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French Pages 98 Year 2019
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Guide d'orthographe et grammaire du wüödughukakan (worodugukakan) Bärbel Blecke and Traoré Moussa ©2019, SIL International
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Sommaire Remerciements Avant-propos Liste des abréviations 1. L’alphabet 1.1 Les voyelles 1.2 Les consonnes 2. L’alternance consonantique 3. La phrase verbale simple 3.1
Les types de phrases verbales
3.2
La conjugaison
4. La phrase nominale 4.1
La phrase descriptive
4.2
La phrase présentative
4.3
La phrase équative
4.4
La phrase locative
5 La formation des mots 1 : Les mots dérivés 6 La formation des mots 2 : Les mots composés 7 Le groupe nominal 1 : Les compagnons du nom 8 Le groupe nominal 2 : Les pronoms 9 Les postpositions 10 Les compléments circonstanciels 11 La phrase complexe 11.1
La coordination
11.2
La subordination
12 L’élision, l’omission et les mots-valises 13 La ponctuation
1
Remerciements Nous voudrions remercier diverses personnes qui ont contribué à la rédaction de ce document d’une manière ou d’une autre. Il s’agit de : - Mekintche Diomandé et Mawa Traoré de l’ONG ALFOSED ; - Lassana Diomandé, Namory Traoré et Mariam Nadège Touré dont la participation à divers ateliers participatifs d’analyse linguistique a enrichi nos connaissances du système de la langue ; - Thomas Blecke et Phil Davison, conseillers en linguistique de SIL Afrique francophone, qui ont lu l’ébauche de ce document méticuleusement et nous ont fourni des commentaires précieux qui ont mené à une nette amélioration du présent document ; - Paul Solomiac, conseiller en linguistique de SIL WAF à Ouagadougou, pour ses corrections du français et ses propositions terminologiques et analytiques, dont nous avons adopté tout ce qui nous semblait utile ; - Constance Kutsch Lojenga, conseillère internationale en linguistique de SIL, qui nous a aidés à percevoir les petits détails importants de la prononciation qui ont aidé à raffiner la phonologie et l’orthographe ; - Mike Boling, qui nous a donné la permission d’exploiter ses propres données ; - Teresa Heath, chargée de programmes de langue de SIL Côte d’Ivoire et Pierrette Ayité-Beugré, directrice de SIL Côte d’Ivoire pour leur soutien administratif ; La responsabilité pour toutes les incohérences, omissions et autres déficiences reste bien sûr avec nous-mêmes. La présente version est approuvée par Thomas Blecke, conseiller linguistique et chef du domaine linguistique, SIL Afrique francophone. Abidjan, juillet 2019
Les auteurs, Bärbel Blecke et Traoré Moussa 2
Avant-propos Chers lecteurs, Vous êtes sans doute lettrés en français, sinon vous n’auriez pas ouvert ce livre. Le wüödughukakan est votre langue maternelle et vous souhaitez apprendre à lire et écrire en votre langue, jusqu’à en comprendre la grammaire. Voici le « Guide d’orthographe et de grammaire du wüödughukakan » qui sera pour vous une initiation à l’orthographe et à la grammaire du wüödughukakan. Afin de réussir, nous vous proposons : - d’apprendre l’alphabet wüödughukakan contrasté avec l’alphabet français ; - d’apprendre comment certains mots changent le début du mot qui les suit. Les linguistes appellent ce phénomène l’alternance consonantique ; - d’apprendre l’orthographe des mots de votre langue. Vous allez voir des mots simples d’abord, et ensuite les différentes combinaisons de mots possibles pour savoir quels mots s’écrivent séparés et quels mots sont collés, c’est-à-dire les suites de mots versus les mots composés ou dérivés ; - d’apprendre la grammaire de votre langue. Nous vous expliquerons les structures de différents types de phrases simple et complexe. Malgré tout cela, vous n’y trouverez pas toutes les nuances de votre langue ni la solution à tous les problèmes d’analyse. En réalité, les linguistes qui ont aidé avec cette œuvre sont toujours loin d’avoir tout résolu. Mais soyez sûr qu’en lisant attentivement le présent document, vous serez bientôt en mesure de lire et écrire votre langue maternelle. À vous maintenant, bon courage!
3
Liste des abréviations ACC
accompli
AFF
affirmatif
COI
complément d’objet indirect
COP
copule
DEM
déterminant
FOC
focalisateur
FUT
futur
INTER
pronom interrogatif
NEG
négatif
POSS
marque de possession aliénable
PP
postposition
PRT
participe
S
sujet
V
verbe
COD
DEF
EMPH
INACC MP PL
PROG REFL SG
complément d’objet direct
défini
emphase
inaccompli marque prédicative pluriel
progressif
pronom réfléchi singulier
4
1 L’alphabet L’alphabet du wüödughukakan comporte 43 lettres (graphèmes), dont treize (13) digraphes, des suites de deux lettres qui représentent un seul son. Il s’agit de vingt-six (26) consonnes et seize (16) voyelles. Ci-dessous, les listes des minuscules et majuscules en ordre alphabétique :
Les minuscules
a, an, b, c, d, e, ë, ën, ɛ, ɛn, f, fh, g, gb, gh, i, in, j, k, kp, l, m, n, ŋ, ɲ, o, ö, ɔ, ɔn, p, s, sh, t, u, un, ü, v, vh, w, y, z, zh
Les majuscules
A, An, B, C, D, E, Ɛ, Ɛn, F, Fh, G, Gb, I, In, J, K, Kp, L, M, N, Ŋ, Ɲ, O, Ɔ, Ɔn, P, S, Sh, T, U, Un, V, Vh, W, Y, Z, Zh La liste des majuscules ne contient pas les lettres qui n’apparaissent jamais en position initiale. C’est pourquoi elle est plus courte que la liste des minuscules.
1.1 Les voyelles 1.1.1 Les voyelles orales L’alphabet du wüödughukakan comporte dix (10) voyelles orales. Lorsqu’elles sont prononcées, le souffle sort seulement par la bouche. Ci-dessous, la liste complète des voyelles orales :
i, e, ë, ɛ, a, ɔ, o, ö, u, ü 5
a. Quatre d’entre ces voyelles ont en général la même prononciation qu’en français.
i
se prononce comme i dans le mot français lit. Exemples :
ti
paille
sisɛ
poulet
di
donner
lili
racine
li
a
sang
ta
prendre
sala
payer
sa
acheter
tasa
cuvette
se prononce comme o dans le mot français moto. Exemples :
e
basi
se prononce comme a dans le mot français sac. Exemples :
o
miel
so
village
soso
moustique
do
entrer
toto
rat
seze
zèbre
se prononce comme é dans le mot français pré. Exemples :
be fe
tomber chose
dele
habit
b. Une seule voyelle est représentée différemment qu’en français.
u
se prononce comme ou dans le mot français mou, mais JAMAIS comme u dans le mot français dur. Exemples :
su
nuit
fufu
fourmi
tu
forêt
tutu
planter
6
c. Cinq voyelles sont représentées par des graphèmes qui sont spécifiques au wüödughukakan (et d’autres langues de la Côte d’Ivoire).
ë
se prononce comme eu dans les mots français leur et seul. Exemples :
ɛ
trouver
papillon
bɛ
entente
sɛlɛ
témoin
kɛ
faire
bɛbɛ
piment
sɔ
offrir
tɔlɔ
souffrir
dɔ
danse
sɔsɔ
haricot
se prononce comme eu dans le mot français feu. Exemples :
ü
süë
tüënüë
se prononce comme o dans le mot français choc. Exemples :
ö
sous
se prononce comme è dans le mot français près. Exemples :
ɔ
küë
tüö
oreille
küöŋüö
jeter en avant
cüö
pourrir
küöküö
arbuste (savane)
füfü
beignet de mil
kükü
bouton (peau)
se prononce comme u dans le mot français nu. Exemples :
tü
crête
1.1.2 Les voyelles nasales L’alphabet du wüödughukakan contient (6) voyelles nasales. Lorsqu’on les prononce, le souffle ne sort pas seulement par la bouche, mais aussi par le nez. Leurs graphèmes sont 7
des digraphes qui se forment en ajoutant un n à la lettre qui représente la voyelle orale correspondante. Ci-dessous, la liste complète de voyelles nasales :
an, ën, ɛn, in, ɔn, un ATTENTION
: Même à gauche et à droite d’une consonne nasale, l’on écrit le graphème (en
deux lettres) de la voyelle nasale quand la voyelle est nasalisée :
ɲin
dent
ɲɛn
langue
kɛnnɛn
frais, sain
man
mère
kannan
varan
nɔnnɔn
lait
kunmun
aigre
nun
ATTENTION
nez
: Les voyelles e et o ne sont jamais nasalisées, mais il existe aussi des mots où
d’autres voyelles ne sont pas nasalisées à gauche où à droite des consonnes nasales m et n, tandis que les voyelles à gauche ou à droite des consonnes nasales ŋ et ɲ sont toujours nasalisées. tomo
village abandonné
koman
parole
kene
sorgho
sɔmɔ
moelle
sɔmɛ
cervelle
tama
lance
bama
crocodile
timi
dépasser
muso
femme
sɔnmɔn
anacardier
sanman
éléphant
8
lonan
étranger
nɛghɛ
fer
nɔla
lézard
nɔghɔ
envie
nɔnsi
caméléon
Ci-dessous, une présentation détaillée des six voyelles nasales : a. Une seule voyelle nasale a la même prononciation qu’en français.
an
se prononce comme an dans le mot français tante, comme am dans camping, et comme en dans le mot français menthe. Exemples :
man
mère
sanman
tirer
sans
serpent
tanman
flèche
b. Trois voyelles nasales sont représentées différemment qu’en français.
ɛn
se prononce comme in dans le mot français dinde et comme im dans simple. Exemples :
ɔn
héritage
bɛnnɛn
sésame
mɛn
entendre
nɛnnɛn
froid
se prononce comme on dans bon et comme om dans compter. Exemples :
ën
cɛn
mwɔn
mûrir
tɔnmɔn
ramasser
se prononce comme un dans brun et um dans humble. Exemples :
shüën
mesurer
ɲüënɲüën
froisser
c. Deux voyelles nasales ont une prononciation qui n’existe pas en français.
9
in
se prononce comme la voyelle i orale à laquelle on ajoute la nasalisation et JAMAIS
comme in dans le mot français rincer.
Exemples :
un
bin
herbe
sin
sein
se prononce comme la voyelle u orale à laquelle on ajoute la nasalisation et JAMAIS
comme le chiffre un.
Exemples :
kun
tête
kunmun
amer
1.1.3 Les groupes de voyelles En wüödughukakan, il existe des groupes de voyelles (voyelles longues et diphtongues) dont la première est toujours i, ü ou plus rarement u. Leurs graphèmes se forment en associant les graphèmes des deux voyelles en question. a. Le wüödughukakan ne connaît que trois voyelles longues. Elles sont écrites comme deux voyelles consécutives.
ii
sii
attacher
kii
appeler
bii
éphémère
iin
siin
demain
kiin
gri-gri
üü
füü
mariage
jüü
corde
b. Cinq groupes de voyelles commencent par i.
ie
iɛ
tie
soleil
bie
canne
niɛ
malheur
sie
prier
siɛziɛ
éparpiller
10
jiɛ
grimper
kiɛ
palabre
biɛn
foie
kiɛn
lumière
siɛn
champ
ia
bia
pot
biamia
résister
ian
cian
gâter, abimer
mianmian
briller
iɛn
ATTENTION
: Il faut distinguer entre les mots qui contiennent un groupe de voyelles
commençant par i et des mots à deux syllabes dont la deuxième commence par y comme le montre l’exemple suivant : sia
arachide
siya
peuple
siiya
doute
c. Cinq groupes de voyelles commencent par ü.
üun
süun
court
üö
küö
os
büö
main
üë
küë
üën üɛn
büöküö
pauvre
puits
tüënüë
papillon
büën
perdre
nüën
coller
cüɛnni
biche
d. Quatre groupes de voyelles commencent par u. Ces groupes de voyelles
apparaissent seulement à la droite des groupes de consonnes où la deuxième consonne est l ou à la droite des consonnes sh et j.
ua
klua
nouveau
wlua 11
soir
shua
singe
cua
saluer
juale
miroir
uan
kluan
amer
ue
klue
crier
uɛ
wluɛ
rouge
jua
vautour
1.2 Les consonnes 1.2.1 Les consonnes simples Les consonnes sont au nombre de vingt-six (26). Ci-dessous, la liste complète :
b, c, d, f, fh, g, gb, gh, j, k, kp, l, m, n, ŋ, ɲ, p, s, sh, t, v, vh, w, y, z, zh Sept d’entre elles sont représentées par une combinaison de deux lettres (‘digraphes’) : fh, gh, gb, kp, vh, sh, zh.
a. Quatorze d’entre ces consonnes ont en général la même prononciation qu’en français :
b
se prononce comme b dans les mots français ballon et sable. Exemples :
d
be
tomber
bɔbɔ
grelot
bin
herbe
bagha
riz préparé
se prononce comme d dans les mots français dos et samedi. Exemples :
da
ouverture 12
dɔni
peu
do
f
dele
chemise
se prononce comme f dans les mots français femme et confiance. Exemples :
g
entrer
fiɛ
regarder
funnun
gonfler
fin
noir
füü
estomac
fufu
fourmi
miɛfa
fusil
se prononce comme g devant a, o et u dans les mots français gare, gorge, gourde et glu. Exemples :
k
kan
cou
küëküë
ancien
kii
œuf
koman
parole
lo
jour
shele
fleur
lonan
étranger
lolo
étoile
müü
couteau
miɛnmiɛn
fourmi
bama
crocodile
tɔnmɔn
ramasser
se prononce comme n dans les mots français neuf et liane. Exemples :
p
guêpe
canne à sucre
se prononce comme m dans les mots français moulin et amer. Exemples :
n
giini
gɔgɔ
se prononce comme l dans les mots français lieu et élever. Exemples :
m
pintade
se prononce comme k dans les mots français karité et kilo. Exemples :
l
ganmin
nɛghɛ
fer
nɛlɛ
néré
kɛnnɛn
frais
kene
mil
se prononce comme p dans les mots français porte et épervier. 13
Exemples :
s
i pan
sauter en longueur pi
puits de mine
pupu
jachère
épingle
pɔnɛghɛ
se prononce comme s dans les mots français salade et hausse, mais en wüödughukakan la lettre s n’est jamais doublée entre deux voyelles. Exemples :
t
si
mouche
siɛn
champ
soso
sucer
wese
patate
se prononce comme t dans les mots français tortue et attendre, mais en wüödughukakan la lettre t n’est jamais doublée entre deux voyelles. Exemples :
v
ta
tagha
feu
tie
partir
fɛtɛ
ami
crier
se prononce comme w dans le mot français wagon et comme v dans les mots français ville et éventail. Exemples :
y
nom propre
shüënvia
ongle
se prononce comme y dans les mots français yaourt et payer. Exemples :
z
Valagba
ya
ici
woyo
couler
yɔghɔyɔghɔ
osciller
se prononce comme z dans les mots français zéro et zoologique et comme s dans le mot oser, mais en wüödughukakan l’on écrit TOUJOURS z, même entre deux voyelles. Exemples :
siɛziɛ
éparpiller
waze
crabe
zia
tabac
wɛzɛ
hérisson
b. Sept consonnes sont représentées différemment qu’en français.
c
se prononce comme tch dans tchèque, mais en wüödughukakan c ne se prononce 14
JAMAIS comme
Exemples :
j
dans le mot français carburant.
ce
travail
cɔghɔ
pois sucré
cian
vérité
cɛn
sable
correspond à di suivi d’une autre voyelle en français qui est employée pour écrire les noms de villes et de peuples comme Odienne et Dioula et n’est JAMAIS prononcée comme j dans le mot français jardin. Exemples :
ŋ
je
eau
i jeja
faire un effort
jia
endroit
jɛwɛ
natte
se prononce comme ng dans les mots parking et camping. Exemples : ATTENTION
fanŋan
force
jɔnŋɔnŋɔn
scorpion noir
: Au début d’un mot et entre voyelles orales, se prononce comme
la suite de consonnes ng, mais est retenu comme représentation orthographique : ŋiɛni
rat palmiste
ŋale
danse exécutée pendant les funérailles des personnes âgées
ɲ
marcher à quatre pattes
koŋo
champ
giŋi
coude
se prononce comme gn dans les mots français pagne et ligne. Exemples :
sh
ŋüman
ɲanŋanli
réjouir
ɲanli
bienfait
gbɛnɲɛn
fouetter
ɲin
dent
se prononce comme ch dans les mots français chanter et échouer. Exemples :
shɛ
calebasse 15
shele
fleur
w
shia
bronze
shua
singe
shüö
creuser
se prononce comme ou au début des mots français oui et ouest. Exemples :
zh
wiɛn
épine
wüö
accoucher
kawa
pierre
jighiwa
croître
se prononce comme j dans les mots français jour et acajou et comme g dans gilet et gérer. Exemples : c.
ziazhɛ
champ de tabac
zhɛ
Frappe-moi !
