, en uniforme, exécutée en septembre dernier. Y reconnaîtrez-vous le « petit Poulbot » qui vous amusait tant ? J’ai toujours gardé ma figure poupine de « gosse » et au régiment, on m’appelait « Bébé Cadum », ou « Pingouin » à cause de mon prénom ! Naturellement, j’en riais… Je vous embrasse bien affectueusement, cher Monsieur, et vous renouvelle mes vœux les plus respectueux de bonne année. Alfred Alfred Lévy 2, rue Bobillot Prolongée. Hanoï Ci-jointe une carte de madame Durand, avec laquelle nous causons souvent du plaisir que vous aviez à fréquenter leur petit intérieur de gens simples et unis. Là encore le sort a été cruel ! Enlever à une telle épouse et de si gentils enfants leur seul soutien, rescapé de guerre, après 5 années de tourmente4. Ce n’est pas possible qu’il puisse exister un Bon Dieu ! !… Alfred
Lettre d’Alfred Lévy du 12 mars 1930, Hanoï Monsieur Mansuy, Paris Cher Monsieur, Votre longue et affectueuse lettre du 14 janvier m’a profondément touché. Je suis heureux de votre joie à la ré4.
Il s’agit du mari de Mme Durand qui est décédé, M. P. Durand, celui même qui écrivait à Henri Mansuy, depuis Chapa, une lettre touchante le 29 août 1926 alors qu’il était à l’hôtel Fan-Si-Pan.
Annexe 2 — Les échanges avec Alfred Lévy
ception de ma photo en soldat ; permettez-moi de vous remercier pour les bons conseils qu’en « Papa dévoué » vous me prodiguez. Je reviendrai d’ailleurs au sujet de cette lettre dans une prochaine mienne ; mais aujourd’hui, pressé par l’heure du courrier, je ne puis que vous adresser quelques mots de remerciements émus par l’intérêt que vous me témoignez. Je vous envoie, par même courrier, une collection de 15 journaux « du 10 au 27 février inclus » ayant trait aux tristes évènements de désordre dont la presse métropolitaine a dû causer. L’organe que j’ai choisi est le plus exact parmi les quotidiens locaux, parce que « non subventionné ». J’ai pu l’apprécier, ayant acheté chaque jour tous les journaux qui paraissaient, afin de mieux me renseigner. Tout est calme à présent. J’espère que votre santé se maintient bonne. Je vous embrasse très affectueusement. Alfred
Lettre d’Alfred Lévy du 22 juin 1931 Monsieur Mansuy, Paris Cher Monsieur, J’utilise pour la 1 ère fois la voie aérienne « Indochine-France » — et je me réjouis de vous en faire profiter le premier. Ma sœur Thérèse ayant été enfin reçue au Brevet Élémentaire (après y avoir échoué l’année dernière, et, de ce fait redoublé la classe) tient à vous annoncer cette heureuse nouvelle « sur des ailes » ! — Vous trouverez donc ci-inclus un petit mot d’elle, auquel j’ai supprimé la 2e feuille, en blanc, pour éviter la surcharge, la taxe étant très onéreuse (0 piastre 60 par 10 gr + taxes postales
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ordinaires). Je vous serais obligé de remettre à Adrien, la lettre que Thérèse lui destine, avec deux photos. Lisez sa prose : vous vous rendrez compte de sa faiblesse en français. Je passe sur les pâtés, qui dénotent une négligence inattendue chez une jeune fille de 17 ans, parce que c’est « la détente ». Après l’avoir harcelée pour les révisions en vue de son examen, je lui dois une période de trêve, nécessaire à ses petits nerfs de femme en herbe. J’ai reçu avec joie votre lettre du 24 février, vous vous ressentiez encore de votre malheureuse bronchite. J’espère que vous êtes maintenant tout à fait rétabli, et content du mémoire que vous devez présenter à l’Exposition Coloniale. Je n’ose pas vous en demander une copie, mais elle serait la si bienvenue ! Pensez que je ne possède pas le moindre résumé sur vos brillantes découvertes sur la préhistoire de l’Indochine. Et vous êtes pour moi comme un Père : quel fils ignorant et insouciant je paraîtrais ! Ma situation de surveillant s’est stabilisée par ma titularisation comme surveillant de 5e classe, d’où augmentation de solde, portée à 290 piastres à partir de ce mois. Depuis février dernier, le Gouvernement général de l’Indochine est en pourparlers avec le ministère des Affaires Etrangères (à Paris) pour me désigner comme commis auxiliaire de Chancellerie au Consulat de France à Yunnan-Fou. Mes appointements seraient de 500 piastres, supportés comme suit : Budget Indochine = 300 piastres « « Affaires Etrangères = 200 piastres Total = 500 piastres + logement Cette situation qui me permettrait de me mettre en vedette dans un poste de confiance, reste en suspens par suite d’une difficulté d’ordre budgétaire, le Ministère des Affaires Etrangères refusant de m’accorder l’allocation prévue. Monsieur Emile Leconte est intervenu auprès de M. Wilden, ministre de France à Pékin, dont il a été le compagnon de classe. Le Consul de France au Yunnan est M.
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Daniel Lévi, fils de M Sylvain Lévi5, le célèbre orientaliste. Si vous connaissiez ce dernier, je vous serais reconnaissant de lui causer de moi, afin qu’il me recommande au Consul. J’ai d’ailleurs eu une entrevue avec celui-ci, qui m’a paru très sympathique et désireux de m’employer. En attendant le résultat de ces démarches, j’apprends les caractères chinois (langue mandarine), étude des plus compliquées. Ici la chaleur s’annonce pénible ; nous avons « encaissé » à la Pentecôte (24 mai) la plus chaude journée que l’on ait subie depuis 16 ans = 40° sous une véranda bien aérée ! J’ai envoyé à Adrien, par lettre recommandée du 11 mars 1931, un chèque de 2.000 fr, en le priant de m’en accuser réception. N’en ayant aucune nouvelle, je vous serais très obligé de rappeler mon jeune frère et pupille à plus de correction. Les envois de fonds constituent une question importante, dont je suis responsable ; or Adrien s’obstine à ne pas me donner reçu d’aucune somme depuis un an. La personne qui s’est occupée de moi, pour le poste de commis de Chancellerie à Yunnan-Fou, est M. Gustave Durand, interprète en Chef au Gouvernement Général. Il fut mon 1er professeur de Chinois, et m’a témoigné beaucoup d’intérêt. Il vient de partir en congé en France, et il a pris l’adresse d’Adrien pour aller le voir (chez madame Scébat). Vous serez bien aimable de dire à mon frère de noter cette future visite.
5.
Sylvain Lévi (né le 28 mars 1863 à Paris — mort le 30 octobre 1935 à Paris) était un indologue français, professeur au Collège de France, membre d’honneur de l’École française d’Extrême-Orient. Le sinologue Paul Pelliot (1878-1945) fut un de ses élèves. Il fut un des premiers à s’intéresser à la langue tokharienne des Tokhariens (peuple indo-européen implanté dans le bassin du Tarim dès le VIIe siècle av. J-C. dans le Xinjiang, à l’ouest de la Chine). Il rapprocha celle-ci du sanskrit et contribua à son déchiffrement.
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Madame Durand me charge de vous adresser son bon souvenir. Ses enfants sont en vacances chez monsieur Emile Leconte avec Thérèse. Je vous embrasse très affectueusement, ainsi qu’Adrien. Alfred (24, Boulevard Rollandes Hanoï) Cette lettre quitte Hanoï ce soir, par train accéléré sur Saïgon, et parviendra à Marseille le 8 juillet.
Lettre d’Alfred Lévy du 24 novembre 1931, Hanoï Monsieur Mansuy, Paris Cher Monsieur, Votre affectueuse lettre de juillet dernier m’est parvenue à la mi-août, en même temps que la notice sur « la Préhistoire en Indochine ». Je vous remercie du tout. J’étais alors en permission à Chapa et j’ai éprouvé à vous lire une joie nuancée de mélancolie. Je ne cesserai de regretter la distance qui nous sépare et qui m’empêche de vous voir, de vous entendre et de vous embrasser. Vos lettres éveillent toujours en moi l’attendrissant souvenir des bonnes années passées en votre paternelle compagnie. Le bonheur est rare et fugitif, il est doux parfois de vivre avec son passé, quand le présent est terne et l’avenir indécis. Je suis heureux de vous savoir en meilleure santé. L’amnésie dont vous vous croyez atteint n’est guère vraisemblable ; évidemment vous avez 75 ans, mais vous êtes de ces constitutions essentiellement saines, qui défieraient le roc. Ajoutez à cette solide base, votre excellente hygiène et l’intérêt d’une vie intellectuelle sans cesse absorbée par des recherches et vous voilà admirablement armé contre tout risque. Et puis, au fond de vous-même, je suis sûr d’y découvrir cette intention : « Je voudrais bien revoir
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Poulbot » ; et cet espoir-là fait vivre ! Moi aussi je brûle du désir réciproque. En décembre 1932, j’aurai accompli mes 3 années de séjour donnant droit à un congé de 6 mois, voyage non compris. Si je réussis à amasser quelques économies qui, ajoutées à ma solde d’Europe, puissent me permettre de dépenser 3.000 francs par mois, je n’hésiterais pas à m’embarquer pour la France au printemps de 1933. Quel bonheur de vous avoir comme guide dans ce Paris aux merveilles réputées ! Et dans ce but intéressé, je vous souhaite du fond du cœur, avec toute l’affection profonde que je ressens pour le « Cher Papa » que vous êtes, « Bonne santé et bonne année. » Thérèse et Elisée se joignent à moi pour vous adresser leurs vœux respectueux. Ils vont bien. Ma petite sœur travaille ferme et se classe 1ère du cours normal préparant la 1ère partie du brevet supérieur. Mon frère se débat avec la crise qui a diminué le prix du café. L’année est dure : la récolte, peu abondante, a souffert d’une longue période de sécheresse de 2 mois. Les grains sont petits, ce qui ne contribue pas à leur donner du poids. Dans ces conditions défavorables, je ne pourrai donner suite à toute demande éventuelle d’argent de la part d’Adrien. Il m’avait pressenti dans ce sens et je vais lui répondre. Il comprendra. Ma désignation pour un emploi au Consulat de Yunnan-Fou a échoué, la question de participation à mes appointements n’ayant pu être résolue entre le Gouvernement général et les Affaires Etrangères. Me voici contraint d’attendre un concours d’interprètes des services administratifs, en vue duquel j’étudie le Chinois. Le recrutement est ajourné pour encore longtemps, le déficit du budget général empêchant toute dépense nouvelle de personnel. On a procédé à des réductions sensibles de salaires, portant sur les indemnités ; vous êtes sans doute au courant de cette mesure qui a soulevé de violentes protestations. Les intéressés en ont saisi les journaux, les représentants
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des corps élus (tels que messieurs Emile Leconte et Ferroud, etc.) ; ils ont sollicité, sans succès, une audience du Ministre des Colonies. Je vous donnerai des détails complémentaires sur cette question, si vous le désirez, le sujet étant assez long. Je ne suis pas atteint par ces réductions qui n’ont d’effet que sur les soldes annuelles à partir de 4001 piastres. Monsieur Aubert, le directeur-adjoint du cabinet du Gouverneur, dont je vous avais causé, quitte la colonie le 6 janvier 1932. Ce départ nous privera d’un ami dévoué ainsi que d’un protecteur efficace. Grand chasseur, M. Aubert va très souvent à Kha-Luât6 ; là, en compagnie d’Elisée, nous chassons et profitons du bon air. Je crois vous avoir dit que c’est un homme de 43 ans, grand et de caractère jeune, simple et gai ; administrateur en chef des colonies depuis 10 ans et officier de la Légion d’honneur, il est appelé à un brillant avenir. Je conseillerai à Adrien d’aller le voir à Paris. Par suite des compressions budgétaires, on supprime les engagements contractuels. Madame Durand est bien inquiète sur son sort. J’espère que, appuyée par monsieur Aubert et grâce à sa situation intéressante de veuve d’ancien combattant, dépourvue de toute pension et chargée de famille, elle profitera d’une mesure exceptionnelle. Ses deux enfants sont toujours gentils et se portent bien. Vous vous souvenez sans doute du petit Jacquot, si éveillé et amusant avec ses réflexions. Son fils aîné, Roger, poursuit ses études à Cluses, de façon satisfaisante. Si vous faites part à Adrien, des ennuis actuels de madame Durand, dites-lui bien qu’il n’en parle pas à Roger, ou à la grand-mère, madame Thomas. Celle-ci compte voir sa fille et ses petits-enfants au printemps de 1932 ; une mauvaise
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Kha- Luat : la propriété de la famille Lévy à côté de Chi-Né.
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nouvelle l’ébranlerait gravement. Normalement, madame Durand pourrait rentrer en France en mars 1932 ; mais il faudrait auparavant qu’elle ait son contrat renouvelé avec garantie de retour à la Colonie. Espérons que tout s’arrangera. J’ai reçu aujourd’hui l’annonce de la naissance du 5e bébé de Marthe, une fillette prénommée Yvette, événement survenu hier à Camphamine. Si les inquiétudes matérielles actuelles pouvaient rendre mon beau-frère plus raisonnable ! Vous recevrez, avec la présente, un envoi de cartes postales du pays : Yenbay, Phu-Ly, Hanoï, etc. En attendant le plaisir de vous lire, je vous renouvelle mes vœux respectueux et vous embrasse bien affectueusement. 23,
Alfred Lévy boulevard Rollandes
Lettre d’Alfred Lévy Hanoï, le 17 février 1932 Monsieur Mansuy, Paris Cher Monsieur, J’espère que vous avez reçu ma lettre du 24 novembre 1931, accompagnée d’un paquet séparé de cartes postales du pays. Ma question n’est point un rappel, ce que je n’oserais jamais me permettre, mais elle est motivée par mon désir de savoir si mes vœux de Nouvel An vous sont parvenus. Je serais en effet bien peiné que, par la perte insoupçonnée d’une lettre, vous ayez l’impression que je vous oublie. Le 12 décembre, j’ai adressé chez madame Scébat, dans un envoi collectif, trois ballots de café (de 10 kg chacun) dont un pour Vous et un pour M. Honoré Lantenois. Adrien, en a été avisé afin qu’il aille lui-même vous offrir ce minime produit de notre terroir.
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Vous recevrez, par ce même courrier, un paquet d’imprimés contenant 4 journaux (en date du 26, 27, 28 et 29) relatant les discours et travaux du Congrès de la Préhistoire, qui a siégé à cette époque à Hanoï. Ce fut avec une émotion profonde que j’ai parcouru ces lignes où, en termes des plus élogieux, une grande place vous a été réservée. Il ne doit pas exister une récompense plus légitime, et dont un homme, au sens élevé du mot, puisse être plus fier que de cette marque d’admiration de la part de ses successeurs. Vous auriez peut-être pu venir ici, si vous l’aviez voulu ? Je regrette sincèrement que vous n’ayez pas profité de cette aubaine : nous nous serions revus, avez-vous pensé ? Ainsi que je vous l’annonçais, monsieur Aubert est parti le
7 janvier, je l’ai accompagné jusque sur le bateau, bien tris-
tement, ayant au cœur le souvenir d’une autre séparation, antérieure, qui fut la plus cruelle de ma vie7. Monsieur Pierre Aubert habite chez son père à Paris, 25, boulevard Pasteur (15e). Adrien s’il est forcé d’y recourir, pourra s’y présenter de ma part ; le meilleur accueil lui est assuré.
La température actuelle incite à la mélancolie : crachin, froid humide aux environs de 10° ; tout est terne, vague, brumeux… et pas d’horizon. Ça ressemble à la crise économique dont les effets deviennent chaque jour plus rigoureux. Qu’y aura-t-il au bout de cette pente sur laquelle, en dépit de nos griffes, nous glissons ? Chez nous, comme chez les voisins, une période excessivement prolongée de sécheresse (du 5 octobre 1931 jusqu’en février 1932 sans une goutte d’eau) a sérieusement diminué le rendement de la récolte. Elisée, qui comptait d’abord sur 7 tonnes, puis 5 T, n’en réalise que 3 ! Et tout à l’avenant ; il m’a annoncé hier que deux tigres, au Plateau de notre concession, lui ont dévoré 3 superbes bœufs (dressés pour 7.
Il s’agit bien sûr du départ de Henri Mansuy lorsqu’Alfred l’accompagna au bateau.
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le trait) dans un après midi. Voilà 150 piastres enfuis ; et les déprédations ne font que commencer ! Il y a bien la strychnine mais ces félins la laissent soigneusement de côté dans les morceaux qui en contiennent ; quant à l’affût, par ce crachin visqueux, c’est hasardeux : si une cartouche ratait ? Une révision générale des soldes des fonctionnaires est à l’étude, en vue d’une importante réduction. Je crains de ne plus être épargné cette fois. Les contractuels ayant des charges sont conservés mais ils subiront une diminution de salaire. C’est néanmoins la vie assurée et madame Durand s’estime encore heureuse de cette situation. Elle espère toujours partir courant mars. Monsieur Aubert a bien voulu la recommander à quelques-uns de ses amis, haut placés ; ils lui apporteront une aide efficace. Dans une lettre de décembre 1931, Adrien m’a appris son départ de chez madame Scébat, avec une peine qui se devinait très vive. Pouvez-vous me renseigner là-dessus ; j’éprouve un certain ennui à sentir mon frère désemparé et si loin de moi. Enfin, il n’est pas mal chez madame Ruty et le Régiment est proche, en avril je crois ? À moins que d’avoir une situation assurée, depuis la France, il ne faut pas qu’il songe à revenir au Tonkin, maintenant on licencie de tous côtés et il est navrant de dénombrer les hommes honnêtes sans travail. La famille de Marthe va bien ; Elisée et Thérèse font de même. Ma jeune sœur travaille assidûment et me donne entière satisfaction. Je viens de lire un livre d’une grande émotion et qui est une belle leçon d’énergie : « Un homme se penche sur son passé » de Constantin Weyer8. Ce doit être une œuvre 8.
Maurice Constantin-Weyer né Maurice Constantin (24 avril 1881, 22 octobre Son roman, Un homme se penche sur son passé, obtient le prix Goncourt en 1928. 1964).
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vécue car elle contient trop de détails (que j’ai vécus, moi, comme ceux de l’Agriculture) pour avoir été imaginés. Je la relirai encore. En vous souhaitant bonne santé, je vous embrasse bien affectueusement, et vous prie de croire à mes sentiments de respectueuse reconnaissance. Mon affectueux souvenir à Adrien. Alfred 24, boulevard Rollandes. Hanoï.
Une carte postale et une photo, à côté de la concession à KhatLuât des Lévy, est reproduite dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage. Lettre d’Alfred Lévy du 27 juin 1936, Hanoï Cher Monsieur, Je ne veux pas attendre davantage pour vous faire partager la joie immense qui inonde mon cœur à la pensée que je vais bientôt vous retrouver ; et cette fois, c’est une certitude car ma demande est faite et mon passage sera retenu sur le paquebot « Jean Laborde » qui quittera Haïphong le 9 septembre et atteindra Marseille le 6 octobre. En outre, j’irai interroger la compagnie Air France et si en septembre (ou même août), il avait des disponibilités parmi les places (jusqu’ici toutes réservées, mais il peut se produire des défaillances) — alors je n’hésiterai pas à prendre l’avion car la différence que j’aurai à verser ne sera pas forte, étant donné que je bénéficie d’une réduction de 50% comme fonctionnaire. Vous voyez bien que tout arrive, même le petit Poulbot que je suis se fait attendre et désirer. Adrien me dit que vous ne pourrez plus me servir de Cicerone ! Une telle chose est impossible et si vous avez été amené à l’énoncer, c’est uniquement parce que vous avez
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douté de votre état de santé ; mais cela tenait à l’influence du moment, au découragement passager qui vous a pris en constatant l’ajournement continu de mes projets. Cependant, aujourd’hui, la réalité est toute proche et vous n’avez plus raison d’être mélancolique. Je suis certain d’ailleurs que mon mot vous trouvera sur pied, toujours aussi vigoureux et ingambe. Un bon Papa comme vous sait bien se redresser quand il s’agit de serrer dans ses bras un fils tant attendu. Je vois d’ici votre fin et doux sourire illuminer votre cher visage ; c’est sur ce visage, dont l’image n’a jamais quitté mon cœur que je déposerai les baisers les plus fervents et les plus respectueux. Comme nous pourrons causer à cœur ouvert, nous dire toutes les choses spirituelles dont je ne détiens pas, comme vous, tout le secret. Tâchez, si possible, de me découvrir un petit logement, avec un cabinet de toilette, dans vos environs de façon que je puisse vous voir tous les jours, facilement. Excusez mon style désordonné de joie et d’émotion et laissez-moi vous embrasser avec toute la sincérité de mon cœur, palpitant de reconnaissance et d’affection. 33,
Alfred boulevard Carreau. Hanoï. Tonkin
Je vous serais obligé de dire à Adrien que j’ai bien reçu hier sa lettre du 16 juin dont réponse est ci-jointe, à vos bons soins.
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Annexe 3
Q
uelques exemples de lettres adressées à la famille de Lucien Coupier (neveu de Henri Mansuy), le père d’Irène Coupier. Il s’agit ici de quelques lettres seulement parmi d’autres. Lettre du 2 septembre 1927 Cher neveu, chère nièce, Merci pour vos bonnes nouvelles. Vous avez enfin un logement qui vous donne satisfaction et vous quitterez bientôt l’autre où vous avez vécu si longtemps ; j’en suis heureux pour vous. Quant à moi, je suis toujours à l’hôtel et ne trouve rien, parce qu’il n’y a rien ! J’ai été recommandé partout sans aucun résultat. Ma santé est assez satisfaisante. J’ai pris 217 obligations au dernier emprunt ce qui donnent 6500 francs de rentes environ, qui vous reviendront à ma mort. Le capital 100.000 francs (cent mille francs) est remboursable dans cinquante ans, ce sera pour mes petites nièces. D’ailleurs, je ne touche à rien de ce qui est placé et je vis avec ma retraite et mon portefeuille. Croyez, chers Parents, à toute mon affection, je vous embrasse affectueusement ainsi que vos chers enfants.
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Je prie Madame Guibert1 d’accepter l’expression de ma respectueuse amitié. Adrien2 va bien et travaille, il donne satisfaction. Votre oncle dévoué. H. Mansuy Très attristé des mauvaises nouvelles que je reçois de votre ami Pernom. Espérons qu’il se rétablisse et surmonte la dure épreuve qu’il subit. Ai-je dit que j’avais été opéré d’un kyste assez volumineux dans la région épigastrique. Tout s’est bien passé. On me l’a extirpé et j’en suis bien guéri (sans me laisser endormir) mais si c’était à recommencer !
Lettre du 11 octobre 1927 Chers Parents, Merci de votre lettre du 2 octobre. Ainsi que je vous l’ai appris, je crois avoir fait un bon placement en souscrivant 217 obligations à 460 francs, au dernier emprunt. Le relèvement de la situation laisse espérer qu’aucun fléchissement ne se produira. Cette opération donne environ 6700 francs de revenu, exempt d’impôt d’après l’affiche ; je me renseignerais. Je suis heureux de savoir que vous êtes tous en bonne santé, depuis que vous avez quitté le vieux Teil, le quartier empoisonné par les microbes accumulés pendant des siècles. Ici, c’est toujours la même chose, pas de logement. J’en arrive à croire qu’il ne se trouve pas, à Paris, un seul petit logement disponible. Tous les matins on peut estimer à cent cinquante mille, l’arrivée par les neuf gares des gens,
1. 2.
La belle mère du couple Coupier. Adrien Lévy bien sûr.
Annexe 3
hommes et femmes, qui viennent de la banlieue afin de travailler et qui repartent le soir. C’est stupéfiant ! La vie est de plus en plus chère. Il y a là, malgré tout ce que l’on peut dire quelque chose de tout à fait inexplicable (?). Ma santé est assez satisfaisante. Je soigne mes nerfs et cela va mieux, vous le voyez par mon écriture. Tous mes vœux les meilleurs ; mes respects à madame Guibert. Un gros baiser aux enfants. Affectueusement. H. Mansuy Hanin Hôtel 51, Boulevard Saint Marcel Paris XIIIe Vous avez reçu une lettre d’Adrien. Comment est votre ancien voisin M. Pernom ?
Lettre du 23 septembre 1929, Paris Chers Parents, Vous m’avez rendu le plus grand plaisir en m’adressant outre votre bonne lettre, les photos de la famille. Les photographies sont très bien venues. Je me réjouis d’avoir vos images. L’idée dont me parle Lucien de vous construire une maison, à vous, me paraît excellente. Vous serez chez vous et vos premières dépenses seront rapidement récupérées par l’économie de loyer. C’est bien. À Paris, la vie devient insoutenable, tout est de plus en plus cher. Il faut au moins trente francs par jour pour se nourrir et se loger. La température atteint 34 et 35° et pas d’eau ; on prétend que ce temps persistera encore. Ma santé est assez bonne, je n’ai pas à me plaindre. J’ai en ce moment quelques préoccupations au sujet du retour des crânes humains fossiles en Indochine. Mon souvenir à madame Guibert. Je vous embrasse tous affectueusement.
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Votre oncle. H. Mansuy
Lettre du 8 octobre 1930 Chers Parents, Je réponds à l’aimable lettre de Fernande qui m’a donné de bonnes nouvelles de vous tous. Pour mon compte, je n’ai rien de nouveau à vous apprendre, ma santé demeure assez satisfaisante. Vous me dites que la construction de la maison se ralentit par suite de la réduction des jours et du mauvais temps, cette perte de temps est inévitable. Les bonnes petites retourneront à l’école, j’espère qu’elles y feront de rapides progrès. Les travaux de l’Exposition coloniale sont poussés avec célérité. Le temple d’Angkor du Cambodge, en sera la plus belle attraction. Je vous adresse ma photographie dans peu de temps. Mes respects à madame Guibert. Votre oncle dévoué. H. Mansuy
Lettre du 17 octobre 1931 Chers Parents, Tous mes remerciements pour vos deux lettres : la carte d’Irène et de Marcelle et la lettre de Fernande. Vous m’apprenez l’indisposition (rhumatismes) dont a souffert Lucien, complétement remis aujourd’hui. Vous êtes sur le point, je crois, d’occuper votre maison presque terminée, vous serez enfin chez vous ! et débarrassé des contingences dont vous n’avez pas à vous déclarer satisfaits.
Annexe 3
Pourquoi laisse-t-on subsister les deux piles en maçonnerie sous le nouveau pont suspendu3 ? Ici, beau temps. L’Exposition coloniale est prolongée jusqu’au 15 novembre ; il y a déjà près de trente-cinq millions de visiteurs ! Toutes mes amitiés les plus vives. Mes respects à madame Guibert. Un gros baiser aux bonnes petites. Votre oncle dévoué. H. Mansuy
Lettre du 1er janvier 1933 Chers Parents, J’apprends avec peine l’accident dont Lucien a été victime. J’espère qu’il ne surviendra pas de complication. Lucien doit garder une immobilité complète du bras gauche, placé, je suppose dans un appareil assurant cette immobilité ; c’est peut-être une durée d’une quarantaine de jours à garder cette position. C’est une fracture simple, l’examen radiographique n’a pas révélé d’esquilles. Il doit prendre une grande patience, s’armer de courage. La réduction des fractures est toujours lente. L’omoplate n’a subi aucun dommage, d’ailleurs les fractures de cet os sont rares. Quant à moi, je suis de plus en plus enrhumé et dors peu. Courage et patience et tiens-moi au courant d’une amélioration certaine. Votre oncle dévoué. H. Mansuy
3.
Le pont sur le Rhône au Teil.
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Lettre du 1er février 1933 Chers Parents, Cher Lucien comment vas-tu ? Ta blessure est-elle en pleine voie de guérison ? J’espère qu’il n’est survenu aucune complication, c’est pour cela que je vous écris, étant un peu inquiet. Je suis toujours enrhumé, frileux, supporte mal l’hiver ; je me fais vieux. Ici, tout va au plus mal, le commerce est dans le marasme. Je crains fort une réduction du montant de ma retraite ? Quel est l’état de santé de Madame ? J’embrasse bien fort mes petites nièces qui sont aujourd’hui des demoiselles. J’ai obtenu un grand prix d’ethnologie à l’Exposition coloniale. Ce n’est qu’un diplôme, un morceau de papier. Amitiés à tous, votre oncle. H. Mansuy
Lettre du 11 octobre 1933 Chers Parents, Je vous ai écrit, il y a quelques jours, vous ne m’avez pas répondu, je crains qu’il vous soit survenu quelque difficulté, quelque accident. Avez-vous été atteints par les inondations qui ont sévi à Montélimar ? Répondez-moi ! Ici, ça va, je suis toujours fatigué. Dans l’attente d’une réponse, je vous embrasse tous affectueusement. Votre oncle dévoué. H. Mansuy
Lettre de décembre 1933 Chers Parents,
Annexe 3
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Ce mot à l’occasion du jour de l’an, afin de vous exprimer mes vœux les meilleurs de santé et de bonheur pour 1934. J’ai appris, par les journaux, que la Drôme a été assaillie par la neige. À Paris, nous avons eu très froid, aujourd’hui dégel. Ma santé est assez satisfaisante, mais je n’écris plus que difficilement.4 Je n’ai rien d’autre à vous faire connaître. Je ne ferai pas allusions aux restrictions nombreuses que les Chambres nous préparent. Un gros baiser aux bonnes petites. Votre oncle dévoué. H. Mansuy
Lettre du 30 mars 1934 Chers Parents, En réponse à la lettre de Fernande, je déclare que je suis bien, après la crise grave qui a failli m’emporter, et dont je vous ai déjà parlé, je crois. J’ai repris l’usage de mes jambes, frappées de paralysie ; j’ai été très éprouvé. Je ne sors plus, et fais grande attention à mon état général. Je ne peux plus écrire que difficilement. Vous m’apprenez que Fernande a été malade de la fièvre, j’espère que cela va mieux. Je ne crois pas, fermement, que l’on aura la guerre. Nous sommes trop craints. Nous les avons eus en 1914, cependant nous n’étions pas préparés, aujourd’hui, nous sommes formidablement armés : fortifications, aviation, etc. Je vous embrasse tous. H. Mansuy
4.
Il est vrai que sa calligraphie est assez difficile à lire. Il semble fatigué, malade même.
