Egyptiens Et Nubiens a Kerma: La Ceramique de Doukki Gel (Soudan) Au Nouvel Empire 9042948604, 9789042948600

The Egyptian temples at Dokki Gel, Kerma (Sudan), were built during the reign of Thutmose I, in the heart of a Classic K

110 10 72MB

French Pages 724 [733] Year 2023

Report DMCA / Copyright

DOWNLOAD PDF FILE

Table of contents :
Cover
Title
Copyright
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS
REMERCIEMENTS
REMARQUES CONCERNANT LES ILLUSTRATIONS
INTRODUCTION
CHAPITRE I MÉTHODOLOGIE : DE LA FOUILLE AU LABORATOIRE
CHAPITRE II LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL
CHAPITRE III ANALYSE DES ENSEMBLES CÉRAMIQUES
CHAPITRE IV ESPACES ET RITUELS
CONCLUSIONS LE KERMA CLASSIQUE À L’ÉPREUVE DE L’OCCUPATION ÉGYPTIENNE
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
Recommend Papers

Egyptiens Et Nubiens a Kerma: La Ceramique de Doukki Gel (Soudan) Au Nouvel Empire
 9042948604, 9789042948600

  • 0 0 0
  • Like this paper and download? You can publish your own PDF file online for free in a few minutes! Sign Up
File loading please wait...
Citation preview

O R I E N TA L I A L OVA N I E N S I A A N A L E C TA Égyptiens et Nubiens à Kerma La céramique de Doukki Gel (Soudan) au Nouvel Empire

par PHILIPPE RUFFIEUX

PEET ERS

ÉGYPTIENS ET NUBIENS À KERMA

ORIENTALIA LOVANIENSIA ANALECTA ————— 317 —————

ÉGYPTIENS ET NUBIENS À KERMA La céramique de Doukki Gel (Soudan) au Nouvel Empire

par

PHILIPPE RUFFIEUX

PEETERS LEUVEN – PARIS – BRISTOL, CT 2023

A catalogue record for this book is available from the Library of Congress.

© 2023 Peeters Publishers, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven/Louvain (Belgium)

All rights reserved, including the rights to translate or to reproduce this book or parts thereof in any form. ISBN 978-90-429-4860-0 eISBN 978-90-429-4861-7 D/2023/0602/71

À Taeko et Natsuki À mes parents À la mémoire de mes grands-parents

TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS .

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

XVII

REMERCIEMENTS .

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

XIX

REMARQUES CONCERNANT LES ILLUSTRATIONS .

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

XXI

INTRODUCTION

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

1

1. Les recherches archéologiques à Kerma . . . . . . . . . . . . . . . . 1.1. Kerma et le site de Doukki Gel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2. Les études céramologiques à Kerma . . . . . . . . . . . . . . . .

1 1 4

2. Les fouilles de Doukki Gel : archéologie et épigraphie . . . . . . . . . . . 2.1. L’apport de l’épigraphie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. Le site de Doukki Gel à la fin du Kerma Classique . . . . . . . . . . . .

6 6 7

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

9

CHAPITRE I. MÉTHODOLOGIE : DE LA FOUILLE AU LABORATOIRE

. . . . . .

11

1. Travail effectué sur le terrain . . . . . . . 1.1. Définition des secteurs et récolte du matériel . 1.1.1. Définition et détermination des secteurs 1.1.2. Récolte des tessons . . . . . . . 1.2. Quantification des ensembles . . . . . . 1.2.1. Quantification : quelle méthode ? . . 1.2.2. Tri des ensembles céramiques . . . 1.2.3. Détermination du NMI . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

11 11 11 12 12 12 13 15

2. Travail en « laboratoire » (ou post-fouille) . . . . . . . . . . . . . . . 2.1. Sélection et documentation du matériel . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. Prélèvement d’échantillons et observation des pâtes . . . . . . . . . . .

16 16 16

3. Nomenclature et description des céramiques . . . . 3.1. Nomenclature des types . . . . . . . . . 3.2. Description des formes . . . . . . . . . . 3.3. Description des traitements de surfaces et des décors 3.3.1. Les traitements de surface . . . . . . . 3.3.2. Les décors . . . . . . . . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

16 17 18 20 20 20

4. Remarques sur les figures .

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

21

CHAPITRE II. LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL .

.

.

.

23

1. Étude et classification des pâtes à Doukki Gel . . . . . . . . . . . . . . 1.1. Remarques générales sur la classification des pâtes . . . . . . . . . . . . 1.2. Méthode et critères d’observations appliqués au matériel de Doukki Gel . . . . .

23 23 25

3. La céramique du Nouvel Empire à Doukki Gel : objectifs et limites de l’étude .

.

.

.

.

.

.

.

. . . . . . . .

.

. . . . . . . .

.

. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

.

. . . . . . . .

VIII

TABLE DES MATIÈRES

2. Description des pâtes . . . . . . . . . 2.1. La céramique de tradition égyptienne . . 2.1.1. Les pâtes alluviales . . . . . . 2.1.2. Les pâtes marneuses (ou calcaires) . 2.1.3. Pâte des oasis du désert occidental . 2.2. La céramique de tradition nubienne . . . 2.2.1. Description des pâtes de la céramique 2.2.2. Les pâtes nubiennes à Doukki Gel . 2.3. La céramique d’origine proche-orientale .

. . . . . . . . .

27 27 27 37 40 40 40 43 49

CHAPITRE III. ANALYSE DES ENSEMBLES CÉRAMIQUES

. . . . . . . . . .

51

1. Remarques préliminaires .

.

.

.

.

.

.

.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . nubienne en Nubie et en Égypte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

. . . . . . . . .

.

.

51

2. Phase I : Fin du Kerma Classique, derniers aménagements nubiens . . . . . 2.1. Palais B, Secteur 51 (Est) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1.1. Description du secteur 51 (Est) . . . . . . . . . . . . . . 2.1.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 51 (Est) . 2.1.3. Matériel du secteur 51 (Est) . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. Palais A, Secteur 55A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1. Description du secteur 55A . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.2. Décompte et composition de l’assemblage du secteur 55A . . . . . 2.2.3. Matériel du secteur 55A . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3. Réaménagements du palais A, secteur 55B . . . . . . . . . . . . 2.3.1. Description du secteur 55B, zones 23, 24 et 28 . . . . . . . . . 2.3.2. Décompte et composition des assemblages du secteur 55B, zones 23, 24 et 2.3.3. Matériel du secteur 55B, zone 23 . . . . . . . . . . . . . 2.3.4. Matériel du secteur 55B, zone 28 . . . . . . . . . . . . . 2.3.5. Matériel du secteur 55B, zone 24 . . . . . . . . . . . . . 2.4. Sondage entre les palais A et C : sondage 3 (2012) . . . . . . . . . . 2.4.1. Description du sondage 3 (2012) . . . . . . . . . . . . . 2.4.2. Décompte et composition de l’assemblage du sondage 3 (2012) . . . 2.4.3. Matériel du sondage 3 (2012) . . . . . . . . . . . . . . 2.5. Puits méridional, secteur 5 (ouest) . . . . . . . . . . . . . . . 2.5.1. Description du secteur 5 (ouest) . . . . . . . . . . . . . . 2.5.2. Matériel du puits méridional, secteur 5 (ouest) . . . . . . . . . 2.6. Synthèse et datation des ensembles de la Phase I . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . 28 . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

52 52 52 59 59 75 75 76 76 83 83 83 84 87 87 87 87 87 89 90 90 90 92

3. Phase II : Premières installations égyptiennes . . . . . . . . . . 3.1. Ensemble de greniers, secteur 54 . . . . . . . . . . . . . . 3.1.1. Description du secteur 54 . . . . . . . . . . . . . . 3.1.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 54 3.1.3. Matériel du secteur 54 . . . . . . . . . . . . . . . 3.2. Temple central, sanctuaire, secteurs 1 et 36 . . . . . . . . . . 3.2.1. Description des secteurs 1 et 36 . . . . . . . . . . . . 3.2.2. Décomptes et composition des assemblages des secteurs 1 et 36 . 3.2.3. Matériel des secteurs 1 et 36 . . . . . . . . . . . . . 3.3. Temple oriental, sanctuaire, secteur 23F . . . . . . . . . . . 3.3.1. Description du secteur 23F . . . . . . . . . . . . . 3.3.2. Décompte et composition de l’assemblage du secteur 23F . . .

. . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . .

93 93 93 93 96 105 105 105 107 117 117 118

. . . . . . . . . . . .

.

. . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . .

IX

TABLE DES MATIÈRES

3.3.3. Matériel du secteur 23F . . . . . . . . . . . . 3.4. Temple oriental, angle sud-ouest du portique périptère, secteur 23E 3.4.1. Description du secteur 23E . . . . . . . . . . . 3.4.2. Décompte et composition de l’assemblage du secteur 23E . 3.4.3. Matériel du secteur 23E . . . . . . . . . . . . 3.5. Synthèse et datation des ensembles de la Phase II . . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

118 120 120 120 120 124

4. Phase III : Première moitié de la XVIIIe dynastie . . . . . . . . . . . . . 4.1. Complexe religieux nubien, front nord-est du mur d’enceinte et porte nord-est (secteur 49) 4.1.1. Description du secteur 49 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 49 . . . . 4.1.3. Matériel du secteur 49 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2. Complexe religieux nubien, front ouest du mur d’enceinte, dépotoir (secteurs 45C, 48) 4.2.1. Description des secteurs 45C et 48 . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.2. Données statistiques et composition de l’assemblage des secteurs 45C et 48 . . 4.2.3. Matériel des secteurs 45C et 48 . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3. Complexe religieux nubien, bâtiment nord-ouest (secteur 48B) . . . . . . . . 4.3.1. Description du secteur 48B . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3.2. Décompte et composition de l’assemblage du secteur 48B . . . . . . . 4.3.3. Matériel du secteur 48B . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.4. Palais cérémoniel égyptien nord-est (secteurs 50, 51) . . . . . . . . . . . 4.4.1. Description des secteurs 50 et 51 (palais cérémoniel nord-est) . . . . . . 4.4.2. Décompte et composition des assemblages des secteurs 50 et 51 . . . . . 4.4.3. Matériel du secteur 50 (salle hypostyle du palais cérémoniel égyptien nord-est) 4.4.4. Matériel du secteur 51 (salle du trône du palais cérémoniel égyptien nord-est) . 4.5. Temple occidental, portique périptère ouest (secteur 44) . . . . . . . . . . 4.5.1. Description du secteur 44 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.5.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 44 . . . . 4.5.3. Matériel du secteur 44 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.6. Temple occidental, sanctuaire (secteur 3) . . . . . . . . . . . . . . . 4.6.1. Description du secteur 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.6.2. Matériel du secteur 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.7. Temple central, portique périptère est (secteur 25B) . . . . . . . . . . . 4.7.1. Description du secteur 25B . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.7.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 25B . . . . 4.7.3. Matériel du secteur 25B . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.8. Temple central, descenderie 1 vers le puits méridional (secteurs 33C, 33E) . . . . 4.8.1. Description des secteurs 33C et 33E . . . . . . . . . . . . . . 4.8.2. Données statistiques et composition des assemblages des secteurs 33C et 33E . 4.8.3. Matériel du secteur 33E . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.8.4. Matériel du secteur 33E (sondage à l’ouest depuis la surface) . . . . . . 4.8.5. Matériel du secteur 33C (dépôts à l’entrée de la descenderie 1) . . . . . . 4.9. Temple central, mur sud (secteur 33D) . . . . . . . . . . . . . . . . 4.9.1. Description du secteur 33D . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.9.2. Décompte et composition des dépôts du secteur 33D . . . . . . . . . 4.9.3. Matériel du secteur 33D . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.10. Temple oriental, sondage au sud-ouest de la salle hypostyle (secteur 23G) . . . . 4.10.1. Description du secteur 23G . . . . . . . . . . . . . . . . 4.10.2. Décompte et composition du matériel du secteur 23G . . . . . . . . 4.10.3. Matériel du secteur 23G . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.11. Synthèse et datation des ensembles de la Phase III . . . . . . . . . . .

125 125 125 127 129 134 134 136 137 149 149 149 151 153 153 153 155 157 159 159 161 162 167 167 167 169 169 171 171 177 177 179 181 185 188 197 197 197 198 200 200 200 202 204

X

TABLE DES MATIÈRES

5. Phase IV : Milieu de la XVIIIe dynastie . . . . . . . . . . . . . . . . 5.1. Temple central, portique périptère est (secteurs 25, 25C, 35B) . . . . . . . . 5.1.1. Description des secteurs 25, 25C et 35B . . . . . . . . . . . . . 5.1.2. Données statistiques et composition des assemblages des secteurs 25, 25C et 35B 5.1.3. Matériel du secteur 25 (démolition de deux piliers du périptère est) . . . . 5.1.4. Matériel du secteur 25C (dégagement des abords et démolition d’un pilier du périptère est) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.1.5. Matériel du secteur 35B (dégagement d’une colonne de la moitié sud du périptère est) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.2. Temple central, portique périptère sud (secteurs 33F, 33G) . . . . . . . . . 5.2.1. Description des secteurs 33F et 33G . . . . . . . . . . . . . . 5.2.2. Données statistiques et composition des assemblages des secteurs 33F et 33G . 5.2.3. Matériel du secteur 33F (portique périptère et couloir vers le sud) . . . . . 5.2.4. Matériel du secteur 33G (portique périptère, angle sud-est) . . . . . . . 5.3. Temple central, dépôts dans les maçonneries du mur oriental (secteurs 25, 25E) . . 5.3.1. Description des secteurs 25 et 25E . . . . . . . . . . . . . . . 5.3.2. Données statistiques et composition des dépôts des secteurs 25 et 25E . . . 5.3.3. Matériel du secteur 25 (dépôt circulaire dans le mur oriental du temple) . . . 5.3.4. Matériel du secteur 25E (dépôt dans le mur oriental du temple) . . . . . . 5.4. Temple central, démolition et aménagements de chantier au sud du mur méridional (secteur 33D) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.4.1. Description du secteur 33D (démolition et aménagements de chantier) . . . 5.4.2. Données statistiques et composition des assemblages du secteur 33D . . . . 5.4.3. Matériel du secteur 33D (démolition des structures de la phase III). . . . . 5.4.4. Matériel du secteur 33D (fosses de chantier du temple) . . . . . . . . 5.5. Temple central, descenderie 2 vers le puits méridional (secteur 33C) . . . . . . 5.5.1. Description du secteur 33C . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.5.2. Données statistiques et composition des assemblages du secteur 33C . . . . 5.5.3. Matériel du secteur 33C (comblement de la descenderie 2) . . . . . . . 5.5.4. Matériel du secteur 33C (dépôt sur le sol, à l’ouest) . . . . . . . . . 5.6. Temple central, destruction du mur oriental de la phase III (secteur 34) . . . . . 5.6.1. Description du secteur 34 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.6.2. Données statistiques et composition du matériel du secteur 34 . . . . . . 5.6.3. Matériel du secteur 34 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.7. Temple oriental, sondage dans la deuxième cour (secteur 21C) . . . . . . . . 5.7.1. Description du secteur 21C . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.7.2. Décompte du matériel récolté au fond du sondage . . . . . . . . . . 5.7.3. Matériel du secteur 21C . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.8. Temple oriental, salle hypostyle (secteurs 22C, 23B, 23D, 23G, 23H) . . . . . . 5.8.1. Description des secteurs 22C, 23B, 23D, 23G, 23H . . . . . . . . . 5.8.2. Données statistiques et composition des assemblages des secteurs 22C, 23B, 23D, 23G, 23H . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.8.3. Matériel du secteur 23B . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.8.4. Matériel du secteur 23G, zone 2 . . . . . . . . . . . . . . . . 5.8.5. Matériel du secteur 23G, zone 1 . . . . . . . . . . . . . . . . 5.8.6. Matériel du secteur 22C . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.8.7. Matériel du secteur 23H . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.8.8. Matériel du secteur 23D . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.9. Temple oriental, annexe à l’ouest du sanctuaire (secteur 23C) . . . . . . . . 5.9.1. Description du secteur 23C . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.9.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 23C . . . .

206 206 206 209 210 213 215 218 218 218 219 227 231 231 231 233 236 236 236 236 240 251 254 254 254 255 263 265 265 265 266 275 275 275 276 276 276 276 282 283 286 287 292 297 304 304 304

TABLE DES MATIÈRES

5.9.3. Matériel du secteur 23C . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.10. Chapelle nord-ouest (secteurs 11B, 11C, 11E-dépôt 1) . . . . . . . . . . 5.10.1. Description des secteurs 11B, 11C, 11E-dépôt 1 . . . . . . . . . . 5.10.2. Données statistiques et composition des assemblages des secteurs 11B, 11C, 11E-dépôt 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.10.3. Matériel du secteur 11C (chapelle nord-ouest) . . . . . . . . . . 5.10.4. Matériel du secteur 11B (espace de circulation au sud de la chapelle) . . . 5.10.5. Matériel du secteur 11E-dépôt 1 . . . . . . . . . . . . . . . 5.10.6. Matériel du secteur 11C-dépôt 2 . . . . . . . . . . . . . . . 5.11. Zone artisanale nord (secteurs 11E-H, 74-76) . . . . . . . . . . . . . 5.11.1. Description des secteurs 11E-H, 74-76 . . . . . . . . . . . . 5.11.2. Données statistiques et composition des assemblages des secteurs 11E-11H et 74-76 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.11.3. Matériel du secteur 11F (intérieur de la structure circulaire) . . . . . . 5.11.4. Matériel du secteur 11F (remblai sous le secteur 11E) . . . . . . . . 5.11.5. Matériel du secteur 11H . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.11.6. Matériel du secteur 11G . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.11.7. Matériel du secteur 11E (remblai sur le secteur 11F, au nord de la chapelle) . 5.11.8. Matériel du secteur 76 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.11.9. Matériel du secteur 75 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.11.10. Matériel du secteur 74 . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.12. Mur d’enceinte méridional, dépôt dans la maçonnerie (secteur 20) . . . . . . 5.12.1. Description du secteur 20 . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.12.2. Décompte et composition de l’assemblage du secteur 20 . . . . . . . 5.12.3. Matériel du secteur 20 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.13. Fortifications nord-ouest (secteur 12) . . . . . . . . . . . . . . . . 5.13.1. Description du secteur 12 . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.13.2. Décompte et composition des dépôts 12/1, 12/2 et 12/3 . . . . . . . 5.13.3. Matériel du dépôt 12/1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.13.4. Matériel du dépôt 12/2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.13.5. Matériel du dépôt 12/3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.14. Puits à l’est de la zone artisanale (secteur 77, fragment hors contexte) . . . . . 5.14.1. Description du secteur 77 . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.14.2. Le fragment hors contexte du secteur 77 . . . . . . . . . . . . 5.15. Synthèse et datation des ensembles de la Phase IV . . . . . . . . . . . 6. Phase V : Seconde moitié de la XVIIIe dynastie . . . . . . . . . . . . . 6.1. Temple central, comblement des annexes méridionales (secteurs 33, 33B) . . . . 6.1.1. Description des secteurs 33 et 33B . . . . . . . . . . . . . . . 6.1.2. Données statistiques et composition des assemblages des secteurs 33 et 33B . 6.1.3. Matériel du secteur 33 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.1.4. Matériel du secteur 33B . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2. Temple central, destruction de la porte occidentale (secteurs 3, 3A, 3B, 3C) . . . . 6.2.1. Description des secteurs 3, 3A, 3B et 3C . . . . . . . . . . . . . 6.2.2. Décomptes et composition de l’assemblage des secteurs 3 et 3A, 3B et 3C . . 6.2.3. Matériel des secteurs 3 et 3A, 3B et 3C . . . . . . . . . . . . . 6.3. Temple central, espace à l’ouest et le long du mur latéral occidental (secteur 3, remblai et dépôts 03/1, 03/3-4) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.3.1. Description du secteur 3 (remblai et dépôts 03/1, 03/3-4) . . . . . . . . 6.3.2. Décompte des tessons du secteur 3 (remblai et dépôts 03/1, 03/3-4) . . . . 6.3.3. Matériel du secteur 3 (remblai contre le mur occidental) . . . . . . . . 6.3.4. Matériel du secteur 3 (dépôt 03/1) . . . . . . . . . . . . . . .

XI

304 307 307 309 310 311 318 324 324 324 328 332 335 336 339 341 351 381 383 383 383 385 385 387 387 390 390 390 394 396 396 396 398 400 400 400 400 403 408 410 410 410 412 426 426 426 426 428

XII

TABLE DES MATIÈRES

6.3.5. Matériel du secteur 3 (dépôt 03/3) . . . . . . . . . . . . . . . 6.3.6. Matériel du secteur 3 (dépôt 03/4) . . . . . . . . . . . . . . . 6.4. Temple central, couche de démolition au nord de la chapelle occidentale (secteur 14) . 6.4.1. Description du secteur 14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.4.2. Décompte et composition du matériel du secteur 14 . . . . . . . . . 6.4.3. Matériel du secteur 14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.5. Temple central, comblement des annexes nord-est (secteur 79) . . . . . . . . 6.5.1. Description du secteur 79 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.5.2. Matériel du secteur 79 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.6. Temple central, dépôts de fondation de Thoutmosis IV (dépôts 247 et 317) . . . . 6.6.1. Description des dépôts de fondation . . . . . . . . . . . . . . 6.6.2. Composition de l’assemblage des dépôts 247 et 317 . . . . . . . . . 6.6.3. Matériel du dépôt 247 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.6.4. Matériel du dépôt 317 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.7. Temple central, espace à l’ouest du sanctuaire (secteur 3, dépôt 03/6) . . . . . . 6.7.1. Description de l’espace à l’ouest du sanctuaire de Thoutmosis IV . . . . . 6.7.2. Matériel du dépôt 03/6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.8. Temple central, descenderie vers le puits méridional (secteur 4) . . . . . . . . 6.8.1. Description du secteur 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.8.2. Décompte du matériel du secteur 4 . . . . . . . . . . . . . . . 6.8.3. Matériel du secteur 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.9. Temple central, remblai de démolition au sud-ouest de la cour (secteur 84) . . . . 6.9.1. Description du secteur 84 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.9.2. Matériel du secteur 84 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.10. Temple central, remblai de démolition au sud-est de la cour (secteur 82) . . . . 6.10.1. Description du secteur 82 . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.10.2. Matériel du secteur 82 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.11. Temple central, dépôts de fondation sous la porte orientale (dépôts 25E/1 et 82/1) . 6.11.1. Description des dépôts 25E/1 et 82/1 . . . . . . . . . . . . . 6.11.2. Matériel du dépôt de fondation 25E/1 . . . . . . . . . . . . . 6.11.3. Matériel du dépôt de fondation 82/1 . . . . . . . . . . . . . 6.12. Temple oriental, troisième cour (sud), démolition de la salle hypostyle du temple de la phase IV (secteur 23J) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.12.1. Description du secteur 23J . . . . . . . . . . . . . . . . 6.12.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 23J . . . 6.12.3. Matériel du secteur 23J . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.13. Temple oriental, troisième cour (centre et nord), démolition de la salle hypostyle de la phase IV (secteur 22B) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.13.1. Description du secteur 22B . . . . . . . . . . . . . . . . 6.13.2. Décompte et composition de l’assemblage du secteur 22B . . . . . . 6.13.3. Matériel du secteur 22B . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.14. Temple oriental, deuxième cour, remblai de démolition (secteur 21B) . . . . . 6.14.1. Description du secteur 21B . . . . . . . . . . . . . . . . 6.14.2. Décompte et composition de l’assemblage du secteur 21B . . . . . . 6.14.3. Matériel du secteur 21B . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.15. Temple oriental, deuxième cour, dégagement du niveau d’occupation de la phase V (secteur 21) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.15.1. Description du secteur 21 . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.15.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 21 . . . . 6.15.3. Matériel du secteur 21 . . . . . . . . . . . . . . . . . .

430 430 432 432 432 432 436 436 436 442 442 442 444 444 448 448 448 448 448 450 450 451 451 451 455 455 455 460 460 460 463 466 466 466 468 479 479 479 479 484 484 484 485 489 489 489 491

XIII

TABLE DES MATIÈRES

6.16. Temple oriental, troisième cour, dégagement du niveau d’occupation de la phase V (secteur 22) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.16.1. Description du secteur 22 . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.16.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 22 . . . . 6.16.3. Matériel du secteur 22 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.17. Temple oriental, vestibule et sanctuaire, dégagement du niveau d’occupation de la phase V (secteur 23) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.17.1. Description du secteur 23 . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.17.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 23 . . . . 6.17.3. Matériel du secteur 23 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.18. Mur d’enceinte oriental, remblai sur l’arasement des bastions semi-circulaires (secteur 39B) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.18.1. Description du secteur 39B . . . . . . . . . . . . . . . . 6.18.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 39B . . . 6.18.3. Matériel du secteur 39B . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.19. Synthèse et datation des ensembles de la phase V . . . . . . . . . . . .

