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French Pages 292 [305] Year 2022
O R I E N TA L I A L OVA N I E N S I A A N A L E C TA Éclats du crépuscule Recueil d’études sur l’Égypte tardive offert à Olivier Perdu
édité par RAPHAËLE MEFFRE et FRÉDÉRIC PAYRAUDEAU
P E E T ERS
ÉCLATS DU CRÉPUSCULE
ORIENTALIA LOVANIENSIA ANALECTA ————— 315 —————
ÉCLATS DU CRÉPUSCULE Recueil d’études sur l’Égypte tardive offert à Olivier Perdu
édité par
RAPHAËLE MEFFRE et FRÉDÉRIC PAYRAUDEAU
PEETERS LEUVEN – PARIS – BRISTOL, CT 2022
Cet ouvrage a été publié grace au mécénat des galeries David Aaron, Chenel et Eberwein, avec le soutien du Fonds Khéops pour l’archéologie.
A catalogue record for this book is available from the Library of Congress. © 2022, Peeters Publishers, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven/Louvain (Belgium) All rights reserved, including the rights to translate or to reproduce this book or parts thereof in any form. ISBN 978-90-429-4872-3 eISBN 978-90-429-4873-0 D/2022/0602/92
SOMMAIRE
Basse Époque, vous avez dit Basse Époque ?
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VII
MONUMENTS ET HISTOIRE DE LA TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE Nicolas SOUCHON et Christophe THIERS In fragmenta. Une statue-cube de Hor fils de Padimout (presque) reconstituée (Karnak, Gadaya R-56 + LACMA M.71.73.49 + Caire JE 36160) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1
Frédéric PAYRAUDEAU Les affaires de famille des grands prêtres d’Amon Chéchonq, Youwelot et Smendès. À propos du scarabée Louvre E 3369 . . . . . . .
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Raphaële MEFFRE Chépénoupet Ire à Medinet Habou .
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Laurent COULON et Anna GUILLOU L’intronisation de l’adoratrice du dieu Amenirdis Ire à Thèbes : Nouvelles données issues d’un édifice remployé à Karnak . . .
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TEXTES ET MONUMENTS DE L’ÉPOQUE TARDIVE Silvia EINAUDI « Assiout-Thèbes ». Un nouveau témoignage des liens entre les deux villes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Marsha HILL et Michael SEYMOUR Tracking Necho’s Lion . . .
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Anthony LEAHY The Theophorous Statue of a Saite Choral Conductor (Ashmolean Museum 1976.49) . . . . . . . . . . . . . . . .
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Günter VITTMANN Ein „Königssohn des Westens“ aus der 26. Dynastie und der Titel (Statue Berlin ÄM 10289) . . . . . . . . . . . . 115
VI
SOMMAIRE
Ghislaine WIDMER Une bandelette démotique datée de l’an 4 de Néphéritès Ier [Louvre N 5441] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Didier DEVAUCHELLE L’écriture démotique peut être belle : la stèle Louvre IM 3709 .
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GRAMMAIRE ET ONOMASTIQUE Philippe COLLOMBERT Qui sont-« ils » ? L’enfant nouveau-né comme enjeu divin à la lumière de certains anthroponymes d’époque tardive . . . . . . . . 171 Erhart GRAEFE Ein Goldring und neuer Beleg für den Personennamen-Typus Šb/p-n(j)-[Gottesname] „Belohnung der Gottheit NN“ . . . . . 231 Karl JANSEN-WINKELN Zu Bedeutung und Funktion der adjektivischen Verbalformen mit Reduplikation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247 Pascal VERNUS La particule enclitique de coordination js/jsk/jsṯ et son emploi dans une collocation énumérant les divisions du temps – « égyptien de tradition reproductif » et « égyptien de tradition productif » . . . 265
BASSE ÉPOQUE, VOUS AVEZ DIT BASSE ÉPOQUE ?
Olivier Perdu a pris sa retraite d’ingénieur de recherche au Collège de France en décembre 2020. La pandémie qui sévissait alors a empêché une célébration adéquate de cet événement et la remise de ce volume. Durant les quarante dernières années, Olivier Perdu s’est imposé comme un des meilleurs spécialistes du dernier millénaire de la civilisation égyptienne, de la chute du Nouvel Empire à l’époque ptolémaïque. Suivant les pas d’illustres devanciers que furent Georges Daressy et, plus récemment, Georges Posener, Jean Yoyotte, Herman De Meulenaere ou Bernard Bothmer, Olivier a arpenté la Troisième Période intermédiaire, ce qu’il était alors convenu d’appeler la « Basse Époque » et l’époque ptolémaïque sous des angles très variés, allant de la géographie religieuse à l’histoire de l’art, en passant bien sûr par l’histoire événementielle, l’onomastique ou la philologie. Quel que soit la période ou le domaine concerné, les recherches d’Olivier ont toujours été menées avec acribie, ce qui rend chacune de ses contributions indispensable. Sans donner ici une liste exhaustive de ses travaux parce que nous les souhaitons encore nombreux à venir, nous ne pouvons que rappeler certaines de ses contributions marquantes dans des domaines très divers mais qui s’appuient toutes sur la seule réalité qui doit compter aux yeux de l’égyptologue : l’étude de la documentation, c’est-à-dire des monuments égyptiens eux-mêmes.
VIII
BASSE ÉPOQUE, VOUS AVEZ DIT BASSE ÉPOQUE ?
Dès l’époque du lycée, en 1969, Olivier a fondé, avec Didier Devauchelle et quelques autres, le « Centre d’Études d’Archéologie égyptienne » qui se réunissait chaque semaine au Musée de Picardie à Amiens grâce à l’aimable bienveillance de son conservateur, Robert Richard. L’habitude de la fréquentation des objets était prise et ne s’est, depuis, pas démentie. Au cours de sa carrière, Olivier s’est « attaqué » non seulement à la publication de monuments isolés parfois particulièrement ardus, mais aussi à celle de collections entières, avec ce que cet exercice comporte d’acrobaties, en brassant des catégories très diverses d’objets et en passant d’une époque à une autre. Quelques années après les réunions du « Centre d’Études d’Archéologie égyptienne », Olivier a entrepris, avec Elsa Rickal, la publication de la collection égyptienne du Musée de Picardie. Il s’est par la suite consacré, avec l’appui de Jean-Louis de Cenival, à la collection des statues privées du Ier millénaire avant notre ère du musée du Louvre. Le premier volume de ce travail, publié en 2012, a déjà permis de nombreuses avancées dans le domaine de l’histoire de l’art. On pourra par exemple citer l’adoption d’un vocabulaire précis et objectif dans les descriptions et bien sûr la large synthèse introductive dont la force est de s’appuyer sur la très vaste documentation rassemblée par Olivier et pas uniquement sur la collection étudiée. Le souci d’Olivier de ne pas laisser le domaine de l’histoire de l’art à ceux qui ne lisent pas les hiéroglyphes mais de l’intégrer au sein de la discipline égyptologique au même titre que l’histoire ou la philologie a trouvé son illustration dans le catalogue de l’exposition Le crépuscule des pharaons : Chefs-d’œuvre des dernières dynasties égyptiennes qui s’est tenue au musée Jacquemart-André à Paris en 2012. La contribution d’Olivier à la discipline égyptologique ne s’est évidemment pas limitée à l’histoire de l’art puisqu’il a investigué de nombreux domaines, allant des cultes locaux à l’onomastique ou encore à l’étude des titres ou à la grammaire de l’égyptien du Ier millénaire. On lui doit par exemple de grandes avancées pour notre connaissance des premiers règnes de la XXVIe dynastie dans le Delta occidental, une meilleure compréhension des avertissements et incitations à agir sur les statues privées, ou encore la reconstitution de statues démembrées et d’ensembles dispersés comme les Osiris et Isis de la tombe de Ptahirdis à Giza. Au cours de ses enquêtes, Olivier s’est particulièrement attaché à certaines personnalités de l’Égypte saïte, comme Neshor ou Horirâa, auxquels il a consacré plusieurs articles. Ainsi, la prédilection d’Horirâa pour les graphies déroutantes a particulièrement suscité l’attention, la curiosité et l’envie de comprendre d’Olivier. Nombre de ces enquêtes approfondies ont été publiées dans les plus importantes revues internationales et bien sûr dans la Revue d’Égyptologie dont Olivier a assuré la direction de 2009, avec la confection du tome 60, à 2021, avec le tome 71. Ces contributions très spécialisées ne l’ont pour autant pas éloigné de la rédaction de synthèses, qu’il a toujours su adresser à la fois à un public large et spécialisé. On lui doit par exemple une
BASSE ÉPOQUE, VOUS AVEZ DIT BASSE ÉPOQUE ?
IX
synthèse sur la tendance archaïsante et une autre, dans un anglais susceptible d’être compris ailleurs qu’en Picardie, sur les XXVIe et XXVIIe dynasties. Par ses nombreuses publications et ses rares qualités d’orateur, Olivier a largement contribué à rendre ses lettres de noblesse à cette époque qu’on a longtemps qualifiée de « Basse », autrefois négligée, voire dénigrée par l’historiographie. Grâce à son érudition et à sa curiosité, ce qui pouvait de prime abord apparaître comme bizarre dans les productions de l’Égypte tardive questionne, prend son sens, retrouve ses racines et devient explicable. Si son parcours professionnel a écarté Olivier de l’enseignement universitaire proprement dit, il a néanmoins « fait école » en dispensant son enseignement pendant plus de vingt ans à l’École du Louvre et, auprès d’un public plus large, à l’Institut Khéops. Il a ainsi partagé avec étudiants et amateurs les résultats de ses recherches dans les différents champs de l’égyptologie mais aussi la méthodologie exigeante qu’il met en œuvre dans toutes ses enquêtes ainsi que son attachement à l’étude des monuments dans leur globalité, c’est-à-dire en faisant interagir forme, style et textes. Il a également su transmettre sa passion, jamais avare pour partager son savoir encyclopédique de l’Égypte tardive au cours de discussions avec étudiants et collègues ou pour signaler un document inédit déniché par ses soins dans les collections des musées, les collections particulières ou sur le marché de l’art. C’est sans doute, en partie au moins, à ce goût d’Olivier pour le partage des connaissances et à ses travaux qui ont mis en évidence le grand intérêt de l’Égypte du Ier millénaire avant notre ère que l’on doit l’actuelle vivacité des recherches sur cette époque. La variété des contributions de ses amis et collègues « qui font le même métier » réunies ici témoigne bien à la fois des savoirs qu’il a su transmettre dans les différents domaines qu’il a étudiés et du rayonnement international de ses recherches. C’est donc avec grand plaisir et beaucoup de reconnaissance que les contributeurs et les éditeurs dédient ce volume à Olivier pour marquer son départ en retraite et ses soixante-dix ans. Nul doute que la période qui débute pour lui sera celle d’un foisonnement de publications de toutes sortes, pour le plus grand bonheur de l’égyptologie et surtout pour une connaissance toujours plus précise et nuancée de ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’« Égypte tardive » plutôt que la « Basse Époque » ! Raphaële MEFFRE & Frédéric PAYRAUDEAU
IN FRAGMENTA UNE STATUE-CUBE DE HOR FILS DE PADIMOUT (PRESQUE) RECONSTITUÉE (KARNAK, GADAYA R-56 + LACMA M.71.73.49 + CAIRE JE 36160)
Nicolas SOUCHON EPHE, PSL, AOROC UMR 8546, Paris
Christophe THIERS CNRS, UMR 5140-ASM, Montpellier
Au printemps 2011, le transfert du magasin de Gadaya à Karnak vers celui d’Abou Goud à Louqsor a permis d’inventorier un grand nombre d’objets archéologiques de toutes sortes1, qu’il paraît opportun de faire progressivement connaître. Si la provenance de ce mobilier reste le plus souvent difficile à préciser, les éléments internes associés à d’heureux rapprochements permettent parfois d’apporter des réponses précises. Parmi les éléments statuaires, plusieurs fragments méritent une attention particulière, qu’ils viennent alimenter des dossiers prosopographiques ou familiaux, ou qu’ils permettent de compléter des monuments déjà connus. C’est notamment le cas d’un fragment inédit de statue-cube d’un certain Hor, fils de Padimout, que des recherches croisées2 nous ont permis d’associer à deux autres fragments, actuellement conservés au Los Angeles County Museum of Art et au Musée égyptien du Caire. À partir d’un premier échange de renseignements sur le fragment de Gadaya, rapprochements, identifications et localisation des deux autres fragments sont venus étoffer ce petit dossier qu’il nous est agréable de présenter à Olivier Perdu, insatiable chercheur et inventeur de statues insolites, en amical témoignage. 1 M. Boraik, Chr. Thiers (éd.), French-Egyptian Centre for the Study of the Temples of Karnak, MSA-CNRS USR 3172. Activity Report 2011, 2012, p. 61 ; https://www.nakala.fr/nakala/data/ 11280/4fd71cf6, consulté le 15 octobre 2019. 2 Thèse en cours de N. Souchon, Le programme décoratif des statues-cubes du Nouvel Empire à la fin de l’époque libyenne (XVIe-VIIIe siècle av. J.-C.), EPHE-PSL, Paris. Pour l’apport de la documentation du magasin dit de Gadaya, voir déjà Chr. Thiers, « Un montant de naos au nom d’Amasis consacré au dieu Ptah », dans Chr. Zivie-Coche, I. Guermeur (éd.), « Parcourir l’éternité » : Hommages à Jean Yoyotte (BEHE-SR 156/2), 2012, p. 981-989 ; id., « Membra disiecta ptolemaica (II) », CahKarn 14 (2013), p. 488-490 ; id., « “Puisses-tu les transformer en cailloux du désert !”. Fragment d’un socle de statue guérisseuse », à paraître. Un grand nombre d’objets du magasin de Gadaya provenait de la saisie de la collection du consul Yassa Pacha Andraos (1882-1970) ; voir S. Weens, « Between myth and reality: the Andraos collection », Egyptian Archaeology 44 (2004), p. 26-29.
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NICOLAS SOUCHON – CHRISTOPHE THIERS
Fragment 1 : Karnak, Gadaya R-56 (fig. 13 et 7) Matière et dimensions : calcaire (brun) ; 21,5 × 20 × 8 cm Provenance : Thèbes Datation : XXIIe dynastie Localisation actuelle : Louqsor, magasin d’Abou Goud Archives CFEETK 134133-134134. Le fragment ne conserve que partiellement le côté droit et le pilier dorsal d’une statue-cube. La partie inférieure (pieds ?) et la tête sont perdues. Bien que présentant des traces d’usures et de pertes de matière, la gravure en creux est d’une haute qualité de réalisation. La scène latérale détaille la partie centrale et la poupe de la barque sokarienne, surmontée de deux lignes de texte. La cabine centrale est conforme à la tradition : la tête de faucon parée d’un large pectoral-ousekh émerge d’une structure piriforme enchâssée dans quatre éléments verticaux ; trois clavettes font office de gouvernail à la poupe ; la tête d’antilope de la proue est perdue, de même que le piédestal sur lequel reposaient les barres de portage. À l’extrémité gauche, Nephthys, le signe de son nom sur la tête, bras levés, est conservée à partir de la taille. Deux colonnes de
Fig. 1. Pilier dorsal et côté droit, montage Gadaya R-56 + LACMA M.71.73.49. © CNRS-CFEETK/J.-Fr. Gout et Fonds B.V. Bothmer, Brooklyn Museum, CLES-IFAO. 3 Photographies de K. Dowi Abd al-Radi, J.-Fr. Gout, J. Maucor. Nous remercions Luc Gabolde et Jérémy Hourdin (CNRS, UAR 3172-CFEETK) pour l’autorisation de publication de ces clichés.
UNE STATUE-CUBE DE HOR FILS DE PADIMOUT (PRESQUE) RECONSTITUÉE
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textes sont gravées au-dessus d’elle. Ce qu’il reste du pilier dorsal livre les bribes de deux colonnes de hiéroglyphes finement exécutés ; les larges éclats visibles en partie haute du pilier semblent orienter vers un calcaire de Toura. Le fragment livre les noms de Hor et de son père, Padimout, la mention de ce patronyme étant décisive pour la suite. Revenant sur ce dossier, il a été possible de constater un rapprochement stylistique et épigraphique avec un autre fragment de statue-cube au nom de Hor publié en 2008 par H. Brandl dans son étude sur la statuaire de la Troisième Période intermédiaire4. Fragment 2 : LACMA inv. M.71.73.49 (ex-collection Kelekian ; fig. 1-2) Matière et dimensions : calcaire ; 30 × 16 cm5 Provenance : – Datation : XXIIe dynastie (possiblement Osorkon III) Bibliographie : H. Brandl, Untersuchungen zur steinernen Privatplastik der Dritten Zwischenzeit: Typologie – Ikonographie – Stilistik, 2008, p. 208-209 (doc. O-5.2.54) et pl. 115 et 176e ; Ph. Berg, Man Came This Way: Objects from the Phil Berg Collection, Los Angeles County Museum of Art, 1971, p. 34-35 (46) ; https://collections.lacma.org/node/237848. Tant les similitudes stylistiques avec le fragment de Gadaya que leur complémentarité autorisent en effet à proposer un raccord, qu’il n’est pas possible de vérifier physiquement. Le fragment appartenait à l’ex-collection Kelekian (Paris, 1957). Les photographies publiées par H. Brandl sont celles produites pour le Corpus of Late Egyptian Sculpture de B.V. Bothmer (fig. 1-2)6. Ayant transité par la collection Phil Berg, il est conservé au Los Angeles County Museum of Art, inv. M.71.73.49. Le fragment est daté stylistiquement de la XXIIe dynastie. Il ne conserve que l’avant, le côté droit et le plat de la statuecube sur lequel est gravée la main gauche du dédicant. Le style est soigné, la gravure est précise et détaillée (visages, parures…). Le côté gauche, la tête et la partie inférieure (pieds) sont perdus. Sur le devant, accompagnés de quelques bribes de légendes, sont figurés Amon(-Rê) coiffé de sa couronne habituelle et Osiris, momiforme, debout sur un piédestal (?), tenant à deux mains le sceptreouas, et coiffé de la couronne blanche. Ils devaient vraisemblablement se trouver face au dédicant faisant une offrande (encensement et libation ?) ou un 4 H. Brandl, Untersuchungen zur steinernen Privatplastik der Dritten Zwischenzeit: Typologie – Ikonographie – Stilistik, 2008, p. 208-209 (doc. O-5.2.54) et pl. 115 et 176e. 5 Ph. Berg, Man Came This Way: Objects from the Phil Berg Collection, Los Angeles County Museum of Art, 1971, p. 34-35 (46) ; voir https://collections.lacma.org/node/237848, consulté le 6 novembre 2019. 6 Nous remercions Laurent Coulon qui nous a transmis les photographies du CLES (programme IFAO-CLES).
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acte d’adoration. Un signe du ciel surmonte cette scène. Le tout est couronné par un bandeau de texte qui se poursuit sur le côté droit. On y voit Isis (tête et épaules préservées) coiffée du trône qui la désigne, bras levés en signe d’adoration, devant la poupe d’une barque sokarienne. Le traitement stylistique de la déesse (visage et mains) est identique à celui du premier fragment. Trois colonnes et le début de deux lignes de texte sont préservés sous un signe du ciel. Comme supposé par H. Brandl, on attend la présence de Nephthys, encadrant avec Isis la barque de Sokar7. C’est cette scène typique d’adoration de la barque de Sokar installée sur un traîneau8 qui a orienté le premier rapprochement avec le fragment de Gadaya.
Fig. 2. Face avant, fragment LACMA M.71.73.49. © Fonds B.V. Bothmer, Brooklyn Museum, CLES-IFAO. 7 Selon la mode de l’époque, le côté gauche devait présenter Thot et Harsiésis adorant le fétiche abydénien, H. Brandl, op. cit., p. 209 et 445 ; voir infra. 8 Pour ce motif sur la statuaire, ibid., p. 440-443 et pl. 176-177 ; C. Graindorge-Héreil, Le dieu Sokar à Thèbes au Nouvel Empire (GOF IV, 28), 1994, p. 17-27.
UNE STATUE-CUBE DE HOR FILS DE PADIMOUT (PRESQUE) RECONSTITUÉE
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Fragment 3 : Musée égyptien du Caire, JE 36160 (fig. 3) Matière et dimensions : « calcaire jaune » ; 30 cm (d’après le JE)9 Provenance : Karnak (achat d’après le JE) Datation : – Bibliographie : PM II2, p. 77 ; G. Legrain, « Rapport sur les travaux exécutés à Karnak du 31 octobre 1902 au 15 mai 1903 », ASAE 5 (1904), p. 41-42 (25) ; H. De Meulenaere, I. De Strooper, « Notes de prosopographie thébaine. Cinquième série », CdE 73 (1998), p. 253, n. 2410 ; N. H. Alzohary, The Depicted Scenes on the Private Statues from the beginning to the end of the 25th Dynasty, 2009, p. 323 (139) et 615. G. Legrain précise à propos de ce fragment que « la gravure est d’une grande finesse11 ». Il présente le côté gauche de la statue-cube sur lequel est figuré le fétiche abydénien, entouré par Thot et Horus (disparus) et par une série d’enseignes dont deux béliers de part et d’autre du fétiche et un épervier et un ibis respectivement devant et derrière le fétiche12. Conformément à l’usage en cours
Fig. 3. Côté gauche, fragment Caire JE 36160, d’après N. H. Alzohary, The Depicted Scenes on the Private Statues from the beginning to the end of the 25th Dynasty, p. 605 (139). 9
Identification du fragment et consultation du Journal d’Entrée du Musée égyptien du Caire par N. Souchon lors d’une mission au Musée égyptien du Caire en novembre 2019. 10 Numérotation erronée JE 36960, reprise dans Fr. Payraudeau, Administration, société et pouvoir à Thèbes sous la XXIIe dynastie bubastite (BdE 160), 2014, p. 150, n. 135 ; également https://www.ifao.egnet.net/bases/cachette/ck429, consulté le 29 février 2020. 11 G. Legrain, ASAE 5 (1904), p. 41-42 (25). 12 La présentation de la statue par G. Legrain (op. cit., p. 41-42 [25]) semble avoir produit une confusion ayant conduit à considérer la scène de ce fragment comme étant sur la face avant et donc à dater la statue de la XXVe dynastie plutôt que de l’époque libyenne. Sur la signification des emblèmes entourant le fétiche abydénien, voir L. Coulon, AnnEPHE SR 124 (2017), p. 69-77 et G. Jéquier, CRAIBL 64.5 (1920), p. 409-417. Voir aussi W. Wrezinski, OLZ 18 (1915), p. 353-359.
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NICOLAS SOUCHON – CHRISTOPHE THIERS
à l’époque libyenne à Thèbes, la main droite du dédicant devait tenir une pseudo-laitue13. Le bandeau supérieur est préservé, ainsi qu’une partie du pilier dorsal. La seule copie à notre disposition est celle effectuée par G. Legrain à Karnak : plusieurs difficultés de lecture n’ont pu être surmontées. Iconographie Les trois fragments ainsi réunis permettent de reconstituer partiellement le « corps » de la statue-cube, la tête étant perdue, ainsi que la partie inférieure. La statue présente des scènes en relief dans le creux sur trois de ses faces. Sur la face avant se trouvait une scène d’offrande ou d’adoration, type de scène attesté fréquemment sur d’autres statues-cubes thébaines d’époque libyenne14. La représentation d’un acte rituel face à Amon-Rê suivi d’Osiris ne se rencontre toutefois que sur quelques autres statues-cubes, toutes datées entre les règnes d’Osorkon Ier et Osorkon III15. Hormis le cas incertain de la statue Caire CG 4222216, toutes ces représentations montrent une scène d’offrande, ce qui devait très probablement être le cas sur la statue de Hor. Le style de la scène et la minutie dans le traitement des divinités n’est pas sans rappeler les statues Caire JE 3752717 et CG 4222318 (fig. 4), la représentation d’Amon 13 Sur la présence de la pseudo-laitue dans les mains des statues-cubes de la Troisième Période intermédiaire, voir H. Brandl, op. cit., p. 349-350. Pour le même élément au Nouvel Empire, voir R. Schulz, Die Entwicklung und Bedeutung des kuboiden Statuentypus. Eine Untersuchung zu den sogenannten “Würfelhockern” (HÄB 33-34), 1992, p. 635-640, 745-746. Sur la signification de la pseudo-laitue, voir P. Norris, The Lettuce Connection. A Re-examination of the Association of the Egyptian God Min with the Lettuce Plant from the Predynastic to the Ptolemaic Period, thèse de doctorat, University of Manchester, 2015, disponible en ligne https://www.research.manchester.ac.uk/portal/en/theses/the-lettuce-connectiona-reexamination-of-the-association-of-the-egyptian-god-min-with-the-lettuce-plant-from-the-predynastic-to-the-ptolemaic-period(1384ba62bdb3-43b9-8494-83ffbe8241b4).html, consulté le 29 février 2020. 14 H. Brandl, op. cit., p. 413-417 (encensement et libation), 417-419 (adoration), 420-421 (offrande de la Maât), 421 (offrande du signe-sekhet). 15 Caire CG 42213 (Osorkon II) : offrande de la Maât ; CG 42215 (Osorkon II-Chéchonq III) : encensement et libation ; CG 42216 (fin Osorkon Ier) : encensement et libation ; CG 42222 (Osorkon III) : adoration ou offrande de la Maât ; JE 37374 (Osorkon II-Harsiésis) : encensement et libation ; JE 37184 (milieu-fin époque libyenne) : encensement et libation ; JE 37323 (début de la XXIIe dynastie) : offrande du signe-sekhet. Sur ces statues, voir dans l’ordre, H. Brandl, op. cit., p. 129-130 (doc. O-5.2.15) ; 131-132 (doc. O-5.2.16) ; 133-134 (doc. O-5.2.17) ; 143-144 (doc. O-5.2.22) ; 164-165 (doc. O-5.2.32) ; 182-183 (doc. O-5.2.41) ; 186-187 (doc. O-5.2.43). Sur la statue Caire CG 42222 voir également la note 16. 16 L’état de la statue rend difficile la lecture des scènes représentées sur ses différents côtés. Après consultation du monument au musée, nous préférons émettre quelques réserves quant à la description de la statue donnée par H. Brandl (op. cit., p. 143-144), notamment concernant la présence du fétiche abydénien sur le côté droit de cette statue. En effet, même si sa présence est attendue, elle n’est pas certaine, la partie correspondant à son emplacement supposé étant complètement effacée. De même, la présence d’une deuxième divinité derrière la barque de Sokar sur le côté gauche est peu probable vu le faible espace disponible. Enfin, sur la face avant, la position des mains de l’officiant laisse penser qu’il réalisait soit une adoration, soit plus probablement une offrande d’un objet, peut-être la Maât. 17 Règne d’Osorkon Ier, voir H. Brandl, op. cit., p. 194-195 (doc. O-5.2.47). 18 Règne d’Osorkon III, voir H. Brandl, op. cit., p. 145-146 (doc. O-5.2.23).
UNE STATUE-CUBE DE HOR FILS DE PADIMOUT (PRESQUE) RECONSTITUÉE
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Fig. 4. Scène sur la face avant de la statue Caire CG 42223, d’après G. Legrain, Statues et statuettes de rois et de particuliers III, CGC, 1914, pl. 30.
sur cette dernière étant très similaire à celle rencontrée ici, notamment dans la manière de traiter les parures du dieu19. La représentation de la barque de Sokar en parallèle à celle du fétiche abydénien est tout aussi fréquente que les scènes rituelles dans la Thèbes d’époque libyenne20. Le style des scènes et la disposition des textes autour de celles-ci n’est pas sans rappeler les statues Caire CG 717, CG 42226 et JE 37348 (fig. 5). Dans ce dernier cas, la coiffe à trois pans des déesses ceinte d’un bandeau est identique à celle portée par les déesses sur la statue-cube de Hor. La représentation du fétiche abydénien, quant à elle, est stylistiquement proche de celles présentes sur les statues Caire CG 717, JE 36967 et JE 37348. L’association d’une scène rituelle impliquant Amon-Rê et Osiris sur la face avant avec la représentation de la barque de Sokar entourée d’Isis et Nephthys
19 Ibid., p. 146 et p. 209 rapproche également les deux statues. Il émet en outre l’hypothèse qu’elles puissent provenir d’un même atelier. 20 Ce type de scène se rencontre sur les statues : Berlin ÄM 17272 (Osorkon III) ; Caire CG 717 (Chéchonq III) ; CG 42215 (Osorkon II-Chéchonq III) ; CG 42216 (fin Osorkon Ier) ; CG 42222 (Osorkon III) ; CG 42226 (Petoubastis Ier) ; JE 37437 (fin époque libyenne – XXVe dynastie) ; JE 36967 (deuxième moitié de l’époque libyenne) ; JE 37184 (deuxième moitié de l’époque libyenne) ; JE 37323 (début de la XXIIe dynastie) ; JE 37348 (Harsiésis). Sur ces statues, voir dans l’ordre, H. Brandl, op. cit., p. 101-102 (doc. O-5.2.1) ; 115-116 (doc. O-5.2.8) ; 131-132 (doc. O-5.2.16) ; 133-134 (doc. O-5.2.17) ; 143-144 (doc. O-5.2.22) ; 151-152 (doc. O-5.2.26) ; p. 168-169 (doc. O-5.2.34) ; 176-177 (doc. O-5.2.38) ; 182-183 (doc. O-5.2.41) ; 186-187 (doc. O-5.2.43) ; 188-189 (doc. O-5.2.44). La barque de Sokar et le fétiche abydénien ne sont entourés respectivement par Isis et Nephthys et par Thot et Horus que sur les statues Berlin ÄM 17272 ; Caire CG 717 ; CG 42216 ; CG 42226 et JE 37348 (?). Sur ce type de scène, ibid., p. 440-445. Voir également J. Leclant (Enquêtes sur les sacerdoces et les sanctuaires égyptiens à l’époque dite « éthiopienne » [XXVe dynastie] [BdE 17], 1954, p. 58-59) qui explique l’association de la barque de Sokar et du fétiche abydénien par le lien calendérique entre l’érection du pilier-djed et la fête de Sokar. Voir aussi L. Coulon, dans D. Devauchelle (éd.), La XXVIe dynastie : Continuités et ruptures. Actes du colloque de l’Université de Lille-III, 26-27 novembre 2004, 2011, p. 103-104.
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NICOLAS SOUCHON – CHRISTOPHE THIERS
Fig. 5. Détail de la scène présente sur le côté droit de la statue Caire JE 37348. © N. Souchon.
et du fétiche abydénien entouré de Thot et Horus sur les côtés ne se rencontre que sur la statue Caire CG 42216 datée de la fin du règne d’Osorkon Ier21. La présence d’une formule de donation royale sur le pourtour des bras audessus des scènes, si notre statue porte bien ce type de texte, se rencontre sur quatre autres statues-cubes, à savoir Caire CG 71722, CG 4222223, CG 4222324 et CG 4222425, datées entre les règnes de Chéchonq III et d’Osorkon III. Nous avons déjà indiqué que les statues Caire CG 717 et CG 42223 présentent des caractéristiques stylistiques communes avec le monument publié ici. Le rapprochement de la statue de Hor avec les monuments mentionnés plus haut permet de proposer une datation dans un horizon chronologique s’étalant du règne d’Osorkon II à celui d’Osorkon III et plus probablement à la fin de cette période, autour des règnes de Takélot II et Osorkon III26. 21 L’association d’une telle scène rituelle sur la face avant avec les représentations de la barque de Sokar et du fétiche abydénien dans des compositions différentes sur les côtés se rencontre également sur les statues Caire CG 42215, CG 42222 (?), JE 37184 et JE 37323, soit un groupe de statues couvrant une période allant du début de la XXIIe dynastie au règne d’Osorkon III. 22 JWIS II, p. 240-241 (25.47). 23 JWIS II, p. 303-304 (29.20). 24 JWIS II, p. 304-305 (29.21). 25 JWIS II, p. 306-309 (29.23). 26 En accord avec la datation proposée par H. Brandl (op. cit., p. 208-209) pour le fragment de Los Angeles.
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UNE STATUE-CUBE DE HOR FILS DE PADIMOUT (PRESQUE) RECONSTITUÉE
Inscriptions (fig. 6)
1 9
8
7
2
6
3
4
5
1 15 14 13
16 10 11 12 17 18 19
Osiris
Hor (?)
Amon
Nephthys
Barque de Sokar
39 38 1
1 24
23
Thot (?)
22
21
20
Enseigne Enseigne surmontée de d’un Khnoum épervier
25
26
27
Fétiche abydénien Enseigne
28
29
30
Isis
37 36 35 34 33 32 1
31
Enseigne
surmontée de Khnoum d’un ibis
Horus (?)
Fig. 6. Schéma de disposition des textes et représentations sur les quatre faces de la statue © N. Souchon.
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A. Bandeau horizontal (Caire JE 36160 + LACMA M.71.73.49 + Gadaya R-36) ; dessin fig. 7
[1] [gauche]
[… Jmn]-R῾ nb ns.wt TꜢ.wy n bꜢk mꜢ῾ n(y) s.t-jb⸗f ḥm-nṯr n(y) Jmn m Jp.t-s.wt jmy-s.t-nt-῾ n(y) pr-Jmn rd jb nb ḥr […]
[devant]
[… Ḥr] mꜢ῾-ḫrw sꜢ n(y) ḥm-nṯr n(y) Jmn-R῾ nsw nṯr.w jmy-s.t-nt-῾ [droit] n(y) pr-Jmn jmy Ꜣbd⸗f n(y) pr-Jmn ḥr sꜢ 2-[nw… Jpt.]s.wt (?) PꜢ-dj-Mw.t mꜢ῾-ḫrw rd[…] wn⸗f m-qꜢb ḥsy.w n(y.w) bjty.w m pr n(y) jt(⸗f) Jmn
[…27 Amon]-Rê, maître des trônes du Double-Pays, pour le serviteur véritable de sa place favorite, le prophète d’Amon dans Karnak, l’agent du domaine d’Amon28, qui place chaque cœur sur […] [… Hor,] juste de voix, fils du prophète d’Amon-Rê, roi des dieux, l’agent du domaine d’Amon, prêtre mensuel du domaine d’Amon de la 2e équipe, [… Ipet]-sout (?), Padimout, juste de voix ; [il] a fait qu’il (= statue de Hor) se trouve parmi les favorisés/statues29 des rois (de Basse Égypte) dans le domaine de (son) père Amon30.
27 Au niveau des épaules, le texte débutait à l’extrémité du côté gauche ; cf., par ex., Caire CG 42222, JWIS II, p. 303 (29.20) ; CG 42223, JWIS II, p. 304 (29.21) ; CG 42224, JWIS II, p. 306 (29.23). Le texte pourrait ainsi commencer avec la formule d(d) m ḥs.wt n(y.w)t ḫr nswt (…) r ḥw.t-nṯr n(y).t Jmn m Jp.t-s.wt (…) « (Statue) accordée par faveurs du roi (…) dans le temple d’Amon dans Karnak (…) » ; voir également JWIS II, p. 214 (23.18, b) et infra. 28 jmy-s.t-nt-῾ n(y) pr-Jmn, « celui qui est en fonction du domaine d’Amon » ; voir K. JansenWinkeln, Ägyptische Biographien der 22. und 23. Dynastie, 1 (ÄAT 8/1), 1985, p. 115 n. 1 ; J. Quaegebeur, RdE 45 (1994), p. 163-166 (qui suggère que cette séquence pourrait être la forme abrégée de jmy s.t nt-῾ n(y) pꜢ ḥtp ῾Ꜣ w῾b n(y) pr-Jmn « celui qui est en charge de la table d’offrandes grande et pure du domaine d’Amon ») ; O. Perdu, « Sur les traces d’un Thébain de la fin de la XXVe dynastie responsable de la chancellerie royale », dans S.-W. Hsu, V. P.-M. Laisney, J. Moje, Ein Kundiger, der in die Gottesworte eingedrungen ist: Festschrift für den Ägyptologen Karl Jansen-Winkeln zum 65. Geburtstag (ÄAT 99), 2020, p. 219 n. o. 29 W. Barta, Aufbau und Bedeutung der altägyptischen Opferformel (ÄgForsch 24), 1968, p. 117 (84a) : (d⸗sn) wnn⸗j m-qꜢb ḥsy.w mm jmꜢḫ.w = Urk. IV, 1528, 10-15 ; ḥtp-d-nsw m-qꜢb
, statue Caire GC 42222 ; JWIS II, p. 303-304 (29.20). Pour l’ambiguïté du terme ḥsj et son acception « statue(-cube) », voir K. Jansen-Winkeln, op. cit., p. 219 n. 3 ; Gh. Widmer, dans L. Coulon (éd.), Le culte d’Osiris au Ier millénaire av. J.-C. : Découvertes et travaux récents (BdE 153), 2010, p. 95 n. 51 ; en dernier lieu, C. Price, « A Sign of Favour? The Block Statue Hieroglyph as Determinative and Ideogram », dans ICE XII Cairo 2019, Book of Abstracts, 2019, p. 197 (premières attestations à la XXIIe dynastie, en lien avec la réintroduction de la séquence d(d) m ḥs.wt n(y.wt) ḫr nsw) ; voir infra. Pour des exemples de l’emploi du signe comme déterminatif du mot twt, voir l’inscription historique du temple de Sanam dans J. Pope, The Double Kingdom under Taharqo: Studies in the History of Kush and Egypt, c. 690-664 BC (CHANE 69), 2014, p. 69, fig. 15, 79 et 96-97 n. (r) et l’inscription sur la face avant, côté droit, de la statue-cube Caire CG 646, JWIS III, p. 461 (52.206). 30 Référence au roi mentionné en début de formule ?
UNE STATUE-CUBE DE HOR FILS DE PADIMOUT (PRESQUE) RECONSTITUÉE
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B. Devant (Caire JE 36160 + LACMA M.71.73.49) Légende du propriétaire
[2]
[…] pr-Jmn […] [4] Jmn jmy-s.t-nt-῾ […] [5] PꜢ-dj-Mwt mꜢ῾[-ḫrw…]
[…] domaine d’Amon […] Amon, l’agent […] Pa-di-Mout juste [de voix…]
[3]
Légende d’Amon-Rê
[6]
[…] ḫnty Jp.t-s.wt
[…] qui préside à Karnak.
Légende d’Osiris
[7] ḥtp-d-nsw n Wsjr ḫnty Jmnt.t mr(⸗f) ḥm-nṯr [5] n(y) Jmn
[8]
ḥsj⸗f
Offrande que donne le roi à Osiris qui préside à l’Occident (pour) son favorisé qu’il aime, le prophète d’Amon.
C. Côté droit (LACMA M.71.73.49 + Gadaya R-56) ; fig. 7 Légende d’Isis
[10]
ḥtp-d-nsw n Ꜣs.t wr.t mw.t-nṯr ḥsj⸗s mr(⸗s) [11] ḥm-nṯr n(y) Jmn-R῾ nsw nṯr.w jmy-s.t-[12] nt-῾ n(y) pr-Jmn Ḥr mꜢ῾-ḫrw
Offrande que donne le roi à Isis la grande, la mère du dieu, (pour) son favorisé qu’elle aime, le prophète d’Amon-Rê, roi des dieux, l’agent du domaine d’Amon, Hor, juste de voix.
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NICOLAS SOUCHON – CHRISTOPHE THIERS
Légende de Nephthys
[13]
ḥtp-d-nsw n Nb.t-ḥw.t ḥsj⸗s mr(⸗s) ḥmnṯr n(y) Jmn m [14] Jp.t-s.wt jmy-s.t-nt-῾ n(y) [15] pr-Jmn Ḥr
Offrande que donne le roi à Nephthys (pour) son favorisé qu’elle aime, le prophète d’Amon dans Karnak, l’agent du domaine d’Amon, Hor.
Au-dessus de la barque
[16]
ḥtp-d-nsw [n] Pt[ḥ-S]kr ḥsj⸗f mr(⸗f) ḥm-nṯr n(y) Jmn-R῾ nsw nṯr.w [17] jmy-s.t[nt-῾ n(y) pr]-Jmn Ḥr sꜢ PꜢ-dj-Mw.t mꜢ῾-ḫrw
Offrande que donne le roi à Pt[ah-So]kar (pour) son favorisé qu’il aime, le prophète d’Amon-Rê, roi des dieux, l’agent [du domaine] d’Amon, Hor, fils de Padimout, juste de voix.
[18]
[…] Sokar dans la résidence, Sokar dans [15] la Héret-ib, Sokar dans la crypte-shetyt31.
[…] Skr m ẖnw Skr m [19] ḥr(.t)-jb Skr m šty.t
D. Côté gauche (Caire JE 36160) Légende de Thot
[20]
ḏd-mdw jn Ḏḥwty [21] nb mdw-nṯr wnn ḥm-nṯr n(y) [22] Jmn jmy-s.t-nt-῾ n(y) pr-Jmn [23] Ḥr jm …(?)⸗k […] [24] n(n) swꜢ […]
31
Paroles à dire par Thot, le maître des paroles divines : « Puisse le prophète d’Amon, l’agent du domaine d’Amon, Hor, être dans ton […] sans interruption (?) […]
Cette série de désignations de Sokar est attestée ailleurs, dans un ordre qui n’est pas constant, voir LGG VI, 673b-c, 674b-c, 675b ; C. Graindorge-Héreil, op. cit., p. 36-38 (shetyt). Elle se retrouve notamment sur d’autres statues-cubes dont une datant du règne de Taharqa et publiée par J. Leclant, op. cit., p. 45-72. Sur cette statue, voir aussi JWIS III, p. 204-205 (48.145). Elle se trouve peut-être également au-dessus de la représentation de la barque de Sokar sur le côté gauche de la statue Caire CG 42222 d’après une observation faite sur le monument en octobre 2018.
UNE STATUE-CUBE DE HOR FILS DE PADIMOUT (PRESQUE) RECONSTITUÉE
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Légende du fétiche abydénien et texte placé derrière
[25] Wsjr nb Ꜣbḏw [26] ḫnt(y) Jmnt.t [27] psḏ.t sꜢ nṯr [28] […] nb r jy(t) [29] […] [30] [… jmys.t-]nt-῾ n(y) pr-Jmn Ḥr mꜢ῾-ḫrw [31] [sꜢ PꜢ-dj]-Mwt mꜢ῾-ḫrw r῾ nb n(n) Ꜣb
Osiris le maître d’Abydos, qui préside à l’Occident. L’Ennéade est la protection du dieu32 […] tout [… contre quiconque] viendra […] [… l’agent] du domaine d’Amon, Hor, juste de voix, [fils de Padi]mout, juste de voix, chaque jour, sans cesse.
E. Pilier dorsal (Gadaya R-56 + Caire JE 36160)33 ; fig. 7
[32] [… jmꜢ]ḫ n(y) WꜢs.t mrr jmy.w⸗s ḥsy ῾Ꜣ m ḥw.t-nṯr⸗s m rḫ Jmn mnḫ qrs.t […]
[33] […] bnr (?) […] ḥm-nṯr n(y) Jmn jmy[s.t]-nt-῾⸗f sšm ḥb.w⸗f Ḥr […] [34]
[…] […] ḥḥw P(Ꜣ)-dj-Mwt […] [36] […] mꜢ⸗k wḥm kꜢ⸗k ῾ḥ῾ m […] [35]
[…] pensionné34 de Thèbes, bien-aimé de ses habitants, le grand favorisé dans son temple (à elle)35, en tant que connu d’Amon, dont la sépulture est excellente [à l’occident de Thèbes…] […] doux (?) […], le prophète d’Amon, son (= Amon) agent, qui conduit ses (= Amon) festivités, Hor […] […] une infinité, Padimout […] […] puisses-tu voir, puisse ton ka être renouvelé (alors que tu te) tiens debout […]
32 Possible référence à l’ennéade abydénienne (en lien avec les enseignes divines entourant le fétiche abydénien représentées sur le fragment JE 36160 ?) ; G. Jéquier, op. cit., p. 409-417 ; nous remercions L. Coulon pour cette remarque. 33 L’agencement n’est pas assuré. 34 Ce qu’il reste du signe rond ne présente aucun détail interne, comme ailleurs dans l’inscrip-
tion : pour ? Pour une formulation similaire, cf., par ex., jmꜢḫ ῾Ꜣ n(y) njw.t⸗f WꜢs.t sur la statue Caire CG 42222, JWIS II, p. 304 (29.20). 35 Temple d’une déesse précédemment citée ou le pronom suffixe pourrait-il renvoyer à la ville de Thèbes, « son temple » (principal), i.e. Karnak ?
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NICOLAS SOUCHON – CHRISTOPHE THIERS
Fig. 7. Fac-similé des inscriptions du fragment Gadaya R-56. © CNRS/Chr. Thiers. [37]
[…] nḏ (j)t⸗f ḥms⸗k […]
[38]
[…] nb wḏ.t⸗f jrt ῾ntyw […]
[39]
[…] nb m […] ḥknw⸗f ḏf pr[…]
[…] protecteur de son père, ton siège/puissestu prendre place […] […] tout […] son ordre (?), qui accomplit (la fumigation) d’encens […] […] tout […] ses louanges (?) […]
Le dossier Hor XIII fils de Padimout IV36 Les textes présents sur la statue nous apprennent qu’elle appartenait à un certain Hor, « prophète d’Amon », « prophète d’Amon dans Karnak », « prophète d’Amon-Rê, roi des dieux », « son agent », « qui conduit ses festivités », « agent du domaine d’Amon », dont le père nommé Padimout était « prophète d’AmonRê, roi des dieux », « agent du domaine d’Amon » et « prêtre mensuel du domaine d’Amon de la deuxième équipe ». Bien que brèves et malgré la fréquence de ces noms et titres dans la Thèbes d’époque libyenne, ces quelques indications nous permettent d’identifier le propriétaire de notre statue à Hor XIII
36
Nous remercions Fr. Payraudeau pour ses conseils concernant les questions de prosopographie thébaine.
UNE STATUE-CUBE DE HOR FILS DE PADIMOUT (PRESQUE) RECONSTITUÉE
Fig. 8. Stèle Caire JE 43197 d’après R. el-Sayed, BIFAO 85 (1985), pl. XXIX.
15
Fig. 9. Stèle Bristol H.4586, d’après J. E. Quibell, W. Spiegelberg, The Ramesseum, pl. 20 (6).
fils de Padimout IV37, personnage connu par d’autres monuments38, dont une statue-cube découverte dans la Cachette de Karnak39 et deux stèles funéraires, l’une conservée au Musée égyptien du Caire40 (fig. 8), l’autre au City Museum de Bristol41 (fig. 9). 37
Identification déjà proposée par H. De Meulenaere, I. De Strooper, CdE 73 (1998), p. 253
n. 24. 38 En plus des monuments cités ci-dessous, notons que la statue Caire CG 38924 mentionne elle-aussi un Hor portant les titres de « prophète d’Amon » et d’« agent (du domaine) d’Amon ». Le manque d’information relative à ce personnage nous empêche toutefois de rattacher ce monument au dossier de Hor XIII. Sur cette statue, voir JWIS II, p. 457-458 (45.117). 39 Marsa Matruh Archaeological Museum – MT 396. Anciennement au Musée égyptien du Caire sous le numéro CG 42218. Sur ce document, voir JWIS III, p. 509-510 (52.288) ; H. Brandl, op. cit., p. 135-136 (doc. O-5.2.18). 40 Stèle JE 43197 donnant la généalogie du côté maternel d’un dénommé Djedimeniouefânkh incluant un certain Hor « prophète d’Amon-Rê, roi des dieux », « agent du domaine d’Amon », « le juste », fils « du pareillement titré » Padimout. Il convient de corriger ici la lecture du nom PꜢ-mty-Ḥr certain pour R. el-Sayed, BIFAO 85 (1985), p. 173-181, et reprise par Fr. Payraudeau (op. cit., p. 158) en Ḥr précédé d’une épithète pꜢ mty « le juste ». Signalons en outre que, suite à un problème de mise en page, l’arbre généalogique donné dans cette dernière référence présente un décalage vers la gauche des deux générations les plus anciennes, Hor étant en réalité le père de Mesperet, Padimout celui de Hor, Horsaisis celui de Tabaketenâshket et Ihat celui de Horemkhebyt. Sur cette stèle et sa datation, voir JWIS II, p. 463-464 (45.126) ; K. Jansen-Winkeln, Text und Sprache in der 3. Zwischenzeit: Vorarbeiten zu einer spätmittelägyptischen Grammatik (ÄAT 26), 1994, p. 296 ; R. el-Sayed, op. cit., p. 173-181, pl. 29-30 et Fr. Payraudeau, op. cit., p. 158. 41 Stèle H.4586 dédiée par un certain Hor « grand prophète d’Amon dans Karnak », « unique qui entre (dans le sanctuaire) », « juste et équitable », « agent du domaine d’Amon » fils d’un
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NICOLAS SOUCHON – CHRISTOPHE THIERS
Aucun de ces quatre monuments n’est associé à la mention d’un roi ou d’un grand personnage qui permettrait d’assurer leur datation42. L’analyse du dossier prosopographique permet toutefois de proposer quelques éléments de datation. La statue Marsa Matruh MT 396 nous apprend que Hor XIII était le fils de Padimout IV et de Neskhonsoupakhered III, elle-même fille de Ânkhefenkhonsou C, fils d’un Nespernebou identifié comme étant Nespernebou A43 (fig. 10). Si la généalogie de la famille de Hor n’est attestée que sur cette statue, celle de Nespernebou A est bien connue par d’autres monuments et se rattache au dossier de Nakhtefmout A surnommé Djeddjehoutyiouefânkh B44. Nespernebou A est en effet le père de Ânkhefenkhonsou C mais aussi de Djedkhonsouiouefânkh A, quatrième prophète d’Amon sous les règnes d’Osorkon Ier et Takélot Ier45, luimême père de Nakhtefmout A, quatrième prophète d’Amon sous les règnes d’Osorkon II et d’Harsiésis, et père d’Horsaisis C, quatrième prophète d’Amon sous le règne de Takélot II. Ainsi, la mère de Hor XIII se trouve être la cousine de Nakhtefmout A et pourrait, toute précaution gardée, être contemporaine de ce dernier, leurs enfants pouvant, eux aussi, avoir vécu à une époque sensiblement identique, entre les règnes d’Osorkon II et Takélot II46. Cette datation pourrait être confirmée du côté de Padimout IV qui descend par sa mère de deux quatrièmes prophètes d’Amon, Nesy et Nesânkhefenmaât, en charge sous le règne de Chéchonq Ier et peut-être encore sous celui d’Osorkon Ier47. Considérant que Nesânkhefenmaât fut en âge de succéder à
dénommé Padimout que K. Jansen-Winkeln (Ägyptische Biographien der 22. und 23. Dynastie, 1 [ÄAT 8/1], 1985, p. 284) propose d’identifier comme étant Hor XIII fils de Padimout IV. Sur ce monument, voir J. E. Quibell, W. Spiegelberg, The Ramesseum, Egyptian Research Account 1896, 1898, pl. 20 (6) ; JWIS II, p. 253 (25.62) ; M. Loth, dans G. P. F. Broekman, R. J. Demarée, O. Kaper (éd.), The Libyan Period in Egypt: Historical and Cultural Studies into the 21st24th Dynasties. Proceedings of a Conference at Leiden University, 25-27 October 2007 (EgUit 23), 2009, p. 226-227 n. 43, fig. 3 ; H. Saleh, Investigating Ethnic and Gender Identities as Expressed on Wooden Funerary Stelae from the Libyan Period (c. 1069-715 B.C.E.) in Egypt (BAR-IS 1734), 2007, p. 241 ; K. Jansen-Winkeln, op. cit., p. 284 ; id., Text und Sprache in der 3. Zwischenzeit: Vorarbeiten zu einer spätmittelägyptischen Grammatik (ÄAT 26), 1994, p. 289. 42 La statue Marsa Matruh MT 396 est datée de la XXVe dynastie par JWIS III, p. 509-510 en accord avec H. De Meulenaere, I. De Strooper, op. cit., p. 253 n. 24. Fr. Payraudeau (op. cit., p. 150) et H. Brandl (op. cit., p. 135-136 [doc.O-5.2.18]) proposent de leur côté une datation dans la XXIIe dynastie. La stèle Bristol H.4586 est datée par M. Loth (op. cit., p. 226-227 n. 43) et par H. Saleh (op. cit., p. 241) de la période couvrant les règnes d’Osorkon II et Takélot II en accord avec JWIS II, p. 253 (25.62), qui la date du milieu de l’époque libyenne. Enfin, la stèle Caire JE 43197 est datée de la XXIIe dynastie par R. el-Sayed (op. cit., p. 173-181) et de l’époque libyenne par JWIS II, p. 463-464 mais des XXVe-XXVIe dynasties par Fr. Payraudeau (op. cit., p. 158). 43 Ibid., p. 150. 44 Sur Nespernebou A, ibid., p. 524-525 (no 171). Sur cette famille, ibid., p. 140-144. 45 Ibid., p. 245-246. 46 Sur la méthode prosopographique et les précautions à prendre quant à l’usage des générations pour la datation, ibid., p. 107-115. 47 Ibid., p. 240 et p. 246.
UNE STATUE-CUBE DE HOR FILS DE PADIMOUT (PRESQUE) RECONSTITUÉE
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son père sous le règne de Chéchonq Ier sans que l’on sache précisément à quel moment du règne, nous pouvons supposer que sa fille naquit peu avant le début de ce règne ou pendant ce règne. Elle serait alors arrivée en âge d’avoir un fils entre la fin du règne de Chéchonq Ier et celui d’Osorkon Ier ; ce fils aurait été en âge d’être père entre la toute fin du règne d’Osorkon Ier et le début de celui d’Osorkon II. Si l’union de Padimout IV et de Neskhonsoupakhered III, nièce de Djedkhonsouiouefânkh A, est bien liée à la transmission de la charge de quatrième prophète d’Amon d’une famille à l’autre à la fin du règne d’Osorkon Ier48, Hor XIII aurait bien pu naître entre la fin de ce règne et celui d’Osorkon II. Hor aurait alors succédé à son père sous le règne de ce dernier roi pour une carrière pouvant déborder sur le suivant49. Étudiant le cas de la famille du vizir Horsaisis fils de Djediâh d’après la stèle Caire JE 43197, Fr. Payraudeau fit remarquer que le Djedimeniouefânkh mentionné au début de l’inscription portait les mêmes titres que l’un des témoins attestés sur le papyrus oraculaire de Brooklyn50. L’identification des deux personnages est tentante mais s’avère peu probable, le nom de la mère du Djedimeniouefânkh du papyrus étant connu par la statue Caire JE 37163 et ne correspondant pas au nom de la mère de celui mentionné sur la stèle Caire JE 4319751. Notons toutefois que le témoin du papyrus de Brooklyn porte le même nom que son grand-père maternel. L’identification de ce Djedimeniouefânkh avec celui mentionné sur la stèle Caire JE 43197, quoique tentante, s’avère trop incertaine dans l’état actuel de la documentation, ce dernier n’étant pas documenté comme un mr šn, alors que ce titre est fréquent dans cette famille52. Enfin, notons que par son mariage avec Tabaketenâshket III, Hor XIII est le gendre de ce vizir Horsaisis qu’il est difficile de positionner dans l’époque libyenne53. 48 Fr. Payraudeau, op. cit., p. 150 ; M. L. Bierbrier, The Late New Kingdom in Egypt (c. 1300664 B.C.), 1975, p. 80. 49 Cette datation correspond assez bien à celles proposées pour la statue Marsa Matruh MT 396, cf. H. Brandl, op. cit., p. 135-136 et pour la stèle Bristol H.4586, cf. M. Loth, op. cit., p. 227. 50 Fr. Payraudeau, op. cit., p. 158. Sur le personnage du papyrus oraculaire de Brooklyn, voir R. A. Parker, A Saite Oracle Papyrus from Thebes in the Brooklyn Museum [Papyrus Brooklyn 47.218.3] (BEStud 4), 1962, p. 18 (12). 51 Voir H. De Meulenaere, SAK 6 (1978), p. 63-68, pl. 20 et id., dans Essays on Ancient Egypt in Honour of Herman te Velde (EgMem 1), 1997, p. 243-249. 52 Notons que si tel était le cas, nous pourrions estimer un laps de temps de 190 à 220 ans (suivant l’âge de Djedimeniouefânkh au moment de la rédaction du papyrus) entre le papyrus de Brooklyn et la naissance de Hor XIII, ce qui reviendrait à le faire naître entre 861 et 841 avant notre ère, soit entre le début et le milieu du règne d’Osorkon II pour une entrée en fonction dans la deuxième moitié du règne de ce roi, peu avant ou pendant le règne de Takélot II. La chronologie des règnes utilisée ici est celle donnée par Fr. Payraudeau, L’Égypte et la vallée du Nil. Tome 3 : Les époques tardives (1069-332 av. J.-C.), 2020, p. 555-556. 53 Fr. Payraudeau (Administration, société et pouvoir à Thèbes sous la XXIIe dynastie bubastite, p. 179) propose de le situer entre les règnes d’Osorkon III et de Roudamon. Toutefois, le position-
Taâat JE 43197
Nakhtefmout JE 43197
(?)
Dibastetiaou JE 37163
Djedimeniouefânkh JE 43197 JE 37163
Ounnefer JE 37163
Djedimeniouefânkh JE 37163
Nestanebetisherou IV JE 43197
(?)
Mesperet JE 43197
Bakenkhonsou JE 43197
Iouefâaenhor JE 43197
Hor JE 43197
Djedkhonsouiouefânkh A CG 42211 JE 91720
Ânkhnahebou JE 37163
Moutmes JE 37163
Osorkon F JE 37163
Netjerhor JE 43197
Horsaisis C CG 42211 JE 91720
Nakhtefmout A CG 42211 JE 91720
Neskhonsoupakhered I JE 91720
Patjaouemdimout MT 396
Nestanebetisherou V JE 43197
Padimout IV MT 396 JE 43197
Djedisisiouesânkh MT 396
Hor XIII MT 396 JE 43197
Neskhonsoupakhered III MT 396
Ânkhefenkhonsou C MT 396
Hor MT 396
Fig. 10. Reconstitution partielle de l’arbre généalogique de Hor XIII d’après les éléments fournis par la documentation. © N. Souchon.
Neskhonsoupakhered JE 43197
Horemkhebyt JE 43197
Ihat JE 43197
Djedimenouahsou JE 43197
Nesânkhefenmaât MT 396
Youpout A JE 91720 Nespernebou A MT 396 CG 42211
Nesy MT 396
Chéchonq Ier JE 91720
Tabeketenâshket III JE 43197
Horsaisis JE 43197
Djediâh JE 43197
UNE STATUE-CUBE DE HOR FILS DE PADIMOUT (PRESQUE) RECONSTITUÉE
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À la lumière de tous ces éléments, il semble raisonnable de penser que Hor XIII a vécu entre la fin du règne d’Osorkon Ier et le règne de Takélot II. Or, nous avons proposé plus haut une datation stylistique de la statue entre les règnes d’Osorkon II et d’Osorkon III, en tendant plutôt vers ce dernier règne. Faut-il alors revoir la datation de Hor XIII en ajoutant un plus grand écart entre les différentes générations pour le replacer entre les règnes de Takélot II et d’Osorkon III ? Nous pourrions également envisager que nous avons ici une première attestation d’un style plus populaire par la suite. Enfin, une autre option s’offre à nous si nous supposons que la statue fut dédiée non par Hor XIII lui-même, mais par un de ses fils dont la dédicace serait aujourd’hui perdue54. Cette hypothèse pourrait être confirmée par le texte, malheureusement fort dégradé, présent sur le pilier dorsal évoquant une sépulture pour Hor. Ce fils pourrait quant à lui avoir vécu entre les règnes d’Osorkon II et d’Osorkon III55. Culte mémoriel à Karnak À la fin de la dédicace principale, le propos de Hor pique la curiosité. Il précise qu’il (ou le roi) a placé sa statue « parmi les statues-ḥsy.w des rois (de Basse Égypte) dans le domaine de (son) père Amon ». L’ambiguïté/complémentarité du terme ḥsy écrit avec le seul signe est volontairement entretenue sur ce type de monument privé ; si la qualité de ḥsy « favorisé, loué » est revendiquée à l’envi dans la documentation privée, on a noté plus haut le glissement de sens « favorisé » > « statue » qui s’opère à la XXIIe dynastie avec l’emploi du signe hiéroglyphique de la statue-cube56. Le souhait du dédicant est alors que sa statue soit placée parmi d’autres statues-ḥsy.w dans le temple57. Si l’on envisage le sens premier, « les favorisés-ḥsy.w des rois (de Basse Égypte) » seraient des personnes ayant bénéficié d’une attention royale particulière, et dont les statues occupaient une place privilégiée dans le temple. nement chronologique de ce personnage repose sur la datation de la stèle Caire JE 43197 par le rapprochement du Djedimeniouefânkh cité avec celui mentionné comme témoin du papyrus oraculaire de Brooklyn, qui s’avère en réalité peu probable. De plus, si l’identification du Djedimeniouefânkh de la stèle Caire JE 43197 avec le grand-père de celui du papyrus de Brooklyn parvient à être démontrée, il est probable que la datation de ce vizir doive être revue à la hausse. 54 La présence d’une formule de donation royale n’est pas incompatible avec celle d’une dédicace filiale, voir par exemple la statue Caire CG 42223, JWIS, p. 304-305 (29.21) donnée par Osorkon III à Hor VI mais dédiée par son fils Neseramon VI. 55 Si l’on postule un lien, mentionné plus haut, entre le mariage des parents de Hor et la transmission du titre de quatrième prophète d’Amon, Hor XIII pourrait être né entre la toute fin du règne d’Osorkon Ier et le début du règne d’Osorkon II. Il aurait atteint l’âge d’entrer en fonction sous le règne d’Osorkon II et serait devenu père sous le règne du même roi ou sous le suivant. Son fils aurait quant à lui atteint l’âge de lui succéder sous le règne de Takélot II pour une carrière pouvant déborder sur le règne d’Osorkon III. 56 Étude à paraître par C. Price. 57 Par ex., (d⸗sn) wnn⸗j m-qꜢb ḥsy.w mm jmꜢḫ.w : Urk. IV, 1194, 1 ; 1528, 10-15 ; d⸗k wn⸗j mm ḥsy.w jmꜢḫ.w m Jp.t-s.wt : statue Caire CG 42229, JWIS II, p. 310 (29.24).
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NICOLAS SOUCHON – CHRISTOPHE THIERS
C’est ce type de gratification dont témoigne la formule en vogue à l’époque libyenne rencontrée précédemment : d(d) m ḥs.wt n(y.w)t ḫr nswt r ḥw.t-nṯr n(y).t Jmn (m) Jp.t-s.wt n ḥsy ( ) m-῾⸗f (…) « (Statue) accordée par faveur du roi au temple d’Amon dans Karnak pour celui qu’il a favorisé (…) »58. Cette qualité de ḥsy nsw « favorisé du roi » apparaît anciennement dans les textes autobiographiques59 ; en revanche, ḥsy/ḥsy.w n(y/.w) bjty/.w ne semble pas rencontrer de parallèle. En envisageant le glissement de sens de l’expression en « statues-ḥsy.w des rois (de Basse Égypte) », que l’on privilégiera, il ne faut évidemment pas se représenter ces figures royales sous la forme de statues-cubes60. Le culte mémoriel des rois du passé est bien connu à Karnak à travers la « chapelle des ancêtres » qui, sous le règne de Thoutmosis III, a figé les représentations de statues des « rois de Haute et Basse Égypte »61. Un groupement statuaire voué à la vénération des ancêtres existait déjà sous Sésostris Ier dans le temple d’Amon62. En complément de la « chapelle des ancêtres », un tel dispositif statuaire est manifeste sous Thoumosis III, tel que l’évoque le texte de la Jeunesse : « […] nord, des chapelles-kꜢr en pierre et aux vantaux en bois-῾š véritable pour y établir les statues (twt.w) de [ma Majesté] avec les statues de mes pères/ancêtres, les rois (de Basse Égypte) »63. Cette séquence finale ne manque pas de rappeler les mots de l’inscription de Hor. Serait-ce alors toujours à la 58 Pilier dorsal de la statue Caire JE 36967, JWIS II, p. 448 (45.99) = K. Jansen-Winkeln, SAK 22 (1995), p. 170-171 ; voir également la statue Caire JE 37512, JWIS II, p. 449 (45.100) ; id., Ägyptische Biographien der 22. und 23. Dynastie, 1 (ÄAT 8/1), 1985, p. 217, 222 et p. 561 (col. 1). Pour C. Price (dans ICE XII Cairo 2019 Book of Abstracts, 2019, p. 197), c’est cette séquence qui est à l’origine de la valeur ḥsy du signe de la statue-cube à la XXIIe dynastie. 59 Par ex., ḥsw n(y) nsw (VIe dynastie), D. Jones, An Index of Ancient Egyptian Titles, Epithets and Phrases of the Old Kingdom II (BAR-IS 866), 2000, p. 660 (2410) ; ḥsy n(y) nṯr⸗f ḥsy nsw « favorisé de son dieu, favorisé du roi », K. Jansen-Winkeln, op. cit., p. 185, 324 (1.5.1) et 538 (col. 3). 60 Ibid., p. 219, n. 3 et p. 561 (col. 3) et H. Brandl, op. cit., pl. 26 : la statue Caire JE 37512 est désignée par le terme ḥsy (déterminatif de la statue-cube) alors qu’elle se présente assise en tailleur. Pour les différents types de statues royales, L. Gabolde, dans L. Coulon (éd.), La Cachette de Karnak. Nouvelles perspectives sur les découvertes de G. Legrain (BdE 161), 2016, p. 41-42. 61 Urk. IV, 608, 6 ; É. Delange, Monuments égyptiens du Nouvel Empire. La Chambre des Ancêtres, les Annales de Thoutmosis III et le décor de(s) palais de Séthi Ier, 2015, p. 95, fig. 43, p. 97, fig. 44, p. 99, fig. 45 ; L. Gabolde, op. cit., p. 36. La liste de Séthi Ier (KRI I, 177, 9 et 12) à Abydos mentionne les « rois de Haute et Basse Égypte » ; ce devait être également le cas pour la liste de Ramsès II (KRI II, 539, 11 [partiellement en lacune]). 62 D. Lorand, CahKarn 14 (2013), p. 447-466 ; également L. Gabolde, op. cit., p. 35-42. 63 KIU 944, 35 ; Urk. IV, 168, 15-169, 2 ; E. Otto, ZÄS 85 (1960), p. 150 ; D. Laboury, La statuaire de Thoutmosis III : Essai d’interprétation d’un portrait royal dans son contexte historique (AegLeod 5), 1998, p. 549-551 ; L. Gabolde, op. cit., p. 40 (la traduction « les rois de Haute et Basse Égypte » est à écarter). Il s’agit des chapelles des cours nord et sud du VIe pylône ayant remplacé celles construites par Amenhotep Ier.
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XXIIe dynastie le même complexe que celui construit par Thoutmosis III ou un autre espace dévolu à la mémoire des rois ancêtres ? Rien ne permet d’apporter une réponse. Employé seul, le vocable bjty.w renvoie aux ancêtres royaux des temps primordiaux selon l’étude de E. Otto64, ce qui s’accorde avec le sens récemment proposé à ḥsy.w « statues (anciennes) » par C. Price65. Bien que l’on puisse nuancer le rapprochement avec le texte de la Jeunesse – en songeant que les statues des rois de Basse Égypte ont pu occuper les chapelles nord de la cour du VIe pylône, et celles de Haute Égypte les chapelles sud –, le contexte de statues et de rois du passé invite à considérer ici le souhait de Hor de demeurer au plus près des ancêtres royaux de Karnak. On admet, sans difficulté, que les couloirs et les entrées menant à ces chapelles du culte des ancêtres royaux, comme une bonne partie du temple et de ses cours, devaient être encombrés de statues de particuliers espérant bénéficier de la réversion des offrandes faites aux rois, la proximité avec les ancêtres royaux ne signifiant pas de partager la même chapelle. La statue-cube de Hor XIII fils de Padimout IV devait donc se trouver à proximité d’un de ces lieux de mémoire66.
64
E. Otto, op. cit., p. 150-151 ; P. Lacau, H. Chevrier, Une chapelle d’Hatshepsout à Karnak 1, 1977, p. 127-128 et n. j ; Chr. Leitz, Der Sarg des Panehemisis in Wien (SSR 3), 2011, p. 229, 233, 240 (§ 12, l. 30-31). 65 C. Price, loc. cit. : « Usage indicates deliberate reference to already-ancient statues of the super-elite, rather than the generic definition of ‘ḥsi’ as ‘favoured one’ (Wb III, 157). » Voir, par ex., la statue Caire CG 42224, déjà évoquée (JWIS II, p. 309 [29.23]) : Djedbastetiouefânkh souhaite que sa statue-ẖnty demeure parmi les statues-ḥsy.w. 66 On verra désormais l’étude minutieuse de R. Birk, L. Delvaux, Fr. Labrique, « Mémoire de l’élite thébaine tardive et culte des ancêtres », dans G. Lenzo, Chr. Nihan, M. Pellet (éd.), Les cultes aux rois et aux héros à l’époque hellénistique : continuités et changements (ORA 44), 2022, p. 27-58.
LES AFFAIRES DE FAMILLE DES GRANDS PRÊTRES D’AMON CHÉCHONQ, YOUWELOT ET SMENDÈS À PROPOS DU SCARABÉE LOUVRE E 3369
Frédéric PAYRAUDEAU Sorbonne Université
À Olivier, pour tout ce qu’il m’a appris et tout ce qu’il m’apprendra.
Les réserves du Musée du Louvre conservent sous le numéro E 3369 un scarabée de stéatite de facture un peu particulière et dont les textes soulèvent cependant une question intéressante d’histoire des pontifes d’Amon de la Troisième Période intermédiaire1. L’objet de taille moyenne (8,4 cm × 5,2 cm × 1,4 cm), aux formes hâtivement sculptées est gravé d’un texte très cursif qui souligne encore la médiocre qualité de sa réalisation (fig. 1-2). Le corps est plat, les pattes ne sont guère détaillées sur la tranche. Les détails du corps (élytres, prothorax) comme de la tête (clypeus) sont seulement incisés. Ce scarabée de cœur est datable, d’après ses textes, de la première moitié de la XXIIe dynastie. L’objet est assez proche par sa facture des autres objets de ce type de cette époque2. Son allure générale le classe parmi les exemplaires les moins soignés de la période, d’autant que ses textes, surtout celui du plat, ont été gravés avec une réelle désinvolture. L’aspect particulier des textes (fig. 3-4), tant dans leur gravure fruste, dans leur disposition, dans le rendu fautif de l’extrait du Livre des Morts ou dans les graphies défectives des anthroponymes, serait de nature à faire planer un doute sur l’authenticité de l’objet. Il n’en n’est pourtant rien. On sait par d’autres exemples que les textes des scarabées et autres petits objets funéraires firent l’objet d’un certain laxisme de la part des graveurs pendant la Troisième Période intermédiaire. Par ailleurs, d’autres éléments s’opposent également à ce qu’on ait affublé un scarabée authentique anépigraphe d’un texte mentionnant des personnages historiques pour lui donner une plus grande valeur, pratique bien connue3. D’une part l’inintelligibilité de la gravure aurait fait perdre
1 Je remercie V. Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, pour l’autorisation de publier cet objet et Fl. Gombert-Meurice, conservatrice au département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, pour son aide dans l’étude. 2 Voir la liste dressée par Tr. L. Sagrillo, JEA 97 (2011), p. 240-241. 3 Voir les remarques de J. Yoyotte, BSFFT 1 (1988), p. 44-45.
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à l’objet autant de valeur qu’il en aurait eu en citant des personnages connus. D’autre part, à la date d’achat de l’objet par le Musée, 1859, les personnages en question n’étaient justement pas connus4. Le texte se répartit en neuf lignes sur le revers et quatre lignes sur le dos. Il s’agit de la formule du chapitre 30B du Livre des Morts, relative au rôle du cœur dans l’épreuve du jugement d’Osiris et habituelle sur ce support5. Texte du dessous : 1
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Texte du dessus : 10
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(?) (?)
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4 Le scarabée a été acheté en 1859 de la collection Nils Gustaf Palin d’après la fiche du Louvre. La stèle Londres, BM EA 1223, qui mentionne la dame Dénitenbastet fut acquise en 1897 par le British Museum d’après des informations de J. H. Taylor rapportées par K. Jansen-Winkeln, SAK 17 (1990), p. 215. La stèle de l’apanage, qui mentionne Khâemouaset, fut trouvée en février 1897 : G. Legrain, ZÄS 35 (1897), p. 12-19. 5 M. Malaise, Les scarabées de cœur dans l’Égypte ancienne, avec un appendice sur les scarabées de cœur des Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles (MRE 4), 1978. p. 18-29.
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Fig. 1. Le scarabée Louvre E 3369 : face du dessus © Musée du Louvre/Chr. Décamps.
Fig. 2. Le scarabée Louvre E 3369 : face du dessous. © Musée du Louvre/Chr. Décamps.
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Fig. 3. Dessin des textes du dessus.
Fig. 4. Dessin des textes du dessous.
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[1] ỉb⸗ỉ mwt⸗ỉ sp sn ḥꜢty [2] [n ḫprw]⸗ỉ m s῾ḥ῾ r⸗ỉ [3] [mt]rw m ḫsf r⸗ỉ m ḏꜢḏꜢt [4] [m ỉrỉ] rk⸗k r⸗ỉ m-bꜢḥ ỉry mḫꜢt [5] ntk kꜢ⸗ỉ ỉmy ẖt⸗ỉ Ḫnmw swḏꜢ [6] ῾wt⸗ỉ pr⸗k r bw nfr ḥn.n ỉm m sḫnš [7] (r)n⸗ỉ m-ḥꜢ šnyt ỉryw rmṯ m ῾ḥ῾w.t [8] nfr n⸗n nfr (n) sḏm Ꜣw-ỉb (m) wḏ῾-mdw (m) qmd [9] grg r⸗ỉ r-gs nṯr ῾Ꜣ [10] mk ṯnw⸗k wn⸗tỉ [11] sꜢ ḥm-nṯr tpy n (Ỉmn-R῾) nswt nṯrw Ššq [12] mwt⸗f (TꜢ)-dnỉt-(n)-BꜢstt mꜢ῾t-ḫrw (ws)ỉr (?) Ḥ῾-n[13] WꜢst mꜢ῾-ḫrw [1] Ô mon cœur-ib de ma mère (bis), mon cœur-haty [2] [de] mes [transformations] ! Ne produis pas [3] de témoin (a) contre moi, ne t’oppose pas à moi devant le tribunal, [4] [ne manifeste pas] d’hostilité contre moi en présence du gardien de la balance, [5] car tu es mon ka qui se trouve dans mon corps, le Khnoum qui rend vigoureux [6] mes membres, puisses-tu monter vers la belle place qui nous est préparée là-bas, ne rends pas [7] mon nom puant aux membres de la Cour, qui distribuent les hommes en tas, [8] alors ce sera bon(b) pour le juge et le cœur se dilatera à l’énoncé du jugement, n’invente (pas)(c) [9] de mensonge contre moi devant le grand dieu, [10] car, vois, ton évaluation est là, [11] fils du premier prophète d’(Amon-Rê)(d) roi des dieux Chécho(n)q(e), [12] dont la mère est (Ta)dénitenbastet(f), justifiée, l’Osiris (?)(g) Khâemouaset(h), [13] justifié. Notes de traduction (a) Variante attestée selon G. Wessetzky, BMHBA 21 (1962), p. 7, n. 18. (b) Il manque ici le signe nfr pour nfr n⸗n, « ce sera bon pour nous ». (c) Les deux signes devant qmd ne correspondent à aucune graphie de la négation de l’impératif m, pourtant obligatoire ici. (d) L’épithète divine nswt nṯrw suit directement le titre sacerdotal ḥm-nṯr tpy n, comme si le nom Ỉmn-R῾ avait été omis ; nswt nṯrw est en revanche suivi d’un groupe qui ne correspond à aucune des versions hiératiques du nom Ỉmn6 mais plutôt, compte-tenu du ductus global de l’objet, à n pr, signe qu’une certaine confusion régnait dans l’esprit du graveur. (e) La graphie de Chéchonq sans le n est bien attestée tant en hiéroglyphes qu’en démotique : M.-A. Bonhême, Les noms royaux de la Troisième Période intermédiaire 6 G. Möller, Hieratische Paläographie, II, 1936, p. 69, no LXII. Voir aussi A. Gasse, dans A. S. Gülden, K. van der Moezel, U. Verhoeven (éd.), Ägyptologische „Binsen“-Weisheiten III (Formen und Funktionen von Zeichenliste und Paläographie 15), 2018, p. 121.
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(BdE 98), 1987, p. 95-141 ; Fr. Colin, Les Libyens en Égypte (XVe siècle a.C.-IIe siècle p.C.) : Onomastique et histoire, 1996, vol. II, p. 74-88 ; E. Lüddeckens, H.-J. Thissen, W. Brunsch et al., Demotisches Namenbuch, 1980-2001, 105, 970 ; étude développée du phénomène dans Tr. L. Sagrillo, dans P. James & P. Van Der Veen (éd.), Solomon and Shishak: Current Perspectives from Archaeology, Epigraphy, History and Chronology, BICANE Colloquium, Cambridge 2011, 2015, p. 69-70. (f) Les nom de type TꜢ-dnỉt-n-X peuvent être écrit avec ou sans l’article TꜢ, comme ici semble-t-il : M. Thirion, RdE 45 (1994), p. 177 et dans ce volume, l’article de Ph. Collombert, §15. (g) Les deux signes qui suivent le matronyme pourraient être une version corrompue de mꜢ῾t-ḫrw écrit avec un t supplétif sous la forme , qui suit régulièrement les noms féminins à la Troisième Période intermédiaire : B. Geßler-Löhr, GM 116 (1990), p. 25-43. Il est possible aussi que le second signe soit le signe de l’œil du mot wsỉr, tracé sans pupille, introduisant le nom du défunt. (h) PN I, 263:19. Le léger trait au-dessus du wꜢst suggère une orthographe « actualisée » de Ḫ῾-m-wꜢst, avec n pour m, suivant l’évolution phonétique m>n de la préposition qui apparaît en néo-égyptien et qui est bien attestée en démotique : Fr. Junge, Late Egyptian Grammar: An Introduction, 2005, p. 38 ; J. H. Johnson, Thus Wrote ‘Onchsheshonqy: An Introductory Grammar of Demotic (SAOC 45), 3e éd., 2000, § 5. Les graphies de n pour m et vice-versa sont bien attestées en hiéroglyphes à la Troisième Période intermédiaire et à l’époque saïte : K. Jansen-Winkeln, Spätmittelägyptische Grammatik der Texte der 3. Zwischenzeit (ÄAT 34), 1996, § 267 ; P. Der Manuelian, Living in the Past: Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-Sixth Dynasty, 1994, p. 76.
Le propriétaire du scarabée et son identité Si la formule utilisée s’écarte peu du texte standard du chapitre 30B du Livre des Morts, deux faits sont plutôt étonnants. D’une part, le texte, réparti sur la face plate du scarabée, se poursuit sur les élytres en lignes parallèles à l’axe principal de l’objet. Je ne connais pas d’autres exemples de cette disposition. Elle pourrait s’expliquer par l’incapacité du lapicide à prévoir un module de signes assez petit pour permettre d’installer l’intégralité du texte sur la face inférieure. Toutefois, comme la plupart du temps le nom du propriétaire est placé en tête du texte, il est peut-être plus probable qu’il s’agisse d’un oubli, indice supplémentaire de l’incompétence du graveur7. Le défunt ainsi nommé est un certain Khâemouaset. Aucun titre ne lui est attribué, ce qui n’est pas rare sur ce type d’objet, destiné à compléter un mobilier funéraire constitué de cercueils et papyrus sur lesquels l’identité et les titres du défunt apparaissent in extenso. En revanche, le nom de ce personnage est précédé de sa filiation. Cette manière de présenter le défunt est beaucoup plus rare. Le premier élément, la filiation paternelle, peut s’apparenter à un titre de rang lorsque le père porte un 7 Rien ne permet de penser que cette partie aurait été ajoutée à une époque plus récente pour donner de la valeur à l’objet car les signes sont tout à fait similaires sur les deux faces.
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titre important, mais son nom est rarement donné alors. Depuis les hautes époques, on connaît évidemment des « fils du roi » (sꜢ nswt), mais aussi des « fils du nomarque » (sꜢ ḥꜢty-῾), des « fils du gouverneur » (sꜢ ḥqꜢ) et, à l’époque libyenne, des « enfant de chef des Mâ » (ms wr n M῾)8. De la même manière, le prêtre Waskès est intitulé « fils du premier prophète d’Amon » sur un élément de bijou datant de la première moitié de l’époque libyenne9. Ici cependant, l’appellation « fils du premier prophète d’-roi-desdieux » est suivie du nom du père, Chéchonq, puis d’une filiation maternelle introduite par mwt⸗f « sa mère étant », qui doit être comprise comme un parallèle à la filiation masculine et s’appliquer non à Chéchonq, mais bien à celui dont le nom suit, Khâemouaset. Cette manière de présenter les parents est donc unique et peut-être due à l’oubli du nom du propriétaire juste avant, qui aura été ajouté après la filiation une fois l’erreur repérée. Le propriétaire est donc Khâemouaset, fils d’un grand prêtre d’Amon Chéchonq et d’une dame Dénitenbastet. Le principal pontife thébain à avoir porté le nom de Chéchonq est le fils aîné d’Osorkon Ier10. La tombe de son fils Khâemouaset pourrait donc avoir été située à Thèbes, comme celles d’autres membres de la famille. Les papyrus funéraires (Amdouat et Livre des Morts) du prêtre d’Amon Osorkon (D), autre fils du grand prêtre Chéchonq (Q) ont circulé dès la période de la Campagne d’Égypte (collection Denon) peut-être associés à un cercueil en bois11. De l’inhumation du grand prêtre Chéchonq (Q) luimême, rien n’est parvenu, mais il fit l’intégralité de sa carrière à Thèbes. Comme cela a été déjà signalé, aucun de ses descendants ne se présente comme le fils d’un roi ou le petit-fils d’un roi, ce qui indique indubitablement qu’il n’a jamais été pharaon12. De Chéchonq (Q), on connaît par ailleurs trois épouses, Nestaoudjatakhet, Nésykhonsoupakhéred et une dame Ikhy13. Il conviendrait donc de lui attribuer une quatrième épouse ((Ta)dénitenbastet) et un autre fils (Khâemouaset), ce qui n’a rien d’improbable en soi. Cependant, un fait intrigue. Un Khâemouaset, connu précisément avec la même orthographe, et fils d’une dame (Ta)dénitenbastet est déjà connu à cette époque, mais comme le fils du grand prêtre d’Amon 8 Récapitulatif chez M. C. Perez-Die, P. Vernus, Excavaciones en Ehnasya el Medina: Heracleópolis Magna, I, 1992, p. 45-46. 9 K. Jansen-Winkeln, Inschriften der Spätzeit (ci-après JWIS), II, Die 22.-24. Dynastie, 2007, p. 230 (no 25.23). 10 Fr. Payraudeau, Administration, société et pouvoir (BdE 160), 2014, p. 47-49, 342 et doc. 228-A-L ; documentation dans JWIS II, p. 56-58 (n°13.26-33). On connaît aussi un grand prêtre d’Amon Chéchonq fils de Pmouï, attesté uniquement par un scarabée et dont ni la localisation ni la datation ne sont assurées (Fr. Payraudeau, op. cit., doc. no 229 et p. 347). Les liens familiaux indiqués par le scarabée permettent de l’écarter comme candidat pour être le père de Khâemouaset. 11 A. Dodson, JEA 95 (2009), p. 54-60. 12 Et ne doit donc pas être identifié à un douteux Maâkhéperrê Chéchonq ni numéroté Chéchonq II comme c’est encore parfois le cas, cf. Fr. Payraudeau, op. cit., p. 47-49. 13 Ibid., p. 120-121, JWIS II, p. 56-57, 228-229 (nos 13.27, 13.30 et 25.19).
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Youwelot. Il est attesté avec cette filiation par la stèle dite « de l’Apanage » (Caire, Musée Égyptien JE 31882), qui relate une donation faite en sa faveur par son père14. Le pontife Youwelot, fils d’Osorkon Ier, est donc le frère du pontife nommé comme père du propriétaire du scarabée15. Que deux frères aient eu des fils portant le même nom n’est pas rare, le système de papponymie favorisant l’existence d’homonymes apparentés, à la même génération, souvent des cousins parallèles ou croisés16. Mais le nom Khâemouaset n’est pas fréquent pendant la Troisième Période intermédiaire17. Un élément décisif est le fait que le nom de leurs mères (Ta)dénitenbastet, est identique, alors même qu’il n’est luimême pas très fréquent non plus, notamment à Thèbes18. Seuls sept individus de ce nom sont repérables sous la XXIIe dynasties, dont trois à Thèbes : – TꜢ-dnỉt-n-BꜢstt (A) fille du grand prêtre de Ptah Chedsounéfertoum, Memphis, début de la XXIIe dynastie19 ; – TꜢ-dnỉt-n-BꜢstt (B) épouse de Nesptah, fils du grand prêtre de Ptah Chedsounéfertoum, Memphis, début XXIIe dynastie20 ; – TꜢ-dnỉt-n-BꜢstt, Memphis, XXIIe dynastie, peu après Chéchonq Ier 21 ; – TꜢ-dnỉt-n-BꜢstt, Bubastis, époque de Chéchonq V22 ; – Dnỉt-n-BꜢstt, épouse du grand prêtre Chéchonq, nommée sur l’objet étudié ici-même ; – TꜢ-dnỉt-n-BꜢstt / Dnỉt-n-BꜢstt, épouse du grand prêtre thébain Youwelot23 ; – Dnỉt-n-BꜢstt, chanteuse-šm῾yt d’Amon, Thèbes, XXIIe dynastie24. 14 Voir le texte dans JWIS II, p. 77-80. Traductions de B. Menu, Recherches sur l’histoire juridique, économique et sociale de l’ancienne Égypte 2, 1998, p. 183-203 et R. K. Ritner, The Libyan Anarchy: Inscriptions from Egypt’s Third Intermediate Period, 2009, p. 271-278. 15 Fr. Payraudeau, op. cit., p. 119-120, 342-343, dossier no 29. 16 Fr. Payraudeau, op. cit., p. 376-377. 17 D’après les indices relativement représentatifs des volumes I, II et III des Inschriften der Spätzeit de K. Jansen-Winkeln, couvrant l’ensemble des XXIe-XXVe dynasties, soit quatre siècles, seulement 3 individus ont porté le nom Khâemouaset ou une de ses variantes pendant cette période. 18 Aucune dame de ce nom ne semble attestée à la XXIe dynastie. 19 Groupe statuaire Caire CG 741 = JWIS II, p. 34 (no 12.45), voir aussi Cl. Jurman, Memphis in der Dritten Zwischenzeit. Eine Studie zur (Selbst-)Repräsentation von Eliten in der 21. und 22. Dynastie, 2020, II, p. 1098, dossier P115. 20 Groupe statuaire Louvre N436 = JWIS II, p. 231 (no 25.26) ; Cl. Jurman, op. cit., p. 1098, dossier P116. 21 Stèle du Sérapeum = JWIS II, p. 398 (no 44.36) ; M. Ibrahim Aly, BSEG 20 (1996), p. 10, 13. Potentiellement la même que la précédente vu le milieu memphite et l’onomastique familiale. 22 Stèle de donation Caire JE 45779 = JWIS II, p. 277 (no 28.23). 23 Stèle de l’Apanage Caire JE 31882 = JWIS II, p. 79-80 (no 16.8) et stèle Londres, BM EA 1224 = JWIS II, p. 80 (no 16.9). 24 Livre des morts ramené par Fr. Caillaud et désormais perdu = A. Niwiński, Studies of the Illustrated Theban Funerary Papyri of the 11th and 10th Centuries B.C. (OBO 86), 1989, p. 378. Absent de JWIS. On ne peut exclure en attendant plus informé qu’elle soit identique à l’une ou l’autre des précédentes.
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Une telle accumulation de coïncidences (deux dames thébaines nommées (Ta)dénitenbastet épousant chacune un grand prêtre d’Amon et ayant toutes deux un fils nommé Khâemouaset) laisse plus que dubitatif et on est amené à penser qu’il s’agit bien des mêmes personnages, c’est-à-dire que le grand prêtre Youwelot avait épousé la veuve de son frère Chéchonq (Q) et considéré leur fils Khâemouaset comme le sien. Le principe de l’adoption semble avoir été connu des Égyptiens au moins depuis le Nouvel Empire25 et à la Troisième Période intermédiaire, il devient fréquent dans le clergé féminin d’Amon26. L’acte juridique gravé sur la fameuse stèle de l’Apanage sous le grand prêtre Youwelot prend alors tout son sens. Khâemouaset y est certes appelé le « fils » de Youwelot, mais on sait bien que cette appellation peut désigner des personnes de la génération plus jeune sans forcément décrire une relation généalogique exacte27. De plus, on peut considérer que Smendès (III) avait en quelque sorte adopté Khâemouaset. Des biens fonciers de Youwelot énumérés au début de la stèle, Amon dit (l. 23-25) : 23
(...)
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[23] (…) ỉw⸗ỉ (ḥr) smn⸗w n ḥm-nṯr n Ỉmn-R῾ nswt nṯrw ῾Ꜣ n qḥt Ḫ῾-n-WꜢst mꜢ῾-ḫrw pꜢy⸗f šrỉ ỉ.ms n⸗f sꜢt n sꜢ nswt [24] TꜢ-dnyt-n-BꜢstt mꜢ῾t-ḫrw r-ḫt nḥḥ ỉw bn ỉr nꜢ ktḥ ẖrdw ỉ.ms sw n⸗f m r-pw nꜢ ẖrdw n pꜢy⸗f ỉt ḏr⸗w [25] rḫ ῾q ḥr-r⸗w r pš n-ỉm⸗w [23] (…) Je les confirme en faveur du prophète d’Amon-Rê roi des dieux, le chef de district Khâemouaset, justifié, son fils qu’a mis au monde pour lui la fille du fils royal, [24] Tadénitenbastet, justifiée, pour l’éternité. Aucun des autres enfants qu’elle a mis au monde pour lui, et aucun parmi les enfants de son père, [25] ne pourra entrer dorénavant en partage en ce qui les concerne. Cette formulation indiquait déjà que d’une part, Tadénitenbastet avait d’autres enfants et que Youwelot de son côté avait une descendance issue d’autres épouses. L’expression « qu’a mis au monde pour lui la dame… » n’est pas
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R. Tanner, LÄ I, 1975, col. 66-67, s. v. « Adoption ». Pour les épouses divines et les chanteuses de l’intérieur d’Amon : E. Graefe, GM 166 (1998), p. 109-112 ; C. Koch, „Die den Amun mit ihrer Stimme zufriedenstellen“: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im thebanischen Amunstaat von der 22. bis zur 26. Dynastie (SRaT 27), 2012, p. 17-18. 27 Voir D. Franke, Altägyptische Verwandtschaftsbezeichnungen im Mittleren Reich (Hamburger ägyptologische Studien 3), 1983, p. 163-177 ; M. Baud, Famille royale et pouvoir sous l’Ancien Empire égyptien (BdE 126), 2005, I, p. 168-170. 26
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forcément à prendre littéralement28. On peut donc interpréter le texte comme une donation faite à un fils adoptif en partie au détriment des autres enfants, d’où la solennité apportée à l’acte juridique, avec consultation oraculaire et affichage monumental. On connaît plusieurs de ces cas, notamment à la Troisième Période intermédiaire où un événement d’apparence anodine est porté devant l’oracle du dieu car, menaçant des équilibres familiaux ou sociaux, il nécessite une légitimation plus forte. Évidemment, ces textes sont souvent allusifs quant au problème réellement posé. L’oracle en faveur de la dame Hénouttaouy gravé à Karnak valide la transmission de biens à cette veuve du pontife Smendès (II), venant de lui-même, de leur mère Isetemkhébyt mais aussi, étrangement, d’une fille que Smendès avait eu d’une autre épouse, Nésykhonsou, déshéritant partiellement de facto les enfants de cette dernière29. L’oracle en faveur du prêtre Pamy fils d’Horsaïset en l’an 14 de Psammétique Ier (Pap. Brooklyn 47.218.3) l’autorise, de même que son père, à passer du clergé d’Amon à celui de MontouRê-Horakhty, événement dont le caractère anodin est contredit par la solennité qui l’entoure : présence et signature comme témoins d’une cinquantaine de responsables thébains, dont les quatre premiers prophètes d’Amon et le vizir30. On ne saisit pas exactement pourquoi une telle importance est donnée à cette affaire mais on peut supposer qu’elle est liée à l’équilibre des pouvoirs entre les clergés d’Amon et de Montou31. La stèle de l’Apanage apparaît donc comme la validation divine d’un règlement d’affaires familiales problématiques, un fils « adopté » recevant une part de l’héritage de son père adoptif, au détriment des enfants biologiques de ce dernier. D’autres cas de « lévirat » chez les grands prêtres de la Troisième Période intermédiaire ? Le mariage d’un homme avec la veuve de son frère, dont la forme institutionnalisée est appelée lévirat32, est bien connu dans le Proche-Orient ancien, notamment dans le monde biblique33. Il a également été pratiqué en Afrique du 28 Nombre de fils royaux fictifs de l’Ancien Empire sont dit sꜢ nswt n ẖt=f « fils royal de son corps » : ibid., I, p. 159-160, 167. On peut comparer avec le texte de la statue Caire CG 42192 du roi Psousennès II dédicacée par son successeur Chéchonq Ier, qui le désigne comme ms sw « celui qui l’a mis au monde » : Fr. Payraudeau, op. cit., § 2.1.2. 29 R. A. Parker et al., A Saite Oracle Papyrus from Thebes in the Brooklyn Museum (BEStud 4), 1962. 30 J. Winand, CahKarn 11 (2003), p. 614-672, notamment 666-670. 31 Pour les relations entre ces deux clergés à la fin de la Troisième Période intermédiaire : C. M. Sheikholeslami, dans G. P. F. Broekman, R. J. Demarée, O. E. Kaper (éd.), The Libyan Period in Egypt: Historical and Cultural Studies into the 21st-24th Dynasties. Proceedings of a Conference at Leiden University, 25-27 October 2007 (EgUit 23), 2009, p. 361-374. 32 Chr. Ghasarian, Introduction à l’étude de la parenté, 1996, p. 130-131. 33 P. Cruveilhier, « Le lévirat chez les Hébreux et les Assyriens », RevBibl 34 (1925), p. 524546 ; D. E. Weisberg, Levirate Marriage and the Family in Ancient Judaism, 2009 et de manière générale M. Harris, O. Johnson, Cultural Anthropology, 2007, p. 134-135. Dans la Bible, des cas
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Nord, notamment dans le monde berbère34. En dehors du monde biblique et de quelques populations africaines, il s’agit la plupart du temps de « faux » lévirat : dans le vrai lévirat, celui qui épouse la veuve de son frère sans enfant n’est qu’un substitut au défunt et les enfants issus du mariage sont attribués au défunt, alors que dans le faux lévirat, le mariage avec une veuve du frère n’est qu’une pratique destinée à assurer la subsistance des veuves35. Nous reviendrons sur les raisons possibles de ces pratiques en Égypte. Pour l’Égypte ancienne, la documentation montre que le cas s’est produit à plusieurs reprises, même s’il ne s’agit probablement pas de lévirat stricto sensu, c’est-à-dire que le mariage en question ne constitue pas une obligation, sinon les cas attestés seraient sans doute plus nombreux. Il existe au moins un cas connu à l’Ancien Empire, par la stèle Caire CG 20105, qui représente une dame et ses deux maris, deux frères36. Pour les autres périodes, bien que les mariages d’hommes avec deux femmes apparentées soient bien attestés, aucun cas de lévirat n’est avéré37. Pour la Troisième Période intermédiaire, l’examen de la famille de Chéchonq (Q) et de ses frères Smendès (III) et Youwelot montre que ce cas de lévirat s’est probablement répété. Un troisième fils d’Osorkon Ier, Smendès (III), qui fut lui aussi grand prêtre d’Amon, eut une épouse Isetemkhébyt surnommée Ikhy38. Or, parmi les épouses de Chéchonq (Q), on connaît également une dame de portant ce nom de Ikhy39. L’anthroponyme Isetemkhébyt est très fréquent à la Troisième Période intermédiaire, notamment chez les dames de l’élite. Cependant, la graphie Ikhy n’est, elle, attestée que deux fois en dehors de ces deux cas, ce qui laisse là encore supposer qu’on pourrait bien avoir affaire à la même personne40.
de lévirat ou de renonciation autorisée au lévirat sont évoqués en Gn 38, 8 et Rt 4, 1-13 tandis que la règle elle-même est énoncée en Dtr 25, 5-9. 34 S. Azizi, Awal (Cahiers d’études berbères) 23 (2001), p. 103. 35 Sur cette distinction : R. Bastide, « Polygamie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 4 août 2020. URL : http://www.universalis-edu.com.janus.bis-sorbonne.fr/encyclopedie/ polygamie/. 36 R. Metawi, « The Stela of Ḥḏrwt and Her Two Late Husbands from the Middle Kingdom: Cairo CG 20105 », JARCE 49 (2017), p. 167-175 ; A. Millard, The Position of Women in the Family and in Society in Ancient Egypt, with Special Reference to the Middle Kingdom, I, 1976, p. 63. 37 Ibid., p. 39-41 pour des mariages avec des femmes apparentées entre elles (tantes-nièces, mères-filles). 38 Elle est connue par des documents provenant de la tombe de sa fille Tentamon à Héracléopolis : JWIS II, p. 223-225 (nos 25.6 à 25.8) auquel il faut ajouter le linteau publié par M. C. Pérez Die, Heracleópolis Magna. La Necrópolis « real » del Tercer Período Intermedio y su reutilización, 2010, p. 274, fig. 104 ; voir aussi R. Meffre, D’Héracléopolis à Hermopolis : la Moyenne Égypte durant la Troisième Période intermédiaire (XXIe-XXIVe dynasties), 2015, p. 176-181 (nos 82-86) et p. 332-333, qui fait justice de l’idée selon laquelle cette dame Ikhy, portant le titre le mwt nṯr, « mère divine », serait la mère du roi Horsaïset. 39 Statue Caire CG 42193 = JWIS II, p. 57, no 13.30. 40 Sur les 19 individus nommées Isetemkhébyt entre la XXIe et la XXVe dynastie selon les indices de K. Jansen-Winkeln.
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Fig. 5. La famille des fils d’Osorkon Ier.
Le fils aîné d’Osorkon Ier aurait donc eu, entre autres épouses, les dames (Ta)dénitenbastet et Ikhy, qui une fois devenues veuves, auraient épousé ses frères et successeurs à la fonction de grand prêtre, Youwelot et Smendès (III) (fig. 5). Il est impossible de préciser la chronologie de ces mariages successifs, de savoir s’ils ont eu lieu simultanément ou s’ils se sont déroulés en deux étapes. Selon la chronologie actuelle, il semble que Youwelot ait précédé Smendès au poste de pontife et il pourrait donc être le premier à avoir épousé une veuve de Chéchonq (Q)41. Le début de la XXIe dynastie pourrait fournir un autre exemple de lévirat chez les grands prêtres d’Amon. On a proposé depuis quelque temps que la dame Nedjmet épouse du grand prêtre puis roi Hérihor aurait été précédemment l’épouse du général et grand prêtre Payânkh, ce dernier étant considéré depuis les travaux de K. Jansen-Winkeln comme le prédécesseur d’Hérihor42. Cette reconstitution semble effectivement la plus probable, car Nedjmet porte déjà le titre de grande supérieure des recluses d’Amon avant même d’avoir épousé Hérihor, ce qui fait d’elle l’épouse d’un grand prêtre qui ne peut alors être que Payânkh. Or, l’origine d’aucun des deux généraux et pontifes de la transition XXe-XXIe dynasties n’est connue. Comme Hérihor a succédé à Payânkh dans toutes ses fonctions (général, vizir, vice-roi de Kouch et grand prêtre d’Amon), on a pensé qu’ils pouvaient être des « frères d’armes » issus de l’armée43 ou même apparentés44. Il est peu probable qu’ils aient été père et fils, car ils appartiennent à peu près à la même génération45. La mort de Payânkh semble avoir 41 Sur la chronologie de ces pontifes : A. Dodson, Afterglow of Empire: Egypt from the Fall of the New Kingdom to the Saite Renaissance, 2012, p. 99-100 ; Fr. Payraudeau, L’Égypte et la Vallée du Nil, t. 3. Les époques tardives (1069-332 av. J.-C.), 2020, p. 114-115. 42 J. H. Taylor, « Nodjmet, Payankh and Herihor. The End of the New Kingdom Reconsidered », dans C. J. Eyre (éd.), Proceedings of the Seventh International Congress of Egyptologists, Cambridge, 3-9 September 1995 (OLA 82), 1998, p. 1143-1155 et pour la chronologie, K. JansenWinkeln, GM 157 (1997), p. 49-74 et Fr. Payraudeau, op. cit., p. 51-63. 43 « Possibly both came from a (Libyan) military milieu » selon B. Haring, SAK 41 (2012), p. 147. 44 G. P. F. Broekman, JEA 98 (2012), p. 198. 45 L’idée fausse que Payânkh aurait été le fils d’Hérihor remonte à une erreur de lecture du nom du fils aîné d’Hérihor, Ânkhefenmout, en tête de la procession des enfants d’Hérihor sur une
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été quelque peu prématurée et ses fils ont été écartés du pouvoir jusqu’à la mort d’Hérihor, de sorte qu’il est possible que ce dernier ait été un frère cadet de Payânkh, ayant pris ses responsabilités à la mort de son aîné. Son mariage avec la veuve de Payânkh, Nedjmet serait alors une manière d’assurer la continuité du pouvoir, puisque Nedjmet était manifestement un pivot dans la légitimation de l’autorité des généraux : sœur d’un roi qui est probablement Smendès, elle faisait donc le lien entre les nouvelles autorités dans le Nord et celle du Sud46. Il est possible que d’autres cas de lévirat se cachent dans les méandres complexes des généalogies des élites de la Troisième Période intermédiaire, notamment celles qui sont liées à des successions de biens anormales47. Le caractère souvent implicite et lacunaire des textes ne permet pas d’avoir quelque certitude sur ce point. En l’absence de texte de loi les expliquant, les causes de ces cas de lévirat restent obscures. On pourrait les imputer à des traditions « libyennes » qui marqueraient la culture des élites de la Troisième Période intermédiaire48, mais cela nous semble hasardeux, car il existe, comme on l’a vu, au moins un cas bien antérieur à l’arrivée des Libyens au pouvoir en Égypte. De plus, la continuité d’éventuelles traditions socio-culturelles libyennes dans l’élite de la Troisième Période intermédiaire reste discutée49. Il semble plus probable que les raisons soient patrimoniales, sociales, voire politiques50. En Égypte ancienne, l’épouse hérite d’un tiers des biens du couple, et elle gère les biens de ses enfants mineurs51. Sans doute y avait-il un intérêt à conserver une telle part du patrimoine dans la famille. Ensuite, il est évident que les mariages relevaient avant tout de stratégies d’alliances entre lignages ou entre branches d’un même lignage52. Le cas de (Ta)dénitenbastet est intéressant, car de toutes les épouses de Chéchonq (Q), elle est celle qui a le plus haut rang. paroi du temple de Khonsou à Karnak et sur un ouchebti de Payânkh lui donnant le titre de fils charnel du roi, dont l’inscription s’est révélée moderne : K. A. Kitchen, The Third Intermediate Period in Egypt (1100-650 B.C.), 3e éd., 1996, § 438 et M. Dewachter, BSEG 11 (1987), p. 3. 46 Sur le rôle de Nedjmet : Fr. Payraudeau, op. cit., p. 57-58 ; B. Haring, SAK 41 (2012), p. 147-152. 47 Je pense en particulier à la famille des grands prêtres d’Amon de la fin de la XXIe dynastie, où les relations des dames Nésykhonsou et d’Isetemkhébyt épouses de Pinedjem II, et de Hénouttaouy sœur de ce dernier et sœur-épouse de leur frère Smendès (II) sont assez obscures. Le grand texte de donation en faveur de Hénouttaouy gravé à Karnak laisse penser que les enfants de Nésykhonsou n’avaient pas forcément pour père Pinedjem II : J. Winand, CahKarn 12 (1993), p. 669-670, spéc. n. 102. 48 Hypothèses développées notamment par G. P. F. Broekman, SAK 39 (2010), p. 85-100. 49 Fr. Payraudeau, op. cit., p. 409-413, malgré K. Jansen-Winkeln, dans I. Guermeur, Chr. Zivie-Coche (éd.), « Parcourir l’éternité ». Hommages à Jean Yoyotte (BEHESR 156), 2012, p. 609-624. 50 R. Metawi, JARCE 49 (2017), p. 173-174. 51 B. Menu, RHD 67 (1989), p. 20-21. 52 Fr. Payraudeau, Administration, société et pouvoir à Thèbes sous la XXIIe dynastie bubastite (BdE 160), I, 2014, p. 378-380.
