George Eliot and the Discourses of Medievalism English 2503507735, 9782503507736

In George Eliot's last two novels, Middlemarch (1871-72) and Daniel Deronda (1876), she abandons the realism she ha

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George Eliot and the Discourses of Medievalism English
 2503507735, 9782503507736

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07-09-2006

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British Library Cataloguing in Publication Data Johnston, Judith, 1947LA STANDARDISATION PLURICENTRIQUE DE L’OCCITAN : NOUVEL ENJEU SOCIOLINGUISTIQUE, DÉVELOPPEMENT DU LEXIQUE ET DE LA MORPHOLOGIE

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KATERN 1

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British Library Cataloguing in Publication Data Johnston, Judith, 1947-

PUBLICATIONS DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE D’ÉTUDES OCCITANES III

Directeur de Collection Walter Meliga

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British Library Cataloguing in Publication Data Johnston, Judith, 1947-

LA STANDARDISATION PLURICENTRIQUE DE L’OCCITAN : NOUVEL ENJEU SOCIOLINGUISTIQUE, DÉVELOPPEMENT DU LEXIQUE ET DE LA MORPHOLOGIE

PAR

DOMERGUE SUMIEN

H F Page 3

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British Library Cataloguing in Publication Data Johnston, Judith, 1947George Eliot and the discourses of medievalism. - (Making the Middle Ages ; v. 6) 1.Eliot, George, 1819-1880 - Criticism and interpretation 2.Medievalism in literature I.Title 823.8 ISBN-10: 2503507735

Couverture: Richard Moisan, Belvédère de Saint-Tropez

© 2006, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. D/2006/0095/157 ISBN 2-503-51989-X Printed in the E.U. on acid-free paper.

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A la memòria de Cecília Mannoni, Isabèla Bouges e Joan Rohr

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SOMMAIRE Conventions

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Introduction

1

Première partie LES ENJEUX

Chapitre I. La standardisation: quelques éclaircissements conceptuels Chapitre II. Standardisation et dynamique de la langue Chapitre III. La construction de la norme classique Chapitre IV. Les normes non classiques Chapitre V. Tableau d’ensemble des usages et prescriptions

15 27 57 89 109

Deuxième partie

L’OCCITAN LARG DANS LE DIASYSTÈME

Chapitre VI. Sur le fonctionnement du diasystème Chapitre VII. Les limites externes du diasystème Chapitre VIII. Les limites internes du diasystème Chapitre IX. Panorama de l’occitan larg

113 117 141 151

Troisième partie

LEXICOGRAPHIE ET LEMMATISATION

Chapitre X. Bilan et besoins de la lexicographie occitane Chapitre XI. La lemmatisation: critères de codification et de complètement Chapitre XII. La lemmatisation: classification historique et régularité évolutive

179 201 221

vii

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Quatrième partie

LES APPLICATIONS

Chapitre XIII. Préfiguration des formes grammaticales référentielles Chapitre XIV. Préfiguration d’un lexique de base référentiel Chapitre XV. Une application particulière de la lemmatisation: les noms propres Chapitre XVI. D’autres applications particulières Chapitre XVII. Exemples de textes

273 357 381 413 421

Conclusion

431

Annexes A. Quelques solutions diasystématiques de l’orthographe B. Préfiguration de l’orthoépie référentielle C. Résumé des recommandations du Conselh de la Lenga Occitana

435 438 444

Sources et bibliographie

447

Index

471

Liste des figures

I.1 La standardisation I.2 Principales notions en amont et en aval de la standardisation I.3 La norme et les notions voisines I.4 L’action de la norme sur les standards et les parlers II.1 Les trois temps de la Renaissance Occitane II.2 Exemples d’interférences des langues dominantes II.3 Exemples d’interférences dans les néologismes en fonction des langues dominantes V.1 Les usages et prescriptions: filiations VI.1 L’emboîtement des clés diasystématiques: une configuration de l’intercompréhension IX.1 Organigramme de l’occitan larg IX.2 Estandards regionals, dialèctes e classificacion dialectala [carte] IX.3 Estructuracion supradialectala [carte] IX.4 Correspondance entre dialectes et standards régionaux XI.1 Critères de codification et de complètement XI.2 Analogie avec d’autres langues: les trois langues exemples Chapitre XII. Nombreux tableaux sur la régularité évolutive XII.1 Norme du CLO sur le -e de soutien XII.2 Les trois modèles d’accentuation référentielle XV.5.5. Transcription des alphabets arabe, cyrillique et grec XVI.1 Différences entre lexicographie et terminologie

viii

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16 17 23 25 34 36 37 110 116 157 158 159 160 202 215 221-270 238-241 244 401-406 418

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CONVENTIONS Symboles et typographie S’écrit en limousin (annexe A2). En gascon, s’écrit et se dit ou éventuellement (annexe A3). = formes équivalentes (en lemmatisation, en orthographe...) ~ opposition en système (opposition de lexèmes, de phonèmes, etc.) * forme erronée ou hors norme, ex. blu* ° - forme hypothétique ou mal attestée, ex. terræ tūfer° - piste pour le complètement interdialectal (forme peu attestée dans un dialecte, mais attestée dans un autre) † - ancienne forme normative, aujourd’hui périmée - forme ou système tombés en désuétude - chute, amuïssement ∅ - morphème zéro § paragraphe, section £ forme généralement renforcée par la négation pas (en languedocien) ou non (ne/n’) … pas (en gascon). | séparation de morphèmes, ex. luter|ian|isme > a engendré < vient de version consultée (dans les références bibliographiques) ↑ ‹…› forme extérieure à la norme classique, ex. ‹mountagno›

citation d’origine, dans une forme extérieure à la norme classique […] sons (notés en API) /…/ phonèmes (notés en API) {…} clé diasystématique représentée par un élément (notée en API ou en orthographe selon les cas) //…// clé diasystématique représentée par plusieurs éléments des systèmes ponctuels (notée en API ou en orthographe selon les cas) ambaissada toute forme en général (sans distinction entre forme référentielle et variante) lorsqu’il y a distinction entre forme ambaissada forme du standard général référentielle et variante ambaishada forme d’un standard régional embaissada variante, forme non référentielle “ambassade” signifié “~colle-oreille” traduction mot à mot neoélément en début de mot -able élément en fin de mot ‘-ol terminaison préaccentuée (impliquant un accent tonique sur la syllabe précédente). Ex. ‘-ol dans cònsol, títol, píbol… Les marques telles que *, °, † sont placées après les éléments pour faciliter le traitement automatique: blu*, è

ieu, iev

e

ieu, iev

iu, iv

terræ tūfer°.

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Abréviations acc. adj. adv. A

accusatif adjectif adverbe conjugaison du groupe A = verbes en

AIEO

Associacion Internacionala d’Estudis Occitans

ALAL ALCe ALEP ALEPO ALF ALG ALJA all. ALLOc ALLOr ALLy ALMC ALO ALP ALPO anc. angl. aocc. apr. ar. arb. arch. art. Atilf ATPM

B1

-ar

B2

Atlas linguistique et ethnographique de l’Auvergne et du Limousin (Potte

bd.

1975-1987)

Atlas linguistique et ethnographique du Centre (Dubuisson 1971-76)

→ ELME

Atlante linguistico ed etnografico del Piemonte occidentale (Telmon &

Canobbio 1985)

Atlas linguistique de la France (Gilliéron

& Edmont 1902-14)

Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne (Séguy 1954-66) Atlas linguistique et ethnographique du Jura et des Alpes du Nord (J.B. Martin &

Tuaillon 1971-1978) allemand

Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc occidental (Ravier 1978-93) Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc oriental (Boisgontier 1981-86) Atlas linguistique et ethnographique du Lyonnais (Gardette 1950-1976) Atlas linguistique et ethnographique du Massif Central (Nauton 1958-63) Atlas linguistique et ethnographique de l’Ouest (Massignon & Horiot 1971) Atlas linguistique et ethnographique de la Provence (Bouvier & Martel 1975-1986) Atlas linguistique des Pyrénées-Orientales

(Guiter 1966) ancien, anciennement anglais ancien occitan (avant 1500 environ) après aranais arabe archaïsme, archaïque article Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ex-Inalf, Institut National de la Langue Française) Atlante toponomastico del Piemonte montano

auv. AVL

(Genre/prépa.) auvergnat Acadèmia Valenciana de la Llengua

B

conjugaison du groupe B = verbes en -ir

C

conjugaison du sous-groupe B1 (suffixée ou inchoative) = verbes en -ir comprenant notamment la séquence -iss-/-eish-

conjugaison du sous-groupe B2 (semi-suffixée ou non inchoative) = verbes en -ir dépourvus de la séquence -iss-/-eish-

base documentée (base non standardisée d’un verbe conjugué) conjugaison du groupe C = verbes en -re, -er, -e

consonne ca. circa, vers, environ cat. catalan CCÒc Centre Culturau Occitan País Niçard CDDP Centre Départemental de Documentation Pédagogique CFPO Centre de Formacion Professionala Occitan (Béziers) CFPÒc Centre de Formacion Professionau Occitan (Orthez) ch. chapitre Cirdòc Centre Interregional de Desvolopament de l’Occitan cis. cisalpin ou alpin oriental (vivaro-alpin des Vallées Occitanes) class. classique, classicisme Cleo Centre Lemosin d’Estudis Occitans (section régionale de l’IEO) CLO Conselh de la Lenga Occitana coll. collection collab. collaboration, collaborateur cond. conditionnel cond. pres. conditionnel présent conj. conjonction cons. consonne CRDP Centre Régional de Documentation Pédagogique Crèo Centre Regional d’Ensenhament de l’Occitan Crèo Provença Centre Regionau d’Estudis Occitans Provença (section régionale de l’IEO) CTA Cercle Terre d’Auvergne DAG Dictionnaire onomasiologique de l’ancien gascon (Baldinger 1975-2001) DAO Dictionnaire onomasiologique de l’ancien occitan (Baldinger 1975-1998) dat. datif déb. début dev. devant DCVB Diccionari català-valencià-balear (Alcover & Moll 1926-68) DGLC Diccionari general de la llengua catalana (Fabra 1932b) C

x

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DGLFLF Direction Générale à la Langue Française et aux Langues de France (Ministère de la Culture, France) DicAl Dictionnaire occitan-français selon les parlers languedociens (Alibèrt 1966) Dicòrt Diccionari ortografic (Ubaud, prépa.) DicPal Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes (Palay 1932-33) dict. dictionnaire DIEC Diccionari de la llengua catalana (Institut d’Estudis Catalans 1995) dir. direction, sous la direction de DL Diccionari de lingüística (1992) DLC Diccionari de la llengua catalana 1982, édité par Enciclopèdia Catalana DOM Dictionnaire de l’occitan médiéval (Stempel 1996-…) DRAE Diccionario de la Real Academia Española (2001) DSL Diccionari de sociolingüística (Ruiz & al. 2001) DTIL Direction Terminologie et Industries Linguistiques (Union Latine) EAU écriture auvergnate unifiée (norme bonnaudienne) éd. édition, éditions, éditeur ELME ‹euvarnhàt letràd moé ensenhàd›, auvernhat = ALEP letrat moai ensenhat, auvergnat littéraire et pédagogique (norme bonnaudienne) esp. espagnol ex. exemple f. nom féminin fam. familier fasc. fascicule Fèlco Federacion dels Ensenhaires de Lenga e Cultura d’Òc fém. féminin FEW Französisches Etymologisches Wörterbuch (Wartburg 1928-…) fig. figure fr. français gas. gascon GDFA Grand dictionnaire français-auvergnat (Bonnaud 1978-80) GDLC Gran diccionari de la llengua catalana 1988 GEC Gran enciclopèdia catalana 1969-80 germ. germanique GGA Grammaire générale de l’auvergnat (Bonnaud 1992) Gidilòc Grop d’Iniciativa per un Diccionari Informatizat de la Lenga Occitana gr. grec ancien ou médiéval gram. forme grammaticale GramAl Gramatica occitana segon los parlars lengadocians (Alibèrt 1935) GramPro Grammaire provençale et cartes linguistiques (G. Martin & B. Molin 1998) grmo. grec moderne (dimotikí) IEC Institut d’Estudis Catalans

IEO imper. pos. Inalf ind. pres. ind. impf. ind. pret. ind. futur indef. Ined inf. Insee intervoc. irr. it. l. lat. lg. lim. LLO LRL LVO m. masc. N

n. NALF

NDGFA niç. nord-it. occ. p1 p2 p3 p4 p5 p6 part. passé PI pfs. pl. PLE pls. pop. ptg. préf. prép.

Institut d’Estudis Occitans impératif positif → Atilf indicatif présent indicatif imparfait indicatif prétérit indicatif futur indéfini Institut National des Études Démographiques infinitif Institut National de la Statistique et des Études Économiques intervocalique irrégulier italien lire latin languedocien et occitan larg general limousin La langue occitane (Bèc 1995) Lexikon der Romanistischen Linguistik

(Holtus & al. 1991)

Le verbe occitan / Lo vèrb occitan (Sauzet

& Ubaud 1995) nom masculin masculin consonne nasale nom

Nouvel atlas linguistique de la France ou Atlas linguistique de la France par régions

(collection comprenant notamment: ALAL, ALCe, ALG, ALJA, ALLOc, ALLOr, ALLy, ALMC, ALO, ALP, ALPO…) Nouveau dictionnaire général français-auvergnat (Bonnaud 1999)

niçois nord-italien ou italien septentrional occitan personne 1 (1 personne du singulier) personne 2 (2 personne du singulier) personne 3 (3 personne du singulier) personne 4 (1 personne du pluriel) personne 5 (2 personne du pluriel) personne 6 (3 personne du pluriel) participe passé pédagogie institutionnelle parfois pluriel e e e e e e

Parlar, lèser, escriure en occitan alpenc oriental (Anghilante & Bianco 2002) pluriel sensible de type pas/passes, bòsc/bòsques (languedocien, vivaro-

alpin) populaire portugais préface préposition

xi

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prépa. pro.

en préparation provençal général (rhodanien et maritime) pronom quicòm “quelque chose” quelque chose réédition

pron. qcm. qqch. rééd. Rj

Grammaire istorique [sic] des parlers provençaux modernes (Ronjat 1930-1941)

roum. roy. s. SCB

roumain royasque siècle

Sociolinguistique: concepts de base (Moreau

1997) sans date singulier sans lieu sans nom d’éditeur surtout subjonctif

sd. sg. sl. sn. stt. subj.

subj. pres. subjonctif présent subj. impf. subjonctif imparfait t. tome TDF ‹Lou Tresor dóu Felibrige› [Lo Tresaur dau Felibritge] (Mistral 1879-86) TLF, TLFi Trésor de la langue française (informatisé) sd. trad. traduction voyelle v. verbe va. vivaro-alpin var. variante (par opposition à lemme) VFO Vocabolari* a figuras occitan 2002 vi. verbe intransitif vol. volume voy. voyelle vr. verbe pronominal réfléchi vs. versus vt. verbe transitif V

Citations et transcriptions en occitan

Toutes les formes de l’occitan sont citées dans la norme classique actuelle. Si elles sont extraites d’un document qui ne suit pas cette norme, on indique aussi la forme d’origine entre chevrons: montanha ‹mountagno›, fisançós ‹fizansos›. Les citations longues, hors norme classique, sont entre de grands chevrons: . Cela permet de traiter le matériel linguistique de manière homogène et manipulable (Sauzet 2002a). En fonction des besoins de l’exposé, un élément est présenté soit sous la seule forme du standard général (languedocien), soit sous les formes de plusieurs standards régionaux. Les noms des occitanistes et catalanistes sont reproduits en occitan et en catalan, dans la mesure où ces personnes ont adopté elles-mêmes cet usage. Pour noter l’ancien occitan, les signes diacritiques des philologues sont modernisés: voyelles toniques fermées e¢ o¢ → e o (é ó); voyelles toniques ouvertes e¶ o¶ → è ò; -n¢ final latent → -n. Certains aspects du protosystème occitan (reconstitué) sont notés de manière conventionnelle: l l “fort” (vélarisé?) issu de l latin lh “doux” (palatalisé?) issu de latin h produit de latin: peut-être réalisé [jtj], donnant ensuite ou protophonème /d°z/ protophonème /t°s/ l

it

ll

ct

ch

it

z

ç (c +e, i)

Citations et transcriptions dans d’autres langues

Les citations de textes sont reproduites dans la langue d’origine du document. Les formes de certaines langues sont reproduites selon les conventions suivantes: L’italien, lorsque c’est utile, est noté avec les accents graphiques indiquant la place de l’accent tonique (orìgine) ou l’aperture (mèz¢z¢o). Un point souscrit représente le z¢ sonore. Le roumain est noté, lorsque c’est utile, avec le point indiquant la place de l’accent tonique: cartila¢j. Le latin est noté, lorsque c’est utile, avec les signes de longueur vocalique: ā (voyelle longue), ă (voyelle brève). Exceptionnellement, on indique l’accent: lógı*cus. Les étymons sont parfois notés sans le -m de l’accusatif, qui s’était amuï très tôt. Certains signes, inspirés par la grammaire de Ronjat, permettent de noter les évolutions du latin tardif de manière conventionnelle: ć c en voie de palatalisation devant e, i… ģ g en voie de palatalisation devant e, i… tı* ti ou te devant voyelle, évoluant vers t palatalisé puis vers [ts]. Le grec est noté en alphabet grec comme le veut la tradition philologique. Exceptionnellement, on xii

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utilise les signes de longueur vocalique: α@ (voyelle longue), α* (voyelle brève). Le grec ancien ou médiéval est simplement signalé par l’abréviation gr. Le grec moderne (dimotikí) est signalé par grmo.

Notation phonétique et phonologique

Contextes phoniques: x (consonne en général), (consonne nasale), (voyelle). Les transcriptions phoniques suivent l’Alphabet Phonétique International, actualisé en 1996, avec les précisions suivantes. C

xNx

x

•A •V

xVx

. Accent principal: [ ta]. Accent secondaire: [ ta]. (dans le tableau, les voyelles arrondies sont en gras) palatales centrales iy

CCENT TONIQUE

"

Æ

OYELLES

fermées semi-fermées semi-ouvertes ouvertes

vélaires u

I

e E

o

´ œ

æ

a

Å

O

Les voyelles longues sont notées avec deux points: [e…]. Les voyelles semi-nasales sont notées avec un n en exposant: [eˆ]. Les voyelles entièrement nasales sont notées avec un tilde suscrit: [e)]. Souvent, la notation [eˆ] regroupe de manière conventionnelle des degrés de nasalisation variables (Rj: § 387; des notations plus précises donneraient [eˆ, eN, eµ, em, e˜, e)]…). En nord-auvergnat et en limousin, [Å] est le a prétonique qui oscille entre [a] et [O]. En auvergnat, [I] est typiquement la voyelle intermédiaire entre [e] et [i] (l’ALMC note ‹ě›). En limousin, [e] peut représenter une aperture moyenne entre [e] et [E]. •G . Labio-vélaire: [w]. Labio-palatal: [Á]. Palatal fermé: [j]. Palatal semi-fermé: [e8] . •C (dans les cases, les sourdes sont à gauche et les sonores à droite) bilab. labio-d. dent. alvéol. prépal. pal. vél. uvul. phar. glott. occlus. p b t d c Ô k g nas. m n µ ≠ N vibr. rr R battue r battue/fric. ®6 fric. v T ð s z x V B f S Z ? h latér. l ¥ LIDES

ONSONNES

Les consonnes affriquées sont notées sans ligature en phonétique: [tS, dZ, ts, dz]. Mais en phonologie, la ligature est utilisée pour indiquer qu’il s’agit de phonèmes indivisibles: /t°S, d°Z, t°s, d°z/. [rr] représente le r apical long ou vibrant; [r] représente le r apical bref ou battu (pour ces signes, je m’en tiens prudemment à l’usage traditionnel des publications occitanes et italiennes; cependant, l’API recommande de remplacer la distinction [rr vibrant ~ r battu] par [r vibrant ~ | battu]). [ ®6 ] représente un r apical bref qui peut osciller entre les modes battu et fricatif: c’est une réalisation possible du r intervocalique en auvergnat (Dauzat 1915; Rj: § 54). / / est l’archiphonème issu de la neutralisation de /n/, /m/ et /≠/. / / est l’archiphonème issu de la neutralisation de /d/ et /t/. / °S/ est l’archiphonème issu de la neutralisation de /t°S/ et /d°Z/. N T T

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INTRODUCTION

Una parladura antica, avalida despuòi de milièrs de sègles. Una parladura de la Tèrra, que s’èra volguda en son temps lenga de l’amor… Dins l’idèa dels programaires de la conquista espaciala, tot çò que sobrava de la civilizacion perduda d’Earth, la tèrra primordiala, deviá tornar servir de grelh per fegondar las estelas. Joan Frederic B , Lo retrach dau Dieu Negre (1987: 214) RUN

The effect of Arrakis on the mind of the newcomer usually is that of overpowering barren land. The stranger might think nothing could live or grow in the open here, that this was the true wasteland that had never been fertile and never would be. To Pardot Kynes, the planet was merely an expression of energy, a machine being driven by its sun. What it needed was reshaping to fit it to man’s needs. His mind went directly to the free-moving human population, the Fremen. What a challenge! What a tool they could be! Fremen: an ecological and geological force of almost unlimited potential. Frank HERBERT, Dune (1965: 565) Ce sont les usages qui auront changé et, certainement, la forme majoritaire de notre espace linguistique sera forme de ce changement: un “occitan sic” né de la modification et que nous ne pouvons pas actuellement prévoir. Robèrt LAFONT, “Pour retrousser la diglossie” (1984: 107)

En sociolinguistique, on sait que la planification linguistique se fait de deux manières complémentaires: d’une part in vivo, en analysant directement les usages linguistiques (et en y incluant les représentations et besoins linguistiques), d’autre part in vitro, à travers les théories et les élaborations de la linguistique de bureau. Si on regarde de manière superficielle les usages linguistiques prédominants en Occitanie, il apparaît tout de suite que la langue d’oc a considérablement reculé et qu’il est difficile de l’entendre. Dans ces conditions, l’idée de standardiser l’occitan pourrait ressembler à une opération farfelue, confinée à l’in vitro, sans relation avec les besoins réels de l’in vivo. Mais un observateur attentif remarquera que la réalité est plus complexe qu’elle n’en a l’air. En effet, l’occitan connaît depuis les années 1990 une révolution relativement silencieuse, peu médiatisée, mais bien réelle cependant. D’une part, son usage social s’amenuise constamment et sa maîtrise est de plus en plus aléatoire, en raison d’une substitution avancée au profit des langues dominantes (français, italien, espagnol). Mais d’autre part, l’occitan a obtenu un degré inégalé de reconnaissance publique depuis le XVIe siècle: il a acquis le statut de langue officielle en Espagne en 1990 (régime d’autonomie du Val d’Aran) et plus modestement en Italie en 1999 (loi

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INTRODUCTION

n° 482 sur la protection des minorités linguistiques). La France est loin d’offrir un tel niveau de protection mais certaines collectivités locales de la République Française apportent quand même un soutien matériel appréciable à la culture d’oc depuis les années 1980-90. En 1998, le thème des “langues régionales” s’est posé au plus haut niveau de la République Française dans le cadre du débat sur la ratification de la Charte Européenne des Langues Régionales ou Minoritaires (proposée par le Conseil de l’Europe). Cette charte, on le sait, a été signée par la France —acte symbolique— mais n’a pas pu être ratifiée —donc ne vaut pas comme engagement juridique— car le Conseil constitutionnel l’a jugée inconstitutionnelle. Quoi qu’il en soit, cet épisode a marqué une étape dans le regain d’intérêt que l’on constate pour les langues subordonnées depuis les années 1990. Une partie croissante de la population demande à accéder à ces langues. Cela se constate à travers l’enseignement de l’occitan, qui a connu un développement important en France (écoles associatives Calandretas, Classes Bilingues de l’Éducation Nationale, CAPES d’occitan, filières universitaires), ainsi qu’en Espagne et en Italie, grâce au processus d’officialisation. La demande se mesure aussi à travers la création, comme en témoigne le succès d’une musique occitane renouvelée (raggamuffin, trad-rock, jazz, etc.). Et les quelques sondages d’opinion sur la question démontrent que la population est largement favorable à la promotion des langues subordonnées. En 1994 par exemple, l’enquête commandée par le Haut Conseil des Langues Régionales de France indiquait que 77 % de la population de l’Hexagone était favorable à une loi qui reconnaisse et protège les langues régionales. De même, 77 % se prononçait pour l’adhésion de la France à la Charte Européenne des Langues Régionales ou Minoritaires. Il y a donc bel et bien une demande sociale, voire institutionnelle, en langue occitane. C’est une expression inéquivoque du droit à pratiquer une langue, avec un large assentiment de la population. Cela génère un éventail très large de besoins qui vont du niveau minimal, celui de la simple demande de cours, jusqu’au niveau maximal, celui de l’usage social et officiel généralisé. Le désir d’arriver au niveau maximal est loin d’être une chimère depuis que l’occitan est langue officielle dans une petite partie de son domaine. Sans nier la réalité de la substitution linguistique, qui est écrasante, il se dessine néanmoins un espace d’usages nouveaux pour l’occitan. En fonction de ces usages on voit apparaître peu à peu un “occitan possible”, en grande partie récupéré par des néolocuteurs et forcément différent de l’occitan hérité que pratiquent les générations précédentes. Ces évolutions encourageantes ne doivent pas faire illusion: elles sont loin d’être suffisantes pour inverser le processus de substitution au profit des langues dominantes. L’exemple de l’Espagne montre que même le catalan et le basque, qui bénéficient de lois de protection parmi les plus avancées dans le Monde, subissent malgré tout une érosion continue au profit de l’espagnol, comme en atteste le phénomène du català light. L’occitan du Val d’Aran est loin d’un tel niveau de protection et est donc beaucoup plus vulnérable face à l’espagnol... A fortiori, l’occitan d’Italie, où la loi 482 a un impact modéré, et l’occitan de France, sans statut, sont particulièrement menacés. Cela pose la question de la planification linguistique (language planning), même si elle se fait encore à un niveau très modeste. Ce sont des initiatives de planification linguistique, éparses et hétérogènes, publiques ou privées, qui dessinent peu à peu cette 2

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INTRODUCTION

carte des nouveaux usages de l’occitan. Kloss (1969), et à sa suite Haugen (1972), ont proposé de distinguer deux domaines complémentaires dans la planification linguistique, et l’ensemble des chercheurs s’accordent sur cette distinction: la planification du statut (statuts planning) et la planification du corpus (corpus planning). Comme l’explique C. Bailon (1996: 198), la planification du statut appartient en général aux initiatives politiques et “reste le plus souvent totalement hors de portée du linguiste”; mais dès qu’on passe au domaine du corpus, la responsabilité du linguiste “est directement engagée dans la codification et l’élaboration”. C’est à ce niveau que cette thèse propose de chercher des solutions. Le mouvement de promotion de l’occitan pose des problèmes techniques qui n’ont encore jamais été traités de manière complète: quelle(s) variété(s) peut-on développer pour que l’occitan réponde aux besoins de la communication élargie, propres à la société modernisée? Jòrdi Kremnitz (2003b) résume la problématique par une question très simple: “Quelle langue, pour quoi faire?”. Il faut d’abord rappeler un principe qui est évident en sociolinguistique, mais qui n’est pas encore compris par tous les promoteurs de l’occitan: l’accession à de nouvelles fonctions linguistiques (statut) demande une adaptation parallèle des structures linguistiques (corpus). C’est pour s’adapter à ces nouvelles fonctions qu’il est nécessaire de fixer une norme et une variété standard …incluant des standards régionaux, comme on le verra. Or l’occitan présente une situation normative particulièrement complexe. a) La configuration du standard est assez floue. Il se dégage un vague consensus chez les linguistes occitanistes pour développer les grands dialectes sous la forme de standards régionaux coordonnés. Parmi ceux-ci, le languedocien est appelé à jouer un rôle de standard régional, mais aussi de standard général pour toute la langue. Le languedocien n’est pas considéré pour autant comme supérieur et l’attachement aux autres dialectes est très fort et très légitime. Pourtant, on n’a jamais établi de manière claire la liste des standards régionaux, ni leur forme orale, ni leurs domaines géographiques. Cette thèse fait des propositions très précises dans ce sens. Le terme occitan larg (proposé par Patric Sauzet, et comme ce dernier me l’a suggéré lui-même) englobe désormais aussi bien le standard général que les standards régionaux (on pourra dire aussi occitan standard, dans le même sens élargi) . b) Les parties du discours sont codifiées de manière très inégale. (i) L’orthographe est fixée dans ses principes essentiels et permet de noter en théorie tous les standards régionaux, ainsi que les parlers locaux (GramAl, Lafont 1971a, CLO). Seuls quelques détails restent à régler (annexe A). (ii) La norme orale comprend plusieurs domaines: - L’orthoépie n’a jamais été fixée mais des tendances orthoépiques se dégagent néanmoins dans la pratique de certains standards régionaux. Il est peu urgent de fixer une orthoépie stricte car l’orthographe englobante (diasystématique) permet de soutenir des prononciations différentes. Le problème actuel est surtout de garantir l’enseignement d’une phonétique et d’une phonologie authentiques 1

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Le terme apparaît chez Sauzet (1995) et LVO (p. 10). est utilisé par Taupiac (1977, 1992). (Barta 1980) n’a pas rencontré de succès. peut désigner une notion légèrement différente (§ I.3). Avant le présent ouvrage, tous ces termes se limitaient au languedocien. occitan larg

Occitan général

Occitan standard

Occitan référentiel (langue référentielle)

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INTRODUCTION

auprès des néolocuteurs. - Le lexique, la morphologie et les formes grammaticales sont fixés de manière incomplète. La norme de base (GramAl, DicAl, CLO) établit une liste d’interférences à éviter au niveau de l’ensemble de la langue (francismes surtout, quelques italianismes aussi) mais la standardisation est encore très incomplète: elle oscille entre la totale indéfinition des formes référentielles pour certains dialectes et une sélection inachevée dans d’autres dialectes. - La syntaxe souffre dans toutes les langues d’une description balbutiante et l’occitan ne fait pas exception à la règle. La codification de toute la syntaxe d’oc est donc une gageure (Price 1975). Cependant, la codification de base (GramAl) a permis de mettre en évidence les aspects les plus contrastifs avec le français et de repérer les interférences à éviter. Par la suite, des travaux novateurs ont permis d’explorer les recours syntaxiques de l’occitan dans une perspective guillaumienne (Lafont 1967) ou générativiste (Horcada 1986) avec des implications pédagogiques très profitables (Vernet 2000). c) J’ai décrit jusqu’ici l’état de la norme la plus répandue en occitan, à savoir la norme classique, qui s’appuie sur l’orthographe classique, et qui est fixée aujourd’hui par le Conselh de la Lenga Occitana (CLO). Mais il faut savoir qu’il existe des normes concurrentes et radicalement différentes, dont je rappellerai les caractéristiques. d) Tout ce qui précède sur l’état de la norme est relativement théorique. Car en pratique, l’accès de l’usager à une forme univoque est gêné par la rivalité souvent féroce entre les différentes normes. À cela il faut ajouter le problème de l’antinormisme, qui déstabilise la plupart de ces normes 1. Ces querelles internes et inextricables du mouvement renaissantiste occitan s’expliquent par une approche antisociolinguistique causée par la diglossie (Aracil 1975, 1979). L’antisociolinguistique consiste à négliger le véritable enjeu qu’est l’usage (l’existence) d’une langue et à ne s’intéresser qu’à son essence. Le renouveau des pratiques, depuis les années 1990, n’a pas forcément rendu les occitanistes plus clairvoyants sur ce problème. Beaucoup d’entre eux persistent dans les attitudes essentialistes et socialement inefficaces. J’avais commencé cette thèse le cœur léger en ayant l’intention de me focaliser sur la standardisation du lexique, afin de contribuer utilement à un aspect de l’équipement de la langue occitane, en vue de l’adapter à ses nouvelles fonctions. J’ai très vite compris qu’il me serait difficile de travailler efficacement sur le lexique si je ne clarifiais pas au préalable la question complexe de la norme dans son ensemble. Pour cette raison, la première partie (ch. I-V) explore les enjeux sociaux de la standardisation. La deuxième partie (ch. VI-IX) propose une configuration précise de l’occitan larg dans le cadre du diasystème. La troisième partie (ch. X-XII) dégage les principes de la lexicographie et de la lemmatisation (morphologique et lexicale). La quatrième (ch. XIII-XVII) offre des applications concrètes qui illustrent les principes adoptés. En commençant par une approche globale de la standardisation, j’ai l’espoir de faire comprendre que les querelles graphiques, si épiques et si récurrentes en occitan, devraient mobiliser moins d’énergie. Une langue se parle avant de s’écrire. Donc il est complètement déplacé de se focaliser sur les questions de norme écrite (d’orthographe) 1

Pour s’en convaincre, il suffit de consulter les multiples versions d’un même texte, rédigées selon des prescriptions concurrentes, et recueillies par R. Teulat ( Enquista ‘galleses’, 1997).

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alors que notre norme orale est à peine développée. Ce ne sont pas les vertus magiques de telle graphie qui nous permettront de renforcer l’occitan dans le domaine des usages oraux, essentiels dans la vie d’une langue. Aussi j’insiste sur le déséquilibre de la norme de l’occitan et sur l’urgence de réorienter les travaux normatifs sur la dimension orale: a) La norme orthographique, on l’a vu, est à peu près fixée. Il est vain de s’acharner à polémiquer éternellement sur un domaine qui ne fait que transcrire l’oralité. b) La norme orale (orthoépie, lexique-morphologie, syntaxe) représente l’essentiel des défis à relever afin que notre langue résiste au délabrement de ses structures et qu’elle conquière effectivement de nouveaux usages. Je propose dans cette thèse de travailler essentiellement sur cette partie importante de la norme orale qu’est le lexique (morphologie et formes grammaticales incluses). La syntaxe et l’orthoépie (ou plutôt la transmission d’une phonologie solide) sont d’autres parties de la norme orale qui sont aussi importantes que le lexique: elles demanderaient d’autres thèses. Avant d’aller plus loin, il est utile d’expliquer que la norme orthographique et la norme orale ne peuvent pas être gérées de la même manière. L’orthographe n’est qu’un outil conventionnel de transcription de l’oralité et, à ce titre, elle devrait être parfaitement stable et univoque. La norme orale, au contraire, ne peut pas être aussi directive. Elle ne peut fonctionner que comme une suggestion du linguiste pour aider la communauté linguistique à jouir pleinement de l’occitan, à renforcer l’usage de cette langue et à l’utiliser dans des fonctions nouvelles. Mais le linguiste doit garder une conception souple et évolutive de la langue, aux antipodes de la rigidité de l’académicien ou du puriste. Dans le fonctionnement d’une langue vivante, R. Lafont rappelle que la communauté des usagers —qui génère en principe la norme sociale— a toujours le dernier mot: La “mise en fonctionnement” va jusqu’à l’acceptation de ce qui est après tout bien connu et naturel: les langues ne vivent qu’en bougeant. Le linguiste qui met à l’entrée d’un processus militant un occitan normé doit comprendre qu’il ne le retrouvera pas tel quel à la sortie. Cette “surprise” est la rançon de la réussite. (Lafont 1984: 107)

C’est pour cette raison que la norme orale a une dimension provisoire: son aspect “définitif” est celui que lui confère l’usage de la communauté linguistique (si possible, dans une perspective d’autonomisation de l’usage). D’ailleurs, “définitif” est une notion relative, car l’usage de la communauté évolue sans cesse. Cette dimension provisoire ne doit pas servir de prétexte aux antinormistes pour déstabiliser la norme orale aussitôt qu’elle est promulguée. C’est bien la communauté linguistique qui doit polir l’usage, et non une poignée de réformateurs jusqu’au-boutistes qui ne représentent qu’eux-mêmes. Aussi, la révision éventuelle de la norme orale ne peut se faire qu’à partir de l’institution compétente chargée de fixer la norme (le CLO), après une période de véhiculation puis d’évaluation objective auprès des locuteurs. Conformément à cette logique institutionnelle, les points de norme orale qui sont exposés dans cette thèse se classent en deux catégories: - Les points qui ont été officialisés par la norme classique, avec l’aval du CLO. - Les précisions que je propose en complément de la norme existante (et dans la norme existante), dans le but d’appuyer les nouveaux usages de l’occitan. 5

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Une synthèse des domaines codifiés et de ceux qui ne le sont pas est disponible aux § III.7.4 et III.14. Dans le cadre de la standardisation du lexique, je serai amené à faire un bilan et une prospective sur la lexicographie (ch. X). Les dictionnaires présentent en tête d’article les lexèmes sous la forme de lemmes: ce sont des formes types, des étiquettes qui représentent le mot au-delà de ses variations. On doit expliquer dès ici ce que signifie la lemmatisation par rapport au lexique standard. Dans un dictionnaire, la lemmatisation consiste à fournir pour chaque mot le lemme, ou entrée, ou forme type. Dans un dictionnaire français par exemple, le lemme cheval est une forme type, non fléchie, qui représente les formes cheval et chevaux. Dans une langue établie comme le français, le dictionnaire ne mentionne que les lemmes de la variété standard. La fixation de cette variété standard est déjà acquise et on ne se pose plus de questions sur le pourquoi et le comment de la standardisation. Dans un dictionnaire français, le lemme cheval exprime forcément la forme du français standard. Des formes françaises dialectales comme queva ou joual ne sont pas mentionnées. Dans une langue subordonnée comme l’occitan, par contre, il est fréquent que la fixation de la variété standard ne soit pas acquise. Néanmoins, la plupart des dictionnaires et lexiques sont amenés à présenter les lexèmes sous des formes que l’on juge plus représentatives que d’autres. La lemmatisation consiste non seulement à fournir les lemmes du dictionnaire, mais aussi à donner une forme plus ou moins standardisante à ces lemmes. Le lemme n’est plus seulement une entrée ou forme type, il suggère la forme standard. Par exemple, le dictionnaire languedocien de Laus (2001) met en avant le lemme caval “cheval”, renvoie l’entrée chaval à l’entrée caval et ne mentionne pas d’autres formes qui existent en languedocien comme cavalh et chival. Ceci est bel et bien une suggestion de standardisation lexicale. Dans cette thèse donc, lorsqu’il s’agit de l’occitan, les notions de lemmatisation et de lemme sous-entendent qu’un travail plus ou moins avancé de standardisation est à l’œuvre en ce qui concerne les lexèmes. Il y a presque une équivalence de termes entre lemmatisation et standardisation lexicale, entre lemme et lexème référentiel. Même si le lexique est au centre de cette recherche, on ne se privera pas d’élargir la réflexion à d’autres domaines. De manière inévitable, la standardisation du lexique ouvre constamment une fenêtre sur les autres parties du discours. • La morphologie sera traitée de manière approfondie. En standardisant le lexique, on standardise forcément les morphèmes qui participent à la construction des lexèmes. • L’orthographe: le caractère diasystématique et englobant de l’orthographe classique permet d’avancer une bonne partie du travail de lemmatisation. Quand on écrit garatge par exemple, on note de la même manière des réalisations aussi diverses que [ga rat e, g ratse, ga rad e, ga rad i, g radz , g radze, ga ra e…]. • La sémantique: ce domaine sera moins abordé car la lemmatisation travaille essentiellement “en amont” du travail lexicographique, au niveau des signifiants (de la forme des entrées d’un dictionnaire). La sémantique se situe “en aval”, au niveau des signifiés (de l’analyse sémantique dans un article de dictionnaire). Mais quelquefois, la sémantique intervient quand même dans la lemmatisation lorsqu’on est obligé d’anticiper une différenciation de la forme des lemmes en fonction de leur sens (c’est le "

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critère de distinction, qu’on utilise beaucoup en terminologie par exemple…). En dehors de la grammaire, la lexicographie a une très grande place dans nos préoccupations car elle consiste précisément à répertorier les lemmes dans les dictionnaires et à les diffuser auprès des utilisateurs de la langue. Les métaphores d’“amont” pour le lemme et d’“aval” pour le sens évoquent volontairement l’organisation d’un article de dictionnaire. La standardisation-lemmatisation du lexique soulève toute une série de problèmes sociaux. a) L’enseignement de l’occitan avance, mais il s’effectue de manière très hétérogène à cause de la variété des cadres institutionnels. Cela va de l’intégration d’office aux programmes scolaires (Val d’Aran) jusqu’aux cours que des bénévoles proposent héroïquement dans un cadre associatif (Occitanie française et italienne), avec toute une gamme de situations intermédiaires. b) La visibilité publique de l’occitan est conditionnée par les représentations très diverses que l’on se fait de cette langue. Au mieux, c’est l’usage administratif en Val d’Aran (et peut-être bientôt en Italie). Au pire, on confine l’usage de l’occitan aux plaques des vieilles rues et aux marques de fromage. c) Toutes les personnes utilisant l’occitan en public, que ce soit dans un cadre professionnel ou bénévole, maîtrisent rarement la langue de manière complète, cohérente et spontanée. d) Beaucoup de ces utilisateurs publics n’ont pas bénéficié d’une formation complète en langue d’oc. Parmi eux, certains ne prennent pas la peine d’employer des formes correctes à cause du conditionnement diglossique: la pratique de l’occitan est dévalorisée et ne bénéficie plus d’une pression sociale garantissant la correction des fautes. On ne soigne pas son occitan comme on soignerait son anglais ou son espagnol. On multiplie donc des erreurs qui se sédimentent et qui parfois, dans l’usage renaissantiste, se reproduisent à toute vitesse selon un “effet boule de neige”. Si d’autres utilisateurs se donnent malgré tout la peine de soigner leur usage de l’occitan, ils se heurtent à des difficultés incroyablement complexes: a) Les ouvrages de référence (dictionnaires, grammaires, méthodes d’apprentissage) sont presque toujours contradictoires entre eux: aucune norme stable et univoque n’est vraiment accessible à l’usager de base. b) En effet, on a vu qu’il existe en occitan des normes concurrentes: la norme classique, qui est majoritaire, mais aussi d’autres normes dont l’implantation est plus régionale (norme mistralienne, norme bonnaudienne, norme de l’Escòla dau Pò...). C’est déjà une grande difficulté en soi. Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là: à l’intérieur de chacune de ces normes, il y a de nombreuses contradictions d’un ouvrage à l’autre. c) La qualité des ouvrages est très inégale. Les meilleurs sont réalisés par des linguistes qualifiés ou par des amateurs consciencieux. Les plus mauvais sont réalisés par des personnes qui n’ont pas de préoccupations scientifiques. d) Dans le renaissantisme occitan, un fort consensus veut que la langue se développe dans le respect égalitaire de tous les dialectes. Mais cet idéal est mal appliqué, notamment dans l’édition: par exemple, l’usager trouve beaucoup plus facilement des livres en gascon qu’en auvergnat. Cela est dû à des dynamiques 7

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culturelles qui diffèrent beaucoup d’une région à l’autre. e) Les promoteurs de l’occitan ont eux-mêmes des formations linguistiques très inégales. Une majorité d’enseignants, de militants et d’usagers est déstabilisée par les divergences sur la norme que nous venons d’évoquer. Dans le même temps, une minorité active d’acteurs culturels s’ingénie à multiplier ces divergences. C’est ce qu’on appellera l’“antinormisme”. En somme, cette thèse est une enquête de faisabilité. À partir des domaines déjà codifiés de l’occitan (orthographe, bribes de morphologie et de lexique), on explore une méthode de traitement formel et global du lexique (standardiser et lemmatiser des lexèmes), tout en respectant les grands dialectes (mettre à profit le diasystème), le tout dans le respect de la lexicographie (la réalisation scientifique des dictionnaires). C’est là qu’apparaissent des difficultés d’un autre ordre. Elles ne sont plus liées à la situation particulière de l’occitan mais à l’évolution récente de la linguistique. Première difficulté: un certain nombre de spécialistes de l’occitan ignorent encore les notions de base de la sociolinguistique, ou ne les assimilent pas. Ils participent au phénomène de l’antisociolinguistique. Cela perturbe l’examen serein du lexique. C’est un paradoxe lorsqu’on sait que l’un des premiers foyers de la sociolinguistique en Europe a été justement l’école occitano-catalane, dès la fin des années 1960. Ses pionniers (R. Ninyoles, Ll. Aracil, R. Lafont…) ont suivi de très près l’éclosion de la sociolinguistique américaine (cf. Kremnitz 2003b). Je ne prétends pas trancher ici le débat entre ceux qui pensent que la sociolinguistique est la linguistique (Labov 1972 [1976]: 258, Calvet 1993: 19-21) et ceux qui pensent qu’elle est un courant important de la linguistique. Je me reconnais plutôt dans la première opinion: intégrer les acquis de la sociolinguistique dans toute problématique linguistique. Ceci dit, je m’efforce d’adhérer à une conception non sectaire de la sociolinguistique, en accord avec C. Bailon (1996: 18) qui regrette dans cette discipline “la dramatisation émotive avec laquelle elle s’annonce, son attitude inutilement agressive, donc suspecte, dans sa critique des approches antérieures”. Il est évident que la sociolinguistique n’est pas un rejet du structuralisme mais un élargissement de celui-ci (Labov 1972 [1976]: 258). Par ailleurs, il est souhaitable de développer un dialogue respectueux avec un courant comme le générativisme, qui n’est pas nécessairement incompatible avec la sociolinguistique. Labov lui-même (1972 [1976]: 278) explique qu’on peut associer utilement les acquis du générativisme et ceux de la sociolinguistique. Cela est démontré dans les études occitanes: P. Sauzet associe dans une même perspective les approches générativistes (1993) et sociolinguistiques (1985, 1987, 1988, 1990: 41, 1996, 2002a, 2003…). La seconde difficulté vient des soupçons qui tombent sur la codification d’une langue subordonnée. Dans le cadre d’une langue établie comme le français, le travail de mise en forme du lexique (lexicographie, terminologie) est une entreprise qui va de soi pour la communauté des linguistes. Par contre, dans le cadre d’une langue subordonnée, la lexicographie, la terminologie et l’élaboration en général permettent d’accéder à des fonctions nouvelles; elles tendent à atténuer la subordination linguistique et à remettre en cause l’ordre établi des langues. L’action sur le corpus est véritablement susceptible d’améliorer le statut (De Robillard 1997a: 40; Mackey 1997: 8

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295). Calvet (1996: 23) s’inquiète de la dérive idéologique qui peut germer dans la sociolinguistique issue des langues subordonnées et qu’on appelle sociolinguistique périphérique ou native. Si un chercheur “périphérique” veut être crédible dans ce domaine, il doit distinguer très soigneusement la science de l’idéologie. La dimension politique, idéologique ou militante sera analysée ici dans la mesure où elle interagit avec le travail scientifique, mais il ne sera pas question de soumettre l’analyse scientifique à un diktat idéologique. Avant tout, on doit prendre acte qu’il existe une demande d’occitan dans une partie de la société. La dimension scientifique consiste alors à faire un travail d’expertise pour répondre à cette demande sociale. La sociolinguistique occitano-catalane a assumé ce problème dans son champ de recherche: elle a démontré que le bilinguisme avec diglossie est toujours une situation de conflit entre langues concurrentes (Ninyoles 1971, 1989, DL: 76-78). La sociolinguistique occitano-catalane a la caractéristique d’être une sociolinguistique du conflit; tandis que la sociolinguistique américaine des débuts décrivait la diglossie sans la critiquer (Fishman 1967; cf. le rappel de cette problématique par Boyer 1991a: 15-38). La sociolinguistique du conflit, elle, ne veut pas se contenter de décrire la diglossie, elle élabore des solutions techniques qui permettent d’en sortir. Ces solutions constituent un développement naturel du vénérable concept de linguistique appliquée (DL: 794), c’est tout simplement une sociolinguistique appliquée (Boyer 2001: 18). Éloy résume bien la question: Les sociolinguistes catalans (R. Ninyoles) et à leur suite certains sociolinguistes occitans (R. Lafont) ont théorisé cette position: analysant la diglossie comme “conflit diglossique”, et constatant que dans les situations de conflit diglossique toute démarche théorique prend sens en fonction de ses conséquences au sein des forces en présence, ils jugent plus rigoureux et plus productif d’expliciter leur position dans ce conflit, plutôt que de la laisser implicite, en dehors du champ de la discussion. (Éloy 1999)

On en revient au débat déjà ancien sur la scientificité de la planification linguistique. Cette scientificité semble largement admise aujourd’hui, bien au-delà de la seule école occitano-catalane (De Robillard 1997a: 40, Calvet 1996 : 9). S’il y a un engagement ici, c’est donc un engagement raisonnablement assumé pour la récupération sociale de la langue occitane, de la même manière que les sociolinguistes catalans, créoles ou québécois s’engagent dans la récupération de leurs langues respectives. …Et si j’ose dire, de la même manière que les sociolinguistes du français s’engagent pour un certain épanouissement social du français. Les nombreux problèmes que j’ai évoqués donnent peut-être l’impression qu’on s’attaque à une montagne infranchissable de difficultés. Il est vrai que les obstacles sont nombreux. Il y a des préjugés intellectuels: il faut oser remettre en cause certains mythes profondément ancrés à cause de la diglossie (§ II.7). Il y a aussi des obstacles matériels: l’indigence de certains éditeurs et la pauvreté de nos bibliothèques complique considérablement l’accès à des références bibliographiques essentielles (j’ai dû faire le parcours du combattant pour accéder à la collection complète des atlas linguistiques — NALF et ALF—, à la totalité du FEW, aux volumes du LRL concernant l’occitan ou aux ouvrages pionniers de la sociolinguistique catalane; le tout en combinant ma thèse 9

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avec une activité professionnelle à temps complet...). Mais quand on est arrivé au sommet de cette montagne de problèmes, on entrevoit des espaces grandioses à cartographier et à mettre en valeur, des champs d’applications passionnants pour la sociolinguistique appliquée, de “nouvelles frontières” à atteindre, au bout desquelles se dessine l’acquisition de nouvelles fonctions pour la langue… Le domaine occitan est complexe, il est donc riche, inépuisable et fascinant. Ma motivation personnelle est la suivante. J’ai hérité d’une double culture: provençale du côté paternel, allemande du côté maternel. Ma famille a vécu essentiellement en Pays d’Oïl pour des raisons professionnelles. Mais il y a eu un intermède de quatre ans dans le Quercy et c’est là que j’ai entendu l’occitan pour la première fois, chez les voisins. Des membres de ma famille provençale connaissaient l’occitan mais ne voulaient pas le parler devant tout le monde. Dans l’adolescence, des séjours en Catalogne et en Irlande ont éveillé mon intérêt pour les processus de récupération linguistique. Depuis, je me suis installé en Occitanie et je me suis spécialisé dans la linguistique: études à Aix-en-Provence et Montpellier; participation aux Sectors de linguistica du Crèo Provença et de l’IEO; puis au Conselh de la Lenga Occitana (CLO) et au Grop d’Iniciativa per un Diccionari Informatizat de la Lenga Occitana (Gidilòc). Ce parcours m’a permis de devenir formateur en occitan pour adultes dans deux établissements de Béziers: Aprene (formation initiale des enseignants des Calandretas) et le Centre de Formacion Professionala Occitan (CFPO). Cela m’aide à toucher du doigt, quotidiennement, les besoins très concrets de l’enseignement et de la transmission de la langue, mais aussi les attitudes des locuteurs. Mon expérience se fait aussi dans les sorties organisées par les programmes de formation et sur le terrain de la vie quotidienne. Ma recherche est donc motivée par le souci de transmettre dans de bonnes conditions techniques la langue occitane aux générations futures. C’est grâce à ces activités concrètes que j’ai bâti mon expérience de l’in vivo. Cet ouvrage est la version condensée et améliorée de la thèse d’études occitanes que j’ai soutenue en novembre 2004, à l’Université de Montpellier III. Les principales améliorations sont les suivantes. Le terme occitan larg englobe l’ensemble des standards régionaux (sur suggestion de Patric Sauzet, l’inventeur du terme). J’ai simplifié et élargi les correspondances interrégionales, notamment dans la conjugaison et dans le partage du lexique. Le -l final est préférable à -u en vivaro-alpin référentiel (§ XII.4.f-g). Les mots en -ment sont fixés avec un seul accent tonique (§ XIII.15.1). Je tiens à remercier les personnes qui m’ont apporté leur aide et leurs encouragements. Florian Vernet a bien voulu prendre la direction de cette thèse et m’a soutenu face aux complications administratives. Patric Sauzet, en tant que codirecteur, a accepté de guider mes travaux et n’a jamais cessé de m’ouvrir de nouvelles perspectives en linguistique. Xavier Lamuela m’a permis de mieux appréhender les langues romanes et l’enjeu de la diglossie. Josiana Ubaud m’a fait découvrir le monde de la lexicographie et m’a ouvert les yeux sur de nombreux mythes. Robèrt Lafont m’a apporté d’innombrables éléments d’analyse sociolinguistique et historique et m’a encouragé dans les moments les plus critiques. L’Associacion Internacionala d’Estudis Occitans et son président Jòrdi Kremnitz ont soutenu l’édition de cette thèse. Le Conselh de la Lenga Occitana, le Gidilòc et l’Union Latine ont contribué à faciliter mes travaux. J’ai reçu l’appui de mes collègues de travail d’Aprene, du CFPO et des 10

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Calandretas (malgré l’absence de dialogue scientifique avec les employeurs). De nombreux chercheurs et acteurs culturels m’ont permis d’avancer grâce à des débats fructueux, des informations, des échanges de documents et des aides techniques: Dario Anghilante, Claudi Balaguer, Joan Barceló, Pèire Barral, Glaudi Barsotti, Efrén Beltrán-Roncal, Andrieu Bianchi, Gabriel Bibiloni, Joan Breç Branar, Joan Pau Brenguièr, Franc Bronzat, Cristià Camps, Sèrgi Carles, Anna Cimorra, Jaume Corbera, Joan Michèu Effantin, Pèire Eiriçon, Jòrdi Escartin, Joan Fulhet, Ives Gorgaud, Sèrgi Granièr, Ives Lavalada, Lionèl López, Felip Martèl, Guiu Martin, Santiago Martínez Arrieta, Renat Matalòt, Daniela Müller, Sophia Papapolychroniou, Eleni Papapolychroniou, Eleni Papastergiou, Domenge Parrocèl, Renat Pons, Patrici Pojada, Maurici Romieu, Domenico Stich, Joan Thomas, Renat Toscano et les participants à la liste de discussion Migjorn.

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Première partie LES ENJEUX

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Chapitre I

LA STANDARDISATION: QUELQUES ÉCLAIRCISSEMENTS CONCEPTUELS I.1 La théorie générale de la standardisation Dans une optique structuraliste classique, on pensait que la linguistique, si elle voulait être une science véritable, ne pouvait être que descriptive et en aucun cas prescriptive (Martinet 1996: § 1-1). La linguistique appliquée, orientée selon les besoins de la société, a permis de nuancer cette opinion. Il reste vrai que seule une linguistique descriptive peut être totalement scientifique. Mais une linguistique appliquée —dans laquelle il faut ranger la planification linguistique et plus précisément la linguistique normative— peut utiliser la connaissance scientifique afin d’éclairer les choix et les guider vers le maximum de cohérence. C’est une scientificité relative. Telle est l’essence profonde de la linguistique normative. - Par exemple, il pourrait être logique d’écrire le mot occitan [d e n st ] “genêt” dans n’importe laquelle des conventions suivantes: genèsta, djénèsto, jay-nester, Dschenästo, dženέstå, дженэста, τζηνέστα…(pour les aspects techniques des orthographes occitane et catalane, cf. Sauzet 1990, Lafont 1971a: 17-23, Lamuela & Murgades 1984: 261-269). - Au niveau oral, il serait aussi logique de choisir quimèra [ki m r ] que chimèra [t i m r ] ou même shimèr [ i m r] selon le modèle français “chimère”. Tout dépend de la conception qu’on a de la langue. Le choix de l’orthographe genèsta et de la forme orale quimèra obéissent simplement à un ensemble cohérent de choix, de principes et de critères. Si nous adoptons le principe de respecter nos vénérables traditions linguistiques et de les rendre autonomes par rapport à la langue dominante, nous faisons un choix d’ordre socioculturel et la scientificité est devenue relative. Le χ grec s’adapte alors en occitan sous la forme constante c/qu [k] (qui est la plus traditionnelle) plutôt que sous la forme ch* [t ] (qui est une intrusion du français). Mais une certaine scientificité demeure parce qu’elle nous demande de choisir quimèra en cohérence avec quiroptèr (selon le gr. χίµαιρα et χείρ + τερόν) et d’éviter un couple incohérent chimèra*/quiroptèr (qui calquerait le fr. chimère [ im ] / chiroptère [ki pt ]). La scientificité absolue est impossible à atteindre à cause des choix socioculturels. Mais un degré élevé de scientificité reste possible lorsqu’on veut informer les dossiers de manière objective afin de faire des choix non arbitraires. La théorie générale de la standardisation s’insère dans la théorie plus générale de la planification linguistique. Cette dernière a été abondamment étudiée. On s’appuiera sur les visions récentes de Lamuela (1994), Castellanos (2000) et Bibiloni (1997) qui travaillent dans la perspective des langues subordonnées en synthétisant l’acquis des Z

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recherches plus classiques du Cercle Linguistique de Prague, d’Haugen et de Fishman (pour d’autres synthèses, cf. De Robillard 1997a, 1989 ; Calvet 1996…). Dès 1959, Haugen a créé le terme planification linguistique pour désigner le concept le plus englobant et beaucoup de chercheurs l’ont suivi (Calvet 1996: 4). Lamuela (1994: 89-93, 143-144) inclut dans la planification linguistique la politique linguistique, ainsi que des interventions publiques et privées qui ne sont pas vraiment planifiées, mais qui contribuent à organiser le fonctionnement des langues 1. Je reprends l’idée de Kloss (1969) selon laquelle la planification linguistique comprend deux grandes parties: la planification du corpus (corpus planning) et la planification du statut (status planning). Lamuela (1994: 140) détaille dans le schéma suivant les aspects précis de la standardisation, dans le cadre de la planification du corpus. Fig. I.1 — La standardisation (Lamuela 1994: 140) Standardisation Codification

- graphique (orthographique)

Complètement

- syntaxique - lexical

- phonétique - grammaticale - lexicale (variété 2 ou formes codifiées) Unitarité

Complétude

Autonomie

Élaboration V é h i c u l a t i o n

Culture de la langue

(développement stylistique)

Diversification

Au sein de la standardisation, Lamuela (1991a, 1994) fait une distinction claire entre codification et élaboration. Je l’interprète ainsi: • La codification fixe les règles normatives (synonyme: normativisation). La codification lexicale, en particulier, fixe les formes référentielles des mots, les règles de formation des mots nouveaux, les critères pour éviter les interférences. Institutionnellement, la codification dépend des chercheurs et organismes qui font de la linguistique normative. • L’élaboration complète les recours expressifs de la langue selon les règles de base établies par la codification. L’élaboration lexicale, en particulier, complète le lexique d’après les règles fixées au préalable par la codification. Institutionnellement, l’élaboration dépend d’abord de l’usage, et cet usage est décrit par les lexicographes. En second lieu, certains organismes peuvent suggérer des solutions d’élaboration lexicale, soit pour répondre à un besoin terminologique, soit pour encourager un usage 1 2

Pour un exposé concis des termes aménagement linguistique, planification linguistique, politique linguistique, glottopolitique, voir les articles correspondants de SCB et du DSL ainsi que Calvet (1996 : 4-8). Variété ou variété linguistique désigne tout état de langue: dialecte, parler, registre, koinê, standard, langue dans son ensemble (DSL: art. varietat lingüística).

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autonome en cas de diglossie. Les codificateurs et les lexicographes peuvent avancer certaines solutions à condition qu’elles restent prudentes, argumentées et acceptables. Il n’existe pas de barrière étanche entre codification et élaboration. La codification fournit des principes, des critères et des règles; l’élaboration complète les recours expressifs de la langue en fonction de ces règles. Ces deux activités sont complémentaires et solidaires. La figure suivante résume l’articulation des principales notions qu’on vient d’aborder. Fig. I.2 — Principales notions en amont et en aval de la standardisation

planification linguistique

(≈ aménagement linguistique)

corpus

(forme)

statut

(fonction)

adéquation entre corpus (forme) et statut (fonction)

installation

(accessibilité sociale de la langue)

standardisation codification

établissement élaboration

(normativisation)

complètement

amplification fonctionnelle = conquête de toutes les fonctions sociales (dont la fonction discriminante)

culture de la langue

norme (explicite)

Lorsqu’on détaille davantage, on aborde les critères de standardisation. On y reviendra en détail au ch. XI. Ces critères peuvent s’appliquer à toutes les parties d’une norme linguistique: le bloc phonétique-phonologie-orthographe, la morphologie, le lexique, la syntaxe… L’application de ces critères aboutit à la lemmatisation. Ι.2 Respect et connaissance de la langue héritée

Le mythe de l’antinormisme dialectaliste (§ II.7.5, IV.1.6) accuse la norme de dénaturer, d’uniformiser ou même de tuer les dialectes. Au cœur de cette question, on trouve la parole héritée, la langue héritée ou l’occitan hérité, tels que R. Lafont (1984: 97) les définit, et qui sont parlés par les locuteurs primaires (ou naturels). En face, il y a la langue récupérée, telle qu’elle est pratiquée par les locuteurs secondaires ou néolocuteurs. Ceux-ci représentent l’espoir —et l’objectif— d’une récupération de la langue dans l’ensemble de la société. En fait, la linguistique classique a établi depuis longtemps que tout parler est un système cohérent et qu’il ne peut pas exister des variétés linguistiques héritées qui 17

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PREMIÈRE PARTIE

soient supérieures ou inférieures. Par la suite, la sociolinguistique, en démontant le purisme, nous a enseigné la légitimité de toutes les paroles héritées. Ainsi, une norme pétrie de purisme (français académique, ex-katharévousa grecque) terrorise le langage et stigmatise de nombreuses variétés héritées, notamment les variétés régionales ou populaires, ainsi que les registres informels. Heureusement, toutes les normes du monde ne fonctionnent pas ainsi. Les normes de l’anglais, du roumain, du catalan ainsi que la norme actuelle du grec (la dimotikí) sont beaucoup plus tolérantes. Il en est de même pour la norme classique de l’occitan. Le but de la norme occitane classique n’est pas de bafouer le droit à l’expression locale ou populaire. La démocratie des dialectes (§ II.7.1, III.3, III.5) a été théorisée et décrite, justement, pour permettre la notation et l’expression des variétés locales. La norme classique est capable de retranscrire tous les parlers et tous les registres. N’importe quelle revue en graphie classique fourmille d’articles pétris de registre populaire ou de formes locales. Il est possible de faire usage digne et antidiglossique des registres courants et populaires (par ex. les romans de Florian Vernet ou Eric Gonzales…). De même, il existe un usage littéraire des variétés locales qui se veut digne et non diglossique, même s’il n’arrive pas toujours à distinguer les interférences dans le détail (par ex. les œuvres de J[o]an dau Melhau, Franc Bronzat, Bernat Manciet). Ceci dit, à côté de la langue héritée —et non contre elle— la norme classique permet à l’occitan de reconquérir des formes d’expression et de création qui lui ont été ôtées par la subordination et qui, précisément, ne sont pas disponibles dans la langue héritée: • Les variétés standardisées d’occitan, qui répondent aux besoins de communication et d’enseignement à grande échelle. • L’élaboration lexicale et stylistique, qui permet à l’occitan de mieux remplir toutes les fonctions de la société modernisée. Dans le domaine précis du lexique, il est vrai que la norme classique préconise de restaurer certaines formes “authentiques” et de rejeter certaines interférences de la langue dominante qui affectent la langue héritée. Mais en dehors des interférences, la norme classique a le devoir de se baser sur les usages de l’occitan hérité, tels qu’ils sont documentés par les enquêtes modernes et les documents anciens. C’est le principe d’authenticité (§ X, XI.8). Il n’y a pas d’opposition entre langue héritée et langue normée: la première doit nourrir la seconde. À cause de la diglossie et du localisme, l’idée de standardisation reste inconcevable aux yeux de certaines personnes et même de certains chercheurs de haut niveau. C’est ce qui arrive par exemple au grand sociologue occitan Pierre Bourdieu (1982: 140) lorsqu’il décortique les mécanismes de pouvoir à travers la nomination. Il croit opportun de citer l’occitan comme exemple. D’après lui, “personne ne parle à proprement parler” l’occitan car c’est la “somme d’un très grand nombre de parlers différents”. Déjà, on ne voit pas en quoi cela pose problème. Bourdieu confond trois concepts: la langue occitane (qui est, comme toute langue, une somme de parlers), la norme et la variété standard. Il voit derrière le concept d’occitan un “artefact social” et “l’imposition arbitraire d’une norme unique” impliquant “une inculcation systématique analogue à celle qui a imposé l’usage généralisé du français”. Bourdieu accumule les préjugés sur la langue de son propre pays (il est béarnais) et ignore visiblement le principe de respect des dialectes qui est fondamental dans l’occitanisme. D’autre part, il 18

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attribue à l’occitan un pouvoir de coercition sur la population qui est tout simplement inexistant. Il n’analyse pas le fait que l’occitanisme veuille précisément mettre fin à cette stigmatisation sociolinguistique qu’il critique lui-même. Pour approfondir cette question, on se réfèrera à l’analyse très pénétrante de Sauzet (1996) sur Bourdieu. Il est utile de rappeler sommairement ce que dit la sociolinguistique sur la fonction des variétés standard et d’entrevoir leur développement possible en occitan. L’idée principale est d’offrir une “langue accessible” au plus grand nombre: La capacitat a far la lenga accessibla es afar de mejans. Es tanben afar de respondre als besonhs, a una demanda. Cal dobrir de pòrtas, que se vejan aquelas pòrtas, que lo mond li faga gaug de las passar. (Sauzet 1995)

La société modernisée a créé un besoin de communication large à laquelle toutes les classes sociales accèdent. Par la force des choses, des variétés véhiculaires, des koinês, reliant les géolectes, se mettent en place pour satisfaire ces besoins de communication. Dans les langues subordonnées, même en dehors du volontarisme initial des mouvements renaissantistes, les besoins de communication entre géolectes se font sentir comme partout ailleurs. Les locuteurs des langues subordonnées ne sont pas des amish qui s’isolent du monde moderne: ils se déplacent, voyagent, téléphonent, regardent la télévision, écoutent la radio, surfent sur Internet et lisent la presse comme tout le monde; certains d’entre eux “consomment” des médias en langue subordonnée. Des variétés reliant les géolectes tendent donc à émerger dans la pratique concrète de l’occitan. Il serait illusoire de croire que le tissu des parlers locaux d’il y a cinquante ou cent ans se soit maintenu intact. La récupération linguistique passe aussi, et même essentiellement, par l’enseignement. La plupart des enseignants utilisent au moins des formes convergentes d’occitan, si ce n’est des standards pleinement assumés. Il leur est impossible d’enseigner un parler purement local parce qu’ils ne le maîtrisent pas ou parce que cela leur demanderait une surcharge de travail considérable (documentation, collectage). À mesure que l’enseignement (pour enfants) et la formation (pour adultes) se développent, il devient nécessaire de penser une politique de cohérence pédagogique à grande échelle: programmes, impression de manuels, affinement de la pédagogie, formation des enseignants, formation des formateurs. On ne voit pas comment cela est possible sans utiliser des variétés standard. La mobilité croissante des populations est également un élément décisif. Alors que la plupart des apprenants (élèves et adultes) déménagent plusieurs fois dans leur vie, il est naïf de croire qu’une récupération efficace peut se faire à travers un localisme intransigeant, sans variétés standard. Dans la perspective de l’établissement, du “retroussement de la diglossie” (Lafont 1984), il est logique que l’occitan se dote de toute l’élaboration qui caractérise une langue établie. La standardisation permet de rétablir l’égalité de l’équipement communicationnel entre langue subordonnée et langue dominante. Il est techniquement impossible de concevoir et de planifier l’élaboration dans la totalité des parlers locaux. Si on prend l’exemple de la terminologie, il n’est déjà pas simple de mettre en place des termes nouveaux: en informatique, on proposera par exemple mirga “souris”, clavièr “clavier”, ret/malhum “réseau”, logicial “logiciel”, escanèr “scanner”… Il faut d’abord résoudre toute une série de problèmes généraux: peut-on admettre l’anglicisme escanèr? Et pourquoi pas escannèr, escanejador, maquina de numerizar? Ensuite, 19

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PREMIÈRE PARTIE

puisque les standards régionaux sont un principe acquis, il faut anticiper les formes de chaque standard et faire de sorte que leur gestion ne soit pas trop complexe. Elle le sera de toutes façons. Clavièr se dira clavier en provençal, niçois, vivaro-alpin et limousin, clavèir en auvergnat, clavèr en gascon (qu’on écrit éventuellement clauèr en aranais). Logicial se dira logiciau dans certains standards. Le mot de formation populaire mirga “souris” connaîtra une variation encore plus inévitable en tenant compte des contraintes de l’onomasiologie et de l’acceptabilité dialectale pour un mot aussi courant: mirga/murga, en nord-occitan murja, mais aussi fura, rata, soritz… Sans oublier que l’occitan cisalpin tend à dire mouse selon le modèle italien et anglais: c’est un problème supplémentaire à régler… Si on avançait plus loin dans le détail dialectologique, une élaboration tenant compte de chaque sous-dialecte ou de chaque parler local deviendrait une chimère irréalisable: elle n’est envisagée que par des personnes qui ne se sont jamais frottées concrètement au problème. On imagine à quoi pourrait ressembler une brochure terminologique, un manuel d’utilisation de lavevaisselle, des horaires de trains, un jeu vidéo ou un service vocal par téléphone qui présenteraient toutes les formes locales d’occitan. On aurait du mal à manipuler —et même à créer— des instruments aussi complexes. Quoi qu’en disent les localistes, toute récupération de l’occitan tend à se réaliser, dans les faits, à travers des variétés véhiculaires reliant les géolectes. Ceci étant clair, on peut suggérer ce que pourraient être les relations entre standards et parlers. a) Une des traditions de l’occitanisme est de légitimer la parole populaire. Il ne peut pas être question que la standardisation serve de prétexte à stigmatiser les locuteurs naturels qui sont habitués à parler l’occitan sous une forme ultralocale. Les parlers sont la source à laquelle les standards puisent leur matériel. b) Standards et parlers sont donc appelées à s’organiser en registres complémentaires. L’occitan gagnera à suivre l’exemple des langues où l’expression dialectale est relativement bien admise (arabe, italien, allemand, anglais, grec). Partout où les parlers ont des chances sérieuses de survivre, il est normal de les utiliser dans la communication locale. Dans l’hypothèse où les standards se sédimentent et se développent, il faudra admettre, à terme, que l’usage les enrichisse d’apports locaux que les planificateurs n’auront pas prévus. c) Le localisme est chimérique et contre-productif dans la pédagogie de la langue. Mais cela ne signifie pas que l’on doive nier la variation. Bien au contraire, le contact entre les élèves et les locuteurs naturels est extrêmement profitable pour récupérer une bonne phonologie et des idiomatismes authentiques. d) Dans la société modernisée, un parler a davantage de chances de survivre s’il s’appuie sur un standard autocentré dans le domaine d’oc, par contre il a peu de chances de survivre s’il est laissé seul et sans défense devant la langue dominante. Le standard d’une langue subordonnée a pour rôle de remplacer la langue dominante dans la fonction de la communication large. L’occitan standard est un rempart qui protège les parlers d’oc face à la langue dominante. La standardisation permet de déplacer de manière profitable le point de référence linguistique: celui-ci n’est plus la langue dominante mais le standard autocentré. L’élaboration de l’occitan standard (les néologismes par exemple) offre aux parlers des recours expressifs qui s’intègrent beaucoup mieux que s’ils sont imposés par la langue dominante. Certes, il demeure une 20

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distribution des fonctions entre occitan standard et occitan local, mais elle est assez “douce”: elle n’a aucune commune mesure avec le conflit impitoyable qui oppose l’occitan local et la langue dominante. Par exemple, le parler vivaro-alpin d’Yssingeaux restera beaucoup plus solide s’il emprunte des recours expressifs à l’occitan standard vivaro-alpin (ordenaor, logicial, malhum) qu’au français (òrdinatuér*, lògicièl*, resò*)… Je dis cela dans l’hypothèse “optimiste” où un occitanophone d’Yssingeaux ne recourt pas à l’alternance codique pour dire tout ce genre de choses en français. e) Le standard a un aspect relativement “neutre” ou “moyen” par rapport à la diversité des parlers locaux. Son rôle est de remplir les fonctions de communication large, ce qu’un parler local n’est pas capable de faire de manière complète. f) De fait, les styles, les registres, les variétés fonctionnelles sont souvent peu différenciés dans un parler local. À cause de la diglossie, le parler est souvent cantonné aux registres informels et la langue dominante accapare les registres formels. Le standard a pour rôle, entre autres, de reconquérir tous les styles possibles et de les cultiver au profit de la langue subordonnée (élaboration stylistique).

norme” et les concepts voisins

I.3 Le concept de “

Dans le renaissantisme, on parle couramment de graphie pour désigner un certain courant d’usage plus ou moins conventionnel qui comprend non seulement la graphie proprement dite, mais aussi des formes orales: graphie classique, graphie mistralienne, graphie bonnaudienne, graphie de l’Escòla dau Pò… Il n’est pas rare d’entendre une phrase du type: “en graphie classique, il vaut mieux dire (sic) mejan que moien*”. C’est un contresens, bien sûr. Il convient de clarifier les termes, comme en témoigne l’opinion que se fait R. Toscano sur ce sujet délicat: lu aparaires de la grafia classica an totjorn entretengut una confusion entre “grafia classica”, “nòrma ortografica”, “occitan estandard”, “occitan comun”, “occitan de referéncia” [‹referença*›] ò encara “lengadocian centrau”. (Toscano 1998: 3)

Cette accusation n’est pas fondée, puisque la diversité dialectale triomphe chez les “défenseurs de la graphie classique”. Mais il reste vrai que la confusion graphie/norme/standard existe. R. Teulat (1985a: 11-36) avait déjà relevé un certain nombre d’ambiguïtés terminologiques. Je suggère d’utiliser les termes suivants. La graphie est une manière relativement convergente d’écrire la langue. • L’occitan connaît plusieurs usages écrits concurrents, qu’on appelle chacun graphie. Ex: La graphie classique écrit montanha, la graphie mistralienne écrit ‹mountagno›, la graphie bonnaudienne écrit ‹mountanhà›, la graphie de l’Escòla dau Pò écrit ‹mountanho›.

• La graphie peut être codifiée ou non. Ex: en graphie classique, que l’on écrive

realizar (codifié) ou realisar* (non codifié) il s’agit toujours de la graphie classique.

• La graphie est distincte de la forme orale. Par ex. en graphie classique, on peut noter des formes orales divergentes: mejan ou moien*, magic ou magique*.

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L’orthographe est une graphie codifiée (normée, normativisée). Realizar entre dans l’orthographe classique, realisar* est hors de l’orthographe classique (mais est dans la graphie classique). Ainsi on peut parler d’orthographe classique, d’orthographe mistralienne, d’orthographe bonnaudienne, d’orthographe de l’Escòla dau Pò. On qualifiera d’oral ce qu’on dit, indépendamment de la graphie. Que l’on écrive montanha ou ‹mountagno›, realizar ou realisar*, la forme orale est la même. Il serait plus rigoureux de dire vocal (Martinet 1996: § 1-2) afin d’englober la double dimension acoustique et articulatoire. Mais si on tient compte de la tradition du registre pédagogique, il est plus commode de reprendre l’opposition entre les termes oral et écrit.

La norme orale est ce que l’on dit de manière codifiée (normée, normativisée). est dans la norme orale classique, moien* est hors de la norme orale classique. Ainsi on peut parler de norme orale classique, de norme orale mistralienne et de norme orale bonnaudienne. La norme est l’ensemble de la norme orale et de la norme écrite (orthographe). Ainsi on peut parler de norme classique, de norme mistralienne, de norme bonnaudienne et de norme de l’Escòla dau Pò. Au lieu d’énoncer “en graphie classique, il vaut mieux dire (sic) mejan que moien*”, on dira plus scientifiquement “en norme classique, il vaut mieux dire mejan que moien*”. Dans la perspective de la linguistique normative, on parle ici de norme au sens de norme explicite, ce que le catalan —et virtuellement l’occitan— peuvent appeler aussi la normativa. La norme explicite se distingue: (a) de la norme implicite, qui décide de ce qui appartient à l’usage habituel d’une langue; (b) de la norme stylistique, qui décide de ce qui appartient à chaque usage concret; (c) des normes sociales, qui fonctionnent comme le mécanisme de contrôle de la norme stylistique (Lamuela 1994: 24-25). Il faut faire une remarque terminologique importante. On dit souvent norme linguistique dans le sens de norme orale. On oppose ainsi la norme linguistique (orale) à la norme orthographique (par ex. Taupiac 1984; Toscano 1998: 3). Cela pourrait laisser croire que l’orthographe serait extérieure au langage et à la linguistique. Ce point de vue, comme l’explique Hymes, n’est pas envisageable dans une perspective sociolinguistique. Les questions d’écriture sont forcément des questions de linguistique et il arrive que l’écriture se mêle à l’évolution orale des langues, même s’il est vrai qu’une langue reste avant tout un phénomène oral: Mejan

Chinese traditions of lexicography and phonetics and the social role of a writing system of a particular type, as a lingua franca between regions and a barrier between classes, are a part of the history of the Chinese language (and ultimately of the Korean and Japanese languages) that is important to the understanding of the particular languages and societies and to the comparative study of the evolution of the “metalinguistic” function as well. (Any writing system embodies the emergence of self-conscious analysis.) Studies of the standardization of languages, of situations of diglossia, of linguistic acculturation, of the emergence of pidgin and creole languages, all have evolutionary implications. But such studies have remained marginal to linguistic theory; linguistics has found it possible to do without evolutionary perspective, latent or otherwise. (Hymes 1972: viii)

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Par conséquent le terme de norme linguistique ne peut être que le synonyme de ou norme explicite (normativa en catalan). La norme linguistique, ainsi redéfinie, se compose logiquement de la norme orale et de la norme orthographique.

norme

On appellera courant l’ensemble des pratiques, orales ou écrites, codifiées ou non, qui sont partagées par les utilisateurs d’une même graphie. Un courant comprend donc l’orthographe et les cacographies, la norme orale et les formes orales hors-norme. Ainsi on peut parler de courant classiciste, de courant mistralien, de courant bonnaudien, de courant de l’Escòla dau Pò. Le courant classiciste, par exemple, est l’ensemble des usages fonctionnant autour de la graphie classique. Il comprend realizar (orthographe) et realisar* (cacographie), mejan (norme orale) et moien* (forme hors norme orale, mais qui peut s’écrire en graphie classique). Le courant comprend aussi, bien entendu, les usages historiques qui ont existé avant la fixation de la norme. Une antinorme est un ensemble de formes prescrites et diffusées consciemment en contradiction avec la norme fixée au préalable. L’antinorme se situe malgré tout à l’intérieur du courant général. Elle est souvent moins précise et moins stable que la norme. Le terme d’antinorme n’est pas gratuitement polémique; il décrit une réalité objective, comme on le verra plus loin. Si les formes hors norme sont involontaires ou si elles sont antérieures à la codification, on ne peut pas les attribuer à une antinorme. Une prescription est un ensemble de formes préconisées, soit comme norme, soit comme antinorme. On peut synthétiser ces concepts par le tableau suivant. Fig. I.3 — La norme et les notions voisines

formes orales graphie

courant

(par ex.: courant classiciste, mistralien, bonnaudien, Escòla dau Pò...) formes hors norme (avec prescription) (avec prescription) (sans prescription) norme antinorme - erreurs involontaires - formes antérieures à la codification norme orale formes orales hors norme orthographe cacographie

Le terme standardisation, pour la plupart des Occitans, est compris dans le sens de “fixation d’une variété standard”. La variété standard ou la langue standard est comprise avant tout comme “variété interdialectale” (à l’échelle de la langue) ou “variété interparlers” (à l’échelle du dialecte). On peut dire aussi le standard. En occitan et dans quelques autres langues, on verra que le standard n’est pas nécessairement uniforme, il se décline en plusieurs nuances: - le standard général. - les standards régionaux, qui se forment autour d’une région ou d’un noyau dialectal mais sans rupture avec le standard général (DSL: art. estàndard regional, paraestàndard). C’est cette standardisation plurielle qui tend à se mettre en place dans la norme classique. Langue référentielle est un équivalent de langue standard chez Bèc (1972) et Teulat (1975b/1985a: 79-80, 1976d). Teulat distingue la langue référentielle (et partant, l’occitan référentiel) proposée par les codificateurs et la langue commune (et partant, l’occitan commun) qui se sédimente réellement dans l’usage. 23

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PREMIÈRE PARTIE

Lamuela & Murgades (1984: 79 n. 3, Lamuela 1994: 118-119) proposent langue comme terme générique ; ils y distinguent la langue codifiée, proposée par les codificateurs, et la langue standard, sédimentée dans l’usage. Cela suppose que la langue codifiée serait au préalable une variété reliant les géolectes. C’est sans doute une idée qui va de soi dans un contexte catalan, anglo-saxon ou galicien. Mais dans le contexte occitan, pétri d’habitudes localistes, on a l’habitude de concevoir la langue codifiée (la norme) comme une série de conventions qui s’appliquent aussi bien aux parlers qu’aux variétés reliant les parlers. La codification d’Alibèrt dessine une langue littéraire qui admet de nombreuses variantes, similaires aux variantes de la koinê médiévale (GramAl: xxxiv-xxxvii). Cette variabilité de la langue codifiée a été explicitée au niveau panoccitan par Lafont (1971). Par exemple, l’écrivain Max Roqueta écrit un occitan fort bien codifié selon les principes d’Alibèrt, mais ce n’est pas du tout un occitan référentiel: il emploie les formes dau, nuòch “du, nuit ” alors que les formes perçues comme “standard”, “référentielles” sont del, nuèch. J’évite autant que possible de modifier la terminologie qui a été fixée avant moi. Mais ici, je ressens le besoin de l’adapter au cas de l’occitan. Je suggère donc de dire indifféremment standard ou référentiel au sens le plus générique et le plus facile à entendre pour les Occitans, à savoir “variété codifiée, élaborée et reliant les géolectes”. Cela permet de conserver le terme référentiel, qui a rendu de grands services, et de garder son sens générique utilisé par Bèc, Lamuela et Murgades. Le terme standard a aussi un avantage formel: il peut s’utiliser comme nom (un standard, un standard régional), en apposition (forme standard, variété standard) et il se dérive facilement (standardiser, standardisation). Le terme référentiel ne permet pas de créer des dérivés aussi parlants (référentialiser* passe moins bien que standardiser). On distinguera deux sous-catégories de standards: - le standard émergent: variété reliant les géolectes proposée par les codificateurs (c’est la langue référentielle de Teulat, la langue codifiée de Lamuela & Murgades), - le standard établi: variété reliant les géolectes qui s’impose dans l’usage et acquiert toutes les fonctions de la société modernisée (c’est la langue standard de Lamuela & Murgades). Dans le cadre d’une langue subordonnée, le standard établi est la conséquence de l’établissement. Le standard émergent est forcément conçu pour devenir un standard établi. Donc il ne me semble pas gênant de l’appeler standard par anticipation. Ainsi, l’occitan a des standards émergents (général et régionaux). Il est loin d’avoir des standards établis. Mentionnons aussi la terminologie de Sibille (2002: 24-26), qui distingue la langue standard, proposée par les codificateurs, et la langue élaborée, émergeant de la pratique renaissantiste et convergeant vers des formes communes, sans correspondre exactement aux standards initialement prévus. Sibille emprunte ce concept à la sociolinguistique corse (Chiorboli 1992). La langue standard de Sibille correspond à ce que j’appellerai standard émergent. Par contre, le concept de langue élaborée de Sibille est plus délicat. Le renaissantisme occitan est profondément affecté par l’absence de pression de l’usage social, par les erreurs de grammaire qui en découlent et par les tentations individualistes et antinormistes. Il est certain qu’il existe une langue des renaissantistes mais précisément, elle est instable et n’est pas forcément une langue élaborée. À la rigueur, on pourrait restreindre le terme langue élaborée aux pratiques renaissantistes les plus solides et les plus stables. référentielle

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LES ENJEUX

La koinê est un concept proche du standard. C’est une variété reliant les géolectes qui a émergé au cours de l’histoire, sous la pression des besoins de communication ou sous l’effet du prestige, mais sans suivre nécessairement un processus moderne et complet de standardisation (codification et élaboration). En occitan: les koinês régionales du renaissantisme se transforment en standards émergents. La véhiculation (fig. I.1) est la diffusion du standard dans la communauté linguistique. La sédimentation est l’installation d’une forme (correcte ou non, standard ou non, prévue ou non) dans l’usage. La lemmatisation comprend, entre autres, la fixation des formes standard du lexique. On a expliqué dans l’introduction ce lien entre lemmatisation et variétés standard. Un lemme est la forme standardisée d’un lexème. Une variante est la forme non standardisée d’un lexème. Norme et standard ne signifient pas la même chose. La norme agit non seulement sur les standards mais aussi sur les parlers, comme le veut la tradition du renaissantisme d’oc. Fig. I.4 — L’action de la norme sur les standards et les parlers fonctions

standards

- standard général - standards régionaux

parlers

toutes les fonctions (dont: communication large, fonction discriminante...) communication locale

norme

norme orale lemmatisation évitement diversité des (standardisation des registres du lexique) intrusions + + + (vers (vers l’élaboration) l’élaboration)



+

+/– (registres limités)

diversité des recours syntaxiques + (vers l’élaboration)

orthographe

+/– (recours plus limités)

+

+

Position des parlers et des standards par rapport aux concepts généraux de la standardisation

parlers

standards

standardisation

codification

codification

(sans lemmatisation)

(avec lemmatisation)

élaboration complètement (avec lemmatisation)

culture de la langue

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Chapitre II

STANDARDISATION ET DYNAMIQUE DE LA LANGUE La situation de la langue occitane a fait l’objet de deux synthèses complémentaires: l’ouvrage collectif dirigé par Boyer & Gardy (2001), Dix siècles d’usages et d’images de l’occitan, et un article remarquablement dense de J. Kremnitz (2003b). Pour ma part, je mettrai l’accent sur certains aspects précis de la codification dans son contexte socio-historique: cette question a déjà été étudiée en détail par J. Kremnitz (1974) dans Versuche zur Kodifizierung des Okzitanischen… et je propose donc d’analyser ici, en priorité, les évolutions ultérieures à 1974. Un mouvement renaissantiste tente de répondre depuis le XIXe siècle à la subordination de l’occitan, avec des fortunes diverses. Quelques avancées ont été possibles: l’émergence très timide d’un usage institutionnel et une codification incomplète. Or la question de la codification, en occitan, est une des plus complexes qui soient parmi les langues d’Europe. Il y a un rapport dialectique entre la subordination et les efforts renaissantistes depuis le XIXe siècle: le bilan des deux derniers siècles est fort mitigé. On n’a pas réussi à mettre fin à une série de préjugés qui affectent le lexique des langues subordonnées. Revenons brièvement sur le concept de diglossie: il est devenu classique depuis qu’il a été ébauché par Psichari (1928), théorisé par Ferguson (1959) et précisé par Fishman (1967). Mais on trouvera plus pratique, à la suite de Lamuela (1994: 33-46), de distinguer dans la diglossie une série de notions plus précises: - subordination: domination d’une langue sur une autre. - distribution fonctionnelle: répartition des variétés linguistiques selon les fonctions. - distribution sociale: répartition des variétés linguistiques selon les classes sociales (surtout dans la société traditionnelle). De même, j’emprunte à Lamuela (1994) les notions suivantes: - langue établie: langue bénéficiant de l’établissement, ayant la fonction discriminante (fonction sociale d’une langue à travers laquelle se fait l’intégration sociale de l’individu), dotée de toutes les légitimations sociales et institutionnelles. - langue dominante: langue A, variété haute, type de langue établie dont la caractéristique est de dominer une langue subordonnée. - langue subordonnée: langue B, variété basse, par rapport à la langue dominante. - substitution: remplacement d’une variété linguistique par une autre. - établissement: transformation d’une langue subordonnée en langue établie, notamment par la conquête de la fonction discriminante, caractéristique de la société modernisée (Lamuela 1994: 108). Ce terme vise à remplacer celui de normalisation qui est trop galvaudé en Catalogne.

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PREMIÈRE PARTIE II.1 Les contacts de langues et la subordination

À la suite des gloires médiévales et de la subordination croissante pendant l’Ancien Régime, on sait que l’occitan est demeuré malgré tout la langue de la majorité de la population jusqu’au début du XXe. La substitution de l’occitan au profit des langues établies (français, italien, espagnol) n’a donc véritablement commencé qu’après la Première Guerre Mondiale, avec le passage de la société traditionnelle (forte distribution sociale des variétés linguistiques) à la société modernisée. Celle-ci se caractérise par l’affaiblissement des barrières sociales et par la libération de la mimésis, ou imitation des classes dominantes, donc par l’accès massif des classes populaires aux variétés linguistiques dominantes (Sauzet 1987, Lamuela 1994: 65). Cet accès général aux langues dominantes a été favorisé par la généralisation de l’enseignement public, par les media et par la répression linguistique à l’école française de la IIIe République, des années 1880 à 1940. En Italie et en Espagne, les dictatures de Mussolini et de Franco ont organisé une répression des langues subordonnées, mais celle-ci a été plus tardive et beaucoup plus courte qu’en France. Ainsi, l’occitan a un peu mieux résisté en Italie et en Espagne. II.1.1 L’OCCITÀNIA GRANDA Le schéma global de la subordination est assez simple dans l’Occitanie politiquement française, ou Occitània Granda, comme disent les occitanistes de l’État italien. Seules deux langues s’y font concurrence: l’occitan et le français. Il est inutile de détailler les modalités actuelles de la diglossie franco-occitane car on l’a abondamment décrite dans de très nombreuses publications. II.1.2 LES VALLÉES OCCITANES Dans les Vallées Occitanes d’Italie, les trois langues en contact sont l’occitan, le nord-italien (piémontais, ligurien) et l’italien proprement dit 1. L’occitan avait connu un prestige médiéval en Italie: il était la langue des marquisats piémontais de Saluces et de Montferrat. Et les troubadours italiens composaient en occitan. Mais durant les Temps Modernes, l’expansion de la maison de Savoie dans le Piémont a consacré l’italien comme langue officielle et dominante. Les élites piémontaises ont développé l’usage conjoint de l’italien (à l’écrit) et du nord-italien (à l’oral). L’occitan, délaissé alors par les élites, est devenu une langue subordonnée dans les Vallées Occitanes qui appartenaient à la Savoie (puis à l’Italie). La modernisation économique contemporaine a entraîné un exode rural qui a touché durement les Vallées Occitanes, obligeant des occitanophones à émigrer dans la plaine nord-italienne. La Zone Grise, dans les basses Vallées, est un espace de substitution linguistique récente au profit du nord-italien. 1

J’appelle italien ou italien centro-méridional la langue de l’Italie centrale et méridionale (je n’y inclus pas le nord-italien, le sarde et le rhéto-roman; le corse est une langue par élaboration proche de l’italien). J’appelle nord-italien ou italien septentrional la langue qui regroupe le vénète, peut-être l’istrien (difficile à classer) et le groupe gallo-italien (piémontais, ligure, lombard, émilien, romagnol). Le nord-italien est appelé parfois padan, cisalpin ou haut-italien. Padan a été proposé par Hull (1982, 1987-88) bien avant que la Ligue du Nord n’apparaisse. Je réserve le terme cisalpin pour l’occitan alpin oriental (§ VIII.1.3).

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LES ENJEUX

La constitution italienne de 1947 stipule dans son article 6 que “La Repubblica tutela con apposite norme le minoranze linguistiche [la République protège par des mesures particulières les minorités linguistiques]”. Tardivement, ce principe a commencé à être appliqué de manière globale avec la loi italienne n° 482 du 15 décembre 1999, intitulée Norme in materia di tutela delle minoranze linguistiche storiche. Celle-ci pourrait modifier les modalités de ce contact de langues: l’occitan fait partie de la liste des langues reconnues par la loi alors que le nord-italien est ignoré 1. Il faut mentionner aussi l’existence de la loi régionale n° 26/90 de la région Piémont (adoptée le 10 avril 1990), modifiée par la loi régionale n° 37/97 (adoptée le 17 juin 1997) et intitulée Tutela, valorizzazione e promozione della conoscenza dell’originale patrimonio linguistico del Piemonte. Mais son impact est limité. II.1.3 LE VAL D’ARAN En Espagne, dans le Val d’Aran, les trois langues en présence sont l’occitan, le catalan et l’espagnol. Le Val d’Aran appartenait initialement au comté de Comminges. Il s’est rattaché à Couronne Catalano-Aragonaise en 1175 en vertu du traité d’Emparança. Il est entré ensuite dans l’État espagnol avec l’ensemble du royaume catalano-aragonais. Administrativement, le Val d’Aran fait partie de la région Catalogne, qu’on appelle par commodité Principat pour la distinguer de l’ensemble des Pays Catalans. Le Statut d'Autonomie du Principat, s’appuyant sur l’article 152.3 de la Constitution Espagnole 2, établit dans sa première Disposition additionnelle que l’on reconnaîtra et actualisera les particularités historiques de l’organisation administrative interne du Val d'Aran. Dans ce cadre, trois lois ont permis à l’occitan aranais de rentrer dans les institutions officielles. a) Le parlement du Principat a adopté le 18 avril 1983 la Llei de normalització lingüística: elle officialisait le catalan et accordait une timide reconnaissance publique à l’occitan (enseignement, toponymie, signalisation), sans en faire une langue officielle. b) Le Principat a fini par adopter, le 13 juillet 1990, la loi 16/1990 portant sur eth Regim especiau dera Val d’Aran. C’est une autonomie aranaise locale imbriquée dans l’autonomie du Principat. Ce régime a donné un statut de langue officielle à l’occitan, comme le stipule l’article 2: “Er aranés, varietat dera lengua occitana e pròpria d’Aran, ei oficiau ena Val d’Aran”. c) Le 7 janvier 1998 le Principat a adopté la Lei de politica lingüistica 3 afin de compléter et remplacer la Llei de normalització de 1983. On confirme le statut de 1990 de l’occitan et on lui accorde des mesures de “normalisation” semblables à celles du catalan: Er aranés varietat dera lengua occitana pròpia dera Val d’Aran, se regís entad açò que tanh ar us, pera Lei 16/1990, deth 13 de juriòl, sus eth regim [‹règim*›] especiau 1 2 3

L’article 1 de la loi fixe la liste des langues protégées: “la Repubblica tutela la lingua e la cultura delle popolazioni albanesi, catalane, germaniche, greche, slovene e croate e di quelle parlanti il francese, il franco-provenzale, il friulano, il ladino, l’occitano e il sardo.” Article 152.3 de la Constitution Espagnole: “Mediante la agrupación de municipios limítrofes, los Estatutos [de las comunidades autónomas] podrán establecer circunscripciones territoriales propias que gozarán de plena personalidad jurídica.” Pour le nom de cette loi, j’emploie la forme occitane aranaise co-officielle avec la forme catalane (Lei de politica lingüistica),

(Llei de política lingüística).

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PREMIÈRE PARTIE

dera Val d’Aran, e supletòriament, pes precèptes d’aguesta Lei, es quaus jamès non pòden èster interpretats en perjudici der us der aranés. (Lei de politica lingüistica, article 7)

Ainsi, le Val d’Aran conserve une avance importante sur les Vallées Occitanes en ce qui concerne le statut de la langue d’oc. Pourtant, l’occitan aranais n’est pas débarrassé de la subordination: il partage sur son propre territoire la co-officialité avec le catalan et l’espagnol (dit “castillan”), qui sont des langues beaucoup plus puissantes. En 2005, un nouveau statut d’autonomie est en préparation dans le Principat, il renforcera peut-être la promotion officielle de l’occitan. II.1.4 DIFFÉRENCES ENTRE LES VALLÉES OCCITANES ET LE VAL D’ARAN Dans les Vallées Occitanes, il existe un sentiment de rivalité entre l’occitan et le piémontais. Comme l’explique Bronzat (1987: 89-90), certains militants piémontaisistes se montrent condescendants envers la langue d’oc, allant jusqu’à nier son existence. Les occitanistes, en retour, se méfient naturellement des revendications linguistiques piémontaises. La loi 482 pourrait modifier la situation: l’occitan fait partie de la liste des langues reconnues alors que le nord-italien en est exclu, ce qui est injuste, bien entendu. La vision restrictive de certains piémontaisistes est illustrée par cette citation de l’universitaire Gianrenzo Clivio, lorsqu’il proteste contre l’éviction du piémontais dans la loi 482: il piemontese è storicamente la lingua parlata di una nazione, per contrario il sardo (…) non possiede né a livello orale né a livello scritto una forma comune ed è frammentato (…); il provenzale e il franco-provenzale, del Piemonte, senz’altro degni di protezione, possiedono però una scarsissima letteratura e sono anch’essi frammentati, né sono mai stati espressione comune di una nazione. (Clivio 1999)

Clivio a parfaitement raison de défendre le piémontais. Mais pour étayer son discours, il nie la littérature abondante et les koinês incontestables de l’occitan et du sarde ainsi que la très honorable littérature francoprovençale. Clivio n’arrive à percevoir l’occitan que comme une langue mineure, une annexe culturelle cantonnée à la périphérie du Piémont. Et son concept de “langue d’une nation” n’est pas défini. En Val d’Aran, par contre, l’occitan et le catalan sont plutôt solidaires. Face à la domination généralisée de l’espagnol, les Aranais perçoivent le catalan comme un “grand frère” plutôt que comme un concurrent, d’autant plus que le catalan et l’occitan se ressemblent beaucoup. Depuis les années 1990, les manifestations culturelles aranaises développent de plus en plus les échanges avec le reste de la Gascogne et de l’Occitanie. Les Catalans, de leur côté, considèrent l’aranais avec bienveillance, même si ce sentiment se teinte souvent de paternalisme, de condescendance et d’ignorance. Beaucoup de Catalans sont surpris d’apprendre que l’aranais est de l’occitan: ils perçoivent l’aranais comme une charmante bizarrerie linguistique à la périphérie de la Catalogne. Comble du paternalisme, le Congrés de Cultura Catalana de 1976-77 s’est cru autorisé à annexer le Val d’Aran et le Fenouillèdes aux “Pays Catalans”, tout en admettant le caractère occitan de ces deux contrées (art. Països Catalans de la GEC). Comme exemple d’ignorance, l’Atles de Catalunya (1993, coll. Vox, Barcelone: 30

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LES ENJEUX

Biblograf, p. 144) distingue l’“aranais” dans le Val d’Aran et l’“occitan” dans le Fenouillèdes. II.1.5 LES CONTACTS DE LANGUES DANS LE PASSÉ Pour compléter ce tableau, on ajoutera deux situations anciennes de contacts de langues qui ont laissé quelques traces dans le lexique de certains parlers actuels. L’influence française a pénétré dans une partie des Vallées Occitanes aux XVIIe et XVIIIe siècles, lorsque le royaume de France cherchait à contrôler les passages alpins, face à la maison de Savoie. Ainsi la France a possédé de 1601 à 1713 les secteurs d’Exilles (Vallées d’Oulx et du Chisone) e de Château-Dauphin (haute Vallée de la Varaita). Elle a même possédé la ville piémontaise de Pignerol de 1631 à 1696, dont les abords occidentaux, Abbadia Alpina e Talucco, sont de langue occitane. Malgré cela, l’influence italienne est aujourd’hui nettement plus forte que l’influence française. Bien plus tôt, aux XIVe et XVe siècles, le Dauphiné puis le royaume de France ont dominé le marquisat de Saluces, qui était à cheval sur les domaines linguistiques de l’occitan et du piémontais. Mais à cette époque, l’occitan était encore une langue solide et la subordination linguistique au profit du français n’avait peut-être pas commencé. L’occupation française de l’Italie, à l’époque napoléonienne, a été trop éphémère pour imposer durablement le français dans les Vallées Occitanes. L’influence française a pénétré tardivement dans le comté de Nice. Possession de la Savoie depuis 1388, le Pays Niçois a été occupé temporairement par la France de 1793 à 1814; il a été récupéré par la Savoie, puis est retourné à la France à partir de 1860. L’occitan niçois a donc gardé une empreinte de sa longue subordination à l’italien. Par contre, il n’a pas été subordonné au nord-italien: Nice était sans doute une capitale régionale assez puissante pour résister au piémontais et au ligurien. La domination du français s’est accrue en niçois depuis le XIXe siècle mais elle reste moins profonde que dans la plupart des parlers occitans. Même si le Béarn et le Comtat Venaissin ont été rattachés tardivement à la France (en 1620 et en 1791 respectivement), ils ont subi la domination du français dès l’aube du XVIe siècle, à l’instar des terres occitanes environnantes. En Béarn, le français a pu avancer sans difficultés malgré le maintien d’un usage officiel de l’occitan jusqu’en 1620 (jusqu’en 1789 pour les délibérations des États du Béarn) (Bèc 1993a: 318-322).

II.2 Le nombre des occitanophones et la substitution Au niveau quantitatif, il n’existe pas d’enquête complète sur la pratique de l’occitan contemporain. Mais depuis les années 1990, quelques sondages locaux en Languedoc-Roussillon, en Aquitaine et dans le Val d’Aran ont permis de se faire une idée (Média Pluriel Méditerranée 1991, 1995, 1997, 1998; Suïls-Subirà & al. 2001a; Vila 2000). Au vu de ces résultats partiels, et selon la connaissance générale qu’on peut avoir des régions d’oc, Hammel & Gardy (1994) et Kremnitz (2003b: § 4.2) esquissent les tendances suivantes. Les mouvements modernes de population ont déplacé des occitanophones hors d’Occitanie et ont contribué à y augmenter le nombre des non-occitanophones. Les deux sondages consécutifs en Languedoc-Roussillon, de 1991 et 1998, montrent que le 31

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PREMIÈRE PARTIE

nombre de locuteurs primaires baisse mais que l’image de la langue s’améliore. Cependant, le nombre de néolocuteurs ne suffit pas à enrayer la baisse des locuteurs primaires. Le recensement français de 1999 a fait des enquêtes ciblées sur les usages linguistiques dans quelques points d’Occitanie, mais les résultats n’ont pas été divulgués ni exploités de manière complète. Des résultats partiels ont été fournis par l’Insee, interprétés par l’Ined et publiés dans La Setmana (2002): l’Ined estime qu’il y aurait 526 000 locuteurs quotidiens de l’occitan; il extrapole ce chiffre d’après 610 000 sondés qui déclarent parler l’occitan quotidiennement et 1 060 000 qui déclarent le parler occasionnellement. L’Ined ne propose pas d’estimation précise sur le nombre des locuteurs occasionnels, des néolocuteurs et des personnes qui comprennent l’occitan. Mon expérience, partagée avec maints renaissantistes, indique que de nombreux habitants d’Occitanie arrivent à comprendre les échanges simples en occitan parce qu’ils ont connu un parent occitanophone ou parce qu’ils connaissent plusieurs langues romanes (le plus souvent, le français officiel et l’espagnol appris à l’école, ou bien le français officiel et une langue romane de l’immigration). Mais il serait imprudent d’en déduire une estimation chiffrée. Par ailleurs, Kremnitz (2002: 122-123) suppose avec de solides arguments géographiques que l’occitan a reculé plus massivement dans les grands axes de circulation, de variation de la population (rurbanisation, renouvellement), de densité de peuplement et de développement économique: “côte provençale, vallée du Rhône, Bas-Languedoc, les nouveaux centres industriels”. Ces axes sont reliés directement au Pays d’Oïl. Les régions d’accès plus difficile ou de développement moins rapide conservent une pratique plus forte de l’occitan, par inertie socio-économique, mais l’occitanophonie y est néanmoins fragilisée. Ces deux types d’espaces esquissés par Kremnitz sont confirmés par les cartes des ouvrages de géographie comme Le nouvel espace français (Noin 2003: pp. 17, 43, 46, 48, 50, 53, 66-67, 130, 132, 135, 200, 232). La ville de Nice est un cas particulier. Bien qu’elle soit au bout de l’axe de circulation Paris-Rhône-Basse-Provence, elle semble mieux résister à la substitution linguistique que les autres grandes métropoles occitanes. On dit souvent que les Niçois nés avant la Seconde Guerre Mondiale sont occitanophones, mais aucune enquête ne le démontre. Cela pourrait s’expliquer par l’intégration tardive à la France (1860) et par le fort particularisme niçois. Bien entendu, la pratique de l’occitan est bien plus enviable dans les Vallées Occitanes, mais même là, la substitution est en marche, non seulement dans la Zone Grise, mais aussi dans les Hautes Vallées chez les jeunes générations (LLO: 122). Dans le Val d’Aran, l’officialité de l’occitan permet de retarder le phénomène de substitution mais la subordination reste forte. Les moyens modestes des institutions aranaises, l’omnipotence des médias extérieurs à la vallée et le trilinguisme officiel accentuent chaque jour la domination du catalan et surtout de l’espagnol (Suïls & al. 2001a, González i Planas 2001). À Monaco, la pratique de l’occitan niçois a été assez peu étudiée (§ VII.5.5). Au niveau qualitatif, les locuteurs naturels sont donc dans une position de plus en plus fragile. La pression des langues établies laisse l’occitan à peu près sans défense. L’interférence d’éléments français, italiens et espagnols s’accentue à chaque nouvelle génération de locuteurs primaires. Les dialectologues recherchent les informateurs les plus âgés possible afin d’accéder à des connaissances que des locuteurs plus jeunes ont 32

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oubliées. Les derniers occitanophones naturels dépasseront à peine le seuil du XXIe siècle.

II.3 Face à la substitution: une Renaissance Occitane en trois temps Pour contrer la subordination et la substitution, un “mouvement occitan” conscient est apparu depuis le XIXe siècle: on l’appelle Renaissance occitane, renaissantisme (Teulat 1985a: 152) ou occitanisme au sens large (cf. infra). Certains distinguent une Première Renaissance occitane, reposant sur la littérature baroque des XVIe et XVIIe siècles, et une Seconde Renaissance depuis le XIXe siècle. Cette Seconde Renaissance a connu trois grandes phases de développement, le Temps Un, le Temps Deux et le Temps Trois (Lafont 1991a). Ce sont des accélérations de l’histoire durant lesquelles la conscience occitane a eu de fortes interactions avec l’évolution générale de la société. • Le Temps Un est celui de l’expansion du Félibrige (Felibritge) à la fin du XIXe siècle. Le Félibrige avait été fondé en 1854, à la suite d’un élan littéraire qui avait commencé dès le début du XIXe siècle à la faveur du romantisme et du réveil des nationalités. Le succès des œuvres de Frederic Mistral a permis de poser la langue d’oc en dignité littéraire et culturelle mais il n’a pas empêché la substitution et la répression scolaire sous la IIIe République. Depuis la mort de Mistral en 1914, le Félibrige reste un mouvement très important par le nombre de ses adhérents et des associations qu’il a engendrées, mais il a perdu beaucoup de son dynamisme. Le Félibrige du Temps Un utilisait totalement la norme mistralienne, le Félibrige actuel se partage entre courant mistralien (mistralisme) et courant classiciste. • Le Temps Deux est celui de l’expansion de ce que je propose d’appeler le courant classiciste ou classicisme, qui a connu une phase conquérante pendant les années 1960-70. Le courant classiciste se caractérise par l’adoption de la graphie classique. On parle souvent d’occitanisme pour désigner le classicisme, mais cette expression porte à confusion. À la suite de Kremnitz (1974), il me semble nécessaire d’appeler occitanisme l’ensemble des mouvements qui promeuvent la culture d’oc et l’Occitanie, quels que soient les courants et les graphies utilisées. Le courant classiciste était apparu dès les années 1890 au sein du Félibrige, avant de s’autonomiser peu à peu au XXe siècle. Le Temps Deux marque le premier triomphe du courant classiciste. Il se caractérise par une nouvelle volonté de modernité et d’universalisme de la culture d’oc, notamment en littérature et en musique. L’Institut d’Études Occitanes (IEO) a joué un rôle capital dans cette évolution. Le courant classiciste culturel était doublé d’un occitanisme politique: tous deux étaient marqués par la culture de la gauche alternative des années 1960-70. Le courant classiciste —et l’occitanisme en général— a amorcé une crise dans les années 1977-1981. Trop protestataire, pas assez concret, il était devenu incapable de concrétiser les espoirs qu’il avait éveillés (Lafont 1979, 1991a, 1996: 59-60, 1999a, 2003: 216). Pendant les années 80, il s’est laissé gagner par la crise générale de la gauche post-soixante-huitarde, et finalement, par le minimalisme. • Le Temps Trois est celui d’un nouvel occitanisme qui émerge doucement depuis les années 1990 avec le concours d’une génération renouvelée de militants culturels (et parfois politiques). Il se situe presque exclusivement dans le courant classiciste. Il privilégie les projets concrets, la professionnalisation, la collaboration avec les 33

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PREMIÈRE PARTIE

institutions, le renouvellement musical et littéraire. Quelques étapes marquantes de ce Temps Trois sont: - Le développement de l’enseignement de la langue à des niveaux jusque là jamais atteints: écoles Calandretas, Classes Bilingues, CAPES d’occitan. - L’apparition de structures professionnalisées de statut privé (la Chambra d’Òc cisalpine, les Calandretas, les CFPO, l’hebdomadaire La Setmana) ou de statut public (enseignants d’occitan du public, Institut Occitan de Pau, Espaci Occitan de Dronero, Cirdòc de Béziers…). - L’officialisation de l’occitan dans le Val d’Aran (1990) et en Italie (1999). Malgré le Temps Trois, la crise des années 1980 laisse encore des séquelles: le minimalisme et l’amateurisme sévissent toujours chez certains renaissantistes. À l’instar du Temps Un, les Temps Deux et Trois ont légèrement rehaussé l’image publique de la culture d’oc sans réussir à enrayer pour autant la substitution. Ces trois temps ont eu des répercussions décisives sur la codification de l’occitan. • Le Temps Un a vu l’apparition de la norme mistralienne en 1852, officialisée et généralisée ensuite par le Félibrige. • Le Temps Deux a vu l’expansion de la norme classique dans la totalité de l’Occitanie, pendant les années 1960-70, avec le soutien de l’IEO …mais le même IEO a déstabilisé la norme classique depuis la crise de la fin des années 70 et des années 80. Des normes périphériques et concurrentes sont apparues dans les années 70: la norme bonnaudienne en Auvergne et celle de l’Escòla dau Pò dans les Vallées Occitanes. La norme mistralienne s’est surtout maintenue en Provence, à côté de la norme classique. • Le Temps Trois a vu la fondation du Conselh de la Lenga Occitana (CLO) en 1996-97. Le rôle du CLO est de reprendre le travail de codification de la norme classique, là où l’IEO l’avait délaissé. Les autres normes (bonnaudienne, Escòla dau Pò, mistralienne) se maintiennent et participent à la création culturelle. Fig. II.1 —Les trois temps de la Renaissance Occitane

Renaissance Occitane

phases d’accélération Temps Un Temps Deux Temps Trois

période cruciale fin du XIXe siècle années 1960-1970 depuis les années 1990

courant le plus dynamique courant mistralien courant classiciste courant classiciste

II.4 Quelle langue, pour quoi faire?

La demande d’occitan dans une partie de la société et la promotion institutionnelle ont créé de nouveaux besoins lexicaux. Kremnitz (2003b) pose cette question fondamentale aux occitanistes qui se perdent trop souvent dans les débats théoriques: “Quelle langue, pour quoi faire?”. Essayons d’y répondre brièvement: • Pour quoi faire?

- Développement de l’enseignement de l’occitan, et souvent en occitan. - Usage officiel dans le Val d’Aran et les Vallées Occitanes. - Usage institutionnel (non officiel) dans certaines collectivités locales de la République Française et éventuellement à Monaco. 34

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LES ENJEUX

- Diversification fonctionnelle de l’occitan, encouragée notamment par l’usage officiel et/ou institutionnel. On pense par exemple aux usages publicitaires ou touristiques, qui restent emblématiques, certes, mais d’autres fonctions peuvent s’y ajouter si l’avenir se montre favorable à notre langue. Le Val d’Aran est la zone la plus avancée dans la diversification fonctionnelle. - Réseaux de mouvements culturels (renaissantistes) dans lesquels l’occitan sert de langue de communication quotidienne (rencontres diverses, forums Internet, revues, liens personnels). - Médias occitans dont l’audience est réduite mais réelle, et même rentable (journaux d’information ou pour enfants, stations de radio, programmes télévisés). - Création artistique en occitan, dont la vitalité est incontestable (littérature et musique notamment). - Restes de langue héritée chez les locuteurs naturels. • Quelle langue? - Les usages propres à la société modernisée demandent que des variétés communes d’occitan soient disponibles. La plupart des personnes qui veulent apprendre (ou enseigner) l’occitan demandent également de pouvoir travailler à partir de variétés communes. Une variété standard unique n’est pas souhaitable ni acceptable, pour des raisons historiques: chaque région occitane a une forte personnalité et chaque dialecte a participé au renaissantisme. La solution qui se dégage peu à peu est de rechercher des standards régionaux qui coexistent avec un standard général (ch. IX). - Les locuteurs naturels ont le droit légitime et incontestable de pratiquer la langue héritée (le parler local) à laquelle ils sont habitués. Certains apprenants désirent également cultiver un parler local. Pour ces parlers déjà constitués, il n’est pas nécessaire de faire une élaboration particulière (sauf pour fixer certains points d’orthographe). II.5 L’interférence dans le lexique

La langue dominante impose une forme qui lui est propre à la place d’une forme autochtone (forme peut signifier ici lexème, manière de former les mots, syntaxe, prononciation…). Cela peut s’observer dans tous les registres mais les domaines les plus affectés sont liés aux institutions, au pouvoir, à l’abstraction ou au prestige (formes de déférence, lexique scientifique, mots de formation savante…). Suite aux échanges entre les parlers occitans, il arrive même qu’une interférence venant d’une langue x passe les frontières politiques et s’installe dans la zone dominée par une langue y. Le francisme 1 Mossur* “Monsieur” a migré jusque dans les Vallées Occitanes, le francisme boèta* “boîte” s’est sédimenté dans le Val d’Aran:

1

J’utilise le terme francisme plutôt que celui de gallicisme, conformément à un usage répandu dans l’occitanisme. Le terme francisme a l’avantage d’être clair et pédagogique. Le terme gallicisme suggère une fausse parenté entre le gaulois et le français. Cette clarification terminologique vient de Granièr (1978 : 15-16). L’italien admet francesismo à côté de gallicismo (Zingarelli 2004).

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PREMIÈRE PARTIE Fig. II.2 - Exemples d’interférences des langues dominantes (francismes, italianismes, hispanismes)

Diglossie dans l’Occitània

céder

Monsieur

boîte

Granda

cedar*

Mossur*

boeta*

fr.↓ occ. Diglossie dans les Vallées it.↓ Occitanes occ. Diglossie dans le Val esp.↓ d’Aran cat.↓ occ. Occitan codifié (cf. TDF: I-511, II-380, I-

cèdere

(Signore)

chèdre*

Mossur*

cedir

Señor

(caja)

cedir

Senyor

(capsa)

cedir

Senhor* 1

boèta*

cedir

Sénher

boita, capsa

(francisme)

scàtola scàtola*

(francisme), capsa

323; Pons & Genre 1997: 72, 212, 272; Vergés-Bartau 1991: 311, 172)

Les renaissantistes ont réagi à cette situation en proposant: • Une certaine autonomie dans la création des néologismes. L’idée a été acquise que la néologie ne doit pas dépendre obligatoirement du modèle de la langue établie. Quelques solutions renaissantistes, volontairement originales, ont fait fortune comme pegasolet “autocollant”, qui n’a pas d’équivalent dans les langues romanes. • Une réappropriation modérée des formes médiévales. Ainsi on a proposé de rétablir cedir face à cedar* ou chèdre*; on a promu Sénher pour les sens actuels de “Monsieur”. De même, la tradition des mots de formation savante en occitan médiéval a été étendue aux néologismes. On ne s’est pas contenté de rétablir un mot médiéval comme cedir, on a appliqué les tendances médiévales aux néologismes de formation savante qui ont subi une interférence. À la place des emprunts diglossiques récents comme anarchia*, prochès*/processús*, escèna*, la norme classique propose les formes anarquia, procès/procèssus, scèna qui s’inspirent de modèles médiévaux similaires. Dans la situation traditionnelle de subordination, les occitanophones naturels n’exprimaient pas de revendication linguistique, donc ils étaient assez indifférents aux problèmes de néologismes et d’élaboration du lexique. Cependant il peut arriver que des besoins lexicaux nouveaux aient été comblés par un procédé autonome et spontané de néologie. Ainsi Mistral enregistre dans Lo Tresaur dau Felibritge ‹Lou Tresor dóu Felibrige› (TDF) des néologismes qui, par leur sens même, sont apparus à des époques de subordination mais qui, par leur forme, ne doivent pas grand chose à la domination du français. Ex: • tartifle, tartifla, en graphie mistralienne ‹tartifle, tartiflo›, “pomme de terre”, se rattache à une formation commune avec l’italien tartufo et l’allemand Kartoffel (l’all. dérivant de l’it.). L’étymon est le lat. pop. terræ tūfer° < lat. class. terræ tūber. Ce cognat de formation populaire a été détourné de son sens d’origine pour désigner le nouveau légume d’origine américaine (Drosdowski & Grebe 1963: 313). • campech ‹campé› “bois de Campêche” (< esp. Campeche) a pu se former en occitan sans passer par le français Campêche. • brutlacafè ‹brulo-cafè› “ustensile dans lequel on fait torréfier le café” n’a pas d’équivalent français. Mais bien plus souvent, c’est le modèle de la langue établie qui dicte le néologisme en occitan. Prenons les néologismes “anarchie, environnement, gare, majorité, minorité, processus, vidéo”. Ils sont volontairement choisis pour leurs 1

En occitan, senhor est normal dans le sens de “seigneur”, pas dans le sens de “Monsieur”.

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LES ENJEUX

emplois actuels, fortement liés à la société modernisée, et pour les divergences de forme qu’ils peuvent présenter en fonction de la langue dominante en présence: Fig. II.3 - Exemples d’interférences dans les néologismes en fonction des langues dominantes

• Diglossie dans l’Occitània Granda fr.↓ anarchie environnement occ. anarchia* environament • Diglossie dans les Vallées Occitanes 1 it.↓ anarchìa ambiènte naturale occ. anarquia ambient natural • Diglossie dans le Val d’Aran esp.↓ anarquía medio ambiente cat.↓ anarquia medi ambient occ. anarquia mèdi ambient • Occitan codifié

anarquia

gare gara

majorité majoritat

minorité minoritat

processus processús*

vidéo (f) videò* (f)

stazione estacion

maggioranza majorança

minoranza minorança

procèsso prochès*

vìdeo (m) vídeo (m)

estación estació estacion

mayoría majoria majoria

minoría minoria minoria

proceso procés procès

vídeo (m) vídeo (m) vídeo* (m)

minoritat, minorança, minoria

procèssus vidèo (m/f) procès

environament, gara, majoritat, ambient natural, estacion majorança, mèdi ambient majoria

,

Les trois temps du renaissantisme ont participé à cette restauration et à cette élaboration néologique du lexique, selon des critères autonomes. Le Temps Un, dominé par la norme mistralienne, a fait coexister des formes restaurées et des formes diglossiques: blau blava ‹blau blavo› “bleu bleue” coexiste avec le francisme blu bluia ‹blu bluio› (TDF). La formation savante médiévale connaît également une restauration partielle: magic ‹magi› est promu contre le francisme magique* ‹magique*›, mais concedir ‹councedi› est accepté à côté du francisme concedar ‹counceda› (TDF). Dans les Temps Deux et Trois, la norme classique a rendu plus systématique la restauration initiée par Mistral: blau blava est préconisé contre blu bluia*; concedir contre concedar*; magic contre magique* (Alibèrt). D’autre part, quelques innovations lexicales sont devenues communes à la norme classique et à la norme mistralienne, comme pegasolet = ‹pego-soulet› “autocollant” (par ex. Barta 1980: 375; Coupier 1995: 115). Le courant mistralien a même pu, exceptionnellement, adopter une forme restaurée venant de la norme classique, comme maquina ‹maquino› face au francisme machina* ‹machino› (Barta 1980: 209; Coupier 1995: 837), alors que Mistral ne connaissait que machina ‹machino› (TDF). Mais dans l’ensemble, la norme mistralienne n’a pas complètement suivi la volonté de restauration systématique qui caractérise la norme classique. II.6 Une pression sociale qui disparaît

La perte de la pression sociale —de la norme sociale— sur l’usage de l’occitan rend cette langue de plus en plus fragile et instable, notamment chez les néolocuteurs. L’activité culturelle occitaniste (mistralienne, classiciste…) a installé quelques emblèmes de la dignité linguistique: littérature, musique, normes linguistiques, 1

On ne mentionne pas ici les formes nord-italiennes car elles interfèrent peu dans les néologismes.

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PREMIÈRE PARTIE

enseignement embryonnaire, quelques écriteaux publics (souvent bilingues d’ailleurs)... Mais ces acquis ont un impact symbolique et ne suffisent pas à enrayer la substitution. Les limites du Temps Un ont été expliquées par R. Lafont dans Mistral ou l’illusion (1954). La gloire littéraire du Félibrige et le prix Nobel de Mistral n’ont empêché ni la répression linguistique à l’école (sous la IIIe République), ni la substitution. Les classicistes du Temps Deux pensaient combler cette lacune en modernisant la création, en se rapprochant des mouvements sociaux et en radicalisant la revendication, mais ils ont difficilement dépassé le stade protestataire. Leurs conquêtes dans l’enseignement français sont très honorables (loi Deixonne en 1951, circulaire Savary en 1982, apparition des Calandretas en 1979) mais leur impact reste modeste et n’arrête pas la substitution. La promotion de l’occitan dans le Val d’Aran s’explique moins par le Temps Deux que par la démocratisation de l’Espagne et la coopération des Catalans. L’actuel Temps Trois n’est pas davantage en mesure de rendre à l’occitan sa place de langue première dans la société. Beaucoup d’occitanistes utilisent par inertie la langue dominante (français, italien) et cantonnent l’occitan à un rôle de figuration. Ainsi, les colloques, les meetings, les centres culturels, les pochettes de CD, les livres, les revues —et même certaines écoles— accordent à l’occitan une place ambiguë. On y parle de l’occitan, on y met en scène l’occitan, mais on utilise souvent le français et l’italien comme métalangages et comme seules langues possibles en public… Ainsi les renaissantistes perpétuent la distribution fonctionnelle. Les milieux qui s’imposent un usage plus systématique de l’occitan semblent faire exception: ce sont quelques secteurs particulièrement conscients du renaissantisme et les institutions du Val d’Aran. Sánchez Carrión (1981: 164; repris par Lamuela 1994: 42-43) a proposé une modélisation sociolinguistique de ce problème à travers le concept de configuration spatiale du langage. La situation souhaitable est celle d’une langue “complète” qui fonctionne à l’échelle de toute la société; c’est donc une langue établie. Inversement, la situation critique est celle d’une langue en voie de substitution: la communauté des locuteurs diminue dangereusement et finit par se limiter à une personne isolée qui ne peut plus comparer ses performances avec d’autres locuteurs. L’occitan est complètement entré dans cette spirale critique: És interessant d’observar que (…) identitat social i identitat individual es confonen i que, en els processos de regressió de les llengües —penso, per exemple, en el cas de l’occità—, molt abans que la llengua s’hagi extingit ja hi ha molts casos de parlants aïllats per la pràctica general d’ús de la llengua dominant. Aquesta és la manifestació extrema de la intrusió (…). (Lamuela 1994, 54)

La confusion entre identité sociale et identité individuelle est de plus en plus fréquente chez les renaissantistes: chacun d’entre eux peut développer un idiolecte artificiel et arbitraire, sans risquer la moindre sanction venant des normes d’usage social qui n’existent plus. Face à cette situation, tel renaissantiste aura une attitude intellectuellement honnête et essaiera d’améliorer son niveau d’occitan en s’appuyant sur les structures fondamentales de la langue, garanties par un standard accessible à tous. Mais tel autre renaissantiste, au contraire, se reconstituera un idiolecte fantasmatique dont l’authenticité est scientifiquement indémontrable, ce qui donne des déclarations 38

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LES ENJEUX

surréalistes du type: “moi je parle exactement l’occitan de mon village, de mes grands-parents, etc.” 1. Une telle situation laisse le champ libre à la multiplication des erreurs en occitan, notamment dans le domaine qui nous intéresse: le lexique. L’école est un révélateur particulièrement cruel de ce problème. Il n’existe pas encore d’enquêtes qualitatives précises sur la baisse du niveau d’occitan tel qu’on l’enseigne, mais cette baisse est de plus en plus ressentie dans les secteurs les plus conscients de l’enseignement. Kremnitz (1993) s’inquiète d’un occitan parlé et écrit qui se calque de plus en plus sur le français. Dans le Val d’Aran, en dépit d’une situation plus enviable que dans le reste de l’Occitanie, Suïls & al. (2001b) démontrent que les élèves aranais ne maîtrisent pas l’occitan aussi bien que le catalan et l’espagnol. Les erreurs lexicales, inconscientes le plus souvent, sont de plusieurs sortes. • Hypercorrections. Ex: fica* pour ficha “fiche” (alors que ficha est précisément un francisme acceptable, présent aussi dans le cat. fitxa et l’esp. ficha). Les hypercorrections, lorsqu’elles se font par réaction au français, prennent parfois la forme d’un catalanisme (siti* pour sit “site”), d’un hispanisme (inglés* pour anglés “anglais”), d’un italianisme (en niçois, abus de superlatifs en -íssimo*, cf. Compan 1965: 38), d’un anglicisme (interèst* pour interès). • Confusion entre les dialectes. Ex: certains occitanistes languedociens ont pris l’habitude d’employer la forme gasconne rendetz-vse [rren dep pe] “rendez-vous”, qu’ils ont réinterprétée en rendètz-pè* ou rendepè* [ ende p *] avec le sens incongru de “~rendez-pied”. Le vrai languedocien dit normalement rendètz-vos [rren d b bus]. Même le gascon référentiel peut dire rendètz-vos. • Changement de sens. Ex: risolièr “souriant, qui rit facilement” (TDF: art. ‹risoulié›) prend le sens erroné de “rigolo”. • Fausses analogies. Ex: À la suite d’une analogie du type fr. mouchoir = occ. mocador, un enseignant en est arrivé à fr. miroir > occ. mirador*. En occitan correct, mirador signifie “belvédère”, tandis que “miroir” se dit miralh. • Interférences inconscientes et innombrables (mais cela s’observe aussi dans la langue héritée). Ex: le francisme amendament* pour emendament “amendement”. Bien sûr, les erreurs ne se limitent pas au lexique et à la morphologie: il y a des intrusions en phonologie (passage abusif de /e/ à / /* sous l’influence du français), en syntaxe (francisme Es ont?* “Il est où?” pour Ont es?), en morphosyntaxe (francisme Vau sus Montpelhièr* “Je vais sur Montpellier” pour Vau a Montpelhièr), etc. Ces exemples sont tirés d’observations quotidiennes que j’ai faites avec plusieurs collègues enseignants. Cette langue approximative des renaissantistes, coupée de plus en plus de la langue héritée, accumule des erreurs qu’on n’observait pas —ou qu’on observait moins— dans les années 1970-80. En 1987 encore, Kunert proposait de faire des “trabalhs descriptius que tenguèsson compte de tota la variacion intèrna de la lenga” (Kunert 1987: 174), mais Kunert pensait à la langue des renaissantistes du Temps Deux, or ces derniers étaient encore capables de développer des variétés intermédiaires entre la langue héritée —qu’ils étaient nombreux à connaître— et la langue standardisée. Quinze ans après, ce n’est même plus pensable: les jeunes du Æ

R

"

"

E

"

E

"

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1

Les antinormes “de Cucuron” et de Vouland-Blanchet représentent le summum de ce mythe indémontrable de l’idiolecte authentique (§ III.10.1, I .8; il y en a un bel exemple, notamment, dans l’introduction de Barthélémy & G. Martin 2001). V

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PREMIÈRE PARTIE

Temps Trois sont presque tous coupés de la langue héritée et n’ont pas reçu le savoir de leurs aînés du Temps Deux. • Dans le Temps Deux, la plupart des occitanistes avaient au moins un input intuitif et passif de la langue, transmis par la famille, ne fût-ce que par bribes. • Dans le Temps Trois, la plupart des jeunes occitanistes ont appris une langue rudimentaire grâce à des cours de quelques heures par semaine à l’école, à la faculté ou dans les associations. Leur input en langue héritée est proche de zéro. Or ces jeunes occitanistes constituent le gros des bataillons qui enseignent actuellement dans les Calandretas et les Classes Bilingues. • On imagine l’input de leurs élèves actuels et futurs. Dans ces conditions, il ne faut se faire aucune illusion sur la qualité de l’occitan de la prochaine génération… À moins que d’ici là, les stratégies d’installation de l’occitan s’améliorent de manière radicale. Beaucoup d’enseignants en deviennent conscients. Ils sont les premiers à se plaindre du manque de contact de leurs classes avec des locuteurs naturels, de la langue souvent répétitive et stéréotypée de la vie scolaire, du manque de formation (de gros efforts sont fournis dans ce domaine, mais on en est encore à la phase pionnière 1), de la maigreur des informations linguistiques offertes par certains dictionnaires ou certaines grammaires, du manque d’outils linguistiques en général (pas d’ouvrages pédagogiques coordonnés, pas de correcteurs d’orthographe, etc.). L’enseignement est donc au cœur des enjeux du renaissantisme. Car en dehors de quelques autodidactes, c’est surtout par l’enseignement —formation des adultes incluse— que la langue peut se transmettre de manière cohérente aux générations futures. Plus la pression sociale de la langue disparaît, plus l’enseignement est crucial pour la survie de la langue. L’enseignement doit donc remplacer, tant bien que mal, la qualité de la langue héritée. Les priorités didactiques sont les suivantes: • Intégrer dans les programmes de formation des enseignants (et des formateurs) le souci d’une transmission cohérente et systématisée du lexique de base et de la grammaire élémentaire. Cet objectif est encore loin d’être atteint. Il faudrait considérer l’occitan comme une matière aussi sérieuse que l’espagnol ou l’anglais et élever les exigences de résultats en conséquence. Le Cadre européen de référence pour les langues (2001), émis par le Conseil de l’Europe, devrait aider à établir des niveaux objectifs de compétence linguistique, sanctionnés par des diplômes. • Ensuite, prévoir l’apprentissage du lexique et de la grammaire, selon les mêmes critères européens, dans les programmes scolaires et les progressions pédagogiques. • Offrir aux enseignants et aux élèves une gamme harmonisée d’outils linguistiques, présentant un lexique et une grammaire authentiques: dictionnaires surtout, produits didactiques en général (grammaires, méthodes audiovisuelles, logiciels, littérature et chanson standardisées à des fins pédagogiques…). Les responsables pédagogiques et les formateurs, s’ils veulent accomplir ces objectifs, ont besoin que les linguistes leur fournissent en amont une garantie scientifique d’authenticité lexicale et grammaticale afin que l’on ne transmette plus les 1

Parmi ces pionniers de la formation didactique en occitan, on peut citer: Aprene (formation initiale des enseignants de Calandreta), le CFPO et le CFPÒc (formation continue des enseignants de Calandreta, formation d’adultes hors milieu scolaire, formation de formateurs…), les départements d’occitan dans les universités (préparation au CAPES d’occitan), les IUFM (préparation au concours de professeur des écoles avec options en occitan), les CRDP (éditions d’ouvrages pédagogiques)…

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LES ENJEUX

erreurs que nous avons vues. Les travaux linguistiques utiles à ces fins peuvent être de plusieurs sortes: • La lexicographie garantit l’élaboration des dictionnaires selon une méthode scientifique: respect des formes attestées, respect des sens attestés, présentation prioritaire des formes et des sens les plus fréquents, etc. • La grammaticographie garantit l’élaboration des grammaires selon les mêmes préoccupations scientifiques.

II.7 Les mythes et leur incidence sur la standardisation Toutes les langues, qu’elles soient établies ou subordonnées, connaissent des attitudes mythiques qui sortent de la rationalité scientifique. L’occitan, de son côté, véhicule toute une série de mythes qui gênent considérablement la gestion rationnelle du lexique (et de la langue en général). Ces attitudes occitanes sont fortement liées à la subordination. Certaines ont été décrites chez les locuteurs naturels mais beaucoup connaissent un développement particulier chez les renaissantistes. Un examen des attitudes récurrentes nous permettra d’avancer plus sereinement, ensuite, dans les questions de norme lexicale. Bien entendu, il est inutile de revenir sur le mythe de base de l’arcadisme qui a déjà été superbement décortiqué par Lafont (1954), ni sur le mythe de la compensation masquant le conflit diglossique, parfaitement démontré par Aracil (1966). II.7.1 LA “DÉMOCRATIE DES DIALECTES”: DU DISCOURS À LA FAISABILITÉ Avant la norme classique, la norme mistralienne avait déjà connu une application multidialectale (littérature du Félibrige, TDF de Mistral, grammaire de Ronjat). De même, la norme classique affirme depuis son émergence le principe de democracia dels dialèctes. Cette expression se trouve par exemple chez Lafont (1971a: 41). Alibèrt, initiateur de la norme classique, a consacré l’essentiel de son travail de fixation au dialecte languedocien: sa Gramatica occitana et son Dictionnaire occitan-français sont sous-titrés selon les parlers languedociens. Ainsi, il a laissé à ses collaborateurs le soin d’adapter ses principes normatifs à d’autres dialectes: au groupe provençal-niçois-alpin avec Lafont (1951), puis au gascon avec Bèc (Bèc & Alibèrt 1952). Bèc a très clairement exposé la dimension multidialectale de la norme classique dans La langue occitane (LLO, 1963/1995) puis dans le Manuel pratique d’occitan moderne (1973); de même que Lafont l’a fait dans L’ortografia occitana: sos principis (1971a) ou dans Éléments de phonétique occitane (1983a). La pratique renaissantiste a consisté à utiliser la norme classique dans les dialectes, les sous-dialectes et même les parlers locaux. Jusqu’au Temps Deux, un occitaniste connaissant relativement bien son parler d’origine était capable de le cultiver en appliquant la norme classique. Mais les occitanistes des nouvelles générations sont de plus en plus coupés de la langue héritée. Sans dictionnaires et sans grammaires complets, ils n’ont plus les moyens de cultiver un parler local. Sauzet explique qu’ils ne peuvent plus se contenter du do it yourself du Temps Deux, il leur faut désormais du ready made: 41

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PREMIÈRE PARTIE

m’avisi de mai en mai que la practica de la lenga que correspond a l’esperit de la Gramatica occitana d’Alibèrt e a la realitat de las generacions d’occitanistas fins a l’aprèpguèrra pòt pas mai foncionar. Per doas rasons. La primièra que la situacion dominanta ara es pas la de gents que sabon la lenga dins una forma eiretada e n’adòban l’usatge segon de principis normatius. Pas mai la d’una nòrma que corregís un usatge dialectal establit e mestrejat. La segonda es que la difusion de l’occitanisme i implica de mai en mai de gents que son pas linguistas, ni per mestièr ni tanpauc per tissa. Escriure l’occitan dins l’esperit de la gramatica d’Alibèrt, digam del dialectalisme castigat, demanda d’aver primièr la coeréncia d’un parlar total e mai d’èsser capable de l’esperlongar condrechament. Sens comptar que sovent Alibèrt dona de principis (e mai dins lo diccionari) quand lo public d’ara demanda de responsas “un cas per un”. L’occitan dins la logica d’Alibèrt es dins la forma “do it yourself”. Lo public, li cal de “ready made”. Avèm ara una generacion d’occitanistas (parli per exemple dels estudiants de l’Universitat Paul Valéry) que li fa mestièr d’aprene una lenga coerenta e qu’an pas vocacion, per la màger part, a se far linguistas o dialectològs. (Sauzet 1990 : 35)

Les dialectes occitans sont très inégaux dans le domaine du ready made. • Certains possèdent des ouvrages ready made. Ce sont des dictionnaires, des grammaires ou des méthodes en graphie classique, relativement accessibles et maniables: c’est surtout le cas du languedocien, du gascon (y compris de sa variété aranaise), du provençal et dans une moindre mesure du limousin. • Les autres dialectes n’ont pas bénéficié d’autant de publications ready made et leur étude est beaucoup plus malaisée: c’est le cas du vivaro-alpin (y compris de sa variété cisalpine 1, dans les Vallées Occitanes), de l’auvergnat et du niçois. Là, l’apprentissage est devenu très aléatoire. La Calandreta de Gap, fondée dans les années 1990, a de grosses difficultés pour trouver des enseignants qui maîtrisent le vivaro-alpin. On comprend à quel point l’idéal de la démocratie dialectale restera un vœu pieux tant qu’on ne se donnera pas les moyens matériels de l’appliquer. Les organisations culturelles renaissantistes, dirigées par des personnes qui ont connu le Temps Deux et qui sont habituées au do it yourself, n’ont pas compris qu’il est urgent de créer des outils coordonnés pour l’ensemble des dialectes, à l’intention des nouvelles générations. L’IEO, qui est en théorie l’organisme le plus généraliste et le plus conscient de la dimension panoccitane, s’illustre par une politique d’édition chaotique et déséquilibrée. Depuis sa fondation en 1945, il a édité en son nom: 7 dictionnaires en languedocien, 4 en gascon, 3 en provençal général, 1 en limousin, 0 dictionnaire en auvergnat, 0 en niçois et 0 en vivaro-alpin. Ives Roqueta 2 (1977: 10) appelait pourtant de ses vœux “lo diccionari occitan de l’IEO. Aquel diccionari ont cada parlar de la lenga occitana serà representat dins l’egalitat e la dignitat”. Un quart de siècle plus tard, l’IEO reste très loin du compte. Même si l’on “corrige” ces données en comptant les dictionnaires publiés hors IEO, le déséquilibre reste patent. Un inventaire dialectal des grammaires ou des méthodes d’apprentissage donne des résultats du même ordre. Le Félibrige, en matière d’équité dialectale, n’a pas fait mieux... 1 2

Pour le terme de cisalpin et pour les noms des autres variétés dialectales, cf. § VIII.1.3. En fr. Yves Rouquette, sans parenté avec le célèbre écrivain Max Roqueta (Max Rouquette).

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Cette imprécation pour l’égalité dialectale est en décalage complet avec la pratique. Ce traitement inégalitaire n’a rien de volontaire et de planifié, il reflète au contraire une inorganisation et des dynamiques inégales selon les régions. La démocratie des dialectes reste un principe excellent en soi. Mais on ne pourra l’appliquer qu’au prix d’une politique acharnée de recherche, d’édition et de formation qui organise matériellement l’équité entre les grands blocs dialectaux, élevés en standards régionaux (ch. IX). II.7.2 LES TRAITS DIALECTAUX EMBLÉMATIQUES …OU FANTASMÉS À cette inégalité dialectale (sur le plan pratique) s’ajoutent des frustrations fort compréhensibles chez les renaissantistes qui pratiquent les dialectes les moins bien lotis. Mais chez certains, le ressentiment va jusqu’à survaloriser crânement des traits dialectaux qui acquièrent une valeur emblématique, au risque d’abandonner l’analyse scientifique de la question. Chambon & Olivier déplorent l’exacerbation des particularismes dans le domaine auvergnat et vellave. Ils utilisent une formulation que l’on pourrait appliquer sans hésitation à l’ensemble du domaine d’oc: Le carcan régional, la chape régionaliste, l’atmosphère confinée et particulariste ainsi que l’arriération technique, méthodologique et théorique qui en découlent, constituent sans doute, à l’heure qu’il est, les obstacles principaux au progrès de nos connaissances. (Chambon & Olivier 2000: 88)

Un exemple est la gestion du h gascon dans les noms propres internationaux. Un document du CLO de décembre 1998 suggérait de manière très simple: “En gascon, es pas necessari de metre una «h» dins los noms pròpris occitanizats: Saara, Imalaia, Amborg, L’Aia, Olanda, Ongria.” (Conselh de la Lenga Occitana 1997-2001) Il s’agissait bien d’une formulation prudente: “es pas necessari”… Quoi qu’il en soit, le document du CLO respectait scrupuleusement la tradition gasconne en matière de h étymologique, puisque: - h est absent dans les emprunts au latin ou au grec, ce qui est bien le cas pour Olanda, Ongria, mots passés à travers le latin médiéval Hollandia/Ollandia (Graesse 1909) Ungaria/Hungaria/Onoguria (Graesse 1909, Cherpillod 1986) et traités comme esitar, armonia… - h est facultatif dans les mots d’origine germanique. Ainsi le gascon a abandonné le h dans Uc “Hugues”, Enric “Henri”, èlme “heaume” alors qu’il l’a conservé dans hardit

“hardi”. On le voit, le document du CLO se limitait à des néologismes, pour lesquels il préconisait un traitement déjà existant en gascon traditionnel. À aucun moment le CLO n’a remis en cause le h tel qui est attesté et hérité dans les mots de formation populaire. Malgré cela, il y a eu une réaction violente de la part de certains classicistes gascons, guidés par G. Narioo et M. Grosclaude. Une pétition publique a circulé en 1999 et en 2000 contre la recommandation du CLO sur le h. Les pétitionnaires ont âprement “défendu” le h, allant jusqu’à l’afficher ostensiblement dans des formes anti-étymologiques comme Hongria*, non seulement en gascon, mais aussi en languedocien (par ex. sur quelques titres de l’hebdomadaire La Setmana). Or, on l’a vu, Hongria* est une forme aussi arbitraire en gascon que ne le seraient hesitar* ou harmonia*. Ainsi le gascon n’est plus défendu: il est caricaturé et défiguré par ceux qui 43

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prétendent le défendre. Face à ce problème, j’ai publié une réponse argumentée pour défendre le gascon authentique et la recommandation du CLO (Sumien 2000). Deuxième exemple: l’auvergnat connaît une distinction entre l’adverbe explétif be (l’ai be vist) et l’adverbe de sens plus général ben (z-es ben mau fotut). Bonnaud (1971a: 46) interprète ce phénomène comme un “arvenisme essentiel” ou “une tournure spéciale à l’auvergnat”. Pourtant on rencontre exactement la même opposition en limousin (be~ben), voire en languedocien (ben~plan). Donc ce n’est pas une “tournure spéciale à l’auvergnat” (§ XIII.22). Troisième exemple: certains considèrent que la prononciation fréquemment diphtonguée de ò = [wa] serait un trait spécifique du niçois, au point de préconiser la graphie hors-norme oa*. Toscano exprime ce point de vue dans sa Gramatica niçarda: Dins la nòrma de l’IEO, aqueu Ò recuerbe finda la forma diftongada ([wO] e finda [wa] dins la lenga parlada). Aquò a lo meriti d’avesinar l’ortografia dau niçard a aquela dau provençau rodanenc. (…) S’escriu alora poarta (per pòrta), coar (per còr), etc. (Toscano 1998: 6-7)

Pourtant il est connu que la diphtongaison de ò en [wa, wO, wE], dans une majorité de mots, est un phénomène largement étendu dans d’autres parlers provençaux (maritime, partie du rhodanien), dans une partie du vivaro-alpin, du languedocien septentrional, de l’auvergnat et même du limousin (GramPro: 165, GramAl: 11, Roux1 1984: 15, Desrozier & Ros 1974: 28). Le phénomène est apparu dès le XVe ou le XVIe siècle (Lafont 1983a: 29). Néanmoins, la scripta médiévale et l’orthographe moderne ont jugé utile de se servir du graphème ò (‹o› dans la scripta médiévale), étant donné le faible rendement phonologique de l’opposition /O ~ wO/ ou /O ~ wa/ ou /O ~ wE/ (Lèbre & al. 1992: 14). Cela invalide les soupçons de Toscano (1998: 7) sur “un temptatiu escondut d’uniformizacion linguistica”. Toscano donne l’illusion d’une fausse particularité niçoise en écrivant poarta*, coar*, alors qu’ailleurs ce phénomène est noté ò. Il est légitime de valoriser les traits qui participent à la personnalité profonde d’un dialecte. Mais élaborer un dialecte en exagérant les traits qui l’opposent (ou qui sont censés l’opposer) à un autre dialecte, sans analyse scientifique, aboutit immanquablement à une caricature du dialecte. Un dialecte est au contraire plus fort si on le cultive de manière rationnelle, en analysant son fonctionnement véritable dans le cadre du diasystème.

II.7.3 LE LOCALISME Certains renaissantistes s’entêtent dans un localisme sourcilleux et intransigeant: ils ne jurent que par leur parler local et jettent l’anathème sur toute entreprise de standardisation (même si la standardisation intègre des modalités régionales). Là encore, on est dans une attitude éloignée des réalités. Alors que la démocratie dialectale est déjà difficile à appliquer, le localisme intransigeant est un programme plus que jamais impossible à mettre en œuvre dans la perspective d’une récupération générale de 44

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la langue …sauf, bien entendu, pour les rares personnes qui savent faire de la dialectologie. Une politique renaissantiste se serrant au plus près des parlers locaux restait concevable au milieu du XXe siècle, lorsque ces idiomes exerçaient encore des bribes de pression sociale sur l’usage. Aujourd’hui, il n’est plus possible d’envisager une telle politique car les parlers se décomposent à toute vitesse. Leur pression sociale disparaît définitivement. On ne pourra jamais les reconstituer de manière intégrale. Même le parler local aranais, qui a un usage officiel, subit des interférences croissantes de l’espagnol et du catalan (Lamuela 1987a: 126-128). Le fond du problème, finalement, se résume à la capacité de bien savoir identifier son adversaire dans le conflit diglossique. La diglossie génère un mythe de compensation qui permet d’occulter sa propre nature conflictuelle, précisément (Aracil 1966). Le danger de substitution venant de la langue dominante y est dissimulé. Les localistes, en étant subjugués par ce mythe, s’imaginent que le danger principal ne vient pas de la langue dominante mais de la variété standard de leur propre langue. La mission de la sociolinguistique est de démonter ce mythe et de révéler la véritable nature du conflit: le danger de substitution vient avant tout de la langue dominante, qui ronge de manière implacable les domaines d’usage de la langue subordonnée (sous ses formes locales ou standard). Le localisme intransigeant isole les parlers de la stratégie de défense collective et les expose sans défense aux interférences de la langue dominante; c’est le moyen le plus sûr de laisser les parlers se dissoudre à toute vitesse. Par contre un standard occitan autocentré est susceptible de concurrencer la langue dominante dans le rôle de référence culturelle. Les parlers d’oc survivront plus facilement s’ils se fédèrent autour d’un standard d’oc que s’ils affrontent seuls un standard français, italien ou espagnol. II.7.4 LE MYTHE DU CENTRALISME LANGUEDOCIEN La difficulté d’appliquer la démocratie des dialectes, la dynamique inégale du renaissantisme selon les régions, les traits dialectaux fantasmés, tout cela concourt à alimenter le mythe d’un centralisme languedocien (par ex. Toscano 1998: 3, citation reproduite plus haut). On trouve des exemples innombrables de ce type de discours. Reconnaissons sans ambages les facteurs qui ont pu avantager, effectivement, le languedocien: (a) ce dialecte est le mieux loti dans la dynamique renaissantiste depuis le Temps Deux… mais le Temps Trois renforce considérablement le gascon et le cisalpin à côté du languedocien; (b) le languedocien est le dialecte le plus étendu dans l’espace; (c) l’espace dialectal du languedocien est le plus peuplé après celui du provençal; (d) le languedocien occupe une position dite centrale (je préfère dire intermédiaire) qui l’a prédisposé à servir de base à la variété standard générale (Bèc 1972). Ceci dit, le renaissantisme défend la démocratie des dialectes. Et les “manquements” à cette démocratie, on l’a vu, s’expliquent avant tout par une dynamique inégale selon les régions, doublée d’une inorganisation chronique des mouvements culturels qui s’avèrent incapables de corriger de tels déséquilibres. Il n’existe donc pas de centralisme languedocien organisé. Il existe simplement une dynamique renaissantiste qui a été plus forte en Languedoc que dans d’autres régions, à un moment de l’histoire. Les Languedociens n’ont jamais affiché un quelconque projet d’écraser les autres dialectes. Et si par hypothèse absurde ils 45

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nourrissaient un tel projet, ils n’auraient pas les moyens concrets de le réaliser. Le meilleur indice de ce que j’avance, c’est d’observer la diversité dialectale des revues classicistes. Il est vrai que certains auteurs font du dialectocentrisme (conception de la langue selon le point de vue exclusif de son propre dialecte). Alibèrt lui-même, dans la longue introduction de sa Gramatica occitana, ne peut s’empêcher de croire que le languedocien serait mieux préservé des francismes: lo lengadocian, protegit per una cinta ininterrompuda d’autres dialèctes occitans e plaçat d’esquinas contra un massís montanhós, es demorat a l’abric dels grands corrents de circulacion e a pogut defugir tota contaminacion. (GramAl: xiv-xv)

Cette vision puriste n’a aucun fondement scientifique: le Languedoc se trouve sur de grands axes de circulation tels que l’Isthme et l’Arc Méditerranéen (Lafont 1987: 14) et il a subi beaucoup d’interférences, comme les autres dialectes. Dans un autre style, le manuel d’Alain Nouvel, L’occitan sans peine (1975), tout en se voulant panoccitan, consacre beaucoup plus d’explications au languedocien et au Languedoc qu’aux autres dialectes occitans. Et il fait une impasse complète sur le vivaro-alpin. Mais un tel nombrilisme dialectal se retrouve de manière tout aussi éhontée chez des auteurs non languedociens …y compris non classicistes. Le mistralien Xavier de Forvieras centre à outrance la culture de la Provence sur la zone rhodanienne: Çò que vòu dire qu’avètz vist la Provença d’enbàs, de l’autra man de Durença? — L’avèm vista, ufanosa aitant qu’aicí: Sant Romieg, Lei Bauç, Montmajor, Arle lo Blanc dins son trionf e tot parat de bèlei chatas. E la Camarga, ailà, amb sa poesia e son mistèri… (Forvieras 1899: 226)

Le même Forvieras traduit le mot français “beffroi” par caçarimbauds (Forvieras 1901: art. beffroi). En réalité Mistral indique que Caçarimbauds “~Chasse-Ribauds” est le nom propre d’une ancienne cloche de la cathédrale Notre-Dame des Doms à Avignon (TDF: art. ‹casso-rimbaud›): Forvieras a fait d’une particularité avignonnaise un nom générique pour tout l’occitan, avec un glissement de sens assez audacieux. Pour traduire “beffroi” en provençal, il aurait pu prendre simplement chez Mistral sauvatèrra (m.) (TDF: art. ‹sauvo-terro›). Des auteurs de grande réputation peuvent donner l’impression de frôler le piège du dialectocentrisme. Le très éminent Pèire Bèc, dans son Manuel pratique d’occitan moderne (1973), a du mal à décrire dans le détail les dialectes qui s’éloignent le plus de sa Gascogne originelle. Decamps (1979: 11) n’a pas peur d’affirmer que “le limousin occupe une place privilégiée dans le domaine occitan”. Bonnaud (1971a: 2) n’hésite pas à suggérer que les parles de la Basse-Auvergne “sont peut-être les plus clairs, les plus fonctionnels des parlers occitans”. Cette libre expression du dialectocentrisme n’est pas l’apanage du courant classiciste ni du dialecte languedocien. Cela dément de manière définitive le mythe selon lequel les classicistes imposeraient un centralisme languedocien. ‹casso-rimbaud›

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Même si le centralisme languedocien est un fantasme, il n’en demeure pas moins que des erreurs regrettables ont été commises dans quelques ouvrages de base du courant classiciste. Bèc, de manière très malencontreuse, affirme que les parlers auvergnats sont (…) les plus aberrants par rapport à la langue classique (…): il n’est pas étonnant que cette région ait fourni jusqu’à présent peu d’écrivains à la renaissance littéraire occitane. (LLO: 39, c’est moi qui souligne).

Et le grand Robèrt Lafont reprend cette formule malheureuse: “plus on s’éloigne vers le nord de l’arc méditerranéen, plus les parlers paraissent aberrants” (Lafont 1987: 43, c’est moi qui souligne). On sait qu’en linguistique, aberrant signifie “original” sans aucune connotation d’infériorité (Bèc 1973: 26). Cependant, on conviendra qu’il est maladroit de qualifier un dialecte d’aberrant dans un ouvrage de vulgarisation: cela ne peut que provoquer des malentendus et des frustrations chez les militants. D’autre part, en réalité, l’auvergnat a une productivité littéraire très honorable (cf. les recueils Textes occitans … édition nord-occitane 1994, Cherchapaís 1978, A fònts mescladas 1990). Enfin, Bèc et Lafont persistent à ne pas inclure le Croissant en Occitanie dans les rééditions successives de leurs ouvrages de vulgarisation (La langue occitane; Clefs pour l’Occitanie). Or l’occitanité du Croissant est démontrée (§ .5.1). Il s’agit peut-être là d’un excès de prudence, mais la négligence du Croissant ne peut que renforcer le malaise de l’Occitanie du Nord. Heureusement, Lafont (2003) a fait insérer récemment des cartes de l’Occitanie qui englobent le Croissant. À la suite de ces maladresses, certains militants classicistes du Sud, mal informés en linguistique, ont développé des préjugés absurdes sur le nord-occitan… Et certains renaissantistes du Nord en ont gardé une amertume légitime: VII

Nous espérons qu’elle [notre grammaire auvergnate] fera réfléchir certains amis méridionaux prompts à mépriser l’auvergnat comme une macédoine indigne de français et d’occitan, alors qu’ils n’en connaissent à peu près rien. (Bonnaud 1971a: 2).

Ces préjugés semblent dater du Temps Deux. Apparemment, les nouvelles générations du Temps Trois les ont abandonnés. Chez les adultes que j’ai formé à Aprene et au CFPO, je n’ai jamais constaté d’attitudes négatives à l’encontre du nord-occitan. Ceux qui y parlent auvergnat, limousin et cisalpin donnent d’ailleurs une image extrêmement valorisante de leurs dialectes car leur niveau linguistique est supérieur à la moyenne. Avec les flux géographiques de substitution des XXe et XXIe siècles (§ II.2), il est certain que les francismes frappent d’avantage le bas-languedocien et le provençal que le nord-occitan. Cela dément Alibèrt qui imagine le languedocien “à l’abri des grands courants de circulation” et de “toute contamination”. II.7.5 ANTINORMISME DIALECTALISTE ET SUBORDINATION INTOUCHABLE Les multiples discours localistes entraînent souvent un refus de la norme, jugée uniformisatrice. Lamuela appelle cette attitude l’antinormisme dialectaliste: L’antinormisme dialectalista i el secessionisme lingüístic parteixen de la incapacitat de concebre la llengua com a altra cosa que com un símbol identificador de grup i això els impedeix de fer cap mena de concessió a l’increment del valor funcional si

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els sembla que alterarà la integritat simbòlica del seu parlar “tal com és”. (Lamuela 1987a: 85-86)

L’antinormisme dialectaliste entraîne une survalorisation des traits qui caractérisent un idiome: cela va jusqu’à la survalorisation des interférences des langues dominantes que l’on considère comme un emblème essentiel. Lamuela (1994: 147-149) appelle cela subordination intouchable (subordinació intocable). La méthode Lo provençau dei vaus e dei còlas fournit un exemple de ce mythe, associé à un localisme extrémiste et intransigeant. La citation suivante est un vrai morceau d’anthologie: En chausissent lo parlar de nòstre vilatge coma basa d’un metòde de lenga, avèm pas l’idèa de faire de Cucuron un segond Malhana; tot lo contrari. Siam solament persuadits que se pòu pas recuperar la lenga partent d’un parlar artificiau (…). Aquela recuperacion se pòu bastir solament a partir dei parlars naturaus coma son a l’ora d’ara, e definits d’un tau biais que se faga l’usatge mai estrech possible dau critèri d’autenticitat istorica (…). Per çò qu’es dau vocabulari, cinc sègles a se fretar amb la lenga francesa an laissat de marcas qu’auriá ges de sen de pas lei reconéisser. (Centre culturau cucuronenc 1982: 6; c’est moi qui souligne)

Même certains mistraliens sont tentés d’adopter les interférences comme symboles d’authenticité, en contradiction avec les restaurations de Mistral. Blanchet (1995: 10) affirme par exemple: “nous avons également enregistré des francismes répandus en provençal populaire mais souvent écartés en langue littéraire soucieuse d’un certain « purisme »” (je démonte cette conception au ch. IV.1.6.a). Ce problème peut toucher les toponymes qui ont une valeur emblématique. Ainsi, la forme féminine las Pirenèas* est une interférence du fr. les Pyrénées. Ce francisme a été repris malheureusement par l’Escòla deras Pirenèas*, liée au Félibrige. Dans la norme classique —et même dans la norme mistralienne— il est conseillé d’employer la forme masculine los Pirenèus, d’après le lat. Pyrenæi montes et le gr. ΠυρηναÃα Ðρη (pl. de ΠυρηναÃον). Ce nom antique a été remplacé au Moyen Âge par des expressions comme los còls e los monts sobeirans ‹los colhs et los mons soviras› (Dauzat & al. 1978: 196) ou los Pòrts “~les Cols” (TDF: art. ‹port›). Le nom los Pirenèus n’est reparu qu’au XVIIe siècle, dans un texte en occitan, d’ailleurs: als confinhs dels Pirenèus ‹Pireneus› (traité de l’île aux Faisans de 1660, Dauzat & al. 1978: 196). Il est déplorable que le département des Hautes Pyrénées, dans sa politique culturelle occitane, ait éprouvé le besoin de choisir la forme francisée Hautas Pirenèas* au lieu de Auts Pirenèus / Nauts Pirenèus / Hauts Pirenèus.

Certains auteurs, pourtant avertis en linguistique, essaient de dissimuler la nature diglossique de certaines interférences en manipulant la présentation des faits (§ III.9.2, .6.8). Barta (1980) veut démontrer par exemple que mème -a* n’est pas un francisme, or aucune loi phonétique ne permet d’expliquer le passage de l’étymon latin metı*psı*mu° XII

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vers l’occitan mème* (l’absence totale de traces de t et ps latins en occitan et le passage de ı* latin à è posent problème). Le même Barta essaie de légitimer le francisme janvièr* en trouvant une “attestation” médiévale. Or l’écriture médiévale ne distinguait pas et il est raisonnable de supposer que l’“attestation”“janvièr” soit en réalité januièr. La norme corrige avec raison: mème* → meteis et janvièr* → genièr. Outre l’antinormisme dialectaliste, on verra qu’il existe une autre forme d’antinormisme, le réformisme endémique (§ .8, .9). v et u

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II.7.6 L

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E SÉCESSIONNISME LINGUISTIQUE

Le sécessionnisme linguistique (DSL: 248) consiste à prétendre qu’un dialecte ne fait pas partie de la langue à laquelle il est normalement intégré. Dans le domaine occitano-catalan, il existe quelques sécessionnismes dont on reparlera plus en détail: en gascon (antinormes de Lafita, § III.10.3, IV.1.8), en provençal (pseudomistralisme, § IV.1.3IV.1.6), en auvergnat (norme bonnaudienne, § IV.2), en valencien (blaverisme, § III.15), en baléare (certains aspects du gonellisme, § III.15) et dans la Frange catalane de l’Aragon (§ III.15). Ces divers courants sécessionnistes ont des caractéristiques communes: • Ils brandissent des arguments antiscientifiques. Ils ignorent la réalité du diasystème, qui est un indice tangible de cohésion linguistique. • Ils sont apparus récemment, dans le dernier tiers du XXe siècle. Ils rompent avec l’idée d’unité linguistique qui prévalait dans le renaissantisme depuis le XIXe siècle. • Ce sont des manifestations très particulières de subordination intouchable et d’antinormisme dialectaliste. En refusant la standardisation (même pluricentrique), on refuse que la langue puisse bénéficier d’une dynamique unitaire et qu’elle accède à toutes les fonctions sociales, on prétend la balkaniser dans des frontières dialectales rigidifiées, on la divise et on l’affaiblit de manière à mieux pérenniser la place inamovible de la langue dominante. II.7.7 LA DISTANCIATION MAXIMALE À l’opposé du fétichisme des intrusions, il existe une attitude radicalement inverse: la distanciation maximale. Elle consiste à rejeter autant que possible les formes qui ressemblent à celles de la langue dominante. Même si ces formes sont normales et non diglossiques en occitan, certains les interprètent systématiquement comme des interférences. On en arrive à rejeter des formes parfaitement légitimes en occitan, donc on menace objectivement l’intégrité de l’occitan Ainsi, Moulis, à propos du dictionnaire d’Alibèrt, estime qu’“on y relève de trop nombreux gallicismes: abatre, abolir, abondar, aparelh, apelar, tempèsta, etc., etc.” (Moulis 1978a: 7). Pourtant les mots incriminés sont attestés en occitan médiéval. La distanciation maximale peut aboutir, on l’a vu, à des hypercorrections: fica* pour ficha; parfois les hypercorrections sont des catalanismes, des hispanismes ou des italianismes abusifs comme siti* pour sit, inglés* pour anglés, etc. Mais le phénomène le plus typique de distanciation maximale consiste à rejeter certains mots de formation savante ou internationale. Dans le courant mistralien, Coupier (1995) fournit de beaux exemples, allant jusqu’à contrecarrer Mistral: 49

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- “stériliser; stérilisation” est traduit par esterlejar*, esterlejament* ‹esterleja, esterlejamen› au lieu de esterilizar, esterilizacion ‹esterilisa, esterilisacioun›. Pourtant, Mistral admet les suffixes savants -izar, -izacion (Taupiac 1997). - “macroséisme” est traduit par macroseïsma* ‹macrouseïsmo› mais aussi par tèrratrémol gigantesc ‹terro-tremo gigantesc›, que Coupier qualifie de forme “usuelle”! La forme macroseïsma* est déjà un francisme alors que le provençal devrait dire normalement macrosisme (gr. ει > occ. i, § XII.8.3). D’autre part, tèrratrémol gigantesc ne peut pas entrer dans la terminologie fonctionnelle de la sismologie. Bonnaud est beaucoup plus radical dans son Nouveau dictionnaire général français-auvergnat (NDGFA, 1999). Il présente ainsi sa conception des “néologismes”: - Lorsque le mot appartient au “fonds international gréco-latin”: adaptation à la phonétique auv. (…): notre langue est riche en préfixes et suffixes bien attestés, extensibles et réactivables. - Dans le cas de cultismes fr., adaptation également à la phonétique auv. Des problèmes spécialement redoutables étaient posés par certaines séries, ex. les mots commençant par a-, sp -st, ceux qui contiennent des syllabes difficilement assimilables tels aéro -able -ible etc. (NDGFA: 12)

La mise en service des “préfixes et suffixes bien attestés, extensibles et réactivables” aboutit à des formations très originales, faisant de l’auvergnat bonnaudien un idiome vraiment à part dans la Romania: “chryséléphantin” est dit creseilifantós* ‹crezeilïfantouz›, “désoxyribonucléique” est dit disoxiribonuclèir* ‹dïzeusiribenüclheir›. Toutes les langues romanes connaissent pourtant des suffixes du type criselefant|in et desoxiribonucle|ïc. On ne voit pas pourquoi l’auvergnat ne pourrait pas employer de telles solutions internationales. Parfois, Bonnaud préconise une sortie pure et simple de la formation savante: “olfactif” est dit sentinhós ‹sentinhouz›. C’est une formation irréprochable en soi, mais les registres et terminologies propres à certaines activités (parfumerie, biologie, chimie…) auront toujours besoin de dire olfactiu, que ce soit en auvergnat ou dans les autres idiomes romans. Quant aux “cultismes français” tels que “a-, sp -st, aéro -able -ible”, il est évident qu’il s’agit d’éléments savants qu’on retrouve dans toutes les langues romanes. Même dans le courant classiciste, il arrive à quelques personnes de pratiquer un rejet farouche des formes savantes (par ex. le lexique de Cassinhac 2000). Les distanciations maximales concernent aussi les néologismes par emprunt. Un bel exemple est fourni par Bonnaud (NDGFA), qui traduit l’anglicisme “techno” (musique) par esbrandelatge* ‹eibrandelaje›, alors qu’il est si simple de dire tècno comme dans toutes les langues romanes. Au début des années 1990, la mode des badges métallisés appelés “pin’s” avait déchaîné l’imagination des occitanistes pour trouver des équivalents occitans: medalhet*, agafet*, jaspisson* figurèrent parmi les nombreuses solutions sorties d’une Reünion suls mots novèls en occitan, organisée à Toulouse en 1992 par l’IEO. Le catalan, plus pragmatiquement, avait adopté la forme pins. L’occitan devrait en faire autant. L’occitan n’est absolument pas menacé dans son intégrité s’il utilise, à l’instar des langues romanes voisines, des néologismes internationaux comme tècno, chips, pins: ces formes enrichissent l’occitan et ne menacent aucun mot préexistant. Le rejet de pins reflète le besoin atavique de se différencier de l’anglais. Cela montre que certains occitanistes intègrent ce fameux mythe véhiculé par l’idéologie de 50

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la francophonie, qui voit l’anglais comme une menace. En réalité, la langue de Shakespeare ne menace aucunement l’occitan en Occitanie, contrairement au français, à l’italien et à l’espagnol. L’anglais ne menace que la place internationale du français, et ceci n’est pas le problème des Occitans. II.7.8 LE DANGER DE L’ABBAU ET LA GESTION DE LA CONTRASTIVITÉ Sans tomber dans le mythe de la distanciation maximale, il reste nécessaire de pratiquer une contrastivité raisonnée avec les langues dominantes. La langue subordonnée tend à calquer son élaboration sur celle de la langue dominante car celle-ci représente un modèle omniprésent et facile à copier. Lamuela & Murgades (1984: 58) appellent ce phénomène l’Abbau, ou élaboration involutive ou illaboration (Abbau est un jeu de mots entre deux termes de la sociolinguiste allemande, Abstand et Ausbau, cf. § VII.1.3; voir aussi Lamuela 1994: 155-158). Quand elle va au-delà de l’Abbau, une langue subordonnée tend à se “dissoudre” purement et simplement dans la langue dominante. Cela se produit d’autant plus facilement s’il y a un lien génétique entre les deux langues ou lorsqu’il existe une politique d’assimilation: la perduració de la interferència B [interferència sobre la llengua elaborada] emmena, si no a la progressiva dialectalització i definitiva substitució de la llengua interferenciada, sí tanmanteix a la seva conversió en una llengua calc (Lehnsprache) de la llengua interferenciadora. (Lamuela & Murgades 1984: 58)

Une contrastivité raisonnée permet de résister à la dissolution ou à l’Abbau. Jean Petit (1998: 386-387), grand psycholinguiste occitan, a démontré que lorsqu’on enseigne une langue seconde à côté de la langue première (par ex. l’occitan à côté du français), la contrastivité permet de mettre en relief les deux systèmes linguistiques et de les apprendre de manière optimale. Dans les pratiques renaissantistes, on aura intérêt à appliquer la contrastivité de la manière suivante: a) Les formes occitanes qui diffèrent de la langue dominante doivent être mises en avant, afin que la pression de la langue dominante ne les précipite pas dans l’oubli. b) Les formes occitanes qui sont plus proches de la langue dominante, tout en étant légitimes, ne doivent pas monopoliser l’usage. Par exemple, dans le cadre de la contrastivité occitan/français, on veillera à équilibrer l’emploi des synonymes suivants: alestir/preparar (fr. préparer), botar/metre (fr. mettre), can/gos/chin (fr. chien), aigat/inondacion (fr. innondation), explica/explicacion (fr. explication)… D’autre part, on doit veiller à faire fonctionner les champs sémantiques propres à la forme occitane. Par exemple, dans le cadre de la contrastivité occitan/espagnol, en Val d’Aran, on préconisera la distinction classique entre senhor “seigneur” et Sénher “Monsieur” alors que sous la pression de l’espagnol (et du catalan), Senhor tend à prendre les deux sens (cf. esp. Señor, cat. Senyor; Vergés-Bartau 1991: 311). Mais on veillera aussi à ne pas tomber dans l’excès inverse, qui consiste à dire toujours trapar contre trobar (fr. trouver) ou fargar “forger/façonner” contre far (fr. faire). D’autre part, on veillera à ne pas confondre la contrastivité avec une bonne compréhension des registres. Ce problème se pose souvent en ce qui concerne le registre familier de l’occitan: on tend à le transférer vers le registre neutre afin d’accentuer la différence avec la langue dominante. Par exemple, mèfi “fais/faites gaffe” 51

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est familier, atencion “attention” est neutre. Pour se différencier du fr. attention, les renaissantistes utilisent abusivement mèfi à la place d’atencion (Lèbre & al. 2004: art. attention). Récemment, certains ont pris l’habitude de remplacer fotbòl et telefòn mobil (registre neutre) par les néologismes butabala “~pousse-balle” et pegaurelha “~colle-oreille”: ces deux dernières formes ne peuvent être acceptables que dans le registre informel. La confusion des registres entraîne l’apparition d’un registre unique qui appauvrit la diversité stylistique de l’occitan (Teulat 1985a: 120-121). II.7.9 LA CONFUSION ENTRE BILINGUISME DIGLOSSIQUE ET BILINGUISME COGNITIF La question de la contrastivité appelle à faire une remarque importante sur le terme ambigu de bilinguisme, qui peut connaître deux sens radicalement opposés: a) Au niveau macrosociolinguistique, à l’échelle de la société, il existe un bilinguisme diglossique, extrêmement néfaste, qui équivaut à la subordination (ou à la diglossie avec bilinguisme, cf. Fishman, 1967). Aracil (1966) a décortiqué et dénoncé le mythe du bilinguisme que l’on prétend harmonieux mais qui occulte le conflit diglossique, la subordination et la substitution. b) Au niveau pycholinguistique, il existe un bilinguisme cognitif, extrêmement positif si on le définit comme la capacité de l’individu à maîtriser deux langues (ou plus...). Et c’est à ce niveau qu’intervient la contrastivité en tant que technique de l’enseignement bilingue. Les pyscholinguistes ont prouvé que la maîtrise complète de plusieurs langues, dès le plus jeune âge, est un bienfait pour le développement cognitif de l’individu (J. Petit 1998). L’enjeu des écoles et des classes occitanes, qu’elles soient publiques ou associatives, devrait consister à gérer un bilinguisme cognitif qui soit profitable pour le développement des enfants, tout en combattant le bilinguisme diglossique qui ne donne aucun débouché à la pratique de l’occitan en dehors de l’école ou après la scolarité. Le fait qu’une école ou qu’une classe se donne fièrement l’étiquette de bilingue, sans nuance, montre que la distinction entre les deux “bilinguismes” n’est pas encore comprise. En général, le mouvement renaissantiste occitan aurait un grand intérêt à comprendre cette distinction (Sumien 2005). II.7.10 LE CRATYLISME Le cratylisme est un mythe un peu moins fréquent. Cratyle est un dialogue de Platon dans lequel les personnages discutent des mots et de leurs sens (Platon 1998, entre autres éditions). Le personnage de Cratyle y défend la thèse d’un lien étroit entre les mots et la nature (Eluerd 2000: 13). Le personnage d’Hermogène, lui, va jusqu’à défendre “le rapport iconique et biunivoque du mot et de la chose signifiée” (Becquer & al. 1999: 31). Par conséquent, le cratylisme, souvent masqué sous le désir technocratique d’une langue parfaite, est également dangereux: il interdit les images, les métaphores, les connotations, tout ce qui permet de jouer sur les sens d’un terme. (Becquer & al. 1999: 31)

Le cratylisme peut se manifester par un refus de la polysémie. Par exemple, Taupiac (1992: 487) préconise une distinction absolue entre lèu “bientôt” et viste “vite”. Un peu de la même manière, la méthode L’occitan lèu-lèu e plan (Basalgas 1977a) cherche 52

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à promouvoir une distinction entre lèu “bientôt” et lèu-lèu “vite”, dès le titre du livre et la première leçon. Les formes viste et lèu-lèu sont sans doute légitimes mais elles ne peuvent pas supprimer pour autant le fait que lèu est bien attesté dans le sens de “vite” (TDF: art. lèu). L’opposition sémantique lèu ~ viste ou lèu ~ lèu-lèu est donc une invention et un calque inconscient de l’opposition du français entre bientôt et vite. D’autre part, on ne doit pas perdre de vue que d’autres recours autocentrés sont bien attestés dans notre langue pour dire “vite”: aviat, regde… Le cratylisme peut être un refus des synonymes. R. Barta reproche cette attitude à Taupiac à propos de son Diccionari francés-occitan (Taupiac 1977): Un prepaus rigorós lo buta a causir un mot normatiu unic dins la màger part dels cases: mas passa l’òsca quand vòl ignorar feda (al profièch [‹profit*›] de oelha), o encara balhar, baug, brau, deca, o (pronom nèutre). (Barta 1980: 15)

Pourtant, ces synonymes sont fréquents e devraient donc figurer dans un lexique de base. Le cratylisme peut être un refus des homophones. Lorsque Taupiac (1992: 444) propose de remplacer le lemme amb /a–, a–b (a–be…)/ “avec” par le lemme ambe*, il prend comme prétexte l’homophonie possible entre amb /a–/ “avec” et an /a–/ “ils ont” et conclut qu’il y aurait un risque de confusion entre amb tot aquò “avec tout cela” et an tot aquò “ils ont tout cela”. Pourtant, amb est une préposition, an est un verbe: on ne peut pas comparer raisonnablement deux homophones de natures grammaticales différentes qui s’emploient dans des contextes différents. D’autre part, Taupiac omet de dire que amb est une orthographe qui a été conçue comme exceptionnellement englobante, recouvrant /a–/ et d’autres réalisations comme /a–be, ame…/ (§ XIII.18). Enfin, le cratylisme peut se manifester sur le plan graphique par un refus des homographes. Certes, les distinctions purement graphiques aident à distinguer plus rapidement des mots tels que cant~quand~camp. Cependant, le contexte suffit largement distinguer les homographes. Toscano (1998: 69) a proposé d’adopter la distinction française entre à (préposition) et a (verbe) en occitan. Or la norme classique écrit ces deux mots de la même manière: a. Et c’est mieux ainsi, car la distinction française entre à et a est un cauchemar bien connu chez les écoliers. Le cratylisme est donc une conception “linguistiquement fausse” (Becquer & al. 1999: 31), notamment parce qu’il ne tient pas compte du contexte, qui joue un rôle très important dans l’économie du langage, en permettant de distinguer les formes semblables… Les homophones sont des redondances qui participent au charme de toutes les langues. Le cratylisme, alors, “porte atteinte à la poésie naturelle de la langue, ruine sa liberté, tue la langue elle-même” (Becquer & al. 1999: 31). II.7.11 LA FAUSSE “SIMPLIFICATION” Comme l’explique Sauzet (1990: 38), l’antinormisme prétend “simplifier” une norme que l’on juge trop complexe. Mais dans la norme classique, ce que certains jugent “complexe” n’est jamais que le caractère diasystématique de l’orthographe; il facilite les échanges écrits entre les dialectes (§ III.4.3). Par ailleurs, la répétition des tentatives de “simplification” aboutit à une infinité de formes concurrentes. Loin de “simplifier” quoi que ce soit, la profusion des formes modifiées rend la situation plus 53

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compliquée que jamais. Il est difficile d’enseigner et d’établir une langue aux formes instables. A contrario, il est plus simple de la développer si sa norme est constante. II.7.12 RÉCAPITULATION: LES PURISMES ET L’ANTISOCIOLINGUISTIQUE Les attitudes que nous venons d’examiner relèvent de deux autres comportements bien connus de la recherche: le purisme et l’antisociolinguistique. Le purisme est le mythe selon lequel une variété linguistique doit être pure, débarrassée de certaines formes jugées corruptrices, barbares, inesthétiques ou incohérentes. Boyer (1991b: 34) démontre le “caractère tout à fait arbitraire de ce bel usage”. Si l’on s’en tient à cette définition, on peut ranger dans le purisme certaines attitudes que nous avons examinées plus haut: • Les traits dialectaux fantasmés et le localisme, qui prétendent purifier un dialecte des formes jugées étrangères, corruptrices et pas assez typiques. • La subordination intouchable et l’antinormisme dialectaliste, qui fétichisent les interférences de la langue dominante au point de figer le parler dans un état idéalisé de subordination. Il s’agit bien d’un fantasme de pureté. • La distanciation maximale, qui rejette abusivement les formes qu’on estime trop proches de la langue dominante (ou jugée dominante, comme l’anglais). • Le cratylisme, qui impose une logique factice en contradiction avec les solutions effectives de l’usage. Certains me rétorqueront que la norme classique, lorsqu’elle rejette les intrusions des langues dominantes, pratique elle aussi une forme de purisme. En réalité c’est une attitude de légitime défense de la langue subordonnée, qui permet de restaurer, de revitaliser les capacités expressives et créatrices. Lafont résume la problématique en termes d’émancipation linguistique:

Los policièrs del lengatge, academicians, pedagògs, se mainèron e se mainan cada jorn de terrorizar l’usatge, de lo metre en tiradors de sistèma, e de reglar cada sistèma en autarquia. (…) Pasmens lo reglatge (la normativizacion) jòga un ròtle particular dins los cases diches de diglossia. Sus aqueles ponches, o frontièras, vertadièrament critics de l’escambi, se tracta pas pus de libertat mercadièra, mas al contrari d’una tirania qu’un sistèma sostengut n’aclapa e n’esclapa un sistèma abandonat. Lo mercat es farlabicat. A cada còp, se projèctan dins un afrontament de parladissas una injustícia d’istòria, una usurpacion de poder social. Lo restabliment de la justícia demanda doncas lo retorn a l’egalitat de las armas. La nòrma pels vençuts e pels ocupats del lengatge es una esplecha de liberacion. (Lafont 1991a: 195-196)

Le Cercle Linguistique de Prague avait déjà identifié les multiples facettes que peut prendre le purisme tout en préconisant une restauration modérée et raisonnée: La sollicitude pour la pureté de la langue a sa place dans la culture de la langue (…) mais tout purisme exagéré nuit à une véritable culture de la langue écrite, que ce purisme soit à tendances logiques, historiques ou folkloristes. (Cercle Linguistique de Prague 1929: 29)

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Néanmoins, la correction des intrusions diglossiques doit se faire de manière prudente, et ce sur deux terrains différents: • Sur le terrain de la philologie, la norme classique peut avoir commis quelques erreurs qu’il conviendra de corriger. Alibèrt rejette par exemple quatre vints, qu’il classe comme un francisme, au seul profit d’ochanta/oitanta (GramAl: 58). Pourtant, quatre vints est parfaitement attesté en occitan classique (Anglade 1921: 236). Mais par ailleurs, Alibèrt a la sagesse d’accepter des francismes qui datent du Moyen Âge (palais, jaune, marchand; DicAl) ou qui ont enrichi l’occitan à une époque plus récente (obusièr, usina…GramAl: xxxvii). Le purisme, chez Alibèrt, semble donc accidentel. • Sur le terrain de la récupération, on doit respecter scrupuleusement la parole héritée et ne jamais stigmatiser ni importuner les locuteurs naturels qui emploient des interférences. La restauration de la langue doit se faire à travers la suggestion, la pédagogie, la convivialité et le savoir-vivre. Le but est de revitaliser l’expressivité, pas de terroriser l’usage. On ne saurait accepter que l’occitan codifié reproduise la stigmatisation que le français standard exerce sur la parole populaire. L’antisociolinguistique, phénomène décrit par Aracil (1975, 1979), est l’attitude de certains renaissantistes ou philologues qui n’étudient une langue qu’à travers ses structures, qui l’essentialisent, sans tenir compte de la dimension sociolinguistique (communicative), et sans s’interroger sur les conditions de survie de cette langue (DSL: 39). Les attitudes que nous avons décrites sont pétries d’antisociolinguistique lorsqu’elles inventent des formes difficiles à sédimenter (agafet*, esbrandelatge*, esterlejament*… pour pins, tècno, esterilizacion) car elles sont coupées de la pression de l’usage et des habitudes romanes. Le cratylisme est proche de l’antisociolinguistique lorsqu’il invente des distinctions arbitraires, ne tenant pas compte des fonctionnements réels. Certains classicistes consacrent une énergie impressionnante à réformer la norme classique de fond en comble. Ils obéissent bien à une vision antisociolinguistique: en réformant à tour de bras, ils mènent une quête éternelle pour atteindre la structure parfaite. C’est encore une façon d’essentialiser la langue qui aboutit à une forme particulière d’antinormisme: le réformisme endémique (§ .8, .9). De manière générale, il y a une corrélation forte entre l’antisociolinguistique, l’essentialisme et le problème de l’instrumentalisme (§ .12.1) À l’opposé de l’essentialisation, la volonté de fixer une langue standardisée évite de perdre son énergie dans la recherche de l’essence parfaite et permet de se concentrer positivement sur la fonction: III

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III

Es lo luòc per se servir de l’estandard, lenga-aisina de pensada e de comunicacion claras, que sa vocacion es de s’escafar dins çò dich. (Sauzet 1990: 38)

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Chapitre III

LA CONSTRUCTION DE LA NORME CLASSIQUE III.1 Prémices L’occitan se caractérise par la concurrence de multiples normes et contre-normes, bien plus nombreuses que dans d’autres langues. Quatre normes occitanes sont en usage aujourd’hui: norme classique, norme mistralienne, norme bonnaudienne, norme de l’Escòla dau Pò; sans compter les scissions plus ou moins ouvertes qui affectent les deux premières, et sans compter quelques normes résiduelles ou disparues. À ce propos, Calvet (1974: 236) a raison de parler de “querelles de cuistres”. Mais il ne suffit pas de les stigmatiser. Les “querelles” sont bien là et il faudra les résoudre pour que l’occitan ait une vie normale. Dans l’hypothèse d’une survie de la langue d’oc, de toutes façons, la concurrence des normes ne se règlera pas à travers des querelles de chapelles, mais à travers les futurs mouvements historiques de la société occitane, porteurs de nouveaux usages. Les avantages de la norme classique se résument en deux points fondamentaux: • Elle continue la tradition du courant classiciste, qui est incontestablement le plus ancien et le plus autocentré. Les classicistes ont la chance d’accéder plus facilement à tous les dialectes (principe diasystématique), aux textes anciens et à notre langue sœur qu’est le catalan. • Il s’agit de la norme la plus utilisée. Elle se rencontre dans la totalité des régions et des dialectes. Elle est nettement majoritaire dans l’ensemble du domaine même si la situation est plus nuancée en Provence. Ces avantages expliquent pourquoi la plupart des linguistes étudiant l’occitan ont choisi la norme classique. Avant d’aller plus loin, il est nécessaire de régler quelques questions de terminologie. Au lieu de graphie classique, on a pu parler de graphie occitane. C’est compréhensible si on part du principe que cette graphie est plus authentiquement occitane, plus traditionnelle et plus autocentrée que les autres. Cependant, les graphies concurrentes, bien que marquées par les langues dominantes, restent quand même des “graphies occitanes” puisqu’elles servent à noter de l’occitan. On parle aussi de graphie de l’IEO. Ce terme est inadéquat car la graphie classique existe depuis un bon millier d’années et l’IEO n’est apparu qu’en 1945. Et ce dernier organisme n’a véritablement géré la codification que de 1945 à 1975. En 1996, le Conselh de la Lenga Occitana a remplacé l’IEO dans ce rôle. On parle parfois de graphie normalisée (comprendre “normativisée, codifiée”). Ce

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terme est tout à fait inapproprié car justement, la graphie classique n’est codifiée que depuis 1935, et la codification n’est pas encore respectée par tous. En outre, les graphies non classiques connaissent aussi des usages codifiés. L’adjectif classique reste donc le seul qui soit pertinent. Il fait référence objectivement à l’ancienneté de ce système. Dans une terminologie claire, on parlera donc de la graphie classique, du courant classiciste et des classicistes.