496 496 496 497 503 503 503 505 508 508 511 511 521

7. Phase VI : époque ramesside, XIXe – XXe dynasties . . . . . . . . . . . . 7.1. Cour à l’ouest du temple central (secteur 5A) . . . . . . . . . . . . . 7.1.1. Description du secteur 5A . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.1.2. Décompte des ensembles du secteur 5A . . . . . . . . . . . . . 7.1.3. Matériel du secteur 5A (fosse « de Séthi Ier ») . . . . . . . . . . . 7.1.4. Matériel du secteur 5A (silos et niveau d’occupation) . . . . . . . . . 7.2. Cave dans le mur d’enceinte occidental (secteur 6B) . . . . . . . . . . . 7.2.1. Description du secteur 6B . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.2.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 6B . . . . 7.2.3. Matériel du secteur 6B . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.3. Complexe religieux nubien, structures légères au nord-ouest du temple circulaire (secteur 26) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.3.1. Description du secteur 26 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.3.2. Décompte du secteur 26 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.3.3. Matériel du secteur 26 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.4. Complexe religieux nubien, remblais recouvrant l’arasement des temples ovales successifs et des structures associées (secteur 41) . . . . . . . . . . . . . . 7.4.1. Description du secteur 41 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.4.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 41 . . . . 7.4.3. Matériel du secteur 41 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.5. Synthèse et datation des ensembles de la phase VI . . . . . . . . . . . .

523 523 523 523 526 529 532 532 532 533

8. Phases IV à VI : stratigraphie au nord du temple oriental . . . . . 8.1. La fouille du secteur 66 : une opportunité chrono-stratigraphique . . 8.2. La stratigraphie : présentation succincte . . . . . . . . . . 8.3. Phase IV : dépôts dans les maçonneries (dépôts 66/3 et 66/4) . . . 8.3.1. Description des dépôts 66/3 et 66/4 . . . . . . . . . 8.3.2. Composition des dépôts 66/3 et 66/4 . . . . . . . . . 8.3.3. Matériel du dépôt 66/3 . . . . . . . . . . . . . . 8.3.4. Matériel du dépôt 66/4 . . . . . . . . . . . . . . 8.4. Phase IV : remblai US 31 . . . . . . . . . . . . . . . 8.4.1. Description du remblai US 31 . . . . . . . . . . . 8.4.2. Données statistiques et composition de l’assemblage de l’US 31 8.4.3. Matériel de l’US 31 . . . . . . . . . . . . . . .

547 547 551 553 553 553 553 556 558 558 558 559

. . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . .

537 537 538 540 542 542 542 543 546

XIV

TABLE DES MATIÈRES

8.5. Phase V : remblais US 10, US 9 et US 8 . . . . . . . . . . . . . . . 8.5.1. Description des remblais US 10, US 9 et US 8 . . . . . . . . . . . 8.5.2. Données statistiques et composition des assemblages des US 10, US 9 et US 8 . 8.5.3. Matériel de l’US 10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.5.4. Matériel de l’US 9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.5.5. Matériel de l’US 8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.6. Phase VI : remblais US 6, US 4, US 3 et US 2 . . . . . . . . . . . . . 8.6.1. Description des remblais US 6, US 4, US 3 et US 2 . . . . . . . . . 8.6.2. Données statistiques et composition des assemblages des US 6, US 4, US 3 et US 2 8.6.3. Matériel de l’US 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.6.4. Matériel de l’US 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.6.5. Matériel de l’US 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.6.6. Matériel de l’US 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.7. Phases IV-VI : sondages 1 et 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.7.1. Description des sondages 1 et 2 (secteur 66, 2014) . . . . . . . . . . 8.7.2. Matériel non stratifié du sondage 1 . . . . . . . . . . . . . . . 8.7.3. Matériel non stratifié du sondage 2 . . . . . . . . . . . . . . . 8.8. Synthèse sur la stratigraphie du secteur 66 et implications . . . . . . . . . CHAPITRE IV. ESPACES ET RITUELS .

.

.

.

.

.

.

566 566 567 569 580 583 590 590 590 592 593 600 600 602 602 602 615 619

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

. 621

. . . . . . . . . . . . . . . Gel

. . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . .

621 621 621 621 623 623 624 624 624 624 625 625 625 626 626 626

2. Les temples de Doukki Gel : céramique et organisation des espaces . . . . . . . 2.1. Distinction des catégories de contextes . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1.1. Les dépôts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1.2. Les remblais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1.3. Les dépotoirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1.4. Analyse de la répartition des céramiques : limites et possibilités . . . . . 2.2. Méthode de regroupement des ensembles céramiques . . . . . . . . . . . 2.3. Organisations spatiales dans les temples de Doukki Gel . . . . . . . . . . 2.3.1. Trois grandes organisations : définition . . . . . . . . . . . . . 2.3.2. Organisation 1 : de Thoutmosis Ier à Hatchepsout . . . . . . . . . . 2.3.3. Organisation 2 : de Thoutmosis III à Amenhotep III (ou la période pré-amarnienne) 2.3.4. Organisation 3 : d’Akhenaton à la fin du Nouvel Empire . . . . . . . . 2.3.5. Les espaces périphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . .

628 628 628 629 629 629 630 630 630 631 638 647 652

1. La céramique et les domaines fonctionnels . . . . 1.1. Définition des domaines fonctionnels . . . . . 1.2. Les céramiques appartenant au domaine utilitaire . 1.2.1. Les amphores . . . . . . . . . . . 1.2.2. Les jarres . . . . . . . . . . . . 1.2.3. Les pots de cuisson . . . . . . . . . 1.2.4. Les moules à pain . . . . . . . . . 1.2.5. Les supports . . . . . . . . . . . 1.3. Les céramiques appartenant au domaine cultuel . . 1.3.1. Les bols, jattes et assiettes . . . . . . . 1.3.2. Les jarres à bière . . . . . . . . . 1.3.3. Les gobelets « pot de fleur » . . . . . . 1.3.4. Les encensoirs . . . . . . . . . . 1.3.5. Les vases à libations . . . . . . . . 1.3.6. La vaisselle miniature . . . . . . . . 1.4. La céramique et le culte dans les temples de Doukki

XV

TABLE DES MATIÈRES

CONCLUSIONS. LE KERMA CLASSIQUE À L’ÉPREUVE DE L’OCCUPATION ÉGYPTIENNE 659 BIBLIOGRAPHIE .

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

. 665

LISTE DES FIGURES .

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

. 689

LISTE DES TABLEAUX

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

. 701

AVANT-PROPOS Début du voyage « Cher Philippe, Bonne Arrivée. Alors c’est l’aventure dans un pays inconnu – Avec l’espoir que tu auras autant de plaisir que nous tous … » c’est par ces quelques lignes, écrites environ un mois plus tôt au stylo sur une feuille blanche, que Charles Bonnet m’accueillit au Soudan, au début du mois de janvier 2003. Mon premier voyage dans ce pays lointain, aux marges de l’Égypte, terre qui m’a toujours fasciné et dont j’avais fait mon sujet d’études à l’université de Genève. Après une longue journée de voyage, au cours de laquelle j’avais rejoint Dominique Valbelle, que je rencontrai pour la première fois, dans une salle d’embarquement de l’aéroport de Francfort, nous arrivâmes à l’hôtel Acropole, à Khartoum. Installé dans une immense chambre, alors que les pales bruyantes d’un lourd ventilateur suspendu au plafond, à près de trois mètres au-dessus de ma tête, agitaient l’air étouffant de la pièce, je me souviens m’être demandé ce qui avait bien pu m’entraîner jusque-là. L’incertitude m’envahissait, ainsi qu’une certaine appréhension de ce qui m’attendait dès le lendemain à Kerma, ce lieu qui m’apparaissait mythique, incarné par la personnalité imposante de Charles Bonnet. Comment pourrais-je contribuer de quelque manière que ce soit à la recherche sur ce site compte tenu de mes maigres compétences dans le métier ? Était-ce vraiment ma place ? En effet, pour moi c’était l’aventure. Le début – ce que j’ignorais alors – d’une longue aventure… Quelques mois plus tôt, en quête d’un engagement sur un chantier de fouilles dans la Vallée du Nil, j’avais contacté M. Bonnet en espérant qu’il accepterait de m’emmener dans son sillage au Soudan. Ne sachant que faire d’un jeune inexpérimenté, j’imagine, il m’avait au contraire conseillé d’offrir mes services à une autre mission archéologique opérant en Haute Égypte, ce que je fis avec un certain enthousiasme. Mais plusieurs semaines s’écoulèrent et cette tentative se révéla finalement infructueuse, malgré son appui. Lorsque nous nous retrouvâmes dans un café où il avait ses habitudes, proche de la cathédrale Saint-Pierre de Genève, il me demanda : « la céramique, ça t’intéresse ? » Quelque peu désarçonné par cette question, j’hésitai quelques secondes (j’avoue que je n’avais jamais porté un intérêt particulier à ce genre de matériel), puis acquiesçai, probablement sans enthousiasme. Il m’entraîna alors dans un bureau aménagé dans l’enceinte de la cathédrale, où il retrouvait fréquemment ses collaborateurs, et sortit d’un sac plastique quelques tessons de céramique. Il me dit en les manipulant : « ce sont des tessons égyptiens de la XVIIIe dynastie, tu vas les dessiner, on verra comment tu t’en sors ». « Tessons égyptiens… XVIIIe dynastie… » ces mots suffirent à éveiller ma fascination pour cet âge d’or, temps des grands conquérants, des bâtisseurs de temples à la démesure esthétique. L’un des plus proches collaborateurs de M. Bonnet, dessinateur chevronné, m’enseigna alors les rudiments du dessin céramologique, puis je m’attelai à la tâche. Quelques jours plus tard, ayant examiné attentivement le résultat de mon labeur, Charles Bonnet me proposa, à ma grande satisfaction, de rejoindre son équipe pour leur prochaine campagne de fouilles à Kerma. C’est ainsi que débuta cette longue marche sur un chemin pavé de tessons…

REMERCIEMENTS L’accomplissement de cette thèse n’aurait jamais été envisagé sans la présence de Charles Bonnet, qui m’a mis sur la voie. Son immense expérience et le partage de ses réflexions sur le terrain ont été pour moi une école, je lui en serai toujours profondément reconnaissant. De même, Dominique Valbelle, qui a accepté de diriger ce travail, m’a prodigué conseils, suggestions et encouragements, toujours judicieusement et avec bienveillance. Je l’en remercie très sincèrement. Plusieurs personnes ont contribué directement à l’achèvement des illustrations : il m’aurait fallu bien plus de temps et d’énergie sans leur aide précieuse. Marion Berti, en particulier pour les cartes et plans, Michel et Anne-Marie Ruffieux, Séverine Marchi et Gionata Consagra, pour les vectorisations d’une partie des dessins de céramiques. Le texte a bénéficié des nombreuses relectures de Pierre Meyrat, Anne-Marie Ruffieux, Christophe Rime et bien-sûr Dominique Valbelle et Charles Bonnet. Sur le terrain, j’ai pu profiter en particulier de l’aide de Nadia Licitra, Jean-Michel Yoyotte, Jean-François Gout, Inès Matter-Horisberger, Alain Peillex, Françoise Plojoux-Rochat et Gérard Deuber. Je tiens à leur exprimer, à tous, ma profonde gratitude. Durant toutes ces années de travail au Soudan, nombre de collègues soudanais de la NCAM, à Kerma ou à Khartoum, m’ont renseigné, assisté ou encouragé de différentes manières. Ce sont, tout particulièrement, Salah el-Din Mohamed Ahmed, Abd el-Rahman Ali Mohamed, Abd el-Hayy Abd es-Sawi, Gazzafi Youssef Is’Hag, Mohamed Saad Abdallah, Shadia Abdou Rabbo, Taher Adam en-Nour, Mahmoud Suliman Bashir, Fawzi Hassan et Abd el-Majid Mahmoud. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés. Je souhaite également exprimer ma reconnaissance aux collègues rencontrés au Soudan ou ailleurs, qui m’ont offert leur expertise, leurs conseils, ou avec lesquels nous avons pu échanger sur nos sujets d’études, toujours dans un esprit ouvert et constructif, je pense notamment à Janine Bourriau, Pamela Rose, Julia Budka, Marie Millet, Bruce Williams, Stuart Smith, Isabella Welsby-Sjöström, Derek Welsby, Anna Garnett, Giulia D’Ercole, Brigitte Gratien et Béatrice Privati. D’autre part, de nombreux collègues ou amis m’ont aidé ou soutenu, chacun à sa façon, il me tient à cœur de les en remercier ici, parmi eux : Jean Terrier, Nora Ferrero, Denis Genequand, Miguel Quintana, Isabelle Plan, Marc-André Haldimann. Je dois également beaucoup à mes parents, Michel et Anne-Marie Ruffieux, qui non seulement m’ont toujours soutenu, mais m’ont aussi offert un îlot de calme pour mener à bien une bonne partie de ce travail. Enfin, tout cela n’aurait jamais pu se concrétiser sans la compréhension, la patience et le soutien indéféctible de mon épouse Taeko et de mon fils Natsuki, pour lesquels chaque heure consacrée à cette thèse a été l’absence du mari, ou du papa. À n’en pas douter, sans eux, la barque aurait pris l’eau…

REMARQUES CONCERNANT LES ILLUSTRATIONS Les profils des céramiques présentés dans ce volume sont généralement réduits à l’échelle 1:3 et sont accompagnés d’une échelle graphique de 10 cm. Dans certains cas, nous avons privilégié une réduction de 1:2, qui permet de conserver un meilleur niveau de détail. C’est notamment le cas des céramiques peintes. Une échelle de 5 cm accompagne ces pièces. Au contraire, les poteries dont le diamètre est trop important sont réduites à l’échelle 1:4 et sont accompagnées d’une échelle graphique de 10 cm. Crédits des illustrations Les dessins originaux des céramiques ont tous été réalisés par l’auteur, à l’exception des pièces dessinées par les collègues suivants : Nadia Licitra : DG.15.11G-01, -02 ; DG.15.11H-01 à -07, -10 ; DG.15.76-44, -45 ; DG.15.66.09-01 à -19 Gérard Deuber : dépôt de fondation 247. Françoise Plojoux-Rochat : dépôt de fondation 247. Marc Bundi : dépôt de fondation 317. Vincent Francigny : DG.02.25E-02, DG.02.25E-03. Juliette Laroye : DG.16.76-26. Les vectorisations sont dues à l’auteur qui a bénéficié, pour tout ou partie de certains ensembles, de l’aide précieuse des personnes suivantes : Michel et Anita Ruffieux : secteurs 3, 5, 5A-C, 6B, 22C, 23C, 23D, 23G, 23H, 26, 41, 66, 82, 84. Gionata Consagra : secteurs 4, 14, 22B, 23, 39B. Séverine Marchi : secteurs 25E, 79, 82, 84. Les plans des secteurs, les schémas des phases et de répartition des secteurs ainsi que les plans d’organisations ont été réalisés par Marion Berti, d’après les relevés de terrain. Jean-Michel Yoyotte, Jean-François Gout, Inès Matter, Marion Berti et – dans une moindre mesure – l’auteur, ont réalisé les photographies utilisées dans ce volume. Les coupes stratigraphiques du secteur 66 ont été vectorisées par Séverine Marchi et Marion Berti, d’après les relevés de Jean et Sophie Plumier. Enfin, Marion Berti a contribué, avec l’auteur, à la mise en page des illustrations. Remarques concernant les légendes des figures Dans les légendes accompagnant les figures contenues dans ce volume, on rencontrera fréquemment les termes « céramique(s) égyptienne(s) » et « céramique(s) d’importation égyptienne ». Le premier terme est utilisé par commodité pour désigner la poterie de tradition égyptienne, sans présumer de son lieu de fabrication. Cela s’applique en particulier aux céramiques en pâtes alluviales. Le second terme se réfère à la poterie dont le lieu de fabrication se situe sûrement en territoire égyptien, il s’agit donc en général de céramiques en pâtes marneuses.

INTRODUCTION 1. LES

RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES À

KERMA

Située sur la rive orientale du Nil, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la ville moderne de Dongola, chef-lieu de la Province du Nord (ash-Shimâliyya), et au sud de la troisième cataracte, la région de Kerma compte plusieurs sites archéologiques d’importance majeure pour l’histoire de la Nubie (fig. 1-2). 1.1. Kerma et le site de Doukki Gel Si Kerma a très tôt attiré l’attention des voyageurs, puis des archéologues, c’est sans doute grâce à la présence de ses deux deffufas, imposantes structures de brique crue, qui malgré le passage des siècles continuent de marquer le paysage par leur aspect insolite1. Ces deux monuments s’élèvent à l’emplacement de deux des principaux sites archéologiques de la région. La deffufa dite orientale est en effet bâtie dans le périmètre de la grande nécropole du même nom, alors que la deffufa dite occidentale domine la ville nubienne antique de Kerma2. C’est autour de ces deux bâtiments que se sont développées les fouilles des missions archéologiques de l’Université de Harvard et du Museum of Fine Arts de Boston, menées de 1913 à 1916 par G. A. Reisner3, puis bien plus tard, dès 1977, de l’Université de Genève sous la direction de C. Bonnet4. Ces travaux ont mis en évidence des niveaux d’occupation depuis le Kerma Ancien5 (env. 24502050 av. J.-C.) jusqu’à l’époque chrétienne. Les sites des périodes plus anciennes, l’agglomération pré-Kerma (env. 3500-2450 av. J.-C.) ou les établissements mésolithiques (env. 9000-6000 av. J.-C.) et néolithiques (env. 6000-3500 av. J.-C.), ont également été étudiés6. En 1844, R. Lepsius faisait une description des vestiges de Kerma, publiée plus tard dans les Denkmäler aus Aegypten und Aethiopien. Là encore, les deux monuments de briques crues captaient toute son attention ; les grands tumuli du cimetière oriental étaient décrits, quoique brièvement7. Quelques lignes dans la description de R. Lepsius retiendront plus particulièrement notre attention dans le cadre de cette étude, il y évoque en effet la présence de vestiges en un lieu situé au nord de 1

On peut citer par exemple les récits de F. Cailliaud (1826, p. 396-398), de G. A. Hoskins (1835, p. 215-216) et bien entendu de R. Lepsius (1913, p. 245-247). Sur le sujet, voir la notice de N. Ferrero (1990, p. 24-27). Le terme nubien deffufa désigne une construction en brique crue d’une certaine hauteur. 2 G. A. Reisner (1923a, p. 16) précise qu’elles sont désignées localement comme « Upper Deffûfa » et « Lower Deffûfa », terminologie qu’il reprend à son compte. Actuellement, la deffufa orientale est encore qualifiée par les habitants de Kerma de deffûfa fawq, soit deffufa supérieure, ou deffufa « du haut ». 3 Voir G. A. REISNER 1923a et 1923b. Bien que le monument situé dans la ville ait été dégagé de ses gravats et le quartier qui l’entourait en bonne partie fouillé, la ville elle-même n’a quasiment pas été excavée. L’essentiel des travaux de l’archéologue américain a ensuite porté sur les fouilles des tumuli situés dans la partie sud de la nécropole orientale. 4 De premières fouilles de sauvetage par la Mission archéologique de la Fondation H.-M. Blackmer et du Centre d’études orientales de l’Université de Genève eurent lieu à partir de 1973, suivies dès 1977 par les fouilles systématiques de l’Université de Genève, en particulier sur la ville nubienne et dans la nécropole orientale jusqu’en 2002. Les résultats de ces recherches ont fait l’objet de rapports préliminaires réguliers (C. BONNET 1978a ; 1978b ; 1979 ; 1980 ; 1982 ; 1984 ; 1986a ; 1988 ; 1991 ; 1993 ; 1995 ; 1997 ; 1999 ; 2001 ; 2003) et de diverses publications (notamment C. BONNET 1986b ; C. BONNET (dir.) 1990 ; C. BONNET, D. VALBELLE 2014 ; C. BONNET, D. VALBELLE et al. 2000 ; 2004). À propos de la deffufa occidentale et de son interprétation comme un temple, proposée par C. Bonnet et maintenant largement admise, voir C. BONNET 1981, p. 205-212 ; C. BONNET, D. VALBELLE et al. 2004, p. 10-73. 5 Sur la chronologie de la civilisation de Kerma (Kerma Ancien, Kerma Moyen, Kerma Classique/Kerma Récent), voir B. GRATIEN 1978. 6 Voir notamment M. HONEGGER 2005 ; 2007. 7 R. LEPSIUS 1913, p. 245-247.

2

INTRODUCTION

Figure 1. Carte du Soudan avec certains des principaux sites historiques

INTRODUCTION

Figure 2. Carte de la région de Kerma et de ses principaux sites archéologiques

3

4

INTRODUCTION

la ville nubienne : « … ein großer einzelner Berg, aus lauter Scherben bestehend … daneben steht ein großer viereckiger Altar, etwa zwei Meter an jeder Seite lang … einige andere große, rohe Blökke liegen in der Nähe »8, un site que l’on peut identifier à Doukki Gel9. Plus tard, G. A. Reisner l’a fait figurer sur sa carte générale de Kerma, sous l’appellation « Mound of Sherds »10. Sur la base des sondages effectués alors sur le site, dans le monticule de tessons et au nord de celui-ci, il postulait la présence d’un petit temple « éthiopien » mal construit, dont l’activité se serait traduite par l’accumulation de tessons de poterie sous la forme d’un tertre11. S’il paraît évident aujourd’hui que l’archéologue américain a totalement sous-estimé l’importance des vestiges enfouis dans le sous-sol de Doukki Gel, il faut reconnaître qu’il n’avait pas tort sur la présence d’un sanctuaire et sur la nature de la colline de tessons. Il faudra tout de même attendre près de quatre-vingts ans pour que des fouilles aient lieu sur le site et qu’un programme d’investigation systématique soit engagé par la mission suisse. Après le dégagement d’un palais d’époque méroïtique entre 1992 et 199612, un temple daté du 1er siècle après. J.-C. est découvert13. Durant les campagnes suivantes, les travaux s’étendent pour couvrir une surface considérable, mettant au jour plusieurs sanctuaires, palais cérémoniels, bâtiments annexes et fortifications du Nouvel Empire, de la XXVe dynastie et des époques napatéenne et méroïtique14. La découverte en janvier 2003 de sept statues de souverains kouchites, déposées dans une cachette annexe du temple central15, a sans aucun doute contribué à élever un peu plus le site de Doukki Gel au rang des sites clés de la Haute Nubie16, au même titre que Gebel Barkal. Les découvertes plus récentes de fortifications extrêmement puissantes et de grands bâtiments cérémoniels datant de la transition entre le Kerma Classique et le Nouvel Empire vont dans le même sens17. 1.2. Les études céramologiques à Kerma Dans sa publication des fouilles de Kerma, G. A. Reisner a consacré un chapitre de son second volume à la poterie18. Cette première étude de matériel céramique de Kerma présente à la fois des qualités remarquables et de sérieux défauts. Le matériel étudié par G. A. Reisner, issu en majeure partie des grands tumuli du sud de la nécropole orientale et de leurs tombes subsidiaires, secteur désigné alors comme le cimetière égyptien, a fait l’objet d’une documentation de grande qualité. Les dessins incluent en effet à la fois le profil et la vue extérieure du pot, montrant ainsi le traitement de la surface et les décors avec plus ou moins de détail, dans un esprit analogue aux standards actuels, mais loin d’être la norme en son temps. Les dessins sont accompagnés en fin de chapitre de photographies des assemblages où l’on constate la qualité et l’exceptionnelle condition de préservation de la poterie.