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Alors qu’on ne connaît pas les titres de Ikhy ou de Nestaoudjatakhet, et que Nestanebetichérou est simple chanteuse-šm῾yt d’Amon, (Ta)dénitenbastet est sꜢt n sꜢ nswt n nb tꜢwy « fille du fils royal du maître des Deux Terres ». C’està-dire qu’elle était la petite-fille d’un roi précédent qui ne peut guère être qu’Osorkon Ier ou Chéchonq Ier. Chéchonq (Q) puis Youwelot auraient donc épousé leur nièce ou leur cousine. Ces mariages consanguins ne sont pas rares dans la famille royale de la XXIIe dynastie, parfois même avec un saut de génération53. Ils permettaient de répondre aux impératifs précédemment cités : garder dans le cercle familial restreint l’essentiel du patrimoine et entretenir les liens d’alliances entre membres d’un même lignage étroit ou élargi face aux familles rivales. Enfin, concernant les élites et la famille royale elle-même, ces unions répétées entre membres de la même famille permettaient d’assurer la fidélité politique des branches potentiellement rivales dans la dynastie. La période qui va de la mort d’Osorkon Ier à l’avènement d’Osorkon II est assez mal connue, mais on décèle dans le peu d’attestations thébaines du roi Takélot Ier et des obscurs rois Chéchonq IIa et IIb, dont la chronologie est flottante, une tendance à l’émancipation des grands prêtres thébains, justement les trois fils d’Osorkon Ier, Chéchonq (Q), Youwelot et Smendès (III)54. Il n’est pas invraisemblable que les remariages d’une ou plusieurs veuves de Chéchonq (Q) avec ses successeurs soient à interpréter comme des alliances destinées à consolider les positions de l’un ou de l’autre des demi-frères du pontife défunt. Les cas de lévirat ne seraient alors qu’une des manifestations du rôle particulier des femmes dans la transmission des biens et des droits en Égypte ancienne de manière générale et pendant la Troisième Période intermédiaire en particulier.
53 Pour les rois, entre autres : Osorkon II épouse Karomama, fille d’un roi, Takélot Ier ou un des Chéchonq qui régnèrent vers cette époque (JWIS II, p. 113, no 18.13) ; Takélot II épouse sa sœur, Karomama, fille du pontife Nimlot (JWIS II, p. 162, no 20.7) ; Takélot III épouse une dame Irtybastet qui est aussi fille royale (JWIS II, p. 393, no 44.23). Pour les membres de la famille royale : le grand prêtre de Ptah Takélot, petit-fils d’Osorkon II, épouse une fille tardive de ce roi, Tjesbastetperou (JWIS II, p. 262, no 27.5) et le grand prêtre Padiaset épouse une Tairy fille du grand prêtre Takélot comme lui, donc sa sœur. 54 K. Kitchen, op. cit., § 93-96 ; Fr. Payraudeau, op. cit., I, p. 45-56.
CHÉPÉNOUPET Ire À MEDINET HABOU Raphaële MEFFRE CNRS, UMR 8167 (Orient & Méditerranée)
Parmi les nombreuses statuettes funéraires découvertes au cours des fouilles de Medinet Habou, trois troupes aux caractéristiques distinctes ont été attribuées à Chépénoupet II par U. Hölscher1 et cette proposition a été retenue, sans être questionnée, par les auteurs ultérieurs2. De ces trois troupes de statuettes funéraires, l’une est constituée de statuettes en pierre dure mesurant environ 20 cm de haut et portant le texte du chapitre 6 du Livre des Morts3. Chépénoupet y est présentée comme une fille de Piânkhy, ce qui ne laisse aucun doute sur l’attribution de ces statuettes à Chépénoupet II, décédée au cours du règne de Psammétique Ier sous la XXVIe dynastie. L’attribution des deux autres troupes, réalisées en faïence siliceuse, à Chépénoupet II se révèle plus douteuse. Sachant l’intérêt d’Olivier pour les statuettes funéraires, les questions de style et l’histoire de la Troisième Période intermédiaire, j’espère que le réexamen de ce dossier et les questions qu’il soulève sauront retenir son attention et susciter sa curiosité. L’une des troupes est constituée d’une série de 23 statuettes momiformes de 12 cm de haut et de 5 statuettes de contremaîtres de 12-13 cm de haut, vêtues d’une jupe longue4. L’attribution de cette troupe à Chépénoupet II est problématique à plusieurs titres : – d’abord, toutes ces statuettes sont anépigraphes, – ensuite, aucune ne présente d’uraeus, alors que celui-ci est une caractéristique des statuettes funéraires des adoratrices de la Troisième Période intermédiaire 1 U. Hölscher, The Excavation of Medinet Habu V: Post-Ramesside Remains (OIP 66), 1954, p. 27 et pl. 21, D-E, G et H. 2 Ainsi, J.-Fr. Aubert, L. Aubert, Statuettes égyptiennes : Chaouabtis, ouchebtis, 1974, p. 197 ; K. Jansen-Winkeln, Inschriften der Spätzeit. Teil IV: Die 26. Dynastie, II, 2014, p. 596, no 2 (série abrégée ci-après en JWIS) ; C. Koch, „Die den Amun mit ihrer Stimme zufriedenstellen“: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im thebanischen Amunstaat von 22. bis zur 26. Dynastie (SRaT 27), 2012, p. 98, no 9. 3 U. Hölscher, op. cit., p. 27 et pl. 21, D-E. Voir par exemple la statuette Paris, Louvre E 11159 qui appartient à cette série, J.-L. Bovot, Les serviteurs funéraires royaux et princiers de l’Ancienne Égypte, Catalogue du musée du Louvre, Département des antiquités égyptiennes, 2003, p. 340341, no 166 et R. Meffre, « Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte : Particularités locales et apports prosopographiques », dans Fr. Payraudeau, Fl. Gombert-Meurice (éd.), Clergés et cultes thébains des Libyens aux Saïtes, Actes du colloque international au musée de Grenoble, 11-12 janvier 2019, BSFE 203 (2020), p. 48-50. 4 U. Hölscher, op. cit., p. 27 et pl. 21, H.
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– et enfin, Chabataka semble bien avoir été l’un des derniers bénéficiaires de statuettes de contremaîtres en costume des vivants (fig. 2D)5, ce qui rend étrange la présence de telles statuettes dans la troupe de Chépénoupet II, décédée plus de 50 ans après ce roi6. L’attribution de cette troupe à une prêtresse contemporaine de la fin de l’époque libyenne ou du début de la XXVe dynastie serait en réalité plus vraisemblable. Plusieurs tombes de cette époque appartenant à des prêtresses de l’entourage des adoratrices ont été mises au jour au cours des fouilles de Medinet Habou, dans le temple de Ramsès III et surtout dans le secteur compris entre les chapelles des adoratrices et le Petit Temple7. La troisième troupe attribuée à Chépénoupet II, également en faïence siliceuse, est constituée d’une série de 20 statuettes momiformes de 7,6 à 8,1 cm de haut8 et d’un contremaître anépigraphe de 6,6 cm de haut9 (fig. 1). Ce dernier, coiffé d’une perruque en bourse et imberbe, est vêtu d’un pagne court et représenté dans l’attitude de la marche ; son bras droit est placé le long du corps tandis que le gauche est ramené sur le torse, le poing serrant un fouet. Les statuettes momiformes, coiffées d’une perruque tripartite ornée d’un uraeus, ont une silhouette très particulière : sur la face, ni les bras ni les poings ni les
Fig. 1. Statuettes funéraires au nom de l’épouse du dieu et divine adoratrice Chépénoupet mises au jour à Medinet Habou, d’après U. Hölscher, The Excavation of Medinet Habu V: Post-Ramesside Remains (OIP 66), 1954, pl. 21, G. 5
D. Dunham, Royal Cemeteries of Kush I: el-Kurru, 1950, pl. XLV, B. Chépénoupet II est en effet encore vivante en l’an 9 de Psammétique Ier lorsqu’elle adopte Nitocris, selon la stèle Caire, JE 36327, l. 15-16, JWIS IV/1, p. 17, no 28. 7 Pour un point de vue anthropologique sur cette nécropole de prêtresses, on pourra se reporter à J. Li, Women, Gender and Identity in Third Intermediate Period Egypt: The Theban Case Study, 2017, p. 70-83. 8 Parmi celles-ci se trouvent les statuettes Chicago, OIM 15615-15620. 9 Il s’agit de la statuette Chicago, OIM 15635. 6
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outils ne sont marqués, tandis que l’arrière est complètement plat, sans aucune démarcation pour la perruque, le sac ou un éventuel appui dorsal. Ces statuettes portent un texte peint en 1 colonne à l’avant, qui révèle l’identité de leur propriétaire sans mention de l’épithète funéraire Wsỉr :
ḥmt-nṯr dwꜢt-(nṯr) Šp-n-wpt « L’épouse du dieu et (divine) adoratrice Chépénoupet ».
Ces statuettes à la silhouette si particulière sont sans parallèle à la XXVIe dynastie. Comme nous l’avons déjà signalé, les dernières statuettes de contremaître précisément datées appartiennent à la troupe de Chabataka (fig. 2D)10 et aucune troupe imputable à la XXVIe dynastie n’en possède. D’autre part, les statuettes d’époque saïte à dos aplani ont les mains indiquées en relief et le plat du dos est mis à profit pour y inscrire un texte, souvent délimité par deux incisions verticales marquant l’emprise de l’appui dorsal. En revanche, ces statuettes au nom de Chépénoupet trouvent des parallèles dans la production de la période de transition entre l’époque libyenne et la XXVe dynastie (fig. 2A-C). Aussi bien les ouvriers que le contremaître sont en effet très similaires aux statuettes réalisées pour Piânkhy, découvertes dans la tombe Ku. 17 d’el-Kurru11, qui mesurent environ 10,5 cm de haut (fig. 2B). Ces deux troupes ont en commun aussi bien leur matériau, que leurs petites dimensions et leur silhouette. Comme les ouvriers de Chépénoupet, ceux de Piânkhy se présentent momiformes, sans base, coiffés d’une perruque tripartite, les membres supérieurs et les outils non figurés. Leur partie antérieure est moulée tandis que le dos est complètement aplani. Sur les deux troupes, les textes sont peints en 1 colonne à l’avant et omettent l’épithète funéraire Wsỉr en introduction des titres et du nom de leur propriétaire. Les contremaîtres ont en commun leur pagne court, le fait, assez peu courant, d’être représentés dans l’attitude de la marche (et non les pieds joints) et la perruque en bourse. Ceux de Piânkhy sont équipés d’un crochet, généralement dans la main gauche, portent la barbe et sont inscrits à l’encre en 1 colonne au dos alors que celui de Chépénoupet, imberbe, tient un fouet dans la main gauche et demeure anépigraphe12. 10
Voir D. Dunham, op. cit., pl. XLV, B. Voir ibid., pl. XLIV, A ainsi que les statuettes Boston, MFA 21.3112 (ouvrier) et 19-2-540 (contremaître). 12 D’après U. Hölscher, op. cit., p. 27. 11
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Une autre troupe présentant la même silhouette très particulière est celle de Neferoukakachta, mise au jour dans la tombe Ku. 52 d’el-Kurru13 (fig. 2C). Les statuettes, toutes momiformes, sont hautes d’environ 9,6 cm et portent un texte peint en 1 colonne à l’avant. Le nom de Neferoukakachta est formé sur celui du roi Kachta, ce qui pourrait être une allusion à un lien de parenté. Elle a été considérée comme une épouse royale parce que son mobilier funéraire comporte une amulette la figurant allaitée par une déesse (Boston, MFA 24.928). Sur la base des similarités de ses statuettes funéraires avec celles de Piânkhy, lui-même considéré comme un fils de Kachta, elle a été considérée comme sa sœur et épouse14. Certaines similitudes sont également observables entre la troupe au nom de Chépénoupet et celle de Chabataka15 (fig. 2D). En ce qui concerne les statuettes d’ouvriers16, on note les suivantes : la petite taille, les membres supérieurs et les outils absents, ainsi que le texte peint en 1 colonne à l’avant. Toutefois, les statuettes de Chabataka n’ont pas le dos complètement plat, la démarcation du pan arrière de la perruque y étant incisée, et leur texte débute par l’épithète funéraire Wsỉr absente chez Chépénoupet. La série des contremaîtres17 présente également des similitudes avec le contremaître de Medinet Habou si l’on considère leur attitude de marche apparente ; ceux de Chabataka sont toutefois vêtus d’un pagne chendjyt, et non du simple pagne court, sont coiffés de la perruque tripartite, et non de la perruque en bourse, portent la barbe et ont une carrure d’athlète. En définitive, les statuettes funéraires au nom de Chépénoupet sont plus proches de celles réalisées pour Piânkhy et pour Neferoukakachta que de celles réalisées pour Chabataka. Ces similitudes entre les statuettes en faïence siliceuse au nom de Chépénoupet, et celles de Piânkhy et de Neferoukakachta ne laissent pas de doute sur le fait que ces trois troupes ont été réalisées à la même époque18. L’attribution de cette troupe à Chépénoupet II, que l’on sait avoir survécu à la première décennie de la XXVIe dynastie, est donc plus que douteuse. Pour autant, c’est justement à la fin de l’époque libyenne qu’a officié l’adoratrice d’Amon Chépénoupet Ire, fille d’Osorkon III. C’est donc Chépénoupet Ire, plutôt que Chépénoupet II, qu’il convient de reconnaître dans la désignation 13
Voir D. Dunham, op. cit., p. 83 et pl. XLVI, C et F. A. Lohwasser, Die königlichen Frauen im antiken Reich von Kusch (Meroitica 19), 2001, p. 171-172, D.37. 15 Fr. Payraudeau a récemment attiré l’attention sur les similitudes qui existent entre les statuettes funéraires de Piânkhy et celles de Chabataka : Fr. Payraudeau, « Retour sur la succession Shabaqo-Shabataqo », NeHeT 1 (2014), p. 120. 16 Voir D. Dunham, op. cit., p. 69 et pl. XLV, A ; JWIS III, p. 51, no 9. 17 D. Dunham, op. cit., p. 69 et pl. XLV, B. 18 La similarité entre ces statuettes au nom de Chépénoupet et celles de Piânkhy a bien été vue par L. et J.-Fr. Aubert, mais ceux-ci n’en ont tiré aucune conclusion historique : J.-Fr. Aubert, L. Aubert, op. cit., p. 197. 14
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A. Chépénoupet
B. Piânkhy
C. Neferoukakachta
D. Chabataka Fig. 2A-D. Statuettes funéraires de Chépénoupet (A), Piânkhy (B), Neferoukakachta (C) et Chabataka (D) (échelle respectée), d’après U. Hölscher, The Excavation of Medinet Habu V: Post-Ramesside Remains (OIP 66), 1954, pl. 21 ainsi que G et D. Dunham, Royal Cemeteries of Kush I: el-Kurru, 1950, pl. XLIV, A, XLVI, C et XLV, A-B.
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« l’épouse du dieu et (divine) adoratrice Chépénoupet » peinte sur la petite troupe d’ouchebtis mise au jour à Medinet Habou. Ceci permet de préciser le moment du décès de Chépénoupet Ire, à quelques années tout au plus de celui de Piânkhy, vers 714 avant notre ère. Le fait que Chépénoupet Ire a pris part aux aménagements d’époque kouchite dans la chapelle d’Osiris Heqa-djet a récemment été remis en cause19 mais on peut toutefois poser l’hypothèse que cette adoratrice a connu les premières années du règne de Chabataka en Égypte. En effet, J. Jacquet a mis au jour à Karnak-Nord un fragment, provenant éventuellement d’une boîte, en matériau bleu, inscrit aux noms de Chabataka et d’une divine adoratrice Chépénoupet20. Le fouilleur a attribué ce fragment à Chépénoupet II mais celle-ci n’étant pas entrée en fonction avant le règne de Taharqa, il vaudrait mieux, au moins jusqu’à plus ample informé, considérer que la divine adoratrice mentionnée est vraisemblablement Chépénoupet Ire. On admet désormais que la conquête de l’Égypte a eu lieu en l’an 3 de Chabataka. Son couronnement à Thèbes cette année-là est commémoré par le texte du relevé nilométrique (NLR) 33 du quai de Karnak21. Comme il est assuré que Taharqa a accédé au trône en 690 avant notre ère et que le règne de Chabaka a duré quatorze ans et quelques mois, l’an 3 de Chabataka correspond avec l’an 712 avant notre ère si l’on considère que le témoignage de Manéthon dans la version de l’Africain, qui lui donne 8 années de règne, est correct22. Par ailleurs, les sources assyriennes viennent confirmer la présence d’un roi d’origine kouchite en Égypte à partir de 712 avant notre ère23. L’année 712 avant notre ère pourrait donc constituer un terminus post quem pour le décès de Chépénoupet Ire. On a longtemps pensé que les chapelles des adoratrices de Medinet Habou avaient également abrité leurs sépultures. Néanmoins, B. Bruyère24, J. Leclant25, puis C. Koch26, ont proposé de dissocier les chapelles funéraires des adoratrices, 19 C. Koch, „Die den Amun mit ihrer Stimme zufriedenstellen“: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im thebanischen Amunstaat von 22. bis zur 26. Dynastie (SRaT 27), 2012, p. 78 et 116. 20 Fragment Karnak-Nord A 3657 : J. Jacquet, Le trésor de Thoutmosis Ier : Installations antérieures ou postérieures au monument (FIFAO 36), 1994, p. 114. D’après I. Hein, que je remercie pour ses recherches dans sa documentation, ce fragment a vraisemblablement été enregistré par le ministère des antiquités de l’Égypte et ne se trouve plus avec les autres objets de ces fouilles. 21 JWIS III, p. 40, no 5. 22 Pour cette restitution, voir Fr. Payraudeau, NeHeT 1 (2014), p. 124. 23 Voir en dernier lieu id., loc. cit. 24 B. Bruyère, Rapport sur les fouilles de Deir el Médineh (années 1945-1946 et 1946-1947) (FIFAO 21), 1952, p. 77. 25 J. Leclant, Recherche sur les monuments thébains de la XXVe dynastie dite éthiopienne (BdE 36), 1965, p. 154-155. 26 C. Koch, op. cit., p. 26-38 ; id., « Between Tradition and Innovation – the ḥwwt-kꜢ of the God’s Wives », dans M. Becker, I. Blöbaum, A. Lohwasser (éd.), « Prayer and Power » : Proceedings of the Conference on the God’s Wives of Amun in Egypt during the First Millennium BC
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à vocation mémorielle, de leur tombe proprement dite. Comme le souligne C. Koch, les textes de dédicace des chapelles désignent en effet ces bâtiments non comme des tombes mais comme des ḥwwt-kꜢ, chapelles mémorielles, et précisent qu’ils ont été dédiés en faveur des adoratrices défuntes par leurs héritières, ce qui n’est guère concevable pour des tombes. Par ailleurs, C. Koch et M. Wagner ont montré que le sarcophage de Nitocris n’a pas pu être sorti de la chapelle sans que son ouverture en ait été agrandie, ce qu’aucune trace ne vient confirmer27. C. Koch a finalement proposé de rechercher les tombes des adoratrices kouchites, Aménirdis Ire et Chépénoupet II, en Nubie28 et celles des adoratrices saïtes, Nitocris et Ânkhnesneferibrê, à Deir el-Medineh, où ont été découverts leurs sarcophages29, celui d’Ânkhnesneferibrê ayant été remployé par Pamontou / Palyn au tout début de l’époque romaine30 alors que celui de Nitocris ne montre pas de trace de remploi31. L’auteur n’a proposé aucune solution pour Chépénoupet Ire car, d’après son inventaire des monuments de Medinet Habou, ni cette adoratrice ni des représentantes de son entourage n’y sont attestées32. U. Hölscher a présumé, d’après les vestiges encore en place, que les chapelles des adoratrices se sont développées de l’est vers l’ouest. Les fouilles ont montré que la structure orientale est antérieure à la chapelle d’Aménirdis Ire et qu’elle a subi des réaménagements pour être intégrée à côté d’elle et lui être reliée par une porte33. Elle a été construite en briques et certaines parties seulement ont reçu un parement en pierre : la pièce souterraine identifiée par U. Hölscher comme la « chambre funéraire » (tombe 17) ainsi que la pièce du rez-de-chaussée qui la surmonte (pièce 17) et vraisemblablement aussi une partie de la façade34. Ce qui subsistait du parement de pierre de la pièce 17 portait des restes de textes
(ÄAT 84), 2016, p. 155-165 ; id., « The Sarcophagus of Nitocris (Inv. Cairo TN 6/2/21/1) : Further Considerations about the God’s Wives’ Burial Places », dans A. Amenta, H. Guichard (éd.), Proceedings First Vatican Coffin Conference 19-22 June 2013, 2017, p. 243-244. 27 C. Koch, dans M. Becker, I. Blöbaum, A. Lohwasser (éd.), op. cit., p. 157-158 et M. Wagner, Der Sarkophag der Gottesgemahlin Anchnesneferibre (SsR 16), 2016, p. 13 et 14, fig. 17. 28 C. Koch, „Die den Amun mit ihrer Stimme zufriedenstellen“: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im thebanischen Amunstaat von 22. bis zur 26. Dynastie (SRaT 27), 2012, p. 37 ; id., dans M. Becker, I. Blöbaum, A. Lohwasser (éd.), op. cit., p. 158-159. 29 C. Koch, dans A. Amenta, H. Guichard (éd.), op. cit., p. 243-244. Voir également M. Wagner, op. cit., p. 11-14. 30 À propos des modifications effectuées pour Pamontou / Palyn sur le sarcophage d’Ânkhnesneferibrê, voir ibid., p. 6-10. 31 C. Koch, dans A. Amenta, H. Guichard (éd.), op. cit., p. 231-248. 32 Ainsi C. Koch, „Die den Amun mit ihrer Stimme zufriedenstellen“: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im thebanischen Amunstaat von 22. bis zur 26. Dynastie (SRaT 27), 2012, p. 22 et 38. 33 U. Hölscher, The Excavation of Medinet Habu V: Post-Ramesside Remains (OIP 66), 1954, p. 19. 34 Ibid., p. 18-19.
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hiéroglyphiques, peints en noir sur fond jaune ; ils ont été interprétés par U. Hölscher comme des textes funéraires, sans plus de détail35. La partie souterraine de la chapelle a abrité deux inhumations de la première moitié de la XXVe dynastie36, mais aucun des éléments de mobilier funéraire qui y ont été découverts n’est clairement attribuable à Chépénoupet Ire. Des éléments d’incrustation en lapis lazuli dénotent la présence d’une riche sépulture dans la « chambre funéraire » (tombe 17) mais les ouchebtis qui l’accompagnaient, ouvriers et contremaîtres, demeurent anépigraphes37. Dans l’antichambre a été inhumée la chanteuse de l’Intérieur d’Amon Nebetimaouemhat surnommée Ânkhchépénoupet38, fille du chef des Libou Ânkhhor C selon la stèle Caire JE 4071639. Cette dernière stèle, que son style aux formes très amples et arrondies rattache assurément à la première moitié de la XXVe dynastie, représente Chépénoupet Ire jouant des sistres devant la triade thébaine ; son texte mentionne des bienfaits octroyés par une forme locale d’Amon à Aménirdis Ire40. Tout laisse donc penser que Nebetimaouemhat / Ânkhchépénoupet appartient au cercle proche de Chépénoupet Ire, du nom de laquelle elle tire son propre surnom. C’est donc bien à l’époque de Chépénoupet Ire au plus tard que Medinet Habou a été choisi comme lieu d’inhumation de certaines représentantes de l’entourage des adoratrices. La découverte de serviteurs funéraires des adoratrices dans le secteur de leurs chapelles à Medinet Habou s’oppose à l’hypothèse de situer leurs tombes en dehors de Medinet Habou. La découverte d’éléments de leurs mobiliers funéraires sur un site qui serait distinct de leurs inhumations est en effet problématique. C. Koch41 explique la présence de ces serviteurs funéraires à Medinet Habou en postulant l’adoption, sous l’impulsion des adoratrices kouchites, de
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Ibid., p. 19. Id., loc. cit. 37 Id., loc. cit. 38 Id., loc. cit. ; JWIS III, p. 301, no 65. 39 G. Legrain, « Notes d’inspection LXI : Sur une stèle achetée à Louqsor », ASAE 9 (1908), p. 277-283 ; J. Yoyotte, « Les principautés du Delta au temps de l’anarchie libyenne (Études d’histoire politique) », dans Mélanges Maspero I, 4 (MIFAO 66), 1961, p. 145 ; JWIS III, p. 302, no 65. 40 Certains auteurs ont proposé, sans pour autant apporter d’argument, de reconnaître une image de Chépénoupet II dans le cintre de la stèle : J. Leclant, op. cit., p. 186 ; JWIS III, p. 302, no 65 ; C. Koch, op. cit., p. 94 et 101, no 17 ; id., dans M. Becker, I. Blöbaum, A. Lohwasser (éd.), op. cit., p. 160. Les dons accordés par Amon à Aménirdis Ire dans le texte (῾nḫ (nb) wꜢs nb) s’appliquent mieux à une personne vivante que décédée, ce qui laisse penser que cette stèle a été dédiée du vivant d’Aménirdis. Par ailleurs, l’inhumation de Nebetimaouemhat a été datée par U. Hölscher de la première moitié de la XXVe dynastie alors qu’Aménirdis Ire est bien attestée sous le règne de Chabaka et semble être décédée sous celui de Taharqa. Dès lors, l’adoratrice Chépénoupet représentée dans le cintre ne peut être que Chépénoupet Ire, sur le nom de laquelle est calqué le surnom Ânkhchépénoupet porté par Nebetimaouemhat. 41 C. Koch, „Die den Amun mit ihrer Stimme zufriedenstellen“: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im thebanischen Amunstaat von 22. bis zur 26. Dynastie (SRaT 27), 2012, p. 36. 36
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ce qui a été interprété comme une pratique kouchite : des rois et des reines semblent avoir offert de leurs ouchebtis à leurs contemporains afin qu’ils les disposent dans leur propre tombe42. Suivant cette hypothèse, les ouchebtis des adoratrices trouvés à Medinet Habou auraient été offerts par les adoratrices à des prêtresses de leur entourage inhumées sur place. En Égypte, quelques cas de dépôts de serviteurs funéraires dans les tombes d’autres personnages ont pu être observés au Nouvel Empire43 mais aucune pratique similaire n’est clairement attestée au Ier millénaire avant notre ère. Elle n’a pas été remarquée pour les reines et les filles royales kouchites inhumées sur le sol égyptien. Quelques statuettes funéraires royales d’époque saïte ont été mises au jour à Memphis, dans le secteur de la table d’embaumement de l’Apis44, ou à Saqqarah45, dans un contexte identifié sans réel argument comme un dépôt votif46, mais ces découvertes semblent faire écho aux dépôts votifs de statuettes funéraires attestés aux époques antérieures, par exemple au Sérapéum de Memphis. Un petit nombre de statuettes de particuliers ont aussi été mises au jour hors de leurs tombes mais jamais dans un contexte clairement défini ; ainsi, une statuette de Chéchonq D, fils d’Osorkon II, a été trouvée à Giza parmi des débris à l’angle sud-ouest du mastaba G 716947 et une statuette de Montouemhat, décédé après l’an 9 de Psammétique Ier, a été découverte à Saqqarah, dans le puits funéraire du mastaba de Ptahhotep48. Dans tous les cas, ce ne sont pas des séries entières de statuettes qui sont découvertes en contexte extra-sépulcral, mais des statuettes isolées. En ce qui concerne les adoratrices d’Amon, nous avons pu montrer qu’au même titre qu’Aménirdis Ire, Chépénoupet II et Nitocris, Chépénoupet Ire est propriétaire d’une série de serviteurs funéraires découverts à Medinet Habou49. Il est difficile d’admettre que Chépénoupet Ire, descendante de la branche thébaine de la XXIIe dynastie, ait remis en vigueur en Égypte la pratique du don d’ouchebtis à des contemporains : dans les nécropoles kouchites, cette pratique 42 À ce propos, voir A. Lohwasser, Die königlichen Frauen im antiken Reich von Kusch (Meroitica 19), 2001, p. 99. 43 Ainsi, pour l’époque ramesside, voir Chr. Leblanc, Nefertari « l’aimée de Mout », 1999, p. 52-53, 142 et 189; H. D. Schneider, The Memphite Tomb of Ḥoremḥeb, Commander-in-Chief of Tut’ankhamūn: Catalogue of the Finds (EES ExcMem 60), 1996, p. 30. 44 Statuette attribuable à Psammétique II Caire, JE 86759, voir A. Badawi, Ahmed M. Badawi, Pages from Excavations at Saqqarah and Mit Rahinah, Vies et Travaux IV, 1984, p. 12 et pl. 3. 45 Statuette d’Apriès Caire, CG 48516 a été trouvée à Saqqarah en 1874, voir P. E. Newberry, Funerary Statuettes and Model Sarcophagi (CGC), II, p. 385, et III, p. 435. 46 Ainsi J.-Fr. Aubert, L. Aubert, Statuettes égyptiennes : Chaouabtis, ouchebtis, 1974, p. 214. 47 Boston, MFA 27.2236, Chr. Zivie-Coche, Giza au premier millénaire : Autour du temple d’Isis dame des pyramides, Boston, 1991, p. 278 ; G. Lenzo, R. Meffre, Fr. Payraudeau, La tombe du grand prêtre de Ptah Chéchonq à Memphis et son mobilier funéraire (MIFAO), à paraître. 48 N. de G. Davies, The Mastaba of Ptahhetep and Akhethetep at Saqqareh. Part II : The Mastaba. The Sculptures of Akhethetep (ASE 9), 1901, p. 6-7. 49 Contra C. Koch, op. cit., p. 22 et 38.
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pourrait éventuellement trouver ses racines dans les us égyptiens du Nouvel Empire mais il paraît très peu probable que Chépénoupet Ire l’ait réintroduite en Égypte après qu’elle soit tombée en désuétude. Par ailleurs l’absence de contexte votif lors de la découverte des ouchebtis des adoratrices et l’absence de statuettes de personnages inhumés hors de Medinet Habou ne permettent pas d’identifier les statuettes funéraires de Medinet Habou comme des éléments de dépôts d’ouchebtis extra-sépulcraux. Ajoutons que les serviteurs funéraires des adoratrices mis au jour à Medinet Habou ne sont pas des exemplaires isolés, comme c’est le cas dans les dépôts extra-sépulcraux, mais des séries de plusieurs statuettes, ce qui laisse penser qu’il s’agit des restes de troupes entières. Par ailleurs, hormis les sarcophages de Nitocris et d’Ânkhnesneferibrê mis au jour à Deir el-Medineh, les seuls éléments des mobiliers funéraires des adoratrices dont l’origine est connue sont les statuettes funéraires qui proviennent de Medinet Habou. Les quelques serviteurs funéraires d’Aménirdis Ire et de Chépénoupet II parvenus par un biais ou un autre dans les collections occidentales sont de provenance inconnue, de même qu’un scarabée de cœur au nom d’Aménirdis Ire50. U. Hölscher a donné des précisions sur les secteurs où ont été découverts les serviteurs funéraires (fig. 3) : les statuettes d’Aménirdis Ire ont été mises au jour dans le « tank »51, celles que nous attribuons à Chépénoupet Ire ont été découvertes dans les environs des chapelles52, celles de Chépénoupet II viennent des environs des chapelles53 ainsi que du « tank »54 et celles de Nitocris ont été trouvées dans le « tank »55 et ses environs immédiats56. Malgré le contexte archéologique pour le moins perturbé par les remaniements successifs du secteur du Petit Temple, il apparaît que les serviteurs funéraires des adoratrices ont été principalement mis au jour du côté du « tank ». Celui-ci est une structure de nature indéterminée située immédiatement au sud du sanctuaire du Petit Temple. Elle adopte un plan carré de 8,50 m de côté et est munie d’une descenderie axée est-ouest ; ses parois ont reçu un parement de pierre. Selon U. Hölscher57, cette structure ne peut avoir été ni un réservoir, car elle est située trop haut par rapport à la nappe phréatique, ni une structure 50
New York, MMA 15.6.38 : JWIS III, p. 276, no 18. U. Hölscher, op. cit., p. 23. 52 Ibid., p. 27, nos 2-3. 53 Des fragments d’ouchebtis en pierre de Chépénoupet II ainsi qu’une statuette de Diasethebsed V (propriétaire de la tombe 4) ont été découverts parmi les déblais remplissant la tombe 3 : ibid., p. 30. 54 Ibid., p. 27, no 1. 55 Ibid., p. 28, no 1. 56 Ibid., p. 28, no 2. 57 Id., The Excavations of Medinet Habu II: The Temples of the Eighteenth Dynasty (OIP 41), 1939, p. 39-40. 51
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12 11
20 18a 19
10
18
9
Chapelles de Chépénoupet II et Nitocris
1
©¬7DQN¬ª
Chapelle d’Aménirdis 17
6
N 16
5
15
14
4
13
État Nouvel Empire Réfections menées des dernières dynasties indigènes à l’époque romaine
3c 3
3d
3a 3b
1-20 Tombes datables entre la fin de l’époque libyenne et l’époque saïte N
Inhumation de Nebetimaouemhat / Ânkhchépénoupet
Aménagements d’époque kouchite dans le Petit Temple Fig. 3. Plan du secteur compris entre les chapelles des divines adoratrices et le Petit Temple de Medinet Habou.
funéraire ordinaire, car elle est trop grande pour avoir été complètement couverte. Elle est orientée parallèlement au Petit Temple et partage cette orientation avec plusieurs tombes du secteur datables entre l’époque libyenne et la XXVIe dynastie (tombe 1 d’Harsiésis, tombe 4 de Diasethebsed V58 et tombes 5-6 et 9-12 ; voir fig. 3)59. La découverte sur place des statuettes funéraires de Chépénoupet Ire, Aménirdis Ire, Chépénoupet II et Nitocris invite à se demander 58
Pour une liste des différentes Diasethebsed, se reporter à R. Meffre, RdE 64 (2013), p. 51-54. Voir le plan de la zone proposé par U. Hölscher, The Excavation of Medinet Habu I: General Plans and Views (OIP 21), 1934, pl. 6. 59
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si ce n’est pas en dehors des chapelles mais toujours dans ce secteur, à proximité des tombes des représentantes de leur entourage, qu’il faut chercher le lieu d’inhumation de ces adoratrices. Les réaménagements du Petit Temple à la XXXe dynastie, à l’époque ptolémaïque puis à l’époque romaine auraient pu avoir eu raison de leurs tombeaux, ce qui expliquerait la découverte de leurs statuettes funéraires éparses sur ce secteur et le remploi du sarcophage d’Ânkhnesneferibrê intervenu au début de la domination romaine.
L’INTRONISATION DE L’ADORATRICE DU DIEU AMÉNIRDIS Ire À THÈBES NOUVELLES DONNÉES ISSUES D’UN ÉDIFICE REMPLOYÉ À KARNAK
Laurent COULON EPHE, PSL, AOROC UMR 8546, Paris / Ifao, Le Caire
Anna GUILLOU Épigraphiste et archéologue, membre de la mission d’étude des Sanctuaires osiriens de Karnak
À Olivier, pour tant de science et d’amitié partagées. LC À mon professeur. AG
INTRODUCTION De la fin de l’époque libyenne à la fin de la période saïte, le statut de la divine adoratrice d’Amon à Thèbes1 connaît une évolution notable. La lignée de ces grandes prêtresses, de Chépénoupet Ire à Ânkhnesnéferibrê, se met en scène dans une continuité orchestrée au-delà des changements dynastiques2. Les héritières de la déesse Tefnout s’octroient progressivement l’ensemble des prérogatives royales (titulatures, phraséologie) et se voient destinataires de tous les rites de la royauté3, jusqu’à la fête-sed ou les funérailles4. L’appropriation 1 Sur la divine adoratrice / divine épouse d’Amon à Thèbes, voir de manière générale : M. Gitton, J. Leclant, LÄ II, 1977, col. 792-812, s.v. Gottesgemahlin ; L. Gosselin, Les divines épouses d’Amon dans l’Égypte de la XIXe à la XXIe dynastie (Études et mémoires d’Égyptologie 6), 2007 ; J. Yoyotte, « Les divines adoratrices d’Amon », dans Chr. Ziegler (éd.), Reines d’Égypte : D’Hétepherès à Cléopâtre (cat. d’exp. Monaco, Paris), 2008, p. 174-185 ; M. Ayad, God’s Wife, God’s Servant : the God’s Wife of Amun (c. 740-525 B.C.), 2009 ; ead., « The God’s wife of Amun : Origins and rise to power », dans E. D. Carney, S. Müller (éd.), The Routledge Companion to Women and Monarchy in the Ancient Mediterranean World, 2021, p. 47-60 ; C. Koch, „Die den Amun mit ihrer Stimme zufriedenstellen“: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im thebanischen Amunstaat von der 22. bis zur 26. Dynastie (SRaT 27), 2012 ; M. Becker, A. I. Blöbaum, A. Lohwasser (éd.), “Prayer and Power”: Proceedings of the Conference on the God’s Wives of Amun in Egypt during the First Millennium B.C. (ÄAT 84), 2016 ; Fl. GombertMeurice, Fr. Payraudeau (dir.), Servir les dieux d’Égypte : Divines adoratrices, chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes (cat. d’exp. Grenoble, 25 octobre 2018-27 janvier 2019), 2018. 2 Voir L. Coulon, dans Fl. Gombert-Meurice, Fr. Payraudeau (dir.), Servir les dieux d’Égypte, p. 270-281. 3 J. Leclant, « Les divines adoratrices d’Amon thébain », RHR 151 [Bulletin de la société Ernest-Renan 5] (1957), p. 132-133. 4 Au moment de la mort de Nitocris, Ânkhnesnéferibrê fait pour elle « tout ce qui est fait pour chaque roi efficient » (Caire JE 36907, l. 8-9 = A. Leahy, JEA 82 [1996], p. 146 et 148).
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par les divines adoratrices du rituel de l’intronisation royale5 est un marqueur central de ce statut d’exception. Jusqu’à présent, en dehors de représentations fragmentaires6, c’est surtout grâce à des témoignages de la XXVIe dynastie que nous connaissions le déroulement de l’intronisation de la divine adoratrice, ce qui pouvait laisser penser que les circonstances de l’adoption de Nitocris marquèrent une nouvelle étape dans le transfert des prérogatives royales aux divines épouses d’Amon7. Les travaux menés par la mission Sanctuaires osiriens de Karnak ont pu confirmer que, loin d’être une innovation saïte, la mise en scène de la divine adoratrice dans le rituel d’intronisation « classique » était déjà bien attestée à la XXVe dynastie. La découverte d’une attestation inédite de l’intronisation d’Aménirdis Ire a été réalisée lors d’une nouvelle étude de la chapelle d’Osiris de Coptos, située à côté de la nécropole osirienne de la partie nord-est du téménos d’Amon à Karnak8. Sur la base des relevés des blocs éthiopiens remployés dans ce bâtiment, nous avons pu proposer des reconstitutions de plusieurs scènes appartenant à une chapelle jusqu’alors inconnue d’Aménirdis Ire. Nous présenterons ici d’abord une sélection des principaux assemblages de blocs, les différents éléments identifiables du programme décoratif de la chapelle ainsi qu’une première discussion sur la possible restitution du plan original du bâtiment9. Nous reviendrons ensuite plus précisément sur les scènes de l’intronisation. I. LA RECONSTRUCTION DE LA CHAPELLE D’AMÉNIRDIS IRE
ET SON DÉCOR
Dans son état actuel, la décoration de l’édifice dédié à Osiris de Coptos (fig. 1) date de la fin de l’époque ptolémaïque, sous Ptolémée XII, et du début de l’époque romaine, sous Tibère. Ses maçonneries laissent visibles de nombreux blocs remployés datés pour la grande majorité de la XXVe dynastie, 5 Sur ce rituel, appelé couramment « rituel du couronnement », voir W. Barta, ZÄS 112 (1985), p. 1-13, part. p. 6-13 (avec réf. antérieures) ; U. Rummel, Iunmutef: Konzeption und Wirkungsbereich eines altägyptischen Gottes (SDAIK 33), 2010, p. 144-157 ; M. Stadler, Würzburger Jahrbücher für die Altertumswissenschaft Neue Folge 36 (2012), p. 59-94. 6 Voir ainsi le bloc découvert dans la colonnade de l’est et signalé par J. Leclant (réf. donnée infra, n. 47) ou la scène de la chapelle d’Osiris Heqa-djet (datable du règne de Chabataka) montrant les pieds seuls conservés de la divine adoratrice et de deux dieux l’entourant, interprétable comme une scène de couronnement. Cf. G. Legrain, RecTrav 22 (1900), p. 128, paroi D (= KIU 1431). Nous remercions J. Hourdin d’avoir attiré notre attention sur ce dernier document. 7 J. Vandier, ZÄS 99 (1972), p. 33 (avec grande prudence, néanmoins). 8 L. Coulon, A. Hallmann, Fr. Payraudeau, « The Osirian Chapels at Karnak : An Historical and Art Historical Overview Based on Recent Fieldwork and Studies », dans E. Pischikova, J. Budka, K. Griffin (éd.), Thebes in the First Millennium BC (GHP Egyptology 27), 2018, p. 273, fig. 1, no 19. 9 Une publication complète de la chapelle d’Osiris coptite et de ses remplois est en préparation, qui reviendra sur la question du plan de la chapelle éthiopienne, dont nous ne pouvons présenter ici de manière détaillée les hypothèses de restitution.
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Fig. 1. La chapelle d’Osiris de Coptos en 2009, vue vers le nord (photographie L. Coulon © Mission Sanctuaires osiriens de Karnak / CFEETK-CNRS / IFAO).
le reste étant attribuable au Nouvel Empire et à l’époque saïte10. Cette chapelle a retenu l’attention depuis les débuts de l’égyptologie, comme en témoignent les dessins réalisés par J.-Fr. Champollion et K. R. Lepsius. Les remplois de la XXVe dynastie ont été enregistrés systématiquement pour la première fois en 1950-1951 par J. Leclant, qui en a publié quelques-uns11. Les inscriptions ont également été incluses dans le corpus des inscriptions de la XXVe dynastie
10 Au bloc de granit provenant du sanctuaire de barque de Thoutmosis III s’ajoutent une vingtaine de blocs remployés datés de la XXVIe dynastie. On compte un montant au nom de Psammétique Ier (Fr. Leclère, L. Coulon, Temple d’Osiris Coptite, rapport préliminaire de la troisième campagne, mars-avril 2009, p. 32), ainsi que des éléments de corniches au nom de Nitocris et plusieurs autres blocs présentent le cartouche de Psammétique II regravé (entre autres celui mentionné dans J. Leclant, Recherches sur les monuments thébains de la XXVe dynastie dite éthiopienne [BdE 36], 1965, p. 56, § 13, f). 11 Ibid., p. 56, § 13. Les archives J. Leclant du Collège de France comportent une série de plans de repérages cotés de la chapelle d’Osiris coptite, avec indication des blocs de remplois éthiopiens ; une série de relevés au 1/10e de ces blocs, en date des 29 et 30 avril 1950 ; et une série de fiches avec photographies prises à l’occasion des fouilles d’H. Chevrier en 1950-1951, incluant des clichés des blocs de remplois éthiopiens. Nous remercions N. Grimal, O. Perdu et E. Rickal pour l’accès qu’ils nous ont donné à plusieurs reprises à ces archives.
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Fig. 2. Plan de la chapelle d’Osiris de Coptos (relevé S. Delcros © Mission Sanctuaires osiriens de Karnak / CFEETK-CNRS / IFAO).
de K. Jansen-Winkeln12 et ont fait l’objet de commentaires ponctuels13. Lors des fouilles menées par Fr. Leclère dans cette zone, un relevé complet des blocs, ceux déjà visibles et ceux mis au jour par les archéologues, a été mené à bien par A. Guillou14. 12
JWIS III, p. 260-261, § 51.6 et Nachträge, p. 567-569. L. Coulon, « Les processions de “soubassements” sur les monuments des Divines Adoratrices thébaines (Troisième Période intermédiaire – époque saïte) », dans A. Rickert, B. Ventker (éd.), Altägyptische Enzyklopädien, Soubassementsstudien I (SsR 7), 2014, p. 977-992, part. p. 978 n. 11, p. 981, Farbtafeln XIb et XIV. 14 L’étude a eu lieu lors des missions archéologiques de l’Université Paris IV-Sorbonne UMR 8167/CFEETK en mars et avril 2009 et 2010 dirigées par Fr. Leclère et L. Coulon. Ces missions s’inscrivent dans le cadre du projet Sanctuaires osiriens à Karnak (SCA, IFAO, CFEETK, HiSoMA, CNRS, INRAP). L’étude des blocs remployés a fait l’objet d’un Master à l’École du Louvre par A. Guillou sous la direction d’O. Perdu (Collège de France) et L. Coulon : Recherches sur le programme décoratif des chapelles des divines adoratrices de la XXVe dynastie à Thèbes : Étude de blocs éthiopiens réutilisés dans le temple d’Osiris Coptite à Karnak, Master inédit de l’École du Louvre, 2 vol., 2009. C’est ici l’occasion de remercier toutes les personnes qui ont rendu cette recherche possible : les membres de la mission archéologique plus particulièrement 13
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Le corpus compte cinquante-quatre blocs de la XXVe dynastie identifiés en remploi dans la construction de la chapelle d’Osiris coptite ; quinze blocs sont utilisés en fondation et trente-neuf sont inclus dans l’élévation des murs (fig. 2). Neuf d’entre eux portent le cartouche d’Aménirdis, quatre sont suivis de l’épithète ῾nḫ.tj (qu’elle vive !). Le nom de Chépénoupet est quant à lui inscrit sur deux blocs. Sur la base des données disponibles et de la position probable des blocs dans l’édifice, nous proposons une reconstitution de quelques scènes principales de la chapelle. Les fragments de la façade Un premier groupe comprenant six blocs, identifiés aisément grâce au module de la scène et à la taille des inscriptions, appartient au décor de la façade. L’épaisseur des blocs est d’un mètre. La scène est sculptée en relief dans le creux et ornée de couleurs encore bien conservées (fig. 3). Amon-Rê tient la main de l’adoratrice du dieu Aménirdis et lui offre vie et force. La partie inférieure devait être occupée par des figures de fécondité (fig. 4). La façade de la chapelle d’Osiris Padedânkh, reconstituée virtuellement par P. Barguet et J. Leclant à partir de blocs découverts à Karnak-Nord par Cl. Robichon15,
Fig. 3. Bloc Osiris coptite 169.125.1-1 © CFEETK. M. Arafa, S. Delcros, D. Driaux, L. Gallet, A. Pillon, L. Mehl, M. Saad, J. Siesse, l’équipe du CFEETK dirigé alors par Chr. Thiers et I. Soleiman, notamment le laboratoire de photographie dirigé par J.-Fr. Gout, les photographes A. Bagarry, K. Dowi abd el-Radi et N. Gambier et le laboratoire de restauration et de conservation dirigé par A. Oboussier, les restauratrices V. Baudon et A. Wallon, le Centre de Recherches égyptologiques de Paris IV-Sorbonne dirigé alors par D. Valbelle. 15 P. Barguet, J. Leclant, Karnak-Nord IV (FIFAO 25), 1954, p. 109-128, pl. XCVI-CXII. Cette publication mentionnait déjà la similitude entre les blocs réutilisés trouvés à Karnak-Nord et ceux réutilisés dans la chapelle d’Osiris de Coptos et suggérait qu’ils provenaient de bâtiments similaires. Voir aussi J. Hourdin, Des Pharaons kouchites aux Pharaons saïtes : identité, enjeux et pouvoir dans l’Égypte du VIIe s. av. J.-C., thèse de doctorat, Université de Lille, 2016, p. 402.
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Fig. 4. Restitution d’une partie de la façade (dessin A. Guillou, bloc P 23 d’après Karnak-Nord IV, FIFAO 25, 1954, fig. 130 © Mission Sanctuaires osiriens de Karnak / CFEETK-CNRS / IFAO).
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présente deux scènes symétriques de dimension comparable et à l’iconographie presque identique16. Par ailleurs, P. Barguet et J. Leclant ont identifié à KarnakNord un fragment qui complétait la partie supérieure de la scène par trois cartouches dont un martelé17. Il s’agit, dans l’état actuel des recherches, du seul assemblage réalisé entre ces deux ensembles de blocs remployés. Le décor de la paroi s’organise autour d’un axe de symétrie matérialisé par la colonne de texte vertical ainsi que par le changement du sens de lecture dans la ligne de texte située au-dessus. Cela implique la présence du pendant symétrique de la scène conservée sur la partie droite. Un bloc du corpus (169.115.2-7) figurant les pieds bleus d’Amon du même module, se dirigeant vers la gauche et surmontant une procession de figures de fécondité, appartiendrait à cette scène similaire symétrique. À partir de ces vestiges, nous pouvons proposer une façade d’une hauteur d’au moins cinq mètres et d’une longueur supérieure à sept mètres si l’on admet qu’elle était ornée de deux scènes symétriques et pourvue d’une porte d’entrée. L’épaisseur de ce mur de façade est d’un mètre d’après un bloc posé en boutisse décoré sur les deux faces opposées (parpaing). Les scènes des murs extérieurs Un deuxième groupe compte dix blocs décorés en relief dans le creux et peints, qui correspondent aux vestiges des murs extérieurs de la chapelle. Un bloc comportant un tore (bloc 169.117.2-5, fig. 5) prenait position dans un angle extérieur du bâtiment et a d’ailleurs été remployé dans l’angle nord-est de la chapelle ptolémaïque. Les deux faces perpendiculaires de ce bloc attestent du départ des deux murs extérieurs dont la décoration ne correspond pas à celle de la façade (fig. 6 et 8). La direction du dieu Amon, marchant vers la gauche, indique qu’il pourrait s’agir de l’angle extérieur arrière droit du bâtiment. Le mur latéral qui se développe du côté gauche de l’angle montre Amon-Rê dans l’attitude de la marche, vêtu d’un pagne et d’un corselet dont les détails sont peints (fig. 6). Quatre blocs qui présentent le même module et le même type de gravure peuvent être associés aux scènes de ce mur. Son épaisseur (57 cm) est connue grâce au bloc 169.115.2-4 dont le décor en relief sur la face opposée est parfaitement conservé. Faute d’éléments suffisants, l’hypothèse de reconstruction ne reflète pas une position assurée des quatre blocs, mais ceux-ci permettent de restituer quatre scènes au minimum : l’offrande du 16
Pour ce qui concerne la décoration intérieure de notre édifice, si le module des scènes et la hauteur des registres sont également très proches, les hauteurs d’assises sont cependant plus importantes pour les blocs de notre corpus. 17 J. Leclant, Recherches sur les monuments thébains de la XXVe dynastie dite éthiopienne (BdE 36), 1965, p. 56 ; P. Barguet, J. Leclant, Karnak-Nord IV (FIFAO 25), 1954, p. 44, 135 (2) et fig. 130.
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Fig. 5. Vue générale de la chapelle d’Osiris de Coptos avec détail du bloc 169.117.2-5 (photographies Fr. Leclère et CFEETK © Mission Sanctuaires osiriens de Karnak / CFEETK-CNRS / IFAO).
Fig. 6. Assemblage de blocs appartenant à un mur latéral extérieur (Dessin A. Guillou © Mission Sanctuaires osiriens de Karnak / CFEETK-CNRS / IFAO).
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Fig. 7. Bloc Osiris coptite 169.124.2-5 © CFEETK.
vase-nemset à Amon, l’offrande du vin, une libation à une divinité et une scène indéterminée dont l’un des protagonistes est Amon. Le bloc 169.124.2-5 (fig. 7) situé en partie supérieure du registre figure les coiffes d’Amon-Rê et de l’épouse du dieu dos à dos de part et d’autre d’un filet séparant les deux scènes. Deux cartouches sont visibles, le premier étant martelé, tout comme les épithètes qui l’accompagnent, et conservant de faibles traces du premier signe . L’ensemble se lit ainsi : « [la sœur du] roi Cha[baka (/bataka ?), juste de voix], la main du dieu, Amén[irdis] vivante »18. Si la lecture du cartouche royal est incertaine, elle permet néanmoins d’envisager une datation sous les règnes de Chabaka ou Chabataka, le roi mentionné devant être, en tout état de cause, le roi régnant. Sur le côté droit du bloc d’angle, un mur perpendiculaire de 64,5 cm d’épaisseur se développe. Les trois blocs associés au bloc d’angle témoignent d’une séquence de trois scènes caractéristiques du cycle d’intronisation (fig. 8). Les reliefs montrant le couronnement de Taharqa situés sur le mur nord de la salle H du temple d’Amon à Kawa (Temple T) fournissent un parallèle pour ces scènes (fig. 9)19. À droite, le bloc 169.117.2-3 constitue la moitié inférieure de la scène : l’épouse du dieu est agenouillée aux pieds – peints en bleu – d’Amon assis sur son trône ; Iounmoutef, vêtu de son costume caractéristique dont il ne reste ici que la queue de léopard, se tient face à elle. Le parallèle du temple de Kawa permet d’ajuster la position de ce bloc.
18 La séquence « sœur du roi Cha[baka (/bataka ?)] » est attestée également sur un bloc de Médamoud (JWIS III, p. 324, § 51.109 [o]). Sur ces deux occurrences, voir Fr. Payraudeau, NeHet 1 (2014), p. 118 n. 25-26. 19 M. Fr. L. Macadam, The Temples of Kawa. II. History and Archaeology of the Site (Oxford University Excavations in Nubia), 1955, pl. XXII c.
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Fig. 8. Assemblage de blocs appartenant à un mur latéral extérieur (Dessin A. Guillou, photographies CFEETK © Mission Sanctuaires osiriens de Karnak / CFEETK-CNRS / IFAO).
Fig. 9. Temple d’Amon à Kawa (Temple T), mur nord de la salle H (M. Fr. L. Macadam, Kawa II, pl. XXII c).
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La deuxième scène montre trois baou de Nekhen (bloc 169.116.2-4), les trois baou de Pé devant être représentés au-dessous. La partie gauche de ce bloc fait partie de la dernière scène du mur, la plus complète car conservée sur trois blocs. L’adoratrice du dieu, conduite par Horus et Thot, est accueillie dans le pr-wr par une déesse réalisant le geste d’accueil-nyny20. L’échelle de nos scènes est proche de celle des scènes de Kawa, mais deux différences majeures sont néanmoins à noter : d’une part, à Kawa les scènes sont sculptées en relief et font partie de la décoration intérieure ; d’autre part, la séquence comprend une scène supplémentaire, le couronnement du roi par Horus et Thot21. Deux blocs supplémentaires (169.116.2-1 + 169.116.2-8) sont également à ajouter à ce lot (fig. 10). Appartenant à un mur épais de 61 cm, ils présentent les mêmes caractéristiques (hauteur d’assise, gravure et probablement tore d’angle). Les baou sont en position d’acclamation (tournés vers la gauche cette fois-ci) ; devant eux se tient un personnage tenant une queue d’animal derrière lui, probablement à identifier à Iounmoutef. Les restes de légende indiquent un
Fig. 10. Assemblage de blocs appartenant à l’angle d’un mur latéral extérieur (Dessin A. Guillou © Mission Sanctuaires osiriens de Karnak / CFEETK-CNRS / IFAO). 20
Sur ce geste, voir B. Dominicus, Gesten und Gebärden in Darstellungen des Alten und Mittleren Reiches (SAGA 10), 1994, p. 38-58 ; A. Grassart-Blésès, « Le geste nyny dans les scènes de temple du Nouvel Empire », dans P. M. Michel (éd.), Rites aux portes (EGeA 4), 2017, p. 33-47. 21 Voir infra § II le tableau comparatif des programmes décoratifs. Pour ce couronnement par Horus et Thot appliqué à Aménirdis Ire, voir la scène de la chapelle d’Osiris Heqa-djet mentionnée supra n. 6.
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bénéficiaire féminin. Cette scène peut, en fonction des parallèles connus, s’inscrire dans deux contextes. Le premier est celui du couronnement, une même disposition des acteurs étant connue par les décorations d’entrecolonnements de Taharqa à Karnak-Nord22. Le second est celui de la scène de célébration de la fête-sed, connu par un unique exemple au nom de Chépénoupet II23, mais aucun autre élément ne permet de corroborer cette restitution ici. Aperçu de la décoration intérieure Le troisième groupe de blocs, le plus important en nombre, rassemble ceux qui comportent une gravure en relief. Il recoupe pour une part les groupes de blocs décorés en creux appartenant aux murs extérieurs, certains présentant un décor en relief sur leur face opposée. Leur examen permet d’une part de recomposer le décor intérieur, en s’appuyant sur l’assemblage des scènes extérieures, et d’autre part de connaître l’épaisseur des murs. Les deux modules de scènes en relief observés ainsi que la hauteur de la façade permettent d’envisager deux registres dans la décoration, le module le plus grand devant correspondre au registre inférieur comme cela est le cas par exemple dans la chapelle voisine dédiée à Osiris Heqa-djet. Le programme décoratif est constitué de scènes d’offrandes et de rituels à Amon-Rê et à Osiris, ainsi que des scènes du rituel de l’Ouverture de la bouche. Si la décoration extérieure est datée par le cartouche royal associé à celui d’Aménirdis, les reliefs intérieurs conservent uniquement le cartouche d’Aménirdis vivante. Sur l’un de ces tableaux intérieurs, la divine adoratrice escortée de son grand intendant agite les sistres devant le dieu (fig. 11)24. Le bloc constituant la partie supérieure est manquant mais la légende précise l’action à l’aide du signe du sistre à naos. Cet assemblage de deux blocs présente un axe de symétrie duquel on peut déduire la dimension minimale du mur de la pièce, environ 2,40 m. L’épaisseur du mur est connue, 61,5 cm, cette scène étant sculptée au revers du bloc représentant les baou de Pé mentionné plus haut (169.116.2-1). Non loin de là, dans la chapelle d’Osiris Heqa-djet25, Aménirdis joue des sistres pour Amon-Rê, mais elle est représentée seule, vêtue d’une robe fourreau. La représentation du grand intendant accompagnant l’épouse du dieu est attestée durant le règne de Chépénoupet II26, et, pour la scène d’agiter les sistres, les parallèles 22
Karnak-Nord, entrecolonnement E∂5 = P. Barguet, J. Leclant, Karnak-Nord IV, pl. LXXX. Ibid., pl. CIII-CIV ; restitution par L. Coulon et A. Guillou dans V. Rondot (éd.), Pharaon des Deux Terres : L’épopée africaine des rois de Napata (cat. d’exp. Paris, 2022), 2022, p. 224, fig. 74. 24 Au moment de sa découverte en 2009, il n’a pas été possible de prendre une photographie de l’ensemble du bloc car celui-ci est peu accessible ; seules des photos de détail ont été prises. Le relevé dessin a pu néanmoins être réalisé. 25 Salle 1, paroi nord, registre inférieur. 26 J. Leclant, « Le prêtre Pekiry et son fils le Grand Majordome Akhamenrou », JNES 13 (1954), p. 160 et pl. VII. 23
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Fig. 11. Scène intérieure « Jouer des sistres » (Dessin A. Guillou © Mission Sanctuaires osiriens de Karnak / CFEETK-CNRS / IFAO).
ne sont attestés qu’à l’époque saïte27. Notre scène pourrait donc être l’un des tout premiers exemples de la représentation de l’intendant de l’adoratrice kouchite sur des scènes de temple. Portes Plusieurs montants de porte et linteaux appartiennent à des portes inscrites au nom d’Aménirdis vivante. Certaines, décorées en relief, sont situées à l’intérieur de la chapelle et montrent le départ d’un mur perpendiculaire (par exemple : fig. 12, porte A). Deux linteaux décorés en relief surmontaient des portes d’une ouverture estimée à 1 m et 1,10 m de large (fig. 12)28. L’un représente Aménirdis vivante touchant les plumes d’Amon-Rê (fig. 12, porte B)29. Les indications géographiques du décor supposent une orientation identique de 27 L. Coulon et al., La chapelle d’Osiris Ounnefer Neb Djefaou, à paraître, scène 19. Cette scène est mentionnée dans A. Hallmann, « Iconography of Prayer and Power : Portrayals of the God’s Wife Ankhnesneferibre in the Osiris Chapels at Karnak », dans “Prayer and Power”: Proceedings of the Conference on the God’s Wives of Amun in Egypt during the First Millennium BC (ÄAT 84), 2016, p. 208. 28 Les faces arrière ne sont pas décorées. Le linteau de la porte A est épais de 57,5 cm tandis que le linteau de la porte B est épais de 55 cm. 29 J. Leclant, Recherches, §13 b) p. 55. La photographie du bloc a été publiée récemment dans L. Coulon, A. Hallmann, Fr. Payraudeau, « The Osirian Chapels at Karnak: An Historical and Art Historical Overview Based on Recent Fieldwork and Studies », dans E. Pischikova, J. Budka, K. Griffin (éd.), Thebes in the First Millennium BC (GHP Egyptology 27), 2018, fig. 3, p. 276.
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Fig. 12. Restitutions de deux portes avec des linteaux décorés en relief (Dessin A. Guillou © Mission Sanctuaires osiriens de Karnak / CFEETK-CNRS / IFAO).
ces deux linteaux : la partie droite est dirigée vers le nord (ou l’est). Il ne peut donc théoriquement pas s’agir des deux linteaux opposés d’une même porte. Plan La collecte de toutes les données disponibles concernant ces blocs remployés nous permet de préciser quelques caractéristiques du plan ainsi que la taille du bâtiment auquel ils appartenaient. L’emprise de l’édifice au sol est supérieure à 7,50 m en façade sur 8 m de long30. La position de la porte d’entrée devait vraisemblablement être désaxée, et non pas au milieu de la façade, auquel cas 30
En comparaison avec d’autres bâtiments de la même période, ces dimensions semblent être dans la norme. Les dimensions de la chapelle d’Osiris Heqa-djet à Karnak (avec des ajouts de la XXVe dynastie) sont d’environ 10 m par 10 m, la chapelle d’Osiris Neb-ânkh dans l’enceinte de Montou mesure à peine 10 m par 11 m, la façade de la chapelle d’Osiris Padedânkh mesure également environ 10 m. À Medinet Habou, la façade de la chapelle d’Amenirdis Ire est un peu moins longue, environ 8,5 m.
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celle-ci aurait mesuré plus de 10 m de long. L’édifice possédait des tores d’angle à l’extérieur puisqu’un bloc d’angle du bâtiment muni d’un tore est attesté de manière certaine. La décoration se développant sur chacun des côtés perpendiculaires de ce bloc d’angle étant incompatible avec les murs de façade, il se positionne donc sur l’un des angles arrière du bâtiment. Les scènes de l’intronisation se situeraient alors à l’arrière de la chapelle ou bien sur le mur latéral gauche. Un autre bloc (169.116.2-8) pourrait, avec prudence, être considéré comme l’autre angle de l’arrière du bâtiment. La décoration de certains blocs sur les faces opposées indique une largeur de 1 m pour le mur de la façade, et, pour les murs extérieurs, une largeur comprise entre 57 cm et 64,5 cm. Les épaisseurs des murs cloisonnant les espaces intérieurs ne sont pas connues. Des éléments de portes intérieures décorées en relief attestent de l’existence d’au moins deux pièces31, dont l’une était large d’environ 2,40 m et longue d’au moins 3,50 m. La question de l’emplacement initial de ce bâtiment reste entière. Dans les années 1960, J. Leclant émettait l’hypothèse que ses fondations se trouvaient sous la chapelle ptolémaïque d’Osiris de Coptos32. Cependant, aucune preuve archéologique n’a jusqu’à présent été retrouvée lors des fouilles menées par Fr. Leclère33. Parmi les bâtiments déjà connus à Karnak pour lesquels seules les fondations sont conservées (ou seulement une ou deux assises), certains pourraient correspondre aux dimensions de notre édifice34. II. L’INTRONISATION D’AMÉNIRDIS IRE Malgré le caractère très fragmentaire des scènes de l’édifice d’Aménirdis Ire qui peuvent être reconstituées d’après les blocs de remploi de la chapelle d’Osiris coptite, la présence du cycle d’intronisation de la divine adoratrice au sein de ses décors est clairement identifiable. Il comporte la scène caractéristique dans laquelle la candidate au trône est agenouillée devant le dieu assis, 31 Il pourrait s’agir de trois pièces, mais nous ne pouvons exclure l’hypothèse que le linteau montrant Aménirdis touchant les plumes d’Amon-Rê (fig. 12, porte B) prenne place à l’arrière de la façade. 32 J. Leclant, Recherches, p. 54. 33 Fr. Leclère, dans id., L. Coulon, Karnak. Temple d’Osiris coptite. Rapport préliminaire de la troisième campagne. Mars-avril 2009, p. 14. 34 Ainsi la chapelle située à Karnak est, à l’extérieur de l’enceinte, dégagée par D. B. Redford (voir E. Laroze, D. Valbelle, Travaux du Cfeetk 2005-2007, p. 26, fig. 20 ; L. Coulon, A. Hallmann, Fr. Payraudeau, « The Osirian Chapels at Karnak: An Historical and Art Historical Overview Based on Recent Fieldwork and Studies », dans E. Pischikova, J. Budka, K. Griffin [éd.] Thebes in the First Millennium BC [GHP Egyptology 27], 2018, p. 273, fig. 1, no 18). Cette dernière chapelle, située à l’est de la chapelle d’Osiris Heqa-djet, est la plus proche géographiquement. Les éléments archéologiques disponibles ne permettent pas de préciser l’emplacement de la porte principale.
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dos à lui. Cette dernière scène est attestée dans le cycle de l’intronisation depuis le début de la XVIIIe dynastie et en devient en quelque sorte l’expression emblématique, dans les reliefs de temple35 comme dans la statuaire36. Il s’agit ici du témoignage le plus ancien montrant un personnage n’ayant pas le statut de pharaon dans une telle configuration. Cette scène de couronnement mettant en scène Aménirdis Ire doit maintenant être analysée dans son contexte et au vu des parallèles existant pour bien en cerner les caractéristiques et la spécificité. • La salle H du temple T de Kawa Comme cela a été établi précédemment, le nouvel édifice d’Aménirdis Ire que les remplois de la chapelle d’Osiris coptite permettent de reconstituer partiellement comportait dans ses décors au moins une scène de couronnement de la divine adoratrice, sinon deux, dont le plus proche parallèle est celui des scènes du couronnement de Taharqa dans la salle H du temple T de Kawa37. Celles-ci ont fait l’objet d’analyses très détaillées38, mettant en évidence la présence de deux cycles, tous deux menés sous l’égide d’Amon de Kawa, l’un représentant le couronnement « nubien », l’autre le couronnement « égyptien »39. La partie « égyptienne », si elle paraît incomplète dans la chapelle d’Aménirdis, semble néanmoins constituer un schéma commun aux deux monuments, comme le montre la comparaison des deux programmes décoratifs.
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Fl. Maruéjol, Kyphi 7 (2015), p. 153. J. Vandier, ZÄS 99 (1972), p. 31 ; M. Seidel, Die königlichen Statuengruppen. Band 1: die Denkmäler vom Alten Reich bis zum Ende der 18. Dynastie (HÄB 42), 1996, p. 127-134, fig. 36-42, p. 263 ; H. Sourouzian, BIFAO 97 (1997), p. 243-245 et 250-252 ; ead., BIFAO 107 (2007), p. 235-242 ; ead., Recherches sur la statuaire royale de la XIXe dynastie (BdE 173), 2020, p. 259. 37 M. Fr. L. Macadam, The Temples of Kawa. II. History and Archaeology of the Site (Oxford University Excavations in Nubia), 1955, p. 95-96, pl. XXIc, XXIIa-c, LXa. Le cycle de l’intronisation de Taharqa figure aussi sur les reliefs du temple de Sanam, mais leur conservation est très fragmentaire. La scène de purification du pharaon par Horus et Thot y est néanmoins présente, contrairement à Kawa. Cf. Fr. Ll. Griffith, « Oxford Excavations in Nubia », LAAA 9 (1922), p. 105-106 et pl. XLI-XLII. 38 Cl. Traunecker, « Les ouabet des temples d’el-Qal’a et de Chenhour », dans D. Kurth (éd.), Systeme und Programme der ägyptischen Tempeldekoration: 3. Ägyptologische Tempeltagung, Hamburg, 1.-5. Juni 1994 (ÄAT 33-1), 1995, p. 272-275 ; E. Kormysheva, « Das Inthronisationsritual des Königs von Meroe », dans R. Gundlach, M. Rochholz (éd.), Ägyptische Tempel: Struktur, Funktion und Programm. Akten der Ägyptologischen Tempeltagungen in Gosen 1990 und in Mainz 1992 (HÄB 37), 1994, p. 198-199 ; A. Lohwasser, « Die Darstellung der kuschitischen Krönung », dans D. Kurth (éd.), op. cit., p. 163-185 ; L. Törok, The Image of the Ordered World in Ancient Nubian Art: The Construction of the Kushite Mind (800 BC – 300 AD) (PdÄ 18), 2002, p. 113-118 ; J. Hourdin, Des Pharaons kouchites aux Pharaons saïtes : identité, enjeux et pouvoir dans l’Égypte du VIIe s. av. J.-C., thèse de doctorat, Université de Lille, 2016, p. 259-263. 39 L. Török, loc. cit. 36
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Kawa, Temple T, salle H40
Karnak, Édifice d’Aménirdis
Mur ouest 1 Rite des 4 veaux devant Amon-Rê
?
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Mur nord 2
4
Montée Imposition de la royale, sous double couronne la conduite par Horus et Thot d’Horus et Thot ?
3
5
Roi conduit au Titulature pr-wr par royale (sous Horus et Thot une niche) (sens inverse) et accueilli par une déesse
?
Intronisation du roi par Amon devant Iounmoutef et les baou de Pé et de Nekhen
Mur X Divine adoratrice conduite au pr-wr (sens inverse) et accueillie par une déesse
—
Intronisation de la divine adoratrice par Amon devant Iounmoutef et les baou de Pé et de Nekhen
L’inversion des scènes d’imposition des couronnes et de conduite du roi au pr-wr a été relevée dans les représentations de Kawa41 et se retrouve de manière très caractéristique dans les scènes d’Aménirdis Ire des remplois d’Osiris coptite. Même si les figurations présentent également des analogies avec de nombreuses attestations du « cycle du couronnement », la comparaison entre les scènes de Taharqa à Kawa et d’Aménirdis Ire à Karnak va donc au-delà de ces analogies et révèle une matrice commune. • Les colonnades de Taharqa et de Nitocris Un autre parallèle avec les scènes de couronnement de l’édifice d’Aménirdis Ire s’impose, a fortiori par les connexions géographiques qu’il présente avec notre bâtiment : les décors des colonnades-propylées de Taharqa, dont les mieux conservées se situent à Karnak-Est42 et à Karnak-Nord43. Un réexamen récent a contribué à mettre en évidence la manière dont ces propylées constituaient « la monumentalisation du rituel de couronnement »44, formant un dispositif d’exaltation de la royauté aux entrées des sanctuaires de Karnak. 40 Nous reprenons la numérotation des scènes adoptée par J. Hourdin dans son analyse du monument (op. cit., p. 259-260). 41 Voir aussi A. Lohwasser, op. cit., p. 167 et n. 40. 42 J. Leclant, « La colonnade éthiopienne à l’est de la grande enceinte d’Amon à Karnak », BIFAO 53 (1952), p. 113-172. 43 P. Barguet, J. Leclant, Karnak-Nord IV (FIFAO 25), 1954, p. 68-106. 44 J. Hourdin, op. cit., p. 242 ; voir aussi id., « Study of Kushite architectural programmes: the Taharqa’s columned porches at Thebes », dans M. H. Trindade Lopes, J. PopielskaGrzybowska, J. Iwaszczuk, R. G. Gurgel Pereira (éd.), Ancient Egypt 2017. Perspectives of research (Travaux de l’Institut des Cultures Méditerranéennes et Orientales de l’Académie polonaise des
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Le décor de l’édifice à colonnes de Nitocris à Naga Malgata, érigé sous Psammétique Ier, montre qu’au moins à la XXVIe dynastie, ce type de mise en scène au sein d’une colonnade avait aussi été adopté par les divines adoratrices45. Les murs d’entrecolonnement présentent différentes scènes du rituel d’intronisation, dont la montée royale, la purification par Horus et Thot et celle de l’intronisation proprement dite montrant l’épouse divine agenouillée et faisant dos à Amon (fig. 13)46. Nitocris apparaît aussi dans une scène symétrique où elle se tient debout devant Amon, en portant cette fois-ci la couronne à deux hautes plumes.
Fig. 13. Reconstitution de la scène de l’intronisation dans l’édifice à colonnes de Nitocris à Naga Malgata (Dessin A. Guillou d’après photographies : Musée du Louvre / G. Poncet / M. et P. Chuzeville, Griffith Institute, Oxford, Archives Clère, L. A. Christophe, Karnak-Nord III, Pl. XLV 36. © Mission Sanctuaires osiriens de Karnak / CFEETK-CNRS / IFAO).
Sciences 6), 2020, p. 77-84 et 279-286 ; sur le rôle politique de ces colonnades, voir aussi A. Lohwasser, « Herrschaft und Heil – Macht und Mythos: Die politische und religiöse Legitimation der nubischen Pharaonen Pi(anch)y und Taharqo », dans M. Becker, A. I. Blöbaum, A. Lohwasser (éd.), Inszenierung von Herrschaft und Macht im ägyptischen Tempel: Religion und Politik im Theben des frühen 1. Jahrtausends v. Chr. (ÄAT 95), 2020, p. 168-171. 45 L. Coulon, D. Laisney, CahKarn 15 (2015), p. 134-155. 46 La scène a été identifiée en premier lieu sur le bloc Louvre E 26905 par J. Vandier, ZÄS 99 (1972), p. 29-33. M. Dewachter avait établi quant à lui l’appartenance de ce bloc à l’édifice à colonnes de Nitocris (CdE 54 [1979], p. 15-17). Voir aussi A. Charron, EAO 56 (2009), p. 43-52. Pour un montage photographique, voir L. Coulon, D. Laisney, op. cit., p. 147, fig. 59.
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Il n’est pas exclu que ce type de colonnade mettant en scène le couronnement ait pu être attesté dès le pontificat d’Aménirdis Ire, comme le suggère un bloc découvert dans le secteur de la colonnade de l’Est à Karnak, non loin donc de la chapelle d’Osiris coptite47. J. Leclant supposait qu’il puisse être l’un des remplois de cette chapelle, bien que la gravure apparaisse différente et se rapproche du décor des colonnades éthiopiennes. Le relief montre la montée royale d’Aménirdis Ire et son accueil par Amon. Il pouvait se trouver en regard d’une scène d’intronisation, comme dans l’édifice à colonnes de Nitocris. CONCLUSION Les remplois d’époque kouchite de la chapelle d’Osiris coptite nous livrent un témoignage exceptionnel et la première attestation connue de la mise en scène du couronnement royal appliquée à la divine adoratrice, en l’occurrence Aménirdis Ire. L’interprétation historique qui peut être tirée de ces scènes doit néanmoins rester prudente. Les scènes du « rituel du couronnement » ne correspondent pas à la mise en images d’un événement historique, mais expriment, dans la récurrence du rite, le passage de la figure royale vers un autre état48. Pour trouver une narration « historique », ou tout au moins datée, du couronnement d’une divine adoratrice, il faut se tourner vers la stèle de l’intronisation d’Ânkhnesnéferibrê qui nous en donne un récit relativement détaillé49, dans lequel se succèdent les étapes suivantes : arrivée d’Ânkhnesnéferibrê dans le temple d’Amon accompagnée d’une délégation de prêtres et de courtisans ; accomplissement des rites de la montée de la divine adoratrice vers le temple d’Amon ; habillement et couronnement avec la couronne à deux plumes et proclamation de la titulature. Les cérémonies décrites sont cependant présentées comme faisant référence à un modèle mythique, « comme cela fut fait pour Tefnout la première fois ». Les scènes du cycle gravé sur les parois des temples ou des colonnades rejouent précisément cette cérémonie sans faire référence, elles, à un événement situé dans le temps. En revanche, la très forte analogie entre les scènes des remplois de la chapelle d’Osiris coptite au nom d’Aménirdis Ire et les scènes du temple T de Kawa interroge sur les modalités et le sens de l’emprunt. Comme le relate la stèle de Kawa IV, la rénovation du temple T fut programmée dès le début du règne de Taharqa, au moment de son couronnement à Memphis. Taharqa fit envoyer 47
J. Leclant, Recherches sur les monuments thébains (BdE 36), 1965, p. 128-129, § 36 K, pl. LXXXI D. 48 Voir U. Rummel, Iunmutef. Konzeption und Wirkungsbereich eines altägyptischen Gottes (SDAIK 33), 2010, p. 154-157. 49 Caire JE 36907, l. 9-15 ; A. Leahy, JEA 82 (1996), p. 148-149 ; L. Coulon, dans Fl. GombertMeurice, Fr. Payraudeau (dir.), Servir les dieux d’Égypte, p. 273.
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un contingent d’artisans memphites sous la houlette d’un architecte pour la mener à bien. Ces travaux commencèrent au plus tard en l’an 6 et l’opération fut achevée en l’an 10 de son règne50. Or, la mention de Chabaka (ou de Chabataka) sur les blocs d’Aménirdis Ire plaiderait pour une antériorité de cette construction par rapport au règne de Taharqa. Faut-il songer à un modèle élaboré dès le règne de ce pharaon qui aurait été repris par sa sœur avant d’être imité à son tour par Taharqa ? Ce qui est en tout cas remarquable, c’est le parallélisme qui apparaît entre la mise en scène du couronnement royal par le pharaon, dans les colonnades, et celle orchestrée par la divine adoratrice, dans des édifices qui devaient être construits à proximité immédiate.
50 Voir J. Pope, The Double Kingdom under Taharqo: Studies in the History of Kush and Egypt, c. 690-664 BC (CHANE 69), 2014, p. 52-54 ; sur l’influence memphite sur les monuments kouchites, voir O. Perdu, « Les rois kouchites et Memphis », ÉAO 81 (2016), p. 21-30.
« ASSIOUT-THÈBES ». UN NOUVEAU TÉMOIGNAGE DES LIENS ENTRE LES DEUX VILLES Silvia EINAUDI EPHE, PSL, AOROC UMR 8546, Paris
L’intérêt porté par Olivier Perdu au phénomène de l’archaïsme1 m’a amené à lui offrir cet article fondé sur mes recherches dans la tombe de Padiaménopé (TT 33) : un monument extraordinaire, plein d’évocations archaïsantes, qui a souvent attiré son attention. Parmi les différents ouvrages qui ont examiné le mouvement archaïsant dans l’Égypte ancienne, le livre de J. Kahl : Siut-Theben. Zur Wertschätzung von Traditionen im alten Ägypten, publié en 1999, constitue une étape essentielle, avec un focus particulier sur les relations et les échanges culturels entre Assiout et Thèbes. La recherche approfondie et ponctuelle menée à la fois sur textes et monuments a montré comment ce genre de contacts entre les deux centres remonte à la fin de la Première Période intermédiaire2. Ce lien est visible notamment par la transmission de modèles textuels, iconographiques et architecturaux d’Assiout à Thèbes, même s’il ne manque pas d’exemples de « parcours inverses », avec la diffusion dans la Moyenne Égypte de motifs artistiques provenant des zones thébaine et nubienne3. Comme J. Kahl l’a constaté, le transfert de ces matériels d’Assiout à Thèbes a eu lieu en deux vagues successives : la première essentiellement pendant la XIe dynastie, la deuxième, plus importante, au début de la XIIe dynastie ou dans la période entre la fin de la Deuxième Période intermédiaire et le début de la XVIIIe dynastie, avant le règne d’Hatchepsout4. C’est exactement ce règne qui représente, avec celui de son corégent et successeur Thoutmosis III, un des moments de plus grand emploi et remaniement des modèles originaires d’Assiout : un phénomène qui se reproduira, d’une façon encore plus intense, entre la fin de la Troisième Période intermédiaire et le début de l’époque tardive5. 1 Se reporter à son excellent article de synthèse : « La tendance archaïsante en Égypte aux époques tardives : art de la copie ou de l’imitation », dans H. Gaber, N. Grimal, O. Perdu (éd.), Imitations, copies et faux dans les domaines pharaonique et de l’Orient ancien : Actes du colloque Collège de France - Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 14-15 janvier 2016 (EdE 16), 2018, p. 198-273, et aux références bibliographiques réunies. 2 J. Kahl, Siut-Theben. Zur Wertschätzung von Traditionen in alten Ägypten (PdÄ 13), 1999, p. 299. 3 Ibid., p. 302, fig. 55. 4 Ibid., p. 299-314. 5 Ibid., p. 315-317, tab. 6.
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Dans ces deux phases historiques (XVIIIe et XXVe-XXVIe dynasties), le recours au matériel d’Assiout pour la décoration de tombes et objets cultuels ou faisant partie de l’équipement funéraire coïncide avec des processus de renouvellement ou revitalisation des traditions anciennes (« renaissance »), dans le cadre de ceux qu’on définit, de manière générale, comme « courants archaïsants »6. Ces mouvements ne sont certainement pas isolés dans l’histoire de l’Égypte ancienne, qui est caractérisée par une culture très conservatrice, où la production artistique et littéraire montre une récupération constante des éléments de la tradition. Cependant, c’est justement dans les deux phases historiques que constituent la XVIIIe dynastie et les XXVe-XXVIe dynasties que les manifestations d’archaïsme prennent, pour différentes raisons (politiques, idéologiques, religieuses-théologiques, nostalgiques et peut-être même pratiques7), des proportions majeures. À cet égard, les exemples les plus nombreux et diversifiés datent des dynasties kouchite (XXVe) et saïte (XXVIe)8, quand, dans la région thébaine, on assiste à un intérêt et un emploi particulier des sources (écrites et figurées) originaires d’Assiout, remontant aux IXe, Xe et XIIe dynasties. Nombre de ces cas d’émulation sont examinés par J. Kahl (Dok. 7, 11, 13, 15, 17, 18, 19)9, qui met en évidence pour chacun d’entre eux les correspondances et le niveau de dépendance du modèle d’origine. Hormis la liste de décans (Dok. 7)10, qui combine textes et images, les autres documents consistent en inscriptions comprenant surtout des épithètes propres des (auto)biographies idéales du défunt. 6 L’analyse la plus récente sur le concept d’archaïsme à l’époque tardive est celle fournie par O. Perdu, op. cit. Sur le sujet, voir aussi H. Brunner, « Archaismus », LÄ I (1973), col. 386-395 ; W. Schenkel, « Zur Frage der Vorlagen Spätzeitlicher „Kopien“ », dans J. Assmann, E. Feucht, R. Grieshammer (éd.), Fragen an die altägyptische Literatur. Studien zum Gedenken Eberhard Otto, 1977, p. 417-441 ; P. Der Manuelian, Living in the Past: Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth Dynasty, 1994 ; S. Neureiter, « Eine neue Interpretation des Archaismus », SÄK 21 (1994), p. 219-257 ; J. Kahl, op. cit., surtout p. 349-355 ; id., « Archaism », dans W. Wendrich, J. Dieleman, E. Frood, J. Baines (éd.), UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2010, p. 1-9 ; Cl. Jurman, « The Trappings of Kingship: Remarks on Archaism, Rituals and Cultural Polyglossia in Saite Egypt », Aegyptus et Pannonia IV. Acta Symposii anno 2006, 2010, p. 73-118 ; D. Laboury, « Tradition and Creativity Toward a Study of Intericonicity in Ancient Egyptian Art », dans T. Gillen (éd.), (Re)productive Traditions in Ancient Egypt. Proceedings of the Conference held at the University of Liège, 6th-8th February 2013, 2017, p. 229-258 ; G. Pieke, « Lost in Transformation. Artistic Creation between Permanence and Change », dans T. Gillen (éd.), op. cit., p. 259-304 ; Fr. Payraudeau, L’Égypte et la vallée du Nil. Tome 3, Les époques tardives, 2020, p. 470-477. 7 J. Kahl, op. cit., p. 336-348 ; id., « « Assiut-Theben-Tebtynis. Wissensbewegungen von der Ersten Zwischenzeit und dem Mittleren Reich bis in Römische Zeit », SAK 43 (2014), p. 159. Voir aussi les hypothèses avancées par P. Der Manuelian, S. Neureiter, Cl. Jurman et O. Perdu dans les publications mentionnées (cf. n. 6). 8 Les premières traces d’archaïsme au Ier millénaire av. J.-C. remontent toutefois à la XXIIe dynastie (première moitié du VIIIe siècle) : O. Perdu, op. cit., p. 249-252. 9 J. Kahl, Siut-Theben. Zur Wertschätzung von Traditionen in alten Ägypten (PdÄ 13), 1999, p. 315-316, tab. 6 et passim. 10 Ibid., p. 201-205.
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Il résulte de l’analyse de J. Kahl que ces expressions biographiques, attestées dans de nombreuses tombes tardives de l’Assassif (TT 223, 33, 34, 36, 279, 196, 414, 27) ont des parallèles surtout dans la tombe du nomarque Djefaihapi I (Siut I ; XIIe dynastie, règne de Sésostris Ier) (Dok. 11, 15, 17, 1911), tandis que dans un cas (Dok. 13), la source est liée à la tombe du nomarque Itibi (Siut III ; IXe-Xe dynastie12) et dans un autre cas (Dok. 18), à la tombe du fils de ce dernier, le nomarque Khety II (Siut IV ; IXe-Xe dynastie13). En l’absence de témoignages chronologiquement intermédiaires, il est souvent difficile, sinon impossible, d’établir quand et comment la transmission d’Assiout à Thèbes a pu avoir lieu. Comme on l’a vu, J. Kahl indique que la deuxième (et dernière) vague de transfert de ce matériel vers Thèbes remonte au plus tard au début de la XVIIIe dynastie, quand des rouleaux de papyrus ou de cuir, contenant textes et/ ou dessins copiés des manuscrits modèles conservés à Assiout, y furent amenés par des prêtres ou des scribes liés aux « maisons de vie »14. Une fois arrivés à Thèbes, les rouleaux inscrits furent entreposés dans la (/les) bibliothèque(s) (d’un temple), où pendant des siècles les scribes en ont tiré des copies pour décorer les tombes de la nécropole locale. Au cours de ces processus de transcription, les textes ont subi des changements, volontaires ou involontaires, qui les ont éloignés de plus en plus de la version originale. J. Kahl remarque que pendant au moins huit siècles (jusqu’à la XXVIe dynastie), les documents provenant d’Assiout ont été utilisés exclusivement dans la région thébaine, ce qui atteste l’existence d’une grande tradition bibliothécaire sur place. Il exclut en revanche l’hypothèse d’une copie des inscriptions ou des iconographies directement dans les tombes d’Assiout, où elles étaient apparues à la Première Période intermédiaire et au Moyen Empire. Dans ce discours sur la transmission culturelle d’Assiout à Thèbes, un nouvel élément significatif peut maintenant être ajouté. Les recherches en cours sur le programme décoratif de la tombe de Padiaménopé (TT 33) m’ont en effet permis d’identifier un autre facteur de connexion entre les deux centres, en plus de la décoration du plafond du porche d’entrée, récemment relevé par J. Kahl15. Sur la paroi nord du passage entre la salle XII et le couloir autour du cénotaphe (XIII), à côté d’une figure largement lacunaire de Padiaménopé, représenté avec son neveu, est inscrit un « appel aux vivants », que Cl. Traunecker 11 Ibid., p. 18-19, 217-239, 250-256, 259-261, 263-268, 330-335 : tab. 8. Pour le personnage et sa tombe cf. aussi J. Kahl, Ornamente in Bewegung. Die Deckendekoration der Großen Querhalle im Grab von Djefai-Hapi I. in Assiut, 2016, p. 1-6. 12 J. Kahl, Siut-Theben. Zur Wertschätzung von Traditionen in alten Ägypten (PdÄ 13), 1999, p. 20, 241-248. 13 Ibid., p. 21, 261-263. 14 Ibid., p. 283-355. 15 J. Kahl, Ornamente in Bewegung. Die Deckendekoration der Großen Querhalle im Grab von Djefai-Hapi I. in Assiut, 2016, surtout p. 34-38.
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a interprété à la lumière et en fonction de sa théorie osirienne sur la tombe16. Le texte est le suivant :
(1) Ô les vivants, ô ceux qui sont sur terre, ceux qui sont nés et ceux qui viendront à naître, ceux qui viennent [vide] en tant que suivants de Montou, (2) seigneur de Thèbes, ceux qui viennent se divertir à l’occident de Thèbes, ceux qui passent par [cet / ces ?] escalier(s) (?)17,
16 Pour les dernières transcription et traduction du texte (col. 1-4) se reporter à Cl. Traunecker, « Abydenian Pilgrimage, Immortal Stars and Theban Liturgies in the Tomb of Padiamenope (TT 33) », dans E. Pischikova, J. Budka, K. Griffin (éd.), Thebes in the First Millennium BC. Art and Archaeology of the Kushite Period and Beyond, 2018, p. 137. 17 Une phrase analogue, dans le cadre d’un « appel aux vivants », se trouve également dans la tombe de Montouemhat (TT 34) : L. Gestermann, C. Teotino, M. Wagner, Die Grabanlage des Monthemhet (TT 34) I. Der Weg zur Sargkammer (R44.1 bis R53) (SsR 31), 2021, 2, p. 566567, et 4, pl. 35.
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(3) ceux qui pénètrent18 en ce tombeau et qui contemplent ce qu’il y a en lui, aussi vrai qu’Amon-Rê, seigneur [des trônes du Double Pays] vit pour vous, (4) adorez le dieu, prononcez la formule d’offrande, parachevez (ce) monument et restaurez ce qui est abimé […][pour] (5) le prince et gouverneur, le chancelier du roi (de la Basse Égypte), l’ami unique, (6) l’aimable, apaisant pour le cœur du roi, (7) dont la sollicitude concerne tous, (8) le conducteur de la fête d’Amon [à] (9) Karnak, [le prêtre de] Nebet-hetepet, (10) le prêtre-lecteur et chef Padiaménopé, justifié, seigneur [de vénération]. Dans cette invocation, Padiaménopé s’adresse aux générations futures qui visiteront la tombe : les fidèles du dieu Montou, qui entreront dans le monument à l’occasion de certaines fêtes et processions thébaines, ou les savants à la recherche d’anciennes formules. Au-delà de quelques expressions clichés, typiques de ces « appels aux vivants », le tombeau nous apparaît comme un lieu de pèlerinage que Cl. Traunecker imagine associé à des rites de nature osirienne. D’après lui, les visiteurs auraient pu circuler autour du cénotaphe, considéré comme une réplique de la superstructure (perdue) de l’Osireion d’Abydos, sans nécessairement avoir à se rendre dans la ville sacrée du dieu Osiris. En tant que tel, le monument du prêtre-lecteur serait « un lieu de culte de substitution »19. Cet « appel aux vivants », considéré dans un premier temps comme l’œuvre originale de Padiaménopé, a en fait un parallèle dans la tombe du nomarque Itibi d’Assiout (Siut III) : un texte qui doit donc être considéré, d’une certaine manière, comme sa source d’inspiration possible. Itibi, dont les titres incluent ceux de prince, gouverneur et chancelier du roi (de Basse Égypte), surintendant des prêtres d’Oupouaout et d’Anubis, a vécu entre la IXe et la Xe dynastie. Son hypogée rupestre conserve des vestiges du décor sur la porte et le passage d’entrée, ainsi que sur la paroi droite (nord) de la grande salle. Ici se trouvent des inscriptions : la première, gravée et peinte sur 14 colonnes, contient une autobiographie idéale d’Itibi20 ; la seconde, gravée mais restée 18 Le verbe ῾q a également le sens de « comprendre » (Wb I, 230 : 14 ; 231 : 17) : les visiteurs des tombes avaient donc comme but non seulement le fait d’entrer dans les monuments funéraires, mais aussi de « comprendre » ce qu’il y avait à l’intérieur, en regardant les scènes et en lisant les inscriptions. 19 Cl. Traunecker, « La tombe du prêtre Padiamenopé (TT 33) : éclairages nouveaux. I. Le cahier des charges de Padiamenopé », BSFE 193-194 (2016), p. 65-73. 20 Fr. Ll. Griffith, Inscriptions of Siût and Dêr Rîfeh, 1899, pl. 11, col. 2-15 ; H. Brunner, Die Texte aus den Gräbern der Herakleopolitenzeit von Siut mit Übersetzung und Erläuterungen (ÄF 5), 1937, p. 17-26, 42-51.
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inachevée, mentionne des faits de guerre à l’occasion desquels Itibi a probablement combattu contre les troupes thébaines21. Dans un deuxième temps, cette dernière inscription fut recouverte d’une couche de plâtre pour la dissimuler (peut-être le contenu était-il alors considéré comme inapproprié) et à sa place fut peint un nouveau texte autobiographique, dont il ne reste que quelques parties22. En haut du mur, au-dessus des colonnes 2-40, se situe une ligne de hiéroglyphes gravés et peints en bleu, avec l’« appel aux vivants » mentionné (ligne 1). Le texte dit :
(1) Ô les vivants, ô ceux qui sont sur terre, ceux qui sont nés et ceux qui viendront à naître, ceux qui naviguent vers le nord et vers le sud, ceux qui viennent en tant que suivants d’Oupouaout, seigneur d’Assiout, ceux qui passent par cette nécropole, ceux qui pénètrent en ce tombeau et qui contemplent ce qu’il y a en lui, aussi vrai que Oupouaout, seigneur d’Assiout, et Anubis, seigneur de rꜢ-qrrt, vivent pour vous, adorez le dieu et prononcez la formule d’offrande pour le gouverneur Itibi. Comme on le voit, les deux textes (celui de Padiaménopé et celui d’Itibi) se ressemblent beaucoup. Les différences concernent spécialement la substitution des noms des dieux d’Assiout (Oupouaout et Anubis) par ceux des divinités thébaines (Montou et Amon-Rê). Ces changements rentrent dans un processus logique de révision de l’inscription originale pour l’adapter au nouveau contexte, c’est une sorte de « thébanisation » que nous pouvons attribuer à Padiaménopé, mais qui a pu se produire (au moins en partie) bien avant lui, lorsque le texte est arrivé à Thèbes (au plus tard au début de la XVIIIe dynastie, selon la théorie de J. Kahl), où il serait resté longtemps, conservé dans une bibliothèque locale23. La phrase qui remplace la référence générique à la nécropole par l’allusion (probable) aux nombreux escaliers qui caractérisent la TT 33 semble en revanche le résultat d’une intervention directe du prêtre-lecteur, qui aurait 21
Fr. Ll. Griffith, op. cit., pl. 11, col. 16-40. Ibid.., pl. 11, col. 41-56 ; J. Kahl, SAK 43 (2014), p. 171. 23 L’hypothèse d’une copie directe du texte de la tombe d’Itibi semble difficile, en raison de l’emplacement de l’inscription (au sommet d’un très haut mur), mais cela ne peut certainement pas exclure que la tombe était ouverte et visitable sous les XXVe-XXVIe dynasties. 22
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voulu personnaliser davantage le texte. L’ajout de l’exhortation finale à compléter et restaurer la tombe peut également être interprétée dans ce sens. L’« appel aux vivants » d’Itibi, ou plutôt le manuscrit modèle qui s’y rapporte, aurait ainsi subi au fil du temps une série de modifications qui reflètent bien le phénomène de redécouverte et de remaniement des textes anciens d’Assiout, examiné par J. Kahl. Il est à ce propos intéressant de noter que les titres de Padiaménopé figurant dans la première colonne après l’« appel aux vivants » (col. 5) sont les titres classiques et auliques de prince, gouverneur, chancelier du roi (de la Basse Égypte) et ami unique : les mêmes que ceux d’Itibi (col. 2)24. Le choix d’introduire dans le programme décoratif de la TT 33 cet « appel aux vivants », attesté pour la première fois dans la tombe d’un personnage ayant vécu environ 1400 ans avant Padiaménopé, peut donc avoir été non seulement déterminé par l’ancienneté du texte, mais aussi favorisé par l’analogie de leurs titulatures. De même, J. Kahl a porté l’attention sur le fait que Djefaihapi I, le nomarque propriétaire de la tombe Siut I, d’où il fait découler le modèle iconographique du plafond du porche d’entrée de la TT 33, avait parmi ses titres celui de prêtre-lecteur25. Un titre qui, plus souvent que les autres, est associé au nom de Padiaménopé dans sa tombe et sur ses monuments. Ce dernier aurait donc fait des choix précis, en s’inspirant des personnages ayant occupé les mêmes fonctions ou ayant eu les mêmes titres/épithètes associés à l’entourage du roi et au domaine intellectuel, bien avant lui26. Dans la nécropole thébaine de l’Assassif, une autre version revisitée de l’« appel aux vivants » attesté chez Itibi se trouve dans la tombe d’Ibi (TT 36), grand majordome de la divine adoratrice Nitocris Ire (en fonction vers 639625 av. J.-C.). Dans ce cas, le texte est gravé dans la cour (R 3), sur le montant gauche (ouest) de la porte menant à la salle R 4. En bas des cinq colonnes de texte, Ibi est représenté assis devant une table d’offrandes. 24
Fr. Ll. Griffith, op. cit., pl. 11, col. 2 ; H. Brunner, op. cit., p. 17, 42. J. Kahl, Ornamente in Bewegung. Die Deckendekoration der Großen Querhalle im Grab von Djefai-Hapi I. in Assiut, 2016, p. 27, 36-37. Les inscriptions de sa tombe montrent que, entre autres, Djefaihapi avait aussi les titres de prince, gouverneur, chancelier du roi (de la Basse Égypte) et ami unique, exactement comme Itibi et Padiaménopé. En outre, il portait en commun avec ce dernier le titre de « celui qui détient les secrets des paroles divines ». J. Kahl (op. cit., p. 21-32) observe que Djefaihapi devait être un grand savant, qui a planifié (ou fait planifier) d’une manière précise le programme décoratif de sa tombe : une thèse que nous avons avancée aussi pour Padiaménopé et son monument funéraire. Cf. Cl. Traunecker, BSFE 193-194 (2016), p. 52-76 ; S. Einaudi, « Le programme décoratif des tombes tardives de l’Assassif : reflet de croyances, pratiques cultuelles et savoir », dans Fl. Gombert Meurice, Fr. Payraudeau (éd.), Cultes et clergés thébains des Libyens aux Saïtes. Actes du colloque de Grenoble 11-12 janvier 2019, BSFE 203 (2020), p. 25-35 ; S. Einaudi, La rhétorique des tombes monumentales tardives (XXVe-XXVIe dynasties). Une vue d’ensemble de leur architecture et de leur programme décoratif (CENiM 28), 2021, p. 367-382. 26 J. Kahl (op. cit., p. 36) envisage que Padiaménopé considérait Djefaihapi comme un « prototype ». 25
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Contrairement au texte d’Assiout et à celui de Padiaménopé, l’« appel aux vivants » d’Ibi est précédé d’une formule d’offrande au dieu Atoum. L’inscription (T 401), partiellement mutilée, porte27 :
(1) [Une offrande que le roi fait à] Atoum, seigneur […] (2) […] dans ses fêtes, chaque jour, éternellement, pour le ka du prince et gouverneur, [l’excellent ?…], le grand en amour (?), la bouche (?) du roi auprès (?) […] 27 K. P. Kuhlmann, W. Schenkel, Das Grab des Ibi, Obergutsverwalter der Gottesgemahlin des Amun (Thebanisches Grab Nr. 36). Band I: Beschreibung der unterirdischen Kult- und Bestattungsanlage (AV 15), 1983, p. 209 (T 401), pl. 70a ; V. Scheil, Tombeaux Thébains de Mai, des graveurs, Rateserkasenb, Pâri, Djanni, Apoui, Montou-m-hat, Aba (MMAF 5, fasc. 4), 1894, p. 650. Dans les deux ouvrages, l’inscription montre quelques détails différents.
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(3) […] justifié. Il dit : Ô les vivants qui sont sur terre, ceux qui sont nés et ceux qui viendront à naître, ceux qui viennent se divertir à l’occident de Thèbes, ceux qui viennent en tant que (4) suivants d’Amon de Karnak, à l’occasion de sa Belle Fête de la Vallée, ceux qui passent par cette nécropole, ceux qui pénètrent en ce tombeau et (5) qui contemplent ce qu’il y a en lui, aussi vrai que Montou, seigneur de Thèbes vit pour vous, adorez le dieu et prononcez la formule d’offrande pour le prince et gouverneur, le grand ami dans la maison du roi, Ibi, justifié. L’« appel aux vivants » d’Ibi semble avoir pris en compte à la fois la version originaire d’Assiout (plus courte que celle de Padiaménopé, sans aucune référence au fait de parachever le monument et de restaurer ce qui est abîmé), et la variante thébaine remaniée, où les noms des dieux d’Assiout sont remplacés par ceux des dieux thébains Montou et Amon. En ce qui concerne ce dernier, le texte mentionne aussi la Belle Fête de la Vallée : la principale célébration religieuse-funéraire qui, une fois par an, portait la statue du dieu Amon en procession dans la nécropole thébaine et qui a certainement influé sur la construction des grandes tombes de l’Assassif entre la XXVe et la XXVIe dynastie. En outre, exactement comme dans la tombe de Padiaménopé, la phrase « ceux qui viennent se divertir à l’occident de Thèbes » a remplacé la phrase sur la navigation d’Itibi. Il s’ensuit qu’à la XXVIe dynastie les deux versions du texte devaient circuler à Thèbes, rédigées sur des manuscrits modèles différents (ou sur un seul manuscrit avec l’introduction de variantes textuelles), probablement conservés dans la même bibliothèque à laquelle Ibi, ou les concepteurs de son programme décoratif, avaient accès. Cependant, étant donné la proximité de la tombe d’Ibi avec celle de Padiaménopé, il n’est pas à exclure que les similitudes entre les deux textes soient dues à une inspiration directe. En fait, comme on l’a supposé, la tombe du prêtre-lecteur devait être accessible, au moins partiellement, après l’enterrement de son propriétaire et, d’ailleurs, des cas de copies directes d’un monument à l’autre sont documentés dans la nécropole28. La transmission de cet « appel aux vivants » est un témoignage supplémentaire du recours aux textes anciens de la part de l’élite thébaine des XXVe-XXVIe dynasties, et, en particulier, du prestige attribué à certains types d’inscriptions (et de personnages) originaires d’Assiout, datant de la fin de la Première Période intermédiaire et du Moyen Empire.
28 Cf. en particulier la scène qui montre le défunt conduit vers l’au-delà par Anubis, que Pabasa a dû copier directement de la tombe d’Haroua (S. Einaudi, op. cit., p. 234 n. 110). Par ailleurs, la tombe d’Ibi a un autre « appel aux vivants », qui s’adresse aux prêtres-lecteurs, aux scribes et aux savants en les incitant à copier/écrire sur des papyrus les inscriptions qui figurent dans la tombe : K. P. Kuhlmann, MDAIK 29 (1973), p. 205-213 ; K. P. Kuhlmann, W. Schenkel, op. cit., p. 71-72 (T 98), pl. 23 ; V. Desclaux, Les Appels aux passants en Égypte ancienne approche historique d’un genre littéraire, I-III, thèse de doctorat inédite, Université Lumière-Lyon 2, 2014, I.4, p. 208-212.