III.2 L’usage classiciste avant la norme III.2.1 MOYEN ÂGE ET ANCIEN RÉGIME L’émergence de l’écrit en langue d’oc, un peu avant l’An Mil, s’est faite à travers une convergence des usages écrits. La scripta occitane est l’héritière d’une scripta latina rustica du Haut Moyen Âge (Chambon & Olivier 2000: 107-108). Quelques notations étaient légèrement différenciées par des habitudes locales (lh/ill, nh/gn, ish/ix/ich, -g/-ch, -n/-∅…), mais l’unité de l’ensemble restait malgré tout assez forte jusqu’au XVIe siècle. À cette convergence graphique s’est ajoutée au XIVe siècle une prescription des formes orales: c’est la célèbre grammaire des Leis d’amor ‹Leys d’amor› de Guilhèm Molinièr, en 1356 (les grammaires précédentes du XIIIe siècle étaient plus didactiques que prescriptives). Il n’y avait pas de norme linguistique, obligatoire et exhaustive au Moyen Âge. Mais il y avait une certaine norme d’usage social qui incitait à cultiver et à écrire l’occitan selon des solutions convergentes. La koinê médiévale de l’occitan fonctionnait surtout pour la littérature troubadouresque (LLO: 67-71). Hors de la lyrique, il y avait plutôt des koinês régionales (Martèl 2001a), voire pas de koinê dans le domaine auvergnat (Chambon & Olivier 2000: 110-111). Quoi qu’il en soit, certaines habitudes écrites se sont montrées résistantes: durant tout l’Ancien Régime, l’occitan administratif du Béarn a évolué de plus en plus vers des traits toulousains, voire panoccitans (M. Grosclaude 1993: 62-63). On sait que le Béarn est la seule région occitane qui ait prolongé la pratique classiciste jusqu’en 1789, grâce au maintien des institutions béarnaises (M. Grosclaude 1993). En dehors du Béarn, le reste de l’Occitanie, entre la fin du XIIIe siècle et la fin du XVIe siècle, a abandonné peu à peu la scripta occitane classique au profit de graphies diglossiques et éclatées, calquées sur le français ou l’italien. L’intrusion du français à l’écrit s’observe dès la fin du XIIIe siècle en Bourbonnais et dans la Marche (Kremnitz 1974: 111-112; Chambon & Olivier 2000: 112, 137). En Gascogne non béarnaise, à la fin du XVIe siècle, l’écrivain Pèir de Garròs (Pey de Garros) a essayé de lancer une graphie classique renouvelée mais il n’a pas été suivi. La progression du modèle français n’a rien d’une évolution naturelle et tranquille. Elle s’explique bien par l’installation du conflit diglossique, causé involontairement par la progression du pouvoir politique des rois de France (Martèl 2001a: 106-107). III.2.2 RETOUR DE LA GRAPHIE CLASSIQUE Le retour progressif de la graphie classique, dès le début du XIXe siècle, était lié au romantisme et à la redécouverte du prestigieux passé médiéval de l’occitan, 58

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notamment chez Fabre d’Olivet, Raynouard et Rochegude. Entre les évènements de 1789 en Béarn et Le troubadour, poésies occitaniques du XII siècle de Fabre d’Olivet, en 1803, on a seulement un hiatus de quatorze ans pendant lequel la graphie classique a entièrement disparu de tout usage. Certes, il faut relativiser ce hiatus: l’abandon de la graphie classique est quand même généralisé entre le XVIe siècle et le milieu du XIXe. Les premiers romantiques s’adonnaient à la graphie classique dans une optique passéiste: ils cultivaient la langue médiévale. Le Provençal Simon Jude Honnorat a été le premier à restaurer partiellement le courant classiciste pour cultiver la langue moderne à travers le Dictionnaire provençal-français (1846). Dans les années 1850, Mistral a été tenté par une graphie partiellement classique, proche de celle d’Honnorat. Outre son intérêt graphique, le dictionnaire d’Honnorat a recueilli une quantité considérable de mots, malgré des imperfections de méthode. Il a constitué une base essentielle pour le dictionnaire ultérieur de Mistral (Bouvier 1979), qui est lui-même la base principale du dictionnaire d’Alibèrt et donc de l’usage classiciste actuel. Malgré Honnorat, les graphies francisées (Jansemin [Jasmin], Gelú…) ou italianisées (Rancher…) restaient très ancrées dans l’usage à cause de la diglossie. L’une d’elles, la graphie mistralienne, s’est répandue à la fin du XIXe siècle. La graphie classique est réapparue dans les années 1890-1900 au sein du Félibrige grâce au Limousin Josep Ros (Joseph Roux), au Quercynois Antonin Perbòsc (Antonin Perbosc), au Languedocien Prospèr Estiu (Prosper Estieu) et au Niçois Joan Batista Calvino (Jean-Baptiste Calvino). Ros avait proposé le retour à la graphie classique dès 1876 dans une communication à la société archéologique de Béziers, mais son ouvrage décisif est sa Grammaire limousine de 1895 1. C’est à partir de ces travaux que les partisans de la graphie classique se sont organisés dans le courant culturel que je propose d’appeler classicisme et qu’on appelle improprement occitanisme (terme promu par Perbòsc et Estiu). Parmi ces pionniers, Calvino est curieusement oublié dans les ouvrages de vulgarisation. Pourtant son action a été remarquée (Gourdon 1997) et il a publié un dictionnaire (1905) contemporain des travaux de Ros, Perbòsc et Estiu. On remarque au passage que le renaissantisme en graphie classique a de profondes racines en Provence: Raynouard, Honnorat, Calvino, Loís Funèu (Louis Funel), Pau Eissavèu (Paul Eyssavel), Valèri Bernard (Valère Bernard), Carles Camprós (Charles Camproux)… Toujours en dehors du domaine languedocien, on compte Benazet Vidal en Auvergne, Filadèlfa de Gerda (Philadelphe de Gerde) en Gascogne, Pau-Loís Grenier (Paul-Louis Grenier) en Limousin... Le classicisme n’a donc jamais été centralisé par les Languedociens. Il est multirégional et décentralisé dès ses débuts. La graphie classique, lorsqu’elle émergeait au début du XXe siècle, n’était pas vraiment codifiée. Mais elle suivait quand même des prescriptions qui se voulaient relativement cohérentes: celles de Calvino (inspirée d’Honnorat), de Ros et de Perbòsc-Estiu. Cette dernière a été la plus suivie. En ce qui concerne les formes orales, par contre, il n’y avait pas de norme ni de lemmatisation cohérentes. Le classicisme est apparu comme une tendance interne du Félibrige, incarnée notamment par l’Escòla occitana (1919). Simultanément, on a vu apparaître des organisations classicistes extérieures au Félibrige: le Collègi d’Occitània (1921) et la Societat d’Estudis Occitans (SOE, 1930-45). e

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Il y a eu quelques initiatives plus isolées de restauration de la graphie classique, mais moins suivies d’effet: Durand de Gros dès 1878, l’abbé Moutier, Henri de France en 1893… (Martèl 1989a: 144).

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III.3 De la graphie classique à la norme classique C’est dans ce foisonnement classiciste de l’Entre-Deux-Guerres que l’œuvre de Loís Alibèrt apparaît à travers sa Gramatica occitana de 1935 (= GramAl), qu’il publie avec l’aide des catalanistes. Ce n’est pas l’œuvre fondatrice du classicisme mais un travail de codification du classicisme. Jusqu’à la fondation de l’IEO (1945), la norme classique d’Alibèrt est concurrencée par d’autres usages classicistes comme celui de Perbòsc et Estiu. Sur le plan orthographique, Perbòsc et Estiu différencient mal v et b et distinguent z sonore de s sourd selon les habitudes médiévales. Alibèrt clarifie l’usage de v et b et adopte la distinction s~ss. Sur le plan de la norme orale, surtout, il apporte une rigueur scientifique que le classicisme n’avait jamais atteinte jusque là. L’IEO choisit officiellement la norme d’Alibèrt dès sa fondation en 1945. En 1950, l’IEO et Alibèrt adoptent une modification très pratique de l’orthographe des accents, allant dans le sens de Perbòsc et Estiu: rosa/famosa → ròsa~ famosa; testa/cresta → tèsta~cresta; pichón/mejàn/vesín → pichon/mejan/vesin. Cette réforme a été intégrée aux rééditions de la grammaire d’Alibèrt. C’est à partir des années 1950 que la norme classique alibertine s’étend (malgré l’opposition résiduelle de Josèp Salvat) et qu’elle s’applique concrètement à d’autres variétés que le languedocien. Dans “La réforme linguistique occitane et l’enseignement de la langue d’oc” (IEO 1950), on expose une série de principes pédagogiques et de respect des dialectes. Ce document est important par ses idées novatrices, mais il souffre d’imprécisions formelles et de coquilles. C’est par la suite qu’apparaissent des documents plus complets et véritablement utilisables: • Phonétique et graphie du provençal (Lafont 1951), actualisé vingt et un ans plus tard dans L’ortografia occitana: lo provençau (Lafont 1972). Lafont couvre la Provence historique: il y intègre un début de codification du niçois et du vivaro-alpin. • L’application de la réforme linguistique occitane au gascon (Bèc & Alibèrt 1952) avec l’aide de Jean Bouzet. Des brochures pédagogiques apparaîtront plus tard, notamment grâce à Darrigrand (Comment écrire le gascon, 1969; Initiation au gascon, 1971). • En 1966, sortie posthume du Dictionnaire occitan-français selon les parlers languedociens d’Alibèrt, qui était décédé en 1959. • En 1971, R. Lafont fournit un exposé relativement complet de l’ensemble de la langue occitane: L’ortografia occitana: sos principis (Lafont 1971a). Dans le même élan, P. Bèc (1972, 1973) explore en profondeur le fonctionnement du diasystème. • La norme du limousin est préparée dans les années 1960 par Josep Migòt, Marcela Delpastre, les revues félibréennes Lemouzi et Lo Bornat et la grammaire de Tintou (1969). Ces efforts sont couronnés par le guide de Desrozier & Ros, L’ortografia occitana: lo lemosin (1974), et par le Dictionnaire normatif limousin-français de Gonfroy (1975). • En auvergnat, la norme classique s’acclimate vers 1970 à la faveur du succès général du classicisme. Bonnaud publie Pour aider à lire et écrire le nord-occitan (1969) et un Abrégé de grammaire auvergnate (1971a). Teulat se limite à Comment lire et écrire l’auvergnat méridional (1972). Ces deux auteurs prennent quelques libertés avec la norme classique. Bonnaud finira par faire scission en créant une norme concurrente (§ IV.2). Au total, il a fallu vingt-cinq ans pour que la norme classique devienne concrètement utilisable dans l’ensemble des dialectes occitans. Cela se fait aux antipodes d’un schéma préétabli de centralisation linguistique languedocienne. Ces publications allant de 1950 à 1975 couvrent exactement le Temps Deux, 60

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l’époque de l’expansion du classicisme. Ils traitent essentiellement de l’orthographe. La norme orale y est abordée superficiellement, à l’exception d’Alibèrt (GramAl, DicAl) et de Gonfroy (1975) qui ébauchent une lemmatisation timide. Le Temps Deux est donc véritablement le règne du do it yourself.

III.4 Les fondements de la norme classique: l’expérience catalane III.4.1 RAPPEL HISTORIQUE La réussite de la codification du catalan, au début du XXe siècle, a fortement motivé et influencé les classicistes de l’époque (Lafont 1987: 184-185). On sait que la codification du catalan s’est faite de manière assez rapide avec l’aide de la bourgeoisie du Principat. Le président de la “députation” de Barcelone, Enric Prat de la Riba, a fondé en 1908 l’Institut d’Estudis Catalans (IEC) en lui assignant la mission de promouvoir la recherche culturelle et linguistique. L’IEC a favorisé les travaux de codification du catalan sous l’égide de Pompeu Fabra. Ce dernier publie les Normes ortogràfiques (IEC 1913). La dictature espagnole de Primo de Rivera met fin à la Mancomunitat en 1925. Mais Fabra peut poursuivre ses travaux grâce au mécénat de Francesc Cambó: il rédige ainsi le Diccionari general de la llengua catalana (Fabra 1932). Depuis le Félibrige, beaucoup de renaissantistes estimaient que l’occitan pouvait englober le catalan. En 1934, les catalanistes ont mis fin à ce rêve en déclarant de manière unilatérale que le catalan est une langue indépendante (cf. Fabra & al. 1934). Cela ne les empêchait pas de suivre avec un certain intérêt la Renaissance d’oc: Alibèrt était l’ami de Fabra et a entretenu une correspondance abondante avec le catalaniste Josep Carbonell (Alquézar 1992). C’est l’IEC qui a permis l’édition de la Gramatica occitana d’Alibèrt en 1935 ainsi que sa deuxième réédition en 2000. III.4.2 LE CONTINUUM NORMATIF ENTRE OCCITAN ET CATALAN Alibèrt s’inspire de la norme catalane. Il a remplacé les graphèmes trop marqués du catalan (ll, ny, ix, tx, -ig) par des formes plus solidement ancrés en occitan (lh, nh, is~ish, ch, -g) (GramAl: 7). Mais il a tenu à garder un lien organique entre la codification des deux langues: chaque fois que l’occitan et le catalan ont des correspondances régulières, Alibèrt préconise de se référer aux ouvrages normatifs catalans. • Pour l’orthographe, Alibèrt se base explicitement sur le Diccionari ortogràfic de Fabra (1917) (GramAl: xxxiv). • Pour la norme orale, Alibèrt lemmatise en général à partir du TDF de Mistral (DicAl) et de la tradition littéraire languedocienne. Cela ne l’empêche pas d’adopter des catalanismes pour remplacer les interférences du français. Mais pas seulement des catalanismes: il fait partie de ceux qui persistent à voir le catalan comme un dialecte occitan; il préconise des emprunts au catalan comme aux “autres” dialectes occitans (GramAl: xxxvi-xxxvii). Le domaine des mots de formation savante est calqué en grande partie sur l’exemple catalan dans la mesure où ce dernier est perçu comme le “dialecte” le plus abouti dans ce domaine (GramAl: 399-408). Mais Alibèrt ne se réfère pas exclusivement au catalan, il évoque aussi les formes savantes de l’occitan classique 61

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et leurs survivances dans les dialectes modernes (GramAl: 399). Ainsi, la norme classique d’Alibèrt essaie de créer un véritable “continuum normatif” entre l’occitan et le catalan. C’est une solution d’autonomie qu’on n’avait pas osé envisager auparavant: s’appuyer sur le catalan, considéré comme un “dialecte” occitan qui a réussi, plutôt que sur le français. III.4.3 LA MISE À PROFIT DU DIASYSTÈME Un autre apport de la norme catalane est l’utilisation judicieuse du diasystème, ou système des correspondances régulières entre différents dialectes (ch. VI-VII). À l’époque de Fabra, on ne parlait pas formellement de “diasystème”. La notion n’a été explicitée par Weinreich qu’en 1954. Mais Fabra avait compris tout le parti qu’il pouvait tirer de cette réalité avant qu’elle ne soit définitivement conceptualisée. Par exemple, le catalan réalise le o atone /o/ ou /u/ selon les dialectes. Fabra note o dans tous les cas: portat = /por tat/ ou /pur tat/. Comme Fabra, Alibèrt a systématisé le recours au diasystème pour mettre au point l’orthographe classique (Lamuela & Murgades 1984: 19-20, 46-47). Par exemple, il a corrigé la prescription Perbòsc-Estiu sur la notation de b et v en la calquant sur la distinction phonologique /b~v/, telle qu’elle fonctionne dans les idiomes arverno-méditerranéens de l’occitan. De même, Alibèrt adopte le -n final, généralement muet en languedocien, mais prononcé en provençal général, en niçois, en alpin et dans une partie du gascon: fin se réalise /fi/ ou /fin/ selon les dialectes …cela dément une fois de plus le mythe du centralisme languedocien. Fabra a eu une attitude souple et pragmatique sur la question lexicale et a suggéré l’application de ces principes à ses amis occitanistes: "

"

La morfologia i el lèxic, per bé que la tasca de Fabra consistí a establir les formes referencials, restaven oberts a la codificació d’una sèrie de variants igualment acceptables: penso/pense/pens; vagi/vaja; meva/meua; escombra/granera; mirall/espill; noi/xic/al·lot; etc. (Lamuela & Murgades 1984: 19-20)

III.4.4 L’ÉLABORATION Fabra a élaboré le catalan afin de le rendre apte à exprimer tous les registres de la vie moderne. Il avait une conscience aiguë du rôle social que sa langue devait jouer dans l’essor de la Catalogne au début du XXe siècle (Lamuela & Murgades 1984: 35-36, 73-74). Cela passait par la création d’un registre différent de celui de la langue quotidienne, par une intellectualisation du catalan. Il évoquait sans complexe “una llengua artificial, de mots triats, de formes i construccions triades” (Fabra, cité par Lamuela & Murgades 1984: 36, 184-185). Sur le plan du lexique, cela s’est traduit par une codification précise des mots de formation savante, d’origine latine ou grecque, et au besoin par la création de terminologies (Lamuela & Murgades 1984: 73-74). Alibèrt a repris ces principes. Il met constamment en avant la codification de la “langue littéraire” dans sa grammaire. Le caractère élaboré de la langue occitane littéraire est clairement assumé afin d’en faire une égale des langues établies: una lenga literària compòrta necessàriament una part d’artifici e d’arcaïsme. Se ‹Si› volèm una lenga coma lo francés, l’italian o l’espanhòl devèm pas rebufar las

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condicions d’existéncia de tot idiòma literari. (GramAl: xxxviii)

L’application la plus explicite des principes d’élaboration est la codification relativement complète des mots savants en occitan (GramAl: 399-408, DicAl: 45-61): Dins l’introduccion dels mots sabents en occitan, se cal pas [‹cal pas se*›] contentar de los calcar sus la forma francesa correspondenta, coma o fan tròp sovent los escrivans nòstres. La lenga d’oïl aplica de principis lèumens diferents d’aqueles [‹d’aquels›] de la lenga d’òc. Nòstres vièlhs tèxtes e lo catalan modèrne [‹modèrn›], qu’a servat o restaurat las bonas tradicions, nos devon [‹devon nos*›] guidar dins l’òbra de constitucion del vocabulari sabent occitan. D’autre biais, los parlars populars possedisson encara mantun material utilizable. (GramAl: 399)

Alibèrt a établi ainsi les bases d’une lemmatisation univoque et globale du lexique savant. Même si son travail comporte encore quelques erreurs et imprécisions de détail, il représente un saut qualitatif considérable par rapport au TDF de Mistral qui mélangeait les formes restaurées et les francismes (service* = servici ‹service = servìci›) ou les formes savantes et semi-savantes (astrològ = estornògol… ‹astroulò = estournògoul…›). Dans la lemmatisation du lexique populaire, en revanche, Alibèrt n’est pas allé aussi loin que le catalan. Certes, il a clairement identifié les phénomènes de phonétique historique et en a privilégié certains pour la “langue littéraire” (GramAl: Ie partie). Mais il a laissé en languedocien une profusion de variantes mal hiérarchisées. La syntaxe a été peu travaillée dans la perspective de cette élaboration 1, mais on constate toutefois que la grammaire d’Alibèrt est rédigée dans un occitan technique et sobre, riche en syntagmes nominaux, peu idiomatique, à l’instar du catalan technique. C’est un des premiers usages renaissantistes de l’occitan en tant que métalangage scientifique. Lamuela & Murgades ont démontré qu’il y a de nombreux points communs entre la pensée de Fabra et celle du Cercle Linguistique de Prague à propos de la culture de la langue (Cercle Linguistique de Prague 1929, Garvin 1983). Fabra ne connaissait sans doute pas les travaux pragois mais les émancipations culturelles de la Catalogne et de la Tchécoslovaquie, au début du XXe siècle, avaient suscité des réflexions linguistiques semblables (Lamuela & Murgades 1984: 35-36). En s’inspirant de Fabra, la norme classique de l’occitan a profité de ce riche héritage.

III.5 Les fondements de la norme classique: une continuation du mistralisme La norme classique n’est pas pour autant une transposition systématique de la norme catalane. Pour le lexique non savant, Alibèrt a repris essentiellement le travail de Mistral (Ubaud 1996, 1998). Son dictionnaire reproduit souvent les mots du TDF, même s’il y a ajouté quelques sources supplémentaires (Hérilier & Chambon 1999). Le dictionnaire d’Alibèrt se situe même dans l’héritage d’Honnorat, puisque Mistral a luimême puisé beaucoup chez Honnorat (Rostaing 1974, Bouvier 1979). 1

Par exemple, Alibèrt commet souvent l’erreur d’insérer le pronom personnel entre deux verbes liés: au lieu de (cf. citations précédentes) devon nos guidar*

nos devon guidar

.

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De manière plus générale, les principes de la norme classique reprennent un certain nombre de principes mistraliens. C’est l’IEO (1950: 157-159) qui l’affirme sans ambiguïté: les idées de Mistral et de ses disciples sont très voisines de celles de l’Institut d’Études Occitanes. Il est vrai qu’elles sont appliquées avec plus de rigueur, et l’on ne saurait s’en étonner si l’on considère qu’elles s’adressent non plus au seul provençal, mais à tous les parlers du Midi de la France… (IEO 1950: 157) (...) L’Institut d’Études Occitanes se contente d’appliquer les principes mistraliens, d’en développer les conséquences en tenant compte de l’évolution des idées et de la situation depuis près d’un siècle. Ce que ne pouvait réaliser Mistral est devenu possible. Le besoin d’unité, si relative soit-elle, apparaît de plus en plus pressant. (IEO 1950: 159)

Le développement ultérieur du classicisme, pendant le Temps Deux, a connu des revirements et même des rejets simplistes du mistralisme, du moins chez certaines personnes: l’époque voulait que la protestation soit simpliste, manichéenne, conformément à une certaine forme de culture protestataire des années 60-70 (§ IV.1.3). Mais depuis le Temps Trois, l’héritage mistralien est de nouveau accepté. La norme classique est donc un courant innovateur né du mistralisme, enrichi de l’expérience catalane, nourri des avancées de la linguistique moderne, le tout s’accompagnant du principe de démocratie des dialectes.

III.6 Les apports normatifs du Temps Deux Les grands travaux qui ont permis de préciser la norme classique, à la suite d’Alibèrt, ont été portés par l’expansion du classicisme durant du Temps Deux. Robèrt Lafont et Pèire Bèc ont joué un rôle fondamental dans la généralisation de la norme classique à l’ensemble des dialectes occitans. Bèc a décrit le diasystème phonologique de l’occitan dans son Manuel pratique d’occitan moderne (1973). Il a expliqué la dynamique spatiale (géographique) de ce diasystème dans son article “Per una dinamica novèla de la lenga de referéncia: dialectalitat de basa e diasistèma occitan” (1972): cet article expose de manière particulièrement éclairante les relations entre le diasystème et la standardisation. Ces deux publications synthétisent les arguments en faveur d’un standard général de base languedocienne. R. Lafont a rédigé deux manuels extrêmement utiles pour gérer l’orthographe et la phonétique en alliant la standardisation au respect des traits essentiels de la diversité dialectale: L’ortografia occitana: sos principis (Lafont 1971a) et Éléments de phonétique occitane (Lafont 1983). Son article “Pour retrousser la diglossie” (1984) explique comment on peut mettre à profit la langue héritée et les interlectes (francitan…) pour élaborer les standards régionaux, et comment ceux-ci peuvent occuper tous les domaines de la communication contemporaine. Outre ces études générales, rappelons les études centrées sur la codification des dialectes: provençal-niçois-alpin (Lafont 1951, 1972), gascon (Bèc & Alibèrt 1952), auvergnat (Bonnaud 1971a, Teulat 1972), limousin (Tintou 1969, Desrozier & Ros 1974, Gonfroy 1975). 64

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Alors que le Temps Deux touchait à sa fin, Teulat a écrit de 1974 à 1981 une série d’articles importants dans ses Quasèrns de lingüistica occitana, rassemblés plus tard dans le recueil Uèi l’occitan (1985a). Les réflexions y sont intéressantes mais elles sont gâchées par l’apparition de l’antinormisme (§ III.8, III.9). La codification du gascon aranais devient possible en 1979, au moment où le Val d’Aran est touché par deux mouvements d’histoire qui avancent en sens contraire. Du côté de l’Occitanie, c’est la fin d’une période faste, le Temps Deux s’achève et le classicisme entre progressivement en crise. Du côté de la Catalogne espagnole, qui englobe le Val d’Aran, on se trouve dans une phase d’ascension des minorités après la chute du franquisme. Un groupe de travail, créé en 1979, aboutit en 1982 aux Nòrmes ortogràfiques der aranés (Comission entar estudi… 1982) 1. Le Principat a reconnu cette norme à travers les lois linguistiques de 1983 et 1998 et à travers le statut d’autonomie du Val d’Aran de 1990.

III.7 Les apports normatifs du Temps Trois: Gidilòc et CLO III.7.1 DES OASIS DANS LA TRAVERSÉE DU DÉSERT La norme classique se déstabilise dès la fin des années 1970 et le classicisme est en pleine crise dans les années 1980: c’est la grande traversée du désert qui sépare le Temps Deux du Temps Trois. Mais dans les années 1980, malgré l’adversité, un certain nombre de linguistes et d’acteurs culturels ont défendu le retour à la stabilité. Ils ont préfiguré les éclaircies à venir du Temps Trois. Ils représentent des oasis dans la traversée du désert. Il s’agit grosso modo de la tendance dite des “universitaires”, qui s’était rassemblée autour de Robèrt Lafont et qui avait dû quitter l’IEO en 1981 (§ III.8) (même si quelques auteurs aux pratiques “stables” ont continué à adhérer à l’IEO). Ils ont animé la revue Amiras et l’association scientifique Obradors. Un de leurs points d’ancrage a été l’Université Paul Valéry de Montpellier. Après avoir suivi les premières réformes normatives de l’IEO (passage de z intervocalique à s...), ils sont revenus à une norme classique plus stable, telle qu’elle fonctionnait avant 1975 (maintien de z, etc.). En 1985, Patric Sauzet, a développé ces principes à travers un guide fort utile de la langue standard: le Compendi practic de l’occitan normat (1985). Il y explique en termes simples et logiques que la stabilité de la norme est une condition nécessaire à la communication, à l’enseignement et à l’ensemble des pratiques linguistiques de la société modernisée. Ce principe n’interdit pas l’emploi concomitant de la langue héritée ou localisée: Una nòrma val pas que se cadun que vòl la pòt conóisser. Aquí perqué nòstra causida se dessepara pas de sa difusion. Çò qu’es ara disponible, que servís, son la gramatica e lo diccionari de Loís Alibèrt. Pensam que cal seguir sens i cambiar res çò que lai es ordenat. Non pas que siam tenguts per un principi de fidelitat òrba a l’ensenhament del mèstre mas per voler d’eficacitat. D’aquí pausam que la grafia es 1

Le groupe comprenait F. Vergés, P. Bèc, M. Groclaude, X. Lamuela et J. Taupiac (Lamuela 1987b: 171; IEO 1979: 7-8). Le document de 1982 dit: Depuis, la norme de l’aranais a déconseillé les proparoxytons et préconise: ortogràfiques, lingüística.

ortografiques, lingüistica.

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una question resolguda. Parlam pas de l’adaptacion de la grafia a la notacion de tala o tala varianta istorica o geografica de la lenga, mas de la notacion de la forma de lenga unificada que deu servir a la comunicacion larga, als usatges especulatiu, scientific, tecnic, a l’ensenhament. I a ges de grafia perfiècha, la de l’occitan es bona. (Sauzet 1985: 6)

Par cette analyse sociolinguistique évidente, Sauzet rappelle qu’un occitan diffusable et connaissable ne peut fonctionner qu’à partir des références solidement établies, et non sur une réforme sans fin, ni sur un localisme intransigeant. De plus, il réintroduit le principe de la récupération linguistique: c’est une conception dynamique qui tranche avec le pessimisme et le repli de l’époque. La stabilité et la standardisation permettront à l’occitan de s’ouvrir sur les pratiques possibles de la société contemporaine. À l’inverse, le réformisme endémique et le localisme créent une variabilité infinie de formes qui n’est compréhensible que par une minorité d’initiés. III.7.2 LE GIDILÒC L’année 1988 voit la naissance d’une association qui annonce le Temps Trois et qui joue un rôle capital dans l’élaboration d’un occitan accessible: le Grop d’Iniciativa per un Diccionari Informatizat de la Lenga Occitana (Gidilòc). Cet organisme, animé par Patric Sauzet et la lexicographe Josiana Ubaud, a lancé quatre chantiers complémentaires: • Une vaste base informatisée de données lexicales, constituée pour l’instant par la scannérisation du dictionnaire d’Alibèrt (auquel on intègre de nombreuses corrections; une version sur disquettes est diffusée) et de textes littéraires ou périodistiques venant d’auteurs reconnus. Cette base s’enrichit périodiquement. Elle a été accessible sur le site Internet du Gidilòc sous la forme de deux produits en ligne: - Le dictionnaire électronique Sabaud (sd.), occitan-français ou français-occitan, qui fut l’un des premiers dictionnaires sus Internet. Il a connu aussi une version Minitel. - Une Bibliotèca occitana composée de textes numérisés. • Un ouvrage paru en 1995: Lo vèrb occitan (LVO, Sauzet & Ubaud 1995). C’est le premier guide complet et exhaustif de conjugaison dans notre langue. Il clarifie la riche morphologie verbale qui figurera ensuite dans les dictionnaires. • Un Dictionnaire français-occitan en version papier. Il est encore en chantier et il évolue en parallèle avec la base informatisée dont on a parlé plus haut. Sa fonction est de donner au public une présentation du lexique courant en appliquant rigoureusement les méthodes de la lexicographie scientifique (ch. X). • Un Diccionari ortografic (Dicòrt), qui est aussi un dictionnaire morphologique, est réalisé actuellement par Josiana Ubaud. Il est un préalable indispensable à l’achèvement du Dictionnaire français-occitan, ainsi qu’à tout projet futur de publication normative. Il fournit une liste extrêmement étendue des lemmes du standard général et résout les nombreuses incohérences entre Alibèrt, Mistral et d’autres sources. Ces œuvres sont conçues à partir des formes du standard général, mais elles tiennent compte des matériaux disponibles dans tous les dialectes. Elles rendent donc des services évidents à l’élaboration des standards régionaux. Avec l’éclosion progressive du Temps Trois, le développement croissant de l’enseignement et une certaine maturation du renaissantisme ont fait apparaître une demande renouvelée de la norme. Il devenait urgent de trouver un accord entre 66

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partisans de la stabilité et “réformistes endémiques”. Ces problèmes de norme compliquaient de manière considérable l’avancement des travaux du Gidilòc. Celui-ci a donc participé à la mise en place du Conselh de la Lenga Occitana. Au début des années 2000, de nombreuses difficultés ont obligé le Gidilòc à se restructurer, mais son activité scientifique se poursuit. III.7.3 LE CONSELH DE LA LENGA OCCITANA (CLO) En 1996, le Gidilòc et le Sector de Lingüistica de l’IEO se sont mis d’accord pour créer un lieu de régulation commun appelé Conselh de la Lenga Occitana (CLO). Une première réunion de travail, à Toulouse, avait permis d’ébaucher quelques points d’accord sur l’orthographe. La même année, le congrès de l’Associacion Internacionala d’Estudis Occitans (AIEO) a approuvé et parrainé symboliquement cette initiative. Pendant l’été 1997, le CLO a été fondé formellement lors de deux réunions à Toulouse et à Nîmes. Ses présidents ont été X. Lamuela (1997-2001) et P. Sauzet depuis 2001. Outre le Gidilòc et l’AIEO, d’autres organismes représentatifs ont manifesté leur soutien au CLO: Oficina de Foment e d’Ensenhament der Aranés (émanant du Conseil Général d’Aran), Chambra d’Òc, Espaci Occitan (Dronero), écoles Calandretas, Aprene, CFPO, Institut Occitan (Pau)… De nombreux enseignants et universitaires se réfèrent également aux conventions du CLO. Par contre, comme on le verra, L’IEO national a louvoyé entre des attitudes de soutien et d’hostilité envers le CLO. Les premiers accords du CLO ont résolu les divergences les plus criantes dans le domaine de l’orthographe. On peut dire aujourd’hui que la codification de l’orthographe est réglée, en dehors de quelques détails (annexe A). Depuis 1998, le CLO a éclairci également de nombreux points de norme orale: certains étaient restés sans solution depuis Alibèrt, d’autres avaient été réglés mais souffraient d’une grande contestation de la part des réformistes. Le CLO a réglé en général des questions panoccitanes, qui se posaient dans l’ensemble des dialectes (évitement de certaines interférences, morphologie des mots savants ou des néologismes). Par contre la standardisation du lexique n’a pas encore été traitée de manière globale. Les points adoptés consistent essentiellement à préciser la norme là où elle était restée vague et non à la révolutionner. Le CLO a consenti à adopter quelques innovations proposées par les “réformistes”, dans la mesure où elles n’étaient pas perçues comme déstabilisatrices. Les premières solutions du CLO ont été communiquées au public classiciste par l’intermédiaire de communiqués, en 1997 et 1998. Depuis, le CLO a émis essentiellement des communiqués pour informer sur l’avancement de ses travaux. Quelques points de codification ont été cependant publiés sur le web à la demande des usagers. Le travail d’ensemble fera l’objet d’une synthèse explicative et sera reporté en bloc dans le Diccionari ortografic de Josiana Ubaud (Gidilòc). L’annexe C résume les travaux du CLO. Par la force des choses, le CLO et le Gidilòc apparaissent comme deux organismes complémentaires: le CLO fixe les principes normatifs; le Gidilòc prépare des outils lexicographiques et didactiques qui portent les principes du CLO. D’autres publications affichent leur volonté de suivre les principes du CLO. C’est notamment le cas des publications officielles aranaises, d’un nombre croissant de 67

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publications cisalpines, de certaines revues panoccitanes et de quelques réalisations didactiques récentes (par ex. Escartin 2002, Lafont 2003). Cependant, le CLO est confronté à un certain nombre de contestations et de pratiques antinormistes, individualistes et déstabilisantes, notamment de la part de l’IEO. L’origine en est la vieille crise de l’occitanisme (fin des années 1970, années 1980), dont les séquelles interminables se font encore sentir à l’aube du XXIe siècle. Le mérite du CLO, depuis 1996, est d’avoir su fournir un travail scientifique et collégial à un degré jamais égalé dans l’histoire de la codification de l’occitan. Même l’IEO, dans sa période faste de 1945 à 1975, n’a jamais accompli une telle collaboration. Le CLO est donc le seul organisme qui soit techniquement et scientifiquement en mesure d’équiper l’occitan avec des principes normatifs. En outre, le CLO a lancé dès 2002 un cycle de consultations afin d’intégrer en son sein un conseil d’usagers, représentatif des mouvements occitanistes, des universités et des collectivités locales. Mais cette initiative a butté sur les négociations difficiles imposées par l’IEO (§ III.9.3). Il est certain que la vie interne du CLO n’a pas toujours été simple. Les périodes d’enthousiasme et de déchirement ont alterné. Certains débats internes ont été excessivement passionnels. Avec le recul, il semble que ceci était presque inévitable pour une institution qui essaie d’acheminer une langue en situation de profonde diglossie vers un fonctionnement normal. Les contradictions de la situation sociale de la langue se reflètent chez les membres du CLO. Ceux-ci, en outre, ont des connaissances scientifiques assez hétérogènes et n’ont pas forcément les mêmes ambitions pour le développement de la langue. Certains sont linguistes, d’autres sont des acteurs culturels (enseignants ou écrivains) qui possèdent des notions de linguistique. Et parmi les linguistes, les approches de la recherche sont loin d’être unanimes: tous ne connaissent pas forcément les avancées de la sociolinguistique native et de la planification linguistique. Ainsi, Kremnitz (2003b) indique que les discussions du CLO ne répondent pas suffisamment à la question fondamentale: “Quelle langue? Pour quoi faire?”. L’avenir du CLO passera par la volonté de s’accorder sur une problématique sociolinguistique commune, de fixer le fonctionnement stable qui convient à une institution, de mettre fin aux attitudes individualistes, de résister aux pressions hostiles de l’extérieur et de travailler en fonction des besoins de récupération et d’établissement. III.7.4 LA FIXATION INACHEVÉE DES VARIÉTÉS STANDARD La fixation des variétés standard en norme classique présente aujourd’hui l’image d’un chantier inachevé et désordonné. Et le CLO n’a pas tout résolu. a) Il existe une variété standard générale, de base languedocienne, qui est définie par des principes généraux mais qui manque encore d’ouvrages complets… (à l’exception de LVO, Teulat 1976d et Vernet 2000). La grammaire et le dictionnaire d’Alibèrt n’ont pas achevé la standardisation. b) Il existe d’autre part des standards régionaux en voie de sédimentation (ch. IX). - Le provençal général et le gascon reprennent des koinês littéraires mises en place par les félibres depuis le XIXe siècle, avec quelques ajustements apportés par les classicistes. On peut y ajouter le niçois, qui souffre néanmoins de plusieurs points 68

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LES ENJEUX

d’incertitude. La codification de l’aranais tendrait à générer un mini-standard régional. - Un standard régional limousin a été dessiné en grande partie par le dictionnaire de Gonfroy (1975) sur le plan lexical, mais il reste mal défini sur le plan de la morphologie dérivationnelle (et surtout verbale). - Le vivaro-alpin général et l’auvergnat manquent encore de travaux fixant les standards régionaux, même si des recherches intéressantes ont été entamées.

III.8 Le problème de l’antinormisme Il existe deux formes d’antinormisme: l’antinormisme dialectaliste qu’on a déjà analysé (§ .7.5) et le réformisme endémique qu’on expose à partir d’ici. La plupart des réformistes affirment qu’ils ne sont pas contre le principe de la norme mais qu’ils veulent simplement “améliorer” ou “simplifier” la norme. Cependant, l’addition de tous les réformismes depuis une trentaine d’années aboutit objectivement à l’impossibilité d’identifier une norme stable. C’est pour cette raison que le réformisme endémique peut être rangé objectivement dans la catégorie de l’antinormisme. La crise occitaniste de la fin des années 1970 a été dramatique. La Renaissance d’oc connaissait un succès grandissant auprès de la société mais elle n’a pas su gérer son succès et a été accaparée par une tendance dite “populiste” qui préférait la protestation facile aux réalisations concrètes. Les premières racines de ce problème remontent à l’idéologie dominante de mai 1968, très présente dans l’occitanisme, qui proclamait la méfiance envers les professionnels et envers toute méthode rationnelle (c’est ce que préconisait le philosophe Feyerabend). La figure emblématique du courant “populiste” était Ives Roqueta. L’IEO a été le principal théâtre de cette évolution (Martèl 1989b). Les “populistes” ont revivifié le vieux mythe de l’Arcadie, de l’identité occitane idéalisée et essentialisée, coupée des changements socio-historiques 1. Cette évolution globale a interféré sur l’histoire de la norme classique. Les “populistes” contestaient la norme: ils se rapprochaient de l’antinormisme dialectaliste, encourageaient le localisme et les interférences, idéalisaient la langue héritée sans comprendre le mécanisme diglossique. À cela s’est opposée la tendance dite “universitaire”, favorable à l’analyse et à la recherche, et dont la figure emblématique était Robèrt Lafont (Martèl 1989b). Ce dernier, tout en étant impliqué dans la controverse, en a proposé une analyse sociolinguistique solidement argumentée (Lafont 1979, 1991a, 1996: 59-60, 1999a, 2003: 216) à laquelle on ne peut que souscrire: II

la traucada de la revendicacion [occitana] dins l’opinion l’aviá liurat [l’IEO] als militants populistas. Nascut d’una paradòxa d’istòria, n’èra arribat a la contradiccion finala de proclamar los estudis en se desfisant per principi dels especialistas de l’estudi. La contradiccion foguèt sagelada de decision d’amassada en 1976. Tot aderent d’ara enlà deveniá Conselhièr d’Estudis. (Lafont 1991a: 106)

La tension croissante entre “populistes” et “universitaires” —qui dépassait très largement les questions linguistiques— a poussé les “universitaires” à quitter l’IEO en 1

De tels mythes identitaires se retrouvent aussi chez les pseudomistraliens (§ IV.1.5), chez les bonnaudiens (§ IV.2) et chez beaucoup de renaissantistes en général, toutes tendances confondues.

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PREMIÈRE PARTIE

1981 lors de l’assemblée générale d’Aurillac. Cette tension de 1976 à 1981 marquait la fin du Temps Deux. La scission de 1981 révélait la crise totale des années 1980. La tension croissante de 1976 à 1981 a coïncidé chronologiquement avec les entreprises de certains linguistes de l’IEO qui voulaient réformer la norme de fond en comble: essentiellement Jacme Taupiac et Rogièr Teulat. Ces linguistes ne sont en aucune manière des “populistes”, ni dans leurs théories, ni dans leurs attitudes. Néanmoins, la conjonction chronologique entre le réformisme de la norme et le “populisme” militant n’est pas un hasard. Elle s’explique par l’incapacité de l’occitanisme à embrayer sur la société à un moment crucial de son développement: cela a entraîné des représentations essentialistes ou antisociolinguistiques qui se sont éloignées des opportunités de développement social, aussi bien du côté des linguistes réformistes (§ III.9) que du côté des militants “populistes”.

III.9 L’antinormisme: la déstabilisation “institutionnalisée” à l’IEO Les réformistes obtiennent une première victoire en 1975: la Comission de normalizacion filologica de l’IEO remplace le z intervocalique par s. Ce changement aurait

pu rester isolé, mais il a ouvert symboliquement la porte à une série de réformes innombrables, souvent officieuses, affectant l’orthographe ainsi que la norme orale. L’ensemble des usages développés sur la place publique par Taupiac et Teulat rompait ouvertement avec la norme préexistante: on peut donc parler d’une antinorme Taupiac-Teulat. Teulat a exposé des propositions de réformes dans ses Quasèrns de lingüistica occitana (regraphiés d’ailleurs en Casèrns*…). Taupiac, qui dirige la Comission de normalizacion filologica de l’IEO, a commencé à appliquer certaines de ces propositions individuelles sans qu’elles n’aient jamais été approuvées par la Comission. Son Pichon diccionari francés-occitan (1977) en fait étalage, aussi bien dans le corps des articles que dans l’introduction. J’insiste sur le fait que cet ouvrage, bien qu’édité par l’IEO, n’applique pas la norme officielle de l’IEO. Ainsi, à partir de 1975-77, l’IEO a renoncé à appliquer sa propre norme et a multiplié les ouvrages déstabilisateurs. Certes, il y a eu quelques entorses à la norme avant 1975, mais elles étaient encore ponctuelles et n’obéissaient pas à une stratégie visible de réformisme endémique. Ainsi, Taupiac (1968) et Desrozier & Ros (1974: 6) proposaient une adoption générale du -e de soutien (§ .5.1) tout en respectant l’ensemble de la norme par ailleurs. Teulat (1971) écrivait chànton* au lieu de chantan. Et si Bonnaud (1971a) contestait certains aspects de la norme, c’était pour créer un peu plus tard à un courant radicalement différent. XII

III.9.1 L

ES RÉFORMES OFFICIELLES DE L

’IEO

Il n’est pas toujours facile de faire le tri entre les choix individuels et les réformes qui ont été adoptées officiellement par la Comission de Normalizacion Filologica de l’IEO. Sauf erreur de ma part, ces dernières semblent tenir en deux documents que je synthétise dans les lignes suivantes. Le premier de ces documents a été ajouté à la seconde édition du dictionnaire d’Alibèrt, en 1977. C’est un avertissement signé d’Ives Roqueta qui fait le catalogue, entre autres, des réformes adoptées en 1975 (Roqueta 1977, IEO 1979: 5). 70

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LES ENJEUX

RÉFORMES ORTHOGRAPHIQUES

(1) Le z intervocalique devient s: realizar,

organizar, azòt, trapèzi → realisar†, organisar†, asòt†, trapèsi†. Mais on garde z au début d’un formant, dans les mots composés: epizootia, protozoari (Barta 1980: art. epizootia). Ce principe n’est pas respecté pour le a- privatif grec suivi de z- (asòt†, asim† pour azòt, azim). (2) Suppression du h intervocalique, muet et étymologique: prohibir†, veheméncia† → proïbir, veeméncia. (3) Terminaison verbale -iàm†, -iàtz† → -iam, -iatz (4) Mots particuliers: consí† [ku si] → cossí; dacòs → daquòs; trible* (erreur manifeste d’Alibèrt) → triple.

RÉFORMES DE LA NORME ORALE

(5) Le χ grec est occitanisé en c/qu [k]. En fait il ne s’agit pas tout à fait d’une réforme. C’est surtout une clarification de l’œuvre d’Alibèrt qui hésitait entre c/qu dans la grammaire (quimia, arquitècte) et ch* dans le dictionnaire (chimia*, architècte*). Cette clarification faisait déjà l’unanimité bien avant 1975. Il semble qu’elle ait été déjà adoptée par le Conselh d’Estudis de l’IEO (fait mentionné par Teulat 1985a: 74). (6) On accepte crompar (forme usuelle) à côté de comprar (forme classicisante).

"

La Comission de normalizacion filologica a pris le nom de Servici de lingüistica aplicada de l’Institut d’Estudis Occitans (Taupiac 1984) puis de Sector de lingüistica en 1989. Son second document normatif, en 1989, ajoutait les réformes suivantes (Taupiac 1992: 440). RÉFORMES ORTHOGRAPHIQUES

(7) ncc† (devant e, i), nct† → nc, nt: fonccion†, sanctuari† → foncion, santuari

(8) Monsur†* → Mossur* (je précise que c’est un francisme qu’il faut remplacer par Sénher) (9) Tréma sur u lorsqu’il est prononcé dans gu, qu: linguistica, equacion → lingüistica, eqüacion. (10) La séquence grecque µφ, qu’Alibèrt avait occitanisée en mf†, est passée à nf: triomfar† → trionfar. (11) ou atone (réalisé [Ow] dans certains parlers) est noté de préférence òu†: soudar,

Nouvel (1975: xiv) mentionne une autre réforme: ròtle, amètla → ròlle*, amèlla*. Il s’agit en fait d’une hypothèse de travail qui n’a jamais été officialisée (IEO 1979: 26-31). Cela annonce l’ampleur du désordre à venir. RÉFORME DE LA NORME ORALE

(12) image†, plantage† suivent la prononciation usuelle → imatge, plantatge (d’après les parlers qui distinguent phonologiquement tg ~ g).

plourà → sòudar†, plòurà†.

À l’exception du point 1 (z → s) qui changeait l’aspect visuel d’un grand nombre de mots, ces deux séries de réformes n’avaient rien de révolutionnaire. On aurait pu en rester là: la norme révisée serait demeurée stable, sensée et tout à fait acceptable. III.9.2 L

ES RÉFORMES NON OFFICIELLES DIFFUSÉES DEPUIS L

’IEO

Le véritable problème ne résidait pas dans ces deux documents officiels de l’IEO mais dans tout ce qui se passait autour et que ces documents ne disaient pas. Les linguistes les plus réformistes de l’IEO, notamment Taupiac et Teulat, ne distinguaient plus les recommandations officielles de leur organisme et leurs pratiques personnelles. Ils militaient activement en faveur de celles-ci dans des documents signés à titre personnel, mais publiés avec le sceau de l’IEO (par ex. Taupiac 1977: 21-33, 1992: 443-491; Teulat 1985a et 1985b passim). Bien entendu, la plupart des usagers ne 71

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PREMIÈRE PARTIE

pouvaient pas faire la différence entre réformes officielles et pratiques personnelles de ces deux linguistes. En voici un échantillon qui ne prétend pas être exhaustif.

GRAPHIE (HORS ORTHOGRAPHE)

(13) Modification de l’accentuation graphique des verbes à la p6: cantan, cantaràn → càntan*, cantaran*. En 1989, le Sector de Lingüistica de l’IEO avait refusé d’aller jusqu’à adopter ce point de réforme. Teulat avait quitté alors l’IEO. Il a quitté le CLO en 1998 pour les mêmes raisons. (14) Refus de la graphie englobante -oa en fin de mot: coa, doas → coá*, doás*. (15) Hyperadaptation graphique des mots latins en -um → -om*: maximum, album → maximom*, albom*.

(16) Distinction graphique ui [yj] ~ ui [Ái] → ui ~uï*: aduire, acuitat → aduire~acuïtat*. (17) Remplacement de qua quo par ca* co* (chez Teulat uniquement): quasèrn, quatre, quocient → casèrn,* catre*, cocient*.

(18) Cristallisation sur des mots divers: amb (graphie englobante) → ambe*; ça que la → çaquelà*; paur → páur*; Caors → Cáurs*; pr’aquò → praquò* (chez Teulat uniquement); païs† → país…

De plus, Taupiac (1984) a entretenu une confusion entre la norme orthographique et la norme orale (qu’il appelle “norme linguistique”). En provençal notamment, il ne reconnaît pas le caractère diasystématique des orthographes englobantes comme lei [lej, li] et contagion [kuˆta"dZjuˆ, kuˆta"dZjeˆ]: il estime qu’il s’agit là d’“una question de lenga e non pas de grafia” (p. 24). Il préconise alors la distinction graphique entre lei et li* et entre contagion et contagien*. C’est une véritable régression par rapport aux analyses de Lafont (1971a, 1972) sur le fonctionnement

de l’orthographe diasystématique. Ainsi, Taupiac apporte indirectement son soutien à l’antinorme “de Cucuron” (cf. point 26, ci-dessous). Son erreur méthodologique consiste à ne pas donner de critères permettant de trier les solutions graphiques qui peuvent être diasystématiques (englobantes) et celles qui ne peuvent pas l’être. Par exemple, s’il fait une distinction graphique entre contagion et contagien*, il n’explique pas pourquoi on ne pourrait pas créer une distinction du même ordre entre les formes provençales occitan, vin [u(k)si"taˆ, "viˆ] et les formes languedociennes otsità*, bi* [utsi"ta, "bi]… FORMES ORALES (HORS NORME ORALE)

(19) Extension considérable du -e de soutien dans les mots savants: centim, filosòf, dialòg… → centime*, filosòfe*, dialògue*…Les réformistes divergent parfois (telefòn pour Taupiac, telefòne* pour Teulat). (20) Refus de certains suffixes savants restaurés (chez Teulat uniquement): particular, regular, nuclear, solar, popular, tèsi, bronquiti → particulièr*, regulièr*, nucleari*, solari*, populari*, tèsa*, bronquita* (21) Tendance à remplacer ‘-ia final atone par -ia final tonique: Occitània, Itàlia, comèdia, acadèmia → Occitania*, Italia*, comedia*, academia*… Taupiac y a renoncé ensuite.

(22) Emploi systématique de l’article défini devant les noms de pays: Occitània → l’Occitania*.

(23) Mots divers: forma → fòrma*.

On compte au moins vingt-trois points, ce qui représente beaucoup de choses à assimiler pour un usager. Dans les dernières rééditions du dictionnaire d’Alibèrt (celle de 1997 par exemple), Taupiac a inséré un document intitulé “Correccions” dans lequel il mélange des corrections réelles avec des propositions de réformes personnelles. D’autre part, les linguistes réformistes veulent faire passer dans la norme un certain nombre d’interférences du français: ce sont les points 19 à 23 (centime*, particulièr*, Occitania*, l’Occitania*, fòrma*). Ils les présentent comme des formes incontournables imposées par l’usage (mythe de la subordination intouchable) et même comme des évolutions normales et autocentrées. Mais leurs arguments sont 72

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LES ENJEUX

inconsistants sur le plan philologique: je les réfute aux § XII.5.1, XII.6.8, XII.5.6, XV.7 et

XIII.21.1 (-fòrme).

III.9.3 LES RELATIONS ENTRE L’IEO ET LE CLO Le Sector de Lingüistica de l’IEO, conjointement avec le Gidilòc, a participé à la création du CLO en 1996-1997. Le CLO a rétabli la norme classique (annexe C) dans son état d’avant 1975 en acceptant néanmoins quelques points légers de réforme (points 2, 3, 4 —pour cossí seulement—, 7, 8, 9 —facultatif—, 10 et 12). Dans le point 18, seul país a été adopté. Les points 5 et 6 sont adoptés dans les faits. À la fondation du CLO, on espérait que les divergences normatives allaient se résoudre définitivement. Certains points suscitaient encore des débats passionnés. Le point 19, sur le -e de soutien, a fait l’objet de débats ardus mais le CLO a fini par lui trouver une solution en 2001 (§ XII.5.1). Cet épisode a provoqué une attitude de rupture ouverte de la part de Taupiac qui, tout en restant membre du CLO, a publié des livres (L’occitan modèrne, 2001; l’occitan escrich, 2004) dans lesquels il préconise des formes en contradiction délibérée avec le CLO. L’IEO les a édités et un de ses anciens présidents, Felip Carbona, les a préfacés... En février 2002, le CLO a adopté un projet d’élargissement de sa représentation institutionnelle grâce à un conseil d’usagers. Mais en mai 2002, le nouveau président de l’IEO, Dàvid Grosclaude, a émis un document proposant une rupture définitive avec le CLO afin de créer un organisme concurrent, nommé Acadèmia occitana (D. Grosclaude 2002). Finalement, ce projet d’académie a été abandonné et a laissé place à des négociations ardues entre le CLO et l’IEO, à Béziers en novembre 2002 et à Nîmes en août 2003. Malheureusement, la pression ouvertement hostile de la direction de l’IEO a enlisé les négociations et a freiné considérablement la vie du CLO. Une solution d’avenir pourrait passer par une attitude plus constructive de la part de l’IEO ...ou bien par un redémarrage du CLO sans tenir compte de l’IEO. Quoi qu’il en soit, depuis 1975, l’IEO démontre son incapacité à gérer seul la norme. Et il n’a pas de personnel scientifique pour établir une autorité normative sans l’aide du CLO.

III.10 L’antinormisme: les ruptures ouvertes avec la norme Certaines personnes se sont lancées dans le réformisme endémique en emboîtant le pas de Taupiac et Teulat mais sans converger nécessairement avec ces derniers. Les ruptures ouvertes, que l’on présente à partir d’ici, sont le fait de militants culturels qui n’ont pas de formation en linguistique. Ils ne passent par aucun organisme de codification et leur antinormisme s’affiche donc de manière ouverte. III.10.1 L’ANTINORME “DE CUCURON” L’antinorme dite “de Cucuron” est apparue ouvertement en 1982 dans une méthode d’apprentissage du provençal, Lo provençau dei vaus e dei còlas. L’auteur en était le Centre Culturau Cucuronenc, installé dans le village de Cucuron (Vaucluse). On a donc parlé de “graphie de Cucuron”. Il est dommage que le nom d’un aussi beau village soit associé à ce type d’entreprise. Cette antinorme se caractérise par les mythes de la 73

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subordination intouchable, de l’antinormisme dialectaliste et du localisme extrême. GRAPHIE (31) Remplacement de á [e] par e/é*:

[1] z intervocalique → s: (24) L’assimilation des groupes de consonnes (annexe B5) est notée systématiquement:

accident, acceptar, dialècte, observar → acident*, acetar*, dialèite*, òusservar*. (25) On ne distingue pas e ~ è: fèsta → festa*. (26) Refus des graphies englobantes: relacion → relacion/relacien*/relaciu*; viatge → viage*/viagi*; espelhar → espelhar/espilhar*; amb → am’*/amé*/emé*/mé*/m’*… (27) Accents graphiques approximatifs: vaquí → vaquì*; amorós → amoros*. (28) Notation de la diphtongaison de o prétonique [Ow] (§ XIII.3.i): oblidar, observar → òublidar*, òusservar*. (29) Disparition de -r final dans les infinitifs paroxytons: voler ~ nàisser → voler ~ naisse*. (30) Remplacement de -tz final par -s*, sauf à la p5: lutz, ditz, cantatz → lus*, dis*, cantatz.

peissonariá, farián → peissonarié*, farien*.

(32) Remplacement de tg/tj par g/j: viatge, viatjar → viage*/viagi*, viajar*.

(33) En alpin, la réalisation de -rn final [rt] est notée -rt*, bien qu’une partie de l’alpin prononce [rn]: jorn → jort*. F

ORMES ORALES

[19] -e de soutien: dialòg → dialògue*. [20] Refus de certains suffixes savants restaurés: particular → particulier*. (34) Goût des interférences diverses d’origine française: seguir → sueivre* “suivre”. (35) Localisme extrême en général. (36) Distanciation maximale par rapport aux autres dialectes occitans. Ex: pronom neutre va pour o (o existe pourtant en provençal).

L’antinorme “de Cucuron” est activement soutenue par Alain Barthélémy-Vigouroux, inspecteur à l’Éducation Nationale. Très paradoxalement, Guiu Martin a conseillé techniquement les partisans de la graphie “de Cucuron” (Centre Culturau Cucuronenc 1982: 5; Barthélémy & G. Martin 2001) tout en cosignant des ouvrages proches de la norme (Lafont & al. 1971, Lèbre & al. 1992, GramPro). Cette antinorme s’est retrouvée partiellement dans des ouvrages alpins comme comme ceux de Rolland (1982) et Faure (1992). Elle a été activement répandue par certains rédacteurs de la revue Aquò d’aquí. Elle est réapparue à travers le Manuel pratique du provençal contemporain (Barthélémy & G. Martin 2001). Ce livre présente à la fois l’antinorme “de Cucuron”, la norme mistralienne et une notation phonétique baroque… tout cela pour enseigner une variété basée sur l’idiolecte de l’un des auteurs, au mépris de la koinê provençale. C’est un stratagème particulièrement compliqué et antipédagogique pour enseigner le provençal... On en déduit que les défenseurs les plus ardents de l’antinorme “de Cucuron” ignorent les acquis de la sociolinguistique …et de la linguistique occitane tout court. Ils n’ont pas profité de la notion de diasystème qui permet de noter de manière englobante des réalisations dialectales différentes (Bèc 1972, 1973; Lafont 1971a, 1972). Ils soutiennent incontestablement l’idée classiciste, mais de manière ambiguë. Ils se replient vers une occitanophonie idéalisée, ultralocaliste et diglossique, selon le mythe de l’Arcadie, tel que Lafont (1954, 1979) l’a analysé. Ils militent pour un rapprochement fraternel entre classicistes et mistraliens, ce qui est tout à fait louable. Mais ils semblent vivre un complexe d’infériorité. Aquò d’aquí publie en graphie “de Cucuron” (hors norme) et en graphie mistralienne (normée!). Par contre, aucune revue mistralienne ne publie en graphie classique. Cette main tendue vers le mistralisme ne se 74

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LES ENJEUX

fait pas dans une relation d’égal à égal: on recherche désespérément un cocon félibréen mythique afin de fuir le marasme de l’occitanisme des années 1980. III.10.2 L’ANTINORME TOSCANO L’écrivain et enseignant Renat Toscano a provoqué une rupture moins radicale (précisons qu’il utilise la forme Reinat* au lieu de la forme normale Renat “René”). Il écrit en niçois et en provençal général. Membre du Félibrige et de l’IEO, il est passé progressivement du mistralisme au classicisme, mais en faisant un aménagement personnalisé de la norme classique: il pratique les traits dialectaux exacerbés (§ II.7.2) et entretient le mythe du centralisme languedocien (§ II.7.4).

GRAPHIE

[1] z intervocalique → s*. [31] Remplacement de á par e*/é*: siáu → sieu. (37) Notation de la diphtongaison de ò → oa*: pòrta → poarta*. (38) Refus de la graphie englobante -an comme désinence verbale, qu’il transforme en ‘-on*: cantan → cànton*. En réalité, -an connaît aussi bien les réalisations [Oˆ] que [uˆ] (Rj: § 560). (39) Profusion d’accents graphiques: cantan, cantaràn, avias (avies), avian → cànton*, cantaràn, avíes*, avíon*. (40) Pour a “il a” et a “à”, distinction graphique a ~ à* (cratylisme, § II.7.10). (41) Suppression du -s final muet dans certains

mots: mas → ma* (cf. it. ma) “mais”; li mieus amigas → li mieu* amigas “mes amies”.

(42) Notation des moindres variations locales de [e] et [E], malgré leur faible rendement phonologique (annexe A2): castèu → casteu; parlèsse → parlesse; soleu → solèu…

FORMES ORALES

[20] Refus de certains suffixes savants restaurés: particular → particulier*. (43) Remaniement de la koinê provençale en y privilégiant certaines formes maritimes (bat → bate “il bat”), voire niçoises (tresen → tèrç “troisième”).

L’origine de cette prescription partait d’une excellente intention: au début des années 1990, Toscano avait réuni un groupe de travail sur l’adaptation de la norme classiciste au niçois. Cependant, il n’a pas tenu compte des ouvrages normatifs précédents de Lafont (1951, 1972) et Baquié (1987), ni des écrivains niçois proches de la norme comme Alan Pelhon. Il a ressuscité certaines cacographies qui avaient été utilisées au début des années 1970 par le Centre Culturau Occitan-País Niçard (CCÒc), telles que pòrta → poarta*. Cependant Toscano a eu la sagesse de préférer l’orthographe Niça, niçard -arda (GramAl: 461) contre la cacographie répandue Nissa*, nissart -arda*. L’antinorme Toscano s’est cristallisée en 1995 à travers deux brochures (Toscano 1995, 1996). Au même moment, le Crèo Provença mettait en place un secteur régional de linguistique, éphémère, qui collaborait avec le CLO naissant afin de clarifier quelques points normatifs en provençal, niçois et alpin (annexe C2c). Toscano et ses collaborateurs niçois y ont participé. Malgré cela, Toscano a tenu à rester sur ses positions antinormistes dans Gramàtica niçarda (1998) et Cronicas sobre la lenga (2004). III.10.3 L’ANTINORME LAFITA 1 L’antinorme Lafita 1 s’applique à une entreprise de sécessionnisme linguistique gascon. Il existe aussi une antinorme Lafita 2 dont on parlera plus loin (§ IV.1.8). 75

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PREMIÈRE PARTIE

L’antinorme 1 est presque aussi radicale que l’antinorme “de Cucuron”. C’est la création d’un seul homme, Joan Lafita (dans sa propre antinorme, il a préconisé Jan* Lafita, puis Jann* Lafita). Son entreprise de réforme a commencé de manière insensible en 1989 à travers son projet DiGaM (Diccionari deu gascon modèrne + digam “disons”), soutenu par l’IEO Paris. Le projet s’est vite transformé en support de l’antinorme et du sécessionnisme linguistique (ce qui montre une fois de plus le manque de cohésion de l’IEO). Lafita a édité dans ce but le bulletin Ligam-Digam.

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[1] z intervocalique → s*. [13] Accentuation des verbes: cantan, cantaràn → càntan*, cantaran*. (44) Remplacement de plusieurs graphèmes historiques par d’autres, pour se différencier du reste de l’occitan: - (i)sh → (i)x*: peish, shens → peix*, xens* - tg → dg*: viatge → viadge* - ue, uè → oe*, oè*: huec, enqüèra → hoec*, encoèra* - gua → goa*: guardar → goardar* (45) Doublement de -n -r finaux lorsqu’ils sont

prononcés: Joan → Jann*; tor → torr*. (46) Rétablissement d’un graphème -nd final, réalisé [n], masquant l’évolution historique de nd vers n en gascon: món → mond*. FORMES ORALES [19] -e de soutien: dialòg → dialògue*.

[20] Refus de certains suffixes savants restaurés: particular → particulièr*. (47) Acceptation des interférences venant du français, parfois écrites avec (i)x*: Joan → Jann*, pensar → refleixir*, escadença → xança*.

L’antinorme Lafita 1 a été adoptée par un petit nombre de personnalités du milieu culturel gascon comme Éric Chaplain, créateur des éditions Princi Néguer (ex-Princi Negre) et la chanteuse Marilis Orionaa. Les attitudes des uns et des autres sont très diverses. Marilis Orionaa, par exemple, inclut le gascon dans l’occitan. L’impact du lafitisme reste limité: l’écrasante majorité du mouvement gascon n’utilise pas cette antinorme et adhère à l’idée occitane. Dans la conception sécessionniste de Lafita, le gascon ne serait pas de l’occitan mais une langue proche, au même titre que le catalan. Pour appuyer sa théorie, il joue de manière sibylline sur la classification des langues romanes (§ VII.4) en manipulant des citations hors de leur contexte. Il accepte d’intégrer le gascon dans la “langue d’oc” et l’“occitano-roman” mais surtout pas dans l’“occitan”. La pensée de Lafita montre une méconnaissance de la dialectologie et de la linguistique en général. A fortiori, la réflexion sociolinguistique y est inexistante. Son ambition pour l’avenir se résume à ce morceau d’anthologie antisociolinguistique: nostalgia e romantisme que permeteràn [‹permeteran*›] de contunhar a parlar e escríver en aquera lenga deu passat; mes que serà reservada a ua classa miejana qui a instruccion e vagar tà l’apréner. (Lafita 1996: 24)

III.10.4 VERS UNE ANTINORME VISTEDIT? Les usages erronés sont devenus innombrables dans les revues. Mais l’usage de la société béarnaise Vistedit mérite d’être signalé parce qu’il concerne des journaux professionnalisés depuis le milieu des années 1990: La Setmana, hebdomadaire d’informations multidialectal, auquel se sont ajoutés Plumalhon et Papagai, revues pour

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LES ENJEUX

enfants, disponibles en gascon ou en languedocien 1.

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[16] Distinction ui ~ uï*. [18] Mots divers: ça que la → çaquelà*, parfois amb → ambe*. FORMES ORALES [19] -e de soutien: dialòg → dialògue*. [21] Tendance à remplacer ‘-ia final atone par -ia final tonique: Occitània → Occitania*.

[22] Article défini systématique devant les noms de pays: Occitània → l’Occitania*. (48) Emploi emblématique du h (proïbir → prohibir, veeméncia → veheméncia), même lorsqu’il est anti-étymologique (Ongria → Hongria*). Cet emploi est imposé à tous les dialectes, même s’ils ignorent le h gascon aspiré (§ II.7.2, .10.11, annexe C2 [note])! (49) Distinction e ~ è dans les articles en limousin (par ignorance?). (50) Accentuation paroxytonique des mots latins en -um: album → àlbum. Ce point a été envisagé un temps puis abandonné par le CLO. (51) Remplacement systématique de -èa final par -ea* (sans doute à partir des hésitations de Palay) idèa → idea, europèa → europea*. XII

(52) Remplacement du suffixe d’agent féminin -tritz par -tora*: directritz → directora*. (53) Gasconnisation du languedocien et du provençal. On accepte que le languedocien soit la base du standard général, mais on y impose des traits proches du gascon. Traitement de ct latin (ponch, fach → punt, fait), suppression de l’article partitif de (mangi de pomas → mangi pomas), conjugaison gasconnisée (agut → avut), non-respect de l’article provençal (los/las mêlé à lei/leis), remplacement systématique de dins lo / dins la par en lo / en la en calquant l’article pyrénéen (en < en + eth; ena < en + era). (54) Remodelage de la koinê gasconne et atténuation des traits béarnais: suppression des pronoms asyllabiques (’ns/ns’ → nos), emploi aléatoire des énonciatifs, suppression de la distinction que~qui au profit de que (çò qui sabem → çò que sabem). (55) Crispation sur quelques mots: èuro (selon la norme du CLO) est remplacé par euro*…

La Setmana, Plumalhon et Papagai représentent une immense avancée éditoriale pour l’occitan, certes, et on la doit à l’esprit d’initiative du fondateur de Vistedit, Dàvid Grosclaude. Mais cette avancée ne s’est pas traduite en termes de qualité linguistique. Et l’accession de D. Grosclaude à la présidence de l’IEO, depuis 2001, n’a pas contribué à améliorer la situation. Gilabèrt Narioo, qui occupe l’office de “correcteur” à Vistedit, a imposé aux lecteurs toute une série de violations de la norme et de préférences personnelles (prolongées dans son lexique: Narioo & al. 2003). Ainsi, Vistedit “cristallise” les pratiques d’un groupe de classicistes béarnais qui développait déjà quelques habitudes antinormistes depuis la fin des années 1970, bien que de manière éparse et peu calculée, dans Lo gascon lèu e plan (M. Grosclaude 1977), le Petit dictionnaire français-occitan (Civadòt 1984) et la revue Per Noste (cf. § III.11)... Le tout a reçu l’influence visible de l’antinorme Taupiac-Teulat (points 16, 18, 19, 21, 22). On a vu que Vistedit fait des erreurs grossières, dues à l’ignorance, lorsqu’il s’agit de reproduire des dialectes autres que le gascon (points 49 et 53). Cela enlève toute crédibilité à ceux qui affirment que l’affaire du h menacerait le gascon. En réalité, à 1

Plumalhon a connu une version provençale éphémère, à laquelle j’ai participé. Mais j’ai démissionné car

je ne voulais pas y cautionner les erreurs de langue dont je n’étais pas responsable.

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PREMIÈRE PARTIE

Vistedit, c’est bien une gasconnisation abusive qui dénature les autres dialectes. Néanmoins l’occitanisme béarnais ne saurait se résumer à cela. La revue béarnaise Reclams a manifesté à plusieurs occasions sa préférence pour la norme officielle. III.11 Une instabilité généralisée

De nombreux classicistes sont désorientés par cette situation et tentent de s’en sortir comme ils peuvent. Certains militants culturels ont acquis des notions de linguistique et ont produit des ouvrages didactiques (lexiques, grammaires, méthodes…) dans lesquels ils reproduisent l’instabilité de la norme sans forcément s’en rendre compte. Voici quelques cas représentatifs. En limousin, Ives Lavalada (1999, 2000, 2001) et N. Quint (1991, 1996, 2002), n’appliquent pas toujours la norme. Mais il ne s’agit pas chez eux d’un réformisme acharné ni d’une volonté de déstabilisation. Ils semblent plutôt motivés par un besoin de faire coller étroitement la graphie à la dimension locale ou infrarégionale des parlers; ils ne s’intéressent pas au diasystème, ni aux solutions unitaires de l’orthographe, ni au potentiel d’une langue standard. Voici quelques exemples d’usages de Lavalada:

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(56) Suppression d’un certain nombre d’accents graphiques pour ne pas noter tous les déplacements d’accent du haut-limousin (annexe A7): amorós → amoros*. (57) Remplacement du i comme yod intervocalique par ï*: paiar → païar*. (58) Dans les parlers du Croissant, remplacement du -a final amuï par -e*: la

pòrta → la pòrte* (annexe A1). FORMES ORALES

[19] -e de soutien: dialòg → dialògue*. (59) Francismes abusifs: quimia → chimia*. (60) Absence de formes standard, accumulation de variantes non lemmatisées.

On peut faire une remarque similaire à propos des trois ouvrages du Crèo Provença (Lèbre & al. 1992/2004, GramPro 1998, Fettuciari & al. 2003). Ces ouvrages sont proches de la norme et très appréciables pour leur description du provençal (surtout les deux premiers), mais on y décèle quelques écarts tout à fait inutiles: GRAPHIE

(61) Mots divers: rasim → rasin*; catòrze → quatòrze*; amb (graphie englobante) → amb/ambé*/amé*/emé*/’mé*.

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(62) -e de soutien hésitant: dialòg, objècte → dialòg(ue)*, objèct(e)* (Lèbre & al. 2004). (63) Francismes abusifs: meteis → meme*.

Quelques ouvrages didactiques en gascon présentent le même type d’inconvénients. C’est notamment le cas du Petit dictionnaire français-occitan (Béarn) (1984) (surnommé affectueusement le Civadòt, du nom d’une association coéditrice, La Civada), qui a annoncé l’antinorme Vistedit: GRAPHIE

(64) Calque aveugle de la graphie mistralienne-phébusienne (cf. DicPal): lieit → lheit* (DicPal ‹lhéyt›) “lit”; ànjol → anjo* (DicPal ‹ànjou›) “ange”.

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(65) Francismes abusifs: blau → blu* “bleu”, Joan → Jan* “Jean”.

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LES ENJEUX

Face à la déstabilisation de la norme, Robèrt Lafont a proposé, dans un feuillet volant joint à son roman Lo Decameronet (Lafont 1983c), une réforme qui proposait d’alléger la notation des accents graphiques. Il abolissait la distinction graphique entre e et è (fèsta ~ cresta → festa*, cresta), ainsi qu’entre o et ò en cas de différenciation dialectale: le provençal cònte s’alignait sur la graphie générale conte, avec liberté de prononcer /O/. Il maintenait par contre l’accent graphique pour distinguer les paires minimales: pro. peu “cheveu” ~ pèu “peau”. Ainsi, Lafont donnait à l’occitan une économie de signes diacritiques qui était proche des solutions catalane, portugaise et italienne. Cette réforme aurait pu fonctionner dans le cadre d’une occitanophonie solide où la seule pression de l’usage aurait garanti une réalisation correcte des oppositions /e/~/E/, /u/~/O/. Mais l’usage est si fragilisé chez les renaissantistes... Le CLO a déconseillé cette réforme en 1997 et Lafont l’a abandonnée par esprit de discipline, ce qui est tout à son honneur.

III.12 Bilan de l’antinormisme: retour vers les mythes III.12.1 L’ESSENTIALISME ET L’INSTRUMENTALISME Sauzet a fait une analyse globale des dommages causés par le réformisme endémique dans son article fondamental “La grafia es mai que la grafia” (1990). Il y détaille notamment les problèmes pédagogiques. Casanova (1987) a fait une psychanalyse de l’antinorme “de Cucuron” et a démontré qu’elle s’inscrit dans une vieille tradition de postures diglossiques remontant au XIXe siècle. Dans le sillage de ces analyses, on s’aperçoit que les antinormistes oublient une donnée sociolinguistique essentielle: la langue est pratiquée, cultivée, enseignée et apprise par des milliers de gens qui ne peuvent qu’être désorientés par des changements incessants (Sauzet 1990: 36). Les linguistes antinormistes défendent l’établissement de l’occitan avec une sincérité incontestable et apportent même des analyses sociolinguistiques bienvenues (Teulat 1985a: 99-140). Mais de l’autre côté, ils réinventent continuellement la norme et déstabilisent ainsi un outil nécessaire à l’établissement, ce qui est contraire à l’analyse sociolinguistique la plus élémentaire. Ils ne cherchent nullement à faire vivre l’occitan en lui conférant la stabilité qui caractérise une langue établie (ou une langue installée comme le catalan). Le paradoxe peut résider dans la contradiction entre la forme et le fond: Maria Clara Viguièr a traduit les Papers de Sociolingüística d’Aracil en occitan (Lo bilingüisme coma mite, Aracil 1982b), mais c’est un occitan approximatif et marqué par l’antinorme Taupiac-Teulat. L’original d’Aracil, lui, est constitué d’articles parfaitement normés en catalan, en français ou en anglais… Cette antinormisme fait partie de l’essentialisme ou de l’antisociolinguistique, qu’Aracil a pourtant critiqués lui-même (§ II.7.12). C’est aussi un intrumentalisme, comme dans des recherches de Punya S. Ray et Valter Tauli qui, dans les années 1960, proposaient de perfectionner la structure des langues en ignorant les contraintes sociales (Calvet 1996 : 14-17). Le Cercle Linguistique de Prague avait déjà critiqué cette obsession perfectionniste qui confine au purisme (Mathesius 1932, cité par Lamuela 1995). D’un point de vue sociolinguistique, donc, la stabilité s’impose plus que jamais comme une “condition sociale” de la standardisation (Lamuela 1995; ici § XI.10.2).

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PREMIÈRE PARTIE

III.12.2 UNE VISION HORS DE L’HISTOIRE Même si on lui trouve des imperfections, on ne peut pas oublier que la norme classique s’est développée sous la forme d’un processus historique, collectif et de grande échelle, à la mesure d’une langue tout entière. C’est cette norme classique qui sous-tend l’essentiel de l’enseignement, de la production artistique et des chances de survie de l’occitan. Elle soutient un développement en cours. Dans les débats sur la norme, les réformistes se montrent sourds à cette dimension historique, conformément à leur vision essentialiste. Ils font comme si la codification classiciste était un éternel recommencement, comme si la Renaissance Occitane repartait de zéro chaque jour. La défense de la stabilité de la norme n’est en aucune manière un conservatisme, ni une vénération aveugle envers Alibèrt. Elle est une prise de conscience des contraintes techniques et historiques du développement d’une langue. III.12.3 ATOMISATION ET FIEFS Dans les travaux de Teulat et Taupiac, le développement de l’antinormisme s’est accompagné d’un intérêt quasi exclusif pour le standard général à base languedocienne. Cela a pu favoriser chez certaines personnes une confusion entre la norme et le seul languedocien: on peut donc faire ce qu’on veut avec les dialectes. On peut même se les approprier. Certains notables occitanistes ont acquis une audience régionale et ont établi un quasi-monopole sur leurs dialectes respectifs. Ils les défendent jalousement comme des fiefs où nul n’a le droit d’intervenir sans leur autorisation. Ils ont imposé un certain nombre de réformes individuelles à l’échelle régionale et ne veulent plus admettre que la norme classique se gère au niveau de toute la langue. Ils ont une pratique admirable de l’occitan concret et hérité, mais ils ont le tort de croire que cela suffit à asseoir une autorité scientifique. Leur narcissisme les incite à ne pas tenir compte des linguistes professionnels et ils prennent toute analyse divergente comme une agression contre leur dialecte. On est tout à fait dans la “chape régionaliste” et l’“arriération” scientifique que décrivent Chambon & Olivier (§ II.7.2). III.12.4 L’INSTRUMENTALISATION DES ERREMENTS D’ALIBÈRT Les réformistes reviennent régulièrement sur les erreurs d’Alibèrt pour justifier un besoin de changement. Il n’est pas question de nier que l’œuvre et la vie d’Alibèrt présentent des problèmes, scientifiques d’une part, éthiques d’autre part. Mais les réformistes donnent parfois l’impression que la linguistique normative devrait se résumer à cette seule problématique. Ils passent leur temps à critiquer Alibèrt sur des détails très ponctuels d’orthographe et de morphologie normative, alors que ce sont les points forts de l’œuvre alibertine. En réalité, ils ne voient pas qu’il faudrait commencer par critiquer Alibèrt sur ses faiblesses réelles que sont l’absence de méthode lexicographique (§ X.3) et le caractère inachevé de sa standardisation (§ III.7.4). D’un point de vue éthique, on sait qu’Alibèrt s’est compromis avec le régime pétainiste et qu’il avait eu au préalable des affinités avec l’extrême droite 80

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maurrassienne. À la Libération, Alibèrt a été condamné et a payé ses erreurs par un emprisonnement de quelques mois. Après la Guerre, il a eu une vie effacée et ne s’est plus aventuré dans l’extrême droite. Plusieurs classicistes ont examiné ce problème et ont cherché à faire toute la lumière historique (Lafont 1974: 252-253; Lafont 2000; dossier dans La Setmana en 2000 [n° 265: 4-5]; article fondamental de Martèl 2001b). Mais la codification classiciste est un phénomène qui se produit à l’échelle historique et qui dépasse de très loin les errements d’un seul homme. Elle puise dans la tradition médiévale et dans les principes de Fabra et Mistral. Alibèrt s’est appuyé sur ces principes: son travail normatif est donc technique et non politicien. Le travail a été poursuivi depuis par de nombreux linguistes. Il est donc incohérent de décrier la norme classique en prétendant qu’elle se résume à Alibèrt et à ses fautes 1. Faisons quelques parallèles avec d’autres langues. La norme du turc a été créée par le très autoritaire Atatürk. La norme du français (celle de l’Académie) s’est cristallisée à partir de Richelieu et de l’absolutisme. La norme du chinois est marquée par la dictature maoïste. Pourtant, les normes du turc, du français et du chinois sont légitimes parce qu’on les utilise. De même, la norme classique est valable parce qu’on s’en sert pour communiquer en occitan. Et les déviances éthiques d’Alibèrt restent faibles par rapport aux crimes d’Atatürk, Richelieu et Mao Zedong. III.12.5 UNE DIGLOSSIE INCONSCIENTE Une occitanophonie dont la base sociale s’effrite de plus en plus est forcément sujette à une crise de légitimité, ce qui renforce les tentations individualistes et antinormistes. Dans un tel contexte, les multiples attaques contre la norme et le CLO s’expliquent en réalité par les réticences plus ou moins inavouées contre toute entreprise de codification et de normalité de l’occitan. La réponse à ce problème n’est certainement pas de démolir le processus de standardisation, ni les organismes qui la rendent possible. En principe, la standardisation n’a de sens que si elle est relayée et acceptée par la communauté linguistique. Fabra recommandait ce principe (Lamuela & Murgades 1984 : 45). Dans les débats, certains sociolinguistes proposent d’attendre que les conditions d’une meilleure acceptation sociale soient réunies avant de relancer le travail normatif. Mais ils oublient l’existence de deux phénomènes implacables: a) Le schéma habituel de la standardisation ne peut pas être transposé intégralement à l’Occitanie. Le catalan par exemple, était pratiqué par un corps social vigoureux à l’époque de Fabra, et il l’est encore. L’occitan “hérité”, en revanche, est réduit à l’état de lambeaux déconnectés les uns des autres (Lafont 1984: 104-105, J.B. Martin 1997: 6). L’acceptabilité sociale devient donc pratiquement impossible à mesurer auprès d’une communauté linguistique en pleine mutation. b) L’effritement de la langue héritée et la perte de pression sociale sur l’usage multiplient les affirmations invérifiables sur l’usage “réel”. Mais il n’existe pas d’enquête sociolinguistique sérieuse sur cette question. L’attente de meilleures conditions sociales d’acceptabilité est donc une chimère et un prétexte (commode et inconscient) pour ne rien décider, pour ne pas standardiser. Cela reflète un manque d’ambition pour la langue, une vision à court terme, une incapacité à imaginer que l’occitan reçoive dans un futur proche une forme stable et 1

Certains adversaires de l’occitanisme ont fait l’amalgame entre le pétainisme d’Alibèrt et toute la graphie classique (articles d’I. Gorgaud dans vers 1998-2002; Blanchet 2002a: 209). Lo Lugarn

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accessible, propice à la récupération dynamique.

III.13 Des perspectives: le maximalisme et l’institutionnalisme III.13.1 MAXIMALISME VERSUS MINIMALISME Parallèlement, une occitanophonie récupérée se construit sur des bases extrêmement incertaines et représente pourtant la seule chance de survie de la langue. Un certain volontarisme normatif devient alors inévitable si on veut que la langue reçoive l’équipement qui lui permettra de survivre dans la société modernisée. Ce volontarisme normatif compense la perte de la langue héritée. Il fournit aux néolocuteurs de solides références grammaticales et lexicales qui les rapprochent de la langue héritée et qui leur permettent de s’exprimer. Défendre une norme stable, c’est donc choisir la plus haute des ambitions pour l’occitan. L’attitude défendue ici est ce que je propose d’appeler le maximalisme. Teulat (1975b) a utilisé ce terme pour décrire l’ambition culturelle et technique du courant classiciste (diasystématicité, autocentrage), ainsi que l’usage décomplexé de l’occitan dans toutes les fonctions. À l’opposé, il parle de minimalisme en pensant aux courants non classicistes, aux sécessionnismes linguistiques et à la subordination intouchable. Teulat est véritablement maximaliste sur beaucoup de points. Mais malgré lui, il devient minimaliste lorsqu’il pratique le réformisme endémique: il retarde la mise en place d’un standard et rend impossible l’établissement de la langue. Je propose donc de réélaborer le concept de Teulat. On appellera minimalisme une conception de la langue caractérisée par la persistance des réflexes diglossiques, par le manque d’ambition culturelle et sociolinguistique, par le manque de volonté pour réunir les conditions techniques et socio-historiques de l’établissement et, en particulier, par le refus de codification. À l’autre bout de l’échelle, on appellera maximalisme une conception de la langue qui se veut la plus ambitieuse possible, qui recherche ce qu’il y a de plus efficace pour l’épanouissement de la communauté linguistique, qui exige la qualité et le professionnalisme, qui valorise la recherche, qui fait reculer la diglossie grâce à l’analyse et à la pratique, qui prépare concrètement les conditions de l’établissement et qui développe une norme stable et complète. Il est entendu que le courant classique, autocentré et diasystématique, a les meilleures prédispositions pour aller dans le sens du maximalisme. Encore faut-il faire bon usage du système classique. Ainsi redéfini, le maximalisme est la stratégie la plus rationnelle pour faire reculer la subordination. Dans la sociolinguistique catalane, on a utilisé les étiquettes maximaliste et minimaliste en leur donnant un sens assez différent de celui qu’on utilise ici. Les maximalistes seraient les chercheurs qui estiment qu’il existe un conflit linguistique et les minimalistes ceux qui cherchent à minimiser le conflit (Ninyoles 2001: 22-23). Comme le dit Kremnitz (2003a), “la conception de la langue” détermine l’attitude qu’on a à propos de la norme. La confiance en la dynamique potentielle de la langue, doublée de la confiance en soi (c’est-à-dire la confiance du sujet qui perçoit lucidement son rôle d’acteur dans le conflit diglossique), permettent de se libérer de l’autoòdi ou du minimalisme. Elle détermine une adhésion à la norme, non parce qu’on fétichise la norme, mais 82

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parce qu’on a bien compris que celle-ci est un outil de renforcement. III.13.2 LA VOIE INSTITUTIONNELLE Le maximalisme implique que l’on mette en place des institutions permettant la planification linguistique. Toutes les langues établies et toutes les langues subordonnées en voie de récupération dynamique bénéficient d’institutions. L’absence ou la faiblesse des institutions, en Occitanie, est bien l’indice d’une planification linguistique balbutiante ou peu efficace. Sauzet (1987, 1988) explique que la langue, en soi, est déjà une institution: l’occitan a vocation à être une langue instituée, c’est à dire une langue identifiée et reconnue en tant que telle par la communauté linguistique. À côté de la langue-institution, il y a les organismes-institutions. Chaque communauté linguistique peut se doter d’une batterie d’institutions différentes, l’essentiel est qu’elles correspondent aux divers aspects de la planification linguistique. En Occitanie, les institutions de planification linguistique sont éparses et peu connectées entre elles (écoles Calandretas, Fèlco et Classes Bilingues, écoles aranaises; divers services de collectivités locales; CLO, Gidilòc; IEO, Chambra d’Òc; Institut Occitan, Cirdòc, Espaci Occitan, Oficina de Foment e Ensenhamant der Aranés, etc). Dans cette partie de la planification linguistique qu’est la planification du corpus (standardisation), les institutions qui seraient les plus compétentes pour faire le travail sont le CLO (principes normatifs) et le Gidilòc (application de la norme dans la lexicographie). La norme issue du CLO, en elle-même, devrait être aussi une institution, puisqu’elle est un produit culturel et un outil d’amplification fonctionnelle. C’est en respectant et en développant ses propres institutions que la communauté linguistique occitane sera capable de montrer son amour-propre et son ambition pour l’établissement. Certains antinormistes revendiquent un individualisme irréductible et acharné, supposé inhérent à la culture occitane, pour justifier leur refus de la norme et des institutions. Or la culture occitane ne saurait s’enfermer dans ce type de schéma identitaire rigide (§ III.8, IV.1.5, IV.2). De plus, l’histoire de l’Occitanie est objectivement très riche en expériences et en théories sur les institutions. En effet, la voie institutionnelle que je propose pour développer l’occitan se rattache au courant de l’analyse institutionnelle ou institutionnalisme. Il est né justement en Occitanie, vers 1943, à travers la psychothérapie institutionnelle de l’hôpital de Saint-Alban-sur-Limagnole (Gévaudan). Le psychiatre catalan François Tosquelles, son collègue français Jean Oury et un élève de ce dernier, le Martiniquais Frantz Fanon, y avaient trouvé le moyen de faire de grands progrès dans la thérapie des patients en mettant en place des institutions qui géraient la vie de groupe. À partir de la psychothérapie, l’institutionnalisme s’est étendu depuis la seconde moitié du XXe siècle à plusieurs sciences humaines: sociologie, pédagogie et droit (Heiss 1999). Dans ces deux dernières disciplines, en particulier, on trouve des développements utiles pour la sociolinguistique. Entre 1958 et 1963, un courant institutionnaliste apparaît chez les pédagogues en associant d’une part l’analyse institutionnelle, inspirée de Saint-Alban, et d’autre part les techniques innovantes de l’instituteur occitan Célestin Freinet. Ce dernier 83

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PREMIÈRE PARTIE

expérimentait sa pédagogie à Vence (Provence) depuis les années 1930 et 1940. De cette rencontre est née la pédagogie institutionnelle (PI) qui est adoptée depuis par les écoles occitanes Calandretas. Parmi les promoteurs les plus actifs de la PI, on trouve les Franciliens Aïda Vasquez et Fernand Oury (le frère du Jean Oury de Saint-Alban), et plus récemment les Occitans René Laffitte et Brigitte Vicario (qui collaborent avec Aprene et les Calandretas). Quelques-uns des principes de base de la PI consistent à “embrayer l’école sur la vie”, selon la formule de Freinet, à respecter la personnalité de l’enfant (Lafont 1996) et à développer dans l’école des institutions qui préparent les élèves à la responsabilisation en société (Oury & Vasquez 1967, 1971; R. Laffitte 1999). Un problème méthodologique des Calandretas est de n’avoir pas encore réalisé la jonction entre la pédagogie institutionnelle et la sociolinguistique native. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’usage décomplexé de l’occitan et l’acceptation même de la norme de l’occitan n’y sont pas des principes complètement acquis. Les Calandretas s’intéressent de très près —et avec raison— à la psycholinguistique acquisitionnelle telle que le Pr. Jean Petit (par ex. 1998) l’a développée. Espérons que la sociolinguistique native suscitera, un jour, un intérêt similaire (Sumien 2005). En droit, l’analyse institutionnelle apporte des éléments encore plus faciles à exploiter pour la sociolinguistique native. Le problème fondamental est de savoir quelles sont les règles valables et légitimes dans la vie d’une minorité linguistique ou ethnique, par exemple pour gérer la planification linguistique, dans la mesure où l’État ne lui donne pas de cadre juridique satisfaisant. L’institutionnalisme a été préfiguré par des pionniers comme l’Occitan Maurice Hauriou, philosophe du droit et doyen de la faculté de Toulouse au début du XXe siècle. Hauriou pense que tout groupe social, lorsqu’il est animé par une volonté commune, est une institution qui engendre du droit, même si ce n’est pas du droit positif formalisé par l’État (Hauriou 1925). Le juriste italien Santi Romano (1946) est allé plus loin en affirmant que toute activité sociale ne produit pas du droit, mais est du droit. On a reproché à Romano que sa théorie risquait de légitimer les groupes autoritaires qui s’imposent à autrui (malfaiteurs, régimes dictatoriaux). En réalité, le droit ne peut pas se confondre avec l’ensemble des normes sociales, il n’en est qu’une partie. Le droit émerge d’une institution sociale et n’est valable que dans le domaine d’activité de cette institution (Christopoulos 1996: 179-185). Un autre philosophe du droit, le Britannique Herbert Hart (1994: 91-99 [1961]), a apporté un appareil conceptuel qui fait référence. Selon lui, toute société fonctionne selon des règles primaires (primary rules), implicites et contenues dans la culture, qui fonctionnent plus ou moins bien tant que le groupe est compact et que la pression sociale interne est forte. Dans une société plus vaste, la pression sociale est plus hétérogène, plus lâche, et les règles primaires ne suffisent plus. C’est alors qu’apparaît ce que Hart appelle des règles secondaires (secondary rules; d’autres disent métarègles, normes du deuxième degré ou même institutions; mais il est plus exact de voir les règles secondaires comme une émanation des institutions). Les règles secondaires sont explicites, résolvent des problèmes inédits et pallient la perte de pression de la société compacte. C’est le juriste grec Dimitris Christopoulos (1996, 2002) qui a relié les théories de Hauriou, Romano et Hart à la problématique des minorités. La minorité (ethnique, linguistique, religieuse ou autre) constitue un groupe social régi par des règles primaires. L’inclusion de la minorité dans un État, dont elle n’est pas le centre, apporte 84

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LES ENJEUX

des problèmes nouveaux. La minorité les gère en se dotant d’institutions qui lui sont propres (avec ou sans l’intervention de l’État) et ces institutions produisent des règles secondaires (cf. Hart) qui constituent souvent un ordre juridique non étatique (cf. Hauriou). C’est à travers ses institutions (et les règles secondaires qui en découlent) qu’une minorité se maintient consciemment et qu’elle affirme son existence face à l’État (Christopoulos 1996: 258). La théorie de Christopoulos peut s’appliquer à la planification du corpus. Notre communauté possède l’usage de l’occitan qui est une règle primaire en soi. Dans le cadre de la société modernisée et de la diglossie, la pression sociale qui garantissait l’usage de l’occitan est en train de disparaître. Pour pallier ce problème, notre communauté linguistique s’est dotée d’une règle secondaire, la norme classique, gérée par une institution, le CLO. Il est évident que cette question ne mobilise pas les foules occitanes, mais il en va de même pour la plupart des institutions dans la plupart des sociétés. Si l’on désire sincèrement que l’occitan se développe grâce à des institutions, celles-ci ont besoin d’être davantage soutenues que combattues. Les normes qu’elles édictent ne peuvent pas s’atomiser à l’infini, sinon, il n’y a plus de règles secondaires permettant la vie de la minorité. Christopoulos explique très clairement la nécessité de décider (de trancher) pour mettre en place les règles secondaires dont la minorité a besoin:

Η διεκδίκηση της οµάδας συνιστά το περιεχόµενο του µειονοτικού λόγου. Οι µειονοτικοί χρειάζεται να την εκφέρουν. Η εκφορά των µειονοτικών διεκδικήσεων συνδέεται άµεσα µε τις άτυπες διαδικασίες ανάδειξης ανθρώπων που µιλούν στο όνοµα της οµάδας. ∆εν είναι υπερβολή να θεωρηθεί πως εάν δεν βρεθούν κάποιοι να αντιπροσωπεύσουν τη συλλογικότητα και να διατυπώσουν τα αιτήµατά της, ο µειονοτικός λόγος εξαφανίζεται. Με την έννοια αυτή, η αντιροσώευση είναι ροϋόθεση της διεκδίκησης. (…) Ωστόσο, αναγνωρίσαµε πως το εσωτερικό µιας οµάδας δεν συγκροτείται από άτοµα που διεκδικούν τα ίδια πράγµατα: κάθε µειονότητα είναι φορέας πολλαπλών υποκειµενικών προσλήψεων των δικαιωµάτων της. Τόσο όµως η διαδικασία, αλλά και τα πρόσωπα που αναλαµβάνουν την αντιπροσώπευση της οµάδας, είναι εξ ορισµού αδύνατο να λάβουν υπόψη τους αυτή την πολλαπλότητα. (…) Πάντα λοιπόν, στο εσωτερικό µιας µειονοτικής, όπως και κάθε οµάδας, σοβεί µια κρίση αντιπροσώπευσης και αντιπροσωπευτικότητας, η οποία σε τελευταία ανάλυση, προδίδει τον µειονοτικό άνθρωπο. Αυτό δεν εκπλήσσει: κάθε αντιπροσώπευση ενέχει στοιχεία αλλοίωσης της προσωπικής βούλησης, πόσο δε µάλλον η δηµιουργία άτυπων δικτύων εξουσιοδότησης που δεν υπάγονται σε κανονικούς µηχανισµούς αναθεώρησης και ελέγχου. (Christopoulos 2002: 70-71, souligné par l’auteur) 1 1

“La revendication du groupe constitue le contenu du discours minoritaire. Il est nécessaire que les minoritaires la formulent. La formulation des revendications minoritaires est directement liée aux processus informels d’émergence des personnes qui vont parler au nom du groupe. Il n’est pas exagéré de dire que s’il ne se trouve personne pour représenter la collectivité et pour formuler ses revendications, le discours minoritaire disparaît. En ce sens, (…) Néanmoins, nous avons reconnu que l’intérieur du groupe ne se compose pas d’individus qui revendiquent les mêmes choses: chaque minorité est porteuse de multiples représentations subjectives de ses droits. Or, la procédure ainsi que les personnes qui assument la représentation du groupe sont par définition incapables de tenir compte de cette multiplicité. (…) Donc, toujours à l’intérieur d’un groupe minoritaire et de tout autre groupe, une crise de représentation et de représentativité fait rage; en dernière analyse, cette crise trahit [révèle] l’homme minoritaire. Ceci ne surprend pas: chaque représentation contient des éléments d’altération de la la représentation est une condition

de la

revendication.

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PREMIÈRE PARTIE

Ainsi, les institutions comme le CLO, et les règles secondaires qu’elles gèrent comme la norme classique, permettent à la communauté linguistique de renforcer ses règles primaires, comme l’usage de l’occitan. Les règles secondaires ne peuvent pas satisfaire tout le monde mais elles protègent au moins un attribut essentiel de la minorité: sa langue. Dans ces conditions, l’antinormisme, lorsqu’il devient acharné, n’a plus rien à voir avec la liberté individuelle, il consiste à imposer à la communauté une règle (l’antinorme) qui n’est pas passée par les institutions. Il freine l’émergence d’un ordre juridique minoritaire permettant à la minorité d’exister, de s’organiser et de survivre. A contrario, la défense de nos institutions est une attitude maximaliste qui nous permet de nous rapprocher d’une vie linguistique normale.

III.14 Où est la norme actuelle? Pour mettre un peu d’ordre dans le confusionnisme institutionnel, il est utile d’identifier et de récapituler les travaux qui constituent la norme. Ils se sont constitués dans l’ordre suivant. (a) Courant classiciste émergeant et codification d’Alibèrt. (b) Travaux complémentaires du Temps Deux. (c) Travaux préconisant la discipline normative entre le Temps Deux et le CLO. (d) CLO depuis le Temps Trois. Les documents qui fixent la norme classique fonctionnent donc selon une “hiérarchie des normes” (comme en droit), dans cet ordre de priorité: (1) Les documents prescriptifs du Conselh de la Lenga Occitana, qui harmonisent les héritages antérieurs (= point d). (2) La grammaire et le dictionnaire d’Alibèrt (= point a). (3) Les documents qui suivent immédiatement les travaux d’Alibèrt, dans le cadre de la stabilité institutionnelle du Temps Deux (= point b). À savoir: “La réforme linguistique occitane et l’enseignement de la langue d’oc” (IEO 1950); Phonétique et graphie du provençal (Lafont 1951); L’application de la réforme linguistique occitane au gascon (Bèc & Alibèrt 1952); La phrase occitane (Lafont 1967); L’ortografia occitana, sos principis (Lafont 1971a); L’ortografia occitana, lo provençau (Lafont 1972); L’ortografia occitana, lo lemosin (Desrozier & Ros 1974); Dictionnaire normatif limousin-français (Gonfroy 1975); “Per una dinamica novèla de la lenga de referéncia: dialectalitat de basa e diasistèma occitan” (Bèc 1972); Manuel pratique d’occitan moderne (Bèc 1973). (4) Les documents favorables à une norme disciplinée, apparus après le Temps Deux et avant le CLO (= point c). À savoir: Nòrmes ortogràfiques† der aranés (Comission 1982); Compendi practic de l’occitan normat (Sauzet 1985); Lo vèrb occitan (Sauzet & Ubaud 1995); Fiches de grammaire d’occitan gascon normé (Bianchi & Viaut 1995). Ces ouvrages normatifs sont surtout valables pour l’orthographe, la morphologie et la syntaxe. Mais pour la sémantique, la description la plus rigoureuse du sens des mots se trouve encore dans les dictionnaires de Mistral (TDF) et de Lèbre & al. (1992/2004). En matière sémantique, donc, c’est dans ces deux derniers ouvrages que devrait résider l’essentiel de la norme classique. volonté personnelle; ceci est d’autant plus valable dans le cas où se créent des réseaux de délégation informelle qui ne sont pas soumis à des mécanismes réguliers de révision et de contrôle.”

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LES ENJEUX

III.15 La norme classique de l’occitan et les autres langues Les langues romanes établies n’entrent pas dans les comparaisons qui suivent car elles n’ont pas été stabilisées de la même manière que les langues subordonnées. Le galicien est partagé entre deux normes concurrentes: une norme officielle calquée sur celle de l’espagnol (norme Ilg-Rag: Instituto da Lingua Galega & Real Academia Galega) et une norme autocentrée, proche du portugais (norme réintégrationiste ou norme Agal: Associaçom Galega da Língua) (Alén-Garabato 2000). Il est tentant de proposer quelques parallèles avec l’occitan, même si cette comparaison a forcément des limites: OCCITANIE

diasystème occitano-catalan référence au pôle catalan (bien que subordonné) norme classique (CLO) classicisme maximaliste classicisme minimaliste norme mistralienne (francisée)

GALICE

diasystème galaïco-portugais référence au pôle portugais norme réintégrationiste (Agal) reintegracionismo por máximo reintegracionismo por mínimo

norme Ilg-Rag (hispanisée)

Les trois langues rhéto-romanes ont été codifiées en tenant compte d’un équilibre entre les dialectes. Le romanche a reçu un standard cohérent dans les années 1980, le rumantsch grischun. Le frioulan a reçu une norme grâce à une équipe dirigée par Lamuela (1987c). Le ladin est en train d’accéder à une norme (Valentini 2001: 17-23). Le corse a acquis une orthographe pendant la deuxième moitié du XXe siècle mais la norme reste encore assez floue sur le plan oral. L’arpitan ou francoprovençal a reçu une codification tardive mais salutaire grâce à D. Stich (1998 et surtout 2001, 2003) (voir aussi J.B. Martin 2002). Depuis les années 1970, certains proposent de séparer du français et de l’espagnol les idiomes suivants: poitevin-saintongeais (idiome d’oïl avec substrat occitan), gallo, normand, picard, morvandiau; aragonais (idiome hispano-roman de transition vers l’occitano-roman), asturien-léonais. Or cela contredit la tradition romanistique. Les normes de certaines “langues d’oïl” s’inspirent de la diasystématicité occitane. Le sarde a reçu dans les années 1990 une codification pratique qui est illustrée par les éditions Papiros et l’Ufitziu de sa Limba Sarda, dirigés par Diegu Corraine. Le nord-italien reste un grand absent dans cette vague de codifications. Cette langue est encore atomisée par le localisme et les tentatives de standardisation diasystématiques sont peu connues (notamment Hull 1982, 1987-88). Seul le piémontais a développé une norme régionale stable. L’occitan accumule les paradoxes. Il a été une des premières langues romanes subordonnées à recevoir une codification, grâce à la norme mistralienne au milieu du XIXe siècle. Des années 1930 aux années 1970, la norme classique conférait encore à l’occitan une bonne avance sur les autres langues romanes subordonnées (catalan excepté). La norme classique a même inspiré celle du francoprovençal et de certaines “langues d’oïl”. Par contre, depuis la fin des années 1970, l’occitan patauge dans une crise normative alors que les autres langues ont très largement rattrapé leur retard. Le catalan, lui, poursuit sa codification. Fabra était parti en 1913 du dialecte dit “central” (est du Principat) mais sa vision diasystématique a permis d’adapter sa norme au valencien en 1932 (normes de Castelló) et au baléare en 1937 (Lamuela & Murgades 87

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PREMIÈRE PARTIE

1984: 46-47). Aujourd’hui, le catalan bénéficie d’ouvrages lexicographiques comparables à ceux des langues établies. L’Institut d’Estudis Catalans est en train de dégager un “standard oral” qui reconnaît certains traits dialectaux et certains registres (IEC 2001). Malgré ses succès, le catalan connaît aussi des difficultés. Le phénomène du sécessionnisme linguistique valencien —le blaverisme— ressemble beaucoup au sécessionnisme linguistique provençal. Il a connu une grande vigueur durant la transition démocratique des années 1970 et 1980 mais semble reculer de nos jours. La région valencienne a créé en 2001 une Acadèmia Valenciana de la Llengua (AVL) qui reconnaît du bout des lèvres l’unité de la langue et la norme fabrienne, mais son existence provoque un conflit de compétences avec l’IEC. Il existe quelques points communs entre la situation du valencien et celle du provençal. J’en propose un schéma provisoire: ROVENCE

P

P

AYS VALENCIEN

pôle important face au pôle languedocien pôle important face au pôle barcelonais sociolinguistique précoce (Lafont) sociolinguistique précoce (Aracil, Ninyoles) antisociolinguistique (arcadisme) antisociolinguistique (“bilinguisme” idéalisé) sécessionnisme linguistique (pseudomistralisme) sécessionnisme linguistique (blaverisme) perméabilité aux flux venant de Paris perméabilité aux flux venant de Madrid substitution linguistique plus avancée substitution linguistique plus avancée identitarisme français extrême (Front National) identitarisme espagnol extrême (post-franquisme)

Le sécessionnisme linguistique baléare, lui, reste marginal. Il fait partie d’un ensemble très disparate d’attitudes localistes et antinormistes qu’on appelle le gonellisme. Un sécessionnisme est apparu dans la zone catalane de l’Aragon depuis les années 2000: il semble instrumentalisé par les mouvements aragonaisistes. Enfin, on a pu reprocher à un certain catalan approximatif des médias barcelonais, le català light, d’être une forme de sécessionnisme linguistique parce qu’il désolidariserait le Principat des autres régions catalanes. Comme on le voit, le catalan se porte mieux que l’occitan mais il ne s’est pas débarrassé de tous ses démons. Mentionnons l’existence d’une tendance récente, celle des “occitanistes” valenciens (ex. Laínez 2003 et la revue Paraula d’òc). Ils utilisent la norme fabrienne mais affirment que le valencien ferait partie de l’ensemble occitan et non de l’ensemble catalan (dans le domaine de l’occitan, ils incluent le valencien, mais aussi le baléare et le “catalan” qu’ils limitent à la Catalogne stricto sensu). L’étiquette “occitane” leur sert de prétexte pour nier l’appartenance évidente du valencien au catalan. On ne peut pas cautionner un tel détournement du nom de l’occitan.

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Chapitre IV

LES NORMES NON CLASSIQUES Les normes non classiques ne rassemblent pas tous les avantages techniques de la norme classique: elles ne sont diffusées que dans certaines régions, elles sont peu ou pas diasystématiques, elles pratiquent moins l’élaboration et la plupart d’entre elles sont subordonnées aux langues dominantes. Elles n’ont pas bénéficié de la sociolinguistique. Ceci dit, les personnes qui les utilisent participent pleinement au renaissantisme occitan et certaines d’entre elles ont réalisé des œuvres de valeur. D’autres se livrent pourtant à ce qu’on appelle des “querelles de graphies”, qui sont plus exactement des “querelles de normes”. C’est une attitude vaine qui freine la récupération: la concurrence parfois agressive que se livrent dans certains cas les associations de militants linguistiques (et culturels) n’est pas le meilleur gage d’efficacité glottopolitique (on peut penser ici aux querelles qui ont pendant longtemps agité en France l’ensemble du mouvement en faveur de la langue et de la culture occitanes et ont ainsi affaibli considérablement leur capacité d’intervention). (Boyer 2001: 76)

Un débat respectueux entre les différentes écoles s’avère beaucoup plus stimulant sur le plan intellectuel et beaucoup plus fécond pour récupérer la langue. C’est pourquoi il est normal de faire un tour d’horizon des normes non classiques afin de voir ce qu’elles peuvent apporter à notre réflexion. J’analyse en priorité les développements survenus depuis la fin du XXe siècle (pour les périodes antérieures, cf. Kremnitz 1974).

IV.1 La norme mistralienne IV.1.1 À L’ORIGINE, ROMANILHA ET MISTRAL Josèp Romanilha (Joseph Roumanille), on le sait, est le véritable inventeur de ce qu’on appelle la “norme mistralienne”. Il en a exposé les principes dès 1853 dans la préface de La part dau Bòn Dieu ‹La part dóu Bon Diéu›. Le Félibrige, fondé en 1854, a rapidement adopté cette norme. Mais des débats houleux ont précédé cette adoption. Mistral aurait préféré une graphie proche de celle d’Honnorat, de Crousillat et des poètes de la Provence Maritime, avec certains éléments classiques (pluriels en -s et -eis, notation des consonnes finales muettes; mais usage de ou et, contrairement à Honnorat, marque du féminin en -o). Il en a discuté âprement avec Romanilha dans

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PREMIÈRE PARTIE

une correspondance allant de 1852 à 1854. Il s’est finalement rangé au système de Romanilha car le Félibrige naissant en avait fait sa norme officielle (Salvat 1957). Mistral a donc opté pour la stratégie d’une discipline collective, à laquelle il a sacrifié ses préférences graphiques personnelles. Et pendant le reste de sa vie, il a fait appliquer lui-même cette discipline dans le Félibrige (Martèl 1987). D’autre part, c’est Mistral qui a élaboré le lexique normatif à travers son gigantesque Tresaur dau Felibritge ‹Tresor dóu Felibrige› (TDF, 1879-1886). Vu le rôle essentiel de Mistral dans le développement de cette norme, et bien qu’il ne l’ait pas inventée, il est permis de parler de graphie mistralienne, de norme mistralienne et de courant mistralien. De même, je nomme mistraliens les partisans du courant mistralien et mistralisme la mouvance des mistraliens (cela n’empêche pas que les classicistes puissent se revendiquer de l’héritage de Mistral). Certains classicistes préfèrent parler de graphie roumanillienne (grafia romanilhenca) mais ce terme n’est pas reconnu par ses utilisateurs. On parle aussi de graphie félibréenne: c’est une expression erronée car le Félibrige se partage aujourd’hui entre la graphie mistralienne (en Provence) et la graphie classique (généralisée ailleurs, surtout au milieu du XXe siècle). Le terme de provençalisme ne doit pas être utilisé comme synonyme de mistralisme car les classicistes sont aussi attachés à la Provence que les mistraliens. En outre, le mistralisme n’a jamais eu vocation à se limiter à la Provence. Provençalisme devrait donc désigner l’ensemble des mouvements de promotion du provençal et de la Provence, classicistes comme mistraliens. De même, le terme niçardisme désigne l’ensemble des mouvements de promotion du niçois, quel que soit leur courant. Parallèlement, on peut parler de limousinisme (Lavalada 2001), d’arvernisme, de vivaro-alpisme, de gasconnisme, de languedocisme… À la suite de Romanilha et Mistral, le linguiste Juli Ronjat (Jules Ronjat) a apporté une contribution importante à la norme mistralienne: il a fourni une explication exhaustive de l’orthographe (Ronjat 1908) et l’a utilisée pour sa monumentale Grammaire istorique (sic) des parlers provençaux modernes (1930-41). Charles Rostaing est un autre philologue mistralien de grande envergure, mais ses travaux sont plus descriptifs que normatifs. Et sa défiance envers le classicisme (cf. Rostaing & Jouveau 1987: 128) n’est pas à la hauteur du reste de ses recherches. IV.1.2 L’IMPLANTATION DES COURANTS MISTRALIEN ET CLASSICISTE Commençons par la répartition. La norme mistralienne s’est imposée dans l’ensemble de l’Occitanie pendant l’ascension du Félibrige (Temps Un), à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. La très prestigieuse littérature félibréenne et la discipline collective appuyée par Mistral ont contribué à cette diffusion. Mais beaucoup d’auteurs ont continué à utiliser des graphies personnelles (ex. Vayssier 1879). Et le classicisme a réémergé dès les années 1890. La codification d’un gascon mistralien a émergé après 1897 avec l’Escòla Gaston Fèbus ‹Escole Gastoû Febus› et sa graphie phébusienne, adaptation de la graphie mistralienne (Belly 1995: 12-30). Plus à l’est est née l’Escòla deras Pirenèas* ‹Escolo deras Pirenèos› (francisme pour Pirenèus, m). Le mistralisme n’a atteint les Vallées Occitanes que dans les années 1950 (Bronzat 1987: 90). Hormis le provençal et le niçois, la norme mistralienne connaît aujourd’hui un usage très raréfié (association Combascura ‹Coumboscuro› dans les Vallées Occitanes, Escòla Gabala ‹Escolo Gabalo› dans le Gévaudan, Escòla Simin Palai ‹Escole Simin Palay› en Béarn). 90

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LES ENJEUX

En Provence, la répartition des courants classiciste et mistralien peut être estimée, mais on manque d’enquêtes précises: - En littérature, la norme classique est de loin la plus productive depuis la Seconde Guerre Mondiale 1. La littérature mistralienne a été moins abondante 2. - Dans la création musicale, les classicistes sont les plus productifs et les plus innovants 3. Les mistraliens travaillent davantage la “chanson” 4. - Dans l’enseignement, les deux normes sont présentes. Les mistraliens semblent plus nombreux dans les cours optionnels de l’école publique. Les quelques expériences de Classes Bilingues sont partagées entre mistraliens et classicistes. Par contre, les Calandretas (écoles immersives) sont entièrement classicistes. - Dans les activités folkloriques, les mistraliens sont majoritaires. Mais on y parle beaucoup plus le français que le provençal, cela relativise le poids du mistralisme. Si on considère la répartition géographique, certaines zones de Provence sont assez marquées par la présence d’un courant particulier. Le classicisme semble majoritaire à Marseille, à Nîmes et dans les Alpes. Le mistralisme est très présent dans la basse vallée du Rhône et le Var. IV.1.3 LES PROTAGONISTES DE LA CONTROVERSE PROVENÇALE Les tristes querelles de graphies ont commencé dès que le courant classiciste a remis en question le quasi-monopole du courant mistralien, au début du XXe siècle (§ III.2.2). Pendant le Temps Deux, et surtout dans les années 1970, l’avancée de la norme classique a effarouché certains milieux mistraliens qui ont été prêts à tout pour maintenir leur monopole sur la vie culturelle provençale. Une sensibilité que je propose d’appeler pseudomistralisme s’est développée à partir du mistralisme, sans englober tout le mistralisme; elle a fabriqué de toutes pièces un sécessionnisme linguistique provençal qui ne correspond à aucune tradition mistralienne ou félibréenne. Le plus virulent a été Louis Bayle (1975, 1982). Les attaques contre les classicistes (dits “occitanistes”) confinent au fanatisme: elles ont pu prendre la forme de calomnies, de lettres de dénonciation, de pressions. Le lobbying pseudomistralien a permis d’interdire provisoirement l’enseignement en système classique dans les académies de Nice et Aix-Marseille, entre 1977 et 1982, avant qu’un recours au tribunal administratif ne mette fin à cette injustice. Face à ces attaques, certains classicistes ont fini par sombrer dans un défaitisme amer, qui n’est peut-être pas étranger au minimalisme des années 1980. Vernet (1987) a bien analysé ce phénomène. 1 2

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Par ex. Carles Camprós, Robèrt Lafont, Enric Espieut, Jòrgi Rebol, Pèire Pessamessa, Glaudi Barsotti, Florian Vernet, Danièla Julien, Rotland Pecout, Felip Gardy, Joan Ives Casanova, Miquèu Miniussi; en niçois Alan Pelhon, Joan Luc Sauvaigo, Renat Toscano; en alpin Pèire Eiriçon, Franc Bronzat… Carles Galtier, Max Felipe Delavouët, Jan Pèire Tennevin, Bernat Giély, Jana Blacàs, Sèrgi Bèc -qui a oscillé entre les deux normes-; en niç. Francis Gag; en cis. Sèrgi Ottonelli… Les mistraliens Rostaing & Jouveau (1987: 132) ont du mal à citer de jeunes écrivains mistraliens et ils font passer les classicistes provençaux (Camprós, Lafont, Espieut) pour des Languedociens! Blanchet (1992: 75-76 et 88-89; 2002: 176-177) passe sous silence la littérature classiciste en provençal. Massilia Sound System, Nux Vomica, Gacha-Empega, Lo Dalfin, Lo Seriòl, Dupain, J[o]an Maria Carlotti, Gai Saber, Arvèi T., Renat Sette & Patrick Vaillant… Jan Novè Mabelly, Jan Bernard Plantevin, Tèrra de Sau, Pèire Pascal... Mais certains adaptent surtout les classiques de la chanson française, ce qui est diglossique: Gui Bonnet, Andrieu Chiron, Estefan Manganelli...

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Cependant, il faut admettre que certains classicistes, issus d’une certaine culture marquée par mai 68, se sont montrés sectaires à leur tour, même s’ils n’ont jamais égalé l’agressivité de leurs adversaires. Ils réduisaient le mistralisme à un passéisme réactionnaire —ce qui n’a pas toujours été le cas— et ne savaient pas reconnaître la valeur littéraire de grands auteurs félibréens. Ils ont simplifié à outrance l’analyse critique de Lafont sur les mythes mistraliens, alors que Lafont ne s’est jamais dit antimistralien (Mistral ou l’illusion, Lafont 1954/1980). L’antimistralisme primaire était un phénomène des années 1970 et a pratiquement disparu depuis les années 1980. Heureusement, il y a eu aussi des gens ouverts d’esprit des deux côtés. Depuis les années 1980, des groupes classicistes (IEO/Crèo Provença) et des mistraliens (Parlarem ‹Parlaren›, Félibrige) ont multiplié les contacts cordiaux. Depuis le Temps Trois (années 1990), le sectarisme est réapparu, mais aujourd’hui il divise le mistralisme en deux pôles bien distincts. a) Le pôle du mistralisme ouvert (Parlarem, Félibrige) se montre favorable à l’entente avec les classicistes. En 1998, une déclaration commune du Félibrige et du Crèo Provença a reconnu la dignité des deux “graphies” et la validité des trois glottonymes: provençal, langue d’oc ou occitan. Le terme occitan est tout à fait acquis dans une partie du mistralisme niçois (ex. Chirio 2000: 9, Gasiglia 1984: 68-71). Malgré ce réchauffement, les idées reçues restent parfois tenaces. Le capolier Pèire Fabre (2002: 59), par exemple, croit encore que le classicisme aurait voulu nier les dialectes autrefois... b) À l’opposé, le pôle du pseudomistralisme combat farouchement le courant classiciste et développe le sécessionnisme linguistique provençal. Il se rassemble autour de l’Union Provençala ‹Unioun Prouvençalo›, groupe fondé en 1981 et fédérant plusieurs associations (dont certains groupes dissidents de Parlarem), et du Collectiu Provença ‹Couleitiéu Prouvènço›, qui mène des campagnes contre le concept de langue occitane. Depuis les années 1990, l’auteur le plus virulent de cette tendance est Philippe Blanchet qui se réclame, très curieusement, de la sociolinguistique. IV.1.4 LA CONTROVERSE: ARGUMENTAIRE GÉNÉRAL Il est très facile de démonter les arguments les plus ressassés du pseudomistralisme. On les relira notamment chez Bayle (1975, 1982), Rivière (1980), Barthès (1987) et Blanchet (1992, 1999, 2002a, 2002b). On voudra bien excuser cet étalage de polémiques, mais leur prétention à occuper le champ scientifique oblige à fournir quelques réponses rapides. a) La norme classique imposerait une langue uniformisée (c’est-à-dire l’occitan standard, le languedocien). — Il suffit d’ouvrir une revue classiciste pour voir que les dialectes y

prospèrent à merveille.

b) Le classicisme serait un mouvement centraliste dirigé par des Languedociens. — Le courant classiciste a toujours fonctionné de manière décentralisée et beaucoup de ses leaders ne sont pas languedociens (Josep Ros, Robèrt Lafont, Pèire Bèc...). c) La norme classique serait archaïque. — La norme classique n’est pas archaïque, elle est diasystématique. Elle reflète des traits phoniques ou lexicaux qui existent dans une bonne partie des parlers modernes, y compris dans les parlers les plus conservateurs de Provence (alpin, niçois). d) La norme classique serait compliquée. — Ce préjugé vient de la distance entre la norme classique et les habitudes scolaires héritées du français. En réalité, l’aspect

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LES ENJEUX

diasystématique de la norme classique est une simplification qui facilite les échanges entre les dialectes. Afin de jeter le discrédit sur le classicisme, certains pseudomistraliens inventent des graphies vraiment compliquées telles que septmana* pour setmana (ex: Bayle 1982: 10, Blanchet 1992: 97-98; 2002a: 119). Une telle manière de travailler est scientifiquement irrecevable. e) La norme classique imposerait une langue artificielle. — Dans tout processus de codification, il y a une certaine distance entre la langue codifiée et la langue héritée. Le même problème existe avec la norme mistralienne, que les locuteurs naturels perçoivent comme le “vrai provençal”, distinct de leur “patois”. f) Le provençal ferait bien partie de la “langue d’oc”, mais pas de l’“occitan”. — C’est un argument remarquablement absurde, puisque occitan vient de oc et a toujours été proposé et utilisé comme synonyme de langue d’oc. g) Le terme “Occitanie” ne désignerait que la région du Languedoc, donc le terme “occitan” ne pourrait désigner que le languedocien. — Le mot Occitanie est compris aujourd’hui dans son sens médiéval d’origine, c’est-à-dire comme pays de toute la langue d’oc. Il est vrai que des textes latins de l’Ancien Régime disaient Occitania pour le “Languedoc”, mais c’était

un sens latin, tardif, aujourd’hui disparu, contraire au sens d’origine et au sens contemporain. En lexicographie, le sens d’un mot est celui qui fonctionne dans l’usage.

h) L’occitan n’existerait pas. Il n’y aurait pas une, mais plusieurs “langues d’oc”. Et on ne pourrait pas se comprendre entre elles. — Cette idée bafoue Mistral et les félibres historiques qui parlent toujours de la langue d’oc au singulier. Les “langues d’oc” au pluriel sont une

invention tardive du sécessionnisme linguistique des années 1970 (Teulat 1976c).

i) Les classicistes seraient très minoritaires en Provence face aux mistraliens. — Le classicisme provençal est au moins majoritaire dans la littérature, dans la créativité musicale et dans l’enseignement immersif, ce qui lui donne un poids considérable. j) En provençal, seule la graphie mistralienne serait “classique”. — Cet argument est une négation de toute l’histoire du provençal. k) Le classicisme serait incompatible avec l’héritage mistralien. — Le classicisme descend du mistralisme (§ III.5). l) L’Occitanie n’a jamais existé en tant qu’entité politique. — Cet argument est hors sujet. Une langue n’a pas besoin d’un État pour exister. m) Il n’y aurait pas de conscience culturelle “occitane” dans la population. — La conscience occitane est loin d’être générale, c’est certain, mais elle ne suscite pas de rejet dans la population provençale. En outre, l’étiquette “occitane” est devenue tout à fait banale dans certaines zones de Provence comme Marseille, Nîmes, les Alpes …et ce qu’on appelle désormais, justement, les “Vallées Occitanes”. La population provençale ignore tout de cette controverse linguistique et n’imagine même pas l’existence de deux normes concurrentes.

IV.1.5 LA CONTROVERSE: IDÉOLOGIE ET POLITISATION À OUTRANCE Sur le plan idéologique, les pseudomistraliens ont une conception rigide de l’identité provençale et ont la conviction irrationnelle de détenir un monopole sur cette identité. Ce mythe de l’identité figée existe aussi chez certains classicistes (§ III.8) et chez les bonnaudiens (§ IV.2). Cette attitude pousse les pseudomistraliens à renier leur propre culture dans un discours intellectuellement intenable: ils se disent “d’oc” mais surtout pas “occitans”, ils se réclament des troubadours mais pas de la graphie des 93

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PREMIÈRE PARTIE

troubadours… Cette controverse vire parfois au pugilat politicien. Depuis les années 1970, les pseudomistraliens assimilent tout le classicisme à l’extrémisme de gauche (cf. Bayle 1975; Rivière 1980; Barthès 1987; Blanchet 2002a: 209, 2002b). Depuis les années 2000, certains l’assimilent à l’extrémisme de gauche et de droite à la fois (Blanchet: 2002b). F. Martèl (1989a) a déjà démontré l’inanité de ce genre d’amalgame. À sa suite, on rappellera simplement que les classicistes sont loin d’être tous politisés. D’autre part, le mistralisme a été lui-même tiraillé entre des courants d’extrême gauche (le “Félibrige rouge” de Fèlix Gras) ou d’extrême droite (le maurrassisme). Blanchet (2002b) écrit dans la revue de géopolitique Hérodote que F. Fontan, un occitaniste politique, aurait été un “authentique fasciste xénophobe”. Cette accusation est non seulement fausse, mais elle est hors sujet, puisque Fontan était contre la graphie classique (§ IV.4.3; pour une critique sociolinguistique sérieuse d’Hérodote, cf. C. Lagarda 2003). Par ailleurs, Blanchet (2002a: 209) prétend qu’Alibèrt, compromis dans le pétainisme, serait le fondateur honteux du courant classiciste, or le classicisme est apparu longtemps avant Alibèrt (§ III.2.2, III.3). Et le pouvoir de nuisance politique d’Alibèrt était très faible en face de celui du mistralien Charles Maurràs. Quoi qu’il en soit, ces polémiques sont vaines car en 1945, l’IEO et le Félibrige ont rompu solennellement avec l’extrême droite. Et les classicistes ont su faire une mise au point complète sur cette période sombre (§ III.12.4). IV.1.6 LA CONTROVERSE: MISE AU POINT ÉPISTÉMOLOGIQUE Grâce aux acquis de la sociolinguistique sérieuse, on peut décortiquer les grandes erreurs de raisonnement des pseudomistraliens, et de Blanchet en particulier. a) L’antinormisme dialectaliste. Blanchet (2002a: 214) stigmatise la standardisation “à la catalane”. Il pratique la survalorisation compensatoire des parlers et des interférences diglossiques et en allant jusqu’à l’antinormisme (§ IV.1.8). Cette position revient à refuser que le provençal adapte ses structures pour acquérir de nouvelles fonctions sociales. C’est condamner le provençal à la diglossie. b) L’invention d’une “sociolinguistique immatérielle”. Selon Blanchet (1992: 35), le nom que la population donne à sa langue serait le critère scientifique déterminant pour définir une langue: il appelle cela l’“autoglossonymie” 1. Il est certain que les Provençaux emploient plus souvent le glottonyme provençal que le glottonyme occitan, mais ce n’est pas un problème. Les classicistes de Provence revendiquent eux-mêmes le nom de provençal, tout simplement parce qu’ils se sentent provençaux et défendent le provençal. Ainsi, Blanchet invente une fausse opposition entre provençal et occitan 2 qui est contredite par les faits. Le glottonyme provençal ne signifie pas que les Provençaux rejettent le terme occitan: on pense par exemple à la célèbre marque de cosmétiques l’Occitane en Provence, basée à Manosque… Le Conseil Régional de Provence avait adopté le 17 octobre 2003 une résolution inspirée par le lobby pseudomistralien, affirmant le soutien “à la langue provençale” et à “la langue niçoise”, sans mentionner l’alpin ni l’appartenance du tout à l’occitan. Mais à la demande des classicistes, il a 1 2

C’est un détail, mais la recherche dit plus habituellement glottonyme (nom d’une langue) et autoglottonyme (nom autochtone d’une langue). Cf. Cerquiglini 2003: 440; DSL: art. glotònim. Les enquêtes de Blanchet (1992: 40-42) sur les autoglottonymes sont invérifiables: il presente un histogramme où les colonnes des glottonymes n’ont aucun chiffre...

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LES ENJEUX

adopté dès le 5 décembre 2003 une résolution rectificative qui affirme l’unité de “la langue occitane ou langue d’oc” et le respect égal de l’alpin, du niçois et du provençal. Occitan fait donc bien partie des autoglottonymes qu’on utilise et qu’on accepte en Provence. Et ce sont les classicistes qui ont défendu le mieux la diversité en réhabilitant l’alpin. Dans le postulat de Blanchet, l’“autoglossonymie” permet de se focaliser sur les seules représentations et de négliger les structures diasystématiques qui font la cohésion de l’occitan… En négligeant les données structurales, il en arrive à une “sociolinguistique immatérielle”. Or la sociolinguistique n’est pas une négation des structures: elle consiste en un élargissement du structuralisme vers sa dimension sociale (Labov 1972 [1976]: 258). De plus, la relation étroite entre le diasystème (notion structurale) et la définition de langue a été largement démontrée par de grands sociolinguistes comme Kloss (1978), Lamuela (1994) et Castellanos (2000) (ici § .1). La faiblesse de la définition de la langue par Blanchet est de se limiter presque exclusivement aux représentations (mal analysées d’ailleurs). La définition de la langue par Kloss (1978) est infiniment plus opérante car elle associe les structures (diasystèmes ou langues par distance) et les attitudes sociales (langues par élaboration) (§ .1.3). c) La minimisation du conflit et le retour au mythe du bilinguisme. Dans la plupart de ses publications, Blanchet (2002a: 113; 2002a: 27-28, 55-56, 228) se focalise sur la dimension microsociolinguistique, et notamment sur les interactions verbales. Il fait l’impasse sur les acquis de la macrosociolinguistique, sur les contacts de langue à grande échelle et sur les concepts développés par l’école occitano-catalane (aliénation, mythes de compensation, diasystème, établissement). Par cette omission, il arrive à prétendre que le conflit entre le français et le provençal serait “stabilisé”. C’est un mythe compensatoire pour occulter la dureté du conflit et de la substitution en marche (bien démontrée par Bailon [1996: 141-145] en provençal). La position de Blanchet est donc néfaste pour la survie sociale du provençal. d) L’incapacité d’analyser les registres. Les pseudomistraliens prennent les registres formels pour une imitation du français (ex. Tennevin 1987, Blanchet 2002a: 37) alors que de tels registres existent dans toutes les langues de culture. Teulat (1985a: 120-121) a bien démasqué cette erreur d’analyse, qui priverait le provençal de registres diversifiés. e) L’essentialisme: des graphies aux pouvoirs surnaturels. Blanchet (2002a: 37) attribue un “défaut” de formalisme au provençal parlé par les classicistes. Ce raisonnement suggère que le choix d’une graphie —classique— implique les francismes dans les domaines oraux du style et de la syntaxe… Ceci est bien une pensée magique et essentialiste. En fait, il est évident que les francismes viennent de la diglossie et non de la graphie utilisée: ils affectent la pratique orale des mistraliens autant que celle des classicistes. f) L’omission de la sociolinguistique historique. Les pseudomistraliens ignorent les travaux de sociolinguistique historique ou rétrospective qui démontrent la cohésion de l’occitan et sa conscience de “langue”, plusieurs fois renouvelée dans l’histoire (Chambon & Olivier 2000; Banniard 1991: 66; 1997; Martèl 2001a; Boyer & Gardy 2001; Bonassié 1979, C. Alén-Garabato; R. Mèrle...). L’usage que Blanchet fait de l’étiquette “sociolinguistique” illustre de manière remarquable la fragilité de cette jeune discipline. Aracil (1974: 93; 1978) rappelle que les personnes qui manquent de rigueur scientifique s’attribuent une étiquette “sociolinguistique” pour se donner une apparence de sérieux. Bailon (1996: 15) VII

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PREMIÈRE PARTIE

propose que l’on soit lucide sur “la sociolinguistique, que les optimistes appelleront une discipline et les pessimistes une étiquette”. À la lumière de ce recentrage épistémologique, on voit que les pseudomistraliens se focalisent sur des conceptions emblématiques, essentialistes et antisociolinguistiques (nom de la langue, magie de la graphie…). La “sociolinguistique” de Blanchet est donc bien une antisociolinguistique. Les pseudomistraliens négligent le véritable enjeu sociolinguistique: résoudre le conflit diglossique en faisant face au français, grâce à l’expansion sociale du provençal. IV.1.7 CARACTÉRISTIQUES DE LA NORME MISTRALIENNE Il s’agit d’une norme orthographique et orale, peu diasystématique, dotée d’un standard et s’adaptant aux dialectes. Orthographe — Romanilha a greffé sa codification sur des usages diglossiques consistant, depuis le XVIe siècle, à écrire l’occitan avec les habitudes graphiques françaises. Certains graphèmes qui s’étaient stabilisés dans l’évolution de la graphie classique (o fermé, nh…) sont remplacés par des graphèmes plus typiques du français (ou, gn…). Les consonnes doubles du français sont évitées. Cependant, dans le suffixe -èla → ‹-ello›, on adopte quand même les deux ‹ll› français pour indiquer que le ‹e› précédent est ouvert. Curieusement, Romanilha a supprimé le -s muet du pluriel alors qu’il s’était maintenu dans toutes les graphies francisées depuis le XVIe siècle. L’accentuation graphique est particulièrement complexe: l’accent graphique marque en général une voyelle tonique, mais il marque aussi les diphtongues éu, óu en position atone (par ex. Euròpa, oblidar → ‹Éuropo, óublida›), ce qui crée des ambiguïtés: espotir → ‹espóuti› est oxyton; totei → ‹tóuti› est paroxyton. L’orthographe mistralienne est assez peu diasystématique. Certains graphèmes sont englobants comme en graphie classique: j/g = /dZ, dz/, ch = /tS, ts/. Mais d’autres notations ne le sont pas: le graphème classique lh, réalisé /j/ ou /¥/ selon les parlers, se répartit en ‹i› ou ‹lh› dans l’orthographe mistralienne. De même, le -a final, réalisé [O], [a] ou [´] selon les parlers, est réparti dans l’orthographe mistralienne en ‹-o›, ‹-a› ou ‹-e›. La morphologie n’est pas notée de manière claire: ‹partit› avec -t final muet est un nom mais ‹parti› sans -t final est un participe passé... Ainsi, l’orthographe mistralienne n’est ni phonétique, ni particulièrement simple, contrairement à ce qu’on entend souvent. Variété standard — La norme mistralienne possède une variété standard, élaborée par les premiers félibres à partir du provençal rhodanien. Cela n’empêche pas la notation des parlers locaux. Il y a aussi une koinê mistralienne de base béarnaise et une koinê niçoise mais cette dernière est mal fixée. Ces trois koinês se perpétuent dans le courant classique actuel avec de légères modifications. Lexique — Mistral et certains félibres étaient conscients de la dignité de la langue et l’ont élaborée en fonction de la vie moderne. Le TDF de Mistral fournit des néologismes comme telefòn ‹telefone›, paquebòt ‹paquebot›, federalisme ‹federalisme›, filologia ‹filoulougìo›, gastarevolucion ‹gasto-revoulucioun› “révolutionnaire exalté”, brasilier ‹brasilié› “brésilien”, Indostan ‹Indoustan›, Polinesia ‹Poulinesìo›… Mais le glissement du mistralisme vers le passéisme et l’arcadisme, tout au long du XXe siècle, a fini par replonger l’occitan dans la distribution fonctionnelle. L’occitan mistralien s’est limité souvent à l’arcadisme littéraire et a abandonné au français la plupart des thèmes modernes. Élaboration stylistique — Une partie des mistraliens a souvent pratiqué le pittoresque, la distanciation maximale et le refus des registres formels (§ II.7.7, .7.4). XI

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ÉCHANTILLON EN KOINÊ PROVENÇALE • Norme mistralienne - (Forvieras 1899: 118) • Transcription classique - Madamisèla, prenètz vòste capèu. — Fai una bèla caud! Sortètz, vos, amb aqueu solelhàs? — Lei bòns Provençaus crenhon pas la caud. (…) — Lo temps s’estèla; fai bòn ara prene lo fresc. — Lo temps es estelat; amont es tot clavelat d’estèlas. • Norme classique (avec standard régional) - Madamisèla, prenètz vòstre capèu. — Fai una bèla caud! Sortètz, vos, amb aqueu solelhàs? — Lei bòns Provençaus crenhon pas la caud. (…) — Lo temps s’estela; fai bòn ara prene lo fresc. — Lo temps es estelat; amont es tot clavelat d’estelas. ÉCHANTILLON EN KOINÊ NIÇOISE • Norme mistralienne - (A. Compan, préface de Gourdon 1975: iii) • Transcription classique - Lo promier volume es destriat en tres partidas, ben religadi, maudespiech li dificultats a bodre. Per durbir lo talh, avèm finalament una biografia completa de Don Michèu, que fins aüra, eravam constrechs de si contentar de brigas e de sobrilhas, un chico esparpalhadi, per revistas ò articles. • Norme classique (avec standard régional) - Lo primier volum es destriat en tres partidas, ben religadi, maudespiech li dificultats a bodre. Per dobrir (durbir) lo talh, avèm finalament una biografia completa de Dòn Michèu, que fins aüra, eravam constrenchs de si contentar de brigas e de sobrilhas, un chico esparpalhadi, per revistas ò articles.

ÉCHANTILLON EN KOINÊ BÉARNAISE • Norme mistralienne (phébusienne) - (J.B. Laborde, présentation de DicPal, Reclams 12, sept. 1932: 355; cité par Belly 1995: II-234) • Transcription classique - qu’avem aquiu los tèrmis qui’s disen en Biarn e tanben los deus parçans gascons deu vesiatge… Lo gran interès de la « methode » seguida per lo Mèste Palai, en hicant ras e ras los mots de tota la Gasconha, qu’ei d’amuishar quin, en grana partida, aqueths mots e’s tanhen e an brotat sus la medisha arraditz. • Norme classique (avec standard régional) - qu’avèm aquí los tèrmes qui’s disen en Biarn e tanben los deus parçans gascons deu vesiatge… Lo gran interès deu metòde seguit peu Mèste Palai, en hicant ras e ras los mots de tota Gasconha, qu’ei d’amuishar quin, en grana partida, aqueths mots e’s tanhen e an brotat sus la medisha arraditz.

IV.1.8 L’ANTINORMISME MISTRALIEN Certains sont persuadés que le courant classiciste serait le seul à connaître le désordre, tandis que le courant mistralien demeurerait dans une stabilité parfaite depuis Mistral. Il n’en est rien. Du vivant de Mistral, déjà, le réformisme endémique et le localisme étaient à l’œuvre contre la norme mistralienne (Martèl 1987). Piat (Piat 97

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PREMIÈRE PARTIE 1893-1894: iii-xix, passim) voulait changer ‹gn› en ‹ñ*› et ‹-ènci/-encio› en ‹-ensio*›. Ronjat (Rj: § 56 à 60) étudie les cacographies récurrentes du courant mistralien: leur fréquence, leur nombre et leurs excès sont du même acabit que dans le courant classiciste.

L’antinorme Vouland-Blanchet. Aujourd’hui, certains mistraliens renouvellent cette vielle tradition antinormiste sans le dire ouvertement. C’est notamment le cas de P. Vouland (1991) et Ph. Blanchet qui proposent une réforme à plusieurs niveaux. On en voit même quelques traces dans le dictionnaire de Coupier (1995). - Défiance par rapport à la koinê mistralienne (à base rhodanienne) et promotion du localisme pour enseigner le provençal. - Tendance à supprimer les consonnes finales muettes dans l’orthographe mistralienne (Blanchet 1992: 192-194, 202-204; Vouland 1991). Par ex. biais [ bjaj] devient biai* (Blanchet 1992: 5). On régresse ainsi d’un siècle et demi en arrière. Juste avant la création du Félibrige: biai* était déjà un cas de controverse (Salvat 1957: 347). - Déstabilisation de l’élaboration lexicale de Mistral. On pratique un mélange de distanciation maximale et de subordination intouchable (ex. Coupier 1995; ici § II.7.7). Ces caractéristiques montrent une similitude idéologique entre l’antinorme Vouland-Blanchet et l’antinorme “de Cucuron” (§ III.10.1, .6 note). "

II

L’instabilité normative du mistralisme niçois. On ajoutera à ce panorama le désordre qui caractérise la pratique mistralienne du niçois. La graphie hésite constamment entre Niça et Nissa*, entre les graphèmes lh et i ainsi que sur les accents graphiques. La codification du lexique et de la morphologie est assez peu appliquée. On a bien créé une Acadèmia Niçarda ‹Acadèmia Nissarda*›, mais son rôle est très symbolique. On trouvera un catalogue édifiant de ces flottements en lisant l’analyse de Chirio (2000). Quelquefois, cela peut aller jusqu’au sécessionnisme linguistique. Certains Niçois, tout en admettant leurs liens avec le mistralisme et le monde d’oc, affirment que le niçois serait un dialecte indépendant du provençal, voire une langue distincte. La rupture la plus extrême avec le “provençal” s’est observée chez l’écrivain Pierre Isnard (1881-1970) et son collègue Eugène Ghis, qui voulaient rapprocher le niçois du ligurien (Compan 1971: 87-92). En voici un échantillon. • Prescription d’Isnard et Ghis - (extrait du poème “Lo portau dau marquís” ‹Lu purtau dau marchis›, Armanac niçard ‹Armanac nissart›, 1960, p. 219, reproduit par Compan 1971: 88) • Norme classique - E pura, un còp per an, lo portau s’espalanca, / Quand pica miejanuech au cloquier dau país, / Per laissar coma un lamp passar lo vièlh marqués [francisme: marquís*].

L’antinorme Lafita 2. Depuis le début des années 2000, Joan Lafita a ajouté à sa première antinorme, proche du classicisme (§ III.10.3), une seconde qui déstabilise le système mistralien-phébusien, tout en poursuivant le sécessionnisme linguistique gascon. Il a créé dans ce but un certain Institut Biarnés e Gascon ‹Enstitut Biarnés e Gascoû›. Il justifie son rapprochement de la graphie phébusienne de la manière suivante:

Eh bien, nous aussi, au lieu de chercher sans cesse à créer des postes d'enseignants fonctionnaires pour le maigre résultat que l'on sait, il nous faut vite mobiliser les 98

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masses rurales qui ont conservé la langue, leur en donner la fierté en leur ouvrant l'écrit par une graphie lisible sans revenir à l'école (...) C'est pourquoi, après avoir adopté et pratiqué la graphie classique pendant plus de 20 ans et essayé de l'améliorer pour le gascon, j'en suis venu à l'abandonner pour revenir à la graphie fébusienne, à peine retouchée. Ainsi, je garderai «x» pour le son «ch» français, opposé à «ch» qui se rend par «ch», «tch» ou «ty» selon les lieux (…). (J. Lafita, e-mail du 29.10.03, forum Gasconha Doman)

Lafita persiste dans l’antisociolinguistique. Son appel à “mobiliser les masses rurales”, principe très valable dans l’absolu, est opposé aux “postes d'enseignants”. Pourtant, une enquête sociolinguistique d’Arénas (2003) démontre que la population rurale du Béarn est très favorable à l’enseignement du “béarnais” dans les écoles. Finalement, la norme mistralienne a engendré au moins sept usages dissidents. Ce chiffre monte à huit si l’on compte les innovations de la graphie phébusienne et de l’Escòla deras Pirenèas, critiquées par Ronjat, et à beaucoup plus si l’on répertorie toutes les pratiques antinormatives que Ronjat décèle. Les normes mistralienne et classique comptent donc à peu près autant de dissidences (fig. V.1). IV.

2 La norme bonnaudienne

Pierre Bonnaud a participé au courant classiciste (§ III.3) avant de créer son propre courant. La rupture s’est faite en 1972-73. Elle a été déclenchée, entre autres, il est vrai, par les préjugés absurdes des années 1970 contre le nord-occitan, et qui sont en train de disparaître aujourd’hui (§ II.7.4). Bonnaud reproche à la norme classique une série de défauts qui correspondent, en fait, à une incompréhension de la linguistique (cf. ci-dessous) et à certains mythes examinés au § II.7: déséquilibre entre la dynamique renaissantiste de l’auvergnat et celle d’autres dialectes; originalité de l’auvergnat en partie réelle et en partie fantasmatique; subordination intouchable; distanciation maximale. Bonnaud à fini par adhérer au sécessionnisme linguistique en affirmant que l’auvergnat serait une langue à part entière: il nie l’existence de l’occitan et est très réservé sur le terme langue d’oc. Il voit l’auvergnat comme la langue centrale d’un ensemble d’idiomes dits médioromans, qui auraient constitué au Haut Moyen Âge un bloc allant de l’Orléanais au Lot, avec des connexions vers le Piémont. À partir du Moyen Âge Classique, le médioroman aurait reculé au nord devant le français et au sud devant ce qu’il appelle “les langues d’oc méridionales” (Bonnaud 1981; GGA). Chambon & Olivier (2000: 101-105) démontrent que les hypothèses de Bonnaud sont tout à fait invérifiables et qu’elles sont largement démenties par une analyse minutieuse de l’évolution linguistique au Moyen Âge. En effet, le futur domaine linguistique auvergnat était profondément inséré dans la Gaule méridionale antique, puis dans la grande Aquitaine médiévale, de sorte qu’il n’a jamais été englobé dans un quelconque ensemble “médioroman”. Au contraire, le domaine auvergnat a participé pleinement à la genèse de l’occitan à partir du VIIIe siècle. La langue d’oc est née d’une “fédération des zones conservatrices”, incluant notamment l’auvergnat, et elle a résisté aux innovations les plus radicales qui ont engendré le francoprovençal et le français. La norme bonnaudienne est supportée par la revue Bisa nèira ‹Bizà neirà› et par le 99

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PREMIÈRE PARTIE

Cercle Terre d’Auvergne ou CTA (avant que Bonnaud ne récuse l’occitanisme, cette association s’appelait Cercle Occitan d’Auvergne-Auvèrnha Tèrra d’Òc). Dans chaque numéro de Bisa Nèira, un encart menace de poursuites toute personne qui adapterait un texte de la norme bonnaudienne vers la norme classique. Cette agressivité contre les classicistes cache probablement une peur de la concurrence. Aucune revue classiciste ne menace ceux qui voudraient faire des adaptations en norme bonnaudienne… Orthographe — Tout d’abord, en 1973, Bonnaud a proposé une réforme radicale de l’orthographe classique (écriture occitane simplifiée et adaptée, EOSA), doublée d’un système de notation phonétisante (écriture phonétique auvergnate normalisée, EPAN). Dès 1974, il a fini par mettre au point une orthographe complètement distincte, l’écriture auvergnate unifiée (EAU), à laquelle il a appliqué depuis des réformes successives. Cette EAU —l’orthographe bonnaudienne— se veut légèrement diasystématique à l’échelle auvergnate: Bonnaud ne parle pas de “diasystème” ni de “graphie englobante” mais de “signes de recouvrement” (GGA : 35). Par exemple, les différentes réalisations du -a final sont regroupées sous le graphème ‹-à›… Cependant le résultat n’est pas parfaitement englobant: le -s muet du pluriel est supprimé dans la plupart des parlers. Pourtant les parlers de l’extrême Sud prononcent -s et le notent. Ainsi l’opposition vacha ~ vachas s’écrit ‹vachà ~ vacha› en général ou ‹vachà ~ vachàs› au Sud. Les accents graphiques tombent parfois sur des voyelles atones, ce qui est contraire aux habitudes de lecture romanes: dans ‹vachà› [ vats ] “vache” le ‹-à› est posttonique tandis que dans ‹batro› [b tr ] “battra” le ‹-o› est tonique (en norme classique: vacha, batrá ). Bonnaud revendique un compromis entre: - l’autonomie par rapport au français: le phonème /s/ s’écrit ‹s› ou ‹ss›, jamais c (cendre → ‹sendre›); on conserve les graphèmes classiques lh, nh. - le ménagement des habitudes françaises: graphèmes ‹ou, eu›, signes diacritiques compatibles avec une machine à écrire française (‹à è ù — é — â ê î — ä ë ï ü›). Cette orthographe manque parfois d’économie pratique. La palatalisation des consonnes devant i, u est notée par Bonnaud avec un tréma (‹ï, ü›) alors que ce phénomène est assez régulier et n’a donc pas de diacritique dans le système classique. Variété standard — Tout en défendant la possibilité de noter les parlers locaux, Bonnaud évolue de plus en plus vers l’élaboration d’un standard nécessaire à la communication pan-auvergnate et à la pédagogie. Celui-ci se base essentiellement sur les formes nord-auvergnates mais sa fixation ne semble pas encore entièrement terminée. Il est dénommé auvernhat letrat moai ensenhat ‹euvarnhàt letràd moé ensenhàd, ELME› ou auvergnat littéraire et pédagogique (ALEP) (NDGFA: 9). Lexique — Le lexique de base (langue héritée) semble respecter les usages attestés de l’auvergnat et ne diverge pas beaucoup de la norme classique. On reste donc pleinement dans le lexique de base occitan, et même panoccitan, malgré un revêtement orthographique original. Par contre, les néologismes et les mots savants sont extrêmement affectés par la distanciation maximale (§ II.7.7). Bonnaud est soucieux de démontrer que tous les mots peuvent se dire en auvergnat. Les francismes, qu’il acceptait au départ, sont de plus en plus déconseillés dans les dernières publications. Les anglicismes sont également évités. Pour Bonnaud, l’adhésion à l’auvergnat implique le rejet d’une société de consommation qu’il juge trop anglicisée: "

Å"

O

O

lorsqu’on voit le magistère anglo-saxon menacer d’élimination toutes les autres

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LES ENJEUX

cultures du Monde, dont le glorieux français, par la conjonction du “gros bâton” américain, de la prépondérance économique, de la société de consommation qui déboussole et désarme les esprits, de la lâcheté de tant de gouvernants et par l’efficacité jusqu’à présent imparable de ce trait de génie hégémoniste qu’est la sous-culture audiovisuelle de masse, l’auvergnat peut parfaitement rester sur le carreau en dépit de tous les efforts et c’est même l’hypothèse de loin la plus probable. Mais le monde ne se sauvera pas de l’animalisation consumériste sans un retour à des valeurs actuellement piétinées, dont l’austérité. (Bonnaud, 2000, Bisa Nèira ‹Bïzà neirà› 115: 12)

Selon Bonnaud, certaines innovations de la société ne peuvent se dire qu’avec une nuance péjorative en auvergnat. Le fonctionnement des registres et la distribution fonctionnelle sont très mal compris. Voici comment il propose de dire “tag”: Nous connaissons assez l’esprit auvergnat pour savoir qu’il n’est pas aussi sensible que certains membres de l’intelligentsia parisienne au côté “artistique” de ces barbouillages. C’est pourquoi il paraît s’imposer un mot nettement péjoratif tel que margoulhâ. Le tag est nà margoulhà, én margoulhadï; un tagueur: én margoulhaire, én margoulhou(n) (arverno-bourbonnais: margoulhao). (Bonnaud, 2000, Bisa Nèira ‹Bïzà neirà› 115: 21)

Dans une telle norme, la pratique de l’auvergnat serait donc inséparable d’un choix idéologique et tranché sur la société. C’est le mythe d’une identité auvergnate figée, essentialisée et incompatible avec une pluralité de conceptions sur la culture. De telles crispations identitaires existent aussi chez les pseudomistraliens (§ IV.1.5) et chez certains classicistes (§ III.8). Élaboration stylistique — Bonnaud insiste avec raison sur les tournures populaires et traditionnelles de l’auvergnat. Mais il accepte difficilement les caractéristiques du registre formel, tout en étant conscient d’une certaine différenciation entre les registres. ÉCHANTILLON

(Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, site web de l’UNHCR, www.unhchr.ch/udhr/lang/auv1.htm) • Transcription classique - Nonciament daus Dreits daus Òmes per la Tèrra Tentèira (…) — Article dos (2) - Chascun se pòt privaler de tas los dreits moai libiartats fortidas dins çai, sens pas v-un desparciament, nieus be de raça, color, tèira, linga, arligion, d'eivís politique v-o autre mai, d’origina per nacion v-o classa, de richessa, de naissença v-o sitiason de tas sòrtas. De mai, solarán pas v-un desparciament bei la sitiason politica, juridèira, entrenacionèira dau país v-o de la contrada partenencèir, siache queu país v-o contrada siá endeipendent, siá tutelat, sens dreit sieu v-o sometut bei quau que siá devisa de sobranessa. • Norme classique (avec standard régional) - Declaracion Universala daus Dreits Umans • Norme bonnaudienne -

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PREMIÈRE PARTIE

(…) — Article 2 - Chascun se pòt prevaler de totes los dreits e libertats proclamats dins la Declaracion presenta, sens ges de distincion, nieus be de raça, color, sèxe, lenga, religion, d’opinion politica o autra mai, d’origina nacionala o sociala, de fortuna, de naissença o situacion de totas sòrtas. De mai, se fará pas ges de distincion fondada sobre l’estatut politic, juridic o internacionau dau país o dau territòri que la persona ne ressortís, que quel país o territòri siá independent, sos tutèla, autonòm o somés amb quau que siá limitacion de sobeiranetat.

L’école bonnaudienne est très paradoxale. D’un côté, la théorie de Bonnaud sur la langue ignore certains concepts de base du structuralisme et ne sait apparemment rien de la sociolinguistique; le tout se mêle à une idéologie vindicative et extrascientifique contre le classicisme et la société modernisée. Mais de l’autre côté, il y a un travail gigantesque de collectage, de débroussaillage et de publication qu’on doit saluer pour son ampleur et pour l’intérêt des informations qu’il fournit. La revue Bisa nèira et les grammaires et dictionnaires de Bonnaud (1978-80, 1989, GGA, NDGFA), malgré leurs nombreuses erreurs méthodologiques et leur présentation peu pédagogique, restent à ce jour les ouvrages les plus exhaustifs sur l’auvergnat moderne. Un des rares bonnaudiens ayant une formation de linguiste est Karl-Heinz Reichel. Ses descriptions dialectologiques sont tout à fait bienvenues (Reichel 1991, nombreux articles dans Bisa nèira). Mais il ne développe pas de vision sociolinguistique et accepte le sécessionnisme sans l’analyser. Il ne fait pas de comparaison structurale ordonnée au-delà de l’auvergnat: cela l’empêche de voir l’unité du diasystème occitan. Pourtant, lorsqu’on consulte les travaux descriptifs de Bonnaud et Reichel, il saute aux yeux que les formes de l’auvergnat hérité s’inscrivent impeccablement dans le diasystème occitan et dans la continuité de l’occitan médiéval (§ II.7.2, XIII.22). Reichel (1991) explique parfois l’auvergnat à partir du protosystème de l’“ancien provençal”: il suggère ainsi, involontairement, les clés du diasystème d’oc actuel. Sans le vouloir, Reichel et Bonnaud documentent même beaucoup de formes utiles pour l’occitan larg, comme on peut le constater dans les chapitres suivants. Linguistes et arvernistes doivent donc suivre les publications bonnaudiennes, en sachant y distinguer la description sincère de l’idéologie extrascientifique. En comparaison, les classicistes auvergnats ont l’avantage d’utiliser une norme qui facilite la communication large, qui s’insère dans la tradition auvergnate véritable et qui bénéficie d’une base plus scientifique. Ils rattrapent leur retard éditorial avec des ouvrages grand public (Codèrt 2001, 2002; et mieux Roux1 2002). Christian Hérilier prépare un dictionnaire auvergnat classiciste, avec une vraie méthode lexicographique. Les relations entre les deux courants sont déséquilibrées. Les bonnaudiens ne reconnaissent aucune légitimité ni aucun mérite au classicisme. Seuls les classicistes montrent des signes d’ouverture en mentionnant les travaux bonnaudiens (Chambon & Olivier 2000, Codèrt 2001: 121, Roux1 2002: 206-207). On pourrait suggérer aux bonnaudiens d’abandonner leur stratégie de la forteresse assiégée et d’accepter un dialogue scientifique, contradictoire mais fécond, comme il est d’usage dans la recherche. Lorsqu’on est sûr de ses positions, on n’a aucune raison de craindre le débat. Les classicistes, quant à eux, doivent persévérer dans leur offre d’ouverture. Signalons que quelques auteurs du domaine auvergnat écrivent dans des systèmes complètement francisés et personnels, comme l’érudit bourbonnais Marcel Bonin (1981, 1984) et l’écrivain vellave Mille Touénabrus. 102

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IV.3 L’orthographe de l’Escòla dau Pò

Les renaissantistes cisalpins se disent presque tous occitanistes, indépendamment du courant qu’ils choisissent (à l’exception des pseudomistraliens de Combascura). Le renaissantisme d’oc n’a émergé que très tardivement, dans les années 1950 pour l’essentiel, avec des écrivains qui ont adopté dans un premier temps la norme mistralienne. Certains d’entre eux cultivaient le piémontais à côté de l’occitan. La norme mistralienne a été réformée en 1971 par l’Escòla dau Pò ‹Escolo dóu Po› (“École du Pô”), une section locale et éphémère du Félibrige. Ainsi est née l’orthographe dite de l’Escòla dau Pò. Ce courant se limite à l’orthographe. Il n’y a pas un seul commencement de norme orale. C’est également au début des années 1970 que le courant classiciste est apparu dans les Vallées, conséquence de l’occitanisme conquérant de l’époque. Entre les années 1970 et 1990, l’occitan cisalpin a connu un foisonnement incroyable de courants concurrents: mistralien, classiciste, Escòla dau Pò et divers systèmes ponctuels. Celui de l’Escòla dau Pò était dominant (Bronzat 1987: 92). Depuis la fin des années 1990, la norme classique est devenue majoritaire car elle apparaît plus commode pour faciliter les échanges avec le reste de l’Occitanie, dans la dynamique du Temps Trois. Orthographe — L’Escòla dau Pò fait une notation quasi phonématique des parlers locaux. Les distinctions étymologiques de la graphie mistralienne sont supprimées. Par ex. /s/ et /z/ se notent toujours ‹s› et ‹z›: cenre, passar, ròsa → ‹senre, pasar, rozo›. On garde la notation mistralienne qu (+ e, i) = /k/ et le graphème francisé ‹ou› = /u/. Cela permet de réserver ‹u› pour /y/. L’orthographe n’est pas diasystématique, en dehors des graphèmes ch et j qui se réalisent /tS/ et /dZ/ ou /ts/ et /dz/, selon les parlers. Les graphèmes classiques ‹lh› et ‹nh› sont adoptés alors que l’orthographe mistralienne utilisait ‹lh› et ‹gn›. Parfois, il y a quelques petites entorses à la notation phonématique: on ne distingue pas les voyelles et les semi-voyelles (‹ou› = /u/~/w/, ‹u› = /y/~/Á/, ‹i› = /i/~/j/); on distingue les variantes combinatoires possibles de /e/ (= ‹e~ë›) ...mais pas l’opposition /e/~/E/. Norme orale: variété standard, lexique, élaboration stylistique — Ce domaine n’est pas codifié. On note scrupuleusement le parler de son village, en y acceptant toutes les interférences de l’italien et du nord-italien, voire du français, et en pratiquant la distribution fonctionnelle. On ne cherche pas à diversifier les recours expressifs et on ne se pose jamais la question de l’élaboration. ÉCHANTILLON

• Orthographe de l’Escòla dau Pò - (Bernard 1996: quart de couverture) • Transcription classique - Lo Saber, dins la lenga occitana de Blins, nos es semeat un títol just per aquesta òbra que cuelh tot lo saber, la vièlha civilizacion d’aquest pòple que a viugut per tanti siècles presque destachat delh mond. Aiçò l’es sortot un diccionari: dotze mila paròlas de nòstra lenga traduchas en italian. • Norme classique (avec standard régional) - Lo Saber, dins la lenga occitana de Blins, nos es semblat un títol just per aquesta òbra que cuelh tot lo saber, la vièlha civilizacion

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d’aquest pòble qu’a viscut per tantes (tanti) sègles quasi destachat dau (dal) mond. Aiçò es sustot un diccionari: dotze mila paraulas de nòstra lenga traduchas en italian. IV.

4 Quelques expériences marginales

IV.4.1 PROFUSION GRAPHIQUE DANS LES VALLÉES OCCITANES Ce qu’on appelle la graphie phonématique (grafia fonematica ‹grafio funematiko›) a été l’un des courants foisonnants des Vallées Occitanes. Comme l’Escòla dau Pò, c’est une notation étroite et phonématique des parlers locaux, sans norme orale ni élaboration. Mais on ne s’y préoccupe pas des traditions graphiques romanes: ‹k› /k/; ‹s› /s/; ‹z› /z/; ‹u› /u/; ‹w› /w/; ‹ü› /y/; ‹w·› /Á/… On garde cependant ‹lh› et ‹nh› de la tradition classique. On ne note pas la différence phonologique entre /e/ et /E/ et on n’indique pas clairement la place de l’accent tonique. ÉCHANTILLON • Graphie phonématique -

(D. Anghilante 1, livret de la cassette audio: Dario ANGHILANTE e Livio CHIAPELLO [sd.] Chantar Chalendos en Usitanio, Piasco: Ousitanio Vivo) • Transcription classique - Per finir vulh encar dir que amb tota l’emportança que reconoisso a la conservacion e lo respèct de la tradicion musicala de nòsta cultura d’òc, penso que se aquesta cultura vòl contunoar a viure chal que i àbie ’na nòva creacion. • Norme classique (avec standard régional) - Per finir vòlo (vuelh) encara dire qu’amb tota l’importància que reconoisso a la conservacion e lo respècte de la tradicion musicala de nòstra cultura d’òc, penso que s’aquesta cultura vòl contunhar a viure chal que i aia una nòva creacion.

Le renaissantiste Pietro Dao a mis au point une orthographe qui suit les mêmes principes, mais où ‹k› est remplacé par ‹q› (Di Lizan & Dao 1986). Martèl (1983 : 29) mentionne la graphie individualiste de Vignetta pour le parler de Fenestrelle (ainsi que celle de Gamonet pour le parler de Saint-Pierreville, à l’autre bout du vivaro-alpin). Il existe des graphies qui suivent complètement l’italien. On écrit alors ‹ch(e), ch(i), gh(e), gh(i), gn, gli, u, à, ì…›; /y, Á/ sont notés ‹ü›; le -a final est noté ‹o› ou ‹a›… IV.4.2 GRAPHIES HYBRIDES DANS LE VAL D’ARAN Le Val d’Aran a connu quelques graphies hybrides et peu codifiées pendant le XXe siècle, avant que la norme classique ne se généralise au cours les années 1980 (Lamuela 1987b; Sarpoulet 1985; Viaut 1985, 1986, 1987). Lamuela les résume ainsi: A la Val d’Aran, la familiaritat amb tres sistèmas grafics —catalan, espanhòl e francés— e mai los contactes amb l’Escòla deras Pirenèas e sa grafia introdusián la 1

Depuis la publication de ce texte, Dario Anghilante a adhéré à l’usage de la norme classique et participe activement à l’expansion de celle-ci dans les Vallées.

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possibilitat de relativizar la valor de las divèrsas convencions e las rendián totas disponiblas. A part l’usatge de l’ñ espanhòla per qualque autor, tradicionalament èran utilizadas las convencions catalanas e las de l’Escòla deras Pirenèas, en emplegant, pr’aquò, u per [u] e û per [y] e tanben qualques grafias etimologicas —h, v e c— d’un biais irregular. (Lamuela 1987b: 170-171 [1990: 159])

Kremnitz a publié un échantillon de ce type de système: … (C. Adema Mora, Estudio sobre el dialecto aranés, p. 81; reproduit par Kremnitz 1974: 252) • Transcription classique - Era Val d’Aran // Ei era Val d’Aran era ribèra / mès polida de tot eth Pirenèu: / Quan se met era pelha nava (naua) e bèra / non i a arren tan polit dejós deth cèu. // Pes dus costats ua nauta montanha / tostemps la vire d’aires forastèrs. / Semble que non ei de França ne d’Espanha; / ei soleta en ses penes e plasers. // Tot a fèt* separada d’autras tèrras (d’autres tèrres) / pes tucs e pes frontèras (frontères) de nacion, / deth tròç de cèu que ve entre es duas sèrras (dues sèrres) / pòt demorar era sua proteccion… • Graphie hybride -

IV.4.3 L’ANCIENNE NORME DU PNO François Fontan a fondé le Parti Nationaliste Occitan (PNO) en 1959 et l’a dirigé jusqu’à son décès en 1979 1. Il a élaboré une théorie socialiste de libération de l’être humain qui passe par trois fronts: émancipation des peuples (ethnisme), émancipation l’individu face au patriarcat et lutte des classes. En revendiquant une éducation libertaire, Fontan prônait une codification linguistique qui devait éviter toute forme de répression éducative. Pour atteindre ce but, il préconisait une écriture de type alphabétique et phonétique: “toute écriture non alphabétique-phonétique”, disait-il, exprimerait “le conservatisme des classes dirigeantes” et “l’oppression de l’enfance et de l’adolescence par les adultes” (Fontan 1961: 46). Il y a donc eu une norme du PNO, conçue pour l’occitan, élaborée par Fontan et par quelques autres militants, dont Pèire Barral. Elle a été diffusée au début des années 1970 dans les premiers numéros de la revue du parti, Lo Lugarn (on écrivait à l’époque ‹Lu Lùgar›) (selon Alibèrt, Lo Lugar, cf. DicAl). Mais lorsqu’on a essayé de mettre cette norme en pratique, ses inconvénients sont devenus manifestes. La norme du PNO se coupait de toute tradition historique et ne remplissait pas le critère sociolinguistique de l’acceptabilité. Devant le peu d’enthousiasme que suscitait ce système, beaucoup de militants du PNO s’étaient convertis à la norme classique dès les années 1970. Le PNO a fini par abandonner sa norme entre 1979 et 1985 2 et a opté pour la liberté d’utiliser le courant classique ou le courant mistralien. Le courant classique est aujourd’hui le plus employé. Orthographe — Le principe était de noter les sons selon le principe “un son, une lettre”. On peut supposer que les concepteurs de la norme du PNO ne connaissaient 1 2

Depuis 2004, ce mouvement a été rebaptisé Parti de la Nation Occitane. L’abandon officiel a été annoncé durant l’été 1985, dans le n° 23 du “Historique chronologique du PNO”, 82, 2003).

Lugarn

(d’après Jaume RESSAIRE,

Lo Lugarn

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pas les notions de phonème et de morphème. Des phénomènes comme les variantes combinatoires, les neutralisations et le sandhi (apocopes, élisions, assimilations) étaient notés scrupuleusement. Les phonèmes et les morphèmes changeaient constamment d’aspect visuel et n’étaient donc pas faciles à identifier. Voici quelques graphèmes typiques: ‹c, g› [k, g] (même devant ‹e, i, y›), ‹s› [s], ‹dz› [dz], ‹ts› [ts], ‹o› [O], ‹n¢› [N], ‹u› [u], ‹ù› [y], ‹w› [w], ‹y› [j], ‹wŸ› [Á]…Certains graphèmes étaient extrêmement déroutants: ‹x› [≠], ‹h› [¥]… L’accent tonique, dans certains cas, était indiqué par le soulignement de la voyelle tonique. En 1979, une réforme a réorganisé les graphèmes afin d’économiser les diacritiques (Lu Lygar/Lo Lugarn 12: 23, 1979): [y] est passé de ‹ù› à ‹y›, [j] est passé de ‹y› à ‹j›, [N] est passé de ‹n¢› à ‹q›, [Á] est passé de ‹wŸ› à ‹ÿ›, le soulignement (tonicité) est devenu un accent aigu. Ex. ‹Bondu Nosyunolist’ Utsiton¢› → ‹Bondú Nosjunolist’ Utsitoq› (Bandon [Partit] Nacionalista Occitan); ‹Lu Lùgar› → ‹Lu Lygar› (Lo Lugar[n]). Variété standard — La variété standard compensait le caractère non diasystématique (non englobant) de l’orthographe. Elle combinait les traits phonétiques de dialectes très divers: non-distinction entre /e/ et /E/ → ‹e›; réalisation /O/ du a prétonique → ‹o›; distinction /rr/ ~ /r/ → ‹rr› ~ ‹r› (on écrivait ‹rr› même en début de mot); réalisation [w] du v intervocalique → ‹w›; vocalisation du l implosif en u → ‹w›; réalisation [e] de á → ‹e puis é›; réalisation [ts, dz] de ch, j/g → ‹ts›, ‹dz›…La morphologie suivait scrupuleusement les lois de phonétique historique de la variété standard. On n’hésitait pas à remodeler les mots en fonction de ces lois: Garait “Guéret” → Garach* ‹Gorats› (étymon: Waractum, ct > ch); Vichèi “Vichy” → Vichac* ‹Vitsac› (étymon: Vippius° + -acum); Occitània → Occitaniá* ‹Utsitonye, Utsitonjé›. Le fait de picorer dans tous les dialectes reflétait la volonté louable de bâtir une Occitanie décentralisée. Mais l’ensemble donnait un parler artificiel dans lequel on accumulait les traits originaux, par distanciation maximale contre le français. Lexique, élaboration stylistique — Là aussi, on recherchait la distanciation maximale avec le français. Cela conduisait parfois à rejeter des mots irréprochablement occitans: partit devenait bandon* ‹bondu, bondú›. Le sens des mots était souvent détourné: revolucion “révolution” devenait revolum ‹rrewulùn¢, rrewulyq›, mot qui signifie en réalité “tourbillon”. Certains numéros du Lugarn ont publié des éditoriaux en trois graphies: PNO, classique et mistralienne. ÉCHANTILLON

• Ancienne norme du PNO - (éditorial, Lo Lugarn ‹Lu Lùgar› 4:2-4, 1971) • Transcription classique (selon Lo Lugarn) - Entolhar lo cap-davans. — A la develhada occitana corresponon, d’un biais encera [l. enquera] volontós, una sensiblejada emai [l. e mai] un bolec trachidors en Occitaniá. Aquera develhada a fach còlus adora; sensiblejada e bolec eisegisson [l. exegisson] adonca bocaus estreches. I averiá segudas grevas entà los targaires occitans en non saber los amarvir. • Norme classique (et standard général) - Organizar l’avantgàrdia. — Al revelh occitan correspondon, d’un biais encara volontós, una sensibilizacion e mai un bolec creissents en Occitània. Aquel revelh es irreversible adara; sensibilizacion e bolec exigisson adoncas de bocals precises. I auriá de consequéncias grèvas pels militants occitans de los saber pas amarvir.

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IV.4.4 LA “GRAPHIE UNITAIRE” Alors que la guerre des graphies faisait rage en Provence, Jean-Claude Bouvier a proposé en 1983 une tentative originale de médiation. Il a diffusé un texte provençal en combinant les consonnes de l’orthographe classique et les voyelles de l’orthographe mistralienne (1e circulaire du XVIIe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes d’Aix). Cette tentative a été peu suivie. Elle est reparue entre 1998 et 2000 sous le nom de graphie unitaire, à l’initiative de l’association Dralhas nòvas ‹Dralhos novos›, dont le principal animateur a été Ives Gorgaud 1. L’initiative de 1998 n’a pas eu davantage de succès que celle de 1983. C’était prévisible. Même si le but —très louable en soi— était de réconcilier mistraliens et classicistes, la graphie unitaire accumulait les défauts techniques et l’absence de réalisme sociolinguistique: - L’axe syntagmatique du langage lie intimement les consonnes et les voyelles. On ne peut pas demander aux usagers de réfléchir sur ce qu’ils empruntent au courant classiciste et au courant mistralien pendant l’acte d’écriture. - La “graphie” unitaire passait sous silence les questions de norme orale, qui divergent parfois entre classicisme et mistralisme. - La portée géographique du projet n’a jamais été expliquée. La concurrence des courants ne se pose qu’en Provence et en Auvergne. La graphie unitaire n’avait donc aucune chance d’être reçue au niveau panoccitan. - Même en Provence, on peut douter que les classicistes et les mistraliens aient été prêts à renoncer aux normes auxquelles ils s’étaient attachés. D’autre part, la socialisation, l’enseignement et l’édition en provençal se font depuis longtemps dans les deux normes distinctes; on ne pouvait pas demander raisonnablement de réorganiser les politiques pédagogiques et éditoriales selon une nouvelle graphie. ÉCHANTILLON

• “Graphie unitaire” - (essai personnel, d’après la parabole de l’enfant prodigue, ch. XVII) • Norme classique (avec standard régional) - Quauquei jorns après, lo marrit se n’anèt dau vilatge en se gonflant e sensa dire adieu a degun. Traversèt fòrça bosigas, bòscs e ribieras e arribèt dins una granda vila ont despensèt tot l’argent. Au bot de quauquei mes, cauguèt que vendèsse sa farda a una vièlha e se loguèt per vailet. Lo mandèron per lei camps gardar leis ases e lei buòus.

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rgaud a suivi un parcours original. Il semble motivé par la quête esthétique d’un standard littéraire unique. Il a commencé par le classicisme, en évoluant du vellave vers le standard languedocien, mais tout en soutenant le sécessionnisme linguistique gascon (Gorgaud 1997). En 1998, il a soutenu brièvement la graphie unitaire, puis la koinê provençale mistralienne, en se rapprochant du pseudomistralisme et en polémiquant sur le passé d’Alibèrt (§ III.12.4, .1.5; articles dans ca. 1998-2002).

Go

IV

Lo Lugarn,

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Chapitre V

TABLEAU D’ENSEMBLE DES USAGES ET PRESCRIPTIONS Nous sortons enfin de cette jungle inextricable de courants, de normes et d’antinormes. Les oppositions entre les différentes chapelles ne peuvent pas s’expliquer seulement en mettant en avant les vertus de tel ou tel courant. Même si le système classique a des avantages indéniables qui contribuent incontestablement à retrousser la diglossie (diasystématicité, authenticité), le seul fait de l’utiliser n’est pas une garantie de maturité sociolinguistique. Le clivage le plus dramatique oppose avant tout ceux qui ont une conception haute de la langue et ceux qui persistent encore dans les attitudes diglossiques. On tend à retrouver une gamme comparable d’attitudes dans les différents courants. En haut de l’échelle se trouvent les milieux qui se rapprochent de la maturité sociolinguistique. Ils se caractérisent par une conception élevée de la langue, par une discipline normative et par une vision large de la communauté linguistique dans l’espace et l’histoire. Ils évitent d’attiser les querelles entre courants. On trouve dans cette catégorie des classicistes, des mistraliens et des usagers de la norme Escòla dau Pò (et peut-être des éléments épars des autres tendances). Dans cette attitude, l’adhésion à la norme classique présente de toutes façons un grand avantage culturel et technique. Vers le bas de l’échelle, on trouve les minimalistes qui ont une vision limitée de la langue: localisme, subordination intouchable, laisser-aller linguistique, individualisme. Ils se retrouvent dans tous les courants. Enfin, il y a un ensemble très hétéroclite d’individus dont le point commun est d’être des victimes écorchées vives du conflit linguistique, qui s’avèrent incapables de prendre du recul. Ils ne sont pas systématiquement au plus bas de l’échelle, certains peuvent associer des attitudes contradictoires de maturité et d’immaturité sociolinguistique. Mais ils se damneraient pour un accent graphique, pour écraser la chapelle voisine, pour asseoir leur autorité dans un microcosme ou pour imposer leur idiolecte à la postérité. Ils se rencontrent dans tous les courants, avec une concentration particulière chez les partisans du sécessionnisme linguistique (pseudomistralisme, lafitisme, bonnaudisme) et dans certains milieux classicistes (ultralocalisme, règne du notable dans son fief dialectal, antinormisme dialectaliste, réformisme endémique).