264
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Lettre du 4 avril 1934, Paris Chers Parents, J’ai lu aujourd’hui même la lettre de Fernande5. Cette lettre m’apprend le profond chagrin qui vous consume depuis le jour du fatal évènement6. En présence de l’inéluctable et malgré votre grande douleur, résignez-vous, consolez-vous en pensant toujours à l’être chéri disparu. Aucune justice dans la nature ! Les bons disparaissent à la fleur de l’âge, les autres ne s’éteignent qu’à un âge avancé. On ne sait rien, rien, malgré tous les enseignements philosophiques et religieux. La vie est pleine d’embûches, de dangers, d’inconnu ! Le temps, parfois, le seul guérisseur, atténuera peu à peu votre peine. Vous vous devez à vousmêmes et à votre enfant7. Je me rétablis doucement. J’ai été bien près de la mort ! C’est grâce aux soins vigilants, énergiques, de mon grand ami le Docteur Verneau que je dois de vivre encore : je suis entré dans mes 78 ans. J’ai remarqué combien l’écriture de Nénette8 devient meilleure, ce n’est pas comme moi. Je ne puis plus écrire. Dans ma prochaine, je vous demanderai quelqu’uns des livres que je vous ai laissés (pas le dictionnaire). Chers Parents, je vous embrasse affectueusement. Votre oncle dévoué. H. Mansuy
5. 6. 7. 8.
Fernande Marie Guibert, l’épouse de Lucien Coupier. Une de leur fille, Marcelle Jeanne, née le 15 décembre 1921, décèda le 16 janvier 1934. Ils avaient déjà eu une enfant qui était décédée, Lucienne Henriette née le 17 octobre 1914, décèdée le 10 février 1921. Irène Coupier qui restait et qui devait recevoir l’affection de ses parents, ce que bien sûr elle reçut. Irène Coupier.
Annexe 3
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Lettre du 8 juin 1934 Chers Parents, Mes deux dernières lettres demeurent sans réponse. Je ne suis pas sans inquiétude ! Écrivez-moi sans tarder, je vous prie. J’espère que vous n’avez pas souffert des inondations qui ont désolé la Drôme, les environs de Montélimar. Quel est l’état de votre santé ? Quant à moi, depuis ma grave maladie, j’ai de l’emphysème et du catarrhe, ce que m’avait dit le médecin. J’attends votre bonne lettre. Votre oncle H. Mansuy affectueusement. Je suis fauché de 3000 francs par les retenues qui m’ont été faites sur ma pension de retraite et sur mon petit placement emprunt de 1927. Au moment même de mettre ma lettre à la poste, je reçois la vôtre ! Il faut que Lucien arrive à surmonter la dépression dont il se ressent9. Il faut une nourriture forte et légère ; il doit demeurer l’homme résolu et travailleur qu’il a toujours été, accepter l’inéluctable et ne vivre que pour sa femme et son enfant. Courage à tous les deux. Je crois que la crise s’atténue de plus en plus, l’état général s’améliore, les affaires reprennent déjà très sensiblement. Ayons espoir en des temps meilleurs très prochains ! Vous observerez d’ici peu que je ne me suis pas trompé. Je vous embrase tous trois. H. Mansuy Lettre du 18 septembre 1934 Paris Chère Irène10, J’ai bien reçu ta bonne lettre. Je t’écris dès ton retour à Montélimar. Tu me parles de ton intention de venir à Paris 9. 10.
En raison du décés de sa deuxième fille. Il s’agit bien sûr d’Irène Coupier, qui a aujourd’hui 98 ans et qui est la troisième fille de Lucien Coupier, un des deux fils de la sœur de Henri Mansuy.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
en 1935. J’estime qu’il serait préférable d’y venir en 1937, à l’occasion de l’exposition que tu verrais en même temps. Tu serais beaucoup plus grande, une jeune fille alors et non une enfant11. Si tu viens en 1937, viens avec des amis sûrs, bien connus de papa et de maman. Il faudra que tes amis te logent, je paierai, car chez moi, je n’ai pas de place. Réfléchis à cela, je crois que c’est mieux ainsi. Avec peine ! Je constate que ton écriture, bien lisible, est gâtée par des fautes d’orthographe nombreuses, il faut te corriger, travailler à les faire disparaître, car cela peut te nuire beaucoup. Mes amitiés à tes bons parents. Je t’embrasse affectueusement. Ton oncle H. Mansuy
Lettre de juillet 1934 Chers Parents, Reçu votre bonne lettre du 7 courant et vous en remercie. J’apprends avec grand plaisir que vous êtes tous en bonne santé. Quant à moi je suis toujours très fatigué. J’ai été promu officier de la Légion d’honneur en récompense de mes travaux sur la géologie et la paléontologie de l’Indochine française, pays ayant 100 000 kilomètres carrés de plus que la France, c’est-à-dire environ 650 000 kilomètres carrés. Je ne m’attendais pas à cette distinction. Je vous embrasse tous. Affectueusement. H. Mansuy
11.
Irène Coupier n’avait alors que 11 ans en 1934 et en 1937, 14ans.
Annexe 3
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Lettre du 11 décembre 193412 Chers Parents, J’ai lu avec un vif intérêt la lettre de Lucien que j’ai reçu avant-hier et dont je le remercie. Un homme de mon âge ne saurait sans danger changer ses habitudes. Le voyage de Paris à Montélimar pourrait seul m’être funeste. D’autre part, je possède un mobilier d’une valeur d’environ 4000 francs. La brocante m’en donnerait 20 francs, le transport — un wagon — coûterait très cher. Je ne doute aucunement de vos bonnes intentions, je sais que je serai comblé des meilleurs soins, mais mon parti est pris, je demeurerai à Paris, cette décision est irrévocable. À l’heure de ma disparition vous aurez ce qui restera. Les services publics prélèveront environ 50%. Je ne sais encore exactement. Je vais me renseigner, je vous en ferai part. Il y a des droits héritiers et indirects, vous appartenez à la deuxième catégorie. Comment est Lucien ? Affectueusement à tous. H. Mansuy
Lettre du 25 février 1935 Chers Parents, J’ai lu la lettre de Fernande, du 23 février et l’en remercie. J’apprends avec plaisir que vous êtes tous trois en bonne santé. Nous avons un hiver très pluvieux avec vents violents et tempêtes. Les désastres ne se comptent plus. Combien de bateaux ont disparu ! Et ce n’est pas fini. J’ai commencé ma 79e année le 18 dernier. Ça va assez bien, à part quelques douleurs errantes. Mais je deviens complétement sourd. La vue demeure assez bonne. 12. Henri Mansuy très fatigué écrivit à son neveu pour refuser d’aller habiter chez eux, comme il le lui avait proposé afin de l’assister.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Tout est de plus en plus cher, quoique certains affirment le contraire, les intermédiaires inutiles sont trop nombreux et ce sont ceux-là qui prélèvent les plus grands bénéfices. Le monde des travailleurs, le monde ouvrier n’est pas content. Le nombre des chômeurs augmente sans cesse. L’année 1934 a été l’une des meilleures depuis longtemps au point de vue agricole. Il y a tout à profusion. Alors ! Chers Parents, je vous embrasse de tout mon cœur. Votre oncle. H. Mansuy
Lettre du 28 mai 1936 Chers Parents, Je vous écris afin de vous apprendre avec regret que je ne suis pas en très bonne santé, ayant fréquemment des congestions cérébrales assez violentes pour me faire perdre l’équilibre. Je suis tombé plusieurs fois ; si j’ai une course à faire, je dois prendre un taxi, ce qui coûte très cher. Je ne sors pour ainsi dire presque aucunement. Je ne crois pas que cela ne se passera jamais. Je ne puis plus écrire, vous le voyez ? Votre vieil oncle. H. Mansuy
Lettre de juillet 1936 Cher Lucien, Reçu ta bonne lettre du 24 juin. Je suis heureux d’apprendre que ta situation s’est très sensiblement améliorée. Comme tu le dis, les temps économiques vont changer, ils changent déjà ; j’en suis très content pour toi. Je ne puis plus écrire que difficilement (paralysie larvée). Toutefois je ne fais plus de chutes dans la rue, je ne m’y fie pas ! 21
Annexe 3
jours de congé payé. Si tu viens plus tard à Paris, un ou deux jours, fais-en sorte de loger à la gare, car je n’ai pas de place chez moi. Messieurs Verneau et Lantenois vivent avec les leurs, mais en subvenant à tous leurs besoins ; ils jouissent de pensions très élevées. Mes amitiés à tous. Affectueusement. Je reste à Paris, je ne saurais m’en passer, cela est irrévocable. H. Mansuy
Lettre du 18 août 1936 Chers Parents, Rien de nouveau à vous apprendre, ce mot simplement pour vous dire que je suis encore vivant. Je suis plutôt mieux comme état général, mais toujours fatigué. Il n’y a rien à faire. Comment êtes-vous tous ? La dernière lettre de Fernande était satisfaisante. Je vous embrasse affectueusement. Votre oncle. H. Mansuy
Lettre de mars 1937 Chers Parents, J’ai bien reçu la bonne lettre de Fernande du 2 mars. Vous m’apprenez que vous avez, Lucien et Fernande, payé un douloureux tribu à cet hiver si pluvieux et si malsain mais que votre état de santé est meilleur depuis un certain temps. J’espère que les progrès de Nénette13, à l’école, continuent et que de ce côté, vous avez toutes satisfactions. 13.
Irène Coupier.
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Pardonnez la brièveté de ce mot, car je ne puis plus écrire que très difficilement. Je suis bien vieux et suis très fatigué — 18 février 185714 —. J’espère encore aller longtemps. Je vous embrasse tous avec affection. Votre oncle. H. Mansuy
Henri Mansuy va alors entrer dans de très grosses complications de santé qui le conduiront à l’hôpital puis à sa disparition le 21 octobre 1937, après avoir beaucoup souffert mais en résistant et ne se plaignant pas. L’opération de la prostate nécessitait alors deux opérations successives : il n’eut pas la seconde et partit avant.
14.
C’est sa date de naissance qu’il rappelle.
Annexe 4
C
ompte rendu du Congrès à Hanoï, (du 26 janvier au 31 janvier 1932) réalisé spécialement par Victor Goloubew1 pour Henri Mansuy et adressé à ce dernier le 21 juillet 1932, depuis Hanoï, par Victor Goloubew et Madeleine Colani. Le texte est reproduit, in extenso, en adoptant les mêmes types de caractères : majuscules ou minuscules, ou abréviations, même forme, etc. que sur l’original.
PREMIER CONGRES DES PREHISTORIENS D’EXTREME-ORIENT2
Procès-verbal des séances et réunions. Mardi, le 26 janvier. 9h. Séance d’ouverture sous la présidence de M. le Secrétaire
général du Gouvernement Général. Lecture d’un télégramme de bienvenue adressé aux membres du congrès par M. Le
1. 2.
Son parcours a déjà été retracé dans une note de bas de page de cet ouvrage. Il est reproduit ici sans changement ni correction. Le congrès a eu lieu à Hanoï en janvier 1932.
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Gouverneur Général Pasquier3 et d’un télégramme de S.A.R. le Prince Damrong. Discours de M. G. Coedès, directeur de l’École française d’Extrême-Orient, de M. P. Pagès, Secrétaire général du Gouvernement Général de l’Indochine, de M. F. A. Thalamas, Directeur général de l’Instruction Publique en Indochine et du Dr. P. van Stein Callenfels, Inspecteur du Service archéologique des Indes Néerlandaises, qui remercie au nom des délégués étrangers le Gouvernement de l’Indochine en le félicitant de son initiative, et propose d’envoyer à M. H. Mansuy, le fondateur de la préhistoire indochinoise, un télégramme lui apportant les hommages des savants réunis au congrès4. Conférence du Dr. P. Rivet sur les « océaniens ». 10h1/2. Séance privée (M. J. Y. Claeys, membre de l’École fran-
çaise d’Extrême-Orient assiste à la réunion). Sur la demande du Dr. P. Rivet, le Dr. van Stein Callenfels accepte de présider cette séance ainsi que celle qui aura lieu dans l’après-midi, le même jour. Discussions sur la conférence du Dr. P. Rivet. M. Goloubew signale quelques faits intéressants sur l’expansion occidentale des Océaniens. Il esquisse un rapprochement entre les jarres funéraires en argile, trouvées sur les côtes de l’Inde, notamment dans les environs de Tinnevelly et de Pondichéry, et les jarres de Sa-huynh, en Annam. Des jarres en céramiques contenant des ossements ont également été découvertes au Japon. M. Goloubew signale ensuite l’existence,
3. 4.
Pierre, Marie, Antoine Pasquier, administrateur de 1ère classe des services civils de l’Indochine. Résident-maire de Hanoï, a organisé un bureau de recrutement général pour le Tonkin. Nous avons déjà donné dans cet ouvrage le contenu de ce télégramme adressé au « Fondateur de la Préhistoire de l’Indochine ».
Annexe 4
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dans l’Inde ancienne, de bracelets spiraloïdes, analogues à ceux que portent encore aujourd’hui les femmes Moïs, Dayak et Annamites ; des bracelets de ce type figurent sur les sculptures de Mathurâ ; ils disparaissent à l’époque des Gupta. Des influences océaniennes paraissent se manifester aussi dans les enceintes sacrées de Sanchi et de Bharhut avec leurs torana sculptés5 qui ne sont pas sans analogies avec les torii6 japonais et les portes magiques des Dayaks et d’autres Indonésiens. Enfin, la technique de la nacre et de la coquille incrustée, si répandue dans le monde sumérien, pourrait être d’origine océanienne. Le Dr. van Stein Callenfels demande aux délégués leurs exposés et rapports, afin d’en faciliter la discussion. M. C. Haguenauer fait une brève description des jarres funéraires au Japon. Il rappelle l’existence en Corée et à la frontière de la Mandchourie de « portes magiques » analogues aux « torii » et il invoque en faveur de la thèse du Dr. Rivet les analogies entre les toits des maisons japonaises figurées sur certains miroirs de bronze et certaines habitations des Océaniens. Le Dr. van Stein Callenfels fait savoir aux délégués que les problèmes relatifs aux jarres funéraires seront discutés après la communication de Melle. M. Colani. La séance est levée à 11h. ½. 3h.
Séance privée. (M. G. Coedès, Directeur de l’École française d’Extême-Orient, M. Lochard, Inspecteur général du Services de Mines, M. H. Parmentier, Chef du Service archéologique de l’École française d’Extrême-Orient, M. J. Froma-
5. Les torana sont des portiques sculptés. 6. Les torii sont des portiques des temples japonais shintoïstes.
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get, représentant du service Géologique et M. J. Y. Claeys assistent à la réunion). Discussion sur le rapport de M. I. H. N. Evans concernant les « Technical Terms. » Le Président (Dr. Van Stein Callenfels) demande aux délégués s’ils n’ont pas de remarques à formuler. Melle. Colani propose de compléter la liste de M. Evans par quelques termes. Le Président prend ensuite la parole. Il constate que le travail de M. Evans, bien qu’appelé à rendre les plus grands services, ne répond pas aux questions posées par les préhistoriens au meeting de 1929 (Java), ce qui du reste s’explique aisément par le fait que M. Evans n’a pas participé à cette réunion et n’avait pas été mis au courant de tous les problèmes discutés par ses collègues. La question se présente sous deux aspects. Tout d’abord, il y a les termes typologiques universels ou généraux, c’est-à-dire les termes que la préhistoire de l’Extrême-Orient possède en commun avec celle de l’Occident. Ainsi, il s’agit de préciser le sens des mots « paléolithique » et « néolithique » qui désignent en Extrême-Asie uniquement le type morphologique auquel appartient un outil déterminé, tandis qu’en Europe « paléolithique » se recouvre avec « quaternaire ». Selon le Dr. van Stein Callenfels, la question ne pourra être tranchée que par le Congrès International de Préhistoire qui se réunira à Londres en juillet 1932 et auquel il compte assister, de même que le Dr. P. Rivet et le Dr. J. Shellshear. Il propose donc de soumettre à ce Congrès une motion afin de faire nommer une commission spéciale, chargée de fixer les termes typologiques pour les outils de pierre que l’on appelle à l’heure actuelle « paléolithique », « mésolithique » ou « néolithique », sans distinction d’origine et sans tenir compte du fait que certains d’entre eux appartiennent à des époques relativement récentes. Il n’en est pas de même
Annexe 4
275
quant aux termes qui se rapportent plus spécialement aux vestiges préhistoriques de l’Extrême-Orient. Ceux-ci doivent être élaborés par les savants qui en poursuivent l’étude sur place. Le Dr. van Stein Callenfels propose par conséquent de confier à trois ou quatre membres du congrès la tâche de fixer ces termes. Sa proposition est acceptée à l’unanimité. Sont désignés : Melle. M. Colani, le Dr. van Stein Callenfels, M. I. H. N. Evans et le Dr. Otley Beyer. Ces quatre délégués se réuniront dès le lendemain au Musée de l’École française d’Extrême-Orient, et les résultats de leurs discussions seront communiqués au Congrès dans sa dernière séance privée, le 30 janvier. M. Otley Beyer rappelle à ce propos que le Musée de Honolulu a publié une liste de désignations techniques dans le Journal of the Polynesien Society. M. Haguenauer suggère de communiquer aux préhistoriens japonais les termes adoptés par le Congrès. Après avoir exprimé à M. Evans les remerciements du Congrès, le Dr. van Stein Callenfels aborde la question des meetings triennaux. Il fait quelques objections au sujet du rapport-programme établi par lui-même et le Dr. R. O. Winstedt en 1929 et propose de le compléter. Il insiste surtout sur la nécessité d’associer aux délégués officiels, envoyés par les Gouvernements, les délégués des institutions reconnus comme scientifiques et s’occupant de préhistoire, comme, par exemple, l’Institut de Recherches Préhistoriques du Prince Oyama, et la Société d’Archéologie Extrême-Orientale, au Japon. Il propose en outre d’inviter à titre privé les préhistoriens étrangers qui se trouveraient en Extrême-Orient au moment de la réunion d’un Congrès. À ce propos, il rappelle aux délégués que le professeur Fritz Sarrasin parcourt actuellement le Siam, et
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que l’abbé H. Breuil, professeur au Collègue de France, vient de faire un voyage en Chine. M. Goloubew propose d’associer à chaque Congrès les savants résidant en Europe qui voudraient participer à ses travaux. Il rend hommage à l’œuvre du Dr. von Heine Geldern et regrette son absence. Le Dr. van Stein Callenfels approuve l’idée de M. Goloubew, mais attire son attention sur les difficultés de sa réalisation. Il le prie d’étudier la question et de communiquer ses propositions dans la séance du 30 janvier. M. J. Fromaget, représentant du Service Géologique, lit un mémoire sur « Les Phénomènes géologiques Récents et le Préhistorique Indochinois ». Le Dr. van Stein Callenfels lui exprime les remerciements du congrès pour sa belle communication qui est un modèle de précision et de clarté, et qui prouve en outre combien il est indispensable, pour un préhistorien, de pouvoir s’appuyer, dans ses recherches, sur des données fournies par les géologues. La séance est levée à 5 heures. Mercredi, le 27 janvier. De 9h. à 11h. — visite du Musée Géologique et du Musée de l’École française d’Extrême-Orient. M. A. Lochard, Inspecteur général des Mines, souhaite la bienvenue aux délégués. M. Fromaget présente les collections géologiques. Le Dr. P. Rivet montre les moulages de crânes préhistoriques exposés dans les vitrines. Melle. Colani, après avoir fourni quelques renseignements d’ordre général sur les fouilles de SomrongSen, a fait un exposé rapide de ses travaux dans la région de Bac-Son. Les délégués se rendent ensuite au Musée de l’École française d’Extrême-Orient. Les collections sont visitées sous la conduite de Melle. Colani et de M. V. Goloubew. M Haguenauer présente aux délégués une collection de po-
Annexe 4
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teries et de coquilles néolithiques offerte à l’École française d’Extrême-Orient par M. Le Prince Oyama. 3h. Séance privée. — Président : le Dr. P. Rivet (M. G. Coedès, directeur de l’École française d’Extrême-Orient et M. J. Y. Claeys assistent à la séance). Le Dr. J. Shellshear fait une communication sur la Préhistoire de Hongkong et présente une collection de spécimens tant en pierre qu’en céramique, composée par lui et M. Heanly. Le président le remercie de son remarquable exposé. M. Goloubew, en examinant les fragments de poterie, appelle l’attention sur un ornement de caractère indonésien, fait de cercles pointés et juxtaposés. Communication de S. A. S. le Prince Rajadabhisek sur des objets de bronze, découverts au Siam (avec photographies). Cet exposé est complété par M. Coedès qui donne des indications précises sur le site de Thung-Yang près d’Utaradit, où furent trouvés les quatre tambours métalliques, des vases, des haches à douille d’emmanchement et le fragment d’un poignard, ainsi que des instruments en fer et des ossements. Quant aux kouo ou pics d’armes, leur lieu de découverte n’est pas exactement connu. Ils proviennent de l’extrême nord des provinces du Nord-Ouest. M. Goloubew constate que les tambours sont du même type que ceux de Bong-son. Discussion sur la proposition de Dr. P. van Stein Callenfels de fonder un journal officiel centralisant et résumant, sous la direction d’un seul rédacteur, les recherches de préhistoire en Extrême-Orient. Les articles imprimés dans ce journal seraient rédigés en français, anglais ou allemand. Les frais de la publication seraient supportés par les gouvernements représentés au Congrès. Le titre, qui doit avoir un caractère international, pourrait être emprunté au latin. En ce qui concerne le format, le Dr. van Stein Callenfels est d’avis
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soit d’adopter celui du Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, soit de prendre pour modèle les Kwartaalverslagen du Service archéologique des Indes Néerlandaises. Le président invite les délégués à faire connaître leur opinion et à discuter le projet point par point. A Question de principe. — Les délégués approuvent à l’unanimité. B Titre. — Les délégués considèrent que Prehistorica serait un bon titre, mais sur la proposition du Président, ils décident de le compléter par une indication d’ordre géographique. Le Dr. van Stein Callenfels suggère Prehistorica Asias Orientalis. C Format — Le Président propose un grand in-8°, comme celui du Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, plus maniable et commode pour les envois par poste que celui des Kwartaalverslagen. D Le Président propose d’associer l’espagnol aux langues admises pour la publication. Le Dr. van Stein Callenfels présente des objections. Les délégués décident qu’on n’acceptera que des articles rédigés soit en français, soit en anglais ou en allemand. E M. le Président insiste sur la nécessité d’une bibliographie soigneusement tenue à jour. Le Dr. van Stein Callenfels est du même avis. Le principe d’une bibliographie est unanimement adopté, chaque délégué devant fournir les articles qui se rapportent aux ouvrages parus dans la langue. Le Dr. R. O. Winstedt formule quelques réserves au sujet de l’Inde britannique, dont les publications sont souvent introuvables en Malaisie. M.
Annexe 4
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Haguenauer signale l’intérêt que présenterait la collaboration de diverses institutions japonaises, par exemple celle de l’Institut de Préhistoire fondé par le Prince Oyama (Tokyo). F Budget — Le Président estime que les frais de la publication seraient d’environ 500 piastres par an pour chaque pays. Les délégués ne pouvant, pour l’instant, prendre d’engagement définitif, le Président les invite à solliciter l’avis de leur Gouvernement respectif. M. Haguenauer conseille d’écrire au Ministère de l’Instruction Publique du Japon, aux Instituts d’Archéologie des Universités impériales de Tokyo, de Kyoto et de Séoul, à la Société d’archéologie extrême-orientale à Tokyo, ainsi qu’à l’Institut de préhistoire du Prince Oyama et à la Maison Franco-Japonaise de Tokyo. Le siège de la revue — le Congrès désigne à l’unaG nimité Hanoï et propose d’en confier la rédaction à l’École française d’Extrême-Orient. M. Coedès accepte (applaudissements). Le Président suggère de publier dans le premier volume les communications lues au présent Congrès. Les délégués approuvent. La séance est levée à 5h. 10. Mardi, le 28 janvier. Président : le Dr. P. Rivet. 8h. ½. Séance privée (M. G. Coedès, M. J. Fromaget, M. P. Mus, secrétaire de l’École française d’Extrême-Orient et M.
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J. Y. Claeys assistent à la séance). — Communication du Dr. van Stein Callenfels qui pose les questions suivantes : a) A-t-on trouvé aux Philippines du Bacsonien associé à des pierres taillées ? b) A-t-on trouvé dans ces îles des haches à talon pointu et section ovale, analogues à celles des Papous de la Nouvelle Guinée, et comme il en existe également en Europe ? c) Y rencontre-t-on des armes et outils de bronze ? d) M. Otley Beyer, a-t-il trouvé au cours de ses explorations des bracelets en verroterie verte, à section arrondie en dedans et pointue en dehors ? Réponses de Dr. Otley Beyer : a) On trouve aussi bien des haches taillées, que des haches bacsonniennes dans la vallée d’un fleuve qui se déverse dans la lagune de Bay. Le Dr. Otley Beyer pense que le bacsonnien y a été influencé, au cours de sa formation, par le néolithique des régions cultivées, situées à l’Est et à l’Ouest du thalweg où coule le fleuve. b) Aucune hache de pierre, analogue à celle des Papous, n’a été jusqu’ici trouvée aux Philippines. c) On n’y a pas, non plus, rencontré d’armes et d’outils de bronze, mais seulement, des pièces de parure. d) Bien qu’il existe aux Philippines de nombreux bracelets préhistoriques en verroterie de couleur verte, le type qui intéresse plus spécialement le Dr. van Stein Callenfels n’y est pas représenté. M. C. Haguenauer demande s’il existe aux Philippines des pointes de flèches en pierre. Le Dr. Otley Beyer présente
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une petite collection d’objets en obsidienne, parmi lesquels il y a des pièces qui paraissent être des pointes de flèches. M. V. Goloubew pose quelques questions au sujet de l’âge dit « de la porcelaine » et les témoignages d’ordre numismatique qui accompagnent les objets appartenant à cette époque. Le Dr. Otley Beyer insiste sur l’absence de sapèques. Les monnaies que l’on trouve parfois dans les fouilles, sont toutes du type malais. Quant à la porcelaine, elle est chinoise dans la partie Nord des Philippines et siamoise dans la partie Sud. Le Dr. van Stein Callenfels signale aux délégués l’intérêt que présenteraient une étude systématique des perles en verre, coquilles, pierres dures et autres matières, trouvées tant dans les Philippines que dans d’autres pays d’Extrême-Orient. Il propose de charger de cette enquête le Dr. Otley Beyer et de lui demander en même temps d’établir pour les documents de ce type une chronologie relative. Sa proposition est approuvée. Le Dr. Otley Beyer demande que M. I. H. N. Evans lui soit associé à titre de collaborateur. Le Dr. van Stein Callenfels lui objecte que le travail à deux présente de gros inconvénients, car il multiplie forcément le nombre des envois, en augmentant les risques auxquels sont exposés les documents confiés à la poste. Il est bien entendu que le Dr. Otley Beyer aura toujours la faculté de consulter M. Evans ou un autre spécialiste, lorsque la nécessité s’en fera sentir. Le Dr. Otley Beyer accepte. M. Evans se déclare tout disposé à fournir les renseignements qui lui seront demandés. Quant aux spécimens à étudier, ils seront adressés au Bureau of Science à Manille. Les délégués approuvent. La séance est levée à 11h. ¼.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
2h. ½. Séance privée. Président : le Dr. P. Rivet. (Assistent
à la séance : M. G. Coedès, M. A. Lochard, M. J. Fromaget, M. H. Parmentier, M. J. Y. Claeys). Communication de Melle. Colani, Dr. ès-Sciences sur « la Protonéolithique dans l’Indochine française », les « Différents aspects du Néolithique indochinois » et les « Modes de sépultures en Indochine » (avec présentation d’objets, cartes, croquis et photographies). Le Président remercie Melle. Colani de sa belle contribution aux travaux du Congrès (applaudissements). Discussions. M. V. Goloubew attire l’attention du Congrès sur le grand nombre de jarres funéraires en pierre et en terre cuite, découvertes dans diverses parties de l’Asie au cours des dernières années, et demande qu’on établisse une carte de leur distribution géographique. Le Dr. van Stein Callenfels parle de divers modes d’enterrement pratiqués jadis aux Indes Néerlandaises. Il distingue les types de sépultures suivants : 1°) La grotte. L’ensevelissement dans les grottes est encore une tradition vivante à Célèbes. Les Batak de Sumatra le pratiquent également, en utilisant parfois des excavations artificielles. La grotte se transforme parfois en chambre funéraire, dont l’entrée est ornée d’une façade de maison, sculptée à même le rocher, ainsi qu’on le voit également en pays Batak et dans le Bornéo Central. 2°) le Dolmen. Le nombre de pierres dont se compose le dolmen, diminue progressivement, et finalement celui-ci devient un sarcophage mégalithe. Plus tard, l’ensevelissement dans des jarres en terre cuite succède aux autres modes d’inhumation. Le Président exprime au Dr. van Stein Callenfels les remerciements du Congrès pour sa « belle leçon d’ethnographie à propos de préhistoire ». M. V. Goloubew est chargé d’établir
Annexe 4
283
une carte de distribution pour les jarres funéraires. Le Dr. van Stein Callenfels demande que les trois communications de Melle. Colani soient publiées avec tous les documents qui les accompagnent. Il fait ensuite un bref exposé de la théorie du Dr. von Heine Geldern (Vienne) sur les migrations des Indonésiens. Selon le Dr. von Heine Geldern il existe en Extrême-Orient trois civilisations néolithiques représentées par : a) une hache pointue au talon et à section ovale que l’on trouve dans l’Inde britannique et au Japon, et qui s’est répandue jusque dans la Nouvelle Guinée ; b) la hache à tenon, instrument typique de la civilisation môn-khmère ; c) la hache à section rectangulaire et sans tenon, appartenant à la civilisation indonésienne. Les haches de cette espèce auraient été importées en Indochine par des tribus laissées en arrière pendant la grande migration des Indonésiens venant du Nord et descendant par le Laos et le Siam vers la Péninsule Malaise. Le mélange des civilisations môn-khmère et indonésienne aurait donné la culture de Somrong-Sen, où la hache à tenon est associée à la hache indonésienne. Le Dr. van Stein Callenfels pense que pour fournir à cette très intéressante hypothèse des preuves décisives, il est indispensable de rechercher en Indochine des sites néolithiques de pur faciès môn-khmère, c’est-à-dire où il n’y aurait que des haches à tenon. Il faut, bien entendu, que les haches de ce type, trouvées dans un lieu déterminé, soient suffisamment nombreuses pour permettre de classer le site parmi les stations préhistoriques môn-khmères. La séance est levée à 5h. 20. Vendredi, le 29 janvier. Président : le Dr. P. Rivet (M. G. Coedès, M. P. Mus et M. J. Y. Claeys assistent à la réunion).