R. LEPSIUS 1913, p. 245-246. Nom qui signifie en langue nubienne « colline rouge » ou « tertre rouge ». Le site est aussi connu sous l’appellation « Kôm des bodegas ». Le terme « bodega » signifie en langue nubienne « terre sableuse » ou « sable mouvant » (M. M. KHALIL 1996, p. 90, no 609) et serait le nom d’un canal d’irrigation situé à l’ouest du site (C. BONNET, S. M. AHMED 1999, p. 251 ; S. M. AHMED 2004, p. 205, n. 2). 10 G. A. REISNER 1923a, Plan I. 11 G. A. REISNER 1923a, p. 37. 12 S. M. AHMED 1999, p. 44 ; C. BONNET, S. M. AHMED 1999. 13 C. BONNET 1997, p. 110-112 ; S. M. AHMED 1999, p. 44-46 ; 2004. 14 Le programme de fouilles se poursuit à l’heure où nous publions cette étude dans le cadre d’une mission suisse franco-soudanaise impliquant la Fondation Kerma, Sorbonne Université, anciennement Paris-Sorbonne (Paris IV) et la National Corporation for Antiquities and Museums (NCAM, service des antiquités du Soudan). 15 C. BONNET 2003, p. 267-269 ; C. BONNET, D. VALBELLE 2005 ; C. BONNET, D. VALBELLE, S. MARCHI 2021. 16 Étant donné les dimensions des bâtiments mis au jour lors des premières campagnes, et l’organisation générale qui se dessinait, l’importance du site paraissait déjà évidente (C. BONNET 1994, p. 47). 17 Voir notamment C. BONNET 2012a ; 2014a. 18 Chapitre XXXII, dans G. A. REISNER 1923b, p. 320-504, et pl. 70-78. 8 9

INTRODUCTION

5

La classification proposée par l’archéologue américain, qui repose en premier lieu sur le traitement de surface, se révèle malheureusement inopérante, comme l’a d’ailleurs souligné J. D. Bourriau19. L’absence d’une prise en compte au préalable de la technologie de production, ou une mauvaise appréciation de celle-ci20, l’a conduit à regrouper au sein de mêmes catégories des céramiques issues de traditions aussi différentes que peuvent l’être les traditions nubienne (céramique non-tournée) et égyptienne (céramique tournée21), fût-elle importée ou produite localement. Ainsi trouve-t-on, par exemple, rassemblés dans la catégorie Red Ware (R.W.), des vases à libation égyptiens (type R.W. XXII) et des gobelets nubiens du Kerma Classique (type R.W. XXIII)22. L’analyse statistique basée sur la répartition des catégories de vaisselle dans le « cimetière égyptien » n’en sort naturellement pas renforcée23. Si son étude constitue indéniablement le fruit de travaux pionniers dans une région jusqu’alors peu ou pas exploitée archéologiquement, elle souffre malheureusement d’une conception raciste des rapports entre groupes ethniques, propre à son époque24, et aussi de préjugés dus à sa vision historique « égypto-centrée »25. On ne reviendra pas en détail sur son interprétation historico-archéologique, abondamment commentée26, fondée sur les diverses inscriptions égyptiennes découvertes dans la nécropole27. On rappellera simplement qu’il en est résulté une chronologie faussée, selon laquelle la phase la plus récente (Kerma Classique) était considérée comme la plus ancienne et datée de la XIIe dynastie, la présence égyptienne se serait maintenue jusqu’au début de la XVIIIe dynastie, date des « dernières » tombes, au nord de la nécropole (Kerma Ancien)28. La comparaison du matériel de Kerma – dans le cadre de la chronologie de G. A. Reisner – avec des assemblages provenant de tombes en Égypte, datées du Moyen Empire ou du Nouvel Empire par la céramique égyptienne et comprenant de la céramique Kerma a bien entendu abouti à des aberrations que l’archéologue a tenté d’expliquer d’une manière peu convaincante29. Avec les fouilles de l’Université de Genève, un nouveau chapitre du dossier céramologique de Kerma s’est ouvert. Sur la base de la classification établie par B. Gratien et de sa chronologie rectifiée30, une étude systématique de la poterie mise au jour sur les différents sites de la mission suisse a été entreprise par B. Privati. Elle concernait spécifiquement la céramique nubienne non-tournée, du préKerma au Kerma Classique et s’appuyait sur une approche typologique offrant une place de choix à la décoration et au traitement de surface31. Cette approche a permis à B. Privati d’affiner la chronologie céramique des différentes phases du Kerma32, tout en la confrontant aux marqueurs que représentent

J. D. BOURRIAU 2004, p. 3. G. A. Reisner (1923b, p. 324) note en effet une utilisation du tour : « in the great majority of the vessels found at Kerma », ce qui constitue selon lui : « one of the indications of the fact that they were made by Egyptian potters ». 21 L’utilisation du tour est attestée en Égypte dès la IVe dynastie, voir S. K. DOHERTY 2015, p. 66-68, voir aussi plus bas, Chapitre I, n. 5. Sur le tour, voir aussi C. POWELL 1995. 22 G. A. REISNER 1923b, p. 419, fig. 300. 23 G. A. REISNER 1923b, p. 478-504. 24 Certains passages de son analyse historique sont à ce titre édifiants : « the social mingling of the three races, the Egyptian, the Nubian, and the negro in one community, would naturally be supposed to have a marked cultural effect on the community, and it is necessary to examine closely what the effect was. The most obvious result in all such cases is of course the production of offspring of mixed blood who do not inherit the mental qualities of the highest race, in this case the Egyptian. But a portion of the offspring will perpetuate the qualities, physical and mental, of the male parent, and thus the highest race will not necessarily disappear, … » (G. A. REISNER 1923b, p. 556). 25 À propos de la céramique appartenant à plusieurs de ses catégories, dont les fameuses poteries rouges à bord noir (Black-Topped Red-Polished Ware, Bkt.), regroupées en tant que céramique fine (Fine Wares), il juge que : « these fine vessels are of the Nubian mixture with black fracture, but have been made on the wheel with a skill and an appreciation of form foreign to Nubian pottery, as far as we know it at present » (G. A. REISNER 1923b, p. 325). 26 Voir notamment B. GRATIEN 1978, p. 121, n. 3 ; C. BONNET 1986, p. 1-3. 27 Voir G. A. REISNER 1923b, p. 505-531 ; voir aussi D. VALBELLE 2004. 28 Voir G. A. REISNER 1923a, p. 116-121 ; 1923b, p. 535-559. 29 G. A. REISNER 1923b, p. 327. 30 Voir B. GRATIEN 1978, p. 133-223 ; 1986, p. 388-443. 31 Voir B. PRIVATI 1978 ; 1982 ; 1986 ; 1988 ; 1990. 32 Voir B. PRIVATI 1999 ; 2000 ; 2004. 19 20

6

INTRODUCTION

les importations égyptiennes retrouvées dans les tombes de la nécropole orientale et étudiées par J. D. Bourriau33. Parallèlement à l’étude typologique, des analyses chimiques et pétrographiques ont été menées sur du matériel de Kerma, en comparaison notamment avec des échantillons de limon du Nil et de céramique de l’île de Saï34. En revanche aucune classification des pâtes à partir d’observations microou macroscopiques n’a été entreprise. Les seules poteries égyptiennes de Kerma étudiées jusque-là, outre la publication de G. A. Reisner, sont celles provenant des tombes de la nécropole orientale, fouillées par la mission de l’Université de Genève. Elles s’échelonnent entre la Ve et le début de la XVIIIe dynastie, mais la majorité d’entre elles datent des XIIe-XIIIe dynasties35. Enfin il faut signaler aussi le matériel provenant de la grande tombe circulaire de la nécropole occidentale, dont une partie d’origine ou de technologie égyptienne a été publiée, quoique sommairement, à côté de la céramique Kerma36. Les fouilles du site de Doukki Gel ont donc marqué une nouvelle étape du point de vue de l’étude céramologique, la civilisation de Kerma étant délaissée au profit du Nouvel Empire égyptien et sa culture matérielle radicalement différente.

2. LES FOUILLES DE DOUKKI GEL : ARCHÉOLOGIE ET

ÉPIGRAPHIE

Après les premières interventions et la découverte d’un temple méroïtique dont la présence avait été supposée par G. A. Reisner, les recherches archéologiques menées durant plus de vingt-cinq ans sous la direction de C. Bonnet offrent un résultat impressionnant. La surface fouillée est considérable et l’apport tant sur le plan historique qu’archéologique est fondamental. On sait à présent qu’une fondation égyptienne37 s’est substituée à une ville existant au moins dès le milieu du Kerma Classique, et vraisemblablement en relation avec la ville nubienne38, à moins d’un kilomètre au sud. 2.1. L’apport de l’épigraphie Retrouvés en abondance durant la fouille, les fragments de blocs ayant appartenu aux parois décorées des temples et les restes de statues ou de stèles livrent des renseignements essentiels sur la nature des sanctuaires, grâce aux inscriptions ou aux éléments iconographiques et stylistiques. C’est ainsi que le toponyme Pnoubs (Pa nébès, le jujubier) a pu être associé au site de Doukki Gel39, de même que l’on a pu s’assurer de la présence en ces lieux de culte du dieu Amon-Rê40, sous sa forme locale d’« Amon-Rê maître de Pa nébès »41 mais également en tant qu’« Amon qui préside à Ipet-Sout » (Amon de Karnak) et « Amon qui préside à Ta-Séti » (Amon nubien)42. L’épigraphie nous révèle également l’implication de différents souverains du Nouvel Empire, de la XXVe dynastie et des périodes napatéenne et méroïtique dans le développement architectural, économique et religieux du site. Les noms des pharaons suivants sont en effet attestés parmi les trouvailles épigraphiques43 : Thoutmosis Ier, Thoutmosis II, Hatchepsout, Thoutmosis III, Amenhotep II, Voir J. D. BOURRIAU 2004. Concernant la céramique de Kerma, voir P. DE PAEPE, Y. BRYSSE 1986 ; P. DE PAEPE 1988 ; pour l’étude comparative, voir P. DE PAEPE, B. GRATIEN, B. PRIVATI 1992 ; voir aussi plus bas, chapitre II, § 2.2.1.3. 35 Voir J. D. BOURRIAU 2004. 36 Voir B. PRIVATI 2000, p. 188-190. 37 Voir par exemple C. BONNET, D. VALBELLE 2005, p. 27. 38 C. BONNET 2012a, p. 59 ; C. BONNET, D. VALBELLE 2014, p. 235-237. 39 C. BONNET, D. VALBELLE, S. M. AHMED 2000, p. 1117-1119 ; D. VALBELLE 2003a, p. 199. 40 D. VALBELLE, C. BONNET 2003. 41 Voir D. VALBELLE 2003a, p. 201-202 et fig. 7 (no inv. 199a) ; 2005, p. 251-252 ; D. VALBELLE, C. BONNET 2003, p. 291-292 et fig. 5, p. 301 ; C. BONNET, D. VALBELLE 2018, p. 83 et fig. 62-63A, p. 83-84. 42 Voir D. VALBELLE 2007, p. 213 et fig. 2, p. 214 ; C. BONNET, D. VALBELLE 2018, p. 130 et fig. 109, p. 131. 43 Voir C. BONNET, D. VALBELLE 2018. 33 34

INTRODUCTION

7

Thoutmosis IV, Amenhotep III et Akhénaton, pour la XVIIIe dynastie, Séthi Ier et Ramsès II, pour la XIXe dynastie et enfin Ramsès III, pour la XXe dynastie. L’essentiel des noms royaux du Nouvel Empire, comme les mentions divines d’ailleurs, apparaissent soit sur des blocs en remploi, dont la provenance exacte est évidemment incertaine, soit sur des fragments de blocs débités sur place, lors des démolitions et reconstructions de monuments44, puis pris dans les couches recouvertes par les aménagements successifs. Les blocs inscrits ne sont donc quasiment jamais en position primaire, les seules pierres en place étant celles de fondations, notamment dans le sanctuaire du temple central. 2.2. Le site de Doukki Gel à la fin du Kerma Classique Lorsque les troupes égyptiennes, dans leur conquête de la Nubie45, arrivent à Kerma, capitale du royaume de Kouch, elles trouvent sur le site actuel de Doukki Gel une ville puissamment fortifiée. À l’intérieur d’une première enceinte, plusieurs bâtiments de plan circulaire ou ovale – huit ont été reconnus à ce jour – sont répartis autour d’une seconde enceinte délimitant un espace intérieur plus réduit46 (fig. 3.I). Ces bâtiments circulaires ou ovales (fig. 3.A-B, G) se caractérisent par des murs de brique crue de 2 à 4 m d’épaisseur, des portes marquées par deux tours, n’offrant qu’un étroit passage vers l’intérieur où se dressaient d’innombrables colonnes limitant la circulation aux seules allées menant aux dispositifs intérieurs. La disposition de ces édifices étonnants, interprétés comme des palais cérémoniels47, les fait souvent coïncider avec les portes aménagées dans l’enceinte intérieure de la ville. Celles-ci sont multiples et consistent en tours circulaires massives faites de brique crue, ou montées à l’aide de mottes de terre (galous). Leurs ouvertures sont étroites (généralement moins de 1 m). À l’intérieur de la seconde enceinte, qui peut atteindre parfois 6 m d’épaisseur (fig. 3.I), les vestiges de cette époque sont moins bien connus, car ils ont été largement recouverts par les constructions postérieures. Plusieurs petits bâtiments de plan ovale irrégulier ont néanmoins été mis au jour dans l’angle nord-est de cette « ville intérieure » (fig. 3.II). Leurs murs de brique crue sont doublés par des contreforts arrondis. Les aménagements intérieurs suggèrent que l’on est en présence de sanctuaires. Une sorte d’enclos, ou téménos, entoure ce quartier religieux du côté intérieur, alors que deux portes dans l’enceinte offrent une communication avec au moins deux des grands palais (palais A et B). Deux puits sont aménagés, l’un au nord (puits nord, fig. 3.PN), à proximité de deux portes, accessible grâce à un escalier construit en pierres48, l’autre dans la zone centrale (puits sud, fig. 3.PS). À quelques mètres, à l’est de ce dernier, a été dégagée une surface jonchée de nombreuses tuyères de grandes dimensions, accompagnées de tessons de céramique du Kerma Classique (fig. 3.III). On peut supposer que des fours d’une certaine importance, appartenant peut-être à un atelier de bronziers, se trouvaient à proximité49. L’utilisation de ces puits dès le Kerma Classique s’est poursuivie tout au long de l’histoire du site, comme en témoignent les derniers aménagements datés de l’époque méroïtique50. L’architecture de cet ensemble religieux et cérémoniel, les procédés de construction observés, de même que les proportions des bâtiments sont tout à fait inédits en Nubie et s’avèrent donc particulièrement difficiles à interpréter. La tradition nubienne telle qu’elle a pu être étudiée dans la ville antique et les nécropoles de Kerma et ses environs préfère dès le Kerma Ancien le plan quadrangulaire, tant D. VALBELLE 2003b, p. 291. Concernant la campagne militaire de l’an 2 de Thoutmosis Ier en Nubie, voir C. VANDERSLEYEN 1995, p. 255-259 ; voir également W. V. DAVIES 2003a ; 2013 ; 2014, p. 39-41 ; D. VALBELLE 2012, p. 453-457. 46 Pour plus de détails sur cet ensemble, se référer à C. BONNET 2012a ; 2014a ; 2015. 47 C. BONNET 2014a, p. 28. Concernant l’interprétation des ces constructions, voir également D. A. WELSBY 2019 et C. BONNET 2019. 48 C. BONNET 2005, p. 229-231 ; P. RUFFIEUX 2005, p. 260-261. 49 P. RUFFIEUX 2005, p. 255-256, p. 268-269 (cat. 20) ; plus bas, chapitre III, § 3.2. 50 C. BONNET 2001, p. 212-213 ; 2003, p. 273-276. 44 45

Figure 3. Plan du quartier religieux de Doukki Gel vers la fin du Kerma Classique 100.00W

50.00W

0.00

50.00S

A G B

I I

100.00S

PN

I

II

III PS 150.00S

0

20 m

Figure 4. Plan du quartier religieux au début de l’occupation pharaonique (Thoutmosis Ier) 100.00W

0.00

50.00W

50.00S

IV

V

100.00S

VI

PN I

II III

PS 150.00S

0

20 m

INTRODUCTION

9

pour les bâtiments religieux que pour les habitations, qu’elles soient en terre et bois ou en briques crues. Dès lors, le plan circulaire, qui domine l’architecture de l’agglomération pré-Kerma, sous la forme de huttes, d’enclos et dans les fortifications ne se retrouve plus aussi fréquemment par la suite dans le tissu urbain (à l’exception de structures bien particulières telles que la grande hutte [Secteur 52 de la ville nubienne], des silos ou des fortifications) mais demeure en revanche privilégié dans le domaine funéraire jusqu’à la fin du Kerma Classique51. Une tradition influencée par des populations venues du sud (Kordofan, Afrique centrale) ou de la mer Rouge est ainsi envisagée pour cette période de la fin du Kerma Classique à Doukki Gel. C. Bonnet a en effet émis l’hypothèse de la présence de tels groupes, dans le cadre d’une grande coalition militaire autour du souverain de Kerma, avant la conquête égyptienne52. Le danger représenté par le royaume kouchite à cette époque (Kerma Classique / Deuxième Période intermédiaire – début de la XVIIIe dynastie) est d’ailleurs bien attesté du côté égyptien53. L’avènement de l’occupation égyptienne du site s’accompagne de profonds bouleversements sur le plan architectural, avec la construction de trois temples de type égyptiens54 : le temple occidental (fig. 4.I), le temple central (fig. 4.II) et le temple oriental (fig. 4.III). Les deux puits continuent de jouer un rôle primordial dans l’organisation du site (fig. 4.PN, PS) et certains quartiers se maintiendront durant plusieurs décennies, notamment le complexe religieux nubien à l’est (fig. 4.VI), un palais cérémoniel55 au nord-est (fig. 4.V) ainsi qu’une chapelle56 voisine d’une zone artisanale57 au nordouest (fig. 4.IV). Pour plus de détails sur le développement architectural des temples de Doukki Gel et l’étude épigraphique, nous renvoyons le lecteur à la monographie de C. Bonnet et D. Valbelle58.

3. LA CÉRAMIQUE DU NOUVEL EMPIRE À DOUKKI GEL : OBJECTIFS ET LIMITES DE L’ÉTUDE L’abondance du matériel céramique sur le site de Doukki Gel et la nécessité d’en mener un examen aussi détaillé que possible ont conduit à la mise en place d’un programme d’étude depuis la saison de fouille 2002/2003. C’est donc en janvier 2003 que j’ai pris la responsabilité de ce programme, que j’ai poursuivi depuis lors à raison de quatre à six semaines sur place par saison, en moyenne, jusqu’en janvier 2019. Au fil des ans et de l’expérience accumulée, il m’est apparu de plus en plus évident que ce travail fastidieux, de terrain, puis de laboratoire, qui a fait l’objet de plusieurs articles préliminaires59, méritait de se concrétiser sous la forme d’une thèse de doctorat, dont la présente publication constitue l’aboutissement. Celle-ci est donc le fruit d’un engagement de plus de quinze ans au sein de la mission archéologique de Kerma, et bien sûr le résultat d’un travail de longue haleine. Le matériel présenté ici provient des niveaux contemporains du Nouvel Empire, au plus tôt de la période de transition entre le Kerma Classique et le début de l’occupation égyptienne du site. Les trois temples égyptiens constituent la principale source de la céramique concernée. Ils ont en effet fourni des contextes archéologiques bien stratifiés et riches en matériel. Les abords immédiats de ces sanc51 Voir G. A. REISNER 1923a ; C. BONNET, D. VALBELLE et al. 2000 ; 2004 ; C. BONNET, D. VALBELLE 2014 ; M. HONEGGER 2007, p. 208-211. 52 C. BONNET 2012a, p. 66 ; 2012b, p. 31-32 ; 2014a, p. 25-26. 53 Voir notamment W. V. DAVIES 2003b ; 2003c ; K. RYHOLT 1998, p. 33 ; D. VALBELLE 2004, p. 182-183 ; 2012, p. 464. 54 Concernant ces trois édifices, voir C. BONNET 2009a, p. 95-98 ; 2011a, p. 11-14 ; 2012a, p. 67-68 ; C. BONNET, D. VALBELLE 2018, p. 67-68. 55 Son plan analogue au modèle standard des temples du Nouvel Empire, ainsi que sa position perpendiculaire et en retrait par rapport à l’axe processionnel des sanctuaires, rejoignent les caractéristiques des palais cérémoniels connus en Égypte, voir notamment D. O’CONNOR 1989 ; 1993, p. 182 ; M. BIETAK 1996, p. 40-43. Voir également C. BONNET 2012a, p. 68-70 ; 2012b, p. 33-34. 56 C. BONNET 2005, p. 229 ; P. RUFFIEUX 2005, p. 261 ; voir plus bas, chapitre III, § 5.10. 57 S. MARCHI et al. 2015, p. 16-18, 23-24 ; C. BONNET 2015. Voir également plus bas, chapitre III, § 5.11. 58 C. BONNET, D. VALBELLE 2018. 59 Voir P. RUFFIEUX 2005 ; 2007a ; 2009 ; 2014 ; 2016.

10

INTRODUCTION

tuaires sont également pris en compte, notamment le palais cérémoniel égyptien nord-est, le complexe religieux nubien, les deux puits (nord et sud), les installations situées à l’ouest du puits nord et la zone artisanale au nord de celles-ci, le téménos des temples égyptiens, les installations de la XVIIIe dynastie situées dans le périmètre des palais nubiens A et B. Ces différents contextes seront situés et décrits plus en détail dans les chapitres suivants. Les fouilles archéologiques en Nubie soudanaise ont connu, au début des années 2010, un développement qui devait en partie à la situation politique tendue que traversait l’Égypte à la suite de la révolution de 2011, et au contraire, à la stabilité relative qui régnait simultanément au Soudan, dans la Vallée du Nil. D’importants apports financiers extérieurs destinés à l’archéologie ont également contribué au lancement de plusieurs projets de recherche, principalement occidentaux60. Il résulte de cette multiplication des missions archéologiques un développement des études céramologiques, toutes périodes confondues. L’état de la recherche sur la céramique du Nouvel Empire61 en Nubie, depuis les premiers travaux, liés aux aménagements hydro-électriques du début du XXe siècle jusqu’à nos jours, avec les projets en cours, ou récemment terminés, transparaîtra dans les nombreuses comparaisons qui seront proposées avec notre matériel. Le chapitre I sera consacré aux méthodes appliquées à la présente étude, depuis le prélèvement sur le terrain jusqu’à l’analyse des ensembles en laboratoire. La méthode d’enregistrement du matériel mise en œuvre durant les fouilles ne s’est pas présentée comme une évidence, mais a nécessité des adaptations à l’approche archéologique privilégiée sur le site. Loin d’être idéale, elle comporte certainement des limites, mais a néanmoins permis de réaliser une documentation satisfaisante des contextes. L’analyse et la classification des pâtes seront traitées dans le chapitre II. Une approche qui s’est généralisée dans le domaine de la céramologie de la vallée du Nil, au point que la pâte62 peut être considérée comme le premier critère de classification après les distinctions culturelle, puis technologique (utilisation ou non du tour). Après la présentation des pâtes, une description des ensembles céramiques par secteurs sera développée dans le chapitre III, incluant une analyse de chaque ensemble sur la base de son contexte stratigraphique, des comparaisons d’ordre typologique avec d’autres sites connus, et le cas échéant des informations données par le matériel épigraphique associé. Pour clore cette introduction, l’un des objectifs de cette publication est de présenter un matériel provenant de contextes que l’on peut considérer comme fiables du point de vue archéologique et d’en tirer le plus d’informations possibles, non seulement sur le plan typo-chronologique, mais aussi sur les aspects fonctionnels, en lien avec les espaces étudiés, les pratiques rituelles des anciens Égyptiens telles que nous les connaissons grâce à certains textes et représentations, et en relation avec le contexte culturel particulier de Kerma. Toutes ces questions, qui ne sont pas toujours abordées dans les publications céramologiques, seront traitées dans le chapitre IV. Le site de Doukki Gel comptant parmi les rares établissements du Nouvel Empire situés en amont de la troisième cataracte et faisant l’objet de fouilles systématiques, la céramique présentée ici constitue l’un des corpus égyptiens les plus méridionaux étudiés à ce jour pour cette période, ce qui n’est pas négligeable si l’on s’intéresse à la question des influences culturelles locales ou régionales et à l’impact de la colonisation égyptienne en Nubie.

60 On mentionnera en particulier les nombreux projets financés par la fondation qatarienne Qatar-Sudan Archaeological Project (Nubian Archaeological Development Organization, http://www.qsap.org.qa/en/). 61 Nous entendons par céramique du Nouvel Empire tout le matériel céramique que l’on retrouve dans les contextes de cette époque, issu aussi bien des traditions égyptienne, que nubienne, ou importé de l’extérieur de la Vallée du Nil. Signalons à ce propos le travail de compilation et de synthèse sur la céramique égyptienne retrouvée sur de nombreux sites de Nubie égyptienne et soudanaise, effectué par Lauriane Miellé dans le cadre de sa thèse de doctorat (L. MIELLÉ 2013). 62 Voir plus bas, chapitre II, § 1.1.