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PREMIÈRE PARTIE Fig. V.1 — Les usages et prescriptions: filiations. On détaille surtout les usages développés depuis la fin du XX siècle. En gras = pôles normatifs. En pointillés = antinormes. † = usages disparus. e

SUBORDINATION À L’ESPAGNOL

norme espagnole

usages aranais non classiques, XXe s.†

norme catalane, 1913>

norme mistralienne, 1853>

USAGES AUTOCENTRÉS

usage classique prénormatif, Xe>XXe s.† s.†

graphie PerbòscEstiu, déb. XXe s.†

norme classique, 1935> ,” eir ati nu ieh pa rg “

)? †( 89 91 & 38 91 ~

-c iap ua T e m ro nit na

Escòla deras Pirenèas, XXe s.†

e rm on tin a

e m ro nit na

> 98 91 ~ ,1 ait fa L

,it de tsi V e m ro int na

> 59 91 ~

e m ro nit na

> 59 91 ~ ,o na cs oT

norme bonnaudienne, 1973>

norme française

graphie phébusienne, fin XIXe s.>

usages francisés postmédiévaux, XIVe>XIXe s.†

antinorme VoulandBlanchet, antinorme 1991> Lafita 2, ~2000>

SUBORDINATION À L’ITALIEN

graphies italianisées, fin XXe s.>

> 57 91 ~ ,t al ue T

> 28 91 ~ ,” no ru cu C ed “

ancienne norme du PNO, 1970>85 †

SUBORDINATION AU FRANÇAIS

mistralisme niçois, fin XIXe s.>

norme italienne

norme de l’Escòla dau Pò, 1971> orthogr. phonématique, fin XXe s.>

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Deuxième partie L’OCCITAN LARG DANS LE DIASYSTÈME

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Chapitre VI

SUR LE FONCTIONNEMENT DU DIASYSTÈME VI.1 L’évolution du concept C’est l’Américain Uriel Weinreich (1954) qui décrit le premier le concept de dans son article “Is a structural dialectology possible?”. Cette notion était perçue de manière implicite dans les travaux antérieurs de Ronjat et Alibèrt en occitan et de Fabra en catalan. Lafont introduit le concept de diasystème de manière plus explicite dans la codification de l’occitan, mais sans en prononcer le terme: diasystème

Es possible qu’un estudi estructural (qu’es pas encara fach) dels contactes entre sistèmas fonologics (de las comunicacions interdialectalas) nos permeta de los desgatjar un jorn experimentalament. Sabèm tre ara qu’existisson: sens eles los dialèctes serián impenetrables un a l’autre. (Lafont 1971a: 35)

Au cours des années 1970, d’autres linguistes classicistes ont particulièrement travaillé sur ce concept en vue de son application pratique. C’est Bèc qui a installé formellement le terme de diasystème dans l’occitanistique grâce à un article fondamental: “Per una dinamica novèla de la lenga de referéncia: dialectalitat de basa e diasistèma occitan” (Bèc 1972). Il y explique de manière limpide comment on peut élaborer l’occitan standard tout en respectant les dialectes, grâce à une bonne intelligence des relations interdialectales. Ensuite, dans son Manuel pratique d’occitan moderne (1973), il décrit les relations diasystématiques qui relient les phonologies de quatre entités dialectales: provençal, nord-occitan, gascon et languedocien. Il distingue clairement le diasystème, qui est l’ensemble des liens synchroniques entre les dialectes actuels, et le protosystème, qui est le système originel et théorique, en partie reconstitué, mais commode pour expliquer les divergences dialectales. L’état de langue correspondant au protosystème occitano-roman (§ VII.2) s’étale vraisemblablement entre les VIIIe et XIe siècles, entre le basculement définitif du latin vers les langues romanes (Banniard 1997) et avant l’épanouissement de l’occitan classique. Cet occitan préclassique connaissait dès sa naissance quelques divergences dialectales comme fòrt/hòrt, parlada/parlaa ou cantar/chantar et il a toujours été travaillé par des mouvements évolutifs. Le choix des formes orales ou graphiques qui sont les plus diasystématiques pousse à choisir les traits conservateurs parce qu’ils rendent mieux compte des traits évolutifs; cela aboutit souvent à un résultat qui ressemble au protosystème. Teulat accorde une place primordiale au diasystème et se réfère de manière critique aux travaux de Lafont et Bèc (Teulat 1974a, 1974b, 1974c, 1975a, 1975b, 1976a, 1976b, 1976c, 1977b, 1978 ; articles repris dans Teulat 1985a). Il a remplacé le

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terme diasystème par intersystème puis diagéosystème, mais les autres chercheurs ne l’ont pas suivi. Sur le plan de la norme orale, et de la morphologie en particulier, c’est à lui que nous devons les réflexions les plus précises sur la fixation des formes standard en fonction du diasystème (Teulat 1974a, 1974c, 1976a). Il est seulement regrettable qu’il ait utilisé ses recherches dans le cadre de l’antinormisme. Du côté catalan, enfin, Lamuela (1994, 1995) et Castellanos (2000) reprennent et développent l’ensemble de ces acquis occitans dans des synthèses de portée internationale sur la standardisation et l’établissement, profitables à toutes les langues subordonnées (Lamuela; Castellanos). À cette occasion, Lamuela a remis en lumière l’importante réflexion théorique de Teulat. Depuis les années 1970, certaines langues romanes subordonnées ont développé la notion de diasystème dans leurs codifications respectives (§ III.15). Elles ont reçu une influence de la linguistique occitano-catalane.

VI.2 Au-delà de la phonologie: diasystème et lexique Lorsqu’on relit quelques publications pionnières sur le diasystème, il est difficile d’y trouver une application concrète sur le lexique. On y parle presque uniquement de phonologie. Fabra, Alibèrt et Lafont (1971a) s’appuient sur le diasystème phonologique pour construire l’orthographe. Bèc (1972, 1973) considère uniquement le diasystème phonologique pour décrire la dynamique des dialectes et du standard général. Les nombreux articles cités de Teulat se concentrent avant tout sur la phonologie (et sur les applications graphiques qui en découlent). Cependant, ils font quelques ouvertures timides vers les domaines de la morphologie, de la syntaxe et du lexique. Teulat (1985: 42) évoque très succinctement les notions de diaphonème, de diamorphème et de clés diasystématiques (clés phonématiques, morphématiques, syntaxiques et lexématiques) mais il ne détaille pas au-delà (rappelons que dans sa terminologie, il remplace dia- par inter-: interphonème, clé intersystématique, etc.). Les seuls exemples concrets qu’il fournit sont d’ordre phonologique (p. 42). En somme, les études basées sur le diasystème donnent l’illusion que les exemples phonologiques peuvent s’appuyer sur des cognats toujours disponibles entre les dialectes (cantar/chantar, fòrt/hòrt, ostal/ostau). Or ce n’est pas toujours le cas. Dans les descriptions dialectologiques, ce n’est qu’en second lieu que l’on pense à mentionner l’absence de cognats. Par exemple, sarri ou isard “isard, chamois” dans les Pyrénées s’oppose géographiquement à chamoç dans les Alpes, chata “fille” est typique du provençal et n’a pas de cognat traditionnel ailleurs, belier “février” est surtout utilisé en limousin à côté du mot panoccitan febrier (febrièr, feurèir, heurèr)... Dans de nombreux cas, les cognats existent mais connaissent un usage dialectal différencié par le sens ou la fréquence. Le provençal et le gascon connaissent tous deux ben et plan mais ne les emploient pas de la même manière. Le mot faisan signifie “faisan” en général mais son cognat gascon hasan signifie “coq”. Mai (en gascon mei) signifie “plus” en général; cependant le provençal emploie mai aux sens de “plus” et de “mais”; en outre, il arrive que le limousin emploie mai au sens de “jamais” (Lavalada 2001; cf. catalan et italien). Il en va de même pour les correspondances entre morphèmes: le /-s/ du pluriel a disparu phonologiquement dans une partie du domaine (à moins que sa disparition ne soit compensée par des voyelles allongées, par le prov. -ei ou par la survivance de /-s/ dans quelques articles…). 114

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KATERN 5

L’OCCITAN LARG DANS LE DIASYSTÈME

Si le diasystème permet souvent l’intercompréhension grâce aux correspondances phonologiques, dans quelle mesure cette intercompréhension subsiste en l’absence de cognats ou de correspondances sémantiques? C’est là qu’il devient nécessaire d’étudier le fonctionnement du diasystème sur d’autres plans que la phonologie. Le diasystème phonologique s’appuie sur les unités de deuxième articulation: les

phonèmes rassemblés en clés phonématiques et souvent en diaphonèmes. Teulat (1985: 42-43)

établit une nuance entre les deux derniers termes. - Le diaphonème ne varie pas dans le diasystème, par exemple //k// dans escòla. - La clé phonématique rassemble les phonèmes qui correspondent entre les divers systèmes ponctuels, par exemple la clé //¥, j// qui s’écrit lh; la clé //a, O, ´, u…// (posttonique) qui s’écrit -a. La clé phonématique peut rassembler également une séquence de phonèmes. La séquence /jt/ d’un parler A (notée it) correspond à la séquence /tS/ d’un parler B ou à la séquence /ts/ d’un parler C (notées ch), et ainsi de suite; la clé phonématique est donc: “//tS, ts, jt…// (intervocalique…)”. Contrairement à ce que pense Teulat, il ne me semble pas choquant, dans le cadre d’une notation économique, de représenter une clé diaphonématique par un des composants susceptibles de la représenter, par exemple la clé //¥, j// peut être résumée par le signe {¥}. Certes, Teulat a raison de rappeler que cette notation simplifiée risque d’évoquer le protosystème ou bien la volonté normative d’écrire lh. Mais cette objection ne me semble pas capitale. L’essentiel est que l’on soit conscient de ce procédé. En francoprovençal, Stich (1998, 2001) appelle diaphonèmes aussi bien les clés diaphonématiques que les diaphonèmes de Teulat, et il les note de manière simplifiée, entre accolades: {¥}. Teulat préfère les doubles slashs: //¥, j//. Les deux notations devraient être complémentaires et alterner selon les besoins. Ainsi, par convention: - Les doubles slashs //¥, j// représentent une clé par ses composants. Les points de suspension indiquent qu’on ne mentionne pas tous les composants: //tS, ts, jt…//. - L’accolade {¥} représente une clé par l’un de ses composants. Je parlerai ici, par prudence, de clé diasystématique. Il est entendu que le diaphonème ou diamorphème ou dialexème en est la manifestation la plus simple: c’est une clé qui ne contient qu’un seul représentant. Les phonèmes servent à construire des morphèmes. Le diasystème phonologique englobe un diasystème morphématique plus restreint, qui s’appuie sur les clés morphématiques ou correspondances de morphèmes. Ex: //-àvem, -aviam, -àvam…// — //-s, voyelle allongée, -ei(s)…// (marque du pluriel des noms et adjectifs) — {-cicl-} — {anti-} — {-or}. Les morphèmes permettent de construire des lexèmes. Le diasystème morphématique englobe un diasystème lexématique, plus restreint, qui s’appuie sur les clés lexématiques ou correspondances de lexèmes. Les clés lexématiques varient du point de vue de l’onomasiologie et ont peut les appeler clés onomasiologiques: //sarri, isard, chamoç…// “chamois” — //gal, pol, hasan…// “coq” — //belier, febrièr…// “février” — {escòla} “école” — {mar} “mer” — {Tolon} “Toulon”. Une notation exhaustive, à la fois onomasiologique et morphologique, donnerait: //belier, febrièr (febrier, heurèr, feurèir)…//. 115

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Les unités de sens (clés morphématiques et lexématiques) peuvent être notées de deux manières en fonction des besoins de manipulation. Soit selon le système orthographique: {-cicl-}, {escòla}. Soit à l’aide de signes phonétiques: {sikl}, {es k l }. Une notation plus exhaustive donnerait: //es k l , ej k l , s k l , es k la…//. En fonction de ce qui précède, les unités de sens peuvent être représentées selon deux approches possibles (Teulat 1977b: 93): - Approche sémasiologique, selon les cognats: {faisan} = //faisan, hasan…//. - Approche onomasiologique, selon les sens: {faisan…} “faisan” = //hasan, gal, pol…// “coq”. Les correspondances (ou clés) diasystématiques s’articulent donc comme des poupées russes. L’intercompréhension est optimale, en théorie, lorsque les quatre types de clés sont emboîtés. Ceci se produit très souvent entre les dialectes occitans et catalans. L’intercompréhension est moins facile lorsque les “cercles” intérieurs sont absents. Bien entendu, ce schéma structural est théorique et il faut le tempérer ou le corriger avec les données sociologiques. On verra que certains facteurs sociaux, en effet, jouent aussi un rôle déterminant dans le mécanisme de l’intercompréhension (§ VII.1.5). "

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O O

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O

Fig. VI.1 — L’emboîtement des clés diasystématiques: une configuration de l’intercompréhension

facteurs sociaux - macrosociolinguistiques (représentations, attitudes) - microsociolinguistiques (conditions de l’interaction)

diasystème (dimension structurale)

clés phonématiques, dont diaphonèmes

clés morphématiques, dont diamorphèmes clés lexématiques, dont dialexèmes clés sémantiques intercompréhension optimale (en théorie)

Bien sûr, toute cette présentation est générale et simplifiée. Il y a des cas où les correspondances formelles sont irrégulières: les cercles ne sont plus emboîtés, ils s’entrecoupent. Par ex. penible dans tel parler se dit penable dans tel autre: il y a une correspondance régulière pour le premier morphème pen-, par contre les clés morphématique et phonématique sont perturbées pour -able et -ible. Il ne faut pas oublier les clés syntaxiques. Elles semblent solides en occitan (sous réserve d’études plus approfondies sur la syntaxe). Il est rare qu’il y ait un manque absolu de correspondances entre les recours syntaxiques des dialectes, en dehors de quelques divergences nettes comme me parlar ~ parlà’m “me parler”. Il serait nécessaire de confronter cette approche à celle des générativistes. Ceux-ci explorent une grammaire universelle qui fédère, en somme, tous les diasystèmes.

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Chapitre VII

LES LIMITES EXTERNES DU DIASYSTÈME Dans le cadre de la standardisation du lexique occitan, l’identification des limites externes permet de couper court aux spéculations vides sur le manque d’unité de la langue et sur la soi-disant impossibilité de lui trouver des formes référentielles. Cela est particulièrement intéressant à propos du gascon et du catalan, que quelques auteurs essentialistes voudraient voir comme des variétés trop spécifiques pour participer à des dynamiques plus larges. J’apporte ici quelques éléments qui montrent la cohésion lexicale entre le gascon et le reste de l’occitan, et dans une certaine mesure entre l’occitan et le catalan. En outre, l’appartenance du catalan à notre diasystème et la position de notre diasystème dans la Romania ont des conséquences directes sur les choix de standardisation (critère d’analogie avec d’autres langues, § XI.9). Par ailleurs, ce thème est l’occasion de montrer que la reconnaissance précise des limites de l’occitan est utile pour mener une planification linguistique dans l’espace.

VII.1 Sur la définition de la langue VII.1.1 LES DÉFINITIONS INTERNE ET EXTERNE DE LA LANGUE Il n’est pas question de revenir ici sur la définition structurale et classique de la en tant que phénomène typique de l’espèce humaine: la langue est un système de communication doublement articulé… C’est la célèbre définition “interne” de Martinet (1996: § 1-14) et on la tiendra pour acquise. Mais Martinet décrit la langue comme un système ponctuel et reste vague sur la variation (Teulat 1985: 59). Il est donc nécessaire de compléter la définition “interne” par une définition “externe” qui explique la limite entre les langues. Il y a plusieurs essais de définitions et les chercheurs ne sont pas encore unanimes sur la question. Les directions de recherche qui semblent les plus abouties sont celles de Swadesh et Greenberg, qui restent dans le structuralisme, et de Kloss et Bochmann, qui rééquilibrent la dimension structurale avec une approche sociologique essentielle. langue,

VII.1.2 APPORTS DE LA GLOTTOCHRONOLOGIE ET DE LA DIALECTOMÉTRIE Les travaux de Morris Swadesh et Joseph Greenberg sont étroitement structuralistes mais utiles. Ils ont renouvelé les vénérables traditions de la linguistique comparée. Swadesh a lancé la glottochronologie en 1952 pour mesurer le rythme de

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l’évolution des langues. Il établit une corrélation entre ce rythme et le degré de parenté: une langue mère donne naissance à des langues filles qui divergent l’une de l’autre, progressivement, selon le rythme glottochronologique. Le questionnaire de Swadesh permet de recueillir la partie la moins changeante du lexique fondamental dans les langues étudiées. Il s’appuie sur 100 signifiés de base (Swadesh 1955, 1972b) ou, dans une autre version, sur 200 signifiés. Greenberg a affiné la méthode de Swadesh en mettant au point un questionnaire de 500 items. Il a travaillé également, de manière détaillée, sur les correspondances phonologiques. Sa méthode a permis d’avancer à grands pas dans la classification des langues du Monde, selon une méthode unifiée (Greenberg 1955, 1966, 1971, 1987, 2001-2002; Ruhlen 1991, 1994). Malheureusement, les procédés de Swadesh et Greenberg ont été conçus avant tout pour établir la parenté linguistique à grande échelle et en remontant loin dans le temps. Ainsi Ruhlen (1991: 6-9), un disciple de Greenberg, renonce à établir un critère clair pour délimiter les langues actuelles en synchronie. D’autres auteurs, au contraire, estiment qu’une proportion de 66 % de cognats correspond au seuil de divergence d’une langue (cf. Dubois & al. 1994, art. glottochronologie): on aurait des dialectes d’une même langue au-delà de 66 % de cognats, et des langues distinctes en deçà. Le dialectologue catalan Enric Guiter (1990) fait une utilisation très surprenante de la glottochronologie car il n’analyse pas vraiment la disponibilité du lexique usuel. Il croit déceler des divergences lexicales là où il n’y en a pas (ici § VII.4). À ce propos, dans le cas du berbère, Chaker (2003: 219-220) explique que la divergence lexicale doit être étudiée avec une grande prudence: même si un cognat ne fait pas partie de l’usage courant d’un dialecte, cela ne signifie pas qu’il y soit inconnu. Chaker regrette que le questionnaire de Swadesh ne tienne pas suffisamment compte de ce phénomène. Par conséquent, le seuil des 66 % de cognats est indicatif et doit être interprété avec prudence. L’unité d’une langue ne peut pas se résumer à ce seul pourcentage. Par contre, l’apport de Guiter semble plus intéressant en dialectométrie, pour laquelle il a proposé une méthodologie fort précise (Guiter 1973). Elle permet de mesurer de manière statistique les écarts linguistiques entre les différents points d’enquête d’un atlas et même de tracer des limites précises: à partir de 80 % de différences entre deux points, il s’agirait de deux langues différentes; un taux de 50 % sépare des dialectes. Costa (1990) a appliqué cette méthode pour déterminer la frontière entre occitan et catalan, qui dépasse selon lui les 80 %. Mais d’autres éléments indiquent que le catalan et l’occitan gardent néanmoins une grande cohésion et forment un diasystème commun, comme on le verra plus loin. Une fois de plus, donc, ces seuils en pourcentages ne sont qu’indicatifs et n’expliquent pas tout. Jean Séguy, de son côté, a impulsé des techniques statistiques de mesure des écarts linguistiques dans l’Atlas linguistique de Gascogne (ALG). Elles aboutissent par exemple à la fameuse carte du “champ gradient de gasconnité” (ALG: 2531). Liliane Jagueneau (1987) s’est servi de la dialectométrie pour analyser la structuration des parlers de transition entre poitevin-saintongeais et occitan en Charente (elle utilise les points d’enquête de l’ALO). Mais à ma connaissance, on n’a pas extrapolé ces techniques pour essayer d’établir des limites de langues et de dialectes. D’autre part, selon plusieurs dialectologues, l’analyse des faisceaux d’isoglosses particulièrement denses, décrits par un réseau serré de points d’enquête, permet de déduire qu’il existe des limites de langues. Par exemple, Dalbera (1984, 2003) a établi la limite précise entre l’occitan proprement dit et le royasque (de base ligurienne). 118

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L’OCCITAN LARG DANS LE DIASYSTÈME

Dahmen (1985) et Escoffier (1958a, 1958b) pensent qu’on a suffisamment d’éléments pour esquisser la limite entre occitan et français (malgré des points d’enquêtes peu serrés); Rohlfs (1937: carte 2) est célèbre pour sa carte d’isoglosses qui délimitent le nord-italien, l’italien central et l’italien méridional. Il serait intéressant de confronter toutes ces approches pour rechercher une méthode unifiée. Même si ce consensus n’a pas encore été trouvé, la fécondité des techniques d’analyse permet de ne pas cautionner le relativisme facile qui décrète que toute mesure structurale est impossible (essentialisme, sécessionniste linguistique). VII.1.3 LA LANGUE SELON KLOSS Kloss (1967, 1978) a proposé une définition de la langue en se basant sur l’étude d’un ensemble culturel dont l’histoire est bien connue: les langues germaniques. Il en déduit une distinction entre deux sortes de “langues”: a) La langue par distance (Abstandsprache), qui se démarque des autres langues par la distance structurale. Ce concept coïncide avec la conception de Swadesh et Greenberg. b) La langue par élaboration (Ausbausprache) qui, à travers un processus d’élaboration formelle, s’individualise au point de s’éloigner d’autres variétés avec lesquelles elle a pourtant de fortes affinités structurales. Le concept d’élaboration (Ausbau) de Kloss est un processus d’individualisation qui affecte tous les aspects d’une variété linguistique. Mais il peut désigner aussi le développement les recours expressifs en général, afin de satisfaire l’amplification des fonctions, indépendamment de la question des limites linguistiques (Kloss 1978: 46-55; DSL: art. elaboració). Lamuela adopte la typologie de Kloss. Il fait coïncider le diasystème avec la langue par distance. La langue par élaboration reste dans les limites du diasystème (ou langue par distance) mais sa standardisation se fait dans un sens qui n’est pas unitaire: Posat que siguin presents les condicions socials que la fan possible, la gènesi de llengües definides només per l’elaboració apareix dins de diasistemes lingüístics que altrament permetrien un funcionament unitari de totes les seves varietats. El grau de distància que marca els límits del diasistema i impedeix aquesta mena de funcionament haurà de ser el que defineixi les llengües per distància. (Lamuela 1994: 29)

Dans cette conception, l’occitano-roman (occitan + catalan, § VII.2) forme vraisemblablement un seul et même diasystème. Le catalan est une langue par élaboration qui s’est démarquée de l’ensemble occitan: Wenn hingegen das Slowakische vom Tschechischen, das Weißruthenische vom Russischen, das Katakanische vom Okzitanischen, das Gälische Schottlands vom Irischen als besondere Sprache unterschieden werden, so liegt der Grund nicht in ihrer linguistischen Sonderstellung, sondern in ihrer soziologischen Verselbständigung, so daß man hier auch kurzweg von „Ausbausprachen“ reden kann. (Kloss 1978: 25)

Voici d’autres exemples de diasystèmes dans lesquels des langues par élaboration ont émergé: bas-allemand (bas-saxon, néerlandais), scandinave continental (norvégien 119

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nynorsk, norvégien bokmål, danois, suédois), bulgare (bulgare, macédonien), hindoustani (hindi, ourdou)… VII.1.4 LES APPORTS DE BOCHMANN ET DU GROUPE DE LEIPZIG Le sociolinguiste Klaus Bochmann et son équipe de Leipzig, la Leipziger ont démontré que la politique linguistique a eu une influence importante sur l’évolution structurale des langues européennes, depuis le XVIe siècle (Bochmann 1993b: 41). Or Swadesh et Greenberg ont élaboré leurs techniques de mesure de la distance sur les terrains de langues amérindiennes, africaines et océaniennes. Certaines d’entre elles ont été très peu marquées par les politiques linguistiques, ou bien l’ont été à partir du XXe siècle. La mesure de la distance entre l’occitan et les langues voisines devra envisager ces données historiques. Forschungsgruppe „Soziolinguistik“,

VII.1.5 LE CRITÈRE DE L’INTERCOMPRÉHENSION Le phénomène de l’intercompréhension (ou intelligibilité mutuelle) a souvent été invoqué pour affirmer que des variétés appartiennent à une même langue. Le fonctionnement du diasystème par un emboîtement des clés permet de visualiser le mécanisme d’intercompréhension. On doit cependant le relativiser. Il existe des facteurs possibles de perturbation, d’ordre structural ou social. Ils ont été étudiés par Kloss (1978), Veny (1985) et Aracil (1979) —mentionnés par Lamuela (1994: 28-29)— ainsi que par Wolff (1964) et Casad (1974) —mentionnés par Knecht (1997). Lamuela tient compte, entre autres, des langues subordonnées pour dresser la liste des facteurs perturbateurs: (a) asymétrie structurale entre certains dialectes pouvant bloquer l’intercompréhension; (b) asymétrie dans certains styles ou domaines, phénomène que les langues par élaboration accentuent à travers leur développement séparé; (c) souplesse d’adaptation des individus multilingues pouvant donner l’illusion d’une plus grande proximité; (d) médiation de la langue dominante entre les dialectes d’une langue subordonnée; (e) refus de comprendre une variété qu’on identifie comme distincte de la sienne, ce qui est fréquent dans les langues subordonnées (par exemple, beaucoup d’occitanophones affirment que le parler du village voisin est incompréhensible; les partisans du sécessionnisme linguistique prétendent ne pas comprendre les dialectes dont ils veulent se séparer). VII.1.6 DISTANCE, SENTIMENT D’APPARTENANCE ET COMMUNAUTÉ LINGUISTIQUE Castellanos (2000: 49) synthétise les différents degrés de distance linguistique: - 1 degré (D1): distance d’ordre dialectal, à l’intérieur d’un même diasystème. - 2 degré (D2): entre langues directement apparentées. Ex: portugais et catalan. - 3 degré (D3): entre langues de familles différentes. Ex: allemand et portugais. D2 et D3 coïncident avec les limites du diasystème ou de la langue par distance. D2 existe à l’intérieur d’un continuum dans lequel les limites de langues n’interdisent pas l’existence de zones de transition. La Romania est un bel exemple de continuum. Castellanos (2000 : 43-52) détaille les différents types d’individualisation (individuació) qui permettent à une langue d’émerger dans un tel continuum, grâce à la standardisation. Il er e e

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présente l’occitan comme l’archétype de l’individualisation obstruée: la standardisation a commencé mais n’aboutit pas à cause d’une subordination particulièrement forte. Pour une raison historique, il arrive qu’une langue n’arrive pas à se standardiser de manière autonome et qu’elle soit assignée à un standard venant d’une langue distincte. Castellanos (2000: 51) démontre qu’il s’agit alors d’une forme de subordination. Il appelle assignation (assignació) le rattachement d’un parler à une variété standard. En le suivant, on peut appeler assignation diglossique le rattachement d’une langue ou d’un parler à une langue standard extérieure au diasystème. La communauté linguistique n’implique pas toujours un standard autocentré et ne coïncide pas systématiquement avec le sentiment national (par ex. le francoprovençal assigné au français, le bas-saxon assigné à l’allemand, le zaza et le gorani assignés au kurde). Quoi qu’il en soit, la définition de la langue a avancé grâce à Kloss et aux autres auteurs cités. Cela écarte le relativisme de certains auteurs qui entérinent l’assignation diglossique, qui décrètent qu’il est impossible de définir une langue (ex: Hassanpour 1998 à propos du zaza et du gorani) ou bien qui veulent s’affranchir des données structurales (§ IV.1.6). Ainsi Muljačić (1997) remet en cause les travaux de Kloss et développe un relativisme habile. Mais Castellanos rappelle qu’il ne tient pas compte des données structurales incontournables: La crítica relativista de Muljačić afegeix incerteses a l’anàlisi i, abandonant com fa la consideració de factors lingüístics (com la distància o Abstand), surt dels eixos imprescindibles —lingüístics i socials alhora— per al tractament adequat de la qüestió. (Castellanos 2000 : 45)

Le relativisme ressemble à une attitude de facilité qui évite de s’attaquer à toute la complexité du problème, qui est à la fois social et structural. Par conséquent, la confrontation minutieuse entre les sentiments sociaux d’appartenance et la structure des diasystèmes est la démarche la plus féconde et la plus courageuse en sociolinguistique. La complexité des sentiments d’appartenance a débouché sur de nombreuses tentatives pour définir le concept de communauté linguistique. On a proposé le terme groupe de langue maternelle ou GLM (Breton 1983: 48-49), mais le mot “maternel” exclut ceux qui récupèrent la langue ou qui s’y intègrent. Il existe aussi la notion de linguie ou glossie, qui désigne strictement l’ensemble des locuteurs d’une langue (occ. lingüia, cat. glòssia, Teulat 1981, Lamuela 1994: 23-24). Mais en tenant compte des dynamiques de substitution et de récupération, il apparaît opportun de conserver la notion large de communauté linguistique. Baggioni, Moreau et De Robillard (1997 : 91-92) proposent une définition intéressante de ce concept en tenant compte des définitions antérieures de Gumperz, Fishman, Labov et Bourdieu. Ils voient la communauté linguistique comme une “unité de gestion de ressources linguistiques”. Ses contours sont variables et adaptables à l’étude de situations très diverses. En cas de subordination, des communautés linguistiques peuvent s’emboîter les unes dans les autres. Ils citent comme exemple la communauté du créole réunionnais qui est emboîtée dans celle du français. D’après ce modèle, la communauté linguistique occitane se trouve écartelée et aspirée par trois autres communautés : celles du français, de l’italien et de l’espagnol (et dans une moindre mesure, celles du nord-italien et du catalan). Le modèle de Baggioni & al. nous permet de décrire la communauté linguistique occitane de manière ouverte et dynamique: c’est une société possédant l’occitan comme héritage culturel commun, 121

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incluant les locuteurs et les non-locuteurs. Les non-locuteurs restent en contact avec des bribes d’occitan (francitan, toponymes, etc.) car ils appartiennent à une société dont l’occitan est la langue traditionnelle. Certains non-locuteurs revendiquent d’ailleurs l’héritage culturel d’oc. Cette définition présente trois avantages: a) Elle tient compte des interlectes (Boyer 2001: 70) qui créent un continuum sociolinguistique reliant tous les habitants de l’espace occitan: occitan hérité, occitan reconstitué, francitan, argot français importé, français colloquial importé, français officiel méridional, français officiel (Lafont 1984 : 97-103). Un continuum similaire existe à coup sûr dans les

Vallées Occitanes (variétés d’occitan, de nord-italien et d’italien; Zone Grise; royasque). Il y a peut-être un continuum dans le Val d’Aran (variétés d’occitan, de catalan et d’espagnol). Il a existé un continuum spécifique à Monaco au XXe siècle (variétés d’occitan, de monégasque, de corse, de français et d’italien, cf. Arveiller 1967: § 1). b) Elle n’exclut personne dans un processus de récupération. Les non-locuteurs font partie de plein droit de la communauté linguistique occitane et ils jouent forcément un rôle dans la récupération ou le recul de la langue d’oc, même si c’est involontaire. c) Elle tient compte de l’évolution constante de la communauté, qui peut aller dans un sens positif (récupération et établissement) ou négatif (substitution et disparition). Il existe deux indicateurs importants pour évaluer les chances de survie de la langue: la force du sentiment d’appartenance à la communauté linguistique et la présence d’un noyau de locuteurs complets (Sánchez Carrión 1987, mentionné dans DSL: 74).

VII.2 La place de l’occitan dans la Romania La pratique de l’occitan oscille entre la standardisation autocentrée et l’assignation diglossique à des standards extérieurs (français, italien, espagnol) avec toute une gamme de situations intermédiaires (normes non classiques, classicisme minimaliste acceptant les interférences). Cette assignation diglossique peut encore fausser l’analyse de certains linguistes. Ils reproduisent le binôme rhétorique langue d’oïl-langue d’oc comme s’il s’agissait d’un système uni et composé de deux faces indissociables. Ils oublient qu’il s’agit là d’un vieux mythe véhiculé par des historiens qui n’entendent rien aux réalités linguistiques (la “France d’Oïl” et la “France d’Oc” —sic— de Jules Michelet ou Fernand Braudel)… À partir de cette vision, on glisse rapidement vers le concept absurde d’une langue “française” englobant l’oïl et l’oc (ex: plan de Bourciez 1910; Arrivé & al. 1986: 270-273; “aire francophone” de Breton 2003). Le francoprovençal est écrasé dans ce schéma alors que c’est une langue autonome (Stich 1998: 30-31, Tuaillon 1972). En réalité, le duo oïl-oc a été inventé en amputant le trio langue de si, langue d’oc, langue d’oïl que Dante avait imaginé à la fin du XIIIe siècle, afin de justifier les ambitions littéraires de l’italien. Cette construction ne peut pas servir de base sérieuse à la linguistique comparée. Un autre aspect du problème réside dans la tradition lexicographique française. Les dictionnaires français ne reconnaissent l’existence de l’occitan que du bout des lèvres, n’arrivent pas à le définir ni à noter ses étymons de manière cohérente (Sauzet 2002a, 2003). On va jusqu’à nier les étymologies occitanes (Kremnitz 1975). 122

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Il n’est pas question de nier qu’il y a des liens entre l’occitan et le français. Il faut simplement admettre que l’occitan se relie avant tout au catalan dans un diasystème occitano-roman. Ce n’est qu’en second lieu que l’occitano-roman présente des affinités avec le francoprovençal, l’espagnol, le français et le nord-italien. La classification des langues romanes par Bèc (LLO, Bèc 1970-71) est le seul modèle qui permette d’expliquer sérieusement les relations entre l’occitan et le reste de la Romania. Il maintient les quatre groupes de la romanistique traditionnelle: ibéro-roman (galaïco-portugais, espagnol…), gallo-roman (français, francoprovençal…), italo-roman (italien, corse, peut-être sarde…) et balkano-roman (roumain…). Mais ces groupes ne s’identifient avec netteté que dans la périphérie de la Romania. Les langues romanes centrales (occitan, catalan, aragonais, nord-italien, romanche, ladin, frioulan) ne peuvent pas se rattacher de façon exclusive à un seul de ces groupes (LLO: 31). VII.3 Le catalan est-il de l’occitan?

VII.3.1 UN DESTIN PARTICULIER Du point de vue socio-historique, il est certain que la Catalogne et l’Occitanie ont fait partie du même ensemble culturel pendant le Haut Moyen Âge (Banniard 1991: 66) et jusqu’au XIIIe siècle au moins (Bonassié 1979). D’une certaine manière, on peut dire que la Catalogne a été occitane si on accepte de donner à occitan un sens élargi et rétroactif pour cette époque (cependant, n’oublions pas que le terme occitan n’apparaît qu’à la fin du XIIIe siècle). C’est à partir du XIIIe siècle que le destin particulier des Pays Catalans s’affirme à travers l’essor de la couronne catalano-aragonaise. Les renaissances occitane et catalane sont demeurées longtemps évasives sur l’intégration éventuelle des Pays Catalans dans l’Occitanie. Certains faits restent quand même significatifs. L’occitan classique est resté une référence pour la poésie catalane jusqu’à la fin du Moyen Âge. Les Catalans (au sens large) ont pu appeler leur langue llemosí aux XVIIIe et XIXe siècles. Il y a eu une maintenance catalane du Félibrige. L’occitanisme du début du XXe siècle intégrait la Catalogne dans le concept d’Occitanie (Lafont 1974: 113-132 passim, 247-252). Le philologue catalan Antoni Maria Alcover affirmait au début du XXe siècle que le catalan faisait partie de l’occitan mais ses arguments étaient extrascientifiques et peu efficaces (Massot 1985: 114-120). La question ne s’est clarifiée qu’en 1934. Un article intitulé “Desviacions en els conceptes de llengua i pàtria”, signé par un collectif d’intellectuels catalans, Fabra en tête, affirmait que le catalan était une langue distincte de l’occitan (Fabra & al. 1934). Les arguments avancés peuvent s’analyser ainsi: a) Les signataires du texte de 1934 avançaient le prétexte que la Catalogne ne devait pas se diluer dans un ensemble trop vaste. Il est vrai que le catalanisme avait pris beaucoup d’avance sur l’occitanisme au début du XXe siècle. Au moment où le Principat conquérait son autonomie dans la République Espagnole, la “Grande Occitanie” allant de Montluçon à Elx était un espace encombrant et difficile à assumer pour les Catalans (Lafont 1974: 250). Mais le raisonnement était faux: la Catalogne était le pôle le plus dynamique du renaissantisme, on ne voit pas comment elle aurait pu se diluer dans un espace occitano-catalan dont elle était le moteur. 123

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DEUXIÈME PARTIE b) D’autre part, les signataires affirmaient la solidarité patriotique du Principat avec le reste des Pays Catalans. Ils s’opposaient aux minimalistes qui étaient tentés de limiter le concept national de “Catalogne” aux “quatre provinces” du Principat (Lleida, Gérone, Barcelone et Tarragone). Ce texte de 1934 mélange les arguments politiques et pseudoscientifiques; il est irrecevable sur le plan de la méthode linguistique. Mais il exprime une perception culturelle qui va dans le sens de la trajectoire historique particulière des Pays Catalans depuis le XIIIe siècle. Cette position a été acceptée depuis par la quasi-totalité des occitanistes et des catalanistes parce qu’elle est réaliste du point de vue de la conscience historique des deux communautés linguistiques. Cependant, après 1934, des personnalités ont continué à affirmer la fraternité des deux communautés linguistiques, comme le Catalan Josep Trueta dans The spirit of Catalonia (1946). Les Catalans ont eu raison d’affirmer leur originalité culturelle et historique par rapport à l’ensemble occitan. Mais une interprétation trop nombriliste de cette idée a des conséquences regrettables qui desservent le catalan. En effet, la standardisation du catalan n’envisage presque jamais les solutions communes avec l’occitan; cela accentue la dépendance servile du catalan envers un modèle espagnol unique (§ XI.9.2).

VII.3.2 UNE LANGUE PAR ÉLABORATION D’un point de vue structural, essayons d’estimer la solidité du diasystème occitano-catalan. Le consonantisme du catalan n’a rien de très original. Il relève de l’ensemble supradialectal aquitano-pyrénéen qui rassemble catalan, languedocien méridional et gascon. L’aquitano-pyrénéen se rapproche de l’occitan central pour constituer un ensemble encore plus vaste, le préibérique (§ VIII.2.1). Le vocalisme catalan connaît par contre une configuration originale: il se démarque de l’occitan par l’existence de [o] fermé et l’absence de [y]. La morphologie dérivationnelle et flexionnelle du catalan ne diffère pas énormément de celle de l’occitan. Là, une coupure dans l’ensemble occitano-roman est surtout identifiable entre le gascon et le reste du domaine. Le catalan se distingue au plus par le temps composé estàs parlant “tu es en train de parler” mais les morphèmes utilisés dans cette construction restent connus de l’occitan. C’est surtout le lexique qui fait l’originalité du catalan en face de l’occitan. Même si le lexique fondamental reste largement convergent entre les deux langues, le catalan connaît un certain nombre de cas qui se démarquent dans le diasystème par l’absence de cognats ou par un sens original. Des exemples significatifs de ce phénomène sont faciles à relever lorsqu’on exploite le Diccionari de mila mots de Taupiac (1992), qui propose de traiter le lexique fondamental de l’occitan en fournissant les équivalents catalans. Les mots se présentent dans cet ordre: catalan ~ occitan. • Absence de cognats pour un même signifié dans la formation populaire et les emprunts anciens: àpat~repais “repas”; avi àvia ~ papet mameta (pepin menina, pairan mairana, pairbon mairbona…) “grand-père grand-mère”; curar~sonhar “soigner”; des de ~ dempuèi “depuis”; en algun lloc ~ endacòm (en qualque part) “quelque part”; esmorzar~dejunar “petit-déjeûner”; estació (savant) ~ sason “saison”; feliç ~ aürós -osa “heureux”; fins i tot ~ quitament (e mai, finda…) “même” (adv.); germà germana ~ fraire sòrre “frère sœur”; groc -ga ~ jaune -a “jaune”; igual ~ parièr -a “pareil -eille”; llarg -a ~ long -a “long -gue”; massa ~ 124

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tròp “trop”; nen nena (infant, savant) ~ mainatge (enfant) “enfant”; noi noia (xic xica, al·lot -a) ~ dròlle -a (gojat -a) “garçon fille”; pròxim -a (savant) ~ prochan -a “prochain -e”; sentir~ausir “entendre”; sí~òc “oui”; tarda ~ aprèsmiègjorn (tantòst…) “après-midi”; tercer -a ~ tresen -a (tresesme -a, tresau) “troisième”; tia~tanta “tante”; tot i això (amb tot, tanmateix) ~ pr’aquò (pasmens, ça que la, totun…) “cependant”; triar (escollir) ~ causir “choisir”. • Absence de cognats pour un même signifié dans la néoformation: [cap]aç ~ [cap]able -a; exèrcit~armada “armée”; [expr]essar~[expr]imir; motoreta~mobileta; notícia~novèla

“nouvelle (information)”. • Correspondance asymétrique des cognats pour un même signifié: ajustar (afegir) ~ ajustar (apondre) “ajouter”; algun -a (qualque) ~ qualque “quelque”; aturar (arrestar) ~ arrestar “arrêter” (occ. aturar = “contraindre, réprimander, fixer”); auto (cotxe) ~ auto (veitura) “auto (voiture)”; cansar (fatigar) ~ cansar (fatigar, alassar) “fatiguer”; demanar (preguntar) ~ demandar “demander”; dolent -a (mal -a) ~ marrit -ida (mal -a, malvatz -asa, maissant -a) “mauvais -e”; forat ~ trauc (forat) “trou”; gana (fam) ~ fam (talent) “faim”; matar ~ tuar (matar) “tuer”; pis (apartament) ~ apartament “appartement”; poble (vilatge) ~ vilatge “village”; una mica (un poc, un xic) ~ un pauc (un chic, un drin…) “un peu”; vermell (roig) ~ roge “rouge”; vos (vostè) ~ vos “vous” (forme absolue, sg.). • Cognats ayant des signifiés nettement différents: avi àvia “grand-père, grand-mère” ~ avi àvia “aïeul -e”; alhora “à la fois” ~ alara “alors”; aranja f. “pamplemousse” ~ irange m. “orange”; armada “marine militaire” ~ armada “armée”; dejunar “jeûner” ~ dejunar “prendre le petit déjeuner”; llarg -a “long” ~ larg -a “large”; saó “maturité” ~ sason “saison”. Il arrive que le lexique catalan ne corresponde qu’avec une partie des dialectes occitans. Cela atténue l’originalité du catalan: assajar (provar, intentar) ~ assajar (provar) “essayer”; casa ~ ostal (maison, casa) “maison”; com ~ cossí (coma, com) “comment”; esquerre -a ~ esquèrre -a (senèstre -a, mance -ça, senèc -a) “gauche”; gens ~ ges (brica, brisa, gran…) “pas du tout”; només ~ sonque (pas que, nonmàs, mas, mas que…) “ne … que”; potser ~ benlèu (bensai, sepòt) “peut-être”; sempre ~ sempre (totjorn, tostemps) “toujours”. Le catalan s’insère donc très facilement dans le diasystème occitano-roman sur les plans phonologique, morphologique et syntaxique. Mais plus les clés lexématiques et sémantiques font défaut, plus l’intercompréhension est difficile. C’est là-dessus que se fonde l’éloignement du catalan. Il est sans doute ancien. Mais il a été accentué par le destin séparé des Pays Catalans au sein de la couronne catalano-aragonaise puis espagnole (dont la Catalogne Nord n’a été séparée que tardivement). Depuis le début du XXe siècle, le catalan s’est standardisé à part, en tant que langue par élaboration, et cela a accentué son originalité.

VII.4 Remarques sur l’occitanité du gascon D’un point de vue scientifique, le gascon ne peut pas être considéré comme une langue à part entière dans le groupe occitano-roman, contrairement au catalan. En effet, du point de vue social, les Gascons ont toujours adhéré au renaissantisme occitan et ils l’ont souvent mené par des initiatives d’avant-garde (Calandretas, Institut Occitan, Vistedit, autonomie aranaise…) Rappelons aussi que gascon tendait à être synonyme d’occitan sous l’Ancien Régime (Gardy 2001: 47-55). 125

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Examinons aussi la question d’un point de vue structural. On commencera par écarter l’hypothèse de Guiter (1990) qui pense que le gascon se serait séparé du “provençal” en vertu de la glottochronologie. Guiter se trompe lourdement en inventant des oppositions lexicales qui n’ont jamais existé: il oppose gas. càder ~ pro. tombar “tomber” alors que le gas. dit aussi tombar et le pro. caire… Plus sérieusement, la distinction structurale entre le gascon et le reste de l’occitan existe dans les cas suivants: - Des traits anciens de phonétique historique, dus à une influence basque bien identifiée: f > h; n intervocalique > ∅; ll latin > -th/-r-; r- > arr-; métathèse de r, etc. - Une morphologie originale dans la flexion verbale et la morphosyntaxe, des énonciatifs fréquents (mais ils ne sont pas exclusifs du gascon, § XIII.20). Le gascon n’est pas particulièrement original dans la syntaxe générale (en dehors de la morphosyntaxe), ni dans la gamme des phonèmes (type aquitano-pyrénéen et préibérique), ni dans la morphologie dérivationnelle et flexionnelle des noms et adjectifs. Enfin, le domaine des lexèmes est moins original en gascon qu’en catalan. Il y a certes des mots typiquement gascons comme drin “peu” ou hasan “coq” (mais pour le sens de “coq”, on dispose quand même d’un cognat: gas. poth = lg. pol). Le lexique fondamental du gascon reste bien intégré dans le diasystème. Cette grande convergence des clés lexématiques et sémantiques établit l’occitanité du gascon de manière incontestable. Elle facilite grandement l’intercompréhension et compense la divergence partielle des clés phonologiques et morphologiques. Si on reprend le Diccionari de mila mots de Taupiac (1992), les divergences du lexique fondamental entre le gascon et les autres dialectes apparaissent peu nombreuses. Les mots se présentent dans cet ordre: occitan gascon ~ reste de l’occitan. • Absence de cognats pour un même signifié (formation populaire et emprunts anciens) en[vath]~ a[val] “en bas” • Absence de cognats pour un même signifié (formation savante ou néologismes): pas d’exemple trouvé dans le lexique fondamental. • Correspondance asymétrique des cognats pour un même signifié: dròlle -a (gojat -a) ~ dròlle -a “garçon, fille”; boita (capsa, caisha) ~ boita “boîte”; dinc (dusca, entrò…) ~ fins (entrò, dusca…) “jusque”; hame ~ fam (talent) “faim”; quin (com, cossí) ~ cossí (coma) “comment”; dia (jorn) ~ jorn “jour”; papet mameta (pairan mairana, pairbon mairbona…) ~ papet mameta (pepin menina…) “grand-père grand-mère”; tostemps (totjorn) ~ totjorn (tostemps, sempre) “toujours”; un drin (un chic…) ~ un pauc (un chic…) “un peu”. • Cognats ayant des signifiés nettement différents: pas d’exemple dans le lexique fondamental. On pourrait affiner les résultats en comparant le gascon et le catalan, ainsi que chacun des dialectes et sous-dialectes du diasystème, deux à deux. En croisant les données recueillies du lexique fondamental (du type de Taupiac) et des 100, 200 ou 500 items des questionnaires de Swadesh et Greenberg, on arriverait à des résultats plus précis. Mais une première conclusion apparaît déjà de manière certaine. Dans le diasystème, l’originalité du gascon est d’ordre phonétique et morphologique. L’originalité du catalan est d’ordre lexical et sémantique. L’intercompréhension du catalan avec le reste du diasystème est donc moins bien assurée que celle du gascon 126

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avec le reste du diasystème. Ce qui doit surprendre, ce n’est pas que le gascon soit de l’occitan, c’est que le catalan ne soit plus de l’occitan.

VII.5 À l’orée du diasystème: zones de transition, zones bilingues, enclaves et groupes alloglottes On distingue les catégories suivantes. (a) Les zones de transition concernent des aires relativement étendues (Croissant, pays de Romans, Zone Grise, Pays Mentonnais, Haute-Roya, Petite Gavacherie, Capcir, Vallée de Benasque) ou peuplées (Monaco). (b) Les parlers hybrides et ponctuels se limitent à une commune de la limite linguistique. (c) Les zones bilingues connaissent la coexistence de deux langues traditionnelles, sans variété de transition: Petite Gavacherie, Bas-Adour. (d) Les communautés alloglottes et non territoriales sont des groupes d’Occitans ayant des langues propres à leurs communautés. VII.5.1 LE CROISSANT À l’extrême nord de l’Occitanie, les parlers du Croissant occupent une frange en forme de croissant comprenant le Sud du Bourbonnais, le Nord de la Marche et une lisière étroite en Charente Occitane. Ils font la transition vers le français. Escoffier (1958a, 1958b) a démontré qu’il y a aussi des influences francoprovençales dans le sud-est du Bourbonnais (-ada > -aa, comme en vivaro-alpin, parfois francisé en -ée). Le concept de Croissant est apparu dans la thèse de Ronjat en 1913 (Brun-Trigaud 1990: 329). Par commodité, ces parlers pourraient être appelés croissantais, même si ce néologisme risque de déplaire aux puristes. On n’en a pas encore fait de description d’ensemble mais les enquêtes partielles font penser qu’“ils n’ont (…) jamais formé historiquement un ensemble stable et cohérent” (Brun-Trigaud 1990: 19) et Ronjat témoigne de leur éclatement (Rj: § 11). Sans nier leur caractère de transition, leurs traits occitans dominent sur les traits français, comme l’ont démontré les recherches convergentes de Tourtoulon & Bringuier (1876), Escoffier (1958a: 177-178; 1958b), Dahmen (1985), Chambon & Olivier (2000: 89, 105) et Quint (1991, 1996, 2002). Dubuisson (1976) a expliqué que les locuteurs naturels d’oc et d’oïl se reconnaissent sur les marchés et qu’ils sont conscients de leurs différences culturelles. Seul Ronjat insiste plus que les autres sur l’impression que ces parlers sont mixtes entre l’oc et l’oïl (Rj: § 11). L’occitanité du Croissant est confortée localement par certaines prises de conscience linguistiques qui se veulent occitanes et par des expériences locales où l’on a cultivé ces parlers en se servant de la norme de l’occitan (Merle 1977: 208-210, Quint id.). Par ailleurs, le grand écrivain Valery Larbaud, originaire de Vichy et d’expression française, a affirmé son attachement à l’Occitanie (Larbaud 1927: 177; Dupuy 1989: 193). Il est donc impensable que l’Occitanie se conçoive en dehors du Croissant. Le Croissant montre donc des prédispositions favorables à la promotion de l’occitan. Le développement des standards régionaux limousin et auvergnat, s’il est bien expliqué et accepté, créerait une référence culturelle autocentré du côté d’oc, ce qui ferait contrepoids à la francisation accélérée. De plus, la composition de l’auvergnat et du limousin référentiels a tout intérêt à intégrer les ressources expressives fort précieuses qu’on trouve en croissantais et qui ressortent clairement du diasystème 127

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occitan. La francisation est loin de les avoir toutes éliminées. Sur le plan lexical, en particulier, l’occitan du Croissant peut apporter des lexèmes très intéressants à l’ensemble de l’occitan larg. On trouve par exemple chez Escoffier (1958b): la doson ‹la douzou› “le canal de drainage”, vas ‹va› “cercueil”, se lapar a ‹se lappa à› “commencer (un travail)”, cròia ‹croye› “pomme (ou poire) sauvage”, cossat ‹coussat› “houx”, parnhon ‹pargnon› “amande de la noix”, tuin “pinson”, liam de chauças ‹yan-t-chausses› (> lg. liam de cauças) “jarretières”, etc. Les parlers les plus exposés au risque d’élimination, dans un sursaut de résistance, créent des formations onomatopéiques qu’il convient aussi d’intégrer dans le lexique référentiel: Escoffier (1958b: 135) indique à Trézelles et Boucé (Bourbonnais): fretolhar et fretassar ‹fretouiller, fretasser› “faire un bruit furtif dans les broussailles”, tossinar ‹toussiner› “tousser sans arrêt”, pofinar ‹pouffiner› “tousser avec un bruit étouffé”, cressissada (cressissaa ‹cressissée›) “craquement de tonnerre”, etc. Le Croissant a été sans doute confronté à une interférence française plus précoce que dans les autres terres occitanes. On peut supposer un lien avec les mouvements plus larges de recul de la limite oc-oïl vers le sud depuis le Moyen Âge. La limite initiale passait probablement aux alentours de Rochefort, Niort, Poitiers et l’extrême sud du Berry jusqu’au XIIe siècle 1. Lavergne (1909) a édité les premiers documents bourbonnais en langue vulgaire qui s’échelonnent de 1245 à 1325: ils sont écrits dans une langue composite à dominante française mais comprenant des traces de la scripta occitane, notamment dans les documents du sud de la région (pp. 109-147 passim). Ex: (1301, à Verneuil. In Lavergne 1909: 62. C’est moi qui souligne.) (1301. In Lavergne 1909: 72. C’est moi qui souligne.)

Même si les documents de Lavergne sont insuffisants pour tirer des conclusions définitives (Rj: § 18), ils permettent de supposer, avec Escoffier (1958a: 9-10), qu’il y avait une diglossie précoce dans le Bourbonnais dès la seconde moitié du XIIIe siècle. 1

Pignon (1960: 516), Wüest (1969: 56) et Castellani (1969: 201-235, 1978: 61-73, 1986: 63-84) ont développé l’hypothèse d’une limite plus septentrionale jusqu’au XIIe siècle. Cela rendrait compte de l’éclosion de l’art occitan des troubadours autour de Guillaume IX de Poitiers, vers 1100, ainsi que le substrat occitan en poitevin-saintongeais. Selon Castellani, l’ancienne limite passait vers Rochefort, Niort et Poitiers; selon Pignon elle aurait pu aller jusqu’à la Vendée. Dahmen (1985) fait état de traces d’occitan dans le sud du Berry. Ensuite, le français aurait progressé en Poitou, Saintonge et Angoumois entre les XIIIe et XVe siècles pour des raisons encore mal éclaircies (défrichements du XIIe siècle? conquêtes de Philippe Auguste? dépeuplement de la Guerre de Cent Ans?). Ces évènements auraient favorisé le peuplement ou le repeuplement par des paysans francophones. Rouche (1979: 154-157) propose une ancienne limite remontant jusqu’au Morvan, entre les VIe et VIIIe siècles, mais cela est incompatible avec la date d’éclosion des langues romanes vers 650-750 (Banniard 1997: 32).

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À côté de l’occitan, langue usuelle, le français y était devenu très tôt la langue de l’écrit et du pouvoir des seigneurs de Bourbon pour des raisons qui sont mal explicitées. Bien que la limite nord du Croissant soit assez stable dans l’histoire récente, les enquêtes de terrain permettent d’observer une progression des traits français au détriment de traits occitans, selon une progression nord-sud (Simoni-Aurembou 2003: 141; exemples chez Bonin 1981: 14; Terracher 1913-14: atlas 81-85 [cité par Brun-Trigaud 1990: 321-323]). Cela démontre que les traits occitans, encore sensibles aujourd’hui, étaient plus solides dans un passé récent. Dahmen (1985: 147-149) démontre que des traits occitans subsistent dans le sud du Berry. Escoffier (1958a: 1213), par contre, estime que les parlers occitans du Bourbonnais sont restés relativement stables entre la fin du XIXe siècle et ses enquêtes des années 1950 1. Cette différence dans la progression du français est expliquée par Ronjat (Rj: § 18): l’ouest du Croissant, vers la Marche et le Berry, est sujet à une francisation récente tandis que l’est, vers le Bourbonnais, connaît des parlers de transition plus anciens. VII.5.2 LE PAYS DE ROMANS Le romanais est parlé autour de Romans-sur-Isère (Drôme) et fait la transition vers le francoprovençal. Martèl (1983: 7-8) rappelle les recherches de G. Tuaillon, J.Cl. Bouvier, J.M. Effantin et J.M. Monnier sur ce parler. Pour l’instant, la plupart des publications considèrent que le romanais est essentiellement occitan, et ceci est même incontestable d’après Tuaillon. Le terrain semble donc favorable à une planification linguistique en faveur de l’occitan. Quelques parlers francoprovençaux possèdent des traits occitans, notamment ceux de la Matheysine autour de La Mure. Ronjat les considérait comme occitans (Rj: § 12) mais aujourd’hui on préfère les ranger dans le francoprovençal (§ VII.6.2). VII.5.3 LA ZONE GRISE Les parlers de la Zone Grise occupent la partie basse des Vallées Occitanes. Le nord-italien, se trouvant en position de force, a grignoté les positions de l’occitan dans les basses vallées depuis les XIXe et XXe siècles (Rj: § 18; Grassi 1958; Dauzat 1928: 93-99). On y parle un occitan piémontaisisé. Le piémontais a même remplacé l’occitan dans certaines localités. Mais depuis la fin du XXe siècle, de nombreux occitanophones des Hautes Vallées s’installent dans les Basses Vallées et tendent à réoccitaniser linguistiquement la Zone Grise. C’est une conséquence de l’attraction des petites villes des basses vallées comme Borgo San Dalmazzo et Dronero. Les pages locales de la revue Occitània Viva ‹Ousinatio Vivo› relatent les nombreuses activités culturelles qui témoignent de la récupération de l’occitan dans la Zone Grise. Par conséquent, la planification linguistique de l’occitan est tout à fait légitimée dans la Zone Grise.

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L’occitan laisse même des traces importantes dans les parlers français qui jouxtent le Croissant, comme à Varennes-sur-Allier: coutâ (< costat) “côté, coûté”, pra (< prats) “prés”, tsâgne (< chasnhe) “chêne”, cou (< queu) “ce”, que l’oïasse (< quela aiaça) “cette pie” (conte transcrit par Duchon 1904: 119-120).

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VII.5.4 LE PAYS MENTONNAIS Le parler mentonnais ou mentonasque est utilisé à Menton et dans les communes voisines de Roquebrune-Cap-Martin, Gorbio, Sainte-Agnès et Castellar. Il a une majorité de traits occitans et une minorité de traits nord-italiens (Dalbera 1984, 2003). La revendication linguistique locale se veut occitane et provençale, sans ambiguïté (Caserio & al. 2001: 7-30). Venturini (1983: 26-27, 29-30) suppose que le mentonnais serait constitué d’un vieux fond provençal marqué par une immigration ligurienne au Bas Moyen Âge, selon des données démographiques et historiques. Par contre, Forner (2001) y voit un fond ligurien archaïque, proche du royasque, recevant une vague tardive mais massive de traits provençaux. Dans la mesure où le parler mentonnais est vivace, il est normal de le cultiver. Le standard régional niçois peut servir de rempart et de ressource pour le mentonnais en face de la domination du français. VII.5.5 MONACO Le monégasque présente une situation inverse de celle du mentonnais. C’est un parler nettement nord-italien (ligurien), enclavé dans le domaine d’oc et possédant de nombreux emprunts à l’occitan (Arveiller 1967: § 169-170). Alors que le royasque est revendiqué comme de l’occitan, malgré ses traits liguriens alpins (cf. infra), le monégasque, lui, est clairement perçu comme du ligurien. Aux côtés du ligurien monégasque, l’occitan niçois fait partie aussi des traditions linguistiques de Monaco. D’après un témoignage de Tourtoulon, le niçois était majoritaire dans les quartiers de Monte-Carlo et de La Condamine 1. Lorsque Arveiller a enquêté à Monaco à partir des années 1940, il y a découvert un “parler des rues”, “composite et non fixé”, dans lequel il y avait des éléments de monégasque, de niçois mais aussi de corse, de français et d’italien (Arveiller 1967: § 1). Étant donné que l’occitanophonie fait partie de Monaco, il serait légitime que la Principauté promeuve l’occitan aux côtés du monégasque. Le monégasque faisait partie d’un ensemble d’enclaves liguriennes de Provence Orientale. Les autres parlers enclavés, qu’on appelle figon en occitan, ont disparu au XXe siècle (Biot, Vallauris, Mons et Escragnolles). Dès le début du XIXe siècle, la principauté de Monaco a abandonné progressivement l’usage officiel de l’italien au profit du français. Ce dernier est devenu la langue de l’enseignement en 1858 (Arveiller 1967: § 144; Picoche & Marchello-Nizia 1996: 59). Ainsi, la volonté d’insertion de Monaco dans la Côte d’Azur était illustrée par l’adoption de la langue dominante de la Côte d’Azur, qui était le français à défaut d’être l’occitan. Le ligurien monégasque échappe in extremis à l’extinction et est enseigné à l’école depuis 1976. Il est doté d’une orthographe depuis le début du XXe siècle (Arveiller 1967). Celle-ci gagnerait à s’inspirer davantage des traditions écrites des anciens documents monégasques, du génois et du nord-italien en général, qui convergent d’ailleurs avec celles de l’occitan pour la notation de ò = / /, o = /u/ et u = /y/. Ex. Mónego [ munegu] “Monaco” serait préférable à ‹Múnegu› (en occitan Mónegue). O

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Tourtoulon: article de 1898, RLR, pp. 164-165; référence donnée par Arveiller (1967: 185).

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VII.5.6 LA HAUTE-ROYA Un peu plus au nord, l’idiome dans la haute Vallée de la Roya, représente un cas délicat et intéressant. Il s’étend de Tende à Breil (France), ainsi que dans quelques localités adjacentes d’Italie (Olivetta San Michele, Briga Alta et hameaux voisins). Le royasque inclut en particulier le parler qui s’étend autour de Briga Alta et de La Brigue et qui a généré une conscience culturelle particulière (par ex. Massaioli & Moriani 1991). Les traits nord-italiens —liguriens— sont prépondérants en royasque. Un faisceau d’isoglosses très net distingue la Roya du domaine occitan proprement dit (Dalbera 1984: 691-693; 2003). Cependant, plusieurs chercheurs estiment que le royasque est un idiome de transition vers l’occitan (Rj: § 13, Azaretti 1989) et la conscience culturelle locale revendique l’étiquette occitane, sans nier pour autant les affinités avec le ligurien et le piémontais. La revue brigasque › ní d’áigüra› arbore sur sa couverture deux emblèmes: le “soleil des Alpes”, symbole du Pays Brigasque, et la croix occitane. Dans le cadre italien de la loi 482, les municipalités d’Ormea et Triora se sont rangées dans la liste des communes occitanes parce que certains de leurs hameaux parlent brigasque. La commune royasque d’Olivetta San Michele s’est déclarée comme entièrement occitane à travers la loi 482 (Comunas 2000). Cette revendication occitane s’explique peut-être par le fait que le royasque est une forme de ligurien alpin: c’est une variété conservatrice qui a su résister à l’expansion du ligurien de Gênes (Dalbera 2003) 1. Dans la mesure où les Royasques se veulent Occitans, il est normal que leur dialecte soit reconnu et promu dans la planification linguistique prévue pour l’occitan. Bien entendu, il faut reconnaître aux Royasques le droit de se rallier à la communauté linguistique nord-italienne, si un jour ils le désirent. Le royasque ne peut pas être assigné directement aux standards régionaux de l’occitan (niçois, vivaro-alpin) mais au moins, la codification du royasque peut s’appuyer sur les usages historiques qui sont communs à l’occitan et au nord-italien. La revue R’Ni d’àigura ‹R› Nì d’áigüra› “Le Nid d’aigle” a mis au point une orthographe très localiste pour noter le brigasque. Comme en monégasque, les phonèmes /O, u, y/ y sont notés ‹o, u, ü›. On y reprend certains graphèmes italiens comme ‹ch(e), ch(i), gh(e), gh(i), gn, u›. Le phonème /s/, réalisé [S] devant une consonne, est noté ‹š›. L’accent tonique est noté par un accent graphique ou par des voyelles doubles. On gagnerait à adopter un système plus économique et plus historique: ‹R› Nì d’áigüra, šcartari brigašch› pourrait devenir R’ni d’àigura, scartari brigasc “~Le Nid d’aigle, journal brigasque”. La norme orale, elle aussi, devrait s’appuyer sur les solutions nord-italiennes et occitanes. royasque,

brigasque

‹R

VII.5.7 LA PETITE GAVACHERIE ET LE VERDON-SUR-MER La Petite Gavacherie ou Gavacherie de Montségur est une enclave du poitevinsaintongeais à l’Est de la Gironde, entre La Réole et Castillon-la-Bataille 2. Elle s’est constituée par des repeuplements saintongeais étalés de 1456 à 1646. On y parle un 1 2

À l’est de la Roya, dans la haute vallée de la Nervia, il existe d’autres parlers liguriens alpins comme le (Dalbera 2003). À ma connaissance, personne ne les revendique comme occitans. Il ne faut pas confondre la (enclave francophone) avec la ou (bande francophone du nord-est de la Gironde, vers Coutras, Guîtres et Blaye). pignasque

Petite Gavacherie

Grande Gavacherie

Pays

Gabay

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dialecte d’oïl occitanisé. Au début du XXe siècle, ce parler était en recul et la zone était en voie de réoccitanisation linguistique (Rj: § 15). Si ce parler d’oïl a survécu, il est souhaitable qu’il soit reconnu en liaison avec le mouvement linguistique poitevin-saintongeais. Cela n’empêche pas la promotion simultanée de l’occitan, car c’est la langue d’origine. Le Verdon-sur-Mer, à la pointe nord du Médoc, est une autre enclave poitevine-saintongeaise (Tourtoulon & Bringuier 1876). VII.5.8 LE BAS-ADOUR Dans le Bas-Adour, centré sur la conurbation Bayonne-Biarritz-Anglet, trois langues coexistent: occitan, basque et français. Occitan et basque sont dans une situation de subordination similaire face au français. L’occitan est la seule langue autochtone du Bas-Adour depuis le Moyen Âge (ALG; LLO: 10) mais les campagnes basques semblent avoir toujours apporté des immigrants bascophones. Aujourd’hui, les mouvements occitans et basques y sont tous les deux implantés. La dimension occitane est particulièrement défendue par l’association culturelle Ací Gasconha 1. Les occitanistes et les militants basques entretiennent en général de bonnes relations sur le terrain et reconnaissent la valeur des deux langues. Mais certains prétendent annexer le Bas-Adour de manière exclusive au Pays Basque: cette attitude est antiscientifique et irrespectueuse envers les Occitans. La position cohérente et juste consiste à reconnaître le Bas-Adour comme une partie de la Gascogne, de l’Occitanie, avec l’occitan comme langue autochtone et primordiale, tout en y respectant l’expression du basque. Dans quelques villages situés le long de la limite linguistique occitano-basque (et pas seulement dans le Bas-Adour), on pratique à la fois l’occitan et le basque selon une dynamique complexe (LLO: 10); leurs habitants sont appelés charnègos, ce qui signifie plus ou moins “métis” (DicPal: art. ‹charnègou›). VII.5.9 LE CAPCIR Le sous-dialecte capcinois, dans le Capcir, fait la transition entre le catalan et l’occitan. Les traits du catalan y sont majoritaires et on peut le rattacher au dialecte roussillonnais (Veny 1993: 57-58, 72-73). La conscience linguistique y est tout à fait catalane. La planification linguistique dans le Capcir est donc du ressort du catalan. VII.5.10 LA VALLÉE DE BENASQUE Le parler benasquais, dans la vallée de Benasque (province de Huesca), fait la transition entre le catalan, l’espagnol et l’occitan (gascon). Ses traits ont cependant une nette dominance catalane; les traits espagnols et gascons y sont minoritaires et ce parler subit une castillanisation linguistique qui s’est accélérée depuis le XIX siècle (Babia 1997; Poujade 2000: 50, 56). Les aragonaisistes du Consello d’a Fabla Aragonesa prétendent que le benasquais serait une variété de l’aragonais mais leurs arguments ont été réfutés de manière convaincante par Babia (1997). En effet, le caractère de transition du benasquais s’explique plus par l’interférence récente du castillan que par le voisinage ancien de l’aragonais. Pour l’instant, les Benasquais ont un sentiment e

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Il existe aussi le projet de fonder une école occitane Calandreta à Anglet.

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culturel particulariste et sont peu enclins à se reconnaître dans une langue quelconque (Badia i Capdevila 2002: 60). Plus au sud, le long de la Frange catalane, il existe d’autres parlers de transition entre catalan et espagnol. La région Aragon considère que les vallées de Benasque et de Lierp sont linguistiquement aragonaises, elle attribue au catalan tous les autres parlers de transition (Badia i Capdevila 2002: 60). Cet avis administratif, préjudiciable pour le catalan, n’est suivi d’aucune mesure concrète de planification linguistique. VII.5.11 LES ENCLAVES OCCITANES À L’EXTÉRIEUR Les enclaves occitanes extérieures se composent surtout de Saint-Eutrope (Charente) et Guardia Piemontese (Calabre). Saint-Eutrope est entouré par la langue d’oïl mais se trouve à moins de dix kilomètres de la limite linguistique principale. Cette enclave date de la fin du XVIIe siècle au plus tôt et son origine est inconnue (Rj: § 14; LLO: 11). Guardia Piemontese a été peuplée au XVe siècle par des vaudois des Alpes occitanes qui fuyaient les persécutions religieuses (LLO: 11; Genre 1988): l’occitan y reste vivace (Taupiac 1987a) et cette petite ville a demandé à être classée comme commune occitane dans le cadre de la loi 482 (Comunas 2000). Il faut mentionner aussi des communautés d’émigrés dans lesquelles l’occitan se maintient très difficilement: à Paris, à Turin, à Lyon, au Québec, en Louisiane peut-être… Dans d’autres enclaves, l’occitan est éteint ou précaire: Vaudois du Bade-Wurtemberg (LLO: 11), Vaudois de Valdese en Caroline du Nord (Ghigo 1980, Holmes 1934), Rouergats de Pigüe en Argentine, Gavots du Mexique… Les enclaves connaissent une situation de bilinguisme associant l’occitan et la langue environnante. Il serait souhaitable que l’occitan y bénéficie d’une protection, comme c’est déjà le cas à Guardia Piemontese. VII.5.12 LES COMMUNAUTÉS ALLOGLOTTES NON TERRITORIALES La volonté d’établir l’occitan comme langue commune, garantissant le lien social (Lafont 1984), est tout à fait compatible avec le respect des langues issues de la diaspora ou de l’immigration telles que le romani, l’arabe, le berbère, l’arménien, le corse, le turc, le grec ou le polonais. Jusqu’au milieu du XXe siècle, on sait que l’occitan a été un puissant facteur d’intégration pour les immigrés dont la langue première était l’espagnol, l’italien, le nord-italien, le corse ou le catalan. Ensuite, l’occitan a été privé de sa fonction intégratrice à cause de la substitution généralisée au profit du français. Cependant, les associations culturelles d’oc accueillent aujourd’hui des personnes de toutes origines, ce qui montre que l’occitan garde quand même un potentiel symbolique d’intégration. Il serait intéressant de faire un recensement des langues non territoriales en Occitanie. Il y a assurément des différences régionales importantes. Les grandes villes ont une richesse linguistique insoupçonnée. Marseille possède par exemple des communautés parlant le swahili (comorien) ou le finnois… Ces langues sont le bien culturel d’un grand nombre d’Occitans et il est tout à fait légitime de les cultiver. La sociolinguistique occitano-catalane est en train de développer des propositions pour gérer ce plurilinguisme potentiel. On part du concept d’installation d’une langue, développé du côté occitan par Viaut (1996): il s’agit des conditions qui permettraient à 133

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une langue de survivre et de résister à la substitution, d’être véritablement disponible à tous, même lorsqu’elle n’arrive pas à l’établissement. Lamuela (2003) propose à partir des expériences catalane et occitane un modèle de développement linguistique ouvert. En se basant sur ces travaux, on peut esquisser le schéma suivant: l’installation, et si possible, l’établissement de l’occitan sont légitimés par le fait que c’est la langue la plus traditionnelle de l’ensemble de la société et par la sympathie de l’opinion. Elle est compatible avec une installation des langues de l’immigration afin que ces dernières soient accessibles à ceux qui veulent les pratiquer. Ces recherches sont également intéressantes pour rechercher des solutions de développement culturel dans les zones de bilinguisme traditionnel comme la Petite Gavacherie, le Bas-Adour et Monaco.

VII.6 Les limites de l’occitan VII.6.1 TERRITOIRE ET PLANIFICATION LINGUISTIQUE Rappelons que dans la linguistique actuelle, l’identification des limites des langues est une activité parfaitement normale qui se pratique dans la planification linguistique de plusieurs pays du Monde, notamment en Belgique et en Suisse. Le temps est révolu où Gaston Paris et Paul Meyer décrétaient que les limites n’existent pas: ils avaient une position idéologique et antiscientifique au service de l’unitarisme français (Brun-Trigaud 1990). Depuis les années 2000, le problème se pose différemment: plus personne ne nie qu’il existe des limites linguistiques, mais certaines âmes charitables proposent de promouvoir les “langues de France” tout en estimant qu’il ne faut pas leur assigner de territoires particuliers. Est-il vraiment possible de développer efficacement l’occitan sans lui reconnaître un espace de développement? Visiblement non. Il suffit de constater l’inégalité de traitement qu’une même langue peut subir de part et d’autre d’une frontière, d’une part et d’autre de deux politiques linguistiques: l’occitan entre le Val d’Aran et le Comminges, le catalan entre Gérone et Perpignan, le gaélique entre Dublin et Belfast, le frison entre les Pays-Bas et l’Allemagne, le français entre la France et les îles AngloNormandes, l’allemand entre Kehl et Strasbourg, le néerlandais entre Ostende et Dunkerque…Une langue ne s’épanouit efficacement que si elle est soutenue par une planification linguistique sur un territoire défini. La planification, en devenant effective dans cet espace, permet à la langue d’y bénéficier de l’amplification fonctionnelle et, idéalement, d’y accéder à la fonction discriminante et d’y devenir langue établie. Si on adhère au principe que la langue occitane a le droit de s’épanouir dans la société, il est cohérent d’identifier de manière précise l’espace dans lequel elle est parlée traditionnellement et dans lequel il est légitime de la développer. À la suite d’Otto Bauer, Ninyoles (1989: 117-129) a analysé les critères de territorialité et de personnalité dans la planification linguistique: tout en admettant que les deux puissent être pris en compte, il démontre que celui de territorialité reste fondamental pour garantir la survie d’une langue subordonnée sur son domaine historique. La mission scientifique du sociolinguiste consiste donc à récolter et à rendre accessible ce type d’informations. 134

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VII.6.2 À LA RECHERCHE DES LIMITES Aujourd’hui, les limites précises du domaine occitan sont presque entièrement identifiables mais il reste encore quelques franges mal connues. • La limite entre occitan et basque semble claire depuis Lucien Bonaparte (1863) (cf. Rj: § 6, LLO: 10-11). Mais Lartiga (sd. b) diverge pour quelques communes. Le Bas-Adour est en Occitanie. La revendication basque exclusive sur ce territoire est une position antiscientifique, irrespectueuse envers les Occitans. • La limite entre occitan et aragonais ne présente aucune difficulté: elle coïncide avec la ligne de crête des Pyrénées centrales et la frontière politique franco-espagnole. • La limite entre occitan et catalan est devenue claire. Quelques hésitations de Ronjat (Rj : § 7-8), sur le Capcir, et de Guiter (1955), sur le Fenouillèdes et les Corbières, sont oubliées. Un consensus solide s’est dégagé chez les linguistes (LLO: 10; Veny 1993: 52, 56-58; Costa 1990). Certains ont la prétention de rattacher le Val d’Aran et le Fenouillèdes au concept national des “Pays Catalans”: il s’agit d’une position antiscientifique, irrespectueuse envers les Occitans. • La limite entre occitan et français a été décrite avec précision sur certaines portions. Il est acquis que le Croissant se rattache à l’occitan. Tourtoulon & Bringuier (1876) ont établi de manière précise la limite entre la Gironde et la zone au nord de Guéret. Terracher (1913-14 : Atlas 81-85; cité par Brun-Trigaud 1990: 321-323) a apporté quelques précisions: il rajoute à l’occitan quelques communes qui dessinent une saillie au nord d’Angoulême. La limite reste mal décrite à l’est de Guéret: Tourtoulon et Ronjat y ont fait des enquêtes non publiées et dont on n’a que quelques indices (Brun-Trigaud 1990 : 19, 228-229, 324-331). Escoffier (1958a, 1958b) a fait des enquêtes à l’est de Saint-Pourçain-sur-Sioule et Dahmen (1985) a exploité l’ALCe, mais ils dessinent des limites approximatives car les points d’enquêtes sont trop lâches. Fontan (2002 [1969]) a dessiné un tracé plus précis, mais il a fait cela dans une perspective politique, comme on le verra plus loin. • La limite entre occitan et francoprovençal a été esquissée par Ronjat (Rj: § 12) puis corrigée par Gardette (1941), Tuaillon (1964), Martèl (1983) et J.B. Martin (1990). Les estimations de Bèc (LLO: 9) s’arrêtent à Ronjat et ne semblent pas actualisées. • La limite entre occitan et nord-italien a été esquissée par Grassi (1958) et précisée par Bronzat (1977). Elle a eté dessinée sur une carte (Comunas 2000). À ma connaissance, on n’a jamais publié de synthèse complète sur la question dans le champ habituel des publications scientifiques. Une synthèse existe pourtant, mais elle a un caractère politique: il s’agit de l’étude de Fontan, La nation occitane, ses frontières, ses régions (1969; réédition révisée: Fontan 2002). Il faut y ajouter un article de Fontan (1994) qui précise la limite avec le francoprovençal. Il semble qu’aucun linguiste n’ait jamais évalué le travail de Fontan jusqu'à présent. Je vais tenter de le faire ici. Fontan explique qu’il a repris fidèlement la plupart des études scientifiques que nous venons d’évoquer (L. Bonaparte, Ronjat, Tourtoulon & Bringuier, Escoffier, Gardette, Tuaillon, Grassi). Il lui arrive d’exclure de l’occitan des communes qui sont en réalité traversées par la limite oc-oïl selon Tourtoulon & Bringuier (Fontan a fait peut-être une lecture trop prudente ou trop rapide de Tourtoulon & Bringuier). Il semble ne pas connaître les précisions de Terracher et Bronzat. Il a mené des enquêtes dans les zones mal explorées, entre Guéret et le Forez, entre le Forez et le Rhône et dans les Vallées Occitanes. Il y a repris les faisceaux 135

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d’isoglosses identifiés par Tourtoulon & Bringuier, Escoffier, Gardette et Tuaillon. Sur la limite nord du Croissant, il coïncide avec Ronjat, sauf entre Culan et Saint-Pourçain où Ronjat n’a laissé que de vagues indices (Rj: § 10; Brun-Trigaud 1990: 226-229). Par ailleurs, Fontan a fait d’autres enquêtes sur les confins occitano-catalans (pp. 8-9): là, il coïncide avec Bèc, Veny et Costa. Par conséquent, la synthèse de Fontan semble de bonne foi et proche de la réalité: elle est dessinée sur les cartes de Pach & Hirtz (1981, mais sans les correctifs de Fontan 2002 concernant le Bourbonnais). Au final, nous avons une idée relativement précise de la limite. Mais une trentaine de localités restent encore mal attribuées le long des limites avec le français, le francoprovençal et le basque. Souhaitons qu’une enquête complète achève cette synthèse. VII.6.3 LES LIMITES Voici donc une esquisse des communes qui bordent l’espace occitan, elle synthétise les résultats des enquêtes mentionnées ci-dessus. Ronjat et Fontan décrivent la limite au moyen de points qui passent entre telle et telle commune. Je complète l’énumération en citant toutes les communes occitanophones qui jouxtent la limite, en m’appuyant sur des cartes précises. Je tiens compte des mentions de Tourtoulon, Bringuier et Terracher sur les communes qu’ils disent “traversées” par la limite oc-oïl: on peut considérer que ce sont encore des zones occitanes, étant donné que le grignotage du français y est récent et inachevé à l’époque contemporaine (§ VII.5.1). sans parenthèses = localité occitane (…) localité non occitanophone ? attribution linguistique mal documentée ± parler fortement hybridé ROY royasque “…” fraction de commune OCCITAN ET BASQUE (D’OUEST EN EST)

Pyrénées-Atlantiques. Biarritz, (Bidart), (Arbonne), (Arcangues), Anglet, Bassussary? [gascon selon Lartiga sd. b], Bayonne, St-Pierred’Irube? [gascon selon Lartiga sd. b], Mouguerre? [gascon selon Lartiga sd. b], (Lahonce), (Urcuit), (Briscous), Urt, (Hasparren), (Ayherre), Labastide-Clairence [en 1951, 3/4 d’occitan et 1/4 de basque, LLO: 10], (Orègue), (Bardos), Guiche, Bidache, Sames, (Orègue “Mixe”), (Arraute-Charritte), (Masparraute), (LabetsBiscay), Came, Arancou, Bergouey-Viellenave, (Ilharre), Labastide-Villefranche, Escos, Abitain, Autevielle-St-Martin-Bideren, Osserain-Rivareyte, (Arbouet-Sussaute), SaintGladie-Arrive-Munein, (Domezain-Berraute), Espiute, (Etcharry), Gestas, Nabas, (AroueIthorots-Olhaïby), Lichos, Charre, (Charrittede-Bas), (Espès-Undurein), (ArratsLarrebieu), Castetnau-Camblong, Susmiou, •

Sus, Angous? [gascon selon Lartiga sd. b], (Moncayolle-Larrory-Mendibieu), Gurs, (L’Hôpital-St-Blaise), Préchacq-Josbaig, (Barcus), Geüs-d’Oloron, St-Goin, Géronce, (Esquiule), Orin, Moumour, Oloron-SteMarie, Féas, Ance, Aramits, Lanne-enBarétous, Montory, (Tardets-Sorholus), (Laguinge-Restoue), (Haux), (Sainte-Engrâce), Arette. OCCITAN ET ARAGONAIS (D’OUEST EN EST)

La limite linguistique coïncide avec celle des États français et espagnol. Voici les communes occitanes limitrophes. • Pyrénées-Atlantiques. Lées-Athas, Lescun, Accous, Borce, Urdos, Laruns. • Hautes-Pyrénées. Arrens-Marsous, Estaing, Cauterets, Gavarnie, Gèdre, Aragnouet, Tramezaïgues, St-Lary-Soulan, Génos, Loudenvielle. • Haute-Garonne. Oô, Cazeaux-de-Larboust, Castillon-de-Larboust, Saint-Aventin, Bagnères-de-Luchon. OCCITAN ET CATALAN (D’OUEST EN EST)

• Espagne: limite entre le Val d’Aran occitan et le catalan. Es Bòrdes, Vielha e Mijaran,

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(Benasque), (Montanuy), (Vilaller), Naut Aran “Salardú”, (Vall de Boí “Barruera”), (Espot), (Alt Àneu “València d’Àneu”). • Confins de l’Ariège et de l’Espagne. Les-Bordessur-Lez, Seix, Couflens, (La Guingueta d’Àneu), (Lladorre), Ustou, Aulus-les-Bains, Auzat (Alins “Alins de Vallferrera”).

• Confins de l’Ariège et d’Andorre (on ne donne que les communes occitanes, en Ariège). Auzat, Lercoul,

Siguer, Gestiès, Aston, L’Hospitalet-prèsl’Andorre.

• Confins de l’Ariège et des Pyrénées-Orientales.

Mérens-les-Vals, (Porta), (Porté-Puymorens), Orlu, (Angoustrine-Villeneuve-des-Escaldes), Artigues, (Formiguères±), Le Pla, (Fontrabiouse), Quérigut, (Puyvalador).

• Confins de l’Aude et des Pyrénées-Orientales.

Escouloubre, (Sansa), Le Bousquet, Counozouls, Ste-Colombe-sur-Guette, Montfort-sur-Boulzane.

• Confins du Fenouillèdes occitan et du reste des Pyrénées Orientales. Rabouillet, (Mosset),

Sournia, (Molitg-les-Bains), Campoussy, (Eus), (Arboussols), (Tarerach±), Trévillach, Montalba-le-Château±, (Rodès), (Ille-sur-Têt), (Néfiach), (Millas), Belésta, Cassagnes, (Montner), (Estagel), Latour-de-France, Maury, (Tautavel).

• Confins de l’Aude et des Pyrénées-Orientales.

Cucugnan, Padern, Paziols, (Vingrau±), (Opoul-Périllos)

Tuchan,

[Périllos, abandonné au XX siècle, aurait été occitan selon Fontan 2002:9], Embres-et-Castelmaure, e

Feuilla, Fitou, (Salses), Leucate, (Le Barcarès).

OCCITAN ET FRANÇAIS (D’OUEST EN EST)

Villeneuve, Gauriac, (Plassac), (Blaye), St-Ciers-de-Canesse, (Berson), StTrojan, (Teuillac), Samonac, (Mombrier), Lansac, Tauriac, (Pugnac), St-Laurent-d’Arce, (Cézac), Peujard, (Cubnezais), (Gauriaguet), Aubie-et-Espessas, Salignac, Mouillac, (StGenès-de-Fronsac), (Périssac), Vérac, Villegouge, Saillans, Galgon “Queynac”, Libourne, Les Billaux “Les Dagueys”, Lalande-de-Pomerol “Marchesseau”, Pomerol, (Néac), Montagne, (Les Artigues-deLussac), (Lussac), Puisseguin, Tayac, (PetitPalais-de-Cornemps), Puynormand, (StSauveur-de-Puynormand), Gours, (St-Seurinsur-l’Isle), St-Antoine-sur-l’Isle, (Porchères), (St-Christophe-de-Double). • Gironde.

Dordogne. Moulin-Neuf, Le Pizou, Eygurande-et-Gardedeuil, Servanches, StAulaye, La Roche-Chalais “Meneplet & Le Betoux & Lavautour & Martillac”, Puymangou, (Parcoul), Chenaud. • Charente. (Bazac), (St-Quentin-de-Chalais), Les Essards, Bonnes, Rouffiac “SaintMartial”, (Courlac), St-Romain, (Bellon), Pillac, (Bors), Montignac-le-Coq, SallesLavalette, (Juignac), (St-Laurent-de-Belzagot), (Courgeac), (Nonac), (Pérignac), St-Eutrope [enclave occitane en zone d’oïl], (Montmoreau-StCybard), (St-Amant), Vaux-Lavalette, Gurat, Ronsenac, (Chavenat), (Charmant), Juillaguet, Magnac-Lavalette-Villars, (Fouquebrune), Dignac, Torsac “Les Garauds”, Sers, Dirac “Le Marais”, Bouëx, (Garat), Mornac “Ronzac & Le Quéroy & La Brouterie”, (Touvre), (Ruelle-sur-Touvre), Brie, (Champniers), Jauldes, (Anais), Tourriers, Villejoubert, St-Amand-de-Boixe, (Vars), (Montignac-Charente), (Vouharte), (Xambes), (Vervant), (Maine-de-Boixe), Aussac-Vadalle, Nanclars, Puyréaux “Le Chatelard”, (Mansle), (Fontclaireau), St-Ciers-sur-Bonnieure, Mouton, Lichères, (Fontenille), (Moutonneau), (Bayers), (Chenommet), Aunac, St-Front, Couture, (Poursac), (StGourson), St-Sulpice-de-Ruffec, Ventouse, Beaulieu-sur-Sonnette, Chassiecq, Champagne-Mouton, St-Coutant, (Nanteuilen-Vallée “St-Gervais”), (Vieux-Ruffec), Benest, (Le Bouchage), Pleuville. • Vienne. (Chatain), (Asnois), (Charroux), Pressac, (Mauprévoir), (St-Martin-d’Ars), Availles-Limousine, (Le Vigeant), Millac, (L’Isle-Jourdain), Mouterre-sur-Blourde, (Adriers). •

• Confins de la Vienne et de la Haute-Vienne.

Bussière-Poitevine, Thiat, Azat-le-Ris, (Plaisance), (Soulgé), (Montmorillon), LathusSt-Rémy [frange occitane], (Bourg-Archambault), (Brigueil-le-Chantre), Verneuil-Moustiers, Lussac-les-Églises, Coulonges, (Thollet). • Indre. Tilly, Lignac “Le Mazereau”, (Bélâbre), (Chalais), (Prissac), Dunet, Sacierges-StMartin, (Luzeret), St-Civran, St-Gilles, (Chazelet), (Vigoux), Parnac, (Bazaigues), (Baraize), Éguzon-Chantôme “Chantôme & Le Bougazeau & La Fête”. • Confins de l’Indre et de la Creuse. Crozant, Fresselines, (St-Plantaire), Nouzerolles, 137

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L’OCCITAN LARG DANS LE DIASYSTÈME

La Grave, Le Monêtier-lesBains, Névache. • Province de Turin. Bardonnèche/ Bardonecchia, Exilles, (Giaglione), Chiomonte, (Gravere), Usseaux, (Meana di Susa), Fenestrelle, (Mattie), (Bussoleno), (San Giorio di Susa), Roure, (Coazza), Perosa Argentina, (Giaveno), Pinasca, Cantalupa, Frossasco, (Cumiana). Hautes-Alpes).

OCCITAN ET NORD-ITALIEN (DU NORD AU SUD)

(Piscina), Frossasco, Roletto, “Abbadia Alpina” & “Talucco” [commune de Pignerol], (Pignerol), San Pietro Val Lemina, Porte, San Secondo di Pinerolo, (Osasco), (Garzigliana), (Osasco), Bricherasio, Campiglione Fenile, Bibiana, (Cavour), (Villafranca Piemonte). • Province de Cuneo. Bagnolo, Barge, (Cardè), Revello, Castellar, (Saluces/Saluzzo), Pagno, • Province de Turin.

VII.6.4 C

(Manta), (Verzuolo), Piasco, Rossana, (Costigliole Saluzzo), Busca, (Villafaletto), Caraglio, Bernezzo, Cervasca, Vignolo, Borgo San Dalmazzo, (Cuneo), Boves, Peveragno, (Beinette), (Margarita), Chiusa di Pesio, (Pianfei), Villanova Mondovì, (Mondovì), (Monastero di Vasco), Fabrosa Sottana, Fabrosa Soprana “Fontane”, (Montaldo di Mondovì), (Roburent), “Viozene” ROY [commune d’Ormea], (Ormea), Briga Alta ROY

(Cosio di Arroscia), (Mendatica), “Realdo” & “Verdeggia” & “Monesi?” ROY [commune de Triora], (Triora), (Pigna), (Rochetta Nervina), Olivetta San Michele ROY, (Airole), (Vintimille). • Alpes-Maritimes. Tende ROY, La Brigue ROY, Fontan ROY, Saorge ROY, Breil-sur-Roya ROY, Sospel, Castillon, Castellar, Menton. • Province d’Imperia.

ORRECTION DE QUELQUES CHIFFRES FRÉQUEMMENT INVOQUÉS

La délimitation nous donne l’occasion de corriger cette formule archi-usée qu’on lit sur les publications militantes: “Occitanie, 13 millions d’habitants, 190 000 km², 32 départements de l’État français, 12 vallées alpines de l’État italien, le Val d’Aran de l’État espagnol”. Seul la superficie est correcte. L’Occitanie compte aujourd’hui 14 millions d’habitants d’après une extrapolation du recensement français de 1999. Ce ne sont pas 32, mais 39 départements qui couvrent l’Occitanie: • 33 départements sont entièrement ou en grande partie occitans, dont 26 sont entièrement occitans, 4 le sont presque entièrement (Ardèche, Dordogne, Drôme, Gironde) et 3 le sont à moitié (Allier, Charente, Pyrénées-Atlantiques). • 6 départements sont minoritairement occitans: Cher, Indre, Isère, Loire, Pyrénées-Orientales, Vienne. • 4 provinces sont minoritairement occitanes. Celles de Turin, Cuneo et Imperia recouvrent les Vallées Occitanes. Celle de Lleida englobe le Val d’Aran. Les Vallées Occitanes cisalpines ne sont pas 12, mais au moins 14: vallée d’Oulx, du Chisone, vallée Saint-Martin (ou de la Germanasca), zone du Pinerolese Pedemontano (en amont de Pignerol), vallées du Pellice, du Pô, de la Varaita, de la Maira, de la Grana, de la Stura, du Gesso, de la Vermenagna et du Pesio, vallées du Quiè (en amont de Mondovì), zones rattachées à la Vallée de la Roya (Pays Brigasque et Olivetta San Michele). Les régions administratives qui couvrent l’Occitanie sont au nombre de 12: • 6 régions sont entièrement ou majoritairement occitanes, dont 3 le sont entièrement (Provence, Limousin, Midi-Pyrénées) et 3 le sont majoritairement (Aquitaine, Auvergne, Languedoc-Roussillon). • 6 régions sont minoritairement occitanes: Catalogne (Principat), Centre, Ligurie, Piémont, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes.

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Chapitre VIII

LES LIMITES INTERNES DU DIASYSTÈME En admettant le destin séparé du catalan, il reste à cerner les dialectes sur la base desquels on peut bâtir des standards régionaux et une planification linguistique en général. Les travaux de Ronjat et Bèc sont les synthèses principales dans la classification sur les dialectes et le Thesaurus Occitan ou Thesoc offre au public des données accessibles sur Internet. Bèc a modernisé la classification dialectologique mais sa délimitation des dialectes reste très générale. Et on n’a pas encore de manuel synthétique de dialectologie occitane qui soit comparable à Els Parlars Catalans (Veny (1993).

VIII.1 La classification dialectale Bèc (LLO, 1972) a proposé deux classifications possibles des dialectes: la proprement dite et la classification supradialectale. La classification dialectale distingue quatre groupes dialectaux et six dialectes: a) gascon (gascon), groupe composé du dialecte du même nom b) nord-occitan (nòrd-occitan): limousin, auvergnat, vivaro-alpin c) sud-occitan (sud-occitan): provençal, languedocien d) catalan (català), groupe dialectal devenu une langue par élaboration, et comprenant deux sous-groupes (Veny 1993): - catalan oriental (català oriental): roussillonnais, central, baléare, alguerès - catalan occidental (català occidental): valencien, nord-occidental.

classification dialectale

VIII.1.1 L

E LIMOUSIN

Le limousin ne présente pas de difficulté pour sa limite avec le languedocien, qui correspond à l’isoglosse cha/ca. La limite avec l’auvergnat est décrite ci-après. D’après Gonfroy (1975 : 12-15), les deux grands sous-dialectes du limousin sont: a) Le haut-limousin (naut-lemosin) dans presque tout le domaine, avec trois variétés: - le haut-limousin stricto sensu centré autour de Limoges. C’est là que se concentre le phénomène de déplacement de l’accent tonique (annexe A7). - le limousin du Croissant ou marchois (marchés), comme disent Tourtoulon & Bringuier (1876). En réalité, la Marche s’étend plus au sud que le Croissant. Le terme marchois désigne une variété aux contours vagues qui s’étend à toute la Marche ou bien qui se limite au Croissant.

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DEUXIÈME PARTIE

- le périgourdin (peiregordin, peiregòrd), parlé dans la partie limousinophone du Périgord, au nord. b) Le bas-limousin (bas-lemosin) dans la région de Brive, qui fait la transition vers le languedocien. Il maintient -l final au lieu de -u (ausel pour auseu “oiseau”). VIII.1.2 L’AUVERGNAT Autour de l’auvergnat (auvernhat), les limites sont moins évidentes. Sa limite avec le limousin est sujette à discussion. Certaines cartes la font coïncider avec les limites historiques et administratives faute d’identifier des faisceaux d’isoglosses (Decamps 1979: 14). Cependant beaucoup estiment qu’une large frange orientale du Limousin parle auvergnat, notamment en raison des consonnes palatalisées devant i, u. Bonnaud pousse cette limite jusqu’au cours de la Creuse (GGA: 39, NDGFA: carte). La limite avec le languedocien est claire dans le Cantal: l’isoglosse cha/ca laisse un coin sud-ouest de l’Auvergne, autour d’Aurillac, au dialecte languedocien. Cette limite est plus floue du côté du Gévaudan mais on considère habituellement que cette région parle languedocien, malgré une large avancée du type cha jusqu’à Florac (Camprós 1958, GramAl: carte, Roux1 1984: 12, GGA: 39, NDGFA: carte). La plus grande partie du Velay parle le dialecte auvergnat. Sur ce point il y a consensus dans la recherche. La distinction entre Velay et Auvergne est parfaitement légitime sur le plan des provinces historiques mais elle ne correspond pas à une limite dialectale (Nauton 1974, ALMC, Chambon & Olivier 2000: 90, Roux1 1984: 12). Il est donc très exagéré de vouloir classer les parlers du Velay hors de l’auvergnat, voire dans le languedocien, comme le proposent certains occitanistes vellaves. La limite avec le vivaro-alpin est à peu près admise. Le nord-est du Velay, autour d’Yssingeaux, est vivaro-alpin dans la mesure où il connaît le type parlaa, chanto “parlée, je chante” au lieu du type auvergnat parlada, chante. Seul Bonnaud voit dans l’yssingelais une variété d’auvergnat avec des influences francoprovençales (GGA: 41, NDGFA: carte). Il est vrai que l’yssingelais partage avec l’auvergnat les consonnes palatalisées devant i, u (GGA: 267), mais ce trait est aussi général dans le Vivarais vivaro-alpin. Dans la Montagne Vivaroise (Ardèche), on admet que des traits auvergnats sont présents (GGA: 39; NDGFA: carte; GramPro: 184-185) mais l’inclusion de ce pays dans le domaine auvergnat n’est pas admise par tous. Les deux grands sous-dialectes du domaine sont le nord- et le sud-auvergnat. D’ouest en est, la limite qui les sépare passe au Puy de Sancy, à Issoire, puis au sud de la Chaise-Dieu (Roux1 1984: carte p. 13; NDGFA: carte). a) Le nord-auvergnat ou bas-auvergnat (nòrd-auvernhat, bas-auvernhat) se caractérise par l’amuïssement (ou la yodisation après e) du protophonème /s/ en fin de syllabe, mais à la différence du limousin, il n’y a pas d’allongement compensatoire de la voyelle précédente: escòla [ j k l ], escòlas [ j k la], nòstre [ n tr ], nòstres [ n tr j]. Le phonème /a/ tend à se réaliser [ ] en position prétonique, comme en limousin: lavada [l vad ]. Le nord-auvergnat se caractérise aussi par la transphonologisation de l’opposition e ~ è /e ~ / vers / ~ e/, ce qui permet de conserver l’essentiel des oppositions classiques du diasystème (cela rappelle le baléare, où /e/ tonique et atone tend à passer à / /, et le gascon landais où /e/ tonique et prétonique passe à /œ/). Le nord-auvergnat I

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comprend une variété particulière qui est l’auvergnat du Croissant (Bonnaud dit arverno-bourbonnais): elle recouvre le Bourbonnais Occitan à l’exception de Gannat. b) Le sud-auvergnat ou haut-auvergnat (sud-auvernhat, naut-auvernhat) se caractérise par la plus grande solidité du protophonème /s/ et par le maintien de /a/ en toutes positions, sauf devant nasale où il peut devenir /O/: lavada [la"vada], chastanha [tsas"ta≠a/tsas"tO≠a]. L’opposition du protosystème e~è /e~E/ tend à passer à /I~e/. La plupart des parlers maintiennent entre deux voyelles l’opposition l “dur” ~ l “doux” du protosystème à travers une transphonologisation / ~l/ (ou /v~l/, /w~l/, /g~l/): pala [ pa a] “pelle” ~ viala [ vjala] “ville”. Ce phénomène est partagé avec les parlers languedociens proches.

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VIII.1.3 LE VIVARO-ALPIN Le vivaro-alpin (vivaroalpenc, vivaroaupenc, vivaroalpin, vivaroaupin) a des limites un peu floues. Ce dialecte est victime d’une tendance centrifuge qui le soumet profondément aux influences auvergnates, languedociennes, provençales, nord-italiennes et francoprovençales. À cela s’ajoute une stigmatisation ancienne des montagnards parlant vivaro-alpin de la part des Bas-Provençaux (GramPro: 155) ou des Piémontais. La limite avec le sud-occitan est complexe. L’isoglosse cha/ca englobe le Vivarais (Ardèche), la Drôme et l’ensemble des Alpes. Mais cette isoglosse recule depuis le Moyen Âge. D’autre part, même en zone de cha, de nombreux traits sud-occitans se sont imposés. Le sud-vivarais connaît le type chantada au lieu du type vivaro-alpin chantaa; d’après Ronjat, le sud-vivarais est une variété de “languedocien avec cha” (Rj: § 853π) de la même manière que le gévaudanais (Rj: § 850ν). Les traits provençalisants sont abondants dans le sud de la Drôme et des Alpes. Dans les Alpes centrales, l’implantation de l’article de type provençal lei/les au détriment de los/las ne date que du début du XXe siècle. À l’est, le niçois côtier grignote le vivaro-alpin (GramPro: 143-144, 154-155). Les isoglosses cha/ca et parlaa/parlada ne coïncident donc pas du tout en Vivarais et en Pays Niçois. Elles coïncident mal dans le Tricastin. Par contre, elles se rapprochent dans les Baronnies et les Alpes de Haute Provence (GramPro: 184-185). Martèl (1983) et Bouvier (1978) ont listé les sous-dialectes du vivaro-alpin. a) Le vivaro-dauphinois (vivarodaufinenc) dans le Vivarais du Nord, la Drôme et l’Isère occitane. Il se caractérise par une phonétique évolutive proche de l’auvergnat et du limousin. Bouvier (1978) l’appelle nord-rhodanien (nòrd-rodanenc). Selon Martèl (1983: 14, 17) il faut y distinguer: - le vivaro-vellave (vivarovelaiés) dans le Nord du Vivarais, le Velay du NE (Yssingelais) et le Forez occitan (Saint-Bonnet-le-Château). Comme en auvergnat, on y palatalise les consonnes devant i, u et le ct latin devient it (fait, lait, dreit, nueit, idem sur la bordure nord de l’alpin). On y amuït le -l final. - le rhodano-dauphinois (rodanodaufinenc) dans la Drôme et l’Isère occitane. Les consonnes ne se palatalisent pas devant i, u; le ct latin devient ch (fach, lach, drech, nuech) et le -l final se réalise dans certains parlers.

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b) L’alpin (alpenc, aupenc, alpin, aupin) dans les Alpes. Sa phonétique est conservatrice. Lafont (1972) propose la distinction suivante au sein de l’alpin: - le gavot (gavòt), que Lafont appelle alpin proprement dit, sur le versant occidental (France). Le -l final devient -u dans la plupart des parlers et il n’y a pas de proparoxytons. Autrefois, le terme gavot avait une connotation péjorative chez les BasProvençaux. Aujourd’hui, gavot tend à être récupéré de manière emblématique par les montagnards. - le cisalpin (cisalpenc) sur le versant oriental (Italie). On y maintient le -l en fin de mot et devant consonne (sauf devant ç, z, t, d) et il y a quelques proparoxytons. Des publications récentes remplacent le terme cisalpin par alpin oriental (alpenc oriental, dans PLE). Ces deux termes sont acceptables. Je me cantonne à cisalpin car c’est le terme le plus ancien (Lafont 1972) et le plus concis. L’usage du préfixe cis- dans cisalpin “de ce coté-ci des Alpes” est cohérent du point de vue des habitants des Vallées. Selon d’autres critères, Martèl (1983) sous-divise l’alpin ainsi: - l’intra-alpin (intraalpenc) correspond aux Vallées Occitanes du nord (vallées d’Oulx, du Chisone et de la Germanasca) et aux Alpes orientales (sauf le Queyras). Il a des pluriels en -s dits sigmatiques (totes los òmes “tous les hommes”) et il maintient solidement le l après une consonne (clar [klar] “clair”). - l’inalpin (inalpenc) correspond aux Vallées Occitanes du Centre et du sud et au Queyras. Il connaît des pluriels masculins sans -s dits asigmatiques, issus du nominatif de l’ancien occitan (tuchi lh’òme[s] [ tyt i j me] “tous les hommes” 1), ainsi qu’une palatalisation de l après une consonne (clar [kjar]). Par contre, les pluriels féminins restent sigmatiques: las fremas [les fremes] “les femmes”. "

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Le vivaro-alpin souffre d’une dénomination hésitante car il ne correspond à aucune région historique clairement identifiable. J’adopte le terme vivaro-alpin car c’est le plus utilisé et le plus exact sur le plan géographique. Il a été promu dans les années 1970 par Bèc (LLO 3e éd.), Martèl, Bronzat et Teulat (1976d: 5). C’est Ronjat qui, le premier, a eu le mérite d’identifier le dialecte vivaro-alpin en lui donnant le nom d’alpin-dauphinois (Rj: § 853). On a utilisé aussi une foule d’autres termes qui ont eu moins de succès: dauphinois, gavot, alpin, provençal alpin, nord-provençal, rhodano-alpin, vivaro-dauphinois. Ils sont inadéquats parce que le domaine vivaro-alpin est très loin de correspondre aux régions historiques que ces termes évoquent. Enfin, il faut mentionner le terme étrange d’Amphizone que Nauton utilise dans l’ALMC pour désigner l’espace vivaro-alpin, le dialecte lui-même est appelé alors amphizonique par Chambon & Olivier (2001). Cela évoque une transition entre occitan et francoprovençal mais, même s’il y a des affinités, le vivaro-alpin est fermement occitan. VIII.1.4 LE PROVENÇAL Provençal (provençau), au sens dialectologique proposé par P. Bèc (LLO), désigne le dialecte sud-occitan parlé en Basse Provence, entre le Vidourle et Menton. Dans un sens historique défendu par Mistral (TDF: art. ‹prouvençau›) et Lafont (1951, 1972), le provençal englobe également tout l’alpin. Un troisième sens, beaucoup plus restreint, 1

En dehors des nominatifs pluriels en l’usage classiciste écrit un muet et non-étymologique. Cette solution est perçue comme une commodité et comme un moyen de faciliter d’unité graphique. –i,

-s

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L’OCCITAN LARG DANS LE DIASYSTÈME

consiste à séparer le niçois du provençal: il s’agit d’une prise de position culturelle qu’on peut respecter mais qui est dépourvue de base scientifique. La limite du provençal et du languedocien est assez facile à établir: elle coïncide avec l’isoglosse de l’article lei(s) / los-las, qui longe le Vidourle et partage le Gard. Les sous-dialectes du provençal sont les suivants: a) Le provençal général (provençau generau) comprend le rhodanien (rodanenc) et le maritime (maritim). Le maritime est appelé aussi central (centrau) par Lafont (1972) et méditerranéen (mediterranèu) par Ronjat (1930-41). La proximité du rhodanien et du maritime est telle qu’il est opportun de les regrouper. La limite entre ces deux sous-dialectes passe vers Salon-de-Provence et Apt (GramPro: 184). Le maritime connaît la chute de -s- intervocalique et le refus du hiatus (rasim > raïm > rim, camisa > camia > camiá). La distinction entre le pluriel rhodanien -ei [i] et le maritime [ej] n’est pas franche du tout (ALP: passim). Le bas-alpin (bas-aupenc), entre Forcalquier et Castellane, fait la transition entre le maritime et l’alpin. b) Le niçois (niçard) développe des traits originaux et un certain conservatisme phonétique, tout en restant une forme de provençal. Les consonnes finales sont prononcées sauf le -s du pluriel. Le -s- intervocalique s’amuït mais le hiatus demeure (rasim > raïm, camisa > camia). Le pluriel est parfois refait en -u (masc.) et -i (fém.) La métropole de Nice et ses alentours immédiats, en raison de leur poids démographique, parlent une variété centrale que Compan (1971: 136) appelle niçois côtier et qui domine très nettement les autres parlers. Le mentonnais, on l’a vu, est un niçois de transition vers le gavot et le ligurien. Le Haut Pays Niçois parle gavot ou royasque. VIII.1.5 LE LANGUEDOCIEN La limite du languedocien (lengadocian) et du gascon est assez nette. Les quelques zones de transition, notamment dans l’Ariège, sont des couloirs d’isoglosses étroits. Les sous-dialectes du languedocien sont, selon Alibèrt (GramAl): a) Le languedocien méridional (lengadocian meridional): toulousain, fuxéen, donnezanais, narbonnais, carcassonnais. Curieusement, Alibèrt dit “central” au lieu de “carcassonnais”, sans doute parce qu’il est au centre de l’espace occitano-catalan. b) Le languedocien septentrional (lengadocian septentrional): rouergat, gévaudanais, aurillacois. Le sud-vivarais et le sud-périgourdin (sarladais), qu’Alibèrt ne traite pas en détail, entrent peut-être aussi dans ce groupe. c) Le languedocien occidental (lengadocian occidental): agenais, quercynois, albigeois. d) Le languedocien oriental (lengadocian oriental): biterrois, montpelliérain, cévenol. Il y a un assez grand consensus sur la définition du languedocien. On rappellera seulement qu’il convient d’inclure à ce dialecte les parlers sud-vivarais, comme le démontre Ronjat: “l’habitus général de ces parlers donne à l’auditeur l’impression d’un languedocien avec cha” (Rj: § 853π). C’est une situation comparable à celle du gévaudanais. La limite entre le Vivarais du Sud (languedocien) et le Vivarais du Nord (vivaro-alpin) correspond à la ligne de faîte du Coiron, mais en incluant Privas et Coux dans le languedocien. Bien que Ronjat range explicitement le sud-vivarais dans le languedocien, il le décrit dans le paragraphe consacré au vivaro-alpin pour des raisons de commodité géographique. C’est sans doute pour cette raison qu’Alibèrt (GramAl), et beaucoup d’autres auteurs “oublient” d’inclure le sud-vivarais dans le languedocien. 145

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Certains auteurs ont cherché à mettre en évidence un dialecte “guyennais” qui serait distinct du languedocien (Fontan 2002), voire une “langue guyennaise” (Bonnaud 1981; GGA: 312), mais ils ne sont pas suivis par les linguistes, ni même par les occitanistes de Guyenne. VIII.1.6 LE GASCON Le gascon (en occ. gascon), par son originalité, a des limites plutôt nettes et génère une forte conscience dialectale dans les zones de contact avec le languedocien (et avec le limousin à Puynormand, en Gironde). Les parlers de transition existent cependant (par ex. en Ariège vers Massat, cf. Deledar & Poujade 1992). Il est difficile de dégager des sous-dialectes en gascon et Bèc (1973, LLO) ne cherche pas à en dresser la liste. Mais on peut remarquer que certains phénomènes s’intensifient à l’ouest et au sud du domaine, à mesure qu’on s’éloigne de la Garonne selon le “champ gradient de gasconnité” (ALG: 2531). Selon l’ALG (vol. VI), on peut dégager quatre zones: a) Le gascon occidental (gascon occidentau), à l’ouest d’une ligne approximative Agen-Pau, se singularise par la neutralisation de -e et -a posttoniques en [´]. Ce phénomène est accompagné en landais (lanusquet, landés, parlar negue “parler noir”) par une évolution radicale où le phonème /e/ passe à /œ/ en position tonique et prétonique (Viaut & Bianchi 1995: 30; ALG: 2212). Cette transphonologisation rappelle le nord-auvergnat et le baléare où /e/ passe à /´/. Les parlers du nord n’utilisent pas les énonciatifs comme que (à l’extrémité sud, le gascon aranais fait de même). b) Le gascon pyrénéen (gascon pirenenc) possède le célèbre article défini eth~er, era, eths, eras (aranais: eth~er, era, es, es). Mais la Vallée d’Ossau garde le type général lo, la, los, las. c) Le gascon garonnais (gascon garonenc), près de la moyenne Garonne, développe le plus de traits communs avec le languedocien (conjugaison -iá au lieu de -iva, -èva…). d) Il y a un gascon central (gascon centrau), intermédiaire, dont le cœur est l’Armagnac. Le Béarn, malgré son passé d’État souverain et de province distincte de la Gascogne, n’a pas généré de sous-dialecte clairement identifiable. Ses limites historiques ne coïncident pas du tout avec les faisceaux d’isoglosses. Le Béarn est véritablement écartelé entre des parlers pyrénéens, occidentaux et les influences du gascon central. C’est pour cette raison que la koinê littéraire construite sur les parlers du Béarn est presque centrale. Elle est assez bien placée pour servir de base au gascon référentiel. VIII.2 La classification supradialectale

Bèc (LLO; 1972) propose ce qu’il appelle une classification (ou structuration) qui, selon certains critères, permet de dégager trois ensembles de parlers qui transcendent la classification dialectale habituelle. a) aquitano-pyrénéen (aquitanopirenenc): catalan, gascon, languedocien méridional b) occitan central (occitan central): languedocien sans le sous-dialecte méridional c) arverno-méditerranéen (arvèrnomediterranèu): limousin, auvergnat, vivaro-alpin, provençal supradialectale

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La classification supradialectale met surtout en évidence des phénomènes phoniques. Néanmoins ces derniers ont des incidences sur les débats relatifs à la norme morphologique (gestion du -e de soutien, régularisation des suffixes, cf. § XII.5.1). Tout en reprenant le découpage et les termes de Bèc, je propose de voir deux grands ensembles fondamentaux: le préibérique (preïberic) et l’arverno-méditerranéen (arvèrnomediterranèu).

VIII.2.1 LE PRÉIBÉRIQUE L’ensemble préibérique rassemble l’aquitano-pyrénéen et l’occitan central. Dans la première édition de La langue occitane (1963), Bèc employait le terme “aquitano-pyrénéen” pour ce que j’appelle ici le “préibérique”. Dans les éditions suivantes, il a mis en place la distinction entre “aquitano-pyrénéen”, avec le sens restreint actuel, et “occitan central”. Ma promotion du terme préibérique n’est donc que le retour, sous un nouveau nom, d’un concept que Bèc avait pensé depuis longtemps. Le terme préibérique permet d’y inclure le catalan et de mettre en évidence son affinité phonique avec toutes les langues de la péninsule Ibérique (ce qui est pratique en pédagogie). Les traits phoniques communs du préibérique sont: - la distinction entre /r/ apical bref (ou battu) et /rr/ apical long (ou vibrant), - la réalisation fricative [B, ð, V] des phonèmes /b, d, g/ entre deux voyelles ou au contact de [l, r, z]. Cependant, il y a des résistances locales à [ð] en lg. et à [B] en cat. - la réalisation apico-alvéolaire des phonèmes /s/, /z/. - le bétacisme ou articulation /b/ pour v (certains parlers catalans connaissent cependant l’opposition /b ~ v/). - pas ou peu de nasalisation des voyelles devant n, m en fin de syllabe: pensa ["pensO]. - tendance générale à amuïr -n final (exceptions: certains parlers gascons réalisent -n en [ˆ], tout le gascon articule -n final issu du latin -nn- ou -nd-, le languedocien oriental articule -n dans la terminaison tonique -an, le catalan articule n dans les pluriels en -ns). a) L’aquitano-pyrénéen se distingue par les traits suivants: - ct latin y a évolué en it/t

- la séquence /js/ du protosystème ne connaît que les réalisations palatalisées /jS/ ou /S/ écrites ix en catalan, iss en languedocien et ish en gascon - la protodiphtongue [aj] est passée à [Ej, E] - la clé phonématique //d°Z, d°z, z, Z…// se réalise /Z/. b) L’occitan central s’y oppose de la manière suivante: - ct latin y a évolué en ch,

- la séquence /js/ du protosystème connaît une réalisation non palatale /js/ notée iss. - la protodiphtongue [aj] se maintient. - la clé phonématique //d°Z, d°z, z, Z…// se réalise sous la forme de l’affriquée /d°Z/ (évolutions secondaires: /t°s, t°S…/). 147

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VIII.2.2 L’ARVERNO-MÉDITERRANÉEN L’ensemble préibérique, catalan inclus, constitue un bloc qui se distingue très nettement de l’ensemble arverno-méditerranéen dont les traits majeurs sont: - Les rhotiques. Le provençal distingue /r~R/ entre deux voyelles et généralise /R/ dans les autres positions. Le nord-occitan actuel généralise /r/ ou /R/ en toutes positions. À l’origine, le nord-occitan distinguait peut-être /r~®6/ entre deux voyelles et généralisait /r/ dans les autres positions (/®6/ intervocalique se maintient encore à Vinzelles, commune de Bansat, Auvergne; cf. Dauzat 1915; Rj: § 54). - la réalisation toujours occlusive [b, d, g] des phonèmes /b, d, g/. - la réalisation prédorso-alvéolaire des phonèmes /s/, /z/. - l’opposition /b ~ v/. La nasalisation plus ou moins forte des voyelles devant n, m en fin de syllabe: semi-nasalisation (pensa ["peˆsO]) ou nasalisation complète ["pe)sO]. L’arverno-méditerranéen comporte les sous-ensembles suivants. a) Le niçardo-alpin (niçardoalpenc, niçardoaupenc) comprend le niçois et l’alpin. Il est très conservateur et maintient les consonnes finales. Le conservatisme peut aller jusqu’à articuler le -r des infinitifs en alpin et, dans de nombreux parlers, les finales complexes -rn(s) [rn(s), rt(s)], -rm(s) [rm(s), rp(s)], -nt(s) [nt(s)], -nd(s) [nt(s)], -mp(s) [mp(s)], -mb(s) [mp(s)]. Ceci est à peu près impossible ailleurs (sauf dans une partie du catalan). Si on y ajoute le maintien fréquent de -n final et la réalisation répandue [a] pour -a final, le niçardo-alpin s’avère très proche du protosystème médiéval. Le conservatisme maximal s’observe dans les parlers alpins intérieurs, au fond des vallées. Il est donc faux d’affirmer que le languedocien serait le dialecte le plus conservateur… La tendance à faire chuter /d, g, d°Z, z/ intervocaliques, surtout en alpin (susar > suar “suer”, bujada > bujaa/buaa “lessive”) est un trait très ancien, partagé avec le francoprovençal et sporadique dans le reste du domaine occitano-catalan (Rodergue° > Rozergue > Roergue). b) Le transoccitan (en occ. transoccitan) amuït un grand nombre de consonnes finales. Il comprend le provençal général, le vivaro-dauphinois, l’auvergnat et le limousin. Il dessine un espace considérable et transversal qui va de la Charente au Var. Les isoglosses de l’amuïssement des consonnes finales coïncident de manière imparfaite avec la frontière entre transoccitan et occitan central: certains parlers de transition connaissent des amuïssements partiels (extrême sud auvergnat, sarladais, haut-quercynois, cévenol, montpelliérain…). Il en va de même entre le transoccitan et le niçardo-alpin (périphérie des Alpes, région Cannes-Antibes-Grasse). Dans l’ensemble transoccitan, le provençal est légèrement plus conservateur que les autres parlers: - Le provençal garde la réalisation centrale de a prétonique, prononce -n final et maintient s en fin de syllabe: man [maˆ], nòstre ["nOstRe], escòla [es"k(w)OlO]. C’est un trait commun avec le niçardo-alpin. - Le limousin, le nord-auvergnat et le vivaro-dauphinois vélarisent plus ou moins a prétonique en [Å], amuïssent -n final et font évoluer s en fin de syllabe: parlar [pÅr"la], vin ["vi, "vji], nòstre ["nOhtre, "nO…tre, "nOtr´], escòla [eh"kOlO, ej"kOlO, Ij"kOlO]. Ces traits 148

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pénètrent dans certains parlers alpins et languedociens. L’amuïssement de -n est un trait partagé avec le languedocien, le catalan et une partie du gascon. L’îlot conservateur des parlers protestants du Velay (haute vallée du Lignon) fonctionne comme une enclave niçardo-alpine en pleine zone transoccitane. Il faut mettre en évidence l’originalité du Croissant dans le groupe transoccitan. La tendance à y amuïr -a et -e finaux permet d’articuler les consonnes sonores et sourdes en fin de mot. C’est une surévolution due sans doute au français: granda [ grad], roge [ ru ]. Le mentonnais connaît aussi cette possibilité articulatoire, mais pour des raisons tout à fait différentes. Il maintient l’opposition sourde~sonore en finale, comme en occitan primitif et comme en royasque: lob, amig, niçard [lub, a mig, ni sa d] (en niçois de Nice: lop, amic, niçard [lup, a mik, ni sa t]; cf. Forner 2001: 12-17). "

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VIII.2.3 LA CLASSIFICATION SUPRADIALECTALE REFORMULÉE La classification supradialectale, reformulée, se résume donc ainsi:

a) arverno-méditerranéen (i) niçardo-alpin: niçois, alpin. (ii) transoccitan: limousin, auvergnat, vivaro-dauphinois, provençal général. b) préibérique (ex-aquitano-pyrénéen) (i) occitan central: languedocien sans le sous-dialecte méridional. (ii) aquitano-pyrénéen: gascon, languedocien méridional, catalan.

Pour une analyse détaillée des grandes zones dialectales, d’un point de vue strictement phonétique, on se réfèrera à Fulhet (1993).

VIII.3 Autres regroupements dialectaux L’affinité entre l’auvergnat et le limousin a été soulignée par Ronjat. Il parle même d’un grand dialecte auvergnat-limousin (Rj: § 852), que je propose d’appeler arverno-limousin (arvèrnolemosin) en cohérence avec la forme des autres termes déjà utilisés. La solidarité de cet ensemble vient de la conjonction des traits nord-occitans (ca → cha, ga → ja) et transoccitans (amuïssement des consonnes finales) et par l’absence des traits vivaro-alpins (parlada → parlaa, peschador → peschaor). Pourtant, l’amuïssement du d intervocalique existe en auvergnat, à l’est du Bourbonnais, en liaison avec le francoprovençal depuis une époque très ancienne (Escoffier 1958a: § 109-111). Dans un sens très large, on peut rassembler le provençal général, le niçois et le vivaro-alpin sous le terme d’occitan oriental, comme le soulignent Martin & Molin (GramPro: 143). Bouvier (1978) propose même d’appeler cet ensemble provençal au sens large. Les phénomènes partagés sont: - La tendance à généraliser òn, òm en syllabe fermée au lieu de on, om dans les autres dialectes: bòn “bon”, fònt “fontaine”, respònsa “réponse”. Mais ce phénomène n’est pas inconnu dans certains parlers auvergnats et gascons (notamment en aranais). - La généralisation, plus forte qu’ailleurs, du subjonctif présent analogique au détriment du subjonctif présent classique (que parle, que finisc(h)a, que senta, que bata > que 149

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DEUXIÈME PARTIE parle, que finigue / que finisse, que sente, que bate). Mais les formes classiques en -a n’ont pas tout à fait disparu (§ XIII.23.4). - Le chevauchement de l’isoglosse ca/cha par des mots dont la forme est devenue largement commune aux deux dialectes (chausir, champ).

Dans le chapitre suivant, les figures IX.2, IX.3 et IX.4 résument les classifications dialectologiques en relation avec les standards régionaux.

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Chapitre IX

PANORAMA DE L’OCCITAN LARG IX.1 Le bien-fondé des standards régionaux On est obligé de prendre acte de l’organisation réticulaire et décentralisée de la culture occitane. La récupération de la langue d’oc se fait autour de dialectes ou de sous-dialectes parmi lesquels il se dégage quelques standards régionaux émergents ou potentiels. Et aucune variété d’occitan n’a jamais été en mesure de recouvrir toutes les autres. La “démocratie des dialectes” s’est imposée comme un des fondements du mouvement culturel d’oc, voire comme un mythe fondateur 1. L’Occitanie a une histoire linguistique complexe dans laquelle les koinês régionales sont préfigurées depuis longtemps: koinês régionales de la prose médiévale; pôles provençal, toulousain et gascon de la Renaissance Barroque; principe d’égalité des dialectes depuis la Seconde Renaissance. Dans de nombreuses langues, l’idée d’un standard unique va de soi. Du côté des langues établies, la pression des besoins de communication de la société modernisée permet cela. Du côté des langues subordonnées, c’est possible pour des langues peu étendues comme le basque et le frioulan. Si on combine la grande étendue de l’Occitanie —une des plus vastes minorités d’Europe—, son grand affaiblissement linguistique, la conscience assez vague de son unité et sa dépendance vis-à-vis des centres culturels extérieurs (Paris, Barcelone et Madrid, Turin et Rome), il n’est pas étonnant que le renaissantisme d’oc s’organise à travers un réseau de dialectes autonomes qui se fédèrent tant bien que mal. Le catalan est tiraillé lui aussi entre des États différents et des régions fortement individualisées. Lorsque la norme pluricentrique connaît ainsi des adaptations territorialisées, cela donne des standards régionaux (§ I.3). L’occitan et le catalan s’orientent donc vers ce que Lamuela (1992: 20, 1995: 16) appelle une codification plurielle et Castellanos (2000: 77) une norme pluricentrique. Kloss (1978) a déjà parlé de plurizentrische Hochsprachen et Clyne (1992) de pluricentric languages. D’autres exemples connus de pluricentrisme, avec continuité territoriale, sont le hindi-ourdou, l’allemand, le galaïco-portugais (en comptant le galicien réintégrationiste) et l’arabe. L’anglais et l’espagnol sont aussi pluricentriques et leurs standards régionaux connaissent la continuité territoriale dans les Amériques. 1

Presque personne ne défend l’option d’un standard unique. Deux personnes ont fait exception: SullyAndrieu Peyre, qui ne jurait que par la koinê provençale mistralienne, et François Fontan, qui imaginait un standard unique composé de divers éléments dialectaux. Ils n’étaient pas dans le courant classiciste. Il est donc absurde d’accuser la norme classique d’uniformisation.

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Le pluricentrisme catalano-occitan est relativement proche de l’idée de polynomie des sociolinguistes corses. Dans la polynomie, l’unité se fait par convergence et sans centralisme (Dubois & al. 1994: art. polynomie). Mais les “polynomistes” éludent souvent la question de la standardisation, qui est pourtant nécessaire si on veut équiper la langue afin de vaincre la diglossie. Certains auteurs violemment anti-occitanistes voudraient même opposer de manière dogmatique la polynomie et la standardisation (§ IV.1.6). En réalité, il est plus réaliste de concevoir le pluricentrisme de l’occitan et du catalan comme une solution qui associe l’idéalisme décentralisateur de la polynomie et les nécessités pragmatiques de la standardisation en vue de l’établissement. Pour standardiser le romani, de même, Courthiade (2003: 242) invoque les “principes complémentaires de la polynomie et de la convergence”. Un autre paramètre est celui du degré de divergence dialectale. Ce facteur est peu décisif en soi pour imposer la nécessité des standards régionaux. Certaines langues comme le l’italien et le basque ont un standard unique alors qu’elles connaissent une divergence dialectale plus accentuée qu’en occitan. Inversement, des langues aux dialectes homogènes comme l’anglais et le galaïco-portugais connaissent des standards régionaux qui coïncident avec les États, et non avec les dialectes. Dans le cas de l’occitan et du catalan, le pluricentrisme est imposé par la géopolitique et l’histoire (personnalités régionales fortes, absence de centre unique) plus que par la dialectologie stricto sensu. Les dialectes d’oc ont évolué sur place à partir du latin vulgaire et leur fragmentation est ancienne. Le catalan, au contraire, est né dans un territoire exigu, dans l’est des Pyrénées, et a connu une fragmentation légère à la suite de la Reconquista. Fabra, suggérait aux occitanistes d’en tenir compte; son ton est paternaliste, condescendant et catalanocentriste, mais son argument reste vrai: Els catalans, en iniciar-se la decadència literària, posseíem una llengua homogènia, i l’obra de depuració, que és d’acostament a la llengua medieval, ens porta tot naturalment a una llengua gairebé uniforme, amb modalitats ben poc allunyades les unes de les altres. Els vostres parlars actuals, al contrari, són el resultat d’un procés de fragmentació operat sobre una llengua molt menys homogènia que el nostre català medieval, i, depurant-los, us encaminareu a la formació d’un grup de dialectes literaris, i heu d’estar satisfets si arribeu a aconseguir que cadascun d’ells sigui perfectament entenedor a la massa parlant occitana, dialectes, llavors, d’una sola llengua literària. (Fabra 1929: 193-194)

IX.2 Combien de standards régionaux? IX.2.1 UN IMPENSÉ DE L’OCCITANISME Dans le cadre de la “démocratie des dialectes”, le concept des standards régionaux est plus ou moins accepté dans la norme classique mais curieusement, la plupart des renaissantistes sont incapables de donner la liste exacte et les limites précises de ces standards régionaux. L’attitude localiste de beaucoup de renaissantistes a empêché de clarifier cette question. Il y a dans ce domaine un impensé et un vide institutionnel. Jusqu’à présent, seuls quelques auteurs ont donné des indices pour un dénombrement des standards régionaux. 152

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Bèc (LLO, 1972, 1973) ne parle pas de standards régionaux mais il ébauche néanmoins ce que donne la codification de l’occitan dans les six dialectes de base, à travers l’exemple de la parabole de l’enfant prodigue (dans LLO, le vivaro-alpin manquait à l’origine mais à été ajouté dans les dernières éditions). Lafont (1984) fixe le nombre de standards régionaux, même s’il n’emploie pas ce terme, au nombre de six. Il y associe de manière très intéressante la dialectique géographique du centre et de la périphérie. Normes doit être maintenu au pluriel. Nous pensons en effet qu’une campagne de récupération de l’occitan doit utiliser deux niveaux: des normes générales, qui sont à notre avis six: un provençal commun normé, un languedocien commun normé, un gascon commun normé, un limousin commun normé, un auvergnat commun normé, un alpin commun normé. Ces formes linguistiques devraient s’appuyer sur des centres urbains gradients: Marseille-Aix, Montpellier-Toulouse, Bayonne-Bordeaux, Limoges, Valence. Elles correspondent de plus à des traditions historiques, médiatrices d’une reconquête de sentiment occitan. Ce sentiment occitan, rassembleur pratiquement […] a pour forme linguistique le fameux “occitan de référence” […] (Lafont 1984: 105)

Dans les “centres urbains gradients”, Clermont-Ferrand, Nice et Pau sont curieusement absents. Et dans liste des standards, Lafont ne cite pas le niçois. Il préconise pourtant la culture d’un niçois référentiel par ailleurs (Lafont 1972: in fine). Sauzet (1990) est le premier occitaniste qui ait parlé de “standards régionaux” 1 et à leur cadre que sont les régions linguistiques et historiques: L’us de la grafia occitana estala un foncionament de la lenga ont la dialectalitat se redusís a de marcas sus fons d’indiferenciacion. Lo fons indiferenciat esperlongat d’una seleccion morfologica e de la causida de talas o talas marcas de dialectalitat establís las formas dialectalas referencialas o estandards regionals. (Sauzet 1990 : 40, c’est moi qui souligne) (…) La consequéncia e la sancion practica de las consciéncias regionalas, o provincialas, dins la consciéncia occitana, es qu’es essenciala l’elaboracion d’estandards regionals que respièchan las particularitats de las regions linguisticas, istoricas e umanas d’Occitània. (Sauzet 1990 : 45, c’est moi qui souligne)

Sibille (2002: 25-26) dresse une liste de six “variétés d’occitan élaboré” (terme que je discute au § I.3): provençal mistralien, provençal classiciste, niçois, languedocien, gascon (qui “oscille entre une norme béarnisante et une norme plus pan-gasconne”) et limousin. Il note l’absence de formes élaborées en auvergnat et en vivaro-alpin tout en signalant qu’“une koinè est en cours d’élaboration dans les vallées italiennes”. Ce tableau a le mérite d’être explicite mais il ne mentionne pas les travaux sur l’auvergnat (§ IX.9.5), sur le vivaro-alpin général (§ IX.9.4) et sur l’aranais. Essayons maintenant de préciser le décompte des standards régionaux. Les six dialectes reconnus par la dialectologie, depuis Bèc, constituent les bases potentielles de six standards régionaux: gascon, limousin, auvergnat, vivaro-alpin, provençal, 1

Indépendamment de la linguistique occitane, ce terme apparaît aussi chez les Catalans, au plus tard en 2001, dans le (DSL: art. et ). Diccionari de sociolingüística

estàndard regional

paraestàndard

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languedocien. Mais dans trois de ces dialectes, des modalités particulières se sont développées pour des raisons historiques: a) L’aranais dans l’ensemble gascon, depuis l’officialisation de 1990. b) Le cisalpin dans l’ensemble vivaro-alpin, notamment depuis la loi 482 de 1999, qui favorise un usage institutionnel inédit. c) Le niçois dans l’ensemble provençal. Il se distingue par une originalité structurale mais aussi par l’histoire particulière du Pays Niçois qui s’est séparé du comté de Provence dès 1388. Les renaissantistes ont développé un niçois littéraire qui s’impose dans le paysage culturel, même s’il est encore mal fixé. Les Niçois ne cultivent jamais la koinê provençale (à l’exception de R. Toscano). Si on s’arrêtait à ces considérations, on atteindrait le nombre de neuf standards généraux potentiels: les six dialectes de base auxquels s’ajoutent trois situations particulières. Six ou neuf, cela serait un chiffre énorme, sans équivalent dans le Monde. IX.2.2 COMPARAISON AVEC D’AUTRES LANGUES PLURICENTRIQUES Les langues établies à codification plurielle sont promues en général dans plusieurs États qui développent chacun leurs standards régionaux. La pression des besoins de communication fait de sorte que les standards régionaux restent très proches. C’est notamment le cas de l’anglais et de l’espagnol. En comptant tous les États hispanophones, on pourrait trouver éventuellement un nombre de standards régionaux espagnols plus élevé qu’en occitan, mais les différences entre les espagnols d’Espagne, du Mexique et du Chili restent très inférieures à celles qu’il y a entre les occitans du Pays Niçois, du Limousin et de Gascogne. En réalité, les standards régionaux espagnols et anglais sont apparus aux XIXe et XXe siècles pour permettre aux anciennes colonies de s’affirmer (Kachru 1982, Milán 1982). L’individualisation des “nouveaux anglais” se limite à l’orthoépie ou à des spécificités lexicales (Kachru 1982), voire à quelques détails d’orthographe (colour~color). Celle de l’hispano-américain se manifeste essentiellement à travers l’orthoépie, le style (Milán 1982) et des emplois lexicaux particuliers, qui sont d’ailleurs intégrés dans les dictionnaires espagnols édités en Espagne. Dans d’autres langues établies à codification plurielle, les standards régionaux sont très peu nombreux et en général peu différentiés: roumain (de Roumanie et de Moldavie), persan (persan d’Iran, dari et tadjik), hindoustani (hindi et ourdou)… On reste très en deçà du nombre pressenti en occitan. En catalan, les standards régionaux ont une variation très réduite: quelques détails de conjugaison et des colorations régionales dans l’orthoépie. Mais l’orthographe, le gros des formes grammaticales et le lexique restent partout identiques. On rassemble ces standards régionaux sous l’étiquette globale de català estàndard (IEC 1997, 2001). Les autres langues subordonnées à codification plurielle ont un nombre restreint de koinês ou de standards régionaux: le mordve (erza et mokcha), le sorabe (bas- et haut-sorabe), l’arménien (oriental et occidental), le kurde (kurmanji et sorani), le breton (général et vannetais)… Une étude prospective sur le berbère (Castellanos 2000: 109-113) envisage un “standard A”, très homogène et épuré, et un “standard B”, véhiculaire, avec davantage d’interférences et une organisation en deux blocs dialectaux (aire gravilectale et touareg exocentrique). Seul le lapon, qui est très fragmenté, arrive à un nombre maximum de six variétés écrites (Badia 2002: 224). Le nord-italien atteint 154

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une pléthore de “dialectes littéraires” parce qu’il n’est pas ou peu codifié: l’occitan n’a pas cette excuse. Un nombre allant de six à neuf standards régionaux, tel qu’on l’envisagerait en occitan, est donc tout à fait exceptionnel et déroutant 1.

IX.3 Un standard, sept modalités régionales: le système de convergence À la lumière de ce qui se passe dans d’autres langues, les occitanistes devraient prendre conscience de la difficulté de gérer efficacement (et équitablement…) un grand nombre de standards régionaux. Il est réaliste d’insister sur la difficulté technique. Voyons s’il est possible de baisser notre fourchette comprise entre six et neuf. - Les six dialectes de base sont irréductibles les uns aux autres. Ils sont perçus tels quels par les renaissantistes et par les populations. - Le niçois rayonne sur l’ensemble du Comté de Nice et de Monaco avec une base démographique de 530 000 habitants. Il s’appuie sur la métropole de Nice (la troisième d’Occitanie), sur l’histoire particulière de la région, sur la forte identité culturelle qui s’y est développée et sur l’imperméabilité à la koinê provençale commune. La koinê niçoise est donc la base légitime et raisonnable d’un septième standard régional. - Le cisalpin et l’aranais n’ont pas les caractéristiques du niçois. Sur le plan démographique, les Vallées Occitanes ont environ 200 000 habitants et le Val d’Aran n’en a que 7 000. Il n’y a aucune métropole régionale. On n’a développé le cisalpin et l’aranais que depuis la deuxième moitié du XXe siècle, leurs traditions littéraires sont minces et ne constituent pas de koinês objectives. La moindre des choses, bien entendu, est d’encourager les mouvements actuels de récupération de l’aranais et du cisalpin. Mais ces deux variétés d’occitan peuvent être cultivées et respectées tout en puisant les recours expressifs qui leur manquent dans des standards régionaux plus larges: le vivaro-alpin général et le gascon général. L’articulation entre les deux niveaux se fera par une clarification des passerelles morphologiques (vivaro-alpin général sauvar, los, totes = cisalpin salvar, lhi, tuchi — gascon général ausèth, hont, parla = aranais audèth, hònt, parle). Le cisalpin rassemble des parlers divers: il serait une modalité spéciale du vivaro-alpin référentiel, avec de légers aménagements morphologiques et orthoépiques. L’aranais, par contre, est vraiment un parler local. Finalement, on en arrive à un total de sept standards régionaux: gascon, limousin, auvergnat, vivaro-alpin, provençal général, provençal niçois et languedocien. Ce chiffre reste quand même énorme et inédit dans l’histoire de la planification linguistique. Quelques principes permettent d’atténuer la difficulté de gérer un aussi grand nombre de variétés référentielles. a) On parle d’un seul occitan larg (ou d’un seul occitan estandard), qui englobe les sept standards régionaux. Un standard régional, le languedocien, sert aussi de standard général car il est objectivement intermédiaire entre les autres dialectes. C’est en quelque sorte la variété par défaut de l’occitan larg, mais non exclusive des autres. 1

Quelques occitanistes proposent de créer un standard général qui ne serait pas du languedocien, afin de ne privilégier aucun dialecte. L’ancienne norme du PNO allait dans ce sens. Cela demanderait de créer et de gérer une variété supplémentaire du standard et de créer pour elle des livres, des grammaires et des dictionnaires qui ne sont pas encore prêts de voir le jour. C’est parfaitement irréaliste.

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DEUXIÈME PARTIE b) On s’efforcera de divulguer cet occitan larg, avec ses sept formes régionales, grâce à un matériel panoccitan et harmonisé: dictionnaires, grammaires, méthodes, guides terminologiques... Il est nécessaire que la planification linguistique véhicule l’occitan larg de cette manière. Ce travail considérable est le prix nécessaire de la “démocratie des dialectes” (§ II.7.1). c) Les correspondances entre les sept variétés régionales de l’occitan larg sont les plus simples et les plus régulières possible: (i) Les différences de régularité évolutive (ch. XII) sont sélectionnées et limitées aux correspondances les plus générales du diasystème (cantar/chantar, sal/sau, nuèch/nuèit…) et les plus emblématiques de chaque dialecte (fòrt / gas. hòrt; parlada / va. parlaa…). (ii) Le lexique non grammatical est partagé intégralement. Les mots dont l’origine régionale est marquée deviennent panoccitans: isard/sarri (des Pyrénées) = c(h)amoç (des Alpes) “isard, chamois”; belièr/belier “février” (du Limousin); berri “cheveu” (de Nice); méisser “servir à boire” (du Rouergue)… La présence de synonymes est admise, comme dans beaucoup de langues standard: isard/sarri/camoç — belièr/febrièr — berri/pel/cabel. (iii) Le lexique grammatical est presque entièrement partagé, sauf pour un très petit nombre de mots qui semblent irréductibles comme plan~ben “bien” (plan au sens de “bien” ne passerait pas en occitan oriental). (iv) Les affixes permettant la dérivation sont partagés intégralement. Les différences de forme se réduisent à la régularité évolutive (-ada/-aa) et, dans un tout petit nombre de cas, à des formes emblématiques de certains dialectes (-ièr/-ier/ -èir/-èr; numéraux ordinaux en -en/-esme/-au). (v) Les formes grammaticales (ch. XIII) sont très convergentes mais enregistrent certains traits emblématiques des dialectes: articles (los/lei/lu), flexion des noms et adjectifs (bòsques/bòscs), flexion verbale (parli/parle/parlo), pronoms personnels (ieu/jo), possessifs, démonstratifs, relatifs, exclamatifs, interrogatifs, etc. (vi) Les recours expressifs de la morphosyntaxe sont intégralement partagés: en parlant = en parlar (§ XIII.23.2), fortament e grandament = fortament e granda = fòrta e grandament (§ XIII.15.1). Ce principe s’applique aussi à la syntaxe mais on ne peut pas la détailler ici. (vii) L’orthographe classique, en étant diasystématique, facilite ces correspondances inter-régionales et permet de recouvrir un grand nombre de prononciations. (viii) L’orthoépie est précise et authentique mais admet la souplesse (annexe B). d) Les formes attribuées à un standard régional ne sont pas totalement rigides. Par exemple, dans la régularité évolutive du latin ct vers ch ou bien it, le type nuèch (nuech) est basiquement languedocien, limousin, vivaro-alpin, provençal et niçois tandis que nuèit (nueit) est basiquement auvergnat et gascon. Mais il n’est pas interdit d’utiliser nuèit en languedocien méridional, en commun avec le gascon standard et l’auvergnat standard. De même, dans les formes grammaticales, la marque de la p1 des verbes est -o en vivaro-alpin et -i/-e en provençal. Mais il n’est pas interdit de dire -o dans les zones où le provençal fait la transition vers le vivaro-alpin.

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Il y a cependant un impératif pédagogique: les néolocuteurs ne peuvent pas deviner ni gérer facilement de telles variations à l’intérieur d’un standard régional. La pédagogie doit donc présenter nuèch comme forme générale du languedocien et, seulement en cas de besoin, nuèit comme forme secondaire et admissible en languedocien. Par contre, nuòch est trop local pour être référentiel et n’entre pas dans la sélection des traits évolutifs (§ XII.3). En tout cas, les ouvrages doivent cesser de présenter nuèch = nuèit = nuòch de manière indistincte. Cela entraîne un usage incohérent et incompris chez les néolocuteurs, qui mélangent par exemple nuèch et fait (normalement: nuèch va avec fach ou bien nuèit avec fait). La notation de type “lg. nuèch, auv. nuèit…” que j’utilise ici, est une simplification pratique. Le calatà estàndard fonctionne selon le même principe. Par ex., la marque de la p1 des verbes est -e en valencien et -o dans le standard général, mais il y a des chevauchements: le valencien du nord dit -o au lieu de -e. Ces subtilités sont peu nombreuses et faciles à gérer en català estàndard. En occitan larg par contre, elles sont plus nombreuses et plus délicates. L’expérience pédagogique de l’occitan larg sera décisive pour avancer dans la gestion de ce problème. Fig. IX.1 — Organigramme de l’occitan larg

occitan larg auvernhat

occitan larg lemosin occitan larg gascon (+ aranés)

occitan larg general (lengadocian)

occitan larg vivaroalpenc (+ cisalpenc)

occitan larg niçard occitan larg provençau

Enclaves linguistiques à protéger:

royasque — monégasque



Petite Gavacherie

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Fig. IX.4 — Correspondance entre dialectes et standards régionaux dans le diasystème standards

classification dialectologique structuration supradialectale

classification dialectale sous-dialectes

dialectes

groupes

régionaux

généraux

dialectaux

ne én ar re itd é m -o nr ev ra

haut-limousin occitan larg (dont lim. du Croissant) limousin lemosin bas-limousin nordtransoccitan nord-auvergnat occitan larg occitan (dont auv. du Croissant) auvergnat auvernhat sud-auvergnat vivaro-alpin occitan larg vivaro-dauphinois vivaroalpenc alpin niçardo-alpin provençal niçois occitan larg (dont mentonnais) niçard transoccitan provençal général sud(maritime + rhodanien) occitan occitan languedocien oriental central lg. septentrional lg. occidental lg. méridional gascon garonnais gascon central gascon gascon occidental (dont landais) gascon pyrénéen (dont aranais) roussillonnais (dont capcinois) majorquin aquitanominorquin pyrénéen eivissenc catalan alguerès oriental septentrional de transition salat barcelonais tarragonais xipella lleidatà ribagorçà catalan (dont benasquais) occipallarès dental tortosí valencien septentrional valencien apitxat valencien méridional Sources pour le catalan: Veny (1985, 1993), Babia (1997), IEC (1997, 2001). provençal

occitan larg provençau

languedocien

gascon

occitan larg general

occitan larg gascon

roussillonnais

català estd. rossellonès

eu iqr éb ié rp

català

baléare

estàndard balear

alguerès

catalan central

catalan nordoccidental

català

valencien

estàndard valencià

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català

estàndard general

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IX.4 Les rapports entre les standards régionaux et le standard général

Je suis en peine de trouver une langue pluricentrique dont les standards régionaux auraient un degré de différenciation comparable à ceux de l’occitan. En attendant que la typologie des langues pluricentriques se mette en place, on peut suggérer pour l’occitan le développement suivant. Je m’inspire notamment de Sauzet (1990: 38). Le standard général (languedocien) est le support prioritaire des documents techniques ayant une diffusion panoccitane, c’est-à-dire ceux qui sont abondants, lourds à gérer, et dont il est difficile de faire des versions systématiques dans les standards régionaux. Aujourd’hui, ce standard général est rarement utilisé en tant que tel car les besoins de communication en occitan sont encore réduits. Si la planification linguistique se développe, le standard général peut convenir à un journal télévisé à vocation panoccitane, à la masse des documents administratifs, à la traduction des notices et des étiquetages d’origine étrangère, à la traduction des œuvres étrangères (films, livres, jeux vidéo), etc. Cependant, un occitanophone doit pouvoir se servir de son standard régional pour toutes les fonctions linguistiques de la société. Il serait techniquement difficile d’exiger que tout occitanophone soit tenu de maîtriser intégralement son standard régional et le standard général. La maîtrise pleine et entière d’un standard régional, quel qu’il soit, devrait suffire pour la fonction discriminante. Les standards régionaux devraient constituer la base de toute politique d’enseignement: formation des enseignants et création des outils pédagogiques. C’est un besoin urgent si on veut mettre fin à la criante inégalité des ressources éditoriales entre les dialectes et si on veut garantir une transmission solide de la langue. À terme, si la planification linguistique réussit, un Commingeois devrait pouvoir se faire comprendre en gascon standard dans un bureau de poste à Antibes; un Valentinois devrait pouvoir remplir en vivaro-alpin standard un bon de commande venant de Brive; un Vichyssois parlant l’auvergnat standard et un Mentonnais parlant le niçois standard pourraient faire équipe dans un jeu vidéo en ligne, etc. C’est un peu la même chose lorsqu’un Majorquin fait du commerce à Andorre, lorsqu’un habitant de Lisbonne se renseigne à l’aéroport de São Paulo ou lorsqu’un Flamand fait du shopping à Groningue. Le standard régional pourra servir par exemple aux médias à diffusion régionale, aux documents administratifs émis par les collectivités locales, aux notices et à l’étiquetage des produits fabriqués en Occitanie (il est intéressant que le savon de Marseille ait un emballage en provençal, même s’il est commercialisé hors de Provence)… Dans l’absolu, rien n’interdit de traduire des œuvres étrangères dans un standard régional, mais le standard général est mieux indiqué pour cette fonction. On n’exigera la maîtrise du standard général que pour des fonctions bien déterminées comme la rédaction de certains documents panoccitans. Néanmoins, et exceptionnellement, il est très important que les documents panoccitans les plus “importants” soient disponibles dans les standards régionaux: on pense en premier lieu aux produits pédagogiques, mais aussi à une liste (à déterminer) des documents techniques les plus primordiaux comme les feuilles de soin, les imprimés pour les factures ou la comptabilité, les formulaires de la poste, etc. La production artistique (notamment la littérature et les textes des chansons) gagne à être composée dans les standards régionaux si l’on désire diffuser une culture 161

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d’oc solide, accessible et transmissible. Un auteur utilisant un standard régional sera étudié et compris de manière plus efficace qu’un auteur localiste dont il faut décortiquer les détails dialectologiques avant de pouvoir apprécier le fond de son œuvre. Bien entendu, l’artiste reste libre de tenir compte ou non de cette recommandation. C’est un pari qui peut sembler audacieux à cause de la distance de départ entre les dialectes. Mais cette distance n’est pas une barrière. Si la standardisation pluricentrique tire profit de tout le potentiel du diasystème, elle pourrait favoriser l’homogénéisation en douceur entre les standards régionaux et mettre en place des habitudes de communication interstandards qui évolueront et se régulariseront avec le temps. Il faudra évidemment corriger toutes ces anticipations lorsqu’on procèdera à l’évaluation des effets de la planification linguistique dans l’in vivo. Mais le pari de l’intercommunication croissante semble raisonnable lorsqu’on observe de quelle manière les occitanistes arrivent à communiquer entre eux, sans disposer de standards établis, et lorsqu’on se souvient que les locuteurs naturels se débrouillaient très bien dans les foires d’autrefois où se rencontraient des parlers très divers (Rj: § 1). Les standards régionaux sont simplement l’optimisation technique (répondant aux besoins de la société modernisée) des recours communicationnels interdialectaux qui fonctionnaient dans la société traditionnelle. IX.5 L’espace des standards régionaux

Les standards régionaux peuvent être configurés selon deux grands paramètres: l’espace et la composition. Commençons par l’espace. Le dialecte semble être le critère d’espace le plus logique pour bâtir un standard régional. C’est ce qui tend à se produire en occitan. Par exemple, au nord du Périgord on se reconnaît dans le standard limousin et au sud dans le standard languedocien. Il arrive que la région historique ou l’entité politique devienne un critère d’espace pour déterminer le standard régional, sans que l’on tienne compte des espaces dialectaux. Pour contourner ce problème, la diffusion de l’occitan larg, grâce à un matériel panoccitan, devrait rendre disponibles tous les standards régionaux dans toutes les régions. Chaque collectivité territoriale décidera ensuite quel sera son standard régional d’usage. Les collectivités ayant plusieurs dialectes pourraient faciliter l’emploi de plusieurs standards régionaux (l’un ou l’autre alternativement, ou bien l’un et l’autre dans les documents emblématiques). Ainsi, dans les régions administratives, Provence-Alpes-Côte-d’Azur connaît le vivaro-alpin, le provençal général et le niçois. L’Aquitaine connaît le gascon, le languedocien et le limousin. L’Auvergne connaît l’auvergnat, le vivaro-alpin (vers Yssingeaux) et le languedocien (vers Aurillac). Midi-Pyrénées connaît le gascon et le languedocien. Le Limousin parle essentiellement limousin mais connaît une transition croissante vers l’auvergnat à l’est. La partie occitane de Poitou-Charentes parle limousin. La partie occitane de Rhône-Alpes parle essentiellement le vivaro-alpin, mais aussi le languedocien dans le sud du Vivarais et l’auvergnat à Noirétable (Loire). La partie occitane du Piémont parle vivaro-alpin, à l’exception de quelques localités royasques. Les communes de Ligurie qui se revendiquent occitanes parlent royasque. La région Catalogne (Principat) ne connaît que le gascon aranais. La région Centre a 162

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une frange de communes occitanes qui se rattachent au limousin (dans l’Indre) ou à l’auvergnat (dans le Cher, communes appartenant au Bourbonnais historique). Si l’on ressent le besoin de définir les territoires des standards régionaux, l’échelon du pays semble beaucoup plus pratique. Ce concept, développé par de grands géographes comme Élisée Reclus et Paul Vidal de La Blache, représente un échelon qui n’est ni trop grand ni trop petit et qui pourrait servir d’unité de base pour l’assignation territoriale des standards régionaux. La notion de pays est reconnue dans trois des quatre États qui couvrent l’Occitanie (la question ne se pose pas à Monaco): - En France, c’est le pays géré par la Loi d’Orientation pour l’Aménagement et le Développement du Territoire (LOADT, 1995) puis par la Loi d’Orientation pour l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire (LOADDT, 1999). Les pays peuvent évoluer de manière flexible et ne recouvrent pas toute l’Occitània Granda (Portier 2001). Le géographe auvergnat F. Zégierman (1999) a dessiné un superbe atlas indicatif des pays, dans lequel la culture occitane est prise en compte. - En Italie, c’est la communauté de montagne (comunità montana). Il s’agit d’un syndicat de communes propre aux régions montagneuses, institué en 1971. - En Espagne, dans le Principat, c’est la comarca. Le Val d’Aran est une comarca dotée d’une autonomie partielle. Le paramètre de l’espace pourrait être relatif car la société moderne est de plus en plus mobile. Il sera fréquent qu’un Occitan éduqué dans un standard régional soit amené à changer de région et à s’intégrer à un autre standard régional. Par ailleurs, la société moderne développe des réseaux de relations qui échappent au territoire, en partie grâce au monde virtuel (Internet, téléphonie mobile et autres techniques à venir). Ainsi, il est tout à fait possible qu’un Gascon installé en Auvergne se mette à pratiquer l’auvergnat tout en continuant à cultiver le gascon grâce à un réseau de relations gasconnes. C’est aussi pour ces raisons qu’il est indispensable de véhiculer l’occitan larg selon une stratégie panoccitane, avec un matériel panoccitan et un partage des recours expressifs entre les dialectes (§ IX.3). La facilité des correspondances entre les standards régionaux devrait permettre de s’adapter facilement à un changement de région et elle faciliterait une homogénéisation en douceur.

IX.6 La composition des variétés standard Le second paramètre de configuration d’un standard est celui de la composition. Ci-dessous, je reprends la typologie de Lamuela (1992: 20, 1995: 16) dans les points allant d’(i) à (iv). Castellanos (2000: 75-76) a intégré cette typologie dans un modèle plus général allant des points a à d. a) La composition géographique (Castellanos) est le paramètre qui comprend les quatre possibilités suivantes: (i) La codification unitariste (Lamuela) construit une variété codifiée unique à partir d’une seule variété préexistante. (ii) La codification compositionnelle (Lamuela) arrive à une variété codifiée unique à partir de plusieurs variétés antérieures.

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(iii) La codification plurielle (Lamuela) offre plusieurs variétés codifiées qui sont compatibles avec la conception et l’usage unitaires de la langue. C’est l’équivalent du pluricentrisme à l’échelle de la langue. (iv) La codification indépendante (Lamuela) traite des variétés différentes comme si elles étaient des langues séparées. Les codifications (i) et (ii) sont applicables à l’échelle d’une langue ou d’un standard régional, (iii) et (iv) ne sont applicables qu’à l’échelle d’une langue. b) La composition diachronique (Castellanos) considère les éléments des époques antérieures, dans l’histoire de la langue, qui entrent dans le standard. c) L’émulation ou “imitation d’un système superposé précédent” (Castellanos), consiste à standardiser la langue en s’inspirant du modèle prestigieux d’une autre langue. d) Les interférences (Castellanos) venant des contacts de langues peuvent entrer dans la composition du standard. Ce n’est pas toujours souhaitable.

IX.7 Des normes différentes peuvent-elles coexister? Si la planification linguistique se met en place, elle devra faire un choix entre les normes qui se font concurrence. Il n’est pas pensable de les utiliser toutes. La reconnaissance de deux normes dans un territoire (comme le nynorsk et le bokmål norvégiens) compliquerait la planification, certes, mais si c’est une condition pour obtenir la “paix graphique”, c’est une option qui mérite d’être considérée. Il vaut mieux officialiser deux normes et parvenir à une coexistence relativement pacifique, comme en Norvège, qu’officialiser une seule norme et susciter un conflit interminable comme en Galice (et comme en Grèce jusqu’à une époque récente). Dans l’ensemble de l’Occitanie, seule la norme classique est en mesure de garantir une planification autocentrée et cohérente. Il ne peut pas être question qu’elle soit exclue d’une région ou d’un dialecte. En Provence, sur la base de l’amitié scellée entre l’IEO, le Félibrige et Parlarem, il semblerait possible de trouver un accord de planification linguistique entre les partisans des normes classique et mistralienne. Cette double norme concernerait plusieurs standards régionaux: le provençal général, le niçois et éventuellement le vivaro-alpin. Ce serait tout de même assez compliqué… Dans les Vallées Occitanes, un accord semble possible entre les partisans de la norme classique et ceux de la norme Escòla dau Pò. La norme Escòla dau Pò est strictement orthographique et laisse le champ libre à la norme classique orale. En Auvergne, Velay et Bourbonnais, il semble très difficile de trouver un terrain d’entente avec les bonnaudiens car ces derniers sont hostiles à toute collaboration. De plus, la norme classique et la norme bonnaudienne divergent trop radicalement. Si seule la norme classique devenait officielle, il serait toujours possible que les citoyens qui le désirent puissent s’adresser à l’administration en norme mistralienne, de l’Escòla dau Pò ou bonnaudienne. Les normes non classiques, quels que soient leurs inconvénients techniques, font partie de notre histoire culturelle et on sera toujours amené à les rencontrer (ne serait-ce que dans l’histoire de la langue, par exemple).

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IX.8 Les ressources multidialectales Références en bibliographie: Schlieben-Lange (1991), Wartburg & al. (1969), Pic (1981, 1999), Behrens (1893). a) OUVRAGES À TENDANCES PRESCRIPTIVES (i) Lexique - Lexique général. Alibèrt 1966 (DicAl), CLO

1997-2001, TDF Deledar & Poujade 1992; M. Grosclaude 1991, 1992, 2003; Leis Amics de Mesclum sd.; Lieutard 1996; Lo Bornat 1994-98; Mapa deu Biarn sd.; Mapamundi sd.; Nomenclator dera Val d’Aran 2003; Poulet & Krispin 1991; Répertoire toponymique et ethnographique des communes du Tarn 1988; Urroz sd.

- Onomastique.

- Relations professionnelles. Lexic de relacions laboraus 1999 - Restaurants. Jaquet 2000 - Sciences naturelles (botanique, zoologie). Barsotti

1992, Carbona 1996, Lavalada 2002 (ii) Grammaire. Alibèrt 1935 (GramAl), CLO 1997-2001, IEO 1950, Lafont 1967, Lafont 1971a, Lafont 1981, Lafont 1983a, Poujade 1996 b) OUVRAGES PAS OU PEU PRESCRIPTIFS

(i) Lexique

FEW, Azaïs 1877-81, Boucoiran 1875, Fabre d’Olivet sd. (Kremnitz 1988) (cf. J.M. Petit 1991), Honnorat 1846, Malvezin 1909, Piat 1893-94, Roquefort 1808, Scarsi 1993, TDF - Lexique ancien. Chabaneau & Anglade 1916; Baldinger DAG, DAO, 1980; Fabre d’Olivet 1803/1804; Fauris de Saint-Vincens 1790; Lacombe 1766; Lacurne de Sainte-Palaye 1760-1770; Levy 1894-1924, 1909; Raynouard 1838-44; Rochegude 1819; Stempel 1996- (DOM); Table alphabétique… sd.; Wiacek 1968 - Agriculture, vigne, élevage. A. Bernard 1981; Cosinièr 1995; Decamps 1981; Fossat 1979, 1981; Grimault 1977; Pons 1936; Romieu 1981; Schmitt 1934; Viaut 1992; Wolf 1968 - Boucherie et charcuterie. Fossat 1971 - Fabrication du pain: Latorre 1981 - Géographie. Roletto 1915 - Mer, navigation. Caserio & Gibelli 1981, Fourquin & Rigaud 1994 - Lexique général.

Bonnaud 1974-; Brenon 2002; Bruno 1996; Chabaneau & Anglade 1916; Davite & Genre 1976; Durand de Gros 1879; Falissard 2001; Garcin 1835; M. Grosclaude 2003; Hérilier 1989; Lavalada 2000, 2002, 2004; Onomastique… 2001; Pons 1946-1947; Toscano sd.; Wiacek 1968 - Sciences naturelles (botanique, zoologie). Delhostal 1933, Harant & Jarry 1967, Lavalada 1982, Lavalada 1997, Marco & Ubaud 1984, Marco & Chauvet & Ubaud 2003, Ornithologie… 1786; Ornithologie 1810; Pons 1936, Séguy 1953, Ubaud 1997, Vaissièra 1989-1997 - Technologie. Alví 1988 - Mines. Ferrero 1988, Lapeyrouse 1963 - Métiers divers. Ferrero 1984 - Vie domestique. Pons 1954 (ii) Grammaire - Grammaire moderne. Fabre d’Olivet sd., Ronjat 1930-41 (Rj) - Grammaire ancienne. Allières 2005, Anglade 1921, Fernández González 1986, Jansen 1986, Raynouard 1816, Ronjat 1913, Romieu & Bianchi 2002, Schultz-Gora 1936 (iii) Atlas linguistiques. ALF - Onomastique.

c) RESSOURCES ÉTYMOLOGIQUES

(i) Formes occitanes mentionnées - Lexique général. FEW (référence prioritaire), Boucoiran 1875, Dauzat 1915, DicAl, Lavalada 1999, Lescale 1923, Scarsi 1993, TDF - Onomastique. Cherchapaís 1998; Fabre 1991; Fénié 1992, 1997, 2000, 2002, 2003, 2004; Fossat & al. 1976; M. Grosclaude 1992; M. Grosclaude & Le Nail 2000; Lavalada 2000, 2004; Répertoire toponymique… 1988; Ricau 2000; Sabarthès 1912. (ii) Étymologies des langues avoisinantes (cognats avec l’occitan) - Lexique général.

Bloch & Wartburg 1932, Bruguera 1996, Coromines 1980-91, Coromines 1998, Cortelazzo & Zolli 1979-88, Dauzat & al. 1971, Devoto 1999, Drosdowski & Grebe 1963, Gamillscheg 1966-69, Meyer-Lübke 1935, Onions 1966, Picoche 1983

- Onomastique d’Occitanie et du Monde, dans des langues autres que l’occitan. Arsac 1991; Astor

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2002; Baylon & Fabre 1982; Belhamdi & Salvetat 2000; Bonnaud 1974-…; Bouvier 2002; Bruno 1996; Cherpillod 1986, 1988; Dauzat 1946, 1980; Dauzat & al. 1978; Dauzat & Rostaing 1963; Deroy & Mulon 1992; Epron 1979; Fabre 1980, 1995, 2000; Faure 1988; Fénié 1992, 1997, 2000, 2002, 2003, 2004; Fourié 1994; Genre prépa.; Graesse 1909; Guasca Queirazza & al. 1990; Hamlin 1983; Lacoste 2002; Longnon 1923; Mulon 1977-87; Nègre 1954, 1977, 1981, 1990-1998; Nouvel 1972, 1981; Onomastique générale… 2001; Rostaing

1950; Tanet & Hordé 2000a, 2000b; Villoutreix 1992, 1995, 2002; Vincent 1937; Vurpas & Michel 1998 - Lexique et grammaire du latin: Auzanneau & Avril 2000 (utile pour les quantités vocaliques), Du Cange 1678, Édon 1979, Gaffiot 1934, Graesse 1909, Marquis 1609 (cf. Chambon & Wooldridge 1990), Väänänen 1981 - Lexique et grammaire du grec: Bailly 1999, Bambiniotis 1998, Bertrand 2002, Stamatakos 1972, Tegopoulos & Phytrakis 1990

IX.9 Les sept variétés de l’occitan larg: état des travaux et perspectives

IX.9.1 L

E STANDARD GÉNÉRAL (LANGUEDOCIEN): UN GÉANT AUX PIEDS D’ARGILE

a) Bilan des ressources

uvrages à tendances prescriptives - Lexique. Alibèrt 1957-58, 1966 (i) O

[DicAl]; Barta 1970, 1980; Balaguer & Pojada 2005; Braç & al. 1996; Braç & al. 2002; Cantalausa 2003; A. Lagarda 1971, 1996 (la Palanqueta); Laus 1997, 2001; Rapin 1970, 1991-; Sabaud sd.; Taupiac 1977, 1992. - Grammaire. Alibèrt 1923, Alibèrt 1935 [GramAl], Bailon & Lafont 1969, Basalgas 1977a, Escartin 2002, Granièr 1978, Jornòt 1969, Sauzet 1985, Sauzet & Ubaud 1995 (LVO), Taupiac 1995, Teulat 1972, Teulat 1976d, Vernet 2000. (ii) Ouvrages pas ou peu prescriptifs - Lexique. Couzinié 1850; Dage

2003; Dictionnaire français-occitan: dialecte gévaudanais 2000; Dictionnaire languedocien-français 1974/1798; Dictionnaire occitan sd.; Dictionnaire occitan-français: dialecte gévaudanais 1992; Doujat 1638, 1695; Doujat & Visner 1897; Gary 1845; A. Lagarda 1991, 1994; Laurent 2002a; Lescale 1923; Levadoux 1990-1993; Lhermet J. 1931; Mir 1882; Moulis 1978a, 1978b; Noulet 1887; Sauvages 1756; Séguier 1770-1780; Tournié 1936; Vayssier 1879. - Grammaire. Camprós 1958, Court de Gébelin sd. (languedocien?), Laurent 2002a, Mâzuc 1899, Salvat 1943, Séguier 1770-1780, Therond 2002, Tournié 1936 - Atlas. ALF, ALLOc, ALLOr, ALMC, ALPO, Camps 1985, Costa (Sacaze) 1986, Ensergueix (Sacaze) 2003 b) État de la standardisation. Bèc (1972) et Teulat (1974b, 1974c, 1975a) ont conçu le standard général (que Bèc appelle occitan de referéncia et Teulat occitan referencial) dans le cadre d’une codification compositionnelle. Ce standard ne correspond à aucun parler languedocien particulier, il combine les caractéristiques de plusieurs sous-dialectes languedociens tout en tenant compte du diasystème occitan dans son ensemble. Les ouvrages standardisants sur la grammaire permettent d’affiner la sélection morphologique et lexicale initiée par Alibèrt (par ex. fach, plànher, veire “fait, plaindre, voir” à côté de fait et des variantes plànger, véser). Lo vèrb occitan (Sauzet & Ubaud 1995) a permis de faire une avancée décisive dans la standardisation de la morphologie verbale. Le dictionnaire grammatical de Vernet (2000) offre une grammaire complète du standard général, plus moderne que celle d’Alibèrt. Cependant,

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le lexique reste très mal standardisé car les dictionnaires en graphie classique ne sont pas assez sélectifs (sur le plan morphologique) et peu rigoureux (sur le plan lexicographique). La pratique du standard général ou du standard régional languedocien tend donc à se fixer peu à peu. Mais elle est souvent freinée par le caractère trop vague des dictionnaires et de certaines grammaires, ainsi que par toute une série de pratiques localistes, antinormistes (antinorme Taupiac-Teulat et Vistedit) ou instables (langue approximative des néolocuteurs, déficit fréquent de qualité dans l’enseignement). Composition: codification compositionnelle. IX.9.2 PROVENÇAL GÉNÉRAL: ENTRE PRESTIGE ET ÉMIETTEMENT a) Bilan des ressources

(i) Ouvrages à tendances prescriptives - Lexique. Coupier 1995, Forvieras 1901, Lèbre & al. 2004, Rourret 1981, Fettuciari & al. 2003 - Grammaire. Baquié 1987; Durand 1923; Forvieras 1899; Giely 1995; Grammaire du provençal rhodanien et maritime 1983; Jornòt 1969; Lafont 1951, 1972; Lafont & al. 1971; G. Martin & B.

Molin (GramPro).

(ii) Ouvrages pas ou peu prescriptifs - Lexique. Achard 1785-1787;

Arnoux 1940; Avril 1839; Barrigue de Montvallon sd.; Bonnet 1789; Castor 1843; Cathalogue… sd.; Clément le Cadet sd.; Dictionnaire provençal-françois sd.; Féraud 1780 (cf. Rostaing 1976); Garcin 1823, 1835, 1841; Pellas 1723 [nombreux compléments, cf. Stéfanini 1964]; Puget 1730-1740; J.F. Rey 1800-1820; Toscano & Lobe 1999 - Grammaire. Achard 1880, Barthélémy-Vigouroux & G. Martin 2001, Garcin 1823; Féraud 1780, 1788 - Atlas. ALF, ALP, ALLOr

b) État de la standardisation. La toute première base est le sous-dialecte rhodanien des pionniers du Félibrige, car il a servi à bâtir le provençal standard mistralien (standard émergeant, non établi). L’œuvre impressionnante de Frederic Mistral, sur les plans littéraire et lexicographique, est une référence de premier plan. Les classicistes n’ont pas bouleversé ce standard mais l’ont réélaboré à travers trois apports: - Le poids de l’œuvre de Robèrt Lafont, sur le plan normatif (Lafont 1951, 1972) et littéraire. Lafont est l’écrivain occitan le plus prolifique de tous les temps. Il est une référence incontournable pour une koinê provençale classiciste qui, dans sa dimension standardisante, a été développée simultanément par d’autres écrivains de poids comme Enric Espieut, Joan Ives Casanova, Florian Vernet, Danièla Julien, Felip Gardy, Pèire Pessamessa, Glaudi Barsotti… - Les ouvrages didactiques des classicistes provençaux (Baquié 1987, Grammaire du provençal rhodanien et maritime 1983, Jornòt 1969, Lafont & al. 1971, GramPro). Le standard provençal de la norme classique continue donc le standard mistralien, en y apportant les caractéristiques de la norme classique (notamment en évitant plus rigoureusement les francismes) et en intégrant à la base rhodanienne des éléments maritimes qui permettent de se rapprocher des tendances les plus générales de la langue (par ex. maritime cònsol “consul, maire” plutôt que le rhodanien cònse). Le provençal a toujours été au cœur du mouvement de standardisation de la langue occitane, notamment grâce à Mistral et Lafont. Mais le réformisme endémique et les régressions diglossiques ont considérablement fragilisé ce mouvement dans les

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années 1980-90, menant à un véritable émiettement de la pratique renaissantiste (antinorme “de Cucuron”, antinorme Vouland-Blanchet). La seule attitude décente, lorsqu’on prétend combattre la diglossie, est de rétablir et de développer le standard provençal sur ses bases initiales. Seul ce standard peut donner au provençal les moyens d’une large récupération sociale et d’un établissement efficace. Composition: codification surtout unitariste (koinê rhodanienne) et un peu compositionnelle (intégration d’éléments maritimes). IX.9.3 PROVENÇAL NIÇOIS: UNE PERSONNALITÉ AFFIRMÉE a) Bilan des ressources (i) Ouvrages à tendances prescriptives

- Lexique. Néant. - Grammaire. Baquié 1987, Compan 1965, Lafont 1951, Lafont 1972 (ii) Ouvrages pas ou peu prescriptifs - Lexique. Andrews 1877; Barroi

& al. 1998; Blaquièra sd.; Calvino 1905; Carles 1866, 1868; Caserio & al. 2001; Castellana 1947, 1952; Cessole (non publié); Clapié & Baquié 2003; Compan 1967; Escòla de Belanda 2002; Eynaudi & Cappati (1931-1938); Gauberti 1994; Giordan 1968; Liautaud 1985; Pellegrini 1894; Scaliero 1830; Vilarem & al. 1998 - Grammaire. Andrews 1875, Calvino & Sardou 1881, Chirio 2000, Gasiglia 1984, Miceu 1840, Toscano 1996, Toscano 1998 - Atlas. ALF, ALP

b) État de la standardisation. La base du standard niçois est essentiellement le parler de Nice, ce qui est inévitable en fonction du poids démographique de cette métropole. Cela permet de faire une codification unitariste relativement simple. Cependant, il demeure des divergences inutiles d’un auteur à l’autre et la codification reste fragile. Les seuls ouvrages normatifs, du côté classiciste, sont ceux de Baquié (1987) et Lafont (1951, 1972) auxquels il faut rajouter quelques précisions ponctuelles du CLO, mais ces publications ne fournissent pas une standardisation complète. Toscano, comme on l’a vu, a créé une antinorme déstabilisante, malgré sa volonté louable de faire une grammaire accessible. Les ouvrages mistraliens sont assez contradictoires eux aussi (§ IV.1.8). À la suite de Baquié et Lafont, il reste relativement peu de travail pour mettre au point la grammaire normative. Le lexique demande davantage de travail car il faut distinguer les italianismes enrichissants et les italianismes superflus (sans parler des francismes, dont la gestion est déjà théorisée). Tout en conservant le parler de Nice comme base du standard régional, on gagnerait à l’enrichir avec des éléments venant de tout le Comté de Nice. Par exemple le mot aí “oui” (parler de Nice) pourrait recevoir le synonyme classique òc (niçois hors de Nice). Pour le pronom o, cf. § XIII.19. Pour pè/pèn, “pied”, cf. ch. XIV. La conjugaison pourrait retenir quelques formes classiques et panoccitanes qui subsistent dans le Comté de Nice (§ XIII.23.4). La frontière entre le niçois et le gavot n’est pas tout à fait nette et la zone de transition (Haute Vallée du Var, Vallée de la Vésubie, Vallée de la Tinée), même si elle était éventuellement assignée au standard vivaro-alpin, pourrait participer à l’enrichissement du standard niçois. Composition: codification surtout unitariste (parler de Nice) et légèrement compositionnelle (intégration d’éléments venant du reste du Pays Niçois).

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IX.9.4 V

IVARO-ALPIN: L’ENSEMBLE QUI SE CHERCHE

a) Bilan des ressources

(i) Ouvrages à tendances prescriptives - Lexique. — EN GÉNÉRAL. Néant. — CISALPIN. VFO. - Grammaire. — EN GÉNÉRAL. Faure & Eiriçon (sd., fin des années 1990), Lafont 1951, Lafont 1972 — CISALPIN. PLE (ii) Ouvrages pas ou peu prescriptifs - Lexique. — EN GÉNÉRAL. Boissier 1873; Dufaud 1986, 1998; Grange 2003; Liautaud 1985; J.B. Martin 1997; Moutier (inédit); La Sosta Gavòta 1979 — CISALPIN. Baccon Bouvet 1987, Baret 1993-1994, Bernard 1996 (Lo Saber), Bruna Rosso 1980, Conte 2002, Di Crosa & Rabo 1982,

Di Lizan & Dao 1986, Ghiberti 1992, Masset 1997, Pons & Genre 1997 - Grammaire. — EN GÉNÉRAL. Dufaud 1984, Dufaud 1986, Faure 1992, Grammaire occitane… sd., Quint 1998, Rolland 1982 — CISALPIN. Baccon Bouvet 1987. - Atlas. — EN GÉNÉRAL. ALF, ALJA, ALLy, ALMC, ALP — CISALPIN. ALEPO, Genre (prépa.) [ATPM]

b) État de la standardisation

(i) En général. Pendant longtemps, la standardisation a été pratiquement inexistante, ce qui s’explique par la tendance ancienne du vivaro-alpin à se faire aspirer par des variétés extérieures (provençal, languedocien, auvergnat, nord-italien, francoprovençal). Lafont (1951, 1972) a posé les principes orthographiques. Mais sur le plan oral, le seul ouvrage qui ait tenté de proposer un standard est le roman de Pèire Eiriçon, Los romieus delà l’aiga (1996), qui a bénéficié des conseils de Patric Sauzet. L’abrégé grammatical de Faure & Eiriçon (sd.) tient compte de ce travail. Les principes de la standardisation orale ne sont pas explicités cependant. La composition est unitariste et s’appuie sur les formes conservatrices du gavot, notamment pour les morphèmes grammaticaux, par ex. l’article pluriel est los, las plutôt que les, lei, le pluriel sensible est retenu: pas/passes. Cependant, les éléments extérieurs au gavot sont parfaitement intégrables car ils enrichissent la base initiale (communication personnelle de P. Eiriçon). Le seul petit problème est qu’Eiriçon ait adopté la réforme momentanée de Lafont sur les accents graphiques (§ III.11). La base gavotte a l’avantage de faciliter le lien avec l’émergence d’un cisalpin référentiel tout proche. En dehors de la phonétique, le vivaro-dauphinois n’a pas de divergences fondamentales avec le gavot et on peut envisager une double orthoépie : orthoépie principale basée sur le gavot (type niçardo-alpin), orthoépie secondaire basée sur le vivaro-dauphinois (type transoccitan). Les efforts remarquables d’Eiriçon, dans la norme classique, sont une continuation indirecte de ceux de l’ancienne Escòla Daufinala ‹Escolo Dóufinalo› dans la norme mistralienne. Malgré cela, le vivaro-alpin reste victime de l’antinormisme dialectaliste, comme en attestent les ouvrages de Rolland (1982), Dufaud (1984, 1986) et les fluctuations incessantes de la revue Aquò d’aquí. Les mistraliens d’aujourd’hui semblent très peu productifs en vivaro-alpin. La priorité, désormais, est de poursuivre le travail précurseur d’Eiriçon. La prose vivaro-alpine de l’historien Felip Martèl est également un bon point de départ, assez convergent avec le précédent.

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(ii) En cisalpin. Une littérature de qualité émerge en cisalpin mais elle n’est pas encore écrite dans une variété standardisée (Sèrgi Ottonelli, Tòni Baudrier, Franc Bronzat). L’essor du classicisme cisalpin, depuis les années 1990, pousse à la recherche d’un standard local cisalpin. La séparation politique entre l’Italie et la France joue un rôle évident dans cette évolution. Cependant, il n’existe aucun antagonisme de part et d’autre de la frontière politique; les Cisalpins reconnaissent très volontiers leur appartenance au vivaro-alpin. Le cisalpin codifié gagnerait donc à se rapprocher le plus possible du standard vivaro-alpin général. Il n’existe pas encore de publication théorisant un standard cisalpin mais des travaux sont en cours, notamment autour de l’association Chambra d’Òc qui joue un rôle actif pour enseigner et récupérer la langue dans les Vallées. Elle a bénéficié dans ce projet des conseils scientifiques de X. Lamuela (PLE: 2). La méthode Parlar, lèser, escriure en occitan alpenc oriental (= PLE, 2002) et le Vocabolari* a figuras occitan (= VFO, 2002) en donnent une première préfiguration. Les principes orthographiques, eux, ont été établis depuis longtemps par Lafont (1951, 1972). D’après les informations que m’ont gracieusement fournies les personnes de la Chambra d’Òc, la composition s’appuie sur les parlers cisalpins centraux (inalpins) mais il est possible d’intégrer des éléments des parlers cisalpins du nord (intra-alpins) et des parlers plus particuliers du sud et l’est (de type inalpin, par exemple Vallées du Quiè…). Les interférences nord-italiennes qui submergent la Zone Grise ne sont pas retenues. Cette démarche donne des résultats très encourageants. Ils contrastent avec l’éclatement de l’écriture cisalpine qui prévalait jusqu’aux années 1990. Cependant, la stabilité n’est pas encore acquise dans la pratique. Il serait dommage que le cisalpin se standardise de manière isolée en se cantonnant à l’est de la frontière franco-italienne, sans que le reste du vivaro-alpin en bénéficie. Il serait donc souhaitable que l’on travaille à l’élaboration d’un standard vivaro-alpin général dont bénéficierait tout le domaine dialectal, de Borgo San Dalmazzo à Yssingeaux. La solution que je développe ici consiste à privilégier un seul vivaro-alpin référentiel dans lequel on admet un aménagement pour quelques traits morphologiques cisalpins. Les correspondances morphologiques entre cisalpin et vivaro-alpin général doivent être relativement simples et faciles à retenir: quauque, aqueles, los~las, los chamoces, pagina = cisalpin qualque, aqueli, lhi~las, lhi chamoç, pàgina “normal, quelque, ces, les/les, les chamois, page”. Cet aménagement cisalpin ne concerne que les mots de formation populaire, les formes semi-savantes et les emprunts romans; la formation strictement savante et les emprunts non romans restent rigoureusement identiques à l’écrit sur les deux versants des Alpes (§ XII.5-XII.10). Le lexique disponible est intégralement partagé —même les mots grammaticaux— et les recours syntaxiques restent communs. On peut comparer cette solution vivaro-alpine à ce qui ce passe déjà en languedocien. La morphologie référentielle du languedocien adopte nuèch “nuit ” mais la forme méridionale nuèit, n’est pas exclue (§ IX.3). Il se pose néanmoins une question de pédagogie: l’enseignement et les ouvrages d’apprentissage (dictionnaires, grammaires, manuels) doivent fournir une distinction claire —typographique— entre les formes générales et celles du cisalpin. Sur le plan orthographique, les renaissantistes qui travaillent actuellement sur la codification du cisalpin gagneraient à accepter les solutions les plus diasystématiques —et d’ailleurs officielles— de l’orthographe: rétablissement des voyelles classiques dans les terminaisons verbales, même s’il y a une neutralisation dans certaines 170

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terminaisons cisalpines: parlan [ parlOˆ> "parluˆ] 1, baton ["batuˆ], volèm [vu"lEˆ (vu"leˆ)], parlas ["parles] au lieu de parlon*, baton, volem*, parles* (d’ailleurs, la clé de lecture -as = [es] est déjà acceptée dans les pluriels féminins); adoption de l’orthographe englobante amb [aˆbe, abu] (au lieu de abo); adoption des distinctions diasystématiques -iu~-ieu~-io (annexe A3)… D’autre part, le cisalpin serait plus solide en évitant mieux les interférences de l’italien (par ex. le Vocabolari* a figuras occitan [VFO] porte dans son titre vocabolari*, italianisme malencontreux pour vocabulari…). Composition: codification compositionnelle. "

IX.9.5 AUVERGNAT: UN TRÉSOR À METTRE EN VALEUR a) Bilan des ressources

(i) Ouvrages à tendances prescriptives - Lexique. Bonnaud 1999 (NDGFA). Tendances normatives limitées. - Grammaire. Bonnaud 1969, 1971a, sd. (GGA). Tendances normatives limitées. (ii) Ouvrages pas ou peu prescriptifs - Lexique. Becquevort sd.; Bonin 1981, 1984; Chataing 1934; Deribier de

Cheissac 1832; Bonnaud 1971b, 1978-80; Jaffeux 1986; Marquis 1609 (cf. Chambon & Wooldridge 1990); Michalias 1912; Omelhièr 2003; Péroux-Beaulaton 1940; Piquand 1953; Reichel ca. 2002, prépa.; Roux1 1984, 2002; Teulat 1971; Tixier 1842-72 - Grammaire. Codèrt 2001; Dauzat 1899; Doniol 1877; Bonnaud 1982, 1989; Péroux-Beaulaton 1940; Reichel 1991; Rigosta & Codèrt 1985; Roux1 2002 - Atlas. ALAL, ALCe, ALF, ALLy, ALMC b) État de la standardisation. Seule l’orthographe a reçu des essais de prescription (Bonnaud 1969, Teulat 1971) et des principes de codification dans le cadre plus général de Lafont (1971a). Mais Teulat (1971) péchait déjà par quelques propositions antinormistes sur la graphie (pàrlon* au lieu de parlan “parlent”). Quant au standard oral, il a encore beaucoup de mal à se définir. Du côté classiciste, le Pierre Bonnaud de la première époque a bien lancé quelques pistes (1971a) mais il les a très vite reniées pour se lancer dans sa norme personnelle. Il ne proposait pas de véritable standardisation mais il dégageait néanmoins les formes qu’il estimait les plus générales pour le nord-auvergnat et le sud-auvergnat. Cependant, son antinormisme dialectaliste était déjà sensible avant qu’il ne quitte le courant classiciste en 1972. Depuis cette époque, le petit guide de Roux1 (2002) est le seul ouvrage qui propose des formes en système classique qui ne soient pas trop éparpillées: mais il ne s’agit pas d’une standardisation, l’auteur affirme qu’il n’a aucune “prétention scientifique” (p. 1) et essaie simplement d’offrir une solution pragmatique en s’appuyant sur les parlers du haut val d’Allier (type sud-auvergnat): il leur attribue une place phonétique “centrale géographiquement et linguistiquement et, de ce fait, compréhensible par l’ensemble des Auvergnats et des Occitans”; cependant, il fournit des “variantes spécifiques des autres parlers de la région” (p. 9). Christian Hérilier prépare un dictionnaire monumental qui offrirait des solutions pour la standardisation (communication orale de l’auteur) mais ses principes ne sont pas

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La réalisation [-Oˆ] posttonique existe dans le parler cisalpin de Bobbio (Rj: § 560).