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
8h.1/2.
Séance privée. M. C. Haguenauer retrace un tableau de l’état actuel des recherches de préhistoire au Japon. Le Président demande s’il existe une carte de répartition pour le grattoir à pédoncule. M. Haguenauer répond qu’on a fait au Japon des cartes de répartition pour les poteries, mais qu’il n’en existe pas à sa connaissance pour l’outillage. Le Président insiste sur l’utilité de ces cartes, établies après des données géographiques et statistiques. Le Dr. van Stein Callenfels demande s’il existe au Japon de petites pointes de flèches à bords dentés, comme celles que l’on trouve à Célèbes. M. Haguenauer dit qu’il en existe au Japon proprement dit, mais pas à dents très nettes, sauf dans les modèles de grandes dimensions. Par contre, il en existe à Shakaline. Le Dr. van Stein Callenfels pose encore deux autres questions : a) Si l’on a trouvé plus de silex préhistoriques au Nord du Japon que dans le Sud, est-ce parce qu’on y a plus de fouilles ? b) Peut-on fixer la répartition stratigraphique des flèches, comme on l’a fait au Danemark pour les haches ? Réponses de M. Haguenauer : a) Vers 1885-86, c’est-à-dire lorsque les recherches préhistoriques au Japon étaient à leurs débuts, les fouilles étaient faites assez irrégulièrement. À l’heure actuelle cet inconvénient se fait moins sentir ; b) les flèches au Japon sont classées d’après les types des poteries avec lesquelles elles ont été trouvées. Leur stratification exacte et par suite leur chronologie sont encore à faire. M. Haguenauer lit ensuite une courte et intéressante communication du prof. Torii Ryuzo sur « Les Restes Néolithiques de la Mandchourie Méridionale et de la Mongolie Orientale » et un mémoire du Prince Oyama sur « La chronologie de la culture Jomon à l’âge de la pierre, dans le Kanto (Japon central) ». Le Président charge le secrétaire d’adresser des lettres de remerciements au Prince Oyama et au Prof.
Annexe 4
285
Torii. — Il remercie M. Haguenauer de son intéressante communication. La séance est levée à 11h. ¼ . 3h.
séance publique. Conférence de M. C. Haguenauer sur la Préhistoire du Japon (avec projections). Samedi, le 30 janvier. 8h. ½. Séance privée. Président : le Dr. P. Rivet, suppléé pendant la première partie de la séance par le Dr. van Stein Callenfels. Le Dr. R. O. Winstedt, souffrant, s’est fait excuser. Assistent à la séance : M. G. Coedès, A. Lochard, J. Fromaget et J. Y. Claeys. Au nom de la commission spéciale constituée dans la séance du 26 janvier pour l’élaboration des termes techniques, le Dr. van Stein Callenfels rapporte au Congrès, qu’il a reçu de M. J. Fromaget, représentant du service des Mines, un projet de classification du Préhistorique indochinois, rédigé en ces termes :
IMPOSSIBILITE D’EMPLOYER LES MOTS PALEOLITHIQUES, PROTONEOLITHIQUES ET NEOLITHIQUES POUR LES INSTRUMENTS PROVENANT D’INDOCHINE ET NON CONTEMPORAINS DES INDUSTRIES EUROPEENNES PALEOLITHIQUES ET NEOLITHIQUES. IL EST PREFERABLE DE DONNER DES NOMS NOUVEAUX AUX TYPES LITHIQUES DE L’EXTEME-ORIENT.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
DANS CE SENS JE PROPOSERAI D’APPELER PAR EXEMPLE : COPESTOLITHES — LES HACHES TAILLEES. XESTOLITHES — LES HACHES POLIES. PROTOXESTOLITHES — LES HACHES POLIES AU TRANCHANT SEULEMENT. EN OUTRE, IL EST NECESSAIRE DE DEFINIR D’UNE FACON SUFFISAMMENT PRECISE LES DIFFERENTS HORIZONS DE CETTE INDUSTRIE LITHIQUE EN APPELANT PAR EXEMPLE : HOABINHIEN — L’HORIZON DANS LEQUEL DOMINENT LES COPESTOLITHES. BACSONIEN — L’HORIZON OU LES COPESTOLITHES SONT
ASSOCIES A DE PLUS NOMBREUX PROTOXESTOLITHES. KHETONGIEN — L’HORIZON A XESTOLITHES SEULS. SOMRONIEN — L’HORIZON OU LES XESTOLITHES SONT ASSOCIES A DU BRONZE.
La Commission est d’avis que les termes généraux doivent être fixés par le Congrès International de Londres (juillet 1932) et qu’il y a lieu de soumettre à cette assemblée, à titre d’information, les termes par lesquels M. J. Fromaget propose de désigner les instruments taillés, polis au tranchant ou entièrement polis. Quant aux termes se rapportant à des faciès indochinois, la Commission estime que les définitions élaborées par M. J. Fromaget ne sont pas assez détaillées. Elle propose d’accepter les termes suivants et d’en recommander l’usage international au premier congrès de Prè- et Protohistoire : HOABINHIEN — CIVILISATION A INSTRUMENTS GENERALEMENT TAILLES , AVEC TYPES ASSEZ VARIES ET DE FACONNEMENT ASSEZ PRIMITIF. ELLE SE CARACTERISE PAR DES ARTEFACTS SOUVENT
Annexe 4
287
TAILLES SUR UNE SEULE FACE, DES PERCUTEURS, DES PIECES A GRANDE SECTION SUBTRIANGULAIRE , DES DISQUES, DES HACHES COURTES ET DES INSTRUMENTS AMYGDALOIDES, AVEC UN NOMBRE PLUS OU MOINS CONSIDERABLE D’INSTRUMENTS EN OS. LE HOABINHIEN SE DIVISE EN TROIS SOUS-ETAGES : HOABINHIEN I : INSTRUMENTS UNIQUEMENT TAILLES, ASSEZ GROSSIERS ET D’ASSEZ GRANDES DIMENSIONS. HOABINHIEN II : INSTRUMENTS MOINS GROSSIERS, DE TAILLE UN PEU PLUS PETITE, ET MELES A DES PROTONEOLITHES. HOABINHIEN III : INSTRUMENTS PLUS PETITS ENCORE, ECLATS RETOUCHES ; SAUF DE RARES EXCEPTIONS , PAS DE PROTONEOLITHES. PROTONEOLITHES. INSTRUMENTS FORMES D’UNE PIERRE
TAILLEE OU D’UN CAILLOU, BRUT ET POLI SUR LE TRANCHANT SEULEMENT. T YPE SUMATRA . INSTRUMENT AMYGDALOIDE OU
SUB-AMYGDALOIDE, TAILLE SUR UNE SEULE FACE. IL EXISTE DES COUPSDE-POING PLUS PLATS ET DES PERCUTEURS PLUS EPAIS. B ACSONIEN . LA CIVILISATION DECOUVERTE DANS
LES CAVERNES DU BACSON FORME
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
UN FACIES SPECIAL AVEC , PARMI D’AUTRES CARACTERISTIQUES , LA PRESENCE EN TRES GRANDE QUANTITE D’UNE PIECE EN SCHISTE MONTRANT SUR LA TRANCHE UN POLISSAGE LONGITUDINAL, ARRONDI ET BORDE PAR DEUX SILLONS. IL EST INDISPENSABLE DE PROCEDER A DE NOUVELLES RECHERCHES POUR POUVOIR FOURNIR UNE DEFINITION ADEQUATE DE CE FACIES.
Les délégués ayant approuvé la liste de termes techniques communiqués par le Dr. van Stein Callenfels, M. V. Goloubew donne lecture de la motion prise à ce sujet par le Congrès et destinée à être transmise au Congrès International de Pré- et Protohistoire de Londres. LE
PREMIER
CONGRES
DE
PREHISTORIENS
L’EXTREME-ORIENT, DANS SA SEANCE DU SAMEDI 30 JANVIER, CONSIDERANT QUE LES TERMES « PALEOLITHIQUE » ET « NEOLITHIQUE » QUI JADIS AVAIENT UNE SIGNIFICATION PUREMENT TYPOLOGIQUE, ONT ACQUIS EN EUROPE LE SENS DE « QUATERNAIRE » ET DE « HOLOCENE » ET QU’IL EST NECESSAIRE DE FIXER DES DE
TERMES SE RAPPORTANT STRICTEMENT A LA TYPOLOGIE DES INSTRUMENTS DE PIERRE, APRES AVOIR ENTENDU LE RAPPORT D’UNE COMMISSION SPECIALE, NOMMEE DANS SA SEANCE DU 26 JANVIER, A DECIDE : 1. — DE PROPOSER AU PREMIER CONGRES INTERNATIONAL DE PRE- ET PROTOHISTOIRE A
Annexe 4
289
LONDRES DE DESIGNER UN COMITE CHARGE D’ETABLIR CES TERMES. 2. — DE FIXER POUR LES FACIES DE CIVILISATION PREHISTORIQUE EN EXTREME-ORIENT LES TERRAINS SUIVANTS :
(Suit la liste des termes énumérés plus haut).
3.
DE DEMANDER AU PREMIER CONGRES DE PREET PROTOHISTOIRE A LONDRES D’ACCEPTER CES DEFINITIONS COMME TERMES DESTINES A L’USAGE INTERNATIONAL.
M. Goloubew donne lecture de deux motions résumant les résolutions prises par le Congrès dans ses séances du 26 et 27 Janvier dans les termes qui suivent : LE PREMIER CONGRES DE PREHISTOIRE DE L’EXTREME-ORIENT, DANS SA SEANCE DU SAMEDI 30 JANVIER 1932, APRES AVOIR ENTENDU LES DISCUSSIONS SUR L’ORGANISATION, EN PRINCIPE, DE CONGRES TRIENNAUX, A DECIDE : DES CONGRES DE PREHISTORIENS DE L’EXTREME-ORIENT SERONT ORGANISES TOUS LES TROIS ANS SUR LA MEME BASE QUE LE PREMIER CONGRES TENU A HANOÏ ; SERONT INVITES A PARTICIPER AUX TRAVAUX DE CE CONGRES, OUTRE LES DELEGUES OFFICIELS, LES REPRESENTANTS DES INSTITUTIONS SCIENTIFIQUES RECONNUES QUI POURSUIVENT DES RECHERCHES DE PREHISTOIRE EN ASIE ORIENTALE, AINSI QUE LES PREHISTORIENS DE TOUTE NATIONALITE QUI POURRAIENT SE TROUVER EN EXTREME-ORIENT AU MOMENT DE LA REUNION D’UN CONGRES. LA PREMIER CONGRES DE PREHISTORIENS DE L’EXTREME-ORIENT, DANS SA SEANCE DU SAMEDI 30 JANVIER 1932, APRES AVOIR ENTENDU LES DISCUSSIONS SUR L’OP-
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
PORTUNITE DE CREER UN JOURNAL INTERNATIONAL AFIN DE CENTRALISER LES RECHERCHES PREHISTORIQUES EN EXTREME-ORIENT ET DE RESUMER LES RESULTATS OBTENUS DANS D’AUTRES PARTIES DU MONDE PAR DES SAVANTS POURSUIVANT DES INVESTIGATIONS ANALOGUES, A DECIDE : 1.
DE FONDER DANS CE BUT UN JOURNAL INTERNATIONAL ;
2.
DE DEMANDER AUX GOUVERNEMENTS INTERESSES DE CONTRIBUER AUX FRAIS DE PUBLICATION SUR UNE BASE DE 500 PIASTRES PAR GOUVERNEMENT ET PAR ANNEE ;
3.
DE FIXER COMME LANGUES ADMISES : LE FRANÇAIS, L’ANGLAIS ET L’ALLEMAND ;
4.
DE DONNER AU JOURNAL EN QUESTION LE FORMAT D’UN GRAND IN-8° PAREIL A CELUI DU BULLETIN DE L’ECOLE FRANCAISE D’EXTREME-ORIENT ;
5.
DE DESIGNER HANOÏ COMME SIEGE DU JOURNAL ;
6.
DE DEMANDER AU DIRECTEUR DE L’ECOLE FRANCAISE D’EXTREME-ORIENT DE BIEN VOULOIR SE CHARGER DE LA REDACTION ;
7.
DE RESERVER LE PREMIER VOLUME DU JOURNAL POUR LES COMPTES RENDUS DU CONGRES, LES FRAIS DE LEUR IMPRESSION ETANT DEJA GARANTIS PAR LES GOUVERNEMENTS INTERESSES ;
Le Congrès approuve. Le Dr. van Stein Callenfels propose d’ajouter à ces deux motions une troisième, rédigée en ces termes :
Annexe 4
291
LE PREMIER CONGRES DE PREHISTORIENS DE L’EXTREME-ORIENT, DANS SA SEANCE DU SAMEDI 30 JANVIER 1932, APRES AVOIR ENTENDU LES DISCUSSIONS SUR LA COMPOSITION DES FUTURS CONGRES, A DECIDE : DE PRIER INSTAMMENT LES GOUVERNEMENTS REPRESENTES A CE CONGRES DE NOMMER EN PREMIER LIEU COMME DELEGUES AUX FUTURES REUNIONS, LES PREHISTORIENS CHARGES PAR LE PREMIER CONGRES DE DONNER LEUR AVIS SUR LES QUESTIONS DE PREHISTOIRE ET DE RASSEMBLER DES DOCUMENTS EN VUE DE TRAVAUX ULTERIEURS.
Les délégués, après discussion, approuvent et demandent au Président de communiquer le texte des trois motions aux gouvernements représentés au Congrès. M. V. Goloubew, qui avait été chargé dans la séance du 27 Janvier d’étudier de plus près le mode d’organisation des futurs congrès, propose de les faire annoncer, une année à l’avance, dans les revues scientifiques compétentes, tant en Extrême-Asie, qu’en Europe et en Amérique, afin de permettre aux préhistoriens de toutes les nationalités de participer aux travaux du Congrès. Les délégués approuvent, mais sous cette réserve, que les savants admis au Congrès à titre privé, n’auront pas le droit de vote. Ils voyageront à leurs frais, et les dépenses résultant de leur séjour dans le pays où se tient le congrès, seront supportés par eux. Discussion sur les échanges de doubles et sur la création dans une ville d’Extrême-Orient d’une collection de Préhistoire Comparée. Le Dr. van Stein Callenfels demande au Dr. Otley Beyer s’il a des propositions précises à faire et remarque
292
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
que l’échange des spécimens peut facilement se faire de pays en pays, sans intermédiaire. Des échanges de ce genre, du reste, ont déjà eu lieu entre l’Indochine et les Indes Néerlandaises, l’Indochine et le Japon. Le Dr. Otley Beyer suggère l’installation à Singapour d’un musée de préhistoire comparée. Il ajoute, qu’il avait déjà fait à ce sujet des propositions au Gouvernement des Straits et de la Malaisie, mais que ses suggestions n’ont pas été accueillies favorablement. Peut-être en serait-il autrement, si l’initiative émanait directement du Congrès. Le Dr. van Stein Callenfels fait connaître aux délégués qu’en novembre 1931, le département des Musées des Straits Settlements et de la Malaisie a été supprimé et que tous les musées sont devenus autonomes. Du reste, le seul musée qui s’occupe de préhistoire est le Perak Museum à Taiping. Le Raffles Museum à Singapour est consacré presqu’entièrement aux Sciences Naturelles. Le Dr. van Stein Callenfels ajoute qu’il n’y a pas de spécialiste à Singapour pour la préhistoire. Quant à Saïgon, Manille, Batavia et Taiping, ces villes sont trop éloignées des grandes routes maritimes pour qu’elles puissent entrer en ligne de compte pour la réalisation du projet. Reste Hongkong, dont la visite est relativement facile pour les préhistoriens résidant dans l’Extrême-Orient, sauf ceux des Indes Néerlandaises et de la Malaisie. Le Dr. Otley Beyer propose aux délégués d’étudier la question de plus près, afin d’y revenir au Congrès de Janvier 1935. Le Dr. P. Rivet propose d’installer au Musée du Trocadéro une salle consacrée à la préhistoire comparée d’Extrême-Orient, à laquelle on pourrait ajouter des collections provenant du Pacifique, ce qui augmenterait sensiblement l’intérêt de l’ensemble (applaudissements). Le Dr. van Stein Callenfels le remercie au
Annexe 4
293
nom de ses collègues et propose d’envoyer à Paris des collections typologiques de tous les pays d’Extrême-Orient. Les délégués acceptent, chacun pour son pays. Le Dr. van Stein Callenfels attire l’attention du Congrès sur le fait que si la plupart des préhistoriens fixés en Extrême-Orient visitent Paris pendant leurs congés, il y en a qui ne se rendent pas régulièrement en Europe, comme par exemple les Américains des Philippines, les Chinois, les Japonais. Il convient donc, en ce qui les concerne plus spécialement, de ne pas perdre de vue le projet initial d’un musée en Extrême-Orient. Discussion sur l’organisation et le lieu de réunion du futur Congrès. Le Dr. van Stein Callenfels demande que dans le programme officiel du prochain Congrès on intercale un jour sans séance ni réception, de façon à permettre aux délégués de prendre un peu de repos. — Approuvé. Le Président invite les délégués à fixer le lieu où se tiendra le prochain Congrès. Singapour n’ayant pas de Musée préhistorique, et Taiping n’ayant pas d’hôtel, les membres du congrès, après avoir écarté pour diverses raisons Manille, arrêtent leur choix sur Bangkok et prient les délégués du Siam de pressentir à ce sujet leur Gouvernement. S. A. le Prince Rajadabhisek se déclare tout disposé à transmettre leur demande au Gouvernement siamois. Si le Prince Damrong a manifesté une certaine hésitation à l’égard de la réunion d’un Congrès préhistorique à Bangkok, c’est surtout parce que le Siam, jusqu’ici, n’a point exécuté de fouilles intéressant la Préhistoire et qu’il ne possède point de collection se rapportant à ce domaine d’études. Le Dr. van Stein Callenfels remarque à ce propos que Bangkok a une université et des hôtels, et que cette ville présente par conséquent de grandes facilités pour la réunion, d’un Congrès. Quant aux vestiges préhistoriques, ce n’est pas là une condition essentielle.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Le prince Rajadabhisek exprime l’espoir que le Gouvernement siamois fera bon accueil à la demande qu’il lui transmettra de la part du Congrès (applaudissements). — Le Président ajoute que l’appui de M. Coedès et son intervention auprès du Prince Damrong permettront sans doute d’aboutir à une heureuse solution de la question7. Il exprime ensuite ses remerciements aux délégués, ainsi qu’à messieurs Coedès, Lochard et Fromaget, en les félicitant de leur brillante participation aux travaux du Congrès. La séance est levée à 11h. 1/4. 3h. Séance publique. Communication de M. V. Goloubew
« sur les tambours de bronze et le kouo en Indochine » (avec présentation de documents). — Conférence du Dr. van Stein Callenfels sur « L’Age du bronze à Java » (avec projections). Dimanche, le 31 Janvier. Excursion au massif de Bac-Son. Visite des grottes de Minh-Lé de Dong-thuoc sous la conduite de Melle. M. Colani. Signé Le Président du Congrès, Le Secrétaire,
7.
En fait le Congrès suivant se fit à Manille.
Annexe 5 L’affaire des Crânes
U
ne copie manuscrite réalisée par Henri Mansuy d’un texte du docteur René Verneau, lu lors d’une séance de vœu à l’Académie des Sciences à Paris, indique ce qui a été décidé au sujet des découvertes préhistoriques en Indochine, durant la séance du 16 janvier 1925 à l’Académie des Sciences Coloniales. C’est le début de cette affaire qui sera longue. « Monsieur le docteur Verneau, en exprimant ses regrets de ne pouvoir assister à la séance, ajoute ceci : Mes regrets sont d’autant plus vifs que je me proposais de soumettre un vœu à l’Académie. Vous avez pu apprécier, par la lecture du mémoire de M. Mansuy, tout l’intérêt que présentent les découvertes préhistoriques que ce savant et sa collaboratrice, Mademoiselle Colani, ont faites en Indochine. Les spécialistes sont unanimes et considèrent ces découvertes comme ayant une importance de premier ordre. De divers côtés, on me demande où les préhistoriens pourraient examiner les curieuses collections recueillies au cours des fouilles et ils sont tous surpris d’apprendre qu’elles sont conservées au musée
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
géologique de l’Indochine à Hanoï, où elles ne peuvent être consultées que par un nombre extrêmement restreint de savants. D’accord en cela avec M. Mansuy, les archéologues émettent le vœu que dans l’intérêt de la science, ces collections soient remises au Muséum d’Histoire Naturelle où elles seraient affectées au Service de l’Anthropologie. C’est un vœu que je me proposais de soumettre à l’Académie pour être transmis au Ministère des Colonies et au Gouvernement général de l’Indochine. Monsieur Le Président. L’Académie est-elle d’avis de transmettre au Ministère des Colonies et au Gouvernement Général de l’Indochine la proposition de votre collègue ? M. Pierre Mille. J’avais demandé qu’on fît au moins envoyer des doubles. M. Le Président. Ne peut-on faire des moulages ? Il est certain que ces documents seraient beaucoup mieux étudiés à Paris qu’ils ne peuvent l’être à Hanoï où le nombre des personnes susceptibles de se livrer à ces études est restreint. Un membre. M. Sarraut pourrait nous donner son avis. M. Albert Sarraut. Il y a deux écoles ou plutôt deux théories. Il peut être utile de transporter ces documents ici où le nombre des savants qui peuvent les étudier est plus considérable. Reste à savoir si, les recherches devant être poursuivies en Indochine, il n’est pas préférable de laisser sur place ces documents qui peuvent présenter une utilité pour les chercheurs nouveaux. Car s’il est exact qu’en Indochine le nombre des personnes susceptibles de se livrer à ces études est peu considérable, il arrive chaque année des savants, des archéologues qui viennent se documenter, soit de l’École française d’Extrême-Orient, soit d’ailleurs. Ils entreprennent des recherches nouvelles dans lesquelles ils seront aidés par la présence de ces documents. Il faudrait tout au moins qu’il restât quelque chose dans la colonie.
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 297
Nous avons en Indochine un mouvement de prospection très considérable. On s’aperçoit que la recherche minière de ce pays est gigantesque. Il y a d’immenses régions à peine égratignées par les sondages des prospecteurs. Le nombre des géologues, des ingénieurs devient de plus en plus grand. Parmi eux, il faut en trouver qui soient intéressés par la vue de ces documents et se livrent à des recherches complémentaires. M. Mansuy et sa collaboratrice ne resteront pas éternellement là-bas, si tant est qu’ils y soient encore. Il serait fâcheux de priver ceux qui désirent poursuivre les recherches préhistoriques de cette sorte de fil d’Ariane. M. Pierre Mille. Je connais M. Mansuy, j’ai assisté à ses premières découvertes au Cambodge en 1902. Ce serait le décourager que d’envoyer tous ces documents en France. M. Le Secrétaire perpétuel. M. Verneau dit : « d’accord avec M. Mansuy ». M. Pierre Mille. On pourrait demander au Gouvernement indochinois d’envoyer des photographies. M. Albert Sarraut. C’est cela. M. le Secrétaire perpétuel. Nous allons déjà en publier quelques-unes à la suite du rapport qui a été présenté par le docteur Verneau au nom de M. Mansuy. Je vais rester en relations d’une part avec M. Verneau, d’autre part avec le Ministère des Colonies et je vous ferai connaître ce qui aura été décidé. » Rajout : « Copie de ce qui a été décidé au sujet de nos découvertes préhistoriques pendant la séance du 16 janvier 1925 à l’Académie des Sciences Coloniales, c’est-à-dire à une époque où les principales découvertes : Lang-Cuom, etc. n’avaient pas été faites. H. Mansuy »
Une année et demie après Henri Mansuy part définitivement de Hanoï, juillet 1926. Il demande l’autorisation au Gouverneur général et indique qu’il va transporter durant son
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
voyage des « matériaux scientifiques très fragiles ». De quoi pouvait-il bien s’agir ? En fait, à son départ de Saïgon, H. Mansuy s’était vu chargé d’une nouvelle mission pour le Gouvernement général de l’Indochine, par l’ingénieur général des mines, M. André Lochard : rapporter à Paris les 17 crânes que Henri Mansuy et mademoiselle Colani avaient trouvés ainsi que des outils préhistoriques afin que le professeur René Verneau les étudie au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Henri Mansuy est nommé dépositaire de ce matériel scientifique. Les objets doivent revenir avant un an en Indochine. L’affaire dura beaucoup plus que cela. M. René Verneau ne fit pas l’étude, il tomba malade. Son successeur le professeur Paul Rivet, refusa de rendre les objets pour différents motifs. Le Gouvernement général insista et incita Henri Mansuy à réclamer encore et toujours les objets, en lui renouvelant sa confiance et sa fonction de « dépositaire des objets ». Cette affaire devint une tracasserie pour Henri Mansuy, bloqué entre les ordres du Gouvernement de l’Indochine qui voulait récupérer les crânes et Paul Rivet qui ne voulait pas les rendre. Paul Rivet n’obtempéra pas. André Lochard inventa un stratagème compliqué en demandant l’aide de Honoré Lantenois pour épauler Henri Mansuy et réussir à reprendre à Paul Rivet les objets préhistoriques. Il alla jusqu’à imaginer de prétexter une étude par René Verneau. Mais Henri Mansuy n’utilisera pas cet argument connaissant l’animosité qui était née, depuis peu, entre Paul Rivet et René Verneau. Puis les crânes et les objets furent prêtés pour l’Exposition internationale de Paris en 1931 avec demande à Henri Mansuy de les mettre en valeur et de les présenter dans le temple d’Angkor reconstitué à Paris. Ils furent rendus en no-
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 299
vembre 1931 à Henri Mansuy, le 20 novembre 1931. Il les déposa à l’Agence économique de l’Indochine, 20, rue de La Boétie Paris 8e, dans l’attente d’un fonctionnaire du service des mines qui irait en Indochine pour les rapporter. Finalement ce fut Paul Rivet, lui-même, ironie du sort, qui emporta avec lui, lors de son voyage en Indochine, pour aller au premier Congrès Internationale des Préhistoriens d’Extrême-Orient, à Hanoï du 26 au 31 janvier 1932, les objets pour leur retour dans la Colonie. Mais ces crânes de retour n’ont été que des moulages, Paul Rivet ayant indiqué que les originaux avaient été donnés au Muséum. Henri Mansuy confirma d’ailleurs dans ces courriers qu’il en avait été effectivement décidé ainsi par les représentants du Gouvernement général d’Indochine dans les tractations avec Paul Rivet. La première caisse de « crânes » rentra donc en Indochine sous forme de moulages réalisés au Muséum par M. Clavelin sur ordre de Paul Rivet. Les originaux restèrent à Paris. La deuxième caisse rentra aussi sauf un objet qui a été perdu par le Muséum. La troisième caisse resta à Paris au Muséum ainsi que cela avait été prévu dès le départ, comme don de la Colonie. Que de péripéties autour de cette affaire qui dura six ans, au milieu desquelles Henri Mansuy a dû faire assaut de diplomatie pour concilier les professeurs inconciliables, problèmes d’ego. Finalement les originaux des crânes précieux sont bien restés à Paris au Muséum, avec autorisation. Voici maintenant la série des échanges de lettres qui présida à ce drame scientifique où deux façons de voir et être se sont télescopées pendant des années, avant qu’un compromis assez étrange soit accepté par le Gouvernement général de l’Indochine.
300
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Lettre du docteur René Verneau, depuis Paris, du 9 décembre 1925, à M. André Lochard, ingénieur en chef des mines, directeur du service géologique de l’Indochine. Monsieur le Directeur, Au nom de l’Académie des Sciences Coloniales, de l’Institut français d’Anthropologie et de tous ceux qui s’intéressent à la Préhistoire, j’ai eu l’honneur d’appeler votre bienveillante attention sur l’importance des découvertes de M. Mansuy et de Melle. Colani. Vous avez bien voulu me répondre que cette importance ne vous avait pas échappé et que vous favoriseriez les recherches de vos collaborateurs, ce dont nous vous sommes profondément reconnaissants. Les remarquables travaux de M. Mansuy qui nous sont parvenus depuis que j’ai pris la liberté de solliciter votre appui en faveur de ceux qui se sont passionnés pour la Préhistoire, naguère presque totalement ignorée, de l’Indochine, nous prouvent que vous n’avez pas oublié votre promesse. Il m’est particulièrement agréable d’être chargé aujourd’hui de vous adresser l’expression de notre vive gratitude. Permettez-moi, Monsieur le Directeur, de vous renouveler le vœu émis par les diverses Sociétés savantes qui ont pu apprécier la haute valeur des découvertes faites par les fonctionnaires placés sous vos ordres ; il consiste à mettre en mesure les hommes de sciences les plus qualifiés qui ne peuvent se rendre en Extrême-Orient, d’examiner les pièces originales elles-mêmes. Il vous suffirait d’autoriser l’envoi, sinon de toutes les collections recueillies, tout au moins des pièces ostéologiques et des types industriels, à notre Muséum national d’Histoire Naturelle. Grâce aux nombreux éléments de comparaison que nous possédons, non seulement les résultats qui, pour moi, sont définitivement acquis, seraient mis à l’abri de toute discussion, mais de nouveaux horizons pourraient s’ouvrir devant nous.
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 301
En accordant cette autorisation, vous rendriez à la science un service signalé qui viendrait s’ajouter à tous ceux dont elle est déjà redevable au Service Géologique de l’Indochine. Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de ma gratitude personnelle et de ma haute considération. Dr. Verneau Membre de l’Académie des Sciences coloniales Professeur d’Anthropologie au Muséum national d’Histoire Naturelle et à l’Institut de Paléontologie humaine, Conservateur du Musée d’Ethnographie.
