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French Pages 448
Du Champ de Mars mérovingien au Champ de Mai carolingien
Collection Haut Moyen Âge dirigée par Régine Le Jan 41
Du Champ de Mars mérovingien au Champ de Mai carolingien Éclairages sur un objet fugace et une réforme de Pépin, dit “le Bref”
Alain j. stoclet
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© 2020, Brepols Publishers n. v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. D/2020/0095/50 ISBN 978-2-503-58693-9 E-ISBN 978-2-503-58694-6 DOI 10.1484/M.HAMA-EB.5.118919 ISSN 1783-8711 eISSN 2294-8473 Printed in the EU on acid-free paper.
In memoriam Jackie Brunning († 9.X.2016) et Máirín Nic Dhiarmada († 9.VIII.2016)
« J’ai hazardé quelques conjectures, moins dans l’espoir de resoudre la question que dans l’intention de l’eclaircir et de la reduire à son véritable état » ( J.-J. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Préface)
Abréviations usuelles
a, accolé à un numéro de page (par ex. « p. 141a ») ais anc. ao auj. b, accolé à un numéro de page (par ex. « p. 141b ») comp. et al. fl. ibid. l. loc. cit. ms., mss. prol. r, après un numéro (de folio) r., suivi de dates scil. s. l. n. d. spéc. s. v. et s.vv. v, après un numéro (de folio) v. angl. vha.
première colonne, colonne de gauche annis, pluriel de ao/anno, ci-dessous anciennement anno, « en l’an » aujourd’hui deuxième colonne, colonne de droite composé et alii, « et d’autres » floruit, littéralement « il/elle brilla, il/elle se distingua » ibidem, « au même endroit » ligne(s) loco citato, « à l’endroit cité » manuscrit(s) prologue recto dates du règne scilicet, « à savoir », « c’est-à-dire » sans lieu ni date spécialement sub verbo, sub verbis, « aux mots » (renvoie à la vedette d’un dictionnaire, d’une encyclopédie, d’un index) verso vieil anglais vieux haut allemand
Remerciements
Ma première dette, c’est encore et toujours à Ann, dont je partage l’existence depuis près de quarante ans, que je la dois : à son écoute constamment attentive, à sa bonté, à son intelligence—c’est elle, notamment (pour ne citer qu’un détail entre mille) qui me fit remarquer que 35 et 42 sont tous deux multiples de sept, observation cruciale qu’il me fut ensuite donné de développer jusqu’à un certain point. En Máirín et Jackie, auxquelles ce livre est dédié, elle a perdu, tout récemment, ses amies les plus proches, qui furent aussi les miennes—exceptionnelles, exemplaires, à jamais regrettées. À la maladie qui finirait par l’emporter, Jackie opposa, des dizaines d’années durant, un stoïcisme inébranlable : elle assura jusqu’au bout et avec brio ses lourdes tâches de professeur de logique, en maintenant sur son état de santé la plus impénétrable des censures. Máirín était un soleil, une force, un pilier—un Irminsûl soutenant la voûte céleste. Avec sa disparition soudaine—on voudrait dire « injuste », si ce mot avait ici quelque sens—un monde s’est écroulé. Trois amies, catholiques et irlandaises, élevées dans une religion d’opprimés qui enseigne qu’il n’y a de valeur que dans le prochain, non dans l’accumulation : d’où le don de soi, cette générosité première, d’où aussi la modestie. Les personnels des bibliothèques de l’Université de Toronto—John P. Robarts Research Library, dont Interlibrary Loan (service de prêt interbibliothécaire), et Pontifical Institute of Mediaeval Studies Library, en particulier—ont également droit à ma plus vive reconnaissance : sans eux, sans les ressources qu’ils gèrent, je n’aurais pas écrit une page. Last but not least, je salue Régine le Jan, qui m’a fait l’honneur d’accueillir mon livre dans la collection qu’elle dirige avec l’efficacité que l’on sait et dont il m’est particulièrement agréable de rendre un témoignage reconnaissant.
Introduction
« Bien qu’elles soient au cœur de l’activité politique et administrative des [États] du Haut Moyen Âge, ou peut-être à cause de cela, les assemblées sont particulièrement difficiles à définir1. » Pour l’auteur de ce constat, cette difficulté tient au laconisme des sources, mais il suffit de parcourir l’historiographie moderne et contemporaine pour s’apercevoir que le choix consistant à traiter les assemblées « en général » ne contribue pas peu à cet état de choses. Conscients, peut-être, de cet écueil, Daniel Eichler et Levi Roach mirent à leurs études respectives, récentes l’une et l’autre, des bornes à la fois spatiales et temporelles : l’empire de Louis le Pieux, pour l’un, l’Angleterre depuis l’avènement d’Alfred le Grand jusqu’à celui de Sven (871-978), pour l’autre. Ici, c’est un autre critère, tiré des sources elles-mêmes, qui calibrera la démarche : le nom « Champ de Mars/Mai » et ses équivalents assurés. A priori moins arbitraire2, il semble toutefois qu’on puisse lui reprocher de l’être autrement, de façon plus subtile : en effet, les contours qu’il dessine dans la documentation ne correspondent pas nécessairement, d’une manière qui dispensât d’approfondir, à une réalité historique pareillement circonscrite. Dans la littérature, la question de la spécificité des Champs de Mars/Mai par rapport aux assemblées qui ne sont pas ainsi désignées ou qui n’ont pas lieu aux calendes de ces mois n’est guère posée : au contraire, il arrive fréquemment que l’on y appelle Champs de Mars ou de Mai toutes les assemblées sans distinction. Les « éclairages » apportés dans ces pages—et qui ne sont que cela—entendent combattre cet abus et rétablir un embryon de clarté. L’occurrence isolée du nom sous les Mérovingiens et sa réapparition, un peu plus soutenue quoiqu’éphémère, sous les premiers Carolingiens, à des époques, donc, en des contrées et dans des circonstances si éloignées de celles de sa première carrière, ne laissent pas d’étonner. Son berceau est romain, nul ne l’ignore. Il désigne d’abord « une plaine située sur la rive gauche du Tibre, qu’elle séparait de l’enceinte de la ville3 ». Consacré au dieu Mars, cet espace était, « avec le Forum, le principal foyer de la vie politique du
1 P. S. Barnwell, « Political Assemblies : Introduction », dans : Id. et M. Mostert (éd.), Political Assemblies in the Earlier Middle Ages, Turnhout, 2003 (Studies in the Early Middle Ages, 7), p. 1-10, p. 1. Il n’écrit pas « states », qu’il estime sans doute anachronique, mais son « units of governance » est à la fois lourd et intraduisible. 2 La monographie d’Eichler s‘expose tout particulièrement à ce reproche, car elle s’inscrit dans un programme de recherche à plusieurs mains sur le règne de Louis le Pieux, autour de la nouvelle édition de ses diplômes. En revanche, le choix de Roach paraît autonome. 3 E. Saglio, « Campus Martius », dans DAGR, I/2, 1887, p. 865-867, p. 866a.
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peuple romain4 ». « Dès que [celui-ci] s’assemblait en masse, que ce fût pour voter des lois, rendre des jugements, élire des magistrats, se former à la manœuvre, passer la revue des armes, procéder au recensement (census) ou à la purification générale (lustrum) qui le terminait, il était l’armée (exercitus), à qui il n’était pas permis de franchir [la] limite sacrée » ou pomerium formée par l’enceinte de la ville. « Il marchait sous les étendards, au son de la trompette, et se rangeait, selon les circonstances, soit par tribus formées de citoyens habitant un même quartier (tribus), soit par centuries composées d’hommes rapprochés par la fortune (comitia)5 ». L’association était si étroite entre l’institution et son écrin que, pour citer Cicéron6, on désignait ordinairement la première du nom du second, on « disait “Champ[-de-Mars]” pour “comices” » (campum appellare pro comitiis). Quelque six cents ans après la fin de la république romaine, ce même nom de Campus Martius refait surface sous la plume d’un prélat issu d’une vénérable et puissante famille sénatoriale, qui peuple de ses rejetons les hiérarchies du centre de la Gaule. Grégoire de Tours († 594) situe en effet au Champ de Mars le deuxième volet, sanglant, du différend qui, en 487/488, opposa Clovis à l’un de ses guerriers au sujet du vase de Soissons—le plus fameux, sans aucun doute, des récits qui composent les Dix livres d’histoires : « En ce temps, beaucoup d’églises furent pillées par l’armée de Clovis, parce qu’il était encore enveloppé dans les erreurs du fanatisme. C’est ainsi que les troupes avaient enlevé d’une église un vase d’une grandeur et d’une beauté merveilleuses, avec d’autres ornements servant au ministère ecclésiastique. L’évêque de cette église envoya donc des messagers au roi pour lui demander que, s’il ne lui était pas permis de recouvrer quelqu’autre des vases sacrés, du moins son église recouvrât-elle celui-ci. Ce qu’entendant le roi dit au messager : “Suis-nous jusqu’à Soissons, parce qu’on devra y partager tout ce qui a été pris et lorsque le sort m’aura donné ce vase, j’exécuterai ce que demande le [saint] père”. Puis, arrivant à Soissons, là où, au milieu (de tous), le butin était disposé, le roi dit, en désignant celui dont il vient d’être question : “Je vous prie, très valeureux guerriers, de ne pas vous opposer à ce que ce vase, à tout le moins, me soit concédé hors part”. À ces mots du roi, les plus sensés répondent : “Tout ce que nous voyons ici, glorieux roi, est à toi et nous-mêmes sommes soumis à ta domination. Fais donc maintenant ce qui convient à ton bon plaisir ; nul, en effet,
4 G. Lacour-Gayet, « Champ de Mars à Rome », dans : La Grande Encyclopédie. Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par une société de savants et de gens de lettres, X, Paris, s. d. [1890], p. 411-412, p. 412a. 5 E. Saglio, op. cit., p. 866a, d’après A. Castan, « Le Champ-de-Mars de Vesontio », dans Mémoires de la Société d’Émulation du Doubs, 4e série, 5, 1869, p. 13-48, consulté dans la Revue archéologique, N.S., 11e année, 21, 1870, p. 1-18 et 94-103, ici p. 3-7; aperçus plus récents dans C. Nicolet, Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris, 1976 (Bibliothèque des Histoires), passim, spéc. p. 88-90, 132, 334, 338, 340, 344, et dans A. Borlenghi, Il campus : organizzazione e funzione di un spazio pubblico in età romana. Le testimonianze in Italia e nelle Province occidentali, Rome, 2011 (Thiasos, 1), p. 83-104. 6 Cicéron, De oratore, 3.167, éd. H. Bornecque, trad. Id. et E. Courbaud, Cicéron, De l’orateur. III. Livre troisième, Paris, 1930 (CUFSL, 64), p. 67.
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ne pourra résister à ton pouvoir.” Or après qu’ils eurent ainsi parlé, un homme léger, jaloux et frivole, ayant levé sa hache à double tranchant, frappa le vase en criant à haute voix : “Tu n’auras rien ici que ce que le sort t’attribuera en effet”. À ces mots, qui stupéfièrent tout le monde, le roi contint son ressentiment avec une douce patience et, prenant le vase, il le rendit à l’envoyé ecclésiastique en gardant sa blessure cachée dans son cœur. Un an plus tard, il ordonna à toutes les troupes de venir avec leur équipement complet, afin de [lui] montrer l’éclat de leurs armes au Champ de Mars. Or, tandis qu’il se dispose à passer en revue tous les hommes, il s’approche du briseur de vase, et lui dit : “Personne n’a apporté des armes aussi négligées que les tiennes : ni ta lance, ni ton épée, ni ta hache ne te sont d’aucune utilité”. Et, saisissant sa hache, il la jette à terre. Comme l’autre se penche légèrement pour la ramasser, le roi, d’un coup bien asséné, lui plante la sienne propre dans la tête [lit. : « le roi, levant les mains l. p. sa hache d. l. t. »]. “Ainsi”, dit-il, “as-tu fait à Soissons avec le vase”. Quand l’homme fut mort, le roi ordonna aux autres de se retirer et par cet acte, il leur inspire une grande crainte à son égard7. » Un intervalle plus court sépare cette occurrence mérovingienne de la suivante, carolingienne : auteur d’une initiative sans précédent, Pépin abolit le Champ de Mars (qui n’est cité, nommément, qu’à cette occasion) et lui substitue un Champ de Mai. Pendant une vingtaine d’années, de 760 à 780 environ, ce nouveau nom émaillera son historiographie ainsi que celle de Charlemagne. Cette réforme n’est qu’une de celles que Pépin engagea avant et après son accession au trône en 751, qui, comme on sait, met fin à une continuité dynastique de plus d’un quart de millénaire. Aussi
7 Grégoire de Tours, Historiarum libri decem (HLD), 2.27, éd. B. Krusch et W. Levison, Gregorii episcopi Turonensis Libri historiarum x, Hanovre, 1951 (MGH SS rer. Merov., 1/1), p. 72-73 : Eo tempore multae aeclesiae a Chlodovecho exercitu depraedatae sunt, quia erat ille adhuc fanaticis erroribus involutus. Igitur de quadam eclesia urceum mirae magnitudinis ac pulchritudinis hostes abstulerant, cum reliqua eclesiastici ministerii ornamenta. Episcopus autem eclesiae illius missus ad regem dirigit, poscens, ut, si aliud de sacris vasis recipere non meretur, saltim vel urceum aeclesia sua reciperit. Haec audiens rex, ait nuntio : ‘Sequere nos usque Sexonas, quia ibi cuncta que adquisita sunt dividenda erunt. Cumque mihi vas illud sors dederit, quae papa poscit, adimpleam’. Dehinc adveniens Sexonas, cunctum onus praedae in medio positum, ait rex : ‘Rogo vos, o fortissimi proeliatores, ut saltim mihi vas istud—hoc enim de urceo supra memorato dicebat—extra partem concidere non abnuatis’. Haec regi dicente, illi quorum erat mens sanior aiunt : ‘Omnia, gloriose rex, quae cernimus, tua sunt, sed et nos ipsi tuo sumus dominio subiugati. Nunc quod tibi bene placitum viditur facito ; nullus enim potestati tuae resistere valet’. Cum haec ita dixissent, unus levis, invidus ac facilis, cum voce magna elevatam bipennem urceo inpulit, dicens : ‘Nihil hinc accipies, nisi quae tibi sors vera largitur’. Ad haec obstupefactis omnibus, rex iniuriam suam patientiae lenitate coercuit, acceptumque urceum nuntio eclesiastico reddidit, servans abditum sub pectore vulnus. Transacto vero anno, iussit omnem cum armorum apparatu advenire falangam, ostensuram in campo Marcio horum armorum nitorem. Verum ubi cunctus circuire diliberat, venit ad urcei percussorem ; cui ait : ‘Nullus tam inculta ut tu detulit arma ; nam neque tibi hasta neque gladius neque securis est utilis’. Et adpraehensam securem eius terrae deiecit. At ille cum paulolum inclinatus fuisset ad collegendum, rex, elevatis manibus, securem suam capite eius defixit. ‘Sic’, inquid, ‘tu Sexonas in urceo illo fecisti’. Quo mortuo, reliquos abscedere iubet, magnum sibi per hanc causam timorem statuens. La traduction est celle de R. Latouche, Grégoire de Tours, Hist. des Francs, Paris, 1963-1965 (CHFMA, 27 et 28), 1:115-116, corrigée en plusieurs endroits.
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considère-t-on, à tort ou à raison, que le changement est de l’essence de son règne. Peut-être, toutefois, s’agit-il plutôt, au même titre que la « décadence mérovingienne » qui le rend nécessaire, d’une simplification tendancieuse, voire d’une fable pure et simple, élaborée sous ses successeurs—à la cour, dans les églises, ou ailleurs—pour conforter leur légitimité. Dans le cas contraire, on peut raisonnablement se demander si ce changement répond, globalement comme dans ses diverses manifestations, à une nécessité autre que la consolidation du pouvoir. Il serait fort prématuré, vu l’état actuel des connaissances, de vouloir prendre position sur ces questions. On n’y parviendra peut-être qu’à condition d’avoir préalablement cerné au plus près chacune des réformes8 en question—de l’Église, de la liturgie9, de la monnaie10, des organes de gouvernement, pour ne citer que les plus notoires—, dont il reste à démontrer, par ailleurs, qu’elles s’articulèrent—ou non—au sein d’un programme préétabli ou cohérent. La première surpasse de loin les autres en importance car depuis toujours on voit en elle le marchepied par lequel Pépin monta sur le trône11—à tort, très probablement, car on n’a pas assez pris la mesure du travail de remodelage historique qu’entreprirent, dès la deuxième moitié du viiie siècle, les puissants gardiens de la mémoire de Boniface12 pas plus que l’on n’a vu que ses lettres, en particulier, ne peuvent se lire au premier degré sous peine de fausser gravement l’image que l’on doit, en bonne méthode, se faire de la transition dynastique. Le prochain volume de « Pépin »13 sera intégralement consacré à cet épineux problème. Celui-ci l’est à la quatrième des « réformes » précitées ou, plus précisément, au seul de ses aspects dont les contemporains aient jugé digne de perpétuer le souvenir. L’approche se veut
8 Les mises au point innombrables que cette notion a suscitées se méprennent pour la plupart quant à l’objectif qu’il conviendrait qu’elles se fixent : il ne s’agit pas tant de la définir que de mesurer la réalité, la nature et l’ampleur du changement, peu importe la manière dont on le désigne. Telle est l’emprise qu’exercent sur les esprits la réforme grégorienne ou celle, avec majuscule, dont Luther fut la figure de proue. 9 Voir D. J. DiCenso, « Revisiting the Admonitio generalis », dans : Id. et R. Maloy (éd.), Chant, Liturgy and the Inheritance of Rome. Essays in Honour of Joseph Dyer, Londres, 2017 (Henry Bradshaw Society. Subsidia, 8), p. 373-405, qui verse, cependant, dans un relativisme excessif. 10 Voir P. Breternitz, « Wann reformierte Pippin der Jüngere das fränkische Münzwesen ? », dans Francia, 43, 2016, p. 325-332. 11 Par ex. A. Kleinklausz, « Charles Martel et Pépin le Bref », dans : Ch. Bayet et al., Le Christianisme, les Barbares, Mérovingiens et Carolingiens, Paris, 1903 (Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution, 2), p. 257-279, p. 271 : « [Pépin] avait montré à l’Église son dévouement, en collaborant à la réforme que dirigeait Boniface. Chef des guerriers en même temps que protecteur des évêques, il était vraiment le roi : dès 742, un diplôme l’appelle “celui à qui le Seigneur a confié le soin de gouverner”. » 12 Timides incursions en ce sens : T. Reuter, « ‘Kirchenreform’ und ‘Kirchenpolitik’ im Zeitalter Karl Martells. Begriffe und Wirklichkeit », dans : J. Jarnut et al. (éd.), Karl Martell in seiner Zeit, Sigmaringen, 1994 (Beihefte der Francia, 37), p. 35-61 ; A. Dierkens, « Carolus monasteriorum multorum eversor et ecclesiasticarum pecuniarum in usus proprios commutator ? Notes sur la politique monastique du maire du palais Charles Martel », ibid., p. 277-294, p. 278. 13 A. J. Stoclet, Pépin, dit « le Bref ». II/b. L’Anti-Lesne, ou : Archevêques, métropolitains et conciles. Contributions à l’étude des cadres supérieurs de l’Église latine du vie au ixe siècle, en préparation. Pour un aperçu du projet, voir A. J. Stoclet, Fils du Martel : la naissance, l’éducation et la jeunesse de Pépin, dit « le Bref » (v. 714 - v. 741), Turnhout, 2013 (Histoires de famille : la parenté au Moyen Âge, 13), p. 9, n. 1 et p. 15 : il comportera quatre volumes chronologiques (v. 714 à v. 741, paru ; 741-751 ; 751-768 ; 768-) et plusieurs volumes d’études, dont L’Anti-Lesne et celui-ci, qui se rattachent, respectivement, au majordomat et au règne proprement dit.
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résolûment microscopique, soutenue par la conviction que le savoir ne se construit solidement que par les bases et qu’il y a trop souvent, aujourd’hui comme autrefois, une disproportion rédhibitoire entre l’ambition des thèses et le socle documentaire qui leur sert d’argument. Aux derniers siècles de la royauté, cet écart béait tel un gouffre. Du moins les grands précurseurs que furent Hotman († 1590), Boulainvilliers († 1722), Mably († 1785) ou Le Paige († 1802) avaient-ils l’excuse de défendre une grande cause—la souveraineté du peuple et/ou le tempérament de la monarchie—dans des circonstances difficiles qui les contraignaient à ruser et à prendre des libertés avec l’histoire : sous leur plume, elle n’était pas tant une redécouverte méthodique du passé pour lui-même qu’un reproche au présent, les assemblées franques ayant jadis donné au peuple la voix qu’aujourd’hui Louis XVI leur refusait14. Au xixe siècle, l’histoire se professionnalise et se dote d’un credo scientifique reposant sur la preuve et sa critique : ce nouveau souffle l’amène à modérer les élans de sa vocation réformatrice, même si « le progrès du genre humain », pour citer Gabriel Monod15, demeure l’un de ses objectifs. Depuis que les Lumières et la Révolution l’avaient assignée à son tribunal comme source première de tant des maux endémiques à l’Ancien Régime, la féodalité était en instruction dans ses chambres, objet d’une curiosité soutenue qui ne se démentirait plus. À côté des Smith, des Marx ou des Weber16, d’autres maîtres moins remarqués prirent part aux débats, tel Heinrich Brunner († 1915), dont la thèse fut vigoureusement discutée tout au long du xxe siècle … et finalement réfutée. D’après lui, le système honni aurait vu le jour lorsque Charles Martel, pour faire face au danger sarrasin, entreprit de remodeler l’armée franque, traditionnellement composée de fantassins : la cavalerie lourde qu’il créa, d’un coût exorbitant, serait financée par un montage inédit auquel on donnerait plus tard le nom de féodalité. Brunner trouva dans la réforme de Pépin un argument décisif, ce qui valut à celle-ci, pour la première fois,
14 L. Lemarié, Les assemblées franques et les historiens réformateurs du xviiie siècle, Paris, 1906 (thèse de doctorat, faculté de droit de l’Université de Paris). Sur cette tactique, voir notamment p. 65-66 (ou p. 101-102, 105, 112-113) : « Quand on prêche la restauration d’institutions jadis existantes, et qu’en fait, ces institutions, telles qu’on les dépeint, n’ont jamais existé, le but est atteint. Ce procédé masque la tendance révolutionnaire sous le voile trompeur d’idées conservatrices. Il est toujours adroit dans un temps où la liberté d’écrire n’existe pas. C’est le fait du xviiie siècle. » Sur Le Paige et Boulainvilliers, voir B. Kriegel, L’histoire à l’Âge classique, Paris, 1988 (Quadrige) , 3:67-76. Sur les « systèmes » historiques de Le Paige et Mably, ainsi que Moreau—parlementaire, républicain et absolutiste, respectivement—, voir K. M. Baker, « Memory and Practice : politics and the Representation of the Past in Eighteenth-Century France », dans Representations, 11, 1985, p. 134-164 (la place qu’y tiennent les Francs et leurs assemblées est discutée aux p. 145 [Le Paige], 149-151 [Mably] et 154-155 [Moreau, avec, aux dernières lignes de la p. 154, une belle comparaison des trois Charlemagne]). 15 G. Monod, « Introduction. Du progrès des études historiques en France depuis le xvie siècle », dans Revue historique 1/1, 1876, p. 5-38, p. 38, cité par O. Lévy-Dumoulin, « Rôle social de l’historien », dans : Chr. Delacroix, F. Dosse, P. Garcia et N. Offenstadt (éd.), Historiographies, concepts et débats, Paris, 2010 (Folio histoire, 179-180), p. 1223-1234, p. 1228. 16 S. Reynolds, Fiefs and Vassals : The Medieval Evidence Reinterpreted, Oxford, 1994, p. 7-8.
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une modeste notoriété dans les cercles autorisés : une armée qui dépend à ce point de la remonte doit forcément attendre que les prés reverdissent avant de se mettre en campagne et c’est sans aucun doute cet impératif qui contraignit le roi franc à retarder de deux mois—de mars à mai—la tenue de l’assemblée qui, chaque année, précédait ce départ. Avec le temps, les grands sujets demeurent, mais leur justification par les grandes causes perd de sa force, de son évidence et de son immédiateté. Des considérations plus terre-à-terre, autogènes ou de discipline, prennent le relais. Étudie-t-on les assemblées franques, qu’on le fait sous l’angle de l’espèce, sans se soucier outre mesure des distinctions, synchroniques ou diachroniques, qui ont pu compromettre son unité : sont-elles les lointains ancêtres de nos parlements17, la tribune de la volonté royale, celle de la résistance aristocratique ou celle de l’entente négociée entre ces parties18, faut-il y voir des institutions dignes d’un État ou des scènes primitives sur lesquelles se déroulent les rituels d’une société de vis-à-vis19, est-il possible ou même souhaitable d’en établir une typologie plus ou moins stricte20, etc.21 ? Les pages qui suivent ne feront qu’accessoirement référence à ces vues : je ne regarderai que ce qui est clairement regardable, mais je m’efforcerai de le bien regarder. Dans cette optique, je l’ai dit, le nom Campus Martius/Madius servira de fanal. Les textes retenus sont d’abord ceux qui le mentionnent explicitement, auxquels s’ajoutent, en vertu d’équivalences contemporaines, les attestations d’assemblées du premier mars/mai. Ceux-là sont narratifs, pour la plupart, ceux-ci juridiques. L’examen de ces témoignages—lois de Liutprand et de ses successeurs, diplômes mérovingiens et lombards, chronique de Nibelung, annales, vignette des « rois fainéants »—aux chapitres 3 à 5, formera le cœur du mémoire. Esquissée au chapitre premier, l’historiographie du sujet fut longtemps tributaire de sa lexicographie, fixée ne varietur par Du Cange—dès la fin du xviie siècle, donc. Et pour cause : dans les textes francs—mérovingien et carolingiens—, Campus Martius et son dérivé, Campus Madius, sont à peine plus que des noms, qui ne se rencontrent, de surcroît, qu’à d’assez rares reprises. Les différentes étymologies ou interprétations suggérées par Du Cange sont passées en revue ainsi que leur postérité. La toponymie, fréquemment invoquée à l’appui de la plus féconde d’entre elles et l’archéologie qui vient tardivement à son secours occupent une place prépondérante dans la discussion. Le chapitre 2 explore les racines romaines du Champ de Mars/Mai alto-médiéval en partant tacitement de l’hypothèse qu’une continuité au moins relative de la chose,
17 L. Roach, Kingship and Consent in Anglo-Saxon England, 871-978. Assemblies and the State in the Early Middle Ages, Cambridge, 2013 (CSMLT, 92), p. 1-2, présente ce questionnement comme dépassé. 18 Roach, op. cit., p. 3, 4 et 11-14. 19 Id., ibid., p. 15. 20 D. Eichler, Fränkische Reichsversammlungen unter Ludwig dem Frommen, Hanovre, 2007 (MGH Studien und Texte, 45), p. 4-6. 21 Bon aperçu récent : Chr. Wickham, « Consensus and Assemblies in the Romano-Germanic Kingdoms : a Comparative Approach », dans : V. Epp et Chr. H. F. Meyer (éd.), Recht und Konsens im frühen Mittelalter, Ostfildern, 2017 (Vorträge und Forschungen, 82), p. 389-426.
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de Constantin à Charlemagne, possède un plus haut degré de vraisemblance qu’un renouveau d’inspiration savante ou livresque. Cette enquête comporte deux volets : une liste brute de jalons potentiels, d’abord, assortie d’un bref commentaire ; une évocation des cérémonies impériales et royales d’inauguration, ensuite, l’accent étant mis sur les convergences qu’elles présentent avec les Champs de Mars/Mai. Le chapitre 6 et dernier revient sur la réforme de Pépin, envisagée au point de vue des motifs extrinsèques qui ont pu l’inspirer. La piste suivie n’est pas celle, militaire, de Brunner, abandonnée de longue date, mais celle, religieuse, qui cherche l’étincelle dans les exigences nouvelles d’un calendrier auquel le pouvoir civil est contraint de s’adapter : seront successivement étudiés sous cet angle les Quatre-Temps romains, dont l’inculturation est alors en cours, et les précurseurs supposés de deux des chefs d’accusation invoqués pour justifier la déposition de Louis le Pieux en 833. La graphie « Champ de Mars » a été préférée à « Champ-de-Mars », qui désigne un lieu, et à « Champ de mars », qui renvoie au mois (allem. « Märzfeld », angl. « Field of March »). « Mars » n’est pas nécessairement le dieu de ce nom (comme dans l’allem. « Marsfeld » ou l’angl. « Field of Mars ») : la majuscule aligne le second terme sur le premier et confère à l’ensemble la neutralité souhaitable.
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Prologue Du Campus Martius au Campus Madius : les témoignages
Textes Trois sources que l’on peut considérer en un sens comme originales rapportent la réforme de Pépin faisant du Champ de Mars un Champ de Mai : A. La chronique de Nibelung († av. 786) (désormais CF), qui prolonge celle de son père Childebrand, oncle de Pépin, et que l’on a longtemps présentée comme étant la troisième continuation de celle dite « de Frédégaire » ou « du Pseudo-Frédégaire »1 : Evoluto igitur anno, commoto omni exercito Francorum vel plurimum nationes, quod in regno suo commorabantur, usque ad Aurilianis veniens, ibi placitum suum campo Madio, quod ipse primus pro campo Martio pro utilitate Francorum instituit, tenens, multa munera a Francis vel proceris suis ditatus est2. « L’année suivante [766], ayant mis en branle toute l’armée des Francs et des peuples divers qui demeuraient dans son royaume, [Pépin] vint à Orléans et tint son plaid au Champ de Mai (le premier, il l’institua au lieu du Champ de Mars, pour l’utilité des Francs) ; il y reçut de nombreux présents des Francs et de ses grands. »
1 Sur Nibelung, voir Chr. Settipani et P. Van Kerrebrouck, La Préhistoire des Capétiens 481-987. Première partie. Mérovingiens, Carolingiens et Robertiens, Villeneuve d’Ascq, 1993 (Nouvelle histoire généalogique de l’auguste Maison de France, 1/1), p. 341-342, et Tableau 9, p. 434. Sur l’œuvre, R. Collins, Die Fredegar-Chroniken, Hanovre, 2007 (MGH Studien und Texte, 44), qui rejette la notion même de « continuations » : il n’y aurait pas eu un « noyau » mérovingien avec des « compléments », essentiellement carolingiens, comme dans la doctrine de Krusch et prédécesseurs, mais deux recensions radicalement différentes, celle de « Frédégaire » vers le milieu du viie s., et celle de Childebrand et Nibelung—l’Historia vel gesta Francorum (ainsi désignée dans le colophon qui sépare la contribution du père de celle du fils, Chronicarum quae dicuntur Fredegarii scholastici libri iv cum continuationibus, éd. B. Krusch, MGH SS rer. Merov., 2, Hanovre, 1888, p. 1-193, 182:15-16)—un siècle plus tard. On trouvera dans R. W. Burgess et M. Kulikowski, Mosaics of Time. The Latin Chronicle Traditions from the First Century bc to the Sixth Century ad. I. A Historical Introduction to the Chronicle Genre from its Origins to the High Middle Ages, Turnhout, 2013 (Studies in the Early Middle Ages, 33), p. 240-242 et 377-378, un bon résumé de Collins. Si, dans les pages qui suivent, la nomenclature de Krusch est parfois conservée, c’est plus par commodité que par conviction—il est vrai aussi que la théorie de Collins n’a guère d’incidence sur les problèmes qui y sont abordés. De même, le sigle CF pour Continuationes Fredegarii s’impose de préférence à CN, pour Chronique de Nibelung, parce qu’il sera constamment renvoyé à l’édition Krusch, incontournable, et à sa numérotation des chapitres. 2 CF, 48 (Krusch, 190:14-17).
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B. Les Annales dites « de Lorsch » (Annales Laureshamenses, désormais AL), en vertu des indications relatives à ce monastère et à ses origines aux années 761, 763, 764, 765, 771, 775, 778 et 7843 : 755. 14. Venit Tassilo, dux Bavarorum, ad Pippinum regem in tempore Martis campi. Et mutaverunt campum Martis in mensem Madium4. « 755. 14e année de règne. Tassilon, duc des Bavarois, se rendit auprès du roi Pépin, à l’époque du Champ de Mars. Et ils déplacèrent le Champ de Mars au mois de Mai. » C. Dans sa Vita Remigii (désormais VR), qu’il commença à rédiger avant 852 et révisa jusqu’à sa mort en 8825, Hincmar de Reims explique comme suit l’expression Campus Martius qui figure dans le fameux passage de Grégoire de Tours, HLD, 2.27, sur le vase de Soissons : Sic enim conventum illum vocabant a Marte, quem pagani deum belli credebant, a quo et Marcium mensem et tertiam feriam diem Martis appellaverunt ; quem conventum posteriores Franci Mai campum, quando reges ad bella solent procedere, vocari instituerunt6. « Ainsi appelaient-ils cette assemblée d’après Mars, que les païens tenaient pour le dieu de la guerre et pour lequel ils nommèrent le mois de mars et le Mardi, troisième jour de la semaine : plus tard, les Francs décidèrent d’appeler cette assemblée “Champ de Mai”, du moment de l’année où les rois ont coutume de partir en campagne. »
3 Sur les autres strates de ce texte, voir R. Pokorny, « Die Annales Laureshamenses in einer neu aufgefundenen Teilüberlieferung », dans DA, 69, 2013, p. 1-43, p. 6-9. Sur l’existence d’un état copié en 785, sans doute à Lorsch, et diffusé depuis ce même établissement : p. 8. 4 Annales Laureshamenses, ao 755, éd. R. Pokorny, ibid., p. 27-43, p. 38. 5 M.-C. Isaïa, « 9. The Bishop and the law, according to Hincmar’s Life of Saint Remigius », dans : R. Stone et Ch. West (éd.), Hincmar of Rheims, Life and Work, Manchester, 2015, p. 170-189, p. 171. 6 Hincmar de Reims, Vita Remigii episcopi Remensis, 11, éd. B. Krusch, MGH SS rer. Merov., 3, Hanovre, 1896, p. 239-349, 292:33-293:2. Le manuscrit 439 du Mont-Cassin (xie s.), renferme la glose suivante, très probablement dérivée de VR : Martius a Marte cui eum consecrauerunt, quia ipso tempore ad bella itur, ut eo tempore quo solent reges ad bella procedere (Glossae codicum Vaticani 3321, Sangallensis 912, Leidensis 67F, éd. G. Goetz, Leipzig, 1889 [Corpus Glossariorum Latinorum, 4], p. 114, note relative à la ligne 43). Sur la présence de VR au Mont-Cassin à cette époque, voir F. Newton, The Scriptorium and Library at Monte Cassino, 1058-1105, Cambridge, 1999 (Cambridge Studies in Palaeography and Codicology, 7), p. 251.
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Premiers commentaires À la suite de Du Cange7, mais en ne faisant que très rarement référence à lui, la plupart des historiens pensent que ces trois textes ont tous trait au même fait. Seul Ahrens8 semble être d’un autre avis. Il ne connaît pas AL (dont la découverte ne date que d’hier), mais, parmi ses nombreux dérivés, tous plus ou moins fautifs9, il jette son dévolu sur les Annales Mosellani, et soutient—en un développement spécifique10, distinct de sa thèse principale, relative à CF et VR—que le changement (mutaverunt) qu’elles rapportent concerne les frontières (marca) de la Bavière, non l’almanach royal. Aussi, Venit Dassilo ad Marcis campum et mutaverunt Marcam in mense Madio signifierait : « Tassilon vint au Champ de Mars [auprès de Pépin]. [Ensemble,] au mois de mai, ils modifièrent la frontière. » Avec Waitz11, on qualifiera cette interprétation de « surprenante ». On aurait tort de croire que la différence des dates assignées à la mesure de Pépin par CF (766)12, d’un côté, par AL et ses dérivés (755)13, de l’autre, est pour quelque chose dans le parti-pris d’Ahrens : il la passe absolument sous silence, comme s’il n’avait pas vu les remarques judicieuses de Ruinart/Bouquet dans l’apparat critique de leur édition de CF14, celle-là même qu’il a sous les yeux. Deux arguments militent en faveur de la chronologie haute. Premièrement, les effets de la décision de Pépin sont enregistrés par CF dès avant 766, en 76115, ainsi que Ruinart l’observe, et en 76316, à propos, respectivement, des assemblées de Düren17 et Nevers18. D’autre part, la proposition d’origine biblique (2 Sam 11,1 et 1 Chr 20,1) par laquelle Hincmar semble justifier le choix de mai pour le départ à la guerre, quando reges ad bella solent procedere, figure également dans un passage du chapitre 37 de CF19, qui relate le début de la 7 Ch. du Fresne, sieur du Cange, Observations et dissertations sur l’Histoire de S. Louys, Paris : Sébastien Mabre-Cramoisy, 1668, p. 152-153. 8 H. L. Ahrens, Ueber Namen und Zeit des Campus Martius der alten Franken, Hanovre, 1872 (Jahresbericht des Lyceums 1 zu Hannover), passim. 9 Sur cette filiation, voir R. Pokorny, Annales, passim. Il l’établit sur les bases solides qui faisaient jusqu’alors défaut, d’où les tâtonnements stériles de bon nombre d’érudits, dont H. L. Ahrens, op. cit., et M. Springer, « Jährliche Wiederkehr oder ganz anderes : Märzfeld oder Marsfeld ? », dans : P. Dilg, G. Keil et D.-R. Moser (éd.), Rhythmus und Säsonalität. Kongreßakten des 5. Symposions des Mediävistenverbandes in Göttingen 1993, Sigmaringen, 1995, p. 297-324, passim. 10 H. L. Ahrens, op. cit., p. 6-7. 11 G. Waitz, « 4. Der fränkische Campus Martius », dans : Id., « Kleine kritische Erörterungen », dans Forschungen zur deutschen Geschichte, 13, 1873, p. 489-506, ici p. 489-492, p. 491. 12 Regesta Imperii i Online (désormais RIiOnl), no 104a. 13 RIiOnl, no 76i. 14 Chronici Fredegariani continuati pars quarta, auctore anonymo, qui jussu Nibelungi scripsit, éd. Dom M. Bouquet d’après Dom Th. Ruinart, dans : Recueil des historiens des Gaules et de la France, V, éd. Dom M. Bouquet, Paris, 1744, p. 1-9, p. 7, note f. 15 CF, 42 (125) : ad campo Madio (Krusch, 186:29). 16 CF, 47 (130) : campo Madio (Krusch, 189:21). 17 RIiOnl, no 92i. 18 RIiOnl, no 96c. 19 CF, 37 (Krusch, 183:27-28). On la rencontre encore dans les Annales de Lorsch, ao 791 : « 791. Charles séjourna donc à Worms, et y célébra Pâques. ‘Au retour de l’année, au temps où les rois se mettent en campagne’, il lança son armée, une multitude innombrable, contre le peuple très orgueilleux des Avars »
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première campagne conduite par Pépin en Italie et qui fait suite à l’évocation d’une assemblée générale des Francs, intervenue aux calendes de mars20 de l’année 75421, sicut mos Francorum est (d’où, probablement, le secundum morem de VR, c. 11, inséré par Hincmar dans sa transcription par ailleurs très fidèle de Grégoire de Tours, HLD, 2.27). Si, donc, il est possible de faire un choix raisonné entre les deux alternatives (754/755 ou 766), l’incohérence dans CF demeure inexpliquée—sauf à suivre Springer22, qui retire au cousin de Pépin la paternité des passages contradictoires pour en faire des interpolations postérieures, mais sans l’ombre d’une preuve autre que le décalage de quelques dizaines d’années séparant rédaction et premiers témoins manuscrits. Un mot encore sur VR : la glose de Campus Martius oppose un « avant » placé sous le double signe du paganisme (pagani) et de la romanité (le nom même du dieu Mars est issu de cette tradition) à un « après » chrétien (l’inspiration du changement de nom est biblique, comme on vient de le voir) et franc (Franci). Ainsi
(Annales Laureshamenses. Pars altera a. 768-803, éd. G. H. Pertz, MGH SS, 1, Hanovre, 1826, p. 30-39, p. 34 : dccxci. Sic fuit rex Carlus in Wormacia, et ibi celebravit pascha. Et vertente anno, eo tempore quo solent reges ad bella procedere, movit exercitum suum, innumerabilem multitudinem, contra superbissimam gentem Avarorum). Et, de là, dans la Chronique de Moissac (Chronicon Moissiacense, éd. G. H. Pertz, MGH SS, 1, Hanovre, 1826, p. 282-313, p. 299 ; éd. W. Kettemann, dans Id., Subsidia Anianensia. Überlieferungs- und textkritische Untersuchungen zur Geschichte Witiza-Benedikts, seines Klosters Aniane, und zur sogenannte « anianischen Reform ». Mit kommentierte Editionen der « Vita Benedicti Anianensis », der « Notitia de servitio monasteriorum », des « Chronicon Moissiacense/Anianense », thèse de doctorat, Duisburg, 1999, Annexe 2, p. 59). Ni les Annales royales ni celles de Metz n’ont rien de semblable. L’énoncé des Annales dites « d’Éginhard », très différent, est en partie modelé sur César (aestatis initium, voir infra, § . 1.4) : « Quittant Worms après le printemps, vers le début de l’été, le roi se mit en campagne » (Annales qui dicuntur Einhardi, ao 791 = Annales regni Francorum inde ab a. 741 usque ad a. 829, qui dicuntur Annales Laurissenses Maiores et Einhardi, éd. G. H. Pertz et F. Kurze, Hanovre, 1895 [MGH SS rer. Germ., 6], p. 87 : Transacta verni temperie circa aestatis initium rex de Wormacia movens). Ces mêmes annales recèlent toutefois des échos plus discrets du verset : Redeunte anni congruo tempore […] Pippinus Aquitaniam repetit […] (ao 763, p. 21) ; Rex Pippinus, cum primum ad bellum gerendum tempus congruum esse videret, evocato undique exercitu, ad Santonicam civitatem contendit (ao 768, p. 27). L’expression tempus congruus, commune à ces deux passages, apparaît encore dans les Annales royales, ao 785 : « Alors le roi Charles […] pilla les Saxons, qui s’étaient rebellés […], il dégagea les routes de manière à [pouvoir], le moment venu, [lancer une grande offensive, lorsque le gros des troupes l’aurait rejoint] » (Annales regni Francorum, éd. G. H. Pertz et F. Kurze, p. 68 : Tunc domnus rex Carolus […] Saxones, qui rebelles fuerunt, depraedavit […] et vias mundavit ut dum tempus congruum venisset ; sur ces lignes, voir le commentaire infra, p. 151-153). 20 K. Mar. (Krusch, 183:25). Notons, par parenthèse, que Hincmar a pu lire K. Mai., une erreur qui est non seulement plausible mais que d’autres ont effectivement commise, voir H. L. Ahrens, Namen und Zeit, p. 8 et n. 21 ibid. Les gloses sur ce verset varient dans leur appréciation de la saison : celle du manuscrit de Reichenau, Karlsruhe, BLB, Aug. 135, contemporaine d’Hincmar, opte pour mars (Eo tempore quo solent reges .i. martio mense [Glossae biblicae, éd. P. Vaciago, Turnhout, 2004 (CCCM, 189), p. 129, l. 17]) ; celle du manuscrit de Milan, Bibl. Ambr., M 79 sup, plus récente de deux siècles, pour mai ou août (Eo tempore quo solent reges .i. maio mense uel augusto [Glossae biblicae, 50:31]) ; celle du manuscrit de Leiden, Bibl. der Rijksuniversiteit, B. P. L. 191, de la fin du Moyen Âge, pour mars ou août (Eo tempore quo solent reges ad bella procedere .i. martio mense uel augusto [Glossae biblicae, 535:15]). Sur la Glose ordinaire, voir infra, § 1.4. 21 RIiOnl, no 73g. 22 M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 313-315.
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rejoint-on avec Hincmar l’une des conclusions d’Ahrens23 : « La papauté et le clergé, avec lesquels, comme on sait, Pépin entretenait des liens fort étroits, n’auront pas manqué de faire valoir combien peu il seyait de nommer une institution d’une telle importance d’après un dieu païen. » Le 1er mars, qui fut aussi, à Rome, le premier jour de l’année (ce que rappelle le « calendrier royal » carolingien composé vers la fin du viiie siècle)24 et dont le rapport au Campus Martius sera examiné plus bas, avait mauvaise presse : les Pères de Quinisexte—ce concile « quasi-œcuménique » réuni à Constantinople en 691-692—exigèrent des fidèles qu’ils renonçassent absolument à le fêter, ainsi que les Kalendae, les Vota et les Brumalia25, vestiges tenaces de l’antique religion des Romains. Les prohibitions de cet ordre font partie depuis des siècles du répertoire de la parénèse chrétienne26, mais elles semblent alors connaître un regain de vigueur, tant en Orient qu’en Occident comme l’attestent les actes du concile romain de 74327 ainsi que la correspondance échangée en 751 entre Boniface et le pape Zacharie28. De plus, un quantième voué au dieu qui passait autrefois pour le père de Romulus29, pour celui de l’Empire30 ou encore pour celui de la plèbe romaine31, pouvait susciter une « profonde hostilité » chez les dirigeants laïques désireux d’affirmer une identité distincte, chrétienne et franque32. Dans la nouvelle nomenclature voulue par Charlemagne, Mars serait Lentzinmanoth, le « Mois du carême »33.
23 H. L. Ahrens, Namen und Zeit, p. 37. 24 Der karolingische Reichskalender und seine Überlieferung bis ins 12. Jahrhundert, éd. A. Borst, Hanovre, 2001 (MGH Libri memoriales, 2), p. 634-638. 25 Concilium Constantinopolitanum a. 691/2 in trullo habitum (Concilium Quinisextum), c. 62, éd. H. Ohme assisté de R. Floghaus et Ch. R. Kraus, Berlin et Boston, 2013 (Acta conciliorum œcumenicorum. Series secunda, 2/4), p. 48 ; Concilium Quinisextum. Das Konzil Quinisextum, éd. P.-P. Joannou et H. Ohme, trad. et comm. H. Ohme, Turnhout, 2006 (Fontes Christiani, 82), p. 254 et 255. 26 B. Filotas, Pagan Survivals, Superstitions and Popular Cultures in Early Medieval Pastoral Literature, Toronto, 2005 (Studies and Texts, 151), p. 155-172 ; M. Wallraff, « Neujahr », dans RAC, XXV, 2013, col. 878-891, col. 887. 27 Concilium Romanum ao 743, c. 9, éd. A. Werminghoff, Concilia aevi Karolini, Hanovre et Leipzig, 1906 et 1908 (MGH Conc., 2 = MGH LL [in-4o], sect. 3, 2), no 3, 1:9-32, p. 15-16 : Si quis Kalendas Ianuarias et bromas colere praesumpserit etc. 28 S. Bonifatii et Lulli epistolae (BLE) 50 et 51, éd. M. Tangl, Berlin, 1916 (MGH Epp. selectae, 1), p. 84, l. 18 à 85, l. 15 et p. 90, l. 20 à 91, l. 7. 29 Tite-Live († 17 après J.-C.), Hist. romaine, préface, éd. J. Bayet, trad. G. Baillet, Paris, 1967 (CUFSL, 96), p. 3 ; Censorinus (vers 200 d. n. è.), De die natali liber ad Q. Caerellium, 18.2, éd. N. Sallmann, Leipzig, 1983 (BSGRT), p. 40. 30 Tite-Live, op. cit., loc. cit. ; Valère Maxime, Factorum et dictorum memorabilium libri ix (comp. 24 × 31), 2.7.7, éd. et trad. D. R. Shackleton Bailey, Valerius Maximus, Memorable Doings and Sayings, Cambridge (MA, USA) et Londres, 2000 (LCL, 492-493), 1:186. 31 Symmaque († 402/403), Relationes, 9.6 et 47.2, éd., trad. et comm. J.-P. Callu, Symmaque, Discours Rapports, Paris, 2009 (CUFSL, 394), p. 91 et 142. 32 Sur ce point, voir A. J. Stoclet, Fils du Martel, p. 132-133 et 176-177. 33 Éginhard, Vita Karoli Magni (VKM), 29, éd. G. H. Pertz, G. Waitz et O. Holder-Egger, Einhardi Vita Karoli Magni, Hanovre et Leipzig, 61911 (MGH SS rer. Germ., 25), p. 33, l. 22 ; éd. et trad. L. Halphen, Éginhard, Vie de Charlemagne, Paris, 1967 (CHFMA, 13), p. 82. Ce passage connut également une diffusion indépendante : M. M. Tischler, Einharts Vita Karoli. Studien zur Entstehung, Überlieferung und Rezeption, Hanovre, 2001 (MGH Schriften, 48), p. 45-52.