Cinq consonnes n’ont pas d’équivalents en français :
Les consonnes gb et kp sont particulières au wüödughukakan (et d’autres langues ivoiriennes).
kp
kpako
noix de cola
kpankpiankpan robuste
kpakpiakpa dur, sec
gb
gba
gombo
tugba
arracher
gbiɛgbiɛnin
salamandre
Les consonnes fh et vh sont très proches de f et v en français, mais comme dans leurs prononciations les dents et les lèvres ne se touchent pas, elles donnent l’impression d’un sifflement. Elles sont toujours suivies de la consonne w.
fh vh
fhwɛnŋe
jeune homme
siefhwɔ
retourner
fhwɔnɲɔn
vent
fhwo
queue
vhwo
lave moi
La consonne gh apparaît entre deux voyelles orales ou nasales identiques. Ci-dessous, quelques exemples : 16
gh
sagha
mouton
sanghan
or
tagha
partir
tanghan
garder, préserver
baghabagha termite ATTENTION
: Il faut distinguer entre les mots qui contiennent la voyelle longue ii et ceux
qui contiennent la suite ighi. sii
attacher
sighi
s’assoir
bii
éphémère
bighi
couvrir
ATTENTION
: Il faut distinguer entre les mots qui contiennent ŋ et gh entre deux voyelles
nasales. sɔnŋɔn
prix
sɔnghɔn
crier
fanŋan
force
fanghanna
pauvre
1.2.2 Les suites de consonnes Dans la plupart des mots de la langue wüödughukakan, deux consonnes qui appartiennent à un seul mot sont séparées par une voyelle ou un groupe de voyelles. Mais il existe un petit nombre de mots qui contiennent des suites de deux consonnes différentes. La deuxième consonne d’une telle suite est toujours l ou w. Ces suites de consonnes sont écrites en associant les graphèmes des deux consonnes. Ci-dessous, la liste complète des suites de consonnes, suivie par quelques exemples :
bl, fl, vl, ml, kl, ŋl, wl, bw, fhw, mw a. La deuxième consonne est l
bl
bla
laisser
fl
fla
deux
fle
siffler
fla
17
médicament
vl
gavla
chapeau
ml
mlan
attraper
ŋl
wüöŋlua
sept
kl
klua
nouveau
kluan
amer
wlua
soir
wl
mla
antilope
klue
crier
wlue rouge
b. La deuxième consonne est w
bw fhw
mw
bwo
maison
bwe
courir
bwɔ
arracher
bwu
chair
fhwɛn
fonio
fhwɔnɲɔn
vent
fhwo
se laver
fhwɔ
dos
fhwu
igname
mwa
vingt
mwun
enduire
mwɔn
mûr
2 L’alternance consonantique 2.1 Introduction En wüödughukakan, un nombre considérable de mots déclenchent un changement de la consonne au début du mot qui le suit. Les exemples ci-dessous illustrent ce phénomène. Dans chaque paire, le mot de la première ligne n’entraîne pas de changement, tandis que le mot de même forme de la deuxième ligne déclenche un changement de la consonne à l’initiale du mot suivant : 18
fa
père
fa fɛ ye
chez le père
fa
côté
fa vɛ ye
à côté là-bas
gbia
bambou
gbia ja
un long bambou
gbia
éponge
gbia ɲa
une longue éponge
küö
os
küö gbɛ
un os blanc
küö
cauris
küö ŋbɛ
un cauris blanc
küë
ainé
küë küö
mauvais ainé
küë
puits
küë ŋüö
puits non utilisable
so
village
soba
gros village
so
voleur
soma
grand voleur
fiɛ
regarder
E fiɛla.
Il le regarde.
fiɛ
germer
E fiɛnan.
Il germe.
C’est ce changement de la consonne initiale, provoqué par certains mots, qui s’appelle alternance consonantique. Ce changement est déclenché partout dans les compositions, les dérivations (voir chapitre 5 et 6), et les suites de deux mots, qui forment généralement un groupe. Il y a certains contextes dans des phrases qui bloquent une telle alternance consonantique. Le seul moyen de discerner si un mot déclenche cette alternance consonantique est sa prononciation en contexte avec le mot qui le suit. Cela veut dire que la capacité de déclencher ce changement est une propriété inhérente au mot concerné. En conséquence, l’on écrit toujours le résultat de ce changement.
2.2 La liste des alternances consonantiques Les changements des consonnes initiales qui suivent un mot ayant la capacité de déclencher l’alternance consonantique sont très réguliers. Ci-dessous, la liste complète de ces changements : 19
a. p et b changent en m, tandis que m ne change pas. i pan sauter : Musa y’i pan.
Musa saute.
An mannan. -ba AUG :
Je saute.
siɛn
champ
siɛnba
grand champ
kun
tête
kunma
grosse tête
b. t, d et l changent en n, tandis que n ne change pas. tie
ami : i tie
ton ami
nie dɔ
mon ami
certain :
ATTENTION :
muso dɔ
une certaine femme
lo nɔ
un certain jour
Quand la consonne initiale d’origine est l, ce n’est pas seulement la consonne
qui change en n, mais en plus la voyelle qui la suit se nasalise sauf si c’est i ou u. S’il s’agit de e ou o, la voyelle change en ɛ respectivement en ɔ avant d’être nasalisée : ni … le
-la
-li
avec : ni dɔŋji le
avec un chant
ni dɔŋii miɛn nɛn
avec ce chant
instrument : sighi
poser, placer
sighila
entonnoir
jiɛ
grimper
jiɛɲiɛnan
échelle
nom d’action : kamlan
obéir
kamlanli
obéissance
lɔ
connaître
lɔni
connaissance
c. c, j et y changent en ɲ, tandis que ɲ ne change pas. 20
cɛ
homme :
ja
küëcɛ
grand frère
deɲɛ
fils
haut, long :
ATTENTION:
Abi yia ja.
Abi est grande.
Abi man ɲa.
Abi n’est pas grande.
Quand la consonne initiale d’origine est y, ce n’est pas seulement la consonne
qui change en ɲ, mais en plus la voyelle qui la suit est nasalisée : yia
marque de possession aliénable :
-ya
a yia manghanbii
sa voiture
ɲian manghanbii
ma voiture
verbalisateur : gbo
désagréable
gboya
devenir désagréable
bwo
gros
bwoɲan
grossir
d. k et g changent en ŋ, tandis que ŋ ne change pas. kie
un :
gu
mɔghɔ kie
une personne
de ŋie
un enfant
même : a gu
lui-même
ŋu
moi-même
e. kp et gb changent en ŋb. kpakiakpa
sans souplesse : cɛ kpakpiakpanin
homme sans souplesse
de ŋbakiakpanin
enfant sans souplesse
21
gbiɛyanin
difficile Musa ye biala gbiɛyanin nan.
Musa fait un travail dur.
Musa ye kia ŋbiɛyanin nan.
Musa poursuit un apprentissage difficile.
f. fh change en vh, f change en v, s change en z et sh change en zh. fhwɔ
fla
a fhwɔ
derrière lui
vhwɔ
derrière moi
deux :
sala
she
derrière :
mɔghɔ fla
deux personnes
de vla
deux enfants
salaire : a sala
son salaire
an zala
notre salaire
plume, cheveux : dashe
barbe
kunzhe
cheveux
g. w ne change pas. h. La marque du défini o change en ɔn. muso o
la femme
de ɔn
l’enfant
22
2.3 Un cas spécial : Le pronom personnel de la première personne du singulier Les pronoms peuvent remplacer un nom ou un groupe nominal (voir chapitre 8). Deux d’entre eux déclenchent l’alternance consonantique : le pronom personnel de la première personne du singulier (1SG) et celui du pluriel (1PL) dont la forme est aan. Le pronom personnel 1SG est un cas à part, car il ne se manifeste que par l‘alternance consonantique. Cela veut dire que le pronom personnel 1SG se cache toujours dans le mot qui le suit, c’est-à-dire, il forme avec lui un mot-valise. Cette fusion entre le pronom de la première personne du singulier et le mot qui suit cache la structure de la phrase. Il faut distinguer quatre cas. 2.3.1 Le groupe nominal de possession inaliénable Deux noms se suivent dans cette structure. Le premier nom indique celui qui possède l’objet, indiqué par le deuxième nom. Quand le premier nom, le possesseur, est remplacé par le pronom personnel 1SG, ce n’est que la consonne initiale changée selon les règles de l’alternance consonantique qui indique qu’il s’agit d’un groupe nominal de possession et non d’un nom simple : büö
main
müö
ma main
de
enfant
ne
mon enfant
tie
ami
nie
mon ami
fa
père
va
mon père
sala
salaire
zala
mon salaire
La possession aliénable s’exprime par l’introduction de la marque de possession yia entre le possesseur et le possédé. Quand le nom qui indique le possesseur est remplacé par le pronom personnel 1SG, la marque de possession change en ɲian. a yia manghanbii
sa voiture
23
ɲian manghanbii
ma voiture
(pour plus d’informations sur le groupe nominal voir chapitre 7.) 2.3.2 Les suites ‘objet – verbe’ et ‘pronom réfléchi – verbe’ dans la phrase verbale Les verbes transitifs nécessitent un COI (complément d’objet indirect), et les verbes réfléchis nécessitent un pronom réfléchi. Tous les deux sont placés à gauche du verbe (voir chapitre 3.1.2 et 3.1.3). Quand le pronom personnel 1SG prend cette place à gauche du verbe, le COI ou le pronom réfléchi ne se manifeste que par le changement de la consonne initiale du verbe : A y’i pan.
Il saute.
An mannan. Je saute.
A yiɛ shɛ.
Il l’a frappé.
A yiɛ zhɛ.
Il m’a frappé.
2.3.3 La suite ‘pronom personnel 1SG – postposition’ Ci-dessous, quelques exemples de mots-valises dans lesquels se cachent le pronom personnel 1SG et une postposition : 1SG + fɛ ‘chez’
> vɛ ‘chez moi’
Tagha fɛ ye !
Va chez lui !
Nan vɛ ya !
Viens chez moi !
1SG + fhwɔ ‘derrière’
> vhwɔ ‘derrière moi’
Miɲian ka bwe Mayiaman fhwɔ.
Le boa a couru derrière Mayiaman.
Miɲian ka bwe vhwɔ.
Le boa a couru derrière moi.
2.3.4 La suite ‘sujet - marque prédicative’ (MP) Ci-dessous, la liste de mots-valises dans lesquels se cachent le pronom personnel 1SG et une marque prédicative : futur :
1SG +yia 24
>
ɲian
parfait :
1SG +yiɛ
>
ɲiɛn
accompli :
1SG +ka
>
ŋa
inaccompli :
1SG + ye … -la
>
an … -la
(Pour plus d’informations et des exemples voir chapitre 3.2.)
3 La phrase verbale 3.1 Les types de phrases verbales La phrase verbale se construit autour d’un verbe. C’est le mot de la phrase qui répond à la question quelle action est faite. Le verbe en isolation peut constituer une phrase qui est alors un impératif : Nan !
Viens !
Bɔ !
Sors !
Mais à part cette construction, le verbe est toujours accompagné d’un petit mot grammatical qui fait la conjugaison. Ce mot s’appelle marque prédicative (MP) et l’ensemble de ces marques fait le sujet du chapitre 3.2. Généralement, la phrase se complète avec les noms ou groupes nominaux qui indiquent des objets dans le monde réel ou abstrait qui participent à l’action indiquée par le verbe. Le schéma ci-dessous montre l’extension maximale d’une phrase verbale simple :
S MP COD V COI Au début de la phrase verbale se trouve toujours un nom (avec ou sans compagnons) ou un pronom qui est le sujet (S) de la phrase. Le sujet est obligatoirement suivi d’une marque prédicative (MP) qui indique la conjugaison.
25
S’il y a un complément d’objet direct (COD), il est encadré par la marque prédicative (MP) et le verbe (V). Le COD est un nom (avec ou sans compagnons) ou un pronom, tout comme le sujet. S’il y a un complément d’objet indirect (COI), il est placé derrière le verbe. Le COI est constitué par un nom (avec ou sans compagnons) ou un pronom, suivi d’une postposition. (Pour plus d’informations sur les postpositions voir chapitre 9.) 3.1.1 La phrase verbale avec verbe intransitif Les verbes intransitifs ne nécessitent qu’un seul participant qui est le sujet (S). La phrase verbale construite autour d’un verbe intransitif a la structure suivante :
S
MP
V
Beaucoup de verbes de mouvement font partie de ce groupe. Aa
yiɛ
bwe.
S
MP
V
Ils ont couru.
Aa yiɛ nan.
Ils sont venus.
Kiɛn ye bɔla.
Le jour se lève.
Les exemples ci-dessous contiennent des verbes intransitifs qui indiquent que le sujet obtient (ou a obtenu) une certaine qualité : A yiɛ gbiɛ.
C’est devenu blanc.
Dɔmii yiɛ kluanɲan.
Le repas est devenu amer.
26
3.1.2 La phrase verbale avec verbe transitif a. Les verbes transitifs dans les phrases actives Les verbes transitifs ont un sujet indiquant celui qui effectue l’action exprimée par le verbe, et en plus un complément d’objet direct (COD) qui indique l’objet qui subit l’action. Le COD se place entre la marque prédicative (MP) et le verbe (V).
S MP COD V Ci-dessous quelques exemples :
A
ka
sagha
fagha.
S
MP
COD
V
Il a tué un mouton.