Lettre depuis Hanoï, de l’ingénieur en chef des mines, André Lochard, du 30 mars 1926, à M. René Verneau. (Réponse) Monsieur le Professeur, J’ai été personnellement très sensible aux sentiments que vous avez bien voulu m’exprimer par votre lettre du 9 décembre 1925. Je puis par ailleurs vous donner l’assurance que l’Administration de la Colonie éprouve une vive satisfaction à constater que les Assemblées et personnalités savantes les plus qualifiées de la Métropole apprécient à leur valeur les recherches préhistoriques qui sont faites en Indochine et les sacrifices budgétaires qu’elle a consentis pour en permettre l’exécution. J’ajouterai qu’elle est particulièrement reconnaissante aux anthropologues métropolitains de leur participation à l’étude des ossements humains et des outils découverts dans cette Colonie, et que, si elle est appelée à apporter, dans l’intérêt même de l’avenir de ces recherches, quelques restrictions à la libre disposition des documents qu’elles mettent au jour, elle le fera avec les tempéraments propres à conserver à l’Indochine une collaboration dont elle sait tout le prix. Monsieur le Gouverneur Général a décidé récemment sur ma proposition qu’à l’exemple des objets classés en
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
raison de l’intérêt qu’ils présentent pour l’archéologie ou l’histoire de l’art, les fossiles et l’outillage de l’homme préhistorique devraient, en principe, être conservés dans la Colonie. Une première disposition a été insérée à cet effet dans un projet de décret douanier soumis au Gouvernement métropolitain. Je ne crois pas que la légitimité du principe sur lequel est basée cette décision puisse être discutée. D’une part, ce pays a droit à garder sur son sol les reliques de son passé préhistorique, au même titre que les monuments de son histoire. C’est pour la France un des devoirs de sa tutelle que d’en assurer la conservation dans la Colonie pour en enseigner le respect et l’étude au peuple protégé. D’autre part, si nous voulons arriver à constituer ici des services scientifiques capables de tirer eux-mêmes toutes les conclusions que comporte l’examen approfondi des produits de nos fouilles, il est indispensable que nous formions peu à peu des collections de pièces de comparaison dont la privation rend singulièrement difficile, aujourd’hui, les travaux de nos géologues. L’envoi, il y a quinze ou vingt ans, à Paris, d’où elles ne sont jamais revenues, des premières récoltes d’animaux fossiles a laissé, dans nos collections, des lacunes qui n’ont malheureusement pas pu être encore réparées1. Ce précédent ne doit plus être imité. Il paraît d’ailleurs aisé de concilier les intérêts permanents de l’Indochine, avec les circonstances transitoires nées de la pénurie actuelle de nos documents de comparaison, en prévoyant que certaines pièces originales uniques pourront être expédiées à Paris en vue d’y être étudiées soit par nos géologues envoyés en mission, soit par les savants spécialisés qui voudront bien les examiner, mais sous la condition expresse qu’elles seront renvoyées, dans le plus bref délai possible, au Service Géologique de l’Indochine. 1.
Plusieurs collections de fossiles ou de reste humains, signalons aussi le petit crâne de Minh-Cam.
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 303
La Colonie serait, d’ailleurs, heureuse que votre Laboratoire voulût bien examiner la possibilité de se charger, chaque fois que cela paraîtrait désirable, d’en faire exécuter des moulages aux frais du Gouvernement Général à qui serait livré le nombre d’exemplaires jugés suffisants pour ses besoins propres ou, éventuellement, pour des envois à l’étranger. Le Muséum d’Histoire naturelle conserverait les moules dont il pourrait tirer toutes les épreuves utiles à la Science. Nous serions très désireux qu’une première application de cette mesure pût être faite pour les crânes de Phô-Binh-Gia, et pour celui de Minh-Cam, qui a été déposé au Muséum, en février 1924, par M. Patte. Il va sans dire, enfin, que le Service Géologique pourrait être autorisé à aliéner définitivement, en faveur des musées de la Métropole, certaines pièces existant en double dans ses collections. J’ose espérer que vous voudrez bien reconnaître que ces dispositions, qui pourront être appliquées aux pièces ostéologiques et aux outils récemment recueillis par M. Mansuy et par Mademoiselle Colani, sont propres à favoriser au mieux les progrès de la Science, tout en ménageant les droits de la Colonie sur les restes de l’homme préhistorique exhumés de son sol. Je vous prie, Monsieur le Professeur, de vouloir bien agréer, l’assurance de ma haute considération. Lochard
Lettre de l’ingénieur en chef des mines, André Lochard, du 23 juin 1926, à Hanoï, à M. le Gouverneur général de l’Indochine, afin de donner des instructions à Henri Mansuy, chargé d’être le dépositaire de la collection définie dans les états 1, 2 et 3 : Comme suite à ma lettre en date du 23 mars 1926, j’ai l’honneur de vous proposer de donner à M. Mansuy, en revêtant le présent rapport de votre signature, l’autorisation d’emporter en France, au mois de juillet prochain, les
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
crânes et outils humains préhistoriques énumérés dans les trois états ci-joints, étant entendu que les crânes (état 1) et les outils de l’état 2 devront être remis dans le délai d’un an au plus par M. Mansuy, qui en demeure dépositaire, au fonctionnaire désigné pour les rapporter dans la Colonie. Signé : Lochard Approuvé Hanoï le 3 juillet 1926 Le Secrétaire Général du Gouvernement Général de l’Indochine Monguillot Pour copie conforme L’Archiviste du Gouvernement Général Bègue
État no 1 État donnant la désignation individuelle des crânes préhistoriques confiés à M. Mansuy aux fins de présentations et d’études complémentaires au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris et devront faire retour en Indochine.2
Caisse no 1 Crâne no 1 — Proto-mélanésien Crâne no 2
2.
—
Lang-Cuom — Mémoire du Serv. Geol. de l’Indochine, Vol. XII, fasc. 3, pp. 8-10, pl. I, fig. I a-d Lang-Cuom — -idpp. 10-11, pl. II, fig. 2 a-c
Il est à noter que toutes les références indiquées sont celles des publications de Henri Mansuy dans ses Mémoires ou Bulletins du Service géologique de l’Indochine où il a décrit, dessiné ou photographié les objets qui sont donc relativement facilement identifiables lorsque nous disposons des ouvrages de Henri Mansuy.
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 305
Crâne no 3
—
Lang-Cuom — -idpp. 11-13, pl. III, fig. I a-c pl. IV, fig. I
Crâne no 4
—
Lang-Cuom — -idpp. 13-14, fig. I a-c texte
Crâne no 5
—
Lang-Cuom — -idpp. 14-15, fig. 2 a-c texte
Crâne no 6
—
Lang-Cuom — -idpp. 16, pl. IV., fig. 3 a-b Lang-Cuom — -idpp. 16-18, pl. IV., fig. 2° ; pl. V, fig. I
Crâne no 7 Proto-Australien Crâne no 8
— ?
Lang-Cuom — -idpp. 18-19, fig. 3 a-c texte Lang-Cuom — -idpp. 20, 21, pl. VI, fig. 2 ; pl. VII fig. I a-c ; pl. VIII, fig. I
Crâne no 9 Proto-indonésien —
Lang-Cuom — -idpp. 22-23, fig. 4 a-c texte
Crâne no 11 Indonésien-mongolique
Lang-Cuom — -idpp. 23-25, pl. V, fig. 2 a-b pl. VI, fig. I a-c
Crâne no 12
Lang-Cuom — -idpp. 25, pl. VII, fig. 2 a, b et fragments de mâchoires
Crâne no 10
— ?
Crâne no 13 Proto-indonésien
Lang-Cuom — Bulletin Serv. Géol. de l’Indochine, Vol. XIV, fasc. 6 pp. 11-12, pl. III, fig. 1-3
Crâne no 14 Indonésien
Ham-Rang — Bulletin Serv. Géol. de l’Indochine, Vol. XIV, fasc. 6 pp. 5-8, pl. I, fig. 1-4
Crâne no 15 Proto-mélanésien
Khac Kiem — Mémoires Serv. Géol. de l’Indochine, Vol. XII, fasc. 2 pp. 13-14, pl. IV, fig. 3 a-b
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Crâne no 16 Proto-indonésien ( ?)
Keo Phay — Mémoires Serv. Géol. de l’Indochine, Vol. XII, fasc. 2 pp. 8-9, pl. IV, fig. 3 a-c, fig. 2.
Crâne no 17 Proto-mélanésien et quelques ossements du même individu, non figurés (ces ossements dans caisse No 2).
Dong Thuoc — Mémoires Serv. Géol. de l’Indochine, Vol. XI, fasc. 2, pp. 15-18, pl. XII, fig. 4 a-b ; pl. XIII, fig. 1 a-f
Signé : H. Mansuy Liste des crânes à emporter à Paris par M. Mansuy et à envoyer dans le délai d’un an au plus à Hanoï Annexé à mon rapport no 321 en date du 23 juin 1926.
Hanoï, le 23 juin 1926.
État no 2 État donnant la nomenclature des instruments en pierre taillés et polis, destinés à être présentés au Muséum et faisant retour dans la Colonie.
Caisse no 2 N°1 — Instrument taillé, en andésite
Khé-Tong (Annam) Bulletin Serv. Geol. de l’Indochine Vol XIII, fasc. 3, p. 12, pl. V, fig. 1 a-e
N°2 — Racloir en rhyolite
Lang Trang (Tonkin) Mém. Serv. Geol. de l’Indochine Vol XII, fasc. 1, p. 22, pl. XXIV, fig. 7
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 307
N°3 — Instrument elliptique poli en phtanite
Lang Trang (Tonkin) Mém. Serv. Geol. de l’Indochine, Vol XII, fasc. I, p. 22, pl. XXIV, fig. 2 a-b
N°4 — Instrument amygdaloïde taillé en grès
Binh Long (Tonkin) Mém. Serv. Geol. de l’Indochine Vol XII, fasc. I, p. 13, pl. XX, fig. 9
N°5 — Instrument en nacre
Dong Lay (Tonkin) Mém. Serv. Geol. de l’Indochine Vol XII, fasc. 3, p. 30, pl. XII, fig. 7
N°6 — Instrument en rhyolite, tranchant poli.
Chuc Quan (Tonkin) Mém. Serv. Geol. de l’Indochine Vol XII, fasc. 3, p. 34, pl. X, fig. 9
N°7 — Instrument taillé, en rhyolite
Chuc Quang (Tonkin) — id Vol XII, fasc. 3, p. 33, pl. X, fig. 4
N°8 — Instrument elliptique taillé, en rhyolite
Keo Phay (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XI, fasc. 2, p. 8, pl. II, fig. 1 a-b
N°9 — Racloir en phtanite.
Keo Phay (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XI, fasc. 2, p. 9, pl. IV, fig. 6 ; pl. V, fig.1.
N°10 — Hache au tranchant poli en rhyolite
Vo Muong (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. 1, p. 15, pl. XVII, fig. 1
N°11 — Hache au tranchant poli en cornéenne
Len Dat (Tonkin) non décrite.
N°12 — Hache au tranchant poli en phtanite
-id-
N°13 — Hache au tranchant poli en cornéenne
-id-
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
N°14 —
—
en phtanite
-id-
N°15 —
—
en rhyolite
-id-
N°16 — Coquille extrémité polie
d’Unio
à
-id-
N°17 — Hache au tranchant poli en phtanite
Lang Cuom (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. 3, p. 26, pl. II, fig. 3
N°18 — Gouge au tranchant poli en rhyolite
Lang Rang (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. 3, pl. IX, fig. 4
N°19 — Hache au tranchant poli en cornéenne
Con Ké (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. 1, p. 29, pl. XI, fig. 1 a-c
N°20 — Hache au tranchant poli en phtanite
Na Ca (Tonkin) non décrite
N°21 — Ebauche d’instrument elliptique en roche verte
-id-
N°22 — Pilon avec cupules en roche Gréseuse
-id-
N°23 — Hache au tranchant poli en phtanite
Minh-Lé N.N.O. (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. 1, p. 21, pl. XXIII, fig. 17 a-b
N°24 — Racloir en rhyolite
Giouc Giac (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. 1, p. 25, pl. XII, fig. 8
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 309
N°25 — Instrument subelliptique en rhyolite
Na Moun (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. 3, p. 35, pl. XIII, fig. 1 a-b
N°26 — Gouge en os
Na Moun (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. 3, p. 36, pl. XII, fig. 12
N°27 — Hache au tranchant poli
Hang Moen (Tonkin) non décrite
N°28 — Petite hache en cornéenne
-id-
N°29 — Fragment schisteux à empreintes bifides
-id-
N°30 — Fragment de coquille polie
Dong Lay O (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. 3, p. 32, pl. XI, fig. 11, ab
N°31 — Hache au tranchant poli en roche gréseuse
Ban Sao (Tonkin) non décrite
N°32 — Instrument amygdaloïde en rhyolite
Co Kho (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. I, p. 19, pl. IX, fig. 2 ab
N°33 — Hache au tranchant poli
Co Kho (Tonkin) Mém. Serv. Geol. Vol XII, fasc. I, p. 19, pl. IX, fig. 1 ab
N°34, 35, 36 — Fragments schisteux à empreintes bifides
Co Kho (Tonkin) non figurés
310
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Signé : H. Mansuy Liste d’outils à emporter à Paris par M. Mansuy et à renvoyer dans le délai d’un an au plus à Hanoï. Annexé à mon rapport no 321 en date du 23 juin 1926. Hanoï, le 23 juin 1926. Le Directeur des Mines de l’Indochine Signé : A. Lochard
État no 3 État donnant la nomenclature des instruments en pierre, Destinés à être déposés au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris ; ces instruments étant représentés par plusieurs exemplaires dans les collections du Service Géologique de l’Indochine.
N° 37 — Hache au tranchant poli, en phtanite
Binh Long (Tonkin) Mémoires Serv. Geol. de l’Indochine. Vol XII, fasc. I, p. 13, pl. XIX, fig. 4 a-c Vol. XII, pl. XIX, fig. 3 a, b, etc.
N° 38 - Instrument amygdaoloïde, en phtanite
Minh-Lé N.N.O.(Tonkin) Mémoire Serv. Geol. de l’Indochine. Vol XII, fasc. I, p. 21, pl. XXIII, fig. 19 Mém. Vol. XII, Fasc. II, pl. III, fig. I a, b, Kéo-Phay, etc.
N°39 — Hache au tranchant poli, en cornéenne
Chuc-Quan (Tonkin) Mémoires Serv. Geol. de l’Indochine. Vol XII, Fasc. III, p. 33, pl. ; fig. 7 a, b. même Vol. pl. VIII, fig. 4. Lang Cuom, etc.
N°40 — Fragment schisteux avec empreintes bifides
Chuc-Quan (Tonkin) non décrit Mém. Nombreux similaires
N°41 — Instrument elliptique en rhyolite
Ban-Sao (Tonkin) non décrit Mém. Nombreux similaires
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 311
N°42 — Hache au tranchant poli, en rhyolite
Lang-Loi O.(Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indochine. Vol XIII, Fasc. III, p. 34, pl. X, fig. I a, b Nombreux similaires
N°43 — Hache au tranchant poli en rhyolite
Lang Loi O.(Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indochine. Vol XII, Fasc. III, p. 34, pl. X, fig. 2 Nombreux similaires
N°44 — Hache au tranchant poli, en phtanite
Dong-Lay O.(Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indochine. Vol XII, Fasc. III, p. 31, pl. XI, fig. 10. Vol. XII, Fasc. I pl. XXIII, fig. 17, etc.
N°45 — Hache au tranchant poli, en roche verte
Dong-Lay O(Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indochine. Vol XII, Fasc. III, p. 31, pl. XI, fig. 4 a,b, Nombreux similaires
N°46 — Hache au tranchant poli, en roche verte
Dong-Lay (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indochine. Vol XII, Fasc. III, p. 31, pl. II, fig. 6 Nombreux similaires
N°47 — Galet polissoir, en phanie
San-Xa (Tonkin) Mém.Serv.Geol.Indochine. Vol XII, Fasc. I, p. 27, pl. XIV, fig. 12 même planche, fig. II.
N°48 — Instrument taillé elliptique en rhyolite
Kéo-Phay (Tonkin) Mém.Serv.Geol.Indochine. Vol XII, Fasc. II, p. 7, pl. I, fig. 2 a-c Même Vol. pl. II, fig. 1, 2, etc.
N°49 — Racloir en rhyolite
Kéo-Phay (Tonkin) Mém.Serv.Geol.Indochine. Vol XI, Fasc. II, p. 9, pl. VII, fig. 4 Nombreux similaires
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
N°50 — Racloir en rhyolite
Kéo-Phay (Tonkin) Mém.Serv.Geol.Indochine. Vol. XI, Fasc. II, p. 9, pl. VI, fig. 4 Nombreux similaires
N°51 — Hache au tranchant poli, en rhyolite
Vo-Muong (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indochine Vol. XII, Fasc. I, p. 15, pl. XV, fig. I a-c Même Vol. pl. XV. fig. 3
N°52 — Instrument elliptique, en rhyolite
Na-Ca (Tonkin) Non décrit. Mém.Vol XI, Fasc. II, pl. II, fig. I pl.III, fig. 2
N°53 — Racloir en phtanite
Na-Ca (Tonkin) Non décrit. Nombreux similaires
N°54 — Hache au tranchant poli, en phtanite
Na-Ca (Tonkin) Non décrit. Nombreux similaires
N°55 — Hache au tranchant, en phtanite
Lang-Luc (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indochine Vol. XII, Fasc. I, p. 18, pl. VIII, fig. 3a-c Nombreux similaires
N°56 — Fragment schiste rouge, par combustion, ocre
Pho-Binh-Gia (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indoch. Vol. XI, Fasc. II, p. 12, pl. X, fig. 5 Nombreux similaires
N°57 — Pilon avec cupules, en grès
Lang-Rang (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indoch. Vol. XII, Fasc. III, p. 28, signalé, non figuré Nombreux similaires
N°58 — Instrument elliptique, taillé, en rhyolite
Con-Ké (Tonkin) Mém.Serv.Geol.Indoch. Vol. XII, Fasc. I, p. 28, pl. II, fig. 2 a-c Même Vol. pl. III, fig. I
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 313
N°59 — Hache au tranchant poli, roche gréseuse ind
Na-Ché (Tonkin) Mém.Serv.Geol.Indoch. Vol. XII, Fasc. I, p. II, pl. VII, fig. 4 a-c Nombreux similaires
N°60 — Racloir en rhyolite
Lang-Cuom Non Figuré Type fréquent
N°61, 62, schistes Avec
Lang-Cuom (Tonkin) Décrit non figuré Très nombreux similaires
63 — Fragments
N°64 — Hache au tranchant poli, en phtanite
Lang-Cuom (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indoch. Vol. XII, Fasc. III, p. 25, pl. I, fig. 2a, b, Nombreux similaires
N°65 — Hache au tranchant poli, en roche verte
Lang-Cuom (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indoch. Vol. XII, Fasc. III, p. 26, pl. V, fig. 2 Nombreux similaires
N°66 — Hache au tranchant poli, en cornéenne
Lang-Cuom (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indoch. Vol. XII, Fasc. III, p. 26, pl. VIII, fig. 6 Nombreux similaires
N°67 — Fragment schisteux avec empreintes bifides et transverses
Giouc-Giao (Tonkin) Non décrit Nombreux similaires
N°68 — Instrument elliptique, en rhyolite
Giouc-Giao (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indoch. Vol. XII, Fasc. I, p. 24, pl. III, fig. I a-c Même Vol. pl. I fig. I
N°69 — Petit racloir en phtanite
Giouc-Giao (Tonkin) Non décrit Inst, Mém. Vol. XII, Fasc. I, p. 24, pl. IV, fig. I Mais plus petit (photographie jointe dans l’exemplaire déposé bibliothèque du Service)
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
N°70 — Polissoir en roche gréseuse ind.
Co-Kho (Tonkin) Mém.Serv.Geol.Indoch. Vol. XII, Fasc. I, p. 20, pl. IX, fig. 7 ; Nombreux similaires
N°71 — Fragment schisteux avec empreintes bifides
Co-Kho (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indoch. Vol. XII, Fasc. I, pl. VI, fig. 4 Très nombreux similaires
N°72 — Racloir en rhyolite
Co-Kho (Tonkin) Mém.Serv.Geol.Indoch. Vol. XII, Fasc. I, p. 19, pl. IX, fig. 9 Nombreux similaires
N° 73 — Pilon en roche éruptive ind.
Co-Kho (Tonkin) Mém.Serv.Geol.Indoch. Vol. XII, Fasc. I, p. 20, pl. X, fig. I Nombreux similaires
N°74 — Racloir en rhyolite
Vo-Muong (Tonkin) non figuré identique à celui prov. de Co-Kho, Mém.Serv.Geol. de l’Indochine Vol XII, Fasc. I, pl. IX, fig. 8
N°75 — Hache au tranchant poli, en phtanite
Lang-Rang (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indoch. Vol. XII, Fasc.III, p. 27, pl. IX, fig. 2a, b, Très nombreux similaires
N°76 — Hache au tranchant poli, en phtanite
Lang-Rang (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indoch. Vol. XII, Fasc. III, pl. IX, fig. 5 Très nombreux similaires
N°77 — Hache au tranchant poli, en cornéenne
Bong-Lay (Tonkin) Mém.Serv.Geol.Indoch. Vol. XII, Fasc. III, p. 31, pl. XI, fig. 8a, b, Nombreux similaires
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 315
N°78 — Instrument amygdaloïde taillé, en phtanite
Vo-Muong (Tonkin) Mém.Serv.Geol. Indoch. Vol. XII, Fasc. I, p. 15, pl. XVIII, fig. 5 Nombreux similaires
Signé : H. Mansuy Liste d’Outils à déposer par M. Mansuy au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Annexé à mon rapport no 321 en date du 23 juin 1926, Le Directeur des Mines et de l’Industrie de l’Indochine Signé : A. Lochard
Lettre de l’ingénieur en chef des mines, directeur des mines de l’Indochine, M. André Lochard à M. René Verneau, professeur d’Anthropologie au Muséum nationale d’histoire naturelle, 72, Avenue d’Orléans. Paris. Depuis Saïgon, le 13 août 1927. M le Professeur, J’ai été fort peiné d’apprendre la cause qui vous a empêché jusqu’à présent de procéder à l’examen des crânes rapportés d’Indochine par M. Mansuy. J’espère que le complet rétablissement de votre santé vous permettra de l’entreprendre l’hiver prochain. Nous attachons trop de prix à connaître vos conclusions personnelles pour ne pas vous laisser les ossements pendant tout le temps que vous jugerez nécessaire à votre étude. Veuillez agréer, Monsieur le Professeur, avec mes vœux de meilleure santé, l’assurance de ma considération la plus distinguée. Lochard
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Lettre de Henri Mansuy du 11 avril 1928, depuis Paris, à M. le docteur Paul Rivet, professeur d’Anthropologie au Muséum national d’histoire naturelle : Monsieur le Professeur, Je me permets de vous rappeler que j’ai déposé — fin
1926 — au laboratoire d’Anthropologie du Muséum, une
série de crânes humains préhistoriques et d’instruments en pierre, recueillis en Indochine. Le Gouvernement Général de l’Indochine m’avait permis, par dérogation spéciale à l’interdiction légale d’exportation, d’emporter ces ossements et instruments pour étude à Paris, sous conditions que j’en fasse retour, dans un délai d’un an, à la Colonie ; ce délai prorogé depuis, mais arrivant très prochainement à expiration, j’ai l’honneur, monsieur le Professeur, de vous demander de vouloir bien donner les ordres nécessaires pour que ces objets me soient remis par l’un de vos collaborateurs. Sauf avis contraire de votre part, je me présenterai au laboratoire le 17 avril courant. Veuillez agréer, monsieur le Professeur, mes très sincères salutations. H. Mansuy
Lettre du directeur par intérim des mines de l’Indochine, Fernand Blondel, 10 mai 1928, à Hanoï, à M. le Gouverneur général de l’Indochine : J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint copie d’une lettre (no 1) que M. Rivet, professeur d’Anthropologie au Muséum vient de me faire parvenir ainsi qu’un dossier relatif à l’affaire évoquée dans cette lettre. Cette affaire peut se résumer comme suit : après la découverte par M. Mansuy et Melle. Colani, de crânes préhistoriques en Indochine, M. Verneau fit parvenir à M. Lo-
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 317
chard une lettre (no 2) lui demandant l’envoi au Muséum des pièces les plus importantes. M. Lochard répondit par une lettre (no 3) qui a d’ailleurs été soumise à votre approbation qu’il ne semblait pas possible d’aliéner définitivement les collections recueillies en Indochine, mais que le Gouvernement accepterait volontiers d’expédier ces pièces au Muséum sous réserve d’un retour rapide à la Colonie ; en outre il était demandé que des moulages fussent effectués aux frais du Gouvernement, pour être déposés au Muséum. Comme suite à cette correspondance vous avez bien voulu autoriser en 1926 (lettre no 4) M. Mansuy, à emporter à Paris différentes pièces, en particulier 17 crânes sous réserve que ces crânes seraient rendus à l’Indochine dans le délai d’un an soit au plus tard en juin 1927. Le délai expiré, M. Verneau écrivit à M. Lochard (lettre no 5) demandant un nouveau délai que M. Lochard s’empressa d’accorder (lettre no 6). Dans la lettre jointe (no 1) de M. Rivet — qui a succédé à M. Verneau — il est demandé un nouveau délai. Je ne vois pas d’inconvénients à l’accorder ; j’ai préparé un projet de réponse dans ces sens. Je n’aurais pas cru devoir vous soumettre cette question — au fond peu importante — sans la qualité des personnes en cause. Je sais que M. Rivet, serait désireux que vous reveniez sur la décision qui a été prise de garder en Indochine les pièces de notre collection ; il m’a semblé qu’une lettre de vous affirmant à nouveau cette décision aurait plus de poids qu’une simple réponse de ma part. Lorsque la question s’est posée, nous sommes immédiatement tombés d’accord, M. Lochard et moi-même, sur la nécessité de conserver les collectes, géologiques et préhistoriques à la Colonie pour les raisons suivantes, qui ne peuvent pas être toutes opposées à M. Rivet, mais qui n’en ont cependant pas moins leurs poids. D’une part, il faut bien constater qu’une partie importante des collections envoyées à Paris est complètement perdue. J’ai eu l’occasion récemment de demander à M.
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Lacroix de vouloir bien faire rechercher des collections de roches et de fossiles remises autrefois au Muséum par divers observateurs (entre autres Petiton, de Lamothe, Bel, Krempf) ; il ne lui a pas été possible de les retrouver. À la vérité, on ne peut pas faire un grief aux établissements de Paris de la perte partielle des collections qui sont envoyées, en raison de l’énorme quantité de documents qu’ils reçoivent de toutes les parties du monde et du personnel insuffisant dont ils disposent pour mettre ces collections en ordre. Mais il semble que plutôt de courir le risque de cette perte, il est préférable de conserver ces documents à la Colonie. D’autre part, l’argument principal invoqué pour l’envoi à Paris est l’étude qui peut être faite de ces documents par des gens très compétents. Cet argument, excellent en théorie, ne vaut rien en pratique. Sauf les échantillons qui ont été remis autrefois à M. Douvillé et ceux qui ont été confiés récemment à M. Lacroix, aucun envoi d’Indochine n’a fait l’objet d’étude de la part des savants français. L’exemple même des crânes préhistoriques est caractéristique : voici bientôt deux ans qu’ils sont à Paris ; on les a simplement montrés à l’Institut français d’Anthropologie ; aucun examen détaillé n’en a été fait ; bien mieux, les moulages qui avaient été demandés par M. Mansuy n’ont même pas encore été exécutés. On peut donc dire qu’il serait effectivement intéressant d’envoyer nos échantillons à Paris pour être étudiés, mais qu’en fait ils ne le sont pas. Enfin et ceci est un argument que l’on peut opposer à M. Rivet, il est nécessaire de constituer à la Colonie une collection d’éléments de comparaison. Les déterminations de sciences naturelles ne peuvent être faites qu’à la condition de pouvoir comparer les pièces nouvelles aux pièces anciennes déjà diagnostiquées ; notre pauvreté actuelle à ce sujet m’oblige à vous demander constamment de profiter des congés des collaborateurs du Service Géologique pour comparer nos échantillons à ceux des Musées d’Europe. Cette situation ne pourra s’améliorer qu’au fur
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et à mesure de l’accroissement de notre collection propre, ce qui exige évidemment que nous conservions ici les pièces intéressantes. Pour toutes ces raisons, je vous serais reconnaissant, de bien vouloir faire parvenir à M. Rivet la lettre dont le projet est joint ou tout au moins une lettre affirmant les mêmes principes. F. Blondel
Lettre du Gouvernement général de l’Indochine, à Hanoï, le 15 mai 1928, à M. Paul Rivet, professeur d’anthropologie au Muséum 61, rue de Buffon Paris : Monsieur le Professeur, Le directeur des Mines m’a transmis la lettre que vous avez bien voulu lui écrire le 31 mars dernier au sujet des crânes préhistoriques découverts en Indochine et que M. Mansuy avait emportés à Paris pour les confier provisoirement au Muséum aux fins d’études et d’exécution de moulages. Je suis heureux d’avoir une nouvelle occasion de vous remercier et, par votre intermédiaire, de remercier tous les savants français qui veulent bien s’intéresser aux travaux de préhistoire entrepris à la Colonie. Aussi est-ce très volontiers que je m’empresse de répondre à votre désir de conserver ces pièces ostéologiques au Muséum pendant un certain temps encore pour vous permettre de les examiner plus en détail. Toutefois, il me serait agréable de voir revenir à la Colonie ces documents intéressants du passé indochinois ; je désirerais que l’on puisse confier ce précieux dépôt au collaborateur du Service Géologique qui sera embarqué pour l’Indochine vraisemblablement au début de l’année prochaine 1929. Il est, en effet, nécessaire, pour permettre des études sur pièces, que la collection propre de l’Indochine contienne
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des éléments de comparaison sans lesquels toute étude de science naturelle est vaine et inconsistante ; l’éloignement de la métropole ne permet pas le recours fréquent aux grandes collections de Paris et les géologues indochinois sont le plus souvent obligés de travailler avec leurs ressources propres. En outre, comme le faisait éloquemment remarquer M. Lacroix dans son discours à l’Académie des Sciences Coloniales, il n’est pas sans intérêt, pour le prestige français en Extrême-Orient, que l’Indochine puisse organiser peu à peu les éléments d’un Musée d’Histoire Naturelle qui essaie de rivaliser avec les beaux musées analogues des pays voisins. J’espère que d’ici le début de l’année prochaine, les circonstances vous permettront de terminer les intéressants travaux que vous avez entrepris. Je vous prie de croire, Monsieur le Professeur, à l’assurance de ma considération distinguée. Pour le Gouverneur général absent et par délégation Le Résident supérieur du Tonkin Graffeuil Pour copie conforme P. le directeur des Mines Le chef de Bureau Sergenton
Lettre de l’inspecteur général des mines et de l’industrie, à Hanoï, le 30 juillet 1929, à l’attention de M. Honoré Lantenois. Monsieur l’Inspecteur Général, Excusez-moi de recourir encore une fois à votre obligeance pour régler par votre intermédiaire la question des crânes préhistoriques en dépôt au Muséum d’Histoire Naturelle, dont nous nous sommes entretenus l’an dernier. J’y suis obligé par mon ignorance de l’adresse de M. Mansuy, mais je compte avant tout sur vous pour
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donner à ce dernier les conseils utiles lors de l’exécution de démarches qui peuvent être un peu délicates. Le dossier ci-joint, vous mettra au courant de l’état actuel de cette affaire. Vous y trouverez en particulier : Le texte de la mission donnée à M. Mansuy par moi, le 23 juin 1926, avec l’approbation du Gouverneur Général (pièce no 12) ; La correspondance échangée l’an dernier entre M. Rivet, M. Blondel et le Gouverneur Général (pièce nos 4, 5, 6, 7). Il est fâcheux que M. Mansuy n’ait pas retrouvé, l’année dernière, la première des pièces visée ci-dessus : car il est clair que, mis en présence d’un ordre de mission aussi formel, qui fait de son titulaire le seul dépositaire responsable des crânes, le Directeur du Laboratoire d’Anthropologie du Muséum eût pu difficilement s’opposer au retrait de ces documents. La correspondance de 1928, déjà déclenchée au moment où nous discutions à Paris, a malheureusement laissé complètement dans l’ombre le rôle de M. Mansuy. Toutefois, comme d’une part le délai fixé par le Gouverneur Général au Docteur Rivet est expiré sans que celui-ci ait donné signe de vie, et que d’autre part la mission donnée le 23 juin 1926 à M. Mansuy n’a jamais été abrogée, il me suffira, je crois, d’invoquer celle-ci pour atteindre le but que nous visons, à savoir retirer les pièces d’ostéologie du Muséum pour les remettre éventuellement à M. Verneau avant leur réexpédition en Indochine. Tel est l’objet des deux lettres, ci-jointes, dont la copie figure au dossier qui vous est destiné (Pièces 1 et 3) et que je vous serais très reconnaissant de remettre par avance à M. Mansuy qui sera ainsi averti de ce que je désirerais qu’il fît vers la fin de septembre ou au début d’octobre. Le docteur Rivet n’a évidemment pas besoin de savoir, au moment où il sera saisi à nouveau de cette question, que les crânes pourront être remis le cas échéant au professeur Verneau et celui-ci, d’ailleurs, peut avoir abandonné son idée de faire une étude rapide de ces ossements.