CHAPITRE I

MÉTHODOLOGIE : DE LA FOUILLE AU LABORATOIRE La céramique du Nouvel Empire dont il est question dans ce travail s’insère dans une étude céramologique plus générale sur le site de Doukki Gel, menée depuis la campagne de fouilles 2002-2003, et qui concerne toutes les périodes représentées. Le traitement du matériel sur le terrain a été effectué en suivant une méthode qui n’a été fixée qu’à partir de la campagne 2006-2007. Dans ce chapitre, nous évoquerons les différentes étapes de ce processus, sur le terrain tout d’abord : récolte des lots, tri, quantification, sélection, puis en « laboratoire » : documentation graphique, détermination des pâtes. On terminera par une description de la terminologie utilisée dans l’analyse des ensembles, qui constitue le chapitre III et par quelques remarques concernant les choix graphiques retenus pour l’élaboration des figures. À ce stade, il est sans doute utile d’attirer l’attention du lecteur sur le fait que durant les nombreuses campagnes de fouilles auxquelles j’ai participé en tant que céramologue, je n’ai jamais bénéficié de l’assistance d’une tierce personne dans le traitement du matériel, si ce n’est ponctuellement pour documenter quelques pots. Toutes les étapes décrites ici ont donc été effectuées par une seule personne. Ainsi, si certains choix peuvent paraître à posteriori discutables d’un point de vue méthodologique, ils ont été dictés par des impératifs de temps et d’organisation.

1. TRAVAIL EFFECTUÉ SUR LE TERRAIN 1.1. Définition des secteurs et récolte du matériel 1.1.1. Définition et détermination des secteurs L’absence d’un système d’enregistrement et de numérotation des contextes archéologiques sur le chantier de fouille de Doukki Gel nous a amené à mettre en place un dispositif permettant de localiser dans l’espace et de manière stratigraphique le matériel mis au jour. L’association de chaque ensemble céramique à un contexte archéologique précis, ou « unité stratigraphique » (US) est en effet indispensable à l’interprétation du matériel et à sa datation, ou à la datation de son contexte de provenance et donc à la chronologie générale du site. En règle générale, chaque espace en cours de fouille et livrant du matériel céramique a été numéroté en tant que « secteur » de 1 à n, étant entendu que ce concept regroupait aussi bien une zone bien définie en plan qu’une unité stratigraphique ou un groupe d’US. Dans certaines zones du site où les surfaces fouillées étaient assez étendues et ne se laissaient pas aisément subdiviser en plan, un numéro de secteur a été attribué à la surface entière et les lots de céramique récoltés ont reçu un second numéro correspondant à une zone précise du secteur (par exemple « secteur 55B, zone 23 ») et équivalente, là encore, à une US. Plusieurs contextes situés dans un même espace mais fouillés sur plus d’une campagne peuvent partager un même numéro de secteur auquel on a accolé une lettre capitale pour les différencier (secteurs 11A, 11B, 11C, etc.). Une description plus ou moins détaillée du contexte stratigraphique pour chaque secteur a été notée sur une fiche d’enregistrement des lots de céramique.

12

CHAPITRE I

1.1.2. Récolte des tessons La récolte des tessons a été effectuée au cours de la fouille, le plus souvent par les fouilleurs euxmêmes, avec un degré de finesse variable, selon le mode de dégagement (les outils utilisés) et la compétence des fouilleurs. On peut donc considérer comme probable qu’une portion sans doute minime du matériel céramique n’a pas été récoltée. Certains dépôts spécifiques (dépôts rituels ou fosses), identifiés suffisamment tôt, ont pu être fouillés avec un soin particulier, nous assurant d’une part de l’intégrité de l’ensemble et nous permettant d’autre part des raccords plus nombreux au sein de ces lots, avec à la clé des pièces souvent entièrement conservées ou du moins archéologiquement complètes (dont le profil est préservé de telle sorte qu’il est possible de reconstituer graphiquement la forme complète). 1.2. Quantification des ensembles 1.2.1. Quantification : quelle méthode ? La quantification des céramiques sur le site de Doukki Gel avait pour but premier de mettre en évidence la répartition des différentes familles typologiques au sein des ensembles. Finalement elle aura aussi mis en lumière les rapports entre céramiques tournées et non tournées, et entre les différentes traditions attestées sur le site (principalement égyptienne et Kerma), information utile du point de vue chronologique. Ce n’est qu’à partir de la saison 2006-2007, comme on l’a mentionné plus haut, qu’une méthode régulière et systématique a été mise en œuvre pour chaque ensemble céramique récolté. Le problème du mode de quantification en céramologie est crucial et fait l’objet de nombreux débats et commentaires. La question qui se pose en effet est la suivante : combien de pots utilisables (entiers) sont à l’origine de tous les tessons contituant un ensemble donné ? C’est uniquement à partir de la réponse à cette question, à considérer comme une évaluation, que l’on pourra s’interroger sur la composition des assemblages et faire des comparaisons entre les contextes. On rappellera, sans entrer dans les détails, les principales possibilités qui s’offrent au céramologue1 : –

Le comptage des tessons. Un mode d’évaluation qui ignore les coefficients de fragmentation et surestime grandement le nombre de pots. Le pesage. Ne tient pas compte de la taille des différents types et de l’épaisseur de leurs parois. Il est souvent combiné avec le comptage. Le EVE ou estimated vessel equivalent, qui consiste à estimer le nombre d’« équivalents vases », en additionnant les pourcentages de diamètres conservés en chaque bord (ou fond) et en divisant le total par 100. L’expérience montre que cette méthode sous-estime le nombre de pots et présente de surcroît l’inconvénient de ne pas prendre en considération les panses de récipients considérées comme significatives, ou les types/catégories représentés uniquement par des panses ou des anses. Le NMI ou nombre minimum d’individus, cette méthode vise à considérer, après raccords, chaque bord (ou chaque fond) comme représentatif d’un pot, de même que chaque anse, ou panse significative (par exemple décorée). Les types/catégories représentés uniquement par des panses sont comptés comme 1 pot. Si elle a l’avantage d’être moins restrictive, cette méthode, à l’inverse de l’EVE, a tendance à surestimer le nombre de pots.

– –



De toute évidence, aucune méthode ne constitue une solution idéale, chacune a ses avantages et ses inconvénients2. Les EVE et NMI semblent être les deux modes de quantification les plus répandus parmi les céramologues, avec des différences de sensibilité selon les aires géographiques. Le choix Voir sur le sujet, notamment M. MILLETT 1979 ; P. M. RICE 1987, p. 290-293 ; C. R. ORTON, P. A. TYERS 1990, p. 81-86 ; A. DESBAT 1990 ; P. ARCELIN 1998 ; A. HESNARD 1998 ; T. LÜGINBÜHL 1998 ; S. RAUX 1998 ; A. DESBAT, A. SCHMITT 2003, p. 46-49 ; B. BADER 2010 ; 2016 ; J. D. BOURRIAU 2010a, p. 3-10. 2 A. DESBAT 1990, p. 132 ; F. VERHAEGHE 2003, p. 198. 1

MÉTHODOLOGIE : DE LA FOUILLE AU LABORATOIRE

13

d’une méthode dépend donc largement de facteurs d’ordre pratique, tels que le temps et le personnel à disposition pour la mise en œuvre (facteurs en réalité déterminants pour l’ensemble de la démarche céramologique), de préférences d’ordre personnel et bien évidemment de la nature du matériel (quantité, état de conservation, etc.), l’essentiel étant en définitive de disposer d’ordres de grandeur relatifs des différentes catégories au sein des assemblages3. Les ensembles céramiques de Doukki Gel étaient en général assez volumineux, pas au point de nécessiter un échantillonnage avant quantification4, mais suffisamment tout de même pour nous cantonner dans une approche la moins chronophage possible. On a donc procédé en premier lieu à un tri du matériel, puis à un comptage systématique sur la base duquel a pu être déterminé un nombre minimum d’individus (NMI). 1.2.2. Tri des ensembles céramiques Le tri des ensembles s’est effectué selon les critères suivants : 1. Tradition : égyptienne, Kerma, XXVe dynastie et napatéenne, méroïtique. Les contextes traités dans le cadre de cette étude ont en général produit uniquement des tessons de tradition égyptienne et Kerma. 2. Technologie (ou technique de façonnage) : vaisselle tournée, vaisselle non tournée5. 3. Famille typologique ou catégorie : pour la céramique des traditions égyptienne, XXVe dynastie, napatéenne et méroïtique, on a trié sur la base de la typologie ; pour la céramique Kerma (ou nubienne), sur la base des catégories (au sens du terme anglophone de ware)6. 4. Parties de vase : les différentes parties des pots, soit bords, fonds, panses, anses, pièces complètes (ou au profil complet). Le troisième critère mérite quelques précisions. En lieu et place d’un tri selon des critères typologiques ou de catégorie, on aurait pu s’attendre à une prise en compte des pâtes comme principal critère de classification7. Tel n’est pas le cas, puisque d’une part nous n’avons procédé à des déterminations de pâtes qu’à compter de la saison 2006-2007, comme on le verra au chapitre II, et d’autre part, pour des raisons d’organisation (de temps à disposition), il n’aurait pas été envisageable d’effectuer ce travail sur le terrain. La détermination des pâtes s’est donc toujours déroulée dans un second temps. Néanmoins, pour ce qui concerne la céramique égyptienne (et plus tardive), nous avons toujours tenu compte de la distinction entre pâtes alluviales et pâtes marneuses ou importées, lors du tri. Ces dernières étant très largement minoritaires, leur présence a été signalée systématiquement. Le tri de la céramique sur le terrain, avant qu’elle n’ait été lavée, complique de surcroît l’identification claire des taitements de surface. Ordonner la céramique égyptienne sur la base de catégories ou ware aurait nécessité bien plus de temps – les surfaces ne sont en effet pas toujours clairement visibles – qu’un tri en fonction de la typologie. C’est donc ce dernier qui a été favorisé et sur la base duquel a été quantifiée la céramique de tradition égyptienne. La seule exception à cette règle concerne

A. DESBAT 1990, p. 132 ; A. DESBAT, A. SCHMITT 2003, p. 198. À l’exception des secteurs 76 et 66, voir plus bas, chapitre III, § 5.11. et § 8.7. 5 Il est généralement admis que la céramique égyptienne du Nouvel Empire est en grande majorité montée au tour, d’après les traces observées à la surface des poteries et sur la base des représentations iconographiques (voir plus haut, Introduction, n. 21). Certaines études démontrent cependant que l’utilisation du tour uniquement lors de la finition d’un pot produit un aspect de surface quasiment identique, à l’œil nu, à celui d’un pot entièrement tourné et que seules des analyses plus poussées permettent de distinguer clairement les différents cas de figure, voir par exemple M.-A. COURTY, V. ROUX 1995 ; V. ROUX, M.-A. COURTY 1998. 6 Le terme anglais ware comprend diverses significations, voir notamment A. O. SHEPARD 1954, p. 318-319 ; P. M. RICE 1987, p. 286-287, mais l’un des sens les plus généralement admis de nos jours, en céramologie de la Vallée du Nil, associe un certain type de pâte (ou « fabrique », voir chapitre II) à un traitement de surface donné, voir H.-Å. NORDSTRÖM 1972, p. 34-35. Ce concept est équivalent de celui de « catégorie » appliqué dans le domaine de la céramique romaine, voir A. DESBAT 2003, p. 156-171. Pour D. ASTON (1998, p. 30), en revanche, le terme ware ne devrait désigner que le traitement de surface. 7 Ce qui est généralement la règle actuellement, voir par exemple D. ASTON 1998, p. 10 ; J. D. BOURRIAU 2010a, p. 7. 3 4

14

CHAPITRE I

la vaisselle à engobe rouge bruni (formes ouvertes et jarres) datée de la phase III, qui a été séparée parce que rapidement identifiable. En ce qui concerne la céramique Kerma, en revanche, il est bien plus aisé d’ordonner le matériel en fonction des différentes catégories, très distinctes les unes des autres et qui souvent sont bien plus facilement identifiables que la typologie. Il faut cependant préciser que ceci concerne essentiellement les ensembles datés des phases I et II où la proportion de vaisselle Kerma était importante. Pour tous les autres contextes fouillés jusque vers 2010, la céramique Kerma étant peu abondante et s’agissant pour l’essentiel de matériel résiduel, elle a été considérée dans son ensemble comme une catégorie en soi. Les familles typologiques et les catégories à distinguer, que l’on retrouvera dans les tableaux de décompte inclus dans la description des ensembles (Chapitre III), sont les suivantes8 : Tradition égyptienne Vaisselle tournée – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –

Bol, jatte, assiette Gobelet Assiette miniature Assiette/encensoir Encensoir Encensoir/couvercle Gobelet « pot de fleur » Jarre à bière Jarre de stockage Jarre/vase (ou jarre ovoïde, jarre globulaire) Vase à libation Jarre miniature Amphore Gourde du Nouvel An Couvercle Vase canope Support Pot à cuire (ou pot de cuisson) Bol, jatte, assiette à brunissage Jarre de stockage à brunissage Indéterminé

Vaisselle non tournée – –

Moule à pain conique Moule à pain plat

Tradition Kerma (ou nubienne) Vaisselle non tournée –

Polie R, N, R-bN, bde argent. : céramique à pâte fine à moyenne, à surface polie rouge, noire, ou rouge à bord noir, avec parfois une bande argentée. Polie d-incisé/imprimé : céramique à pâte fine à moyenne, à surface polie, avec un décor incisé et/ou imprimé. Com. D-incisé/imprimé : céramique à pâte moyenne à grossière et décor incisé et/ou imprimé à la surface.

– –

8

Une définition des formes sera donnée dans le paragraphe consacré à la nomenclature, voir plus bas, § 3.1.

MÉTHODOLOGIE : DE LA FOUILLE AU LABORATOIRE



15

Com. Imp. Vannerie : céramique à pâte moyenne à grossière et surface recouverte d’impressions de vanneries. Vaisselle com./gross. : céramique à pâte moyenne à grossière, sans caractère particulier, dont la surface est parfois lissée ou grossièrement polie. Indéterminée

– –

On parlera de céramique nubienne lorsque celle-ci ne peut être clairement identifiée comme appartenant à la tradition Kerma, alors que son origine nubienne ne fait en revanche aucun doute. Autres traditions (levantine) Vaisselle tournée –

Amphore

Le troisième et le quatrième critère de triage (famille typologique/catégorie, partie de vase) sont relativement chronophages et requièrent un état de conservation permettant de différencier certains types proches. Il peut par exemple être difficile de savoir si l’on est en présence d’un fond de jarre à bière ou d’un gobelet « pot de fleur », d’autres distinctions peuvent être problématiques, par exemple entre une assiette, un encensoir et un couvercle, ou encore entre un support et une jarre de stockage. C’est pour cela que des familles mixtes ont été définies (par exemple : assiette/encensoir). L’expérience peut se révéler déterminante sur ce point, en effet, plus on aura manipulé de tessons et plus on sera à même de les identifier. Des ensembles particulièrement abondants, un manque de temps ou d’autres circonstances imprévues nous ont parfois contraint à revoir nos ambitions à la baisse et à procéder à des recensements partiels. Il n’est ainsi pas rare d’observer dans un tableau de décompte que toutes les panses de vaisselle tournée de tradition égyptienne figurent en tant qu’« indéterminées », ce qui signifie qu’il n’a pas été possible de les attribuer individuellement à telle ou telle famille typologique. Ces cas seront bien entendu signalés. Ils illustrent en tout cas une certaine réalité de l’archéologie et la nécessité de s’adapter aux circonstances particulières pour en tirer parti au mieux. 1.2.3. Détermination du NMI Le nombre minimum d’individus (NMI)9 correspond en principe au nombre de bords, de fonds ou de pièces complètes décomptés, une fois tous les raccords possibles effectués, pour une famille typologique ou une catégorie. Lorsqu’une famille/catégorie n’est représentée que par des fragments de panses, son NMI est en principe fixé à 1, sauf si d’autres éléments significatifs sont présents, tels que des panses décorées ou des anses. Nous considérons ces derniers éléments comme équivalents à des bords et fonds lorsque l’on détermine le NMI. Si une famille/catégorie est représentée tant par des bords que par des fonds, c’est le nombre le plus élevé qui doit, en règle générale, être pris en considération. Dans des cas bien particuliers, il nous a semblé plus judicieux de contrevenir à ce principe et de préférer le nombre le plus faible, qui peut parfois s’avérer le plus représentatif10. Bien qu’il ne soit qu’une estimation d’une réalité que l’on ne peut restituer qu’hypothétiquement, au même titre que les indices obtenus grâce aux autres méthodes mentionnées plus haut, le NMI nous A. DESBAT 1990, p. 131-132 ; P. ARCELIN 1998, p. 40 ; S. RAUX 1998, p. 13-14. C’est le cas de certains contextes riches en fragments de moules à pain coniques où les fonds ont été conservés entiers pour la plupart, alors que les bords présentaient des taux de fragmentation assez importants, voir plus bas, chapitre III, notamment § 4.1.2 ou § 8.6.2. Un cas assez similaire est signalé dans le cadre d’une étude sur des amphores romaines de Bibracte : leurs pieds étaient moins nombreux car pour la plupart entièrement conservés, raison pour laquelle, selon l’auteure de l’étude, ils ont fourni le NMI le plus fiable, voir A. HESNARD 1998, p. 19. 9

10

16

CHAPITRE I

fournit néanmoins une base quantitative à partir de laquelle des comparaisons entre les familles/ catégories au sein même des assemblages, ou entre les différents assemblages, peuvent être réalisées. Les tableaux de décomptes qui accompagnent les descriptions des assemblages (Chapitre III) offrent une vision de la répartition des familles/catégories, traditions et techniques de façonnage. Une colonne exprimant ces proportions en pourcentages a été intégrée aux tableaux des ensembles comportant au moins 50 individus environ. Ce chiffre est probablement trop petit du point de vue du statisticien et on ne soulignera jamais assez la faiblesse de statistiques effectuées sur des « populations » trop limitées11. Néanmoins dans le cadre de cette étude, d’une part l’utilisation de pourcentages facilitera l’appréciation de la situation quantitative et d’autre part, fixer une limite minimum très élevée améliorerait indéniablement la fiabilité des statistiques mais ne nous laisserait plus beaucoup de matière à analyser. Les assemblages dont le NMI est inférieur à 50 environ ne disposent pas de colonne statistique dans leur décompte.

2. TRAVAIL EN « LABORATOIRE » (OU POST-FOUILLE) 2.1. Sélection et documentation du matériel À l’issue du tri et de la quantification des lots de céramique, une sélection du matériel a été effectuée à des fins documentaires. En général, on a sélectionné au moins un exemplaire, si possible deux ou trois (voire plus), de chaque type présent dans un lot. En fonction du temps à disposition, le matériel ainsi prélevé a été documenté de manière exhaustive, de manière à nous fournir une image aussi représentative que possible des assemblages. Si le temps venait à manquer, la priorité était mise sur les pièces les plus significatives du point de vue de la datation et sur les céramiques les moins courantes (formes rares, céramiques décorées, importations, etc.), laissant de côté les types répétitifs tels que les jarres à bière, les moules à pain, etc. La documentation a consisté en premier lieu en un dessin céramologique grandeur nature, effectué à l’aide d’un conformateur sur papier millimétré ou papier calque, sur lequel ont été notées toutes nos observations d’ordre technique et stylistique. Les pièces complètes ou assez bien préservées ont souvent été photographiées, de même que tout fragment présentant un intérêt particulier, là aussi d’ordre technique ou stylistique. Certaines pièces portant notamment des décors incisés ou imprimés, le plus souvent parmi les céramiques Kerma, ont été photographiées en position orientée, de manière à pouvoir se substituer, le cas échéant, à un dessin pas forcément plus évocateur. 2.2. Prélèvement d’échantillons et observation des pâtes Une fois la documentation graphique effectuée (dessin et photographies), un échantillon de pâte a été presque systématiquement prélevé à l’aide d’une pince de carreleur, pour être ensuite observé au microscope binoculaire. Les détails concernant la détermination des pâtes sont traités au chapitre II. 3. NOMENCLATURE ET DESCRIPTION DES CÉRAMIQUES Le chapitre III, consacré à l’analyse des ensembles, comprend un grand nombre de termes taxonomiques et de descriptions. Par souci de clarté, ce paragraphe offre quelques définitions et précisions sur la terminologie.

11

A. O. SHEPARD 1954, p. 332-333 ; A. HESNARD 1998, p. 20.

MÉTHODOLOGIE : DE LA FOUILLE AU LABORATOIRE

17

3.1. Nomenclature des types En décrivant les poteries, nous avons tenté de les classer de la manière la plus cohérente possible, notamment en tenant compte d’une part de leurs proportions et d’autre part de leur fonction connue ou supposée. Les définitions terminologiques qui suivent sont accompagnées dans certains cas d’indices proportionnels (rapport hauteur/diamètre maximum), ceux-ci sont donnés à titre indicatif : il est possible en effet que certaines pièces ne soient pas exactement conformes aux proportions théoriques, leur dénomination se faisant en premier lieu de manière intuitive. On désigne par « forme ouverte » les contenants (ou récipients) dont le diamètre maximal coïncide avec l’ouverture. Les replis du bord ou ressauts de la lèvre présentés par certaines poteries, notamment les encensoirs, ne sont pas pris en compte12. Au contraire, une forme est dite « fermée » si son diamètre maximal est surmonté par un diamétre inférieur qui ne correspond pas obligatoirement à l’ouverture. Abréviations des dimensions D ouv : D max : D min : Db: D sup : D inf : H: H max : H min :

diamètre à l’ouverture diamètre maximal diamètre minimal diamètre de la base diamètre supérieur diamètre inférieur hauteur hauteur maximale hauteur minimale

Formes ouvertes Bol : récipient peu à moyennement profond, D ouv < 24 cm. Jatte : identique au bol, mais D ouv ≥ 24 cm et < 38 cm. Bassine : identique à la jatte, mais D ouv ≥ 38 cm. Bol miniature : bol de très petites dimensions. D ouv < 12 cm. Assiette : récipient peu à très peu profond, plus ouvert que le bol. H/D ouv en général ≤ 0,25 ; D ouv : < 30 cm. Plat : identique à l’assiette, mais D ouv ≥ 30 cm. Assiette miniature : assiette de très petites dimensions. D ouv < 12 cm. Gobelet : récipient plus profond qu’un bol (H/D ouv > 0,75 ; proportion théorique dans la mesure où aucun spécimen n’est entièrement conservé). Gobelet « pot de fleur » : un type de récipient de facture bien particulière, dont les proportions ne correspondent pas toujours à celles qui sont indiquées ci-dessus. Se caractérise souvent par un fond troué. Encensoir : récipient peu à très peu profond, qui peut présenter une base arrondie ou un pied plus ou moins allongé. Sa fonction est souvent trahie par la présence de suie sur la surface intérieure. Moule à pain conique : moule de forme conique ou cylindrique, façonné à la main et destiné à la cuisson des pains d’offrandes. Moule à pain plat : plat à fond épais, parois larges et basses, monté à la main (les parois semblent parfois avoir été montées par tournage), destiné à la cuisson de pains circulaires. 12 Concernant les formes « ouvertes » ou « fermées », nous suivons H. BALFET, M.-F. FAUVET-BERTHELOT, S. MONZON 1983, p. 9.

18

CHAPITRE I

Formes fermées Jarre de stockage : jarre de dimensions moyennes à grandes, dont la fonction devait être principalement le stockage des denrées. Jarre ovoïde : petite jarre dont la panse présente une forme ovoïde. Jarre globulaire : petite jarre dont la panse présente une forme globulaire. Vase à libation : récipient allongé de petites à moyennes dimensions, sans doute utilisé pour verser des liquides. Jarre à bière : petite jarre de facture similaire au gobelet « pot de fleur », se caractérisant notamment par un fond souvent troué. Jarre à bière miniature : jarre à bière de très petites dimensions. Pot de cuisson : récipient destiné à la cuisson des aliments. Les exemplaires complets présentent des traces de brûlures sur la surface extérieure, autour de la base. Forme plus rarement ouverte. Amphore : jarre équipée d’anses et destinée avant tout au transport des denrées. Autres formes Couvercle : forme généralement simple qui se confond aisément avec un bol, une assiette ou un encensoir. Certains exemplaires peuvent être plus larges, plus profonds et munis d’un tenon. Support : anneau cylindrique, biconique ou tronconique, aux bords plus ou moins travaillés, utilisé pour poser des récipients à base arrondie. Termes génériques utilisés occasionnellement Jarre, vase, pot, récipient. 3.2. Description des formes La description des formes a fait l’objet, dans différents ouvrages, de présentations détaillées aboutissant parfois à des codifications complexes13. Dans le cas de la céramique de Doukki Gel, on a préféré recourir à des descriptions littérales, qui permettent de mettre l’accent sur certains détails jugés plus significatifs. Il est nécessaire de préciser ici la signification des termes employés dans ces descriptions. Les différentes parties des poteries On distingue : – – – – – –

la base : partie inférieure ; la panse (ou le corps, les parois) ; l’épaule (ou l’épaulement) : pour les formes fermées, zone de resserrement de la panse ; l’anse, ou le tenon ; le col (ou l’encolure) : pour les formes fermées, transition entre la panse et le bord, parfois inexistant ; le bord : partie supérieure d’un récipient, depuis son ouverture ; pour les supports ou les récipients à pied, on mentionnera le bord « supérieur » ou « inférieur ».