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Chapitre 1
Historiographie
On croira volontiers que l’histoire—celle, du moins, qui implique une certaine mise à distance, par l’observateur, de la chose observée—n’a pas attendu l’avènement de l’imprimerie pour s’emparer des Champs de Mars/Mai carolingiens. Je laisse de côté la phase médiévale de cette intellectualisation—très largement inexplorée au demeurant mais qui ne paraît pas avoir eu de prolongements significatifs—pour ne considérer que celles, moderne et contemporaine, dont l’apport n’a rien de conjectural. Pour la période antérieure à 1719, Jacques Lelong fournit, dans sa Bibliothèque historique de la France, les références de quelques ouvrages, en majorité manuscrits1, qui pourraient intéresser notre propos. Les sections contenant ces indications s’intitulent : « Traitez et Proces verbaux des Etats Generaux du Roïaume de France, et des Assemblees des Notables2 », et « Traitez et Histoires des Parlemens de France3 ». Ce répertoire, faut-il le dire, n’est nullement exhaustif : ainsi, par exemple, le Franco-Gallia de François Hotman (1573) y est-il dûment inscrit, non sa traduction par Simon Goulart, La Gaule française (1574)—les assemblées mérovingiennes et carolingiennes, celles du 1er mai notamment, y sont mentionnées à plusieurs reprises4. Mais surtout, Du Cange est omis, lui qui exercera pourtant sur la suite des recherches une influence capitale.
1 Et « conservés dans la Bibliothèque de M. le Chancelier [Pierre] Séguier », que celui-ci, décédé en 1672, avait léguée au duc Henri-Charles de Coislin, d’où elle passa ensuite à Saint-Germain-des-Prés, puis, après 1793, à la Bibliothèque Royale, aujourd’hui Nationale. 2 J. Lelong, Bibliothèque historique de la France, contenant le catalogue de tous les ouvrages tant imprimez que manuscrits qui traitent de l’histoire de ce roïaume ou qui y ont rapport, Paris, 1719, livre III, chapitre v, article ii, § iv, p. 580, nos 11226-11239. Deux exemples : De l’Origine de la Convocation des trois États sous la première & seconde Lignée de nos Rois (11227) et Recueil de l’Origine de la Convocation des trois États de France, depuis Charles Martel, Maire du Palais, jusqu’aux États de Blois sous Henry III (11228). 3 Id., ibid., livre III, chapitre vi, article v, § iii, p. 720, nos 14088 (Gérard Du Bois, Dissertatio de variis Tribunalium generibus, Judiciorumque, seu de diversis Jurisdicendi rationibus apud Francos, a prima gentis origine = Id., Histoire de l’Église de Paris, II, Paris 1710, livre XVII, c. 3) et 14089 (Recherches touchant la Justice Roïale durant les trois Races, ou de la véritable origine du Parlement) . 4 F. Hotman, La Gaule française, Cologne, 1574, p. 93, 94, 101, 102 et 103. Plus récentes que Lelong, les bibliographies de deux ouvrages signalés par L. Lemarié, Assemblées, p. 142, n. 1, Des états généraux et de leur convocation (p. 69-80) et Chronologie raisonnée des états généraux les plus intéressants, apparemment dues à un libraire soucieux de faire la promotion de son fonds, se ressentent beaucoup de cet amateurisme, de cette paternité plus commerciale que scientifique.
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1.1. Du Cange On ne dira jamais assez ce que doivent à Du Cange les études médiévales en général, par-delà les bornes étroites de la lexicographie. Tout ce que l’on a écrit, depuis, sur le Campus Martius des Francs, ou presque, trouve son origine dans sa Dissertation ou dans les pages de son Glossarium—une dette qui n’est que très rarement avouée par ceux-là même qui la contractent (Boucher d’Argis et Dumont étant les exceptions qui confirment la règle5). La Dissertation commence ainsi6 : « Dans le premier établissement de la monarchie françoise, nos roys ont choisi une saison de l’année pour faire des assemblées générales de leurs peuples, pour y recevoir leurs plaintes, et pour y faire de nouveaux reglemens et de nouvelles loix, qui devoient estre receuës d’un consentement universel. Ils y faisoient encore une reveuë exacte de leurs troupes et de leurs soldats, acause dequoy quelques auteurs ont écrit que ces assemblées furent nommées champs de Mars, du nom de la déité qui présidoit à la guerre. Grégoire de Tours, parlant de Clovis : “Transacto vero anno, jussit omnem cum armorum apparatu advenire phalangam, ostensuram in campo Martio suorum armorum nitorem.” Et veritablement il semble que nos François donnerent ce nom à ces reveuës generales des troupes, à l’exemple des Romains, qui avoient coûtume de les faire dans le champ de Mars, proche de la ville de Rome, et où ils exerçoient ordinairement leurs soldats ; d’où vient que nous lisons que la plupart des grandes villes des provinces qui leur ont appartenu ont eu près de leurs murs ces champs de Mars, à l’imitation de celle de Rome [suivent plusieurs exemples, avec références]. Mais il est bien plus probable que ces assemblées furent ainsi nommées parce qu’elles se faisoient au commencement du mois de mars. […]. » De ces quelques lignes fondatrices, on retiendra d’abord que, pour leur auteur, l’expression Campus Martius désigne clairement, à l’époque franque, une assemblée générale des peuples, convoquée annuellement par le roi et qui possède une triple vocation judiciaire, législative et militaire. Cette façon de voir sera, ensuite, très largement partagée7. Mais il
5 A.-G. Boucher d’Argis, « Champ de Mars ou de May », dans : Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers […] mis en ordre et publié par M. [D.] Diderot […] et M. [ J. le Rond] d’Alembert, Paris, 1751-1765, III, 1753, p. 76, et É. Dumont, « Cours d’histoire de France. Vingt-unième leçon », dans L’Université catholique : revue religieuse, philosophique, scientifique et littéraire, 12, 1841, p. 428-438, p. 435, n. 3. 6 Ch. Du Cange, Observations, p. 152. 7 On la retrouve notamment chez A.-G. Boucher d’Argis, Champ de Mars ; H. L. Ahrens, Namen und Zeit, spéc. p. 9 (« la présence du peuple ou de l’armée » est un « critère essentiel » du Campus Martius) ; M. Prou, « Assemblées. v. Assemblées mérovingiennes et carolingiennes », dans : La Grande Encyclopédie. Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par une société de savants et de gens de lettres, IV, Paris, s. d. [1887], p. 194-195, p. 194a ; L. Halphen, Charlemagne et l’empire carolingien, Paris, 1947 (L’évolution de l’humanité, 33), p. 161 ; ou encore Bleiber, Ewig et Schulze cités par M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 297-298.
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est aussi des voix discordantes. Celle de Dumont8 est la plus radicale : « Nous avons le droit de nier l’institution dans la Gaule franque », écrit-il9, car comme il n’y a guère à cette époque, de « nation », il ne peut y avoir d’« assemblée nationale » ou, pour reprendre la formulation de Boucher d’Argis (qui s’écartait sur ce point précis de Du Cange), d’« assemblée générale de la nation ». Un courant plus porteur accorde—arbitrairement—la priorité plus ou moins exclusive à l’élément militaire10. C’est principalement sur la nature de l’assemblée que les opinions diffèrent. On ne la cernera qu’au prix d’un inventaire critique de l’ensemble de la documentation mérovingienne et carolingienne : Bachrach prétend l’avoir dressé11 mais il suffit de comparer sa liste de sources à celle d’Ahrens12 pour se convaincre du contraire. Il n’est pas à propos de remédier ici à cette lacune. On retiendra en outre qu’après Hincmar, Du Cange pose le premier la question qui, à tort ou à raison, orientera la suite des débats : d’où les assemblées franques dites Campus Martius tirent-elles leur nom ? Les réponses qu’il y apporte—le dieu, le lieu, le mois—n’auront pas moins d’impact.
1.2. Du Campus Martius en tant que lieu 1.2.1. L’ombre de Du Cange
Commençons par « le lieu », même si, a priori, on voit mal comment cette solution pourrait éclairer la réforme de Pépin. L’évocation, par Du Cange, du « champ de Mars, proche de la ville de Rome » et de ses avatars provinciaux rencontra un très large écho, généralement positif13 (non, toutefois, chez Boucher d’Argis : dans un de ses rares apports personnels, il déclare ce rapprochement « sans fondement14 »). À l’instar d’Ahrens, les plus chauds partisans de cette option sont muets sur sa paternité. S’autorisant du Campus Martius de Rome et du Chamars de Besançon, Levillain soutient que « c’est du nom du lieu où les troupes se rassemblaient que
8 É. Dumont, Cours 21, p. 433-437 (voir égalem. Id., « Cours d’histoire de France. Vingt-troisième leçon », dans L’Université catholique etc., 13, 1842, p. 256-264, p. 263a), probablement dérivée de J.-N. Moreau, Principes de morale, de politique et de droit publics puisés dans l’histoire de notre monarchie ou Discours sur l’histoire de France, Paris, 1777-1789, III, 1777, p. 124-125. 9 É. Dumont, Cours 21, p. 436b. 10 Ainsi, par ex., É. Dumont, op. cit., p. 435a et n. 3, ibid. ; H. Brunner, « Der Reiterdienst und die Anfänge des Lehnswesens », dans ZRG Germ., 8, 1887, p. 1-38 ; L. Levillain, « Campus Martius », dans BEC, 107, 1948, p. 62-68, d’où B. Bachrach, « Was the Marchfield Part of the Frankish Constitution ? », dans Medieval Studies, 36, 1974, p. 178-185 ; M. Weidemann, Kulturgeschichte der Merowingerzeit nach den Werken Gregors von Tours, Mayence, 1982 (Römisch-germanisches Zentralmuseum. Forschungsinstitut für Vor- und Frühgeschichte. Monographien, 3), 1:351, no 1. 11 B. Bachrach, op. cit., p. 179 : « In the present study, all of the evidence has been brought together. » 12 H. L. Ahrens, Namen und Zeit. 13 Par ex. É. Dumont, Cours 21, p. 435a, à propos de Grégoire de Tours, HLD, 2.27 ; H. L. Ahrens, op. cit., p. 16, qui donne de surcroît à quelques occurrences carolingiennes un sens topographique alors que leur énoncé est au mieux ambigü. 14 A.-G. Boucher d’Argis, Champ de Mars.
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l’assemblée annuelle des Francs prit le sien15 », sans s’apercevoir que le reste de son travail, consacré à la réfutation de Brunner, suppose au contraire que c’est le nom du mois qui fut déterminant. Cette étourderie, signe de son grand âge, ne l’empêchera pas de faire des adeptes16. Springer va plus loin : il n’hésite pas à expliquer le Champ de Mai de façon analogue17 ! 1.2.2. Du cœur de la Rome républicaine aux camps militaires de l’Antiquité tardive
On a dit ce que fut le Champ-de-Mars à son apogée, à Rome, sous la République, et à quel point le lieu était alors identifié aux activités—politiques, militaires et judiciaires—qui s’y déroulaient18. Bien plus tard, à une époque où l’Empire se réinvente en profondeur, Lactance († v. 325) semble faire écho à Cicéron lorsqu’il utilise Campus Martius dans un sens qui n’est pas topographique : « Peu après, [en 310], Maximin écrit [à Galère] comme [?] pour lui annoncer qu’il a été appelé Auguste par l’armée à l’occasion du Champ de Mars qui vient de se tenir19 ». Courante du vivant du grand orateur, au dernier siècle de la République, la métonymie (« [on] disait “Champ[-de-Mars]” pour “comices” ») conserve donc toute sa vigueur trois siècles plus tard, sans doute parce que son emploi était beaucoup plus répandu ou constant que ne le laisserait supposer sa très modeste empreinte textuelle. Elle est aussi éminemment adaptable : l’exercitus de Maximin n’a plus grand’chose à voir avec la formation citoyenne de l’époque républicaine et la scène se déroule loin de Rome, dans la partie orientale de l’Empire. De surcroît, dans la capitale même, le Champ de Mars n’est plus hors les murs depuis qu’Aurélien (270-275) en avait fait bâtir de
15 L. Levillain, Campus Martius, p. 62-63. 16 B. Bachrach, Marchfield, p. 180, et M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 307 (à propos de Grégoire de Tours, HLD, 2.27) ainsi que « Märzfeld », dans RGA, XIX, 2001, p. 113-116, p. 114, entre autres. 17 M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 314-315. 18 Voir supra, Introduction, p. 13-14. 19 Lactance, De mortibus persecutorum, 32.5, éd. et trad. J. L. Creed, Oxford, 1984, p. 50 : Maximinus postmodum scribit quasi nuntians in campo Martio proxime celebrato Augustum se ab exercitu nuncupatum. Ce qui donne, chez J. Moreau, Paris, 1954 (SC, 39), p. 115 : « Peu après, Maximin écrit [à Galère] pour lui annoncer que, dans une assemblée qu’elle vient de tenir, l’armée l’a proclamé Auguste. » Les traductions de W. Fletcher, Édimbourg, 1871 (Anti-Nicene Christian Library, 22), p. 194, J. L. Creed, p. 51, et A. Städele, Turnhout, 2003 (Fontes christiani, 43), p. 177, s’accordent avec celle-ci, avec quelques nuances toutefois, puisqu’à l’« assemblée » de Moreau et Creed correspondent, chez Fletcher, « la dernière revue générale », « the last general muster », et chez Städele, une « fête militaire », « bei einer militärischen Feier ». En revanche, M. F. McDonald, Washington D. C., 1965 (The Fathers of the Church), p. 117-203, p. 178, a compris que Maximin écrit « comme s’il faisait une annonce au Champ-de-Mars », « as though making an announcement in the Campus Martius » [!], tandis que, pour W. Kuhoff, Diokletian und die Epoche der Tetrarchie. Das römische Reich zwischen Krisenbewältigung und Neuaufbau (284-313 n. Chr.), Francfort/ Main etc., 2001, p. 862, c’est sur le site même de sa victoire sur les Perses, sur le « champ de bataille », donc, que Maximin Daïa aurait été élevé à la dignité suprême—à quoi l’on objectera, primo, qu’il n’y a pas d’autre exemple de cette acception, et, secundo, que le verbe celebrare n’est pas compatible avec elle.
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nouveaux, d’un périmètre supérieur aux anciens20. Ainsi s’achève, quelques décennies avant l’accession de Maximin, sa lente métamorphose, la perte progressive de tous les attributs qui avaient fait sa spécificité : l’éloignement toujours plus grand des théâtres d’opérations militaires, qui s’accélère avec les Guerres Puniques, ses implications pour la composition des armées comme pour la taille et la rotation des effectifs font que la plaine tibérine cesse d’accueillir une ou deux fois par an la foule des combattants en ordre de marche comme jadis, lorsque les guerres étaient proches et saisonnières21 ; en même temps, les constructions de toutes sortes—des sanctuaires, puis des édifices voués aux spectacles, des îlots d’appartements, enfin—rares, d’abord, réduisent petit à petit l’espace disponible pour ces évolutions et finissent par le recouvrir tout entier22 ; quant aux élections, la fin de la République en sonne peu ou prou le glas23. Aussi, au moment où Rome est en mesure d’exporter dans tout l’Occident son modèle d’urbanisme ou quelques uns de ses linéaments24, au début de l’Empire donc, le Champ de Mars n’est-il déjà plus que l’ombre de lui-même. C’est ce dont se sont trop peu avisés les érudits dont on va parler à l’instant, éblouis qu’ils étaient par la grandeur de la ville des Césars. 1.2.3. En province : un mirage de l’historiographie médiévale et moderne ?
Est-il vraiment nécessaire, vu la souplesse de l’usage attesté par Lactance, de rapporter la longévité du nom à une multiplicité des référents, à des Campus Martius provinciaux copiés sur l’original romain ? Surtout, l’existence de ces derniers est-elle bien certaine ? Ne sommes-nous pas plutôt, dans nombre de cas, en présence, non d’une imitation littérale ou historique de la capitale impériale, mais d’une fiction éclose dans le contexte de rivalités locales plus ou moins tardives ? Tournai et Trèves ne se paraient-elles pas au Moyen Âge du titre pompeux de « nouvelle » ou « deuxième
20 M. T. D’Alessio, « Region IX. Circus Flaminius », dans : A. Carandini et P. Carafa (éd.), The Atlas of Ancient Rome. Biography and Portraits of the City, Princeton et Oxford, 2017, 1:493-541, p. 521, avec la Table II au début du t. II ; P. W. Jacobs II et D. Atnally Conlin, Campus Martius. The Field of Mars in the Life of Ancient Rome, Cambridge, 2014, p. 5 et 162. Déjà, sous Auguste, la création de la Regio IX avait donné lieu, « pour la première fois, à une planification urbaine propre et véritable » de cette étendue : D’Alessio, p. 506-507 de l’édition italienne. 21 P. W. Jacobs II et D. Atnally Conlin, op. cit., p. 23-25 et 166. 22 Les Tab. 207, 208, 214, 222 et 232 au t. II de l’Atlas of Ancient Rome illustrent à merveille les différentes phases de cet encombrement ; voir en outre P. W. Jacobs II et D. Atnally Conlin, op. cit., passim et p. 165-171 (récapitulation). 23 M. T. D’Alessio, op. cit., p. 512b, observe, à propos de l’enclos projeté par César et réalisé à la génération suivante par Agrippa (saepta Julia), qu’il « était désormais presqu’entièrement dépouillé de sa signification politique » et qu’il abritait « diverses activités sans lien avec sa fonction d’origine » ; P. W. Jacobs II et D. Atnally Conlin, op. cit., p. 170, qu’il « fut transformé en un autre site pour divertissements », « le vote ayant perdu de son importance à l’époque impériale ». 24 Phénomène dont la réalité même et l’ampleur sont battues en brêche, les certitudes d’autrefois ayant fait place, plus récemment, à un scepticisme très argumenté : E. Dench, Empire and Political Cultures in the Roman World, Cambridge, 2018 (Key Themes in Ancient History), p. 63-73, spéc., sur la période impériale, p. 71-72.
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Rome »25, très tôt tourné en dérision26 ? Et que dire de celui qu’un poète du cru octroierait à Besançon au tout début du xviie siècle : « Celtica Roma ego sum. […] / […] / Sique habuit Campum Martis Roma una, & arenas, / Haec mihi, Romae ut sis aemula, dixit habe. […]27 » ? « C’est moi [dit Besançon] qui suis la Rome celtique. […] Si Rome posséda un Champ-de-Mars et des arènes, ces choses, elle me dit de les avoir aussi, pour être son émule. […]. » Les ambitions supra-régionales de Trèves, qui, sous les empereurs saliens, répondent à celles de Cologne et Mayence, incitent les historiens de la métropole mosellane à lui fabriquer une romanité d’autant plus étonnante qu’elle se veut … préromaine !!! Encore visibles ou inventés pour la cause, les vestiges d’époque impériale sont réattribués aux premiers descendants du fondateur éponyme, Trebeta, censé avoir posé la première pierre « l’an 1250 avant la création de Rome28 ». Tels la Porta Nigra, toujours debout, ou « l’esplanade, vaste en longueur et en largeur, qu’ils appelaient “de Mars”, qui s’étendait devant la Porte et où les jeunes recrues apprenaient le maniement des armes29 ». À Besançon, les enjeux sont beaucoup plus modestes, c’est presque une querelle de clocher qui déclenche le réflexe d’identification à Rome. L’honneur de la ville venait d’être mis à mal par Louis Gollut, auteur d’une première histoire de la Franche-Comté : il lui « disputait […] le titre de capitale du comté de Bourgogne pour en décorer Dôle30 », dont il était originaire. L’ouvrage de Gollut fut interdit à la vente par les magistrats de Besançon31 et Jean-Jacques Chifflet se fit fort d’y répondre en prenant le contre-pied de l’historien dolois : à sa « celtomanie », très en vogue32 et nettement anti-romaine, il opposa une reconstitution de l’antique Besançon idéalisée en une sorte de Rome-sur-Doubs, ce qui lui valut d’être fait citoyen d’honneur de la ville des papes33.
25 W. Hammer, « The Concept of the New or Second Rome in the Middle Ages », dans Speculum, 19, 1944, p. 50-62, p. 57-60 et 61. 26 Id., ibid., p. 61, à propos de Tournai. 27 Gaspar Despototius, Carmen gratulatorium, dans J.-J. Chifflet, Vesontio civitas imperialis libera, Sequanorum metropolis. Plurimis, nec vulgaribus sacrae prophanaeque historia monumentis illustrata, et in duas partes distincta, Lyon, 1618, parmi les pièces liminaires, non paginées. 28 Gesta Treverorum (comp. 1072-1150, GQDMA), 2, éd. G. Waitz, MGH SS, 8, Hanovre, 1848, p. 130-200, p. 130, l. 24. 29 Ibid., 3 (Waitz, 131:25-26). 30 E. Bousson de Mairet, « Notice biographique et littéraire sur Gollut », dans : L. Gollut, Les mémoires historiques de la république séquanoise et des princes de la Franche-Comté de Bourgogne. Nouvelle édition, corrigée sur les documents contemporains et enrichie de notes et éclaircissements historiques, Arbois, 1846, p. vii-xvi, p. xi. 31 Id., ibid. 32 C.-G. Dubois, Celtes et Gaulois au xvie siècle. Le développement littéraire d’un mythe nationaliste, Paris, 1972 (De Pétrarque à Descartes, 28), passim (le terme apparaît p. 128). 33 Sur cette distinction, voir L. Joan, Le Doubs et le Territoire de Belfort, Paris, 2003 (CAG, 25 et 90), p. 95 ; texte des lettres patentes dans A. Castan, « Les origines et la date du Saint-Ildefonse de Rubens », dans Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, 5e série, 9, 1884, p. 15-96, p. 77-78. Sur le Vesontio
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1.2.4. En province : les « petites images de Rome »
Les Bollandistes (avec lesquels les frères Chifflet étaient en étroites relations) furent apparemment les premiers, en 1658, à extrapoler, considérant comme manifestations d’un phénomène général les mentions de Campus Martius, jusqu’alors isolées : « ces Champs de Mars étaient nombreux sous la domination des Romains, il y en avait dans les principales villes [de province]34 ». Du moins innovèrent-ils dans la concision, gage, pour la formule, d’un prodigieux succès—elle se rencontre à l’identique chez la plupart des auteurs discutés dans ces lignes. Jean Cousin et surtout Markus Welser35, auxquels ils renvoient, étaient plus longs et donc plus nuancés. La référence à Welser se propage rapidement dans la littérature savante sans que l’on éprouve toujours le besoin d’en vérifier la pertinence : seul Cousin le cite de première main, non les Bollandistes ni Du Cange36 … qui le font donc à tort ou de manière abusive. Dans son brillant travail sur les antiquités d’Augsbourg, Welser relève, en passant, la présence de Champs de Mars « dans certaines colonies37 »—il n’en dira pas plus—mais c’est celle des capitoles qui retient son attention—il ne trouve pas d’explication à leur très grande fréquence, illustrée par une vingtaine d’exemples dont les sources sont soigneusement notées dans l’apparat critique. Cousin s’appuye en outre sur Gellius = Aulu-Gelle, qui écrit, à propos des colonies romaines (comparées aux villes municipales), que ce sont de « petites images [de Rome], qui réfléchissent quelques faibles rayons de la splendeur et de la majesté du peuple romain38 ». Dix ans après les Bollandistes, Du Cange ajoute sa pierre à l’édifice : il illustre leur formule d’exemples—Tournai et Vérone, auxquels s’ajouteront, en 1678, Trèves et Nice—et l’intègre à un système inédit, qui met en relation réalités ou pseudo-réalités romaines et institutions franques. On s’étonnera de ne point trouver
de Chifflet, sa réception et ses critiques : B. de Vrégille, « Introduction : Le Vesontio de Jean-Jacques Chifflet—Histoire d’une histoire », dans : J.-J. Chifflet, Vesontio, trad. et comm. J. Girardot, Besançon, 1988, consulté dans : L. Delobette et P. Delsalle (dir.), Autour des Chifflet : aux origines de l’érudition en Franche-Comté, Actes des Journées d’étude du Groupe de recherche Chifflet, Besançon, 2007 (Les cahiers de la MSH Ledoux, 6), p. 113-134. Anonyme, le Plan de l’ancien Besancon, (Besançon, Bibliothèque Municipale, Ge.c Besançon.A.2.1, s. l. n. d., reproduit dans J.-C. Barçon, « Le chef-lieu de civitas des Séquanes », dans : C. Munier et al. [dir.], Le quartier antique du Palatium et ses domus : archéologie au collège Lumière à Besançon [Doubs], Besançon, 2017 [Presses universitaires de Franche-Comté. Coll. Annales Littéraires, 972. Série Environnement, sociétés et archéologie, 22], p. 25-38, p. 17, et attribué, là, au xviiie s.), avec son Forum et son Campus Martis, s’appuye sans doute largement sur Chifflet qui, lui, ne proposait, entre les pages 32 et 33, qu’une vue moderne de la ville (sur laquelle, cependant, l’indication CAMPUS MARTIUS figure clairement, dans la partie inférieure droite du méandre du Doubs). 34 AA SS, Feb. III, col. 188A, note sur Vita S. Eleutherii episcopi Tornacensis, 2.5. 35 J. Cousin, Histoire de Tournay ou quatre livres des chroniques […], Douai, 1619-1620, 1.43 ; M. Welser / Marcus Velserus, Rerum Augustanarum Vindelicarum Libri viii, Venise, 1594, livre V. 36 Ch. du Cange, Observations, p. 152, et « 10. Campus Martius », dans : Id., Glossarium ad scriptores mediae et infimae latinitatis, Paris, 1678, 1:730, in fine. 37 M. Welser, op. cit., p. 87. 38 Aulu-Gelle, Nuits attiques, 16.13.9, éd., trad. et comm. Y. Julien, Paris, 1998 (CUFSL, 345), p. 27.
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Besançon39 parmi les villes qu’il mentionne, d’autant que Joffredus/Gioffredo40, qu’il a pourtant consulté41, compare explicitement ce champ de Mars et celui de Rome à celui de Nice, et qu’il emprunte à Chifflet ce renseignement sur la cité comtoise : « à Besançon, comme dit Chifflet, 1ere partie, c. 31, près du Doubs ». Peut-être Du Cange se méfiait-il de l’unique « preuve » de l’existence du champ de Mars avancée par ce dernier (un « ancien manuscrit » dans les pages duquel on pouvait lire que « plusieurs y subirent le martyre42 »). Nîmes aussi aurait mérité de figurer parmi les exemples de Du Cange : comme Cousin à Tournai43, mais de manière beaucoup plus développée, Deyron44 s’inspire des quelques mots d’Aulu-Gelle pour se livrer à une recherche des vestiges qui confirmeraient, pour cette ville, la qualité de « petite image » de Rome45. 1.2.5. En province : l’ancrage fragile de la toponymie
Toutes ces recherches, qu’elles soient ou non anciennes, ont ceci de commun que la toponymie y joue un rôle presqu’exclusif, celle que transmettent les sources médiévales (Tableau 1), qui préservent seules la forme Campus Martius, comme sa variété courante (Tableau 2), qui l’ignore46 :
39 J.-J. Chifflet, Vesontio, p. 117-118. 40 P. Gioffredo (lat. Joffredus), Nicaea civitas sacris monumentis illustrata, Turin, 1658, p. 8. 41 Ch. du Cange, Campus Martius. 42 J.-J. Chifflet, op. cit., p. 69. 43 J. Cousin, Histoire de Tournay. 44 J. Deyron, Des Antiquités de la ville de Nismes, Nîmes, 1663, p. 64-65. 45 Ce « programme » est présenté p. 68, les indices pour le Champ de Mars étant examinés p. 91. 46 Afin d’éviter de surcharger les tableaux, j’y donne les références abrégées des travaux suivants, qui n’ont pas encore été cités : L. Gollut, Les mémoires historiques de la république séquanoise et des princes de la Franche-Comté de Bourgogne […], s. l., 1592 ; J. G. Th. Grässe, F. Benedict et H. Plechl, Orbis Latinus. Lexikon lateinischer geographischer Namen des Mittelalters und der Neuzeit, éd. H. Plechl et S.-Ch. Plechl, Brunswick, 1972 ; M. Jusselin, Forma orbis romani : Carte archéologique de la Gaule, Chartres, 1907-1943, cinq cahiers manuscrits, Archives départementales d’Eure-et-Loir, J 831 ; L. Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes avec les preuves, VII, Paris, 1758 ; L. Merlet, Dictionnaire topographique du département d’Eure-et-Loir, Paris, 1861 ; A. Ollangier et D. Joly, L’Eure-et-Loir, Paris, 1994 (CAG, 28) ; et J. Poldo d’Albenas, Discours historial de l’antique et illustre cité de Nismes, Lyon, 1559. Désormais et sauf indication contraire, les dates de composition des sources proviennent de GQDMA.
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Tableau 1
Lieu
Références
A. Castan, Champ-de-Mars, p. 8 et n. 4 Châteaudun « Les historiens locaux » (M. Jusselin, Forma, 1:96)
Besançon
Nice Nîmes
Tournai
Trèves
Sources Une charte de la fin du xiie siècle
Cartulaire de Marmoutier pour le Dunois, éd. É. Mabille, Châteaudun, 1874, nos I = XLVII, 1038 × 1040 (p. 1, 3 et 44) ; XXI, 1038 × 1040 (p. 2122) ; XXVIII, 1038 × 1048 (p. 29). J. G. Th. Grässe et al., Orbis Latinus, 1:393a, s. v. « Camartium » P. Gioffredo, Nicaea, p. 8 « Dans les vieux actes. » J. Poldo d’Albenas, Discours, p. 22 « Plusieurs documens antiques » examinés à l’occasion de « controverses de nos citoyens sur leurs maisons prochaines de-là. » J. Deyron, Antiquités, p. 91 Une charte de 1194. L. Ménard, Histoire, p. 119-120 Poldo d’Albenas ; l’acte de 1194. J. G. Th. Grässe et al., op. cit., 1:405, s. v. « Campus Marcius » J.-L. Fiches et A. Veyrac (dir.), Nîmes, Paris, 1996 (CAG, 30/1), p. 334, no 303 J. Cousin, Histoire, p. 240 ; AA SS, Vita S. Eleutherii episcopi Tornacensis (BHL 2455), fin du ixe siècle (ARLIMA). Feb. III (1658), col. 188A., note ; Ch. Du Cange, Observations, p. 152 ; Id., Campus Martius Ch. Du Cange, Campus Martius Nizo, Vita Basini archiepiscopi (BHL 1028), xie siècle, c. 5, AA SS, Mart. I, p. 313-320 Id., ibid. Gesta Treverorum (v. 1072-1150), 1.4.
Tableau 2
Lieu
Référence(s)
L. Gollut, Mémoires, p. 47 ; A. Castan, Champ-de-Mars, p. 8 ; E. Saglio, Campus Martius, p. 867 ; L. Levillain, Campus Martius, p. 62-63 ; M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 307 Châteaudun L. Merlet, Dictionnaire, p. 37 ; M. Jusselin, Forma, 1:95 ; A. Ollangier et D. Joly, L’Eure-etLoir, p. 197 Nice P. Gioffredo, Nicaea, p. 8 ; Ch. Du Cange, Campus Martius Nîmes J. Deyron, Antiquités, p. 91 Tournai J. Cousin, Histoire, p. 240
Besançon
Formes Chamars
Aleu de Chamars. M. Jusselin, op. cit., loc. cit., observe toutefois que « de nos jours, la petite rue de Chemars, ancienne ruelle du Goulet, rappelle seule le nom ancien du terroir ». Camás Courcommaires, pont de Mar, College S. Marc « Village de Marquain enuiron vne petite lieuë de Tournay. »
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Les faiblesses de l’argument toponymique sont trop évidentes et trop connues pour qu’il soit nécessaire d’y insister longuement ici. La plupart des exemples allégués ci-dessus ne sont guère que des noms, tardivement attestés de surcroît. Aucun n’est antérieur à l’extrême fin du ixe siècle, si bien que leur origine romaine relève de la conjecture la plus pure. Quand bien même on l’établirait, l’identité fonctionnelle des référents—celui de la capitale impériale et ceux des provinces—ne s’imposerait pas pour autant. Une Porta Martis est mentionnée à Cologne dans un texte du xiie siècle, mais les autres formes de ce nom, assez nombreuses47, montrent qu’il ne s’agit pas d’une « Porte de Mars », mais d’une « Porte du Marché », de l’allemand « Markt », lui-même dérivé du latin « mercatus ». Dans les rares cas où le toponyme s’accompagne d’indications relatives à la nature du lieu désigné, comme dans la Vie d’Éleuthère de Tournai, c’est d’un cimetière qu’il s’agit—campus mortis serait-on tenté de restituer. À Trèves, la Porte de Mars ou Porte Noire est ainsi nommée, selon l’auteur anonyme de l’Historia (v. 1060), parce que les soldats qui n’avaient pas remporté, à la guerre, les succès escomptés, la franchissaient, tristes, à leur retour ou parce que « c’est par elle qu’on faisait sortir les citoyens décédés pour les conduire vers leurs sépultures48 ». La deuxième explication est escamotée dans le Gesta, qui lui substitue la brève évocation du Champ de Mars citée plus haut49, empruntée plus ou moins directement à Végèce50. Le cas niçois est également instructif. Plusieurs chartes du xiie siècle établissent un lien explicite entre Campus Martius et cimetière51. Quant au toponyme Camartz, attesté sous cette forme en 130052, plus tard sous celles de Camas, Camas Sotran, Camas Sobran53, il désigne le « mamelon du roc sur lequel était bâti le château de Nice », que l’on appela aussi Puey de la cuesta, « Puy de la côte54 » : sa racine pré-indo-européenne, *kaM-, la même que celle de Camarat, nom d’un cap proche de Saint-Tropez, signifierait « hauteur arrondie », « ce qui au Moyen-Âge
47 M. Gysseling, Toponymisch woordenboek van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland, s. l., 1960 (Bouwstoffen en studien voor de Geschiedenis en de Lexicografie van het Nederlands, 6), 1:668. 48 Historia Treverorum, éd. G. Waitz, MGH SS, 8, Hanovre, 1848, p. 143-146, p. 145, l. 36-40 : Nigra vero pro eo, quod cum non bene illis in bello successerat, per eam tristes revertebantur, vel quod per eam defuncti civitatis sepeliendi efferrentur. 49 Gesta Treverorum, 1.4 (Waitz, 131:25-26) : Nigram autem ob tristitiam, quia de bello fugientes per eandem tristes revertebantur. Campus ante portam longitudine et latitudine spatiosus Martis vocabatur, ubi tyrones armis instruebantur. 50 Végèce (Vegetius), Epitoma rei militaris, éd. A. Önnerfors, Stuttgart et Leipzig, 1995 (BSGRT), passim, spéc. 1.10, p. 23-24. 51 Cartulaire de l’ancienne cathédrale de Nice, éd. E. Caïs de Pierlas, Turin, 1888, nos 90 (v. 1160) et 95 (30 juin 1154), p. 115-116 et 123-124 ; CM est encore mentionné dans les nos 30 (24 mars 1152), 31 (1152), 39 (v. 1150) et 47 (1144). 52 Raymond Feraud, La vida de sant Honorat, cité par A. Compan, « La toponymie des quartiers et des rues de Nice au Moyen Âge (xive-xve siècles) », dans Bulletin philologique et historique (jusqu’à 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques. Année 1970, Paris, 1974, p. 53-68, p. 63. 53 A. Compan, op. cit., loc. cit. ; L. Thévenon, Du château vers le Paillon. Le développement urbain de Nice de la fin de l’Antiquité à l’Empire, Nice, 1999, p. 25. 54 A.-L. Sardou, dans l’apparat critique de son édition de Raymond Féraud, La vida de sant Honorat, Nice, 1874, p. 137, n. 13, d’où A. M. Krettek, Die Ortsnamen der « Vida de Sant Honorat » von Raimon Feraut und ihrer lateinischen Quelle, Halle, 1911, p. 181.
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sera appelé podium55 », c’est-à-dire le puig, puey ou puy des parlers vernaculaires du Midi. Où l’on voit que Gioffredo et Du Cange ont probablement confondu ce qu’il fallait séparer. À Châteaudun aussi, Chamars est une éminence, lat. mons56, et la topographie rappelle celle de Nice. Qui plus est, Campus Martis, très largement minoritaire parmi les formes latines attestées au Moyen Âge pour ce lieu57, a toutes les apparences d’une « traduction savante » du vernaculaire Chemars ou Chamars58. 1.2.6. L’illusion archéologique
Lorsqu’en 1869, Auguste Castan interpréta des vestiges d’époque romaine fraîchement exhumés sur le Chamars de Besançon comme étant ceux d’un bâtiment ayant pu servir aux réunions électorales de la cité, à l’instar de l’ovile du Champ de Mars à Rome59, on put croire définitivement rompu le verrou méthodologique qui avait si longtemps bridé le succès de la magistrale formule des Bollandistes, consacrée par Du Cange : le nom Campus Martius n’était plus, dans les provinces, une coquille vide, la chose, aussi, la réalité sous-jacente, avait laissé des traces. Accueilli avec enthousiasme par Edmond Saglio, qui lui conféra sa prestigieuse caution et lui assura une large diffusion, ce résultat fut incorporé par Léon Levillain au débat sur le Champ de Mars des Francs60
55 Ch. Rostaing, Essai sur la toponymie de la Provence (depuis les origines jusqu’aux invasions barbares), Marseille, 1973, p. 128, où Nice n’est pas mentionné. 56 Charte de Saint-Avit près Châteaudun, l’an 1045 : ad montem Chemars. Ces trois mots sont cités par M. Jusselin, Forma, 1:95, le nom seul par L. Merlet, Dictionnaire, p. 37b. Le texte intégral est dans l’introduction d’É. Mabille à son édition du Cartulaire de Marmoutier, p. xxviii-xxx, ici p. xxix. 57 Elles sont recensées avec plus ou moins d’exactitude par É. Mabille, Cartulaire, p. 302 (index), s. v. « Campus Martis » ; L. Merlet, op. cit., p. 37b, s. v. « Chamars » ; M. Jusselin, op. cit., 1:95. Camartio et Chamartio sont les plus répandues. 58 M. Jusselin, op. cit., p. 96-97 : « Les plus anciennes formes latines connues, depuis 996, ne sont […] que des essais de traduction du nom français et, parmi elles, les formes campus Martis et campus Marcius, d’un usage exceptionnel, ne sont que des traductions plus savantes que les autres et s’écartent plus encore de la réalité. […] La forme romane Chemars (1045) ou Chamars, assurément fixée en l’an 1000, est une base plus sûre que toutes les traductions. » Les trois occurrences se distinguent par leur proximité dans le temps : voir ci-dessus, Tableau 1, ligne « Châteaudun », dernière colonne, ainsi qu’É. Mabille, Cartulaire, p. xlixlxi, ici p. xlix, liste chronologique des chartes (« Index chronologicus chartarum »). Aussi M. Jusselin, op. cit., p. 95 (ajout à l’encre rouge, ligne 6 à partir du bas) y voit-il l’« influence d’un même rédacteur ». Outre le prieuré Saint-Martin, on trouve à Chamars un quartier (vicus, burgus) qui abrite de nombreuses activités artisanales, ce dont font foi la première pièce du cartulaire (références supra, Tableau 1, loc. cit.) et les souscriptions de la cinquième (Mabille, p. 7 ; D. Barthélemy, « Note sur les cartulaires de Marmoutier [Touraine] au xie siècle », dans : O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse [éd.], Les Cartulaires, Paris, 1993 [Mémoires et documents de l’École des Chartes, 39], p. 247-258, p. 250, n. 12, en rajeunit la date de vingt ans : 1041 × 1048 > 1061 × 1064), voir A. Chédeville, Chartres et ses campagnes, xie-xiiie siècles, Paris, 1973, p. 338. Plan de Châteaudun avec ses bourgs, notam. Chamars : ibid., p. 337 (et index, p. 540, s. v. « Châteaudun », tiret « Chamars », références à d’autres observations assez nombreuses sur cette localité). 59 A. Castan, Champ-de-Mars. 60 L. Levillain, Campus Martius. La filiation Castan > Saglio > Levillain est incontestable, même si ce dernier, op. cit., p. 62-63, ne mentionne ni Castan (auquel il emprunte certainement la désignation de « Promenade de Chamars », p. 62, voir A. Castan, op. cit., p. 8), ni Saglio—et pour cause, ses réflexions sur Besançon ne s’accompagnent d’aucune référence.
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et continue, à sa suite, à faire autorité auprès des historiens de cette période61. Les archéologues, quant à eux, le rejettent dès 1937 (Koethe) et de façon plus décisive en 1964/198162, tout en soulignant l’impossibilité de trancher sans reprendre les fouilles63. Les soubassements dégagés par Lafosse vers 1845 seraient ceux d’une « enceinte entourant une construction qui pourrait avoir été un temple », comme à Mandeure ou Saint-Maur-en-Chaussée dans l’Oise64. S’il est clos, provisoirement, à Besançon, le chapitre archéologique des Champs de Mars continue de s’écrire ailleurs. En effet, de vastes esplanades munies de tribunes ont été identifiées comme plaines de manœuvres sur trois ou quatre sites outre-Manche65, un autre en Numidie66 et deux en Gaule67 ; mais toutes sont associées à des camps militaires plutôt qu’à des cités68 et aucune n’a laissé d’empreinte de nature onomastique. Par ailleurs, on sait aujourd’hui que des lieux aménageables destinés aux réunions électorales existaient en Gaule avant la conquête. Après, ces opérations se déroulent sur les fora, non sur quelque champ de Mars69. Quand bien même il y aurait coïncidence apparente entre un toponyme d’époque mérovingienne et une réalité archéologique, dès lors qu’on cherche à lui donner quelqu’épaisseur, les certitudes s’évaporent. À Besançon, la publication récente des fouilles du Collège Lumière ont révélé l’existence d’une importante demeure romaine de très grand luxe dont les vestiges, encore bien visibles au début du viie siècle, auraient inspiré le nom de Palatium attribué au monastère fondé à cet endroit
61 B. Bachrach, Marchfield, p. 180 ; M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 307. 62 L. Lerat, « Livre I : L’Antiquité », dans : C. Fohlen (éd.), Histoire de Besançon, I, Besançon, 1981, p. 25-141, p. 77-86, d’où L. Joan, Le Doubs, p. 185-187, H. Walter et J.-C. Barçon, Vesontio Besançon, Lyon, 2004 (Collection Galliae Civitates), p. 70-72, ainsi que J.-C. Barçon, Chef-lieu, p. 30 (voir égalem. p. 22-23, 25, 26 [Fig. 11, no 13], 28, 29, 34, 37 et 38). 63 L. Lerat, op. cit., p. 82. 64 Id., ibid., p. 81-82, oppose ces rapprochements et l’absence, chez Castan, de preuves de cette espèce : « Aucun parallèle ne peut appuyer [son ingénieuse interprétation], pas même celui de l’ovile de Rome ». Un deuxième argument présenté comme décisif dans l’édition de 1981 n’est nullement inédit puisque Castan lui-même, op. cit., p. 9, n. 1, connaît l’histoire du couvent des Capucins, bâti en 1607 (1667, chez Lerat, p. 81) sur « des fondations très-bien construites et très-solides trouvées dans la terre » et ne l’estime pas gênante pour son hypothèse, bien au contraire. 65 D. Schaad et J.-L. Schenck-David, « Le camp militaire romain de Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne) : nouvelles données », dans Aquitania, 19, 2003, p. 127-153, p. 148, ainsi que A. Borlenghi, Campus, p. 37-38, d’après les travaux de Roy Davies († 1977). Voir toutefois Sh.-A. Waldock, A re-examination of the evidence for parade-grounds at auxiliary forts in Roman Britain, thèse, Durham, 1998, qui, après examen approfondi des preuves, les rejette sans appel. 66 D. Schaad et J.-L. Schenck-David, op. cit., p. 148, A. Borlenghi, op. cit., p. 35-37. 67 Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne), au nord-est de l’agglomération, entre les thermes et le camp militaires, D. Schaad et J.-L. Schenck-David, op. cit., passim, d’où A. S. Esmonde Cleary, Rome in the Pyrenees. Lugdunum and the Convenae from the first century B.C. to the seventh century A.D., Londres et New York, 2008, p. 85-86 (construit dans la deuxième moitié du iie s. et réparé ou relevé de ses ruines deux siècles plus tard, celui-ci fut abandonné peu après, quoique vers la fin du xiiie s. ses structures aient été remises en service—à quelles fins, on ne sait—par les Cordeliers installés à proximité). Et Mirebeau-sur-Bèze (Côte d’Or), repéré par photographie aérienne, A. Borlenghi, op. cit., p. 36-38 et 312. 68 D. Schaad et J.-L. Schenck-David, op. cit., p. 146-149 ; A. Borlenghi, op. cit., p. 35-38. 69 A. Borlenghi, C. Chillet, V. Hollard, L. Lopez-Rabatel et J.-Ch. Moretti (dir.), Voter en Grèce, à Rome et en Gaule : pratiques, lieux et finalités, Lyon, 2019 (Histoire & épigraphie, 1). Cf. déjà J.-N. Moreau, Principes, 3:122.