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J’ai donc rédigé pour M. Mansuy une première lettre, datée du 18 août, où il n’est question que du retour des fossiles en Indochine ; elle pourra être au besoin montrée par le destinataire à M. Rivet et corroborera aux yeux de celui-ci la lettre de même date que je lui adresserai directement par le courrier quittant Haïphong le 29 août et dont la copie est également jointe au dossier (pièce no 2). M. Mansuy ne devra pas faire état de cette première lettre avant l’arrivée à Paris du même courrier, c’est-à-dire avant le 29 septembre environ. La seconde lettre, en date du 28 août, donne par avance des instructions à M. Mansuy pour le cas où il serait décidé de remettre les crânes à M. Verneau. M. Mansuy sera censé n’avoir pas reçu cette seconde lettre au moment où il verra M. Rivet : on peut supposer qu’elle ne lui sera parvenue que vers la mi-octobre. Si ultérieurement, le Muséum d’Histoire Naturelle manifestait quelque surprise de ce que ces documents sont restés à Paris, ce qu’il ne peut manquer d’apprendre, ne serait-ce que par l’étude que publiera M. Verneau — il serait aisé de répondre que postérieurement à leur enlèvement, mais avant leur renvoi en Indochine, M. Verneau a demandé l’autorisation de les étudier et que l’Administration de la Colonie la lui a accordée. Je vous demande de vouloir bien transmettre à M. Mansuy mon meilleur souvenir en m’excusant auprès de lui du ton un peu sec que j’ai donné intentionnellement aux lettres officielles que je lui adresse. J’ai voulu lui permettre de mieux affirmer auprès des personnalités en cause sa qualité de dépositaire, que l’Administration indochinoise considère comme responsable vis-à-vis d’elle du retour en Indochine des pièces ostéologiques qui lui ont été confiées, et l’armer de toute l’autorité nécessaire pour en faire hâter l’étude, si celle-ci doit enfin être reprise à Paris : le Gouvernement Général est évidemment fondé à estimer que la prolongation, au-delà des trois années, de la durée du séjour des crânes en France n’est admissible que s’il a la certitude morale que le délai supplémentaire
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ne sera pas excessif et qu’il sera réellement utilisé dans l’intérêt de la science. Veuillez agréer l’assurance de mon respectueux attachement. Lochard
Lettre de l’inspecteur général des mines et de l’industrie, André Lochard, le 18 août 1929, à Hanoï, à Henri Mansuy, conservateur retraité du musée géologique de Hanoï. Aux soins de M. Honoré Lantenois, inspecteur général des mines, 160, boulevard du Montparnasse, Paris. J’ai l’honneur de vous rappeler que suivant autorisation du 23 juin 1926 dont ci-joint copie, vous avez emporté, il y a 3 ans, aux fins d’étude en France une collection d’ossements et d’outils préhistoriques sommairement décrits dans les 3 états ci-annexés. Je vous serais obligé de prendre vos dispositions en vue du retour en Indochine de ces documents, exception faite de ceux qui figurent à l’État no 3 et qui doivent être laissés au muséum d’Histoire Naturelle si toutefois M. le Docteur Rivet, Professeur d’Anthropologie, en exprime le désir. Vous voudrez bien en conséquence demander au Docteur Rivet, qui aura été informé directement de votre démarche par la lettre dont ci-joint copie, de vous faire remise des crânes et instruments figurant sur les listes no 1 et no 2. Ces pièces, soigneusement emballées, devront être entreposées dans les bureaux de l’Agence Économique de l’Indochine, 20, rue de la Boétie (Paris), en vue d’être emportée, comme bagages accompagnés, par l’un des fonctionnaires de l’Inspection Générale des Mines et de l’Industrie appelés à rejoindre prochainement la Colonie, qu’il y aura lieu de pressentir à ce sujet. Ci-après, à titre d’indication, la liste de ces fonctionnaires.
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Époque de départ probable M.M. ADAM,
Ingénieur au Corps des Mines M. BONELLI, Géologue M. HENNION, Géomètre
Sept. ou octobre 1929 ? Juin 1930
M.M. X
Ingénieurs des Mines (En voie de recrutement)
?
Les frais d’emballage et de transport seront bien entendu, à la charge du Gouvernement Général de l’Indochine. Il va sans dire que si M. le Docteur Rivet objectait à la remise des ossements et instruments l’exécution d’étude en cours, vous conservez toute liberté de surseoir au retrait des pièces dans la mesure que vous jugerez nécessaire à l’achèvement normal de ces travaux, étant entendu que vous demeurerez responsable de leur renvoi ultérieur, conformément à ma lettre du 23 juin 1926, approuvée par M. le Gouverneur Général. Veuillez agréer l’assurance de mes sentiments les meilleurs. Lochard
Lettre de M. André Lochard, Hanoï, le 18 août 1929, à M. le docteur Paul Rivet, professeur d’anthropologie au Muséum d’histoire naturelle : Monsieur le Professeur, Me référant à la correspondance échangée l’an dernier entre vous et M. le Gouverneur Général de l’Indochine, j’ai l’honneur de vous informer que je rappelle à M. Mansuy, Conservateur du Musée géologique de Hanoï, retraité en France, qu’il demeure dépositaire, vis-à-vis de cette colonie, des ossements et outils préhistoriques qu’il a emportés, il y a 3 ans, suivant l’autorisation du Gouverneur général dont ci-joint copie, et que je lui donne des
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instructions au sujet des conditions dans lesquelles ces documents doivent être renvoyés en Indochine. Je vous serais en conséquence très reconnaissant de vouloir bien faire remise à M. Mansuy, lorsqu’il se présentera au Muséum, les crânes et instruments en pierre figurant respectivement aux états no 1 et 2 ci-annexés. Il est entendu que les outils énumérés à l’état 3 demeureront, si vous le désirez, dans les collections du Muséum d’Histoire Naturelle, auquel le Gouvernement Général sera heureux de les offrir. Nous vous demanderons toutefois sans doute de vouloir bien vous en dessaisir temporairement en 1931, pour les faire figurer à l’Exposition Coloniale de Paris où le Service Géologique de l’Indochine sera représenté. Veuillez agréer, Monsieur le Professeur, l’assurance de ma considération la plus distinguée. Lochard
Une lettre du Gouvernement général de l’Indochine, écrite par l’inspecteur général des mines et de l’industrie de ladite Colonie, M. André Lochard, à Hanoï, le 28 août 1929, adressée à M. Henri Mansuy, conservateur retraité du musée géologique de Hanoï, par les soins de M. Honoré Lantenois, inspecteur général des mines, 160, boulevard du Montparnasse Paris : Comme suite à ma lettre no 764 en date du 18 août 1929, j’ai l’honneur de vous faire connaître que je suis informé indirectement du désir qu’aurait M. le Docteur Verneau, ancien Professeur d’Anthropologie au Muséum d’Histoire Naturelle, d’exécuter au Laboratoire de l’Institut de paléontologie humaine, auquel il est aujourd’hui attaché, l’étude des crânes préhistoriques indochinois visés par ma lettre précitée — étude qu’une maladie l’a empêché de faire avant qu’il ne quittât le Muséum, à la suite de sa mise à la retraite.
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Si l’information que j’ai reçue est exacte, je ne verrais que des avantages à ce que les crânes en question fussent, après leur retrait du Muséum, remis au Docteur Verneau, à la condition toutefois que ce savant voulût bien vous adresser une demande officielle, que vous êtes fondé à recevoir en tant que dépositaire responsable de ces pièces vis-à-vis du Gouvernement Général, et prît l’engagement d’en faire l’étude durant l’hiver prochain, de façon à ce que le retour des ossements en Indochine pût avoir lieu au cours de l’année 1930. Veuillez agréer l’assurance de mes sentiments les meilleurs. Lochard
Lettre de Henri Mansuy, Paris le 31 août 1929, à M. l’inspecteur général des mines et de l’industrie de l’Indochine, monsieur André Lochard : Monsieur l’Inspecteur Général, Conformément à l’ordre que vous m’avez adressé par lettre en date du 18 août 1929, de demander à monsieur le Docteur Rivet, Professeur d’Anthropologie au Muséum, de me faire remise des crânes et instruments préhistoriques provenant d’Indochine, figurant sur les listes no 1 et no 2, j’ai l’honneur de vous informer que je me suis présenté au Laboratoire d’Anthropologie de cet établissement scientifique, où j’ai prié M. Rivet de bien vouloir me remettre ces objets, ce à quoi il a consenti, sous réserve de procéder, au préalable, à la réfection des crânes fracturés et à leur moulage. Les moulages remplaçant au Muséum les originaux qui doivent faire retour dans la colonie. Ces travaux, m’a déclaré M. Rivet, seront très probablement terminés au commencement de 1930, il ne saurait préciser davantage. Il me sera possible alors, de transporter cette collection : crânes et instruments compris dans la liste no 2, à l’Agence Économique de l’Indochine, en vue d’être emportée, comme bagage accompagné, par l’un des fonctionnaires de l’Inspection Générale des Mines et de
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l’Industrie appelé à rejoindre prochainement la Colonie. Je n’avais à formuler aucune réserve au sujet des intentions de M. Rivet, d’autant moins que par lettre du 18 août, me demandant de reprendre les objets au Muséum, vous me laissez toute liberté de surseoir au retrait des pièces dans la mesure que je jugerai nécessaire à l’exécution d’études en cours. D’autre part, j’ai appris par lettre du 29 octobre, de M. Verneau, que ce savant a eu connaissance, je ne sais par qui, de la détermination de M. Rivet de se livrer à ces travaux, ce que, d’ailleurs, il aurait appris tôt ou tard. M. Verneau se propose de vous écrire incessamment, s’il ne l’a fait déjà ; une lettre par laquelle il protestera, sans doute, au sujet de l’attitude de M. Rivet. La situation est délicate ! Je suis en présence d’un fait accompli ou sur le point de l’être ; je n’ai pas à intervenir, à prendre part pour l’un ou pour l’autre des professeurs. Le conflit qui s’est élevé entre MM. Verneau et Rivet a pour origine le refus opposé par M. Rivet à M. Verneau (lettre de M. Rivet du 31 mars 1928), de disposer des crânes, aux fins d’études, à l’Institut de Paléontologie humaine, établissement scientifique privé, non Etablissement d’État, tel le Muséum. Depuis cette circonstance, source même du conflit, il persiste une tension entre les relations des deux savants. J’ai jugé prudent de ne produire aucune des lettres que vous m’avez adressées par l’intermédiaire de M. Lantenois craignant que leur lecture n’aggravât la réelle animosité qu’éprouvent l’un pour l’autre les deux professeurs. Je dois à M. Verneau d’être allé en Indochine en qualité de fonctionnaire, j’éprouve pour lui une profonde reconnaissance, je tiens à demeurer digne de la sympathie de mon bienveillant maître et grand ami, et ne pas être entaché de suspicion, de perdre sa confiance, ce que je ne mérite aucunement. D’autre part, jamais le moindre dissentiment ne s’est produit entre M. Rivet et moi-même. Si, ayant obtenu de M. Rivet la remise immédiatement des crânes et objets préhistoriques, (ce qui n’a pas eu lieu) je les avais remis, à mon tour, à M. Verneau, M. Rivet
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n’aurait pas manqué de l’apprendre, ce qui eut envenimé, à un degré extrême le différent déjà existant entre eux. Au Muséum, la réparation des crânes est exécutée par un préparateur très habile, M. Clavelin. L’un des crânes les plus fracturés est déjà terminé, un second est commencé, ce qui donne une idée exacte du nouvel aspect qu’ils présenteront après leur restauration. Dès leur achèvement, ces pièces seront moulées par le mouleur du Muséum, qui, toutefois ne pourra disposer que d’une partie de son temps de travail à ces opérations. Tout est disposé au Laboratoire, afin de mener à bien ce travail, l’achat a été fait d’une fraiseuse électrique, destinée à débarrasser les crânes fragiles de leur contenu sans les ébranler. En ma qualité de dépositaire des objets préhistoriques recueillis en Indochine, j’en demeure responsable vis-à-vis d’elle et dois en assurer le retour dans le moindre temps possible. Ce délai supplémentaire de courte durée, sera, je l’espère suffisant pour permettre l’expédition de cette collection préhistorique. Veuillez agréer, Monsieur l’Inspecteur général, l’assurance de mon entier dévouement. H. Mansuy
Lettre de Henri Mansuy, Paris, le 20 février 1931, à M. le directeur de l’agence économique du Gouvernement général de l’Indochine : Monsieur le Directeur, J’ai l’honneur de porter à votre connaissance les faits suivants : dès mon retour de l’Indochine, j’ai déposé au Muséum d’Histoire Naturelle, aux fins d’étude, une importante série de crânes anciens et d’instruments en pierre recueillis dans les dépôts de cavernes du Tonkin. M. le Docteur Rivet, professeur d’anthropologie de cet établissement scientifique a reconnu que la plupart de ces crânes préhistoriques appartenaient, non à des Mongoliques, de
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même que toutes les populations indochinoises actuelles, mais à des Océaniens : Mélanaisiens et Australiens. Ces découvertes venant confirmer les prévisions de savants qualifiés : Ten Kates, de Quatrefages, etc. enclins à établir une parenté ethnique entre certains Dravidiens de l’Inde : les Veddahs, etc., et les Océaniens précités. Le Muséum ne participera pas à l’exposition coloniale, je vous prie, Monsieur le Directeur, en raison de cette abstention, de bien vouloir demander à M. Mangin, Directeur du Muséum, 63, rue de Buffon (Ve arr.) d’autoriser M. le Professeur Rivet à se dessaisir temporairement de ces objets, afin de les présenter à l’exposition coloniale, où le public averti, après les avoir examinés, trouvera les explications les concernant en lisant la brochure que j’ai rédigée à cet effet, brochure à l’impression, grâce à vos bons soins ce dont vous avez bien voulu m’informer par votre lettre du 12 courant. Veuilles agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de mes sentiments respectueux. H. Mansuy
Lettre du Résident supérieur de l’Indochine, Agence économique de l’Indochine, 20, rue la Boétie, Paris, le 27 février 1931, à M. Henri Mansuy, 13bis, rue Campagne Première Paris, 14e : Monsieur, En vous accusant réception de votre lettre relative aux crânes et objets préhistorique découverts par vous dans les cavernes du Tonkin, j’ai l’honneur de vous informer que je viens d’écrire à M. Mangin, directeur du Muséum, pour attirer son attention sur l’intérêt qu’il y aurait, au point de vue ethnographique, à faire figurer ces objets à l’Exposition coloniale. Je le prie en conséquence, de bien vouloir autoriser dans ce but M. Rivet à se dessaisir temporairement de ces objets. J’ai reçu une lettre dans le même sens de M. Lantenois. Je ne manquerai pas de
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vous communiquer la réponse de M. Mangin dès qu’elle me parviendra. Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de ma considération très distinguée. Illisible : sans doute Paul Blanchard de la Brosse
Lettre du professeur Paul Rivet, Paris le 7 mars 1931, à M. le Résident supérieur d’Indochine : Monsieur le Résident Supérieur, Monsieur Mangin m’a communiqué votre lettre du 27 février et je m’empresse de vous faire savoir que, conformément à l’engagement que j’ai pris vis-à-vis de Monsieur le Gouverneur Général de l’Indochine, j’ai fait exécuter des moulages des crânes préhistoriques recueillis par Monsieur Mansuy et Mademoiselle Colani, après les avoir reconstitués, consolidés et réparés. Ces moulages sont à la disposition de Monsieur Mansuy de même que les outils préhistoriques qui les accompagnaient. Ces outils reviendront aux collections du Muséum après l’Exposition coloniale. Quant aux moulages, ils doivent être envoyés en Indochine au Musée de Hanoï, les originaux ayant été donnés au Muséum. Je serais très heureux d’aider autant que je le pourrai Monsieur Mansuy dans sa tâche. Il sait d’ailleurs qu’il peut compter sur ma collaboration. Veuillez agréer, monsieur le Résident Supérieur, l’expression de mes sentiments de très haute considération. P. Rivet Professeur au Muséum.
À ce stade les crânes semblent donc avoir changé de statut : ils semblent avoir été donnés au Muséum, mais selon quel arrangement ou autorisation ? Rien n’est indiqué.
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Lettre du Résident supérieur de l’Indochine, directeur de l’Agence économique de l’Indochine (20, rue La Boétie), Paris, le 18 mars 1931, à M. Henri Mansuy, 13 bis, rue Campagne Première Paris 14e : Monsieur, J’ai l’honneur de vous communiquer ci-joint copie de la lettre que je viens de recevoir de M. le Professeur Rivet comme suite à la demande que j’avais adressée à M. Mangin, directeur du Muséum, en vue de la présentation à l’Exposition Coloniale des crânes et objets préhistoriques recueillis par vous au Tonkin. Comme vous le verrez, cette lettre vous donne pleine et entière satisfaction. Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de ma considération très distinguée. Illisible : sans doute Paul Blanchard de la Brosse
Lettre de Henri Mansuy, conservateur des collections du service géologique de l’Indochine en retraite, à Paris, juin 1931, à M. l’inspecteur général des mines et de l’industrie de l’Indochine, monsieur André Lochard : Monsieur l’Inspecteur Général, J’ai l’honneur de vous informer que, conformément à l’entente conclue avec M. le Professeur Rivet, j’ai pu disposer des moulages de crânes préhistoriques et des no 3, afin de les présenter à l’Exposition Coloniale. Ces objets, accompagnés des étiquettes explicatives nécessaires, occupent une vitrine spéciale hermétiquement fermée, section des sciences, au « temple d’Angkor-Vat ». Ils attirent vivement l’attention du public averti. À l’issue de l’exposition, en novembre, cette collection préhistorique, soigneusement emballée, sera entreposée à l’Agence économique de l’Indochine qui en assurera l’envoi dans la Colonie, en char-
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geant de son transport un fonctionnaire de la direction des Mines, retour de congé, désigné à cet effet. La brochure donnant la description sommaire de la Préhistoire Indochinoise, tirée à 1500 exemplaires, sera parcimonieusement distribuée aux personnes qui, par leur savoir, portent un réel intérêt à ces questions et, sans doute, mise en vente, dans une certaine mesure, suivant la décision de l’Agence économique. Dans le bulletin de la Société géologique, 4e série, t. XXX, 1930, no 5, est insérée la conférence faite par M. Blondel à la séance du 19 mai 1930, intitulée : « Les connaissances géologiques en 1930 sur l’Extrême-Orient méridional ». Dans le remarquable travail de synthèse sur la constitution géologique d’une immense région continentale et insulaire, pour l’analyse, la critique duquel je ne suis aucunement qualifié (ne connaissant l’Indonésie, notamment, que par la lecture de traités généraux), je ne relève pas la moindre citation de mes nombreux mémoires sur la paléontologie de l’Indochine et de la Chine méridionale (1), ce dont je suis très peiné, mémoires dans lesquels j’ai décrit et figuré environ 1300 espèces dont un tiers nouvelles, reconnues par ces études très poussées. La présence de tous les termes de la série paléozoïque et une partie du mésozoïque inférieur, la quaternaire lacustre, la préhistoire, etc. J’ai commis quelques erreurs au cours de ces publications, mais elles ne portent pas la moindre atteinte à l’ensemble (la presque totalité en est d’ailleurs corrigée dans le supplément à mon catalogue général). La connaissance de la paléontologie indochinoise a servi de base à l’établissement de l’échelle stratigraphique et à la première carte géologique de cette contrée. L’importance de mes études, de mes descriptions, est égale à celle des Tschernyschew pour l’Oural, des Von Loezy pour la Chine, etc. sur les mêmes terrains. Ne voyez dans ce qui précède, Monsieur l’Inspecteur Général, que le strict exposé de la vérité, non une manifestation d’orgueil, car étant donné mon âge, je ne désire plus qu’un repos que je crois bien gagné, mais je proteste contre cette abstention,
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contre l’indifférence montrée au sujet de ma participation fondamentale au développement du Service géologique, je ne saurais m’expliquer cette attitude. Vous voudrez bien excuser ma lettre un peu longue, Monsieur l’Inspecteur Général, je désirais vous faire part, confidentiellement, de ces faits. Les maîtres les plus éminents, MM. H. Douvillé, E. Haug, T. Tschernyschew, C. D. Walcott, m’ont toujours prodigué leurs encouragements, ont apprécié ma tâche scientifique longtemps poursuivie (2), vous-même m’avez pleinement rendu justice. Je n’ai cessé d’être l’aide dévoué de M. Lantenois à qui l’on doit l’organisation du service, en classant avec le plus grand soin, en mettant en valeur la riche collection paléontologique de Hanoï. Veuillez agréer, monsieur l’Inspecteur général, l’assurance de mon entier dévouement. H. Mansuy (1) Nous sommes simplement cités, M. Lantenois et moimême, entre Leclère, Deprat, Legendre — p 352, rien dans la bibliographie p.p. 427, 428. (2) Mémoires in-4° jésus : pp 1028, pl 190 ; Bulletins in-8° jésus : pp 340, pl 23 ; Divers in-8° jésus : pp 93, pl 33.
Lettre de M. André Lochard, inspecteur général des mines et de l’industrie d’Indochine, Hanoï, le 11 août 1931, à M. Henri Mansuy, conservateur des collections du service géologique de l’Indochine en retraite, 13bis, rue Campagne Première, Paris 16e : Je vous remercie vivement de ce que vous avez fait pour assurer la présentation, à l’Exposition Coloniale, des crânes préhistoriques et de l’outillage lithique indochinois et le renvoi de ces documents en Indochine.
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J’ai lu, d’autre part, avec un très grand intérêt la brochure sur la préhistoire indochinoise que vous avez bien voulu rédiger. Je regrette profondément que l’auteur de la conférence privée, faite le 19 mai 19303, à la société géologique de France, à Paris, sur la géologie de l’Extrême-Orient méridional, n’ait pas fait allusion à vos remarquables travaux sur l’Indochine. Mais vous pouvez être assuré que le Service Géologique de cette Colonie garde fidèlement le souvenir des précieux services que vous avez rendus à la science et que son chef veillera à ce que les publications officielles du Service contiennent toutes les références légitimes à vos découvertes. Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de ma considération très distinguées. Avec mon bien cordial souvenir, Lochard
Lettre de Henri Mansuy, Paris, à M. André Lochard, inspecteur général des mines et de l’industrie de l’Indochine à Hanoï. Cette lettre est préparée à l’avance (sans doute novembre 1931) et avant la véritable récupération des caisses, somme toute le 20 novembre 1931, mais elle nous renseigne sur l’accord nouveau qui a été trouvé entre le Gouvernement général et M. Paul Rivet : les originaux des crânes resteront à Paris au Muséum seuls les moulages retourneront à Hanoï : Monsieur l’Inspecteur Général, Conformément à l’ordre que vous m’avez donné par lettre du 18 août 1929, j’ai l’honneur de vous faire connaître que j’ai déposé au siège de l’Agence Économique de l’Indo3.
Bulletin de la société géologique, 4e série, t. 30, 1930, no 5, est insérée la conférence faite par M. Blondel à la séance du 19 mai 1930, intitulée : Les connaissances géologiques en 1930 sur l’Extrême-Orient méridional.
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chine, 20, rue La Boétie, Paris VIII, à l’issue de l’Exposition Coloniale et en vue d’être emportés comme bagages accompagnés, par l’un des fonctionnaires de l’Inspection Générale des Mines appelé à rejoindre prochainement la Colonie et qu’il y aura lieu de pressentir à ce sujet : deux caisses contenant des objets préhistoriques, crânes humains (moulages) et instruments en pierre provenant du Tonkin et de l’Annam (les crânes originaux déposés au Muséum). Ces objets m’ont été remis, en fin d’études, par M. Rivet, professeur d’anthropologie de cet établissement scientifique, à l’effet d’être présentés à l’Exposition coloniale internationale de 1931. Le contenu de ces caisses comprend : Caisse no 1 : 17 crânes (moulages) ; Caisse no 2 : 40 instruments en pierre et en coquilles, un fémur. Les instruments sont énumérés dans l’état 3 ; l’un d’eux a été égaré au Muséum. Monsieur l’Inspecteur Général, je vous remercie vivement de votre honorée du 11 août, par laquelle vous avez bien voulu répondre à ma lettre de juin dernier. Veuillez agréer, Monsieur l’Inspecteur Général, l’assurance de mon entier dévouement. H. Mansuy
Lettre de l’Exposition coloniale internationale de Paris, le commissaire du gouvernement général de l’Indochine, M. Pierre Guesde, Paris, novembre 1931, à Henri Mansuy : Vous avez bien voulu participer à l’Exposition de la Section de l’Indochine à l’Exposition Coloniale Internationale, en installant un stand au deuxième étage du Temple d’Angkor. J’ai l’honneur de vous faire connaître que la date d’enlèvement du matériel et des objets exposés a été fixée, en ce qui vous concerne, au 20 novembre.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Passé ce délai, l’enlèvement et la conservation des objets seraient assurés par le commissariat aux frais et risques des intéressés. Votre représentant aura accès dans l’enceinte de l’Exposition grâce à la carte jaune, valable jusqu’au 30 novembre, que vous avez en votre possession, et dans le Temple d’Angkor, par la porte regardant l’Afrique Occidentale Française, sur le vu de la présente lettre. Pour la sortie du matériel, un laisser-passer vous sera délivré contre remise du récépissé ci-dessous, que vous voudrez bien remplir et signer après l’avoir détaché. ci-joint 4 tickets d’entrée pour les ouvriers chargés d’assurer l’enlèvement du matériel et des objets. Veuillez agréer, Monsieur, les expressions de mes sentiments très distingués. Pierre Guesde Reçu de l’agence économique du Gouvernement général de l’Indochine, novembre 1931 : Deux (2) caisses provenant de l’Exposition coloniale internationale et qui ont été entreposées à l’Agence économique par ordre de Monsieur l’Inspecteur Général des Mines et de l’Industrie de l’Indochine. Ces caisses contiennent des objets préhistoriques : Dix-sept (17) crânes humains (moulages) Quarante (40) instruments en pierre, etc. Elles seront emportées par Monsieur le Docteur Rivet, Professeur d’Anthropologie au Muséum, quittant Paris le 17 décembre, s’embarquant le 18 pour l’Indochine, où il se rend afin de participer au Congrès d’Anthropologie Préhistorique qui se tiendra à Hanoï au commencement de l’année 1932. Signé Henri Mansuy
Annexe 5 — L’affaire des Crânes 337
Lettre du docteur Paul Rivet, professeur au muséum national d’histoire naturelle, directeur du muséum d’ethnographie, Paris, le 3 février 1933, à M. Henri Mansuy : Cher Monsieur Mansuy, Nous finissons la réorganisation de la préhistoire indochinoise au Musée du Trocadéro. Vous seriez bien aimable de venir un jour prochain nous faire profiter de votre expérience. Veuillez agréer, cher Monsieur Mansuy, l’expression de mes sentiments les plus dévoués. Dct P. Rivet
Annexe 6 Extrait des comptes rendus des séances de l’Académie des sciences T 156, p 1030, séance du 31 mars 1913
GEOLOGIE — les calcaires à Productus de l’Indo-Chine
Note de M. Mansuy
L
es calcaires ouraliens à Schwagerina princeps Ehr., découverts au Cammon, Laos, par M. Léon Dussault, puis sur la feuille de Van-Yen, Tonkin, par M. Jacques Deprat, ont donné une riche faune de Brachiopodes, composée principalement d’espèces de l’Ouralien de l’Oural et du Timan, décrites par Tschernyschew1. Sur 96 espèces recueillies, 61 appartiennent au Carboniférien supèrieur de l’Oural et du Timan.
1.