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publiés pour l’instant. Toujours dans le classicisme, les ouvrages récents de Codèrt (2001) et Omelhièr (2003) n’ont pas de prétentions standardisantes. Du côté de la norme bonnaudienne, P. Bonnaud est en train de préfigurer une variété référentielle nommée auvernhat letrat moai ensenhat ‹euvarnhàd letràd moé ensenhàd› (ELME) ou en français, auvergnat littéraire et pédagogique (ALEP) (NDGFA: 9). L’ELME se dessine peu à peu à travers les formes que Bonnaud place en premier dans son dictionnaire (NDGFA) et de sa grammaire (GGA), mais les formes secondaires et locales restent surabondantes et il reste difficile de distinguer ce qui est vraiment référentiel… Bonnaud revendique lui-même ce polymorphisme en prétextant qu’une langue complètement standardisée serait synonyme de totalitarisme: “l'ALEP n'est pas une norme totalitaire unifiée, elle accepte facilement des visages assez changeants” (Bonnaud 2004: art. ALEP). Cette opinion implique que la standardisation complète n’est concevable et normale que pour les langues établies comme le français; il ne serait pas pensable que l’auvergnat puisse accéder à ce niveau de stabilité… Ainsi, Bonnaud n’arrive pas à se défaire de la diglossie: il s’interdit de concevoir un standard achevé et normal qui soit apte à l’amplification fonctionnelle et à l’établissement de l’auvergnat. L’ELME est plutôt de type nord-auvergnat et intègre le rôle moteur de la métropole clermontoise dans certaines évolutions linguistiques (GGA). Au-delà de l’ELME, il faut rendre grâce à Bonnaud d’attirer notre attention sur le fait que quelques auteurs des siècles passés avaient déjà ébauché l’idée d’un auvergnat référentiel. Je présente brièvement ces auteurs en m’appuyant sur les informations qu’il fournit (GGA: 56-57; Bonnaud 2004: art. avernat et limagnien, Tailhandier, Ravel, Péroux-Beaulaton). (i) Au XVIIIe siècle, le chanoine J.B.J. Tailhandier proposait d’élaborer le parler de Clermont-Ferrand pour en faire un attique limagnien qui se placerait au-dessus des parlers et qui rayonnerait grâce à son dictionnaire, sa grammaire et sa littérature. Dans ce but, Tailhandier a rassemblé une anthologie manuscrite de la littérature clermontoise du XVIIe siècle, le Thesaurus linguæ limanicæ (Tailhandier sd.), pour lequel il a rédigé un Discours théorisant l’attique limagnien (Tailhandier 1983). (ii) Au milieu du XIXe siècle, Charles-Antoine Ravel (1798-1860) imaginait un auvergnat référentiel qu’il appelait avernat et qui s’appuierait sur l’œuvre de l’écrivain F. Perdrix (1669-après 1729). Bonnaud pense que l’œuvre de Perdrix ne mérite pas les éloges de Ravel. (iii) Dans la première moitié du XXe siècle, l’écrivain Louis Péroux-Beaulaton (1872-1946) nourrit pour son parler montluçonnais une haute ambition littéraire (Péroux-Beaulaton 1940), même s’il ne parle pas vraiment de standard régional. J’insiste sur le fait que cela illustre le remarquable potentiel pour le renaissantisme occitan qui existe dans le Croissant, et dans le Bourbonnais en particulier. Bonnaud a parfaitement raison de reprendre le flambeau des visionnaires qui nous ont précédés. Le courant classiciste devrait en faire autant. Tailhandier, Ravel et Péroux-Beaulaton, ainsi que Bonnaud malgré son anti-occitanisme virulent, font partie des personnages courageux qui ont tenté d’élaborer et d’élever l’occitan auvergnat dans des périodes de diglossie généralisée. Il convient de leur donner toute leur place dans les manuels à venir. Donc, si on veut standardiser l’auvergnat, on rencontre des terrains intellectuels propices et on est loin de se trouver dans un désert. Il y existe bel et bien des pistes de travail théoriques (ELME, attique limagnien, avernat) et des pistes de travail matérielles 172

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L’OCCITAN LARG DANS LE DIASYSTÈME

(Roux1 2002, Hérilier prépa., NDGFA, GGA). Mais ces travaux ne s’accordent pas entre eux et sont incomplets (ou bien sont inédits, dans le cas d’Hérilier). Aucun n’aboutit vraiment à quelque chose d’accessible pour le public, à l’exception notable de Roux1 (2002). En partant de ces divers travaux, et sans aucun sectarisme de chapelle, l’attitude la plus pragmatique, du point de vue classiciste, serait de faire une codification compositionnelle qui allie les traits nord- et sud-auvergnats. Les choix morphologiques et lexicaux sont les plus diasystématiques possibles. On trouve des formes diasystématiques aussi bien dans les parlers du Nord que dans ceux du Sud. Les solutions de Roux1 et Bonnaud convergent sur quelques points essentiels de phonétique historique (qui pourtant varient beaucoup dans le domaine auvergnat). Tous deux choisissent la vocalisation de -l final en -u (normau plutôt que normal), et le traitement en -èl du suffixe latin -ellu (chapèl [ts pe(l)] plutôt que chapèlh, chapèu, chapiau “chapeau”), la forme -èir plutôt que -èr, -ièr (esclopèir plutôt que esclopièr, esclopèr “sabotier”) le féminin étant partout -èira (Roux1 1984: 16; Rj: § 113). Le domaine du lexique est naturellement ouvert et peut enregistrer des lexèmes traditionnels venant de tout le domaine. Les lexèmes et morphèmes non-populaires (formes savantes, emprunts, néologismes) et l’élaboration en général suivront bien entendu les principes de la norme classique et rejetteront la distanciation maximale de l’école bonnaudienne. L’orthoépie standard pourrait être un compromis entre les parlers du Nord et du Sud (annexe B1). Si on applique les principes diasystématiques et antidiglossiques de la norme classique, l’auvergnat conserve de toutes façons ses traits modernes les plus saillants, que Bonnaud et Roux1 appellent les “arvernismes essentiels” (§ XIII.22). En outre, cela permet de mettre en évidence l’aspect très classique, voire hyper-conservateur, de certaines ressources de l’auvergnat: conjugaisons (finischa, vischa), mots grammaticaux (entrò, nieus), lexique (aur se maintient en face du francisme òr*, cf. NDGFA: art. or). Comme en limousin, le développement de l’auvergnat, lorsqu’il est basé sur ses éléments les plus classiques et les plus diasystématiques, et sans écarter certaines innovations importantes, montre que l’on est très loin de l’idée reçue d’un idiome “aberrant” (§ II.7.4). L’image complètement fausse d’un dialecte confus et bizarre n’a été causée que par la nature des études qui sont apparues jusqu’à présent sur l’auvergnat. Ce sont soit des études fractionnées destinées aux spécialistes et inaccessibles au public, soit des ouvrages de vulgarisation qui ne décrivent pas l’auvergnat avec assez de précision, soit des ouvrages amateurs qui manquent de clarté pédagogique ou d’esprit de synthèse. À la suite de cela, les publications panoccitanes ont souvent péché en négligeant la présentation de l’auvergnat (à l’exception de la grammaire de Ronjat). Par conséquent, il serait salutaire de publier une synthèse d’ensemble, ordonnée, claire et pédagogique. Elle montrerait que l’auvergnat, dans sa variété standard, dans sa structuration dialectologique et dans ses traits originaux, est aussi cohérent et pénétrable que n’importe quel autre dialecte occitan. Et son apport à l’occitan larg s’annonce considérable. On remarquera les arvernismes des ch. XIII.22 (grammaire) et XIV (lexique). Composition: codification compositionnelle. Å"

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DEUXIÈME PARTIE IX.9.6 L

IMOUSIN: UNE FORCE À RELANCER

a) Bilan des ressources (i) Ouvrages à tendances prescriptives

- Lexique. Gonfroy 1975 - Grammaire. Desrozier & Ros 1974 (orthographe).

(ii) Ouvrages pas ou peu prescriptifs - Lexique. Béronie 1823; Daniel 1914;

Dhéralde 1885 (Duclou 1774); Gana & La Valada 1978; Guillaumie 1927; Laborde 1895; Lanly 2004; Lavalada 1999, 2001, 2004; Lavalada & Peiramaura 2001; Queyrat 1927. - Grammaire. Chabaneau 1876, Lavalada 1987, Quint 1991, Quint 1996, Joseph Roux 1895, Tintou 1969, Decamps 1979. - Atlas. ALAL, ALF, ALO, ALCe b) État de la standardisation. La théorie la plus explicite sur une standardisation du limousin se trouve dans l’introduction du dictionnaire de Gonfroy (1975: 12-16). Le schéma en est relativement simple mais très convaincant. D’une part, le sous-dialecte haut-limousin recouvre la très grande majorité du domaine et fournit facilement un grand nombre de formes référentielles. D’autre part, l’orthographe diasystématique (Desrozier & Ros 1974) permet de dégager facilement une “limousinité de base” qui unit des prononciations très diverses et qui se rapproche considérablement, à l’écrit, des formes les plus générales de l’occitan. Lorsque Gonfroy a dépouillé les dictionnaires préexistants et non normatifs (Dhéralde 1823, Béronie 1823, Laborde 1895, Queyrat 1927, Guillaumie 1927, Daniel 1914), il n’a pas eu de mal à en extraire la dimension diasystématique, donc standardisante. Depuis, les précieux travaux de Lavalada (2001, 1999) ont considérablement enrichi le matériel disponible, mais ils ne hiérarchisent pas la présentation des formes et tournent le dos à la standardisation, notamment dans la morphologie verbale (Lavalada 1987). En 1979 déjà, le manuel de Decamps s’éloignait de la standardisation. La production littéraire en limousin oscille depuis entre un standard émergent et une atomisation héritée de la crise du classicisme et de l’antinormisme ambiant. Le travail de Gonfroy, même s’il ne couvre que le lexique de base, met en évidence le caractère nettement conservateur du limousin sur le plan lexical et morphologique. Le polymorphisme des désinences verbales est contrebalancé par le fait qu’on trouve quand même certains des morphèmes les plus conservateurs et les plus classiques de la langue. Tout cela facilite la lemmatisation. Si on ajoute le fait que la langue a moins reculé dans le Nord du pays que sur la façade méditerranéenne, le standard régional limousin —de la même manière que l’auvergnat— serait un outil remarquable pour la récupération linguistique et pourrait servir de ressource inestimable pour revitaliser les pratiques chancelantes du languedocien et du provençal, qui sont davantage exposés aux grands axes de la francisation (§ II.2). On doit donc se débarrasser de l’image sans fondement d’un dialecte “aberrant” (§ II.7.4) et considérer enfin le limousin pour ce qu’il est vraiment: un réservoir de recours expressifs classiques de la plus haute valeur. Composition: codification compositionnelle.

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L’OCCITAN LARG DANS LE DIASYSTÈME

IX.9.7 G

ASCON: LE PÔLE ÉMERGENT

a) Bilan des ressources (i) Ouvrages à tendances prescriptives

- Lexique. — EN GÉNÉRAL. Morà 1994, Petit dictionnaire français-occitan (Béarn) 1984 (“lo Civadòt”) — ARANAIS. 450 mots 1997, Jaquet 2000, Lexic de relacions laboraus 1999, Mapa fisic [sic] dera Val d’Aran 2000, Nomenclator dera Val d’Aran 2003, Vergés-Bartau 1991, Vacances en aranés 1990, Vocabulari basic 1999 • Pour l’ensemble des publications pédagogiques, voir le Catalòg de publicacions en aranés (pages web), www.aranes.cjb.net. - Grammaire. — EN GÉNÉRAL. Bèc 1959; Bèc & Alibèrt 1952; Bianchi & Viaut 1995; Birabent & Salles-Loustau 1989; Bouzet 1936, 1975; Darrigrand 1969; Darrigrand & M. Grosclaude 1976; M. Grosclaude 1977; Horcada 1986 — ARANAIS. Aran-Conselh Generau 1999, Barès & al. 2003, Comission entar estudi dera normatiua lingüística aranesa 1982, Era formacion deth femenin 2003, González 2003 • Pour l’ensemble des publications pédagogiques, voir le Catalòg de publicacions en aranés (pages web), www.aranes.cjb.net.

(ii) Ouvrages pas ou peu prescriptifs - Lexique. — EN GÉNÉRAL. Arnaudin 2001; Bourciez 1895; Cenac-Moncaut 1863; D’Estalenx 1993; Atau que’s ditz 1998; Dupleich 1843; Foix 2003; Horcada 1998; Laurent 2001, 2002b;

Lespy 1880; Lespy & Raymond 1887; Massourre 2003, 2005; Moreux & Puyau 2003; Moureau 2000; Narioo & al. 2003 (antinorme Vistedit); DicPal; Rei-Bèthvéder 2004; Rivière-Chalan 1989; Vidal 2002, 2003 — ARANAIS. Coromines 1931, 1990 - Grammaire. — EN GÉNÉRAL. Cauderan 1861; Daugé 2000; Grateloup 1794; Laurent 2001, 2002b; Leclercq 2004; Lespy 1880; M. Grosclaude & Narioo 1999; Molyneux 1888 — ARANAIS. Coromines 1990 - Atlas. ALF, ALG b) État de la standardisation

(i) En général. Depuis le XIXe siècle, le renaissantisme gascon se bâtit essentiellement à partir du Béarn. Une majorité écrasante de renaissantistes —et notamment d’écrivains— écrit donc dans une koinê d’origine béarnaise. Les parlers du Béarn ne sont pas homogènes et ne constituent pas un sous-dialecte du gascon, mais ils sont la matrice incontestable d’un standard émergent. Quelques écrivains de haut niveau n’ont pas suivi le modèle béarnais, comme Pèire Bèc et Bernat Manciet. Bèc a proposé dans son œuvre littéraire une variété référentielle qui se rapproche beaucoup du béarnais, tout en adoptant des traits gascons plus centraux, comme les désinences du prétérit à la p3: parlèc, finiscoc, batoc en face du béarnais parlè, finí, bató. La langue de Bèc n’est malheureusement pas reprise de manière suffisamment massive pour devenir le modèle du gascon référentiel. Néanmoins, Bèc reste immédiatement accessible pour toute personne qui a étudié la koinê béarnaise. Il semble raisonnable de prendre acte du mouvement d’histoire qui a bâti un standard émergent à partir du béarnais. Mais rien n’empêche d’enrichir cette base béarnaise de recours venant des autres parlers gascons. On veillera notamment à intégrer les recours expressifs qui ont été illustrés par les œuvres non béarnaises de Bèc, Manciet et des grands auteurs baroques. On intègrera aussi les recours qui sont mis en avant par le dynamisme récent de l’aranais. Les grammaires de Bianchi & Viaut (1995) et Romieu & Bianchi (2005) vont dans ce sens. Le dictionnaire de Palay

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DEUXIÈME PARTIE

(DicPal) facilite cette option: il est essentiellement béarnais mais fournit aux utilisateurs des formes venant des autres parlers gascons. Le développement considérable du classicisme gascon, depuis le Temps Trois, fait du standard régional gascon un des piliers les plus dynamiques du renaissantisme. Certes, les tendances localistes, antinormistes (antinorme Vistedit) ou sécessionnistes (antinorme Lafita) gardent un certain pouvoir de nuisance et de déstabilisation. (ii) En aranais. Du fait de son officialisation en 1990, l’aranais tend depuis à se rapprocher d’un fonctionnement référentiel que personne n’aurait prévu avant les années 1980. Même si les Aranais se considèrent volontiers comme Gascons, il faut croire que le standard émergent gascon, basé sur le béarnais littéraire, ne rayonnait pas suffisamment pour s’installer dans le Val d’Aran à la fin du XXe siècle. Même s’ils ont toujours assumé leur gasconnité et leur occitanité, les responsables Aranais ne s’ouvrent à toute la portée de l’espace gascon et occitan que depuis les années 19902000. L’étiquette occitane fut contestée par quelques personnes pendant les années 1980, au tout début du processus d’officialisation (Lamuela 1987b). Mais l’idée occitane a fini par se généraliser, comme en témoignent l’adoption de la croix occitane dans le drapeau officiel du Val d’Aran et l’adoption de l’hymne occitan, Se canta (Aqueras montanhas).

Depuis les années 1980, l’aranais bénéficie d’une codification qui tend de plus en plus vers une standardisation, du moins pour l’orthographe. Le lexique et les formes grammaticales n’ont pas été fixés de manière définitive mais cette lacune est partiellement compensée par l’homogénéité des parlers de la vallée. On a donc un aranais assez codifié et disponible. Au final, l’aranais possède certains caractères formels d’un standard régional émergent, mais il est limité à une vallée de 7000 âmes et son usage ne s’étend aucunement dans le reste de la Gascogne. La question qui se pose alors est le lien entre l’aranais et le gascon référentiel (annexes A1 & A4). Suïls (sd.) a adopté des choix orthographiques unitaires dans un document en aranais (aver vs. auer, frontèras vs. frontères). Il y expose aussi le problème général de l’interférence, notamment dans la morphosyntaxe et l’élaboration stylistique: Elaboracions divergentas en gascon: frontèras politicas e frontèras lingüisticas (tamb bèri exemples deth aranés).

En cohérence avec ce que je viens d’exposer, l’aranais n’est pas détaillé dans les ch. XIII et XIV, consacrés aux formes grammaticales et au lexique de base. Cela ne doit pas être interprété comme une déconsidération. La raison est simplement technique. L’aranais n’a pas l’envergure objective d’un standard régional, il est déjà bien homogène, bien constitué et bien décrit (travaux de Coromines 1990, Vergés-Bartau, Carrera, Suïls, etc.). Certes, des opérations de codification restent utiles pour formaliser auprès des utilisateurs certains aspects comme le verbe (Barès & al. 2003). Par conséquent, même si l’aranais a besoin d’une codification modérée, il a surtout besoin d’une élaboration convergente avec le gascon référentiel et d’un évitement plus rigoureux des interférences espagnoles et catalanes. Dans le domaine du complètement, les formes gasconnes que je propose aux ch. XII.5-XII.10 (néoformation), XV et XVI sont conçues pour s’intégrer aussi bien au gascon aranais qu’au gascon référentiel. Composition: codification compositionnelle basée sur la koinê issue des parlers hétérogènes du Béarn, avec intégration d’éléments pangascons, notamment aranais.

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Troisième partie LEXICOGRAPHIE ET LEMMATISATION

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KATERN 7

Chapitre X

BILAN ET BESOINS DE LA LEXICOGRAPHIE OCCITANE X.1 Réhabiliter la lexicographie La lexicographie est la branche de la linguistique appliquée qui consiste à élaborer des dictionnaires —descriptions ordonnées et systématiques du lexique— selon une méthodologie scientifique. Elle s’avère indispensable lorsqu’on veut standardiser le lexique en se basant sur des informations fiables issues du présent et du passé de la langue. Dans les scénarios futurs de la standardisation, les techniques lexicographiques seront également nécessaires pour évaluer la véhiculation du lexique standardisé au sein de la communauté linguistique, en supposant qu’on aura dépassé les balbutiements actuels. Malheureusement, les études occitanes sont très en retard dans ce domaine et les travaux véritablement lexicographiques sont encore peu développés, notamment à cause de la complexité méthodologique inhérente à cette discipline, du manque de moyens matériels et surtout du minimalisme diglossique. En dehors des rares dictionnaires sérieux, les militants renaissantistes se lancent depuis deux siècles dans l’élaboration de “dictionnaires” amateurs qui ne respectent pas la méthode adéquate. Pour une analyse édifiante de ce drame, on lira Ubaud (1996, 1998) et Schlieben-Lange (1991). Dans ce chapitre, je m’attache à éclaircir les liens entre la lexicographie et la standardisation. Ensuite, plutôt que de faire une description fastidieuse et désespérante sur le mauvais état de nos dictionnaires, je proposerai un cahier des charges de la “lexicographie normale” en m’appuyant sur les synthèses récentes de Béjoint & Thoiron (1996, pour les dictionnaires bilingues) et de Gaudin & Guespin (2000, pour les dictionnaires monolingues 1). En partant du niveau d’exigence “normal” de la lexicographie, en posant d’emblée une ambition maximaliste, on peut espérer que la lexicographie d’oc prendra enfin son envol définitif. X.2 La lexicographie au cœur de la standardisation

Bien que la lexicographie possède une tradition propre remontant au moins au XVIe siècle, aujourd’hui elle s’imbrique intimement avec plusieurs branches de la linguistique (lexicologie, sémantique, philologie…) et elle joue un rôle incontournable 1

Gaudin & Guespin se basent sur l’expérience française mais leur synthèse est valable pour d’autres langues.

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dans la documentation des faits de langage. Par conséquent les lexicographes sont forcément des linguistes (Pruvost 2002: 61, 71-79). La lexicographie recense et présente le lexique de manière rigoureuse, elle est donc nécessaire pour fournir un lexique standardisé aux usagers. Comme on l’a vu dans l’introduction, le lemme équivaut à la forme typique et standard d’un lexème. La lexicographie est la discipline fondamentale qui permet d’attester l’existence d’un lexème et, en général, de le rendre digne de figurer dans un dictionnaire. Mais la lexicographie ne suffit pas toujours face aux besoins de fixation des formes standard. - Dans une langue subordonnée, le besoin de restauration peut amener à choisir comme lemme une forme qui n’est pas forcément la plus répandue dans l’usage hérité. - Dans les langues subordonnées et dans les langues établies, les besoins du complètement en général, et de la terminologie en particulier, peuvent amener à choisir une forme peu répandue mais nécessaire pour son caractère distinctif et univoque. On détaille au § XVI.3 ce qui distingue la terminologie de la lexicographie. Idéalement, la fixation des formes standard ne doit intervenir qu’après que les techniques lexicographiques aient apporté toutes les informations nécessaires. Ensuite, le choix du lemme —la lemmatisation— peut se faire de trois manières: - Lemmatisation selon les seules données lexicographiques. C’est le cas d’un lemme comme montanha “montagne”, forme générale et probablement unique dans l’usage, qui s’impose sans difficulté comme lemme. - Lemmatisation d’un mot aux formes variables selon les données lexicographiques, confirmées par les critères de standardisation (ch. XI et XII). - Lemmatisation par “correction” des données lexicographiques, d’après les critères de standardisation. Par exemple la forme machina* est majoritaire dans la langue héritée mais elle est une interférence diglossique venant du français machine, on la “corrige” donc au profit de maquina. Cependant, c’est toujours la lexicographie qui a le dernier mot car elle seule, en définitive, peut nous dire si le lemme parvient à s’imposer dans l’usage. Dans une phase de récupération, il est nécessaire que la standardisation permette à la langue de fonctionner de manière autonome (évitement des interférences, promotion de formes authentiques) et de lui offrir les recours expressifs qui lui manquent (élaboration en général, complètement et terminologie en particulier). Ensuite, l’évaluation est nécessaire dans la planification linguistique pour ajuster certaines formes proposées et intégrer des formes nouvelles que les planificateurs n’ont pas prévues au départ. Dans une phase de large récupération sociale qui pourrait être un futur Temps Quatre, on peut imaginer que l’occitan s’établirait et qu’il serait de moins en moins subordonné; alors la standardisation volontariste devrait progressivement laisser la place à un simple enregistrement de l’usage social restauré (de la pression sociale retrouvée), donc à une lexicographie pure. X.3 Les lacunes de la lexicographie occitane

La plupart des dictionnaires sont des ouvrages bilingues qui relient une variété d’occitan à la langue standard dominante. En général ils ne fonctionnent que dans un seul sens (langue x → langue y). Les dictionnaires monolingues et les dictionnaires 180

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LEXICOGRAPHIE ET LEMMATISATION

spécialisés sont encore peu nombreux. Les travaux qui reflètent une véritable lexicographie sont encore rares. Ce sont: a) Les travaux du Gidilòc, menés avec brio par la lexicographe Josiana Ubaud, qu’on a déjà présentés au § III.7.2 (notamment Sabaud sd.). Pour l’instant, le Gidilòc traite l’occitan moderne à partir du languedocien, tout en tenant compte des sources des autres dialectes et de la langue ancienne. Le but est de relier les lemmes standardisés du standard général à une lexicographie descriptive qui restitue le vrai fonctionnement mots (sémantique, collocations, nature grammaticale). b) Les travaux des linguistes auvergnats Jean-Pierre Chambon et Christian Hérilier. Chambon publie de nombreux articles sur l’histoire des lexèmes occitans, en associant les perspectives de la lexicographie, de la sociolinguistique historique et de la critique méthodologique (par ex. Chambon 1983). De plus, il collabore au monumental Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW). Cet ouvrage, malgré son titre, explore l’étymologie et la variation dialectale des lexèmes occitans, francoprovençaux et français. Le FEW est donc une ressource incontournable pour notre lexicographie. Hérilier a annoncé depuis plusieurs années qu’il travaille sur un Diccionari occitan en tot ressègre los parlars dits auvernhats. Hérilier & Chambon (1999) ont publié une critique intéressante du dictionnaire d’Alibèrt. c) Le pôle de la lexicographie de l’occitan médiéval. Les deux grands dictionnaires de l’ancienne langue réalisés par Raynouard (1838-1844) et Levy (1894-1924, 1909) n’avaient plus de successeurs. Comme l’explique Schlieben-Lange (1991: 96, 97), la lexicographie et la grammaticographie de l’ancien occitan ont été occultées pendant longtemps au profit des études sur l’ancien français. Puis des occitanistes, qui sont surtout de langue allemande, ont relancé les travaux sur l’ancien occitan depuis la seconde moitié du XXe siècle. D’une part, ils ont alimenté des réflexions sur la lexicographie (Grafström 1959; Pfister 1959; Baldinger 1983a, 1983b, 1984; Klingebiel 1986; Stimm 1975, 1984). D’autre part, ils ont créé des œuvres concrètes et précieuses sur le lexique: l’étymologie (FEW), l’onomasiologie (Baldinger 1980, DAO, DAG) et la lexicographie proprement dite depuis 1996 à travers le Dictionnaire de l’occitan médiéval (DOM) initié par Helmut Stimm. Le premier fascicule du DOM va de a à acceptar. d) Les travaux des dialectologues qui peuvent aboutir à des collectes précieuses et dûment attestées sur les fonctionnements lexicaux, même si ce ne sont pas toujours des dictionnaires complets. On est donc à la lisière de la lexicographie. Cela peut prendre la forme d’un bon lexique consacré à un parler local (par ex. Dauzat 1915, Pons & Genre 1997) ou bien d’une terminologie complète liée à une fonction traditionnelle de la langue (ex: travaux de Fossat, 1971, 1981, et de ses élèves). À côté de ces entreprises actuelles, des ouvrages plus anciens apportent des informations lexicales extrêmement précieuses et abondantes. Le plus complet d’entre eux est bien entendu Lo Tresaur dau Felibritge ‹Lou Tresor dóu Felibrige› (TDF) de Mistral. Son histoire et ses caractéristiques ont été étudiés notamment par Ubaud (1996, 1998), Boutière (1957, 1964, 1966), Bouvier (1979), Keller (1959), Rollet (1968), Rostaing (1974) et Wartburg (1944) 1. Cette œuvre lexicographique n’est pas parfaite, les dialectes n’y sont pas traités dans des proportions équivalentes, les formes authentiques y côtoient les créations renaissantistes et les interférences du français, les critères de codification n’y sont pas définis et les catégories grammaticales n’y sont pas toujours 1

Les travaux de Guiter (1970, 1974, 1977) sur le lexique de Mistral concernent surtout les aspects esthétiques et lexicostatistiques de l’œuvre littéraire. Ils sont peu utiles pour analyser le TDF.

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bien délimitées. Néanmoins, le TDF reste notre dictionnaire le plus riche sur le plan de la quantité des lexèmes, des collocations et du découpage sémantique. On ne se lasse pas d’admirer le travail colossal de Mistral qui, tout en étant un amateur, nous a légué une source d’information remarquable. Quelques autres dictionnaires se distinguent également par le sérieux de leurs informations mais ils sont beaucoup moins riches que le TDF. En particulier, le Dictionnaire de base provençal-français de Lèbre & al. (1992, rééd. 2004) est très appréciable parce qu’il s’efforce de traiter le lexique usuel (sémantique, collocations) de manière systématique (on y regrette seulement quelques incohérences normatives). En dehors de ces exceptions, malheureusement, la plupart des “dictionnaires” restent des travaux d’amateurs qui rendent des services à l’apprentissage mais qui sont très loin d’atteindre la rigueur et la fonctionnalité des dictionnaires “normaux”, tels qu’on les réalise dans les langues établies. Le dictionnaire d’Alibèrt, malgré sa mission normative, fait partie de cette catégorie décevante. Son auteur l’a laissé à l’état de manuscrit inachevé lorsqu’il est mort en 1959. Il y a fait essentiellement un calque maladroit du TDF de Mistral. Alibèrt a transposé de manière incomplète les éléments multidialectaux (mais surtout provençaux) du TDF vers le languedocien et la norme classique. Il a omis au passage (ou n’a pas eu le temps d’intégrer) des informations essentielles du TDF (comme par exemple l’entrée cantar “chanter”). Il y a ajouté des éléments venant de sources diverses (cf. Hérilier & Chambon 1999). La publication a pu se faire après sa mort, en 1966, grâce à la volonté de l’IEO. Mais la belle-sœur d’Alibèrt, qui était incompétente en occitan et en lexicographie, a imposé sa “collaboration” dans la composition des épreuves. Elle s’est rendue ainsi responsable d’un nombre considérable de coquilles, d’interprétations erronées du manuscrit et d’oublis de toutes sortes. Les erreurs de la belle-sœur, additionnées au caractère inachevé et très imparfait du manuscrit d’Alibèrt, font que cet ouvrage n’est pas un vrai dictionnaire. C’est surtout un répertoire formel qui permet de se faire une idée d’ensemble sur la norme lexicale et orthographique (coquilles mises à part, bien entendu). Les catégories grammaticales des lemmes et le traitement sémantique y sont particulièrement incomplets et truffés d’incohérences. Par un travail patient de recoupement des sources, Ubaud établit actuellement la liste exhaustive des erreurs du dictionnaire d’Alibèrt. Le Diccionari ortografic qu’elle prépare bénéficiera de ces corrections. Les comptes-rendus qui ont suivi la parution du dictionnaire d’Alibèrt se trouvent chez Séguy (1966) et Kirsch (1967). Sur les conceptions d’Alibèrt en général, on se réfèrera à Kremnitz (1986), Jouanna (1981), Teulat (1977a) et Alquézar (1992). Les études les plus critiques sur l’état de la lexicographie d’oc sont celles d’Ubaud (1996, 1998, sur Alibèrt, Mistral et quelques dictionnaires célèbres depuis la fin du XVIIIe siècle), Hérilier & Chambon (1999, sur Alibèrt), Belly (1989, 1990, 1991, 1995, sur le dictionnaire de Palay), C. Schmitt (1975, entre autres sur les lexiques de Barta) et plus récemment Thomas (2004). Ces études montrent que de graves erreurs méthodologiques se trouvent même dans les dictionnaires de Palay, Alibèrt et Barta, bien que ceux-ci jouent un rôle important dans le renaissantisme et la récupération de la langue. En 1975 déjà, Stimm (1975) et C. Schmitt (1975) avaient mis l’accent sur le développement très insuffisant de la recherche lexicologique d’oc. C. Schmitt insistait 182

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notamment sur le manque d’études pratiques qui permettraient de lier la lexicologie aux besoins d’enseignement et de standardisation. Trente ans plus tard, la plupart de ses remarques restent toujours d’actualité. Il est assez stupéfiant de voir des amateurs se donner le titre de “lexicographes” alors qu’ils ne connaissent pas les rudiments de la lexicographie. En affirmant cela, je ne cherche pas à dénigrer des auteurs courageux. Mais la bonne volonté ne suffit pas pour sortir de l’amateurisme et pour accéder à une qualité scientifique et professionnelle. X.4 Les types de dictionnaires

Un “dictionnaire” au sens large peut désigner à peu près n’importe quelle sorte de liste de mots. Au sens étroit, on appellera “dictionnaire” un recueil consistant de mots qui s’ordonne selon une analyse linguistique rigoureuse, donc lexicographique. Les dictionnaires se classent en catégories multiples. X.4.1 LES DICTIONNAIRES BILINGUES ET PLURILINGUES Le gros de la production d’oc offre des dictionnaires bilingues entre l’occitan et une langue dominante: occitan et français en général, parfois occitan et italien. Il y a eu un dictionnaire espagnol-provençal (Féraud 1788) et récemment, un dictionnaire occitan-catalan (Balaguer & Pojada 2005). Les dictionnaires plurilingues incluant l’occitan se limitent à trois (Vergés-Bartau 1991, Taupiac 1992, Féraud 1780). Ces bilingues et plurilingues vont le plus souvent dans un seul sens. Rares sont les ouvrages réversibles qui permettent d’aller librement dans les deux sens. La réversibilité est pourtant une règle presque générale pour les dictionnaires bilingues professionnels. Les dictionnaires bilingues ont en général une vocation généraliste: ils traitent du lexique le plus courant et le plus général. Nos quelques bilingues spécialisés traitent surtout d’activités traditionnelles ou anciennes. Même si ces thèmes sont intéressants, ils sont révélateurs de la distribution fonctionnelle qui affecte encore la langue d’oc. Dans un dictionnaire bilingue, l’usage du métalangage (langue des explications, des remarques…) est révélateur des rapports de force entre les langues. Les dictionnaires bidirectionnels, utilisant deux métalangages (dont l’occitan), sont encore très rares. La plupart sont monodirectionnels: leur seul métalangage est la langue dominante. X.4.2 LES DICTIONNAIRES MONOLINGUES Les dictionnaires monolingues occitans se comptent sur les doigts d’une main et sont encore loin d’être complets et professionnels comme les Larousse, les Robert ou les Zingarelli. a) Les monolingues généralistes décrivent de manière relativement complète le lexique usuel d’une langue en se servant ce cette même langue comme métalangage. En occitan, le plus avancé est le Tot en òc (Braç & al. 2002), meilleur que Taupiac (1992) et Cantalausa (2003). Un genre particulier de monolingue est le dictionnaire encyclopédique (à ne pas confondre avec l’encyclopédie proprement dite): il associe la description métalinguistique du lemme et des développements encyclopédiques sur certains 183

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lemmes. L’occitan avancerait à grand pas s’il se dotait d’un dictionnaire encyclopédique en un volume, comparable à un Petit Larousse ou à la Petita Enciclopèdia Catalana. D’autres monolingues utiles seraient des dictionnaires pédagogiques ou didactiques (le Tot en òc, destiné aux enfants, est un précurseur), des difficultés (comme celui d’Oliveras 2002 en catalan) et de la mémoire collective (comme Castoldi & Salvi 2003 en italien). b) Les monolingues spécialisés se consacrent à un domaine précis de la connaissance humaine: terminologie, rimes, langue ancienne, parler local, citations, scrabble… Pour l’instant, ce n’est pas l’occitan standard mais la langue dominante qui sert de métalangage à des dictionnaires d’ancien occitan (DOM, Levy 1909, Raynouard 183844) ou d’occitan local. c) Faut-il faire des dictionnaires de noms propres? Dans les rubriques sur les monolingues spécialisés et les bilingues spécialisés, on pourrait rajouter la catégorie des dictionnaires de noms propres (Gaudin & Guespin 2000: 104-105). Le principe de traiter les noms propres séparément pose un vrai problème. Comme le dit avec justesse Dugas (1986), cela reflète l’embarras de la recherche sur le statut du nom propre: il convient de s’interroger sur les motifs de ce que l’on pourrait à tout le moins étiqueter sinon comme du purisme du moins comme du conservatisme. (…) en dépit de nombreuses études dont le sujet a fait l’objet de la part de spécialistes aussi éminents que John Algeo, Éric Buyssens, Jerzy Kuryłowicz, Ernst Pulgram ou encore Eugenio Coseriu, la question du statut linguistique du nom propre demeure encore controversée à un point tel qu’à peu près toutes les tendances peuvent être observées (…) le nom propre, par définition, demeure monosémique et monoréférentiel, tandis que le nom commun peut donner naissance soit à la polysémie ou polyréférentialité, soit à la monosémie ou monoréférentialité par généralisation à partir de la pluralité. (Dugas 1986: 235-236)

Mais malgré cette spécificité, l’onomastique fournit une partie importante et incontestable du lexique usuel et disponible. Il est donc cohérent de la décrire correctement dans les dictionnaires généralistes. On reconnaîtra que dans certains cas, il est quand même justifié de faire des dictionnaires spécialisés: - Pour les noms propres rares ou peu connus: répertoire de noms de communes, microtoponymes, généalogie des grandes familles. - Pour les noms propres qui s’intègrent à une branche précise de la connaissance. Ex. Pomona en mythologie, escòla de Crosant “école de Crozant” en peinture, Skylab en astronautique, Bernat de Ventadorn en littérature occitane, Polaroid en photographie, Macaronesia “Macaronésie” comme région botanique, las Nívols de Magellan “les Nuages de Magellan” ou Valles Marineris (sur Mars) en astronomie... - Pour offrir au public un dictionnaire complémentaire de noms propres qui pallie la carence des dictionnaires habituels. X.4.3 LES PRODUITS APPARENTÉS Il existe des produits apparentés aux dictionnaires que certains lexicographes exigeants refusent de considérer comme de vrais dictionnaires. Les termes pour désigner ces produits sont encore très vagues. Lexique, dans certaines langues, a des cognats qui signifient “dictionnaire” (grmo. λεξικό), voire “dictionnaire” ou “encyclopédie” (all. Lexikon). Dans les langues romanes, 184

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une tendance contemporaine est de donner à lexique des sens restreints: le plus souvent, “dictionnaire succinct d’une science ou d’une technique, d’un domaine spécialisé” ou “dictionnaire bilingue abrégé” (Petit Robert 1992; définitions similaires dans GDLC, Pequeño Larousse 2000, Digita). L’envie est très forte de donner à un ouvrage le titre prestigieux de “dictionnaire” même si ce n’en est pas un (Clas 1996: 199). En occitan, la diglossie et le minimalisme démultiplient ces risques d’usurpation. On appellera donc lexique un ouvrage modeste (de bonne ou de mauvaise qualité) qui n’atteint pas la taille et la systématicité habituelles d’un dictionnaire. Les lexiques peuvent être bilingues ou monolingues; généralistes ou spécialisés; imagés (ex. Clapié & Baquié 2003); thématiques (ordonnés par thèmes et non par ordre alphabétique, ex. A. Lagarda 1971, Roux1 1984); voire thématiques imagés (ex. VFO). Les dictionnaires visuels n’existent pas encore en occitan mais il y en a un en catalan (Verger & al. 1994). Vocabulaire peut avoir beaucoup de sens contradictoires. En linguistique, le sens qui tend à se dégager est le suivant: “liste exhaustive des occurrences figurant dans un corpus” (Dubois & al. 1994: art. vocabulaire; définition similaire chez Mounin 1974). Ainsi, les unités d’un lexique (au sens général de la linguistique) sont les lexèmes et celles d’un vocabulaire sont les vocables. Le glossaire donne des explications sur le vocabulaire d’un ouvrage (ou d’un corpus en général), mais sans embrasser pour autant tout son vocabulaire (Mounin 1974: art. glossaire, DL: art. glossari). Certains ouvrages sur l’occitan portent le titre de “glossaires” alors que ce sont des lexiques. L’encyclopédie ne pose pas trop de problèmes de définition. C’est un ouvrage qui synthétise le savoir humain ou un domaine particulier de ce savoir. La caractéristique sémiotique de l’encyclopédie est de viser les connaissances (le contenu), tandis que le dictionnaire vise le code (le signe) en vertu de sa fonction métalinguistique (Gaudin & Guespin 2000: 100-101). On trouve dans le commerce de simples livres portant le titre exagéré d’“encyclopédies”. L’Encyclopédie occitane (Dupuy 1989), en un volume et en français, entre dans cette catégorie (même si elle a des mérites pédagogiques). X.5 La fiabilité

La fiabilité des informations contenues dans un dictionnaire est un critère essentiel en lexicographie. Les langues pour lesquelles il y a une forte demande bénéficient d’une concurrence entre les éditeurs et donc d’une pression sur la qualité des dictionnaires. Ce n’est pas encore le cas en occitan. X.5.1 L’UTILISATION NORMALE D’UN CORPUS La fiabilité de l’information commence d’abord par l’authenticité formelle du lemme. C’est une condition préalable à son intégration dans le dictionnaire, mais aussi à sa standardisation-lemmatisation. Dans l’absolu, un dictionnaire fiable peut présenter aussi bien une variété standard que des parlers locaux. Par contre une bonne standardisation-lemmatisation ne peut se faire qu’en tenant compte d’un choix de formes dûment authentifiées à partir des parlers locaux. L’ensemble des formes fiables, authentiques et attestées constitue le corpus à partir duquel on bâtit un dictionnaire. Dans le cadre des langues établies, l’attestation d’une 185

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forme dans le corpus est la toute première condition de son acceptation éventuelle dans le dictionnaire. Or ce corpus ne rassemble que des documents venant de la langue standard. Par contre, dans une langue subordonnée en voie de standardisation comme l’occitan, on ne peut pas éviter de travailler sur un corpus hétérogène contenant des formes standardisées ou non. Traditionnellement, le corpus d’une langue établie et standardisée se compose d’œuvres littéraires de haut niveau. L’exemple le plus classique est le Littré en français. Une lexicographie plus contemporaine évite de faire de l’académisme et essaye de diversifier les registres. On enrichit donc le corpus avec des textes qui sont plus représentatifs de l’usage, en recherchant surtout ceux issus de la presse grand public ou spécialisée. C’est ce qui caractérise les dictionnaires classiques de type Robert ou Larousse. Tout grand organisme de lexicographie possède donc une base de données constamment renouvelée, gérée avec de puissants logiciels, qui alimente de manière souple un corpus adapté à chaque projet de dictionnaire. Les “Rolls-Royce lexicographiques” se basent sur des corpus massifs. C’est le cas du Trésor de la langue française (TLF) et de sa version informatisée (TLFi), soutenu par le CNRS et son laboratoire Atilf. Un second exemple est l’Oxford-Hachette French Dictionary, un bilingue français-anglais et anglais-français édité par Oxford University Press, qui a fait l’objet d’investissements colossaux (Knowles 1996: 161-162) et qui a un système perfectionné de visualisation des mots dans le corpus (Grundy 1996: 135). X.5.2 LE CORPUS IDÉAL EN OCCITAN Une langue subordonnée comme l’occitan ne peut pas s’offrir actuellement de moyens aussi considérables. Mais des moyens modestes n’interdisent pas de faire un travail sérieux avec une méthode cohérente, pour arriver à un résultat acceptable. Le corpus d’un bon dictionnaire occitan peut se baser sur les sources suivantes. a) Les textes littéraires ou de presse de l’époque contemporaine, sélectionnés en fonction de la qualité présumée de leur langue. L’aspect hétérogène des lexèmes, qui sont plus ou moins codifiés dans les textes, est un frein considérable au traitement automatique. La réalisation du Diccionari ortografic (Ubaud prépa.) dans le cadre du Gidilòc devrait aider à indexer les formes non codifiés sur des formes codifiées. b) Les vieux textes du Moyen Âge et des Temps Modernes, susceptibles de nous renseigner sur l’ancienneté, l’authenticité et l’évolution des formes. La réalisation actuelle du Dictionnaire de l’occitan médiéval (DOM) annonce une masse bienvenue de données exploitables (Sauzet 2002b). c) Les dictionnaires, les lexiques (et ouvrages apparentés) ainsi que les travaux qui recueillent de la matière lexicale, par exemple les grammaires et les monographies. D’une part on prendra soin de distinguer les ouvrages descriptifs qui semblent donner des informations fiables (ou du moins “honnêtes”). D’autre part on repèrera les ouvrages à tendance prescriptive, qui peuvent être bons ou mauvais sur le plan lexicographique et qui peuvent suggérer des solutions de lemmatisation, plus ou moins valables. Ubaud a largement démontré que les dictionnaires occitans sont depuis deux siècles des réélaborations et des améliorations constantes des dictionnaires précédents. Personne ne saurait prétendre faire un dictionnaire ex nihilo: la lexicografia occitana s’es totjorn noirida a l’encòp de la critica e de la “còpia” deis

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obratges anteriors (levat Alibèrt, qu’a pas agut lo temps d’avoar sa sorsa [lo TDF de Mistral]…). La lexicografia es pas jamai estada una òbra que s’arrèsta un jorn, a un autor donat. Es donc un dei trabalhs quotidians dau GIDILOC de corregir, netejar, enriquir la banca lexicala constituida a partir dau diccionari d’Alibèrt, en consultant leis autreis autors, per metre ansin a disposicion de l’usancier una matèria lexicala, e mai non perfiecha (es la bota dei Danaïdas…), aumens de lònga melhorada, qu’es l’avantatge de l’aisina informatica sus lo papier, qu’eu tanca l’informacion fins a la reedicion seguenta. (Ubaud 1996: 28) d) Les atlas linguistiques. Ils recueillent une matière lexicale conséquente et authentique parce qu’elle vient des locuteurs naturels. On dispose de l’Atlas linguistique de la France (ALF), qui a l’avantage de donner des cartes englobant toute l’Occitanie, mais le réseau des points d’enquêtes n’est pas assez serré. Il est complété par la collection du Nouvel Atlas linguistique de la France (NALF) qui couvre presque toute l’Occitanie. Quelques points d’enquête de l’ALF ou du NALF débordent vers les Vallées Occitanes et le Val d’Aran. Malgré les innombrables services qu’ils rendent, les atlas du NALF ont quelques défauts gênants: les découpages régionaux ne respectent pas les espaces dialectaux à l’exception du gascon. Les questionnaires n’y sont pas homogènes, la transcription phonétique est changeante et ne suit pas l’API (Brasseur 1999). Cependant on doit louer le courage des nombreux dialectologues qui ont construit patiemment ces atlas avec le concours des occitanophones naturels. Les atlas papier commencent à être dédoublés par un outil impressionnant: le programme multimédia Thesaurus Occitan ou Thesoc, dirigé par Jean-Philippe Dalbera, impliquant le CNRS et les universités de Nice-Sophia-Antipolis, Aix-Marseille I et Toulouse-Le Mirail. L’équipe du Thesoc est en train de saisir et d’homogénéiser la matière de toutes les enquêtes dialectologiques sur des supports multimédia et selon des normes techniques communes (par ex. transcription API). Toutes ces données peuvent être présentées selon divers paramètres vidéo, audio et cartographiques. e) Les grands dictionnaires étymologiques. L’étymologie est indispensable au lexicographe pour comprendre l’histoire du mot. On commencera par le monumental Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW), en plus vingt-cinq volumes, initié par W. Von Wartburg en 1928 et financé par les autorités suisses de la recherche. Malgré son nom inadéquat, le FEW traite aussi bien l’occitan et le francoprovençal que le français. C’est donc un véritable dictionnaire étymologique de l’occitan, avec un très haut niveau d’analyse. Sa consultation n’est pas toujours très facile car les équipes du FEW se sont renouvelées au fil des décennies, les premiers volumes sont refondus, certaines bibliothèques ne possèdent pas toute la collection, il est difficile de trouver un index actualisé, les mots sont classés par racines et le métalangage a changé (allemand puis français). En dehors du FEW, de très nombreuses études existent sur les étymologies occitanes mais celles qui sont fiables n’englobent jamais l’ensemble du lexique. Les indications étymologiques de Mistral (TDF) et d’Alibèrt (DicAl) et des autres dictionnaires généralistes ne sont pas d’une fiabilité absolue. Les dictionnaires étymologiques des langues voisines permettent une consultation plus approximative mais matériellement plus facile des cognats partagés avec l’occitan: en catalan (Coromines 1980-91, Bruguera 1996), en français (Bloch & Wartburg 1932, Dauzat & al. 1971, Picoche 1983), en italien (Cortelazzo & Zolli 1979-1988, Devoto 1999) ou en espagnol (Coromines 1998)… Les dictionnaires étymologiques catalans sont les plus rentables en raison de la proximité linguistique. Les dictionnaires étymologiques de

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noms propres sont également utiles, mais en général, ils ne traitent les noms propres occitans qu’à travers leur forme francisée, ce qui est particulièrement diglossique. f) Les langues proches. À côté des dictionnaires étymologiques, l’étymologie consiste aussi à comparer l’occitan aux langues classiques (latin, grec), aux langues romanes (les plus proches en particulier) et aux langues de grande diffusion (l’anglais notamment). g) Les documents sonores. Ils présentent une certaine qualité linguistique: collectages ethnographiques (les collectages dialectologiques sont prévus dans le Thesoc), documentaires, chansons… La difficulté technique est de saisir le contenu des documents sonores sous la forme de transcriptions indexables. X.5.3 LE CORPUS “POSSIBLE” EN OCCITAN Selon les moyens disponibles, une entreprise occitane de lexicographie peut rassembler un corpus plus ou moins étendu à partir des sources qu’on vient de mentionner. Il est souhaitable de se baser au moins sur les sources suivantes: a) Une bonne sélection de textes issus de la littérature et de la presse (en excluant les textes qui relèvent d’une langue trop apprise ou trop approximative). b) Le dépouillement critique des dictionnaires, lexiques et grammaires de l’occitan, avec priorité pour le TDF et pour les ouvrages de qualité. c) Le dépouillement des atlas linguistiques. d) Le dépouillement du FEW et la recherche de l’étymologie en général. La constitution d’un tel “corpus minimum” demande déjà un travail colossal. Pour faire cela, les organismes massivement subventionnés comme l’Atilf (CNRS) ont des moyens considérables. Le catalan s’est offert une lexicographie comparable à celle des langues établies, même si elle n’est pas toujours parfaite (Lamuela 1987d). Cela est possible grâce à une forte mobilisation civique et à des investissements privés qui ont généré la Gran Enciclopèdia Catalana sous le franquisme, dès 1969. Le Gidilòc occitan serait en droit de rêver à des soutiens aussi importants. Certains occitanistes ont fait des dictionnaires en dépouillant des sources qui promettent une certaine dose d’authenticité ou au moins d’honnêteté documentaire, comme Castellana en niçois (1952: préface) et Gonfroy en limousin (1975: 11-12)… Les auteurs qui sont des locuteurs naturels et qui décrivent les parlers qu’ils connaissent intimement semblent a priori dignes de foi (J.B. Martin 1997, Pons & Genre 1997). Certains sont des érudits qui ont fait des collectages appliqués (Bernard pour Lo Saber, Lavalada 2001, Caserio & al. 2001, Vayssier 1879, DicPal…). Par contre, Dufaud (1986, 1998) mélange sans discernement les formes traditionnelles et les interférences du français. Bonnaud (GDFA) associe d’une part des formes traditionnelles issues d’enquêtes et de dépouillements minutieux (pp. 7-9), d’autre part des néologismes et des purismes contestables issus de sa théorie originale (§ IV.2). X.5.4 LA FIABILITÉ DU PROTOCOLE: LES DOSSIERS DE MOTS Le dépouillement d’un corpus doit se faire selon une méthodologie rigoureuse. Classiquement, on constitue une fiche pour chaque entrée, mais la quantité des informations recueillies demande de parler de dossiers de mots plutôt que de fiches. Chaque dossier comporte des rubriques standardisées qui permettent de gérer les 188

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données de manière homogène. Hérilier (1992) a proposé aux occitanistes travaillant sur les néologismes des dossiers de mots en forme de tableaux synthétiques. La lexicographie traditionnelle travaillait sur des dossiers physiques, en fiches bristol par exemple. La lexicographie actuelle met à profit les logiciels de bases de données. X.5.5 LA FIABILITÉ DES FORMES CHOISIES Dans le cadre des langues subordonnées, malheureusement, il est malaisé de réunir des corpus aussi sûrs et aussi volumineux que ceux des langues établies. Certains néologismes et mots savants manquent dans un corpus occitan, par ex. teleportacion, narcotrafegant, pòstelectoral, s’autoavalorar, feedback, Kordofan, wagnerian. Et si on les trouve quand même, ils sont souvent calqués de manière diglossique sur la langue dominante. Dans ce cas, le travail de complètement permet d’intégrer de tels mots sous une forme acceptable, non diglossique, en nous appuyant sur les règles occitanes de formation des mots et sur l’usage des langues voisines. Certains noms propres autochtones qui sont absents des corpus et inconnus des derniers locuteurs naturels auront peut-être besoin d’être reconstitués (§ XV.4.1). Il ne faut pas voir cela comme un jeu excitant mais comme la pire des solutions, faute de mieux. Il n’est pas possible en lexicographie d’inventer des formes arbitraires sans méthode ni justification scientifique. Malheureusement ce problème se rencontre dans beaucoup de dictionnaires occitans récents. Le lexique Braç & al. (1996) arbore fièrement sur sa couverture le néologisme crostilhetas* “chips”. Cette invention a une morphologie irréprochable et un charme indéniable mais elle ne correspond à aucun usage attesté dans un corpus ni à aucune forme plausible dans l’usage. Le catalan dit xips, le français chips, l’italien chips… En l’occurrence, la forme chips semble aujourd’hui la solution la plus plausible en occitan, comme J. Ubaud me l’a indiqué. Coupier (1995) traduit le français sortilège par mascariá et sorcelatge ‹mascarié, sourcelage› et omet sortilègi ‹sourtilègi›, qui est pourtant accepté dans le TDF. Il traduit le français soporifique par endormidor -oira° ‹endourmidou -ouiro› en omettant soporific -a ‹soupourifi -ico› (or aucun principe n’interdit d’intégrer ce mot savant). L’adjectif endormidor° est suspect car le TDF n’atteste que le nom féminin endormidoira ‹endourmidouiro› “(produit) narcotique ”. X.5.6 FIABILITÉ ET NORME Dans un dictionnaire normatif, on attend d’un lexicographe qu’il expose objectivement ce qu’est la norme officielle et qu’il n’impose pas au lecteur ses inventions personnelles. C’est un principe évident dans la plupart des langues codifiées. Mais beaucoup d’ouvrages occitans ne sont pas fiables sur ce point à cause du réformisme endémique. Taupiac (1992) introduit des cacographies non officielles telles que ambe*, páur*, alors que l’usage respectait jusque là, de manière très majoritaire, les orthographes amb, paur. Il impose par ailleurs des formes orales antinormatives telles que centime*, fòrma* pour centim, forma... Les dictionnaires de Lavalada (2001, 1999), de Dufaud (1986, 1998) ou de Rourret (1981) multiplient les formes hors norme avec une superbe insouciance. Presque tous les autres dictionnaires sont remplis de coquilles dues à négligence. De telles pratiques sont inconcevables en français, en italien, en 189

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catalan ou en espagnol. C’est révélateur de la très mauvaise santé de l’occitan et d’une conception diglossique de la langue chez les auteurs. Dans quelques réunions consacrées à la linguistique occitane, j’ai pu entendre que dans une perspective rigoureusement lexicographique, il fallait que les bons dictionnaires présentent l’occitan tel qu’il fonctionne “réellement” dans la langue héritée sans tenir compte de la norme. C’est là une conception curieuse de la lexicographie qui n’est pensable que dans le contexte diglossique. Il est révélateur qu’on ne propose jamais de l’appliquer à une langue établie. Elle consiste à confondre la lexicographie avec la seule linguistique descriptive. C’est oublier que dans notre monde, la lexicographie sert en général à décrire des langues standardisées…

X.6 Macrostructure et nomenclature L’ensemble des formes décrites explicitement par le dictionnaire, composé par les entrées et les sous-entrées, constitue la nomenclature (sans considération d’ordonnement). On appelle macrostructure la nomenclature telle qu’elle est mise en ordre dans le dictionnaire, en fonction du public visé (Gaudin & Guespin 2000: 108-109). X.6.1 LA MACROSTRUCTURE La macrostructure peut présenter les sens et les sous-entrées de deux manières possibles. La macrostructure simple rassemble sous une même entrée des sens qui peuvent être très divers, elle reflète un traitement polysémique. C’est le cas de la très grande majorité des dictionnaires. Par ex. l’entrée passar ‹passa› dans le TDF rassemble, en substance, les sens suivants: 1. passer, franchir | 2. passer, sasser, filtrer | 3. dépasser | 4. essanguer la lessive | 5.

enfiler, percer | 6. employer | 7. émoudre | 8. accorder, céder, tolérer | 9. souffrir, éprouver | 10. durer, suffire | 11. passer, parcourir | 12. passer, être admis | 13. s’établir dans un autre pays, changer de possesseur ou de camp | 14. passer un tout au jeu | 15. commencer à se gâter | 16. se faner, cesser, mourir. Sous l’entrée passar, on trouvera aussi des sous-entrées pour exprimer des expressions et des locutions comprenant passar. Les mots apparentés à passar tels que passa, passadís, passadoira, passant, passeg constituent des entrées indépendantes de passar

et sont disposés selon l’ordre alphabétique. Des mots homonymes et ayant la même origine, mais ayant fortement divergé sur le plan sémantique, peuvent éventuellement constituer des entrées distinctes dans une macrostructure simple. Le TDF distingue ainsi deux entrées, pensar ‹pensa› 1 “penser, songer…” et pensar ‹pensa› 2 “panser une plaie…”, qui viennent toutes deux du lat. pensare (LVO propose de lemmatiser pensar 2 sous la forme pessar). On observe aussi une hésitation sur les homonymes qui diffèrent par la nature grammaticale. On peut les regrouper sous une même entrée à condition d’indiquer clairement les changements de nature grammaticale. Le TDF fait des entrées différentes en fonction de la flexion, ce qui permet une visualisation plus claire: une entrée passant -a ‹passant -o› adj/n “passant, qui passe…”; une autre entrée passant m “soulier de paysan…”, etc. Certains dictionnaires bilingues regroupent dans un seul “super-article” des

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articles apparentés afin de faire des économies de papier. Le bloc d’articles ainsi constitué est appelé nid et les articles enchâssés sont appelés niches. Ce procédé est très néfaste sur le plan pédagogique et a quasiment disparu depuis les années 1990. On lui préfère désormais la macrostructure dite alphabétique droite où chaque article correspond à un lemme (Marello 1996: 41). En occitan, par effet de retard, l’article en nid se rencontre encore dans le NGDFA (théogonie avec théologien… cotutelle avec cotuteur…). Dans une structure en nids, il est normalement exclu de regrouper dans un super-article des homonymes ayant des étymologies différentes. La macrostructure double crée des entrées distinctes pour les sens nettement distincts, même si l’origine étymologique est rigoureusement la même; elle reflète un traitement homonymique. Par exemple, on proposerait des entrées différentes pour passar selon les sens. Les mots dérivés de passar seraient présentés non dans l’ordre alphabétique, mais à la suite des entrées correspondantes de passar. Ce système est intéressant pour comprendre la structure sémantique en synchronie. Mais peu de dictionnaires l’adoptent car les lecteurs y sont peu habitués. Beaucoup de dictionnaires relèguent les noms propres dans une partie séparée: soit ils font un beau répertoire de noms propres avec des développements encyclopédiques, comme les Petit Larousse, soit ils font une annexe misérable où les noms propres sont traités à la va-vite. C’est très fréquent dans les bilingues. Dans tous les cas de figure, le traitement séparé complique inutilement la consultation du dictionnaire. En outre il est plus logique de faire voisiner dans la macrostructure gascon et Gasconha; Finlàndia et finlandizacion; mistral, Mistral et mistralenc; Morvedre (ville) et morvedre (cépage)… Un système de renvois est indispensable pour relier un lemme à un lemme équivalent. La plupart des dictionnaires occitans ne se donnent pas la peine d’intégrer des renvois. Pourtant, ce procédé élémentaire facilite considérablement la consultation. Même le TDF est défaillant sur ce point. Un aspect formel mais important de la macrostructure est l’ordre alphabétique des entrées. Le dictionnaire d’Alibèrt et celui Gonfroy (1975) classent beaucoup de mots par familles et non par ordre alphabétique strict. C’est un procédé tout à fait anormal et antipédagogique. Il existe deux manières de gérer l’ordre alphabétique. Cette question se pose surtout pour quelques locutions qui sont difficiles à découper (ça que la “cependant, quand même”), pour les noms propres composés (Grand Bretanha, Valadas Occitanas, Clarmont-Ferrand, Ais de Provença, Òlt e Garona): a) L’ordre alphabétique continu ne tient pas compte des blancs typographiques: Ais de Provença “Aix-en-Provence” et Sant Estève “Saint-Étienne” sont classés comme si on écrivait Aisdeprovença* et Santestève*. C’est la solution la plus utilisée. b) L’ordre alphabétique discontinu tient compte des blancs typographiques: Ais de Provença et Sant Estève sont classés comme si on écrivait Ais* et Sant*. C’est une solution beaucoup plus claire, déjà utilisée en terminographie. Elle permettrait de regrouper visuellement les nombreux toponymes commençant par Sant X…, Santa X…

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X.6.2 LA NOMENCLATURE La nomenclature invite à réfléchir sur le choix des lemmes dans le dictionnaire. La fréquence est le critère fondamental de sélection. Les études de lexicostatistique ont dégagé l’existence d’un lexique fondamental qui est utilisé ou connu par tous les locuteurs. Il y a notamment en français les travaux pionniers de Gougenheim (1958) et de Gougenheim & al. (1964). Ils chiffrent à 3500 les mots du lexique fondamental. Le lexique fondamental se compose d’une part des mots fréquents que les locuteurs utilisent en permanence (ils sont un millier en français) et d’autre part des mots disponibles que tous les locuteurs connaissent et comprennent mais sans les utiliser tout le temps. Ces mesures se fondent sur la langue parlée par un échantillon représentatif de locuteurs, et non sur la langue écrite (Niklas-Salminen 1997: 32-39). Le lexique fondamental n’est pas pour autant tout le lexique usuel. Beaucoup de mots usuels, connus par la très grande majorité des locuteurs, ont une fréquence moyenne et n’entrent pas dans le lexique fondamental. Enfin, il y a les mots de basse fréquence et les mots rares. L’occitan ne bénéficie pas d’études précises sur la fréquence mais il existe quand même quelques travaux qui esquissent vaguement notre lexique fondamental. a) Le Dictionnaire de base français-provençal de Lèbre & al. (1992/2004) a repris les entrées du français fondamental de Gougenheim (1958) et y a ajouté d’autres entrées françaises qui semblaient opportunes dans un dictionnaire de base. b) Le Diccionari de mila mots de Taupiac (1992), qui prétend définir le standard général, s’appuie sur les travaux de Gougenheim & al. (1964) et se limite à mille mots comme son nom l’indique. C’est une recherche très intéressante car le nombre de mille permet probablement de s’approcher du lexique fréquent, comme en français. Cependant il y a quelques problèmes comme l’antinormisme et surtout le cratylisme, ce qui permet de douter de la pertinence de certains mots dans le lexique sélectionné. Taupiac ne rédige les définitions qu’en se servant des mille mots de sa nomenclature. Cela le conduit à y inclure des définisseurs assez peu fréquents: veïcul, quantitat, matèria. c) Le Vocabulaire élémentaire de l’auvergnat de Bonnaud (1971b) propose de traiter les 12 000 lexèmes les plus usuels, regroupés par thèmes. C. Schmitt (1975: 96), tout en y critiquant “la méthode trop subjective”, a salué cet ouvrage parce qu’il était le premier à tenter un recueil statistique en domaine occitan. d) Guiter a fait des études de statistique lexicale sur l’œuvre littéraire de Mistral (Guiter 1970, 1974, 1977). Cela donne forcément quelque chose de différent du registre courant, comme Guiter l’admet lui-même (1977: 158-159). Quoi qu’il en soit, ces approches de l’occitan fondamental n’aideront pas à intégrer les mots de basse fréquence. Quelques subterfuges aident à repérer des mots occitans de basse fréquence qui méritent d’entrer dans la nomenclature. Il faut bien voir cela comme des moyens provisoires, en attendant des moyens plus puissants: a) Dépouiller la nomenclature des grands dictionnaires occitans qui ont une certaine fiabilité, comme le TDF. b) S’inspirer de la nomenclature des dictionnaires des langues voisines, notamment pour les mots internationaux, termes de civilisation, technicismes, mots savants, emprunts et néologismes qui sont communs aux langues romanes. c) Dépouiller les travaux parlant de la culture occitane afin de ne pas oublier des concepts importants que notre langue véhicule (§ X.8). L’incohérence consiste à accumuler les entrées rares et à ne pas donner celles qui 192

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sont plus usuelles. Ainsi, dans une nomenclature partant de l’occitan, Gonfroy (1975) donne cibòri “ciboire” mais pas cinèma, Palay (DicPal) donne milhèra ‹milhère› “outarde” mais oublie faisan “faisan”, Morà (1994) donne deficitari mais oublie deficit, Taupiac (1992) donne vaca “vache” mais oublie buòu “bœuf”. On sait que le dictionnaire d’Alibèrt est dépourvu de certaines entrées élémentaires comme cantar, secar “sécher”, posar “puiser”, et qu’il évite les mots savants (Ubaud 1996: 20). Dans le sens français-occitan, Coupier (1995) donne polarimétrique mais oublie polar, Laus (1997) donne logomachie mais pas logiciel, Bonin (1984) donne phrygane (larve de) mais pas photo… Certains dictionnaires intègrent les formants productifs dans la nomenclature. Le TDF recourt quelquefois à ce procédé (art. anti-). C’est très utile pour trouver rapidement le sens des formants qui participent à des néologismes rares que le dictionnaire ne répertorie pas. Comme on l’a déjà expliqué plus haut, il n’y a aucune raison que les noms propres soient absents de la nomenclature. Les abréviations qui fonctionnent comme des lexèmes (CGT, SMS, òvni) ont également toute leur place dans une nomenclature.

X.7 La microstructure La microstructure est l’organisation des informations contenues dans un article de dictionnaire. Elle se compose de rubriques. Une rubrique est “chaque élément d’information consigné à propos de l’unité étudiée” (Gaudin & Guespin 2000: 112). Depuis la généralisation de l’informatisation, des logiciels permettent d’extraire les éléments du corpus et de les gérer en rubriques en garantissant une présentation typographique homogène et systématique (Grundy 1996: 127). Beaucoup d’auteurs et d’éditeurs, même dans les langues établies, succombent à la facilité d’évaluer et de vanter un dictionnaire en fonction du nombre d’entrées, c’est-à-dire de la taille de la nomenclature. Or “la richesse d’un dictionnaire ne se mesure pas forcément au nombre d’entrées ni non plus au nombre d’équivalents” (Szende 1996: 120). Une grosse nomenclature ne sert pas à grand chose si les entrées ne sont pas ordonnées de manière correcte. Beaucoup d’ouvrages occitans sont vantés pour leur grosse nomenclature alors que leur microstructure est incohérente (ex: Coupier 1995, NDGFA, DicPal, Piat 1893-94, Rapin 1991-…), voire invisible (ex: Cantalausa 2003). La microstructure d’Alibèrt est épouvantable. Un des rares ouvrages où l’on trouve un effort de microstructure cohérente est Lèbre & al. (2004). Le TDF a également une assez bonne microstructure qui, malgré son aspect vieilli, représente une belle performance pour un dictionnaire du XIXe siècle. X.7.1 LES RUBRIQUES DU BLOC-ENTRÉE Le bloc-entrée comprend l’entrée et les rubriques qui lui sont étroitement liées. En fait, les rubriques du bloc-entrée peuvent aussi se trouver au cœur de l’article s’il faut marquer un changement de catégorie grammaticale (nom en apposition, emploi pronominal d’un verbe …), un sens lié à une condition d’usage particulière, etc. Voici les rubriques dans l’ordre où elles apparaissent habituellement. a) Le lemme ou entrée ou adresse ou encore mot-vedette. En cas de doublet lemmatisé (conéisser = conóisser “connaître”), la forme la plus fréquente doit ouvrir l’entrée. 193

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La seconde est renvoyée vers la première si l’ordre alphabétique le demande. b) La flexion du lemme peut être indiquée à la suite du lemme proprement dit, qui se présente sous la forme non marquée (masculin pour les noms, infinitif pour les verbes…). La flexion doit impérativement être indiquée si elle est irrégulière ou si elle présente une difficulté. L’usage dans la lexicographie romane est de toujours indiquer le féminin (pichòt -a “petit -e”, espés -essa “épais -sse”), le pluriel irrégulier ou particulier (braç braces “bras”) et le type de conjugaison du verbe; ceci par un code, par un renvoi à un verbe-modèle ou par un élément de morphologie comme l’alternance vocalique: portar (pòrti). Ces informations pratiques se trouvent chez Lèbre & al. (2004) et Laus (1997). Malheureusement la plupart des dictionnaires occitans ne font pas cet effort. Ubaud (1996: 24-25; 1998: § C14) constate que le féminin est une notion qui semble ne pas exister pour certains auteurs! Il est donc impératif de fournir toutes les féminisations possibles (Becquer & al. 1999; ici § XVI.1). c) La prononciation. Cette rubrique n’est pas obligatoire mais sa présence systématique aide l’utilisateur à s’habituer, petit à petit, aux règles de la prononciation. Si le lemme a une prononciation irrégulière ou s’il présente un risque d’interférence avec la langue de l’apprenant, la notation phonétique devient indispensable, par ex. paur [ pOw] “peur”. Le mieux est une transcription rigoureusement phonétique en API. d) L’étymologie ou rubrique historique est la moins indispensable des rubriques. Elle est quand même bienvenue, surtout dans un dictionnaire monolingue, car elle donne une information qui est souvent demandée par l’utilisateur. e) La catégorie grammaticale, indiquée par une abréviation, est une rubrique indispensable pour permettre au lecteur de bien utiliser le lemme. Son absence dans un ouvrage prétendant être un “dictionnaire” est une faute grave. C’est pourtant le cas chez Cantalausa (2003), Bonnaud (NDGFA), Barta (1980), Castellana (1947, 1952), Dufaud (1997) et tant d’autres. f) Les conditions d’usage, indiquées par une abréviation. Le registre, paramètre de base de l’usage, est extrêmement important pour une langue subordonnée. C’est fondamental pour combattre la distribution fonctionnelle et pour permettre à l’occitan de reconquérir une diversification stylistique que la diglossie lui a ôtée. Cette rubrique est malheureusement absente dans presque tous les ouvrages occitans. On trouve çà et là quelques remarques sur le registre (notamment “terme libre”) mais elles ne sont jamais systématiques. On doit signaler avant tout les grands registres diaphasiques (populaire, familier, soutenu), étant entendu que le registre neutre n’a pas besoin d’être indiqué car c’est le registre par défaut. Les informations pragmatiques sont également très importantes (“ironique, péjoratif, plaisant, injurieux”). On peut ajouter des informations sur le style (“littéraire, archaïque”), la fréquence (“rare”), l’obsolescence (“vieilli, vieux, anciennement, moderne”), le technolecte (“plomberie, médecine, didactique”), le sociolecte… Dans les langues à standard unique comme le français et l’italien, on indique des régionalismes admis par la langue standard (ex. fr. quatre-vingt ~ huitante ~ octante). En occitan larg, on préconise la mise en commun des lexèmes (§ IX.3) mais rien n’interdit de mentionner que tel mot est plus fréquent dans tel standard régional. Il ne faut pas confondre les régionalismes, qui sont les emplois propres à certaines régions, avec les réalités de certaines régions, dont on peut parler dans toutes les régions. Lo bolhabaissa “la bouillabaisse” est une réalité provençale mais on en parle hors de la Provence. "

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X.7.2 LES RUBRIQUES DU CŒUR DE L’ARTICLE: SÉMANTIQUE ET SYNTAXE a) Principes de base

(i) Le découpage de l’article tient compte des changements de catégorie grammaticale qui affectent parfois un même lemme: verbe transitif, intransitif ou pronominal; oscillation entre nom et adjectif ou entre participe et adjectif (cela peut se traiter aussi comme deux entrées distinctes); oscillation entre préposition et conjonction, etc. Il est souvent nécessaire de faire des “sous-articles” correspondant aux changements importants de catégorie grammaticale. Le TDF, malgré ses immenses avantages, a le défaut de ne pas distinguer l’emploi transitif ou intransitif des verbes et le lecteur est obligé de se débrouiller tout seul pour les deviner (Ubaud 1996: 17). (ii) Le découpage sémantique se fait ensuite selon un ordre qu’il n’est pas toujours facile de déterminer. Les meilleurs dictionnaires hésitent encore à classer les sens selon la fréquence, l’histoire (évolution des sens en diachronie) ou la logique (ordonnement des sens par affinités, en synchronie). Il est parfois inévitable de faire un panachage de ces trois paramètres (Gaudin & Guespin 2000: 125-126). En occitan, seuls le TDF et Lèbre & al. proposent des découpages sémantiques rigoureux et constants. Dans un dictionnaire bilingue, les espaces de la subdivision sémantique sont remplis par les traductions en langue-cible. Dans un dictionnaire monolingue, ils sont remplis par les définitions. Dans les deux cas, traductions et définitions sont accompagnées d’exemples. (iii) Les informations syntaxiques sont essentiellement contenues dans les exemples. Ceux-ci doivent être extraits du corpus dans la mesure du possible. Les suites de mots sont difficiles à classer. Les lexicographes hésitent souvent pour savoir si ce sont de simples suites (collocations) qu’on traite comme des exemples ou si ce sont des expressions idiomatiques (Roberts 1996). Les locutions et les expressions idiomatiques sont des unités fonctionnelles dans le lexique : on doit pouvoir les repérer immédiatement, grâce à des caractères gras par exemple. Par contre, un exemple n’est pas une unité fonctionnelle, il convient de le faire apparaître de manière plus discrète, par exemple en italiques. Dans les collocations, syntagmes et mots composés, il importe de distinguer la base qui est le mot figurant dans l’entrée et le collocatif constitué par les autres mots importants. Dans saber mal a (qqn) “en vouloir à (qqn)”, saber est la base et mal est un collocatif, donc l’expression se trouvera à l’article saber. Il existe une hiérarchie des catégories grammaticales pour déterminer quel mot sert de base: nom > adjectif, verbe > adverbe, adjectif > adverbe ; les autres combinaisons sont un peu plus délicates à traiter (Knowles 1996: 164). (iv) Dans un dictionnaire monolingue, le découpage sémantique est prioritaire sur l’analyse syntaxique car cette dernière est souvent connue de manière instinctive par l’utilisateur (Grundy 1996: 134). Dans un dictionnaire bilingue, la traduction doit être claire, complète et précise dans les cas d’asymétrie entre les deux langues (anisomorphisme). Les asymétries de syntaxe sont expliquées à l’aide de nombreux exemples. Les asymétries de sens sont explicitées à l’aide de marques d’usage (abrégées) ou de commentaires métalinguistiques (le plus souvent entre parenthèses ou entre crochets). Il faut rechercher sans cesse un juste équilibre entre une économie de présentation (Szende 1996) et une typographie contrastée (Marello 1996: 43-44). Le critère de l’économie de l’information autorise à ne pas détailler les 195

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sens lorsqu’ils sont à peu près symétriques entre les deux langues: c’est souvent le cas des néologismes, des termes spécialisés et des noms propres: fotbòl/football,

idroelectric/hydroélectrique, Moçambic/Mozambique, brasilièr/brésilien.

(v) La définition, dans les dictionnaires monolingues, doit obéir à des critères formels (Gaudin & Guespin 2000: 140-151). Elle doit être objective et neutre sur le plan idéologique. Ce peut être une définition par équivalence (mot ou syntagme synonyme de l’entrée), une définition morphosémantique (“relations morphologiques et sémantiques entre le mot-base et un dérivé ou un composé” [Gaudin & Guespin 2000: 145], par ex. completatge sera défini comme accion de completar), une définition par inclusion (hypéronyme suivi de précisions) ou une définition partitive (hyponyme suivi de précisions). (vi) L’exemple, dans un dictionnaire monolingue ou bilingue, doit répondre aux critères de simplicité et de neutralité. (vii) L’exemple est normalement extrait du corpus. Forger des exemples ex nihilo est une pratique périmée et déconseillée (Gaudin & Guespin 2000: 153-158). b) Exemples de microstructures problématiques en occitan

Dans le dictionnaire français-occitan de Rapin (1991-), il y a de très nombreuses incohérences dans la présentation des champs sémantiques et des emplois grammaticaux. Le fr. aède est traduit en occ. par aède, ce qui est correct, mais aussi par poèta, joglar, trobador qui ont évidemment des sens différents d’“aède”. Le fr. bison est traduit par occ. bison*, bufle, bufre. La première forme, bison*, est sémantiquement correcte (mais morphologiquement contestable, cf. bisont, § XII.7.2 -n -ntis). Par contre, le doublet bufle/bufre est sémantiquement erroné. Il semble recopié d’après le TDF, où il figure à l’identique, or le TDF donne à bufle/bufre le sens de “buffle”, jamais le sens de “bison”. On remarquera au passage l’absence de standardisation dans bufle/bufre. Le fr. arlésien est traduit en occ. par arlatenc, ce qui est correct, mais aussi par arlèri qui a une connotation péjorative que Rapin de précise pas (cf. TDF: art. arlèri). Il semble que Rapin veuille offrir à tout prix des synonymes à ses lecteurs, quitte à faire passer de simples analogies pour des synonymes. Beaucoup de dictionnaires sont extrêmement pauvres sur la description d’un verbe fondamental comme avoir/aver. Chez Palay (DicPal), la fonction d’auxiliaire est omise; les champs sémantiques sont séparés par des points-virgules mais ne sont pas regroupés ni expliqués de manière intelligible. Vayssier (1879) présente le verbe aver de manière encore plus lapidaire: OBÚRE, OBÉRE, Mont. OBÉYRE, | OBÉ, ABÉ, M. v. a. Avoir. Cal obúre perdút lou cap, il faut avoir perdu la tête. Ombé lous efóns cal obére fouorço potiénço, avec les enfants il faut avoir beaucoup de patience. (Lat. habere, m. s.) — Prendre, retirer. Ajos-oú de dins l’ormári, retire-le de l’armoire. 1

Même si Vayssier offre l’expression très intéressante Ajas-o de dins l’armari, il ne donne pas au lecteur certains emplois élémentaires d’aver. 1

Transcription: AVURE, AVERE, AVEIRE | AVER, AVER. Cal avure perdut lo cap. Amb los enfants cal avere fòrça paciença* [paciéncia]. Ajas-o de dins l’armari.

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X.7.3 LA VISUALISATION DES INFORMATIONS DANS LA MICROSTRUCTURE Étant donné que les lemmes (entrées d’articles) tendent à être les équivalents des formes standard, un dictionnaire normatif doit mettre en évidence les formes standard avec un code typographique clair. - Dans une macrostructure partant de l’occitan, la typographie offre beaucoup de possibilités techniques pour faire ressortir les lemmes et les distinguer des variantes éventuellement intégrées à l’ouvrage. Le seul ouvrage qui assume clairement cette tâche est le dictionnaire limousin de Gonfroy (1975) grâce à des caractères gras, un ordre précis des formes, des marques en exposant, des abréviations et quelques critères exposés dans l’introduction. Tous les autres dictionnaires sont flous sur cette question. En apparence, Alibèrt met les lemmes en gras et les variantes en maigre italique, mais sa lemmatisation est parfois hasardeuse et contradictoire. Le TDF esquisse une standardisation timide en mettant la forme du provençal référentiel au début de chaque entrée. - Dans une macrostructure bilingue de type langue x → occitan, les formes occitanes ne peuvent être visualisées qu’avec très peu de nuances typographiques: elles apparaissent en maigre en général. Dans ce cas, soit la standardisation se fait par la sélection des formes occitanes (c’est la solution classique mais aucun dictionnaire occitan ne l’applique), soit la standardisation est floue ou inexistante (c’est le cas des dictionnaires occitans). Lavalada (2001) et Coupier (1995) donnent les formes occitanes en gras mais la lemmatisation y est inexistante. Cette obscurité typographique affecte aussi nos grammaires et nos manuels. X.7.4 MICROSTRUCTURE ET NOMS PROPRES Du point de vue de l’analyse linguistique, il est injustifiable que les noms propres ne soient pas présentés comme les articles habituels: les dictionnaires leur refusent souvent toute transcription phonétique, toute catégorie grammaticale, toute étymologie, tout fonctionnement syntaxique et sémantique. Et il n’y a pas de séparation entre la définition et le développement encyclopédique. Pourtant le nom propre possède les caractéristiques habituelles d’un lexème. Cela doit figurer dans la microstructure: a) La phonétique, qu’il est parfois utile de préciser: Marselha se réalise aussi bien [ma sej ] que [ma sij ] en provençal. b) La catégorie grammaticale: Cristina est bien un féminin, Lo Puèi “Le Puy” est bien un masculin, Arle a un genre masculin en occitan (§ XV.7). c) L’étymologie. d) Le fonctionnement syntaxique, des collocations et des expressions. - Emploi éventuel de l’article : Garona fonctionne sans article, mais Ròse / lo Ròse “Rhône” peut prendre un article (§ XV.7). - Collocations et expressions telles que en Durença “dans la Durance, sur les bords de la Durance” (TDF: art. Durença ‹Durènço›), en Flandra / a Lilla en Flandra “très loin” (cf. DicPal: art. Flandra ‹Flandre›), èstre a Calès “être aux abois”, anar a Canòssa “aller à Canossa”, aiga de Colonha “eau de Cologne”… e) L’éventuelle richesse sémantique. Certes, les noms propres tendent à être monosémiques et monoréférentiels. Mais il y a quand même des exceptions. L’occ. R"

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TROISIÈME PARTIE Roma (ou le fr. Rome) peut désigner la ville, la papauté ou l’État antique.

X.8 Le programme culturel et pédagogique du dictionnaire Le dictionnaire d’une langue donnée reflète une vision du monde qui est propre à cette langue. Un dictionnaire italien intègre à sa nomenclature le vaporetto de Venise plutôt que le bateau-mouche de Paris. On attendra d’une lexicographie occitane les missions suivantes: a) Aider les utilisateurs à mieux connaître la culture occitane sans tomber pour autant dans le mythe. Une nomenclature occitane intègrera plus facilement les signifiés propres à la culture d’oc: robiaca (femme instruite des villages vellaves), garbura (soupe gasconne), aligòt (mets rouergat), caramentrant (mannequin de Carnaval), bauca (type de graminée). Dans les noms propres, on fera l’effort de répertorier par exemple les grands écrivains de langue occitane. b) S’adapter aux véritables besoins lexicaux des utilisateurs. Les personnes qui veulent pratiquer l’occitan, en ce début de XXIe siècle, ont davantage besoin d’utiliser les signifiés de la société modernisée (seguretat sociala, dentifrici, liofilizat, fotocopiar) que ceux d’une société traditionnelle. Mais certains ouvrages occitans persistent dans une nomenclature passéiste, comme ceux de Dufaud (1986, 1997). c) S’adapter aux variations de registre les plus usuelles. Le registre neutre doit dominer un dictionnaire généraliste mais quelques usages fréquents venant des registres soutenu, familier ou populaire sont utiles pour la vie de tous les jours. Le dictionnaire occitan doit veiller à bien marquer les différences de registres afin d’encourager l’utilisateur à utiliser l’occitan comme une langue complète et multifonctionnelle. d) Prévoir les besoins pédagogiques. On peut développer par exemple la microstructure des mots difficiles afin de décrire leur fonctionnement de manière plus explicite. Éventuellement, on peut intégrer à la nomenclature des mots qui présentent une difficulté particulière ou un piège qu’il faut éviter à tout prix. Ce n’est pas très orthodoxe d’un point de vue lexicostatistique mais cela peut être commode. Barta (1980) propose quelques développements grammaticaux. Les dictionnaires bilingues et monolingues des langues établies développent de plus en plus cette pratique en se servant des moyens typographiques (encadrés, codes de couleurs). Les illustrations sont toujours utiles (ex. Tot en òc, Clapié & Baquié 2003, PLE). e) Un point un peu plus délicat concerne la récupération de la dignité culturelle, phénomène étroitement lié à la récupération linguistique. Il est utile qu’un dictionnaire occitan prenne la peine d’expliquer pourquoi il vaut mieux employer les formes authentiques òc, non, Sénher, paire, maire au lieu des formes francisées òi*/oei*, nani*, Mossur*, pèra*, mèra* que la diglossie a imposées autrefois comme marques de déférence. Le rétablissement du toponyme La Sala contre Decasavila* “Decazeville”, forme d’origine bureaucratique, peut être reporté dans le dictionnaire parce que c’est un symbole fort qui a fait l’unanimité dans le renaissantisme. Il faut rester quand même très prudent et ne pas perdre de vue que l’attestation de l’usage reste la priorité du dictionnaire.

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X.9 La dictionnairique

La dictionnairique est la conception et la fabrication des dictionnaires en tant que produits destinés à un public. Ce concept a été proposé par le lexicographe français Bernard Quemada (cf. Pruvost 2002: 81-83). En théorie, la dictionnairique est une activité distincte de la lexicographie. Dans les faits, il est fréquent qu’une même personne soit à la fois lexicographe et dictionnairiste: “c’est de l’harmonisation des deux tâches que dépend la qualité de nos grands dictionnaires” (Pruvost 2002: 83). Voici les principales questions auxquelles doit répondre la dictionnairique: • Le corpus de l’éditeur (ou de l’auteur) est-il adaptable? Normalement, on cherche à se constituer une base de données abondante et évolutive, une espèce de super-dictionnaire virtuel, alimenté par un corpus que l’on enrichit constamment. Grâce à cette base, on peut extraire la matière nécessaire pour produire des dictionnaires divers, selon des besoins divers et à des époques diverses. • Le type du dictionnaire varie en fonction du public ciblé. • Le support matériel du dictionnaire: livre, CD-ROM, DVD-ROM, pages Web… • Le dictionnaire est-il étudié pour partir de la langue source ou de la langue cible? En situation de diglossie, ce questionnement peut être très important pour la stratégie d’apprentissage de l’occitan. • La taille et le nombre des informations est fonction de la rapidité de consultation. Un dictionnaire scolaire ou familial doit garantir une microstructure et une nomenclature plus fournies que dans un dictionnaire de poche. • Les moyens financiers de l’éditeur et de l’acheteur du dictionnaire peuvent conditionner l’existence d’une étude de marché (à ma connaissance, on n’en a jamais faite en occitan), l’investissement financier dans la conception, l’édition et la publicité, la dimension esthétique et même, hélas, le degré de scientificité. Normalement, la fiabilité scientifique (lexicographique) ne devrait pas être négociable. • L’esthétique peut jouer un rôle important en liaison avec le plaisir d’utiliser le dictionnaire, et même la fonctionnalité pédagogique: typographie, couleurs, images… • Le nom même qu’on donne au dictionnaire. Certains ouvrages occitans ont des noms intéressants qui favorisent la relation affective avec les utilisateurs: Lo Tresaur dau Felibritge ‹Lou Tresor dóu Felibrige›, Lo Pichòt Tresaur ‹Lou Pichot Tresor› (Forvieras 1901), La Palanqueta (A. Lagarda 1996), Tot en òc (Braç & al. 2002), Lo Saber ‹Lou Saber› (Bernard 1996)… Ces différents paramètres oscillent entre trois contraintes principales: (a) La contrainte de précision scientifique. (b) La contrainte de communication: clarté, fonctionnalité, maniabilité, pédagogie. (c) La contrainte matérielle: technique et commerciale. Les besoins les plus urgents pour le développement d’un occitan accessible demandent que l’on concentre les efforts dans les directions suivantes: a) Comme préalable indispensable, un dictionnaire orthographique et morphologique, en accord avec la norme du CLO, doit permettre de fournir une banque de lemmes valides pour confectionner ensuite des dictionnaires bilingues ou monolingues. Josiana Ubaud prépare précisément le Diccionari ortografic du standard général dans le cadre du Gidilòc. 199

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TROISIÈME PARTIE b) Des dictionnaires bilingues, scientifiquement fiables relieraient les variétés standardisées de l’occitan et les langues dominantes. La dictionnairique devrait aider à choisir entre un dictionnaire général de tout l’occitan larg (couvrant les sept standards régionaux) ou bien une collection de dictionnaires distincts mais harmonisés pour chaque standard régional: la première solution, celle du “tout en un”, est préférable si on veut tenir compte de la mobilité croissante de la population occitane (§ IX.5). c) Un dictionnaire de fréquence de l’occitan serait extrêmement utile pour organiser l’enseignement du lexique de notre langue. d) À moyen terme, un dictionnaire occitan monolingue, couvrant les sept standards régionaux et l’essentiel du lexique, noms propres inclus, représenterait un grand progrès pour l’autocentrage culturel de notre communauté linguistique. e) Un dictionnaire inverse, classé selon les dernières lettres des mots, serait utile pour appréhender notre système de dérivation et de flexion 1. Et en second lieu, mais c’est important aussi, il aiderait les poètes et les paroliers à faire des rimes. f) Il va de soi que ces dictionnaires devraient être coordonnés entre eux en ce qui concerne l’application de la norme du CLO et les critères de standardisation. Au sein d’une collection, il est nécessaire que les dictionnaires obéissent aux mêmes normes de présentation afin que l’on puisse passer aisément de l’un à l’autre (par exemple, si on fait une collection de sept dictionnaires pour chacun des sept standards régionaux).

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Je remercie mon ami Sèrgi Granièr d’avoir attiré mon attention sur cette question.

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Quatrième partie LES APPLICATIONS

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Chapitre XIII

PRÉFIGURATION DES FORMES GRAMMATICALES RÉFÉRENTIELLES

XIII.1 Prémices Les formes grammaticales sont extrêmement fréquentes dans le lexique. Il est donc nécessaire d’en proposer un panorama qui soit précis et explicite, en fonction des critères de standardisation et des choix de régularité évolutive. Certains complètements interdialectaux consistent à réactiver des formes qui se sont raréfiées dans quelques dialectes mais qui sont restées usuelles dans d’autres, comme par exemple entrò “jusqu’à”. Quelques formes très fréquentes et très fortement grammaticalisées, en revanche, ne sont pas proposées pour le complètement interrégional. Elles sont considérées comme les marqueurs typiques de certains standards régionaux et sont difficilement généralisables. Elles sont assez peu nombreuses. Par exemple, plan “bien” et cossí “comment” ne peuvent pas se dire tels quels en provençal, où on les remplace par ben et coma. Les locutions grammaticalisées sont souvent mal documentées sur le plan de la morphosyntaxe et de la répartition diatopique. Par ex: de bon, per de bon, a de bon (ou de bòn…) “vraiment”. Cependant, toutes ces formes semblent envisageables dans tous les standards régionaux. En effet, lorsqu’on touche à la syntaxe, une certaine souplesse doit être envisagée. Les formes aranaises ne sont pas détaillées dans ce chapitre pour les raisons que j’expose au § IX.9.7. Mais je mentionne l’aranais à plusieurs reprises pour appuyer les choix du gascon référentiel. On trouvera un exposé normatif des formes grammaticales aranaises chez Barès & al. (2003) et González (2003). Dans les tableaux synoptiques, on présente les formes selon les conventions suivantes. - Les formes à deux éléments représentent le masculin et le féminin: tot tota. - Les formes à quatre éléments représentent le singulier masculin, le singulier féminin, le pluriel masculin et le pluriel féminin: aqueste aquesta aquestes aquestas. - En provençal général, les formes à trois éléments représentent le singulier masculin, le singulier féminin et le pluriel épicène: aquest aquesta aquestei(s). - Après la forme principale, on indique entre parenthèses les formes qui s’emploient devant un mot commençant par une voyelle: lo (l’); al (a l’). - Les parenthèses indiquent aussi les séquences facultatives: v(os)autres se lit vosautres ou vautres; (a)quò se lit aquò ou quò.

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QUATRIÈME PARTIE

XIII.2 Articles définis contractions de prépositions et d’articles LG lo

la

a

(l’)

al

de

(a l’)

del

per

(de l’)

pel

sus

(per l’)

sul

jos

(sus l’)

jol

(jos l’)

/ per lo (per l’)

/ sus lo (sus l’)

/ jos lo (jos l’)

pels

suls

jols

/ per los

/ sus los

/ jos los

(l’)

los

als

las PRO

lo (l’) la (l’) lei (leis) lei (leis) NIÇ

lo (l’) la (l’) lu li

dels

a au (a l’)

de dau (de l’)

ai (ais) ai (ais) a au (a l’)

dei (deis) dei (deis) de dau (de l’)

ai ai

VA

emb embau (emb l’) / emb lo (emb l’)

dei embai / emb lu dei / de li embai / emb li a de au (cis. al) (a l’) dau (cis. dal) (de l’)

lo (l’) la (l’) los (cis. lhi (lh’)) als (cis. ai (a lh’)) dels (cis. di (de lh’)) las AUV a de lo (l’) au (a l’) dau (de l’) la (l’) los aus daus las LIM a de lo (l’) au (a l’) dau (de l’) la (l’) los aus daus las GAS a de per entà / tà sus lo (l’) au (a l’) deu (de l’) peu (per l’) entau (entà l’) / tau (tà l’) suu (sus l’) la (l’) los aus deus peus entaus / taus suus las formes alternatives du gascon pyrénéen eth (er) ath (ar) deth (der) era ara dera eths aths deths eras aras deras

peth (per) pera peths peras

entath (entar) / tath (tar) entara / tara entaths / taths entaras / taras

en

en ena ens enas

Dans les contractions, l est muet devant s: lg. va. als [as, az], lg. va. dels [des, dez], lg. pels [pes, pez], lg. suls [sys, syz], lg. jols [dZus, dZuz]. En auvergnat, je suggère lo comme orthographe référentielle et englobante pour les réalisations [lu] ou [l´] (on peut écrire le = [l´] dans une notation serrée des parlers) 1. Dans l’orthoépie, l’opposition lo ~ los peut se réaliser [lu ~ lus/luj]… Dans

1

En auvergnat, [l ] n’est certainement pas un francisme, contrairement à ce que dit Teulat (1982: 142). [l ] peut s’expliquer par: 1° l’étymon latin (comme en toulousain), 2° la distinction sg. lo [l ] ~ pl. los [lu], 3° le passage de prétonique à [ ], possible en auv. ( color [ku lur > k lur], lo [lu > l ]). Dans ´

ille

´

o

´

´

"

´"

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´

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LES APPLICATIONS

au [u] ~ aus [us/uj] et dau [du] ~ daus [dus/duj]. En limousin, l’opposition lo ~ los se réalise [lu ~ lu…]. L’opposition tend à s’estomper dans au [Ow], aus [Ow] et dans dau [dOw], daus [dOw]. En gascon, deu, peu se réalisent [dew, pew] ou [du, pu]. Suu se réalise [su]. À côté de l’article gascon général de type lo, la…, le critère d’acceptabilité demanderait d’admettre l’article gascon pyrénéen de type eth, era… 1. En provençal général, lei, leis se réalisent [lej, lejz] ou [li, liz]; ai, ais se réalisent [ej, ejz] ou [i, iz]. Leis, ais ne s’emploient que devant un mot commençant par une voyelle. Ces articles sont des mots atones, par conséquent, les diphtongues atones ei et ai s’y prononcent [ej] ou [i], comme dans meisson “moisson” et aicí “ici” 2. En niçois, b peut être amuï dans emb, embau, embai (§ XIII.18). En niçois et en cisalpin, la préposition italianisée da*, qui est à déconseiller (§ XIII.18), se contracte avec l’article défini. Les contractions avec de sont préférables 3. En vivaro-alpin général, l’article pluriel lei~les, épicène, est une influence très récente du provençal lei~leis. Mais au début du XXe siècle, les anciens disaient encore los à Digne (Rj: § 534α) 4. Los las reste très majoritaire dans l’ensemble vivaro-alpin. les contractions:

XIII.

3 Articles indéfinis

sg. masc. sg. fém. pl. masc. pl. fém.

LG PRO NIÇ VA AUV

LIM

GAS

un

un

una auv

una

ua

de d’

daus

un [auv eˆ]

[ enO] ( ) de (d’)

∅ ∅

de las

En limousin, daus, de las passent à de (d’) devant un adjectif suivi d’un nom: de “des voitures ~ de jolies voitures”. Abrègements facultatifs en nord-occitan: una > ’na; un + voy. > n’; una + voy. > n’ (§ XII.3.c).

las veituras ~ de cranas veituras

XIII.4 Articles partitifs sg. masc. sg. fém. pl. masc. pl. fém. 1 2 3 4

LG PRO NIÇ VA AUV

LIM

GAS

dau

( )

de d’



de la daus de las

est d’autant plus justifiée pour noter [l´], qui est prétonique. D’un point de vue orthographique, il est plus simple d’écrire era devant voyelle, comme en aranais, que er’: era amiga “l’amie” (mieux que er’amiga). Avant Lafont (1972), l’orthographe classique distinguait encore de manière peu fonctionnelle li†, lis† ~ lei, leis et i†, is† ~ ai, ais, à cause de l’influence de l’orthographe mistralienne. En niçois mistralien, Compan (1965: 21) admet da*. Il estime qu’on doit distinguer de + lo → ‹dóu› ; da + lo → ‹dau›, de + lu/li → ‹dei› et da + lu/li → ‹dai›. La distinction ‹dóu~dau› me semble forcée. La présence récente de indique que Digne se rattacherait plus au vivaro-alpin qu’au provençal. Même l’isoglosse ca/cha n’est pas franche dans ce secteur: l’ALP montre que Digne hésite entre ca ou cha selon les mots. cette dernière hypothèse, l’orthographe lo

los

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QUATRIÈME PARTIE

En limousin, on utilise le partitif (d’) après une négation: vòle de las pomas ~ vòle brisa de pomas “je veux des pommes ~ je ne veux pas de pommes”. En gascon, on peut utiliser le partitif de (d’) devant un adjectif suivi d’un nom: que vòli pomas ~ que vòli de bèras pomas “je veux des pommes ~ je veux de de

belles pommes”. Dans toute la langue, un partitif combiné avec l’article défini, à la manière limousine, s’emploie pour insister sur le déterminant: vòli de las pomas bèlas (pro. vòli dei pomas bèlas, niç. vòli dei pomas bèli, gas. que vòli pomas de las bèras) “je veux des pommes, des belles (je veux des pommes parmi celles qui sont belles)”.

XIII.5 Genre des noms et adjectifs L’hésitation du genre de certains noms, lorsqu’elle est traditionnelle, est identique et acceptable de la même manière dans tous les standards régionaux. Cela n’interdit pas qu’il y ait des préférences d’usage régional: lach (auv lait, gas lèit) m/f “lait” (féminin usuel en aquitano-pyrénéen); valor f/m (masculin usuel en niçois); planeta f/m; ret f/m “réseau”, sang m/f. On ne retient pas les hésitations de genre trop locales: vitz “vis” est féminin (le masculin est peu répandu). Dans les néologismes, on choisit le genre selon les langues exemples (cat. it. fr.): la sinòpsi (cat. it. la sinopsi, fr. le synopsis). Ainsi, le CLO préconise le féminin pour certains noms en -a selon la tendance romane: una agenda, la mimòsa, la begònia, una opèra (niç cis una òpera) (éviter le masculin francisé: un agendà*, lo mimosà*, lo begonià*, un operà*). Les mots savants en -òsa et -òna sont féminins: la glucòsa, la sacaròsa, la neuròna, la cortisòna, una ormòna. Dans les noms et adjectifs, la formation du féminin se fait ainsi: a) Dans la règle de base, on ajoute un -a au masculin: magic magica, professor professora, assidú assidua, anfibi anfíbia, armèni armènia. On remarquera

l’application des règles orthographiques concernant l’accent graphique.

b) Le -e du masculin devient -a: ministre ministra, doble dobla, organizaire organizaira. De même, le -o du masculin, assez rare, devient -a: gitano gitana. c) La consonne finale se modifie parfois devant -a (voir aussi § XII.4.q). • Sonorisations de base: -Vp > -ba (lop loba “loup louve” mais etiòp etiòpa “éthiopien -nne”), -Vt > -da (parlat parlada mais grandet grandeta), -Vc > -ga (amic amiga “ami amie” mais magic magica), -Vs > -sa (famós famosa mais espés espessa “épais -sse”), -Vtz > -sa (malvatz malvasa, mauvatz -asa “mauvais -e”) • En nord-occitan, -c devient parfois -cha ou -ja et -g peut devenir -ja: blanc blanca (blanc blancha); amic amiga (amic amija); long longa (long lonja). • -g (/t°S/ ou amuï) devient -ja: mièg mièja “demi demie”, freg freja “froid froide”. Rarement, -i devient -ja ou -ia: gas. miei mieja, auv. mèi mèja, niç. frei freia. • En vivaro-alpin, d intervocalique peut tomber: parlat parlada (parlat parlaa). • En gascon, n intervocalique peut tomber: vesin vesina (vesin vesia) “voisin

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LES APPLICATIONS

voisine”. • En gascon, -th donne -ra: bèl bèla, novèl novèla, pol pola (bèth bèra, navèth navèra, poth pora “coq poule”). Exception notable: mòl mòla (gas mòth mòtha) “mou molle”. • Excepté en languedocien et vivaro-alpin, les autres standards régionaux transforment le -u final issu de l en -la: lg. va. subtil subtila = lim. auv. pro. gas. subtiu subtila. En gascon cependant, les mots en -au sont épicènes: lg. va. normal normala (lim. auv. pro. normau normala, gas. normau normau). • En niçois, le suffixe -ós donne au féminin -oa: famós famosa (famós famoa). Mais s réapparaît dans les adverbes en -ment: famosament (et non famoament*). • Dans tous les standards régionaux, un petit nombre de mots savants en -l font un féminin en -lla: tranquil tranquilla, nul nulla. Exceptionnellement, pour gal galla “gaulois -e”, on a gau galla en lim. auv. pro. gas. (cf. TDF). d) Le -u final issu de v fait un féminin en -va: blau blava “bleu bleue”, actiu activa “actif active”, josieu josieva “juif juive”. e) Quelques noms masculins font un féminin en ajoutant le suffixe -essa: mètge

metgessa “médecin, doctoresse”, prince princessa.

f) Suffixes ayant un féminin irrégulier: • -èu > -èa se trouve dans les mots savants: europèu europèa. • -Vdor -Vdoira (va. -Vor -Voira, gas. -Vder -Vdera) < lat. -torium -toria. Ce suffixe forme des noms d’objets, d’instruments ou de machines: fotocopiador = fotocopiadoira (va fotocopiaor = fotocopiaoira, gas fotocopiader = fotocopiadera). Il forme aussi des adjectifs applicables aux objets: ferrador ferradoira “qu’on peut ferrer” (va ferraor ferraoira, gas herrader herradera). — REMARQUE. Il existe un suffixe ressemblant mais distinct: -Vdor -Vdora < lat. -tōrem (acc. de -tor). Il forme des noms d’agents applicables aux personnes: trabalhador trabalhadora, mais en pro. niç. va., on aligne ce suffixe sur le type précédent avec le féminin en -Vdoira (va. -Voira). Cf. Rj: § 697-698; GramAl: 357-359; GGA: 223-224. • -tor > -tritz dans la formation savante: director directritz, animator animatritz. Cette forme du féminin est fixée par la norme (GramAl: 407). On doit éviter le francisme -triça* ainsi que la généralisation de la forme -tora*, typique de l’antinorme Vistedit et des ouvrages proches (cf. Civadòt: 15; ici § III.10.4 point 52). On admettra exceptionnellement un féminin en -tora dans les trois mots où la tradition occitane et les langues exemples convergent: autor autora, pastor pastora, doctor doctora (ou doctoressa). Cependant, les formes régulières autritz, pastritz, doctritz seraient admissibles bien que rares (on trouve sporadiquement: fr. autrice et doctrice pour auteur(e) et docteur(e) ou doctoresse (Becquer & al. 1999: 25); it. autrice, it. anc. dottrice. g) Quelques adjectifs de formation populaire, dans leur forme classique, sont épicènes dans tous les standards régionaux: jove “jeune” (mais les synonymes joine -a, jòune -a, joen -a ne sont pas épicènes), mendre “moindre”, pièger (pro niç va gas° piéger) = sordeis “pire”, gas. miélher “meilleur -e” (en dehors du gascon: melhor -a), géncer “plus joli -ie”, màger “plus grand -e, majeur -e”, qualque (quauque). • Des suffixes issus de la néoformation sont épicènes: mots savants en -ta (atlèta),

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QUATRIÈME PARTIE

-crata (democrata), -ista (ciclista), -asta (cineasta), -còla (agricòla), -ita (semita), -ida (abbassida)… • En gascon général, le suffixe populaire -au, venant du lat. -alis, est épicène: ua catedrau originau “une cathédrale originale”. Par analogie, le suffixe -au des numéraux ordinaux, bien qu’il vienne du lat. -avus -ava, est aussi épicène: lo tresau, la tresau “le/la troisième”, la tresau catedrau “la troisième cathédrale”. • Divers emprunts, dont la forme d’ensemble confère un aspect exotique, sont également épicènes: tai, azèri, punk, sèxi. • Des formes qui étaient épicènes dans la langue ancienne se maintiennent dans des expressions figées et des noms propres: pas grand causa “pas grand chose”, Grand Bretanha (TDF), Vauverd “Vauvert” (Gard, “~Vallée Verte”, val/vau/vath est féminin). Quelques mots peu nombreux ont des féminins vraiment irréguliers: can canha “chien chienne”, cru crusa “cru crue”, òrfe orfena “orphelin orpheline”, fons fonza “profond profonde”, fifor fiforla “coquet coquette”, bitòr bitòrza “bitord, de h)

Thiers”.

Dans les suffixes d’agents en -dor -dora applicables aux personnes (pro. niç. va. -or -oira; cf. point f), on ne tolère que deux exceptions archaïques qui se sont sédimentées dans le renaissantisme: trobador trobairitz “troubadour troubadouresse” et emperaire emperairitz “empereur impératrice”. En dehors de ces deux cas, les formes -ador -airitz / -edor -eiritz (archaïques), -aire -airitz / -eire -eiritz et -aire -arèla / -eire -erèla ne sont pas référentielles. i)

-dor -doira,

j) Quelques noms de formation populaire ont des racines différentes au masculin et au féminin: paire~maire, fraire~sòr, buòu~vaca.

XIII.6 Nombre des noms et adjectifs XIII.6.1 RÈGLES GÉNÉRALES DE FORMATION DU PLURIEL La règle de base consiste à ajouter le -s du pluriel. Dans les mots qui se terminent au singulier par -s ou par toute séquence comportant une consonne fricative (-s, -ç, -x, -tz, -z, -sc, -sp, -st, -sh, -ch, -g [tS], -f), on distingue deux grands types de pluriels selon les dialectes: a) Le languedocien et le vivaro-alpin général (sans le cisalpin) sont caractérisés par le pluriel sensible:

- > - ou - : precís~precises, talús~talusses, immens~immenses - > - : braç~braces - > - : fax~faxes - > - : lutz~luses, auditritz~auditrises S

SES

Ç

CES

X

XES

TZ

SES

SSES

(erreur: -trices*, DicAl: 46) - > - (néoformations): Z

ZES

merguèz~merguèzes >: bòsc~bòsques > - : cresp~crespes “le crêpe” > - : gèst~gèstes >(gasconnismes et néoformations): brush~brushes : fach~faches - >-

SC

SQUES

SP

SPES

ST

STES

SH

CH

SHES

CHES

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LES APPLICATIONS

G prononcé [tS] > -G

-

“étui” >

-FES:

-F

filosòf~filosòfes.

ES:

de mentionner ce point. Il a été préconisé par le CLO après qu’on l’ait constaté sur le terrain (annexe C1, fig. XII.1.a).

estug~estuges

buf~bufes “souffle”, Les grammaires oublient

Il est souhaitable d’éviter les exceptions. On choisira lo temps ~ los tempses (cf. LVO) plutôt que lo temps ~ los temps (cf. GramAl). Cependant une poignée de mots terminés en -s au singulier refuse le pluriel sensible: ensems “ensemble”, fes “fois” (totasfes “toutefois”), diluns, dimars, dimècres, dijòus, divendres… Le pluriel sensible est impossible dans les paroxytons terminés par -s au singulier. Ceux-ci sont invariables en nombre: lo virus ~ los virus (et non los víruses* ni los viruses*), la fàcies ~ las fàcies “le faciès”, l’iris ~ los iris, lo còsmos ~ los còsmos. b) Les autres standards régionaux (gas. lim. auv. pro. niç. et cisalpin) ajoutent le -s habituel. Font exception les mots terminés par les graphèmes -s, -ç, -x, -tz, -z car ils évoquent déjà le son [s] final, ils sont donc invariables en nombre:

- invariable en nombre: precís, talús, immens - invariable en nombre: braç - invariable en nombre: fax - invariable en nombre: lutz, auditritz - invariable en nombre: merguèz - - : bòsc~bòscs

- : cresp~cresps - : gèst~gèsts - : brush~brushs, gas. baish~baishs “bas” - : fach~fachs - > - : estug~estugs - - : buf~bufs, filosòf~filosòfs -

S

Ç

TZ

STS

>

CHS

GS

>

F

SHS

>

G

SCS

XIII.6.2

SPS

>

CH

Z

>

>

ST

SH

X

SC

SP

FS

PLURIELS PROPRES À CERTAINS STANDARDS RÉGIONAUX

Certains standards régionaux connaissent des pluriels en -es dans certains mots grammaticaux (présentés ci-après). Le cisalpin (de base inalpine) connaît des pluriels masculins terminés par -i dans certains mots grammaticaux (présentés ci-après). Ils sont hérités du cas nominatif de la langue classique. En dehors de -a [O] > -as [es], tous les autres pluriels sont issus du nominatif de la langue classique et sont asigmatiques. Lorsqu’ils n’ont pas de -i final, on leur ajoute un -s final anti-étymologique par souci d’unité graphique. La règle orthoépique qui en résulte est simple: -s du pluriel se prononce dans la terminaison -as [es] mais ne se prononce jamais dans les autres terminaisons. En limousin et en auvergnat référentiels, le -s du pluriel est muet (color~colors). Mais dans certaines terminaisons, il modifie la voyelle précédente par changement de timbre, allongement ou diphtongaison: òme~òmes [lim me~ mej, auv m ~ m j], bonet~bonets [lim bu ne~bu nej, auv bu n ~bu n j], poma~pomas [lim pum ~ puma , auv pum ~ puma], fornariá~fornariás [lim furn rj ~furn rja , auv furn rj ~furn rja]. Pour l’orthographe de -iás, cf. annexe A10 1. Le provençal général connaît un pluriel en -ei [ej/i] dans certains mots grammaticaux (présentés ci-après). Il devient -eis [ejz/iz] devant une voyelle. Ce pluriel s’applique aussi aux adjectifs qui se terminent par -e ou -a au singulier, lorsqu’ils sont devant le nom: lo brave amic ~ lei braveis amics “les gentils amis”; la bèla vinha ~ lei bèlei vinhas. "O

"

"

Å"

1

O

O

"

"

"

´

"

"O

"O

I

"

Å"

O

´

O

Å"

"O

"

I





Å"

En auv.: variante locale chapèl [tsÅ"pe] ~ chapiaus [tsÅ"pjaw] pour chapèl [tsÅ"pel], chapèls [tsÅ"pel].

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QUATRIÈME PARTIE

Le niçois connaît un pluriel féminin en -i [i] dans tous les adjectifs féminins qui se terminent au singulier par -a: la bèla vinha ~ li bèli vinhas; la vinha bèla ~ li vinhas bèli. Selon la règle orthographique, on met un tréma sur -ï lorsqu’il est en hiatus après è, o: es europèa ~ son europèï, es famoa ~ son famoï. La terminaison ‘-ia posttonique est transformée en -i: es ordinària ~ son ordinari, es armènia ~ son armèni, es anfíbia ~ son anfibi 1. Le niçois connaît aussi un pluriel masculin exceptionnel en -i [j] (bèu~bèi “beau~beaux”, pichon~pichoi “petit~petits”, tot~toi “tout~tous”) et, dans certains mots grammaticaux (ci-après), un pluriel masculin en -u [y] et un pluriel féminin en -i [i]. XIII.7 Degrés de signification

XIII.7.1 COMPARATIF Comparatif de supériorité: mai … que (gas. mei … que) ou pus … que. La forme pus est connue dans tous les dialectes et semble plus répandue que plus; cette dernière n’est peut-être pas indispensable dans les formes référentielles. Comparatif d’infériorité: mens … que. Comparatif d’égalité: tan(t) … coma (gas. tan[t] … coma / tan[t] … com). Partout, tant devient tan devant un adjectif ou un adverbe commençant par une consonne. Certains dialectes amuïssent le -n final (cf. les composés tanben, tanplan). XIII.7.2 SUPERLATIF Le superlatif absolu s’exprime avec un adverbe, assez variable selon les régions, placé devant l’adjectif: fòrça, fòrt (gas hòrt) (stt lg pro gas), plan (lg lim gas), tras que (stt lg pro), tras (stt auv), très (stt niç va, cette forme est classique, cf. Levy 1909), tot plen, ben (stt va auv lim), franc (stt va auv lim), hèra (gas), regde (stt auv lim), mot (stt niç, anc. molt), abòrd (stt pro). En auv. et en lim., on distingue ben [auv bIˆ, lim beˆ] (qui doit remplacer le francisme bien*) et l’explétif be [auv "b´, lim "be]. Le superlatif relatif s’exprime avec l’article défini suivi du comparatif: - lo/la/los/las mai … (gas. lo mei …) = lo/la/los/las pus … “le plus”. - lo/la/los/las mens … “le moins”. XIII.7.3 COMPARATIFS ET SUPERLATIFS SYNTHÉTIQUES

• Adverbes - mièlhs/melhor (pro niç lim va mielhs/melhor, gas miélher/melhor) “mieux”. En pro. mielhs se prononce [ mjes]. On trouve aussi mieus dans la littérature provençale, mais cette "

1

À ne pas confondre avec le masculin: es ordinari ~ son ordinaris, es armèni ~ son armènis, es

anfibi ~ son anfibis.

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LES APPLICATIONS

forme est moins diasystématique. (pro niç va gas pieg/piéger) = francisme pis* et l’italianisme pèjo* (< it. peggio).

- pièg/pièger



sordeis

(stt gas) “pis”.

Pièg…

remplace le

Adjectifs. Ils sont épicènes, sauf s’ils sont terminés par -or -ora, -issim -issima:

- màger “plus grand -e, majeur -e” - major -a “majeur -e” - mendre “moindre” - menor -a “mineur -e” miélher) - melhor -a (gas melhor -a /

“meilleur -e” - pièger (pro niç va gas piéger) = sordeis (stt gas) “pire”. La forme pièger remplace le francisme

pire*, piri*

et l’italianisme pèjo*.

- géncer (stt gas) “plus joli -ie” - superior -a, inferior -a, anterior -a, posterior -a (formes suivies de la préposition a) - Formes savantes en -issim -issima (celebrissim celebrissima…) et forme populaire en -isme (l’Autisme / lo Nautisme “le Très-Haut”).

XIII.8 Numéraux XIII.8.1 C

0 1 2

ARDINAUX

zèro

masc. un ~ fém. una (gas: un~ua) masc. dos ~ fém. doas - gas: dus~duas - niç: doi~doi dev. le nom, doi~doï ou doi~doas apr. le nom - cis: dui~doas

3

tres

4

quatre

5

cinc

6

sièis

7

sèt

8

uèch

(gas quate [kw])

(pro niç va lim sieis, gas sheis)

(pro niç va lim uech, auv uèit, gas ) nòu (gas nau) ueit

9 10

dètz

11

onze

14

(niç va [ duze]) (niç [ t eze], va [ treze]) catòrze (gas catorze)

15

quinze

12 13

dotze

"

tretze

"

setze

17

dètz e sèt

18

dètz e uèch

19

dètz e nòu

)

ueit

21 22

"

(niç va [ seze])

16

20

R

"

(auv dètz e uèit, gas dètz e

(gas dètz e nau)

vint

(gas vint e un~ua) vint e dos~doas (gas vint e dus~duas — niç: vint e doi~doï~doas — cis: vint e

vint e un~una

dui~doas

)

30

trenta

31

trenta un~una

32

trenta dos~doas

60

(gas trenta un~ua) (gas trenta dus~duas — niç: trenta doi~doï~doas — cis: trenta dui~doas) quaranta (gas [ka-]) cinquanta (gas [k(w)]) seissanta (gas seishanta)

70

setanta

40 50

ochanta (auv gas oitanta) (formes secondaires: uechanta, ueitanta) = quatre vints (gas quate vints [kw]). Quatre vints n’est pas un francisme et est attesté dans la langue classique (§ II.7.12). Il faudrait étudier seissanta dètz (70), quatre vints dètz (90) et tres vints (60, DicPal). 90 nonanta (gas navanta). Nonanta est possible en niçois (Calvino 1905) et en vivaro-alpin (Dufaud 1986, Rolland 1982: 16) malgré l’extension de noranta.

80

100 cent 101 cent un, cent una (gas ua

)

200 dos cents (gas cis dui cents)

cent un, cent

dus cents,

niç doi cents,

1000 mila = mil. Mila connaît aussi la forme classique mil, qui semble moins répandue

et qu’on mentionne surtout en lg. (GramAl) et en niç. (TDF: art. ‹milo›). En 281

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QUATRIÈME PARTIE

niç., mile* (Castellana 1952) est probablement un italianisme (< it. mille). 2000 dos mila (gas dus mila, niç doi mila, cis dui mila)

1 000 000 un milion 2 000 000 dos milions (gas dus milions, niç

XIII.8.2 O

doi milions, cis dui milions) 1 000 000 000 un miliard 2 000 000 000 dos miliards (gas dus miliards, niç doi miliards, cis dui miliards)

RDINAUX

1 primièr -ièra (pro va niç lim primier -iera, auv primèir -èira, gas primèr -èra) 2 segond -a (gas segond -a / dusau) 3 tresen -a (lim auv tresesme -a, gas tresau) = tèrç -a (stt niç cis) 4 quatren -a (lim auv quatresme -a, gas quatau [kw]) = quart -a (stt niç cis) 5 cinquen -a (lim auv cinquesme -a, gas cinquau [k(w)]) = quint -a (stt niç cis) 6 seisen -a (lim auv seisesme -a, gas sheisau) 7 seten -a (lim auv setesme -a, gas setau) 8 ochen -a (lim ochesme, auv oitesme -a, gas oitau)

(formes secondaires: uechen -a, uechesme, ueitesme -a, ueitau) 9 noven -a (lim auv novesme -a, gas navau) 10 desen -a (lim auv desesme -a, gas detzau) 11 onzen -a (lim auv onzesme -a, gas onzau) 12 dotzen -a (lim auv dotzesme -a, gas dotzau) 13 tretzen -a (lim auv tretzesme -a, gas tretzau) 14 catorzen -a (lim auv catorzesme -a, gas catorzau) 15 quinzen -a (lim auv quinzesme -a, gas quinzau) 16 setzen -a (lim auv setzesme -a, gas setzau) 17 dètz e seten (lim auv dètz e setesme -a, gas dètz e setau) 18 dètz e ochen -a (lim detz e ochesme, auv dètz e oitesme -a, gas dètz e oitau) = dètz e uechen -a (lim dètz e uechesme, auv dètz e ueitesme -a, gas dètz e ueitau) 19 dètz e noven (lim auv dètz e novesme

-a, gas dètz e navau) 20 vinten -a (lim auv vintesme -a, gas vintau) 21 vint e unen -a (lim auv vint e unesme -a, gas vint e uau) 30 trenten -a (lim auv trentesme -a, gas trentau) 31 trenta unen -a (lim auv trenta unesme -a, gas trenta uau) 40 quaranten -a (lim auv quarantesme -a, gas quarantau) 50 cinquanten -a (lim auv cinquantesme -a, gas cinquantau) 60 seissanten -a (lim auv seissantesme -a, gas seishantau) 70 setanten -a (lim auv setantesme -a, gas setantau) 80 ochanten -a (lim ochantesme, auv oitantesme -a, gas oitantau)

(formes secondaires: uechanten -a, uechantesme -a, ueitantesme -a, ueitantau) = quatre vinten -a (lim auv quatre vintesme -a, gas quate vintau [kw]) 90 nonanten -a (lim auv nonantesme -a, gas navantau) 100 centen -a (lim auv centesme -a, gas centau) 101 cent unen -a (lim auv cent unesme -a, gas cent uau) 200 dos centen -a (niç doi centen -a, lim auv dos centesme -a, gas dus centau, cis dui centen -a) 201 dos cents unen -a (niç doi cents unen a, lim auv dos cents unesme -a, gas dus cents uau, cis dui cents unen -a) 1000 milen -a (lim auv milesme -a, gas milau) 2000 dos milen -a (niç doi milen -a, lim auv dos milesme -a, gas dus milau, cis dui milen -a) 1 000 000 milionen -a (lim auv milionesme -a, gas milionau) 2 000 000 dos milionen -a (niç doi

282

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LES APPLICATIONS

milionen -a, lim auv dos milionesme -a, gas dus milionau, cis dui milionen -a) 1 000 000 000 miliarden -a (lim auv miliardesme -a, gas miliardau)

2 000 000 000 dos miliarden -a (niç doi miliarden -a, lim auv dos miliardesme -a, gas dus miliardau, cis dui miliarden -a)

Dans primièr (-ier, -èir, -èr) la base en prim- est un classicisme (cf. Levy 1909). Les parlers modernes connaissent des variantes innombrables en prim-, prem-, prom-, prum-, perm-, purm-… Néanmoins la proposition de généraliser prim- en gascon (Bèc 1959), en provençal (œuvres de R. Lafont, Lafont & al. 1971: 165) et en limousin (Gonfroy 1975) semble assez bien acceptée chez les usagers. Dans la langue classique, uèch/uech/uèit/ueit a des dérivés en och-/oit- (ochanta, ochen…) selon l’alternance vocalique, plutôt qu’en uech-/ueit- (uechanta, uechen…). Alibèrt propose en languedocien ochanta et ochen (ou oit-), cette solution est également bien attestée, au moins, en vivaro-alpin (PLE: 30; Pons & Genre 1997: xxxviii).

XIII.8.3 FRACTIONS

1/2 - mièg mièja (pro niç va lim mieg mieja, auv mèi mèja, gas miei mieja) adj “demi(e), mi-” - mitat (= meitat stt lim) f “moitié” 1/3 tèrç m 1/4 quart [gas kw] m 1/5 cinquen (lim auv cinquesme, gas cinquau [k(w)]) = quint m 1/6 seisen (lim auv seisesme, gas sheisau) m; etc. XIII.8.4

M

ULTIPLES

doble -a (x 2) triple -a (x 3) quadruple -a / qü- [kw] (x 4) quintuple -a (x 5) sextuple -a (x 6) septuple -a (x 7) octuple -a (x 8) nonuple -a (x 9) decuple -a (x 10) centuple -a (x 100).

XIII.9 Pronoms personnels et particules pronominales XIII.9.1 P

RONOMS: FORMES ABSOLUES

Le singulier vos de la p5, servant à vouvoyer une seule personne, coïncide avec le singulier nos de la p4 (dit “pluriel de majesté”, cf. GramAl: 62, contra Rj: § 501). En provençal général, les formes en -ei(s) s’emploient lorsqu’elles sont liées au syntagme qui suit: vautreis enfants “vous les enfants”; vautrei, bònei gents “vous, bonnes gens”; nautrei dos “nous deux” (Rj: § 501).

283

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QUATRIÈME PARTIE LG

PRO

tu el “lui” ela “elle” se “soi” n(os)autres n(os)autras nos (sg) v(os)autres v(os)autras vos (sg) eles “eux”

(

)

( )

(

)

( )

(

)

( )

(

)

( )

( )

elas “elles”

XIII.9.2 P

( )

acc. neutre

dat. réfléchi acc./dat. réfléchi

acc. masc. acc. fém. dat. réfléchi

VA

ieu tu eu ela si nautres nautres nos vautres vautres vos elu eli

ieu mi tu el ela se nosautres nosautras nos vosautres vosautras vos eles elas

AUV

/

LIM

ieu me tu z- el z- ela se nosautres nosautras nos vosautres vosautras vos z- eles z- elas

(cis. -tri)

(cis. -tri)

(cis. ilhs)

(

)

(

)

(

)

(

)

GAS

ieu me jo tu tu eu eth ela era se se nautres nosautes nautras nosautas nos nos vautres vosautes vautras vosautas vos vos ilhs eths elas eras

/

/

RONOMS: FORMES CONJOINTES LG

acc. masc. acc. fém.

NIÇ

ieu tu eu ela se n os autres, -ei s n os autras, -ei s nos v os autres, -ei s v os autras, -ei s vos elei s elei s

ieu

PRO

me (m’) te (t’) lo

me m’ te t’ (

(

( ) ( )

)

)

NIÇ

VA

mi m’ ti t’ (

(

)

)

me m’ te t’ (

(

)

)

AUV

me m’ te t’ (

(

)

)

LIM

GAS

me m’ me m’, ’m te t’ te t’, ’t (

(

)

(

)

(

)

)

l’

lo (l’)

lo (l’)

lo (l’)

lo (l’)

lo (l’)

lo (l’, ’u)

l’

la (l’)

la (l’)

la (l’)

la (l’)

la (l’)

la (l’)

o

o

o

o

o

o

ac

li

li

li

li

li

li

lo (l’, ’u)

se (s’)

si (s’)

se (s’)

se (s’)

se (s’)

se (s’, ’s) nos (ns’, ’ns)

la

se

( ) s’

nos

/ ( )

nos

se

s’

nos

nos (n’)

nos

nos

nos

se (s’)/nos

si (s’)/nos (n’)

nos

nos

nos

nos (ns’, ’ns)

vos

vos

vos (v’)

vos

vos

vos

vos (vs’, ’vs)

los

lei (leis)

lu

los (cis. lhi)

los

los

los (’us)

las

lei (leis)

li

las

las

las

las

li / lor

li / lor

lor

lor

lor

los (’us)

se (s’)

si (s’)

se (s’)

se (s’)

se (s’)

se (s’, ’s)

/ ( )

lor se

li

s’

L’élision est facultative devant o: te o explica = t’o explica “il te l’explique”. En provençal général et en niçois, à la p6, li remplace lor dans l’usage courant. De même, à la p4, la forme réfléchie se, si remplace nos. En gascon, dans les formes asyllabiques, si on peut choisir de mettre l’apostrophe avant ou après le prénom, on la place du côté du verbe (Horcada 1986: 94-95): que ns’explica (et non que’ns* explica). Les contractions vs’, ’vs se prononcent [p]. On rencontre aussi la graphie v’, ’v. Mais la graphie vs’, ’vs a l’avantage de donner une règle de lecture univoque (vs = [p]) et d’être parallèle à ns’, ’ns. En niçois, o (acc. neutre) reste encore attesté dans le haut pays (GramPro: 178).

XIII.9.3 PARTICULES PRONOMINALES

ne (en, n’, ’n) “en”

i = lai (stt auv) “y” L’élision est facultative devant la forme i: te i mena = t’i mena “il t’y mène”. Les multiples croisements dialectologiques entre i “y” et le datif li “lui” ne sont pas retenus dans les variétés référentielles, comme le préconise Alibèrt (GramAl: 64). Dans les dialectes qui ont développé ne’n, la forme ne est un classicisme. En provençal, ne est diffusé par la littérature classiciste, voire par la norme mistralienne et la langue héritée, si on se fie au TDF (art. ne). L’adoption de ne n’est donc pas forcée. 284

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LES APPLICATIONS

Dans les formes asyllabiques de ne (’n, n’), l’apostrophe s’écrit du côté du verbe lorsque c’est possible: se n’avisan (et non se’n* avisan) “ils s’en avisent”. Les possibilités de combinaisons avec ne sont harmonisées ainsi: EN GÉNÉRAL (# = évité en gascon)

me + ne te + ne lo + ne la + ne li# + ne se + ne nos + ne vos + ne los + ne las + ne lor# + ne ne + i

me’n te’n l’en l’en li en# = li ne# se’n nos en vos en los en las en lor en# n’i = ne i#

>

>

>

>

>

> >

>

>

> >

>

PRO

me + ne > te + ne > lo + ne > la + ne > li + ne > se + ne > nos + ne > vos + ne > lei + ne > lei + ne > lor + ne > ne + i >

me’n te’n l’en l’en li en = li ne se’n nos en vos en leis en leis en lor en n’i = ne i

NIÇ

mi + ne > ti + ne > lo + ne > la + ne > li dat. + ne > si + ne > nos + ne > vos + ne > lu + ne > li acc. fém. pl. + ne > lor + ne > ne + i >

me’n, me n’ te’n, te n’ l’en l’en li en = li ne se’n, se n’ nos en vos en lu en li en lor en n’i = ne i

En gascon, la forme en est souvent évitée par le recours à d’autres contractions: → da’u ne; tà l’en bailar → tà’u ne bailar (cf. Horcada 1986: 92; d’après Bouzet). Les verbes à l’infinitif perdent le -r muet final devant un pronom enclitique: parlar > parlà’m [par lam], parlà’i [par laj]; véder > vede’u [ beðew], vede’i [ beðej]. Indépendemment des combinaisons; l’ordre reste libre (Sauzet 1990): me o dona (m’o dona) = o me dona “il me le donne”; li ne dona = ne li dona “il lui en donne”.

da-l’en

"

XIII.

"

"

"

10 Adjectifs et pronoms démonstratifs

XIII.10.1 A

DJECTIFS ET PRONOMS FLÉCHIS

LG

PRO

NIÇ

VA

AUV

LIM

aiceste

aicest(e)

aicest(e)

aicest(e)

aiceste

aiceste

GAS

aicesta

aicesta

aicesta

aicesta

aicesta

aicesta



aicestes

aicestei(s)

aicestu

aicestes (cis. -sti)

aicestes

aicestes

PRÈS

aicestas

aicestei(s)

aicesti

aicestas

aicestas

aicestas

aqueste

aquest(e)

aquest(e)

aquest(e)

(a)queste

(a)queste

aqueste

aquesta

aquesta

aquesta

aquesta

(a)questa

(a)questa

aquesta

aquestes

aquestei(s)

aquestu

aquestes (cis. -sti)

(a)questes

(a)questes

aquestes

aquestas

aquestei(s)

aquesti

aquestas

(a)questas

(a)questas

aquestas

=

=

=

=

=

=

=

este/esto°

este/esto

este/esto

este/esto

este/esto°

este/esto°

este/esto

esta°

esta

esta

esta

esta°

esta°

esta

estes°

estei(s)

estu

estes (cis. -sti)

estes°

estes°

estes

estas°

estei(s)

esti

estas

estas°

estas°

estas

aquel

aqueu (-el)

aqueu (-el)

aquel

(a)quel

(a)queu (-el)

aqueth

aquela

aquela

aquela

aquela

(a)quela

(a)quela

aquera

aqueles

aquelei(s)

aquelu

aqueles (cis. -li)

(a)queles

(a)quilhs

aqueths

aquelas

aquelei(s)

aqueli

aquelas

(a)quelas

(a)quelas

aqueras aceth

LOIN

acera



aceths aceras

La distinction classique entre les trois degrés de proximité tend à s’estomper dans 285

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QUATRIÈME PARTIE

la langue moderne. Le type aiceste est devenu archaïque et exceptionnel. En pro., niç. et lim., aqueu devient aquel devant une voyelle. XIII.10.2 PRONOMS INVARIABLES aquò

(auv lim aquò/quò) “ça, cela”

Avec gradation de la distance:

çò

près

(niç cen) “ce”

(auv lim quò quí, gas açò) (auv lim quò lai) acerò (stt gas) aiçò

 loin

aquò

“ceci” “cela”

XIII.11 Adjectifs et pronoms possessifs XIII.11.1 FORMES

LG

mon ma mon mos mas (

ton ta (ton) tos tas son sa (son) sos sas nòstre nòstra nòstres nòstras vòstre vòstra vòstres vòstras lor lor lors lors = son sa (son) sos sas

)

PRO

SIMPLES

mon ma (mon) mei(s) mei(s) ton ta (ton) tei(s) tei(s) son sa (son) sei(s) sei(s) nòstre nòstra nòstrei(s) nòstrei(s) vòstre vòstra vòstrei(s) vòstrei(s) lor lor lors lors = son sa (son) sei(s) sei(s)

NIÇ

mon ma (mon) lu mieus li mieus ton ta (ton) lu tieus li tieus son sa (son) lu sieus li sieus nòstre nòstra nòstres nòstri vòstre vòstra vòstres vòstri lor lor lors lors = son sa (son) lu sieus li sieus

VA

mon ma (mon) mos (cis. mi) mas ton ta (ton) tos (cis. ti) tas son sa (son) sos (cis. si) sas nòstre nòstra nòstres (cis. -tri) nòstras vòstre vòstra vòstres (cis. -tri) vòstras lor lor lors lors

AUV

mon ma (mon) mos mas ton ta (ton) tos tas son sa (son) sos sas nòstre nòstra nòstres nòstras vòstre vòstra vòstres vòstras lor lor lors lors

LIM

mon ma (mon) mos mas ton ta (ton) tos tas son sa (son) sos sas nòstre nòstra nòstres nòstras vòstre vòstra vòstres vòstras lor lor lors lors

GAS

mon ma (mon) mos mas ton ta (ton) tos tas son sa (son) sos sas nòste nòsta nòstes nòstas vòste vòsta vòstes vòstas lor lor lors lors

En niçois et en provençal général, à la p6, on emploie couramment le type son (emprunté à la p3) à la place du type lor, qui est devenu rare. Les formes simples s’utilisent toujours devant le nom. Au féminin singulier, les formes ma, ta, sa passent à mon, ton, son devant une voyelle. En niçois et en gascon, les formes simples sont rares et se limitent souvent aux termes de parenté: niç. ma maire, gas. ma mair. Elles sont généralement remplacées 286

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LES APPLICATIONS

par les formes complexes, présentées ci-après. En niçois, mon, ma, ton, ta, son, sa prennent comme pluriel les formes complexes comme lu mieus… XIII.11.2 FORMES COMPLEXES LG

PRO

NIÇ

lo mieu la miá /mieuna los mieus las miás /mieunas

lo meu la miá los meus las miás

LIM

GAS

lo tieu la tiá /tieuna los tieus las tiás /tieunas lo sieu la siá /sieuna los sieus las siás /sieunas lo nòstre la nòstra los nòstres las nòstras

lo teu la toá los teus las toás

lo ton la toa los tons las toas

lo seu la soá los seus las soás

lo son la soa los sons las soas

lo nòstre la nòstra los nòstres las nòstras

lo nòste la nòsta los nòstes las nòstas

lo vòstre lo vòstre la vòstra la vòstra lu vòstres los vòstres li vòstri (cis. lhi vòstri) las vòstras

lo vòstre la vòstra los vòstres las vòstras

lo vòstre la vòstra los vòstres las vòstras

lo vòste la vòsta los vòstes las vòstas

lo lor la lor lu lors li lors = lo sieu la sieua lu sieus li sieui

lo lor la lor los lors las lors

lo lor la lor los lors las lors

lo lor la lor los lors las lors

lo mieu la miá /mieuna los mieus las miás /mieunas

lo mieu la mieuna lei mieus lei mieunas /-ei(s)

lo tieu la tiá /tieuna los tieus las tiás /tieunas lo sieu la siá /sieuna los sieus las siás /sieunas lo nòstre la nòstra los nòstres las nòstras

lo tieu la tieuna lei tieus lei tieunas /-ei(s)

lo tieu la tieua lu tieus li tieui

lo sieu la sieuna lei sieus lei sieunas /-ei(s)

lo sieu la sieua lu sieus li sieui

lo vòstre la vòstra los vòstres las vòstras lo lor la lor los lors las lors = lo sieu la siá /sieuna los sieus las siás /sieunas

lo nòstre la nòstra lei nòstres /-ei(s) lei nòstras /-ei(s) lo vòstre la vòstra lei vòstres /-ei(s) lei vòstras /-ei(s) lo lor la lor lei lors lei lors = lo sieu la sieuna lei sieus lei sieunas /-ei(s)

lo mieu la mieua lu mieus li mieui

VA

lo mieu la mieuna /miá los mieus

(cis. lhi miei)

las mieunas /miás lo tieu la tieuna /tiá los tieus (cis. lhi tiei)

las tieunas /tiás lo sieu la sieuna /siá los sieus (cis. lhi siei)

las sieunas /siás lo nòstre lo nòstre la nòstra la nòstra lu nòstres los nòstres li nòstri (cis. lhi nòstri) las nòstras

lo lor la lor los lors

(cis. lhi lors)

las lors

AUV

lo men la mea los mens las meas

En niçois, les formes féminines suivantes s’abrègent lorsqu’elles sont placées devant le nom: p1: la mieua > la mieu li mieui > li mieus

p2: la tieua > la tieu li tieui > li tieus

p3 et p6: la sieua > la sieu li sieui > li sieus

En provençal général et en niçois, à la p6, le type lo sieu est courant, le type lo est devenu rare. En provençal général, la terminaison -ei/-eis n’est pas une variante mais une forme obligatoire devant le nom, comme le veut la règle de formation du pluriel.

lor

287

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QUATRIÈME PARTIE

Si on devait resserrer d’avantage la sélection pour faciliter l’enseignement, j’indique en premier, dans le tableau, les formes qui me semblent prioritaires et plus diasystématiques. Les formes complexes fonctionnent comme des adjectifs; elles se mettent avant ou après le nom et peuvent se passer de l’article défini: lo mieu amic “mon ami à moi”, l’amic mieu “mon ami à moi”, un amic mieu “un ami à moi”, es mieu “il est à moi”. Les formes complexes sont des formes d’insistance. Mais en niçois et en gascon, les formes complexes se substituent couramment aux formes simples, sauf dans quelques emplois précis. XIII.

12 Adjectifs et pronoms relatifs, interrogatifs et exclamatifs

XIII.12.1 R

ELATIFS

(niç cen que, gas çò qui) “ce que, ce qui” dont “dont” çò que

lo qual, la quala, los quals, las qualas

- pro

lo quau, la quala, lei quaus, lei

qualas

- niç

lo quau, la quala, lu quaus, li

- pro

aqueu que, aquela que, aquelei

que

- niç

aqueu que, aquela que, aquelu

- auv

aquel que, aquela que, aqueles

que, aquelas que / quel que…

lo quau, la quala, los quaus, las

qualas

- auv gas

aquelas que

que, aqueli que

quali

- lim

= aquel que, aquela que, aqueles que,

- lim

aqueu que, aquela que, aquilhs

que, aquelas que / queu que…

lo quau, la quau, los quaus,

las quaus

[gas kw]

- cis lo qual, la quala, lhi quals, las qualas “lequel, laquelle, lesquels, lesquelles”; lo que, la que, los que, las que

- pro lo que, la que, lei que - niç° lo que, la que, lu que, li que - gas lo qui, la qui, los qui, las qui - cis lo que, la que, lhi que, las que “celui, celle, ceux, celles que/qui”

- gas° aqueth qui, aquera qui, aqueths qui, aqueras qui

- cis aquel que, aquela que, aqueli que, aquelas que “celui, celle, ceux, celles que/qui” ont (niç dont, gas on) “où” que (qu’) ~qué (gas que [qu’] ~qué ~qui) “que, qui, quoi” qui = qual (quau) = cu “qui” (personne)

Les formes variables comme lo qual se combinent avec les prépositions a, de (al ). Elles sont le plus souvent remplacées par la forme invariable qui/qual (quau)/cu. Dont, qui n’est pas un francisme (GramAl: 80), est souvent remplacé par de qui, de qué, del qual et ses correspondants dialectaux. De même, ont “où” est souvent remplacé par des tournures comme que, que qual, del qual…

i…

En auvergnat, la forme invariable quau tend à remplacer le type variable aquel “celui qui”. Que (qu’) devient qué après une préposition: que~qu’ est atone tandis que qué est tonique. En gascon, je suggère l’emploi minimal de qui en complémentarité de que

que…

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qu’)~qué. C’est un des usages possibles de la koinê béarnaise (Horcada 1986: 107-110). Il permet de faire un compromis entre le béarnais et les parlers gascons qui n’utilisent pas qui, comme l’aranais. Ainsi: - Le pronom relatif que (qu’)~qué s’emploie pour l’objet: la hemna que vedi “la femme que je vois”, la hemna qu’audeishi “la femme que j’entends”, lo boligraf dab qué escrivi “le stylo avec lequel j’écris”, la question sus qué trabalhès “la question sur laquelle tu as travaillé”. - Le pronom relatif qui ne s’emploie que pour le sujet: la hemna qui canta “la femme qui chante”. Cela laisse la place libre à l’énonciatif que lié au sujet: la hemna que canta “la femme chante”. - La forme qui sert aussi de pronom applicable aux personnes, comme dans d’autres dialectes. C’est alors un pronom relatif (utilisé après une préposition) ou un pronom interrogatif: la hemna dab qui parli “la femme avec qui je parle”, qui ei aquera hemna? “qui est cette femme?” Alibèrt (GramAl: 79) préconise que (qu’) contre de que (de qu’) et qué contre de qué. Implicitement, il préconise donc aussi perque contre per de que (per de qu’) “parce que” et perqué contre per de qué “pourquoi”. En fait ces variantes sont assez répandues (auv. pro. lg.) et pourraient être admises comme des libertés syntaxiques. D’un point de vue orthographique, il faut distinguer d’une part les formes atones que (qu’) “que, qui” et perque “parce que” et d’autre part les formes accentuées qué “quoi” et perqué “pourquoi” (GramAl: 79, 216, 246, 247; la confusion de perque et perqué dans le dictionnaire d’Alibèrt est une erreur manifeste). (

XIII.12.2 INTERROGATIFS (de)? [gas kw] “combien (de)?” = quantben (de)? “combien (de)?” = quant quanta quantes quantas? [gas kw] - pro quant quanta quantei/-eis? - niç quant quanta quantu quanti? - cis quant quanta quanti quantas? “combien (de)?” que (qu’) ~ qué? “que?” que (qu’)? “quel…?”

quant

= quin quina quins quinas?

- pro quin quina quinei/-eis? - niç° quin quina quins quini? “quel…?, lequel…?” = qual quala quals qualas?

- pro quau quala qualei/-eis? - niç quau quala quaus quali? - lim quau quala quaus qualas? - auv gas quau quau quaus quaus? [gas kw]) “quel…?, lequel…?” qui? = qual (quau)? = cu? “qui?” (personne)

(qu’) atone devient qué tonique après une préposition. Le mot limousin et auvergnat quantben n’est probablement pas influencé par le français combien. Le premier élément quant- (< lat. quantum) y est tout à fait distinct de la forme française com- (< lat. quomodo). Le second élément -ben témoigne d’une très solide morphologie occitane. Que

XIII.12.3 EXCLAMATIFS (de)…! [gas kw] “combien (de)…!, que de…!” = quantben (de)…! “combien (de)…!, que de…!”

quant

= quant quanta quantes quantas…!

kw] - pro quant quanta quantei/-eis…! - niç quant quanta quantu quanti…!

[gas

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- cis quant quanta quanti quantas…! “combien (de)…!” que (qu’)…? “quel…!”

- pro quin quina quinei/-eis…! - niç° quin quina quins quini…! “quel quelle quels quelles…!”

= quin quina quins quinas…!

XIII.13 Adjectifs et pronoms indéfinis Les formes languedociennes et gasconnes qui portent le signe £ s’accompagnent en général de la négation pas (lg.) ou non/ne/n’ … pas (gas.). fòrça autre autra autres autras = tot plen (de) - pro autre autra autres/-ei/-eis = ben (de) - niç autre autra autres autri = plan (de) - gas aute auta autes autas = bèlcòp (de) (pro° lim bèucòp (de), niç° - cis autre -tra -tri -tras bèucòp (de) / bèucòup (de), gas bèthcòp “autre autres” (de)) cada (lim auv° va° chada) “chaque” = un molon (de) = chasque chasca “chaque” = un baron (de) cadun -a (lim auv° va° chadun -a, gas = una partia (de) cadun cadua) “chacun -e” = hèra = hèra (de) (seulement gas) = cascun -a (lim auv va pro niç° chascun “beaucoup (de)” -a, gas cascun cascua) “chacun -e” cap (de) £ = brica (de) £ = brisa (de) £ = gaire (de) (gas guaire (de)) £ “guère (de)” ges (de) £ [auv dZi] = nat nada £ = gran mai (de) (gas mei (de)) “plus (de)” (de) £ = minga (de) £ = degun deguna mai d’un, mai d’una (gas mei d’un, mei d’ua) (+ nom au sg., mais verbe conjugué (gas degun degua) £ = pas un, pas una au pl.: mai d’un òme cantan) £ “pas de, aucun -e” = plusors (+ pl) “plusieurs” certan certana certans certanas mant manta mantes mantas - pro certan certana cretanei/-eis - pro mant manta mantei/-eis - niç certan certana certans certani - niç mant manta mantu manti - cis. certan certana certani certanas - cis° mant manta manti mantas = cèrt cèrta cèrts cèrtas “maint -e -s -es” - pro cèrt cèrta cèrtei/-eis - niç cèrt cèrta cèrts cèrti mens (de) “moins (de)” meteis meteissa (gas medish -a) “même” - cis cèrt cèrta cèrti cèrtas = mesme mesma “même” = d’unes, d’unas òm “on” (syntaxe gasconne: òm que parla “on - pro d’unei/-eis parle”) - niç d’unu, d’uni - auv lim daus uns, de las unas = se (s’) (niç si, gas se (s’, ’s)) “on” - gas daubuns daubuas (syntaxe gasconne: que’s parla “on parle”) = un “on, une personne”. En limousin, un - cis d’uni, d’unas “certains -aines, plusieurs”

degun £ = res (gas arrés) £ = narma £ “personne”

degun mai (gas degun mei) £ = degun pus £ “plus personne” divèrses divèrsas - pro divèrs divèrsei/-eis - niç divèrs divèrsi - auv lim gas divèrs divèrsas “divers -ses”

est peut-être um (< òm).

pas pus (de) = pus (de) = pas mai (de) (gas pas mei (de)) “(ne…) plus (de)” pro (de) (pro niç pron (de), gas pro) = bassètz (de) “assez (de)” qualqu’un mai (pro niç va auv quauqu’un mai, gas quauqu’un mei [k], cis qualqu’un mai) “quelqu’un d’autre”

qualqu’un, qualqu’una, qualques unes, qualques unas

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-

pro

quauqu’un,

/

quauqu’una,

quauqueis unei -eis

- niç

quauqu’un,

quauqu’una,

quaucu

unu, quauqui uni

- va auv lim

quauqu’un,

quauqu’una,

quauques unes, quauques unas

- gas quauqu’un, quauqu’ua, quauques unes, quauques uas [k] - cis qualqu’un, qualqu’una, qualqui uni, qualques unas

“quelqu’un, quelqu’une, quelques uns, quelques unes”

qualque -que -ques -ques - pro quauque -que -quei/-eis - niç quauque -que quaucu -qui - va auv lim gas quauque -que -ques -ques [gas k] - cis qualque -que -qui -ques “quelque -s”

= bèl bèla bèles bèlas - pro bèu (bèl) bèla bèlei/-eis - niç bèu (bèl) bèla bèi bèli - lim beu (bel) bela beus belas - gas bèth bèra bèths bèras

- cis° bèl bèla bèli bèlas (toujours devant le nom) “quelque -s”. Cette forme, réputée pyrénéenne, est attesté aussi en niçois et en limousin (Compan 1965: 55: de bèli fes ‹de bèlli fes›, de bèi còps ‹de bèi còu›; Lavalada 2001: art. “souvent”: a beus moments, a belas vetz)… quant (de) (gas quant [kw]) = quant quanta quantes quantas [gas kw] - pro quant quanta quantei/-eis - niç quant quanta quantu quanti - cis quant quanta quanti quantas = quantben (de) “combien (de)” qué que siá (niç gas qué que sia) “n’importe quoi, quoi que ce soit ” qui que siá (niç gas qui que sia) “n’importe qui, qui que ce soit” = qual que siá (pro auv lim quau que siá, niç gas quau que sia) = cu que siá (niç gas cu que sia) quicòm (gas quaucom [k]) “quelque chose” = qualque res (pro niç va auv lim quauqua ren, gas quauqua arren [kawka-], cis. qualqua ren). En gascon, l’orthographe quauqua arren est plus panoccitane que quauquarren. quicòm mai (gas quaucom mei [ka-]) “autre chose”

= qualque res mai (pro niç va auv lim quauqua ren mai, cis. -lqu-, gas quauqua arren mei) “autre chose” = alre (pro niç va auv lim gas aure, cis. alre) “autre chose”

quin que siá, quina que siá, quins que sián, quinas que sián - pro quin que siá, quina que siá, quinei que sigan, quinei que sigan - niç° quin que sia, quina que sia, quins que sigan, quini que sigan - gas quin que sia, quina que sia, quins que sian, quinas que sian = qual que siá, quala que siá, quals que sián, qualas que sián - pro° quau que siá, quala que siá, qualei que sigan, qualei que sigan - niç quau que sia, quala que sia, quaus que sigan, quali que sigan - auv quau que siá, quau que siá, quaus que sián, quaus que sián - lim quau que siá, quala que siá, quaus que sián, qualas que sián - gas quau que sia, quau que sia, quaus que sian, quaus que sian [kw-]

“n’importe lequel, ...laquelle, ...lesquels, ...lesquelles” res1 £ = pas res £ = ren (gas arren) £ = pas ren (gas non pas arren) £ “rien” res2 (gas arrés) “personne”: voir degun. res mai £ = pas res mai £ = ren mai (gas arren mei) £ = pas ren mai (gas non pas arren mei) £ “rien d’autre, plus rien” sengles senglas (pro° senglei/-eis, niç° sengles sengli, cis° sengli senglas) “chacun -e, chaque”. Exemples d’emploi: sengles còps “chacun son coup”, en senglas ciutats “dans chaque cité”, diguèron sengles mots “ils dirent chacun son mot”, amb sengles bastons “avec un bâton chacun, chacun ayant son bâton” (d’après le TDF).

tal tala tals talas - pro lim tau tala taus talas - niç tau tala taus tali - auv gas tau tau taus taus “tel, telle, tels, telles”

tant (de) “tant (de), autant (de)” = aitant (de) “tant (de), autant (de)” — Selon Alibèrt (GramAl: 88), autan(t)* est un francisme à éviter.

= tant tanta tantes tantas - pro tant tanta tantei/-eis

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- niç tant tanta tantu tanti - cis tant tanta tanti tantas “tant (de), autant (de)” tot “tout” tot tota tot(e)s totas - pro tot tota totei/-eis - niç tot tota toi toti - cis tot tota tuchi totas “tout, toute, tous, toutes” tot(e)s (pro totei/-eis, niç toi, cis tuchi) (+ pl) “tout le monde, tous” = totòm (+ sg) “tout le monde, chacun” tròp (de) (niç tròp (de) / tròup (de)) “trop (de)” un una (gas un ua) “un une”

unes unas

- gas° uns uas - pro unei/-eis

- niç unu uni - cis uni unas (+ pl) “plusieurs, une paire de” un parelh de (pro niç un pareu paire de” (un) pauc (de)

de

) “une

= pauc pauca pauques paucas

- pro pauc pauca pauquei/-eis, - niç° pauc pauca paucu pauqui - cis pauc pauca pauqui paucas = (un) chic (de) = un chico (de) = un chinhau (de) = un estís (de) = una brisa (de) = un petit (de) = (un) drin (de) “(un) peu (de)”

Il est possible que bèlcòp “beaucoup”, bassètz “assez” et narma “personne” soient des francismes anciens. Mais ces formes se sont profondément sédimentées et ont acquis une morphologie typiquement occitane. Elles sont donc légitimes en vertu des critères de diffusion et de spécificité (cf. GGA, GFDA; Lavalada 2001, 1999: 18, 1999: 10 [pas n’arma de vent “pas un souffle de vent”]; Reichel 2003: 32).

XIII.14 Adverbes d’affirmation, de négation, d’interrogation et de modalité; expression de l’interrogation XIII.14.1 A

DVERBES

benlèu (gas bensai (gas

/ / ) = ) = sepòt = tanplan de benl(h)èu et bensai est

benlhèu dilhèu lhèu bensèi

“peut-être”. Le muet.

n

cèrtas = cèrt = just = ja = ben plan (auv lim be plan) “certes”

d’acòrdi = d’acòrd = de consent = consent = d’abotir “d’accord, OK” d’efièch (pro niç va lim auv gas ) = efectivament “en effet, d’efiech,

d’efèit

effectivement”

de verai = per de verai = per de ’rai = verament = per de fach (auv gas ) = de bon (pro niç va ) = a de bon (pro niç va )= per de bon (pro niç va )= pròpi “vraiment” gaire (gas ) £ = pas gaire (gas ) £ “guère, ne … guère” non “non” per de fait,

per de hèit

bòn

de

a de bòn

per de bòn

guaire

pas guaire

non …

non pas “non, pas du tout, nullement” òc = òc ben (auv lim ) = aí (stt niç) “oui”

òc be

pas ’rai? (contraction de pas?”

pas verai?

) “n’est-ce

pas = non … pas (gas. non ne n’ … pas) (stt /

/

gas., intensif hors du gas.) = non (stt niç., explétif en auv.) “ne … pas”. Pas se place après le verbe en général mais après ou avant si c’est un infinitif, non se place avant le verbe, non … pas encadre le verbe. pas brica (gas non/ne/n’ … pas brica) =

marca = pas marca = pica = ges = pas ges = pas cap (gas non ne n’ … pas cap) = gran = gran del (dau deu) tot = non gran = degunament “pas du tout” pas pus = pus = pas mai (gas pas mei) “ne /

/

/

… plus”

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plan/ben (~ ben explétif) - auv

plan/ben [ bIˆ] (~ be ["b´] explétif) "

- lim plan/ben ["beˆ] (~ be ["be] explétif) - gas plan - pro niç va ben “bien” — REMARQUE. Ben doit remplacer le francisme bien* ["bjen*, "bjIˆ*, "bjeˆ*]. Pour l’orthographe de ben~be en auv. et lim., cf. Desrozier & Ros (1974: 39) et Gonfroy (1975). probable = mife “probablement, sans doute” rai = aquò rai = vague = bòta = siá (niç gas sia) = siá ben (auv lim siá be, niç gas sia ben) “soit” (approbation, acceptation) saique “peut-être; probablement, sans doute” segur = de segur = solid/solide “bien sûr” si = si ben (auv lim si be) = si ben si (auv XIII.14.2 L’

lim si be si) “si” (affirmation insistante) sonque = soncament = que~qu’ = pas que = ren que (gas arren que) = nonmàs = pasmàs = renmàs (gas arrenmés que) = basta = solament = tan solament = unicament “ne … que, seulement, uniquement”

tanpauc £ = nimai (gas nimei) £ = pas mai (gas non/ne/n’ … pas mei) = manco £ “non plus”

EXPRESSION DE L’INTERROGATION

L’interrogation s’exprime essentiellement par des recours suprasegmentaux ou syntaxiques et par des énonciatifs, comme l’explique Fl. Vernet (2000: 222-224). - L’intonation montante, en fin de phrase, est un morphème suprasegmental, orthographié par un point d’interrogation: Vendràs deman? “Tu viendras demain?”. - Quand le sujet est exprimé, on inverse souvent les constituants: Vendrà, lo fornièr? L’auvergnat apporte notamment es quò…?. Ex: Es quò (z-)el ? (GGA: 110). - Quand le sujet n’est pas exprimé, la phrase se scinde en deux parties distinctes. Un pronom personnel annonce ou reprend le complément du verbe: O sabes, tot

aquò? = Tot aquò, o sabes? - L’énonciatif e est surtout d’origine gasconne mais aussi languedocienne (Vernet

2000: 223, ici § XIII.20). Il est admis dans tout l’occitan larg. Il renforce l’intonation montante: E vendràs deman? (gas E vieneràs deman?). Mais on n’utilise jamais e devant une voyelle: Arribaràs deman? (au lieu de E* arribaràs deman?). - L’auvergnat et le fuxéen apportent en occitan larg l’énonciatif se, qui équivaut à e: Se ne volètz mai? “En voulez-vous d’avantage?” (§ XIII.20). Il convient d’éviter les francismes es que*…? et -ti*…? (< fr. est-ce que…?, -t-il…?). Dans l’extrême nord de l’auvergnat, -ti* devient -tu* (Reichel 1991: 292-293).

XIII.15 Adverbes de manière, de quantité ou de gradation XIII.15.1 L

EMMATISATION DES ADVERBES ET DES NOMS TERMINÉS EN -MENT

L’adverbe se compose de l’adjectif féminin et du suffixe -ment. Dans deux adverbes consécutifs, il est possible de dire le suffixe -ment une seule fois, comme en occitan classique et en catalan: fortament e grandament = fortament e granda = fòrta e grandament (Anglade 1921: 351; Chabaneau 1876: 315). Un problème de lemmatisation concerne les adjectifs et les noms en -ment. Dans 293

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certains dialectes, les deux formants se prononcent comme deux mots, avec deux accents toniques: fòla + -ment > fòlament [ f l men], òrna + -ment > un òrnament [ rn men]. D’autres dialectes ne connaissent qu’un seul accent tonique, sur -ment: fòla + -ment > folament [fula men], òrna + -ment > un ornament [urna men] (cf. Rj: § 180). Un sondage effectué dans les dictionnaires dialectaux indique que le préibérique hésite entre un accent ou deux accents (ex. DicPal enormanent/enòrmament ‹enourmamén/enormamén›, amoblament/amòblament ‹amoublamén/amoblamén›). Le catalan normatif adopte un accent dans les noms mais deux dans les adverbes. L’arverno-méditerranéen, lui, n’admet que les formes à un accent (cette divergence entre préibérique et arverno-méditerranéen se retrouve aussi dans les accents de phrase, comme Joan Fulhet [1993: 163] le montre dans l’exemple suivant: en préibérique, La •filha de ma ve•sina es•túdia per •èstre den•tista; en arverno-méditerranéen, La (•)filha de ma ve•sina es(•)túdia per èstre den•tista.). Le critère de diasystématicité demande de privilégier les formes à un accent car elles seules sont possibles dans l’ensemble des dialectes. On propose donc pour les adverbes: timidament, folament (gas holament), belament (gas berament) et non fòlament, bèlament… Et pour les noms: ornament, enterrament, ordinariament, cambiament (lim auv va chamjament/chambiament) et non òrnament, entèrrament, ordinàriament, càmbiament… Dans la terminaison -ament, le a se prononce [a] (en auv. et lim. [Å]). En provençal général, dans les adverbes, la norme mistralienne réalise [i] la terminaison ‘-ia des adjectifs, même devant -ment: ‹ourdinàri› → ‹oudinarimen›; ‹noutòri› → ‹noutourimen›. Cette prononciation est propre à une forme savante, artificielle, conditionnée par la notation ‹-i›. La norme classique devrait proposer une prononciation plus conforme à la tendance habituelle du provençal: ordinària → ordinariament [uRdinarja"meˆ], notòria → notoriament [nuturja"meˆ]. En niçois, les adjectifs féminins en -oa récupèrent le s étymologique dans -osament: famoa → famosament (et non famoament*). Æ

ÆO

O O"

O"

"

"

XIII.15.2 AUTRES ADVERBES

a bodre = a fais (gas° a hèish) = a fanègas = a fiòlas (gas a hiòlas) = a jaba = a molon = a palhats = a plena palada (gas a plea palada, va a plena palaa) = a sòbras = a sobrat = en abonde “à foison” a despart = a part “à part” a mièjas (pro niç va lim gas a miejas, auv a mèjas) = a mitat “à moitié” a pena = a pro pena (pro° niç° a pron pena) = totescàs (lim° auv va toteschàs) “à peine”

aital (pro niç° antau, auv lim aitau, gas atau) = ansin (niç ensin, ensinda) = coma aquò (coma quò, com aquò) “ainsi, comme ça”

al (au) contrari “au contraire” al (au) còp (niç au còp / l’encòp (niç a l’encòp

au

) = a ) “à la

còup

/ a l’encòup

fois, en même temps”

al (au) pus mai (gas au pus mei) = al (au) maxim = al (au) maximum “le plus possible, au maximum” (cf. TANT E MAI)

al (au) pus mens = al (au) minim = al (au) minimum “le moins possible, au minimum”

al (au) revèrs = de l’envèrs = a l’envèrs “à l’envers”

alara (pro niç va alora, auv alura, gas alaora) = alavetz = adonc = adoncas = aladonc = laidonc “alors” (cf. EMPER/EMPERÒ) almens (pro niç auv lim gas aumens) = aumanco “au moins” aperaquí = peraquí = environ = mai o mens (gas mei o mens) = a pauc près “à peu près, environ, plus ou moins”

coma (auv lim coma/’ma, gas coma/com)

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“comme, comment” (cf.

,

COSSÍ

QUIN

)

coma que siá (auv lim coma/’ma que siá, niç coma que sia, gas coma/com que sia) “n’importe comment” (cf. COSSÍ QUE SIÁ,

QUIN QUE SIÁ)

cossí (stt lg auv) “comment” (cf. QUIN)

COMA,

cossí que siá (stt lg auv) (niç° gas° cossí que sia) “n’importe comment” (cf. COMA QUE SIÁ, QUIN QUE SIÁ)

d’a fons 1 (gas d’a hons) “à fond” d’escondons = d’escondilhons = d’escondut = a l’escondut = d’amagat = a l’amagat “en cachette” de badas = ren faire ( ° arren har) = en balles = en baganaud “en vain”. — gas

REMARQUE. Les grammaires hésitent sur la graphie du gasconnisme en baganaud ou

en vaganaut. de caire = de costat “de côté” de longa (pro niç de lònga, va de lònja, auv lim de lonja) = de contunh = de contunha = de tengut = tengut “tout le temps, sans cesse, continuellement”. Périphrase équivalente: téner de / tenir de (gas tiéner de) + part. pass. Ex: parlavan de

longa = parlavan de contunh = parlavan de contunha = parlavan de tengut = parlavan tengut = tenián de parlat. Éviter l’italianisme: de contínua*.

de mai en mai (gas de mei en mei) “de plus en plus”

de mens en mens “de moins en moins” de reculons = de reculas (gas de reculas / d’arreculas) “à reculons” del tot (dau tot, deu tot) “tout à fait” (cf. TOT PLEN)

e mai (gas° e mei) = a mai (gas a mei) “même, de même, de plus, aussi” (cf.

FINDA, QUITAMENT, NIEUS)

emper = emperò “plutôt; cependant,

pourtant, néanmoins; quand même; alors”. Comparer avec le cat. emperò/però “mais” (cf. PUSLÈU, PASMENS, ALARA).

en gròs = a la gròssa = per lo pus gròs (gas° peu pus gròs) “en gros, grosso modo”

ensems = ensemble = amassa “ensemble” exprès = exprèssi = a bèl exprèssi (gas a bèth exprèssi) = estòble = de voler 1

Pour “fond”, on trouve en niç. qui est un italianisme (it. ).

fond*

["fuˆt]

“exprès”

) = a las fins (pro° niç° ai fins) “finalement” finda “aussi, même” (cf. E MAI, TANBEN, QUITAMENT, NIEUS) fin finala (gas fin finau

fòrça = fòrt (gas ) = bèlcòp (pro° lim hòrt

bèucòp

bèucòp,

/bèucòup, gas bèthcòp)

niç

= mot (stt niç, anc. molt) = (seulement gas) “beaucoup” (cf. TOT hèra

PLEN)

forra-borra = salon-barlon = embolhat = plan boirat (pro° niç° va° )=a barrejas = arratge “pêle-mêle” gaire (gas ) £ = pas gaire (gas ) £ “guère, ne ... guère” ges £ [auv dZi] = pas ges = brica £ = pas brica (gas ) = cap £ = pas cap (gas ) = gran = gran del ( ) tot = non gran = marca = pas marca = pica = degunament “pas du tout” just = tot bèl just (pro niç° lim° tot bèu just, gas° tot bèth just) “justement” lèu = aviat = regde = tot en pòsta “vite” mai (gas mei) = pus “plus, d’avantage” mai (gas mei) “ de nouveau” (cf. TORNARben boirat

guaire

non ...

pas guaire "

non … pas brica

non … pas cap

dau, deu

1

2

MAI)

mal (pro niç auv lim gas mau) “mal” mens = manco “moins” mièg mièja (pro niç va mieg mieja, gas miei mieja, auv mèi mèja) “mi-…, à demi …”

mièlhs/melhor (pro niç lim va mielhs/melhor, gas miélher/melhor) “mieux”. En pro. mielhs se prononce [ mjes].

nieus “même” (cf. QUITAMENT, E MAI, FINDA) pasmens = ça que la = pr’aquò = totun = tantotun = totparièr = si quò ben = tal que tal (lim auv pro niç gas "

(-ier, -èir)

tau

) “cependant, pourtant, néanmoins; quand même” (cf. EMPER/EMPERÒ) que tau

pauc a pauc = pauc a cha pauc = a cha pauc = a cha petit = chic a chic = brin a brin = drin a drin “peu à peu, petit à

petit”. La forme cha est d’origine vivaroalpine (cognat de cada/chada “chaque”) mais elle s’est répandue en provençal et en auvergnat et tend à devenir panoccitane dans le renaissantisme. perqué(?) “pourquoi”. Pour la variante per de

fondo

295

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QUATRIÈME PARTIE qué, voir §

XIII.2.1

pièg/pièger

in fine.

(pro niç va gas

pieg/piéger) =

sordeis (stt gas) ) plan / ben (~ ben - auv plan ben [ bIˆ] (~ be ["b´] ) - lim plan ben ["beˆ] (~ be ["be] ) - gas plan - pro niç va ben “bien” plan (stt lg lim gas) = ben (stt va auv lim) explétif

1

/

explétif

"

/

explétif

2

“beaucoup”

pro (pro niç pron) = bassètz = assatz (rare) = basta “assez” puslèu = mailèu° (gas meilèu) = pustòst “plutôt” (cf. EMPER/EMPERÒ)

quant [gas kw] = quantben “combien” quasi [gas k] = esquasi = gaireben (gas guaireben) “presque” quin (stt gas) “comment” (cf. COSSÍ, COMA) quin que siá (stt gas) (niç° quin que sia) “n’importe comment” (cf. COSSÍ QUE SIÁ,

COMA QUE SIÁ)

quitament “même” (cf. NIEUS, E MAI, FINDA) quitament pas (gas non/ne/n’ .. pas quitament) = nimai (gas nimei) = mai pas (gas° mei pas) = pas mai (gas° pas mei) = pas manco = manco = pas nieus = nieus pas = nhanca “même pas”

suau = doçament = gentament = dapasset = dapasson = d’aise = a d’aise = planplan (stt pro niç va lim) “doucement” sustot = subretot (niç va auv sobretot, gas subertot) = mai que mai (gas mei que mei) “surtout” tan(t) = aitan(t) = talament “si, tant, autant, tellement ”

tanben = tanplan = maitot = pereu “aussi” (cf. FINDA)

tant e mai (gas tant e mei) “le plus possible,

autant que possible, tant et plus” (cf. AL PUS

MAI)

tornar-mai (gas° tornar-mei) = tornar “de nouveau”. Périphrase équivalente: tornar (conjugué) + inf. Ex: parlavan tornar-mai = parlavan tornar = tornavan parlar (cf. MAI2).

tot plen

“tout à fait; beaucoup” (cf.

FÒRÇA)

DEL TOT,

tot tota tròp /tròup (un) pauc = (un) chic = un chico = un chinhau = una brisa = un petit = (un) drin = una pèca = un mijon = un brijon “tout toute”

(niç tròp

) “trop”

“(un) peu”

volontièrs

(-iers, -èirs, -èrs) “volontiers”

En vivaro-alpin, mieg mieja “mi-” est attesté par Roland (1982: 31) (en face de

miege -ja, miei mieia, mèi mèia et de l’italianisme mès mèsa* < it. mezzo -a). Pieg remplace le francisme pis* et l’italianisme pèjo*. Le cisalpin présente mès mèsa* et pes*/pèjo* qui sont des interférences du piémontais mes et pess (cf. Brero 1969: 20, 25) ou de l’italien mèz¢z¢o -a et pèggio. Il n’est pas possible de suivre Ronjat lorsqu’il les présente comme des

évolutions autocentrées (Rj: § 297).

XIII.16 Adverbes de lieu XIII.16.1 G

près

RADATION DE LA DISTANCE

) (auv lim aquí/quí ) alai/ailà (gas alà ) = acerà (stt gas) alin = alens (stt lim) = adenlà (stt gas) aicí (gas ací

aquí

loin

 près loin

ençai = ençà enlai = enlà

“ici” “là” “là-bas” “au loin” “en deçà, par ici” “au delà, par là”

XIII.16.2 AUTRES ADVERBES a (man) drecha

(gas auv

a (man) dreita

) “à

droite”

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LES APPLICATIONS

a (man) esquèrra = a (man) senèstra = a (man) senèca = a (man) mança

“à

gauche”

a l’entorn = al torn

(au

“autour”

a travèrs

torn)

=

arron

EMARQUE. Ne pas a travèrs de: ~ Passa a travèrs del

“à travers” — R

confondre avec la préposition

Passa a travèrs (adverbe) camp (préposition).

amont = damont = en(n)aut = denaut = ensús = susnaut “en haut” aval (pro niç lim avau, gas envath) = daval (pro niç lim davau, gas devath) = enbàs (gas° enbaish) = debàs (gas debaish) = susbàs (gas° susbaish) “en bas” darrièr (-ier, -èir, -èr) “derrière” davant “devant” defòra (gas dehòra) = a l’exterior “dehors” dessota/dejós/dessós (gas devath) “dessous”

dessús = dessubre (niç va auv dessobre, gas dessuber) “dessus” dintre = dedins (gas dedens) = endins = a l’interior “dedans; à l’intérieur” en fàcia “en face” endacòm = en qualque luòc (pro auv lim en quauque luòc, niç va en quauque luec, cis -lq-, gas en quauque lòc) “quelque part”

endacòm mai (gas endacòm mei) = alhors = autra part (gas° auta part) “ailleurs” endavant = enabans (pro niç va auv lim enavans) “en avant”

enluòc (niç va enluec, gas enlòc) £ “nulle part”

enluòc mai (niç va enluec mai, gas enlòc mei) £ “nulle part ailleurs” enrèire (lim° enreir) = enarrièr (-ier, -èir, èr) = endarrièr (-ier, -èir, èr) “en arrière” luènh (pro niç va lim gas luenh) “loin” ont (niç dont, gas on) “où”. Ce mot connaît des variantes innombrables comme ont(e),

v-ont(e), m-ont(e), dont(e), aont, agont, decont, ente, ante, lant… Les trois formes référentielles

que je propose ici sont classiques et diasystématiques. Elles sont bien attestées. Dans la koinê provençale notamment, la forme ont est une constante des œuvres de R. Lafont et a été déjà intégrée par Mistral (TDF: ‹onte es?, ount es?›; ‹d’ounte vènes?, d’ount vènes?›, cf. art. ‹ounte›) et Xavier de Forvieras (1899: 95): “Quelquefois, on trouve dans les auteurs l’abréviation ount. Ex. de rasin, ount groumand s’assadoulon chato e sausin, des raisins où viennent, gourmands, se rassasier jeunes filles et friquets (Brémonde).” [= de rasims, ont gromands s’assadolan chatas e sausins]. Il est pratique de poser ont comme une graphie exceptionnellement englobante qui se réalise [un] ou [unte] devant consonne, [unt] devant voyelle, de la même manière que amb englobe des réalisations diverses. ont que siá (niç dont que sia, gas on que sia) “n’importe où, où que ce soit” pertot = de pertot “partout” près = pròche (lim pròche/pròpche) = dapé “près”. Forme secondaire: prèp.

XIII.17 Adverbes de temps (niç va a gas “actuellement”

a l’ora d’ara l’ora

d’aura,

l’ora d’aüra, a

l’òra

lim

a

d’ara

)

“à présent, maintenant, il y a peu, d’ici peu, tout à l’heure” (présent vague, passé proche ou futur proche). — REMARQUE. Les sens vagues d’adès ressemblent à ceux de l’auvergnat bourbonnais agora (NDGFA) et du gascon enlòra (DicPal). alara (pro niç va alora, auv alura, gas alaora) adès

=

agora

=

enlòra

= alavetz = adonc = adoncas = aladonc = laidonc “alors” antan = l’an passat “l’an dernier”

après = apuèi (pro va niç° lim apuei, gas apuish) = arron “après”. Forme secondaire: aprèp.

aqueste matin (aquest matin, queste matin) = este/esto matin = uèi matin (pro niç va lim gas uei matin) “ce matin”

aqueste ser (aquest ser, queste ser) (= ...sera) = este/esto ser (= ...sera) = anuèch (pro niç va lim anuech, auv anuèit, gas anueit) = anuèch de ser (anuech de ser, anuèit 297

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QUATRIÈME PARTIE

) (= ...de sera = ) “ce soir”. — REMARQUE. En auvergnat, il y a un risque d’homophonie entre anuèi “aujourd’hui” et anuèit (lo ser) “ce soir”. Cela explique que l’usage ait rajouté …lo ser ou …de ser. D’ailleurs, il n’est pas impossible qu’anuèi soit en fait le mot anuèit passant du sens de “ce soir” à celui d’“aujourd’hui” (Rj: § 743). Dans l’incertitude, le choix de distinguer graphiquement anuèi “aujourd’hui” et anuèit “ce soir” est purement conventionnel (cf. Lavalada 2001, Omelhièr 2003). ara (niç va aüra, lim aura) = adara “maintenant” ara per ara (niç va aüra per aüra, lim aura per aura) = per ara (per aüra, per aura) “pour le moment, pour l’instant” d’ora (gas d’òra / de d’òra) = d’abora = tòst “tôt, de bonne heure” de còps (lim daus uns còps) = de còps que i a (lim daus còps que i a) = a bèles còps (gas a bèths còps, pro° lim° a bèus còps, niç° a bèi còps) = tot còp = de temps en de ser, anueit de ser ...lo ser = ...lo sera

temps = de tant en tant = de temps en quand (gas de temps en quan) “parfois, quelquefois, de temps en temps”

de jorn = de dia (stt gas) “le jour” de matin “le matin” de nuèch (pro niç va de nuech, auv de nuèit, gas de nueit) “la nuit” deman “demain” deman de matin = deman matin “demain matin”

deman passat = passat deman = après deman “après-demain” dementre = mentretant = entretant = d’aquel mentre d’aqueu mentre, d’aqueth mentre) = enterin = entretemps = d’aquel temps d’aqueu temps, d’aqueth temps) = del temps dau temps, deu temps “pendant ce (

(

(

)

temps, entre-temps, en attendant, cependant” desenant = d’ara enlà (niç va d’aüra enlà, lim d’aura enlà) (= ...enlai) = d’ara ençà (d’aüra ençà, d’aura ençà) (= ...ençai) = d’ara endavant (d’aüra endavant, d’aura endavant) = d’ara enabans (pro niç va auv d’ara enavans, lim d’aura enavans)

“désormais, dorénavant”

encara (lim enquera, gas enqüèra) = mai (gas mei) = nieus “encore” enfin “enfin” ièr “hier” ièr de ser = ièr de sera = arser [ a se] = ièr arser “hier soir” ièr passat = passat ièr = ièr delai = ièr delà = delai ièr = delà ièr = abans ièr (pro niç va auv lim avans ièr) = davant ièr gas

"

“avant-hier”

ja “déjà” — REMARQUE. La forme “déjà” ja

est vivante dans tous les dialectes, en dépit de l’extension de de(s)jà que l’on considère habituellement comme un francisme. En gascon, la forme ja, avec le sens de “déjà”, est bien attestée par Vergés (1991) et Ronjat (Rj: § 742) en dépit de son omission dans de nombreux ouvrages gascons. L’homophonie entre l’adverbe de temps ja et l’énonciatif ja (§ XIII.20) n’est pas du tout gênante (comparer avec les emplois de ja en occitan aranais, en occitan classique et en catalan, ainsi que de ya en espagnol). jamai (gas jamei) £ “jamais” l’endeman “le lendemain” lèu (gas lèu/bèthlèu) “bientôt” longtemps = de temps “longtemps” ongan/augan (va° auv lim ujan) = aqueste an (pro niç va aquest an, auv lim aqueste/queste an) “cette année” primièr (-ier, -èir, -èr) = d’en primièr (-ier, -èir, -èr) = en primièr (-ier, -èir, -èr) = en primièras (-ieras, -èiras, -èras) “d’abord, en premier” puèi (pro va lim puei, gas puish, niç pi) “ensuite, puis” quora que siá (niç gas quora que sia) “n’importe quand” quora? (gas quora? [k] / quan? [kw]) “quand?” se ser = de sera “le soir” sempre = totjorn = tostemps “toujours” sovent “souvent” subran (niç° va auv° sobran) = subte (pro niç sobde, gas sobte) = subit = d’un còp = tot en un còp [auv. > tunIˆ"kO] tanlèu = sul còp (sus lo còp, suu còp) = sul pic (sus lo pic, suu pic) = tot de còp = tot d’un còp = de tira = còp sec = quand e quand (gas° quan e quan) = tant e quand (gas tant e quan) = tant que tant

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LES APPLICATIONS

= tot d’un temps “aussitôt, tout de suite,

sur le champ” tard “tard” totara (niç va totaüra, lim totaura) “tout à l’heure (futur), d’ici peu” totescàs (va auv lim toteschàs) “tout à l’heure (passé), il y a peu” uèi (pro niç va lim gas uei)

= encuèi (pro va lim gas /ancuei)

encuei,

niç

encuei

anuèi (pro niç va lim gas anuei) “aujourd’hui” …venent -a (gas vienent) = …que ven (gas qui vien) “…prochain -e”. Ex: l’an =

venent/que ven, lo mes venent/que ven, lo còp venent/que ven “la prochaine fois”…

XIII.18 Prépositions

“à”. — Cf. EN CÒ DE. — REMARQUE. La traduction exacte du fr. à donne en occ. des formes diverses: a, en, amb, vèrs, entà/tà…(§ XIII.22). a causa de “à cause de” — voir PR’AMOR DE a condicion de “à condition de” a fòrça de “à force de” a mens de = a manco de “à moins de” a prepaus de “à propos de” a

a respècte de = rapòrt a = per rapòrt a “par rapport à”

a travèrs de = tras “à travers” abans (pro niç va auv lim avans) “avant” (cf. DAVANT)

abans de (pro niç va auv lim avans de) = davant de = denant de “avant de” al cap de (pro niç gas au cap de, va° auv lim au chap de) = al bot de (au bot de) “au bout de”

al costat de (au costat de) = a costat de = còsta “à côté de” al près de (au près de) = al ras de (au ras de) = ras = rasís “auprès de”. Forme secondaire: al (au) prèp de.

amb (lim niç emb, gas dab) “avec” —

REMARQUE. Depuis les ouvrages fondateurs de la norme (GramAl, DicAl, Lafont 1951/1972, Lafont 1971a, Bèc 1959, Desrozier & Ros 1974), amb est une orthographe exceptionnellement englobante, une idéographie assumée, qui fait exception aux règles de lecture habituelles. Elle rassemble un nombre surabondant de prononciations locales. Dans l’expérience pédagogique, cette convention est reçue comme une simplification bienvenue. Voici les prononciations référentielles: - lg. amb = [an] en général, [am] devant m, p, b, [amb] devant voyelle.