Les extrémités peuvent être désignées comme : – –

le fond (intérieur ou extérieur) ; la lèvre. 13

Voir notamment R. HOLTHOER 1977, p. 43-54.

MÉTHODOLOGIE : DE LA FOUILLE AU LABORATOIRE

19

On mentionnera le fond pour fournir des précisions sur la morphologie de la base, de même pour la lèvre qui nous permettra de détailler le bord. Il n’est pas rare que le bord ne soit pas distinct du corps, notamment dans certaines formes ouvertes, dans de tels cas, on précisera simplement la forme de la lèvre. L’orientation des parois (panse, col, bord) Les parois peuvent être : – – –

verticales ; divergentes ; convergentes.

Le profil des parois Elles peuvent être : – – –

droites ; convexes ; concaves.

La forme du bord Différentes formes de bord se rencontrent, outre l’orientation et le profil, on peut préciser qu’un bord est : – – – – – –

évasé ou éversé ; resserré (à divers degrés) ; épaissi ; en bourrelet (intérieur ou extérieur, pas de repli visible) ; replié (vers l’extérieur ou vers l’intérieur) ; replié en bourrelet (extérieur ou intérieur, le repli est alors visible ou très probable).

La forme de la lèvre La lèvre est en général soit : – – – – – –

arrondie ; amincie (ou affinée) ; en pointe ; plate (ou aplatie) et horizontale ou oblique (vers l’extérieur ou l’intérieur) ; pendante : orientée vers le bas (les bases de supports ou récipients à pied sont exclues) ; elle peut également combiner certains de ces caractères (par exemple : pendante et en pointe).

La forme de la base La base peut être décrite comme : – – – – – –

arrondie ; en pointe (ou pointue), à divers degrés ; moulée : façonnée dans un moule, indépendamment de la panse ; plate : lorsque la surface de contact se présente sous la forme d’un cercle plein. Elle peut néanmoins être affectée par des irrégularités plus ou moins importantes ; annulaire : lorsque la surface de contact prend la forme d’un anneau ; annulaire et saillante : lorsque l’anneau constitué par la surface de contact se détache des parois du pot.

20

CHAPITRE I

La forme du fond Le fond est décrit, si nécessaire, comme : – – –

plein : par défaut, à l’inverse de « troué », précisé uniquement dans certains cas ; troué : à l’inverse de « plein », se caractérise par la présence d’une perforation ; saillant : lorsque le fond outrepasse le plan d’une base plate ou annulaire.

D’autres précisions peuvent être données sur les formes, telles que « parois carénées », par exemple, pour décrire un changement d’orientation abrupte. 3.3. Description des traitements de surfaces et des décors 3.3.1. Les traitements de surface Les traitements de surface seront exprimés dans les termes suivants : –

– – –



engobe : revêtement coloré de nature argileuse appliqué avant cuisson par trempage ou à l’aide d’un outil de type pinceau14. Il sert aussi bien de coloration de fond aux céramiques qu’à la composition de décors peints de différentes couleurs ; enduit : nous l’utiliserons par défaut comme un synonyme d’engobe ; lissage : égalisation de la surface d’un pot à l’état humide, à la main ou à l’aide d’un textile (?)15. Concerne principalement la céramique Kerma ; polissage : égalisation de la surface sèche au moyen d’un objet dur, d’un textile ou d’un cuir, pour la rendre brillante16. Cette action concerne l’intégralité d’une surface. Elle est fréquente dans la tradition Kerma ; brunissage : polissage dont l’étendue est limitée, sous la forme de tracés ou de motifs17. Le brunissage se rencontre surtout sur des récipients de tradition égyptienne où il est appliqué, la plupart du temps, sur une surface préalablement engobée.

3.3.2. Les décors Les décors attestés à Doukki Gel font appel à différentes techniques : –



décors peints : décors à l’engobe appliqués avant cuisson, vraisemblablement au pinceau. Ils ornent principalement la céramique de tradition égyptienne, selon plusieurs styles (monochrome, bichrome, « blue painted ») et sont en général peints sur des fonds recouverts d’engobe rouge ou blanc crème ; décors incisés : décors créés au moyen d’un outil pointu par entaille dans l’argile crue18. Apparaissent couramment sur la vaisselle Kerma ;

14 Cette définition suit M. YON 1981, p. 83 ; H. BALFET, M.-F. FAUVET-BERTHELOT, S. MONZON 1983, p. 111 ; elle correspond à la définition du terme anglais slip donnée notamment par D. Aston (1998, p. 30-31) ; alors que d’autres utiliseront plutôt, dans ce sens, le terme de coating, voir HOLTHOER 1977, p. 54 ; voir également H.-Å. NORDSTRÖM 1966, p. 65 et n. 6 ; 1972, p. 46. 15 Voir H. BALFET, M.-F. FAUVET-BERTHELOT, S. MONZON 1983, p. 85 ; M. Yon propose le terme de « ravalement » (1981, p. 205), équivalent de l’anglais smoothing ou wet smoothing. 16 Voir M. YON 1981, p. 194-195 ; H. BALFET, M.-F. FAUVET-BERTHELOT, S. MONZON 1983, p. 87 ; H.-Å. NORDSTRÖM 1972, p. 46. 17 M. YON 1981, p. 44 ; la distinction entre le polissage et le brunissage n’est pas toujours clairement exprimée dans la littérature, voir notamment H. BALFET, M.-F. FAUVET-BERTHELOT, S. MONZON 1983, p. 87 ; sur la distinction technologique, voir R. MARTINEAU 2010. En anglais, l’équivalent est le plus souvent désigné comme burnishing, voir par exemple H.-Å. NORDSTRÖM 1972, p. 46 (l’auteur indique utiliser burnished comme synonyme de plain polished) ; D. ASTON 1998, p. 32-33 ; A. SEILER 2005, p. 40. 18 H. BALFET, M.-F. FAUVET-BERTHELOT, S. MONZON 1983, p. 91 ; M. YON 1981, p. 123 ; H.-Å. NORDSTRÖM 1972, p. 76-77.

MÉTHODOLOGIE : DE LA FOUILLE AU LABORATOIRE

21

décors imprimés : décors pratiqués par pression perpendiculaire sur l’argile crue19. Concernent principalement les céramiques Kerma ; les décors imprimés et incisés sont parfois combinés sur un même récipient.

– –

4. REMARQUES SUR LES FIGURES Les figures des céramiques présentées dans ce volume ont été réalisées par vectorisation des dessins originaux grandeur nature. Les traitements de surface des céramiques de tradition égyptienne, consistant majoritairement en engobes recouvrant des surfaces complètes ou partielles, ou en décors peints, sont représentés en couleurs. Les surfaces des céramiques Kerma, d’aspect nettement plus complexe, sont représentées s’il y a lieu, soit en couleurs, soit par insertion du tesson photographié en position orientée. Dans le cas des décors imprimés et incisés, cette dernière solution est privilégiée, à condition bien sûr qu’une prise de vue adéquate ait été réalisée. À défaut, c’est le dessin vectorisé qui témoignera du décor.

19

H. BALFET, M.-F. FAUVET-BERTHELOT, S. MONZON 1983, p. 97 ; M. YON 1981, p. 122 ; H.-Å. NORDSTRÖM 1972, p. 76.

CHAPITRE II

LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL 1. ÉTUDE ET CLASSIFICATION DES PÂTES À DOUKKI GEL 1.1. Remarques générales sur la classification des pâtes Dans ce chapitre, nous utiliserons le terme de « pâte » plutôt que « fabrique », néologisme que l’on rencontre assez fréquemment dans les publications récentes, créé à partir du terme anglais fabric. Pour éviter toute confusion, la définition de « pâte » correspond à celle de fabric, dans le sens proposé notamment par W. Y. Adams, par H.-Å. Nordström ou encore par J. D. Bourriau et P. T. Nicholson1, et peut être résumée ainsi : La matière première (argile) + les inclusions (naturellement présentes ou ajoutées par le potier) + les propriétés résultant de la cuisson (couleur, dureté, etc.) Il s’agit donc du produit fini et non simplement de l’argile préparée par le potier en vue de confectionner des pots2. On admet donc par là que les conditions de cuisson de la céramique sont constitutives de la pâte3. Les notions relatives à la composition des pâtes et à leur description ont été clairement et amplement décrites par le passé, nous n’y reviendrons donc pas4. La classification des pâtes s’opère sur la base d’observations des échantillons généralement à l’aide d’une loupe ou d’un microscope binoculaire, sous un grossissement compris entre 10 × et 40 ×. Au sein du corpus céramique de Doukki Gel, la tradition égyptienne est de loin la plus importante quantitativement. Elle compte une grande majorité de vaisselle tournée en pâte alluviale (ou limoneuse), dont l’origine est vraisemblablement locale, mais qui pourrait inclure une faible proportion d’importations égyptiennes. Un nombre limité de céramiques confectionnées dans des argiles marneuses (ou calcaires) provient d’Égypte, où les régions d’origine de ces types d’argiles sont assez bien connues5. Il s’agit pour la plupart d’amphores, récipients dont la vocation est justement de voyager. D’autres importations égyptiennes, plus rares encore, peuvent provenir des oasis du désert occidental. La seconde tradition, quantitativement bien moins importante, est celle du Kerma Classique. Cette céramique nubienne issue d’une longue lignée, montée à la main, est constituée de pâtes alluviales. Les ateliers de potiers découverts dans la ville nubienne ou près de la nécropole orientale nous assurent qu’une production avait lieu localement6. 1

J. D. BOURRIAU et P. T. NICHOLSON (1992, p. 30) proposent cette définition à la fois claire et concise : « Fabric may be defined as the raw clay, plus any inclusions naturally occurring in it or added by the potter, plus characteristics acquired during firing: colour, hardness and porosity » ; voir également W. Y. ADAMS 1962, p. 247 ; H.-Å. NORDSTRÖM 1972, p. 40. 2 Sur la distinction entre la « pâte du potier » (potter’s paste) et la « pâte archéologique » (archaeologist’s fabric), voir J. D. BOURRIAU, L. M. V. SMITH, P. T. NICHOLSON 2000, p. 1, 31-32 ; également H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 162. 3 Ces conditions peuvent découler d’une volonté de la part du potier d’influencer les propriétés de son produit, mais elles peuvent aussi être le fruit du hasard, voir J. D. BOURRIAU, P. T. NICHOLSON 1992, p. 36 ; J. D. BOURRIAU, L. M. V. SMITH, P. T. NICHOLSON 2000, p. 31-32 ; voir aussi P. T. NICHOLSON, P. J. ROSE 1985, p. 134 ; P. J. ROSE 2007, p. 11. 4 Voir H.-Å. NORDSTRÖM 1972, p. 40-44 ; H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 162-167. 5 Voir H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 176-182. 6 Sur les fours de potiers de Kerma, voir B. PRIVATI 1986 ; 1990.

24

CHAPITRE II

Il faut également signaler de rares tessons d’amphores cananéennes, importées depuis le littoral syro-palestinien et dont les pâtes appartiennent à une tradition qui se distingue clairement des deux précédentes7. Depuis la saison 2006-2007, nous avons intégré à notre démarche une étude systématique des pâtes. La classification de la céramique de tradition égyptienne suit le Vienna System établi en 1980, qui constitue un cadre de référence largement utilisé aujourd’hui. Celui-ci a été conçu comme un modèle pouvant être adapté aux spécificités de chaque site, pour du matériel daté au plus tard du Nouvel Empire8. En proposant des critères de classification unifiés, il facilite à la fois l’accessibilité d’un corpus de pâtes publié et les comparaisons possibles entre différents corpus. Il nous a donc servi de base à partir de laquelle nous avons défini des variantes locales des principaux types de pâtes. Si l’utilité de ce système de classification basé sur des observations macroscopiques est reconnue, il n’est pas exempt de défauts. Ceux-ci ont été révélé à plusieurs reprises par les résultats d’analyses pétrographiques et chimiques9. Il est généralement possible, grâce à ces méthodes, de confirmer la distinction entre pâtes alluviales (NILE) et pâtes calcaires (MARL) ; au sein de cette dernière catégorie, les familles identifiées semblent corréler les divisions du Vienna System (MARL A, B, C, D) et confirment l’existence de centres de production en Égypte, à partir desquels les récipients étaient diffusés dans tout le pays, et au-delà. Dans le cas de pâtes alluviales (NILE) les groupes définis par analyses pétrographiques et chimiques ne correspondent pas ou rarement aux divisions du Vienna System (NILE B1, B2, C, D, …), mais on parvient en revanche, par comparaison avec des matériaux de référence anciens ou contemporains de provenance connue à différencier les pâtes d’origine locale des autres, quelle que soit d’ailleurs la tradition (égyptienne ou nubienne) ou la technique de manufacture. On ne peut exclure qu’en exagérant les différences au sein d’un corpus, le Vienna System tende finalement à masquer les variations locales. Le Vienna System n’a pas été conçu pour intégrer les pâtes extérieures à la tradition égyptienne, par exemple les pâtes cananéennes ou nubiennes de la tradition de Kerma. Ces dernières, qui constituent une part non négligeable de notre matériel, ont donc fait l’objet d’une classification séparée. Aucun cadre de référence comparable au Vienna System n’existe pour la céramique nubienne de ces périodes. La classification la plus détaillée existant à ce jour reste celle de la Scandinavian Joint Expedition to Sudanese Nubia établie par H.-Å. Nordström, pour la céramique du Néolithique et du Groupe A10, reprise par la suite pour les ensembles du Groupe C, du Kerma et des Pan Grave11. Dans son essai de classification des cultures Kerma et dans la publication des nécropoles de Saï, B. Gratien reprend ce système. Comme nous l’avons mentionné plus haut, aucune étude des pâtes reposant sur des observations d’ordre macroscopique n’a été effectuée à Kerma, seules des analyses chimiques et pétrographiques ont été menées. Plus récemment, la céramique nubienne découverte sur des fouilles en Égypte pour les mêmes périodes a suscité un regain d’intérêt et certains ensembles ont fait l’objet d’une étude de pâtes12. Toutefois il s’agit généralement d’ensembles assez hétérogènes sur le plan culturel et dont l’origine précise n’est pas forcément connue. Les résultats de ces études offrent donc tout au plus des éléments de comparaison limités pour notre matériel13. Il a donc paru plus opportun de créer un système de classification propre au matériel Kerma du site de Doukki Gel. Même si l’on dispose d’un cadre de référence préexistant, de critères d’observations précis et d’un matériel adéquat pour l’observation, il ne faut pas oublier qu’il y a dans la classification des pâtes un degré plus ou moins important de subjectivité. 7 On se référera à la classification des pâtes cananéennes découvertes en Égypte, voir J. D. BOURRIAU, L. M. V. SMITH, M. SERPICO 2001 ; L. M. V. SMITH et al. 2004. 8 Voir H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 168-186. 9 Voir par exemple J. D. BOURRIAU, L. M. V. SMITH, P. T. NICHOLSON 2000 ; J. D. BOURRIAU, A. BELLIDO, N. BRYAN et al. 2006 ; M. SPATARO, M. MILLET, N. SPENCER 2015. Concernant les analyses réalisées sur des échantillons de Doukki Gel, voir plus bas, § 2.1.1 et n. 22. 10 H.-Å. NORDSTRÖM 1972, p. 48-57. 11 T. SÄVE-SÖDERBERGH (éd.) 1989, p. 25. 12 I. FÖRSTNER-MÜLLER, P. J. ROSE (éd.) 2012. 13 Voir par exemple I. FÖRSTNER-MULLER, P. J. ROSE 2012, p. 199-200.

LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL

25

1.2. Méthode et critères d’observations appliqués au matériel de Doukki Gel Un ou plusieurs échantillons ont été systématiquement prélevés sur chaque tesson ayant fait l’objet d’un dessin ou dans certains cas particuliers seulement d’une photo. Les échantillons sont pris parallèlement au bord du pot, à l’aide d’une pince de carreleur. Par manque de temps durant la saison de fouille, ils ont été importés en Suisse pour y être observés par la suite. Toutes les observations ont été effectuées à l’aide d’un microscope binoculaire14 et saisies dans une base de données FileMaker Pro, mise au point spécialement à cet effet (fig. 5). La méthode suivie, les critères d’observation et le formulaire d’enregistrement de la base de données s’inspirent largement des travaux de J. D. Bourriau à Memphis15. Les principales caractéristiques considérées, sont les concentrations observées en : sable (quartz, feldspath)16, particules minérales blanches (calcaire ou roche blanche) et particules organiques (restes de végétaux tels que de la paille hachée ou de la paille digérée provenant d’excréments de bétail). Pour chaque type d’inclusion, nous avons distingué des particules fines (minéraux : 60-250 μ ; végétaux : < 2 mm), moyennes (minéraux : 250-500 μ ; végétaux : 2-5 mm), grossières (minéraux : > 500 μ ; végétaux : > 5 mm), en concentration « nulle » ([0] = absent) à « très abondant » [3], en passant par « peu abondant » [1] et « abondant » [2]. Des valeurs intermédiaires nous ont permis d’affiner l’observation (une valeur de [0-1] signifie par exemple que les particules concernées sont rares mais néanmoins présentes, alors que la valeur [1-2] représente une moyenne)17. Nous avons aussi vérifié la présence ou l’absence de grains de sable arrondis, de particules de calcaire décomposées et de pores allongés. D’autres inclusions ont encore été recensées mais d’une manière moins détaillée, ce sont les particules de mica, les particules de roche noire ou rouge et la chamotte (tessons broyés). Une valeur unique relative à leur concentration toutes tailles confondues a été déterminée et nous avons indiqué, le cas échéant, la présence de chaque taille d’inclusions (fine, moyenne, grossière, correspondant aux valeurs des particules minérales mentionnées ci-dessus). Des inclusions particulières observées rarement ou occasionnellement ont pu être signalées dans un champ spécifique. Nous avons également observé la porosité des pâtes, ainsi que la dureté, évaluée au moment où l’on a prélevé l’échantillon. L’épaisseur de la paroi est aussi indiquée, elle est mesurée sur l’échantillon et vérifiée sur le dessin, certains pots présentant en effet de fortes variations qui sont alors indiquées à l’aide de valeurs intermédiaires. Les couleurs de la surface et de la fracture sont déterminées selon une méthode intuitive, sans recours à un code de couleurs particulier, faute de temps, mais en essayant de garder le plus de cohérence possible. Des photographies d’échantillons témoignant du plus large éventail possible de colorations seront présentées dans la description des pâtes qui suit, pour chaque type de pâte, afin de pallier l’absence de codes de couleurs. Tous les échantillons ont été testés à l’acide chlorhydrique afin de déterminer la présence de calcaire dans les inclusions ou dans le fond argileux. Le résultat du test est accompagné d’une observation sur la nature des particules blanches. Ce sont surtout les concentrations en sable, particules blanches et particules végétales, ainsi que la présence ou l’absence de calcaire parmi les inclusions, qui sont importantes pour la détermination des pâtes. La coloration, la dureté et la porosité permettent également d’opérer certaines différenciations, quoique dans le cas de la céramique égyptienne de Doukki Gel, constituée en majorité de pâtes alluviales, pour des formes très courantes telles que les jarres à bière ou les bols, par exemple, les colorations sont très variables de même que la dureté et la porosité et témoignent de conditions de cuisson peu homogènes qu’il faut probablement mettre sur le compte de la négligence du potier, ou au mieux du 14

Instrument de la marque NILTA et grossissement du sujet de 20 ×. Pour la description détaillée de la méthode, voir J. D. BOURRIAU 2010a, p. 17-21, et fig. 1, p. 19 ; voir également J. D. BOURRIAU, P. T. NICHOLSON 1992, p. 31-32 ; H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 169. 16 Voir J. D. BOURRIAU, P. T. NICHOLSON 1992, p. 32 et n. 11. 17 J’ai décidé d’introduire des valeurs intermédiaires pour accorder la méthode à ma propre perception sous un grossissement du sujet de 20 ×. 15

26

CHAPITRE II

Figure 5. Formulaire d’enregistrement d’échantillon de pâte dans la base de données FileMaker Pro

LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL

27

hasard, plutôt que d’une volonté de créer un produit particulier. Il est clair que dans ces cas-là, la coloration revêt une moindre importance quant à la détermination de la pâte. Certaines observations sont plus difficiles à effectuer sur la céramique Kerma, en raison de la couleur le plus souvent foncée ou noire de sa fracture. Cette coloration qui résulte de conditions de cuisson en atmosphère réductrice18 empêche en effet de distinguer clairement la présence d’inclusions autres que le sable, les particules blanches et les traces de végétaux, bien visibles sur le fond noir. C’est donc sur ces points en particulier que se sont concentrées nos observations sur la base desquelles nous avons classifié les pâtes Kerma. 2. DESCRIPTION DES PÂTES Le prélèvement systématique d’échantillons pour l’observation des pâtes ne s’est effectué qu’à partir de la saison de fouilles 2006-2007. Auparavant, c’est-à-dire dès 2002-2003, une description très succincte de la qualité des pâtes accompagnait les dessins des pots. Certains spécimens découverts durant ces anciennes campagnes de fouilles, bien conservés ou présentant un intérêt particulier, ont été stockés dans les réserves de la mission et il a donc été possible soit de prélever un échantillon pour observation au microscope, soit d’effectuer une observation superficielle pour compléter la description succincte. D’autres spécimens ont rejoint le tas de déblais dès la fin de mission, si bien qu’il ne subsiste que la description succincte. Dans ces cas, nous nous sommes appuyé là-dessus et avons procédé par analogie avec des formes similaires pour en déduire la nature de la pâte. Bien évidemment ces différents cas de figure n’offrent pas le même degré de précision que le cas idéal de l’échantillon observé au microscope. La fiabilité de la classification n’est alors pas optimale et il nous a donc paru nécessaire de le signaler dans le corpus présenté au chapitre suivant19 : un astérisque (*) suit donc le nom de la pâte des tessons qui tombent dans cette catégorie. On constatera par ailleurs que certaines pièces sont classées dans des catégories larges, par manque d’éléments permettant d’affiner la détermination20. 2.1. La céramique de tradition égyptienne 2.1.1. Les pâtes alluviales La majorité du matériel de tradition égyptienne à Doukki Gel est façonné à partir d’argile alluviale déposée dans la plaine inondable du Nil au Soudan et en Égypte depuis le Pléistocène supérieur21. Il est pratiquement impossible de différencier visuellement les différentes régions d’origine de l’argile : le matériel peut provenir aussi bien d’Égypte que de Nubie soudanaise, il est néanmoins probable que la plupart des pots aient été façonnés localement. Seules des analyses chimiques et pétrographiques sont en mesure de distinguer le matériel importé de la production locale. Dans cette optique, neuf échantillons de pâtes prélevés sur des vaisselles peintes ou de bonne qualité et susceptibles d’avoir été importées ont été envoyés à Vienne en 2015 pour y être analysés. Un second lot d’une quarantaine d’échantillons provenant de vaisselle des deux traditions, nubienne et égyptienne, ont été envoyés en 2020 à Münich22. B. PRIVATI 1990, p. 125. Voir plus bas, chapitre III. 20 Par exemple « NILE B* », plutôt que « NILE B1* » ou « NILE B2* », « NILE B2* » plutôt que « NILE B2-I », « NILE B2-II » ou « NILE B2-III ». 21 H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 160. 22 Le premier lot comporte des échantillons provenant des secteurs 76, 11H et 11G, tous trois situés au nord-ouest du puits nord et correspondant à des contextes datés entre le début et le milieu de la XVIIIe dynastie. Les analyses chimiques et pétrographiques ont été effectuées par Dr Giulia D’Ercole à Vienne, dans le cadre du programme européen de recherche 18 19

28

CHAPITRE II

2.1.1.1. La pâte du type NILE B1 La pâte NILE B1 est représentée dans notre matériel par trois variantes. Les caractéristiques de base, communes à ces trois variantes, sont identiques à celles décrites dans le Vienna System23 : Inclusions : elle présente d’abondantes inclusions de sable fin, mais de plus rares inclusions de sable moyen à grossier. Les particules végétales (paille) sont peu abondantes et représentées surtout par des inclusions fines (< 2 mm), alors que les inclusions moyennes à grossières sont très rares. La présence de particules blanches fines à grossières en concentration faible à modérée est constante et constitue la variable qui différencie les trois variantes de la pâte. Des particules de mica et de roche noire sont présentes en concentration faible à modérée ; elles sont généralement fines, rarement moyennes à grossières. Il faut également signaler la présence occasionnelle de particules de roche rouge-brun, de chamotte (tessons broyés), et de grains de sable arrondis. Les concentrations sont faibles et les diamètres fins pour la plupart. Coloration : on observe des fractures de coloration uniforme et des fractures présentant deux à cinq zones de coloration. Fractures uniformes : en majorité beiges, parfois brunes à orange. Fractures à deux zones (rares) : beiges à brunes d’un côté, tendant vers le rose, l’orange ou le gris de l’autre côté. Fractures de trois à cinq zones : deux zones externes24 le plus souvent de même coloration et un cœur plus foncé avec parfois deux zones de coloration intermédiaires entre le cœur et les bandes externes. Beige (le plus fréquemment) à brun ou orange. Le cœur est en général la partie la plus foncée, entre le gris et le noir, en passant par le brun. Bandes intermédiaires tendant vers le rose ou l’orange. Surface : beige à brune, tirant parfois vers l’orange ou le rose. Dureté : Le plus souvent moyenne à dure. Porosité : Le plus souvent entre moyenne et dense. Les variantes : NILE B1-I Variante standard, correspond à la description ci-dessus avec une faible concentration de particules de roche blanche de diamètre généralement fin. La réaction à l’acide chlorhydrique est inexistante à modérée, indiquant une part variable de calcaire parmi les particules de roche blanche (fig. 6). NILE B1-II La seconde variante présente en plus des caractéristiques standards une concentration moyenne de particules de roche blanche majoritairement fines. La réaction modérée à forte à l’acide chlorhydrique provoquée par ces particules révèle leur nature calcaire (fig. 7). Dans les publications préliminaires du matériel de Doukki Gel, ce type de pâte était désigné « NILE B1 (D) » pour indiquer sa tendance vers la NILE D25. L’aspect général de cette pâte est très similaire à celui de la variante standard et la teneur en particules calcaires plus faible que celle de la NILE D, raisons pour lesquelles elle est classée comme une variante de la NILE B1. ERC Starting Grant « Across Borders », dirigé par Pr Julia Budka de l’université Ludwig-Maximilian de Münich. Je tiens à leur exprimer ici ma plus vive gratitude. Voir J. STERBA, G. D’ERCOLE À paraître ; P. RUFFIEUX À paraître. Les analyses du second lot s’inscrivent dans une collaboration avec le même groupe de recherche, dans le cadre du projet européen ERC « DiverseNile », également dirigé par Pr Julia Budka. 23 H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 171. 24 Dans les descriptions de pâtes qui suivront, nous utiliserons les termes « externe » et « interne » pour désigner la position relative à la fracture observée (« externe » = vers les bords de la fracture, « interne » = vers le cœur de la fracture), et les termes « extérieur » et « intérieur » pour désigner la position relative au pot (« extérieur » = vers l’extérieur du pot, « intérieur » = vers l’intérieur du pot). 25 P. RUFFIEUX 2009a, p. 123.