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Dans ce cas précis, la reproduction du texte d’Itibi peut être considérée comme la reprise d’un modèle oublié depuis longtemps, selon la tendance archaïsante de l’époque tardive, plutôt que comme l’expression d’une longue tradition ininterrompue. En effet, cet « appel aux vivants » ne connaît pas, à ce jour, de parallèle remontant au Nouvel Empire ou à la Troisième Période intermédiaire (avant l’époque kouchite) et il est donc impossible d’affirmer que ce texte, importé d’Assiout et conservé ensuite dans une bibliothèque thébaine, ait été copié de façon continue jusqu’au moment où il a fait sa (ré)apparition dans la TT 33. Plus précisément, selon l’analyse de J. Kahl les inscriptions de la tombe d’Itibi (Siut III) ne semblent pas avoir d’autres attestations que celles datant de la période saïte, auxquelles s’ajoute maintenant le témoignage provenant de la tombe de Padiaménopé29. En l’état actuel de nos connaissances, cet emploi chronologiquement limité aux XXVe-XXVIe dynasties de textes calqués sur ceux adoptés pour le programme décoratif de la tombe d’Itibi, nous fait alors pencher en faveur de la thèse de leur récupération (avec adaptation) après une longue période où ils sont tombés en désuétude : un phénomène que l’on peut justement considérer comme l’expression de la vogue archaïsante de l’époque30. En tout état de cause, ce qui est clair, c’est qu’à Thèbes, peut-être déjà à la XVIIIe dynastie, un travail de révision a été effectué sur cet « appel aux vivants » provenant d’Assiout, qui, comme d’autres inscriptions, a fait l’objet de changements, ajustements et d’une personnalisation en fonction des besoins, des goûts et du nouveau contexte dans lequel il devait apparaître. Les compositions qui résultent de ces révisions s’écartent du prototype d’origine, mais pas de manière significative. Il est en effet évident que les nouveaux commanditaires souhaitaient montrer qu’il s’agissait d’évocations, d’imitations érudites avec des liens manifestes avec le texte-modèle. De cette façon, Padiaménopé et Ibi aspiraient à se placer dans le sillage d’une tradition ancienne et prestigieuse qu’ils voulaient ainsi perpétuer comme une garantie de valeur et d’appartenance culturelle.
29 J. Kahl, Siut-Theben. Zur Wertschätzung von Traditionen in alten Ägypten (PdÄ 13), 1999, p. 330. 30 J. Kahl et O. Perdu envisagent une situation différente pour d’autres textes, comme ceux calqués sur les inscriptions présentes dans la tombe de Djefaihapi I (Siut I). Dans ces cas, ils parlent d’un usage à peu près continu : « there was no gap in time between the model and the copies » (J. Kahl, dans W. Wendrich, J. Dieleman, E. Frood, J. Baines [éd.], UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2010, p. 1) et « leur emploi tenant plus à une tradition qu’à une mode » (O. Perdu, dans H. Gaber, N. Grimal, O. Perdu [éd.], Imitations, copies et faux dans les domaines pharaonique et de l’Orient ancien : Actes du colloque Collège de France - Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 14-15 janvier 2016 [EdE 16], 2018, p. 216).
TRACKING NECHO’S LION Marsha HILL Department of Egyptian Art
Michael SEYMOUR Department of Ancient Near Eastern Art The Metropolitan Museum of Art
The Metropolitan Museum of Art recently acquired a small glazed steatite lion with the two cartouches of Necho II (r. 610-595 B.C.) on opposite shoulders.1 (fig. 1-4). The piece is startlingly non-Egyptian in details, appearing generally Near Eastern, and, in fact, exhibits features usually associated with (slightly later) Persian Period art in Egypt. Closer study combining our efforts as Egyptian and Near Eastern art specialists reveals how very strongly the lion suggests the Egyptian king’s specific involvements in the contemporary moment in the ancient Near East. We hope Olivier enjoys this international tour. Description of the lion The lion has narrow eyes, flattened folded ears, a broad nose, and a square whiskered muzzle and open mouth with teeth. Behind the teeth, the mouth is filled with sloping stone that is part of a broken away figure. The lion’s mane forms a mass over its head, chest and shoulders, with a small peak over the center of the forehead and two curving masses around the proximal ends of the forelegs. The join of these curving masses behind the head is marked with a small pointed peak. The fur of the mane is detailed 1 New York, The Metropolitan Museum of Art, Purchase, Lila Acheson Wallace and Patricia A. Cotti Gifts, 2019 (2019.259). The lion measures L. 5.6 × W. 2.8 × H. 3.5 cm. The object first appeared in W. Froehner’s Collection de la Comtesse R. de Béarn, 1909, vol. III, p. 61, no. 10, pl. XI. Based on that image, it was briefly mischaracterized as empty-mouthed and roaring in Kl. Parlasca, “Persische Elemente in der frühptolemaische Kunst”, in Akten des VII. Internationalen Kongresses für Iranische Kunst und Archäologie: München 7.-10. September 1976, 1979, p. 318-319. It was sold December 5, 1987, Antiquités et Objets d’Art: Collection de Martine, Comtesse de Béhague, Provenant de la Succession du Marquis de Ganay, Sotheby’s, Monaco, lot 78. It was subsequently loaned for display to the Antikenmuseum Basel und Sammlung Ludwig where it was published by A. Wiese, Ägyptische Kunst im Antikenmuseum Basel und Sammlung Ludwig, 1998, no. 71 and Antikenmuseum Basel und Sammlung Ludwig. Die Ägyptische Abteilung, 2001, no. 118. The Museum then purchased the piece when it was auctioned at Christie’s London on July 3, 2019 as lot 23. The Countess of Béarn/Béhague collected on the art market and traveling around the Mediterranean on her yacht. An 1898 trip is mentioned in Froehner’s journals according to S. Bakhoum, M.-Chr. Hellman, Journal des savants 1 (1992), p. 159.
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MARSHA HILL – MICHAEL SEYMOUR
Fig. 1. Lion of Necho II, The Metropolitan Museum of Art, 2019.259.
Fig. 2. Front view of lion.
Fig. 3. Right side view.
Fig. 4. Left side view.
with small interlocking curls that also extend up over the outer surface of the ears. Fur inside the ears is indicated by short strokes between the upper and lower rims of the folded ear. Where the lower rim ends a distinctive group of four long elements hangs below the ear at its end nearest the face. The break space for the second figure continues diagonally across the lion’s chest toward its proper right and then part way beneath the proper right side of its body. Viewed frontally, the lion’s head tilts slightly upward on its proper
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right side, as will be discussed further below. The front legs are broken away after diverging from the body and below their first joints. Beyond smooth flanks of similar depth on either side, the disposition of the rear legs differs: the proper right rear leg is bent and folded, and the stifle joint appears bent alongside the body as it does in a reclining lion. The proper left leg does not appear at all, but break space indicates it was folded beneath the body. The tail is missing at its proximal end, but the condition of the glaze along the back just above this area indicates the tail did not touch the surface at this point before joining the back of the animal and ending in a tuft behind the proper left shoulder.2 On the one hand, the Egyptian king’s name and broad features of the lion initially urge a fit within Egyptian tradition. Glazed steatite is, of course, a material long used in Egypt and for some small statuary in Dynasty 26,3 however, glazed steatite is also certainly used in the Near East.4 Then, too, Egyptian artists traditionally carved the contours of the lion’s mane as on this piece – with two swags curving above the proximal ends of the front legs that then come together again in a point behind the head. This differs from the usual Assyrian or Babylonian mane that forms a wide vaguely wing-like swathe of fur on the sides of the body. The smooth flanks and hips likewise are familiar in Egyptian carving tradition and unlike the heightened and even decorative musculature and structure associated with Assyrian and Babylonian lions. However, the ivories discovered at Nimrud and ascribed to Phoenician and North Syrian workshops indicate these characteristics are more widely spread.5 And, yet, several details strongly convey a Near Eastern impression. Notably, these features at least initially evoke the Persian Period, although the piece itself with the cartouches – of a pre-Persian ruler – shows every evidence in quality, precision of details, and type that it does not belong to the ‘decorative’ and subsequent uses of Egyptian royal names in the wider Mediterranean: – narrowed eyes, squared muzzle, and folded ears, features strongly characteristic of Assyrian lions, which have long roots and broad distribution in the 2 Vanessa Boschloos made this observation that the tail was raised away from the body for a brief distance. 3 E.g. the miniature block statue of Padikhonsu E 27070 in the Louvre, H. 5.1 cm, which may be seen in the Louvre’s online Atlas database (J. Malek et al., Topographical Bibliography of Ancient Egyptian Hieroglyphic Texts, Statues, Reliefs and Paintings Objects of Provenance Not Known: Statues, 2003, no. 801-755-345). Also the standing figure of Neferibrenefer (Horiraa) CG 807 in the Egyptian Museum, Cairo, H. 30 cm, see K. Jansen-Winkeln, MDAIK 52 (1996), p. 187-199, who notes on p. 187 this statue (called faience) was made in the time of Necho II. 4 See J.-W. Meyer, Die eisenzeitlichen Stempelsiegel aus dem ‘Amuq-Gebiet: Ein Beitrag zur Ikonographie altorientalischer Siegelbilder, 2008, p. 20-21 on the frequency of glazed steatite (glaze may not be preserved), especially on forms like scarabs and scaraboids; p. 118-119 on the complicated intertwinings of seal practices in this area. We owe this reference to Vanessa Boschloos. 5 See G. Herrmann, Ivories From Nimrud (1949-1963). IV Ivories from Room SW37 Fort Shalmaneser, 1986, pl. 355 no. 1368, and somewhat less so pl. 363 no. 1384.
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Near East, but the last two are only consistently associated with the Persian Period in Egypt. – curls in the mane, again a feature that speaks to the Persian Period in Egypt because certain well-known objects with the feature have strong Achaemenid characteristics. – elements hanging from the end of the ear nearest the face, features known on Achaemenid lions and again on Persian Period objects in Egypt. These will be discussed further below, as will the nature of the second figure accompanying the lion, and the original use or placement of the group. Necho’s itinerary and the late seventh century in the Near East Necho’s involvement in the Near East was the continuation of the policy and circumstances faced by his father Psamtik I, and can be summarized here to draw attention to the wide range of parties involved at this time6 (fig. 5). After Ashurbanipal had invaded Egypt and installed Psamtik as ruler in 664/3 B.C., many challenges arose to Assyria externally. These became acute in the last third of the seventh century after the death of Ashurbanipal in about 631. Psamtik I and the Egyptians were involved both directly in the Near East but also alongside the Assyrians. In the 620s Scythians advanced into Syria/Palestine and were halted by Egyptians in area of Ashdod. In 616 at Gablini on the Middle Euphrates Psamtik I intervened alongside the Assyrians against Nabopolassar, who now ruled Babylon, but the allied forces were defeated. In 615-4, the Medes attacked Assyria and tried to take Nineveh, but failed. In 612 Nabopolassar and the Medes together laid siege to Nineveh and destroyed it, driving Ashuruballit II to escape to Harran in the northwest on the Euphrates and to the aid of Egyptian troops there. In the year 610 Psamtik I died and his son Necho II assumed his commitments. In this year, the Medes and Babylonians took Harran, driving the Assyrians and Egyptian troops to withdraw to Carchemish. 7 In 609 a reinforcement of Egyptian troops arrived, after passing by Megiddo where Josiah of Judah was
6 This is mainly a paraphrase of N. Grimal, A History of Ancient Egypt, 1993, p. 358-360, with some specifications from A. Spalinger, SAK 5 (1977), p. 221-229. Some dates could be further discussed, but the purpose here is to note the various encounters. 7 Egyptian occupation from this period at Carchemish is attested by finds, including sealings naming Necho II, Ch. L. Wooley, Th. E. Lawrence, Carchemish: Report on the Excavations at Djerabis on behalf of the British Museum II, 1921, p. 123-126 regarding “House D”, pl. 26 for the sealings. The building in question is possibly to be interpreted as part of a Neo-Hittite gate system, see the conclusions of E. B. Wilkinson and A. Ricci, in T. J. Wilkinson, E. Peltenburg, E. B. Wilkinson, Carchemish in Context, 2016, p. 164.
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TRACKING NECHO’S LION 30°e
40°e
50°e
40°n
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K i B Karmir Blur URARTU Lake Van
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SYRO-HITTITE Amida STATES Zincirli Nisibis a Hasanlu Carchemish Arslan Tash Til Barsip Tell Halaf Khorsabad Ziwiye Nineveh Al Mina Qarqar Nimrud Ashur Hamath E
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200 km
Fig. 5a. Overall map of the area concerned in the early first millennium B.C. 35°e
40°e
45°e
COLCHIS
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Karmir Blur
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ARAM-DAMASCUS
Fig. 5b Map of Syro-Hittite area. [Maps by Anandaroop Roy from Assyria to Iberia: At the Dawn of the Classical Age, edited by Joan Aruz, Sarah B. Graff, Yelena Rakic. © 2014 The Metropolitan Museum of Art, New York].
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met and killed. The Egyptians and Assyrians crossed the Euphrates to Harran but were unable to hold the city and withdrew to Carchemish. They were stationed there at Carchemish during a lull of some four years, while the remains of the Assyrian kingdom were divided between the Medes in the north and east and the Babylonians under Nabopolassar and his son Nebuchadnezzar II in the south and in the middle Euphrates. In 605 Nebuchadnezzar attacked Carchemish and drove the Egyptians back to Hamath but, owing to the death of his father, had to return to Babylon before returning to finalize his victory in 604. Thereafter Egyptian involvement was ineffective in the Near East, although Necho did manage to repel Nebuchadnezzar’s advance on Egypt at Egypt’s northeastern border in 601. In the same late seventh and early sixth century period, the area in question was affected by the destruction of citadels in Urartu to the north and east of the North Syrian/Syro-Hittite areas. Near Eastern connections Ears Neo-Assyrian art features some of the most animated examples of the squared roaring muzzle, narrowed eyes, and folded ears characteristic of an aggressive lion, a type that had a very long history and great significance in the Near East generally8 (fig. 6-7). Contemporary Syro-Hittite lion imagery sometimes features the very wide roaring mouth of Mesopotamian examples9 but more frequently depicts roaring lions with the mouth half open, such that in sculpture the upper and lower canine teeth frequently join10 (fig. 8). The treatment seen here is different from that of ostensibly aggressive Egyptian lions,11 and perhaps closer to the Syro-Hittite model, although the effect of an element in the mouth as a factor is hard to calculate.12 However one detail points to a narrower time-frame. 8 See, e.g., a colossal lion from the Ishtar Temple at Nimrud (London, British Museum ME 118895). 9 Notably in lion sculptures at Tell Tayinat, including the recently discovered portal lion now in the Antakya Museum: see https://tayinat.artsci.utoronto.ca/the-toronto-expedition/portal-lion/. 10 E.g., colossal gateway lions from Karanmaraş (Istanbul, Archaeology Museum. W. Orthmann, Untersuchungen zur späthethitischen Kunst, 1971, Maraş B/1 p. 89, 139, 143, 205, 288, 290, 291, 360, 524, Tabl. 46,d), Carchemish (A. Gilibert, Syro-Hittite Monumental Art and the Archaeology of Performance, 2011, Carchemish 38 p. 171), and Zincirli (A. Gilibert, op. cit., 2011, Zincirli 52-56 p. 208-209, Zincirli 59-62 p. 210-211, Zincirli 86 p. 219, Zincirli 88 p. 220). 11 Late Ramesside aggressive lions have round ears and wide eyes with a yawning maw (e.g. a 20th Dynasty ostracon in The Metropolitan Museum of Art, 26.7.1453), but there is not good dated evidence otherwise until the later part of Dynasty 26 and Dynasty 27 when relief depictions of Mahes show folded ears. 12 This is a separate matter from the question of open-empty-mouthed roaring lions in Egypt before the Persian Period.
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Fig. 6. Félix Thomas, illustration of glazed-brick lion. Khorsabad, reign of Sargon II (ca. 722-705 B.C.). V. Place, Ninive et l’Assyrie, 1867, pl. 3e © New York Public Library.
Fig. 7. Detail of lion hunt. Nineveh, Gypsum alabaster, reign of Ashurbanipal (ca. 668-631 B.C.). British Museum, ME 124851 © The Trustees of the British Museum.
Fig. 8. Lion portal sculpture. Zincirli, basalt, late eighth–early seventh century B.C. Archaeology Museum, Istanbul © Hittitemonuments.com/Bora Bilgin.
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The curls of the mane cover the outer surface of the ear on the small lion. This detail is rare in Near Eastern art in this period, though not unknown. The fur pattern does extend onto the ears for example in the case of some later gateway lions from Zincirli, dated to the end of the eighth or early seventh century B.C.13 (fig. 8). The same treatment does not appear in the Assyrian relief programs even so late as Sargon II at Khorsabad (last two decades of eighth century) and is first attested in Ashurbanipal’s lion hunt reliefs at Nineveh, dated to about 645-635 B.C. (fig. 6-7). The period of prolonged Egyptian presence alongside the Assyrians and at the same time in the SyroHittite region at Harran and Carchemish could have provided opportunity to either prototype. Whatever the case, the continuation of fur detail onto the ear does seem to be a seventh-century B.C. feature in Syro-Hittite and Assyrian sculpture, and therefore a good fit with the late seventh century date of our lion implied by the cartouche of Necho II. Curls The manes of Egyptian lions or the type of Egyptian sphinx with face surrounded by fur are rendered as shaggy, with loose pointed locks and not with curls. In the Near East, curls appear in the manes of lions at multiple points in history.14 However, the interlocking hooked curls of the small lion are distinctive. In the Iron Age, such curls do not occur on Assyrian lions but do occur frequently in Urartian metalwork,15 on Syro-Hittite lions in sculpture (fig. 9-10) and relief,16 and on a few Syrian-style ivories,17 before they begin to occur more frequently in the Achaemenid Period.18 13 Istanbul, Archaeology Museum 7703, 7777. A. Gilibert, op. cit., 2011, Zincirli 86 p. 219, Zincirli 88 p. 220. On style (“Zincirli IV”) and dating (ca. 711-670 B.C.), p. 70. 14 E.g. Metropolitan Museum of Art 32.161.48, a plaque associated with the Old Assyrian Trading Colony, about the eighteenth century B.C. 15 R. Merhav, O. Belli, Urartu as a Metalworking Center in the First Millennium BCE, 1991, fig. 7 p. 280-281 for a seventh century lion from Toprakkale, and variously for curls. 16 For the Tell Tayinat lion, see n. 9, deposition dated to the mid-ninth century, and for the colossal lion at ‘Ain Dara, see W. Orthmann, op. cit., 1971, p. 476 and passim, pl. 1a. Several other examples can be noted there. Lions at Zinçirli dated to the late eighth/early seventh century show somewhat more subdued curls, see n. 13. 17 See curls in the mane of the lion at the left in G. Herrmann, St. Laidlaw, Ivories from Nimrud VI. Ivories from the North West Palace (1845-1992), 2009, part 2 pl. 65 lower, cat. no. 239, Iraq Museum no. 79501. 18 For example: some of the lions in unglazed relief bricks from Susa such as Louvre Sb 3298 (fig. 12) and 3299 (illustrated in the online Louvre database; details of related bricks are illustrated in Pr. O. Harper, J. Aruz, Fr. Tallon (eds.), The Royal City of Susa: Ancient Near Eastern Treasures from the Louvre, 1992, no. 169 upper on p. 241); and a gold cup terminating in the foreparts of a fantastic leonine creature in the Metropolitan Museum of Art 54.3.3 (fig. 13) (E. Porada, The Art of Ancient Iran, 1965, p. 165 fig. 47; S. Ebbinghaus, with H. P. Colburn,
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Fig. 9. Lion portal sculpture. ‘Ain Dara, basalt, tenth-eighth century B.C. Stolen from the site 2019. © Science Resources/ Adam Sylvester.
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Fig. 10. Lion portal sculpture. Tell Tayinat, limestone (?), ninth century B.C. Antakya Museum © Tayinat Archaeological Project, University of Toronto/Jennifer Jackson.
In the seventh century, then, the detail of a hooked curl pattern for the mane suggests a connection to the artistic environment in northern Syria and southeastern Anatolia. Ear appendages The odd detailing consisting of four elements extending below the lower edge of the front end of the ear must be influenced by something specific seen by the maker. It does not exist in earlier Egyptian repertoire, nor in Neo-Assyrian or Neo-Babylonian art, but it does occur in Achaemenid art – sometimes discreetly and sometimes in very stylized ways19 – and also in Achaemenid art in Egypt.20 “Emblematic Animals at Iron Age Feasts”, in S. Ebbinghaus [ed.], Animal-Shaped Vessels in the Ancient World: Drinking with Gods, Heroes, and Kings [exh. cat. 2018], 2018, cat. no. 16 p. 115-116 fig. 3.24). It is possible curled manes also occur in Egyptian works during the Persian Dynasty 27 in Egypt (525-404 B.C.) but are not able to be verified in the available publications. 19 See the pieces in the previous note and also the Ectabana ‘mold’, in E. Porada, op. cit., 1965, p. 163 fig. 46 upper. 20 J. Cooney, “The Lions of Leontopolis”, Brooklyn Museum Bulletin 15/2 (1954), p. 28-30, fig. 7-8; R. A. Stucky, “Achämenidische Hölzer und Elfenbeine aus Ägypten und Vorderasien im Louvre”, Antike Kunst 28 (1985), no. 37 p. 19, 30, pl. 10.
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Fig. 11. Head of a lion. Babylonian, terracotta, ca. 2000-1600 B.C. Musée du Louvre AO 19807 © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / Christian Larrieu.
In nature there is a thick clump of fur at the proximal end of a lion’s ear. When the ear is laid back this clump of fur to some extent folds downward and in any event remains prominent; this might be the ultimate origin for the linear stylized elements represented on Necho’s lion and in Achaemenid art. In art, the feature appears infrequently but over a long period and wide geographic range. It can be seen prominently on a terracotta guardian lion’s head as early as the Old Babylonian period (early second millennium B.C.), already in its rectangular shape (fig. 11).21 A remarkable lion-headed vessel in amber excavated at Qatna in Syria (not far from Hamath on our map) and dating to the fourteenth century B.C. shows the feature in a form and position very close to that seen on our lion and on Achaemenid examples.22 The colossal lion at ‘Ain Dara shows what seems to be the same element expressed differently, as a pointed curve bending forward from the ear and mane23 (fig. 9). These precedents show the presence of the feature well before the seventh century B.C. We are not aware of any seventh-century example other than our lion. Curiously, however, from the sixth-fifth century it appears much more frequently as a common – though not consistent – element in Achaemenid depictions of lions (fig. 12-13).
21
Louvre AO 19807. A. J. Mukherjee, E. Roßberger, M. A. James et al., “The Qatna Lion: Scientific Confirmation of Baltic Amber in Late Bronze Age Syria”, Antiquity 82, no. 315 (2008), p. 49-59. 23 See n. 17. 22
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Fig. 12. Lion relief panel. Susa, baked brick, ca. 510 B.C. Musée du Louvre AO 3298 © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / Franck Raux.
Fig. 13. Detail of vessel terminating in the forepart of a fantastic leonine creature. Iran, gold, ca. fifth century B.C. The Metropolitan Museum of Art, Fletcher Fund, 1954, 54.3.3.
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Pose analysis and original context Turning to the pose of the lion, the asymmetry is striking. The front view underscores the diagonal line of the second figure against the chest, and the lion’s right and left legs are differently disposed. Examination of the breakage on the underside explains the reason for this (fig. 14). The proper left rear foot folds beneath the lion and under the right side of the body extends the break space of another form, ending at about the end of the lion’s ribcage. Probably this form was compressed rather than fully three-dimensional: the remains of a ‘wall’ running the length of the underside suggests the depth of stone left for carving the figure, which might have been no more than the space needed to carve the left leg folded under the animal. Variations of a lion devouring the head of a captive who is placed in front of the lion’s chest are associated with the power of the king in Egypt, and by Dynasty 26 may also be a representation of the god Mahes.24 Variants and abbreviated versions exist, some depicting only the head of the lion with the captive’s face peering out of its mouth.25 In both cases, the animal and the captive are symmetrically disposed and frontally directed.26 Lions seem only
Fig. 14 Pose analysis of lion 2019.259 based on break areas visible on the underside.
24 For an example from Qantir, time of Ramesses II, see Metropolitan Museum of Art 35.1.23. For Mahes, see C. De Wit, Le rôle et le sens du lion dans l’Égypte ancienne, 1951, p. 230-234. 25 For an example dated to the Ramesside Period, see Metropolitan Museum of Art 1989.281.92. The Brussels Ancient Art Fair booklet 10 (2012), n. p., illustrates for Harmakhis Gallery the head of a faience lion with a captive in its jaws, dated there Dynasty 26-27. 26 Turin, Museo Egizio 1392, is a rare exception, depicting Ramesses VI (?) with a captive who is attacked on his front side by a lion with its head turned.
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exceptionally depicted attacking animals in sculpture,27 but Late Period sculptural examples are found: one in the Louvre and two in Brooklyn are parts of rhyta, and, with their other features, reasonably considered Achaemenid.28 A fine stone sculpture in Vienna is difficult to date precisely although details of its treatment reasonably suggest a relationship to dated Persian and postPersian Period lions.29 Significantly, these sculptural examples are again directly frontal.30 Both kinds of depictions occur in the Near East in high relief in the ivories. Lions attack human captives in the famous near-matching Nimrud ivories in the British Museum and formerly in the Iraq Museum, and there are many ‘Phoenican style’ examples of Egyptian-style sphinxes trampling captives.31 Animal conflicts, which are much more common in the Near Eastern repertoire, are a frequent theme in the ivories, in both relief and sculpture.32 While few sculptures are preserved, frontality and close symmetry are not always emphasized among the small sculptural elements that exist. The asymmetry, then, points away from Egyptian and toward Near Eastern models for the piece, while the rather short breakage space left by the second figure beneath the lion suggests an animal figure rather than a human captive with legs stretched out. Fig. 15 is a schematic possible reconstruction drawing
27 Relief or paint depictions are found in the international style of the Late Bronze Age. The most famous example is the scene surrounding the calcite pyxis of Tutankhamun surmounted by a lion; see conveniently in J. Aruz, K. Benzel, J. M. Evans (eds.), Beyond Babylon: Art, Trade, and Diplomacy in the Second Millennium B.C. (exh. cat., 2009), 2009, p. 417 fig. 231. These could remain in the pool of imagery on which Egypt, too, drew. For the continued use of Late Bronze Age motifs, see M. Feldman, “The Legacy of Ivory-working Traditions in the Early First Millennium B.C.”, p. 445-448 in the same book. 28 Paris, Musée du Louvre E 931 and Brooklyn Museum 48.29 and 65.3.1. For the former see A. Caubet, G. Pierrat-Bonnefois (eds.), Faïences de l’Antiquité : de l’Égypte à l’Iran, 2005, no. 423 p. 152, 158, 161; for the latter E. Riefstahl, Ancient Egyptian Glass and Glazes, 1968, nos. 61 and 62 p. 63-64, 107. 29 Vienna, Kunsthistorisches Museum Inv. 8020. Interestingly, this lion and two of the three rhyta in the previous note have very exaggerated forms of the “sinuous ear lobes” that have a history in Egypt since at least Dynasty 19 as noted in H. W. Müller, “Löwenskulpturen in der Ägyptischen Sammlung des Bayerischen Staates”, MJbK 16 (1965), p. 25. These much-exaggerated lobes recur sometimes on post-Persian lions, but we have not found them so far on nonEgyptian lions before Dynasty 27. 30 A small lid E 17367 in the Louvre dated to the sixth-fourth centuries does show that the sculptural asymmetrical animal grouping may have taken hold in Egypt at some point in the Late Period (A. Caubet, G. Pierrat-Bonnefois, op. cit., no. 427, p. 160-161). 31 See for example J. Aruz, S. B. Graff, Y. Rakic (eds.), Assyria to Iberia at the Dawn of the Classical Age (exh. cat. 2014), 2014, cat. no. 50 p. 151 (lioness, British Museum ME 127412), fig. 3.45 (formerly Iraq Museum IM 56642), fig. 3.34 p. 146 (falcon-headed sphinx, The Metropolitan Museum of Art, Rogers Fund, 1961 61.197.8). 32 Small animal sculptures and relief or sculpture compositions were regularly created by pegging together ivory pieces. See again G. Herrmann, St. Laidlaw, op. cit., 2009, pl. 40-44, 59-66, 69, 136 and color plates I, K, P for just some of the elaborate compositions; G. Herrmann, op. cit., 1986, pl. 356 no. 1371ff. for pieces of sculptured lions.
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Fig. 15. Hypothetical reconstruction of 2019.259. Drawn by Sara Chen, Metropolitan Museum of Art.
made referring to a relief depiction of a lion devouring a quadruped on a Nimrud ivory.33 Such a small sculpture might have figured on a box like some of the small figures of calves among the Nimrud ivories, or like the lions and sphinxes on a faience lid of a pyxis from seventh-sixth century Rhodes.34 Final thoughts The presence of the name of Necho II, who ruled for only fifteen years, on this small Near Eastern lion allows us to sample the complex artistic currents it reveals within sharply defined parameters. In the final analysis, this piece must be of Near Eastern – Syro-Hittite/Aramean – manufacture. There is nothing that attaches it strongly to Egyptian tradition, and the Near Eastern characteristics derive from sources that variously suggest a particular region in northwest Syria, and even contact with one tradition that only otherwise resurfaces noticeably in the Achaemenid Period when it is also known in Egypt. The presence of some features that later become common in Achaemenid depictions of lions raises questions about the patterns of contact and influence that lead to imagery such as that of the glazed-brick lions of the palace of 33
G. Herrmann, St. Laidlaw, op. cit., 2009, cat. no. 239, Iraq Museum no. 79501, seen in pl. 65 lower at left side animal no. 11 in the schematic drawing on pl. 63, discussed on p. 190. The lion’s tail even rises slightly away from its back like the tail of Necho’s lion. 34 For the calves, see the groups discussed in n. 34. For the faience box lid, see British Museum 1867,0506.2, discussed in V. Webb, Archaic Greek Faience, 1978, no. *268bis, p. 77-78, pl. XI.
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Darius at Susa. Though clearly related to the imperial building programs of Neo-Babylonian Babylon, the Susa glazed brick reliefs are different not only in technical aspects (the bricks themselves are much larger and form larger parts of the animal than their Babylonian equivalents, and most employ cloisons to allow glaze to be more thickly layered, for example) but in style and iconography. The projecting rectangular feature in the ear (present in some Susa brick lions, but also in other Achaemenid art) is one example of an element seen in Syro-Hittite but not in Neo-Assyrian or Neo-Babylonian art; the stylization of musculature to bold outlined shapes is another, contrasting especially with later (eighth and seventh century B.C.) Neo-Assyrian and with NeoBabylonian modeled approaches but visible in some Syro-Hittite and even more so in Urartian art.35 This outlined musculature is especially prominent at the shoulder, which in Assyrian and Babylonian examples would be covered by the mane. Lions from Zincirli, for example, similarly show the shoulder ‘above’ the mane.36 While clearly the sculpture of the Assyrian and Babylonian capitals did profoundly inform Achaemenid imperial art, other parts of the former empires also played a role. The ear tuft feature may be a clue that our lion and those in Achaemenid art represent separate instances of contact with the art of the Syro-Hittite world.
35 See History Museum of Armenia, Yerevan, 2783-193, a bronze lion plaque from Karmir Blur dated to the seventh century B.C., J. Aruz, S. B. Graff, Y. Rakic, op. cit., cat. 33, p. 90. 36 Examples in Berlin, Vorderasiatisches Museum: A. Gilibert, op. cit., Zincirli 54, 56.
THE THEOPHOROUS STATUE OF A SAITE CHORAL CONDUCTOR (ASHMOLEAN MUSEUM 1976.49) Anthony LEAHY University of Birmingham
In 1976, Mrs Ann Fleming presented to the Ashmolean Museum a number of objects formerly in the collection of her son, Caspar.1 Among them was the lower part of a kneeling theophorous statue in black granite. Although the acquisition was reported, with photograph, shortly after the donation,2 the only subsequent reference known to me is in the volume of the Topographical Bibliography devoted to statues without provenance. It is there recorded as belonging to a “Director of singers of the temple of Neith” and as bearing the cartouches of both Apries and Amasis.3 The statue was never of the highest quality and, especially battered and headless as it is today, would not have merited a place in the landmark exhibition of Late Period sculpture curated by Olivier Perdu at the Musée Jacquemart-André in Paris in 2012. It is nonetheless an intriguing commemoration of a member of a social group infrequently represented in sculpture in the round, and one that augments the limited evidence extant on the musical dimension of temple activity in the Saite Period. I hope that this brief presentation of the statue and some of the challenges posed by its poor condition will engage the interest of a scholar whose expertise, abundantly exemplified in his catalogue of Late Period sculpture in the Louvre, combines the connoisseurship of the art historian and the broad perspective of the social historian with an unrivalled knowledge of Saite sculpture and inscriptions. The statue (pls. 1-4), inventory number 1976.49, has a preserved height of 19.4 cm, including a base measuring 10 cm in width by 17.9 cm in depth.4 It leans to its left, markedly so when viewed from the rear. The stone, although 1
J. Málek, JEA 63 (1977), p. 137. Caspar Fleming’s interests were not confined to Egypt: for a brief account of other items presented by his mother, see A. McGregor, A Summary Catalogue of the Continental Archaeological Collections in the Ashmolean Museum: Roman Iron Age, Migration Period, Early Medieval (BAR-IS 674), 1997, p. 15. 2 J. Bourriau, JEA 64 (1978), p. 126, no. 83, pl. XXII, 3. 3 PM VIII/2, 1999, p. 826, no. 801-750-182. I am most grateful to Helen Whitehouse and Liam McNamara, past and present curators of the Egyptian collection at the Ashmolean Museum, for permission to publish the statue and for access to it for study purposes. 4 Since the pristine monument would have exceeded the 25 cm mark used by B. V. Bothmer, Egyptian Sculpture of the Late Period, 1960, p. xii, to distinguish “statue” from “statuette”, the former is used here.
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only roughly finished, has the uniformly smooth surface treatment typical of sculpture of the later Twenty-sixth Dynasty. The statue depicts a man, whose upper arms, torso and head are lost, kneeling on a rectangular base, holding in front of him a standing figure of Osiris on a pedestal. Originating in the New Kingdom and much in vogue during the Saite Period, this theophorous form makes explicit the devotion of an individual to a particular divinity.5 The Ashmolean statue must be one of the later examples, as the pose is rarely encountered after the Saite era. The man wears a short kilt: the waistband is visible from the back and the lower edge of the garment can be seen on the front of the thighs. Although its central segment is hidden by the divine image, the angle of the cloth on either leg shows it to have been carved as a shendyt, rather than a simple kilt, which would have been cut straight across.6 The mummiform Osiris holds the flail and the crook in the manner usual in sculpture of this period.7 The mass of stone between the man’s chest and the back of the god’s head, typically retained in such statues for the purpose of solidity,8 has been minimised in the present case by the sharply backward slant given to the divine figure. This feature appears to be more common in later Saite examples,9 whereas those of the Twenty-fifth and early Twenty-sixth Dynasty tend to depict Osiris in a more upright stance, with a consequently greater amount of residual stone.10 The inscriptions were shallowly and somewhat crudely cut, perhaps by an inexperienced craftsman or one whose tools were scarcely adequate for the 5 The nuances of the pose continue to be debated, e.g. O. Perdu, in O. Perdu (ed.), Le crépuscule des pharaons : chefs d’œuvre des dernières dynasties égyptiennes. Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition au Musée Jacquemart-André du 23 mars au 23 juillet 2012, 2012, p. 52-53, no. 11; D. Klotz, BIFAO 114 (2014), p. 291-338. On standing naophorous statues, see H. De Meulenaere, in W. Claes, H. De Meulenaere, St. Hendrickx (eds.), Elkab and Beyond: Studies in Honour of Luc Limme (OLA 191), 2009, p. 223-231; D. Klotz, ZÄS 139 (2012), p. 136-144. 6 O. Perdu, Les statues privées de la fin de l’Égypte pharaonique (1069 av. J.-C.-395 apr. J-C.), I, 2012, p. 46-47. 7 B. V. Bothmer, H. De Meulenaere, in L. H. Lesko (ed.), Egyptological Studies in Honor of Richard A. Parker, 1986, p. 3 n. 5; L. Coulon, in L. Coulon (ed.), La cachette de Karnak : nouvelles perspectives sur les découvertes de Georges Legrain, 2016, p. 512-515. 8 B. V. Bothmer, op. cit., p. 3. 9 E.g. P. Vernus, Athribis : textes et documents relatifs à la géographie, aux cultes et à l’histoire d’une ville du Delta égyptien à l’époque pharaonique (BdE 74), 1978, p. 190-191, no. 157, pl. XXX-XXXII; E. A. Hastings, The Sculpture from the Sacred Animal Necropolis at North Saqqâra 1964-76 (MEEF 61), 1997, p. 14, no. 29, pl. XX-XXI. For examples from Karnak with slightly lesser inclination, see the Karnak cachette website, s.v. B-CK nos. 116 and 697 (Cairo JE 37007 and 36725). 10 E.g. B. V. Bothmer, op. cit., p. 3-4, fig. 6-7 = E. Graefe, Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der Institution der Gottesgemahlin des Amun vom Beginn des Neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄgAbh 37), 1981, p. 241-242, P39, pl. 33 a; S. Pernigotti, Aegyptus 54 (1974), p. 141-146, pls. 1-4; J. A. Josephson, M. M. Eldamaty, Catalogue Général of Egyptian Antiquities in the Cairo Museum. Nrs. 48601 - 48649: Statues of the XXVth and XXVIth Dynasties, 1999, p. 85-87, pl. 36 (Cairo CG 48636: B-CK no. 51).
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purpose.11 This is epitomised in the disjointed rendering of the recurrent hieroglyph, in which antennae, wings and abdomen are shown detached from the head and thorax (pl. 5a). The base of the statue is much abraded, towards the edges especially, and the surface of the very granular stone is both pitted and encrusted. After initial study of the monument at first hand and through conventional photography, the inscriptions were captured using Reflectance Transformation Imaging (RTI).12 This has allowed improved readings in some places, but much is irretrievably lost and consequently the translation offered below abounds in question marks. There are two areas of text. Two framed columns on the dorsal pillar, which extend to the very bottom of the base (fig. 1a), are relatively well preserved.13 Of the three unframed lines around the remainder of the base (fig. 1b-c), the top and bottom ones especially are so worn in places that no traces at all can be seen. The fact that neither the cartouches on the back nor the owner’s name on the base show any sign of having been attacked suggests that personal animus was not a factor. The damage must therefore be the result of unknown elements in the history of the statue since the Twenty-sixth Dynasty.14 Despite the losses, the order of reading seems clear. The text begins on the dorsal pillar with an offering formula followed by a title sequence. The latter continues in the lines running from the front of the base to the right side and on to the back. The text from the front of the base onto the left side and then the back follows. The short column in the middle of the front (fig. 1d) is likely to represent the end of the inscription. Translation and textual notes Dorsal pillar: (right) “[…]a great god (?), foremost in the Mansion of the King of Lower Egypt, that he may give invocation offerings of bread and beer, meat and fowl, everything goodb and pure which earth and heaven providec and on 11 One is reminded of the passage in P. Rylands IX, 18, 14-17, in which a stonemason, having successfully defaced a stela in an unspecified but evidently softer stone, laments the fact that he lacks the tools to do the same to a granite counterpart: Fr. Ll. Griffith, Catalogue of the Demotic Papyri in the John Rylands Library Manchester, 1909, III, p. 103; G. Vittmann, Der demotische Papyrus Rylands 9 (ÄAT 38), 1998, p. 179. 12 Warm thanks for this are due to Jacob Dahl, Elizabeth Frood, Liam McNamara and Klaus Wagensonner in Oxford. On the technology, see e.g. K. E. Piquette, in Damqatum: The CEHAO newsletter – El boletín de noticias del CEHAO 7 (2011), p. 16-20 and E. Frood, K. Howley, in E. Pischikova, J. Budka, K. Griffin (eds.), Thebes in the First Millennium BC, 2014, p. 625-638. For assistance with illustration, I am very grateful to Carla Gallorini. 13 For another example, see O. Perdu, in Cl. Jurman, B. Bader, D. A. Aston (eds.), A True Scribe of Abydos: Essays on First Millennium Egypt in Honour of Anthony Leahy (OLA 265), 2017, p. 366. 14 The inscriptions on broadly contemporary statues dedicated in the same location, including those with defaced cartouches (n. 74 below), are generally very well preserved.
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e-f. Cartouches of Apries and Necho
d. Vertical text on front of base
a. Dorsal pillar text
b. Text on base from front > right > back
c. Text on base from front > left > back For ease of presentation, vertical cartouches are rendered horizontally in b and c. Fig. 1
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which a god lives (left) […]d the king of Upper and Lower Egypt Khnemibre, justified, overseer of the singerse of Neith, overseer of the singers of the Mansion of Gold, overseer of the singers of Amun-Re, Front of base > right > back: director of the singers of the Res[net sanctuary] (?),f overseer of flautistsg of the templeh of Neith Bakrei…[long gap]j the temple of Neith (?) Bakre: ‘I was bornk (in) year 17l of the king of Upper and Lower Egypt Haaibre,m justified.n The king of Upper and Lower Egypt Khnemibre appointed (?) [me?]o [long gap] the entry of the god into the sanctum [long gap].’ Front of base > left > back: Son of the overseer [of the singers of the Res]net sanctuary (?),p Psamtek, justified, born to…,q justified…r the king of Upper and Lower Egypts…t justified, the king of Upper and Lower Egypt…u justified, the king of Upper and Lower Egypt Nechov justified… [long gap]w Vertical text on front of base: Djedneithefankh.” a) The beginning of the offering formula is lost but the epithet ḫnt ḥwt-bỉt,15 together with the divine image held by the man, suggests as the minimum restoration “An offering which the king gives to Osiris…”. As the precise original height of the inscription is uncertain, it is possible there was a further epithet such as ḥmꜢg or ḫnt-ỉmntỉw.16 b) Despite its resemblance to , the sign beside is probably the feminine marker , which can be found even in well-carved inscriptions at Sais and elsewhere.17 c) I interpret the two indistinct flat signs that separate w῾b from ỉn as respectively tꜢ and pt (or the reverse) and the passage as a version of the formula ddt pt qmꜢt tꜢ ỉnnt ḥ῾p. d) For the lost section preceding nsw bỉty, the transition from the offering formula in the right column to the title sequence on the left requires both a link to the intended beneficiary (n/n wsỉr/n kꜢ n (wsỉr)) and an explanation for the presence of the king’s name. ỉmꜢḫ ḫr KN can probably be discounted because in the Saite Period that was reserved for individuals of very high court status.18 “Prophet of the statues of KN” would be difficult to reconcile with the unvaryingly musical character of the titles that follow, since statue custodians were typically priests.19 The most plausible reconstruction is thus one that denotes leadership of a musical unit attached to Amasis: “overseer
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LGG V, 831-832, 916. For such combinations, see R. el-Sayed, Documents relatifs à Saïs et ses divinités (BdE 69), 1975, p. 110; J. Lipińska, Monuments de l’Égypte ancienne au Palacio de Bellas Artes à la Havane et du Museo Bacardí à Santiago de Cuba (CAA Musée National Havane, Musée Bacardí Santiago de Cuba, República de Cuba 1), 1982, p. 15; M. Zecchi, A study of the Egyptian God Osiris Hemag (ASCEVOA-MS 1), 1996, p. 16. 17 E.g. R. el-Sayed, op. cit., pl. XXIII B; Chr. Zivie-Coche, in Ph. Brissaud, Chr. Zivie-Coche (eds.), Tanis : travaux récents sur le Tell Sân el-Hagar [1], 1998, p. 472, fig. a. 18 U. Rößler-Köhler, SAK 16 (1989), p. 255-274; S. Qahéri-Paquette, Recherches sur la cour royale égyptienne à l’époque saïte (664–525 av. J.-C.), PhD thesis, Lyon, 2014, I, p. 126-129. 19 Cf. H. De Meulenaere, in D. Devauchelle (ed.), La XXVIe dynastie : continuités et ruptures. Promenade saïte avec Jean Yoyotte. Actes du colloque international organisé les 26 et 27 novembre 2004 à l’Université Charles-de-Gaulle – Lille 3, 2011, p. 129-131. 16
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of the singers of the king of Upper and Lower Egypt Khnemibre, justified”. It is possible that the royal name has been transposed for honorific reasons. , with phonetic complements both preceding and following e) The spelling the biliteral, is found in other Saite instances of this title.20 Although plurality is not repreexplicitly indicated in the examples in this inscription, parallels imply that sents a collective, hence “singers”.21 However, as far back as the Old Kingdom, some writings suggest the existence of overseer-titles incorporating an abstract ḥst, “music, singing”, alongside those based on “singers”.22 In the Saite Period itself, one finds , which has been read both as “director of music of Pharaoh” and as “chef des chanteurs de pharaon”.23 The demotic “Book of the Temple” lists the ỉmy-r ḥsỉ, “maître du chant”, among those whose accommodation was to be provided for.24 f) The lower part of a sedge plant is the last legible sign after ḫrp ḥsww in the first line on the front and there is limited space before ỉmy-r on the right side. Given the context, and the attested existence of an “overseer of singers” of the companion Mehnet-shrine (see below), the most likely restoration would seem to be rsnt, the well-known sanctuary at Sais. Šm῾w, “Upper Egypt”, might be considered in the light of an attested “director of singers of Lower Egypt”25 but lacks geographical sense here. A third possibility, reading šm῾w-singers,26 is improbable because, while ḥsww-singers and šm῾w-singers did perform together, they were consistently distinguished in titles.27 found in Old Kingdom g) Despite the absence of the clarificatory determinative examples,28 the nature of the preceding titles makes ỉmy-r sb(Ꜣ)w the logical reading here. An Ankhkhufu had held this position in combination with ỉmy-r ḥsww pr-῾Ꜣ as early as the Fourth Dynasty.29 Although the word sbꜢ is not well attested in the Saite 20
E.g. H. De Meulenaere, BIFAO 60 (1960), p. 119-121; Catalogue de vente D. Delavenne et D. Lafarge, Drouot Richelieu Paris 10 December 1990, p. 12, no. 17; I. Guermeur, Les cultes d’Amon hors de Thèbes (BEHE-SR 123), 2005, p. 183-184; for other contexts, see P. Der Manuelian, Living in the Past: Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-Sixth Dynasty (StudEgypt), 1994, p. 85, n. 407-408. 21 Cf. the variations with and without plural strokes on single monuments in H. De Meulenaere, BIFAO 60 (1960), p. 120 n. a; Chr. Zivie-Coche, in Ph. Brissaud, Chr. Zivie-Coche (eds.), op. cit., p. 491 n. 75. 22 D. Jones, An Index of Ancient Egyptian Titles, Epithets and Phrases of the Old Kingdom, I (BAR-IS 866/I), 2000, p. 181-182, nos. 686-687 compared with nos. 688-689; Äg. Wort. I, p. 109. 23 By Fr. Ll. Griffith, JEA 3 (1917), p. 195-196, pl. XXXIV, fig. 7, and H. De Meulenaere, Le surnom égyptien à la Basse Époque, 1966, p. 6, no. 13, respectively. Music titles relating to the Saite court are discussed in S. Qahéri-Paquette, op. cit., I, p. 74-77. 24 J. Fr. Quack, in L. Coulon (ed.), Le culte d’Osiris au 1er millénaire av. J.-C. : découvertes et travaux récents. Actes de la table ronde internationale tenue à Lyon, Maison de l’Orient et de la Méditerranée (Université Lumière-Lyon 2) les 8 et 9 juillet 2005, 2010, p. 24. 25 H. De Meulenaere, MMJ 8 (1973), p. 28; Chr. Zivie-Coche, in Ph. Brissaud, Chr. ZivieCoche (eds.), op. cit., p. 481. 26 Wb IV, 478-479. 27 S. Emerit, in Fl. Gombert-Meurice, Fr. Payraudeau (eds.), Servir les dieux d’Egypte. Divines adoratrices, chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes, 2018, p. 364-365. 28 D. Jones, op. cit., I, p. 204, no. 763; II, p. 829-830, nos. 3028-3029; Äg. Wort. I, p. 114. 29 PM III/1, 2nd ed., 1974, p. 129-130; S. Emerit, in S. Emerit (ed.), Le statut du musicien dans la Méditerranée ancienne : Égypte, Mésopotaime, Grèce, Rome. Actes de la table ronde internationale tenue à Lyon maison de l’Òrient et de la Méditerranée (Université Lumière-Lyon 2) les 4 et 5 juillet 2008, Lyon (BdE 159), 2013, p. 108, no. 1; ead., BIFAO 102 (2002), p. 199 n. 74; L. Kinney, Dance, Dancers and the Performance Cohort in the Old Kingdom (BAR-IS 1809), 2008, p. 27 nn. 139, 147.
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Period, a single flautist may be mentioned on a stela from the reign of Psammetichus , again without I, in a record of a donation of land to Osiris, where the spelling is determinative.30 h) It may be fortuitous, given the intractability of the stone, but the slightly arched “top” of the building hieroglyph recalls representations of the façade of the temple of Neith.31 i) If the rather elongated bird is indistinct and the circle has no discernible interior marking, nonetheless BꜢk-r῾ seems the most satisfactory reading. The name is not known to me elsewhere, although its feminine counterpart is attested for the New Kingdom.32 j) A few signs are legible here but the overall sense of what follows the name is elusive. k) ỉnk ms.ỉ: i.e. independent pronoun + passive sḏm.f rather than passive participle. The stroke as a writing of the first person suffix is known from other Saite inscriptions.33 l) Although the asymmetrical layout of the digits looks odd, the reading seems assured. m) The odd disposition of signs in the prenomen of Apries (fig. 1e), which deprives the solar disk of its usual solitary prominence, is occasionally found elsewhere.34 n) The writing of mꜢ῾ as , often regarded as characteristic of the Ptolemaic period,35 occasionally occurs much earlier.36 The reversed form seen on the opposite face of the base is also encountered in the Twenty-sixth Dynasty in both this and other contexts.37 o) This is the only instance on the statue in which a cartouche is not followed by the epithet “justified”, in particular contrast to the reference to Amasis in the dorsal inscription. The explanation may be that the reference is to a king “living” at the time and I assume the name of Amasis, which must mark a new beginning, stands in anticipatory emphasis as the subject of the following verbal form. The autobiographical context implies that the royal intervention concerned Bakre personally, hence “appoint” for ỉr. p) The feminine ending on sꜢ must be otiose if this line names the owner’s parents. On the left side, both the traces of vertical signs and the spacing could accommodate as well as the initial of rsnt, to complement ỉmy-r on a concise writing of the front. q) The use here of ỉr.n rather than the more common ms.n to express maternal filiation is noteworthy. The house hieroglyph might be the end of nbt pr, “lady of the house”, . In either case, space considerations or part of the personal name which ends with seem to require a short title such as ỉḥyt after ỉr.n. r) The space after the female determinative, continued on the back of the statue, should have contained an explanation for the royal names in the next line. s) The void between nsw-bỉty on the front and the first cartouche on the left of the base is puzzling. There does not seem to be room for another cartouche + mꜢ῾-ḫrw + nsw-bỉty in the format employed for the presentation of the royal names that follow, yet the 30
M. Étienne, RdE 44 (1993), p. 25 (b); B. Menu, DHA 21 (1) (1995), p. 50-52. E.g. Cairo CG 672: R. el-Sayed, op. cit., pl. X. 32 PN I, 92, 20. 33 O. Perdu, RdE 67 (2016), p. 85 n. 83. 34 W. M. Fl. Petrie, Abydos, I (MEEF 22), 1902, pl. 70, nos. 6, 8; H. Jacquet-Gordon, RdE 24 (1972), pl. 9; S. Thomas, JEA 85 (1999), pl. XXVIII, 3. 35 H. De Meulenaere, CdE 64 (1989), p. 73 n. 2. 36 M. Panov, SAK 41 (2012), p. 324 n. 9, cites Cairo CG 70028, for which see G. Roeder, Naos, 1914, p. 110, pl. 38. One might add e.g. J. Lipińska, op. cit., p. 17. 37 For an example in the epithet mꜢ῾-ḫrw, see Cairo CG 70028 (previous note). For reversal of the sign in other Saite contexts, see H. Ranke, MDAIK 12 (1943), p. 113, 130; P. Der Manuelian, op. cit., p. 96 n. 562; O. Perdu, RdE 67 (2016), p. 82 n. d. 31
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introduction of additional royal titles here would be inconsistent. If a fourth king was named, it must have been in a more compact fashion. t) Despite the appearance of legibility, the hieroglyphs in this cartouche are difficult to identify (pl. 5b).38 The circular sign at the top may be assumed to be the solar disk and the bottom of the cartouche could be interpreted as occupied by a maladroit , yielding x-kꜢ-r῾. Within the Saite Period, this could only be Ankhka(en)re Psammetichus III, but the intervening space is occupied by two lateral signs or groups rather than the central to be expected on the basis of the very limited evidence for this king’s prenomen.39 u) The only trace, at the top of the cartouche, appears as a short horizontal line (pl. 5c). v) “Necho” (fig. 1f; pl. 5d) seems sure: initial n is visible at the top, as are the contour lower down and three strokes at the bottom. The intervening traces suit rather of than . Musicians attached to the mortuary cults of Necho I and Necho II are discussed below. Plural strokes are securely attested only for the first king of this name.40 w) The bottom line presumably contained an explanation such as ỉr.n sꜢ.f r s῾nḫ rn.f for the otherwise isolated name in the short column on the front. Djedneithefankh (fig. 1d; pl. 5e) is surprisingly rarely attested.41
Musicians in the mortuary cult of Saite kings The title “overseer of singers” (ỉmy-r ḥsww), which is at the heart of Bakre’s activity, has been studied by Sybille Emerit, with particular reference to the status of its holders and the nature of the monuments on which they are attested.42 Two statues discussed there, which are attributable to Sais, provide parallels for musicians involved in the mortuary cult of the Twenty-sixth Dynasty kings.43 These relate to the early and middle years of the dynasty respectively and thus complement chronologically the Ashmolean statue at its end. In both cases, the men also served in divine shrines at Sais, perhaps a
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I am much indebted to Claus Jurman for his observations on RTI images of the cartouches. J. von Beckerath, Handbuch der ägyptischen Königsnamen, 2nd ed. (MÄS 49), 1999, p. 218-
219. 40 A. Leahy, in D. Aston, B. Bader, C. Gallorini, P. Nicholson, S. Buckingham (eds.), Under the Potter’s Tree: Studies on Ancient Egypt Presented to Janine Bourriau on the Occasion of her 70th Birthday (OLA 204), 2011, p. 561. 41 PN I, 411, 6 and Demotisches Namenbuch I, 17, 2000, 1367, cite one instance each, and R. el-Sayed, La déesse Neith de Saïs (BdE 86), 1982, p. 539, doc. 850 has only Ranke’s example. For a third, see PM VIII/2, 1999, p. 1067-1068, no. 802-042-540. 42 S. Emerit, in S. Emerit (ed.), op. cit., p. 87-124, with the earlier remarks of H. De Meulenaere, BIFAO 60 (1960), p. 123; on the title in demotic, see M. Chauveau, BIFAO 91 (1991), p. 136-137 n. b and M. Smith, Papyrus Harkness (MMA 31.9.7), 2005, p. 138 n. f to line II.8. For the occasional depiction of men with this title on stelae, see H. De Meulenaere, in P. Buzi, D. Picchi, M. Zecchi (eds.), Aegyptiaca et Coptica. Studi in onore di Sergio Pernigotti, 2011, p. 151-152, nos. 3, 6, 8. 43 H. De Meulenaere, in D. Devauchelle (ed.), op. cit., p. 132; S. Emerit, in S. Emerit (ed.), op. cit., p. 95, p. 111-112, nos. 27-28, 34. That the context is mortuary is not in doubt, as both scholars emphasise.
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prerequisite for royal service. The first instance is a naophorous block statue in basalt, which was in the Beaumont Bonelli collection in Naples at the time of its publication.44 It celebrates an overseer of singers attached to the mortuary cult of Necho I, Penhutbit, who held the same position for Osiris, Neith and other deities in the reign of Psammetichus I. His son Wahibremeryneith inherited these offices and commissioned the statue as a memorial for his parents in the temple of Neith, “lady of Sais”. The second monument is a standing Osiriphorous statue of greywacke seen on the antiquities market in Paris in the late twentieth century.45 Although only the lower part survives and the texts are only partially preserved, two references to the “Mansion of the King of Lower Egypt” indicate that it was dedicated in the same precinct as the Beaumont Bonelli statue albeit in a different chapel. The right side of the base records the “overseer of singers of the Mehnet-sanctuary Horkheb”. The dorsal inscription, as copied by Olivier ) of Perdu, preserves part of a title sequence “… overseer of singers ( Wehemibre … singers of Wahibre”, with nothing legible above or below.46 Just three indistinct low broad signs separate the first cartouche from the folfor mꜢ῾-ḫrw, the third might be lowing “singers”. If the first two render for ḥry, substituting a variant, less common, title.47 as a writing of ỉmy-r, or Although previous discussions have allowed the possibility that “Wahibre” refers to Apries – and the sequence might be argued to support that interpretation – the use of the prenomen for Necho II may suggest that the second king is Psammetichus I and thus that chronological order is not implied.
44 H. De Meulenaere, BIFAO 60 (1960), p. 117-129; R. el-Sayed, op. cit., p. 239-240, §19; M.-C. Budischovsky, La diffusion des cultes isiaques autour de la mer adriatique. I : Inscriptions et monuments, 1977, p. 16-18, pl. VII-VIII; PM VIII/2, 1999, p. 853, no. 801-755-460; JWIS IV/1, p. 39-40. 45 Catalogue de vente D. Delavenne et D. Lafarge, p. 12, no. 17; Chr. Zivie-Coche, in Ph. Brissaud, Chr. Zivie-Coche (eds.), op. cit., p. 491 n. 71; H. De Meulenaere, in D. Devauchelle (ed.), op. cit., p. 132 n. 45; S. Emerit, in S. Emerit (ed.), op. cit., p. 112, no. 32. I am much indebted to Olivier Perdu for his generous communication of a photograph and his copy of the surviving inscriptions, as well as for the information that this piece was offered again at Drouot on the 27 March 1994, lot no. 199. 46 Wḥm-ỉb-r῾ is mistakenly given as Mn-ḫpr-r῾ by S. Emerit, in S. Emerit (ed.), op. cit., p. 112, no. 32, who also inserts a non-existent nṯr nfr before both royal names. 47 A ḥry ḥsww is cited as a landowner on a donation stela of the early Twenty-sixth Dynasty, Louvre C 297/E 10572: J. Yoyotte, MDAIK 16 (1958), p. 416; J.-Cl. Goyon, Les dieux-gardiens et la genèse des temples (d’après les textes de l’époque gréco-romaine) : les soixante d’Edfou et les soixante-dix-sept dieux de Pharbaetos (BdE 93), 1985, p. 156, 192, pl. XXXIV. ḥry ḥsww in the cults of Mut and Amun are attested in the Saite Period at To-bener near Xois: I. Guermeur, op. cit., p. 183-184, pl. VIII-IX. For demotic evidence for the title, see M. Smith, op. cit., p. 138, n. f to l. II.8. As with ỉmy-r and ḫrp (n. 56 below), the distinction between ỉmy-r and ḥry is uncertain: G. Vittmann, op. cit., p. 594.
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Of the two, the Beaumont Bonelli statue is the more distinctive, with an unusual incorporation of a naos into the block form.48 Its better preservation also makes it more informative. In quality, it is comparable to the finest examples known for men of similar status in the Saite Period.49 The Drouot statue is closer, in pose and in its pedestrian workmanship, to that in the Ashmolean. Discussion of Ashmolean 1976.49 Although it has no known provenance, the invocation of “[Osiris] ḫnt ḥwtbỉt”, the quintessentially Saite form of the deity,50 suggests that the Ashmolean statue, like its Drouot counterpart, was dedicated in “the Mansion of the King of Lower Egypt” at Sais. The offices recorded are consistent with that setting. While the damage to the text at crucial points prevents a full understanding of details, the main elements of the inscription can be identified. An initial offering formula on the back is followed by an enumeration of musical titles culminating on the right side in the name of the owner, Bakre. A short autobiographical passage, introduced by the subject’s birth in year 17 of Apries, i.e. 573/572 BC,51 contains a reference to the next king, Amasis, presumably in connection with a promotion to some position of distinction, but the remainder of that narrative section is almost all lost.52 The inscription continues on the left side by introducing Bakre’s parents, who seem to have shared his musical interests. After another short lacuna, the cartouches of several “justified” kings occupy the second line. The last line is mostly lost, but the name Djedneithefankh, which occupies a prominent position on the front of the base, can be understood as its 48
H. De Meulenaere, BIFAO 60 (1960), p. 118-119. One thinks particularly of the statue New York, Metropolitan Museum of Art 24.2.2, published by H. De Meulenaere, MMJ 8 (1973), p. 27-32 and E. R. Russmann, MMJ 8 (1973), p. 33-46, and of another from the same family found at Tanis: Chr. Zivie-Coche, in Ph. Brissaud, Chr. Zivie-Coche (eds.), op. cit., p. 455-492. For wider discussions, see I. Guermeur, op. cit., p. 575; S. Emerit, in S. Emerit (ed.), op. cit., p. 100. 50 R. el-Sayed, op. cit., p. 199-208; L. Coulon, Fr. Payraudeau, RdE 66 (2015), p. 25-26; Fr. Leclère, Les villes de Basse Égypte au Ier millénaire av. J.-C. : analyse archéologique et historique de la topographie urbaine (BdE 144/1), 2008, p. 169-178; P. Wilson, BMSAES 24 (2019), p. 343; F. Contardi, in S.-W. Hsu, V. P.-M. Laisney, J. Moje (eds.), Ein Kundiger, der in die Gottesworte eingedrungen ist: Festschrift für den Ägyptologen Karl Jansen-Winkeln zum 65. Geburtstag (ÄAT 99), 2020, p. 16. On the “Memphite” provenance of a statue bearing this epithet, and discussion of possible explanations, see M. Cressent, CRIPEL 30 (2013-2015), p. 79-81, 85-88. 51 P. W. Pestman, Les papyrus démotiques de Tsenhor (P. Tsenhor) : les archives privées d’une femme égyptienne du temps de Darius Ier (StudDem 4), 1994, p. 176. 52 The immediate transition from a statement of birth under one king to promotion under another has ancient precedents, e.g. on the Abydos stela of Khusobek: J. Garstang, El Arabah: a Cemetery of the Middle Kingdom; Survey of the Old Kingdom Temenos; Graffiti from the Temple of Sety (BSAE), 1901, pl. IV-V; J. Baines, in J. Osing, G. Dreyer (eds.), Form und Mass: Beiträge zur Literatur, Sprache und Kunst des alten Ägypten. Festschrift für Gerhard Fecht zum 65. Geburtstag am 6. Februar 1987, 1987, p. 53. 49
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conclusion, identifying a son who commissioned the statue after his father’s death (n. w above). Bakre’s titles provide the clearest insights into his life. He was “overseer of singers of Neith”, as Penhutbit had been before him. He was also “overseer of flautists of the temple of Neith”, a position not otherwise attested for the goddess although the generic form goes back to the Old Kingdom.53 Earlier studies have recognised the significance of the flute in mortuary cult and its association with Osiris in particular.54 Other titles relate more directly to the ḥwt-bỉt, the focus for Osirian worship at Sais, which modern reconstructions agree in placing in close proximity to Neith’s temple and the royal tombs.55 If the restoration proposed above (n. f) is correct, Bakre was “director of the singers of the Resnet sanctuary”. Like its companion Mehnet-shrine, for which an “overseer of singers” is known from the Drouot statue,56 this was closely associated with the ḥwt-bỉt.57 The title “overseer of singers of Amun-Re” points in the same direction: although here without epithet,58 the context implies that the reference is to the god’s cult at Sais, where Amun-Re is said in other inscriptions to be either n ḥwt-bỉt or ḥry-ỉb ḥwt-bỉt.59 The same holds good for the title “overseer of singers of the Mansion of Gold”. While other evidence for this institution at Sais is lacking, the close links elsewhere of the ḥwt-nbw and Osiris, notably Osiris Hemag,60 suggest that it was not far removed 53 See text note g above, as well as E. Hickmann, LÄ IV, 1982, col. 232; H. Sourouzian, in Chr. Ziegler, N. Palayret (eds.), L’art de l’Ancien Empire égyptien : actes du colloque organisé au musée du Louvre par le Service culturel les 3 et 4 avril 1998, 1999, p. 149-167. 54 E. Hickmann, LÄ II, 1977, col. 266; M. Étienne, RdE 44 (1993), p. 25; S. Emerit, BIFAO 102 (2002), p. 189-210. I have not been able to consult N. A. Böckler, Die Flöte im Alten Ägypten (Antiquitates 66), 2016. 55 R. el-Sayed, Documents relatifs à Saïs, p. 207; S. Woodhouse, in St. Quirke (ed.), The Temple in Ancient Egypt: New Discoveries and Recent Research, 1997, p. 140-142; Fr. Leclère, EAO 28 (2003), p. 27-29; P. Wilson, The Survey of Saïs (Sa el-Hagar) 1997-2002 (MEEF 77), 2006, p. 259-264; Fr. Leclère, Les villes de Basse Égypte, p. 167-184, 196; P. Wilson, BMSAES 24 (2019), p. 341-350. 56 In musical titles, ḫrp is less well attested than ỉmy-r and may be a Saite revival, but there are too few examples to establish either the nature of the distinction between the two or their hierarchical relationship: S. Emerit, in S. Emerit (ed.), op. cit., p. 91, and cf. n. 47 above. For ḫrp ḥsww in the Old Kingdom, see D. Jones, op. cit., II, p. 733, no. 2667-2668. 57 Fr. Leclère, EAO 28 (2003), p. 28; id., Les villes de Basse Égypte, p. 170; P. Wilson, BMSAES 24 (2019), p. 343. 58 An epithet could have been unintentionally omitted in the transition from the dorsal text to the base. 59 R. el-Sayed, op. cit., p. 134, n. f; I. Guermeur, op. cit., p. 117-125, esp. 119, cf. p. 574-576; id., in D. Devauchelle (ed.), La XXVIe dynastie : continuités et ruptures. Promenade saïte avec Jean Yoyotte. Actes du colloque international organisé les 26 et 27 novembre 2004 à l’Université Charles-de-Gaulle – Lille 3, 2011, p. 173-174. 60 Fr. Daumas, in J. Vercoutter (ed.), Livre du centenaire : 1880-1980, 1980, p. 109-118; Cl. Traunecker, CRIPEL 11 (1989), p. 89-120; Ph. Derchain, CdE 65 (1990), p. 219-228. For further references, see e.g. M. Zecchi, op. cit., p. 71 n. 35, 101-102; I. Guermeur, BIFAO 106 (2006), p. 109 n. d; D. Klotz, in Chr. Thiers (ed.), Documents de théologies thébaines tardives
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from the ḥwt-bỉt, perhaps even a chamber within that temple or a roof-chapel. That it possessed its own chorus is testimony to the role of music in cult statue rituals. If Bakre was indeed also “overseer of the singers of the king of Upper and Lower Egypt Khnemibre, justified” (n. d above), his statue adds to the evidence for the posthumous cult of Amasis, hitherto known only through priestly titles.61 It is at one with the two parallels discussed above in suggesting a particularly close connection between the ḥwt-bỉt and the maintenance of the dynastic mortuary cult. The Ashmolean and Drouot statues were probably dedicated there, while the individual memorialised by the Beaumont Bonelli statue bore the suggestive name of pꜢ-n-ḥwt-bỉt, as his grandfather had before him.62 It is noteworthy, in the light of his titles and of the dedication of his statue to Osiris, that Bakre did not record the position of “overseer of singers of Osiris”, although that certainly existed at Sais earlier in the Twenty-sixth Dynasty, as the Beaumont Bonelli monument shows.63 Against this backdrop, we can turn to the fragment of autobiographical narrative. It cannot have been lengthy and parallels for musicians as guides to possible content are lacking. Although records of date of birth, in varying degrees combined with other chronological data, occur sporadically from the Old Kingdom onwards,64 they were still exceptional during the Saite Period.65 A claim to longevity might explain its appearance here but perhaps more likely is that the point at issue was Bakre’s precocity: the reference to Amasis immediately after the date of birth alluded to his appointment to a significant role at an unusually young age.66 Its date, if given, has not survived and the only clue to its nature is the phrase ῾q nṯr m Ꜣḫt in the following line, which hints at a processional performance during the re-entry of the statue of a deity – here
(D3T 1), 2009, p. 117 n. 147, 150; M. Zecchi, The Naos of Amasis: A Monument for the Reawakening of Osiris (PALMA 20), 2019, p. 92-95. 61 H. De Meulenaere, in D. Devauchelle (ed.), op. cit., p. 128-132. 62 Id., BIFAO 60 (1960), p. 122. 63 Ibid., p. 119-120, 123-124. For a ḥry ḥsww n wsỉr in the tenth nome of Upper Egypt at a later date, see M. Smith, op. cit., p. 236, n. d to l. V.31. 64 P. Vernus, RdE 32 (1980), p. 133, n. 73. 65 Cl. Jurman, in L. Bareš, F. Coppens, K. Smoláriková (eds.), Egypt in Transition. Social and Religious Development of Egypt in the First Millennium BCE, 2010, p. 247-256; G. Vittmann, in P. Buzi, D. Picchi, M. Zecchi (eds.), Aegyptiaca et Coptica. Studi in onore di Sergio Pernigotti (BAR-IS 2264), 2011, p. 337-339, 347; D. Devauchelle, in Chr. Zivie-Coche, I. Guermeur (eds.), «Parcourir l’éternité», Hommages à Jean Yoyotte (BEHE-SR 156), 2012, p. 418-422. 66 Although it is not explicit, youthfulness at the time of selection to serve may also lie behind the inclusion of date of birth in the inscription of Khusobek cited in n. 52 above. If one follows the chronology set out in e.g. Th. Schneider, in E. Hornung, R. Krauss, D. A. Warburton (eds.), Ancient Egyptian Chronology (HdO 83), 2006, p. 172, 174, Khusobek would have been a teenager when Senwosret III, the king under whom he became militarily active, came to the throne.
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presumably Osiris – to the inner part of his temple,67 at the close of one of the many festivals celebrated at Sais.68 One might even propose that the allusion was to a new choral composition attributed to divine inspiration.69 Whatever its precise nature, such an event may have been the catalyst for the distinguished career that later led Bakre – at the age of 46 or 47 in 526 BC70 – to be entrusted with the musical provision for the mortuary cult of Amasis. No information survives on the order or manner of his acquisition of titles but the eventual array of positions, with responsibility for various, possibly overlapping, cohorts of ḥsw-singers, must have made him a senior figure in the temple community of the capital at the end of the Twenty-sixth Dynasty.71 It may also be that he was already involved in a similar capacity for earlier Saite kings. The explanation for the three (or possibly four) cartouches on the left side of the base has not survived, and understanding is further hindered by the difficulties in reading them, but it is hard to see beyond the Saite Period for their identity. The identification of one as “Necho”, whichever the monarch in question (n. v above), excludes the possibility that these were kings under whom Bakre lived. The alternative is that they were rulers in whose mortuary cults he had had a role. It was, however, Amasis who was singled out for mention both at the very beginning of the presentation of Bakre and in the subsequent narrative fragment. Even without the probable reference to participation in that king’s mortuary cult, the use of mꜢ῾-ḫrw after his name in the dorsal text suggests that Amasis was dead when this statue was carved.72 It is then a product either of the short reign of Psammetichus III – in which case any involvement with the previous king’s posthumous provision could only have been brief – or of the early Persian 67
On this sense of Ꜣḫt, see J.-M. Kruchten, Les annales des prêtres de Karnak (XXIXXIIImes dynasties) et autres textes contemporains relatifs à l’initiation des prêtres d’Amon (OLA 32), 1989, p. 246, and cf. the priestly epithet ῾q r Ꜣḫt, “those who enter the sanctum”, in an appeal text on a statue from Sais found on Delos: J. Leclant, H. De Meulenaere, Kêmi 14 (1957), p. 36-38; R. el-Sayed, La déesse Neith de Saïs, p. 168, 179 and doc. 566; M. Zecchi, A Study of the Egyptian God Osiris Hemag, p. 33 n. 121. 68 For these, see R. el-Sayed, Documents relatifs à Saïs, App. C; id., La déesse Neith de Saïs, p. 151-161; P. Wilson, in Th. Schneider, K. Szpakowska (eds.), Egyptian Stories: A British Egyptological Tribute to Alan B. Lloyd on the Occasion of his Retirement (AOAT 347), 2007, p. 444-449. 69 Cf. the episode in P. Rylands IX, XXIV, 1-2, in which Amun’s transmission of hymns to an overseer of singers during the god’s re-entry to his sanctuary at Teudjoi is reported: G. Vittmann, Der demotische Papyrus Rylands 9, p. 593. 70 On the end of Amasis’s reign, see P. W. Pestman, op. cit., p. 176-177; Chr. Thiers, in D. Devauchelle (ed.), La XXVIe dynastie : continuités et ruptures. Promenade saïte avec Jean Yoyotte. Actes du colloque international organisé les 26 et 27 novembre 2004 à l’Université Charles-de-Gaulle – Lille 3, 2011, p. 247-251; J. Fr. Quack, JEH 4 (2011), p. 228-246. 71 On the participation of musicians in temple ritual, see S. Emerit, in S. Emerit (ed.), op. cit., p. 92-94; ead., “Music and Musicians”, UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2013, p. 10-11; ead., in Fl. Gombert-Meurice, Fr. Payraudeau (eds.), op. cit., p. 362-369. 72 In PM VIII/2, 1999, p. 826, the statue is attributed to the reign of Amasis.
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Period. If Bakre lived to 80, this could mean as late as the early fifth century BC. The fact that the monarch’s name does not appear to have been attacked, on the back or on the base, is consistent with either date. While royal monuments were more affected,73 the defacement of the cartouches of Amasis on private statues is also attested at Sais, including on monuments from the ḥwt-bỉt.74 Either, therefore, the Ashmolean statue was produced just before the burst of erasure that followed the Persian invasion and somehow avoided that fate,75 or it was created slightly later when Amasis’s legitimacy was no longer questioned and naming the king had ceased to be problematic.76 If the latter interpretation is the appropriate one, the statue offers further testimony that, whatever interruption there may have been, a mortuary cult of Amasis was maintained at Sais under the early Persian rulers. In any case, it enlarges our understanding of both the musical ambience of the temple complex of Sais in the sixth century BC and the central role in that respect of the ḥwt-bỉt.
73 See now M. Zecchi, The Naos of Amasis: A Monument for the Reawakening of Osiris, p. 67-69. The suggestion there that most of Amasis’s monuments at Sais escaped erasure differs from the assessment of H. De Meulenaere, JEA 54 (1968), p. 184 n. 3. 74 E.g. London, British Museum EA 134, Cairo CG 672, Cairo TR. 27.11.58.8 and Philadelphia University Museum E. 42-9-1, for which see respectively R. el-Sayed, Documents relatifs à Saïs, doc. 6 and 10, p. 75, pl. X, XX, XXII; E. Bresciani, SCO 16 (1967), p. 277 n. a; H. Ranke, MDAIK 12 (1943), p. 129 n. 86. All except the first example (which is probably from the temple of Neith) appear on internal evidence to have been dedicated in the ḥwt-bỉt. 75 Its small size and relative insignificance may have made it easy to hide, or to overlook. 76 E. Cruz-Uribe, Transeuphratène 25 (2003), p. 39-40. The name of Amasis survives in a fragment of demotic king list as well as in Manetho’s canonical record: J. Fr. Quack, JEH 2 (2009), p. 107-113. It is, of course, impossible to know how much time might have elapsed between Bakre’s death and the filial dedication of his statue postulated above.
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EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE UND DER TITEL (STATUE BERLIN ÄM 10289)
Günter VITTMANN Universität Würzburg
Die 1888 von den damaligen Königlichen Museen erworbene, von E. Brugsch in Kairo für 490,75 Mark angekaufte und „aus dem Tempel des Ptah-SokarisApis, also aus Memphis“1 stammende, 47 cm hohe und 18 cm breite Kalksteinstatue Berlin ÄM 10289 (Taf. 1-4)2 hat bisher überraschend wenig Beachtung gefunden. Abgesehen von den knappen Angaben im eben zitierten „Ausführlichen Verzeichnis“, einem kleinen Führer zur ägyptischen Sammlung aus DDR-Zeiten3 und einigen weiteren Informationen bei Porter/Moss4 ist im Grunde nur noch H. Ranke zu nennen, der für die drei vorkommenden Personennamen auch Berlin 10289 zitiert hat5. Eine Gesamtpublikation oder auch nur eine Mitteilung der Inschriften fehlte bis heute. Da das Stück aus verschiedenen Gründen, nicht zuletzt wegen der in der Spätzeit extrem seltenen Erwähnung eines „Königssohnes des Westens“, von Interesse ist, hoffe ich, dem Jubilar, einem herausragenden Kenner dieser Epoche, mit meinem Beitrag eine kleine Freude zu bereiten. Die Statue, die seit 1998 im Archäologischen Museum von Poznań (Posen) ausgestellt ist, repräsentiert den vor allem in der 26. Dynastie belegten Typus „Kniender mit auf dem Schurz aufliegenden Händen ohne Attribute“, wobei der Dargestellte die unter Psammetich I. aufkommende, aber erst seit der zweiten
1 Ausführliches Verzeichnis der aegyptischen Altertümer und Gipsabgüsse, Königliche Museen zu Berlin, 18992, S. 258. Die Herkunftsangabe ist aus der Inschrift erschlossen (vgl. auch unten zu Kairo CG 1106). Für die Information zum Erwerb des Objekts nach derzeitigem Stand sowie bezüglich des gegenwärtigen Aufbewahrungsortes danke ich J. Helmbold-Doyé. 2 Die hier publizierten Abzüge von Photos der Staatlichen Museen Berlin wurden mir 1980 von K.-H. Priese übergeben. Für die Bestätigung der Erlaubnis zur Veröffentlichung danke ich Fr. Kampp-Seyfried. Die geplante und bereits mit der Direktion des Museums in Poznań vereinbarte Autopsie ist leider der Coronakrise zum Opfer gefallen, wird aber hoffentlich zu einem späteren Zeitpunkt nachgeholt werden können. 3 St. Wenig, Führer durch das Berliner Ägyptische Museum, 1961, S. 77. 4 PM III2/2, S. 867. 5 PN, I, 252:8 (Ḥr-n-ḥp), 22:15 (Jpj), 410:9 (Ḏd-bꜢstt-jw=s-῾nḫ). Zu diesen Namen sowie Varianten, die von H. Ranke separat registriert wurden, siehe unten Kommentar (c)-(e).
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Hälfte der 26. Dynastie dominierende Beutelperücke6 trägt. Konnte K. Bosse seinerzeit bloß fünf Exemplare von Kniestatuen ohne Attribute anführen7, kannte B. V. Bothmer bereits mehr als fünfzig, die er freilich nicht auflistet, sondern lediglich bemerkt, daß sie eine spezielle Gesamtuntersuchung verdienen würden8. Im Vergleich zu Kniestatuen mit Attribut (Naos, Götterfigur und anderes) ist die Gruppe aber zahlenmäßig sehr viel kleiner. Es fällt auf, daß sie zumeist aus dem Norden des Landes (Memphis / Sakkara und Delta) kommen. Eine Abfrage der Datenbank des Ifao zu den Funden aus der Karnak-Cachette9 unter dem Stichwort „statue agenouillée“ lieferte 87 Treffer (Neues Reich bis Ptolemäerzeit), davon aber lediglich zwei für die nachsaitische Zeit (Omar Pascha 398; Kairo TR 18/12/28/1410) und kein einziges für die 25. bis 27. Dynastie. Eine weitere Kniestatue aus dem 4. Jh., Chicago OIM 13953, kommt offenbar ebenfalls aus Karnak. Im folgenden seien die von mir ermittelten und zumindest teilweise publizierten spätzeitlichen Vertreter dieses Objekttyps möglichst mit Hinweis auf eine Publikation mit Abbildung sowie gegebenenfalls JWIS11 genannt: 1. Berlin ÄM 8434 + Straßburg 11.987.0.22912, Athribis (im Delta), für Gmj.n=f-ḥr-bꜢk, Priester verschiedener Kulte im Delta und in Memphis (Psammetich I. oder etwas später). 2. Baltimore WAG 22.79 (ex Kairo CG 669)13, Memphis?, für den memphitischen Priester Ḥr-wḏꜢ, Sohn des Wesirs SꜢ-sbk (Psammetich I.). 3. London BM EA 1604114, Sais?, für den Gouverneur des saitischen Gaues Psmṯk-snb, ohne Kopf (Psammetich I.).
6 Zum Aufkommen der Beutelperücke („bag wig“) vgl. Egyptian Sculpture of the Late Period. 700 B.C. to A.D. 100 [im folgenden: ESLP], 19732, S. 25 (zu Nr. 21); S. 35 (zu Nr. 29); S. 115 (zu Nr. 91); O. Perdu, Les statues privées de la fin de l’Égypte pharaonique (1069 av. J.-C.– 395 apr. J.-C.), I : Hommes, 2012, S. 42 (in einer nützlichen Übersicht zu den im behandelten Zeitraum üblichen Perückentypen, S. 37-42). 7 K. Bosse, Die menschliche Figur in der Rundplastik der ägyptischen Spätzeit von der XXII. bis zur XXX. Dynastie (ÄgForsch 1), 1936, S. 34-35, Nr. 72-76. Zu dem dort genannten isolierten frühen Vorläufer Kairo CG 1 vgl. R. Schulz, M. Seidel (Hg.), Ägypten: Die Welt der Pharaonen, 1997, S. 335, Abb. 16, und 420, Abb. 6. 8 B. V. Bothmer, in Mélanges Gamal eddin Mokhtar (BdE 97/1), 1985, S. 103 Anm. 26 („which as a group would deserve a special study“). Zu Kniestatuen im Louvre mit und ohne Attribute vgl. O. Perdu, op. cit., S. 269-295. 9 https://www.ifao.egnet.net/bases/cachette. 10 Vgl. zu beiden Statuen und der anschließend genannten die Nummern 15, 19 und 17 der nachstehenden Liste. 11 JWIS I-IV, 2007-2014. 12 K. Jansen-Winkeln, in D. Devauchelle (Hg.), La XXVIe dynastie. Continuité et ruptures. Promenade saïte avec Jean Yoyotte, 2011, S. 175-184; JWIS IV/1, S. 48 (87). 13 ESLP, S. 4-5, Nr. 37 und Taf. 34; JWIS IV/1, S. 87 (146). 14 O. Perdu, RdE 57 (2006), S. 165-168 und Taf. XXI; JWIS IV/1, S. 38 (66).
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
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4. Brüssel MRAH E. 7049+Brooklyn 82.2315, Sakkara?, für den Wesir BꜢkn-rn=f (Psammetich I.). 5. Leiden RmO (Nummer unbekannt)16, Sais?, für den rḫ-nsw ḥrj-kꜢm („Obergärtner“) Psmṯk (Psammetich I.). 6. London BM EA 164617, Sais, für den ḫrp ḥrjw-ḥkꜢw m pr-῾nḫ („Leiter der Obermagier im Lebenshaus“) Nḫt-ḥr-ḥb, mit „schönem Namen“ Ḥr-mnḫ-jb (Psammetich II.). 7. Paris Louvre A 9418, wohl Hermopolis Parva, für denselben Mann. 8. Pariser Privatbesitz19, Xois, für denselben Mann. 9. Kairo CG 895+New York MMA 66.99.6820, Saft el-Henna, für den General (jmj-rꜢ mnfjt) J῾ḥ-ms, mit „schönem Namen“ Nfr-jb-r῾-nḫt (Apries). 10. Neapel 181+Berlin ÄM 227221, wohl Sais, für den Seschatpriester, sš ῾ n nsw n ḫft-ḥr etc. NkꜢw-mnḫ-jb (Amasis). 11. Bologna KS 183822, wohl Sais, für den ḫrp šmsw pr-῾Ꜣ etc. NkꜢw, ohne Kopf (26. Dynastie). 12. Liverpool 1973.2.29923, Athribis, ohne Kopf (26. Dynastie?). 13. Kopenhagen NCG ÆIN 59124, unbeschriftet, Herkunft unbekannt (26.-27. Dynastie). 14. Yale Art Gallery 1957.7.1125, wohl Athribis, für Nj-kꜢ-sbk (27. Dynastie?). 15
B. V. Bothmer, loc. cit., S. 99-103 und Taf. I-III; JWIS IV/1, S. 76 (141). H. De Meulenaere, OMRO 44 (1963), S. 1-3 und Taf. II-III; JWIS IV/1, S. 40 (70). 17 E. R. Russmann (Hg.), Eternal Egypt: Masterworks of Ancient Egyptian Art from the British Museum, 2001, S. 239-241; JWIS IV/1, S. 327 (91). 18 O. Perdu, Les statues privées de la fin de l’Égypte pharaonique (1069 av. J.-C.–395 apr. J.-C.), I : Hommes, 2012, S. 272-281; JWIS IV/1, S. 332-333 (99). 19 I. Guermeur, Les cultes d’Amon hors de Thèbes : Recherches de géographie religieuse (BEHE-SR 123), 2005, S. 156-159 (ohne Abbildung, aber mit Beschreibung); JWIS IV/1, S. 332 (97). 20 ESLP, S. 59-61, Nr. 52 und Taf. 49; JWIS IV/1, S. 395 (123). 21 JWIS IV/1, S. 499 (208). 22 H. De Meulenaere, in H. De Meulenaere, L. Limme (Hg.), Artibus Aegypti : Studia in honorem Bernardi V. Bothmer a collegis amicis discipulis conscripta, 1983, S. 43, Abb. 3-6 (und S. 35-43 zur Familie); JWIS IV/2, S. 801 (107). Wie dort mit Berufung auf M. Jørgensen, Catalogue Egypt IV: Late Egyptian Sculpture 1080 BC – AD 400. Ny Carlsberg Glyptotek, 2009, S. 102-103 festgestellt wird, gehört Kopenhagen NCG ÆIN 1648 zu einer anderen, noch nicht identifizierten Statue. Die noch auf der Annahme einer Zusammengehörigkeit der Fragmente in Bologna und Kopenhagen beruhende Abbildung in Il senso dell’arte nell’antico Egitto, 1990, S. 160-161, Nr. 108, dürfte trotzdem einen guten Eindruck vom Aussehen der ursprünglichen Statue vermitteln. 23 http://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=3253 (kleine Photos, Zugriff März 2020); O. Perdu, in Ph. Collombert et al. (Hg.), Aere perennius : Mélanges égyptologiques en l’honneur de Pascal Vernus (OLA 242), 2016, S. 546-547. Für Anfertigung und Übermittlung einer Reihe guter Aufnahmen danke ich A. Cooke vom World Museum Liverpool. 24 M. Jørgensen, op. cit., S. 108-109. 25 G. D. Scott III, Ancient Egyptian Art at Yale, 1986, S. 142-143, Nr. 78; P. Vernus, Athribis : Textes et documents relatifs à la géographie, aux cultes, et à l’histoire d’une ville du Delta égyptien à l’époque pharaonique (BdE 74), 1978, S. 108-109, Nr. 120. 16
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15. ehemalige Sammlung Omar Pascha 39826, Theben, für ṮꜢ-nfr (wohl nachsaitisch). 16. Rennes 98.5.127, Bubastis, für PꜢ-jr-kꜢp (29. Dyn.). 17. Chicago Oriental Institute Museum 1395328, wohl Karnak, für Jrt-ḥr-r=w (30. Dyn.). 18. Chicago Art Institute 10.24329, wohl Buto, für Wsjr-nḫt (4. Jh. v. Chr.). 19. Kairo TR 18/12/28/1430, Karnak, für PꜢ-dj-Nfr-ḥtp, ohne Kopf (ptolemäisch). 20. ehemalige Sammlung Müller-Feldmann31, Theben, für den Amunpriester PꜢ-ḫꜢr-ḫnsw (ptolemäisch). 21. Kairo CG 104832, Herkunft unbekannt, für BꜢk-rn=f, nur Knie und Hände erhalten (Spätzeit, nicht näher datierbar). Kleinplastik der Spätzeit33: 22. Bronzestatuette Kairo CG 39249,34 Kniender zwischen Horus und Thot, die die Reinigung ausführen, aus dem Serapeum von Sakkara. 23. Silberstatuette Sammlung Gallatin35, unbeschriftet. 24. Bronzestatuette New York MMA 04.2.42236. 25. Bronzestatuette Brooklyn 08.480.6737. 26 O. Perdu, in L. Coulon (Hg.), La Cachette de Karnak. Nouvelles perspectives sur les découvertes de Georges Legrain (BdE 161), 2016, S. 466-469 und 481, Taf. I. 27 O. Perdu, JEA 84 (1998), S. 123-149. 28 ESLP, S. 112-113, Nr. 89 und Taf. 84. 29 ESLP, S. 114-116, Nr. 91 und Taf. 85. 30 https://www.ifao.egnet.net/bases/cachette/; O. Perdu, Les statues privées de la fin de l’Égypte pharaonique (1069 av. J.-C.–395 apr. J.-C.), I : Hommes, 2012, S. 271, Anm 33. 31 Auktionskatalog PBA, Archéologie. Fayez Barakat lundi 14 décembre 2009, Drouot Montaigne, Paris, S. 86-87, Nr. 42. Klassifizierung der Statue, deren unterer Teil verloren ist, nach der Beschreibung im Katalog und O. Perdu, op. cit., S. 271, Anm. 33. Dort wird auch mit Verweis auf Royal Athena Galleries, Art of the Ancient World, January 2004, S. 51, Nr. 133 (non vidi) ein weiteres Fragment dieses Typs erwähnt. 32 L. Borchardt, Statuen und Statuetten von Königen und Privatleuten, Teil 4. Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire, Nos 1-1294, 1934, S. 38; vgl. auch K. Bosse, op. cit., S. 35, Nr. 76. 33 Soweit nicht anders angegeben, ist die Herkunft unbekannt bzw. nicht zu erschließen. Beispiele für Figuren von Betern des in Rede stehenden Typs als Teile von Ensembles bei G. Roeder, Ägyptische Bronzefiguren (Staatliche Museen zu Berlin, Mitteilungen aus der ägyptischen Sammlung VI), 1956, S. 305, §378; K. Weiß, Ägyptische Tier- und Götterbronzen aus Unterägypten. Untersuchungen zu Typus, Ikonographie und Funktion sowie der Bedeutung innerhalb der Kulturkontakte zu Griechenland (ÄAT 81), 2012, II, Taf. 54 (d), 58 (d), 59 (b), 70 (f). 34 G. Daressy, Statues de divinités. Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire, Nos 38001-39384, 1901, I, S. 312-313; II, Taf. LIX; K. Weiß, op. cit., II, S. 844, Nr. 1237 und Taf. 60 (e). 35 J. D. Cooney, JNES 12 (1953), S. 15, Nr. 71 („The figure was originally made as a suppliant to be inserted before the statuette of a deity”) und Taf. XLVIIIA. 36 B. Mendoza, Bronze Priests of Ancient Egypt from the Middle Kingdom to the GraecoRoman Period (BAR International Series 1866), 2008, S. 145, Nr. 30, und Taf. 39. 37 Ibid., S. 168, Nr. 104.
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
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26. Bronzestatuette Boston MFA 83.34638, für Pftj. 27. Bronzestatuette aus Qaryat al-Faw (Saudiarabien, ursprünglich aus Ägypten)39, unbeschriftet. 28. Kalksteinstatuette Kopenhagen NCG ÆIN 59739a, für Ḥr-wḏꜢ (ca. 700650 v. Chr.)39a. 29. Kalksteinstatuette Kopenhagen NCG ÆIN 785+59739b, unbeschriftet (ca. 700-650 v. Chr.)39b. Die Inschriften: A) auf dem Schurz (↓; Abb. A und Taf. 5)
(NB. Das von uns aus technischen Gründen standardisiert mit
wiedergegebene ḥp-Zeichen
, wie sie so und ähnlich schon im Alten Reich hat hier und auf dem Rückenpfeiler die Form gut bezeugt ist und auch in der Spätzeit vorkommt40).
(1) [ḥrj-sštꜢ](a) n st-wrt(b) Ḥr-n-ḥp(c) (2) sꜢ n Jpj(d) mꜢ῾-ḫrw jr.n Ḏd-bꜢstt-jw=s-῾nḫ(e) (1) Der in die Geheimnisse der großen Stätte(b) Eingeweihte(a, f) Herenhapi(c), (2) Sohn des Ipi(d), gerechtfertigt, geboren von Djedbastetiusanch(e). B) auf dem Rückenpfeiler (↓; Abb. B und Taf. 2)
(1) ḥtp dj nsw Ptḥ-Skr Ḥp ῾nḫ dj=sn(g) ḫꜢ m t ḥqt jḥ(w) Ꜣpd(w) jḫt nb(t) nfrt w῾b(t) ῾nḫ(t) nṯr (2) n kꜢ n jmꜢḫw sꜢ-nsw n jmj-wrt(h) Ḥr-n-ḥp sꜢ Jpj mꜢ῾-ḫrw
38
Ibid., S. 140, Nr. 17, S. 366 (8) (Abzeichnung der Inschrift) und Taf. 33. G. Sperveslage, Ägypten und Arabien. Ein Beitrag zu den interkulturellen Beziehungen Altägyptens (AOAT 420), 2019, S. 106-107, 334 (87), 441, Abb. 81-82. 39a M. Jørgensen, op. cit. [Anm. 22], S. 48-49. 39b Ibid., S. 60-61. 40 Vgl. A. H. Gardiner, EG, S. 540 s.v. Aa5 (Belege aus den Pyramidentexten); Wb III, S. 67. Zur nach wie vor unklaren Bestimmung dieser Hieroglyphe und ihren Formen im Alten Reich vgl. zuletzt V. G. Callender, El-Hawawish. Tombs, Sarcophagi, Stelae. Palaeography (Paléographie hiéroglyphique 8), 2019, S. 480 und 585, §728. Ein schönes Beispiel aus der 26. Dynastie auf Stele Paris Louvre IM 4131 (= N 406), Bildfeld, vgl. Chr. Barbotin, La voix des hiéroglyphes : Promenade au département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre, 2005, S. 122-123, Nr. 67, mit Farbtafel. 39
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(1) Ein Opfer, der der König gibt für Ptah-Sokaris und den lebenden Apis, daß sie geben(g) tausend an Brot und Bier, Rindern, Geflügel und allen guten und reinen Dingen, ein Gott lebt, für den Ka des Geehrten und Königssohnes des Westens(h) Herenhapi, Sohnes des Ipi, gerechtfertigt. Kommentar: hier seine normale Lesung sꜢb hat, wie in den in Anm. 1-3 zitier(a) Ob ten Arbeiten als selbstverständlich vorausgesetzt41, ist zweifelhaft, da sꜢb sonst mit einer einzigen Ausnahme aus dem Neuen Reich (s. unten) nie mit st-wrt verbunden wird und seine Verwendung als Titel in der Dritten Zwischenzeit und Spätzeit außerhalb der Wesirsbezeichnung sꜢb tꜢjtj42 und des altertümlichen Titels sꜢb ῾ḏ-mr43 grundsätzlich zu überprüfen bleibt. E. Graefe44 hat einige überzeugende Beispiele vorgebracht, die eine Alternierung von und
seit der 25. Dynastie zeigen; weitere sind seither hinzugekommen.
aus dem 1. Jahrtausend mit oder ohne Folgende Belege für den Titel Erweiterungen – ohne die beiden vorhin genannten Titelkombinationen – sind mir derzeit bekannt: 1. Alabastergefäß Paris Louvre D 34 (= N 386)45, einziger Titel des Ḥrj, des Vaters des Stifters Nb-nṯrw IV (Osorkon III.). Es gibt keinen zwingenden Grund,
einfach als Schreibung für sꜢ zu verstehen, wie dies von einigen
41 In der Reihenfolge der Zitate wird dort von einem „altertümlichen Richtertitel“; einem „Judge of the Great Place of the Temple of Ptaḥ-Sokari-Apis“ und sogar einem „Richter am Großen Gerichtshof“ gesprochen. 42 Beispiele bei G. Vittmann, Priester und Beamte im Theben der Spätzeit (Veröffentlichungen der Institute für Afrikanistik und Ägyptologie der Universität Wien 3), 1978, S. 154-156; D. A. Pressl, Beamte und Soldaten: Die Verwaltung in der 26. Dynastie in Ägypten (664-525 v. Chr.), 1998, S. 108-109; JWIS III, S. 374 (48, 49), 450 (190). Für das Mittlere Reich vgl. W. Ward, Index of Egyptian Administrative and Religious Titles of the Middle Kingdom, 1982, S. 148 (12761277); für das Neue Reich A. R. Ayedi, Index of Egyptian Administrative, Religious and Military Titles of the New Kingdom, 2006, S. 472-473 (1617). Zum Wesirat in der 21.-26. Dynastie siehe jetzt C. Koch, in J. Budka (Hg.), 9th Symposium on Egyptian Royal Ideology: Egyptian Royal Ideology and Kingship under Periods of Foreign Rulers. Case Studies from the First Millennium BCE, 2019, S. 107-135. 43 Beispiele in JWIS IV/1, S. 502 (Rückenpfeiler, Z. 2), 536 (243); II, S. 779 (62), 781 (73), 800 (105; 106); N. Alzohary, MDAIK 68 (2012), S. 37; weitere jetzt bei C. Koch, op. cit., S. 118, Anm. 80. Für das Alte Reich siehe D. Jones, An Index of Ancient Egyptian Titles, Epithets and Phrases of the Old Kingdom (BAR International Series 866), 2000, II, S. 806-807 (2947-2949), für das Mittlere Reich W. Ward, op. cit., S. 147-148 (1263-1277). Vgl. auch N. Leroux, Les recommandations aux prêtres dans les temples ptolémaïques et romains (SsR 21), 2018, S. 12-13 (e-f). 44 E. Graefe, SAK 3 (1975), S. 82-84. 45 JWIS II, S. 302 (17); Fr. Payraudeau, in Fl. Gombert Meurice, Fr. Payraudeau (Hg.), Servir les dieux d’Égypte. Divines adoratrices, chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes, 2018, S. 160 (Cat. 79) (mit Übersetzung … « l’honorable »).
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EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
für ähnliche Belege seit der Ramessidenzeit vorgeschlagen wurde46. Der Umstand, daß der Schakal in der Libyerzeit gelegentlich für sꜢ47 stehen kann, berechtigt nicht zu der Annahme, daß in der Gruppe weniger „emblematisch“ wirkenden Schreibweisen 51
48
und selbst in den
49
,
50
sowie
(in der Filiation einer Frau) der Schakal nicht mitzulesen sei. Daß in
52 in der Ramessidenzeit meist durch u.ä. ersetzt wurde, der Filiation kann zwar zusammen mit dem lautlichen Anklang von sꜢb an sꜢ dazu beigetragen haben, daß der Schakal gelegentlich auch zur Schreibung von sꜢ gebraucht werden konnte, impliziert aber nicht, daß geschriebenes sꜢ sꜢb einfach nur als
46 H. Satzinger, Jahrbuch des Kunsthistorischen Museums Wien 74 (1978), S. 17 und Anm. 58; R. van Walsem, GM 83 (1984), S. 81-83; D. Meeks, Année Lexicographique III (1979), 1982, S. 235-236 (79.2379); Ph. Collombert, in L. Coulon (Hg.), La Cachette de Karnak. Nouvelles perspectives sur les découvertes de Georges Legrain (BdE 161), 2016, S. 300 und 325. 47 É. Chassinat, BIFAO 10 (1910), S. 175-181; R. van Walsem, loc. cit. Für die dort S. 81-82
genannten gehäuften Belege für
etc. aus Kairo CG 42188 siehe die Textwiedergabe in
als sꜢ scheint in JWIS I, S. 257 (147) JWIS II, S. 62 (43). Ein weiteres Beispiel für einfaches unten vorzuliegen; an der älteren Stelle KRI VI, 358:4 könnte der Schreiber das „Ei“ über dem Schakal, wie von K. A. Kitchen vermutet, vergessen haben. 48 Diese Zeichenanordnung ist in der Ramessidenzeit die gebräuchlichste, vgl. KRI I, 326:10, 13; KRI II, 388:3, 390:1, 395:9; KRI III, 136:11, 152:9, 10, 153:14, 208:15, 213:6-214:3 passim, 219:2, 220:5, 221:1, 224:9, 248:6, 10, 274:15, 306:7, 317:2, 13, 474:1, 448:4, 449:1, 450:9, 14, 451:11, 15, 452:1, 453:14, 455:1; KRI V, 415:10, 416:14; KRI VII, 128:5; KRI IX, 3:2, 8, 72:21; A. Gasse, V. Rondot, Les inscriptions de Séhel (MIFAO 126), 2007, S. 378 (Index s.v. sꜢb, alle 8 Graffiti). Vgl. auch Anm. 49. Die von R. van Walsem, op. cit., S. 81-82 und D. Meeks, loc. cit. hervorgehobene Schreibung aus TT 6 (KRI III, 580:10, 581:6) sagt über die Lesung nichts aus, es wurde lediglich ein Schakal durch einen anderen ersetzt (darum mit KRITA III, S. 400 und 401 einfach „son of the dignitary“), also ganz ähnlich wie in unseren Belegen 17 und 22. Dies gilt auch für analoge Schreibungen mit der sꜢ-Gans, siehe Anm. 50. In TT 360 werden und gleichbedeutend in der Filiation gebraucht, s. B. Bruyère, Rapport sur les fouilles de Deir el-Médineh (1930) (FIFAO 8/2), 1933, S. 78, 80, 81 und Taf. XXIX. 49 G. T. Martin, JEA 68 (1982), Taf. IX,1; KRI VII, 22:16 (eine der vier „Orientierungsstelen“ des KꜢsꜢ aus der frühen 19. Dyn., vgl. M.-A. Calmettes, D. Farout, EAO 92 [2018/19], S. 35-42; die anderen drei haben das übliche
, s. KRI VII, 22:3, 23:10, 24:4). Beachte
Jwty und ṯꜢtj Jwty in der Filiation eines Jy aus Bubastis, M. I. Bakr et al. (Hg.), Egyptian Antiquities from the Eastern Nile Delta (Museums in the Nile Delta 2), 2014, S. 150-151 (und Fr. von Känel, Les prêtres-ouâb de Sekhmet et les conjurateurs de Serket, 1984, S. 54-55). Vgl. auch 50
KRI III, 208:16 (und 15 ohne Determinativstrich) und hierzu oben Anm. 48. KRI I, 290:4; KRI III, 152:8, 213:13, 214:9, 215:2 (diese und die beiden vorigen Stellen
betreffen die Filiation des Jmn-ms von TT 373, für die 213:6-214:3 geschrieben wird), 316:1, 586:5; KRI VII, 25:15. 51 KRI III, 454:1. 52 Z.B. Urk IV, 129:5, 130:1, 135:2, 1822:8, 1883:11, 1890:11, 14, 2176:10; KRI I, 353:15, 359:9; B. Ockinga, Amenemone the Chief Goldsmith: A New Kingdom Tomb in the Teti Cemetery at Saqqara (ACE Reports 22), 2004, S. 84 (Text 40, x+4) und Taf. 27.
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sꜢ gelesen wurde. „sꜢb“ als solches53 mag außerhalb archaisierender Titulaturen in später Zeit unüblich geworden sein, es besteht aber die Möglichkeit, daß in der Aussprache unter bestimmten Umständen durch ein gebräuchlicheres Wort wie sš substituiert wurde (so eindeutig bereits in unserem libyerzeitlichen Beleg 2), also als Art Heterogramm verwendet wurde54. Anders als im Neuen Reich55, aber wie im Alten und Mittleren Reich, ist + Name seit der Dritten Zwischenzeit keineswegs meist nur im Anschluß an sꜢ, mithin nur für den Vater, bezeugt, sondern ganz im Gegenteil fast stets (auch) für den Sohn und überhaupt in Positionen, wo eine Lesung des Schakals als sꜢ von vornherein ausgeschlossen ist (Belege 2-6; 8-35). Da der alte Lautwert sꜢb aber bis in die späteste Zeit bekannt war, wie die Verwendung des Schakalzeichens in anderen ähnlichen Wörtern beweist56, muß auch für den Titel durchaus mit der Lesung sꜢb gerechnet werden, soweit keine Argumente wie z.B. der Wechsel mit
für eine andere Lesung sprechen.