A ye sogho dɔghɔnan.
Il mange de la viande.
Sali ye gbogho shelela.
Sali vend du maïs.
Abi ni Ami ka shia ta.
Abi et Ami ont pris la route.
Quelques verbes transitifs n’acceptent pas de COD à gauche du verbe, mais exigent un COI à leur droite. Yaya yia sɔn o man.
Yaya va l’accepter.
E se soghodɔghɔ ɔn la.
Il peut manger la viande (qui est devant lui).
A ka bɛ ni Musa le.
Il a rencontré Moussa.
Certains d’entre eux peuvent prendre un verbe à l’infinitif (dont la marque est ka) comme complément. Ci-dessous un exemple : 27
An te fɛ.
Je veux du thé.
An fɛ ka je min.
Je veux boire de l’eau.
b. Les verbes transitifs dans les phrases passives Tous les exemples ci-dessus démontrent l’emploi des verbes transitifs dans des phrases actives. Mais il est aussi possible que le premier nom dans la phrase, le sujet grammatical, exprime plutôt celui qui est affecté par l’action. La phrase prend alors un sens passif. Celui qui fait l’action n’est pas mentionné du tout, ou bien il prend la place du complément d’objet indirect (COI) à droite du verbe, suivi par la postposition büö. Sagha ka fagha (a büö).
Le mouton a été tué (par lui/elle).
Gbogho shelela (Sali büö).
Le maïs est vendu (par Sali).
3.1.3 La phrase verbale avec verbe réfléchi Les verbes réfléchis se distinguent des verbes transitifs par le fait que la position du COD est occupée par un pronom réfléchi, qui n’indique pas un objet subissant l’action.
S MP Refl
V
A ye i shwannan.
Il saute (en hauteur).
A ye i pannan.
Il saute (en longueur).
A yiɛ i jighi.
Il est descendu.
A yiɛ i jiɛ.
Il est monté.
3.1.4 La phrase verbale avec verbe bitransitif Les verbes bitransitifs nécessitent deux objets en plus du sujet : le COD à gauche du verbe, ainsi que le COI à droite du verbe. Le COD subit l’action exprimée par le verbe, 28
tandis que le COI est généralement le récepteur (ou bénéficiaire) de l’action.
S MP COD V COI Mayiaman cɛ tiɛ sogho shɛman nila a man. Le mari de M. a donné beaucoup de viande à elle. Laman muso ye tiesɔ jiala blamuso la. La femme de Laman montre le repas à sa belle-mère. ATTENTION
: Le COI a la même forme et prend la même place que certains compléments
circonstanciels. Mais le COI est un élément obligatoire d’une phrase qui contient un verbe bitransitif, tandis que le complément circonstanciel peut s’ajouter comme élément facultatif à n’importe quelle phrase. (Pour plus d’informations sur le complément circonstanciel voir chapitre 10.)
3.2 La conjugaison La conjugaison des verbes est assurée par des marques prédicatives qui ne s’accordent pas avec le sujet. Les marques prédicatives expriment plutôt des aspects, c’est-à-dire elles mettent en relief le développement (début, déroulement, achèvement entre autres) de l’action exprimée par le verbe. En plus, elles expriment l’opposition affirmatif (AFF) / négatif (NEG), c’est-à-dire, la marque de négation remplace la marque de l’affirmatif dans une phrase négative. 3.2.1 L’indicatif Le wüödughukakan distingue six (6) paires de marques prédicatives à l’indicatif qui situent l’action exprimée par le verbe dans un monde réel.
29
affirmatif habituel
ye
exemple Tie o tie, a ye nan.
négatif tɛ
Chaque jour il vient. inaccompli
ye … V-la
A ye taghala siɛn man.
ka
(transitif) accompli
tɛ … V-la
-la
man
A nannan.
man
yia
A man nan. Il n’est pas venu.
Aa yiɛ bwe.
man
Ils ont fui. futur
A man biala kɛ. Il n’a pas fait le travail.
Il est venu. yiɛ
A tɛ taghala siɛn man. Il ne va pas au champ.
Il a fait le travail.
(intransitif) parfait
A ka biala kɛ.
A tɛ nan abada. Il ne vient jamais.
Il va au champ. accompli
exemple
Aa man bwe. Ils n’ont pas fui.
Mlanta yia tagha lɔghɔ lɔ. Mlanta ira au marché.
tia
Mlanta tia tagha lɔghɔ lɔ. Mlanta n’ira pas au marché.
Ci-dessous, quelques explications introductrices sur les différentes marques prédicatives : a. L’habituel Ye à l’affirmatif et tɛ au négatif sont les marques de l’habituel. Cette paire de marques prédicatives indique qu’une action est répétée régulièrement (ou pas, selon la marque prédicative employée) . Les verbes qui expriment une aptitude ou une connaissance sont généralement accompagnés de cette marque prédicative. 30
E se jemefɔ la. (= A ye se jemefɔ la.)
Il sait jouer le tambour.
D’autres exemples suivront l’introduction de l’inaccompli. b. L’inaccompli Les marques de l’inaccompli ye …-la à l’affirmatif et t tɛ … -la au négatif sont discontinues, c’est-à-dire, une partie précède le verbe, l’autre partie est un suffixe qui est attaché à droite du verbe. Très souvent l’inaccompli correspond au présent du français. A ye taghala.
Il part.
A ye komannan.
Il parle.
Ci-dessous, deux exemples qui montrent la différence entre l’emploi de l’habituel et de l’inaccompli. A tɛ taghala lɔghɔ lɔ, abada.
Il ne part pas au marché, jamais!
A tɛ tagha lɔghɔ lɔ abada.
Il ne part jamais au marché.
La première phrase se dit dans une situation réelle, tandis que la deuxième phrase exprime une habitude. An dagha sighila ta man.
Je mets le canari sur le feu …
An dagha sighi ta man.
Je mets le canari sur le feu …
La première phrase ci-dessus se dit dans une situation où quelqu’un est réellement en train de mettre un canari sur le feu. La deuxième phrase fait plutôt partie des consignes de préparation dans la cuisine. c. L’accompli La paire de marques prédicatives ka à l’affirmatif et man au négatif exprime qu’une action est accomplie au passé. Pour les verbes intransitifs, la marque prédicative de l’accompli à l’affirmatif est -la. A ka sagha fagha.
Il a tué un mouton. 31
A ka bɛ ni Musa le.
Il a rencontré Moussa.
A bwela.
Il a couru.
A komannan.
Il a parlé.
D’autres exemples suivront dans le prochain paragraphe. d. Le parfait Le parfait, yiɛ à l’affirmatif et man au négatif, a certains traits en commun avec l’accompli. Ils partagent la même marque de négation. Tous les deux indiquent que l’action exprimée par le verbe s’est déroulée au passé. Mais le parfait ajoute une information importante : d’une manière ou d’autre, l’action a des effets jusqu’au présent. Ci-dessous, quelques exemples : -
Le parfait de l’état actuel : C’est l’état actuel ou le résultat de l’action du passé qui est au centre d’intérêt.
Yiɛ sɛghɛ.
Il/elle est fatiguée.
Tie yiɛ gban.
Il fait chaud.
Nɛnnɛn yiɛ do.
Il fait froid.
Nɔnnɔn yiɛ kluanɲan.
Le lait s’est aigri.
Mia yiɛ wluɛ.
Le riz est mûr pour la récolte.
-
Le parfait de pertinence actuelle : L’emploi de la marque prédicative yiɛ implique que l’action continue à avoir un effet au moment où l’on parle, ce qui n’est pas le cas pour ka.
Les exemples ci-dessous montrent la différence entre l’emploi de ka accompli et yiɛ parfait : A ka tagha sogho o fagha ka nan ni le. Il est parti tuer l’animal et l’a ramené. A yiɛ tagha soghofagha la. A man siefhwɔ ba. Il est parti à la chasse. Mais il n’est pas encore de retour. 32
A büö ka kiɛ.
Il s’est fracturé le bras (mais il est guéri).
A büö yiɛ kiɛ.
Il s’est fracturé le bras (mais il n’est pas encore guéri).
A ka diɛ siɛnmancɛ la.
Il avait l’habitude de travailler aux champs (mais il n'y est plus habitué maintenant).
A yiɛ diɛ siɛnmancɛ la. -
Il a pris l’habitude de travailler aux champs.
Le parfait d’expérience : L’emploi de la marque prédicative yiɛ implique que l’expérience de l’action exprimée par le verbe a été faite au moins une fois
Ɲiɛn Pali je.
J’ai déjà été à Paris. (‘J’ai vu Paris.’)
e. Le futur Yia à l’affirmatif et tia au négatif sont les marques prédicatives du futur. Siin, ɲian tagha Bija.
Demain je partirai à Abidjan.
L’aspect progressif ne fait pas partie du tableau ci-dessus, car il s’exprime dans une phrase locative avec la comme postposition, précédé d’un nom qui indique l’action : A ye koman la.
Il est en train de parler (la parole).
3.2.2 La marque de l’antériorité tɛ En plus de la marque de négation tɛ, il existe une autre marque de conjugaison de la même forme, mais de fonction bien différente. C’est la marque de l’antériorité tɛ qui s’ajoute aux marques prédicatives, et très souvent les deux marques forment un seul mot qui est une fusion (‘mot-valise’). Elle ajoute à ces marques prédicatives la valeur combinée d’antériorité. Ci-dessous, quelques exemples : tɛ + habituel : tiɛ A ye bwe ka tagha ye.
Elle/il a l’habitude d’y aller.
A tiɛ bwe ka tagha ye.
Elle/il avait l’habitude d’y aller.
tɛ + inaccompli : tiɛ …-la 33
A ye kiila Mantüman.
Elle s’appelle Mantyman.
A tiɛ kiila Mantüman.
Elle s’appelait Mantyman.
tɛ + accompli : tɛ ka A ka jemekan mɛn.
Il/elle a entendu le bruit du tamtam.
A tɛ ka jemekan mɛn.
Il/elle avait entendu le bruit du tamtam.
tɛ + parfait : tɛ yiɛ Mwandu tɛ yiɛ tagha dɔŋɛjia lɔ.
Madou était allé à la danse.
tɛ +futur : tɛ yia Siin, Lasannan yia tagha Bija.
Demain Lasana ira à Abidjan.
Lasannan tɛ yia tagha siekɛjia lɔ. Lasana irait à la prière. ATTENTION
: Il faut bien distinguer la marque prédicative de la négation au futur tia et
la séquence tɛ yia qui exprime un futur non réalisable ou un futur potentiel, mais invraisemblable. 3.2.3 L’injonctif L’injonctif exprime un ordre direct ou atténué. a. L’impératif simple exprime un ordre direct. affirmatif SG : (COD) V
négatif (i) ka V
PL : aa V Ci-dessous, quelques exemples, d’abord à l’affirmatif, puis au négatif : Nan !
Viens !
Aa nan !
Venez !
(A) dɔghɔ !
Mange !
Aa dɔghɔ !
Mangez !
Aa shüɔn dɔghɔ !
Mangez le foutou !
34
(I) ka nan !
Ne viens pas !
Aa ka nan !
Ne venez pas !
(I) ka (a) dɔghɔ !
Ne (le) mange pas !
Aa ka dɔghɔ !
Ne mangez pas !
b. L’impératif atténué exprime un ordre plus modéré que l’ordre direct. affirmatif
négatif
ko S yia V
ko S ka V
Ci-dessous, quelques exemples, d’abord à l’affirmatif, puis au négatif : Ko Shiaka yia bɔ !
Que Shiaka sorte!
Ko yia tagha !
Qu’il aille.
A ko i man ko i tagha.
Il te dit de partir.
Ko Shiaka ka bɔ !
Que Shiaka ne sorte pas !
Ko a ka bɔ !
Qu’il ne sorte pas !
c. L’obligatif en kan ka renforce l’ordre encore plus que l’impératif simple. affirmatif
négatif
S yia kan ka V
S man kan ka V
Ci-dessous, quelques exemples, d’abord à l’affirmatif, puis au négatif : (I) yia kan ka nan !
Tu dois venir !
Aa yia kan ka dɔghɔ !
Vous devez manger !
I man ŋan ka nan !
Tu ne dois pas venir !
Aa man ŋan ka nan !
Vous ne devez pas venir !
35
3.3 Les participes Le wüödughukakan connaît trois (3) participes. Ils sont formés à partir d’un verbe en y ajoutant un des trois suffixes -nin, -tɔ et -ta. -nin
participe résultatif
– tɔ
participe progressif
–ta
participe prospectif
Les participes ont à la fois des caractéristiques verbales et adjectivales. (Pour plus d’informations voir chapitre 7.1, 10.1 et 11.1.)
4 La phrase nominale La phrase nominale est caractérisée par l’absence d’un verbe. Elle est constituée d’un sujet suivi d’un mot grammatical - la copule - et généralement d’un élément qui sert à caractériser le sujet. La copule sert à lier le sujet à l’attribut. Elle indique le temps grammatical, plus précisément le présent. En plus, elle comporte l’indication affirmatif (AFF)/ négatif (NEG). C’est la marque de l’antériorité tɛ qui transpose la phrase nominale au temps passé. Pour transposer cette phrase au futur, il faut faire recours à une phrase verbale. Il existe quatre différents types selon l’attribut. Tous seront présentés ci-dessous.
4.1 La phrase descriptive Ce type de phrase est constitué d’un nom (ou groupe nominal) et d'un adjectif, qui sont liés par un membre de la paire de copules yia (AFF)/ man (NEG). affirmatif exemple présent yia
négatif exemple
Dele yia süun.
man
La chemise est courte. 36
Dele man züun. La chemise n’est pas courte.
passé
tɛ yia
Dele tɛ yia süun.
tɛ man
Dele tɛ man züun.
La chemise était
La chemise n’était pas
courte.
courte.
Ici il s’agit de l’emploi attributif de l’adjectif, son emploi épithète fera l’objet du chapitre 7.1. Le futur de la phrase descriptive est exprimé par une phrase verbale. Le verbe vient d’un adjectif dérivé en -ya. Dele yia süunɲan.
La chemise sera courte.
Alors que ce type de phrase nominale n’emploie que les adjectifs à droite de la marque prédicative, le nombre d’adjectifs qui peut apparaître dans ce type de phrase nominale est très restreint. Ci-dessous, une liste incomplète d’adjectifs qui apparaissent dans la phrase descriptive : shüën
lent, frais
nɔghɔ
facile
bwo
gros
dɔghɔ
petit
ja
haut, long
fiɛn
léger
gbiɛ
difficile, dur
kunmun
aigre
kɛnnɛn
en bonne santé
Bwo ɔn yia bwo.
La maison est grande.
Jii yia ja.
L’arbre est haut.
Un groupe postpositionnel peut prendre la place à gauche de la marque prédicative dans ce type de phrase. A da la yia di. a
da
Il s’exprime bien.
la yia di
3SG bouche PP COP bon
37
A se nan yia di. a
se
Il court vite.
la yia di
3SG pied PP COP bon
4.2 La phrase présentative La phrase présentative est le seul type de phrase nominale qui se compose seulement d’un nom (ou groupe nominal) et d’une copule. Une autre particularité de cette phrase nominale est l’existence de deux copules à l’affirmatif du présent, dont l’un (un) est toujours combiné avec gu ‘même’ et la marque de focalisation le tandis que l’autre (logho) ne l’est jamais. La marque de focalisation le précède la marque du pluriel – lu en cas de besoin.
présent
affirmatif exemple
négatif
exemple
le … un
tɛ
Sisɛ gu tɛ.