T. Tschernyschew, Die obercarbonischen Brachiopoden des Ural und des Timan (Mém. Com. Géol., t. 5, p. 16).
340
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
L’horizon inférieur de l’Oural, à Omphalotrochus Whitneyi Meek, ne parait pas représenté ; un seul individu, rapporté avec doute à Spirifer Marcoui Waag., est spécial à cet horizon. Cinq espèces sont caractéristiques de l’horizon à P. Cora : Meekella striatocostata Cox., M. eximia Eich., Productusboliviensis d’Orb., P. Konincki de Vern., Marginifera involuta Tsch. Les nombreuses espèces de l’horizon supérieur à Sch. Princeps, de l’Oural, sont les suivantes : Dielasma juresanensis Tsch., Hemiptychina orientalis Tsch., Notothyris nucleodus Kut., Pugnax osagensis Shum., Uncinulus Wangenheimi Pand., Camarophoria crumena Mart., C. mutabilis Tsch., Athyris Gerardi Dien., Spiriferina Holzapfeli Tsch., Sp. Laminosa M’Coy, mut. sterlitamakensis Tsch., Spiriferina artiensis Tsch., Spirifer striatus Sow., Sp. Cameratus Mort., Sp. Fasciger Keys., Sp. Tastubensis Tsch., Sp. Dieneri Tsch., Sp. lyra Kut., Sp. tibetanus Dien., Sp. interplicatus Roth., Sp. Fritschi Schell., Sp. Nikitini Tsch., Sp. rectangulus Kut., Sp. uralicus Tsch., Sp. ufensis Tsch., Sp. Sokolovi Tsch., Sp. quadriradiatus de Vern., Martiniopsis uralica Tsch., M. orientalis Tsch., M. baschkirica Tsch., Martinia triquestra Gemm., Reticularia lineata Mart., R. rostrata Kut., Ambocoelia planoconversa Shum., A. cf. Urii Flem., Schizoporia supracarbonia Tsch., Chonetes variolata d’Orb., Productus Gruenwaldti Krot., P. transversalis Tsch., P. inflatus M’Chesney, P. tartaricus Tsch., P. curvirostris Schell., P. pustulatus Keys., P. juresanensis Tsch., P. Cora d’Orb., P. lineatus Waag., P. tenuistriatus de Vern., P. cancriniformis Tsch., P. pseudomedusa Tsch., P. punctatus Mart., P. Iacovlevi Tsch., P. porrectus Kut., P. timahicus Stuck., Proboscidella Kutorgoe Tsch. Parmi ces espèces, deux sont communes à l’horizon à P. cora et à l’horizon à Schwagérines : Spirifer cameratus et Productus porrectus ; trois sont rencontrées dans les trois
Annexe 6 341
horizons des calcaires ouraliens : Productus Gruenwaldti, P. juresanensis et P. Cora ; une, enfin, provient, dans l’Oural, des horizons inférieur et supérieur : productus inflatus. De l’Ouralien de Lo-Ping, Kouang-Si, les calcaires du Cammon et du Tonkin ont donné deux espèces : Productus Cora, espèce à diffusion extrême et P. plicatilis Sow. Du KanSou : Dielasma vesicularis David., Pr. lineatus, Pr. punctatus et Pr. Elegans M’Coy. Les affinités de l’Ouralien du Turkestan sont révélées par la présence, dans l’Ouralien indo-chinois, de : Notothyris nucleodus, Spirifer lyra, Reticularia lineata, Schizoporia supracarbonica, Productus inflatus, P. lineatus. Quelques formes de l’Ouralien du Cammon et de l’Oural persistent dans le Permien himalayen (Spiti, Chitichun) ; ce sont : Athyris Gerardi, Spirifer fasciger, Sp. musakheylensis, Sp. Marcoui, Sp. tibetanus, Reticularia lineata, Productus Cora, P. lineatus, P. cancriniformis et P. mongolicus. Les espèces communes à l’Indo-Chine et au Salt-Range sont en petit nombre. Du calcaire à Productus inférieur : Spirifer striatus et Reticularia lineata ; des calcaires à Productus inférieur et moyen : S. Marcoui ; des calcaires à Productus inférieur, moyen et supérieur : Sp. musakheylensis, Pr. Cora, P. lineatus. Au Cammon, Productus gratiosa Waag., des calcaires moyen et supérieur de la Salt-Range et du Permien de Chitichun, provient d’un niveau plus élevé que l’horizon à Sch. princeps ; c’est peut-être ce niveau qui renferme Sumatrina Annae, reconnu par M. Jacques Deprat dans les calcaires du Cammon. Nous retrouvons en Indochine quelques espèces de l’Ouralien du Kachmir (Zewan and Barus beds), la plupart à grande extension verticale et peu caractéristiques : Spirifer musakheylensis, Productus pustulatus, P. spinulosus, P. Cora, P. mongolicus, P. punctatus. Du Permien du Spitzberg, les calcaires du Cammon
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
et du Tonkin ont donné : Spirifer cameratus, Pr. boliviensis, P. timanicus. Nous signalerons ensuite treize Brachiopodes des calcaires à Schw. Principes et des calcaires à Sumatrina Annae indo-chinois, faisant partie des faunes du permo-Carbonifère du Trogkofel et des Alpes carniques : Spirifer fasciger, Sp. tibetanus, Sp. Fritschi, Sp. trigonalis, Sp. quadriradiatus, Reticularis lineata, R. rostrata, Productus elegans, P. gratiosus, P. spinulosus, P. curvirostris, P. Cora, P. lineatus, P. cancriniformis, P. punctatus. Nous citerons, d’autre part, deux espèces du Permien de Timor : Camarophoria crumena et Spirifer interplicatus, type de l’espèce et non de la race de l’Ouralien à Schwagérines de l’Oural ; il convient d’ajouter Uncinulus Wangenheimi Pand., qui ne peut être séparé, croyons-nous, de U. timorensis Beyr. et de U. Theobaldi Waag. du Salt-Range. Au Cambodge, M. Honoré Lantenois a recueilli : Sumatria multiseptata Dep., Steinmannia gemina Waag., Romingeria n. sp., Lophophyllum sp., Lonsdaleia n. sp., Productus gratiosus, Spirifer Fritschi, Reticularia indica, Camarophoria n. sp., Meekella cf. evanescens Schell. L’examen des listes comparatives qui précèdent démontre que les faunes de Brachiopodes du Permo-Carbonifère indo-chinois sont, dans l’ensemble, celles de l’Ouralien de l’Oural et du Timan, avec lesquelles elles présentent des affinités beaucoup plus marquées et plus générales qu’avec celles du Permo-Carbonifère de l’Himalaya et du Salt-Range ; ces affinités sont d’ailleurs confirmées par la comparaison des Fusulinidés des deux régions, ainsi que l’a établi M. Jacques Deprat. La présence de Sumatrina multiseptata Deprat2, es-
2.
J. Deprat. Étude des Fusulinidés de Chine et d’Indo-Chine et class. des calcaires à Fusulines (Mém. Serv. Géol. de l’Indo-Chine, t. 1, fasc. 3, p. 53).
Annexe 6 343
pèce plus récente que S. Annae Volz, dans certains horizons des calcaires du Cambodge, indique, pour ces niveaux, un âge permien supérieur peu différent de celui des grauwackes de Luang-Prabang, à Sum. Annae. Au point de vue paléogéographie, les calcaires ouraliens indo-chinois se relient à l’Ouralien des monts Oural et Timan : par l’Ouralien de la baie d’Oussouri, dont la faune, étudiée par Iwanof, est composée d’espèces du Salt-Range et d’espèces de l’Oural, ces dernières en nombre prédominant : Hemiptychina inflata, Notothyris nucleolus, Camarophoria Margaritovi, C. Purdoni, Rhynchophora Nikitini, Hustedia remota, H. indica, Spiriferina cristata, Spiriferella Keilhavi, Spirifer fasciger, Sp. alatus, Reticularia lineata, Productus Purdoni, P. irginae, P. asperulus, P. Wallacei, P. Weyprechi, Marginifera typica, M. ovalis, — puis par les gisements du même âge découverts au Kuen-Lun et au Turkestan (Tongitar, Kuturkuk), dans lesquels on retrouve également la faune de l’Ouralien russe. C’est donc surtout par la Téthys septentrionale qu’ont eu lieu les migrations eurasiatiques à cette époque géologique.
Annexe 7 Concernant le travail de Henri Mansuy sur la partie paléontologie
D
ans une intéressante publication, du 30 décembre 1920, M. Léonce Joleaud1, maître de conférences à la faculté des sciences de Paris, publiait un article dans la Revue générale des sciences, intitulé Analyse des travaux publiés par le Service Géologique de l’Indochine : L’essai sur les flores tertiaires du Tonkin de Melle. Colani fait voir que presque tous les types végétaux néogènes récoltés en Indochine ont encore aujourd’hui des représentants dans la contrée ou dans les régions voisines. Il y a là, à côté d’ancêtres, peu éloignés des genres voisins, des formes presque identiques aux espèces actuelles.
1.
Léonce Joleaud, né à Vincennes le 8 novembre 1880, décès à Paris le 15 avril 1938. Africaniste. Professeur à la Sorbonne. Il réalisa la cartographie de l’Afrique du Nord notamment de la région de Constantine. Pétrographe, géologue, paléontologue notamment de France, de l’Afrique du Nord et de Madagascar.
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Les flores tertiaires du Tonkin ne présentent d’ailleurs pas de rapports avec celles du Yunnan. Celles de Yên-Bay, Dong-Giao, Cao-Bang et Phan-Luong seraient mi-pliocènes (?). Leurs analogies apparaîtraient surtout nettes avec celles du Miocène moyen d’Europe. Toutefois, en raison de la descente graduelle, au cours de l’ère tertiaire, des types végétaux des latitudes élevées vers les latitudes basses, la flore indochinoise serait un peu plus jeune que la flore européenne correspondante. Il se pourrait même qu’elle fût beaucoup plus jeune, en raison surtout de la présence de Quercus présentant des rapports avec les Chênes actuels des montagnes de l’Inde septentrionale et de la Chine méridionale. Ces Chênes sembleraient, en effet, originaires de l’Himalaya. Ils auraient émigré vers Canton et vers Hong-Kong, lors d’une grande dépression thermique au Pliocène supérieur, en passant par le Tonkin, où ils se seraient établis au voisinage des lacs. Des Bouleaux et des Châtaigniers les auraient accompagnés et seraient venus comme eux se mélanger aux espèces tropicales indigènes. Cet intéressant mémoire de Melle. Colani, qui renferme la description détaillée de nombreux restes végétaux, est illustré de 33 belles planches en phototypie. Dans ses Notes géologiques sur la partie nord-est du Tonkin (Feuilles de Thât-Khé, Pho-Binh-Gia, Lang-Son), M. J. Giraud étudie une région dont le sous-sol, formé de Silurien, de Dévonien, d’Ouralopermien et de Trias, est recouvert par une formation schisto-grèseuse affectant l’allure d’une masse charriée. Le Silurien comprend des schistes à Calymmene Douvillei ordoviciens et des schistes à Graptolites gothlandiens. À la base du Dévonien, on trouve des schistes à Spirifer aliformes (S. tonkinensis), puis viennent les caleschistes de Yen-Lac très fossilifères. Les calcaires ouralopermiens sont riches en Foraminifères. Le Trias inférieur discordant renferme des Ammonites (Danubites, etc.). Le Trias moyen aurait une faune à affinités alpines, d’après l’auteur, qui y indique cependant de nombreux Myophories.
Annexe 7 347
Le Trias supérieur pourrait exister dans un gisement à Cératites. Des Lacolites très développés de microgranulite et de rhyolite occupent de grandes étendues dans la région : ils sont post-triasiques et antétertiaires. Des schistes métamorphisés passant à des gneiss et semblant dater du Trias inférieur auraient été charriés sur la série Silurien-Trias, après la mise en place des granites. Les fossiles recueillis par M. J. Giraud ont été décrits par M. H. Mansuy dans une note accompagnée de 2 jolies planches. Les Paludinidae fossiles du bassin lacustre de Mong-Tseu (Yunnan), que M. H. Mansuy nous a fait connaître, sont des Vivipars très polymorphes, se rapprochant étrangement des Margarya actuels et subfossiles propres au Yunnan. Ces gastropodes2 auraient évolué en Extrême-Orient dans les mêmes conditions biologiques que les Tylotoma du Néogène pannonique. Les différences entre les formes extrêmes d’une même série sont aussi grandes dans une région que dans l’autre. L’évolution locale du type Margarya conduirait donc de formes lisses à des formes carénées et tuberculeuses, et les Tyloma ne sauraient par suite être considérées comme leurs ancêtres. Ces deux genres se seraient développés parallèlement. Indépendamment de Margarya, les lacs actuels du Yunnan et du Kiang-Si renferment des Fossaridae. Cette famille de Gastropodes3 marins est aussi représentée par des espèces très semblables, d’une part, dans les lacs actuels de la Chine méridionale, d’autre part, dans le Levantin européen. La coexistence de Mollusques d’eau douce à test épais étroitement apparentés à des types marins littoraux et de Paludinidae à coquille relativement mince prouve que la teneur élevée en sels de chaux des lacs de la Chine du 2. Sic. 3. Sic.
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Sud ne saurait à elle seule rendre compte de l’extrême spécialisation des Gastropodes4 qui y ont trouvé asile. M. Mansuy pense que l’isolement géographique et les conditions biologiques générales ont dû aussi intervenir. Melle. Colani a fait connaître quelques végétaux dévoniens du Yunnan, des Lépidodentrées probablement du genre Stigmaria et des Calamodentrées. Elle a décrit en même temps ozoïques du Haut-Tonkin, Bythotrephis, Haliserites, etc. Le même auteur a reconnu dans le Rhétien du Tonkin, de l’Annam et du Laos des Gymnospermes du groupe des Araucarioxylon, appartenant vraisemblablement à la famille des Araucaricées, aujourd’hui propre à l’hémisphère sud. Les bois de ces végétaux montrent la trace de parasites, pouvant être des Ascomycètes et des Bactériacées. Enfin une Dicotylédone du Tertiaire d’Annam, Dipterocarpoxylon annamense, rappelle un végétal du même genre trouvé en Birmanie. La grande activité scientifique dont fait preuve en Indochine Melle. Colani permet ainsi au service géologique de notre grande colonie de faire progresser fort heureusement la connaissance des flores de l’Extrême-Orient. La mission que Ct Léon Dussault a dirigée au Laos lui a permis de dresser une esquisse géologique fort intéressante au 400 000 de la région Nham-None, Xieng-Khouang, Luang-Prabang, Vientiane. Le texte qui accompagne cet essai cartographique fait connaître brièvement les caractères des principaux terrains : rhyolites, andésites, schistes cristallins, Dévonien, Dinantien très fossilifères, Moscovien, Ouralien et Permien à Fusulines, grès, argiles et calcaires triasiques et liasiques. M. H. Mansuy a dressé le Catalogue complet des fossiles de l’Indochine et du Yunnan. L’établissement de ces listes paléontologiques était devenu indispensable : un certain nombre d’espèces signalées dans les Mémoires du service
4. Sic.
Annexe 7 349
Géologique viennent, en effet, d’être reconnues comme de provenance étrangère à l’Extrême-Orient5 (p.8,.n.1). Espérons qu’il ne reste plus dans l’énumération épurée grâce à ce travail critique de M. H. Mansuy que des formes trouvées indiscutablement dans nos possessions ou zones d’influence d’Asie. Voici quel serait le nombre d’espèces fossiles reconnues par les collaborateurs du Service, tant en Indochine qu’au Yunnan dans les différents terrains : Cambrien : 86 espèces. — Ordovicien : 6 espèces. — Gothlandien : 82 espèces. — Dévonien : 184 espèces. — Anthracolithique : 401 espèces. — Trias : 157 espèces. — Jurassiques : 53 espèces. — Néogène : 22 espèces. Cette simple énumération suffit à montrer l’effort très méritoire fourni par la plupart des géologues français au Tonkin et dans les contrées voisines soumises à notre influence. Grâce à eux, la faune paléozoïque du SudEst asiatique est aujourd’hui l’une des plus riches et des mieux connues du globe. Le mémoire de M. H. Mansuy sur les faunes du Cambrien moyen et supérieur du Haut-Tonkin et des parties limitrophes du Yunnan sud-oriental mentionne 4 genres de Trilobites communs à l’Indochine et à la Chine du Sud et du Nord et 1 genre nouveau à affinités nettement américaines ; tous les autres se retrouvant dans l’Amérique septentrionale et dans l’Europe occidentale. La série des assises du Cambrien moyen et supérieur du Haut-Tonkin, du Yunnan et du Kouang-Si, d’une part, de la Chine septentrionale et de la Manchourie, d’autre part, présente une succession de faunes synchroniques très semblables. Le Cambrien de Spiti, dans l’Himalaya central, présente des différences avec le Cambrien chinois suffisantes pour 5. 6.
Allusion à l’affaire Deprat et à l’introduction qu’il fit dans les collections de fossiles européens donc étrangers à la région, mais qui devaient étayer les thèses que J. Deprat avançait. Rayé à la main par Henri Mansuy avec une surcharge : 37 det. 16 cf.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
justifier leur attribution à des provinces zoologiques distinctes. Par contre, ses affinités avec les faunes du même âge de l’Amérique nord-occidentale, c’est-à-dire avec les faunes de la sous-province des Montagnes Rocheuses dans la province pacifique, sont bien marquées. La faune de Spiti est aussi entièrement différente des faunes de l’Europe septentrionale et méridionale et se sépare tout aussi nettement des faunes atlantiques de l’Amérique du Nord. Aucun courant de migrations n’a donc existé entre les mers de la province atlantique et celles de la province du Pendjab au Cambrien. Des relations fauniques paraissent, au contraire, s’être établies entre le Cambrien de l’Himalaya et celui de la province pacifique, plus spécialement de la sous-province de l’Amérique nord-occidentale. Les faunes cambriennes de la Chine, de la Mandchourie et de l’Indochine constitueraient une sous-province de la grande province pacifique, une sous-province extrême-orientale. Ce serait par la région sibérienne que des courants de migrations auraient relié les faunes des mers de l’aire pacifique à celles des mers de l’aire atlantique. Les provinces zoologiques cambriennes, conclut M. H. Mansuy, sont plus nettement individualisées que celles de toutes les périodes paléozoïques post-cambriennes, car les faunes primaires sont de moins en moins localisées au fur et à mesure que l’on s’élève dans la série géologique. La faune de mammifères décrite par M. H. Mansuy des grottes de Lang-Son compte une quinzaine d’espèces. L’Aceratherium blanfordi hiparionum est une forme du Pontien de Chine et de Perse. Le type, d’après M. Pilgrim, qui en fait un Teleoceras, se trouve dans l’Aquitanien supérieur du Béloutchistan ; des variétés plus évoluées le représentent dans le Burdigalien et le Sarmatien de l’Inde. Le Sus aff. Cristatus ne diffère guère du Sanglier à crinière actuel du Tonkin, dont une race aurait déjà été rencontrée dans les grottes de Madras. D’autres types se rapprochent des formes du Trinil (Java), Sus afr. brachygnathus, Bibos
Annexe 7 351
aff. palaeosondaicus, Buffelus aff. sondaicus. Le Stegodon insignis (= ? S. ganesa) avait été déjà signalé du Pliocène supérieur et du Pléistocène de l’Inde. Le S. Cliftii (= ? S. bombifroma) était déjà connu du Pontien et du Pliocène inférieur de la même contrée. Enfin l’Elephas aff. namadicus confinerait à l’espèce du Pléistocène de la Narbadah. M. H. Mansuy conclut à l’attribution de la faune de Lang-Son au Néogène supérieur peut-être le plus récent. D’après M. Pilgrim, la coexistence de Stegodon et d’Elephas s’observait dans l’Inde à partir du Pliocène moyen : elle y existait encore à l’époque des alluvions de la Narbadah. Les affinités d’un des Suidés de Lang-Son avec un type actuel, celles de l’autre Suidé, du Bœuf et du Buffle avec des espèces du Trinil, celles enfin de l’Eléphant avec la forme de la Narbadah sont favorables à l’hypothèse de l’âge le plus récent compatible avec la présence des Stegodons. Mais l’Acerotherium vieillit quelque peu la faune de Lang-Son. S’il n’y a pas eu dans ces grottes mélange d’espèces pliocènes et d’espèces quaternaires, je crois qu’il conviendrait d’attribuer les Mammifères de Lang-Son au Postpliocène (Saint-Prestien-Cromerien). L’extension de la faune à Stégodontes au Japon et à Java prouve son antériorité à l’époque de séparation de ces îles et du continent asiatique. La migration aurait eu lieu en même temps que celle de la flore de l’Himalaya, qui, par l’Indochine, a gagné la Chine méridionale et la Malaisie, comme l’a montré Melle. Colani ; ce déplacement de milieux biologiques aurait été déterminé par un refroidissement consécutif à une période glaciaire. Dans son mémoire sur les faunes paléozoïques du Tonkin septentrional, M. H. Mansuy décrit une faune très variée, où prédominent les Brachiopodes de la région de DongQuan. Cette faune est considérée par l’auteur comme étant incontestablement d’âge dévonien ; elle présente des analogies avec celle de l’Eifélien de l’Eifel et des Ardennes et avec le Dévonien moyen des États-Unis et confirmerait
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l’homogénéité universelle des milieux biologiques dévoniens dans leurs traits généraux. Ces données paléontologiques contredisent la manière de voir exprimée à la suite des observations sur le terrain, qui tenaient à faire des sédiments renfermant ces fossiles de l’Ordovicien et du Gothlandien. Les Brachiopodes des calcaires ouralo-permien de la région de Dong-Quan sont identiques à ceux de MuongThé (feuille de Van-Yên, Tonkin) et de Kam-Keut (province de Khammon7, Laos). Ces faunes sont étroitement apparentés à celles de l’ouralo-permien des monts Oural et du Timan : 60% des espèces sont communes à la Russie et à l’Indochine. Enfin un dernier mémoire de M. H. Mansuy donne une étude comparative des faunes du Paléozoïques (Gothlandien) et du Trias de l’Est du Tonkin (feuilles de Thât-Khé, Pho-Binh-Gia, Lang-Son). L’ensemble de ces récentes publications, et en particulier les travaux de M. H. Mansuy, témoignent du grand labeur des géologues du Service de l’Indochine. Si malheureusement quelques mémoires d’un ancien collaborateur sont inutilisables pour dresser une esquisse d’ensemble de la constitution du sous-sol de la colonie, du moins tous les autres apportent-ils une forte importante contribution à nos connaissances sur l’Extrême-Orient. M. H. Mansuy nous fait, d’ailleurs, prévoir la prochaine apparition d’une synthèse géologique de l’Indochine, qui est attendue avec un vif intérêt dans les milieux scientifiques français. L. Joleaud
7.
Ou Cammon.
Annexe 8
Les échanges de courriers avec la Société géologique de France et le COFRHIGEO, dans le but de les informer sur le contenu du rapport de M. Michel Durand-Delga et de les faire prendre de nouvelles positions. Lettre no 1, sans réponse Le 29 mars 2015, Au Président de la Société géologique de France Bernard
77, rue Claude 75005 Paris
Lettre en recommandé avec accusé de réception
Monsieur, Depuis plus d’une année, j’ai cherché à entrer en contact avec vous à propos de mon cousin Henri Mansuy, vice-président de la Société géologique à partir de 1920 et inventeur de la préhistoire de l’Indochine. Nous avons fini par nous rencontrer en septembre 2014 et mes courriers de relance ont fait que nous avons pu avoir hier après-midi une conversation qui malheureusement resta non conclusive.
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Je vous demande en effet depuis tout ce temps que la Société géologique prenne conscience de la gravité des conséquences de son acceptation de l’article de monsieur Michel Durand-Delga. Article qui servit dans la séance de fin 1990 à ce que votre société réhabilite Jacques Deprat mais en ne prenant aucune précaution sur les mentions injustifiables de monsieur Michel Durand-Delga discréditant Honoré Lantenois et Henri Mansuy. Les propos y sont pour certains quasi diffamatoires. La responsabilité de votre Société est donc engagée. Je vous ai longuement expliqué tout cela mais vous m’avez répondu que votre Conseil d’administration avait des réticences et que pour revenir sur la décision de 1990, qui est intervenue 71 ans après la décision d’origine alors que la fine fleur de l’élite des géologues et préhistoriens avait dégradé Jacques Deprat, il fallait des preuves scientifiques. Il s’agit là d’une erreur ou d’un abri. Il ne convient pas d’évoquer les preuves mais de saisir que la responsabilité existe dès lors que l’acceptation du rapport Michel Durand-Delga, notoirement très éloigné d’un rapport ayant des qualités scientifiques, partiel, mal instruit, mené à charge et sans aucune concertation avec les autres familles, est validée par la caution qu’apporte la Société géologique en s’appuyant sur lui, pour fort tardivement et sans preuve scientifique réhabiliter J. Deprat. C’est une reconnaissance plus qu’implicite des propos et explications de monsieur Michel Durand-Delga qui pourtant est très peu dans la nuance. Cette reconnaissance entraîne de lourdes conséquences morales et diffamatoires. Le rétablissement de l’honneur ne passe pas par l’apport de preuves scientifiques mais tout simplement par la distance que votre Société géologique se doit de prendre avec le rapport de monsieur Michel Durand-Delga, parti pris et non équilibré. Il n’est pas possible de réhabiliter quelqu’un au mépris de la mémoire des autres et à leur détriment. Je vous rappelle que monsieur Michel Durand-Delga a écrit avec votre Société : « Le Conseil de la Société
Annexe 8 355
géologique, sur l’initiative des présidents, le Pr. Jean Didier (1989-1990) et Claude Babin (1991), a décidé enfin de mettre en route le processus de réhabilitation de Jacques Deprat qu’une décision regrettable avait, en 1919, exclu de la Société. » Votre société est donc totalement impliquée et compromise par ce rapport et le discrédit s’installe. C’est pourquoi je vous l’ai dit et vous le repropose, il serait convenable que vous fassiez réaliser par votre Société géologique une déclaration prenant acte, si vous le voulez de la réhabilitation de J. Deprat, mais prenant les plus grandes distances avec les propos de monsieur Michel Durand-Delga vis-à-vis de Henri Mansuy et Honoré Lantenois. Vous me dîtes d’écrire mes articles et mon livre biographique, ce qui est fait et pour certains chez les éditeurs mais auxquels je peux encore apporter quelques modifications. Vous me dites qu’ensuite vous verrez. Il n’est pas de bonne politique de se lancer dans une escalade, lorsqu’il est encore temps de régler les choses par un bon accord, et d’attendre des éléments ennuyeux pour agir en ayant ignoré que tout aurait pu être fait bien plus tôt, calmement et simplement. Je vous propose donc de réexaminer ma proposition d’une nécessaire déclaration de votre Société afin de prendre conscience à la fois de l’ampleur des nuisances et des conséquences entraînées par le rapport Michel Durand-Delga. Je vous prie, cher monsieur le Président, de recevoir l’assurance de mes meilleurs sentiments et de ma détermination. Didier Mansuy
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Lettre au Cofrhigeo Paris le 13 juillet 2015 Monsieur le Président du COFRHIGEO et Monsieur le Vice-Président 77, rue Claude Bernard 77005 Paris Monsieur le Président du COFRHIGEO et monsieur le Vice-Président, Votre société a mis en ligne sur Internet, sur votre site, un document de Monsieur Michel Durand-Delga concernant l’affaire Deprat : MICHEL DURAND-DELGA Michel (1990) L’affaire Deprat. 3e série, t. IV, no 10, p. 117-212.
Ce document n’est pas neutre et génère de nombreuses réactions compte tenu de la mise en cause de personnes de façon brutale. C’est un document à charge dont les jugements ne peuvent être laissés sans réactions. En tant que cousin de Henri Mansuy, l’inventeur de la Préhistoire de l’Indochine et ancien Vice-Président de la Société géologique, je souhaite obtenir votre accord pour que vous publiez un article aussi long que celui de Monsieur Michel Durand-Delga de mes réactions. Il s’agit d’honneur, de moral et de vérité. Je vous rappelle que jamais monsieur Michel Durand-Delga n’a contacté nos familles pour s’informer et assurer une juste recherche contradictoire, ces propos et écrits sont faux et juridiquement graves. Le fait qu’ils soient sur votre site vous implique. Compte tenu de la situation et de l’impact des propos de monsieur Durand-Delga, je crois juste et équilibré que mon droit de réponse puisse s’exercer naturellement et s’exprimer de la sorte, à moins que vous ne fassiez
Annexe 8 357
définitivement enlever l’article de monsieur Michel Durand-Delga. J’attends votre réponse acceptant dans vos colonnes la publication de mon article de réponse et vous prie, cher monsieur le Président du COFRHIGEO, de recevoir l’assurance de mes sentiments les meilleurs. Didier Mansuy 3)
Lettre au COFRHIGEO Paris le 16 septembre 2015 Monsieur le Président du COFRHIGEO 77, rue Claude Bernard 77005 Paris Monsieur le Président du COFRHIGEO, Je reçois ce jour 16 septembre 2015, votre lettre du 13 septembre 2015 en réponse à ma lettre du 13 juillet 2015, qui était en recommandé avec accusé de réception et a été reçue le 16 juillet 2015. Je vous en remercie. La continuité de responsabilité dans le cadre de votre comité n’est pas liée à qui est le président mais au comité lui-même. En la matière le changement de président ne désengage en rien le Cofrhigeo : l’article de M Michel Durand-Delga est publié dans les colonnes du Cofrhigeo donc avec son accord et l’absence de connaissance des responsabilités n’est pas invocable, pas plus que l’ignorance des faits puisqu’ils sont sous le timbre du Cofrhigeo. Vous êtes le Président actuel et je comprends bien que vous n’ayez pas participé aux faits, pour autant cela ne change rien à la réalité de la publication dans vos colonnes d’un article contestable et à charge.
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En conséquence, je ne vois bien sûr aucune difficulté à ce que vous consultiez votre « conseil », ce qui ne changera en rien le droit au droit de réponse. Cette consultation ne pourra que renforcer la prise en compte par le Cofrhigeo dans sa totalité des difficultés que pose la mise en ligne des propos de monsieur Michel Durand-Delga. Quand se réunit votre conseil ? Lorsque vous écrivez « conseil » voulez-vous parler de votre avocat ou d’un conseil de direction ou d’administration ? Si c’est le dernier cas, vous pouvez consulter les membres par écrit. Il est indispensable que le droit de réponse s’exerce à moins que vous ne décidiez de supprimer la publication de monsieur Michel Durand-Delga. Je vous prie, monsieur le Président, de recevoir l’assurance de mes sentiments les meilleurs. Didier Mansuy 4)
Sans réponse, j’ai à nouveau écrit mais je n’ai toujours pas eu de réponse. Paris le 30 mars 2016 Monsieur le Président du COFRHIGEO 77, rue Claude Bernard 77005 Paris Monsieur le Président du COFRHIGEO, Le 16 septembre 2015, je répondais à votre lettre du 13 septembre 2015. Elle-même était en réponse à ma lettre du 13 juillet 2015. J’attendais, puisque vous le signaliez, la tenue annoncée par vous à décembre 2015 d’un Conseil du COFRHIGEO.