53 Vgl. K. Sethe, ZÄS 38 (1900), S. 54-55; R. O. Faulkner, A Concise Dictionary of Middle Egyptian, 1962, S. 209; W. K. Simpson, Papyrus Reisner II. Transcription and Commentary, 1965, S. 42 (12); W. Ward, op. cit., S. 147 (1263); Sh. Whale, The Family in the Eighteenth Dynasty of Egypt: A Study of the Representation of the Family in Private Tombs (ACE Studies 1), 1989, S. 260-261 (befürwortet für ihr Material die Übersetzung „revered one”, da der Titel nichts über den sozialen Status des Vaters aussagt, zumal durchaus „richtige“ Titel folgen können). 54 Bis zu einem gewissen Grad kann man Phänomene im Demotischen vergleichen, wo die obsolet gewordene Bezeichnung der Ehefrau als ḥbsjt die Vorlage für die Schreibung für ḥmt abgab (G. Vittmann, GM 154 [1996], S. 106-107) und sꜢ in der Filiation zwar entwicklungsgeschichtlich auf die Kombination „Gans“ + „sitzender Mann“ zurückgeht, aber in der Aussprache offenbar weitgehend durch pa „der des“ substituiert wurde, so daß manche Autoren dementsprechend direkt pa transkribieren, s. Sv. P. Vleeming, Demotic and Greek Mummy Labels and Other Short Texts Gathered from Many Publications (Studia Demotica 9-B), 2011, S. 846-851. 55 In der 18. Dynastie wird grundsätzlich nur der Vater mit oder ohne eigene Titel als sꜢb bezeichnet, nie der Sohn, vgl. Sh. Whale, loc. cit. Ein frühes Beispiel für diesen Gebrauch von sꜢb (frühe 18. Dyn.), im vorliegenden Fall außerhalb der Filiation, findet sich auf der Stele Moskau GMII I.1.a.5629, Sv. I. Hodjash, O. D. Berlev, in E. Endesfelder et al. (Hg.), Ägypten und Kusch: Festschrift Fritz Hintze zum 60. Geburtstag gewidmet, 1977, S. 186 mit Anm. (a) und unnumerierte Tafeln im Anhang. Ramessidische Belege, ebenfalls außerhalb der Filiation, aber in Bezug auf den Vater, sind KRI I, 288:10 und KRI III, 216:10; sie beweisen übrigens eindeutig,
daß auch bei vorangehendem sꜢ selbständig zu lesen ist. Ein für das Neue Reich untypischer Gebrauch als Bezeichnung des Denkmalinhabers und nicht des Vaters findet sich auf zwei Statuen des sꜢb sš n ḫtmt n štꜢ PjꜢy, KRI III, 494:12, 495:1, 11; in KRITA III, S. 351 „Dignitary and Scribe among the secret treasures“ und „Dignitary, Scribe“ etc. übersetzt. 56 Vgl. Chr. Leitz, Quellentexte zur ägyptischen Religion, I: Die Tempelinschriften der griechisch-römischen Zeit, 2004, S. 186 (sp; z.B. in ḥꜢt-sp Wb III, S. 26); D. Kurth, A Ptolemaic Sign-List. Hieroglyphs Used in the Temples of the Graeco-Roman Period of Egypt and their Meanings, 2010, S. 64 (79) (sp, sbꜢw, spr und andere);
sbjw „Rebellen“ Kartonage-
sꜢb sšw „die Sümpfe durchfragment aus Edfu, G. Maspero, ZÄS 23 (1885), S. 3-4; ziehen“ Wb III, S. 420-421; P. Wilson, A Ptolemaic Lexikon. A Lexicographical Study of the Texts in the Temple of Edfu (OLA 78), 1997, S. 790.
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
123
sš š῾t n pr-῾Ꜣ῾.w.s. Sandsteinblock Kairo JE 2924857, vom 2. selben Ḥrj wie Beleg 1. sꜢb(?) mr-šn n Jmn Stele Kairo JE 4319758, von einem 3. Ḏd-jmn-jw=f-῾nḫ, dessen Familienangehörigen auf der Stele dargestellt werden (22.-26. Dyn.). 4. Stele Paris Louvre IM 416859, einziger Titel des Stifters PꜢ-dj=s (22.26. Dyn.). sꜢb(?) sm(?) ḥm-nṯr(?) Ptḥ Stele Paris Louvre IM 265960, vom 5. Stelenstifter […]-nḫt und seinem Vater (24. Dyn.). 6.
,
sš dwꜢt-nṯr Statue des PꜢj=s-šw-pr61 (25. Dyn.).
Statue Kairo CG 4860662 = auf Würfelhocker Berlin ÄM 816363, 7. 64 einziger Titel des PꜢ-dj-mwt, Vaters des Obermajordomus Harwa (25. Dyn.). Zur Lesung siehe oben zu Beleg 1. 8. , sš wdḥw n pr-Jmn, Statue Kairo CG 4224665, von ḤrsꜢ-Ꜣst, Sohn des Ns-ptḥ (25. Dyn.). ḥrj sš(w)(?) und Plural , Stele Montgeron 2007.466, vom Inha9. ber ῾nḫ-ḥr (II), seinem Sohn Hrj=s-n=f und einigen Vorfahren (späte 25.frühe 26. Dyn.). Ob die hier ebenfalls erscheinenden Titel jmj-rꜢ wnwtjw und
jmj-wnwt,
67
ḥrj wnwt(jw) dazu berechtigen,
und die Variante in der letzten Zeile ad hoc ḥrj-wnwt(jw) und jmj-rꜢ wnwt(jw) „Vorsteher der Stundenpriester / Astronomen“ zu lesen68, ist äußerst 57
JWIS II, S. 302 (18). R. el-Sayed, BIFAO 85 (1985), S. 173-181 (S. 174 mit Übersetzung „administrateur“ und ibid. (b) „juge“) und Taf. XXIX-XXX; JWIS II, S. 463 (126). Zur Problematik der Datierung vgl. zuletzt C. Koch, op. cit., S. 123. 59 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, Catalogue des stèles du Sérapéum de Memphis, 1968, I, S. 113, Nr. 144; II, Taf. XL (144); PM III2, S. 808 mit Übersetzung „judge“. 60 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 95, Nr. 119; II, Taf. XXXIII (119). 61 JWIS III, S. 331 (121); vgl. E. Graefe, SAK 3 (1975), S. 83. 62 JWIS III, S. 282, Oberseite des Sockels, Z. 11, sowie rechte und linke Seite des Sockels. 63 JWIS III, S. 288 (41), Vorderseite, Z. 3. 64 (Normal geschriebenes) sš als einziger Titel ohne jede Spezifizierung ist in der Spätzeit auffallend selten – so selten und ungewohnt, daß J. A. Josephson, M. M. Eldamaty, Statues of the XXVth and XXVIth Dynasties. Catalogue Général of Egyptian Antiquities in the Cairo 58
Museum Nrs. 48601 - 48649, 1999, S. 7-8 (Kairo CG 48604) als einen einzigen Namen „Seshkery“ mißverstanden haben (richtig JWIS III, S. 333 (126)). Ein weiterer Einzelfall ist der sš PꜢ-mjw, Vater der šmst Mwt Jt JWIS III, S. 370 (41), Z. 2. 65 JWIS III, S. 485 (242); vgl. E. Graefe, loc. cit. mit Anm. 50 (als Kairo JE 37015 zitiert). 66 S. Dhennin, RdE 63 (2012), S. 67-81 mit Taf. V-VI, Z. 4, 5, 6, 7, 11. 67 Id., loc. cit., Giebelfeld und Z. 3 und 6 der Hauptinschrift. 68 So der Vorschlag von ibid., S. 77-78 mit dem Eingeständnis, daß die Schreibung vorläufig schwer zu erklären sei, E. Graefes Lesung des Schakals als sš (s. oben Anm. 44) hier aber nicht zum Kontext passe.
124
GÜNTER VITTMANN
fraglich, auch wenn der Beititel des Steleninhabers und seines Sohnes rḫ pr(t) spdt „der den Aufgang der Sothis kennt“ diese Annahme befördert hat. Stele Paris Louvre SN 5469, einziger Titel des Stifters ῾nḫ-wn-nfr 10. (Psammetich I.). Zur Lesung hier und bei den drei folgenden Belegen siehe oben zu Beleg 1. Stele Paris Louvre IM 263170, einziger Titel von Ḥp-j(jr)-῾Ꜣ und Ḥp11. wsr (Psammetich I.). Stele Paris Louvre IM 262471, jeweils einziger Titel der drei im folgen12. den Stammbaum durch Fettdruck hervorgehobenen Personen (Psammetich I.): J-῾Ꜣ
Hrj-bꜢstt
Ptḥ-ḥtp OO Qbḥ-ḥꜢtj-n-Ꜣst J-῾Ꜣ
Ḏd-jmn-jw=f-῾nḫ
13. Stele Paris Louvre IM 313672, einziger Titel des Jmn-ḥtp, eines Bruders des Stelenstifters Ptḥ-nfr (26. Dyn.). , , Grab Theben 19673, von Ꜣḫ-jmn-r=w, 14. Vater des Obervermögensverwalters der Gottesgemahlin und Grabinhabers (Necho – Psammetich II.). , jmj-rꜢ sš(w) ῾b nsw, vom Schatzmeister Psmṯk einmal in 15. seinem Grab in Sakkara74 (Amasis). An allen anderen Stellen der Grabausstattung erscheint die Titelgruppe regulär ohne den Schakal75; die Gruppe scheint demnach ein Reflex der alten Titelkombination sꜢb sš76 zu sein, die aber hier – in genitivischer Abhängigkeit von jmj-rꜢ – völlig unpassend wäre, so daß einfach nur sš zu lesen sein dürfte, also stets der Titel „Vorsteher der Schreiber des königlichen Frühstücks“77 gemeint ist. 69 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 169, Nr. 220; II, Taf. LIX (220); JWIS IV/1, S. 92-93 (153). 70 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 115, Nr. 146; II, Taf. XL (146); PM III2, S. 807-808 („Judge“). 71 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 170, Nr. 222; II, Taf. LX (222); PM III2, S. 793 („Judge“); JWIS IV/1, S. 100-101 (174). 72 Digitales Zettelarchiv (DZA) des Thesaurus Linguae Aegyptiae, Nr. 28.561.700; vgl. PM III2, S. 811. 73 Die Schreibung mit Schakal nur einmal (JWIS IV/2, S. 680, vierte Zeile von oben); sonst immer mit der Schreiberpalette (ibid., S. 679-682 passim). Vgl. bereits E. Graefe, op. cit. [Anm. 44], S. 83. 74 JWIS IV/1, S. 539 (248), Westwand. 75 JWIS IV/1, S. 540 (248-249), 541 (250). 76 D. Jones, An Index of Ancient Egyptian Titles, Epithets and Phrases of the Old Kingdom (BAR International Series 866), 2000, II, S. 811-813 (2964-2972). 77 Zu diesem Titel siehe H. De Meulenaere, in Bulletin du Centenaire (Supplément au BIFAO 81), 1981, S. 87-89.
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
125
16. sꜢb sš ḫrp sš(w) jmj-rꜢ sš(w) ῾b-nsw78, von PꜢ-kꜢp, mit „schönem Namen“ WꜢḥ-jb-r῾-m-Ꜣḫt, in seinem Grab in Giza (26. Dyn.). Hier dürfte die Gruppe im Unterschied zu Beleg 15 tatsächlich einen beabsichtigten Rückgriff auf die alte Kombination sꜢb sš darstellen79. ḥrj-sštꜢ n st-wrt, von Ḥr-n-ḥp auf seiner hier publizier17. ten Statue Berlin ÄM 10289 (26. Dyn.). Zur Lesung siehe unten. (einziger?) Titel des PꜢ-dj-Ꜣst auf seinem verschollenen Sarg80 aus 18. seinem Grab in Giza (26. Dyn.). Vgl. oben zu Beleg 1. , Naophor London BM EA 2947881, vom Statueninhaber, dem 19. Horuspriester etc. Ḥr-nb-ḫꜢst und seinem Vater Hnm-m-ḥꜢt (26. Dyn.). Da in der Titulatur dieses Mannes sowohl sš als auch ḥrj-sštꜢ in geläufigen Schreibungen erscheinen, wird man am besten bei der traditionellen Lesung sꜢb82 bleiben, auch wenn die attributive Erweiterung mit ῾Ꜣ m njwt=f (oder überhaupt nur mit ῾Ꜣ) sonst nicht bezeugt ist. , Statuenfragment Tübingen 1150,83 vom Inhaber PꜢ-šr20. nt (26. Dyn.). Lesung des Titels mit Ausnahme von ḥwt-bjt unklar. „Es kann auch ein anderes vierfüßiges Tier dagestanden haben, der Kopf ist zerstört“84. 21. sꜢb(?) w῾b (jmj)-rꜢ(?)85 sš(w) ῾ nsw86 Stele Berlin 87 ÄM 7308 (Spätzeit, Taf. 6). Im Bildfeld wird dieselbe Person (der Stelenin78
JWIS IV/2, S. 882 (259). Für den Hinweis auf diesen Beleg danke ich C. Koch. Vgl. in diesem Sinne A. Leahy, JEA 75 (1989), S. 241. 80 Chr. Zivie-Coche, Giza au premier millénaire. Autour du temple d’Isis dame des pyramides, 1991, S. 300. 81 JWIS IV/2, S. 962-963 (398) passim. 82 In ihrer Publikation dieses Objekts übersetzt Fr. von Känel, Les prêtres-ouâb de Sekhmet et les conjurateurs de Serket, 1984, S. 82 und 83 „le grand dignitaire dans sa ville“, geht dabei also, wie auch aus ihrem Verweis auf S. 40 (h) hervorgeht, von der Lesung sꜢb aus. Analog N. Rodriguez i Corcoll, Sacerdoci i cultes del nord de l’Egipte Mitjà durant la baixa època (segles VII-IV aC). Del nomus 14 al 22 de l’Alt Egipte, 2009, S. 223-224: „El gran dignatari a la seva ciutat“. 83 E. Brunner-Traut, H. Brunner, Die Ägyptische Sammlung der Universität Tübingen, 1981, 41-43 und Taf. 120-121; JWIS IV/2, S. 793 (92). 84 E. Brunner-Traut, H. Brunner, op. cit., S. 43, Anm. 3, S. 42 Übersetzungsvorschlag „… Richters (?) der Neith der Weißen Krone im Hause der Biene“. 85 Zu r als Schreibung für jmj-rꜢ vgl. Ch. Kuentz, BIFAO 34 (1934), S. 154-157. Alternativ wäre für den Titel die Lesung sš rꜢ-῾ nsw „königlicher Urkundenschreiber“ zu erwägen; vgl. Ph. Collombert, in L. Coulon (Hg.), La Cachette de Karnak. Nouvelles perspectives sur les découvertes de Georges Legrain (BdE 161), 2016, S. 328. 86 Vgl. D. Jones, op. cit., I, S. 209-210 (780-782) und für dasselbe ohne jmj-rꜢ (mit und ohne Erweiterungen) ibid., II, S. 838-843 (3057-3073). W. Ward, Index of Egyptian Administrative and Religious Titles of the Middle Kingdom, 1982, S. 158 (1360-1364) liest sš ῾n nsw „Scribe of the Royal Tablet“. Vgl. auch D. A. Pressl, Beamte und Soldaten: Die Verwaltung in der 26. Dynastie in Ägypten (664-525 v.Chr.), 1998, S. 56. 87 K. Piehl, PSBA 10 (1888), S. 534-535; vgl. auch PM III2, S. 734. Die bisherige Datierung (z.B. auch in PN, I, 123:12, 179:21, 371:1) in die Ptolemäerzeit ist zu spät; manche der zahl79
126
GÜNTER VITTMANN
haber PꜢ-dj-pp) ausschließlich als tituliert, in beiden Fällen dürfte also eher sꜢb zu lesen sein; vgl. oben zu Beleg 1. Der Mann war somit „‘Richterʼ, Wabpriester und Vorsteher(?) der Schreiber der königlichen Dokumente“. Statue Zagreb 66988, vom Inhaber Ḏd-ptḥ-jw=f-῾nḫ (Spät-
22.
zeit). Im Hinblick auf seit dem Neuen Reich belegtes ḥrj-sštꜢ ( ) n/m ḥwtPtḥ89 ist eine entsprechende Lesung so gut wie sicher, siehe dazu unten. 23.
sš pr-ḥḏ Sarkophag Kairo CG 2931590, von Ḏḥwtj-jr-dj-s (30. Dyn.).
24. 25. (30. Dyn.). 26.
,
jmj-rꜢ sš(w) ḏꜢḏꜢt ibid.91, von Ḏḥwtj-jr-dj-s. sš š῾(t) Sarkophag Kairo CG 2931692, von PꜢ-šr-tꜢ-jḥt jmj-rꜢ sš(w) ḫnt wr Statue Alexandria 2095993 (ähnlich Uschebti
Statuenfragment Baltimore WAG 51.25795, in allen Como ED 6194), = Objekten in bezug auf den Inhaber Wn-nfr (30. Dyn.).
reichen Personennamen wie PꜢ-dj-pp, Qr=s-r-jmn und TꜢ-kꜢpw-n-ḫb sind gerade für die frühere Epoche (25.-27. Dynastie) typisch. Für das hier publizierte Archivbild der durch Kriegseinwirkung stark beschädigten und restaurierten Stele aus DDR-Zeiten und die Erlaubnis zur Veröffentlichung danke ich J. Helmbold-Doyé. 88 J. Monnet Saleh, Les antiquités égyptiennes de Zagreb : Catalogue raisonné des antiquités égyptiennes conservées au Musée Archéologique de Zagreb en Yougoslavie, 1970, S. 54, Nr. 39; I. Uranić, Aegyptiaca Zagrabiensia: Egyptian Collection of the Archaeological Museum in Zagreb, 2007, S. 82, Nr. 105, wonach der Statueninhaber „was noted to have been a judge“; N. Rodriguez i Corcoll, op. cit., S. 225 ḥrj-sštꜢ m ḥwt Ptḥ „Superior dels secrets al temple de Ptah“ verdient vor ihrer alternativen Lesung sꜢb m ḥwt Ptḥ „jutge en el temple de Ptah“ (ibid., Anm. 494) den Vorzug. 89 KRI III, 176:16; KRI VI, 78:15 (emendiert); Sarkophag Leiden RmO AMT 3-c (2. Jh. v.Chr.): M. Panov, Источники по истории жреческих семей Мемфиса и Летополя в поздный период, 2015, S. 140 oben und unten; II, S. 36-37, Abb. 29-30. Dieselbe Person und sein Vater werden auf Stele London BM EA 391, Z. 3 und 7 als ḥrj-sštꜢ pr-Ptḥ tituliert: ibid., S. 148; II, S. 45, Abb. 39. Vgl. auch ḥrj-sštꜢ m ḥwt-῾Ꜣt / ḥwt-Nt, R. el-Sayed, Documents relatifs à Saïs et ses divinités (BdE 69), 1975, S. 294 (Index); ḥrj-sštꜢ ḥwt-w῾rt JWIS IV/2, S. 781 (71), und zu Verbindungen von ḥrj-sštꜢ mit m/n ḥwt etc. zuletzt F. Contardi, in Sh.-W. Hsu et al. (Hg.), Ein Kundiger, der in die Gottesworte eingedrungen ist: Festschrift für den Ägyptologen Karl Jansen-Winkeln zum 65. Geburtstag (ÄAT 99), 2020, S. 15-16. 90 G. Maspero, H. Gauthier, Sarcophages des époques persane et ptolémaïque. Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire, Nos 29307-29323, 1939, S. 95-96. 91 Ibid., S. 90 und 97. Zum Titel siehe O. Perdu, RdE 49 (1998), S. 175-194 und zur Person S. 181-182; A. Schütze, in M. C. Flossmann-Schütze et al. (Hg.), Kleine Götter – große Götter: Festschrift für Dieter Kessler zum 65. Geburtstag (Tuna el-Gebel 4), 2013, S. 449-464. 92 G. Maspero, H. Gauthier, op. cit., S. 102. 93 I. Guermeur, in I. Régen, Fr. Servajean (Hg.), Verba manent : Recueil d’études dédiées à Dimitri Meeks (CENiM 2), 2009, S. 178 (dort auch zur Schreibung), 180 und Taf. I-II. 94 I. Guermeur, op. cit., S. 188 und Taf. III. 95 Ibid., S. 187 und Taf. III.
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
127
, sš-nsw ḥsb ḫt nbt n Šm῾-Mḥw Sarkophag 27. Wien KhM ÄS 196, vom Inhaber Ns-šw-tfnwt (späte 30. Dyn. – frühptolemäisch). 28. sš ḥsb ḫt nb m pr-ḥḏ n ḥwt-Ptḥ Sarkophag Paris Louvre D 897, vom Inhaber Ḏd-ḥr (späte 30. Dyn. – frühptolemäisch). 29. sš n nṯrw ḥwwt Jnb-ḥḏ Stele London BM EA 380, Z. 398, von ῾nḫ-ḥp, Vater des Inhabers Ḥr-jj-m-ḥtp, beide memphitische Priester mit zahlreichen Titeln (frühptolemäisch). Außerhalb von personalisierten Titeln und Titelreihen erscheint gelegentlich in den Anrufen an die Passanten:
auch
j ḥmw-nṯr jt-nṯr nb sꜢb(?) rḫ-ḫt nb Statue London BM 30. 99 EA 37892 (Apries). Eine Lesung sš ist keineswegs ausgeschlossen. j sꜢbw(?) ḥrj-sštꜢ rḫ tp-ḥsb n ḥwt-nt Statue 31. Philadelphia 42-9-1, Z. 8100 (Amasis). Die Lesung sꜢbw als Archaismus ist auch im Hinblick auf das Vorkommen von sꜢb ῾ḏ-mr auf derselben Statue101, ebenfalls in einem Anruf an die Passanten, wahrscheinlich, es gilt aber trotzdem die Bemerkung zu Beleg 30. j w῾b nb sš nb rḫ rꜢ=f nb102 Stele Leiden RmO VII 32. 103 8, Z. 11 (29./30. Dyn.).
96 E. v. Bergmann, RecTrav 6 (1885), S. 135, 136; vgl. E. Graefe, SAK 3 (1975), S. 83. Vgl. auch C. Manassa, The Late Egyptian Underworld: Sarcophagi and Related Texts from the Nectanebid Period (ÄAT 72), 2007, I, S. 19, mit unrichtiger Lesung sꜢb nswt sš nswt „royal official, royal scribe“ etc. 97 M. Panov, op. cit., I, S. 332, II, S. 170, Abb. 218. 98 E. A. E. Reymond, From the Records of a Priestly Family from Memphis (ÄgAbh 38), 1981, S. 85-86, Nr. 6 (liest w῾b, da sie den Titel mit dem erwarteten w῾b n nṯrw Jnb-ḥḏ gleichsetzt, s. Index S. 248) und Taf. 4; M. Panov, op. cit., I, S. 250 und 253 (als Z. 12 gezählt; mit richtiger Lesung und Übersetzung), II, S. 103, Abb. 129, und 105, Abb. 131. 99 JWIS IV/1, S. 391 (113); J. Heise, Erinnern und Gedenken: Aspekte der biographischen Inschriften der ägyptischen Spätzeit (OBO 226), 2007, S. 205: „Oh all ihr Priester und Gottesväter, all ihr Richter und Gelehrten“. 100 H. Ranke, MDAIK 12 (1943), S. 114 und 116 (übersetzt „O ihr ‘Richter’“ etc.); JWIS IV/1, S. 503. 101 JWIS IV/1, S. 502, auf Rückenpfeiler. 102 Man beachte die Einbeziehung von „jedem, der seinen Spruch kennt“ sowie die Schreibung mit der rꜢ-Schlange. 103 P. A. A. Boeser, Beschreibung der ägyptischen Sammlung des Niederländischen Reichsmuseums der Altertümer in Leiden (VII). Die Denkmäler der saïtischen, griechisch-römischen, und koptischen Zeit, 1915, S. 4, Nr. 8, und Taf. XIV, Nr. 8. Zur Datierung auf Grund der beiden Kartuschen um 380 v.Chr. siehe P. Munro, Die spätägyptischen Totenstelen (ÄgForsch 25), 1973, S. 124; im Katalogteil wird die Stele übrigens entgegen der Angabe a.a.O. nicht erwähnt.
128
GÜNTER VITTMANN
33. 164104 (30. Dyn.).
j ḥm-nṯr nb w῾b nb sš nb Statue Vatikan 163j w῾b nb sš nb rḫ-ḫt nb Stele Kairo CG 22069, Z. 14105
34. (ptol.).
hj sšw nb rḫ-ḫt nb srw nb s῾ḥw nb rḫjt nb Stele London 35. BM EA 147, Z. 5106 (Taimhotep; ptol.). Die ja anderweitig, wie oben ausgeführt, gesicherte Lesung sš für den Schakal liegt durch Vergleich mit Normalschreibungen im selben Kontext nahe, z.B. j ḥmw-nṯr jtw-nṯr w῾b nb ẖrj-ḥbw sšw nb jꜢwt nb Stele Aix-en-Provence 832-1-7107; j w῾bw nb sšw nb rḫw-ḫt ῾q m sš etc. Statue Kairo JE 47277108; j ḥm-nṯr nb w῾b {ḥm-nṯr} nb sšw nb rḫ-ḫ(t) nb Petosiris 2,1; 4,1109. Ob dies in auch im Einklang mit der bisherigen Interpretation für Berlin ÄM 10289 gilt, bleibt aus dem eingangs genannten Grund zweifelhaft. Die einfachste Deutungsmöglichkeit ist, den Schakal als Schreibung für ḥrj-sštꜢ zu interpretieren, wie wir das auch für Beleg 22 vorgeschlagen haben. Tatsächlich findet sich in TT 50 für den Grabinhaber, den Gottesvater des Amun Neferhotep (späte 18. Dynastie), die Bezeichnung
/
110
, wo die Lesung ḥrj-sštꜢ st-wrt naheliegt, auch wenn an anderer Stelle des Grabes ḥrj-sštꜢ (in Verbindung mit ḥwt-nbw n Jmn etc.) unmißverständlich
geschrieben wird111. Analog wird
im Grab des
104 G. Botti, P. Romanelli, Le sculture del Museo Gregoriano Egizio, 1951, S. 42 („giudici tutti“) und Taf. XXXV (42); I. Guermeur, Les cultes d’Amon hors de Thèbes : Recherches de géographie religieuse (BEHE-SR 123), 2005, S. 364 (mit Übersetzung (…) „tout noble“. Der Autor teilte mir auf meine Rückfrage mit, daß er damals von einer Lesung sꜢb ausging, jetzt aber ebenfalls sš vorzieht). 105 A. Kamal, Stèles ptolémaïques et romaines. Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire, Nos 22001-22208, 1905, S. 63 und Taf. XXI. 106 M. Panov, LingAeg 18 (2010), S. 176 und 189; id., Источники по истории жреческих семей Мемфиса и Летополя в поздный период, 2015, S. 179, II, S. 61, Abb. 68. 107 JWIS IV/2, S. 999 (443), Z. 2-3. 108 K. Jansen-Winkeln, SAK 36 (2007), S. 52 (d 1-2). 109 G. Lefebvre, Le tombeau de Petosiris, II. Textes, 1923, S. 2-3. Weitere späte Beispiele für die Einbeziehung der Schreiber in Anrufungen an die Priester bei U. Derchain-Urtel, Priester im Tempel. Die Rezeption der Theologie der Tempel von Edfu und Dendera in den Privatdokumenten aus ptolemäischer Zeit (GOF IV, 19), 1989, S. 173-180 passim. 110 R. Hari, La tombe thébaine du père divin Neferhotep (TT50), 1985, Taf. XX, bandeaux de plafonds, XXVI, Beischrift zum Grabinhaber, Z. 1, und zweite (unnumerierte) Farbtafel
unten, S. 33 (2) und S. 37 mit der Übersetzung „juge de la Grande Place“. Jedenfalls ist ibid., Taf. XLV und S. 36 tatsächlich sꜢ sꜢb zu lesen (vgl. oben mit Anm. 49), wie immer man sꜢb übertragen möchte. 111 Ibid., Taf. III, Z. 2; Übersetzung S. 10.
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
129
Wesirs Paser (TT 106)112, wie bereits vom Wb angenommen, ḥrj-sštꜢ n wꜢḏtj113 zu lesen sein, und für , einen Titel des memphitischen Stadtgouverneurs Hui114, wird die Lesung ḥrj-sštꜢ n ḥwt-kꜢ-ptḥ durch die Schreibung für den Hohenpriester des Ptah Ptahmose115 und beim gleichnamigen memphitischen Stadtgouverneur (Anm. 89, 1. Beleg) plausibel. 116 117 , und u.ä.118 der Schreibung Ob in entsprechend zwischen sꜢb und ḥrj-sštꜢ zu differenzieren oder alles einheitlich ḥrj-sštꜢ zu lesen ist, bleibe vorerst dahingestellt.
Späte Belege für ḥrj-sštꜢ n/Ø st-wrt (Vollständigkeit wurde nicht beabsichtigt): 1. Opfertafel Kairo CG 23091119, Athribis, von einem Priester des Chentechtai (25. Dyn.). 2. Nischenstele Kairo JE 36728120, von ῾nḫ-ššnq, dem Angehörigen einer Familie memphitischer Ptahpriester (25. Dyn.). 3. Statue der ehemaligen Sammlung MacGregor121, vom memphitischen Ptahpriester PꜢ-dj-Ꜣst und mehreren Vorfahren (25.-26. Dyn.). 112 Photo uni dia 38110 (https://www.uni-dia-verlag.de/katalog/privatgraeber-des-neuenreiches-und-der-spaetzeit-bei-theben/grab-nr.-106-pesiur.html, Zugriff April 2020). Von K. A. Kitchen in seiner Auswahl von Inschriften aus TT 106 (vgl. Indexband KRI VIII, 115) nicht aufgenommen. Derselbe Titel in derselben Schreibung auch im Grab des Ptahemwia in Sakkara, s. M. J. Raven, The Tombs of Ptahemwia and Sethnakht at Saqqara (PALMA 22), 2020, S. 92 (Photo und Faksimile), Zeile 1; S. 92 (Übersetzung „master of secrets of the two cobra goddesses“); S. 30 Anm. 36. 113 Digitales Zettelarchiv (DZA) Nr. 22.119.150. Zum Titel vgl. Wb IV, S. 299:10 (Mittleres Reich bis Spätzeit); J. A. Taylor, An Index of Male Non-Royal Egyptian Titles, Epithets & Phrases of the 18th Dynasty, 2001, S. 164 (1614); A.-P. Zivie, Hermopolis et le nome de l’ibis : Recherches sur la province du dieu Thot en Basse Égypte (BdE 66), 1975, S. 102 und 103 (d). 114 KRI III, 165:9. KRITA III, S. 111 versteht dies als „Dignitary of Hatkuptah (= Memphis)“. 115 Urk IV 1918:9 (kollationiert mit Photo). Zur Person vgl. R. Anthes, ZÄS 72 (1936), S. 62 (5). 116 KRI III, 578:1; KRITA III, S. 399 mit Übersetzung „son of the dignitary of the Western Side“. 117 Urk IV, 1803:14; W. Helck, Urkunden der 18. Dynastie. Übersetzung zu den Heften 17-22, 1961, S. 264 mit Übersetzung „Geheimrats des Westens“. 118 P. F. Dorman, The Monuments of Senenmut: Problems in Historical Methodology, 1988, S. 210 s.v. ḥry-sštꜢ n ỉmy-wrt; J. A. Taylor, op. cit., S. 164 (1613); mit Übersetzung “chief of the secrets of the west/west Side“. 119 JWIS III, S. 367 oben. 120 JWIS III, S. 371 (43), Z. 13-14; zur Familie vgl. Cl. Jurman, Memphis in der Dritten Zwischenzeit. Eine Studie zur (Selbst-)Repräsentation von Eliten in der 21. und 22. Dynastie, 2020, II, S. 1043-1044. 121 O. Perdu, RdE 65 (2014), S. 107-139; speziell zum Titel S. 120-121 (mit Hinweis auf vereinzelte Belege aus dem Neuen Reich S. 120, Anm. 67; ein weiterer Titelträger aus der 18. Dyn. ist der Zweite Prophet des Amun Ahmose, Inhaber von TT 121, s. P. A. Piccione, in R. K. Ritner [Hg.], Essays for the Library of Seshat: Studies presented to Janet H. Johnson on the occasion of her 70th birthday [SAOC 70], 2017, S. 263 mit Abb. 13.7).
130
GÜNTER VITTMANN
4. Nischenstele New York MMA 66.99.67122, von PꜢ-dj-Ꜣst, Angehöriger einer memphitischen Priesterfamilie, auch als ḥrj-sštꜢ n pr-Ptḥ bezeichnet (Psammetich I.). 5. Stele ehemals in Verona123, heute verloren, vom memphitischen Ptahpriester und „Prophet der Sachmet, Herrin der Akazie“ Psmṯk, dem Vater des Stelenstifters ῾nḫ=f-n-sḫmt (26.-27. Dyn.). 6. Stele Paris Louvre IM 4080124, vom memphitischen Ptahpriester ῾nḫ=f-nsḫmt, seinem Vater Psmṯk und dessen Vater PꜢ-ḥm-nṯr und Großvater ῾nḫ=f-nsḫmt (27. Dyn.). Der zusätzliche seltene Titel eines ḥm-nṯr Sḫmt nb(t) šndj(t) bei allen vier Personen und die Namengleichheiten erlauben den Schluß, daß wir es hier und auf dem vorhin genannten Beleg mit einer einzigen in der 26. und 27. Dynastie aktiven Familie zu tun haben (vgl. Anm. 123). 7. Stele Paris Louvre IM 4098125, vom wr ḫrp ḥmw Ptḥ ḥrj-sš[tꜢ st]-wrt etc. Hnm-jb-r῾-sꜢ-ptḥ, mit „schönem Namen“ NkꜢw, Vater des Stelenstifters Psmṯk (27. Dyn.). 8. Stele Paris Louvre IM 4125126, von einem Ptahpriester und Vorfahren des Stelenstifters (27. Dyn.). 9. Statue Berlin ÄM 14765127, vom memphitischen Ptahpriester J῾ḥ-ms (4. Jh. v.Chr.).
122
ESLP, S. 30, Nr. 26, und Taf. 22, Abb. 52; JWIS IV/1, S. 91 (149). JWIS IV, S. 949 (367) gibt den ersten Teil des Titels im Anschluß an S. Curto, Oriens Antiquus 12 (1973), S. 93 („nsj ʼst-wrt“ „cui è pertinente la Sede Grande“, folgt auf ḥm-nṯr Ptḥ) 123
wieder, die von S. Curto, op. cit., S. 92 reproduzierte Kopie aus dem 17. Jahrhundert
als
erlaubt aber zwanglos eine Bestimmung als
ḥrj-sštꜢ n. Außerdem ist die auf ḥm-nṯr Sḫmt
folgende Spezifizierung nicht wie bei S. Curto nb(t) Šd(t) „signora di Shedet“ (
bei JWIS,
loc. cit.), sondern nb(t) š(n)d(t) „Herrin der Akazie“ ( ) zu lesen; vgl. Fr. von Känel, Les prêtres-ouâb de Sekhmet et les conjurateurs de Serket, 1984, S. 105 (h); H. De Meulenaere, in L. De Meyer, E. Haerinck (Hg.), Archaeologia Iranica et Orientalis: Miscellanea in Honorem Louis Vanden Berghe, 1989, S. 567-573, bes. 568 und 572 (10). 124 É. Chassinat, RecTrav 22 (1900), S. 25 (LXXVIII). J. Vercoutter, Textes biographiques du Sérapéum de Memphis, 1962, S. 41 (Q) zitiert den Titel auf Grund dieser Stele und übersetzt „Gardien de la Grande Place“; nach dem Index S. 136 wäre das erste Wort geschrieben. So willkommen dies als direkte Parallele zu Berlin ÄM 10289 wäre, erweist die mir von D. Devauchelle freundlicherweise übermittelte Aufnahme, daß É. Chassinat mit seiner Wiedergabe
an allen vier Stellen recht hatte. É. Chassinat, RecTrav 23 (1901), S. 84 (CXLI); Ch. Maystre, Les grands prêtres de Ptah de Memphis (OBO 113), 1992, S. 384-385. 126 É. Chassinat, RecTrav 25 (1903), S. 59 (CLXXVII); I. Guermeur, Les cultes d’Amon hors de Thèbes : Recherches de géographie religieuse (BEHE-SR 123), 2005, S. 27. D. Devauchelle nennt mir als weiteren Beleg die unpublizierte Stele Paris Louvre IM 4119 (vgl. PM III2, S. 812, wo der Titel nicht genannt wird). 127 A. Erman, ZÄS 38 (1900), S. 117 (dritte Zeile dieser Edition); I. Guermeur, op. cit., S. 67; M. Panov, Историко-биографические и мифологические надписи позднего времени, 2017, 125
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
131
10. Sarkophag Paris Louvre D 8128, vom memphitischen Ptahpriester Ḏd-ḥr (±300 v.Chr.). 11. Sarkophag Paris Louvre D 12129, vom memphitischen Ptahpriester Jj-m-ḥtp (3. Jh. v.Chr.). 12. Sarkophag Paris Louvre D 13130, vom memphitischen Ptahpriester ῾nḫ-ḥp, auch als ḥrj-sštꜢ n pr-Ptḥ bezeichnet (3. Jh. v.Chr.). 13. Stele London BM EA 380, Z. 3131, vom selben ῾nḫ-ḥp, dem Vater des Stelenbesitzers Ḥr-jj-m-ḥtp (3. Jh. v.Chr.). 14. Sarkophag Berlin ÄM 38132 und Stele Paris Louvre C 316133, vom memphitischen Ptahpriester J῾ḥ-ms, auch als ḥrj-sštꜢ n pr-Ptḥ bezeichnet (2. Jh. v.Chr.). 15. Stele London BM EA 378, Z. 9134, vom selben Mann, Vater des Steleninhabers Hrj=w (2. Jh. v.Chr.). 16. Stele London BM EA 393, Z.1 und 4 und demotisches Subskript135, vom memphitischen Ptahpriester ῾n-m-ḥr und seinem Urgroßvater Jj-m-ḥtp (2. Jh. v.Chr.). 17. Stele Paris Louvre IM 3689, Z. 7136, vom memphitischen Priester Wn-nfr, Vater des Steleninhabers Ns-nwn-wr (2. Jh. v.Chr.). 18. demotisch-hieroglyphische Stele Paris Louvre C 231137, vom memphitischen Ptahpriester PꜢ-dj-bꜢstt und seinem Vater SmꜢ-tꜢwj (2.-1. Jh. v.Chr.). 19. demotische Stele Paris Louvre IM 8138, Z. 7 (ḥrj-sšt m s.t-wrj) und 8-9 (ḥrj-sšt s.t-wrj.t), vom memphitischen Ptahpriester PꜢ-dj-nfr-tm und seinem Vater PꜢ-dj-bꜢst.t (1. Jh. v.Chr.). Mit Ausnahme des erstgenannten Belegs aus Athribis betreffen also alle memphitische Priester im Ptahkult139 und hier wieder zu einem großen Teil S. 124 und 129, Abb. 16. Ibid., S. 119 derselbe Titel auf einer anderen Statue des J῾ḥ-ms aus Pozzuoli. 128 I. Guermeur, op. cit., S. 29; M. Panov, Источники по истории жреческих семей Мемфиса и Летополя в поздный период, 2015, I, S. 332; II, S. 170, Abb. 218. 129 I. Guermeur, op. cit., S. 30; M. Panov, LingAeg 22 (2014), S. 192-196 passim; id., op. cit., I, S. 314-322 passim; II, S. 146-162, Abb. 187-205 passim. 130 Id., op. cit., I, S. 243; II, S. 94-95, Abb. 109. 131 Siehe die Literaturangaben in Anm. 98. 132 M. Panov, op. cit., I, S. 276; II, S. 124-126, Abb. 161-163 (Vertikalzeile 2 Ende bis 3 Anfang). 133 Ibid., I, S. 281-282; II, S. 128-129, Abb. 166-167. 134 Ibid., I, S. 296; II, S. 136-137, Abb. 136-137. 135 Id., LingAeg 22 (2014), S. 188-190 und Abb. S. 203-205; id., Источники по истории жреческих семей Мемфиса и Летополя в поздный период, 2015, I, S. 326-328; II, S. 163165, Abb. 206-210. 136 Ibid., I, S. 287-290; II, S. 132-133, Abb. 170-171; D. Devauchelle, RdE 69 (2019), Taf. V. 137 D. Devauchelle, in W. Claes et al. (Hg.), Elkab and Beyond: Studies in Honour of Luc Limme (OLA 191), 2009, S. 305-307; M. Panov, op. cit., I, S. 437-438. 138 D. Devauchelle, Enchoria 27 (2001), S. 45, 46 und Taf. 2-3; M. Panov, op. cit., I, S. 431; II, S. 219-220, Abb. 284-285. 139 Vgl. P. Vernus, BIFAO 76 (1976), S. 11 (v); O. Perdu, RdE 65 (2014), S. 120-121. Viele Personen haben noch zahlreiche andere Titel, was für unser Anliegen aber nichts zur Sache tut.
132
GÜNTER VITTMANN
Angehörige der von M. Panov umfassend dokumentierten großen Priesterfamilien aus ptolemäischer Zeit (Belege 8-19). Da auch Berlin ÄM 10289 in diese Region gehört, ist hier die Lesung ḥrj-sštꜢ n st-wrt äußerst wahrscheinlich, wenngleich nicht mit letzter Sicherheit zu beweisen. Ḥr-n-ḥp war demnach jemand, der als „Eingeweihter“ zum Zugang ins Sanktuar berechtigt war, wie dies ja auch der Titel „Königssohnes der Westseite“ impliziert; vgl. unten (h). Zusammenfassend zu Lesungen angeben:
als Titel in der Spätzeit lassen sich folgende
1. sꜢb als Teil der traditionellen Titel tꜢjtj sꜢb und sꜢb ῾ḏ-mr, s. oben mit Anm. 42-43. 1a. In mehreren Fällen mehr oder weniger wahrscheinlich sꜢb als archaisierender Rückgriff (in Frage kommen die Belege 1; 3-5; 10-13; 16; 18; 21; 30-31). Die traditionelle Übersetzung „Richter“140 mag anstelle einer allgemeinen Übertragung mit „Würdenträger“ o.ä. beibehalten werden, wenn man sich bewußt hält, daß die wirkliche Bedeutung von sꜢb im ersten Jahrtausend – wenn nicht schon früher – letztlich unklar ist, es aber auch keine dem Vater vorbehaltene Bezeichnung ist wie im Neuen Reich (s. Anm. 55). Eine Alternativlesung sš ist jedoch fallweise im Auge zu behalten. 2. sš spätestens seit der 25. Dynastie, verstärkt aber erst seit dem 4. Jahrhundert, wenn der Titel bei derselben Person auch mit der Normalschreibung belegt ist bzw. wenn die Kombination
+ Erweiterung X auf anderen Denk-
+ Erweiterung X bezeugt ist; außerdem in Anrumälern in der Schreibung fen an die Lebenden; s. oben Beleg 2; 6-8; 15; 19; 23-29; 32-35. Fraglich sind Beleg 9-13; 15; 18; 30-31. 3. ḥrj-sštꜢ, wenn die nachfolgende Erweiterung auch in Verbindung mit klar geschriebenem ḥrj-sštꜢ, nicht aber – bzw. jedenfalls nicht zweifelsfrei – mit sꜢb oder sš nachweisbar ist. Diese seltene Verwendung von
erklärt sich am
einfachsten als Variante von / , s. Beleg 17; 22 und die oben mit Anm. 110 und 112 nachgewiesenen Parallelen. 140 Im Demotischen ist das bereits unter Psammetich I. belegte wpṭj (auch wpj) die normale Bezeichnung für „Richter“; vgl. W. Erichsen, Demotisches Glossar, 1954, S. 87; Datenbank demotischer Texte (Zugriff unter http://aaew.bbaw.de/tla/index.html); S. Lippert, Einführung in die altägyptische Rechtsgeschichte, 2008, S. 179-180. Zu sḏm als richterlichem Titel in der Spätzeit und seiner Unterscheidung vom sḏm(-῾š) „Diener“ vgl. C. Koch, in J. Budka (Hg.), 9th Symposium on Egyptian Royal Ideology: Egyptian Royal Ideology and Kingship under Periods of Foreign Rulers. Case Studies from the First Millennium BCE, 2019, S. 122-123.
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
133
(b) st-wrt141 „großer Sitz, Sanktuar“ bezieht sich hier wie in den oben unter (a) angeführten Belegen zu ḥrj-sštꜢ n st-wrt auf das Heiligtum des Ptah von Memphis142. In Kairo CG 1106 ist dieser Bezug explizit, siehe (c). (c) Ḥr-n-ḥp muß verwandt sein mit dem w῾b st wrt , Sohn des gleichbetitelten (mj-nw) J-ḥp und Vater des w῾b st wrt n Ptḥ sꜢ-nsw n jmj-wrt tꜢ-wr („Wab-Priester der großen Stätte des Ptah, Königssohn des Westens und Ostens“) Jrj, des Inhabers der von Jrjʼs Sohn PꜢ-dj=s gestifteten Kairo CG 1106143 aus dem Areal des Ptahtempels von Mitrahine/ Memphis. Die Titulatur des Jrj macht diesen Schluß unausweichlich, siehe unten (h). Unter der hypothetischen Annahme, daß der Ḥr-n-ḥp von Berlin ÄM 10289 ein Enkel des anderen war (Papponymie), würde der Stammbaum wie folgt aussehen (Namen der jeweiligen Statueninhaber in Fettdruck): J-ḥp Ḥr-n-ḥp ? Jrj Jpj OO Ḏd-bꜢstt-jw=s-῾nḫ PꜢ-dj=s
Ḥr-n-ḥp
Es ist aber auch denkbar, daß der Ḥr-n-ḥp von Berlin ÄM 10289 nicht Enkel, sondern Großvater des anderen Ḥr-n-ḥp war; die kombinierte Genealogie würde dann also sechs Generationen umspannen.
141
Vgl. P. Spencer, The Egyptian Temple: A Lexicographical Study, 1984, S. 108-114. Vgl. P. Vernus, loc. cit. ; O. Perdu, loc. cit.; Cl. Jurman, Memphis in der Dritten Zwischenzeit. Eine Studie zur (Selbst-)Repräsentation von Eliten in der 21. und 22. Dynastie, 2020, I, S. 256-257. 143 A. Mariette, Monuments divers recueillis en Égypte et en Nubie, 1872, S. 7 und Taf. 27c; L. Borchardt, Statuen und Statuetten von Königen und Privatleuten, Teil 4. Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire, Nos 1-1294, 1934, S. 59-60; JWIS IV/2, S. 941 (356). Vgl. auch J. Moje, Herrschaftsräume und Herrschaftswissen ägyptischer Lokalregenten: Soziokulturelle Interaktionen zur Machtkonsolidierung vom 8. bis zum 4. Jahrhundert v.Chr. (Topoi 21), 2014, S. 96 mit Teilübersetzung. 142
134
GÜNTER VITTMANN
Folgende weitere Belege des nicht ganz seltenen Namens Ḥr-n-ḥp („Gesicht des Apis“144) sind mir bekannt145: , 1. Stele Paris Louvre IM 4215146, (sehr schlechte Schrift), von Sohn des PꜢ-šr-n-mwt (22. Dyn.?). 2. Stele Paris Louvre IM 5937147, nennt den w῾b n st wr(t) Ptḥ w῾b n Ḥp-῾nḫ als Vater des w῾b n Ḥp-῾nḫ Hrr (22.-23. Dyn.?). Die im sechszeiligen Haupttext genannten Personen (w῾b st wr(t) Ptḥ Ḥp-῾nḫ Ḥr-wḏꜢ und Söhne) lassen sich damit nicht erkennbar verbinden. (22.3. Stele Paris Louvre SN 16148, von Qr=f-ptḥ, Sohn des 25. Dyn.). 4. Stele Paris Louvre SN 22149 (sehr schlechte Schrift), nennt einen Ḥr-ḏḥwtj, Sohn des
(sic; 24. Dyn.).
5. Stele Paris Louvre IM 2631150 nennt einen
als Vater des
Ḥp-wsr
(22.-26. Dyn.). Ob verwandtschaftliche Bezieund einen weiteren(?) hungen zwischen den drei auftretenden Personengruppen bestehen, ist unklar. 6. Stele Paris Louvre IM 2623151, , Vater der TꜢ-ḥtr und Großvater des jrj-῾Ꜣ n pr-Ptḥ Ḏd-ptḥ-jw=f-῾nḫ (26. Dyn.). 7. Stele Paris Louvre IM 3062152, nennt neben verschiedenen anderen Personen auch die drei eben erwähnten aus Stele Paris Louvre IM 2623 (Psammetich I.). 8. Stele Paris Louvre IM 3087153,
144
, Sohn des PꜢ-῾nḫj (26. Dyn.).
Die Namenbildung „Gesicht des (Gottes/göttlichen) X“ ist an sich ungewöhnlich; vgl. aber die häufigen Spätzeitnamen Ḏd-ḥr „Das Gesicht (scil. des Gottes) hat gesprochen (im Orakel)“ (PN, I, 411:12; E. Lüddeckens [Hg.], Demotisches Namenbuch, 1980-2000, S. 1368-1369) und Ḥr-῾nḫ „lebendes Gesicht“ (PN, I, 251:23; Demot. Nb., S. 793). 145 Die von PN, I, 252:8, 11; II, 378 genannten Belege sind soweit wie möglich mit Literaturnachweis mitberücksichtigt. Vgl. auch C. Koch, in J. Hallof (Hg.), Auf den Spuren des Sobek: Festschrift für Horst Beinlich zum 28. Dezember 2012 (SRaT 12), 2012, S. 175 mit Anm. 16. 146 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, Catalogue des stèles du Sérapéum de Memphis, 1968, I, S. 56, Nr. 62; II, Taf. XIX (62); PM III2, S. 805. 147 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 53-54, Nr. 59; II, Taf. XVIII (59); JWIS II, S. 394 (28). 148 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 116, Nr. 148; II, Taf. XLI (148); PM III2, S. 808. 149 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 83-84, Nr. 102; II, Taf. XXIX (102); JWIS II, S. 378 (19). 150 Siehe oben (a), Beleg 11, mit Anm. 70. 151 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 155, Nr. 203; II, Taf. LV (203); JWIS IV/1, S. 96 (162). 152 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 156, Nr. 204; II, Taf. LV (204); JWIS IV/1, S. 96-97 (163). 153 PM III2, S. 792.
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
9. Stele Paris Louvre IM 3057154, vom […].. n pr Ptḥ bj wšb Šr-mwt (Psammetich I.).
135 Sohn des
10. Fragment eines Naophors in Würzburg155 für PꜢ-dj-ḥr, Sohn des und der TꜢ-dj-Ꜣst-gbtw156 (26.-27. Dyn.). , der Urgroßvater des Stelen11. Stele Paris Louvre IM 4025157: stifters Jj-m-ḥtp (27. Dyn.), muß unter Amasis gelebt haben. 12. demotische Stele Paris Louvre IM 15 (491 v.Chr.)158: In einer Familie von Steinmetzen (bj) im Dienste des Apis begegnet ein Ḥr-ḥp. 13. Apismutterstele 23159 (329 v.Chr.), geschrieben von einem Ḫ῾=f, Sohn des sḏm-῾š Ḥp Ḥr-ḥp, der der Enkel eines anderen Ḥr-ḥp war. Der älteste Ḥr-ḥp, also der Urgroßvater des Stelenstifters, dürfte um ± 400 v.Chr., also vielleicht noch gegen Ende der Ersten Perserzeit, gelebt haben. Die Verwendung des Namens blieb, wie aus den Belegen ersichtlich, offenbar auf Memphis beschränkt; es kann kein Zufall sein, daß ein großer Teil der Träger enge Verbindungen mit dem Serapeum hatte. 160 ist in verschiedenen Schreibweisen161 gut bezeugt. (d) Der Name Jpj Für die Spätzeit sind zusätzlich zu Berlin ÄM 10289 die folgenden Belege anzuführen:
1. Stele Paris Louvre IM 4054162, Vater des jt-nṯr sm Nfr-jb-r῾-m-Ꜣḫt (Dareios I., Jahr 4).
154 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 182-183, Nr. 237; II, Taf. LXIV (237); JWIS IV/1, S. 112 (205). 155 C. Koch, op. cit., S. 173-177. 156
So ( ), nicht TꜢ-dj-Ꜣst; vgl. PN II, 328:11. É. Chassinat, RecTrav 23 (1901), S. 82 (CXXXVIII), Z. 2; PM III2, S. 802. 158 Für ein Photo danke ich D. Devauchelle. Eine Abschrift der Stele wurde in ptolemäischer Zeit in eine andere Stele integriert, siehe D. Devauchelle, EVO 17 (1994), S. 109-114 (Paris Louvre IM 3355, Ḥr-ḥp in Z. 10); vgl. zur Beziehung zwischen beiden Stelen G. Vittmann, in R. Rollinger et al. (Hg.), Herodot und das persische Weltreich (Classica et Orientalia 3), 2011, S. 404-405. Der Beleg aus Paris Louvre IM 3355 wurde in Demot Nb., S. 829 unten (mit anderer Referenz) aufgenommen. 159 H. S. Smith, C. A. R. Andrews, S. Davies, The Sacred Animal Necropolis at North Saqqara: The Mother of Apis Inscriptions (EES Texts from Excavations 14, 2), S. 71-73, Nr. 23. Angehörige derselben Familie offenbar auch auf Stelen Nr. 79 (S. 166-167) und 135 (S. 219-220). 160 PN, I, 22:15 gibt Belege für Altes und Mittleres Reich, für die Spätzeit aber nur Berlin ÄM 10289. Vgl. auch K. Scheele-Schweitzer, Die Personennamen des Alten Reiches: Altägyptische Onomastik unter lexikographischen und sozio-kulturellen Aspekten (Philippika 28), 2014, S. 229-231, Nr. 232-234, 243. 161 In PN, I nahezu alle als eigene Einträge geführt (ich führe nur die für die Spätzeit relevanten an): 21:26 und 29, 22:15 und 22-24, 23:6. Der S. 23: 2 als „spät“ deklarierte Beleg London BM 321 ist ramessidisch, siehe M. L. Bierbrier, The British Museum. Hieroglyphic texts from Egyptian stelae etc., Part 12, 1993, S. 22, Taf. 70-71. 162 É. Chassinat, op. cit., S. 81 (CXXXV), Z. 7 (genannt von PN, I, 21:29); PM III2, S. 799. 157
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2. Sarg Frankfurt Liebieghaus 1653163, Vater der Sarginhaberin, der Sängerin vom Inneren des Amun Ꜣst-n-ḫb (25. Dyn.). 3. Sarg Liverpool 1953.72164, Vater des Sarginhabers PꜢ-dj-jmn (25. Dyn.), auch Jpw und Jpw-wr geschrieben, siehe unten Beleg 16. 165 4. Stele Paris Louvre IM 2665166, für den bj wšb Wsjr Ḥp Jp, Sohn des Ptḥ-ḥtp (Psammetich I.).
Papyrus Wien KhM D 12003, Z. 14167 (kursivhieratisch), Theben, 5. Vater des Ḥr-ḫb (648 v.Chr.). Vermutlich dieselbe Person in der Schreibung , siehe unten Beleg 14. , mit „schönem Namen“ ῾nḫ-psmṯk, Statue ehemals in Privatbesitz168, 6. Herkunft unbekannt (Psammetich II.). Würfelhocker Baltimore WAG 22.76169, Heliopolis?, für den jt-nṯr Jpj, 7. Sohn des jt-nṯr PꜢ-šr-n-mwt etc. (26. Dyn.). Stele Matariya 585170, Heliopolis, für den šn῾ n pr-R῾171 Jpj (26. Dyn.).
8.
172 9. : Statue Paris Louvre E 10366173, für den heliopolitanischen Priester Jpj / Jmn-m-jpt (26. Dyn.). Die Quelle bestätigt sehr schön die Vermutung K. Sethes, daß Jpj hier eine Abkürzung von Jmn-m-jpt ist174.
10. Plättchen Brüssel MRAH E. 2900175, Theben, vom sš jmj-ḫnt n dwꜢtnṯr Jpj (26. Dyn.). 163
JWIS III, S. 541 (353). L. Miatello, Birmingham Egyptology Journal 4 (2016), S. 13, 18, 19. 165 Bei der von PN, I, 21:26 für die Spätzeit außer „Louvre Apisstele 158“ (d.i. IM 2665) noch genannte Apisstele „281“ handelt es sich nach PM III2, S. 794 um Paris Louvre IM 3031 164
(unpubl.), wo aber (ebenfalls nach PM) Jpwtj steht, also offensichtlich ein Fremdname. 166 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 176, Nr. 230; II, Taf. LXII (230); JWIS IV/1, S. 108 (198) passim. 167 JWIS IV/1, S. 234. 168 JWIS IV/1, S. 347 (128). 169 JWIS IV/2, S. 878-879 (252). 170 A. Farouk, MDAIK 59 (2003), S. 142-143 und Taf. 27. 171 Hrsg. irrig mr ῾(?). Der Name der Frau ist nicht Pjpj-pp(?), sondern PꜢj=sṯꜢw-῾(wj)-pp. 172 Vgl. PN, I, 22:24 (gibt die Louvre-Nummer irrtümlich als „10367“). 173 O. Perdu, Les statues privées de la fin de l’Égypte pharaonique (1069 av. J.-C.–395 apr. J.-C.), I : Hommes, 2012, S. 104-111, Nr. 13; JWIS IV/2, S. 877 (249). 174 K. Sethe, ZÄS 44 (1907), S. 90. Zu einer weiteren Abkürzung desselben Namens (Mpw) siehe H.-W. Fischer(-Elfert), GM 43 (1981), S. 23-25; R. van Walsem, GM 83 (1984), S. 141. In manchen Fällen ist allerdings eher an einen letzlich vom Königsnamen Pjpj abgeleiteten Kurznamen zu denken, vgl. R. Gundacker, GM 282 (2020), S. 156-157. 175 JWIS IV/2, S. 709 (78).
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
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: Stele Paris Louvre IM 3139177, vom nbj pr-Ptḥ Jpj (25.-
11. 26. Dyn.).
12. : Statue Petersburg Ermitage Museum 2961178, aus Mitrahine, für den rḫ-nsw Jpy, Sohn des rmn nsrt PꜢ-dj=s (26. Dyn.). : Stele Berlin ÄM 19400179, Mittelägypten, vom Vater des Stelenin13. habers Nmtj-ḥtp (26. Dyn.). : Papyrus Brooklyn 47.218.3, D 10180 (kursivhieratisch), Theben, 14. jt-nṯr n Jmn m Jpt-swt, Sohn des Ḥr-ḫb (651 v.Chr.). Vgl. die Bemerkung oben zu
, Beleg 5.
15. : Stele Paris Louvre IM 2787181, semikursiv, betrifft dieselbe Personen wie Paris Louvre IM 2665, siehe oben. 16.
,
,
Sarg Liverpool 1953.72, s. oben Beleg 3!
182 17. Stele Paris Louvre IM 2631, vom Vater eines Ḥp-j(jr)-῾Ꜣ (Psammetich I.)
18. , Kairo CG 42188 und 42189183, Karnak, von einem Jpw / Jpwy und seinem Großvater (22. Dyn.184). 19. Ỉp (u.ä.), mehrere frühdemotische Beispiele in einer thebanischen Familie185. Die Belege stammen also überwiegend aus der nördlichen Landeshälfte (Memphis, Sakkara, Heliopolis), doch finden sich einige Namenträger auch in Theben. Letzteres gilt durchwegs für die , , und ähnlich geschriebenen Erweiterungen, für die sich in der Literatur die
176 Vgl. PN, I, 22:22 (unser Beleg als „Apisstele 144“ zitiert; Rankes zweiter Spätzeitbeleg ist unsere Nr. 12). 177 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., I, S. 145, Nr. 191; II, Taf. LII (191). 178 JWIS IV/2, S. 957 (386). 179 Der einzige von PN, I, 22:23 genannte Spätzeitbeleg; JWIS IV/2, S. 968 (407). 180 R. A. Parker, A Saite Oracle Papyrus from Thebes in the Brooklyn Museum [Papyrus Brooklyn 47.218.3], 1962, S. 17 und Taf. 5; JWIS IV/1, S. 222 (11. Zeuge). 181 M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., S. 184, Nr. 240, und Taf. LXIV (240); JWIS IV/1, S. 109 (199). 182 S. oben (a), Beleg 11, mit Anm. 70. 183 JWIS II, S. 62 (43), Z. 8 und 11; S. 64, linke Seite, Z. 7 und 8. 184 Die Namen von Enkel und Großvater erscheinen allerdings unter den fernen Vorfahren des Statueninhabers; vgl. K. Jansen-Winkeln, SAK 31 (2003), S. 222-223 (mit Stammbaum). 185 Demot. Nb., S. 62; P. W. Pestman, Les papyrus démotiques de Tsenhor (P. Tsenhor) : Les archives privées d’une femme égyptienne du temps de Darius Ier (Studia Demotica 4), 1994, I, S. 146-147 und 190 (Index); K. Donker van Heel, Abnormal Hieratic and Early Demotic Texts Collected by the Theban Choachytes in the Reign of Amasis, I, 1995, 302 (Index s.v. Ỉp, Ỉpj, Ỉpw).
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Lesungen J-pꜢ-wr186, Jp-wr / Jpw-wr187 und Jpw188 finden. Der „Mann mit Stab“ ist hieroglyphisch zwar durchaus gelegentlich auch als Personendeterminativ nachweisbar189, doch kommt diese Deutung hier nicht in Frage, da einige der Beispiele für Jp + „Mann mit Stab“ kursivhieratisch sind (die in Anm. 188 genannten Papyri), wo der „Mann mit Stab“ als Determinativ unüblich ist. Der erweiterte Name ist als „Jpw der Ältere“ zu verstehen, woraus sich erklärt, daß Schreibungen mit und ohne diesen Zusatz für dieselbe Person wechseln können wie im Falle des Jp(w) / Jpw-wr von Beleg 3 = 16. (e) Außer in Berlin ÄM 10289 findet sich der einen sehr geläufigen Typ repräsentierende Name Ḏd-bꜢstt-jw=s-῾nḫ in folgenden Quellen: 1. Block aus Mitrahine190, von einer Großen des Harims des Ptah (22. Dyn.). 2. Schenkungsstele Paris Louvre E 20905191, Busiris, Mutter des Prinzen Takelothis (22. Dyn.). 3. Stele London BM EA 1317192, Abydos, Frau des Oberbarbiers (ḥrj ẖ῾g) PꜢ-bꜢ (25. Dyn.). 4. Stele London BM EA 8452193, Theben, für eine „Sängerin vom Inneren des Amun“ (25. Dyn.). 5. pBM EA 87512 („Papyrus Vaucelles“), X 3194, Theben (25. Dyn.). 6. Stele Wien KhM ÄM 5852195, Memphis, von der Mutter des Steleninhabers PꜢ-dj-ḥr-pꜢ-ẖrd (Spätzeit). 7. demotische Mumienbinde Mallawi 490196, Tuna el-Gebel, von der Mutter des Inhabers PꜢ-dj-šp-Ꜣs.t(?) (26.-27. Dyn.).
186 PN, I, 5:11. Für den Namen wird nur eine einzige Quelle gegeben (die Referenz bezieht sich auf den Vater der Jrt=w-r=w, der Inhaberin von TT 390; vgl. JWIS IV/2, S. 707 passim). 187 JWIS II, S. 505 (Index); JWIS III, S. 589 (Index); JWIS IV/2, S. 1202 (Index). Vgl. für das AR K. Scheele-Schweitzer, Die Personennamen des Alten Reiches: Altägyptische Onomastik unter lexikographischen und sozio-kulturellen Aspekten (Philippika 28), 2014, S. 230, Nr. 237, und für das (frühe) NR H. G. Fischer, JEA 66 (1980), S. 157. 188 Bei JWIS IV/2, S. 1202 (Index) wurden die betreffenden Belege auf S. 246-253 (pTurin 2120) und S. 561 (pLouvre E 7846) denen für Jp/Jpj/Jpw zugerechnet. 189 G. Vittmann, SAK 29 (2001), S. 360-361 (l). 190 JWIS II, S. 179 (5) (von PN I, 410:9 fragend als „Annales 20, 171 (?)“ berücksichtigt); Cl. Jurman, Memphis in der Dritten Zwischenzeit. Eine Studie zur (Selbst-)Repräsentation von Eliten in der 21. und 22. Dynastie, 2020, II, S. 1008. 191 JWIS II, S. 198 (25), Z. 4 (von Ranke mit der Referenz „Recueil 35, 41, 4“ berücksichtigt). 192 JWIS III, S. 407 (127), Z. 6-7. 193 JWIS III, S. 543 (358); vgl. C. Koch, „Die den Amun mit ihrer Stimme zufriedenstellen“. Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im thebanischen Amunstaat von der 22. bis zur 26. Dynastie (SRaT 27), 2012, S. 253 (94). 194 K. Donker van Heel, RdE 69 (2019), S. 255 (Publikation durch denselben Autor in Vorbereitung). 195 PM III2, S. 817. 196 Sv. P. Vleeming, Demotic and Greek Mummy Labels and Other Short Texts Gathered from Many Publications (Studia Demotica 9-B), 2011, S. 559 (941); Demot. Nb., S. 1364.
EIN „KÖNIGSSOHN DES WESTENS“ AUS DER 26. DYNASTIE
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(f) Statt der im Deutschen verbreiteten konventionellen Wiedergabe von ḥrj-sštꜢ mit „Geheimrat“ ist „in die Geheimnisse Eingeweihter“ oft treffender197. (g) Die Opferformel von ḥtp-dj-nsw bis dj=sn findet sich in exakt derselben Form auf Kairo CG 1106, der Statue eines nahen Verwandten, s. oben c) mit Anm. 143 und unten h). (h) Der Titel sꜢ-nsw n jmj-wrt „Königssohn des Westens“ ist fast ausschließlich aus der 18. Dynastie bekannt, wo er einen Priester bezeichnet, der mit dem Tragen des Kultbildes in der Barkenprozession198 in vorderster Reihe befaßt war und zu diesem Zweck die Funktion eines Titularprinzen erhielt.199 Aus späterer Zeit wurden bisher lediglich eine Szene im großen Hypostyl von Karnak, die Sethos I. als sꜢ-nsw n jmjt-wrt tituliert200, sowie das schon oben erwähnte spätzeitliche Statuenfragment Kairo CG 1106201 mit Nennung eines Jrj, Sohn des Ḥr-ḥp, registriert. Wie oben festgestellt, gehört dieser Jrj mit Sicherheit in dieselbe Familie wie der Inhaber von Berlin ÄM 10289: Die extreme Seltenheit des Titels sowie das Vorkommen des Namens Ḥr-ḥp auf beiden Denkmälern schließen bloßen Zufall aus.
197 Vgl. E. Graefe, Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der Institution der Gottesgemahlin des Amun vom Beginn des Neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄgAbh 37), 1981, II, S. 60-63; zur Verbindung mit st-wrt oben mit Anm. 121. Zum Bedeutungsspektrum von ḥrj-sštꜢ vgl. auch J. Baines, JARCE 27 (1990), S. 9-10. 198 Zu anderen Titeln priesterlicher Barkenträger wie rmn „Träger“, w῾b šnj n ḥꜢt pꜢ nbꜢ 3-nw n wnmj n pꜢ nṯr ῾Ꜣ Jmn „Wab-Priester, Wächter(?, d.h. hier Träger) der Vorderseite der 3. Tragstange der rechten Seite des großen Gottes“, kurz w῾b šnj n ḥꜢt Jmn, und rdwj-nṯr „Füße des Gottes“ siehe H. Kees, ZÄS 85 (1960), S. 45-56; H. De Meulenaere, BIFAO 86 (1986), S. 137; K. Jansen-Winkeln, SAK 31 (2003), S. 217 und S. 220-221 (1); Fr. Payraudeau, JSSEA 37 (2010/2012), S. 47-57; D. Klotz, RdE 66 (2015), S. 63. Zu dem von den beiden letztgenannten Autoren behandelten Titel rdwj-nṯr ist außerdem auf K. Jansen-Winkeln, Biographische und religiöse Inschriften der Spätzeit aus dem Ägyptischen Museum Kairo (ÄAT 45), 2001, I, S. 91-92 mit einigen weiteren Belegen zu verweisen; dazu kommt noch H. Selim, SAK 32 (2004), S. 372373 (Kairo JE 37353). 199 H. Kees, loc. cit.; B. Schmitz, Untersuchungen zum Titel sꜢ-njśwt „Königssohn“, 1976, S. 276-287; M. Dewachter, RdE 35 (1984), S. 83-94. 200 W. Murnane, JNES 34 (1975), S. 153-158; B. Schmitz, op. cit., S. 283 Anm. 1. M. Dewachter, op. cit., S. 93 bezieht die Darstellung offenbar in Unkenntnis von Murnanes Ausführungen auf Ramses II. als Koregent; vgl. zur Diskussion Cl. Obsomer, Ramsès II, 2012, S. 76-77, der sich Murnanes Argumentationen anschließt. 201 Siehe oben (c) und Anm. 143 sowie (h); vgl. außerdem H. Kees, op. cit., S. 47 (B); B. Schmitz, op. cit., S. 282.
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Tafel 1. Berlin ÄM 10289, Vorderseite (© Ägyptisches Museum und Papyrussammlung, Archivphotos).
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Tafel 2. Berlin ÄM 10289, Rückseite (© Ägyptisches Museum und Papyrussammlung, Archivphotos).
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Tafel 3. Berlin ÄM 10289, rechte Seite (© Ägyptisches Museum und Papyrussammlung, Archivphotos).
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Tafel 4. Berlin ÄM 10289, linke Seite (© Ägyptisches Museum und Papyrussammlung, Archivphotos).
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Tafel 5. Berlin ÄM 10289, Detail mit Inschrift auf dem Schurz (© Ägyptisches Museum und Papyrussammlung, Archivphotos).
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Tafel 6. Berlin ÄM 7308 (© Ägyptisches Museum und Papyrussammlung, Archivphotos).
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Abb. A. Berlin ÄM 10289, Inschrift auf dem Schurz.
Abb. B. Berlin ÄM 10289, Inschrift auf dem Rückenpfeiler.
UNE BANDELETTE DÉMOTIQUE DATÉE DE L’AN 4 DE NÉPHÉRITÈS Ier [LOUVRE N 5441]1
Ghislaine WIDMER HALMA – UMR 8164 (Univ. Lille, CNRS, MC)
Les collections du Musée du Louvre préservent une bandelette en lin plusieurs fois citée dans la littérature égyptologique pour sa mention, dans le texte démotique porté à l’encre marron-noir, de l’an 4 du Pharaon Néphéritès Ier. Ce tissu n’a pourtant jamais été véritablement étudié, si ce n’est dans une courte notice rédigée par E. Revillout en 18962. Le présent volume en l’honneur d’Olivier Perdu me fournit l’occasion d’examiner ce petit document et les questions qu’il soulève sous la forme d’une « Brève » (peut-être un peu longue !) qui devrait rappeler au récipiendaire nos réunions du comité de la Revue d’égyptologie qu’il a dirigé avec passion pendant tant d’années. La toile Louvre N 5441 se présente sous la forme d’une bande de lin (44 cm × 5 cm) comportant, en son centre, une inscription démotique de deux lignes, tracée perpendiculairement aux fils de trame (fig. 1 et 3)3. Si l’état de 1 Je remercie le Musée du Louvre et plus particulièrement Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes, pour l’autorisation de publication de cette bandelette. J’ai aussi bénéficié de l’aide de nombreux collègues qui ont promptement répondu à mes diverses demandes, y compris pendant la période de confinement : je les cite par ordre alphabétique, en espérant n’avoir oublié personne (!) : Y. Boilly, M. Chauveau, R. Cortopassi, L. Delvaux, D. Devauchelle, Fr. Payraudeau, R. Preys, J. Siesse, M. Smith et A. Viger. 2 Cf. E. Revillout, Notice des papyrus démotiques archaïques et autres textes juridiques ou historiques traduits et commentés à ce double point de vue à partir du règne de Bocchoris jusqu’au règne de Ptolémée Soter avec une introduction complétant l’histoire des origines du droit égyptien, 1896, p. 471 no 124 ; voir aussi Th. Devéria, Catalogue des manuscrits égyptiens écrits sur papyrus, toile, tablettes et ostraca en caractères hiéroglyphiques, hiératiques, démotiques, grecs, coptes, arabes et latins qui sont conservés au Musée égyptien du Louvre, 1872, p. 207, XI.13, Cl. Traunecker, « Essai sur l’histoire de la XXIXe dynastie », BIFAO 79 (1979), p. 410 (C.4), M. Depauw et al., A Chronological Survey of Precisely Dated Demotic and Abnormal Hieratic Sources (TOP 1), 2008 (= TM 48876) et Sv. P. Vleeming, Demotic Graffiti and Other Short Texts Gathered from Many Publications. Short Texts III 1201-1350 (StudDem 12), 2015, p. 483 no 2304, qui reprend la traduction d’E. Revillout, n’ayant pas eu accès au document original. À ma connaissance, aucune photographie de ce tissu n’a été publiée jusqu’ici. 3 Lin écru, torsion S, plus de fils de chaîne que de trame. La découpe, parallèlement à la chaîne, semble ancienne (informations aimablement fournies par R. Cortopassi, à partir de photographies). La bandelette est aujourd’hui fixée à un support textile beige cartonné qui la protège et permet de la manipuler facilement. Son numéro en « N » indique qu’elle faisait partie des collections du département des Antiquités égyptiennes en 1857 au plus tard, mais aussi qu’il s’agit
Fig. 1. La bandelette Louvre N 5441 © Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais/Christian Décamps.
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UNE BANDELETTE DÉMOTIQUE DATÉE DE L’AN 4 DE NÉPHÉRITÈS Ier
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conservation de l’objet est satisfaisant, l’encre marron-noir a malheureusement rongé les fibres du tissu au point que l’on devine, plus que l’on ne lit, les éléments du texte en certains endroits (fig. 2a et 2b)4. C’est sans doute pour tenter de faire ressortir le tracé des signes disparus qu’un tissu de couleur sombre a été intercalé entre la bandelette et le support beige ; leurs tons étant très proches, il est malheureusement souvent impossible de faire la distinction entre les restes d’encre réellement subsistant et les parties rongées du lin ainsi rehaussées. En outre, le contour précis de certains groupes démotiques est flou, l’encre ayant eu tendance à se répandre sur le tissu (cf. le groupe pꜢ devant le patronyme de la ligne 1). Pour toutes ces raisons, le fac-similé proposé ci-après n’a pas vocation à être une reproduction fidèle de l’inscription originale, mais plus une interprétation à partir des traces subsistantes (fig. 4).
Fig. 2a et 2b. Mise en évidence des trous dans le tissu grâce au plugin DStretch.
d’une « pièce dont l’existence a été reconnue après la réalisation de l’inventaire de N 5402 à N 5451 », cf. S. Guichard, C. Bridonneau, Département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. Numéro d’inventaire, d’entrée, de la collection … État de la question (Supplément au BSFE n° 200), 2019, p. 26-27. 4 Pour cette raison, Th. Devéria et E. Revillout supposèrent que le texte avait été marqué ou tracé « au fer chaud », mais c’est bien l’un des composants de l’encre qui a brûlé les fibres du lin, ici comme ailleurs, cf. l’observation de G. Daressy, ASAE 4, 1903, p. 152, note 1. Pour d’autres exemples de tissus inscrits en démotique et en grec avec une encre « corrosive », voir Gh. Widmer, « À propos de quelques dédicaces sur lin de l’époque romaine. Une pratique votive méconnue ? », dans E. Frood, A. McDonald (éd.), Decorum and Experience: Essays in Ancient Culture for John Baines, 2013, p. 186-187 et 190 ; en hiéroglyphes et en hiératique, cf. J. Capart, « Bandelettes et linges de momies », BMRAH 13/2, 3e série (1941), p. 29, fig. 3, M. Cr. Guidotti, I tessuti del museo Egizio di Firenze (MAAT, Materiali del Museo Egizio di Firenze 5), 2009, p. 33 (inv. n. 3683) et le tissu Bruxelles inv. E. 7047d, reproduit plus loin dans cet article (fig. 7). Comme relevé par H. Kockelmann, Untersuchungen zu den späten Totenbuch-Handschriften auf Mumienbinden II. Handbuch zu den Mumienbinden und Leinenamuletten (SAT 12), 2008, p. 131 n. 81 et p. 188 n. 205, l’encre de ces « Kurznotizen auf Textilien » se distingue également par sa couleur qui n’est pas noire, mais plutôt brunâtre avec des teintes de rouge.
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Fig. 3. La bandelette Louvre N 5441 © Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais/Christian Larrieu.
Fig. 4. Fac-similé du texte démotique © Gh. Widmer.
Traduction et translitération Date : 26 octobre - 24 novembre 396 av. J.-C.5 /1 Ỉmn-Ỉpy dỉ ῾nḫ n PꜢ-dỉ-Wsỉr(?) sꜢ PꜢ-ḫꜢ῾=w(?) ỉw=f mn m-bꜢḥ Ỉmn-Ỉpy š῾ ḏ.t /2 ỉr n ḥꜢ.t-sp 4.t Ꜣbd 4 šmw n Pr-῾Ꜣ῾,w,s NꜢy=f-῾w-rd ῾,w,s /1 Amen(em)opé donne la vie à Padiousir (?), fils de Pachaou (?) ; il demeurera devant Amen(em)opé pour l’éternité. /2 Fait en l’an 4, 4e mois de chemou (= Mésoré) du Pharaon Néphéritès. Notes L. 1 : Ỉmn-Ỉpy : la comparaison des deux attestations du théonyme sur cette ligne permet de reconstituer le tracé des groupes disparus sous l’effet de l’encre corrosive. Pour la mention d’Amen(em)opé sur cette bandelette, voir infra p. 152-156. – Sur la graphie particulière du verbe dỉ (infinitif ou participe ?) dans la formule votive en démotique, cf. la discussion de Sv. P. Vleeming, Some Coins of Artaxerxes and Other Short Texts in the Demotic Script Found on Various Objects and Gathered from Many Publications (StudDem 5), 2001, p. 252-253 et infra n. 12. – PꜢ-dỉ-Wsỉr(?) : Une graphie similaire avec le trait vertical du verbe dỉ qui coupe la barre horizontale de Wsỉr se rencontre en démotique archaïque, cf. Demot. Nb. I, 298, no 106. Au niveau du déterminatif, les fibres du tissu sont très abîmées et ne permettent pas de reconstituer avec assurance les signes qui le constituaient (peut-être le soleil suivi du pavois divin, cf. fig. 5).
5 Cf. P. W. Pestman, Les papyrus démotiques de Tsenhor (P. Tsenhor) : Les archives privées d’une femme égyptienne du temps de Darius Ier (StudDem 4), 1994, p. 179. La paléographie s’accorde avec cette datation. 6 E. Revillout avait proposé de lire ici Petèséemhat.
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Fig. 5 Détail des anthroponymes PꜢ-ḫꜢ῾=w(?) : pour cet anthroponyme, possible variation de PꜢ-ḫꜢ῾=s (Demot. Nb. I, 207), voir en dernier lieu M. Thirion, « Notes d’onomastique : Contribution à une révision du Ranke PN », RdE 56 (2005), p. 185, ainsi que D. Devauchelle dans le présent volume (note de la ligne 7)7. – ỉw=f mn : cette lecture, déjà suggérée par E. Revillout, est la plus plausible, même si ce qui est censé « demeurer » devant la divinité n’est pas clair : s’agit-il du dédicant (voire de son nom, i.e. avec rn=f sous-entendu ?8) ou est-ce une allusion à l’objet qui pourrait avoir été consacré (voir infra p. 153-154) ? J’ai choisi de traduire la tournure par un Futur III mais le Présent est également possible. L. 2 : ỉr : les traces d’encre en début de ligne semblent être celles du verbe ỉr, dans une formulation peu attestée en démotique (on attendrait plutôt sẖ « écrire »), mais pour laquelle des parallèles en hiéroglyphes et en hiératique sont connus, cf. infra n. 19. Dans la mesure où ce verbe présente un large champ sémantique (notamment « fabriquer » ou « faire faire », mais aussi « écrire » ou « réciter », voir la bibliographie citée dans M. Smith, The Mortuary Texts of Papyrus BM 10507 [CDPBM III], 1987, p. 56), différentes interprétations sont possibles, cf. la discussion p. 153-154. – Pr-῾Ꜣ῾,w,s : le tissu a été tellement rongé en cet endroit que l’on devine plus qu’on ne lit ce vocable qui commence, vraisemblablement, avec l’ouverture du cartouche et se termine par le pavois divin complété par ῾nḫ, wḏꜢ, snb. – NꜢy=f-῾w-rd ῾,w,s : à nouveau, les lacunes dans l’étoffe ne permettent pas d’assurer la lecture de tous les signes, notamment du groupe rd (fig. 6) ; on distingue en revanche assez nettement l’ouverture du cartouche, suivie de nꜢy=f et de ῾w (avec déterminatif de l’enfant), ainsi que le pavois divin (?), la fermeture du cartouche (?) et ῾nḫ, wḏꜢ, snb. Dans la mesure où ce nom royal, attesté
Fig. 6. Détail de la séquence « Pharaon Néphéritès ». 7
E. Revillout avait proposé ici la lecture Pahorhotep. Bien que cette tournure soit attestée principalement dans le corpus des graffiti, on la rencontre parfois aussi en contexte funéraire et notamment sur quelques bandelettes de momies, cf. Sv. P. Vleeming, Demotic and Greek-Demotic Mummy Labels and Other Short Texts Gathered from Many Publications. Short Texts II 278–1200 (StudDem 9), 2011, p. 1100 (index). 8
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également dans l’anthroponymie privée, présente de nombreuses variantes graphiques en démotique comme dans les autres écritures égyptiennes9, j’ai renoncé, vu l’état du tissu en cet endroit, à en faire un fac-similé.
Discussion Comme indiqué plus haut, si la bandelette Louvre N 5441 a été évoquée dans la littérature égyptologique, c’est parce qu’elle mentionne le règne de Néphéritès10. J’aimerais ici attirer l’attention sur d’autres spécificités de cette toile. De par sa forme oblongue et la présence de quelques taches foncées sur les bords qui rappellent celles que l’on rencontre sur les linges funéraires en contact avec les produits d’embaumement, le tissu a été naturellement rangé dans la catégorie des « bande[s] d’étoffe [ayant] servi à l’ensevelissement » d’un défunt11. Toutefois, certains éléments pourraient indiquer que telle n’était pas sa destination première, notamment le recours à la formule traditionnelle de consécration d’un objet (Ỉmn-Ỉpy dỉ ῾nḫ)12 plutôt qu’à une courte prière mentionnant, par exemple, l’« âme » du défunt (῾nḫ pꜢ by et var.) ou le « rajeunissement » de celui-ci (rpy=f et var.). En outre, l’indication d’une date précise qui ne semble pas correspondre à celle d’un décès13 et surtout l’invocation à 9 Pour les graphies hiéroglyphiques et hiératiques de ce nom, cf. H. De Meulenaere, J. Yoyotte, BIFAO 83 (1983), p. 121. En démotique, le nom est écrit non-étymologiquement, cf. W. Clarysse, « Nephorites, Founder of the 29th Dynasty and his Name », CdE 69 (1994), p. 215-217, qui considère que la forme correcte est Néphoritès plutôt que Néphéritès ; voir aussi Demot. Nb. I, 626, Demot. Nb., Nachträge, 185 et, par exemple, H. S. Smith, C. A. R. Andrews, S. Davies, The Sacred Animal Necropolis at North Saqqara. The Mother of Apis Inscriptions II (EES TM 14), 2011, p. 285 (index). 10 Voir les n. 2 et 23. 11 Cf. E. Revillout, Notice des papyrus démotiques, 1896, p. 471. De fait, la grande majorité des bandelettes démotiques parvenues jusqu’à nous est de nature funéraire et date de la période romaine, cf. le corpus provisoire établi par Sv. P. Vleeming, Short Texts II, p. 557-598, nos 9401045 et id., Short Texts III, p. 483-488, nos 2303-2317, auquel on pourra ajouter Gh. Widmer, dans K. Donker van Heel, Fr. A. J. Hoogendijk et C. J. Martin (éd.), Hieratic, Demotic and Greek Studies and Text Editions. Of Making Many Books There Is No End: Festschrift in Honour of Sven P. Vleeming (P.L.Bat. 34), 2018, p. 271-283. Quelques rares exemplaires de l’époque préptolémaïque ont été recensés, cf. les nos 941-942, 2304 (= bandelette de Néphéritès) et 2309 des Short Texts. Comme indiqué dans l’introduction de Sv. P. Vleeming (Short Texts II, p. 557), ces inscriptions sur lin (qui comprennent également les linceuls) sont, sauf exception, de même nature que celles que l’on rencontre sur les étiquettes de momies et autres objets accompagnant le défunt dans sa tombe. 12 On note que la formule « votive » Nom divin + dỉ ῾nḫ se rencontre aussi, par exemple, dans le corpus des graffiti démotiques, en particulier sous les dernières dynasties et au début de l’époque ptolémaïque, cf. Sv. P. Vleeming, « A White Wall is a Fool’s Paper », dans A. M. Dodson, J. J. Johnston, W. Monkhouse (éd.), Exceedingly Wise Man: Studies in Honour of W. J. Tait (GHP Egyptology 21), 2014, p. 325 et 327 (4). 13 Les dates (surtout quand elles précisent le nom du souverain) sont peu courantes sur les bandelettes funéraires démotiques comme sur les étiquettes, peut-être en raison du manque de place ; elles semblent un peu plus fréquentes sur les linceuls, cf., pour quelques exemples,
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Amen(em)opé, divinité peu attestée en contexte funéraire, du moins avant la période romaine14, pourraient confirmer cette impression. Nous savons que les anciens Égyptiens réutilisaient les linges des vivants non seulement pour le bourrage des momies, mais aussi pour la fabrication de bandelettes funéraires : celles-ci étaient le plus souvent découpées ou déchirées dans de grandes étoffes, parallèlement aux fils de chaîne (voir fig. 7)15. Deux hypothèses me semblent envisageables : 1) Le tissu inscrit, de forme oblongue initialement, était peut-être associé à un objet auquel il était attaché ou qu’il enveloppait. Le fait que le texte soit centré et complet est un argument en faveur de cette supposition. La date mentionnée correspondrait au moment de la consécration de l’objet. Les taches sur les bords de la toile dériveraient soit d’un réemploi funéraire, soit de produits avec lesquels la bandelette aurait pu être en contact dans le lieu de culte.16 2) L’inscription démotique aurait été portée sur une pièce d’étoffe plus large que l’on aurait ensuite soigneusement découpée pour en faire une ou plusieurs bandelette(s) funéraire(s)17. Le verbe ỉr (l. 2) renverrait plutôt à la date de « fabrication » du tissu, travail accompli soit sous la responsabilité de Padiousir
H. Kockelmann, « Eine exakt datierte Namensnotiz auf Mumienleinen (St Petersburg, Ermitage Inv. 4210) », Enchoria 30 (2006/2007), p. 144-146 (= Sv. P. Vleeming, Short Texts II, no 943) et Sv. P. Vleeming, Short Texts II, nos 1034-1037. Ce type d’information est en revanche assez volontiers mentionné sur les objets votifs. 14 Les divinités habituellement invoquées sur les bandelettes de momies démotiques sont Osiris et/ou Sokar. Pour Amén(em)opé dans la littérature funéraire principalement d’époque romaine, cf. M. Doresse, RdE 31 (1979), p. 61-64 et M. Smith, Traversing Eternity: Texts for the Afterlife from Ptolemaic and Roman Egypt, 2009, p. 669 (index). 15 Voir, par exemple, la bibliographie citée par H. Kockelmann, Untersuchungen zu den späten Totenbuch-Handschriften auf Mumienbinden, II (SAT 12), 2008, p. 39 n. 3 et 4. Dans la mesure où la bandelette Louvre N 5441 ne présente pas de trace de plis latéraux, contrairement à la majorité des exemplaires démotiques du corpus, elle était peut-être destinée aux couches internes de la momie, comme les bandelettes hiératiques recouvertes d’extraits du Livre des Morts. Si ces dernières sont souvent plus larges que notre tissu, leurs dimensions restent très variables, certains exemplaires pouvant ne contenir qu’une ou deux lignes de texte, cf. H. Kockelmann, op. cit., p. 112-114 (« Formular 6 »). Voir aussi Gh. Widmer, dans E. Frood, A. McDonald (éd.), Decorum and Experience: Essays in Ancient Culture for John Baines, 2013, p. 187 n. 3. 16 Sur ce support, volontiers utilisé pour « communiquer » avec le monde du divin (ici, peutêtre à l’occasion des fêtes décadaires d’Améne(em)opé), voir plus loin, n. 20 et 22. Une hypothèse similaire a été proposée pour une dizaine de tissus démotiques et grecs dont le formulaire évoque un contexte d’utilisation votif plutôt que funéraire, cf. Gh. Widmer, op. cit., p. 185-192 et G. Wagner, « Bandelettes de momies et linges funéraires inscrits en grec », dans J. Vercoutter (éd.), Livre du centenaire de l’Institut Français d’Archéologie Orientale (1880-1980) (MIFAO 104), 1980, p. 329-334. 17 Comme supposé par J. Capart, « Bandelettes et linges de momies », BMRAH 13/2, 3e série (1941), p. 26-29, ces étoffes recyclées avaient peut-être d’abord servi à vêtir une statue divine ; de ce fait, elles étaient « empreintes d’une vertu protectrice provenant du dieu qu’elles avaient touché » (p. 27). Voir aussi Chr. Riggs, Unwrapping Ancient Egypt, 2014, p. 132-133.
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Fig. 7. La bande Bruxelles inv. E. 7047d et sa dédicace18, témoin de la destination première du tissu : le texte a en effet été sectionné de part et d’autre au moment de sa transformation en bandelette funéraire. Photographie personnelle, avec l’aimable autorisation de L. Delvaux.
(qui ne porte ici aucun titre), soit à son instigation (pour rendre hommage ou remercier le dieu Amén(em)opé). De fait, la présence de ỉr et la mention d’une année de règne rappellent certaines notations rencontrées sur des bandelettes de momies de la Troisième Période intermédiaire : le tissu dont elles proviennent avait été « fait » par (ou pour) des membres du clergé d’Amon (fig. 7)19. 18 Si dans le cas présent Osiris est invoqué « pour demander la vie, la prospérité et la santé < qui lui appartiennent > » (r dbḥ ῾nḫ wḏꜢ snb ), les autres bandelettes du corpus mentionnent plutôt Amon, Khonsou, voire Mout, cf. G. Daressy, ASAE 4 (1903), p. 153 et ASAE 8 (1907), p. 21-38. Cf. aussi JWIS I, 2007, p. 230, no 84 et K. A. Kitchen, TIP, 3e éd., 1996, p. 412416, § 372-378. L’emploi d’une encre légèrement corrosive pourrait être un argument supplémentaire en faveur de la deuxième hypothèse, cf. supra n. 4. 19 Cf. J. Capart, op. cit. qui renvoie à des documents semblables retrouvés sur les momies de la « seconde trouvaille de Deir el-Bahari » et Chr. Riggs, op. cit., p. 254 n. 72, ainsi que, pour un exemple remontant au début du Nouvel Empire, M. Galán, « Linen Weaved in Year 2 of Amenhotep II », dans A. Jiménez-Serrano, C. von Pilgrim (éd.), From the Delta to the Cataract:
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Si la seconde solution paraît plus vraisemblable, l’absence de parallèles directs en démotique et la diversité d’emploi du lin comme support d’écriture aux époques tardives20 incitent à la prudence : nous pourrions être en présence d’une bandelette funéraire avec formulaire « ancien » pour lequel les parallèles ne sont pas encore connus21. Il nous reste à évoquer la question de la provenance de l’objet. En raison de la dédicace au dieu Amén(em)opé et malgré l’absence d’épithètes22, il me Studies Dedicated to Mohamed el-Bialy (CHANE 76), 2015, p. 36-50 et, plus particulièrement, p. 47-48. À comparer avec des textes similaires tracés sur les bandelettes de la momie de la reine Ahmès-Merytamon, « restaurée » à la XXIe dynastie, cf. H. E. Winlock, The Tomb of Queen Meryet-Amūn at Thebes (MMAEE), 1932, p. 87-89 (Appendix III) et JWIS I, 2007, p. 28-29, no 53. Pour tous ces « bandage-epigraphs », qui semblent aujourd’hui perdus, voir K. A. Kitchen, TIP, 3e éd., 1996, p. 411-416, § 371-378 (= Excursus A). Selon G. Pinch, Votive Offerings to Hathor, 1993, p. 100 et 130, la formule introductive ỉr.n / ỉr n est caractéristique des inscriptions votives plutôt que funéraires. Enfin, ajoutons que sur deux des cinq stèles attestant la mort d’un taureau Apis en l’an 2 de Néphéritès, la même tournure que celle figurant sur la bandelette Louvre N 5441 apparaît à la dernière ligne du texte : ỉr n ḥꜢ.t-sp 2.t Ꜣbd-4 šmw n Pr-῾Ꜣ῾,w,s NꜢy=f-῾w-rwd ῾nḫ ḏ.t (Louvre IM 4092, hiératico-démotique) et ỉr.t n ḥꜢ.t-sp 2 n nsw-bỉty BꜢ-(n-)R῾-mry nṯr.w sꜢ R῾ NꜢy=f-῾Ꜣ[.w-rwd] (Louvre IM 4103, hiéroglyphes cursifs). Sur ces documents, voir D. Devauchelle, dans Acta Demotica. Acts of Fifth International Conference for Demotists. Pisa, 4th-8th September 1993 (EVO 17), 1994, p. 106, qui a depuis réattribué la stèle Louvre SN 25 au règne de Nectanébo, cf. id., « Les enterrements d’Apis au temps des Nectanébos », dans D. Aston, B. Bader, Cl. Jurman (éd.), A True Scribe of Abydos: Essays on First Millennium Egypt in Honour of Anthony Leahy (OLA 265), 2018, p. 95-117. Enfin, il convient de rectifier la coquille dans Cl. Traunecker, BIFAO 79 (1979), p. 409 (C.2) et souvent reproduite ailleurs : l’Apis est décédé en 398 et non en 396, cf. D. Devauchelle, loc. cit. 20 Pour ce qui est de la documentation démotique, en dehors des linceuls et des bandelettes funéraires (voir n. 11 et 21), le lin a servi de support à plusieurs lettres adressées à des dieux, en particulier à Thoth (VIIe-IVe siècle av. J.-C., région de Touna el-Gebel, peut-être en association à une momie d’ibis, cf. en dernier lieu, A. Migahid, G. Vittmann, RdE 54 [2003], p. 47-65, avec la bibliographie antérieure), mais aussi à Osorapis (Sakkara, début de l’époque ptolémaïque au plus tard, cf. J. Ray, JEA 91 [2005], p. 171-179, avec une discussion sur l’utilisation de ce support en contexte rituel et funéraire) ; à Deir el-Medineh, des bandes de textile annotées ont aussi servi à archiver les rouleaux de papyrus qu’elles rassemblaient, cf. en dernier lieu, L. Uggetti, Les archives bilingues de Totoès et de Tatéhathyris. Histoire. PSL Research University, 2018. Français. NNT : 2018PSLEP008. tel-02283192 (= HAL Id: tel-02283192 https://tel.archivesouvertes.fr/tel-02283192). On pourra comparer avec une bandelette démotique attachée à ce qui pourrait avoir été un bouchon de jarre, cf. M. Ebeid, ZÄS 141 (2014), p. 49 et 51-53 (doc. 6). En grec, on connaît des textes magiques dont des charmes d’amour sur lin, cf. R. Daniel, ZPE 19 (1975), p. 257 n. 15. L’un des avantages de ce matériau était de pouvoir non seulement protéger un objet mais aussi de servir d’enveloppe à celui-ci, cf. Chr. Riggs, op. cit., p. 137-140 et 225, ainsi que la bibliographie citée plus haut n. 16. 21 Ainsi, un lot de bandelettes conservé au British Museum témoigne d’une pratique jusqu’ici inconnue dans la cursive démotique : les textes, qui occupent seulement une ligne centrale et ont étés copié avec une encre marron-rouge, s’avèrent être des extraits de la Liturgy of Opening the Mouth for Breathing ; cette composition funéraire était destinée à un homme nommé Hor, pour lequel des bandelettes « traditionnelles » sont aussi attestées dans le lot (Ier siècle apr. J.-C.). Sur ce dossier en cours d’étude, cf. M. Smith, « A New Version of the Liturgy of Opening the Mouth for Breathing », dans K.-Th. Zauzich (éd.), Akten der 8. Internationalen Konferenz für Demotische Studien: Würzburg 27.–30. August 2002, 2019, p. 158-162 et pl. 4. 22 Cf. M. Doresse, RdE 25 (1973), p. 28, ainsi que, plus généralement, RdE 31 (1979), p. 43-44 : c’est en effet à la XXIXe dynastie que « les mythes [i.e. concernant ce dieu] s’orientent
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semble qu’une origine thébaine doit être privilégiée ; en effet, le règne du pharaon « mendésien » Néphéritès Ier, quoiqu’assez bref, a été reconnu un peu partout en Égypte, y compris dans les oasis et jusque dans la communauté juive d’Éléphantine23. Les questions soulevées par la bandelette démotique Louvre N 5441 et son dédicataire sont multiples et, dans l’état actuel de la documentation, restent en grande partie sans réponse. Sa date assurée, ses formulations inhabituelles et la mention du dieu Amén(em)opé en font un témoignage précieux de pratiques jusqu’ici peu attestées, dans la mesure où les bandelettes avec inscription démotique sont le plus souvent funéraires et en grande partie datées de la période romaine, sur des critères essentiellement paléographiques il est vrai. Ce fragment de lin rongé par l’encre, qui a peut-être été (r)employé comme bandelette de momie (ce qui aurait permis sa préservation), méritait de « sortir au jour ». J’espère qu’Olivier ne m’en voudra pas de l’avoir ainsi, sur quelques pages, un peu éloigné de sa dynastie de prédilection.
vers la forme définitive qu’ils prendront un peu plus tard ». Le culte d’Aménémopé est toutefois également attesté en dehors de Thèbes, jusque dans le Delta, cf. I. Guermeur, Les cultes d’Amon hors de Thèbes : Recherches de géographie religieuse (BEHE-SR 123), 2005, p. 600 (index). 23 Pour la mention de son accession au trône dans une lettre araméenne envoyée à un membre de la communauté d’Éléphantine, voir, par exemple, A. Kurth, The Persian Empire: A Corpus of Sources from the Achaemenid Period, 2007, p. 392, no 59 et A. Forgeau, Nectanébo : La dernière dynastie égyptienne, 2018, p. 68. Plus généralement sur le règne de Néphéritès, cf. Fr. Payraudeau, L’Égypte et la vallée du Nil - Tome 3, Les époques tardives (1069-332 av. J.-C.), 2020, p. 303-310. Pour la documentation démotique datée explicitement de ce souverain, en dehors de la Chronique démotique souvent évoquée dans la littérature historique et en plus des stèles du Sérapéum mentionnées plus haut (n. 19), il convient de citer un graffito des carrières d’el-Masara et de Tourah (cf. Sv. P. Vleeming, Short Texts III, p. 296, no 1882 = TM 54648), ainsi qu’une dizaine d’ostraca exhumés dans l’oasis de Kharga (Ostraca Ayn Manâwir nos 3431, 3438, 5428, 5432, 5440B, 5509, 5525, 5567, 6032, 6056, 6832 datés de l’an 4 à l’an 7 de Néphéritès Ier, dernière année de ce règne, cf. http://www.achemenet.com/fr/tree/?/sourcestextuelles/textes-par-regions/egypte/ayn-manawir/ostraca-d-ayn-manawir#set et M. Wuttmann, B. Bousquet, M. Chauveau, P. Dils, S. Marchand, A. Schweitzer, L. Volay, BIFAO 96 (1996), p. 408-414. Sur cette documentation, voir aussi M. Chauveau, Arta 2011.002 [http://www.achemenet.com/pdf/arta/2011.002-Chauveau.pdf].
L’ÉCRITURE DÉMOTIQUE PEUT ÊTRE BELLE : LA STÈLE LOUVRE IM 3709 Didier DEVAUCHELLE* HALMA – UMR 8164 (Univ. Lille, CNRS, MC)
Trouvée le 22 avril 1852, « à sa place antique, paroi sud du plan incliné, à l’ouest de la porte n° 6 », c’est-à-dire à l’extérieur des catacombes du Sérapéum de Memphis proprement dites, cette stèle n’est pas totalement inédite. Ses trois premières et quatre dernières lignes ont été partiellement traduites par V. et E. Revillout dès 18961 ; la formule finale a été reprise par W. Spiegelberg en 19222, puis, plus récemment, par W. Clarysse3, en raison de l’information (voir infra l. 22-23) qu’elle contient selon laquelle Ptolémée X Alexandre Ier était à Péluse au moment de la rédaction du texte, le 20 juin 102 av. J.-C.4 J’ai présenté ce document lors de la deuxième Demotische Sommerschule (Cologne, 25 au 27 août 1997) et certains noms ont alors été enregistrés dans le supplément du Demotisches Namenbuch5. Une photographie de la stèle a servi à illustrer l’affiche du IXe Congrès international des études démotiques de Paris (31 août au 3 septembre 2005). Je n’ai que trop longtemps repoussé sa publication, aussi je voudrais réparer ma procrastination dans cette « Fête de l’écrit » pour Olivier Perdu, mon plus ancien camarade de la discipline, en souvenir de La Pro, du club d’égyptologie, des expositions au Musée de Picardie, de l’achat de la grammaire Lefebvre chez Geuthner quand nous avions 15-16 ans… et, aussi, de notre premier voyage en Égypte, à deux, quelques années plus tard. Qu’il m’excuse de remonter si loin dans le temps pour venir, * Je remercie Vincent Rondot, Directeur du Département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, pour la permission de publier ce document, ainsi que tous mes collègues du département pour leur aide amicale, de même que Ghislaine Widmer et Eugénie Poquet pour leur relecture et leurs suggestions. 1 V. et R. Revillout, « Textes égyptiens et chaldéens relatifs à l’intercession des vivants en faveur des morts », Revue égyptologique 7 (1896), p. 165-167 (l. 1-3 et 20-23). 2 W. Spiegelberg, « Ein historisches Datum aus der Zeit des Ptolemaios XI Alexandros », ZÄS 57 (1922), p. 69. 3 W. Clarysse, « The Dating Formula of the Serapeum Stele, Louvre inv. 3709 », dans E. Van ’t Dack et al., The Judean-Syrỉan-Egyptỉan Conflỉct of 103-101 B.C. (Collectanea Hellenỉstỉca I), 1989, p. 83-84. 4 D. J. Thompson, Memphis under the Ptolemies, 2e éd., 2012, p. 278. 5 Le Demotisches Namenbuch I, 1-17, 1980-2000 (abrégé en Demot. Nb.), a été publié par E. Lüddeckens et al. en dix-sept fascicules paginés en continu (de 1 à 1384) et réimprimés en deux volumes. À ceux-ci s’est ajouté en 2000 un dernier fascicule (I, 18) avec une nouvelle pagination, qui sera cité, plus loin, Nachträge : édité par G. Vittmann, il contient les index, les corrections et les additions ; il n’existe pas de volume II.
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Planche 1 : Stèle Louvre IM 3709 © Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais / Chr. Décamps.
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aujourd’hui, l’ennuyer avec du démotique ; j’espère que la lecture de quelques titres spécifiques, pas encore totalement élucidée, pourra le distraire. La stèle consiste en un texte démotique de vingt-trois lignes peintes avec soin sur un support de calcaire (H. 39,4 cm ; l. 25 cm ; ép. 5 cm), disposées sous un ciel étoilé et un disque ailé un peu détaillé. Les six premières lignes conservent encore les traces de guidage ; l’écriture est, en effet, claire, détaillée et déliée, en d’autres termes belle et élégante ! Cependant, si la lecture semble à première vue facile, c’est dans les détails que se nichent les difficultés. Pour commencer, on notera brièvement ici quelques idiosyncrasies du scribe : les écritures non étymologiques, en particulier dans les premières lignes (par exemple pour rendre l’épithète de Ptah rsy ỉnb=f et les titres de prêtres spécifiques), le déterminatif du serpent derrière nḥḥ (l. 1 et 20), celui du pavois divin derrière rn et nfr (l. 3), l’inclusion du signe hiéroglyphique ῾nḫ dans l’écriture de l’anthroponyme Ânkhimhotep (l. 9), la graphie de mw.t=w (l. 15), la ligature du pavois divin déterminatif à la fin de plusieurs anthroponymes (l. 16 et 17, par exemple, pour Wn-nfr, Ỉs.t-wre et Ỉỉ-m-ḥtp), etc. Avant de translittérer, traduire et commenter ce texte, je voudrais évoquer deux points d’intérêt du document, en dehors de l’aspect historique mentionné plus haut. Aux l. 3-4, le dédicant détaille ses titres, ce qui est peu courant dans la documentation ptolémaïque du Sérapéum de Memphis parvenue jusqu’à nous. De fait, celui-ci ne semble pas faire partie de ces personnes qui ont participé aux travaux dans le caveau, voire à l’inhumation du taureau6, mais plutôt être un prêtre aux nombreux titres locaux qui a voulu perpétuer sa mémoire, ainsi que celle de ses aïeux et de ses proches – des collègues pour certains, semble-t-il. Si la formule « le nom parfait de … » (l. 3) est employée au singulier, il faut sans doute aussi l’appliquer aux autres individus cités. À la l. 13, l’expression « tu es loué pour l’éternité » qui précède les noms ne se trouve pas répétée par la suite, mais seulement résumée par la locution mỉ-nn, « comme cela », « pareillement ». Si l’on interprète correctement la fin de la l. 20 (« Elles sont louées pour l’éternité, elles sont rajeunies à jamais, les personnes dont j’ai dit (r-ḏd=y) le nom alors qu’elles sont mortes »), il semble que toutes les personnes dont le nom a été inscrit7 dans cette seconde partie étaient décédées au moment de la réalisation de la stèle : le dédicant honorerait ainsi ses ancêtres et/ou ses prédécesseurs.