Figure 6. Pâtes du type NILE B1-I

5 mm

1.

[DG.05.11E-36]

2.

[DG.08.33C-20]

3.

[DG.09.39B-24]

4.

[DG.09.41-11]

5.

[DG.10.25B-09]

6.

[DG.10.44A-01]

7.

[DG.10.45C-23]

8.

[DG.15.11F-05]

3.

[DG.11.23H-16]

4.

[DG.11.23J-55]

3.

[DG.10.45C-14]

4.

[DG.11.48-22]

Figure 7. Pâtes du type NILE B1-II 1.

[DG.05.14-10]

2.

[DG.10.25B-21]

5.

[DG.15.11G-01]

6.

[DG.15.66.31-12]

Figure 8. Pâtes du type NILE B1-III 1.

[DG.10.33E-20]

2.

[DG.10.45C-03]

5.

[DG.11.49-12]

6.

[DG.13.54-01]

30

CHAPITRE II

NILE B1-III La dernière variante de la NILE B1 se caractérise par la présence de particules de roche blanche majoritairement fines en concentration moyenne. Contrairement à la variante précédente, ces particules blanches ne provoquent pas de réaction à l’acide chlorhydrique, ou alors une réaction faible. On en déduit qu’elles sont pour la plupart d’une nature autre que calcaire. Cela mis à part, l’aspect général de cette pâte est très similaire à celui de la variante standard (fig. 8). 2.1.1.2. La pâte du type NILE B2 Les caractéristiques de base de la NILE B2 à Kerma sont les mêmes que celles du Vienna System26. On en compte cependant six variantes. Trois correspondent à la pâte « standard » avec des différences dans la concentration en roches blanches, comme dans le cas de la NILE B1. Les trois autres se distinguent par leurs inclusions généralement plus fines qui les placent à mi-chemin entre NILE B1 et NILE B2, dans le continuum des pâtes alluviales NILE B et C27. Elles se différencient entre elles également par les particules de roche blanche. Inclusions : les inclusions de sable fin sont abondantes, celles de sable moyen et grossier modérées à abondantes. Les particules végétales (paille) sont assez abondantes et représentées en majorité par des inclusions de taille fine (< 2 mm), les particules moyenne (2-5 mm) à grossières (> 5 mm) sont en général moins abondantes. On remarque aussi la présence de particules blanches fines à grossières en concentration modérée. Elles constituent là encore la variable qui différencie trois variantes de pâte dans chacun des deux sous-groupes (NILE B2 et NILE B2F). Mica et roche noire sont présents en concentration faible à modérée et représentés par des particules fines à grossières. Des particules de roche rouge-brune, de chamotte (tessons broyés), et des grains de sable arrondis sont régulièrement présents. Leurs concentrations sont faibles à modérées et les diamètres fins à grossiers. Coloration : les fractures sont de coloration uniforme ou présentent deux à sept zones de coloration. Fractures uniformes : en majorité beiges, parfois brunes à orange ou rose. Fractures à deux zones : beiges à brun foncé avec des nuances de rose, orange ou gris, d’un côté, même éventail de colorations de l’autre côté. Fractures de trois à sept zones : deux zones externes le plus souvent de même coloration et un cœur souvent (mais pas systématiquement) plus foncé avec parfois deux ou quatre zones de coloration intermédiaires entre le cœur et les bandes externes. Zones externes le plus souvent beiges à brunes et nuances rose ou orange. Le cœur varie de beige à noir, en passant par gris ou brun avec parfois des nuances de rose. Bandes intermédiaires tendant vers le rose ou l’orange. Surface : beige à brune, tirant parfois vers l’orange ou le rose. Dureté : le plus souvent moyenne. Porosité : entre ouverte et dense. Les variantes : NILE B2-I Variante standard, correspondant à la description ci-dessus avec une concentration faible à moyenne de particules de roche blanche de diamètre fin à grossier, mais le plus souvent fin. La réaction à l’acide chlorhydrique est inexistante à modérée, indiquant une part variable de calcaire parmi les particules de roche blanche (fig. 12).

26 27

H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 171-173. Voir H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 169-170 et fig. 7.

LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL

31

NILE B2-II Elle présente une concentration moyenne à forte de particules de roche blanche majoritairement fines. La réaction à l’acide chlorhydrique est modérée à forte et indique leur nature calcaire (fig. 13). Dans les publications préliminaires du matériel de Doukki Gel, ce type de pâte était désigné « NILE B2 (D) » pour indiquer sa tendance vers la NILE D28. NILE B2-III La troisième variante se distingue par la présence de fines particules de roche blanche en concentration moyenne à forte et de particules moyennes à grossières en concentration faible à modérée. Ces particules blanches ne provoquent pas ou peu de réaction à l’acide chlorhydrique. Elles sont donc pour la plupart non-calcaires. L’aspect général de cette pâte reste assez similaire à celui de la variante standard (fig. 14). NILE B2F-I Variante intermédiaire entre NILE B1-I et NILE B2-I (fig. 9). NILE B2F-II Variante intermédiaire entre NILE B1-II et NILE B2-II (fig. 10). NILE B2F-III Variante intermédiaire entre NILE B1-III et NILE B2-III (fig. 11). 2.1.1.3. La pâte du type NILE C De même qu’il peut être difficile de déterminer la limite entre les pâtes NILE B1 et NILE B2, la limite entre NILE B2 et NILE C n’est pas toujours aisée29. Nous avons fait la distinction entre trois variantes de cette pâte, à nouveau sur la base d’une présence plus ou moins importante de particules de roche blanche, parfois calcaire. Inclusions : les particules de sable sont fines à grossières et en concentration faible à forte, le plus souvent moyenne. Les particules fines et/ou moyennes sont en général plus nombreuses. Les restes de plantes de taille fine à grossière se rencontrent en quantité modérée à abondante. Ces particules organiques constituent l’inclusion dominante de la NILE C. Il n’en subsiste généralement que l’empreinte dans le fond de pâte et la structure siliceuse, comme c’est d’ailleurs le cas pour les autres pâtes contenant des restes d’inclusions de paille. La concentration en roches blanches est faible ou moyenne à forte. Le mica et les roches noires sont faiblement à modérément abondants et en général de taille fine à moyenne. Les particules rouges brunes sont plus rares, de même que la chamotte. Coloration : les fractures de coloration uniformes sont rares, en effet la plupart présentent trois à sept zones de couleurs différentes. Fractures uniformes : beige ou brune. Fractures de trois à sept zones : les bandes externes sont pour la plupart beiges, parfois brunes, tendant vers le gris ou l’orange. La zone centrale est noire ou de couleur foncée, les bandes intermédiaires sont beiges à brunes, avec des nuances de rose ou d’orange. Surface : beige à brune parfois rosâtre ou orangée. Dureté : très variable, friable à dure. Porosité : ouverte à moyenne. P. RUFFIEUX 2009a, p. 123. La même remarque que celle formulée plus haut à propos de l’aspect général de la NILE B1-II et de son rapport à la NILE D est également valable pour la NILE B2-II. 29 H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 169-170, 173-174 et fig. 7. 28

5 mm

Figure 9. Pâtes du type NILE B2F-I 1.

[DG.05.11E-35]

2.

[DG.08.33C-08]

5.

[DG.10.44C-05]

6.

[DG.11.22B-05]

3.

[DG.08.33C-17]

4.

[DG.09.39B-16]

3.

[DG.15.23G-03]

4.

[DG.15.66.08-20]

3.

[DG.11.48-14]

4.

[DG.12.50-01]

Figure 10. Pâtes du type NILE B2F-II 1.

[DG.08.33C-19]

2.

[DG.08.33C-35]

5.

[DG-15-66-09-18]

6.

[DG.15.74-01]

Figure 11. Pâtes du type NILE B2F-III 1.

[DG.03.82-14]

2.

[DG.10.45C-02]

5.

[DG.15.23G-06]

6.

[DG.15.66.08-23]

Figure 12. Pâtes du type NILE B2-I

5 mm

1.

[DG.07.23B-07]

2.

[DG.08.33C-39]

3.

[DG.08.34-18]

4.

[DG.09.33D-55]

5.

[DG.09.39B-19]

6.

[DG.09.39B-22]

7.

[DG.10.33E-15]

8.

[DG.14.66-65]

Figure 13. Pâtes du type NILE B2-II 1.

[DG.04.04-02]

2.

[DG.05.11E.d1-14]

3.

[DG.07.22-18]

4.

[DG.08.33-07]

5.

[DG.09.39B-34]

6.

[DG.11.23H-08]

7.

[DG.11.23J-01]

8.

[DG.15.76-03]

Figure 14. Pâtes du type NILE B2-III 1.

[DG.03.82-15]

2.

[DG.07.23B-05]

3.

[DG.08.34-26]

4.

[DG.12.51-49]

5.

[DG.13.55A-20]

6.

[DG.15.66.10-21]

7.

[DG.15.75-01]

8.

[DG.15.76-14]

34

CHAPITRE II

Les variantes : NILE C-I Elle correspond à la forme standard de la pâte telle que décrite ci-dessus. Les inclusions de roche blanche se rencontrent en quantité faible à modérée, les particules fines étant la plupart du temps plus abondantes que les autres. La réaction à l’acide chlorhydrique est inexistante à faible, rarement moyenne et on peut donc en déduire tout au plus une faible teneur en calcaire (fig. 15). NILE C-II Aux inclusions de base, il faut ajouter des particules de roche blanche en concentration moyenne à abondante, fines (les plus nombreuses) à grossières. Elles réagissent fortement à l’acide chlorhydrique et sont donc constituées en majorité de calcaire (fig. 17). NILE C-III Les inclusions de roche blanche apparaissent en concentration moyenne à abondante et sont de taille fine (les plus nombreuses) à grossière. L’absence ou la très faible réaction à l’acide chlorhydrique suggère que la plupart sont faites de matière non-calcaire (fig. 16). 2.1.1.4. La pâte du type NILE D Dans le Vienna System, elle est présentée comme un groupe de pâtes plutôt que comme une pâte30. La NILE D dans le corpus de Doukki Gel reproduit les caractéristiques des NILE B1 et NILE B2, mais s’en différencie par une présence plus importante de particules de calcaire. Elle se situe en fait dans le prolongement des pâtes NILE B1-II et B2-II si l’on considère la pâte sous l’angle des inclusions en calcaire (fig. 18). Inclusions : les particules de sable apparaissent en concentration faible à abondante, avec généralement plus d’inclusions fines ou moyennes. Les particules d’origine végétale sont peu à modérément abondantes et plutôt fines à moyennes que grossières. Quant aux inclusions calcaires, diagnostiques de la pâte, elles sont abondantes voire très abondantes, et là encore, les particules fines sont particulièrement bien représentées. La réaction à l’acide chlorhydrique est forte ou très forte. Le mica et les particules de roche noire sont présents en concentration faible à modérée et leur taille est en général fine, parfois moyenne. On rencontre occasionnellement des particules de roche rougebrune, ainsi que de la chamotte. Coloration : la plupart des fractures montrent trois à cinq zones de coloration, les fractures uniformes sont en revanche peu nombreuses. Fractures uniformes : brunes. Fractures à trois ou cinq zones : les bandes externes sont beiges à brun ou brun foncé et peuvent tendre vers le rose ou l’orange. La zone centrale est dans la plupart des cas de couleur assez foncée, brune ou beige grisâtre. Les bandes intermédiaires sont beiges, rose ou brun-rose. Dureté : moyenne à dure, rarement friable. Porosité : le plus fréquemment entre moyenne et dense, parfois entre ouverte et moyenne. 2.1.1.5. La pâte du type NILE E La caractéristique de cette pâte, selon le Vienna System, est la présence dominante de grains de sable arrondis fins à grossier dans ce qui pourrait être sinon considéré comme NILE B ou C. Elle est en général présente dans la région memphite et le Delta oriental dans certains types de vaisselle tels

30

H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 174-175.

Figure 15. Pâtes du type NILE C-I

5 mm

1.

[DG.04.01-18]

2.

[DG.07.22-11]

5.

[DG.11.22C-22]

6.

[DG.15.66.10-27]

3.

[DG.08.33-22]

Figure 16. Pâte du type NILE C-III

4.

[DG.10.33E-09]

1.

[DG.15.76-29]

4.

[DG.14.66-96]

Figure 17. Pâtes du type NILE C-II 1.

[DG.05.12.d3-09]

2.

[DG.11.23C-10]

3.

[DG.16.76-42]

[DG.09.33D-43]

3.

[DG.09.33D-47]

[DG.07.23-11]

3.

[DG.11.23J-35]

Figure 18. Pâte du type NILE D 1.

[DG.04.03-73]

2.

Figure 19. Pâtes du type NILE E 1.

[DG.05.11E-38]

2.

36

CHAPITRE II

que les moules à pain ou les pots à cuire31. Nous utilisons cette dénomination dans un sens moins restrictif, surtout pour caractériser un type de pâte très proche de NILE B1 ou NILE B2, mais où le sable domine les autres inclusions (fig. 19). Inclusions : forte concentration de particules de sable fin à grossier, le plus souvent – mais pas systématiquement – en grains arrondis. Les restes végétaux sont peu à modérément abondants et en taille surtout fine mais aussi moyenne et plus rarement grossière. On observe aussi des particules de roche blanches fines à moyennes, rares à assez abondantes, parmi lesquelles le calcaire est peu présent si l’on en juge par la faible intensité des réactions à l’acide chlorhydrique. Le mica et les particules de roche noire sont présents en faible concentration et leur taille est fine à moyenne. On rencontre occasionnellement des particules de roche rouge-brune, ainsi que de la chamotte. Coloration : les fractures sont uniformes ou présentent trois à cinq zones. Fracture uniforme : beige. Fracture à trois ou cinq zones : les bandes externes sont beiges ou brunes avec rarement une tendance orangée. Le cœur est beige à brun avec parfois une tendance rose ou orange. Les bandes intermédiaires sont beige-rose ou beige-orange. Dureté : de friable à moyenne, le plus souvent friable. Porosité : ouverte à dense, mais en majorité moyenne. 2.1.1.6. Une pâte pour la confection des moules à pain ? Les moules à pain coniques, qui sont un des rares types de vaisselle non tournée que l’on peut rencontrer au sein d’un corpus céramique du Nouvel Empire, étaient fabriqués rapidement et sans soin particulier, pour un usage unique. Les pâtes dont ils sont constitués seraient distinctes des autres pâtes32. À Amarna, par exemple, les moules à pain sont faits à partir d’une NILE D dont les caractéristiques – mis à part le calcaire – sont celles d’une NILE C33. On observe le même phénomène à Abydos, Éléphantine et sur l’île de Saï34. L’une des difficultés des observations sur les moules à pain tient au fait que les inclusions, notamment la paille, ne semblent pas orientées dans un sens donné, comme c’est le cas de la vaisselle tournée. Un échantillon prélevé en coupant parallèlement au bord ne permet pas d’évaluer la concentration et la taille des inclusions végétales. Par la pratique, nous avons pu constater qu’en prélevant l’échantillon perpendiculairement au bord, soit dans l’axe du moule, la cassure laissait apparaître de nombreuses particules suffisamment orientées pour qu’il soit possible de les évaluer. Les nombreuses observations effectuées sur les moules à pain ne nous permettent pas d’identifier une pâte qui leur serait propre. Au contraire, on a plutôt l’impression que les potiers ont utilisé tous les matériaux à leur disposition et prêts à l’emploi pour façonner des moules à pain. La diversité de leurs pâtes est grande, de NILE B1 à NILE C. Seuls 10% environ des moules présentent une variante de type « II », à forte présence de calcaire. Aucune NILE D n’a été repérée. Les pâtes alluviales décrites ci-dessus représentent une écrasante majorité de la vaisselle de Doukki Gel, en particulier les NILE B2, et dans une moindre mesure, les NILE B1. Elles ont servi à confectionner un large éventail de formes et il est assez difficile d’associer un type de pâte alluviale à un type de vaisselle en particulier. On peut cependant remarquer que les pâtes les plus fines, les NILE B1, sont le plus souvent utilisées pour la confection de pots de petites dimensions, tels que des bols, encensoirs ou vases à libation. Il ne s’agit cependant que d’une tendance. La grande variabilité de coloration des pâtes, visibles surtout dans les fractures ainsi que les caractéristiques de dureté et de 31 32 33 34

H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 175. J. D. BOURRIAU, L. M. V. SMITH, P. T. NICHOLSON 2000, p. 16. J. D. BOURRIAU, L. M. V. SMITH, P. T. NICHOLSON 2000, p. 16. J. BUDKA 2005, p. 92, n. 305 ; 2006, p. 84 ; concernant l’île de Saï, communication personnelle de Pr. Julia Budka.

LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL

37

porosité peu homogènes témoignent de conditions de cuisson irrégulières tant du point de vue des températures que de l’atmosphère. 2.1.2. Les pâtes marneuses (ou calcaires) Les pâtes marneuses ont pour base des argiles riches en carbonates de calcium, issues de roches sédimentaires, déposées en Égypte de part et d’autre de la Vallée jusque dans les déserts occidental et oriental, entre le Crétacé supérieur et le Miocène35. Alors qu’elles représentent une part relativement importante de la vaisselle sur certains sites égyptiens, en raison notamment de la proximité des sources d’argile, elles n’apparaissent, au Soudan, que sous la forme de céramiques importées d’Égypte. À Doukki Gel, la vaisselle en pâte marneuse est avant tout représentée par les amphores et ne concerne qu’un faible pourcentage du matériel. La classification de ces pâtes suit strictement le Vienna System36. En effet, il s’agit d’un matériel importé, attesté sur nombre d’autres sites et dont les zones de provenance sont souvent connues. 2.1.2.1. La pâte du type MARL A2 Ce type de pâte se rencontre en Égypte dès le Moyen Empire mais est plus fréquent vers la fin de la Deuxième Période intermédiaire et à la XVIIIe dynastie. Géographiquement, elle se concentre en particulier sur la Haute Égypte. Comme les autres types de MARL A, elle présente un fond argileux homogène et dense, des inclusions essentiellement minérales mais très rarement végétales (fig. 20). Inclusions : les inclusions de sable et de calcaire, surtout fines, parfois moyennes, rarement grossières, sont présentes en concentration équilibrée, moyenne à forte. Des particules de mica, de roches noires ou rouge-brun sont également présentes. La réaction à l’acide chlorhydrique est très forte. Coloration : la fracture montre, le plus souvent, trois zones de coloration et est plus rarement uniforme. Fracture uniforme : rose pâle. Fracture à trois zones : bandes externes jaune pâle, rose clair, rose, gris-verdâtre. Cœur beige, beige-rose, rose, rose pâle. Surface : tons clairs tirant vers le verdâtre (gris, gris-blanc, beige), jaune pâle, rose. Dureté : dure à très dure. Porosité : dense. 2.1.2.2. La pâte du type MARL A3 Cette pâte, originaire de Haute Égypte, apparaît au début du Moyen Empire. Son utilisation se poursuit durant le Nouvel Empire. La finesse de sa texture indique probablement une préparation soignée de l’argile (fig. 21). Inclusions : le sable est surtout fin et en concentration modérée à abondante. Les particules de calcaire sont également présentes en concentration variable (peu abondantes à abondantes) et dominées par les inclusions fines. La température de cuisson des récipients en MARL A3 avoisinerait les 1000° C, provoquant la décomposition des particules de calcaire37. Ceci expliquerait l’absence de réaction à l’acide chlorhydrique observée sur certains échantillons, contre une forte réaction habituellement. On note la présence occasionnelle de pores – causés soit par la disparition du calcaire, soit

35 36 37

H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 160. H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 175-182. H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 177.

38

CHAPITRE II

par de l’air (pores allongés) – de particules de mica ou de roche noire ou rouge-brun. Aucune inclusion végétale n’a été vue dans les exemplaires de Doukki Gel. Coloration : fracture uniforme ou à trois zones de coloration. Fracture uniforme : beige-verdâtre, gris-verdâtre. Fracture à trois zones : bandes externes gris-verdâtre, cœur gris-rose. Surface : gris-verdâtre. Dureté : dure. Porosité : de moyenne à dense. 2.1.2.3. La pâte du type MARL A4 La MARL A4 apparaît au Moyen Empire mais est plus courante au Nouvel Empire et se caractérise par une apparence plus grossière que les autres MARL A. Elle présente une grande variabilité de coloration, de dureté et de porosité (fig. 22). Inclusions : les particules de sable et de calcaire fines à grossières sont représentées en concentration variable, peu abondantes à abondantes. Les inclusions calcaires seraient naturellement présentes dans l’argile38. Elles provoquent une forte réaction à l’acide chlorhydrique si la céramique n’a pas été cuite à une température avoisinant les 1000° C qui détruit le calcaire et laisse des vides à la place. Mica, roches noire ou rouge-brun sont présents occasionnellement en faible concentration. On peut aussi observer de très rares particules végétales. Coloration : à Doukki Gel, les fractures observées sont soit uniformes, soit à deux, trois ou cinq zones de coloration. Fracture uniforme : gris-verdâtre. Fracture à deux zones : beige-rose, beige. Fracture à trois ou cinq zones : bandes externes beiges ou beige-orange, cœur gris ou gris foncé, bandes intermédiaires brun-rose. Surface : beige, beige-orange, gris-verdâtre. Dureté : de moyenne à dure (surtout dure). Porosité : de moyenne à dense. 2.1.2.4. La pâte du type MARL B Cette pâte se rencontre à la Deuxième Période intermédiaire et au Nouvel Empire et semble trouver son origine en Haute Égypte. Elle est caractérisée par un fond de pâte très dense et par une forte concentration en particules sableuses (fig. 24). Inclusions : les inclusions de sable fin à grossier sont très abondantes. Le calcaire apparaît surtout en particules fines, parfois moyennes à grossières, en concentration modérée. La forte teneur en calcaire de l’argile provoque une très forte réaction à l’acide chlorhydrique. On peut signaler la présence légère de particules de roche noire et rouge-brun, ainsi que de rares restes végétaux. Coloration : la fracture est uniforme ou présente trois zones de coloration. Fracture uniforme : beige-rose. Fracture à trois zones : bandes externes gris-blanc, gris-verdâtre ou rose. Cœur gris ou gris-rosâtre. Surface : gris-blanc verdâtre, gris-verdâtre ou beige-rose. Dureté : entre dure et très dure. Porosité : entre moyenne et dense.