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par un disciple de saint Colomban—et placé, depuis, sous le vocable de saint Paul. Jonas de Bobbio, le biographe de Colomban, explique en effet : « [Donat] construisit un monastère d’hommes, qu’on appelle “le Palais”, à cause des vestiges des vieux murs70 ». Que traduit cette appellation, sachant qu’un hiatus de trois siècles sépare l’abandon de la prestigieuse domus de l’installation des moines ? Un souvenir local, plus ou moins précis, de l’ancienne fonction de ces bâtiments ? Une continuité, sinon de l’occupation, du moins de la propriété des sols, l’évêque Donat, fondateur de l’abbaye, étant issu d’une vieille famille sénatoriale ? Le prestige de ce personnage et de ses proches, ducs de Transjurane71 ? Ou une combinaison de ces facteurs ? Enfin, est-on bien sûr de savoir ce que, dans l’absolu, abstraction faite de tout référent local, les contemporains entendaient par palatium72 ? Pour conclure cette longue section sur les lieux nommés Campus Martius (et leur rôle éventuel dans la genèse des Campus Martius d’époque franque), on est tenté de leur appliquer le jugement que Camille Jullian porta, voilà un siècle, sur les « camps de César » : « Après avoir abusé, jadis, des “camps de César”, une réaction s’est faite contre eux, et la thèse courante est que les “camps de César” sont tous d’imagination moderne, […], et que leur nom résulte d’une intervention d’érudit
70 Jonas de Bobbio, Vita Columbani, 1.14, éd. B. Krusch, Ionae Vitae sanctorum Columbani, Vedastis, Iohannis, Hanovre et Leipzig, 1905 (MGH SS rer. Germ., 37), p. 1-294, p. 175, l. 23 à 176, l. 1, cité par C. Munier « Synthèse et conclusion », dans : Ead. et al. (dir.), Le quartier antique du Palatium, p. 535-547, p. 546, d’après une éd. plus ancienne : […] monasterium virorum construxit [Donatus], quem Palatium nuncupant, ob veterum monimenta murorum. La traduction de A. de Vogüé et P. Sangiani, Jonas de Bobbio, Vie de saint Colomban et de ses disciples, Abbaye de Bellefontaine, 1988 (Aux sources du monachisme colombanien, 1), p. 125, est plus ambigüe : « … en raison des vieux murs sur lesquels il s’appuie ». Elle n’est pas sans rappeler la position de Krusch, qui observe, n. 3, p. 175-176 : « le monastère Saint-Paul était adjacent aux remparts de la ville, qui le séparaient du Doubs » (sur cette topographie, et sur l’enceinte gauloise, romaine, médiévale et moderne, qui épousait la forme du cours d’eau, voir V. Viscusi et C. Munier, « Le quartier [Saint-Paul] avant la fouille », dans : C. Munier et al. [dir.], Le quartier antique du Palatium, p. 45-48, p. 47a). Dernièrement, A. O’Hara et I. Wood, trad. et comm., Jonas of Bobbio, Life of Columbanus, Life of John of Réomé, and Life of Vedast, Liverpool, 2017 (TTH, 64), p. 85-239, p. 124 et n. 174, ibid., ménagent la chèvre et le chou, comprenant : « … en raison de la protection offerte à cet endroit par les murs anciens » (« … on account of the defences of the old walls there »), et expliquant : « La fondation était située dans ce qui semble avoir été une résidence officielle romaine, appelée Palatium, qui était tombée entre des mains privées. » Ces interprétations confondent monimentum (ou monumentum) et munimentum. Le premier de ces mots—celui, en effet, qu’utilise Jonas—dérive du verbe monere et signifie : « tout ce qui rappelle quelqu’un ou quelque chose, ce qui perpétue le souvenir » (Gaffiot, p. 993c). L’autre procède du verbe munire et veut dire : « tout ce qui protège ou garantit, rempart, moyen de défense, fortification, retranchement » (Gaffiot, p. 1002c). Dans un cas, c’est son implantation sur des ruines qui vaut au monastère son nom, dans l’autre, sa proximité par rapport aux remparts—laquelle était en effet une caractéristique des sièges de gouvernements civils aux époques romaine et franque (C. Brühl, Palatium und Civitas. Studien zur Profantopographie spätantiker Civitates vom 3. bis zum 13. Jahrhundert. I. Gallien, Cologne et Vienne, 1975, passim). 71 Cl. Munier, Synthèse, p. 546-547, envisage toutes ces hypothèses mais ne tranche pas. 72 Bon aperçu : A. Renoux, « “Aux marches du palais” : des mots, des concepts et des réalités fonctionnelles et structurelles », dans : « Aux marches du Palais ». Qu’est-ce qu’un palais médiéval ? Données historiques et archéologiques. Actes du viie Congrès International d’Archéologie Médiévale (Le Mans – Mayenne 9-11 septembre 1999), Caen et Le Mans, 2001 (Actes des congrès de la Société d’archéologie médiévale, 7), p. 9-20.
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mal informé », relayée par le « populaire, qui en a grossi le trésor de son folk-lore73 ». Les savants contemporains—les « professeurs et autres chercheurs de camps de César » de Théophile Gautier74—ou leurs prédécesseurs d’époque moderne ne faisaient sans doute que raviver une marotte médiévale, ce que Bernard Guenée a pu appeler « la passion de l’étymologie75 ». La multiplication des occurrences de Campus Martius au xie siècle76 pourrait en effet procéder d’un engouement de ce type. Un des actes relatifs à celui de Châteaudun situe dans son voisinage un alleu in loco qui antiquitus Martis-Aqua, novitatis depravatione appellatur Mortua-Aqua, « en un endroit que l’on appelait anciennement Eau-de-Mars, mais qu’une déformation récente [a renommé] Eau-Morte77 ». Si l’intérêt du rédacteur pour la toponymie est manifeste, ses motivations, elles, nous échappent absolument. Sans doute ne faut-il pas chercher dans sa remarque un reflet de la réalité observable. Peut-être, au contraire, la tonalité martiale des noms de lieux n’était-elle pas pour déplaire à l’auteur de l’acte, un certain Gelduin, « militaire de carrière » (seculari militiae deditus78). À moins toutefois d’y déceler la patte de l’abbé Albert de Marmoutier, qui offre à Gelduin un dédommagement pour son bien et dont on connait par ailleurs le penchant pour les auteurs antiques—les préambules de deux de ses actes sont imités de Salluste79. Un siècle plus tard environ, le même ferment produira la légende de Dunicius, « un des chefs de Germanie, […] ennemi des Romains », que rapporte le Livre de la construction du château d’Amboise : ce personnage, dont le nom s’inspire de celui du Dumnorix des Commentaires de César, s’empare du nord de la Gaule, jusqu’à la Loire, et « construit le château qui porte son nom, Châteaudun » (qui oppidum, a suo nomine Castrum Duni nominatum, construxit). Les Germains s’en prennent ensuite à Cocta (le Cotta des mêmes Commentaires), auquel César avait confié le gouvernement des territoires conquis et qui avait établi son camp non loin d’Amboise. Les Romains sont taillés en pièces, mais quelques uns, dont Cocta, en réchappent et s’y réfugient : « parce qu’ils avaient éprouvé la colère de Mars, ils 73 C. Jullian, « Notes gallo-romaines. lxx. “Camps de César” », dans Revue des études anciennes, 18/2, 1916, p. 118-120, p. 118. 74 É. Bergerat, Théophile Gautier, Entretiens, souvenirs et correspondance. Avec une préface d’Edmond de Goncourt et une eau-forte de Félix Bracquemond, Paris, 1880, p. 125. 75 B. Guenée, Histoire et culture historique dans l’Occident médiéval, Paris, 1980 (Aubier. Collection historique), p. 184. 76 Voir supra, Tableau 1, dernière colonne, ainsi que p. 22, n. 6, ms. du Mont-Cassin, et infra, Annexe 1, John of Worcester. 77 Cartulaire de Marmoutier pour le Dunois, no XXI (Mabille, p. 21). 78 Ibid., 7e ligne du texte. Cet argument ne vaut pas, toutefois, pour les nos I et XXVIII du cartulaire. Cependant, si I, XXI et XXVIII sont d’un même rédacteur, comme on l’a supposé, l’impulsion première aura pu être donnée en XXI et simplement imitée ensuite. 79 O. Guyotjeannin, « Un préambule de Marmoutier imité de Salluste au xie siècle et ses antécédents », dans BEC, 138, 1980, p. 87-89. Sur les courants culturels dans l’espace ligérien au xie s., voir Ch. Senséby, « L’écrit monastique dans l’espace ligérien. Acteurs, productions et échanges (xe-xiiie siècle) », dans Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA [En ligne], 19/1, 2015. Sur l’influence des modèles romains (César, Sénèque, Salluste, Végèce et al.) sur les élites angevines, vers la même époque, voir notam. B. Bachrach, Fulk Nerra, the Neo-Roman Consul, 987-1040 : A Political Biography of the Angevin Count, Berkeley, 1993, passim, spéc. p. 149-153, 251-252 et 257.
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donnèrent à la forêt [voisine, jadis située à la limite de la Touraine et du Blésois,] le nom de Blimartium, d’après “colère” et “Mars”80 ». À supposer que les champs de manœuvre aient équipé quelques villes dans les provinces sous la domination romaine (telle Paris sous le règne de Julien, dit « l’Apostat »81), encore faudrait-il, pour notre propos, qu’ils se fussent maintenus matériellement pendant plusieurs siècles au-delà ou qu’à tout le moins un souvenir assez précis s’en fût conservé, ce que les savants modernes ne se sont guère souciés de démontrer et ce qu’aucune source d’époque n’atteste avec certitude—en spécifiant, par exemple, que telle assemblée mérovingienne ou carolingienne se tint « au Champ de Mars situé devant les murs de telle ville », in Campo Martio quod situm est ante muros illius civitatis.
1.3. Mars : le dieu, non le mois—Heinrich Ludolf Ahrens Si donc les assemblées franques dites Campus Martius ne doivent pas leur nom à un lieu—ou à plusieurs, de même espèce—se pourrait-il qu’elles le doivent—directement, s’entend—au dieu ? Sic enim conventum illum vocabant a Marte, quem pagani deum belli credebant : à le lire sans nuance, il semble qu’Hincmar fût de cet avis. Ahrens en est persuadé82 car ses thèses l’exigent : celle de l’origine germanique de l’institution franque comme celle qui situe sa récurrence annuelle en mai plutôt qu’en mars. La première, si typique de la ferveur national-romantique qui anime l’auteur comme tant de ses contemporains, est aujourd’hui dépassée dans ses présupposés : on n’y insistera donc pas83. La deuxième mérite beaucoup mieux que la cinglante critique de Waitz84, qui, en dépit de sa faiblesse—l’argument d’autorité y domine—, paraît lui avoir été fatale ainsi qu’au mémoire tout entier. Elle le mérite ne serait-ce qu’en raison de l’abondance des sources alléguées, à laquelle il a déjà été fait allusion. Ahrens est de ceux qui considèrent comme premier l’aspect militaire du Campus Martius, d’où l’invocation, dans son nom, du dieu de la guerre : les troupes s’y rassemblent et y sont inspectées avant de partir en campagne85. Le moment de ce départ se situant normalement et assez logiquement à l’entrée de la belle saison, vers le début du mois de mai donc—c’est une règle générale, qui admet de nombreuses exceptions86—il 80 Liber de compositione castri Ambaziae, éd. L. Halphen et R. Poupardin, Chroniques des comtes d’Anjou et des seigneurs d’Amboise, Paris, 1913 (Collection de textes pour servir à l’étude et à l’enseignement de l’histoire), p. 1-24, p. 5-6 : et hii, quia Martem iratum sustinerent, a bile et Marte nemus Blimartium nominaverunt. 81 Voir infra, Tableau 5. 82 H. L. Ahrens, Namen und Zeit. 83 Contrairement à M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 299-300, 302, 303, qui, sur ce point et sur bien d’autres, réagit aux propos d’Ahrens ou les pille—c’est le mot juste, puisque jamais il n’en identifie la provenance. 84 G. Waitz, Campus Martius. 85 H. L. Ahrens, op. cit., p. 10. Voir égalem., par ex., É. Dumont, Cours 21, p. 435a : « Ces réunions ne furent, dans le vrai, que des revues militaires ». 86 H. L. Ahrens, op. cit., p. 11-12, devançant d’un siècle les objections de B. Bachrach, Marchfield, p. 180-182, d’où M. Springer, op. cit., p. 305, entre autres. L’empereur Julien, dans un discours à ses troupes rapporté par Ammien Marcellin, Res gestae, 20.5.4, éd., trad. et comm. J. Fontaine avec la collab. d’E. Frézouls et
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en résulte, pour les partisans du Märzfeld un irritant paradoxe : l’armée aurait été mobilisée à deux reprises chaque année, d’abord au mois de mars, à l’occasion du Campus Martius (le « Champ [du mois] de Mars », « Märzfeld », selon eux, et non « Marsfeld »), puis, à nouveau, deux mois plus tard, juste avant d’entrer en action. Les solutions prônées par « Daniels », « Eichhorn »87, « Stenzel »88 et, avant celui-ci (« früher »), par « un Français » qui n’est autre que le Président Hénault89, sont brièvement résumées90 et rejetées, à bon droit (on notera que celles de Stenzel et du Français ainsi que leur critique annoncent la célèbre thèse dite « de Brunner » comme le débat auquel elle donnera lieu tout au long du xxe siècle—sans que jamais ne soient prononcés les noms d’Ahrens ou Stenzel ni, a fortiori, celui du président Hénault). Selon Ahrens, qui s’appuye pour sa reconstruction sur le Poète Saxon91 (888 × 891) et sur le De ordine palatii d’Hincmar de Reims92 (882, sur base d’un ouvrage similaire par Adalhard de Corbie, 800 × 820), il y a bien une assemblée au mois de mars (hiemis tempus, « en hiver », PS), mais elle est restreinte, car seuls les hauts dignitaires y sont convoqués (proceres, totus senatus, PS ; seniores et praecipui consiliarii, DOP). Caractérisée par la présence de l’armée et/ou du peuple (duces, iuventus, conventus populi generalis, PS93), la grande assemblée ou « Champ de Mars » avait lieu en mai, peu après Pâques, qui marquait alors le début de l’année. Cette position liminaire dans le calendrier était absolument essentielle puisqu’on « réglait [alors] l’état de tout le royaume pour le courant de la nouvelle année » (ordinabatur status totius regni ad anni vertentis spatium94). Elle est confirmée par
J.-D. Berger, Ammien Marcellin, Histoires. III. Livres XX-XXII, Paris, 1996 (CUFSL, 333), p. 15, évoque comme suit et la règle et les entorses : « Je crois superflu de rappeler tout au long que de fois, dans toute la rigueur de l’hiver et sous un ciel glacé, en une saison où terres et mers ignorent les travaux de Mars, nous avons repoussé, en leur infligeant des pertes, les Alamans jusque-là indomptables » (Et retexere superfluum puto quotiens hieme cruda rigentique caelo, quo tempore terrae ac maria opere Martio uacant, indomitos antea cum iactura uirium suarum reppulimus Alamannos). Ce que Fontaine et al. commentent comme suit, p. 168, n. 86 : « Le raccourci de ce topos à la manière des panégyriques, avec ses périphrases sur l’hiver et l’hivernage, n’en correspond pas moins à la vérité historique des campagnes hivernales de Julien contre les Francs, en 357-358 (17, 1 et 2) et en 358-359 (18, 1 et 2). » 87 K. F. Eichhorn, Deutsche Staats- und Rechtsgeschichte, Göttingen, 1808-1823, §§ 26, 27, 49, 70 et 119. 88 G. A. H. Stenzel, Versuch einer Geschichte der Kriegsverfassung Deutschlands, vorzüglich im Mittelalter, Berlin, 1820, p. 38-39. 89 Ch.-J.-F. Hénault, Nouvel abrégé chronologique de l’histoire de France. Contenant les événements de notre histoire depuis Clovis jusqu’à la mort de Louis XIV, les guerres, les batailles, les sièges, &c. Troisième édition, revue, corrigée et augmentée, Paris, 1749, p. 36. 90 H. L. Ahrens, op. cit., p. 11. 91 Poeta Saxo, Annales de gestis Caroli Magni imperatoris, Livre I, année 775, indiction 12, éd. P. von Winterfeld, MGH Poet., 4/1, Berlin, 1899, p. 7-71, p. 11, l. 177-183, et p. 11-12, l. 198-204. 92 Hincmar de Reims (Hincmarus, Hinkmar von Reims), De ordine palatii, 6, éd. Th. Gross et R. Schieffer, Hanovre, 1980 (MGH Fontes iuris, 3), p. 82, l. 468-471, et p. 82-83, l. 474-482. 93 On ne trouve rien d’équivalent dans DOP, ce que H. L. Ahrens, op. cit., p. 13, explique par l’influence grandissante de l’aristocratie. À quoi l’on objectera que PS, pourtant postérieur à DOP, ne se ressent pas de cette influence ! 94 DOP, 6 (Gross et Schieffer, p. 82, l. 471). La traduction de J.-N. Moreau, Principes, VII, 1779, p. 76, reproduite ici, est intéressante en ce qu’elle paraît concilier l’usage classique (« courant »), attesté notamment par Cicéron, et l’usage biblique (« nouvelle »), attesté en particulier par 2 Sam 11, un verset dont il a déjà
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les Annales regni Francorum, dans leur partie ancienne : le récit de chaque année se clôt en effet par l’indication du ou des lieux où le roi a célébré Noël et Pâques, suivie d’une formule exprimant le changement de millésime (Et mutavit numero annorum in etc.) ; après quoi l’année nouvelle commence d’ordinaire soit par une assemblée (synodus95, generale conventum ou generale conventum populi sui96) soit par une mise en branle de l’armée sous le commandement du roi97. Héritée des Mérovingiens98, cette organisation à deux temps est maintenue par leurs successeurs. Pépin n’aurait donc pas décalé de deux mois le Champ de Mars, il se serait contenté de lui donner un nouveau nom99, dépourvu d’ambiguïté : désormais, la grande assemblée annuelle s’appellerait Champ de Mai, du nom du mois au début duquel, de tout temps, elle s’était tenue. Cette thèse séduit par la qualité et l’abondance de sa documentation comme par l’originalité et la diversité des approches que suscite son exploitation. Cependant, les généralisations abusives100, l’exclusion intempestive des témoignages discordants101, l’impasse faite sur les actes de la pratique et leurs dates, notamment, empêchent de l’approuver sans autre forme de procès.
1.4. Mars : le mois, non le dieu—Brunner et prédécesseurs Hénault inaugura la troisième et dernière piste esquissée par Du Cange102, Boutaric marcha dans ses pas103 et Brunner dans ceux de Boutaric104. L’adjectif martius renverrait au mois et la réforme de Pépin aurait consisté à retarder de mars jusqu’en mai le grand rassemblement des troupes, prélude au départ en campagne, qui était au cœur de l’institution. Cette mesure serait une conséquence mineure, mais significative, du développement supposé de la cavalerie sous Charles Martel, érigé par Brunner en acte fondateur de la féodalité : « Les guerriers pouvaient faire paître leurs chevaux dans toutes les prairies qu’ils traversaient ; et comme l’armée était devenue, sous la seconde race, presque exclusivement composée de cavaliers, on attendait que l’herbe fût poussée pour se mettre en campagne. Ce motif fit reculer au mois de mai les assemblées de la nation, qui se tenaient d’abord en mars, dans lesquelles la guerre se décidait et qui étaient des rendez-vous militaires105. »
été question plus haut (cf. égalem. 1 Rs 20,22.26, 1 Chr 20,1, 2 Chr 36,10). 95 Annales regni Francorum (ARF), passim. 96 Annales qui dicuntur Einhardi (AqdE), passim. 97 H. L. Ahrens, op. cit., p. 13. 98 H. L. Ahrens, ibid., p. 9-10, pour l’assemblée de mai ; p. 15, pour celle de mars. 99 Cf. Hincmar, VR : vocari, d’où H. L. Ahrens, op. cit., p. 7. 100 H. L. Ahrens, ibid., p. 8, l’erreur Mar. pour Mad., constatée en effet à plusieurs reprises, devient « universelle », « überall ». 101 Les Annales Mettenses [posteriores] et le Gesta sanctorum patrum Fontanellensis cœnobii, H. L. Ahrens, ibid., p. 8-9, voir G. Waitz, Campus Martius, p. 491 ; la Lex Alamannorum, p. 16, n. 74 ; etc. 102 Ch.-J.-F. Hénault, Nouvel abrégé, p. 36 (avec illustration !). 103 E. Boutaric, Institutions militaires de la France avant les armées permanentes, Paris, 1863, p. 80. 104 H. Brunner, Reiterdienst, p. 12. 105 E. Boutaric, op. cit., loc. cit., d’où H. Brunner, op. cit., loc. cit.
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L’idée est déjà contenue en germe dans la Glose Ordinaire sur 2 Samuel 11,1 (Factum est autem anno vertente, eo tempore quo solent reges ad bella procedere, « Au retour de l’année, au temps où les rois se mettent en campagne, David envoya Joab etc. »), ce verset qui nous est désormais familier106 : vere quando pulsa frigoris asperitate pabula reperiuntur iumentorum107, « au printemps, lorsqu’a disparu l’âpreté du froid et que l’on peut trouver de quoi nourrir les chevaux ». Ou dans sa variante, due à Nicolas de Lyre († 1349) : scilicet in principio estatis, quando terrenascentia sunt in campis ad pabulum equorum108, « au début de l’été, lorsqu’il y a dans les champs des plantes pour la nourriture des chevaux ». Sans doute sont-elles l’une et l’autre à rapprocher de César, Guerre des Gaules : […] inita aestate […] ipse, cum primum pabuli copia esse inciperet, ad exercitum venit109, « […] au début de l’été […], lorsque, pour la première fois, le fourrage commence à être abondant, lui-même se rendit auprès de l’armée », sinon du passage suivant des Annales dites « d’Éginhard » qui en dérive110 : dcclxxxii. Aestatis initio, cum iam propter pabuli copiam exercitus duci poterat, in Saxoniam eundum et ibi, ut in Francia quotannis solebat, generalem conventum habendum censuit111, « 782. Au début de l’été, étant déjà en mesure de conduire l’armée, grâce à l’abondance de fourrage, [Charlemagne] décida de se rendre en Saxe et d’y tenir une assemblée générale, comme il en avait coutume, chaque année, en Francie ».
106 Voir supra p. 23 et p. 42-43, n. 94. 107 Biblia latina cum glossa ordinaria Walafridi Strabonis aliorumque etc., éd. Sebastian Brant, Bâle, 1498, II, ad locum. Cette glose est citée par Rodrigo Jiménez de Rada (Rodericus Ximenius de Rada) († 1247), Breuiarium historie catholice, 5.8, éd. J. Fernández Valverde, Turnhout, 1992-1993 (CCCM, 72), 1:273:5-6, mais peut remonter à l’époque carolingienne sinon plus haut. Sur la Glossa ordinaria, une compilation qui prend forme au xiie s., voir Gloses et commentaires de la Bible au Moyen Age. 108 Biblia latina cum glossa ordinaria, loc. cit. 109 César, Bello Gallico, 2.2.2., éd. O. Seel, C. Ivlii Caesaris Commentarii rerum gestarum. I. Bellum Gallicum, Leipzig, 1961 (BSGRT), p. 50. 110 Cette filiation, établie par Manitius, est rappelée par Pertz et Kurze dans leur édition, p. 59, n. 2 et, de là, par Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 310. 111 AqdE, année 782 (Pertz et Kurze, p. 59).
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La thèse de Brunner comme ses devancières ont fait l’objet de réfutations décisives112 et ne survivent que dans les rares travaux qui les ignorent113. Ainsi, parmi les trois approches issues des travaux de Du Cange, seule celle d’Ahrens contient des éléments que l’on peut considérer comme recevables. La recherche ancienne ne procède pas tout entière des jalons posés par l’auteur du Glossarium. Avant d’aborder les sources, il convient de dire quelques mots de cet autre rameau de l’historiographie du Campus Martius/Madius.
1.5. Le moment révolutionnaire : Du Cange (provisoirement) éclipsé Les pages de Jacob-Nicolas Moreau († 1803) sur le Champ de Mars/Mai demeurent, à ce jour, les plus amples (et les plus subtiles aussi, par endroits) à leur avoir été consacrées114. Le parti-pris déclaré de l’auteur—Historiographe de France, bibliothécaire de Marie-Antoinette, ses Principes sont issus de l’enseignement dispensé au roi, adolescent115—en diminue toutefois le mérite dans la mesure où il le guide assez strictement et l’empêche de bien entendre les textes. Ses réflexions s’inscrivent explicitement dans un débat qui, dit-il, dure depuis longtemps116 mais dont les protagonistes ne sont nommés que par exception : aux références précises, il préfère des génériques, tels « nos écrivains modernes117 », « des ouvrages118 », ou « nos Auteurs républicains119 ». De ces derniers, le seul qui soit nommé120 est l’abbé Gabriel Bonnot de Mably, qui mentionne le Champ de Mars/Mai à quelques
112 Par ex. H. L. Ahrens, op. cit., p. 11 ; L. Levillain, Campus Martius, p. 64-67 ; B. Bachrach, Merovingian Military Organization : 481-751, Minneapolis, 1972, p. 114-122 ; M. Sierck, Festtag und Politik. Studien zur Tagewahl karolingischer Herrscher, Cologne, Weimar et Vienne, 1995 (Beihefte zum Archiv für Kulturgeschichte, 38), p. 426-427 ; M. Springer, op. cit., passim. 113 Par ex. J.-P. Devroey, Économie rurale et société dans l’Europe franque (vie - ixe siècles). I. Fondements matériels, échanges et lien social, Paris, 2003, p. 95, ou M. Hardt, « Wehrverfassung », dans RGA, XXXIII, 2006, p. 343a-347b, p. 344a. 114 Aperçus très brefs : K.M. Baker, Memory, p. 154-155 ; B. Hervouët, Jacob-Nicolas Moreau, le dernier des légistes : une défense de la Constitution monarchique au siècle des Lumières, Paris, 2009 (Bibliothèque de droit public, 262), p. 238-242. 115 D. Gembicki, Histoire et politique à la fin de l’Ancien Régime : Jacob-Nicolas Moreau (1717-1803), Paris, 1979, passim ; B. Kriegel, L’histoire, 1:227-281 (spéc. p. 258 et ss. sur les Principes) ; B. Hervouët, op. cit., p. 6-21. Sur l’éducation du duc de Berry, futur Louis XVI, voir en outre B. Hours, « Moreau et Proyart, pédagogues en attente du prince et éducateurs de la nation », dans Histoire de l’éducation, 132, 2011, p. 153-176. Mably, lui, avait « décliné l’honneur d’être le précepteur du dauphin, fils de Louis XV, en répondant à la proposition qui lui en avait été faite : “Je lui enseignerai que les rois sont faits pour les peuples et non les peuples pour les rois” » (L. Lemarié, Assemblées, p. 97). 116 J.-N. Moreau, Principes, III, p. 149-150 et 149, note -d-. 117 Id., ibid., p. 119. 118 Id., ibid., p. 149, note -d-. 119 Id., Principes, V, 1778, p. 357-358. 120 Id., Principes, III, p. 142, et VII, p. 42, note -r-.
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brèves reprises dans ses Observations sur l’histoire de France121. Boucher d’Argis est probablement visé dans le passage suivant : « Qu’il me soit permis de demander ici en passant, comment on a pu trouver dans ces assemblées la Nation françoise. Ce terme est sans cesse répété par nos Auteurs républicains, je dirais presque qu’il est profané122. » À moins toutefois que ce ne soient ses collègues de l’Encyclopédie, les Cacouacs que Moreau tournait en ridicule dans sa diatribe de 1757. Il renvoie assez fréquemment au Nouvel Abrégé du Président Hénault, dans l’édition de 1749 ou dans une autre, plus ancienne ou plus récente ; et plusieurs fois à l’Histoire de France du Père Daniel. Si l’on ajoute Les origines ou l’ancien gouvernement de France et d’Allemagne, objet d’une citation unique123, sans nom d’auteur, on aura fait un tour complet de ce qui, de nos jours, figurerait dans la bibliographie des longs développements consacrés au Champ de Mars/Mai. Moreau énonce lui-même comme suit sa thèse principale : « Voici ma proposition. Il n’y eut point, en France, dans le siècle que je viens de parcourir, d’assemblée législative et délibérante connue sous le nom de champ de Mars. Le Roi assembloit son plaid, composé des Évêques, des Magistrats suprêmes & des Officiers du palais. Les Ducs & les Comtes avoient également leur plaid : les cités eurent le leur ; mais aucune de ces assemblées ne fut une diète générale de la Nation » « destinée à donner également la loi & au Monarque & à ses sujets124 ». Le champ de Mars/Mai est une « chimère125 » ou une « fable126 » « qui ne se trouve que dans les grossières compilations de nos Annalistes [du viiie s.], mais que nous ne lisons dans aucun Diplome127 » et « dont l’esprit Républicain a fait ensuite ce qu’il a voulu128 ». Quant à la réforme de Pépin, en 755, Moreau l’explique en ces termes : « Depuis que les Maires du Palais avoient introduit l’usage d’appeler aux plaids cette prodigieuse foule de Bénéficiers qu’ils avoient attachés à leur personne, qui devoient les suivre à la guerre, & dont le nombre pouvoit faire peur au Roi lui-même, on connut tout l’effet que devoit produire leur réunion. Arrivés au mois de Mars au rendez-vous
121 G. B. de Mably, Observations sur l’histoire de France, Genève, 1765, t. I, p. 31, 158, 172, 173, 178, 185, 200, 231, 241, 256, 262, 294 et 295. D’après L. Lemarié, Assemblées, p. 110, « de tous les historiens, Mably eut sur la Révolution l’influence la plus directe et aussi la plus forte .» 122 J.-N. Moreau, Principes, V, p. 357-358. Comme chez Dumont (supra, p. 29), on sent qu’il y a derrière cette critique, parfaitement légitime dans le chef de l’historien soucieux de débusquer les anachronismes, une répugnance d’un autre ordre, plus viscéral, qui n’est pas sans rappeler l’anecdote suivante du Journal de l’Abbé de Véri. Le règne de Louis XVI et la Révolution française 1774-1799. I. 1774-1784, éd. Ph. Haudrère, Genève, 2016 (Bibliothèque des Lumières, 87), p. 644 : « Les expressions triviales dans ma jeunesse : Servir le roi, servir la Patrie, planter des choux, végéter dans son village n’ont plus dans la bouche des Français les impressions de gloire ou de mépris qu’elles portaient anciennement. À peine ose-t-on dire : Servir le Roi ; on y a substitué le mot : Servir l’État. Ce dernier mot a été, du temps de Louis XIV, un blasphème. Nous avons vu, dans les vingt premières années de Louis XV, un reste de cet esprit lorsqu’un ministre se récria dans une académie contre le mot : Servir la nation – « Il n’y a point de nation en France, dit-il, il n’y a qu’un roi. » ». Ces lignes montrent que le vocabulaire « républicain » s’impose bien avant la Révolution. 123 J.-N. Moreau, Principes, VII, p. 98, note -g-. 124 J.-N. Moreau, Principes, III, p. 116 et 153. 125 Id., ibid., p. 115 et 152. 126 Id., ibid., p. 139. 127 Id., ibid., p. 114 ; développements—plutôt confus, au demeurant—, p. 111-115 et V, p. 354-355. 128 Id., Principes, III, p. 115.
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indiqué par le Maire au nom du Roi, ils ne se séparoient plus jusqu’au moment où ils partoient pour la campagne : leur mouvement, leur agitation, les intrigues qui circuloient parmi cette multitude, faisoient alors la force du premier Magistrat ; mais lorsque ce premier Magistrat fut devenu Roi, il n’eut plus le même intérêt : par eux il avoit fait trembler le Souverain, il eut à son tour sujet de craindre leurs cabales ; & ce fut pour parer à cet inconvénient, que l’on rapprocha insensiblement la tenue du plaid du moment où les Guerriers devoient partir pour marcher à l’ennemi129. » N’étant plus arrimé à Du Cange (même s’il le cite au moins une fois130), Moreau tend à perdre de vue ce que les assemblées auxquelles on avait jadis donné le nom de Campus Martius/Madius pouvaient—ou non—avoir de spécifique. Ses propos sont plus politiques qu’historiques et se nourrissent davantage de préjugés que de faits documentés131. Un siècle plus tard, Wilhelm Sickel132 aura la même analyse monarchiste, niant toute participation ancienne du peuple au pouvoir : comme Moreau, il conjure le spectre de la révolution—celle qui gronde, réprimée, depuis l’échec de 1848, plutôt que celle de 1789, que tout annonçait lorsqu’écrivait son devancier. En revanche, la thèse de Frank Stenton (1943) ne présente avec celles de Moreau et Sickel qu’une ressemblance superficielle : certes, il considère le witan ou witanegemot des AngloSaxons comme un instrument de la volonté royale dénué de toute représentativité proto-parlementaire, mais c’est moins par conviction idéologique que par agacement à l’encontre de l’histoire régressive, dominante jusqu’alors, qui n’étudiait pas les assemblées anciennes pour elles-mêmes mais comme source supposée de l’institution moderne133. D’une certaine façon, Moreau annonce en outre Boutaric et Brunner, car, comme eux, il lie Champ de Mars, maires du palais pippinides et naissance de la féodalité. Pour lui, cependant, les premiers vassaux ou « bénéficiers » forment autour des ancêtres de Charlemagne une clientèle qui leur permet d’intimider le roi mérovingien et de prendre le contrôle des assemblées ; tandis que pour eux, ce sont les membres d’un nouveau corps d’élite, la cavalerie, déployée par Charles Martel pour vaincre l’envahisseur arabo-musulman. Cette thèse-ci, on l’a dit, ne résiste pas à la critique ; sans doute celle-là ne vaut-elle guère mieux134. Moreau fut longtemps considéré, à tort, comme l’un des principaux instigateurs du « coup d’État » de Maupeou. Mais s’il en réprouvait peut-être la méthode—la dissolution des parlements contestataires par des moyens illégaux et leur remplacement
129 Id., Principes, VII, p. 38-39, voir égalem. V, p. 354. 130 Id., Principes, III, p. 117. Les réflexions passablement embrouillées des pages précédentes, spéc. p. 113 (contraste entre « lieu » et « mois »), doivent beaucoup à Du Cange. 131 Un défaut qu’il partage avec quantité d’« historiens » de son époque, tels Boulainvilliers, Mably, Lepaige et leur précurseur, Hotman : L. Lemarié, Assemblées, passim, spéc. p. 76 (Hotman), 93 et 95 (Boulainvilliers), 117 et 129 (Lepaige). 132 W. Sickel, « Die merowingische Volksversammlung », dans MIÖG Ergänzungsband, 2, 1888, p. 295-360. 133 Voir L. Roach, Kingship, p. 3. 134 On en trouve une variante chez L. Lemarié, op. cit., p. 28 et 31-32. Pour lui, c’est au viie s. que les grands « prennent l’habitude d’amener avec eux la nombreuse suite de leurs gens », ainsi aux assemblées de Clichy (627) et Autun (642). Ce phénomène entraîne une mutation des grandes assemblées, qui, d’aristocratiques (viie s.), deviennent populaires (deuxième moitié du viiie s.).
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par des collèges plus soumis—135, il n’en applaudissait pas moins la conséquence première : le net renforcement de l’autorité royale. Animée vis-à-vis cet événement de sentiments diamétralement opposés, Mademoiselle de Lézardière soutient que « la véritable monarchie n’existera […] jamais que dans un gouvernement où la loi de l’indivisibilité de la puissance législative entre le roi et le peuple aura fondé la sûreté de l’état du prince, la sûreté de l’état de ses sujets, sur la fixation inébranlable de leurs droits respectifs136 ». Immuable137, cette maxime se vérifie déjà sous les Mérovingiens et les Carolingiens : « […] en conséquence du concours du prince et du peuple à la puissance législative dans l’empire franc, les rois et les sujets furent étroitement obligés d’observer les uns à l’égard des autres les lois établies, et ne purent y déroger par leurs volontés partielles […]138 ». Chez Moreau, comme chez sa jeune critique139, l’idéologie domine et l’histoire sert. De Mademoiselle de Lézardière on a pu affirmer récemment que « son esprit [était] en réalité moins curieux des faits que des principes140 ». Mais en cela, elle était de son temps. Voltaire, disait l’abbé Véri, « écrit […] aussi souvent[, dans ses ouvrages historiques,] d’imagination et de mémoire et même de passion que d’étude sur les monuments141 ». Ce jugement peut s’entendre également, à des degrés divers, de tous ceux qui s’efforçaient de trouver dans le passé plus ou moins lointain les lumières capables d’extraire la monarchie de la crise existentielle qui la minait142. L’immense mérite de Mademoiselle de Lézardière, qui lui donne un avantage décisif sur Moreau, est d’avoir réuni une masse prodigieuse de textes et de les avoir organisés thématiquement. Sans cette précieuse chrestomathie, qu’on pourrait intituler : Recueil de textes pour servir à l’histoire politique et sociale du Haut Moyen Âge, la Verfassungsgeschichte de Waitz, qui lui doit
135 B. Hervouët, Jacob-Nicolas Moreau, p. 60-63. 136 M.-Ch.-P. R. de Lézardière, Théorie des loix politiques de France, III, Paris, 1792, discours, p. 38 ; 1844, p. 126. 137 Sur cette facette de sa conception de l’histoire, voir B. Carmaux, « Mlle de Lézardière : une certaine idée de la monarchie française », dans Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 102, 1995, p. 67-74, p. 71, à propos du Tableau des droits réels et respectifs du Monarque et des sujets depuis le fondement de la monarchie française jusqu’à nos jours, œuvre de jeunesse, parue en 1774 : « [Elle] considère les choses sous l’aspect de l’éternité, faisant abstraction des siècles, [et] projette en dehors du temps une constitution idéale, unique reflet de l’histoire. » Les historiens réformateurs étudiés par L. Lemarié, Assemblées, voient les choses de la même façon : « Gens habiles et prudents », ils « voulaient à tout prix éviter la dangereuse réputation de “révolutionnaires”. Ils admirent donc que les principes de l’ancienne monarchie n’avaient jamais varié, et que ces institutions franques, très libres, s’étaient continuées jusqu’au xvie siècle [les derniers États Généraux furent réunis à l’orée du siècle suivant], qu’elles étaient tombées en désuétude au cours du xviie avec l’absolutisme royal et qu’il suffisait pour être complètement heureux de les rétablir dans leur ancien état » (p. 68, italiques ajoutés ; voir égalem. p. 126 et 128). 138 M.-Ch.-P. R. de Lézardière, Théorie, sommaire des preuves, p. 94 ; 1844, p. 618. 139 Qui lui consacre spécifiquement une vingtaine de pages : M.-Ch.-P. R. de Lézardière, Théorie, sommaire des preuves, p. 127-146, « Exposition et réfutation du système de M. Moreau, Historiographe de France, sur les assemblées générales » ; 1844, preuves, p. 588-603. 140 B. Carmaux, Mlle de Lézardière, p. 71. 141 J.-A. de Véri, Journal, p. 541, année 1778, italiques ajoutés. 142 Voir supra, n. 131.
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tant143, eût été inconcevable. Et sans Waitz … ! On croira volontiers que ce fut la taille même de cette montagne qui découragea d’emblée celle qui l’avait élevée de critiquer et d’analyser séparément, comme il l’eût fallu, chacune des preuves qui la consituaient. Ainsi, par exemple, relève-t-elle dûment le remplacement, sous Pépin, du Champ de Mars par le Champ de Mai144, sans toutefois chercher à l’expliquer. Ainsi aussi aligne-t-elle, pour les assemblées sous les derniers Mérovingiens, une série impressionnante de témoignages de teneur très voisine145, sans commenter cette parenté ni voir que toutes ces pièces ne sont pas originales au même point : à côté des Annales des Francs (que nous connaissons sous le titre de Chronicon Laurissense breve), de celles de Fulda, d’Éginhard et de Théophane, elle cite Adrévald, qui ne fait que reproduire Éginhard, et la Vie de saint Burchard, qui dérive de Théophane146. On aurait tort de croire que les milieux intellectuels furent les seuls à remuer le souvenir des Champs de Mars/Mai carolingiens ou qu’on ne l’ait jamais fait que dans le cadre de combats d’idées. Qu’à dater de son sacre impérial Napoléon se soit réclamé de Charlemagne, voilà qui tombe presque sous le sens147. Lorsqu’il appelle « Champ de Mai » la grande assemblée nationale qu’il convoque à son retour de l’île d’Elbe, et qui doit, dans sa conception, rendre au Champ-de-Mars, à Paris, un suffrage décisif en faveur de l’Acte additionnel aux constitutions de l’empire, la référence aux précédents historiques n’est pas moins évidente148.
143 K. F. Werner, « Historisches Seminar – École des Annales. Zu den Grundlagen einer europäischer Geschichtsforschung », dans : J. Miethke (éd.), Geschichte in Heidelberg. 100 Jahre Historisches Seminar, 50 Jahre Institut für Fränkisch-Pfälzische Geschichte und Landeskunde, Berlin etc., 1992, p. 1-38, p. 8-9 : « Il suffit de parcourir les ouvrages français que Waitz cite de loin en loin, tels ceux de Lehuërou et Mademoiselle de Lézardière, pour se convaincre de ce que, pour des pans entiers de l’histoire des institutions franques, sur lesquels, avant lui, il n’existait guère de travaux de base en langue allemande, il reprend tels qu’ils étaient chez ses prédécesseurs français des groupes entiers de preuves, sans y ajouter de citation nouvelle. » B. Carmaux, Mlle de Lézardière, p. 74, signale que [Friedrich Carl von] Savigny fut un des premiers à redécouvrir la Théorie et qu’il « fut frappé du mérite de l’ouvrage ». 144 M.-Ch.-P. R. de Lézardière, Théorie, sommaire des preuves, p. 30, et preuves, p. 81-82 (1844, p. 514), s’appuyant sur VR, les Annales Petaviani (dont les rapports avec plusieurs « petites annales » et spécialement les Annales Laureshamenses sont étudiés par R. Pokorny, Annales, en particulier p. 15-17) et « le dernier continuateur de Frédégaire ». « L’époque seule changea », assure-t-elle—comme Hénault, avant elle, Boutaric, Brunner et d’autres encore, après, voir supra, § 1.4. 145 M.-Ch.-P. R. de Lézardière, Théorie, sommaire des preuves, p. 41 et preuves, p. 122-125 ; 1844, p. 530-531, 5o et 6o, p. 590, 5o. On les étudiera infra, chap. 5. 146 La chaîne s’établit ainsi : Théophane > trad. lat. par Anastase le Bibliothécaire (fin ixe) > Landolf Sagax, Historia Romana (v. 980 × v. 1020) > Frutolf de Michelsberg, Chronique (xi2) > Ekkehard d’Aura, continuateur et correcteur de Frutolf, auteur de la Vita Burchardi posterior (début xiie) (A. J. Stoclet, « Zur politisch-religiösen Tendenz der Chronik Frutolfs von Michelsberg », dans DA, 40, 1984, p. 200-209 ; sur la Vita Burchardi Posterior et son auteur : Die Lebensbeschreibungen Bischof Burchards von Würzburg. Vita antiquior – Vita posterior – Vita metrica, éd. D. Barlava, Hanovre, 2005 [MGH SS rer. Germ., 76]). 147 Bon aperçu : Th. Lentz, « Chapitre I. Un empire pour le successeur de Charlemagne », dans : Id. (éd.), Le sacre de Napoléon, s. l., 2003, p. 14-29. 148 Décret impérial daté de Lyon, le 13 mars 1815, article 3, consulté sur le site de la Bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence (les italiques sont dans le texte) : « Les Collèges électoraux des Départements de l’Empire seront réunis à Paris dans le courant du mois de Mai prochain en assemblée extraordinaire du Champ de Mai, afin de prendre les mesures convenables pour corriger et modifier nos Constitutions, selon
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Dans la galerie que l’on vient de parcourir d’un bon pas, trois individus se détachent nettement par leur apport capital à l’édification ou au renouvellement de la base documentaire sans laquelle le débat n’existerait pas : Du Cange, Lézardière et Ahrens. À eux trois, ils ont largement épuisé le filon alto-médiéval (sinon, peutêtre, la veine tardo-antique) : il est douteux en effet qu’une découverte fracassante vienne bouleverser de fond en comble le statu quo qui remonte, sur ce point précis, à leurs travaux. Les autres protagonistes de notre rétrospective se trouvèrent donc réduits au rôle de commentateurs dont ils s’acquittèrent avec plus ou moins de bonheur, cédant plus souvent qu’à leur tour aux sirènes de l’histoire philosophique à la Tocqueville, qui n’avait que mépris pour l’érudition et le détail149 : aussi, à les suivre, a-t-on le sentiment de tourner en rond. Quand ce n’est de faire du sur-place, lorsqu’on découvre que des clichés ou des formules vieilles de deux mille ans sont régurgitées d’âge en âge et données pour originales—par Brunner, en particulier. D’où peut-être le trouble dont certains furent saisis, leur crainte de n’avoir rien de neuf à dire, et leur recours désespéré au plagiat. S’il y a un salut, il ne saurait donc se trouver que dans l’approfondissement plutôt que dans la découverte d’inédits pertinents.
l’intérêt et la volonté de la Nation ; et en même temps pour assister au couronnement de l’Impératrice notre très-chère et bien aimée Épouse, et à celui de notre cher et bien aimé Fils. » Le Champ-de-Mars est mentionné dans le compte-rendu paru au Moniteur Universel du 7 avril, p. 392bc, des projets présentés par « M. le chevalier Fontaines, premier architecte de l’Empereur » « pour la salle dans laquelle doivent être réunis les membres de l’assemblée du Champ-de-Mai, au nombre d’environ 20.000 ». De multiples brochures virent le jour à l’occasion de cet événement (pour une analyse politique, voir J. Bloquet, « L’Acte additionnel aux constitutions de l’empire du 22 avril 1815 : une bataille perdue d’avance ? », dans Napoleonica. Histoire politique, diplomatique, sociale et des arts, sous les deux Empires napoléoniens, 13, 2012, p. 3-39). Plusieurs font le rapprochement avec les assemblées franques et deux au moins s’appesantissent sur celles-ci : L’assemblée du Champ-de-Mai, Sa Composition, sa Réunion, son Objet, Et les anciennes assemblées du Champ-de-Mars et du Champ-de-Mai, sans nom d’auteur, [Paris] : Imprimerie de Renaudière, rue des Prouvaines, no 16, sans date [prob. 1815] et A. Caillot, Recherches historiques sur les Assemblées nationales dites du Champ de Mars et du Champ de Mai ; terminées par un Coup-d’œil sur les Parlemens de la troisième race des Rois de France, jusqu’à la première convocation des États-Généraux, Paris, avril 1815, de 8 et 40 pages, respectivement (ce dernier cite, p. 15, la thèse du Président Hénault dont il a été question ci-dessus, § 1.4). Le précédent historique est encore rappelé—sur un ton sarcastique, évidemment—par Edmond Biré dans la note 2, t. IV, p. 10, de son édition des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, parue en 1904 : « La fête fut magnifique, mais ce fut une fête de théâtre. […] Ce Champ de Mai qui, dans la pensée de Napoléon, devait évoquer les souvenirs de Charlemagne, réveillait dans l’esprit des spectateurs les souvenirs de Jean de Paris, le héros d’un opéra de Boieldieu alors très en vogue. » L’âge d’or carolingien fut déjà une référence importante lors des âpres discussions autour des états généraux de 1789, de la forme que devait prendre la représentation nationale et des pouvoirs dont elle serait dotée : ainsi, par ex., J.-A. de Véri, Journal, passim, spéc. p. 138 (« Le parlement, tel que Charlemagne l’assemblait, était la nation »), 1511 (« […] le parlement n’a pas le pouvoir de concourir à un impôt perpétuel sans le suffrage de toute la nation assemblée [comme ce fut la cas aux] temps heureux de Charlemagne, de Charles V, de Louis XII et Henry IV, qui durent leurs succès au soin qu’ils avaient de la consulter ») et 1565 (« usage antique des états généraux »). Ou lorsque le Champ-de-Mars accueillit les grandes fêtes révolutionnaires, de la Fédération (14 juillet 1790) ou de l’Être Suprême (8 juin 1794) : Id., op. cit., p. 1812 ; R. Morrissey, L’empereur à la barbe fleurie. Charlemagne dans la mythologie et l’histoire de France, Paris, 1997 (Bibliothèque des Histoires), p. 346-347 ; I. Delage et Ch. Prévot, Atlas de Paris au temps de Napoléon, Paris, 2014, p. 182. 149 F. Furet et F. Mélonio, « L’Ancien Régime et la Révolution (1856). Notice », dans : Tocqueville, Œuvres, III, éd. et comm. Iid., Paris, 2004 (Bibliothèque de la Pléiade, 503), p. 994-1012, spéc. p. 994, 995 et 999-1000.