- va. amb = [aˆbe] en général, [aˆb] devant voyelle. En cisalpin, amb est attesté (Martèl 1983) et est préférable à abo. - auv. amb = [ň] en général, [ňb/Åm] devant voyelle. - pro. amb = [ame] en général, [am] devant voyelle. - lim. emb = [eˆ] en général, [eˆb] devant voyelle. - niç. emb = [eme] en général, [em] devant voyelle. - gas. dab = [dap]. — Ce mot est toujours proclitique et atone. L’accent graphique est donc une erreur (ambé *, emé *). L’occitan dit soi vengut amb el [amb "el], cal far amb aquò [amb a"kO] quand le français dit je suis venu avec, il faut faire avec.

après = arron

aprèp.

“après”. Forme secondaire:

(pro niç va còntra) “contre” (pro niç va lim darrier, auv darrèir, gas darrèr) = tras = detràs “derrière” davant = denant “devant, avant” (cf. ABANS) de (d’) “de” — REMARQUE. Sous l’influence de l’italien, il existe en niçois et en cisalpin une répartition entre de et da* qui recopie l’italien di ~ da. Dans le parler cisalpin de la Germanasca, qui a connu autrefois l’influence du français (§ II.1.5), on passe actuellement à un calque de l’italien: al ven d’l’America > al ven da* l’America “il vient de l’Amérique” (Pons & Genre 1997: xxx-xxxi). Dans les variétés référentielles, il est préférable de remplacer da* par de dans le sens de “de”, et par en cò de / vèrs dans le sens de “chez”. Il existe en occitan la forme légitime d’a mais elle ne s’emploie pas comme le da* italien: d’a fons “à fond”; D’al brèç a la tomba (œuvre de Justin Bessou). contra

darrièr

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QUATRIÈME PARTIE

de ... enlà = de ... enlai = a partir de = partent de “à partir de”. Ex:

D’aquel ostal

enlà, d’aquel ostal enlai, a partir d’aquel ostal,

“à partir de cette maison”. de paur de “de peur de” deçà = deçai “en deçà de” delà = en delà de = delai = en delai de “au delà de” demest = demièg (pro niç va lim demieg, auv° demèi, gas demiei) = entremièg (pro niç va lim entremieg, auv entremèi, gas entremiei) = capvath (gas) “parmi” (cf. ENTRE) dempuèi/despuèi (pro va lim dempuei/despuei, gas dempuish/despuish, niç despí ) “depuis” dès = tre = tanlèu “dès”. — REMARQUE — Éviter le francisme sitòst* (bien que préconnisé par le NDGFA). dins (gas dens) “dans” dintre = dedins (gas dedens) = endins = laguens “dans, à l’intérieur de” drech (auv gas dreit) = al drech de (au drech de, au dreit de) = en fàcia de “en face de” en “en” en cò de (attesté partout) = a cò de (stt niç) = en çò de (stt gas) = chas (stt auv lim gas) “chez” (cf. VÈRS) — Avec un adjectif possessif: en cò nòstre = al (au) nòstre = a nòstre… “chez nous” en luòc de (niç va en luec de, gas en lòc de, pro en luòc de / en luòga de) “au lieu de”. en plaça de “à la place de” entà = tà (gas lg) “pour”. Cette forme est surtout gasconne et occasionnellement languedocienne. En gascon, entà/tà ne s’emploie que s’il y a une idée expresse de destination; on dit per dans les autres cas. En dehors du gascon, entà/tà est remplacé par per. entre “entre, parmi” partent d’aquel ostal

fins (a) = dinc (a) = dusca (a) = d’aquí (a) = d’aicí (a) (gas° d’ací (a)) = tant qu’(a) = entrò “jusqu’(à)” — REMARQUE. La

particule a disparaît devant certains mots grammaticaux commençant par une voyelle: fins en decembre “jusqu’en décembre”, fins aquí “jusque là”, dusca ont? “jusque où?”, dusca en

Itàlia “jusqu’en Italie”. Dusca a connaît aussi la variante jusca a (enjusca a) qui est présente

dans la langue classique (Levy 1909) et qui n’est pas un francisme, malgré ce qu’en dit Alibèrt (GramAl: 235-236). Cependant, les formes en j- sont devenues rares dans l’usage classiciste actuel. Dans ces circonstances, on pourrait admettre que dusca a a fini par s’imposer comme forme référentielle. En auvergnat, les différents degrés de palatalisation de d devant u [dju > dZy…] font qu’il est difficile de distinguer dusca a et jusca a. fòra (gas hòra) = defòra (gas dehòra) “hors, en dehors de”

gràcias a = mercé = mercé(s) a = dieumercé = gaug a [ gawt a] (va° lim° auv° jaug a) “grâce à” levat (= levat de) = part (= a part = a part de) = franc (= franc de) = manca (= manca de) = fòra (gas hòra) = fòravia de (gas° hòravia de) = tirat = sonque (= soncament) = exceptat = sortit de = salv "

S

[lg sal, auv sa, niç° cis salv] (lim gas pro° sauv [ saw]) “sauf, excepté” long de (pro niç va lòng de) “le long de” malgrat (pro niç va auv lim gas maugrat, cis malgrat) = a malgrat de (a maugrat de) “malgré” pendent = durant “pendant, durant” per “par, pour” (cf. ENTÀ) per fin de = a fin de = per tal de (pro niç auv lim gas per tau de) “afin de” — voir PR’AMOR DE pr’amor de “afin de”; “à cause de” — voir PER FIN DE, A CAUSA DE près de = pròche (lim pròche/pròpche) “près de”. Forme secondaire: prèp de. quant a [gas kw] = per quant a = tant qu’a = per tant qu’a “quant à”. — REMARQUE. En niçois, la forme en quant a est peut-être une interférence de l’italien in quanto a. segon “selon, suivant, d’après” sens (pro va sens/sensa, niç sensa, gas sens/shens) “sans” sota/jos/sos (gas devath) “sous, au-dessous de” sus = subre (niç va auv sobre, gas suber) “sur, au-dessus de” vaicí = aicí (gas ací) = aicí avètz ~ aicí as (gas ací avètz ~ ací as) = vètz “voici” "

"

"

"

vaquí = aquí = aquí avètz ~ aquí as = vètz

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LES APPLICATIONS

“voilà”

EN CÒ DE. — vèrs [ve] est très fréquent devant les toponymes: vèrs Clarmont

vèrs2 R

pardr ], tèrra [ ter , tar ]). La forme élidée se fond littéralement dans certains toponymes auvergnats: v’Olèiras “Saint-Martin-d’Ollières” (Puy-de-Dôme; cf. Cherchapaís 1978: 150). vètz: cf. VAICÍ, VAQUÍ "

vèrs1 = devèrs = cap a / de cap a “vers” “chez,

EMARQUE.

à”—

Cf.

En auvergnat,

“à Clermont”. Le passage de [ve] à [va] correspond à la réalisation possible de è en [a] devant r (vèrs [ve, va], pèrdre [ perdr , "

´

"

O

"

O

v’

´

XIII.19 Conjonctions

a condicion que “à condition que” a mens que = a manco que = sonque “à moins que” abans que (pro niç va auv lim avans que) = davant que = denant que = primièr (-ier, -èir, -èr) que “avant que” après que “après que”. Forme secondaire: + subj

+ subj

+ subj

+ subj

.

aprèp que

baste = baste que = ja = mai que (gas mei que) = mas que (gas° mes que) = nonmàs que = per pauc que = pet tant que = pro que (pro niç pron que) = fa besonh que (va auv lim fai besonh que, gas° hè besonh que) + subj. pour toutes ces formes “pourvu que”

coma (gas coma/com, auv lim coma/’ma) “comme, en tant que”

de mai (gas de mei) = en mai d’aquò (gas en mei d’aquò) = mai (gas mei) “de plus, en plus”

de paur que + subj “de peur que” dempuèi que / despuèi que (pro va lim dempuei que / despuei que, gas dempuish que / despuish que, niç despí que) “depuis que” dès que = tre que = tanlèu que “dès que” donc = doncas = adonc = adoncas = aladonc = laidonc “donc” e [auv e] “et” e mai se / a mai se (gas° e mei se / a mei se) = e mai / a mai + subj. (gas° e mei / a mei + subj.) = quitament se = quand + subj./cond. (gas quan + subj./cond.)

= nieus (que) + subj. = ja que = per + inf. = a malgrat que + subj. (gas pro niç auv lim a maugrat que + subj.) “même si,

bien que”

emper = emperò “c’est pourquoi, pour cela” (cf. PER TAL)

en cas que = se per cas “au cas où” fins que = dinc que = dusca que = d’aquí que = d’aicí que (gas d’ací que) = entrò que + subj “jusqu’à ce que” ja que = puèi que (pro va lim puei que, gas puish que, niç pi que) = essent que = vist que = bòrd que = d’abòrd que = quantben que = dich que (auv gas dit que) = maisei que “puisque, étant donné que, vu que”

mai ... mai (gas mei ... mei) = pus ... pus = del mai ... del mai (dau mai ... dau mai, deu mei ... deu mei) = d’ont mai ... d’ont mai (gas d’on mei ... d’on mei, niç° dont mai ... dont mai) “plus … plus” mas [niç ma] (gas mes, pro mai) “mais” mentre que = del temps que (dau temps que, deu temps que) “alors que, tandis "

que”

ni ... ni “ni ... ni” ni ... nimai (gas ni ... nimei) = nimai (gas nimei) “ni … non plus” ni “ni” o (pro niç o/ò) “ou” — REMARQUE. En niçois, la forme o est attestée à Menton (Caserio & al. 2001). òr = ara (niç va aüra, lim aura) “or”

per fin que = a fin que = per tal que (pro niç auv lim gas per tau que) + subj

+ subj

+

“afin que” per que (gas entà que / tà que) + subj “pour que” perque = pr’amor que = per çò que (niç° per cen que) “parce que” pet tal (pro niç auv lim gas per tau) “c’est pourquoi, par conséquent” (cf. EMPER) quand (gas quan [kw]) “quand, lorsque” subj

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QUATRIÈME PARTIE

que (qu’) “que” que (qu’) = car “car” quora ... quora [ k] = ara ... ara (niç va aüra ... aüra, lim aura ... aura) = un còp ... un còp = de còps ... de còps (lim daus còps ... daus còps, gas a còps ... a còps) = tal còp ... tal còp (tau còp ... tau còp) gas

“tantôt … tantôt, parfois ... parfois”

quora [ k] “lorsque” se (s’) “si” (hypothèse) senon = autrament (gas autament) = gas

mancant “sinon”. — REMARQUE. En face

de senon, forme présente dans tous les dialectes, les variantes suivantes sont moins répandues, donc non référentielles: si que non, si que de non, si de non et si quò es de non. sens que (pro va sens que / sensa que, niç sensa que, gas sens que / shens que) + subj “sans que” siá ... siá (niç gas sia ... sia) “soit ... soit” tanlèu que “aussitôt que” tant que “tant que” un còp que “un fois que”

XIII.20 Énonciatifs

Les énonciatifs connaissent un usage intensif en gascon et dans la koinê béarnaise; cependant, ils sont peu utilisés en gascon du Nord et en aranais. Mais contrairement à ce qu’on affirme souvent (par ex. Horcada 1986: 38, Romieu & Bianchi 2005: 397), le gascon n’a pas le monopole des énonciatifs. Certains existent aussi en languedocien (fuxéen, donnezanais) et en auvergnat. La standardisation de la syntaxe pourrait préconiser un usage souple de l’énonciatif: - Il sera habituel mais pas systématiquement obligatoire en gascon (Romieu & Bianchi 2005: 131 passim, 397-399). - Il sera inhabituel mais possible dans les autres standards régionaux en tant que recours expressif. Ci-dessous, voici la liste des énonciatifs, inspirée de Horcada (1986: 38-45). Que (qu’) exprime l’affirmation. Usage surtout gascon, parfois languedocien (GramAl: 227, 284). Ben, en gascon be (b’), exprime l’exclamation ou l’affirmation renforcée. Adaptations: be (auv lim), ben (va niç pro). Usage surtout gascon, parfois languedocien (GramAl: 227). Cet énonciatif, placé avant le verbe, rappelle l’adverbe explétif ben (lim auv be) placé après le verbe. Ja exprime l’affirmation renforcée et l’insistance. Usage surtout gascon, parfois languedocien (GramAl: 226). La forme élidée j’ ne semble pas indispensable dans le standard. E exprime l’interrogation, le souhait, l’incise et sert également à introduire une proposition subordonnée. On ne l’utilise pas devant un mot commençant par une voyelle (§ XIII.14.2). Usage surtout gascon, mais aussi languedocien (GramAl: 241). Se (s’) exprime l’interrogation de manière similaire à e. Il dérive de la conjonction se “si”. Cet usage est d’origine auvergnate (GGA: 110) et fuxéenne (GramAl: 336). Comme forme référentielle auvergnate, je suggère se (s’) [s´ (s)] (attestée, cf. NDGFA: 658, de préférence à la forme si, cf. GGA: 110). Horcada pense que non … pas et çò sont des énonciatifs. En réalité, non … pas est un adverbe et çò est un pronom (même en enclise: , çò ditz, “, dit-il,”). 302

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LES APPLICATIONS

XIII.21 Affixes productifs La liste suivante présente en priorité les affixes les plus productifs, qu’ils soient de formation populaire ou savante. Les affixes peu productifs ne figurent que dans deux cas. D’une part, je fournis quelques précisions sur les affixes rares qui demandent une lemmatisation souple (-ívol, -iule…). D’autre part, je signale les formes rares qui présentent un risque de confusion avec des formes plus fréquentes (le suffixe -ma, inclus dans la terminaison -is|ma, peu fréquente, n’a rien à voir avec le suffixe -isme, très productif). Les suffixes qui ne sont productifs que dans une partie du domaine peuvent être adoptés tels quels par l’ensemble de la langue, dans le cadre du complètement interdialectal: -ange (arvernismes), -èc -èca (gasconnismes)... Je ne détaille pas les suffixes savants les plus spécialisés car ils ne sont pas productifs dans les registres courants. Alibèrt en donne déjà une liste assez complète (DicAl: 45-61) et j’ai largement fourni les clés de leur formation aux § XII.5-XII.8. Pour l’étymologie des formes populaires, je me réfère notamment à Allières (2001: 165-195), à la grammaire de Ronjat et à Alibèrt (DicAl: 24-44; GramAl: 355-391). Les étymons latins des suffixes sont donnés à l’accusatif, sans le -m final (cela se fait d’habitude pour les formes populaires, mais je l’ai fait aussi pour les formes savantes afin de rendre la présentation homogène). Dans le catalogue des affixes, je donne systématiquement les variations écrites de tous les standards régionaux. Dans les exemples par contre, je ne détaille pas toutes les formes régionales, sauf lorsque c’est nécessaire pour illustrer une adaptation particulière. XIII.21.1 SUFFIXES • -AA → -ADA; -AT

ABLE -ABLA

• -

C

< verbes du groupe A, parfois

IBLE -IBLA < verbes des groupes B ou C UBLE -UBLA < verbes des groupes B ou C

-

Formation: populaire/savante < lat. -abile, -ibile, -ubile

Doublets populaires rares: -AULE -AULA (< verbes des groupes A ou C) -ÍVOL (épicène) / -IVOL -IVOLA / -IULE -IULA (< verbes du groupe B) Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: “qui peut être…” Remarques:

- À partir des verbes du groupe B, le suffixe francisé -issable -issabla* doit être remplacé par -ible -ibla ou bien -idor -idoira (va. -ior -ioira, gas. -ider -idera) (GramAl: 376). - Les formes en -ívol (épicène) ou leur variante -ivol -vola ou encore -iule -iula, à

partir du groupe B, sont peu productives (GramAl: 376). On trouve aussi -aule -aula à partir du groupe A ou C (GGA: 222, 235). On peut donc les lemmatiser de manière souple, au cas par cas. - En cisalpin, les formes de type -able -abla, -ible -ibla, -uble -ubla son bien attestées (§ XII.6.3.c). Elles sont plus diasystématiques que les variantes -àbol, -íbol, -úbol (épicènes). Les formes -àbil*, -íbil*, -úbil* sont vraisemblablement des italianismes. Ex: penable -a, sensible -a, soluble -a, fasaule -a “faisable”, agradívol “agréable” AC -ACA (-AGA), -AIC -AIGA (-AICA), -ÈC ÈCA (-ÈGA), -IC -ICA (-IGA), -ÒC -ÒCA (-ÒGA), -UC -UCA (-UGA) Formes d’origine nord-occitane en -CH(A), -J(A), mais présentes dans les dialectes • -

méridionaux. populaire < formes prélatines

Formation:

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QUATRIÈME PARTIE

latinisées en -ac(c)u -ac(c)a, -ec(c)u -ec(c)a, -ic(c)u

-ic(c)a, -oc(c)u -oc(c)a, -uc(c)u -uc(c)a Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité, état (notamment pour

féminins en -aga)

les noms

Remarques:

- La seule forme vraiment dynamique est -èc -èca en gascon: vitèc -èca “vivace (< gas. vita “vie”), dorèc -èca “précoce” (< gas. d’òra “tôt”), luenhèc -èca “lointain”. Ces gasconnismes peuvent être adoptés tels quels par les autres standards. - Les formes d’origine nord-occitane, -ch(a), -j(a) comma dans droll|ich|on “petit garçon”; Jarr|ij|a (nom propre distinct du nom commun garr|ig|a “garrigue” qui est présent partout). On peut donc lemmatiser ces suffixes de manière souple en fonction des formes les plus sédimentées. En général, la forme de tel dialecte n’a pas d’équivalent ailleurs et peut se généraliser à tous les standards régionaux. drollichon, garriga, caluc -uga “fou folle”, manhac -aga “délicat -e”, senèc -èca “gauche”, primaic -aiga “précoce”... Les suffixes différenciés équivalent à des lemmes distincts et tous sont admis: manh|ac -aga et manh|acle -a “délicat -e”; buf|èc buf|èca (gas. buh|èc -a) et bof|et -eta “vain -e”; sen|èc -èca et sen|èstre -èstra “gauche”…



ACÈU -ACÈA.

-

Formation: savante < lat. -aceu -acea. Catégorie grammaticale: adjectifs, noms. Sens: qualité, classification en

sciences

naturelles. Ex: gallinacèu, cetacèu, violacèu -èa ACION → -ASON

•-

ADA (va. -AA) < verbes du groupe A et bases diverses -IDA (va. -IA) < verbes du groupe B -UDA (va. -UA) < verbes du groupe C • -

1

Formation: populaire < lat.-ata,-ita, -uta Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: action, contenu, collectif Remarques:

- Forme féminine du participe passé. - La forme -ada (va. -aa) s’accole aussi à des noms pour exprimer une quantité, un collectif ou bien un “coup de…”.

- En vivaro-alpin, les formes régulières sans -ddoivent être privilégiées dans les néologismes. Mais quelques formes en -dsont très sédimentées: valada “vallée”. Ex: mistralada “rafale de mistral”, bastida “bastide, ferme”, escorreguda “excursion”

• -ADA2

(épicène),

Formation:

-IDA (épicène).

savante < gr.

-ις -ιδος, -ας -αδος

ας -αδος)



XII.8.2, XII.8.4 -

Catégorie grammaticale: noms et adjectifs. Sens: appartenance.

Ex: naiada, olimpiada, Ellada, nereïda,

apatrida, piramida.

• -ADER -ADERA → -ADOR -ADOIRA

ADÍS -ADISSA → -ÍS -ISSA

•-

• -ADOR1 -ADORA

(pro. niç.

-ADOR -ADOIRA,

va. -AOR -AOIRA) < verbes du groupe A -IDOR -IDORA (pro. niç. -IDOR -IDOIRA, va. -IOR -IOIRA) < verbes du groupe B -EDOR -EDORA (pro. niç. -EDOR -EDOIRA, va. -EOR -EOIRA) < verbes du groupe C Formation: populaire < lat. -tōre -trīce Doublet savant: -ATOR -ATRITZ < verbes du groupe A -ITOR -ITRITZ < verbes du groupe B ou C -(U)TOR -(U)TRITZ < verbes du groupe B ou C Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: Agent. Suffixe applicable aux personnes, distinct du suivant. Remarques:

- En vivaro-alpin, les formes régulières sans -ddoivent être privilégiées dans les néologismes. Mais quelques formes en -dsont très sédimentées: trobador. - En aocc. on disait -ador -airitz, -idor -eiritz, -edor -eiritz (accusatif), < lat. -torem -tricem (Anglade 1921: 216, 373-375). Les féminins modernes sont des réfections analogiques. On ne garde le féminin ancien que dans

trobador trobairitz.

- Le nominatif de l’aocc. a donné le pack de suffixes constitués autour d’-aire… qui est plus productif que le pack -ador1. Ex: trabalhador -adora “travailleur -euse”, fornidor -idora “fournisseur -euse”,

informator -tritz, director -tritz

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LES APPLICATIONS

(pro. niç. -ADOR -ADOIRA va. AOR AOIRA gas. ADER ADERA) < verbes du groupe A -IDOR -IDOIRA (pro. niç. IDOR IDOIRA va. IOR IOIRA gas. IDER IDERA) < verbes du groupe B EDOR EDOIRA (pro. niç. EDOR EDOIRA va. EOR EOIRA gas. EDER EDERA) < verbes du groupe C • -ADOR2 -ADOIRA -

-

,

,

-

-

-

-

-

,

-

,

-

-

-

-

-

-

-

,

-

-

,

-

Formation: populaire < lat. -toriu -toria.

AIRE -AIRA

• -

diverses

< verbes du groupe A et bases

IDOR -IDORA (pro. niç. -IDOR -IDOIRA, va. -IOR -IOIRA) (rarement -EIRE -EIRA)
formatar Remarque: Un participe passé ne donne que des verbes du groupe A: ras (part. passé de raire) donne rasar; le part. passé lat. diffusus donne difusar et non difusir* (hypercorrection fréquente causée par la liste des verbes en -ir qui remplacent les francismes en -ar*, cf. decidir vs. decidar*).

• -ARCA (épicène)

Formation: savante < gr. -άρχης (parfois -αρχος) Catégorie grammaticale: noms (personnes) Sens: chef Remarque: Pour les rares formes en -arc, voir § .8.4 -άρχης. XII

Ex: monarca, patriarca

• -ARD -ARDA

Formation: populaire < germ. hard Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: origine, appartenance, gentilé,

péjoratif Ex: galhard -a

parfois

• -ARI -ÀRIA, -ÈRI -ÈRIA, -ÒRI -ÒRIA

Formation: savante / semi-savante < lat. -ariu -aria, -eriu -eria, -oriu -oria Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: origine, appartenance Remarque: Éviter la confusion entre -ari -ària et -ar -ara, sous influence du français -aire. Ex: ordinari -ària, tempèri m “intempérie”,

notòri -òria “notoire”

• -ARIÁ (niç. gas. -ARIA)

Formation: populaire < lat. -aría < lat. -ariu + gr. -ία Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: collectif, lieu, domaine agricole dans les

toponymes

Remarques:

- En niçois et en gascon, la forme -aria est bien attestée et plus diasystématique qu’-eria (ex. afrontaria, cf. Castellana 1947 ‹afrountaría›, DicPal ‹afrountarìe›). - Ce suffixe est généralisable aux néologismes empruntés à d’autres langues romanes: cafetariá < esp. cafetería; pizzariá < it. pizzerìa.



-ARQUIA

Formation: savante < gr. -αρχία Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: commandement (cf. -arca)

anarquia, monarquia

Ex:

autarquia

“autarcie”,

• -ARRO -ARRA, -ÒRRO -ÒRRA, -ORRO -ORRA

populaire < suffixes prélatins latinisés en -arru -arra, -orru -orra, -urru -urra. Cf. Rohlfs 1977: § 553, 562, 564.

Formation:

307

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QUATRIÈME PARTIE Catégorie grammaticale: noms et adjectifs Sens: intensif, péjoratif Remarque: Surtout productif en gascon (Rohlfs

1977) et en languedocien (DicAl: 30). Ex: canharro “gros chien”, pegòrro “imbécile”, guilhorra “coquine” •

-òrra

“rouergat -e”

Formation: savante < lat. -atu Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: sels d’acides en -ic

Ex: clorat, acetat

• -ASC -ASCA

Formation: populaire Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: gentilé. Remarque: Surtout productif en niçois.

Ex: monegasc -asca, mentonasc -asca,

bergamasc -asca

• -ASON < verbes du groupe A -ISON < verbes du groupe B -ESON < verbes du groupe C

Formation: populaire < lat. -tione Doublet savant: -ION < bases diverses, participes passés très irréguliers (< lat. -ione) -ACION < verbes du groupe A -ICION < verbes du groupe B ou C -(U)CION < verbes du groupe B ou C Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: action Ex: inclinason, bastison “construction”,

immersion,

relacion,

• -ASTA → -ISTA • -ASTRE -ASTRA

Formation: populaire < lat. -astre (acc. d’-aster) Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: atténuation, augmentatif, péjoratif.

Ex: filhastre -astra “beau-fils, belle fille” 1

Formation: populaire/savante < lat. -atu Catégorie grammaticale: noms masculins (parfois

féminins) rang, fonction, dignité, domaine d’un pouvoir

Sens:

Formation: populaire < lat. -atu Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: collectif

• -AT3

grandàs -assa “très grand -e”, roergàs -assa

• -AT

• -AT2

Ex: nogat “nougat” (< noga “noix”)

-ÀS -ASSA

Formation: populaire < lat. -aceu -acea Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: augmentatif, péjoratif, gentilé.

tondeson, addiccion

Ex: comtat m/f, ducat m “duché”, clergat “clergé”

• -AT4 -ADA (va. -AT -AA) < verbes du groupe

A et bases diverses (va. -IT -IA) < verbes du groupe B -UT -UDA (va. -UT -UA) < verbes du groupe C Formation: populaire < lat. -atu -ata, -itu -ita,

-IT -IDA

-utu -uta Catégorie grammaticale: adjectifs et noms Sens: très divers, formé à partir du participe

passé d’un verbe, éventuellement d’un nom Ex: emplegat -ada “employé -ée” (< emplegar “employer”), teulat “toit” (< teule “tuile”) • -AT5 -ATA

Formation: populaire < suffixe prélatin latinisé en -attu -atta Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: diminutif, jeune animal, gentilé

Ex: gojat -ata “garçon, fille”, auvernhat -ata

• -ATGE, -ITGE

Formation: populaire < lat. -aticu, -iticu Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: état, action Remarque: -iment doit remplacer le francisme -issatge* à partir d’un verbe du groupe B.

Ex: garatge, Felibritge.

• -ATOR -ATRITZ → -ADOR -ADORA • -ATÒRI -ATÒRIA → -ADOR -ADOIRA • -ATURA → -ADURA • -AU -ALA → -AL -ALA 1

• -AU2 → -EN -ENA

AUD -AUDA

•-

Formation: populaire < germ. wald

308

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LES APPLICATIONS

Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité, gentilé

Ex: brisaud -auda “brise-fer”, lemotjaud -auda “limougeaud -e”

• -AULE -AULA → -ABLE -ABLA

• -AÜRA → -ADURA

CIDA (épicène)

•-

Formation: savante Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qui tue Remarque: Éviter de confondre -cida

et -cidi, à cause de la confusion française en -cide. Ex: omicida “homicide” (qui tue une personne), insecticida (qui tue les insectes)

• -CIDI

Formation: savante Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: acte de tuer

Ex: omicidi “homicide” (acte de tuer une personne), genocidi

• -CION → -ASON • -CÒLA (épicène)

Formation: savante < lat. -cola Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qui cultive, qui fréquente Remarque: L’italien connaît un masculin analogique en -colo en face du féminin en -cola. L’occitan dit -còla aux deux genres,

comme en latin et en catalan. Ex: agricòla, viticòla

• -CRACIA

Formation: savant < gr. -κρατία Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: pouvoir

Ex: democracia, talassocracia

• -CRATA (épicène)

Formation: savant < gr. -κράτης Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qui dirige

Ex: democrata, fallocrata

• -CUL -CULA → -UL -ULA

• -CULTOR -CULTRITZ

Formation: savante < lat. -cultore -cultrice Catégorie grammaticale: noms (personnes) Sens: qui cultive

Ex: agricultor agricultritz

• -CULTURA

Formation: savante < lat. cultura Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: culture

Ex: agricultura, monocultura, puericultura

• -DRÒM

Formation: savant < gr. δρόµος Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: piste, voie

Ex: aerodròm, ipodròm

• -ÈC -ÈCA → -AC • -EDA → -ET • -EDÍS -EDISSA → -ÍS -ISSA • -EDOR -EDO(I)RA → -ADOR -ADO(I)RA; -AIRE -AIRA • -EDER -EDERA → -ADOR -ADO I RA ( )

ÈGA → -AC • -ÈIR -ÈIRA → -IÈR -IÈRA • -EIRE -EIRA → -AIRE -AIRA • -EÍS -EÏSSA → -ÍS -ISSA

•-

EJAR

•-

Formation: populaire < lat. -izare/-idiare < gr. -ίζειν Catégorie grammaticale: verbes Sens: fréquentatif Remarque: Pour le maintien de j en vivaro-

alpin, voir § XII.4.c. Ex: netejar “nettoyer”, batejar “baptiser”, se passejar “se promener”. ÈL -ÈLA (gas. -ÈTH -ÈRA, ÈU -ÈLA)

• -

va. pro. niç. lim.

-

Formation: populaire < lat. -ellu -ella Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: diminutif, appartenance, gentilé Remarque: Dans quelques mots, le type

-èu

a remplacé les formes -èl -èla ou -èth -èra. On peut y voir un emprunt interdialectal ou l’influence du français -eau -elle. En gascon on trouve par exemple nivèu “niveau” au lieu de nivèth°. On privilégie les formes régulières chaque fois -èla

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QUATRIÈME PARTIE

qu’elles semblent possibles ou attestées (par ex. en lg. batèl “bateau” plutôt que batèu). Dans les néologismes, on choisit systématiquement les formes régulières. Ex: rossèl -èla “roux rousse, blond -e”, novèl -èla “nouveau -elle” •

-EMENT → -AMENT



-

EN -ENA (gas. -AU épicène; auv. lim. -ESME

-ESMA

)

Formation: populaire < lat. -enu -ena, -avu -ava, -ēsimu Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: numéral ordinal Remarque: Éviter le francisme -ième -ièma* et la réfection erronée en -enc -enca* de la norme

mistralienne (GramAl: 58). Ex: tresen -ena (tresau, tresesme -esma) “troisième” ENA

•-

Formation: populaire < lat. -ena Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: numéral collectif Remarque: En gascon, la forme -ena semble plus répandue que -ea (DicPal). Le doublet -ENAT fait des noms masculins. Ex: quarantena, quarantenat

ENC -ENCA

•-

Formation: populaire < germ. -ing Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: origine, aspect, gentilé Remarque: En nord-occitan, la forme féminine

-enca est beaucoup plus répandue que -encha. On trouve en limousin unenca

“unique” (Lavalada 2001), en vivaro-alpin ivernenca (uvernenca ‹uvernenco› dans Lo Saber)… Mais la documentation n’est pas claire en auvergnat. Ex: estivenc -enca “estival -e”, avinhonenc -enca “avignonnais -e” ENÇA → -ANÇA END -ENDA → -AND -ANDA • -ENHA → -ANHA • -ENT -ENTA → -ANT -ANTA • -EOR -EOIRA → -EDOR -EDO(I)RA • -ÈR -ÈRA → -IÈR -IÈRA • -ÈRA → -IÈR -IÈRA; -ÈL -ÈLA •-

•-

ÈRI -ÈRIA → -ARI -ÀRIA

•-

ÉS -ESA

•-

Formation: populaire < lat. -ense Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: origine, gentilé Remarques:

- À ne pas confondre avec les noms masculins en -ès, non flexibles en genre, comme congrès, succès.

Le catalan, l’italien et d’autres langues romanes méridionales connaissent un doublet savant en -ense, très peu productif, inattesté en occitan. L’occitan pourrait utiliser le suffixe populaire -és -esa: pour le catalan Vienense, Tarraconense, Lugdunense, je propose en occitan Vianesa, Tarragonesa, Lugdunesa (provinces romaines). Ex: cortés -esa “poli -e, courtois -e”, -

senegalés -esa, chinés -esa

ESA (gas. -ESSA)

•-

Formation: populaire < lat. -ı*tia (pour le gascon < lat. -ı*cia). Doublet savant:

-ícia

(voir -ici -ícia)

Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: état, qualité Remarque: Alibèrt estime que -essa est surtout

une forme gasconne et qu’en dehors de ce dialecte, la généralisation de la forme -essa* est due à l’interférence du fr. -esse (GramAl: 368, DicAl: 33). Dans cette hypothèse, -essa* a été favorisé en niçois et en cisalpin par la double interférence de l’it. -ezza [- ettsa] et du fr. -esse. Ronjat a un avis plus nuancé, tout en indiquant que l’interférence du français pourrait expliquer certains mots en -essa* et en admettant la primauté initiale de -esa (Rj: § 706, p. 391). Ronjat et Mistral (TDF) attestent que -esa est resté bien vivant en dehors du gascon: peresa/pigresa ‹pereso/pigreso› “paresse”, franquesa "

‹franqueso›,

vanesa

‹vaneso›,

fadesa

‹fadeso›

(qui a même engendré le fr. fadaise), planesa ‹planeso› “plateau, plaine” (d’où le nom de pays la Planesa “la Planèze”). Du point de vue normatif, donc, le choix alibertin de -esa est justifié et s’appuie sur un usage encore vivant. Il faut éviter les divergences inutiles de certains auteurs renaissantistes (pegresa et paressa* chez Lavalada 2001, alegresa et alegressa* chez Fettuciari & al.

310

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LES APPLICATIONS

2003). La forme - est rejetée par Alibèrt en tant que francisme (GramAl: 368). Ronjat admet également le francisme mais il démontre que de rares mots en peuvent remonter à l’ancien occitan et au lat. (Rj: § 709) On n’admettra -isa que dans les formes autocentrées et expliquées avec certitude. isa*

distinguer e [ ] de è [e], donc de distinguer les suffixes -et [- ] et -èl [- el]. Ex: pichonet -eta “tout petit -e” ´



"

-isa

-ītia°

.

• -ESC -ESCA

Formation: populaire < lat. -iscu -isca (-escu -esca) < gr. -ισκός (?) + germ. -isk + prélatin -esk/-isk (Allières 2001: 180). Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité

Ex: pintoresc -esca “pittoresque” ESIR

ET2 m; -ETA f Formation: populaire < lat. -ittu -itta? Catégorie grammaticale: noms Sens: action

•-

Ex: apelet (gasconnisme = gas. “appel” f (va. niç. -EA) Formation: populaire < lat. -etu -eta Catégorie grammaticale: noms masculins

• -ET3 m; -EDA

(-et) ou féminins (-eda/-ea) Sens: collectif (plantations notamment) Ex: fenolh “fenouil” > fenolhet; pin >

•-

Formation: populaire < lat. -icire Catégorie grammaticale: verbes

groupe B1 (inchoatif) Sens: devenir Ex: enregdesir “raidir” •

pineda

réguliers du

-ÈTH -ÈRA → -ÈL -ÈLA

• -ÈU1 -ÈA

-ESME -ESMA → -EN -ENA

ESSA1

•-

Formation: populaire < lat. -issa < gr. -ισσα Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: féminisation des noms de métiers et

de fonctions (personnes) Ex: cònsol m > consolessa f “consule, maire (mairesse)”; mètge m > metgessa f “docteure (doctoresse)”

Ex: idonèu -èa “idoine”, rectilinèu -èa “rectiligne”, europèu -èa “européen -nne”, micenèu -èa “mycénien -nne”

• -ÈU2 -ÈLA → -ÈL -ÈLA • -EÜRA → -ADURA

FAG -FAGA

• -ESSA2 → -ESA

•-

• -ET1 -ETA

Formation: populaire < lat. -ittu -itta Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: diminutif Remarque: En nord-auvergnat, Bonnaud indique que -et -eta recule parce que sa

prononciation [- - t ] le rendrait “sans relief ni signification” (GGA: 241). Ce problème n’est réel que dans certains parlers qui maintiennent mal la distinction e~è ou bien qui font reculer l’accent (bonet [bu n > bun ]). Mais en auvergnat majoritaire et référentiel, une orthoépie claire permet de "´



O

"

´



Formation: savante < lat. -eu -ea ou gr. -αÃος -αÃα -αÃον Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité, aspect, gentilé Remarque: détails au § XII.6.6.

• -ESON → -ASON

"

aperet)

´

Formation: savante < gr. -φαγος Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qui mange

Ex: antropofag -faga, esofag

• -FÈR -FÈRA

Formation: savante < lat. -feru -fera Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qui porte

Ex: aurifèr -fèra, mamifèr

• -FIC -FICA

Formation: savante < lat. -ficu -fica Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qui fait 311

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QUATRIÈME PARTIE Ex:

magnific -fica, onorific -fica

• -FICACION

Formation: savante < lat. -ficatione Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: transformation

Ex: electrificacion

catalanoparlant (DSL: 63). Mais -parlant* est une particularité ibérique calquée sur l’espagnol -hablante. On devrait l’éviter en occitan. Ex: occitanofòn -fòna, catalanofòn -fòna, telefòn

FÒRME -FÒRMA

•-

FICAR

•-

Formation: savante < lat. -ficare Catégorie grammaticale: verbes Sens: transformer en, rendre… Remarque: Éviter le francisme -fiar* (§ XII.6.8).

Ex: electrificar

• -FIL -FILA

Formation: savante < gr. -φιλος Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: ami

Ex: bibliofil -fila FILIA

•-

Formation: savante < gr. -φιλία Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: amitié

Ex: bibliofilia

FILLE -FILLA

•-

Formation: savante < gr. φύλλον Catégorie grammaticale: adjectifs et noms Sens: feuille Remarque: Forme régularisée, voir § XII.5.1.

Ex: antofille, clorofilla FÒB -FÒBA

•-

Formation: savante < gr. -φόβος Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qui a peur, qui n’aime pas

Ex: claustrofòb -fòba FOBIA

•-

Formation: savante < gr. -φοβία Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: peur, inimitié

Ex: claustrofobia FÒN -FÒNA

•-

Formation: savante < gr. -φωνος Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: voix, qui parle Remarque: En catalan, à côté du suffixe ‘-fon ‘-fona on trouve aussi -parlant: catalanòfon -a,

Formation: savante < lat. -forme Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: forme Remarque: Il y a une différence d’aperture

entre le suffixe savant -fòrme -fòrma et le nom populaire la forma. La norme alibertine préconise la forma en face du francisme la fòrma* (aocc. forma ‹fo¢rma›, cf. Levy 1909, vs. fr. forme [-O-]). La tentative de préconiser la fòrma*, en supposant une évolution savante improbable (Taupiac 1992: 461-464), revient à minimiser le rôle bien plus certain du français. De plus, forma reste bien attesté dans certains parlers modernes. Ex: unifòrme unifòrma, confòrme

confòrma, proteïfòrme proteïfòrma

• -GRAF -GRAFA

Formation: savant < gr. -γραφος Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qui écrit

Ex: telegraf, boligraf “stylo à bille”, geograf

-grafa

• -GRAFIA

Formation: savant < gr. -γραφία Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: écriture

Ex: geografia, ortografia

• -GRAMA

Formation: savant < gr. -γραµµα Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: lettre; unité de poids Remarque: La distinction qu’on trouve dans l’italien -gramma et -grammo et dans le catalan -grama et -gram vient du fait que le second suffixe cité (-grammo, -gram) vient du français gramme; il est réservé aux unités de poids

(Bruguera 1996, Zingarelli 2004). En occitan, on préconise -grama dans tous les cas. Pour les unités de poids, l’occ. -grama se justifie à partir du français gramme qui

312

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LES APPLICATIONS

vient lui-même du gr. γράµµα. Le CLO a tranché dans ce sens (§ XII.5.1). Ex: telegrama, parallelograma, anagrama,

quilograma, decagrama

• -IA (tonique);

IA (préaccentué); -IÁ Formation: savante < lat. -ıa* ou bien gr. -ία 1

‘-

ou plus rarement gr. -εια Doublet populaire venant du gr. -ία > occitan -IÁ (gas. niç. -IA avec accent tonique sur i) Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: état, lieu, toponyme Remarques: Pour l’accentuation, cf. § XII.5.6. Ex: astúcia, economia, Aquitània, Indonesia, foliá, carestiá “disette” • -IA2 → -ADA; -AT

IAL → -AL

•-

IAN -IANA

•-

néoformation convergente des langues romanes et de l’anglais. C’est un développement du suffixe -an -ana lorsqu’il suit des adjectifs venant de la terminaison latine (ou latinisée) -iu -ia ou lorsqu’il suit des noms féminins en -ia/ ‘-ia. Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité, gentilé Ex: wagnerian -iana (< Wagner), indian -iana (< Índia) Formation:

IATRE -IATRA

•-

Formation: savant < gr. Æατρός Catégorie grammaticale: noms (personnes) Sens: médecin

Ex: pediatre -iatra IATRIA

•-

savant < occ. -iatre + -ia, néoformation commune aux langues romanes Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: médecine Ex: pediatria Formation:



-IAU → -AL

• -IBLE -IBLA

IC1 -ICA

•-

→ -ABLE -ABLA

savante < lat. -icu -ica (coïncidant avec le gr. -ικος)

Formation:

Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité, gentilé

Ex: magic -ica, britanic -ica

• -IC2 -ICA → -AC • -ICI

1

Formation: savante < lat -icium Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: état, action, fonction

Ex: ofici, servici

• -ICI2 -ÍCIA

Formation: savante < lat. -iciu -icia Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité Remarque: -ícia (adjectifs et noms) a

comme doublet populaire -esa (noms seulement) Ex: factici -ícia

• -ICION → -ASON • -ID -IDA 1

Formation: savante < lat. -idus -ida Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité Remarque: Le CLO a admis pour

quelques mots très usuels des doublets en -id et -ide: timid (-ide) timida (§ XII.5.1).

• -ID2

Formation: savante < gr. -ειδής -ειδής -ειδές < gr. εÉδος “forme, genre, espèce” (Bruguera 1996: art. -id; Bambiniotis 1998: art. είδος) Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: classification en zoologie et en chimie

Ex: felid, bovid, canid “félidé, bovidé, canidé”; lipid, glucid, protid “lipide, glucide, protide” Remarque: Voir aussi -oïde -oïda (adjectifs et noms variables en genre) < gr. -o- + -ειδής… IDA1 → -ADA1

•-

• -IDA2 → -ADA2 • -IDA3

(épicène)

Formation: savante < lat. -ida (pl. -idæ) -ίδης/-είδης (pl. -Ãδες/-εÃδες) Catégorie grammaticale: noms, adjectifs Sens: lignage

< gr.

Ex: los Lagidas, un Lagida, una Lagida, la 313

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QUATRIÈME PARTIE

dinastia lagida, los Seleucidas, los Atridas, los Ayyubidas, los Gengiskhanidas • -IDER -IDERA → -ADOR -ADO I RA ( )

IDÍS -IDISSA → -ÍS -ISSA IDOR -IDO(I)RA → -ADOR -ADO(I)RA; -AIRE -AIRA

•-

• -

IÈR -IÈRA (auv. -ÈIR -ÈIRA, gas. -ÈR -ÈRA [rarement -IÈR -IÈRA], lim. va. pro. niç. -IER -IERA) Formation: populaire < lat. -ariu -aria Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité, agent, objet (récipient…), plante, collectif, gentilé

• -

Remarques:

- En gascon, certaines formes usuelles se font en -ièr -ièra au lieu de -èr -èra: corrièr, fichièr, cadièra “chaise”. Il peut s’agir d’une influence languedocienne ou française. On préfère les formes régulières -èr -èra, sauf dans les mots où il y a une sédimentatiion inévitable de -ièr -ièra. - Pour la lemmatisation régionale, cf. § XI.2.2. - En provençal et en languedocien, lorsque ce suffixe est suivi d’un autre suffixe, sa forme oscille entre -ier-, -eir-, -ieir- et -air-. Alibèrt et Mistral hésitent beaucoup: -airon, -ieron, -airar (GramAl: 373, 381); acarrairar (GramAl), acarreirar (DicAl); ‹acarreira, encarreira, encarrieira, encharreira›, ‹carreirasso, carrierasso›

(TDF). En niçois, Calvino (1905) donne carreiron et carrairon. Cela montre qu’une très grande variété de formes est acceptée. Selon les critères de simplicité et de régularité, on préconisera la dérivation la plus simple possible: lg: carrièra, carrieron, carrierassa, acarrierar

pro, niç:

carriera,

carrieron,

carrierassa,

acarrierar

va, lim: charriera, charrieron, charrierassa, acharrierar

auv:

charrèira,

charreiron,

acharreirar

charreirassa,

gas: carrèra, carreron, carrerassa, acarrerar • -IGA → -AC

• -IL -ILA → -AL -ALA • -ILH; -ILHA → -ALH; -ALHA

• -IMENT → -AMENT • -IN -INA

Formation: populaire < lat. -inu -ina Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: appartenance, gentilé, diminutif

Ex: marin -ina, alpin -ina, segalin -ina “ségali -ie” (du Ségala, en occ. Segalar), pairin “parrain”

• -INA

Formation: populaire < lat. -ina Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: état, qualité, collectif

Ex: aisina “outil”, pudesina “puanteur”

• -INHA → -ANHA • -ION → -ASON • -IOR -IOIRA → AIRA

-ADOR -ADO(I) RA;

AIRE

-

-

IR

•-

Formation: populaire < lat. -ire Catégorie grammaticale: verbes

réguliers du groupe B1 (inchoatif) Sens: action Ex: domètge “domestique” > dometgir “domestiquer” (impression erronée domergir* dans DicAl)

• -ÍS -ISSA < bases diverses, participes passés très irréguliers

-ADÍS -ADISSA (va. -AÍS -AÏSSA) < verbes du groupe A

-IDÍS -IDISSA

groupe B

-EDÍS -EDISSA

groupe C

(va. -iís -iissa°?) < verbes du (va.

-EÍS -EÏSSA

) < verbes du

populaire < lat. -iceu -icea. Associable aux participes passés occitans -at -ada, -it -ida, d’où l’insertion des voyelles types des groupes verbaux -adís, -idís, -edís. Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: propension, capacité Ex: tremolís “tremblement”, cantadís -adissa “propre à être chanté”, movedís -edissa “mobile”

Formation:

ISME Formation: savante < gr. -ισµός Catégorie grammaticale: noms masculins •-

314

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LES APPLICATIONS

Sens: qualité, état, parti pris

Ex: optimisme, realisme Remarque: -isme est distinct de la terminaison -is|ma (sofis|ma, caris|ma) qui se rattache au suffixe -ma (< gr. -µα -µατος).

• -ISON→ -ASON • -ISTA (épicène) -ASTA (épicène)

Formation: savante < lat. -ista, -asta < gr. -ιστης, -αστης Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité, parti pris, gentilé Remarque: -ista correspond à -isme.

optimista, iconoclasta

Ex:

• -IT •

1

realista,

cineasta,

-IDA → -AT -ADA

Sens: maladie Remarque: À ne pas confondre avec -ita.

Ex: bronquiti “bronchite”, apendiciti

• -ITOR -ITRITZ → -ADOR -ADORA • -ITÒRI -ITÒRIA → -ADOR -ADOIRA • -ITURA → -ADURA • -IU -ILA → -IL -ILA • -IU -IVA

Formation: populaire < lat. -ivu -iva Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité

Ex: esportiu -iva

IULE -IULA → -ABLE -ABLA → -ADURA • -ÍVOL, -ivol -ivola → -ABLE -ABLA

••

-IURA

IZACION

-IT2

•-

Formation: savante < gr. -ίτης Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: relatif à, venant de. Sert à former

des noms de minéraux. Ex: grafit, lignit Remarque: La différenciation entre -it2, -ita1 et -ita2 est commune à plusieurs langues romanes.

• -ITA (épicène) 1

Formation: savante < gr. -ίτης Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: relatif à ,venant de, gentilé

savante < occ. -izar + -acion, néoformation internationale Catégorie grammaticale: verbes Sens: action des verbes en -izar Ex: realizacion Formation:

IZAIRE -IZAIRA

•-

Formation: savante < occ. -izar + -aire Catégorie grammaticale: noms (personnes) Sens: nom d’agent (personnes) pour les verbes

en -izar

Remarques:

• -ITAT → -TAT • -ITGE → -ATGE

- Le choix du suffixe d’agent -aire pour accompagner les verbes en -izar, lorsqu’il s’agit de personnes, est déduit des formes les plus sédimentées dans le TDF de Mistral. Il est préférable de ne pas multiplier les formes: realizaire, organizaire et non realizator* ni realizador*… - Pour les objets, les machines et les instruments, on utilise le suffixe -ador -adoira: vaporizador “vaporisateur”, egalizador “egaliseur/equalizer”. - Le suffixe -ant -anta peut accompagner les verbes en -izar: arabizant -anta. Il peut même suggérer un verbe virtuel en -izar: arcaïzant -anta (on ne dit pas arcaïzar°).

• -ITI

•-

semita, sefardita “séfarade”, prerafaelita, axomita “axoumite”

Ex:

• -ITA

2

Formation: savante < gr. -ίτης Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: provenant de; minéraux,

unités fonctionnelles en médecine, produits divers. Ex: pirita, magnetita, dendrita, dinamita,

ebonita

Formation: savante < gr. -ίτις Catégorie grammaticale: noms féminins

IZAR

Formation: savante < lat. -izare < gr. -ίζειν Catégorie grammaticale: verbes 315

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QUATRIÈME PARTIE Sens: fréquentatif

Ex: realizar, organizar, vaporizar, egalizar

• -LIT

• -LÒG -LÒGA; -LOGISTA (épicène, rare); -LOGIAN -LOGIANA (rare)

.6.7.

cf. §

Ex: catalòg, epilòg, arqueològ -lòga,

psicològ -lòga, biològ -lòga (biologista), teològ -lòga (teologian -logiana)

• -LOGIA

Ex: arqueologia, psicologia, biologia,

teologia

• -MA

Formation: savante, < gr. -µα -µατος Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: état, action

esquèma

Remarques:

- Ce suffixe n’est pas vraiment un morphème percevable mais il est présent dans de nombreux hellénismes. - Les mots dérivés contiennent la séquence

-mat- : tèma > tematic; diplòma > diplomata; clima > climatic, climatizar, climatològ; fantasma > fantasmatic. - Des mots se terminant par -is|ma et -as|ma, comme sofisma, fantasma, aneurisma, carisma, esquisma “schisme” sont distincts du suffixe -isme. - Pour clima, voir § .5.5, .8.4 µα. XII

XII

-

• -MENT → -AMENT • -MÈTRE

• -NÒM -NÒMA

Formation: savante < gr. νόµος Catégorie grammaticale: noms Sens: qui met en ordre

Ex: astronòm -nòma Remarque: À ne pas confondre avec les termes mathématiques qui viennent du lat. binomium: binòmi, monòmi, polinòmi.

• -NOMIA

Formation: savante < gr. -νοµία Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: loi

Formation: savante < gr. -λογία Catégorie grammaticale: noms féminins Sens: discipline, science

Ex: teorèma, problèma, “schéma”, dògma, sintagma

savante < gr. µορφή “forme”, cf. suffixe grmo. -µορφος Catégorie grammaticale: adjectifs Sens: forme Ex: antropomòrf -mòrfa, polimòrf -mòrfa Formation:

Ex: monolit

XII

Ex: diamètre, quilomètre, cronomètre

• -MÒRF -MÒRFA

Formation: savante < gr. λίθος Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: pierre

Formation: savante < gr. -λογος Catégorie grammaticale: noms Sens: discours; spécialiste, savant Remarque: Pour -logista et -logian,

Sens: mesure

Formation: savante < gr. µέτρον Catégorie grammaticale: noms masculins

Ex : astronomia

• -ÒC -ÒCA → -AC • -ÒDE

Formation: savante < gr. Òδός Catégorie grammaticale: noms masculins Sens: route

Ex: metòde, electròde, periòde

• -ÒGA → -AC • -ÒI -ÒIA

Formation: populaire, étymologie obscure Catégorie grammaticale: adjectifs, noms Sens: qualité, hypocoristique (Rohlfs 1977:

§ 565), gentilé Ex: belòi -òia (gas. beròi -òia) “joli -ie”, amistòi -òia “aimable”, mesòi -òia “de Mèze” (en occ. Mesa)

• -OÏDE -OÏDA

savante, néoformation commune aux langues romanes et à l’anglais, inspirée par la terminaison grecque -οειδής -οειδής -οειδές, dans laquelle il y a en réalité la voyelle -o- (qui sert à relier les formants) et le suffixe grec originel -ειδής -ειδής -ειδές (
senti…). • Groupe C: verbes en -re, ‘-er, -er, -e (batre, cóser, voler, prene). Bien que ce ne soit pas prévu dans Lo vèrb occitan, je propose d’y distinguer deux sous-groupes: - Groupe C1: verbes en -re (batre) - Groupe C2: verbes en ‘-er posttonique (cóser). Dans le groupe C, Les verbes réguliers sont en C1 (batre) et rarement en C2 (cóser). En gascon, ils sont presque tous en C2 (bàter comme cóser) avec quelques exceptions en -re: quèrre est pangascon; claure vient du gascon du nord; mèdre, penedre’s, roire, secodre, semondre sont empruntés aux autres dialectes. La répartition entre les groupes B1 et B2 est simplifiée de la manière suivante: - Verbes strictement B1. Ils rassemblent la grande majorité des verbes en -ir: finir, decidir, corregir, atribuir, immergir… Dans la formation savante, on ne retient pas les variantes italianisées du groupe C: on préfère decidir à dechíder* ou dechidre* (cf. it. decìdere). On ne retient pas non plus les formes du groupe A influencées par les verbes français du 1e groupe: on préfère decidir à decidar* (cf. fr. décider). - Verbes hésitant entre B2 et B1. Ex: partir, sentir, dormir. On accepte les préférences d’usage régional. Le modèle B1 se généralise en languedocien, auvergnat et gascon mais B2 y demeure possible. Le modèle B2 se conserve fermement en limousin, vivaro-alpin, provençal général et niçois. Le limousin et le provençal général hésitent entre B1 et B2 pour quelques verbes comme ausir/auvir “entendre” ou legir “lire”. r

330

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LES APPLICATIONS

XIII.23.4 LEMMATISATION DES DÉSINENCES ET DES RADICAUX Les désinences et les radicaux sont des morphèmes de nature distincte. Ils reçoivent donc des lemmatisations séparées. Cela garantit des séries cohérentes. Il n’est pas possible de détailler ici tous les choix mais on peut en expliquer quelques-uns. On généralise l’opposition entre les voyelles de l’indicatif présent et celles du subjonctif présent (et des impératifs qui en découlent): parla~parle; finís~finisca; sent~senta; bat~bata. Malgré des formes analogiques en -e dans de nombreux parlers, surtout orientaux (§ VIII.3), le choix de l’opposition -a~-e clarifie et simplifie la morphologie (§ XI.4.3) et renforce la diasystématicité. L’opposition -a~-e s’est développée dans la littérature provençale (R. Lafont et maints autres écrivains) et vivaro-alpine (P. Eiriçon). En niçois, le parler de Castillon conserve très clairement l’opposition -a~-e (Dalbera 1984, 1990): elle pourrait donc être acceptable en niçois. La terminaison -as se prononce [-es] en provençal général, niçois et cisalpin car il s’agit d’une contrainte phonologique. Le CLO (annexe C2c) admet la notation -as ou -es en pro. et niç.; en cis. ce n’est pas nécessaire car -as se lit toujours [es]. Au subjonctif présent du groupe B1, on généralise le type à infixe -isca (sédimenté en lg. dans LVO et en pro. chez Lafont & al. 1971) ainsi que les formes correspondantes du nord-occitan (-ischa, attesté en auvergnat) et de la koinê béarnaise (-esca). Cette standardisation est audacieuse à cause de variantes fort répandues comme -issa, -isse (surtout en lim., niç. et va.), -iga, -igue, -isque, mais on peut la voir aussi comme une simplification salutaire qui garantit pour tous la maîtrise du subjonctif. Au subjonctif présent, dans les verbes irréguliers du groupe C, les séquences -ga -lga, -nga, -sca correspondent en nord-occitan à -ja, -lha, -nha, -scha: diga/dija, valga/valha, tenga/tenha, visca/vischa. Dans beaucoup de verbes cependant, le nord-occitan a la même racine qu’à l’indicatif présent: bega/beva (et non beja*), riga/risa (va. ria) (et non rija*), conesca/coneissa (et non conescha*). En gascon, -lga passe aussi à -lha, comme en nord-occitan: valha. Les conjugaisons gasconnes suivent la koinê béarnaise en général. Cependant, on privilégie quelques solutions gasconnes qui sont plus diasystématiques que celles de la koinê. Opposition des voyelles du subj. prés. à la p1 parle, finesca, séntia, bàtia (koinê: parli, finesqui, senti, bati). Impératif positif à la p4: parlem, finescam, sentiam, batiam (koinê: parlem, finim, sentim, batem). Terminaisons en è à l’ind. prés. du groupe C: batèm, batètz (koinê: batem, batetz). Radicaux: agoi, pogoi (koinê: avoi, podoi). Ces solutions sont attestées d’après Bèc (1959), González (2003) ou Rei-Bèthvéder (2004)… On préconise aussi les alternances vocaliques e/ie, o/ue, u/ue (§ XII.3.h), qui sont éliminées dans la koinê. Les conjugaisons provençales suivent la koinê provençale classiciste, telle que Lafont et ses successeurs l’ont développée (Lafont & al. 1971). Quelques unes de ses formes sont plus diasystématiques que celles de la koinê provençale mistralienne. Le polymorphisme est évité à l’échelle de la langue et de chaque standard régional. Une profusion de solutions doubles ou triples serait impossible à retenir. Cette simplification parvient à un degré d’homogénéité qui se rapproche de celui du catalan standard (en incluant le valencien, le baléare et le roussillonnais, cf. IEC 1997). 331

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QUATRIÈME PARTIE

XIII.24 Les verbes: modèles réguliers GROUPE A - PARLAR “parler” Subjonctif présent

Indicatif présent

parl parl parl parl parl parl

i pro -i -e, auv lim -e, va -o as a am atz an (

/

)

parl parl parl parl parl parl

Impératif positif parl parl parl

Indicatif imparfait

a em atz

Indicatif prétérit (

/

/

)

(

parl

)

(

)

parl

(

parl

(

(

parl

parl

(

parl

(

)

)

)

parl

(

parl parl

(

)

(

)

(

èra èras èra eram eratz èran

parl

parl parl

gas -èram) gas -èratz)

parl

(

)

parl

(

parl

(

)

parl

(

(

)

parl

ariái auv lim -ariá, pro -ariáu, va -ario, niç -arii, gas -arí ariás niç -arias, gas -arés ariá niç -aria, gas -aré ariam gas -arem ariatz gas -aretz arián niç -arian, gas -arén

parl

(

parl

(

parl

)

parl

èsse èsses èsse èssem pro niç -essiam èssetz pro niç -essiatz èsson gas -èssen

Conditionnel présent

arai gas -arèi aràs arà auv lim -ará arem gas -aram aretz gas -aratz aràn auv lim -arán (

Futur du passé

parl

parl

parl parl )

parl

)

)

(

)

(

)

(

)

(

)

)

parl

parl

)

Indicatif futur

parl

)

/

Subjonctif imparfait

èri pro -èri -ère, va -èro, auv lim -èi -ère, gas -èi ères gas -ès èt va -èc, gas -è èrem pro niç -eriam, gas -èm èretz pro niç -eriatz, gas -ètz èron gas -èn

parl

(

parl

parl

parl

avi pro -avi -ave, auv lim -ave, va -avo avas ava àvem pro -aviam, niç -avam, gas -àvam àvetz pro -aviatz, niç -avatz, gas -àvatz avan

parl parl

Impératif négatif = subjonctif présent

parl

e es e em etz en

)

Infinitif: parlar — Gérondif: parlant — Participe passé: parlat -ada (va -at -aa)

332

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LES APPLICATIONS

FINIR “finir”

GROUPE B1 -

Indicatif présent

Subjonctif présent

issi

fin

pro -issi/-isse, auv lim -isse, va -isso, gas -eishi) finisses (gas -eishes) finís (niç -isse, gas -eish) finissèm (gas -im) finissètz (gas -itz) finisson (gas -eishen)

isca va auv lim -ischa, gas -esca iscas va auv lim -ischas, gas -escas isca va auv lim -ischa, gas -esca iscam va auv lim -ischam, gas -escam iscatz va auv lim -ischatz, gas -escatz iscan va auv lim -ischan, gas -escan

(

ís pro niç -isse, gas -eish iscam va auv lim -ischam, gas -escam issètz gas -itz (

(

(

)

Impératif négatif = subjonctif présent Indicatif prétérit

iguèri pro -iguèri -iguère, va -iguèro, auv lim -iguèi -iguère, gas -ii iguères gas -ís iguèt va -iguèc, gas -í iguèrem pro niç -igueriam, gas -im iguèretz pro niç -igueriatz, gas -itz iguèron gas -ín /

(

)

(

(

(

)

Indicatif futur (

)

fin fin

(

)

fin fin fin

(

)

(

)

(

Infinitif: finir

(

)

Futur du passé

(

)

(

(

)

)

( )

)

fin (

ira iras ira iram iratz iran

fin fin

fin

gas -íram) gas -íratz)

fin

(

fin

(

fin

)

(

fin

)

Conditionnel présent

irai gas -irèi iràs irà auv lim -irá irem gas -iram iretz gas -iratz iràn auv lim -irán

fin

)

)

fin

)

(

fin

(

iguèsse gas -isse iguèsses gas -isses iguèsse gas -isse iguèssem pro niç -iguessiam, gas -íssem iguèssetz pro niç -iguessiatz, gas -íssetz iguèsson gas -issen

fin

)

fin

(

fin fin

fin

)

fin

fin

fin

/

fin

)

Subjonctif imparfait

fin

fin

)

(

ssiái (auv lim -issiá, pro -issiáu, va -issio, niç -issii, gas -ivi) finissiás (niç -issias, gas -ivas) finissiá (niç -issia, gas -iva) finissiam (niç -issiavam, gas -ívam) finissiatz (niç -issiavatz, gas -ívatz) finissián (niç -issian, gas -ivan)

)

(

fin

)

(

fin

)

fin

fin

(

Indicatif imparfait

Impératif positif fin

fin fin



iriái auv lim -iriá, pro -iriáu, va -irio, niç -irii, gas -irí iriás niç -irias, gas -irés iriá niç -iria, gas -iré iriam gas -irem iriatz gas -iretz irián niç -irian, gas -irén

fin

(

fin

(

fin

(

)

fin fin )

fin

)

)

(

)

(

)

(

Gérondif: finissent (gas -int)

)



Participe passé: finit -ida (va -it -ia)

333

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QUATRIÈME PARTIE GROUPE B2 -

SENTIR

“sentir”

Peut s’aligner intégralement sur le modèle B1 en languedocien, auvergnat et gascon. Indicatif présent

Subjonctif présent

senti (pro -i/-e, auv lim -e, va -o) sentes sent (niç -e) sentèm (gas -im) sentètz (gas -itz) senton (gas -en)

senta (gas séntia) sentas (gas séntias) senta (gas séntia) sentam (gas sentiam) sentatz (gas sentiatz) sentan (gas séntian)

Impératif positif

Indicatif imparfait

sent (pro niç -e) sentam (gas sentiam) sentètz (gas -itz)

sentiái (auv lim -iá, pro -iáu, va -io, niç -ii, gas -ivi) sentiás (niç -ias, gas -ivas) sentiá (niç -ia, gas -iva) sentiam (niç -iavam, gas -ívam) sentiatz (niç -iavatz, gas -ívatz) sentián (niç -ian, gas -ivan)

Impératif négatif = subjonctif présent Indicatif prétérit

Subjonctif imparfait

Futur du passé

sentiguèri (pro -iguèri/-iguère, va -iguèro, auv lim -iguèi/-iguère, gas -ii) sentiguères (gas -ís) sentiguèt (va -iguèc, gas -í) -igueriam, -im) sentiguèrem -igueriatz, -itz) sentiguèretz sentiguèron (gas -ín)

sentiguèsse (gas -isse) sentiguèsses (gas -isses) sentiguèsse (gas -isse) sentiguèssem (pro niç -iguessiam, gas -íssem) sentiguèssetz (pro niç -iguessiatz, gas -íssetz) sentiguèsson (gas -issen)

sentira sentiras sentira iram iratz sentiran

(pro niç

(pro niç

gas

gas

sent

(gas

sent

(gas

-íram -íratz

En niç. et va., formes secondaires sans -igu-; sentèri/sentèro, sentèsse. Indicatif futur

Conditionnel présent

sentirai (gas -irèi) sentiràs sentirà (auv lim -irá) sentirem (gas -iram) sentiretz (gas -iratz) sentiràn (auv lim -irán)

sentiriái (auv lim -iriá, pro -iriáu, va -irio, niç -irii, gas -irí) sentiriás (niç -irias, gas -irés) sentiriá (niç -iria, gas -iré) sentiriam (gas -irem) sentiriatz (gas -iretz) sentirián (niç -irian, gas -irén)

Infinitif: sentir — Gérondif: sentent (gas -int) — Participe passé: sentit -ida (va -it -ia)

334

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)

)

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LES APPLICATIONS

GROUPE C1 -

BATRE

(gas

BÀTER

Subjonctif présent

Indicatif présent

i pro -i -e, auv lim e, va o es niç e èm ètz on gas en

bat

(

/

-

- )

bat

bat

-

bat

)

bat

Impératif positif

ètz

Indicatif prétérit

bat bat

(

(

(

/

bat

)

/

(

)

/

(

/

)

)

bat

(

gas

(pro niç

gas

óssem -óssetz

-

)

bat

)

(

bat

(

(gas

èra gas -ora èras gas -oras èra gas -ora eram gas -óram eratz gas -óratz èran gas -oran

bat

)

)

bat bat

Futur du passé

)

(

)

)

(

(

)

(

)

)

bat

(

)

)

bat

(

)

bat

(

)

bat

)

(

)

(

)

(

riái auv lim -riá, pro -riáu, va -rio, niç -rii, gas -erí riás niç -rias, gas -erés riá niç -ria, gas -eré riam gas -erem riatz gas -eretz rián niç -rian, gas -erén

bat

)

(

bat bat

/

/

(

)

bat

)

Conditionnel présent

rai gas -erèi ràs gas -eràs rà auv lim -rá, gas -erà rem gas -eram retz gas -eratz ràn auv lim -rán, gas -eràn

bat

b t

èsse gas -osse èsses gas -osses èsse gas -osse èssem pro niç -essiam, èssetz -essiatz, èsson -ossen

Indicatif futur (

)

)

Subjonctif imparfait

pro -èri/-ère, va -èro, auv lim -èi/-ère, gas -oi) batères (gas -ós) batèt (va -èc, gas -ó) batèrem (pro niç -eriam, gas -om) batèretz (pro niç -eriatz, gas -otz) batèron (gas -ón)

(

bat

bat

iái auv lim -iá, pro -iáu, va -io, niç -ii, gas -èvi -í iás niç -ias, gas -èvas -ès iá niç -ia, gas -èva -è iam niç -iavam, gas -èvam -èm iatz niç -iavatz, gas -èvatz -ètz ián niç -ian, gas -èvan -ètz

bat

(

bat

(

bat

bat

bat

)

(

bat

bat

èri

)

b t

(

bat

Impératif négatif = subjonctif présent

bat

)

b t

Indicatif imparfait

pro niç -e) batam (gas batiam)

bat (

bat

b t

(

(

bat

bat

(

(

bat

- )

bat

a gas à ia as gas à ias a gas à ia am gas iam atz gas iatz an gas à ian

bat

bat

bat (

) “battre”

bat bat

(

(

(

bat )

bat

)

)

)

(

)

(

)

(

)

Infinitif: batre (gas bàter) — Gérondif: batent — Participe passé: batut -uda (va -ut -ua)

GROUPE C2 -

CÓSER “coudre” - Ce modèle diffère de C1 aux temps suivants:

Indicatif futur

Conditionnel présent

erai gas -erèi eràs erà auv lim -erá erem gas -eram eretz gas -eratz eràn auv lim -erán ó er

cos

(

)

cos cos cos cos cos

(

)

(

)

(

)

(

eriái auv lim -eriá, pro -eriáu, eriás -erias, -erés eriá -eria, -eré eriam -erem eriatz -eretz erián -erian, -erén

cos

(

cos

(niç

cos cos cos )

cos

(niç

gas

gas

erio, -erii,

-

niç

gas

-erí

)

)

(gas

)

(gas

)

(niç

va

)

gas

)

Infinitif: c s

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QUATRIÈME PARTIE

XIII.25 Les verbes: modèles réguliers particuliers Pour les alternances vocaliques qui affectent le radical, on prend des exemples du groupe A. Certains verbes des groupes B2 et C peuvent connaître les mêmes alternances vocaliques, aux mêmes temps et aux mêmes personnes. ALTERNANCE VOCALIQUE O/ PORTAR “porter”. Ò:

Subjonctif présent

Indicatif présent

pòrti (-e, -o) pòrt pòrt port port pòrt

pòrt

as a am atz an

pòrt pòrt port port pòrt

pòrt port port

ALTERNANCE VOCALIQUE E/È LEVAR :

i -e, -o as a am atz an (

Impératif positif

e es e em etz en

)

a em atz

“lever, enlever”

Subjonctif présent

Indicatif présent lèv

Impératif positif

e es e em etz en

lèv

lèv

lèv

lèv

lèv

lèv

lev

lev

lev

lev

lev

lev

lèv

lèv

ALTERNANCE VOCALIQUE O/

, /



U

a em atz



pro niç va lim gas /

(

O

, /

UE U

UE):

SONHAR

“soigner”

Indicatif présent suènh

sonh

) (-ue-)

(

suènh

sonh

Subjonctif présent

i -e, -o as a am atz an

suènh

(-ue-)

suènh

(-ue-)

suènh

suènh sonh sonh

(-ue-)

ALTERNANCE VOCALIQUE Indicatif présent

i (-e, -o) (-ie-) profièchas (-ie-) profiècha (-ie-) profecham profechatz profièchan (-ie-)

e es e em etz en

suènh

suènh

/

E



Impératif positif

(-ue-) (-ue-)

(-ue-)

a em atz

suènh sonh sonh

(-ue-)

(-ue-)

pro niç va lim gas /

(

Subjonctif présent

E

IE):

PROFECHAR

“profiter”

Impératif positif

profièche (-ie-) profièches (-ie-) profièche (-ie-) profiècha (-ie-) profechem profechem profechetz profechatz profièchen (-ie-) En auvergnat et en gascon, l’alternance e/iè devant ch, est remplacée par une alternance e/è devant it: auv. profeitar, profèite… (cf. profèit “profit”), gas. proheitar, prohèiti… (cf. prohèit “profit”) (§ XII.3.h). profièch

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LES APPLICATIONS

V

ERBES EN -IAR AVEC ‘-IA POSTTONIQUE: ESTUDIAR “étudier”

Indicatif présent

i as a am atz an

estúdi

e,

(estúdi

estúdi

Subjonctif présent

o

)

e es e em etz en

Impératif positif

estúdi

estúdi

estúdi

estúdi

estúdi

estúdi

estudi

estudi

estudi

estudi

estudi

estudi

estúdi

estúdi

V

ERBES EN

-

Indicatif présent

i -e, -o as a am atz an

envi ( envi

)

a em atz

IAR AVEC -IA TONIQUE (ACCENT SUR I): ENVIAR “envoyer” Subjonctif présent

e es e em etz en

Impératif positif

envi envi

a em atz

envi

envi

envi

envi

envi

envi

envi

envi

envi

envi

envi

APPLICATION DES RÈGLES ORTHOGRAPHIQUES GÉNÉRALES La voyelle a, e, o terminant le radical, lorsqu’elle fait un hiatus avec le i de la terminaison, demande un tréma sur le ï: crear ~ crèï (crèe, crèo) “je crée”; esbaïr ~ esbaïssi (esbaïsse, esbaïsso) “j’ébahis”; gas. esbaïr, esbaïm, esbaïtz ~ esbaeishi “ébahir, nous ébahissons, vous ébahissez ~ j’ébahis”. Il n’y a pas de tréma dans la séquence ui (d’après d’Alibèrt): situar ~ situi (situe, situo) “situer ~ je situe”; atribuir ~ atribuissi (atribuisse, atribuisso, atribueishi) “attribuer ~ j’attribue”. Pour noter un même phonème, une consonne terminant le radical peut changer en fonction de la voyelle qui suit: c~qu: explicar ~ expliqui (explique, explico) “j’explique”; visquèri (viscoi) “je vécus” g~gu: obligar ~ obligui (obligue, obligo) “j’oblige”; tenguèri (tengoi) “je tins” ç~c: dançar ~ danci (dance, danço) “je danse” j~g: manjar ~ mangi (mange, manjo) “je mange” tj~tg: viatjar ~ viatgi (viatge, viatjo) “je voyage”

XIII.26 Les verbes: modèles irréguliers Les temps non indiqués suivent la conjugaison régulière et ont le radical de l’infinitif. Les désinences régionales ne sont pas toujours indiquées: on peut les restituer à partir des modèles réguliers, présentés ci-dessus. ADUIRE (gas ADÚSER) “apporter, amener” 1 adusi 2 aduses 3 adutz 4 adusèm 5 adusètz 6 aduson (niç 1 adui 2 adues 3 adue 4 aduèm 5 aduètz 6 aduon) subj pres aduga… (va auv lim adusa…) ind impf adusiái… (niç 1 aduïi 2 aduïas 3 aduïa 4 aduiavam 5 aduiavatz 6 aduïan) •

ind pres

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QUATRIÈME PARTIE

aduguèri… (gas adugoi…) aduguèsse…(gas adugosse…) aduguèra…(gas adugora…) aduirai… aduiriái… adusent (niç aduent) aduch -a (auv gas aduit -a) On conjugue selon ce modèle: - conduire (gas condúser), deduire (gas dedúser), enduire (gas endúser), introduire (gas introdúser), produire (gas prodúser), reduire (gas redúser), seduire (gas sedúser), traduire (gas tradúser) - construire (gas constrúser), destruire (gas destrúser), instruire (gas instrúser). ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

• ANAR “aller”

1 vau 2 vas 3 va (/vai, stt va auv lim) 4 anam 5 anatz 6 van ane… 2 vai (gas vè) 4 anem 5 anatz En auv. et lim, l’aphérèse du a- initial est possible: anar, anam… = ’nar, ’nam… On conjugue selon ce modèle: se n’anar / s’enanar (gas anar-se’n) “s’en aller”. La graphie soudée s’enanar, facultative, a des conséquences sur l’accent graphique: te’n vas > t’envàs; se’n va > s’envà (lim auv s’envá ); se’n van / s’envàn (lim auv s’enván). ind pres subj pres imper pos

AQUERIR “acquérir” - B1 ou B2. Régulier sauf participe passé aquerit -ida (va aquerit -ia) / Dans le modèle B2, alternance iè/e: aquièri (ie/e: aquieri). On conjugue selon ce modèle: conquerir, requerir. Synonymes réguliers: aquerir = aquistar, conquerir = conquistar.



aquist -a.

• ARDRE (gas ÀRDER) (archaïque) “brûler” - Régulier, sauf part. passé ars -a. • AUSIR (niç gas AUDIR, va lim AUVIR) “entendre, ouïr” - B1 (régulier) ou B2 (ci-dessous) ind pres 1 ausi 2 auses 3 ause 4 ausèm 5 ausètz 6 auson (niç gas 1 audi 2 audes 3 aude 4 audèm 5 audètz 6 niç audon / gas auden) (lim va 1 auve/-o 2 auves 3 auve 4 auvèm 5 auvètz 6 auvon) subj pres ausa…(niç auda… lim va auva… gas àudia…) imper pos 2 ause 4 ausam 5 ausètz (lim va 2 auve 4 auvam 5 auvètz) (niç 2 aude 4 audam 5 audètz) (gas 2 aude 4 audiam 5 audètz) Synonyme régulier: entendre (gas enténer). On conjugue selon ce modèle: gausir (gas niç gaudir, lim va jauvir, auv jausir) “jouir, user”; regausir (gas niç regaudir, lim va rejauvir, auv rejausir) “réjouir”. Éviter l’italianisme gòdre* et le francisme joïr*, rejoïr*. • AVER “avoir” - Verbe auxiliaire ind pres 1 ai (gas èi) 2 as 3 a 4 avèm 5 avètz 6 an subj pres aja… (pro aga… niç auga… va aia…) imper pos 2 aja 4 ajam 5 ajatz (pro 2 aga 4 agam 5 agatz) (niç 2 auga 4 augam 5 augatz) (va 2 aia 4 aiam 5 aiatz) ind impf aviái… ind pret aguèri…(niç auguèri… gas agoi…) subj impf aguèsse…(niç auguèsse… gas agoi…) futur du passé aguèra…(niç auguèra… gas agoi…) ind futur aurai… cond pres auriái… 338

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KATERN 12

LES APPLICATIONS

avent agut -uda (va agut -ua, niç augut -uda, auv lim agut -uda / ’gut ’guda) En auvergnat, le a- initial peut être précédé par un z- euphonique: z-ai, z-aja, z-aviá, z-aurai…

gérondif part passé

• BEURE (gas BÉVER) “boire” ind pres bevi… 3 beu subj pres bega…(niç beuga… va auv lim beva…) imper pos 2 beu 4 begam (niç beugam, va auv lim bevam) 5 bevètz ind impf beviái… ind pret beguèri…(niç beuguèri… gas begoi…) subj impf beguèsse… (niç beuguèsse… gas begosse…) futur du passé beguèra… (niç beuguèra… gas begora…) ind futur beurai… cond pres beuriái… gérondif bevent part passé begut -uda (niç beugut -uda, va begut -gua)

On conjugue selon ce modèle: embeure (gas embéver) “imbiber”, deure (gas déver) “devoir”. En lg. et en va., on trouve à l’infinitif deure et dever. À l’échelle du diasystème, il apparaît plus simple de choisir deure (gas. déver) pour le verbe et lo dever pour le nom (“le devoir”).

• CAIRE (va auv lim CHAIRE, gas CÀDER) “tomber, choir”

a) En gascon, ce verbe est régulier sauf aux temps suivants: ind futur 1 cairèi 2 -ràs 3 -rà 4 -ram 5 -ratz 6 -ràn cond pres 1 cairí 2 -rés 3 -ré 4 -rem 5 -retz 6 -rén b) Autres standards régionaux: ind pres 1 casi 2 cases 3 cai 4 casèm 5 casètz 6 cason (auv lim 1 chase 2 chases 3 chai 4 chasèm 5 chasètz 6 chason) (va 1 chaio 2 chaies 3 chai 4 chaièm 5 chaiètz 6 chaion) subj pres casa…(auv lim chasa… va chaia…) imper pos 2 cai 4 casam 5 casètz (auv lim 2 chai 4 chasam 5 chasètz) (va 2 chai 4 chaiam 5 chaiètz) ind impf casiái…(auv lim chasiá…) (va: 1 chaïo 2 chaiás 3 chaiá 4 chaiam 5 chaiatz 6 chaián) ind pret casèri…(auv lim chasèi… va chaièro…) subj impf casèsse…(auv lim chasèsse… va chaièsse…) futur du passé casèra… (auv lim chasèra… va chaièra…) ind futur cairai… (va auv lim chairai…) cond pres cairiái… (auv lim chairiá… va chairio…) gérondif casent (auv lim chasent, va chaient) part passé casut -uda (auv lim chasut -uda, va chaüt chaüta)

Synonymes réguliers: chairar (stt. auv.), tombar. On conjugue selon ce modèle: descaire (lim auv va deschaire, gas descàder) “déchoir”; escaire (lim auv va eschaire, gas escàder) “échoir, arriver, réussir”; recaire (lim auv va rechaire, gas recàder) “retomber”

• CALER (va auv lim CHALER) “falloir” ind pres cal (pro niç gas cau, va chal, auv lim chau) subj pres calga (pro niç cauga, va auv lim chalha, gas calha) ind pret calguèt (pro niç cauguèt, va chauguèc, auv lim chauguèt, gas caló) subj impf calguèsse (pro niç cauguèsse, va auv lim chauguèsse, gas calosse) futur du passé calguèra (pro niç cauguèra, va auv lim chauguèra, gas calora) ind futur caldrà (pro caudrà, niç caurà, va auv lim chaudrà/-á, gas calerà) 339

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QUATRIÈME PARTIE cond pres caldriá (pro caudriá, niç cauria, va auv lim chaudriá, gas caleré) gérondif calent (va auv lim chalent) part passé calgut (pro niç caugut, va chaugut, auv lim chaugut, gas calut) En cis., chaug- passe à chalg-.

On conjugue selon ce modèle: faler “falloir” (rare en lg.).

• CLAURE “clore, fermer” ind pres 1 clausi 2 clauses 3 clau 4 clausèm 5 clausètz 6 clauson subj pres clauga… (va auv lim clausa…) imper pos 2 clau 4 claugam 5 clausètz ind impf clausiái… ind pret clauguèri…(gas claugoi…) subj impf clauguèsse…(gas claugosse…) futur du passé clauguèra…(gas claugora…) ind futur claurai… cond pres clauriái… gérondif clausent part passé claus clausa Synonyme régulier: barrar. En gas., claure est un infinitif d’origine nord-gasconne (DicPal). On conjugue selon ce modèle: “déclore, ouvrir le bercail”; enfermer”; “reclure”. desclaure

enclaure

“enclore,

reclaure

“couvrir” B1 (régulier, sauf part. pass. cobèrt -a) ou B2 (irrégulier, ci-dessous). Le gascon n’utilise traditionnellement que le modèle B1. ind pres 1 cuèrbi 2 cuèrbes 3 cuèrb 4 cobrèm 5 cobrètz 6 cuèrbon (pro niç va lim gas cuerbi/-e/-o…) subj pres 1 cuèrba 2 cuèrbas 3 cuèrba 4 cobram 5 cobratz 6 cuèrban (pro niç va lim gas cuerba…) imper pos 2 cuèrb (pro niç cuerbe, va lim cuerb) 4 cobram 5 cobrètz part passé cobèrt -a Synonyme régulier: acatar (auv lim acatar/’catar). Signalons des formes secondaires mais répandues: en pro., niç. et va, cobr- peut passer à curb- et cobèrt -a à cubèrt -a; en lim., cuerb- peut passer à crueb-. On conjugue selon ce modèle: - descobrir “découvrir”, recobrir “recouvrir”. - dobrir/obrir (la forme obrir est stt. gas.) “ouvrir”, entredobrir/entreobrir “entrouvrir”, redobrir/reobrir “rouvrir”. Synonyme régulier: dobrir = badar (stt auv). • COBRIR

(gas CÒSER) “cuire” 1 còsi 2 còses 3 còi 4 cosèm 5 cosètz 6 còson (niç va 1 còii/còio 2 còies 3 còi 4 coièm 5 coiètz 6 còion) subj pres còga… (auv lim còsa… va còia…) imper pos 2 còi 4 cogam 5 cosètz (niç coiètz) (auv lim 2 còi 4 cosam 5 cosètz) (va 2 còi 4 coiam 5 coiètz) ind impf cosiái… (niç: 1 coïi 2 coïas 3 coïa 4 coiavam 5 coiavatz 6 coïan) (va: 1 coïo 2 coiás 3 coiá 4 coiam 5 coiatz 6 coián) ind pret coguèri…(gas cogoi…) subj impf coguèsse…(gas cogosse…) futur du passé coguèra… (gas cogora…) ind futur coirai… • CÒIRE

ind pres

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LES APPLICATIONS

coiriái… cosent (niç va coient) cuèch -a (pro niç va lim cuech -a, auv cuèit -a, gas cueit -a) Synonyme périphrastique: far còire (stt niç., gas. har còser). On conjugue selon ce modèle: - bescòire (gas bescòser) “cuire deux fois”, descòire (gas descòser) “corriger une cuisson trop forte”, escòire (gas escòser) “causer une douleur brûlante”, recòire (gas recòser) “recuire”. - nòire (gas nòser) “nuire”, sauf part. passé nogut. cond pres gérondif part passé



CONCLURE (gas CONCLÚSER) “conclure”

ind pres subj pres imper pos ind impf ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

1 conclusi 2 concluses 3 conclutz 4 conclusèm 5 conclusètz 6 concluson concluga (va auv lim conclusa…) 2 conclutz 4 conclugam (va auv lim conclusam) 5 conclusètz

conlusiái… concluguèri…(gas conclugoi…) concluguèsse…(gas conclugosse…) concluguèra…(gas conclugora…) conclurai… concluriái… conclusent conclús -usa On conjugue selon ce modèle: exclure (gas exclúser), inclure (gas inclúser).

• CONÉISSER/CONÓISSER (gas CONÉISHER) “connaître”.

1 coneissi 2 coneisses 3 coneis (niç -sse) 4 coneissèm 5 coneissètz 6 coneisson (gas coneishi…) subj pres conesca…(va auv lim coneissa…) imper pos 2 coneis 4 conescam 5 coneissètz (niç 2 coneisse 4 conescam 5 coneissètz) (gas 2 coneish 4 conescam 5 coneishètz) ind impf coneissiái…(gas coneishèvi…) ind pret coneguèri…(gas conegoi…) subj impf coneguèsse…(gas conegosse…) futur du passé coneguèra… (gas conegora…) ind futur coneisserai…(gas coneisherèi…) cond pres coneisseriái…(gas coneisherí…) gérondif coneissent (gas coneishent) part passé conegut -uda (va conegut -gua) Cone- peut passer à cono-. En niçois, cono- est plus usuel. En gascon, seul cone- existe. On conjugue selon ce modèle: desconéisser/desconóisser (gas desconéisher) “méconnaître”, mesconéisser/mesconóisser (mesconéisher) “méconnaître”, reconéisser/reconóisser (gas reconéisher) “reconnaître” - paréisser (gas paréisher) “paraître”, aparéisser (gas aparéisher) “aparaître”, comparéisser (gas comparéisher) “comparaître”, desparéisser/desaparéisser (gas desparéisher/desaparéisher) “disparaître”. ind pres

• CÓRRER “courir” ind pres imper pos ind pret subj impf futur du passé

1 corri 2 corres 3 cor (niç corre) 4 corrèm 5 corrètz 6 corron 2 cor (niç corre) 4 corram (gas corriam) 5 corrètz correguèri…(gas corregoi…) correguèsse…(gas corregosse…) correguèra…(gas corregora…)

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QUATRIÈME PARTIE part passé corregut -uda (va corregut -gua) On conjugue selon ce modèle: acórrer; concórrer; percórrer; recórrer; secórrer.

encórrer

;

escórrer

“échapper, s’écouler”;

(gas CRÉDER) “croire” 1 cresi 2 creses 3 crei/cretz 4 cresèm 5 cresètz 6 creson (gas: 1 credi 2 credes 3 cred 4 credèm 5 credètz 6 creden) (va: 1 creo 2 crees 3 crei 4 creèm 5 creètz 6 creon) subj pres crega…(auv lim cresa… va crea…) imper pos 2 crei/cretz 4 cregam 5 cresètz (gas 2 cred 4 cregam 5 credètz) (auv lim 2 crei/cretz 4 cresam 5 cresètz) (va 2 crei/cretz 4 cream 5 creètz) ind impf cresiái…(gas credèvi…) (va: 1 creïo 2 creiás 3 creiá 4 creiam 5 creiatz 6 creián) ind pret creguèri…(gas cregoi…) subj impf creguèsse…(gas cregosse…) futur du passé creguèra…(gas cregora…) ind futur creirai… cond pres creiriái… gérondif cresent (va: creent, gas credent) part passé cregut -uda (va cregut -gua) • CREIRE

ind pres

On conjugue selon ce modèle: descreire (gas descréder) “perdre la foi”; mescreire (gas mescréder) “mécroire, ne pas croire”; recreire (gas recréder) “lasser”.

• CRÉISSER (gas CRÉISHER) “croître”

ind pres

subj pres imper pos ind impf ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

1 creissi 2 creisses 3 creis (niç creisse) 4 creissèm 5 creissètz 6 creisson (gas creishi…) cresca (va auv lim creissa…) 2 creis (pro niç creisse) 4 crescam 5 creissètz (gas 2 creish 4 crescam 5 creishètz) (va auv lim 2 creis 4 creissam 5 creissètz) creissiái…(gas creishèvi…) cresquèri…(gas crescoi…) cresquèsse…(gas crescosse…) cresquèra… (gas crescora…) creisserai…(gas creisherèi…) creisseriái…(gas creisherí…) creissent (gas creishent) crescut -uda (va crescut -ua)

On conjugue selon ce modèle: - acréisser (gas acréisher) “accroître”, descréisser (gas descréisher) “décroître”, recréisser (gas recréisher) “repousser” - méisser (gas° méisher) “verser à boire” - nàisser (gas nàisher) “naître”, renàisser (gas renàisher) “renaître”. - pàisser (gas pàisher) “paître” - téisser (gas téisher) “tisser”

• DAR “donner”

ind pres subj pres imper pos ind impf ind pret

1 dau 2 das 3 da 4 dam 5 datz 6 dan 1 de 2 des 3 de 4 dem 5 detz 6 den 2 da 4 dem 5 datz davi… dèri…

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LES APPLICATIONS

dèsse… dèra… darai… dariái… dant dat dada (va dat daa) Ce verbe est resté usuel en gascon et dans une partie du provençal. Ailleurs, on utilise plus souvent le synonyme régulier donar.

subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

(gas DÍSER) “dire” 1 disi 2 dises 3 ditz 4 disèm 5 disètz 6 dison (niç 1 dii 2 dies 3 di 4 dièm 5 diètz 6 dion) subj pres diga…(va auv lim dija…) imper pos 2 diga 4 digam 5 digatz = 2 ditz 4 digam 5 disètz (niç 2 diga 4 digam 5 digatz = 2 di 4 digam 5 diètz) (va lim auv 2 dija 4 dijam 5 dijatz = 2 ditz 4 dijam 5 disètz) ind impf disiái… (niç 1 diïi 2 diïas 3 diïa 4 diavam 5 diavatz 6 diïan) ind pret diguèri…(gas digoi…) subj impf diguèsse…(gas digosse…) futur du passé diguèra…(gas digora…) ind futur dirai… cond pres diriái… gérondif disent (niç dient) part passé dich -a (auv gas dit -a) • DIRE

ind pres

On conjugue selon ce modèle: contradire (gas contradíser, pro niç va còntradire) “contredire”, desdire (gas desdíser) “dédire”, interdire (gas interdíser) “interdire”, predire (gas predíser) “prédire”, redire (gas redíser) “redire”, subredire (gas suberdíser, auv va niç sobredire) “surenchérir”. Dans ces composés, en niçois, remarquer l’accent graphique à la p3 de l’ind. présent: còntradí , desdí , interdí… L’adjectif inedit -a vient du lat. ineditus et non de dich. Il faut éviter l’hypercorrection inedich -a*.

• ESCRIURE (gas

ind pres subj pres imper pos ind impf ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

ESCRÍVER) “écrire” 1 escrivi 2 escrives 3 escriu 4 escrivèm 5 escrivètz 6 escrivon escriga… (niç escriuga… va lim auv escriva…) 2 escriu 4 escrigam (niç escriugam, va lim auv escrivam) 5 escrivètz escriviái… escriguèri… (niç escriuguèri… gas escrigoi…) escriguèsse… (niç escriuguèsse… gas escrigosse…) escriguèra…(niç escriuguèra… gas escrigora…) escriurai… escriuriái…

escrivent escrich -a (auv escrit -a, gas escriut -a) On conjugue selon ce modèle: circonscriure (gas circonscríver), descriure (gas descríver), inscriure (gas inscríver), prescriure (gas prescríver), proscriure (gas proscríver), rescriure (gas rescríver) “réécrire”, transcriure (gas transcríver). À partir du participe passé escrit -a, il existe les dérivés escritura “écriture”, escritòri “écritoire” et manuscrit -a “manuscrit -e”, qui sont panoccitans et référentiels (cf. DicAl). Les variantes construites à partir d’escrich (manuscrich -a) ou d’escriut (escriutòri) ne sont ni générales ni diasystématiques (par ex., on trouve en gas. escritòri et escriutòri, en niç. manuscrit et escrich). Les formes savantes avec -pt- comme escriptura, escriptòri sont anciennes (Levy 1909). 343

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QUATRIÈME PARTIE •

ESTAR1) “être” – Verbe auxiliaire 1 soi 2 sès/ès 3 es 4 sèm 5 sètz 6 son (pro niç 1 siáu 2 siás 3 es 4 siam 5 siatz 6 son) (va 1 sio 2 siás 3 es 4 siam 5 siatz 6 son) (auv lim 1 sei 2 sès 3 es 4 sèm 5 sètz 6 son) (gas 1 soi 2 ès 3 ei/es 4 èm 5 ètz 6 son) 1 siá 2 siás 3 siá 4 siam 5 siatz 6 sián (pro 1 siga 2 sigas 3 siga/siá 4 sigam 5 sigatz 6 sigan) (niç 1 siga 2 sigas 3 siga/sia 4 sigam 5 sigatz 6 sigan) (gas 1 sia 2 sias 3 sia 4 siam 5 siatz 6 sian) 2 siá 4 siam 5 siatz (gas 2 sias 4 siam 5 siatz) (pro 2 siga/siá 4 sigam 5 sigatz) (niç 2 siga/sia 4 sigam 5 sigatz) 1 èri (va èro, auv lim ère) 2 èras 3 èra 4 èrem 5 èretz 6 èran (pro 1 èri/-e 2 èras 3 èra 4 eriam 5 eriatz 6 èran) (niç 1 èri 2 èras 3 èra 4 eravam 5 eravatz 6 èran) (gas 1 èri 2 èras 3 èra 4 èram 5 èratz 6 èran) foguèri …(gas estoi…) foguèsse … (gas estosse…) foguèra … (gas estora…) serai… seriái…

ÈSSER/ÈSTRE (gas

ind pres

subj pres

imper pos ind impf

ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

essent/estant estat -ada (va estat -aa) En auvergnat, les consonnes euphoniques sont possibles à l’infinitif, (l-)èsser/(l-)èstre, à la p3 de l’ind. présent, (z-)es, et à l’indicatif imparfait, (z-)ère… Formes secondaires: la racine fogu- peu passer à fugu- (stt lim auv pro).



) ESTAR2 “ester, demeurer” (distinct du gascon 1 estau 2 estàs 3 està (auv lim está) 4 estam 5 estatz 6 estàn (auv lim están) 1 èste 2 èstes 3 èste 4 estem 5 estetz 6 èsten 2 està (auv lim está) 4 estem 5 estatz estavi… estèri…(gas estèi…) estèsse…(gas estèsse…) estèra… (gas estèra…) estarai… estariái… estant estat estada (va estat -aa)

ind pres subj pres imper pos ind impf ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

estar1

• FAR/FAIRE (gas HAR) “faire” ind pres 1 fau 2 fas 3 fa (/fai, stt va auv lim) 4 fasèm (niç fèm) 5 fasètz (niç fètz) 6 fan (gas 1 hèi 2 hès 3 hè 4 hèm 5 hètz 6 hèn) subj pres faga…(va auv lim faja…) (gas hàcia…) imper pos 2 fai 4 fagam 5 fasètz (niç fètz) (va auv lim 2 fai 4 fajam 5 fasètz) (gas 2 hè 4 haciam 5 hètz) ind impf fasiái…(gas hasèvi…) (niç 1 faïi 2 faïas 3 faïa 4 faiavam 5 faiavatz 6 faïan) ind pret faguèri…(gas hasoi…) subj impf faguèsse…(gas hasosse…) futur du passé faguèra…(gas hasora…) 344

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farai… (gas harèi…) fariái…(gas harí…) gérondif fasent (niç fent, gas hant) part passé fach -a (auv fait -a, gas hèit -a) Forme secondaire: au subj. pres. et à l’imper. pos., faga/faja… peut devenir faça (gas hàcia)… On conjugue selon ce modèle: contrafar/contrafaire (gas contrahar, pro niç va còntrafar/còntrafaire), desfar/desfaire (gas des·har) “défaire”, refar/refaire (gas rehar). Dans ces composés, remarquer l’accent graphique à l’ind. présent: 2 refàs 3 refà/refai 6 refàn (auv lim 2 refàs 3 refá/refai 6 refán). ind futur

cond pres

/ (gas HUGIR/HÚGER) “fuir” - B1 ou C. Le modèle B1 fugir (hugir) est régulier. Le modèle C fúger (húger) s’utilise surtout en gascon; il est régulier sauf ind. pres. p3 fug (niç fuge, gas hui) et imper. pos. p2 fug (pro niç fuge, gas hui). Certains auteurs présentent un modèle B2 dont les formes sont recouvertes en fait par B1 et C. On conjugue de même: refugir/refúger (gas rehugir/rehúger) “éviter en s’écartant”, defugir/defúger (gas° dehugir/dehúger) “éviter” (les formes gasconnes dehugir°/dehúger° seraient diasystématiques mais doivent être vérifiées: le DicPal atteste uniquement des·huéger ‹deshoeje›).

• FUGIR FÚGER

/ (pro niç va lim gas LEGIR/LIÉGER) “lire” Ce verbe peut suivre: - soit le modèle B1, entièrement régulier: legir, legissi… - soit le modèle C avec alternance vocalique iè/e: lièger, liègi…(ie/e: liéger, liegi) La seule irrégularité est la p3 de l’indicatif présent (liège/liege/liei). On notera aussi l’alternance orthographique g/j. Voici les particularités du modèle C: ind pres 1 liègi 2 lièges 3 liège 4 legèm 5 legètz 6 lièjon (pro niç va lim 1 liegi/-ge/-jo 2 lieges 3 liege 4 legèm 5 legètz 6 liejon) (gas 1 liegi 2 lieges 3 liei 4 legèm 5 legètz 6 liegen) subj pres 1 lièja 2 lièjas 3 lièja 4 lejam 5 lejatz 6 lièjan (pro niç va lim 1 lieja 2 liejas 3 lieja 4 lejam 5 lejatz 6 liejan; gas 1 liégia...) imper pos 2 liège 4 lejam 5 legètz (pro niç va lim 2 liege 4 lejam 5 legètz) (gas 2 liei 4 lejam 5 legètz) Le modèle C est surtout usuel en gascon et en niçois, en concurrence avec B1. Certains auteurs présentent un modèle B2, il est recouvert en fait par les modèles B1 et C. On conjugue selon ce modèle: elegir/elièger (niç pro va lim gas elegir/eliéger) “élire”, relegir/relièger (niç pro va lim gas relegir/reliéger) “relire”. Forme secondaire gasconne: léger, sans alternance vocalique: legi, leges, lei, legèm… Forme secondaire cisalpine: lèser, modèle C, régulier, avec alternance è/e.

• LEGIR LIÈGER

(stt lg) “moissonner” – Régulier sauf ind. pres. p3 mèt (niç mède), imper. pos. p2 mèt (pro niç mède), part. passé medut -uda / mèis -ssa (va medut -ua / mèis -ssa). Ce verbe a bien un è ouvert à la tonique (Levy 1909, DicAl; trait oublié dans GramAl).

• MÈDRE

MENTAURE (gas MENTÀVER) “mentionner” (rare) - Ce verbe se conjugue probablement avec une base générale mentavi (-e/-o)… Sa seule irrégularité est la p3 de l’ind. pres.: mentau. Le part. passé est régulier: mentavut -uda (plutôt que mentagut -uda).



• METRE (gas MÉTER) - Presque régulier, sauf le part. passé mes mesa. On conjugue de même:

admetre (gas adméter), demetre (gas deméter), permetre (gas perméter), prometre (gas prométer), remetre (gas reméter), sometre (gas sométer). Noter l’accent graphique dans les composés: permés -esa.

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QUATRIÈME PARTIE • MÓLZER (auv lim pro niç va gas° MÓUSER) = MÓLHER (stt gas). “traire” – Mólher est régulier. Mólzer (móuser) est régulier, sauf ind. pres. p3 mols (auv lim pro va gas mous, niç. mouse), impératif positif p2 mols (auv lim va gas mous, pro niç mouse). Le cisalpin dit mólzer, mols (var. mónzer, mons).

• MORIR - Presque régulier, sauf part. passé mòrt -a. Modèle B1 ou B2. Le type B2 connaît l’alternance vocalique o/ò.

• MÒURE (gas MÀVER) “mouvoir”

1 mòvi 2 mòves 3 mòu 4 movèm 5 movètz 6 mòvon (gas 1 mavi 2 maves 3 mau 4 mavèm 5 mavètz 6 maven) subj pres 1 mòga 2 mògas 3 mòga 4 mogam 5 mogatz 6 mògan (va auv lim 1 mòva 2 mòvas 3 mòva 4 movam 5 movatz 6 mòvan) (gas màvia…) imper pos 2 mòu 4 mogam (va auv lim movam) 5 movètz (gas 2 mau 4 maviam 5 mavètz) ind impf moviái…(gas mavèvi…) ind pret moguèri…(gas mavoi…) subj impf moguèsse…(gas mavosse…) futur du passé moguèra…(gas mavora…) ind futur mourai…(gas maurèi…) cond pres mouriái…(gas maurí…) gérondif movent (gas mavent) part passé mogut -uda (va mogut -gua, gas mavut -uda) Synonymes réguliers: bolegar, botjar. On conjugue selon ce modèle: - amòure (gas amàver) “mettre en mouvement”; esmòure (gas esmàver) “émouvoir”; promòure (gas promàver) “promouvoir”; remòure (gas remàver) “mouvoir de nouveau, déplacer, retirer” - plòure (gas plàver) “pleuvoir”, ne se conjugue qu’à la p3. ind pres

• PÀRER (archaïque sauf dans quelques expressions figées) “paraître”. Voici les temps

irréguliers. Subj. pres. parega… (lim auv va para…) — Ind. pret. pareguèri…(gas paregoi…) — Subj. impf. pareguèsse…(gas paregosse…) — Futur du passé pareguèra…(gas paregora…) — Part. passé paregut -uda (va paregut paregua).

• PENEDRE, SE (niç° SI PENEDRE, gas° PENEDRE’S) “se repentir” – Régulier, sauf ind. pres. p3 se penet (niç si penede); imper. pos. p2 penet-te (pro penede-te, niç penede-ti). Ce verbe a bien un e tonique fermé (Levy 1909, DicAl, GramAl).

• PLAIRE (gas PLÀSER) “plaire”

ind pres subj pres imper pos ind impf ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

1 plasi 2 plases 3 plai/platz 4 plasèm 5 plasètz 6 plason plaga…(va auv lim plasa…) 2 plai/platz 4 plagam (va auv lim plasam…) 5 plasètz plasiái… plaguèri…(gas plagoi…) plaguèsse…(gas plagosse…) plaguèra… (gas plagora…) plairai… plairiái… plasent plagut -uda (va plagut -gua)

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LES APPLICATIONS

Synonyme régulier: agradar. On conjugue selon ce modèle: - complaire (gas complàser), desplaire (gas desplàser) “déplaire”. - jaire (gas jàser) “gésir, être couché”

• PLÀNHER “plaindre”

1 planhi 2 planhes 3 planh (niç planhe) 4 planhèm 5 planhètz 6 planhon planga…(va auv lim planha…) 2 planh (pro niç planhe) 4 plangam 5 planhètz planhiái… planguèri…(gas plangoi…) planguèsse…(gas plangosse…) planguèra…(gas plangora…) planherai… planheriái… planhent plangut -uda (va plangut -gua) / planch -a (auv gas plant -a) On conjugue selon ce modèle tous les verbes en ‘-nher: - complànher “complaindre” - pénher “peindre” (part. passé gas auv pengut -uda / pint -a) - cénher “ceindre” (part. passé gas auv cengut -uda / cint -a) - crénher “craindre”. Forme secondaire: crànher (stt gas auv lim) - empénher/espénher “pousser, attiser” - emprénher “empreindre” - enfrànher “enfreindre” - fénher “feindre” (part. passé gas auv fengut -uda / fint -a) - ónher “oindre” (part. passé gas auv ongut -uda / unt -a) - astrénher “astreindre”, constrénher “contraindre”, destrénher “pressurer”, estrénher “étreindre”, restrénher “restreindre”. - jónher (part. passé gas auv jongut -uda / junt -a) “joindre”. De même: rejónher “rejoindre, ranger”; ajónher “adjoindre”; conjónher “conjoindre”; desjónher “dételer”. - pónher “piquer” (part. passé gas auv pongut -uda / punt -a). De même: entrepónher “entrelarder”, espónher “piquer (faire mal)”. - tànher “toucher”, atànher “appartenir”, destànher “disconvenir”, pertànher “appartenir”. - ténher “teindre” (part. passé: tench -a, gas auv tint -a). De même: desténher “déteindre”, reténher “reteindre”. ind pres

subj pres imper pos ind impf ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

• PODER (va POER) “pouvoir” ind pres

subj pres imper pos ind impf ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres

1 pòdi 2 pòdes/pòs 3 pòt (pro niç pòt/pòu) 4 podèm 5 podètz 6 pòdon (va 1 pòo 2 pòes/pòs 3 pòt 4 poèm 5 poètz 6 pòon) (gas 1 pòdi/poish 2 pòdes/pòts 3 pòt 4 podèm 5 podètz 6 pòden) 1 pòsca 2 pòscas 3 pòsca 4 poscam 5 poscatz 6 pòscan (va auv lim 1 pòscha 2 pòschas 3 pòscha 4 poscham 5 poschatz 6 pòschan) 2 pòsca 4 poscam 5 poscatz (va auv lim 2 pòscha 4 poscham 5 poschatz) podiái… (va 1 poïo 2 poiás 3 poiá 4 poiam 5 poiatz 6 poián) poguèri…(gas pogoi…) poguèsse…(gas pogosse…) poguèra…(gas pogora…) poirai…(niç poirai/porrai…) poiriái… (niç poirii/porrii…)

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QUATRIÈME PARTIE

podent (va poent) pogut -uda (va pogut -gua) Formes secondaires au subj. présent et à l’impératif: auv lim puèscha…, gas posca… gérondif part passé •

PRENE “prendre”

1 preni 2 prenes 3 pren 4 prenèm 5 prenètz 6 prenon prenga…(va auv lim prenha…) 2 pren 4 prengam (va auv lim prenham) 5 prenètz preniái… prenguèri…(gas prengoi…) prenguèsse…(gas prengosse…) prenguèra…(gas prengora…) prendrai…(gas prenerèi…) prendriái…(gas prenerí…) prenent pres presa [composés: comprés compresa, entreprés entrepresa…] Synonymes réguliers, très usuels en niçois: prene → pilhar; aprene → emparar; comprene → capir (B1). On conjugue selon ce modèle: aprene, comprene, desaprene, entreprene, reprene, susprene “surprendre”. Pour l’unité graphique, il est préférable d’écrire prene en gascon et en limousin, plutôt que préner. ind pres subj pres imper pos ind impf ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

PRUSIR (stt lg gas lim pro) “démanger” – B1 ou B2. Le type B1 est régulier. Le type B2 est régulier sauf ind. pres. p3 prutz et imper. pos. p2 prutz.



• PUDIR “puer” – Type B1 ou B2. B1 est régulier. B2 est régulier sauf ind. pres. p3 put (niç

pude), imper. pos. p2 put (pro niç pude).

• QUÈRRE “quérir, chercher”

1 quièri 2 quières 3 quièr 4 querèm 5 querètz 6 quièron (pro niç va lim gas 1 quieri/-e/-o…) subj pres 1 quièra 2 quièras 3 quièra 4 queram 5 queratz 6 quièran (pro niç va lim 1 quiera… gas 1 quiéria) imper pos 2 quièr (va lim gas quier, pro niç quiere) 4 queram 5 querètz ind impf queriái… ind pret quereguèri…(gas queregoi…) subj impf quereguèsse…(gas queregosse…) futur du passé quereguèra…(gas queregora…) ind futur querrai… cond pres querriái… gérondif querent part passé queregut -uda / querit -ida (va queregut -gua / querit -ia) Quèrre tend à ne s’employer qu’à l’infinitif. Il remplace en général cercar (lim. auv. va. cerchar) “chercher” dans les expressions anar quèrre “aller chercher”, mandar quèrre “envoyer chercher”, venir quèrre (gas viéner quèrre) “venir chercher”: seuls anar, mandar et venir s’y conjuguent, quèrre reste à l’infinitif. En gascon, Palay indique que quèrre est encore vivant dans le Gers et que ce verbe était autrefois usuel en Béarn et en Bigorre, où il est remplacé aujourd’hui par cuélher “~cueillir” (DicPal: art. ‹quèrre›). La langue standard peut utiliser les deux types de recours: anar quèrre / anar cuèlher (gas lim va niç pro anar quèrre / anar cuélher), etc. (pour les formes de cuèlher, cf. § ind pres

XIII .27).

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LES APPLICATIONS • RECEBRE (gas RECÉBER/ARRECÉBER) “recevoir” ind pres 1 recebi 2 recebes 3 recep/receu 4 recebèm 5 recebètz 6 recebon subj pres 1 recépia 2 recépias 3 recépia 4 recepiam 5 recepiatz 6 recépian imper pos 2 recep/receu 4 recepiam 5 recebètz ind impf recebiái… ind pret recebèri…(gas receboi…) subj impf recebèsse…(gas recebosse…) futur du passé recebèra…(gas recebora…) ind futur recebrai…(gas receberèi…) cond pres recebriái…(gas receberí…) gérondif recebent part passé recebut -uda (va recebut -ua) En gascon, receb- peut passer à arreceb-.

On conjugue selon ce modèle: concéber) “concevoir”, “percevoir”.

(gas apercéber) “apercevoir”, concebre (gas (gas decéber) “décevoir”, percebre (gas percéber)

apercebre

decebre

(pro va auv lim RESÒUVER) “résoudre” 1 resòlvi 2 resòlves 3 resòlv [lg rre zOl] (niç -lve) 4 resolvèm 5 resolvètz 6 resòlvon (pro va auv lim 1 resòuvi/-e/-o 2 resòuves 3 resòuv 4 resouvèm 5 resouvètz 6 resòuvon) subj pres 1 resòlga 2 resòlgas 3 resòlga 4 resolgam 5 resolgatz 6 resòlgan (pro resòuga…) (va auv lim resòuva…) imper pos 2 resòlv (niç -lve) 4 resolgam 5 resolvètz (pro 2 resòuve 4 resougam 5 resouvètz) (va auv lim 2 resòuv 4 resouvam 5 resouvètz) ind impf resolviái… (pro va auv lim resouviáu/-io/-iá…) ind pret resolguèri…(pro va auv lim resouguèri/-guèro /-guèi… gas resolgoi…) subj impf resolguèsse…(pro va auv lim resouguèsse… gas resolgosse…) futur du passé resolguèra… (pro va auv lim resouguèra… gas resolgora…) ind futur resolverai…(pro va auv lim resouverai…) cond pres resolveriái… (pro va auv lim resouveriáu/-rio/-riá…) gérondif resolvent (pro va auv lim resouvent) part passé resolgut -uda (pro va auv lim resougut -guda, va resougut -gua) / resòut -a On conjugue selon ce modèle: absòlver (absòuver) “aboudre”, dissòlver (dissòuver) “dissoudre”, sòlver (sòuver) (archaïque) “délier”. L’histoire de ce modèle est difficile à expliquer car l devant consonne se maintient en gascon et en niçois, là où on s’attendrait à trouver -u-: resòlvi… (cependant le niçois a u dans le participe passé resòut). Ce maintien de l vient peut-être d’une influence du latin solvere. • RESÒLVER

ind pres

"

(gas ARRÍDER) “rire” 1 risi 2 rises 3 ritz 4 risèm 5 risètz 6 rison (niç va 1 rii/rio 2 ries 3 ri 4 rièm 5 riètz 6 rion) (gas 1 arridi 2 arrides 3 arrid 4 arridèm 5 arridètz 6 arriden) subj pres riga… (auv lim risa… va ria… gas arriga…) imper pos 2 ritz 4 rigam (auv lim risam) 5 risètz (niç 2 ri 4 rigam 5 riètz) (va 2 ri 4 riam 5 riètz) (gas 2 arrid 4 arrigam 5 arridètz) ind impf risiái…(gas arridèvi…) (niç 1 riïi 2 riïas 3 riïa 4 riavam 5 riavatz 6 riïan) (va 1 riïo 2 riiás 3 riiá 4 riiam 5 riiatz 6 riián) ind pret riguèri…(gas arrigoi…) subj impf riguèsse…(gas arrigosse…) futur du passé riguèra…(gas arrigora…) ind futur rirai…(gas arriderèi…) • RIRE

ind pres

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QUATRIÈME PARTIE

ririái…(gas arriderí…) risent (niç va rient, gas arrident) rigut / ris (gas arrigut / arrís) On conjugue selon ce modèle: sorire (gas soríder) “sourire”. cond pres gérondif part passé

• SABER/SAUPRE (auv lim SABER/SAUBRE, gas SABER) “savoir” ind pres 1 sabi (-e/-o)/sai 2 sabes/sas 3 sap [auv sO] (pro niç sap/saup) 4 sabèm 5 sabètz 6 sabon (gas 1 sabi/sèi 2 sabes/saps 3 sap 4 sabèm 5 sabètz 6 saben) subj pres 1 sàpia 2 sàpias 3 sàpia 4 sapiam 5 sapiatz 6 sàpian = 1 sacha 2 sachas 3 sacha 4 sacham 5 sachatz 6 sachan imper pos 2 sàpia 4 sapiam 5 sapiatz = 2 sacha 4 sacham 5 sachatz ind impf sabiái… ind pret saupèri…(auv lim saubèi… gas saboi…) subj impf saupèsse…(auv lim saubèsse… gas sabosse…) futur du passé saupèra…(auv lim saubèra… gas sabora…) ind futur sauprai…(auv lim saubrai… gas saberèi…) cond pres saupriái…(auv lim saubriá… gas saberí…) gérondif sabent part passé sauput -uda (va sauput -ua, auv lim saubut -uda, gas sabut -uda) Orthographe secondaire: la racine sach- peut s’écrire sapch- en limousin (p est muet). On conjugue selon ce modèle: / (lim auv / va / gas ) “être contenu” "

caber caupre

chaber chaubre,

chaber chaupre,

caber

• SECODRE “secouer” - Presque régulier avec deux participes passés: secodut -uda (va secodut -ua) ou secós secossa. — Synonyme régulier: secodir (B1). • SÈGRE (gas SÈGUER) “suivre” - Régulier, sauf ind. prés. p3 sèc (niç sègue), imper. pos. p2 sèc (pro niç sègue). Alternance vocalique è/e. Synonyme entièrement régulier: seguir (B1). On conjugue de même: (a)consègre (gas (a)consèguer) = (a)conseguir “poursuivre, atteindre, parvenir, accompagner”; persègre (gas persèguer) = perseguir “poursuivre”; ressègre (gas ressèguer) = resseguir “suivre de nouveau, repasser un travail”.

(gas SÈDER) “asseoir” 1 sèsi 2 sèses 3 sèi 4 sesèm 5 sesètz 6 sèson (gas 1 sèdi 2 sèdes 3 sèd 4 sedèm 5 sedètz 6 sèden) subj pres 1 sèga 2 sègas 3 sèga 4 segam 5 segatz 6 sègan (va auv lim 1 sèsa 2 sèsas 3 sèsa 4 sesam 5 sesatz 6 sèsan) imper pos 2 sèi 4 segam (va auv lim sesam) 5 sesètz (gas 2 sèd 4 segam 5 sedètz) ind impf sesiái…(gas sedèvi…) ind pret seguèri…(gas segoi…) subj impf seguèsse…(gas segosse…) futur du passé seguèra…(gas segora…) ind futur seirai… cond pres seiriái… gérondif sesent (gas sedent) part passé segut -uda (va segut -gua) / sèit -a Synonyme régulier: assetar (alternance è/e). • SÈIRE

ind pres

On conjugue selon ce modèle: - assèire (gas assèder) “asseoir”, “surseoir”.

subresèire

(gas

subersèder,

auv va niç

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sobresèire

)

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LES APPLICATIONS

- fòire (gas hòder) “fouir”, sauf part. passé fòs fòssa / fogut -uda (gas hòs hòssa / hogut -uda, va fòs fòssa / fogut -gua). Le part. passé féminin fòssa prend deux ss (TDF: art. ‹fouire›) et non un s (GramAl). • SEMONDRE

-a

“proposer” (stt pro) - Régulier sauf part. passé semondut -uda (va -ut -ua) / semost

“souffrir” - B1 (régulier, sauf part. passé sofèrt -a) ou B2 (ci-dessous) 1 sòfri 2 sòfres 3 sòfre 4 sofrèm 5 sofrètz 6 sòfron 1 sòfra 2 sòfras 3 sòfra 4 sofram 5 sofratz 6 sòfran (gas 1 sòfria 2 sòfrias 3 sòfria 4 sofriam 5 sofriatz 6 sòfrian) imper pos 2 sòfre 4 sofram (gas sofriam) 5 sofrètz part passé sofèrt -a On conjugue selon ce modèle: ofrir “offrir” (mais le gascon auherir n’accepte que le modèle B1 et est régulier, excepté le participe passé auhèrt -a) Les variantes sans alternance vocalique (sofri…) ne coïncident pas avec la régularité évolutive et sont peut-être influencées par le français je souffre. • SOFRIR

ind pres subj pres

(gas SUFÍSER) “suffire” 1 sufisi 2 sufises 3 sufís (niç sufise) 4 sufisèm 5 sufisètz 6 sufison 1 sufiga 2 -as 3 -a 4 -am 5 -atz 6 -an (va auv lim sufiga…) imper pos 2 sufís (pro niç sufise) 4 sufigam (va auv lim sufisam) 5 sufisètz ind impf sufisiái… ind pret sufiguèri…(gas sufigoi…) subj impf sufiguèsse…(gas sufigosse…) futur du passé sufiguèra…(gas sufigora…) ind futur sufirai… cond pres sufiriái… gérondif sufisent part passé sufit • SUFIRE

ind pres subj pres

Synonyme régulier: bastar. On conjugue selon ce modèle: aucir/aucire (gas aucir/aucíder) (archaïque) “occire” - Se sauf part. passé aucís -isa / aucit -ida (va. aucís -isa / aucit -ia). En conjugue presque comme gascon, se conjugue comme sufíser mais le radical de type sufis- est remplacé par aucid-: ind. pres. aucidi, aucides, aucid… imper. pos. aucid… ind. impf. aucidèvi… gérondif aucident, part. passé aucís SUFIRE

-isa / aucit -ida.

• TAIRE (gas TÀSER) – Radical tas-: tasi… Presque régulier sauf: ind. pres. p3 tai, imper. pos. p2 tai. Souvent remplacé par les formes régulières taisar, quesar. Contrairement à ce que dit Alibèrt (GramAl: 189), la forme taisar n’est pas un francisme et est même très classique (Levy 1909).

• TÉNER/TENIR (gas TIÉNER) “tenir, avoir” teni…(gas tieni…) tenga… (va auv lim tenha…) 2 ten/tè 4 tengam 5 tenètz = 2 tenga 4 tengam 5 tengatz (va auv lim 2 ten/tè 4 tenham 5 tenètz = 2 tenha 4 tenham 5 tenhatz) (gas 2 tien/tè 4 tengam 5 tienètz = 2 tenga 4 tengam 5 tengatz) ind impf teniái…(gas tienèvi…) ind pret tenguèri…(gas tengoi…) subj impf tenguèsse…(gas tengosse…)

ind pres subj pres imper pos

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QUATRIÈME PARTIE

tenguèra…(gas tengora…) tendrai…(gas tienerèi…) cond pres tendriái…(gas tienerí…) gérondif tenent (gas tienent) part passé tengut -uda (va tengut -gua) On conjugue selon ce modèle: - absténer/abstenir (gas abstiéner) “abstenir”, aperténer/apertenir (gas apertiéner) “appartenir”, conténer/contenir (gas contiéner) “contenir”, deténer/detenir (gas detiéner) “détenir”, manténer/mantenir (gas mantiéner) “maintenir”, reténer/retenir (gas retiéner) “retenir”. - venir (gas viéner) “venir, devenir”, sauf la p2 de l’impératif positif, qui connaît des formes très variées mais usuelles et inévitables dans le standard: ven (gas vien) / vèni (stt lg) / vène / venga (va auv lim venha) / vaque (stt lim) / ça-i [ saj] (stt gas). De même: convenir (gas conviéner), devenir (gas deviéner), pervenir (gas perviéner), revenir (gas reviéner), subrevenir (gas suberviéner, auv va niç sobrevenir) “survenir”; dans ces dérivés, il n’y a pas les impératifs de type vaque et ça-i. futur du passé ind futur

"

“tordre” - Ce verbe est régulier, sauf au participe passé torçut -uda (va -ut -ua) / tòrs -a On notera l’alternance vocalique o/ò et l’alternance orthographique c~ç: tòrci (-ce, -ço), tòrces, tòrç… tòrça… On conjugue de même: destòrcer “détordre”, retòrcer “retordre”. • TÒRCER

/ tòrt -a.

• TRAIRE (gas TRÉGER) “tirer, jeter” 1 trasi 2 trases 3 trai 4 trasèm 5 trasètz 6 trason (niç va 1 traii/traio 2 traies 3 trai 4 traièm 5 traiètz 6 traion) (gas 1 tregi 2 treges 3 trei 4 tregèm 5 tregètz 6 tregen) subj pres traga… (auv lim trasa… va traia… gas trega…) imper pos 2 trai 4 tragam (auv lim trasam, va traiam) 5 trasètz (niç va traiètz) (gas 2 trei 4 tregam 5 tregètz) ind impf trasiái… (gas tregèvi…) (niç 1 traïi 2 traïas 3 traïa 4 traiavam 5 traiavatz 6 traïan) (va 1 traïo 2 traiás 3 traiá 4 traiam 5 traiatz 6 traián) ind pret traguèri… (gas tregoi…) subj impf traguèsse… (gas tregosse…) futur du passé traguèra…(gas tregora…) ind futur trairai… (gas tregerèi…) cond pres trairiái… (gas tregerí…) gérondif trasent (niç va traient, gas tregent) part passé trach -a (auv trait -a, gas trèit -a) On conjugue selon ce modèle: abstraire (gas abstréger), distraire (gas distréger), extraire (gas extréger), rabastraire (gas rabastréger) “faire du bruit”, retraire (gas retréger) “retracer”, sostraire (gas sostréger) “soustraire”. ind pres

• VEIRE (gas ind pres

subj pres imper pos ind impf

) “voir” 1 vesi 2 veses 3 vei 4 vesèm 5 vesètz 6 veson (niç va 1 veï/veo 2 vees 3 ve 4 veèm 5 veètz 6 veon) (gas 1 vedi 2 vedes 3 ved 4 vedèm 5 vedètz 6 veden)

VÉDER

veja… 2 veja 4 vejam 5 vejatz = 2 vei/ve (gas ved) 4 vejam 5 vesètz (niç veètz, gas vedètz) vesiái…(gas vedèvi) (niç 1 veïi 2 veïas 3 veïa 4 veiavam 5 veiavatz 6 veïan) (va 1 veïo 2 veiás 3 veiá 4 veiam 5 veiatz 6 veián)

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LES APPLICATIONS

vegèri…(gas vedoi…) vegèsse…(gas vedosse…) vegèra…(gas vedora…) veirai… veiriái… vesent (niç va veent, gas vedent) vist -a (lim vist visda) Forme secondaire: la racine vej- (veja, vegèri, vegèsse, vegèra) peut passer à veg- (vega, veguèri, veguèsse, ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

veguèra)…

On conjugue selon ce modèle: entreveire (gas entrevéder) “entrevoir”, preveire (gas prevéder) “prévoir”, reveire (gas revéder) “revoir”. “vaincre” 1 venci (-ce, -ço) 2 vences 3 venç (niç vence) 4 vencèm 5 vencètz 6 vençon venca… 2 venç (pro niç vence) 4 vencam 5 vencètz venciái… venquèri…(gas vencoi…) venquèsse…(gas vencosse…) venquèra…(gas vencora…) vencerai… venceriái… vencent vencut -uda (va vencut -ua) On conjugue selon ce modèle: convéncer “convaincre”. On adopte les deux radicaux venç- et venc-, conformes à LVO et à la langue classique (Romieu & Bianchi 2002: 98) et plus ou moins bien maintenus dans les parlers.

• VÉNCER

ind pres subj pres imper pos ind impf ind pret subj impf futur du passé ind futur cond pres gérondif part passé

• VESTIR “vêtir” - B1 ou B2. B1 est régulier. B2 connaît l’alternance è/e et est régulier, sauf ind. pres. p3: vèste. Il existe aussi une forme secondaire de type B2, avec l’alternance iè/e (ie/e) (stt pro niç). On conjugue de même: desvestir “dévêtir”, revestir “revêtir”.

(gas VÍVER) “vivre” ind pres 1 vivi 2 vives 3 viu 4 vivèm 5 vivètz 6 vivon subj pres visca…(va auv lim vischa…) imper pos 2 viu 4 viscam (va auv lim vischam) 5 vivètz ind impf viviái… ind pret visquèri…(gas viscoi…) subj impf visquèsse…(gas viscosse…) futur du passé visquèra…(gas viscora…) ind futur viurai… cond pres viuriái… gérondif vivent part passé viscut -uda (va viscut -ua) Forme secondaire: en niçois, visc- (visca, visquèri, visquèsse, visquèra, viscut) viuguèri, viuguèsse, viuguèra, viugut)… • VIURE

peut passer à viug- (viuga,

Synonyme régulier: viscar (stt. auv.). On conjugue selon ce modèle: reviure (gas revíver) “revivre”, subreviure (gas subervíver, auv va niç sobreviure) “survivre”.

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QUATRIÈME PARTIE

“vouloir” 1 vòli (-e) 2 vòles/vòs 3 vòl (pro niç auv lim vòu) 4 volèm 5 volètz 6 vòlon (va 1 vòlo/vuelh 2 vòles/vòs 3 vòl 4 volèm 5 volètz 6 vòlon) (gas 1 vòli/vòi 2 vòles/vòs 3 vòu 4 volèm 5 volètz 6 vòlen) subj pres 1 vòlga 2 vòlgas 3 vòlga 4 volgam 5 volgatz 6 vòlgan (pro vòuga 2 vòugas 3 vòuga 4 vougam 5 vougatz 6 vòugan) (niç 1 vòrga 2 vòrgas 3 vòrga 4 vorgam 5 vorgatz 6 vòrgan) (va auv lim gas 1 vòlha 2 vòlhas 3 vòlha 4 volham 5 volhatz 6 vòlhan) imper pos 2 vòlga 4 volgam 5 volgatz (pro 2 vòuga 4 vougam 5 vougatz) (niç 2 vòrga 4 vorgam 5 vorgatz) (va auv lim gas 2 vòlha 4 volham 5 volhatz) ind impf voliái… ind pret volguèri…(pro va auv lim vouguèri/-o/-e… niç vorguèri… gas voloi…) subj impf volguèsse…(pro va auv lim vouguèsse… niç vorguèsse… gas volosse…) futur du passé volguèra…(pro va auv lim vouguèra… niç vorguèra… gas volora…) ind futur voldrai…(pro va auv lim voudrai… niç vorrai… gas volerèi) cond pres voldriái…(pro va auv lim voudriáu/-rio/-riá… niç vorrii… gas volerí) gérondif volent part passé volgut -uda (pro auv lim vougut -uda, va vougut -gua, niç vorgut -uda, gas volut -uda) Formes secondaires au subj. présent et à l’impératif: auv lim vuèlha…, gas volha… On conjugue selon ce modèle: - valer “valoir”, equivaler “équivaloir”, prevaler “prévaloir”. Sans alternance vocalique. - còler “fêter, célébrer”. - dòler “faire mal”. - mòler “moudre” - nòler/òler “sentir bon”. - soler + inf (archaïque) “avoir l’habitude de” - tòler (archaïque) “ôter”. Part. passé tòut -a. Avec l’accord de P. Sauzet et J. Ubaud, les formes languedociennes de LVO en -lrvolriái…) sont remplacés par -ldr- (voldrai, voldriái…) selon l’usage majoritaire. •

VOLER

ind pres

(volrai,

XIII.27 Précisions diverses sur quelques verbes

(gas BORIR) = BULHIR (stt niç va lim) “bouillir” - Dans les variétés référentielles, ce verbe est régulier, de modèle B1 ou B2 (sans alternance u/ue). CULHIR/CUÈLHER (pro niç va lim gas CULHIR/CUÉLHER) “cueillir” - Verbe régulier. Il se conjugue selon lo modèle B1 (culhir, culhissi…) ou selon le modèle C. Dans le modèle C, il y a l’alternance vocalique u/uè: cuèlher, cuèlhi, culhèm (u/ue: cuélher, cuelhi, culhèm). Certains présentent un modèle B2 pour culhir, mais ses formes sont recouvertes en fait par les modèles B1 et C. On conjugue de même: aculhir/acuèlher (acuélher) “accueillir”, entreculhir/entrecuèlher (entrecuélher) “cueillir avant la saison”, reculhir/recuèlher (recuélher) “recueillir”. DEROÏR “démolir” - Régulier, B1. La variante irrégulière deroire n’est pas référentielle. DORMIR (gas DROMIR) “dormir” - Ce verbe est régulier, contrairement à ce qu’indiquent certaines grammaires. Il suit les groupes B1 ou B2. Dans le modèle B2, il y a l’alternance vocalique o/ò: dòrmi (dròmi)... Toujours en B2, on notera la prononciation de la terminaison -rm, à la p3 de l’indicatif présent: dòrm [lg auv lim dOr, pro d , va d rm], niç. dòrme [ dwa me], gas. dròm [ dr m]. Il existe une forme secondaire durmir (stt niç va lim), de type B2, avec l’alternance u/uè: duèrmi (u/ue: duermi)…On conjugue de même: adormir (gas adromir) = endormir (gas BOLIR

"

"

"

OR

"

O

"

O

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R

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LES APPLICATIONS

endromir “endormir”, entredormir entredromir “sommeiller à diverses reprises”, redormir redromir rendormir rendromir EISSIR (gas GESSIR) “sortir” (archaïque) - Verbe régulier de modèle B2, avec alternance )

(gas

(gas

),

)

(gas

).

vocalique e/è (èissi, èisses, èis, eissèm, eissètz, eisson…). Le paradigme de la forme gasconne gessir est peu documenté (probablement gèssi°, gèsses°, gès°, gessim°, gessitz°, gèssen°…). ESTREMÉISSER “ébranler, secouer” - Verbe défectif, seulement à l’infinitif (LVO, GramAl: 159). Synonyme régulier et complet: estrementir (B1). PÈRDRE (gas PÈRDER) - Régulier avec alternance e/è. PONDRE (gas PÓNER) – Regulier (on ne retient pas les formes irrégulières de la GramAl.). RAIRE “raser” - Verbe rare et défectif. Part. passé ras rasa. RESÉMER (gas REDÉMER) = RÉIMER “racheter, relayer” - Ce verbe est en fait régulier, selon le modèle C2. Ex. ind. pres: resemi, resemes, resem, resemèm, resemètz, resemon = reimi, reimes, reim [ rrej] (!), reimèm, reimètz, reimon (cf. TDF: art. ‹rèime›). ROIRE “ronger, manger” - Défectif, à l’infinitif seulement. ROMPRE (gas RÓMPER/ARRÓMPER) - Régulier. Le participe passé a deux formes: 1° une forme régulière (romput -uda, va romput -ua, gas romput -uda / arromput -uda) qui sert dans la conjugaison du verbe; 2° une forme irrégulière (rot -a, gas rot -a / arrot -a) qui sert comme adjectif. Les composés ne connaissent que le participe passé régulier (corrompre/corrómper → "

corromput; interrompre/interrómper → interromput…).

- B1 ou B2, régulier. Le type B2 connaît l’alternance vocalique è/e. Noter la prononciacion de la p3 de l’ind. prés.: sèrv [lg s r, auv lim ser, va gas° s rf, pro s ], niç. sèrve [ s ve]. Il existe aussi, dans le type B2, une forme secondaire avec l’alternance iè/e (ie/e) (stt pro niç). On conjugue de même: desservir. TÉMER “craindre” - C2. Ce verbe est régulier, contrairement à ce que disent certaines grammaires.

SERVIR

"

"

E

"

"

E

"

ER

ER

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(DicPal), la koinê béarnaise a consacré aussi

arbe

àrbol.

et

Il est vrai qu’en gascon,

arbe

correspond à la régularité évolutive de ce

(§ XII.4.p, annexe A6). || En orthographe, àrbol (gas., va.) semble une graphie plus cohérente (VFO: 74) qu’arbo* (Civadòt; Morà: 34). || En lim. auv. et va., la forme arbre est bien attestée avec les deux r prononcés (ALMC: 231, ALAL: 251) tant et si bien que l’amuïssement du premier r [lim. va. a(r)bre, auv. a(r)br ], assez fluctuant en nord-occitan, doit être considéré comme une prononciation facultative recouverte par la graphie arbre. En auvergnat, il en va de même pour pèrdre [ pe(r)dr ] et òrdre [ (r)dr ] (NDGFA: ‹perdre, pèdre; ordre, odre›). Le phénomène existe aussi dans le lg. prendrai [p(r)en draj], (LVO: 125) et le cat. arbre, prendre [ a r , p ndr ] (Bruguera 1990). argent m argent armada (va armaa) f armée armari m armoire f dialecte

"

"

"

´

´

"O

´

"

"

B

´

"

E

´

arrasim → RASIM arrecéber → RECEBRE arreconéisher → RECONÉISSER arregde -a → REGDE arrespóner → RESPONDRE arresponsa → RESPONSA arrestar (auv lim va arrestar/’restar) v arrêter → REVIRAR → RIRE arròda → RÒDA arroi -a → ROI -A assajar v essayer → ENSAJAR, EISSAIAR arrevirar

Aups → ALPS aurange → IRANGE aurelha f oreille ) adj aürós -osa (niç heureux -euse Alibèrt se contredit lorsqu’il préconise dans son dictionnaire bonaür et malaür en face de malur, urós et malurós. On sera d’accord avec Taupiac (1992: 447-448) pour considérer urós, malurós, bonur, malur comme des francismes en face des formes régulières aürós, malaürós, bonaür, malaür. La séquence aü [ay] (lim. auv. [Åy]), avec ses évolutions locales [aj, ej, e, i…], est plus souvent attestée dans le mot malaürós que dans les autres mots de la même famille; ce traitement irrégulier étaye l’hypothèse d’une perturbation causée par le français 1. aürosament heureusement ausar = gausar oser En niçois, est attesté à Menton (Caserio & al. 2001); le parler de Nice dit aürós -oa

adv

v

aujar.

→ AUCÈL ausèl, ausir (lim va , gas niç ) v irr entendre aut -a → NAUT -A ausèth, ausèu auvir

aute -a

aténder

aucèu ausèu

ausèth

→ AUSIR audor → ODOR auherir → OFRIR

audir

aupenc -a, aupin -a → ALPENC -A

audir

→ AUTRE -A

auto/automobila f auto, automobile autobús → BUS automne m automne → AUTON auton m automne → ABÒR, TARDOR, ENDARRIÈR, DARRIÈRA. Auton est de formation populaire, automne est un doublet savant qui existe depuis l’ancien occitan (Levy 1909) 2. Alibèrt a réactivé automne en s’inspirant de l’exemple cat. autumne (DicAl). Éviter le francisme autona* (< fr. automne [otOn(´)]).

arríder

astre m astre, chance f atencion f attention • atencion! interj attention! → atendre (gas ) v attendre ESPERAR, APEITAR atudar v éteindre → ESTUPAR, TUAR, AMORÇAR, AMURCIR aubre → ARBRE / , gas aucèl/ausèl (pro niç lim ) m oiseau

ausar

autor

1

→ NAUTOR

/ auteur -eure Pour le féminin, cf. § XIII.5.f. autre -a (gas aute -a) adj autre Auvèrnha → AUVÈRNHE auvernhat -a adj/n auvergnat -e Les Auvergnats se désignent eux-mêmes par le gentilé auvernhat -a (Rj: § 709-3°-γ-3 [p. autor2 -tora -tritz n

1

Par contre on ne peut pas suivre Taupiac lorsqu’il établit un parallèle entre les évolutions malerós > malurós et grépia > grúpia “mangeoire”. Dans grépia, /p/ a labialisé e en u. Donc grúpia est autocentré en occitan tandis que malurós est un francisme. 359

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QUATRIÈME PARTIE

399]; NDGFA); ils n’ont pas l’habitude de dire ( ) ni ( Castellana 1952). Ces deux auvernhàs -assa

-a

stt

stt lg

auvernhasc

niç,

dernières formes sont donc secondaires dans la lemmatisation; elles restent cependant admissibles parce qu’elles sont traditionnelles et portent des suffixes différents, ce qui en fait des lemmes différents. Auvèrnhe m = Auvèrnha f Auvergne f auvir

→ AUSIR

Avairon m Aveyron avançar v avancer aver (auv lim / ) v irr avoir Avinhon n Avignon avion m avion avís m avis (opinion, annonce)

bèstia1 f bête bèstia2 adj bête

aver ’ver

VEJAIRE

bèu bèla



m ouverture f → DOBERTURA badar v ouvrir → DOBRIR bade -a adj ouvert -e → DOBÈRT -A baish -a → BAS -SSA baissar (gas baishar) v baisser; descendre → DAVALAR, DESCENDRE, CALAR banana f banane banh m bain → barrejar v mélanger MESCLAR, BOIRAR bas1

-ssa

(gas baish -a) adj bas basse

bas2 (gas baish) adv bas bastar v suffire

bastida (va villa

→ SUFIRE

) f bastide; ferme ;

bastia

→ BÒRDA, GRANJA, MAS

bastiment m bâtiment bastir v bâtir be

→ BEN, PLAN

bèl -a (pro

lim

bèla bèi bèli,

→ BÈL -A → BÈL -A

bèth bèra

B

badament

diasystématique que la forme beròja. m bien ben2 (auv lim ben~be) adv bien ben3 (lg) (gas be/b’, auv lim be) énonciatif bèrla! interj zut! → MACARÈL!, ACCIDENT!, FIULA!, MOSTIÈR!, PRUNA! beròi -òia → BELÒI -ÒIA berri m cheveu → PEL besonh m besoin besonha f besogne; affaire, chose; truc m, machin m → DAQUÒS, CAUSE ben1

, niç bèu~bèl gas bèth bèra) adj beau belle;

bèu~bèl bèla

grand -e En tant qu’indéfini, bèl peut avoir un pl. masc. en bèles (§ XIII.13). belièr (lim va pro niç belier, auv° belèir) m février → FEBRIÈR belòi belòia (gas beròi beròia) adj joli -e → BRAVE -A, GENT -A, POLIT -IDA, CRANE -A. En gascon, au féminin, la forme beròia (DicPal, Vergés 1991, Atau que’s ditz 1998) est plus répandue et plus

beure (gas béver) v irr boire béver

→ BEURE

bicicleta f bicyclette

→ CERVESA m billet blanc -a (lim auv va blanc -cha) adj blanc -che blat m blé blau blava adj bleu -e boca (lim auv va bocha) f bouche bodieu! interj mon Dieu!, bon Dieu! → boirar v brouiller, mélanger MESCLAR, BARREJAR boissa (gas boisha) f boîte; buisse de cordonnier; boîte de roue… → BOITA, CAPSA boita f boîte → CAPSA, BOISSA. La forme bièrra f bière bilhet

référentielle d’après Alibèrt (DicAl), est la seule qui soit largement partagée par l’ensemble des dialectes. Elle remplace aisément le francisme boèta* qui s’est imposé dans une partie du gascon (le gascon dit aussi capsa, qui devient un lemme panoccitan). Les cognats comme bóstia (préconisé par Taupiac 1992), bústia, brústia, bóitia sont moins diasystématiques et ne peuvent pas être référentiels. Seul le cognat boissa (gas boisha) est co-référentiel car il a acquis des sens partiellement différents qui en font un lemme distinct: “boîte, buisse de cordonnier, boîte de roue, etc.” (TDF ‹bouisso›; Pons & Genre 1997 ‹boùiso›; DicPal ‹bouche›; NDGFA: art. boîte; Levy 1909 ‹bo¢isa›, etc). bolegar v bouger boligraf m stylo à bille Ce néologisme inspiré par le cat. bolígraf a un boita,

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LES APPLICATIONS

certain succès dans les écoles en occitan. Il faut être conscient que l’esp. bolígrafo en est l’origine première. bon -a (pro niç va bòn -a) adj bon -nne bonaür m bonheur → AÜRÓS -OSA borbonés1

-esa

adj/n

bourbonnais -e On devra étudier l’intégration éventuelle du doublet barbonés (NDGFA: ‹barbouneiz› art. bourbonnais). Borbonés2 m Bourbonnais bòrd m bord bòrda/bòria f ferme → BASTIDA, GRANJA, MAS Bordèu n Bordeaux → BÒRDA m bois (petite forêt, bois de construction, bois de chauffage) Dans la langue

bòria bòsc

classique, bòsc signifie “petite forêt”, mais aussi “bois de chauffage” (“bois à brûler”, Levy 1909). Il est possible que la diglossie ait favorisé la convergence sémantique entre l’occ. bòsc et le fr. bois (“petite forêt, bois de construction, bois de chauffage”). Les mots classiques et spécialisés comme lenha “bois de chauffage” et fusta (gas husta) “bois de construction” sont revivifiés et bien acceptés par les renaissantistes. Quoi qu’il en soit, le francisme boès*/bois* est évitable (sans rapport avec bois “buis”). bot m bout → METRE, FICAR botar v mettre botelha f bouteille braç m bras brave -a adj gentil -ille; jolie -e; gros -sse, sacré -ée → GENT -A, POLIT -IDA, CRANE A BELÒI -ÒIA gas auv brut) m bruit brut1 -a adj sale → LORD -A, PIPAUT -A, CASCANT -A, SUPAT -ADA, EMBRENAT -ADA brut2 → BRUCH brutar v salir → LORDEJAR, CASCANTEJAR, SUPAR, EMPIPAUTAR, EMBRENAR bus/autobús m bus, - ,

bruch (

autobus

v pousser → BUTIR, ABUTAR butir v pousser → BUTAR, ABUTAR

butar

C

pro niç cadiera, lim chadiera, auv chadèira, va chaiera) f chaise → SÈLA cafè m café caire m coin caissa (gas caisha) f caisse calar v caler; descendre → DAVALAR, DESCENDRE, BAISSAR. caler (lim auv va chaler) v irr falloir → FALER calfar (pro niç caufar, gas cauhar, lim auv va chaufar) v chauffer calor (lim auv va chalor) f chaleur cama → CAMBA camarada n camarade → COLLÈGA, COMPANH -A. La forme cambarada, bien que

cadièra

(

répandue en auv., pro. et niç., devrait pouvoir céder à camarada qui est plus diasystématique et plus conforme à la régularité évolutive (< esp. camarada). camba (lim auv va chamba, gas cama) f jambe cambiar (lim auv va chambiar/chamjar) v changer En pro. et en niç., chamjar est possible à côté de cambiar. cambra (lim auv va chambra, gas cramba) f chambre En pro., chambra est possible à côté de cambra. camin (lim auv va chamin) m chemin caminar (lim auv va chaminar) v marcher, cheminer camion m camion camp1 (lim auv va champ) m champ En pro., champ est possible à côté de camp. camp2 m camp campanha f campagne can canha (va auv lim chan chana) n chien chienne → GOS -SSA, CHIN -A. La forme nord-occitane chan -a survit encore çà et là (Lo Saber, ALMC: 555), mais elle est concurrencée par chin -a. canha

→ CAN

(lim auv va chantar) v chanter m coin cap (lim auv va° chap) m tête f chef, bout, cap → TÈSTA. || Pour la forme niçoise, voir § XII.4.l. capable -a adj capable → capir v comprendre COMPRENE, PRENE capsa nf boîte → BOITA cantar

canton

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QUATRIÈME PARTIE lim auv va char -a) adj cher chère lim auv va chara) f visage m En cargar (lim auv va charjar) v charger pro., charjar est possible à côté de cargar. carn (lim auv va charn) f chair, viande carrièra1 (pro niç carriera, gas carrèra, lim va charriera, auv charrèira) f rue carrièra2 (pro niç lim va carriera, auv carrèira) f carrière (minerai, profession) cas m cas → LORD -A, cascant -a adj sale BRUT -A, PIPAUT -A, SUPAT -ADA, EMBRENAT -ADA cascantejar v salir → LORDEJAR, BRUTAR, EMPIPAUTAR, SUPAR, EMBRENAR cat -a → GAT -A caua → CAUSA cauçadura (lim auv chauçadura, va chauçaüra) f chaussure caud -a (lim auv va chaud -a) adj chaud -e caufar → CALFAR cauhar → CALFAR causa1 (lim auv va chausa, niç caua) f chose causa2 f cause cause (auv lim va chause) m truc, machin → BESONHA, DAQUÒS causir (lim auv va pro niç chausir) v choisir En pro. et en niç., chausir est usuel et causir a car -a (

cara (

été réintroduit par le renaissantisme. (pro niç cavau, gas cavath, lim chavau, va auv chaval) m cheval On trouve caval et chaval en languedocien, chaval et caval en cisalpin (chaval y reste attesté au moins à Pragelato et Oulx, Rj: § 31). En gas., cavath est rare en face de chivau. cèl (pro niç gas cèu, lim auv ciau) m ciel En provençal général, la forme référentielle cèu (parallèle à mèu), a été bien acceptée en dépit de l’extension massive de cièl* (ALP: 2). On pourrait donc faire de même en niçois où la forme cièl* est un francisme selon Ronjat. En effet, la diphtongaison de è en iè devant l et le maintien de l final ne sont normaux qu’en aurillacois (Rj: § 94). À côté du francisme cièl* à Nice, remarquons aussi l’italianisme chelo* à Menton (Caserio & al. 2001, ‹chelou›). cent adj cent centim m centime centre m centre cercar (auv va lim cerchar) v caval

chercher La conjugaison sans alternance vocalique (cerqui) est une possibilité mentionnée par LVO et Levy (1909). cervesa f bière → BIÈRRA cèu

→ CÈL → ACABAR

’chabar

chadèira, chadiera → CADIÈRA chaiera → CADIÈRA chaler → CALER chalor → CALOR chamba → CAMBA chambiar → CAMBIAR chambra → CAMBRA chamin → CAMIN chaminar → CAMINAR chamjar → CAMBIAR champ → CAMP chan chana → CAN CANHA chantar → CANTAR chap → CAP ’chaptar → ACAPTAR char -a → CAR A chara → CARA charjar → CARGAR charn → CARN charrèira, charriera → CARRIÈRA chat -a → CAT A chauçadura, chauçaüra → CAUÇADURA chaud -a → CAUD A chaufar → CALFAR chausa → CAUSA chause → CAUSE chausir → CAUSIR chaval, chavau → CAVAL -

-

-

chifra

f

chiffre

m

chien chienne → CAN CANHA, GOS GOSSA. D’après Ronjat, le type chin -a n’est pas un francisme mais un emprunt ancien au francoprovençal (Rj: § 31; il en est de même pour chival). chin2 -a adj/n petit -e → PICHON -A chival (gas pro niç lim chivau) m cheval → CAVAL. D’après Ronjat (Rj: § 31), chival est un emprunt ancien au francoprovençal. Ce n’est pas un francisme. chin1

ciau

-a

n

→ CÈL

cinèma/cine m cinéma, ciné

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LES APPLICATIONS

clar -a clair -e Clarmont-Ferrand ( Clarmont; ClermontClarmont d’Auvèrnhe) adj

usuel:

littéraire:

n

Ferrand Lorsqu’on parle des époques qui précèdent l’unification de Clermont et Montferrand en 1630, les seules formes possibles sont Clarmont ou Clarmont d’Auvèrnhe. Cette dernière forme a été diffusée notamment par le roman de Joan Bodon, Lo libre dels grands jorns (Jean Boudou, Le livre des grands jours). claure v irr clore, fermer Pour cette forme en gascon, voir § XIII.26. client -a n client -e cobrir (pro niç va cobrir/curbir) v irr couvrir

→ COLCAR → COLCAR coïna → COSINA

cocar

coijar

(gas còser) v irr cuire (pro niç gas cocar, va auv lim coijar) v coucher Ce mot a une histoire complexe. À partir du lat. collocāre, la forme cochar semblerait parfaitement normale en nord-occitan et elle est bien attestée en occitan classique (Levy 1909). Ronjat (Rj: § 148) et Lèbre & al. (2004) considèrent néanmoins que c’est un francisme récent en provençal. Effectivement, il est paradoxal que cochar se soit massivement sédimenté en provençal général et en gascon, en concurrence avec cocar, alors que le nord-occitan dit plutôt coijar. colèra1 colère colèra2 m choléra collèga n collègue, compagnon, camarade → COMPANH -A, CAMARADA color couleur començament m début, commencement → INICI, PRINCIPI. Les synonymes inici et principi sont légitimes en occitan et sont de formation savante (< lat. initium, principium); ils sont surtout utilisés en aranais, en niçois et en cisalpin, avec l’aide des modèles catalan (inici, principi), espagnol (inicio, principio) et italien (inizio, principio). Il ne faut pas abuser des francismes debut (m) et debuta (f), qui ne sont pas autocentrés, même s’ils sont admis par Alibèrt (DicAl). començar v commencer, débuter companh -a n compagnon, camarade, collègue → COLLÈGA, CAMARADA

còire

colcar

f

f

complet -a adj complet -ète completament adv complètement complicat -ada (va complicat -aa) compliqué -ée

comprar → CROMPAR comprene v irr comprendre PRENE

adj

→ CAPIR,

comptar

v

conóisser

→ CONÉISSER

compter compte (pro niç va còmpte) m compte Dans l’ensemble de la langue, il existe une homophonie largement répandue entre compte “compte”, conte “conte” et comte “comte” (en pro. niç. va: còmpte, cònte, còmte; en aranais compde, conde, comde, cf. Vergés 1991). Les parlers qui évitent les homophones sont minoritaires (par ex. còmpth, cònth, comt ‹conty, conty, count›, cf. Pons & Genre 1997). condicion f condition conéisser/conóisser (gas conéisher) v irr connaître confisança, confiança (formes difficiles à lemmatiser) → FISANÇA f construction f contact v

construccion contacte

conter, raconter → COMPTE conte (pro niç va cònte) m conte content -a adj content -e contrari1 -ària adj contraire contrari2 m contraire contunhar v continuer còp (niç còp/còup) m fois f, coup copar v couper, casser còr m cœur corrent n courant corrent -a adj courant -e córrer v irr courrir Entre les formes còrs et còs còrs m corps (DicAl), la première est de loin la plus générale et est attestée dans tous les dialectes. còrs -a adj/n corse cors m cours cort -a adj court -e contar

1

2

1

2

còser → CÒIRE

cosin -a n cousin -e cosina (niç

coïna) f cuisine

còsta f côte (tous sens) costar v coûter

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QUATRIÈME PARTIE

costat m côté costuma f habitude, coutume

decidir v décider Deinaal m

Pour

gascon, voir curbir





le

lim cueillir;

sens

de

va

niç

chercher “chercher”

pro Noël → NADAL. Venant du lat. Diem Natalis, la forme Deinaal (‹Deinâl›, Pons & Genre 1997) est plus régulière que Deineal (Lo Saber) et Denial (Bruna Rosso 1980).



→ DAVALAR, BAISSAR, CALAR despéner) v dépenser →

despendre (gas DESPENSAR

despensar v dépenser → DESPENDRE det (= dit stt gas) m doigt dètz adj dix deure (gas ) v irr devoir dever m devoir dia m jour → JORN Dieu m Dieu diferéncia f différence diferent -a adj différent dijòus (gas ) m jeudi diluns m lundi dimars m mardi 1 dimècres (= dimèrcs stt gas) m mercredi diménegue → dimèrcs → dimenge (niç diménegue) m dimanche déver

dijaus

DIMENGE

DIMÈCRES

Si on tient à intégrer dans la lemmatisation certaines formes secondaires mais assez diffusées à l’échelle dialectale, on pourrait envisager aussi: diamenja (f, stt va), diumenc (m, stt lim). Éviter le francisme dimenche*. → MERENDAR, dinnar1 v déjeuner (à midi) MIÈGJORNAR. m déjeuner (de midi) → MERENDE, MIÈGJORN dire (gas díser) v irr dire direccion f direction director -tritz n directeur -trice díser → DIRE dissabte (va dissande, niç dissabta) m samedi dissande → DISSABTE distància f distance dinnar2

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LES APPLICATIONS

dit



DET

stt gas) m vendredi divèrs -a adj divers -e divendres (= divés

divés



DIVENDRES

dobèrt -a = obèrt -a ouvert -e

(stt gas) (dubèrt -a) adj

→ BADE -A

dobertura = obertura ouverture

(stt gas) (dubertura) f

→ BADAMENT

adj double (stt gas) (durbir) v irr ouvrir → BADAR doctor doctora (autres féminins: doctritz, doctoressa, cf. § XIII.5.f) n doble -a

dobrir = obrir

CASCANTEJAR, SUPAR

embrenat -ada (va -at -aa) adj sale

→ LORD -A, BRUT -A, PIPAUT -A, CASCANT -A, SUPAT -ADA emmenar v emmener empachar v empêcher → EMPEDIR emparar v apprendre (→ APRENE, PRENE); protéger empedir v empêcher →

EMPACHAR

empipautar v salir

domaisèla

→ LORDEJAR, BRUTAR, CASCANTEJAR, SUPAR, EMBRENAR emplegar (auv lim va emplejar) v employer emportar v emporter endarrièr (auv endarrèir, va lim pro niç endarrier, gas endarrèr) m → AUTON, TARDOR, ABÒR, automne DARRIÈRA endeman m lendemain • l’endeman adv le

dormir

endrech (auv

docteur doctoresse f demoiselle; mademoiselle; libellule → MADOMAISÈLA, MISÈ dòna (= dauna stt gas) f dame; madame → DAMA, MADAMA donar v donner → DAR Dordonha f Dordogne

(gas dromir) (durmir ) v dormir drech1 (auv gas dreit) m droit drech2 -a (auv gas dreit -a) adj droit -e drech3 (auv gas dreit) adv droit drecha (auv gas dreita) f droite dreit, dreita → DRECH, DRECHA dròlle -a m garçon, fille → GOJAT -A dromir → DORMIR dubèrt -a → DOBÈRT -A dubertura → DOBERTURA dur -a adj dur -e durar v durer durbir → DOBRIR Durença f Durance durmir → DORMIR

E efèit

→ EFIÈCH

pro niç va lim efiech, auv gas efèit) m effet eissaiar v essayer → ENSAJAR, ASSAJAR eissubliar v oublier → OBLIDAR electric -a adj électrique electricitat f électricité embolhar v embrouiller → embrenar v salir BRUTAR, EMPIPAUTAR, LORDEJAR, efièch (

lendemain endroit

gas

) m

endreit

enfant m enfant → MAINATGE enfin adv enfin ensajar v essayer → ASSAJAR, EISSAIAR ensemble → ENSEMS ensems / ensemble ensemble

ensenhar v enseigner entièr -a (lim va pro niç

entier -a

, auv

m

entèir

) adv entier -ère → SENCER -A entorn m pourtour; entour, environnement -a

entrar → INTRAR enveja envie envèrs m envers enviar v envoyer epòca f époque èr → AIRE èrba f herbe escala (va auv lim eschala) f échelle escalièr (va lim eschalier, auv eschalèir, gas escalèr) m marche (d’escalier) f; escalier • escalièrs (va lim eschaliers, auv eschalèirs, gas escalèrs) m pl escalier m sg escampar (va auv lim eschampar) v répandre, f

verser; congédier, virer

eschala → ESCALA eschalèir, eschalier → ESCALIÈR eschampar → ESCAMPAR esclairar v éclairer escòla f école 365

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QUATRIÈME PARTIE escolan -a n élève, écolier -ère escondre

(gas

escóner)

v

cacher



AMAGAR → ESCONDRE escotar v écouter escotèr m scooter escriure (gas escríver) v irr écrire escur -a adj obscur -e, foncé -ée espaci m espace especial -ala (pro niç auv lim -au -ala, gas -au) adj spécial -e → esperar v attendre, espérer ATENDRE, APEITAR espés -essa adj épais -sse espital (gas pro niç auv lim -au) m hôpital esplech (auv gas espleit) m outil → AISINA, GATGE esquèrra f gauche → MANÇA, SENÈSTRA, SENÈCA esquèrre -a adj gauche → MANCE -ÇA, SENÈSTRE -A, SENÈC -A. Tous escóner

les dialectes connaissent couramment une ou plusieurs formes autocentrées pour dire “gauche”. Il n’est donc pas indispensable d’intégrer le francisme gauche -a* ni l’italianisme manchin -a* (< it. mancino -a). èsser/èstre (auv [l-]èsser / [l-]èstre, gas estar) v irr être èst m est (point cardinal) estanci m étage → ESTATGE estar1

→ ÈSSER

estar2 v irr ester, demeurer

estat m état estatge m échafaudage, étage → ESTANCI / ) f étoile estela (lim auv estilo m stylo estimar v estimer • s’estimar mai (de) préferer

TUAR, AMORÇAR, AMURCIR

cetera, et cætera, etc

fabrique, usine

f

auv fait, gas hèit) m fait f face; visage m faire → FAR fait → FACH faler v irr falloir → CALER fach (

fàcia

familha famille far/faire (gas har) v irr faire farda (gas harda) f habits m pl, linge m febrièr (lim va pro niç febrier, auv feurèir, gas heurèr) m février → BELIÈR femenin -a f féminin -e femna (gas hemna, pro va femna/frema, niç frema) f femme fenèstra (gas hièstra) f fenêtre fèsta f fête feurèir → FEBRIÈR fiança → FISANÇA fiar → FISAR fiau → FIL ficar (va auv lim fichar, gas hicar) v ficher f

(enfoncer); mettre .

→ METRE,

BOTAR ficha f fiche

Ce mot est un francisme admissible et commun à plusieurs langues romanes (cf. cat. fitxa). Éviter l’hypercorrection ica*. fichar1 v ficher (classer, mettre en fiches)

→ FICAR → FISANÇA fidar → FISAR

fichar2

v

fidança

fil (pro niç va , gas , lim auv filh (pro niç , gas ) m fils filha (gas ) f fille (filiation) filme m film fin f fin fin2 -a adj fin -e fisança (gas , niç fiu

fiu

hiu

) m fil

fiau

hilh

hilha

→ ATUDAR,

etcetèra adv et èuro m euro Euròpa f Europe europèu -èa adj/n européen -nne exemple m exemple

F fabrica

f

estela estiala

estiu m été estonar v étonner èstre → ÈSSER estudi m étude f estudiar v étudier estupar v éteindre

existir v exister explica/explicacion f explication explicar v expliquer expression f expression exprimir v exprimer

1

hidança

fiança

) f confiance

fisar (gas

hidar

fidança

, va auv lim

, niç fidar, va auv lim fiar) v fier

→ FISANÇA fiu1 → FIL fiu2 → FILH

fiula! (gas hiula!) interj zut!

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LES APPLICATIONS

MACARÈL!, ACCIDENT!, BÈRLA!, MOSTIÈR!, PRUNA! flor (gas hlor/flor) f fleur flume m fleuve → . Dans le cadre des FLUVI

travaux du Gidilòc, P. Sauzet a suggéré de s’écarter de la forme alibertine flum (DicAl) et de préférer flume en raison du célèbre emploi littéraire que Max Roqueta a fait de cette forme en languedocien. Ceci aurait l’avantage de se rapprocher de la forme flume en pro. (TDF), en niç. (Castellana 1957) et en lim. (Lavalada 2001). Dans les autres dialectes, ce mot est difficile à trouver. fluvi m fleuve → fòl -a (pro lim fòu fòla, gas hòu hòla) adj fou folle fons (gas hons) m fond; fonds fòrça f force forma f forme fòrt -a (gas hòrt -a) adj fort -e fòto/fotografia f photo, photographie fotograf -a n photographe fòu fòla → FÒL -A fraire (lim frair, gas hrair) m frère franc1 -a (lim auv va franc -cha) adj franc -che franc2 -a adj/n franc franque freg1 freja (niç frei freia, auv va freid freida, gas hred hreda) adj froid -e freg (niç frei, auv va freid, gas hred) m/f froid FLUME

2

frei freia → FREG FREJA freid -a → FREG FREGA frema → FEMNA fruch (auv gas frut) m fruit frucha (auv gas fruta) f fruits m pl fuec → FUÒC fuèlh (pro niç va lim fuelh, gas huelh) m feuille (de papier) fuèlha (pro niç va lim fuelha, gas huelha) f feuille (d’une plante, de papier) fuòc (niç va fuec, gas huec) m feu fusta (gas husta) f bois (de construction, → BÒSC); poutre G gachar

→ AGACHAR

(gas gahar) v saisir, attraper AGAFAR, AGANTAR, TRAPAR, SASIR gahar → GAFAR gafar



lim auv va jai) m/f joie f gai2 gaia adj gai -e

gai1 (

gaitar

→ AGACHAR

lim auv va

galina (

→ POLA

jalina

→ GAUG

, gas garia) f poule

v gagner f gare gardar (gas guardar) v garder garia → GALINA Garona f Garonne gas m gaz gascon -a adj/n gascon -nne Gasconha f Gascogne gasolina f essence (carburant) gat -a / cat -a (lim auv va chat -a) n chat -tte gatge m outil; récipient; gage → AISINA, ESPLECH gaug (lim auv va jaug) m/f joie f → GAI gausar → AUSAR geinar v gêner genèr → GENIÈR general -a (lim auv pro niç -au -ala, gas -au) adj ganhar gara

général -e

generalament (gas generaument)

adv

généralement genièr (gas genèr, va pro lim niç° genier, auv° genèir) (= genoièr, -ier, stt niç) (= girvèir stt auv) m janvier

genoièr, -ier → GENIÈR genolh m genou -oux gent -a (= gente -a stt lim auv) adj gentil -ille;

joli -e → BRAVE -A, POLIT -IDA, CRANE -A, BELÒI -ÒIA gente -a → GENT -A gents pl gens m pl f

→ GENIÈR f église gojat -a n garçon, fille → DRÒLLE -A gos gossa n chien -nne → CAN CANHA gost m goût govèrn m gouvernement gràcia f grâce gran1 m grain gran2 -a → GRAND -A grand -a (gas gran -a, niç grand -a / gran -a) adj grand -e grandmaire (gas granmair, lim girvèir glèisa

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QUATRIÈME PARTIE

grandmair°/grandamair)

grand-mère

→ MAMETA, MENINA, MAIREGRAND, MAIRANA, MAIRBONA

grandmercé (gas granmercé)

m

merci (remerciement) → MERCÉ grandpaire (gas granpair, lim grandpair) m → PAPET, grand-père PEPIN, PAIREGRAND, PAIRAN, PAIRBON granja f grange, ferme → BÒRDA, MAS, BASTIDA

granmair → GRANDMAIR granmercé → GRANDMERCÉ granpair → GRANDPAIRE greda

f

craie

m crayon adj gris -e gròs gròssa adj gros -sse guardar → GARDAR guèrra f guerre gredon

gris grisa

H

har → FAR harda → FARDA haut -a → NAUT -A hautor → NAUTOR hèit → FACH hemna → FEMNA hèsta → FÈSTA heurèr → FEBRIÈR hicar → FICAR hidança → FISANÇA hidar → FISAR hièstra → FENÈSTRA hilh → FILH hilha → FILHA hiu → FIL hiula! → FIULA! hlor → FLOR hons → FONS hòrt -a → FÒRT -A hòu hòla → FÒL -A hrair → FRAIRE hred -a → FREG FREJA huec → FUÒC huelh → FUÈLH huelha → FUÈLHA husta → FUSTA

I

idèa idée imaginar v imaginer important -a adj important -e impossible -a adj impossible indicar v indiquer inferior -a adj inférieur -e inici m début, commencement f

COMENÇAMENT, PRINCIPI. insistir v insister installar v installer intelligent -a adj intelligent -e interessant -a adj intéressant -e interessar v intéresser intrar/entrar v entrer irange2 = arange m orange irange2 = arange adj orange istòria f histoire ivèrn m hiver



= aurange

= aurange

J jai

→ GAI → GALINA

jalina

jardin jaug

m jardin (d’agrément)

→ GAUG

adj jaune niç va juec) m jeu joen -a → JOVE joine -a → JOVE jorn m jour → DIA jornada (va jornaa) f journée jornal (gas lim auv pro niç jornau) m journal jòune -a → JOVE jove (épicène) (= joine -a = joen -a = jòune -a ) adj jeune jaune -a

jòc (

juec julh

→ →

JÒC JULHET

/ m juillet Julhet est présent dans la langue classique et n’est pas un francisme (Levy 1909, Taupiac 1992: 464). Julh a été réactivé par le renaissantisme. junh m juin La just1 justa adj juste forme just semble plus répandue et plus ancienne que juste. On trouve just au plus profond des parlers transoccitans, notamment en auvergnat de Combraille et du Bourbonnais (‹jut›, NDGFA) et dans l’ensemble du provençal (TDF). Cette

julhet julh

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LES APPLICATIONS

permanence de just au cœur des parlers qui amuïssent les consonnes finales démontre que la forme juste n’y est pas indispensable sur le plan phonologique. De plus, juste se prononce en bas-auvergnat avec /s/ et en limousin avec /s/ ou /r/ (juste/jurte) (cf. NDGFA, Lavalada 2001). En face, le nord-auvergnat prononce just en amuïssant le s (NDGFA: ‹jut›). En fonction du traitement de /s/ dans juste, qui est typique de la néoformation, il est plausible que juste soit un francisme. Il est moins probable que ce soit un latinisme autocentré, étant donné le poids de l’interférence du français dans la néoformation. just2 adv juste, justement justament adv justement

lach (auv gas) lait

L

lait

, gas lèit) m/f (f stt en

laid -a adj laid -e laissar/daissar (gas

→ LACH

lançar

v lancer (lim auv va

larg/large larja) adj large Pour large, cf. § XI.8.1. las lassa adj fatigué -ée, las -sse lavar v laver legir/lièger (niç va pro lim gas legir/liéger) v irr lire legum (= lieume stt pro niç va) m légume, légumes m pl leiçon f leçon

larg larga

→ LAISSAR → LACH

leishar lèit

lemosin -a adj/n limousin -e Lemosin m Limousin Lemòtges/Limòtges m Limoges XV.4.2. ’lenar → ALENAR lenga f langue Lengadòc [lg le g Æ

lengadocian

N

-a

léser

liquid

1 -a (liquide -a) adj liquide

lièit)

Pour le -e de

soutien, cf. § XII.5.1.

(liquide) m liquide m litre liure -a m libre lòc → LUÒC long longa (lim auv long lonja, va lòng lònja, pro niç lòng lònga) adj long -gue longor (lim auv va lonjor) f longueur lonja, lònja → LONG -A lonjor → LONGOR lord -a adj sale → BRUT -A, PIPAUT -A, CASCANT -A, SUPAT -ADA, EMBRENAT -ADA lordejar v salir → BRUTAR, CASCANTEJAR, SUPAR, EMPIPAUTAR, EMBRENAR lua → LUNA luchar (lutar AUV GAS) v lutter ’luchar → ALUCAR luec → LUÒC luènh (gas lim va pro niç luenh) adv loin lum (= lume stt pro niç va) m lampe f, lumière (source lumineuse) → LUTZ ’lumar → ALUMAR lume → LUM luna (gas lua) f lune luòc (gas lòc, va niç luec) m lieu lutar → LUCHAR lutz f lumière (naturelle) → LUM liquid2

litre

leishar/deishar) v laisser En provençal, daissar, bien que minoritaire, existe dans le Gard provençal (Rj: § 231) et dans la koinê littéraire (par ex. R. Lafont, Joan Larsinhac, 1951). En gas., leishar est minoritaire mais se trouve quand même en Béarn (Civadòt: art. laisser).

lait

f bois (de chauffage) → BÒSC m loisir l-èsser → ÈSSER l-èstre → ÈSSER letra m lettre levar (gas levar/lhevar) v lever lhevar → LEVAR libre m livre licèu m lycée lièch (pro niç va lim liech, gas lieit, auv m lit lièger, liéger → LEGIR lièit, lieit → LIÈCH lieume → LEGUM Limòtges → LEMÒTGES linha f ligne

lenha

ð (k)]

O"

lg

[

languedocien -nne

O

m Languedoc

le g ðu sja

Æ

N



O

"

-n ] O

§

adj/n

macarèl!

M

pro niç va gas lim macarèu!) interj zut! → ACCIDENT BÈRLA (

!,

!,

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QUATRIÈME PARTIE FIULA!, MOSTIÈR!, PRUNA!

madama madame → DAMA, DÒNA madomaisèla mademoiselle f

f → DOMAISÈLA, MISÈ magazin m magasin màger adj plus grand(e), majeur -e mai m mai (mois) mainatge m enfant; ménage → ENFANT maion → MAISON mair → MAIRE mairana f grand-mère → MENINA, MAIREGRAND, MAMETA, GRANDMAIRE, MAIRBONA mairbona f grand-mère → MENINA, MAIREGRAND, MAMETA, GRANDMAIRE, MAIRANA maire (gas lim mair) f mère mairegrand (niç lim mairgrand°/mairgranda, gas mairgran) f grand-mère → MAMETA, MENINA, GRANDMAIRE, MAIRANA, MAIRBONA maishant -a → MAISSANT -A maison (niç maion) f maison → OSTAL maissant -a (gas maishant -a) = meschant -a (stt auv lim va) adj mauvais -e, méchant -e Ce mot vient du français méchant -e. Mais

il semble inévitable et des ouvrages sérieux l’ont enregistré (Desrozier & Ros 1974, Gonfroy 1975, Laux 1997, LLO: 112-113). Néanmoins, on peut le remplacer facilement par les formes autocentrées MARRIT -IDA et MALVATZ -ASA. — En languedocien et en provençal, la forme maissant (Laus 1997; TDF: ‹meissant› cité à l’art. ‹meichant›) est plus diasystématique que les variantes meichant, mechant, missant. — En limousin, Desrozier & Ros (1974: 34) et Gonfroy (1975) ont proposé la graphie meschaent pour regrouper à la fois [mej tsaˆ] et [mej"tseˆ]. Le choix de meschant [mej tsaˆ], privilégié par Lavalada (2001), est plus simple et plus diasystématique. Meschaent serait, selon Desrozier & Ros, une évolution autocentrée issue de la chute de d latin intervocalique. Cela suppose le parcours suivant: meschadent° > meschazent° > mescha(e)nt. En aocc., Levy (1909) atteste en effet mescazer “méchoir, tourner mal”. Le scénario étymologique de Desrozier & Ros est donc pensable mais l’hypothèse du "

"

francisme me semble quand même plus probable pour deux raisons: 1° la chute de -d- latin intervocalique est peu habituelle en limousin, même si elle reste possible (→ FISANÇA); 2° la proximité entre mescha(e)nt et les autres formes dialectales (maissant, missant, maishant, mechant, meichant)

montre bien le poids qu’a exercé la forme française dans l’histoire de ce mot. major -a adv majeur -e mal1 (gas lim auv pro niç mau) adv mal mal2 (gas lim auv pro niç mau) m mal (pl maux) malaisat -ada (va malaisat -aa) adj difficile malaisit -ida (va malaisit -ia) adj difficile malaude -a → MALAUT -A

malaudiá → MALAUTIÁ malaür m malheur → AÜRÓS -OSA malaürós -osa (niç -ós -oa) adj malheureux -euse

malaürosament adv malheureusement malaut -a (= malaude -a stt auv lim) malade

adv

En auv. on pourrait choisir entre malaute qui est plus proche des formes majoritaires grâce au t, et malaude qui se rapproche du limousin. Le choix de malaude permet de réduire à deux le nombre total de formes référentielles: malaut -a + malaude -a au lieu de malaut -a, malaute -a et malaude -a. malautiá (niç gas malautia) (= malaudiá stt auv lim; niç° gas° malaudia) f maladie malvatz -asa (lim auv pro niç gas va mauvatz -asa) adj mauvais -e → MARRIT -IDA. Cette forme est parfaitement autocentrée. Elle vient du lat. populaire malifātı*u. Elle connaît dans la langue ancienne et moderne les formes malvatz, mauvatz, mauvat… (Lévy 1909; TDF, Gonfroy 1975, Lavalada 2001, NDGFA). Il existe en catalan les cognats malvat et malfau (DCVB). La terminaison la plus usuelle en limousin et auvergnat est mauvatz -asa [mOw va - az ]. C’est aussi la plus régulière par rapport à l’étymologie latine. Dans la gestion de l’orthographe, il faut éviter la cacographie mauvàs* (cf. Gonfroy 1975) car le latin Vtı*V aboutit normalement à -tz final en occitan: comparer malifātı*u > mauvatz avec pre*tı*u > prètz “prix”, pute*u > potz “puits”, etc. mamà m maman mameta f grand-mère → "

"

O

*

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KATERN 13

LES APPLICATIONS

MENINA, MAIREGRAND, MAIRANA, MAIRBONA

GRANDMAIRE,

man main mança gauche → ESQUÈRRA, SENÈSTRA, SENÈCA mancar v manquer mance -ça, adj gauche → ESQUÈRRE -A, SENÈSTRE -A, SENÈC -A manièra (lim va pro niç maniera, auv manèira, gas manèra) f manière Palay indique que manèra est une “forme désuète” en gascon (DicPal: art. ‹manère›). Cependant manèra

reste vivant en aranais (Vergés 1991) et le choix de cette forme renforce la régularité évolutive et diasystématique. manjar v manger La variante minjar se trouve dans des dialectes (va. auv. lim. gas.) qui connaissent aussi la forme plus générale manjar. Il est plus simple de ne garder qu’une seule forme référentielle. maquina f machine mar f mer març m mars marca f marque marcar v marquer marchar v marcher

mariar → MARIDAR maridar (va mariar ) v marier marrit -ida (va marrit - ) adj mauvais ia

-e, méchant -e; fâché -ée → MALVATZ -ASA Marselha n Marseille mas m mas, ferme f, maison de campagne f → BÒRDA, GRANJA, BASTIDA masculin -a adj masculin -e Massís Central (lim auv pro niç gas Massís Alibèrt Centrau) m Massif Central proposait Massís Septentrional (GramAl: vii, 458), sans doute parce qu’il considérait que la Catalogne faisait partie de l’Occitanie. Mais dans les limites communément admises de l’Occitanie, cette montagne occupe vraiment une place centrale et s’étend très loin vers le sud. Il convient donc de préférer le terme Massís Central. Bonnaud propose Nòstras Montanhas et la Planèla Grand ‹Netra Mountanha, là Planelà Grand› (NDGFA): il faudrait connaître

l’histoire de ces formes avant de les enregistrer. matèria f matière

matin m matin mau → MAL mauvatz -asa → MALVATZ -ASA medicament m médicament mèi mèja → MIÈG MIÈJA mèidia → MIEIDIA mèijorn → MIÈGJORN mèjanuèit → MIÈJANUÈCH mena f sorte menar (gas miar ) v mener, emmener menina f grand-mère → MAMETA,

MAIREGRAND, GRANDMAIRE, MAIRANA, MAIRBONA menor -a adj mineur -e mercat (lim auv va merchat) m marché mercé/mercés m merci (remerciement) En pro., on dit plus souvent → GRANDMERCÉ. En catalan, les formes référentielles mercè et mercès sont interprétées comme le singulier

et le pluriel du même lemme. Cette explication est peut-être valable pour expliquer l’occitan mercé et mercés, mais est-ce que l’usage perçoit vraiment mercés comme un pluriel? || La variante mercí est assez répandue. Ce n’est peut-être pas un francisme car elle est attestée en occitan classique (Levy 1909). En provençal général, mercí passe à gramací (lemmatisé en → GRANDMERCÉ). Cependant, ces formes en -í ne correspondent pas à la régularité évolutive (< lat. mercēdem; le lat. ē aboutit normalement à -é en occitan). S’il n’est pas certain que mercí soit un francisme, la préférence pour mercé, depuis Alibèrt (DicAl), reste néanmoins un choix de régularité évolutive. On s’y tiendra par esprit de discipline et pour respecter un usage renaissantiste qui s’est sédimenté.

merchat → MERCAT merendar v déjeuner (à midi) DINNAR



merende

m déjeuner (midi) → DINNAR mes m mois meschant -a → MAISSANT -A mesclar v mélanger, mêler → BOIRAR, BARREJAR mesme -a → METEIS -SSA mestièr (lim va pro niç mestier, auv mestèir) m

métier

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QUATRIÈME PARTIE

mesurar v mesurer meteis meteissa (gas medish -a) = mesme -a (stt lim auv va) adj/pron même

méter → METRE mètge metgessa

n médecin/docteur (m), doctoresse (f) metre (gas méter) v irr mettre → BOTAR,

Mónegue n Monaco → § XV.4.2. montanha montagne montar v monter Montpelhièr n Montpellier morir v irr mourir mòrt -a adj mort -e mòrt2 f mort mostièr! (pro niç va lim mostier, auv mostèir) f

1

demi…

→ MACARÈL!, interj zut! ACCIDENT!, BÈRLA!, FIULA!, PRUNA! mot m mot mòth mòtha → MÒL -A mòto f moto motor m moteur mòu mòla → MÒL -A movement m mouvement musica f musique

midi, stt auv).