Annexe 8 359
Or je n’ai reçu, depuis lors, aucune information de votre part. Je vous serai donc reconnaissant de bien vouloir me faire savoir l’état de vos discussions avec votre Conseil concernant le rapport de monsieur Michel Durand-Delga sur l’affaire Deprat. Je vous prie, monsieur le Président, de recevoir l’assurance de mes sentiments les meilleurs. Didier Mansuy 5)
Nouvelle lettre au Cofrhigeo Paris le 30 août 2016 Monsieur le Président du COFRHIGEO Monsieur Gabriel Gohau 77, rue Claude Bernard 75005 Paris Lettre recommandée avec accusé de réception Monsieur le Président du COFRHIGEO, Le 16 septembre 2015, je répondais à votre lettre du 13 septembre 2015. Elle-même était en réponse à ma lettre du 13 juillet 2015. Depuis lors sans réponse de votre part, je vous ai adressé un courrier le 30 mars pour lequel je n’ai pas eu le plaisir de vous lire et je le regrette vivement. Je souhaite vraiment avoir votre réponse à la suite de la consultation annoncée, en septembre 2015, de votre Conseil. Le rapport de Michel Durand-Delga que vous affichez sur votre site et vos colonnes et qui au surplus a reçu un prix,
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pose de graves problèmes de déontologie, de morale, de méthodes, de diffamation. Ce rapport est hautement critiquable et il est écrit d’une façon tout à fait inacceptable dont je vous avais exposé l’essentiel en juillet 2015, mais sans détail. Cautionné ce rapport est grave et nuisible. Je crois bien que les hommes honnêtes et fiables du Cofrhigeo comme de la Société géologique se sont laissés entrainer par la personnalité de Michel Durand-Delga qui n’a rien démontré, qui a parlé à charge uniquement et sans nuance pour défendre son favori. Le contenu de ce rapport porte hautement préjudice à la réputation, à l’honneur et à la vérité puisqu’il est construit sur un présupposé absolu celui que le dire de Michel Durand-Delga est vrai mais que celui des autres est faux. Il se fonda pour cela sur un roman très romanesque et affabulé de M. Deprat, dont il fait sa bible, et qu’il accrédite du vrai alors qu’il est grossièrement faux. Michel Durand-Delga veut rendre la justice alors qu’il l’estropie. Je vous serai donc reconnaissant de bien vouloir me faire savoir l’état de vos discussions avec votre Conseil concernant le rapport de monsieur Michel Durand-Delga sur l’affaire Deprat et ma demande de publication d’un article en réponse. Je vous prie, monsieur le Président, de recevoir l’assurance de mes sentiments les meilleurs et de mon souhait de votre réponse. Didier Mansuy 6) La réponse, en AR, de M. Gohau, Président du COFRHIGEO,
fut la suivante :
Annexe 8 361
Paris le 15 octobre 2016 Monsieur, Vous m’avez informé, par lettre du 13 juillet 2015, de la demande, plusieurs fois renouvelée depuis, à disposer d’un droit de réponse à l’article publié par les Travaux de notre comité dans le volume de 1990 (3e série, T.IV) paru en avril 1991, titré l’Affaire Deprat, sous la plume du professeur Michel Durand-Delga, depuis lors disparu, et qui contiendrait selon vous des propos faux et juridi quement graves. La loi du 29 juillet 1881, sous sa forme juridique actuelle, permet aux héritiers d’une personne décédée de bénéficier de ce droit lorsqu’un écrit contient des propos susceptibles de tomber sous l’accusation de délit d’injure et de diffamation, portant atteinte à la mémoire du parent disparu. Le sérieux du travail effectué par feu notre collègue Michel Durand-Delga, sur une affaire remontant à un siècle, me conduit à récuser fermement les accusations d’injure et de diffamation dont vous faites état. Mais il nous est de toute façon inutile d’entrer dans ce débat, ou même de nous assurer que vous êtes bien habilité à agir en l’occurrence, car votre demande est sans objet, les délits que vous invoquez étant selon la loi, soumis à prescription au-delà d’un délai de trois mois (loi Guigou du 15 juin 2000). Vous admettrez, je pense, que ce délai est si largement dépassé que votre requête ne peut être prise en considération. Je vous prie de recevoir, Monsieur, mes salutations distinguées. Gabriel Gohau
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Bien sûr, je lui ai répondu en recommandé avec accusé de réception et j’attends toujours la réponse. Paris le 5 décembre 2016 Monsieur le Président du COFRHIGEO Monsieur Gabriel Gohau 77, rue Claude Bernard 75005 Paris Monsieur le Président du COFRHIGEO, J’accuse réception de votre courrier du 15 octobre 2016, trouvé à mon retour d’Extrême-Orient. Pour régler immédiatement, la suspicion sur l’« habilitation » à pouvoir agir, que vous évoquez, j’ai demandé à ma cousine, madame Irène Coupier, la petite nièce de Henri Mansuy, qui va établir une lettre. Sur le délai, certes vous avez raison, le délai légal de réponse est dépassé mais le délai moral ne l’est pas pour rétablir l’injustice face aux propos tenus. Vous savez sans aucun doute la complexité du droit français sur les droits en matière intellectuelle et de suite, comme sur le respect de chaque individu qui a le droit de ne pas être accusé ou sali à tord. Le droit moral au respect est inaliénable et imprescriptible, il se conjugue aussi par des droits connexes : de divulgation, de paternité, de respect de l’œuvre, etc. Il est de l’intérêt même de votre comité de ne pas rester sur un a priori et d’éviter les désagréments d’une publication qui fait naître une tache sur le crédit de vos publications. Et puis si ma demande est certes tardive par rapport à la publication de Michel Durand-Delga, qui s’est bien gardé de mettre au courant les familles concernées, elle n’est rien par rapport aux 71 années que Michel Durand-Delga a mis pour réaliser un rapport. J’ai encore beaucoup de marge par rapport à lui et pourtant
Annexe 8 363
votre Comité n’a pas évoqué cet argument pour refuser le rapport de Michel Durand-Delga. Vous invoquer le sérieux de « votre collègue » Michel Durand-Delga. Certes nombre de ces publications et écrits furent au timbre de cette qualité, mais il se trouve que dans cette affaire il n’en est pas de même et que la généralisation n’est pas possible à ce cas. Je vous propose de lire ou relire le rapport de Michel Durand-Delga pour vous rendre compte, vous-même, comme certains géologues de votre société l’ont fait déjà et ils se sont rendus compte que le texte n’est ni assez scientifique, ni correctement sans préjugé et surtout que ce texte est à charge et avec erreurs. Des noms illustres et de l’Académie des Sciences s’accordent à me le dire. Je vous propose ainsi de venir vous rencontrer afin que nous en parlions et que je vous indique un peu, de tout ce qui ne va pas. La discussion serait sans nul doute plus profitable que de s’envoyer des lettres très éloignées les unes des autres qui ne traitent pas le problème au fait et qui font monter les ressentiments. J’espère donc vivement en votre accord pour une rencontre prochaine. Je vous prie, monsieur le Président, de recevoir l’assurance de mes sentiments les meilleurs et j’attends votre accord pour une rencontre. Didier Mansuy
N’ayant jamais eu de réponse, il faut bien avancer et je publie ces lettres, en demandant une révision compléte du rapport de Michel Durand-Delga, un retour à la situation antérieure et une publication de mon article contradictoire dans les colonnes du Cofrhigeo, ainsi que la révision du prix Wegmann.
Annexe 9 Correspondances des noms de rues à Hanoï
A
fin de permettre un éventuel parcours dans Hanoï pour retrouver la trace des lieux et des personnes qui les ont habités et animés. Noms des rues au début du 20e siècle
Noms des rues en 2016
Rue Laubarède
Dang Thai Thân
Boulevard Ernest Doudart de Lagrée
Ham Long
Rue Rollandes
Hai Ba Trung
Boulevard Carreau
Ly Thuong Kiet
Rue Bobillot
Dai Lô Lê Thanh Tôn
Avenue Puginier
Dai Lô Nguyen Tri (Phuong)
Marèchal Galliéni
Dai Lô Hâm Nghi
Boulevard Rivière
Ngô Quyén
De Rhode
Dang Trân Côn
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Correspondances des noms des personnes avec les noms des rues à Hanoï là où ils habitaient Nom du personage
Lieu d’habitation
Henri Mansuy
rue Laubarède
Madeleine Colani
8,
Alfred Lévy
24, bld Rollandes 33, bld Carreau 2, rue Bobillot Prolongée
Service de Géologie de l’Indochine 2 grands bâtiments
avenue Puginier
Musée ouvert jusqu’au 16 mars 1925 puis transféré 39-41, Bld Car-
rue du Maréchal Galliéni
bld Ernest Doudart de Lagrée
reau George Coedès
38,
boulevard Rivière
Concession de Lucien Lévy
A Kha-Luat près de Chi-Né, province de Ninh Binh district de Gia-Viên
Concession de Emile Leconte
Vers Thanh-Hoa, Ninh-Binh
Une carte de Hanoï et une carte avec situations des lieux et personnes est reproduite dans le Cahier des illustrations en fin d’ouvrage.
Annexe 10 Bibliographie
Se référer aussi à la bibliographie de Henri Mansuy en Annexe 1. L’Anthropologie, tome 12, 1901, La grotte des Bas-Moulins, René Verneau pp. 1 à 27 ; Alfred Laville pp. 349 à 353. Avec aussi les très nombreux articles de commentaires de Henri Mansuy à partir de la page 201 jusqu’à la page 237 ; puis à partir de la page 470 jusqu’à la page 489 ; puis 733 jusqu’à la page 750. Ardrey, Robert, 1963, Les enfants de Caïn, Stock, Paris. Ardrey, Robert, 1967, L’Impératif territorial, Stock, Paris. Atlan, Henri, 1972, Du bruit comme principe d’auto-organisation, Communications 18, pp. 21-36, Seuil, Paris. Atlan, Henri, 1972, L’organisation biologique et la théorie de l’information, Hermann, Paris. Barrande, Joachim, Réapparition du genre Arethusina Barr. I suivi de faune silurienne des environs de Hof, en Bavière, Prague et Paris 22, rue de l’Odéon, 1868. Barrande, Joachim, Supplément du système silurien du centre de Bohême, chez l’auteur, 1871.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Barrier, Pascal, et Francou, Carlo, À la recherche d’un océan disparu, Préface de Montenat, Elf Aquitaine, 1996. Boissière, Jules, L’Indo-Chine avec les Français, Édition Louis Michaud, 1896. Breuil Henri, Teilhard Paul, Boule Marcellin, Licent Emile, Le paléolithique de la Chine, BEFEO, 1924, T. 29, p : 392-393. Breuil Henri et Peyrony Denis, Statuette féminine aurignacienne de Sireuil (Dordogne), Librairie Emile Nourry, Paris, 1930. Birkner, F, Die Rasen und Volker der Menschheit, Munich, 1913. Brunet, Michel, Nous sommes tous des Africains, Odile Jacob, mars 2016. Chomsky, Noam, Language and Mind, Harcourt Brace, New York, 1968. Chomsky, Noam, La linguistique cartésienne, Seuil, Paris, 1969. Chomsky, Noam, Aspects de la théorie syntaxique, Seuil, Paris, 1971. Colani, André, L’origine des filons métallifères par Salvador Calderon y Arana traduit, Rennes, 1893. Colani, André, Recherches sur les composés uraneux, chez Gauthier-Villars, 1907. Colani, Jeanne, En Prusse, il y a trente ans (1886-1888), Librairie Fischbacher, Paris, 1920. Colani, Madeleine, Recherches sur les premières phases du développement de quelques Combrétacées et Barringtiniées, imp. de L. Maretheux, Paris, 1914. Colani, Madeleine, Sur un Araucarioxylon du Rhétien de Hongay, B.S.G.I., Hanoï, 1915. Colani, Madeleine, Essai sur les flores tertiaires du Tonkin, B.S.G.I., Vol. IV, Fasc. I, Hanoï, 1917.
Annexe 10 369
Colani, Madeleine, Sur quelques Araucarioxylon indochinois, B.S.G.I., Hanoï, 1919. Colani, Madeleine, Sur quelques fossiles ouralo-permiens de Hongay, B.S.G.I., Hanoï, 1919. Colani, Madeleine, Sur quelques végétaux paléozoïques, B.S.G.I., Hanoï, 1919. Colani, Madeleine, Étude sur les flores tertiaires de quelques gisements de lignite de l’Indochine et du Yunnan, B.S.G.I., Hanoï, 1920. Colani, Madeleine, Nouvelle contribution à l’étude des fusulinidés de l’Extrême-Orient, B.S.G.I., Hanoï, 1924. Colani, Madeleine, Contribution à l’étude de la préhistoire de l’Indochine VII Néolithique inférieur (Bacsonien) et Néolithique supérieur dans le Haut-Tonkin (dernières recherches), avec la description des crânes du gisement de Lang-Cuom par Henri Mansuy et Madeleine Colani, B.S.G.I., Hanoï, 1925. Colani, Madeleine, L’Âge de la pierre dans la province de HoaBinh (Tonkin), Hanoï, Mem. Serv. géol. de l’Indochine, Vol. XIV, Fasc. I, Hanoï, 1927. Colani, Madeleine, Quelques paléolithes hoabinhiens typiques de l’abri sous roche de Lang-Kay, Le Mans, 1929. Colani, Madeleine, L’Âge de la pierre dans la province de HoaBinh (Tonkin). Notice sur la préhistoire du Tonkin. Deux petits ateliers ; une pierre à cupules ; stations hoabinhiennes dans la région de Phu-Nho (province de Ninh-Binh) BEFEO, T. 29, p : 361-364 ; et Mémoires du Service Géologique de l’Indochine, Vol. XIV, 1929, Fasc. 1, (Province de NinhBinh), Et Bulletin du Service Géologique de l’Indochine, Vol. XVII, Fasc I, 1928.
370
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Colani, Madeleine, Quelques stations hoabinhiennes. BEFEO, T. 29, 1929 p : 260-272. Colani, Madeleine, Gravures primitives sur pierre et sur os (stations hoabinhiennes et bacsonniennes). BEFEO, 1929, T. 29, p : 273-387. Colani, Madeleine, Quelques stations Hoabinhiennes. BEFEO, T. 29, 1930 p. 260-272. Colani, Madeleine, Recherches sur le préhistorique indochinois. I Brève vue d’ensemble d’après les dernières découvertes. BEFEO, T. 30, 1930, p : 299-322. Colani, Madeleine, Procédés de décoration d’un potier de village (Cammon-Laos), BEFEO, T. 31, 1931, p : 499-50. ; Colani, Madeleine, Champs de jarres monolithiques de pierres funéraires du Trân-Ninh (Hathurong, Laos) BEFEO, T. 33, 1933, p : 355-365. Colani, Madeleine, Buttes artificielles en valves de lamellibranches (Annam septentrional), Paris, 1933. Colani, Madeleine, Briquets en fer, BEFEO, T. 33, 1933, p : 981985. Colani, Madeleine, Hache pédiforme, BEFEO, T. 33, 1933, p : 985-988. Colani, Madeleine, À propos de trousses de toilette, BEFEO, T 34, 1934, p : 567-571. Colani, Madeleine, Fusaioles céramiques hallstatiennes et fusaioles indochinoises, BEFEO, T 34, 1934, p : 571-573. Colani, Madeleine, Coïncidence peut-être fortuite, BEFEO, T. 34, 1934, p : 573-575. Colani, Madeleine, Haches et bijoux. République de l’Equateur, Insulinde, Eurasie. BEFEO, T. 35, 1935, p : 313-362. Colani, Madeleine, Essai d’Ethnographie comparée. I Indochine-Indonésie. L’utilisation des perles chez les peuples
Annexe 10 371
dans toute l’Asie méridionale et en Insulinde, BEFEO, T. 36, 1936, p : 197-258. Colani, Madeleine, Essai d’Ethnographie. Comparaisons nouvelles et observations. BEFEO, T. 36, 1936, p : 479-489. Colani, Madeleine, Nécrologie de Henri Mansuy. BEFEO, T. 37, 1937, p : 696-702. Colani, Madeleine, Ethnographie comparée. IV Pièces européennes des époques de Hallstatt et de la Tène et pièces indochinoises actuelles, BEFEO, T. 38, 1938, p : 210-212. Colani, Madeleine, V Pièces et coutumes le plus souvent extrême-orientales ou indonésiennes se rencontrant entre autres en Indochine, BEFEO, T. 38, 1938, p : 212-224. Colani, Madeleine, VI Pièces paraissant être d’origine indochinoise, BEFEO, T. 38, 1938, p : 225-232. Colani, Madeleine, VII Documents ethnographiques divers, BEFEO, T. 38, 1938, p : 233-235. Colani, Madeleine, VIII Indochine — Indonésie, BEFEO, T. 38, 1938, p : 238-247. Le Hoabinhien, 60 ans après Madeleine Colani. Conférence Anniversaire, Hanoï, 28 décembre 1993 — 3 janvier 1994. Colani, Madeleine, Mégalithes du Haut-Laos. Colani, Timothée, Revue de théologie et de la philosophie chrétienne fondée en 1850 avec Edmond Schérer. Colani, Timothée, Exposé critique de la philosophie de la religion de Kant, Thèse de baccalauréat, Strasbourg, Berger-Levrault, 1845. Colani, Timothée, Essai sur l’idée de l’absolu, thèse de licence, Strasbourg, 1847. Colani, Timothée, Jésus-Christ et les croyances messianiques de son temps, thèse de doctorat, 1864.
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
Colani, Timothée, Ma position dans l’église de la confession d’Augsbourg. Lettre à M. le Pasteur Hosernann, Strasbourg, Treuttel, 1861. Colani, Timothée, professeur à la faculté de théologie de Strasbourg (1864-1870), pasteur à Saint-Nicolas. Discours inédits, Strasbourg, Impr. Alsacienne — Libre, Treuttel et Wurtz, 1926. Cotteau, Gustave, Le Préhistorique en Europe, Librairie J-B Baillière et Fils, 1889. Corre, Armand Marie, Compte rendu sur le site de SomrongSen, In : Excursions et Reconnaissances, tomes 1 et 2, 1880. de Croisset, Francis, La côte de jade, Éditions Kailash, 1997. Crook, John Hurrell, Sources of cooperation in animals and men, Social Sciences Information I, 9, 1971, p : 27- 48. Crook, John Hureel, Gartlan, John Stephen, Evolution of primate societies, Nature, 1966, p : 1200-1203. Deprat, Jacques, Études des Fusulinidés de Chine et de l’Indochine et classifications des Calcaires à fusulines (77 pages et 9 planches). Volume I Fasc. III Étude géologique du Yun-Nan Oriental par Jacques Deprat et Henri Mansuy, Mémoire du Service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-orient. Hanoï-Haïphong, 1912. Deprat, Jacques, Études des Fusulinidés de Chine et d’Indochine et classifications des calcaires à Fusulines (IIe mémoire). Les Fusulinidés des calcaires carbonifériens et Permiens du Tonkin, du Laos et du Nord-Annam (76 pages et 10 planches), Vol. II, Fasc. I, Mémoire du service géologique de l’Indochine, Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoï-Haïphong. Deprat, Jacques, I Note sur les terrains primaires dans le Nord-Annam et dans le bassin de la Rivière-Noire (Tonkin)
Annexe 10 373
et classification des terrains primaires en Indochine. II Étude préliminaire des terrains triasiques du Tonkin et du Nord-Annam. III Les charriages de la région de la Rivière-Noire sur les feuilles de Thanh-Ba et Van-Yên. IV Les séries stratigraphiques en Indochine et au Yunnan (82 pages), Mémoire du service géologique de l’Indochine, Vol. II, Fasc. II, Imprimerie d’Extrême-Orient. Deprat, Jacques (pseudo Herbert Wild), Les chiens aboient, Albin Michel, 1926. Deprat, Jacques (pseudo Herbert Wild), Dans les replis du dragon, Kailash, 1997. Dubois, Eugéne, The Proto-Australien fossil Man of Wadjak, Java. Proceding de l’Acad. d’Amsterdam, Vol. 23, 1921. Finot, Louis, H Mansuy, La nature des roches employées dans la construction des monuments anciens de l’Indo-Chine, 1er décembre 1901. Bulletin Économique de l’Indochine, Tome II, no 1, mars 1902, page 85. Fischer, Paul, Manuel de Conchyliologie et de Paléontologie conchyliologique, 1887. Forestier, Hubert, De quelques chaînes opératoires lithiques en Asie de Sud-Est au Pléistocène supérieur final et au début de l’Holocène. L’Anthropologie, 2000, p : 531-548. Forestier Hubert, Des outils nés de la forêt. L’importance du végétal en Asie du Sud-Est dans l’imagination et l’invention technique aux périodes préhistoriques, 2003. In : A. Froment et J. Guffroy (Eds), Peuplements anciens et actuels des forêts tropicales, Ermes-IRD, Coll. Colloques et séminaires, Octobre 1998, p : 315- 337. Fuchs, Edmond, Une notice sur le calcul de l’extension de la formation alluviale en Cochinchine et au Cambodge et sur le colmatage du Mékong, dans le but de déterminer l’âge
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
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Biographie sommaire de Henri Alphonse Mansuy
H
enri Mansuy (1857-1937) obtint le certificat d’étude à 12 ans. Ces emplois variés lui permettaient de gagner sa vie mais son désir était d’être libre le dimanche afin de visiter les carrières de la région parisienne. Il y récoltait des fossiles et vérifiait leurs déterminations à l’École des mines et au Muséum national d’histoire naturelle. Il rencontra alors André Laville, qui s’illustrera plus tard par ses travaux géologiques sur le bassin parisien. Le premier article de Henri parait en 1897 Stations préhistoriques de Hautes-Bruyères, Villejuif (L’Anthropologie, tome 8). Henri rêvait d’un monde meilleur, juste et équitable. Il croyait au pouvoir des idées et de la connaissance. Il continua toujours avec passion à chercher, à comprendre, à apprendre. Avec A. Laville, il s’était inscrit au cours du soir d’anthropologie du professeur René Verneau, à l’Hôtel de Ville de Paris. Il en fut l’auditeur le plus assidu. A. Laville et lui, liés à leur professeur, le reconduisaient le soir, la leçon terminée, ce qui leur permettaient en chemin de discuter des problématiques soulevées ou des concepts nouveaux. RenéVerneau reconnut chez Henri Mansuy, une intelligence, un
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esprit vif. Il s’attacha donc à lui trouver un poste dans les Colonies. Henri Mansuy partit au service de l’agriculture de l’Indochine qui englobait celui de la géologie. Il arriva le 9 février 1901 à Saïgon et commença au service de géologie son emploi le 10 juillet 1901. Plus tard le Gouverneur général de l’Indochine, Long, dira de Henri Mansuy « De l’humble origine dont vous gardez, à juste titre, la fierté, conscient de la noblesse attachée à la rude mais saine discipline du labeur quotidien, vous vous êtes élevé, par votre seul effort, jusqu’à la place éminente que vous avez conquise parmi l’élite du monde savant, offrant ainsi un rare et magnifique exemple de ce que peuvent la volonté et le travail mis au service d’une vraie vocation. »
Honoré Lantenois arriva en 1903 comme responsable puis chef du service. Esprit vif, chercheur et volontaire, Lantenois voua à Henri Mansuy de la sympathie. Il reconnut vite ses capacités et l’emmena dans une expédition au Yunnan. Un temps, l’affaire Deprat assombrit l’enthousiasme de H. Mansuy. Un prolongement fut le rapport à charge publié en 1990 dont une analyse critique est présentée ici. Henri Mansuy revint en France mais repartit vite afin de terminer l’œuvre entreprise en préhistoire. Sa carrière fut couronnée de prix prestigieux : — prix Tchihatchef, en 1911, par l’Académie des sciences ; — prix Ducros-Aubert, en 1912, par la société de géographie ; — prix Wilde, en 1916, par l’Académie des sciences ; — prix Fontannes, en 1917, par la société géologique de France ; — grand prix, en 1931, de l’Exposition coloniale internationale de Paris.
Biographie sommaire de Henri Alphonse Mansuy
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Il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur, le 28 septembre 1920, puis promu officier le 1 juillet 1936, en qualité de savant distingué. Il fut officier de l’ordre du Cambodge, le 1 février 1904, élu vice-président de la société géologique de France (1920) et l’Académie des sciences coloniales tint à le compter au nombre de ses membres, avec médaille en août 1932. Henri décéda à Suresnes, le 21 octobre 1937, à l’hôpital. Il habitait rue Campagne Première, Paris. Honoré Lantenois fit la déclaration de décès et avertit tout le monde savant de la disparition de son ami. Articles et ouvrages édités se succèdent de 1902 jusqu’à 1931, avec des publications à l’Académie des sciences, dans les Bulletins économique de l’Indochine, Les Annales des Mines, L’Anthropologie, chez Georges Maspero ou pour l’Exposition Internationale de 1931 et surtout beaucoup de volumes et fascicules des Bulletins ou Mémoires du service géologique de l’Indochine. Sa vie est caractérisée par sa passion pour la recherche, le savoir, la science et sa grande humanité, son souci permanent et son grand respect des autres, son implication dans l’aide d’autrui allant jusqu’à contribuer largement à l’éducation d’enfants orphelins, les enfants Lévy. Inlassable travailleur, il refusa les postes de pouvoir pour ne se consacrer qu’à sa passion : la connaissance et la recherche afin d’essayer d’expliquer les origines humaines en Extrême-Orient méridionale dont il fut l’Inventeur de la Préhistoire, titre que lui attribua le Congrès des Préhistoriens, réuni à Hanoï en janvier 1932.
Table des illustrations
Les illustrations dans la Table des illustrations avec « * » sont extraites d’une « Collection privée : la Collection Didier Mansuy ».
Sur l’article de monsieur Durand-Delga de 1990, figurant sur le site du Cofrhigeo, 288 lignes non successives, en séquences cumulées (en police 14 Times Roman), reprenant d’ailleurs de nombreuses fois les textes d’autres auteurs, « Droits réservés ».