Sisɛ le gu un. C’est bel et bien un
Ce n’est pas une poule.
poulet. Sisɛ lelu un. Ce sont des poulets. logho
Sisɛ logho. C’est un poulet.
passé
tɔghɔ
Sisɛ le tɔghɔ. C’était un poulet. 38
tɛ tɛ
Sisɛ tɛ tɛ.
Sisɛ lelu tɔghɔ.
Ce n’était pas une
C’étaient les poulets.
poule.
Certains adjectifs n’apparaissent jamais dans une phrase descriptive, mais seulement comme compagnon du nom dans la phrase présentative. Dans ce cas, la phrase présentative a une valeur descriptive. Jɛghɛ kɛnnɛn logho.
Le poisson est frais.
Jɛghɛ kɛnnɛn le tɔghɔ.
Le poisson était frais.
Souvent ce n’est pas un adjectif, mais un participe résultatif qui accompagne le nom dans la phrase présentative : Je gbannin nɔnghɔn. je
gban-nin
L’eau est chaude. logho
eau devenir_chaud-PRT.RES PRES
A yia koman gbɛnin nɛn tɔghɔ. a
yia
koman gbɛ-nin
Sa parole était claire. le
tɔghɔ
3SG POSS parole devenir_blanc-PRT.RES FOC PASSÉ
Dele o kianin miɛbiɛ logho. dele
o
kia-nin
La chemise est bien cousue. biɛbiɛ logho
chemise DEF coudre-PRT.RES bien PRES
39
4.3 La phrase équative La phrase équative exprime une identité entre deux noms (ou groupes nominaux ou un pronom et un nom). affirmatif exemple présent ye …. le
A ye kiamɔghɔ le.
négatif
exemple
tɛ … le
A tɛ kiamɔghɔ le.
Il est enseignant. passé
tiɛ … le
Il n’est pas enseignant.
A tiɛ kiamɔghɔ le.
tɛ tɛ … le
Il était enseignant.
A tɛ tɛ kiamɔghɔ le. Il n’était pas enseignant.
Le tableau ci-dessus montre que la marque prédicative de la phrase équative est discontinue, c’est-à-dire qu'elle a deux parties, l’une entre les deux noms et l’autre à la fin. Ce type de phrase sert, entre autres, à exprimer la profession ou la position de la personne indiquée comme sujet au début de la phrase. A ye kiamɔghɔ le.
Il est enseignant.
A ye kiamɔghɔ le le.
Il est enseignant.
La première phrase ci-dessus indique que la personne travaille actuellement comme enseignant, tandis que la deuxième phrase indique que c’est sa vocation d’enseigner. Musa ye dughutighi le.
Moussa est chef de village.
La phrase équative est aussi employée pour introduire le nom d’une personne. Dans ce cas, la marque prédicative discontinue peut être supprimée au présent, et elle peut être réduite à la première partie tiɛ au passé. Nɔghɔ Musa.
Je m’appelle Moussa.
Sinŋbii le tɔghɔ tiɛ Mayiaman.
Le nom de la jeune fille était Mariam. 40
Bon nombre de noms de couleurs ont une forme qui se termine en -ɲantighi. Dans ces cas, la phrase équative prend une valeur descriptive. Manghanbii ye nɛlɛmughuɲantighi le le.
La voiture est jaune.
Pour finir, ce type de phrase est employé pour dire que le sujet indiqué par le premier nom fait partie du groupe des éléments indiqués par le deuxième nom. Sanman ye sogho le le.
L’éléphant est un animal.
La phrase équative est transposée au futur par les constructions suivantes : A kɛtɔ ye dughutighi le. Il sera fait chef de terre (dans un avenir proche). A yia kɛ dughutighi le.
Il sera chef de terre.
4.4 La phrase locative La phrase locative consiste en un nom (ou un groupe nominal) et un groupe postpositionnel, c’est-à-dire, un groupe nominal suivi d’une postposition. (Pour plus d’informations, voir chapitre 9 et 10.2.) La phrase locative indique le lieu où se trouve l’objet (indiqué par le nom en fonction de sujet de la phrase) dont on parle. affirmatif exemple présent ye
A ye lu man.
négatif
exemple
tɛ
A tɛ lu man.
Il/elle est à la maison.
Il/elle n’est pas à la maison.
passé
tiɛ
A tiɛ lu man.
tɛ tɛ
A tɛ tɛ lu man.
Il/elle était à la
Il/elle n’était pas à la
maison.
maison.
41
Ci-dessous, quelques exemples qui emploient différentes postpositions. A ye lɔghɔ lɔ.
Elle/il est au marché.
Sita ye bwo ɔn la.
Sita est dans la maison.
Shüëmannan ye togho küë.
Shüëmannan est sous l’appatame.
Sisɛ ye jii fwhɔman.
Le poulet est derrière l’arbre.
La fonction primaire des postpositions est de situer un objet dans l’espace, mais certaines postpositions sont aussi employées différemment. Ci-dessous, un exemple où la postposition büö est employée pour exprimer la possession. Manghanbii ye büö.
Il a une voiture.
Les pronoms démonstratifs peuvent prendre la place du groupe postpositionnel. (Pour plus d’informations, voir chapitre 8.4.) Ale lie nin.
Il est juste à côté.
5 La formation des mots 1 : La dérivation Le wüödughukakan a, tout comme les autres langues mandé (entre autres), ses mécanismes d’intégrer de nouveaux mots dans le lexique. Les emprunts aux langues ivoiriennes, à l’arabe et au français ne sont pas le seul moyen pour accomplir cette tâche. Le wüödughukakan peut aussi créer de nouveaux mots complexes à partir des mots qui existent déjà dans la langue. Les deux moyens essentiels sont la dérivation traitée dans ce présent chapitre, et la composition, dont il sera question au chapitre suivant. Les mots dérivés sont constitués d’une base (qui est un mot simple ou complexe de la langue) et d’un préfixe qui est attaché à gauche de cette base ou un suffixe qui est attaché à sa droite pour créer un nouveau mot de la langue. Ces préfixes et suffixes ne sont pas des mots autonomes de la langue. Ils n’ont pas un sens concret, mais plutôt une fonction grammaticale.
42
REGLE
: Les mots dérivés forment des unités qui s’écrivent en un seul mot.
Le wüödughukakan est riche en dérivateurs, des préfixes et des suffixes avec lesquels se forment des mots dérivés. Ces dérivateurs s’attachent à trois différentes catégories de mots : les noms, les verbes et les adjectifs.
5.1 Les dérivations à base nominale Ci-dessous, la liste de dérivateurs, chacun avec une traduction approximative en français et quelques exemples. Tous les dérivateurs qui s’attachent aux noms sont des suffixes. Le résultat d’une dérivation à base nominale est généralement un nom.
-ka
habitant de, originaire de
Ce dérivateur s’attache aux noms des lieux. Seghelaka
personne de Séguéla
Wüödughuka
personne du Worodugu
Kodivuaka
Ivoirien/ne
Alimanɲika
Allemand/e
-bagha
habitant de
Ce dérivateur s’attache aux noms qui indiquent un lieu, mais qui ne sont pas des noms propres. Tous les exemples dans les cadres ci-dessous sont présentés avec leurs découpages en mots simples et dérivateurs. jamianbagha
habitant du pays
jamian-bagha pays-HABITANT
lumanbagha
personne de la cour 43
lu-man-bagha cour-PP-HABITANT
bwoŋienanbagha
pers. de la même maison
bwo-kie-la-bagha maison-un-PP-HABITANT
-la
domicile de/s
Tiawiɛla
quartier des Traoré
cɛla
domicile de l’époux
fiafinnan
Afrique
fia-fin-la peau-noir-LOC
ATTENTION
: Trois autres dérivateurs en wüödughukakan ont la forme -la, mais eux, ils
s’attachent aux verbes. (Pour plus d’informations, voir chapitre 5.3.)
-tɔ
celui qui souffre
Cette dérivation a pour résultat des noms qui indiquent des personnes étant victimes d’une maladie ou d’un malheur. molatɔ
personne enrhumée
fatɔ
personne folle 44
danɔ
bossu (n.)
-ba
augmentatif
Ce dérivateur ajoute à la base nominale le sens de grande taille ou volume. luba
grande cour
kunma
grosse tête
sanmanba
grand éléphant
Dans un groupe nominal, le dérivateur -ba est souvent attaché à l’adjectif qualificatif et exprime un sens d’intensité : muso cɛɲinma
une très jolie femme
jii jama
un arbre très grand
-nin
diminutif
Ce dérivateur ajoute à la base nominale une idée de petitesse. cɛnin
petit garçon
bwonin
petite maison
Souvent le dérivateur – nin est précédé du nom de ‘enfant’ : tasadenin
petite cuvette
tasa-de-nin cuvette-enfant-DIM
-na
privatif
45
Le résultat de cette dérivation indique toujours une personne qui est privée de la chose indiquée par le nom de base. kunzhena
personne chauve
kun-she-na tête-poil-PRIV
yakiina
personne stupide
sɛwɛna
sans-papiers (n.)
-ya
nom abstrait
Ce dérivateur peut s’attacher non seulement aux noms, mais aussi aux adjectifs. tieya
amitié
(tie ami)
jɔɲan
esclavage
(jɔ esclave)
jaɲan
longueur, profondeur
(ja long, haut)
-man
personne qui a la qualité indiquée par le nom
sheman
poilu
she
poil
küënman
femme enceinte
küën
ventre
Cɛ sheman nɛn tɔghɔ.
L’homme n’était pas poilu.
cɛ she-man le tɔghɔ homme poil-QUAL FOC ANT.COP
Cɛ ye sheman nɛn le. cɛ
ye
L’homme est poilu.
she-man le le 46
homme COP poil-QUAL FOC PP
5.2 Les dérivations à base verbale Le dérivateur suivant précède le verbe auquel il s’attache. C’est donc un préfixe. Le résultat de cette dérivation est un verbe.
la-
causatif (qui cause une activité)
ja
sécher
laja
faire sécher
fa
puiser
lafa
remplir
jighi
descendre
lajighi
(faire) descendre qch.
jia
devenir doux
lajia
rendre doux
A ye mialasii lajighila. a
ye
mia-lasii
3SG MP1 riz-botte
la-jighi-la CAUS-descendre-MP2
Sukia ye kafe lajiala. sukia ye
Il descend une botte de riz.
Le sucre rend le café doux.
kafe la-jiala.
sucre MP1 café CAUS-devenir_doux-MP2 Ce dérivateur prend la forme lɔ- pour certains verbes : bɔ
sortir
lɔbɔ
éloigner
cian
abimer, gâter
lɔcian
gaspiller
-bagha
agent occasionnel
47
Ce dérivateur s’attache à un verbe ou à une suite objet-verbe pour indiquer une personne qui fait une action à un moment donné. shelebagha
vendeur (temporaire)
kolɔmagha
connaisseur
ko-lɔ-bagha chose-connaître-AGENT
feɲabagha
qui est en train de sécher qc
fe-ja-bagha chose-sécher-AGENT
-li
nom d’action
sɔsɔ
contredire
sɔsɔli
contradiction, dispute
je
voir
jeli
vue
sa
acheter
sani
achat
-la
agent permanent
Ce dérivateur s’attache à une suite objet-verbe pour indiquer une personne qui fait l’action régulièrement (très souvent parce que c’est sa profession). balɔnŋbɛsila
joueur de football
balɔn-gbɛsi-la ballon-frapper-AGENT
48
kititɛghɛla
juge
kiti-tɛghɛ-la jugement-couper-AGENT
fladonan
guérisseur
fla-do-la feuille-entrer-AGENT
Dans le cas de l’emploi des verbes transitifs sans objet ouvertement exprimé, le verbe est d’abord transformé en nom (si nécessaire par l’ajout du suffixe –li), puis ce nom devient l’objet du verbe kɛ ‘faire’. Cette suite objet-verbe sert comme base de la dérivation en –la. shelekɛla
vendeur
shele-kɛ-la vente-faire-AGENT
danikɛla
tisserand
da-li-kɛ-la tisser-NOM-faire-AGENT
-la sii
instrument attacher
siila 49
ceinture
sighi
assoir
sighila
entonnoir
fhwe
faire la lessive
fhwela
savon
müünan
outil pour remuer la sauce
müü-la remuer_INSTR
Ci-dessous, un dérivateur qui forme des adjectifs dérivés à base verbale :
-biɛ
qui manque d’une certaine qualité
kanmlanbiɛ
désobéissant
lakɛbiɛ
paresseux
fabiɛ
gourmand (adj.)
5.3 La dérivation à base adjectivale Un seul dérivateur s’attache aux adjectifs pour former des verbes.
-ya
devenir qualité (à base d’un adjectif)
dɔghɔ
petit
dɔghɔya
devenir petit
ja
haut, long
jaɲan
grandir
jughu
méchant
jughuya
devenir méchant
6 La formation des mots 2 : La composition 6.1 Introduction En wüödughukakan, il est possible de souder plusieurs mots pour en faire un seul qui est appelé mot composé. Ci-dessous, quelques exemples où deux mots de la catégorie des noms forment un troisième mot, également un nom : 50
avec …
et …
on forme …
je
eau
shɛ
calebasse
jeshɛ
gobelet
ta
feu
kia
manche
takia
allumette
li
miel
de
enfant
lide
abeille
kun
tête
tighi
propriétaire
kunnighi
chef
ce
graine de palme
sun
arbre
cezun
palmier
Tous les mots de la colonne de droite du tableau ci-dessus sont sans aucun doute des mots composés. Une première indication est qu’ils se prononcent comme une seule unité. Il n’y a pas de pause entre leurs composants. RÈGLE:
Les mots composés forment des unités et s’écrivent en un seul mot.
Mais il n’est pas toujours évident si une suite de deux mots forme un mot composé ou non. Quatre cas seront examinés ci-dessous par des tests pour décider s’il s’agit d’une seule unité, c’est-à-dire un mot composé, ou non.