6 À l’époque ptolémaïque, les personnes plus directement impliquées dans l’inhumation du taureau ont réalisé ou commandé des stèles dans le texte desquelles l’avancement des travaux dans les souterrains est précisé ou sur lesquelles sont mentionnés des by d’Apis-Osiris, des sedjem(-âch) d’Apis vivant, des menekh d’Apis-Osiris et/ou des bak d’Osiris-Apis. 7 L’emploi du verbe ḏd, « dire », là où on attendrait sẖ, « écrire », renvoie à la forme orale que doit prendre ici l’évocation des défunts, c’est-à-dire l’acte de prononcer leur nom, ce qui est confirmé par la formule suivante : « la bénédiction d’Apis-Osiris est (pour) la personne qui lira (῾š) la stèle (pꜢ wyṱ) » (voir infra l. 21-22).
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Les divinités invoquées (Ptah, Sokar-Osiris, Apis-Osiris, etc.) sur les deux premières lignes, dans un ordre que l’on retrouve ailleurs au Sérapéum8, ont un caractère funéraire et une couleur locale, comme résumé en fin d’énumération : « (et) tous les dieux et déesses qui sont dans l’imehet », c’est-à-dire à l’entrée du royaume des morts que symbolisent les souterrains du Sérapéum. Les deux premiers titres du dédicant, « père-du-dieu de Memphis, père-du-dieu d’Héliopolis » (ỉt-nṯr Ỉnb-ḥḏ ỉt-nṯr Ỉwnw), sont plusieurs fois associés dans la documentation démotique du Sérapéum de Memphis ; ils s’y rencontrent également en écriture hiéroglyphique dès le règne de Darius Ier9. , une Leur font suite « gouverneur des châteaux » (ḫrp-ḥw.tw) désignation du prêtre spécifique de Neith à Saïs10, et « Celui-qui-sépare-les, prêtre de Thot d’Hermopolis el-Baqlieh (deux)-dieux » (wpy-nṯr.w) et de Mendès11. Ces deux désignations bien connues sont courantes dans la documentation memphite à partir de la fin de l’époque saïte12. En revanche, d’autres titres sont plus rares : tout d’abord,
fky, que l’on rapprochera de
fgy qui apparaît sur la stèle Louvre IM 1 à plusieurs reprises (l. 10 et suivantes) dans une énumération comparable : ỉt-nṯr Ỉnb ỉt-nṯr Ỉwnw ḫrp-ḥw.tw ỉmn-nṯr wp-nṯr.wy fgy tbty pty. Il serait tentant de l’identifier au titre hiéroglyphique fk(ty) attesté principalement à Hermopolis el-Baqlieh13, mais qui est également répandu dans de nombreux lieux en dehors de cette cité, à Memphis par exemple14 ; on le rencontre sur trois stèles hiéroglyphiques d’époque perse 8 D. Devauchelle, « Une invocation aux dieux du Sérapéum de Memphis », dans W. Clarysse, A. Schoors, H. Willems (éd.), Egyptian Religion: The Last Thousand Years. Studies Dedicated to the Memory of Jan Quaegebeur, Part I (OLA 84), 1998, p. 589-611. 9 Pour ces titres associés, voir, par exemple, Cl. Jurman, « Impressions of What is Lost : A Study on Four Late Period Seal Impressions in Birmingham and London », dans Cl. Jurman, B. Bader, D. Aston (éd.), A True Scribe of Abydos: Essays on First Millennium Egypt in Honour of Anthony Leahy (OLA 265), 2017, p. 249-250. 10 Voir R. el-Sayed, « À propos du titre ḫrp-ḥwwt », RdE 28 (1976), p. 97-110, et, plus récemment, Cl. Jurman, op. cit., p. 251. 11 H. De Meulenaere, Le surnom égyptien à la Basse Époque, 1966, p. 18, n. 84, K. JansenWinkeln, « Eine Stele mit „kryptographischem“ Bildfeld », BSEG 21 (1997), p. 13 et n. 8, et el-S. Mahfouz, « L’objet n° 435 du Musée gréco-romain d’Alexandrie : Une stèle niche d’époque saïte ? », BIFAO 107 (2007), p. 131, n. 32. 12 Pour le premier, voir, par exemple, J. Vercoutter, Textes biographiques du Sérapéum de Memphis, 1962, p. 114 (B) et 116 n. 1, et J. Yoyotte, « L’Amon de Naucratis », RdE 34 (1982-83), p. 134 et n. 40, et pour le second, J. Vercoutter, op. cit., p. 136 (index). 13 A.-P. Zivie, « Nouveaux aperçus sur les coudées votives », dans Hommages à la mémoire de Serge Sauneron 1927-1976 I (BdE 81), 1979, p. 329 n. 4 et, en dernier lieu, D. Klotz, « Regionally Specific Sacerdotal Titles in Late Period Egypt: Soubassements vs. Private Monuments », dans A. Rickert, B. Ventker (éd.), Altägyptische Enzyklopädien: Die Soubassements in den Tempeln der griechisch-römischen Zeit. Soubassements Studien 1 (SsR 7), 2014, p. 742. 14 P. Vernus, « Inscriptions de la Troisième Période Intermédiaire (III) », BIFAO 76 (1976), p. 9 (f).
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provenant du Sérapéum de Memphis, dont Louvre IM 4105 où le titre est orthographié
fk15.
À la fin de la l. 3, on lit tbty
, désignation qui se retrouve égale-
), précédemment citée, à la suite ment sur la stèle Louvre IM 1, l. 10 ( de fky / fgy. Elle ne semble pas connue par ailleurs : est-ce une résurgence de l’ancienne fonction memphite ḏbꜢty attestée à l’Ancien Empire16 ? est également Au début de la l. 4, le dernier titre du dédicant problématique : on reconnaît ỉmn suivi d’un déterminatif qui pourrait être le signe des jambes surmontant un point ligaturé avec la fin du n qui le précède, puis ỉ-῾ḥ῾ et nṯr pour le dernier groupe. Toutefois, aucun titre ni expression connue ne semble correspondre, aussi faut-il supposer que nous sommes en présence d’une graphie déformée, voire d’une écriture non-étymologique comme il en existe parfois dans ce type de texte17. À titre de comparaison, parmi les titres énumérés sur la stèle IM 1 déjà mentionnée, nous rencontrons l’expression ỉmn-nṯr , pour laquelle je ne connais pas de parallèle. En revanche, sur la stèle « trigraphe » (hiéroglyphes, hiératique et démotique) Louvre IM 3711, l. 7, c’est le titre ỉmn-ḥ῾.w ( ) qui est mentionné dans une séquence assez proche de celle de notre stèle (ỉt-nṯr mr-nṯr ḫrp-ḥw.ty wp-nṯr.wy ỉmn-ḥ῾.w). Toutefois, aucune de ces deux lectures, ỉmn-nṯr et ỉmn-ḥ῾.w, ne correspond parfaitement à la graphie d’IM 3709. Il est donc possible d’imaginer que sous ces trois leçons se cache un seul et même titre, soit ỉmn-ḥ῾.w-nṯr, qui serait abrégé parfois en ỉmn-ḥ῾.w ou en ỉmn-nṯr, soit ỉmn-ḥ῾.w18, le groupe nṯr servant alors de déterminatif ou de signe mot à lire ḥ῾.w, pour les mentions sur la stèle Louvre IM 1. Une dernière hypothèse serait de voir dans ces différentes graphies une réinterprétation du titre ỉmn-ỉwd.w, « Celui-qui-cache-la-décomposition », connu par la liste d’Edfou et le papyrus de Tebtynis comme désignation du prêtre spécifique du 15e nome de Basse 15 Pour le mot f(Ꜣ)k, « être tondu », et son dérivé fkty, voir également la remarque de J. J. Clère, Les chauves d’Hathor (OLA 63), 1995, p. 26-27, et la bibliographie dans el-S. Mahfouz, op. cit., p. 131, n. 29. 16 Wb V, 562, 6, et D. Jones, An Index of Ancient Egyptian Titles, Epithets and Phrases of the Old Kingdom (BAR International Series 866), II, 2000, p. 1010-1011, no 3745, « adorner(?), robing-priest ». 17 Voir D. Devauchelle, dans Studies Jan Quaegebeur, p. 589-611, pour quelques exemples rencontrés dans les hymnes initiaux des stèles d’Apis d’époque ptolémaïque. Le groupe ῾ḥ῾ rentre dans la composition de plusieurs écritures non-étymologiques, voir Gh. Widmer, « Words and Writing in Demotic Ritual Texts from Soknopaiu Nesos », dans J.-Fr. Quack (éd.), Ägyptische Rituale der griechisch-römischen Zeit (Orientalische Religionen in der Antike 6), 2014, p. 137. 18 On sait que les dénominations de prêtres spécifiques sont souvent construites à partir d’épithètes de divinités ; cependant, aucune des mentions de ce qualificatif ne nous éclaire sur ce que recouvrirait un tel titre, voir LGG I, p. 347 a-b.
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Égypte et qui apparaît aux côtés de wp-nṯrwy19. Toutes ces suggestions demanderaient à être étayées par d’autres témoignages… Derrière la mention d’un nom de personne suivie de ceux de son père et de sa mère, on rencontre à plusieurs reprises le nom d’un fils ou d’un frère. Cette pratique est assez courante sur les stèles démotiques du Sérapéum de Memphis, mais elle n’est pas toujours facile à interpréter tant les graphies de sꜢ, « fils » et de sn, « frère » peuvent être similaires, comme c’est le cas sur notre et (l. 10) est assurée – Djedher et stèle. Ainsi, la lecture sn=f pour Pegyl ayant les mêmes père et mère que Ânkhimhotep cité avant eux –, tandis l’est aussi, Hor étant le fils de Pegyl nommé qu’à la l. 11, la lecture sꜢ=f juste avant lui. , , et sn=f, mais , sꜢ=f, Aux l. 4 et 5, je propose de lire pour ainsi constituer un arbre généalogique vraisemblable du dédicant de la stèle (voir infra). Plus loin dans la translittération, ce sera donc le contexte qui m’incitera à choisir l’une ou l’autre des lectures, et non les graphies puisqu’elles ne se distinguent pas. L’essentiel du texte est composé d’anthroponymes qui permettent de reconstituer de brèves généalogies. En revanche, il n’est pas possible de proposer de recoupements prosopographiques assurés avec d’autres stèles. Dans les notes qui accompagnent la translittération et la traduction, je ne renverrai pas systématiquement au Demot. Nb., afin de ne pas alourdir inutilement le commentaire, mais je relèverai les noms inhabituels ainsi que les difficultés rencontrées. Translittération (1) ỉ Ptḥ ỉ-ỉr-ỉnb-nfy nb ῾nḫ-tꜢ.wy Skr-Wsỉr nṯr ῾Ꜣ nb štꜢ(.t) Ḥp-Wsỉr ḫnṱ ỉmnt nb nḥḥ (2) nsw nꜢ nṯr.w Ỉnp tp-tw=f Ỉỉ-m-ḥtp wr sꜢ Ptḥ pꜢ nṯr ῾Ꜣ Ḥr-nḏ-ỉt(=f) Rw.t-ỉs.t nꜢ nṯr.w nṯr.t nb ỉm(?) Ꜣmḥ⸢y⸣ (3) dỉ=tn mn rn nfr n ỉt-nṯr Ỉnb-ḥḏ ỉt-nṯr Ỉwnw ḫrp-ḥw.tw wpy-nṯr.w fky tbty (4) ỉmn-ỉ-῾ḥ῾-nṯr(?) WꜢḥ-ỉb-pꜢ-R῾ sꜢ mw-nꜢy ỉt-nṯr ῾nḫ-pꜢ-mꜢe mw.t=f ῾nḫ.t sn=f mw-nꜢy TwtwꜢ sꜢ (5) ῾nḫ-pꜢ-mꜢe mw.t=f Ỉn-p.t sꜢ=f ῾nḫ-pꜢ-mꜢe sꜢ TwtwꜢ mw.t=f Ỉ-nw(?) sn=f PꜢ-dỉ-N.t sn=f Ḏd-Ḥr sn=f Hr⸢y=w⸣ (6) ỉt-nṯrsic > sn=f WḏꜢ-Ḥr-rsnꜢ(?) sn.t=f Ỉn-p.t sn.t=f Ta-nꜢ ỉt-nṯr Wn-nfr (sꜢ) ῾nḫ-pꜢ-mꜢe mw.t=f ῾nḫ.t ỉt-nṯr ῾nḫ-… 19 J. Osing, Hieratische Papyri aus Tebtunis I, The Carlsberg Papyri 2 (CNI Publications 17), 1998, p. 246 et note d, qui renvoie à P. Montet, Géographie de l’Égypte ancienne I, La Basse Égypte, 1957, p. 149 et, en dernier lieu, D. Klotz, op. cit., p. 743-744.
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(7) sꜢ Wn-nfr mw.t=f TꜢy-ḥn=t Ns-nb(.t)-ḥw.t sꜢ.t ῾nḫ-pꜢ-mꜢe mw.t=f(sic) Ỉn-p.t TꜢ-ḫꜢ῾=w ta ῾nḫ-pꜢ-mꜢe (8) mw.t=s ῾nḫ.t ỉt-nṯr Ḏd-ḥr (sꜢ) Wn-nfr mw.t=f Ta-rt ỉt-nṯr ῾nḫ-pꜢ-mꜢe sꜢ Ḏd-ḥr mw.t=f TꜢ-ḫꜢ῾=w Ta-rt tꜢy(?) (9) Ḏd-ḥr mw.t=s Ỉs.t-wre sn.t=s TꜢy-ḥn=t sꜢ.t Ḏd-ḥr mw.t=s TꜢ-ḫꜢ῾=w ỉt-nṯr ῾nḫ-Ỉỉ-m-ḥtp sꜢ Nḫṱ-Ḥr-m-ḥb mw.t=f (10) Ta-bꜢ sn=f Ḏd-ḥr sꜢ Nḫṱ-Ḥr-m-ḥb mw.t=f Ta-bꜢ sn=f PꜢ-gyl sꜢ(?) NḫṱḤr-m-ḥb mw.t=f Ta-bꜢ (11) sꜢ=f Ḥr sꜢ PꜢ-gyl mw.t=f Ta-wꜢ sn=f Nḫṱ-Ḥr-m-ḥb □ ỉt-nṯr Ptḥ-ḥtp sꜢ Hry=w mw.t=f Ta-nꜢ (12) ỉt-nṯr Hry=w sꜢ Ptḥ-ḥtp mw.t=f TꜢ-ḫꜢ῾=w sn.t=f ῾y=s mw.t=s TꜢ-ḫꜢ῾=w sn.t=f Ta-rt □ (13) ỉw=k ḥs r nḥḥ ῾nḫ-pꜢ-mꜢe (sꜢ) Ḏd-ḥr mw.t=f Ns-Nb(.t)-ḥw.t mỉ-nn sn=f Wn-nfr sꜢ Ḏd-ḥr mỉ-nn Nḫṱ-Ḥr-m-ḥb sꜢ Ỉỉ-m-ḥtp (14) mw.t=f TꜢ-ḫꜢ῾=w .?. WḏꜢ-Ḥr-rsnꜢ(?) sꜢ Ỉ῾ḥ(?)-ms mw.t=f ῾y=s mỉ-nn ῾nḫ-pꜢy=f-ḥry pꜢ ῾Ꜣ mw.t=f Ỉn-p.t mỉ-nn sn=f Ḏd-ḥr (15) mỉ-nn sn=f ῾nḫ-pꜢy=f-ḥry rn mw.t=w Ỉn-p.t sꜢ.t ỉt-nṯr TwtwꜢ mỉ-nn Ta-wꜢ ta TwtwꜢ mw.t=f(sỉc) TꜢ-ḫꜢ῾=w (16) sꜢ?.t=s TꜢ-šr.t-tꜢ-ỉḥ.t sꜢ.t Ḏd-ḥr mỉ-nn Wn-nfr sꜢ Ḏd-ḥr mw.t=f Ỉs.t-wre mỉ-nn Nḫṱ-Ḥr-m-ḥb sꜢ Ỉỉ-m-ḥtp mw.t=f Ḥn=w-s-(n)-nṯr(?) (17) mỉ-nn sn=f Hnr sꜢ Ỉỉ-m-ḥtp mw.t=f Ḥn=w-s-(n)-nṯr(?) □ TwtwꜢ (sꜢ) Ỉỉ-mḥtp mw.t=f TꜢy-ḥn.t □ Ta-bꜢ ta PꜢ-gyl (18) TꜢ-ḫꜢ῾=w sꜢ.t Nḫṱ-Ḥr-m-ḥb mw.t=s Ta-bꜢ Ỉỉ-m-ḥtp sꜢ Hry=w mw.t=f Ta-nꜢ sn=f (19) TwtwꜢ sꜢ Hry=w mw.t=f Ta-nꜢ Ỉỉ-m-ḥtp sꜢ TwtwꜢ mw.t=f TꜢ-ḫꜢ῾=w Ḥr sꜢ Pa-ỉn-nꜢ(?) (20) mw.t=f ῾nḫ.t st ḥs r nḥḥ st r(n)py r-š῾ ḏt nꜢ rmṯ.w r-ḏd=y rn=w ỉw=w mwt.ṱ (21) pꜢ ḫyṱ Ḥp-Wsỉr pꜢ nb nꜢ nṯr.w (n) pꜢ rmṯ nty ỉw=f ῾š pꜢ wyṱ m-ỉr dỉ(.t) fty=f s.t (22) my ỉr=f(?) sme r-r=w ỉrm pꜢ ỉ-ỉr sẖ=w sẖ (n) ḥsp 15 nty ỉr ḥsp 12 ỉbd 2 šmw sw 6 tꜢ (Pr-῾Ꜣ ῾.w.s(.t) (Qlw (23) p[t]rꜢ)/ ῾.w.s. ỉrm? (Pr-῾Ꜣ ῾.w.s. (Ptlwms ḏd.ṱ n=f (Ꜣlgstrs)/ ῾.w.s. ỉw=f wꜢḥ mtgṱ (n) Pr-ỉr-Ỉmn Traduction (1) Ô Ptah qui est au sud de son mur, maître d’Ânkhtaouy, Sokar-Osiris, grand dieu, maître de la chetayt, Apis-Osiris qui règne sur l’occident, maître de l’éternité, (2) roi des dieux, Anubis qui est à la tête de sa montagne, Imhotep, grand, fils de Ptah le grand dieu, Horenedjitef de Routisout, tous les dieux et les déesses qui sont dans l’imehet,
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Planche 2 : Stèle Louvre IM 3709 © Département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre / Didier Devauchelle.
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(3) puissiez-vous faire que demeure ici le nom parfait du père-du-dieu de Memphis, père-du-dieu d’Héliopolis, gouverneur-des-châteaux, celui-qui-sépare-lesdieux, prêtre-feky, prêtre-tebty, (4) prêtre-imen-hâou-netjer (?), Ouahibprê fils du détenteur des mêmes titres, père-du-dieu Ânkhpmae, dont la mère est Ânkhet ; son frère, détenteur des mêmes titres, Toutoua fils de (5) Ânkhpmae, dont la mère est Inpet ; son fils Ânkhpmae fils de Toutoua, dont la mère est Inou (?) ; son frère Padineith ; son frère Djedher ; son frère Heryou ; (6) son frère Oudjahorresnet (?) ; sa sœur Inpet ; sa sœur Tana. Le père-dudieu Ounnefer (fils de) Ânkhpmae, dont la mère est Ânkhet. Le père-du-dieu Ânkh… (?) (7) fils de Ounnefer, dont la mère est Tayhenet. Nesnephthys fille de Ânkhpmae, dont la mère est Inpet. Tekhaâou celle de Ânkhpmae, (8) dont la mère est Ânkhet. Le père-du-dieu Djedher (fils de) Ounnefer, dont la mère est Taret. Le père-du-dieu Ânkhpmae fils de Djedher, dont la mère est Tekhaâou. Taret celle de (?) (9) Djedher, dont la mère est Isetouret ; sa sœur Tayhenet fille de Djedher, dont la mère est Tekhaâou. Le père-du-dieu Ânkhimhotep fils de Nekhthorheb, dont la mère est (10) Taba ; son frère Djedher fils de Nekhthorheb, dont la mère est Taba ; son frère Pegyl fils de Nekhthorheb, dont la mère est Taba ; (11) son fils Hor fils de Pegyl, dont la mère est Taoua ; son frère Nekhthorheb. □ Le père-du-dieu Ptahhotep fils de Heryou, dont la mère est Tana. (12) Le père-du-dieu Heryou fils de Ptahhotep, dont la mère est Tekhaâou ; sa sœur Âys, dont la mère est Tekhaâou ; sa sœur Taret. □ (13) Tu es loué pour l’éternité, Ânkhpmae (fils de) Djedher, dont la mère est Nesnephthys ; pareillement, son frère Ounnefer fils de Djedher. Pareillement, Nekhthorheb fils d’Imhotep, (14) dont la mère est Tekhaâou. .?. Oudjahorresnet (?) fils de Iâhmès (?), dont la mère est Âys. Idem Ânkhpayefhery l’aîné, dont la mère est Inpet ; pareillement, son frère Djedher ; (15) pareillement, son frère Ânkhpayefhery, le nom de leur mère étant Inpet fille du père-du-dieu Toutoua. Idem Taoua celle de Toutoua, dont la mère est Tekhaâou ; (16) sa fille (?) Tacheret(en)taihet fille de Djedher. Pareillement, Ounnefer fils de Djedher, dont la mère est Isetouret. Pareillement, Nekhthorheb fils d’Imhotep, dont la mère est Henousennetjer (?) ; (17) pareillement, son frère Hener fils d’Imhotep, dont la mère est Henousennetjer (?). □ Toutoua (fils d’) Imhotep, dont la mère est Tayhenet. □ Taba celle de Pegyl. (18) Tekhaâou fille de Nekhthorheb, dont la mère est Taba. Imhotep fils de Heryou, dont la mère est Tana ; son frère
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(19) Toutoua fils de Heryou, dont la mère est Tana. Imhotep fils de Toutoua, dont la mère est Tekhaâou. Hor fils de Pa(in)na (?), (20) dont la mère est Ânkhet. Elles sont louées pour l’éternité, elles sont rajeunies à jamais, les personnes dont j’ai dit le nom alors qu’elles sont mortes. (21) La bénédiction d’Apis-Osiris, le maître des dieux, est (pour) celui qui lira la stèle. Ne permets pas qu’il les efface. (22) Permets qu’il rende hommage à eux et à celui qui les a écrits. Écrit (en) l’an 15 qui fait l’an 12, deuxième mois de la saison-chemou, jour 6 de la Pharaonv.p.s. Cléo(23) -pâtrev.p.s. et du Pharaonv.p.s. Ptolémée dit Alexandrev.p.s., alors qu’il dresse un camp à Péluse. Notes L’arbre généalogique du dédicant de la stèle (l. 4-8) s’établit ainsi : n-p.t* -nw*
n-p-me
n-p-me Twtw
d-r
Hry=w
Ns-Nb.t-w.t
n.t* W-b-p-R
Wn-nfr
P-d-N.t W-r-rsn(?) n-p.t* Ta-n*
Ty-n=t* T- =w* n-…
Une partie des noms mentionnés par la suite (l. 8-12) se rattache peut-être à cette branche principale, mais trop d’incertitudes et de possibilités subsistent pour tenter une reconstitution ; certaines de ces personnes ne sont sans doute que des collègues. À partir de la l. 13 et jusqu’à la l. 20, il semble que l’on soit en présence d’ancêtres, voir supra p. 159 et n. 7. L. 1-2 : Pour l’invocation aux dieux du Sérapéum et les particularités graphiques de ce passage, voir D. Devauchelle dans Studies Jan Quaegebeur, 1998, p. 589-611. L. 3 : Noter l’absence du déterminatif de l’homme la main à la bouche dans l’écriture de rn, contrairement à la l. 20, mais la présence inattendue du déterminatif divin, que l’on retrouve aussi pour l’adjectif nfr qui le suit. L. 4 : Pour le nom WꜢḥ-ỉb-pꜢ-R῾, cf. Demot. Nb., p. 113, et Nachträge, p. 139, sous WꜢḥ-ỉb-R῾. L’anthroponyme ῾nḫ-pꜢ-mꜢe n’est pas autrement attesté, mais sa lecture semble vraisemblable ; quant à la deuxième partie de celui-ci, comparer avec l’écriture du nom PꜢ-mꜢj, « Le lion », dans Demot. Nb., p. 186 et Nachträge, p. 148. Sur ῾nḫ.t (Demot. Nb., p. 105, et Nachträge, p. 138), nom de la déesse-hippopotame présidant au onzième mois de l’année, voir H. De Meulenaere, « Anthroponymes égyptiens de Basse Époque », CdE 38 (1963), p. 219, no 11 et D. Mendel, Die Monatsgöttinnen in Tempeln und im Privaten Kult (Rites égyptiens XI), 2005, p. 55-56 (11). TwtwꜢ est une variante de Twtw que l’on rencontre à plusieurs reprises dans la documentation du Sérapéum de Memphis, cf. Demot. Nb., p. 1273-1275 ; il semble être le demi-frère de Ouahibprê. Dans les inscriptions démotiques du Sérapéum de Memphis, mw-nꜢy est une écriture courante de mỉ-nn pour indiquer qu’un père porte les mêmes titres que son fils – ou
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une partie de ceux-ci –, cf. D. Devauchelle, « La stèle du Louvre IM 8 (Sérapéum de Memphis) et la prétendue date de naissance de Césarion », Enchoria 27 (2001), p. 50, note de la l. 4. On rencontre, plus loin (l. 13 à 17), cette même expression, mais sous une forme particulièrement abrégée (l. 14 : et ; l. 15 : et ) connue principalement par les textes documentaires, cf. D. Devauchelle, « Les stèles du Sérapéum de Memphis conservées au musée du Louvre », Acta demotica: Acts of Fifth International Conference for Demotists, Pisa, 4th-8th September 1993 (EVO 17), 1994, p. 113, note des l. 13-14 (expression employée afin de ne pas répéter l’intitulé mnḫ n Ḥp-Wsỉr) ; voir également CDD M, 2010, p. 43-44. Les deux formes, mw-nꜢy et mỉ-nn, sont employées conjointement sur une autre stèle du Sérapéum, cf. D. Devauchelle, « Une stèle hiératico-démotique provenant du Sérapéum de Memphis (Louvre IM 3713) », dans Fr. Hoffmann et H. J. Thissen (éd.), Res severa verum gaudium: Festschrift für Karl-Theodor Zauzich zum 65. Geburtstag am 8. Juni 2004 (StudDem 6), 2004, p. 100-102, l. 16 (mw-nꜢy), pour ne pas reprendre le nom du père, et l. 21 (mỉ-nn), pour ne pas répéter la phrase « tu es loué devant Ptah-Sokar-Osiris ». Une incertitude quant à la lecture mỉ-nn dans sa forme abrégée apparaît si l’on admet que le sigle figuré à la l. 14 (voir infra), dans un contexte comparable, recouvre la même expression. L. 5 : On retrouve à plusieurs reprises dans ce texte l’anthroponyme Ỉn-p.t, qui est inconnu par ailleurs et qui a été enregistré par le Demot. Nb. Nachträge, p. 135, avec un point d’interrogation. On est tenté de le rapprocher de Ỉmy(.t)-p.t en hiéroglyphes, cf. PN I, 25, 23 et II, 340, H. De Meulenaere, op. cit., p. 219, no 8, et D. Mendel, op. cit., p. 54 (8), formé à partir du nom de la déesse-hippopotame présidant au huitième mois de l’année. Cet anthroponyme apparaît aussi sur la stèle IM 11 (Apis 10), d.l. 6 : . Le scribe a omis d’écrire le mot sꜢ, « fils », entre ῾nḫ-pꜢ-mꜢe et TwtwꜢ et l’a, semble. À plusieurs reprises sur cette stèle, t-il, rajouté de manière abrégée en surligne : la marque de filiation est omise (l. 6, 8, 13 et 17), ce qui est chose courante en démotique. La lecture Inou (Ỉ-nw, « Regarde ! »), que je propose avec prudence (voir CDD N, 2004, p. 30), ne correspond à aucun anthroponyme connu. Le nom PꜢ-dỉ-N.t est enregistré au Demot. Nb., p. 316, avec notre exemple pris en compte dans Nachträge, p. 161-162. ressemble plus à ỉt-nṯr qu’à sn=f ; L. 6 : Le premier groupe de cette ligne cependant, dans la logique de l’énumération, j’ai choisi de l’interpréter comme une graphie de « son frère » : sur cette stèle, si l’évocation de chaque nouvelle « famille » débute bien par ỉt-nṯr, elle se poursuit avec le nom du titulaire mais aussi ceux de son père et de sa mère (voir également le commentaire des l. 7 et 11). Ici, ne sont mentionnés par la suite que les frères et les sœurs de Ânkhpmae fils de Toutoua (l. 5). La lecture du premier nom de cette ligne
présente une difficulté (cf. aussi
plus bas, l. 14 ) ; si l’on accepte de lire WḏꜢ-Ḥr la partie initiale, les solutions qui viennent à l’esprit pour transcrire la suite sont limitées : rsn.t, mḥn.t, voire mtn (pour ce dernier, cf. D. Devauchelle, « À la recherche d’un Apis ptolémaïque perdu ! », RdE 69 [2019], p. 83). J’opterai pour la première avec prudence en la transcrivant rsnꜢ et en m’appuyant sur une graphie de rsnꜢ.t dans le Rituel d’embaumement d’Apis, cf. K.-Th. Zauzich, « Ein vieldiskutiertes Wort im Titel des Hieros Polos der Königin
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DIDIER DEVAUCHELLE
Kleopatra III », dans W. Clarysse, A. Schoors et H. Willems (éd.), Egyptian Religion: The Last Thousand Years. Studies Dedicated to the Memory of Jan Quaegebeur Part I, (OLA 84), 1998, p. 749-750. ; il commence par le groupe Le dernier nom a été condensé en fin de ligne : ῾nḫ, sans ῾ (cf. ῾nḫ-pꜢ-mꜢe l. 4 à 8) ; on retrouve cette particularité graphique plus bas pour le nom ῾nḫ-pꜢy=f-ḥry (l. 14 et 15 : ). Peut-être avons-nous ici le même anthroponyme. L. 7 : La lecture TꜢy-ḥn=t est assurée : comparer avec Ta-ḥn=w (var. TꜢy-ḥn=w, etc.), « Celle que l’on a confiée », dans Demot. Nb., p. 1204, et Nachträge, p. 199, ainsi que G. Vittmann, « Between Grammar, Lexicography and Religion : Observations on Some Demotic Personal Names », Enchoria 24 (1997/98), p. 92. Quand le scribe passe à une nouvelle « famille », s’il s’agit de celle d’un homme, il débute son énumération par le titre ỉt-nṯr suivi du nom du titulaire de cette fonction, puis de ceux de son père et de sa mère ; s’il s’agit d’une femme, comme ici et un peu plus loin sur la même ligne, il l’introduit directement, sans intitulé, mais note bien, ensuite, les noms de ses deux parents. L’anthroponyme Ns-Nb.t-ḥw.t (Demot. Nb., p. 683) apparaît à plusieurs reprises sur les stèles ptolémaïques du Sérapéum de Memphis (IM 3355, 22, 24 et 26 ; IM 4145, 8 et 9 ; IM 4142, 17 ; IM 3341, 10 ; IM 3368, 10 et 11), mais aucun recoupement ne peut être fait avec notre stèle. Pour le nom TꜢ-ḫꜢ῾=w, cf. Demot. Nb., p. 1238, sous TꜢy-ḫꜢ῾=s (et var.), G. Vittmann, op. cit., p. 94, et M. Thirion, RdE 56 (2005), p. 185. L. 8 : Ta-rt est habituellement considéré comme une variante du plus répandu Ta-rṱ (Demot. Nb., p. 1198-1199), mais s’agit-il vraiment d’un seul et même nom ? Les deux autres exemples de cet anthroponyme dans la documentation du Sérapéum de Memphis (IM 3355, l. 19, et SN 13, l. 6) ont la même graphie qu’ici. Le groupe écrit à la fin de la ligne et qui devait indiquer la filiation entre Ta-rd et son père Ḏd-ḥr n’est pas bien conservé. Dans une situation comparable, à la l. 7, le scribe emploie une fois sꜢ.t, « fille de », une autre ta, « celle de » ; les traces sub) ne correspondent à aucune de ces deux lectures, aussi, en désespoir de sistantes ( cause, j’ai proposé d’y voir le démonstratif tꜢy, « celle de », sans conviction cependant. L. 9 : Le nom ῾nḫ-Ỉỉ-m-ḥtp (Demot. Nb., p. 98, et Nachträge, p. 136) est écrit ici avec le signe hiéroglyphique ῾nḫ en initiale, ce qui est inhabituel mais plusieurs fois attesté à l’époque romaine (voir, par exemple, Gh. Widmer, op. cit., p. 134). L. 10 : Pour le nom PꜢ-gyl, « L’étranger », cf. Demot. Nb., p. 279, et Nachträge, p. 158. L. 11 : Le scribe a ajouté le déterminatif de l’homme assis derrière Ḥr (également l. 19), ce qui est inhabituel. Il semble qu’il ait fait de même derrière tous les anthroponymes, masculins et féminins, qui ne se terminent pas par un pavois divin. À plusieurs endroits de la stèle (l. 11, 12 et 17, 2 fois), le scribe semble avoir laissé un espace blanc (□) pour indiquer une nouvelle « famille », mais pas systématiquement. , que l’on retrouve à la l. 14 ( ) et dont la lecture est L. 12 : Le nom ῾y=s assurée, a été ajouté au Demot. Nb. Nachträge, p. 136 en faisant référence à cette stèle. L. 13 : Pour mỉ-nn, voir supra la note de la l. 4. L. 14 : Le groupe qui précède WḏꜢ-Ḥr-rsnꜢ(?) (pour ce nom, voir supra la note de la . Il pourrait avoir le même sens que mỉ-nn (cf. supra la l. 6) est problématique : note de la l. 4) qui apparaît à plusieurs reprises entre les l. 13 à 17. Serait-ce une graphie plus développée de la même expression ?
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Pour le nom ῾nḫ-pꜢy=f-ḥry, cf. Demot. Nb., p. 100, et Nachträge, p. 137 qui a enregistré les exemples de cette stèle. Ḥn=w-s-(n)-nṯr(?), L. 16 : L’interprétation du matronyme à la fin de la ligne, « On l’a confiée au dieu », est hypothétique ; il apparaît également à la ligne suivante , mais dans une graphie plus compacte. La solution proposée s’appuie sur l’existence du nom masculin Ḥn=w-s-(n)-Ḏḥwty (Demot. Nb. Nachträge, p. 189 : « Ils l’ont confié à Thot »). L. 17 : Pour le nom Hnr (var. Hnṱ, Hnrṱ ; hiéroglyphe Hn-Ꜣd), cf. D. Devauchelle, dans Festschrift für Karl-Theodor Zauzich, 2004, p. 104. , peut être lu Pa-ỉn-nꜢ / Pa-Ỉn-Nw(.t), si l’on L. 19 : Le dernier anthroponyme, s’appuie sur les remarques de K.-Th. Zauzich, dans Studies Jan Quaegebeur, 1998, p. 745-750, en particulier p. 747 concernant la ligature n(w). Qu’un nom masculin soit formé sur celui de la déesse Nout, écrit, de plus, sans déterminatif divin, semble peu probable, voilà pourquoi j’ai préféré translittérer Pa-ỉn-nꜢ, mais sans considérer qu’il s’agisse d’une variante graphique de l’anthroponyme Pa-nꜢ bien attesté en démotique (Demot. Nb., p. 376-377 et Nachträge, p. 166) : en effet, ce dernier est absent de la documentation memphite, ce qui peut s’expliquer si l’on admet que Pana n’est souvent qu’une forme abrégée de Paniout, « Celui-de-la-Ville (/ de Thèbes) ». L. 20 : La tournure qui clôt cette énumération onomastique, « Elles sont louées pour l’éternité, elles sont rajeunies à jamais, les personnes dont j’ai dit le nom alors qu’elles sont mortes », n’a pas de parallèle connu sur les stèles du Sérapéum. L. 21-22 : Ce genre de bénédiction se rencontre sur plusieurs stèles d’Apis et de Mères d’Apis, voir H. S. Smith, C. A. R. Andrews, S. Davies, The Sacred Animal Necropolis at North Saqqara: The Mother of Apis Inscriptions (EES Texts from Excavations 14), 2011, p. 250-252 ; ainsi que le soulignent les auteurs, la formulation, qui se caractérise par l’emploi du verbe sm, « saluer, prier, invoquer » – traduit ici par « rendre hommage » –, « is the most versatile of the formulae used in the Mother of Apis inscriptions, most examples showing individual variation ». Cette remarque se vérifie aussi dans la documentation concernant le taureau Apis : il est parfois difficile de distinguer entre l’« hommage » rendu au dieu par les personnes dont le nom est écrit sur la stèle et entre celui fait par d’éventuels lecteurs du texte. La mention du travail du scribe qui a rédigé l’inscription (pꜢ ỉ-ỉr-sẖ=w) est plus rare : comparer avec H. S. Smith, C. A. R. Andrews, S. Davies, op. cit., p. 251, et V. Laurent, Gh. Widmer, « Une stèle démotique anciennement découverte à Tell el-Maskhouta (Genève, Musée d’art et d’histoire, inv. A 2009-2) », BSEG 29 (2011-2013), p. 90 (w). On notera que les pronoms à la troisième personne du pluriel renvoient à la fois aux noms et aux personnes qui les portent, c’est-à-dire à ce qui est inscrit sur la stèle. L. 22-23 : comme il a été rappelé en introduction à cet article (voir supra p. 157 et n. 1 à 4), ce sont les deux dernières lignes de cette stèle qui ont focalisé l’attention des historiens. Je me permettrai d’apporter quelques compléments de lecture (par exemple, dans la translittération de W. Clarysse, ajouter tꜢ devant Pr-῾Ꜣ ῾.w.s.(.t) et ṱ derrière ḏd). Pour la date , je préfère la lecture šmw à pr.t, ce qui repousse la rédaction de la stèle de quelques mois : elle remonterait donc à l’an 15 qui correspond à l’an 12, mois de Payni, jour 6, du règne conjoint de Cléopâtre III et de Ptolémée X Alexandre Ier (20 juin 102 av. J.-C.). La proposition finale, a été lue ỉw=f ḥr mtkt (n) Pr-ỉr-Ỉmn ; je proposerais plutôt : ỉw=f wꜢḥ mtgṱ (n) Pr-ỉr-Ỉmn : « alors qu’il dresse un camp à Péluse » ; pour l’expression wꜢḥ mtgṱ, cf. CDD M, 2010, 298.
QUI SONT-« ILS » ? L’ENFANT NOUVEAU-NÉ COMME ENJEU DIVIN À LA LUMIÈRE DE CERTAINS ANTHROPONYMES D’ÉPOQUE TARDIVE1
Philippe COLLOMBERT Université de Genève
INTRODUCTION (§ 1-9) Les temps grammaticaux employés (§ 3-5) Le pronom =w : « on » et passif ? (§ 6-8) Graphies défectives dans les anthroponymes (§ 9) LES NOMS FORMÉS SUR DNJ.T (§ 10-17) ṯꜢy=w-tꜢy=w-dnj.t (§ 10-14) Noms en (tꜢ)-dnj.t-(n.t)-ND (§ 15-17) LES AUTRES NOMS (§ 18-56) Noms en ṯꜢy (§ 18) Traduction et interprétation (§ 19) Noms en thj (§ 20) Traduction et interprétation (§ 21) ḏd-ḥr-bn-jw=w-th.t=f (§ 22) ḏd-bꜢst.t-m-jr-thj=f (§ 23) ḏd-bꜢst.t-m-thj (§ 24) Autres noms en ḏd-bꜢst.t (§ 25) Noms en nḫt (§ 26) Traduction et interprétation (§ 27) Noms en ḥwr῾ (§ 28) Traduction et interprétation (§ 29) Noms en qb῾ (§ 30) Traduction et interprétation (§ 31) Noms en ḥdb (§ 32) Traduction et interprétation (§ 33) Noms en hn (§ 34) Traduction et interprétation (§ 35) Noms en ḫꜢ῾ (§ 36-38) Traduction et interprétation (§ 39) Noms en Ꜣḫ (§ 40) Traduction et interprétation (§ 41) jr.t=Ḥr-r=w (§ 42) 1 Je remercie L. Coulon pour sa libérale autorisation de consultation du fichier des anthroponymes théophores et topophores, de M. Thirion, conservé aux archives du Centre Wladimir Golenischeff (Archives M. Thirion © Centre Wladimir Golenischeff, EPHE, PSL), ainsi que R. Meffre et D. Devauchelle, qui ont mis une partie de leur documentation à ma disposition.
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Autres divinités avec jr.t (§ 43) jr.t=w-r=w et tꜢy=w-jr.t-r=w (§ 44) Traduction et interprétation (§ 45) jr.ty(=w)-rṯ (§ 46) Traduction et interprétation (§ 47) jr.t=w- ?? (§ 48) Noms en sj : sj-jr.t=w, sj-ḥꜢty=w, sj-pꜢ-mwt (§ 49) Traduction et interprétation (§ 50) Noms en r=w (§ 51) Un nom étrange (§ 52) dj-ND-(r)-jwd=w (§ 53) bnpw=w-wḫꜢ=f (§ 54) dj=w-sw-n-mwt (§ 55) wḏꜢ=f-r=w (§ 56) SYNTHÈSE (§ 57-69) Partage entre mort et vie (§ 58-62) L’œil (§ 63) Temps grammaticaux et temporalité (§ 64) Les verbes employés (§ 65) Parallèles textuels (§ 66) Les Oracular Amuletic Decrees (§ 67) Qui sont-« ils » ? Les entités divines derrière le pronom =w (§ 68-69)
INTRODUCTION § 1. Dans plusieurs formations onomastiques d’époque tardive est employé le pronom suffixe =w, « ils, eux »2. Il apparaît le plus souvent dans certains noms imprécatoires, du type jr.t-ḥr-r-r=w, « L’œil-d’Horus-est-contre-eux ! » ; ṯꜢy-ND-jm=w, « Que-ND-s’empare-d’eux »3 ; nḫt-ND-r=w, « Que-ND-soitpuissant-contre-eux », etc. Dans une courte notice consacrée au nom propre Inaros, jr.t-ḥr-r-r=w, « L’œil-d’Horus-est-contre-eux ! », W. Spiegelberg avait supposé que ce pronom =w, « eux » se rapportait dans ce type de construction aux ennemis de la personne nommée4.
2 L’utilisation du pronom personnel =sn dans les anthroponymes est attesté aux époques antérieures, mais le référent reste dans tous ces exemples assez difficile à identifier, et probablement souvent différent (voir H. G. Fischer, RdE 24 [1972], p. 64-71). On n’en a donc pas tenu compte dans cet exposé, d’autant qu’il ne semble pas référer aux mêmes conceptions que celles qui entrent en jeu ici. 3 Il s’agit de la traduction acceptée de l’anthroponyme, voir infra, § 19 pour une nouvelle proposition de traduction. Dans notre article, l’abréviation « ND » (= « Nom de Divinité ») remplace le nom de la divinité quel qu’il soit, employé dans l’anthroponyme. 4 W. Spiegelberg, « Der Name Inaros in ägyptischen Texten (Demotische Miscellen XXXVI) », RecTrav 28 (1906), p. 199.
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Un peu plus tard, lors d’une conférence présentée devant la Fondation Égyptologique Reine Elisabeth et reproduite dans la Chronique d’Égypte, H. Ranke était revenu sur cette interprétation. Il pensait que le pronom concernait des « adversaires qui pourraient nuire à l’enfant (…) – sans que je puisse dire exactement qui étaient ces adversaires (des démons peut-être ?) qui menaçaient l’enfant »5. Consacrant un article spécifique à cette question, M. Guentch-Ogloueff avait, dans une longue argumentation, rejeté les deux hypothèses précédentes, pour conclure que le pronom référait en fait aux « envahisseurs étrangers qui, dans tout le cours de la basse époque, ont asservi et rançonné l’Égypte » et proposait de « voir dans les noms imprécatoires tout simplement des noms insurrectionnels »6. Tant dans un article en partie consacré au sujet que dans le Tome II de son Personennamen, H. Ranke s’était finalement rangé pour l’essentiel à l’avis de M. Guentch-Ogloueff7.
5 H. Ranke, « Les noms propres égyptiens », CdE 11 (1936), p. 317. Dans son article « Grundsätzliches zum Verständnis der ägyptischen Personennamen in Satzform », Sitz. Heidelberg Akad. Wiss, 1936/37, 1937, p. 27-28, H. Ranke les désigne seulement comme des « Feinde des betreffenden Gottes ». 6 Abrégé dans M. Guentch-Ogloueff, « Noms propres imprécatoires », dans Atti del XIX Congresso internazionale degli Orientalisti: Roma, 23-29 settembre 1935-XIII, 1938, p. 139-145, l’article est publié in extenso dans M. Guentch-Ogloueff, « Noms propres imprécatoires », BIFAO 40 (1941), p. 117-133. L’autre formation onomastique à connotation politico-historique jn-jmn-nꜢy=f-nbw, « Qu’Amon-amène-ses-maîtres » qu’avait voulu identifier M. GuentchOgloueff dans le même article (suivie par H. Ranke, MDAIK 12 [1943], p. 133, n. 1 ; id., « Altägyptische Personennamen juristischen und politischen Inhalts », dans E. Falkenberg (éd.), Beiträge zur Kultur- und Rechtsphilosophie [Festschrift Gustav Radbruch], 1948, p. 248-249), et qu’elle interprétait comme faisant « allusion aux bannissements politiques attestés pour la XXIIe dynastie », a fait l’objet d’une recherche récente par M. Thirion (« ỉn-ỉmn-nꜢy.f-nbw «Un nom qui mérite une recherche» », dans Chr. Zivie-Coche, I. Guermeur (éd.), « Parcourir l’éternité ». Hommages à Jean Yoyotte (BEHE-SR 156), 2012, p. 991-1006. Ajouter G. Vittmann, dans C. J. Martin, Fr. A. J. Hoogendijk, K. Donker van Heel (éd.), Hieratic, Demotic and Greek Studies and Text Editions. Of Making Many Books There Is No End: Festschrift in Honour of Sven P. Vleeming [PLBat 34], 2018, p. 91). Confirmant les soupçons de A. Leahy, RdE 34 (1982/1983), p. 83 n. q) et J. Yoyotte, CRIPEL 11 (1989), p. 123, il ressort de cette étude poussée que rien ne vient appuyer l’hypothèse de M. Guentch-Ogloueff. Au contraire, M. Thirion penche pour identifier les « maîtres » à des génies protecteurs. L’existence d’un anthroponyme tel que nꜢy=f-nb.w-nḫt.w, « Ses-maîtres-sont-puissants » (PN I, 170, 21 ; M. Thirion, op. cit., p. 10041005), employant le même verbe nḫt que dans certains des anthroponymes cités ici, va tout à fait dans ce sens (les autres emplois des nb.w, « maîtres » dans l’onomastique recensés par M. Thirion, loc. cit. s’accordent eux aussi avec cette interprétation ). Il serait aussi loisible de rapprocher ce nom de la formule attestée dans certains Oracular Amuletic Decrees, où les divinités promettent d’ « amener (jn) Amon (ou autre divinité) en son temps » à la personne. I. E. S. Edwards se demande s’il s’agit d’une allusion à un oracle (I. E. S. Edwards, Oracular Amuletic Decrees of the Late New Kingdom [HPBM IV], 1960, p. 11 n. 32 ; voir encore Y. Koenig, BIFAO 118 [2018], p. 236, n. 23). 7 H. Ranke, dans E. Falkenberg (éd.), op. cit., p. 244-250 ; id., PN II, p. 224. Il restait cependant dubitatif concernant les noms construits avec les verbes thj, ḥwr῾ et ḥdb, pour lesquels la traduction proposée par M. Guentch-Ogloueff lui semblait sujette à caution.
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Cette opinion s’est depuis généralisée et a été adoptée, quoiqu’avec un degré d’adhésion variable, par la majorité des auteurs8. Dans un article récent, K. Jansen-Winkeln est cependant revenu sur cette hypothèse pour en rejeter les conclusions, et en revenir à l’interprétation envisagée initialement par H. Ranke – celle d’une allusion à certains démons malfaisants –, sans cependant fournir d’arguments supplémentaires en faveur de cette théorie9. De fait, que le nom de l’enfant nouveau-né serve d’étendard aux convictions politiques des parents paraîtrait pour le moins surprenant ; la proposition d’explication initiale d’H. Ranke était certainement la bonne, comme l’intuition le laissait déjà supposer10. C’est ce que je me propose de confirmer ici, par une étude plus complète du phénomène et en produisant des éléments que j’espère plus concluants. Cette étude d’ensemble permet par ailleurs, me semble-t-il, de mettre en évidence une conception nataliste des anciens Égyptiens, en incluant aussi d’autres anthroponymes relatifs à la même conception mais n’employant pas nécessairement ce pronom =w. C’est un plaisir de présenter cette étude au récipiendaire de ces Mélanges. Ses cours dispensés à l’École du Louvre furent et restent pour moi des modèles de méthode et des moments de pur bonheur, et ses savants écrits, une source d’inspiration et d’admiration. 8 Voir par exemple H. te Velde, Seth, God of Confusion (PdÄ 6), 1967, p. 144 ; P. Vernus, LÄ IV, col. 329, s.v. « Namengebung » ; E. Feucht, Das Kind im Alten Ägypten, 1995, p. 112 ; G. Vittmann, « Personal Names: Function and Significance », UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2013, p. 7-8 ; K. Scheele-Schweitzer, Die Personnennamen des Alten Reiches. Altägyptische Onomastik unter lexicographischen und sozio-kulturellen Aspekten (Philippika 28), 2014, p. 131 ; A. Marshall, Maternité et petite enfance en Égypte ancienne, 2015, p. 139. Plus circonspects : J. Vergote, Les noms propres du P. Bruxelles inv. E 7616. Essai d’interprétation (PLBat 7), 1954, p. 21 (« selon certains auteurs ») ; Y. Koenig, dans P. Kousoulis, K. Magliveras (éd.), Moving across the Borders: Foreign Relations and Cultural Interactions in the Ancient Mediterranean World (OLA 159), 2007, p. 231 n. 45 (« perhaps against foreigners »). Beaucoup plus sceptiques : D. M. Lewis, Historia: Zeitschrift für Alte Geschichte 7 (1958), p. 395 n. 14 (« no more than an untested hypothesis ») ; J. Yoyotte, CRIPEL 11 (1989), p. 123 n. 62, selon qui « la brillante idée que les noms imprécatoires dirigés contre «eux» cachent un sous-entendu politique (…) ne peut être retenue comme une donnée de fait. Ces «Eux» pourraient aussi bien être les «démons», massacreurs divins et autres ‘afârît menaçant la mère et l’enfant » ; B. Bohleke, JEA 83 (1997), p. 165 n. 43, qui établit un lien avec les Oracular Amuletic Decrees. Et tout dernièrement A. Leahy, dans A. R. Warfe, C. R. Gill, C. R. Hamilton, A. J. Pettman, D. A. Stewart (éd.), Dust, Demons and Pots. Studies in Honour of Colin A. Hope (OLA 289), 2020, p. 454, selon qui le =w « must refer to the various demons who were believed to constitute a daily threat rather than to foreigners, who were a remote factor for most Egyptians most of the time ». 9 K. Jansen-Winkeln, « Zum Wandel der Personennamen von der Ramessidenzeit zur Spätzeit », dans H. Franzmeier, T. Rehren, R. Schulz (éd.), Mit archäologischen Schichten Geschichte schreiben. Festschrift für Edgar B. Pusch zum 70. Geburtstag (Forschungen in der Ramses-Stadt 10), 2016, p. 196-197. Voir aussi la même interprétation proposée ailleurs comme allant de soi, mais sans s’y arrêter, par H. Ranke (!) (voir infra, n. 316) et J. Quaegebeur (voir infra, n. 118). 10 Rappelons ici l’importance de l’axiome de G. Vittmann, Enchoria 24 (1997/1998), p. 96 : « whenever a personal name may be explained on a religious and theological level, one should give this explanation absolute priority ».
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§ 2. Il convient de revenir rapidement sur les arguments formulés à l’appui ou en réfutation des deux théories dominantes « noms à caractère politique (insurrectionnel) » (Guentch-Ogloueff ; Ranke 2e version) vs « noms à caractère religieux (conjuratoire) » (Ranke 1re version ; Jansen-Winkeln)11. Pour M. Guentch-Ogloueff, ce pronom suffixe ne pouvait désigner des entités divines malfaisantes car « le sens de certains noms imprécatoires oblige à rejeter cette interprétation séduisante » : comment pourrait-il être question, selon elle, d’une éventuelle défaite d’Horus ou d’un autre dieu majeur (« Ilsne-vaincront-pas-Horus ») ? Par ailleurs, des dieux tel que Bès ou Taouret, habituellement appelés au secours du nouveau-né contre les esprits malfaisants, ne sont jamais mentionnés dans ces noms comme protecteurs12. Et comment expliquer, dans un contexte magique, où l’on connaît toute l’importance du nom, que ne soient justement pas nommés les dieux à combattre ?13 Le fait de ne pas nommer les adversaires ne pourrait donc, selon elle, que faire référence à des individus dont on devait taire le nom par crainte de représailles bien réelles : les rois étrangers, au pouvoir en Égypte au moment où ces formations anthroponymiques se développèrent. Il s’agirait donc de noms à caractère politique, voire « révolutionnaires ». Les arguments de M. Guentch-Ogloueff ont été dernièrement rejetés par K. Jansen-Winkeln, qui explique l’absence de mention du nom des divinités hostiles par la multiplicité de ces êtres potentiellement dangereux (on y reviendra plus loin). Quant à l’existence de noms tels que bn-jw=w-thj-ḥr, « Ils-nevaincront-pas-Horus », pouvant difficilement référer à des dieux en effet invincibles, il l’explique par le fait que le verbe ne s’appliquait probablement pas directement à la divinité elle-même mais au secours que celle-ci pouvait apporter. De son côté, K. Jansen-Winkeln a souligné l’étrangeté que représenterait la persistance de noms hostiles aux pharaons étrangers après des siècles de domination, et plus encore, sous la XXVIe dynastie bien égyptienne, période de grande fréquence de ces noms14. On pourrait cependant rétorquer que ces noms avaient perduré pendant ces époques par simple habitude de nommer un fils comme son grand-père (paponymie)15.
11 La théorie d’une référence aux ennemis (personnels) du porteur du nom, proposée initialement par W. Spiegelberg, op. cit., p. 199, semble avoir été peu suivie (voir cependant P. Vernus, op. cit., col. 329 n. 43 et G. Vittmann, op. cit., p. 8) et reste tout aussi peu démontrée que les deux autres thèses (voir les arguments présentés par M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 124-125 contre cette hypothèse et infra, § 69). 12 Voir infra, § 60 sur cette question. 13 Voir infra, § 68 sur cette question. 14 On ajoutera que la présence du nom ṯꜢy-jmn-jm=w dès la fin de la XXe dynastie (voir infra, § 18) s’accorde aussi mal avec cette théorie. 15 Voir par exemple la longue généalogie présentée par la statue JE 37880, dans laquelle le noms bw-jr=tw-ḥwr῾ est attesté sur plusieurs générations (Fr. Payraudeau, RdE 64 [2013], p. 76).
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Quant à la célèbre stèle de Hanovre, dont l’interprétation est une des pierres angulaires de la démonstration de M. Guentch-Ogloueff, elle a ensuite fait l’objet d’une nouvelle étude par Ph. Derchain qui montrait, à tout le moins, que l’interprétation proposée par la savante française n’était pas la plus probable16. À lire les arguments produits par les uns et les autres pour ou contre chacune des deux thèses, on constate surtout qu’aucun de ceux-ci n’est, en soi, absolument décisif ou irréfutable ; bref, chacune de ces théories relève actuellement plus du domaine de l’opinion que de la preuve17. Par ailleurs, certains des arguments invoqués reposent sur des traductions erronées, ou à tout le moins approximatives, de ces noms, tant dans la définition des verbes employés que dans leur analyse temporelle. Il convient donc de reprendre l’ensemble du dossier. § 3. Les temps grammaticaux employés Plusieurs de ces noms imprécatoires sont construits avec des formes verbales de l’Égyptien de la seconde phase à la temporalité bien caractérisée, mais qui n’ont souvent pas été correctement analysées par les commentateurs. Leur attribuer leur valeur temporelle précise est cependant fondamental pour retrouver la signification de ces anthroponymes. Pour les formes verbales négatives, on trouve employés le futur III négatif (bn jw=f (r) sḏm), l’aoriste négatif (forme récente bw-jrj=f sḏm et peut-être aussi forme ancienne bw sḏm=f dans le nom bw-thj-jmn, attesté au Nouvel Empire) et le perfectif négatif (bn-pw=f sḏm démotique). On notera que plusieurs de ces formes peuvent être employées concurremment dans une même formation onomastique18. § 4. Les formes positives sḏm=f sont d’interprétation plus délicate. On peut les comprendre comme des sḏm=f prospectifs à valeur imprécatoire, comme dans ṯꜢy-ND-jm=w, « Que-ND-s’empare-d’eux » (c’est du moins la traduction adoptée par la majorité des commentateurs pour ce nom)19. Le sḏm=f
16 Ph. Derchain, RdE 16 (1964), p. 19-23. Voir encore L. Kakosy, LÄ III, 116, s.v. « Magische Stelen » ; N. Fiedler, Sprüche gegen Seth. Bemerkungen zu drei späten Tempelritualen (Inauguraldissertation zur Erlangung der Doktorwürde vorgelegt der Philosophischen Fakultät der Universität Heidelberg), 2011, p. 408-432. 17 On notera que l’explication historiographique de la théorie de M. Guentch-Ogloueff proposée par K. Jansen-Winkeln, op. cit., p. 197, qui établit un lien entre l’origine de l’idée de noms imprécatoires dirigés contre l’occupant étranger et la date de publication de l’article (1941) paraît peu plausible puisque cette hypothèse avait fait l’objet d’une communication au Congrès international des Orientalistes à Rome dès 1935 (voir supra, n. 6). En revanche, je me demande si l’occupation allemande de pays étrangers pendant la seconde guerre mondiale n’a pas eu une incidence sur l’acceptation de cette théorie par H. Ranke en 1948. 18 Voir infra, § 20 et § 30. 19 Voir infra, § 19 sur la nouvelle interprétation proposée ici pour ce nom.
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prospectif est certes encore utilisé en néo-égyptien et en démotique20, même s’il a tendance diachroniquement à perdre du terrain face au futur III, qui le remplace dans plusieurs de ses emplois21. Cependant, en Égyptien de la seconde phase, le sḏm=f est le plus souvent la marque du perfectif. Or, on a vu que plusieurs de nos formations onomastiques emploient d’indubitables perfectifs négatifs. De même, c’est l’analyse par un sḏm=f perfectif qui a été adoptée par tous, avec de bonnes raisons, pour la formation ḫꜢw=w-se-n-ND et variantes, « Ils-l’ont-laissé(e)-à-ND », compte tenu de sa connexion avec la forme pꜢ/ tꜢ-ḫꜢ῾=w-(se), de temporalité nécessairement passée. On en conclura que derrière plusieurs autres de nos formes sḏm=f peuvent aussi se cacher des perfectifs ; on verra que cette perspective permet de considérer plusieurs anthroponymes sous un jour nouveau. § 5. Les adjectifs-verbes, exprimant une qualité inhérente au sujet, seront quant à eux avantageusement traduits dans nos anthroponymes par un présent de vérité générale22. Il en va de même des propositions à prédicat adverbial, qui sont de simples prédications de situation, sans valeur temporelle intrinsèque. § 6. Le pronom =w : « on » et passif ? Lorsque le pronom suffixe =w est utilisé derrière une préposition dans certains des anthroponymes étudiés ici (du type jr.t-ḥr-r=w, ṯꜢy-ND-jm=w, etc.), il ne saurait être traité comme un pronom impersonnel, et il renvoie donc nécessairement à un référent qui devait être explicite pour celui qui l’employait. Cependant, dans plusieurs autres noms traités ici, ce suffixe =w est le sujet de certaines formes verbales et pourrait alors être interprété comme le pronom à valeur impersonnelle (« on »), qui tend à remplacer le pronom =tw et en vient, à partir de la Troisième Période intermédiaire en Égyptien de la seconde phase, à remplacer les anciennes formes passives23.
20
Voir J. H. Johnson, The Demotic Verbal System (SAOC 38), 1976, p. 218-222 ; A. G. Migahid, G. Vittmann, RdE 54 (2003), p. 51 n. n. 21 Voir J. H. Johnson, op. cit., p. 162-163 ; P. Vernus, Future at Issue. Tense, Mood and Aspect in Middle Egyptian: Studies in Egyptian Syntax and Semantics (YES 4), 1990, p. 15 ; J. Quaegebeur, dans E. Boswinkel, P. W. Pestman (éd.), Textes grecs, démotiques et bilingues (PLBat. 19), 1978, p. 252-253. 22 Voir P. Vernus, CdE 52 (1977), p. 290, qui s’oppose à la traduction par une forme prospective proposée par J. Quaegebeur, Le dieu égyptien Shaï dans la religion et l’onomastique (OLA 2), 1975, p. 217 et infra, n. 172. 23 Attesté depuis Ounamon et Amenemopé (voir A. Erman, Neuägyptische Grammatik, 1933, § 269, p. 125) ; courant ensuite en démotique et copte. Voir E. Edel, « Die Herkunft des neuägyptisch-koptischen Personalsuffixes der 3. Person Plural -w », ZÄS 84 (1959), p. 17-38 ; A. Stauder, dans E. Grossman, M. Haspelmath, T. S. Richter (éd.), Egyptian-Coptic Linguistics in Typological Perspective (EALT 55), 2015, p. 522-527 ; id., The Earlier Egyptian Passive: Voice and Perspective (Lingua Aegyptia Studia Monographica 14), 2014, p. 403, sur l’origine et l’évolution de l’emploi de ce pronom =w. Voir aussi infra, § 68.
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De fait, certains noms propres d’époque tardive emploient clairement le pronom =w dans cette fonction. Ainsi, par exemple, dans un nom comme pꜢ-dbḥ=w-n-bꜢst.t (PN I, 126, 17), le =w est avantageusement traduit par un passif (« Celui-qui-a-été-demandé-à-Bastet »), tout en référant aux parents24. De même, dans les formations du type gm=w-ḥp, « Ils-ont-trouvé-Apis »25 ou ῾r=w-ḥp-r-mn-nfr, « Ils-ont-apporté-Apis-à-Memphis »26, le pronom suffixe =w n’a vraisemblablement pas de référent explicite et peut donc aussi être traduit par un passif en français (« Apis-a-été-trouvé » et « Apis-a-été-apportéà-Memphis ») ou avec le pronom indéfini (« On-a-trouvé-Apis » et « On-aapporté-Apis-à-Memphis »)27. Ces derniers noms étant souvent écrits sans le suffixe =w, dans les graphies tant hiéroglyphiques que démotiques, il est cependant possible que la forme doive être interprétée comme un sḏm=f passif initial, qui aurait parfois été grammaticalement réactualisé avec le =w du « passif »28, mais il pourrait aussi s’agir d’une graphie abrégée. § 7. Quoi qu’il en soit, ces noms ressortissent à une Namengebung sans rapport direct avec le sujet abordé ici. Au contraire, les noms « imprécatoires » qui font l’objet de cet article relèvent tous d’une thématique commune, identifiable tant dans leur forme que dans leur objet. Il paraît donc logique de postuler que, dans tous ces noms employant le pronom =w, tant derrière une préposition que comme sujet d’une forme verbale, ce pronom =w a toujours le même référent. Ce pourrait théoriquement ne pas être le cas, mais les contextes semblent cependant assez similaires pour l’envisager. On verra que cette prémisse donne à l’ensemble de nos exemples une cohérence d’interprétation qui peut difficilement être fortuite et vient même conforter celle-ci. § 8. Pour autant, dans certains des anthroponymes traités ici, une traduction par un passif ferait aussi sens (ḫꜢ῾=w-se-n-ND, etc.)29. Cette interprétation semblerait même corroborée par l’existence du nom bw-jr=tw-ḥwr῾, 24 Voir G. Vittmann, Enchoria 24 (1997/1998), p. 94 n. ζ, qui traduit cependant par « He for whom they have entreated Bastet » ; W. Spiegelberg, RecTrav 35 (1913), p. 44 n. 2 traduit le =w par « man » pour les noms de ce type. 25 PN I, 351, 6 ; PN II, 394 ; DemNam I, 1024. 26 PN I, 70, 16 ; DemNam I, p. 106 ; M. Thirion, RdE 55 (2004), p. 151-152 (corriger la référence à D. Devauchelle, CdE 65 [1990], p. 248). 27 Voir W. Spiegelberg, ZÄS 59 (1924), p. 138 sur la signification de ces noms. Il en existe plusieurs autres du même acabit. 28 Le nom est écrit ῾r-ḥp-(r-)mn-nfr dans le dictionnaire démotique des noms propres et son éditeur K.-Th. Zauzich pense qu’il s’agit de l’orthographe régulière (K.-Th. Zauzich, dans P. J. Frandsen, K. Ryholt [éd.], The Carlsberg Papyri 3. A Miscellany of Demotic Texts and Studies [CNI Publications 22], 2000, p. 38 et 48 [no 157]). Voir cependant la transcription araméenne du nom gm=w ḥp, qui semble bien attester de la présence du =w (G. Vittmann, dans M. P. Streck, St. Weninger [éd.], Altorientalische und semitische Onomastik [AOAT 296], 2002, p. 103). 29 Voir aussi infra, § 20 sur le nom bw-thj-ND et les autres anthroponymes du Nouvel Empire sur le même modèle.
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(avec variantes graphiques , et tout à fait explicites30), avec sujet impersonnel =tw de l’Égyptien de la première phase, qui entre en distribution supplémentaire avec les formes bw-jr=w-ḥwr῾-(ND). La traduction devrait dès lors être « On-ne-peut-voler-(ND) ». Cependant, d’une part, on notera que cette variation entre des formes en =w et des formes en =tw est attestée uniquement jusqu’à présent dans cette formation onomastique spécifique avec ḥwr῾. Par ailleurs, ce pronom =tw impersonnel peut tout à fait être compris comme une allusion voilée aux êtres malfaisants qui en sont les auteurs. À tout le moins, cette phrase devait résonner avec des conceptions transparentes pour l’énonciateur, si ce n’est pour nous. Comme on le verra, ce pronom renvoyant à des êtres divins maléfiques, la circonvolution que représentait une désignation par un simple pronom, à valeur originellement et encore souvent impersonnelle, était par ailleurs particulièrement indiquée : cela permettait de désigner, mais sans y insister, les agents de l’action31. § 9. Graphies défectives dans les anthroponymes La difficulté de l’exercice de démonstration tient aussi aux graphies défectives, d’un emploi particulièrement fréquent dans les anthroponymes32. On sait que le nom propre, initialement le plus souvent sémantiquement motivé en égyptien, est plus sujet à la désémantisation que la phrase dans laquelle il s’origine lorsque cette dernière est employée dans un contexte discursif. Cette désémantisation se manifeste dans deux directions principales : – une tendance à employer une écriture plus phonétique, prenant par exemple moins en compte les graphies grammaticalement correctes et plus le simple son, la musique que rendait le nom à l’oral33. Cette tendance favorise par ailleurs d’autres évolutions phonétiques qui sont à leur tour intégrées dans la graphie du nom, rendant celui-ci toujours plus opaque. Il est ainsi probable que le « pronom » =w employé dans certains noms propres ne soit en fait qu’une notation phonétique, sans fonction grammaticale, quoique peutêtre ainsi réinterprété parfois, dans un second temps. – une tendance à escamoter certains lexèmes nécessaires de la phrase d’origine34 ; le nom se trouve ainsi abrégé, par suppression, assez fréquemment, du nom 30
Voir infra, § 28. Voir infra, § 68. 32 Voir surtout J. Quaegebeur, dans S. P. Vleeming (éd.), Aspects of Demotic Lexicography (Studia Demotica 1), 1987, p. 75-84 = W. Clarysse, A. I. Blasco Torres (éd.), Egyptian Language in Greek Sources. Scripta Onomastica of Jan Quaegebeur (OLA 280), 2019, p. 181-190 sur cet aspect. 31
33
Telle par exemple la graphie
(PN II, 310, 8) pour écrire le plus grammaticalement
(PN I, 67, 9 ; II, 347 ; DemNam I, 100), grec Χαπο(ν)χωνσις (J. Quack, correct GM 123 [1991], p. 94-96 ; voir aussi H. De Meulenaere, BMRAH 61 [1990], p. 70 n. d). 34 Voir PN II, 95-171 ; P. Vernus, LÄ IV, 334 ; G. Vittmann, « Personal Names: Structures and Patterns », UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2013, p. 7.
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de la divinité, quelle que soit la position de celui-ci dans le segment35; le pronom =w qui nous intéresse particulièrement ici est lui aussi fréquemment omis. La phrase originelle devient dès lors syntaxiquement bancale. Enfin, ces deux tendances peuvent s’additionner, pour rendre le sens initial du nom propre encore plus opaque pour nous, comme pour les contemporains parfois. Cette déperdition du sens originel pouvait ainsi conduire à une réinterprétation de l’ensemble par les Égyptiens eux-mêmes36. Compte tenu de ces difficultés, et des possibles écueils auxquels elles peuvent mener, on écartera ici, pour assurer notre démonstration, toute une série de noms propres (essentiellement démotiques) comprenant un suffixe =w mais dont l’interprétation est trop incertaine, en raison notamment de leur brièveté37. Certains se révèleront cependant peut-être un jour concerner la thématique ici traitée38. Nous nous sommes appuyés ici sur les seuls anthroponymes dont la longueur et la complexité syntaxique permettent d’assurer la signification. C’est un anthroponyme non répertorié par H. Ranke qui va nous permettre d’identifier certaines des entités qui se cachent derrière le pronom =w et nous révéler par la même occasion, me semble-t-il, une conception nataliste égyptienne ignorée. LES NOMS FORMÉS SUR dnj.t § 10. ṯꜢy=w-tꜢy=w-dnj.t L’anthroponyme ṯꜢy=w-tꜢy=w-dnj.t est attesté avec graphies pleines explicites )39 qu’en démotique40. Les aussi bien en hiératique anormal ( pronoms =w qu’on rencontre par deux fois dans le nom peuvent – ou non – renvoyer au même référent, ce qui ne facilite pas l’interprétation de l’anthro-
35
Voir les nombreux exemples traités dans les pages suivantes. Voir l’exemple récemment mis en lumière par M. Claude, RdE 68 (2017-2018), p. 217-221. 37 Par exemple, les formations du type pa (ou pꜢj) + verbe + =w (étudiées par G. Vittmann, Enchoria 24 [1997/1998], p. 91-95), très elliptiques, et d’une interprétation très délicate (voir aussi G. Jennes, M. Depauw, CdE 87 [2012], p. 116-117 et 123 pour pꜢ-dj=w), mais qui ne peuvent en tout cas être interprétées comme des noms imprécatoires ; le pronom =w qui y apparaît ne nous concerne donc pas ici. Même chose probablement pour les noms du type hrj=w (PN I, 230, 7 et 27 ; DemNam I, 746-747), etc. 38 Voir par exemple l’intéressant mais énigmatique ῾n=w-ṯꜢy (PN I, 62, 7 et 11 et XX ; DemNam I, 97) et certains anthroponymes débutant par sṯꜢ=w. 39 P. BM 10432, 3 (voir G. R. Hughes, Saite Demotic Land Leases [SAOC 28], 1952, p. 14 n. h = JWIS IV, p. 566, no 57.299). Sur le personnage et ses attestations, voir K. Donker van Heel, Abnormal Hieratic and Early Demotic Texts Collected by the Theban Choachytes in the Reign of Amasis, 1995, p. 28. 40 DemNam I, 1348 (P. Louvre 7128, 1 = M. Malinine, Choix de textes juridiques en hiératique anormal et en démotique I, 1953, p. 86-87 [doc. 11] ; P. Louvre 7845, 2 = G. R. Hughes, op. cit., p. 28 = M. Malinine, RdE 8 [1951], p. 135 = K. Donker van Heel, op. cit., p. 108). 36
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ponyme ; la solution a priori la plus simple est cependant de considérer qu’il s’agit bien du même référent ; le pronom =w accolé au verbe doit donc ici nécessairement renvoyer à un sujet identifiable et ne peut être traduit par un passif. Par ailleurs, la forme sḏm=f employée est susceptible d’être interprétée comme une forme de prospectif ou de perfectif. C’est cette dernière solution qui a été préférée par la plupart des commentateurs, qui traduisent le nom par « Ils-ont-pris-leur-part »41 ; c’est aussi la solution que nous préconisons, compte tenu de notre interprétation générale de ces noms (voir infra). § 11. Cet anthroponyme ṯꜢy=w-tꜢy=w-dnj.t est aussi attesté en hiéroglyphes, mais il n’a en revanche pas toujours été bien reconnu dans ces exemples42, en raison notamment de graphies abrégées et de l’écriture fluctuante du mot dnj.t, 43 « part », écrit bien sûr parfois , mais aussi , voire . H. de Meu44 lenaere avait réuni une série d’exemples hiéroglyphiques du nom, mais sans toutefois proposer d’interprétation (le qualifiant de « nom étrange »). La gra-
attestée sur la stèle Louvre IM 282145 permet phie pleine cependant d’assurer tant la lecture que l’interprétation. On doit peut-être ratta46 cher à cette formation onomastique l’anthroponyme , qu’il semble possible de transcrire tꜢy=w-dj et de comprendre comme une forme abrégée du
nom, avec encore une nouvelle graphie « phonétique » dnj.t, « part ».
pour écrire le mot
§ 12. Or, un passage encore en partie inédit de la sagesse démotique du Papyrus Insinger fait un emploi de l’expression ṯꜢy tꜢy=w dnj.t, « prendre leur part, leur portion » qui pourrait renvoyer au même contexte d’emploi que celui de ces noms imprécatoires, et nous livrer ainsi l’identité des référents du pronom suffixe =w dans nos anthroponymes.
41 C’est la traduction proposée tant par G. R. Hughes, op. cit., p. 14 n. h que par DemNam I, 1348. Noter que M. Malinine, Choix, p. 86 n. 2 préfère quant à lui traduire « puissent-ils saisir leur part ! ». 42 Voir par exemple les hésitations de lecture, pour la stèle Londres BM EA 1317, de H. De Meulenaere, OLP 6/7 (1975/1976), p. 148, n. 92 qui propose ṯꜢw-tꜢyw, contre ṯꜢw-tꜢjw-sꜢ de P. Munro, Die spätägyptischen Totenstelen (ÄgForsch 25), 1973, p. 264 ; le nom est encore lu ṯꜢw-tꜢj.w-sbẖt (?) par JWIS III, p. 407, no 52.127. 43 Ce signe vaut probablement ici pour tꜢy.t = dnj.t (ⲧⲟⲉ) (Wb V, 231, 10 ; P. Spencer, The Egyptian Temple: A Lexicographical Study, 1984, p. 211-212 ; P. Grandet, Le Papyrus Harris I [BM 9999], vol. 2 [BdE 109/2], 1994, p. 168, n. 679. Voir aussi le nom propre ns-tꜢ-tꜢy.t (PN I, 423, 3 ; II, 403 = JWIS I, p. 160, no 10.7, l. 15). 44 BIFAO 83 (1983), p. 111. 45 Voir M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, Catalogue des stèles du Sérapéum de Memphis, 1968, p. 58, no 65, pl. XX. 46 Stèle JE 36415 (P. Munro, op. cit., p. 270 et fig. 114 = JWIS IV, p. 125, no 53.243).
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Il figure dans un passage malheureusement lacunaire47 :
[… nꜢ j]ḫ[.w48] [j]rm nꜢ [jn]-mwt.w49 ṯꜢy tꜢy=w dnj.t […?] « [… les esp]rit[s e]t les [m]orts50 prennent leur part51 […?] »
Ce vers fait partie du deuxième chapitre. On ne sait malheureusement pas quelle était la teneur du vers qui précédait, qui était situé en bas de la colonne précédente, perdue52. La suite n’est pas beaucoup plus explicite, si ce n’est que l’on comprend que le chapitre est relatif au fait de trouver un travail, de s’installer dans une ville, et qu’il est question, à la troisième ligne, du démon-sšr53. Ce deuxième chapitre semble globalement relatif à la subsistance et au moyen de se la procurer54, mais aussi à l’action du dieu (wp.t pꜢ nṯr). Quoi qu’il en soit, la mention des auteurs de l’action de « prendre sa part » est ici sans ambigüité : il s’agit d’esprits et de morts, parangons de tous les êtres possiblement maléfiques peuplant l’au-delà55. Certes, on ne voit pas 47 Il est reconstitué à partir de l’assemblage des fragments Philadelphia E 16334a + Ricci 8 + Ricci 3. Je remercie chaleureusement J. Houser Wegner qui m’a autorisé à faire part de ma reconstitution. 48 La même graphie pour jḫ, « esprit » se retrouve en P. Insinger 18/6 (voir D. Agut-Labordère, dans Gh. Widmer, D. Devauchelle (éd.), Actes du IXe congrès international des études démotiques [BdE 147], 2009, p. 10, n. 60). 49 Sur la graphie jn-mwt.w, « morts », voir les parallèles dans les papyrus de même provenance akhmîmique Londres BM 10507 (M. Smith, Catalogue of Demotic Papyri in the British Museum III. The Mortuary Texts of Papyrus BM 10507, 1987, p. 168) et Harkness (M. Smith, Papyrus Harkness [MMA 31.9.7], 2005, p. 160 n. [c] et p. 312) ainsi que H. Thompson, JEA 26 (1941), p. 76 ; G. R. Hughes, JEA 54 (1968), p. 180. H. S. Smith, W. J. Tait, Saqqâra Demotic Papyri I, 1983, p. 77 se demandent si la présence initiale du jn n’inciterait pas à comprendre l’ensemble comme « death-bringers », ce qui s’accorderait particulièrement bien avec l’explication développée ci-dessous. 50 Sur l’association fréquente en démotique de jḫ et jn-mwt, voir M. Smith, Catalogue of Demotic Papyri in the British Museum III. The Mortuary Texts of Papyrus BM 10507, 1987, p. 115 (avec références) : « the pair “spirits”-“dead ones” is meant to signify the totality of underworld beings ». 51 L’expression ṯꜢy tꜢy=f dnj.t signifie « prendre sa (juste) part, prendre son dû », comme en atteste encore P. Insinger, 19/1 et infra, § 13-14. 52 Sur la reconstitution du début du P. Insinger, voir Ph. Collombert, dans S. L. Lippert, M. Schentuleit, M. A. Stadler (éd.), Sapientia Felicitas. Festschrift für Günter Vittmann zum 29. Februar 2016 (CENiM 14), 2016, p. 51-65. La colonne précédente était constituée des fragments Ricci 2 + Ricci 3 et a été traduite par D. Agut-Labordère, op. cit., p. 4-6. 53 Sur le démon-sšr qui semble être un être surnaturel mais aussi possiblement un ennemi terrestre, voir D. Agut-Labordère, RdE 54 (2003), p. 268 ; L. M. Azzam, GM 227 (2010), p. 9-13 ; D. Agut-Labordère, Le sage et l’insensé. La composition et la transmission des sagesses démotiques (BEHE-SHP 347), 2011, p. 108 n. 3 (avec références complémentaires) ; J. Quack, dans A. Jördens (éd.), Ägyptische Magie und ihre Umwelt (Philippika 80), 2015, p. 111 n. 48. 54 Voir Ph. Collombert, op. cit., p. 53 et 55. 55 Si les Ꜣḫw peuvent bien entendu avoir une connotation positive, c’est moins souvent le cas à partir du Nouvel Empire, et le « bon » Ꜣḫw se voit désormais le plus souvent caractérisé par un
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d’allusion directe à la naissance dans le contexte immédiat – très lacunaire il faut le rappeler – mais la coïncidence avec le nom propre ṯꜢy=w-tꜢy=w-dnj.t n’est probablement pas fortuite56. § 13. Mais quelle est cette dnj.t qu’évoque l’anthroponyme ? Comprendre dnj.t, « part » comme une offrande déposée par les parents à l’attention des démons dangereux, afin de s’accorder leur faveur et de les apaiser s’accorderait bien avec certaines pratiques connues57. De fait, on sait par exemple que certains rituels de sḥtp Ꜣḫ.w, « apaiser les Akhou », avec service d’offrandes, sont mentionnés dans les Calendriers des Jours Fastes et Néfastes58. Mais cette interprétation de dnj.t est cependant peu pertinente si on la met en parallèle avec l’anthroponyme sj-pꜢ-mwt, « La-mort-est-rassasiée », dont le caractère figuré fait quant à lui peu de doute et qui, on le verra plus loin, prend au contraire tout son sens dans le cadre de l’interprétation générale proposée ici59. Enfin, cette interprétation ne conviendrait pas pour les noms en (tꜢ)-dnj.t-n.t-ND, « La-part-de-ND », étudiés ci-dessous, et qui semblent eux aussi faire système avec notre anthroponyme. § 14. En fait, le terme dnj.t, dans l’expression ṯꜢy tꜢy=f dnj.t, « prendre sa part » a une connotation plus abstraite, voire figurée, et l’ensemble signifie plus largement « prendre sa (juste) part, prendre son dû »60. Le nom ṯꜢy=w-tꜢy=wdnj.t, « Ils-ont-pris-leur-part » signifie bien plutôt que la mort (par le biais de ses envoyés les morts dangereux) avait été satisfaite, recevant son dû, c’est-àdire la part qui lui revenait. Ce pourrait être une allusion au fait que la mère était morte des suites de l’accouchement, ou qu’un autre enfant de la famille adjectif révélateur de son aspect positif (Ꜣḫ jqr ou Ꜣḫ šps), laissant au terme indéterminé Ꜣḫw un sens plutôt négatif, dont le copte ⲓϧ, « démon » (W. E. Crum, A Coptic Dictionary, 1939, p. 89a) est le dernier avatar (voir M. Smith, Catalogue of Demotic Papyri in the British Museum III. The Mortuary Texts of Papyrus BM 10507, 1987, p. 124-125 ; G. Posener, MDAIK 37 [1981], p. 393-401 ; J. Fr. Quack, dans A. Jördens [éd.], Ägyptische Magie und ihre Umwelt (Philippika 80), 2015, p. 105-106 ; S. Donnat Beauquier, Écrire à ses morts. Enquête sur un usage rituel de l’écrit dans l’Égypte pharaonique, 2014, p. 87-90 ; tout particulièrement R. Lucarelli, dans G. P. F. Broekman, R. J. Demarée, O. E. Kaper (éd.), The Libyan Period in Egypt. Historical and Cultural Studies into the 21st-24th Dynasties: Proceedings of a Conference at Leiden University, 25-27 October 2007 [EgUit 23], 2009, p. 232-234 sur la mention des Ꜣḫw dans les Oracular Amuletic Decrees). 56 L’expression ṯꜢy dnj.t, « prendre une part » se retrouve en P. Insinger 19/1-3 et P. Insinger 23/4, mais sans rapport direct avec notre sujet. 57 Sur le reflet dans l’onomastique du principe consistant à présenter des offrandes aux dieux (mais plutôt des divinités a priori positives) afin d’attirer leurs grâces, dès les plus hautes époques, voir Y. Gourdon, dans Y. Gourdon, Å. Engsheden (éd.), Études d’onomastique égyptienne. Méthodologie et nouvelles approches (RAPH 38), 2016, p. 242 et 244. 58 Voir G. Posener, MDAIK 37 (1981), p. 400 ; R. Lucarelli, op. cit., p. 233 ; voir aussi les rituels d’offrande effectués pour les morts auxquels on veut demander un service dans le cadre des « Lettres aux morts » (voir S. Donnat Beauquier, op. cit., p. 125-138). 59 Voir infra, § 49-50 sur ce nom ; voir aussi la vengeance-ḏbꜢ (Petbé) qui « ne se rassasie pas » du passage du P. Insinger 33/11, cité infra, § 49. 60 Comme en atteste encore P. Insinger 19/1. Les autres attestations de dnj.t dans le P. Insinger ont aussi souvent cette valeur plus abstraite (voir P. Insinger 8/12 ; 8/23, 30/4, etc.).
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était décédé, peut-être dans le cas de jumeaux dont seul l’un aurait survécu61, et aurait été affublé de ce nom. Cette idée de part-dnj.t liée à un destin funeste (Petbé) se retrouve d’ailleurs dans le titre du 25ème chapitre du P. Insinger : « La voie de te garder de Petbé afin qu’aucune portion de lui ne t’atteigne » (tꜢ my.t ḥr=k r pꜢ ḏbꜢ bw-jr dny.t n-jm=f pḥ=k)62. Les lignes précédentes parlaient déjà du destin-šꜢy et du destin-ḏbꜢ (Petbé) qui circulent selon les desseins du dieu ; les lignes suivantes exhortent à la crainte du cruel Petbé. § 15. Noms en (tꜢ)-dnj.t-(n.t)-ND L’examen d’une autre formation anthroponymique d’époque tardive dans laquelle ce même terme dnj.t, « part » est employé me semble corroborer cette interprétation63. Le mot apparaît dans la formation (tꜢ)-dnj.t-(n.t)-ND, « (La)part-(de)-ND ». Ces noms présentent ou non l’article à l’initiale, parfois en variation libre pour la même personne, sans que cela ait donc d’incidence sur le sens. On notera simplement que les noms précédés de l’article (féminin) sont uniquement attribués à des femmes si l’on en croit les attestations actuellement recensées64. On notera aussi que certaines habitudes graphiques semblent favoriser l’emploi du signe quand l’article précède, alors que le signe est employé très majoritairement dans les graphies sans article. L’emploi de graphies variées pour écrire le mot ne facilite pas l’interprétation65. Ces noms sont attestés avec les divinités Isis66, Khonsou67, Khnoum68, Montou69, Horus70, Chou (?)71, Atoum (?)72, Ouadjyt73, Sekhmet74 et Bastet75. Le Demotisches Namenbuch I, 1283, propose de comprendre toutes ces attestations de dnj.t comme des graphies de tj.t, « image », compte tenu de 61 On sait que la mortalité infantile était très élevée (voir infra, § 57), et plus encore dans le cas de jumeaux (voir M.-L. Arnette, BIFAO 117 [2017], p. 31). 62 P. Insinger 33/7. 63 Je ne prends pas en compte le trop elliptique anthroponyme tꜢy=f-dn(j.t ?) PN I, 375, 22 ; II, 397 (« Sa part » ?), qui pourrait cependant se rattacher aux noms traités ici. 64 M. Thirion, RdE 45 (1994), p. 177. 65 Voir PN II, 400 : « Aber was ist der Sinn dieser Namen ? » ; H. Ranke, CdE 11 (1936), p. 318 : « L’idée qui se cache derrière cette expression reste à élucider ». 66 PN I, 374, 20 ; 400, 10 ; II, 400 ; M. Thirion, RdE 45 (1994), p. 177. 67 PN I, 400, 11 ; DemNam I, 1283. 68 PN I, 400, 12. 69 DemNam I, 1283. 70 PN I, 431, 27 ; PN II, 405 ; M. Thirion, RdE 45 (1994), p. 177-178. 71 Stèle Sérapéum IM 5259, de la XIX e dynastie (!) (voir M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, Catalogue des stèles du Sérapéum de Memphis I, 1968, p. 10, n° 9). Cette attestation reste conjecturale, en raison de sa graphie très abrégée à une époque à laquelle on ne l’attend pas. 72 PN I, 374, 21. 73 PN I, 374, 22. 74
Statue Caire CG 38067 (copie personnelle : il faut corriger le signe
Statues de divinités I [CGC 38001-39384], 1905, p. 25 en un signe 75 PN I, 375, 1.
de G. Daressy,
hiératique).
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l’homonymie des deux termes. De fait, on vient de voir que les signes
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semblent employés en variation à peu près libre dans ces anthroponymes. Cependant, certaines graphies hiéroglyphiques pleines du type (XXIIe dynastie), voire (en variation avec sur le même document), qui reflètent selon toute probabilité l’étymologie76, invitent à favoriser l’interprétation par dnj.t, « part » pour nos anthroponymes. Par ailleurs, l’écriture de tj.t, « image » est normalement bien différente de celle de dnj.t, « part » en démotique77. On notera aussi qu’il existe quelques exemples hiéroglyphiques où le mot dnj.t est déterminé, dans ces anthroponymes, par le signe de l’offrande, semblant bien confirmer la valeur dnj.t, « part, portion » qu’il convient de donner ici au terme78. § 16. Dans le cadre des événements liés à la naissance – une des principales sources de la Namengebung –, il serait envisageable d’y reconnaître une allusion à la dnj.t « astrologique »79, en relation avec le pronostic de naissance du nouveau-né, bien attesté à l’époque gréco-romaine80. On trouve dans les textes astrologiques démotiques des mentions de la dnj.t « du père » (jt), « du dieu » (nṯr), « de la femme » (tꜢ ḥm.t), « de l’abomination » (ḫnj), « du frère » (sn), « de la fortune » (sḫnj), « du fils » (šr)81. Mais cette interprétation présente deux faiblesses : d’une part, on voit mal comment elle pourrait rendre compte de l’anthroponyme ṯꜢy=w-tꜢy=w-dnj.t. D’autre part, la dnj.t « astrologique » n’est attestée jusqu’à présent que très tardivement, à l’époque romaine, alors que les anthroponymes formés sur (tꜢ)dnj.t-n.t-ND apparaissent bien plus tôt82. 76
Sur tous ces exemples, voir W. Spiegelberg, ZÄS 54 (1918), p. 128-129. Voir W. Erichsen, Glossar, p. 606 ; CDD t, p. 86-87 ; M. Depauw, M. Smith, dans Fr. Hoffmann, H.-J. Thissen (éd.), Res Severa Verum Gaudium. Festschrift für Karl-Theodor Zauzich zum 65. Geburtstag am 8. Juni 2004 (Studia Demotica 6), 2004, p. 83 ; J. Jasnow, M. Smith, Enchoria 32 (2010-2011), p. 20 n. b. Mais cependant R. Jasnow, JARCE 47 (2011), 77
p. 304-305 et l’exceptionnelle graphie pour dnj.t en P. Chicago Hawara 1, 1 (G. R. Hughes, R. Jasnow, Oriental Institute Hawara Papyri [OIP 113], 1997, p. 12, n. F ; Ch. Nims, MDAIK 16 [1958], p. 240-241 n. e). 78 Voir stèle Londres BM EA 27332 (JWIS II, p. 470, no 45.148 ; PM VIII, p. 347 [803062-150]). 79 Pour la discussion sur le référent discuté de dnj.t en astrologie, voir les références présentées par CDD t, p. 242. 80 Voir B. Bohleke, SAK 23 (1996), p. 11-46 ; M. Ross, EVO 32 (2009), p. 64-65. Sur ces horoscopes, voir dernièrement A. Winkler, dans C. J. Martin, Fr. A. J. Hoogendijk, K. Donker van Heel (éd.), Hieratic, Demotic and Greek Studies and Text Editions. Of Making Many Books There Is No End: Festschrift in Honour of Sven P. Vleeming (PLBat 34), 2018, p. 298-308 (avec références). 81 Voir CDD t, p. 242. Je remercie Fr. Gaudard pour ses éclaircissements à ce sujet. 82 Peut-être dès l’époque de Ramsès II si l’on doit bien interpréter ainsi le nom tꜢ-dnj.t-šw cité plus haut (n. 71) mais à tout le moins à partir de la XXIIe dynastie (voir M. Thirion, RdE 45 [1994], p. 177).
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§ 17. De son côté, M. Thirion inclut cette dernière formation dans un groupe relatif au « thème de l’enfant reçu des dieux comme don, part, héritage, dépôt… (…) à côté du banal pꜢ-dỉ/tꜢ-dỉt + divinité, les formules šp + divin »83. H. Ranke rapprochait quant à lui les formes tꜢ-dnj.t-n.t-ND et tꜢ-psš.t-(n.t)-ND84. Prolongeant le rapprochement effectué par H. Ranke, M. Thirion précise que la forme tꜢ-psš.t-(n.t)-ND, « la-part-de-ND » est attestée à la Troisième Période intermédiaire, mais disparaît autour de la XXIIe dynastie, « au profit des constructions tꜢ-šp/šp-n-Div. et tꜢ-dnỉt-Div. qui ont le même sens »85. Ces tentatives d’identification de motifs de Namengebung par regroupement de formes onomastiques vont de fait nous permettre, moyennant quelques ajustements, de proposer un schéma d’interprétation générale incluant tant l’anthroponyme ṯꜢy=w-tꜢy=w-dnj.t que la formation (tꜢ)-dnj.t-n.t-ND. Il me semble que le rapprochement effectué avec les noms du type šp-n-ND est certes pertinent, mais que, dans la formation (tꜢ)-dnj.t-n.t-ND, les destinataires de cette part-dnj.t ne sont pas les parents, comme semble le penser M. Thirion, mais bien les divinités ayant protégé l’enfant à la naissance et nommées dans l’anthroponyme. Cette distinction tient à la différence de relation génitivale qu’entretiennent les termes dnj.t et psš.t d’un côté, et šp de l’autre. De fait, les termes psš.t et dnj.t sont bien quasi-synonymes86, et font tous deux référence, dans leur génitif, à une attribution orientée plutôt vers le récepteur (« la part de » = « la chose reçue par » : la divinité est donc ici le patient). En revanche, le mot šp prend le plus souvent à l’époque tardive le sens de « don »87 lorsqu’il est suivi d’un génitif, faisant donc référence lui aussi à une attribution, mais cette fois-ci considérée plutôt du point de vue du donateur (« le don de » = « la chose donnée par » : la divinité est donc ici l’agent). Aussi, si la formation šp-(n)-ND, « don-de-ND »88 me paraît en effet pouvoir être interprétée, selon la classification proposée par M. Thirion, comme un acte accompli par les dieux en faveur des parents, à l’instar des pꜢ/tꜢ-dj-ND, « Celui/celle-qu’a-donné(e)-ND »89, il n’en va pas de même avec la formation 83
Ead., RdE 39 (1988), p. 144. PN I, 356, 23. 85 M. Thirion, RdE 54 (2003), p. 183. 86 Voir P. Vernus, RdE 30 (1978), p. 130 n. 88. 87 Voir W. Erichsen, Glossar, p. 502 ; CDD Sh, p. 98-100 et l’article de E. Graefe dans ce volume, sur les anthroponymes formés avec ce mot. 88 Sur cette formation onomastique šp-(n)-ND, « don-de-ND », voir E. Graefe, Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der Institution der Gottesgemahlin des Amun vom Beginn des Neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄgAbh 37), 1981, p. 53-54 ; G. Vittmann, WZKM 75 (1983), p. 200-201 ; K. Jansen-Winkeln, dans H. Franzmeier, T. Rehren, R. Schulz (éd.), Mit archäologischen Schichten Geschichte schreiben. Festschrift für Edgar B. Pusch zum 70. Geburtstag (Forschungen in der Ramses-Stadt 10), 2016, p. 194-195 ; autres attestations chez M. Thirion, RdE 36 (1985), p. 139-140 ; ead., RdE 56 (2005), p. 180. 89 Sur l’interprétation de ces anthroponymes en pꜢ/tꜢ-dj voir G. Vittmann, SAK 22 (1995), p. 304 n. 57. 84
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tꜢ-psš.t-(n.t)-ND, « La-part-de-ND » et son successeur qui nous intéresse ici (tꜢ)-dnj.t-n.t-ND, « La-part-de-ND ». Celle-ci doit en effet être comprise comme une opération où la divinité est réceptrice. D’un côté (šp-(n)-ND), l’enfant est attribué par la divinité (aux parents), de l’autre ([tꜢ]-dnj.t-n.t-ND), il est attribué à la divinité, ce qui change la perspective, et partant, le sens de l’anthroponyme. Cette analyse permet par ailleurs d’inclure dans une même explication d’ensemble la formation (tꜢ)-dnj.t-n.t-ND et l’anthroponyme ṯꜢy=w-tꜢy=w-dnj.t. Il s’agit dans les deux cas de la part attribuée à une – ou plusieurs – divinité(s)90. Tout se passe donc comme si, à la naissance, se faisait une répartition des nouveau-nés entre génies maléfiques (identifiables sous le pronom suffixe =w dans l’anthroponyme ṯꜢy=w-tꜢy=w-dnj.t, « Ils-ont-pris-leur-part »), entraînant bien évidemment la mort, et divinités bienfaitrices (mentionnées dans la formation onomastique (tꜢ)-dnj.t-n.t-ND), menant à la vie, garantie par la divinité sous les auspices de laquelle s’étaient placés les parents. Cette répartition témoignerait donc de la terrible et imprévisible alternative entre vie et mort en cet instant critique entre tous qu’était celui de la naissance91. On va maintenant voir que les noms « imprécatoires » contenant le pronom suffixe =w s’accordent tous parfaitement avec le concept nataliste ici esquissé. Ils vont par ailleurs apporter une précision remarquable quoiqu’attendue : ce partage entre forces de mort et forces de vie ne se fait pas sans heurt mais est au contraire l’objet d’une âpre rivalité entre les deux92. 90 Cette catégorie d’anthroponymes pourrait alors être rapprochée des formations du type ns-ND, « Il/Elle-appartient-à-ND », de signification à peu près analogue, sans que les deux formations aient cependant la même origine, puisque cette dernière est attestée depuis l’Ancien Empire. On notera l’existence d’anthroponymes du type ns-pꜢ-ḥr-n-ND, formés sur ce modèle et faisant explicitement référence au jugement d’un oracle, pour la période qui nous concerne (voir M. Römer, SAK 31 [2003], p. 283-288 et infra, § 59 sur l’importance de l’oracle pour notre sujet). 91 Le Demotisches Namenbuch enregistre un autre nom formé sur dnj.t, lu pa-tꜢ-dnj.t-pꜢ-mwt (?), « celui-de-la-part-de-la-Mort (?) » (DemNam I, 562). Ce nom s’intégrerait parfaitement dans notre schéma interprétatif (on pourrait par exemple comprendre que le pronostic vital de l’enfant était engagé à sa naissance – et qu’il appartenait donc à la part de la mort selon la terminologie égyptienne – mais qu’un événement fortuit avait fait qu’il avait survécu. En considérant ῾.wy et dnj.t comme des équivalents astrologiques [mais on rappellera les interrogations soulevées en CDD t, p. 242], on pourrait cependant aussi lier cet anthroponyme à la ῾.wy mwt, « la maison de la mort », attesté dans les textes astrologiques [CDD a, p. 12]). Le nom figure malheureusement sur un ostracon démotique de serment du musée du Louvre aujourd’hui illisible (U. KaplonyHeckel, Die demotische Tempeleide [ÄgAbh 6], 1963, p. 392 [DO L (ohne Nr.)]), dont seule la copie de E. Revillout nous est parvenue (E. Revillout, Revue Égyptologique 4 [1885], p. 144 et pl. 3), et l’on sait que les copies de ce savant sont souvent approximatives. 92 Sans faire référence aux démons, et en soulignant l’acte positif accompli par les dieux pour la vie de l’enfant nouveau-né, des anthroponymes tels que šd-sw-ND, « ND-l’a-sauvé(e) », nḥmsw-ND, « ND-l’a-sauvé(e) » pourraient faire allusion à la même conception nataliste, si ces formes sḏm=f doivent bien être interprétées comme des perfectifs. De fait, šd, « sauver » est bien le verbe répété inlassablement dans le corps des Oracular Amuletic Decrees, dont la proximité avec nos anthroponymes est remarquable (voir infra, § 67).