— page 393 : Photo de Henri Mansuy vers 1932 * — page 394 : Ancienne carte de l’Extrême-Orient méridional — page 395 : Pierre tombola de Henri Mansuy, cimetière Voltaire, Suresnes * — page 396 : Lettre de Honoré Lantenois, du 26 octobre 1937, au Grand Chancelier de la Légion d’Honneur annonçant le décès d’Henri Mansuy * — page 397 : Carte de visite de Honoré Lantenois avec vœux à Henri Mansuy * — page 398 : Henri Mansuy, ses parents vers 1865 et sa sœur Marie-Eugénie * — page 399 : Les parents de Henri Mansuy : Jean Mansuy et son épouse, Marie-Magdeleine Anus * — page 400 : Planches de silex découverts par Henri Mansuy, été 1896 et hiver 1896-1897, avec André Laville à Villejuif. L’Anthropologie, tome 8, 1897, pages 385 à 398. * — page 401 : Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy. Planche 1 * — page 402 : Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy. Planche 2 * — page 403 : Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy. Planche 3 * — page 404 : Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy. Planche 4 * — page 405 : Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy. Planche 5 * — page 406 : Outils récoltés, en 1896, dans les carrières pari-
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
siennes de Villejuif par Henri Mansuy. Planche 6 * — page 407 : Photos d’Angkor-Vat en 1901, lors de son exploration pour la détermination de la nature des roches constituant les monuments de l’Indochine. * — page 408 : Photo d’Angkor-Vat en 1901, lors de son exploration pour la détermination de la nature des roches constituant les monuments de l’Indochine. * — page 409 : Photos de Henri Mansuy : une sur sa carte de résident au Tonkin en 1901 (il a 44 ans) ; une devant une fouille (il a à peu près le même âge), et une en 1935-1936, une avant 1901 ; — page 410 : une piastre * — page 411 : Livre de Henri Mansuy de 1908 pour l’établissement de la carte géologique de l’Indochine * — page 412 : Carte géologique de 1909 et 1910 * — page 413 : Carte Géologique du capitaine G. Zeil, en 1907 * — page 414 : Photo de l’expédition au Yunnan — page 415 : Photo de l’expédition au Yunnan * — page 416 : Photo de l’expédition au Yunnan * — page 417 : Photo de l’expédition au Yunnan * — page 418 : Peut-être le service géologique face à la maison de Henri Mansuy, à Hanoï, rue Laubarède, côté rue * — page 419 : La maison de Henri Mansuy, rue Laubarède, à Hanoï, vue depuis la rue. Avec une mention de Henri Mansuy Maison particulière à Hanoï où j’ai habité.* — page 420 : Rapport Lantenois du 17 mai 1905, première page * — page 421 : Rapport Lantenois du 17 mai 1905, page 5 * — page 422 : Montre en or de Henri Mansuy de 1900 * — page 423 : Montre en or de Henri Mansuy et de sa sœur * — page 424 : La maison de Henri Mansuy à Hanoï, rue Laubarède, vue de derrrière. Au premier plan l’homme avec le
Tableau des illustrations 389
casque colonial blanc est Henri Mansuy et à côté, l’enfant, est Adrien Lévy * — page 425 : Photo de Alfred et Adrien Lévy, enfants * — page 426 : Recto de la photo de Alfred et Adrien Lévy, enfants, dédicace * — page 427 : Photo de Thérèse Lévy, le 19 décembre 1934, à Saïgon, dédicacée Souvenirs affectueux de votre petite Thérèse * — page 428 : Le paquebot Jean-Laborde en 1936, le Jean Laborde après 1936 * — page 429 : Annonce du retour de Henri Mansuy, 1926 * — page 430 : Lettre de M. P. Durand, le 29 août 1929, depuis Chapa (Sapa), page 1 * — page 431 : Lettre de M. P. Durand, du 29 août 1929, page 2 * — page 432 : Carte postale de Chapa « La villa des officiers ». * — page 433 : Photo des participants au Premier Congrès des Préhistoriens d’Extrême-Orient, Hanoï du 26 au 31 janvier 1932 * — page 434 : Lettre de Henri Mansuy, 1er septembre 1923, au secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales * — page 435 : Lettre de remerciements de Henri Mansuy, 1er septembre 1932, au secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales, page 1 * — page 436 : Suite de la lettre de remerciements de Henri Mansuy, 1er septembre 1932, au secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales * — page 437 : Article de Madeleine Colani sur Henri Mansuy, Partie 1 * — page 438 : Article de Madeleine Colani, Partie 2 * — page 439 : Contribution volontaire de Henri Mansuy de 800 francs pour aider à l’assainissement financier de la dette de la France * — page 440 : Médaille de Henri Mansuy de 1902-1903, Expo-
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
sition de Hanoï, recto * — page 441 : Médaille de Henri Mansuy de 1902-1903, Exposition de Hanoï, verso * — page 442 : Médaille du Prix Ducros-Aubert * — page 443 : Diplôme de chevalier de la Légion d’honneur, 1922 * — page 444 : Diplôme d’officier de la Légion d’honneur, 1936 * — page 445 : Médaille Académie des Sciences coloniales, 1922 * — page 446 : Médaille du Prix Fontannes * — page 447 : Diplôme de l’Exposition Coloniale Internationale de 1931 * — page 448 : Grand prix du jury international 1931 * — page 449 : Lettre de Henri Mansuy, 1928, au secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales pour rectifier un titre qu’il n’avait pas * — page 450 : Plan du site de Somrong-Sen, 1902 * — page 451 : Somrong-Sen, 1902, Planche I * — page 452 : Somrong-Sen, 1902, Planche VIII * — page 453 : Somrong-Sen, 1902, Planche XIII * — page 454 : Somrong-Sen, 1902, Planche XIV * — page 455 : Somrong-Sen, 1923, Planche II * — page 456 : Somrong-Sen, 1923, Planche III * — page 457 : Somrong-Sen, 1923, Planche IV * — page 458 : Somrong-Sen, 1923, Planche VII * — page 459 : Somrong-Sen, 1923, Planche VIII * — page 460 : Somrong-Sen, 1923, Planche IX * — page 461 : Pho-Binh-Gia, 1909 no 1 * — page 462 : Pho-Binh-Gia, 1909 no 2 * — page 463 : Luang-Prabang, 1920, Planche I * — page 464 : Luang-Prabang, 1920, Planche V * — page 465 : Luang-Prabang, 1920, Planche VI * — page 466 : Lang-Son et Tuyên-Quang, 1920, Planche I *
Tableau des illustrations 391
— page 467 : Lang-Son et Tuyên-Quang, 1920, Planche III * — page 468 : Lang-Son et Tuyên-Quang, 1920, Planche IV * — page 469 : Lang-Son et Tuyên-Quang, 1920, Planche V * — page 470 : Livre du docteur Nguyen Van Cuong, The MaiPha culture, 2002 — page 471 : Hang-Rao, Khe-Tong, 1925, Planche I * — page 472 : Hang-Rao Khé-Tong, 1925, Planche III * — page 473 : Keo-Phay, 1925, Planche I. Instruments subelliptiques * — page 474 : Kéo-Phay, 1925, Planche VII. Instrument de l’île de Trê * — page 475 : Lang-Cuom, 1925, Planche I * — page 476 : Lang-Cuom, 1925, Planche II * — page 477 : Lang-Cuom, 1925, Planche III * — page 478 : Lang-Cuom, 1925, Planche IV * — page 479 : Lang-Cuom, 1925, Planche V * — page 480 : Lang-Cuom, 1925, Planche VI * — page 481 : Lang-Cuom, 1925, Planche VII * — page 482 : Lang-Cuom, 1925, Planche VIII * — page 483 : Lang-Cuom, 1925, Planche IX * — page 484 : Lang-Cuom, 1925, Planche X * — page 485 : Lang-Cuom, 1925, Planche XI * — page 486 : Lang-Cuom, 1925, Planche XII * — page 487 : Lang-Cuom, 1925, Planche XIII * — page 488 : Lang-Cuom, 1925, Planche XIV * — page 489 : Exposition coloniale Internationale, 1931. Crâne de Lang-Cuom * — page 490 : Exposition coloniale internationale, 1931. Crânes de Lang-Cuom * — page 491 : Exposition coloniale internationale, 1931. Crâne de Lang-Cuom *
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Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire de l’e.o.m.
— page 492 : Planche de crânes et outils préhistoriques, 1929 * — page 493 : Carte postale avec taureau de race annamite : à côté de la concession à Khat-Luât des Lévy, et une photo * — page 494 : Plan de Hanoï en1905 — page 495 : Plan de Hanoï avec localisation des habitations des personnages
Cahier des illustrations
Photo de Henri Mansuy vers 1932. « Collection privée »
394 Cahier des illustrations
Ancienne carte de l’Indochine avec la Cochinchine, l’Annam, le Tonkin, le Cambodge, le Siam, le Laos et un morceau du Yunnan (au nord) et de la Birmanie (à l’ouest).
Cahier des illustrations 395
Pierre tombola de Henri Mansuy, cimetière Voltaire de Suresnes. « Collection privée »
396 Cahier des illustrations
Lettre de Honoré Lantenois, du 26 octobre 1937, au Grand Chancelier de la Légion d’Honneur annonçant le décès de Henri Mansuy. « Collection privée »
Cahier des illustrations 397
Carte de visite de Honoré Lantenois avec vœux à Henri Mansuy. « Collection privée »
398 Cahier des illustrations
Henri Mansuy et ses parents, Jean et Marie-Madeleine Mansuy, vers sa sœur Marie-Eugénie. « Collection privée »
1865,
avec
Cahier des illustrations 399
Jean Mansuy (né le 16 juin 1828 Saint-Mihiel - décès le 3 juillet 1899 Kœur la Petite, Meuse) et son épouse, Marie Magdeleine Anus (21 septembre 1826 Kœur la Petite -27 mars 1900 Kœur la Petite). Mariage le 29 août 1849. « Collection privée »
400 Cahier des illustrations
Planche de silex découverts par Henri Mansuy, été 1896 et hiver 1896-1897, avec André Laville à Villejuif, région parisienne, dans les carrières Bervialle et Sèvin. Extrait de l’article L’Anthropologie, tome 8, 1897, pages 385 à 398. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 401
Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy, avec ses annotations dessus à la main. Ses fouilles aboutiront à la publication de l’article de 1897, dans L’Anthropologie, tome 8, pages 385 à 398. Mais les présents outils n’ont jamais été publiés. Planche 1. « Collection privée »
402 Cahier des illustrations
Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy, avec ses annotations dessus à la main. Ses fouilles aboutiront à la publication de l’article de 1897, dans L’Anthropologie, tome 8, pages 385 à 398. Mais les présents outils n’ont jamais été publiés. Planche 2. « Collection privée »
Cahier des illustrations 403
Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy, avec ses annotations dessus à la main. Ses fouilles aboutiront à la publication de l’article de 1897, dans L’Anthropologie, tome 8, pages 385 à 398. Mais les présents outils n’ont jamais été publiés. Planche 3. « Collection privée ».
404 Cahier des illustrations
Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy, avec ses annotations dessus à la main. Ses fouilles aboutiront à la parution de l’article de 1897, dans L’Anthropologie tome 8, pages 385 à 398. Mais les présents outils n’ont jamais été publiés. Planche 4. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 405
Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy, avec ses annotations dessus à la main. Ses fouilles aboutiront à la parution de l’article de 1897, dans L’Anthropologie, tome 8, pages 385 à 398. Mais les présents outils n’ont jamais été publiés. Planche 5. « Collection privée ».
406 Cahier des illustrations
Outils récoltés, en 1896, dans les carrières parisiennes de Villejuif par Henri Mansuy, avec ses annotations dessus à la main. Ses fouilles aboutiront à la parution de l’article de 1897, dans L’Anthropologie, tome 8, pages 385 à 398. Mais les présents outils n’ont jamais été publiés. Planche 6. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 407
Exceptionnelles photos d’Angkor-Vat de Henri Mansuy en 1901, lors de son exploration pour la détermination de la nature des roches constituant les monuments de l’Indochine. « Collection privée ».
408 Cahier des illustrations
Encore une photo d’Angkor-Vat de Henri Mansuy en 1901. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 409
Photos de Henri Mansuy : sur sa carte de résident au Tonkin en 1901 (il a 44 ans), devant une fouille (il a à peu près le même âge), une en 1935-1936 et une avant 1901. « Collection privée ».
410 Cahier des illustrations
Pièce de 1 Piastre de 1908. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 411
Livre de Henri Mansuy de 1908 pour l’établissement de la carte géologique de l’Indochine. Avec dédicace à sa sœur : « À ma chère sœur, son frère dévoué. H. Mansuy ». « Collection privée ».
412 Cahier des illustrations
Carte géologique de 1909 et 1910, rappelons que Jacques Deprat n’arrive localement que le 25 juin 1909. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 413
Carte géologique du capitaine G. Zeil, en 1907 extrait du livre, Contribution à l’étude géologique du Haut Tonkin, G. Zeil ; Note sur la Géologie de l’Indochine, H. Lantenois ; Note sur la géologie du Cambodge et du Bas-Laos, René de Lamothe, Paris Siège de la Société de Géologie, 28, rue Serpente Paris VIe. « Collection privée ».
414 Cahier des illustrations
Photo de l’expédition au Yunnan, « Collection privée ».
1903-1904,
avec Henri Mansuy en chapeau.
Cahier des illustrations 415
Photo de l’expédition au Yunnan, 1903-1904, avec Henri Mansuy à cheval. « Collection privée ».
416 Cahier des illustrations
Photo de l’expédition au Yunnan, 1903-1904. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 417
Photo de l’expédition au Yunnan, 1903-1904, avec Henri Mansuy, la région karstique de Shilin district de Kunming. « Collection privée ».
418 Cahier des illustrations
Peut-être le Service Géologique en face la maison de Henri Mansuy, rue Laubarède à Hanoï. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 419
La maison de Henri Mansuy, rue Laubarède, à Hanoï, vue depuis la rue. Avec une mention de la main de Henri Mansuy Maison particulière à Hanoï où j’ai habité. Il n’y avait alors dans la rue que deux maisons et en face le service géologique. « Collection privée ».
420 Cahier des illustrations
Rapport de Honoré Lantenois, le 17 mai 1905 (il y a une erreur de date, celle écrite sur le rapport « 1907 ». Elle est corrigée par la date d’enregistrement qui est bien du 17 mai 1905 sous le numéro 959). Ici première page de ce rapport qui contient 5 pages. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 421
Rapport Lantenois du 17 mai 1905, page 5. « Collection privée ».
422 Cahier des illustrations
Montre en or de Henri Mansuy de 1900. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 423
L’intérieur de la montre personnelle de Henri Mansuy.« Collection privée ».
Avec la montre en or de sa sœur Marie-Eugénie. « Collection privée ».
424 Cahier des illustrations
La maison de Henri Mansuy à Hanoï, rue Laubarède, vue de derrière. Au premier plan, l’homme avec le casque colonial blanc est Henri Mansuy et, à côté, l’enfant, est Adrien Lévy. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 425
Les deux enfants Lévy, Alfred et Adrien. « Collection privée ».
426 Cahier des illustrations
Témoignage, depuis Hanoï, le 4 mars 1935. Sur la photo, les enfants Lévy Alfred et Adrien sont bien plus jeunes qu’à cette date. La photo elle-même date sans doute des années 1917. « A Monsieur Mansuy. En témoignage de ma vive et respectueuse reconnaissance, et en souvenir des heures radieuses passées près de celui qui fut pour moi un second Père. Hanoi le 4 mars 1935. Alfred Lévy ». « Collection privée ».
Cahier des illustrations 427
Photo de Thérèse Lévy, le 19 décembre 1934, à Saigon, dédicacée Souvenirs affectueux de votre petite Thérèse. « Collection privée ».
428 Cahier des illustrations
Le paquebot Jean-Laborde avec ces deux cheminées, avant sa transformation en 1936. « Collection privée ».
Le Jean Laborde, après 1936, repeint en blanc qui emporta peut-être vers la France Alfred Lévy, en septembre 1936. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 429
Annonce du retour de Henri Mansuy dans le journal, Le Monde Colonial illustré, n°38 d’octobre 1926. « Collection privée ».
430 Cahier des illustrations
Lettre de M. P. Durand, le 29 août 1929, pour Henri Mansuy, depuis Chapa, à l’hôtel Fan-Si-Pan. Page 1. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 431
Lettre de M. P. Durand, du 29 août 1929, pour Henri Mansuy, depuis Chapa, à l’hôtel Fan-Si-Pan, page 2. « Collection privée ».
432 Cahier des illustrations
Carte postale : Chapa « La villa des officiers » de là où a été envoyée la touchante lettre de M. P. Durand, le 29 août 1926, l’hôtel Fan-Si-Pan (Sapa aujourd’hui). « Collection privée ».
Cahier des illustrations 433
Les participants au Premier Congrès des Préhistoriens d’Extrême-Orient, Hanoï du 26 au 31 janvier 1932 :
— Premier rang : de gauche à droite : Luang Boribal (conservateur du musée national de Bangkok - délégué du Siam), H.S.H. Prince Rajadabhisek Sonakul (professeur à l’université de Bangkok - délégué du Siam), M. Winstedt (conseiller général auprès du sultan de Johore - délégué de Malaisie), Pieter Vincent van Stein Callenfels (inspecteur des services archéologiques des Indes néerlandaises – délégué des Indes néerlandaises), George Coedès (vice-président du conseil de recherche, directeur du musée Louis Finot, organisateur du congrès), Amédée Thalamas (recteur, directeur de l’enseignement en Indochine), Madeleine Colani (professeur - délégué de l’Indochine), Mme Winstedt, Joseph Lexden Shellshear (professeur à l’université de Bangkok - délégué de Hongkong), Paul Rivet (directeur du Museum d’histoire naturelle de Paris). — Derrière : (?=sans certitude) de gauche à droite : Victor Goloubew, L. Pagès (?), André Lochard, Charles Haguenauer (?), Jean Yves Clayes (?.) « Photo Collection Privée ».
434 Cahier des illustrations
Lettre de Henri Mansuy, du 1er septembre 1923, depuis son domicile de la rue Laubarède à Hanoï, au secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 435
Lettre de remerciements de Henri Mansuy, du 1er septembre 1932, au secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales. Page 1. « Collection privée ».
436 Cahier des illustrations
Lettre (suite) de remerciements de Henri Mansuy, du 1er septembre 1932, au secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales. Page 2. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 437
Article de Madeleine Colani sur les travaux de Henri Mansuy. La date du « 6-1-37 » est écrite à la main par Henri Mansuy. « Collection privée ».
438 Cahier des illustrations
Article de Madeleine Colani sur les travaux de Henri Mansuy, dans le journal L’Indochine, le 6 janvier 1937. Partie 2. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 439
Contribution volontaire de Henri Mansuy, de 800 francs, pour aider à l’assainissement financier de l’amortissement de la dette à court terme de la France. « Collection privée »
440 Cahier des illustrations
Médaille de l’exposition de Hanoi 1902-1903. Recto. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 441
Médaille de Henri Mansuy de 1902-1903 pour l’Exposition de Hanoi, par le Gouvenement général de l’Indochine. Verso. « Collection privée ».
442 Cahier des illustrations
Médaille de Henri Mansuy, pour le prix Ducros-Aubert 1914. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 443
Diplôme de chevalier de la Légion d’honneur de Henri Mansuy, 1922. « Collection privée ».
444 Cahier des illustrations
Diplôme d’officier de la Légion d’honneur de Henri Mansuy, 1936. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 445
Médaille pour Henri Mansuy par l’Académie des sciences coloniales, en tant que membre correspondant, en 1922. « Collection privée ».
446 Cahier des illustrations
Médaille de Henri Mansuy, Prix Fontannes 1917. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 447
Diplôme de l’Exposition Coloniale Internationale de 1931. « Collection privée ».
448 Cahier des illustrations
Diplôme du jury international des récompenses : grand prix pour Henri Mansuy. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 449
Lettre de Henri Mansuy, de 1928, au secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences coloniales pour rectifier un titre qu’il n’avait pas. « Collection privée ».
450 Cahier des illustrations
Plan du site de Somrong-Sen par Henri Mansuy, 1902. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 451
Somrong-Sen, 1902, Planche I. « Collection privée ».
452 Cahier des illustrations
Somrong-Sen, 1902, Planche VIII. « Collection privée ». La même photo existe avec le monogramme de Henri Mansuy montrant que c’est bien lui qui l’a prise.
Cahier des illustrations 453
Somrong-Sen, 1902, Planche XIII. « Collection privée ».
454 Cahier des illustrations
Somrong-Sen, 1902, Planche XIV. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 455
Somrong-Sen, 1923, Planche II. « Collection privée ».
456 Cahier des illustrations
Somrong-Sen, 1923, Planche III. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 457
Somrong-Sen, 1923, Planche IV. « Collection privée ».
458 Cahier des illustrations
Somrong-Sen, 1923, Planche VII. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 459
Somrong-Sen, 1923, Planche VIII. « Collection privée ».
460 Cahier des illustrations
Somrong-Sen, 1923, Planche IX. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 461
Pho-Binh-Gia, 1909. N° 1. « Collection privée ».
462 Cahier des illustrations
Pho-Binh-Gia, 1909. N° 2. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 463
Luang-Prabang, 1920, Planche I. « Collection privée ».
464 Cahier des illustrations
Luang-Prabang, 1920, Planche V. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 465
Luang-Prabang, 1920, Planche VI. « Collection privée ».
466 Cahier des illustrations
Gisements préhistoriques des environs de Lang-Son et Tuyên-Quang, 1920, Planche I. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 467
Gisements préhistoriques des environs de Lang-Son et Tuyên-Quang, 1920, Planche III. « Collection privée ».
468 Cahier des illustrations
Gisements préhistoriques des environs de Lang-Son et Tuyên-Quang, 1920, Planche IV. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 469
Gisements préhistoriques des environs de Lang-Son et Tuyên-Quang, 1920, Planche V. « Collection privée »
470 Cahier des illustrations
Mai-Pha au Vietnam. Photos du livre du docteur Nguyen Van Cuong, The Mai-Pha culture, Éditions vietnamiennes, 2002. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 471
Caverne de Hang-Rao, Khe-Tong, 1925, Planche I. « Collection privée ».
472 Cahier des illustrations
Hang-Rao, Khé-Tong, 1925, Planche III. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 473
Keo-Phay, 1925, Planche I. Instruments subelliptiques. « Collection privée ».
474 Cahier des illustrations
Kéo-Phay, 1925, Planche VII. Instrument de l’île de Trê (néolithique supérieur) grandes haches ou (erminettes) en serpentine, avec tranchant en biseau sur une seule face, tenon d’emmanchement et côtés équarris. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 475
Lang-Cuom, 1925, Planche I, figure 1 a-c correspond au crâne n°1 ; -une hache en phtanite, tranchant poli seul, retaillée sur une face, la face opposée montrant la croûte du nodule, retouches sur les côtés ; -une hache en cornéenne verdâtre, dont le tranchant, biseauté, seul est poli ; retaillée sur une face, la face opposée montrant la croûte du nodule. « Collection privée ».
476 Cahier des illustrations
Lang-Cuom, 1925, Planche n°II. Crâne 1 figure 1 ; crâne n°2 figure 2 a-c ; hache en phtanite dont le tranchant seul est poli (fig. 3), taillée grossièrement ; hache en roche verte (fig. 4) dont le tranchant, biseauté, seul est poli ; taillée régulièrement, passant sur l’une des faces à la croûte du nodule, le polissage s’étend imparfaitement sur la face figurée ; hache en roche (fig. 5) indéterminée, de forme rectangulaire, épaisse, dont le tranchant seul est poli. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 477
Lang-Cuom, 1925, Planche III. Crâne 3 (fig. 1 a-c) ; hache (fig. 2) en roche verte, dont le tranchant seul est poli, obtenu d’un galet peu épais, très érodé et à surfaces ondulées. « Collection privée ».
478 Cahier des illustrations
Lang-Cuom, 1925, Planche IV. Crâne 3 (fig. 1) ; crâne 7 (fig. 2) ; crâne 6 (fig. 3 a-b) ; hache en roche verte, dont le polissage paraît s’étendre sur les faces (fig. 4). « Collection privée ».
Cahier des illustrations 479
Lang-Cuom, 1925, Planche V. Crâne 7 (fig. 1) ; crâne 11 (fig. 2 a-b) ; hache en roche verte (fig. 3) avec polissage s’étendant sur une partie des faces ; hache en rhyolite (fig. 4) au tranchant seul poli ; petite hache (fig. 5) en roche verte, avec tranchant poli, taillée en biseau et rencontrant l’une des faces sous un angle très ouvert. « Collection privée ».
480 Cahier des illustrations
Lang-Cuom, 1925, Planche VI. Crâne 11 (fig. 1 a-c) ; crâne 9 (fig. 2) ; hache en phtanite (fig. 3 a-b), dont le tranchant est seul poli. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 481
Lang-Cuom, 1925, Planche VII. Crâne 9 (fig. 1 a-c) ; crâne 12 (fig. 2 a-b) portion antérieure d’une voûte assez surbaissée ; hache (fig. 3) en phtanite, peu épaisse, au tranchant poli et légèrement spatulé ; instrument en os (fig. 4) sorte de spatule, la face figurée, concave, correspond à la paroi de la cavité médullaire d’un os long. « Collection privée ».
482 Cahier des illustrations
Lang-Cuom, 1925, Planche VIII. Crâne 9 (fig. 1) ; hache en roche verte (fig. 2) ; ébauche de hache (fig. 3) ; hache en cornéenne (fig. 4) ; hache en phtanite (fig. 5) ; hacheciseau en phtanite (fig. 6) ; hache en cornéenne (fig. 7) ; ébauche en phtanite (fig. 8). « Collection privée ».
Cahier des illustrations 483
Lang-Cuom, 1925, Planche IX. Mandibule (l’apparence de saillie mentonnière est due à une fracture de cette partie), remarquer la presque verticalité de la branche montante (fig. 2) ; plusieurs haches différentes. « Collection privée ».
484 Cahier des illustrations
Lang-Cuom, 1925, Planche X. Haches et instruments. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 485
Lang-Cuom, 1925, Planche « Collection privée ».
XI.
Mandibules (fig.
1
et fig. 2) et haches diverses.
486 Cahier des illustrations
Lang-Cuom, 1925, Planche XII. Divers outils lithiques. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 487
Lang-Cuom, 1925, Planche XIII. Divers outils. « Collection privée ».
488 Cahier des illustrations
Lang-Cuom, 1925, Planche XIV. Divers outils lithiques ; coquilles de cypraea (fig. 9 et 10), de oliva (fig. 11, 12), de nassa (fig 13, 14), de conus (fig. 15) ; anneau ou bracelet (fig. 16) ; disque en terre cuite (fig. 17) ; plaquette faite d’un fragment de carapace de tortue (fig. 18) ; petites perles discoïdes en test de coquilles (fig. 19) ; fragments de bracelet (fig. 20). « Collection privée ».
Cahier des illustrations 489
Exposition coloniale Internationale, 1931. Crâne de Lang-Cuom. « Collection privée ».
490 Cahier des illustrations
Exposition coloniale internationale, 1931. Crânes de Lang-Cuom. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 491
Exposition coloniale internationale, 1931. Crâne de Lang-Cuom avec l’écriture de Henri Mansuy. « Collection privée ».
492 Cahier des illustrations
Planche de crânes et outils préhistoriques. Extrait du livre de Maspero 1929, Un Empire colonial français. Article réalisé par Henri Mansuy. « Collection privée ».
Cahier des illustrations 493
Carte postale avec taureau de race annamite : à côté de la concession à Khat-Luât des Lévy. « Collection privée ».
Photo de Henri Mansuy et Philippe Dieulefils : buffles dans une rizière. « Collection privée ».
494 Cahier des illustrations
Plan de Hanoï en 1905, en bas à droite, sous la rue de France après la rue en biais (N. O. vers S. E.) se trouvent quatre petits carreaux rouges représentant les maisons de la rue Laubarède, dont la maison de Henri Mansuy (le carreau rouge à gauche et en bas). Juste en face de sa maison, mais avec accès par la rue en perpendiculaire, se trouvent les deux bâtiments qui seront le Service Géologique. Il est possible de constater la proximité avec la maison de madame Colani et plus tard d’Alfred Lévy comme nous allons en voir les emplacements sur le plan suivant.
Cahier des illustrations 495
Carte du centre de Hanoï, Vietnam, avril 2016, avec les noms des rues aujourd’hui (cf. le tableau de correspondance établi en Annexe 9 dans le livre). Dessus sont figurés les adresses des personnages : l’ancien bâtiment du service de géologie, le musée de Henri Mansuy, ainsi que les domiciles de Henri Mansuy, Madeleine Colani, George Coedès, et les trois adresses successives d’Alfred Lévy, lorsqu’il était jeune adulte. « Collection privée ».
Table des matières
Préface de Yves Coppens.................................................................11 Henri Mansuy (1857-1937).................................................................17 Le préhistorien et paléontologue de l’Indochine.............................17 Honoré Lantenois..................................................................................19 Madeleine Colani....................................................................................20
Chapitre I Le parcours atypique, la vie exemplaire de Henri Mansuy...............................................25 Un idéal en construction grâce à un travail acharné........................26 Le départ pour Hanoï, 1901..................................................................33 Des débuts prometteurs........................................................................36 Somrong-Sen 1902...................................................................................38 Un caractère amène et cordial.............................................................43 La première carte et la restructuration du service...........................44
498
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire
Les missions archéologiques et paléontologiques............................47 Une œuvre considérable.......................................................................48 Une lente ascension des échelons........................................................52 La trahison...............................................................................................62 Le premier départ pour la France 1921...............................................65 Le retour à Hanoï pour achever son œuvre, 1922 à 1926..................69 Une famille d’adoption..........................................................................76 Le retour définitif de Henri Mansuy en France...............................82 Le Congrès de Hanoï 1932....................................................................88 L’officier de la légion d’Honneur........................................................92 L’intérieur de son appartement.........................................................100 Faire face jusqu’au bout......................................................................101
Chapitre II Les prix et les récompenses...........................................................109 Prix Tchihatchef, Académie des sciences, 1911...............................113 Prix Ducros-Aubert, 1914....................................................................117 Prix Wilde par l’Académie des sciences, 1916.................................118 Chevalier de la légion d’honneur, 1920, puis Officier en 1936.............................................................................124 Chevalier de l’Ordre du Cambodge, 1904 et vice-président de la Société de géologie 1920..............................126 Prix Fontannes, 1917, Prix de l’Exposition coloniale, 1931...........127
Chapitre III La tourmente d’une méchante affaire........................................129
Table des matières
499
Chapitre IV Une réhabilitation infamante.........................................................137 Chapitre V Analyse critique du rapport de Michel Durand-Delga........141 Un rapport à charge.............................................................................143 Le décryptage de la fiction Les chiens aboient de Herbert Wild alias Jacques Deprat..............................................144 Les non conformités du rapport de 1990..........................................145 Une réhabilitation infondée ..............................................................183 Un argumentaire fictionnel ...............................................................185
Chapitre VI Une œuvre scientifique sans tache...............................................189 Somrong-Sen 1902..............................................................................190 Somrong-Sen 1923..............................................................................196 Pho-Binh-Gia 1909.............................................................................199 Luang-Prabang, 1920.........................................................................200 Lang-Son et Tuyên-Quang, Tonkin............................................202 Hang-Rao et Khé-Tong (Annam), 1924......................................204 Kéo-Phay (suite), Khac-Kiem (suite), Lai-Ta et Bang-Mac, massif calcaire du Bac-Son (Tonkin) suivie de Note sur deux instruments de l’île de Trê (Annam) 1925...............206
500
Henri Mansuy — L’inventeur de la préhistoire
Gisement de Lang-Cuom par Henri Mansuy et Madeleine Colani, 1925...............................................................210 La préhistoire en Indochine, en 1931..........................................215 Chapitre VII Et depuis que s’est-il passé ?.........................................................219 Conclusion...........................................................................................225 Annexe 1 Bibliographie de Henri Mansuy...................................................227 Annexe 2 Les échanges avec Alfred Lévy.....................................................239 Annexe 3 Lettre à la famille Coupier..............................................................257 Annexe 4 Compte rendu du Congrès à Hanoï 1932..................................271 Annexe 5 L’affaire des Crânes..........................................................................295 Annexe 6 Les calcaires à Productus de l’Indo-Chine................................339 Annexe 7 Concernant le travail de Henri Mansuy sur la partie paléontologie..............................................................345
Table des matières
501
Annexe 8 Les échanges de courriers avec la Société géologique de France et le COFRHIGEO..........................................................353 Annexe 9 Correspondances des noms de rues à Hanoï...........................365 Correspondances des noms des personnes avec les noms des rues à Hanoï là où ils habitaient...............366 Annexe 10 Bibliographie.......................................................................................367 Biographie sommaire de Henri Alphonse Mansuy...........................................................381 Table des illustrations......................................................................385 Cahier des illustrations....................................................................393
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Didier Mansuy
Henry Mansuy
L’inventeur de la préhistoire de l’Extrême-Orient méridional
Henri Mansuy (1857-1937) eut toujours le désir de faire de la géologie et de la préhistoire. Il entra au service de géologie de l’Indochine en 1901. Plus tard le Gouverneur général de l’Indochine, Long, en faisant son éloge, insista sur un « rare et magnifique exemple de ce que peuvent la volonté et le travail mis au service d’une vraie vocation ». Sa carrière fut couronnée de prix prestigieux. Il fut nommé chevalier puis promu officier de la Légion d’honneur, mais aussi officier de l’ordre du Cambodge. On l’élut vice-président de la société géologique de France (1920) ; l’Académie des sciences coloniales tint à le compter au nombre de ses membres, avec médaille en août 1932. Ses articles et ouvrages se succédèrent de 1902 à 1931. Inlassable travailleur, il refusa les postes de pouvoir pour ne se consacrer qu’à sa passion : la connaissance et la recherche. Il fut en somme cet « inventeur de la Préhistoire de l’Extrême-Orient méridional », titre que lui attribua le Congrès des Préhistoriens, réuni à Hanoï en janvier 1932. Didier Mansuy a publié chez Orizons Le linceul de pourpre de Marcel Jouhandeau en 2009, Cas de figures en 2011, Les Porteurs de feu et Facettes en 2012.
Orizons
25, rue des Écoles 75005 Paris ISBN : 979-10-309-0274-7 45 €