6.2 Mot composé ou construction possessive ? Souvent les suites de deux noms ont deux interprétations possibles : comme mot composé ou comme construction possessive : mot composé
construction possessive
dawakia
dawa kia
manche de la hache
manche de hache
saghasogho
viande de mouton
sagha sogho
viande du mouton
jiibüö
branche d’arbre
jii büö
branche de l’arbre
51
Quelle est la différence entre les mots du tableau ci-dessus et celui au début du chapitre ? Quel est l’intérêt de demander si la suite de dawa ‘hache’ et kia ‘manche’ forme une unité ou non ? Et pourquoi est-ce que takia ‘allumette’ ne pose pas de problème ? Dans tous les exemples du tableau ci-dessus, les deux mots indiquent des objets inséparables d’une manière ou d’une autre : en général, la hache a une manche, un mouton a de la chair, et un arbre a des branches. C’est une différence essentielle entre ces exemples et ceux du début de ce chapitre, où les deux objets indiqués par les noms n’ont pas cette relation de partie d’un tout. En plus, dans tous les exemples du tableau ci-dessus, la construction possessive diffère du mot composé par une toute petite pause entre les deux noms. Cette pause est due à l’article défini sous forme d’un ton bas qui suit le premier mot et qui ne s’écrit pas. Le premier mot de la construction possessive est donc défini et se réfère à un objet précis. Et le deuxième mot se réfère à une partie de cet objet précis. Le mot composé, par contre, se réfère à un seul objet qui peut être défini uniquement dans son ensemble. Quand le premier mot a la capacité de déclencher l’alternance consonantique, il existe une indication claire s’il s’agit de deux mots ou non. Malgré le fait que l’article défini est purement tonal dans ce contexte, il empêche l’alternance consonantique dans des constructions de possession : bwoŋüën
chambre
bwo küën
intérieur de la maison
6.4 Mot composé ou nom suivi d’un adjectif ? La fonction de l’adjectif est de qualifier un nom. Dans un groupe nominal, l’adjectif suit le nom et les deux sont séparés. (Pour plus d’informations, voir chapitre 7.1.) jii ja
un grand arbre 52
sho fin
un cheval noir
Il existe pourtant un petit nombre de mots où le nom forme une unité avec l’adjectif qui suit. Ci-dessous quelques exemples à distinguer de groupes nominaux correspondants : müüja
sabre
müü ja
couteau long
fiafin
Africain
fia fin
peau noire
sin-ŋbii
jeune fille
sin-gbii sein-lourd
6.3 Mot composé ou séquence objet - verbe ?
suite d’un verbe précédé d’un nom
nom d’action
Yiɛ gba kɛ.
Gbakɛ ye musobiala le le.
Elle a cuisiné.
Cuisiner est un travail de femme.
Cɛ lu yiɛ ba tɛghɛ.
Batɛghɛ yia gbiɛ.
Les hommes ont traversé le fleuve.
La traversée du fleuve est difficile.
A yiɛ denmuso kun da.
Cɛ miɛn ɲiɛn kunna ɔn kia.
Elle a tressé les cheveux de sa fille.
Cet homme a appris le tressage des cheveux.
Les phrases de la colonne de gauche sont des phrases verbales dont le verbe est transitif. (Pour plus d’informations, voir chapitre 3.1.2.) Le nom qui précède le verbe 53
est son objet (COD). Tous les deux se trouvent à droit de la marque prédicative, et dans cette position ils ne sont jamais écrits en une seule unité. Dans les phrases de la colonne de droite, le verbe est son COD sont écrits en une seule unité. Ici ils se trouvent à gauche de la marque prédicative. Cette position exige obligatoirement un nom, un groupe nominal ou un pronom. Pour cette raison le verbe et son COD forment un nom d’action qui s’écrit en un seul mot. ATTENTION
: Souvent les noms d’action se forment en ajoutant le dérivateur -li à une
base verbale. Mais ce n’est pas toujours nécessaire, comme les exemples ci-dessus le montrent.
6.5 Postposition complexe ou séquence nom - postposition simple ? Les postpositions occupent la place à l’extrême droite d’un groupe postpositionnel. Souvent ils ne sont précédés que d’un seul nom (ou pronom). Mais quelques postpositions sont constituées d’un nom qui indique typiquement une partie du corps suivi d’une postposition simple. Il s’agit de postpositions complexes qui s’écrivent en une seule unité. De ɔn ye a man fhwɔ lɔ.
L’enfant est au dos de sa mère.
Dans la phrase ci-dessus le nom et la postposition qui le suit sont écrits en deux mots, car le nom fhwɔ ‘dos’ se réfère à un objet dans le monde réel. Par contre, sans les deux phrases ci-dessous, il s’agit de postpositions complexes. Wüü ye a mantighi fhwɔka.
Le chien suit son maître.
Jiisun ye bwo ɔn fhwɔman.
L’arbre est derrière la maison.
7. Le groupe nominal 1: Les compagnons du nom Dans une phrase, les noms apparaissent dans différentes positions et remplissent les fonctions de sujet, de complément d’objet direct (COD) et de complément d’objet indirect (COI). Ce dernier est construit d’un nom suivi d’une postposition et prend la 54
place à droite du verbe, juste comme un complément circonstanciel. (Pour plus d’informations, voir chapitre 10.) Le nom peut être accompagné de différents types de mots et forme un groupe nominal avec eux. Les compagnons du nom sont aussi appelés ses déterminants. Certains d’entre eux peuvent même le remplacer. Ceux qui ne font que se substituer à un nom, s’appellent pronoms et feront l’objet du chapitre 8. Avant de présenter les déterminants un à un, ci-dessous deux exemples de groupes nominaux :
DEM nom-PL tous o solu bɛ
tous ces villages
o so-lu bɛ DEM village-PL tous
nom Adj muso
cɛɲinma fla
muso cɛɲin-ba fla
Num DEF-PL olu
les deux très jolies femmes
o-lu
femme joli-AUG deux DEF-PL
55
7.1 Les qualificatifs Un nombre d’adjectifs ne permet pas l’emploi attributif dans une phrase descriptive. (Pour plus d’informations, voir chapitre 4.1.) Mais ces adjectifs acceptent l’emploi épithète, c’est-à-dire, ils suivent le nom afin de le qualifier dans un groupe nominal. Jɛghɛ kɛnnɛn logho.
Le poisson est frais.
D’autres adjectifs permettent l’emploi attributif comme aussi l’emploi épithète : Jii yia ja.
L’arbre est grand.
A y’i jiɛnan jii ja nan.
Il monte sur un grand arbre.
Très souvent, c’est un participe résultatif ou prospectif qui qualifie le nom : Biala gbiɛyanin nɔnghɔn. biala
gbiɛ-ya-nin
C’est un travail difficile. logho
travail difficile-VERBE-PART.RES PRES
Nisɔ jianin nɔnghɔn.
Je suis content.
nisɔ jia-nin logho âme rendre_bon-PART.RES COP
Le participe prospectif -ta ajoute au verbe de base l’idée de ce que l’on peut faire avec l’objet qualifié, tout comme le suffixe -able du français. fe zheleta
qch. de vendable
ko miɛnna
qch. de durable
Le participe prospectif du verbe nan ‘venir’ signifie ‘prochain’ quand il qualifie un nom qui indique un temps : 56
siwi nanta
samedi prochain
7.2 Les déterminants Les déterminants ne précisent pas la qualité d’un nom, mais ils donnent plutôt des informations sur la quantité et sur ce qui aide à identifier le nom en question. Parmi eux, il y a ceux qui ne peuvent qu’accompagner un nom et ceux qui peuvent aussi le remplacer. Dans le deuxième cas, un exemple pour chacun des deux emplois différents sera donné. Deux groupes de déterminants sont à distinguer – les déterminants définis et indéfinis. 7.2.1 Les déterminants définis o
la marque du défini
La marque du défini (ou l’article défini) a des manifestations très particulières en wüödughukakan. Dans de rares cas, elle a la forme o et s’écrit séparément du nom. Si le nom déclenche l‘alternance consonantique, la marque du défini change sa forme en ɔn. müü
(un) couteau
müü o
le couteau
cian
(une) vérité
cian o
la vérité
bwo
(une) maison
bwo ɔn
la maison
Souvent l’article défini est exprimé par l’allongement de la dernière voyelle du nom qu’il suit et non par o. RÈGLE
: Dans la langue écrite, c’est toujours la marque du défini o qui s’écrit.
Cela veut dire que souvent l’on dit : Cɛɛ ka nan.
L’homme est venu.
Mais il faudra quand même écrire : Cɛ o ka nan.
L’homme est venu. 57
Dans la plupart des cas la marque du défini est réduite à un ton bas qui ne s’écrit pas. Cela veut dire que selon la prononciation, la phrase suivante a deux significations différentes : Cɛ ka nan.
L’homme est venu.
Dans la phrase ci-dessous, la présence de la marque du défini est indiquée par le fait que shiakun ‘bout de la route’ ne déclenche pas l’alternance consonantique sur la postposition la qui suit. A y’i lɔ shiakun la.
Il s’arrête au bout de la route.
Les règles de l’emploi de l’article défini dans sa forme purement tonale restent toujours à être analysées avant de pouvoir les exposer dans un guide d’orthographe. ATTENTION
: Contrairement au français, le wüödughukakan n’a pas d’article indéfini.
Le wüödughukakan a deux déterminants démonstratifs. Tous les deux peuvent accompagner et remplacer un nom. o
ce, cette, celle-ci, celui-là, …
Ce déterminant a la même forme que la marque du défini. Mais elle est le seul déterminant qui apparaît devant le nom. O denin tüö tɛ yia gbiɛ nɛn fɔ ka timin. Cet enfant était extrêmement têtu. Dans l’exemple ci-dessus, o accompagne le nom denin, tandis que o remplace un nom dans l’exemple ci-dessous. A yia sɔn o man.
Elle va l’accepter.
En plus, ce déterminant a une forme emphatique ole et peut former un pluriel en –lu : A ko olu man, koo ...
Il leur a dit que ….
Olelu man bɔ aa demuso fhɔküë.
Ce sont eux qui ont soutenu leur fille. 58
(lit. : … n’ont pas quitté leur fille.)
miɛn
ceci, cela
Tout comme le déterminant o, ce déterminant peut à la fois accompagner le nom comme dans le premier exemple ci-dessous et le remplacer comme dans le deuxième exemple. I yia fla ta sans miɛn nelu la.
C’est en ce moment que tu prendras le médicament.
Miɛn nɛ nɛn ta le.
Ceci ne m'appartient pas.
7.2.2 Les déterminants indéfinis -lu
marque du pluriel
La marque du pluriel -lu est collée au dernier mot d’un groupe nominal, c‘est-à-dire qu’elle est très souvent séparée du nom. jiilu
des arbres
Sisɛ lelu un.
Ce sont des poules.
Denin vitiinin vla lelu ye kasila. de-nin
fitiinin fla
Ce sont deux petits enfants qui pleurent.
le-lu ye
kasi-la
enfant-DIM petit deux FOC-PL INACC pleurer-INACC
La marque du pluriel est très souvent associée au défini. jii olu
les arbres
59
À cause de cette association, l’alternante -nu du pluriel indéfini n’apparaît que rarement, car l’alternance consonantique est bloquée par le ton qui représente la marque du défini. den lu
les enfants
Ci-dessous, un tableau récapitulatif des co-occurrences des marques du défini, de l’indéfini et du pluriel : défini singulier
(o)
pluriel
(o)lu
indéfini
-lu
Le wüödughukakan a deux déterminants qui signifient ‘autre’. gbiɛ
autre (qui n’est pas connu)
A ka fla gbiɛ di ma.
Il lui a donné un autre médicament.
mun
autre (qui est connu)
Mun man nan.
L’autre n’est pas venu.
Sausicɛ yiɛ manghanbiitighi mun lalɔ. Le soldat a arrêté l’autre chauffeur. Un grand nombre de déterminants donne des informations concernant la quantité d’objets indiqués par le nom. Ce sont les quantificateurs qui donnent plus ou moins exactement le nombre d’objets. Ci-dessous, une liste (incomplète) de quantificateurs qui ne précisent pas exactement la quantité : danman Mɔghɔ danman le yiɛ nan.
quelques (un petit nombre) C’est quelques personnes (seulement) qui sont venues. 60
si
aucun(e)
Ce déterminant apparaît seulement dans des phrases négatives : Dafwɔn si tɛ tɛ man.
Il n’avait aucune cicatrice.
Mɔghɔ si man nan.
Personne n’est venu.
bɛ
tous, toutes
Ce déterminant peut accompagner et remplacer un nom. Il apparaît en combinaison avec la marque du pluriel qui le précède comme le montre la phrase ci-dessous. Denin vitiinnin lelu bɛ ye kasila.
Ce sont tous les petits enfants qui pleurent.
Dans les deux phrases ci-dessous bɛ remplace un nom. Bɛ yiɛ ɲanghanli.
Tous se sont réjouis.
Bɛ ko, ko man ɲin.
Tous disent que ce n’était pas bon.
dɔ
certain
Ce déterminant peut accompagner ou remplacer un nom. Dans la phrase suivante, il l’accompagne. Musoba dɔ le tiɛ so dɔ la, …
Il y avait une vieille femme dans un village …
Dans les deux phrases ci-dessous, dɔ prend la place d’un nom. Dɔ di man !
Donne-m’en !
Dɔ yiɛ bɔ kunŋo la.
Le problème a diminué un peu.
Les numéraux expriment une quantité exacte. La liste suivante donne les nombres cardinaux : 1
kie
6
wɔlɔ
2
fla
7
wüöŋla
61
3
sawa
8
seɲin
4
nannin
9
küënɔ
5
lolu
10
ta
De ‘onze’ à ‘dix-neuf’, les numéraux sont des mots composés de ‘dix ‘, ‘et’ et du numéral unitaire : tannike ‘onze’, tannifla ‘douze’, etc. Ci-dessous, la suite :
20
mwa
70
biwüöŋla
30
bisawa
80
biseɲin
40
binannin
90
biküënɔ
50
bilolu
100
kɛnmɛn
60
biwɔlɔ
1000
wua kie
Les nombres ordinaux sont dérivés des nombres cardinaux par le suffixe –ɲan, sauf le premier : 1er
jonan
3ème
sawaɲan
2ème
flaɲan
4ème
nanninɲan
7.2.3 Les déterminants interrogatifs Il existe des déterminants interrogatifs qui accompagnent un nom pour demander de l’information sur l’objet indiqué par ce nom.
62
jogho
combien
De ɲogho lie Musa büö ?
Combien d’enfants a Moussa ?
Jogho logho ?
C’est combien ?
Dans la deuxième phrase ci-dessus, le déterminant interrogatif se substitue à un nom. jüën
quel
A ye biala jüën nɛn kɛla ?
Quel travail fait-il ?
7.3 Le groupe nominal complexe Souvent, le groupe nominal comprend plusieurs noms. 7.3.1 La construction de possession Cette construction comporte deux noms, dont seul le premier peut être remplacé par un pronom. Ces noms sont liés ou pas par la marque de possession yia. Ce type de groupe nominal indique une relation possessive (au sens large d’association) et les deux noms impliqués s’appellent possesseur et possédé. Deux types sont à distinguer, selon la présence ou non du connecteur possessif yia. La possession inaliénable exclut la présence du connecteur possessif yia et indique une relation inséparable d’une manière ou d’une autre entre le possesseur et le possédé : relation de parenté :
a fa
son père
a biɛmuso
sa cousine
relation sociale :
a tie
son ami
parties du corps :
a kun
sa tête
a se
son pied
dawa kia
la manche de la houe
relation partie-tout :
La possession aliénable est indiquée par la présence de yia : 63
a yia manghanbii
sa voiture
a yia tia
sa sueur
a yia dawa
sa houe
a yia shiaɲan
sa peur
a yia sho
son cheval
a yia cɛɲan
sa beauté
Le possédé est un nom d’action dans les deux phrases ci-dessous. Jia yia faghalicogho yia junghun.
La manière dont le lion tue est méchante.
Jia faghacogho man ɲin.
La manière dont le lion a été tué n’est pas bonne.