Nadal

FICAR

mètre m mètre miar → MENAR mièg (lim va pro niç mieg, gas miei, auv mèi) 1

m milieu mièg2 mièja (lim va pro niç mieg mieja, gas miei mieja, auv mèi mèja) adj demi -e, semi-, demi-, mi- || adv mi-, à

miègjorn (pro niç va lim miegjorn, gas mieijorn, auv mèijorn) m midi; déjeuner (de → MIEIDIA, DINNAR

miègjornar (pro niç va lim miegjornar, gas mieijornar, auv mèijornar) v déjeuner (à midi)

→ DINNAR miei mieja → MIÈG MIÈJA

mieidia°

= mèidia

m

midi → MIÈGJORN. La concordance entre l’auv. mèidia, le gas. mieidia et le cat. migdia est très intéressante. Dans les autres standards régionaux, la forme miègdia° (miegdia°) est inattestée et on hésite à la proposer (même si elle simplifierait la régularité du diasystème). Il semblerait plus prudent de faire de mieidia/mèidia des recours panoccitans (complètement interdialectal). mièjanuèch (pro niç va lim miejanuech, auv mèjanuèit, gas miejanueit) f minuit minuta f minute misè f mademoiselle, miss → DOMAISÈLA, MADOMAISÈLA mobileta f mobylette mòble m meuble mòda f mode modèrne -a adj moderne mòl -a (pro lim mòu mòla, gas mòth mòtha) adj mou molle molon m tas moment m moment

món → MOND mond (gas món) m monde monegasc -a adj/n

N

Nadau

gas lim auv pro niç ) m Noël → DEINAAL. Éviter l’italianisme Natal* (< it. Natale). Le francisme Novè (< fr. Noël) (

n’est pas la première forme à conseiller, mais elle est très sédimentée et semble inévitable, au moins comme prénom. nadar v nager → DENEDAR Nadau → NADAL nàisser (gas nàisher) v irr naître

’nar → ANAR nas m nez natural -ala (lim auv pro niç -au -ala, gas -au) adj naturel -lle

naturalament (gas naturaument) naturellement

adv

nau nava → NÒU NÒVA naut -a / aut -a (gas naut -a / aut -a / haut -a ) adj haut -e

nautor/autor (gas nautor / autor / hautor) f hauteur navèth -èra

→ NOVÈL -A

necessari -ària adj nécessaire necite -a adj nécessaire negre -a adj noir -e

→ NIÈR -A nèr -a → NIÈR -A

→ NIÈR -A

nèir -a

net -a adj propre, net -tte netejar v nettoyer nèu f neige Niça n Nice Niça; Comtat de f/m Comté de Nice m niçard -a adj/n niçois -e

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LES APPLICATIONS

m Pays Niçois lim va pro niç nier -a, auv nèir -a, gas nèr -a) adj noir -e → NEGRE -A Nimes n Nîmes nom m nom nombre m nombre nòrd m nord normal -ala (lim auv pro niç -au -ala, gas -au) adj normal -e nòu nòva (gas nau nava, lim auv nuòu nuòva) adj neuf -ve, nouveau -elle novèl -èla (pro niç lim novèu -èla, gas navèth -èra) adj nouveau -elle novembre (gas noveme) m novembre nuèch (lim va pro niç nuech, auv nuèit, gas nueit) f nuit nuèit, nueit → NUÈCH numbre m numéro → NUMÈRO, § XII.10.1. numèro (niç cis número) m numéro Niçard; País

nièr -a (

ò!

O

interj oh!

obligacion

f

ordenaor

)m

òrdre

Pour la (gas òrdre/òrdi) m ordre prononciation auvergnate [ O(r)dr´], → ARBRE. En gascon, les formes documentées sont innombrables: òrdre, òrde, òrdi, orde, ordi, órdia [f]… (DicPal). Òrdi est très présent dans la koinê béarnaise. organizar v organiser òs m os → ostal (gas lim auv pro niç ostau) m maison "

(niç gas ostalaria) f hôtel P

oublier



obligation

v obliger → § XII.6.8. obrièr -a (lim va pro niç obrier -a, auv -a, gas obrèr -a) n ouvrier -ère obrir → DOBRIR òc1 [lg O(k)] (= aí stt niç) adv oui òc2 m oc • d’òc loc adj d’oc • lenga obligar

obrèir

"

langue d’oc

va

→ UÒU Òut → ÒLT

m objet

va obliar ) v EISSUBLIAR.

ordenader

òu

→ OBLIDAR

oblidar (

ordinateur

MAISON

→ DOBÈRT -A obertura → DOBERTURA objècte

auherir

ostalariá

obèrt -a

obliar

oèst m ouest ofrir (gas ) v irr offrir òli m huile Òlt/Òut m Lot ombra f ombre òme m homme oncle m oncle opausar v opposer oposicion f opposition ora (= òra stt gas) f heure ordenador (gas ,

m Pays d’Oc f occasion occitan -a adj/n occitan -e Occitània f Occitanie octòbre m octobre La forme

d’òc

f

Òc; País d’ ocasion

octòbre est attestée dans tous les dialectes. Elle correspond à la régularité évolutive des mots savants qui tendent à ouvrir ò (§ XII.5.2). La forme octobre, proposée par Taupiac (1992), est très minoritaire et ne peut pas être référentielle, même si elle a pu paraître attrayante en raison de sa similitude avec le cat. et l’esp. octubre. ocupar v occuper odor (gas audor) f (niç f/m) odeur

lim auv va paiar) v payer paiar → PAGAR pairan m grand-père → PAPET, PEPIN, PAIREGRAND, GRANDPAIRE, PAIRBON pairbon m grand-père → PAPET, PEPIN, PAIREGRAND, GRANDPAIRE, PAIRAN paire (lim gas pair) m père pairegrand (niç lim pairgrand, gas pairgran) m grand-père → PAPET, PEPIN, GRANDPAIRE, PAIRAN, PAIRBON país m pays païsan -a n paysan -nne pan m pain pana f panne papà m papa papèir → PAPIÈR papèr → PAPIÈR papet m grand-père → PEPIN, GRANDPAIRE, PAIRAN, PAIREGRAND, PAIRBON papièr (lim va pro niç papier, auv papèir, gas papèr) m papier paraula f parole parèir -a → PARIÈR -A pagar (

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QUATRIÈME PARTIE adj parent -e f mur m, paroi parièr -a (lim va pro niç -a) adj pareil -eille parlar v parler parent -a

part1

f

partia

parier -a

, auv

parèir

part, partie

→ PARTIDA

(va partia) f partie v partir pas m pas; passage Pascas n Pâques passar v passer • se passar (niç si passar, gas passà’s) v se passer passat -ada (va passat -aa) adj dernier -ère, passé -ée (temps) passejar v promener • se passejar (niç si passejar, gas passejà’s) v se promener pata f patte → patana f pomme de terre TRUFA, TRIFÒLA, TARTIFLA, POMPIRA patron m patron patz f paix Pau n Pau paua → PAUSA pauar → PAUSAR partida partir

paubre -a

p

"

→ paure -a

lg pro pOw, niç w(r)] f peur

paur [

"

paw, auv paw/ p w, va

"

"

"

O

O

(gas praube -a) adj pauvre pausa (niç paua) f pause pausar (niç pauar) v poser pè (niç pè/pèn) m pied En niçois, pè est attesté à Menton (Caserio & al. 2001). Pèn es la forme du parler de Nice. peant -a → PESANT -A paure -a = paubre -a

pear

→ PESAR

pèça

f

pèira

f

pièce pierre

(gas peish) m poisson (en général); poisson de mer (spécialement)

peis

→ PEISSON

(gas peishon) m poisson (stt lim auv poisson (en général); poisson d’eau douce (spécialement); petit poisson (stt gas lg) → PEIS. Pour les détails sémantiques, voir DicPal (art. ‹pechoû›), Vayssier 1879 (art. ‹peys›), Lèbre & al. 1992 (art. poisson). pèl (pro niç lim pèu, gas pèth) f peau

peisson

va)

gas pro peu, lim auv piau) m poil; cheveu, pl → BERRI

pel1 (

cheveux

→ APELAR pèn → PÈ pena f peine pensar v penser → PAPET, pepin m grand-père GRANDPAIRE, PAIRAN, PAIREGRAND, PAIRBON Pour la pèrdre (gas pèrder) v perdre prononciation → ARBRE. persona f personne pes m poids pesant -a (niç peant -a) adj pesant -e, lourd -e -UGA pesar (niç pear) v peser pesuc -uga adj lourd -e → PESANT -A pèth → PÈL petit1 petita (lim petit petita / pitit pita) adj petit -e → PICHON -A, PICHÒT -A, PICHIN -A, CHIN -A peu → PEL, PÈL pèu →PÈL piau → PEL picar (va auv lim pichar) v frapper, taper → TUSTAR pichar → PICAR pichin -a adj petit -e → PICHON -A, PICHÒT -A, PETIT -A, CHIN -A pichon -a (niç: pl masc pichoi) adj petit -e → PICHÒT -A, PETIT -A, PICHIN -A, CHIN -A pichòt -a adj petit -e → PICHON -A, PETIT -A, PICHIN -A, CHIN -A pilhar v prendre → PRENE pipaut -a adj sale → LORD -A, BRUT -A, CASCANT -A, SUPAT -ADA, EMBRENAT -ADA Pirenèus m pl Pyrénées f pl piscina f piscine pita → PETIT -A pitit pita → PETIT -A plaça f place → AGRADAR plaire (gas plàser) v irr plaire plan1 / ben (auv lim plan/ben~be, gas plan, pro niç va ben) adv bien, beaucoup, très plan2 -a adj plat -e plan-plan adv doucement plànher v irr plaindre planta f plante ’pelar

paret

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LES APPLICATIONS → PLAIRE m plaisir plastic m plastique plàver → PLÒURE plea → PLEN PLENA plegar (auv lim va plejar) v plier, ployer plejar → PLEGAR plen plena (gas plen plea) adj plein -e ploja → PLUÈJA plorar v pleurer plòure (gas plàver) v irr pleuvoir plueia → PLUÈJA pluèja (lim plueja, pro niç va plueja/plueia, gas ploja) f pluie poder (va poer) v irr pouvoir poer → PODER pola (gas pora) f poule → GALINA polit -ida (va polit -ia) adj joli -e → BRAVE -A, GENT -A, CRANE -A, BELÒI -ÒIA pols (pro niç va auv lim pous [cis. pols]) f poussière → POLSA, POSCA polsa (pro niç va auv lim poussa [cis. polsa]) f poussière → POLS, POSCA poma f pomme pompira f pomme de terre → TRUFA, TRIFÒLA, TARTIFLA, PATANA ponch (gas auv punt) m point pora → POLA pòrta f porte portar v porter, apporter posca f poussière → POLSA, POLSA possible -a adj possible pòsta f poste posterior -a adj postérieur -e pous → POLS poussa → POLSA praube -a → PAURE -A prene v irr prendre → PILHAR. En niçois, plàser

plaser

prene, aprene et comprene sont souvent remplacés par les verbes réguliers pilhar, emparar et capir. Dans ce phénomène, il

est difficile de faire la part entre l’autocentrage occitan et l’interférence de l’italien pigliare, imparare et capire. En occitan classique, Levy (1909) atteste pilhar au sens de “prendre”. L’usage d’emparar pour “apprendre” existerait non seulement à Nice mais aussi dans le Béarn d’après

Mistral (TDF: art. ‹empara›); cependant Palay ne confirme pas ce sens. Enfin, capir au sens de “comprendre” est typique des Alpes-Maritimes d’après le TDF (art. ‹capi›), donc cet emploi pourrait dépasser le Comté de Nice et l’aire d’influence de l’italien. preparar v préparer • se preparar (niç si preparar, gas preparà’s) se préparer prepaus m propos prepausar (niç prepauar) adv proposer presentar v présenter prèst -a (= prèste -a stt lim) adj prêt -e prètz m prix (coût) prima f printemps m → PRIMTEMPS primtemps m printemps → PRIMA || La forme primtemps m, très répandue, est sans doute admissible. Il est difficile de savoir s’il s’agit d’une formation autocentrée ou d’un francisme. En orthographe, le CLO a préconisé primtemps contre printemps*. principi m début, commencement; principe → COMENÇAMENT, INICI probable -a adj probable problèma m problème pròche -a (lim pròche -a / pròpche -a) adj proche produire (gas prodúser) v irr produire professor -a n professeur prometre v irr promettre pròpche -a → PRÒCHE -A Provença

f

Provence

pro niç auv lim provençau -ala, gas provençau) adj/n provençal -e → MACARÈL!, pruna! interj zut! ACCIDENT!, BÈRLA!, FIULA!, MOSTIÈR! public -a adj public -ique punt → PONCH provençal -a (

Q

/ [k(w)ali tat] qualité La double prononciation [k] ou [kw] est inévitable en fonction des trois langues-exemples: fr. qualité [k-], cat. qualitat [kw-], it. qualità [kw-] (§ XII.7.1 (q)).

qualitat qüalitat

"

quantitat/qüantitat

[k(w)anti tat]

Pour [k] ou [kw], voir

"

quartèir)

aller chercher



f

quantité

→ QUALITAT.

gas ka-] (lim va pro niç m quartier v irr chercher, quérir •

quartièr [

quèrre

f

quartier

, auv

anar quèrre mandar quèrre

envoyer

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QUATRIÈME PARTIE chercher • venir quèrre (gas viéner quèrre), venir chercher

→ § XIII.26.

question/qüestion [k(w)es tju] question "

f

Pour [k] ou [kw], voir → QUALITAT. quilo/quilograma m kilo, kilogramme quilomètre m kilomètre R

ràdio radio rapòrt m rapport rar -a adj rare rasim (gas rasim/arrasim) m raisin rason f raison recebre (gas recéber/arrecéber) v irr recevoir reconéisser/reconóisser (gas reconéisher/arreconéisher) v irr f

reconnaître

redond -a (gas pro niç redon -a, va reond -a) adj rond -e

regde -a (gas regde -a / arregde -a) adj raide, rigide

region f région rei reina n roi reine reina → REI relacion f relation relatiu -iva adj relatif -ive remarcar v remarquer remèdi m remède remembrar v rappeler • se remembrar (niç si remembrar, gas remembrà’s) v se souvenir

Il existe de nombreuses formes assimilées (rebrembar et rebrombar, notamment en lg. et gas.) ou dissimilées (renembrar semble dominer en niçois; en auvergnat, le NDGFA ne mentionne que nembrar qui se rattache en fait au lemme membrar). Il faudra peut-être évaluer l’acceptabilité de remembrar en niçois et en auvergnat. remplaçar v remplacer renar v maugréer, pester, râler, geindre → REPOTEGAR rendre (gas rénder) v rendre reond -a → REDOND -A repais (gas repaish) m repas reparar v réparer repotegar v maugréer, pester, râler, geindre → RENAR representar v représenter respècte m respect Le mot savant respècte signifie “respect” tandis que son cognat populaire respièch (respiech, auv gas respèit) signifie “répit”. Dans les autres

mots qui dérivent de mots latins en -ectus, il n’est pas nécessaire de faire un doublet avec la forme savante et la forme populaire. Une seule des deux suffit. Selon les cas, Alibèrt (DicAl) a proposé une lemmatisation de type populaire (efièch/efiech/efèit) ou de type savant (aspècte). Le même Alibèrt distingue d’ailleurs respièch “répit” et respècte “respect”. On s’y tiendra par discipline et par cohérence avec les précédents immédiats d’usage de formes référentielles. Il n’est pas indispensable d’aligner tous ces mots sur la formation savante comme le font certains occitanistes (efècte*) en copiant le catalan (efecte). De plus, la formation populaire de type efèit semble encore bien vivante en gascon et en auvergnat (NDGFA, DicPal). respèit



respièch respèit



RESPIÈCH

(pro niç va lim

respiech

, auv gas

) m répit

RESPÈCTE

v respirer → ALENAR (pro niç va respòndre, gas respóner/arrespóner) v répondre respóner → RESPONDRE responsa (pro niç va respònsa, gas → responsa/arresponsa) f réponse RESPÒSTA respòsta f réponse → RESPONSA. Respòsta est parfaitement respirar

respondre

classique en occitan (Levy 1909) et n’est pas un italianisme (cf. it. rispòsta). rèsta f/m reste m restar v rester, demeurer, habiter → DEMORAR. En lim. et auv. on distingue restar [lim res ta, auv r´s ta] “rester” et "

/

arrestar ’restar

"

lim

[

rej ta/rej ta,

Å

"

"

auv

r s ta/r s ta] “arrêter”.

Å

´

"

’restar resulta

´

"

→ ARRESTAR

f résultante, résultat m → RESULTAT m résultat La forme resulta f, qui

resultat

signifie “résultante, résultat” (TDF), est souvent perçue par les renaissantistes comme la seule forme admissible. C’est une manifestation de distanciation maximale contre le français résultat. En fait, resultat est normal en occitan (TDF, DicAl; cat. resultat, resulta; it. risultato, di resulta). → retard m retard • en retard adv en retard TARDANÇA, TARDIÈR -A, TARDIU -IVA

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LES APPLICATIONS

revèrs revirar

m revers (gas revirar/arrevirar) v

traduire

lim auv va

ric rica (

ric riche richa)

Pour riche, voir §

→ RIC -A

riche -a

/ XI.8.1.

→ ENTIÈR -A

retourner;

adj

riche

roa

→ RÒDA (gas

arròda,

va

roa)

f

roue

En

rua] est une évolution autocentrée et cohérente: elle a connu la chute régulière du d intervocalique puis une dissimilation de ò [O] vers o [u], afin de faire face à un un -a final qui se réalise [O] ou [a] selon les parlers. Certains parlers connaissent la synérèse secondaire allant de [ rua, ru ] vers [ rwa, rw ]. Cf. Pons & Genre 1997 ‹rouo›, Bruna Rosso 1980 ‹rouo›, Lo Saber ‹rouò›, Dufaud 1986 ‹roá›, J.B. Martin 1997 ‹roà›. → ROI -A roge roja adj rouge roi roia / arroi arroia adj rouge → ROGE -JA Ròse m Rhône vivaro-alpin,

"

"

roa

O

[

"

"

"

O

S

/

(lim auv saber/saubre, gas saber) v irr savoir sal (gas lim auv pro niç sau) f sel m sala f salle saludar (va saluar) v saluer Éviter l’italianisme salutar*. salvar (gas lim auv pro niç va sauvar [cis. salvar]) v sauver sang m/f sang santat f santé → AGANTAR, GAFAR, AGAFAR sasir v saisir saber saupre

sason

f

saison

→ SAL → SABER saupre → SABER sau

saubre

v sauter sauvar → SALVAR sec -a (lim auv va sec secha) adj sec sèche sègre (gas sèguer) v irr suivre → SEGUIR sèguer → SÈGRE seguir v suivre → SÈGRE segur1 -a adj sûr -e sèla f selle; chaise → CADIÈRA semblar v sembler, ressembler à sencer -a adj intact -e, pure -e, entier -ère sautar

-A, MANCE -ÇA, SENÈSTRE -A senèca f gauche MANÇA, SENÈSTRA

→ ESQUÈRRE → ESQUÈRRA,

senèstra

rire (gas arríder) v irr rire

ròda

senèc -a adj gauche

f gauche → ESQUÈRRA, MANÇA, SENÈCA senèstre -a adj gauche → ESQUÈRRE -A, MANCE -ÇA, SENÈC -A sénher m monsieur sens1 (pro va sens/sensa, niç sensa, gas sens/shens) prep sans sens2 m sens sensa → sentiment m sentiment sentir v sentir separar v séparer ser (= sera stt niç pro va auv) m soir sera → seriós -osa (niç seriós -oa) adj sérieux -euse servici m service servir v irr servir sèt adj sept set f soif setembre (gas seteme) m septembre setmana f semaine sèxe m sexe shens → signe m signe simplament adv simplement simple -a adj simple situacion f situation situar v situer só → social -a (lim auv pro niç -au -ala, gas -au) adj SENS

SER

SENS

SOL

social -e

sofrir v irr souffrir sol -a adj seul -e 1

sol2 (gas

só)

SOLELH

→ SOLET -A m

soleil



/ m soldat Ce mot, qui vient de l’it. soldato, a des formes dialectales extrêmement capricieuses. On trouve basiquement: soldat (lg. gas. lim.), soudat (auv. va. pro.), soudard (gas. lim. auv. pro. va.), soldard (auv. lim.), sordat (gas. auv. pro.), sordà (niç.), sordato (mentonnais, cf. Caserio & al. 2001)… Cela ne correspond pas à la distribution habituelle de la clé diasystématique //ld, wd//. L’évolution

soldat soudat

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QUATRIÈME PARTIE

dialectale du mot est tiraillée entre ladite clé, l’adaptation tardive d’un emprunt italien avec l devant consonne et la réfection éventuelle avec le suffixe -ard. D’ailleurs, les formes en -ard pourraient être liées au français, puisque dans cette langue, soudard a précédé l’italianisme soldat (Dauzat & al. 1971). La forme niçoise sordà est attestée avec un amuïssement du -t final: ce qui fait penser à une interférence tardive du français (Castellana 1952: ‹sourdà›, Calvino 1905: ‹sordà›). Une standardisation simple, proposée ici, consiste à accepter les deux formes soldat et soudat dans tous les standards régionaux, car ce sont les plus étymologiques et les plus répandues. Elles ont l’avantage de se rapprocher de sòlda/sòuda f “solde (paie)” où les formes en r sont plus rares (sòlda est accepté dans le DicAl, sòuda/sòlda dans le TDF; ce mot vient du fr. solde [f] qui vient lui-même de l’it. soldo [m]; les formes en r ne sont mentionnées que dans le NDGFA: sòlda/sòrda). Ainsi, en niçois, la coexistence contradictoire de sòlda “solde” et sordà “soldat” (Castellana 1952) rendrait sans doute acceptable la forme soldat.

pro niç soleu) m soleil → SOL adj seul -e → SOL -A soleu → SOLELH Pour le -e solid -a (solide -a) adj solide solelh (

solet -a

soutien, cf. § XII.5.1. soma f somme son m son (audition)

sonar

v

appeler

de

sonner,

sonhar v soigner sopar v dîner (le soir), souper sopar2 m dîner (repas du soir), souper sòr/sòrre f sœur ) sortie sortida (va 1

sortia

f

v sortir sovent adv souvent soudat → SOLDAT sovenir (gas soviéner) m souvenir sovenir; se (niç si sovenir, gas soviene’s) v irr sortir

se souvenir

soviéner

sud

→ SOVENIR

adj calme m sucre

m sud (gas sufíser) v irr suffire

sufire

→ LORDEJAR, v salir EMPIPAUTAR, CASCANTEJAR, BRUTAR, EMBRENAR supat -ada (va -at -aa) adj sale → LORD -A, BRUT -A, PIPAUT -A, CASCANT -A, EMBRENAT -ADA superfícia (mieux que: superficia) f superficie Pour l’accent tonique, voir § XII.5.6. superior -a adj supérieur -e supermercat (lim auv va supermerchat) m

supermarché

sustot adv surtout MAI

→ SUBRETOT, MAI QUE T

talent /m talent m; faim f tampar v fermer, obstruer, boucher tanta f tante tantòst m après-midi f

→ APRÈSMERENDE, APRÈSDINNAR, APRÈSMIÈGJORN tard adv tard tardança f retard m → RETARD tardièr -a (lim va pro niç tardier -a, auv tardèir -a) adj en retard → TARDIU -IVA tardiu -iva adj en retard → TARDIÈR -A tardor f automne m → AUTON, ABÒR, ENDARRIÈR, DARRIÈRA Tarn m Tarn tartifla f pomme de terre → TRUFA, TRIFÒLA, POMPIRA, PATANA taula f table tèle f fam télé → TELEVISION. Cette forme familière coïncide avec le cat. tele (Diccionari de paraules noves 1998), le fr. télé et l’it. tivù. telefòn m téléphone telefonar v téléphoner → TÈLE television f télévision temps m temps téner/tenir (gas tiéner) v irr tenir; avoir

(détenir)

tèrç m tiers tèrra f terre terrible -a adj terrible tèsta f tête → CAP tiéner

→ TÉNER

tirar v tirer, enlever tocar (lim auv va

tochar

suau1 suava sucre

supar

tochar

→ BASTAR

→ TOCAR

) v toucher

Tolon n Toulon Tolosa n Toulouse

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LES APPLICATIONS

tombar v tomber, faire tomber torn m tour tornar v rendre; remettre; revenir, retourner trabalh m travail En gascon, trabalh est

largement attesté à côté de tribalh. On trouve aussi de manière éparse trebalh, trubalh, trabau, travalh dans différents dialectes. Il est plus simple de ne garder que trabalh comme forme référentielle, qui est attestée dans tous les dialectes. trabalhar v travailler tractor m tracteur traire (gas tréger) v irr tirer, jeter tranquil -illa adj tranquille trapar v attraper; trouver → AGANTAR, GAFAR, AGAFAR, TROBAR trauc m trou travèrs m travers traversar v traverser tréger → TRAIRE

m train J. Taupiac (1992) propose la forme trèn. On trouve surtout trèn en aranais (Vergés 1991) et cette forme est à relier au catalan tren avec un [E] ouvert (Bruguera 1990). Mais les formes occitanes les plus usuelles sont tren avec un e fermé ou bien trin. La forme la plus diasystématique semble être tren: en effet, on trouve tren dans tous les dialectes (trèn en gascon aranais) alors que trin est absent en niçois. Il n’y aurait aucune raison de refuser tren sous prétexte que c’est un francisme: cf. catalan tren (< angl. train < fr. train, Bruguera 1996) et italien trèno (< fr. train, Zingarelli 2004). Alibèrt (DicAl) ne mentionne que le cognat traïn, peut-être par purisme excessif envers le français. Mais traïn ne recouvre pas les sens de tren. Selon le TDF, il y a des différences sémantiques entre tren “train (dans tous les sens)” et traïn ‹trahin› “train (équipage, cortège)” (dérivé: entraïnar “entraîner”). → trifòla f pomme de terre TRUFA, TARTIFLA, POMPIRA, PATANA triple -a adj triple trist trista adj triste → TRAPAR trobar v trouver tròç m morceau → TRIFÒLA, trufa f pomme de terre TARTIFLA, POMPIRA, PATANA tuar v tuer; éteindre → ATUDAR, ESTUPAR, AMORÇAR, AMURCIR tren

v

tustar

→ PICAR

frapper, taper

U

uèlh ueu

(gas lim va pro niç uelh) m œil

→ UÒU

f unité gas ueu, niç òu) m œuf

unitat uòu (

V

lim auv va vacha) f vache vacanças f pl vacances vacha → VACA vàder → VÀSER vaishèth → VAISSÈL vaissèl (pro niç lim vaissèu, gas vaca (

vaishèth)

m

vaisseau, navire, bateau Valença

n

Valence

(Occitanie, Dauphiné)

L’usage classiciste distingue Valença en Occitanie et Valéncia dans les Pays Catalans. Le catalan distingue de la même manière Valença en Occitanie et València dans les Pays Catalans (mais le catalan ancien a pu hésiter entre València et Valença pour désigner la ville des Pays Catalans, cf. DCVB). En système mistralien, Mistral disait Valença ‹Valènço› pour les deux villes (TDF). L’usage classiciste a préféré donner à la ville des Pays Catalans un nom calqué sur sa forme autochtone, ce qui permet de faire une distinction commode entre les deux villes, notamment dans le cadre des relations occitano-catalanes. valer v irr valoir vàser (gas vàder) v devenir, naître → , VENIR

véder



NÀISSER

VEIRE

m véhicule gas véder) v irr voir veire2 m verre (matière, verre à boire) vejaire m avis (opinion) → AVÍS vendre (gas véner) v vendre En gascon, on veïcul

veire1 (

distingue véner “vendre” et viéner “venir”. venent -a

(temps)

gas

(

vienent -a)

adj

prochain -e

→ VENIR (QUE VEN) véner → VENDRE

gas viéner) v irr venir, devenir • …que gas ...qui vien) adj prochain -e (temps, → VENENT -A) vent m vent vente → VENTRE venir (

ven (

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QUATRIÈME PARTIE gas vente) m ventre adj vrai -e → VERAI -AIA ’ver → AVER verai -aia adj vrai -e → VER -A verd -a adj vert -e veritat → VERTAT vertadièr -a (lim va pro niç vertadier -a, gas vertadèr -a, auv vertadèir -a) adj véritable ventre (

visda

ver -a

vista

En vivaro-alpin, il est difficile de trouver une attestation de ce mot. Les dictionnaires fournissent plutôt le francisme veritable -a* et, du côté cisalpin, la forme autocentrée ver -a (qui coïncide de l’it. vero -a dans le sens de “véritable”). vertat/veritat f vérité Vertat est de formation populaire, veritat est un doublet savant. Ces deux formes sont présentes depuis la langue classique (Levy 1909). Elles peuvent coexister dans tous les standards régionaux, même si leurs fréquences respectives varient selon les dialectes. vesin vesina (gas vesin vesia) n voisin -e vestir v irr vêtir, habiller vestit m vêtement, habit → CÒP viatge m voyage; fois f vida (= vita? stt gas va lim) f vie En gascon, vita domine mais vida se dit au moins en aranais (Vergés 1991). En vivaro-alpin, vita domine mais vida existe au moins à Yssingeaux (à côté de vià, cf. J.B. Martin 1997). En limousin, les deux formes coexistent de manière plus équilibrée (Gonfroy 1975, Lavalada 2001). Une lemmatisation simple poserait vida comme forme unique, mais le critère de diffusion demande d’accepter peut-être le doublet secondaire vita. vièlh -a (gas lim va niç pro vielh -a) adj vieux vieille, âgé -ée vienent -a → VENENT -A → VENIR f ville vilatge m village vin m vin virar v tourner, virer

viéner

→ VISTA

(lim visda) v vue

vita → VIDA viu viva adj vivant -e, vif vive viure (gas víver) v irr vivre Vivarés1 m Vivarais vivarés2 -esa adj/n vivarois -e víver

→ VIURE

(forme générale) (formes secondaires: lg. / vuèg vuèja — gas va vueid -a — pro vuege vueja — niç Voici un mot très vuei vueia) adj vide

voide -a

void -a

usuel aux variations capricieuses et difficiles à lemmatiser. Taupiac (1992: 488) voit juste lorsqu’il constate que voide est plus répandu que void, en languedocien et dans l’ensemble de la langue. Mais le renaissantisme languedocien a sédimenté void et vuèg à la suite du dictionnaire d’Alibèrt. En gascon, la koinê béarnaise a sédimenté vueit vueita (DicPal, Civadòt), pourtant, vueid vueida (Atau que’s ditz 1998) est infiniment plus diasystématique et se rapproche de l’aranais vued vueda (Vergés 1991 écrit vuet* vueda). Entre vueit -a et vueid -a, seule la forme féminine change sur le plan phonétique (et les dérivés: vueitar → vueidar “vider”…). Le cisalpin connaît vueid vueida, comme en gascon, tandis que le vivaro-vellave l’auvergnat et le limousin disent voide -a selon la tendance générale. volar v voler (en l’air) voler v irr vouloir votz (pls. voses) f voix vuèg vuèja → VOID -A

→ VOID -A → VOID -A vueid -a → VOID -A vuege -ja vuei -a

zèro

m zéro

Z

vila

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Chapitre XV

UNE APPLICATION PARTICULIÈRE: LES NOMS PROPRES XV.1 La disparité des tâches Par commodité, je traite ici en même temps les noms propres (l’onomastique) et les mots communs qui dérivent des noms propres (la déonomastique) et en particulier les gentilés 1. Il est nécessaire de faire une distinction rigoureuse entre les noms propres d’Occitanie et les noms propres internationaux, car ils présentent des problèmes distincts et appellent des traitements distincts. a) La gestion des noms propres d’Occitanie est relativement simple d’un point de vue normatif. On doit respecter les formes traditionnelles, telles que l’usage les a consacrées. Il n’y a donc pas un grand travail formel à faire, en dehors de la gestion orthographique, de l’évitement de certaines interférences et de l’harmonisation des mots génériques intégrés aux formes composées. Par contre le travail est harassant d’un point de vue documentaire. Certes, on dispose d’études admirables qui couvrent certaines parties de l’Occitanie, essentiellement en toponymie. Mais ces ouvrages sont dispersés, mal harmonisés et parfois difficiles d’accès. De plus, il n’existe pas encore de recueil onomastique global qui soit comparable à l’Onomasticon Cataloniæ (Coromines 1989-1997). Une autre difficulté réside dans les mythes tenaces sur les noms propres qu’il faut savoir démonter à travers un travail philologique rigoureux (Sumien 2003). b) La gestion des noms propres internationaux présente une difficulté inverse. La dureté du travail réside dans la résolution de problèmes qui étaient inédits et impensés par la norme jusqu’à une date récente, et que le CLO a commencé à étudier en 1999 2. En revanche, la documentation est relativement disponible et simple à utiliser, notamment pour l’origine étymologique formelle (Cherpillod 1986, Cherpillod 1988, Deroy & Mulon 1992, Albaigès 2000, Tanet & Hordé 2000, Gaffiot 1934, Du Cange 1678, Graesse 1909, Stamatakos 1972…). Pour le critère d’analogie avec d’autres langues, il est commode de consulter les encyclopédies et dictionnaires comprenant des noms propres et des gentilés dans les trois langues exemples (catalan, italien et français). J’ai utilisé en catalan: la GEC, la Petita Enciclopèdia Catalana (2000), le GDLC 1

2

L’usage de mettre une majuscule aux noms gentilés est typiquement français. La plupart des autres langues romanes préfèrent mettre une minuscule, mais l’italien hésite (Zingarelli 2004: 1037). L’occitan oscille comme l’italien. La première édition de la grammaire d’Alibèrt (1935) mettait des minuscules, la seconde édition (1976), retouchée par Ramon Chatbèrt, utilise des majuscules à la française.. En frioulan, Toffoli (sd., vers 1990?) a proposé un répertoire normatif de toponymes internationaux et de gentilés. La méthode qu’il a suivie reflète des préoccupations similaires à celles que j’expose ici.

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QUATRIÈME PARTIE

et le DCVB; en italien: La Piccola Treccani (1995), la Nuova Enciclopedia Universale (2000) et le Zingarelli (2004); en français: le Grand Larousse Universel (1992), le Dictionnaire Hachette encyclopédique (2000). Enfin, les moteurs de recherche sur Internet permettent de se faire une idée de la vitalité de telle forme dans telle langue. Mais ce n’est qu’un procédé d’appoint qui ne saurait remplacer l’enquête philologique.

XV.2 La distribution fonctionnelle dans les noms propres L’onomastique est victime d’une véritable distribution fonctionnelle. Inconsciemment, beaucoup d’occitanistes se comportent comme si la langue subordonnée n’avait pas le droit de “souiller” certains noms propres de la langue dominante. Cette attitude diglossique est compréhensible chez les locuteurs non militants, elle est inacceptable chez des renaissantistes qui se veulent “conscients”. À l’origine du problème, les noms propres sont très fragilisés parce que leur nature monosémique et monoréférentielle les rend moins accessibles que les mots communs. Ils sont perçus comme des mots relativement rares, au même titre que les mots savants et que les mots liés aux fonctions de prestige. Comme ces derniers, les noms propres sont plus facilement soumis à l’interférence de la langue dominante. Les noms propres qui résistent le plus longtemps à la substitution se rapportent à l’environnement immédiat des locuteurs: toponymes et anthroponymes proches, noms des fêtes religieuses… Mais ces formes sont très fragiles. Dauzat (1915: 17-19) indique par exemple que le parler auvergnat de Vinzelles a presque oublié les formes occitanes des noms de famille et des prénoms. Les prénoms auvergnats y sont remplacés par des formes francisées, inspirées par les noms des châtelains locaux (qui sont des vecteurs prestigieux du français) et habillées avec une phonologie auvergnate. L’usage local de l’occitan remplace même les patronymes d’origine occitane par leur forme francisée. Bailon (1996: 139) indique que la perte des prénoms et surnoms finit par le fait qu’on cesse d’intégrer les anthroponymes de la langue dominante à la phonologie de la langue dominée. C’est l’étape qui succède à celle que Dauzat décrit à Vinzelles: la langue dominée, déclinante, n’est plus considérée comme digne d’être transmise correctement, elle perd toute valeur symbolique (cf. E. Ryan, “Why do low-prestige language varieties persist?” dans H. Giles et R. Sinclair, Language And Social Psychology, Blackwell, 1979). Ce changement d’attitude entraîne un relâchement des diverses normes, tant sociales que linguistiques, et favorise donc la non-intégration des emprunts. Un signe plus précoce d’un état pathologique est le fait de ne plus donner ou de ne plus utiliser des prénoms ou des surnoms de la langue dominée (cf. R. Cooper, éd, Language Spread, Indiana University Press, 1982), en particulier dans les interactions orales collectives. Il y a trente ans, les Bretons qui étaient officiellement dénommés François étaient toujours appelés Fanch [l. Fañch] dans la conversation intime; aujourd’hui, même un Breton d’une classe défavorisée peut toujours être appelé François. (Bailon 1996: 39)

Certains atlas linguistiques fournissent des indices sur la disparition des toponymes. Dans le Massif Central, la carte 71 de l’ALMC montre de manière spectaculaire que les seuls locuteurs naturels qui connaissent le nom occitan désignant “Le Puy”, c’est-à-dire Lo Puèi, sont ceux qui résident près de cette ville. Ceux qui 382

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habitent plus loin disent Le Puy [ pÁi] en français, même dans un énoncé en occitan. De même, les cartes 73 et 94 de l’ALMC montrent que les informateurs ne sont capables de fournir que les oronymes et hydronymes les plus proches. En Gascogne, dans la carte 1A de l’ALG, le nom du “Pays de Buch” est inclus dans le nom de la commune de “La Teste-de-Buch” (point d’enquête n° 662). Les informateurs locaux donnent comme forme occitane La Tèsta de Buc ‹la tè`stœ dœ≥ bu`k› [la t st ðœ yk]. Mais on peut se demander si la forme normale ne serait pas plutôt Bug° [ byt ], en fonction de l’étymon latin Bo*ii (ancien peuple gaulois) et du gentilé bogés -esa (la Calandreta de La Teste se nomme Calandreta Bogesa). L’introduction de l’ALG précise en effet que la langue des informateurs de La Teste, en 1948, était déjà fragile, que la population y était très mélangée et que tous les occitanophones avaient plus de soixante ans. Lorsque les informateurs disaient [ byk], fournissaient-ils la forme occitane ou bien la forme française (Buch lu [byk]) incrustée dans un énoncé occitan? Un complément d’enquête pourrait apporter une réponse définitive. Dans le renaissantisme, on occitanise assez facilement les toponymes. Mais c’est plus compliqué pour les anthroponymes. Les auteurs maximalistes nomment sans hésiter les personnes avec un nom occitan restitué. Par exemple Lafont (1972, 2003) écrit Francés Rainoard et Simon Juda Onorat au lieu de François Raynouard et Simon-Jude Honnorat. Mais la plupart se contentent de n’occitaniser que le prénom et ne touchent pas à la forme officielle du nom de famille: Francés Raynouard… Comme réaction simpliste à la distribution fonctionnelle, il existe une autre attitude diglossique qui consiste à écrire les noms propres exotiques avec une hyperadaptation à la graphie occitane. Cela donne un sentiment de sécurisation linguistique superficielle qui permet, simultanément, de masquer beaucoup d’interférences orales de la langue dominante. Ce subterfuge est analysé par Sauzet (1995). Dans un livre écrit dans l’antinorme de Cucuron, on peut lire Gui Lus* pour Guy Lux, nom d’un animateur de télévision; Enrico Maciàs* pour Henrico Macias, nom d’un chanteur célèbre (Centre Culturau Cucuronenc 1982: 24). L’accent grave sur Maciàs* fait plus occitan, mais il cache l’accentuation francisée d’un anthroponyme d’origine espagnole: Macías. L’occitanisation à outrance a été pratiquée également dans l’antinorme Taupiac-Teulat, mais là, la motivation est différente: il s’agit du faux critère de logique grammaticale et de l’essentialisation du système. Cela n’empêche pas d’y laisser les interférences de la langue dominante. Teulat écrit Colarò* pour Stéphane Collaro, nom d’un animateur de télévision, dans la préface d’un roman de Fèlix Daval (1987); ici, le graphème hyperoccitan ò dissimule l’accentuation francisée d’un nom de famille italien. Taupiac (2001: 17) écrit Trobetzcòi* alors que la transcription normale de ce nom russe est Nikolai Trubetzkoi (< Николай Трубецкой; § XV.5.5). La distribution fonctionnelle est encore plus radicale chez certains néolocuteurs qui sont conditionnés par les représentations minimalistes. J’ai constaté que quelques enseignants des Calandretas nomment leurs élèves en français, même lorsqu’ils parlent en occitan, et sans se poser la moindre question. Certains enseignants que j’ai eus en formation ne concevaient pas que le quartier d’une ville puisse avoir un nom occitan (par ex. Matabuòu pour “Matabiau”, à Toulouse). Ils ont le sentiment que le nom de personne ou de lieu, officialisé par l’état civil ou le cadastre, est intouchable et inquestionnable. Leur vision du problème évolue lorsqu’ils s’initient à la sociolinguistique. Mais chez certains d’entre eux, il peut y avoir des résistances farouches. Il n’est pas si facile de se débarrasser du conditionnement diglossique. "

"

E

´

"B

"

S

"

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Les anthroponymes et toponymes ont une tradition ancienne en occitan. Il n’y a donc aucune raison que ce domaine du lexique soit livré à la distribution fonctionnelle et abandonné à la langue dominante. Il est légitime et naturel de perpétuer les usages traditionnels qui consistent à nommer les personnes et les lieux en occitan: la causida d’un prenom occitan per se o per un enfant que ven de nàisser pòt èsser un biais, e mai siá modèst, de reconquista d’una part de l’espandi linguistic occitan. Nomenar una causa o un èsser es lo far existir e reciprocament, es l’existéncia d’una causa o d’un èsser que fa en retorn existir lo mot, que li baila còs e vida. Aital causir un prenom occitan es donar tornarmai de sang nòu e de vam a la lenga occitana. (Lieutard 1996: 6)

On doit s’attaquer aussi aux nombreux mythes qui entourent les noms propres. Les fameuses étymologies populaires sont faciles à démonter auprès des renaissantistes. Par exemple, le toponyme Sinjau “Yssingeaux” vient du nom d’homme germanique Isingaud (Dauzat & Rostaing 1963) et il n’y a pas de raison de l’écrire Cincjaus* “~Cinq coqs” comme le font Pach & Hirtz (1981) 1. Par contre, la valeur emblématique de telle forme orale ou de telle graphie peut focaliser un grand investissement affectif et résister aux analyses rationnelles. Les noms des personnages historiques et les toponymes appartiennent au patrimoine commun. Il est donc légitime de les standardiser de manière rationnelle et de décortiquer les mythes qui les entourent (Sumien 2003). Par contre, les anthroponymes que les renaissantistes se choisissent doivent être traités avec prudence car ils concernent l’identité de l’individu. Les occitanistes organisent de plus en plus de stages de toponymie. On en annonce presque une fois par mois. Mais aucun écho dynamique n’en ressort. On se contente de décrire les toponymes dans une optique essentialiste mais on parle très peu de faire exister ces toponymes dans la codification, la vie publique, la signalisation et l’oralité quotidienne; en somme, dans une perspective d’établissement… Ainsi, les onomasticiens font des recherches admirables sur l’étymologie des noms propres d’Occitanie. Mais certains d’entre eux pratiquent une antisociolinguistique désespérante. Les beaux dictionnaires étymologiques de Dauzat et de ses éminents collaborateurs (Dauzat 1980, Dauzat & Rostaing 1963, Dauzat & al. 1978), ainsi que ceux d’Astor (2002) et de Guasca Queirazza & al. (1990), se contentent des formes des langues dominantes et ne fournissent pas les formes occitanes des noms propres, en dehors de quelques exceptions. Pourtant, les formes occitanes vivantes sont un passage obligé pour accéder à l’étymologie “profonde”. Heureusement, certains occitanistes ont créé des ouvrages d’onomastique qui recensent les formes occitanes. Le plus complet d’entre eux est le Dictionnaire toponymique de la Haute-Vienne de Lavalada (2000). Néanmoins, ces ouvrages sont le résultat d’initiatives individuelles et disparates. Ils présentent de grandes divergences dans la prescription des formes orales et graphiques. Ils couvrent l’Occitanie de manière très déséquilibrée. Leurs méthodes sont très inégales (voire inexistantes) en ce qui concerne la philologie, la lexicographie et la sociolinguistique historique. Cette disparité des comportements révèle que les noms propres n’ont pas encore été pensés par le mouvement occitan dans une perspective sociolinguistique de 1

Il aurait été possible d’écrire Sinjaud° avec un -d étymologique, mais la graphie sédimentée est

(J.B. Martin 1997: 16, Barta 1980) et elle s’accorde avec le gentilé

sinjalon -a

Sinjau

[‹sinjalou(n)› GGA: 268].

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LES APPLICATIONS

récupération et d’établissement. La résurgence d’un usage normal des noms propres participerait à la reconquête par l’occitan de toutes les fonctions linguistiques de la société. La standardisation de l’onomastique sera pensée en fonction de cet objectif. Dans le Val d’Aran, la Lei de politica lingüistica de 1998 restitue des toponymes occitans et permet d’enregistrer les anthroponymes de l’état civil sous leur forme occitane. Cette position avancée de la récupération de notre langue rend d’autant plus légitime et urgente une réflexion panoccitane sur la question.

XV.3 Les anthroponymes d’Occitanie XV.3.1 L

ES PRÉNOMS

Pour l’étymologie je me réfère à Albaigès (2000), Tanet & Hordé (2000), Dauzat (1980), Lieutard (1996), Belhamdi & Salvetat (2000) et accessoirement au TDF. Les prénoms ont deux types de fonctionnement dans le domaine de la “référence” (au sens sémantique): fonctionnement générique ou fonctionnement monoréférentiel. a) Le fonctionnement générique est appliqué à de nombreuses personnes, il aboutit à un modèle typique de prénom, donc à une forme standard. Il réside dans le fait que le prénom peut être partagé par un grand nombre de personnes et qu’il se réfère souvent à un personnage célèbre (saint, personnage historique, membre d’un lignage noble...) dont la communauté linguistique s’est approprié collectivement le souvenir. Le prénom acquiert ici une forme standard par nécessité. Par exemple, Joana “Jeanne” est la seule forme standard: c’est la réponse qu’on donnerait spontanément à une personne qui demanderait “Comment dit-on Jeanne en occitan?”. Cette forme sera utilisée pour les saintes et pour les personnages célèbres dont le nom est habituellement standardisé et traduit: la Reina Joana en Provence, Joana de Labrit “Jeanne d’Albret”, la sainte Joana d’Arc (même si son prénom originel était français), la reine d’Angleterre Joana Seymour (même si son prénom originel était anglais)… Personne ne songerait à utiliser des variantes non standard comme la Reina Joaneta*, Neta de Labrit* ou Joaneton d’Arc*.

C’est dans cette optique qu’il est nécessaire de lemmatiser les prénoms dans un dictionnaire. Cependant, lorsque la variante d’un prénom connaît un grand succès au point d’être perçue comme un prénom distinct, on pourra l’enregistrer comme un lemme distinct: par exemple Magalí “Magali” venant de Margarida “Marguerite”. Bien entendu, on enregistre les prénoms créés de toute pièce lorsqu’ils connaissent un grand succès: Mirèlha “Mireille” est une invention de Frederic Mistral. De même, les prénoms étrangers qui s’acclimatent à la communauté linguistique occitane deviennent des lemmes à part entière: Alí, Malika ou Hassan viennent de l’arabe, Murièl vient du gaélique à travers l’anglais, Miriam vient de l’hébreu et est le cognat de Maria, Iori vient du russe et est le cognat de Jòrdi “Georges”, Ianis vient du grec et est le cognat de Joan “Jean”, Rodrigo (TDF) vient de l’espagnol, Lionèl et Chantal viennent du français (en fait, Chantal est le nom de famille de sainte Jeanne de Chantal, de Dijon; mais ce patronyme vient du toponyme occitan Chantal “Cantal”). On acceptera donc l’adaptation ou la semi-adaptation (§ .5.2.h) pour les emprunts XV

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QUATRIÈME PARTIE les plus répandus: Alí plutôt que Alī, Hassan plutôt que H¢asan, Murièl plutôt que Muireall/Muirgheal, Miriam plutôt que Miryam, Iori plutôt que Iurii (Юрий), Ianis plutôt que Giannis (Γιάννης). Cependant, on peut conserver les formes non adaptées pour les personnes extérieures au Pays d’Oc: Iurii Gagarin (Юрий Гагарин, § XV.5.5). c

On évitera à tout prix les adaptations francisées qui dénaturent la forme d’origine et qui minent le potentiel d’adaptation de l’occitan. Cela demande de choisir: (i) sh plutôt que ch: Rashid, Aisha, Natasha (fr. Rachid, Aïcha, Natacha). Le graphème français ch induit en occitan la prononciation erronée [tS*, ts*] 1. (ii) ch plutôt que tch. (iii) o plutôt que ou: Foad “Fouad”. (iv) On évite le -e de soutien, qui est muet en français: Noreddin (fr. Noureddine)... (v) On évite les graphies anti-étymologiques: on choisit Yassin, Mustafà avec ss, -in et f plutôt que le fr. Yacine, Mustapha avec c, -ine et ph. (vi) Dans les prénoms arabes, maghrébins, une enquête philologique devra préciser l’accentuation. Belhamdi & Salvetat (2000) ne fournissent aucune indication. Les oxytons Alí et Mustafà sont bien attestés dans les adaptations aux langues exemples (par ex. Albaigès 2000 en catalan). Les formes féminines en -a semblent être des paroxytons (Malika, Samira, Farida, Radia) (§ XV.5.5.c: tā’ marbūtah). (vii) Les prénoms venant des langues subordonnées posent des questions délicates. Parfois, le filtre d’une langue dominante semble faciliter techniquement l’adaptation à l’occitan: gaélique Muireall/Muirgheal > angl. Muriel > occ. Murièl; gaélique Padraig > angl. Patrick > occ. Patric. Dans d’autres cas, le filtre de la langue dominante apporte un risque de déformation: breton Herve (Hemon 1978a, accentué sur Her-) > fr. Hervé (accentué sur -vé). En occitan, on peut restaurer l’accentuation bretonne (Herve). On peut adhérer aussi à une tendance récente qui consiste à adapter Herve en Arvèi par analogie avec le patronyme provençal Arvèi ‹Arvei› (TDF 2, Lieutard 1996). L’adaptation par analogie est un procédé courant dans toutes les langues, surtout pour les prénoms. (viii) Une enquête philologique sera nécessaire pour savoir comment l’occitan peut intégrer les prénoms venant de langues subordonnées et récemment codifiées comme le wolof (cf. les formes francisées Fatou, Aboubacar) ou le berbère (cf. la forme francisée Louisa/Louiza/Lwiza)… Certains prénoms ont des formes différentes selon les dialectes, en fonction des correspondances diasystématiques bien connues. Les formes typiques des dialectes sont référentielles et génériques en fonction des traits caractéristiques de chaque standard régional: //lg cis Albèrt, pro niç va auv gas lim Aubèrt// — //lg gas pro niç Carles, lim auv va Charles// — //lg auv cis Marcèl, pro niç va lim Marcèu, gas Marcèth// — //lg Olivièr, pro niç va lim Olivier, auv Olivèir, gas Aulivèr//… Lorsque la variation ne coïncide pas avec les traits dialectaux habituels, la tendance actuelle du renaissantisme consiste à dégager une forme considérée comme typiquement occitane. On la considèrera comme standard et générique dans l’ensemble des dialectes: Jòrdi “Georges”, Guiu “Guy” (GramAl: 454, Lieutard 1996). Il faut reconnaître que l’exemple catalan a donné parfois un coup de pouce à ces choix 1

Par exemple, il est dommage que le roman de Jòrgi Pelan (1996) ait adopté la forme Rachid* de la

2

On lit encore une hésitation entre Arvèi et Arvei. La tendance actuelle serait de préférer Arvèi.

Cevena.

justifié par le fait que le provençal neutralise ["ej] et ["Ej] toniques.

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C’est

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implicites: Jòrdi et Guiu sont les formes occitanes les plus semblables au cat. Jordi et Mais Jòrgi et Gui sont des formes tout aussi occitanes.

Guiu.

b) Le fonctionnement monoréférentiel, considéré dans son application à l’individu, permet de choisir un prénom générique ou non générique (standard ou non standard). Cela aboutit au paradoxe suivant: dans la langue standard, on doit admettre que les prénoms puissent prendre des formes non standard parce qu’ils s’appliquent à des individus. Et les normes d’usage acceptent ce phénomène. Cela légitime les variantes d’un prénom ainsi que les prénoms originaux, nouveaux ou exotiques. Par exemple, une personne de la communauté linguistique occitane pourra être prénommée librement avec la forme standard Joana ou avec l’une des multiples variantes de ce prénom, diminutifs compris: Joaneta, Joanina, Joaneton, Joanilha, Neta… Les formes orales exotiques sont admissibles: à côté de Joana il est possible de trouver Jenny, Jannick, Johanna, Jeanne, Gianna, Ivana… Il est même acceptable que le prénom ait la forme d’une langue dominante, non parce que cette langue est dominante, mais parce que c’est une forme exotique qui plaît. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas lorsqu’on touche à l’identité de l’individu. Les graphies exotiques, archaïsantes ou fantaisistes sont également admissibles lorsqu’elles obéissent à un choix esthétique: Karina, graphie exotique pour Carina; Azalaís, graphie archaïque pour Asalaís. Les seules options à déconseiller sont celles qui encouragent la diglossie inconsciente: (i) Les hypercorrections artificielles et anti-étymologiques: Reinat* pour Renat, Sòfia* pour Sofia. (ii) Les interférences diglossiques qui menacent la forme occitane normale. Si quelqu’un veut choisir à tout prix le francisme Jana* au lieu de la forme authentique Joana, à tout prendre, on peut lui suggérer de choisir la forme française Jeanne en tant que forme exotique. Dans cette catégorie de problèmes, l’accentuation francisée d’un prénom est à déconseiller vivement car elle représente un sommet de l’aliénation diglossique (§ X .5.5, .3.2). On doit éviter absolument Sandrà*, Sarà*, Aurelià*, Leò*; on suggèrera plutôt Sandra, Sara, Aurèlia, Lèo avec une prononciation occitane: [ sandrO, "sarO, aw"rEljO, "lEu]. Si le [-O] final de Sandra ["sandrO] ne passe pas pour des raisons esthétiques, on peut suggérer de prononcer un [-a] final à la mode aranaise, niçoise, gavotte, sud-auvergnate ou nîmo-montpelliéraine. Quoi qu’il en soit, francisme pour francisme, il reste toujours préférable d’écrire Sandra avec la prononciation française [sA)"dRa] plutôt que d’écrire Sandrà* en ayant l’illusion que ça fait occitan. Dans l’usage monoréférentiel, on sera libre de choisir un prénom selon la forme dialectale la plus à son goût: rien n’empêche des parents provençaux d’appeler leur enfant Marcèth, à la mode gasconne. D’un point de vue technique, ce principe risque d’être délicat à appliquer en ce qui concerne le passage fréquent de è à e en limousin. Si un Limousin prénommé Aubert s’installe dans un autre domaine dialectal que le sien, il est probable que beaucoup de gens écriront son prénom Aubèrt avec un accent grave, de manière machinale. Et vice-versa: un Aubèrt non limousin deviendra Aubert dans le Limousin. On devrait tolérer une telle adaptation automatique (pour la simplification graphique de ce problème, voir annexe A2). II

XV

"

Les prénoms composés s’écrivent librement avec ou sans trait d’union:

Joan

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Pèire = Joan-Pèire (recommandation du CLO, ici annexe C2b). XV.3.2 LES NOMS DE FAMILLE Pour l’étymologie des noms de famille cités ci-dessous, je me réfère notamment au TDF, à Dauzat (1980), Astor (2002) et M. Grosclaude (2003). Les seuls recueils qui restituent les patronymes sous leur forme occitane sont le TDF et celui de Grosclaude. Les noms de famille qui sont linguistiquement occitans doivent pouvoir être utilisés sous leur forme occitane d’origine plutôt que sous la forme de la langue dominante: Guilhèmbèth (francisé en Guillembet), Delcasse / Del Casse (francisé en Delcassé ), Jaume (italianisé en Giaume)… Les formes de base de ces noms de famille acquièrent un fonctionnement générique et une forme standard. On aura à l’esprit que certains patronymes juifs font partie du vénérable fonds onomastique occitan, depuis les origines de notre langue: Abraam/Abram ‹Abram›, Lèvi, Cohen ‹Couhen› (TDF). Bien entendu, l’individu a le droit d’aménager ce principe de base pour une raison affective ou esthétique. Il peut: a) Admettre une forme orale archaïque, dans la mesure où elle est enregistrée par l’état civil. En Provence, on peut dire Anhèl ou Panhòl (francisés en Agnel ou Pagnol) au lieu des formes plus récentes Anhèu ou Panhòu. Les patronymes avec l implosif reflètent simplement l’état ancien du provençal et ils sont utilisés tels quels par d’illustres Provençaux comme Frederic Mistral ou Carles Galtier… b) Admettre dans les composés le découpage graphique de l’état civil: La Bòria (francisé en La Borie) ou Labòria (francisé en Laborie) “~La Ferme”; Delpuèg (francisé en Delpech) “~Du Puy”. c) Admettre les latinisations en -i: Giraudi pour Giraud (francisé en Giraudy). d) Admettre une graphie archaïsante ou anti-étymologique, enregistrée initialement par l’état civil: Pons pour Ponç (< lat. Pontı*us). Dans ce cas, il est conseillé d’utiliser au moins les règles modernes d’accentuation graphique afin de garantir une prononciation correcte: Azemà (et non Azéma comme en français) pour Asemar [aze ma], Martí (et non Marti, Marty comme en français) pour Martin [mar ti]. e) Pour ceux qui y tiennent vraiment, il reste toujours possible de ne pas toucher à la forme typique de la langue dominante: l’italianisme Giaume pour Jaume, le francisme Sadourny pour Sadornin, le francisme Lajoinie pour La Joaniá/Lajoaniá. La restitution de la forme occitane permet d’enlever la connotation gênante de certaines formes francisées. Dauzat (1980) raconte que le très joli nom de famille Podavinha (< poda + vinha, “~Taillevigne”) a été francisé en Poudevigne. Cette forme était interprétée en “pou de vigne” et on l’a masquée sous la forme Coudevigne. Le rétablissement de Podavinha permettrait de se débarrasser du problème. Dans une optique de restitution des formes occitanes, les points a, b, c pourraient être enregistrés comme des formes standard secondaires et les points d, e comme des formes monoréférentielles. "

"

Beaucoup d’Occitans possèdent des noms de famille qui viennent d’une autre langue que l’occitan. Il convient de les respecter tels qu’ils sont: Giudicelli (corse), Navarro (espagnol), Lequesnoy (français), Saïdi (arabe), Klein (allemand ou yiddish)... L’état civil français supprime impitoyablement les signes diacritiques exotiques. L’usage occitan pourrait les restaurer ou les admettre: Núñez pour Nunez 388

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(espagnol), König pour Kœnig (allemand), Dąbrowski pour Dombrowski (polonais). Lorsque l’état civil français dénature certaines formes orales d’origine étrangère, il est souhaitable de les restaurer. Par exemple le suffixe roumain -escu, altéré en -esco: Negrescu, Ionescu pour Negresco, Ionesco. Les noms de famille qui viennent d’une langue subordonnée peuvent être restaurés dans leur forme d’origine: on préfèrera Vives i Manyà (catalan) à Vivas y Mañá, Jóóp (wolof) à Diop et Garaikoetxea (basque) à Garaycoechea. Les noms de familles qui sont transcrits à partir d’une écriture non latine pourraient suivre les mêmes principes d’adaptation ou de semi-adaptation que les prénoms (§ XV.3.1.a, XV.5.2.h). On veillera à éviter les transcriptions trop francisées qui induisent une prononciation erronée en occitan: sh plutôt que ch, o plutôt que ou, ch plutôt que tch, évitement du -e final “muet”... Ex. Habash pour Habache (arabe). On doit éviter à tout prix l’accentuation francisée de la voyelle finale: Giudicelli, Acquaviva, Navarro et jamais Giudicellí*, Acquavivà*, Navarrò* (§ XII.5.5, XV.3.1.b). Il va de soi qu’on peut être occitan et avoir un nom de famille d’origine non occitane. L’appartenance à la communauté culturelle d’oc ne dépend pas du patronyme. Pourtant, quelques occitanistes ont tenu à transformer leur nom de famille d’origine exotique en lui donnant une apparence linguistiquement occitane. Exemples théoriques: Lenoir (français) → Lonegre, Giannini (italien) → Joanin, Hartmann (allemand) → Arteman. Un tel choix appartient à l’individu et il convient de le respecter, mais il n’est absolument pas nécessaire. XV.3.3 LES NOMS DES OCCITANS CÉLÈBRES Lorsque les Occitans célèbres sont entrés dans la conscience collective et dans les dictionnaires, il est naturel de pouvoir parler d’eux avec leur nom occitan restitué: Danièla Darriu (fr. Danièle Darrieux), Pèire Telhard de Chardin (fr. Pierre Teilhard de Chardin), Joan Jaurés (fr. Jean Jaurès), Jòrdi Brassens (fr. Georges Brassens)… Loin d’être du volontarisme acharné, cette restitution respecte un usage bien attesté dans la langue contemporaine. Mistral le pratique sans complexe dans le TDF: Bernadeta Sobirós ‹Bernadeto Soubirous› (fr. Bernadette Soubirous), La Peirosa ‹La Peirouso› (fr. La Pérouse), Joan Nicòt ‹Jan Nicot› (fr. Jean Nicot), Ripèrt de Montclar ‹Ripert de Mount-Clar›, Portalis ‹Pourtàlis› (fr. Portalis), Estève de La Boetiá ‹La Bouetié› (fr. Étienne de la Boétie), Mirabèu (fr. Mirabeau). Le même Mistral atteste que la forme occitane Mirabèu est bien en usage dans une chanson populaire de 1789: Cu dirà mau de Mirabèu, / Li siegue deversat la pèu (TDF: art. Mirabèu)

Les dictionnaires catalans (GEC, Petita Enciclopèdia 2000) font de même avec les Catalans célèbres, même lorsqu’il s’agit de personnalités qui ne sont pas réputées pour leur catalanisme: Joan Antoni Samaranch i Torrelló (esp. Juan Antonio Samaranch) Josep Joffre (fr. Joseph Joffre). Il est vrai qu’ils ne normalisent guère la forme catalane des noms de famille. Ils peuvent se le permettre parce que la forme hispanisée ou francisée est souvent peu différente de la forme catalane, du moins à l’écrit. Par contre, entre l’occitan et la forme francisée, la distance graphique est bien plus grande. Il est donc vital de rectifier Soubirous en Sobirós, Mirabeau en Mirabèu afin de rendre 389

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possible un fonctionnement normal de notre langue. Les noms des Occitans célèbres du Moyen Âge —troubadours, saints, intellectuels ou princes— doivent être discrètement adaptés à la langue moderne, comme il est d’usage dans toutes les langues: Ponç de Chaptuèlh (anc. ‹Pons de Chaptuelh›), Alienòr d’Aquitània (anc. ‹Alienor›), Arnaud (anc. ‹Arnautz›)… Les noms des occitanistes illustres de l’Époque Contemporaine sont normalisés dans la mesure du possible. Lorsque certains occitanistes ont utilisé sciemment leur propre nom sous une forme diglossique, hors norme ou hypercorrecte, la lexicographie doit en admettre l’existence et la mentionner au moins avec le statut de variante. Mais cette situation est très regrettable et montre bien toutes les occasions que le mouvement occitan a manquées pour encourager une pratique décomplexée. XV.3.4 CONVERSIONS GRAPHIQUES INTEROCCITANES Les noms venant d’une graphie non classique peuvent être simplement transcrits selon l’orthographe classique, et vice-versa. Le principe est de garantir la cohérence écrite dans le texte. Le changement de graphie n’est jamais qu’un changement de code, une opération technique, et il n’y a pas lieu d’en faire un incident diplomatique entre les différents courants. Les classicistes ont le droit de convertir ‹Jóusè Roumaniho› en Josèp Romanilha, de même, les mistraliens ont le droit d’adapter Carles Camprós en ‹Carle Camp-Rous› (en fr. Joseph Roumanille, Charles Camproux).

XV.4 Les toponymes d’Occitanie XV.4.1 UNE DOCUMENTATION INCOMPLÈTE Les toponymes d’Occitanie ont fait l’objet de recherches remarquables sur le plan descriptif et étymologique formel. Mais les lacunes restent énormes dans la pensée normative (ainsi que dans l’étymologie-histoire et la sociolinguistique historique). L’étymologie —plus ou moins sûre— de la plupart des noms de commune est disponible grâce à Dauzat & Rostaing (1963). Dauzat, Deslandes & Rostaing (1978) donnent des éléments sur les oronymes et les hydronymes. Astor (2002) expose de manière globale l’étymologie d’un grand nombre de toponymes, mais sa nomenclature n’est pas systématique et exclut de manière injustifiable le Croissant, les Vallées Occitanes et le Val d’Aran. Pour les Vallées Occitanes, on trouve des informations chez Gasca Queirazza & al. (1990). Les noms de régions ont une étymologie bien connue en général. Pour les noms de “pays” (micro-régions), un certain nombre d’étymologies sont encore difficiles à trouver: c’est un secteur important que les dictionnaires onomastiques négligent sans raison valable 1. La microtoponymie fait l’objet de recherches actives mais il n’existe pas de synthèse dans ce domaine. Dans ces publications, quand les formes occitanes des toponymes sont mentionnées, on les expose le plus souvent à partir des noms de communes: - Le recueil le plus complet est le Dictionnaire toponymique de la Haute-Vienne de 1

B. & J.J. Fénié (2000) proposent louablement des noms occitans pour les “pays”. Mais beaucoup de formes sont reconstituées de manière très imprudente. Et ils oublient injustement le Croissant.

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Lavalada (2000). Chaque nom de commune, en occitan, est accompagné de la transcription phonétique, de l’étymologie formelle, du gentilé, de la microtoponymie et des attestations des textes anciens. Ce travail est absolument impressionnant. Mais du point de vue normatif, il pèche par certaines erreurs en orthographe classique. - Le Répertoire toponymique et ethnographique des communes du Tarn (1988) offre un joli panorama des noms de communes (orthographe classique et notation phonétique approximative), des gentilés, des étymologies et des principaux microtoponymes. - De même, le Val d’Aran bénéficie d’une recension et d’une fixation à peu près complète des toponymes (Nomenclator dera Val d’Aran 2003). - Des recueils plus simples présentent des listes de noms de communes en occitan. La plupart d’entre eux fournissent une notation phonétique approximative. Ils couvrent la Charente Occitane (Urroz sd., avec la collaboration d’I. Lavalada), l’Ariège (Deledar & Poujade 1992), le Lot (Poulet & Krispin 1991), le Béarn (Grosclaude 1991), les Hautes-Pyrénées (M. Grosclaude & Le Nail 2000), la région Provence à l’exception du Var (Amics de Mesclum sd.), le Var (Toscano sd.) et le Périgord (Lo Bornat 1994-1998). - Des enquêtes diverses couvrent l’arrondissement de Thiers (Hérilier 1989), une bonne partie de l’Aude (Sabarthès 1912) et la Gascogne (Bourciez 1895, 1936). - Les communes des Vallées Occitanes ont été traitées (Comunas 2000). - Certains atlas linguistiques fournissent le nom occitan des points d’enquêtes, en notation phonétique: ALG, ALLOc, ALLOr, ALP, ALPO, ALF. - Le TDF expose un nombre impressionnant de toponymes, de microtoponymes et de gentilés. Mais leur maillage et leur authenticité ne sont garantis qu’en Basse-Provence. Pour les autres régions, il peut arriver que les formes fournies par le TDF soient contredites par les enquêtes qu’on vient de citer. - Enfin, on glane des toponymes occitans dans des publications très disparates comme les lexiques et dictionnaires de langue générale, les monographies, les ethnotextes, les archives locales, les œuvres littéraires liées à un parler, etc. Le bilan des connaissances se résume ainsi. (a) On dispose d’une liste complète des noms de régions et des principaux hydronymes et oronymes. (b) Les noms de communes ne sont répertoriés de manière systématique que dans une partie de l’Occitanie: Haute-Vienne, presque toute la Charente Occitane, Périgord, Lot, arrondissement de Thiers, Béarn, Hautes-Pyrénées, Val d’Aran, Ariège, Fenouillèdes (ALPO), région Provence, Vallées Occitanes, partie de l’Aude. (c) Les connaissances sont extrêmement inégales pour les petits “pays”. (d) Le recensement des gentilés est très chaotique et inégal. (e) La microtoponymie, qui représente le plus gros du travail à faire, est la catégorie la moins recensée. Il serait salutaire de mener une enquête toponymique sur tout le territoire occitan, auprès de la dernière génération de locuteurs primaires. Si on ne mène pas d’urgence un tel travail, une grande partie des toponymes occitans devront être reconstitués de manière théorique à partir des archives disponibles. Il est probable que certains toponymes ont déjà disparu dans l’usage vivant des locuteurs primaires. XV.4.2 PRINCIPES DE CODIFICATION (NORME ORALE) La variation historique n’est enregistrée que lorsqu’une forme classicisante est particulièrement employée dans le renaissantisme: Lemòtges et Peireguers sont des 391

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formes classiques et sédimentées, à côté de Limòtges et Periguers 1, formes plus usuelles. Le goût pour les toponymes classicisants se rencontre dans le Monde entier: en hindi, Banaras → Varanasi “Bénarès” (Cherpillod 1986); en grec moderne, Γιάννενα → Ιωάννινα “Jannina/Ioannina” (Bambiniotis 1998); en italien, Girgenti → Agrigento “Agrigente” (Deroy & Mulon 1992); en catalan, la Ràpita → Sant Carles de la Ràpita (Petita Enciclopèdia 2000). En occitan, sans tomber dans le purisme, il est acceptable d’enregistrer quelque forme classicisante à condition qu’elle soit entrée dans l’usage. En dehors de ce cas, la forme contemporaine du parler local est prioritaire sur les autres formes. Mais le critère du parler local ne suffit pas à tout résoudre; il implique des difficultés qu’il faut résoudre avec des conventions panoccitanes. Pour les noms de communes, il est préférable d’avoir une forme unique, même pour les grandes villes. Cela facilite l’usage administratif. La forme languedocienne Montpelhièr est préférable aux formes en -ier ou -èir. La forme limousine Peireguers/Periguers [lim. pejre gœ /peri gœ > lg. pejre g es/ peri g es] “Périgueux” est préférable à Peirigús (réfection sud-occitane où ue /œ/ est passé à u /y/, cf. Ros2 2000b). La forme provençale Forcauquier “Forcalquier” est préférable à Forcauquièr ou Forcalquièr. La forme niçoise Mónegue “Monaco” est préférable à Monegue, au moins à l’écrit (à l’oral, on peut tolérer que des non-Niçois et des non-Cisalpins, qui ne sont pas habitués aux proparoxytons, écrivent Mónegue et prononcent Monegue). De même, on préfère Bèucaire “Beaucaire” à Bèlcaire, Orlhac “Aurillac” à Aurilhac... La variation dialectale régulière n’est enregistrée que pour un petit nombre de toponymes parmi les plus connus: régions, principaux noms de cours d’eau et de montagnes. Dans les faits, il est presque toujours possible d’avoir une forme panoccitane: la variation est superficielle et correspond aux passerelles automatiques entre les standards régionaux (phonétique, orthographe et morphologie): los Pirenèus (lim. los Pireneus, pro. lei Pirenèus, niç. lu Pirenèus) — Lei Bauç “Les Baux-de-Provence” (lg. va. Los Bauces) — Los Sarrasins “Castelsarrasin” (pro. Lei Sarrasins, niç. Lu Sarrasins) — Lo Puèi “le Puy” (gascon pyrénéen Eth Puèi). Les gentilés acceptent les variations régionales habituelles des suffixes: provençal -ala (pro. niç. auv. lim. provençau -ala, gas. provençau épicène) — carcinòl -òla (pro. niç. auv. lim. gas. carcinòu -òla) “quercynois -e”... De même, la variation dialectale est inévitable dans les mots génériques qui entrent dans les toponymes composés: central dans Massís Central (Massís Centrau); val dans Val d’Aran (Vath d’Aran, Vau d’Aran); naut/aut dans Nauts Pirenèus (gas. Nauts/Auts/Hauts Pirenèus). Dans les noms de communes, les lieux dits et autres toponymes peu connus, la standardisation des mots génériques peut se limiter à la forme du standard régional, sans qu’il soit nécessaire de chercher une adaptation aux autres standards. Ce principe s’appuie notamment dans les points suivants: a) Articles: Lo Palais de Viena, localement Lu Palais “Le Palais-sur-Vienne” (Haute-Vienne); Lo Mas, localement Le Mas “Le Mas-d’Azil” (Ariège). Dans les zones de transition, il faut accepter peut-être un article typique du standard régional voisin: del est la forme de base du languedocien, dau est la forme du provençal mais aussi du languedocien oriental: Sant Geli dau (del?) Fesc “Saint-Gély-du-Fesc” (Hérault). "

1



"



"

Ros2 (2000b) justifie l’emploi de Mais sa graphie justifie pas d’avantage que dans le mot limousin “orgueil”. Periguers.

Á

Perigüers*

"

Á

est erronée: le tréma ne s’y

orguelh

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b) Standardisation de l’adjectif Sant, Santa. Cette forme est connue dans tous les dialectes: Santa Gabèla, localement Senta Gabèla “Cintegabelle” (Haute-Garonne); Sant Guironç, localement Sent Guironç “Saint-Girons” (Ariège). Les différents recueils occitanistes divergent sur ce point. Le Répertoire toponymique du Tarn écrit partout Sant tout en indiquant la prononciation locale [ san] ou [ sen]. Les recueils sur la Haute-Vienne (Lavalada 2000), le Lot (Poulet & Krispin 1991) et l’Ariège (Deledar & Poujade 2000) n’enregistrent que les formes locales Sant ou Sent, voire Sint. Ma préférence va à la généralisation de la forme unique Sant, Santa dans l’usage référentiel. Quoi qu’il en soit, il est difficile de standardiser la forme archaïque Sanch, Sancha car la séquence ch s’y maintient en liaison étroite avec la voyelle initiale qui suit, comme le montre souvent la graphie francisée: Sanch Amàs > fr. Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône) (la cacographie Sant Chamàs* est injustifiable en occitan). "

"

L’interférence de la langue dominante impose parfois des lettres parasites. - Au singulier, le -s final des formes françaises n’est admissible que s’il est étymologique en occitan: Castras “Castres”, País d’Egues “Pays d’Aygues” (TDF). Beaucoup de -s* français parasites sont à éviter: Arle, Istre, Vitròla, Brinhòla, Tarba, Lorda (fr. Arles, Istres, Brignoles, Tarbes, Lourdes). Dans les noms de pays, signalons Comenge, Coseran, la Fenolheda (fr. Comminges, Couserans, le Fenouillèdes) 1. Il est très agaçant de constater que certains lexiques occitans recopient aveuglément la forme fausse Arles* depuis l’erreur de Barta (1980). I. Roqueta (1977) signale l’absence de -s dans Tarba et Lorda mais oublie de la signaler dans Arle, Istre, Vitròla et Brinhòla. - L’oscillation entre singulier et pluriel ne semble normale que dans les noms des pays compartimentés par la géographie et les partages historiques: Combralha = las Combralhas “la Combraille, les Combrailles” (hors d’Occitanie: Abruç = los Abruces, cf. it. l’Abruzzo = gli Abruzzi; America, las Americas; Índia, las Índias). - Alibèrt a codifié Eraur ou Erau (DicAl: 19, GramAl: 442, < lat. Arauris). La forme Eraut* (cf. Taupiac 1992: 444) est un francisme très artificiel (< fr. Hérault). Les toponymes récents qui sont apparus dans la langue dominante sont adaptés à l’occitan (§ X .9.4): Lieusola > Lieusola 2000 (fr. Isola > Isola 2000). Les nouveaux attributs qu’on ajoute aux noms de communes sont également appelés à être occitanisés. En effet, ils émanent de la volonté démocratique locale et expriment un aspect de la personnalité collective. On a fait ce choix chez les Amics de Mesclum (sd.) et en catalan: Lo Puèi > Lo Puèi de Velay (fr. le Puy > Le Puy-en-Velay), La Sanha > La Sanha de Mar (fr. La Seyne > La Seyne-sur-Mer), Aissa > Aissa de Vinhana (fr. Aixe > Aixe-sur-Vienne, Haute-Vienne), Sant Savornin > Sant Savornin d’At (fr. Saint-Saturnin > Saint-Saturnin-lès-Apt, Vaucluse). On évite seulement les attributs qui auraient une connotation ridicule: le fr. La Cadière-d’Azur (Var) se dit en occitan La Cadiera car La Cadiera d’Azur* signifierait “~La Chaise d’Azur”. Les Amics de Mesclum (sd.) font observer que l’usage occitan place la préposition de devant les attributs, là où le français dit de, sur, en, lès/lez: Vilanòva d’Avinhon (fr. Villeneuve-lez-Avignon), Aissa de Vinhana (fr. Aixe-sur-Vienne). Il y a aussi une tendance à mettre la conjonction e pour exprimer les fusions de I

1

Des vérifications son encore nécessaires pour

(TDF:

‹Ouesen›), la Grava

“les Graves” (DicPal

Comenge

“Trièves”, )… et éventuellement

‹Grabe›

(s°), Triève°

Oesen°

“Oisans”

Fenolhedés°.

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QUATRIÈME PARTIE

communes: elle est systématique dans le Répertoire du Tarn (1988) et en catalan, mais pas chez Lavalada (2000): Livèrs e Casèlas (fr. Livers-Cazelles, Tarn). Il serait nécessaire d’harmoniser la norme sur ce point. Le cas de Clarmont-Ferrand est une haplologie de Clarmont et Montferrand, donc on n’a aucune raison de dire Clarmont e Ferrand*. On admet la résurgence d’un toponyme ancien lorsqu’il symbolise la récupération d’une authenticité culturelle, même s’il est très différent du toponyme officiel: on préfère La Sala à Decasavila (TDF: ‹Decazovilo›, en français officiel Decazeville, du nom d’un industriel nommé Decazes). XV.4.3 REMARQUES SUR L’ORTHOGRAPHE L’orthographe des toponymes suit les règles de l’orthographe générale. Par exemple, le son [z] intervocalique est écrit s dans les mots de formation populaire: Besièrs, Usès et non Bezièrs*, Uzès*. Le CLO a harmonisé l’orthographe des mots composés (annexe C2b). Les toponymes sont concernés sur les points suivants: a) L’article est toujours détaché: La Bohèira “Labouheyre”, Aus Gletons “Égletons”, La Vaur “Lavaur”, L’Albenca “Lalbenque”, L’Esparra de Medòc “Lesparre-Médoc”. b) Dans les toponymes désignant un lieu ponctuel sur la carte, les groupes nom + déterminant s’écrivent soudés: Montluçon, Fòntsegunha “Font-Ségugne”, Puèglaurenç “Puylaurens”, Vauclusa “Vaucluse”. Ils sont détachés s’ils sont précédés d’un article (La Bastiá Nòva “La Bâtie-Neuve”), s’il y a une difficulté évidente de lecture (Borgon Nuòu [lim. burÆgu "njOw] “Bourganeuf ”, pour éviter la lecture [-nn-*]), ou s’il y a un pluriel interne (Aigas Mòrtas “Aigues-Mortes”). c) Le trait d’union est évité: Nauta Vinhana = Nauta Viena “Haute-Vienne”, Aups d’Auta Provença “Alpes-de-Haute-Provence”, Lit e Mixa “Lit-et-Mixe”, Pont e la Chanal “Pontechianale”, Ais de Provença “Aix-en-Provence”. Le trait d’union caractérise les juxtapositions de formes équivalentes: Clarmont-Ferrand (< Clarmont + Montferrand), Miègjorn-Pirenèus “Midi-Pyrénées”. Certains ont peur de proposer les graphèmes typiques de l’orthographe classique parce que cela trancherait avec l’orthographe de la langue dominante. Par exemple, la commune d’Ensuès-la-Redonne (Bouches-du-Rhône) s’écrit normalement En Suá la Redona [pro. eˆ "sÁe la Re"dunO], selon l’évolution régulière de la forme ancienne En Susa. Or les Amics de Mesclum (sd.) préfèrent curieusement Ensue* la Redona. Dans ce cas, quel est l’intérêt d’assumer une orthographe autocentrée? Ceci dit, on peut concevoir de très légères irrégularités lorsqu’il apparaît opportun d’enregistrer une graphie profondément sédimentée dans la tradition classiciste. Ex: - La palatalisation très ancienne de a tonique en /e/, dans certains parlers limousins occidentaux: Chapcièc “Chassiecq” (Charente, cf. Urroz sd.) < lat. Capiciacum°, noté ‹Sapchiec› au XIIe siècle (lire Chapsiec°, Dauzat & Rostaing 1963). - La préférence à la graphie -encs (Béarn…, cf. Grosclaude 1991) ou -ens (Tarn, Répertoire 1988) selon les traditions écrites locales, même si l’étymologie est la même. - Le passage très ancien de -ac à -at dans une partie de l’auvergnat: Romanhac > Romanhat “Romagnat”, Seirac > Seirat “Ceyrat” (Puy-de-Dôme). En limousin, on préfère écrire -ac selon l’étymologie: Asac lo (le) Riu “Azat-le-Ris” (Lavalada 2000). 394

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LES APPLICATIONS

- Alibèrt (GramAl: 24) et le CLO (annexe C2b) recommandent la répartition entre s et ç selon l’étymologie. Cependant, le CLO admet des écarts à cette règle lorsqu’ils sont très sédimentés: Juranson au lieu de Jurançon* “Jurançon” (cf. Civadòt) < lat. Jurantius° + -onem, noté ‹Juransoo› au XIIIe siècle (Dauzat & Rostaing 1963). On admet la notation de phénomènes anciens et caractéristiques des vieux parlers de transition (croissantais, romanais, mentonnais, royasque). En croissantais, on note la palatalisation occasionnelle a > è: Vichèi “Vichy” (Roux1 1984: 63) < lat. Vippius° + -acum (Dauzat & Rostaing 1963) au lieu de Vichai°, Vichac° 1. On note aussi les traits fondamentaux du royasque: consonnes finales sonores (Saorj [sa u´d ] “Saorge”), évolution de pl latin vers [t ] (A Chaja [a t ad a] “Piaggia”, section de Briga Alta, cf. Tarabella 2003). Saorj et A Chaja sont des graphies commodes en occitan, en attendant que le royasque reçoive une norme valable. "

S

"

S

8

Z

Z

XV.5 Les noms propres internationaux XV.5.1 PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE Dans le processus de récupération, il est plus urgent de fixer l’onomastique d’Occitanie que l’onomastique internationale. Mais les questions nombreuses et inédites posées par cette dernière demandent d’y consacrer tout de même une réflexion complète. L’occitan possède une tradition très honorable dans ce domaine, notamment grâce à la langue classique (Wiacek 1968) et à son ancien rayonnement international (troubadours, relations commerciales, croisades; usage de l’occitan dans le royaume de Navarre, les marquisats de Saluces et Montferrat et le comté de Tripoli). De précieuses indications se trouvent aussi dans les œuvres de l’écrivain occitan Danièl Sage (1583-1642), dont P. Sauzet m’a révélé l’importance. Enfin, aux époques moderne et contemporaine, les échanges commerciaux et le contact avec les langues voisines ont généré des usages qu’il ne faut pas sous-estimer: Lilla en Flandra ‹Lille-en-Flandre› “~Lille en Flandre” (DicPal) désigne un lieu lointain quelconque. Le TDF signale blat de Tangaròg ‹blad de Tangarò› “blé de Taganrog”, bòsc de Campech = bòsc inde ‹bos-de-Campé = bosc-inde› “bois de Campêche”. Le CLO a adopté une méthode pour fixer l’onomastique et la déonomastique internationales, en 1999, afin de satisfaire une demande de l’Institut Occitan. J’ai élaboré le gros de cette méthode. P. Sauzet et X. Lamuela y ont apporté des précisions bienvenues. L’Institut Occitan a publié ensuite une carte du Monde en occitan vers 2000 (Mapamundi sd.), en appliquant presque toutes les recommandations du CLO, à l’exception de quelques détails. Je présente ci-dessous cette norme du CLO. XV.5.2 FORMES ADAPTÉES a) De manière générale, dans les formes adaptées, les mots génériques et les suffixes productifs s’adaptent aux caractéristiques de base de chaque standard régional:

illas Maldivas (niç 1

illas Maldivi

), brasilièr

-a (pro niç va lim

Deroy & Mulon (1992) signalent en aocc. la variante (< lat. est incertaine, il vaut mieux choisir l’orthographe la plus simple: ‹Vicheyr›

brasilier -a,

auv

brasilèir

??). Lorsque l’étymologie plutôt que

Vicarius°

Vichèi

Vichèir°.

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QUATRIÈME PARTIE gas brasilèr -a) “brésilien -nne”. Le è ouvert devient e en limousin lorsque l’accent tonique est à sa place régulière: Bèrna (lim Berna) “Berne” (annexe A2).

-a,

b) Le TDF est la source que l’on consulte en priorité en raison de sa richesse et de son rôle historique dans la sédimentation. On y reprend toutes les formes authentiques et compatibles avec les principes de la norme classique: Cuba ‹Cubo›, armèni -a “arménien -nne”, Brasil, brasilièr -ièra (-ier -iera, -èir -èira, -èr -èra) ‹brasilié -iero› “brésilien -nne”, Ren “Rhin”, Grand Bretanha (gas Gran Bretanha) ‹Grand Bretagno›, Coni ‹Cóuni› “Cuneo”, Aulus Gèlli ‹Aulus-Gèli› “Aulu-Gelle”. On ne retient pas les interférences du TDF: Alsàcia et non Alsaça* ‹Alsaço›, Sevilha et non Sevila* ‹Sevilo› (mauvaise lecture du fr. Séville), Eivissa et non Iviça* ‹Iviço› (< esp. Ibiza). On retient les formes dans lesquelles l’interférence du français est possible mais difficile à prouver: Perosa ‹Perouso› “Pérouse” (fr. Pérouse, cat. esp. Perusa, it. Perugia), Maiança ‹Maianço› (all. Mainz, fr. Mayence, cat. Magúncia, it. Magonza) 1. Au-delà du TDF, les sources contemporaines qui semblent fiables ou plausibles sont également consultées, notamment pour les toponymes proches de l’Occitanie: Palhars “Pallars”, Ribagòrça “Ribagorça” (Soler sd.); Sola, soletin -a / soletan -a “Soule, souletin -e” (DicPal), Hendaia “Hendaye” (Civadòt), Pineròl ‹Pinerol› “Pignerol” (Lo Saber), Gènoa ‹Gènoua› “Gênes” (Caserio & al. 2001). Viennent ensuite les sources de la langue classique (notamment Wiacek 1968, Chabaneau & Anglade 1916) et les formes intéressantes des Temps Modernes, notamment celles de Danièl Sage: Breissa “Brescia”, polhés -esa (des Pouilles, it. pugliese), Ast “Asti”, Olairon “Oléron”, Trípol “Tripoli” (Liban et Libye), Corsega (niç cis Còrsega) “Corse”. On ne retient pas les anciens noms occitans qui désignent des localités étrangères de faible importance. On ne retient pas non plus les formes médiévales qui sont difficiles à interpréter ou qui sont trop différentes de la tendance contemporaine des langues romanes: à l’aocc. Barut on préfèrera Beirot (cat. it. Beirut, fr. Beyrouth). Les deux grandes sources vues jusqu’ici permettent de travailler dans le cadre de la codification (sélection). Lorsqu’elles ont des lacunes, les points suivants expliquent comment procéder au complètement. c) Mots de formation savante, formés selon les règles déjà exposées aux § XII.5.9: Popèa “Poppée” (< lat. Poppæa) — Alsàcia (< lat. médiéval Alsatı*a) — Norvègia (< lat. médiéval Norvegı*a) — Aquisgran “Aix-la-Chapelle” (< lat. médiéval Aquisgrānum; cf. cat. Aquisgrà, it. Aquisgrana) — Eritrèa (< gr. zΕρυθραÃα) — Polinesia (< gr. ολυ- + ν−σος + -ία) — Clitemnèstra (< gr. Κλυταιµνήστρα). XII

d) Les emprunts divers —ni latins, ni grecs— sont adaptés à l’occitan en suivant le critère d’analogie avec d’autres langues (§ XI.9): Iogoslavia (cat. Iugoslàvia, it. Iugoslavia, fr. Yougoslavie) — Chad (cat. Txad, it. Ciad, fr. Tchad) — Munic (cat. Munic, fr. Munich [mynik]; it. Mònaco) — Canadà (cat. Canadà, fr. Canada; it. Cànada/Canadà) — Confuci (cat. Confuci, it. Confucio, fr. Confucius) — Cristòl Colomb (gas Cristòu Colom,

lim auv niç pro Colomb). 1

Cristòu Colomb)

(cat.

Cristòfol Colom,

it.

Cristòforo Colombo,

fr.

Christophe

On peut adopter aussi Magóncia pour se rapprocher des autres langues romanes (Lafont 2003).

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LES APPLICATIONS

Les suffixes des gentilés obéissent à ce critère général. Cependant, lorsque les trois langues exemples divergent complètement, on admet la forme d’inspiration catalane. On admet aussi la forme d’inspiration française si elle est susceptible d’être incontournable dans l’usage spontané. Cela occasionne un petit nombre de doublets: ucraïnés -esa = ucraïnian -a (cat. ucraïnès, fr. ukrainien; it. ucraìno) — canadenc -a = canadian -a (cat. canadenc, fr. canadien; it. canadese) — lituan -a = lituanian -a (cat. lituà, it. lituano; fr. lituanien). Les formes liées à la sphère d’influence de l’espagnol s’occitanisent plus volontiers à travers le filtre catalan (§ XI.9.2): Uruguai, Paraguai (cat. Uruguai, Paraguai; fr. it. Paraguay, Uruguay) — Veneçuèla (cat. Veneçuela; fr. it. Venezuela) — Castelha la Nòva, Castelha la Vièlha (cat. Castella la Nova, Castella la Vella; fr. Nouvelle-Castille, Vieille-Castille; it. Nuova Castiglia, Vecchia Castiglia). e) Les noms propres des Pays Catalans sont enregistrés uniquement sous les formes catalanes, qui font d’ailleurs partie de notre diasystème: Eivissa “Ibiza”, Elx “Elche”, Argelers “Argelès-sur-Mer”. Quelques toponymes importants peuvent être discrètement occitanisés lorsque cela présente une facilité de lecture: Oriòla (cat. Oriola, esp. Orihuela) 1, Castelhon de la Plana (cat. Castelló de la Plana). Bien entendu, les formes occitanes documentées sont prioritaires sur les formes catalanes: Perpinhan (TDF ‹Perpignan›) et non Perpinyà*, Malhòrca (TDF ‹Maiorco›) et non Mallorca*.

Les noms propres importants qui sont voisins de l’espace occitano-catalan s’inspirent de la forme catalane: Xerès = Jerez de la Frontera (cat. Xerès = Jerez de la Frontera), Almeria (cat. Almeria, esp. Almería), Sàsser “Sassari” (cat. Sàsser). On retient en particulier les noms propres qui sont importants dans l’histoire commune de l’Occitanie et de la couronne catalano-aragonaise: Teròl “Teruel”, Casp “Caspe”, Sobrarb “Sobrarbe” (cat. Terol, Casp, Sobrarb; esp. Teruel, Caspe, Sobrarbe). f) Les noms de souverains, de princes et de saints sont toujours adaptés au moyen des prénoms génériques (§ XV.3.1.a) dans la mesure du possible: Anna de Bretanha,

Carles Quint (lim auv va Dionisi

“saint Denys”.

Charles Quint), Loís XIV, santa Terèsa de Lisieux, sant

g) Les îles connues qui portent des noms de saints facilement identifiables connaissent l’adaptation à l’occitan: Sant Pèire e Miquelon (et non Saint Pierre et Miquelon*), Sant Vincenç e las Grenadinas (et non Saint Vincent and the Grenadines*), Sant Cristòl e Nevis (e non Saint Christopher and Nevis* ni Saint Kitts and Nevis*), Santa Elena (et non Saint Helena*), Santa Lúcia (et non Saint Lucia*). h) Les noms exotiques sont considérés comme adaptables lorsqu’ils ont des formes convergentes dans les langues romanes, nettement distinctes du nom autochtone. (i) Par souci de simplicité, on choisit une adaptation complète à l’occitan sans tenir compte des graphèmes exotiques qui peuvent rester dans certaines langues exemples Ozbequistan (cat. Uzbekistan, it. Usbechistan, fr. Ouzbékistan < russe

1

Orihuela était catalanophone jusqu’au XVIIIe siècle et reste dans le Pays Valencien.

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QUATRIÈME PARTIE Узбекистан Yamaniyya).

< ouzbek O’zbekiston) — Iemèn (cat. Iemen, it. Yèmen, fr. Yemen < arb.

(ii) On admet exceptionnellement des graphèmes exotiques dans les formes semi-adaptées. Elles correspondent à des “formes internationales” qui ne coïncident pas avec les formes autochtones et qui gardent des consonnes exotiques dans toutes les langues exemples. Dans ce cas, on peut combiner des voyelles occitanisées (ò, o, u; à, í, è, é, ú) avec des consonnes exotiques (k, w, y, h, kh, gh, th, dh…): Khartom (cat. it. Khartum, fr. Khartoum < arb. Al Khurtum) — Bangkòk (cat. it. fr. Bangkok < thaï Bangkok surnom de Phra Nakhon / Krungtheph) — Kowait (cat. it. Kuwait, fr. Koweït < arb. Kuwayt) — Hanòi (cat. it. fr. Hanoi < vietnamien Hà-Nô¢i) — Bakó (cat. Bakú, it. Baku, fr. Bakou < russe Баку < azéri Bakı) — Sahara, Sahèl, Teheran (cat. it. fr. angl. Sahara, Sahel, Teheran < arb. Sahra, Sahil et persan Tehran). Notons qu’Esfahan est la forme persane et internationale, donc occitane, tandis qu'Ispahan* est typique du français.

i) Dans la dérivation et la composition, on admet qu’un morphème soit adapté et l’autre non: Kenya (non adapté) > keny|an (suffixe -an adapté) — Abbad (non adapté) > los Abbad|idas (suffixe -ida adapté). XV.5.3 FORMES NON ADAPTÉES

a) Les mots sont adaptés ou non adaptés en fonction de la tendance majoritaire des langues exemples. - Adaptation: Ferran Magellan (it. Ferdinando Magellano, fr. Fernand de Magellan vs. cat. Fernão Magalhães) — Pensilvània (cat. Pennsilvània, fr. Pennsylvanie vs. it. Pennsylvania). - Non-adaptation: Alaska (cat. fr. Alaska vs. it. Alasca) — Hannover (cat. it. Hannover vs. fr. Hanovre) b) Dans les mots issus d’un lieu dont la langue autochtone est officielle, on prend simplement la forme de la langue officielle: Sierra Morena, Kenya, Victor Hugo, Le Havre, Pozzuoli “Pouzzoles”, Washington, Minsk, Iraq, swahili… c) Dans les mots issus d’un lieu dont la langue autochtone est subordonnée, on est obligé d’accepter à la fois le nom autochtone, par solidarité, et le nom de la langue dominante, par pragmatisme: Aiacciu/Ajaccio, Kemper/Quimper, Mülhausen/Mulhouse, Gernika/Guernica, Caerdydd/Cardiff, Kosova/Kosovo, Sölzh Ghala / Groznyi, Corcaigh/Cork, Ulaidh/Ulster, Nuakshut/Nouakchott, Tilimsan/Tlemcen, Ndakaaru/Dakar. Lorsque la forme autochtone n’est pas documentée, on se limite à la forme officielle, par ex. Sapporo en japonais, tant que la forme ainu n’est pas disponible. Pour les Pays Catalans, voir § XV.5.2.e. D’un point de vue pratique, on ne peut pas demander aux usagers de savoir gérer les noms propres autochtones du Monde entier. Les dictionnaires, la presse et autres publications devraient surtout appliquer ce principe au bénéfice des minorités linguistiques les plus proches de l’Occitanie, dans un rayon de 1500 kilomètres environ (entre Écosse, Scanie, Pologne, Balkans et Maghreb). Dans ce rayon, les entrées d’un 398

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LES APPLICATIONS

dictionnaire mettraient la forme autochtone en premier: Kemper/Quimper. Au-delà, on commencerait par la forme dominante ou internationale: Dakar/Ndakaaru. d) Dans le cadre des formes non adaptées, on préfère la forme utilisée localement à la forme d’origine: Kronshtadt (île de Russie, nom russe < all. Kronstadt) — Luzon (île des Philippines, nom anglais < esp. Luzón) — Orange (fleuve d’Afrique du Sud, nom anglais < occ. Aurenja) — Montpelier (ville des États-Unis, nom anglais < occ. Montpelhièr) — Córdoba (ville d’Argentine, nom espagnol). Mais dès qu’il s’agit de désigner la célèbre ville d’Espagne, au lieu de la forme espagnole Córdoba*, on utilise la forme occitane adaptée Còrdoa (§ XII.5.7).

XV.5.4 PRÉCISIONS TECHNIQUES a) Certains toponymes hésitent entre les terminaisons -landa et -làndia. L’exemple français ne compte pas parce qu’il ne connaît que -lande. On choisit donc la solution intermédiaire entre catalan et italien (l’espagnol et le galaïco-portugais peuvent aider à départager les cas difficiles): (i) La solution par défaut est -làndia, qui caractérise des noms féminins adaptés:

Groenlàndia, Islàndia, Finlàndia, Corlàndia, Jutlàndia, Tailàndia. (ii) On a quelques fois -landa dans les noms féminins adaptés: Irlanda, Olanda, Zelanda, Nòva Zelanda, Coberlanda (aocc., Wiacek 1968, < angl. Cumberland). (iii) Les formes non adaptées sont plus nombreuses. Elles se terminent par -land. Elles sont de genre masculin ou indéterminé: - régions: Queensland, Burgenland, Götaland, Småland, Svealand, Vinland, los Highlands, Jämtland, Maryland, Northumberland, Saarland “Sarre (région)”. - petites îles: Shetland, Sjælland, Åland, Öland, Gotland, Helgoland. - villes et autres points précis: Auckland, Oakland; Disneyland. - noms de pays récents, formés à partir d’un nom de peuple: Basutoland, Zololand, Matabeleland, Ovamboland, Nagaland, Namaqualand/Namaland,

Swaziland (= Ngwane).

b) Dans les noms de pays en -stan, les langues exemples sont incohérentes et divergent considérablement. Le catalan mélange des noms de pays non adaptés et des gentilés adaptés (Kurdistan ~ curd). Par souci de simplicité, l’occitan opte pour l’adaptation générale: Afganistan (afgan -a), Curdistan (curd -a), Paquistan (paquistanés -esa), Ozbequistan (ozbèc -a), Turquestan (turqués -esa, “türk” § XII.4.4), Cazacstan (cazac -a), Turcmenistan (turcmèn -a), Quirguizstan (quirguiz -a), Tatgiquistan (tatgic -a), Tatarstan (tatar -a), Bashcortostan (bashcòrt -a), Lorestan (lor), Balochistan (balochi), Indostan (indostani). Seules les formes très peu connues échappent à l’adaptation: Khuzestan. c) Les gentilés exotiques sont épicènes en général: khmer, xhosa, kikuyu, inuit, manchó, siox, azèri, mansi, còmi, swazi… On admet la féminisation en -a dans les cas où l’analogie avec des formes plus habituelles est patente: ostiac -a “ostiak” (comme siriac -a), ozbèc -a (comme chèc -a), turcmèn -a (comme eslovèn -a), quirguiz -iza -izes -izas (comme precís -isa -ises -isas).

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QUATRIÈME PARTIE

Questions diverses d’adaptation phonématique et morphologique: - Accentuation des noms propres en -ia ou ‘-ia: voir § XII.5.6. - Mots terminés par -oa: voir § XII.5.7. - Gentilés en -i ‘-ia ou en -ian -iana: voir § XII.6.5. - Gentilés en -èu -èa, -ieu -ieva, -enc -enca, -ean -eana: voir § XII.6.6. - Gestion de sh, ch et x: voir § XII.10.2. - Gestion de j (g) et tj (tg): voir § XII.10.3. - Gestion de o et u: voir § XII.10.6-XII.10.9. - Conservation de t devant yod: voir § XII.10.10. - Gestion de h: voir § XII.10.11. - Acceptation de -z final prononcé [s]: Nazianz [na zjans] “Nazianze”, Ormuz [ur mys], tongoz [tu gus] “toungouze”, quirguiz quirguiza [kir is kir iz ] “kirghiz -ize”. Pour la féminisation en -za et le pluriel sensible en -zes, voir § XII.5, XII.6.1. d)

"

"

N"

"V

"V

O

Affinement des solutions. • Par souci de traitement homogène, on peut appliquer des solutions similaires à des noms propres qui sont facilement associés dans la conscience collective: Mississipí comme Missorí; Chamberí (TDF) comme Anecí; Valhadolid avec lh comme dans Sevilha (cette analogie sera naturelle pour les Aranais, cf. esp. Valladolid, Sevilla). • Les homonymes sont admis lorsque les langues exemples les tolèrent aussi. Les différenciations orales ne sont enregistrées que lorsque les langues exemples ont besoin d’en faire également (critère de distinctivité, § XI.4.4): - Romania “Roumanie” ~ Romània “Romania” ~ Romanha “Romagne”. - roman -a “romain -e” ~ romanic -a “roman -e” (art, langues) ~ romanés -esa “roumain -e” ~ romanhòl -òla (-òu -òla) “romagnol -e” (de Romagne) ~ romanenc -a (TDF) “romanais -e” (de Romans-sur-Isère). - Guiana [ gjan ] “Guyenne” ~ Guaiana [gwa jan ] “Guyane” ~ Guyana [gy jan ] “Guyana”. e)

"

"

O

"

O

O

f) Genre des noms de pays en -a:

- Les noms de pays exotiques sont plutôt masculins, comme en français et en italien (et contrairement au catalan): Kenya m, Sahara m, Minnesòta m, Guatemala m, Nicaragua m, Angòla m.

- Dans les hellénismes, on accepte le changement du genre d’origine si toutes les langues exemples ont fait ainsi: Peloponès m, Dodecanès m, Eptanès m sont masculins dans les langues romanes, mais féminins en grec. On adopte le féminin grec si une des langues exemples l’adopte aussi: Egipte f, Quersonès f (cf. grec, français). g) L’orthographe des noms propres composés suit les mêmes règles que celles des anthroponymes et toponymes d’Occitanie (§ XV.3.1, XV.3.2, annexe C2b).

XV.5.5 TRANSCRIPTION DES FORMES ÉTRANGÈRES NON ADAPTÉES On distingue la translittération, qui remplace exactement les graphèmes de l’écriture de départ par les graphèmes de l’écriture d’arrivée, et la transcription, qui facilite la lecture dans la langue d’arrivée sans qu’il y ait une correspondance exacte des 400

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graphèmes. On pratique presque toujours des transcriptions dans l’usage courant. a) Pour transcrire les langues qui s’écrivent en alphabet latin, on s’efforce de respecter l’orthographe de la langue d’origine, avec ses signes diacritiques et ses caractères particuliers (comme ß): Timişoara, Chişinău, Citroën, Montréal, São Paulo, Eva Perón, El Niño, Düsseldorf, Ålborg, Øresund, Škoda, Łódź, Neiße. Bien entendu, ce n’est pas une faute d’omettre ces signes diacritiques lorsqu’on n’y est pas habitué ou lorsque les moyens techniques ne le permettent pas. Les signes extrêmement particuliers de certaines langues sont simplifiés dans l’usage courant: vietnamien Ðà NăÙng > Da Nang, azéri G´nc´ > Gäncä (une convention azéri permet cette conversion), turkmène A¢gabat > Ashgabat.

b) Pour transcrire les langues qui ne s’écrivent pas en alphabet latin, on privilégie les systèmes de transcription les plus diffusés dans le Monde: pinyin pour le chinois (Qingdao, Shijiazhuang, Mao Zedong), système Hepburn pour le japonais (Kyoto, Amateratsu), système de Beyrouth pour l’alphabet arabe (Shatt Al Arab, Ifriqiyya, Faysal, Qom, Karachi), système officiel de Corée du Sud pour le coréen (Busan, Daegu, Pyeongyang) 1, etc. Dans l’usage courant, les signes diacritiques inhabituels sont omis ou bien remplacés par des digraphes conventionnels: Qingdao (Qīngdăo), Shatt Al Arab (Shat¢t¢

Al Arab), Kyoto (Kyōto), Shiva (Śiva). On préfère les transcriptions cohérentes: Mao Zedong et non Mao Tsetong*; Maria Kallas et non Maria Callas*; Muammar Al Qaddafi, transcription cohérente partagée avec l’anglais, et non Kadhafi* (fr.), Gheddafi* (it.), Gaddafi* (cat.), Gadafi* (esp.). c

On ne tolère les variantes incohérentes que lorsque l’usage international ou administratif les impose partout: Kostas Gavràs (ou Costa-Gavras), Yasir Arafat (ou Yasser Arafat), Husayn (ou Hussein), Sfaqs (ou Sfax, français administratif de Tunisie), Abd Al Aziz Butafliqa (ou Abdelaziz Bouteflika, français administratif d’Algérie), Lakhnau (ou Lucknow, anglais administratif d’Inde). Dans cette catégorie, si besoin est, on inclura les transcriptions qui divergent d’un État à l’autre, par exemple entre la Chine continentale et Taiwan: Gaoxiong en pinyin (ou Kaohsiung). Les transcriptions des alphabets arabe, cyrillique et grec sont détaillées ci-après parce qu’elles présentent quelques particularités récurrentes par rapport aux transcriptions françaises, italiennes et catalanes. À terme, il serait idéal de détailler aussi les transcriptions des autres écritures.

c) L’alphabet arabe est transcrit selon le système codifié et international dit de Beyrouth. La transcription du persan présente quelques particularités, qui son valables aussi pour d’autres langues indo-iraniennes comme l’ourdou ou le pachto.

1

Ce système, développé depuis 1995 par l’Académie Nationale de la Langue Coréenne, a été édité en 2000 par le Ministère sud-coréen de la Culture et du Tourisme, puis médiatisé par la Coupe du Monde de football en 2002 (en Corée du Sud et au Japon). Il remplace l’ancien système McCune-Reischauer. Cette convention tolère les transcriptions non normalisées des marques et des anthroponymes lorsqu’elles sont sédimentées: Daewoo, Hyundai, Samsung, Kim Young-Sam, Lee.

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KATERN 14

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Dans l’article arabe al, on note l’assimilation de l devant t, th, d, dh, r, z, s, sh, s, d, t, Shatt Ash Sharqi “Chott ech-Chergui”. Parfois, l’usage occidental omet l’article arabe dans certains noms propres: Riyad pour Ar Riyad. La typographie hésite entre Al X… et al-X... La notation Al X… est préférable car elle est plus simple. Les signes inhabituels (c ’ _ ¯) sont omis dans l’usage courant (si on les note, remarquer que _ s’écrit aussi ¸ ou et ¯ s’écrit aussi ˆ). Conformément à l’usage international, le yod se note y en langue arabe (Husayn, Bahrayn, Faysal) mais i après voyelle dans les langues indo-iraniennes comme le persan, le pachto et l’ourdou (Khomeini, Faisalabad). Cette transcription exclut les graphies trop francisées: u (fr. u/ou), j (fr. dj), sh (fr. ch). Mais ch reste normal pour le son [tS] (Karachi). dh (z), n:

.

d) L’alphabet cyrillique n’a pas encore de transcription qui soit internationale et consensuelle. Chaque langue occidentale a son propre système de transcription, plus ou moins stable. L’occitan opte pour les conventions suivantes. Le russe, l’ukrainien et d’autres langues de l’ex-URSS sont transcrits selon une convention propre à l’occitan. C’est un compromis entre les transcriptions utilisées en catalan, italien, français et anglais.

Ааа Ббб Ввв Ггг

a b v -g

-

Ґґґ Ддд Еее

h

g d -e -e io ie zh z -i -y ï i i ii k l m n o p r s t u f kh tz

en russe en ukrainien

en ukrainien

Ёёё Єєє Жжж Ззз Иии

en général

Иии Ййй Ііі Їїї Ккк Ллл Ммм Ннн Ооо Ппп Ррр Ссс Ттт Ууу Ффф Ххх Ццц

en hiatus en yod

en russe (

ie

initial et après voyelle)

en ukrainien

en ukrainien

en russe en ukrainien

en ukrainien en ukrainien

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(ТС тс тс) Ччч Шшш Щщщ Ъъъ Ыыы Ььь Эээ Ююю Яяя чё щё

(ts) ch sh shch ∅

y



ê iu ia cho shcho

Signalons quelques divergences notables avec le français: io (fr. io/yo/e), zh (fr. j), en yod (fr. ï ), u (fr. ou), ch (fr. tch), sh (fr. ch), shch (fr. chtch), iu (fr. iou/you), ia (fr. ia/ya), cho et shcho dans Gorbachov et Khrushchov (fr. Gorbatchev, Khrouchtchev); -in et -yn dans Bakunin, Pushkin, Lenin, Solzhenitzyn (fr. -ine, -yne). Les spécialistes sont libres de préférer les transcriptions plus scientifiques: š pour sh, č pour ch, ž pour zh, c pour tz, j pour le i en yod, ’ pour le signe palatal ь… Les langues türk utilisant l’alphabet cyrillique sont transcrites selon les mêmes conventions que le russe, excepté quelques aménagements pour se rapprocher des langues türk utilisant l’alphabet latin: ж est transcrit j [Z], tout yod est transcrit y, distinction q~k et gh~g, voyelles palatales arrondies ö et ü, consonne nasale vélaire ng [N]. Bien entendu, les spécialistes sont libres de préférer les transcriptions plus scientifiques: ş pour sh, ğ pour gh, x pour kh, ñ pour ng… En biélorusse, seul l’alphabet cyrillique est officiel. Mais une partie de la population utilise l’alphabet latin (Badia 2002: 61-62). Cet usage latin local, vieux de quelques siècles et proche du polonais, fait office de transcription du cyrillique. Ггг h Еее ie (je Ёёё io jo Жжж ž Ййй j Ііі i Ўўў u* Ххх ch Ццц c Ччч č Ььь i Эээ e Ююю iu ju Яяя ia ja дзь dź зь ź нь ń сь ś ла, лэ, ло, лу ła, łe, ło, łu ля, ле, лё, лю la, le, lo, lu Serbe, bulgare et macédonien. Le serbe oscille entre les alphabets cyrillique et latin, qui sont co-officiels. L’alphabet latin local fait donc office de transcription. Par tradition, on “latinise” le bulgare et le macédonien de la même manière que le serbe (mais

i

initial ou après voyelle)

(

initial ou après voyelle)

(

initial ou après voyelle)

(

initial ou après voyelle)

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l’administration bulgare adopte quelques aménagements pour transcrire les anthroponymes sur les papiers d’identité). Voici les points qui divergent avec le russe: Еее e Ѓѓѓ g’ en macédonien Жжж ž Јјј j en serbe et macédonien Ййй j en bulgare Ќќќ k’ en macédonien Љљљ lj en serbe Њњњ nj en serbe Ххх h Ццц c Ччч č Шшш š Щщщ št en bulgare Ъъъ ă en bulgare Ььь j en bulgare Ћћћ ć en serbe Ђђђ Đ đ (dj) en serbe Џџџ dž en serbe Ююю ju en bulgare Яяя ja en bulgare Ѕѕѕ tz en macédonien e) L’alphabet grec ne connaît pas de transcription qui fasse l’unanimité. Pour le grec classique, l’occitan opte pour des conventions qui se rapprochent le plus possible des usages internationaux. Pour le grec moderne, l’occitan se rapproche des transcriptions les plus courantes constatées en Grèce. Ci-dessous, je ne signale la transcription du grec moderne (grmo.) que lorsqu’elle diffère de celle du grec classique.

nom occitan de la lettre

alfa bèta gamma dèlta epsilon zèta èta tèta iòta capa lambda mi ni xi omicron pi rò

Αα Ββ Γγ ∆δ Εε Ζζ Ηη Θθ Ιι Κκ Λλ Μµ Νν Ξξ Οο Π Ρρ

sigma tau

Σ σ/-ς Ττ

Õ (anc.)

a b (grmo. v) g d e z e ou ē (grmo. i ou ī ) th i k l m n x o p r

rh (grmo. r) s t

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QUATRIÈME PARTIE

ipsilon fi qui (chi, khi) psi omèga

Υυ Φφ Χχ Ψψ Ωω αι αϊ ει εϊ οι οϊ αυ αϋ ευ εϋ ου γχ γγ

y ph (grmo. f) ch ou rarement kh ps o ou ō ai aï ei eï oi (grmo. i ou i·) oï au (grmo. av/af ou av·/af·) ay eu (grmo. ev/ef ou ev·/ef·) ey ou nch ou rarement nkh ng (ne se trouve qu’après une voyelle) nk (grmo. g, mais ng après voyelle; ou g·, ng·) mp (grmo. b, mais mb après voyelle)

γκ µ ντ nt ‘ (anc. esprit rude) h (grmo. ∅) ’ (anc. esprit doux) ∅ En dehors du tréma sur ï, tous les autres signes diacritiques de transcription sont facultatifs et réservés à l’usage des spécialistes (ō, ē, ī, i·, v·, f·, g·, y compris la reproduction des accents grecs d’origine: έ, ή, −, ό, ώ, ä… → é, ēÅ, ēÙ, ó, ōÅ, ōÙ…). f) Les transcriptions sont perçues comme des formes exotiques et non adaptées. Il n’est donc pas nécessaire de les accentuer à l’occitane: en occitan, Godunov passe au moins aussi bien que Gòdonòv*. Néanmoins, on pourrait tolérer des accents sur les mots oxytons terminés par une voyelle ou par une voyelle + -s: Alí en arabe; Nevà et Borís en russe; Komotiní, Karamanlís et Papàs en grec moderne… On ne généralise la semi-adaptation que dans les prénoms et les noms de famille qui deviennent usuels dans la communauté linguistique occitane (§ XV.3.1, .3.2). XV

XV.6 Les domaines périphériques de l’onomastique Même si l’onomastique se compose surtout d’anthroponymes et de toponymes, elle comprend des domaines périphériques qui entrent dans la parole d’oc. Les noms d’animaux domestiques devraient faire l’objet d’une étude systématique. On trouve déjà des indications dans le TDF et dans certaines enquêtes dialectologiques (par ex. Arnaudin 2001: vol. 2 in fine). Les noms de lignages célèbres tendent à être adaptés à toutes les langues. Ils se trouvent aux limites de l’anthroponymie: los Cantacuzèns, los Plantagenèstes (gas lim auv niç pro los/lu/lei Plantagenèsts), los Bòrjas “les Borgia”, los Savòias, los Anjaus / los Anjavins “les Anjou / les Angevins”, los Abbassidas, los Árpád(s). Certains fonctionnent en tant que noms et adjectifs, de la même manière que les gentilés: los Carolingians (nom) / carolingian -a (adjectif). 406

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Les groupes de personnes célèbres ou légendaires peuvent occasionner aussi des noms propres. Ils sont adaptés (los Argonautas) ou non adaptés (los Beatles). Hors de l’anthroponymie, les noms d’époques sont des noms propres 1 issus de formes génériques. Ils sont donc adaptés: la Preïstòria, lo Neolitic, la Renaissença, las Luses (gas lim auv niç pro las/li/lei Lutz) “les Lumières”. Les quatre grandes divisions de l’histoire pourraient être nommées selon les exemples catalan et italien, qui diffèrent du français: Edat Antica “Antiquité”, Edat Mejana “Moyen Âge”, Edat Modèrna “Temps Modernes”, Edat Contemporanèa “Époque Contemporaine”. Les évènements historiques liés à un pays particulier oscillent entre adaptation (la Revolucion d’Octòbre) et non-adaptation (lo Watergate). Les noms des œuvres d’arts plastiques se traduisent facilement d’une langue à l’autre: Lo Pensaire de Rodin (< fr. Le Penseur). Les noms des œuvres de musique classique s’adaptent en général: L’Anèl dels Nibelungen < all. Das Ring der Nibelungen. Les hymnes hésitent entre adaptation (La Marselhesa < fr. La Marseillaise) et non-adaptation (God Save the Queen/King). Les œuvres musicales, hors musique classique, tendent à garder leur nom d’origine: Like A Virgin de Madonna. Les noms des œuvres cinématographiques et littéraires sont souvent adaptables d’une langue à l’autre, mais l’occitan est actuellement trop faible pour bénéficier de doublages et de traductions (à part quelques exceptions en littérature). En attendant, on peut toujours citer les titres de films ou de livres dans la langue d’origine ou bien tenter une traduction spontanée. Seuls les livres d’une importance exceptionnelle connaissent un nom occitan traditionnel: la Bíblia, l’Alcoran / lo Coran (TDF ‹Alcouran/Couran›). Les organismes ont des noms extrêmement divers et il n’y a pas de règle claire quant à l’adaptation: las Nacions Unidas (adapté) mais Greenpeace (non adapté). Il est souhaitable d’adapter au moins les noms des organismes qui sont implantés en Occitanie et qui portent des mots génériques facilement traduisibles: los Verds, lo

Partit Comunista, lo Partit Popular, la Democracia Crestiana, la Seguretat Sociala, los Companhs d’Emmaús, La Pòsta.

Les véhicules baptisés, les bâtiments célèbres et les noms de festivals peuvent suivre les mêmes principes. Véhicules: l’Argo (adapté, navire des Argonautes) mais lo Potiomkin “le Potemkine” et Skylab (non adapté). Bâtiments: lo Capitòli (à Toulouse, Rome ou Washington) et lo Cremlin (adapté) mais lo Taj Mahal (non adapté). Festivals: lo Festenal (Festenau, Hestenau) de Canas et la Mòstra de Venècia (adapté) mais la Berlinale (non adapté). Les marques commerciales ayant une couleur exotique peuvent rester inchangées. Par contre, les marques qui reprennent des mots génériques ou bien des noms propres d’origine occitane mériteraient de recevoir une forme occitane, à condition que l’on puisse convaincre les entreprises qui en sont propriétaires. Exemples théoriques: Confo-Meuble > ConfoMòble, La Boutique de Marie > La Botiga de Maria, Champeix Électronique > Champet Electronica, Provence Services > Provença Servicis. L’usage de toutes les langues romanes voudrait qu’on laisse les noms des médias dans leur forme d’origine, même s’ils sont fortement présents dans notre communauté linguistique: L’Écho du Centre, La Montagne, La Marseillaise, La République

des Pyrénées, France 1

3, M6, Radio Nostalgie, RaiUno, El País. L’occitanisation

Avec majuscule. La norme du catalan préconise de les écrire avec une minuscule.

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d’un nom n’est décidée que par le média lui-même: Avui, quotidien catalan du Principat, a créé Aué, supplément en occitan aranais… Bien entendu, il y a aussi des médias dont le nom est d’emblée en occitan: Ràdio Lenga d’Òc, Lo Sorgentin ‹Lou Sourgentin›, La Clau Lemosina, Plumalhon…

Dans toutes les catégories évoquées ci-dessus, les noms propres occitans qui sont diffusés dans une graphie non classique peuvent être cités légitimement en orthographe classique: ‹Souleiado› → Solelhada (marque de tissus), ‹Moun Pantaï› → Mon Pantais “Mon Rêve” (nom de maison), ‹Lou Mouly› → Lo Molin (nom de restaurant), ‹Lou Pouèmo dóu Rose› → Lo Poèma dau Ròse (œuvre littéraire de Mistral), ‹Parlaren› → Parlarem (organisme mistralien), ‹Bïzà Neirà> → Bisa Nèira (revue bonnaudienne). Les mots vraiment génériques peuvent être adaptés aux différences de norme orale: ‹lou Museon Arlaten› (lo Museòn* Arlatenc) → lo Musèu Arlatenc, ‹Lou Tresor dóu Felibrige› (lo Tresòr* dau Felibritge) → Lo Tresaur dau Felibritge.

Ce principe est valable dans l’autre sens, lorsqu’on passe du système classique à un autre: Institut d’Estudis Occitans devient ‹Istitut d’Estùdi Óucitan› en norme mistralienne, ‹Istitù d’Estudi Ousitan› en norme de l’Escòla dau Pò ou ‹Enstetü d’Eitudia Eusitana› en norme bonnaudienne. Il est normal que les mots génériques, les formes grammaticales et l’orthographe s’adaptent aux caractéristiques fondamentales des différents standards régionaux: la

Seguretat Sociala

(gas

/

la era

Seguretat

,

Sociau)

os Cantacuzèns

l

(pro

lei

Orthographe: los Cantacuzèns (lim los Cantacuzens). Les formes qui échappent à l’adaptation dialectale sont les noms de certains véhicules, bâtiments et festivals, les noms de médias, les diverses formes non adaptées ainsi que tous les noms qui ont une connotation régionale marquée: Per Noste “~Chez Nous” (section béarnaise de l’IEO) est préférable à En Cò Nòstre, Au Nòstre, Chas Nosautres…

Cantacuzèns

).

XV.7 Notes sur l’article et le genre dans les noms propres L’article défini qui précède le nom propre peut s’adapter à l’occitan à travers ses différents dialectes. Cette commodité permet de mieux intégrer le nom propre dans la syntaxe de chaque variété d’occitan: on ne dira jamais en occitan li agrada d’escotar The* Beatles mais Li agrada d’escotar los Beatles (…lei Beatles, …lu Beatles, …eths Beatles) “Il aime écouter les Beatles”. Dans d’autres cas, l’article n’est pas adapté et est traité comme une partie du nom propre étranger: Anèrem a un concèrt de The Cure “On est allés à un concert de The Cure” et non Anèrem a un concèrt de La Cure*. Un problème plus complexe est de savoir si l’article défini est légitime devant certains noms propres. On sait qu’Alibèrt a déconseillé l’emploi de l’article devant les toponymes sauf s’ils sont déterminés: Lemosin (mais lo Lemosin modèrne), Garona (mais la Nauta Garona), Tolon (mais lo Tolon dels/deis ans 50). Dans les toponymes, l’évitement de l’article n’a pas disparu depuis le Moyen Âge 408

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et il s’observe encore de nos jours: on ne met jamais d’article devant Aran “le Val d’Aran” et Aussau “la vallée d’Ossau” (sauf devant le générique Val, bien entendu: era Val d’Aran, la Vath d’Aussau). Les grammaires et dictionnaires proches de l’usage authentique fournissent beaucoup d’exemples: per darrèr Aussau, en Aspa, en Aussau, en Armanhac (Horcada 1986: 181, 184), en Portugau “au Portugal” (Lèbre & al. 2004: art. à), me’n vau en Tinèa ‹me’n vau en Tinéa› 1 “je m’en vais dans la Vallée de la Tinée” (Compan 1965: 48), en Cairàs ‹en Queiras› “dans le Queyras” (TDF), ris de Piemont ‹ris de Piemount› “riz du Piémont” (TDF), lo país de Bearn ‹lou païs de Bearn› “le pays du Béarn” (TDF), lo rei de Portugau ‹lou rèi de Pourtugau› “Le roi du Portugal” (TDF). Ces exemples démontrent que l’évitement de l’article reste bien vivant devant les noms de pays et de régions, même s’ils sont masculins (par contre, le catalan généralise l’article devant les masculins: occ. Catalonha, Rosselhon; cat. Catalunya ~ el Rosselló). Voilà ce que révèle une analyse objective de l’usage occitan moderne. L’usage de l’article est une interférence vraisemblable du français et de l’italien. Il est donc faux et imprudent d’affirmer que l’article devrait être systématique, comme le fait Taupiac (1992: 473-476). Lorsqu’on compare l’occitan et d’autres langues romanes qui évitent l’article (catalan, espagnol, galaïco-portugais), l’article ne semble systématique que: a) Devant les mots communs et les suffixes de noms communs transformés en toponymes: una marcha > la Marcha (Limousin), las Marchas (Italie); una comtat > la Comtat “Comté Venaissin”, un pòrt “col” > los Pòrts (nom populaire des Pyrénées), mots en -pòli “ville” > la Decapòli; mots en -arquia > l’Eptarquia “l’Heptarchie” (Angleterre). b) Devant les noms de pays au pluriel: America > las Americas, Índia > las Índias, Abruç > los Abruces “les Abruzzes” (cf. it. Abruzzo/Abruzzi, cat. Abruç/Abruços), Aurès > los Aurèsses “les Aurès”, Guaiana > las Guaianas “les Guyanes”. Mais on dira plutôt Astúrias sans article, comme en espagnol. c) Quand il y a un déterminant: Garona mais la Nauta Garona. Cependant, le déterminant tot semble éviter l’article: tota Provença, tot Lemosin, Occitània tota. Taupiac (1992: 473-476), en revanche, se montre convainquant sur l’emploi de l’article dans le cas des cours d’eau d’Occitanie. Certains cours d’eau n’ont jamais d’article (Garona) tandis que d’autres le généralisent (Ròse = lo Ròse “le Rhône”). Aucune interférence du français n’est démontrable dans ce phénomène. Dans les futures enquêtes de terrain, il serait nécessaire de recenser l’omission ou l’usage de l’article devant les hydronymes. Le TDF et certaines monographies donnent déjà la réponse pour certains cas. En attendant, lorsqu’on ne sait pas si tel cours d’eau accepte ou non l’article, il reste toujours possible de l’omettre comme le préconise Alibèrt, quitte à risquer un archaïsme. Pour les cours d’eau étrangers, on applique l’omission de l’article par défaut: Nil, Amazonas, Yangzi Jiang, Zambèzi. Mais l’article reste dans les formes déterminées (lo Nil Blanc) et les génériques (un fluvi > lo Fluvi Blau, synonyme de Yangzi Jiang). Les agglomérations n’ont pas d’article en général. Cela leur confère un genre indéterminé: Marselha, Vichèi “Vichy”, Alacant, Washington, Pequin, Sant 1

Les sources se contredisent sur l’aperture du e: Tinè(i)a ou Tinea?

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Guironç “Saint-Girons”…

Font exception les noms qui intègrent l’article: Lo Puèi “Le Puy”, Los Sarrasins “Castelsarrasin”, Aus Gletons “Égletons”, Lo Caire, La Mèca, L’Aia, Le Havre. Les noms de villes en Nòva… sont féminins et suppriment l’article: Nòva York, Nòva Delhi… Font exception la Nòva Orleans (< fr. la Nouvelle Orléans), la Nòva Roma (surnom de Constantinople, différent du véritable nom). Quand les noms sont déterminés, ils prennent le genre que leur morphologie suggère: - Les noms en -a sont perçus comme féminins. Le TDF donne: en Niça Vièlha 1 ‹en Niço vièio› “dans le Vieux-Nice”, Roma la santa ‹Roumo la santo›, Roma

s’es pas bastida en un jorn ‹Roumo s’es pas bastido en un jour›, l’Atenas antica ‹l’Ateno antico›…

- Les autres noms sont perçus comme masculins. Lavalada (2000: 157) donne le toponyme Lo Pitit Limòtges. Le TDF donne: Arle lo grand / Nimes lo comerçant ‹Arle lou grand / Nimes lou coumerçant› “Arles la grande, Nîmes la commerçante”, Bordèu clar (…) Bordèu escur “Bordeaux claire (…) Bordeaux obscure”. L’expression la Jerusalèm Celèsta (et non lo Jerusalèm Celèst*) fait sans doute exception, bien que je n’en aie pas trouvé d’attestation en occitan. Elle suit probablement l’influence de la liturgie où le mot latin Jerusalem est féminin. Les noms d’îles fonctionnent comme les noms de villes, sans article et avec un genre indéterminé: It “If ”, Porcairòlas “Porquerolles”, Eivissa “Ibiza”, Santorin, Bali, Tahiti, Chipre, Formosa/Taiwan, Hokkaido, Sicília, Sardenha, Corsega, Cuba, Madagascar 2. Les noms d’astres fonctionnent comme les noms de villes et d’îles: Mart/Mars, Vènus, Titan, Sírius, Proxima Centauri, Vèga, Denèb, Alfard, Aquernar “Achernar”, Altaïr, Enif, Beteljauza “Bételgeuse”, Andromèda, Orion. Exceptions notables: la Tèrra, la Luna, lo Solelh, las Pleiadas et les génériques devenus noms propres: la Polzinièra “~la Poussinière” (surnom des Pléiades), los Bessons “les Gémeaux”, l’Aret “le Bélier”, lo Capricòrne, los Asteroïdes. Les divers éléments naturels comme les montagnes, les plaines, les mers, les lacs, les détroits, les déserts, les archipels ont souvent un article instable quand ils sont en Occitanie. Le TDF porte: Vísol = lo Vísol ‹Viso› “le mont Viso”, Ventor = lo Ventor ‹Ventour› “le mont Ventoux”. On pourrait faire de même avec les toponymes internationaux: Janicul = lo Janicul, Kilimanjaro = lo Kilimanjaro, Aconcagua =

l’Aconcagua, K2 = lo K2, Kattegat = lo Kattegat, Øresund = l’Øresund.

Les éléments naturels très étendus sont assimilables à des pays et se passent de l’article: Pinde, Tassili, Imalaia/Himalaya, Karakorum, Kalahari, Beqaa “Bekaa”. L’usage des langues romanes demande néanmoins de mettre un article dans los 1 2

L’absence d’article fait exception à la règle qui demande qu’un article accompagne le déterminant: “le Vieux-Nice”. À comparer sémantiquement avec les noms de villes en L’article semble exceptionnel. Le TDF cite à l’occasion: , , C’est peut-être un procédé stylistique. Indépendamment de l'article, les formes classiques référentielles sont . Niça Vièlha

Nòva…

la Zanta* ‹la Zanto›

la Cefaloniá ‹la Cefalounié› lo

Zanzibar ‹lou Zanzibar›.

Zante, Cefalònia, Zanzibar

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Pirenèus, lo Bosfòr, los Dardanèls, las Cicladas, lo Dodecanès, las Esporadas. Quoi qu’il en soit, l’article reste obligatoire:

a) Dans les génériques devenus toponymes: alp “alpage” > los Alps, planesa “plateau” > la Planesa “la Planèze”, espinós “épineux” > l’Espinosa “l’Espinouse”, devés “défens” > lo Devés “le Devez”, marga “manche” > la Marga “la Manche”, rocós “rocheux” > las Rocosas “les Rocheuses”, frieu “passe maritime” (TDF < lat. fre*tum) > lo Frieu “le Frioul” (îles de Marseille). b) Quand il y a une ellipse du mot générique: lo mont Everest > l’Everest, lo mont Olimp > l’Olimp, la mar Mediterranèa > la Mediterranèa, l’ocean Atlantic > l’Atlantic, lo lac Leman > lo Leman, las illas Balearas > las Balearas. En niçois, la formule “les îles X…” obéit à la règle de l’adjectif féminin pluriel en -i: li illas Baleari (mais li Balearas quand l’adjectif devient nom).

Les œuvres écrites qui ont une importance historique exceptionnelle ont souvent un article: la Bíblia, l’Evangèli, la Genèsi, l’Alcoran / lo Coran, lo Zohar, lo

Talmud, la Mishnà, lo Pentatèuc, l’Avèsta, lo Libre del Consolat de la Mar, los Vèdas, las Bucolicas, l’Iliada, l’Odissèa, l’Eneïda…

Les noms d’époques et d’évènements, historiques ou légendaires, ont en général un article: l’Edat Antica “l’Antiquité”, lo Neolitic, la Terror, las Luses “les Lumières”, la Renaissença, l’Aprèsguèrra, lo Big Bang, lo Cambrian,

l’Apocalipsi, lo Ragnarök.

Les lieux intemporels et mythologiques font de même: l’Infèrn, lo Tartar, lo

Purgatòri, los Limbes, lo Walhalla, lo Paradís, l’Edèn.

Les noms d’organismes ont un usage très contradictoire. Avec article: lo Felibritge, l’Acadèmia, lo Senat, la Knesset, lo Bundestag, l’IEO, la RAI, la BBC, la NASA… Sans article: Ràdio País, Parlarem, Microsoft, Canal Plus, TF1, AOL, Amnesty International, Greenpeace… Les véhicules baptisés hésitent de la même manière: lo Potiomkin, lo Bounty, l’Argo… mais Playstation, Fleury-Michon (bateaux de course portant des noms de marques), Challenger, Mir, Skylab (véhicules spatiaux)… On le sait, l’usage facultatif de l’article est normal devant les anthroponymes:

Maria / la Maria, Gorbachov / lo Gorbachov… Quelques grands artistes italiens ont un surnom avec article: lo Caravaggio, lo Tintoretto. Les groupes de personnes légendaires ont un article: los Dioscurs, los Argonautas, las Esperidas. Par contre l’usage de l’article varie beaucoup pour les noms de groupes contemporains: Lo Dalfin, los Beatles, The Cure mais Nadau, Gacha-Empega, IAM, U2, Nirvana… Les noms de fêtes n’ont pas d’articles, comme les grammaires le précisent:

Calendas, Nadal, Pascas, Sant Joan, Yom Kippur, Halloween. Exceptions notables: la Pasca (la Pâque juive), las Lupercalas, las Bacanalas, las Panatenèas.

Dans les cas suivants, l’article s’explique par les règles grammaticales vues plus haut: l’Ascension (générique devenu nom propre), Al Id Al Kabir “l’Aïd el-Kébir” 411

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(article de la langue d’origine), l’An Nòu / lo Cap d’An “le Nouvel An” (nom déterminé)…

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Chapitre XVI

D’AUTRES APPLICATIONS PARTICULIÈRES XVI.1 La féminisation des noms de métiers et de fonctions La parité morphologique entre masculin et féminin, lorsqu’elle s’applique aux êtres humains, est bien une tendance profonde des langues romanes. Les noms de métiers, fonctions, grades et titres connaissent facilement une forme féminine en occitan. De même, le catalan et l’italien féminisent assez facilement. Le français, lui, évite certains féminins à cause d’un purisme sourcilleux, ce qui aboutit à des formes absurdes comme Madame le Proviseur ou elle est avocat. Heureusement, on essaie de réhabiliter la tendance naturelle du français à créer des formes féminines (recommandation du gouvernement français en 1999, cf. Becquer & al. 1999). Si certains féminins ne sont pas encore attestés en occitan, cela ne vient pas d’un fonctionnement puriste à la française. Cela s’explique plutôt par l’aspect vieilli de certains dictionnaires et par le recul de l’occitan dans la vie sociale; notre langue a mal “documenté” l’accès des femmes à de nombreuses responsabilités depuis le XXe siècle. Le complètement et la lexicographie doivent donc fournir de manière systématique des formes féminines pour tous les noms et adjectifs qui peuvent se rapporter à des personnes. Les règles formelles de féminisation sont exposées notamment au § XIII.5. Parallèlement à mon travail, une publication sur la féminisation est parue en aranais (Era formacion deth femenin 2003). a) Les formes attestées en occitan sont la première ressource à utiliser. Lorsque la tradition indique des nuances sémantiques entre la forme masculine et la forme féminine, on peut compléter la forme féminine avec les attributs sémantiques de la forme masculine. Ainsi, dans le TDF, baile signifie entre autres “chef de travailleurs, conducteur de travaux”, les féminins baila et bailessa ‹bailo, beilesso› signifient “femme de baile, gouvernante”. Dans le complètement, baila et bailessa prendront aussi le sens de “dirigeante de travailleurs, conductrice de travaux”. Pour le masculin mètge “médecin” (TDF), on trouve la forme féminine metgessa ‹metgesa› “femme médecin” en ancien occitan, chez Levy (1909). Lorsque la tradition occitane ne donne rien, le catalan peut inspirer des solutions utiles. Pour l’occ. cònsol (TDF) “consul, magistrat municipal, maire”, on trouve en catalan cònsol et le féminin consolessa. L’occitan adoptera avec profit le féminin consolessa “consule, magistrate municipale, mairesse”. b) Beaucoup de formes peuvent se féminiser simplement en mettant un -a: ministre ministra. Dans les formes qui se terminent par un suffixe d’agent variable en genre, il n’y a aucun problème de féminisation. Par défaut, tout nom de métier aura les formes féminines les plus régulières possible (§ XIII.5). Les féminisations archaïques ou irrégulières restent exceptionnelles (trobador trobairitz, emperaire emperairitz,

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/ ). Il est inutile d’inventer une parité forcée pour des noms de métiers qui étaient liés à un seul sexe dans une époque déterminée: aruspiç “haruspice” reste exclusivement masculin et vestala exclusivement féminin. Les mots expressifs que la représentation populaire associe à l’un des deux sexes ne peuvent pas être adaptés de force aux deux genres, dans la mesure où ils ne désignent pas un métier ou une fonction: erculès “virago” (TDF) est toujours un nom masculin. d) Les noms venant de la métaphore ou de la métonymie ne changent pas forcément de forme ou de genre. Lo cap est d’abord un nom masculin qui désigne “la tête” et reste masculin pour désigner une personne, femme ou homme (l’occitan ne dit pas la cap* même si le français dit la chef). La palhassa signifie “la paillasse” (objet), puis “bouffon, bateleur, clown”. Là, on peut dire au masculin lo palhassa (TDF: art. ‹paiasso›). Pour une “femme clown”, on rétablit facilement le féminin d’origine: la autor autora autritz c)

palhassa.

e) En dehors de la question des noms de métiers et de fonction, on adopte la parité de genre dans tous les noms et adjectifs qui sont susceptibles de s’appliquer aux personnes de sexes différents: ebrieu “Hébreu” (TDF ‹ebriéu›) prend naturellement le féminin ebrieva par analogie avec josieu josieva “juif -ive”. On ne peut pas faire comme le français qui, par purisme, refuse de donner une forme féminine à Hébreu.

XVI.2 Les abréviations

On doit à Sauzet (1985, 1995) les premiers travaux véritablement scientifiques sur la gestion des abréviations en occitan. C’est sur ces derniers que je me base. XVI.2.1 A

PPROCHE ÉVOLUTIVE

On passera rapidement sur l’abréviation écrite. C’est une convention purement orthographique. Elle fonctionne à peu près comme un idéogramme, surtout lorsqu’il s’agit d’un symbole non alphanumérique: €, §, %. L’abréviation écrite n’a pas de forme orale propre; elle se prononce de la même manière que la forme complète: etcetèra = etc. = [etse t r ], pagina = p. = [pa d in ], exemple = ex. = [e tsemple] èuro = € = [ wru], paragraf = § = [para raf], per cent / del cent = % = [per sen / del sen], quilomètre = km = [kilu m tre], estam = Sn = [es tan] “étain”. À l’instar des langues voisines, les abréviations particulièrement techniques suivent les conventions internationales: quilomètre = km (et non qm*), estam = Sn (et non Es*). Les chiffres constituent un système d’abréviation écrite: vint e tres = 23 = XXIII = [ binte tres]. Pour codifier les abréviations, l’occitan pourrait s’inspirer de Capó & Veiga (1997). Ce qui nous intéresse d’avantage est l’abréviation orale. Elle ne s’oralise pas comme la forme complète et aboutit donc à un lexème nouveau. On distingue la troncation, l’acronyme et le sigle (et une catégorie hybride: le sigle acronyme). "

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a) La troncation est l’abréviation consistant à tronquer un mot. Elle s’accentue selon les règles exposées aux § XII.5.2-XII.5.7. Les mots terminés par une voyelle sont paroxytons, les mots terminés par une consonne ou un glide sont oxytons: cinematograf > cinèma/cine, fotografia > fòto, radiodifusion > ràdio,

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LES APPLICATIONS

supercarburant > supèr. On tend à ouvrir è et ò toniques: cinèma, fòto, supèr. L’occitan ne doit pas calquer les troncations exclusivement françaises qui sont inconnues dans la plupart des langues romanes: adolescent (fr. ado), cronomètre (fr. chrono), ecologista (fr. écolo), extraordinari (fr. extra), situacionista (fr. situ), clandestin (fr. clandé), impermeable (fr. imper) proletari (fr. prolo), gratuit (fr. gratos).

b) Le sigle est l’abréviation consistant à ne garder que les lettres initiales d’une locution. On y distingue: - Le sigle épelé, qui se prononce comme la succession des noms de lettres: SNCF “èssa èna ce èfa” [ s n se f ], CFC “ce èfa ce” [ se f se] (clorofluorocarbur), OM “o èma” [ u m ] (Olimpic de Marselha), IEO “i e o” [ i e u]. Sauzet (1985, 1995) met en avant la nécessité d’oraliser les sigles épelés en se servant des noms de lettres occitans (annexe C1). On doit éviter l’oralisation de la langue dominante: CFC = occ. [ se f se] (et non fr. [se f se*], ni it. [ t i ffe t i*], ni esp. [ θe fe θe]). Cependant, on admet une oralisation d’origine étrangère lorsque le sigle a une connotation exotique: FBI [angl. ef bi a > occ. efbi aj, ebbi aj…], BBC [angl. bi bi si > occ. bi i si], U2 [angl. ju tu > occ. ju tu]. - Le sigle acronyme, qui se prononce comme un mot ordinaire (voir ci-dessous), ÆE

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c) L’acronyme est l’abréviation constituée par les éléments initiaux d’un groupe de mots ou de morphèmes. On y distingue: - Le sigle acronyme, constitué de lettres initiales: Organizacion del Tractat de l’Atlantic Nòrd > Otan [u tan]. Notons que les langues romanes ont une typographie hésitante (Otan, OTAN, O.T.A.N.). - L’acronyme syllabique, constitué de syllabes souvent initiales, mais pas toujours initiales: angl. quas[i] [stell]ar [object] > quasar > occ. qüasar [kwa zar]. La place de l’accent tonique et l’aperture de la voyelle tonique (è, ò) suit les principes des § XII.5.2-XII.5.7. (i) Place de l’accent tonique. Les acronymes terminés par une voyelle sont paroxytons, ceux terminés par une consonne ou un glide sont oxytons: òvni [ bni, nni], sida [ sið ], clae [ klae] (centre de léser e d’activitats educativas), Nasa [ naz ], radar [rra ðar], lasèr [la z r], Otan [u tan], Gidilòc [d iði l k]. Les rares acronymes terminés par une voyelle + -s devraient être paroxytons: c’est la solution du catalan (Capó & Veiga 1997: 27) et de l’italien (Comitato di Base > Còbas, Zingarelli 2004). En occitan: capes [ kapes] (certificat d’aptitud professionala a l’ensenhament segondari), Còbas [ k s] (Comitat de Basa). (ii) Tendance à l’ouverture de è, ò toniques. Pour ne pas heurter les habitudes graphiques internationales, la notation de cette aperture avec un accent grave reste facultative: lasèr [la z r], Unèsco/UNÈSCO/UNESCO [y n sku], Opèp/OPÈP/OPEP [u p p], Gidilòc/GIDILÒC/GIDILOC [d iði l k], Fèlco/FÈLCO/FELCO [ f lku], Crèo/CRÈO/CREO [ kr u]. Exemple de fermeture de e devant nasale: Renfe/RENFE [ rre fe] (Ret Nacionala de Ferrovias "

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Espanhòlas).

Un mot tel que CD-ròm / CD-RÒM / CD-ROM [seðe rr n] se compose d’un sigle épelé (CD < angl. compact disc) et d’un sigle acronyme (-ròm < angl. read only memory). "

O

Sans tomber dans le purisme, on peut suggérer quelques conseils pratiques et 415

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économiques. Un lexème basé sur des éléments connus (Nacions Unidas) est souvent plus expressif qu’un sigle (Ònu). En général, il est plus facile de prononcer un acronyme syllabique (qüasar = [kwa zar]) ou un sigle acronyme (Acnur = [an nyr, ak nyr] = Aut Comissariat de las Nacions Unidas pels Refugiats) qu’un sigle épelé (UNHCR = “u èna acha ce èrra” [ y n at se rr ] = United Nations High Commissioner for Refugees). "

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XVI.2.2 APPROCHE LEXICOGRAPHIQUE De plus en plus de dictionnaires intègrent les abréviations. C’est parfaitement logique dans la mesure où elles fonctionnent comme des lexèmes usuels. Quelques formes sont lexicalisées à la fois sous la forme abrégée et sous la forme complète. Le dictionnaire devrait les présenter comme deux lemmes équivalents, l’un étant renvoyé à l’autre: IEO = Institut d’Estudis Occitans — PME = pichona e mejana entrepresa. D’autres formes ne sont usuelles que dans leur version abrégée. Le dictionnaire devrait présenter la forme usuelle (abrégée) comme lemme principal. La forme complète relève plus de la rubrique étymologique que du lemme: CFC (< clorofluorocarbur), Gidilòc (< Grop d’Iniciativa per un Diccionari Informatizat de la Lenga Occitana), SMS (< angl. SMS < short message system).

XVI.3 La terminologie: entre mirages et besoins réels La terminologie apparaît aux yeux de beaucoup d’occitanistes comme un must du développement de la langue, comme un attribut valorisant qui permet de dire: “Voyez comme notre langue est moderne”. C’est un enthousiasme tout à fait légitime, mais prématuré. Il est impossible de se lancer tête baissée dans l’activisme terminologique si on ne résout pas au préalable les questions suivantes: a) La fixation de la norme basique (orthographe, formes grammaticales, lexique usuel) dans chacun des sept standards régionaux. b) Une véritable description lexicographique du lexique standard et usuel, grâce à des dictionnaires dignes de ce nom. Prenons par exemple la terminologie du commerce électronique. Le terme anglais efficient consumer response (ECR) est traduit en français par réponse optimale au consommateur (ROC). Si on admet que l’occitan puisse traduire mot à mot le terme français, on se heurte à des problèmes que la standardisation et la lexicographie n’ont pas tout à fait résolus jusqu’à présent: - Pour traduire réponse, quelle est la forme référentielle en gascon? Responsa ou arresponsa? En outre, si on admet que l’aranais dise pònt (comme en occitan oriental), au lieu de pont (comme en gascon général), le seul dictionnaire aranais dont je dispose (Vergés 1991) ne me dit pas si la forme (ar)respònsa° avec -òn- est attestée. Et en niçois, faut-il préférer respòsta ou respònsa (Castellana 1952)? - Pour traduire optimale, quelle est la forme référentielle en gascon? Optimau épicène ou bien optimala variable en genre? Et même si on répond à cette question, nous ne sommes pas au bout de nos peines. Dans tous les dialectes, il faut naviguer entre le modèle français optimale, le modèle catalan òptima et le modèle italien òttima/ottimale, ce qui nous laisse le choix en occitan entre optimala/optimau et optima. 416

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- Pour traduire consommateur, comment faire pour choisir entre consumaire ‹counsumaire› (TDF), consumaire/consumator* (Fettuciari & al. 2003), consomaire*/consomator* (Lavalada 2001), consumidor*/consomator* (Laus 2001), chantisseire* ‹chantïsseire› (NGDFA), consomador* (Morà 1994), etc., etc.? J’ai choisi volontairement ce terme pour les problèmes qu’il concentre. Je suis conscient que la plupart des autres termes sont plus faciles à adapter. Mais la masse des termes qui apparaissent chaque année est tellement importante que les cas revêches resteront toujours nombreux. Ils deviendront beaucoup plus faciles à résoudre si on commence par respecter les dispositions suivantes: a) Se mettre d’accord sur les critères de codification et de complètement. Par ex. la diasystématicité, l’échange interdialectal et les choix évolutifs permettent d’avoir responsa dans la plupart des standards régionaux, respònsa en occitan oriental (pro., niç., va.) et arresponsa/responsa en gascon (la forme niçoise respòsta reste légitime et généralisable à tout l’occitan mais ce ne sera pas forcément la forme retenue en terminologie). b) Disposer d’une morphologie référentielle fixe. Par ex. on choisit -au épicène en gascon. c) Recourir à la lexicographie et aux dictionnaires fiables qui nous indiquent les formes authentiques. Par ex. consumaire, dans le TDF, semble plus authentique que les autres formes évoquées ci-dessus.

Ces précautions étant prises, la terminologie est nécessaire pour faciliter la communication technique dans les activités spécialisées. Elle consiste à appliquer le critère de distinction de manière absolue, en établissant une relation biunivoque entre signifié et signifiant: à un signifiant unique (concept ou notion) doit correspondre un signifié unique (terme). Il y a parfois deux termes équivalents pour des raisons de sédimentation, mais dans tous les cas, on évite à tout prix les termes homonymes ou polysémiques. À un certain niveau de technicité, cette intervention volontariste sur le lexique permet d’harmoniser de manière bienvenue des termes qui se trouvent en grand nombre, de les conformer et de les classer selon les concepts qu’ils désignent, de faciliter leur mémorisation et d’optimiser les échanges verbaux ou écrits dans le cadre des technolectes. Alibèrt (DicAl: 46-47) a indiqué la voie à suivre pour les suffixes de la chimie: aldéhydes en -al, radicaux en -il, acides en -ic (donnant des sels en -at), acides en -ós (donnant des sels en -it), alcools en -òl, sucres en -òsa, ferments en -asa, combinaisons non oxygénées en -ur. De même, il indique en biologie les mots en -cèu et -cèa, et en médecine les noms de maladies en -iti. Dans un domaine très différent, durant la Guerre Froide, l’OTAN avait mis au point une terminologie ingénieuse pour répertorier les modèles d’avions du Pacte de Varsovie. La lettre initiale désignait le type d’avion, par exemple F- pour fighter “avion de combat”, et le nombre de syllabes indiquait le nombre de réacteurs: le Farmer était un avion de combat biréacteur. Ainsi, la terminologie et la lexicographie sont deux disciplines parallèles, qui décrivent toutes deux le lexique au moyen de “dictionnaires”, mais selon des perspectives opposées. La terminologie enregistre, préconise et assume un lexique distinctif et artificiel. À l’opposé, la lexicographie enregistre et décrit de manière non interventionniste le lexique “historique”, tel qu’il fonctionne habituellement dans la communauté linguistique. 417

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QUATRIÈME PARTIE Fig. XVI.1 — Différences entre lexicographie et terminologie (très librement inspiré de Serra 2001: 4-5) LEXICOGRAPHIE

L’unité de base est le lexème. Enregistre la polysémie naturelle des lexèmes.

TERMINOLOGIE

L’unité de base est le concept. Propose une relation biunivoque entre le concept (signifié) et le terme (signifiant). S’intéresse à la variété des formes (même dans Se fonde avant tout sur l’intervention en vue une langue standard). de l’homogénéisation. S’intéresse à l’ensemble des lexèmes connus Se centre sur les termes propres à un champ de par les locuteurs. spécialité ou à un champ professionnel (technolecte). Englobe les aspects synchroniques et Ne s’intéresse qu’à la synchronie. diachroniques des lexèmes. Enregistre l’évolution naturelle des langues. Privilégie les modes de formation internationaux. L’oralité prime. L’écriture ne fait qu’enregistrer La forme écrite prend d’office une importance l’oralité. considérable dans la diffusion des termes. L’étude de la pratique des locuteurs est un La définition des concepts est un préalable à la préalable indispensable à l’enregistrement des fixation des termes. La pratique des locuteurs lexèmes (et à la codification éventuelle des peut jouer un rôle dans la fixation des termes, formes de référence). mais ce n’est pas toujours le cas.

Dès que les contraintes de distinction sont moins fortes dans un domaine d’activité, on ressent moins le besoin d’une terminologie rigoureuse. On laisse place de nouveau à la polysémie et à l’homonymie qui sont des phénomènes naturels et inévitables dans une situation habituelle de communication. Le problème du cratylisme (§ II.7.10) est de vouloir régenter le lexique général comme si c’était de la terminologie. Un autre problème est celui des formes qui se sédimentent dans l’usage pour diverses raisons sociales, au détriment de la perfection terminologique. Les terminologues en sont de plus en plus conscients et certains d’entre eux développent une discipline nouvelle pour étudier ce type de questions: la socioterminologie. Malheureusement, une partie des terminologues ont encore du mal à s’ouvrir à cette perspective. Lorsque l’administration française crée des commissions de terminologie pour remplacer des termes anglais, elle ne brille pas toujours par son réalisme social: vouloir remplacer fast-food par une forme interminable comme restauration rapide, c’est faire une proposition puriste qui se moque du principe d’économie dans les échanges langagiers. Plus récemment, différents organismes francophones ont tenté de remplacer e-mail par courrier électronique, courriel ou mél. Seul courrier électronique arrive un peu à se sédimenter, sans doute parce que c’est une forme explicite, mais elle ne peut pas remplacer la forme brève e-mail. Courriel est loin d’être une formation absurde mais il se trouve qu’elle n’a jamais eu de succès: seuls quelques terminologues s’entêtent à l’employer encore, au mépris de l’usage général (comme je l’ai constaté dans un colloque de terminologie). Quant à la forme mél (< m[essage] él[ectronique]), elle viole le fonctionnement élémentaire de la phonologie et de l’orthographe françaises (Mortureux 1997: 167-169). Il est inquiétant de constater à quel point certains terminologues sont déconnectés de l’analyse linguistique. En définitive, on ne voit pas pourquoi le terme e-mail devrait poser problème en français du moment qu’il est concis, qu’il obéit au critère de distinction, qu’il s’adapte à la phonétique française [imEl] et qu’il ne menace aucun terme français préexistant. 418

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Ces exemples montrent exactement ce qu’il ne faut pas faire. Ils illustrent les tentations puristes et instrumentalistes. Il faut être très vigilant pour que ce problème ne contamine pas la terminologie occitane naissante. En effet, l’Union Latine a mis en place le programme Linmiter (terminologie des langues romanes minoritaires) afin de développer la terminologie en occitan, galicien, corse, sarde, ladin et frioulan. Les premiers fruits de ce programme son encourageants. Le terminologue occitan Joan Breç Branar, lié à Linmiter, a contribué à la version occitane du Lexique de l’Internet en langues de France: français, catalan, corse, occitan (2003). Les termes occitans y sont bien pensés dans l’ensemble: ils obéissent au critère de fonctionnalité et évitent les pièges de la distanciation maximale. On peut regretter seulement l’évitement de quelques anglicismes qui se sédimentent pourtant en occitan et qui ne menacent en rien notre lexique traditionnel: e-mail manque à côté de la forme proposée corric (< corrièr electronic). Heureusement, le terme usuel web figure bel et bien, mais il est accompagné du synonyme tela, calque forcé du terme français toile (que personne n’utilise). Ici, le problème n’est pas de choisir un terme anglais contre un calque du français, mais de privilégier des termes susceptibles d’êtres opérationnels, reconnus et acceptés (critère de fonctionnalité). À titre d’hypothèse, on peut se demander si dans ce lexique, une certaine terminologie francophone n’a pas fait pression sur certains choix occitans, corses et catalans. Ce serait un risque d’Abbau. Il n’en reste pas moins que cette initiative est globalement positive et qu’elle devrait en inspirer d’autres. Dans le Val d’Aran, on a commencé à publier des répertoires terminologiques qui répondent à des situations concrètes et réelles (ou au moins vraisemblables) d’usage de l’occitan aranais. Les Comissions Obrèras (CCOO) ont publié un Lexic de relacions laboraus (1999) et Jaquet (2000) a proposé un Vocabulari de restaurants. Le Lexic de relacions laboraus, que j’ai pu consulter, a l’avantage de proposer une approche sobre et sérieuse de la terminologie, sans tomber dans les travers diglossiques de la distanciation maximale et du pittoresque démagogique. Mais il manque à ces ouvrages aranais une préoccupation diasystématique: leurs références sont le catalan et l’espagnol, les adaptations éventuelles de ces lexiques au gascon référentiel et aux autres variétés d’occitan ne sont pas évoquées. Et effectivement, leur publication est passée complètement inaperçue dans le reste de l’Occitanie. Le terme emblématique de l’un des deux titres, relacions laboraus, est très révélateur: il est naturel en Val d’Aran de dire relacions laboraus en référence au cat. relacions laborals et à l’esp. relaciones laborales. Mais dans l’Occitània Granda, on dirait spontanément relacions professionaus/-alas en relation avec le fr. relations professionnelles... Je ne tranche pas ici en faveur de laboraus ou professionaus, je pose seulement le problème. Il faudra donc être vigilant sur les dangers d’Abbau qui pèsent sur la terminologie aranaise, au seul profit du catalan et de l’espagnol et au détriment de l’ensemble occitan. Actuellement, les associations occitanistes cisalpines, et en particulier la Chambra d’Òc, mènent une campagne pour que l’occitan soit reconnu comme langue co-officielle aux Jeux Olympiques d’Hiver de Turin en 2006, dans le cadre de la loi 482. En effet, beaucoup d’épreuves olympiques se passeront dans les Vallées Occitanes. De manière très astucieuse, les occitanistes ont mis en place une collaboration avec les terminologues catalans du Termcat afin de prouver que l’usage de l’occitan est crédible dans la terminologie des sports d’hiver. Il n’est pas encore possible d’accéder aux 419

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propositions terminologiques. Il faut émettre le souhait qu’elles soient pensées dans le cadre plus général d’un vivaro-alpin référentiel et d’une adaptabilité à tous les autres standards régionaux de l’occitan. Les slogans de la campagne utilisent le mot Olimpíade. Cette forme n’est peut-être pas impossible dans un fonctionnement autocentré de l’occitan, mais c’est tout de même la forme qui se rapproche le plus de l’italien Olimpìade. Le problème de l’Abbau est posé. La forme référentielle devrait être plutôt Olimpiada (§ XII.8.4 -ας -αδος, .21.1 -ada2). XIII

Malgré les réserves que j’ai émises, les méthodes de travail en terminologie gagnent de plus en plus de précision et de rigueur. Elles se rapprochent de la lexicographie en constituant des corpus afin de dégager des termes pertinents et non arbitraires (par ex. Termcat 1990). Voici les caractéristiques qu’on peut souhaiter plus particulièrement dans la terminologie occitane: • Appliquer tous les critères de codification et de complètement. En particulier: - Le critère de diasystématicité permet de trouver des termes qui soient les plus convergents possibles entre les sept standards régionaux. - Le critère de fonctionnalité, en accord avec la constitution du corpus, permet de dégager des termes non arbitraires, reconnaissables, acceptables et opérationnels. • Mettre à profit la lexicographie, les ressources de la langue héritée et le corpus général, afin de pouvoir retrouver des mots historiques que l’on pourrait recycler éventuellement dans la terminologie. • Rechercher une convergence terminologique entre l’occitan et le catalan, mais à condition qu’une coopération égalitaire devienne possible entre les institutions des deux langues jumelles. Quoi qu’il en soit, la cohésion terminologique entre les sept standards régionaux de l’occitan devrait être prioritaire sur une convergence occitano-catalane.

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Chapitre XVII

EXEMPLES DE TEXTES

L’archétype du texte servant à comparer les idiomes romans est la parabole de Elle sert ici à illustrer les sept standards régionaux. Même si ce choix manque cruellement d’originalité, il offre un point de comparaison utile avec les publications antérieures et notamment avec la présentation multidialectale de La langue occitane de Bèc (LLO: 56-61, 100-101, 110-114). Dans les exemples suivants, la plupart des lexèmes et des recours syntaxiques sont identiques. C’est un choix volontaire qui facilite la comparaison synoptique des cognats d’un standard régional à l’autre: la différence est donc morphologique et phonétique, presque jamais lexicale. Je n’ai accepté de mettre des lexèmes distincts que de manière exceptionnelle, lorsqu’ils reflètent des préférences d’usage particulièrement marquées dans tel dialecte (c’est notamment le cas des formes grammaticales). Mais cette présentation n’empêche nullement que l’on utilise d’autres alternatives: j’en suggère quelques unes à la fin de chaque version. L’enfant prodigue.

Français - L’enfant prodigue

Un homme n’avait que deux fils. Le plus jeune dit à son père: — Il est temps que je sois mon maître et que j’aie de l’argent; il faut que je puisse m’en aller et que je voie du pays. Partagez votre bien et donnez-moi ce que je dois avoir. — Ô mon fils, dit le père, comme tu voudras; tu es un méchant et tu seras puni. Et ensuite, il ouvrit un tiroir, partagea son bien et en fit deux parts. Quelques jours après, le méchant s’en alla du village en faisant le fier et sans dire adieu à personne. Il traversa beaucoup de landes, de bois, de rivières et arriva dans une grande ville où il dépensa tout son argent. Au bout de quelques mois, il dut vendre des habits à une vieille femme et se loua pour être valet: on l’envoya dans les champs pour y garder les ânes et les bœufs. Alors il fut bien malheureux. Il n’eut plus de lit pour dormir la nuit, ni de feu pour se chauffer quand il avait froid. Il avait quelquefois si faim qu’il aurait bien mangé ces feuilles de chou et ces fruits pourris que mangent les porcs; mais personne ne lui donnait rien. Un soir, le ventre vide, il se laissa tomber sur un tronc; et il regardait par la fenêtre les oiseaux qui volaient légèrement. Puis il vit paraître dans le ciel la lune et les étoiles et il se dit en pleurant: — Là-bas, la maison de mon père est pleine de valets qui ont du pain et du vin, des œufs et du fromage autant qu’ils en veulent. Pendant ce temps, moi, je meurs de faim ici.

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QUATRIÈME PARTIE Occitan larg general (lengadocian) L’enfant prodig

[l e fam pru ðik]

Un òme aviá sonque dos filhs. Lo mai jove diguèt a son paire: — Es ora per ieu de me governar sol e d’aver d’argent; me cal poder partir e veire de país. Partejatz lo vòstre ben e bailatz-me çò que devi aver. — Ò mon filh, diguèt lo paire, coma voldràs; sès un marrit e seràs punit. Puèi dobriguèt un tirador, despartiguèt son ben e ne faguèt doas parts. Qualques jorns après, lo marrit se n’anèt del vilatge en fasent del faròt e sens dire adieu a degun. Traversèt fòrça bosigas, bòsques e ribièras e arribèt dins una granda vila ont despensèt tot l’argent. Al cap de qualques meses, calguèt que vendèsse sa farda a una vièlha e se loguèt per vailet. Lo mandèron pels camps gardar los ases e los buòus. Alara foguèt plan malaürós. Aguèt pas mai de lièch per dormir de nuèch ni de fuòc per se calfar quand aviá freg. Aviá de còps talament fam qu’auriá ben manjadas aquelas fuèlhas de caulet e aquela frucha poirida que manjan los pòrcs; mas degun li bailava pas ren.

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[yn me a j su ke ðus fils. lu maj d u e ði t a sum pajre. — ez ur per jew ðe me u er na sul e ð a e ð ar d en; me kal pu ðe par ti e ejre ðe pa is. parte d al lu stre e e aj lam me s ke ðe i a e. — mu fil, di l lu pajre, kum ul ðras; s z ym ma rrit e se ras py nit. pÁEj ðu ri t yn tira ðu, desparti t sum be e ne fa d dw s pars. kalkez d urz a pr s, lu ma rrit se n a n d del i lat en fa zen del fa r t e sen dir a ðjew a ðe y. tra er s f f rs u zi s, b skez e rri j r z e arri d dinz yn rand il un despen s t tul l ar d en. al kad de kalkez mezes, kal k ke en d se sa farð a yn j e se lu p per aj let. lu man d run pes kanz ar ða luz azez e luz ws. a lar fu p pla malay rus. a p paz maj ðe lj t per ður mi ðe n t ni ðe f k per se kal fa kant a j fret . a j ðe k ts tala me fa kaw rj e man d að z a kel s f z ðe kaw let e a kel fryt puj rið ke mand n lus p rs; maz ðe y li aj la pa rre. "O

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yn ser, lu entre ujðe, se ðaj s t tum ba syz yn rrul; e a a t a per la fe n str luz aw s ls ke ulate d a n. p j e p pa rejse ðin lu s l la lyn e laz es tel z e se ði t em plu ra. — a laj, l us tal ðel pajr es ple ðe aj lets k an de pa e ðe i, d wz e ðe fur mat e ta kum ne lun. d a kel tens jew aj si m ri ðe fan.] "

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Quelques alternatives: en fasent: en far pas ren: pas res mòri: morissi

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LES APPLICATIONS

Occitan larg gascon L’enfant prodig

[l e fam pru ðik]

Un òme qu’avèva sonque dus hilhs. Lo mei joen que digó au son pair: — Qu’ei òra per jo de’m governar sol e d’aver argent; que’m cau poder partir e véder país. Partejatz lo vòste ben e bailatz-me çò qui devi aver. — Ò mon hilh, digó lo pair, com vòlhas; qu’ès un marrit e que seràs punit. Puish que dobrí un tirader, que despartí lo son ben e que’n hasó duas parts. Quauques dias après, lo marrit que se n’anè deu vilatge en hant deu faròt e sens díser adieu a degun. Que traversè hèra lanas, bòscs e ribèras e qu’arribè dens ua grana vila on despensè tot l’argent. Au cap de quauques mes, que caló que venosse la soa harda a ua vielha e que’s loguè tà vailet. Que’u mandèn peus camps guardar los ases e los bueus. Alavetz qu’estó plan malaürós. N’agó pas mei nat lieit tà dromir de nueit ni huec tà cauhà’s quan avèva hred. Qu’avèva a còps talament hame qu’auré plan manjadas aqueras huelhas de caulet e aquera fruta poirida que manjan los pòrcs; mes degun ne’u bailava pas arren.

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[yn me k a su ke ðys hi s. lu mej we ke ði u aw sum paj. — k ej r per u ðe m gu er na sul e ð a e ar en; ke m kaw pu ðe par ti e eðe pa is. parte al lu ste e e baj lam me s ke ðe i a e. — mun hi , di u lu paj, kum b s; k z ym ma rrit e ke se ras py nit. py ke ðu ri yn tira ðe, ke despar ti lu sum be e ke n ha zu ðy s pars. kawkez ði z a pr s, lu ma rrit ke se n a n ðew i lad en han dew fa r t e senz ðiz a ðjew a ðe y. ke tra er s h r lan s, b sks e rri r z e k arri denz y ran il un despen s tul l ar en. aw kad de kawkez mes, ke ka lu ke e nuse la su harð a y je e ke z lu ta aj let. ke w man d n pews kamz war ða luz azez e luz wews. ala ets k es tu pla malay rus. n a u paz mej nal ljejt ta ðru mi ðe nwejt ni hwek ta kaw has kwan a hret. k a a k ps tala men hame k aw re pla man að z a ker s hwe z ðe kaw let e a ker fryt puj rið ke man n lus p rs; mez ðe y ne w aj la paz a rre. Un ser, lo vente voide, que’s deishè yn ser, lu ente ujðe, ke z ðe tombar sus un rolh; e qu’agaitava per la tum ba syz yn rru ; e k a j ta per la hièstra los ausèths qui volatejavan. Puish hi str luz aw z ts ki ulate a n. py ke que vedó paréisher dens lo cèu la lua e las e ðu pa re e ðenz lu s w la ly e laz estelas e que’s digó en plorar: es tel z e ke z ði u en plu ra. — Alà, l’ostau deu pair qu’ei plen de — a la, l us tau dew paj k ej ple ðe vailets qui an pan e vin, ueus e hormatge aj lets ki am pa e i, wewz e hur mad e tant com ne vòlhan. D’aqueth temps jo ací ta kum ne b n. d a ket temz u a si ke que mòri de hame. m ri ðe hame.] "O

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que dobrí: qu’obrí en hant: en har sens: shens voide: vueid agaitava: gaitava (güeitava), espiava hormatge: hromatge que mòri: que’m mòri, que moreishi, que’m moreishi 423

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QUATRIÈME PARTIE Occitan larg provençau L’enfant prodig [l eˆ"faˆ pRu"di]

Un òme aviá ren que dos fius. Lo mai jove diguèt a son paire: — Es ora per ieu de me governar sol e d’aver d’argent; me cau poder partir e veire de país. Partejatz lo vòstre ben e bailatz-me çò que deve aver. — Ò mon fiu, diguèt lo paire, coma voudràs; siás un marrit e seràs punit. Puei dobriguèt un tirador, despartiguèt son ben e ne faguèt doas parts. Quauquei jorns après, lo marrit se n’anèt dau vilatge en fasent dau faròt e sensa dire adieu a degun. Traversèt fòrça bosigas, bòscs e ribieras e arribèt dins una granda vila ont despensèt tot l’argent. Au bot de quauquei mes, cauguèt que vendèsse sa farda a una vielha e se loguèt per vailet. Lo mandèron per lei camps gardar leis ases e lei buòus. Alora foguèt ben malaürós. Aguèt pus ges de liech per dormir de nuech ni de fuòc per se caufar quand aviá freg. Aviá de còps talament fam qu’auriá ben manjadas aquelei fuelhas de caulet e aquela frucha poirida que manjan lei pòrcs; mai degun li bailava ren. Un ser, lo ventre voide, se laissèt tombar sus un rolh; e agachava per la fenèstra leis aucèus que volatejavan. Puei vegèt paréisser dins lo cèu la luna e leis estelas e se diguèt en plorant: — Ailà, l’ostau dau paire es plen de vailets qu’an de pan e de vin, d’uòus e de formatge tant coma ne vòlon. D’aqueu temps ieu aicí mòre de fam.

[yn Om a"vje "Reˆ ke dus "fiw. lu maj uve di"gE a suˆ "pajre. — "ez "urO peR "jew de me guveR"na sul e d a"ve d ar"dZeˆ; me kOw pu"de paR"ti e "vejre de pa"is. paRte"dZaz lu "v(w)OstRe "beˆ e bejÆla"me "sO ke "dev a"ve. — "O muˆ "fiw, di"gE lu "pajre, "kumO vuw"dRas; "sjez yˆ ma"Ri e se"ras py"ni. pÁej dubRi"gE yˆ tira"du, despaRti"gE suˆ "beˆ e ne fa"gE dwOs "paR. kOwkej "dZuR a"pREs, lu ma"Ri se n a"nE dOw vi"ladZ eˆ fa"zeˆ dOw fa"rO e seˆsO "dir a"djew a de"gyˆ. tRaver"sE "f(w)ORsO bu"zigO, "b(w)Os e Ri"bjer e aRi"bE diˆz ynO "gRaˆdO "vil uˆ(te) despeˆ"sE "tu l aR"dZeˆ. Ow "bu de kOwkej "mes, kOw"gE ke veˆ"dEse sa "faRd a ynO "vjejO e se lu"gE per vej"le. lu maˆ"dEruˆ peR lej "kaˆ gaR"da lejz "az e lej "bjOw. a"lurO fu"gE "beˆ malay"rus. a"gE py "dZe de "lje peR duR"mi de "nÁe ni de "fjO peR se kOw"fa kaˆt a"vje "fRe. a"vje de "kO tala"meˆ "faˆ k Ow"rje beˆ maˆ"dZad a"kelej "fÁejO de kOw"le e a"kelO "fRytSO puj"ridO ke "maˆdZOˆ lej "p(w)OR; maj de"gyˆ li bej"lavO "Reˆ. yˆ "seR, lu "veˆtRe "vujde, se lej"sE tuˆ"ba syz yn "Ruj; e aga"tSavO peR la fe"nEstRO lejz Ow"sEw ke vulate"dZavOˆ. pÁej ve"dZE pa"rejse diˆ lu "sEw la "lyn e lejz es"tel e se di"gE eˆ plu"raˆ. — ej"la, l us"taw dOw "pajr es "pleˆ de vej"le k aˆ de "paˆ e de "viˆ, d jOw e de fuR"madZe "taˆ "kumO ne "v(w)Oluˆ. d a"kew "teˆ "jew ej"si "m(w)Ore de "faˆ.] "

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Quelques alternatives: dobriguèt: durbiguèt sensa: sens voide: vuege vegèt: veguèt formatge: fromatge

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LES APPLICATIONS

Occitan larg niçard L’enfant prodig [l eˆ"faˆ pRu"dik]

Un òme avia basta doi fius. Lo mai jove diguèt au sieu paire: — Es ora per ieu de mi governar sol e d’aver d’argent; mi cau poder partir e veire de país. Partejatz lo vòstre ben e bailatz-mi cen que devi aver. — Ò mon fiu, diguèt lo paire, coma vorràs; siás un marrit e seràs punit. Pi dobriguèt un tirador, despartiguèt lo sieu ben e ne faguèt doi parts. Quaucu jorns après, lo marrit se n’anèt dau vilatge en fent dau faròt e sensa dire adieu a degun. Traversèt mot bosigas, bòscs e ribieras e arribèt dins una granda vila dont despensèt tot l’argent. Au bot de quaucu mes, cauguèt que vendèsse la sieu farda a una vielha e si loguèt per vailet. Lo mandèron per lu camps gardar lu aes e lu bòus. Alora foguèt ben malaürós. Auguèt pus minga de liech per dormir de nuech ni de fuec per si caufar quand avia frei. Avia de còps talament fam qu’auria ben manjadi aqueli fuelhas de caulet e aquela frucha poirida que manjan lu pòrcs; mas degun li bailava ren. Un sera, lo ventre voide, si laissèt tombar sus un rolh; e agachava per la fenèstra lu aucèus que volatejavan. Pi vegèt paréisser dins lo cèu la luna e li estelas e si diguèt en plorant: — Ailà, la maion dau paire es plena de vailets qu’an de pan e de vin, d’òus e de formatge tant coma ne vòlon. D’aqueu temps ieu aicí mòri de fam.

[yn Om a"via "basta duj "fiw. lu maj d uve di"gEt aw sjew "pajre. — "ez "ura peR "jew de mi guveR"na "sul e d a"ve d aR"dZeˆ(t); mi "kaw pu"de paR"ti e "vejre de pa"is. paRte"dZas lu "vwastRe "beˆ e bajÆlaz"mi "seˆ ke "devi a"ve. — "O muˆ "fiw, di"gEt lu "pajre, "kuma vu"Ras; "sjez yˆ ma"Rit e se"ras py"nit. pi dubRi"gEt yˆ tira"du, despaRti"gEt lu sjew "beˆ e ne fa"gEt duj "paRt. kawky "dZuR a"pREs, lu ma"Rit se n a"nEt daw vi"ladZ eˆ "feˆ daw fa"rOt e "seˆsa "dir a"djew a de"gyˆ. tRaveR"sEt "mut bu"ziga, "bwask e Ri"bjer e aRi"bEd diˆz yna "gRaˆda "vila duˆ despeˆ"sEt tut l aR"dZeˆ(t). aw "bud de kawky "mes, kaw"gEt ke veˆ"dEse la sjew "faRd a yna "vje¥a e si lu"gEt peR vaj"let. lu maˆ"dEruˆ peR ly "kaˆp gaR"da ly "ae e ly "bOw. a"lura fu"gEt beˆ malay"rus. aw"gEt py "miˆga de "ljetS peR duR"mi de "nÁetS ni de "fÁek peR si kaw"fa kaˆt a"via "fRej. a"via de "kOw tala"meˆ "faˆ k aw"ria beˆ maˆ"dZadi a"keli "fÁe¥a de kaw"let e a"kela "fRytSa puj"rida ke "maˆdZOˆ ly "pwaRk; ma de"gyˆ li baj"lava "Reˆ. yˆ "sera, lu "veˆtRe "vujde, si laj"sEt tuˆ"ba syz yˆ "Ruj; e aga"tSava peR la fe"nEstRa ly aw"sEw ke vulate"dZavOˆ. pi ve"dZEt pa"rejse diˆ lu "sEw la "lyn e li es"tel e si di"gEt eˆ plu"raˆ(t). — aj"la, la ma"juˆ daw "pajr "es "plena de vaj"let k aˆ de "paˆ e de "viˆ, "d Ow e de fuR"madZe "taˆ "kuma ne "vwaluˆ. d a"kew "teˆp "jew aj"si "mwari de "faˆ.] "

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QUATRIÈME PARTIE Occitan larg vivaroalpenc L’enfant prodig [l eˆ"faˆt pru"dik]

Un òme aviá mas que dos filhs. Lo mai jove diguèc a son paire: — Es ora per ieu de me governar sol e d’aver d’argent; me chal poer partir e veire de país. Partejatz lo vòstre ben e bailatz-me çò que devo aver. — Ò mon filh, diguèc lo paire, coma voudràs; siás un marrit e seràs punit. Puei dogriguèc un tiraor, despartiguèc son ben e ne faguèc doas parts. Quauques jorns après, lo marrit se n’anèc dau vilatge en fasent dau faròt e sens dire adieu a degun. Traversèc fòrça boijas, bòsques e ribieras e arribèc dins una granda vila ont despensèc tot l’argent. Au bot de quauques meses, chauguèc que vendèsse sa farda a una vielha e se logèc per vailet. Lo mandèron per los champs gardar los ases e los buòus. Alora foguèc ben malaürós. Aguèc pus ges de liech per dormir de nuech ni de fuec per se chaufar quand aviá freid. Aviá de viatges talament fam qu’auriá ben manjaas aquelas fuelhas de chaul e aquela frucha poiria que manjan los pòrcs; mas degun li bailava ren. Un sera, lo ventre voide, se laissèc tombar sus un rolh; e agachava per la fenèstra los aucèls que volatejavan. Puei vegèc paréisser dins lo cèl la luna e las estelas e se diguèc en plorant: — Alai, la maison dau paire es plena de vailets qu’an de pan e de vin, d’uòus e de formatge tant coma ne vòlon. D’aquel temps ieu aicí mòro de fam.