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LES AUTRES NOMS § 18. Noms en ṯꜢy La formation onomastique ṯꜢy-ND-jm=w93 a joui d’une grande popularité pendant toute l’époque tardive94. La composition onomastique est attestée avec un nombre considérable de divinités différentes : Isis95, Amon96, Onouris97, Ânemher98, Banebdjed99, Bastet100, Rattaouy101, Mehyt102, Hathor103, Apis 104, Horus105, Khonsou106, Paenpé107, Mout108, Neith109, Héka110 et Sothis (?)111. Le nom est aussi attesté sous sa forme abrégée ṯꜢy-jm=w112, sans nom de divinité. On notera que le plus ancien exemple actuellement attesté remonte à la fin du Nouvel Empire, alors qu’aucune dynastie étrangère ne s’était encore emparée du pouvoir en Égypte113. 93
PN I, 387-388 ; DemNam I, 1348-1353 ; W. Spiegelberg, REA 1 (1925), p. 218-220. Voir H. De Meulenaere, dans Mélanges Gamal Eddin Mokhtar I (BdE 98/1), 1985, p. 193 ; K. Jansen-Winkeln, dans H. Franzmeier, T. Rehren, R. Schulz (éd.), Mit archäologischen Schichten Geschichte schreiben. Festschrift für Edgar B. Pusch zum 70. Geburtstag (Forschungen in der Ramses-Stadt 10), 2016, p. 196. 95 PN I, 387, 12 ; II, 398. 96 PN I, 387, 14 ; S. Pernigotti, EVO 2 (1979), p. 29 n. h) (entériné par A. A. Den Brinker, Br. P. Muhs, Sv. P. Vleeming, A Berichtigungsliste of Demotic Documents [Studia Demotica 7/B], 2005, p. 686). 97 PN I, 387, 15 ; DemNam I, 1348. 98 PN I, 387, 16 ; II, 399 ; W. Spiegelberg, REA 1 (1925), p. 218-220. 99 PN I, 387, 17 ; II, 399. 100 PN I, 387, 18; II, 399. 101 PN I, 387, 19, lecture pꜢwty-tꜢ.y rectifiée par M. Thirion, RdE 36 (1985), p. 133. 102 PN I, 387, 21. 103 PN I, 387, 22 ; II, 399. 104 PN I, 388, 2 ; II, 399 et I, 110, 2 ; II, 353 (en suivant la correction de H. De Meulenaere, RdE 14 [1962], p. 46) ; DemNam I, 1350-1351. 105 PN I, 388, 3 ; DemNam I, 1353. 106 PN I, 388, 6. 107 Stèle de donation : JWIS II, p. 273, no 28.15 ; D. Meeks, dans E. Lipinski (éd.), State and Temple Economy in the Ancient Near East II (OLA 6), 1979, p. 670-671, 22.10.38. 108 K. Jansen-Winkeln, dans H. Franzmeier, T. Rehren, R. Schulz (éd.), op. cit., p. 196 n. 93 ; G. Vittmann, dans C. J. Martin, Fr. A. J. Hoogendijk, K. Donker van Heel (éd.), Hieratic, Demotic and Greek Studies and Text Editions. Of Making Many Books There Is No End: Festschrift in Honour of Sven P. Vleeming (PLBat 34), 2018, p. 92 (47). 109 O. Perdu, E. Rickal, La collection égyptienne du Musée de Picardie, 1994, p. 94, no 161. Plusieurs ouchebtis de la collection du Louvre (E 20272, etc.), d’après un renseignement aimablement communiqué par R. Meffre. 110 O. Perdu, E. Rickal, op. cit., p. 93, n° 158-159 ; D. Devauchelle, RdE 51 (2000), p. 31 ; M. Depauw, W. Clarysse, CdE 77 (2002), p. 60 n. 21 ; DemNam I, 1358. 111 C. J. Martin, dans A. Leahy, J. Tait (éd.), Studies on Ancient Egypt in Honour of H. S. Smith (Occasional Publications 13), 1999, p. 196. 112 PN I, 387, 13 ; II, 399 ; DemNam I, 1348-1349 ; W. Spiegelberg, REA 1 (1925), p. 219 ; W. Spiegelberg, ZÄS 64 (1929), p. 84-85. 113 Le nom ṯꜢy-jmn-jm=w est attesté dans les papyrus des Tomb Robberies (P. BM 10053, r° 2, 6 : T. E. Peet, The Great Tomb-Robberies of the Twentieth Egyptian Dynasty, 1930, p. 105 et pl. XVII = KRI VI, 507, 16). 94
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§ 19. Traduction et interprétation Dans cette construction, le verbe ṯꜢy a été presque unanimement traduit par « prendre, s’emparer de, saisir » ou autres synonymes, mais cette traduction nécessiterait en fait un emploi transitif du verbe ṯꜢy (pour une forme onomastique *ṯꜢy-st-ND). De fait, le verbe est bien utilisé transitivement avec ce sens dans d’autres anthroponymes, mais sans rapport avec le sujet qui nous occupe ici114. La construction ṯꜢy m signifie quant à elle en néo-égyptien « l’emporter sur (quelqu’un) », comme l’avait noté A. H. Gardiner, qui produisait plusieurs exemples irréfutables115. Il n’est donc plus question de « saisir » quelqu’un mais de « prévaloir », de « s’imposer » contre lui. Cette traduction s’accorde parfaitement avec notre interprétation générale de ces noms imprécatoires à suffixe =w : le nom serait relatif à une victoire du dieu protecteur de l’enfant sur la mort et ses émissaires, ici désignés par le pronom =w116. Comme pour d’autres constructions anthroponymiques formées sur un sḏm=f à cette époque, on peut hésiter ici entre un sḏm=f prospectif117 et un sḏm=f perfectif118. Compte tenu de l’interprétation générale que je propose ici de ces noms imprécatoires, un sḏm=f perfectif me semble plus plausible. Le nom devrait donc être traduit par « ND-l’a-emporté-sur-eux », quoiqu’une traduction par un sḏm=f prospectif (« Que-ND-l’emporte-sur-eux ! ») reste possible, sans que cela invalide notre interprétation générale. § 20. Noms en thj Les noms imprécatoires employant le verbe thj119 se présentent essentiellement sous deux formations onomastiques proches, tant en hiéroglyphes qu’en
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Par exemple ṯꜢj-ḥr-pꜢ-ḫpš, « Horus-a-saisi-le-cimeterre » (PN I, 388, 4 ; II, 399 ; DemNam I, 1351) ; ṯꜢj-ḥr-pꜢ-tꜢ, « Horus-s’est-emparé-de-la-terre » (PN I, 388, 5 ; II, 399 ; DemNam I, 1352) ; ṯꜢj-ḥr-jꜢ.t=f, « Horus-a-pris-sa-fonction » (M. Thirion, RdE 42 [1991], p. 236). 115 A. H. Gardiner, Hieratic Papyri in the British Museum. Third Series. Chester Beatty Gift, 1935, p. 4 n. 6, qui renvoie à id., LES, p 38a, note sur 1,10 (avec références). Voir encore M. Broze, Mythe et roman en Égypte ancienne. Les aventures d’Horus et Seth dans le papyrus Chester Beatty I (OLA 76), 1996, p. 27 ; voir peut-être aussi AnLex 78.4629. On notera que A. H. Gardiner faisait déjà référence dans sa note à la formation onomastique ṯꜢy-ND-jm=w, qu’il comprenait donc probablement bien de la même manière ; H. Ranke, PN II, p. 399, à propos de « 387, 12ff » renvoie à la note de A. H. Gardiner et semble donc accepter désormais lui aussi cette traduction, mais personne ne semble avoir remarqué cette conversion. 116 Voir synthèse infra, § 58-65. 117 Solution adoptée par le PN, le DemNam et la plupart des auteurs. 118 Solution adoptée par W. Spiegelberg, REA 1 (1925), p. 219 ; id., ZÄS 64 (1929), p. 84. Voir aussi J. Quaegebeur, dans Sv. P. Vleeming (éd.), Aspects of Demotic Lexicography (Studia Demotica 1), 1987, p. 77, qui traduit le nom par « Le dieu N s’est emparé d’eux (sc. des démons) » : on notera que J. Quaegebeur considère lui aussi que le pronom =w renvoie à des esprits divins maléfiques. 119 Sur ces noms, voir déjà J. Quaegebeur, Enchoria 4 (1974), p. 28-29 n. 58 ; H.-J. Thissen, Enchoria 9 (1979), p. 72-73 n. 2 ; H. Brunner, H. Pitsch, dans Fr. Junge (éd.), Studien zu Sprache und Religion Ägyptens. Zu Ehren von Wolfhart Westendorf. Band 2. Religion, 1984, p. 1074-1075.
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démotique, l’une employant le futur III négatif (bn-jw=w-thj) et l’autre l’aoriste négatif (bw-jrj=w-thj)120. Ces formes sont les héritières probables des noms du Nouvel Empire du type bw-thj-jmn121, avec aussi forme abrégée sans nom divin bw-thj122. La graphie bw-thj-ND, remontant au Nouvel Empire, est d’interprétation délicate. Elle doit probablement être mise en parallèle avec les autres anthroponymes du Nouvel Empire construits sur le même modèle, tels que bw-ḫꜢ῾=f et assimilés123, bw-ḳn-tw=f124, bw-nḫt=f125, bw-rḫ=f126, etc., dont les deux premiers présentent aussi des variantes en bn-ḫꜢ῾=f127 et bn-ḳn-tw=f128. La forme bw-thjND recouvre probablement un aoriste négatif sous sa forme néo-égyptienne ancienne bw sḏm=f ; mais la sémantique nous semble interdire de comprendre « Amon-ne-saurait-transgresser »129. Il faudrait alors restituer bw-thj(=w)-jmn, avec graphie défective fréquente aussi aux époques postérieures. Aucune graphie explicite (avec suffixe =w marqué) ne semblant attestée130, il est aussi possible de le comprendre comme une forme à sujet ∅131, dont la parenté avec le suffixe =w est établie132. Quoi qu’il en soit de cette forme initiale, les formes attestées à partir de la Troisième Période intermédiaire permettent quant à elles d’assurer l’analyse grammaticale.
120 Noter que cette dernière forme ne doit pas être traduite comme un simple présent, ou un passé comme le fait M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 124 (« Ils n’ont pas vaincu »). Elle véhicule une notion d’impossibilité (donc tournée vers l’avenir), qui la rapproche sémantiquement du futur III. 121 PN I, 94, 20. 122 PN I, 94, 19. 123 PN I, 94, 15. Voir surtout M. Thirion, RdE 42 (1991), p. 224, sur toutes les variantes du nom de l’épouse de Kasa, sous Ramsès II. 124 PN I, 94, 18. 125 PN I, 94, 7 ; II, 351. 126 PN I, 94, 9 ; II, 351. 127 PN I, 97, 3. Voir supra, n. 123. 128 PN I, 97, 5 ; II, 351. 129 Voir cependant l’avis divergent de H. Brunner, H. Pitsch, op. cit., p. 1074-1075. Voir certains exemples d’aoristes négatifs « passifs » relevés par A. Erman, Neuägyptische Grammatik, 1933, p. 392, § 771, dont celui du P. Chester Beatty I, verso C 4, 8, bien analysé comme un aoriste négatif par B. Mathieu, La poésie amoureuse de l’Égypte ancienne (BdE 115), 1996, p. 30 n. 96 et p. 198 ; de fait le nom bw-rḫ=f (PN I, 94, 9 ; II, 351) trouve un antécédent probable dans le nom n-rḫ-tw=f (PN I, 168, 19) du Moyen Empire. 130
Noter toutefois l’exceptionnelle graphie attestée sur un graffito (A. Niwinski, SAK 11 [1984], fig. 2, p. 152 = JWIS I, p. 35, no 3.61). 131 Voir P. Vernus, dans E. Grossman, St. Polis, A. Stauder, J. Winand (éd.), On Forms and Functions: Studies in Ancient Egyptian Grammar (LingAeg Studia Monographica 15), 2014, p. 257-308 sur ces formes. 132 Voir P. Vernus, op. cit., p. 269.
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Les noms recensés formés sur un futur III négatif font référence au dieu Horus (bn-jw=w-thj-ḥr)133 et à la Chatte (i.e. Bastet) (bn-jw=w-thj-my.t)134. On trouve aussi la forme abrégée, sans nom divin bn-jw(=w)-thj135. Toutes ces graphies sont particulièrement abrégées à l’initiale, reflet vraisemblable de la phonétisation du nom, et la construction du futur III originel y est souvent largement déformée, même si elle reste identifiable. Il est intéressant de constater que, sur la statue dédiée à son père pꜢ-dj-jmnnb-ns.wt-tꜢ.wy E, Bentehor B écrit le nom de son grand-père Bentehor A (dont il a hérité du nom)
(2 fois), alors que lui-même écrit son propre
136 . La graphie employée par nom plus étymologiquement Bentehor B pour écrire le nom de son grand-père est peut-être une réminis-
, très largement favorisée par ce dernier (Bentecence de la graphie hor A) sur ses propres statues pour écrire son nom. Bentehor B emploie cependant lui aussi volontiers cette dernière graphie sur certains de ces monuments137. Sur une statue datée autour de la XXXe dynastie / époque ptolémaïque138, le nom bn-jw=w-tḥꜢ-ḥr est écrit
(2 fois), variante
(2
(sic, 1 fois). fois), variante Dans une variante de cette forme onomastique, l’objet du verbe thj n’est pas une divinité, mais le pronom de la troisième personne du singulier, masculin ou féminin : bn-jw=w-th.t=f139 et bn-jw=w-th.t=s140. Le pronom personnel pourrait ici faire référence à une divinité141 ou, plus probablement, au porteur
133
PN I, 96, 21 et XXI ; II, 351 et 277, 8. PN I, 96, 20 ; II, 351 et 277, 7. 135 H. Brunner, H. Pitsch, op. cit., p. 1074-1075. 136 Voir K. Jansen-Winkeln, SAK 24 (1997), p. 106-107. Voir déjà les remarques de G. Vittmann, dans M. R. M. Hasitzka et al. (éd.), Das alte Ägypten und seine Nachbarn. Festschrift zum 65. Geburtstag von Helmut Satzinger, 2003, p. 171 et n. 48. 137 Statue Louvre A 83 (voir JWIS IV, p. 291, no 54.82) et stèle d’Horus collection privée (voir JWIS IV, p. 292, no 54.83). 138 Statue Caire JE 36983 (voir K. Jansen-Winkeln, Biographische und religiöse Inschriften der Spätzeit aus dem Ägyptischen Museum Kairo [ÄAT 45], 2001, p. 402-405, no 27 ; G. Vittmann, dans M. R. M. Hasitzka et al. [éd.], Das alte Ägypten und seine Nachbarn. Festschrift zum 65. Geburtstag von Helmut Satzinger, 2003, p. 171). 139 DemNam I, 141. Le nom est aussi attesté en hiéroglyphes, comme le signale le DemNam à propos du cercueil Genève MAH D 60, pour lequel on peut recenser différentes orthographes 134
telles que , , , (photos aimablement fournies par K. Novoa Martin, que je remercie) ; voir aussi le sarcophage Caire RT 13/1/21/1 (de la région memphite) de Imen-jy surnommé variante personnelle]). 140 DemNam I, 142. 141 C’est l’opinion de H.-J. Thissen, Enchoria 9 (1979), p. 73.
[copie
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du nom, compte tenu du fait que les noms avec pronom masculin appartiennent à des hommes et ceux avec pronom féminin à des femmes142. Les noms recensés formés sur un aoriste négatif ne mentionnent quant à eux bw-jr=w-thj143. Comme pour la forme au futur III, aucun dieu : il existe aussi une variante avec pronom suffixe de la troisième personne du singulier comme objet du verbe thj : bw-jr=w-th.t=s144. § 21. Traduction et interprétation Le verbe thj, négativement connoté, véhicule essentiellement une notion de « transgression »145, comme en témoigne notamment l’emploi fréquent du indiquant un mouvement (plutôt agressif146), que double déterminatif celui-ci soit compris au sens propre (« envahir », « violer (un territoire) », « dépasser », « attaquer », « empiéter sur », « transgresser », etc.) ou au sens figuré, concernant un ordre, une règle, un enseignement, etc. (« léser », « abuser », « faire tort », « porter préjudice », « agir de manière injuste », « commettre un délit », « désobéir », etc.). Ici encore, même si le pronom suffixe =w était interprété comme un passif, les auteurs potentiels de l’action devaient être clairs aux yeux du locuteur égyptien. L’analyse du pronom suffixe =w comme référant aux entités divines malignes souhaitant emporter l’enfant prend encore ici tout son sens : ces génies ne sauraient transgresser, porter préjudice au dieu, le léser, dans l’attribution qui a été faite de cet enfant à la divinité protectrice. L’idée est bien la même que celle de la part, l’attribution (dnj.t) analysée ci-dessus. Lorsque l’objet du verbe thj est un pronom suffixe =f ou =s, renvoyant très probablement au porteur du nom, la transgression est vue comme affectant l’homme ou la femme eux-mêmes, par un léger glissement de sens, mais toujours dans le même ordre d’idée. L’ensemble de cette analyse est conforté par plusieurs textes, essentiellement magiques, tels que cette petite stèle-amulette en bois trouvée dans une tombe de la nécropole de la Troisième Période intermédiaire du Ramesseum147. Il s’agit
142
Voir infra sur l’interprétation à donner à cette formation. PN I, 94, 5 = Stèle Louvre IM 3142 (M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, Catalogue des stèles du Sérapéum de Memphis I, 1968, p. 148, n° 194) ; DemNam I, 1175, pour le nom ta-bw-j-jr=w-thy. 144 DemNam I, 139. 145 Voir K. Sethe, ZÄS 59 (1924), p. 60-61 ; B. Gunn, ASAE 27 (1927), p. 228-229 ; R. A. Caminos, The Chronicle of Prince Osorkon (AnOr 37), 1958, p. 25, § 37, n. s ; P. Grandet, Le Papyrus Harris I (BM 9999) (BdE 109), 1994, p. 265 n. 954 (avec références antérieures) ; A. David, Syntactic and Lexico-Semantic Aspects of the Legal Register in Ramesside Royal Decrees (GOF IV, 38), 2006, p. 28-29 ; K. Ridealgh, SAK 43 (2014), p. 364-372. 146 Voir A. David, op. cit., p. 29. 147 L’objet est publié par Y. Koenig, BIFAO 87 (1987), p. 255-263. 143
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d’une invocation à un dieu-enfant auquel le magicien demande de sauver (nḥm) la personne ; il poursuit en déclarant « ils ne agresseront pas ; je protégerai de toute chose mauvaise et maligne », en employant exactement la même formule au futur III que dans notre formation onomastique (bn jw=w thj jw=j (r) ḫw (r) ḫ.t nb.t bjn.t ḏw.t)148. On retrouve le verbe thj employé dans les Oracular Amuletic Decrees, de manière tout à fait explicite pour notre propos, lorsque le dieu déclare par exemple qu’il sauvera (šd) la personne « d’un transgresseur (thjw) qui la lèse (thj) », toutes ces proclamations étant citées au milieu d’autres allusions aux agissement des démons-šmꜢy.w, démons-ḫꜢty.w et autres démons-wr.w149. La divinité protectrice déclare aussi qu’elle empêchera « que la lèse (thj) tout dieu et toute déesse de la région sud et les dieux de la région nord »150. Or, cette parenté avec les énoncés oraculaires des Oracular Amuletic Decrees se trouve corroborée par une autre catégorie d’anthroponymes de formation proche, qu’il convient maintenant d’examiner. § 22. ḏd-ḥr-bn-jw=w-th.t=f Il existe en effet une rare formation onomastique ḏd-ḥr-bn-jw=w-th.t=f, « Horus-a-dit : «ils-ne-le-lèseront-pas» »151, riche d’enseignement pour notre propos. L’anthroponyme combine deux types onomastiques, en mettant dans la bouche du dieu Horus la forme bn-jw=w-th.t=f que nous venons d’examiner. On interprète généralement ces formes ḏd-ND (suivies ou non du propos divin tenu) comme des allusions à un message oraculaire rendu par la divinité, la forme la plus fréquente étant la construction ḏd-ND-jw=f/s-῾nḫ, « ND-a dit : «Il/Elle vivra» »152.
148 Voir encore le texte magique du papyrus Turin CGT 54050, recto, 5, 11 (A. Roccati, Magica Taurinensia. Il grande papiro magico di Torino e suoi duplicati [AnOr 56], 2011, p. 26, l. 11 et p. 163) cité par Y. Koenig, op. cit., p. 262. 149 L. 3, B 45-48 = I. E. S. Edwards, op. cit., p. 25 et pl. VIII. Versions proches ou identiques en Papyrus Ph. Fragment B, 1 = ibid., p. 111 et pl. XIV ; L. 2, recto 8-9 = ibid., p. 14 et pl. IV ; Papyrus B, recto 45-46 = ibid., p. 115 et pl. XLV. 150 P. 2, 35-38 = ibid., p. 82 et pl. XXXI. 151 DemNam I 1370. 152 H. Ranke, OLZ 29 (1926), p. 734-735 ; id., CdE 11 (1936), p. 317 ; PN II, 244 ; I. E. S. Edwards, op. cit., p. XX n. 1 ; J. Černy, dans R. A. Parker, A Saite Oracle Papyrus from Thebes (BES IV), 1962, p. 43 ; P. Vernus, LÄ IV, 328, n. 15, s.v. « Namengebung » ; J. Quaegebeur, Enchoria 7 (1977), p. 103-108 ; Y. Volokhine, BIFAO 102 (2002), p. 412-416 ; G. Vittmann, « Personal Names: Structures and Patterns », UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2013, p. 2 ; K. Jansen-Winkeln, dans H. Franzmeier, T. Rehren, R. Schulz (éd.), Mit archäologischen Schichten Geschichte schreiben. Festschrift für Edgar B. Pusch zum 70. Geburtstag (Forschungen in der Ramses-Stadt 10), 2016, p. 198 ; Fr. Payraudeau, dans Y. Gourdon, Å. Engsheden (éd.), Études d’onomastique égyptienne. Méthodologie et nouvelles approches (RAPH 38), 2016, p. 254.
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§ 23. ḏd-bꜢst.t-m-jr-thj=f Sur le même modèle, il existe un autre nom formé sur le verbe thj, qui entre dans la même thématique et s’adresse manifestement aux mêmes entités que celles qui sont représentées par le suffixe =w des noms traités ici, même si celui-ci n’y est pas employé. Il s’agit du nom ḏd-bꜢst.t-m-jr-thj=f, « Bastet-adit : «ne-le-lésez-pas» ». Le nom est attesté sur une stèle du Sérapéum datant de l’an 34 de Darius Ier, 153 . Ce nom est aussi attesté sur les ouchebtis sous la graphie d’un homme, avec des graphies qui alternent étrangement entre ḏd-bꜢst-t-m-jrth-s, ḏd-bꜢst-t-m-jr-th-sw, ḏd-bꜢst-t-m-jr-th.tw=f, ḏd-bꜢst-t-m-jr-thj et autres variantes mineures154. Sachant que le nom est ici attribué à un homme, cette variation de la finale du nom doit correspondre à une alternance entre emploi du pronom dépendant s(w) et du pronom suffixe =f, attendu après l’infinitif du verbe thj155.
§ 24. ḏd-bꜢst.t-m-thj Il existe une variante de ce nom sans suffixe final ḏd-bꜢst.t-m-thj, « Bastet-adit : «ne-transgressez-pas» » et variante ḏd-bꜢst.t-m-jr-thj, avec graphie m-jr pour l’impératif négatif. Le nom n’est pas recensé par H. Ranke, PN mais est attesté sur une stèle de Mefki, sous la forme Sérapéum, sous la forme
156
et sur une stèle du
157
.
153 Stèle « Nefer » publiée par D. Devauchelle, RdE 45 (1994), p. 81 et pl. VII (exemple aimablement signalé par G. Vittmann). 154 Voir W. C. Marquis of Northampton, W. Spiegelberg, P. E. Newberry, Report on Some Excavations in the Theban Necropolis during the Winter of 1898-9, 1908, p. 33, fig. 27 ; G. Vittmann, WZKM 75 (1983), p. 203. 155 L’alternance étrange entre utilisation du pronom dépendant et du pronom suffixe reflète peut-être le flottement qui commence à s’installer vers la fin du Nouvel Empire entre l’analyse de l’impératif (mais positif) comme un « vrai » impératif employant le pronom dépendant comme COD et sa réanalyse en un infinitif, employant le pronom suffixe comme COD, par l’arrivée notamment du « nouveau pronom COD » tw=f (voir J. Winand, Études de néo-égyptien, 1. La morphologie verbale [AegLeod 2], 1992, p. 155-161, § 262-266). Cette alternance n’est cependant habituellement pas de mise dans le cadre de l’impératif négatif, qui emploie régulièrement le pronom suffixe comme COD du verbe, analysé comme un infinitif régi par l’auxiliaire jr (voir A. Erman, Neuägyptische Grammatik, 1933, § 789, p. 399 ; Fr. Neveu, La langue des Ramsès. Grammaire du néo-égyptien, 1996, p. 105, § 21.2.1). Il est remarquable de noter que cette réanalyse de l’impératif en un infinitif (voir P. J. Frandsen, An Outline of the Late Egyptian Verbal System, 1974, § 44, p. 78 et n. 1), en cours à l’époque, ou à tout le moins l’emploi concurrent du pronom dépendant COD et du « nouveau pronom COD », semble ici effectif dans le cadre d’un anthroponyme, qu’on attendrait pourtant figé une fois pour toutes à la naissance de l’individu en question. 156 Stèle New York MMA 2016.122 (XXVe-XXVIe dynastie) (Catalogue de vente Pierre Bergé, Archéologie, Mercredi 16 décembre 2015, no 82). 157 Stèle Louvre Sérapéum IM 3579 (M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, Catalogue des stèles du Sérapéum de Memphis I, 1968, p. 153, no 200).
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Ce n’est probablement pas un hasard si la divinité invoquée dans cet anthroponyme et le précédent est à chaque fois Bastet. Il paraît clair que la déesse Bastet, aspect positif de la déesse dangereuse, lance ici cette injonction afin de protéger la personne (le pronom suffixe =f ou =s) des agissements des émissaires mortels placés sous ses ordres. Toutes ces formations onomastiques proches sont donc en parfaite cohérence avec notre analyse générale des noms imprécatoires. § 25. Autres noms en ḏd-bꜢst.t C’est encore très certainement le même concept nataliste qui est en jeu dans une série de noms impliquant le verbe ḏd et la même déesse Bastet : ḏd-bꜢst.t-jnk-se : « Bastet-a-dit : «il-m’appartient» »158. La déesse considère que l’enfant nouveau-né lui revient. La variante ḏd-bꜢst.t-jnk-ṯꜢy-se, attestée pour le même personnage, pourrait quant à elle signifier « Bastet-a-dit : «c’est-moi-qui-l’aipris» », faisant toujours allusion au fait que le nouveau-né revient à Bastet, qui s’en est emparé. translittéré ḏd-bꜢst.t-n(Ꜣy)=w-md.t par les différents Le nom auteurs159 reste plus difficile à rapprocher de ces anthroponymes, malgré son aspect similaire160. 158 Voir G. Vittmann, GM 15 (1975), p. 47 et n. 6 ; E. Graefe, op. cit., p. 170 (Anhang) ; G. Vittmann, WZKM 75 (1983), p. 202-203 ; M. Thirion, RdE 52 (2001), p. 272 ; ead., RdE 55 (2004), p. 158. R. Meffre me signale encore que le même nom apparaît sur l’ouchebti Louvre
AF 12009. Il faut probablement rapprocher de cette formation l’étrange (abrégé
dans le cintre) signalé par ead., RdE 54 (2003), p. 188, peut-être une forme
(et variantes), abrégée de ḏd-ḫnsw-jnk-(sw) ?, ainsi que le peu grammatical ḏd-ḥr-jnk-tꜢ(y) (?), « Horus-a-dit : «Celle-ci-m’appartient» » (?) (voir G. Vittmann, WZKM 75 [1983], p. 203 ; A. Leahy, GM 108 [1989], p. 49 et fig. 2 p. 56 ; M. Thirion, RdE 55 [2004], p. 158). 159 PN I, 410, 10 (« Their speeches - aber wessen ? ») ; E. Graefe, op. cit., p. 170 (Anhang). La lecture du nom figurant sur un fragment de statuette de Ptah-Sokar-Osiris (Heidelberg 935) a pu être vérifiée grâce à une photographie obligeamment envoyée par Dr. D. Faltings (Kustodin der Ägyptischen Sammlung). 160 Il faut noter que les noms commençant par ḏd-ND sont habituellement suivis d’une phrase entière, énonçant le discours de la divinité, ce qui ne serait pas le cas ici. Une solution serait peut-être de considérer ici le groupe comme une graphie du verbe ṯꜢy, « prendre ». Cette interchangeabilité des deux groupes est bien attestée, et notamment dans l’onomastique tardive (par exemple pour le nom ṯꜢy-ND-jm=w : PN I, 387, 12, 18, 22 ; G. Vittmann, Or 47 [1978], p. 11, ou le nom ṯꜢy-ḥr-pꜢ-tꜢ, tant en hiéroglyphes qu’en démotique : PN I, 388, 5 ; J. Quaegebeur, Enchoria 7 [1977], p. 103 ; id., dans S. F. Bondi, S. Pernigotti, F. Serra, A. Vian (éd.), Studi in onore di Edda Bresciani, 1985, p. 462). On pourrait alors traduire le nom par « Bastet-s’est-emparée-de-leurs-discours/affaires » et comprendre qu’il s’agit, dans le cadre de
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§ 26. Noms en nḫt Il existe une formation onomastique nḫt-ND-r=w161, où le nom de la divinité est parfois remplacé en démotique par un pronom suffixe =f (nꜢ-nḫt=f-r-r=w)162 ou =s (nꜢ-nḫt=s-r-r=w)163, qui fait alors manifestement référence à une divinité secourable respectivement masculine ou féminine. La construction est attestée avec Isis164, Khonsou165, Mout166, Ouadjet167, Mahès168, Apis169, Horus170 et surtout Bastet171. L’emploi de l’adjectif-verbe à la forme sḏm=f indique que celui-ci doit vraisemblablement être traduit comme un présent général, renseignant sur la qualité intrinsèque du sujet172, sans nuance prospective. Il existe une autre formation proche, où l’adjectif-verbe suit le sujet, sous la forme ND-nḫt-r=w, attesté avec la déesse Bastet ( )173. La forme a été classée par H. Ranke comme une variante graphique de nḫt-bꜢst.t-r=w (avec antéposition honorifique)174. Il semble cependant plus logique de l’interpréter comme une forme au statif de l’adjectif-verbe (bꜢst.t-nḫt-r=w). Même si l’action est alors envisagée comme accomplie (« Bastet-a-prévalu-contreeux »), le sens général de la phrase reste plus ou moins le même175, sans nuance nos noms imprécatoires et du concept ici développé, d’une intervention de Bastet contre les démons malfaisants (le terme md.t peut être employé en synonyme de ῾š-sḥn, « affaire, chose » dans les Oracular Amuletic Decrees : voir H.-W. Fischer-Elfert, GM 169 [1999], p. 112). 161 Voir déjà M. Guentch-Ogloueff, BIFAO 40 (1940), p. 121-122. 162 DemNam I, 622 et 702 ; PN I, 212, 15 ; II , 372 et 293, 22 ; W. Spiegelberg, RecTrav 28 (1906), p. 199 ; J. Vergote, Les noms propres du P. Bruxelles inv. E 7616. Essai d’interprétation (PLBat 7), 1954, p. 10. Voir aussi J. Quaegebeur, dans Fr. Daumas (éd.), Mélanges Adolphe Gutbub, 1984, p. 169, qui traduit et interprète le nom comme : « il est puissant contre eux (sc. les pouvoirs mauvais) ». 163 DemNam I, 657. 164 PN I, 424, 19. 165 PN I, 211, 9 ; II, 372 ; G. Vittmann, Demotisches Namenbuch, Lieferung 18 – NamenIndices, Verzeichnis der bibliographischen Abkürzungen, Publikationen und Quellen sowie Korrekturen und Nachträge, 2000, p. 186, pour S. 656. 166 PN I, 210, 16. 167 Bronze Marseille 621 (A. Charron, dans A. Charron [éd.], La mort n’est pas une fin. Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Musée de l’Arles antique, 28 septembre 2002 – 5 janvier 2003, 2002, p. 179, n° 76), signalé dans TM Nam 31493 (photos aimablement communiquées par A. Charron et G. Deckert). 168 M. Thirion, RdE 39 (1988), p. 138. 169 Stèle hiéroglyphique du Sérapéum inédite Louvre IM 3135, aimablement signalée par D. Devauchelle. 170 PN II, 300, 29 ; M. Römer, GM 248 (2016), p. 119. 171 PN I, 210, 8 ; II, 371 ; H. Satzinger, dans W. Clarysse, A. Schoors, H. Willems (éd.), Egyptian Religion. The Last Thousand Years. Studies Dedicated to the Memory of Jan Quaegebeur I (OLA 84), 1998, p. 418 ; G. Vittmann, WZKM 70 (1978), p. 11, qui mentionne aussi certaines graphies avec le pronom suffixe =sn au lieu de =w : nḫt-bꜢst.t-r=sn. 172 Voir R. S. Simpson, Demotic Grammar in the Ptolemaic Sacerdotal Decrees, 1996, p. 128. 173 É. Chassinat, RecTrav 22 (1900), p. 171. 174 PN I, 90. M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 121 distingue quant à elle les deux formes. 175 Voir R. S. Simpson, op. cit., p. 128.
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prospective assurément176. La même forme est encore attestée dans l’anthroponyme tꜢ(y=i ?)-ḥnw.t-nḫt-r=w, « (Ma ?) maîtresse-a-prévalu-contre-eux »177. Le nom fait vraisemblablement encore allusion à Bastet. Même si, sur le sarcophage Caire CG 41050, le nom de la défunte nḫt-bꜢst.tr=w est parfois abrégé en nḫt-bꜢst.t178, il n’est pas certain que les formations onomastiques plus fréquentes du type nḫt-ND soient toujours des abréviations du nom qui nous intéresse ici. § 27. Traduction et interprétation L’adjectif-verbe nḫt employé avec la préposition r exprime l’idée de « prévaloir, triompher, exercer sa puissance sur » une personne ou un lieu179. Il s’intègre encore une fois parfaitement à notre démonstration. § 28. Noms en ḥwr῾ La formation onomastique bw-jr=w-ḥwr῾-ND est actuellement attestée avec la déesse Mout (bw-jr=w-ḥwr῾-mw.t180) et le dieu Khonsou (bw-jr=w-ḥwr῾-ḫnsw181). La forme abrégée bw-jr=w-ḥwr῾182 est elle aussi attestée. On a vu qu’il existe une variante avec le pronom indéfini =tw en lieu et place de =w, tant pour la forme abrégée ( pour la forme pleine (
bw-jr=tw-ḥwr῾)183, que bw-jr=t(w)-ḥwr῾-mw.t)184, qu’il faut
176
Voir M. Brose, GM 239 (2013), p. 25-30 sur la variation entre les deux formes. PN I, 365, 21 (tꜢ(y=j ?)-ḥnw.t-nḫt-r=w) et 375, 11 (tꜢy(=j ?)-ḥnw.t-nḫt-r=w). 178 H. Gauthier, Cercueils anthropoïdes des prêtres de Montou I (CGC 41042-41072), 1913, p. 176, 179, 181, etc., signalé par PN I, 210, 8. 179 Wb II, 314, 12 ; AnLex 77.2185 ; 79.1608. Certains noms propres démotiques emploient une forme explicitement transitive du verbe (nḫt-se-jnp : DemNam I, 623), signifiant alors « protéger, conforter, rendre dans son droit » (Wb II, 315, 3 ; notamment contre les démons malfaisants : I. E. S. Edwards, op. cit., p. 75 n. 51 ; G. R. Hugues, JEA 54 (1968), p. 178 ; G. Vittmann, Der demotische Papyrus Rylands 9 [ÄAT 38], 1998, p. 382-385 ; id., Enchoria 22 [1995], p. 175 n. y. Voir aussi l’anthroponyme nḫt=w-s, attesté tant en démotique (DemNam I, 647) qu’en hiéroglyphes (I. Guermeur, Les cultes d’Amon hors de Thèbes. Recherches de géographie religieuse [BEHE-SR 123], 2005, p. 163), dont l’interprétation reste difficile en raison de sa concision, mais qui n’a pas non plus de rapport direct avec nos anthroponymes. 180 PN I, 94, 3 ; II, 351. 181 I. E. S. Edwards, op. cit., p. 10 n. 14. 182 PN I, 94, 4. 183 Statue Caire JE 37880 (voir Fr. Payraudeau, RdE 64 [2013], p. 70 n. m). La lecture =tw 177
et pour la généalogie de la même est certaine, compte tenu du parallèle écrit famille sur un autre monument (Stèle Lyon MBA IE 328 = J.-Cl. Goyon, Kêmi 18 [1968], p. 35). Le même nom réapparaît ailleurs, graphié (Statue Edimbourgh 1956.144 [voir JWIS II, p. 152, no 18.88]). 184 Voir A. Gasse, Données nouvelles administratives et sacerdotales sur l’organisation du domaine d’Amon. XXe-XXIe dynasties (BdE 104), 1988, p. 130, 134 et pl. 64, XI, 24.
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probablement aussi reconnaitre dans la graphie manifestement très phonétique 185
. Le musée de Cleveland possède une partie du trousseau funéraire d’une musicienne bw-jr=w-ḥwr῾-mw.t, dont le nom est décliné en variantes intéresbw-jr=w-ḥwr῾-mw.t est attesté
santes : le nom complet 186
sur son papyrus de l’Amdouat ; il est abrégé en bw-jr= w-ḥwr῾ sur le sarcophage de son époux187, et présente cette variante abrégée mais avec pronom indéfini =tw sur son Livre des Morts : var.
188
,
.
§ 29. Traduction et interprétation Le verbe ḥwr῾, attesté seulement en égyptien de la deuxième phase, désigne l’acte de « voler »189, le plus souvent avec notion de violence. La forme verbale est clairement un aoriste négatif190. Les attestations de l’anthroponyme avec pronom indéfini =tw inciteraient à traduire ici le nom bw-jr=w-ḥwr῾-mw.t (et ses variantes) par « On-ne-saurait-voler-Mout », tout en sachant que le locuteur savait pertinemment à qui renvoyait ce pronom191. Encore une fois, la référence à un « vol » (ḥwr῾) s’accorde parfaitement avec l’idée de « part » (dnj.t) et du partage des nouveau-nés entre divinités. § 30. Noms en qb῾ Sur le verbe qb῾ sont formés quelques noms propres relatifs à notre sujet. Ils sont employés en conjonction avec les déesses Isis, Bastet et Mout. Dans cette formation onomastique, pas toujours correctement reconnue ni analysée par les commentateurs, le verbe semble avoir été conjugué à trois temps différents : perfectif négatif, futur III négatif et peut-être aoriste négatif. 185
PN I, 95, 2 ; M. Thrion, RdE 33 (1981), p. 83-84 (voir aussi le cercueil Vienne ÄS 6271 = R. Egner, E. Haslauer, Särge der Dritten Zwischenzeit II [CAA Wien 12], 2009, p. 272 ; A. Niwinski, 21st Dynasty Coffins from Thebes. Chronological and Typological Studies [Theben 5], 1988, p. 140-141, no 197). Le nom est désormais illisible sur le cercueil Genève MAH 163 (vérification effectuée personnellement grâce à l’amabilité de K. Novoa-Martin et A. Duc). 186 Cleveland 1914.725 = L. M. Berman, Catalogue of Egyptian Art. The Cleveland Museum of Art, 1999, p. 375, no 284 (le remontage du papyrus est en partie fautif). Sur la graphie ḥ῾r au lieu de ḥwr῾, parfois employée comme ici dans les anthroponymes, voir J. J. Janssen, Late Ramesside Letters and Communications (HPBM VI), 1991, p. 45. 187 Cleveland 1914.561a et b = L. M. Berman, op. cit., p. 321, no 251. 188 Cleveland 1914.733 = ibid., p. 377, no 286. 189 Voir Wb III, 56, 8-13 ; P. Vernus, RdE 30 (1978), p. 125 n. 61 ; H. Goedicke, WZKM 71 (1979), p. 8-9 ; R. Jasnow, A Late Period Hieratic Wisdom Text (SAOC 52), 1992, p. 55. 190 Contra les traductions par un passé proposées par M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 124 ; M. Thirion, RdE 33 (1981), p. 84 ; Fr. Payraudeau, op. cit., p. 70 n. m. 191 Voir supra, § 8 et infra, § 68.
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– Perfectif négatif : bn-pw=w-qb῾-Ꜣs.t192. Le nom de cette même personne est écrit
(sic) sur quatre vases canopes193.
Il en existe une forme raccourcie, sans divinité citée : bn-pw=w-gb῾w194. – Futur III négatif : bn-jw(=w)-qb῾-bꜢst.t195. – Aoriste négatif (?) : bw-[jr=w]-qb῾-mw.t196. Compte tenu de l’existence d’autres noms imprécatoires déclinés tant au futur III négatif qu’à l’aoriste négatif197, la restitution de la lacune proposée par K. Jansen-Winkeln198 pour ce dernier anthroponyme est possible, mais on pourrait aussi restituer un perfectif négatif (bw[pw=w]-qb῾-mw.t). Le prétendu kꜢp-jr=w-qb῾-Ꜣs.t, « Que-(la-divinité)-saisisse-ceux-qui-ontraillé-Isis » de la statue Caire CG 716199 n’existe pas quant à lui. Il faut lire b(w)p(w)-jr=w-qb῾-Ꜣs.t200. Cette graphie, non grammaticale, à mi-chemin entre un perfectif négatif et un aoriste négatif reste cependant problématique. § 31. Traduction et interprétation En dehors des anthroponymes, le verbe qb῾ n’est attesté (deux fois) que dans le P. BN 198 II, dans un contexte peu explicite, qui indique seulement que le verbe a un aspect négatif201. Il a généralement été traduit par « moquer », mais 192 P. Louvre 3091 (voir Th. Devéria, Catalogue des manuscrits égyptiens, 1881, p. 63, signalé par D. Meeks, BiOr 54 [1997], col. 49, no 424). La forme bn-p(w) est la graphie usuelle de la négation du perfectif à partir de la Troisième Période intermédiaire (voir J. Winand, Études de néo-égyptien, 1. La morphologie verbale [AegLeod 2], 1992, p. 205-206). 193 Voir JWIS IV, p. 403-404, no 56.139. Le rapprochement entre les deux individus est établi par G. Vittmann, WZKM 107 (2017), p. 345-346. 194 PN I, 96, 26 : Stèle Louvre IM 3048 (voir JWIS IV, p. 114, no 53.214). 195 Sarcophage Caire RT 28/9/16/4 (voir G. Vittmann, Priester, p. 58 n. 6 ; M. Thirion, RdE 46 [1995], p. 184 ; JWIS IV, p. 1034, no 60.516). 196 Statue Caire CG 42221 (voir K. Jansen-Winkeln, Ägyptische Biographien der 22. und 23. Dynastie [ÄAT 8], 1985, I, p. 187 et 192 n. 39 ; II, p. 539 ; JWIS II, p. 245, no 25.51. 197 Voir supra, § 20. 198 JWIS II, p. 245, no 25.51. 199 E. Graefe, op. cit., p. 84 ; M. Thirion, RdE 45 (1994), p. 185 (= JWIS III, p. 339, no 51.137). 200 Proposition de H. De Meulenaere chez M. Thirion, RdE 46 (1995), p. 184 n. 80, confirmée d’après l’examen d’une photo du CLES aimablement communiquée par L. Coulon. 201 LRL 68, 3-5 (voir Wb V, 25, 9 ; J. E. Hoch, Semitic Words in Egyptian Texts of the New Kingdom and Third Intermediate Period, 1994, p. 292-293, no 424).
200
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pourrait tout aussi bien avoir un sens plus fort. Il a aussi été rapproché de l’hébreu biblique « ָק ֵבעtricher, frauder » et עקב, « attaquer, prendre avantage sur »202. Ces deux traductions s’accorderaient particulièrement bien avec l’interprétation générale proposée ici pour l’ensemble des noms « imprécatoires » à suffixe =w. Je propose donc, sous réserve, de traduire les noms précédents par « Ils-n’ont-pas-pris-avantage-(?)-sur-Isis » (bn-pw=w-qb῾-Ꜣs.t) ; « Ilsn’ont-pas-pris-avantage-(?) » (bn-pw=w-gb῾w) ; « Ils-ne-prendront-pas-avantage-(?)-sur-Bastet » (bn-jw(=w)-qb῾-bꜢst.t) ; « Ils-ne-sauraient-prendre-avantage-(?)-sur-Mout » (bw-[jr=w]-qb῾-mw.t). § 32. Noms en ḥdb Une formation onomastique ḥdb-ND-r=w est attestée avec la déesse Bastet ḥdb-bꜢst.t-r=w203, variante ḥd-bꜢst.t-r=w204), ( 205 le dieu Shedenou (ḥdb-šdnwy-r=w ) et peut-être le dieu Khonsou, s’il faut bien interpréter ainsi l’anthroponyme gée, sans nom de divinité (
206
. Elle est aussi abré-
ḥdb-r=w207).
§ 33. Traduction et interprétation Le verbe ḥdb est normalement employé transitivement, surtout dans des contextes guerriers et se traduit la plupart du temps par : « renverser, jeter à terre »208, mais il peut aussi signifier « faire halte, tomber »209 lorsqu’il est employé intransitivement. Un terme ḥdb est aussi attesté dans les textes médicaux, à traduire par « arrêt, rétention » ou similaire210.
202
Voir J. E. Hoch, op. cit., p. 293. PN I, 261, 9 ; II, 380. H. Ranke (PN II, 380, sous 261, 9) se demande si le verbe ḥdb ne serait pas une graphie de ẖdb, « tuer » ; M. Thirion, RdE 42 (1991), p. 230. 204 PN I, 261, 7 et XXVII ; II, 380. Avec le b du verbe non écrit, au contact du b de bꜢst.t, probablement signe d’une réalisation phonétique (contra l’interprétation proposée avec réserve par H. Ranke, PN I, XXVII, sous 261, 7 : « Bastet breitet [die Flügel zum Schutz] um sie », mais corrigée en PN II, 380, sous 261, 7). 205 PN I, 426, 30 ; II, 404 ; avec correction de M. Thirion, RdE 34 (1982/1983), p. 105 : J. Yoyotte, CdE 28 (1953), p. 102-103. 206 PN I 278, 20 et XXVIII (avec réserve) et M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 122 proposent de lire ici le verbe ẖdb, « tuer » mais ce verbe n’est pas attesté intransitivement dans les anthroponymes. 207 PN I, 261, 8 ; ajouter bronze Durham 1971/61 (H. De Meulenaere, BMRAH 61 [1990], p. 69 et 79 [doc. 13]). 208 Wb III, 205, 8-17 ; W. Erichsen, Glossar, p. 341 ; CDD H, s.v. ḥtp, p. 306 ; P. Wilson, op. cit., p. 692-693. 209 Voir A. H. Gardiner, Notes on the Story of Sinuhe, 1916, p. 91 (242) ; A.-P. Zivie, RdE 22 (1970), p. 207. 210 Wb III, 205, 19 et 20 = H. von Deines, H. Grapow, Wörterbuch der medizinischen Texte II (Grundriss der Medizin der alten Ägypter VII/2), 1962, p. 641. 203
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201
Le (même ?) verbe est employé dans les Oracular Amuletic Decrees, sous (et variantes)211, avec le sens probable de « renversement, la graphie chute (?) » (de bateau, de char ou de cheval)212. Ailleurs, toujours dans les Oracular Amuletic Decrees, le mal (variante ) est cité juste 213 avant une maladie de l’œil (šny n jr.t) . Dans une autre formule, il est aussi question de protéger l’enfant de « tout mauvais ḥdb n sḏd » (
(…)
), liant le terme à la parole214 ; l’expression est utilisée juste après la mention des dieux de la décade et des génies-šmꜢ.w. La racine ḥdb semble donc définir une chute entraînant un arrêt. Son emploi avec la préposition r dans nos anthroponymes lui donnait probablement une nuance spécifique, qui ne nous est malheureusement pas connue. La forme grammaticale est encore une fois ambivalente, pouvant être interprétée comme un prospectif ou un perfectif. À l’instar des autres anthroponymes du même type traités ici, je l’interprète comme un sḏm=f perfectif. Le sens général de l’anthroponyme pourrait donc être « ND-les-a-renversés (?) », ce qui s’appliquerait bien aux génies malfaisants, dont il s’agit de contrer l’action. Les nombreuses attestations (négatives) du terme dans les Oracular Amuletic Decrees, peut-être en liaison avec les organes de la vision et de la parole, sembleraient indiquer que se retournent contre les démons leurs propres armes (mauvais œil et paroles mortelles ou flèches issues de leur bouche). § 34. Noms en hn Une série onomastique formée sur le verbe hn, « courber » semble aussi pouvoir être rattachée à notre sujet. Le nom est attesté en démotique, dans le Namenbuch antique (P. Carlsberg 425), sous la forme hn-Ꜣt=w-jmn, variante abrégée hn-Ꜣt=w215. La forme hn-Ꜣt, attestée tant en hiéroglyphes qu’en démotique (avec nombreuses variantes probablement très phonétiques), est probablement une écriture encore plus abrégée de l’anthroponyme216. 211 La graphie ḥtp est habituelle en démotique (copte ϩⲧⲟⲡ) : voir CDD H, s.v. ḥtp, p. 306. Voir aussi la graphie ḥdp chez R. Jasnow, A Late Period Hieratic Wisdom Text (SAOC 52), 1992, p. 55 (col. 2/10), toujours avec le sens de « tomber ». 212 I. E. S. Edwards, op. cit., p. 105 n. 35 traduit prudemment par « harmful action (?) ». Voir aussi H.-W. Fischer-Elfert, Magika Hieratika in Berlin, Hannover, Heidelberg und München (ÄOP 2), 2015, p. 86-87 (P. Berlin P. 3059, l. 35-36). 213 Voir I. E. S. Edwards, op. cit., p. 33 (L. 5, vo 52-53) et p. 46 (T. 1, vo 54-55). 214 Voir ibid., p. 8, n. 56, qui traduit par « confusion (?) in speech ». 215 K.-Th. Zauzich, dans P. J. Frandsen, K. Ryholt (éd.), The Carlsberg Papyri 3. A Miscellany of Demotic Texts and Studies (CNI Publications 22), 2000, p. 35 et 40-41, no 25-26. 216 PN I, 229, 19 ; II, 374 ; G. Vittmann, Demotisches Namenbuch, Korrekturen und Nachträge, p. 188 (S. 743) ; Ch. Kuentz, Monuments Piot 33 (1933), p. 33-35 ; H. De Meulenaere, RdE 11 (1957), p. 83 ; id., CdE 39 (1964), p. 27 n. b) ; D. Devauchelle, RdE 51 (2000), p. 29 n. L.7 ; id., dans Fr. Hoffmann, H.-J. Thissen (éd.), Res Severa Verum Gaudium. Festschrift für
202
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§ 35. Traduction et interprétation En suivant l’interprétation de G. Vittmann217, on lira très probablement ḥn(=w)Ꜣt=w-(n)-ND, « (Ils)-se-sont-inclinés-devant-ND »218, l’expression hn Ꜣt, « plier le dos » évoquant un acte de soumission219. Ce nom s’inscrirait donc tout à fait dans notre schéma, et indiquerait que les démons maléfiques se sont inclinés dans la joute qui les oppose à la divinité, pour la possession du nouveau-né220. § 36. Noms en ḫꜢ῾ Cette catégorie de noms a déjà fait l’objet d’une étude détaillée par M. Thirion221. Dans cette formation onomastique, les graphies sont très variables et manifestement souvent défectives. De fait, on pourrait a priori conclure, à l’examen des exemples recensés, qu’il existait deux formations différentes : ḫꜢ῾=w-sen-ND (par exemple
ḫꜢ῾=w-sw-n-Ꜣs.t, « Ils-l’ont-laissé-à-Isis »222)
, « Bastet-l’a-laissée »223). Une formation et ḫꜢ῾-se-ND (par exemple du type *ḫꜢ῾-se-ND, « ND-l’a-laissé(e) » paraît cependant a priori peu probable, compte tenu de son sens négatif pour l’enfant ainsi nommé. Il faut en fait réunir toutes ces instances sous un seul et même modèle, du type ḫꜢ῾(=w)se-(n)-ND, « Ils-l’ont-laissé(e)-à-ND », avec écriture défective fréquente en hiéroglyphes224. Dans ces écritures défectives, c’est souvent le pronom =w qui disparaît (ex : ḫꜢ῾=w-se-n-jmn225), quelquefois le n du datif (ex :
Karl-Theodor Zauzich zum 65. Geburtstag am 8. Juni 2004 (Studia Demotica 6), 2004, p. 104 ; S. Davies, dans Gh. Widmer, D. Devauchelle (éd.), Actes du IXe congrès international des études démotiques (BdE 147), 2009, p. 89-90 ; G. Vittmann, WZKM 91 (2001), p. 375. 217 Id., loc.cit. 218 Actuellement donc uniquement attestée avec Amon : ḥn(=w)-Ꜣ.t=w-(n)-jmn (id., Demotisches Namenbuch, Korrekturen und Nachträge, p. 188 [S. 770]). 219 Voir Wb II, 494, 10 ; R. A. Caminos, Late-Egyptian Miscellanies (BES 1), 1954, p. 46 (avec références). 220 Il est moins sûr que les noms du Nouvel Empire formés sur le schéma hn-n-ND (PN I, 229, 22-25 ; II, 375) soient à interpréter de la même manière, mais l’interprétation proposée par H. Ranke, PN II, 374 (« Gott NN hat zugestimmt » [nämlich bei einer Orakelbefragung]), semble en tout cas peu probable (voir la proposition de J.-Cl. Grenier, Les statuettes funéraires du Museo Gregoriano Egizio, 1996, p. 78 : « Celle qui s’en remet/fait confiance à Bastet » [?]). 221 Voir M. Thirion, RdE 56 (2005), p. 181-187. 222 Statue Rennes 98.5.1 (voir O. Perdu, JEA 84 [1998], p. 129, fig. 1a et pl. XVI, 2 ; É. Rannou, Musée des Beaux-Arts de Rennes. Collections égyptiennes [époque pharaonique], 1999, p. 38-39). 223 G. Daressy, ASAE 18 (1918), p. 155. 224 C’était déjà la conclusion de H. Ranke, PN II, 380, sur 262, 16-21 ; même interprétation chez M. Thirion, op. cit., p. 183. Contra E. Edel, Neue Deutungen Keilschriftlicher Umschreibungen ägyptischer Wörter und Personennamen (ÖAWPHK 375), 1980, p. 24, qui analyse la forme comme *ḫꜢ῾-s(t)-jmn, « Amun möge sie (die Feinde) verlassen / im Stich lassen ». 225 Stèle Louvre IM 2863 (voir M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, Catalogue des stèles du Sérapéum de Memphis I, 1968, p. 90, no 112).
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ḫꜢ῾=w-se-(n)-jmn226), voire même peut-être parfois le pronom dépendant se227. Il existe en effet une série de noms simples, du type ḫꜢ῾-ND228, qui renvoient vraisemblablement soit à la formation (tꜢ)-ḫꜢ῾(=w)-(n)-ND229, soit à la formation ḫꜢ῾(=w)-(se-n)-ND, comme semble en témoigner le papyrus Vatican 48813, où alternent des graphies et pour désigner la même personne230. Enfin, une autre abréviation consiste, comme souvent, à supprimer le nom de la divinité : ḫꜢ῾=w-se231. Si le pronom =w semble plus rarement écrit qu’absent dans les exemples hiéroglyphiques, c’est le contraire qui se produit dans les exemples en hiératique anormal232 et en démotique233. Cette absence du pronom =w est donc plutôt le reflet d’habitudes graphiques propres aux écritures hiéroglyphiques – probablement par volonté de souligner la phonation du nom plutôt que son étymologie234 et entraînant peut-être aussi une certaine démotivation du nom – que d’une différence d’interprétation du schéma grammatical initial. Ainsi, par exemple, à un
ḫꜢ῾(=w)-se-(n)-mnw235 défectif correspondra
un ḫꜢ῾=w-se-n-mnw236, à la graphie complète237. Une preuve supplémentaire nous en est fournie par la variation, sur deux monuments de la Troisième Période intermédiaire, d’un anthroponyme ḫꜢ῾=w-se-n-mḥy.t désignant la même personne238, écrit une fois de manière assez complète : 239
240 et l’autre fois de manière très abrégée : . On rappellera que dans les anthroponymes employant le verbe ḫꜢ῾, la consonne initiale de ce dernier est souvent écrite avec un q en lieu et place du ḫ attendu, témoignant d’un changement phonétique dont le copte ⲕⲱ,
226
Stèle Louvre IM 3143 (voir ibid., p. 38-39, no 39, pl. XIII ; JWIS II, p. 287, no 28.39). Voir M. Thirion, op. cit., p. 183. 228 Cette formation est composée avec les divinités Isis (PN I, 262, 11), Montou (PN I, 262, 12) et Horus (PN I, 262, 13). 229 Voir infra. 230 A. Gasse, Les papyrus hiératiques et hiéroglyphiques du Museo Gregoriano Egizio, 1993, p. 39-42, pl. 33 (no 26) (= JWIS IV, p. 1083, no 60.613). 231 PN I, 262, 14 et 15 (ce dernier est corrigé par M. Thirion, RdE 42 [1991], p. 227) ; PN II, 380 ; DemNam I, 868. 232 Voir JWIS III, p. 223-226, no 48.165-167 ; JWIS IV, p. 565, no 57.298. 233 Voir DemNam I, 868-873. 227
234 Voir encore des graphies telles que , sans ayn non plus (voir M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., p. 145, pl. 52, no 191 ; JWIS III, p. 381, no 52.74). 235 Stèle Louvre 308 (É. Chassinat, RecTrav 21 [1899], p. 62). 236 Statue collection Eid (voir P. Vernus, Athribis [BdE 74], 1978, p. 108, no 119). 237 Noter qu’il ne s’agit pas ici de la même personne. 238 Voir Fr. Payraudeau, RdE 64 (2013), p. 82-85 et fig. 7 sur l’identité des deux porteurs du nom. 239 Statue Caire JE 37880 = ibid., p. 69. 240 Stèle Lyon MBA IE 328 = J.-Cl. Goyon, Kêmi 18 (1968), p. 34-35 et 38 n. 22.
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« laisser »241 est l’ultime avatar242. Aux nombreux exemples recensés, il me 243 semble que l’on peut ajouter l’unique et baroque , qui est quant à lui très certainement une graphie de l’anthroponyme ḫꜢ῾(=w)-se-n-
Ꜣs.t dont la première partie (
) donne l’écriture étymologique, tandis
que la deuxième ( ) donne l’actualisation phonétique. Ce phénomène graphique de double notation (graphie étymologique + graphie phonétique) est bien attesté tant dans le vocabulaire commun244 que dans les anthroponymes245. § 37. Sur un modèle similaire est construite la formation tꜢ-ḫꜢ῾(=w)-n-ND246. Les rares exemples cités par H. Ranke ne sont pas explicites quant à l’interprétation grammaticale à donner. Cependant, quelques graphies très claires 247 du type permettent d’assurer la lecture tꜢ-ḫꜢ῾=w-n-bꜢst.t, à comprendre comme « Celle-qu’ils-ont-laissée-à-Bastet ». C’est bien évidemment cette interprétation qu’il faut aussi adopter pour les graphies plus défectives. Comme toujours, la formation onomastique est aussi attestée sous sa forme abrégée, omettant le nom de la divinité, sous la forme pꜢ-ḫꜢ῾=w248 et tꜢ-ḫꜢ῾=w249. Plus fréquentes sont les formes abrégées pꜢ-ḫꜢ῾(=w)-se250 et tꜢ-ḫꜢ῾(=w)-se251, avec cependant la présence d’un pronom se superflu qui pose des problèmes d’interprétation, en plus de l’absence du pronom =w252.
241 J. Černy, Coptic Etymological Dictionary, 1976, p. 52, W. Vycichl, Dictionnaire étymologique de la langue copte, 1983, p. 71. 242 Voir H. De Meulenaere, RdE 14 (1962), p. 50 ; L. Limme, CdE 47 (1972), p. 106-107 n. c) ; J. Quaegebeur, GM 119 (1990), p. 74-75 ; G. Vittmann, GM 141 (1994), p. 101-102 ; M. Thirion, RdE 56 (2005), p. 183-187 ; C. M. Sheikholeslami, dans Cl. Jurman, B. Bader, D. A. Aston (éd.), A True Scribe of Abydos. Essays on First Millenium Egypt in Honour of Anthony Leahy (OLA 265), 2017, p. 426 n. 59. 243 Stèle Harrogate, Royal Pump Room Museum (voir PM VIII, 403 : 803-074-690).
Voir l’exemple topique zwr > zwj, « boire » (copte ⲥⲱ), etc. Voir J. Quaegebeur, dans Sv. P. Vleeming (éd.), Aspects of Demotic Lexicography (Studia Demotica 1), 1987, p. 79-80 = W. Clarysse, A. I. Blasco Torres (éd.), Egyptian Language in Greek Sources. Scripta Onomastica of Jan Quaegebeur (OLA 280), 2019, p. 185-186. 246 tꜢ-ḫꜢ῾=w-n-bꜢst.t : PN I, 366, 11 ; II, 396 et I, 383, 12 = II, 309, 9, corrigé par H. De Meulenaere, RdE 14 (1962), p. 50 ; M. Thirion, op. cit., p. 184-185. 247 Stèle Cincinnati 1947.392 (voir JWIS IV, p. 128, no 53.248). 248 Uniquement attesté en démotique : DemNam I, 507 ; M. Thirion, op. cit., p. 185. 249 PN I 366, 12 ; II, 396 et probablement aussi I, 366, 10 (voir M. Thirion, op. cit., p. 185). 250 PN II, 282, 24 et 25 ; DemNam I, 207 et 507. Voir encore PN I, 116, 9 ; II, 354 et 332, 26 (corrections par H. De Meulenaere, RdE 12 [1960], p. 74) et les nombreuses autres corrections de lecture et additions apportées par M. Thirion, op. cit., p. 185-187. 251 PN I, 370, 16 (avec correction de H. De Meulenaere, RdE 14 [1962], p. 50) ; DemNam I, 1238. 252 G. Vittmann, Enchoria 24 (1997/1998), p. 94 ; M. Thirion, op. cit., p. 185. La présence de ce pronom pourrait-elle s’expliquer par un calque de l’emploi (correct quant à lui) du même 244 245
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§ 38. Le type onomastique ḫꜢ῾=w-se-n-ND fut extrêmement populaire depuis la Troisième Période intermédiaire jusqu’à la fin de l’époque tardive, pour se raréfier vers l’époque ptolémaïque253. Il est employé avec un nombre de divinités très important ; on recense ainsi Horus254, Isis255, Montou256, Amon257, Min258, Mout259, Hapy260, Anubis261, Amenopê262, Mehyt263, Apis264, Khonsou265, Satet266, Thot267, Osiris268, Horus-Rê (?)269, (la) déesse (?)270 et Bastet – très rarement, avec deux attestations271. Si l’on suit notre interprétation de ce type onomastique, on pourrait s’étonner que ce dernier ne fasse que très rarement référence à la déesse Bastet, qui est la principale divinité invoquée dans les autres noms imprécatoires étudiés ici. Ce paradoxe s’explique en fait probablement par l’emploi concurrent de la formation proche (et de signification identique) tꜢ-ḫꜢ῾=w-n-bꜢst.t « Cellequ’ils-ont-abandonnée-à-Bastet », beaucoup plus fréquente quant à elle ; cette dernière forme onomastique ne semble jusqu’à présent attestée qu’avec cette divinité, mais en nombre considérable272. § 39. Traduction et interprétation La forme sḏm=f employée dans la formation ḫꜢ῾=w-se-n-ND est a priori susceptible de deux analyses : un sḏm=f prospectif (« Qu’ils-le/la-laissent-à-ND ») ou un sḏm=f perfectif (« Ils-l’ont-laissé(e)-à-ND »). Cependant, le parallèle pronom dépendant dans la forme ḫꜢ῾=w-se-n-ND ? Plus récemment, G. Vittmann, « Personal Names: Function and Significance », UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2013, p. 5-6 a proposé d’interpréter ces noms comme pꜢ(j)/tꜢj-ḫꜢ῾=s, « Celui/Celle-qu’elle-(i.e. la mère)-a-laissé(e)-(au dieu) », ce qui permettrait de résoudre les difficultés grammaticales ; l’interprétation du =s (alors suffixe) comme renvoyant à la mère dans ce nom propre me semble cependant peu convaincante, faute de parallèles. 253 M. Thirion, op. cit., p. 183. 254 Voir DemNam I, 872 ; M. Thirion, op. cit., p. 181. 255 PN I, 262, 11 et 19 ; DemNam I, 870 ; M. Thirion, op. cit., p. 183. 256 PN I, 262, 12 ; Thirion, op. cit., p. 183. 257 PN I, 262, 18 et 20 ; Thirion, loc. cit. 258 PN I, 262, 17 ; DemNam I, 871; M. Thirion, loc. cit. 259 PN I, 262, 21 ; DemNam I, 871 ; M. Thirion, op. cit., p. 184. 260 PN II, 309, 11 ; M. Thirion, loc. cit. 261 DemNam I, 868 ; M. Thirion, loc. cit. 262 DemNam I, 869 ; M. Thirion, loc. cit. 263 DemNam I, 868 ; M. Thirion, loc. cit ; Fr. Payreaudau, RdE 64 (2013), p. 69 et 77. 264 M. Thirion, loc. cit. 265 DemNam I, 872 ; M. Thirion, loc. cit. 266 M. Thirion, loc. cit. 267 DemNam I, 872 ; M. Thirion, loc. cit. 268 DemNam I, 870 ; St. van Gompel, P. Hogenboom, dans C. J. Martin, Fr. A. J. Hoogendijk, K. Donker van Heel (éd.), Hieratic, Demotic and Greek Studies and Text Editions. Of Making Many Books There Is No End: Festschrift in Honour of Sven P. Vleeming (PLBat 34), 2018, p. 116. 269 G. Vittmann, GM 141 (1994), p. 102. 270 D. Devauchelle, dans Cl. Jurman, B. Bader, D. A. Aston (éd.), A True Scribe of Abydos. Essays on First Millenium Egypt in Honour of Anthony Leahy (OLA 265), 2017, p. 106-107. 271 PN I, 262, 16 ; II, 286 ; DemNam I, 873 ; M. Thirion, op. cit., p. 184-185. 272 M. Thirion, op. cit., p. 184-185.
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évident que l’on peut faire avec la forme tꜢ-ḫꜢ῾=w-n-ND, qui ne peut être interprétée grammaticalement que comme un passé (« Celle-qu’ils-ont-laissée-àND ») permet de proposer en toute vraisemblance une interprétation identique pour la forme ḫꜢ῾=w-se-n-ND. On traduira donc plutôt : « Ils-l’ont-laissé(e)-àND ». Les noms du type bwpw-ḥr-ḫꜢ῾-n, « Horus-ne-nous-a-pas-laissés », avec perfectif négatif, même s’ils ne correspondent pas au même motif, plaident eux aussi en faveur d’une interprétation par un sḏm=f perfectif273. Ce type onomastique a fait l’objet d’interprétations diverses274. Si Fr. Ll. Griffith275, le premier, traduisait simplement le nom par « She is abandonned to Isis », H. Ranke a quant à lui proposé de l’interpréter comme une allusion à la pratique d’exposition des enfants, ces enfants abandonnés devant un temple ayant peut-être été ensuite recueillis par des parents adoptifs276. Cette interprétation paraît cependant bien étrange compte tenu de la fréquence du type onomastique, quand la pratique de l’exposition n’est quant à elle attestée que de façon rarissime en Égypte ancienne. Certains commentateurs plus récents préfèrent interpréter le nom comme une référence à un simple don du nouveau-né à une divinité par les parents277. Le sens de ḫꜢ῾ serait alors plutôt celui d’« abandonner » au sens de « confier, laisser »278. 273 Cette forme onomastique non équivoque de négation du sḏm=f perfectif est attestée au Nouvel Empire (bwpw-mw.t-ḫꜢ῾=n, « Mout-ne-nous-a-pas-laissés » [KRI VI, 739, 11, inconnu du PN]) et à la Troisième Période intermédiaire (bwp(w)-jmn-ḫꜢ῾-(wj ?), « Amon-ne-(m’?)-a-pas-laissé » [PN I, 418, 17 ; II, 403 = JWIS I, p. 160, no 10.7, l. x+13, en suivant l’interprétation de P. Vernus, BIFAO 75 (1975), p. 61 n. 2] et bwpw-ḥr-ḫꜢ῾=n, « Horus-ne-nous-a-pas-laissés » [PN I, 418, 18 ; P. Vernus, LÄ IV, col. 327 qui y voit une allusion à « la participation commune des parents » lors de la Namengebung]). À rapprocher encore des anthroponymes démotiques bn-pw-ẖnm-ḫꜢ῾-r-r=w (?), que DemNam I, 142 préfère cependant lire bn-pw-ẖnm-ḫꜢ῾-n-jm=w (contra A. A. Den Brinker, Br. P. Muhs, Sv. P. Vleeming, A Berichtigungsliste of Demotic Documents. Papyrus Editions [Studia Demotica 7/A], 2005, p. 346), en les rapprochant notamment d’attestations hiéroglyphiques dont la lecture reste cependant elle aussi d’interprétation délicate (J. Osing, Enchoria 10 [1980], p. 104 préfère lire ces attestations hiéroglyphiques bn-pw-ẖnm-ḫꜢ῾=n). La lecture de ces anthroponymes démotiques restant controversée, j’ai préféré ne pas les inclure dans la présente étude, malgré la présence possible du pronom =w (voir aussi M. Thirion, RdE 43 [1992], p. 167). 274 Voir déjà la synthèse de ead., RdE 56 (2005), p. 181-183 et 185. 275 Fr. Ll. Griffith, Catalogue of the Demotic Papyri in the John Rylands Library, Manchester III, 1909, p. 209 n. 3. 276 PN II, 227 et 280, sur 262, 16-21 ; G. Vittmann, « Personal Names: Function and Significance », UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2013, p. 5-6. 277 C’est l’interprétation proposée, à quelques détails près, par H.-J. Thissen, dans D. Kurth, H.-J. Thissen, M. Weber, Kölner Ägyptische Papyri (P. Köln ägypt.) (Sonderreihe Papyrologica Coloniensia IX), 1980, p. 59 n. 12 ; E. Luddeckens, dans Ägypten. Dauer und Wandel. Symposium anlässlich des 75 jährigen Bestehens des DAIK am 10. und 11. Oktober 1982 (SDAIK 18), 1985, p. 109 ; G. Vittmann, Der demotische Papyrus Rylands 9 (ÄAT 38), 1998, p. 495 et M. Thirion, op. cit., p. 183. Noter cependant que le rapprochement suggéré par M. Thirion, op. cit., p. 183, avec la forme dj=w-se-n-mw.t, « Elle-a-été-donnée-à-Mout / Ils-l’ont-donnée-à-Mout », forme rarissime, pour confirmer cette analyse du sens du nom, me semble fragile (voir infra, § 55 sur ce nom). Dans les autres formations onomastiques employant le verbe dj, « donner », courantes celles-ci (dj-se-ND, pꜢ-dj-ND, ND-j-jr-dj-se), c’est plutôt la divinité qui donne l’enfant (aux parents), ou d’autres choses (la vieillesse, etc.). 278 Le verbe ḫꜢ῾ n’a intrinsèquement aucune connotation positive ou négative. Il signifie simplement « augmenter la distance entre deux éléments », d’où les traductions possibles « laisser,
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Toutes ces interprétations supposent d’analyser le suffixe =w comme une notation du passif, sans renvoi à une réalité concrète et l’on ne peut certes pas écarter cette hypothèse. Cependant, une fois encore, cette formation onomastique entrerait aussi parfaitement dans notre schéma général d’interprétation de ce pronom =w comme une allusion aux génies malfaisants. « Ils-(= les afarit)l’ont-laissé(e)-à-ND » serait alors une allusion au combat perdu par les mauvais génies, forcés d’abandonner le nouveau-né à la divinité protectrice, garante de sa vie. De fait, l’action exprimée par le verbe ḫꜢ῾ est, dans les autres noms propres où elle est attestée, négativement connotée279. Il serait donc logique de l’attribuer à des divinités néfastes. § 40. Noms en Ꜣḫ Il existe une formation Ꜣḫ-ND-r=w, attestée actuellement avec le dieu Amon (Ꜣḫ-jmn-r=w280), le dieu Amenopé (Ꜣḫ-jmn-jp.t-r=w281) et le dieu Seth (Ꜣḫ-stḫr=w282). § 41. Traduction et interprétation La formation onomastique a le plus souvent été interprétée comme « L’œil d’Amon / Amenemopé est dirigé contre eux »283, avec une lecture Ꜣḫ.t, « œil efficient »284 pour le premier terme. Cependant, aucun déterminatif de l’œil n’apparaît jamais, et les graphies avec t sont très minoritaires. En tenant compte de la graphie démotique, W. Spiegelberg285 préférait interpréter le nom comme « der Geist Amons ist gegen sie », mais les déterminatifs seraient tout aussi absents. Il reste possible d’analyser ici l’élément Ꜣḫ comme une graphie de l’ancien adjectif-verbe Ꜣḫ, « être efficient ». L’anthroponyme témoignerait d’une construction déjà attestée par nḫt-ND-r=w (voir supra). Cette interprétation trouve peut-être un début de confirmation dans la comparaison avec les anthroponymes contemporains
Ꜣḫ.t(sic)-jmn-(r)-mw.t-jt,
abandonner, quitter », mais aussi « jeter, envoyer, libérer », etc. selon que le sujet du verbe ou son COD est celui qui réalise le mouvement. 279 Voir supra, n. 273 sur le nom bwpw-ND-ḫꜢ῾=n et similaires. 280 PN I, 3, 10 ; DemNam I, p. 74 et G. Vittmann, Demotisches Namenbuch, Korrekturen und Nachträge, p. 133 pour S. 74 ; interpréter aussi ainsi le nom du socle Caire JE 37882 ? (voir E. Graefe, op. cit., p. 166). Sur le grand majordome de Chépénoupet II ainsi nommé et ses monuments, voir O. Perdu, Les statues privées de la fin de l’époque pharaonique (1069 av. J.-C. – 395 apr. J.-C.). Tome 1 – Hommes, 2012, p. 444. 281 PN I, 3, 11 et H. De Meulenaere, RdE 11 (1957), p. 77-78 ; JWIS III, p. 320, no 51.103. 282 Voir A. Leahy, dans A. R. Warfe, C. R. Gill, C. R. Hamilton, A. J. Pettman, D. A. Stewart (éd.), Dust, Demons and Pots. Studies in Honour of Colin A. Hope (OLA 289), 2020, p. 453-454. 283 Voir notamment PN I, 3. 10 et G. Vittmann, Demotisches Namenbuch, Korrekturen und Nachträge, p. 133 pour S. 74. 284 Wb I, 17, 1-2 ; P. Wilson, A Ptolemaic Lexikon (OLA 78), 1997, p. 19-20. 285 RecTrav 28 (1906), p. 199. Suivi par A. Leahy, loc. cit.
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« Amon-est-plus-utile-que-mère-et-père »286 et , Ꜣḫ-jmn-(r)-ḥḥ, « Amon-est-plus-utile-que-des-millions »287, où l’élément initial Ꜣḫ est certainement l’adjectif-verbe. L’interprétation du premier élément comme Ꜣḫ.t, « œil efficient » s’accorderait certes avec le contexte général des anthroponymes étudiés ici, où les yeux divins occupent une place importante, comme on va le voir plus bas, mais la traduction par l’adjectif-verbe Ꜣḫ, exprimant la notion d’efficience et d’énergie288 conviendrait tout aussi bien : la divinité protectrice est ici considérée comme plus efficace et efficiente que les démons maléfiques, dont certains sont justement des Ꜣḫw, « esprits »289. § 42. jr.t-ḥr-r=w Ce nom extrêmement fréquent290 étant formé sur un prédicat adverbial, il exprime une situation (« Das Horusauge ist gegen sie (gerichtet) »)291, et non pas un souhait (« Que l’œil d’Horus soit contre eux »)292. Le nom est parfois précédé en démotique d’un signe jn non étymologique initial témoignant de la vocalisation du nom (grec Ιναρως)293. L’œil d’Horus, c’est l’œil-oudjat, celui qui peut contrer le mauvais œil. § 43. Autres divinités avec jr.t Il semble que la formation onomastique ait été utilisée avec d’autres divinités, mais les attestations en sont d’interprétation plus conjecturale. On trouve ainsi des jr.ty / jr.t-jmn-r=w, « Les-yeux/l’œil-d’Amon-est-contre-eux »294, toujours attestés avec antéposition honorifique du nom d’Amon : 296
,
; ainsi que des jr.t-bꜢst.t-r=w, « L’œil-de-Bastet-est-contre-
eux », avec même antéposition honorifique :
286
295
297
, dont les jr.ty-bꜢst.t298
Canopes Caire CG 4204-4207 : JWIS III, p. 519-520, no 52.308. Statue Brooklyn 64.200.1 : JWIS III, p. 300, no 51.61 (graphie vérifiée sur photos du CLES aimablement transmises par L. Coulon). 288 Voir G. Englund, Akh – Une notion religieuse dans l’Égypte pharaonique (Acta Universitatis Upsaliensis Boreas 11), 1978. 289 Voir supra, § 12 sur cette catégorie. 290 PN I, 42, 11-12 et XX ; II, 343 ; DemNam I, 72-73 ; W. Spiegelberg, RecTrav 28 (1906), p. 197-201. 291 Ibid., p. 199 ; PN I, 42, 11 ; DemNam I, 72 ; etc. 292 M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 117. 293 Voir W. Spiegelberg, op. cit., p. 199. 294 PN I, 42, 14 ; II, 343. 295 Statue Karnak-Nord (voir E. Graefe, op. cit., p. 86 et n. 5 = JWIS III, p 331, no 51.121). 296 M. Malinine, RdE 27 (1975), p. 167 n. f. 297 Statue Caire JE 37866 (voir JWIS III, p. 529, no 52.325). 298 PN II, 266, 8. 287
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pourraient être des formes abrégées :
299
;
300
. De même,
301 , qu’elle interM. Guentch-Ogloueff signale un anthroponyme prète comme n.t-r=w, « Neith est contre eux », mais qui pourrait être lu, à l’instar des exemples précédents, jr.t-n.t-r=w, « L’œil de Neith est contre eux ». Certaines des attestations mentionnées ci-dessus pourraient en effet être interprétées comme des graphies de la formation anthroponymique ND-r=w, employé pour , comme c’est fréquemment le cas302. avec
§ 44. jr.t=w-r=w et tꜢy=w-jr.t-r=w Le nom jr.t=w-r=w est fréquent303, tant pour des hommes que pour des femmes. Il est attesté sous des formes très diverses ( , , , etc.), mais qui semblent bien devoir être regroupées sous une même entrée jr.t=w-r=w, « Leur œil est contre eux »304. L’existence de la variante anthroponymique tꜢy=w-jr.t-r=w305, où le possessif est rattaché à l’article et non directement au substantif comme c’est l’habitude plus généralement en égyptien de la deuxième phase pour les parties du corps humain306, semble bien confirmer cette interprétation307. Une des plus anciennes attestations du nom jr.t=w-r=w, de la XXIIe dynastie, est écrite
308
; mais, sensiblement de la même époque, une graphie
est aussi attestée309. Les graphies en hiératique anormal semblent hésiter entre les graphies avec ou sans =w après jr.t, mais les graphies en démotique ancien favorisent normalement les graphies plus complètes du type
.
299 Sarcophage Berlin = JWIS II, p. 393, no 44.23. Le nom doit bien être distingué de celui des autres enfants royaux appelées jr-bꜢst.t-wḏꜢ-nfw (Fr. Payraudeau, L’Égypte et la vallée du Nil, Tome 3. Les époques tardives [1069-332 av. J.-C.], 2020, p. 159-160). 300 Sarcophage Liverpool M.13992 (voir JWIS III, p. 444, no 52.176). 301 M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 118, se référant à Lieblein no 1028 (= Louvre C 107). 302 Voir infra, § 51 et voir aussi l’exemple de la statue Caire JE 37866 citée supra, n. 296. 303 PN I, 42, 10 ; II, 266, 7 et 9 et 343 ; DemNam I, 70 ; G. Vittmann, SAK 21 (1994), p. 335337. Pour le hiératique anormal, voir G. Vittmann, GM 154 (1996), p. 107 ; R. Jasnow, G. Vittmann, Enchoria 19/20 (1992/1993), p. 27, n. B). 304 G. Vittmann, SAK 21 (1994), p. 335-336. 305 PN I, 354, 1 ; II, 394 ; E. Graefe, op. cit., p. 76 ; G. Vittmann, WZKM 75 (1983), p. 201 ; id., SAK 21 (1994), p. 336 et n. 65. Voir encore H. De Meulenaere, CdE 48 (1973), p. 55 n. i,
où l’initiale du nom est probablement une notation phonétique du tꜢy=w de tꜢy=w-jr.t-r=w. 306 Voir Fr. Lexa, Grammaire démotique II, 1950, p. 148, § 151, qui fait état de nombreuses exceptions qui confirment le rapprochement proposé ici entre les anthroponymes jr.t=w-r=w et tꜢy=w-jr.t-r=w ; voir aussi L. Depuydt, Enchoria 28 (2002/2003), p. 7-18. 307 Voir G. Vittmann, SAK 21 (1994), p. 336. 308 Stèle Louvre IM 2846 dite de Pasenhor (voir M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, Catalogue des stèles du Sérapéum de Memphis I, 1968, p. 30-31, no 31). 309 JWIS II, p. 407, no 44.55.
210
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Toutes ces graphies semblent cependant interchangeables, comme en témoignent deux stèles contemporaines érigées par le même donateur dans le Sérapeum, 310 et l’autre . De même, dans où le nom est écrit une fois 311 le papyrus en hiératique anormal Louvre 3228c , semblent alterner les 312 313 graphies et . Le nom jr.t=w-r=w étant tellement fréquent, on ne peut cependant pas exclure que, dans certains cas au moins, les graphies sans =w derrière jr.t reflètent une graphie abrégée – sans nom de divinité – du très populaire anthroponyme jr.t-ḥr-r=w314.
§ 45. Traduction et interprétation Il semble donc bien qu’il faille comprendre « leur-œil / leurs-(deux)-yeux-sontcontre-eux ». H. Ranke315 pense que le premier =w renverrait à « mehrere Götter » et le deuxième à « die feindliche Dämonen o.ä »316. En conservant notre approche générale, qui consiste à voir dans chaque pronom =w de ces noms imprécatoires une référence aux esprits malveillants, il me semble tout à fait possible de comprendre que « leurs yeux » se réfèrent bien à ces entités malveillantes, et qu’ils sont ici sensés se retourner contre eux-mêmes317. § 46. jr.ty(=w)-rṯ L’expression jr.ty=w « Leurs (deux) yeux » semble aussi attestée dans un anthroponyme d’interprétation difficile, que H. Ranke propose de lire jr.ty(?)r-ṯꜢy318 et de traduire par « Die Augen werden (den Feind) packen » (?)319 ; M. Guentch-Ogloueff propose quant à elle « Les Deux Yeux les saisiront »320. M. Malinine voit dans le verbe ṯꜢ une graphie du verbe ṯꜢwy, « voler », et non ṯꜢy, « prendre »321, et suppose que les graphies en hiératique anormal et en 310 Stèles Louvre IM 3080 et IM 2661 (voir M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., p. 131-132, no 170 et 171 = JWIS III, p. 377-378, no 52.59 et 52.60). 311 M. Malinine, RdE 6 (1951), p. 157-178 et pl. IV-VI = JWIS III, p. 216-219, no 48.157. 312 Col. I, l. 5 et 18. 313 Col. II, l. 5 314 Voir DemNam I, 72, ex. 35 et 37 et W. Spiegelberg, RecTrav 28 (1906), p. 201. 315 PN II, 394 sur 354, 1. 316 On constatera en passant que H. Ranke continue ici à suivre son intuition première d’une référence aux démons, et ne suit pas la démonstration de M. Guentch-Ogloueff, qu’il adopte pourtant ailleurs dans le même ouvrage (voir supra). 317 Voir infra, § 63. 318 PN I, 42, 17 ; II, 343 ; DemNam I, 71, et 87. Voir H. De Meulenaere, RdE 12 (1960), p. 67 ; A. Leahy, SAK 8 (1980), p. 171-172 ; M. Thirion, RdE 36 (1985), p. 133 ; P. W. Pestman, Les papyrus démotiques de Tsenhor (P. Tsenhor) (Studia Demotica 4), 1994, p. 142-143. Je remercie G. Vittmann et S. Lippert pour une discussion fructueuse sur cet anthroponyme. 319 PN I, 42, 17. 320 M. Guentch-Ogloueff, BIFAO 40 (1941), p. 121. 321 M. Malinine, MDAIK 16 (1958), p. 227.
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démotique ne rendent plus compte de l’étymologie de l’anthroponyme, mais de son phonétisme, par la simple notation, en fin de nom, des sons r + ṯ/ḏ. De fait, les exemples les plus anciens actuellement attestés datent de la XXVe dynastie et sont écrits en hiératique anormal. À côté d’un exemple unique graphié
322
, daté de Chabaka, l’essentiel des attestations
présente des graphies du type (et variantes de détail)323. On constate donc deux caractéristiques principales, et pratiquement systématiques : la présence constante d’un suffixe =w après le substantif jr.t et pour la deuxième partie du nom. Ces une graphie quasi-constante graphies semblent de fait aller à l’encontre d’une interprétation du r comme morphème du futur III (jamais écrit ) et du groupe de la racine ṯꜢy, « prendre » ou ṯꜢw, « voler ».
comme écriture
et sont couramment employés en écriture Au contraire, ces groupes syllabique / phonétique en égyptien à cette époque. La présence du signe de me semble être un argument supplémentaire en ce sens324. l’enfant En démotique, on observe la même tendance qu’en hiératique anormal, avec graphies présentant majoritairement un suffixe =w derrière jr.t aux époques anciennes, et le déterminatif final de l’enfant
derrière un groupe
en hiéroglyphes et qui n’a manifestement rien qu’on peut transcrire à voir avec le verbe ṯꜢy, « prendre ». Quoique le nom présente de très nombreuses variantes graphiques en hiéroglyphes, on peut dégager quelques tendances fortes : les graphies à suffixe =w derrière jr.ty (var. jr.t moins fréquente) semblent minoritaires ; les graphies 322
P. Louvre E 3228b 2, 5 (= JWIS III, p. 33, l. 13, no 46.79). Voir JWIS III, p. 35, 212-213, 215, 217-219 pour la XXVe dynastie et JWIS IV, p. 243, 249, 561, 563, 565-569 pour la XXVIe dynastie. 324 Dans de nombreuses formations onomastiques tardives, ce signe de l’enfant me semble 323
entrer en distribution supplémentaire avec et indiquer que les signes qui le précèdent sont utilisés pour leur seule valeur phonétique (voir H. De Meulenaere, Kêmi 16 [1962], p. 28-31 ; J. Quaegebeur, dans Sv. P. Vleeming [éd.], Aspects of Demotic Lexicography [Studia Demotica 1], 1987, p. 83-84 ; H. De Meulenaere, Trabajos de Egiptologia 2 [2003], p. 113-116 et surtout p. 114-115 sur ce déterminatif, avec une explication en partie similaire, fondée sur l’analyse du signe comme marqueur des hypocoristiques ; noter qu’il comprend cependant [ibid., p. 114 n. 12] la présence du signe de l’enfant dans notre anthroponyme comme « une confusion avec ṯꜢw “oisillon, rejeton” », en se référant à l’explication proposée par P. W. Pestman, Tsenhor, p. 143). On notera que notre interprétation ne permet pas d’expliquer l’étrange frénésie d’emploi de ce signe dans plusieurs noms propres beaucoup plus banals par le scribe du P. Turin 247 (voir ibid., p. 115 et JWIS IV, p. 246-253), qui alterne graphies avec ou sans ce déterminatif pour un même nom propre.
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à suffixe =w derrière le signe sont rares. La deuxième partie du nom est rendue de manière très variable, indiquant probablement que l’étymologie semble parfois oubliée. On mentionnera par exemple des graphies du type ou
sur une même stèle assez tardive325,
graphies du nom d’un même personnage, variant entre
326
, ou les
,
,
, , , , et en hiératique , sur les différents monuments le mentionnant327. On notera qu’une des premières attestations hiéroglyphiques datable (de l’époque de la divine adoratrice Chépénoupet II, fille de Piânkhy) écrit l’anthroponyme
328
. Une
329 . stèle stylistiquement datée de la XXVe dynastie présente la graphie Un sarcophage probablement de la même époque présente la graphie
et une stèle relative au même personnage écrit , avec un déterminatif notable330. En hiéroglyphes, les exemples avec graphie semblant faire référence au verbe ṯꜢy, « prendre » (avec déterminatif ) sont très mino331 ritaires, mais elles semblent relativement anciennes . Ces données semblent cependant entrer en contradiction avec les exemples écrits en hiératique anormal, datés de la XXVe dynastie et du tout début de la XXVIe dynastie. § 47. Traduction et interprétation L’analyse de la forme comme un futur III est problématique, car on attendrait, en égyptien de la seconde phase, l’emploi d’un élément grammatical jr (néoégyptien), jw / j / r (néo-égyptien et démotique) ou r-jr (démotique) devant le sujet332. 325 Stèle Guimet C 34 (= A. Moret, Catalogue du Musée Guimet. Galerie égyptienne [Annales du Musée Guimet 32], 1909, p. 66 et pl. 31). 326 Stèle Guimet C 43 (= ibid., p. 88 et pl. 39). 327 Voir les attestations des exemples réunis par JWIS IV, p. 1051-1053, no 60.545-548. 328 Socle Londres BM EA 713 (= JWIS III, p. 335, no 51.128 ; L. Coulon, dans L. Coulon (éd.), La Cachette de Karnak. Nouvelles perspectives sur les découvertes de Georges Legrain [BdE 161], 2016, p. 542-544). 329 Stèle Florence 2516 (= JWIS III, p. 547, no 52.369). 330 JWIS III, p. 511, no 52.291. 331 Stèle Londres BM EA 8458 (JWIS IV, p. 1083, no 60.615) ; stèle Turin 1530 (J. Lieblein, Dictionnaire de noms hiéroglyphiques, 1871, no 1332) ; stèle Ramesseum (J. E. Quibell, The Ramesseum [ERA 2], 1896, pl. 21 [15]), toutes stèles thébaines datées de la période saïte par P. Munro, Die spätägyptischen Totenstelen (ÄgForsch 25), 1973, p. 217, 222 et 223 respectivement. 332 J. Winand, Études de néo-égyptien, 1. La morphologie verbale (AegLeod 2), 1992, p. 495504, § 771-784 ; P. Vernus, dans G. Moers et al. (éd.), Dating Egyptian Literary Texts (Lingua Aegyptia Studia Monographica 11), 2013, p. 220-225, § 7.4 ; J.-M. Kruchten, LingAeg 18 (2010), p. 162-165. Le r devant l’infinitif pourrait aussi disparaître, tant en néo-égyptien qu’en
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En cumulant les données en hiératique anormal, démotique et hiéroglyphes, il me semble que l’interprétation du premier groupe comme jr.ty=w/jr.t=w doit être admise, même si le pronom =w est souvent omis en hiéroglyphes. Le deuxième groupe peut difficilement être compris comme une graphie du futur III r + ṯꜢy, tant en hiératique anormal qu’en démotique, et même en hiéroglyphes. Or, S. Lippert a récemment trouvé un exemple de cet anthroponyme en démotique écrit jr.t=w-lḏ, qu’elle propose d’interpréter comme « Leurs-yeux-sont-écrasés/crevés » (copte ⲗⲱϫ)333. Cette ingénieuse hypothèse peut avantageusement être appliquée à l’ensemble de nos exemples, même si aucune graphie avec déterminatif explicite n’est attestée pour ce verbe dans nos anthroponymes. On notera à ce propos l’existence d’un mot , attesté dans un toponyme (tꜢ)-jꜢ.t-rṯ dans le papyrus Wilbour334, qui pourrait bien référer au même radical, et confirmant à tout le moins, par son déterminatif de l’oeil fardé, son rapport avec la vision. Cela pourrait aussi expliquer la présence occasionnelle du suffixe =w final, qui pourrait être une graphie du statif démotique335. § 48. jr.t=w- ?? On notera enfin qu’il existe en hiératique anormal un anthroponyme débutant par jr.t=w mais dont la lecture du groupe final reste problématique. M. Malinine336 proposait initialement de lire l’ensemble jr.t=w-ḥr, « leur œil est au loin (?) » ou jr.t=w-wš, « leur œil est absent (?) », deux lectures qui s’accorderaient parfaitement avec la théorie générale proposée ici, et l’interprétation « Leurœil-est-crevé (?) » proposée par S. Lippert et adoptée ici, pour l’anthroponyme jr.t=w-rṯ. Cependant, il est aussi possible que ces attestations soient en fait simplement des graphies abrégées de jr.t=w-rṯ337. démotique. Pour le démotique, voir G. Vittmann, Rylands 9, p. 316 ; id., dans Chr. Zivie-Coche, I. Guermeur (éd.), « Parcourir l’éternité ». Hommages à Jean Yoyotte (BEHE-SR 156), 2012, p. 1081, n. p. Compter le premier de certaines graphies avec double pour cet élément initial sont habituellement grammatical ne résout pas le problème, car ces graphies à double interprétées, avec de bonnes raisons, comme des graphies du duel, en distribution supplémentaire avec les graphies à initial unique. Les nombreuses graphies du nom à initial unique resteraient alors quant à elles grammaticalement fautives. 333 P. Köln inv. 7676, voir S. Lippert, dans Ch. Armoni, Th. Backhuys, S. Lippert et al. (éd.), Kölner Papyri (P. Köln) 17 (Papyrologica Coloniensia 7/17), à paraître. 334 Voir R. O. Faulkner, The Wilbour Papyrus IV. Index, 1952, p. 68. 335 Le =w comme désinence du statif (J. H. Johnson, The Demotic Verbal System [SAOC 38], 1976, p. 16) peut aussi apparaître en hiéroglyphes (par imitation du démotique), dans certains anthroponymes, essentiellement avec le verbe jw, « venir », il est vrai (par exemple ḥp-jw [PN I, 237, 6], pꜢ-nfr-jw [PN I, 113, 3] ; ḏḥwty-jw [PN I, 407, 15 dans sa graphie signalée par DemNam I, 1298). 336 RdE 10 (1955), p. 106 (= JWIS IV, p. 566, no 57.299, avec le signe de l’homme qui danse). 337 Voir K. Donker van Heel, Abnormal Hieratic and Early Demotic Texts collected by the Theban Choachytes in the Reign of Amasis, 1995, p. 250-252 n. (a). Voir aussi M. Malinine, RdE 34 (1982-1983), p. 99, où le groupe est rendu par le hiéroglyphe de l’homme qui danse.
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§ 49. Noms en sj : sj-jr.t=w, sj-ḥꜢty=w, sj-pꜢ-mwt Le nom sj-jr.t=w, « Leur-œil-est-rassasié »338 comporte la même expression jr.t=w, « leur œil » que dans les noms examinés précédemment, et devrait, a priori, renvoyer au même référent pour le pronom suffixe =w. On doit vraisemblablement le rapprocher de l’anthroponyme de construction quasi-identique sj-ḥꜢty=w, « Leur-cœur-est-rassasié »339, où le pronom =w fait ici aussi a priori référence aux mêmes entités. On pourrait penser à une expression positive, faisant par exemple référence aux parents dont le cœur ou l’œil serait rassasié (au figuré) à la vision de l’enfant. On notera toutefois que les parents sont le plus souvent évoqués dans les noms propres par la première personne, du singulier ou du pluriel, étant à l’initiative de la Namengebung340. À tout le moins pourrait-il s’agir ici de personnes bienveillantes. De fait, plusieurs noms propres formés sur le verbe sꜢy, « être rassasié », tant au Nouvel Empire qu’à l’époque tardive, ont une connotation positive341 ; de même, le cœur342 et l’œil343 peuvent être rassasiés de manière positive dans les textes hiéroglyphiques du Nouvel Empire. D’après les exemples recensés pour les époques plus tardives, il semble cependant en aller autrement en démotique, période d’attestation de ces anthroponymes formés sur le verbe sj, « être rassasié ». L’expression sj ḥꜢty, « avoir le cœur rassasié » est ainsi attestée dans un contexte peu amène, dans le papyrus démotique Berlin P 15660 : « Qu’ils tombent malades, qu’advienne leur mal[adie], que mon cœur soit rassasié de leur malheur ! (my sj ḥꜢty=y tꜢy=w md.t bn.t) »344.
Il en va de même de l’expression sj jr.t, « avoir l’œil rassasié », employée dans le papyrus Insinger (29/18-19) : « L’impie n’apprécie pas l’indulgence pour celui qui lui porte tort. Ses yeux ne se rassasieront pas du sang (versé) au cours d’un châtiment (même) excessif (bw-jr jr.t=f sj n snf) »345.
338
DemNam I, 900. DemNam I, 904. 340 Voir par exemple supra, n. 273 (bwpw-mw.t-ḫꜢ῾=n, « Mout-ne-nous-a-pas-laissés » et similaires) ; voir cependant aussi le nom pꜢ-dbḥ=w-n-bꜢst.t, où le pronom =w semble renvoyer aux parents (voir supra, § 6). 341 Voir PN I, 299, 6-9 ; H. De Meulenaere, RdE 11 (1957), p. 77 ; M. Thirion, RdE 39 (1988), p. 144. Voir aussi l’anthroponyme sꜢy-pꜢ-῾nḫ, « La-vie-est-rassasiée » (R. O. Faulkner, The Wilbour Papyrus IV. Index, 1952, p. 25), qui résonne avec le sj-pꜢ-mwt démotique. 342 Wb IV, 15, 16 ; AnLex 77.3334. 343 Wb IV, 15, 11. 344 Voir K.-Th. Zauzich, Enchoria 19/20 (1992/1993), p. 168. Une autre attestation, malheureusement lacunaire, était peut-être plus positive : H. S. Smith, C. J. Martin, S. Davies, JEA 100 (2014), p. 458. Voir encore J. D. Ray, JEA 91 (2005), p. 176 n. e, pour une autre attestation possible (quoique difficilement compréhensible) dans un contexte de vengeance. 345 Traduction D. Agut-Labordère, M. Chauveau, Héros, magiciens et sages oubliés de l’Égypte ancienne. Une anthologie de la littérature en égyptien démotique, 2011, p. 263 ; voir 339
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Ces emplois figurés du verbe sj, « être rassasié » nous indiquent à tout le moins que celui-ci peut être employé dans des contextes négativement connotés. Par ailleurs, le seul autre anthroponyme bien attesté en démotique avec le verbe sj est sj-pꜢ-mwt, « La-mort-est-rassasiée / Que-la-mort-soit-rassasiée »346. On suppose que ce nom aurait été donné à des enfants « dont la naissance avait occasionné la mort de la mère »347. Ce nom à connotation plutôt négative est paradoxalement assez fréquent, et attesté tant pour des hommes que pour des femmes348. On soulignera enfin que le papyrus Insinger (33/10-11) mentionne une autre entité qui peut ne pas être rassasiée ; il s’agit de Petbé, l’incarnation divine de la vengeance et la rétribution349 : « Le dieu n’oublie pas, Petbé ne se repose pas. Le fou ne le craint pas, Petbé ne s’en rassasie pas (bw-jr pꜢ ḏbꜢ sj n-jm=f) »350.
§ 50. Traduction et interprétation Le contexte général d’apparition et d’utilisation de ces expressions démotiques forgées sur le verbe sj, « rassasier » et des anthroponymes formés sur le même verbe témoignent d’une cohérence qui peut difficilement être fortuite. Il semble donc a priori logique de comprendre ces trois formations onomastiques proches comme renvoyant à une réalité identique, ou à tout le moins analogue351. La mention explicite de « la Mort » dans le troisième anthroponyme engage à chercher un référent similaire pour le pronom suffixe =w. Nos entités malveillantes, afarit et autres démons malfaisants sont encore une fois les meilleurs candidats. D. Agut-Labordère, Le sage et l’insensé. La composition et la transmission des sagesses démotiques (BEHE-SHP 347), 2011, p. 156. 346 PN I, 299,5 ; DemNam. I, 902. Pour ce nom, il est encore une fois difficile de savoir si l’on a affaire à un sḏm=f perfectif ou prospectif ; noter aussi que le nom est quelquefois réinterprété en sꜢ-pꜢ-mwt, « Fils de la Mort » (DemNam I, 902). En dehors de ce nom, je recense un unique exemple de sj-jnp, « Anubis-est-rassasié » (S. Davies, dans Gh. Widmer, D. Devauchelle [éd.], Actes du IXe congrès international des études démotiques [BdE 147], 2009, p. 92). La référence à Anubis dans ce type anthroponymique n’est peut-être pas fortuite. 347 Voir M. Malinine, RdE 19 (1967), p. 79 c, qui suit l’interprétation déjà proposée par Fr. Ll. Griffith, Catalogue of the Demotic Papyri in the John Rylands Library, Manchester, III, 1909, p. 131 n. 7. 348 Le terme pꜢ mwt, « La mort » entre dans la composition d’autres noms propres en démotique (voir B. Jordan, Demotisches Namenbuch: Suchliste, 2017, p. 95) – et beaucoup plus rarement en hiéroglyphes (voir E. Graefe, op. cit., p. 43, avec la correction de G. Vittmann, WZKM 75 [1983], p. 200) –, mais ceux-ci n’apportent pas d’information exploitable pour notre sujet (voir aussi supra, § 14). 349 Sur Petbé, voir Cl. Traunecker, dans J.-G. Heintz (éd.), Oracles et prophéties dans l’antiquité. Actes du colloque de Strasbourg 15-17 juin 1995 (USHS 15), 1997, p. 51-54 (avec bibliographie). 350 D. Agut-Labordère, Le sage et l’insensé, p. 158. 351 Il existe encore un autre anthroponyme attesté en démotique et formé sur le verbe sj, « être rassasié », mais sa lecture est problématique (DemNam I, 952 : sj-nꜢ…?…w).
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Ces noms pourraient témoigner, comme on l’a déjà proposé pour l’anthroponyme sj-pꜢ-mwt, du décès de la mère, morte en couches ; ils pourraient aussi faire allusion à la mort précédente du frère ou de la sœur du nouveau-né352. Ce dernier devrait en tout cas la vie au fait que les démons seraient satisfaits et repus par une mort précédente. § 51. Noms en r=w La formation onomastique ND-r=w semble attestée, en hiéroglyphes, avec Bastet ( (
: bꜢst.t-r=w)353, Mout ( : ḥr-r=w)355, Apis (
: mw.t-r=w)354, Horus
: ḥp-r=w356), Ouret (
: wr.t-r=w)357,
Harday (?) ( : ḥr-dy-r=w [?]358) et Amon (jmn-r=w [?])359. Toutes ces attestations sont cependant sujettes à caution ; elles pourraient aussi être des graphies de la formation jr.t-ND-r=w, avec antéposition honorifique du nom divin, ou seraient même à lire tout autrement pour certaines. Leur relative rareté ne permet aucune certitude. semble quant à lui d’interprétation plus sûre. Il a été lu Le nom ῾nḫ-jr.t-r=w, « es lebt das Auge gegen sie (?) » par H. Ranke360, mais ῾nḫ.t-r=w, « Que l’œil sacré soit contre eux » par M. Guentch-Ogloueff361, dont nous adoptons plus volontiers la lecture (si ce n’est la traduction par un prospectif). Enfin, G. Vittmann a pu mettre en évidence l’existence d’un rare nom wḏꜢ.t-r=sn, « L’œil-oudjat-est-contre-eux » 362, avec emploi du pronom suffixe =sn plutôt que =w, nom qui s’accorderait encore une fois tout à fait avec le thème ici développé.
352 Il me semble bien moins probable de pouvoir interpréter ici le verbe sj au sens propre, indiquant que les démons malfaisants auraient été rassasiés par des offrandes propitiatoires déposées au préalable par les parents à leur attention (voir supra, § 13 sur cette interprétation). Si le principe est attesté et pourrait s’appliquer à des forces divines tant bienfaisantes que malfaisantes, on le voit mal en revanche être appliqué à « la-Mort » elle-même. 353 Statue Londres BM EA 49243, selon la lecture de PM VIII/2, p. 959 : 801-797-850. 354 U. Bouriant, RecTrav 8 (1886), p. 160, signalé par M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 118. 355 PN I, 246, 5, signalé par M. Guentch-Ogloueff, loc. cit. 356 PN I, 237, 7, signalé par id., loc. cit. 357 PN I, 82, 10 ; II, 349, signalé par ibid., p. 119. 358 Stèle Louvre Sérapéum 2663 (M. Malinine, G. Posener, J. Vercoutter, op. cit., p. 177, no 231). 359 Voir S. Pernigotti, EVO 2 (1979), p. 21-37. Noter que l’anthroponyme jmn-jp.t-r=w (PN I, 27, 19) n’existe pas (corrigé en Ꜣḫ-jmn-jp.t-r=w par H. De Meulenaere, RdE 11 [1957], p. 77-78 ; voir supra, § 40-41 sur ce nom). 360 PN I, 62, 25, suivi par M. Thirion, RdE 36 (1985), p. 133. 361 M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 119, suivie par J. F. Borghouts, JEA 59 (1973), p. 145 n. 1. 362 G. Vittmann, WZKM 70 (1978), p. 11-14.
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§ 52. Un nom étrange On citera aussi une formation anthroponymique d’interprétation très délicate, qui a déjà fait l’objet d’une note par notre récipiendaire363. Elle est attestée sur la statue d’un Amenemhat, chef des chanteurs, retrouvée à Tanis364 ). On la retrouve sur une stèle de la XXVIe dynastie prove-
(
nant vraisemblablement d’Héliopolis365 ( ). Et c’est probablement encore le même nom qui apparaît dans un graffito du temple funéraire de Sahourê à Abousir, avec une malencontreuse lacune au début de l’anthro). Ces trois noms semblent formés sur le ponyme366 ([…] modèle ḫr-ND-tꜢy=w-??. Concernant le nom divin, les deux attestations assurées de la déesse Bastet me semblent rendre la lecture bꜢ.t dans le troisième exemple sujette à caution ; peut-être devrait-on l’analyser comme une graphie fautive de la même déesse Bastet367. Le groupe
, var. , est nécessairement un nom commun féminin. Il ne me
semble pas pouvoir être rapproché du nom féminin tardif graphié
, var.