Le groupe nominal au début de la première phrase est une construction de possession aliénable et le lion (le possesseur) exécute l’action. Le groupe nominal au début de la deuxième phrase est une construction de possession inaliénable. Ici le lion (le possesseur) subit l’action. 7.3.2 La construction de coordination La conjonction ni ‘et’ sert à énumérer plusieurs noms de statut égal dans un groupe nominal : bagha ni wesebüünan o
du riz avec de la sauce de feuilles de patate
Mɛman Jeme ni mɛman Vada lelu ye fɔ ɲɛn ko … Ce sont mes grands-pères Jeme et Vada, qui m’ont dit que …
8 Le groupe nominal 2 : Les pronoms Contrairement aux déterminants qui accompagnent un nom, le rôle principal des pronoms est de se substituer à un nom ou à un groupe nominal. Ils peuvent être employés comme sujet ou objet dans une phrase, tout comme un nom ou un groupe nominal.
8.1 Les pronoms personnels Ci-dessous, la série des formes simples :
64
personne
singulier (SG)
pluriel (PL)
1
aan
2
i
áá
3
a
àà
Même si sa case est vide dans le tableau ci-dessus, le pronom de la première personne du singulier (1SG) existe. Mais il ne se manifeste que par l’alternance consonantique. (Pour plus d’informations, voir chapitre 2.3.) Les pronoms de la deuxième et de la troisième personne du pluriel ne se distinguent que par le ton. Pour cette raison, ces deux pronoms personnels portent l’accent aigu (2PL) et l’accent grave (3PL). Ces accents indiquent ton haut (accent aigu) et ton bas (accent grave) respectivement. Les formes emphatiques des pronoms personnels sont les suivantes : personne
singulier (SG)
pluriel (PL)
1
nɛn
aannüö
2
ile
áálüö
3
ale
ààlüö
Les pronoms personnels s’emploient aussi dans la construction de possession pour indiquer le possesseur : Mwandu yia bwo ɔn
la maison de Madou
a
sa maison
yia bwo ɔn
65
8.2 Les pronoms réfléchi et réciproque La forme i sert comme pronom réfléchi pour toutes les personnes, sauf la 1re personne du singulier : I m’i la jonan kunghun.
Tu ne t’es pas couché tôt hier.
À la 1re personne du singulier, ce pronom n’apparaît pas directement à la surface, mais il se manifeste indirectement par l’alternance de la première consonne du mot suivant : fhwo laver
An vhwola.
Je suis en train de me laver.
Le mot d’emphase jiɛ ‘(soi) même’ s’ajoute au pronom réfléchi pour former son emphase : A k’i jiɛ lajiɛman miiɲanma dɔ le. Il s’est transformé en un gros python. Àà k’i jiɛ lɔbwoɲan.
Ils se sont vantés.
I jiɛ küësi !
Fais attention à toi !
Le wüödughukakan n’a pas de pronom réciproque à part. La réciprocité s’exprime par le pronom réfléchi i suivi de ɲɔnghɔn ‘réciproquement’ : Àà k’i ɲɔnghɔn ɲe lɔghɔ lɔ.
Àà yiɛ biala kɛ i ɲɔnghɔn vɛ.
Ils se sont vus au marché.
Ils ont travaillé ensemble.
8.3 Le pronom indéfini Ce pronom exprime l’idée d’absence totale d’une chose, mais jamais l’absence d’un être animé. fhwoi
rien
A man fhwoi fɔ.
Il n’a rien dit.
Fhwoi tɛ ɛla bɔ.
Rien ne vaut la paix.
66
8.4 Les pronoms interrogatifs Tout d'abord, deux types de questions sont présentés, qui ne nécessitent ni de pronom ni de déterminant interrogatif. (Pour plus d’informations sur les déterminants interrogatifs, voir 7.2.3.) La question oui-non, c'est-à-dire une question à laquelle il faut répondre par oui ou par non, n’a pas de pronom interrogatif. Elle se fait par allongement de la dernière voyelle dans une phrase : I tia kɛ.
Tu ne le feras pas.
I tia kɛɛ ?
Tu ne le feras pas ?
La question alternative propose deux réponses possibles qui sont représentées par deux phrases ou portions de phrases. Ce type de question exige une particule interrogative qui lie deux phrases ou portions de phrases. bia
ou bien
Musa ye bwo ɔn la bia, a ye kienman ? Musa est dans la maison ou bien il est dehors ? I to fɛ bia shüën ɔn ?
Tu veux du to ou bien du foutou ?
I yia lu ye ye nɛn bia fa vɛ jiɛ ?
Ta cour est là-bas ou bien de l’autre côté ?
A yia nan bi bia siin ?
Il vient aujourd’hui ou bien demain ?
L’interrogation partielle a besoin d'un pronom interrogatif, qui prend la place d’un nom ou d’un groupe nominal, tout comme les autres pronoms. jɔn
qui
Ce pronom interrogatif demande le sujet d’une phrase nominale ou verbale, mais seulement quand il s’agit d’un être humain. Jɔn nɛn la yia tiɛ ?
Qui est rapide ?
Jɔn nannan ?
Qui est venu ?
67
min
que, qu’est-ce que
Ce pronom interrogatif demande l’objet (lorsqu’il n’est pas un être humain) d’une phrase verbale. Min nɛn kɛla ?
Qu’est-ce qui s’est passé ?
A yiɛ min dɔghɔ ?
Qu’est-ce qu‘il a mangé ?
min
où
Ce pronom interrogatif demande le lieu dans une phrase locative et le complément circonstanciel de lieu dans une phrase verbale I ye min ?
Où est-tu ?
A ye taghala min ?
Où part-il/elle ?
di
comment
Ce pronom interrogatif demande le complément circonstanciel de manière dans une phrase verbale. I nannan di (le) ?
Comment es-tu venu ?
8.6 Le pronom relatif Le pronom relatif min suit toujours directement le nom auquel il se réfère. (Pour plus d’informations, voir chapitre 11.2.3.) A yiɛ dele min za, o ciaɲin.
L’habit qu’elle a acheté est joli.
9 Les postpositions Les postpositions se combinent avec un nom, un groupe nominal ou un pronom pour former un groupe postpositionnel. Ce groupe postpositionnel est un constituant obligatoire de la phrase locative. (Pour plus d’informations, voir chapitre 4.4.) Il apparaît généralement à l’extrême droite de la phrase verbale comme COI obligatoire ou comme complément circonstanciel facultatif. 68
La fonction primaire des postpositions est de situer un objet dans l’espace ou dans le temps, mais certaines postpositions sont aussi employées différemment.
9.1 Les postpositions simples Ci-dessous, une liste de postpositions simples avec leurs valeurs approximatives en français. L’emploi des postpositions dépendra soit du verbe soit du nom impliqué. la
à
A ye gbabughu la.
Elle dans la cuisine.
A ka tagha bada la.
Il est parti au bord du fleuve.
A senin shiafia la, ...
Lorsqu’il est arrivé au carrefour …
lɔ
dans, à
Jii ja zhɛman ye siɛn lɔ.
Il y a beaucoup de grands arbres dans le champ.
I tɛ mɔghɔ si jatela so lɔ.
Tu ne respectes personne au village.
Waghati ja nɔn, …
Dans un passé lointain …
man
à
Mayiaman nia tagha siɛn man.
Mariam n’ira pas au champ.
A yiɛ dawa di Musa man.
Il a donné la houe à Moussa.
O la man, …
Ce jour-là …
küë
sous
tabiɛ küë
sous la table
Ka nan sii annüo küë.
Elle l’a déposé devant nous.
fɛ
chez, près de
O sighinin ye ta fɛ.
Il est assis près du feu.
A ka siefhwɔ fladonan fɛ.
Il est retourné chez le guérisseur.
69
ka
sur
tabiɛ ka
sur la table
lɛ ka
dans la savane
Saɲe yiɛ nan fhwefe-ɔn ka.
La pluie est tombée sur le linge.
fhwɔ
derrière, après
Minɲan ka bwe Mayaman fhwɔ.
Un serpent a couru après Mariam.
A benin fhwɔ ka bɔ sho ka, …
Après qu’il soit tombé de cheval …
yɛ
à, pour
An fhwɔ kɛ nie yɛ bi !
Aujourd’hui je nage pour mon ami!
Bwoɲan ye ale yɛ.
Les gens le respectent.
ni … le
avec
A ka o ce ni a yia miɛfa le.
Il l’a fusillé avec son fusil.
A ka tagha ni a muso le
Il est parti dans son pays avec sa femme.
a yia janmian lɔ. küën
dans
Ɛla tɛ dughuba küën.
Il n’y a pas de paix dans la grande ville.
kanman
contre
Aa fla ka n‘i wii
Les deux se sont levés pour partir (lutter) contre lui.
ka tagha kanman. büö
à, pour (possessif); à cause de
Manganbii ye büö.
Il a une voiture.
De zawa ye müö.
J’ai trois enfants.
Man se dɔghɔnan kɔghɔ büö.C’était immangeable à cause du sel. 70
9.2 Les postpositions complexes Il y a des postpositions constituées d’un nom qui indique très souvent une partie du corps, suivi d’une postposition de forme simple : fhwɔman
derrière
(fhwɔ dos +man)
jiisun min niɛ bwo ɔn fhwɔman
l’arbre qui était derrière la maison
kunman
au-dessus
Tule ɔn tiɛ timinan a kunman.
Le calao volait au-dessus d’elle.
cɛman
au milieu
Gbɔghɔ tiɛ o tu cɛman.
Au milieu de cette forêt, il y avait des roseaux.
ɲanlɔ
devant
Bwo ɔn ɲanlɔ
devant la maison
(kun tête + man)
(cɛ milieu +man)
(ɲan visage + lɔ)
10 Le complément circonstanciel Tout comme le nom a ses compagnons, les phrases verbales et nominales (voir chapitres 3 et 4) peuvent aussi avoir leurs compagnons. On les appelle des compléments circonstanciels (COC). Ils expriment les circonstances qui accompagnent le déroulement de l’action indiquée par le verbe. Ils permettent de préciser quand (compléments circonstanciels de temps), où (compléments circonstanciels de lieu) ou comment (compléments circonstanciels de manière) l’action indiquée par le verbe s’est déroulée. Les compléments circonstanciels sont facultatifs, c’est-à-dire qu'ils peuvent être supprimés sans que la phrase devienne grammaticalement incorrecte. Il existe trois manières principales d’exprimer ces compléments circonstanciels : les adverbes, les groupes postpositionnels et les phrases subordonnées adverbiales. 71
10.1 Les adverbes Les adverbes sont des mots qui apportent des informations supplémentaires à la phrase, tels que le temps, la manière ou d’autres circonstances. Très souvent, ils apparaissent à droite de la phrase simple. Ci-dessous, quelques exemples : 10.1.1 Les adverbes de temps Notez que certains adverbes de temps peuvent être placés à gauche de la phrase simple. bi
aujourd’hui
Ale lie gba lɔ bi.
C’est elle qui fait la cuisine aujourd’hui.
Bi, ale lie gba lɔ.
Aujourd’hui c’est elle qui fait la cuisine.
siin
demain
kunghun
hier
selu
l’année passée
selunansie
il y a deux ans, l’an surpassé
san gbiɛ
l‘an prochain
unshüën
d’abord
I manküën, an dɔmii dɔghɔ unshüën.
Attends-moi, je vais d’abord manger. sisiɛnninman
maintenant
fɛsɛfɛsɛ
jamais
jonan
tôt (phrase affirmative), tard (phrase négative) 72
Ŋian wii jonan.
Je me suis levé tôt.
bie
toujours, encore (phrase affirmative),
Man wii jonan.
Je me suis levé tard.
ne … plus (phrase négative) E siɛn man bie.
Jusqu’à présent il est au champ.
A tɛ siɛn man bie.
Il n’est plus au champ.
ba
déjà (phrase affirmative),
Mwandu tɛ yiɛ bagha dɔghɔ.
Madou avait déjà mangé du riz.
pas encore (phrase négative)
Mwandu tɛ man bagha dɔghɔ ma. Madou n'avait pas encore mangé du riz. L’adverbe ba peut être placé à gauche d’un verbe à l’infinitif : Muso le tɛ man se ba nanan.
C’est la femme qui n’a pas encore pu venir.
10.1.2 Les adverbes de lieu Le wüödughukakan connaît quatre adverbes de lieu. Ils forment un système avec les distinctions suivantes :
visible
près exemple
loin
exemple
nin
jiɛ
Ale lie jiɛ.
Ale lie nin. Le voici (juste à côté).
possiblement ya invisible
I to ya !
Le voilà là-bas. ye
I to ye !
Tu restes ici !
Tu restes là-bas !
A ye a fa fɛ ya.
A ye a fa fɛ ye. 73
Il est ici chez son père.
Il est là-bas chez son père.
10.1.3 Les adverbes de manière jiɛlɛlɛ
avec précaution
Tagha jiɛlɛlɛ !
Marche avec précaution !
dɔninnɔnin
doucement, lentement
Tie ye bɔla le dɔninnɔnin.
Le soleil sort lentement.
biɛbiɛ
bien
Dele kianin ɲɛn biɛbiɛ.
La chemise est bien cousue.
10.1.4 Les adverbes d’intensité Chaque adverbe de ce groupe transmet la valeur d’intensité à l’adjectif ou au verbe qu’il accompagne, et auquel il est si étroitement lié qu’il ne peut pas accompagner d’autres verbes ou adjectifs. Ci-dessous, une liste incomplète de ce type d’adverbes : A gbɛnin nɔnghɔn pepepe.
C’est très blanc.
Bwo ŋbɛnin mepepe ye jiɛ nin.
Il y a une maison très blanche là-bas.
A finnin nɔnghɔn tititi.
C’est très noir.
A wluɛnin nɔnghɔn büötoto.
C’est très rouge.
A gbannin nɔnghɔn papapa.
C’est très chaud.
Saɲe benan waaa.
La pluie tombe à verse.
A k’i lɔ fututu.
Il est resté longtemps.
10.2 Les groupes postpositionnels Dans la phrase locative, le groupe postpositionnel est obligatoire. En plus de cela, un grand nombre de compléments circonstanciels est exprimé comme nom plus
74
postposition. Une liste de postpositons se trouve dans le chapitre 9. Ci-dessous, quelques exemples de compléments circonstanciels : à valeur temporelle : o la man
ce jour-là
O la man, aan wiɛnin baghabɔdɔghɔnan … Ce jour, lorsque nous avions fini de prendre le petit déjeuner … à valeur locative : A ka tagha bada la.
Il est parti au bord du fleuve.
Sanni an nan, an ɲian to lu man.
Au lieu de venir, je reste à la maison.
à valeur de bénéficiaire : An kianin kɛla nie yɛ.
Je fais la couture pour mon ami.
à valeur d’instrument A ka büü tɛghɛ ni müü le.
Il a coupé le pain avec un couteau.
à valeur d’accompagnement : A ka tagha ni a yia muso le.
Il est parti avec sa femme.
11 La phrase complexe La phrase complexe comporte deux phrases simples qui contiennent chacune un verbe soit dans sa forme conjuguée soit comme participe. Il faut distinguer deux types de relations entre ces deux phrases, la coordination et la subordination.