[yn Om a"vjO "maske dus "fi¥s. lu "maj d uve di"gEk a suˆ "pajre. — "ez "ura per "jew de me guver"nar "sul e d a"ver d ar"dZeˆt; me "tSal pu"er par"tir e "vejre de pa"is. parte"dZaz lu "vOstre "beˆ e bejÆlaz"me sO ke "devu a"ver. — "O muˆ "fi¥, di"gEk lu "pajre, "kuma vuw"dras; "sjOz yˆ ma"ri e se"ras py"ni. pÁej dubri"gEk yˆ ti"rOwr, desparti"gEk suˆ "beˆ e ne fa"gEk dwas "parts. kOwkez "dZurnz a"prEs, lu ma"ri se n an"Ek dOw vi"ladZ eˆ fa"zeˆ dOw fa"rOt e seˆ "dir a"djew a de"gyˆ. traver"sEk "fOrsa "bujdZas, "bOskez e ri"bjeraz e ari"bEk diˆz yna "graˆda "vil uˆ despeˆ"sEk tut l ar"dZeˆt. Ow "bud de kOwkez "mezes, tSOw"gEk ke veˆ"dEse sa "fard a yna "vje¥a e se ludZ"Ek per vej"let. lu maˆ"dEruˆ per lus "tSaˆps gar"dar luz "azez e luz "bÁOws. a"lura fu"gEk beˆ malay"rus. a"gEk pyz "dZez de "ljetS per dur"mir de "nÁetS ni de "fÁek per se tSOw"far kaˆt a"vjO "frejt. a"vjO de "vjadZes tala"meˆt "fam k Ow"rjO beˆ maˆ"dZas a"kelas "fÁe¥az de "tSawl e a"kela "frytSa puj"ria ke "maˆdZOˆ lus "pOrks; maz de"gyˆ li bej"lava "reˆ. yˆ "sera, lu "veˆtre "vujde, se lej"sEk tuˆ"bar syz yˆ "ru¥; e aga"tSava per la fe"nEstra luz Ow"sEls que vulate"dZavOˆ. pÁej ve"dZEk pa"rejser diˆ lu "sEl la "lyn e laz es"telaz e se di"gEk eˆ plu"raˆt. — a"laj, la mej"zuˆ dOw "pajr es "plena de vej"lets k aˆ de "paˆ e de "viˆ, "d ÁOwz e de fur"madZe taˆt "kuma ne "vOluˆ. d a"kel "teˆps "jew ej"si "mOru de "fam.] "

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LES APPLICATIONS

(cisalpenc) L’enfant prodig [l eˆ"faˆt pru"dik]

Les quelques différences écrites avec le vivaro-alpin général sont en italiques. Un òme aviá mas que dui filhs. Lo mai jove diguèc a son paire: — Es ora per ieu de me governar sol e d’aver d’argent; me chal poer partir e veire de país. Partejatz lo vòstre ben e bailatz-me çò que devo aver. — Ò mon filh, diguèc lo paire, coma voldràs; siás un marrit e seràs punit. Puei dobriguèc un tiraor, despartiguèc son ben e ne faguèc doas parts. Qualqui jorns après, lo marrit se n’anèc dal vilatge en fasent dal faròt e sens dire adieu a degun. Traversèc fòrça boijas, bòscs e

ribieras e arribèc dins una granda vila ont despensèc tot l’argent. Al bot de qualqui mes, chalguèc que vendèsse sa farda a una vielha e se logèc per vailet. Lo mandèron per lhi champs gardar lh’ases e lhi buòus. Alora foguèc ben malaürós. Aguèc pus ges de liech per dormir de nuech ni de fuec per se chalfar quand aviá freid. Aviá de viatges talament fam qu’auriá ben manjaas aquelas fuelhas de chaul e aquela frucha poiria que manjan lhi pòrcs; mas degun li bailava ren. Un sera, lo ventre voide, se laissèc tombar sus un rolh; e agachava per la fenèstra lh’aucèls que volatejavan. Puei vegèc paréisser dins lo cèl la luna e las estelas e se diguèc en plorant: — Alai, la maison dal paire es plena de vailets qu’an de pan e de vin, d’uòus e de formatge tant coma ne vòlon. D’aquel temps ieu aicí mòro de fam.

[en Om a"vjO "maske dyj "fi¥. lu "maj d uve di"gEk a suˆ "pajre. — "ez "urO per "jew de me guver"nar "sul e d a"ver d ar"dZeˆt; me "tSal pu"er par"tir e "vejre de pa"is. parte"dZaz lu "vOstre "beˆ e bejÆlaz"me sO ke "devu a"ver. — "O muˆ "fi¥, di"gEk lu "pajre, "kumO vul"dras; "sjOz yˆ ma"ri e se"ras py"ni. "pÁej dubri"gEk yˆ ti"rOwr, desparti"gEk suˆ "beˆ e ne fa"gEk dwes "part. kalki "dZurn a"prEs, lu ma"ri se n an"Ek dal vi"ladZ eˆ fa"zen dal fa"rOt e seˆ "dir a"djew a de"gyˆ. traver"sEk "fOrsO "bujdZes, "bOsk e ri"bjerez e ari"bEk diˆz enO "graˆdO "vil uˆ despeˆ"sEk tut l ar"dZeˆt. al "bud de kalki "mes, tSal"gEk ke veˆ"dEse sa "fard a nO "vje¥O e se ludZ"Ek per vej"let. lu maˆ"dEruˆ per i "tSaˆp gar"dar "j az e i "bÁOw. a"lurO fu"gEk beˆ malay"rus. a"gEk pyz "dZez de "ljetS per dur"mir de "nÁetS ni de "fÁek per se tSal"far kaˆt a"vjO "frejt. a"vjO de "vjadZe tala"meˆt "fam k Ow"rjO beˆ maˆ"dZa a"keles "fÁe¥ez de "tSawl e a"kelO "frytSO puj"riO ke "maˆdZOˆ i "pOrk; maz de"gyˆ li bej"lavO "reˆ. eˆ "serO, lu "veˆtre "vujde, se lej"sEk tuˆ"bar syz yˆ "ru¥; e aga"tSavO per la fe"nEstrO j Ow"sEl que vulate"dZavOˆ. pÁej ve"dZEk pa"rejser diˆ lu "sEl la "lyn e lez es"telez e se di"gEk eˆ plu"raˆt. — a"laj, la mej"zuˆ dal "pajr es "plenO de vej"let k aˆ de "paˆ e de "viˆ, "d ÁOw e de fur"madZe taˆt "kumO ne "vOluˆ. d a"kel "teˆp "jew ej"si "mOru de "fam.] "

" Z

Quelques alternatives: dobriguèc: durbiguèc voide: vueid agachava: boucava vegèc: veguèc

En cisalpin, l’indicatif prétérit est remplacé usuellement par l’indicatif passé composé, probablement sous l’influence du piémontais: vegèc → a vist. 427

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QUATRIÈME PARTIE Occitan larg auvernhat L’enfant prodig [l

Un òme aviá mas dos filhs. Lo mai jòune diguèt a son paire: — Es ora per ieu de me governar sol e d’aver d’argent; me chau poder partir e veire de país. Partejatz lo vòstre ben e bailatz-me çò que deve aver. — Ò mon filh, diguèt lo paire, coma voudràs; sès un marrit e seràs punit. Puèi dobriguèt un tirador, despartiguèt son ben e ne faguèt doas parts. Quauques jorns après, lo marrit se n’anèt dau vilatge en fasent dau faròt e sens dire adieu a degun. Traversèt fòrça boijas, bòscs e ribèiras e arribèt dins una granda vila ont despensèt tot l’argent. Au chap de quauques mes, chauguèt que vendèsse sa farda a una vièlha e se logèt per vailet. Lo mandèron per los champs gardar los ases e los buòus. Laidonc foguèt plan malaürós. Aguèt pas mai de lièit per dormir de nuèit ni de fuòc per se chaufar quand aviá freid. Aviá de còps talament fam qu’auriá be manjadas quelas fuèlhas de chaul e quela fruta poirida que manjan los pòrcs; mas degun li bailava ren. Un ser, lo ventre voide, se laissèt tombar sus un rolh; e agaitava per la fenèstra los ausèls que volatejavan. Puèi vegèt paréisser dins lo ciau la luna e las estelas e se diguèt en plorar: — Alai, l’ostau dau paire es plen de vailets qu’an de pan e de vin, d’uòus e de formatge tant coma ne vòlon. D’aquel temps ieu aicí mòre de fam.

Iˆ"faˆ

pru"dji]

[en Om Å"vjO ma du(s) "fji. lu maj dzOwn´ dji"ge Å suˆ "pajr´. — "Ij "urO p´r "jœw d´ m´ guv´r"na "sul e d Å"vIj d År"dzIˆ; m´ "tsOw pu"dIj pÅr"tji e "vIjr´ d´ pÅ"i. pÅrt´"dza lu "vOstr´ "b´ e bIjÆla"m´ "sO k´ "d´v Å"vIj. — "O muˆ "fji, dji"ge lu "pajr´, "kumO vuw"dra; "se eˆ mÅ"ri e s´"ra pjy"nji. pœj dubri"ge eˆ tjirÅ"du, d´spÅrtji"ge suˆ "b´ e n´ fÅ"ge dwas "par. kOwkIj "dzur Å"pre, lu mÅ"ri s´ n Å"ne du vji"ladz Iˆ fÅ"zIˆ du fÅ"rO e sIˆ "djir Å"djœw Å d´"gjy. trÅv´r"se "fOrsO "bujdza, "bO e ri"bejra e Åri"be djiˆz enO "graˆdO "vjil uˆ d´spIˆ"se tu l År"dzIˆ. u "tsa d´ kOwkIj "mIj, tsOw"ge k´ vIˆ"des´ sÅ "fard Å enO "vje¥O e s´ lu"dze p´r vIj"l´. lu maˆ"deruˆ p´r lus "tsaˆ gÅr"da luz "azIj e luj "bjOw. lIj"duˆ fu"ge "plO mÅlÅy"ru. Å"ge pa maj d´ "ljej p´r dur"mji d´ "nœj nji d´ "fjO p´r s´ tsOw"fa kaˆt Å"vjO "frIj. Å"vjO d´ "kO tÅlÅ"mIˆ "faˆ k Ow"rjO b´ mň"dzada "k´la(s) "fœ¥a d´ "tsaw e "k´lO "frytO puj"ridO k´ "maˆdzOˆ lus "pOr; ma d´"gjy lji bIj"lavO "r´. "

"

eˆ "s´r, lu "vIˆtr´ "vujd´, s´ lIj"se tuˆ"ba yz eˆ "ruj; e ÅgIj"tavO p´r lÅ f´"nestrO luz Ow"zel k´ vulÅt´"dzavOˆ. pœj v´"dze pÅ"rIjs´ djiˆ lu "Sjaw lÅ "ljyn e laz ´s"t´la e s´ dji"ge Iˆ plu"ra. — Å"laj, l us"taw du "pajr "Ij "pl´ d´ vIj"lIj k aˆ d´ "pO e d´ "vji, "d jOw e d´ fur"madz´ taˆ "kumO n´ "vOluˆ. d Å"k´l "tIˆ jœw Ij"Si "mOr´ d´ "faˆ.] S

Quelques alternatives: dobriguèt: badèt en fasent: en far vegèt: veguèt estelas: estialas mòre: morisse

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LES APPLICATIONS

Occitan larg lemosin L’enfant prodig [l eˆ"faˆ pru"di]

Un òme aviá nonmàs dos filhs. Lo mai jòune diguet a son pair: — Es ora per ieu de me governar sol e d’aver de l’argent; me chau poder partir e veire dau país. Partejatz lo vòstre ben e bailatz-me çò que deve aver. — Ò mon filh, diguet lo pair, coma voudràs; ses un marrit e seràs punit. Puei dobriguet un tirador, despartiguet son ben e ne faguet doas parts. Quauques jorns après, lo marrit se n’anet dau vilatge en fasent dau faròt e sens dire adieu a degun. Traversèt fòrça boijas, bòscs e ribieras e arribet dins una granda vila ont despenset tot l’argent. Au chap de quauques mes, chauguet que vendesse sa farda a una vielha e se loget per vailet. Lo manderon per los champs gardar los ases e los buòus. Laidonc foguet plan malaürós. Aguet pas mai de liech per dormir de nuech ni de fuòc per se chaufar quand aviá freg. Aviá daus uns còps talament fam qu’auriá be manjadas quelas fuelhas de chaul e quela frucha poirida que manjan los pòrcs; mas degun li bailava ren. Un ser, lo ventre voide, se laisset tombar sus un rolh; e agachava per la fenestra los auseus que volatejavan. Puei veget paréisser dins lo ciau la luna e las estelas e se diguet en plorar: — Alai, la maison dau pair es plena de vailets qu’an dau pan e dau vin, daus uòus e dau formatge tant coma ne vòlon. De queu temps ieu aicí mòre de fam.

[yn Om Å"vjO nu"ma… du… "fi…. lu maj dzOwne di"ge Å suˆ "paj. — "ej "urO per "jew de me guver"na "sul e d Å"vej de l År"dzeˆ; me "tsOw pu"dej pÅr"ti e "vejre dOw pÅ"i. pÅrte"dza lu "vO…tre "be e bejÆla"me "sO ke "dev Å"vej. — "O muˆ "fi, di"ge lu "paj, "kumO vuw"dra…; "sej yˆ mÅ"ri e se"ra… py"ni. pœj dubri"ge yˆ tirÅ"du, dejpÅrti"ge suˆ "be e ne fÅ"ge dwa… "par. kOwkej "dzur Å"pre, lu mÅ"ri se n Å"ne dOw vi"ladz eˆ fÅ"zeˆ dOw fÅ"rO e seˆ "dir Å"djew Å de"gy. trÅver"se "fOrsO "bwejdza…, "bO… e ri"bjera… e Åri"be diˆz ynO "graˆdO "vil uˆ dejpeˆ"se tu l År"dzeˆ. Ow "tsa de kOwkej "mej, tsOw"ge ke veˆ"dese sÅ "fard a ynO "vje¥O e se lu"dze per vej"le. lu maˆ"deruˆ per lu… "tsaˆ gÅr"da lu… "azej e lu… "bjOw. lej"duˆ fu"ge plO mÅlÅy"ru…. Å"ge pa… maj de "lje per dur"mi de "nœ ni de "fjO per se tsOw"fa kaˆt Å"vjO "fre. Å"vjO dOwz yˆ "kO… tÅlÅ"meˆ "faˆ k Ow"rjO be mň"dzada… "kela… "fœ¥a… de "tsaw e "kelO "frytsO pwej"ridO ke "maˆdzOˆ lu… "pOr; ma… de"gy li bej"lavO "re. "

"

yˆ "ser, lu "veˆtre "vwejde, se lej"se tuˆ"ba sy… yˆ "rwej, e ÅgÅ"tsavO per lÅ fe"nejtrO lu… Ow"zew ke vulÅte"dzavOˆ. pœj ve"dze pÅ"rejse diˆ lu "sjaw lÅ "lyn e la… ej"tela… e se di"ge eˆ plu"ra. — Å"laj, lÅ mej"su dOw "paj "ej "plenO de vej"lej k aˆ dOw "pO e dOw "vi, dOwz "jOw e dOw fur"madze taˆ "kumO ne "vOluˆ. de kew "teˆ "jew ej"si "mOre de "faˆ.]

Quelques alternatives: en fasent: en far veget: veguet estelas: estialas

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CONCLUSION

La sociolinguistique appliquée a largement démontré que toute modification du statut d’une langue s’accompagne d’une modification de ses structures: le corpus de l’occitan a besoin d’évoluer pour s’adapter à de nouvelles fonctions. Seul un occitan standardisé peut devenir accessible, reproductible, diffusable et visible dans la société contemporaine: ainsi il sera apte à l’installation puis à l’établissement (fig. I.2). C’est la compréhension de cet enjeu qui permettra de débloquer les mentalités et de passer enfin à un occitanisme plus ambitieux et plus efficace, entièrement tourné vers la récupération sociale de la langue (concept de maximalisme, § III.13.1). L’évolution des mentalités demande d’identifier, de respecter et de soutenir les institutions qui permettent à une minorité linguistique de survivre: c’est la notion d’institutionnalisme ou d’analyse institutionnelle, qui existe dans certaines sciences humaines et que je propose d’étendre à la sociolinguistique (§ III.13.2). Ces institutions sont: la langue instituée que la communauté reconnaît comme sienne (Sauzet 1987, 1988), les normes sociales sur l’usage de la langue, les organismes qui travaillent sur le corpus (Conselh de la Lenga Occitana, Gidilòc…) et sur le statut (écoles occitanes, organisations culturelles de diffusion et d’animation, certaines collectivités locales...). Ces différents organismes doivent apprendre à être complémentaires, à se respecter et à coopérer. La standardisation des langues connaît plusieurs modèles de gestion de la variation dialectale. Le modèle qui convient le mieux à l’occitan est celui de la standardisation pluricentrique ou codification plurielle. Ce modèle fonctionne dans d’autres langues comme le catalan et le galaïco-portugais. Ainsi, l’occitan standardisé ne se fonde pas sur un modèle unique; il est appelé à se développer à travers une gamme de standards régionaux étroitement coordonnés qui mettent en commun leurs ressources expressives et qui convergent le plus possible grâce au diasystème. La standardisation pluricentrique est une solution d’équilibre et de réalisme social: elle évite les deux impasses de l’ultralocalisme (qui rend la langue inaccessible au grand public) et de l’ultra-uniformisation (dont le public ne veut pas). Cela aboutit à un standard, l’occitan larg, qui englobe sept standards régionaux: gascon, limousin, auvergnat, vivaro-alpin, provençal général, provençal niçois et languedocien. Le languedocien est à la fois un standard régional et le standard général (occitan larg general); il est disponible pour les usages les plus généraux et les plus “neutres” dialectalement: le languedocien est en effet un dialecte intermédiaire entre les autres, une plaque tournante sur laquelle se rencontrent les traits des autres variétés (Bèc 1972). Le gascon aranais, qui a acquis des fonctions inespérées grâce à une évolution favorable de l’Espagne, doit être encouragé: la question qui se pose désormais est sa meilleure articulation avec le gascon référentiel et avec l’ensemble de l’occitan larg, afin qu’il puisse

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CONCLUSION

se libérer de l’Abbau, du calque systématique, imposé par le catalan et l’espagnol. Ce nombre de sept standards régionaux semble ahurissant lorsqu’on le compare aux autres langues pluricentriques. Mais sept est un nombre minimum lorsqu’on tient compte de l’histoire et de la géopolitique de l’Occitanie. Celle-ci est l’une des minorités linguistiques les plus étendues d’Europe et elle est confrontée aux forces centrifuges de quatre États (France, Italie, Espagne, Monaco). Faute d’une forte tradition d’unité politique, l’organisation culturelle de l’Occitanie est appelée à être fédérative et la convergence renaissantiste ne peut se faire qu’à travers la reconnaissance égalitaire des différentes zones dialectales. Le nombre de sept est donc un juste milieu: il serait impossible de faire moins sans provoquer un grave sentiment d’injustice. Et il est impossible de faire plus au risque de compliquer indéfiniment la diffusion et la gestion de la langue référentielle. Pour compenser ce nombre de sept, les passerelles entre les standards régionaux s’organisent dans un système de convergence des formes qui est le plus simple possible. Un matériel panoccitan, tourné vers la pédagogie et la communication auprès du grand public, devra véhiculer et expliciter cet occitan larg. Dans l’avenir, il sera opportun de rechercher une convergence encore plus forte (plus simple) à mesure que la récupération avancera, que les néolocuteurs seront plus nombreux et que les échanges interrégionaux seront plus intenses. Si le scénario de la récupération se confirme, de nouveaux usages de l’occitan émergeront à travers une communauté linguistique revivifiée. La norme proposée dépendra de moins en moins de la linguistique de laboratoire (in vitro) et évoluera de plus en plus dans un usage social concret (in vivo) que les linguistes devront enregistrer. L’essentiel est que ce néo-occitan soit enseigné et diffusé de telle sorte que l’on garantisse une phonologie solide, un lexique riche et complet, une morphologie fonctionnelle, une syntaxe souple et authentique et une grande productivité expressive. Certains renaissantistes verront dans ce scénario la fin tragique de leurs sous-dialectes et idiolectes. Ce n’est pas le but recherché. Il est nécessaire de se débarrasser des représentations manichéennes du modèle français de standardisation. Le modèle occitan, lui, propose une coexistence “détendue” entre la langue standard et tous les parlers que l’on pourra sauver, un peu comme en catalan, en italien, en allemand, en anglais ou en roumain… Dans l’immédiat, l’une des priorités est de mettre à la disposition du public un lexique accessible, partageable et manipulable, donc un lexique standardisé et ordonné selon les méthodes de la lexicographie. Dans l’urgence, il est possible que l’occitan larg se développe de manière provisoire en s’appuyant sur des ouvrages simples tels que des lexiques, des grammaires, des méthodes et des guides, en attendant d’être développé par de véritables dictionnaires normatifs (conformes aux exigences de la lexicographie). C’est ce qui s’est passé dans l’histoire du galicien et du catalan au XXe siècle. De même, la grammaticographie normative sera appelée à se perfectionner, non seulement dans le domaine de la morphologie, mais aussi dans ceux de la syntaxe et de l’orthoépie. Les questions d’orthographe, quant à elles, sont presque toutes réglées et elles ne devraient plus faire l’objet de débats passionnels et interminables (du moins chez ceux qui prétendent comprendre le fonctionnement social de la langue). L’accomplissement de ces objectifs représentera un grand progrès dans la 432

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CONCLUSION

recherche de la démocratie des dialectes. En effet, l’éparpillement actuel de l’édition occitane donne une illusion de décentralisation, mais cela masque les inégalités régionales en matière de dynamisme. Cette désorganisation favorise les pratiques locales et individualistes, inutilement divergentes et inutilement compliquées. Les standards régionaux, accompagnés d’une politique d’édition harmonisée, représentent au contraire une véritable stratégie de décentralisation qui organise l’égalité des dialectes et garantit leur solidarité. Dans ce souci d’égalité, j’ai mis l’accent sur la codification des variétés qui ont été délaissées par les travaux précédents: l’auvergnat, le vivaro-alpin et le niçois. D’autre part, j’ai mis en évidence la grande valeur de l’auvergnat et du limousin, ainsi que le remarquable potentiel linguistique de la zone de transition du Croissant, afin de corriger certains préjugés issus de l’occitanisme des années 1970. La diffusion égalitaire des standards régionaux a besoin d’être appuyée par une évolution de la formation. Les enseignants, les formateurs, les étudiants et tous les apprenants ont besoin de mieux connaître les acquis de la sociolinguistique native. Cela leur permettra de se débarrasser plus facilement des mythes de la diglossie et de diffuser un occitan efficace, disponible pour le plus grand nombre. Il serait salutaire de briser les murs de méfiance qui séparent les “militants” et les “universitaires”, les linguistes et les littéraires, les sociolinguistes et les structuralistes traditionnels ou encore les générativistes. La formation aiderait la population occitane à rattraper son retard en matière de vulgarisation sociolinguistique et à se rapprocher du niveau d’auto-estime des minorités voisines (Catalans, Basques, Bretons, Galiciens…). Au sein même de la sociolinguistique occitane, si on désire préparer le terrain pour la récupération de notre langue, on gagnerait à orienter davantage la recherche vers les “travaux de précision” de la sociolinguistique appliquée: planification linguistique, lexicographie, grammaticographie, mesure des progrès pédagogiques (avec l’aide de la psycholinguistique), évaluation des pratiques (notamment, évaluation de la véhiculation des formes référentielles, afin de couper court aux spéculations invérifiables sur l’acceptabilité), rapports entre standardisation et géographie (espace des standards régionaux, identification des limites de la langue, dynamiques spatiales de substitution et de récupération), enquêtes complémentaires en dialectologie et en onomastique en vue d’alimenter l’occitan larg… Il est certain qu’une politique linguistique dépend avant tout des décideurs politiques. Et dans ce domaine, la situation est très hétérogène entre les Vallées Occitanes, le Val d’Aran, Monaco et l’Occitània Granda. Mais les initiatives de planification linguistique sont malgré tout présentes sur le terrain (qu’elles soient d’origine privée ou publique) et nul ne sait quel sera leur développement dans l’avenir. La mission des sociolinguistes est de préparer techniquement un avenir plausible où la planification linguistique serait soutenue davantage par les décideurs politiques. Pour cette raison, il n’est jamais trop tôt pour mettre en place un occitan larg afin qu’il soit disponible au moment propice. Ceux qui craignent que la codification aille trop vite ne sont peut-être pas assez conscients des enjeux de société. Le soutien officiel à notre langue, dans le Val d’Aran et dans les Vallées, est survenu à des moments d’histoire que le mouvement occitaniste n’avait pas su anticiper. Celui-ci n’était pas prêt et les travaux de codification de l’occitan local ont dû se faire de toute urgence, et avec beaucoup de courage, pour répondre aux nouvelles opportunités 433

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CONCLUSION

d’amplification fonctionnelle. De même, le développement de l’enseignement de l’occitan à partir des années 1990 a pris de court les renaissantistes et on se retrouve aujourd’hui dans l’obligation de penser des stratégies d’enseignement multidialectal (comme la méthode Òc ben). En fonction de ces expériences, il serait judicieux d’anticiper les progrès que notre langue pourrait faire dans l’avenir et d’être capable d’y répondre immédiatement en offrant un standard “clé en main” aux populations et aux pouvoirs publics qui en exprimeront le besoin. En outre, l’intensification des relations entre les différentes parties de l’Europe facilite chaque jour les relations entre les Occitans de différentes régions et de différents États. À moyen terme, cela pourrait favoriser une meilleure cohésion de la communauté linguistique occitane et des contacts plus équilibrés, plus consistants, avec les communautés linguistiques proches, comme celle des cousins catalans. L’occitan est loin de s’être débarrassé de la diglossie, des préjugés et de la substitution qui le menacent chaque jour. Mais la situation sociale et historique reste ouverte et les opportunités d’évolution sont manifestes. La langue d’oc bénéficie quand même de nouveaux usages, de nouveaux locuteurs et de représentations un peu plus positives qu’auparavant. Le renouvellement de la demande en occitan, l’ouverture des frontières et la visibilité de nouveaux modèles de planification linguistique, dans la plupart des pays d’Europe, offrent à notre langue des occasions de développement qu’elle doit saisir maintenant …en s’en donnant les moyens techniques.

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ANNEXES A. Quelques solutions diasystématiques de l’orthographe Cette annexe précise quelques points qui sont déstabilisés par l’antinormisme ou que la norme n’a pas résolus de manière explicite. Références: § III.14. A1. DI -A ET -AS FINAUX. Le -a final peut être muet dans le Croissant, mais il s’écrit: ala “aile” = [ al , al] (et non ale*). La terminaison -as se prononce [es] en cisalpin (inalpin) et en aranais; elle peut être muette [∅] dans le Croissant. La seule orthographe englobante est -as: alas “ailes” = cis. ar. [ ales] = croissantais [ ala, al]. Cette solution est diffusée en cisalpin. Suïls (sd.) l’a proposée avec raison en aranais, malgré l’extension de la graphie -es dans le Val d’Aran. STINCTION

DE

"

O

"

"

"

"

A2. APERTURE DE E (É), È. En provençal, niçois et vivaro-alpin, la distinction /e/ ~ / / connaît des neutralisations limitées et variables, notamment devant /j/ et /N/. La solution initiale (Lafont 1951) notait e (e), è comme en norme mistralienne. Ultérieurement Lafont (1972) a proposé une notation selon les tendances panoccitanes car la répartition des phonèmes /e/ ~ / / n’est pas très claire. Ainsi: ben, Provença, veire, prètz, agéncia. Cependant il y a fermeture généralisée dans ie, ue (au lieu de iè, uè): mieg, fuelha. Cet usage est majoritaire et est recommandé par le CLO. En auvergnat, l’opposition originelle e (é) /e/ ~ è /E/ s’est transphonologisée en une opposition e (é) /´/ ~ è /e/ ou bien e (é) /I/ ~ è /e/ (cf. Rj: § 76-83, 88-95; Christian Hérilier cité in IEO 1979: 41-42). Ex: vedèl [v´"del (vI"del)], fetge ["f´dz´ ("fIdzI)], remèdi [r´"medji (rI"medji)], set ["s´ ("sI)] (cf. ALMC: 407, 674; ALAL: 785, 803). Comme en occitan oriental, la neutralisation de /´/ et /e/ est limitée. La notation e (e), è doit donc être identique à celle du languedocien. Seul le limousin a généralisé la fusion de /e/ et /E/ en un seul phonème /e/. Là, l’orthographe (Desrozier & Ros 1974) supprime l’accent grave sur e (tèrra > lim. terra), sauf lorsqu’il faut indiquer la place irrégulière de l’accent tonique (èsser, cafè, congrès; anglés, permanéncia). Dans ce cas, la distinction d’accent est pertinente, notamment, entre -ès /e/ et -és /ej/: congrès [kuˆ"gre] ~ anglés [ň"glej]. Dans le diasystème, il serait pratique de noter e (é), è en limousin comme dans l’ensemble des dialectes: cela n’empêcherait nullement les limousinophones de neutraliser /e/ et /E/. Le catalan roussillonnais connaît la même neutralisation qu’en limousin et note pourtant e (é), è selon l’usage catalan général. Ici, pour économiser l’espace, je souligne souvent è ce qui s’écrit e en limousin (tèrra). Par ailleurs, il serait très pratique d’adopter la proposition implicite de P. Bèc (1973): une orthographe unique ue, ie remplacerait uè, iè (lg auv) et ue, ie (gas lim va niç E

E

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ANNEXES

pro). P. Sauzet y est également favorable. Une validation du CLO serait nécessaire. LG tèrra

luènh cuèlher vièlh pièger -ièr batèm batètz

AUV

tèrra luènh cuèlher vièlh pièger -èir batèm batètz

ORTHOGRAPHE ACTUELLE GAS PRO NIÇ VA

tèrra luenh cuélher vielh piéger -èr batèm/batem batètz/batetz (

§ XIII.23.4)

tèrra luenh cuélher vielh piéger -ier batèm batètz

IMPLIFICATION FUTURE?

S

LIM

terra luenh cuélher vielh piéger -ier batem batetz

tèrra luenh cuélher vielh piéger -ier, auv -èir, gas -èr batèm batètz

A3. DISTINCTION ENTRE IEU ET IU; VERBES VIVARO-ALPINS EN -IO. Les ouvrages normatifs distinguent ieu et iu, même si ces deux séquences tendent à se neutraliser en [jew] ou bien en [iw] (et évolutions secondaires). Lorsqu’il y a variation de genre, -ieu donne -ieva (josieu josieva) et -iu donne -iva (actiu activa). • Le gascon oscille entre [jew] et [iw], exactement comme l’ensemble de l’occitan (Rohlfs 1977: 118; Carrera 2003: 197-200…). La distinction normative entre ieu et iu est donc aussi légitime en gascon que dans le reste de la langue. Il est donc surprenant que Bèc & Alibèrt (1952) aient généralisé iu en gascon. Ici, je souligne -ieu et -ieva ce qui, en gascon, se dit et s’écrit -ieu, -ieva (recommandé) ou éventuellement -iu et -iva (selon Bèc & Alibèrt 1952). Ex: gas. josieu~actiu plutôt que josiu, actiu. • En provençal, le choix entre fiu et fieu “fil” et entre abriu et abrieu* n’est pas une question d’orthographe mais de forme orale, liée à la diphtongaison de i devant l. Les choix de fiu/filar (fieu/fielar) et abriu (vs. abrieu*) sont expliqués au § XII.3.f. • En vivaro-alpin, la terminaison verbale [- iw] connaît trois graphies concurrentes: -iáu chez Lafont (1972) et Rolland (1982): voliáu [vu liw], siáu [ siw]. -iu dans PLE et VFO: voliu [vu liw], siu [ siw] (le pronom ieu et les possessifs mieu, tieu, sieu y passent abusivement à iu*, miu*, tiu*, siu*). -io chez Dufaud (1986, 1988): volio [vu liw], sio [ siw], en relation avec le -o [-u] de la p1: chanto. Le CLO a émis un avis favorable à -io et je l’applique ici. Le vivaroalpin adoptera donc dans le diasystème: -io [- iw] dans les verbes: volio, sio (= lg. -iái, pro. -iáu) iu [iw] dans actiu, viu (= lg. iu) ieu [jew] dans ieu, mieu, Andrieu (= lg. ieu) "

"

"

"

"

"

"

"

A4. V INTERVOCALIQUE EN GASCON. En gascon, v intervocalique se réalise [B] ou [w] selon les parlers. On trouve [B] dans la koinê béarnaise et [w] en aranais. La norme officielle admet que [w] soit noté v ou u (Bèc & Alibèrt 1952). Mais la graphie v, plus diasystématique, est devenue majoritaire, sauf en aranais où l’on maintient u. Cependant, Suïls (sd.) note v en aranais, avec raison: aver (mieux que auer). A5. LES RESTES DU NASILLEMENT INTERVOCALIQUE EN GASCON. En gascon, un accent graphique est censé représenter le nasillement de la voyelle consécutif à la chute de n intervocalique: vesía, garía, lúa (= lg. vesina, galina, luna). Mais ce nasillement est 436

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ANNEXES

résiduel et se limite aux environs d’Orthez (ALG: 2127). Je me range ici à l’usage majoritaire —aranais inclus— qui supprime cet accent: vesia, garia, lua.. A6. - OU - EN GASCON. La métathèse gasconne de r, aboutissant à un -r final muet, a connu une notation hésitante: novémer~quate. Actuellement l’usage se sédimente en faveur d’une régularisation de type noveme, quate. Ce qu’on perd en diasystématicité est gagné en cohérence structurale. On garde cependant le -r dans les verbes à l’infinitif (bàter “battre”) et dans les formes panoccitanes (màger “majeur”). Je propose d’étendre ce principe panoccitan à prene (mieux que préner, § XIII.26). ‘ER

E

A7. DÉPLACEMENT DE L’ACCENT TONIQUE EN HAUT-LIMOUSIN. Il est conditionné par la structure des syllabes: vachas [ vatsa… > vÅ"tsa…], endrech [eˆ"dre > "eˆdre]. Mais les parlers limousins du nord-est, de l’est et de l’extrême sud gardent la place traditionnelle de l’accent (Lavalada 1986: 28). L’orthoépie du limousin référentiel devrait faire de même. On ne peut donc pas suivre les changements de graphie de l’accent proposés par Lavalada (1986): on préfère espés, nonmàs à espes*, nonmas*… Cela n’interdit pas de prononcer les glissements d’accent du haut-limousin: il suffit de ne pas “lire” les accents graphiques et d’appliquer les règles de la structure syllabique. "

A8. DE PCH À CH. Le graphème pch, archaïsant et étymologisant, n’est pas retenu dans l’orthographe moderne; p s’est amuï et Alibèrt note ch en général. Cependant, les auteurs limousins maintiennent le p (Gonfroy, Lavalada…). Cela concerne peu de mots et le problème est bénin, mais ch reste préférable: pròche, sacha (pròpche, sapcha). A9. L’APHÉRÈSE DE A- INITIAL EN NORD-OCCITAN. Ce point a été très discuté (IEO 1979: 32-39). La seule véritable orthographe est celle que Desrozier & Ros (1974) ont fixée initialement (avec les précisions de Ros in IEO 1979: 38-39). Ainsi, l’aphérèse se note par une apostrophe: aver/’ver, abelha/’belha. Elle n’est pas notée dans les démonstratifs et les adverbes de lieu en qu-: aquò/quò, aquí/quí, aqueu/queu ou aquel/quel. Les consonnes doubles deviennent simples: arrestar/’restar, annada/’nada, assetar/’setar. La distinction [s/z] n’est pas notée car elle est très rare: assetar/’setar [s], asegar/’segar [z]. Je suggère d’exclure l’apostrophe devant les formants panoccitans: laidonc est lié au mot panoccitan lai (mieux que ’laidonc). Le signe de l’aphérèse est bien l’apostrophe ( ’ ) et non le guillemet ouvrant simple ( ‘ ) que les traitements de texte imposent en début de mot. A10. ET EN LIMOUSIN ET EN AUVERGNAT. Ce qui s’écrit -à [a], -àn [an] et -iás [jOs] en languedocien référentiel se prononce respectivement [O], [Oˆ] et [ja(…)] en limousin et en auvergnat. L’orthographe hésite. Je suggère une équivalence á = [O] et à = [a]. Mais en limousin et en auvergnat, le -s final oblige de toutes façons à ce que -ás soit prononcé [a(…)]. On a donc les clés de lecture suivantes: á = [O], -án = [Oˆ], -iás = [ja(…)]. Ex: fará [fÅ"rO], farán [fÅ"rOˆ], voliás [vu"lja(…)]. Certes, il est un peu gênant que -ás et -às soient homophones (cf. voliás [vu"lja(…)], ananàs [ÅnÅ"na(…)]). Cependant, cette solution simplifie le passage du singulier au pluriel dans les noms: la fornariá [lÅ furnÅ"rjO], las fornariás [la(…) furnÅ"rja(…)]. Á, -ÁN

-IÁS

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ANNEXES B. Préfiguration de l’orthoépie référentielle

L’orthoépie est définie pour chaque standard régional en fonction des prononciations les plus répandues ou les plus classiques (donc les moins divergentes). Cependant, l’orthoépie est souple: on veille surtout à éviter les interférences phoniques des langues dominantes, on ne stigmatise jamais les “accents” locaux et authentiques. B1. LA PREMIÈRE PROPOSITION D’UNE ORTHOÉPIE AUVERGNATE L’orthoépie auvergnate reçoit ici un modèle pour la toute première fois. C’est un compromis le nord- et le sud-auvergnat, vérifiable dans les parlers (Rj, ALAL, ALMC, Reichel 1991, GGA). On prend au Nord l’oralisation du pluriel en -e [´] ~ -es [Ij] et en -a [O] ~ -as [a]. On adopte le maintien septentrional de [l] intervocalique: pala “pelle” ["palO] (au Sud: ["pa?a, "pawa], etc.). On prend au Sud le maintien de [s] intérieur devant consonne et dans le pluriel de quelques mots grammaticaux (articles, possessifs simples…). On adopte aussi le maintien du son [-l] final comme en auvergnat du Sud-Ouest, vers Mauriac et Salers (ailleurs: [x] ou amuï). La transphonologisation de /e/~/E/ vers /´/~/e/ (ou /I/~/e/) est réalisée ainsi: e [´] er [´r] es [´s] en/em [Iˆ] ei; ai atone [Ij] eu [œw] è [e] èr [er] ès [es] èn/èm [eˆ] èi [ej] èu [ew] Les palatalisations des consonnes devant i et u se font de la manière la plus simple et la plus systématique possible, selon des solutions attestées (GGA: 266-267). Elles peuvent se faire dans des syllabes successives, toniques et atones. Les consonnes labiales p, b, f, v, m se palatalisent devant u comme devant i. On adopte les stades les plus conservateurs de la palatalisation: {k, g} → [kj, gj]; {t, d} → [tj, dj]; {f} →[fj]… B2. PLACE DE L’ACCENT TONIQUE La règle est la même dans tous les standards régionaux. a) L’accent tonique tombe sur la dernière syllabe dans les mots qui se terminent par une consonne ou par les glides u [w] et i [j]: solelh, italian, magic, actiu, verai. b) L’accent tonique tombe sur l’avant-dernière syllabe dans les mots qui se terminent par une voyelle, par une voyelle suivie de -s, par une voyelle suivie de -n du pluriel (verbes à la p6) ou par la marque du pluriel provençal en -ei~-eis: artista, artistas, casco, cascos, quasi, Osiris, virus, parlan, dison, pro. aquelei~aqueleis. c) Également, l’accent tonique tombe sur l’avant-dernière syllabe dans les mots qui se terminent par deux voyelles en hiatus (l’accent tonique frappe l’avant-dernière voyelle): Russia (accent sur i), estatua (accent sur u), avoï “j’avoue” (accent sur o). d) Dans les mots qui suivent les règles précédentes, les voyelles ouvertes è et ò s’écrivent avec un accent grave afin qu’on les distingue des voyelles fermées e et o: tèsta “tête” ~ cresta “crête”; còrsa “corse” ~ corsa “course”. Le limousin ne distingue pas è et e en général: testa, cresta (annexe A2). e) Dans les mots qui ne respectent pas les règles a, b et c, l’accent tonique est indiqué systématiquement par un accent graphique. Les voyelles toniques ouvertes portent alors un accent grave (è, ò, à) et les voyelles toniques fermées un accent aigu (é, ó, á, í, ú): sofà, sofàs, seriá, seriás, cafè, cafès, perqué, aquí, aquò, cangoró, precís, crèdit, cóser, Fèlix, parlaràn, parlarián, gas. vengón, agéncia, Grècia. 438

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ANNEXES

Selon le même principe, les proparoxytons du niçois et du cisalpin reçoivent toujours un accent graphique: pàgina, Mónegue. B3. VOYELLES, GLIDES, ASSOCIATIONS DE VOYELLES ET DE CONSONNES LG

a (à)

[a]

PRO [a]

-a final [O] [O] -as final [Os] [O] á [e] [O] ‘-ia posttonique [jO] [jO (i)] -ia ["iO] ["iO] -iá tonique ["jO] ["je] -iás tonique ["jOs] ["jes] -an [a], pfs. [an] [aˆ] ai [aj] [aj] ai atone [aj] [ej] ao [au] [au] au tonique [aw] [aw] au atone [aw] [Ow] è [E] [E] e (é) [e] - [e]

- [e, i] + lh, nh

-ei, -eis

(pl. pro.) [ej, ejz] ou [i, iz] [es] [e] ["es] ["es] ["Es] ["Es] [i] [i] [j], pfs. [i] [j], pfs. [i] [j] [j] [i] [i]

-es final -és final -ès final i (í) i dev. voy. i après voy. ï (hiatus)

NIÇ

VA

AUV - [a] - [Å] prétonique [a] [a], cis [O] [O] [a] [as], cis [es] [a] [e] [O] [O] [ja] [ja], cis [jO] [jO] ["ia] ["ia], cis [ "iO] ["iO] ["jO] ["jO] ["jOs], cis. ["jO] ["ja] [aˆ] [aˆ] [O], pfs. [aˆ] [aj] [aj] [aj] [aj] [ej] [Ij] [au] [Ow] [Åu] [aw] [aw] [aw] [aw] [Ow] [Ow] [e] [E] [E] - [e] [e] - [´] - [e, i] + lh, nh - [I] + i, n, m - [œ] + u [a]

[es], cis. [e] ["es] ["Es] [i] [j], pfs. [i] [j] [i] [iw] ò [O] [O, (w)O] [wa], pfs.[O] [O] o (ó) [u] [u] [u] [u] o dev. voy. [w], pfs. [u] [w], pfs. [u] [w], pfs. [u] [w], pfs. [u] oi (ói) [uj] [uj] [uj] [uj] oï (oí) [wi], [ui] [wi], [ui] [wi], [ui] [wi], [ui] òu [Ow] [Ow] [Ow] [Ow] ou (óu) [uw] [uw] [uw] [Ow] u (ú) [y] [y] [y] [y] u dev. voy. [Á], pfs.[y] [Á], pfs.[y] [Á], pfs.[y] [Á], pfs.[y] u apr. voy. [w] [w] [w] [w] ü (hiatus) [y] [y] [y] [y] uè/ tonique uè [ÁE] ue [Áe] ue [Áe, ÁE] ue [Áe] ue atone [Áe] [Áe] [Áe] [Áe] uò [ÁO, jO] [jO] -um final - [yn] - [ym] - [yˆ] - [yˆ] - [un] - [um] - [uˆ] - [uˆ] (mots lat.) (mots lat.) (mots lat.) (mots lat.) -io

ue

[e] ["es] ["Es] [i] [j], pfs. [i] [j] [i]

[a]

LIM GAS - [a] [a] - [Å] prétonique [O] [O] ou [o] [a…] [Os] [O] [O], rare [jO] [jO] ["iO] ["iO] ["jO] ["jO], rare ["ja…] ["jOs], rare [O], pfs. [aˆ] [a], pfs. [an] [aj] [aj] [ej] [aj] [au] [Åu] [aw] [aw] [aw] [Ow] [e] [E] [e] [e]

[Ij] ["Ij] ["e(s)] [i] [j], pfs. [i] [j] [i]

[ej] ["ej] ["e(s)] [i] [j], pfs. [i] [j] [i]

[es] ["es] ["Es] [i] [j], pfs. [i] [j] [i]

[O] [u] [w], pfs. [u] [uj] [wi], [ui] [Ow] [uw] [y] [Á], pfs.[y] [w] [y] uè [œ] [œ] [jO] - [yˆ] - [uˆ] (mots lat.)

[O] [u] [w], pfs. [u] [wej] [wi], [ui] [Ow] [uw] [y] [Á], pfs.[y] [w] [y] ue [œ] [œ] [jO] - [yˆ] - [uˆ] (mots lat.)

[O] [u] [w], pfs. [u] [uj] [wi], [ui] [Ow] [Ow] [y] [y] [w] [y] ue [we] [we] - [ym] - [um] (mots lat.)

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ANNEXES

B4. C

ONSONNES EN GÉNÉRAL

En auvergnat, les palatalisations devant i, u sont notées [b~bj], [d~dj], [f~fj], [s~S], etc. Par exemple, [b], [d], [f], [s]… deviennent [bj], [dj], [fj], [S]… devant i, u.

b [b~B] -b final [p] bl intervoc. [pl] c [k] c + e, i; ç + a, o, u [s] -c final [k] -ç final [s] ch [tS] -ch final [tS] cl [kl] d [d~ð] -d final [t] f [f] -f final [f] g; gu + e, i [g~V] g + e, i; j [dZ] -g final [k] pfs.[tS]

LG

NIÇ [b] [p] [bl] [k] [s] [k] [s] [tS] [tS] [kl] [d] [t] [f] [f] [g] [dZ] [k] pfs. [tS]

gl

[gl]

VA (CIS) AUV [b] [b~bj] [p] muet, pfs. [p] [bl] [bl] [k] [k~kj] [s] [s~S] [k] muet, pfs. [k] [s] muet, pfs. [s] [tS] [ts~tS] muet, pfs. [ts] [tS] [kl] [k¥] [d] [d~dj] [t] muet, pfs. [t] [f] [f~fj] [f] [f] ou muet [g] [g~gj] [dZ] [dz~dZ] [k] pfs. [tS] muet, pfs. [k] [gl] [g¥]

[gw] muet [k] [l] - [l] - muet (paroxyt.) [¥] [j]

[gw] muet [k] [l] - [l] - muet (paroxyt.) [¥] [¥]

muet [ˆ]

- [m] - [ˆ] + cons. [ˆ] [ˆp] - [n] - [ˆ] + cons. muet [ˆ]

- [m] - [ˆ] + cons. [m] [ˆp] - [n] - [ˆ] + cons. muet [ˆ]

[ˆ] [≠] [ˆ]

[ˆk] [≠] [ˆ]

[ˆk] [≠] [≠]

[gw] [gw~Vw] muet [h] [k] [k] [l] [l] - [l] - [l] - muet - muet (paroxyt.) (paroxyt.) [¥] [¥] - [j] [¥] -olh [wej] - [m~mj] - [m] - [m] - [ˆ] + - [ˆ] + - [n] + cons. cons. cons. - [m] + m, p, b, s [m] [ˆ] [ˆ] [mp] [ˆ] [ˆ] - [n~nj] - [n] - [n] - [ˆ] + cons - [ˆ] + - [N] + [k, g] cons. - [µ] + [f] muet muet muet - muet - muet - muet - pfs. [n] - pfs. [ˆ] - pfs. [ˆ] [ˆ] [ˆ] [Nk] [≠] [≠] [≠] [ˆ] [ˆ] [≠]

[n]

[ˆ]

[ˆ,

[ˆt]

[ˆ]

[ˆ]

[n]

[p]

[p]

[p]

[p]

[p]

[p]

[p]

gü = gu h k l -l final lh -lh final

PRO [b] muet, pfs. [p] [bl] [k] [s] muet, pfs. [k] [s] [tS] muet, pfs.[tS] [kl] [d] muet, pfs. [t] [f] [f] ou muet [g] [dZ] muet, pfs. [k] [gl] - [gl~Vl] - [kl] intervoc. [gw~Vw] [gw] muet muet [k] [k] [l] [l] [l] - [l] - muet (paroxytons) [j] [¥] [l] [j]

m

- [m] - [n] + cons. - [m] + m, p, b -m final [n] -mb, -mp finaux [mp] n - [n] - [N] + [k, g] - [µ] + [f] n + s + cons. muet -n final - muet - pfs. [n] -nc, -ng finaux [Nk] nh [≠] -nh final [n]



- [m] - [ˆ] + cons. [ˆ] [ˆ] - [n] - [ˆ] + cons.

LIM GAS [b] [b~B] muet, pfs. [p] [p] [bl] [Bl] [k] [k] [s] [s] muet, pfs. [k] [k] muet, pfs. [s] [s] [ts] [tS] muet, pfs. [ts] [tS] [kl] [k¥] [d] [d~ð] muet, pfs. [t] [t] [f] [f] [f] ou muet [f] [g] [g~V] [dz] [Z] muet, [k] pfs. [tS] pfs. [k] [g¥] [gl~Vl]

[gw] muet [k~kj] [l~lj] - [l] - muet (paroxyt.) [¥] [j]

[nh]

h

-nt, -nd

ˆt]

finaux P

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ANNEXES LG [p]

PRO muet, pfs. [p] — — → qu [k] [k] qü = qu [kw] [kw] r [r] [R] r après [rr] [R] -r final muet, pfs. [R], pfs. [r] muet r- initial [rr] [R] r intervoc. [r] [r] rr intervoc. [rr] [R] s [s] [s] final

-p

pch

ch

n, l

-s

final

[s]

intervoc. [s] sh [S] ss

ish s·h t

final tg + tj + -th final -tz final tz intervoc. -t

e, i

[t] [t] [tS]

NIÇ VA [p], pfs. [w] [p]

AUV LIM GAS muet, pfs. muet, pfs. [p] [p] [p] — — — [ts] — [k] [k] [k~kj] [k] [k] [kw] [kw] [kw] [kw] [kw] [r] [r] [r] [r] [R] [r] [r] [r] [rr] [R] [r] [r], pfs. [r], pfs. muet muet, [R], pfs. muet muet pfs. [r] [r] [r] [r] [rr] [R] [r] [r] [r] [r] [r ( ®6 )] [r] [r] [r] [rr] [R] [s] [s] - [s] [s] [s~S] - souvent muet et allonge la voy. précédente - [s] - [s] - [s] muet, - muet et allonge [s] - muet dans - muet - cis: muet pfs. [s] la voy. précédente les pl. dans les pl. dans les pl. - pfs. [s] sauf [es] [s] [s] [s] [s] [s] [s~S] [S] [S] [S] [S] [S] [S] - [S] apr. voy. - [iS] apr. cons. [sh] [t] [t] [t] [t~tj] [t] [t] muet, pfs. [t] [t] [t], pfs. muet muet, pfs. [t] muet, pfs. [t] [t] [dz] [dZ] [dZ] [dZ] [dz~dZ] [dZ] -as

a, o, u

[ts] [ts] [b~B] - [w] - [b~B]

[s] [dz] v [v] w - [w] - [v] x - [ts] - [ks (s)] - [s] + cons. - [s] + cons. ex- [ets] - [egz (ez)] initial - [es]+cons. - [es]+cons. exc- + [ets] [eks (es)] y - [j] - [j] - [i] - [i] z [z] [z] -z final [s] [s] e, i

[s] [z] [v] - [w] - [v] - [ks (s)] - [s] + cons. - [egz (ez)] - [es]+cons. [eks (es)] - [j] - [i] [z] [s]

[s] [z] [v] - [w] - [v] - [ks (s)] - [s] + cons. - [egz (ez)] - [es]+cons. [eks (es)] - [j] - [i] [z] [s]

muet [dz~dZ] [v~vj] - [w] - [v~vj] - [ks~kS] - [s] + cons. -[´gz~´gZ] - [´s]+cons. - [´ks~´kS] - [j] - [i] [z~Z] [s]

[t] / [tS] [ts] [dz] [b~B] - [w] - [b~B] - [ks] - [s] + cons. - [egz] - [es]+ cons. [eks] - [j] - [i] [z] [s]

muet [dz] [v] - [w] - [v] - [ks (s)] - [s] + cons. - [egz (ez)] - [es]+cons. [eks (es)] - [j] - [i] [z] [s]

B5. ASSIMILATIONS DE CONSONNES En languedocien, les assimilations de consonnes semblent systématiques et s’intègrent à une tendance phonologique lourde, liée au système des consonnes affriquées et au sandhi: on prononce exemple [e tsemple] comme dotze [ dutse], acte [ atte] comme ròc terrible [ rr tte rriple]… En dehors du languedocien, il existe des assimilations facultatives. Un mythe tenace tend à faire croire que les assimilations seraient obligatoires et systématiques, "

"

"

O

"

"

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ANNEXES

notamment en provençal (pro. exemple [ej zeˆple], acte ["ate]). En réalité, les prononciations sans assimilation sont largement répandues et attestées dans les atlas linguistiques, en particulier dans les néoformations. Loin d’être des francismes, ce sont tout simplement des prononciations conservatrices qui sont proches du modèle latin, grec et international. Ainsi: pro. exemple [eg"zeˆple = ej"zeˆple], acte ["akte = "ate]. Même le TDF fournit des cas de prononciation conservatrice: apte ‹apte›, ixa ‹icso›. "

LG bd

bj bn bs; ps; pc + bt bv cd cn ct cz dj; dg + dm dv gd gm gn mn pn pt sc + tl tm tn e, i

e, i

PRO [bd (d)]

[dd]

[ddZ] [nn]

[bdZ (dZ)] [bn (ˆn)] [ps (s)] [t] [bv (v)] [gd (d)] [kn (ˆn)] [kt (t)] [gz (z)] [dZ] [dm (m)] [dv (v)] [d] [gm (m)] [ˆn (≠)] [ˆn] [pn (ˆn)] [pt (t)] [s] [l], pfs.[tl] [m] [n], pfs.[ˆn]

[ts] [tt] [bb] [dd] [nn] [tt] [ts] [dZ] [mm] [bb] [tt (t)] [mm] [nn] [nn] [nn] [tt] [s] [ll] [mm] [nn]

e, i

NIÇ [bd (d)]

VA [bd (d)]

[bdZ (dZ)] [bn (ˆn)] [ps (s)] [t] [bv (v)] [gd (d)] [kn (ˆn)] [kt (t)] [gz (z)] [dZ] [dm (m)] [dv (v)] [d] [gm (m)] [ˆn (≠)] [ˆn] [pn (ˆn)] [pt (t)] [s] [l], pfs.[tl] [m] [n], pfs.[ˆn]

[bdZ (dZ)] [bn (ˆn)] [ps (s)] [t] [bv (v)] [gd (d)] [kn (ˆn)] [kt (t)] [gz (z)] [dZ] [dm (m)] [dv (v)] [d] [gm (m)] [nn (≠)] [nn] [pn (ˆn)] [pt (t)] [s] [l], pfs.[tl] [m] [n], pfs.[ˆn]

AUV [bd~bdj]

[bdz~bdZ] [bn~bnj] [ps~pS] [t~tj] [bv~bvj] [gd~gdj] [kn~knj] [kt~ktj] [gz~gZ] [dz~dZ] [dm~dmj] [dv~dvj] [d~dj] [gm~gmj] [ˆn~ˆnj] [ˆn~ˆnj] [pn~pnj] [pt~ptj] [s~S] [ˆl~ˆlj] [ˆm~ˆmj] [ˆn~ˆnj]

LIM

GAS

[bd (d)] [bdz (dz)] [bn (ˆn)] [ps (s)] [t] [bv (v)] [gd (d)] [kn (ˆn)] [kt (t)] [gz (z)] [dz] [dm (m)] [dv (v)] [d] [gm (m)] [ˆn] [ˆn] [pn (ˆn)] [pt (t)] [s] [ˆl] [ˆm] [ˆn]

[bd (dd)] [bZ] [bn (nn)] [ps (ts)] [tt] [bb] [gd (dd)] [kn (nn)] [kt (tt)] [gz (dz)] [dZ] [dm (mm)] [db (bb)] [dd] [gm (mm)] [nn] [mn] [pn (nn)] [pt (tt)] [s] [ll] [mm] [nn]

En début de mot, les consonnes occlusives (p, t, c, b, d, g) tendent à s’amuïr devant une autre consonne: pneumatic [newma tik], pterodactil [teru at til], gnòsi [ n zi], Tbilissi [bi lissi], Cnòssos [ n ssus]. Il devrait être possible de maintenir une occlusive suivie de /s/: psicologia [tsikulu d i , pro niç va lim gas psi-, auv p i-], xilofòn [tsilu f n, pro niç va lim gas ksi-, auv k i-]. Dans la tradition occitane, quelques mots brefs ont intercalé exceptionnellement une voyelle épenthétique: temèsi “tmèse” (§ XI.3). "

"

O

"

"

"

"

O

D

"

O

Z O

S

S

B6. CONSONNES DOUBLES LG

cc + [ts] dd [dd] gg + [ddZ] ll [ll] mm [mm] nn [nn] rr & ss: voir B4. e, i

e, i

PRO

[ks (s)] [d] [dZ] [l] [m] [n]

NIÇ

[ks (s)] [d] [dZ] [l] [m] [n]

VA

[ks (s)] [d] [dZ] [l] [m] [n]

AUV [ks~kS] [d~dj] [dz~dZ] [l~lj] [ˆm~ˆmj] [ˆn~ˆnj]

LIM [ks (s)] [d] [dz] [l] [nm] [nn]

442

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GAS - [ks (ts)] [dd] [gZ] [ll] [mm] [nn]

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ANNEXES B7. C

ONSONNES FINALES: APOCOPES PARTICULIÈRES

-lm final -rm final -rn final -lCs final -rCs final B8. T

LG [n]

PRO [n]

[r] [r] [ls] [rs]

[R] [R]

NIÇ [ˆ]

VA

AUV

[lm] [rm] [rn]

[Rp] [R]

LIM

[n] [r] [r]

[n] [r] [r]

GAS

[m] [rm] [r] [ls] [rs]

ERMINAISONS VERBALES

• Posttoniques

-a -as ‘-am ‘-atz -an -e ‘-er -es ‘-em ‘-etz -en -on • Toniques

LG

[-O] [-Os] [-On] [-e] [-e] [-es] [-en] [-ets] [-en] [-un] LG

PRO

NIÇ

[-O]

-as

/-es

[-es]

[-a]

-as

/-es

VA

[-es]

[-a], [-O] [-as], [-es]

[-O] [-a]

AUV

LIM

[-Oˆ] [-´] [-"´] [-Ij] [-Iˆ] [-´] [-Iˆ] [-uˆ]

[-Oˆ] [-e] [-"e] [-ej] [-eˆ] [-e] [-eˆ] [-uˆ]

cis.

cis.

[-Oˆ] [-e] [-e] [-es]

[-Oˆ] [-e] [-e] [-es]

[-eˆ] [-uˆ]

[-eˆ] [-uˆ]

[-Oˆ] [-e] [-er] [-es] [-eˆ] [-es] [-eˆ] [-uˆ]

PRO

NIÇ

VA

-ai -ar -às -à -am -atz -àn -em -èm -er -etz -ètz -iás -iá -ián -iái

[-"aj] [-"a] [-"as] [-"a] [-"an] [-"ats] [-"an] [-"en] [-"En] [-"e] [-"ets] [-"Ets] [-"jOs] [-"jO] [-"jOn] [-"jOj]

[-"aj] [-"a] [-"as] [-"a] [-"aˆ] [-"as] [-"aˆ] [-"eˆ] [-"Eˆ] [-"e] [-"es] [-"Es] [-"jes] [-"je] [-"jeˆ]

-ir

[-"i]

[-"i]

-iáu

[-"jew]

[-"aj] [-"a] [-"as] [-"a] [-"aˆ] [-"as] [-"aˆ] [-"eˆ] [-"Eˆ] [-"e] [-"es] [-"Es] [-"jes] [-"je] [-"jeˆ]

[-"aj] [-"ar] [-"as] [-"a] [-"aˆ] [-"as] [-"aˆ] [-"eˆ] [-"Eˆ] [-"er] [-"es] [-"Es] [-"jOs] [-"jO] [-"jOˆ]

AUV

[-"aj] [-"a] [-"a] -á [-"O] [-"aˆ] [-"a] -án [-"Oˆ] [-"Iˆ] [-"eˆ] [-"Ij] [-"´] [-"e] [-"ja] [-"jO] [-"jOˆ]

[-O] [-a…]

LIM

[-"aj] [-"a] [-"a…] -á [-"O] [-"aˆ] [-"a] -án [-"Oˆ] [-"eˆ] -em [-"eˆ] [-"ej] [-"e] -etz [-"e] [-"ja…] [-"jO] [-"jOˆ]

-ii [-"ii]

-io [-"iw]

-iá [-"jO]

-iá [-"jO]

[-"i]

[-"ir]

[-"i]

[-"i]

GAS

[-O] [-Os] [-Om] [-Ots] [-On] [-e] [-"e] [-es] [-en]

GAS

-èi [-"Ej] [-"a] [-"as] [-"a] [-"am] [-"ats] [-"an] [-"em] [-"Em] [-"e] [-"ets] [-"Ets]

[-"i]

443

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ANNEXES

C. Résumé des recommandations du Conselh de la Lenga Occitana Une synthèse complète des préconisations du CLO est en préparation. Des documents sont déjà publiés sur le site web de Gianni Vacca (CLO 1997-2001, http://www.geocities.com/guilhem_nou/clo0.html). Certains points de la norme du CLO sont expliqués en détail dans le corps de cet ouvrage. La liste suivante y fait des renvois. C1. NORME ORALE • Pluriel des mots en -f → -fes ou -fs selon les dialectes. Cf. XIII.6.1, fig. XII.1.a. • Latin -ium > occitan -i dans les mots savants: plutòni, alumini. Cf. § XII.6.2. • Néologismes en -ariá (gas niç -aria): cafetariá, pizzariá. Cf. § .5.6.c. • Aperture de ò, o dans les préfixes prò-, pòst-, co-. Cf. § .5.5.f, .21.2. • -e final de soutien: règles complétées et précisées. Cf. § .5.1. • Accentuation des néologismes, emprunts et mots savants. Cf. § .5.2- .5.7. Pour l’accentuation des mots en -ia, la préconisation du CLO n’est explicite que dans les noms propres. • Restauration du genre féminin dans certains noms en -a. Cf. § .5 (début). • Fixation des noms propres internationaux. Cf. § .5. • On déconseille les interférences abusives de l’italien qui menacent les structures du niçois et du cisalpin. Ex: societat, Sicília, cultura, vocabulari, dialòg, desvolopament son préférables aux italianismes sochetat*, Sichília*, coltura*, vocabolari*, diàlogo*, esvilup* (cf. it. società, Sicilia, coltura, diàlogo, vocabolario, sviluppo). • Distribution des suffixes d’agent (point provisoire). Cf. § .5.f, .21.1 XII

XII

XIII

XII

XII

XII

XIII

XV

XIII

(-ador1

XIII

, -ador2, -aire, -or2, -or3).

• Harmonisation des noms de lettres (point provisoire): a (a), b (be, be nauta), c (ce), d (de), e (e), f (èfa), g (ge), h (acha), i (i), j (ji, je i), l (èla), m (èma), n (èna), o (o [u], ò [O]), p (pe), q (cu), r (èrra), s (èssa), t (te), u (u), v (ve, ve bassa, ve u), x (ixa), z (izèda). Lettres exotiques: k (ca), w (ve dobla), y (i grèga). Tous les noms de lettres sont féminins ou éventuellement masculins. Signalons que les Leis d’amor mettent au féminin les voyelles (una i), les lettres dont le nom se termine par -a (una èfa) et mettent les autres au masculin (un te). L’élision est facultative devant un nom de lettre (la i, l’i, la èfa, l’èfa). C2. NORME ORTHOGRAPHIQUE a) Précisions sur des points qui étaient vagues dans la norme initiale

• Les signes diacritiques sont obligatoires sur les majuscules. Ils augmentent la lisibilité: Índia, FÒRÇA, SOÏSSA. • On écrit ms dans prems, premsa, somsir. — La norme iniciale hésitait entre -ms- et -ns-. • On distingue devant consonne: tras- (populaire) et trans- (néoformation): trasfoguièr ~ transformar. — La norme iniciale hésitait. b) Simplifications et régularisations de la norme initiale

• Harmonisation de l’orthographe des mots composés (pour les toponymes, voir 444

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ANNEXES

aussi § XV.4.3). En résumant, on évite le trait d’union autant que possible: - On soude les éléments lorsque leur cohésion est forte: pòrtaclau, tapanàs,

antiistoric, centreafrican, fotosintèsi, cardiovascular, indoeuropèu, sèrbocroat (pour l’accent, cf. § XII.5.5.e), idroelectric, neoclassic, extralucid, finimond, supermercat, ipertension. On soude les toponymes composés d’un nom et d’un déterminant: Montluçon, Vilanòva, Fontfreja, Puèglaurenç. On

fusionne -a final atone et a- initial, -e final atone et e- initial, ainsi que deux consonnes identiques lorsqu’elles sont situées après une autre consonne: pòrtavions, contrataca, centreuropèu, francomtés, Transilvània. - Un blanc typographique précède ou suit les prépositions, les conjonctions et les articles: cap d’òbra, boita de las letras, Ais de Provença, Òlt e Garona, Bòsnia e Ercegovina, En Suá la Redona, La Bohèira, La Vaur, L’Esparra, Aus Gletons. Il y a un blanc dans les toponymes qui comportent un pluriel interne (Aigas Mòrtas), un article (lo Naut Lemosin, la Nauta Garona, La Vaur) ou le qualificatif de “saint” (Sant Emilion, Santa Elena). - On n’admet le trait d’union que: (i) dans les formes composées d’éléments grammaticalement équivalents tels que nom-nom, verbe-verbe, adjectif-adjectif, avec une flexion éventuelle à l’intérieur: Clarmont-Ferrand, LengadòcRosselhon, pòrta-fenèstra (pòrtas-fenèstras), montar-davalar (montatzdavalatz), agre-doç (agra-doça, agres-doces); (ii) dans les formes réduplicatives: ziga-zaga, plan-plan; (iii) dans les mots issus de phrases: adieu-siatz, lo beul’òli; (iv) dans les préfixes qui viennent de mots grammaticaux autonomes: un quasi-delicte, la non-violéncia, un èx-president (mais: es quasi delictuós, non pas el); (v) dans les préfixes nòrd-, sud-, èst-, oèst-, naut- et bas-: nòrd-occitan, sud-american, èst-europèu, oèst-atlantic, naut-lemosin, bas-navarrés; (vi) dans les prénoms composés, facultativement: Joan Pèire = Joan-Pèire. • On supprime le h muet intervocalique dans les mots savants: proïbir, veeméncia. Cela évite le risque de confusion avec le h gascon qui est réellement prononcé: bohar, dehéner 1. — Norme ancienne: prohibir†, veheméncia†. • Terminaisons verbales -iam, -iatz. — Norme ancienne: -iàm†, -iàtz†. • Diverses lettres muettes sont supprimées. En particulier, ncce, ncci deviennent nce, nci (foncion, sancion), nct devient nt (santuari, subjontiu, instint), rct devient rt (artic, antartic, infart). Mots particuliers: cossí, aumentar. — Norme ancienne: fonccion†, sanccion†; sanctuari†, subjonctiu† (mais instint); consí†, augmentar†. • L’accent graphique l’emporte sur le tréma: país (mais païses, païsan), gaús (mais gaüses). — Norme ancienne: païs†, gaüs†. • òu tonique devient ou en position atone: sòudi, soudar. — Norme ancienne: Alibert écrit implicitement sòudi, sòudar†. • On note la synérèse -iá dans les possessifs miá, tiá, siá. — Norme ancienne: mia†, tia†, sia†.

• L’usage du tréma se limite principalement à ï, ü faisant hiatus avec la voyelle précédente: païsan, reünir. On supprime le tréma sur e: poesia, coerent (norme ancienne: poësia†, coërent†). Dans les composés, le tréma n’est admis qu’après un préfixe court d’une syllabe: co|ïncidir mais proto|istòria. Le tréma est facultatif dans les

1

Dans les mots savants, en gascon usuel général et en gascon référentiel, le h disparaît: proïbir, veeméncia comme armonia, esitar, aderir. Le fait de prononcer ce h implique la notation de h (prohibir, veheméncia) mais c’est une hypercorrection due à l’orthographe française (prohiber, véhémence).

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ANNEXES

groupes

gü et qü lorsque le u se prononce [w]: linguistica/lingüistica, / (norme ancienne: sans tréma). • Régularisation partielle de l’orthographe du phonème /s/ selon l’étymologie ou bien d’usage consacré: dimars (variante admise: dimarts car le t est prononcé dans certains parlers; dimarç* est une coquille du DicAl), còça, esbòs, esquissa, experiment, expèrt, exprimir, extrèm “extrême” (≠ estrem “bout”) (extremista, extremitat, extremoncion), flux & influx, messorga, noirissa, polissa “police d’assurance/de caractères” (≠ polícia “police, forces de l’ordre”), sedàs, singaro (niç. cis. síngaro), sorsa & ressorsa, tassa, tròç. — Norme ancienne: incohérences et hésitations entre s, ç et x. • On écrit regde en cohérence avec Magdalena, Agde. — Norme anc.: redde†. • Mf (< gr. µφ) est simplifié en nf: anfòra, trionfar, ninfa. — Norme anc.: -mf-. • On enregistre le passage d’anciens noms féminins en -age vers des masculins en -atge: imatge, plantatge, borratge, cartilatge (§ XII.7.3). — Norme ancienne: image†, plantage†, borrage† (bien que catalogués comme masculins). • On supprime l’accent graphique devant le pluriel provençal en -ei, -eis (posttonique): aquelei braveis amigas. On confirme que -ei, -eis recouvre les prononciations [ej, ejz] et [i, iz]. — Norme ancienne: aquélei bràveis amigas† & aqueli bravis amigas† (Lafont 1951), puis aquélei bràveis amigas† (Lafont 1972). aquatic aqüatic

c) Confirmations de la norme initiale à propos de points particulièrement discutés

• Confirmation du z intervocalique: azòt, magazin, ozòn, Amazonia, trapèzi, azur. Ce z se trouve notamment dans le suffixe -izar: realizar (realizacion, realizaire), organizar (organizacion, organizaire), arabizar (arabizant)… Quand la racine a un s, on garde ce s devant -ar: analisi > analis|ar, vis|ion > vis|ar, precís > precis|ar. — La norme initiale d’Alibèrt écrit z. On abandonne la réforme de l’IEO de

1975 qui remplaçait z par s (§ III.9.1 point 1). • On confirme que amb (emb, dab) est l’orthographe référentielle et englobante (§ .18, .7.10, .9.8 point 18, .10.1 point 26, .10.4, .11 point 61). • On confirme les orthographes suivantes: paur, réalisé [ pOw] ou [ paw] selon les dialectes, et Caors [ka urs, k ws] (refus des cacographies páur*, Cáurs*). • En vivaro-alpin, on confirme l’usage de ao [ w], notamment dans le suffixe -aor (lg. -ador). En outre, le CLO donne un avis favorable pour écrire -io [iw] dans les verbes (annexe A3). • On confirme le système d’accentuation graphique, notamment pour les verbes de la p6 terminés par -n: cantan, cantaràn (annexe B2, III.9, III.9.2 point 13, III.10.2 points 38-39, III.10.3 point 13). • On confirme les règles orthographiques habituelles du provençal, du niçois, du vivaro-alpin et du gascon, sur la base des travaux normatifs initiaux de Lafont (1951, 1972) et de Bèc & Alibèrt (1952). On rejette les diverses antinormes qui menacent particulièrement ces dialectes (§ III.10). XIII

II

III

III

III

III

"

"

"

O

O

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"

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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

Lorsqu’une publication a connu des modifications ou des traductions, la flèche (↑) indique la version utilisée. Les contacts de langues —surtout s’ils sont diglossiques— demandent de résoudre un problème dans les normes bibliographiques. Le nom d’un auteur peut varier selon les publications (changement de langue, de forme orale, de graphie…). Ici chaque nom d’auteur est entré sous une forme constante. Cette forme constante est entrée en italique si elle n’est pas utilisée comme telle dans une publication; ensuite, le signe = introduit la forme qui apparaît sur la publication. Si un auteur se fait connaître à travers un nom occitan (ou catalan), celui-ci est privilégié. Des renvois permettent de retrouver chaque nom d’auteur. Ex :

LAVALADA Ives (2000) = LAVALADE Yves, Dictionnaire toponymique de la Haute Vienne…

.IVe

Congrès de langue et littérature d’oc et d’études francoprovençales: Avignon (7-13 septembre 1964) (sd.), sl.: Éditions de la Revue de Langue et de Littérature d’Oc 450 mots que cau saber entà començar a liéger, escríuer e parlar er occitan dera Val d'Aran (1997), Vielha: Oficina de Foment e Ensenhament der Aranés deth Conselh Generau d'Aran A fònts mescladas [anthologie littéraire auvergnate] (1990) sl.: Institut d’Études Occitanes-Auvèrnha ACHARD Claude-François (1785-1787) Dictionnaire de la Provence et du Comté-Venaissin. I: Vocabulaire françois-provençal. II: Vocabulaire provençal-françois, Marseille: imprimerie Jean Mossy, 4 vol. [rééd. 1983 sous le titre Vocabulaire françaisprovençal, Genève: Slatkine reprints, 2 vol.] ACHARD Claude-François (1880) (éd. Augustin GAZIER) “Syntaxe de l’idiome provençal” [Gazier 1880: 178-198] Actes et mémoires du 1er Congrès international de langue et littérature du Midi de la France (1957), Avignon: Palais du Roure ALAL = POTTE Jean-Claude (1975-1987) Atlas linguistique et ethnographique de l’Auvergne et du Limousin, Paris: CNRS, 2 vol. ALBAIGÈS I OLIVART Josep (1995a)

LAVALADE Yves → LAVALADA Ives Le même système permet d’entrer en transcription latine les noms d’auteurs qui figurent à l’origine dans une autre écriture:

BAMBINIOTIS Georgios (1998) = ΜΠΑΜΠΙΝΙΏΤΗΣ Γεώργιος, Λεξικό της νέας ελληνικής γλώσσας… Les abréviations d’usage fréquent, désignant un ouvrage ou un organisme, sont placées en tête des entrées. Des renvois permettent de retrouver la bonne entrée: ALAL = POTTE Jean-Claude (1975-1987) Atlas linguistique et ethnographique de l’Auvergne et du Limousin… POTTE Jean-Claude (1975-1987) → ALAL

Diccionari dels noms de noi, coll. El Cangur, Barcelone: Edicions 62 ALBAIGÈS I OLIVART Josep (1995b) Diccionari dels noms de noia, coll. El Cangur, Barcelone: Edicions 62 ALBAIGÈS I OLIVART Josep (2000) Diccionari de noms de persona, Barcelone: Edicions 62↑ [1e édition 1980] ALCe = DUBUISSON Pierrette (1971-76) Atlas linguistique et ethnographique du Centre, Paris: CNRS Alcover & Moll 1926-68 → DCVB ALÉN-GARABATO Carmen (2000) “Le galicien piégé par l’histoire? La question de la norme”, Lengas 47 ALEPO = TELMON Tullio, & CANOBBIO Sabina (1985) (dir.) Atlante linguistico ed etnografico del Piemonte occidentale: materiali e saggi, Turin: Università di Torino / Regione Piemonte ALF = GILLIÉRON J., & EDMONT E. (19021914) Atlas linguistique de la France, Paris: Honoré Champion, 10 vol. ALG = SÉGUY Jean (1954-66) Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne, Paris: CNRS, 4 vol. ALIBÈRT Loís (1923) ‹Le lengodoucian literàri. I: Ourtougrafìo. II: Fourmaciu del voucabulàri. III: Gloussàri des galicismes courregits› [Le lengadocian literari. I: Ortografia. II: Formacion del

vocabulari. III: Glossari dels gallicismes corregits], Toulouse: ‹estampariò Bertoumiu› [estampariá Bertomieu] ALIBÈRT Loís (1935) → GramAl ALIBÈRT Loís (1957-58) = A LIBERT Louis, “Lexique des gallicismes corrigés”, Annales de l’Institut d’Études Occitanes 12-13 ALIBÈRT Loís (1966) → DicAl ALJA = MARTIN Jean-Baptiste, & TUAILLON Gaston (1971-1978) Atlas linguistique et ethnographique du Jura et des Alpes du Nord: francoprovençal central, Paris: CNRS ALLIÈRES Jacques (1997) “Note sur le «futur du passé» en gascon moderne”, Estudis Occitans 21: 19-20 ALLIÈRES Jacques (2001) Manuel de linguistique romane, coll. Bibliothèque de grammaire et de linguistique, Paris: Honoré Champion ALLIÈRES Jacques (2005) Formation et structure de l’occitan ancien, coll. Langues et civilisations romanes, Villeneuve sur Lot: Le Luy de France / J.-L. Massourre ALLOc = RAVIER Xavier (1978-93) (collab. Jacques BOISGONTIER, Ernest NÈGRE) Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc occidental, Paris: CNRS, 4 vol. ALLOr = BOISGONTIER Jacques (1981-86)

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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE (collab. Louis M ICHEL, Jean-Marie Atlas linguistique et PETIT) ethnographique du Languedoc oriental, Paris: CNRS, 3 vol. ALLy = GARDETTE Pierre (1950-1976) (dir.) Atlas linguistique et ethnographique du Lyonnais, Paris: CNRS [rééd. 1984] ALMC = NAUTON Pierre (1958-63) Atlas linguistique et ethnographique du Massif Central, Paris: CNRS, 4 vol. ALO = MASSIGNON G., & HORIOT B. (1971) Altas linguistique et ethnographique de l’Ouest (Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois), Paris: CNRS ALP = BOUVIER Jean-Claude, & MARTEL Claude (1975-1986) Atlas linguistique et ethnographique de la Provence, Paris: CNRS ALPO = GUITER Enric (1966) = GUITER Henri, Atlas linguistique des PyrénéesOrientales, Paris: CNRS ALQUÉZAR I MONTAÑÉS M. (1992) La correspondència entre Loïs Alibert i Josep Carbonell i Gener (Materials per a l’estudi de la codificació de la llengua occitana), coll. Biblioteca filològica n° 23, Barcelone: Institut d’Estudis Catalans ALVÍ Joan-Claudi (1988) Lexic tecnic francés-occitan, sl.: Collection des Amis de la Langue d’Oc AMICS DE MESCLUM (LEIS) (sd., vers 1995) Nom provençal des communes des Alpes de Haute Provence / …des Bouches du Rhône / …des Alpes Maritimes / …de Vaucluse (orthographe provençale classique) [une brochure photocopiée pour chaque département; enquêtes de Jòrgi Gibelin, Guiu Martin, Pèire Simiand, Glaudi Barsotti], Marseille: Leis Amics de Mesclum [republié durant la fin des années 1990, en plusieurs fois, dans La Marseillaise, rubrique Mesclum du jeudi] ANDREWS James Bruyn (1875) Essai de grammaire du dialecte mentonnais avec quelques contes, chansons et musique du pays, Nice: sn. [rééd. 1978, 1981, Menton: Société d’Art et d’Histoire du Mentonnais] ANDREWS James Bruyn (1877) Vocabulaire français-mentonnais, Nice: sn. [rééd. 1977, Marseille: Lafitte Reprints] Anghilante & Bianco 2003 → PLE ANGLADE Joseph (1921) Grammaire de l’ancien provençal, Paris: Klincksieck ARACIL Lluís (1966) “Bilingualism as a myth” [trad. cat. “El bilingüisme com a mite”, Aracil 1982a: 39-57↑] [trad. occ. “Lo bilingüisme coma mite”, Aracil 1982b: 61-88] ARACIL Lluís (1974) “Sociolinguistics: revolution and paradigm” [trad. cat.

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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE Ελληνικό λεξικό: ορθογραφικό, ερµηνευτικό, ετυµολογικό, συνωνύµων, αντιθέτων, κυρίων ονοµάτων. ∆΄ έκδοση, Athènes: Αρµονία TELMON Tullio, & CANOBBIO Sabina (1985) → ALEPO TENNEVIN J.-P. (1987) Essai sur le style de la langue provençale, Marseille: CIREP / ‹Lou Prouvençau à l’Escolo› [Lo Provençau a l’Escòla] TERMCAT (1990) Metodologia del treball terminològic, Barcelone: Generalitat de Catalunya-Departament de Cultura TERRACHER A. L. (1913-1914) Les aires morphologiques dans les parlers populaires du nord-ouest de l’Angoumois (1800-1900), Paris: Champion, 2 vol. [1913, Atlas 1914] TEULAT Rogièr (1971) = TEULAT Roger, Comment lire et écrire l’auvergnat méridional, Clermont-Ferrand: CRDP TEULAT Rogièr (1972) = TEULAT Roger, Grammaire de l’occitan de référence (les sons, les mots, les formes), Villeneuve sur Lot: Forra-Borra, ronéoté • Actualisé dans Teulat 1976d TEULAT Rogièr (1974a) “L’intèrsistèma* e la normalisacion†”, Quasèrns de lingüistica occitana 1: 3-22 [repris dans Teulat 1985a: 37-59↑] • Normalement: intersistèma, normalizacion. TEULAT Rogièr (1974b) “Region referenciala”, Quasèrns de lingüistica occitana 1: 22-24 [repris dans Teulat 1985a: 61-63↑] TEULAT Rogièr (1974c) “Nocion de varianta intèrna del sistèma referencial”, Quasèrns de lingüistica occitana 1: 41-44 [repris dans Teulat 1985a: 65-68↑] TEULAT Rogièr (1975a) “Cap a una definicion de l’occitan referencial”, Quasèrns de lingüistica occitana 8: 712 [repris dans Teulat 1985a: 77-83↑] TEULAT Rogièr (1975b) “Renaissentisme occitan e normalisacion†”, Quasèrns de lingüistica occitana 2: 3-28 [repris dans Teulat 1985a: 99-130↑] TEULAT Rogièr (1976a) “Critèris de causida de las fòrmas* referencialas generalas”, Quasèrns de lingüistica occitana 4: 3-9 [repris dans Teulat 1985a: 69-75↑] • Normalement: formas. TEULAT Rogièr (1976b) “Diassistèma* e intèrsistèma*”, Quasèrns de lingüistica occitana 4: 13-15 [repris dans Teulat 1985a: 85-87↑] • Normalement: diasistèma, intersistèma. TEULAT Rogièr (1976c) “Occitan o lengas d’òc?”, Quasèrns de lingüistica occitana 4: 35-42 [repris dans Teulat 1985a: 131-138↑] TEULAT Rogièr (1976d) = TEULAT Roger, Mémento grammatical de l’occitan

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VILAREM S., & CIRAVEGNA B., & CASERIO Jean-Louis (1998) Lexique françaisroquebrunois, Menton: Société d’Art et d’Histoire du Mentonnais VILLOUTREIX Marcel (1992) Noms de lieux de la Corrèze, Limoges: sn. VILLOUTREIX Marcel (1995) Noms de lieux du Limousin, Paris: Bonneton VILLOUTREIX Marcel (2002) Les noms de lieux du Limousin, témoins de l’histoire d’une région, sl.: Association des Antiquités Historiques du Limousin VINCENT Auguste (1937) Toponymie de la France, Bruxelles: Librairie Générale Vocabolari* a figuras occitan (2002) → VFO Vocabulari basic (1999), Vielha: Conselh Generau d’Aran-Centre de Recorsi Pedagogics VOULAND P. (1991) “‹L’ensignament dóu prouvençau, introuducien à uno metoudoulogìo› [L’ensenhament dau provençau, introduccion a una metodologia]”, bulletin de l’AVEP 54 et suiv. VURPAS Anne-Marie, & M ICHEL Claude (1998) Noms de lieux de la Loire et du Rhône, Paris: Bonneton WARTBURG Walter Von (1928-…) → FEW WARTBURG Walter Von (1944) “Mistrals Tresor dóu Felibrige und die romanische Sprachwissenschaft”, Zeitschrift für romanische Philologie B. 64: 569-572 WARTBURG Walter Von, & KELLER HansErich, & GEULJANS Robert (1969) Bibliographie des dictionnaires patois gallo-romans (1550-1967), Genève: E. Droz WEINREICH Uriel (1954) “Is a structural dialectology possible?”, Word 10, 2-3: 388-400 WIACEK Wilhelmina (1968) Lexique des noms géographiques et ethniques dans les poésies des troubadours des XIIe et XIIIe siècles, Paris: A.G. Nizet WOLF Lothar (1968) Sprachgeographische Untersuchungen zu den Bezeichnungen für Haustiere im Massif Central: Versuch einer Interpretation von Sprachkarten, Tübingen: Niemeyer WOLFF Hans (1964) “Intelligibility and inter-ethnic attitudes” [Hymes 1964: 440-445] WÜEST Jakob (1969) “Sprachgrenzen im Poitou”, Vox Romanica 28: 14-58 ZÉGIERMAN Frédéric (1999) Le guide des pays de France, sl.: Fayard, 2 vol. (tome Sud, tome Nord) Zingarelli 2004 = ZINGARELLI Nicola (2003, millésime 2004) Lo Zingarelli: vocabolario della lingua italiana, Bologne: Zanichelli

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INDEX Les nombres renvoient aux chapitres et à leurs sections. Les notions sont en caractères gras. a (prép.), II.7.10, III.10.2, X.3, XIII.2, XIII.18, XIII.22 a (V.), II.7.10, III.10.2 a! (interj.), XIV -aa (terminaison), xii.5.7 abaciològi, XII.6 début, XII.7.1 (bb), XII.8.3 (ββ) abadial, XII.7.1 (bb) abans, XIII.17, XIII.18, XIII.19, XIII.21.2 (avant-) abatre, II.7.7 Abbad, XV.5.2.i Abbadidas, XV.5.2.i Abbassidas, XIII.5, XV.6 Abbau, élaboration involutive, illaboration, II.7.8 abelha, XII.3.a, XII.10.11, annexe A9 abís, XII.8.3 (β & σσ) abissal -a, -au -ala, -au, XII.8.3 (σσ) abitud, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-tud) abnegacion, XIII.21.2 (ab-) abo, IX.9.4 abolir, II.7.7 abondar, II.7.7 abonde (en), XIII.15.2 abòr, XIV abora (d’), XIII.17 abòrd, XIII.7.1, XIII.19 abotir (d’) , XIII.14.1 Aboubacar, XV.3.1 Abraam, Abram, XV.3.2 abréviations, XII.1, XII.5, XVI.2 abriau → abril abrieu* → abriu abril, abriu, abriau, XII.3.f, XII.4.f, XIV, annexe A3 Abruç, Abruces, XV.4.2, XV.7 abrupte, XII.5.1 (fig. b)

absòlver, absòuver • conjugaison: XIII.26 (resòlver) Abstandsprache → langue par distance abstencion, XIII.21.2 (ab-) absténer, abstenir, abstiéner • conjugaison: XIII.26 (téner) abstraire • conjugaison: XIII.26 (traire) abstréger • conjugaison: XIII.26 (traire) absurde, XII.5.1 (fig. b) abutar, XIV ac, XIII.9.2 acabar, XIII.23.2, XIV acadèmia, III.9.2, XII.5.6.a Acadèmia, XV.7 academician -a, XII.6.5 acaptar, XIV acarrierar, acarrerar, acarrairar, XIII.21.1 (-ièr) acatar, XIII.26 (cobrir) acaule, XII.5.1 (fig. b) accedir, XII.7.1 (cc) accent tonique, XI.2.1.f, XII.5.3XII.5.7, annexes A7/B2 accent tonique, XII.2, XII.3.d, XII.5.3-XII.5.7 acceptar, III.10.1, X.3 accident (n.), III.10.1, XIV

accident! (interj.), XIV accion, XIV acera → aceth acerà, XIII.16.1 acèrbe, XII.5.1 (fig. b) acerò, XIII.10.2 acetar* → acceptar acetat, XIII.21.1 (-at3) aceth acera aceths

aceras, XIII.10.1 acetòna, XIII.21.1 (-òna) achabar, XIV achaptar, XIV acharrierar, acharreirar, XIII.21.1 (-ièr) ací, XIII.16.1, XIII.18, XIII.19 acid desoxiribonucleïc, XI.2.1 acident* → accident aclamar, XII.7.1 (cc) Acnur, XVI.2.1 açò, XIII.10.2 Aconcagua, XV.7 aconsègre, aconsèguer, aconseguir • conjugaison: XIII.26 (sègre) Açòras* (las) → Açòres (los) acòrd, XIII.14.1, XIV acòrdi, XIII.14.1, XIV Açòres (los), XI.9.1 acórrer • conjugaison: XIII.26 (córrer) acostic -a, XII.8.1, XII.8.3 (ου) Acquaviva, XV.3.2 acréisser, acréisher • conjugaison: XIII.26 (créisser) acrobata, XII.8.2 acte, XII.5.1 (fig. b), annexe B5 actiu -iva, XII.7.1 (v), XIII.5, annexes A3/B2 acuèlher, acuélher • conjugaison: XIII.27 acuitat, III.9.2 aculhir • conjugaison: XIII.27 adagi, XII.10.4 adaptation, nonadaptation, semiadaptation, XI.2.1.f, XI.10.1, XII.8.2, XII.10.1, XV.3.1,

XV.3.2, XV.5.2, XV.5.3, XV.5.5 adara, XIII.17 addicion, XII.7.1 (dd), XII.9, XIII.21.1 (-ason) adenlà, XIII.16.1 adeqüat -a, XII.7.1 (qu)

aderir, annexe C2b (note) Ades, XII.5.5, XII.8.3 (iota souscrit) adès, XIII.17 adesion, XII.7.1 (h), XII.10.11 adieu, XIV adieu-siatz, XII.4.n, XIV, annexe C2b adishatz, XII.4.n, XIV adjectiu, XII.7.1 (j) adméter • conjugaison: XIII.26 (metre) admetre • conjugaison: XIII.26 (metre) • XIII.21.2 (ad-) ADN, XI.2.1 adobar, XIV adolescent, XVI.2.1 adonc, adoncas, XIII.15.2, XIII.17, XIII.19 adormir • conjugaison: XIII.27 Adrian, XII.7.1 (h) adromir • conjugaison: XIII.27 aduire • conjugaison: XIII.26 (aduire) • III.9.2, XII.4.d adulte, XII.5.1 (fig. b) adurre, XII.4.d adúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) adverbes d’affirmation, XIII.14.1 adverbes d’interrogation, XIII.14.1, XIII.14.2 adverbes de gradation, XIII.15, XIII.16.1

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adverbes de lieu, XIII.16 adverbes de manière, XIII.15 adverbes de modalité, XIII.14.1 adverbes de négation, XIII.14.1 adverbes de quantité, XIII.15 adverbes de temps, XIII.17 Aèci, XII.7.1 (ae) aède, X.7.2, XII.5.1 (fig. a) aerenc -a, XII.6.5 aerian -a, XII.6.5, XII.7.1 (ae) aerodròm, XII.5.1 (fig. a & c), XII.5.2, XIII.21.1 (-dròm) aerosòl, XII.5.2 afaire, XIV afar, XIV aferèsi, XIII.21.2 (apo-) afgan -a, XV.5.4.b Afganistan, XV.5.4.b afogasset* → besucariá aforisme, XIII.21.2 (apo-) african -a, XIII.21.1 (-ament2) Afrodisiàs, XII.5.5 afrontariá, afrontaria, XIII.21.1 (-ariá) agachar, XIV agafar, XIV agafet* → pins agahar, XIV agaitar, XIV agantar, XIV Agde, annexe C2b agéncia, annexes A2/B2 agenda, XII.5.2, XIII.5, XIII.21.1 (-and 1) Agnel, XV.3.2 Agnès, XII.5.5, XII.6.2 agont, XIII.16.2

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agòr, XIV agora, XIII.17 agost, XIV agradar, XIII.26 (plaire), XIV

agradiu -iva, XIV agradívol, XIII.21.1 (-able) agravar, XII.7.1 (gg), XIII.21.2 (ad-) agre-doç, annexe C2b agricòla, XIII.5, XIII.21.1 (-còla) agricultor -tritz, XIII.21.1 (-cultor) agricultura, XIII.21.1 (-cultura), XIII.21.2 (agri-) Agripa, XII.7.1 (pp) agronòm -a, XIII.21.2 (agri-) aguent, XI.7.3 aguer, XI.7.3 agut, avut, III.10.4 ahar, XIV ai (art.), XIII.2 ai (V.), XIII.22 ai! (interj.), XIV aí, IX.9.3, XIII.14.1 Aia (L’), II.7.2, XII.10.11 (& note), XV.7 aiaça, VII.5.1 (note) Aiacciu, XV.5.3.c aiceste/aicest -esta -estes -estas, -estu -esti, -estei(s), XIII.10.1 aicí, XIII.2, XIII.16.1, XIII.18, XIII.19 aiçò, XIII.10.2 AIEO, Associacion Internacionala d’Estudis Occitans, III.7.3 aiga, X.7.4, XIV aiganha, XIII.21.1 (-anha) Aigas Mòrtas, XV.4.3, annexe C2b aigat, II.7.8 ailà, XIII.16.1 aimable -a, XIV aimar, XIV aire, XIV ais (art.), XIII.2 Ais de Provença, X.6.1, XI.9.2, XIV, XV.4.3, annexe C2b aisat -ada, -aa, XIV aise, XIII.15.2, XIV Aisha, XV.3.1 aisia → aisit aisina, XIII.21.1 (-ina), XIV

aisit -ida, -ia, XIV Aissa, Aissa de

Vinhana, XV.4.2 aital, XIII.15.2 aitant, aitan, XIII.13, XIII.15.2 aitau, XIII.15.2 Ajaccio, XV.5.3.c Ajax, XII.8.1, XII.8.3 (ι) ajónher • conjugaison: XIII.26 (plànher) ajuar, XIV ajudar, XIV ajustar, VII.3.2, XIV Akkad, XII.9 akkadian -a, XII.9 Al Id Al Kabir, XV.7 al, XIII.2 ala, annexe A1 alà, XIII.16.1 Alacant, XV.7 aladonc, XIII.15.2, XIII.17, XIII.19 alai, XIII.16.1 Åland, XV.5.4.a alaora, VII.4, XIII.15.2, XIII.17 alara, VII.3.2, VII.4, XIII.15.2, XIII.17 Alaska, XV.5.3.a alassar, VII.3.2, XIV alauita, XII.10.8 alavetz, VII.4, XIII.15.2, XIII.17 alba, XII.4.h Albania, XII.5.6.b & fin Albenca (L’), XV.4.3 Albèrt, XV.3.1 Albi, XI.9.2 albom* → album Ålborg, XV.5.5.a album, III.9.2, III.10.4, XII.5.5, XII.6.2 Alcoran, XV.6, XV.7 aldeïd, XII.5.1 (fig. a) alegresa, XIII.21.1 (-esa) Alèir, XIV alenar, XIV alens, XIII.16.1 ALEP → ELME alestir, II.7.8 alèuta, XII.10.10 Aleutianas (illas), XII.10.9, XII.10.10 Alexandre, XII.5.1 (fig. b), XII.8.3 (ξ) Alexàndria, XII.5.6.a, XII.8.3 (ει), XII.8.4 (-ειος) Alfard, XV.7 algorisme, XI.3, XII.8.3 (‘ esprit rude) alhors, XIII.16.2 Alí, XV.3.1, XV.5.5.f Alícia, XII.5.6.a Alienòr d’Aquitània, XV.3.3

Alièr, Alier, XIV (Alèir) aligòt, X.8 alin, XIII.16.1 alinhat -ada, XIII.21.2 (non-) Alís, XII.5.6.a alliteracion, XIII.21.2 (ad-) allobròge -ja, XII.5.1 (fig. b), XII.7.2 (-x) alloglottes, VII.5.12 almens, XIII.15.2 Almeria, XV.5.2.e alora, XIII.15.2, XIII.17 alotjament, XIII.21.2 (a-1) alotjar, XIV alp, XV.7 alpenc, aupenc, alpin, aupin, VIII.1.3, XIII.21.1 (-in), XIV • alpenc oriental, VIII.1.3 alpid, XII.5.1 (fig. a) alpin -a → alpenc -a alpin, VII.1.3, fig. IX.4 alpin oriental → cisalpin Alps, XIV, XV.7 alre, XIII.13 als, XIII.2 Alsaça* → Alsàcia Alsàcia, XV.5.2.b/c Altaïr, XV.7 altèrne, XII.5.1 (fig. b) alucar, XIV aluchar, XIV alumar, XIV alumini, annexe C1 alura, XIII.15.2, XIII.17 alut -uda, XIII.21.1 (-ut1) am’* → amb amagar, XIV amagat, XIII.15.2 amargant -a, XIII.21.1 (-ant) amassa, XIII.15.2 Amateratsu, XV.5.5.b amàver • conjugaison: XIII.26 (mòure) amazona, XI.5 Amazonas, XV.7 Amazonia, annexe C2c amb, II.7.10, III.9.2, III.10.1, III.10.4, III.11, IX.9.4, X.5.6, XII.5.1, XIII.18, XIII.22, annexe C2c ambe*, ambé* → amb ambient natural, II.5 ambigú ambigua, XII.5.7, XII.7.2 (-uus) Amborg, II.7.2, XII.10.11 (& note) ambulància, XIII.21.1 (-ança)

amé* → amb amèlla* → amètla amendament* → emendament America, Americas, XV.4.2, XV.7 amètla, III.9.1 amfibí anfibia* → anfibi anfíbia amfibiu anfibia* → anfibi anfíbia amia → amic amic amiga, amija, amia, VIII.2.2, XII.5.1, XIII.5, XIII.6.2, XIV, annexe C2b amig, VIII.2.2 amiga → amic amija → amic amilasa, XI.6 amistòi -a, XIII.21.1 (-òi) ammoniac, XII.8.3 (µµ) Amnesty International, XV.7 amont, XIII.16.2 amor, XIV amorçar, XIV amorós, III.10.1, III.11 amòure • conjugaison: XIII.26 (mòure) amovible -a, XIII.21.2 (ab-) amurcir, XIV amusar, XIV an (n.), XIII.17, XIV an (V.), II.7.10 An Nòu, XV.7 anacorèta, XII.8.3 (’ esprit doux), XII.8.4 (-της), XIII.21.1 (-ta) anagrama, XII.5.1 (fig. c), XIII.21.1 (-grama) analisar, annexe C2c analisi, XIII.21.1 (-si), annexe C2c analogie avec d’autres langues, XI.9 analyse institutionnelle → institutionnalisme ananàs, annexe A9 anar • conjugaison: XIII.26 (anar) • XI.7.3, XIII.23.2, XIII.26 (quèrre), XIV anarchia* → anarquia anarquia, II.5, XIII.21.1 (-arquia), XIII.21.2 (a-2) ancian -a, XIV Ancira, XII.8.3 (γκ) ancuei, XIII.17 Andalosia, XII.5.6.b Andrieu, annexe A3 androgin, XII.5.1 (fig. a)

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androïde, XII.5.1 (fig. a) Andromèda, XV.7 Anecí, XV.5.4.e Anèl dels Nibelungen (L’), XV.6 Aneto, XII.5.2 aneurisma, XI.5, XIII.21.1 (-ma) anevrisma* → aneurisma anfibi anfíbia, XII.8.4 (-ιος), XIII.5, XIII.6.2 (& note) anfibiu anfibia/-biva* → anfibi anfíbia anfiteatre, XIII.21.2 (anfi-) anfizona, XIII.21.2 (anfi-) anfòra, XII.8.3 (µφ), XII.8.4 (-ευς), annexe C2b angèl, XII.2 àngel, XII.2, XII.4.f angiau, XII.2 anglés, II.6, II.7.7, annexe A2 anglofil, XII.5.1 (fig. a) angoissa, XII.5.6.a Angòla, XV.5.4.f anguiela, XII.3.f anguila, XII.3.f Anhèl, XV.3.2 Anhès* → Agnès Anhèu, XV.3.2 ànima, XII.2, XII.5.3, XII.5.4 animal -ala, -au -ala -au, XII.5.1 (fig. a), XII.7.2 (-al) animator animatritz, XIII.5 anirai, XI.7.3 Anjaus, Anjavins, XV.6 anjo* → ànjol ànjol, III.11, XII.2 Anna de Bretanha, XV.5.2.f Anna, XII.8.3 ( ν) annada, annaa, XIV, annexe A9 annèxe, XII.5.1 (fig. b), XII.7.1 (nn) anòde, XII.5.1 (fig. a) anonci, XII.5.2 anonciar, XII.7.1 (nn & unc) ansin, XIII.15.2 antalgic -a, XIII.21.2 (anti-) antartic, annexe C2b antau, XIII.15.2 ante, XIII.16.2 antediluvian -a, XIII.21.2 (ante-) anterior -a, XIII.7.3, XIV

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antibiotic -a, XIII.21.2 (bio-) antic -a, XII.5.1 (fig. a), XII.7.1 (-quus) anticari, XII.7.1 (-quus) antieconomic -a, XIII.21.2 (anti-) antifaissista, XIII.21.2 (anti-) antifrasa, XIII.21.1 (-si) antiistoric, annexe C2b antinèbla, XI.6 antinormes, III.10 antinormisme, II.7.5, III.8-III.12, IV.1.8 antinormisme dialectaliste, II.7.5, IV.1.6 Antinòu, XII.8.4 (-οος) Antiòquia, XII.5.6.a antiquari* → anticari antisociolinguistique, II.7.12, III.8, III.12.1, IV.1.6 antofille, XIII.21.1 (-fille) Antònia, XII.5.6.a antropofag -a, XIII.21.1 (-fag) antropoïde, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-oïde) antropomòrf -a, XIII.21.1 (-mòrf) anuèch, anuech, XIII.17 anuèi, anuei, XIII.17 anuèit, anueit, XIII.17 anullar, XII.4.q, XII.5.1 (fig. a) AOL, XV.7 aont, XIII.16.2 aost, XIV apache, XII.5.1 (fig. b) Apalaches, XII.5.1 (fig. b) aparéisser, aparéisher • conjugaison: XIII.26 (conéisser) aparelh, II.7.7, XIV apartament, VII.3.2, XIV apassionar, XIII.21.2 (a-1) apatrida, XIII.21.1 (-ada2) apeitar, XIV apelar, II.7.7, XIV apelet, XIII.21.1 (-et2) apendiciti, XIII.21.1 (-iti) apendix, XII.5.1 (fig. b), XII.5.5 aperaquí, XIII.15.2 aperar, XIV apercebre, apercéber • conjugaison: XIII.26 (recebre) • XIV aperet, XIII.21.1 (-et2) aperténer, apertenir, apertiéner •

conjugaison: XIII.26 (téner) aperture des voyelles, XII.3.h/j, XII.5.2, annexes A2/A10/B1 apocalipsi, Apocalipsi, XIII.21.2 (apo-), XV.7 apocòpa, XII.8.4 (-η) apogèu, XIII.21.2 (apo-) apondre, VII.3.2 apòstol, XII.2 apòstre* → apòstol aprene • conjugaison: XIII.26 (prene) • XIV (prene) aprèp, XIII.18 après, XIII.17, XIII.18, XIII.19 aprèsdinnar, XIII.21.2 (après-), XIV Aprèsguèrra, XV.7 aprèsmèijorn, XIV aprèsmerende, XIV aprèsmiègjorn, aprèsmiegjorn, aprèsmieijorn, VII.3.2 apte, XII.5.1 (fig. b), annexe B5 apuèi, apuei, XIII.17 apuish, XIII.17 Apulèi, XII.7.2 (-æus) Apulèu, XII.7.2 (-æus) aqüari, XII.6.2, XII.7.2 (-ius) aqüarium, XII.6.2, XII.7.2 (-ius) aqüatic -a, XIII.21.2 (aqüi-), annexe C2b aquel/aqueu aquela aqueles/aquilhs, aquelu aqueli, aquelei(s), IX.9.4, XI.2.1, XII.4.g, XII.5.5, XIII.10.1, XIII.12.1, annexes A9/B2/C2b aquelos, XII.5.5 Aquelòu, XII.8.4 (-οος) aquera → aqueth aquerir • conjugaison: XIII.26 (aquerir) Aquernar, XV.7 aqueste/aquest -a -es -as, -u -i, -ei(s), XIII.1, XIII.10.1 aqueth aquera aqueths aqueras, XI.2.1, XII.4.g, XIII.10.1, XIII.12.1 aqueu → aquel aquí, XIII.16.1, XIII.18, XIII.19, annexes A9/B2 aqüicultura, XIII.21.2 (aqüi-) aqüifèr -a, XIII.21.2 (aqüi-)

Aquiles* → Aquilles aquilhs → aquel Aquilles, XII.8.3 (λλ), XII.8.4 (-ευς) Aquisgran, XV.5.2.c aquistar, XIII.26 (aquerir) Aquitània, XII.5.6.a, XIII.21.1 (-ia1) aquitanopirenenc, VIII.2 début, fig. ix.3, fig. ix.4 aquitano-pyrénéen, VIII.2.1, fig. IX.3, fig. IX.4 aquò, XIII.1, XIII.10.2, XIII.19, annexes A9/B2 ar, XIII.2 ara (adV., conj.), XIII.17, XIII.19 ara (art.), XIII.2 arab, XII.5.1 arabi, XII.5.1 (fig. a) Arabia Saudita, XII.10.9 arabizant -a, XIII.21.1 (-izaire), annexe C2c arabizar, annexe C2c aracnid, XII.5.1 (fig. a) Arafat (Yasir/Yasser), XV.5.5.b aragonais, III.15 aramèu -èa, XII.6.6, XII.7.2 (-æus) Aran (Val d’), aranais, II.1.3, II.1.4, IV.4.2, IX.9.7 Aran (Val/Vath/Vau d’), XV.4.2, XV.7 arange, XIV aras, XIII.2 arbe, XIV arbo* → àrbol àrbol, XIV arbre, XIV arc, XII.5.1 arcade, XII.5.1 (fig. a) Arcadia, XII.5.6.b Arcaishon, XII.10.2 arcaïzant -a, XIII.21.1 (-izaire) arcàngel, XIII.21.2 (archi-) archavesque, XI.5 archibanc archidiague, XI.5 archiduc, XI.5 archifonèma, XI.5, XIII.21.2 (archi-) archimilionari -ària, XIII.21.2 (archi-) archipèl* → archipèla archipèla, XI.5, XI.8.1, XII.8.2 (& note) archipèlago, XII.8.2 (note)

architècte* → arquitècte ardre, àrder • conjugaison: XIII.26 (ardre) ardú ardua, XII.5.7 Aret (constellation), XV.7 Argelers, XV.5.2.e argent, XIV Argeria, XII.5.6.b Argo, XV.6, XV.7 Argolida, XII.8.2 Argonautas, XV.6, XV.7 Aristarc, XII.8.4 (-άρχης) Aristòtel, XII.5.4, XII.5.5, XII.8.4 (-ης) aritmetica, XII.3.a arlatenc, X.7.2 Arle, X.7.4, XV.4.2, XV.7 arlèri, X.7.2 Arles* → Arle arma (“âme”), XII.2, XII.5.3, XII.5.4 armada, armaa, VII.3.2, XIV

Armageddon, XII.9 Armanhac, XV.7 armari, XIV armèni armènia, XII.6.5, XIII.5, XIII.6.2 (& note), XV.5.2.b Armenia, XII.5.6 fin armonia, II.7.2, XII.8.3 (‘ esprit rude & α), XII.10.11, annexe C2b (note) Arnaud, XV.3.3 Árpád(s), XV.6 arpegi, XII.10.4 arpejada, XII.10.4 arpitan → francoprovençal arqueològ -a, XIII.21.1 (-lòg) arqueologia, XII.8.3 (χ), XIII.21.1 (-logia) arquetipe, XIII.21.1 (-tipe) arquitècte -a, III.9.1, XI.5, XIII.21.2 (archi-) arrasim, XIV arratge, XIII.15.2 arrecéber • conjugaison: XIII.26 (recebre) • XII.3.b, XIV

arreconéisher, XIV arreculas (de) , XIII.15.2 arregde -a, XIV arrehornir, XIII.21.2 (re-) arren, XIII.13, XIII.14.1 arrenmés, XIII.14.1 arrepè* (d’) → arrèrpè (d’)

arrèrgarda, XIII.21.2 (rèire-) arrèroncle, XIII.21.2 (rèire-) arrèrpè (d’), XIII.21.2 (rèire-) arrèrsason, XIII.21.2 (rèire-) arrés, XIII.13 arrespóner, XIII.21.2 (re-), XIV arresponsa, XIV, XVI.3 arrestar, annexe A9 arrestar, VII.3.2, XIV arrevirar, XIV arríder • conjugaison: XIII.26 (rire) • XIV arròda, XIV arrogant -a, XIII.21.2 (ad-) arroi arroja, XII.3.b, XIV arrómper • conjugaison: XIII.27 arron, XIII.16.2, XIII.17, XIII.18 arrot -a, XIII.27 arser, XIII.17 Arteman, XV.3.2 Artèmis, XII.5.5, XII.8.4 (-ας -αδος) artic, annexe C2b article, XII.5.1 (fig. b), XII.5.4, XII.6.3 articles, XIII.2, XIII.3, XIII.4, XV.7 artícol* → article artista, annexe B2 aruspiç, XII.5.1 (fig. a), XII.7.2 (-ex), XVI.1 Arvèi, XV.3.1 arvèrne, XII.5.1 (fig. b) arvernisme, IV.1.1 arvèrnolemosin, VIII.3 arverno-limousin, VIII.3 arverno -méditerranéen, VIII.2.2, fig. IX.3, fig. IX.4 arvèrnomediterranèu, VIII.2 début, fig. ix.3, fig. ix.4 as (V.), XIII.18 Asac lo Riu, XV.4.3 Asalaís, XV.3.1 Ascension, XV.7 asegar, annexe A9 Asemar, XV.3.2 aserbar, XIII.21.2 (a-1) asfalte, XII.5.1 (fig. b) Ashgabat, XV.5.5.a ashish, XII.5.1 (fig. a), XII.10.2, XII.10.11 (& note) Asia, XII.8.4 (-ιος) asim† → azim

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asimetria, XIII.21.2 (a-2) asòt† → azòt Aspa, XV.7 aspècte, XII.5.1 (fig. b), XII.7.1 (e), XIV (respècte) assajar, VII.3.2, XIV assatz, XIII.15.2 assèder • conjugaison: XIII.26 (sèire) assèire • conjugaison: XIII.26 (sèire) assemblada, XI.9.2, XII.10.1 assetar, XII.3.a, XIII.26 (sèire), annexe A9 assidú assidua, XII.5.7, XII.7.2 (-uus), XIII.5 Ast, XV.5.2.b astarlòg, XII.5.1 asterlòg, XII.5.1 asteroïde, Asteroïdes, XII.5.1 (fig. a), XII.8.3 (αϊ), XII.8.4 (-ης), XIII.21.1 (-oïde), XV.7 astralòg, XII.5.1 astre, XII.5.1, XIV astrénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) astrològ, III.4.3, XII.5.1 (fig. a), XII.6.5 astrologian, XII.6.5 astrològue* → astrològ astronòm -a, XII.5.1 (fig. a), XII.6.5, XIII.21.1 (-nòm) astronomia, XIII.21.1 (-nomia) astronomian, XII.6.5 astúcia, XII.5.6.a, XII.7.1 (u), XIII.21.1 (-ia1) Astúrias, XII.5.6.a, XV.7 At, XII.5.1 atànher • conjugaison: XIII.26 (plànher) atau, XIII.15.2 Atenas, XI.5, XII.5.2, XV.7 atencion, II.7.8, XII.10.10, XIV aténder, XIV atendre, XIV atge, XI.8.1 ath, XIII.2 aths, XIII.2 Atica, XII.8.3 (ττ) Atlantic, XV.7 Atlantida, XII.8.4 (-ας -αδος) atlàs, XII.5.5, XII.6.2, XII.8.4 (-ας) Atlàs, XII.8.4 (-ας) atlèta, XIII.5 atòm, XII.5.1 (fig. a) atomètre

atòn, XII.5.1 atribuir, XII.7.1 (tt), XIII.23.3, XIII.25 Atridas, XIII.21.1 (-ida3) atròç, XII.5.1 (fig. a) atudar, XIV aturar, VII.3.2 au, XIII.2 auba, XII.4.h Aubèrt, XV.3.1 aubre, XIV aucèl, aucèu, XI.2.1, XIV aucire, aucir, aucíder • conjugaison: XIII.26 (sufire) Auckland, XV.5.4.a audeishi, XIII.12.1 audèth, IX.3 audir • conjugaison: XIII.26 (ausir) • XII.4.c, XIV auditor auditritz, auditrises, XIII.6.1 auditòri, XIII.21.1 (-ador1) audor, XIV Aué, XV.6 auer, IX.9.7, annexe A4 augan, XIII.17 augmentar†, annexe C2b august, XII.7.1 (g) auherir • conjugaison: XIII.26 (sofrir), XIV aujar, XIV (ausar) Aulivèr, XV.3.1 Aulus Gèlli, XV.5.2.b aumanco, XIII.15.2 aumens, XIII.15.2 aumentar, XII.7.1 (auc), annexe C2b aunor, XII.3.i aupenc -a, aupin -a → alpenc Aups d’Auta Provença, XV.4.3 Aups, XIV aur, IX.9.5, XI.3, XI.8.1 aüra, aura, XIII.17, XIII.19 aurange, XIV aure, XIII.13 aurelha, XIV Aurèlia, XII.5.5, XII.5.6.a, XV.3.1 Aurenja, XV.5.3.d Aurès, Aurèsses, XV.7 auricalc, XII.5.1 (fig. b) aurichauc, XII.5.1 (fig. b) aurifèr -a, XIII.21.1 (-fèr) Aurilhac, XV.4.2 auròc* → ur aürós -osa, -oa, VII.3.2, XIV

aürosament, XIV

Aus Gletons, XV.4.3, XV.7, annexe C2b aus, XIII.2 ausar, XI.2.1, XIV Ausbausprache → langue par élaboration ausc, XII.5.1 (fig. a) ausèl, ausèl, VIII.1.1, XIV ausèth, IX.3, XIV ausèu, auseu, VIII.1.1, XIV

Aush, XII.10.2 ausir • conjugaison: XIII.26 (ausir) • VII.3.2, XII.4.c, XIII.23.3, XIV Aussau, XV.7 Austràlia, XII.5.6.a & fin, XII.6 début Àustria, XII.7.1 (au) aut -a, XIV, XV.4.2 autament, XIII.19 autant*, autan* → aitant autarquia, XIII.21.1 (-arquia) aute -a, XII.4.h, XIII.13, XIV

Autisme, XIII.7.3 auto, VII.3.2, XIV autoanalisi, XI.6 autoavaloracion, XIII.21.2 (auto-1) autoavalorar (s’), X.5.5 autobús, XIV autocentrage, autocentré, XI.8 autoclau, XII.5.1 (fig. a & c) autoglottonyme, IV.1.6.b automne, XIV automobila, XI.8.1, XIII.21.2 (auto-1), XIV auton, XIV autona* → auton autor (“hauteur”), XIV autor autora/autritz (“auteur”), XII.7.1 (auc), XIII.5, XIV, XVI.1 autoràdio, XI.6, XIII.21.2 (auto-2) autostòp, XIII.21.2 (auto-2) autrament, XIII.19 autre -a, XII.4.h, XIII.13, XIV

autritz → autor Auts Pirenèus, Nauts Pirenèus, Hauts Pirenèus, II.7.5, XV.4.2, XV.4.2 auvergnat, IV.2, VIII.1.2, IX.9.5, fig. IX.2, fig. IX.4

Auvèrnha, XIV auvernhàs -assa, XIV auvernhasc -a, XIV auvernhat, VIII.1.2, XIII.21.1 (-at5), XIV • auvernhat letrat moai ensenhat, IX.9.5 Auvèrnhe, XIV auvir • conjugaison: XIII.26 (ausir) • XII.4.c, XIII.23.3, XIV Avairon, XIV aval, VII.4, XIII.16.2 Avana (L’), XII.10.11 avançar, XIV avans, XIII.18, XIII.19, XIII.21.2 (avant-) avantbraç, XIII.21.2 (avant-) avantgardista, XIII.21.2 (avant-) avantprograma, XIII.21.2 (avant-) avau, XIII.16.2 avent, XI.7.3 aver • conjugaison: XIII.26 (aver) • IX.9.7, X.7.2, XI.7.3, XII.3.a, XIII.23.2, XIV, annexes A4/A9 Avèsta, XV.7 avètz, XIII.18 avi àvia, VII.3.2 avian, III.10.2 avias, avies, III.10.2 aviat, II.7.10, XIII.15.2 avid (avide), XII.5.1 (fig. a) avies → avias avíes* → avias Avinhon, XIV avinhonenc -a, XIII.21.1 (-enc) avíon* → avian avion, XI.9.4, XIV avís, XIV avisan, XIII.9.3 avoï, annexe B2 Avui, XV.6 axomita, XIII.21.1 (-ita1) Ayyubidas, XIII.21.1 (-ida3) Azalaís, XV.3.1 Azemà, XV.3.2 Azerbaitjan, XII.10.3 azèri, XIII.5 azim, III.9.1 azòt, III.9.1, annexe C2c azur, annexe C2c b’ → be Bacanalas, XV.7 bacil, XII.5.1 (fig. a) badament, XIV badar, XIII.26 (cobrir),

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XIV

badas (de), XIII.15.2 bade -a, XIV baganaud (en), XIII.15.2 Bahamas, XII.10.11 Bahrayn, XV.5.5.c baila → baile bailar, XIII.9.3 baile baila/bailessa, XVI.1 baish -a, XIII.6.1, XIV baishar, XIV baissar, XIV Bakó, XV.5.2.h Bakunin, XV.5.5.d balançadoira, XIII.21.1 (-ador1) Balearas, -ri, XV.7 balhar, II.7.10 Bali, XV.7 balles (en), XIII.15.2 balochi, XV.5.4.b Balochistan, XV.5.4.b banana, XIV banarut -uda, XIII.21.1 (-ut1) bandon* → partit Bangkòk, XV.5.2.h banh, XIV baobab, XII.5.1 (fig. a) barbacoa, XII.5.7 barde, XII.5.1 (fig. b) baron, XIII.13 baroniá, XII.5.6.c barrar, XIII.26 (claure) barrejar, XIV barrejas (a), XIII.15.2 barròc, XII.5.1 (fig. a) Barut, XV.5.2.b bas -ssa, XIV basa, XIII.21.1 (-si) Bas-Adour, VII.5.8 basalte, XII.5.1 (fig. b) bas-aupenc, VIII.1.4 bas-auvergnat → nord-auvergnat bas-auvernhat, VIII.1.2 bashcòrt -a, XV.5.4.b Bashcortostan, XV.5.4.b basilèu, XII.8.4 (-ευς) bas-lemosin, VIII.1.1 bas-limousin, VIII.1.1, fig. IX.4 bas-navarrés, annexe C2b basque, VII.5.8 bassètz, XIII.13, XIII.15.2 basta, XIII.14.1, XIII.15.2 bastar, XIII.26 (sufire), XIV

baste, XIII.19 bastenda, XIII.21.1 (-and1) Bastiá Nòva (La), XV.4.3 bastida, bastia, XIII.21.1

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(-ada1), XIV bastiment, XIII.21.1 (-ament1), XIV bastir, XIV bastison, XIII.21.1 (-ason) baston, XIII.13 Basutoland, XV.5.4.a bat, III.10.2, XII.5.1 bata, VIII.3 batam, XI.4.3 batariá, XII.5.6.c bate, III.10.2, VIII.3, XII.5.1 batejar, XIII.21.1 (-ejar) batèl, XIII.21.1 (-èl) batèm, batem, XI.4.3, annexe A2 bàter, XII.4.p, XIII.23.3, XIII.24, annexe A6 batètz, batetz, annexe A2 batèu, XIII.21.1 (-èl) bató, IX.9.7 batoc, IX.9.7 baton, IX.9.4, XII.5.5 batrá, IV.2 batre, XI.4.3, XII.4.p, XIII.23.3, XIII.24 Bauç (Lei), XI.9.2, XV.4.2 bauca, X.8 Bauces (Los), XI.9.2, XV.4.2 baucita, XI.9.2 baudor, XIII.21.1 (-or1) baug, II.7.10 BBC, XV.7, XVI.2.1 be (adV.), II.7.2, XIII.7.1, XIII.14.1, XIII.15.2, XIII.22, XIV be (prép. = amb), XIII.22 be, b’ (énonciatif), XIII.20 Bearn, XV.7 béarnais, VIII.1.6, IX.9.7 Beatles, XV.6, XV.7 beaviorisme, XI.10.1 begònia, XIII.5 behaviourisme, XI.10.1 bèi → bèu bei (= amb), XIII.22 Beirot, XV.5.2.b bèl bèla bèl(e)s bèlas, XII.4.g, XIII.4, XIII.5, XIII.6.2, XIII.13, XIV • en bèl + inf., XIII.23.2 bèla → bèl, bèu belament, XIII.15.1 Bèlcaire, XV.4.2 bèlcòp, XIII.13, XIII.15.2 belèir, XIV Belgrad, XII.5.1 (fig. a) ’belha, XII.3.a, annexe A9 belier, belièr, VI.2, IX.3,

XIV

belòi -a, XIII.21.1 (-òi), XIV

bèlveser, XI.2.1 ben (adV.), II.7.2, VI.2, IX.3, XIII.1, XIII.7.1, XIII.13, XIII.14.1, XIII.15.2, XIII.22, XIV, annexe A2 ben (énonciatif), XIII.20 bénasquais, Benasque, VII.5.10 benediccion, XIII.21.2 (ben-) benestar, XIII.21.2 (ben-) benigne, XII.5.1 (fig. b) benlèu, benlhèu, VII.3.2, XIII.14.1 bensai, bensèi, VII.3.2, XIII.14.1 benvengut -uda, XIII.21.2 (ben-) benvolença, XIII.21.2 (ben-) Beqaa, XV.7 bèra → bèth berament Bereniça* → Berenice Berenice, XII.8.4 (-η) Bergam, XII.5.3, XII.5.5 bergamasc -a, XIII.21.1 (-asc) berkèli, XII.7.1 (k) bèrla! , XIV Berlinale, XV.6 Bèrna, XV.5.2.a Bernat de Ventadorn, X.4.2 beròi -a, XIII.21.1 (-òi), XIV

beròja, XIV (belòi) berri, IX.3, XIV besclicar, XIII.21.2 (bes-) bescòire, bescòser • conjugaison: XIII.26 (còire) bescuèch, XIII.21.2 (bes-) Besièrs, XV.4.3 besonh, XIII.19, XIV besonha, XIV Bessons (constellation), XV.7 bèstia, XIV bestiòla, XIII.21.1 (-òl2) besucariá, XI.7.4 Beteljauza, XV.7 bèth bèra, XII.4.g, XIII.4, XIII.5, XIII.13 • en bèth + inf., XIII.23.2 bèthcòp, XIII.13, XIII.15.2 bèthlèu, XIII.17 bèthveder, XI.2.1

bèu bèla, bèi, XII.4.g, XIII.4, XIII.6.2, XIII.13 • en bèu + inf., XIII.23.2 Bèucaire, XV.4.2 bèucòp, XIII.13, XIII.15.2 beu-l’òli, annexe C2b beure • conjugaison: XIII.26 (beure) • XIV bèuveser, XI.2.1 béver • conjugaison: XIII.26 (beure) • XIV biais, IV.1.8 Bíblia, XV.6, XV.7 bibliofil -a, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-fil) bibliofilia, XIII.21.1 (-filia) bibliotèca, XII.5.2, XIII.21.1 (-tèca) bicicleta, XIII.21.2 (bes-), XIV Bidassoa, XII.5.7 bièrra, XIV biftèc, XII.5.1 Big Bang, XV.7 bigodí, XII.5.5 bilhet, XIV bilingüe -güa, XII.5.1 (fig. b), XII.7.1 (gu) bilinguisme, II.7.9, IV.1.6 binòmi, XIII.21.1 (-nòm) biològ -a, XII.6.7, XIII.21.1 (-lòg) biologia, XII.5.6.b, XIII.21.1 (-logia), XIII.21.2 (bio-) biologista, XII.6.7, XIII.21.1 (-lòg) biotòp, XII.8.3 (ο) bipenne, XII.5.1 (fig. b) bireactor, XIII.21.2 (bes-) Birmania, XII.5.6.b Bisa Nèira, XV.6 bison* → bisont bisont, X.7.2, XII.7.2 (-n -ntis) bistorí, XII.5.5 bit, XII.5.1 (fig. b) bitòr bitòrza, XIII.5 biturige, XII.5.1 (fig. b) bivalve, XII.5.1 (fig. b) Bizanci, XII.8.3 (ζ & τι) blanc blanca/blancha, XIII.5, XIV blat, XIV, XV.5.1 blau blava, II.5, III.11, XI.8.1, XIII.5, XIV blea, XII.4.c bleda, XII.4.c blizzard* → burla bloc-entrée, X.7.1 blu bluia* → blau blava boa, XII.5.7

bobslèi, XII.5.5 bobsleigh, XII.5.5 Boc Bèl Èr, Boc, XI.4.4 boca, XIV bocha, XIV bodieu!, XIV bodre (a), XIII.15.2 boès*/bois*, XIV (bòsc) boèta* → boita Boetiá (La), Estève de La Boetiá, XII.5.6.c, XV.3.3 bofet -a, XIII.21.1 (-ac) bogés -esa, XV.2 bohar, annexe C2b Bohèira (La), XI.2.1, XV.4.3, annexe C2b boija, XI.2.1 boirar, XIV boirat, XIII.15.2 bois, XIV (bòsc) boisha, XIV boissa, XIV boita, II.5, VII.3.2, VII.4, XIV • boita de las letras, annexe C2b bóitia, XIV (boita) bolegar, XIV bolhabaissa, X.7.1, XI.9.2 boligraf, XIII.12.1, XIII.21.1 (-graf), XIV bolir • conjugaison: XIII.27 Bolívia, XII.5.6.a Bolonha, XI.4.2 bolonhés, XI.4.2 bolshevic, XII.10.2 bombix, XII.8.4 (-ξ) bon -a, bòn -a, VIII.3, XII.3.j, XIII.9.1 • a de bon, XIII.1 • de bon, XIII.1, XIII.14.1 • per de bon, XIII.1, XIII.14.1 bon -a, bòn -a, XIV bonaür, XIV (aürós) bonet, XIII.6.2, XIII.21.1 (-et1) bonnaudien -nne, IV.2 bònus, XII.5.5 boolean -a, XII.6.6 borbolh, XIII.21.1 (-alh) borbonés -esa, XIV Borbonés, XIV bòrd, XIII.19, XIV bòrda, XIV Bordèu, XI.9.2, XIV, XV.7 borgesiá, XII.5.6.c Borgon Nuòu, XV.4.3 Bòria (La), XV.3.2 bòria, XIV Borie (La), XV.3.2 borir • conjugaison: XIII.27 Borís, XV.5.5.f

Bòrjas, XV.6 borrage†, annexe C2b borratge, XII.7.3, annexe C2b bòsc, bòscs, bòsques, IX.3, XIII.6.1, XIV, XV.5.1 Bosfòr, XV.7 bosiga, XI.2.1 Bòsnia, Bòsnia e Ercegovina, XII.5.6 fin, annexe C2b boson, XIII.21.1 (-on2) bòsques → bòsc bóstia, XIV (boita) bot, XIII.18, XIV bòta, XIII.14.1, XIV botar, II.7.8, XIII.23.2, XIV

botelha, XIV Botiga de Maria (La), XV.6 bòu, XII.3.g Bounty, XV.7 Bouteflika (Abdelaziz), XV.5.5.b bovid, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-id 2) bòxa, XII.5.2 bozoki, XII.8.2 braç, braces, X.7.1, XIII.6.1, XIV Brasil, XV.5.2.b brasilièr -ièra, -ier -iera, -èr -èra, -èir -èira, IV.1.7, X.7.2, XV.5.2.a/b Brassens (Jòrdi), XV.3.3 brau, II.7.10 brave -a, braveis, XIII.6.2, XIV, annexe C2b Breissa, XV.5.2.b brica, VII.3.2, XIII.13, XIII.14.1, XIII.15.2 brigasque, VII.5.6 brijon (un), XIII.15.2 brin, XIII.15.2 Brinhòla, XV.4.2 brisa, VII.3.2, XIII.4, XIII.13, XIII.15.2 brisaud -a, XIII.21.1 (-aud) britanic -a, XIII.21.1 (-ic1) broa, XII.5.7 bronquita* → bronquiti bronquiti, III.9.2, XII.8.4 (-ις), XIII.21.1 (-iti) bruch, XIV brush, brushes, XIII.6.1 brústia, XIV (boita) brut (n.), XIV brut -a (adj.) , XIV brutar, XIV brutlacafè, II.5

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buaa → bujada Buc°, XV.2 Bucolicas, XV.7 bueu, XII.3.g buf, bufs, bufes, XIII.6.1 bufèc -a, XIII.21.1 (-ac) bufle, X.7.2 bufre, X.7.2 Bug°, XV.2 buhèc -a, XIII.21.1 (-ac) bujada, bujaa, buaa, VIII.2.2 bulbe, XII.5.1 (fig. b) Bulgaria, XII.5.6.b & fin, XII.6 début bulhir • conjugaison: XIII.27 Bundestag, XV.7 buòu, buou, X.6.2, XII.3.g, XIII.5 burèu, XI.9.2, XII.10.1 Burgenland, XV.5.4.a burla, XI.2.1 bus, XIV Busan, XV.5.5.b bust, XII.5.1 (fig. a) bústia, XIV (boita) butabala, II.7.8, XI.7.4 Butafliqa (Abd Al Aziz), XV.5.5.b butar, XIV butir, XIV ça que la, III.9.2, III.10.4, VII.3.2, X.6.1, XIII.15.2 cabel, IX.3 caber • conjugaison: XIII.26 (saber) cabra, XII.4.p caçairòla, XIII.21.1 (-òl1) Caçarimbauds, II.7.4 cache* → escondedor caco, XI.9.3 cactus, XII.5.5 cada, XIII.13 cadéncia, XII.5.6.a càder • conjugaison: XIII.26 (caire) • VII.4 Cadiera (La), XV.4.2 cadièra, -iera, XI.4.2, XIII.21.1 (-ièr), XIV cadieral, XI.8.1 cadun caduna/cadua, XIII.13 Caerdydd, XV.5.3.c cafè, XII.5.6.c, XIV, annexes A2/B2 cafetariá, XII.5.6.c, XIII.21.1 (-ariá), annexe C1 cafre, XII.5.1 (fig. b) cagar, XI.9.3 cagòla, XI.9.3 ça-i, XIII.26 (téner) caiac, XII.5.1 Caïfas, XII.5.5

Cairàs, XV.7 Caire (Lo), XV.7 caire (n.), XIII.15.2, XIV caire (V.) • conjugaison: XIII.26 (caire) • VII.4 caisha, VII.4, XII.3.e, XIV caissa, XII.3.e, XIV Calandreta Bogesa, XV.2 calar, XIV calc, XII.5.1 (fig. b) calci, XII.6.2 calcul, XII.5.1 (fig. a), XII.6.3 Calenas, XII.4.k Calendas, XII.4.k, XV.7 caler • conjugaison: XIII.26 (caler) • XIII.23.2, XIV Calès, èstre a Calès, X.7.4 calfar, XIV Califòrnia, XII.5.6.a Calixte, XII.5.1 (fig. b) calligrafia, XII.5.6.a (note) calor, XIV caluc -uga, XIII.21.1 (-ac) Cam, XII.5.1 (fig. b) cama, XIV camarada, XIV camau -ava, XII.7.1 (ch) camba, XIV cambarada, XIV (camarada) cambiament, XIII.15.1 cambiar, XIV Cambòtja, XII.5.2, XII.10.3 cambra, XIV Cambrian, XV.7 camèra, càmera, XII.5.3, XII.5.5 cameronés, XI.2.1 camescòpi, XIII.21.1 (-scòpi) camia, camiá, VIII.1.4 camin, XIV caminar, XIV camion, XIV camisa, VIII.1.4 camoç, IX.3, XI.2.1 camp (“camp”), XIV camp (“champ”), XIV camp, II.7.10 campanha, XIV campech, Campech, II.5, XII.5.1 (fig. a), XV.5.1 campin* → camping camping, XII.5.1 (fig. a), XII.5.5, XII.10.5 Camprós (Carles), XV.3.4 can canha, II.7.8, XIII.5,

XIV

Canadà, XII.5.5, XV.5.2.d canadenc -a, canadian -a, XV.5.2.d Canal Plus, XV.7 canapè, XII.5.2 canari canària, XII.6.5 Canas (Festenal / Festenau / Hestenau de), XV.6 càncer, XII.5.5 Candace, XII.8.4 (-η) cangoró, XII.5.5, XII.10.6, annexe B2 canha → can canharro, XIII.21.1 (-arrro) canid, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-id 2) Canigó, XI.9.2 Canòssa, X.7.4 cansar, VII.3.2 cant, II.7.10 canta, XIII.12.1 Cantàbria, XII.5.6.a Cantacuzèn(s), XII.8.2, XV.6 cantadís -issa, XIII.21.1 (-ís) cantalon -a, XIII.21.1 (-on1) cantan, III.9.2, III.10.2, III.10.3, annexe C2c cantar, VI.1, VI.2, IX.3, X.3, X.6.2, XII.4.a, XIV cantaràn, III.9.2, III.10.3, annexe C2c cantatz, III.10.1 cantaua, XII.10.8 cantava, XII.10.8 cànton* → cantan canton, XIV Caors, III.9.2, annexe C2c caos, XII.5.5, XII.8.4 (-ος) cap (n.), XII.4.l, XIV, XVI.1 • cap d’òbra, annexe C2b cap (prép.), XIII.18 cap (relatif, adV.), XIII.13, XIII.14.1, XIII.15.2 Cap d’An, XV.7 capable -a, VII.3.2, XIV capcinois, Capcir, VII.5.9 capelan, XIII.21.1 (-ament2) capes, XVI.2.1 capillar, XII.6.4 capillaritat, XII.6.4 capir, XIII.26 (prene), XIV (prene) capítol, XII.2

Capitòli, XV.6 Càpoa, XII.5.7 Capricòrne (constellation), XV.7 capricòrne, XII.5.1 (fig. b & c) capsa, II.5, VII.3.2, VII.4, XIV

capvath, XIII.18 çaquelà* → ça que la car (conj.), XIII.19 car (n.), XII.4.o car -a (adj.), XIV cara, XIV caractèr, XII.5.1 (fig. a) caramentrant, X.8 carate* → karate Caravaggio, XV.7 carbata, XI.8.1 carbur, XIII.21.1 (-ur) Carcin, XIII.21.1 (-òl1) carcinòl -òla, -òu -òla, XIII.21.1 (-òl1), XV.4.2 Cardiff, XV.5.3.c cardiovascular, XII.5.5, annexe C2b carestiá, XII.5.6.c, XIII.21.1 (-ia1) cargar, XIV Carina, XV.3.1 carisma, XIII.21.1 (-isme & -ma) Carles Quint, XV.5.2.f Carles, XV.3.1 carn, XIV carnivòr -a, XIII.21.1 (-vòr) carnivòr, XII.5.1 (fig. a) carolingian -a, XII.6.5, XII.7.1 (k), XV.6 Caront, XII.8.4 (-ων -ωντος) carrairon, XIII.21.1 (-ièr) carre, XII.4.o carreiron, XIII.21.1 (-ièr) carrèra → carrièra carrerassa, XIII.21.1 (-ièr) carreron, XIII.21.1 (-ièr) carri, XII.4.o, XII.10.7 carrièra, -iera, -èra, XIII.21.1 (-ièr), XIV carrierassa, XIII.21.1 (-ièr) carrieron, XIII.21.1 (-ièr & -on1) carro, XII.4.o Cartage, XII.5.1 (fig. b), XII.7.3 cartilag* → cartilatge cartilago, XII.6.2 cartilague* → cartilatge cartilatge, XII.6.2, XII.7.3, annexe C2b cas, XIII.19, XIV cascant -a, XIV

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cascantejar, XIV casco, XI.8.1, XII.5.5, annexe B2 cascun cascuna/cascua, XIII.13 casèrn* → quasèrn Casp, XV.5.2.e casque* → casco cassèr, XII.10.2 castanhal, XIII.21.1 (-al2) Castèl (“Cagliari”), XI.2.1 Castelha la Nòva, Castelha la Vièlha, XV.5.2.d Castelhon de la Plana, XV.5.2.e Castèth (“Cagliari”), XI.2.1 Castèu (“Cagliari”), XI.2.1 castèu, III.10.2 Castras, XV.4.2 cat -a, XIV catalan, III.15, VII.2, VII.3, XI.9.1, XI.9.2 catalanofòn -a, XIII.21.1 (-fòn) catalòg, XII.5.1 (fig. a), XII.8.3 (α & γ), XIII.21.1 (-lòg) Catalonha, XV.7 catapulta, XIII.21.2 (cata-) ’catar, XIII.26 (cobrir) catastròfa, XII.8.4 (-η), XIII.21.2 (cata-) catedrau, XIII.5 catòde, XII.5.1 (fig. a) catolic -a, XIII.21.2 (cata-) catorzau, XIII.8.2 catòrze, catorze, III.11, XII.4.m, XIII.8.1 catorzen -a, XIII.8.2 catorzesme -a, XIII.8.2 catre* → quatre caturige, XII.5.1 (fig. b) caua, XIV cauçadura, XIII.21.1 (-adura), XIV Caucàs, XII.5.1 (fig. a), XII.8.4 (-ος) caucion, XII.7.1 (au) caud -a, XII.4.h, XIV caufar, XIV cauhar, XIV caup, XII.4.l caupre • conjugaison: XIII.26 (saber) Cáurs* → Caors causa (“cause”), XIII.18, XIV

causa (“chose”) XIII.5,

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XIV

cause, XIV causir, VII.3.2, XI.2.1, XIV

caval: introduction, XIV cavalariá, XII.5.6.c cavalh: introduction cavath, XIV cavau, XIV cazac -a, XV.5.4.b Cazacstan, XV.5.4.b CD, CD-ròm, CR-RÒM, XVI.2.1 Cecília, XII.7.1 (c) cedar* → cedir cedir, II.5 Cefalònia, Cefaloniá, XV.5.7 (note) cèl, XIV celèbre, XII.5.1 (fig. b) celebrissim -a, XIII.7.3 celèst, XII.5.1 (fig. a) cellula, XIII.21.1 (-ul) cellulòsa, XIII.21.1 (-òsa) cen, XIII.10.2, XIII.12.1, XIII.19 cencha, XII.4.b cendre, IV.2 cénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) cenre, IV.3 cent, XIII.8.1, XIV, XVI.2.1 centau, XIII.8.2 centaure, XII.5.1 (fig. b) centen -a, XIII.8.2 centesme -a, XIII.8.2 centim, III.9.2, X.5.6, XIV centime* → centim central → provençal maritime central, -au, XV.4.2 centralisme languedocien (mythe du), II.7.3 centrau, VIII.1.4 centre, XIV centreafrican, annexe C2b centreuropèu, annexe C2b centrifug, XII.5.1 (fig. a) centuple -a, XIII.8.4 cercar, XIII.26 (quèrre), XIV

cerchar, XIII.26 (quèrre), XIV cèrt (adV.), XIII.14.1 cèrt -a -s -as -ei(s) -i, XIII.13 certan -a -s -as -ei(s) -i, XIII.13 cèrtas (adV.), XIII.14.1 cervesa, XIV cetacèu, XII.6.6, XII.7.2

(-æus), XIII.21.1 (-acèu) cetacieu* → cetacèu cèu, XIV CFC, XVI.2.1, XVI.2.2 CGT, X.6.2 cha, XIII.15.2 ’chabar , XIV chaber • conjugaison: XIII.26 (saber) Chad, XII.5.1 (fig. b), XV.5.2.d chada, XIII.13 chadèira, XIV chadiera, XIV chadierau, XI.8.1 chadun -a, XIII.13 chaiera, XIV chairar, XIII.26 (caire) chaire • conjugaison: XIII.26 (caire) Chaja (A), XV.4.3 chaler • conjugaison: XIII.26 (caler) • XIV chalet* → mèira Challenger, XV.7 chalor, XIV Chamberí, XV.5.4.e chambiament, XIII.15.1 chambiar, XIV chambra, XIV chamin, XIV chaminar, XIV chamjament, XIII.15.1 chamjar, XII.4.a, XIV chamoç, VI.2, IX.3, IX.9.4, XI.2.1 chamoces, IX.9.4 champ, VIII.3, XIV champanha, Champanha, XII.10.1, XII.10.2 Champet Electronica, XV.6 chan chana, XIV chantaa, VIII.1.3 chantada, VIII.1.3 Chantal, XV.3.1 chantan (V.), III.9 début chantar, VI.1, VI.2, IX.3, XII.4.a, XIV chante, VIII.1.2 chantilhí, XII.5.5 chantisseire* → consumaire chanto, VIII.1.2, annexe A3 chànton* → chantan chap, XIII.18, XIV Chapcièc, XV.4.3 chapèl, IX.9.5, XIII.6.2 (note) chapèlh, IX.9.5 chapèu, IX.9.5 chapiau, chapiaus, IX.9.5, XIII.6.2 (note)

chapítol, XII.2, XII.5.5 chapitre* → capítol, chapítol ’chaptar , XIV char (n.), XII.4.o char -a (adj.), XIV chara, XIV charjar, XIV Charles Quint, XV.5.2.f Charles, XV.3.1 charn, XIV charnègo, VII.5.8, XII.5.5 charrada, XI.7.4 charre, XII.4.o charrèira, XIII.21.1 (-ièr), XIV charreirassa, XIII.21.1 (-ièr) charreiron, XIII.21.1 (-ièr) charri, XII.4.o charriera, XIII.21.1 (-ièr), XIV charrierassa, XIII.21.1 (-ièr) charrieron, XIII.21.1 (-ièr) chas, XIII.18 chascun -a, XIII.13 chasnhe, VII.5.1 (note) chasque chasca, XIII.13 chastanha, VIII.1.2 Chastèl, Chastèu (“Cagliari”), XI.2.1 chat (Internet) → charrada chat -a, XIV chata, VI.2 chaubre • conjugaison: XIII.26 (saber) chauçadura, XIV chauçaüra, XIV chaud -a, XII.4.h, XIV chaufar, XIV chaupre • conjugaison: XIII.26 (saber) chausa, XIV chause, XIV chausir, VIII.3, XI.2.1, XIV

chauvin -a, XII.10.1 chaval: introduction, XIV chavau, XIV chèc, XII.5.2, XV.5.4.c Checoslovaquia, XII.5.5, XII.10.2 chèdre* → cedir cheiène, XII.5.1 (fig. b) chelo* → cèu chic, VII.3.2, VII.4, XIII.13, XIII.15.2 chico, XIII.13, XIII.15.2 chifra, XIV chimèra* → quimèra chimia* → quimia chin -a (“chien”), II.7.8,

XIV

chin -a (“petit -e”), XIV China, XII.10.2 chinés -esa, XI.4.2, XII.5.5, XIII.21.1 (-és) chinhau, XIII.13, XIII.15.2 chip, chips, II.7.7, X.5.5, XI.7.4 Chipre, XV.7 chipriòta, XIII.21.1 (-ta) Chişinău, XV.5.5.a chival: introduction, XIV chivau, XIV chorma, XII.10.2 ciau, XIV cibòri, X.6.2 Cicladas, XV.7 ciclista, XIII.5 ciclòp, XII.5.1 (fig. a) ciclopèu -èa, XII.8.4 (-ειος) cièl* → cèu cimmèri cimmèria, XII.6.5 cinc, XIII.8.1 Cincjaus* → Sinjau cine, XII.5.5, XIV, XVI.2.1 cineasta, XIII.5, XIII.21.1 (-ista) cinèma, X.6.2, XII.5.2, XII.5.5, XIV, XVI.2.1 cinematograf, XII.5.5, XVI.2.1 cinesiterapia, XII.8.3 (κ) cinquanta, XIII.8.1 cinquantau, XIII.8.2 cinquanten -a, XIII.8.2 cinquantesme -a, XIII.8.2 cinquau, XIII.8.2, XIII.8.3 cinquen -a, XIII.8.2, XIII.8.3 cinquesme -a, XIII.8.2, XIII.8.3 cinta, XII.4.b Circe, XII.5.5, XII.8.3 (κ), XII.8.4 (-η) circomnavigacion, XIII.21.2 (circon-) circompolar -a, XIII.21.2 (circon-) circonscriure, circonscríver • conjugaison: XIII.26 (escriure) • XIII.21.2 (circon-) circonspècte -a, XII.5.1 (fig. b), XIII.21.2 (circon-) circonstància, XIII.21.2 (circon-) circonvolucion, XIII.21.2 (circon-) cisalpenc, cisaupenc, VIII.1.3, XIII.21.2 (cis-)

cisalpin, alpin oriental, IV.4.1, IX.9.4 cisaupenc → cisalpenc Citroën, XV.5.5.a ciutat, XIII.13 civil -a, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-al1) clae, XVI.2.1 clandestin, XVI.2.1 clar -a, VIII.1.3 Clarmont-Ferrand, Clarmont d’Auvèrnhe, Clarmont, X.6.1, XIII.22, XIV, XV.4.2, XV.4.3, annexe C2b classicisme, courant classiciste, iii, IV.1.2-IV.1.6 classification dialectale, VIII.1 classification supradialectale, structuration supradialectale, VIII.2 clatussatge* → charrada Clau Lemosina (La), XV.6 clauèr → clavièr claure • conjugaison: XIII.26 (claure) • XIII.23.3, XIV claustrofòb -a, XIII.21.1 (-fòb) claustrofobia, XIII.21.1 (-fobia) clavièr, clavier, clavèir, clavèr, clauèr, I.2, XI.7.4 clé diasystématique, VI.2 clergat, XIII.21.1 (-at1) client -a, XIV clima, XII.5.5, XII.8.4 (-µα), XIII.21.1 (-ma) climat* → clima climatic, XII.5.5, XII.8.4 (-µα), XIII.21.1 (-ma) climatizar, XIII.21.1 (-ma) climatològ, XII.8.4 (-µα), XIII.21.1 (-ma) Clitemnèstra, XV.5.2.c CLO, Conselh de la Lenga Occitana, III.7.3, annexe C clorat, XIII.21.1 (-at3) clorit, XII.5.1 (fig. a) clorofilla, XIII.21.1 (-fille) clorofluorocarbur, XVI.2.1 clorofòrme, XII.5.1 (fig. b)

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clorur, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-ur) club, XII.5.1 (fig. b), XII.10.7 Cnèu, XII.7.2 (-æus) Cnòssos, XII.5.5, annexe B5 çò, XIII.10.2, XIII.12.1, XIII.18, XIII.20 cò, XIII.18, XIII.19 coa, III.9.2, XII.5.7 coar* → còr Còbas, XVI.2.1 Coberlanda, XV.5.4.a cobertoira, XIII.21.1 (-or3) cobrir • conjugaison: XIII.26 (cobrir) • XIV còça, annexe C2b cocar, XIV coccix, XII.8.3 (κκ) cochar, XIV (colcar) cocient* → quocient còde, XII.7.2 (-ex) codèx, XII.5.1 (fig. b), XII.7.2 (-ex) codification compositionnelle, IX.6 codification plurielle → pluricentrisme codification unitariste, IX.6 codification, normativisation, I.1, I.3 coercicion, XII.7.1 (oe) coerent, annexe C2b cofinançar, XIII.21.2 (co-) coguol, coguou, XII.3.g (note) Cohen, XV.3.2 coijar, XIV coïna, XII.4.c, XIV coïncidir, annexe C2b còire • conjugaison: XIII.26 (còire) • XIV còl, XII.4.g colcar, XIV còler • conjugaison: XIII.26 (voler) colèra (“choléra”), XIV colèra (“colère”), XIV collaborador -a, XIII.21.2 (co-) Collaro (Stéphane), XV.2 collèga, XIV collègi, XII.10.4 Colom (Cristòu), XV.5.2.d colom, XII.4.k Colomb (Cristòl/-òu), XV.5.2.d colomb, XII.4.k

Colonha, X.7.4 color, XIII.2 (note), XIII.6.2, XIV còlque, XII.5.1 (fig. b) còlt, XII.5.1 (fig. b) coltura* → cultura com, VII.4, XIII.7.1, XIII.15.2, XIII.19 coma, VII.4, XII.3.c, XIII.1, XIII.7.1, XIII.15.2, XIII.19 comanche, XII.5.1 (fig. b) Combralha, Combralhas, XV.4.2 comde, XIV (compte) comèdia, III.9.2, XII.5.6.a, XII.8.3 (iota souscrit) començament, XIV començar, XIV Comenge, XV.4.2 (& note) còmi, XV.5.4.c comitat, XI.9.2, XII.10.1 communauté linguistique, VII.1.6 comòde, XII.5.1 (fig. a) comol, XII.2 companh -a, XIV Companhs d’Emmaús, XV.6 comparatif, XIII.7.1, XIII.7.3 comparéisser, comparéisher • conjugaison: XIII.26 (conéisser) compausar, XIII.21.2 (co-) compde, XIV (compte) complaire • conjugaison: XIII.26 (plaire) complànher • conjugaison: XIII.26 (plànher) complàser • conjugaison: XIII.26 (plaire) complecion* → completatge complet -a, XII.5.2, XIV completament (adV.), XIV

completament* (n.) → completatge completatge, X.7.2, XI.2.1 complètement, I.1 complètement interdialectal, complètement interstandards, XI.2.1 complèxe, XII.5.1 (fig.

b) complicat -ada, -aa, XIV comprar, III.9.1, XI.3, XIV comprene • conjugaison: XIII.26 (prene) • XIV (prene) comptar, XIV compte, còmpte, XIV còmpth, XIV (compte) computador, XI.10.2 comt, XIV (compte) comtat, XIII.21.1 (-at1), XV.7 Comtat, XV.7 concau -ava, XII.5.1 (fig. a), XII.7.1 (v) concavitat, XII.5.1 (fig. a) concebre, concéber • conjugaison: XIII.26 (recebre) concedar* → concedir concedir, II.5 concèpte, XII.5.1 (fig. b), XII.5.4 conclau, XII.5.1 (fig. a & c) conclure • conjugaison: XIII.26 (conclure) conclúser • conjugaison: XIII.26 (conclure) concòrdia, XII.7.1 (o) concórrer • conjugaison: XIII.26 (córrer) concret -a, XII.5.2 conde, XIV (compte) condicion, XIII.18, XIII.19, XIV conduire • conjugaison: XIII.26 (aduire) condúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) conéisher • conjugaison: XIII.26 (conéisser) • XIV conéisser • conjugaison: XIII.26 (conéisser) • X.7.1, XIV

conflicte, XII.5.1 (fig. b) ConfoMòble, XV.6 confòrme -a, XIII.21.1 (-fòrme) Confuci, XV.5.2.d Còngo, XII.5.2 congrès, XIII.21.1 (-és), annexe A2 Coni, XV.5.2.b conjonctions, XIII.19 conjónher • conjugaison: XIII.26 (plànher) conóisser •

conjugaison: XIII.26 (conéisser) • X.7.1, XIV

conquerir • conjugaison: XIII.26 (aquerir) conquilicultura, XII.8.3 (γχ) conquistar, XIII.26 (aquerir) consciéncia, XIII.22 cònse, IX.9.2, XII.2 consègre, consèguer, conseguir • conjugaison: XIII.26 (sègre) Conselh de la lenga occitana → CLO consent, XIII.14.1 consí† → cossí cònsol, consolessa, IX.9.2, XII.2, XII.4.f, XIII.21.1 (-essa), XVI.1 consomaire*, consomator*, consomador* → consumaire Constantinòple, XII.5.1 (fig. b) constrénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) construccion, XIV construire, constrúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) consumaire, XVI.3 consumator* → consumaire consumidor* → consumaire contacte, XIII.21.2 (co-), XIV

contagien* → contagion contagion, III.9.2 contar, XIV conte, cònte, III.11, XIV contemporan -a* → contemporanèu -èa contemporanèu -èa, XII.6.6, XII.7.2 (-æus) conténer, contenir • conjugaison: XIII.26 (téner) content -a, XIV contèxt (contèxte), XII.5.1 (fig. b) cònth, XIV (compte) contiéner • conjugaison: XIII.26 (téner) contigú contigua, XII.5.7 continú continua, XII.5.7, XII.7.2 (-uus)

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contra, còntra, XIII.18 contracte, XII.5.1 (fig. b) contradiccion, XIII.21.2 (contra-) contradire, contradíser, còntradire • conjugaison: XIII.26 (dire) • XIII.21.2 (contra-) contrafar, contrafaire, còntrafar, còntrafaire • conjugaison: XIII.26 (far) contrahar • conjugaison: XIII.26 (far) contrari -ària, XIII.15.2, XIV

contrast, XII.5.1 (fig. a) contrastivité, II.7.8, XII.8.2 contrataca, annexe C2b contratacar, còntratacar, XIII.21.2 (contra-) contravencion, XIII.21.2 (contra-) contunh (de), de contunha, XIII.15.2 contunhar, XIV convéncer • conjugaison: XIII.26 (véncer) convenir • conjugaison: XIII.26 (téner) convèxe -a, XII.7.1 (v) conviéner • conjugaison: XIII.26 (téner) còp, XII.4.l, XIII.13, XIII.15.2, XIII.17, XIII.19, XIV copar, XIV copé, XII.5.2 Copenaga, XII.10.11 coproduccion, XIII.21.2 (co-) còpte, XII.5.1 (fig. b) còr, II.7.2, XIV Coran, XV.6, XV.7 corbe, XII.5.1 (fig. b) Corcaigh, XV.5.3.c Còrdas, XII.5.7 Còrdoa, XII.5.7, XV.5.3.d Còrdoas, XII.5.7 Córdoba, XV.5.3.d corean -a, XII.6.6 coriambe, XII.5.1 (fig. b) corimbe, XII.5.1 (fig. b) Corint, XII.5.1 (fig. a) Cork, XV.5.3.c Corlàndia, XV.5.4.a còrn, XII.5.1 (fig. b & c) corredor, XIII.21.1

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(-ador1) corregir, XIII.23.3 correlatiu -iva, XIII.21.2 (co-) corrent (n.), XIV corrent -a (adj.), XIV córrer • conjugaison: XIII.26 (córrer) • XIV corric, XI.7.3, XI.7.4, XVI.3 corrièr, XI.7.3, XIII.21.1 (-ièr) còrs (“corps”), XIV còrs -a (“corse”), XII.5.1 (fig. a), XIV, annexe B2 cors, XIV corsa, annexe B2 Corsega, Còrsega, XV.5.2.b, XV.7 cort -a, XIV cortegi, XII.10.4 cortés -esa, XIII.21.1 (-és) cortesiá, XII.5.6.c cortèx, XII.7.2 (-ex) cortisòna, XI.6, XIII.5 còser • conjugaison: XIII.26 (còire) • XIV cóser, XIII.23.3, XIII.24, annexe B2 Coseran, XV.4.2 cosin -a (“cousin -e”), XIV

cosina (“cuisine”), XII.4.c, XIV còsmos, XII.5.2, XII.5.5, XII.6.2, XII.8.4 (-ος), XIII.6.1 cossat, VII.5.1 cossí, III.9.1, III.9.3, VII.3.2, VII.4, XIII.1, XIII.15.2, annexe C2b còssol, cossol, XII.2 còsta (n.), XIV còsta (prép.), XIII.18 Còsta Blava, XI.9.2 Còsta d’Azur, XI.9.2, XI.9.4 Costa-Gavras, XV.5.5.b costar, XIV costat, VII.5.1 (note), XIII.15.2, XIII.18, XIV costum, XII.5.1 (fig. a) costuma, XIV còth, XII.4.g còu, XII.4.g Coudevigne, XV.3.2 còup, XII.4.l, XIV courant, I.3 courant bonnaudien, I.3, IV.2 courant classiciste → classicisme courant de l’Escòla

dau Pò, I.3, IV.3 courant mistralien → mistralisme craba, XII.4.p Cracòvia, XII.5.6.a cramba, XIV crane -a, XIII.3, XIV cratylisme, II.7.10 cravata, XI.8.1 crear, XIII.25 creatura, XIII.21.1 (-adura) créder • conjugaison: XIII.26 (creire) • XIV credes, XII.4.c crèdit, annexe B2 crees, XII.4.c creire • conjugaison: XIII.26 (creire) • XI.6, XIV

créisser, créisher • conjugaison: XIII.26 (créisser) cremar, XIV Cremlin, XV.6 crénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) Crèo, CRÈO, XVI.2.1 cresable, XI.6 creseilifantós* → criselefantin creses, XII.4.c cresp, cresps, crespes, XIII.6.1 cressissada, cressissaa, VII.5.1 cresta, III.3, III.11, annexe B2 crime, XII.5.1 (fig. b) criselefantin, II.7.7 Crist, XII.8.3 (χ) cristal, XII.5.1 (fig. a), XII.6.3 cristau, XII.6.3 Cristina, X.7.4 critères, xi Croàcia, XII.5.6.a & fin cròia, VII.5.1 Croissant, croissantais, VII.5.1 cròme, XII.5.1 (fig. b) crompar, III.9.1, XI.3, XIV cronomètre, XIII.21.1 (-mètre), XVI.2.1 Crosant, X.4.2 crostilhetas* → chips cru crusa, XIII.5 Ctesifont, XII.8.4 (-ων -ωντος) cu, XIII.12.1, XIII.12.2, XIII.13 Cuba, XII.5.5, XV.5.2.b, XV.7 cube, XII.5.1 (fig. b) cuèlher, cuélher • conjugaison: XIII.27 •

XIII.26 (quèrre), XIV,

annexe A2 cujar, XIII.23.2 culhir • conjugaison: XIII.27 • XIV culte, XII.5.1 (fig. b) cultura, annexe C1 cuol, cuou, XII.3.g (note) curbir, XIII.26 (cobrir), XIV

curd -a, XII.5.1 (fig. b), XV.5.4.b Curdistan, XV.5.4.b Cure (The), XV.7 curiós -osa, -oa, XIV cusina, XII.4.c d’ → de d’a, XIII.18 da (V.), XIII.9.3 Da Nang, XV.5.5.a da* → de, XIII.2 (& note) dab, XIII.18, annexe C2c Dąbrowski, XV.3.2 dacòs* → daquòs Daegu, XV.5.5.b Daewoo, XV.5.5.b (note) Dahl, XII.5.6.a daissar, XI.2.1, XIV Dakar, XV.5.3.c dal, XIII.2 Dalfin (Lo), XV.7 Dalfinat, XIV dalfinenc -a, XIV dàlia, XII.5.6.a dama, XIV damont, XIII.16.2 damorange, XIII.21.1 (-anèu) Danau, XII.6.2, XII.8.4 (-αος) dança, XIV dançar, XIII.25, XIV dapasset, XIII.15.2 dapasson, XIII.15.2 dapé, XIII.16.2 daquò, XIV daquòs, III.9.1, XIV dar • conjugaison: XIII.26 (dar) • XIV Dardanèls, XV.7 Dàrius, XII.5.5 darrièr (-ier, -èir, -èr) (prép. “derrière”), XIII.16.2, XIII.18 darrièr -ièra, -ier -iera, -èir -èira, -èr -èra (adj. “dernier -ère”), XI.2.2, XIV darrièra, -èira, -iera, -èra (n. “automne”), XIV

Darriu (Danièla), XV.3.3

darsena, dàrsena, XII.5.3, XII.5.4 dàtil, XII.4.f dau, 1.3, XIII.2 (& note), XIII.3, XIII.4, XV.4.2 daubuns -uas, XIII.13 Daufinat, XIV daufinenc -a, XIV dauna, XIV daus, XIII.2, XIII.3, XIII.4 daval, XIII.16.2 davalar, XIV davant, XIII.16.2, XIII.17, XIII.18, XIII.19, XIII.21.2 (avant-) davarar, XIV davau, XIII.16.2 de, d’ (art.), III.10.4, XIII.3, XIII.4 de, d’ (prép.), XIII.2 (& note), XIII.18, XIII.22, XV.4.2 debaish, XIII.16.2 debàs, XIII.16.2 debut, debuta, XIV deca, II.7.10 deçà, XIII.18 decadéncia, XIII.21.2 (des-) decagrama, XIII.21.1 (-grama), XIII.21.2 (deca-) deçai, XIII.18 decalitre, XIII.21.2 (deca-) decalòg, XIII.21.2 (deca-) Decapòli, XV.7 Decasavila* → Sala (La) decatlon, XIII.21.2 (deca-) decebre, decéber • conjugaison: XIII.26 (recebre) decembre, XIV deceme, XIV dechíder*, dechidre* → decidir decidar* → decidir decidir, XII.6.3, XIII.21.1 (-ar3), XIII.23.3, XIV decont, XIII.16.2 decret, XII.5.2 decuple -a, XIII.8.4 dedens, XIII.18 dedins, XIII.16.2, XIII.18 deduire • conjugaison: XIII.26 (aduire) dedúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) deficit, X.6.2 deficitari, X.6.2 defòra, XIII.16.2, XIII.18 defugir, defúger • conjugaison: XIII.26

(fugir) defunt, XII.7.1 (unc) degun deguna/degua (variable), XIII.13 degunament, XIII.14.1, XIII.15.2 dehéner, annexe C2b dehòra, XIII.16.2 dehugir, dehúger • conjugaison: XIII.26 (fugir) dei, XIII.2 Deianira, XII.8.3 (ι) deicrèt, XII.5.2 Deinaal, XIV Deineal, XIV deis, XIII.2 deishar, XI.2.1, XIV deïxi, XIII.21.1 (-si) dejà, XIII.17 dejós, XIII.16.2 dejuar, XIV dejunar, VII.3.2, XIV Del Casse, XV.3.2 del, I.3, XIII.2, XV.4.2 delà, XIII.18 delai, XIII.18 Delcasse, XV.3.2 delictuós, annexe C2b deliurar, XIII.21.2 (des-) Delpuèg, Delpech, XV.3.2 dels, XIII.2 deman, XIII.14.2, XIII.17 demandar, VII.3.2, XIV demèi, XIII.18 dementre, XIII.17 demest, XIII.18 demetre, deméter • conjugaison: XIII.26 (metre) demièg, demieg, XIII.18 demiei, XIII.18 demiurg, XII.5.1 (fig. a) Democracia Crestiana, XV.6 democracia, XII.5.6.b, XII.8.3 (τι), XII.10.10, XIII.21.1 (-cracia) democrata, XIII.5, XIII.21.1 (-crata) démocratie des dialectes, II.7.1, III.3, III.5 démonstratifs, XIII.10 demorange, XIII.21.1 (-ange) demorar, XIV dempuèi, dempuei, XIII.18, XIII.19 dempuèi, VII.3.2 dempuish, XIII.18, XIII.19 denant, XIII.18, XIII.19 denaut, XIII.16.2 dendrita, XIII.21.1 (-ita2)

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Denèb, XV.7 denedar, XIV Denial, XIV dens, XIII.18 dent, XII.5.1 dentifrici, X.8 departament, XIII.21.2 (des-) depénder, XIV dependre, XIV der, XIII.2 dera, XIII.2 deras, XIII.2 dèrma, XII.5.1 (fig. c) deroïr • conjugaison: XIII.27 dès, XIII.18, XIII.19 desabilhè, XII.5.2 desaparéisser, desaparéisher • conjugaison: XIII.26 (conéisser) • XIII.21.2 (des-) desaparicion, XIII.21.2 (des-) desaprene • conjugaison: XIII.26 (prene) descàder • conjugaison: XIII.26 (caire) descaire • conjugaison: XIII.26 (caire) descénder, XIV descendre, XIV descentralizacion, XIII.21.2 (des-) deschaire • conjugaison: XIII.26 (caire) desclaure • conjugaison: XIII.26 (claure) descobrir • conjugaison: XIII.26 (cobrir) descòire • conjugaison: XIII.26 (còire) desconéisser, desconéisher • conjugaison: XIII.26 (conéisser) desconóisser • conjugaison: XIII.26 (conéisser) descòser • conjugaison: XIII.26 (còire) descréder • conjugaison: XIII.26 (creire) descreire • conjugaison: XIII.26 (creire) descréisser, descréisher •

conjugaison: XIII.26 (créisser) descriure, descríver • conjugaison: XIII.26 (escriure) desdire, desdíser • conjugaison: XIII.26 (dire) desen -a, XIII.8.2 desenant, XIII.17 desesme -a, XIII.8.2 desfar, desfaire • conjugaison: XIII.26 (far) des·har • conjugaison: XIII.26 (far) des·huéger, XIII.26 (fugir) desinvòlte, XII.5.1 (fig. b) desjà, XIII.17 desjónher • conjugaison: XIII.26 (plànher) desliurar, XIII.21.2 (des-) desoxiribonucleïc, II.7.7, XI.2.1 desparéisser, desparéisher • conjugaison: XIII.26 (conéisser) • XIII.21.2 (des-) desparicion, XIII.21.2 (des-) despart (a), XIII.15.2 despartament* → departament despartiment, XIII.21.2 (des-) despendre, XIV despéner, XIV despensar, XIV despí, XIII.18, XIII.19 desplaire • conjugaison: XIII.26 (plaire) desplàser • conjugaison: XIII.26 (plaire) despuèi, despuei, XIII.18, XIII.19 despuish, XIII.18, XIII.19 desservir • conjugaison: XIII.27 dessobre, XIII.16.2 dessós, XIII.16.2 dessota, XIII.16.2 dessuber, XIII.16.2 dessubre, XIII.16.2 dessús, XIII.16.2 destànher • conjugaison: XIII.26 (plànher) desténher • conjugaison: XIII.26

(plànher) destitucion, XIII.21.2 (des-) destòrcer • conjugaison: XIII.26 (tòrcer) destrénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) destruire • conjugaison: XIII.26 (aduire) destrúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) desvestir • conjugaison: XIII.26 (vestir) desvolopament, XIII.21.2 (des-), annexe C1 det, XIV deténer, detenir • conjugaison: XIII.26 (téner) deth, XIII.2 deths, XIII.2 detiéner • conjugaison: XIII.26 (téner) detràs, XIII.18 dètz, XIII.8.1, XIV detzau, XIII.8.2 deu (art.), XIII.2 deure • conjugaison: XIII.26 (beure) • XIII.23.2, XIV deus, XIII.2 devath, XIII.16.2, XIII.18 devenir • conjugaison: XIII.26 (téner) déver • conjugaison: XIII.26 (beure) • XIV dever, XIII.26 (beure), XIV

devèrs, XIII.18 devés, Devés, XV.7 deviéner • conjugaison: XIII.26 (téner) di (art.), XIII.2 dia, VII.4, XIII.17, XIV diafan, XII.5.1 (fig. a) diagonala, XIII.21.2 (dia-) dialècte, III.10.1 dialecte, VII.1 dialectocentrisme, II.7.4 dialèite* → dialècte dialòg, III.9.2, III.10.1, III.10.3, III.10.4, III.11, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2, annexe C1 dialogar, XII.5.1 diàlogo* → dialòg dialògue* → dialòg diamenja, XII.2, XIV (dimenge) diamètre, XIII.21.1

(-mètre), XIII.21.2 (dia-) diasistèma, XI.1 (note) diasystème, diasystématicité, vi, vii, viii, XI.2, annexe A dich, XIII.19 dictionnaire, x (définition: X.4.1, X.4.2) Dieu, XIV dieumercé, XIII.18 diferéncia, XII.5.2, XIV diferent -a, XIV difondre, XI.6 (& note) difóner, XI.6 diftong, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2 difusar, XI.6 (note), XIII.21.1 (-ar3) difusir* → difusar diglossia, XII.5.6.b, XII.6 début, XII.8.2 diglossie, II (début) digne, XII.5.1 (fig. b) digrama, XIII.21.2 (di-) dijaus, XIV dijòus, XIII.6.1, XIV dilatable, XII.5.1 (fig. b) dilhèu, XIII.14.1 diluns, XIII.6.1, XIV dimarç* → dimars dimars, XIII.6.1, XIV, annexe C2b dimarts, annexe C2b dimècres, XIII.6.1, XIV dimenche* → dimenge diménegue, XII.2, XII.4.j, XIV

dimenge, XII.2, XII.4.j, XIV

dimèrcs, XIV dinamita, XIII.21.1 (-ita2) dinasta, XII.8.4 (-της) dinc, VII.4, XIII.18, XIII.19 dinnar, XIV dinosaure, XII.5.1 (fig. b), XII.8.3 (αυ) dins, III.10.4, XIII.18 dintre, XIII.16.2, XIII.18 Dionisi (sant), XV.5.2.f Diop, XV.3.2 Dioscurs, XV.7 dioxid, XIII.21.2 (di-) diplòma, XII.5.2, XII.5.5, XII.8.4 (-µα), XIII.21.1 (-ma) diplomata, XIII.21.1 (-ma) diplomatic, XII.5.5, XII.8.4 (-µα) dire • conjugaison: XIII.26 (dire) • XIV direccion, XIV director -tritz, III.10.4,

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XII.7.2 (-tor), XIII.5, XIII.21.1 (-ador1), XIV

directora* → directritz directritz → director dis* → ditz disciplina, XII.7.2 (-us) discípol, XII.5.4 discobòl -a, XII.6.3 discotèca, XIII.21.1 (-tèca) díser • conjugaison: XIII.26 (dire) • XIV disfoncionament, XIII.21.2 (dis-1) dislexia, XIII.21.2 (dis-1) Disneyland, XV.5.4.a dison, annexe B2 disoxiribonuclèir* → desoxiribonucleïc disparéisser* → desparéisser disparicion* → desparicion dissabte, dissabta, XIV dissande, XIV dissòlver, dissòuver • conjugaison: XIII.26 (resòlver) distància, XIII.21.2 (des-), XIV distanciation maximale, II.7.7 distint, XII.5.1 (fig. a) distraire • conjugaison: XIII.26 (traire) distréger • conjugaison: XIII.26 (traire) distribution fonctionnelle, II (début) distribution sociale, II (début) dit (n.), XIII.19, XIV ditz, III.10.1 diumenc, XIV (dimenge) diurne, XII.5.1 (fig. b) divendres, XIII.6.1, XIV divèrs -a -es -as -ei(s) -i, XIII.13, XIV divés , XIV dividend, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2 do it yourself, II.7.1, III.3 doas → dos dobèrt -a, XIV dobertura, XIV doble -a, XIII.5, XIII.8.4, XIV

dobrir • conjugaison: XIII.26 (cobrir) • XIV doçament, XIII.15.2 docha, XII.10.2 dòcte, XII.5.1 (fig. b) doctor doctora (doctoressa,

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doctritz), XIII.5, XIV doctorand -a, XIII.21.1 (-and1) Dodecanès, XV.5.4.f, XV.7 dògma, XIII.21.1 (-ma) doi, doï → dos dòler • conjugaison: XIII.26 (voler) domaisèla, XIV Dombrowski, XV.3.2 domergir* → dometgir domètge, XIII.21.1 (-ir) dometgir, XIII.21.1 (-ina) dominatritz, XII.7.1 (t) Dòn Quishòt, XII.10.2 dona, XIII.9.3 dòna, XIV donar, XIII.26 (dar), XIV donc, doncas, XIII.19 dont (= ont), XII.4.k, XIII.16.2 dont, XIII.12.1 donte, XIII.16.2 Dordonha, XIV dorèc -a, XIII.21.1 (-ac) dormir • conjugaison: XIII.27 • XIII.23.3, XIV dos doas, dus duas, doi doï, dui, III.9.2, XII.5.7, XIII.8.1 dòsi, XII.5.2 doson, VII.5.1 dotzau, XIII.8.2 dotze, XIII.8.1, annexe B5 dotzen -a, XIII.8.2 dotzesme -a, XIII.8.2 drama, XII.8.4 (-µα) dramaturg, XII.5.1 (fig. a), XII.8.4 (-µα) drech (n.), XIV drech -a (adj.), VIII.1.3, XIII.16.2, XIII.18, XIV dreit (n.), XIV dreit -a (adj.), VIII.1.3, XIII.16.2, XIII.18, XIV drin, VII.3.2, VII.4, XIII.13, XIII.15.2 dròlle -a, VII.3.2, VII.4, XIV

drollichon, XIII.21.1 (-ac) dromir • conjugaison: XIII.27 • XIV duas → dos dubèrt -a, XIV dubertura, XIV ducat, XIII.21.1 (-at1) dui → dos dur -a, XIV durant, XIII.18 durar, XIV durbir, XIV Durença, X.7.4, XIV durmir, XIII.27, XIV

dus → dos dusau, XIII.8.2 dusca, VII.4, XIII.18, XIII.19 Düsseldorf, XV.5.5.a e (conj.), XIII.19, XV.4.2 e (énonciatif), XIII.20 -e de soutien, XII.5.1 e- prothétique, XII.5.8 -ean -eana (terminaison), xii.6.6 eatge, XI.8.1 EAU → orthographe bonnaudienne ebonita, XIII.21.1 (-ita2) ebraïc -a, XII.6.6 Èbre, XII.5.2 ebrieu -ieva, XII.6.6, XVI.1 Écho du Centre (L’), XV.6 eclipsi, XIII.21.2 (exo-) èco, XII.5.5 ecodiesèl, XIII.21.2 (eco-3) ecografia, XIII.21.2 (eco-1) ecolabèl, XIII.21.2 (eco-3) ecològ -a, XII.6.7 ecologia, XIII.21.2 (eco-2) ecologista, XII.6.7, XVI.2.1 economia, XII.8.3 (ε), XIII.21.1 (-ia1), XIII.21.2 (eco-2) ecran, XI.8.1 Edat Antica, XV.6, XV.7 Edat Contemporanèa, XV.6 Edat Mejana, XV.6 Edat Modèrna, XV.6 edat, XI.8.1 Edèn, XV.7 Edèssa, XI.3 efèb, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2, XIII.21.2 (epi-) efècte* → efièch, efèit efectivament, XIII.14.1 efèit, XIV (respècte) Efès, XII.8.3 (ε) efesian, XII.8.3 (ε) Efèst, XII.6.2 efièch (d’), d’efiech, d’efèit, XIII.14.1 efièch, efiech, efèit, XIV (respècte) egalizador, XIII.21.1 (-izaire) egalizar, XIII.21.1 (-izar) egipcian -iana, XII.6.5 Egipte, XII.5.1 (fig. b), XV.5.4.f Egues (País d’), XV.4.2 eishame, eishami,

XII.3.k eissaiar, XIV eissam, eissame, XII.3.k eissir • conjugaison: XIII.27 eissorbar, XIII.21.2 (es-) eissubliar, XIV Eivissa, XI.9.2, XV.5.2.b/e, XV.7 el, XIII.9.1 ela, XIII.9.1 élaboration, I.1 élaboration involutive → Abbau elas, XIII.9.1 electric -a, XIV electrician -a, XII.6.5 electricitat, XIV electrificacion, XIII.21.1 (-ficacion) electrificar, XIII.21.1 (-ficar) electròde, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-òde) electron, XIII.21.1 (-on2) electronic, XI.7.3 electronician -a, XII.6.5 elefant, XII.8.4 (- ν -ντος) elegir • conjugaison: XIII.26 (legir) elei(s), XIII.9.1 eles, XIII.9.1 èlf, XII.5.1 (fig. a) èli, XII.6.2 eli, XIII.9.1 eliç, XII.8.4 (-ξ) elicoptèr, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2 elièger, eliéger • conjugaison: XIII.26 (legir) eliminar, XIII.21.2 (ex-1) Eliogabal, XII.7.2 (-alus) Ellada (Ellade), XII.8.2, XII.8.4 (-ας -αδος), XIII.21.1 (-ada2) ellèn -a, XII.5.2 ELME, ALEP, IV.2 èlme, II.7.2, XII.4.e, XII.10.11 ELME, IX.9.5 elògi, XII.7.1 (g) eloquéncia, XII.7.1 (ti) elu, XIII.9.1 Elx, XV.5.2.e e-mail, XI.7.3, XI.10.1, XVI.3 emb, XIII.2, XIII.18, annexe C2c embai, XIII.2 embau, XIII.2 embeure, embéver • conjugaison: XIII.26 (beure) embolhar, XIV

embolhat, XIII.15.2 embrenar, XIV embrenat -ada, -aa, XIV embriac -aga, XII.5.1 emé* → amb emé* → amb emendament, II.6 emicicle, XIII.21.2 (emi-) Emili, XII.7.2 (-ius) Emília (prénom, région), XII.5.6.a, XII.7.1 (i), XII.7.2 (-ius) emistiqui, XIII.21.2 (emi-) emmagazinar, XIII.21.2 (en-1) emmenar, XIV empachar, XIV emparar, XIII.26 (prene), XIV (prene) empedir, XIV empénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) emper, XIII.15.2, XIII.19 emperaire -airitz, XIII.5, XIII.21.1 (-aire), XVI.1 emperò, XIII.15.2, XIII.19 empipautar, XIV empirisme, XIII.21.2 (en-3) emplegar, XIII.21.1 (-at4), XIV emplegat -ada, XIII.21.1 (-at4) emplejar, XIV emportar, XIII.21.2 (en-2), XIV emprénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) emprunts, XI.10.1, XII.1, XII.5, XII.10 en (art.), XIII.2 en (prép.), III.10.4, XIII.18 En Suá la Redona, XV.4.3, annexe C2b ena, XIII.2 enabans, XIII.16.2, XIII.17 enanar (s’) • conjugaison: XIII.26 (anar) enarrièr (-ier, -èir, èr), XIII.16.2 enas, XIII.2 enaut, XIII.16.2 enavans, XIII.16.2, XIII.17 enbaish, XIII.16.2 enbàs, XIII.16.2 -enc -enca (terminaison), xii.6.6, xii.10.2, xiii.21.1

ençà, XIII.16.1, XIII.17 encadierar, XI.4.2 ençai, XIII.16.1, XIII.17 encara, XIII.17 encefal, XIII.21.2 (en-3) enciclopèdia, XII.5.6.a enclaure • conjugaison: XIII.26 (claure) enclaves, VII.5.7, VII.5.11 encoèra* → enqüèra encontre, XIII.21.2 (en-1) encòp (a l’), XIII.15.2 encórrer • conjugaison: XIII.26 (córrer) encuèi, encuei, XIII.17 endacòm, VII.3.2, XIII.16.2 endarrièr, -ier, -èir, -èr, XIII.16.2, XIV endavant, XIII.16.2, XIII.17 endeman, XIII.17, XIV endins, XIII.16.2, XIII.18 endogamia, XIII.21.2 (endo-) endormidoira, X.5.5 endormir • conjugaison: XIII.27 endrech, XIV, annexe A7 endreit, XIV endromir • conjugaison: XIII.27 enduire • conjugaison: XIII.26 (aduire) endúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) Enèas, Eneàs, XII.5.5 Eneïda, XV.7 enfança, XIII.21.1 (-ança) enfant, VII.3.2, XIII.9.1, XIV

enfantuènha, XIII.21.1 (-anha) enfastigar, XI.2.1 enfin, XIII.17, XIV enformacion* → informacion enfrànher • conjugaison: XIII.26 (plànher) enfugir (s’), XIII.21.2 (en-2) engranièra, XI.2.1 enguila, XII.3.f en·hastigar, en·hastiar, XI.2.1 Enif, XV.7 enigma, XII.5.5, XII.8.3 (ε), XII.8.4 (-µα) enigmatic, XII.5.5, XII.8.4 (-µα) enjusca, XIII.18

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enlà, enlai, XIII.16.1, XIII.17, XIII.18 enlòc, XIII.16.2 enlòra, XIII.17 enluec, XIII.16.2 enluòc, XIII.16.2 ennaut, XIII.16.2 énonciatifs, XIII.20 enòrme, XII.5.1 (fig. b) enqüèra, III.10.3, XIII.17 enquera, XIII.17 enregdesir, XIII.21.1 (-esir) enrèire, enreir, XIII.16.2 Enric, II.7.2, XII.4.e, XII.10.11 ens, XIII.2 ensajar, XIV ensemble, XIII.15.2, XIV ensems, XIII.6.1, XIII.15.2, XIV ensenhar, XIV ensin, XIII.15.2 ensinda, XIII.15.2 Ensue* la Redona → En Suá la Redona ensús, XIII.16.2 entà, XII.3.c, XIII.2, XIII.18, XIII.19 entar, XIII.2 entara, XIII.2 entaras, XIII.2 entath, XIII.2 entaths, XIII.2 entau, XIII.2 entaus, XIII.2 ente, XIII.16.2 enténder, XIII.26 (ausir) entendre, XIII.26 (ausir) enter, XIII.21.2 (entre-) enterin, XIII.17 enterrament entièr -ièra, -ier -iera, -èir -èira, XIV entorn, XIII.16.2, XIV entraïnar, XIV (tren) entrar, XIV entre, XIII.18, XIII.21.2 (entre-) entreculhir, entrecuèlher, entrecuélher • conjugaison: XIII.27 entredobrir • conjugaison: XIII.26 (cobrir) entredormir • conjugaison: XIII.27 entredromir • conjugaison: XIII.27 entrée, X.7.1 entremèi, entremièg, entremieg, entremiei, XIII.18 entreobrir • conjugaison: XIII.26