38

H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 178.

Figure 20. Pâtes du type MARL A2 1.

[DG.05.12.d3-08]

2.

5 mm [DG.07.22-07]

Figure 21. Pâte du type MARL A3 1.

3.

[DG.16.66.02-03]

Figure 22. Pâte du type MARL A4 1.

[DG.09.33D-02]

[DG.09.33D-03]

3.

[DG.10.33E-17]

4.

[DG.14.66-72]

[DG.07.25-21]

3.

[DG.10.33F-15]

4.

[DG.15.66.04-12]

[DG.11.23D-16]

Figure 23. Pâtes du type MARL D 1.

[DG.03.79-33]

2.

Figure 24. Pâtes du type MARL B 1.

[DG.05.05-01]

2.

Figure 25. Pâte des oasis du désert occidental 1.

[DG.14.66-75]

Figure 26. Pâte mixte (alluviale/marneuse) 1.

[DG.11.23E-01]

40

CHAPITRE II

2.1.2.5. La pâte du type MARL D La MARL D se retrouve surtout au Nouvel Empire, dans le Delta et la région memphite – qui est probablement sa région d’origine – et dans d’autres régions où elle était importée. C’est le type de pâte marneuse le mieux représenté numériquement à Doukki Gel. Elle est dense et se distingue par sa forte teneur en inclusions calcaires (fig. 23). Inclusions : elle présente une forte concentration en particules de calcaire de diamètre fin à grossier et une concentration moyenne en sable, surtout fin. La réaction à l’acide chlorhydrique peut être très forte. On peut aussi observer du mica fin en faible quantité, des particules de roche noire fines à grossières en concentration faible à moyenne, ainsi que quelques particules de roche rouge-brun. Les restes de plantes sont très rares. Coloration : la fracture peut être uniforme, à deux ou à trois zones de coloration. Fracture uniforme : gris-beige, brun, brun-rouge. Fracture à deux zones de coloration : gris-beige, gris-brun ou brun d’un côté, brun, brun-rougeâtre, brun-rose ou rose de l’autre côté. Fracture à trois zones : bandes externes beige, beige-verdâtre, gris-beige, brun ou rose. Cœur gris, gris-beige, gris-noir, brun, brun-rose. Surface : beige-rose, beige-verdâtre, gris-beige, brun, brun-rouge. Dureté : entre moyenne et très dure. Porosité : entre moyenne et dense. 2.1.3. Pâte des oasis du désert occidental Un seul fragment d’amphore dans tout le corpus de Doukki Gel était constitué d’une pâte provenant manifestement des oasis du désert occidental égyptien39. Celle-ci se distingue des pâtes originaires de la Vallée du Nil ou de ses abords. Elle présente un aspect très minéral, avec une concentration moyenne à forte en sable et en calcaire de diamètre fin à moyen. Les particules végétales, fines, sont rares. Des particules de roche brun-rouge fines à grossières assez abondantes ont pu être observées. Elle est dense, très dure et réagit fortement à l’acide chlorhydrique (fig. 25). 2.2. La céramique de tradition nubienne 2.2.1. Description des pâtes de la céramique nubienne en Nubie et en Égypte Nous avons écrit précédemment que le Vienna System avait été pensé pour la classification des pâtes de la céramique de tradition égyptienne uniquement. Ainsi, dans la publication de H.-Å. Nordström et J. D. Bourriau, la céramique nubienne est traitée dans le chapitre des Foreign Fabrics. Il n’y est toutefois fait mention que d’une unique pièce du Kerma Classique, un pot rouge à bord noir poli, équipé d’un goulot allongé40. La pâte est brièvement décrite et rapprochée du type II B de la classification de H.-Å. Nordström : une pâte ferrugineuse à dégraissant organique (du groupe II), contenant une faible concentration de sable fin et de rares grains de sable moyens ou grossiers, et une bonne quantité de restes végétaux fins à moyens. La fracture est en général noire ou gris foncé. Elle est attestée parmi la céramique du Groupe A, constitue la pâte privilégiée de la céramique du Groupe C et est bien représentée dans les ensembles Kerma et Pan Grave41. La céramique nubienne découverte tant au Soudan qu’en Égypte a généralement été abordée de diverses manières en ce qui concerne la nature de ses pâtes. Nous en proposons quelques exemples dans les lignes qui suivent. 39 Nous devons cette identification à Pamela Rose (communication orale), voir plus bas, chapitre III, § 8.7.2.2.3, DG.14.66-75. 40 H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 183. 41 H.-Å. NORDSTRÖM 1972, p. 51-52.

LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL

41

2.2.1.1. Les pâtes nubiennes en Nubie soudanaise Dans la description de la céramique du cimetière d’Ukma ouest, A. Vila mentionne la pâte II B de Nordström pour ses groupes typologiques K I à K III (récipients du Kerma Classique rouges à bord noir polis, avec bande argentée), en y ajoutant parfois un bref commentaire descriptif ou des précisions. La pâte des récipients du type K III-1 est par exemple décrite ainsi : « pâte noire, dure. Dégraissant comme K I-1, parfois particules de forte taille »42. Pour les autres groupes, il se contente d’une description simple de la pâte sans comparaison avec un autre cadre de référence : « pâte noire, dure, souvent écaillée ou friable ; dégraissant de grosses particules blanches »43. Dans sa publication de la nécropole Kerma de l’île de Saï, B. Gratien a distingué deux types de pâtes, pour les trois grandes phases de la civilisation de Kerma : une pâte fine (PF) et une pâte grossière (PG). Elles sont toutes deux d’origine alluviale. À cela s’ajoutent également six types de dégraissant différents : carbonaté (I), avec mica (II), avec quartz (III), avec schiste (IV), végétal (V), autre minéral (VI)44. Plus récemment, P. J. Rose a publié un ensemble de poteries de tradition Kerma découvertes sur le site de Sesebi et contemporaines des niveaux du début de la XVIIIe dynastie (fin du Kerma Classique ou Kerma Récent selon la chronologie de B. Gratien45). Elle divise les pâtes en trois types : une pâte grossière (SH1) dominée par des particules de paille et contenant également des inclusions minérales, et deux pâtes fines, la première (SH2) contient des inclusions minérales et végétales fines, la seconde est encore plus fine (SH4), avec peu de particules minérales et végétales. La pâte grossière constitue surtout la vaisselle à vocation culinaire ou de stockage, qui représente près des deux tiers de cet ensemble céramique – provenant d’un site d’habitat et non d’une nécropole –, alors que les deux autres se rencontrent dans les poteries fines de service46. Concernant la céramique nubienne de la ville pharaonique de Saï, J. Budka propose une classification relativement simple en quatre pâtes (Nubian Fabric 1-4) qui tient compte de la texture, des différentes inclusions et de leur taille47. 2.2.1.2. Les pâtes nubiennes en Nubie égyptienne et dans le reste de l’Égypte Les fouilles de sauvetage menées en Nubie égyptienne par l’Oriental Institute de l’Université de Chicago ont mis au jour plusieurs cimetières nubiens à Adindan. Les céramiques du Groupe C, des Pan Grave et de la culture Kerma ont été publiées par B. B. Williams qui reprend les définitions de pâtes de Nordström, signalant la présence des pâtes II B, II C, II D et II E pour les traditions du Groupe C et du Kerma48. La céramique nubienne retrouvée à Éléphantine a été classifiée par D. Raue en fonction de la texture de la pâte, puis des différents dégraissants et inclusions qui dominent49. Sur le site de Deir el-Ballas en Haute Égypte, un établissement de la fin de la Deuxième Période intermédiaire a été partiellement fouillé par une équipe du Museum of Fine Arts de Boston entre 1980 et 1986. La céramique, en majorité issue de la tradition égyptienne, comptait également des tessons du Kerma Classique. Dans la publication de ce matériel, J. D. Bourriau distingue trois pâtes : les deux premières sont dominées par du dégraissant végétal grossier ou fin et contiennent aussi du sable ; la troisième est une pâte fine à dégraissant mixte minéral et végétal fin. Les deux pâtes à dégraissant végétal sont comparées à la pâte II E de H.-Å. Nordström. Celle-ci se distingue de la II B par une 42 43 44 45 46 47 48 49

A. VILA 1987, p. 191. A. VILA 1987, p. 192. B. GRATIEN 1986, p. 388-389. Voir B. GRATIEN 1978, p. 221-222. P. J. ROSE 2012. J. BUDKA 2017, p. 123-124. B. B. WILLIAMS 1983, p. 28-29, et table 9, p. 30-31. D. RAUE 2018, par exemple p. 227-229.

42

CHAPITRE II

grande concentration de restes de paille grossière. La pâte plus fine n’est en revanche pas mise en correspondance avec le système de H.-Å. Nordström50. Un grand nombre de tessons nubiens principalement de la culture Pan Grave mais aussi Kerma ont été découverts dans les niveaux de la Deuxième Période intermédiaire à Karnak-Nord, sur le site du Trésor de Thoutmosis Ier. H. Jacquet-Gordon signale que les fragments Pan Grave étaient tous constitués d’une « pâte limoneuse plus ou moins grossière », sans plus de précisions51. Le catalogue mentionne encore pour chaque pièce de la tradition Kerma une « pâte limoneuse »52. À Memphis, les niveaux de la XVIIIe dynastie (niveaux IV et IIIb) ont fourni quelques tessons provenant de pots à cuire nubiens. La pâte est désignée NILE G7 par J. D. Bourriau qui souligne son aspect singulier tout en notant sa proximité – révélée par des analyses de lames minces – avec la pâte NILE G1, la version locale de la NILE B253. Sur cette base, rien ne s’oppose, selon J. D. Bourriau, à considérer que cette poterie de tradition nubienne ait été produite localement54. Étant donné le type de vaisselle, il est difficile de rattacher ces pots à l’une ou l’autre des cultures nubiennes. Plus au nord, sur le site de Tell el-Dab‘a, l’ancienne Avaris, capitale des Hyksôs, de nombreux contextes de la Deuxième Période intermédiaire ou du début de la XVIIIe dynastie ont livré des tessons nubiens, dont certains du Kerma Classique. I. Hein en a publié un premier groupe (‘Ezbet Helmi, secteurs H/I, H/II, H/IV et H/V)55, comprenant tant de la vaisselle fine que des pots à cuire, en faisant une description succincte de la pâte, par tesson commenté ou par groupe de tessons, et en proposant éventuellement une équivalence dans le Vienna System56. À sa suite, P. Fuscaldo a publié le matériel mis au jour dans les secteurs H/III et H/VI de ‘Ezbet Helmi57. Elle y distingue trois types de pâtes, qu’elle intègre au système de classification en vigueur à Tell el-Dab‘a : I-b-2, I-e-1 et I-e-3. Une description des colorations de surface et des fractures apporte un complément aux informations relatives au fond de pâte et aux dégraissants. La pâte I-b-2 (NILE B2) est principalement celle de la vaisselle fine rouge polie à bord noir avec parfois une bande argentée, caractéristique du Kerma Classique ; elle correspond, selon P. Fuscaldo, à la II B de Nordström. La I-e-1, équivalente d’une NILE E (NILE E1) – dominée par des grains de sable arrondis et typique du Delta oriental, de la région memphite et du Fayoum58 – est la pâte des bols à bord noir, tandis que la I-e-3 (également une NILE E) constitue une majorité de pots à cuire et serait l’équivalente de la II E de Nordström59. Enfin il faut encore signaler, concernant la céramique nubienne de Tell el-Dab‘a, la classification préliminaire des pâtes proposée par I. Forstner-Müller et P. J. Rose60. L’étude se base sur du matériel daté entre la Deuxième Période intermédiaire et le Nouvel Empire, provenant de plusieurs secteurs du site mais de traditions nubiennes qui ne sont pas toujours clairement identifiées. Les quinze groupes de pâtes définis sont décrits en fonction de la qualité de l’argile et des inclusions, puis mis en rapport avec les traitements de surface ou décors observés. Cette classification s’affranchit du système établi par H.-Å. Nordström61.

J. D. BOURRIAU 1990, p. 17-18. H. JACQUET-GORDON 2012, vol. 1, p. 83. 52 H. JACQUET-GORDON 2012, vol. 1, p. 85-88. 53 Voir J. D. BOURRIAU, L. M. V. SMITH, P. T. NICHOLSON 2000, p. 18. 54 J. D. BOURRIAU 2010a, p. 28-29. 55 I. HEIN 2001a. 56 Voir I. HEIN 2001a, par exemple p. 205, ou 207. 57 Voir P. FUSCALDO 2002 ; 2004 ; 2008 ; également D. ASTON 2012. 58 H.-Å. NORDSTRÖM, J. D. BOURRIAU 1993, p. 175. 59 P. FUSCALDO 2002, p. 168. 60 I. FORSTNER-MÜLLER, P. J. ROSE 2012. 61 Dans une tendance analogue, I. Forstner-Müller classe du matériel nubien d’Assouan en trois groupes de pâtes, sans se référer à un système existant, voir I. FORSTNER-MÜLLER 2012. 50 51

LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL

43

2.2.1.3. Les pâtes nubiennes à Kerma À l’époque où G. A. Reisner a fouillé à Kerma, les études céramologiques étaient encore presque inexistantes. Son travail précurseur sur la céramique de Kerma ne comprend pas de description des pâtes. L’archéologue américain indique néanmoins que la base de la céramique nubienne est le limon du Nil (Nile mud), que les céramiques sont faites d’un mélange d’au moins deux ou trois substances, et qu’au moins une substance liante (binding), c’est-à-dire un dégraissant, est nécessaire pour toute poterie fabriquée à partir de limon du Nil62. Il observe que la caractéristique principale de la céramique nubienne, depuis le proto-dynastique égyptien jusqu’au début du XXe siècle, est une fracture noire. C’est notamment le cas des récipients rouges à bord noir polis (black topped red polished) emblématiques des traditions nubiennes63. Si aucune classification des pâtes n’a été proposée par B. Privati, comme il a été écrit plus haut, d’autres aspects de l’étude de la poterie Kerma ont été développés, par exemple un examen des fours de potiers découverts dans la ville nubienne, avec notamment un volet expérimental visant à reproduire la technique de fabrication des récipients rouges à bord noir polis64. Mais en ce qui concerne les pâtes, l’aspect le plus significatif est sans doute celui des analyses pétrographiques et chimiques menées sur plusieurs échantillons céramiques provenant de Kerma, mais aussi d’Akacha, de Kadrouka, d’Achkan et de Saï ainsi que sur des alluvions du Nil, notamment de Kerma, Tabo et Kadrouka65. Plusieurs constatations ont été faites à la suite de ces diverses analyses. Tout d’abord, il apparaît que tout au long de la civilisation de Kerma (depuis le Kerma Ancien), un même type de matière première a été utilisé par les potiers à Kerma66. D’autre part, les inclusions minérales semblent être présentes naturellement dans l’argile, alors que les matières organiques végétales, généralement peu abondantes à l’état naturel auraient été ajoutées aussi bien par les potiers de Kerma et d’Akacha que de Saï67. Enfin, de même qu’il semble impossible de différencier sur la base des analyses chimiques et pétrographiques la céramique du Kerma Ancien et celle des époques postérieures à Kerma68, il semble tout aussi problématique de déterminer la provenance des céramiques en pâtes alluviales retrouvées par exemple sur l’île de Saï ou ailleurs en Haute Nubie, en raison de la grande similitude des alluvions du Nil présents aux abords des différents sites concernés69. En revanche l’examen à l’œil nu semble être le meilleur moyen de mettre en évidence des différences morphologiques70. 2.2.2. Les pâtes nubiennes à Doukki Gel Le matériel nubien de Doukki Gel représente une minorité dans l’ensemble du corpus dominé par la tradition égyptienne. Au sein de cette minorité, que l’on peut en règle générale et sans surprise rattacher à la culture du Kerma Classique ou à sa phase finale (désignée comme Kerma Récent par B. Gratien), on rencontre un large éventail de poteries, aussi bien de la vaisselle fine telle que, par exemple, les fameux gobelets à bande argentée (tulipes) que des formes plus grossières à vocation culinaire, notamment des pots à cuire. L’ensemble est constitué d’une pâte à base d’argile alluviale du Nil. G. A. REISNER 1923b, p. 324. G. A. REISNER 1923b, p. 325. 64 Voir B. PRIVATI 1986, p. 23. Sur la fabrication expérimentale des céramiques à bord noir d’Égypte et de Nubie, voir plus récemment S. HENDRICKX, R. FRIEDMAN, F. LOYENS 2000. 65 Voir P. DE PAEPE, Y. BRYSSE 1986 ; P. DE PAEPE 1988 ; P. DE PAEPE, B. GRATIEN, B. PRIVATI 1992. 66 P. DE PAEPE, Y. BRYSSE 1986, p. 44 ; P. DE PAEPE, B. GRATIEN, B. PRIVATI 1992, p. 71. De même, dans la nécropole de Saï, 91 % des échantillons analysés ont été fabriqués avec des dépôts géologiques de même type (P. DE PAEPE, B. GRATIEN, B. PRIVATI 1992, p. 70). 67 À propos de Kerma et Akacha, voir P. DE PAEPE, Y. BRYSSE 1986, p. 43-44 ; concernant Saï, voir P. DE PAEPE, B. GRATIEN, B. PRIVATI 1992, p. 68-69. 68 P. DE PAEPE, Y. BRYSSE 1986, p. 45. 69 P. DE PAEPE, B. GRATIEN, B. PRIVATI 1992, p. 73. 70 P. DE PAEPE, B. GRATIEN, B. PRIVATI 1992, p. 76. 62 63

44

CHAPITRE II

L’aspect radicalement différent de la pâte des céramiques Kerma par rapport à celle des céramiques égyptiennes est dû non seulement au mode de cuisson particulier auquel elles ont été soumises, mais aussi à la technique de façonnage à la main, par opposition à la technique égyptienne du tour, technique quasi-exclusive au Nouvel Empire. Il en résulte des fractures le plus souvent de couleur noire ou foncée, dans lesquelles il n’est pas aisé de repérer certaines inclusions minérales, ou organiques, notamment les particules de paille qui souvent ne sont pas orientées dans le sens du tournage comme c’est le cas pour le matériel égyptien. Dans un souci d’efficacité, nous avons donc pris le parti de concentrer nos efforts sur les éléments qui étaient visibles dans les mêmes conditions d’observation que celles pratiquées pour le reste du corpus, c’est-à-dire les particules de sable trahies par leur aspect translucide, les particules de roche blanche, et dans la mesure du possible, les particules végétales dont ne subsiste en général et au mieux que la structure siliceuse blanche. Ce sont précisément les éléments les plus importants pour l’approche pratiquée ici. Bien entendu les propriétés acquises lors de la cuisson, telles que la dureté ou la coloration de la fracture ont également été prises en considération, tout comme la réactivité à l’acide chlorhydrique. Le choix de regrouper les pâtes de la céramique nubienne sous un ensemble de désignation distinct de celui du Vienna System nous est apparu comme la solution la plus adéquate pour traduire les importantes différences technologiques et morphologiques mentionnées plus haut. Les pâtes ont donc été réparties en cinq groupes en fonction de leurs concentrations respectives en inclusions minérales et végétales de différents diamètres (Tableau 1). Elles partagent toutes le préfixe « KERMA- » suivi du numéro en chiffre romain qui leur est propre, de « I » à « V ». Tableau 1. Répartition des cinq types de pâtes Kerma selon leur texture et la nature du dégraissant.

Dégraissant

Texture Fine

Moyenne

Grossière

Minéral

I

II

Mixte

III

IV

IV

Végétal

III

V

V

2.2.2.1. La pâte KERMA-I La pâte KERMA-I est une pâte fine dominée par les éléments minéraux. Elle se rencontre dans la céramique fine rouge à bord noir polie, parfois avec une bande argentée, ou la céramique noire polie, qui font partie des Black-topped red-polished ware (Bkt.) et Black-polished ware (B.P.) de G. A. Reisner71 (fig. 27). Inclusions : les grains de sable fins (60-250 μ) sont en général peu nombreux, rarement en concentration modérée, alors que les grains moyens (250-500 μ) et grossiers (> 500 μ) sont rares. Les particules de roche blanche sont représentées presque exclusivement par des grains fins et peu nombreux. Quant aux rares restes végétaux (paille), ils sont presque exclusivement de petite taille (< 2 mm). On note la présence discrète de quelques particules de mica de diamètre fin à moyen. Aucun des échantillons testés n’a permis d’observer la moindre réaction à l’acide chlorhydrique. Il faut penser que les rares particules de roche blanche présentes ne sont pas de nature calcaire. Coloration : les fractures sont uniformes ou présentent deux à trois zones de coloration. Fractures uniformes : en majorité noires, également gris-noir ou gris foncé. 71

Voir G. A. REISNER 1923b, p. 328-381.

LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL

45

Fractures à deux zones : zone extérieure beige à orange, zone intérieure noire. Fractures à trois zones : zone extérieure beige à gris-brun, zone intérieure noire à gris-beige. Le cœur peut être beige à noir. Surface : identique à la fracture uniforme ou aux zones externes de la fracture. Ou engobe. Dureté : entre moyenne et dure. Porosité : entre moyenne et dense. 2.2.2.2. La pâte KERMA-II Elle est dominée par les inclusions minérales, mais celles-ci sont pour la plupart d’une taille plus importante qui donne à l’ensemble une texture légèrement plus grossière que la KERMA-I. Les mêmes familles de vaisselles fines sont représentées dans ce type de pâte : céramiques rouges à bord noir polies et céramiques noires polies (fig. 28). Inclusions : les inclusions de sable fin apparaissent en concentration modérée, les inclusions moyennes, en concentration faible à modérée et les inclusions grossières en faible concentration. Les particules de roche blanche fines à grossières sont peu nombreuses. Les restes végétaux sont rares et de taille fine, parfois aussi moyenne. On observe de rares particules fines à moyennes de mica. Aucune réaction à l’acide chlorhydrique n’a été constatée. Coloration : comme précédemment, les fractures sont uniformes, à deux, ou trois zones de coloration. Fractures uniformes : noires, gris-noir. Fractures à deux zones : zone extérieure beige à orange, zone intérieure beige-noir à noire. Fracture à trois zones : zone extérieure beige, zone intérieure noire, cœur beige-rose. Surface : identique à la fracture uniforme ou aux zones externes de la fracture. Ou engobe. Dureté : entre « friable à moyenne » et dure. Porosité : entre « ouverte à moyenne » et dense. 2.2.2.3. La pâte KERMA-III Cette pâte présente une majorité d’inclusions de faible diamètre, qui lui donnent un aspect assez fin. Les inclusions minérales et végétales se côtoient dans des proportions équilibrées, quoique parfois les restes végétaux dominent légèrement. On la rencontre dans la vaisselle rouge à bord noir polie, noire polie, et rouge polie, dont certains exemplaires correspondent à la Red-polished ware (R.P.) de Reisner72 (fig. 29). Inclusions : les particules fines constituent la majeure partie du sable, alors que les particules moyennes sont rares à peu nombreuses et les particules grossières rares tout au plus. Les inclusions de roche blanche fines présentent une concentration rare à modérée, les inclusions moyennes et grossières sont absentes ou peu abondantes. La concentration générale de restes végétaux est faible à modérée ou modérée à forte dans les cas où ces inclusions sont dominantes. Les particules fines sont toujours les plus abondantes et les particules grossières les plus rares. Quelques nodules de mica fins à moyens apparaissent sporadiquement. Une partie des échantillons testés n’a pas réagi à l’acide chlorhydrique, alors que l’autre n’a manifesté qu’une très faible réaction. Coloration : les fractures sont soit uniformes, soit à deux ou trois zones de coloration. Fractures uniformes : noires, gris-noir ou beige-noir. Fractures à deux zones : la zone extérieure varie de beige à orange en passant par beige-rose ou brun-rose. La zone intérieure est noire ou gris-beige.

72

Voir G. A. REISNER 1923b, p. 389-419.

Figure 27. Pâtes du type KERMA-I

5 mm

1.

[DG.04.01-13]

2.

[DG.04.01-14]

5.

[DG.12.51-67]

6.

[DG.13.54-24]

3.

[DG.11.23C-18]

4.

[DG.11.23J-19]

3.

[DG.12.51-06]

4.