75
11.1. La coordination On parle de coordination quand deux phrases indépendantes forment un couple de mêmes statuts. En wüödughukakan, les deux conjonctions suivantes servent à relier ce type de phrase complexe : o et ani. ATTENTION
: O et ani fonctionnent à la fois au niveau des groupes nominaux complexes
et des phrases complexes. ani
et
Abu yiɛ tagha lɔghɔ lɔ ani Satu yiɛ tagha lu man. Abou est allé au marché, et Satou est allé à la maison. o
quel que soit
Dɔ ɲiala o dɔ man jia o, i do n’i fhɔ fiɛ so.
Que la danse ait été intéressante ou non, toi, tu dois retourner au village. Une caractéristique de cette conjonction de coordination est que la phrase complexe
coordonnée (soulignée ci-dessus) n’est pas indépendante, mais est dans son ensemble subordonnée à la phrase principale qui suit. do
mais, malgré que
Le mot do est avant tout une particule d’emphase : Ni aan ŋa tagha lu man do !
Et si l’on allait à la maison !
Mais lorsque do suit le sujet de la deuxième phrase d’une phrase coordonnée, sa fonction est celle d’une conjonction adversative : An fɛ ka tagha lu man, su do ɲiɛn fhwo. Je veux partir à la maison, mais il fait nuit. Ɲiɛn bwoɲan fɔ yɛ, o do vhwɔ e kiɛse ka. Je lui ai demandé pardon, malgré cela il a une attitude hostile.
76
11.2 La subordination On parle de subordination quand dans un couple de phrases l’une est le noyau (la phrase principale) et l’autre, la phrase subordonnée, dépend d’elle en tant que complément. Souvent, la phrase subordonnée ne serait pas grammaticalement correcte comme phrase simple en isolation. 11.2.1 Les constructions en ka Le mot grammatical ka sert à marquer une forme verbale comme infinitif. Les constructions en ka ont la forme suivante :
S MP V1 ka (COD) V2 Les deux verbes de ces constructions partagent donc un seul sujet (S) et une seule marque prédicative (MP). Les deux verbes indiquent soit des actions successives, soit le deuxième verbe indique le but de l’action indiquée par le premier. Ci-dessous, quelques exemples : Bɛ ka lali ka dɛsɛ.
Tout le monde lui a donné des conseils sans succès (litt.: ... lui a donné des conseils jusqu'à échouer).
Ɲiɛn gia do faghani la ka fin.
J’ai mis de l’indigo sur le pagne pour le rendre noir.
A yiɛ tagha ka sani kɛ.
Elle est partie pour faire des achats.
Les constructions en ka peuvent avoir plus de deux verbes : Miɛkie ka bwe ka tagha sogho mlan ka a kannantɛghɛ ani ka a bosogho. Miekie a couru pour aller attraper l’animal, l’égorger et découper sa viande.
77
11.2.2 La subordonnée participiale Parmi les trois participes, deux peuvent former une phrase subordonnée à valeur temporelle. Pour commencer, celles avec le participe résultatif -nin ont une valeur d’antériorité. A senin, a ka bɛ ni a tie le. a sen-in
a
ka
bɛ
ni
a
tie le
3SG arriver-PRT.RES 3SG ACC rencontrer avec1 3SG ami avec2 Etant arrivé, il a rencontré son ami. Souvent le sujet de la subordonnée participiale diffère de celui de la phrase principale. Aa bɛ fanin, denin ka taghadi a man man. Quand tous étaient rassasiés, l’enfant est parti donner les restes du repas à sa mère. Les subordonnées participiales avec le participe progressif -tɔ ont une valeur de simultanéité. A siɛfhwɔtɔ, a ka bɛ ni a tie le. a
siɛfhwɔ-tɔ
a
ka
bɛ
ni
a
tie le
3SG retourner-PRT.PROG 3SG ACC rencontrer avec1 3SG ami avec2 En retournant, il a rencontré son ami. Les deux exemples ci-dessous montrent que le pronom personnel de la 3e personne du singulier peut être supprimé dans la phrase principale, mais pas dans la subordonnée participiale : A dɔŋii latɔ, ka dɔmii dɔghɔ.
Il a mangé en chantant.
A dɔmiitɔ, nannan.
Il est venu en mangeant.
78
Si le verbe principal est un verbe intransitif, une deuxième construction est possible où le participe progressif fait partie d’un complément circonstanciel : A nanan dɔmii kɛtɔ le.
Elle est venue en mangeant.
Les deux phrases ci-dessous montrent encore une fois les deux manières différentes de s’exprimer : A nantɔ, bwela.
Il a couru en venant.
A bwela nantɔ le.
Elle est venue en courant.
11.2.3 Les conjonctions de subordination à valeur temporelle : Deux d’entre elles sont placées au début de la phrase subordonnée. kabii
depuis que, jusqu’à
Kabii nannin Bija, a yiɛ kɛnnɛɲ.
Depuis qu’il est à Abidjan, il va bien.
Kabii ni bi, an manküënnan.
Jusqu’à présent je l’attends.
Kabii o lo ɔn le man, Solo bagha ka fagha. Depuis ce jour-là, Solo est devenu sage. sanni
avant que
Sanni an tagha, biala shɛman ye man. Avant que je parte, il me reste beaucoup de travail. Deux d’entre eux sont placés à la fin de la phrase subordonnée. minŋɛ
lorsque, après que, une fois que
Aa sela siɛn man minŋɛ, Miɛkie k’i jiɛ toghobɛnnɛn lɔ. Arrivé au champ, Miekie est monté au grenier de la cabane.
cɔnmiɛn
lorsque, dès que
A tɛ k’i büo bɔ wlala lɔ cɔnmiɛn, a tiɛ bwe k’i jiɛ jii la. 79
Dès qu’elle avait sorti les mains du dîner, elle a couru pour grimper sur l’arbre. à valeur de cause : kɔsɔ
pour cela, pourquoi
An fɔ minŋɛ nia tagha, ole kɔsɔ i niɛnnan ? Est-ce que tu m’insultes parce que j’ai dit que je pars ? kamanssüë
parce que
Denin ɲiɛn kasi, kamanssüë kɔnghɔn tiɛ la. L’enfant a pleuré parce qu’il avait faim. à valeur de but, intention : kofɔ
afin de, pour
A yiɛ biala ke kofɔ yia gizaman süë.
Il a travaillé pour réussir à l’examen.
ko
afin de, pour
Musa ye nansɔnŋɔn dila a muso man ko o yia gba kɛ. Moussa donne de l’argent à sa femme afin qu’elle fasse la cuisine. à valeur de comparaison : ojo
comme
Ani bi, Ala yia kɛ aan mɛman lu ye o lafagha min vɔ aan nyɛn, o yia to aan Niawiɛlu küen ojo a tola aan valu füü nan nyan min man.
Que Dieu fasse que même aujourd’hui la parole que nos grands-pères nous ont dit qu’elle sera gardée parmi les Traoré comme elle était gardée parmi nos pères. Cɛmɔghɔ se nan yia di bwe la, ojo sani ɔn lɛ ka. Tiemogo est rapide dans la course comme un lièvre dans la savane.
80
11.2.4 La phrase relative Le pronom relatif min accompagne ou remplace un nom. Quand il accompagne un nom, deux cas sont à distinguer : Quand le nom est au défini, le pronom relatif le suit immédiatement, et le nom auquel le pronom relatif se rapporte est repris par un pronom dans la phrase principale. Mɔghɔ minlu ye ya, olu ye i küësila.
Les gens qui sont ici, eux, ils te surveillent.
A ka kɛ mansa min nɛn, o ɲɔnghɔn nɛ.
Le roi qu’il est devenu n’avait pas son pareil.
a. Quand le nom est à l’indéfini, le pronom relatif prend la place du sujet de la phrase subordonnée. Mɔghɔ ye ya, min ye i küësila.
Il y a quelqu’un ici qui va te surveiller.
A ka kɛ mansa le min ɲɔnghɔn nɛ.
Il a été un roi sans pareil.
b. Le pronom relatif peut aussi remplacer un nom : Ala ka min ɲian kiɛ kɛ, delebɔ tɛ o tighi man bie. Celui pour qui Dieu combat, il n'a plus besoin d'ôter son habit. 11.2.5 La phrase conditionnelle Ce type de phrase complexe a des caractéristiques particulières. La première partie est la phrase subordonnée. Elle introduit la condition sous laquelle l’évènement indiqué dans la deuxième partie, la phrase principale, se réalise. La phrase subordonnée est donc un complément circonstanciel de condition. Ce complément circonstanciel est introduit par la conjonction ni, et il a sa paire spécifique de marques prédicatives : yia à l’affirmatif et man au négatif. Il faut distinguer deux cas. a. L’éventuel
81
L’évènement indiqué par la phrase principale se réalise quand la condition se remplit. Ni ka wiɛ biala la, e tagha lu man. Quand il a fini le travail, il va à la maison. Le verbe de la phrase principale est à l’habituel, ce qui indique que l’évènement indiqué par cette phrase s’est déjà réalisé et va se réaliser encore une fois quand la condition est remplie. On peut mettre en relief qu’il s’agit d’une habitude en ajoutant des compléments circonstanciels de temps. Ci-dessous, quelques exemples : Lo ɔn bɛ, ni ka wiɛ biala la, e tagha lu man. Tous les jours, quand il a fini le travail, il retourne à la maison. San bɛ, ni ka wiɛ biala la, e tagha lu man. Chaque fois qu’il a fini le travail, il va à la maison. Cette phrase se transpose au passé en associant la marque de l’antériorité tɛ aux marques prédicatives. Ni tɛ ka wiɛ biala la, a tiɛ tagha lu man. Quand il finissait le travail, il est allé à la maison. Quand le verbe de la phrase principale est au futur, le sens change : Ni ka wiɛ biala la, yia tagha lu man. Quand il va finir le travail, il va partir à la maison. L’évènement indiqué par la phrase principale ne s’est pas encore réalisé, mais il est toujours susceptible de l’être. b. Le potentiel et l’irréel du passé Ni tɛ ka koman kɛ, be tɛ yia lamɛn. S’il parlait, tout le monde l’écouterait. La phrase ci-dessus peut se comprendre de deux manières différentes.
82
- L’évènement indiqué par la phrase principale a le potentiel de se réaliser, car la condition peut toujours se remplir. Dans ce cas, on peut continuer comme suit : No man la la, ko yia kɛ. Mais je ne crois pas qu’il le fera. - Ou bien l’évènement indiqué dans la phrase principale n’a pas pu se réaliser, car la condition n’a pas été remplie. Dans ce cas, on peut continuer comme suit : A do man fhwoi fɔ.
Mais il n’a rien dit.
12 L’élision, l’omission et les mots-valises 12.1 L’élision On parle d’une élision quand la voyelle ou le groupe de voyelles à la fin d’un mot est effacé devant la voyelle au début d’un deuxième mot. RÈGLE
: Dans la langue écrite, l’élision n’est admise qu’entre une marque
prédicative ou la conjonction ko ‘ afin de’ et un pronom. Lorsqu’on veut marquer l’élision, l’apostrophe remplace la voyelle élidée. Ci-dessous, quelques exemples où la première phrase est toujours sans et la deuxième avec élision : Musa ye nansɔnŋɔn dila a muso man ko o yia gba kɛ. Musa ye nansɔnŋɔn dila a muso man k’o yia gba kɛ. Moussa donne de l’argent à sa femme afin qu’elle fasse la cuisine. A ka i büɔ bɔ wluala lɔ. A k’i büɔ bɔ wluala lɔ. Elle a enlevé ses mains du dîner. A tiɛ nan i lɔ shiakun la. A tiɛ n’i lɔ shiakun la. Elle venait (régulièrement) s’arrêter au bout de la route.
83
Bwo ɲian i ɲɔnghɔn ɲe. Bwo ɲ’i ɲɔnghɔn ɲe. Que les gens de la maison se rencontrent ! (invitation à une réunion) A yiɛ sɛghɛ bi, a yiɛ i la tiesɔ. A yiɛ sɛghɛ bi, y’i la tiesɔ. Il est fatigué aujourd’hui, il s’est couché à midi.
12.2 L’omission Il arrive assez fréquemment que des mots soient omis (‘avalés’) dans la langue parlée, sans que cela cause un problème de compréhension. Par contre, dans la langue écrite, qui offre beaucoup moins de repères contextuels, de telles omissions sont
problématiques. C’est pourquoi il est nécessaire d’établir des règles qui permettent ou interdisent l’omission de certains mots dans la langue écrite.
Le pronom de la troisième personne du singulier a est très souvent omis dans la langue parlée. Cela ne cause pas de problèmes de compréhension. RÈGLE
: Dans la langue écrite, le pronom de la troisième personne du singulier a
peut être omis. A ka a dɔghɔ.
= A ka dɔghɔ.
Ɲiɛn a di a man.
= Ɲiɛn di man.
= Ka dɔghɔ
Il l’a mangé. Je le lui ai donné.
La marque prédicative de l’inaccompli est ye …-la. Mais dans la langue parlée, le ye est très souvent omis, et la voyelle finale du mot précédent est un peu allongée. RÈGLE
: Dans la langue écrite, il faut toujours employer la forme complète ye … -
la. Cette règle aide à éviter la confusion avec l’accompli des verbes intransitifs. Dans les exemples ci-dessous, la forme écrite se trouve à gauche et la forme parlée se trouve à droite (entre crochets). 2SG : I ye taghala.
[ii taghala] 84
Tu pars.
3SG : A ye taghala.
[e taghala]
Il part.
3PL : Aà ye taghala.
[àà taghala]
Ils partent.
nom : Musa ye taghala.
[musaa taghala]
Moussa part.
nom : Sìsɛ ye taghala.
[sisɛɛ taghala]
La poule part.
2PL:
Aá ye taghala.
[áá taghala]
Vous partez.
12.3 Les mots-valises Il existe des mots-valises en wüödughukakan, des mots dans lesquels se cachent deux mots qui existent dans la langue. Le pronom personnel de la première personne du singulier ne se manifeste que par l’alternance consonantique du mot qui le suit, ce qui mène toujours à un mot-valise. (Pour plus d’informations, voir chapitre 2.3.)
Les autres mots-valises sont formés par la fusion de deux mots grammaticaux dont le deuxième est toujours une marque prédicative. Seule leur fonction double montre qu’il s’agit de fusions de deux mots simples de la langue. a. tɔghɔ et tiɛ Ces deux mots sont des fusions de la marque de l’antériorité avec soit la marque prédicative de la phrase présentative logho, soit ye, un mot qui assume plusieurs fonctions : la marque prédicative de l’habituel, la première partie du morphème discontinu qui est la marque de l’inaccompli, la copule des phrases équatives et locatives. En voici quelques exemples : - tɔghɔ < tɛ + logho Muso logho.
Muso le tɔghɔ.
C’est une femme.
C’était une femme.
- tiɛ < tɛ +ye A ye kiila Musa.
A tiɛ kiila Musa. ATTENTION
Il s’appelle Moussa.
Il s’appelait Moussa.
: Quand tiɛ est suivi du pronom i, cette suite est prononcée [ti], mais on
écrira toujours tiɛ i.
85
Tiɛ i pan.
[t’i pan]
Il avait sauté.
Les autres marques prédicatives n’ont pas fusionné avec la marque de l’antériorité. a. lie Il s’agit d’une fusion de la marque de focalisation le avec ye. lie < le + ye Ale lie man jiɛmannan küë.
Elle aide maman d’habitude.