368
. La variante graphique montre qu’il s’agit très certainement dans ce dernier cas d’un anthroponyme non sémantiquement motivé, et que le groupe redoublé sert uniquement ici à noter une dentale double369. On pourrait le rap(PN I, 395, 20) et autres variantes. procher des anthroponymes du type Par rapprochement avec l’anthroponyme ṯꜢy=w-tꜢy=w-dnj.t cité plus haut, il me semble que les groupes , var. pourraient être compris comme des graphies de dnj.t, « part ». On a vu que, après sa réduction phonétique dnj.t > ⲧⲟⲉ, ce mot a souvent fait l’objet – dans les anthroponymes – de graphies non 363
O. Perdu, RdE 57 (2006), p. 162 n. b. Voir Chr. Zivie-Coche, dans Ph. Brissaud, Chr. Zivie-Coche (éd.), Tanis. Travaux récents sur le tell Sân el-Hagar, 1998, p. 478 n. g) et p. 480-481, fig. 2 p. 475. 365 M. Patané, GM 166 (1998), p. 57 et 61 ; G. Vittmann, dans M. R. M. Hasitzka et al. (éd.), Das alte Ägypten und seine Nachbarn. Festschrift zum 65. Geburtstag von Helmut Satzinger, 2003, p. 174-175 ; O. Perdu, op. cit., p. 161-162. 366 Voir G. Möller, Hieratische Paläographie III, 1936, pl. II, avec commentaire de A. Leahy, dans A. B. Lloyd (éd.), Studies in Pharaonic Religion and Society in Honour of J. Gwyn Griffiths (Occasional Publications 8), 1992, p. 151, no 26 ; JWIS IV, p. 554, no 57.277. Mal interprété en PN I, 376, 10. 367 Comparer par exemple avec une graphie identiquement fautive du nom de la déesse dans le nom de la fille royale ṯs-bꜢst.t-prt A sur la stèle Louvre IM 3697 (= JWIS II, p. 262, l. 10-11, no 27.5). 368 O. Perdu, Les statues privées de la fin de l’époque pharaonique (1069 av. J.-C. – 395 apr. J.-C.). Tome 1 – Hommes, 2012, p. 450. 369 Même emploi du même groupe dans certaines graphies de l’anthroponyme pꜢ-dj-šhdd.t (voir par exemple Chr. Zivie-Coche, Giza au premier millénaire, 1991, p. 249-250). 364
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étymologiques370 ; le pilon (< tj) ajouterait une variante tout à fait acceptable au tableau. Il resterait cependant étrange que ce soit dans ce seul modèle anthroponymique que le terme ait été graphié avec ce signe ; de même, son redoublement, attesté deux fois, resterait inexpliqué. Y voir une graphie du verbe ṯtṯt, « disputer »371 et ses dérivés serait une alternative possible. , on cherchera un verbe a priori transitif, dont la valeur Pour le groupe sémantique s’accorderait avec les autres noms imprécatoires à suffixe =w. comme une graphie (attestée) de initial372 ne Comprendre ce groupe donne pas de sens satisfaisant. Un rapport avec un verbe ẖl attesté en démotique est plus séduisant, mais la définition de ce dernier reste malaisée373. On une graphie défective ne peut pas non plus exclure de devoir retrouver en d’un radical ḫrb374, voire ḫb / ḫb(Ꜣ), dont le b final aurait été omis compte tenu de la présence du b initial de la déesse Bastet qui suit375. Un rapprochement avec le toujours énigmatique anthroponyme ḫb-ḫnsw-nꜢ-dgꜢ.w (??), « Khonsouréduit-les-scrutateurs (?) »376 serait alors aussi envisageable. D’autres pistes existent, tout aussi hypothétiques. En définitive, cet anthroponyme semble bien être en lien avec notre thématique mais son analyse reste plus que conjecturale. Quelques autres noms employant le pronom =w, moins fréquemment attestés que les formations onomastiques étudiées ci-dessus, me semblent pouvoir être rattachés eux aussi aux anthroponymes « imprécatoires » ; ils corroborent encore la thèse présentée ici.
370
Voir supra, § 11. Wb V, 413, 6-11, avec graphies similaires. 372 Voir par exemple J. Quack, GM 123 (1991), p. 93 ; P. W. Pestman, dans Sv. P. Vleeming (éd.), Hundred-Gated Thebes (PLBat 27), 1995, p. 127 ; M. Eldamaty, Ein ptolemäisches Priesterdekret aus dem Jahr 186 v. Chr. (AfP Beiheft 20), 2005, p. 59, pour la graphie du nom 371
propre ῾nḫ-wn-nfr, même s’il est probable que, dans ce cas, l’emploi de plutôt que découle en partie d’une volonté dépréciative (ḫr, « tomber » ?). Voir aussi les exemples de ḫr pour ῾nḫ dans certaines formules de serment démotiques (W. Spiegelberg, Der Sagenkreis des Königs Petubastis [Demotische Studien 3], 1910, p. 11*, n° 58). 373 Voir G. Vittmann, Der demotische Papyrus Rylands 9 (ÄAT 38), 1998, p. 613-614 et 633634 ; aussi id., Enchoria 24 (1997/1998), p. 93 sur l’emploi d’un verbe ẖl dans certains anthroponymes démotiques. 374 Voir D. Meeks, BiOr 54 (1997), p. 47, n° 347 et G. Vittmann, WZKM 87 (1997), p. 284285, sur ce radical. 375 Omission d’un des deux b successifs, à l’instar de l’anthroponyme ḥdb-BꜢst.t-r=w cité supra, § 32. 376 JWIS III, p. 341, no 51.144. Voir E. Graefe, op. cit., p. 137-138 ; H. Wild, ZÄS 90 (1963), p. 141 n. 3 sur ce nom.
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§ 53. dj-ND-(r)-jwd=w L’anthroponyme dj-ND-(r)-jwd=w doit se traduire par « ND-(s’est)-placé(e)entre-eux ». Il signifie très probablement que la divinité s’est placée entre eux (i.e. les démons) et l’enfant, autre manière de protéger celui-ci de leur influence mortelle. Il est attesté avec la déesse Mout ( dj-mw.t-(r)-jwd=w)377 et le dieu Khonsou ( jwd=w)378.
dj-ḫnsw-(r)-
§ 54. bnpw=w-wḫꜢ=f Les éditeurs379 traduisent ce nom rare par « he was not wanted » et pensent qu’il pourrait s’agir du nom donné à un enfant abandonné. Cependant, dans le cadre des noms étudiés ici, on pourrait aussi tout à fait proposer que le =w fasse ici encore référence aux afarit et comprendre que ces derniers n’ont pas « cherché » (wḫꜢ) à emporter l’enfant mais l’ont laissé au dieu bienfaisant et aux parents. Cet anthroponyme serait une sorte de synonyme, mais à la forme négative, du plus courant ḫꜢ῾=w-se-n-ND. § 55. dj=w-sw-n-mwt À l’instar de la formation onomastique ḫꜢ῾=w-se-n-ND, ce nom dj=w-sw-nmw.t380 pourrait illustrer un emploi strictement passif du pronom =w (« Il/ Elle-a-été-donné(e)-à-Mout ») ou faire référence aux génies, indiquant parlà que ceux-ci auraient donné l’enfant à la divinité secourable plutôt que de l’emporter. § 56. wḏꜢ=f-r=w , attesté sur une statue Il convient aussi de citer l’anthroponyme de la Troisième Période intermédiaire381. Le nom doit probablement être interprété comme wḏꜢ=f-r=w, « Il-est-sauf-contre-eux », malgré la graphie défective. On citera pour finir certains noms dont on soupçonne qu’ils font partie de la même thématique, mais pour lesquels une interprétation convaincante fait encore défaut. Il en va ainsi de l’étrange
, à traduire peut-être par
382
« «contre-eux !» a-dit-Amon » ?? . De même, l’unique 377
JWIS I, p. 260, no 11.160 ; M. Thirion, RdE 46 (1995), p. 185-186. Ibid., p. 186. 379 H. S. Smith, S. Davies, JEA 98 (2012), p. 155 et 156 n. b. 380 Voir M. Thirion, RdE 52 (2001), p. 272. 381 Statue Chicago OIM 10729 (voit R. K. Ritner, dans D. P. Silverman [éd.], For his Ka. Essays Offered in Memory of Klaus Baer [SAOC 55], 1994, p. 211 et 218 n. AA). 382 PN I, 43, 2 ; M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 118. 378
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(et variantes de détail)383 est traduit « Que la puissance de M. s’empare d’eux » par M. Thirion, d’après une suggestion de J. Yoyotte, en supposant une confu384 et . Mais, en bonne grammaire sion due au hiératique entre les signes de la seconde phase, un futur III à sujet nominal nécessiterait la présence d’un élément initial385. SYNTHÈSE § 57. On sait que le taux de mortalité infantile était extrêmement élevé en Égypte dans l’Antiquité386. La protection de l’enfant nouveau-né contre tout danger, et notamment contre les êtres divins potentiellement maléfiques, est omniprésente dans la littérature magique égyptienne, à commencer par le célèbre P. Berlin 3027, plus connu sous le nom donné par son éditeur A. Erman : Mutter und Kind387. Dans la littérature égyptienne en général, la mort est souvent présentée comme ravisseuse, et tout particulièrement lorsqu’elle s’empare prématurément des jeunes enfants388, elle qui « enlève le fils à sa mère avant le vieillard qui marche près d’elle (i.e. la mort) »389. Les circonstances, directes ou indirectes, entourant la naissance de l’enfant étant une des sources principales de la Namengebung égyptienne390, il n’est pas étonnant de retrouver, dans les anthroponymes, des traces de l’inquiétude des 383 Voir A. Piankoff, N. Rambova, Mythological Papyri (Egyptian Religious Texts and Representations 3 ; Bollingen Series 40), 1957, p. 128-129, no 13, qui propose la traduction « The Power of Mut is against the Strong One » (« The name perhaps means : “Mut is more powerful than the strong” »). 384 Voir M. Thirion, RdE 36 (1985), p. 141 n. 149. 385 Voir supra, § 47. 386 Voir notamment A. H. Goodman, G. J. Armelagos, WorldArch 21 (1989), p. 225-243 ; A. Marshall, L’enfant et la mort en Égypte ancienne, 2018, p. 23 et plus spécialement pour l’Égypte : G. Robins, KMT 5/4 (1994-1995), p. 24-35 ; Fr. Dunand, dans V. Dasen (éd.), Naissance et petite enfance dans l’Antiquité, Actes du colloque de Fribourg, 28 novembre-1er décembre 2001 (OBO 203), 2004, p. 13-32 ; Y. Tristant, dans M.-D. Nenna (éd.), L’Enfant et la mort dans l’Antiquité II (Études Alexandrines 26), 2012, p. 18-19. 387 A. Erman, Zaubersprüche für Mutter und Kind. Aus dem Papyrus 3027 des Berliner Museums, 1901 ; N. Yamazaki, Zaubersprüche für Mutter und Kind. Papyrus Berlin 3027 (Achet B2), 2003 ; S. Donnat, RdE 63 (2012), p. 83-101. 388 Voir les articles séminaux de H. Grapow, « Der Tod als Räuber », ZÄS 72 (1936), p. 76-77 et Ph. Derchain, « La mort ravisseuse », CdE 33 (1958), p. 29-32 (avec bibliographie antérieure) ; J. Zandee, Death as an Enemy (1960), p. 85-87 ; E. Feucht, Das Kind im Alten Ägypten, 1995, p. 121-122. 389 Stèle Londres BM EA 147 de Taimhotep, citée par exemple par J. Zandee, Death as an Enemy, 1960, p. 87. 390 Voir notamment H. Ranke, OLZ 29 (1926), p. 734-735 ; id., « Grundsätzliches zum Verständnis der ägyptischen Personennamen in Satzform », Sitz. Heidelberg Akad. Wiss. 1936/37, 1937, p. 5 ; P. Vernus, LÄ IV, col. 327-329 ; G. Vittmann, « Personal Names: Structures and Patterns », UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2013, p. 2.
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parents relative à la naissance de l’enfant et des moyens mis en œuvre pour protéger ce dernier. Les anthroponymes dont il est ici question en sont, me semble-t-il, un reflet manifeste. § 58. Partage entre mort et vie L’analyse de l’ensemble de ces noms ouvre en effet sur une interprétation générale dont la cohérence peut difficilement être fortuite. Tout se passe comme si les chances de survie du nouveau-né étaient considérées comme le résultat d’une compétition entre forces de vie (représentées par une divinité protectrice) et forces de mort (représentées par les morts dangereux et autres démons maléfiques, envoyés de Sekhmet). Vie et mort, composantes fondamentales du paysage humain, doivent chacune recevoir leur part. Cette répartition des nouveau-nés entre divinités est manifestée par l’emploi du terme dnj.t, « part » dans certains anthroponymes. Les parents vont bien sûr tout faire pour que leur enfant soit préservé du sort funeste, en faisant appel à des divinités protectrices. § 59. Cette attribution de l’enfant à une divinité garante de sa protection semble bien être ici, pour l’essentiel, le résultat d’une consultation oraculaire passée par les parents, avant la naissance de l’enfant très probablement, auprès de la divinité concernée, comme en témoignent parmi nos anthroponymes ceux qui débutent par ḏd (ḏd-ḥr-bn-jw=w-th.t=f, « Horus-a-dit : «ils-ne-le-lèseront-pas» », ḏd-bꜢst.t-m-jr-thj=f, « Bastet-a-dit : «ne-le-lésez-pas» », ḏd-bꜢst.t-m-thj, « Bastet-a-dit : «ne-transgressez-pas» », ḏd-bꜢst.t-jnk-se : « Bastet a dit : «Il m’appartient» »)391. On sait depuis longtemps que la formation onomastique fréquente ḏd-ND-jw=f/s-῾nḫ, « ND-a-dit : «Il/Elle-vivra» » est elle aussi le reflet d’une consultation oraculaire392. Ce que les noms ici étudiés développent et mettent en lumière, c’est la lutte contre les forces maléfiques dont ces oracles étaient l’objectif. § 60. Ce recours à l’oracle expliquerait pourquoi les divinités nommées dans nos anthroponymes sont, pour l’essentiel, des figures majeures du panthéon égyptien, telles que Amon, Mout et Khonsou, dont les oracles étaient célèbres dans la région thébaine393. Ceci expliquerait aussi pourquoi des divinités plus spécifiquement affectées à la protection de l’enfant nouveau-né ou de la parturiente telles que Bès ou Taouret n’apparaissent pas ici, alors qu’elles abondent en milieu domestique394 : leur rôle ne se situe ni au même degré, ni au même 391
Voir supra, § 22-25. Voir supra, § 22, n. 152. 393 Voir infra, § 67 sur le dieu Khonsou. 394 C’était un sujet d’étonnement pour M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 126, qui faisait de cette absence un argument pour sa théorie. Voir aussi J. Baines, JEA 73 (1987), p. 96 sur le sujet. 392
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moment : elles ne sont pas – ou seulement marginalement395 – des divinités oraculaires et leur rôle apotropaïque intervient plus tard, au moment de la naissance, et non pas en amont, comme c’est le cas pour les divinités impliquées ici. § 61. La date d’attestation de nos anthroponymes est certainement révélatrice elle aussi, car si le recours à l’oracle est bien connu dès le Nouvel Empire, il connaît une impulsion majeure à partir de la Troisième Période intermédiaire, qui est précisément la période d’essor de nos anthroponymes396. § 62. La déesse Bastet occupe une place à part dans ce panthéon. Elle est certes une déesse majeure dans plusieurs villes d’Égypte et pouvait à ce titre être convoquée lors de séances oraculaires locales. Mais ses mentions dans une écrasante majorité de nos anthroponymes, et dans presque tous les types de formation onomastique ici étudiés, ne peut refléter ce seul ancrage local. Une autre dynamique est ici à l’œuvre, liée à la nature-même de la déesse : les forces maléfiques vectrices de mort qu’il s’agit de contrer au moment de la naissance sont précisément, pour une large part, les émissaires de la déesse Sekhmet ; dès lors, le meilleur moyen de contrer leur funeste action est bien évidemment de faire appel à leur patronne. Mais celle-ci ne sera pas invoquée sous sa forme furieuse de Sekhmet, mais sous sa forme apaisée de Bastet, dans une optique prophylactique397. C’est bien évidemment aussi à cette dernière que renvoie la mention de la « Chatte » (my.t) dans l’anthroponyme bn-jw=w-thj-my.t, « Ilsne-lèseront-pas-la-Chatte »398, ainsi que très probablement l’appellation de tꜢ(y=y)-ḥnw.t, « (Ma ?)-maîtresse », dans l’anthroponyme tꜢ(y=i ?)-ḥnw.t-nḫtr=w, « (Ma ?)-maîtresse-a-prévalu-contre-eux »399.
395 Voir par exemple l’oracle de Bès à Abydos : Fr. Dunand, dans J.-G. Heintz (éd.), Oracles et prophéties dans l’Antiquité. Actes du colloque de Strasbourg 15-17 juin 1995 (Université des Sciences Humaines de Strasbourg. Travaux du Centre de Recherche sur le Proche-Orient et la Grèce Antiques 15), 1997, p. 65-84. 396 Voir aussi infra, § 67 sur les Oracular Amuletic Decrees. 397 Sur Bastet protectrice des femmes enceintes, voir I. Guermeur, dans M. Massiera, B. Mathieu, Fr. Rouffet (éd.), Apprivoiser le sauvage / Taming the wild (CENIM 11), 2015, p. 180-181 ; sur Bastet protectrice des nouveau-nés, voir par exemple, dans un contexte assez proche du nôtre, certains papyrus-amulettes d’époque tardive (G. Burkard, dans G. Moers, H. Belmer, K. Demuss, K. Widmaier [éd.], jn.t ḏr.w: Festschrift für Friedrich Junge, 2006, p. 109-124) et les parallèles de la même formule magique inscrits à l’entrée des mammisis d’Edfou et de Dendera (voir H.-W. Fischer-Elfert, Enchoria 22 [1995], p. 5), près d’une porte, dans le but, certes de protéger la maison de l’enfant divin, mais aussi, en façade, accessibles directement à d’éventuels visiteurs. Cet endroit était peut-être le lieu de pratiques oraculaires en lien avec les conclusions présentées dans cet article, ou, à tout le moins, servait probablement d’interface entre solliciteurs et prêtres chargés de l’oracle. 398 Voir supra, § 20. 399 Voir supra, § 26.
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§ 63. L’œil Un autre élément récurrent de cette collection d’anthroponymes à suffixe =w est la présence de l’« œil ». S’agissant d’un affrontement entre puissances divines, ce sont en fait deux « catégories » d’yeux qui vont s’opposer. D’un côté, les entités maléfiques peuvent agir par leur œil, qui peut être une manifestation du « mauvais œil » (jr.t-bjn.t)400. C’est d’ailleurs probablement pour éviter leur « mauvais œil » que les démons sont décrits dans certains textes magiques – et notamment dans une formule de Mutter und Kind – comme tournant leur visage vers l’arrière, empêchant ainsi toute action néfaste de leur regard401. On se protège aussi du mauvais œil402 et de l’œil des morts403 dans les Oracular Amuletic Decrees. Nos anthroponymes témoignent du pouvoir de ce (mauvais) œil démoniaque, qui se trouve « rassasié » (sj-jr.t=w, « Leur-œil-est-rassasié »)404, mais peut aussi être « crevé (?) » (jr.t=w-rḏ, « Leur-œil-est-crevé ( ?) »)405, voire peutêtre « au loin (?) » ou « absent (?) »406 ou même retourné contre les forces maléfiques elles-mêmes (jr.t=w-r=w, « Leur-œil-est-contre-eux-[mêmes] » ; tꜢy=w-jr.t-r=w, « Leur-œil-est-contre-eux-[mêmes] »)407. De l’autre côté, pour contrer ce mauvais œil, la divinité protectrice peut utiliser son propre œil bienfaisant, à commencer par Horus, dont l’œil-oudjat était bien évidemment le parangon de la protection oculaire (jr.t-ḥr-r=w, « L’œil-d’Horus-est-contreeux »)408 ; d’autres divinités, telles que Amon, Bastet, Neith et d’autres semblent aussi agir au moyen de leur œil contre les forces maléfiques409. On rencontre aussi l’œil-῾nḫ.t (῾nḫ.t-r=w, « L’œil-῾nḫ.t-est-contre-eux »)410 et l’œil-wḏꜢ.t (wḏꜢ.t-r=sn, « L’œil-oudjat-est-contre-eux ») 411. 400 Sur le mauvais œil dans les anthroponymes, voir J. Sainte Fare Garnot, BIFAO 59 (1959), p. 13-14, 21-22 ; J. F. Borghouts, JEA 59 (1973), p. 146-147 ; L. Coulon, dans Chr. Zivie-Coche, Y. Gourdon (éd.), L’individu dans la religion égyptienne. Actes de la journée d’étude de l’équipe EPHE (EA 4519), Paris, 27 juin 2014 [CENIM 16], 2017, p. 44 n. 77 (avec bibliographie antérieure). 401 Voir R. K. Ritner, JARCE 27 (1990), p. 28-30 ; K. Szpakowska, dans P. Kousoulis (éd.), Ancient Egyptian Demonology. Studies on the Boundaries between the Demonic and the Divine in Egyptian Magic (OLA 175), 2011, p. 69. Je me demande si ce n’est pas pour les mêmes raisons de protection contre le mauvais œil que le démon Sehaqeq est représenté avec un bras cachant son visage (voir H.-W. Fischer-Elfert, Magika Hieratika in Berlin, Hannover, Heidelberg und München [ÄMPB 2], 2014, p. 220-249, avec références antérieures) ; on dit aussi qu’il a la bouche scellée et la langue coupée (ibid., p. 233), empêchant tout acte de parole mortifère. 402 Voir I. E. S. Edwards, op. cit., p. 3. 403 P. Berlin P. 3059, l. 31-32 (voir H.-W. Fischer-Elfert, op. cit., p. 86-87). 404 Voir supra, § 49-50. 405 Voir supra, § 46-47. 406 Voir supra, § 48. 407 Voir supra, § 44-45. 408 Voir supra, § 42. 409 Voir supra, § 43. 410 Voir supra, § 51. 411 Voir supra, § 51.
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§ 64. Temps grammaticaux et temporalité On a vu que ces noms imprécatoires employaient souvent des formes grammaticales passées (sḏm=f perfectif négatif et probablement aussi positif) et futures (futur III négatif, auquel on peut adjoindre ici par commodité l’aoriste négatif). La répartition de ces temps ne semble pas fortuite, mais illustre au contraire parfaitement la conception nataliste ici envisagée : les temps passés évoquent la victoire de la divinité protectrice contre les forces mauvaises une fois cette victoire acquise (bn-pw=w-qb῾-ND, « Ils-n’ont-pas-pris-avantage-(?)-surND » ; et partant ṯꜢy-ND-jm=w, « ND-l’a-emporté-sur-eux », etc.) ; les temps futurs négatifs (bn-jw=w-thj, « Ils-ne-transgresseront-pas » ; bw-jrj=w-thj, « Ils-ne-sauraient-transgresser » ; bw-jr=w-ḥwr῾-ND, « Ils-ne-sauraient-volerND » ; bn-jw(=w)-qb῾-ND, « Ils-ne-prendront-pas-avantage-(?)-sur-ND ») résonnent comme le discours tenu par la divinité protectrice lors de la consultation oraculaire, donc avant la naissance du nouveau-né, et sa promesse de protection, comme en témoigne la présence rarissime mais révélatrice de l’élément ḏd-ND, « ND-a-dit » devant la forme au futur III dans un anthroponyme (ḏd-ḥr-bn-jw=w-th.t=f, « Horus-a-dit : «ils-ne-le-lèseront-pas» ») ; les injonctions à l’impératif de Bastet à ses troupes de génies participent du même thème (ḏd-bꜢst.t-m-jr-thj=f, « Bastet-a-dit : «ne-le-lésez-pas» » et ḏd-bꜢst.t-m-thj, « Bastet-a-dit : «ne-transgressez-pas» »)412. Malgré leur divergence temporelle, tous ces temps grammaticaux sont donc dirigés vers un seul et même moment : celui de la naissance de l’enfant, considéré soit par anticipation (futur III, aoriste et impératif), soit après l’événement, sous forme de récit (perfectif). § 65. Les verbes employés L’opposition entre les forces de vie et les forces de mort, la compétition à laquelle se livrent les entités maléfiques et les divinités protectrices dans l’attribution du nouveau-né, dont témoigne l’emploi de dnj.t, « part », se trouve aussi caractérisé par le champ sémantique des verbes employés dans les autres noms imprécatoires : – ṯꜢy m, « l’emporter sur » : positivement connoté et attribué aux divinités protectrices. – thj, « transgresser, léser » : action empêchée des forces du mal (dans des formes négatives). – ḥwr῾, « voler » : action empêchée des forces du mal (dans des formes négatives). – nḫt r, « prévaloir sur » : positivement connoté et attribué aux divinités protectrices. – hn Ꜣt, « s’incliner (devant) » : action accomplie par les forces du mal. 412
Voir supra, § 22-24.
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– ḥdb r, « renverser (?) » : action attribuée aux divinités protectrices contre les forces du mal. – qb῾ : « prendre avantage sur (?) » : action empêchée des forces du mal (dans des formes négatives). – wḫꜢ, « chercher » : action niée des forces du mal. – ḫꜢ῾, « laisser » : action accomplie par les forces du mal. – Ꜣḫ r, « être efficace contre » : action attribuée aux divinités protectrices contre les forces du mal. Tous ces verbes ressortissent du champ sémantique de la rivalité et de l’affrontement (ṯꜢy m, nḫt r, hn Ꜣt, ḫꜢ῾, ḥdb r, qb῾ [?], Ꜣḫ r) au sujet d’une possession (thj, ḥwr῾, wḫꜢ). Les prédications adverbiales construites avec la préposition r, « contre »413 et r-jwd, « entre »414, participent du même champ ; il en va de même des discours censés être prononcés par Bastet, où la déesse affirme que l’enfant lui « appartient » (ḏd-bꜢst.t-jnk-sw)415. § 66. Parallèles textuels Dans la sphère terrestre, ce vocabulaire trouve des échos dans certains textes de la « piété personnelle » où la divinité est appelée, comme juge équitable, à sauver l’orant d’une injustice416, tel cet homme qui s’estime lésé par un rival et invoque Horus-Rê417 :
« Fais que l’on entre en jugement avec celui qui m’a lésé (thj). Vois, il a prévalu sur (nḫt r) moi, prenant ma charge, il me l’enlève à tort ».
Pour des époques plus récentes, les « lettres aux dieux » démotiques418 témoignent elles aussi de cet appel à la divinité secourable ; celle-ci est invoquée à l’aide du plaignant en des termes similaires, à connotation juridique, liés au vol et la transgression. 413
Voir supra, § 42-45, 51. Voir supra, § 53. 415 Voir supra, § 25. 416 G. Posener, BÄBA 12 (1971), p. 59-64. 417 Ostracon Caire CG 25206 (voir A. Erman, ZÄS 38 [1900], p. 21 ; J. Assmann, Ägyptische Hymnen und Gebete [OBO], 1999, p. 422-423, no 191 ; A. Barucq, Fr. Daumas, Hymnes et prières de l’Égypte ancienne, 1980, p. 136-138, no 35). 418 Voir Cl. Traunecker, dans J.-G. Heintz (éd.), Oracles et prophéties dans l’antiquité. Actes du colloque de Strasbourg 15-17 juin 1995 (USHS 15), 1997, p. 46-49 ; M. Depauw, A Companion to Demotic Studies (Papyrologica Bruxellensia 28), 1997, p. 149 ; G. Vittmann, Enchoria 22 (1995), p. 169-181 ; A. Gawad Migahid, G. Vittmann, RdE 54 (2003), p. 47-59. 414
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§ 67. Les Oracular Amuletic Decrees Le champ sémantique de ces noms propres entre surtout en forte résonnance avec celui des Oracular Amuletic Decrees419, comme en témoignent les nombreuses références à ces textes signalées tout au long de cet article420. Ces décrets de protection destinés, pour l’essentiel, à protéger les individus (des enfants pour la plupart, si ce n’est l’ensemble421) de tout danger potentiel, étaient émis par certaines divinités, lors de séances oraculaires. Il y était « clairement stipulé que le destin individuel était mis dans la main des dieux auxquels on se confiait »422. Cette proximité avec les Oracular Amuletic Decrees est aussi temporelle, puisque nos anthroponymes – et la conception nataliste sous-jacente – prennent leur essor à partir de la XXIe-XXIIe dynastie, précisément à l’époque de ces Oracular Amuletic Decrees423. Cette coïncidence textuelle et temporelle n’est évidemment pas fortuite, car les Oracular Amuletic Decrees et nos anthroponymes participent d’une même conception, liant la survie des enfants à un recours à l’oracle, dont la faveur est prééminente à partir de cette époque. Ceci explique aussi probablement la présence fréquente du dieu Khonsou dans nos anthroponymes : on sait que celui-ci jouait un rôle oraculaire majeur à Thèbes à cette époque424. Un de ces Oracular Amuletic Decrees décrit même les deux babouins de Khonsou-wn-nḫn et Khonsou-pꜢ-jr-sḫrw comme « ceux qui font sortir un livre de mort et de vie », qui sonne comme un écho au concept ici développé425. Les Oracular Amuletic Decrees et nos anthroponymes diffèrent cependant sur un point : les premiers sont destinés à protéger la personne durant sa vie (surtout pendant sa jeunesse) et non pas à sa naissance ; ils sont en fait une prolongation de l’affrontement qui s’est déroulé au moment de la naissance, et dont nos anthroponymes sont, quant à eux, le reflet.
419 Textes publiés par I. E. S. Edwards, Oracular Amuletic Decrees of the Late New Kingdom (HPBM IV) I-II, 1960 ; B. Bohleke, JEA 83 (1997), p. 155-167 ; H.-W. Fischer-Elfert, Magika Hieratika in Berlin, Hannover, Heidelberg und München (ÄMPB 2), 2014, p. 82-95, 203-219, 250-252 ; Y. Koenig, BIFAO 118 (2018), p. 233-239. 420 Voir déjà B. Bohleke, op. cit., p. 165 n. 43. 421 Voir I. E. S. Edwards, op. cit., p. XV-XVI ; T. G. Wilfong, JEA 99 (2013), p. 295-300 ; A. Grams, SAK 46 (2017), p. 57, mais aussi Y. Koenig, op. cit., p. 237. 422 J. Quaegebeur, dans J.-G. Heintz (éd.), op. cit., p. 33. 423 Voir I. E. S. Edwards, op. cit., p. XIII-XV ; Y. Koenig, CRIPEL 9 (1987), p. 31 ; id., BIFAO 118 (2018), p. 235-236 sur la date de ces textes. 424 Voir B. Bohleke, op. cit., p. 158-162 pour sa présence dans les Oracular Amuletic Decrees et sur ses formes oraculaires de Khonsou à Thèbes. 425 Voir I. E. S. Edwards, op. cit., p. 2 ; A. Grams, op. cit., p. 84.
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Pour les époques plus récentes, on trouve aussi des parallèles dans les « self-dedications » démotiques426 d’époque ptolémaïque, qui ont beaucoup de traits communs avec les Oracular Amuletic Decrees427. Les êtres divins maléfiques dont il s’agit de se protéger dans ces deux groupes de textes – Oracular Amuletic Decrees et « self-dedications » démotiques – y sont à chaque fois explicitement énumérés ; ce sont aussi ceux qui se cachent derrière le pronom =w de nos anthroponymes. § 68. Qui sont-« ils » ? Les entités divines derrière le pronom =w La Mort, qui est à l’œuvre, est parfois nommément désignée (sj-pꜢ-mwt, « La-Mort-est-rassasiée »428, et peut-être aussi pa-tꜢ-dnj.t-pꜢ-mwt (?), « celuide-la-part-de-la-Mort (?) »429). Le plus souvent, cependant, ce sont ses émissaires que l’on va évoquer, puisque ce sont eux dont la puissance peut être contrée. Pour autant, dans aucun des noms étudiés ici ne sont-ils appelés par leur nom ; ils sont seulement désignés par ce pronom =w. Cette absence de nomination précise était un des arguments avancés par M. Guentch-Ogloueff pour justement évacuer la possibilité de reconnaître derrière ce =w les afarit à repousser : étant donné l’importance de la nomination dans les pratiques magiques égyptiennes, comment se fait-il que ces démons soient ici anonymisés par ce =w, « ils, eux » ? On objectera, d’une part, que le magicien, s’il dit connaître le nom de l’adversaire, ne le prononce pas toujours. Par ailleurs, si la Namengebung peut s’inspirer des pratiques magiques, elle n’en est pas nécessairement le strict reflet ; d’autres impératifs sont aussi à l’œuvre. De fait, inclure le nom d’une divinité hostile dans le nom d’un nouveau-né, même si le sens général de l’anthroponyme en annihile le pouvoir, n’est pas un procédé prisé par la Namengebung égyptienne430. 426 Voir M. Depauw, A Companion to Demotic Studies (Papyrologica Bruxellensia 28), 1997, p. 136-137 ; K. Ryholt, dans R. Nyord, K. Ryholt (éd.), Lotus and Laurel. Studies on Egyptian Language and Religion in Honour of Paul John Frandsen (CNI Publications 39), 2015, p. 329350 (avec bibliographie). 427 I. E. S. Edwards, op. cit., p. XV ; J. Quaegebeur, dans J.-G. Heintz (éd.), Oracles et prophéties dans l’antiquité. Actes du colloque de Strasbourg 15-17 juin 1995 (USHS 15), 1997, p. 33 ; J. Fr. Quack, dans A. Jördens (éd.), Ägyptische Magie und ihre Umwelt (Philippika 80), 2015, p. 110-111. Voir aussi supra, n. 397, pour certains textes magiques de protection de l’enfant invoquant Bastet et encore gravés à l’avant des mammisis d’Edfou et de Dendera. 428 Voir supra, § 49-50. 429 Voir supra, n. 91. 430 Voir J. Sainte Fare Garnot, BIFAO 59 (1959), p. 1-28. Pour autant, les démons sont parfois nommés dans certains anthroponymes, mais apparaissent alors dans un contexte positif, probablement comme protecteurs : J. Vergote, Les noms propres du P. Bruxelles inv. E 7616. Essai d’interprétation (PLBat 7), 1954, p. 13 (60), 17 (100) et 23 ; H. De Meulenaere, RdE 14 (1962), p. 46 ; P. W. Pestman, RdE 25 (1973), p. 32-34 ; J. Quaegebeur, Enchoria 4 (1974), p. 24-26 ; Cl. Evrard-Derricks, J. Quaegebeur, CdE 107 (1979), p. 42-46 ; G. Vittmann, WZKM 75 (1983), p. 201 ; J. Quaegebeur, dans E. Van ’t Dack, P. Van Dessel, W. Van Gucht (éd.), Egypt and the Hellenistic World. Proceedings of the International Colloquium, Leuven 24-26 May 1982
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Par ailleurs, l’emploi du pronom =w dans nos anthroponymes, compte tenu de sa nature, n’est pas anodin. D’une part, le morphème =w, s’il est employé pour marquer le passif en égyptien de la seconde phase a ceci de particulier qu’il n’est, en soi, ni un « vrai » passif, ni un pronom indéfini. Aussi, son sens passif est-il bien moins prégnant que pour le morphème tw, dont c’est bien la fonction spécifique en égyptien de la première phase431. La dérivation d’une 3e personne du pluriel vers un passif est linguistiquement attestée ailleurs qu’en égyptien ; cependant, ce pronom pluriel à valeur impersonnelle étant le plus bas des pronoms de la hiérarchie référentielle linguistique, la construction passive qui en est issue reste d’un usage émergent et de faible intensité432. On joue alors, plus ou moins consciemment (?), avec la valeur du pronom =w, dont l’agentialité peut être ainsi en partie neutralisée dans sa fonction de passif, permettant d’évoquer, mais sans y insister, ces démons que l’on craint, et de réduire d’autant leur potentiel malfaisant. D’autre part, comme le souligne K. Jansen-Winkeln, cette anonymisation permet d’englober dans un « ils » général l’ensemble des perturbateurs potentiels, et de n’en oublier finalement aucun. C’est un peu l’équivalent du ḥmw.t-rꜢ, « etc. » placé en fin d’énumération des ennemis potentiels dans les formules magiques433. C’est en quelque sorte une manière de désigner nṯr nb nṯr.t nb.t thj, « tout dieu et toute déesse qui transgressent » ou wpwty nb n nṯr nb nṯr.t nb.t, « tout messager de tout dieu ou toute déesse », expressions génériques désignant ces dieux dangereux dans les Oracular Amuletic Decrees434, textes dont on a souligné la parenté avec le concept étudié ici. Pour autant, serait-il possible de définir un peu plus précisément quels sont les êtres funestes auxquels se réfèrent ce pronom =w ?
(StudHell 27), 1983, p. 311; D. Devauchelle, Enchoria 12 (1984), p. 199 ; A. Leahy, GM 87 (1985), p. 49-51 ; M. Thirion, RdE 37 (1986), p. 131 et 134 ; E. Luddeckens, dans Ägypten. Dauer und Wandel. Symposium anlässlich des 75 jährigen Bestehens des DAIK am 10. und 11. Oktober 1982 (SDAIK 18), 1985, p. 112 ; B. Lichocka, Nemesis en Égypte romaine (Aegyptiaca Treverensia 5), 2004, p. 97 ; Fr. Payraudeau, RdE 64 (2013), p. 70 n. o (avec références). 431 Voir A. Stauder, The Earlier Egyptian Passive: Voice and Perspective (Lingua Aegyptia Studia Monographica 14), 2014. 432 Voir id., dans E. Grossman, M. Haspelmath, T. S. Richter (éd.), Egyptian-Coptic Linguistics in Typological Perspective (EALT 55), 2015, p. 478, 506 et 509 avec références ; A. Siwierska, « From third plural to passive: incipient, emergent and established passives », Diachronica 27/3 (2010), p. 73-109 ; je remercie Andréas Stauder pour une discussion éclairante sur le sujet et la bibliographie afférente. 433 Voir Wb III, 85, 1-2 ; AnLex 77.2693. 434 Voir R. Lucarelli, dans G. P. F. Broekman, R. J. Demarée, O. E. Kaper (éd.), The Libyan Period in Egypt. Historical and Cultural Studies into the 21st-24th Dynasties: Proceedings of a Conference at Leiden University, 25-27 October 2007 (Egyptologische Uitgaven 23), 2009, p. 235 et 238.
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Si le passage du P. Insinger cité en début d’article est bien à mettre en rapport avec notre sujet, il convient donc d’identifier au premier chef les morts dangereux derrière ce =w. L’abondance des mentions de Bastet nous permet aussi d’identifier ses émissaires sous tous leurs avatars ou diverses dénominations : génies-ḫꜢty.w, génies-šmꜢy.w, génies-wpwty.w, décans, sept flèches, etc.435 La multitude des êtres divins malfaisants mentionnés dans les Oracular Amuletic Decrees, qui incluent tant les différents émissaires de Sekhmet que les morts dangereux436, sont donc bien le référent essentiel de notre pronom =w. Il en va bien de même des êtres maléfiques mentionnés dans les textes des « self-dedications » démotiques437. § 69. En revanche, contrairement aux textes magiques et aux Oracular Amuletic Decrees, où les forces auxquelles il s’agit de s’opposer peuvent être tant divines (incluant aussi toutes sortes de morts dangereux) que terrestres438, il ne me semble pas que cette dernière catégorie entre en jeu dans le cadre de nos anthroponymes. Le contexte est en effet différent, puisque tout se joue ici avant la naissance, ou au moment de la naissance, entre entités divines bénéfiques et maléfiques (morts inclus), loin de toute intervention humaine439. Un indice de cette absence des êtres vivants comme potentiels ennemis désignés par ce pronom =w réside, me semble-t-il, dans le vocabulaire employé. Il convient en effet de noter qu’à aucun moment il n’est question de la mort ou de la destruction des opposants, sur lesquels la divinité protectrice se contente de l’emporter,
435 La bibliographie est pléthorique sur le sujet. On mentionnera notamment les contributions de D. Meeks (« Génies, anges et démons en Égypte », dans Génies, anges et démons [Sources Orientales], 1971, p. 17-84 ; « Demons », dans The Oxford encyclopedia of ancient Egypt 1 [2001], p. 375-378) et les différentes contributions de R. Lucarelli sur le sujet (à commencer par « Demons [benevolent and malevolent] », dans UCLA Encyclopedia of Egyptology [2010], p. 1-10) ; G. Vittmann, Der demotische Papyrus Rylands 9 (ÄAT 38), 1998, p. 612-613 ; A. von Lieven, Der Himmel über Esna (ÄA 64), 2000, p. 50-55 ; K. Szpakowska, Religion Compass 3 (2009), p. 799-805 ; J. Fr. Quack, dans A. Jördens (éd.), Ägyptische Magie und ihre Umwelt (Philippika 80), 2015, p. 101-118, ainsi que les articles du recueil de P. Kousoulis (éd.), Ancient Egyptian Demonology. Studies on the Boundaries between the Demonic and the Divine in Egyptian Magic (OLA 175), 2011 et de celui édité par K. Szpakowska, JAEI 25 (2020). 436 Sur les démons des Oracular Amuletic Decrees, voir R. Lucarelli, op. cit., p. 231-239 ; A. Grams, SAK 46 (2017), p. 84-89. 437 Voir supra, n. 426. 438 Voir par exemple les ḫfty, ḫfty.t, « ennemis, ennemies », ḏꜢy, ḏꜢy.t, « adversaires masculins et féminins » des textes magiques, qui désignent des forces qui peuvent être tant divines qu’humaines, ainsi que la mention d’ennemis humains dans les Oracular Amuletic Decrees (voir par exemple I. E. S. Edwards, op. cit., p. 15-16 ; Y. Koenig, BIFAO 118 [2018], p. 235) ; K. Ryholt, dans R. Nyord, K. Ryholt (éd.), Lotus and Laurel. Studies on Egyptian Language and Religion in Honour of Paul John Frandsen (CNI Publications 39), 2015, p. 336 pour les « self-dedications ». 439 Voir déjà en ce sens, M. Guentch-Ogloueff, op. cit., p. 125.
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ou dont l’action seule est empêchée. Il ne s’agit pas ici d’ennemis humains dont la destruction pourrait être envisagée, mais d’entités de la sphère divine (qu’il s’agisse de démons ou de morts dangereux), dont seule l’action maléfique peut et doit être contrée440.
440 On notera qu’il n’en va pas tout à fait de même pour le mauvais œil lui-même, qui pouvait quant à lui être « tué » (ẖdb), comme en témoigne l’anthroponyme ẖdb-jr.t-bjn.t (voir W. Spiegelberg, ZÄS 59 [1924], p. 152 ; G. Vittmann, CdE 49 [1974], p. 43 n. 1 ; L. Coulon, dans Chr. Zivie-Coche, Y. Gourdon (éd.), L’individu dans la religion égyptienne. Actes de la journée d’étude de l’équipe EPHE (EA 4519), Paris, 27 juin 2014 [CENIM 16], 2017, p. 45, sur cet anthroponyme). En revanche, la mort peut être le sort souhaité aux ennemis humains potentiels dans d’autres types de textes apparentés mais non identiques. Ainsi, dans un contexte un peu similaire, une mère en appelle au dieu pour qu’il protège sa fille, et déclare : « Protège (nḫt) notre fille (…) et tue (ẖdb) ceux qui viendront pour la léser (nty jw=w [r] thj=s), car tu es le protecteur pour l’éternité » (statue Caire CG 42208 [voir JWIS II, p. 144, no 18.78]).
EIN GOLDRING UND NEUER BELEG FÜR DEN PERSONENNAMEN-TYPUS Šb/p-n(j)-[GOTTESNAME] „BELOHNUNG DER GOTTHEIT NN“ Erhart GRAEFE Universität Münster
Vor vielen Jahren hatte ich in einem Exkurs zu Namen dieses Typs mit der allgemein angenommenen Bedeutung „Geschenk der Gottheit NN“ Schreibungen wie und Varianten erwähnt mit der Bemerkung, es sei an Stelle des Gottesnamens bestimmt nicht *ṬwꜢ(t)-nčr zu lesen, da die Gottesverehrerin keine Göttin sei1. Eine Lösung bietet deutlich ein Ring, der 1959 in Paris auf einer Auktion im Hôtel Drouot angeboten wurde2 und der sich heute in einer ungenannten Privatsammlung befindet3: Es handelt sich um das größere von zwei Fragmenten eines Goldrings, der, vielleicht von Antikenräubern zwecks Gewinnteilung, in (zwei) Stücke geschlagen wurde. Das ergab aber zwei ungleich große Fragmente. Der größere Teil von etwa ¾ Originalgröße (Länge 28 mm, Breite 19 mm) wurde 1959 auf der Auktion verkauft. 1998 ist er in einem Buch über ägyptische „Schätze“ mit der Beischrift „Von Grabräubern in Stücke gehackter Siegelring“ mit einer Aufnahme auch von der Unterseite her ohne weiteren Kommentar abgebildet worden (als in einer Privatsammlung befindlich)4. 2019 nun wurde er auf einer Ausstellung „PharaonenGold“ der Völklinger Hütte gezeigt und dabei im Katalog das Photo der Unterseite von 1998 vertikal gespiegelt benutzt5. Ich habe in Abb. 1 rechts den fehlenden Teil der Vorderseite durch Spiegelung des linken Teils der Rückseite auf ungefähr Originalgröße ergänzt. Dabei zeigt 1 E. Graefe, Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der Institution der Gottesgemahlin des Amun vom Beginn des Neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄgAbh 37), 1981, S. 53-54. Zustimmend G. Vittmann, WZKM 75 (1983), S. 200-201 und K. Jansen-Winkeln, in R. Schulz, H. Franzmeier, T. Rehren (Hg.), Mit archäologischen Schichten Geschichte schreiben. Festschrift für Edgar B. Pusch zum 70. Geburtstag (Forschungen in der Ramses-Stadt 10), 2016, S. 194-195 (Hinweis von A. Leahy). 2 Antiques, céramiques… bijoux d’or… verres de fouilles, figurines en argent… bronzes… sculptures et vases… Art chrétien, stéatites byzantines, pâtes de verre, empreintes… Art d’Extrême-Orient… : Vente à Paris, Hôtel Drouot, les 11 et 12 juin 1959, Commissaire-priseur : Me. Maurice Rheims, Experts : J. Roudillon, M. Beurdeley, Cat. 101, Taf. V. Eine Photokopie von Text und Taf. verdanke ich dem Service der Bibliothèque nationale de France. 3 Siehe unten Anm. 5. Herrn K. Veith danke ich für die Vermittlung der Erlaubnis, die Photos aus dem Katalog (Anm. 5) verwenden zu dürfen. 4 H.-W. Müller, E. Thiem, Die Schätze der Pharaonen, 1998, S. 57, Abb. 112-113. 5 M. M. Grewenig, PharaonenGold: 3.000 Jahre altägyptische Hochkultur, 2019, S. 218-219.
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Abb. 1. Goldring, rechts mit Ergänzung des fehlenden Teils, Vorder- und Rückseite.
sich, dass unter dem Zeichen für nbw-Korb, das durch die Zerschlagung des Rings im oberen Teil etwas verschoben wurde, nur Platz ist für ein halbes Schriftquadrat neben sꜢ. Es kann daher, wie schon im Auktionskatalog vermutet, nur ein Gottesbeiwort „Herr von …“ statt eines Gottesnamens gestanden haben. Leider ergeben sich am Verlauf der Bruchkante keine Anhaltspunkte darüber, welches oder welche Zeichen dort gestanden haben. Wie der Ring im Originalzustand vollständig ausgesehen haben mag, kann man bei einem Vergleich mit zwei weiteren Goldringen aus dem Katalog sehen, die auf Grund ihrer Inschriften in die 22.-23. Dyn. gehören6 oder anderen aus der 26. Dyn. im Louvre mit dem sehr ähnlichen Ansatz eines dicken Ringbügels7. Wegen des Logogrammstrichs hinter sꜢ „Schutz“ sollen wir wahrscheinlich lesen: „Herr von …“ und „Schutz“ (Abb. 2). Es folgt der Name der Person,
Abb. 2. Abschrift des Textes des Goldrings. 6
Ibid., S. 220-224. J. Leclant, Ägypten III, Spätzeit und Hellenismus, 1981, S. 176, Abb. 150-153. Als „kennzeichnend“ für die 26. Dyn. wird dieser Ringtypus bezeichnet von M. Page-Gasser, in M. PageGasser, A. Wiese et al., Ägypten: Augenblicke der Ewigkeit. Unbekannte Schätze aus Schweizer Privatbesitz, 1997, S. 228-229, zum Ring Nr. 150. Wegen der gerade erwähnten Ringe aus der früheren Zeit scheint dies eine unzulässige Einengung zu sein. 7
„BELOHNUNG DER GOTTHEIT NN“
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für die der Ring ein Schutzzeichen sein soll: Er lautet Šb/p-(n(j))-śpṭt „Geschenk (oder besser:) Belohnung (?)8 der (Göttin) Sothis“. Der Name ist in dem oben erwähnten Katalog grob falsch „Schepenupet“ gelesen und mit einer der beiden Gottesverehrerinnen dieses Namens in Verbindung gebracht worden, wohl infolge einer irrtümlichen Assoziation mit dem Titel * ṬwꜢ(t)-nčr für
. Ein zweites Element für … „upet“ ist überhaupt nicht vor-
handen. Durch das etwas schräg gestellte Zeichen für „Dorn“ (śpṭ) ist klar, dass es sich um eine Schreibung für den Göttinnennamen Śpṭt, „Sothis“ handelt. Der Stern ist dabei vor das Götterdeterminativ gerückt und am Ende weist die Schreibung noch eine Gruppe von Sonnenscheibe und Logogrammstrich auf9. Der unbekannte Bearbeiter des Auktionskataloges hatte den Namen mit „Shebensopde“ wiedergegeben. Bemerkenswert sind die Binnenritzungen in den Hieroglyphen (Fischgräten-Reihen bzw. parallele Linien10) sowie die Andeutungen des Knöchels beim Zeichen „Bein“. Leider gibt es für die Identifizierung der einstigen Besitzerin des Goldrings nichts als den Namen. Im Auktionskatalog wird ohne Begründung für eine Datierung die Zeit des Vierten bis Dritten Jahrhunderts v. Chr. angegeben, also der 30. Dyn. bis frühen Ptolemäerzeit. Der Personenname und sein Namenstypus (s.u.) sind allerdings regelmäßig viel früher vor allem in der 22. Dyn. und der 25./26. Dyn. belegt. Vor einigen Jahren wurde von einer spanischen Mission in Herakleopolis das Grab einer Königin mit dem Namen Šp-n(j)-śpṭt aus der 22. Dyn. entdeckt11. Ihr Name erscheint im Königsring mit kleinen Varianten, z.B.:
Auf dem Goldring ist der Name nicht in einen Königsring eingeschrieben, sodass es keinen deutlichen Hinweis gibt, er könne aus diesem Grab stammen. Immerhin ist beiden Belegen die „Kompromiss-Orthographie“ mit Schwankung in der Wiedergabe des Elements Šb/p gemeinsam. Wegen der gerade
8
Zur Begründung für die Alternative siehe unten. Die Gruppe wurde vielleicht hinzugefügt, weil der Stern Sothis zur himmlischen Sphäre gehört. 10 Ähnlich wie bei den im Folgenden erwähnten weiteren Goldringen aus dem Ausstellungskatalog. 11 http://heracleopolismagna.com/trabajo-resultados/la-necropolis-del-tercer-periodo-intermedio/ und K. Jansen-Winkeln, Inschriften der Spätzeit II, 2007, S. 225, Nr. 10 (im folgenden: JWIS II-IV). 9
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Abb. 3. Übersicht über die Namen von Personen mit dem Namen Šb/p-n(j)-[Gottesname].
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erwähnten Parallelen aus dem Ausstellungskatalog der Völklinger Hütte wird der Datierungsspielraum für den Goldring der Šp-n(j)-śpṭt auf die Zeit der 22. bis 26. Dyn. anzusetzen sein. Eine (vermutlich unvollständige) Übersicht über die Namen von Personen mit dem Namen gibt Abb. 312. Darin werden die Namen soweit, wie nach der Publikationslage möglich, in ihrer originalen Anordnung auf den Schriftträgern wiedergegeben13. Belege: 1: J. Clédat, ASAE 9 (1908), S. 211-212, 26.-27. Dyn.; Sarkophagdeckel eines Udjahorresnet aus Tell el-Maskutah (in Drucktypen). Der Name ist kaum *Šb-n(j)-nčr-ṭwꜢj zu lesen, wie ich in Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der Institution der Gottesgemahlin des Amun vom Beginn des neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄgAbh 37), 1981, S. 54 vorgeschlagen hatte und was danach auch JWIS IV/2, S. 853 zu Beleg 1 und S. 1151 zu Beleg 18 erwogen hatte. 2: PN, I, 325:26, nicht nachgewiesen: Louvre Stele IM 4018, 27. Dyn.: Mutter des Padihoremheb, Frau des Udjahorresnet. J. Vercoutter, Textes biographiques du Sérapéum de Memphis : Contribution à l’étude des stèles votives du Sérapéum, 1962, S. 65; I. Guermeur, Les cultes d’Amon hors de Thèbes : Recherches de géographie religieuse (BEHE-SR 123), 2005, S. 140-141; PM III2, S. 800. 3: Uschebti Zagreb 704, J. Monnet Saleh, Les antiquités égyptiennes de Zagreb : Catalogue raisonné des antiquités égyptiennes conservées au Musée Archéologique de Zagreb en Yougoslavie, 1970, S. 154; I. Uranić, Aegyptiaca Zagrabiensia: Egyptian Collection of the Archaeological Museum in Zagreb, 2007, S. 184, Nr. 417 als “usheb dwat neter pet (?)”. Der Name endet mit einem Determinativ “Sitzender Mann”, ansonsten gibt es kein Indiz für das Geschlecht. Vgl. aber die Schreibung Nr. 12a. 4: A. Moret, Catalogue du Musée Guimet, galerie égyptienne : stèles, bas-reliefs, monuments divers, 1909, S. 100-101, Taf. 43, 26. Dyn.: Schenkungsstele Louvre E 22036. 5a: Uschebtis aus Herakleopolis, 22. Dyn.: http://heracleopolismagna.com/trabajoresultados/la-necropolis-del-tercer-periodo-intermedio/ und M. C. Pérez Die, „The Third Intermediate Period Necropolis at Herakleopolis Magna“, in G. P. F. Broekman, R. J. Demarée, O. E. Kaper (Hg.), The Libyan Period in Egypt: Historical and Cultural Studies into the 21st-24th Dynasties: Proceedings of a Conference at Leiden University, 25-27 October 2007 (EgUit 23), 2007, S. 308, Fig. 4; R. Meffre, D’Héracléopolis à Hermopolis : La Moyenne Égypte durant la Troisième Période intermédiaire (XXIe-XXIVe dynasties), 2015, S. 172, doc. 78, MAE 86-363 (im folgenden: R. Meffre, D’Héracléopolis à Hermopolis). 5b: JWIS II, S. 225; R. Meffre, op. cit., S. 172 und 332, doc. 78, Königin.
12 Für seine Liste von Belegen, die er seit langem gesammelt hatte (siehe unten Anm. 21) danke ich ganz herzlich Herrn Leahy. Am Ende der anschließenden Nachweise befinden sich auch solche, die ohne die eigentlichen Schreibungen erwähnt worden sind. 13 Die Schreibungen sind grob in drei Gruppen angeordnet: Belege mit Šb- …, solche mit Šb-n(j)- …, sowie solche mit Šp-n(j)- … oder Šp/b-(nj)- …
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6: Stelophor des Nachtefmut. Kairo, CG 42229: Familienmitglied Šp-n(j)-śpṭt, Tochter des Nimlot, 22. Dyn.: K. Jansen-Winkeln, Ägyptische Biographien der 22. und 23. Dynastie (ÄAT 8), 1985, I, S. 205ff (A18), II, S. 552, Taf. 57 (im folgenden: K. JansenWinkeln, Biographien); R. Meffre, op. cit., S. 95, doc. 26; JWIS II, S. 310. 7: Statuenfragment Berlin 15139: Kl. Finneiser, GM 215 (2007), S. 25-38; R. Meffre, op. cit., S. 94, doc. 24. 8: Uschebti Kairo CG 47526: Sängerin des Amenrasonther, 26.-30. Dyn.: P. E. Newberry, Funerary statuettes and model sarcophagi (CG 46530-48273), I, 1930, S. 158-159, Taf. XLII. 9: PN, I, 326:26 = Stele Louvre C 317: Šp-n(j)-śpṭt, Mutter des Hor, Frau des Udjahorresnet, 27. Dyn.: É. Chassinat, RecTrav 25 (1903), S. 52-53, CLXIII; PM III2, 802. Determinativ: knieende Frau mit Blume an Nase (in Drucktypen). 10: G. Legrain, RecTrav 30 (1908), S. 170: Statue eines Nachtefmut, Vater der Šp-n(j)śpṭt (in Drucktypen), 22. Dyn. 11: J. E. Quibell, The Ramesseum, with Translations and Comments by W. Spiegelberg, Egyptian Research Account, 1896 (BSAE 2/1), 1898, Taf. 5: Uschebti, Šp-n(j)-śpṭt, Tochter des Nimlot, 22. Dyn. 12ab: Kopfloser Naophoros Kairo TR 27/11/58/8, Šp-n(j)-śpṭt, Mutter des Somtustefnacht, Frau eines Horiy. E. Bresciani, SCO 16 (1966-67), S. 273-280. 12a ist mit A1 „Sitzender Mann“ determiniert, aber der Name ist der einer Frau (nbt prw). Vgl. Schreibung Nr. 3. 13ab: Kalksteinstele Wien ÄS 157 eines Nesqaschuti: Zwei Šp-n(j)-śpṭt, eine Frau eines Nesnubhotep, eine Frau eines Neswerethekau: H. Satzinger, Hieroglyphische Inschriften aus der Ägyptischen Spätzeit (CAA Kunsthistorisches Museum Wien Lief. 17), 2012, Blatt 42, 52. Bei der Wiedergabe des zweiten Namens auf Bl. 42 fehlt das n; siehe Bl. 52 (Photo), 26. Dyn. 14: J. E. Quibell, op. cit., Taf. 5: Uschebti der Šp-n(j)-śpṭt, Tochter eines Königs Takeloth in Genealogie, 22. Dyn. 15ab: Statuenfragment Brooklyn Museum 16.580.150 eines Psamtek: Šp-n(j)-śpṭt, Mutter des Psamtek. H. De Meulenaere, BIFAO 62 (1964), S. 158, doc. 14, Taf. 29, 26. Dyn. 16: Gefäß Kairo CG 18496 der Šp-n(j)-śpṭt (Ramesseum): J. E. Quibell, op. cit., S. 8, Taf. 27 (8); R. Meffre, op. cit., S. 94-95, doc. 25, 22. Dyn. 17abcd: Statue der Šp-n(j)-śpṭt Kairo CG 42228, Frau des Hor, d. Tochter des Hohepriesters des Amun Nimlot, daher Enkelin Osorkon II., 22. Dyn.: K. Jansen-Winkeln, Biographien, I, S. 156ff (A13), II, S. 520-524, Taf. 37-49; JWIS II, S. 520 (2×), S. 521 (2×), S. 522-524; R. Meffre, op. cit., S. 93, doc. 23. Die Art des Kopfschmucks des Determinativs „Stehende Frau mit Szepter“ ist eine Weisse Krone mit Gehörn, wohl wegen Gleichsetzung der Göttinnen Satis und Sothis, siehe D. Valbelle, Satis et Anoukis (SDAIK 8), 1981, S. 128 (Hinweis A. von Lieven). Nach G. Fecht, Wortakzent und Silbenstruktur: Untersuchungen zur Geschichte der ägyptischen Sprache (ÄgForsch 21), 1960, 76, Anm. 227 ist der Grund dafür der bei śpṭt bereits lange vor der Ptolemäerzeit eingetretene Verlust des p (> Σῶθιϛ). 18: Uschebti London, UC 543, Šp-n(j)-śpṭt, Mutter eines Nesptah: W. M. Fl. Petrie, Shabtis: Illustrated by the Egyptian Collection in University College, London, with Catalogue of Figures from Many Other Sources (BSAE 57), 1935, Taf. XII, XLII; H. D. Schneider, Shabtis. An Introduction to the History of Ancient Egyptian Funerary Statuettes with a Catalogue of the Collection of Shabtis in the National Museum of Antiquities at Leiden, 1977, I, S. 226; P.-M. Chevereau, Prosopographie des cadres militaires égyptiens de la Basse Époque, Paris, 1985, S. 139, doc. 202, 26. Dyn.
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19: Stele Louvre IM 4033/398: É. Chassinat, RecTrav 23 (1901), S. 85-86, CXLIII; PM III2, 801, 34: Apisstele des Wachibre-(em)-Chemnis (in Drucktypen), 27. Dyn. 20: Holzstele Kopenhagen NCG AA d 3: Šp-n(j)-śpṭt, Mutter des Tadiamunnebnesyttaui, Frau eines Horsiese: M. Mogensen, Inscriptions hiéroglyphiques du Musée National de Copenhague, 1918, S. 44-45, Taf. 21, Nr. 34; zur Lesung: G. Vittmann, Orientalia 47 (1978), S. 5. 21: PN, I, 325:26 = nicht nachgewiesen. 22: Sarg, Šp-n(j)-śpṭt, Mutter des Irthoreru, Frau des Djedbastefanch. L. Baques Estape, “Galeria de personajes en las piezas egipcias de los museos catalanes y museo Balear. V: museo biblico del seminario diocesano de Palma, Mallorca (MBSP): Informacion arqueologica”, Boletin Informativo del Instituto de Prehistoria y Arqueologica de la Disputacion Provincial de Barcelona 13 (1974), S. 11-15, 1 ill. Die Mitteilung über die Schreibung verdanke ich nachträglich auch Herrn Leahy. Der Sarg gehört ihm zufolge vermutlich in die 26. Dyn. 23: Holzstele Kairo A 9404, JE 4888: Prophet des Osiris, Vater der Sängerin vom Inneren des Amun Tascheritenese: P. Munro, Die spätägyptischen Totenstelen (ÄgForsch 25), 1973, S. 199; G. Vittmann, Orientalia 47 (1978), S. 4 schlägt die Lesung PꜢ-šp-n-śpṭt vor, wie H. De Meulenare, L. Limme, J. Quaegebeur, P. Munro, Die spätägyptischen Totenstelen. Index et Addenda, 1985, S. 46, aber das erste p bei Munro kann bezweifelt werden (Abb. 4).
Abb. 4. Detail zu Beleg 23. 24: Würfelhocker Kairo CG 42211, eines Nachtefmut, Erwähnung einer Šp-n(j)-śpṭt, Tochter von Takeloth II., Frau eines Djedchonsefanch, 22. Dyn.: K. Jansen-Winkeln, Biographien, I, S. 83, II, S. 470, Taf. 19.21 (A6); JWIS II, S. 323. 25: Amulett-Papyrus P.Louvre 3233 A+B: Šp-n(j)-śpṭt, Mutter des Djedher: J.-Cl. Goyon, BIFAO 77 (1977), S. 49, Anm. 2, Taf. 15, Z. 3, 26.-27. Dyn. 26: Uschebtikasten der Sängerin vom Inneren des Amun Nehemsibastet, Tochter einer Šp-n(j)-śpṭt, Tochter des Königs Takelothis: J. E. Quibell, op. cit., S. 20, Taf. 27.7. Vgl. Taf. 26.6; JWIS II, S. 406, Nr. 51. 27ab: Würfelhocker Kairo JE 37862 eines Padiimennebnesuttaui: Šp-n(j)-śpṭt, Frau eines Hor, Mutter des Padiamunnebnesyttaui, Tochter des Nachtefmut (B) daher Urenkelin von Takeloth II.: M. Affara, JARCE 48 (2012), S. 223, 232; JWIS III, S. 509. 28: M. F. L. Macadam, A Corpus of Inscribed Egyptian Funerary Cones, Part I. Plates, 1957, Nr. 378: Šp-n(j)-śpṭt, Mutter des Djedher, Frau des Anchhor; K. Zenihiro, The Complete Funerary Cones, 2009, S. 378.
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29ab: Stele Kairo JE 30434: Šp-n(j)-śpṭt, Mutter des Djedesefanch, Frau des Neswerethekau, Tochter des Basa: Fr. Payraudeau, in J.-Cl. Goyon, Chr. Cardin (Hg.), Proceedings of the Ninth International Congress of Egyptologists: Grenoble, 6-12 septembre 2004 (OLA 150), 2007, II, S. 1474, Abb. 1, 22. Dyn. 30: Kanopenkrug Brüssel, MRAH E. 5897 (und ein anderer in New York, MMA 21.5): Šp-n(j)-śpṭt, Mutter des Horemheb: H. De Meulenaere, BMRAH 37 (1965), S. 5-6, 9 mit Abb.; B. Van de Walle, L. Limme, H. De Meulenaere, La collection égyptienne : Les étapes marquantes de son développement, 1980, S. 43-44, Abb. 9, Spätzeit. 31: Holzstele Sydney, Nicholson Museum R.79: Šp-n(j)-śpṭt, Tochter des Udjahor and Esiresanch: K. McCorquodale, Mediterranean Archaeology 12 (1999), S. 67-74, nach A. Leahy. 32: Bronzeosiris Wien KhM: G. Roeder, Ägyptische Bronzefiguren, 1956, S. 139 [184d] Abb. 195: „Djw-schebneb?“ Šp-nj-śpṭw ?, Vater des Hor, Ehemann der Tashed…. PM VIII, 1999, S. 1056. 33ab: Uschebtis Stockholm NM 135 and 171, Šp-n(j)-śpṭt, Mutter des Petosiris: St. Wångstedt, Medelhavsmuseet Bull. 5 (1969), S. 29, no. 9. Schreibung mitgeteilt von und als Schreibung für šp- siehe unten. A. Leahy. Zu 34: Sargdeckel Amiens M. P. 94.3.1: Šp-n(j)-śpṭt, Sängerin vom Inneren des Amun: O. Perdu, E. Rickal, La collection égyptienne du Musée de Picardie, 1994, S. 40. Der Name ist auf dem publizierten Photo ganz schlecht lesbar, die Lesung bleibt unsicher. Zwei weitere Belege, die ich auch Herrn Leahy verdanke, sind nur in Transliterationen zitiert. A: Sekundärbegräbnis im Grab des Nebnetjeru (E. Bresciani): Šp-n(j)-śpṭt, Tochter des Anchpachered: J. Leclant, Orientalia 46 (1977), S. 262, Dyn. 23ff. B: Demotischer Text: J.-Fr. Quack, Orientalia 81 (2012), S. 388, Rezension von H. S. Smith, The sacred animal necropolis at North Saqqara: Mother of Apis inscriptions (EES Texts from Excavations 14/2), 2011, S. 155, Šb-n-śpṭ.ṭ statt SṯꜢṱ-ir.t-bn.t.
Šb/p wird teils mit , teils mit , teils mit
und
geschrieben. Das n(j) des
(indirekten) Genitivs kann geschrieben sein oder auch fehlen, der Dorn
durch
das Brot ersetzt sein. Die Determinativgruppe aus Brot und Stern kann in dieser und der umgedrehten Reihenfolge vor oder hinter dem Dorn stehen. Zu šb/p in diesen Namen gehören wahrscheinlich regelhaft und 14. Falls in Publikationen statt der gekreuzten Stäbe ein Stern erscheint, müsste jeweils geprüft werden, ob das nicht ein moderner Irrtum für die Stäbe ist15. Der Stern mit oder ohne den Dorn trägt den Lautwert śpṭ(t). Das Zeichen dient in Kombination mit häufig der Verdeutlichung, dass die Lesung śpṭt „Sothis“ auf dem Goldring ist bisher von anderswo gemeint sein soll. Der Zusatz nicht belegt. In dem bislang einmaligen Beleg 23 mit +
14 15
+
steht
für
Zu weiteren Schreibungen von šb/p siehe unten Anm. 32-33. Z. B. bei der Schreibung Abb. 3, Nr. 21, die in PN I, S. 325, 26 nicht nachgewiesen ist.
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pṭ(t), der Stern ist Determinativ16. Zur Schreibung 33a siehe weiter unten. Die Schreibung 33b scheint unklar. Der Name von Beleg 32 kann nur mit Vorbehalt der behandelten Gruppe zugeschrieben werden. Das Zeichen „Stern“ fehlt und vielleicht ist bei der Gottheit „Sopdu“ gemeint unter Voranstellung von śpṭw vor šb n(j), zumal wegen des von G. Roeder gelesenen Determinativs eines Gottes mit Krone. In Beleg 30 ist bemerkenswert, dass der Stern als letztes Zeichen des Namens mittig zwischen die Zeichen für mꜢ῾-ḫrw gesetzt ist, in Beleg 22 die Stellung des ś nach dem Dorn. Nur bei Beleg 20 fehlt ein p. Der Name ist meistens der einer Frau. Eine Ausnahme ist Nr. 3, bei der in der Publikation (nicht nachprüfbar) ein Determinativ „Sitzender Mann“ angegeben ist. Der Beleg Nr. 12a besitzt als Determinativ ebenfalls den „Sitzenden Mann“, aber es handelt sich um den einer Frau wegen des Titels „Hausfrau“. Die Schreibung von Nr. 23 (siehe Abb. 4) hat vielleicht ein als erstes (nachträglich hinzugesetztes?) Zeichen17, aber eine „Sitzende Frau“ als Determinativ zum Namen der Göttin Sothis, śpṭt. Das bedeutet in diesem Fall aber nicht, dass es sich um einen Frauennamen handelt, denn er steht in einer Genealogie der Stelenbesitzerin hinter „Tochter des Propheten des Osiris“. Daher könnte der Name bei Akzeptierung des ersten p zuerst als Schreibung mit Teilungsartikel PꜢ-(nj)-šp-n(j)-śp(ṭ)t, „Der (Sohn) der Šp-n(j)-śpṭt“ (mit regelhaftem Frauendeterminativ), verstanden werden. Es gibt allerdings einen mit šbgebildeten Namen, der an dieser Erklärung zweifeln lassen könnte. 18 Ein Frauenname aus der 21. Dyn. ist geschrieben. Er beginnt ganz offenbar mit PꜢ-šp-n(j)-… Das t in šp ist sicher nur ein Füll-t über den gekreuzten Stäben in der hieratischen Schreibung. Der männliche Artikel muss sich daher auf šb „Geschenk (besser, s.u.:) Belohnung19“ beziehen und der Name ist damit als „(Die) Belohnung (oder ähnlich) der Mut – wbḫt“ zu verstehen. Das dürfte auch für den gerade erwähnten Osirispriester gelesen als PꜢ(?)-šp-n(j)-śp(ṭ)t gelten (Nr. 23): „(Der Mann) Beloh-
nung (oder ähnlich) der Sothis“, ebenso für
16
PꜢ-šb-n(j)-Ꜣśt
Gegen G. Vittmann, der in Orientalia 47 (1978), S. 4 den Himmel nur für p und den Stern für ṭ(wꜢ)t in Anspruch nehmen will (und gleichzeitig als Determinativ). 17 Nach einem Photo, das mir vor vielen Jahren Peter Munro überlassen hat. P. Munro, Die spätägyptischen Totenstelen (ÄgForsch 25), 1973, S. 199-200 (ohne Abb.). Ob das „zusätzliche“ p nur eine Fehlstelle in der Oberfläche der Zeile ist? 18 A. Erman, Hieratische Papyrus aus den Königlichen Museen zu Berlin, II Hymnen an verschiedene Götter. Zusatzkapitel zum Totenbuch, 1905, P 3031, ungezählte S. 2. 19 Im Folgenden wird die Standard-Übersetzung „Geschenk“ durch „Belohnung“ ersetzt. R. Meffre erwähnt (Freundliche Mitteilung vom 25.7.20) den Namen einer Frau Šb in einer Genealogie eines Uschebtis im Louvre (Katalog in Vorbereitung). Da könnte man PN, I, 325:16 vergleichen. Handelt es sich um Kurzformen mit Auslassung eines Gottesnamens?
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„Belohnung der Isis“, ein Männername20. Die folgenden Frauennamen21 sind gegen H. Ranke wohl nicht mit Teilungsartikel zu rekonstruieren (*TꜢ-njt-…): sondern als TꜢ-šb-n(j)-nỉt „(Die Frau) „Belohnung der Neith““22; TꜢ-šp-n(j)-ḫnsw „(Die Frau) „Belohnung des Chons“. Bei diesen Namen wird sprachlich der bestimmte Artikel im Gegensatz zu PꜢ-šp-n(j)-mwt-wbḫt nur zur Kennzeichnung des Geschlechts der benannten Person verwendet, also dissoziiert von der grammatischen Struktur des Namens. Nach M. Thirion23 verhält es sich ebenso (gegen H. De Meulenaere) nicht um den Teilungsartikel bei dem vierten der folgenden Beispiele: PꜢ-šb/p-n(j)-ỉw=s-῾Ꜣ=s statt Šb/p-n(j)-ỉw=s-῾Ꜣ=s. Allerdings könnte es sich bei diesem Beispiel auch nur um einen doppelten Orthographie-Fehler handeln für Šb/p-n(j)-ỉw=s-῾Ꜣ=s, nämlich vertikale Metathese von š und p und horizontale Metathese der Gruppe vor dem b und dem b selbst. Letztere hatte schon H. De Meulenaere angenommen, um die Wiedergabe in PN, II, 287:2 zu korrigieren. Die Bedeutung von šb/p als „Geschenk“ ist allgemein angenommen, aber man muss daran zweifeln wegen der griechischen Wiedergaben Σποννῆσιϛ für demotisch Šp-n(j)-Ꜣśt bzw. Σπεμμινιϛ für demotisch Šp-mnw. In pKairo CG 30604, einem Ammenvertrag aus Tebtynis aus der Ptolemäerzeit, kommt in einem griechischen Subskript der Name Σποννῆσιϛ vor, den W. Spiegelberg im demotischen Haupttext24 mit Šb-(nj)-Ꜣśt wiedergibt. In W. Erichsens Demotischem Glossar25 wird ein anderer Name des Typs erwähnt, nämlich Šp-mnw, griechisch Σπεμμινιϛ. Daraus ist abzuleiten, dass dieses šb ägyptisch mit einer anlautenden Doppelkonsonanz begann26. Das Wort für „Geschenk“ wird vom Lemma šsp > šp abgeleitet, und erscheint koptisch als ϣⲁⲡ bzw. ϣⲱⲡ. Daneben gibt es zwei Termini šb bzw. šb.t „Veränderung, Tausch, Vergeltung, auch Belohnung“, koptisch ϣⲃⲉⲓⲱ mit anlautender Doppelkonsonanz wie 20 H. De Meulenaere, BIFAO 62 (1962), S. 158; M. Thirion, RdE 36 (1985), S. 140, Anm. 139. Ebenso G. Vittmann, Orientalia 47 (1978), S. 4. 21 PN, II, 363:4-5, vgl. PN, I, 363:5, PN, II, 326:10; Avignon 23509 = O. Cavalier, Fastueuse Égypte, 2011, S. 64-65; siehe M. Thirion, RdE 36 (1985), S. 140 mit Hinweis auf einen geplanten Artikel von A. Leahy, Anm. 141. 22 TꜢ-(njt?)-šp-nj-njt in PN, II, 326:9 als nj.t „Neith“; TꜢ-(njt)-šp-nj-nt in PN, I, 363:4 als n.t „Stadt“. 23 M. Thirion, RdE 36 (1985), S. 139-140. 24 W. Spiegelberg, Die demotischen Denkmäler II, Die demotischen Papyrus, 1906, Text, S. 15; der griechische Text S. 18. 25 W. Erichsen, Demotisches Glossar, 1954, S. 502. 26 Die Problemlage geht klar hervor aus der Zusammenstellung in J. H. Johnson (Hg.), The Demotic Dictionary of the Oriental Institute of the University of Chicago (https://oi.uchicago.edu/ research/publications/demotic-dictionary-oriental-institute-university-chicago), Š, S. 99-100.
„BELOHNUNG DER GOTTHEIT NN“
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bei der griechischen Wiedergabe der Namen mit šb/p. Daher ist in diesen Fällen eine Ableitung von šb bzw. šb.t „Veränderung, Tausch, Vergeltung, auch Belohnung“ anzunehmen und damit eine solche von šsp > šp auszuschliessen. Die Übersetzung von šp/p mit „Geschenk“ (< „das Empfangene“) aber setzt diese voraus. Das bedeutet, es ist zu überlegen, ob Šp-n(j)-śpṭt nicht nach den Angaben im Demotischen Glossar eher etwas wie „Belohnung27 der Sothis“ bedeutet (und analog entsprechend in den weiteren Namen dieses Typs). Das wäre eine Bedeutungsverschiebung in dem Sinne, dass das Kind, dem ein Name zu geben war, als Ergebnis wohlwollender Gnade der genannten Gottheit angesehen werden sollte. Der Unterschied zu *“Geschenk der Sothis“ ist nicht groß, seine Annahme infolge der zitierten koptischen bzw. griechischen Belege scheint mir geboten. Šp-n(j)-śpṭt hätte demnach in der Ptolemäerzeit mit *Σπονσῶθιϛ oder *Σπενσῶθιϛ28 umschrieben werden können, später koptisch etwa *ϣⲡⲟⲛⲥⲱⲧⲉ oder *ϣⲡⲉⲛⲥⲱⲧⲉ. Es ist aber nicht zu erwarten, dass ein solcher „heidnischer“ Name erhalten blieb. Anhang 1: Namen mit anderem Bezug auf Sothis als šb/p sind die folgenden:
Śpṭt-ỉytj, „Sothis ist gekommen“, Śpṭt-m-ḥ῾῾w(t), „Sothis ist in Jubel“, Śpṭt-hrtj, „Sothis ist zufrieden“, BꜢk-śpṭt, „Diener der Sothis“, PꜢ-č̣(j)-śpṭt, „Der, den Sothis gegeben hat“, PꜢy=f-čꜢw-(m)-῾wwj-śpṭt, „Sein Atem ist auf den Händen der Sothis“ 29.
27 Leider gibt es im Demotischen Glossar keine Belegstellen, die es erlauben würden, die vorgeschlagenen Übersetzungen zu überprüfen. 28 Zum frühen Verlust des p in śpṭt siehe oben unter Abb. 3 zu Beleg 17abcd. 29 Belege: 44-46: PN, I, 306:23; 47a-c: R. Meffre, RdE 60 (2009), 215-221 mit Var. Śpṭt. Der von R. Hay gesehene Sarg ist vollständig publiziert von R. Meffre, Monuments Piot 94 (2015), S. 7-59 (Hinweis Leahy); der Name erscheint darin auch in einer „Sonderschreibung“ mit dem Zeichen „Keule“ für Śpṭt (S. 15); JWIS III, S. 530 mit Varr. und S. 364; 48: JWIS II, S. 277; 49: M. C. Betrò, EVO 3 (1980), S. 63, Taf. 2. Stele in Privatbesitz, Saitenzeit (Hinweis A. Leahy), S. 50-52: PN, I, 126:9; 53: PN, I, 128:5.
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Anhang 2: Drei Listen der meistens bereits bei H. Ranke aufgeführten weiteren Personennamen, die mit šb/p beginnen: A: Gottesname als zweites Element30 in Klartext31 Šp-n(j)-Ꜣśt (PN, I, 325:17; II, 390: f Spät. und griech.), R. Meffre, D’Héracléopolis à Hermopolis, doc. 106, S. 198-19932: „Belohnung der Isis“; PꜢ-šb-n(j)-Ꜣśt Beleg 36. Šp-n(j)-ỉmnw (PN, II, 318:14-15: f und m Spät.): „Belohnung des Amun“. Šb/Šp-n(j)-bꜢśt (PN, I, 325:21, II, 390: f Spät.), R. Meffre, op. cit., doc. 96, S.19233: „Belohnung der Bastet“. Šp-n(j)-mwt (PN, I, 325:22: f Spät.): „Belohnung der Mut“. Vgl. oben Beleg Nr. 35: PꜢ-šp-nj-mwt-wbḫt. Šp-n(j)-mnw (PN, I, 325:23: m Spät. Griech.): „Belohnung des Min“. Šp-n(j)-mḥỉt (PN, I, 325:24, II, 390: f Spät.): „Belohnung der Mehit“. Šp-n(j)-rnnt (PN, II, 318:16: f Spät.): „Belohnung der Renennet“. Šp-n(j)-ḥrw (PN, I, 325:25, II, 390: f Spät.? Griech.): „Belohnung des Horus“. Šp-n(j)-śpṭw (?) Siehe Abb. 3, Beleg 32: „Belohnung des Sopdu“ (?). TꜢ-šb-n(j)-nỉt, oben Beleg 37: „(Die Frau) „Belohnung der Neith““. TꜢ-šp-n(j)-ḫnsw, oben Beleg 38-39: „(Die Frau) „Belohnung des Chons““. (PꜢ)-šb/p-n(j)-ỉw=s-῾Ꜣ=s, (m 26.-27. Dyn.), oben Belege 40-43: „(Der Mann) „Belohnung der Iusaas““.
B: Gottesname durch Gottesbeiwort ersetzt Šp-n(j)-wpt (PN, I, 325:19: f Spät.). (Die Gottesverehrerinnen 25./26. Dyn. sind nicht aufgeführt). Der Name sollte bedeuten: „Belohnung der Wepet“. Auf welche Göttin das zielt, ist derzeit nicht erkennbar. ῾nḫ-šp-n(j)-wpt (PN, I, 66:15: f Spät.): „Es lebe die (Gottesverehrerin) Šp-n(j)śpṭt“.
30 A. von Lieven erinnert an Belege aus E. Lüddeckens, H.-J. Thissen et al. (Hg.), Demotisches Namenbuch I, 3, 2000, S. 964-965: Schepisis, Schepbastet, Schepmin, S. 972 wohl Schepamun. 31 Neuere Nachweise als die bei H. Ranke findet man auch von Fall zu Fall über die Indizes der Bände JWIS II-IV, sowie bei H. De Meulenaere, L. Limme, J. Quaegebeur, P. Munro, Die spätägyptischen Totenstelen. Index et Addenda, 1985. Der Name PN, I, 325:18 Šp-n-ỉmnw-Ꜣśt mit und ohne n J. E. Quibell, The Ramesseum, with Translations and Comments by W. Spiegelberg, Egyptian Research Account, 1896 (BSAE 2/1), 1898, Taf. 5: mit dem Zeichen nach Šb ist nach Hinweis A. Leahy eine falsche Lesung statt oder wie auf der Stele 37899 im British Museum mit dem Namen Šp-n(j)-śpṭt, Tochter eines Nachtefmut: M. L. Bierbrier, The British Museum, Hieroglyphic Texts from Egyptian Stelae etc., Part 11, 1987, Taf. 4-5, 22. Dyn. Zwei unvollständige Namen: Šp-n(j)-Ꜣč/// JWIS IV, S. 1004 Stele Wien KhM ÄS 5093; Šp-n(j)-/// /// R. Meffre, D’Héracléopolis à Hermopolis, doc. 77, S. 171, Uschebti šb geschrieben nur mit , MAE 86-359, 22. Dyn. und 32 šb geschrieben mit und (die Autorin vergleicht [Mitteilung vom 25.7.20] die Schreibung mit mit der mit für šsp). 33 šb geschrieben nur mit und . R. Meffre verweist (Mitteilung vom 25.7.20) auf weitere Belege: Museum von Triest 12023 und 12148 (Fr. Crevatin, M. Vidulli Torlo, Collezione egizia del civico museo di storia ed arte di Trieste, 2013, S. 150-151) sowie Manchester Museum 8094 (Gl. Janes, The Shabti Collections 5: A Selection from The Manchester Museum, 2012, Nr. 193).
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Šp-n(j)-wn (PN, I, 325:20, II, 390: f Spät.); außerdem Zagreb Cat. 115; I. Uranić, Aegyptiaca Zagrabiensia: Egyptian Collection of the Archaeological Museum in Zagreb, 2007, S. 91-94 (irrtümlich als ptolemäisch bezeichnet): „Belohnung des Wn (Osiris ?)“. Šp-n(j)-njnj: Avignon A 304 = O. Cavalier, Fastueuse Égypte, 2011, S. 62-63; E. Graefe, Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der Institution der Gottesgemahlin des Amun vom Beginn des neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄgAbh 37), 1981, S. 54, Anm. 5: „Belohnung des/der Nini“34. Šp-n(j)-nbw.w: JWIS III, S. 553; außerdem Stele (gleiche Person) in Athen 24, P. Munro, Die spätägyptischen Totenstelen (ÄgForsch 25), 1973, S. 214: „Belohnung der Herren“. Šp-n(j)-šṭ (?) (PN, II, 313:30; II, 318:17: f Spät.): „Belohnung des Retters?“; M. Thirion, RdE 36 (1985), S. 129. Šp-n(j)-tꜢ-nfrt (PN, I, 325:27: f Spät.): „Belohnung der Schönen“. Welche Göttin gemeint ist, bleibt offen.
C: Sonderfälle
Beleg 54: Šp-n(j)-Ꜣbṭ-VI (?) (PN, II, 318:13: f Spät.). Belege 55-56: ist m, zu lesen Šb-n(j)-snwt (?) (nach JWIS IV/2, S. 897, 899): „Belohnung des Senut-Festes (?)“35. Č̣(j)-Ꜣśt-šb (PN, I, 396:10: f (?) Spät.): „Isis gab eine Belohnung“ (?).
34 Höchst spekulativ könnte man bezüglich Nini auf eine sexuelle Deutung à la W. Westendorf, in U. Verhoeven, E. Graefe (Hg.), Religion und Philosophie im Alten Ägypten: Festgabe für Philippe Derchain zu seinem 65. Geburtstag am 24. Juli 1991 (OLA 39), 1991, S. 359-361 verweisen. 35 Zum Fest siehe E. Winter, ZÄS 96 (1970), S. 151-152. Ob wohl Geburt oder Zeugung eines Kindes während des Festes gemeint sein kann? Vgl. A. von Lieven, „Wein, Weib und Gesang – Rituale für die gefährliche Göttin“, in C. Metzner-Nebelsick (Hg.), Rituale in der Vorgeschichte, Antike und Gegenwart: Studien zur Vorderasiatischen, Prähistorischen und Klassischen Archäologie, Ägyptologie, Alten Geschichte, Theologie und Religionswissenschaft: Interdisziplinäre Tagung vom 1.-2. Feb. 2002 an der Freien Universität Berlin, 2003, bes. S. 51-54. Beleg 54 stammt von einer Stele in Lausanne nach Mitteilung von J. Capart an H. Ranke. Hieroglyphische Wiedergabe 55: D. Wildung, Die Rolle ägyptischer Könige im Bewusstsein ihrer Nachwelt 1. Posthume Quellen über die Könige der ersten vier Dynastien (MÄS 17), 1969, Taf. 11,2; 56: ibid., Taf. 15,2. Das Frauendeterminativ in 55 wird als solches von D. Wildung nicht kommentiert, ebensowenig von Chr. Zivie-Coche, Giza au premier millénaire : Autour du temple d’Isis dame des pyramides, 1991, S. 137. Es handelt sich aber um einen Männernamen. Das Zeichen
davor sollte eine rudimentäre Wiedergabe von sein (siehe ibid., Taf. 29, Kairo JE 38989). Auch in 56 ist die Entsprechung nur grob. Es stellt sich die Frage, ob auch in 54 snwt verstanden werden sollte.
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Ein sicher nicht mit Šb/p … „Belohnung“ zu lesender Name ist der folgende: Šp-n-ỉmn-tꜢ=s-ḥrt36. H. Ranke fragt sich, ob alle Namen, die mit Šp beginnen, wegen der belegten Alternativschreibungen mit šsp nicht als ursprünglich auf šsp gebildet erklärt werden sollten wegen der bezeugten phonetischen Reduktion auf šp. Bei dem Namen „Amun möge ihren Weg beginnen“ ist das sicher richtig. Auch bei Šp-(nj)-mnw37 gibt es eine Schreibung mit . Allerdings scheint dies hierbei einfach eher eine Variante für šsp > šp/b zu sein: „Belohnung des Min“. Anhang 3: Unklare Namen mit dem Element šp Vier Namensvarianten für TꜢ-(njt ?)-ỉmn-šp-n(j)-῾nḫ38:
Schon A. Moret wies daraufhin39, dass die Schreibungen mit oder Irrtümer zum Ausdruck von šsp > šp sein müssen. Eine sichere Deutung des Namens ergibt sich aber daraus noch nicht: „Die (Tochter) des Amun-Empfänger-des-Lebens“ (?) „Die (Frau) (namens) „Amun-hat-das-Leben-empfangen““ (?) o.ä. (siehe unten das Addendum). TꜢ-šp{t} (?) / TꜢ-šp40:
Es könnte sich um Abkürzungen für Namen wie oben unter Nr. 37-39 handeln: „Die (Frau) „[Belohnung des/der …]““. ḪꜢ(j)-šb41:
Dieser Name könnte der zurzeit älteste mit šb „Belohnung“ sein, aber die Bedeutung von ḫꜢy bleibt unklar.
36
PN, II, 390 zu PN, I, 329:22, 23. PN, I, 325:23: m Spät.; Griech. 38 PN, I, 358:9: f Spät. (22. Dyn.). 39 A. Moret, Sarcophages de l’époque bubastite à l’époque saïte (CG 41001-41041), Catalogue Général des Antiquités Égyptiennes du Musée du Caire, 1913, S. 197 Anm. 1. 40 PN, I, 367:24 und II, 396. 41 PN, I, 427:1: f NR. 37
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Olivier Perdu gehört zu den Meistern auf den Feldern von Prosopographie und Onomastikon – ich hoffe, dass er die obigen Überlegungen als šb – „Geschenk“ oder „Belohnung“ – annehmen kann. Addendum zu den Beispielen 57-59: Herrn Collombert verdanke ich die Erlaubnis, seine folgenden Bemerkungen anzufügen: Je pense qu’il s’agit d’une écriture du nom dj-Nom divin NN-šp-n-῾nḫ, « Le dieu NN fait le don de vie », attesté pour la déesse Mout : dj-mw.t-šp-n-῾nḫ. Il est attesté en PN I, 396:20, avec la même alternance qu’ici : avec ou sans le mot šp, qui est facultatif (pꜢ ῾nḫ, « la vie », alterne avec šp-n-῾nḫ, « don de vie »). Le nom se retrouve chez H. De Meulenaere, MDAIK 25 (1969), p. 95. Ici, le nom divin « Amon » serait donc placé en antéposition honorifique lorsque ne figure pas le mot šp. La dernière graphie tꜢ ῾nḫ serait une graphie abrégée à l’extrême, sans le nom divin. La graphie tꜢ pour dj (et inversement) trouve de bons parallèles dans d’autres anthroponymes, voir G. Vittmann, GM 38 (1980), p. 75 ; J. Quaegebeur, dans S. F. Bondi, S. Pernigotti, F. Serra, A. Vivian (éd.), Studi in Onore di Edda Bresciani, 1985, p. 462-463 = W. Clarysse, A. I. Blasco Torres (éd.), Egyptian Language in Greek Sources: Scripta Onomastica of Jan Quaegebeur (OLA 280), 2019, p. 299.
ZU BEDEUTUNG UND FUNKTION DER ADJEKTIVISCHEN VERBALFORMEN MIT REDUPLIKATION Karl JANSEN-WINKELN Freie Universität, Berlin
1. Ein charakteristisches Merkmal des älteren Ägyptisch ist es, dass die adjektivischen Verbalformen (Partizipien und Relativformen) in bestimmten Stammklassen reduplizierende Bildungen zeigen (mrr, ḥzz etc.)1. Diese reduplizierenden Formen sind schon früh, z.B. von Erman2, als Ausdruck einer unvollendeten Handlung gedeutet worden, die im Gegensatz zu den vollendeten Handlungen steht, die durch die nicht-reduplizierenden Bildungen ausgedrückt werden. Der Unterschied könnte dann im Tempus oder Aspekt liegen. Schon Sethe3 und Gardiner4 haben die reduplizierenden Formen aber auch als („imperfektisch“-) iterativ interpretiert, also Wiederholung oder Fortdauer (u.ä.) ausdrückend. W. Schenkel5 hat dann anhand bestimmter Phrasen aus Idealbiographien gezeigt, dass auch die Pluralität der Handlungsträger eine Rolle für die Wahl des reduplizierenden („imperfektischen“) Partizips spielen kann, wie etwa in den folgenden Beispielen:
„Der vom König Geliebte, von seiner Stadt Geliebte, von allen ihren [der Stadt] Göttern Gelobte“6.
„Ich war ein Geliebter seines Vaters, ein Gelobter seiner Mutter, ein Geliebter seiner Geschwister“7. 1 In der Ägyptologie wird üblicherweise, aber zu Unrecht, von „Gemination“ gesprochen. In der Sprachwissenschaft versteht man unter Gemination die Verdoppelung bzw. Schärfung eines Konsonanten (wie in ital. „fatto“ vs. „fato“). Da aber nach allgemeiner Ansicht in den „geminierenden“ Formen des Ägyptischen zwischen den beiden gleichen Konsonanten ein (Ton)Vokal stand, handelt es sich eindeutig um Reduplikation, nicht um Gemination. Vgl. auch W. Schenkel, Einführung in die altägyptische Sprachwissenschaft, 1990, S. 109: „‚geminiert‘ in ägyptologischem Sprachgebrauch heißt ‚redupliziert‘“. 2 A. Erman, Ägyptische Grammatik (3. Auflage), 1911, § 387. 3 K. Sethe, Das ägyptische Verbum im Altägyptischen, Neuägyptischen und Koptischen, 2, Formenlehre und Syntax der Verbalformen, 1899, § 836-839; 909-914. 4 A. H. Gardiner, Egyptian Grammar: Being an Introduction to the Study of Hieroglyphs, 1957, § 355; 365-370. 5 W. Schenkel, „‚Singularisches‘ und ‚pluralisches‘ Partizip“, MDAIK 20 (1965), S. 110-114. 6 Urk. VII, 49, 2-3; W. Schenkel, MDAIK 20 (1965), S. 110. 7 Urk. I, 133, 6-8.
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J. Allen hat das anhand der Pyramidentexte bestätigt und hinzugefügt, dass nicht nur die Pluralität der Handlungsträger, sondern auch die von Objekten und adverbiellen Zusätzen eine Rolle für die Wahl des Partizips spielen kann8: Bei reduplizierenden Formen gebe es in den Pyramidentexten „a strong tendency to appear in contexts associated with plurality“. Mehr als die Hälfte aller attributiven reduplizierenden Formen stünden im Zusammenhang mit Pluralität, von den nichtreduplizierenden dagegen nur weniger als ein Viertel9. Zudem handele es sich, wie schon Sethe und Gardiner tendenziell gezeigt hatten, bei den „perfektischen“ und „imperfektischen“ Verbaladjektiven um einen Gegensatz von unmarkierten und markierten Formen10. Ich selbst habe darüber hinaus zu zeigen versucht, dass für die Reduplikation außer Iterativität, Distributivität und Pluralität auch die Intensität der Handlung eine Rolle spielen kann11. Anzeichen dafür sind etwa die Tatsache, dass reduplizierende Formen häufig am Ende einer Phrase auftreten, und damit eine Klimax ausdrücken könnten, wie etwa in den obigen Beispielen oder in folgenden Belegen aus dem Alten Reich: „sein Sohn, sein geliebter, den er (sehr) liebt“12; „seine Frau, seine geliebte, die er (sehr) liebt“13; NN liebt, NN“14;
NN „der Geliebte seines Herrn, NN, den sein Herr (sehr)
„der Geliebte seines Herrn, den sein Herr (sehr) liebt“15.
2. Diese Thesen sind in unterschiedlicher Weise rezipiert worden, wie eine Durchsicht einiger Handbücher und Einführungen ins Ägyptische zeigt. In vielen davon wird die Erklärung der reduplizierenden adjektivischen Verbalformen als Ausdruck verbaler Pluralität akzeptiert (z.B. von Loprieno16, Borghouts17,
8 J. P. Allen, The Inflection of the Verb in the Pyramid Texts (Bibliotheca Aegyptia 2), 1984, S. 421-426 (§ 607-610) und S. 443-450 (§ 637-643). 9 Ibid., § 608. 10 Ibid., § 641. 11 K. Jansen-Winkeln, „Intensivformen und ‚Verbale Pluralität‘ im Ägyptischen“, LingAeg 5 (1997), S. 123-136. 12 Grab des Smnḫw-Ptḥ, s. A. Mariette, Les mastabas de l’Ancien Empire, 1885, S. 296. 13 Stele aus Abydos, s. id., Catalogue général des monuments d’Abydos, 1880, S. 336 (Nr. 941). 14 Grab G 4940 des Sšm-nfr, s. LD II, 27. 15 Grab des Mrj-jb Berlin 1107, E, s. LD II, 21. 16 A. Loprieno, Ancient Egyptian: A Linguistic Introduction, 1995, S. 87. 17 J. Borghouts, Egyptian: An Introduction to the Writing and Language of the Middle Kingdom, 2010, S. 267-269 (§ 75).
ADJEKTIVISCHE VERBALFORMEN MIT REDUPLIKATION
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Goyon18, Jenni19, und Malaise / Winand20), einige (wie Allen21, Graefe22, Selden23, Ockinga24 oder Brose25) sprechen auch von markierten (oder merkmalhaften) Formen, andere bevorzugen eine temporale oder aspektuelle Interpretation (z.B. Hoch26 oder Mathieu / Grandet27). Die Deutung der Reduplikation als ‚verbale Pluralität’ ist also von nicht wenigen akzeptiert und übernommen worden, aber es herrscht keineswegs Einigkeit in dieser Sache. 3. Vor einigen Jahren hat L. Depuydt den Gedanken einer „pluralischen“ Interpretation der reduplizierenden adjektivischen Verbalformen ganz entschieden abgelehnt28. Er begründet diese Ablehnung folgendermaßen: a) Zunächst erklärt er (zumindest implizit) die Ansicht, die Verdoppelung eines Konsonanten könne so etwas wie Pluralität, Wiederholung oder Intensität ausdrücken, für eine Naivität: „Die Verdoppelung des Konsonanten (hat) mit irgendwelcher Pluralität, oder Repetitivität, oder Intensität der Verbalhandlung ganz und gar nichts zu tun“29 bzw. „ich bin nicht der Einzige, der der Meinung zugetan ist, dass die Verdoppelung eines Konsonanten als Merkmal der Identität einer Verbalform nie und nimmer irgendwelche Intensität der verbalen Handlung bezeichnet. Aber die Annahme, dass zwei Konsonanten den verbalen Vorgang sozusagen doppelt so stark darstellen, hat etwas Ansteckendes an sich30.“ b) Es sei nicht zu erwarten, dass es bei den aktiven Partizipien keinen Unterschied zwischen präsentisch und perfektisch oder präterital gebe, denn „es wäre befremdend, dass es den Alten Ägyptern unmöglich war, sprachlich einen, der tut, von einem, der getan hat, zu unterscheiden“31. c) Es gebe keine entsprechenden Phrasen mit aktiven Partizipien, in denen reduplizierende und nichtreduplizierende Formen in enger Parallele stünden32.
18
J.-Cl. Goyon, Grammaire de l’égyptien hiéroglyphique, 2006, S. 223-224. H. Jenni, Lehrbuch der klassisch-ägyptischen Sprache, 2010, S. 193 (§ 18.2.2). 20 M. Malaise, J. Winand, Grammaire raisonnée de l’Égyptien classique, 1999, § 845. 21 J. P. Allen, Middle Egyptian: An Introduction to the Language and Culture of Hieroglyphs, 2000, S. 328-330 (§ 23.10). 22 E. Graefe, Mittelägyptische Grammatik für Anfänger (6. Aufl.), 2001, S. 124 (§ 52). 23 D. Selden, Hieroglyphic Egyptian: An Introduction to the Language and Literature of the Middle Kingdom, 2013, S. 235 (§.17.2). 24 B. Ockinga, Mittelägyptische Grundgrammatik: Abriss der mittelägyptischen Grammatik (3. Aufl.), 2012, S. 63 (§ 98). 25 M. Brose, Grammatik der dokumentarischen Texte des Mittleren Reiches, 2014, § 274. 26 J. Hoch, Middle Egyptian Grammar, 1997, S. 134 (§ 121). 27 P. Grandet, B. Mathieu, Cours d’égyptien hiéroglyphique, II, 1993, S. 182 (§ 45.1). 28 L. Depuydt, „Zum Nebeneinander von An- und Abwesenheit der Gemination in der Wendung mrjj jt.f mrrw snw.f“, LingAeg 16 (2008), S. 27-38. 29 Ibid., S. 27-28. 30 Ibid., S. 28. 31 Ibid., S. 30. 32 Ibid., S. 35; 36-37. 19
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d) Die Erklärung der Reduplikation durch Pluralität der Aktanten sei redundant, da der Numerus ja schon in diesen Aktanten selbst festgelegt sei33. Die „Pluralität“ sei zudem als Konzept insgesamt höchst zweifelhaft: „Wenn eine Deutung als Präsens wenigstens möglich ist, wann ist eine Deutung als Pluralität je zwingend? Wie ist man je sicher, dass man Pluralität vor sich hat?“34 e) Die These enthalte einen inneren Widerspruch („Argument ex absurdo“35): Ein aktives Partizip mit Reduplikation bezeichne nach dieser Theorie mehrere Aktanten und sollte daher im Plural stehen, ein aktives Partizip ohne Reduplikation bezeichne einen einzelnen Aktanten und müsse daher im Singular stehen. Es dürfe mithin keine reduplizierenden aktiven Partizipien im Singular geben und keine nicht-reduplizierenden im Plural, aber beide sind bekanntlich gut belegt. Ergo habe die Reduplikation bei aktiven Partizipien nichts mit der Anzahl der Aktanten zu tun. Wieso sollte sie dann bei passiven so zu verstehen sein? 4. Depuydts Alternative sieht folgendermaßen aus: In Phrasen wie mrjj (n) jtj.f mrrw snw.f u.ä. (s.o., § 1) ist mrjj ein passives Partizip (Perfekt / der Vergangenheit), mrrw snw.f dagegen eine Relativform, und zwar eine präsentische. Ein deutliches Anzeichen für diesen Unterschied der Verbaladjektive besteht darin, dass das Agens von mrjj im (indirekten) Genetiv folgen kann, das Agens von mrrw nicht (jedenfalls ist so etwas nie bezeugt). Das Nebeneinander beider Formen erkläre sich bei einem rein temporalen Verständnis leicht: Ein Partizip Perfekt passiv bezieht sich (als Resultat der Handlung) auch auf die Gegenwart und ist daher gut geeignet, parallel zu einer präsentischen Relativform gebraucht zu werden. Dagegen sollte man einen entsprechenden parallelen Gebrauch perfektischer und imperfektischer Formen bei aktiven Partizipien nicht erwarten, weil dann Formen mit präteritaler und präsentischer Bedeutung nebeneinander stünden, und weil dies in der Tat auch nicht belegt sei, spreche es für ein „temporales“ Verständnis des Unterschieds. Sollten dagegen Formen wie mrr „pluralisch“ zu verstehen sein, wäre ein solches Nebeneinander von reduplizierten und nichtreduplizierten aktiven Partizipien eigentlich zu erwarten. Depuydts Erklärung betrifft allerdings nur die Tatsache, dass ein Partizip Perfekt passiv und eine von ihm präsentisch gedeutete Relativform in sinnvoller Weise nebeneinander stehen können. Warum in einer Phrase wie mrjj jtj.f mrrw snw.f die Relativform redupliziert und das Partizip nicht bzw. warum in solchen (überaus häufigen) Phrasen nicht durchgehend entweder perfektische Partizipien oder reduplizierende Relativformen gebraucht werden, geht daraus nicht 33 34 35
Ibid., S. 31. Loc. cit. Ibid., S. 37.