[DG.12.51-37]

Figure 28. Pâtes du type KERMA-II 1.

[DG.04.01-15]

2.

[DG.12.51-18]

Figure 29. Pâtes du type KERMA-III 1.

[DG.11.23C-45]

2.

[DG.12.51-05]

5.

[DG.12.51-50]

6.

[DG.13.54-08]

LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL

47

Fractures à trois zones : les zones externes présentent une coloration beige ou noire, éventuellement beige-orange à l’intérieur. Le cœur est beige-noir, gris-noir ou noir. Surface : identique à la fracture uniforme ou aux zones externes de la fracture. Ou engobe. Dureté : la majorité des échantillons présente une dureté qui varie de moyenne à dure, quelques-uns sont néanmoins plutôt friables. Porosité : elle est dans la plupart des cas moyenne, quelquefois « moyenne à dense », et plus rarement « ouverte à moyenne » ou dense. 2.2.2.4. La pâte KERMA-IV D’une texture moyenne à grossière, la pâte KERMA-IV se caractérise aussi par la présence d’inclusions minérales et végétales en proportions assez équilibrées, où ni les unes ni les autres ne dominent. Les récipients faits dans cette pâte sont pour la plupart des jarres, dont certaines à la surface lissée et parfois décorée73, mais aussi des pots à cuire, à décor incisé ou imprimé, ou à impressions de vannerie. On note également quelques vaisselles rouges à bord noir polies, ou noires polies, parfois assez grossièrement exécutées (fig. 30). Inclusions : le sable est représenté par des grains fins et moyens en concentration modérée ou modérée à forte, les grains grossiers sont légèrement moins abondants. Les particules de roche blanche apparaissent en quantité faible à modérée, et sont en majorité fines ou moyennes. Les inclusions de paille, comme le sable, montrent une concentration modérée ou modérée à forte et les particules fines ou moyennes sont les plus nombreuses. Des particules de mica fines à grossières ont été observées en faible quantité dans la moitié des échantillons environ. Les tests à l’acide chlorhydrique ont révélé que près des deux tiers des cas réagissaient très faiblement, la plupart des autres ne montrant aucune réaction, alors qu’une toute petite partie réagissait moyennement à fortement. Coloration : les fractures sont uniformes, ou présentent deux ou trois, rarement quatre zones de coloration. Fractures uniformes : noires, rarement gris-noir. Fractures à deux zones : zone extérieure beige, brune, rose, orange ou noire, ou teintes intermédiaires. Zone intérieure noire, gris-noir, brun-noir, beige-noir ou rose. Fractures à trois zones : zone extérieure beige, beige-rose, beige-orange, orange ou noire. Zone intérieure beige, beige-orange, grise, gris-beige, brune ou noire. Cœur beige, beige-rose, rose, beige-noir, gris-beige, noir. Fractures à quatre zones : trois fragments sont concernés. On observe les zones de coloration suivantes, de l’extérieur vers l’intérieur du pot : 1) beige, brun-rose, gris-noir, beige-rose ; 2) beige, beige-rose, beige, beige-noir ; 3) beige-rose, beige, noir, beige. Surface : identique à la fracture uniforme ou aux zones externes de la fracture. Ou engobe. Dureté : friable à dure. Porosité : entre ouverte et moyenne, rarement « moyenne à dense ». 2.2.2.5. La pâte KERMA-V Cette pâte se caractérise par son dégraissant végétal abondant qui domine les autres inclusions. Sa texture est moyenne à grossière. Elle regroupe des récipients aux surfaces lissées, avec ou sans décor, des pots à cuire à décors incisés ou imprimés, ou à impressions de vannerie, de la céramique grossière sans traitement particulier de la surface, et enfin des récipients noirs polis ou rouges à bord noir polis, de facture plutôt grossière (fig. 31). 73

Cette catégorie de vaisselle est désignée « wet-smoothed ware » par P. J. Rose (2012, p. 22-25).

Figure 30. Pâtes du type KERMA-IV

5 mm

1.

[DG.09.39B-42]

2.

[DG.11.23D-19]

5.

[DG.12.51-38]

6.

[DG.13.54-27]

3.

[DG.12.50-09]

4.

[DG.12.51-35]

3.

[DG.12.51-69]

4.

[DG.13.54-09]

3.

[DG.09.39B-46]

4.

[DG.14.66-73]

Figure 31. Pâtes du type KERMA-V 1.

[DG.11.23D-17]

2.

[DG.12.51-26]

5.

[DG.13.55A-02]

6.

[DG.13.55B-46]

Figure 32. Pâtes d’origine proche-orientale 1.

[DG.07.22-08]

5.

[DG.15.74-02]

2.

[DG.08.34-21]

LES PÂTES DANS LE CORPUS CÉRAMIQUE DE DOUKKI GEL

49

Inclusions : les inclusions de sable présentent une concentration faible à moyenne. Les grains fins sont généralement les plus abondants, mais parfois les trois diamètres d’inclusions sont également représentés. La même répartition s’observe pour les inclusions de roche blanche dont la concentration est faible à moyenne, voire totalement absente dans de rares cas. Les particules végétales fines et moyennes montrent des concentrations modérées à forte, mais le plus souvent au-dessus de la valeur moyenne. Les particules de taille grossière sont en général un peu moins abondantes. Des particules de mica fines à moyennes se rencontrent fréquemment en faible concentration. Une réaction très faible à l’acide chlorhydrique se produit sur environ deux tiers des échantillons testés. Les autres, pour la plupart, ne montrent aucune réaction. Une infime partie réagit de manière faible à modérée. Coloration : les fractures sont de coloration uniforme, à deux, trois ou rarement quatre zones. Fractures uniformes : noires. Fractures à deux zones : zone extérieure beige, brune, rose, orange, avec des colorations intermédiaires. Zone intérieure noire. Fractures à trois zones : zone extérieure beige, beige-noir, beige-orange, rose-orange, brun-orange, gris-beige ou noire. Zone intérieure beige, beige-noir, beige-orange, noire. Cœur rose, brun, gris-beige, beige-noir, noir. Fracture à quatre zones : un seul cas présente une telle fracture. De l’extérieur vers l’intérieur du pot se succèdent les zones de coloration suivantes : beige, beige-noir, beige, beige-rose. Surface : identique à la fracture uniforme ou aux zones externes de la fracture. Ou engobe. Dureté : friable à dure. Porosité : entre ouverte et moyenne, rarement « moyenne à dense ». 2.2.2.6. Pâte d’origine inconnue Un tesson du corpus de la céramique nubienne, appartenant à un récipient indéterminé74, jarre ou jatte (?) se distingue par la présence dans sa pâte de nombreux petits cristaux cylindriques translucides. Cette pâte possède les caractéristiques générales de la KERMA-I, mais son aspect, outre la présence de ces cristaux ne correspond pas au reste du matériel. 2.3. La céramique d’origine proche-orientale Les céramiques originaires du Proche-Orient sont peu nombreuses dans le corpus de Doukki Gel. On compte cinq fragments d’amphores qui sont vraisemblablement d’origine cananéenne. Leurs pâtes sont évidemment très différentes des pâtes égyptiennes (fig. 32). L’un de ces fragments a pu être identifié à la pâte P11 de Memphis75. Pour les autres, nous proposons, dans la mesure du possible, des correspondances avec les groupes de pâtes définis pour les importations cananéennes de Memphis et Amarna76. Ces correspondances ne reposent que sur une ressemblance des fractures avec les photos publiées dans l’étude citée plus haut et sont donc à considérer avec la plus grande prudence. Sur sept pièces, quatre pourraient faire partie du groupe 1 des pâtes cananéennes dont l’origine se situerait sur le littoral palestinien entre Haïfa et Acre et une cinquième pourrait appartenir au groupe 4, originaire de la région d’Ougarit (Ras Shamra), sur la côte syrienne. Enfin, une autre ne peut être mise en correspondance avec les groupes de pâtes publiés et une dernière, mise au jour en 2005, n’a malheureusement pas fait l’objet d’un prélèvement de pâte. L’identification de son origine cananéenne repose sur la typologie et sur la description de la pâte.

74 75 76

Voir plus bas, chapitre III, § 5.6.3.1.1, DG.08.34-31. Identification faite par Pamela Rose que nous remercions vivement. Voir J. D. BOURRIAU 2010a, p. 31. Voir L. M. V. SMITH et al. 2004 ; voir également L. BAVAY 2015 ; M. SERPICO 1999.

CHAPITRE III

ANALYSE DES ENSEMBLES CÉRAMIQUES 1. REMARQUES PRÉLIMINAIRES L’arrivée des Égyptiens à Kerma a constitué un grand bouleversement politique et culturel qui se reflète de manière drastique dans la composition des ensembles céramiques : il s’agit bel et bien d’une révolution technologique, d’un passage d’une longue tradition nubienne de fabrication des pots à la main vers une quasi-industrie égyptienne de la poterie montée presque entièrement au tour. Mais peut-être faudrait-il plutôt parler du remplacement d’une tradition par une autre ? Ce passage s’est opéré rapidement, en l’espace de quelques années. Bien que l’on puisse sans risque postuler que les troupes pharaoniques sont arrivées dans la région avec un certain nombre de poteries, l’utilisation presque exclusive d’argiles alluviales n’a pas permis, jusqu’à présent, d’identifier clairement le matériel importé d’Égypte au sein des ensembles. La présence à Kerma de potiers égyptiens, au moins durant les premières années de l’occupation, si ce n’est même à plus long terme, fait peu de doute, tant la différence entre les deux traditions est importante1. À partir du début de l’occupation égyptienne, l’évolution de la céramique ne reflète plus nécessairement les changements intervenus dans l’organisation urbaine du site et généralement liés au contexte politique2. Par ailleurs, cette évolution est d’ordre stylistique uniquement, plutôt que technologique. L’éloignement de Kerma par rapport à la « métropole thébaine » durant la XVIIIe dynastie aurait pu constituer un frein à la diffusion de certaines modes et favoriser dans le même temps l’éclosion de tendances locales dans la production céramique. En réalité, s’il y a eu effectivement, on le verra plus loin, développement d’un style local que les données stratigraphiques et épigraphiques permettent de situer dans une fourchette chronologique plus ou moins précise, il ne semble pas que la distance entre la région thébaine et Kerma ait ralenti de manière significative la diffusion des tendances nouvelles en provenance d’Égypte. La présentation des ensembles céramiques dans le cadre de cette étude pouvait se faire selon deux approches : une approche « locale », où chaque secteur (zone spécifique, bâtiment, etc.) est traité successivement et de manière indépendante, les phases mises en évidence étant ensuite corrélées avec celles des autres secteurs en fonction de la stratigraphie et de la correspondance du matériel ; ou une approche « horizontale », ou globale, où une vision plus large du site et de son évolution est recherchée par un traitement des ensembles en fonction des phases, ou « horizons »3, sur les zones du site concernées par l’étude. Nous avons opté pour la seconde, que nous considérons comme plus à même de fournir des renseignements sur la chronologie et sur l’organisation générale du site, ses différents espaces et leur interprétation. Les phases dont nous parlerons pour décrire la chronologie céramique de Doukki Gel correspondent à la fois à des états de composition des assemblages en fonction des traditions et à des stades de développement typologique du matériel, au traitement des surfaces et aux modes décoratives. Elles s’appuient sur des horizons archéologiques à l’échelle du site et seront énoncées en chiffres romains. Cette chronologie est donc avant tout un instrument local qui a bénéficié de contextes stratigraphiques

1

Le passage d’une production à la main vers une production tournée aurait nécessité une conversion rapide des potiers du Kerma Classique, ce qui semble peu probable, voir à ce sujet D. E. ARNOLD 1985, p. 221-224. 2 Concernant l’absence de lien entre les changements d’ordre politique ou culturel et l’évolution ou les bouleversements dans le domaine de la céramique, voir W. Y. ADAMS 1979. Voir aussi A. O. SHEPARD 1954, p. 348-352. 3 Sur la notion d’« horizon », voir M.-A. HALDIMANN 2014, p. 24-25.

52

CHAPITRE III

généralement bien définis dans lesquels ont été retrouvés de nombreux fragments épigraphiques mentionnant des noms royaux. Afin de clarifier la stratigraphie du site, des diagrammes de Harris pour les différentes zones étudiées ont été élaborés sur la base des événements reconnus et des contextes céramiques (fig. 33-39). En outre, on se réfèrera parfois à une chronologie plus large de la céramique du Nouvel Empire, construite depuis de nombreuses années à partir de divers contextes, urbains, religieux et surtout funéraires de la Vallée du Nil4. Ses phases seront exprimées en chiffres arabes italiques5. L’analyse des ensembles céramiques se heurte souvent au problème de l’homogénéité des contextes. Plusieurs phases peuvent en effet être représentées au sein d’un ensemble : dans une telle situation, ce sont bien sûr les tessons les plus récents – après exclusion d’éventuels éléments intrusifs – qui nous fournissent le terminus post-quem ou non ante-quem du contexte archéologique, alors que les fragments plus anciens peuvent être résiduels, mais ils peuvent aussi nous permettre d’étendre la période d’occupation d’un espace considéré. La présence de céramique diagnostique d’une phase dans un contexte est évidemment la situation idéale, mais malheureusement pas systématique. Si certains ensembles manquent ainsi à leur rôle de jalon chronologique, ils peuvent tout de même offrir des informations d’ordre fonctionnel.

2. PHASE I : FIN

DU

KERMA CLASSIQUE,

DERNIERS AMÉNAGEMENTS NUBIENS

Deux ensembles ont été récoltés dans des contextes antérieurs à certaines des premières structures de type égyptien. Ce sont des niveaux de destruction des structures nubiennes, antérieures à l’implantation des constructions égyptiennes (fig. 38). Les contextes représentatifs de la phase I proviennent des palais A (secteurs 55A, 55B ; fig. 40.A), B (secteur 51 est ; fig. 40.B), du sondage 3 (2012), situé dans la même zone et enfin des abords du puits méridional (secteur 5 ouest ; fig. 40.PS). 2.1. Palais B, Secteur 51 (Est) 2.1.1. Description du secteur 51 (Est) La fouille du secteur 51 a permis de mettre au jour les vestiges du palais B (fig. 41.I), édifice ovale constitué d’un mur de pourtour en briques crues de plus de 2,50 m d’épaisseur, épaulé par des contreforts semi-circulaires tant sur la face extérieure qu’intérieure. L’espace intérieur est occupé par des colonnes dont on a retrouvé les fondations également en briques. L’édifice a été dégagé dans sa moitié occidentale, à l’est du secteur, partiellement recouverte par la construction d’un palais de type égyptien (fig. 41.II)6. La stratigraphie présente une couche de sable de surface, contenant un matériel mélangé, surtout des époques napatéenne et méroïtique. Sous la couche de surface, on atteint le niveau de destruction du palais nubien, qui contient l’essentiel du matériel céramique. Enfin des tessons proviennent également du dégagement des fondations de colonnes, niveau le plus profond atteint en fouille. Le matériel provenant de la couche de surface n’a pas été retenu. Les strates de destruction et de dégagement des fondations sont traitées comme un seul contexte, car il est difficile de séparer les deux groupes de tessons. Bien que la destruction du palais ne soit pas scellée dans les zones fouillées (les 4 Voir R. S. MERRILLEES 1968, p. 4 ; J. D. BOURRIAU 1981a, p. 72-73 ; C. A. HOPE 1985, p. 4-5 ; D. ASTON 2003, p. 138-140 ; 2008, p. 375-376 ; 2014, p. 8. 5 D. Aston (2014, p. 8) propose le découpage suivant : 1 : Ahmosis – Thoutmosis II, 2A : Hatchepsout – Thoutmosis III, 2B : Amenhotep II – Thoutmosis IV, 3A : Amenhotep III – Horemheb, 3B : Ramsès Ier – Merenptah, 4 : (4A et 4B) Amenmès – Ramsès XI. 6 Voir C. BONNET 2012a, p. 68 ; 2013, p. 816. La céramique de ce secteur a été présentée de façon sommaire dans un rapport préliminaire, voir P. RUFFIEUX 2012.

Diagrammes de Harris des principales zones du site étudiées Figure 34. Diagramme du Complexe religieux nubien

Figure 33. Légende des diagrammes

Surface

Couches/remblais :

XXX Remblai surface

Téménos égyptien

XXX

Phase IV

Interfaces/surfaces :

Démolition téménos nubien

Rapports d’antériorité/ postériorité :

49 : Occupation zone N.-E.

45C / 48 : Dépotoir

Phase III

48B : Occupation bâtiment N.-O.

Sanctuaires nubiens

Phase II

Rapports de contemporanéité :

Fortifications KC

Non Fouillé

TN

Figure 35. Diagramme du Temple oriental Surface

Phase V

Niveaux XXVe dynastie, napatéens, méroïtiques

21 : Occupation 2e Cour Ph. V

23 : Occup. Sanctuaire Ph. V

22 : Occupation 3e Cour Ph. V

21B : Remblai démol. 2e Cour Ph. IV

Sanctuaire Ph. V

22B : Remblais démol. Hypostyle (N.-O.)

Démolition 2e Cour Ph. IV

Démolition Sanctuaire Ph. IV

Démolition Hypostyle Ph. IV

Sanctuaire Ph. IV

Phase III

Phase IV

Occupation 2e Cour Ph. IV

22C, 23H : Occup. Hypostyle (Est)

Démolition Fortifications

23C : Remblais démol. Périptère S.-O.

Démolition 2e Cour Ph. II

Démolition Périptère S.-O.

Fortifications

Phase II

23F : Occup. Sanctuaire

23G zone 1 : Occup. Hypostyle (S.-O.)

Colonnes Hypostyle Ph. IV

21C : Remblai démol. 2e Cour

Démolition Sanctuaire Ph. II

23J : Remblais démol. Hypostyle (S.-O.)

23B, 23G zone 2 : Remblais démol. Hypostyle

Démolition Hypostyle Ph. II

23G (II-III) : Occup. Hypostyle

Démolition partielle Périptère S.-O.

23E : Occup. Périptère S.-O.

Temple oriental

Non Fouillé

TN

23D : Mur occidental Hypostyle

Diagrammes de Harris des principales zones du site étudiées

Figure 36. Diagramme du Temple central (moitié ouest) et du temple occidental Surface

Niveaux ramessides, XXVe dynastie, napatéens, méroïtiques

33, 33B : Annexes Sud

Chapelle Latérale Ouest II

Phase V

03/1, 03/3-4 : Dépôts Mur O.

3, 3A, B, C : Remblais démolition

14 : Remblai démolition

Démolition Porte Mur O.

Démolition Chapelle

34 (II)

4 : Utilisation Descenderie 4

03/6 : Dépôt Ouest du Sanctuaire

Creusement Descenderie 4

247, 317 : Dépôts de fondation Th. IV

Tranchées de fondation Th. IV

Phase IV

Mur Ouest Temple Central

Chapelle Latérale Ouest I

Temple occidental

33C (II) : Comblement

34 (I)

Remblais Nord Temple O.

Démolition Temple O.

44A, C, CD : Remblais utilisation

Descenderie 2

33D (I)

33C (I), 33E : Comblement

Phase III

3 : Remblai utilisation

Creusement Descenderie 2

Phase II

Descenderie 1

Sanctuaire Temple O.

Creusement Descenderie 1

Périptère Temple O.

Non Fouillé

TN

1, 36 : Sanctuaire

Périptère Est I

Diagrammes de Harris des principales zones du site étudiées

Figure 37. Diagramme du Temple central (moitié est) Surface

Niveaux ramessides, XXVe dynastie, napatéens, méroïtiques

25/1, 82/1 : Dépôts de fondation Porte N.-E.

84 : Remblai S.-O. Cour

Démolition Cour

25 (II), 25E : Mur Est

33D (III) : Dépôts fosses chantier Sud

Phase IV

Fosses chantier Sud

Remblai Nord Temple O.

25 (I), 25B (II), 35B : Remblais démolition

33F, 33G : Remblais démolition

33D (II) : Remblais démolition

34 (I) : Remblai démolition

Démolition Périptère Est II

Démolition Périptère Sud II

Démolition Mur Sud

Démolition Mur Est

25B (I) : Périptère Est II

Périptère Sud II

33D (I) : Mur Sud

Phase III

33C (I), 33E

Phase II

Démolition Périptère Est I

1, 36

Remblai Porte N.-E.

34 (II) : Remblai Mur Est

Phase V

3, 3A, B, C

82 : Remblai S.-E. Cour

Périptère Est I

Périptère Sud I

Non Fouillé

TN

Démolition Porte N.-E.

79 : Annexe N.-E.

Diagrammes de Harris des principales zones du site étudiées Figure 38. Diagramme des Palais nubiens A, B et C Surface

Phase IV

Téménos égyptien

Phase III

Sables éoliens

50, 51 (III) : Occup./Démol. Palais ég. N.-E.

Palais égyptien N.-E.

Phase II

54 : Utilisation/Démolition Silos

Grenier (Silos)

55B zone 23

55B zone 24

55B zone 28

Phase I

Palais A (2)

55A : Occupation/Démolition Palais A

51 (I) : Occupation/Démolition Palais B

Palais B

Pré-Phase I

Palais A (1)

Palais C

Non Fouillé

TN

Figure 39. Diagramme de la Chapelle Nord-Ouest et de la zone artisanale Surface

Sables éoliens

11E-dépôt 1 : Remblai démolition

11E : Remblai

Phase IV

11G : Comblement tranchée

Démolition Chapelle N.-O.

Tranchée démolition

11C : Dépôts cultuels

11F : Remblai

Aménagement passage

Construction Chapelle N.-O.

Structure circulaire

76 : Remblai Nord

75 : Dépôt Four Nord

74 : Remblai S.-O.

11H : Remblai

Phase III

11B : Remblais utilisation passage

Four de potier Sud

Phase I

Phase II

Four de potier Nord

Arasement Enceinte KC

Arasement Palais G

Enceinte Kerma Classique

Palais G

Non Fouillé

TN

Aménagement Puits Nord

Phase I. Secteurs 5, 51, 55A, 55B, Sondage 3 (2012)

Figure 40. Localisation des secteurs de la phase I

:

:



A

55A

55B

6

Sondage 3

23 24

B

28

51

6

PN

5

PS 6

0

PN = Puits nord ; PS = Puits sud

20 m

2.1. Secteur 51 (Est). Palais B Figure 41. Plan du secteur 51 (phase I)

20.E

60.S

30.E

Secteur 51

I

70.S

80.S

90.S

II 0

5m

59

ANALYSE DES ENSEMBLES CÉRAMIQUES

parties scellées étant sous les maçonneries du palais égyptien), en éliminant la surface et les éléments intrusifs qui se situaient à la limite entre les deux couches, il reste un ensemble qui paraît homogène, que l’on peut considérer comme immédiatement antérieur à la construction du palais égyptien. 2.1.2. Données statistiques et composition de l’assemblage du secteur 51 (Est) Le nombre total de tessons (N) décomptés dans les couches de destruction et de surface du palais B (Tableau 2) est de 1073, pour 104 individus (NMI). 85 de ces individus (81,7 %) appartiennent à la tradition de Kerma et 19 (18,3 %) à la tradition égyptienne du Nouvel Empire. La proportion de vaisselle non tournée ou tournée n’est pas très différente : 86 individus (82,7 %) sont façonnés à la main alors que 18 sont montés au tour (17,3 %). La totalité de la céramique nubienne est montée à la main, de même qu’un seul individu de la tradition égyptienne, un moule à pain, le reste étant tourné. Près du tiers des individus de cet ensemble (32,7 %) est représenté par de la céramique Kerma fine polie, rouge, noire, ou rouge à bord noir avec parfois une bande argentée. La céramique Kerma dont la surface peut être lissée à la main ou polie de manière peu soignée, constitue le second groupe (15,4 %), suivi de près par les pots de cuisson à la surface imprimée de vanneries (13,5 %). On trouve ensuite la vaisselle Kerma polie ou lissée, à décors incisés ou imprimés (11,5 %), les bols et assiettes Nouvel Empire, qui constituent le principal groupe de céramique égyptienne (9,6 %), et enfin les céramiques Kerma communes à décors incisés ou imprimés (8,7 %). Les moins de 9 % restant sont représentés par les autres groupes de vaisselle égyptienne (jarres à bière, jarres de stockage, etc.) Tableau 2. Décompte et statistiques du secteur 51.

%+ #% 

 # &% #

   #$  $ $$  !%$ 3 6  +!+#

% &# 14 138 # -$,!#

% &# 6 6  * * - *#%+ % &# 34 457 $$ +,# $$+

% &# 16 191 51 &! "&

% &# 1  *%%*$$%%  &# 10 2 20 %#  &# 1 65

&'!# ###  &# 3 4 34 ##$%   &# 2 2 43 ##*'$  &# 1 14