Min niɛn Ebola le ?
Qu’est-ce que c’est, l’Ebola ?
Seul le mot ye, qui fait partie de plusieurs marques prédicatives a fusionné avec le. Dans le deuxième exemple ci-dessus, niɛn est employé à la place de lie, car le pronom interrogatif min déclenche l’alternance consonantique. b. miɛn Miɛn est une fusion du pronom relatif min et la marque prédicative ye. A ka to Seghela, lu miɛn kiila Batia. Le frère ainé est resté à Séguéla, dans une cour qui s’appelait Batia. c. e < a (3SG)+ ye E taghala.
Il part.
Quand il s’agit d’un verbe réfléchi, la séquence e suivie du pronom réfléchi i est évitée. Deux orthographes sont possibles : 3SG : E shuanan. / A y’i shwanan.
[I shuanan]
Il saute.
13. La ponctuation et l’emploi des lettres majuscules Les règles de la ponctuation servent à faciliter la communication écrite. Elles indiquent soit la fin d’une phrase soit sa structure interne. 86
En wüödughukakan, sept (7) différents signes de ponctuation sont à distinguer. En plus des signes de ponctuation, il y a aussi les majuscules [et les minuscules] qui aident à structurer un texte.
13.1 L’emploi des lettres majuscules C’est seulement la première lettre d’un mot qui peut être écrite en majuscules. - Chaque nom propre commence par une majuscule. Ci-dessous quelques exemples: prénoms :
Mawa, Lassana, Nanmoli
noms de famille :
Tiawie, Jɔmanghanne
noms de lieux :
Seghela, Bija, Wüödughu, Kodivhwa
- Chaque phrase commence par une lettre majuscule.
13.2 Les signes de fin de phrase Trois (3) signes signalent la fin d’un des quatre (4) types de phrases suivants : la phrase déclarative, la phrase interrogative, la phrase impérative et la phrase exclamative. Les différents types de phrases ont leur signe de ponctuation correspondant. Au niveau de la prononciation, la fin d’une phrase est marquée d’une pause. a. Le point final (.) Le point final marque la fin d’une phrase déclarative, c’est-à-dire, une phrase dans laquelle l’auteur donne une information, raconte un évènement ou exprime son opinion ou ses pensées. Le point final est placé directement derrière le dernier mot de cette phrase. Il est suivi d’un espace vide et la prochaine phrase commence par un mot avec majuscule à l’initiale. b. Le point d’interrogation (?) 87
Le point d’interrogation marque la fin d’une phrase interrogative, c’est-à-dire une question. Une phrase interrogative contient soit un déterminant ou un pronom interrogatif, soit elle est marquée comme question oui-non par l’allongement de la dernière voyelle de la phrase. Le point d’interrogation à la fin de la phrase interrogative est précédé et suivi d’un espace vide. I bie min ?
Où vas-tu ?
Min nɛn yiɛ kɛ ?
Que se passe-t-il ?
c. Le point d’exclamation (!) Le point d’exclamation marque d’abord une véritable exclamation : Kutubu ! Subwanan ! Pati(sankanan) ! Ye man ! Puis il termine une phrase qui exprime un étonnement, une surprise, la joie … : Bwo no gbɛnin mepepe !
Comme la maison est blanche !
Le point d’exclamation est aussi placé à la fin de chaque phrase impérative, c’est-à-dire une phrase qui exprime un ordre ou un souhait. La phrase impérative peut être reconnue par le verbe conjugué à l’injonctif. (Pour plus d’informations, voir chapitre 3.2.3.) Le point d’exclamation est précédé et suivi d’un espace vide.
13.3 Les signes de la structure interne d’une phrase a. La virgule (,)
88
Ce signe de ponctuation ne figure pas dans des phrases simples (avec ou sans complément circonstanciel) qui respectent l’ordre normal, c’est-à-dire où les compléments circonstanciels se trouvent à la droite de la phrase simple. (Les énumérations constituent un cas à part.) Sa fonction principale est d’indiquer un changement de l’ordre normal. - Dans les phrases simples, la virgule est employée quand un complément circonstanciel se trouve au début de la phrase. O san la, nian si te.
Comme c’est ainsi, je vais passer la nuit comme cela.
Bi, ale lie gba lɔ.
Aujourd’hui, c’est elle qui fait la cuisine.
S’il y a plusieurs compléments circonstanciels, ils sont séparés par des virgules. Waghati ja nɔ, Maliba janmian lɔ, sighi dɔ le tiɛ so dɔ la. Dans un passé lointain, il y avait un buffle dans un village situé dans l’empire du Mali. - Dans les phrases complexes coordonnées la virgule est seulement employée lorsque la conjonction ani ‘et’ est omise. Musa ye nɔnnɔn minnan ani Lasana ye kafe minnan. Moussa boit du lait, et Lassana boit du café. Musa ye nɔnnɔn minnan, Lasana ye kafe minnan. Moussa boit du lait, Lassana boit du café. - La virgule sépare la subordonnée participiale de la phrase principale. Nansɔnghɔn dinin man, ka nan tagha sani kɛ lɔghɔ man. Lorsque le prix de la sauce lui a été donné, elle est partie faire les achats au marché. - La virgule sépare chaque phrase subordonnée qui contient une conjonction de subordination de la phrase principale.
89
Aa sela siɛn man minŋɛ, Miɛkie k’i jiɛ toghobɛnnɛn lɔ. Lorsqu’ils sont arrivés au champ, Miekie est monté au grenier de la cabane. - Dans une phrase conditionnelle, la virgule sépare la première partie avec la condition de la phrase principale : Ni ka wiɛ biala la, yia tagha lu man. S’il a fini le travail, il va partir à la maison. - Les éléments d’une énumération sont séparés par une virgule. Les deux derniers éléments sont généralement liés par la conjonction ani ‘et’. Ka sianan jianin kɛ mɔghɔ nannin na le, manko ye : nisisogho la, kɔghɔ, bɛbɛ, fɛfɛ, jawa, tanmanti, sunmianin, tüüwluɛ fitiinin ani siadɛghɛ o la. Pour une sauce aux arachides pour quatre personnes il faut : viande de bœuf, sel, piment, poivre, oignons, tomates, un cube Maggie, un peu d’huile de palme et pâte d’arachide. Il ne faut jamais laisser un espace à gauche de la virgule, mais il faut en mettre un à sa droite. b. Les deux-points (:) Les deux-points annoncent une énumération (voir l’énumération ci-dessus). Deuxièmement, ils introduisent un discours direct. A ka o ɲiiɲan ko : « I bie min ? »
Il lui a demandé : « Où vas-tu ? »
Il faut toujours laisser un espace à gauche et à droite des deux points. ATTENTION
: Le discours indirect n’est jamais introduit par les deux points.
A ka fɔ ko a yia tagha Bija.
Il a dit qu’il allait partir à Abidjan.
c. Les guillemets (« , »)
90
Ce signe de ponctuation se compose d’une paire : le guillemet ouvrant (« ) et le guillemet fermant ( » ), qui sont généralement employés ensemble. Les guillemets encadrent un discours direct ou une citation. Très souvent ils sont précédés des deux points (voir les exemples dans le paragraphe sur les deux points). Il faut toujours laisser un espace à gauche et à droite du guillemet ouvrant et du guillemet fermant. d. Les parenthèses (()) Ce signe de ponctuation se compose d’une paire : la parenthèse ouvrante (() et la parenthèse fermante ()), qui sont toujours employées ensemble. Les parenthèses servent, dans une phrase, à isoler une information qui est utile, mais pas indispensable, dans le but de clarifier la compréhension de ladite phrase. A man se taghala siɛn man (a siɲan jonan tɛ tɛ), shua ka a yia gbogo dɔghɔ. Il ne peut pas aller au champ (et ce n’est pas la première fois), et des singes ont mangé son maïs. Il faut toujours laisser un espace à gauche de la parenthèse ouvrante et à droite de la parenthèse fermante.
13.4 Un signe de structure du discours direct Le tiret (-) Le tiret marque un changement d’interlocuteur dans un dialogue dont le début et la fin sont marqués par les guillemets. On place le tiret toujours au début d’une ligne et laisse un espace à sa droite. Loghosiɛnin ni Lasana ye balo la. Loghosiɛnin ŋo : « Ɲian sanmanje yiɛ jia. -
Cian logho ! Aan ɲian mia ni sɔnmɔn yiɛ ɲan.
-
Fɔ ann Ala tanu o ɲiɛman ko la. » 91
Losseni et Lassana sont en train der causer. Losseni dit : « Cette année la saison de pluies était bien. -
C’est vrai ! Notre riz et nos noix d’acajou ont bien réussi.
-
Il faut louer Dieu pour sa grâce.
Éléments de bibliographie Boling, Mike : Worodougou Lexical Database, données d’une enquête de terrain, inédite Creissels, Denis, 1988 : Eléments de phonologie du koyaga de Mankono (Côte d’Ivoire), Mandenkan n°16, Paris, INALCO Derive, Marie-José, 1983 : Etude comparée des parlers mandingues ivoiriens, Abidjan, Agence de coopération culturelle et technique & Institut de linguistique appliquée Gingiss, Peter J., 1973 : Wüödughukan : A Comparative and Descriptive Study. PhDThesis, Northwestern Univ. Evanston, Illinois 1973 Kutsch Lojenga, Constance, 2014 : Basic Principles for Establishing Word Boundaries. Dans Cahill, Michael & Keren Rice (eds.) : Developing Orthographies for Unwritten Languages, SIL International Publications in Language USe and Education 6, SIL International ; Dallas Texas, 2014 Lewis, M., Paul, Gary F. Simons & Charles D. Fennig (eds.), 2016. Ethnologue: Languages of the World , Nineteenth edition, Dallas, Texas: SIL International. Online version: http://www.ethnologue.com (consulté : 13 février 2017)
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Table des matières Sommaire ........................................................................................................................ 1 Remerciements ................................................................................................................ 2 Avant-propos ................................................................................................................... 3 Liste des abréviations ...................................................................................................... 4 1 L’alphabet..................................................................................................................... 5 1.1 Les voyelles............................................................................................................ 5 1.1.1 Les voyelles orales........................................................................................... 5 1.1.2 Les voyelles nasales ......................................................................................... 7 1.1.3 Les groupes de voyelles ................................................................................. 10 1.2 Les consonnes ..................................................................................................... 12 1.2.1 Les consonnes simples ................................................................................... 12 1.2.2 Les suites de consonnes ................................................................................. 17 2 L’alternance consonantique ........................................................................................ 18 2.1 Introduction ......................................................................................................... 18 2.2 La liste des alternances consonantiques............................................................... 19 2.3 Un cas spécial : .................................................................................................... 23 Le pronom personnel de la première personne du singulier ...................................... 23 2.3.1 Le groupe nominal de possession inaliénable ............................................... 23 2.3.2 Les suites ‘objet – verbe’ et ‘pronom réfléchi – verbe’ dans la phrase verbale ............................................................................................................................... 24 2.3.3 La suite ‘pronom personnel 1SG – postposition’ ........................................... 24 93
2.3.4 La suite ‘sujet - marque prédicative’ (MP) .................................................... 24 3 La phrase verbale ....................................................................................................... 25 3.1 Les types de phrases verbales .............................................................................. 25 3.1.1 La phrase verbale avec verbe intransitif ....................................................... 26 3.1.2 La phrase verbale avec verbe transitif........................................................... 27 3.1.3 La phrase verbale avec verbe réfléchi ........................................................... 28 3.1.4 La phrase verbale avec verbe bitransitif ....................................................... 28 3.2 La conjugaison ..................................................................................................... 29 3.2.1 L’indicatif ...................................................................................................... 29 3.2.2 La marque de l’antériorité tɛ ......................................................................... 33 3.2.3 L’injonctif ...................................................................................................... 34 3.3 Les participes ....................................................................................................... 36 4 La phrase nominale .................................................................................................... 36 4.1 La phrase descriptive ........................................................................................... 36 4.2 La phrase présentative ......................................................................................... 38 4.3 La phrase équative ............................................................................................... 40 4.4 La phrase locative ................................................................................................ 41 5 La formation des mots 1 : La dérivation ..................................................................... 42 5.1 Les dérivations à base nominale .......................................................................... 43 5.2 Les dérivations à base verbale ............................................................................. 47 5.3 La dérivation à base adjectivale .......................................................................... 50 6 La formation des mots 2 : La composition ................................................................. 50 94
6.1 Introduction ......................................................................................................... 50 6.2 Mot composé ou construction possessive ? .......................................................... 51 6.4 Mot composé ou nom suivi d’un adjectif ? .......................................................... 52 6.3 Mot composé ou séquence objet - verbe ? ........................................................... 53 6.5 Postposition complexe ou séquence nom - postposition simple ? ........................ 54 7. Le groupe nominal 1: Les compagnons du nom ........................................................ 54 7.1 Les qualificatifs .................................................................................................... 56 7.2 Les déterminants.................................................................................................. 57 7.2.1 Les déterminants définis ............................................................................... 57 7.2.2 Les déterminants indéfinis ............................................................................ 59 7.2.3 Les déterminants interrogatifs ....................................................................... 62 7.3 Le groupe nominal complexe ............................................................................... 63 7.3.1 La construction de possession ....................................................................... 63 7.3.2 La construction de coordination ................................................................... 64 8 Le groupe nominal 2 : Les pronoms ........................................................................... 64 8.1 Les pronoms personnels ....................................................................................... 64 8.2 Les pronoms réfléchi et réciproque...................................................................... 66 8.3 Le pronom indéfini .............................................................................................. 66 8.4 Les pronoms interrogatifs .................................................................................... 67 8.6 Le pronom relatif ................................................................................................. 68 9 Les postpositions ........................................................................................................ 68 9.1 Les postpositions simples ..................................................................................... 69 95
9.2 Les postpositions complexes ................................................................................ 71 10 Le complément circonstanciel .................................................................................. 71 10.1 Les adverbes ...................................................................................................... 72 10.1.1 Les adverbes de temps ................................................................................ 72 10.1.2 Les adverbes de lieu .................................................................................... 73 10.1.3 Les adverbes de manière ............................................................................. 74 10.1.4 Les adverbes d’intensité .............................................................................. 74 10.2 Les groupes postpositionnels ............................................................................. 74 11 La phrase complexe .................................................................................................. 75 11.1. La coordination................................................................................................. 76 11.2 La subordination ................................................................................................ 77 11.2.1 Les constructions en ka ............................................................................... 77 11.2.2 La subordonnée participiale ........................................................................ 78 11.2.4 La phrase relative ........................................................................................ 81 11.2.5 La phrase conditionnelle ............................................................................. 81 12 L’élision, l’omission et les mots-valises .................................................................... 83 12.1 L’élision ............................................................................................................. 83 12.2 L’omission .......................................................................................................... 84 12.3 Les mots-valises ................................................................................................. 85 13. La ponctuation et l’emploi des lettres majuscules ................................................... 86 13.1 L’emploi des lettres majuscules ......................................................................... 87 13.2 Les signes de fin de phrase ................................................................................ 87 96
13.3 Les signes de la structure interne d’une phrase ................................................. 88 13.4 Un signe de structure du discours direct ........................................................... 91 Éléments de bibliographie ............................................................................................. 92 Table des matières......................................................................................................... 93
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