Chapitre 2
De l’Antiquité tardive au Haut Moyen Âge
Le prurit indigéniste, particulièrement prononcé en Allemagne pendant le siècle et demi qui sépare Napoléon d’Adenauer, eut pour conséquence regrettable que le Campus Martius franc fut longtemps considéré, de manière exclusive, comme l’héritier lointain des assemblées germaniques décrites par Tacite en quelques lignes qu’on lisait avec davantage de foi ou de ferveur que d’esprit critique. En revanche, la phase impériale de l’histoire du Champ de Mars romain fut largement négligée1
1 M.-Ch.-P. R. de Lézardière, Théorie, sommaire des preuves, p. 131-132 (1844, p. 591), a pu contribuer à cet état de choses en déclarant irrecevable la comparaison que J.-N. Moreau, Principes, III, 113 et 116-118, aurait faite entre « l’assemblée de l’armée francque, convoquée annuellement par Clovis » et les « assemblées des troupes impériales, où le césar Julien et d’autres empereurs faisoient des revues au champ de Mars »—en réalité, loin de les présenter comme analogues, J.-N. Moreau, op. cit., p. 113, oppose lui aussi ces deux termes. « Les armées de Clovis et de ses successeurs », explique M.-Ch.-P. R. de Lézardière, op. cit., loc. cit., « étoient composées du corps du peuple de la monarchie, et n’étoient pas un corps de stipendiaires » comme celles de Julien : cette différence fondamentale entraînait nécessairement celle des assemblées correspondantes. Le recrutement des troupes—ainsi, ajoutera-t-on, que leur rôle politique éventuel, qui peut ou non y être lié—constitue assurément une clef de première importance, qu’il conviendrait d’étudier sur la très longue durée, sachant que les prises de position pouvaient également revêtir une dimension morale ou philosophique bien marquée, par ex. J.-J. Rousseau, Dernière réponse [aux critiques de son Discours sur les sciences et les arts], 1752, dans : Id., Œuvres complètes, III, éd. et comm. B. Gagnebin, M. Raymond et al., Paris, 1964 (Bibliothèque de la Pléiade, 169), p. 71-96, p. 82 : « La Guerre est quelquefois un devoir, et n’est point faite pour être un métier. Tout homme doit être soldat pour la défense de sa liberté ; nul ne doit l’être pour envahir celle d’autrui ; et mourir en servant la patrie est un emploi trop beau pour le confier à des mercenaires. » On a pendant fort longtemps maintenu que, chez les peuples dits « barbares », l’obligation militaire effective s’imposait à tous les hommes libres. Plus récemment, une distinction capitale a été suggérée entre guerres défensives mobilisant l’ensemble de la population mâle, toutes conditions confondues, et guerres offensives (ost), où les besoins, en principe plus réduits, donnaient lieu à une sélection opérée selon différents critères—proximité, tour de rôle, volontariat (B. Bachrach, Early Carolingian Warfare : Prelude to Empire, Philadelphie, 2001 [The Middle Ages Series], chapitre 2 ; T. Lambert, Law and Order in Anglo-Saxon England, Oxford, 2017, p. 118). Par conséquent, c’est en prenant part à l’assemblée locale que l’individu jouissant de la liberté juridique se sera normalement acquitté du volet civil de ses devoirs envers la communauté—il ne se sera rendu qu’exceptionnellement à l’assemblée générale du royaume, lorsqu’on l’aura convoqué à l’ost. Il est clair que la superficie de l’État concerné, la distance plus ou moins grande du centre à la périphérie comme du sommet de la pyramide socio-politique à sa base, et l’importance numérique de celle-ci (mesurée en milliers, dizaines de milliers ou millions d’individus) pouvaient avoir une incidence notable sur la composition des armées. D’après Jean le Lydien (milieu du vie s.), Des magistratures de l’État romain, 1.39, 1.45, 1.46.1-2, éd., trad. et comm. M. Dubuisson et J. Schamp, Paris, 2006 (CUFSG, 450), p. 49-50, 55 et 55-56, et 3.34, éd., trad. et comm. J. Schamp, Paris, 2006 (CUFSG, 452), p. 85-86, les armées romaines étaient essentiellement, jusqu’à Marius (107-88 av. J.-C.), des milices citoyennes, dont les frais d’équipement et de bouche furent pris en charge, progressivement,
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de sorte que son étude accuse encore un retard significatif qu’il serait urgent de rattraper en même temps qu’on en élargirait l’objet aux calendes de mars et de mai. On trouvera dans les Tableaux 3 à 7, en fin de chapitre, une première moisson de données, qui n’est, à tout prendre, qu’une mise-à-jour de listes anciennes2, revues et augmentées3. Je n’en risquerai pas ici un commentaire d’ensemble, qui serait prématuré—vu l’état de la documentation, sans doute fort lacunaire—et exigerait des compétences spécifiques. D’autant que, pour évaluer correctement la signification d’une date de jour et de mois, il conviendrait notamment, en bonne méthodologie, de la soumettre à l’épreuve statistique : autrement dit, de procéder, au sein du Code Théodosien, des Novelles de Justinien ou du corpus relatif aux inaugurations des princes, par exemple, à une pondération comparable à celle qui sera proposée plus loin dans le cadre de la diplomatique royale des Francs. On aura donc compris que le propos, dans les lignes qui suivent, est infiniment plus modeste : il s’agit d’esquisser quelques pistes, dans l’espoir que d’autres veuillent bien les creuser.
2.1. Le Champ de Mars/Mai, de Maximin Daïa à Charlemagne L’assemblée au cours de laquelle Maximin Daïa fut proclamé empereur (4:3)4 est celle qui présente avec les faits francs l’analogie la plus étroite : même nom (Campus Martius), même composition, essentiellement voire exclusivement militaire (exercitus), et surtout, même vocation à se reproduire, régulièrement sans doute, dans le temps (proximus). La ressemblance est d’autant plus significative que l’on peut à bon droit
par le trésor public (la participation de personnes « privées de droits », les tirones, n’étant pas, pour autant, exclue, 1.48.4-5 [Dubuisson et Schamp, p. 64]). Lorsque, dans les faits comme dans les esprits, la Cité-État eût laissé place à l’Empire, cette configuration changea profondément, elle aussi, et gagna en efficacité : la machine de guerre des Perses sassanides, qui n’avait pas su évoluer, était, au jugement de l’auteur, beaucoup plus lente à réagir que celle de Justinien, son contemporain. Pour une réévaluation de la situation au dernier siècle de la République—avec des implications au-delà de cette chronologie—, voir F. Cadiou, L’Armée imaginaire : les soldats prolétaires dans les légions romaines au dernier siècle de la République, Paris, 2018 (Mondes anciens, 5). 2 Celles de Ch. du Fresne, sieur du Cange, « Disquisitio topographica de Hebdomo », dans : Id., Notae historicae in Zonarae Annales (annexe, avec pagination propre, de : Joannis Zonarae … Annales, éd. Id., II), Paris, 1687, p. 126-144, pour les Tableaux 3 et 4 ; et celles de M. Springer, Jährliche Wiederkehr, pour le Tableau 6. 3 Grâce aux Regesten der Kaiserurkunden des oströmischen Reiches von 476 bis 565, éd. T. Lounghis et al., Nicosie, 2005 (Quellen und Studien zur Geschichte Zyperns, 52) ainsi qu’aux Regesten der Kaiserurkunden des oströmischen Reiches von 565—1453, éd. F. Dölger, A. E. Müller, et al., Munich, 2009 (Corpus der griechischen Urkunden des Mittelalters und der Neueren Zeit. Reihe A : Regesten. Abteilung I : Regesten der Kaiserurkunden des oströmischen Reiches), pour les périodes plus récentes ; à l’Epigraphic Database Heidelberg, pour les inscriptions ; au Cross Database Searchtool (CDS) et à la Patrologia Latina Full Database (PLFD), pour ceux des textes littéraires et juridiques qui y sont repris. 4 Le premier chiffre renvoie au tableau, le deuxième à la ligne : Tableau 4, ligne 3 (la ligne de titres n’étant pas comptée).
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écarter tout soupçon de filiation textuelle5. Peut-être Tacite (4:1) fut-il lui aussi proclamé par l’armée (celle de Thrace ou des Balkans, en l’occurrence6) lors d’une assemblée de ce type et de ce nom. Pseudo-Vopiscus aura mal compris cette indication ou l’aura modifiée à dessein, lui qui ne se prive pas, par ailleurs, de traiter et ses sources et la réalité historique avec une désinvolture évidente : telle qu’il la rapporte, la cérémonie se déroule à Rome, au célèbre Champ-de-Mars, et le prince monte même à la Tribune des Comices—un anachronisme dont les commentateurs soulignent l’absurdité7. Son contemporain, Ammien Marcellin, dont les récits sont souvent croisés par la critique avec ceux de l’Histoire Auguste, rapporte l’avènement de Valentinien Ier (4:5) en termes très similaires : réunies en un champ de manœuvres (campus) que domine une estrade (tribunal), les troupes font office de comices, comitiorum specie. La fréquence annuelle des assemblées tardo-romaines du premier mars est faiblement attestée. Les deux constitutions de Julien datées de ce jour à douze mois d’intervalle, en 362 (6:11) et 363 (6:12), n’en apportent la preuve qu’à condition de supposer qu’elles impliquent la tenue d’assemblées, qu’en d’autres termes elles puissent se comparer sous cet angle aux dispositions prises naguère par Constantin, de passage chez les Velovoci, en faveur des vétérans (6:5). La teneur de la première—elle vise la bureaucratie militaire—et le contexte de la deuxième—celui d’un branle-bas fébrile à quelques jours seulement d’une campagne d’envergure contre les Perses—peuvent être interprétés en ce sens. De même on peut penser que, lorsqu’aux calendes de mars 545, Justinien règle avec minutie, dans sa 130e Novelle—la seule qui fût consacrée intégralement à des questions militaires—les moindres détails administratifs de l’approvisionnement des troupes en territoire ami (6:25), il le fait en présence de l’armée et très probablement à la veille du départ de celle-ci pour le théâtre d’opérations. Si donc l’Antiquité tardive n’a livré aucune série d’occurrences qui soutînt le parallèle avec celles des règnes de Pépin et Charlemagne, on y trouve en abondance relative des traits ou des faisceaux de traits susceptibles d’étayer une équivalence terme à terme.
2.2. Investitures et Champs de Mars/Mai (ive-viiie siècle) Les cérémonies d’investiture occupent un place prépondérante dans notre corpus. De 364 à 402 et de 450 à 475, beaucoup—une petite dizaine (3:1-5 et 3:6-9)—eurent pour cadre, aux portes de la nouvelle Rome, un nouveau Campus Martius : le Kampos, 5 Le De mortibus persecutorum de Lactance n’est connu que par un seul manuscrit : Paris, BNF, lat. 2627 (xie s., orig. et proven. Moissac), copié sur un exemplaire wisigothique perdu. L’histoire posthume de l’œuvre de Lactance n’est pas encore écrite : V. Fàbrega, « Lactantius », dans RAC, XXII, 2008, col. 795825, col. 821. Grégoire de Tours, De cursu stellarum ratio, 12, éd. B. Krusch, Gregorii episcopi Turonensis miracula et opera minora, Hanovre, 1885 (MGH SS rer. Merov., 1/2), p. 404-422, p. 411, cite un long extrait de son De ave Phoenice (V. Fàbrega, op. cit., col. 822). 6 A. Chastagnol dans Histoire Auguste : Les empereurs romains des iie et iiie siècles, éd. E. Hohl, trad. J. et A. Chastagnol, comm. A. Chastagnol, Paris, 1994 (Robert Laffont. Bouquins), p. 1028-1029 ; F. Paschoud dans Histoire Auguste. V/1. Vies d’Aurélien, Tacite, éd., trad. et comm. Id., Paris, 1996 (CUFSL, 335), p. 276. Chastagnol penche pour la Thrace, Paschoud pour les Balkans. 7 F. Paschoud, op. cit., p. 273.
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vaste champ de manœuvres sur les rives de la mer de Marmara, dans la banlieue de l’Hebdomon, à sept milles à l’ouest du centre-ville8. Ensuite, après un hiatus de plus d’un siècle, Phocas y reçut les insignes du pouvoir en 602 (3:10) ; la série se clôt en 813 (3:11), avec Léon V l’Arménien, dans un quartier relevé de ses ruines9. Des solennités analogues se déroulent ailleurs dans l’empire (Tableau 4), en des lieux qui, quoique de même nature (campus/kampos, tribunal), ne sont pas nécessairement doués de la même permanence : ainsi, par exemple, la tribune sur laquelle Probus prend place (4:2) est-elle édifiée à la hâte avec des matériaux périssables10. Près de la moitié (4:4-7) sont contemporaines du premier pic d’activité à l’Hebdomon, mais la dernière se produit un siècle et demi exactement (4:9) après l’ultime inauguration à cet endroit. On notera enfin que l’un des actes fondateurs de la Tétrarchie (6:1), ce moment charnière dans le devenir de l’empire romain, fut posé un premier mars, comme le souligne, avec l’hyperbole de circonstance, un panégyriste contemporain : « Ô calendes de Mars qui autrefois marquiez le début des années successives et qui aujourd’hui inaugurez l’éternité des empereurs11 ! » Douze ans plus tard, c’est aux calendes de mai que s’effectue le renouvellement du collège primitif (7:1). De manière plus générale, on dira que les éphémérides de ces deux jours (Tableaux 6 et 7) font une place honorable aux inaugurations. Les fastes impériaux sont donc une composante majeure de la problématique « Champ de Mars » dans l’Antiquité tardive. À l’époque franque, ce n’est plus le cas—plus, du moins, de manière aussi évidente. Certes, le premier « sacre » de Pépin est célébré en 751 à Soissons, là même où, en 487, Clovis avait inspecté ses
8 Principaux travaux : Ch. du Cange, Disquisitio ; H. Glück, Das Hebdomon und seine Reste in Makriköi : Untersuchungen zur Baukunst und Plastik von Konstantinopel, Vienne, 1920 (Beiträge zur vergleichenden Kunstforschung, 1) ; R. Demangel, Contribution à la topographie de l’Hebdomon, Paris, 1945 (Recherches françaises en Turquie, 3) ; R. Janin, Constantinople byzantine. Développement urbain et répertoire topographique, Paris, 1964 (Archives de l’Orient chrétien, 4A), p. 446-449 ; G. Dagron, Naissance d’une capitale : Constantinople et ses institutions de 330 à 451, Paris, 1974 (Bibliothèque byzantine. Études, 7), passim (voir index s. v. « Hebdomon ») ; C. Mango, « Hebdomon », dans Oxford Dictionary of Byzantium, Oxford, 1991, 2:907 ; G. Siebigs, Kaiser Leo II. Das oströmische Reich in den ersten drei Jahren seiner Regierung (457-460 n. Chr.), Berlin et New York, 2010 (Beiträge zur Altertumskunde, 276), p. 730 et n. 12, ibid., ainsi que p. 732-733, n. 21. Équivalence Kampos = Campus Martius : Ch. Du Cange, op. cit., p. 130, § 7 ; H. Glück, op. cit., p. 60 ; R. Janin, op. cit., p. 447 ; G. Dagron, op. cit., p. 100. 9 C. Mango, op. cit. : « L’Hebdomon fut probablement dévasté aux viie—viiie s. Des flottes arabes y débarquèrent en 673 et 717. » Voir égalem. G. Siebigs, op. cit., p. 733, n. 21. 10 Ce détail semblerait plutôt contredire l’hypothèse de Paschoud, qui situe l’épisode près d’Antioche. Dans la deuxième moitié du ive s. au plus tard, cette importante cité, auprès de laquelle les troupes impériales combattant sur le front persan prennent ordinairement leurs quartiers d’hiver, est dotée d’un champ de manœuvres permanent : Libanius, Oratio 15, passim (quartiers d’hiver), spéc. 15.17 et 15.76 (champ de manœuvres), éd. R. Foerster, trad. A. F. Norman, Libanius, Selected Works. I. The Julianic Orations, Cambridge (MA, USA) et Londres, 1969 (LCL, 451), p. 156-159 et 198-201. 11 Panegyricus Constantio dictus, 3.1 = Panégyriques latins, 4.3.1, éd. et trad. É. Galletier, Paris, 1949-1955 (CUFSL, 128, 137 et 147), 1:84 : O Kalendae Martiae, sicut olim annorum uoluentium, ita nunc aeternorum auspices imperatorum ! Sur ce texte, voir A. Hostein, La cité et l’Empereur : les Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins, Paris, 2012 (Publications de la Sorbonne. Histoire ancienne et médiévale, 117), passim, spéc. p. 73-76.
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troupes in campo Marcio12 ; et le deuxième, le 28 juillet 754, la même année que l’assemblée générale des calendes de mars qui marque aussi, dans la longue histoire du Campus Martius, le commencement de la phase carolingienne. Ainsi énoncées, ces « correspondances », si toutefois elles méritent ce nom, manquent singulièrement d’épaisseur. Cependant, comme on sait, l’avènement de Pépin introduit une rupture sans précédent dans la continuité dynastique. Aussi, son cérémonial, qui devait affirmer d’une manière ou d’une autre la légitimité du nouveau roi tout en excluant celle que confère le sang, se recentra-t-il sans doute sur celle des armes, seule capable, à cette époque, d’emporter la décision. À Byzance, Léon Ier et plusieurs de ses successeurs (Tableau 3), dont le troisième du nom, contemporain de Charles Martel13, avaient fait le même choix parmi ceux qui s’offraient à eux—en assez grand nombre, si l’on en croit Pierre le Patrice, connaisseur bien placé et auteur d’un précieux guide en la matière14. Selon Dagron15, « lorsque le pouvoir n’[y] est pas transmis par voie héréditaire mais échoit à un “homme nouveau”16, toute proclamation impériale prend des allures de triomphe, […]. » Or il se fait que presque toutes les indications retenues par Childebrand pour la tranche de sa chronique allant de la mort de Charles Martel jusqu’à l’accession de Pépin (741-751)17, semblent s’aligner sur les critères qu’au temps de la République, les autorités romaines compétentes exigeaient d’un général victorieux avant de lui décerner les honneurs du triomphe18. Chez d’autres barbares également, le sectionnement du cordon dynastique pouvait entraîner des ajustements comparables. Ainsi le Goth Vitigès (4:8), qui regrette de ne pouvoir revendiquer qu’une filiation morale avec le grand Théodoric, oppose-t-il l’essence et la facture martiales de sa propre accession aux sombres tractations de couloirs, qui représentent sans doute la norme lorsqu’il s’agit de désigner un successeur apparenté au roi disparu. Curieusement, les « vastes plaines », qui, dans sa lettre, expriment à la fois la vaillance du prince et la transparence de ses actes, se muent, à Byzance, sous Tibère II et Maurice, en une cour du palais « ouverte à l’air libre »19 : le décor 12 M. Rouche, Clovis, Paris, 1996, p. 208 : « probablement à Soissons ». Mais, si le premier volet du récit se passe clairement à Soissons (Levison et Krusch, 72:8), la terrible punition infligée dans le deuxième au guerrier insolent, à l’occasion de la revue in campo Marcio, est justifiée d’une façon qui semble impliquer un lieu différent : « Ainsi », dit Clovis, « as-tu fait, à Soissons, avec le vase » (Levison et Krusch, 73:2-3). L’incise, « à Soissons », n’a guère de sens que si ces paroles sont prononcées ailleurs qu’en cette cité. 13 G. Dagron, Empereur et prêtre. Étude sur le « césaropapisme » byzantin, Paris, 1996 (Bibliothèque des Histoires), p. 93. 14 Id., ibid., p. 80 : « Pierre le Patrice ne justifie pas cet éventail de protocoles reproduits ou résumés par un scrupule d’historien, mais par le souci de “permettre à chacun [des futurs empereurs] de choisir, le moment venu […] le cérémonial le mieux ordonné et qui lui plaira.” » 15 Id., ibid., p. 95. 16 Léon Ier, par ex., est « un militaire, choisi par l’armée » (Id., ibid., p. 80). 17 CF, 24-33 (Krusch, p. 179-182). 18 Démonstration : A. J. Stoclet, « On the Mayoralcy of Charles Martel’s Sons : Trying to Make Sense of Childebrand », à paraître dans : K. Ubl et P. Breternitz (éd.), Pippin I. und die Erneuerung des Frankenreichs. Internationaler Workshop, Köln, 24-25.ix.2018. 19 Tibère II (578) : Évagre, H. E., 1.5, c. 13. Maurice (582) : Théophylacte Simocatta, Histoire, 1.i, i, 1. Cités par L. Pasco, L’évolution des cérémonies publiques impériales dans le monde romain tardif, thèse, Univ. Paris Ouest-Nanterre-La Défense, 13.i.2014, p. 165 et 166.
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change du tout au tout, mais, paradoxalement, la charge symbolique d’un espace exposé aux éléments demeure. Cet éclairage laisse dans l’ombre la majorité des faits carolingiens, à moins peut-être d’imaginer que, dans ce contexte de consolidation d’un pouvoir encore fragile, les cérémonies d’investiture ou certains de leurs aspects—des engagements formels de soutien et de protection réciproques, par exemple—se fussent répétés annuellement, ce qui n’a rien d’absurde, malgré l’absolu silence des sources20. Appliquée aux Champs de Mars des derniers Mérovingiens, qui feront, ci-dessous21, l’objet d’un examen plus approfondi, la même clef ouvre des perspectives qui sont potentiellement plus intéressantes, quoiqu’à peine plus assurées. De prime abord, ces manifestations n’ont rien à voir avec les rituels d’accession à la royauté. Cependant, à y regarder de plus près, on découvre deux aspects—de portée très différente, il est vrai—qui peuvent s’y rattacher.
2.3. Investitures et voitures d’apparat (ive-viiie siècle) : un indice de continuité Le premier pourrait passer pour un détail mineur, n’était-ce la fascination durable qu’il exerce sur les historiens : il s’agit du char à bœufs sur lequel, d’après Éginhard et les Annales de Fulda, les rois dits « fainéants » se rendaient au Champ de Mars et étaient ensuite reconduits à leur domicile22. On sait la place qu’il occupe dans le débat sur la sacralité des princes mérovingiens, prétendûment païenne23, qui détermine à son tour l’interprétation—toujours dominante—de la prise de pouvoir par les Carolingiens comme triomphe d’une nouvelle sacralité royale, strictement chrétienne. Il ne fait plus aucun doute, aujourd’hui, que le char à bœufs n’est pas le vestige d’un culte remontant à la lointaine antiquité germanique : c’est une voiture d’apparat que les travaux les plus récents comparent à celles que le protocole tardo-romain réservait aux élites (patrices et autres grands dignitaires de l’empire)24, mais qui dérive plus
20 Comparanda : infra, p. 60, n. 47 (Clayton) et Tableau 6, ligne 5, col. « remarques », in fine (Connolly). 21 Chap. 5. 22 Voir infra, § 5.2. 23 Par ex. A. Gauert, « Noch einmal Einhard und die letzten Merowinger », dans : L. Fenske et al. (éd.), Institutionen, Kultur und Gesellschaft im Mittelalter. Festschrift für Josef Fleckenstein zu seinem 65. Geburtstag, Sigmaringen, 1984, p. 59-72, ou A. Hultgård, « Kultische Umfahrt », dans RGA, XVII, 2001, p. 437-442, p. 439b-440a, dans la plus pure tradition allemande. 24 Y. Christie, « Les chars à bœufs des rois fainéants », dans Museum Helveticum, 40/2, 1983, p. 111-118. J. M. Wallace-Hadrill, « Gregory of Tours and Bede : their views on the personal qualities of kings », dans FmSt, 2, 1968, p. 31-44, consulté dans : Id., Early Medieval History, Oxford, 1975, p. 98-114, p. 98, évoquait, de façon moins convaincante, « les gouverneurs de l’empire tardif, faisant leurs tournées [dans] les lourds wagons du cursus clabularis, la poste impériale lente » (cité par A. C. Murray, « Post vocantur Merohingii : Fredegar, Merovech, and ‘Sacral Kingship’ », dans : Id. [éd.], After Rome’s Fall. Narrators and Sources of Early Medieval History. Essays Presented to Walter Goffart, Toronto etc., 1998, p. 131, qui nuance cette opinion en ce sens, principalement, que l’usage allégué n’aurait pas été systématique).
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vraisemblablement25 de celles qu’utilisaient les empereurs eux-mêmes, lors de leurs cérémonies d’investiture. Citons, parmi d’autres, la reda qui, le 1er mai 305, ramène Dioclétien en ville après la passation de pouvoirs en présence de l’armée (7:1)26 ; le vehiculum dans lequel, le 6 novembre 355, Julien prend place aux côtés de Constance, qui vient de le nommer César (4:4)27 ou dans lequel, le 28 mars 364, Valens monte après son frère Valentinien, qui vient d’en faire son collègue (3:1) ; la karoucha (du lat. carruca) ornée de « pommeaux » (gr. mèla) pour laquelle, le 27 janvier 457, arrivant de l’Hebdomon où l’armée l’a proclamé quelques heures plus tôt, Léon Ier troque son cheval afin de franchir l’enceinte primitive de Constantinople (3:7)28 ; ou encore le char (gr. ochèma) dans lequel Phocas (3:10), proclamé à l’Hebdomon le 23 novembre 602, fait son entrée dans la capitale deux jours plus tard29. Les processions se terminent d’ordinaire au « domicile royal »30, domus regia—regia, tout court, dans les textes romains31, domus dans les textes francs32. Il semble certes que le roi bouseux d’Éginhard n’ait plus grand’chose de commun avec les glorieux successeurs d’Auguste. Mais comment, dans ce tableau misérabiliste, trier le vrai du faux, de l’exagération ou de la basse parodie ? Si more rusticorum, « à la façon des paysans », est indubitablement sarcastique, la mention de bœufs comme animaux d’attelage, qui a pu inspirer cette remarque, n’appartient pas, nécessairement, au même registre : en effet, la carruca qu’Erminethrud, une dame de la très haute aristocratie mérovingienne, cède, entre 575 et 650, à la basilique Saint-Symphorien des Vignes, à Paris, où son fils repose—une voiture de luxe, à l’évidence, désignée du même terme que celle de Léon Ier, ci-dessus33, et agrémentée d’une literie, lectaria, pour le 25 J. Den Boeft et al., Philological and Historical Commentary on Ammianus Marcellinus XXII, Groningen, 1995, p. 175-176, à propos du consessus vehiculi, invitent à ne pas confondre ces deux catégories. 26 Lactance, DMP, 19.6 (Creed, p. 30 et 31). 27 Ammien Marcellin, Res gestae, 15.8.17, éd., trad. et comm. É. Galletier avec la collab. de J. Fontaine, Ammien Marcellin, Histoires. I. Livres XIV-XVI, Paris, 1968 (CUFSL, 190), p. 133-134. 28 Pierre le Patrice, Péri politikès katastaséôs, d’où Constantin Porphyrogénète, Livre des Cérémonies, 1.91, éd. J. J. Reiske et B. G. Niebuhr, trad. A. Moffatt et M. Tall, Constantine Porphyrogenetos, The Book of Ceremonies, Canberra, 2012 (Byzantina Australiensia, 18), p. 414, lignes 10, 14-15 et 18-19 du texte grec, ainsi que p. 416, lignes 15 à 20 du texte grec, paraphrasé dans G. Dagron, Empereur, p. 80-84. « Pommeaux » (lit. « pommes ») : p. 416, l. 17, du texte grec (ta mèla tès karouchas). Ils sont « tenus », successivement, par deux soldats des scholai et deux des domestikoi. 29 Chronicon paschale exemplar Vaticanum, éd. L. Dindorf, trad. (lat.) Ch. du Fresne, sieur Du Cange, Bonn, 1832 (Corpus scriptorum historiae Byzantinae), 1:693 ; Chronicon Paschale 284-628 AD, trad. (angl.) et comm. M. et M. Whitby, Liverpool, 1989 (TTH, 7), p. 142, d’où G. Dagron, op. cit., p. 91. 30 Julien à Milan et Léon Ier à Constantinople : mêmes références que ci-dessus. Valentinien Ier, à Nicée : Ammien Marcellin, RG, 26.2.11, éd., trad. et comm. M.-A. Marié, Ammien Marcellin, Histoires. V. Livres XXVI-XXVIII, Paris, 1984 (CUFSL, 271), p. 64. 31 Sur la regia, distincte du palais, voir J. Den Boeft et al., Philological and Historical Commentary on Ammianus Marcellinus XXVI, Leiden et Boston, 2008, p. 58, 192 et 265. 32 Voir Tableau 13 en Annexe 8a, nos 10 : sicque rege domum redeunte (Annales de Fulda), sic domum redire (Éginhard). 33 Sur carruca, voir T. Doorewaard, Karren en wagens. Constructie en gebruik van voertuigen in Gallia en in de Romeinse Rijn-Donauprovincies, thèse, Université d’Amsterdam, 2010, p. 215 (« véhicule richement décoré ») ; TLL, 3:498-499 (sens 1a, « un genre de véhicule / à l’origine, semble-t-il, voitures richement ornées des empereurs, des magistrats et des nantis » ; sens 1b : « au sens large, n’importe quel véhicule »).
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confort des passagers—est elle aussi tirée par des bœufs34 (en revanche, le carosse d’or, ochèma chrusou, depuis lequel l’impératrice Irène répand ses largesses le lundi de Pâques 798 ou 799, est propulsé par quatre chevaux blancs35—quant aux autres textes ici discutés, ils sont muets sur ce point). Enfin, le plaustrum de l’annaliste de Fulda peut être tendancieux—s’il est vrai qu’il possédât une connotation essentiellement rurale36—, le carpentum d’Éginhard non37. La Vita Karoli Magni multiplie—qui l’ignore ?—les emprunts aux classiques, à Suétone en particulier. Pourtant, l’hypothèse d’une dérivation de même nature n’est pas de celles qu’on a envisagées, s’agissant de l’anecdote qui nous occupe, sans doute parce que l’on ne savait trop comment, sans boussole, s’orienter sur le vaste océan des possibiltés et arriver, enfin, à bon port. Le pur hasard des lectures m’a fait découvrir un passage très ressemblant dans Plutarque et un cheminement à peine moins fortuit quelques vers de Tibulle à verser, également, au débat : je les reproduis,
34 Chartae Latinae Antiquiores, Facsimile-Edition of the Latin Charters Prior to the Ninth Century, éd. A. Bruckner et R. Marichal, Olten-Lausanne puis Dietikon-Zurich, 1954-1998, XIV, no 592 (ChLA, xiv 592) ; J. Barbier, Archives oubliées du haut Moyen Âge. Les gesta municipalia en Gaule franque (vie- ixe siècle), Paris, 2014 (Histoire et archives, 12), p. 338-344 (texte) et 344-348 (trad.). Date haute (575 × 584) : Ead., ibid., p. 336, très prudente (« ces datations ne peuvent être tenues pour assurées »), en conclusion d’une étude des plus approfondies (p. 271-348). Date basse : E. Lemay, « Diplomatic Mischief, Institutional Deception. Two Undated Merovingian Wills on Papyrus (Erminethrude’s Will and the Will of Idda’s Son) and a Group of Eleventh-Century Forgeries from the Abbey of Saint-Denis », dans Viator, 47/2, 2016, p. 57-66, contre J. Barbier, « Le testament d’Ermentrude, un acte de la fin du vie siècle ? », dans Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2003 (paru 2009), p. 130-144. Cet acte est mentionné par Y. Christie, Chars à bœufs, p. 15 (« vers 700 ») et, avec davantage de précision, par A. C. Murray, Post vocantur Merohingii, p. 131-132 (« sixth- or seventh-century »). Voir égalem., à la note suivante, burichallia. 35 Théophane, Chronographia, A. M. 6291, éd. K. De Boor, Theophanis Chronographia, I (texte grec), Leipzig, 1883, p. 474, l. 7 ; trad. et comm. C. Mango et al., The Chronicle of Theophanes Confessor. Byzantine and Near-Eastern History AD 284-813, Oxford, 1993, p. 651. Le même équipage est évoqué par Jean le Lydien, Des magistratures, 1.18 (Dubuisson et Schamp, p. 27), à propos, semble-t-il, des rois de la Rome primitive : « Lors d’une procession, les patriciens ne se déplaçaient jamais à pied et n’avaient pas de cheval non plus—cela semblait commun—mais dans des voitures armoriées et assis sur un siège surélevé. Quatre mulets tiraient la voiture, faite de bronze corinthien et couverte de ciselures représentant des scènes et des figures de type archaïque. Il n’était pas permis non plus, sauf aux rois, d’atteler des chevaux à cette voiture : le déplacement dans une voiture tirée par les chevaux avait en effet un caractère triomphal. On appelait ces chars burichallia, d’après les bœufs ; à défaut de ceux-ci, comme la charge n’était pas lourde, on confiait l’attelage à des mulets. » Le commentaire, p. dclxxx-dclxxxix, constate l’absence de parallèles (p. dclxxx, « aucun document », et p. dclxxxiv, « rares données »), mais cf. Plutarque, Vies parallèles, Camille, 7.1-2 ; et porte, essentiellement, sur les « luttes du féminisme » (!) à Rome, pour le droit à la voiture, ainsi que sur celui qu’obtinrent tardivement les hauts dignitaires de l’empire. 36 Sur plaustrum : T. Doorewaard, Karren, p. 216 (« véhicule paysan lourd et de grande taille »), principalement d’après DAGR ; TLL, 10:2368-2371 (« un genre de véhicule tiré par des bœufs, exceptionnellement par des mules ou des ânes », avec exemples de traction bovine en 2369:10, 11, 14, 59 et 2370:4, 5, 6 et 7, autre en 2369:3 et 15). Les exemples innombrables allégués par le TLL ne confirment pas la « connotation essentiellement rurale ». 37 Sur carpentum : T. Doorewaard, op. cit., p. 214 ; TLL, 3:489-490 (sens 1 : « genre de véhicule d’apparat [quasi carrum pompaticum, selon Isidore de Séville], servant principalement aux déplacements en ville, plus rarement aux voyages » ; sens 2 : « n’importe quel véhicule, aux usages variés, surtout guerriers »).
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accompagnés de brefs commentaires, en annexe38, car je ne leur accorde pas, dans l’état actuel de mes recherches, le même poids ni la même force que les arguments, plus historiques que littéraires, que j’ai fait valoir aux paragraphes précédents.
2.4. L’investiture et ses rappels annuels (viie-xie siècle) Les Champs de Mars des derniers Mérovingiens présentent un deuxième aspect qui pourrait se rattacher aux cérémonies d’investiture, moyennant une interprétation différente de celle qu’on lira plus loin39 lorsque les témoignages feront l’objet d’un examen approfondi. Les Annales Mettenses priores rapportent que, dans ces assemblées, le roi « s’engage formellement pour la paix et la protection des églises de Dieu, des orphelins et des veuves, / il interdit par un décret solennel le rapt [ou « le viol »] des femmes et l’incendie volontaire / et donne un précepte à l’armée afin qu’elle soit prête, au jour qu’il lui communiquerait, à marcher dans la direction qu’il aurait arrêtée40. » Ces dispositions ne sont pas sans rappeler plusieurs éléments de la définition du roi juste dans le De duodecim abusivis saeculi du Pseudo-Cyprien : Nonus abusionis gradus est rex iniquus. […] Iustitia vero regis est […] advenis et pupillis et viduis defensorem esse, furta cohibere, […] ecclesias defendere, pauperes elemosynis alere, […] patriam fortiter et iuste contra adversarios defendere […]41, « Le neuvième degré d’abus est le roi injuste. […] La justice du roi c’est […] d’être le défenseur des étrangers, des orphelins et des veuves, d’empêcher les vols, […] de défendre les églises, de sustenter les pauvres par des aumônes, […] de défendre sa patrie avec courage et loyauté contre ses adversaires, […]42 ». On sait l’immense fortune de ce texte non seulement en Irlande, où, sans doute, il vit le jour au viie siècle43 et où des extraits furent bientôt incorporés à l’Hibernensis, la célèbre collection canonique de même origine dont le rayonnement outre-mer fut aussi prompt que considérable44. Mais aussi sur le continent, où les miroirs des princes, en particulier, se plaisent à
38 Annexe 8b. 39 Infra, Chap. 5. 40 Annales Mettenses priores (AMP), ao 692, éd. B. von Simson, Hanovre et Leipzig, 1905 (MGH SS rer. Germ., 10), p. 14, l. 10-15. 41 Pseudo-Cyprien, De duodecim abusivis saeculi, éd. S. Hellmann, Leipzig, 1909 (Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur, 34/1), p. 51-52. 42 Jonas d’Orléans, De institutione regia, 3.57-75, éd., trad. et comm. A. Dubreucq, Le métier de roi (De institutione regia), Paris, 1995 (SC, 407), p. 189 et 191. 43 A. Breen, « De XII abusivis : Text and Transmission », dans : P. Ní Chatháin et M. Richter (éd.), Ireland and Europe in the Early Middle Ages : Texts and Transmissions / Irland und Europa im früheren Mittelalter : Texte und Überlieferung, Dublin, 2002, p. 78-94, d’où la notice de CODECS, Online database and ressources for Celtic Studies ; M. Clayton, « The Old English Promissio regis », dans Anglo-Saxon England, 37, 2008, p. 91-150, p. 95 ; D. Ó Corráin, Clavis Litterarum Hibernensium. Medieval Irish Books and Texts (c. 400 - c. 1600), Turnhout, 2017 (CC. Claves), no 576, p. 745-748, le date « s. vii, AD 650x660 » et évalue le nombre de témoins manuscrits à 300. 44 M. Clayton, op. cit., p. 127. Sur L’Hibernensis : D. Ó Corráin, op. cit., nos 585-615, p. 769-791.
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le citer et ce dès le viiie siècle45. Tel Jonas d’Orléans, dans son De institutione regia, s’adressant à Pépin Ier d’Aquitaine : « Nous ne doutons pas que les enseignements des saints qui règnent avec le Seigneur […] ont davantage de valeur dans le cœur des auditeurs que les paroles de notre infime personne. C’est pourquoi nous avons inséré dans cet opuscule de notre petitesse certaines paroles, en petit nombre, du martyr du Christ saint Cyprien, que nous offrons à Votre Sérénité pour qu’elle les ait sous la main, qu’elle les lise souvent et les étudie, afin que dans ses paroles comme dans une sorte de miroir vous contempliez en permanence ce que vous devez être, ce que vous devez faire ou éviter. Voici ces paroles : “Le neuvième degré d’abus […]”46 ». De l’avis donné au prince à l’engagement pris par lui, il n’y a qu’un pas. Aussi n’est-il guère surprenant de trouver Pseudo-Cyprien mobilisé, dans l’Angleterre du milieu du xie siècle, pour le serment du sacre ou pour les rappels qui en sont faits ultérieurement, à l’occasion, notamment, d’assemblées importantes47. On suppose une fonction analogue au Testament de Morann (Audacht Morainn), un autre texte
45 M. Clayton, op. cit., p. 95 : « Le neuvième abus, le roi injuste, eut une influence profonde sur les idées occidentales concernant la royauté » ; p. 114 (lettre de Cathwulf à Charlemagne ; Alcuin). H. H. Anton, « De duodecim abusivis saeculi und sein Einfluß auf den Kontinent, insbesondere auf die karolingischen Fürstenspiegel », dans : H. Löwe (éd.), Die Iren und Europa im früheren Mittelalter, Stuttgart, 1982 (Veröffentlichungen des Europa Zentrums Tübingen. Kulturwissenschaftliche Reihe), 2:568-617. 46 Jonas d’Orléans, De institutione regia, 3.48-57 (Dubreucq, p. 188 et 189) : Verum, quia sanctorum qui cum Domino regnant, documenta […] in cordibus auditorum plus ualere quam nostrae exiguitatis uerba non dubitamus, idcirco pauca de uerbis beati Cipriani martyris Christi huic opusculo paruitatis nostrae quaedam inseruimus, quae uestrae serenitati prae manibus habenda et saepe legenda atque tractanda offerimus, quatenus in eius uerbis, quasi in quodam speculo, quid esse, quid agere quidue cauere debeatis, iugiter uos contemplemini. Cuius uerba sunt haec : « Nonus, inquiens, abusionis gradus est etc. ». 47 M. Clayton, Promissio regis, spéc. p. 130-131 (italiques ajoutés) : « La promissio regis […] ne prétend nullement […] être un sermon prêché lors de la cérémonie du couronnement. Il s’agit plutôt d’un sermon adressé au roi (‘Eala, leof hlaford’) ainsi qu’au peuple (celui-ci surtout dans la première phrase, lorsque l’histoire du couronnement lui est racontée), rappelant publiquement au roi comme au peuple la promesse faite au peuple lors du couronnement du roi. […] Développant la discussion de ce texte par Patrick Wormald, Elaine Treharne pense qu’il a pu être utilisé par Leofric pour son prêche lors du concile royal tenu à Exeter en 1050. » Il n’existe à ce jour, aucune étude globale, transpériode, sur le serment du sacre ou les promesses d’avènement. Ce n’est pas que les matériaux fassent défaut, au contraire : la tranche impériale de l’histoire de Dion Cassius († v. 235), par ex., abonde en notations de cette espèce, à telle enseigne que l’on peut se demander si elles n’impliquent pas, alors, une obligation imposée au prince, constitutive de son entrée en fonction ; ou l’Histoire Auguste, qui livre un écho atténué et plus diffus des mêmes engagements (ne pas tuer de sénateurs, supprimer les procès de majesté, etc.) ; ou les Variae de Cassiodore, en particulier la célèbre « lettre » de Vitigès aux Goths (10.31, voir Tableau 4, ligne 8), avec son promittimus explicite, appuyé par une syntaxe de même sens. On trouvera donc un peu court le jugement de M.-F. Auzépy, « Introduction », dans : Ead. et G. Saint-Guillain (éd.), Oralité et lien social au Moyen Âge (Occident, Byzance, Islam) : parole donnée, foi jurée, serment, Paris, 2008 (Collège de France – CNRS. Centre de recherche d’histoire et civilisation de Byzance. Monographies, 29), p. 7-16, p. 13, qui qualifie de « moins fréquent » par rapport à ceux des sujets au souverain, les serments qui se font en sens opposé ; et justifie du coup qu’une seule des 23 contributions—Péneau, sur la Suède au xive siècle—soit consacrée à ces derniers. A. Kaldellis, The Byzantine Republic. People and Power in New Rome, Cambridge (MA, USA) et Londres, 2015, n. 77, p. 233-234, constate l’absence d’études sur ce point dans le domaine byzantin et fournit quelques brèves indications.
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irlandais, qui présente avec le De duodecim abusivis saeculi de nombreuses similitudes et est de date très voisine48. Si ces preuves d’une corrélation entre Champs de Mars et cérémonies d’investiture royale sous les derniers Mérovingiens et les premiers Carolingiens ne sont pas, a priori, aussi convaincantes qu’on pourrait le souhaiter, il convient, pour les estimer à leur juste valeur, de bien se représenter l’extrême pauvreté de la documentation relative à ces solennités49—qu’il n’est pas à propos d’expliquer ici, sauf à remarquer qu’elle peut résulter, en partie au moins, d’un travail rétrospectif de censure visant à occulter des aspects particulièrement sensibles du pouvoir, tels les causes et les formes de son transfert50. Ainsi donc, dans ce qu’elle peut contribuer à notre propos, l’Antiquité tardive ressemble encore à une vaste forêt vierge, piquetée de clairières trop rares—qu’on me pardonne de sacrifier l’écologiquement correct à la métaphore—, et dans laquelle on ne se fraye qu’à grand’peine des sentiers trop fragiles, qui se dérobent sous les pas faute d’assises solides. J’ai eu l’occasion de regretter l’absence d’études consacrées au serment du prince ou au rapport, sur le long terme, entre armée, citoyenneté et participation à la vie politique. Celles-ci pourraient sans doute s’appuyer en partie sur les diplômes militaires51, qui sont des certificats de naturalisation accordés à des vétérans. Ces textes ont en outre l’avantage d’être nombreux ; de s’étendre, dans le temps, du début du Haut Empire jusqu’à sa fin (les derniers sont contemporains de la Tétrarchie, comme le témoignage de Lactance relatif au Campus Martius) ; et de porter, en plus de la date consulaire d’année, une date de jour et de mois qui
48 F. Kelly, « Introduction » dans : Audacht Morainn, éd. Id., Dublin, 1976, p. xiii-xlv, p. xiii-xvi. Date : « vers 700 » (p. xiv). Voir également D. Ó Corráin, Clavis lit. Hib., no 908, p. 1188-1190, avec deux dates : « deuxième moitié du viie s. », « 700 ou avant ». 49 R. Schneider, Königswahl und Königserhebung im Frühmittelalter. Untersuchungen zur Herrschaftsnachfolge bei den Langobarden und Merowingern, Stuttgart, 1972 (Monographien zur Geschichte des Mittelalters, 3), p. 190-196, en fait l’inventaire pour la première dynastie, répondant affirmativement à la question posée dans le titre de la section 3.i. : « Existait-il une coutume mérovingienne d’élévation [au trône] ? » 50 Il est significatif, par exemple, que la correspondance de saint Boniface, antérieure, pour l’essentiel, à l’avènement de Pépin, ne mentionne pas une seule fois le nom d’un souverain mérovingien alors même que ce prélat fréquentait assidûment les cercles du pouvoir. C’est presque par accident peut-on croire, que l’on entrevoit le roi au détour d’une phrase dans la lettre que Zacharie adresse à Boniface le 31 octobre 745, où il est question des évêques dont celui-ci a obtenu le renvoi pour manquement à la discipline, et qui tentent néanmoins d’obtenir quelque compensation matérielle : « ils se rendent au palais du roi des Francs, afin qu’il leur attribue des propriétés prélevées sur le temporel des églises ou des monastères », sed pergentes apud palatium regis Francorum rogant, ut eis loca tribuat aecclesiarum vel monasteriorum (BLE 60 [Tangl, 123:14-16])—même lorsqu’elle ne peut pas l’oblitérer complètement, la grammaire est complice du ravalement du roi, évitant rex au cas-sujet (sed pergentes apud palatium, rogant ut rex Francorum eis tribuat ou, au datif, rogant regi Francorum ut eis tribuat) et lui préférant le génitif regis, qui n’est qu’un appendice de palatium, tandis que l’identité de celui qui « attribue » s’estompe dans la pénombre de la conjecture. 51 Aperçus : M. A. Speidel, « The Roman Army », dans : Chr. Bruun et J. Edmondson (éd.), The Oxford Handbook of Roman Epigraphy, Oxford, 2014, p. 319-344, p. 337-340 ; Roman Military Diploma On-Line.
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peut être significative, quoique les spécialistes ne s’accordent pas sur ce point52 (un dépouillement rapide montre toutefois que fort peu de ces pièces sont du premier mars ou du premier mai), sans doute parce que ces données brutes, comme celles des Tableaux 6 et 7, ne parleront qu’au prix de recherches laborieuses. Nonobstant ces écueils—nullement insurmontables—une percée pleine de promesses s’est dessinée autour des cérémonies d’inauguration et du fonds romain qu’elles charrient par-delà les turbulences du ve siècle. Cette continuité relative gagne en vraisemblance lorsqu’on se souvient qu’elle caractérise également les mécanismes d’apaisement politique conçus pour réduire les tensions inhérentes aux successions royales ou impériales53. Il n’est pas jusqu’à l’Audacht Morainn, considéré d’ordinaire comme un pur produit du génie celtique ou irlandais, à l’écart de toute influence étrangère, qui n’en porte la trace : la notion centrale de « justice du prince », fír flathemon, garante de paix et de prospérité—abondance de produits de la terre et de la mer54—ressemble comme un jumeau à un bref passage du Basilikos logos55, ce modèle d’éloge de l’empereur que Ménandre le Rhéteur composa, comme les autres pièces de son manuel, entre 286 et 293, à l’intention des orateurs de l’Orient hellénophone chargés de représenter leur cité auprès du prince—et dont se servirent, autour de 300, les panégyristes latins d’Autun56.
52 Voir par ex. P. Weiß, « Von der Konstitution zum Diplom. Schlußfolgerungen aus der “zweiten Hand”, Leerstellen und divergierenden Daten in den Urkunden », dans : M. A. Speidel et H. Lieb (éd.), Militärdiplome. Die Forschungsbeiträge der Berner Gespräche von 2004, Stuttgart, 2007 (Mavors. Roman Army Researches, 15), p. 187-207, p. 204 et n. 18. Observations sur les dates, sans mention d’une controverse : M. A. Speidel, « Honesta Missio. Zu Entlassungsurkunden und verwandten Texte », ibid., p. 293-325, p. 295 et suivantes, ou H. Lieb, « Dienstaltersangaben. aut plura – plurave – pluribusve », ibid., p. 373-388, p. 382-383. 53 A. J. Stoclet, « La Clausula de unctione Pippini regis, vingt ans après », dans Revue belge de philologie et d’histoire, 78, 2000, p. 719-771, p. 750. 54 Audacht Morainn, 12-28 (Kelly, p. 6-11 ; Anders Ahlqvist, « Le testament de Morann », dans Études celtiques, 21, 1984, p. 151-170, p. 156-157, modifié) : « […] Dis-lui : c’est par la justice du souverain […] que l’on savoure les fruits charnus en quantité […] qu’il y a abondance de toute espèce de blé aux chaumes de belle taille […] que les poissons, nombreux, nagent dans les ruisseaux […] ». 55 Menander Rhetor, Traité II, 377, 22-24, éd., trad. (angl.) et comm. D. A. Russell et N. G. Wilson, Menander Rhetor, Oxford, 1981, p. 92, trad. (fr.) A. Hostein, Cité, p. 341, n. 156 : « Car si nous viennent heureusement, en temps opportun, les pluies fécondantes, les richesses produites par la mer et les abondantes récoltes de fruits, c’est grâce à la justice du souverain [dia tèn basiléôs dikaiosunèn]. » En amont, la généalogie de ces lignes peut remonter à Homère, Odyssée, 19.109, signalé par F. Kelly, Audacht, p. xvii. Pour l’aval, grec/byzantin et latin, voir les références citées par Russell et Wilson, p. 280 (et, pour l’ensemble du Basilikos logos, p. 271-272). 56 A. Hostein, op. cit., passim.