(cobrir) entrepanariá, XII.5.6.c entrepónher • conjugaison: XIII.26 (plànher) entreprene • conjugaison: XIII.26 (prene) entrepresa, XVI.2.2 entretant, XIII.17 entretemps, XIII.17 entrevéder • conjugaison: XIII.26 (veire) entreveire • conjugaison: XIII.26 (veire) XIII.21.2 entrevista, (entre-) entrò, VII.4, IX.9.5, XIII.1, XIII.18, XIII.19 envath, VII.4, XIII.16.2 enveja, XII.5.6.a, XIV envèrs, XIII.15.2, XIV enviar, XIII.23.2, XIII.25, XIV

environ, XIII.15.2 environament, II.5 eocèn, XII.5.1 (fig. a) eparca, XII.8.4 (-άρχης) epatiti, XII.8.4 (-ις) epentèsi, XIII.21.2 (epi-) epidèrma, XII.5.1 (fig. c) Epifania, XII.5.6.b epifenomèn, XIII.21.2 (epi-) epilòg, XIII.21.1 (-lòg), XIII.21.2 (epi-) III.9.1, epizootia, XIII.21.2 (zoo-) epòca, XIV Eptanès, XV.5.4.f Eptarquia, XV.7 eqüacion, equacion, III.9.1 equivaler • conjugaison: XIII.26 (voler) er, VIII.1.6, XIII.2 èr, XIV er’, XIII.2 (note) era (art.), VIII.1.6, XIII.2 era (pron.), XIII.9.1 Èra, XII.8.4 (-α) Eracles, XII.8.4 (-ης) eras (art.), XIII.2 eras (pron.), XIII.9.1 Erau, Eraur, XV.4.2 Eraut* → Erau, Eraur èrba, XIV erbivòr -a, XIII.21.1 (-vòr) Ercegovina, XII.10.11 (& note) Ercules (Ercul), XII.5.5, XII.6.2, XII.8.4 (-ης)

erculès, XII.5.5, XII.8.4 (-ης), XVI.1 ereditat, XII.7.1 (e) èrg, XII.5.1 (fig. b) Eritrèa, XV.5.2.c Ermès, XII.5.5 eroïc -a, XII.8.3 (αϊ) Èros, XII.5.2, XII.5.5 erronèu -èa, XII.6.6 erronieu -ieua/-ieva* → erronèu -èa error, XII.7.1 (rr) es, VIII.1.6, XIII.14.2 esbaïr, XIII.25 esbòs, annexe C2b esbrandelatge* → tècno escadença, III.10.3 escàder • conjugaison: XIII.26 (caire) XII.8.3 escafandre, (σκ-) escafit, XII.5.5 (note) escaire • conjugaison: XIII.26 (caire) escala, XIV escalièr, -ier, -èr, XIV escampar, XIV escanar, XI.7.2 escandinau -ava, XII.5.1 (fig. a) Escandinàvia, XII.5.1 (fig. a), XII.7.1 (sc-) escanèr, I.2 escanerizar, XI.7.2 eschaire • conjugaison: XIII.26 (caire) eschala, XIV eschalier, -èir, XIV eschampar, XIV eschina, XII.4.a esclairar, XIV esclavitud, XIII.21.1 (-tud) esclopèir, -ièr, -èr IX.9.5 escoba, XI.2.1 Escòcia, XII.5.2 escòire • conjugaison: XIII.26 (còire) Escòla dau Pò → norme de l’Escòla dau Pò escòla, VI.2, VIII.1.2, VIII.2.2, X.4.2, XIV escolan -a, XIV escolar, XII.5.8 escolastic -a, XII.8.3 (σχ-) escondedor, XI.7.2 escondons (d’), d’escondilhons, d’ (a l’)escondut, XIII.15.2 escondre, XI.7.2, XIV escóner, XIV escorreguda, XIII.21.1 (-ada1)

escórrer • conjugaison: XIII.26 (córrer) escòser • conjugaison: XIII.26 (còire) escotar, XIV escotèr, XIV escriptòri, XIII.26 (escriure) escriptura, XIII.26 (escriure) escritòri, XIII.26 (escriure) escritura, XIII.26 (escriure) escriure • conjugaison: XIII.26 (escriure) • XIV escriutòri, XIII.26 (escriure) escríver • conjugaison: XIII.26 (escriure) • XIV escrivi, XIII.12.1 escrutinh* → escrutini escrutini, XII.7.1 (sc-), XII.7.2 (-ius) escur -a, XIV Esfahan, XII.10.11, XV.5.2.h Esfinx, XII.8.4 (-γξ) esitar, II.7.2, annexe C2b (note) eslalòm, XII.5.2 eslau, XII.5.1 (fig. a) eslovac, XII.5.8 eslovaque* → eslovac Eslovaquia, XII.5.6.b eslovèn -a, XV.5.4.c Eslovènia, XII.5.6.a esmàver • conjugaison: XIII.26 (mòure) esmòure • conjugaison: XIII.26 (mòure) esmòure, XIII.21.2 (es-) esnòb, XII.5.1, XII.5.2 esofag, XII.6.2, XIII.21.1 (-fag) esofagus, XII.6.2 espaci, XIV espagnol, III.15, VII.2, XI.9.1 Esparra de Medòc (L’), XV.4.3, annexe C2b Espartac, XII.7.1 (sc-) XII.5.6.a, espècia, XII.7.2 (-ies) especial -ala, -au -ala, -au, XIV espectacle, XII.6.3 espelhar, III.10.1 espénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) esperar, XIV Esperidas, XV.7 espés -essa, XIII.5, X.7.1, XIV, annexe A7

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espilhar* → espelhar espinós, XV.7 Espinosa, XV.7 espital, -au, XIV esplech, XIV espleit, XIV espónher • conjugaison: XIII.26 (plànher) esponsor, XII.7.2 (-or) espontanèu -èa, XII.6.6 espontanieu -ieua/-ieva* → espontanèu -èa espòra, XII.8.3 (σ) Esporadas, XV.7 espòrt, XII.5.2, XII.5.8 esportiu -iva, XIII.21.1 (-iu) espotir, IV.1.7 esquasi, XIII.15.2 esquelèt* → esqueleta, XII.6.2 (note) esqueleta, XII.6.2, XII.8.3 (κ) esquèma, XII.8.3 (σχ-), XIII.21.1 (-ma) esquèr, XII.4.o esquèrre -a, VII.3.2, XII.4.o, XIII.16.2, XIV esquí, XII.10.1 esquia, XII.4.a esquina, XII.4.a XIII.21.1 esquisma, (-ma) esquissa, annexe C2b essent, XIII.19 essentialisme, II.7.12, III.8, III.12.1, IV.1.6 èsser • conjugaison: XIII.26 (èsser) • XIII.22, XIII.23.2, XIV, annexe A2 èst, XII.5.1 (fig. a), XIV esta → este estacion, II.5, XII.5.8 estalvi, XI.2.1 estam, XVI.2.1 estanci, XIV estar (“ester, demeurer”) • conjugaison: XIII.26 (estar2) • XIV estar (= èstre “être”) • conjugaison: XIII.26 (èsser) • XIV estarlòg, XII.5.1 estat, XIV estatge, XIV estatua, XII.5.7, annexe B2 estauja, XI.2.1 estauvi, XI.2.1 este/esto esta estes estas, estu esti,

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estei(s), XIII.10.1 estela, XII.3.f, XIV estelam, XIII.21.1 (-am) estèpa, XII.5.2 II.7.7, esterilizacion, II.7.12 esterilizar, II.7.7 esterlejament* → esterilizacion esterlejar* → esterilizar esterlògol, XII.5.1 esterlòt, XII.5.1 èst-europèu, annexe C2b estiala, XII.3.f, XIV estigmata, XII.6.2, XII.8.4 (-µα) XII.8.4 estigmatizar, (-µα) estilo, XII.5.5, XIV estilograf, XII.5.5 estimar, XII.7.1 (e), XIV estimular, XII.7.1 (sc-) estís, XIII.13 estiu, XIV estivenc -a, XIII.21.1 (-enc) esto → este estòble, XIII.15.2 estòcafic, XII.5.5 (& note) Estocòlme, XII.5.1 (fig. b), XII.10.11 estonar, XIV Estònia, XII.5.6.a estòp, XII.5.1 III.4.3, estornògol, XII.5.1 estratèg, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2, XII.8.3 (σ) èstre (n.), XII.6.2 èstre (V.) • conjugaison: XIII.26 (èsser) • XIV estrem, annexe C2b estreméisser • conjugaison: XIII.27 estrementir, XIII.27 estrénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) estrogèn, XII.8.3 (ε) èstrus, XII.6.2, XII.8.3 (ε), XII.8.4 (-ος) estu → este estudi, XIV estudiar, XIII.25, XIV estug, estugs, estuges, XIII.6.1 estupar, XIV esvilup* → desvolopament établissement, I.1, II (début) etcetèra, etc, XIV, XVI.2.1 etèrne, XII.5.1 (fig. b)

eth (art.), VIII.1.6, XIII.2 eth (pron.), XIII.9.1 eths (pron.), XIII.9.1 eths, XIII.2 etica, XII.5.4 etiòp etiòpa, XIII.5 etòna, XIII.21.1 (-òna) -èu -èa (terminaison), xii.6.6, xii.7.2, xii.8.4, xiii.21.1 eu, XIII.9.1 Eudòxia, XII.5.6.a, XIII.21.2 (eu-) Eufèmia, XII.5.6.a XIII.21.2 eufemisme, (eu-) Eulàlia, XII.5.6.a Euridiça* → Euridice Euridice, XII.8.4 (-η) èuro, III.10.4, XII.5.2, XIV, XVI.2.1 Euròpa, IV.1.7, XII.8.3 (’ esprit doux & ευ), XIV europèa, europèï, XIII.6.2 → europenc -a* europèu -èa europèu -èa, III.10.4, XII.6.6, XII.7.2 (-æus), XII.8.4 (-αιος), XIII.5, XIII.21.1 (-èu1), XIV Evangèli, XII.8.3 ( ευV), XIII.21.2 (eu-), XV.7 Everest, XV.7 examen, XII.5.5 excentric -a, XIII.21.2 (ex-1) exceptat, XIII.18 exclamatifs, XIII.12.3 exclure • conjugaison: XIII.26 (conclure) exclúser • conjugaison: XIII.26 (conclure) exegèsi, XIII.21.2 (exo-) exemple, XII.5.1 (fig. b), XIV, XVI.2.1, annexe B5 exempte, XII.5.1 (fig. b) exèrg, XII.5.1 (fig. a) exigú exigua, XII.5.7 exilh* → exili exilhar* → exiliar exili, XII.7.2 (-ius) exiliar, XII.7.2 (-ius) existar* → existir exíster, XII.6.3 existir, XII.6.3, XIV existre, XII.6.3 èx-ministre, èx-ministra, XIII.21.2 (èx-) exocentric -a, XIII.21.2 (exo-) exòde, XII.5.1 (fig. a) exogamia, XIII.21.2 (exo-)

experiment, annexe C2b expèrt -a, XII.7.1 (x), annexe C2b explica, explicacion, II.7.8, XIV explicar, XIII.25, XIV exportar, XIII.21.2 (ex-1) exprès, exprèssi, XIII.15.2 èx-president, annexe C2b expression, XIV exprimir, VII.3.2, XIV, annexe C2b exsangüe/exsangue, XII.5.1 (fig. b) exterior, XIII.16.2 extèrne, XII.5.1 (fig. b) extraire • conjugaison: XIII.26 (traire) extralucid, annexe C2b extraordinari -ària, XIII.21.2 (extra-), XVI.2.1 extraterrèstre -a, XIII.21.2 (extra-) extréger • conjugaison: XIII.26 (traire) extrèm, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2, annexe C2b extremista, annexe C2b extremitat, annexe C2b extremoncion, annexe C2b fabrica, XIV fabulós -osa, XII.7.1 (b) fach facha, faches, III.10.4, VIII.1.3, IX.9.1, XII.4.b, XIII.6.1, XIII.14.1, XIV fàcia, XII.5.6.a, XII.7.2 XIII.16.2, (-ies), XIII.18, XIV fàcies, XII.5.6.a, XII.7.2 (-ies), XIII.6.1 facsimile, XII.5.5 factici -ícia, XIII.21.1 (-ici2) factor factritz, XII.7.1 (c) fadesa, XIII.21.1 (-esa) faire → far fais (a), XIII.15.2 fais, XII.3.e Faisalabad, XV.5.5.c faisan, VI.2, X.6.2 faisset, XII.3.e III.10.4, fait faita, VIII.1.3, IX.3, IX.9.1, XII.4.b, XIII.14.1, XIV falange, XII.5.1 (fig. b), XII.8.4 (-γξ) faler • conjugaison: XIII.26 (caler) • XIII.23.2, XIV fallocrata, XIII.21.1

(-crata) fam, VII.3.2 familha, XII.5.6.a, XIV famolent -a, XIII.21.1 (-ant) famós famosa, famoa, famoï, III.3, XIII.5, XIII.6.2, XIII.21.1 (-ós) XIII.5, famosament, XIII.15.1, XIII.21.1 (-ós) fanègas (a), XIII.15.2 XIII.21.1 fantasma, (-ma) fantasmatic, XIII.21.1 (-ma) fanzine, XII.5.1 (fig. b) far, faire • conjugaison: XIII.26 (far), XIV • II.7.8, XI.6, XIII.15.2, XIII.23.2 fará, annexe A9 farán, annexe A9 farda, XIV fargar, II.7.8 farián, III.10.1 Farida, XV.3.1 farien* → farián faringal -ala -au -ala -au, XII.8.3 (γγ) faringe, XII.5.1 (fig. b), XII.8.4 (-γξ) faringiti, XII.8.3 (γγ) fasa, XIII.21.1 (-si) fasaule -a, XIII.21.1 (-able) fast-food, XI.7.3 fastial, XI.2.1 fàstic, XI.2.1 fastigar, XI.2.1 fastigós, XI.2.1 fastiós, XI.2.1 fatigar, VII.3.2 Fatou, XV.3.1 faune, XII.5.1 (fig. b) Faust, XII.5.1 (fig. a) fautuèlh* → cadieral fax, faxes, XII.5.1 (fig. b), XIII.6.1 Faysal, XV.5.5.b/c FBI, XVI.2.1 febrièr, -ier, VI.2, IX.3, XIV

feda, II.7.10 XII.6.2, federacion, XII.7.1 (e) federalisme, IV.1.7 feedback, X.5.5 Fèlco, FÈLCO, XVI.2.1 Félibrige, II.3, III.2.2, IV.1.1 Felibritge, XIII.21.1 (-atge), XV.7 felid, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-id 2) Fèlix, XII.5.1 (fig. b),

annexe B2 femenin -a, XIV féminisation, XIII.5, XV.5.4.c, XVI.1 femna, XIV femtosegonda, XI.6 fenèstra, XIV fénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) fenial, XIII.21.1 (-al2) fenòl, XIII.21.1 (-òl2) fenolh, XIII.21.1 (-et3) Fenolheda, XV.4.2 fenolhet, XIII.21.1 (-et3) fenomèn, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2, XII.5.4 fenotipe, XII.5.1 (fig. c) fèr (= fèrre), XII.4.o ferrador ferradoira, ferraor ferraoira, XIII.5, XIII.21.1 (-ador2) fèrre, XII.4.o fèrri, XII.4.o fes, XIII.6.1 fèsta, III.10.1, III.11, XIV fèta, XII.8.2 fetge, annexe A2 • fetge gras, XI.9.2 fetiche, XII.5.1 (fig. b) fetichisme, XI.2.1 feurèir, VI.2, XIV fialar, XII.3.f fiança, XIV fiar, XII.4.o, XIV fiau, XIV fica* (n.) → ficha ficar, XIV ficha, II.6, II.7.7, XII.10.1, XIV fichar (“ficher, enfoncer, mettre”), XIV fichar (“ficher, mettre en fiches”), XIV fichièr, XIII.21.1 (-ièr) fidança, XIV fidar, XIV fielar, XII.3.f fièra, XI.4.2 fierejar, XI.4.2 fifor fiforla, XIII.5 figon, VII.5.5 fil, XIV filar, XII.3.f, annexe A3 filh, XII.4.i, XIV filha, XIV filhastre -a, XIII.21.1 (-astre) filme, XII.5.1 (fig. b), XIV filologia, IV.1.7 filosòf, filosòfs, filosòfes, III.9.2, XII.5.1 (fig. a), XII.8.3 (φ), XIII.6.1 filosòfe* → filosòf fin (n.), III.4.3, XIII.15.2,

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XIII.18, XIII.19, XIV fin -a (adj.), XIV finda, VII.3.2, XIII.15.2 finí, IX.9.7 finigue, VIII.3 finimond, annexe C2b finir, XIII.23.2, XIII.23.3, XIII.24 finís, XII.5.1 finisca, VIII.3 finischa, VIII.3, IX.9.5 finiscoc, IX.9.7 finisse, VIII.3, XII.5.1 Finlàndia, X.6.1, XII.5.6.a, XV.5.4.a finlandizacion, X.6.1 fins, VII.4, XIII.18, XIII.19 fiòlas (a), XIII.15.2 fis fissa, XII.5.1 (fig. b) fisança, XIV fisar, XIV fisc, XII.7.2 (-us) fisica, XII.5.4 fisician -a, XII.6.5 fiu (= fil), XIV, annexe A3 fiu (= filh), XII.4.i, XIV fiula!, XIV fixe, XII.5.1 (fig. b) flamenco, XII.10.1 Flandra, en Flandra X.7.4 Fleury-Michon, XV.7 flexible, XII.7.1 (f) flor, XIV flum, XII.5.1, XIV (flume) flume, XII.5.1, XIV Fluvi Blau, XV.7 fluvi, XIV, XV.7 flux, annexe C2b Foad, XV.3.1 fòire • conjugaison: XIII.26 (sèire) fòl fòla, fòu fòla, XII.4.g, XIV

folament, XIII.15.1 folclòre, XII.5.1 (fig. b) foliá, folia, XII.3.d, XII.5.6.c, XIII.21.1 (-ia1) fonccion† → foncion foncion, III.9.1, XII.7.1 (ncti), annexe C2b fonction discriminante, fig. I.2, fig. I.3, II (début) fond* → fons, XIII.15.2 (note) fondre, XI.6 fons fonza, XIII.5, XIV • d’a fons, XIII.15.2 fònt, VIII.3 Fontfreja, annexe C2b Fòntsegunha, XV.4.3 fòra, XIII.18 XIII.21.2 fòrabandir,

(fòra-) forat, VII.3.2 fòrça (adV./pron.), XIII.7.1, XIII.13, XIII.15.2 fòrça (n.), XIII.18, XIV, annexe C2a Forcauquier, Forcalquièr, XV.4.2 forma, III.9.2, X.5.6, XI.1 XIII.21.1 (note), (-fòrme), XIV format, XIII.21.1 (-ar3) formatar, XIII.21.1 (-ar3) formatatge, XI.2.1 forme populaire, formation populaire, XII.1-XII.4 forme savante, formation savante, XII.1, XII.5-XII.9 Formosa, XV.7 fornariá, XIII.6.2, annexe A9 fornidor -a, XIII.21.1 (-ador1) fornidura, XIII.21.1 (-adura) fornièra, XI.2.2 forra-borra, XIII.15.2 forsenat -ada, XIII.21.2 (fòra-) fòrt (adV.), XIII.7.1, XIII.15.2 fòrt fòrta (adj.), VI.1, VI.2, IX.3, XIII.15.1, XIV

fortament, IX.3, XIII.15.1 forum, XII.5.5, XII.7.2 (-us) fosfat, XII.5.1 (fig. a) fosfòr, XII.5.1 (fig. a) fotbòl, II.7.8, X.7.2, XI.7.4, XII.5.5, XII.10.1 fòto, XII.5.2, XII.5.5, XIV, XVI.2.1 fotocopiador -adoira, -ader -adera, -aor -aoira, XIII.5 fotocopiar, X.8 fotograf -a, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.2 (foto-), XIV

fotografia, XII.5.5, XIV, XVI.2.1 fotosintèsi, XI.4.2, XIII.21.2 (foto-), annexe C2b fòu → fòl fòvavia, XIII.18 fractal, -au, XI.2.1 frair, XIV fraire, VII.3.2, XIII.5, XIV franc (adV.), XIII.7.1, XIII.18

franc1 -ca, -cha (adj. “franc -che”), XIV franc2 -a (adj. “franc -que”), XIV français, langue d’oïl, III.15, VII.2, XI.9 France 3, XV.6 franchimand -a, XII.10.2, XIII.21.1 (-and1) francisme, gallicisme, II.5 (note) francitan, VII.1.6, XI.9.3 francomtés, annexe C2b francoprovençal, arpitan, III.15 franquesa, XIII.21.1 (-esa) frasa, XIII.21.1 (-si) freg freja, XIII.5, XIV frei freia, XII.4.c, XIII.5, XIV

freid -a, XII.4.c, XIV frema, VIII.1.3, XIV fréquence, X.6.2, XI.2.1 fretassar, VII.5.1 fretolhar, VII.5.1 frieu, Frieu, XV.7 frontèras, IX.9.7 frontères, IX.9.7 frotjar, XI.2.1 fruch, XII.4.b, XIV frucha, XIV frut, XII.4.b, XIV fruta, XIV fuec, XII.3.g, XIV fuèlh, fuelh, XIV fuèlha, fuelha, XII.3.g, XIV, annexe A2 fugir, fúger • conjugaison: XIII.26 (fugir) fuòc, XII.3.g, XIV fura, I.2 fúria (furia), XII.5.6.a, XII.7.2 (-ius) fusta, XIV (bòsc) gabal -ala, -au -ala -au, XII.7.2 (-al) Gacha-Empega, XV.7 gachar, XIV gafar, XIV Gagarin (Iurii), XV.3.1 Gagauzia, XII.10.9 gahar, XIV gai (n. = gaug), XIV gai gaia (adj.), XIV gaire, XIII.13, XIII.14.1, XIII.15.2 gaireben, XIII.15.2 gaitar, XIV gal galla, XII.6.3, XIII.5 gal, VI.2 galariá, XII.3.d galhard -a, XIII.21.1

(-ard) galhardiá, XII.5.6.c galicien, III.15 galina, XIV, annexe A5 galla → gal, gau Gàllia, XII.7.1 (ll) gallicisme → francisme gallinacèu, XIII.21.1 (-acèu) Galtier (Carles), XV.3.2 Gäncä, XV.5.5.a gang, XII.5.1 (fig. a) ganhar, XIV Gaoxiong, XV.5.5.b gara, II.5, XIV Garach* → Garait Garaikoetxea, XV.3.2 Garait, IV.4.3 garatge: introduction, XIII.21.1 (-atge) Garaycoechea, XV.3.2 garbura, X.8, XI.2.1 garda, XII.4.m gardar, XII.4.m, XIV garia, garía, XIV, annexe A5 Garona, X.7.4, XIV, XV.7 garriga, XIII.21.1 (-ac) gas, XIV gasa, XI.8.1 gascon, VII.4, VIII.1 début, VIII.1.6, X.6.1, XIV • gascon centrau, VIII.1.6, fig. ix.4 • gascon garonenc, VIII.1.6, fig. ix.4 • gascon occidentau, VIII.1.6, fig. ix.4 • gascon pirenenc, VIII.1.6, fig. ix.4 gascon, VII.4, VIII.1.6, IX.9.7, fig. IX.2, fig. IX.4 Gasconha, X.6.1, XIV gasconnisme, IV.1.1 gasolina, XIV gastarevolucion, IV.1.7 gat -a, XIV gatge, XIV gau galla, XII.6.3, XIII.5 gauche -a* → esquèrre -a, mance -ça, senèstre -a, senèc -a gaudir • conjugaison: XIII.26 (ausir) gaug, XIII.18, XIV gaús, gaüses, annexe C2b gausar, XI.2.1, XIV gausir • conjugaison: XIII.26 (ausir) gavot, VIII.1.3 gavòt, VIII.1.3 Gavràs (Kostas),

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XV.5.5.b geinar, XIV gelós -osa, XIII.21.1 (-ós) gelosiá, XII.5.6.c géncer, XIII.5, XIII.7.3 genèr → genièr general-a, -au -ala, -au, XI.5, XIV generalament, XIII.21.1 (-ament2), XIV generalizacion, XI.1 (note) generau, XI.5 generaument, XIII.21.1 (-ament2), XIV Genèsi, XV.7 genèsta, I.1 Gengiskhanidas, XIII.21.1 (-ida3) genièr, -èr, -ier, II.7.5, XIV

Gènoa, XII.5.7 (& note), XV.5.2.b genocidi, XIII.21.1 (-cidi) genoier, XIV genolh, XIV Gènova, XII.5.7 (note) genre, XIII.5, XV.5.4.c/f, XV.7, XVI.1, annexe C1 gent -a, XIV gentament, XIII.15.2 gente -a, XIV gentilé, XV.1, xv passim gents, XIII.9.1, XIV genuin, XII.7.1 (g) geograf -a, XIII.21.1 (-graf) geografia, XII.5.6.a XIII.21.1 (note), (-grafia) geològ -a, XII.5.1 Georgia, XII.5.6 fin Gernika, XV.5.3.c ges, VII.3.2, XIII.13, XIII.14.1, XIII.15.2 gessir • conjugaison: XIII.27 gèst, gèsts, gèstes, XIII.6.1 Gianna, XV.3.1 Giannini, XV.3.2 Giannis, XV.3.1 Giaume, XV.3.2 Gidilòc, GIDILÒC, XVI.2.1, XVI.2.2 Gidilòc, III.7.2, III.7.3, X.3, X.5.2, X.5.3, X.9 gigantesc, II.7.7 Giges, XII.5.5 ginecèu, XII.8.4 (-ειος) Giraud, Giraudi, Giraudy, XV.3.2 girvèir, XIV

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gitano gitana, XIII.5 gitano, XII.5.5 Giudicelli, XV.3.2 glauc, XII.5.1 (fig. a) glèia, XII.4.c glèisa, XII.4.c, XIV Gletons (Aus), XV.4.3, XV.7, annexe C2b glicina, XI.5 glòbe, XII.5.1 (fig. b) glossaire, X.4.3 glub, XII.10.7 glucid, XI.5, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-id2) glucòsa, XI.6, XIII.5, XIII.21.1 (-òsa) glucosid, XII.5.1 (fig. a) gnòsi, annexe B5 goardar* → guardar God Save the Queen/King, XV.6 gòdre* → gaudir, XIII.26 (ausir) Godunov, XV.5.5.f gojat -a, VII.3.2, VII.4, XIII.21.1 (-at5), XIV gòlf (“golf”), XII.5.1 (fig. a) golf (“golfe”), XII.5.1 (fig. a) gòrb, XII.5.1 Gorbachov, XV.5.5.d, XV.7 goró, XII.10.6 gos gossa, II.7.8, XIV gost, XIV Götaland, XV.5.4.a Gotland, XV.5.4.a govèrn, XIV gràcia, XIV • gràcias a, XIII.18 grafia, XII.5.6.a (note), XII.5.6.b grafit, XIII.21.1 (-it2) gramací, XIV (mercé & grandmercé) gramatician -a, XII.6.5 gran (adV./pron.), VII.3.2, XIII.13, XIII.14.1, XIII.15.2 gran (n.), XIV gran -a (adj. = grand -a), XII.4.k, XIV Gran Bretanha, XV.5.2.b grand -a, VIII.2.2, XII.4.k, XIII.5, XIII.15.1, XIV Grand Bretanha, X.6.1, XIII.5, XV.5.2.b grandamair, XIV grandament, IX.3, XIII.15.1 grandàs -assa, XIII.21.1 (-às) grandet -a, XIII.5 grandiós -osa, XIII.21.1

(-ós) grandmaire, XIV grandmercé, XIV grandpaire, grandpair, XIV

granja, XIV granmair, XIV granmercé, XIV granpair, XIV graphie, I.3 graphie bonnaudienne, I.3, IV.2 graphie classique, I.3 graphie de l’Escòla dau Pò, I.3, IV.3 graphie mistralienne, I.3, IV.1 graphie phébusienne, IV.1.2, IV.1.7, IV.1.8 gratuit, XVI.2.1 Grava, XV.4.2 (note) Grècia, XII.7.1 (g), annexe B2 greda, XIV gredon, XIV Greenpeace, XV.6, XV.7 grépia, XIV (aürós, note) gris grisa, XIV Groenlàndia, XII.10.7, XV.5.4.a gropuscul, XII.5.1 (fig. a), XII.6.3 gròs -ssa, XIII.15.2, XIV Groznyi, XV.5.3.c grúpia, XIV (aürós, note) Guaiana, Guaianas, XV.5.4.e, XV.7 guaire, XIII.13, XIII.14.1, XIII.15.2 guaireben, XIII.15.2 guarda, XII.4.m III.10.3, guardar, XII.4.m, XIV Guatemala, XV.5.4.f güeitar, XIV (art. agachar) Guernica, XV.5.3.c guèrra, XIV Gui, XV.3.1 Guiana, XI.9.2, XV.5.4.e Guilhèmbèth, XV.3.2 guilhorra, XIII.21.1 (-arrro) Guillembet, XV.3.2 guinean -a, XII.6.6 Guipuscoa, XII.5.7 Guiu, XV.3.1 Guyana, XV.5.4.e h (gestion du), II.7.2, XI.2.1.f, XII.4.e, XII.10.11, annexe C2 (note) Habash, Habache, XV.3.2 Hague (La), XII.10.11

Haia (La), XII.10.11 (note) XII.10.10, Haití, XII.10.11 haitian, XII.10.10 Halloween, XV.7 XII.10.11 Hamborg, (note) hame, VII.4 Hannover, XV.5.3.a XII.10.11, Hanòi, XV.5.2.h har • conjugaison: XIII.26 (far) • XI.6, XIII.15.2, XIV harda, XIV hardit, II.7.2 harri, XI.2.1 Hartmann, XV.3.2 Hasan, Hassan, XV.3.1 hasan, VI.2, VII.4 XII.10.11 hashish, (note) hastiau, XI.2.1 hàstic, XI.2.1 hastigar, XI.2.1 hastigós, XI.2.1 Hastings, XII.10.11 hastiós, XI.2.1 XII.4.e, haut -a, XII.10.11, XIV, XV.4.2 Hautas Pirenèas* → Hauts Pirenèus haut-auvergnat → sud-auvergnat → haute-Roya royasque haut-limousin, VIII.1.1, fig. IX.4, annexe A7 hautor, XIV Hauts Pirenèus → Auts Pirenèus Havre (Le), XII.10.11, XV.5.3.b, XV.7 heavymetal, XII.10.11 hèish (a), XIII.15.2 hèish, XII.3.e heishet, XII.3.e hèit hèita, XII.4.b, XIII.14.1, XIV Helgoland, XV.5.4.a hellénisme direct, XII.8.1 Helsinki, XII.10.11 hemna, XIII.12.1, XIV Hendaia, XI.2.1, XII.4.e, XV.5.2.b hèr (= fèrre), XII.4.o hèra, XIII.7.1, XIII.13, XIII.15.2 Hercegovina, XII.10.11 (note) hérité -ée, I.2 herrader herradera, XIII.5 Herve, XV.3.1

hèsta, XIV heurèr, VI.2, XIV hicar, XIV hidança, XIV hidar, XIV hièstra, XIV Highlands, XV.5.4.a hilh, XII.4.i, XIV hilha, XIV Himalaya, XII.10.11, XV.7 hiòlas (a), XIII.15.2 hiu, XIV hiula!, XIV hlor, XIV hòder • conjugaison: XIII.26 (sèire) hoec* → huec hoguèr, XII.3.h Hokkaido, XV.7 holament, XIII.15.1 holia, XII.3.d Honduras, XII.10.11 hóner, XI.6 Hongkong, XI.2.1 Hongria* → Ongria hons, XIII.15.2, XIV hont, hònt, IX.3 hòra, XIII.18 hòravia, XIII.18 hòrt (adV.), XIII.7.1, XIII.15.2 hòrt hòrta (adj.), VI.1, VI.2, IX.3, XIV hòu hòla, XII.4.g, XIV Houston, XII.10.11 hrair, XIV hred -a, XIV Hudson (baia d’), XII.10.11 huec, III.10.3, XII.3.g, XII.3.h, XIV huelh, XIV huelha, XII.3.g, XIV hugir, húger • conjugaison: XIII.26 (fugir) Hugo (Victor), XV.5.3.b husta, XIV (bòsc) XV.5.5.b Hyundai, (note) i (particule pronominale), XIII.9.3 -i ‘-ia (terminaison), xii.6.5 i† (art., provençal général) → ai, XIII.2 (note) -ia, ‘-ia, -iá (terminaison), xii.5.6, xii.6.5 IAM, XV.7 iambe, XII.5.1 (fig. b) -ian -iana (terminaison), xii.6.5, xiii.21.1 Ianis, XV.3.1

iat (iate), XII.5.1 (fig. b) Ibiza* → Eivissa Icari, XII.8.4 (-ιος) Icòni, XII.8.4 (-ιος) iconoclasta, XIII.21.1 (-ista) idèa, III.10.4, XII.8.3 (ε), XIV

idiòta, XI.9.1 idonèu -èa, XII.6.6, XIII.21.1 (-èu1) idroelectric, X.7.2, annexe C2b Iemèn, XV.5.2.h IEO, Institut d’Estudis Occitans, III.1, III.3, III.5, III.7.1, III.7.3, III.8, III.9, III.10.2, III.10.3, III.10.4 IEO, XV.7, XVI.2.1, XVI.2.2 ièr, XIII.17 ieroglif, XII.5.1 (fig. a) -ieu -ieva (terminaison), xii.6.6 ieu, IX.3, XIII.9.1, annexe A3 Ifriqiyya, XV.5.5.b igló, XII.5.5, XII.10.6 ignorar, XII.7.1 (g) ilhs, XIII.9.1 Iliada, XV.7 illaboration → Abbau illetrat -ada, XIII.21.2 (in-2) Illíria, XII.5.6.a & fin illuminar, XIII.21.2 (in-1) illusion, XII.7.1 (ll) image† → imatge imagena, XII.7.3 imaginar, XIV Imalaia, II.7.2, XII.10.11, XV.7 imatge, III.9.1, XII.7.3, annexe C2b imbèrbe, XII.5.1 (fig. b) imèi, imèl, XI.7.3, XI.10.1 immens, immenses, XII.5.1 (fig. a), XIII.6.1 immergir, XIII.23.3 XIII.21.1 immersion, (-ason), XIII.21.2 (in-1) immobil -a, XII.7.1 (mm) imne, XII.5.1 (fig. b) imperial -ala -au -ala -au, XII.7.1 (p) impermeable, XVI.2.1 important -a, XIV impossible -a, XIII.21.2 (in-2), XIV inalpenc, inaupenc, VIII.1.3 inalpin, VIII.1.3 inapte, XII.5.1 (fig. b)

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inaupenc → inalpenc XIII.21.1 inclinason, (-ason) inclure • conjugaison: XIII.26 (conclure) inclúser • conjugaison: XIII.26 (conclure) incube, XII.5.1 (fig. c) inculte, XII.5.1 (fig. b & c) inde, XV.5.1 indéfinis, XIII.13 indèx, XII.5.1 (fig. b), XII.5.5 Índia, Índias, XIII.21.1 (-ian), XV.4.2, XV.7, annexe C2a indian -a, XIII.21.1 (-ian) indicar, XIV indoeuropèu, XII.5.5, annexe C2b Indonesia, XIII.21.1 (-ia1) indonesian, XI.2.1 IV.1.7, Indostan, XV.5.4.b indostani, XV.5.4.b indústria (industria), XII.5.6.a, XII.7.2 (-ius) inedit -a, XIII.26 (dire) inèrcia (inercia), XII.5.6.a inèrt, XII.5.1 (fig. a) infame, XII.5.1 (fig. a) infart, annexe C2b inferior -a, XIII.7.3, XIV Infèrn, XV.7 infirme, XII.5.1 (fig. b) infirmièr, XI.7.4 influx, annexe C2b informacion, XII.6.8 informar, XIII.21.2 (in-1) informator -tritz, XIII.21.1 (-ador1) ingenú ingenua, XII.5.7 inglés* → anglés ingosh, XII.5.1 (fig. a) Ingrid, XII.5.1 (fig. a) inici, XIV innovacion, XII.7.1 (nn) inondacion, II.7.8 inoperant -a, XIII.21.2 (in-2) inscriure, inscríver • conjugaison: XIII.26 (escriure) insecticida, XIII.21.1 (-cida) insistir, XIV inspector, inspectritz, XII.7.2 (-tor) installar, XIV instantanèu -èa, XII.6.6, XIII.21.1 (-anèu) instint, XII.5.1 (fig. a), annexe C2b

Institut d’Estudis Occitans → IEO Institut d’Estudis XV.6, Occitans, XVI.2.2 institutionnalisme, analyse institutionnelle, III.13.2 instruire • conjugaison: XIII.26 (aduire) instrumentalisme, II.7.12, III.12.1 instrúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) insulte, XII.5.1 (fig. b) intelligent -a, XIV intens, XII.5.1 (fig. a) interdire, interdíser • conjugaison: XIII.26 (dire) interès, II.6 interessant -a, XIV interessar, XIV interèst* → interès interférence, II.5, II.6, XI.8, XII.6.8 intergalactic -a, XIII.21.2 (entre-) interim, XII.5.1, XII.5.5 interior, XIII.16.2 intèrne, XII.5.1 (fig. b) interprèt -a, XII.5.1 (fig. a) , XII.5.2 interrogatifs, XIII.12.2 interrogation, XIII.14.2 intersistèma, XI.1 (note) intim -a, XII.7.1 (i & m & n) intraalpenc, intraaupenc, VIII.1.3 intra-alpin, VIII.1.3 intramuscular -a, XIII.21.2 (intra-) intrar, XIV introduire • conjugaison: XIII.26 (aduire) • XIII.21.2 (intro-) introdúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) introspeccion, XIII.21.2 (intro-) inuit, XV.5.4.c inventor -a, XIII.21.1 (-or2) invèrs, XII.5.1 (fig. a) invocar, XII.7.1 (c) iòd (“yod”), XII.5.1 (fig. b) iòde (“iode”), XII.5.1 (fig. b), XII.8.1, XII.8.3 (ι) Iogoslavia, XII.5.6.b, XV.5.2.d Ionescu, Ionesco,

XV.3.2 Iori, XV.3.1 iperbòla, XII.8.3 (υ) ipermercat, XIII.21.2 (iper-) ipersonic, XII.5.5 XIII.21.2 ipertension, (iper-), annexe C2b ipertèxt (ipertèxte), XII.5.1 (fig. b) ipodròm, XII.5.1 (fig. a & c), XIII.21.1 (-dròm) ipofisi, XIII.21.2 (ipo-) ipogastri, XIII.21.2 (ipo-) ipopotam, XII.8.3 (ππ), XII.8.4 (-ος) ipotèsi, XIII.21.1 (-tèsi) irange, VII.3.2, XIV Iraq, XV.5.3.b Ircània, XII.5.6.a iridi, XII.6.2 iris, XIII.6.1 Irlanda, XV.5.4.a irregular -a, XIII.21.2 (in-2) irrupcion, XIII.21.2 (in-1) is† → ais, XIII.2 (note) isard, VI.2, IX.3, XI.2.1 Isidòr, XII.5.5 Isis, XII.5.5, XII.6.2 islam, XII.5.1 islam, XII.5.1 (fig. a) Islàndia, XII.5.6.a, XV.5.4.a isocròn, XII.5.1 (fig. a) isomòrf, XII.5.1 (fig. a) isoscèl -a, XI.7.3, XII.6.2, XII.6.3, XII.8.4 (-ης) isotèrme, XII.5.1 (fig. b) istme, XII.5.1 (fig. b) istòria, XII.8.3 (‘ esprit rude), XII.10.11, XIV Istre, XII.6.6, XV.4.2 istrenc, XII.6.6 It, XV.7 Itàlia, III.9.2 italian, annexe B2 italianisme, II.5, II.6, II.7.7, annexe C1 italic, XI.9.1 italien, VII.2, XI.9 italiòta, XI.9.1 Iurii, XV.3.1 Ivana, XV.3.1 ivèrn, XIV ivernenca, XIII.21.1 (-enc) Iviça* → Eivissa ixa, annexe B5 j’ → ja ja (adV.), XIII.14.1, XIII.17 ja (conj.), XIII.19 ja, j’ (énonciatif), XIII.20 jaba (a), XIII.15.2

Jacint, XII.8.3 (υ) jai (n.), XIV jaire • conjugaison: XIII.26 (plaire) jalina, XIV jamai, XIII.17 Jamaica, XII.10.3 jamei, XIII.17 Jämtland, XV.5.4.a Jan* → Joan Jana* → Joana Janicul, XV.7 Jann* → Joan Jannick, XV.3.1 janvièr* → genièr jardin, XIV Jarrija, XIII.21.1 (-ac) jàser • conjugaison: XIII.26 (plaire) Jason, XII.8.3 (ι), XII.8.4 (-ων) jaspisson* → pins jaug, XIII.18, XIV Jaume, XV.3.2 jaune -a, II.7.12, VII.3.2, XI.8.1, XIV Jaurés (Joan), XV.3.3 jausir • conjugaison: XIII.26 (ausir) jauvir • conjugaison: XIII.26 (ausir) jazz, XII.5.1 Jeanne, XV.3.1 Jenny, XV.3.1 Jèrba, XII.10.3 Jerez de la Frontera, XV.5.2.e Jerez, XII.10.2 Jericò, XII.5.5 jersèi, XII.5.5 Jerusalèm Celèsta, XV.7 Jerusalèm, XII.5.1 (fig. a), XII.8.3 (ι), XII.9 jin, XII.10.3 jo, IX.3, XIII.9.1 Joan Pèire, XV.3.1 Joan, III.10.3, III.11, XV.3.1 Joana (la Reina), XV.3.1 Joana d’Arc, XV.3.1 Joana de Labrit, XV.3.1 Joana Seymour, XV.3.1 Joana, XV.3.1 Joaneta, XV.3.1 Joaneton, XV.3.1 Joaniá (La), XII.5.6.c, XV.3.2 Joanin, XV.3.2 Joanina, XV.3.1 Joan-Pèire, XV.3.1 Joaquim, XII.5.1 (fig. a) Jòb, XII.5.1 (fig. b) jòc, XIV joen -a, XIII.5, XIV

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Joffre (Josep), XV.3.3 joglar, X.7.2 Johanna, XV.3.1 joine -a, XIII.5, XIV joïr* → jausir, XIII.26 (ausir) jol, XIII.2 jols, XIII.2 jónher • conjugaison: XIII.26 (plànher) Jóóp, XV.3.2 joquèi, XII.5.5 Jordanes, XII.5.5 Jòrdi, XV.3.1 Jòrgi, XV.3.1 jorn, III.10.1, VII.4, XIII.17, XIV jornada, jornaa, XIV jornal, -au, XIV jort* → jorn jos, XIII.2, XIII.18 josentendre* → sosentendre josieu -ieva, XII.6.6, XIII.5, XVI.1, annexe A3 josmarin* → sosmarin jostítol* → sostítol jòune -a, XIII.5, XIV jove, XIII.5, XIV joventut, XIII.21.1 (-tut) judèocrestian, XII.5.5 judeofil, XII.5.5 judo, XII.10.6 juec, XIV julh, XIV julhet, XIV junh, XIV Jupitèr, XII.5.5, XII.6.2 jurada, XII.10.1 Juranson, XV.4.3 jusca, XIII.18 just justa, XIII.14.1, XIII.15.2, XIV justament, XIV juste, XIV (just) justícia, XII.5.6.a Jutlàndia, XV.5.4.a juxtapausar, XIII.21.2 (juxta-) K2, XV.7 Kalahari, XV.7 Kallas (Maria), XV.5.5.b Kaohsiung, XV.5.5.b Karachi, XV.5.5.b/c Karakorum, XV.7 Karamanlís, XV.5.5.f karate, XI.10.1, XII.5.5 Karina, XV.3.1 Kàtia, XII.5.6.a Kattegat, XV.7 Kemper, XV.5.3.c Kenya, XI.10.1, XV.5.2.i, XV.5.3.b, XV.5.4.f kenyan -a, XV.5.2.i Khartom, XV.5.2.h

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khmer, XV.5.4.c Khomeini, XV.5.5.c Khrushchov, XV.5.5.d Khuzestan, XV.5.4.b kibbutz, XII.5.1 (fig. a) kikuyu, XV.5.4.c Kilimanjaro, XV.7 Kim Youg-Sam, XV.5.5.b (note) kiwi, XII.10.8 Klein, XV.3.2 Knesset, XV.7 Kœnig, XV.3.2 koinê, I.3, III.2.1, III.7.4, IV.1.7 koinè, XII.8.1 Komotiní, XV.5.5.f König, XV.3.2 Kordofan, X.5.5 Kosova, Kosovo, XV.5.3.c Kowait, XV.5.2.h Kronshtadt, XV.5.3.d Kyoto, XV.5.5.b l’ (art.) → lo l’ (pron.), XIII.9.2 la (art.) → lo, XIII.4 la (pron.), XIII.9.2, XIII.12.1 La Boetiá, Estève de La Boetiá, XII.5.6.c, XV.3.3 La Bòria, La Borie, XV.3.2 La Joaniá, XII.5.6.c, XV.3.2 La Peirosa, XV.3.3 laborau, XVI.3 Labòria, Laborie, XV.3.2 lach, VIII.1.3, XIII.5, XIV Laci, XII.7.1 (ti) Laconia, XII.5.6.b lagida, Lagida, XIII.21.1 (-ida3) laguens, XIII.18 lai, XIII.9.3, annexe A9 laid -a, XIV laidonc, XIII.15.2, XIII.17, XIII.19, annexe A9 laissar, XI.2.1, XIII.23.2, XIV

lait, VIII.1.3, XIII.5, XIV Lajoaniá, Lajoinie, XV.3.2 Lakhnau, XV.5.5.b lançar, XIV landau, XII.5.5 landés, VIII.1.6 langue, VII.1 langue codifiée → standard émergent langue d’oïl → français langue dominante, II (début), XI.9.4 langue établie, II

(début) langue exemple, XI.9 langue héritée, I.2 langue instituée, III.13.2 langue médiatrice, XI.9.1 langue par distance, Abstandsprache, VII.1.3 langue par élaboration, Ausbausprache, VII.1.3, VII.3.2 langue récupérée, I.2, II.6 langue référentielle → standard; standard émergent langue standard → standard; standard établi langue subordonnée, II (début) languedocien, VIII.1.5, IX.9.1, fig. IX.2, fig. IX.4 languedocisme, IV.1.1 lant, XIII.16.2 lantanid, XII.5.1 (fig. a) lanusquet, VIII.1.6 lapar (se lapar a), VII.5.1 XII.5.2, Lapònia, XII.5.6.a lapse, XII.5.1 (fig. b) larg larga, VII.3.2, XI.2.1, XIV larg(e) larja, XI.2.1, XI.8.1, XIV laringe, XII.5.1 (fig. b) larja → larg(e) las (art.) → los, lhi, XIII.3, XIII.4 las (pron.), XIII.9.2, XIII.12.1 las lassa (adj.), XIV lasèr, XII.5.2, XII.5.5, XVI.2.1 latèx, XII.5.1 lavada, VIII.1.2 XIII.21.1 lavanda, (-and2) lavar, XIV le, XIII.2 (note) XIII.21.1 lectura, (-adura) legedor -a, XIII.21.1 (-aire) legeire -a, XIII.21.1 (-aire) legèm, XII.3.h léger • conjugaison: XIII.26 (legir) • XII.3.h legi, XII.3.h legir • conjugaison:

XIII.26 (legir) • XIII.23.3, XIV legitim, XII.5.1 (fig. a) legum, XIV lei (leis) (art.), III.9.2, III.10.4, VIII.1.3, VIII.1.4, IX.3, IX.9.4, XIII.2 lei (leis) (pron.), XIII.9.2, XIII.12.1 leiçon, XIV

leis → lei leishar, XI.2.1, XIV lèit (= lach, lait),

XIII.5,

XIV

lèit (= lièit), XII.3.g Leman, XV.7 lemme, lemmatisation: introduction, I.3 lemosin -a, XIV • lemosina (véhicule), XI.9.4 Lemosin, XIV, XV.7 Lemòtges/Limòtges, XI.9.2, XIV, XV.4.2 lemotjaud -a, XIII.21.1 (-aud) ’lenar , XIV lenga, XIV Lengadòc, XIV lengadocian, VIII.1.5, XIV • lengadocian meridional, VIII.1.5, fig. ix.4 • lengadocian occidental, VIII.1.5, fig. ix.4 • lengadocian oriental, VIII.1.5, fig. ix.4 • lengadocian septentrional, VIII.1.5, fig. ix.4 Lengadòc-Rosselhon, annexe C2b lenha, XIV (bòsc) Lenin, XII.5.1 (fig. a), XV.5.5.d Lenoir, XV.3.2 Lèo, XII.5.5, XV.3.1 Leonci, Leóncia, XII.8.3 (τι) Leonidàs, XII.5.5, XII.8.4 (-ας) Leopòld, XII.5.1 (fig. a) Lepant, XII.5.1 (fig. a) leponci -óncia, XII.7.1 (on) Lequesnoy, XV.3.2 les, VIII.1.3, IX.9.4, XIII.2 lèser • conjugaison: XIII.26 (legir) léser, XIV l-èsser • conjugaison: XIII.26 (èsser) • XIII.22, XIV

l-èstre • conjugaison: XIII.26 (èsser) • XIV Letícia, XII.5.6.a, XII.7.2 (-ius) Letònia, XII.5.6.a letra, XIV lèu, lèu-lèu, II.7.10, XI.10.3, XIII.15.2, XIII.17 leucodèrme, XII.5.1 (fig. c) levar, XIII.25, XIV levat, XIII.18 Lèvi, XV.3.2 lexicographie, x, XVI.2.2 lexique (ouvrage), X.4.3 lexique fondamental, X.6.2, XI.2.1 lh’ → lhi Lhèida, XII.5.2 lhèu, XIII.14.1 lhevar, XIV lhi (lh’) las, IX.3, IX.9.4, XIII.2 lhi (pron.), XIII.9.2 lhieit* → lieit li (art. niç.), XIII.2 li (pron.) , XIII.9.2, XIII.12.1 li† (art. provençal général) → lei, XIII.2 (note) liam, XII.3.k • liam de chauças, liam de cauças, VII.5.1 liame, XII.3.k liar, XII.4.c Libèria, XII.5.6.a libertat, XII.7.1 (l) libido, XII.5.5 Libre del Consolat de la Mar, XV.7 libre, XIV licèu, XIV Licurg, XII.8.3 (ου) lièch, liech, XII.3.g, XIV liegèm, XII.3.h lièger, liéger • conjugaison: XIII.26 (legir) • XII.3.h, XIV liegi, XII.3.h lièit, lieit, III.11, XII.3.g, XIV

lieume, XIV Lieusola, Lieusola 2000, XI.9.4, XV.4.2 ligam, XII.3.k ligar, XII.4.c lignit, XIII.21.1 (-it2) ligor -a, XII.10.6 Ligoria, XII.10.6 ligur -a, XII.10.6 XII.5.6.a, Ligúria, XII.10.6

ligurien, II.1.2, II.1.5, VII.5.5, VII.5.6 Like A Virgin, XV.6 Lilla en Flandra (a), X.7.4, XV.5.1 limbe, XII.5.1 (fig. b) Limbes, XV.7 limites de l’occitan, VII.6 limites des dialectes, viii Limòtges → Lemòtges limousin, VIII.1.1, IX.9.6, fig. IX.2, fig. IX.4 limousinisme, IV.1.1 lingüistica, linguistica, III.9.1, annexe C2b linha, XIV linotipe, XII.5.1 (fig. c) linx, XII.8.4 (-γξ) liofilizar, XI.2.1 liofilizat, X.8 Lionèl, XV.3.1 lipid, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-id 2) liquid (-ide) -ida, XIV lis† (provençal général) → leis, XIII.2 (note) Lister, XII.5.6.a listèria, XII.5.6.a, XII.6 début Lit e Mixa, XV.4.3 litre, XIV lituan -a, lituanian -a, XV.5.2.d liure -a, XIV Livèrs e Casèlas, XV.4.2 lo (pron.), XIII.9.2, XIII.12.1 lo la l’ l’ (art.), VIII.1.6, XIII.1, XIII.2 (& note) lob, VIII.2.2 loba → lop lòc, XIII.16.2, XIII.18, XIV localisme, II.7.3 locuteur primaire, locuteur naturel, I.2 locuteur secondaire, néolocuteur, I.2, II.6 Łódź, XV.5.5.a -lòg -lòga (suffixe), xii.6.7, xiii.21.1 logar logic -a, XII.8.3 (γ & ι & κ) logicial, -au, I.2 loi 482, II.1.2, II.1.4 Loís XIV, XV.5.2.f lojar, XIV Lombardia, XII.5.6.b Lonegre, XV.3.2 long longa/lonja, lòng lònga/lònja, VII.3.2, XII.10.5, XIII.5,

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XIII.15.2, XIII.18, XIV longicòrne -a, XII.5.1 (fig. b & c) longor, XIV longtemps, lòngtemps, XIII.17 lònh, XII.3.g lonja, lònja → long lonja, lònja → long lonjor, XIV lop loba, XIII.5 lop, VIII.2.2 loquaç, XII.5.1 (fig. a) lor (nom de peuple), XV.5.4.b lor, XIII.11., XIII.11.2, XIII.9.2 lord -a, XIV Lorda, XI.9.2, XV.4.2 lordejar, XIV Lorestan, XV.5.4.b los (pron.), XIII.9.2, XIII.12.1 los las (art.), III.10.4, VIII.1.3, VIII.1.4, VIII.1.6, IX.3, IX.9.4, XIII.2 (& note) lòtja, XII.10.3, XII.10.4 lotjar, XIV (logar) lòtus, XII.5.5 Louiza, Louisa, XV.3.1 lu (art.), IX.3, XIII.2 lu (pron.), XIII.9.2, XIII.12.1 lua, lúa, XIV, annexe A5 luchar, XIV ’luchar , XIV Lucknow, XV.5.5.b luec, XIII.16.2, XIII.18, XIV

luènh, luenh, XII.3.g, XIII.16.2, XIV, annexe A2 luenhèc -a, XIII.21.1 (-ac) Lugar (Lo), Lugarn (Lo), IV.4.3 XIII.21.1 Lugdunesa, (-és) Luishon, XII.10.2 lum, XIV ’lumar , XIV lumbago, XII.5.5 lume, XIV luna, Luna, XIV, XV.7, annexe A5 luòc, XIII.16.2, XIII.18, XIV

Lupercalas, XV.7 lus* → lutz luses, Luses → lutz lutar, XIV Lutèr, XII.5.5 luterian, XI.4.2 luterianisme, XI.4.2 lutz, luses, Lutz, Luses,

III.10.1, XIII.6.1, XIV, XV.6, XV.7 Lux (Guy), XV.2 lux, XII.7.2 (-x) luxe, XII.5.1 (fig. b) Luzon, XV.5.3.d Lwiza, XV.3.1

m’* → amb m’, ’m, XIII.9.2 M6, XV.6 ma (possessif), XIII.11.1 ma* (conj.) → mas ’ma, XII.3.c, XIII.19 macarèl! , XIV Macaronesia, X.4.2 Macedònia, XII.5.6.a macedonian -iana, XII.6.5 machina* → maquina Macías, Enrico Macias, XV.2 macroeconomia, XIII.21.2 (macro-) → macroseïsma* macrosisme macrosisme, II.7.7 macrostructure, X.6.1 Madagascar, XV.7 madama, XIV madomaisèla, XIV Madrid (Madril), XII.10.12 madridenc (madrilenc), XII.10.12 mag† → mage/mague Magalí, XV.3.1 magazin, XIV, annexe C2c magazine, XII.5.1 (fig. b) Magdalena, annexe C2b mage, mague, XII.5.1 (fig. b), XII.7.3 Magellan (Ferran), XV.5.3.a màger, XIII.5, XIII.7.3, XIV, annexe A6 magia, XII.8.3 (ει) magic -a, I.3, II.5, XI.2.1, XII.5.1 (fig. a), XIII.5, XIII.21.1 (-ic1), annexe B2 magician -a, XII.6.5 màgico* → magic magique* → magic magma, XII.5.5 magnanim -a, XII.5.1 (fig. a & c), XIII.21.1 (-anim) magnèsi, XII.6.2 magnetita, XIII.21.1 (-ita2) magnific -a, XIII.21.1 (-fic) magnific, XII.5.1 (fig. a)

Magóncia, XV.5.2.b (note) mague → mage mai (adV.), VI.2, XIII.7.1, XIII.7.1, XIII.13, XIII.14.2, XIII.15.2, XIII.17, XIII.19 • e/a mai, VII.3.2, XIII.15.2, XIII.19 • mai d’un, mai d’una, XIII.13 • pas mai, XIII.13, XIII.14.1 mai (conj.), VI.2, XIII.19 mai (n.), XIV Maiança, XV.5.2.b mailèu, XIII.15.2 mainatge, VII.3.2, XIV maion, XIV mair, XII.4.d, XIV mairana, VII.3.2, VII.4, XIV

mairbona,

VII.3.2, VII.4,

XIV

maire, X.8, XII.4.d, XIII.5, XIV

mairegrand, XIV mairgranda, mairgran, XIV

maisei, XIII.19 maishant -a, XIV maison, XIV maissant -a, VII.3.2, XIV maitot, XIII.15.2 major -a, XIII.7.3, XIV majorança, II.5 majoria, II.5 majoritat, II.5 mal (adV.), X.7.2, XII.4.f, XIII.15.2, XIV mal (n.), XIV mal -a (adj.), VII.3.2 Malaga, Màlaga, XII.5.3, XII.5.5 malaisat -ada, -aa, XIV Malàisia, XII.5.6.a malaisit -ida, -ia, XIII.21.2 (mal-), XIV malària, XII.5.6.a malaude -a, XIV malaudiá, malaudia, XIV malaür, XIV (aürós) malaürós -osa, -oa, XIV (aürós) malaürosament, XIV malaut -a, XIV malaute, XIV (malaut) malautiá, malautia, XIV malautiá, XII.5.6.c Maldivas, -vi, XV.5.2.a malediccion, XIII.21.2 (mal-) malerós, XIV (aürós, note) malgash, XII.5.1 (fig. a) malgrat, XIII.18, XIII.19 Malhòrca, XV.5.2.e

malhum, I.2 Malika, XV.3.1 malt, XII.5.1 (fig. b) malur, XIV (aürós) malurós, XIV (aürós) malus, XII.5.5 malvatz -asa, VII.3.2, XIII.5, XIV mamà, XIV mameta, VII.3.2, VII.4, XIV

mamifèr, XII.7.1 (mm), XIII.21.1 (-fèr) man, VIII.2.2, XIII.16.2, XIV

mança → mance manca, XIII.18 mancant, XIII.19 mancar, XIII.23.2, XIV mance -ça, VII.3.2, XIII.16.2, XIV manchin -a* → mance -ça manchó, XV.5.4.c XIII.14.1, manco, XIII.15.2, XIII.18, XIII.19 mand (èsser a mand de), XIII.23.2 mandar, XIII.23.2, XIII.26 (quèrre) maneg, XII.10.4 manèira, XIV manèra, XIV manetge, XII.10.3, XII.10.4 manhac -aga, XIII.21.1 (-ac) manhacle -a, XIII.21.1 (-ac) Manhòl, XII.5.6.a manhòlia, XII.5.6.a maniac, XII.5.1 (fig. a) manichieu -ieva/-ieua* → maniquèu -èa manièra, -iera, XIV maniquèu -èa, XII.6.6 manjalèu, XI.7.3, XI.7.4 manjar, XIII.25, XIV manosh, XII.5.1 (fig. a) mansi, XV.5.4.c mant -a -es -as -ei(s) -u -i, XIII.13 manténer, mantenir, mantiéner • conjugaison: XIII.26 (téner) Màntoa, XII.5.7 manuscrich -a, XIII.26 (escriure) manuscrit -a, XIII.26 (escriure) Mao Zedong, XV.5.5.b maquina, II.5, X.2, XI.5, XII.8.1, XIV mar (= marro), XII.4.o

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mar, VI.2, XIV març, XIV marca, XIII.14.1, XIII.15.2, XIV marcar, XII.4.a, XIV Marcèl, Marcèu, Marcèth, XV.3.1 marcha, Marcha, XV.7 II.7.12, marchand, XI.8.1 marchar, XII.4.a, XIV Marchas, XV.7 marchés, VIII.1.1 marchois, VIII.1.1 Marensin, XIII.21.1 (-òt) marensinòt -a, XIII.21.1 (-òt) marga, Marga, XV.7 Margarida, XV.3.1 Maria, XII.5.6.b, XV.3.1, XV.7 mariar, XIV maridar, XIV marin -a, XIII.21.1 (-in) maritim -a, VIII.1.4, XII.5.1 (fig. a) maritime → provençal maritime Màrius, XII.5.5 marqués, IV.1.8 marquís* → marqués Marraquèsh, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2, XII.10.2 marre, XII.4.o marri, XII.4.o marrit marrida, marria, VII.3.2, XIV marro, XII.4.o Marròc, XII.5.1 Mars, XV.7 Marseillaise (La), XV.6 Marselha, X.7.4, XIV, XV.7 Marselhesa (La), XV.6 Mart, XV.7 Martin, Martí, Marty, XV.3.2 Maryland, XV.5.4.a mas (adV.), VII.3.2, XIII.22 mas (conj.), III.10.2, XIII.19 Mas (Lo), XV.4.2 mas (n.), XIV mas (possessif), XIII.11.1 mascariá, X.5.5 masculin -a, XIV massaliòta, XIII.21.1 (-ta) Massís Central, -au, XIV, XV.4.2 Massís Septentrional, XIV (Massís Central) Massissipí, XV.5.4.e mastodont, XII.5.1 (fig.

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a), XII.5.2 mat, XII.5.1 Matabeleland, XV.5.4.a Matabuòu, XV.2 matar, VII.3.2 matematicas, XI.9.1 matèria, X.6.2, XII.7.1 (e), XIV matin, XIII.17, XIV matís, matises, XI.8.1 mau, XII.4.f, XIII.15.2, XIV

mauaisit -ida, XIII.21.2 (mal-) maugrat, XIII.18 Mauritània, XII.5.6.a & fin mauvàs* → mauvatz mauvat, XIV (malvatz) mauvatz -asa, XIII.5, XIV màver • conjugaison: XIII.26 (mòure) • XII.3.g maxim, XII.5.1 (fig. a) maximalisme, III.13.1 maximom* → maximum maximum, III.9.2, XIII.15.2 mé* → amb me, XIII.9.1, XIII.9.2 mea, XIII.11.2 mean, XII.4.c Mèca (La), XV.7 mecanic -a, XII.8.3 (χ) mechant, XIV (maissant) medalhet* → pins mède, XII.5.1 (fig. b) mèdi ambient, II.5 XIII.21.1 mediatèca, (-tèca) medicament, XIV medish -a, XIII.13, XIV Mediterranèa, XV.7 mediterranenc -a, XII.6.6 mediterranèu -èa, XII.6.6, XII.7.2 (-æus), XIII.21.1 (-anèu) mediterranh -a, XII.6.6 mèdre • conjugaison: XIII.26 (mèdre) • XIII.23.3 mèfi, II.7.8 XIII.21.2 megahertz, (mega-) megalomania, XIII.21.2 (mega-) megalopòli, XIII.21.1 (-pòli) Megiddo, XII.9 mei (adV.), VI.2, XIII.7.1, XIII.13, XIII.15.2, XIII.17, XIII.19 • e/a mei, XIII.15.2, XIII.19 •

mei d’un, mei d’ua, XIII.13 • pas mei, XIII.13, XIII.14.1 mèi mèja, XII.3.g, XII.3.h, XIII.5, XIII.7.1, XIII.8.3, XIV • a mèjas, XIII.15.2

mei(s) (possessif), XIII.11.1 meian, XII.4.c XIV meichant, (maissant) mèidia, XIV mèijorn, XIV mèijorn, XIV mèijornar, XIV meilèu, XIII.15.2 mèira, XI.2.1 méisser, méisher • conjugaison: XIII.26 (créisser) • IX.3 meisson, XIII.2 meitat, XIII.8.3 mèja → mèi mejan -a, I.3, III.3, XII.4.c, XVI.2.2 mèjanuèit, XIV mèl, XII.3.f Melanesia, XII.8.3 (λ) melanesid, XII.5.1 (fig. a) Melania, XII.5.6.b melanina, XII.8.3 (λ) melanodèrme, XII.5.1 (fig. c) Meleagre, XII.5.1 (fig. b) melhor (adV.), XIII.7.3, XIII.15.2 melhor -a (adj.), XIII.7.3, XIII.5 melhor, XII.3.h meloman, XII.5.1 (fig. a) XIV membrar, (remembrar) mème*, meme* → meteis memento, XII.5.2, XII.5.5 men, XIII.11.2 mena (V.), XIII.9.3, XIV menar, XIV mendre, XIII.5, XIII.7.3 menina, VII.3.2, VII.4, XIV

menor -a, XIII.7.3, XIV mens, XIII.7.1, XIII.7.1, XIII.13, XIII.15.2, XIII.18, XIII.19 mensònega, XII.4.j mentaure • conjugaison: XIII.26 (mentaure) mentàver • conjugaison: XIII.26 (mentaure) mentonasc -a, XIII.21.1 (-asc)

mentonnais, Menton, VII.5.4 mentre, XIII.17, XIII.19 mentretant, XIII.17 mèra* → maire mercadièr, XI.8.1 mercat, XIV mercé, mercés, XIII.18, XIV

merchat, XIV mercí, XIV (mercé) merendar, XIV merende, XIV merguèz, merguèzes, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2, XIII.6.1 meroïtic -a, XII.8.3 (αϊ) mes, XIII.19, XIV Mesa, XIII.21.1 (-òi) meschaent, XIV (maissant) meschant -a, XIV mesclar, XIV mesconéisser, mesconéisher • conjugaison: XIII.26 (conéisser) mesconóisser • conjugaison: XIII.26 (conéisser) mescréder • conjugaison: XIII.26 (creire) mescreire • conjugaison: XIII.26 (creire) Mèsia, XII.5.6.a, XII.7.1 (e) mesme -a, XIII.13, XIV mesòi -a, XIII.21.1 (-òi) mesprètz, XIII.21.2 (mes-) messonja, XII.4.j messorga, messòrga, XII.4.j, annexe C2b mestièr, -ier, -èir, XIV mesurar, XIV metafisica, XIII.21.2 (meta-) metal, XII.5.1 (fig. a), XII.6.3 metallic, XII.5.1 (fig. a) metau, XII.6.3 meteis meteissa, XIV meteis -ssa, II.7.5, III.11, XI.3, XI.10.3, XIII.13 méter • conjugaison: XIII.26 (metre) • XIV mètge metgessa, XI.9.2, XIII.5, XIII.21.1 (-essa1), XIV, XVI.1 metòde, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2, XIII.21.1 (-òde) metre • conjugaison:

XIII.26 (metre) • II.7.8, XIII.23.2, XIV mètre, XIV mètro, XII.5.2 XIII.21.1 metropòli,

(-pòli) mèu, XII.3.f, XIV (cèu) meu, XIII.11.2 mi (possessif), XIII.11.1 mi (pron.), XIII.9.1, XIII.9.2 miá, XIII.11.2, annexe C2b miar, XIV miau, XII.3.f micenèu -èa, XII.6.6, XII.8.4 (-αιος), XIII.21.1 (-èu1) microfòn, XIII.21.2 (micro-) microonda, XIII.21.2 (micro-) microscòpi, XIII.21.1 (-scòpi) Microsoft, XV.7 microstructure, X.7 mièg mièja, XII.3.g, XIII.5, XIII.8.3, XIV, annexe A2 • a mièjas, XIII.15.2 miègjorn, miegjorn, XIV miègjornar, miegjornar, XIV

Miègjorn-Pirenèus, XV.4.3 miei (possessif), XIII.11.2 miei mieja (adj.), XII.3.g, XIII.5, XIII.8.3, XIV • a miejas, XIII.15.2 mieidia, XIV mieijorn, XIV mieijornar, XIV mièja, mieja → mièg, miei mièjanuèch, miejanuech, XIV miejanueit, XIV miélher, XII.3.h, XIII.5, XIII.7.3, XIII.15.2 mièlhs, mielhs, XIII.7.3, XIII.15.2 mieu, III.10.2, XIII.11.1, XIII.11.2, annexe A3 mieua, mieui, XIII.11.2 mieuna, -ei(s) , XIII.11.2 mieus (adV.), XIII.7.3 mieus (possessif) → mieu mife, XIII.14.1 mijon (un), XIII.15.2 mil, XIII.8.1 mila, XIII.8.1 milau, XIII.8.2 milen -a, XIII.8.2 milesme -a, XIII.8.2

milhèra, X.6.2 miliard, XIII.8.1 miliardau, XIII.8.2 miliarden -a, XIII.8.2 miliardesme -a, XIII.8.2 milion, XIII.8.1 milionau, XIII.8.2 milionen -a, XIII.8.2 milionesme -a, XIII.8.2 mime, XII.5.1 (fig. b) mimésis, II.1 (début) mimòsa, XIII.5 Ming, XII.10.5 minga, XIII.13 minim, XII.5.1 (fig. a) , XIII.15.2 minimalisme, III.13.1, IV.1 minimum, XIII.15.2 ministre ministra, XIII.5, XVI.1 Minnesòta, XV.5.4.f minorança, II.5, XI.8.1 minoria, II.5, XI.8.1 minoritat, II.5, XI.8.1 Minsk, XV.5.3.b minuscul -a, XIII.21.1 (-ul) minuta, XIV Mir, XV.7 Mirabèu, XV.3.3 mirador, II.6 miralh, II.6 Mirèlha, XV.3.1 mirga, I.2, XI.9.1 Miriam, XV.3.1 mirra, XII.8.3 (ρρ) misè, XIV Mishnà, XV.7 missant, XIV (maissant) Missorí, XV.5.4.e mistral, Frederic Mistral, X.6.1, XV.3.2 mistralada, XIII.21.1 (-ada1) mistralenc, X.6.1 mistralisme ouvert, IV.1.3 mistralisme, courant mistralien, II.3, III.5, IV.1 mitat, XIII.8.3 • a mitat, XIII.15.2 mite, XII.5.1 (fig. b), XII.8.3 (υ) mixte, XII.5.1 (fig. b) Moab, XII.5.1 (fig. a) mobil -a, II.7.8, XI.7.4, XII.6.3 mobileta, VII.3.2, XIV mòble, XIV mocador, II.6 Moçambic, X.7.2 mòda, XIV mòde, XII.5.1 (fig. a & b)

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modèrne (modèrn†), XII.5.1 (fig. a & b) , XII.5.2, XIV modèst, XII.5.1 (fig. a) mòdus vivendi, XII.5.5 moien* → mejan Moïses, XII.5.5, XII.8.3 (αϊ) mòl mòla, XII.4.g, XIII.5, XIV

mòler • conjugaison: XIII.26 (voler) mólher • conjugaison: XIII.26 (mólzer) Molin (Lo), XV.6 molon, XIII.13, XIII.15.2, XIV

molt, XIII.7.1 mólzer • conjugaison: XIII.26 (mólzer) moment, XIV Mon Pantais, XV.6 món, III.10.3, XII.4.k, XIV mon, XIII.11.1 Monaco → monégasque monadèlf, XII.5.1 (fig. a) monarca, XII.8.4 XIII.21.1 (-άρχης), (-arca) monarquia, XIII.21.1 (-arquia) mond, III.10.3, XII.4.k, XIV

monegasc -a, XIII.21.1 (-asc), XIV monégasque, Monaco, VII.5.5 Mónegue, Monegue, VII.5.5, XI.9.2, XIV, XV.4.2, annexe B2 monerac, XI.9.4 Mongolia, XII.5.6.b mongoloïde, XII.5.1 (fig. a) monocròm, XII.5.1 (fig. a) monocultura, XIII.21.1 (-cultura) monofille, XII.5.1 (fig. c) monograma, XII.5.1 (fig. c) monokini, XIII.21.2 (mono-) monolit, XIII.21.1 (-lit) monòmi, XIII.21.1 (-nòm) monopòli, XIII.21.2 (mono-) monosillab, XII.5.1 (fig. a) monospèrme, XII.5.1 (fig. b) monoteïsme, XII.8.3 (αϊ) m-ont(e), XIII.16.2 Montagne (La), XV.6

montanha, I.3, X.2, XI.2.1, XIV montar, XIV montar-davalar, annexe C2b Montcarles, XI.9.4 Montferrand, XV.4.3 Montluçon, XV.4.3, annexe C2b Montpelhièr, XIV, XV.4.2, XV.5.3.d Montpelier (USA), XV.5.3.d Montréal, XV.5.5.a mor, XII.4.o Morèa, XII.8.2, XII.8.3 ( ρ) moribond, XII.5.1 (fig. a) morir • conjugaison: XIII.26 (morir) • XIV morre, XII.4.o morro, XII.4.o mòrse, XII.5.1 (fig. b) mòrt (n.), XII.3.j, XIV mòrt -a (adj.), XIV Morvedre, X.6.1 morvedre, X.6.1 mos, XIII.11.1 mosquèa* → mosqueta mosqueta, XI.2.1 mossakà, XII.8.2 mossarabi -àbia, XI.9.2 Mossur* → Sénher mossurejar, XII.10.7 mostièr!, -ier, -èir, XIV Mòstra de Venècia, XV.6 mot (adV.), XIII.7.1, XIII.13, XIII.15.2 mot (n.), XIV mòth -a, moth -a, XII.3.j, XII.4.g, XIII.5, XIV mòto, XII.5.2, XIV motor, XIV mòu mòla, XII.4.g, XIV mòure • conjugaison: XIII.26 (mòure) • XI.6, XII.3.g mouse, I.2 móuser • conjugaison: XIII.26 (mólzer) → movament* movement movedís -issa, XIII.21.1 (-ís) movement, XI.6, XIII.21.1 (-ament1), XIV

moviment* → movement Muci Scevòla, XII.6.2, XII.7.1 (sc-) mudejar, XII.5.3, XII.5.5 Mülhausen, Mulhouse, XV.5.3.c

XIII.21.2 multimèdia, (multi-) Munic, XV.5.2.d murga, I.2, XI.9.1 Murièl, XV.3.1 murja, I.2, XI.9.1 musa, XII.8.3 (ου) musc, XII.5.1 Museòn* Arlatenc → Musèu Arlatenc Musèu Arlatenc, XV.6 musèu, XII.8.4 (-ειος) musica, XIV Mustafà, XV.3.1 mustang, XII.10.5 mythes, II.7, III.12, IV.1.6 n’ → non n’ → nos n’, ’n → ne ’na, XII.3.c, XIII.3 nabab, XII.5.1 (fig. a) nacion, XII.7.1 (on), XII.7.1 (ti), XIII.21.2 (non-) Nacions Unidas, XV.6, XVI.2.1 ’nada (= annada), annexe A9 Nadal, XIV, XV.7 nadar, XIV Nadau, XIV, XV.7 Nagaland, XV.5.4.a naiada, XII.8.3 (αϊ), XIII.21.1 (-ada2) naishença, XI.9.2 nàisher • conjugaison: XIII.26 (créisser) • XII.3.e, XII.4.n, XIV naisse* → nàisser naissença, XI.9.2 nàisser • conjugaison: XIII.26 (créisser) • III.10.1, XII.3.e, XII.4.n, XIV Namaland, Namaqualand, XV.5.4.a nani* → non napalm, XII.5.1 (fig. b) ’nar • conjugaison: XIII.26 (anar) • XIV narcotrafegant, X.5.5 narma, XIII.13 nas, XIV Nasa, NASA, XV.7, XVI.2.1 nat nada, XIII.13 Natal* → Nadal Natàlia, XII.5.6.a Natasha, XV.3.1 natural -ala, -au -ala, -au, XIV naturalament, XIV naturaument, XIV nau (nombre), XIII.8.1

nau nava (adj.),

XII.3.g,

XIV

Nausicaa, XII.5.7, XII.8.4 (-αος) naut -a, XIV, XV.4.2 Naut Lemosin, annexe C2b Nauta Garona, XV.7, annexe C2b Nauta Viena, XV.4.3 Nauta Vinhana, XV.4.3 Nautisme, XIII.7.3 naut-lemosin, VIII.1.1, annexe C2b nautor, XIV nautres -as, -ei(s), XII.3.c, XIII.9.1 Nauts Pirenèus → Auts Pirenèus navanta, XIII.8.1 navantau, XIII.8.2 Navarro, XV.3.2 navau, XIII.8.2 navèth navèra, XIII.5, XII.3.g, XIV Nazianz, XII.5.1 (fig. a), XV.5.4.d Ndakaaru, XV.5.3.c ne (adV.) → non ne, n’, ’n (particule pron.), XIII.3, XIII.9.3 necessari -ària, XIV necite -a, XIV negligè, XII.5.2 negociant -a, XIII.21.1 (-ant) negre -a, XIV Negrescu, Negresco, XV.3.2 negue, VIII.1.6 nèir -a, XIV nèisher, XII.3.e Neiße, XV.5.5.a XIV nembrar, (remembrar) neobarròc, XI.6 neoclassic, annexe C2b néoformation, XII.1, XII.5-XII.10 neoimpressionisme, XIII.21.2 (neo-) Neolitic, XV.6, XV.7 néolocuteur → locuteur secondaire néologisme, XII.1 neozelandés -esa, XII.5.5, XIII.21.2 (neo-) nèr -a, XIV nereïda, XIII.21.1 (-ada2) net -a, XIV Neta, XV.3.1 netejar, XIII.21.1 (-ejar),

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XIV

nèu, XIV neuralgia, XI.5 neurir, XII.4.d neurologia, XI.5 neuròna, XI.5, XI.6, XII.8.3 (ευ), XIII.5, XIII.21.1 (-òna) XIII.21.1 neuropata, (-pata) neuropatia, XIII.21.1 (-patia) neuròsi, XI.5, XII.8.3 (ευ) neutron, XIII.21.1 (-on2) Nevà, XV.5.5.f nevralgia* → neuralgia nevròsi* → neuròsi Ngwane, XV.5.4.a nhanca, XIII.15.2 nhòc, XI.2.1, XI.9.2 nhòqui* → nhòc ni, XIII.19 Niça (Comtat de), XIV Niça Vièlha, XV.7 Niça, III.10.2, IV.1.8, XIV Nicaragua, XV.5.4.f Niçard (País), XIV niçard -arda, III.10.2, VIII.1.4, VIII.2.2, XII.5.1, XIV niçardisme, IV.1.1, XII.5.1 niçardoalpenc, niçardoaupenc, VIII.2.2, fig. ix.3, fig. ix.4 niçardo-alpin, VIII.2.2, fig. IX.3, fig. IX.4 Nicefòr Focàs, XII.5.5 niçois, VIII.1.4, IX.9.3, fig. IX.2, fig. IX.4 Nicolau, XII.8.4 (-αος) Nicòt (Joan), XV.3.3 nièr -a, nier -a, XIV nieus, IX.9.5, XIII.15.2, XIII.17, XIII.19 Nigèria, XII.5.2, XII.5.6.a niilisme, XII.10.11 Nil, Nil Blanc, XV.7 XIII.14.1, nimai, XIII.15.2, XIII.19 nimbe, XII.5.1 (fig. b), XII.8.3 (µφ) XIII.14.1, nimei, XIII.15.2, XIII.19 Nimes, XIV, XV.7 ninfa, annexe C2b Niño (El), XV.5.5.a Nirvana, XV.7 Nissa* → Niça nissart* -arda → niçard -arda nitiobrige, XII.5.1 (fig. b) nivèu, XIII.21.1 (-èl) Nívols de Magellan, X.4.2

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nocturne, XII.5.1 (fig. b) Noè, XII.9 noga, XIII.21.1 (-at2) nogat, XIII.21.1 (-at2) nogièr, nogèir, XII.4.a noguièr, XII.4.a noier, XII.4.a nòire • conjugaison: XIII.26 (còire) noirir, XII.4.d noirissa, annexe C2b nòler • conjugaison: XIII.26 (voler) nom, XIV nom propre, X.4.2, X.6.1, X.7.4, xv nombre, XIII.6 nombre, XIV nombres cardinaux et ordinaux, XIII.8 nomenclature, X.6.2 non, ne, n’, X.8, XII.5.5, XIII.13, XIII.14.1, XIII.20, annexe C2b non-adaptation → adaptation non-alinhament, XIII.21.2 (non-) nonanta, XIII.8.1 nonanten -a, XIII.8.2 nonantesme -a, XIII.8.2 XIII.21.2 noncalent, (non-) nonmàs, VII.3.2, XIII.14.1, annexe A7 nonrés, XIII.21.2 (non-) nonuple -a, XIII.8.4 XIII.21.2 non-valor, (non-) non-violéncia, annexe C2b noranta, XIII.8.1 nòrd, XII.5.1 (fig. b), XIV nord-auvergnat, bas-auvergnat, VIII.1.2, fig. IX.4 nòrd-auvernhat, VIII.1.2 nord-italien, III.15, VII.2 nòrd-occitan, VIII.1 début, annexe C2b nord-occitan, VIII.1, II.7.4 nòrd-rodanenc, VIII.1.3 Noreddin, XV.3.1 normal -ala, -au -ala, -au, IX.9.5, XI.5, XII.6.3.a, XIII.5, XIII.21.1 (-al1), XIV normalisation → établissement; codification Normandia, XII.5.6.b normativa, I.3 normativisation → codification normau → normal

norme (explicite), I.3, IX.7, X.5.6 norme bonnaudienne, IV.2 norme classique, III.3III.7, III.14 norme de l’Escòla dau Pò, IV.3 norme mistralienne, IV.1.7 norme orale, I.3 norme orthographique → orthographe norme sociale, pression sociale, introduction, I.3, II.6, X.2 noroèc -èga, noroècs, XI.3 norrir, XII.4.d Northumberland, XV.5.4.a Norvègia, XII.5.6.a, XII.6 début, XV.5.2.c nos, ns’, ’ns, n’, III.10.4, XIII.9.1, XIII.9.2 nosautes -as, XIII.9.1 nosautres -as, -ei(s), -i, XII.3.c, XIII.9.1 nòser • conjugaison: XIII.26 (còire) nòste -a -es -as, noste, XII.3.j, XIII.11.1, XIII.11.2 Nòstras Montanhas, XIV (Massís Central) nòstre -a -es -as, -i, -ei(s), XIII.11.1, XIII.11.2 nòstre, VIII.1.2, VIII.2.2, XIII.1 nòstrei(s) , XIII.1 notòri -òria, XII.6.4, XIII.21.1 (-ari) notoriament, XIII.15.1 notorietat, XII.6.4 nòu (nombre), XIII.8.1 nòu nòva, XII.3.g, XIV Nouakchott, XV.5.3.c Nòva Delhi, XV.7 Nòva Orleans, XV.7 Nòva Roma, XV.7 Nòva York, XV.7 Nòva Zelanda, XV.5.4.a Nòva Zembla, XII.5.2 Novè, XIV (Nadal) novèl -èla, -èu -èla (adj.), XII.3.g, XIII.5, XIII.21.1 (-èl), XIV novèla (n.), VII.3.2 XII.4.k, novembre, XII.4.p, XIV noveme, novémer, XII.4.k, XII.4.p, XIV, annexe A6

noven -a, XIII.8.2 novesme -a, XIII.8.2 novèu, XII.3.g novici -ícia, XII.7.2 (-ius) ns’, ’ns → nos Nuakshut, XV.5.3.c nuança, XI.8.1 nuclear, III.9.2 nucleari* → nuclear nuèch, nuech, I.3, VIII.1.3, IX.3, IX.9.4, XII.3.g, XII.4.b, XIII.17, XIV

nuèit, nueit, VIII.1.3, IX.3, IX.9.4, XII.3.g, XII.4.b, XIII.17, XIV nul nulla, XII.4.q, XII.5.1 (fig. a), XIII.5 XII.5.3, numbre, XII.10.1, XIV numèro, número, XII.5.3, XII.5.5, XII.10.1, XIV Núñez, XV.3.2 nuòch, I.3, IX.3 nuòu nuòva, XII.3.g II.7.10, o (pron.), III.10.1, IX.9.3, XIII.9.2 ò! (interj.) oh! o, ò (conj.), XIII.19 -oa (terminaison), xii.5.7 oai, XI.9.3 Oakland, XV.5.4.a obèrt -a, XIV obertura, XIV objèct* → objècte objècte, III.11, XII.5.1 (fig. b), XIV obliar, XIV oblic -a, XII.7.1 (-quus) oblic, XII.5.1 (fig. a) oblidar, III.10.1, IV.1.7, XIV

obligacion, XIV obligar, XII.6.8,

XIII.25,

XIV

obligatòri -òria, XIII.21.1 (-ador1) oblijar* → obligar obrièr -ièra, -ier -iera, -èr -èra, XIV obrir • conjugaison: XIII.26 (cobrir) • XIV observar, III.10.1, XIII.21.2 (ob-) observatòri, XIII.21.1 (-ador1) obús, XI.8.1 obusièr, II.7.12, XI.8.1 òbvi òbvia, XII.7.2 (-ius) òc (adV.), VII.3.2, IX.9.3, X.8, XIII.14.1, XIV òc (n.), d’òc, lenga d’òc, XIV Òc (País d’), XIV

ocasion, XIV occident, XIII.21.2 (ob-) occitan, III.9.2, XII.7.1 (cc), XIII.21.1 (-an), XIV • occitan central, VIII.2, fig. ix.3, fig. ix.4 • occitan estandard, IX.3 • occitan larg, IX.3, IX.5, IX.9.5, conclusion • occitan oriental, VIII.3 occitan central, VIII.2.1 occitan larg, occitan estandard, ix occitan méridional → sud-occitan occitan oriental, VIII.3 Occitània, III.9.2, III.10.4, IV.4.3, XII.5.6.a, XII.7.2 (-ius), XIV, XV.7 Occitània Granda, II.1.1, IX.5, conclusion occitanisme, II.3 occitanocatalan, XII.5.5 occitanofil, XII.5.1 (fig. a) occitanofòn -a, XIII.21.1 (-fòn) occitano-roman, VII.2 ochanta, II.7.12, XIII.8.1 ochanten -a, XIII.8.2 ochantesme, XIII.8.2 ochen -a, XIII.8.2 ochesme -a, XIII.8.2 octòbre, octobre, XIV octuple -a, XIII.8.4 oculte -a, XII.7.1 (cc) oculte, XII.5.1 (fig. b & c) ocupar, XIV Odissèa, XV.7 odor, XIV oei* → òc oelha, II.7.10 Oesen, XV.4.2 (note) oèst, XII.5.1 (fig. a), XIV oèst-atlantic, annexe C2b ofici, XII.7.1 (ff), XIII.21.1 (-ici1) ofrir • conjugaison: XIII.26 (sofrir) • XIV Oganda, XII.10.6 òi* → òc oïl → français oïstití, XII.5.5, XII.10.8 oitanta, II.7.12, XIII.8.1 oitantau, XIII.8.2 oitantesme -a, XIII.8.2 oitau, XIII.8.2 oitesme -a, XIII.8.2 Olairon, XV.5.2.b Öland, XV.5.4.a

Olanda, II.7.2, XII.10.11, XV.5.4.a òler • conjugaison: XIII.26 (voler) olfactiu, II.7.7 òli, XIV olimipiada, XIII.21.1 (-ada2) Olimp, XII.5.1 (fig. a), XV.7 olimpiada, Olimpiada, Olimpíade, XII.8.2, XII.8.4 (-ας - αδος), XVI.3 Olimpic de Marselha, XVI.2.1 Olivièr, Olivier, Olivèir, XV.3.1 olm, XII.5.1 olme, XII.5.1 olocaust, XII.5.1 (fig. a) Òlt e Garona, X.6.1, annexe C2b Òlt, XIV òm, XIII.13 OM, XVI.2.1 ombra, XIV Ómbria, XII.7.1 (unc) òme, XII.3.k, XIII.6.2, XIV omeopata, XIII.21.1 (-pata) omeopatia, XIII.21.1 (-patia) ometre, XIII.21.2 (ob-) òmi, XII.3.k omicida, XIII.21.1 (-cida) omicidi, XIII.21.1 (-cidi) omnibus, XI.8.1 omnipresent -a, XIII.21.2 (omni-) XIII.21.1 omonim, (-onim) on, XII.4.k, XIII.12.1, XIII.16.2 oncle, XIV oncologia, XII.8.3 (γκ) onèst, XII.5.1 (fig. a) ongan, XIII.17 Ongria, II.7.2, III.10.4, XI.10.3, XII.5.6.b, XII.10.11 ónher • conjugaison: XIII.26 (plànher) onor, XII.3.i, XIII.21.1 (-or1) Onorat (Simon Juda), XV.2 onorific -a, XIII.21.1 (-fic) ont, XII.4.k, XIII.12.1, XIII.16.2 onte, XIII.16.2 Ònu, XVI.2.1 onzau, XIII.8.2 onze, XIII.8.1 onzen -a, XIII.8.2

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onzesme -a, XIII.8.2 opausar, XIV Opèp, OPÈP, XVI.2.1 opèra, òpera, XII.5.3, XIII.5 oposicion, XIV optima, XVI.3 optimal -ala, -au -ala, -au, XVI.3 optimisme, XIII.21.1 (-isme) optimista, XIII.21.1 (-ista) òr (conj.), XIII.19 òr* (n.) → aur ora, òra, XIII.17, XIII.21.1 (-ac), XIV oral -e, I.3 Orange, XV.5.3.d orartèu -èa, XII.6.6 òrbe, XII.5.1 (fig. b) ordenador, ordenader, ordenaor, I.2, XI.10.2, XIII.21.1 (-ador1), XIV òrdi, XIV (òrdre) ordinari -ària, XII.7.2 (-ius), XIII.6.2 (& note) ordinariament, XIII.15.1 òrdre, XIV orèmus, XII.5.5 Øresund, XV.5.5.a, XV.7 òrfe orfena, XIII.5 organ, XII.5.1, XII.8.4 (-ον) organa* → organ organe* → organ organizacion, annexe C2c organizaire -a, XI.6, XIII.5, XIII.21.1 (-izaire), annexe C2c organizar, XI.6, XIII.21.1 (-izar), XIV, annexe C2c organizator* → organizaire orguelh, XV.4.2 (note) oridinari -ària, XIII.21.1 (-ari) origina, orígina, XII.5.3, XII.7.3 originau, XIII.5 Oriòla, XV.5.2.e Orion, XV.7 orizont, XII.8.3 (ο), XII.8.4 (-ν -ντος) Orlhac, XV.4.2 ormòna, XI.6, XIII.5 Ormuz, XII.5.1 (fig. a), XV.5.4.d ornament, XIII.15.1 XIII.21.1 oroscòp, (-scòpi) orthographe, norme

orthographique, I.3 orthographe bonnaudienne, EAU, I.3, IV.2 orthographe classique, I.3 orthographe de l’Escòla dau Pò, I.3, IV.3 orthographe mistralienne, I.3 orthographe phébusienne, IV.1.2, IV.1.7, IV.1.8 ortodòxe, XII.5.1 (fig. b) ortografia, XII.5.6.a XIII.21.1 (note), (-grafia) orxata, XI.9.2 òs, XIV Osiris, XII.5.5, XII.8.4 (-ας -αδος), annexe B2 osmòsi, XI.5, XI.8.1 ostal, VI.2, VII.3.2, XIV ostalariá, ostalaria, XII.5.6.c, XIV ostau, VI.2, XI.5, XIV ostiac -a, XV.5.4.c Otan, OTAN, XVI.2.1 otramar, XIII.21.2 (otra-) òu, XII.3.g, XIV òublidar* → oblidar òusservar* → observar Òut, XIV Ovamboland, XV.5.4.a ovid, XII.5.1 (fig. a) ovipar, XII.5.1 (fig. a) òvni, X.6.2, XII.5.5, XVI.2.1 ovoïde -a, XIII.21.1 (-oïde) oxitòn, XII.5.1 (fig. a) ozbèc -a, XV.5.4.b/c Ozbequistan, XV.5.2.h, XV.5.4.b ozòn, annexe C2c paciéncia, XII.7.1 (e) padena, XI.2.1 Pàdoa, XII.5.7 pagar, XII.4.a, XIV pagina, pàgina, IX.9.4, XII.2, XII.5.3, XII.5.4, XVI.2.1, annexe B2 Pagnol, XV.3.2 païar* → paiar paiar, III.11, XII.4.a, XIV pair, XIV pairan, VII.3.2, VII.4, XIV pairbon, VII.3.2, VII.4, XIV

paire, X.8, XIII.5, XIV pairegrand, XIV pairgrand, pairgran, XIV pairin, XIII.21.1 (-in) País (El), XV.6

país, païses, III.9.2, III.9.3, XIV, annexe C2b païsan -a, XIV, annexe C2b pàisser, pàisher • conjugaison: XIII.26 (créisser) • XII.3.e paja* → pagina pala, VIII.1.2, annexe B1 palaa (a plena), XIII.15.2 palada (a plena/plea), XIII.15.2 Palais de Viena (Lo), XV.4.2 palais, II.7.12, XI.8.1 paleolitic -a, XIII.21.2 (paleo-) Paleològ, XII.6 début Palèrme, XII.5.1 (fig. b) palèstra, XII.8.3 (ε) Palhars, XV.5.2.b palhassa, XVI.1 palhats (a), XIII.15.2 palimpsèst, XII.5.1 (fig. a) palindròm, XII.5.1 (fig. a & c) Pallantèu, XII.7.2 (-æus) pan, XIV pana, XIV panacèa, XII.8.3 ( ν), XII.8.4 (-ειος) Panamà, XII.5.5, XII.10.12 panamenc, XII.10.12 Panatenèas, XV.7 Panhòl, Panhòu, XV.3.2 Panjab, XII.10.3 panoccitan -a, XIII.21.2 (pan-) panorama, XII.5.5 panteon, XII.5.2 XIII.21.2 pantocrator, (pan-) papà, XIV Papàs, XV.5.5.f papèir, papèr, XIV papet, VII.3.2, VII.4, XIV papièr, -ier, XIV paquebòt, IV.1.7 paquidèrme, XII.5.1 (fig. c) Paquistan, XV.5.4.b paquistanés -esa, XV.5.4.b Paradís, XV.7 paragraf, XVI.2.1 Paraguai, XV.5.2.d paralisi, XIII.21.1 (-si) parallèl -a, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2, XII.8.3 (λλ) parallelepidède, XII.5.1

(fig. a) parallelograma, XII.5.1 (fig. c), XIII.21.1 (-grama) paramètre, XIII.21.2 (para-) paramilitar, XIII.21.2 (para-) paranòia, XII.8.1 paraula, XIV parc, XII.5.1 parèir -a, XIV paréisser, paréisher • conjugaison: XIII.26 (conéisser) parelh, pareu, XIII.13 parent -a, XIV pàrer • conjugaison: XIII.26 (pàrer) paressa* → peresa paret, XIV parièr -ièra, -ier -iera, VII.3.2, XIV parla, IX.3 parlà’i, XIII.9.3 parlà’m, XIII.9.3 parlaa, VI.1, VIII.1.2, VIII.1.3, VIII.3, IX.3, XII.4.c, XII.5.7 parlada, VI.1, VIII.1.2, VIII.1.3, VIII.3, IX.3, XII.4.c, XIII.5 parlafòrt* → ràdio parlam, XI.4.3 parlament, XIII.21.1 (-ament1) parlan, IX.9.4, IX.9.5, annexe B2 parlant (en), IX.3 -parlant* -parlanta* (suffixe) → -fòn -fòna, XIII.21.1 (-fòn) parlar, IX.3, XI.4.3, XIII.9.3, XIII.23.3, XIII.24, XIV • parlar negue, VIII.1.6 parlarai, XII.3.e parlaràn, annexe B2 parlarèi, XII.3.e Parlarem, XV.6, XV.7 parlarián, annexe B2 parlas, IX.9.4 parlat, XIII.5 parlè, IX.9.7 parle, VIII.3, IX.3 parlèc, IX.9.7 parlem, XI.4.3 parlèsse, III.10.2 parli, IX.3, XIII.12.1 parlo, IX.3 parlon*, pàrlon* → parlan parnhon, VII.5.1 XIII.21.2 paroxisme, (para-) part, VII.3.2, XIII.15.2,

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XIII.16.2, XIII.18, XIV partent, XIII.18 partia, XIII.13, XIV particular -a, III.9.2, III.10.1, III.10.2, III.10.3, XI.10.3, XII.6.8, XIII.21.1 (-ar2) particules pronominales, XIII.9.3 particulièr -a* → particular -a → particulièr* particular partida, XIV partir, XIII.18, XIV Partit Comunista, XV.6 Partit Popular, XV.6 partit, IV.1.7, IV.4.3 pas (adV.), XIII.13, XIII.14.1 • pas ’rai?, XII.3.c, XIII.14.1, XIII.20 • pas que, VII.3.2 • pas un, pas una/ua, XIII.13 pas (n.), IX.9.4, XIV Pasca, XV.7 Pascas, XIV, XV.7 pashà, XII.5.5 pasmàs, XIII.14.1 VII.3.2, pasmens, XIII.15.2 passa, X.6.1 passadís, X.6.1 passadoira, X.6.1 passant -a, X.6.1 passar, IV.3, X.6.1, XIV passat -ada, -aa, XIV passear, XII.4.c passeg, X.6.1 passeiar, XII.4.c XII.4.c, passejar, XIII.21.1 (-ejar), XIV passes, IX.9.4 passiar, XII.4.c passion, XII.7.1 (ss) pastor pastora (pastritz) XIII.5 pata, XIV patana, XIV pàtria (patria), XII.5.6.a patriarca, XII.8.4 XIII.21.1 (-άρχης), (-arca) Patric, XV.3.1 patriòta, XII.5.2, XII.8.4 (-της) Patròcle, XII.5.1 (fig. b) patron, XIV patronim, XIII.21.1 (-onim) patz, XIV Pau, XIV paua, XIV pauar, XII.10.8, XIV paubre -a, XIV

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pauc, -ca -ques -cas -quei(s) -cu -qui, VII.3.2, VII.4, XIII.13, XIII.15.2, XIII.19 paur, III.9.2, X.5.6, X.7.1, XIII.18, XIII.19, XIV, annexe C2c paure -a, XIV pausa, XIV pausar, XIV pè, IX.9.3, XIV peant -a, XIV pear, XIV pèca (una), XIII.15.2, XIV pecilotèrme -a, XII.8.1 peciòl, XIII.21.1 (-òl2) pedagòg, XII.5.1 (fig. a) pediatre -a, XIII.21.1 (-iatre) pediatria, XIII.21.1 (-iatria) pedon, XI.8.1 pegand, XIII.21.1 (-and1) Pegàs, XII.5.1 (fig. a) pegasolet, II.5, XII.1, XI.8.3 II.7.8, pegaurelha, XI.7.4 pegòrro -òrra, XIII.21.1 (-arrro) pegresa, XIII.21.1 (-esa) pèira, XIV peiregordin, peiregòrd, VIII.1.1 Peireguers, XV.4.2 Peirigús, XV.4.2 Peirosa (La), XV.3.3 peis, XII.4.n, XIV peish, III.10.3, XII.4.n, XIV

pèisher, XII.3.e peishon, XII.4.n, XIV peisson, XII.4.n, XIV peissonariá, III.10.1 peissonarié* → peissonariá peix* → peish pèjo*→ pièg, pièger pejoratiu -iva, XII.7.1 (j) pel (art.), XIII.2 pel (n.), IX.3, XIV pèl, XIV ’pelar , XIV pelasgue, XII.5.1 (fig. b) Peloponès, XV.5.4.f pels, XIII.2 pèn, IX.9.3, XIV (pè) pena (a), XIII.15.2, XIV penable -a, VI.2, XIII.21.1 (-able) pendent, XIII.18 penedre (se/si), penedre’s • conjugaison: XIII.26 (penedre (se)) •

XIII.23.3 pénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) penible, VI.2 pensa, VIII.2.1, VIII.2.2 Pensaire (Lo), XV.6 pensar, III.10.3, X.6.1, XIII.23.2, XIV Pensilvània, XV.5.3.a Pentatèuc, XII.5.1 (fig. a), XV.7 pepin, VII.3.2, VII.4, XIV peplum, XII.8.4 (-ον) Pequin, XV.7 Per Noste, XV.6 per, XIII.2, XIII.18, XIII.19, XIII.22 pera (art.), XIII.2 pèra* → paire peraquí, XIII.15.2 peras (art.), XIII.2 percebre, percéber • conjugaison: XIII.26 (recebre) percórrer • conjugaison: XIII.26 (córrer) pèrder • conjugaison: XIII.27 • XIV pèrdre • conjugaison: XIII.27 • XIII.18, XIV peresa, XIII.21.1 (-esa) pereu, XIII.15.2 perifèria, XII.5.6.a perifrasa, XIII.21.1 (-si) périgourdin, VIII.1.1 Perigüers* → Periguers, XV.4.2 (note) Periguers, XV.4.2 perimètre, XIII.21.2 (peri-) periòde, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-òde), XIII.21.2 (peri-) periple, XII.8.4 (-ους) perissodactil, XII.5.1 (fig. a) permanéncia, annexe A2 permetre, perméter • conjugaison: XIII.26 (metre) permutacion, XIII.21.2 (per-) Perón (Eva), XV.5.5.a Perosa, XV.5.2.b Perpinhan, XV.5.2.e perque, perqué, XIII.12.1, XIII.15.2, XIII.19, annexe B2 persègre, persèguer, perseguir • conjugaison: XIII.26 (sègre) • XIII.21.2 (per-)

persona, XIV pertànher • conjugaison: XIII.26 (plànher) pertot, XIII.16.2 pervenir • conjugaison: XIII.26 (téner) pervèrs, XII.5.1 (fig. a) perviéner • conjugaison: XIII.26 (téner) pes, XIV pesant -a, XIV pesar, XIV pescaire -a, XIII.21.1 (-aire) peschador, VIII.3 peschaor, VIII.3 peseta* → pesseta pessar, X.6.1 pesseta, XI.9.2 pesuc -uga, XIV petal, XII.6.3, XII.7.2 (-alus) peth, XIII.2 pèth, XIV peths, XIII.2 petit petita, XIII.13, XIII.15.2, XIII.15.2, XIV petiton -a, XIII.21.1 (-on1) peu (art.), XIII.2 peu (n.), III.11, XIV pèu, III.11, XIV peus (art.), XIII.2 pi, XIII.17, XIII.19 piano, III.9.2 piau, XIV pibède, XII.5.1 (fig. a) píbol, XII.2 pic, XIII.17 pica, XIII.14.1, XIII.15.2 picar, XIV pichar, XIV pichin -a, XIV pichon pichona, pichoi, III.3, XIII.6.2, XIV, XVI.2.2 pichonet -a, XIII.21.1 (-et1) pichòt -a, X.7.1, XIII.21.1 (-òt), XIV pièg, pieg, XIII.7.3, XIII.15.2 pièger, piéger, XIII.5, XIII.7.3, XIII.15.2, annexe A2 Piemont, XV.7 piémontais, II.1.2, II.1.4, II.1.5, III.15, VII.5.3, VII.5.6 pietat, XIII.21.1 (-tat) pieton* → pedon pigmèu -èa, XII.6.6 pigresa, XIII.21.1 (-esa) pilhar, XIII.26 (prene),

XIV (prene) pin, XIII.21.1 (-et3) Pindar, XII.8.3 (δ) Pinde, XV.7 pineda, XIII.21.1 (-et3) Pineròl, XV.5.2.b ping-pong, XII.10.5 pinhadar, XIII.21.1 (-ar1) pins, II.7.7, II.7.12 pintoresc -a, XIII.21.1 (-esc) pipaut -a, XIV Piram, XII.5.1 piramida, XII.8.2, XII.8.4 (-ας -αδος), XIII.21.1 (-ada2) pire* → pièg, pièger Pirenèas* → Pirenèus pirenenc -a, XII.6.6 Pirenèus, II.7.5, XIV, XV.4.2, XV.7 piri* → pièg, pièger pirita, XIII.21.1 (-ita2) pis* → pièg, pièger piscina, XIV pisha, XI.9.3 pita, XIV (petit -a) XII.5.5, Pitagòras, XII.6.2, XII.8.4 (-ας) Piteàs, XII.5.5 pitecantròp, XII.5.1 (fig. a) Pitit Limòtges (Lo), XV.7 pitit pita, XIV (petit -a) pizza, XI.8.1, XI.10.1, XII.5.5 XII.5.6.c, pizzariá, XIII.21.1 (-ariá), annexe C1 plaça, XIII.18, XIV plai?, XII.5.5 plaire • conjugaison: XIII.26 (plaire) • XIV plan (adV.), XIV plan -a (adj.), XIV plan, II.7.2, VI.2, IX.3, XIII.1, XIII.7.1, XIII.14.1, XIII.15.2 plancton, XII.5.1 (fig. a), XII.5.5, XII.8.4 (-ον) Planèla Grand, XIV (Massís Central) planesa, la Planesa XIII.21.1 (-esa), XV.7 planeta, XII.5.2, XII.8.4 (-της), XIII.5 plànger, IX.9.1 plànher • conjugaison: XIII.26 (plànher) • IX.9.1, XIV planification linguistique, I.1 plan-plan, XIII.15.2, XIV, annexe C2 planta, XIV plantage† → plantatge

Plantagenèstes, -nèsts, XV.6 plantatge, III.9.1, XII.7.3, annexe C2b plantigrad, XII.5.1 (fig. a) planvengut -uda, XIII.21.2 (ben-) plàser • conjugaison: XIII.26 (plaire) • XIV plaser, XIV plastic, XIV Platon, XII.8.4 (-ων) platussar, XI.7.4 Plaute, XII.5.1 (fig. b) plàver • conjugaison: XIII.26 (mòure) • XIV Playstation, XV.7 plea → plen plena plèbe, XII.5.1 (fig. b) plegar, XII.4.a, XIV Pleiadas, XV.7 plejar, XII.4.a, XIV plen plena, plea, XIV plesiosaure, XII.5.1 (fig. b) plèti?* → plai? ploja, XIV plorar, XIV plourà, III.9.1 plòure • conjugaison: XIII.26 (mòure) • XIV plueia, XII.4.c, XIV (pluèja) pluèja, plueja, XIV Plumalhon, XV.6 pluricentrisme, norme pluricentrique, codification plurielle, IX.1 pluriel, XIII.6 plus, XIII.7.1 plusors, XIII.13 Plutarc, XII.8.4 (-άρχης) plutòni, XII.6.2, XII.7.2 (-ius), annexe C1 PME, XVI.2.2 pneumatic, annexe B5 poaa, XII.4.c poarta* → pòrta Podavinha, XV.3.2 poder • conjugaison: XIII.26 (poder) • XIII.23.2, XIV Poèma dau Ròse (Lo), XV.6 poèma, XII.8.3 (ε) poer • conjugaison: XIII.26 (poder) • XIV poesia, annexe C2b poèta, X.7.2, XII.8.3 (ε), XIII.21.1 (-ta) pofinar, VII.5.1 poitevin-saintongeais, III.15, VII.5.7 pojaa, XII.4.c

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pojar, XII.4.c pol pola, VI.2, VII.4, XIII.5, XIV Polaroid, X.4.2 polhés -esa, XV.5.2.b polícia, annexe C2b policròm, XII.5.1 (fig. a) polièdre, XII.5.1 (fig. b), XIII.21.2 (poli-) polifille, XII.5.1 (fig. c) poligam, XII.5.1 (fig. a) poligòn, XII.5.1 (fig. a) polimòrf -a, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-mòrf) IV.1.7, Polinesia, XV.5.2.c polinesian -iana, XII.6.5 XII.5.2, polinòmi, XIII.21.1 (-nòm) polip, XII.5.1 (fig. a), XII.8.3 (π), XII.8.4 (-ους) polipòde, XII.5.1 (fig. a) polisillab, XII.5.1 (fig. a) polissa, XII.5.5, annexe C2b polit -ida, -ia, XIV polivalent -a, XIII.21.2 (poli-) Pòllux, XII.5.1 (fig. b) Polonha, XII.5.6.a pols, XIV polsa, XIV Polzinièra (constellation), XV.7 poma, XIII.4, XIII.6.2, XIV Pomona, X.4.2 Pompèi, XII.7.2 (-æus) Pompèu, XII.7.2 (-æus) pompira, XIV Ponç de Chaptuèlh, XV.3.3 Ponç, XV.3.2 ponch III.10.4, XII.4.b, XIV

pondre • conjugaison: XIII.27 póner • conjugaison: XIII.27 pónher • conjugaison: XIII.26 (plànher) Pons, XV.3.2 Pont e la Chanal, XV.4.3 Pont Euxin, XII.5.1 (fig. a) pont, pònt, XII.3.j, XVI.3 pontife, XII.7.2 (-ex) Popèa, XV.5.2.c populaire → forme populaire popular, III.9.2, XII.6.8 populari* → popular populistes, III.8 pòr, XII.4.o pora, XIV

Porcairòlas, XV.7 pòrre, XII.4.o pòrri, XII.4.o Pòrt de Boc (Lo), XI.4.4 pòrt, XV.7 pòrta, II.7.2, III.10.2, III.11, XIV pòrtaclau, annexe C2b pòrta-fenèstra, annexe C2b portal, XIII.21.1 (-al2) Portalis, XV.3.3 portar, X.7.1, XIII.25, XIV pòrtavions, annexe C2b pòrte* (n.) → pòrta pòrti, X.7.1 Pòrts, II.7.5, XV.7 Portugau, XV.7 posar, X.6.2 posca, XIV Poseidon, XII.8.3 (ει) possessifs, XIII.11 possibilitat, XI.4.2, XII.6.8 possible, XI.4.2, XII.6.3, XIV

possibletat* → possibilitat possíbol → possible Pòsta (La), XV.6 pòsta, XIII.15.2, XIV pòstelectoral, X.5.5 posterior -a, XIII.7.3, XIV pòstmodèrne, XII.5.5, XIII.21.2 (pòst-) pòstonic -a, XII.5.5, XIII.21.2 (pòst-) pòstsincronizacion, XII.5.5, XIII.21.2 (pòst-) potassi, XII.6.2 XIII.21.1 poténcia, (-ança) poth pora, VII.4, XIII.5 Potiomkin, XV.6, XV.7 potz, XIV (malvatz) Poudevigne, XV.3.2 pous, XIV poussa, XIV Pozzuoli, XV.5.3.b pr’amor, XIII.18, XIII.19 pr’aquò, III.9.2, VII.3.2, XIII.15.2 Pradas, XII.6.6 pradòl, XII.6.6 praquò* → pr’aquò prat, VII.5.1 (note) praube -a, XIV praxi, XII.6.2, XII.8.4 (-ις) prealable* → prèvi precampanha, XI.2.1 precís -isa -ises -isas, XIII.6.1, XV.5.4.c, annexes B2/C2c precisar, annexe C2c precòç -a, XII.5.1 (fig.

XII.7.2 (-x), a), XIII.21.2 (pre-) preconizada, XI.1 (note)

predire • conjugaison: XIII.26 (dire) predíser • conjugaison: XIII.26 (dire) predispausar, XIII.21.2 (pre-) prefectura, XIII.21.1 (-ura) prefixe, XII.5.1 (fig. b) préfixes, XIII.21.2 preïberic, VIII.2 début préibérique, VIII.2.1 Preïstòria, XV.6 prems, annexe C2a premsa, annexe C2a prendrai, XIV (arbre) prene • conjugaison: XIII.26 (prene) • XIV, annexe A6 préner, XIII.26 (prene), annexe A6 prèp, XIII.16.2, XIII.18 preparar, II.7.8, XIV prepauar, XIV prepaus, XIII.18, XIV prepausar, XIV prépositions, XIII.18 prerafaelita, XIII.21.1 (-ita1) près, XIII.15.2 près, XIII.16.2, XIII.18 presar, XII.4.c prescription, I.3 prescriure, prescríver • conjugaison: XIII.26 (escriure) presentar, XIV presèpi, XII.7.1 (e) pression sociale → norme sociale prèst -a, prèste -a, XIV pretèxt (pretèxte), XII.5.1 (fig. b) prètz, XIV, annexe A2 prevaler • conjugaison: XIII.26 (voler) prevéder • conjugaison: XIII.26 (veire) preveire • conjugaison: XIII.26 (veire) prèvi, XI.1 (note) Priam, XII.5.1 (fig. a) prim -a (adj.), XII.5.1 prima (n.), XIV primaic -aiga, XIII.21.1 (-ac) primièr -ièra, -ier -iera, -èir -èira, -èr -èra, XI.2.2, XIII.8.2, XIII.17, XIII.19 primtemps, XIV prince princessa, XIII.5 Principat, II.1.3

principi, XIV printemps* → primtemps pritanèu, XII.8.4 (-ειος) privilègi, XII.10.4 pro, XII.5.5, XIII.13, XIII.15.2, XIII.19 proa, XII.5.7 pròamerican -a, XIII.21.2 (pro-) probable -a, XIII.14.1, XIV

pròbe, XII.5.1 (fig. b) problèma, XII.5.2, XII.8.3 (ε), XIII.21.1 (-ma), XIV

problematic, XII.8.3 (ε) procediment, XI.8.1 procedura, XI.8.1 procès, II.5 procèssus, II.5 prochan -a, VII.3.2 pròche -a, XIII.16.2, XIII.18, XIV, annexe A8 prochès* → procès pròchinés -esa, XII.5.5, XIII.21.2 (pro-) pròcomunista, XIII.21.2 (pro-) produccion, XIII.21.2 (pro-) produire • conjugaison: XIII.26 (aduire) • XIV prodúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) • XIV proèmi, XI.3 profechar, XIII.25 profèit, XII.3.g profeitar, XIII.25 professionau, XVI.3 professor -a, XIII.5, XIII.21.1 (-or2), XIV profièch, profiech, XII.3.g profilaxi, XIII.21.1 (-si), XIII.21.2 (pro-) XIII.21.2 prò-Gandhi, (pro-) programa, XII.5.1 (fig. c) prohèit, XII.3.g proheitar, XIII.25 prohibir† → proïbir, annexe C2b (note) proïbir, III.9.1, III.10.4, annexes C2b (note) & C2c projècte, XIII.21.2 (pro-) pròleg, XII.5.4 prolegomèn, XIII.21.2 (pro-) proletari, XVI.2.1 prològ, XI.3, XII.5.4 promàver • conjugaison: XIII.26 (mòure)

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prométer • conjugaison: XIII.26 (metre) Prometèu, XII.6.6 Prometieu* → Prometèu prometre • conjugaison: XIII.26 (metre) • XIV promontòri, XII.7.2 (-ius) promòure • conjugaison: XIII.26 (mòure) prompte, XII.5.1 (fig. b) pron, XIII.13, XIII.15.2, XIII.19 pronoms personnels, XIII.9 prononciament, XII.7.1 (unc) prononciar, XII.7.1 (unc) propanòl, XIII.21.1 (-òl2) XIII.21.1 propanòna, (-òna) pròpche -a, XIII.16.2, XIII.18, XIV (pròche -a), annexe A8 pròpi, XIII.14.1 proscriure, proscríver • conjugaison: XIII.26 (escriure) proteccion, XII.7.1 (cti) proteïfòrme -a, XIII.21.1 (-fòrme) Protèu, XII.8.4 (-ευς) protid, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-id 2) protocòl, XII.5.1 (fig. a) protoindoeuropèu -èa, XIII.21.2 (proto-) protoistòria, annexe C2b proton, XII.5.2, XIII.21.1 (-on2) protosistèma, XII.5.5 prototipe, XII.5.1 (fig. c), XIII.21.1 (-tipe), XIII.21.2 (proto-) protozoari -ària, XII.8.4 (-οος) protozòu, XII.8.4 (-οος) provar, VII.3.2 Provença Servicis, XV.6 Provença, XII.5.7 (note), XIV, XV.7, annexe A2 provençal -ala, provençau -ala, -au, VIII.1.4, XI.5, XII.6.3.a, XIV, XV.4.2 provençal, IV.1, IV.4.4, VIII.1.4, fig. IX.2, fig. IX.4 provençal alpin, VIII.1.3 provençal général, VIII.1.4, IX.9.2, fig. IX.4

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provençal maritime, provençal central, VIII.1.4 provençal niçois → niçois provençal rhodanien, VIII.1.4 provençalisme, IV.1.1 Proxima Centauri, XV.7 pruna! (interj.), XIV prusir • conjugaison: XIII.26 (prusir) Prússia, XII.5.6.a pseudointellectual -a, XIII.21.2 (pseudo-) pseudomistralisme, IV.1.3-IV.1.8 pseudonim, XIII.21.2 (pseudo-) psicanalisi, XII.8.2 → psicoanalisi* psicanalisi psicològ -a, XIII.21.1 (-lòg), XIII.21.2 (psic-) psicologia, XIII.21.1 (-logia), annexe B5 psicopata, XIII.21.1 (-pata) psicopatia, XIII.21.1 (-patia) psique, Psique, XII.8.4 (-η) psiquiatre -a, XIII.21.2 (psic-) pterodactil, annexe B5 ptolemaïc -a, XII.8.3 (αϊ) puaa, XII.4.c puar, XII.4.c publiar* → publicar public -a, XIV publicar, XII.6.8 pudesina, XIII.21.1 (-ina) pudir • conjugaison: XIII.26 (pudir) Puèglaurenç, XV.4.3, annexe C2b Puèi (Lo), Lo Puèi de Velai, X.7.4, XI.9.4, XV.2, XV.4.2, XV.7 puèi, puei (adV.), XIII.17, XIII.19 puericultura, XIII.21.1 (-cultura) puish, XIII.17, XIII.19 pujar, XII.4.c Pulquèria, XII.7.1 (ch) punch, XII.5.1 (fig. a) punk, XIII.5 punt, III.10.4, XII.4.b, XIV Purgatòri, XV.7 purisme, II.7.12 pus, XIII.7.1, XIII.13, XIII.14.1, XIII.15.2, XIII.19

Pushkin, XII.5.1 (fig. a), XV.5.5.d pusillanim -a, XII.5.1 (fig. c), XIII.21.1 (-anim) puslèu, XIII.15.2 pustòst, XIII.15.2 Pyeongyang, XV.5.5.b Qaddafi (Muammar Al), XV.5.5.b Qingdao, XV.5.5.b Qom, XV.5.5.b qu’ → que quadre, XII.5.1 (fig. b) qüadruman/quadruman , XII.5.1 (fig. a) quadruple -a, XII.7.2 (-ex), XIII.8.4 qual/quau (invariable), XIII.12.1, XIII.12.2, XIII.13 qual/quau, quala, -les -las, -li, -lei(s) (variable), XIII.12.1, XIII.12.2, XIII.13 qualitat, qüalitat, XIII.21.1 (-tat), XIV qualqu’un, qualqu’una, XIII.13 qualque -es -i, VII.3.2, IX.9.4, XII.4.h, XIII.5, XIII.13 • qualque res, XIII.13 quan, XIII.17, XIII.19 quand, II.7.10, XIII.17, XIII.19 quant a (prép.), XIII.18 quant -a -es -as -ei(s) -u -i, XIII.12.2, XIII.12.3, XIII.13, XIII.15.2 XIII.12.2, quantben, XIII.12.3, XIII.13, XIII.15.2, XIII.19 quantitat, qüantitat, X.6.2, XIV quaranta, XIII.8.1 quarantau, XIII.8.2 quaranten -a (adj.), XIII.8.2 quarantena (n.), quarantenat, XIII.21.1 (-ena) quarantesme -a, XIII.8.2 quart -a, XIII.8.2, XIII.8.3 quartièr, -ier, -èir, XIV qüasar, XVI.2.1 quasèrn, III.9 début, III.9.2 XIII.15.2, quasi, annexes B2/C2b quasi-delicte, annexe C2b quatau, XIII.8.2 quate vints, XIII.8.1 quate, XII.4.m, XIII.8.1,

annexe A6 quatòrze* → catòrze quatre, III.9.2, XII.4.m, XIII.8.1 • quatre vints, II.7.12, XIII.8.1 • quatre vints dètz, XIII.8.1 quatren -a, XIII.8.2 quatresme -a, XIII.8.2 quau → qual quaucom, XIII.13 quauqu’un, quauqu’una/ua, XIII.13 quauque -quei(s), quaucu -qui, IX.9.4, XII.4.h, XIII.5, XIII.13 • quauqua ren/arren, XIII.13 que, qu’ (conj.), XIII.19 que, qu’ (énonciatif), VIII.1.6, XIII.20 que, qu’, qué, qui (relatif, exclamatif, interrogatif), III.10.4, XIII.7.1, XIII.12.1, XIII.12.2, XIII.12.3, XIII.14.1 quèco, XI.9.3 Queensland, XV.5.4.a quel/queu quela queles/quilhs quelas, VII.5.1 (note), XI.2.1, XII.4.g, XIII.10.1, XIII.12.1, annexe A9 quela → quel, queu Quenha* → Kenya quèpi, XII.5.5 queratina, XII.8.3 (κ) XII.8.4 Queronèa, (-ειος) quèrre • conjugaison: XIII.26 (quèrre) • XIII.23.3, XIV Quersonès, XV.5.4.f quesar, XIII.26 (taire) queste questa questes questas, XIII.10.1 question, qüestion, XII.7.1 (qu), XIII.12.1, XIV

queu → quel qui, III.10.4, XIII.12.1, XIII.12.2, XIII.13 quí, XIII.16.1, annexe A9 quicòm, XIII.13 quilh → quel quilo, XII.5.5, XIV quilograma, XII.5.1 (fig. c), XII.5.5, XIII.21.1 (-grama), XIII.21.2 (quilo-), XIV quilomètre, XIII.21.1 (-mètre), XIII.21.2

(quilo-), XIV, XVI.2.1 quimèra, I.1 quimia, III.9.1, III.11 Quimper, XV.5.3.c quin (= cossí), VII.4, XIII.15.2 quin -a -s -as -ei(s) -i (variable), XIII.12.2, XIII.12.3, XIII.13 quinesiterapia, XII.8.3 ( κ) quint -a, XIII.8.2, XIII.8.3 quintuple -a, XIII.8.4 quinzau, XIII.8.2 quinze, XIII.8.1 quinzen -a, XIII.8.2 quinzesme -a, XIII.8.2 quirguiz -iza -izes -izas, XII.5.1 (fig. a), XV.5.4.b/c/d Quirguizstan, XV.5.4.b quiroptèr, I.1 quitament, VII.3.2, XIII.15.2, XIII.19 quò, XIII.1, XIII.10.2, XIII.14.2, annexe A9 • quò lai, XIII.10.2 • quò quí, XIII.10.2 quocient, III.9.2 quora, XIII.17, XIII.19 quorum, XII.5.5 rabastraire • conjugaison: XIII.26 (traire) rabastréger • conjugaison: XIII.26 (traire) Rachid* → Rashid, XV.3.1 (note) racontar, XIII.21.2 (re-) radar, XVI.2.1 Radia, XV.3.1 radiator, XIII.21.1 (-or2) Ràdio Lenga d’Òc, XV.6 Radio Nostalgie, XV.6 Ràdio País, XV.7 ràdio, XI.7.4, XII.3.b, XIV, XVI.2.1 radiodifusion, XVI.2.1 rafting, XII.5.1 (fig. a), XII.10.5 Ragnarök, XV.7 rai, XIII.14.1 RAI, XV.7 ’rai, XII.3.c, XIII.14.1 raïm, VIII.1.4 Rainoard (Francés), XV.2 raire • conjugaison: XIII.27 • XIII.21.1 (-ar3) RaiUno, XV.6 rap, XII.5.1 rap, XII.5.1 (fig. b) rapid (rapide) rapida, XII.5.1 (fig. a), XII.7.1

(d) rapòrt, XIII.18, XIV rar -a, XII.5.1 (fig. a), XIV ras, XIII.18, XIII.21.1 (-ar3) rasar, XIII.21.1 (-ar3) Rashid, XII.10.2, XV.3.1 rasim, III.11, VIII.1.4, XIV rasin* → rasim rasís, XIII.18 rason, XIV rasor, XIII.21.1 (-or3) raspar, XI.9.3 raspi ràspia, XI.9.3 Rasputin, XII.5.1 (fig. a) rata, I.2, XI.9.1 raubaire, XII.10.7 ready made, II.7.1 realisar† → realizar realisme, XIII.21.1 (-isme) realista, XIII.21.1 (-ista) XIII.21.1 realizacion, (-izacion), annexe C2c realizador* → realizaire realizaire, XIII.21.1 (-izaire), annexe C2c realizar, I.3, III.9.1, XIII.21.1 (-izar), annexe C2c realizator* → realizaire rebrembar, XIV (remembrar) rebrombar, XIV (remembrar) recàder • conjugaison: XIII.26 (caire) recaire • conjugaison: XIII.26 (caire) recéber • conjugaison: XIII.26 (recebre) • XII.3.b, XIV recebre • conjugaison: XIII.26 (recebre) • XIV recent -a, XII.7.1 (e) rechaire • conjugaison: XIII.26 (caire) reclaure • conjugaison: XIII.26 (claure) recobrir • conjugaison: XIII.26 (cobrir) recòire • conjugaison: XIII.26 (còire) reconéisser, reconéisher • conjugaison: XIII.26 (conéisser) • XIV reconóisser • conjugaison: XIII.26 (conéisser) • XIV recórrer • conjugaison: XIII.26 (córrer) recòser • conjugaison: XIII.26 (còire)

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recréder • conjugaison: XIII.26 (creire) recreire • conjugaison: XIII.26 (creire) recréisser, recréisher • conjugaison: XIII.26 (créisser) rectilinèu -èa, XII.6.6, XII.7.2 (-æus), XIII.21.1 (-èu1) recuèlher, recuélher • conjugaison: XIII.27 reculas (de) , XIII.15.2 reculhir • conjugaison: XIII.27 reculons (de) , XIII.15.2 récupération, I.2 redaccion, XIII.21.2 (re-) reddicion, XII.7.1 (dd) redémer • conjugaison: XIII.27 redire • conjugaison: XIII.26 (dire) redíser • conjugaison: XIII.26 (dire) redobrir • conjugaison: XIII.26 (cobrir) redond -a, redon -a, XII.4.k, XIV redormir • conjugaison: XIII.27 redromir • conjugaison: XIII.27 reduire • conjugaison: XIII.26 (aduire) redúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) refar, refaire • conjugaison: XIII.26 (far) referendum, XII.5.5 référentiel -elle → standard refleixir* → pensar réformisme endémique, III.8 refornir, XIII.21.2 (re-) refugir, refúger • conjugaison: XIII.26 (fugir) regaudir • conjugaison: XIII.26 (ausir) regausir • conjugaison: XIII.26 (ausir) II.7.10, regde -a, XIII.7.1, XIII.15.2, XIV, annexe C2b regent -a, XIII.21.1 (-ant) regidor -a, XIII.21.1 (-aire) regim, XII.5.1 (fig. a) region, XIV registres, fig. I.3, I.2, II.7.7, II.7.8, IV.1.6, XI.7.4

regular, III.9.2 regulièr* → regular rehar • conjugaison: XIII.26 (far) rehornir, XIII.21.2 (re-) rehugir, rehúger • conjugaison: XIII.26 (fugir) rei reina, XIV réimer • conjugaison: XIII.27 reina → rei Reinat* → Renat rèir de, XIII.21.2 (rèire-) rèiregarda, XIII.21.2 (rèire-) rèireoncle, XIII.21.2 (rèire-) rèirepè (de), XIII.21.2 (rèire-) rèiresason, XIII.21.2 (rèire-) rèirgarda, XIII.21.2 (rèire-) rèironcle, XIII.21.2 (rèire-) rèirpè (de), XIII.21.2 (rèire-) rèirsason, XIII.21.2 (rèire-) rejausir • conjugaison: XIII.26 (ausir) rejauvir • conjugaison: XIII.26 (ausir) rejoïr* → rejausir, XIII.26 (ausir) rejónher • conjugaison: XIII.26 (plànher) relacien* → relacion relacion, III.10.1, XIII.21.1 (-ason), XIV, XVI.3 relaciu* → relacion relapse, XII.5.1 (fig. b) relatifs, XIII.12.1 relatiu -iva, XIV relegir • conjugaison: XIII.26 (legir) relièger, reliéger • conjugaison: XIII.26 (legir) remarcar, XIV remàver • conjugaison: XIII.26 (mòure) remèdi, XIV, annexe A2 remembrar remetre, reméter • conjugaison: XIII.26 (metre) remòrs, XIII.22 remòure • conjugaison: XIII.26 (mòure) remplaçar, XIV Rems, XII.5.2 ren, XIII.13, XIII.14.1 Ren, XV.5.2.b

renaissantisme → occitan occitanisme Renaissença, XV.6, XV.7 renàisser, renàisher • conjugaison: XIII.26 (créisser) renar, XIV Renat, III.10.2, XV.3.1 rénder, XIV rendètz-pè* → rendètz-vos rendètz-vos, rendetz-vse, II.6 rendormir • conjugaison: XIII.27 rendre, XIV rendromir • conjugaison: XIII.27 XIV renembrar, (remembrar) Renfe, RENFE, XVI.2.1 reng, XII.10.5 renmàs, XIII.14.1 reobrir • conjugaison: XIII.26 (cobrir) reond -a, XIV repais, VII.3.2, XIV repaish, XIV reparar, XIV repotegar, XIV reprene • conjugaison: XIII.26 (prene) representar, XIV République des Pyrénées (La), XV.6 res, XIII.13 rescriure, rescríver • conjugaison: XIII.26 (escriure) resémer • conjugaison: XIII.27 resòlver, resòuver • conjugaison: XIII.26 (resòlver) • XI.2.1 respècte, XIII.18, XIV respèit, XII.3.g, XIV (respècte) respièch, respiech, XII.3.g, XIV (respècte) respirar, XIV respondre, respòndre, XIII.21.2 (re-), XIV respóner, XIII.21.2 (re-), XIV

responsa, respònsa, VIII.3, XIV, XVI.3 respòsta, XIV, XVI.3 ressègre, ressèguer, resseguir • conjugaison: XIII.26 (sègre) ressorsa, annexe C2b rèsta, XIV restar, XIV

’restar, XIV, annexe A9 restrénher • conjugaison: XIII.26 (plànher) resulta, resultat, XIV ret, I.2, XIII.5 retard, XIV reténer • conjugaison: XIII.26 (téner) reténher • conjugaison: XIII.26 (plànher) retenir • conjugaison: XIII.26 (téner) retiéner • conjugaison: XIII.26 (téner) retòrcer • conjugaison: XIII.26 (tòrcer) retraire • conjugaison: XIII.26 (traire) retréger • conjugaison: XIII.26 (traire) retroactiu -iva, XIII.21.2 (retro-) retrograd, XII.5.1 (fig. a) retrovirus, XIII.21.2 (retro-) reünir, annexe C2b revéder • conjugaison: XIII.26 (veire) reveire • conjugaison: XIII.26 (veire) revenir • conjugaison: XIII.26 (téner) reverend -a, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-and1) revèrs, XIII.15.2, XIV revestir • conjugaison: XIII.26 (vestir) reviéner • conjugaison: XIII.26 (téner) revirar, XIV reviure, revíver • conjugaison: XIII.26 (viure) Revolucion d’Octòbre, XV.6 revolucion, IV.4.3 revolum, IV.4.3, XIII.21.1 (-am) rhodanien → provençal rhodanien rhodano-dauphinois, VIII.1.3 Ribagòrça, XII.5.2, XV.5.2.b ric rica/richa, XI.8.1, XIV riche richa, XI.8.1, XIV ridicul -a, XII.6.3, XIII.21.1 (-ul) -rietat (terminaison), xii.6.4 rim, VIII.1.4 rinocèros, XII.6.2, XII.8.3 ( κ) rintrar, XIII.21.2 (re-)

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Ripèrt de Montclar, XV.3.3 rire • conjugaison: XIII.26 (rire) • XIV risolièr, II.6 -ritat (terminaison), xii.6.4 rite, XII.5.1 (fig. b) ritme, XII.3.b, XII.5.1 (fig. b), XII.8.3 (Õ & θ & µ) Riyad, XV.5.3 roa, XIV Roais, XI.3 robiaca, X.8 ròc, XII.5.1, annexe B5 ròck, XII.5.1 rocós, Rocosas, XV.7 ròda, XIV rodanenc, VIII.1.4 XII.5.1 rododendron, (fig. a), XII.5.5, XII.6.2 Rodrigo, XV.3.1 roergàs -assa, XIII.21.1 (-às) Roergue, VIII.2.2, XII.4.c roge roja, VII.3.2, VIII.2.2, XII.3.b, XIV roire • conjugaison: XIII.27 • XIII.23.3 ròlle* → ròtle rom, XII.5.1 (fig. b) Roma, X.7.4, XV.7 XI.4.4, roman -a, XV.5.4.e romanais, Romans, VII.5.2 romanch, XII.5.1 (fig. a) romanenc -a, XV.5.4.e romanés -esa, XI.4.4, XV.5.4.e Romanha, XV.5.4.e Romanhat, XV.4.3 romanhòl -òla, -òu -òla, XV.5.4.e XII.5.6.b, Romania, XV.5.4.e Romània, XV.5.4.e romanic -a, XI.4.4, XV.5.4.e Romanilha (Josèp), XV.3.4 Romans → romanais rombe, XII.5.1 (fig. b), XII.5.2 rompre, rómper • conjugaison: XIII.27 ròsa, III.3, IV.3 Ròse, X.7.4, XIV, XV.7 rossèl -a, XIII.21.1 (-èl) Rosselhon, XV.7 rot -a, XIII.27 ròtle, III.9.1 royasque, HauteRoya, VII.5.6, fig. IX.2 rubrique, X.7

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rude, XII.5.1 (fig. b) rugbi, XI.10.1 Russia, XII.3.b, annexe B2 rústegue -ga, rustegue -ga, XI.2.1, XII.2, XII.5.4 s’, ’s, → se sa, XIII.11.1 Saara → Sahara Saarland, XV.5.4.a saber • conjugaison: XIII.26 (saber) • X.7.2, XIII.23.2, XIV sabes, XII.3.c, XIII.14.2 XIII.21.1 sacamand, (-and1) sacaròsa, XI.6, XIII.5, XIII.21.1 (-òsa) sacha, annexe A8 sacòt, XII.10.2 sacrifiar* → sacrificar sacrificar, XII.6.8 sacrilègi, XII.10.4 Sadornin, Sadourny, XV.3.2 Safo, XII.8.3 (πφ) Sahara, II.7.2, XII.10.11, XV.5.2.h, XV.5.4.f saharauí, XII.10.8 XII.10.11, Sahèl, XV.5.2.h Saïdi, XV.3.2 saique, XIII.14.1 Sais, XII.8.3 (αϊ) sal, IX.3, XIV Sala (La), X.8, XV.4.2 sala, XIV Salèrne (ville d’Italie), XII.5.1 (fig. b) salon-barlon, XIII.15.2 saludar, saluar, XIV salutar* → saludar, saluar salv, XIII.18 Salvador (Lo), XII.10.12 salvadorenc -a, XII.10.12 salvar, IX.3, XIV Samaranch i Torrelló (Joan Antoni), XV.3.3 Samària, XII.5.6.a Samira, XV.3.1 XV.5.5.b Samsung, (note) sanccion† → sancion Sanch Amàs, XV.4.2 Sanch, Sancha, XV.4.2 sancion, annexe C2b sanctuari† → santuari Sandra, XII.5.5, XV.3.1 sang, XII.10.5, XIII.5, XIV sangria, XII.5.6.b sanguinari -ària / -gü-, XII.7.1 (gu) Sanha (La), La Sanha

de Mar, XV.4.2

Şanlıurfa, XI.3

Sant Cristòl e Nevis, XV.5.2.g Sant Emilion, annexe C2b Sant Estève, X.6.1 Sant Geli dau Fesc, XV.4.2 Sant Guironç, XV.4.2, XV.7 Sant Joan, XV.7 Sant Pèire e Miquelon, XV.5.2.g Sant Savornin d’At, XV.4.2 Sant Vincenç e las Grenadinas, XV.5.2.g sant, santa, Sant X…, Santa X…, X.6.1, XV.4.2 Santa Elena, XV.5.2.g, annexe C2b Santa Gabèla, XV.4.2 Santa Lúcia, XV.5.2.g santa, Santa → sant, Sant santat, XIII.21.1 (-tat), XIV

Santorin, XV.7 santuari, III.9.1, XII.7.2 (-ius), annexe C2b São Paulo, XV.5.5.a Saorj, XV.4.3 sapcha, annexe A8 Sapporo, XV.5.3.c Sara, XII.5.5, XV.3.1 sàrcia, XII.8.2 sarcofag, XII.5.1 (fig. a) sarde, XII.5.1 (fig. b) Sardenha, XV.7 sarralha, XIII.21.1 (-alh) Sarrasins (Los), XV.4.2, XV.7 sarri, VI.2, IX.3, XI.2.1 sartan, XI.2.1 sas (possessif), XIII.11.1 sas (V.), XII.3.c sasir, XIV sason, VII.3.2, VII.3.2, XIV

Sàsser, XV.5.2.e satisfar, satisfaire, XI.6 Saturne, XII.5.1 (fig. b) sau, IX.3, XIV saubre • conjugaison: XIII.26 (saber) • XIV saupre • conjugaison: XIII.26 (saber) • XIV saurian, XII.6.5, XII.8.3 (αυ) sautar, XIV sauv, XIII.18 sauvar, IX.3, XIV sauvatèrra, II.7.4

savant → forme savante Savòias, XV.6 scàtola* → boita scèna, XII.5.8 scèptre, XII.7.1 (sc-) sciéncia, XII.5.8, XII.7.1 (sc-) scientific, XII.5.4 scientífico* → scientific scita, XII.8.3 (σκ-) se, s’ (conj.), XIII.19 se, s’ (énonciatif), XIII.14.2, XIII.20 se, s’, ’s (pron.), XIII.9.1, XIII.9.2, XIII.13 sec seca/secha, XIV secar, X.6.2 sécessionnisme linguistique, II.7.6, III.10.3, III.15, IV.1.3, IV.1.4.h, IV.1.8, IV.2, VII.1.2, VII.1.5 secha → sec secodir, XIII.26 (secodre) secodre • conjugaison: XIII.26 (secodre) • XIII.23.3 secolar, XII.5.8 secórrer • conjugaison: XIII.26 (córrer) secret -a, XII.5.2 sedàs, annexe C2b sèder • conjugaison: XIII.26 (sèire) sédimentation, I.3 seduire • conjugaison: XIII.26 (aduire) sedúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) sefardita, XIII.21.1 (-ita1) segal, XI.2.1, XII.2 Segalar, XIII.21.1 (-in) segalin -a, XIII.21.1 (-in) ’segar , annexe A9 segle, XI.2.1, XII.2 segon, XIII.18 segond -a, XIII.8.2 sègre • conjugaison: XIII.26 (sègre) • XIV Segre, XII.5.2 segrèt, XII.5.2 séguel, XI.2.1, XII.2 sèguer • conjugaison: XIII.26 (sègre) • XIV seguir, III.10.1, XIII.26 (sègre), XIV segur -a, XIII.14.1, XIV Seguretat Sociala, -au, XV.6 seguretat sociala, X.8 sei(s), XIII.11.1 Seirat, XV.4.3 sèire • conjugaison: XIII.26 (sèire)

sèis, XII.3.g seisen -a, XIII.8.2, XIII.8.3 seisesme -a, XIII.8.2, XIII.8.3 seishanta, XIII.8.1 seishantau, XIII.8.2 seissanta, XIII.8.1 • seissanta dètz, XIII.8.1 seissanten -a, XIII.8.2 seissantesme -a, XIII.8.2 sèla, XIV Seleucidas, XIII.21.1 (-ida3) selha, XI.2.1, XII.2 Selinont, XII.8.3 (ουnc), XII.8.4 (- ν - ντος & -ους) selovaque* → eslovac Sèm, XII.5.1 (fig. b) semblar, XIII.23.2, XIV semi-adaptation → adaptation semiconductor, XIII.21.2 (semi-) Semiramis, XII.5.5 semita, XIII.5, XIII.21.1 (-ita1) semondre • conjugaison: XIII.26 (semondre) • XIII.23.3 sempitèrne, XII.5.1 (fig. b) sempre, VII.3.2, VII.4, XIII.17 Senat, XV.7 sencer -a, XIV senèc -a, VII.3.2, XIII.16.2, XIII.21.1 (-ac), XIV senegalés -esa, XIII.21.1 (-és) senèstre -a, VII.3.2, XIII.16.2, XIII.21.1 (-ac), XIV sengles -as -ei(s) -i, XIII.13 Sénher, sénher, II.5, II.7.8, X.8, XII.10.7, XIV

Senhor, senhor, II.5, II.7.8, III.9.1 senhoriá, XII.5.6.c senon, XIII.19 sens (n.) , XIV sens (prép.), XIV sens (prép., conj.), XIII.18, XIII.19 sensa, XIII.18, XIII.19, XIV

sensíbil* → sensible sensible -a, XII.6.3, XIII.21.1 (-able)

Sent Guironç, XV.4.2 Sent, XV.4.2 senta (V.), VIII.3 Senta Gabèla, XV.4.2 sente, VIII.3 sentiment, XIV sentinhós, II.7.7 sentir, XIII.23.3, XIII.24, XIV

separar, XIV sépia, XII.5.6.a sepòrt, XII.5.8 sepòt, VII.3.2, XIII.14.1 Septimània, XII.5.6.a septuple -a, XIII.8.4 ser, XIII.17, XIV sera, XIII.17, XIV sèrbe, XI.5, XII.5.1 (fig. b), XII.6 début sèrbi* → sèrbe Serbia, XII.5.6.b & fin sèrbocorat, XII.5.5, annexe C2b serbofòn, XII.5.5 sèria (seria, sèrie), XII.5.6.a, XII.7.2 (-ies) seriá, annexe B2 seriás, annexe B2 seriós -osa, -oa, XIV service* → servici servici, III.4.3, XIII.21.1 (-ici1), XIV servir • conjugaison: XIII.27 • XIV sèt, XIII.8.1, XIV set, XIV, annexe A2 setacion, XII.5.8 setanta, XIII.8.1 setantau, XIII.8.2 setanten -a, XIII.8.2 setantesme -a, XIII.8.2 ’setar, XII.3.a, annexe A9 setau, XIII.8.2 setembre, XIV seteme, XIV seten -a, XIII.8.2 setesme -a, XIII.8.2 setmana, XIV setzau, XIII.8.2 setze, XIII.8.1 setzen -a, XIII.8.2 setzesme -a, XIII.8.2 seu, XIII.11.2 Sevila* → Sevilha Sevilha, XV.5.2.b, XV.5.4.e sèxe, XII.5.1 (fig. b), XIV sèxi, XIII.5 sextuple -a, XIII.8.4 shampó, XII.10.2 Shatt Al Arab, XV.5.5.b Shatt Ash Sharqi, XV.5.3 sheis, XII.4.n, XIII.8.1 sheisau, XIII.8.2, XIII.8.3

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shens, III.10.3, XIII.18, XIII.19, XIV sherif, XII.5.1 (fig. a) Shetland, XV.5.4.a Shijiazhuang, XV.5.5.b Shiva, XV.5.5.b shunt, XII.5.1 (fig. a) si (adV.), XIII.14.1, XIII.15.2 si (conj.) → se si (possessif), XIII.11.1 si (pron.), XIII.9.1, XIII.9.2, XIII.13 siá (possessif) XIII.11.2, annexe C2b siá, sia (V.), XII.5.6.c, XIII.19 Siagri, XII.6.2 siás, XII.3.d, XII.5.6.c siáu, III.10.2, XII.3.d, XII.5.6.c, annexe A3 Sichília* → Sicília Sicília, XV.7, annexe C1 sida, XII.5.5, XVI.2.1 siei, XIII.11.2 sièis, sieis, XIII.8.1 sièis, XII.3.g, XII.4.n Sierra Morena, XV.5.3.b sieu (possessif), XIII.11.1, XIII.11.2 sieu* (V.) → siáu sieua, sieui, XIII.11.2 sieuna, -ei(s) , XIII.11.2 signe, XII.5.1 (fig. b), XII.7.1 (g), XIV sillaba, XIII.21.2 (sin-) silvèstre, XII.7.1 (i) Sílvia, XII.5.6.a, XII.7.1 (i & s), XII.7.2 (-ius) simbèl, simbèu, XIII.21.2 (sin-) simplament, XIV simple -a, XIV simplicité, simplification, II.7.11, XI.7.3 simulador, XIII.21.1 (-ador1) simultanèu -èa, XII.6.6 Sinaí, XII.5.5 sincròn -a, XII.5.1 (fig. a), XII.8.3 (γχ) sindròm, XII.5.1 (fig. a & c) singaro, síngaro, annexe C2b sinid, XII.5.1 (fig. a) sinjalon -a, XV.2 (note) Sinjau, XV.2 (& note) sinonim, XIII.21.1 (-onim) sinòpsi, XII.8.3 (ψ), XII.8.4 (-ις), XIII.5, XIII.21.1 (-si), XIII.21.2 (sin-) sinotibetan, XI.4.2

Sint, XV.4.2 sintactic, XI.4.2 XIII.21.1 sintagma, (-ma) sintaxi, XI.4.2, XII.8.4 (-ις), XIII.21.1 (-si) sintaxic, XI.4.2 sintèsi, XI.2.1, XI.4.2, XIII.21.1 (-tèsi) sintetic, XI.4.2 sinus, XII.5.5 sinusiti, XII.8.4 (-ις) sinusoïde -a, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-oïde) sio, annexe A3 siox, XV.5.4.c siriac -a, XII.5.1 (fig. a), XV.5.4.c Sírius, XV.7 sit, II.6, II.7.7, XI.5 siti* → sit sitòst* → dempuèi situacion, XIV situacionista, XVI.2.1 situar, XIII.25, XIV siu, annexe A3 Sixte, XII.5.1 (fig. b) Sjælland, XV.5.4.a Škoda, XV.5.5.a Skylab, X.4.2, XV.6, XV.7 Småland, XV.5.4.a SMS, X.6.2, XVI.2.2 só, XIV soa, soá, XIII.11.2 sobde, XIII.17 Sobirós (Bernadeta), XV.3.3 sobran, XIII.17 Sobrarb, XV.5.2.e sòbras (a), XIII.15.2 sobrat (a), XIII.15.2 sobre, XIII.18 sobredire • conjugaison: XIII.26 (dire) sobreproduccion, XIII.21.2 (subre-) sobresèire • conjugaison: XIII.26 (sèire) sobretot, XIII.15.2 sobrevenir • conjugaison: XIII.26 (téner) sobreviure • conjugaison: XIII.26 (viure) sobte, XIII.17 sochetat* → societat social -ala, -au -ala, -au, XIV socialista, XI.6 societat, annexe C1 sòcioeconomic, XII.5.5

sociolinguistica, XII.5.5 sociologia, XII.5.5 Socrates, XII.5.5, XII.8.3 (σ), XII.8.4 (-ης) sodisfar* → satisfar, XI.6 (note) sofà, XII.5.5, annexe B2 Sofia, XII.5.6.b, XV.3.1 sofisma, XIII.21.1 (-isme & -ma) sofrir • conjugaison: XIII.26 (sofrir) • XIV Soïssa, XII.10.6, annexe C2a sol (n.), XIV sol -a (adj.), XII.4.f, XIV Sola, XV.5.2.b solament, XIII.14.1 solar -a (adj.), III.9.2, XII.6.2, XIII.21.1 (-ar2) solari (n.), XII.6.2 solari -ària* (adj.) → solar -a sòlda, XIV (soldat) soldard, XIV (soldat) soldat, XIV solelh, Solelh, XIV, XV.7, annexe B2 Solelhada, XV.6 soler • conjugaison: XIII.26 (voler) • XIII.23.2 solet -a, XIV soletin -a, soletan -a, XV.5.2.b soleu, III.10.2, XIV solfegi, XII.10.4 solid (-ide) -ida, XII.5.1 (fig. a), XIII.14.1, XIV solidari, XII.6.4 solidaritat, XII.6.4 solinhar, XIII.21.2 (sos-) solitud, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-tud) soluble -a, XII.5.1 (fig. b), XII.6.3, XIII.21.1 (-able) solutrean -a, XII.6.6 sòlver • conjugaison: XIII.26 (resòlver) Sölzh Gala, XV.5.3.c Solzhenitzyn, XV.5.5.d soma, XIV sométer • conjugaison: XIII.26 (metre) sometre • conjugaison: XIII.26 (metre) • XIII.21.2 (sos-) somsir, annexe C2a son (n.), XIV son (possessif), XIII.11.1, XIII.11.2 sonar, XIV soncament, XIII.14.1, XIII.18 sonham, XII.3.h

sonhar, VII.3.2, XII.3.h, XIII.25, XIV sonhi, XII.3.h Sònia, XII.5.6.a VII.3.2, sonque, XIII.14.1, XIII.18, XIII.19 sopar, XIV soporific -a, X.5.5 sopr(a)-* → XIII.21.2 (subre-, supra-) sòr, XII.4.o, XIII.5, XIV sorcelatge, X.5.5 sordà, XIV (soldat) sòrda, XIV (soldat) sordat, XIV (soldat) sordato, XIV (soldat) sordeis, XIII.5, XIII.7.3, XIII.15.2 Sorgentin (Lo), XV.6 soríder • conjugaison: XIII.26 (rire) sorire • conjugaison: XIII.26 (rire) soritz, I.2, XI.9.1 sòrre, VII.3.2, XII.4.o, XIV sorsa, annexe C2b sortida, sortia, XIV sortilègi, X.5.5 sortir, XIV sortit, XIII.18 sos (possessif), XIII.11.1 sos (prép.), XIII.18 sosdesvolopament, XIII.21.2 (sos-) sosentendre, sosenténder, XIII.21.2 (sos-) XIII.21.2 sosmarin, (sos-) sostítol, XIII.21.2 (sos-) sostraire • conjugaison: XIII.26 (traire) sostréger • conjugaison: XIII.26 (traire) sota, XIII.18 → sotaentendre* sosentendre → sotamarin* sosmarin sotatítol* → sostítol soteiran, XIII.21.2 (sos-) sotz-* → XIII.21.2 (sos-) sòuda, XIV (soldat) soudar, III.9.1, annexe C2b soudard, XIV (soldat) soudat, XIV sòudi, annexe C2b sous-dialecte, VIII.1 sòuver • conjugaison: XIII.26 (resòlver) sovenir (se/si), XIV sovent, XIII.17, XIV

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soviene’s, XIV sovr(a)-* → XIII.21.2 (subre-, supra-) Stalin, XII.5.8 stalinisme, XII.5.8 standard, variété standard, langue standard, variété référentielle, langue référentielle, I.3 standard émergent, I.3 standard établi, I.3 standard général, IX.3. IX.4, IX.9.1 standard régional, IX.1-IX.5, IX.9 standardisation, I.1, I.3 Sting, XII.5.8 structuration supradialectale → classification supradialectale suar, VIII.2.2, XII.4.c suau suava, XIII.15.2, XIV

subaltèrne, XII.5.1 (fig. b) suber, XIII.18 suberdíser • conjugaison: XIII.26 (dire) suberproduccion, XIII.21.2 (subre-) subersèder • conjugaison: XIII.26 (sèire) subertot, XIII.15.2 suberviéner • conjugaison: XIII.26 (téner) subervíver • conjugaison: XIII.26 (viure) subit, XIII.17 subjècte, XIII.21.2 (sos-) subjonctiu† → subjontiu subjontiu, annexe C2b submersion, XIII.21.2 (sos-) subordination, II (début) subordination intouchable, II.7.5 subran, XIII.17 subre, XIII.18 subredire • conjugaison: XIII.26 (dire) subreproduccion, XIII.21.2 (subre-) subresèire • conjugaison: XIII.26

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(sèire) subretot, XIII.15.2 subrevenir • conjugaison: XIII.26 (téner) subreviure • conjugaison: XIII.26 (viure) substituir, XIII.21.2 (sos-) substitution, II (début), II.2, II.3 subte, XIII.17 subtil -a, XII.6.2, XII.6.3 subtil/-iu subtila, XIII.5 succedir, XIII.21.2 (sos-) succès, XIII.21.1 (-és) sucre, XIV sucube, XII.5.1 (fig. c) sud, XII.5.1 (fig. b), XIV sud-american, annexe C2b sudar, XII.4.c sud-auvergnat, haut-auvergnat, VIII.1.2, fig. IX.4 sud-auvernhat, VIII.1.2 sud-occitan, occitan méridional, VIII.1, fig. IX.2 sud-occitan, VIII.1 début Suècia, XII.5.6.a sueivre* → seguir suenham, XII.3.h suenhar, XII.3.h suenhi, XII.3.h suèu, XII.5.1 (fig. a) suffixes, XIII.21.1 sufire • conjugaison: XIII.26 (sufire) • XIV sufisença, XIII.21.1 (-ança) sufíser • conjugaison: XIII.26 (sufire) • XIV sufixe, XII.5.1 (fig. b), XIII.21.2 (sos-) suggerir, XII.7.1 (gg), XIII.21.2 (sos-) suid, XII.5.1 (fig. a) sul, XIII.2 sulfur, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-ur) suls, XIII.2 supar, XIV supat -ada, -aa, XIV supausar, XIII.21.2 (sos-) supèr, XVI.2.1 supercarburant, XVI.2.1 superestructura, XIII.21.2 (subre-) superfícia (superficia, superfície), XII.5.6.a, XII.7.2 (-ies), XIV superior -a, XIII.7.3, XIV superlatif, XIII.7.2,

XIII.7.3 supermercat, supermerchat, XI.6, XII.5.5, XIII.21.2 (subre-), XIV, annexe C2b superproduccion, XIII.21.2 (subre-) suportar, XIII.21.2 (sos-) suprasensible -a, XIII.21.2 (supra-) suprèm, XII.5.1 (fig. a) surf, XII.5.1 (fig. a), XII.10.7 surrealisme, XIII.21.2 (subre-) sus, XIII.2, XIII.18 susar, VIII.2.2, XII.4.c susbaish, XIII.16.2 susbàs, XIII.16.2 susnaut, XIII.16.2 → suspausar* supausar susportar* → suportar susprene • conjugaison: XIII.26 (prene) sustot, XIII.15.2, XIV susvelhar, XIII.21.2 (subre-) suu, XIII.2 suus, XIII.2 Svealand, XV.5.4.a swahili, XV.5.3.b swazi, XV.5.4.c Swaziland, XV.5.4.a Szeged, XI.9.1 t’, ’t, XIII.9.2 tà, XII.3.c, XIII.2, XIII.18, XIII.19 ta, XIII.11.1 tabó, XII.5.5 tag, XII.5.1 (fig. b) XII.10.10, Tahiti, XII.10.11, XV.7 tahitian, XII.10.10 tai, XIII.5 taigà, XII.10.9 Taigèt, XII.8.3 (αϋ) XII.10.9, Tailàndia, XV.5.4.a taire • conjugaison: XIII.26 (taire) taisar, XIII.26 (taire) Taiwan, XV.7 Taj Mahal, XV.6 tal/tau tala, XIII.13, XIII.15.2, XIII.15.2, XIII.18, XIII.19 talament, XIII.15.2 talassocracia, XIII.21.1 (-cracia) talc, XII.5.1 (fig. b) talent, VII.3.2, XIV Talmud, XV.7 talús, talusses, XIII.6.1

tampar, XIV tan → tant tanben, XIII.7.1, XIII.15.2 tanc, XI.8.1 tandèm, XII.5.5 XII.5.1, Tangaròg, XV.5.1 tànher • conjugaison: XIII.26 (plànher) tanlèu, XIII.17, XIII.18, XIII.19 tanpauc, XIII.14.1 XIII.7.1, tanplan, XIII.14.1, XIII.15.2 tant -a -es -as -ei(s) -u -i (variable) , XIII.13 tant, tan (invariable), XIII.7.1, XIII.13, XIII.15.2, XIII.17, XIII.18, XIII.19 tanta, VII.3.2, XIV tantòst, VII.3.2, XIV tantotun, XIII.15.2 Tanzania, XII.5.6.b tapanàs, annexe C2b tar, XIII.2 tara, XIII.2 taras, XIII.2 Tarba, XV.4.2 tard, XIII.17, XIV tardança, XIV tardièr -ièra, -ier -iera, -èir -èira, XIV tardiu -iva, XIV tardor, XIV Tarn, XIV Tarragonesa, XIII.21.1 (-és) Tartar, XV.7 tartifla, tartifle, II.5, XIV tas, XIII.11.1 tàser • conjugaison: XIII.26 (taire) tassa, annexe C2b Tassili, XV.7 tatar -a, XV.5.4.b Tatarstan, XV.5.4.b tatgic -a, XV.5.4.b Tatgiquistan, XII.10.3, XV.5.4.b tath, XIII.2 taths, XIII.2 tau → tal tau taus (tà + lo/los), XIII.2 taula, XIV Tbilissi, annexe B5 te, XIII.9.2 tebesa, XII.5.4 Tec, XI.9.2 Tech* → Tec tècno, II.7.7, II.7.12 tectosage, XII.5.1 (fig. b) Teheran, XII.10.11, XV.5.2.h

tei(s), XIII.11.1 téisser, téisher • conjugaison: XIII.26 (créisser) tela, XVI.3 tèle, XIV telefilme, XIII.21.2 (tele-2) telefòn, II.7.8, III.9.2, IV.1.7, XI.7.4, XII.5.1 (fig. a), XII.5.2, XIII.21.1 (-fòn), XIII.21.2 (tele-1), XIV telefonar, XIV telefòne* → telefòn telegraf, XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-graf) telegrama, XIII.21.1 (-grama) telejornal, XIII.21.2 (tele-2) teleobjectiu, XIII.21.2 (tele-1) teleportacion, X.5.5 XIII.21.1 telescòpi, (-scòpi) television, XIII.21.2 (tele-1), XIV Telhard de Chardin (Pèire, XV.3.3 tèma, XII.5.5, XII.8.3 (ε), XIII.21.1 (-ma) tematic, XII.5.5, XII.8.3 (ε), XIII.21.1 (-ma) témer • conjugaison: XIII.27 temèsi, XI.3, annexe B5 tempèri, XIII.21.1 (-ari) tempèsta, II.7.7 Temps Un; Temps Deux; Temps Trois, II.3 temps, tempses, XIII.6.1, XIII.17, XIII.19, XIV téner, tenir • conjugaison: XIII.26 (téner) • XII.4.c, XIII.15.2, XIII.23.2, XIV tengut, XIII.15.2 ténher • conjugaison: XIII.26 (plànher) tenir → téner teològ -a, XII.6.5, XII.6.7, XIII.21.1 (-lòg) teologia, XIII.21.1 (-logia) teologian, XII.6.5, XII.6.7, XIII.21.1 (-lòg) teorèma, XIII.21.1 (-ma) tèrç -a, III.10.2, XIII.8.2, XIII.8.3, XIV Terèsa de Lisieux (santa), XV.5.2.f tèrme, XII.5.1 (fig. b) terminologie, XI.2.1,

XI.4.1, XI.4.4, XVI.3 termostat, XII.5.5 tèrne, XII.5.1 (fig. b) Teròl, XV.5.2.e tèrra, Tèrra, XIV, XV.7, annexe A2 tèrratrémol, II.7.7 terrible -a, XIV, annexe B5 Terror, XV.7 tèsa* → tèsi Tesèu, XII.6.6 tèsi, III.9.2, XII.5.2, XII.6.2, XII.8.4 (-ις) Tesieu* → Tesèu Tessàlia, XII.5.6.a Tèsta de Buc°/Bug° (La), XV.2 tèsta, III.3, XII.5.4, XIV, annexe B2 teu, XIII.11.2 teulat, XIII.21.1 (-at4) tèxt (tèxte), XII.5.1 (fig. b) TF1, XV.7 ti (possessif), XIII.11.1 ti (pron. personnel), XIII.9.2 tiá, XIII.11.2, annexe C2b Tiberiàs, XII.8.4 (-ας -αδος) Tibet, XII.5.2 tiei, XIII.11.2 tiéner • conjugaison: XIII.26 (téner) • XII.4.c, XIV tier, XII.4.c tieu, XIII.11.2 tieua, tieui, XIII.11.2 tieuna -ei(s) , XIII.11.2 Tilimsan, XV.5.3.c timid (timide), XII.5.1 (fig. a), XIII.21.1 (-id1) timidament, XIII.15.1, XIII.21.1 (-ament2) Timişoara, XV.5.5.a Tinèa, XV.7 Tintoretto, XV.7 tipe, XII.5.1 (fig. b) tira, XIII.17 tirar, XIV tirat, XIII.18 Titan, XV.7 títol, XII.2 titre* → títol Tlemcen, XV.5.3.c toa, toá, XIII.11.2 tocar, XIV tochar, XIV toi → tot tòler • conjugaison: XIII.26 (voler) XII.5.6.a, tolerància, XII.7.1 (a) Tolon, XIV, XV.7

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Tolosa, XIV tomata, tomati, XI.2.1 tomba, XII.3.j tombar, VII.4, XIII.26 (caire), XIV tòme, XII.5.1 (fig. b) ton (possessif), XIII.11.1, XIII.11.2 XIII.21.1 tondeson, (-ason) tonèr, XII.5.5 tongoz, XV.5.4.d topologia, XII.8.3 (ο) tor, III.10.3, XII.4.o tòrcer • conjugaison: XIII.26 (tòrcer) torn, XIII.16.2, XIV tornar, XIII.15.2, XIII.23.2, XIV tornar-mai, tornar-mei, XIII.15.2 torpilha, XI.8.1 torr* → tor torre, XII.4.o tos, XIII.11.1 tossinar, VII.5.1 tòst, XIII.17 tostemps, VII.3.2, VII.4, XIII.17 tot tota tot(e)s totas totei(s) toi, XIII.1, XIII.6.2, XIII.13, XIII.15.2, XV.7 • tot (gérondif), XIII.23.2 • tot plen, XIII.7.1, XIII.13, XIII.14.1, XIII.15.2 totara, XIII.17 totasfes, XIII.6.1 totaüra, totaura, XIII.17 totei, IV.1.7 totes, VIII.1.3, IX.3 totescàs, toteschàs, XIII.15.2, XIII.17 totjorn, VII.3.2, VII.4, XIII.17 totòm, XIII.13 totparièr (-ier, -èir), XIII.15.2 totun, VII.3.2, XIII.15.2 trabalh, XIV trabalhador -a, XIII.5, XIII.21.1 (-ador1) trabalhar, XIV trabalhès, XIII.12.1 trabau, XIV (trabalh) tracte, XII.5.1 (fig. b) tractor, XIV traduire • conjugaison: XIII.26 (aduire) tradúser • conjugaison: XIII.26 (aduire) tragèdia, XII.5.6.a, XII.8.3 (iota souscrit) traïn, XIV (tren) traire • conjugaison:

XIII.26 (traire) • XIV tramontana, XIII.21.2 (tras-) tranquil -illa, XII.4.q, XII.5.1 (fig. a), XIII.5, XIV

tranquillitat, XII.4.q, XII.5.1 (fig. a) transatlantic, XIII.21.2 (tras-) transcriure, transcríver • conjugaison: XIII.26 (escriure) transformar, annexe C2a Transilvània, annexe C2b transoccitan, VIII.2.2, fig. IX.3, fig. IX.4 transuranid, XII.5.1 (fig. a) trapar, II.7.8, XIV trapèsi† → trapèzi trapèzi, III.9.1, annexe C2c tras, XIII.7.1, XIII.18 • tras que, XIII.7.1 trasfoguièr, annexe C2a trauc, VII.3.2, XIV traucacodena* → infirmièr travalh, XIV (trabalh) travèrs, XIII.16.2, XIII.18, XIV

traversar, XIV tre, XIII.18, XIII.19 trebalh, XIV (trabalh) Trebizonda, XII.8.4 (-ν -ντος) tréger • conjugaison: XIII.26 (traire) • XIV trèma, XII.5.5 tremolís, XIII.21.1 (-ís) tren, trèn, XIV trenta, XIII.8.1 trentau, XIII.8.2 trenten -a, XIII.8.2 trentesme -a, XIII.8.2 tres vints, XIII.8.1 très, XIII.7.1 tres, XIII.8.1 tresau, VII.3.2, XIII.5, XIII.8.2, XIII.21.1 (-en) Tresaur dau Felibritge (Lo), XV.6 tresen -a, III.10.2, VII.3.2, XIII.8.2, XIII.21.1 (-en) tresesme -a, VII.3.2, XIII.8.2, XIII.21.1 (-en) Tresòr* dau Felibritge (Lo) → Tresaur dau Felibritge (Lo) tretzau, XIII.8.2 tretze, XIII.8.1

tretzen -a, XIII.8.2 tretzesme -a, XIII.8.2 triangle, XIII.21.2 (tri-) tribalh, XIV (trabalh) trible* → triple triceratòps, XII.5.1 (fig. b) Triève, XV.4.2 (note) trifòla, XIV trimèstre, XIII.21.2 (tri-) trin, XIV (tren) triomfar† → trionfar trionf, XII.5.1 (fig. a) trionfar, III.9.1, annexe C2b triple -a, XIII.8.4, XIV triple, III.9.1 Trípol, XI.4.4, XV.5.2.b trist trista,, XII.5.1 (fig. a), XIV trobador trobairitz, X.7.2, XIII.5, XIII.21.1 (-ador1), XVI.1 trobar, II.7.8, XIV Trobetzcòi* → Trubetzkoi tròç, XIV, annexe C2b troglodita, XII.8.3 (τ) tròp, VII.3.2, XII.4.l, XIII.13, XIII.15.2 tròpe, XII.5.1 (fig. b) tròup, XII.4.l trubalh, XIV (trabalh) Trubetzkoi (Nikolai), XV.2 trufa, XIV tu, XIII.9.1 tuar, VII.3.2, XIV tube, XII.5.1 (fig. b) tuchi, VIII.1.3, IX.3 tuin, VII.5.1 tumulte, XII.5.1 (fig. b) turc, XI.4.4 turcmèn -a, XV.5.4.b/c Turcmenistan, XV.5.4.b Turíngia, XII.5.6.a turqués -esa, XI.4.4, XV.5.4.b Turquestan, XV.5.4.b Turquia, XII.5.6.b & fin tustar, XIV ’u, XIII.9.2 U2, XV.7, XVI.2.1 -ua (terminaison), xii.5.7 ua, XII.4.c, XIII.3, XIII.8.1, XIII.13 uas → unes Uc, II.7.2, XII.4.e, XII.10.11 ucraïnés -esa, ucraïnian -a, XV.5.2.d uèch, uech, XIII.8.1 uechanta, XIII.8.1 uechanten -a, XIII.8.2

uechantesme -a, XIII.8.2 uechen -a, XIII.8.2 uechesme -a, XIII.8.2 uèi, uei, XIII.17 uèit, ueit, XIII.8.1 ueitanta, XIII.8.1 ueitantau, XIII.8.2 ueitantesme -a, XIII.8.2 ueitau, XIII.8.2 ueitesme -a, XIII.8.2 uèlh, uelh, XIV ueu, XII.3.g, XIV ujan, XIII.17 Ulaidh, XV.5.3.c Ulster, XV.5.3.c ultramodèrne, XIII.21.2 (otra-) ultrason, XIII.21.2 (otra-) um, XIII.13 un, XIII.3, XIII.8.1, XIII.13 una, XII.3.c, XII.4.c, XIII.3, XIII.8.1, XIII.13 unanim -a, XII.5.1 (fig. a & c), XIII.21.1 (-anim) unenca, XIII.21.1 (-enc) unes unas, unei(s), unu uni, uns uas, XIII.13 • daus uns, de las unas, XIII.13 • d’unes d’unas, d’unei(s), d’unu d’uni, XIII.13 Unèsco, UNÈSCO, XII.5.5, XVI.2.1 UNHCR, XVI.2.1 unicament, XIII.14.1 unicòrn (“licorne”) XII.5.1 (fig. b & c) unicòrne -a (“unicorne”) XII.5.1 (fig. b & c) unifòrme -a, XII.5.1 (fig. b), XIII.21.1 (-fòrme) unitat, XIV univèrs, XII.5.1 (fig. a) universitaires, III.8 uns → unes uòu, uou, XII.3.g, XIV ur, XI.9.1, XII.7.1 (u) Ur, XII.10.6 Urfa, XI.3 urós, XIV (aürós) Uruguai, XII.10.6, XV.5.2.d us, XI.2.1 ’us, XIII.9.2 usament, XI.2.1 usança, XI.2.1 usatge, XI.2.1 Usès, XV.4.3 usina, II.7.12, XI.8.1 usura, XIII.21.1 (-ura) util, XII.5.1 (fig. a), XII.6.3 utile* -a → util -a uvernenca, XIII.21.1 (-enc)

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v’, XIII.9.2, XIII.18, XIII.22 v’Olèiras, XIII.18, XIII.22 va (pron.), III.10.1 vaca, X.6.2, XIII.5, XIV vacanças, XIV vacha, vachas, IV.2, XIV, annexe A7 vàder, XIV vagabond, XII.5.1 (fig. a), XII.7.1 (unc) vaganaut (en), XIII.15.2 vague (adj.), XII.5.1 (fig. b) vague (adV.), XIII.14.1 vaicí, XIII.18 vailet, XI.2.1 vaishèth, XIV vaissèl, XIV vaissèu, XIV val, XII.4.g, XIII.5 valaa, XII.4.c valada, XII.4.c, XIII.21.1 (-ada1) Valadas Occitanas, X.6.1 Valença, XIV Valéncia, XIV (Valença) valer • conjugaison: XIII.26 (voler) • XIV Valhadolid, XV.5.4.e Vallées Occitanes, Vallées, II.1.2, II.1.4 Valles Marineris, X.4.2 Valonia, XII.10.8 valor, XIII.5, XIII.21.1 (-or1) vamp, XII.5.1 (fig. a) vanesa, XIII.21.1 (-esa) vaporizador, XIII.21.1 (-izaire) vaporizar, XIII.21.1 (-izar) vaque, XIII.26 (téner) vaquì* → vaquí vaquí, III.10.1, XIII.18 Variante, I.3 varietat, XII.6.4 variété linguistique, variété, I.1 (note) variété référentielle → standard variété standard → standard varlet, XI.2.1 Varsòvia, XII.5.6.a vas (n.), VII.5.1 vàser, XIV vast, XII.5.1 (fig. a) vat, XI.10.1 vath, XII.4.g, XIII.5 vau (n.), XII.4.g, XIII.5 Vauclusa, XV.4.3 Vaur (La), XV.4.3, annexe C2b vautres -as, -ei(s), XII.3.c, XIII.1, XIII.9.1

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INDEX

Vauverd, XIII.5 Vèdas, XV.7 vede’i, XIII.9.3 vede’u, XIII.9.3 vedèl, annexe A2 véder • conjugaison: XIII.26 (veire) • XIII.9.3, XIV vedi, XIII.12.1 veeméncia, III.9.1, III.10.4, XII.7.1 (h), annexe C2b (& note) Vèga, XV.7 veheméncia† → veeméncia, annexe C2b (note) véhiculation, I.3 veícol* → veïcul veïcul, X.6.2, XII.6.3, XIV veire (n.), XIV veire (V.) • conjugaison: XIII.26 (veire) • IX.9.1, XIV, annexe A2 veitura, VII.3.2, XIII.3 vejaire, XIV velhir, XII.3.h velodròm, XII.5.1 (fig. c) véncer • conjugaison: XIII.26 (véncer) venda, XII.5.7 vendémias, XII.5.6.a véndoa, XII.5.7 vendrà, XIII.14.2 vendràs, XIII.14.2 vendre, XII.4.k, XIV Veneçuèla, XV.5.2.d venent -a, XIV véner, XII.4.k, XIV vengón, annexe B2 venir • conjugaison: XIII.26 (téner) • XIII.23.2, XIII.26 (quèrre), XIV vent, XIV vente, XIV Ventor, XV.7 ventre, XIV Vènus (planète), XV.7 ver -a, XIV ’ver, XII.3.a, XIV, annexe A9 verai -aia, XII.3.c, XIII.14.1, XIV, annexe B2 verament, XIII.14.1 vèrb (vèrbe), XII.5.1 (fig. b), XII.5.2 verbal, XI.5 verbau, XI.5 vèrbe → vèrb verbes, XIII.23-XIII.27 Vercingetorix, XII.7.2 (-x) verd -a, XIV verdicte, XII.5.1 (fig. b) Verds, XV.6

→ veritable -a* vertadièr -a, ver -a veritat, XIV vèrm, XII.5.1 vèrs (prép.), XIII.18, XIII.22 vertadièr -ièra,-ier -iera, -èr -èra, -èir -èira vertat, XIV vertige, XII.7.3 vertut, XIII.21.1 (-tut) vescomte vescomtessa, XIII.21.2 (vice-) véser, IX.9.1 vesia, vesía → vesin vesin vesina/vesia/vesía, III.3, XIV, XIII.5, annexe A5 vestala, XVI.1 vestibul, XII.7.2 (-us) vestir • conjugaison: XIII.26 (vestir) • XIV vètz, XIII.18 via, XII.3.d viadge* → viatge viage* → viatge viagi* → viatge viajar* → viatjar viala, VIII.1.2 Viana, XI.4.4 Vianesa, XIII.21.1 (-és) viatge, III.10.1, III.10.3, XIV

viatjar, III.10.1, XIII.25 vicepresident -a, XIII.21.2 (vice-) vicerei vicereina, XIII.21.2 (vice-) Vichac* → Vichèi Vichèi, IV.4.3, XI.9.2, XV.4.3, XV.7 Victor, XII.5.5, XII.7.2 (-or & -tor) vida, XIV vidèo, II.5, XII.5.2, XII.5.4, XII.5.5 vidèu* → vidèo vièlh -a, vielh -a, XI.4.2, XII.3.h, XII.4.i, XIV, annexe A2 vielhir, XI.4.2, XII.3.h vielhum, XI.4.2 Viena (rivière), XI.4.4 Viena (ville), XI.4.4, XI.5, XII.5.2 vienent -a, XIV viéner • conjugaison: XIII.26 (téner) • XIII.26 (quèrre), XIV vieneràs, XIII.14.2 viking, XI.3 vila, XIV Vilanòva d’Avinhon, XV.4.2

Vilanòva, annexe C2b vilatge, VII.3.2, XIV vin, III.9.2, XIV vinha, XIII.6.2 Vinhana, XI.4.4 Vinland, XV.5.4.a vint, XIII.8.1 vintau, XIII.8.2 vinten -a, XIII.8.2 vintesme -a, XIII.8.2 violacèu -èa, XIII.21.1 (-acèu) violent, annexe C2b virar, XIV Virgínia (prénom, État), XII.5.6.a virus, XII.6.2, XII.7.2 (-us), XIII.6.1, annexe B2 visar, annexe C2c viscar, XIII.26 (viure) vischa, IX.9.5 visda, XIV vision, annexe C2c Vísol, XV.7 vist, XIII.19 vista, XIV viste, II.7.10, XI.10.3 visu (de), XII.5.5 vita, XIII.21.1 (-ac), XIV (vida) vitèc -a, XIII.21.1 (-ac) Vitèrbe, XII.5.1 (fig. b) viticòla, XIII.21.1 (-còla) Vitròla, XV.4.2 Vitruvi, XII.7.2 (-ius) vitz, XIII.5 viu viva, XIV, annexe A3 viure • conjugaison: XIII.26 (viure) • XIV vivarés -esa, XIV Vivarés, XIV vivari, XII.6.2 vivaroalpenc, vivaroaupenc, vivaroalpin, vivaroaupin, VIII.1.3 vivaro-alpin, VIII.1.3, IX.9.4, , fig. IX.2, fig. IX.4 vivaro-alpisme, IV.1.1 vivarodaufinenc, VIII.1.3 vivaro-dauphinois, VIII.1.3, fig. IX.4 vivarovelaiés, VIII.1.3 vivaro-vellave, VIII.1.3 Vivas y Mañá, XV.3.2 víver • conjugaison: XIII.26 (viure) • XIV Vives i Manyà, XV.3.2 vocable, XII.6.3 vocàbol → vocable vocabolari* → vocabulari vocabulaire, X.4.3 vocabulari, IX.9.4,

XII.6.3, annexe C1 void -a, XIV (voide) voide -a, XII.4.c, XIV vòl, XIII.21.1 (-ador1) volar, XIV vòle, XIII.4 volèm, IX.9.4 voler • conjugaison: XIII.26 (voler) • III.10.1, XIII.15.2, XIII.23.2, XIV volètz, XIII.14.2 Volgograd, XII.5.1 (fig. a) vòli, XIII.4 voliá, XII.5.6.c voliás, annexe A9 volio, voliáu, voliu, annexe A3 volontat, XII.7.1 (unc) volontièrs, -iers, -èirs, -èrs, XIII.15.2 vòlsque, XII.5.1 (fig. b) volum, XII.5.1 (fig. a) volur* → raubaire v-ont(e), XIII.16.2 voraç -a, XII.5.1 (fig. a), XII.7.2 (-x) vos, VII.3.2, XIII.9.1 vosautes -as, XIII.9.1 vosautres -as, -ei(s), -i, XII.3.c, XIII.1, XIII.9.1 voses → votz vòste -a -es -as, XIII.11.1, XIII.11.2 vòstre -a -es -as, -i, -ei(s), XIII.11.2, XIII.11.1 votz, voses, XIV vs’, ’vs, XIII.9.2 vued vueda, XIV (voide) vuèg vuèja, XIV (voide) vuege vueja, XIV (voide) vuei vueia, XII.4.c, XIV (voide) vueid -a, XII.4.c, XIV (voide) vueidar, XIV (voide) vueit vueita, XIV (voide) vueitar, XIV (voide) vuet* vueda → vued vueda vulgar -a, XII.6.2, XII.7.1 (r) vut → agut Wagner, XIII.21.1 (-ian) wagnerian -a, X.5.5, XIII.21.1 (-ian) Walhalla, XV.7 Washington, XV.5.3.b, XV.7 Watergate, XV.6 watt, XI.10.1, XII.10.8 web, XII.10.8, XVI.3 whisky, XII.10.8 xança* → escadença

xantodèrme, XII.5.1 (fig. c) Xavièr, -ier, -èir, XII.10.2 Xenofont, XII.5.2, XII.8.4 (-ν -ντος & -ων -ωντος) xens* → shens Xerès, XII.10.2, XV.5.2.e xhosa, XV.5.4.c Ximena, XII.10.2 Yangzi Jiang, XV.7 Yassin, XV.3.1 Yom Kippur, XV.7 yrofagus, XII.6.2 yssingelais, VIII.1.3 z-ai, XIII.22 Zaire, XII.10.9 Zama, XII.7.1 (z) Zambèzi, XV.7 Zanta* → Zante Zante, XV.5.7 (note) Zanzibar, XV.5.7 (note) zebú, XII.5.5, XII.10.6 z-el, XIII.9.1 z-ela, XIII.9.1 Zelanda, XV.5.4.a z-elas, XIII.9.1 z-eles, XIII.9.1 zepelin, XII.5.5 z-ère, XIII.26 (èsser) zèro, XI.8.1, XII.5.2, XII.5.5, XIII.8.1, XIV z-es, XIII.26 (èsser) ziga-zaga, annexe C2 Zimbabwe, XI.2.1 zip, XI.7.3 zircòni, XII.6.2 Zohar, XV.7 Zololand, XV.5.4.a zona, zòna, XI.5 Zone Grise, VII.5.3 zòo, XII.8.3 (ο) zoologia, XII.8.3 (ο), XIII.21.2 (zoo-) zooplancton, XIII.21.2 (zoo-)

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