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hervor. Sein Erklärungsversuch36, das Partizip Perfekt bezeichne etwas Dauerhaftes und sei daher eher zur Bezeichnung einer Beziehung zwischen Eltern und Kindern geeignet, ist wenig überzeugend und wird auch von ihm selbst nur zurückhaltend vorgebracht. Jedenfalls versteht Depuydt die Reduplikation als Merkmal für das Tempus ‚Präsens‘ und nicht als Zeichen für ‚verbale Pluralität‘. 5. Die Argumente Depuydts scheinen mir in keiner Weise überzeugend: Zu Punkt a kann man nur bemerken, dass seine Ansicht schlicht und einfach abwegig ist. Die Reduplikation von Lauten, Silben oder Wörtern hat (wie die Gemination) in den verschiedensten Sprachen der Welt überaus häufig die Funktion, Pluralität, Intensität oder Iterativität auszudrücken. Es gibt dazu eine Reihe von Untersuchungen, auch aus jüngerer Zeit37, und praktisch alle einschlägigen Handbücher und Lexika der Linguistik erwähnen es38. Umgekehrt kam eine Spezialuntersuchung von W. Dressler39 zur „verbalen Pluralität“ zum Ergebnis, dass Reduplikation (ebenso wie Gemination) das häufigste formale Mittel ist, die Nuancen dieser „Pluralität“ auszudrücken. Das heißt natürlich keineswegs, dass Reduplikation zwingend ‚verbale Pluralität’ ausdrücken muss, sie kann durchaus auch andere Funktionen oder Bedeutungen haben (man denke nur an das griechische und lateinische Reduplikationsperfekt), aber der mögliche und sogar sehr häufige Zusammenhang zwischen Reduplikation und Pluralität ist über jeden Zweifel erhaben. Zu Punkt b: Es ist keineswegs befremdlich, wenn es bei aktiven Partizipien (ebenso wie bei passiven) keine Tempusunterscheidung gibt, das ist tatsächlich eher die Regel als die Ausnahme. Es ist jedenfalls in vielen indogermanischen Sprachen so, ebenso in den semitischen Sprachen. Gerade für Präsens und 36
L. Depuydt, op. cit., S. 37-38. Z.B. C. Rubino, „Reduplication: Form, Function and Distribution“, in B. Hurch (Hg.), Studies on Reduplication, 2005, S. 19: „With verbs (and adjectives), reduplication may be used to denote a number of things such as number, (plurality, distribution, collectivity), distribution of an argument; tense; aspect (continued or repeated occurrence; completion; inchoativity), attenuation, intensity, transitivity (Valence, object defocusing), conditionality, reciprocity, pretense, etc.“. 38 Z.B. E. Moravcsik, in W. Frawley (Hg.), International Encyclopedia of Linguistics (2nd ed.), 2003, III, S. 454, s.v. ‚Reduplication‘: „Semantically, reduplication typically results in added meaning. Recurrent meanings of reduplication include: (a) Plurality … (b) ‚Every X‘ … (c) Distributive plural … (d) Indefinite pronoun … (e) Repeated or continued occurrence of an event … (f) Reciprocity … (g) Intensity … (h) Attenuation … (i) Derivation“; S. Inkelas in K. Brown (Hg.), Encyclopedia of Language & Linguistics (2nd ed.), 2006, X, S. 417: „Reduplication is often semantically iconic, conferring, for example; plurality on nouns; intensity or attenuation on adjectives; and pluractionality, iterativity, progressivity, intensity, or attenuation on verbs“; A. Marantz, in R. E. Asher (Hg.), The Encyclopedia of Language and Linguistics, 1994, VII, S. 3486: „Reduplication is most often found to express certain semantic features. On nouns, reduplication often indicates plurality; on verbs, it often signals repetitive or intensive aspect.“ 39 W. Dressler, Studien zur verbalen Pluralität: Iterativum, Distributivum, Durativum, Intensivum in der allgemeinen Grammatik, im Lateinischen und Hethitischen, 1968. 37
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Perfekt ist bei Partizipien eine Aufteilung in Partizip I (Präsens aktiv) und II (Perfekt passiv) in sehr vielen Sprachen durchaus üblich. Zu Punkt c: Die Tatsache, dass es keine Phrasen mit aktiven Partizipien gibt wie *jtj mrj sw snw mrrw sw „der Vater, der ihn liebt, die Brüder, die ihn lieben“ (ein von Depuydt konstruierter Beispielsatz)40, erklärt sich leicht aus der Textsorte und deren Phraseologie: die entsprechenden Syntagmen41 stammen fast alle aus biographischen Texten. Dort steht der Sprecher im Mittelpunkt und bezieht die Handlungen oder Haltungen der anderen auf sich, sie werden daher passivisch ausgedrückt. In hymnischen Texten kommen aber vergleichbare Phrasen ebenso mit aktiven Partizipien vor, auch wenn sie zugegeben selten sind. Im Grab des Senenmut etwa heißt es:
„Willkommen in Frieden, Re, den der Himmel (in Schwangerschaft) empfängt, den Nut gebiert, der täglich erneuert hervorkommt“42.
Hier folgt ein redupliziertes aktives Partizip auf zwei Relativformen ohne Reduplikation (die natürlich nur bei msj möglich wäre). Zu Punkt d: Depuydt legt hier ein viel zu enges Verständnis der „verbalen Pluralität“ zugrunde, sie muss sich keineswegs immer auf die Subjektsaktanten oder die Aktanten überhaupt beziehen. Die Iterativität und Intensität der Handlung etwa hat nur sehr indirekt etwas mit der Zahl der Aktanten zu tun. Zudem ist Redundanz in sprachlichen Strukturen allgegenwärtig, bei der Kongruenz, der Determination und in vielen anderen Bereichen. Und die Frage, wann Pluralität je zwingend sei, ließe sich leicht umkehren: wann ist die temporale Interpretation je zwingend? Tatsächlich ist sie in bestimmten Fällen sogar ausgeschlossen: Es ist eben nicht so, dass „man mit Begriffen wie ‚Vergangenheit’, ‚Präsens‘, ‚Perfekt‘, und anderen gut auskommen kann“43, s.u., § 6. Bei Punkt e verhält es sich ähnlich wie bei Punkt d: Depuydts „Argument ex absurdo“ sticht nur, wenn man eine extrem verengte Sicht der ‚verbalen Pluralität’ hat. Denn sie bezieht sich tatsächlich auf die Gesamtheit der Handlung und kann somit eine Vielzahl der Handlung(en) selbst (Iterativität), ihrer Aktanten sowie ihre Intensität ausdrücken. Der Bezug auf die Zahl der Ausführenden der Handlung (die Subjekte) ist nur eine unter mehreren Möglichkeiten.
40
L. Depuydt, op. cit., S. 37 (4.3). W. Schenkel, MDAIK 20 (1965), S. 110-114. 42 Sonnenhymne im Grab des Senenmut (TT 353), s. P. Dorman, The Tombs of Senenmut: The Architecture and Decoration of Tombs 71 and 353, 1991, S. 134; pl.70/71 (oben rechts); J. Assmann, Sonnenhymnen in thebanischen Gräbern (Theben 1), 1983, S. 338. 43 L. Depuydt, op. cit., S. 31. 41
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6. Vergleicht man die alternativen Deutungen, wird schnell deutlich, dass eine Interpretation des Unterschieds zwischen den reduplizierenden und den nichtreduplizierenden Partizipien und Relativformen als Tempusunterschied Präsens – Perfekt nicht funktioniert. W. Schenkel hat unter der schönen Überschrift „tot oder lebendig“ schon darauf hingewiesen44: Wenn man sich auch bei der Phrase mrjj jtj.f mrrw snw.f den Vater als tot und die Brüder als noch lebendig vorstellen kann, wäre das bei Ausdrücken wie mrjj nwt.f ḥzjj n spꜢt.f mrrw snw.f und vielen anderen nicht mehr möglich oder sinnvoll. Zudem können sich reduplizierende Partizipien in ein und derselben Phrase auf Vergangenheit und Gegenwart beziehen. Ein prägnantes Beispiel ist „he who used to give command is (become) one to whom command is given“45. Das Schema „Einst – Jetzt“ der ‚Admonitions’ lässt keinen Zweifel an der temporalen Zuordnung. Weiter gibt es zahlreiche Beispiele aus biographischen Inschriften, die ein und dieselbe Phrase teils mit einem reduplizierenden, teils mit einem nichtreduplizierenden aktiven Partizip ausdrücken. Einige wenige Beispiele:
„der Zwei (Parteien) entlässt, indem sie zufrieden sind über seinen (Schieds)Spruch“46;
„der Zwei (Parteien) entlässt, indem sie zufrieden sind über die Entscheidung des Gerichts“47.
„den der König holt, weil er die Trefflichkeit seiner Pläne kennt“48. 44 W. Schenkel, „Merkmalloses versus pluralisches / distributives / intensives Partizip“, ZÄS 138 (2011), S. 75-76. 45 A. H. Gardiner, op. cit., § 357; 365. 46 Stele Kairo CG 20539, b,5. s. H. O. Lange, H. Schäfer, Grab- und Denksteine des Mittleren
Reichs im Museum von Kairo, 1908, S. 152; ähnlich (mit ) auf der Stele des Jmn-wsr, s. W. K. Simpson, JEA 51 (1965), S. 65; pl. XIV, Z. 10-11. 47 Graffito Hatnub Nr. 20, Z. 18-19; ebenso Nr. 14, Z. 11-12, s. R. Anthes, Die Felseninschriften von Hatnub (UGAÄ 9), 1928, S. 43; Taf. 18; 32; Taf. 17. 48 Stele London BM 1213, s. Hieroglyphic Texts from Egyptian Stelae &c., in the British Museum, III, 1912, S. 7; pl. 12, Kol. 2 bzw. J. Couyat, P. Montet, Les inscriptions hiéroglyphiques et hiératiques du Ouâdi Hammâmât (MIFAO 34), 1912, S. 48 (Nr. 43), pl. XIII, Kol. 1-2.
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Solche Beispiele ließen sich mühelos vervielfachen. So gibt es sehr viele Fälle, wo jr und jrr oder rdj und dd in gleichen oder sehr ähnlichen Phrasen wechseln49. Gerade bei den aktiven Partizipien lässt sich zeigen, dass die Opposition ‚reduplizierend‘ – ‚nicht reduplizierend‘ nichts mit einem Gegensatz zwischen Gegenwart und Vergangenheit zu tun hat. Natürlich könnte man auch hier zunächst annehmen, dass es sich um Tempusunterschiede handelt, da man die Partizipien in den eulogischen Passagen der „Biographien“ gleicherweise sinnvoll präsentisch oder präterital übersetzen kann, also „Ich bin einer, der Brot gibt dem Hungrigen“ oder „ich war einer, der Brot gab dem Hungrigen“. Es wäre aber kaum anzunehmen, dass die einen Würdenträger ihren Charakter in der Vergangenheit schildern, die anderen in der Gegenwart. Vor allem aber gibt es diese Unterschiede auch nebeneinander in ein und demselben Text, wie schon Gardiner festgestellt hatte50. Besonders in längeren Ketten von Beiworten können sie häufiger wechseln, und das schließt jedenfalls eine temporale Interpretation aus, z.B.
„der jedermann seine Pflichten wissen lässt, der das Ansehen im [Palast?] verbreitet“51;
„der Wirksames tut in den Tempeln auf Befehl des Horus, des Herrn des Palastes, der jedermann Nahrung gibt, der den Bedarf der Menschen besorgt“52;
„der einen Mann zum Rechten leitet (dd), der eine Sache findet, die gebraucht wird, der die Lüge (zurück)gibt (rdj) dem, der sie sagt, die Wahrheit dem, der mit ihr kommt“53.
49 Vgl. etwa J. Janssen, De traditioneele Egyptische autobiografie vóór het Nieuwe Rijk, I, 1946, S. 40-49; 77-83. 50 A. H. Gardiner, op. cit., § 367.1. 51 Urk. IV, 967, 9-10. 52 Urk. IV, 1184, 12-14. 53 Kairo CG 20539, b,8, s. H. O. Lange, H. Schäfer, op. cit., S. 152; vgl. A. H. Gardiner, op. cit., § 367, n. 10.
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Ebenso deutlich gegen ein temporales Verständnis sprechen gewisse Passagen in Sonnenhymnen, z.B.: „der täglich (m ẖrt-hrww) aus seiner Mutter hervorgeht“54; „der sich (selbst) gebiert (mss) jede Stunde, der täglich aus seiner Mutter hervorkommt (prj)“55;
„Lobpreis sei dir, der täglich entsteht, der sich (selbst) gebiert (mss sw) jeden Morgen, der aus dem Leib seiner Mutter kommt (prj) unaufhörlich“56; „der Luft gibt (dd) jedem, den er liebt“57; kurz danach: „der Luft gibt (rdj) dem, der im Ei ist“58;
„den der Himmel empfängt und den Nut gebiert, der täglich erneuert herauskommt, der durchläuft (zbb )“59.
Eine entsprechende Phrase aus TT 353 lautet jj wj m ḥtp R῾ jwr pt msj Nwt prrj mꜢw r῾ nb, s.o., § 5. Man beachte, dass beide Phrasen mit einer reduplizierenden Form schließen. Aufgrund des Inhalts und Zusätzen wie r῾ nb, nn Ꜣbw oder m ẖrt hrw lässt sich ausschließen, dass die in solchen Phrasen gebrauchten nichtreduplizierenden Partizipien präterital oder perfektiv zu verstehen sind, und damit ist klar, dass die Unterschiede zwischen diesen Partizipialformen zumindest in diesen Phrasen nicht temporaler oder aspektueller Art sind. 7. Ein Wechsel perfektischer und imperfektischer Partizipien auch innerhalb derselben Phrasen ist aber dann leicht erklärbar, wenn es sich um den Gegensatz von markierten und unmarkierten Formen handelt. Diese Lösung war schon tendenziell von Sethe vorgeschlagen worden60, und sie wird sehr deutlich
54 Stelophor Brooklyn 37.48 E, Z.3, s. T. G. H. James, Corpus of Hieroglyphic Inscriptions in the Brooklyn Museum, I, 1974, S. 112-113; pl. LXV, Z. 3 (18. Dyn.). 55 Stele Chicago OIC 14053 aus TT 164, s. J. Assmann, op. cit., S. 228-229 (18. Dyn.). 56 Grab des Pabasa (TT 279, 26. Dyn.), s. J. Assmann, MDAIK 27 (1971), S. 21 (Abb. 4); id., Sonnenhymnen in thebanischen Gräbern (Theben 1), 1983, S. 312-313. 57 Statue Berlin 6910, Z. 5 s. KRI I, 387,15. 58 Ibid., Z. 8, s. KRI I, 388,4. 59 Grab des Tjanefer (TT 158, 20. Dyn.), s. KRI V, 406,16-407,1. 60 K. Sethe, op. cit., § 837.
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bei Gardiner61 (auch wenn er diesen Begriff nicht gebraucht und wohl noch nicht kennt) und Allen, der explizit von Markiertheit spricht62. Da die unmarkierte Variante stets den gesamten Bereich vertreten kann, ist die markierte nirgends zwingend erforderlich; das erklärt die Wechsel bei ein und denselben Phrasen. Auch der Verlust dieser Opposition im jüngeren Ägyptisch wird so leichter verständlich. Markiertheit ist in der Linguistik die Opposition merkmallos vs. merkmalhaltig; die Frage ist also, um welche Merkmale geht es? Depuydts Argumente gegen die verbale Pluralität sind, wie gesehen, nicht stichhaltig, seine alternative Erklärung als unterschiedliche Tempora funktioniert nicht, und zudem hat er keinerlei zufriedenstellende Deutung für die Phrasen, in denen reduplizierende Verbaladjektive neben nichtreduplizierenden vorkommen. Man ist daher sicher berechtigt, die bisherige Erklärung als verbale Pluralität wiederaufzunehmen, die ja durch verschiedene Studien erhärtet worden ist: Das heißt, das fragliche Merkmal ist eben diese Pluralität, vor allem in ihren Erscheinungsformen iterativ, distributiv oder intensiv. Dies ist umso wahrscheinlicher, als ja das formale, morphologische Kennzeichen der Reduplikation auch in anderen Sprachen sehr häufig zusammen mit der Funktion verbaler Pluralität auftritt. 8. Vor einiger Zeit hat allerdings W. Schenkel, nach Lektüre von Depuydts Aufsatz, seine eigene These von 196563 in Teilen widerrufen, oder jedenfalls seine Beweisführung dazu64. In seiner ursprünglichen Konzeption war er von Folgen von Verbaladjektiven wie mrjj nswt mrrw nwt.f ḥzzw nṯrw.s nbw (u.ä.) ausgegangen, hatte aber diese Verbaladjektive alle als passive Partizipien eingestuft. Depuydt hat nun, wie erwähnt, eine Phrase wie mrjj n jtj.f mrrw snw.f als Aufeinanderfolge eines substantivierten Partizips Perfekt passiv und einer Relativform klassifiziert, sicher zurecht, und Schenkel hat sich dem angeschlossen. Darüber hinaus nimmt er jetzt aber an, dass es sich bei den substantivierten (also selbständig, ohne explizites Bezugswort gebrauchten) Partizipien in nominaler
61 A. H. Gardiner, op. cit., § 355; 365-370. Vgl. v.a. § 365: „The imperfectives, i.e. the participles showing gemination in the mutable verbs, originally conveyed a notion of continuity or repetition, while the perfectives expressed the verbal action quite simply and without implication either of such a notion or its reverse“; § 370: „The imperfective participle implies repetition or continuity, while the perfective has no such implications“. 62 J. Allen, The Inflection of the Verb in the Pyramid Texts (Bibliotheca Aegyptia 2), 1984, § 641: „The grammatical value of the perfective forms can also be summarized as essentially unmarked … they represent the basic inflected forms of the participles and the relative sḏm.f, syntactically unrestricted and free of specific temporal and aspectual nuances. The imperfective forms, by contrast, are marked … they are restricted in use; carry connotations of plurality or repeated, continuous or generic action … “. 63 W. Schenkel, MDAIK 20 (1965), S. 110-114. 64 Id., ZÄS 138 (2011), S. 63-78.
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Konstruktion gar nicht mehr um Partizipien handelt, die im Verbalparadigma verankert sind. Damit stünden keine Verbaladjektive in Parallele, sondern Substantive und Relativformen, und aus diesem Nebeneinander ließen sich keine Schlüsse über die Bedeutung der reduplizierten Formen ziehen. Das halte ich nicht für richtig: Substantivierte Partizipien unterscheiden sich formal, morphologisch, nicht von attributiven, auch im Ägyptischen nicht, soweit wir das beurteilen können, und sie behalten ihre nominalen und verbalen Eigenschaften, auch wenn sie selbständig gebraucht werden. Die Tatsache, dass Formen wie ḥzjj „Gelobter“ oder mrjjt „Geliebte“ im (in)direkten Genetiv angeschlossen (ḥzjj n jtj.f bzw. mrjjt nt jtj.s), also nominal konstruiert werden können, bedeutet noch nicht, dass sie ihre verbalen Eigenschaften verloren hätten und etwa keine Objekte oder Adverbien zu sich nehmen könnten. Das Vorhandensein sowohl nominaler wie verbaler Eigenschaften (d.h. auch Konstruktionsmöglichkeiten) macht ja gerade das Wesen des Partizips aus. In „(gelöst wird Horus einem Fall wie durch Isis von) dem Bösen, das gegen ihn getan worden ist durch seinen Bruder Seth“65 handelt es sich bei jrjjt um ein attributiv gebrauchtes passives Partizip. Bei „es kommt zu uns der, gegen den Schlimmes getan worden ist durch seinen Bruder Seth“66 findet man ein substantiviertes jrjj „einer, gegen den getan worden ist“ in deutlich verbaler Konstruktion. Auch bei den häufigen Phrasen wie mrjj n jtj.f und zꜢ.f mrjj ist kein morphologischer oder semantischer Unterschied zwischen selbständigem und attributivem Gebrauch (als Substantiv oder Adjektiv) zu erkennen. Selbstverständlich können auch die reduplizierenden Partizipien ihre verbalen Eigenschaften behalten, wenn sie selbständig (substantiviert) gebraucht werden: Beispielsweise hat in dem Satz „Osiris, ergreife dir alle, die den Unas hassen und die schlecht über seinen Namen reden“67 das substantivierte Partizip msḏḏw ein eigenes Objekt und das Partizip mdw wird adverbial näher bestimmt. Beide haben also deutlich verbale Merkmale. Die morphologische Identität der attributiven und substantivierten Partizipien und deren (verbalen) Gebrauch mit Objekten zeigen auch viele der bekannten Sentenzen, z.B.: „nützlicher ist (es) dem, der handelt, als dem, für den gehandelt wird“68;
65 Papyrus Ebers, 1.12-13, s. W. Wreszinski, Der Papyrus Ebers: Umschrift, Übersetzung und Kommentar, 1913, S. 2. 66 PT 1699a. 67 PT 16a. 68 Stele Florenz 2590 (12. Dyn.), s. P. Vernus, RdE 28 (1976), S. 141 (10).
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„eine gute Tat ist nützlicher dem, der sie tut, als dem, für den sie getan wird“69. Es wäre unverständlich, diese Formen als Substantive zu klassifizieren, die nicht im Paradigma der adjektivischen Verbalformen verankert sind. Weiter gibt es in eulogischen Texten wie Biographien, Hymnen oder Königseulogien überaus zahlreiche Fälle, wo auf ein Bezugswort ganze Serien von Partizipien folgen, die ebenso gut ohne Bezugswort einen Sinn ergeben. Es ist nicht einzusehen, warum das Vorhandensein oder Nichtvorhandensein eines solchen Bezugswortes den Status dieser Partizipien verändern sollte. Man wird daher nicht annehmen müssen bzw. dürfen, dass reguläre Partizipialformen wie mrjj oder ḥzjj außerhalb des Paradigmas stehen, nur weil sie in einer bestimmten Phrase kein explizites Bezugswort haben. Außerhalb des Paradigmas stehen allenfalls lexikalisierte Partizipien, und auch dann nur unter bestimmten Bedingungen. Im Deutschen ist z.B. „geliebt“ ein morphologisch regelmäßig gebildetes Partizip passiv, aber – anders als im Ägyptischen – ist die substantivierte Form „der/die Geliebte“ semantisch spezifiziert und daher lexikalisiert. Sie steht daher auch (anders als „der/die Gelobte, Getroffene“ etc.) als eigener Eintrag im Lexikon, denn sie ist in selbständigem Gebrauch auf menschliche Wesen eingeschränkt, die eine sexuelle Beziehung haben. Es ist aber nicht zu erkennen, dass irgendeines der Verbaladjektive aus den biographischen Phrasen, um die es hier geht, im (älteren) Ägyptischen lexikalisiert wäre, also semantisch spezifiziert oder sogar formal verändert. Im Ägyptischen kann es allerdings im Einzelfall ein Problem sein, bei gleicher Schreibung zwischen substantivierten Partizipien und (u.U. morphologisch unterschiedlichen) Nomina agentis zu unterscheiden: Eine Phrase wie könnte man verstehen als jnk šmsw nb.f „ich war ein Gefolgsmann seines Herrn“, mit šmsw als nomen agentis und nb.f als nomen rectum eines Genetivs, oder als jnk šmsj nb.f „ich war einer, der seinem Herrn folgte“, mit šmsj als Partizip und nb.f als dessen Objekt. Insgesamt wird man aber diejenigen Phrasen, die der ursprünglichen Argumentation bei Schenkel zugrunde lagen, auch weiterhin dafür verwenden dürfen. Und auch in der Parallelität von Partizipien und Relativformen ist sicher kein Problem zu sehen, umso mehr, als diese substantivierten Partizipien und Relativformen mit und ohne Reduplikation offenkundig ganz bewusst parallel gebraucht werden, sehr häufig sogar von derselben Wurzel, wie etwa mrjj und mrrw, ḥzjj und ḥzzw.
69
Stele aus Semna (12. oder 13. Dyn.), s. ibid., S. 141 (12).
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Biographische Phrasen wie mrjj nswt mrrw nwt.f ḥzzw nṯrw.s nbw wird man daher weiterhin als Belege dafür heranziehen dürfen, dass in ihnen das reduplizierende Verbaladjektiv die „verbale Pluralität“ in ihren verschiedenen Schattierungen wie Distributivität, Iterativität oder Intensität ausdrücken kann. 9. Depuydt betont zu Beginn seines Aufsatzes, dass ein reduplizierendes sḏm.f, also die mrr.f-Form, die „Verbindung von substantivischer Funktion mit präsentischem Tempus“ bezeichne.70 Die Reduplikation könnte dann aber als solche nur für das „präsentische Tempus“ stehen, denn in der Theorie Polotskys, die Depuydt uneingeschränkt vertritt, gibt es ja durchaus auch weitere substantivische oder „emphatische“ Verbalformen, die nicht reduplizieren, und auch bei den Verbaladjektiven kann dieses Merkmal nicht für substantivisch oder nominal stehen: Denn die nicht-reduplizierenden Verbaladjektive sind in keiner Weise weniger nominal, ganz im Gegenteil: die imperfektischen, reduplizierenden Partizipien sind gerade von bestimmten adjektivischen (also nominalen) Funktionen wie Prädikat im Adjektivsatz oder Gebrauch in der nfr-ḥr-Konstruktion ausgeschlossen, und sie können, anders als das Partizip Perfekt, auch von intransitiven Verben gebildet werden; sie haben also sozusagen eher verbale Eigenschaften.71 Wenn aber die Reduplikation nur für „Präsens“ steht, wie es sich aus Depuydts These ergibt, fragt man sich, wieso die finite mrr.f-Form nicht auch im adverbialen Nebensatz gebraucht wird. In Polotskys System ergibt sich dadurch eine deutliche Asymmetrie bzw. eine systematische Lücke. Wenn es sich dagegen bei der Reduplikation um das markierte Merkmal einer Opposition handelt, das für verbale Pluralität wie Iterativität und Intensität steht, dann wäre es leicht verständlich, dass ein solches Merkmal für adverbiale Nebensätze ungeeignet ist, die eben Nebenumstände beschreiben oder den Hintergrund für die Haupthandlung wiedergeben. Insgesamt scheint mir die Verbindung der Reduplikation mit der verbalen Pluralität wesentlich besser geeignet zu sein, die entsprechenden Verbalformen zu erklären, als die Verbindung Reduplikation und (präsentisches) Tempus.
70
L. Depuydt, op. cit., S. 16, 29. Vgl. dazu etwa H. J. Polotsky, „Les transpositions du verbe en égyptien classique“, Israel Oriental Studies 6 (1976), S. 11-12; H. Satzinger, „Attribut und Relativsatz im älteren Ägyptisch“, in F. Junge (Hg.), Studien zu Sprache und Religion Ägyptens zu Ehren von Wolfhart Westendorf, 1984, S. 139-141 (NB: auf S. 140 wird gesagt, das Partizip Perfekt passiv sei „passiver“ als die übrigen; richtiger wäre, dass es „nominaler“ ist). 71
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10. Im jüngeren Ägyptisch spielen reduplizierende finite oder adjektivische Verbalformen bald keine Rolle mehr, die markierte, merkmalhaltige Form verschwindet und damit auch die entsprechende Opposition. Das wird bereits in den stärker neuägyptisch geprägten Texten der späteren 18. Dynastie deutlich72. In den ‚mittelägyptischen‘ Inschriften der Spätzeit findet man dagegen noch Verbalformen mit Reduplikation, allerdings nur noch gelegentlich und zunehmend seltener, sie spielen jedenfalls keine wichtige Rolle mehr. Beim finiten sḏm.f ist der Gebrauch reduplizierter Formen schon in der Dritten Zwischenzeit sehr begrenzt. Es gibt einige Fälle mit dem Verb dd (von rdj) im Genetiv und nach Präpositionen73 und jeweils ein Beispiel für jrr und bzz im Objektssatz,74 wo man also substantivisches, ‚emphatisches‘ sḏm.f (mrr.f) annehmen könnte. Vergleichsweise häufig ist nur das Verb wn(n), das 36× als wnn und 17× als wn im Subjunktiv und anderen substantivischen Gebrauchsweisen belegt ist75. In den königlichen Inschriften der 26. Dynastie kommt praktisch nur das Verb wn(n) redupliziert und in substantivischer Funktion vor76. Ebenso scheint es sich in der 30. Dynastie und in ptolemäischer Zeit in den Tempelinschriften und sonstigen königlichen und privaten Inschriften sowie im Papyrus BremnerRhind zu verhalten: nur wn(n) ist mit und ohne Reduplikation bezeugt77. Es gibt Versuche, die Distribution von wn und wnn auch für das Spätmittelägyptische zu erklären78, aber das kann man auch skeptischer sehen79. 72
J. Winand, Études de néo-égyptien, 1: La morphologie verbale, 1992, § 418-419; 570-576; 610-611; J.-M. Kruchten, LingAeg 6 (1999), S. 22-24; vgl. auch A. Erman, Neuägyptische Grammatik, 19332, § 258; 260; 263; 366; 390. 73 K. Jansen-Winkeln, Spätmittelägyptische Grammatik der Texte der 3. Zwischenzeit (ÄUAT 34), 1996, § 97. 74 Ibid., § 94 und 98. 75 Ibid., § 99; s. im Einzelnen die Beispiele dort. 76 P. Der Manuelian, Living in the Past. Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth Dynasty, 1994, S. 206-216, der allerdings einen Teil des Materials falsch klassifiziert hat, vgl. W. Schenkel, Or 65 (1996), S. 152-153. 77 Å. Engsheden, La reconstitution du verbe en égyptien de tradition 400-30 avant J.-C., 2003, S. 42-44; 68-72; D. Kurth, Einführung ins Ptolemäische, Teil 2, 2008, S. 734 (§ 148); H. Junker, Grammatik der Denderatexte, 1906, S. 98 (§ 120); J. Lustman, Étude grammaticale du Papyrus Bremner-Rhind, 1999, S. 49-51; 70 (die daneben noch einen einzigen Beleg für dd aufführt, S. 123). 78 Vgl. D. Kurth, op. cit., S. 734 (§ 148): „Bei wnn … erscheint die Gemination im sḏm.f, wenn es sich um eine zeitlos gültige oder futurische Aussage handelt“ oder J. Lustman, op. cit., S. 70: „Le verbe wnn présente des modifications de gémination qui semblent liées à la nature de son sujet“ (vgl. die Tabelle ibid., S. 50, oben). Nach H. Junker, op. cit., § 120, zeigt wnn „die Gemination konsequent nur in folgenden Fällen“: in den Verbindungen n wnn.sn, wnn.f sḏm, wnn.f bzw. wnn + Substantiv ḥr sḏm. 79 K. Jansen-Winkeln, op. cit., § 99: „Weder von der Zeitlage noch von den syntaktischen Funktionen noch von der Art des Subjekts her läßt sich eine durchgehende Unterscheidung von wn und wnn beobachten“. Å. Engsheden, op. cit., S. 68-72 hat festgestellt, dass in manchen Texten nur eine Variante dominiert, und „les mêmes phrases peuvent avoir de différentes graphies dans les décrets. Même si les habitudes graphiques doivent être déterminées à partir de chaque document, on peut y voir l’insignifiance de la gémination pour déterminer la catégorie verbale“ (ibid., S. 71).
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11. Bei den adjektivischen Verbalformen gibt es in der Dritten Zwischenzeit noch eine Reihe von reduplizierten Belegen, aber ihre Distribution und Funktion, sofern überhaupt vorhanden, ist deutlich anders als in älterer Zeit. Bei den aktiven Partizipien sind die Reduplikationen nicht sehr häufig: Bei wn(n) ist wn die Normalform als grammatisches Wort, wnn kommt überwiegend in festen Ausdrücken wie wnn nb „jeder Seiende“ oder wnnt „das Seiende“ vor80. Bei den III.inf finden sich reduplizierte Formen gleichfalls v.a. in lexikalisierten Ausdrücken wie m jb mrr „gern“ oder zbb nḥḥ „der die Ewigkeit durchlebt“81. Bei jrj und rdi sind die nichtreduplizierten Fälle sehr viel häufiger, und bei den reduplizierten Belegen ist es kaum möglich, eindeutige Bedeutungs- oder Funktionsunterschiede auszumachen82. Es ist zudem gut möglich, dass solche Belege ganz oder teilweise von älteren Vorlagen übernommen worden sind. Bei den passiven Partizipien und den Relativformen verhält es sich in dieser Zeit anders als bei den aktiven Partizipien: die Verteilung der reduplizierten und nichtreduplizierten Formen scheint lexikalisch bedingt zu sein. Die meisten Stämme reduplizieren nicht, andere zuweilen, einige wenige nahezu immer83. In dieser letzteren Gruppe sind einige Verben nur einmal oder doch recht selten belegt, so dass man mit verallgemeinernden Schlüssen vorsichtig sein muss, zumal auch bloße Übernahmen älterer Vorbilder möglich sind (z.B. bei der Floskel zꜢꜢ r jjt.f „auf dessen Kommen man wartet“). Auffällig ist aber, dass gerade einige recht häufige Verben wie mrj „lieben“ und ḥzj „belohnen“ außerhalb fester Vokabeln wie mrjj „Geliebter“ und ḥzjj „Gelobter“ grundsätzlich reduplizieren. Bei den ebenfalls häufigen Verben jrj „machen“ und (r)dj „geben“ ist der Befund nicht eindeutig84, aber auch bei ihnen sind reduplizierte Formen deutlich häufiger als bei den aktiven Partizipien. In jedem Fall zeigt dieses unterschiedliche Verhalten verschiedener Verben, dass die Reduplikation keine einheitliche syntaktische oder semantische Funktion mehr hatte. Die Diskussion von Form und Bedeutung der Partizipien in der 26. Dynastie durch Der Manuelian85 krankt etwas daran, dass er alle präsentisch übersetzten Partizipien und Relativformen als „imperfektive“ einstuft86. Er führt vier reduplizierende aktive Partizipien auf (dd: Ex. 44 [2×]); jnn: Ex. 45; jrr: Ex. 48), ebenso vier passive (mrr: Ex. 50; ḥzzt: Ex. 57; 58; jrr: Ex. 59) und drei Relativformen (mrr nṯr: Ex. 76; ḥzzt nṯr.f: Ex. 77; ḥzzt nṯrw: Ex. 78). Von diesen elf Belegen stammen fünf aus der biographischen Inschrift des Ibi87 (Ex. 44-45; 80
S. K. Jansen-Winkeln, op. cit., § 180. Ibid., § 181. 82 Ibid., § 182-183. 83 Ibid., § 200. 84 Ibid., § 201-202. 85 P. Der Manuelian, op. cit., S. 119-125 und 130-132. 86 Vgl. auch W. Schenkel, Or 65 (1996), S. 151. 87 K. Kuhlmann, W. Schenkel, Das Grab des Ibi, Obergutsverwalters der Gottesgemahlin des Amun (AV 15), 1983, S. 73-74; Taf. 24-25 (T 99). 81
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49; 50; 76) und weitere vier von der Stele des Ḏd-Jtm-jw.f-῾nḫ aus Heliopolis88 (Ex. 48; 57; 77; 78). Bei beiden Texten handelt es sich bekanntermaßen um stark archaisierende Inschriften89, was sich in einem Fall auch an der Schreibung (Ex. 45) zeigt, eine für das Alte Reich typische Graphie90. Die reduplizierenden Formen dürften daher bewusst altertümlich sein. In einem weiteren Fall (Ex. 59) dürfte das
eher jr als jrr zu lesen sein; zwei Wörter vorher
wiedergegeben91. In Ex. 58 handelt wird auch der Subjunktiv jrj.tw durch es sich um die Form ḥzzt „was gelobt wird, Kultus“ u.ä., vermutlich ein damals schon lexikalisierter Ausdruck92. Der Manuelian hat seine Untersuchung des „Secular Verbal System in Dynasty 26“ auf eine sehr schmale Auswahl von Texten gestützt, einige königliche Stelen und sehr wenige Privatinschriften: die große Masse der Inschriften dieser Zeit wird nicht ausgewertet. Zieht man sie in Betracht, lässt sich leicht erkennen, dass reduplizierende Partizipien und Relativformen (auch) in der 26. Dynastie ziemlich selten sind, in der Tat weitestgehend auf archaisierende Texte und auf lexikalisierte Formen beschränkt. Es kann keine Rede davon sein, dass die Schreiber bei den Partizipien „fully cognizant of the function of gemination“93 waren: sie haben zwar alte Formen übernommen, aber ob sie deren ursprüngliche Bedeutung kannten, ist zumindest fraglich. Für die Texte (unterschiedlicher Art) der 30. Dynastie bzw. der Ptolemäerzeit kommen die vorhandenen grammatischen Untersuchungen insgesamt gesehen zu sehr ähnlichen Ergebnissen: Junker kennt in den Denderatexten bei den Relativformen keinerlei reduplizierte Fälle94 und bei den Partizipien nur wnnt „das Existierende“, zweifellos eine lexikalisierte Form. Im Papyrus Bremner-Rhind gibt es bei den Verba III.inf. keine reduplizierten Formen95, bei den unregelmäßigen Verben nur einmal dd (neben 3× dj)96 und bei den II.gem. ist nur wn(n) variabel: davon findet sich ein Partizip wn sowie vier Relativformen: wnn.k, wnn.sn (2×) sowie wn.sn, die letzteren drei Belege bzw. Formen in derselben Phrase97. Mit anderen Worten, die Reduplikation spielt keinerlei Rolle für Grammatik oder Semantik. 88
J.-P. Corteggiani, in Hommages à Serge Sauneron, I, 1979, S. 115-153; pl. XVIII-XXIV. Die Stele enthält sogar Zitate aus Siut, Grab IV, s. ibid., S. 127-130. 90 Vgl. etwa Pyr., Übers., VI, 95-96. 91 Der Manuelian selbst fand den Beleg zweifelhaft, op. cit., S. 125. Im übrigen handelt es sich um die Stele Louvre E 3335, die keineswegs verloren ist, vgl. O. Perdu, Recueil des inscriptions royales saïtes, I, 2002, S. 39-41; pl. V. 92 Vgl. etwa Wb III, 155. 93 P. Der Manuelian, op. cit., S. 139. 94 H. Junker, Grammatik der Denderatexte, 1906, S. 132-133 (§ 180-182). 95 J. Lustman, op. cit., S. 58; 60; 61. 96 Ibid., S. 70. 97 Ibid., S. 50, mit n. 19: „Dans ces 3 occurrences [28.26 + 29.1: wnn.sn; 29.2: wn.sn], il s’agit de la même phrase, tirée du même chapitre et recopiée plusieurs fois par le scribe soit avec soit sans gémination.“ 89
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Zu demselben Schluss kommt Engsheden für seine Textauswahl der Zeit von 400-30 v.Chr.: Die Reduplikation (bzw. „Gémination“) spielt darin prak(die tisch keine Rolle.98 Beim Verb jrj „machen“ gibt es Schreibungen mit in allen grammatischen Formen99, z.T. in ein und Normalschreibung) und demselben Text beides. Man kannte also noch beide Graphien, wusste sie aber nicht mehr zuzuordnen. Bei wn(n)100 gibt es in allen Gebrauchsweisen außer im Pseudopartizip beide Formen, beim Partizip 43× wn und 3× wnn und bei der Relativform 5× wn und 2× wnn. Bestimmte Inschriften (bzw. Schreiber) scheinen eine Vorliebe für die eine oder andere Form gehabt zu haben. Bei rdj haben die Partizipien 29× rdj (mit r) und 5× dj, bei der Relativform 3× rdj und 7× dj. Die reduplizierte Form dd ist nur einmal belegt, im präteritalen sḏm.f 101. Auch in den Texten, die Kurth herangezogen hat, ist die Reduplikation („Gemination“) sehr selten. Bei den passiven Partizipien und Relativformen ist sie gar nicht belegt102, bei den aktiven Partizipien nur in wenigen Einzelfällen103: in dem Amulettnamen ῾nḫ-mrr-ḫpr, je einmal in wnnw „die existieren“ und in der Phrase Sḫmt … dd r mrj.n.s „Sachmet … die nach ihrem Belieben gibt“ sowie mehrfach in wnnt „das Seiende“. In den ersten drei Fällen möchte Kurth damit den „Aspekt der Dauer und Gewohnheit“ ausgedrückt wissen. Ein lexikalisierter Ausdruck aus älterer Zeit ist zweifellos wnnt, ebenso vermutlich der Amulettname. Inwieweit die beiden anderen Belege aus älteren Vorlagen übernommen sind, lässt sich natürlich nicht sagen. Aus den zitierten grammatischen Untersuchungen zum Mittelägyptischen der Spätzeit lässt sich also Folgendes erschließen: – Reduplizierende Verbalformen sind schon in den Texten der Dritten Zwischenzeit selten und auf wenige Verbalstämme beschränkt, und ihre Zahl nimmt danach noch mehr ab. In der Ptolemäerzeit ist fast nur noch das Verb wn(n) (jedenfalls graphisch) variabel. – Ein Teil der wenigen Belege dürfte aus lexikalisierten Ausdrücken bestehen sowie aus Übernahmen aus älteren Vorlagen. – Es ist daher nicht möglich, für die reduplizierten Formen für diese Zeit eine gemeinsame Bedeutung oder Funktion festzustellen oder zu postulieren. Ich freue mich, diesen Beitrag meinem lieben Kollegen Olivier Perdu widmen zu dürfen, der so viel zu unserer Kenntnis der Texte, Geschichte und Kultur der ägyptischen Spätzeit beigetragen hat, nicht zuletzt durch seine beispielgebenden Editionen und Interpretationen der Inschriften dieser Zeit.
98
Å. Engsheden, op. cit., S. 42-44. Ibid., S. 58-68, mit Fig. IX. 100 Ibid., S. 68-72. 101 Ibid., S. 73-84. 102 D. Kurth, Einführung ins Ptolemäische, Teil 2, 2008, S. 721-723; 728. 103 Ibid., S. 720. 99
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Nachtrag Nach Einreichen des Manuskripts ist ein Artikel von M. Brose erschienen104, der sich gleichfalls mit dem Unterschied zwischen reduplizierenden und nicht reduplizierenden Partizipien befasst. Für Brose erklären sich alle Unterschiede durch den unterschiedlichen Aspekt der Partizipien: die reduplizierenden drücken den imperfektiven Aspekt aus, die nicht reduplizierenden den perfektiven. Das heißt, ein Vorgang oder eine Situation wird in ihrer zeitlichen Erstreckung gesehen (imperfektiv) oder als geschlossenes Ganzes (perfektiv). Diese Interpretation hat durchaus Berührungspunkte mit der oben beschriebenen, wo die reduplizierenden Partizipien für Pluralität, Distributivität etc. stehen, denn der imperfektive Aspekt enthält ja oft Elemente der „Pluralität“. Dennoch ist dieser Ansatz meines Erachtens ungeeignet, die besonderen Unterschiede zwischen den Partizipien adäquat darzustellen: – Der schon von Sethe und v.a. Gardiner überzeugend demonstrierte Sachverhalt, dass die reduplizierenden Partizipien die markierte Variante sind, die nicht reduplizierenden folglich die unmarkierte, die beide Bedeutungen vertreten kann, wird durch die Dichotomie perfektiv – imperfektiv verunklärt. – Auch der in vielen Sprachen deutliche Zusammenhang zwischen Reduplikation und „verbaler Pluralität“ wird nicht berücksichtigt. – Die für bestimmte Texte charakteristischen Abfolgen von Partizipien und/oder Relativformen, wie mrjj nswt mrrw nwt.f ḥzzw nṯrw.s nbw (s.o., § 1), können in keiner Weise befriedigend erklärt werden: Brose105 erklärt ihn so, dass die „perfektiven“ Partizipien „generisch/ gnomische“ Eigenschaften ausdrücken, die „wesenseigen“ sind, die imperfektiven dagegen „habituelle“: z.B. etwas „regelmäßig erweisend/zeigend/empfindend“. Ein mrr nb.f wäre dann jemand „den sein Herr jeden Tag liebte/Dem sein Herr jeden Tag die Liebe erwies“, ein mrjj nb.f dagegen ein „(generell) Geliebter seines Herrn“. Es ist offensichtlich, wie willkürlich eine derartige These ist: Die fast durchgehende Assoziation der reduplizierenden Formen mit Pluralität, Iterativität und Intensität bleibt unerklärt und wird zugunsten einer semantischen Nuancierung aufgegeben, deren Sinn und Zweck unverständlich bleibt. Ich denke also, dass ein rein aspektueller Gegensatz die Gebrauchsweisen der unterschiedlichen adjektivischen Verbalformen nicht erklären kann.
104 105
M. Brose, „Perfektives und Imperfektives Partizip“, LingAeg 28 (2020), S. 27-79. Ibid., S. 68ff.
LA PARTICULE ENCLITIQUE DE COORDINATION js/jsk/jsṯ ET SON EMPLOI DANS UNE COLLOCATION ÉNUMÉRANT LES DIVISIONS DU TEMPS – « ÉGYPTIEN DE TRADITION REPRODUCTIF » ET « ÉGYPTIEN DE TRADITION PRODUCTIF » Pascal VERNUS EPHE, PSL, AOROC UMR 8546, Paris
En hommage à Olivier Perdu, cet immense connaisseur de la Basse Époque qui a toujours marqué son intérêt pour la langue, voici une petite note qui ne le laissera peut-être pas indifférent. Les particules sont un vaste domaine de la grammaire égyptienne, bien loin d’être suffisamment exploré. Ainsi en est-il : – d’une part, de la graphie js , qui, dans une perspective purement pratique ne perd rien à être qualifiée de « type I ». – et, d’autre part, des graphies de type jsk/sk
,
,
; jsṯ/sṯ
,
; jst/st , , , , , , , que j’appellerai de « type II » par souci de commodité, tout en soulignant que ce type ne forme pas nécessairement une unité homogène1. Ces particules2 peuvent avoir deux statuts prosodiques, un statut proclitique et un statut enclitique3. Il n’y a pas 1 Bien évidemment, les variations à l’intérieur de ce type II peuvent être conditionnées, en particulier dans les états les plus anciens ; voir par exemple E. Edel, Altägyptische Grammatik (Analecta Orientalia 34/39), 1955/1964, § 829 (ouvrage cité ensuite par l’abréviation E. Edel, Altägyptische Grammatik) ; A. H. Gardiner, Egyptian Grammar Third Edition, 1957, § 231, n. 11 (ouvrage cité par la suite sous l’abréviation A. H. Gardiner, Egyptian Grammar). Je ne puis entrer ici dans le détail. 2 Aperçus d’ensemble par ibid., §§ 230-231, 247-248 ; M. el-Hamrawi, « Substantiv+is im Altägyptischen », dans J.-Cl. Goyon, Chr. Cardin (éd.), Actes du neuvième congrès international des égyptologues. Grenoble, 6-12 septembre 2004 (OLA 150), 2007, p. 545-565. 3 Même si étymologiquement il s’agit probablement de la même particule, à tout le moins pour la majorité des emplois, il est simpliste de traiter comme de simples variantes le statut proclitique et le statut enclitique. En effet, dans certains états de langue, l’un et l’autre sont compatibles dans la même proposition. Ainsi la particule de subordination/auxiliaire d’énoncé jsṯ (/sk) exige la particule enclitique js devant des constructions autonomes dans des états anciens : jsṯ jnk js nb twm « car je suis le maître de l’univers » (CT VII, 321b B21C et plusieurs versions ; pour des variantes avec js enclitique seul, voir J. Allen, Middle Egyptian: An Introduction to the Language and Culture of Hieroglyphs Third Edition, 2014, p. 313 § 20.5). Voir aussi CT I, 75a a-b ; Caire JE 66903, l. 7 = E. Oréal, Les particules en égyptien ancien : De l’Ancien égyptien à l’égyptien classique (BdE 152), 2011, p. 214 et 212 (ouvrage abrégé dans la suite du texte E. Oréal, Les particules). Voir encore la célèbre lettre citée par E. Edel, Altägyptische Grammatik, § 824, et l’exemple sk jn js de la tombe d’jtwš, cité par ibid., § 857. Voir de plus sq jqr=k js n.k « mais ce n’est que pour toi que tu fais l’excellent » (lettre au mort pNaga ed Der N 3500, 3-3, P. Vernus, « La position linguistique des Textes des Sarcophages », dans H. Willems (éd.), The World of the
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PASCAL VERNUS
de correspondance systématique, loin de là, entre ces deux statuts et les deux types de graphies4. Ces particules sont susceptibles d’un grand nombre d’emplois, dont il est légitime de proposer qu’une partie, mais probablement pas la totalité, procèdent d’une valeur commune originelle5. Dans cette note, je n’envisagerai qu’un seul de ces emplois, l’emploi enclitique de la particule, en tant que morphème de coordination passible d’un point de vue panchronique, aussi bien de la graphie js , que des graphies de type II, jsk/sk, jst/st, jsṯ/sṯ, jst/st. Cet emploi est largement attesté dans les Textes des pyramides6 et dans les Textes des sarcophages pour coordonner des syntagmes nominaux7. Récapitulons ses caractéristiques majeures. Coffin Texts (EgUit 9), 1996, p. 186 n. 248 (article abrégé ci-après P. Vernus, « La position linguistique ») ; bibliographie dans S. Donnat-Bauquier, Écrire à ses morts : Enquête sur un usage rituel de l’écrit dans l’Égypte pharaonique, 2014, p. 51-52). Voir enfin js suivi de jst dans l’exemple du pSmith étudié ci-dessous (document 1). 4 La graphie js est bel et bien étroitement associée au statut enclitique dans le cas des négations n=js et n … js, à tout le moins jusqu’aux époques tardives exclusivement (sk comme graphie du second signifiant discontinu du classique n … js dans Edfou VI, 301, 13; et Dendara VIII, 55, 13 [cf. Ph. Germond, Les invocations à la bonne année au temple d’Edfou [AegHelv 2],
1986, p 54] en variation avec la graphie classique). Inversement les graphies de type jsṯ sont, dans les Textes des pyramides, très étroitement associées au statut enclitique dans le cas des emplois comme morphème de coordination, la graphie js n’apparaissant qu’à partir des Textes des sarcophages. En revanche, déjà dans les Textes des pyramides et après, cette graphie js est très étroitement associée à la particule enclitique en tant que morphème de comparaison, alternant avec les prépositions m et mj, voir P. Vernus, « La position linguistique », p. 173-177 ; M. el-Hamrawi, op. cit., p. 550-565 ; J. Allen, « Old Egyptian », dans J. StauderPorchet, A. Stauder, W. Wendrich (éd.), UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2015, p. 8 ; R. Hannig, Ägyptisches Wörterbuch I: Altes Reich und Erste Zwischenzeit (Hannig-Lexica 4; Kulturgeschichte der antiken Welt 98), 2003, p. 212-213 (ouvrage abrégé ci-dessous R. Hannig, Ägyptisches Wörterbuch I). Par ailleurs, la graphie js devient un allographe des graphies de type II dans les emplois proclitiques à partir du premier millénaire avant notre ère. 5 A. H. Gardiner, Egyptian Grammar, § 119, 2, tient que la particule écrite sous les graphies de type II sont « clearly related to particle is ‘lo’ ». L. Depuydt, « Zur Bedeutung der Partikeln jsk und js », GM 136 (1993), p. 11-25, et E. Oréal, Les particules, chapitre 4, se sont efforcés de chercher une valeur commune derrière la diversité des emplois ; voir encore ead., « Diachronie protoégyptienne et comparaison afroasiatique : la particule js de déictique à focalisateur », dans A. Mengozzi (éd.), Studi afroasiatici, 2005, p. 69-82, et ead., « De la coordination à la subordination : (proto-)histoire de la particule (j)sk/ṯ », dans J.-Cl. Goyon, Chr. Cardin (éd.), Actes du neuvième congrès international des égyptologues, Grenoble, 6-12 septembre 2004 (OLA 150), 2007, p. 1411-1420. 6 A. Erman, ZÄS 29 (1981), p. 42-43 ; K. Sethe, Dramatische Texte zu altägyptischen Mysterienspielen (UGAÄ 10), 1928, p. 52-53 ; E. Edel, Altägyptische Grammatik, § 317 et 929 ; E. Oréal, Les particules, p. 176-178 ; J. Allen, op. cit., p. 8 ; R. Hannig, Ägyptisches Wörterbuch I, p. 220. 7 P. Vernus, « La position linguistique », p. 183-187 ; R. Hannig, Ägyptisches Wörterbuch II Mittleres Reich und Zweite Zwischenzeit (Hannig-Lexica 5; Kulturgeschichte der antiken Welt
LA PARTICULE ENCLITIQUE DE COORDINATION js/jsk/jsṯ
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§ 1. La particule enclitique js, jsk/sk, jst/st, jsṯ/sṯ, jst/st comme coordonnant • Cette particule coordonne le syntagme nominal qu’elle suit avec un syntagme nominal précédent à la manière de -que en latin dans senatus populusque romanus. D’un point de vue diachronique, un peu comme les prépositions m et mj prennent en charge le sens de particule enclitique de comparaison js « à l’instar », la préposition ḥr, et la préposition ḥn῾ « avec »8, tendent à prendre en charge les emplois de la particule enclitique de coordination js, jsk/sk, jsṯ/sṯ, jst/st. Il existe même une tradition embryonnaire associant ḥn῾ et sk en tant que variante de js dans nṯr.w ḥn῾ jmy.w-ḫt=sn sk « les dieux et ceux qui étaient à leur suite » (CT II 344a, B2Bo, B4Bo)9. Par ailleurs, il arrive que la préposition et la particule enclitique soient mises en parallèle (CT VI, 389b-c), et parfois en jouant sur une nuance de sens (voir ci-dessous, Stèle de Piankhy). • Particulièrement significatif, l’extrait suivant d’une composition théologique tardive, qui met en parallèle la particule enclitique et l’adverbe mjt.t « aussi » : mw.t pw Nt js Imn.t pw mjt.t « C’est Mout et Neith. C’est aussi Amonet » (temple de Mout, premier pylône10).
• Dans les Textes des Pyramides, la graphie jsṯ Textes des sarcophages sont attestées les graphies sṯ
prévaut. Déjà dans les (CT II, 344a, B9C),
jsk (CT II, 344a, B2P), (passim), et la graphie js (P. Vernus, « La position linguistique », p. 184, C10, C11, C12). Plus tard apparaissent les graphies résultant du passage de ṯ à t, c’est-à-dire , (e. g. documents 3 et 4 ci-dessous ; chapitre 181 du Livre des morts, pGauseshen l. 911), st
(e. g. Edfou12).
112), 2006, p. 402-404. Ce type de coordination a échappé à K. Peust, « Zur Syntax der Koordination ägyptischer Nominalphrasen », ZÄS 133 (2006), p. 175-180. 8 Pour cette particule dans sa fonction de coordination en néo-égyptien, voir J. Winand, « When and meets with », dans E. Grossman, St. Polis, A. Stauder, J. Winand (éd.), On Forms and Functions: Studies in Ancient Egyptian Grammar (Lingua Aegyptia Studia Monographica 15), 2014, p. 339-266. 9 P. Vernus, « La position linguistique », p. 155-156. 10 R. Fazzini, J. Dijk, The First Pylon of the Mut Temple, South Karnak: Architecture, Decoration, Inscriptions. The Brooklyn Museum Expedition to the Precinct of Mut at South Karnak (OLA 236), 2015, Text 8, l. 4 = p. 25 et l. 5. 11 E. Naville, Le papyrus hiératique de Katseshni au Musée du Caire (Papyrus funéraires de la XXIe dynastie II), 1914, pl. X. 12 A. Pries, Die Stundenwachen im Osiriskult: Eine Studie zur Tradition und späten Rezeption von Ritualen im Alten Ägypten (SsR 2), 2011, p. 260 (ouvrage abrégé par la suite en A. Pries, Die Stundenwachen).
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PASCAL VERNUS
• Plusieurs syntagmes nominaux peuvent être coordonnés à la suite par la particule enclitique : nṯr.w nb.w j῾w.t=sn jsṯ ḏfꜢw=sn jsṯ jšṯ=sn nb « Tous les dieux, et leurs héritages, et leurs provisions et tous leurs biens » (Pyr. § 775b-c P, M, N13).
• Les syntagmes nominaux coordonnés peuvent être réduits au minimum (deux substantifs) ou avoir une certaine complexité. Ils sont parfois constitués de participes épithètes avec leurs expansions, ainsi : ῾.t twy nhm(t)=n Ꜣs.t jm=s šꜢd.t js ẖr.wy stḫ jm=s « Cette pièce où s’est réjouie Isis, et dans laquelle ont été coupés les deux testicules de Seth » (pLondres Médical 13, 414).
En conséquence, un élément peut séparer un syntagme nominal auquel il appartient du ou des syntagmes nominaux coordonnés par la particule : šnj-n=k nṯr nb m ῾.wy=k tꜢ.w=sn jsṯ jš.t=sn nb jsṯ « Tu as enclos chaque dieu dans tes bras, et leurs territoires et tous leurs biens » (Pyr. § 847a-b, N15).
• Il existe à l’origine une restriction sémantique sur les syntagmes nominaux susceptibles d’être coordonnés par la particule enclitique js, jsk/sk, jsṯ/sṯ, jst/st. Ils sont nécessairement unis par un lien de sens, soit parce qu’ils réfèrent à deux entités dont l’appariement est justifié dans l’expérience ou la culture (1), soit parce qu’ils réfèrent d’une part à une entité et, d’autre part, à ce dont elle est constituée ou à ce qui relève d’elle (2). (1) Les syntagmes nominaux coordonnés réfèrent à des entités appariées dans l’expérience ou la culture : – Ḏḥwty jnpw js « Thot et Anubis » (Veillées horaires, Première heure de la nuit)16. – Ꜣḫ.w jḫm.w sk jsṯ « les akhou et les impérissables » (Pyr. §1288b, P). – nṯr.w=sn s῾ḥ.w=sn jsṯ « leurs dieux et leurs vénérables » (CT V, 396c). 13
Voir aussi J. Allen, The Egyptian Coffin Texts, Volume 8: Middle Kingdom Copies of Pyramid Texts (OIP 132), 2006, p. 347. 14 H. Grapow, Die medizinischen Texte in hieroglyphischer Umschreibung autographiert (Grundriss der Medizin der Alten Ägypter 5), 1958, p. 268 ; bibliographie dans I. Guermeur, ENiM 11 (2015), p. 176. 15 La leçon P n’indique pas de jst après tꜢ.w. Voir J. Leclant, AnnCdF 1988-89, p. 485. Autres versions šnj-n=ṯ nṯr nb m-ẖnw῾.wy=ṯ nb tꜢ.w=sn jsṯ jw῾.t=sn jsṯ ḏfꜢw=sn jsṯ jš.t=sn nb.t jsṯ « tu as enclos chaque dieu à l’intérieur de tes bras, et leurs territoires, et leurs héritages, et leurs provisions, et tous leurs biens » (CT VIII = J. Allen, op. cit., p. 380, Sq3C). Voir encore A. Pries, Die Stundenwachen, p. 260. 16 Ibid., p. 94. Voir aussi R῾ nṯr.w nb(.w) st (/js) « Rê et tous les dieux » (Rituel des Veillées horaires, Première heure de la nuit = ibid., p. 88).
LA PARTICULE ENCLITIQUE DE COORDINATION js/jsk/jsṯ
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rmṯ nṯr.w js « les hommes et les dieux » (TT 39, XVIIIe dynastie)17. ṯꜢy.w ḥm.wt js « les hommes et les femmes » (Edfou II, 37, 4)18. wr.w šr.w js « les grands et les petits » (Londres, BM EA 168)19. ḥḏ.t n.t sk « la couronne blanche et la couronne rouge » (Edfou II, 72, 5). mꜢꜢ.tj=sn ṯw sḏm.ty-sn nb rn=f jsṯ « tous ceux qui te verront et toux ceux qui entendront ton nom » (Pyr. § 900e)20. – ḏw(.w) ḥry.w mw=k ẖry.w=f jsk « les impuretés qui sont sur ton eau et celles qui sont en dessous d’elle » (A. Pries, Die Studenwachen, p. 73, cf. n. 118)21.
– – – – –
(2) Les syntagmes nominaux coordonnés réfèrent à une entité et ce dont elle est constituée ou ce qui relève d’elle. C’est le cas le plus fréquent. Bien des exemples ont été déjà répertoriés22. Voir aussi, inter alia : – ḥꜢty.w ḥkꜢ.w=sn jsṯ « les capacités mentales et leurs magies » (Pyr. §410c, W et T)23. – tꜢ qrr.wt=f jsṯ « la terre et ses cavernes » (Litanie du soleil)24. – Ḥr wr.t=f ḥkꜢw jsṯ « Horus et sa puissante de magie »25. 17 Tombe de Pouyemrê = N. de G. Davies, The Tomb of Puyemrê at Thebes (N°39), 19221923, pl. XXXV-XXXVII. Pour l’originalité de la décoration, voir B. Engelmann-von Carnap, « Unconventional Versions: The Theban Tomb of Puiemra, Second Prophet of Amun under Hatshepsut », dans J. Galán, B. E. Bryan, P. F. Dorman (éd.), Creativity and Innovation in the Reign of Hatshepsut (SAOC 69), 2014, p. 352-359. 18 Cité par P. Wilson, A Ptolemaic Lexikon: A lexicographical Study of the Texts in the Temple of Edfu (OLA 78), 1997, p. 108 (ouvrage abrégé ci-dessous en P. Wilson, A Ptolemaic Lexikon). Comparer avec, ῾Ꜣ.wt=sn ḥm.wt=sn jst « leurs collectivités de grands et leurs femmes » (P. Vernus, « La position linguistique », p. 184 [C9]) et avec ṯꜢy ḥr ḥm.t « hommes et femmes » (CT VI, 298a). 19 Statue de Snw-šrj, Qous = Ph. Derchain, Les impondérables de l’hellénisation : Littérature d’hiérogrammates (MRE 7), 2000, pl. IV, col. 10. 20 Variantes et reprises de la formulation dans Pyr. § 53b, voir J. Allen, op. cit., p. 24 ; E. Oréal, Les particules, p. 177 ; F. Contardi, dans Atti della Accademia delle Scienze di Torino Classe di Scienze Morali, Storiche e Filologiche (Acta Academiae Scientarum Taurinensis 144), 2010, p. 114-115. Variantes et reprises de la formulation dans le rituel de la statue, id., Il naos di Sethi I da Eliopoli: Un monumento per il culto del dio Sole (CGT 7002) (Catalogo del Museo Egizio di Torino Serie Prima – Monumenti Testi Volume XII), 2009, p. 172 et 196 ; dans Transfigurations (sꜢḫ.w) II, pSchmitt XXI, 20 = B. Backes, „Der Papyrus Schmitt“ (Berlin P. 3057) (Ägyptische und Orientalische Papyri und Handschriften der Ägyptischen Museums und Papyrussamlung Berlin), 2016, p. 621. 21 Trois autre versions ont dr=j ḏw(.w) ḥry.w mw dr=j ḏw(.w) ḫry.w mw. Tout se passe comme si les scripteurs de ces versions avaient modernisé le texte en substituant deux propositions indépendantes parallèles à la coordination par js de deux syntagmes nominaux. 22 P. Vernus, « La position linguistique », p. 182-186, C2, C4, C10, C13, C19, C24, C27. 23 Cf. Chr. Eyre, The cannibal Hymn: A cultural and literary Study, 2002, p. 133. 24 D. Werning, dans G. Moers et al. (éd.), Dating Egyptian Literary Texts (Lingua Aegyptiaca Studia Monographica 11), 2013, p. 260-261. Voir aussi des formulations apparentées dans P. Vernus, « La position linguistique », p. 185, C21 et C22. 25 Pyr. § 823b, Sp. 443 ; J. Allen, op. cit., p. 344 ; CT VI, 118k-l, cf. 119c (corruption), Sp. 526 ; CT VII, 9r-s, Sp. 801 = Pyr. § 823b-c, cf. P. Vernus, « La position linguistique », p. 183 (C7) et 184 (C8). La formule est réutilisée dans les Veillées horaires, Première heure du jour = A. Pries, Die Stundenwachen, p. 344, où certaines versions ne prennent pas en compte la particule enclitique. Elle est réutilisée aussi dans le Rituel de l’ouverture de la bouche (E. Otto, Das ägyptische Mundöffnungsritual [ÄgAbh 3], 1960, scène 27c, version 6).
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– nṯr.w šm῾w Ꜣḫ.w=sn jsṯ « les dieux du sud et leurs akhou »26. – Particulièrement emblématique, l’expression nṯr.w nb.w kꜢ.w=sn (j)sṯ « tous les dieux et leurs ka ». Elle apparaît dans trois formules des Textes des pyramides (Pyr. §776b, Sp 426 ; Pyr. § 824a-b, Sp. 444 ; Pyr. § 1626, Sp. 592), passées dans les Textes des sarcophages27, et mises en œuvre dans le Rituel de l’ouverture de la bouche (scène 27h)28, et aussi dans les Veillées horaires (Première heure du jour)29. L’expression nṯr.w nb.w kꜢ.w=sn (j)sṯ est utilisée par ailleurs dans un chapitre du Rituel du culte journalier (pBerlin 3055, XV, 7-8)30, dans un hymne du chapitre 181 du Livre des morts31, dans une composition théologique comme « La pierre de la théologie memphite » (l. 53)32. • L’emploi enclitique de la particule js, jsk/sk, jsṯ/sṯ, jst/st comme coordonnant de syntagmes nominaux relève des plus anciens états connus de l’égyptien. À l’Ancien Empire, il est presque exclusivement attesté dans les Textes des pyramides33 et donc déjà à l’écart du vernaculaire, mais aussi de la langue soutenue de la présentation de soi des particuliers. Il persiste dans les Textes des sarcophages et ne sera jamais totalement éliminé. Par la suite, en effet, il se retrouve non seulement en « égyptien de tradition reproductif » – textes reproduisant des éléments des corpus religieux anciens quitte à introduire certaines modifications – mais aussi en « égyptien de tradition productif »34 – compositions nouvelles même si elles mettent éventuellement 26 Pyr. § 153a, et 155a, Sp. 217 ; 204c, Sp. 222 ; voir J. Allen, op. cit., p. 238-239. Voir encore Livre des morts, chapitre 136, avec réinterprétation de Ꜣḫ.w ; synoptique dans M. Wagner, Der Sarkophag der Gottesgemahlin Anchnesneferibre (SsR 16), 2016, p. 516, qui tient jst pour la particule proclitique et le relie à la phrase suivante. Le corrélat nṯr.w mḥtj.w Ꜣḫw=sn jsṯ « les dieux septentrionaux et leurs akhou » est attesté dans Pyr. § 206c. 27 CT VIII = J. Allen, op. cit., p. 347. 28 E. Otto, op. cit., p. 87. 29 A. Pries, Die Stundenwachen, p. 345 30 A. Moret, Le rituel du culte divin journalier en Égypte d’après les papyrus de Berlin et les textes du temple de Séty Ier à Abydos, 1902, p. 128 ; J. Assmann, Ägyptische Hymnen und Gebete, 1975, p. 264. Voir aussi, e.g., ῾nḫ=sn jsk (js) ḫ.t=sn jsk (js), « leurs vies et leurs biens », F. Haikal, Two Hieratic Funerary Papyri of Nesmin. Part One: Introduction, Transcriptions and Plates (BiAeg 14), 1970, p. 38, cf. p. 43. 31 ῾b-n=k nṯr.w nb.w kꜢ=sn jst « Tu as réuni tous les dieux et leurs ka » (LdM 181 = E. Naville, op. cit., pl. X). St. Quirke, Going out in Daylight – prt m hrw: The Ancient Egyptian Book of the Dead. Translations, Sources, Meanings (GHP Egyptology 20), 2013, p. 463, interprète jst comme la particule proclitique introduisant la phrase qui suit. Semblable ambigüité possible dans le document 3. 32 A. el-Hawary, Wortschöpfung: Die Memphitische Theologie und die Siegesstele des Pije – zwei Zeugen kultureller Repräsentation in der 25. Dynastie (OBO 243), 2010, p. 136. 33 Occurrences possibles dans les inscriptions de Metchen, dans des passages très souvent discutés ; voir S. D. Schweitzer, Schrift und Sprache der 4. Dynastie (MENES 3), 2005, p. 201202, § 467 et 468 ; E. Oréal, Les particules, p. 182-185 ; J. Stauder-Porchet, Les autobiographies de l’Ancien Empire égyptien : Étude sur la naissance d’un genre (OLA 255), 2017, p. 22 sq. 34 Sur ces notions, voir P. Vernus, « Traditional Egyptian I (Dynamics) », dans J. StauderPorchet, A. Stauder, W. Wendrich (éd.), UCLA Encyclopedia of Egyptology, 2016.
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en œuvre des éléments anciens, ou compositions originales, qu’elles soient funéraires, théologiques, qu’elles relèvent de la science sacerdotale, de l’idéologie royale ou encore de la présentation de soi des particuliers, et ce jusqu’à l’époque gréco-romaine incluse35. En « égyptien de tradition productif », certains rédacteurs utilisent js en parallèle à l’un des successeurs diachroniques ḥn῾ en nuançant leurs sens : nbw ḥn῾ ῾Ꜣ.t nb(.t) ḥꜢty.w js n smsm ḏbꜢ m ḫ.t nb(.t) « (Qu’on accepte mes biens pour le trésor sous forme d)’or et de toute sorte de pierres précieuse, et le meilleur des chevaux, équipé de tout matériel » (stèle triomphale de Piânkhy, l. 137-13836).
Ici, ḥn῾ coordonne deux syntagmes nominaux référant à des notions empiriquement ou culturellement susceptibles d’être appariées, l’or et les pierres précieuses ; js indique une addition de notions, certes sémantiquement liées, mais de manière bien plus lâche. • On discerne, dès les Textes des sarcophages, la tendance à étendre l’emploi coordonnant de la particule enclitique js, jsk/sk, jsṯ/sṯ, jst/st au-delà du syntagme nominal. (1) Extension au syntagme adverbial La particule enclitique sk coordonne deux syntagmes adverbiaux m tnm.w st et m kk.w dans une expression décrivant l’océan primordial (CT II 10e, 11e, 12b, 13b 14c et 15a, version B2L = P. Vernus, « La position linguistique », p. 182 [C1])37. Mais dans une autre leçon, la particule enclitique sk coordonne seulement les deux substantifs constituants du syntagme adverbial dans la même expression : m kkw tnm.w st sk (CT II 15d et g, 16a, d, h, 17c, f, version B1P). Coordination de syntagme aussi dans m ḥn.t nt rnp.wt=k js coordonné à m ḏḥwt.t, variante de Pyr. § 2118, voir ci-dessous document 11. (2) La particule enclitique js pour coordonner des propositions L’emploi d’une particule enclitique js dans la subordination et/ou la coordination de propositions est bien établi dès les textes anciens38. Sa relation avec 35 P. Wilson, A Ptolemaic Lexikon, p. 108, s.v. js et p. 112 s.v. jsk, répertorie quelques exemples sous des lemmes différents. L’emploi de js enclitique comme coordonnant de syntagmes nominaux n’est pas clairement isolé dans les intéressantes données rassemblées par D. Kurth, Einführung ins Ptolemäische: Eine Grammatik mit Zeichenliste und Übungliste, Teil 2, 2008, p. 779-781. 36 Voir P. Vernus, « La position linguistique », p. 186 (C26). Le renvoi de N. Grimal, La stèle triomphale de Pi(ankhi) au Musée du Caire : Études sur la propagande royale égyptienne I (MIFAO 105), 1981, p. 162 à sa note 526 (p. 178) trahit la confusion entre js enclitique et js(ṯ/k) proclitique. 37 Dans ῾pr m Ꜣḫw=f m-m nṯr.w jsṯ « muni de ses capacités de transfigurations et parmi les dieux » (CT IV, 133e = P. Vernus, « La position linguistique », p. 183 [C5]), js enclitique paraît bien coordonner un syntagme adverbial. 38 Voir E. Edel, Altägyptische Grammatik, § 824-827, en écartant soigneusement les cas où js fonctionne comme morphème de complétive, ou comme second élément d’un morphème
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la particule enclitique de coordination de syntagmes nominaux est évidemment a priori tentante. Mais le problème est très complexe et je ne puis l’aborder ici. Je me bornerai à souligner qu’il devient par la suite un trait fréquent de l’égyptien de tradition productif. § 2. La particule enclitique js, jsk/sk, jsṯ/sṯ, jst/st dans l’énumération des divisions du temps Sur ces bases, je voudrais maintenant présenter une collocation stéréotypée impliquant js enclitique coordonnant de syntagmes nominaux. Cette collocation vise à étendre l’effet d’un sort ou d’une formule magique à toutes les unités de temps. Document 1 Le fameux papyrus Edwin Smith contient plusieurs formules magiques pour se protéger contre la « pestilence de l’année » (jꜢd.t rnp.t)39 et des êtres dangereux que sont : Ꜣḫw nb Ꜣḫ(w).t nb.t mt nb mt.t nb(t) ḫpry n ῾w.t nb(t) jṯ-n msḥ psḥ-n ḥfꜢw [Ꜣ]ty (=jꜢd) dm.t ḫpy ḥr ḥnky.t=f ḫꜢyty.w {{n}} jmy.w-ḫt rnp.t ẖr.t js
« Tout akhou, toute akhout, tout mort, toute morte, la manifestation de tout animal, quelqu’un qu’a saisi un crocodile, quelqu’un qu’a mordu un serpent, quelqu’un victime d’un couteau, quelqu’un mort hors de/sur son lit40, les émissaires41 qui sont attachés à l’année et ce qui (en) dépend » (pSmith 19, 8-942 ; fin de la XVIIe dynastie, début de la XVIIIe dynastie43).
discontinu de subordination (jr … js, sk … js, etc.) avec une construction autonome, ou encore comme élément de tours négatifs (n=js, n … js). Il faut faire le même tri dans les exemples produits par A. H. Gardiner, Egyptian Grammar, § 247. 39 Chr. Leitz, Tagewählerei: Das Buch ḥꜢt nḥḥ pḥwy ḏt und verwandte Texte (ÄgAbh 55), 1994, p. 134-135 ; M. Bommas, Die Mythisierung der Zeit (GOF IV, 37), 1999, p. 59 (70). 40 S’agissant de victimes de morts jugées exceptionnelles, je ne puis exclure ici que la préposition ḥr ait le sens bien attesté de « hors de » ; voir J. Stauder-Porchet, La préposition en égyptien de la première phase : Approche sémantique (AegHelv 21), 2009, p. 171 et 135. 41 Ph. Germond, Sekhmet et la protection du monde (AegHelv 9), 1981, p. 90 n. 15 et 113 n. 2 ; M. Bommas, op. cit., p. 35-37 (22) ; R. Ritner, F. D. Scalf, GM 259 (2019), p. 193. 42 J. H. Breasted, The Edwin Smith Surgical Papyrus, 1930, pl. XIX et p. 480 ; traduction dans J. Borghouts, Ancient Egyptian Magical Texts (Religious Texts Translations Series NISABA 9), 1978, p. 16, no 18. 43 Pour la date, voir en dernier lieu G. M. Sanchez, E. S. Meltzer, The Edwin Smith Papyrus Updated: Translation of the Trauma Treatise and Modern Medical Commentaries, 2012, p. 12.
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Le passage appartient à l’abondante production rituelle et magique associée à Sakhmis, sa « pestilence » et ses émissaires44. On relèvera que les victimes de serpent et de crocodile sont thématisés parmi les êtres dangereux. À noter que le texte continue avec jst, en tant qu’auxiliaire d’énoncé proclitique, suivant directement js, en tant que particule enclitique. Dans les textes les plus anciens, ladite particule enclitique a la forme jsṯ dont jst est un avatar récent (voir ci-dessus)45 ! Document 2 L’expression est utilisée dans un chapitre du Livre des morts dans une version de la XVIIIe dynastie : j jt.w nṯr.w j mw.wt nṯr.w ḥry.w tꜢ jmy.w ẖr.t-nṯr nḥm=ṯn N m-῾ sḏb.w nb.w ḏw.w m-῾ sḫt pf mr dm.wt m-῾ ḫ.t nb(.t) bjn.t ḏw.t ḏd.t jr.t st r=j jn rmṯ nṯr.w Ꜣḫ.w mt.w m hrw pn m grḥ pn m Ꜣbd pn m smdn.t tn m rnp.t tn ẖr.t=s jsṯ
« Ô pères des dieux, mères des dieux qui êtes sur terre et qui êtes dans la nécropole, puissiez-vous protéger N de tout assujettissement mauvais, de ce piège-là dont les tranchants sont douloureux, de toute chose préjudiciable et mauvaise qu’on dit être faite contre moi par les hommes, les dieux, les akhou, les morts en ce jour-ci, en cette nuit-ci, en ce mois-ci, en cette-fête-de-mi-mois-ci, en cette année-ci et ce qui en dépend » (Livre des morts, chapitre 148 pNou46).
La version très proche du pLouvre 3092 (Neferoubenef) a seulement m hrw pn m grḥ pn m Ꜣbd pn m rnp.t tn « en ce jour, en cette nuit, en ce mois, en cette année »47.
44 À mettre en exergue la contribution si inspirée de J. Yoyotte, « Une monumentale litanie de granit, les Sekhmet d’Aménophis III et la conjuration de la déesse dangereuse », BSFE 87-88 (1980), p. 46-75. Parmi une abondante bibliographie, citons Ph. Germond, op. cit. ; J.-Cl. Goyon, Le rituel du sḥtp sḫmt au changement de cycle annuel, d’après les architraves du temple d’Edfou et textes parallèles, du Nouvel Empire à l’époque ptolémaïque et romaine (BdE 141), 2006. 45 Les doutes de W. Westendorf, Grammatik der medizinischen Texte (Grundriss der Medizin der Alten Ägypter 8), 1962, p. 88, § 132 dd, sont superflus. 46 G. Lapp, Catalogue of Books of the Dead in the British Museum I. The Papyrus of Nu (BM EA 10477), 1997, pl. 32, col. 12-5 ; St. Quirke, Going out in Daylight – prt m hrw: The Ancient Egyptian Book of the Dead. Translation, Sources, Meanings (GHP Egyptology 20), 2013, p. 355. 47 E. Navillle, Das ägyptische Totenbuch der XVII. bis XX. Dynastie, 2. Band: Varianten, 1886, pl. 378.
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Document 3 Un livre de protection connu par un manuscrit du règne de Ramsès II ou peu après comporte une formulation assurant : … mn ms n mn ḫw.w mk … wn … r ḫ.t nb(.t) r=f bjn ḏw.w [m] grḥ m hrw r nw nb m rnp.t [t]n48 ẖr(.t)=s jst
« … Untel fils d’Untel, protéger et préserver … de toute chose contre lui préjudiciable et mauvaise pendant la nuit, pendant le jour, à tout moment, pendant cette année-ci et ce qui en dépend49 » (pChester Beaty IX v° B12, 950).
À noter que le début de la formule comporte une expression un peu différente : j nb ḥḥ … j nṯr.w nb.w p.t my.w sw῾b.tw mn ms n mn m jry.t nb.t r=f m hrw pn m grḥ pn m Ꜣbdw
n wnw.t tn m rnp.t tn « Ô maître d’éternité, … ô tous les dieux maîtres du ciel, venez que soit purifié Untel fils d’Untel de tout ce qui peut être fait contre lui en ce jour-ci, en cette nuit-ci, en ce mois-ci et cette heure-ci, en cette année-ci » (pChester Beatty IX v° B12, 1-2).
Document 4 Sur une statue de Ramsès III (Caire JE 69771) gardant la route du désert oriental d’Almazah avaient été gravées plusieurs formules de protection. L’une d’elles est intitulée : ky rꜢ n ḫtm rꜢ n ḥfꜢw nb ḥfꜢ.t nb.t ḏdf nb « autre formule de sceller51 la gueule de tout serpent mâle et de tout serpent femelle ». J.-Cl. Goyon52 découvrit une version parallèle intitulée ky rꜢ n ḫtm rꜢ n ḏdt.f nb(.t) « autre formule de sceller la bouche de tout rampant », dans une compilation de formules prophylactiques sur un papyrus (pWilbour 47.218.138),
48
Malgré Gardiner : « hardly ». Y. Koenig, « Le contre-envoûtement de Ta-i.di-Imen (pap. Deir el-Medineh 44) », BIFAO 99 (1999), p. 267 (u) ; J.-Fr. Quack, « Fragmente des Mundöffnungrituals aus Tebtynis », dans K. Ryholt (éd.), The Carlsberg Papyri 7: Hieratic Texts from the Collection (CNI Publications 30), 2006, p. 149. 50 A. H. Gardiner, Hieratic Papyri in the Bristish Museum, Third Series, 1935, volume I, p. 110, volume II, pl. 60. 51 Pour ce genre de formulation fréquente dans la magie, voir A.-K. Gill, The Hieratic Ritual Books of Pawerem (P. NM EA 10252 and P. BM EA 10081) from the Late 4th Century BC, Part 1 (SsR 28), 2019, p. 594. 52 J.-Cl. Goyon, « Un parallèle tardif d’une formule des inscriptions de la statue prophylactique de Ramsès III », JEA 57 (1971), p. 154-159 ; id., Le recueil de prophylaxie contre les agressions des animaux venimeux du Musée de Brooklyn Papyrus Wilbour 47.218.138 (SsR 5), 2012, p. 108 (P. Wilb. x=XV, 14-15 §44). 49
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provenant probablement d’Éléphantine53, et datable entre le avant notre ère. Le texte principal se termine ainsi :
Ve
et le
IIIe
siècle
ntf rw ḫsf nṯr.w (/rmṯ) Ꜣḫ.w jw ḥwj-n=f (/jw=f (ḥr) ḫsf n=f) ḥfꜢw nb ḥfꜢ.t nb.t ḥm.t-rꜢ psḥ m rꜢ.w=sn ḏdb m sd.w=sn m hrw pn m Ꜣbd pn m rnp.t tn ẖr(.t)=s jst (Caire JE 69771). (pWilbour 47.218.138). « C’est lui le lion qui repousse les dieux (var.: les hommes), les akhou. Il a frappé (var.: il repousse pour lui) tout serpent(-mâle), tout serpent-femelle (var.: etc.) qui mordent avec leur bouche, qui piquent avec leur queue en ce jour-ci, en ce mois-ci, en cette année-ci et ce qui en dépend » (statue Caire JE 69771, l. 17 ; pWilbour 47.218.138, XV, 14-1554).
Document 5 Une formule magique, connue par un phylactère porté au cou de la fin de l’époque ramesside55, et excellemment publié par Y. Koenig56, donne le texte suivant : mk.t p.t mk.t=(j) jw=s ḥr stp-sꜢ n=f (ḥr) sfḫ ḥkꜢ ḥr s.t=f r (écrit jw) pḥ ḫfty ῾q m rꜢ pr m šr.t ḫsf=f jwty bnbn=f jw ῾mꜢ=k jr.t ḥr m rꜢ=k jw jy=k r dj.t rḫ pꜢ ḫfty pf[t] mt mt.t ḏꜢy ḏꜢy(.t) nty jy ḥr hꜢy ḥr N1 ms-n ḫꜢsty N2 m grḥ m hrw m nw nb m rnp.t ẖr(.t )=s js pw jw ḏd-n=f r wsjr ῾Ꜣ nb ḫnmw … wdn-n=f n ḫ.t
« La protection du ciel est (ma) protection, tandis qu’elle fait sauvegarde à son égard, détachant la magie de sa place pour attaquer un ennemi qui est entré dans la bouche, qui est sorti du nez afin de repousser celui qui n’a pas de convulsion (?), alors que c’est dans ta bouche que tu as avalé l’œil d’Horus, alors que si tu es venu, c’est pour faire savoir que (/pour faire connaître) l’ennemi, l’ennemie, le mort, la morte, l’adversaire-mâle, l’adversaire-femelle qui serait venu pour s’en prendre à (faire avorter ?) N1 né de l’étranger N2 pendant la nuit, pendant le jour, à tout moment dans l’année et ce qui en dépend (ou : dans l’année, car c’est ce qui en dépend) a parlé (/il a parlé) contre/au sujet d’Osiris le grand, maître d’Hermopolis … et a gravé (/et il a gravé) la titulature … » (pDM 44, 9-11).
53 I. Guermeur, « Le papyrus hiératique iatromagique no 47.218.2 du musée de Brooklyn », BSFE 193-194 (2015-2016), p. 10-28. 54 KRI V, 264:15-16 ; J. Borghouts, op. cit., p. 93 ; voir S. Aufrère, « Chasser, conjurer les “animaux venimeux” (ḏdf.t) et s’en protéger d’après le Papyrus Brooklyn 47.218.138. Notes de lecture », JSSEA 40 (2013-2014), p. 47. 55 Voir les profondes remarques de S. Donnat, « Un billet contre la chaleur-séref : le papyrus hiérat. 69 de la BNU de Strasbourg », RdE 67 (2016), p. 27. 56 Y. Koenig, « Le contre-envoûtement de Ta-i.di-Imen (pap. Deir el-Medineh 44) », BIFAO 99 (1999), p. 267.
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Ce texte est d’une extrême difficulté. Pour l’éclairer, je m’appuie sur les hypothèses suivantes : • jw jy=k : jw circonstanciel devant un temps second dans une graphie à michemin entre la forme classique et la forme évoluée (voir J. Winand, « Le verbe jy/iw : unité morphologique et sémantique », LingAeg 1 [1991], p. 367). • r dj.t rḫ : pꜢ ḫfty peut être soit l’auteur (« le sujet sémantique ») de rḫ, « pour faire que l’ennemi sache … », soit le patient (« l’objet sémantique ») de rḫ « pour faire connaître l’ennemi … ». La seconde solution pourrait sembler préférable dans la mesure où il s’agit, afin de neutraliser l’ennemi, de dénoncer le fait qu’il a parlé contre Osiris et qu’il en divulgué la titulature (voir Y. Koenig, BIFAO 99 [1999], p. 270 [aa]). • jw ḏd-n=f … wdn-n=f n ḫ.t : =f représente pꜢ ḫfty etc. – Si jw ḏd-n=f … wdn-n=f est à interpréter dans le cadre de l’égyptien classique, il s’agit de deux propositions indépendantes avec factorisation de jw : « Il a parlé au sujet d’Osiris … et il a gravé la titulature ». À moins de considérer wdn comme un passif à sujet ø (« si bien que fut gravé pour lui (= Osiris) la titulature ». – Si jw ḏd-n=f … wdn-n=f est à interpréter dans le cadre du néo-égyptien, avec graphie archaïque sdm-n=f pour sḏm=f (opposer jw ῾mꜢ=k), et si pꜢ ḫfty fonctionne comme le patient de rḫ, il s’agit de deux complétives enchâssées, comme dans le cas de gm(j)57. On traduirait : « pour faire connaître que l’ennemi … etc. … a parlé (litt. : pour faire connaître l’ennemi quand il a parlé …) contre/au sujet d’ Osiris … et a gravé la titulature ». – Les parallèles engagent à interpréter js comme la particule enclitique de coordination. Mais que faire de pw qui suit ? On pourrait postuler une réinterprétation de la formulation par le scripteur. Désarçonné par l’emploi de js en tant que coordonnant deux syntagmes nominaux, il l’aurait comprise comme un morphème de subordination : -1. Soit js serait la particule enclitique de subordination de complétive, très bien attesté avec une prédication nominale avec pw58. Pour un exemple de l’époque ramesside, avec topicalisation, voir bw tkn=j z ḥr ns.t jt=f rḫ-kw bw.t=tn (bw.t)=k js pw « je n’ai pas contesté à un homme la position de son père car je sais que c’est votre abomination, ton abomination » (stèle de Ramsès IV à Abydos = KRI VI, 23:14-15). -2. Soit js serait la particule enclitique subordonnant à une proposition précédente une prédication de classe (« Nominal predicate ») en fonction de circonstancielle. L’emploi est très largement attesté dans le sous-type
57 P. Vernus, « Le verbe gm(j) : Essai de sémantique lexicale », dans E. Grossman, St. Polis, J. Winand (éd.), Lexical Semantics in Ancient Egyptian (Lingua Aegyptia Studia Monographica 9), p. 391. 58 Entre autres, S. Uljas, The Modal Sytem of Earlier Egyptian Complement Clauses: A Study in Pragmatics in a Dead Language (PdÄ 26), 2007, p. 278-294.
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syntagme nominal+pw. Parmi les très nombreux exemples, celui-ci donne particulièrement à penser : mn n=ṯ qbḥw=ṯ jpn jmy tꜢ (var. : tꜢ pn) wtṯ jḫ.t nb ꜥnḫ.t jḫ.t nb.t tw dd.t tꜢ pn js pw « Reçois cette tienne libation qui est dans le pays, qui crée toute chose vivante, car cette chose quelle qu’elle soit, c’est ce que donne ce pays » (Veillées horaires, deuxième heure de la nuit, A. Pries, Die Stundenwachen, p. 151 [La] et n. 587). Le scripteur du pDM aurait compris le texte de la manière suivante : « pendant la nuit, pendant le jour, à tout moment dans l’année, car c’est ce qui en dépend ». Noter à la ligne 16 : la même formule abrégée : m grḥ m hrw m nw nb « la nuit, le jour, à tout moment ». Document 6 Le Rituel du culte divin journalier comporte un chapitre, intitulé « chapitre d’accéder au temple » dans la version du pBerlin 3055, VIII, 5-IX, 459, de la Troisième Période intermédiaire. M. A. Stadler60 en a retrouvé deux autres versions sur les parois du temple ptolémaïque et romain de Kôm Ombo. L’officiant demande à Amon (ou à un autre dieu) de le guider sur le chemin du sanctuaire : sqdd=j m wp.wꜢ.wt nn šnꜥ wj stnm wꜢ.wt (ou: wꜢ.wt(=j)) n61 hrw pn n grḥ pn Ꜣbd pn n rnp.t tn ẖr.t=s js (pBerlin 3055). et
(Kôm Ombo).
« Que je puisse naviguer en tant qu’Oupouaout sans que puisse me repousser celui qui contrarie les cheminements62 de (ou : qu’il y ait quelqu’un qui me repousse et qui contrarie (mes) cheminements) de ce jour-ci, de cette nuit-ci, de ce mois-ci, de cette année-ci et ce qui en dépend ».
La particule enclitique js est bien attestée comme coordonnant dans un autre chapitre du Rituel du culte divin journalier dans une expression remontant aux Textes des pyramides : nṯr.w nb.w kꜢ.(w)=sn js « les dieux et leurs ka » (XV, 7-8, voir ci-dessus)63. 59
A. Moret, op. cit., p. 79-81. M. A. Stadler, « Ein Spruch aus dem Amunsritual und seine Kom Ombo-Rezension », dans V. Lepper (éd.), Forschung in der Papyrussammlung: Ein Festgabe für das Neue Museum, 2012, p. 241-260, et p. 247 pour notre passage. 60
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Considérer comme une graphie de m, « en ce jour-ci, etc. » n’est pas a priori exclu dans le cas des versions ptolémaïques, mais peu vraisemblable s’agissant du pBerlin, où y voir la trace d’un génitif féminin pluriel originel paraît plus raisonnable. 62 stnm en relation avec wꜢ.wt est bien attesté dans les Textes des Sarcophages, voir CT VII, 310b et CT VII 519b : cf. P. Vernus, GM 258 (2019), p. 135. 63 En revanche, dans un autre passage du même chapitre, js enclitique paraît fonctionner plutôt comme morphème de comparaison : r῾ js n ptr n=f tm n qmꜢ-n=f « comme Rê pour celui
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Document 7 L’exceptionnel sarcophage d’Ânkhnesnéferibrê (Londres, BM EA 32) comporte nombre de textes d’origines diverses mobilisés pour aider la défunte à revivre dans l’au-delà. Parmi ces textes, le Rituel des heures du jour dont la version de la neuvième heure se termine ainsi : j mj n=j nb=j r῾ nḥm=k wj m-῾ ḫ.t nb(.t) ḏw(.t) nt hrw pn nt grḥ pn nt Ꜣbd pn nt rnp.t tn ẖr.t=s js
« Ô viens à moi, mon maître Rê ; puisses-tu me sauver de toute chose mauvaise de ce jour-ci, de cette nuit-ci, de ce mois-ci, de cette année-ci et ce qui en dépend » (sarcophage d’Ânkhnesnéferibrê, extérieur du couvercle, l. 129-13164).
Cet appel à Rê semble être une addition en vue de l’utilisation à fin funéraire du texte (M. Wagner, Der Sarkophag der Gottesgemahlin Anchnesneferibre [SsR 16], 2016, p. 144-145). Document 8 Par ailleurs, le sarcophage d’Ânkhnesnéferibrê comporte une version du Livre de transfigurer (sꜢḫ) un akhou65. nḥm=k s(j) m-῾ mt nb mt.t nb(.t) ḫfty nb ḫft(y).t nb(.t) Ꜣḫw nb Ꜣḫ.wt nb(.t) ḏꜢy nb ḏꜢy.t nb(.t) nsry.w nb nsry.(w)t nb(.t) nsr.t nb(.t) tꜢw nb wbd nb ḫ.t nb(.t) ḏw(.t) nt hrw pn grḥ pn nt Ꜣbd pn smd.t tn nt sjsn.t tn nt tr.wy nt rnp.t tn ẖr.t=s js
« Puisses-tu la protéger de tout mort, toute morte, tout ennemi, toute ennemie, tout akhou, toute akhout, tout adversaire, toute adversaire-femelle, tout opposant, toute opposante, toute flamme, toute chaleur, toute brûlure, toute chose mauvaise de ce jour-ci et cette nuit-ci, de ce mois-ci et de cette-fête-de-mi-mois-ci, de cette fêtedu-sixième-jour-ci, de tout moment66 de cette année-ci et ce qui en dépend » (sarcophage d’Ânkhnesnéferibrê, extérieur du couvercle, l. 149-15167). vers qui il (= Rê) jette le regard, et (comme) Atoum pour celui qu’il (= Atoum) a créé ». Le sens comparatif de js, suggéré par un relecteur, est réfuté par M. A. Stadler, op. cit., p. 249 n. 23, à tort me semble-t-il. 64 M. Wagner, Der Sarkophag der Gottesgemahlin Anchnesneferibre (SsR 16), 2016, p. 136, 138. 65 mḏꜢ.t nt sꜢḫ Ꜣḫ.w jry m pr-wsjr ḫnty-jmnty.w nṯr ῾Ꜣ nb Ꜣbḏw m ẖr.t nt r῾ nb « Livre de transfigurer un akhou qui est fait dans le temple d’Osiris-Khenty-imentyou, le dieu grand, maître d’Abydos au cours de chaque jour », voir M. Wagner, « Der Buch zur Verklärung des Ach », dans B. Backes, J. Dieleman (éd.), Liturgical Texts for Osiris and the Deceased in Late Period and Greco-Roman Egypt. Proceedings of the Colloquium at New York (ISAW) 6 May 2011, and Freudenstadt, 18-21 July 2012 (SsR 14), 2015, p. 199-200. 66 Pour l’expression tr.wy, voir O. Perdu, « Un témoignage inédit sur un grand dignitaire saïte : Le précepteur Horirâa », RdE 67 (2016), p. 100-101. 67 C. E. Sander-Hansen, op. cit., p. 56, l. 126 ; M. Wagner, Der Sarkophag der Gottesgemahlin Anchnesneferibre (SsR 16), 2016, p. 149, 154.
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Là encore, la série d’indications chronologiques est le propre de la version du sarcophage, les autres versions en sont dépourvues. Document 9 Dans un traité compilant des formules de caractère gynécologique, connu par un papyrus daté du Ve au IIIe siècle avant notre ère, une formule est destinée à une femme qui met au monde des enfants morts nés ou à tout le moins décédés durant la période perpuérale. Dans un passage, hélas lacunaire, est évoquée la préservation du ventre d’une femme contre des mauvais génies qui agissent : … m grḥ m hrw m nw nb m Ꜣbd pn m smd.t tn m rnp.t tn ẖr.t=s js
« … pendant la nuit, pendant le jour, à tout moment dans ce mois-ci, en cette fêtede-mi-mois-ci, en cette année-ci et ce qui en dépend » (pBrooklyn 47.218.2 IV, 168).
Document 10 La déesse dangereuse, qu’elle s’appelle Nekhbet, Bastet, Sakhmis ou autre, se manifeste, entre autres par sept flèches qu’elle décoche sous forme de génies redoutables69. Dans certaines versions, on dit de la quatrième de ces flèches : ntf sꜢ sḫm.t m rnp.t tn ẖr(.t)=s js/jsk « C’est lui le fils de Sakhmis en cette année-ci et ce qui en dépend ».
La version de Philae70 porte la leçon . La version de la chapelle osirienne ouest no 2 du temple de Dendara (Dendara X, 358, 9) indique . À noter que la même expression est utilisée dans la légende de la cinquième flèche (Dendara X, 359, 1). est rare71 en tant que particule de coordination enclitique. La graphie Bien que théoriquement la plus ancienne (k > ṯ), elle n’est pas attestée dans les Textes des pyramides, mais est connue dans les Textes des sarcophages (voir ci-dessus).
68 I. Guermeur, De la science sacerdotale en Égypte ancienne. Géographie sacrée, religion, magie et médecine (VIIe siècle AEC – Ier siècle EC), vol. 2, Le papyrus iatromagique de Brooklyn 47.218.2, mémoire HDR, 2016, p. 79. 69 V. Rondot, « Une monographie bubastite », BIFAO 89 (1989), p. 264-270 ; bibliographie complémentaire dans S. Cauville, Le temple de Dendara : Les chapelles osiriennes : Commentaire (BdÉ 118), 1997, p. 170 n. 353 ; voir, plus récemment, P. F. O’Rourke, A Royal Book of Protection of the Saite Period pBrooklyn 47.218.49 (YES 9), 2015, p. 12-15. 70 D’après J. Capart, CdE 15 (1940), p. 24. 71 A. Pries, Die Stundenwachen, p. 73, cité ci-dessus.
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Document 11 À ces documents, on ajoutera un autre texte, compilé dans le pSchmitt (pBerlin P. 3057), datable autour de l’an 300 avant notre ère. Il ne comporte pas la collocation rnp.t ẖr.t js, mais met en jeu la même particule enclitique de coordination js dans une énumération d’indications chronologiques, comme dans les cas précédents72. Dans une formule relevant de la formule des Transfigurations (sꜢḫw) II, l’officiant proclame son zèle73 à présenter l’offrande à toutes les occasions requises : nn sm[ḫ]=j ṯw nn wrd jb=j r pr.t-ḫrw n=k m Ꜣbd m smd.t m wꜢḥ-῾ḫ m wꜢg m ḏḥwt(y.)t m ḥn.t nt rnp.wt=k js m Ꜣbd.w=k
« Je ne t’oublierai pas, je ne serai pas insoucieux (litt. : mon esprit ne sera pas engourdi) de te faire une sortie à la voix à la fête du mois, à la fête de la mi-mois, à la fête de-placer-le-réchaud, à la fête-ouag, à la fête-de-Thot, et à l’occasion de la mise en place de tes fêtes annuelles, à tes fêtes mensuelles » (pSchmitt XXII, 32-3374).
Cette proclamation réutilise la formule 690 des Textes des pyramides75. À noter : – que les versions disponibles des Textes des pyramides (§2118b-c) n’utilisent pas la particule enclitique js. – que la particule enclitique js coordonne non pas un syntagme nominal, mais un syntagme adverbial ; voir ci-dessus.
72 Dans une stipulation des périodes où doit être effectué le Rituel de la confirmation de l’héritage, jsk suit jr.t m sḥ n smn jw῾ sk nsw ḥtp jm=f m ḥrw 5 ḥry.w rnp.t wp-rnp.t Ꜣbd 1 Ꜣḫ.t sw 9 « Accomplir dans le pavillon de Celui-dont-l’héritage-est confirmé, alors que le roi s’y trouve installé pendant les cinq jours épagomènes, le jour de l’an, et le neuvième jour du premier mois de la saison-de-l’inondation » (pBrooklyn 47.218.50, col. XVI, 8, J.-Cl. Goyon, Confirmation du pouvoir royal au nouvel an [Brooklyn Museum Papyri 47.218.50] [BdE 52], 1974, pl. XI). Il pourrait s’agir de la particule enclitique jsk coordonnant wp-rnp.t Ꜣbd 1 Ꜣḫ.t sw 9 à wp-rnp.t, plutôt que de l’auxiliaire d’énoncé jsk introduisant bꜢ.t m s.t tn. Toutefois, le fait que jsk ne soit pas rubriqué, alors que les indications chronologiques le sont, ne favorise pas cette interprétation. Voir col. XVI, 21, où les indications chronologiques ne sont pas rubriquées alors qu’est rubriqué jsk qui les suit (voir aussi jsk rubriqué col. XX, 4). 73 Pour la proclamation de l’officiant à n’être pas oublieux dans l’exécution des rites, voir P. Vernus, « Comment l’officiant du rituel proclame sa constance à en assurer la célébration : L’expression jwty ẖm=f/smẖ=f ḏ.t=f et ses variantes », dans A. Blöbaum, M. Eaton-Krauss, A. Wüthrich (éd.), Pérégrinations avec Erhart Graefe: Festschrift zu seinem 75. Geburtstag (ÄAT 87), 2018, p. 544-563. 74 B. Backes, Der „Papyrus Schmitt“ (Berlin P. 3057) (Ägyptische und Orientalische Papyri und Handschriften der Ägyptischen Museums und Papyrussamlung Berlin), 2016, p. 660-661. 75 J. Assmann, Altägyptische Totenliturgien, Band 3: Osirisliturgien in Papyri der Spätzeit, 2008, p. 364.
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§ 3 Conclusions Voilà donc documentée une expression avant tout utilisée dans la phraséologie prophylactique et qui vise à étendre la portée chronologique d’une formule de protection. Elle est fondée sur la coordination par la particule enclitique js/jsk/jsṯ d’un nom d’unité de temps, l’année, et de ẖr.t, nisbé féminin à sens neutre, formé sur la préposition ẖr, et substantivé ici76. Ce nisbé est associé, par ailleurs, à des noms d’unité de temps qu’il régit ; ainsi : ẖr.t hrw, ẖr.t Ꜣbd, ẖr.t rnp.t77. Il me paraît excessif dans de tels cas de suivre systématiquement la traduction « Bedarf » suggérée par le Wb (III, 391, 11-20)78. Comprendre simplement « ce qui relève/dépend-du-jour (/du mois de l’année), ce que comporte le jour (/le mois/l’année) » paraît raisonnable. Quoi qu’il en soit, ẖr.t, dans rnp.t tn ẖr.t=s js, fonctionne comme substantif à lui seul et, loin de régir rnp.t, comme dans le cas précédent, il lui est coordonné. Conformément au plus fréquent usage de la particule enclitique js/jsk/jsṯ, il représente ce qui relève/dépend du nom auquel il est coordonné : « cette année-ci et ce qui en dépend ». On peut se demander ce que signifie exactement l’indication « et ce qui en dépend ». Est-ce un simple élargissement phraséologique ? Le fait qu’elle n’accompagne que la mention de l’année et non pas celle du jour ou celle du mois, et le fait qu’elle figure dans des formules visant à la protection contre les être nuisibles – entre autres les émissaires de Sakhmis (documents 1, 10) – dont la nocivité était particulièrement aiguë à la fin de l’année suggèrent que les jours épagomènes étaient impliqués sous le vague de l’expression79. La coordination de syntagmes nominaux à l’aide de la particule enclitique js/jsk/jsṯ, remonte aux Textes des pyramides, où la particule a la forme jsṯ. Dans le cas de la collocation ẖr.t=s js, elle n’est attestée qu’à partir de la fin de la XVIIe et du début de la XVIIIe dynastie. Hasard de la documentation, ou la collocation procède-t-elle d’une création originale sur le modèle des corpus
76 L’interprétation comme préposition comme l’implique la traduction « which she is the master » de P. O’Rourke, op. cit., p. 14, est insoutenable au vu des parallèles. 77 Noter que ẖr.t rnp.t dans ῾b nb n ẖr.t rnp.t, figure dans le Livre de transfigurer un akhou (M. Wagner, op. cit., p. 149, l. 137), où est attesté par ailleurs rnp.t ẖr.t=s js (Document 8). 78 Observation faite par A. H. Gardiner, JEA 38 (1952), p. 21 n. 4. Pour prendre un exemple parmi bien d’autres, bꜢk.w=sn n ẖr(.t)-rnp.t signifie simplement « leurs tributs annuels » ou, à la limite, « leurs tributs des dus de l’année » et non pas « leurs tributs des besoins de l’année » (KRI II, 242:2). Même s’agissant de comptabilité, comme dans le cas de ẖr.t Ꜣbd, étudié par P. Posener-Krieger, Les archives du temple funéraire de Néferirkarê-Kakai (Les papyrus d’Abousir) (BdE 65), II, p. 408 n. 1, la notion de besoin est acceptable, mais sans plus, et comprendre simplement « ce qui relève du mois » demeure soutenable. 79 Bien vu par J. Borghouts, op. cit., p. 16 n. 25.
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les plus anciens80 (« égyptien de tradition productif ») ? Un passage des Textes des sarcophages pourrait fournir un indice possible de l’ancienneté d’une collocation rnp.t ẖr.t : « l’année et ce qui (en) dépend » sans la particule de coordination js/jsk/jsṯ : n wḏ῾ N pn m rnp.t ẖr.t « Ce N-ci ne sera pas jugé durant l’année et ce qui (en) dépend (? ou : ce qui suit ?) » (CT VI 163j, Sp. 565, trois versions).
Traduire rnp.t ẖr.t par « l’année inférieure/souterraine » est grammaticalement possible, mais franchement peu éclairant, à moins de comprendre qu’il s’agit de l’année passée sous terre. Le titre de la formule s’énonce en effet « Qu’un homme n’est pas jugé avec son ennemi dans la nécropole ». Cela posé, serait-il totalement exclu de comprendre « l’année et ce qui (en) dépend », un pronom anaphorique de rnp.t n’ayant pas été jugé nécessaire ? Précisément, ce pronom anaphorique est absent dans le plus ancien exemple assuré de la collocation (document 1). Solution proche : « l’année et ce qui suit », en évoquant mn.t ẖr.t «from now onwards » (I. E. S. Edwards, Hieratic Papyri in the British Museum Fourth Series, 1960, volume I, p. 43 n. 36).
80 L’énumération des différentes unités de temps afin d’étendre au maximum la validité des formules est très fréquente dans les textes rituels et magiques. Très significatif le fait que l’expression m hrw pn m grḥ pn m Ꜣbd pn m rnp.t tn m wnw.t [tn] « en ce jour-ci, en cette nuit-ci, en ce mois-ci, en cette année-ci, en [cette] heure[-]ci … etc. » se soit figée tardivement au point d’être écrite en hiératique dans un texte par ailleurs écrit en démotique, J. Dieleman, Priests, Tongue, and Rites: The London-Leiden Magical Manuscripts and Translation in Egyptian Ritual (100-300 CE) (Religions in the Greco-Roman World 153), 2005, p. 54 n. 27.
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