383
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 131 (Marcellinus ; CP) ; L. Pasco, Évolution, p. 151 (CP)
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 131 (CC ; CP) ; R. Demangel, Contribution, p. 7 et 11 (Ammien ; Themistius) ; L. Pasco, Évolution, p. 122, 145-148 (Ammien)
364
Minora saec. iv. v. vi. vii., I et II, Berlin, 1892 et 1894 (MGH AA, 9 et 11) (désormais ChrMin), 1:197-247, p. 240, col. a, ao 364, § 3 ; éd. R. W. Burgess, The Chronicle of Hydatius and the Consularia Constantinopolitana, Two Contemporary Accounts of the Final Years of the Roman Empire, Oxford, 1993 (Oxford Classical Monographs), p. 215-245, p. 239, sub ao : Constantinopolim in miliario vii in tribunali a fratre suo. – Themistius, Oratio 6, 16, éd. G. Downey, H. Schenkl (et A. F. Norman pour les t. II et III), Leipzig, 1965-1974 (BSGRT), 1:123 ; éd. et trad. R. Maisano, Discorsi di Temistio, Turin, 1995 (Classici UTET. Classici greci. Autori della tarda antichità e dell’età bizantina), p. 316 et 317 : eschatian (ital. « sobborgo », faubourg), bèmati (tribune) – Ammien Marcellin, RG, 26.4.3 (Marié, p. 67) : à Cple, in suburbanum, « dans un faubourg » – Chronicon Paschale (Dindorf, 1:556 ; Th. Mommsen, ChrMin, 1:197-247, p. 240, col. b, ao 364, § 2 ; Whitby et Whitby, p. 45) : eis Kônstantinoupolin en tô Hebdomô « à Cple, à l’Hebdomon » Arcadius, enfant – Consularia Constantinopolitana, ao 383 (Mommsen, p. 244, col. a, ao 383, § 1 ; Burgess, p. 239, sub ao) : Constantinopolim in miliario vii in tribunali a … patre suo – Marcellinus Comes, Chronicon, ao 383, éd. Th. Mommsen, ChrMin, 2:37-108, p. 61, l. 24-25 : septimo ab urbe miliario – Chronicon Paschale (Dindorf, 1:562 ; Mommsen, p. 244, col. b, ao 383, § 1 ; Whitby et Whitby, p. 52) : en Kônstantinoupolei en tô tribounaliô tou Hebdomou, « à Cple, au Tribunal de l’Hebdomon »
– Consularia Constantinopolitana, ao 364, éd. Th. Mommsen, Chronica
Valens
références bibliogr.
source(s)
date nom
Tableau 3 : Inaugurations de princes à l’Hebdomon (364-813)
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Honorius, enfant
Rufinus
Théodose II, enfant
Marcien
393
395
402
450
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 131 ; G. Dagron, Empereur, p. 102-103 ; L. Pasco, Évolution, p. 151
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 131 ; L. Pasco, Évolution, p. 151
R. Demangel, Contribution, p. 11-12
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 131 (Marcellinus) ; L. Pasco, Évolution, p. 151-152 (Marcellinus)
– Marcellinus Comes, ao 393 (Mommsen, 63:24-25) : in eodem loco quo fratrem
eius Arcadium Caesarem fecit, id est septimo ab urbe regia miliario, « au même endroit où [son père] avait fait César son frère Arcadius, c’est-à-dire au septième mille de la ville royale » – Fasti Vindobonenses priores, ao 393, éd. Th. Mommsen, ChrMin, 1:249-339, p. 298, no 521 : in miliario iiii [scr. vii] Claudien, In Rufinum (comp. « durant l’été 397 », Charlet, p. xxiv), 2.348-453, éd. J.-L. Charlet, Claudien, Œuvres. II. Poèmes politiques (395-398), 1e partie, Paris, 2000 (CUFSL, 358), p. 50-122 et 183-220, p. 110-117, assassinat de Rufinus, qui ambitionnait de partager le trône d’Arcadius : tableau des troupes, planities (349), campus (373), tribunal (382). Chronicon Paschale (Dindorf, 1:568 ; Whitby et Whitby, p. 58) : en Konstantinoupolei eis to Hebdomon en tô tribounaliô, « à Cple, au Tribunal, à l’Hebdomon » À Cple, à l’Hebdomon, selon Du Cange, qui renvoie au Chronicon Paschale (Dindorf, 1:590 ; Whitby et Whitby, p. 81). Pour Dagron, les choses sont plus compliquées : « Théodore le Lecteur écrit qu’il fut proclamé à l’Hebdomon par l’armée, Malalas qu’il fut “couronné par le sénat”, la Chronique pascale qu’il fut nommé Auguste au même endroit par les dèmes, Théophane que Pulchérie convoqua le patriarche et le sénat pour le proclamer empereur. Personne n’a tout à fait tort. » La version de Théodore le Lecteur est en tout cas conforme à celle de la Chronique pascale pour autant que l’on accepte la correction proposée par Dindorf (voir Whitby et Whitby, p. 81, n. 265).
références bibliogr.
source(s)
date nom
64 cha p i tr e 2
Léon Ier
Zénon
Basiliskos
457
474
475
date nom
– Theodorus Lector (vie s.), Historia ecclesiastica, 1.29, éd. part. H. Valois et W. Reading, PG, 86:163-228, col. 180B ; éd. G. Ch. Hansen, Theodoros Anagnostes, Kirchengeschichte, Berlin, 1995 (Die griechischen christlichen Schriftsteller der ertsen Jahrhunderte. N. F, 3), p. 112, l. 19 : en tô Kampô – Théophane, Chronographia, A. M. 5967 (De Boor, 121:1-2 ; Mango et al., p. 187) : en tô Kampô – Jean Zonaras († 1130), Epitome historiarum, 14.2, éd. L. Dindorf, Ioannis Zonarae E. h., II, Leipzig, 1869 (BSGRT), p. 255, l. 14 ; éd. et trad. I. Gregoriadês, Iôannes Zônaras, Epitome Istoriôn, Athènes, 1995 (Keimena Vyzantinês Istoriographias, 5), p. 214-215 : en tô Kampô
Victor de Tununa, Chronica, ao 474, éd. Th. Mommsen, Victoris Tonnennensis episcopi Chronica, ChrMin, 2:178-206, p. 188, l. 28 : in septimo
Pierre le Patrice (Magister Officiorum sous Justinien), Péri politikès katastaséôs, d’où Constantin Porphyrogénète, Livre des Cérémonies, 1.91 (Reiske, Niebuhr, Moffatt et Tall, p. 410-417) : en tô kampô (p. 410, ligne 8 du texte grec), en Martiô (p. 414, l. 9 du texte grec ; cf. égalem. p. 416, l. 20 du texte grec, mention d’un ouvrage peri tou Martiou, « concernant le [Champ de] Mars »).
source(s) G. Dagron, Empereur, p. 80-83 ; G. Siebigs Kaiser Leo II, p. 201-215 et 728-740 ; L. Pasco, Évolution, p. 122-125, 129 ; S. Destephen, compte-rendu de G. Siebigs, Kaiser Leo II, dans : Antiquité Tardive, 24, 2016, p. 522-528, p. 524-525 Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 131-132 ; L. Pasco, Évolution, p. 155-156, ne s’intéresse pas à cet aspect de l’avènement de Zénon et ne cite que Zonaras, E. H. § 971 Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 132. Cet auteur invoque égalem. Syméon Logothète (xe s.), mais à tort car si celui-ci mentionne bien Basiliskos, il ne dit rien de son avènement : Chronicon, 101.1, éd. B. M. S. Wahlgren, Berlin, 2006 (Corpus fontium historiae Byzantinae, 44/1), p. 132, et cf. p. 131, apparat crit. Peutêtre, toutefois, le « Syméon Logothète » de Du Cange n’est-il pas exactement identique à celui de Wahlgren.
références bibliogr.
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 65
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 132 (Théophylacte, Théophane, Grégoire) ; G. Dagron, Empereur, p. 91 (CP) ; L. Pasco, Évolution, p. 134-136 ( Jean ; CP ; Théophylacte)
– Théophylacte Simocatta, Historiae, 8.10.6, éd. K. De Boor, Th-i S-ae H., Leipzig, 1887 (BSGRT), p. 303, l. 12, trad. et comm. M. et M. Whitby, The History of Theophylact Simocatta, Oxford et New York, 1986, p. 225 ; Théophane, Chronographia, A. M. 6094 (De Boor, p. 289, lignes 10, 13 et 14 [Hebdomon] et l. 22 [église Saint-Jean-Baptiste] ; Mango et al., p. 413) : en l’église Saint-Jean-Baptiste, à l’Hebdomon – Grégoire le Grand, Registrum epistolarum, 13.1, éd. P. Ewald et L. M. Hartmann, Berlin, 1891 (MGH Epp., 1 et 2), 364:9-365:1 ; Id., ibid., Appendix viii, éd. D. Norberg, Turnhout, 1982 (CCSL, 140 et 140A), 2:1101 : in septimo in palatio qui dicitur Secundianas – Jean de Nikiou, Chronique, Texte éthiopien, 103, éd. et trad. H. Zotenberg, Paris 1883, p. 418 : « […] on couronna Phocas dans l’église de Saint-JeanBaptiste » – Chronicon Paschale (Dindorf, 1:693 ; Whitby et Whitby, p. 142) : « […] couronné par Cyriaque, patriarche de Constantinople, en la vénérable église Saint-Jean à l’Hebdomon » – Théophane, Chronographia, A. M. 6305 (De Boor, 502:23 ; Mango et al., p. 685) : to pro tès poléôs Tribounalion – Georges Hamartolus in Chronicis MSS. (Du Cange) : tô pro tès poléôs Tribounalion – Georges Le Moine ou Hamartolus (846-847), Chronique, 40, éd. K. de Boor, Georgii Monachi Chronicon, Leipzig, 1904 (BSGRT), 2:776:20 : en tô Tribounaliô – Syméon Logothète, Chronicon, 127.3 (Wahlgren, 209:16-17) : en tô Kampô tou Tribounaliou – Chronique MS. d’Adam à Léon VI le Sage (Du Cange) : en tô Kampô tou Tribounaliou
Phocas
Léon V l’Arménien
602
813
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 132 (Théophane, Syméon, Georges, chronique ms.) ; G. Dagron, Empereur, p. 93 et n. 76, p. 359 (Théophane)
références bibliogr.
source(s)
date nom
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Remarques : – Le Chronicon paschale est appelé Chronicon Alexandrinum par Du Cange et l’œuvre qu’il attribue à Idace (Hydatius) n’est autre que le texte édité par Mommsen sous le nom de Consularia Constantinopolitana. – C’est par erreur que Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 132, inclut Constantin V (« Constantinus Copronymus a patre Leone Isauro … »), âgé de 2 ans (720), parmi les empereurs acclamés à l’Hebdomon : le « Tribunal » en question n’est pas celui de l’Hebdomon, mais celui dit « des Dix-Neuf Lits » (Théophane, A. M. 6212 [De Boor, 401:10-11 ; Mango et al., p. 554]), dans le palais, à Constantinople même. Ch. Du Cange, op. cit., loc. cit., a-t-il commis la même erreur pour Maurice (582) ? C’est probable, car l’historien de cet empereur, Théophylacte Simocatta, situe très clairement la cérémonie au Tribunal jouxtant la Salle des Dix-Neuf Lits (Histoire, 1.1.2 [De Boor, p. 38-39 ; Whitby et Whitby, p. 19]). Cependant, selon le Chronicon paschale, c’est à l’Hebdomon que Tibère rendit l’âme, immédiatement après avoir désigné et fait acclamer son successeur. Sans doute est-ce le Chronicon, plus récent, qui se trompe et non Théophylacte, comme le suggèrent ou l’affirment les Whitby, n. 6, p. 19, à propos du passage précité de l’Histoire, ainsi que Mango et al., n. 5, p. 374, à propos de Théophane, A. M. 6074 (De Boor, 252:8).
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 67
lieu
Thrace (?) / Balkans (?) Près d’Antioche ?
Orient
Milan
date
275
276
310
355
Julien, par Constance II
Maximin Daïa
Probus
Tacite
nom
références bibliogr.
Hist. Aug., Tacite, 7.2 (Paschoud, p. 238, comm. p. 273) : Inde itum Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 132 ad campum Martium. Ibi comitiale tribunal ascendit etc. Hist. Aug., Probus, 10.4-5, éd., trad. et comm. F. Paschoud, Histoire Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 132 Auguste. V/2. Vies de Probus, Firmus, Saturnin, Proculus et Bonose, Carus, Numérien et Carin, Paris, 2001 (CUFSL, 365), p. 26, comm. p. 86-88 : milites, campus, tribunal (celui-ci est construit ad hoc en mottes de gazon, il ne s’agit donc pas d’une structure permanente). « L’élévation de Probus à l’Empire se déroule dans un cadre typique pour les proclamations du 4e s. et des périodes postérieures, dans une résidence impériale, entre campus et palatium ; cf. par ex. Amm. 20,5,1 ; 26,2,2 ; 27,6,5 » (Paschoud, p. 87, n. 143). Lactance (voir texte, § 1.2.2) J.-N. Moreau, Principes, III, p. 117 ; É. Dumont, Cours 21, p. 435, n. 3 ; signalé dans l’édition Faure (Niort, 1883-1887) du Glossarium de Du Cange, III, p. 69, col. b, lignes 9-13, s. v. « 10. Campus Martius » Ammien Marcellin, RG, 15.8.4 (Galletier et Fontaine, p. 131) : Fontaine et al. dans leur tribunal commentaire d’Ammien, RG, 21.13.9, p. 242, n. 404 et 405
sources/remarques
Tableau 4 : Inaugurations de princes ailleurs qu’à Constantinople avec mention de campus/kampos et/ou tribunal (275-963)
68 cha p i tr e 2
lieu
Nicée
Amiens
Budapest
date
364
367
375
sources/remarques
Ammien Marcellin, RG, 26.2.2 (Marié, p. 61) : […] in unum quaesito milite omni, progressus Valentinianus in campum permissusque tribunal ascendere celsius structum, comitiorum specie, uoluntate praesentium secundissima, ut uir serius rector pronuntiatur imperii (« […] toutes les troupes sont rassemblées. Alors Valentinien s’avance sur le champ de manœuvres, est admis à gravir une haute tribune, et, en guise de comices, l’assistance, animée des dispositions les plus favorables, le désigne solennellement, en raison de son sérieux, pour gouverner l’Empire »). Gratien, – Ammien Marcellin, RG, 27.6.5 (Marié, p. 119) : campus, tribunal enfant (le lieu se déduit de 27.8.1) – Consularia Constantinopolitana, ao 367 (Mommsen, p. 241, col. a, ao 367, § 2 ; Burgess, p. 239, sub ao) : inauguration in Galliis apud Ambianos in tribunali a patre suo – le Chronicon Paschale, ao 367 (Dindorf, 1:557 ; Mommsen, p. 241, ao 367, § 2 ; Whitby et Whitby, p. 46) omet le nom de la ville et ne mentionne pas le tribunal Valentinien II, (- Ammien Marcellin, RG, 30.10.5, situe l’action « dans le camp », enfant in castra, sans plus de précision) – Consularia Constantinopolitana, ao 375 (Mommsen, p. 242, col. a, ao 375, § 3 ; Burgess, p. 240, sub ao) : inauguration ab exercitu in tribunali in civitate Acinco – le Chronicon Paschale, ao 375 (Dindorf, 1:560 ; Mommsen, p. 242, ao 375, § 2 ; Whitby et Whitby, p. 48-49) ne mentionne ni l’armée ni le tribunal
Valentinien Ier
nom
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 132 (CC)
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 132 (CC) ; L. Pasco, Évolution, p. 148150 (Ammien)
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 132
références bibliogr.
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 69
lieu
Italie
Cappadoce
date
536
963
Nicéphore
Vitigès, roi des Ostrogoths
nom
références bibliogr.
Cassiodore, Variae, 10.31, éd. A. Giardina et al., Flavio Magno Aurelio Cassiodoro Senatore, Varie. IV. Libri VIII-X, Rome, 2016, p. 164-167 (texte et trad.) et 461-464 (comm.) : in campis late patentibus. La valeur militaire de Vitigès supplée aux déficiences de son pédigrée : aussi la cérémonie de son inauguration revêt-elle un caractère martial très prononcé. Jordanès, De summa temporum vel origine actibusque gentis Romanorum, 372, éd. Th. Mommsen, Iordanis Romana et Getica,Berlin, 1882 (MGH AA, 5/1), p. 1-52, p. 49, l. 2-3, situe l’événement en Campanie, ad campos Barbaricos, un nom qui, d’après Mommsen (index p. 157b, s. v.), n’est pas attesté par ailleurs (chez Procope, Des guerres, 5.11.1-6, éd. J. Haury, trad. H. B. Dewing, Procopius, History of the Wars, Cambridge [MA, USA] et Londres, 1914-1928 [LCL, 48, 81, 107, 173 et 217], 3:106-109, beaucoup plus détaillé, le lieu, proche de Terracina, s’appelle Regata). Basile le Parakoimomène, auteur d’une refonte du Livre des G. Dagron, Empereur, p. 93-96 Cérémonies auquel « il ajoute un récit détaillé de la proclamation et du couronnement de Nicéphore » (G. Dagron, Empereur, p. 93) : « dans son camp militaire de Cappadoce » (Id., ibid., p. 9394), en tô kampô, « comme on aurait pu dire pour [le] Champ de Mars de l’Hebdomon » (Id., ibid., p. 94).
sources/remarques
70 cha p i tr e 2
Paris
Paris
Nicopolis
Constantinople, Rufinus Hebdomon
360
360
361
395
Constance II
Julien
Julien
Julien
Paris
avant 360
nom
lieu
date
Ammien Marcellin, RG, 21.2.1 (Fontaine et al., p. 48) : Julien s’exerce in campo au maniement du bouclier. Ammien Marcellin, RG, 20.5.1 (Fontaine et al., p. 14) : Julien s’adresse depuis un tribunal aux soldats réunis en assemblée (consilium, § 7) in campo. La scène se passe un jour ou plusieurs après que Julien ait été proclamé empereur par ses troupes au palais (20.4). Objet de cette intervention (§ 7) : les promotions, dans les hiérarchies civile et militaire, se feront strictement au mérite. Ammien Marcellin, RG, 20.9.6-7 (Fontaine et al., p. 31), Julien se rend in campo, « avec une grande multitude de gens, civils et militaires » (cum multitudine armata pariter et plebeia). Il leur lit, depuis le tribunal, l’édit (edictum) envoyé par Constance lui ordonnant de se contenter des pouvoirs d’un César. « Aussitôt des cris terribles fusent de toutes parts : “Julien Auguste” ». Ammien Marcellin, RG, 21.13.9-16 (Fontaine et al., p. 77-79) : l’empereur convoque une assemblée (contio [9, 16], concilium [10]) militaire (9) in campo (9) et annonce, du haut du tribunal (9), son intention de combattre Julien. Assassinat de Rufinus : voir ci-dessus, Tableau 3.
Ch. Du Cange, Disquisitio, p. 132
références bibliogr.
sources
Tableau 5 : Campus Martius et analogues dans des contextes autres que les inaugurations de princes (v. 360-487)
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 71
487
sources
À six milles de Valentinien III Assassinat de l’empereur. La plupart des douze témoignages Rome reproduits dans R. Volpe, Problematica, p. 155, le situent in campo Martio. Idace précise que l’armée était présente, exercitu circumstante, ce que corrobore l’identité des deux sicaires, proches de feu le généralissime Aetius. Grégoire de Tours, HLD, 2.8, et le Continuateur de Prosper d’Aquitaine placent la victime sur une estrade, pro tribunali resedens/residentem. Selon le premier, Valentinien haranguait le peuple, concionaretur ad populum (même expression dans Suétone, Augustus, 84.2 ; le verbe contionari est dérivé du substantif contio, « assemblée du peuple convoquée et présidée par un magistrat [dans laquelle on ne vote jamais] » [Gaffiot], mais aussi assemblée militaire, contio militum), selon le second il assistait à un ludus gestationis, sans doute une forme d’exercice militaire (sur ce sens de ludus, voir A. Borlenghi, Campus, p. 34, n. 139, d’après Végèce ; le Continuateur de Prosper est cité dans TLL, 62:1957:8, s. v. « gestatio », 2e sens, « mouvement imprimé à quiconque se déplace au moyen d’une voiture ou d’un navire, à cheval ou en litière soit pour exercer le corps soit pour le plaisir ou la volupté », ce qui ne nous avance guère). Soissons (?) Clovis Grégoire de Tours, HLD, 2.27 : le roi passe ses troupes en revue in campo Marcio.
455
nom
lieu
date
références bibliogr.
R. Volpe, « La problematica storica alla luce delle fonti e dei documenti di archivio », dans : P. Gioia et R. Volpe (éd.), Centocelle I. Roma S.D.O. Le indagini archeologiche, Rome, 2004 (Studi e materiali dei musei e monumenti comunali di Roma), p. 153-161, p. 153-155
72 cha p i tr e 2
Remarques : – Il est évident que ces quelques occurrences ne représentent qu’un tout petit échantillon d’un corpus qui doit être beaucoup plus important. – À propos d’Ammien Marcellin, RG, 20.5.1, J. Fontaine et al., p. 166-167, n. 81 observent : « […] On peut se demander, ici, si le mot fort cuncti n’implique pas la présence, outre tous les soldats, des habitants de Lutèce. Le champ de manœuvres en question devait se trouver dans la vallée, le long du fleuve, et plus probablement en aval de l’île de la Cité : soit sur la rive gauche dans la future plaine de Grenelle, soit sur la rive droite. » On notera que c’est dans la plaine de Grenelle que furent construits, en 1765, l’École militaire et, à côté d’elle, le Champ-de-Mars. – À propos d’Ammien Marcellin, RG, 21.2.1, J. Fontaine et al., p. 205, n. 240, observent : « […] L’incident rapporté se déroule dans le campus où Julien a tenu ses assemblées militaires de Paris (sup. n. 81). L’habitude des imperatores de s’entraîner avec leurs troupes, est ancienne : voir, pour Trajan, Plin. paneg. 13 ; et sur l’excellence de Constance lui-même à l’équitation, au lancer et au tir à l’arc, inf. 21, 16, 7. » – À propos d’Ammien Marcellin, RG, 21.13.9, J. Fontaine et al., p. 242, n. 404, observent : « […] Ammien […] insiste bien sur le souci de rassembler la totalité de l’armée in unum. Constance veut ainsi faire ratifier en règle ses projets, comme devant une contio républicaine de soldats citoyens. Il avait procédé de même lors de la promotion de Julien, et avec le même décorum : cf. 15, 8, 4. » – À propos d’Ammien Marcellin, RG, 20.5.1, 20.9.6-7, 21.2.1 et 21.13.9-16. Le campus de Paris est donc un lieu d’assemblées militaires ou mixtes (20.9.6 est clairement mixte, mais 20.5 ne l’est que par son objet, qui intéresse les hiérarchies civile et militaire—l’invitation à se rassembler est adressée « à tous », cuncti [§ 1], fort vague [voir cependant le comm. de J. Fontaine et al., ci-dessus, 2e tiret], mais les indications d’ordre militaire sont nombreuses, spéc. § 1 et 2, et dans les premières lignes de son discours, § 3, Julien s’adresse sans conteste à des soldats), où le prince, qui préside, fait part de décisions que l’on pourrait appeler « administratives » (20.5.7) et sonde le public sur des questions de haute politique (20.9.6-7, où la lecture de l’édit de Constance est donnée pour susciter une réaction). C’est par ailleurs un espace où ont lieu les exercices militaires, comme l’était le Campus Martius de Rome. Brève mention du « champ d’exercice » dépendant du « camp permanent » dans P. Périn et al., Collections mérovingiennes, Paris, 1985 (Catalogues d’art et d’histoire du Musée Carnavalet, 2), p. 193 ; du « camp militaire » et de son « champ de manœuvres » « aux environs immédiats de Lutèce » (pour une localisation plus précise, quoiqu’hypothétique, voir ci-dessus, 2e tiret) dans Ph. Velay, De Lutèce à Paris : l’île et les deux rives, Paris, 1992 (Patrimoine au présent), p. 79. Velay note aussi, ibid., et c’est important, qu’un concile d’évêques se tint à Lutèce en 360 « au cours duquel les évêques gaulois condamnèrent des points dogmatiques de l’arianisme et rejetèrent de l’Église Saturninus, évêque d’Arles. » Il se demande ensuite si « les séjours répétés de Julien dans cette ville n’auraient pas favorisé, en quelque sorte, la tenue de cette assemblée dans la cité des Parisii ». Il semble donc que le cas de Paris soit au moins atypique et ne puisse être généralisé à toutes les villes de province : l’existence d’un champ de manœuvres est très probablement liée à la présence de l’empereur. Aspect militaire particulièrement marqué : F. De Pachtère, Paris à l’époque gallo-romaine. Étude faite à l’aide des papiers et des plans de Th. Vacquer, Paris, 1912 (Histoire générale de Paris), c. viii, p. 159-170, « Paris ville militaire aux ive et ve siècles ». – On rapprochera les lignes 5 (395) et 6 (455) de Libanius, Oratio 18, 199, éd. R. Foerster, Libanii opera. II. Orationes XII-XXV, Leipzig, 1904 (BSGRT), p. 323, l. 16-20 ; éd. Id., trad. (angl.) A. F. Norman, p. 412 et 413 ; trad. (allem.) G. Fatouros et al., Libanios, Kaiserreden, Stuttgart, 2002 (Bibliothek der griechischen Literatur, 58), p. 227 : dix soldats « attendent le jour des manœuvres » pour assassiner Julien, mais l’ivresse les empêche de mettre leurs plans à exécution.
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 73
Rome, Pompeius Faustinus devient préfet de la Ville.
Nicomédie, Dioclétien se montre en public pour démentir les rumeurs de sa mort.
305
Lactance, DMP, 17 (Creed, p. 26 [lat.] et 27 [angl.])
Le Chronographe donne les dates d’entrée en fonctions de plusieurs dizaines de préfets de la Ville, dont deux seulement ont lieu le 1er mars. Sur la Préfecture de la Ville à cette époque et ses rapports avec la Tétrarchie, voir A. Hostein, « Le consulat ordinaire à l’époque tétrarchique », dans Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 2008 (paru 2015), p. 209-224, spéc. p. 217-219 et 223.
300
M. Springer, Jährliche Lactance, DMP, 35 (Creed, Wiederkehr, p. 302 p. 54 [lat.] et 55 [angl.]) et le commentaire de L.S. Lenain de Tillemont, Histoire des empereurs et des autres princes, Paris, 1697, p. 603b ; Panégyriques latins, 4.3.1 (Galletier, 1:84, comm. p. 73). Voir PLRE, 1:574 ; T. D. Barnes, The New Empire of Diocletian and Constantine, Cambridge (MA, USA), 1982, p. 4, n. 8. Chronographus anni cccliiii, éd. Th. Mommsen, ChrMin, 1:13-148, p. 66
Création de la Tétrarchie. Galère nommé César.
293
remarques
acte
date
bibliographie
cha p i tr e 2
Tableau 6 : 1er mars (293-666) source
74
acte
Constantin associe ses fils au pouvoir.
source Consularia Constantinopolitana (Mommsen, p. 323) et Chronicon Paschale, ao 317 (Dindorf, 1:523 ; Mommsen, loc. cit. ; Whitby et Whitby, p. 11)
bibliographie
Regesten der Kaiser und Päpste für die Jahre 311 bis 476 n. Chr. Vorarbeit zu einer Prosopographie der christlichen Kaiserzeit, éd. O. Seeck, Stuttgart, 1919, p. 165, d’où M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 302 Civitas Velovocorum. Constantin Cod. Theod., 7.20.2, avant 312, peutO. Seeck, Regesten, p. 176, être 307 (Barnes), octroie des privilèges aux éd. Th. Mommsen et P. Meyer, d’où M. Springer, Jährliche vétérans et à leurs fils, qui sont Theodosiani libri xvi cum 320 (?) Wiederkehr, p. 302 ; C. Pharr, (Mommsen), 326 tenus au même service. Constitutionibus Sirmondianis et op. cit. ; S. Connolly, op. cit. (Seeck) leges novellae ad Theodosianum pertinentes, Berlin 1905, I/2, p. 350-351 ; C. Pharr, « The Text and the Interpretation of the Theodosian Code 7, 20, 2 », dans The American Journal of Philology, 67/1, 1946, p. 16-28, p. 22-23, trad. p. 2426 ; S. Connolly, « Chapter 5. Constantine answers the veterans », dans : S. McGill et al. (éd.), From the Tetrarchs to the Theodosians : Later Roman History and Culture, Cambridge, 2010, p. 93-114, p. 94-95, trad. p. 95
date
317
La constitution proprement dite, présentée sous forme d’un discours de Constantin, est introduite par quelques lignes de contexte, qui montrent que celuici fut prononcé dans un camp militaire. L’empereur est salué à l’entrée du quartier général (principia) par des officiers supérieurs (praefecti, tribuni) et des hauts dignitaires, peut-être les préfets du prétoire (viri eminentissimi). Il s’adresse aux vétérans, avec lesquels il dialogue : […]. Constantinus A[ugustus] dixit : […]. Victorinus veteranus dixit : […]. Sur la date de lieu et d’année, voir T. D. Barnes, New Empire, p. 69, n. 102 : « Si [la] date [consulaire de 320] est correcte, alors la civitas Velovocorum doit être une ville non identifiée près de Sardique », comme le suppose Millar. Si, avec Seeck (et, plus récemment, S. Connolly, op. cit., p. 96-97), on comprend Bellovacorum/Beauvais, alors la date consulaire doit être corrigée. Puisque les vétérans demandent aux dieux de protéger Constantin—et non « à dieu », comme dans la version que Justinien insérera au
remarques
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 75
date
acte
source
bibliographie
Codex—, l’événement est antérieur à 312. Barnes propose 307, mais avec beaucoup de prudence (« with due hesitation ») (S. Connolly, op. cit., p. 102, ne pense pas que l’argument soit décisif, le pluriel dii ayant pu se maintenir dans la production des bureaux par habitude ou routine—elle penche néanmoins pour la date haute de 307). Mommsen rejetait Beauvais, faisant remarquer que Constantin ne vint plus en Gaule après 316. Vu l’expansion celtique vers la Thrace et l’Asie Mineure au ive s. av. J.-C., il n’y aurait rien d’étonnant à ce que l’on trouve dans la région de Sofia/Sardique des toponymes apparentés à ceux du nord de la France, cf. B. Mac Congail, « Belgae Expansion Into South Eastern Europe and Asia Minor (4th–3d century B.C.) », dans : M. Stefanovich et Chr. Angelova (éd.), PRAE. In Honorem Henrieta Todorova, Sofia, 2007, p. 297-302, p. 300-301. L’importante agglomération fortifiée datant de l’époque de Dioclétien et située à proximité de Belovo, quelque cinquante kilomètres au sud-est de la capitale bulgare (P. Soustal, Thrakien [Thrakê, Rodopê und Haimimontos], Vienne, 1991 [Tabula Imperii Byzantini, 6 = Österreichische Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-Historische Klasse. Denkschriften, 221], p. 198-199), serait-elle la civitas Velovocorum ? Le nom aurait perduré, comme, par ex., celui du Campus Ardiensis, site d’une bataille qui opposa Constantin à Licinius en 314, aujourd’hui Arda (P. Soustal, ibid., p. 180).
remarques
76 cha p i tr e 2
Inscriptiones Latinae Selectae, III/1, éd. H. Dessau, Berlin, 1916, no 8943, p. xxv = Corpus inscriptionum Latinarum, Berlin, 1862-, vi 36951 = Epigraphic Database Heidelberg, no HD032751 = Epigraphic Database Roma, no EDR071805
Rome, Forum Romanum, au bord du lacus Iuturnae, dédicace d’une statue de Constantin, au Bureau des aqueducs (statio aquarum), par Flavius Maesius Egnatius Lollianus, chef de ce service.
Nicomédie, constitution de Constantin adressée au préfet de l’annone à Rome, sur la distribution de l’huile.
328
328
bibliographie S. Connolly, op. cit., p. 99, est seule à commenter la date de jour : « Quand les troupes commencèrent à acclamer l’empereur chaque année [plutôt qu’à l’occasion de ses victoires ou pour signifier leur soutien dans le contexte d’une compétition pour la dignité impériale], la salutatio militaire devint une simple confirmation cérémonielle du soutien de l’armée (et il est possible que le 1er mars ait été un jour tout indiqué pour cela). » Le dédicant sera par la suite préfet de la Ville, consul et préfet du prétoire : PLRE, 1:512-514. Sur les consulaires et la curatelle des eaux à cette époque, voir la brève remarque de Xavier Loriot dans la discussion d’ A. Hostein, Consulat, p. 224.
remarques
O. Seeck, Regesten, p. 178 ; F. Coarelli et al., Rome and Environs : An Archaeological Guide, Berkeley etc., 2014, p. 76-77; D. Filippi, “Region VIII. Forum Romanum Magnum”, dans: A. Carandini et P. Carafa (éd.), Atlas, 1:143206, p. 180 (avec référence erronée, n. 909, p. 206) Cod. Theod., 14.24 (Mommsen O. Seeck, Regesten, p. 178 Sur les mensae oleariae, « boutiques privilégiées où et Meyer, 1/2:798-799) l’huile était vendue ou distribuée aux pauvres », voir G. Humbert, « Arca », dans DAGR, I, 1877, p. 364366, p. 366b, 1er alinéa, avec bibliogr. ; B. Sirks, Food for Rome. The Legal Structure of the Transportation and Processing of Supplies for the Imperial Distributions in Rome and Constantinople, Amsterdam, 1991 (Studia Amstelodamensia ad epigraphicam ius antiquum et papyrologicam pertinentia, 31), p. 389-390.
source
acte
date
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 77
Chronographus anni cccliiii Rome. Aurelius Celsinus devient préfet de la Ville pour la (Mommsen, p. 69) deuxième fois.
O. Seeck, Regesten, p. 198
Consularia O. Seeck, Regesten, p. 196, Constantinopolitana, ao 350, d’où M. Springer, Jährliche § 2 (Mommsen, p. 237, col. a) ; Wiederkehr, p. 302 Chronicon Paschale, ao 349, § 1 (Dindorf, 1:535 ; Mommsen, p. 237, col. b ; Whitby et Whitby, p. 26)
351
350
Cod. Theod., 12.1.28 (Mommsen et Meyer, 1/2:669)
Constance II et Constans rappellent au vicaire d’Asie que la nomination des membres des curies municipales se fait normalement aux calendes de mars : Constitutionibus perspicue definitum est kalendis Martiis nominationes fieri. Vetranio est revêtu de la pourpre à Sirmium, capitale de l’Illyrie, ou Mursa, en Pannonie (et non à Naissus).
339 (26 nov.)
bibliographie
source
acte
date
D’après CP, c’est Constantina, la sœur de Constance II, qui éleva Vetranio à la dignité impériale. Sur le lieu, voir W. Enßlin, « Vetranio », dans : A. Pauly, G. Wissowa et al. (éd.), Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, 2e série, XVI, Stuttgart, 1958, col. 1838-1841, col. 1839, l. 14-27. Peu après, Constance II reçut Vetranio « avec grand honneur ». « Il fit ensuite élever un tribunal sur une éminence du campus », d’où, avec Vetranio à ses côtés, il prononça devant l’armée un discours sur le pouvoir impérial. Voir plus haut, ao 300.
De cette constitution, le Code ne reproduit que les deux premières lignes et la date.
remarques
78 cha p i tr e 2
source
bibliographie
acte
(Constantinople). Constitution Cod. Theod., 8.1.7 (Mommsen O. Seeck, Regesten, p. 209 de Julien adressée à Secundus, et Meyer, 1/2:361-362) préfet du prétoire, et visant à prévenir, de la part des numerarii qui sumpserunt chartarum notitiam, toute fraude qui pourrait nuire à l’État (in damna rei publicae).
date
362
remarques Le livre VIII du Code Théodosien est consacré aux numerarii, actuarii, scriniarii et exceptores. Les actuarii et exceptores opèrent dans la sphère militaire (G. Humbert, « Actuarii », dans DAGR, I, 1877, p. 60, section ii et n. 16, renvoyant, notamment, à cette loi de Julien ; R. Cagnat, « Exceptor », ibid., II/1, 1887, p. 879). Les numerarii sont probablement les chefs des chancelleries militaires (en particulier celles des maîtres de la milice et des maîtres de la cavalerie) et les scriniarii sont leurs subordonnés (Ch. Lécrivain, « Scriniarius », ibid., IV/2, 1911, p. 1124-1125, p. 1125 et n. 10, ibid.). Cod. Theod., 8.1.6 mentionne des « serments militaires » et 8.1.5 (qui concerne les actuarii, pas les numerarii) des magistri peditum et equitum. Les dates de lieu de Cod. Theod., 9.2.1, du 5 février, et 11.23.2, du 13 mars, permettent de supposer que la constitution sur les numerarii fut « donnée », elle aussi, à Constantinople ou non loin de là. Cod. Theod., 8.1.7 est citée par J. Den Boeft et al., Commentary XXII, p. 151, d’après Seeck, parmi les 18 lois de Julien datant de son séjour à Constantinople et dont plus de la moitié sont du mois de mars (contre 2 de janvier, 3 de février, 2 d’avril et 1 de mai).
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 79
O. Seeck, Regesten, p. 214, d’où M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 302 O. Seeck, Regesten, p. 241
Ammien, RG, 26.4.2 (Marié, p. 67)
Cod. Theod., 12.1.74 (Mommsen et Meyer, 1/2:680-681)
Nicomédie. Valentinien Ier nomme son frère Valens tribunus stabuli peu avant de l’associer à son pouvoir en l’élevant à l’augustat. Constantinople. Constitution de Valentinien Ier, Valens et Gratien adressée à Modestus, préfet du prétoire, réglementant l’accès au sénat par les membres des curies municipales en fonction, notamment, de leur situation familiale.
364
371
O. Seeck, Regesten, p. 212
Cod. Theod., 12.1.55 Antioche. Constitution de (Mommsen et Meyer, Julien adressée à Leontius, 1/2:676) gouverneur (consularis) de Palestine, exemptant de servir à la curie (des villes de cette province) les pères de 13 enfants et accordant le congé à ceux qui exerceraient déjà cette charge.
bibliographie
363
source
acte
date
Texte incomplet, comme l’indiquent les mots post alia après la suscription et l’adresse.
Bref commentaire de cette constitution : E. Pack, Städte und Steuern in der Politik Julians : Untersuchungen zu den Quellen eines Kaiserbildes, Bruxelles, 1986 (Coll. Latomus, 194), p. 251. Elle précède de quatre jours le départ pour la campagne fatale contre les Perses (O. Seeck, Regesten, p. 212), qu’Ammien Marcellin, RG, 23.2.6, éd., trad. et comm. J. Fontaine, Paris, 1977 (CUFSL, 231), 1:82 (texte et trad.) et 2:23-24 (comm.), rapporte ainsi : Iamque apricante caelo tertium nonas Martias profectus […], « Et tandis que déjà, ce trois des nones de mars, le soleil réchauffait l’atmosphère, il se mit en route […] ». Ammien, RG, 23.1.2-3 (Fontaine, 1:78-79 [texte et trad.], 2:12-15 [comm.]), témoigne de l’intérêt de Julien pour la Palestine à cette époque : il entreprend la reconstruction du temple de Jupiter à Jérusalem.
remarques
80 cha p i tr e 2
(Constantinople). Constitutions d’Honorius et Théodose II, adressées, resp., à Anthemius, préfet du prétoire et à Strategius, comes rerum privatarum, à propos des biens des hérétiques Eunomiens. Ravenne. Constitution d’Honorius et Théodose II, adressée à Constance, comte et patrice, prônant l’indulgence pour les crimes commis [par des citoyens] sub clade barbaricae depopulationis, « sous le fléau des ravages barbares », allusion probable au sac de Rome de 410. Ravenne. Glycère est proclamé empereur en remplacement d’Olybrius, mort à Rome le 22 octobre ou le 2 novembre 472.
410
473 (3 mars)
416
acte
date
bibliographie
Constance règnera brièvement en 421 (Constance III).
Le Paschale campanum et l’Index imperatorum datent la proclamation du 5 des nones de mars (3 mars), les Fasti Vindobonenses priores du 3 des nones (5 mars).
O. Seeck, Regesten, p. 332
O. Seeck, Regesten, p. 418
Fasti Vindobonenses priores (Mommsen, p. 306) ; Index imperatorum, éd. Th. Mommsen, ChrMin, 1:492 ; Paschale campanum, éd. Th. Mommsen, ChrMin, 1:744-750, p. 746
remarques
Cod. Theod., 15.14.14 (Mommsen et Meyer, 1/2:831)
Cod. Theod., 16.5.49 et 16.5.50 O. Seeck, Regesten, p. 319 (Mommsen et Meyer, 1/2:871872)
source
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 81
Constitution de Zénon réglant certains aspects des successions dans les familles complexes, dans l’hypothèse où les décès ne se produiraient pas suivant l’ordre naturel des générations. Constantinople. Constitution de Zénon précisant dans quels cas, lorsqu’on procède à une donation, les témoins ne sont pas nécessaires. Constantinople. Constitution d’Anastase punissant de la confiscation des biens quiconque exercerait, sans autorisation dûment signée de l’empereur, les fonctions réservées au personnel de ses archives juridicoadministratives (sacrum scrinium memoriae) ; et d’une amende de trois livres d’or le bureau du recteur de province qui aurait laissé faire.
478
492
478
acte
date
bibliographie Lounghis et al., Regesten, no 58, p. 60
Lounghis et al., Regesten, no 59, p. 60
Lounghis et al., Regesten, no 221, p. 93
source Justinien, Codex, 5.9.7, éd. P. Krueger, Codex Iustinianus, 14Dublin et Zurich, 1967 (Corpus Iuris Civilis, 2), p. 202 Justinien, Codex, 8.53.31 (Krueger, p. 364)
Justinien, Codex, 1.30.3 (Krueger, p. 82)
Voir infra, ao 536.
remarques
82 cha p i tr e 2
536
528
Acta synodi [habitae Romae] a. ccccxcviiii, éd. Th. Mommsen, MGH AA, 12, Berlin, 1894, p. 399-415, p. 399 W. Kaiser, Authentizität Constantinople. Constitution Justinien, Codex, 1.3.42 (Krueger, p. 28-29) und Geltung spätantiker de Justinien adressée Kaisergesetze : Studien zu au patriarche Épiphane, den Sacra privilegia concilii interdisant aux évêques de Vizaceni, Munich, 2007 quitter leur siège pour se rendre (Münchener Beiträge zur à la capitale, sauf autorisation Papyrusforschung und antiken préalable de l’empereur. Rechtsgeschichte, 96), p. 167, n. 66 ; Lounghis et al., Regesten, no 545, p. 160 Lounghis et al., Regesten, Constantinople. Constitution Justinien, Nov. 18, éd. R. Schoell et W. Kroll, no 1103, p. 275-276 de Justinien réformant les 8Berlin, 1963 (Corpus Iuris lois anciennes relatives aux successions qui ne réservaient Civilis, 3), p. 127-138 aux enfants légitimes, quel que soit leur nombre, qu’un quart des biens du père, celui-ci étant libre de disposer du reste à sa guise ; et précisant d’autres points de droit successoral.
Rome, basilique Saint-Pierre, synode présidé par le pape Symmaque.
bibliographie
499
source
acte
date
À l’instar d’autres constitutions répertoriées dans le présent tableau (par ex., Zénon, 478 [Cod., 5.9.7]) ou dans le suivant (par ex., Justinien, 538 [Nov. 66], 542 ou 556), celle-ci serait l’expression concrète—plutôt qu’idéologique comme dans AMp, ao 692—de la sollicitude du prince pour la veuve et l’orphelin.
remarques
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 83
570
545
acte
Constantinople. Édit (forma pragmatica) de Justinien sur la banque (corpus argentariorum). Constantinople. Novelle de Justinien sur « la conduite des troupes lorsqu’elles pénètrent sur le territoire d’une cité ou le traversent ». Accédant à la requête des propriétaires terriens de l’éparchie d’Afrique, Justin II décide que les individus nés d’unions mixtes, seront libres comme leur mère, et néanmoins attachés à la glèbe—en tant que colons, non en tant qu’ascripticii comme leur père.
date
542
source
bibliographie
remarques
Cette Novelle est la seule qui fût consacrée intégralement à des questions militaires : N. Van der Wal, Manuale Novellarum Justiniani. Aperçu systématique du contenu des Novelles de Justinien, Groningen, 1998, p. 24-25. W. Kaiser, Authentizität, Justin II, Novelle, dans : Jus Sur les calendes de mars comme date de décisions passim (voir index p. 522b, s. ou de jugements relatifs au statut des personnes (une Graeco-Romanus. Pars III. v. « Iustinus II ») ; F. Dölger, des causae maiores du Moyen Âge, réservées aux plus Novellae Constitutiones imperatorum post Justinianum A. E. Müller et al., Regesten, hautes instances), voir infra, Tableau 7, ais 542 et 556, no 16, p. 8 quae supersunt, éd. K. E. ainsi que p. 108-110 et 112-113. Zachariae von Lingenthal, Leipzig, 1857, p. 13-14
Justinien, Nov. 130 (Schoell et Lounghis et al., Regesten, Kroll, p. 650-654) no 1304, p. 318
Justinien, Nov. Ed. 7 (Schoell Lounghis et al., Regesten, et Kroll, p. 763-767) no 1265, p. 310-311
84 cha p i tr e 2
666
Sanctio de Constant II accordant le pallium à l’archevêque de Ravenne. Syracuse. Privilegium, sanctio ou typus autocephaliae de Constant II accordant l’autocéphalie à l’archevêché de Ravenne, sur intervention de l’archevêque Maurus et de l’exarque Gregorios.
avant 666
remarques
L’assemblée se réunit pour décider des moyens de s’opposer aux nouvelles taxes, écrasantes, décrétées par le roi Chilpéric. Avait-elle lieu chaque année à même date ? C’est possible, mais Grégoire ne le dit pas. En revanche, on sait que les calendes de mars correspondaient à une échéance fiscale (M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 302, n. 24 et 25), ce qui pourrait être le cas ici. Aux références citées par Springer on ajoutera : Cod. Theod., 11.7.19-21 (Mommsen et Meyer, 1/2:590), datées de Ravenne, la veille des calendes de mars 412 (noter 11.7.20 : la désignation des percepteurs pour l’Afrique se fera à Carthage, en présence du peuple, qui peut faire opposition [popularis accusatio]) ; Cassiodore, Variae, 7.20-22, éd. Th. Mommsen, Cassiodori senatoris Variae, Berlin, 1894 (MGH AA, 12), p. 214215, éd. A. Giardina et al., Rome 2015, p. 76-79 (texte et trad.) et 235-239 (comm.). Mentionné dans l’acte cité à la F. Dölger, A. E. Müller et al., ligne suivante (Holder-Egger, Regesten, no 232, p. 109 n. 8, p. 351, l. 36-37) F. Dölger, A. E. Müller et al., Annexe au Liber pontificalis ecclesiae Ravennatis d’Agnellus Regesten, no 233, p. 109 dans le Codex Estensis du xve s., éd. O. Holder-Egger, MGH SS rerum Langobardicarum et Italicarum saec. vi-ix, Hanovre, 1878, p. 265-391, n. 8, p. 350-351
Limoges. Assemblée du peuple, Grégoire de Tours, HLD, 5.28 B. Bachrach, Marchfield, Lemovicinus […] populus […] (Krusch et Levison, 234:3-4) p. 180, n. 7 congregatus in Kalendas Martias.
bibliographie
579
source
acte
date
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 85
Lactance, DMP, 19.1-3 Nicomédie. Autre étape cruciale dans l’histoire (Creed, p. 30) de la Tétrarchie (voir ci-dessus, Tableau 6, ao 293). Dioclétien et Maximien abdiquent en faveur de Constance et Galère ; Sévère et Maximin Daïa sont nommés Césars : « Le jour des calendes de mai, ces décisions furent mises à exécution. Tous fixaient Constantin. Il n’y avait point de doute. Ne voulant que lui, les soldats qui étaient sur place et les officiers choisis dans les légions, qu’on avait fait venir, se réjouissaient [par avance], priaient et formaient des vœux. Il y avait à trois lieues environ de la ville une hauteur au sommet de laquelle Maximien lui-même avait revêtu la pourpre et où une colonne avait été dressée avec une statue de Jupiter. On s’y dirigea. On y convoqua une assemblée militaire [contio militum convocatur], où le vieillard [c’est-à-dire Dioclétien] s’adressa, en larmes, aux soldats » depuis une tribune (tribunal) sur laquelle Maximien, Constantin, Maximin Daïa et d’autres encore avaient également pris place (Cum haec essent constituta, proceditur kalendis mais. Constantinum omnes intuebantur ; nulla erat dubitatio ; milites qui aderant et primores militum electi et acciti ex legionibus in hunc unum intenti gaudebant, optabant, et vota faciebant. Erat locus altus extra civitatem ad milia fere tria, in cuius summo Maximianus ipse purpuram sumpserat, et ibi columna fuerat erecta cum Iovis signo. Eo pergitur. Contio militum convocatur, in qua senex cum lacrimis alloquitur milites […]).
305
source
acte
date
Tableau 7 : 1er mai (305-612)
bibliographie
« Ce passage est d’un grand intérêt », selon J. L. Creed, Lactantius, p. 99-100, « car pour la première fois depuis Hérodien et les vicissitudes impériales de 238, un contemporain nous renseigne sur le transfert du pouvoir [suprême]. L’approbation formelle du sénat n’a plus guère d’importance et l’attribution officielle du pouvoir se fait devant l’armée, considérée à présent comme corps légitimant. Bien entendu, dans des situations comme celle-ci, où l’issue ne faisait guère de doute, la décision effective était prise, au préalable, par les collègues du défunt ; en d’autres rencontres, lorsque la mort de l’empereur était source de confusion, les officiers supérieurs exerçaient cette prérogative. […] En général, “l’armée” n’était autre chose que les troupes présentes sur place (voir Ammien, R. G., 15.8.4, advocato omni quod aderat commilitio). On songe ici, non pas à la seule garnison de Nicomédie, comme fait Moreau, mais au gros des comitatenses [force d’intervention rapide, plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’hommes] qui, quoique moins nombreux sous Dioclétien que plus tard, représentaient déjà une force appréciable […]. Pour autant que je sache, la convocation de représentants des légions n’est pas attestée ailleurs qu’ici. »
remarques
86 cha p i tr e 2
393
386
371
368
O. Seeck, Regesten, p. 233
O. Seeck, Regesten, p. 241
O. Seeck, Regesten, p. 271
O. Seeck, Regesten, p. 281
remarques
bibliographie O. Seeck, Regesten, p. 173
source Cod. Theod., 8.12.3 (Mommsen et Meyer, 1/2:410)
Athanase, Lettres Festales (Index syriaque), éd. et trad. A. Martin et M. Albert, Paris, 1985 (SC, 317), p. 224-277, p. 270-273, comm. p. 303, n. 103 ; d’où trad. A. Camplani, Milan, 2003 (Letture cristiane del primo millennio, 34), p. 559592, p. 586-587, no 40 er Constantinople. Constitution de Valentinien I et Cod. Theod., 11.1.14 (Mommsen et Meyer, Valens adressée au préfet du prétoire, sur l’impôt 1/2:574) foncier. (Constantinople). Théodose Ier répond à un Cod. Theod., 4.20.3 (Mommsen et Meyer, plaideur qu’une donation est valable dès lors que 1/2:203-204) son auteur l’a déclarée (professio). Constantinople. Constitution de Théodose Ier, Cod. Theod., 9.42.11 Arcadius et Honorius, adressée au préfet du prétoire, (Mommsen et Meyer, 1/2:513) à propos des biens confisqués (on n’inscrira sur les panneaux ni le nom de l’empereur ni celui des personnes condamnées).
acte
Rome. Constitution de Constantin adressée au préfet de la Ville, sur l’obligation d’enregistrer les actes de donation localement, là où le donateur est domicilié et où les biens sont situés. Alexandrie. L’évêque Athanase entreprend la reconstruction du Césaréum, ancien temple devenu église patriarcale, après réception de l’ordre impérial transmis par le général (dux) Trajan.
date
323
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 87
Ouverture du concile de Carthage.
Constitution de Zénon portant sur les biens cédés aux fils (donation ante nuptias) et aux filles (dot) avant leur mariage, considérés comme une avance d’hoirie. Autre constitution de Zénon portant sur les biens cédés aux fils (donation ante nuptias) et aux filles (dot) avant leur mariage Constantinople. Constitution de Zénon portant que tout testateur est libre de laisser ce qu’il veut à ceux qui mettent en forme ses volontés ou en sont les témoins. Paul, désigné comme évêque (patriarche) d’Antioche par les légats pontificaux, s’est désisté et l’empereur a accepté son désistement.
418
479
521
480
479
acte
date
Importance de ce concile : Ch. Munier, « Concilium (concilia). I », dans : C. Mayer et al. (éd.), Augustinus-Lexikon, I, Stuttgart, 1994, col. 1085-1099, col. 1097 ; A. Weckwerth, Clavis Conciliorum Occidentalium septem prioribus saeculis celebratorum, Turnhout, 2013 (CC. Claves-Subsidia, 3), p. 79-81.
O. Seeck, Regesten, p. 338
Lounghis et al., Regesten, no 67, p. 62
Lounghis et al., Regesten, no 68, p. 62 Lounghis et al., Regesten, no 84, p. 65
Registri Carthagin. eccl. excerpta, éd. Ch. Munier, Concilia Africae A. 345 – A. 525, Turnhout, 1974 (CCSL, 149), p. 67-78 et 220-228, p. 69, l. 1 et 220, l. 1312 Justinien, Codex, 3.28.29 (Krueger, p. 133-134)
Justinien, Codex, 5.3.18 (Krueger, p. 194) Justinien, Codex, 6.23.22 (Krueger, p. 255)
Lounghis et al., Regesten, Justin Ier, Lettre au pape no 436, p. 137 Hormisdas, éd. A. Thiel, Epistolae Romanorum pontificum genuinae et quae ad eos scriptae sunt a S. Hilaro usque ad Pelagium II, Braunsberg [Braniewo], 1867-1868, p. 983-984
remarques
bibliographie
source
88 cha p i tr e 2
546
542
Voir supra, Tableau 6, ao 570.
Justinien, Nov. 123 (Schoell et Lounghis et al., Regesten, Kroll, p. 593-625) no 1319, p. 321-322
1) Voir supra, Tableau 6, ao 536. 2) La fin du chapitre 2 montre que la date de rédaction (conscriptio) d’une constitution (le 1er mars, en l’occurrence) n’était pas nécessairement celle de son enregistrement (insinuatio, 1er mai, pour le texte grec) ni celle de sa communication aux représentants les plus lointains de l’autorité impériale (verbe manquant, 1er avril, pour le texte latin).
remarques
Justinien, Nov. 157 (Schoell et Lounghis et al., Regesten, Kroll, p. 733-734) no 1268, p. 311
Justinien, Nov. 67 (Schoell et Lounghis et al., Regesten, Kroll, p. 344-347) no 1168, p. 290
538
Constantinople. Constitution de Justinien sur la construction, par des particuliers, d’édifices religieux, sur la résidence des évêques et sur les biens d’église. Constantinople. Constitution de Justinien sur les colons d’Osrhoène et de Mésopotamie : leurs maîtres peuvent et doivent éviter qu’ils ne s’unissent à leurs semblables issus d’autres domaines, mais lorsque cela se produit, les unions ne peuvent être dissoutes ni les familles séparées. Constantinople. Novelle de Justinien, la plus importante, sans doute, de son règne en matière religieuse.
Constantinople. Constitution de Justinien stipulant Justinien, Nov. 66 (Schoell et Lounghis et al., Regesten, Kroll, p. 340-343) no 1167, p. 290 que ses lois et tout particulièrement celles sur les testaments (obligation pour le testateur d’écrire de sa main les noms des héritiers et de léguer à ses enfants au moins un tiers de ses biens) entreront en vigueur partout deux mois après leur enregistrement.
bibliographie
538
source
acte
date
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 89
Constantinople. Constitution de Justinien en deux parties : la première (c. 1-6) sanctionne les abus des magistrats, civils ou militaires, dans les provinces ; la deuxième (c. 7-13) traite du droit des personnes (protection des enfants [il est interdit aux créditeurs de détenir ceux de leurs débiteurs] ; des femmes [elles ne peuvent engager leur personne ou leurs biens pour garantir une dette contractée par leur époux ; interdiction de les écrouer pour quelque motif que ce soit « de peur que leur chasteté soit mise à mal »] ; des droits des héritiers de parents adultères, illégalement séparés ou criminels et atténuation des peines infligées à ces derniers). Justin II accède aux requêtes de Spesindeo, le premier évêque (primas) de Byzacène en Afrique : 1) lorsqu’il s’agit de questions religieuses, les clercs qui dépendent de lui seront jugés par lui seul et non par des juges civils ou militaires (privilège du for) ; 2) nul n’empêchera de se rendre à Constantinople les personnes relevant de sa juridiction qu’il voudrait y envoyer ; 3) les autres évêques de la province n’entreprendront ce déplacement qu’avec son accord.
556
568
acte
date
F. Dölger, A. E. Müller Parmi les actes catalogués dans les régestes de et al., Regesten, p. 6, no 11 ; Dölger, Müller et al., très peu sont datés. S. Adamiak, Carthage, Constantinople and Rome. Imperial and Papal Interventions in the Life of the Church of Byzantine Africa (533-698), Rome, 2016 (Miscellanea Historiae Pontificiae, 68), p. 63-65
Justin II, Novelle, éd. W. Kaiser, Authentizität, p. 39, comm. p. 52 et 156-171
Voir supra, Tableau 6, ais 536 et 570.
Lounghis et al., Regesten, no 1408, p. 338
Justinien, Nov. 134 (Schoell et Kroll, p. 676-689)
remarques
bibliographie
source
90 cha p i tr e 2
Le Lombard Agilulf « reçoit la dignité royale » (suscepit regiam dignitatem) en épousant, en novembre 590, la veuve de son prédécesseur, « mais est appelé par tous à régner (in regnum levatus est) au mois de mai suivant, à Milan, les Lombards y ayant été assemblés » (Celebrantur cum magna laetitia nuptiae ; suscepit Agilulf, qui fuerat cognatus regis Authari, incoante iam mense Novembrio regiam dignitatem. Sed tamen congregatis in unum Langobardis postea mense Maio ab omnibus in regnum apud Mediolanum levatus est). Héraclius confirme les dispositions prises par Serge, patriarche de Constantinople, concernant les effectifs des désservants de la Grande Église (SainteSophie).
591
612
acte
date Cité par J. Grimm, La date de jour n’est pas précisée. Deutsche Rechtsalterthümer, Göttingen, 1854, p. 245, et H. L. Ahrens, Namen und Zeit, p. 12 et n. 53 ibid.
B. Flusin, « Chapitre iv. Les structures de l’Église impériale », dans : C. Morrisson (éd.), Le monde byzantin. I. L’Empire romain d’Orient (330-641), Paris, 2004 (Nouvelle Clio), p. 111-141, p. 131 ; F. Dölger, A. E. Müller et al., Regesten, p. 60, no 165
Paul Diacre, Historia Langobardorum, 3.35, éd. G. Waitz, Pauli H. L., Hanovre, 1878 (MGH SS rer. Germ., 48), p. 141 ; éd. et trad. W. F. Schwarz, Paulus Diaconus, Geschichte der Langobarden. Historia Langobardorum, Darmstadt, 2009, p. 218 Héraclius, Novelle 1, éd. J. Konidaris, « Die Novellen des Kaisers Herakleios », dans Forschungen zur byzantinischen Rechtsgeschichte. Fontes minores, V, Francfort/Main, 1982, p. 33-106, p. 62-73, comm. p. 53-54 (tradition) et 94-99 (teneur)
remarques
bibliographie
source
d e l’an t i q u i t é tard i ve au hau t moy e n âge 91
Chapitre 3
Les sources juridiques (viie-viiie siècle)
Lorsqu’au livre 3 de sa Chronique, très largement tributaire des Histoires de Grégoire de Tours, Frédégaire rapporte l’altercation entre Clovis et l’un de ses guerriers au sujet du vase « de Soissons », il ne la situe pas au Champ de Mars, comme son modèle—qu’il reproduit par ailleurs très soigneusement—le faisait moins d’un siècle plus tôt, mais aux calendes de mars1. La même correspondance, augmentée d’un terme—les calendes de mai—, résulte de la confrontation d’une poignée de sources contemporaines de Charlemagne et Louis le Pieux qui décrivent ou prétendent décrire les assemblées annuelles présidées par les derniers Mérovingiens2. Ces équivalences anciennes conduisent à élargir l’enquête au-delà des limites tracées par Du Cange et à y comprendre non seulement les assemblées qui portèrent le nom de « Champ de Mars/Mai », mais celles, aussi, qui se tinrent aux calendes de mars/mai3 ou à des dates voisines—il ne fait guère de doute, en effet, que ces solennités se fussent ordinairement prolongées sur plusieurs jours si ce n’est plusieurs semaines (d’où, peut-être, l’utilité des expressions de type campus, plus souples, sous cet angle, que kalendae). Bien sûr, il s’agira de faire preuve de discernement, car « rien ne justifie d’appeler Champ de Mars toutes les rencontres ayant eu lieu un 1er mars4 ». Ce redimensionnement a deux conséquences importantes. La première est d’agréger les actes de la pratique et particulièrement les diplômes royaux à la catégorie des sources dont il y a lieu, désormais, de tenir compte. La deuxième, de nous faire dépasser le cadre franc afin d’observer les assemblées à dominante législative que les Lombards et les Alamans organisaient dans la première moitié du viiie siècle, qui ne portent pas le nom qui les eût signalées à l’attention de Du Cange et qui ne furent versées au débat qu’à une époque relativement récente5.
1 Frédégaire, 3.16 (Krusch, 99:9-10) ; Grégoire de Tours, HLD, 2.27 (Krusch et Levison, 72:19). W. Goffart, compte-rendu de R. Collins, Fredegar-Chroniken, dans The Medieval Review, 8.ii.2009, appelle de ses vœux une étude sur les interpolations de Frédégaire et regrette que Collins s’en soit désintéressé. 2 Voir infra, § 5.1. 3 Quelques exemples mérovingiens, pour mars, dans B. Bachrach, Marchfield, p. 180, n. 7. 4 M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 304, italiques ajoutés. 5 Lombards : H. L. Ahrens, Namen und Zeit, p. 15-16. Alamans : Id., ibid., p. 16, n. 74, d’après J. Grimm, Rechtsalterthümer, p. 245, et G. Waitz, Die Verfassung des fränkischen Reichs, Kiel, 1870 (Deutsche Vefassungsgeschichte, 2), p. 498 (le témoignage de la Lex Alamannorum, gênant dans la perspective de sa thèse, est qualifié par Ahrens de « trop faible et vague »). Sur les cas anglo-normands et anglais : Annexe 1.
94
cha p i tr e 3
3.1. Monde franc : les actes de la pratique 3.1.1. Statistiques
La masse des sources non-littéraires qu’il conviendrait de dépouiller pour apporter une réponse définitive aux questions que l’on se pose ici est telle que la seule solution praticable et proportionnée aux dimensions de l’enquête courante— plutôt qu’idéale—consiste à procéder par sondages. Le choix d’un échantillon se fixera sur les diplômes royaux ne serait-ce qu’en vertu du rapport explicite que la Chronique des abbés de Fontenelle établit—correctement, sans doute—entre leur production et les assemblées du Champ de Mars6. On ne retiendra que ceux qui sont antérieurs à la mort de Charlemagne7 et, pour mieux en faire ressortir les spécificités, on les comparera quant à leurs dates de jour et de mois, aux pièces contemporaines provenant des fonds de Wissembourg et Echternach8 (ces dernières seulement jusqu’à l’avènement de Pépin, après quoi les indications pertinentes se réduisent aux années de règne)—sachant que ces archives monastiques ne peuvent renseigner, au mieux, que sur la forme locale du Champ de Mars, dont l’existence se déduit d’un passage de Grégoire de Tours9 et d’un article de la Lex Alamannorum10, notamment.
6 Voir infra, § 3.1.4. 7 Die Urkunden der Merowinger / Diplomata regum Francorum e stirpe Merovingica, éd. Th. Kölzer avec la collab. de M. Hartmann et A. Stieldorf d’après les travaux préparatoires de C. Brühl († ), Hanovre, 2001 (MGH) ; Die Urkunden Pippins, Karlmanns und Karls des Grossen / Pippini, Carlomanni, Caroli Magni Diplomata, éd. E. Mühlbacher avec la collab. d’A. Dopsch, J. Lechner et M. Tangl, Hanovre, 1906 (MGH DD Karolinorum, 1) ; et, pour les actes en faveur du Mans, M. Weidemann, Geschichte des Bistums Le Mans von der Spätantike bis zur Karolingerzeit. Actus pontificum Cenomannis in urbe degentium und Gesta Aldrici, Mayence, 2002 (Römisch-Germanisches Zentralmuseum. Forschungsinstitut für Vor- und Frühgeschichte. Monographien, 56). Les sigles utilisés seront les suivants : DM pour les pièces mérov. conservées (t. I), DMDep pour celles qui sont perdues (t. II), DK1 pour les actes carol. et W pour ceux du fonds du Mans. DM 153 (383:13) ou DM 153 (Brühl, Kölzer et al., 383:13) renvoie au texte du 153e des diplômes mérov., p. 383, l. 13 de l’édition Brühl, Kölzer et al. Pour les commentaires (introd., notes, présentation des pièces individ.), on utilisera les styles suivants : C. Brühl, Th. Kölzer et al., Urkunden, p. 127, l. 5 ; M. Hartmann et A. Stieldorf, Deperdita, p. 657, no 388 ; M. Weidemann, Geschichte, 2:256 (tome II, p. 256). 8 Traditiones Wizenburgenses. Die Urkunden des Klosters Weissenburg, 661-864, éd. K. Glöckner et A. Doll, Darmstadt, 1979 (Arbeiten der hessischen historischen Kommission Darmstadt)—ci-dessous Wi ; C. Wampach, Geschichte der Grundherrschaft Echternach im Frühmittelalter. Untersuchungen über die Person des Gründers, über die Kloster- und Wirtschaftsgeschichte auf Grund des Liber aureus Epternacensis (698-1222), Luxembourg, 1929-1930 (Publications de la section historique de l’Institut Grand-Ducal de Luxembourg, 63), spéc. t. II (Quellenband)—ci-dessous E. 9 Grégoire de Tours, HLD, 5.28 (Krusch et Levison, 234:4), voir supra, Tableau 6, p. 85, ao 579. 10 Voir infra, p. 109-110.
L e s s o u rc e s j u ri d i q u e s ( vi i e -vi i i e si ècle ) Tableau 8
Mérov. Carol.
Wissembourg (Wi) total avant 750
janvier février mars avril mai juin juillet août septembre octobre novembre décembre
1 5a 19c 5 3 6 ou 7 0 ou 1 2 5 2 1 ou 2 5 ou 6
12 5b 26 ou 27 9 ou 10e 16 19 22 16 12 12 11 11
6 6 7 9 6 13 5 2 0 4 2 2
Echternach (E)
total dont, dont, total dont, du 1er 750-814 du 1er avant 750 du 1er 3 2 1 3 4 1 0 0 0 1 0 1
12 13 16 14 15 14 17 12 3 10 10 10
1 0 2 1 1 2 2 2 0 1 1 0
0 0 2 1 7 1 2 0 0 3 1 2
0 0 1d 0 1 1 1 0 0 1 1 1
a dont 4 de la 2e moitié b dont 4 de la 2e moitié
c 17, si l’on se rapporte à l’édition Brühl, Kölzer, et al., à laquelle on a préféré celle de Weidemann pour
les actes du Mans, assez nombreux
d l’autre étant du 2
e dont un du 1er, un du 2 et un du 4, deux du 28 et un du 30
« La distribution [des diplômes mérovingiens] montre clairement l’importance du Champ de mars [“Märzfeld”] […], du moins à l’époque de la suprématie [des maires du palais] austrasien[s], d’autant que quatre des cinq actes sincères datés de février le sont de la deuxième moitié du mois et doivent s’y rattacher11. » Dans la production des premiers Carolingiens, mars vient toujours assez largement en tête, même si l’écart par rapport aux autres mois s’est considérablement réduit. Rien, au contraire, n’indique une préférence pour mai, qui le cède à juin et surtout à juillet (des vingt-deux actes de ce mois, sept sont dépourvus de date de jour, neuf sont d’une date qui n’est attestée qu’une fois—les 4, 5, 7, 8, 10, 16, 17, 20 et 25—et six sont du 28, date anniversaire du premier sacre de Charlemagne, par Étienne II12, de la veille ou du lendemain).
11 C. Brühl, Th. Kölzer et al., Urkunden, p. xxv. Voir égalem. Th. Kölzer, « Die letzten Merowingerkönige : rois fainéants ? », dans : M. Becher et J. Jarnut (éd.), Der Dynastiewechsel von 751 : Vorgeschichte, Legitimationsstrategien und Erinnerung, Münster en Westphalie, 2004, p. 33-60, p. 58 et n. 151, p. 58-59 ; I. Heidrich, Urkunden, p. xxviii, prem. alinéa (ce titre court désigne désormais l’introduction et le commentaire de Die Urkunden der Arnulfinger / Diplomata maiorum domus regiae e stirpe Arnulforum, éd. Ead., Hanovre, 2011 [MGH], tandis que les diplômes eux-mêmes sont désignés par le sigle DArnulf, suivi du no). 12 Sur cette commémoration, voir A. J. Stoclet, « Dies Unctionis. A Note on the Anniversaries of Royal Inaugurations in the Carolingian Period », dans FmSt, 20, 1986, p. 541-548, p. 543-544, et les objections de M. Sierck, Festtag, p. 421-424.
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cha p i tr e 3
À Wissembourg aussi, le pic du début de l’été est manifeste, mais sous les derniers Mérovingiens : il ne perdure pas, toutefois, au-delà de 750, alors que, sous d’autres aspects, telle la faible activité des mois d’automne, la tendance est à la continuité. Mars et mai, toutes dates de jour confondues, ne sortent pas du lot ; en revanche, le 1er mai jouit d’une faveur évidente, suivi de près du 1er janvier et du 1er avril. Sur ce dernier point, c’est l’inverse que l’on observe à Echternach : le cinquième mois y est d’assez loin le plus couru, mais son premier jour n’est pas spécialement prisé (un seul acte en est daté, comme du 12 et du 21, contre deux du 8 et deux du 13). Le 1er mars et le 1er mai n’étaient pas des jours ordinaires : la plupart des actes non-royaux qui en sont datés l’attestent, par la qualité de leurs auteurs (évêques13, maire du palais14, duc15 ; leurs proches ou descendants16 ; les membres de groupes de parenté de la haute aristocratie17 ; etc.), celle du lieu d’émission18, la leur propre en tant que souche d’une famille d’actes semblables19 ou pièce maîtresse d’un cartulaire20, etc. Ils confirment et manifestent donc, d’une certaine manière, la solennité de ces deux jours, mais ne contribuent que marginalement à la connaissance que l’on peut en avoir.
13 Diplomata, chartae, epistolae, leges aliaque instrumenta ad res gallo-francicas spectantia, prius collecta a vv. cc. [L. G. O. F.] de Brequigny et [F. J. G.] La Porte du Theil, nunc nova ratione ordinata, plurimumque aucta […] edidit J. M. Pardessus, Paris 1843 et 1849 (ci-dessous P, pour « Pardessus »), no 275, de 637 ; P 406, de 686. 14 E 24 = DArnulf 6, de 714. 15 E 8, de 704. 16 Wi 223 = 205 = 252, de 699 ; Wi 40, de 725. 17 Wi 38, de 693 ou 694 ; E 20, de 702 ; Wi 55, 58 et 66, de 775 et 776. 18 P 275 ; P 406 ; E 8 ; etc. 19 P 275. 20 Wi 223 = 205 = 252.
L e s s o u rc e s j u ri d i q u e s ( vi i e -vi i i e si ècle )
3.1.2. La structuration du temps campomartial (i) : l’échelonnement des diplômes
Cette connaissance peut toutefois s’approfondir ponctuellement moyennant des approches plus sélectives des mêmes documents. Les diplômes mérovingiens, par exemple (Tableaux 9 et 10), nous apprennent que la solennité du troisième mois durait plusieurs jours, voire plusieurs semaines ; et que l’emploi de ce temps n’avait rien d’aléatoire ou que certains de ses aspects, en tout cas, étaient structurés d’une façon qui se répétait d’année en année. Les affaires des établissements ecclésiastiques—les seules sur lesquelles ces textes jettent quelque lumière—ne s’y réglaient pas, comme on aurait pu le croire, en une séance : les diplômes qui en font foi portent des dates différentes, qui s’échelonnent, dans les limites fixées, selon des intervalles variables et dans l’ordre de leur importance relative. Pour Le Mans, en 698, 712, 722 et 743, comme pour Saint-Denis en 716—autrement dit dans tous les cas où, parmi la vingtaine de diplômes mérovingiens expédiés entre la mi-février et la mi-mars, il s’en trouve plusieurs en faveur d’un même bénéficiaire qui soient datés d’une même année—la confirmation de l’immunité intervient d’abord, soit aux calendes21, soit la veille22 ou encore le lendemain23. Les privilèges de portée plus étroite, tels, en particulier, ceux qui assignent au bénéficiaire des revenus normalement perçus par le fisc (ceux du domaine d’Ardin, en Poitou, pour l’église du Mans ; une part, très modeste, sans doute, de ceux du pays du Mans ou du tonlieu de Marseille—100 vaches et 100 sous, respectivement—pour l’abbaye de Saint-Denis), viennent après, dans la quinzaine qui suit24.
21 W 27A. C’est une conjecture de M. Weidemann, Geschichte, 2:256, qui hésite entre ce jour, qui est aussi, en 743, celui de l’avènement de Childéric III, le dernier Mérovingien, et le 2. Avant ce roi, Dagobert Ier, en 623, et Childéric II, en 663, seraient également montés sur le trône à l’occasion d’un Champ de Mars : M. Weidemann, « Zur Chronologie der Merowinger im 7. und 8. Jahrhundert », dans Francia, 25/1, 1998, p. 177-230, p. 182 (Dagobert), 186 (Childéric II) et 211 (Childéric III). Théoriquement, ce pourrait être vrai, aussi, de Dagobert III et de Thierry IV, dont les règnes débutèrent, respectivement, entre le 2 janvier et le 2 mars 711 (p. 200 et 230) et entre le 31 janvier et le 2 mars 721 (p. 207 et 230). 22 DM 166 (716). 23 W 19 (712) et W 23 (722). W 19 invoque une confirmation antérieure, par Childebert III, aujourd’hui perdue (M. Weidemann, Geschichte, p. 240, recense cet acte parmi les deperdita ; C. Brühl, Th. Kölzer et al., Urkunden, 406:12-13, le signalent, mais pas, curieusement, M. Hartmann et A. Stieldorf, Deperdita). À titre d’hypothèse, on pourrait la dater du 1er mars 698 (sinon de la veille ou du lendemain) et en faire le pendant de W 16, relatif à Ardin, qui est du 3. La série des binômes immunité-Ardin identifiés par M. Weidemann, op. cit., 2:256, pour 712, 722 et 743 (W 19 et W 20, W 23 et W 24, W 26 et W 27A) commencerait donc quatorze ans plus tôt. Il faudrait toutefois expliquer pourquoi on attendit la quatrième année de son règne avant de solliciter de Childebert III les confirmations souhaitées, tandis que, sous ses successeurs, les démarches équivalentes se font, plus logiquement peut-être, dans le courant de la première ou de la deuxième année de règne. 24 Ardin : W 16, W 20, W 24, W 26, du 3, 10, 5 et 2, respectivement. 100 vaches : DM 168, du 16. On a laissé en blanc la date de jour de DM 170 (100 sous sur le tonlieu de Marseille).
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cha p i tr e 3 Tableau 9 : Diplômes mérovingiens datés du mois de mars25
DM W
bénéficiaire
année
jour
lieu
tradition or. cop. perdu
Dep. 203
Dep. 242 107 111
7
78F 129 79F 149
Rotmarus 637 (SaintWandrille) Saint-Wandrille 650 Le Mans Münster i. Gregoriental Le Mans Le Mans Thusoneualle [SD] Le Mans Le Mans S. Pierre Erfurt
faux
4
Compiègne
•
1
Compiègne
•
(669/70) (675)
1 4
-
xii viii
(678) (687) (697)
5 27 14
Compiègne Compiègne Compiègne
•
milieu ixe milieu ixe
(698) (698)
3 3 1
Valenciennes Valenciennes Mayence
xii xii
151 152 70
16 15
159 163 164 167 168 169 170 179 182 183
19 20 23
(710) 12 Montmacq (712/13) 2 Montmacq (712) 10 Montmacq (716) 7 Compiègne (716) 16 Compiègne (716) 25 Compiègne lacune Compiègne (716) (721) 3 Soissons (722) 2 Quierzy (722) 2 Paris
• • •
1292 xii xii xv xii xii
1050 × 1150 xi
Quierzy Valenciennes Ponthion Compiègne [Compiègne]
xii xvii xii xii
viii ou ix
28 Le Mans
(722) 5 (723/24) 1 (726) 3 (743) 2 [743] [1 ou 2] 749 15
Quierzy
184 185 187 190
Saint-Denis Le Mans Le Mans Saint-Denis Saint-Denis Saint-Wandrille Saint-Denis Saint-Bertin Le Mans Saint-Maurdes-Fossés 24 Le Mans Saint-Denis Saint-Denis 26 Le Mans 27A Le Mans
xii
25 C. Brühl, Studien, et Clausen, Studien, invoqués dans les Remarques ci-dessous renvoient respectivement à : C. Brühl, Studien zu den merowingischen Königsurkunden, éd. Th. Kölzer, Cologne etc., 1998 ; et à un travail resté inédit, cité sans autres détails dans la notice « Pip.025 » de la base DD –Ergänzungen ou Ergänzungen zu den MGH Diplomata, hébergée sur le site des Monumenta.
L e s s o u rc e s j u ri d i q u e s ( vi i e -vi i i e si ècle )
Mise en forme, sigles, signes : – Fond gris : diplômes pour Le Mans et pour Saint-Denis ; – DM = édition Brühl, Kölzer et al. ; – W = édition Weidemann (Le Mans) ; – < > : date historiquement impossible (C. Brühl, Th. Kölzer et al., Urkunden, p. xxx) ; – ( ) : date calculée sur base des éléments fournis, spéc. années de règne, années de l’indiction (Iid., ibid.) ; – [ ] : date conjecturale (Iid., ibid.). Remarques : – DM 107 : il s’agit d’une lettre par laquelle Childéric II informe Dido, évêque de Poitiers, des faveurs consenties à l’église du Mans au sujet de sa propriété d’Ardin, au diocèse de Poitiers ; sur la date, voir C. Brühl, Th. Kölzer et al., Urkunden, 276:20-23, et M. Weidemann, Geschichte, 2:208, qui se prononce pour 669. – DM 111. Sur la date : C. Brühl, Th. Kölzer et al., op. cit., 286:42-45. – W 78F : le protocole et l’eschatocole (donc la date) sont considérés par C. Brühl, Th. Kölzer et al., ibid., 304:29-32 (DM 119), comme étant sincères, mais M. Weidemann, op. cit., 2:385-386, montre qu’ils sont empruntés à W 9 = DM 118. – DM 129 : faux intégral ; la date, non plus, « ne correspond pas à l’usage mérovingien » (C. Brühl, Th. Kölzer et al., op. cit., 328:17-18). – DM 149 : le monastère de Thusoneualle est une fondation de Charderic, abbé de Saint-Denis, et est dirigé par son neveu Magnoald ; l’acte nous est parvenu via les archives de Saint-Denis. – DM 151 : cet acte est interpolé, mais les remaniements sont très circonscrits et n’affectent pas la date. – DM 163 : même remarque que pour 151. M. Weidemann, op. cit., 2:238, date ce diplôme de 712 (sans davantage de justification que C. Brühl, Th. Kölzer et al.). – DM 164 : même remarque que pour 151. – DM 169 : même remarque que pour 151 (voir C. Brühl, Th. Kölzer et al., op. cit., 419:32-35). La plus ancienne copie conservée est du xve siècle, mais elle reproduit un vidimus de Philippe V, de 1319 ; l’original existait encore, apparemment, au xive siècle (C. Brühl, Studien, p. 261, n. 14). – DM 179 : la copie du xiie siècle dérive du cartulaire perdu de Folcuin (961/62). – DM 182 : même remarque que pour 151. – DM 184 : idem. – DM 185 : selon C. Brühl, Th. Kölzer et al., op. cit., p. 458-460, la confirmation par Pépin, DK1 25, aurait rendu ce faux—le plus ancien du fonds—obsolète. Brühl situe sa fabrication juste avant 768, date de DK1 25, tandis que Kölzer en fait le produit des liens privilégiés tissés avec Saint-Denis par Charles Martel, sur la fin, comme par son fils puîné (v. 741 – v. 768, donc). Clausen, Studien, rejette également la sincérité de DK1 25, qui n’aurait vu le jour qu’au ixe siècle. DM 185 n’est plus connu que par une copie du xive siècle. – DM 187 : les deux copies modernes dérivent directement de l’original, perdu depuis (466:6-7). Sur la date : C. Brühl, Th. Kölzer et al., op. cit., 466:12-13. – DM 190 : même remarque que pour 151. – W 27A est considéré comme un faux du milieu du ixe siècle par C. Brühl, Th. Kölzer et al. (DM 193), comme interpolé par M. Weidemann. Sur la date, voir M. Weidemann, op. cit., 2:256. – W 28 est considéré comme un faux du milieu du ixe siècle par C. Brühl, Th. Kölzer et al. (DM 195), comme interpolé par Weidemann. Sur la date, voir M. Weidemann, op. cit., 2:260-261.
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La nature essentiellement fiscale de ces privilèges, grands et petits, peut à la rigueur expliquer leur concentration occasionnelle à cette époque de l’année, à condition d’admettre qu’autour de 700, les calendes de mars restaient, comme elles l’avaient été dans l’Antiquité tardive ou du vivant de Grégoire de Tours26, une date importante du calendrier de l’impôt public. Les raisons profondes de leur traitement séquentiel n’en demeurent pas moins obscures. Elles sont sans doute très différentes des règles qui gouvernent les prorogations judiciaires, comme, par exemple, dans ce jugement de Clovis III du 5 mai 693 : le défendeur ayant boudé la séance initiale du tribunal royal, en date du 1er, un délai supplémentaire de quelques jours, prévu par la loi, lui est accordé (per triduo seo per pluries dies, ut lex habuit)27, au terme duquel, puisqu’il persiste dans son refus de comparaître, l’affaire est tranchée en faveur de la partie adverse. Tableau 10. Diplômes mérovingiens datés de la 2e moitié du mois de février
DM
bénéficiaire
année
jour
lieu
tradition or. cop.
15 78 141 153 166 173 194
Moutiers-Saint-Jean Île-Barbe Ingramn, orphelin [SD] Saint-Germain-des-Prés Saint-Denis Saint-Denis Saint-Denis
(641) (694) (702) (716) (717) (744)
22 26 28 après le 20 29 28 29
Soissons Montelauduno Valenciennes Quierzy Compiègne Compiègne Compiègne
• • • •
faux 1003 × 1016 x v. 1060
3.1.3. La structuration du temps campomartial (ii) : l’échelonnement des tribunaux
Comme en Alémanie28, les calendes de mars correspondent, sous les Mérovingiens, à un pic de l’activité judiciaire : sur les vingt jugements sincères, cinq datent d’entre la mi-février et la mi-mars29, quatre de décembre30 (c’est-à-dire de la cour de Noël), deux de novembre31, tandis que février (prem. moitié), avril, mai, juin, août et septembre n’en comptent qu’un chacun32 (les trois autres33 sont des originaux fort endommagés, 26 J.-M. Lehuërou, Histoire des institutions mérovingiennes et du gouvernement des Mérovingiens, I, Paris, 1843, p. 312-313 (« § 8. — Que, sous les Mérovingiens, comme sous les empereurs, la publication des rôles ou l’indiction se faisait au 1er mars »), d’où, sans doute, Waitz, cité par B. Bachrach, Marchfield, p. 180, n. 7, et, d’après lui, par M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 302. 27 DM 137 (Brühl, Kölzer et al., 348:10). 28 Voir infra, p. 108-110. 29 DM 141, 149, 153, 167 et 187. 30 DM 118, 143, 156, 157. 31 DM 93 et 136. 32 Respectivement DM 158, 155, 137, 126, 135 et 79. 33 DM 88, 94 et 95.
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dont les dates ont disparu). Il est difficile de reconstituer le fonctionnement du tribunal royal à partir des seuls diplômes, mais la participation d’un certain nombre de grands (proceres34) semble en être une constante : une fois l’instruction menée à bien, ils délibèrent entre eux (inter ipsos35), sous la présidence du comte du palais ; ce dernier communique ensuite leurs conclusions au roi36, qui se les associe pour « décréter » le jugement37. Dans la deuxième moitié du viie siècle, mais pas au-delà (si ce n’est dans les actes des maires du palais pippinides du deuxième quart du siècle suivant), plusieurs de ces documents fournissent une liste nominative des assesseurs : les plus anciennes (DM 88, 94, 95) n’existent plus qu’à l’état de fragments inutilisables, trois autres (DM 136, 141 et 149) sont intactes et d’inégale longueur, avec, par ordre chronologique, 11, 52 et 21 noms respectivement (dont 4, 12 et 7 évêques). Parmi les nombreuses variables—lieu, qualité des parties, objet du contentieux, procédure, formulaire, etc.—susceptibles, a priori, d’affecter cette grandeur, seule la date de mois et de jour offre avec elle une corrélation satisfaisante (si l’on peut dire, vu la taille dérisoire de l’échantillon). Les deux groupes aux effectifs de plusieurs dizaines d’individus siègent entre la mi-février et la mi-mars, à l’occasion, donc, d’un Champ de Mars (le tribunal qu’ils forment étant très vraisemblablement une émanation de l’assemblée générale) : celui des cinquante-deux, de très loin le plus nombreux, au début de cette période (la veille des calendes), au moment, précisément, où—ainsi qu’on vient de le voir—les établissements religieux faisaient confirmer leurs privilèges les plus importants ; celui des vingt-et-un, deux semaines plus tard, dans le même intervalle, donc, que le renouvellement des privilèges de moindre portée. Quant aux onze, c’est à une tout autre époque de l’année—les calendes de novembre—que se situe leur intervention. Peut-être cet effectif réduit était-il celui des tribunaux qui fonctionnaient en dehors de la saison du Champ de Mars : ceux que président, entre 720 et 751, les maires du palais pippinides, sont tous de ce type38. Pour achever ces brèves remarques sur quelques-uns des placita mérovingiens, il convient de relever les convergences qui existent entre celui de ces actes qui sanctionne l’avis des 34 Ce terme générique se rencontre habituellement au début de l’exposé, dans lequel le roi explique qu’untel, demandeur, est venu le trouver, alors qu’il siégeait en son palais avec ses proceres, pour lui exposer ses griefs contre untel, défendeur. Il figure également parmi les premiers mots du dispositif, introduit par l’adverbe proinde, « c’est pourquoi » : le roi, qui a pris connaissance du dossier comme de l’avis de ses proceres, rend son jugement, exprimé sous forme d’un ordre (jubemus) (sur ces formules et leurs variantes, voir W. Bergmann, « Untersuchungen zu den Gerichtsurkunden der Merowingerzeit », dans Archiv für Diplomatik, 22, 1976, p. 1-186, resp. p. 61-64 et 65). 35 DM 153 (384:13, inter ipsis) et 167 (416:6, sed dum inter se intenderint). Dans DM 103, un faux fabriqué vers 1031 à l’aide d’un modèle sincère, les mots inter ipsos (268:10) proviennent sans aucun doute de celui-ci. 36 Il « témoigne », testimoniavit : sur cette formule et ses variantes, voir W. Bergmann, op. cit., p. 65 et n. 271. 37 Par ex. DM 136 (Brühl, Kölzer et al., 346:2-3) : Proinde nus taliter una cum nostris procerebus constitet decrevisse ut etc. Sur cette formule et ses variantes, voir W. Bergmann, op. cit., p. 65 et n. 269. 38 Sur leurs placita, au nombre de 9—ce qui les met au premier rang de leurs diplômes—, voir I. Heidrich, Urkunden, p. xxii-xxiii. Ce sont : DArnulf 10 (Charles Martel, décembre 720, 7 fideles dominorum vel nostri, nommément cités, mais sans leurs titres), 16 (Carloman, 15 août 747, 4 évêques, un abbé et le comte du palais, tous nommément cités), 18 (Pépin, 11 février 748, 8 fideles nostri, nommément cités, mais sans leurs titres, plus le comte du palais), 21 (Pépin, 17 août 750, liste générique) et 22 (Pépin, 20 juin 751, 5 fideles nostri, nommément cités, mais sans leurs titres, plus Uuineram, substitut du comte du
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cinquante-deux, d’une part, et, de l’autre, la description, dans les Annales Mettenses priores, de l’assemblée des calendes de mars, dont il sera abondamment question plus bas : les dates—694 et 69239, respectivement—sont fort voisines ; les orphelins dans leur ensemble (pupilli) ou l’un d’eux en particulier (Ingramn orfanolo) sont l’objet—exclusif, ici—de la sollicitude royale40 ; celle-ci agit par des moyens similaires de part et d’autre (le haut dignitaire qui s’occupe des affaires d’Ingramn a reçu cette commission per nostro verbo et praecepto ; la défense des orphelins s’opère verbo facto, la mobilisation des armées precepto dato41). 3.1.4. Le premier mars dans la diplomatique mérovingienne : une date hypersignifiante ?
Les actes datés du 1er mars très exactement—et ce sera la troisième et dernière des approches sélectives de la diplomatique mérovingienne—sont au nombre de quatre : deux sont des faux (DM 70 et 185), un seul est sincère et intégralement conservé (DM 107), un autre n’est plus connu que par une mention—assez détaillée, il est vrai—dans une chronique (DMDep. 242). Des deux contrefaçons, le diplôme de Thierry IV pour Saint-Denis, de 723 ou 724 (DM 185), est sans conteste la plus intéressante pour notre propos : sa fabrication est ancienne—elle remonterait à 768 ou 741 × 76842—et « sa tonalité indiscutablement mérovingienne43 ». Ainsi, lorsqu’après avoir accordé aux moines le privilège d’élire leur abbé librement, Pseudo-Thierry-IV leur demande de prier non seulement « pour la stabilité de [son] royaume/règne » ou « pour le salut de la patrie », comme cela se faisait d’ordinaire, mais aussi « pour tous [ses] leudes44 », ce qui est parfaitement insolite, cette intention supplémentaire sonne-t-elle vrai. En effet, si les leudes sont ainsi honorés, eux qui « se définissent en principe par leur appartenance à l’armée du roi45 », c’est parce que cette éphéméride du premier mars est essentiellement la leur—du moins possède-t-elle un aspect militaire marqué. Ce que confirme le diplôme original par lequel Chilpéric II reconduit l’immunité dont jouit Saint-Denis
palais) ainsi que les deperdita 60 (Grimoald, v. 709), 61 (Grimoald, v. 700-709, désignation générique [fideles nostri, c’est-à-dire « du roi », DM 157, 392:32]), 67 (Charles Martel, 733-741) et 70 (Charles Martel, 19 juillet 723, 3 évêques et 4 comtes, tous nommément cités). 39 DM 141 (Brühl, Kölzer et al., 357:16-17 et 355:5) ; AMp, ao 692 (Simson, 13:12). 40 AMp, ao 692 (Simson, 14:10-12) ; DM 141 (Brühl, Kölzer et al., 356:15). 41 DM 141 (Brühl, Kölzer et al., 356:16-17) ; AMp, ao 692 (Simson, 14:10-12 et 13). 42 Voir supra, p. 99, dans la rubrique « Remarques » du Tableau 9, celle qui se rapporte à DM 185. 43 C. Brühl, Th. Kölzer et al., Urkunden, 459:7-8. 44 DM 185 (Brühl, Kölzer et al., 461:25-26) : pro cunctis leodis nostris. 45 Infra, p. 107, n. 77. Il n’y a pas lieu de croire, avec W. Kienast, Die fränkische Vassalität : Von den Hausmeiern bis zu Ludwig dem Kind und Karl dem Einfältigen, éd. P. Herde, Francfort/Main, 1990 (Frankfurter wissenschafltiche Beiträge. Kulturwissenschaftliche Reihe, 18), p. 39, que ce terme a pu, dès le début du viiie s., désigner le peuple dans son ensemble : le diplôme de Chilpéric II pour Saint-Maur-des-Fossés, du 24 avril 717, qui illustrerait ce glissement de sens (DM 174 : pro statu regni nostri vel pro salute totius populi melius et melius exorare delectet [Brühl, Kölzer et al., 434:11]) est un faux datant au plus tôt du deuxième quart du xie s.
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(DM 166) : il est daté de la veille des calendes de mars 716 et associe également les leudes aux dividendes spirituels de la faveur royale46. La constitution par Pseudo-Dagobert du temporel du monastère Saint-Pierre d’Erfurt (DM 70) est un faux intégral qui n’a guère de valeur historique que pour l’époque de sa fabrication, entre le milieu du xie siècle et le milieu du siècle suivant. Sa date de jour n’est pas explicitement mise en relief ; peut-être était-elle tout de même associée, dans l’esprit du faussaire, à l’idée d’assemblée nombreuse—comme celle que devaient former les témoins supposés de l’acte, parmi lesquels « toute l’église de Thuringe et celle de Mayence, de part et d’autre du Rhin47 ». C’est sans surprise que la perle rare provient d’une source hybride, mélange de diplomatique et d’historiographie, qui tempère la sécheresse de l’une par la faconde relative de l’autre, par son appétit pour les détails capables d’animer le récit ou de l’éclairer : la Chronique des abbés de Fontenelle, « rédigée dans les années 83048 ». L’auteur 46 Sur ce bref passage, voir C. Brühl, Studien, p. 186 et n. 436, plus complet que C. Brühl, Th. Kölzer et al., Urkunden, 459:25. Ces derniers n’envisagent guère d’autre source (allem. « Vorurkunde ») pour le faux que DM 85 (458:37-459:1). On se bornera ici à constater que l’orthographe estabilitate rigni nostri, très particulière, est rigoureusement identique dans DM 166 (Brühl, Kölzer et al., 414:21) et DM 185 (Brühl, Kölzer et al., 461:26). DM 166 est le modèle de deux autres faux pour Saint-Denis : DM 26 (Brühl, Kölzer et al., 72:23), d’époque carolingienne, signalé par C. Brühl, op. cit., loc. cit., et DM 194 (Brühl, Kölzer et al., 483:34), composé vers 1060 (celui-ci conserve la date de jour, celui-là lui substitue le 29 juillet). DM 26, à son tour, a engendré le faux DM 43 (Brühl, Kölzer et al., 114:10), de même date, approximativement, que DM 194, et du même fonds. Tous ces actes mentionnent les leudes dans le même contexte diplomatique : il s’agit donc d’une spécificité des documents issus des archives de Saint-Denis. C’est encore le cas sous la nouvelle dynastie (DK1 6, signalé par C. Brühl, ibid., ainsi que 26, 43, 44, 83, 94 et 120), mais le lien avec le Champ de Mars s’est perdu (ces actes sont datés de janvier, juillet, septembre ou octobre, seul DK1 94, confirmant l’immunité, est du 14 mars). D’après W. Kienast, Vassalität, p. 39, d’où Ergänzungen, fiche « Pip.006 », la formule ne serait plus alors qu’un fossile (« Lebendiger Gebrauch der Formel in der Kanzlei ist also nicht mehr zu beweisen »). La plupart de ses occurrences semblent en effet accréditer ce verdict : elles reproduisent servilement des modèles mérovingiens. Mais il y a une exception : DK1 83, original pour Herbrechtingen, qui lui donne même une tournure inusitée. 47 DM 70 (Brühl, Kölzer et al., 180:27-29) : […] Testes omnium harum causarum sunt hii : Pippinus maior domus et filius eius Karolus […] et omnis aecclesia in Thuringia et circa Renum in Magontia. 48 L. Morelle, « La mise en “œuvre” des actes diplomatiques : l’auctoritas des chartes chez quelques historiographes monastiques (ixe - xie siècle) », dans : M. Zimmermann (éd.), Auctor et auctoritas : Invention et conformisme dans l’écriture médiévale. Actes du colloque tenu à l’Université de Versailles-SaintQuentin-en-Yvelines (14-16 juin 1999), Paris, 2001 (Mémoires et documents de l’École des Chartes, 59), p. 73-96, p. 75. I. Wood, « Saint-Wandrille and its Hagiography », dans : Id. et G. A. Loud (éd.), Church and Chronicle in the Middle Ages. Essays presented to John Taylor, Londres, 1991, p. 1-14, p. 4-6, inconnu de Morelle, est beaucoup plus nuancé : « L’approche consistant à vouloir dater de façon absolue les différentes parties du Gesta abbatum Fontanellensium pêche peut-être par simplisme. Sa composition première et sa révision ont pu s’étaler sur une période assez longue, sans résulter de trois ou quatre poussées d’activité. » Il démontre ensuite que la date consensuelle de « vers 830 » ne convient pas, par exemple, pour « quelques chapitres de la deuxième partie » (qui deviennent, chez M. Becher, « Die Chronologie der Äbte von Saint-Wandrille in der ersten Hälfte des 8. Jhdts. Studien zu den Gesta abbatum Fontanellensium », dans : S. Happ et U. Nonn [éd.], Vielfalt der Geschichte : Lernen, Lehren und Erforschen vergangener Zeiten. Festgabe für Ingrid Heidrich zum 65. Geburtstag, Berlin, 2004, p. 25-47, p. 27, « les deux premières parties ») : leur confection se situerait plutôt aux alentours de 800. Par ailleurs, I. Wood, op. cit., passim, croit détecter dans cette œuvre une tendance nettement anti-carolingienne
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anonyme parsème ses portraits de références choisies aux monuments de l’abbaye, conservés dans ses archives. Pour la terre de Bothmariacas, acquise par le fondateur, substrat des bâtiments conventuels et premier noyau du temporel, il n’énumère pas moins de cinq actes49, dont le dernier, de Clovis II, est daté de Compiègne, « le jour des calendes de mars, les peuples des Francs étant assemblés au Champ de Mars, où ils avaient coutume de se réunir tous les ans, comme chacun sait50 ». Cette glose51 s’inspire sans doute d’Éginhard et, peut-être, des Annales Mettenses priores52, comme tant d’autres passages de la Chronique53. C’est l’une des petites touches sans nombre dont l’auteur agrémente sa présentation des documents d’archive et qui témoignent de sa « sensibilité aux éléments de promulgation54 ». Chacune viserait à mettre en évidence la publicité de l’acte, qui, plus encore que ses signes de validation, en assurait l’autorité aux yeux du chroniqueur55. La notoriété augmentant avec le nombre de témoins, les assemblées générales du premier mars lui conféraient une intensité sans égale : on reconnaîtra là un aspect essentiel de ces manifestations, maintes fois subodoré56. Dans toutes les situations que l’on pourrait croire favorables à l’exagération tendancieuse, l’acteur/auteur carolingien ou post-carolingien a résisté à cette sirène : s’il y a un mythe du Champ de Mars, ce qui n’est nullement avéré, la diplomatique n’est pour rien dans sa formation57 . (ou, pour reprendre ses propres mots, p. 14, « non-carolingienne » et « anti-austrasienne »), qui se manifeste, principalement, dans une critique des sécularisations sous Charles Martel et son fils Pépin. Mais celle-ci ressemble beaucoup à la légende noire du Martel dont Hincmar fut, au troisième quart du ixe s., le principal propagateur : la question qui se pose alors est de savoir si la critique précède la légende ou si, au contraire, elle s’en inspire. 49 DMDep. 203 : cession par Dagobert Ier à Rotmarus, Compiègne, 4 mars 637 ; DMDep. 220 : confirmation du diplôme précédent par Clovis II et sa mère Nanthild, Nanteuil, 4 février 639 ; échange entre Airamnus, héritier de Rotmarus, et le maire du palais Erchinoald (641-658), s. l. n. d. (Chronique des abbés de Fontenelle [Saint-Wandrille], éd. P. Pradié, Paris, 1999 [CHFMA, 40], p. 25) ; vente par Erchinoald à Wandrille et Godo, son neveu ou petit-fils, Compiègne, 1er mars 649 (Pradié, p. 25) ; et DMDep. 242, confirmation de l’acte précédent par Clovis II, Compiègne, 1er mars 650. 50 Chronique des abbés de Fontenelle, 1.7:47-49 (Pradié, p. 24) : […] kalendarum martiarum die, congregatis Francorum populis in campo Martii ubi omnibus annis conuenire soliti erant ueluti omnibus notum est. 51 L. Morelle, Mise en “œuvre”, p. 78, n. 23, parle de « commentaire historique », par opposition aux informations reprises aux actes mêmes. 52 Éginhard, VKM, 1 (Pertz, Waitz et Holder-Egger, 3:21-23) ; Annales Mettenses priores, ao 692 (Simson, 14:4-15:4). 53 P. Pradié, introd. à la Chron. abb. Fonten., p. lvii (AMp) et lx (VKM). Pradié signale d’autres emprunts à VKM, 1 (p. 10, n. aa ; p. 124, n. p), mais pas celui-ci. Il identifie des emprunts à AMp, ais 693 (Chronique, 4.1:26-36 [Pradié, p. 60]), 732 (p. 70), 737 (p. 84), 739 (p. 94), 741 (p. 100) et 750 (p. 124). Voir toutefois infra, Annexe 8a, p. 280, sur les doutes concernant la possibilité même d’une telle filiation impliquant AMp avant la fin du ixe s. 54 L. Morelle, Mise en “œuvre”, p. 78. 55 Id., ibid. 56 Voir infra, p. 110, 138-139, et Annexe 1, p. 224. 57 Pour le « diplôme » sincère, DM 107 = W 7, voir les commentaires de Brühl, Kölzer et al. ainsi que ceux de Weidemann (références dans les remarques relatives au Tableau 9). On en retiendra que la date peut être celle de l’original, celle de la première copie contemporaine, souscrite par Ghisilo, Allo, Cristomer, Gedeon et Eio, ou celle de la deuxième copie contemporaine, souscrite par un diacre et deux témoins dont le nom ne s’est pas conservé ainsi que par le clerc Teutsind.
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3.2. Lombards et Alamans 3.2.1. Les lois
Les assemblées lombardes des calendes de mars58 effectuaient des mises-à-jour régulières du code de Rothari59, vieux d’un peu plus d’un demi siècle lorsqu’eut lieu, en 713, la première—sauf une—dont le souvenir se soit conservé. Nous les connaissons grâce aux préambules de quatorze des capitulaires60 royaux portant promulgation de ces suppléments : la majorité—onze—émanent de Liutprand (712-744), le solde—un et deux, respectivement—de Ratchis (744-749) et Aistulf (749-756)61. S’y retrouvaient, autour du roi : tous les juges62 de province63, leur expertise étant
58 Liutprand, an 1 (713), prol. (Edictus Langobardorum, éd. F. Bluhme, MGH LL [in-fol.], 4, Hanovre, 1868, p. 1-225, p. 108, l. 1) est de la veille (pridiae Kalendarum Martiarum) et Adelchis de Bénévent (866), prologue (Edictus, Bluhme, p. 210, l. 42-43), du mois de mars (mense Martio), sans plus de précision. Dans les lignes qui suivent, chaque fois que référence est faite aux lois des Lombards, l’édition Bluhme a été dûment vérifiée sur les éditions ultérieures (Die Gesetze der Langobarden, trad. F. Beyerle, Witzenhausen, 1962-1963 [Germanenrechte, 3] ; Le leggi dei Longobardi : storia, memoria e diritto di un popolo germanico, éd. C. Azzara et S. Gasparri, Milan, 1992 [Le fonti, 1]). Une parfaite conformité ayant été observée dans tous les cas, c’est à celle-là uniquement qu’il sera désormais renvoyé. Sur les mérites respectifs des différentes éditions et traductions, voir l’introd. d’Azzara, p. xxxvi-xxxviii (on notera que Bluhme a toujours la préférence des historiens du droit, notamment, p. xli, n. 44). 59 Liutprand, an 1 (713), prol. (Edictus, Bluhme, 107:9-17) ; an 2 (717), prol. (Edictus, Bluhme, 108:21) ; etc. 60 Aistulf, an 1 (750), prol. (Edictus, Bluhme, 195:36) : in capitulare affigere. Dans l’un des témoins manuscrits des lois de Liutprand, ce sont elles que ce vocable désigne collectivement : incip(it) capitulare huius edicti a Liutpr(ando) car(axato) (Edictus, Bluhme, 96:5-6, d’après le manuscrit 34 de la Biblioteca Capitolare d’Ivrée [Codex Eporedianus], copié, selon lui [xxii:43], vers 830). On appelle « édit », edictus, le code de Rothari, avec ou sans les suppléments. Chacun de ceux-ci forme un volumen : in quarto volumine supplere (Liutprand, an 9 [721], prol. [Edictus, Bluhme, 116:15]) ; in quinque voluminibus (Liutprand, an 12 [724], prol. [Edictus, Bluhme, 128:14-15]) ; hoc adiungere in edicti curavimus pagina, in volumine quidem sexto (Liutprand, loc. cit. [Edictus, Bluhme, 128:22]) ; etc. 61 Liutprand, an 1 (713), prol. (Edictus, Bluhme, 107:18-108:5) ; an 5 (717), prol. (Edictus, Bluhme, 109:22-110:7) ; an 8 (720), prol. (Edictus, Bluhme, 113:11-17) ; an 9 (721), prol. (Edictus, Bluhme, 116:12-16) ; an 11 (723), prol. (Edictus, Bluhme, 122:4-7) ; an 12 (724), prol. (Edictus, Bluhme, 128:19-23) ; an 13 (725), prol. (Edictus, Bluhme, 133:23-134:1) ; an 14 (726), prol. (Edictus, Bluhme, 135:15-21) ; an 15 (727), prol. (Edictus, Bluhme, 141:16-23) ; an 16 (728), prol. (Edictus, Bluhme, 146:23-147:4) ; an 17 (729), prol. (Edictus, Bluhme, 150:8-12) ; an 19 (731), prol. (Edictus, Bluhme, 155:9-15) ; an 22 (734), prol. (Edictus, Bluhme, 169:5-9) ; an 23 (735), prol. (Edictus, Bluhme, 171:19-172:1) ; Ratchis, an 2 (746), prol. (Edictus, Bluhme, 186:4-9 et 16-18) ; Aistulf, an 1 (750), prol. (Edictus, Bluhme, 195:31-37) ; an 5 (755), prol. (Edictus, Bluhme, 198:6-13). On peut encore citer Adelchis de Bénévent (866), prol. (Edictus, Bluhme, 210:40-44), même si l’assemblée ne réunit que les « grands », magnates. Trois de ces passages sont quelque peu problématiques. La plupart des prologues comportent deux parties, dont la première constitue un rappel des révisions antérieures, tandis que la deuxième introduit les nouveaux amendements. Dans ceux des 11e, 19e et 22e années de Liutprand, le concours des juges et des fidèles Lombards—autrement dit, l’assemblée—n’est guère évoqué qu’à propos du premier volet, rétrospectif. 62 Judices, partout, sauf Liutprand, an 8 (720), prol. (Edictus, Bluhme, 113:13-14) : inlustres viri obtimates mei, et Liutprand, an 22 (734), prol. (Edictus, Bluhme, 169:7-9), qui les omet. 63 […] tam de Austriae et Neustriae partibus, necnon et de Tusciae finibus ou variantes : Liutprand, an 1, 5, 8, 14 (avec omission de la Toscane), 17, ainsi que Ratchis, an 2. Aistulf innove : universarum provinciarum nostrarum (an 1 [750], prol. [Edictus, Bluhme, 195:34-35]) ; ex diversis partibus regni nostri (an 5 [755], prol. [Edictus, Bluhme, 198:10-11]).
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indispensable à l’entreprise de révision du code, de même que, pour certains, leur expérience personnelle des lacunes à combler64 ; tous les autres Lombards, fidèles du prince65 ; et le peuple entier, mentionné, il est vrai, beaucoup plus rarement66. Un seul des prologues67 fournit, en usant d’un langage passablement technique (statuere, definire, omnibus placere, etc.), de menus détails sur leur fonctionnement : les juges et les fidèles « discutent entre eux » (inter se conlocuti sunt), après quoi un rapport est soumis au roi (nobis renuntiantes), comme dans les assemblées carolingiennes décrites par Hincmar68, rapport qui débouche sur des décisions communes (statuerunt atque difinierunt) ; lecture est ensuite donnée des articles (capitula), qui ont l’heur de plaire « à tous » (omnibus placuerunt)—est-ce à dire aux seuls intervenants identifiés jusqu’ici, ou bien à cette élite augmentée d’une foule dont la voix n’est que consultative, à l’instar de ce qui se pratiquera chez les Francs69 ?— ; ils sont donc approuvés (preventes adsensum), puis mis par écrit à l’unanimité des suffrages (statuerunt nobiscum). Ces assemblées avaient-elles un aspect militaire ? Non, si l’on en juge par les lois qu’elles élaborèrent, car celles-ci ne concernaient que rarement ce domaine70. Oui, si « les autres Lombards, fidèles du prince », étaient en effet des hommes libres lui ayant prêté serment, qui jouissaient en conséquence de sa faveur spéciale et d’une certaine prééminence politique, mais s’engageaient en retour à le servir, principalement par les armes71. L’écart de l’une à l’autre était en général d’un an, mais pouvait monter à deux, trois, voire quatre ans, si l’on excepte l’hiatus de dix ou onze ans séparant Liutprand, an 23 (735) de Ratchis, an 2 (746)72. Les travaux les plus récents postulent une filiation directe entre assemblées lombardes du premier 64 Liutprand, an 22 (734), prol. (Edictus, Bluhme, 169:7) ; 23 (735), prol. (Edictus, Bluhme, 171:23-172:2) ; Aistulf, an 5 (755), prol. (Edictus, Bluhme, 198:8-9 et 12-13). Le roi lui-même est parfois dans ce cas : Liutprand, an 13 (725), prol. (Edictus, Bluhme, 133:20-23). 65 Reliqui fideles mei Langobardi ou variantes, partout, sauf : Liutprand, an 8 (720), prol. (Edictus, Bluhme, 113:14), qui a nobiles au lieu de fideles ; Liutprand, an 22 (734), prol. (Edictus, Bluhme, 169:7-9), qui les omet, ainsi que les juges ; et Aistulf, an 5 (755), prol. (Edictus, Bluhme, 198:10-11), qui les omet seuls. L’omission du mot fideles est assez fréquente (Liutprand, an 8 [720], prol. [Edictus, Bluhme, 113:14] ; an 11 [723], prol. [Edictus, Bluhme, 122:1] ; an 19 [731], prol. [Edictus, Bluhme, 155:11] ; Ratchis, an 2 [746], prol. [Edictus, Bluhme, 186:17] ; Aistulf, an 1 [750], prol. [Edictus, Bluhme, 195:34-35]) ; celle de Langobardi, unique (Liutprand, an 23 [735], prol. [Edictus, Bluhme, 171:20-21]). 66 Liutprand, an 1 (713), prol. (Edictus, Bluhme, 108:3-4) : cuncto populo adsistente. Id., an 8 (720), prol. (Edictus, Bluhme, 113:15-16) : asistente omni populo. 67 Liutprand, an 14 (726), prol. (Edictus, Bluhme, 135:17-21). 68 Hincmar, DOP, 7 (34-35) (Gross et Schieffer, p. 90-93). 69 A. J. Stoclet, Fils du Martel, p. 162, avec les notes 109 et 110, d’après Hincmar et la Capitulatio de partibus Saxoniae de Charlemagne (775 × 793). 70 The Lombard Laws, trad. K. F. Drew, Philadelphie, 1973 (Sources of Medieval History), index p. 273-280, s. vv. « army », « military service ». 71 P. Delogu, « Kingship and the Shaping of the Lombard Body Politic », dans : G. Ausenda, P. Delogu et Ch. Wickham (éd.), The Langobards Before the Frankish Conquest : An Ethnographic Perspective, Woodbridge, 2009 (Studies in Historical Archaeoethnology, 8), p. 251-274, p. 271-273. 72 La durée des intervalles est souvent assurée par la mention, dans les prologues, des suppléments (volumina) précédents et des années de règne correspondants, par ex. Liutprand, an 5 (717), prol. (Edictus, Bluhme, 109:18-22) ; an 9 (721), prol. (Edictus, Bluhme, 116:9-12) ; etc. Cependant, le recueil semble avoir subi, par endroits, des pertes ou des remaniements :
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mars et assemblées franques de même époque—à tort, peut-être, car l’hypothèse d’une parenté, d’un ancêtre commun, semble au moins aussi plausible. Ils s’opposent sur le sens de cette filiation73 mais se rejoignent en n’étayant leur opinion d’aucun argument positif. Côté franc, la Decretio Childeberti de 59674 est assurément le texte qui présente le plus d’analogies avec les lois lombardes : c’est aussi un recueil d’articles qui s’ajoutent à un code préexistant—la Loi Salique, en l’occurrence75—et ces articles, au nombre de quatorze, sont également conçus à l’occasion d’assemblées du premier mars76 auxquelles on ne connaît pas d’autre fonction77, dans un style
– Entre l’an 9 et l’an 11 de Liutprand, l’an 10 paraît se réduire à l’article 29, dépourvu de prologue (Edictus, Bluhme, p. 121). Bluhme consacre deux longues notes (ibid., lignes 12-21 et 40-64) à cette « grande et très difficile question » : « cette loi est-elle authentique et si elle l’est, à quelle année de Liutprand faut-il la rapporter ? » Pour C. Azzara et S. Gasparri, Le leggi, p. 211, n. 29, c’est une interpolation effectuée « en milieu bénéventain ». Le nombre très élevé d’articles de la onzième année (24, alors que la fourchette, pour les autres, va de 4 à 14) doit peut-être inciter à en réattribuer un certain nombre à la précédente. – Au début de Liutprand, an 21, le prologue a disparu (Bluhme, 162:49 : « Aucun manuscrit n’a conservé le prologue du volume qui suit »). – Etc. Aussi, la grandeur discutée est-elle affectée d’un léger coéfficient d’incertitude. Par ailleurs, absence de lois ne signifie pas nécessairement absence d’assemblée. 73 M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 319 : la pratique de Carloman (Les Estinnes) et Pépin (Soissons ?), maires du palais, pourrait être d’inspiration lombarde. P. S. Barnwell, « Kings, Nobles and Assemblies in the Barbarian Kingdoms », dans : Id. et M. Mostert (éd.), Political Assemblies, p. 11-28, p. 25 : si Liutprand innove en tenant ses assemblées le premier mars, peut-être emprunte-t-il ce calendrier aux Francs—sans davantage de précision (le paragraphe suivant commence par de brèves considérations sur la Decretio Childeberti). 74 Decretio Childeberti, éd. A. Boretius, Capitularia regum Francorum, I, Hanovre, 1883 (MGH LL [in-4o], sectio 2), p. 15-17, no 7 ; éd. W. A. Eckhardt, « Die Decretio Childeberti und ihre Überlieferung », dans ZRG Germ., 84, 1967, p. 1-71, p. 28-51. Date dans I. Woll, Untersuchungen zu Überlieferung und Eigenart der merowingischen Kapitularien, Francfort/Main etc., 1995 (Freiburger Beiträge zur mittelalterlichen Geschichte, 6), p. 39. 75 I. Woll, op. cit., p. 249. Cependant, la qualité de supplément n’est pas explicitée dans le texte, elle se déduit essentiellement de la tradition manuscrite. 76 Dont I. Woll, ibid., p. 39, reconstitue ainsi la succession : Cologne 591, lieu indéterminé 592, Maastricht 593, lieu indéterminé 594, Andernach 595, Cologne 596 (promulgation). 77 Aucune, en tout cas, qui soit clairement explicitée. Mais les leudes/leodi qui légifèrent aux côtés de Childebert (c. 2 [Boretius, 15:22 ; Eckhardt, p. 30 et 31]) se définissent en principe par leur appartenance à l’armée du roi et donc par « le rôle essentiel qui leur revient dans la perpétuation du groupe (gens) » (G. von Olberg, Die Bezeichnungen für soziale Stände, Schichten und Gruppen in den Leges Barbarorum, Berlin et New York, 1991 [Arbeiten zur Frühmittelalterforschung, 11 = Die Volkssprachigen Wörter der Leges Barbarorum, 2], p. 60-74, spéc. p. 73). On retrouve donc ici la nuance introduite plus haut à propos des assemblées lombardes en raison de l’identité des fideles qui y délibèrent avec le roi (supra, p. 106). Childebert a en outre recours aux lumières des optimates (Decretio, préambule [Boretius, 15:16 ; Eckhardt, p. 28 et 29]), dont on ne sait s’ils sont les homologues des judices/obtimates de Liutprand (supra, n. 62) ou autre chose (par ex. A. J. Stoclet, Fils du Martel, p. 145, n. 19, d’après Karl Ferdinand Werner, Paul Barnwell et Gideon Maier). Enfin, comme, notamment dans Liutprand, an 1 (713), prol., et an 8 (720), prol. (supra, p. 106 et n. 66), la généralité a droit, elle aussi, au chapitre : convenit […] omnibus nobis adunatis (Decretio, c. 4 [Boretius, 16:6 ; Eckhardt, p. 34]).
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qui fait une large place aux mêmes formules consacrées78. Mais, entre la Decretio et le premier supplément de Liutprand, plus d’un siècle s’est écoulé, pendant lequel aucune loi n’est datée du premier mars, ni chez les uns ni chez les autres—c’est en juillet 668 que Grimoald réunit ses judices et promulgue, « avec l’accord de tous », les premières additions à l’Édit de Rothari79, sans que l’on puisse dire si cette date de jour constitue ou non une aberration80. La Loi des Alamans, dite Lantfridana, du nom du duc qui l’aurait promulguée dans la deuxième ou la troisième décennie du viiie siècle81, stipule : « Lorsqu’une Alamane libre épouse un serf d’église et qu’elle refuse [d’effectuer] le travail servile d’une serve, qu’elle s’en aille. Si toutefois elle a là des fils ou des filles, ils seront serfs et serves et n’auront pas le droit de partir ; leur mère,
78 Decretio : I. Woll, op. cit., p. 133-134. Leges Liutprandi et al. : passim (un relevé systématique, hors de propos ici, serait des plus utiles). 79 Grimoald, prol. (Edictus, Bluhme, 91:5-8). L’Édit lui-même, c. 388, stipule une date—le 22 novembre (Edictus, Bluhme, 90:8-9)—, qui n’est pas associée, comme chez les successeurs de Rothari, son auteur, à l’élaboration collégiale de la loi, mais qui est celle de son entrée en vigueur, sans la moindre référence à quelqu’assemblée que ce soit. On objectera que Liutprand, an 5 (717) et an 9 (721), s’achèvent par une clause identique (Edictus, Bluhme, 113:2-8 et 120:18-23) et que la date qu’elle contient est la même que celle des prologues correspondants : dans ces cas, donc, la date d’entrée en vigueur des lois est aussi celle de l’assemblée qui les a conçues (Liutprand, an 1 [713], 14 [726] et 15 [727] ont une version simplifiée de cette clause, sans date). De là à généraliser … ! 80 P. S. Barnwell, Kings, p. 25, envisage les deux hypothèses : celle d’une assemblée extraordinaire justifiant une entorse au calendrier usuel et celle d’un calendrier variable, qui ne se fixera qu’avec Liutprand. La documentation est trop clairsemée ou trop mal cernée pour qu’on puisse se prononcer. On n’y verra plus clair qu’à condition de dresser un état des lieux exhaustif, avec ses manques dûment constatés et ses zones d’ombre. L’Édit nous serait-il parvenu intact qu’on aurait tort, sans doute, d’y voir le reflet exact de l’activité de toutes les assemblées du royaume, ni même celui de leur seul volet législatif. L’histoire des conciles et celle du droit canon doivent nous inciter à la prudence (voir D. C. Pangerl, Die Metropolitanverfassung des karolingischen Frankenreiches, Hanovre, 2011 [MGH Schriften, 63], passim, et A. J. Stoclet, Anti-Lesne). Combien de discussions tournent court, n’aboutissent pas à une décision unanime et tombent dans l’oubli de l’oralité ? Combien d’années s’écoulent sans que remontent au sommet des questions dignes d’y êtres tranchées ? 81 W. Hartmann, « Einige Fragen zur Lex Alamannorum », dans : H. U. Nuber et al. (éd.), Der Südwesten im 8. Jahrhundert aus historischer und archäologischer Sicht, Stuttgart, 2004 (Archäologie und Geschichte. Freiburger Forschungen zum ersten Jahrtausend in Südwestdeutschland, 13), p. 313-333, p. 318. J. Couser, « “Let Them Make Him Duke to Rule that People” : The “Law of the Bavarians” and Regime Change in Early Medieval Europe », dans Law and History Review, 30/3, août 2012, p. 865-899, p. 883-884, rejette avec raison l’hypothèse de C. Schott, « Lex und Scriptorium. Eine Studie zu den süddeutschen Stammesrechten », dans : G. Dilcher et E.-M. Distler (éd.), Leges, Gentes, Regna. Zur Rolle von germanischen Rechtsgewohnheiten und lateinischer Schrifttradition bei der Ausbildung der frühmittelalterlichen Rechtskultur, Berlin, 2006, p. 257-290 (répétée depuis, voir C. Schott, « Wie alemannisch sind Pactus und Lex Alamannorum ? », dans : S. Brather et al. [éd.], Antike im Mittelalter : Fortleben, Nachwirken, Wahrnehmung : 25 Jahre Forschungsverbund « Archäologie und Geschichte des ersten Jahrtausends in Südwestdeutschland », Ostfildern, 2014 [Archäologie und Geschichte. Freiburger Forschungen zum ersten Jahrtausend in Südwestdeutschland, 21], p. 167-178) selon laquelle la Lex Alamannorum serait un faux fabriqué à Reichenau dans les années quarante du même siècle, sur fond des remous induits par le rétablissement de la domination franque en Alémanie. S’inscrivant dans un débat plus large qui remonte au moins à P. Wormald, « Lex Scripta and Verbum Regis : Legislation and Germanic Kingship, from Euric to Cnut », dans : P. H. Sawyer et
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cependant, a toute latitude, avant trois ans [écoulés], de s’en aller quand elle veut. Si, en revanche, elle endure pendant trois ans le travail d’une serve et que ses parents ne témoignent pas qu’elle est libre, que ce soit devant le duc, le comte ou le mall public, alors, quand par trois fois les calendes de mars seront révolues, qu’elle demeure serve à perpétuité et que ceux qui naîtront d’elle soient serfs et serves82. » Seuls, dans ces lignes, les mots « mall public » ont certainement trait à une assemblée. La date des calendes de mars moins sûrement, car ni le contexte ni la syntaxe ne compensent le déficit de sens intrinsèque : ce pourrait être—pourquoi pas ?—une échéance du calendrier judiciaire, semblable, par exemple, à celle qui régissait la vie des tribunaux romains au début de l’Empire83. De l’avis général, cependant, c’est bien la notion d’assemblée qu’elle exprime. Dans l’édition de référence, elle suscite ce commentaire : « L’assemblée générale des Alamans avait lieu, à ce qu’il semble, le 1er mars84 ». Il faudrait donc comprendre que l’intervention éventuelle des parentes se produit à l’occasion d’une telle solennité : le duc est présent, de même que, parmi les comtes, celui de leur district, et ils peuvent choisir de témoigner soit devant l’un de ces deux dignitaires, en aparté, soit devant l’assemblée. À cette lecture grinçante on préférera celle qui suppose une hiérarchie d’assemblées, distinctes mais simultanées : celle du duc, auprès de l’une de ses résidences, celle du comte, au chef-lieu de sa I. N. Wood (éd.), Early Medieval Kingship, Leeds, 1977, p. 105-138 (voir J. Couser, op. cit., p. 886, n. 3 et p. 880), Schott avait commencé par refuser à ce code toute application pratique : W. Hartmann, op. cit., fait valoir une palette d’arguments concrets à l’appui de la position inverse. 82 Lex Alamannorum, 17.2 (ms. A), éd. K. Lehmann et K. A. Eckhardt, Leges Alamannorum, Hanovre, 1966 (MGH LL nat. Germ., 5/1), p. 35-157, p. 80 : Si autem libera Alamanna servum ecclesiae nupserit et servitium opus ancillae contradixerit, abscedat. Si autem ibi filios vel filias generaverit, ipsi servi et ancillae permaneant, potestatem ad exiendum non habeant. Illa autem mater eorum, quando exire voluerit, ante tres annos liberam potestatem habeat. Si autem tres annos induraverit opus ancillae, et parentes eius non exadoniaverunt eam, ut libera fuisset, nec ante duce nec ante comite nec in publico mallo, transactis tres Kalendas Marcias, post haec ancilla permaneat in perpetuum, et quidquid ex ea nati fuerint, servi et ancillae sint. Trois des douze manuscrits de la classe A ont : Si autem sex annos induraverit opus ancillae etc. Les autres, comme les dix-sept manuscrits de la classe B ont tous : S. a. tres a. etc. L’erreur est due aux chiffres romains iii et vi qui se confondent aisément, étant tous deux formés de trois traits. L’article est brièvement paraphrasé par Chr. Walter, Ehe — Familie — Arbeit. Zum Alltagsleben unfreier Frauen und Männer im Frühmittelalter, Korb, 2012 (Studien und Texte zur Geistes- und Sozialgeschichte des Mittelalters, 5), p. 81, dans son panorama des « Unions entre personnes de condition différente dans les sources normatives du Haut Moyen Âge» (p. 72-83). Il ne ressemble à aucun autre, contrairement, par exemple, à la formule 41 de Reichenau (viiie s.), de même origine et de teneur voisine (Chr. Walter, op. cit., p. 86-91, « 2.3.3. Unions de femmes libres et d’hommes non-libres », spéc. p. 88). 83 Sur « le temps de l’année ouvert aux débats judiciaires » ou actus rerum (G. Humbert et Ch. Lécrivain, « Judex, Judicium », dans DAGR, IIII/1, 1900, p. 632-642, p. 640a) voir : Ph. E. Huschke, Das alte römische Jahr und seine Tage, Breslau, 1869 (Römische Studien, 1), p. 348-351 ; Gai Institutiones or Institutes of Roman Law by Gaius with a Translation and Commentary by […] Edward Poste […]. Fourth Edition, Revised and Enlarged by E. A. Whittuck, with an Historical Introduction by A. H. J. Greenidge, Oxford, 1904, p. 264-265, § 279. Échéance administrative : supra, Tableau 6, ligne 8 (nomination des membres des curies municipales, constitution de 339) ; M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 302 (publication du rôle des impôts, époques romaine et mérovingienne). 84 K. Lehmann et K. A. Eckhardt, Lex, p. 80, n. 3.
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circonscription, et celle du centenier, appelée « mall public », dans la sienne85. On retrouve ainsi la « proposition » sans postérité de Moreau86, à ceci près qu’il la formulait, lui, pour les Francs du viiie siècle—la Lex Alamannorum n’était pas au nombre de ses sources—et qu’il tirait de la multiplicité des « plaids » superposés un argument décisif à l’encontre de la « diète générale de la Nation ». En Alémanie, outre ces assemblées annuelles, extraordinaires, il en était d’autres qui obéissaient à un rythme nettement plus soutenu : celles du niveau inférieur, par exemple, sur lesquelles on est particulièrement bien renseigné, se tenaient en principe toutes les semaines ou tous les quinze jours87. Il est impossible de savoir si les assemblées alamanes du premier mars avaient d’autres fonctions que celle, essentiellement juridique, attestée par la Loi. La nuance—« essentiellement »—paraît justifiée, car il n’y a pas, dans les faits codifiés, de contentieux stricto sensu, le besoin de clarification se manifestant en dehors de tout procès. Telles que nous les découvrons, les assemblées ne seraient donc pas de véritables tribunaux, mais des sortes de greffes, des organes qui recueillent des dépositions, les conservent en mémoire et les restituent sur demande d’autant plus fidèlement que leurs effectifs, au départ, sont nombreux et leurs membres qualifiés. On ignore tout de leur composition. Au niveau textuel (le seul qui nous soit accessible), l’influence franque est inexistante : la Lex Alamannorum dans son ensemble ne doit presque rien aux codes salien ou ripuaire88, et la section qui nous occupe n’est pas de celles qui empêchent de donner à cette assertion une formulation absolue.
85 Une version de cette loi, attestée par trois témoins tardifs—xiie et xviie s.—des actes du concile bavarois de Neuching, modifie cet ordre et le complète dans sa partie supérieure : le comte est nommé d’abord, puis le duc, le roi et le mall public (Concilium Neuchingense, c. 10, éd. A. Werminghoff, Concilia, 1:98-105, no 16, p. 102, l. 10-11). Les trois premiers termes forment à l’évidence une série ascendante et cohérente : sans doute est-ce pour cela que le quatrième, qui ne désigne pas une personne mais un groupe, est ici rejeté en dernière place. L’absence du roi dans la version primitive est-elle tendancieuse ? Sans doute non, car on le croise ailleurs dans la Lex Alamannorum, spécialement au c. 35 (Lehmann et Eckhardt, p. 92-93) : le duc agit (facere, implere) pour l’utilitas regis, l’« utilité du roi », il lui confie son fils rebelle et le roi intervient dans sa succession. Il se peut certes que des remaniements aient eu lieu, d’autant qu’aucun des manuscrits n’est antérieur à la domination carolingienne. Mais la différence entre les chapitres 17 et 35 reflète sans doute celle des sujets traités : le statut d’une personne et le destin du duché sont sans commune mesure. Sur la date du concile de Neuching—769 × 776, prob. 772—, voir Th. Holzner, Die Decreta Tassilonis : Regelungsgehalt, Verhältnis zur Lex Baiuvariorum und politische Implikationen, Berlin, 2011 (Schriften zur Rechtsgeschichte, 145), p. 55. Celui-ci estime, p. 355, que Lex Alamannorum, 17 et 18, étaient en vigueur, en Bavière, à cette époque. 86 Supra, p. 46. 87 Lex Alamannorum, 36 (Lehmann et Eckhardt, p. 94-96). Cet article complexe mériterait un commentaire plus étoffé que celui de H. Krug, « Untersuchungen zum Amt des “centenarius”-Schultheiß. I. Teil », dans ZRG Germ. 87, 1970, p. 1-31, p. 18-22, qui s’efforcerait d’expliquer, mieux que ne le fait cet érudit, les contrastes très vifs, au point de vue de leur vocabulaire « technique » (conventus, mallus, mallus publicus, mallare, placitum), entre les différents paragraphes—ils ne correspondent sans doute ni à un changement de sens ni à une composition en plusieurs temps, mais à l’utilisation de sources différentes. 88 W. Hartmann, Einige Fragen, p. 327.
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3.2.2. Les actes de la pratique
La diplomatique peut-elle compléter les informations, tirées des sources normatives, sur les assemblées du premier mars de l’Alémanie et de l’Italie lombarde—fort maigres, parfois, ainsi qu’on l’a vu ? Lieux de la fabrication du droit et de sa police, ces instances seraient-elles également ceux de sa pratique, matérialisée par les actes ? La réponse, globalement, est plutôt négative, même s’il convient de l’assortir de quelques nuances. Le tableau suivant fournit les données brutes pour les diplômes sincères des rois lombards (les cinq premiers de ces princes appartenant au viie siècle, les autres au viiie) dont la date de mois s’est conservée89 : nombre total (col. 2), dont, du mois de mars (col. 3, le quantième étant indiqué col. 4). Tableau 11
Agilulf Adaloald Rodoald Pertarid Cunipert Aripert Liutprand Ilprand Ratchis Aistulf Didier et famille
1 2 1 1 1 1 4 1 2 3 12
0 0 0 0 0 0 1 1 1 0 1
6 22 4 3
Total
29
4
Il en ressort que, de même que Liutprand fut le premier à dater ses lois des calendes de mars90, de même nul roi avant lui n’a laissé de diplôme daté de ce mois—aucun, du moins, qui nous soit parvenu. Par ailleurs, la dernière ligne montre que les diplômes datés du mois de mars ne représentent qu’une très modeste fraction du total : un sur sept, environ, est dans ce cas91. Cependant, si l’on examine ce rapport règne par règne, on constate qu’il varie considérablement, surtout au viiie siècle—les extrêmes y étant représentés par Ilprand (1/1) et Didier (1/12), tandis qu’avec Aistulf (0/3), on retrouve grosso modo la configuration du siècle précédent. On peut faire, sur les quatre diplômes datés du mois de mars, les quelques observations qui suivent et qui concernent, pour les trois premiers, leur rapport à la série des assemblées « législatives » des calendes de mars92, et pour tous, leur teneur.
89 Ne sont donc exclus que les nos 4, 24 et 43 de l’édition Brühl (infra, n. 93). 90 Voir supra, § 3.2.1. 91 Juillet vient en tête avec six pièces, puis novembre (5), mars et octobre (4), janvier, juin et août (2), avril et décembre (1), février, mai et septembre (0). 92 Dont il a été question plus haut, § 3.2.1.
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Celui de Ratchis, du 4 mars 74693, fut certainement expédié à l’occasion de l’assemblée qui, trois jours plus tôt, avait accouché d’un nouveau supplément au code de Rothari94. Celui de Liutprand, du 6 mars 71595, le fut sans doute dans des circonstances analogues, si ce n’est que, cette année-là, par exception96, la mise à jour du code n’était pas au programme ou ne se concrétisa pas. Liutprand aura délibérément différé de six mois, afin de lui donner plus de publicité, sa confirmation d’un jugement rendu en août 714 par son maire du palais Ambroise, entre les évêques de Sienne et d’Arezzo97. Le diplôme d’Ilprand, du 22 mars 74498, confirmé par Ratchis le 4 mars 74699, est une pancarte100. L’église de Plaisance ayant perdu ses archives dans un incendie, elle obtient du roi un acte qui s’y substitue juridiquement et lui garantit l’ensemble de ses biens et de ses droits : son temporel, en premier lieu, ainsi que « toutes ses églises diocésaines » et les monastères qui dépendent d’elle canoniquement—seuls ces derniers sont nommément identifiés. Lui appartiennent en outre, de manière plus spécifique : toutes les femmes libres mariées à l’un de ses serfs, avec leur progéniture, qui bénéficie d’un statut moins contraignant ; une rente de trente livres de savon sur le produit de l’impôt de la civitas de Plaisance, « pour laver les pauvres » ; enfin, les taxes dues au fisc par un des navires de commerce byzantins accostant au port de Codaleto. Un évêché n’est rien sans ses ressources et ses relais : aussi ne saurait-on surestimer la portée de la pancarte délivrée à Thomas de Plaisance. Au Champ de Mars, sa rédaction s’effectuerait dans les meilleures conditions : une foule nombreuse s’y trouverait réunie, capable de présenter les preuves requises à l’appui des droits revendiqués et de conforter, par sa seule présence attentive, l’efficacité du processus. Peut-être même certains des droits en question ne pouvaient-ils être confirmés qu’à cette occasion : ceux, notamment, qui se rapportent au réseau d’églises paroissiales et d’abbayes101, aux femmes libres, épouses d’un serf de
93 Codice diplomatico longobardo, III, éd. C. Brühl, Rome, 1973 (Fonti per la storia d’Italia, 64), no 19, p. 85-88. Dorénavant, CDL3, suivi d’un numéro, renvoie aux textes ; C. Brühl, Codice, avec indication de la page, au commentaire. 94 Ratchis, an 2 (746) (Edictus, Bluhme, 185-192, spéc. 186:5-6, pour la date). 95 CDL3 12 (Brühl, p. 51-55). 96 Voir supra, p. 106. Pour rappel : dans les deux premières décennies du règne de ce roi, de 713 à 735, les assemblées « législatives » du premier mars forment une série rarement interrompue—et jamais pour plus de quatre ans. L’hiatus, ici, est de trois ans : 714, 715 et 716. 97 Codice diplomatico longobardo, I, éd. L. Schiaparelli, Rome, 1929 (Fonti per la storia d’Italia, 62) (désormais CDL1), no17, p. 46-51. Le volet ecclésiastique de l’affaire donnerait lieu, au début de l’été 715, à une enquête conduite par un missus de Liutprand, suivie d’un jugement par les évêques de Pise, Florence et Lucques : CDL1 19 (Schiaparelli, p. 61-77) et 20 (p. 77-84). Le projet « Disputa », lancé récemment, doit étudier cette querelle du point de vue de l’archéologie : voir C. Felici, « Tra Siena e Arezzo (Toscana, Italia) : una zona di confine tra tarda antichità e altomedioevo. Considerazioni sul projetto ‘Disputa’ », dans The Journal of Fasti Online (ou : Fasti Online Documents & Research), 2016. Exemple mérovingien de confirmation, par le roi, d’un jugement du maire du palais : DM 157, 14 décembre 709. 98 CDL3 18 (Brühl, p. 80-85). 99 CDL3 19 (Brühl, p. 85-88). 100 Sur ce type d’acte, voir M. Parisse, « Écriture et réécriture des chartes : les pancartes aux xie et xiie siècles », dans BEC, 155, 1997, p. 247-265, spéc. section 1, « Qu’entend-on par pancarte ? », p. 247-249. 101 CDL3 18 (Brühl, 83:25-84:3) et 19 (Brühl, 87:12-16).
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l’évêché102, ou à la rente en savon103. Cette supposition repose sur l’analogie avec des faits précédemment évoqués104. Il en est d’autres, toutefois, qui l’infirment ou invitent à la nuancer dans le sens d’une éventuelle préférence accordée au Champ de Mars, non d’un impératif absolu : la clause sur les femmes libres, par exemple, apparaît dans deux autres diplômes lombards, dont un qui n’est certainement pas du mois de mars105. Dix des douze diplômes sincères du règne de Didier se rapportent au monastère Saint-Sauveur/Sainte-Julie qu’il fonda à Brescia avec sa femme Ansa et son fils Adelchis, les deux autres à celui de Farfa106. Associé au pouvoir de son père dès 759, Adelchis est l’auteur unique de quatre de ces actes, dont celui du 3 mars 766107. Pour déterminer si ce diplôme sort du lot et en quoi, il faudrait les soumettre tous à une étude détaillée. On lui reconnaîtra volontiers une certaine solennité, en particulier par rapport au diplôme précédent du même roi, en date du 20 janvier108, qui confirme également les biens du monastère mais est plus court de moitié : on passe de la « pragmatique109 », dépourvue de toute référence spécifique, au « précepte110 », qui les multiplie en s’inspirant, notamment, du texte de la toute première donation, par Didier et Ansa111 (leur fille, l’abbesse Anselperge, ayant, dans l’intervalle, « apporté112 » ce document à son frère Adelchis) ; et la confirmation du 3 mars n’a pas seulement le temporel pour objet, mais aussi toutes les cartulae, toutes les pièces d’archives qui s’y rapportent113, ce qui en fait une pancarte—comparable, donc, aux actes d’Ilprand et Ratchis pour Plaisance évoqués à l’instant et susceptible, comme eux et peut-être pour les mêmes raisons, d’avoir été expédiée à l’occasion d’un Champ de Mars. Elle a pour particularité de viser l’intégralité du temporel (et non telle de ses
102 CDL3 18 (Brühl, 83:16-25) et 19 (Brühl, 87:5-12). 103 CDL3 18 (Brühl, 84:3-6) et 19 (Brühl, 87:16-18). 104 Réseau d’églises : le litige entre Arezzo et Sienne auquel se rapporte le diplôme de Liutprand du 6 mars 715 (ci-dessus, p. 112) porte précisément sur un objet de ce type. Femmes libres, épouses d’un serf de l’évêché : voir supra, p. 108-110, à propos de Lex Alamannorum, 17.2. Rente en savon : voir supra, p. 97, à propos de DM 168 (avec le même terme technique, inferenda [Brühl, Kölzer et al., 418:6], qu’ici [inferebantur, Brühl, 84:5 et 87:17-18]—voir, à son propos, C. Brühl, Th. Kölzer et al., Urkunden, 417:33-37) et DM 170. 105 CDL3 44 (Brühl, p. 251-260, spéc. 259:9-17 et n. 3, ibid.), pour San Salvatore de Brescia, du 11 novembre 772. Quant à l’autre, CDL3 43 (Brühl, p. 247-251, spéc. 250:21-26 et n. 1, ibid.), pour Farfa, le copiste du xiie s. n’a transcrit que le quantième (le 10) de sa date, laissant en blanc le nom du mois, les années de règne et celles de l’indiction. Un manuscrit moderne comble les deux dernières lacunes, mais pas la première. 106 L’ensemble s’organise en trois groupes chronologiquement distincts (les numéros sont ceux de CDL3) : 759-762 (31, de 759 ; 33, de 760 ; 35, de 762) ; 765-767 (36, de 765 ; 37 et 38, de 766 ; 39, de 767) ; et 771-772 (40, de 771 ; 41, 42, 43 et 44, de 772). 107 CDL3 38 (Brühl, p. 227-232). 108 CDL3 37 (Brühl, p. 224-227). 109 CDL3 37 (Brühl, 226:17) : pragmaticum. Sur ce terme, voir notamment le Glossarium de Du Cange, édition Favre, t. VI, p. 476, col. c, s. v. « pragmaticum », spéc. le premier paragraphe (avec la citation de Paul Diacre, HL, 2.12) ainsi que le dernier ; et TLL 10/2 (1980-2009), col. 1120-1122, spéc. 2.b.β.i, dernier exemple (1121:62-64), papyrus de Ravenne (éd.Tjäder), daté 565 × 570. 110 CDL3 38 (Brühl, 230:17 et 232:7-8) : renovationis preceptum et donationis, renovationis, firmitatis et securitatis preceptum. 111 CDL3 31, de janvier 759, voir C. Brühl, Codice, p. 228. 112 CDL3 38 (Brühl, 229:4) : Detulisti preclarae excellentiae nostrae preceptum suprascriptorum genitorum nostrorum etc. 113 CDL3 38 (Brühl, 231:28-31).
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composantes plus ou moins modestes comme dans la majorité des diplômes de cette période114), et à ne viser que lui, à l’exclusion des droits et privilèges115. Admettons qu’il soit légitime de sonder les archives locales à la recherche d’indices susceptibles de faire progresser notre connaissance du Champ de Mars116 et interrogeons la collection lucquoise117 qui, pour le viiie siècle, est de très loin la plus fournie. Première constatation : les actes datés de mars sont peu nombreux118 et, lorsqu’à partir de 753 le quantième y est indiqué, il est systématiquement situé dans la deuxième moitié du mois, vers la fin plus souvent que vers le milieu119. Pour février, la première indication de quantième remonte à 761120, et c’est l’inverse qui est vrai, à savoir que la préférence est accordée à la première moitié ou au milieu du mois121. Faut-il croire qu’en province, on évite délibérément le créneau campomartial (mi-février à mi-mars) ? Celui-ci serait-il réservé aux assemblées générales, auprès du roi, à Pavie ? Peut-être, mais le supposer conduit forcément à abandonner, pour l’Italie lombarde, l’hypothèse des relais locaux de ces assemblées centrales, calqués sur elles et simultanés. Deuxième constatation : sauf les plus anciennes, de 720122, toutes les occurrences sont groupées par deux, la première datant d’une année et la deuxième de l’année suivante123. Les intervalles entre ces groupes sont variables (dix, quatre, six et onze ans, respectivement) et ne correspondent à aucune alternance « politique » (papes, rois, ducs de Toscane, évêques de Lucques)124. Troisième constatation : seuls deux de ces actes, sur quinze, se distinguent par la qualité de leurs auteurs et/ou des autres intervenants. L’acheteur du bien qui fait l’objet de la transaction de mars 736125, n’est autre que Walpert, duc de Lucques et, parmi ses témoins, on compte un vir magnificus ainsi que deux viri clarissimi. En mars de l’année suivante, l’évêque Walprand et son clergé confirment au prêtre Filipert les biens qui avaient été accordés en bénéfice à son père, Barucio, prêtre comme lui126.
114 CDL3 31, 35, 36, 39, 40, 41 et 42. 115 Contrairement à CDL3 33, 43 et 44. 116 Justification supra, p. 94, à propos de Wissembourg et Echternach. 117 On se servira à cet effet des très commodes Concordances établies par T. Dorandi : Chartae Latinae Antiquiores. Facsimile Edition of the Latin Charters Prior to the Ninth Century. Part XLIX. Concordanze, published by T. Dorandi, Dietikon-Zurich, 1998, ici p. 24-26. 118 ChLA xxx 896a-c, 897, 909, 911 ; xxxi 927, 930, 933 ; xxxii 937, 951, 958 ; xxxv 1020a, 1021, 1030. Soit un sur dix, environ, pour la fourchette 713-774. 119 Le 18 (nos 1020a et 1021), le 25 (nos 937 et 958), le 30 (no 1030) et le 31 (no 951). 120 ChLA xxxiii 963, du 5. 121 Le 4 (no 975), le 10 (no 1039), le 16 (nos 976 et 977), le 19 (no 1000). Sont dépourvus de quantième : ChLA xxx 913 ; xxxi 917 ; xxxiv 995, 996 ; et xxxvi 1040. 122 ChLA xxx 896a-c et 897. 123 ChLA xxx 909, de 736, et ChLA xxx 911, de 737 ; ChLA xxxi 927, de 747, et ChLA xxxi 930, de 748 ; ChLA xxxi 933, de 752, et ChLA xxxii 937, de 753 ; ChLA xxxii 951, de 759, et ChLA xxxii 958, de 760 ; enfin, ChLA xxxv 1020a et 1021, du même jour de mars 771, et ChLA xxxv 1030, de 772. 124 Le premier intervalle correspond, avec un an de décalage, à celui qui sépare les dernières lois de Liutprand (735) de celles de Ratchis (746) (sur ces textes, voir supra, p. 105-107). 125 ChLA xxx 909. 126 ChLA xxx 911.
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Voudrait-on se livrer au même exercice pour l’Alémanie, à l’aide du chartrier de Saint-Gall, qu’on ne le pourrait pas : d’abord parce que la partie ancienne de cette collection, antérieure à la soumission définitive du duché par les Carolingiens, en 746, est fort maigre ; et puis parce que les quelque quinze pièces qui la composent sont presque toutes datées des années de règne du roi mérovingien ou du maire du palais pippinide127, de sorte qu’on ne peut guère les utiliser pour corroborer ou infirmer les données de la Lex Alamannorum, témoin précieux de l’autonomie relative antérieure au rétablissement de la domination franque. De l’étude des documents liés à la production et à la pratique du droit dans le contexte d’assemblées du premier mars/mai on déduira donc principalement que, sous quelque latitude qu’elles aient eu lieu, celles-ci sont toutes, très probablement, issues d’une même souche, d’où leur air de famille indéniable ; que, loin d’être aléatoire, leur déroulement obéissait à certaines règles dont les actes des rois mérovingiens, surtout, permettent d’entrevoir les contours ; qu’elles étaient sans doute articulées, d’une manière qui nous échappe très largement, à des relais locaux de même espèce et formaient avec eux un réseau hiérarchiquement constitué. Comme tant d’autres, cet aspect précis de la problématique « Champ de Mars » gagnerait beaucoup à ce que fussent multipliées les études détaillées de contextualisation, ainsi qu’on l’a souligné, par exemple, à propos des diplômes de la dernière dynastie lombarde. Si donc Moreau avait tort de récuser en bloc le témoignage des diplômes128, il eut du moins le mérite de souligner en quoi, s’agissant des Champs de Mars/Mai, ils différaient radicalement des textes narratifs : dans aucun d’eux, écrivait-il, « nous ne lisons […] le nom bizarre de champ de Mai : [celui-ci] ne se trouve [en effet] que dans les grossières compilations de nos Annalistes129. » Il est temps, à présent, de se pencher sur ces « grossières compilations ».
127 Ainsi, par exemple, Urkundenbuch der Abtei Sanct Gallen, éd. H. Wartmann, Zurich, 1863 et 1866, no 11 : Actum in Craolfestale in mallo publici sub Carlomanno majorumdomus (« Fait à Grafstal, au mall public, sous Carloman, maire du palais »). Et, tout à la fin : Notavi diem, hoc est … iiii id. septembris sub Chancorone comite (« J’ai inscrit le jour … le 4 des ides de septembre, sous le comte Chancor »). S’appuyant sur ces données et sur celles de no 12 (les deux actes forment une paire), Wartmann résout ainsi la date : 10 septembre 745. En revanche, pour M. Borgolte, Die Grafen Alemanniens in merowingischer und karolingischer Zeit. Eine Prosopographie, Sigmaringen, 1986 (Archäologie und Geschichte. Freiburger Forschungen zum ersten Jahrtausend in Südwestdeutschland, 2), p. 93, l’année ne peut pas être fixée avec précision : elle se situe dans une fourchette comprise entre 743 et 747, si bien que la donation peut être antérieure à la date fatidique de 746, ou légèrement postérieure. Quoiqu’il en soit, c’est la première mention, dans cette collection, du mallus publicus : la suivante est de 806 (Wartmann, no 187) et les dix autres (ou douze, si l’on compte les occurrences dépourvues d’épithète) sont plus tardives encore (voir ce terme à l’index, 2:505). Sur Chancor, fondateur du monastère médio-rhénan de Lorsch, voir M. Borgolte, op. cit., p. 93-94. 128 J.-N. Moreau, Principes, III, p. 140 : « Il n’est aucun de ces monumens [scil. la « suite de Diplomes de la premiere race, qui a été imprimée dans le recueil des historiens de la France »] qui paroisse, ou daté de l’une de ces assemblées, ou le résultat de leurs délibérations ; aucun dont on puisse tirer un argument pour prouver leur existence. ». 129 Id., ibid., p. 114.
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Chapitre 4
Les sources narratives (i) : annales et chroniques
Les mentions explicites d’un Champ de Mars/Mai dans l’historiographie franque se répartissent, pour la plupart, en deux ensembles qui diffèrent par leur chronologie et par leur transmission. Le premier comprend, principalement, les entrées de la chronique de Nibelung pour les années 761, 763, 766 et 7671 ; s’y ajoutent, d’après cette source et pour 767 seulement, le témoignage des Annales royales, des Annales dites « d’Éginhard » et des Annales anciennes de Metz. Cet ensemble est en lien étroit avec les guerres d’Aquitaine conduites par Pépin dans la dernière décennie de son règne. Le deuxième ensemble, dans sa forme la plus complète, est représenté par les Annales alamanniques, de Wolfenbüttel et de [Saint-]Nazaire [de Lorsch] (années 773, 775, 776, 777, 779, 781) ; il est également resserré dans les limites d’une seule décennie, marquée par la première phase de la conquête de la Saxe par Charlemagne. On rattachera en outre à chacune de ces séries une occurrence isolée, rapportée par les Annales dites « de Lorsch » (AL) et les sources qui en dépendent aux années 754/755 et 790, respectivement.
4.1. 754/755 755. 14. Venit Tassilo, dux Bavarorum, ad Pippinum regem in tempore Martis campi. Et mutaverunt campum Martis in mensem Madium2. « 755. 14e année de règne. Tassilon, duc des Bavarois, se rendit auprès du roi Pépin, à l’époque du Champ de Mars. Et ils déplacèrent le Champ de Mars au mois de Mai. » Les Annales de Lorsch semblent établir un rapport entre la venue de Tassilon, duc de Bavière, auprès de son oncle Pépin, et la réforme du calendrier des plaids généraux. Les trois sources qui nous renseignent sur l’activité du neveu autour de 755 nous livrent des informations très différentes. Nibelung, qui ne le mentionne qu’une seule fois, affirme qu’il participa à la deuxième campagne de Pépin en Italie, à l’été 756, donc3 ; les Annales de Lorsch évoquent une visite en 755, entre les deux campagnes d’Italie (datées 754 et 7564), et précisent l’époque—celle du Champ de Mars—mais non le lieu5 ; les Annales
1 CF, 42, 47, 48 et 49. 2 AL, ao 755 (Pokorny, p. 38). Voir supra, p. 21-25. 3 CF, 38 (Krusch, 185:14) ; voir RIiOnl, no 81a. 4 Ces dates sont celles que retient RIiOnl. 5 Voir RIiOnl, no 76i.
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royales, enfin, parlent d’une rencontre entre le duc (c’était alors un adolescent âgé de seize ans) et le roi, son parent, à l’occasion de l’assemblée générale de Compiègne, l’an 7576, après les campagnes en question (datées 755 et 756), et fournissent à son sujet des détails aussi éloquents que controversés (à tel point qu’on a pu rejeter comme faux l’intégralité de ce lemme7). A priori, ces données n’ont rien d’incompatible et la présence de Tassilon auprès de son oncle, trois années de suite (755, 756, 757), avant, pendant et après la deuxième campagne de celui-ci en Italie, rien d’invraisemblable. D’autant que son règne personnel venait de commencer, la mort de sa mère, la sœur de Pépin, en 7548, ayant fait de lui un orphelin. On a pu supposer que l’annaliste de Lorsch s’était trompé d’une année : Tassilon se serait rendu auprès de Pépin en mars ou mai 756 et l’aurait ensuite accompagné dans son expédition contre les Lombards9. Il ressort toutefois du récit de Nibelung que la jonction entre l’oncle et le neveu se produisit en Italie, en cours de campagne, et non quelque part en Neustrie, avant son début. Les deux phrases qui composent le récit des Annales de Lorsch pour 755 sont-elles liées autrement que par la mention qu’elles font, l’une et l’autre, du Champ de Mars ? Force est de constater que l’examen de la première, auquel il vient d’être procédé, n’éclaire en rien la deuxième. Par ailleurs, l’article 4 du capitulaire de Ver-sur-Launette, du 11 juillet de cette même année 755, prévoit la tenue de deux synodes annuels, « le premier […] au premier mois, c’est-à-dire mars, aux calendes, là où le seigneur roi l’ordonnera [et] en sa présence10 ». Soit donc l’apparence de simultanéité que produit la parataxe, dans les Annales de Lorsch, est trompeuse : venit serait de mars ou mai 755, mutaverunt de la deuxième moitié de l’année, après le 11 juillet. Soit les assemblées visées par le capitulaire sont purement religieuses et les calendes de mars, réservées jusqu’alors aux assemblées mixtes ou laïques (qui ne sont pas concernées) mais libérées par la modification que rapportent les Annales de Lorsch, peuvent désormais leur être réaffectées. Soit enfin le témoignage du capitulaire n’est pas recevable en l’état : il se peut en effet que ses premiers articles lui soient étrangers, qu’ils se rapportent en réalité aux assemblées des années quarante, celle que Carloman présida le 1er mars 742 ou celle que Pépin tint à Soissons le 2 mars 74411.
6 Voir RIiOnl, no 84a. 7 M. Becher, Eid und Herrschaft. Untersuchungen zum Herrscherethos Karls des Großen, Sigmaringen, 1993 (Vorträge und Forschungen. Sonderband, 39), passim, spéc. p. 74, d’où, notamment, R. Collins, Charlemagne, Toronto et Buffalo, 1998, p. 82. Voir cependant les réserves de H. Wolfram, Salzburg, Bayern, Österreich : die Conversio Bagoariorum et Carantanorum und die Quellen ihrer Zeit, Vienne et Munich, 1995 (MIÖG Ergänzungsband, 31), p. 340-341, qui pense que l’annaliste royal se sera peut-être inspiré d’AL et/ou de CF ; et la tentative de réhabilitation de Ph. Depreux, « Tassilon III et le roi des Francs : examen d’une vassalité controversée », dans Revue Historique, 293, 1995, p. 23-73, p. 40-57. Le débat est important car il a trait aux débuts de la vassalité (voir par ex. W. Kienast, Vassalität, p. 80-124). 8 AL, ao 754 (Pokorny, p. 37) ; voir par ex. L. Oelsner, Jahrbücher des fränkischen Reiches unter König Pippin, Leipzig, 1871 (Jahrbücher der Deutschen Geschichte, 4), p. 264, et M. Becher, op. cit., p. 30. 9 L. Oelsner, op. cit., p. 264 et 448-449. 10 Capitulare Vernense, 4, éd. A. Boretius, Capitularia, no 14, p. 34, l. 1-6 : Ut bis in anno synodus fiat. Prima synodus mense primo, quod est martias kalendas, ubi domnus rex iusserit, eius praesentia. 11 Arguments dans A. J. Stoclet, Anti-Lesne.
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4.2. Les années soixante (i) : une question d’ancrages La structuration du temps était un aspect fondamental du travail de l’historien : il ne pouvait se contenter de noter les événements les uns à la suite des autres, encore devait-il les rapporter à une échelle dûment graduée afin d’aider son public à mieux les situer dans le passé ou de les rendre commensurables, en bloc, avec les modèles dominants—l’histoire universelle, en particulier12. Frédégaire marquait les années de règne avec une application et une régularité scrupuleuses, mais ni Childebrand ni son fils et continuateur ne l’imitèrent. Childebrand A13 reproduit avec quelques variantes les ultimes chapitres du Liber Historiae Francorum et lui emprunte également son système, plus typique des catalogues ou des listes de rois que du récit historique : l’indication de la durée de chaque règne, à l’exclusion de toute autre précision d’ordre chronologique. Childebrand B14 s’aligne tantôt sur Childebrand A, tantôt sur Frédégaire, à cette importante différence près qu’il fait comme si les rois n’existaient pas ou plus : seuls comptent désormais les maires du palais, si bien que le « règne » dont il suppute la durée est celui de Charles Martel15 et que cet autre, dont les deuxième et troisième années se trouvent dotées par lui d’une fonction de repère, est celui, conjoint, de Carloman et Pépin16—sachant que la restauration mérovingienne eut lieu, justement, à cette époque17 et à leur instigation, Childebrand, tout en la passant sous silence, semble vouloir dire, en
12 Il va sans dire que cet impératif était plus ou moins contraignant. R. W. Burgess et M. Kulikowski, Mosaics of Time, font de son application stricte une caractéristique essentielle de la chronique, un genre qui traverse les millénaires, depuis les civilisations du Croissant Fertile jusqu’à la fin du Moyen Âge et au-delà. Les différentes recensions de Frédégaire se situent, d’après eux, à l’autre extrémité de l’éventail : « Il ne s’agit pas à proprement parler d’une chronique, mais d’une histoire abrégée de proportions modestes [« a moderately extensive epitome history »], […], dont le récit est structuré principalement par les événements des règnes successifs, plutôt que par un cadre chronologique dominant [de type] annalistique » (p. 240-241). On reprochera toutefois à ces auteurs d’accorder trop d’importance aux fléchages explicites du temps qui passe (années du monde, de l’incarnation, etc.) et de négliger les indices qui, quoique plus discrets, n’en sont pas moins structurants, tels les locutions evoluto anno, sequente anno ou d’autres de même espèce qui jalonnent la prose de Nibelung—et qui ne sont pas sans rappeler la façon typique des antiques consularia, ou « listes de consuls annotées » (p. 39 et, pour la définition, p. 60). 13 Je désigne ainsi la première tranche originale de l’Historia vel gesta Francorum, qui couvre les années 642 à 736 et qui correspond à ce qui, pour Krusch, était la première continuation, anonyme, de la chronique de Frédégaire (délimitée, vers l’aval, par le « colophon » CF, 16 [Krusch, 176:3-10], voir l’introduction à l’édition, p. 8, l. 27-32). Pour R. Collins, Fredegar-Chroniken, p. 89, l’Historia, de 642 à 751, n’a qu’un seul auteur. Dans son compte-rendu de Collins, W. Goffart estime trop péremptoire son rejet de l’hypothèse inverse, celle d’auteurs multiples, qui eut longtemps la faveur des spécialistes. Sur le « Frédégaire » de Krusch et sa critique par Collins, voir supra, p. 21, n. 1. Désormais, le titre Historia vel gesta Francorum s’entendra toujours exclusivement de la partie originale de l’œuvre (sur les trois livres dont elle se compose, voir R. W. Burgess et M. Kulikowski, op. cit., p. 378, Chapter 6, note 149). 14 Je désigne ainsi la tranche suivante de l’Historia vel gesta Francorum, correspondant à la deuxième continuation de la chronique de Frédégaire dans le système de Krusch, qui attribuait à Childebrand ces chapitres et eux seuls. 15 CF, 24 (Krusch, 179:19). 16 CF, 26 et 27 (Krusch, 180:15 et 180:25). 17 RIiOnl, no 45a.
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explicitant ces dates, que la réalité du pouvoir n’en appartient pas moins aux maires du palais, ses parents. Les similitudes entre Nibelung et son père sont frappantes, quoique le contexte politique, entretemps, ait profondément changé (Pépin s’est emparé du trône) : sa section, aussi, contient en tout et pour tout deux mentions des années de règne, qui sont également consécutives18, de même qu’y figure la durée totale de celui-ci, majordomat compris19. En revanche, ce ne sont plus les deuxième et troisième années qui bénéficient d’un traitement spécifique, mais les dixième et onzième : faut-il voir, derrière ce choix, un motif analogue à celui qui avait inspiré Childebrand—mais personne, en 761 et 762, n’occupait plus, face à Pépin, une position comparable à ce qu’avait été, naguère, celle de Childéric III—ou bien alors un stimulus plus anodin tel, par exemple, la célébration des dix ans de règne, les decennalia20 ? Sans doute, donc, les circonstances politiques comme le poids de la tradition historiographique empêchèrent-ils Nibelung de recourir plus systématiquement aux années de règne pour jalonner le temps de sa chronique. Il est probable, par ailleurs, que l’ère de l’incarnation, diffusée avec l’œuvre de Bède († 735), lui était encore inconnue. Aussi, sa scansion la trouva-t-il nécessairement ailleurs : dans la tenue annuelle des assemblées générales. Peut-être en omit-il quelques-unes, mais il suffit, pour apprécier pleinement la nouveauté de sa démarche, de constater à quel point Frédégaire et les deux premières tranches de l’Historia vel gesta Francorum sont avares en indications de cette espèce. Le contraste avec Childebrand, l’historien des majordomats, est tellement saisissant qu’on est amené à se demander si ce n’est pas le contrôle de ces assemblées qui, plus qu’aucune autre de ses fonctions, définit le roi aux yeux de Nibelung—voire de Pépin ou, plus largement, de leurs contemporains. Sous cet angle, Nibelung fait figure de pionnier : bien avant la fin du siècle, les annalistes généraliseront la pratique qu’il avait inaugurée tout en abandonnant, pour la plupart, les noms Campus Martius/Madius, dont on ne sait s’ils furent un autre aspect de cette innovation.
4.3. Les années soixante (ii) : une nouvelle vie pour un ancien formulaire Lorsqu’on parcourt du regard les quelques lignes qui, à cinq reprises dans la chronique de Nibelung, immortalisent pour la postérité l’assemblée des calendes de mars 754 ou celles des Champs de Mai 761, 763, 766 et 76721, on est frappé par
18 CF, 42 et 43 (Krusch, 186:28 et 187:25). 19 CF, 53 (Krusch, 193:5). 20 Sur ces solennités, voir E. Babelon, « Decennalia », dans DAGR, II/1, 1892, p. 33-34 (époque romaine) et A. J. Stoclet, « From Baghdad to Beowulf. Eulogising “Imperial” Capitals East and West in the MidEighth Century », dans Proceedings of the Royal Irish Academy, 105C/4, 2005, p. 151-195, p. 154 (Occident post-romain). 21 CF 37, 42, 47, 48 et 49 (Krusch, 183:25-30, 186:28-30, 189:19-21, 190:14-17 et 190:25-28).
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l’air de famille qui leur vient de la répétition d’un nombre limité d’expressions ou de tournures (ici en gras) : – […] evoluto anno, praefatus rex ad K. Mar. omnes Francos, sicut mos Francorum est, Bernaco villa publica ad se venire praecepit. Initoque consilio cum proceribus suis, eo tempore quo solent reges ad bella procedere, cum Stephano papa vel reliquas nationes, qui in suo regno commorabantur, et Francorum agmina partibus Langobardie […] pergentes […]. – Evoluto anno, id est anno decimo regni ipsius, omnes obtimates Francorum ad Dura in pago Riguerinse ad campo Madio pro salutem patrie et utilitatem Francorum tractandum, placito instituto, ad se venire praecepit. […]. – Iterum sequente anno, commoto omni exercito Francorum, per Trecas, inde ad Autysiodero usque ad Nevernum urbem con omni exercito veniens, ibique cum Francis et proceribus suis placitum suum campo Madio tenens. […]. – Evoluto igitur anno, commoto omni exercito Francorum vel plurimum nationes, quod in regno suo commorabantur, usque ad Aurilianis veniens, ibi placitum suum campo Madio, quod ipse primus pro campo Martio pro utilitate Francorum instituit, tenens, multa munera a Francis vel proceris suis ditatus est. […]. – Iterum denuo sequente anno, commoto omni exercito Francorum, […] ad Bitoricas accessit ; palacium sibi edificare iubet. Iterum campo Madio, sicut mos erat, ibidem tenere iubet ; initoque consilio cum proceris suis, […]. Plusieurs de ces modules se rencontrent déjà, sous la plume de Frédégaire, à propos d’assemblées réunies aux mois de mai 612 et 64222 : – Anno 17. regni sui [= Thierry II] Lingonas de universas regni sui provincias mense Madio exercitus adunatur ; […]. – Flaochadus [maire du palais de Bourgogne], collictis secum pontefecis et ducibus de regnum Burgundiae, Cabilono pro utiletate patriae tractandum minse Madio placitum instituit. Pouvons-nous, malgré l’intervalle muet de plus d’un siècle, considérer ces ressemblances comme les indices d’une continuité essentielle ou faut-il au contraire n’y reconnaître qu’imitation superficielle ? Ne voir en Nibelung qu’un piètre plagiaire de Frédégaire, pillant ici et là dans sa chronique des formules obsolètes, c’est accréditer la position de Moreau sur la grossièreté des annalistes du viiie siècle23. Pour Ahrens, les détails relatifs à celles de 612 et 642 sont la preuve que, quel que soit le nom qu’on leur donne—Champ de Mars, Champ de Mai ou autre—, les assemblées annuelles ont toujours eu lieu au cinquième mois24. Le fait qu’on ne les ait pas appelées « Champ de Mai » conforte d’après Springer sa thèse selon laquelle, dans le nom qu’attestent
22 Frédégaire, 4.38 et 4.90 (Krusch, 139:5-6 et 166:15-16). 23 Voir supra, p. 46. Attribue-t-on ces passages à un interpolateur en aval de Nibelung que l’on rejoint Springer, supra p. 24. 24 H. L. Ahrens, Namen und Zeit, p. 10.
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les sources carolingiennes, l’élément mag-/mad- indiquerait la taille de l’assemblée (de magnus, « grand »), non sa date (« mai »)25. Rappelons toutefois que Frédégaire avait modifié en « calendes de mars » le « Champ de Mars » qu’il trouvait chez Grégoire de Tours26 : on ne peut donc s’étonner qu’il répugnât de même à désigner « Champs de Mai » les assemblées de 612 et 642. Examinons les choses d’un peu plus près au moyen de deux exemples : commoto exercito et pro salutem patriae et utilitatem Francorum27. Chez Frédégaire comme dans l’Historia vel gesta Francorum, la « mobilisation » des armées est exprimée, le plus souvent, au moyen du verbe latin movere—dont le nom français dérive—28, augmenté, accessoirement, d’un préfixe : pro- dans la deuxième moitié du livre 4 de la Chronique29, cum- dans l’Historia30, ou ad-, exceptionnellement, dans deux chapitres consécutifs de Childebrand B31. Mais, pour le reste, les énoncés diffèrent radicalement. Dans la Chronique, la mobilisation résulte d’un ordre donné par un roi qui est nommé, par exemple : iusso Teuderici movetur exercitus ou Dagobertus […] universis leudibus, quos regebat in Auster, iobet in exercito promovere32. Nous verrons plus loin33 que des bribes d’instructions de ce type nous ont été transmises. Nibelung, lui, use constamment d’une même tournure impersonnelle—commoto exercito, un ablatif absolu—de sorte que l’armée paraît se mobiliser d’elle-même, sans que le roi ait à intervenir d’aucune façon. Quelle importance doit-on accorder à ces variations ? Sont-elles le signe d’évolutions profondes ou de préférences stylistiques purement superficielles ? On l’ignore, mais ce qui est certain c’est que Nibelung n’a pas inventé la formule : on la trouve déjà dans le Liber Historiae Francorum et, de là, dans Childebrand A34. 25 M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 316. 26 Voir supra, p. 93. 27 On trouvera en Annexe 2 les matériaux relatifs à un troisième exemple : placitum, instituere/tenere placitum. 28 Sont également attestés, quoique rarement : adgredere (Frédégaire, 4.41 [Krusch, 141:9-10] et 4.74 [Krusch, 158:15]), bannire (Frédégaire, 4.73 [158:2] et 4.87 [164:25], quoique, dans ce deuxième cas, c’est l’ordre lui-même qui est ainsi exprimé, non son objet), congregare (CF, 25 [180:5-6]), dirigere (Frédégaire, 4.10 [126:24]), gradiri (Frédégaire, 4.87 [164:25]). 29 Frédégaire, 4.56 (Krusch, 148:24), 4.74 (158:15) et 4.78 (159:27). 30 CF, passim. Pour Nibelung, voir les extraits reproduits ci-dessus. 31 CF, 25 (Krusch, 180:11) et 26 (180:17). 32 Frédégaire, 4.27 et 4.56 (Krusch, 131:26 et 148:22-24) : « l’armée est mobilisée sur ordre d[u roi] Thierry », « Dagobert […] ordonne que soient mobilisés tous les leudes qui lui étaient soumis en Austrasie ». Voir en outre 4.10 (Krusch, 126:24), 4.38 (140:4-5, avec praecipere), 4.41 (141:9-10), 4.68 (155:2-3), 4.73 (157:24-158:2), 4.78 (159:26-27) et 4.87 (164:25). Ailleurs, en de nombreuses occasions, c’est le roi lui-même qui mobilise, sans qu’il soit explicitement question d’un ordre émané de lui, par ex. 4.74 (158:13-15) : Anno decemo regni Dagoberti, cum ei nunciatum fuissit, exercitum Winitorum Toringia fuisse ingressum, cum exercito de regnum Austrasiorum de Mettis urbem promovens, etc. (« La dixième année de règne de Dagobert, comme on lui annonçait que l’armée des Wendes était entrée en Thuringe, il mobilisa l’armée du royaume des Austrasiens dans la ville de Metz etc. », ou « … il s’avança depuis la ville de Metz avec l’armée du royaume des Austrasiens etc. »). 33 P. 179-180. 34 Liber Historiae Francorum (LHF), 36, éd. B. Krusch, MGH SS rer. Merov., 2, Hanovre, 1888, p. 215-328, p. 304, l. 23-24 ; 37 (307:1-2) ; 40 (310:12-13) ; 41 (311:21-22, collecto hoste plurimo) ; 45 (319:5-6, commoto exercitu), d’où sans doute CF, 2, cum multo comitatum exercituum (Krusch, 169:11) ; 46 (320:6-7, double
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L’expression « utilitas + déterminant … salus + déterminant » et ses variantes sont d’une très haute antiquité35. Chez Frédégaire, on ne la rencontre qu’une seule fois, deux si l’on compte les formes tronquées : en la quarante-quatrième année de son règne (626/627), Clotaire II réunit à Clichy une assemblée d’évêques et de grands (proceres) de Neustrie et de Bourgogne pro utilitate regia et salute patriae36, « pour l’utilité royale et le salut de la patrie » ; et en 642, Flaochad, le nouveau maire du palais de Bourgogne, convoque à Chalon-sur-Saône les évêques et les ducs de ce royaume pour y traiter de l’utilitas patriae37 (à dignité moindre, énoncé raccourci ?). D’après Nibelung, Pépin agit, lui, pro utilitate Francorum, « pour l’utilité des Francs », lorsqu’il « institue le Champ de Mai en lieu et place du Champ de Mars38 » et deux de ses assemblées, dont un Champ de Mai, ont pour justification supplémentaire le salus patriae, le « salut de la patrie39 ». Est-on fondé, sur base de cet échantillon maigrissime, à parler d’une « substitution » de Francorum à regia, bien plus, à en tirer des enseignements de portée politique ? Sur cette base seule, sans doute non, mais pour peu qu’on l’élargisse aux actes de la pratique, oui, probablement. Dans un diplôme de peu antérieur à son accession au trône, Pépin demande aux moines de Saint-Denis, bénéficiaires de ses largesses, de prier pro stabilitate regni Francorum, « pour la stabilité du royaume des Francs40 ». La même formule est répétée, dans
accusatif, exercitum plurimum Austrasiorum commotum), d’où CF, 3, Commoto exercitu (170:6) ; 48 (322:16-17, commoto hoste quam plurimo), d’où CF, 5, commoto exercito hostile (171:17-18) ; 51 (325:21-22, Qui commoto cum rege exercito, où le pronom relatif renvoie à Ragamfred, élu maire du palais de Neustrie à la mort de Pépin II et chef de la révolte anti-austrasienne), d’où CF, 8, commotoque exercitu hostile (173:14-15) ; 52 (326:15, hoste commoto), d’où CF, 9, adunata hostile plebe (174:1) ; 53 (326:24, exercitu commoto), d’où CF, 10, commoto exercito (174:6). L’auteur de ces chapitres de l’Historia vel gesta Francorum semble mal à l’aise avec le substantif hostis de son modèle, « nouveau venu avec ce sens dans le lexique de la chose militaire » (La Geste des rois des Francs. Liber Historiae Francorum, éd. B. Krusch, trad. et comm. S. Lebecq, Paris, 2015 [CHMA, 54], p. lxiii de l’introd. [désormais : S. Lebecq, LHF]) : il lui substitue immanquablement l’adjectif hostilis, combiné soit avec exercitus, soit avec plebs, ce qui est plus surprenant et pourrait, à la rigueur, désigner, dans un contexte de guerre civile, une troupe dépourvue de légitimité—dans l’optique de ses adversaires, naturellement. 35 Le Cross Database Searchtool (CDS), interrogé à « (/10 utilita* salu*) », avec « Antiquitas » et « Aetas Patrum » cochés dans le filtre « Période », livre 180 réponses, parmi lesquelles : Cicéron, De inuentione, 1.38.68 : salus atque utilitas rei publicae ; Id., Verrines (In C. Verrem orationes sex), actio 2, 3.21 : ad salutem sociorum utilitatemque rei publicae ; Id., ibid., actio 2, 3.213 : multa contra sociorum salutem, multa contra utilitatem provinciarum ; Id., Pro L. Valerio Flacco oratio, § 98 : quid utilitas civitatis, quid communis salus, quid rei publicae tempora ; Aulu-Gelle, Noctes Atticae, 6.3.18 : pro utilitatibus publicis ac pro salute sociorum ; Codex Theodosianus, 16.5.47 : pro salute communi, hoc est pro utilitatibus catholicae sacrosanctae ecclesiae ; Augustin, De civitate Dei, 17.3 : salus uel utilitas populi ; Grégoire le Grand, Registrum, 13.25 : plus de animae vestrae salute quam de terrenarum rerum utilitate ; Virgilius Maro Grammaticus (2e moit. viie), Epitomae, c. 15 : cunctorum legentium utilitas atque salus ; BLE 24 : ea, quae ad animae respiciunt utilitatem et salutem. 36 Frédégaire, 4.55 (Krusch, 148:11-13). Sur cette assemblée, voir notamment O. Pontal, Histoire des conciles mérovingiens, Paris, 1989 (Cerf-Histoire), p. 213, n. 1. 37 Frédégaire, 4.90 (Krusch, 166:15-16). 38 Voir l’extrait reproduit plus haut, p. 121, commençant par les mots « Evoluto igitur anno etc. ». 39 Champ de Mai : voir l’extrait reproduit plus haut, loc. cit., commençant par les mots « Evoluto anno, id est etc. ». L’autre assemblée est CF, 53 (Krusch, 192:20). 40 DArnulf 23 (751, prob. avant le 20 juin), original (Heidrich, 53:24).
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un autre diplôme en leur faveur, daté de la deuxième année du règne et souscrit par le chancelier Eius41. L’année suivante, son collègue Widmarus substitue nostri à Francorum : pro stabilitate regni nostri, « pour la stabilité de notre royaume42 ». Eius fait la synthèse en 755 : pro stabilitate regni nostri atque Francorum43. Le style de Widmarus s’impose ensuite définitivement44. Certes stabilitas et utilitas ne sont pas la même chose, ni les contextes identiques, mais l’évolution que la diplomatique permet de retracer a dû toucher plus largement toute la sphère du discours officiel, tous les recoins du langage qui ressortissent de près ou de loin au protocole45. Dans la 41 DK1 6 (8 juillet 753), original (Mühlbacher et al., 10:42). 42 DK1 7 (754), copie cartulaire, fin xiie / début xiiie (Mühlbacher et al., 12:4), également pour Saint-Denis. Vu le caractère tardif de la tradition, et vu la présence, ailleurs dans le texte, de remaniements dûment constatés (12:12, crochets angulaires), il n’est pas impossible que l’énoncé qui nous occupe ait lui aussi été altéré au moment de sa transcription au Livre des Privilèges—mais c’est peu probable. Widmarus est déjà attesté dans cette fonction en 753 (DK1 4, pour l’église d’Utrecht). 43 DK1 8 (29 juillet 755), original (Mühlbacher et al., 13:16), pour Saint-Denis. Eius ajoute donc les mots nostri atque à son modèle, DArnulf 23, comme les éditeurs l’indiquent par les nuances de la typographie. 44 Par ex., DK1 11 (Mühlbacher et al., 17:10), 17 (26:24), 24 (33:39-40), 29 (41:27) et 30 (42:22). 45 La correspondance de Boniface en fournit plusieurs exemples pour la période comprise entre la mort de Charles Martel et l’avènement de Pépin : – palatium regis Francorum (BLE 60, le pape Zacharie à Boniface, 31 oct. 745 [Tangl, 123:15]) mais palatium Francorum (BLE 63, Boniface à Daniel de Winchester, 742 × 746 [Tangl, 129:29]) ; – maior domus gentis Francorum (BLE 77, Zacharie à Boniface, 5 janv. 747 [Tangl, 160:16-17]), à rapprocher du maior domus Francorum de la Vita Pardulfi abbatis Waractensis, c. 9, à peu près contemporaine (éd. W. Levison, MGH SS. rer. Merov., 7, Hanovre et Leipzig, 1920, p. 19-40, p. 29, l. 21), mais à contraster avec la masse des témoignages mérovingiens (maior domus N [1], m. d. regis [2], m. d. reginae [3], m. d. reginae N [4], m. d. regiae [5], m. d. regalis [6], m. d. palacii, -tii [7], m. d. palatii N [8], m. d. in regio palatio [9], m. d. in palatio N [10], m. d. in aula regis [11], où N est le nom d’un roi mérovingien ou d’une reine, au génitif) ; – Vel si omnino propter principalem et humanum favorem gentis Francorum, dum ad eos accessisses, corporaliter abstineri non valuisti cogente necessitate ecclesiarum Dei etc. (BLE 87, Zacharie à Boniface, 4 nov. 751 [Tangl, 195:16-17]), avec l’interprétation d’Otloh de Saint-Emmeram (Tangl, p. 195, note g) : si autem cogente aliqua necessitate ad principes gentis Francorum accedens corporaliter ab eis abstinere non valuisses etc. ; – regnum (Carloman, préambule des actes du Concile Germanique de 742 = BLE 56 [Tangl, 99:3]) mais regio (Pépin, actes du concile de Soissons, 2 mars 744, c. 1, éd. A. Boretius, Capitularia, no 12, p. 29, l. 9 / éd. A. Werminghoff, Concilia, no 4, p. 34, l. 2 ; lettre de Zacharie à Pépin, maire du palais, aux évêques, abbés et principes in regione Francorum constitutis [J3 3971], Codex Carolinus, 3, 5 janv. 747, éd. W. Gundlach, MGH Epp., 3, Berlin, 1892, p. 469-657, p. 479, l. 20). Date du Conc. Germ. : M. Glatthaar, Bonifatius und das Sakrileg. Zur politischen Dimension eines Rechtsbegriffs, Francfort/Main etc., 2004 (Freiburger Beiträge zur mittelalterlichen Geschichte, 17), p. 634. Ces précieux documents n’existent plus qu’à l’état de copies, dont les plus anciennes sont postérieures de plusieurs décennies à la mort de Boniface. Ils ont donc pu subir un toilettage plus ou moins important aux mains des gardiens de sa mémoire, de sorte qu’il est parfois malaisé de dire ce que leurs tournures atypiques doivent à ces remaniements plutôt qu’aux conditions très particulières de l’époque du grand prélat. Tout bien considéré, les extraits ci-dessus semblent plutôt refléter ces dernières. Références : 1 = Frédégaire, 4.18 (Krusch, 128:8), cf. Vita Gaugerici episcopi Cameracensis, 9 (Krusch, MGH SS. rer. Merov., 3, 655:14) : m. d. praefati principis ; 2 = lettre de Zacharie (J3 3999) mentionnant Optat, abbé du Mont-Cassin et le moine Carloman, frère de Pépin, 750 ou 751 (Gundlach, MGH Epp., 3, p. 467, l. 23 et note 2) ; 3 = Grégoire de Tours, HLD, 9.30 (Krusch et Levison, 448:7) ; 4 = Id., ibid., 7.27, 7.28 et 7.43 (Krusch et Levison, 346:9, 346:16-17 et 364:17) ; 5 = Historia eccl. tripartita (Cassiodore-Épiphane),
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prise en compte de la nouvelle réalité politique, Nibelung semble plus conservateur que la chancellerie ou plus soucieux de ménager ceux qui, après tout, en avaient été, collectivement, les principaux artisans. De là à croire qu’il ait voulu ressusciter le vieil idéal républicain du Champ de Mars, il y a un pas que les textes ne nous permettent pas de franchir46.
4.4. Les années soixante (iii) : 767 Des quatre mentions de campus Madius dans le récit de Nibelung, la dernière est la seule dont on retrouve quelque trace dans les Annales royales (Annales regni Francorum [ARF]), les Annales dites « d’Éginhard » (Annales qui dicuntur Einhardi [AqdE]), qui en dérivent, et les Annales anciennes de Metz (Annales Mettenses priores [AMp]) : – Iterum denuo sequente anno, commoto omni exercito Francorum, […] ad Bitoricas accessit ; palacium sibi edificare iubet. Iterum campo Madio, sicut mos erat, ibidem tenere iubet ; initoque consilio cum proceris suis, […]47. – dcclxvii. […] Et in eodem anno in mense Augusto iterum perrexit partibus Aquitaniae, Bituricam usque venit ; ibi synodum fecit cum omnibus Francis solito more in campo. Et inde iter peragens usque ad Garonnam pervenit, […]48. – dcclxvii. […] mense Augusto ad reliquias belli profectus est ; et Bituricam veniens conventum more Francico in campo egit49.
3.2.7 (CSEL, 71, 131:40), Grégoire de Tours, HLD, 6.9 (Krusch et Levison, 279:17), Venance Fortunat, Vita Germani ep. Parisiaci, 44 (Krusch, MGH SS rer. Merov., 7, 399:12), Bède, HE, 4.1.3 (Crépin et al., SC, 490, 196:19) ; 6 = Paul Diacre, HL, 6.16 (Waitz, p. 218), cf. Historia eccl. tripartita (Cassiodore-Épiphane), 9.43.2 (CSEL, 71, 568:5), maior domus imperialis ; 7 = Monachus anonymus Sancti Symphoriani, Passio sancti Leodegarii, 28 (Krusch, MGH SS rer. Merov., 5, 309:3), LHF, 35 (Krusch, 302:16-17 et 304:13-14), 45 (318:21) et 47 (321:9), CF, 6 (172:5) et 7 (173:5) ; 8 = Frédégaire, 4.24 (Krusch, 130:5-6) et 4.84 (163:23) ; 9 = Paul Diacre, HL, 6.16 (Waitz, p. 218) ; 10 = Frédégaire, 4.88 (Krusch, 165:28) ; 11 = LHF, 40 (Krusch, 311:7-8) et 45 (Krusch, 317:12-13). 46 Sur la pérennité de cet idéal à Byzance, voir A. Kaldellis, Byzantine Republic. 47 CF, 49 (Krusch, 190:25-28) : « À nouveau, l’année suivante, après avoir mobilisé toute l’armée des Francs […] il parvint à Bourges ; il ordonna qu’on lui construise un palais. À nouveau il ordonne de tenir là un Champ de Mai, comme c’était la coutume ; après avoir consulté ses grands, […]. » 48 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24, 767:9-12*) : « 767. […] La même année, au mois d’août, il se mit en campagne pour l’Aquitaine et s’avança jusqu’à Bourges ; là, il tint une assemblée avec tous les Francs, comme de coutume, en plein air [?]. Et de là il marcha jusqu’à la Garonne, […]. » * On a numéroté, indépendamment, les lignes de chaque « chapitre », la première ligne commençant toujours par la date, en chiffres romains. 49 AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:11-12) : « 767. […] Au mois d’août, il s’en alla poursuivre la guerre ; et, arrivant à Bourges, il tint une assemblée en plein air [?], selon la coutume franque. » L’expression reliquias belli est empruntée aux auteurs classiques : M. Manitius, « Einharts Werke und ihr Stil », dans NA, 7, 1882, p. 517-568, p. 526 (à propos d’AqdE, ao 769), 534 (à propos d’AqdE, ao784) et 544. Sur les témoignages classiques, voir également J. C. Yardley, Justin and Pompeius Trogus. A Study of the Language of Justin’s Epitome of Trogus, Toronto, Buffalo et Londres, 2003, p. 58, et S. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X. III. Book IX, Oxford, 2005, p. 348.
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– Anno dominicae incarnationis dcclxvii. […] Eodem quoque anno iterum perrexit in Aquitaniam. Ad Bituricam quoque urbem veniens, ibi conventum Francorum habuit more solito in campo Maii, et inde dirigens pervenit ad Goronnam fluvium50. Cette occurrence, chez Nibelung, est unique en ce qu’elle omet le mot placitum : dans les trois autres cas, ce terme est juxtaposé à campus Madius ou n’en est distant que de quelques mots, mais toujours au sein de la même unité syntaxique51. Pour 761 (Düren), 763 (Nevers) et 766 (Orléans), ceux que, pour la commodité de l’exposé, on appellera « les annalistes », n’ont retenu que lui (ARF), le décorant d’une épithète (placitum generale [AMp]) ou lui substituant tantôt conventus (AqdE, AMp) ou generalis conventus (AqdE), tantôt synodus (ARF). Ici, en plus de ces « équivalents », ils ont aussi conservé campus Magius (AMp) ou campus seul (ARF, AqdE), mais escortés de la préposition « in », qui leur confère une acception nouvelle, topographique. Pourquoi ce manque de cohérence, alors que la suppression de in campo (ARF, AqdE) ou in campo Maii (AMp) n’aurait nullement compromis la structure grammaticale des phrases respectives et n’aurait donc pas nécessité d’autres modifications ? On ne sait. De manière générale et pour ce qui concerne les guerres d’Aquitaine (760-768), les récits des trois annalistes convergent, en gros, avec celui, plus ancien, de Nibelung. L’année 767—de la Noël 766, célébrée à Samoussy, non loin de Laon, à la Noël 767, qui eut pour cadre le nouveau palais de Bourges52—fait exception à ce consensus : il est difficile, en effet, d’imaginer traitements plus différents de part et d’autre53. D’après Nibelung,
50 AMp, témoin A1, ao 767 (Simson, 54:17-20, avec notes -q- et -r-) : « Année de l’incarnation du Seigneur 767. […] Et cette même année, il partit pour l’Aquitaine. Arrivant à Bourges, il tint une assemblée des Francs, comme de coutume, au Champ-de-Mai. Puis, de là, il se dirigea sur le fleuve Garonne, qu’il atteignit [bientôt]. » Pour les noms propres, en particulier, Simson préfère subjectivement les leçons de B1, qui représente pourtant, quant au fond, un texte assez différent que pour mériter un autre nom : Annales Mettenses Posteriores. Sur tout ceci, voir l’introduction de Simson, p. vi, l. 1-2 ; p. ix-xi, spéc. p. x, l. 15-17 ; et p. xvi, l. 30-33. 51 Voir supra, p. 121. 52 Nibelung ne mentionne pas la première de ces fêtes, mais il marque clairement le début de l’année par les premiers mots du nouveau chapitre, le 49e (Krusch, 190:25) : Iterum denuo sequente anno etc. Il s’étend assez longuement sur le séjour de Pépin à Bourges, pendant l’hiver 767-768 (CF, 49-51 [Krusch, 191:1-16]). Il est seul à évoquer son palais, à deux reprises : Pépin en ordonne la construction au début de l’année 767 (CF, 49 [Krusch, 190:27-28] : palacium sibi edificare iubet) et s’y installe avec la reine Bertrad à l’hiver 767-768 (CF, 50 [Krusch, 191:10-11] : Praedictus rex Pippinus in Betoricas per hiemen totum cum regina Bertradane in palatium resedit). 53 En réalité, cette divergence prolonge celle qui caractérise déjà l’année précedente. Leurs éditeurs observent correctement, dans les manchettes où ils en identifient les sources, que les récits des annalistes pour 766 sont faits de morceaux prélevés aux chapitres 45 et 46 de CF ; de plus, quoique la démarche soit identique, la sélection ne l’est pas, AMp s’opposant de ce point de vue à ARF/AqdE. Ces chapitres de CF semblent pourtant faire partie d’une même unité comprenant les chapitres 43 à 46, dont les bornes sont signifiées sans ambiguïté : au commencement, par une de ces dates dont Nibelung se montre ordinairement fort avare—la 11e année du règne (début du c. 43 [Krusch, 187:25]), soit 762—et, à la fin—ou, pour être tout à fait précis, aux premières lignes de la tranche suivante—par l’évocation de l’assemblée de Nevers (début du c. 47 [Krusch, 189:20-21]), dont nous savons par d’autres sources qu’elle eut lieu en 763 (RIiOnl, 96c). De plus, le chapitre 46 contient une référence explicite au chapitre 43 (Videns … capuisset [Krusch, 189:11-13]) qui confirme la cohérence de ce bloc de quatre chapitres.
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qui n’indique pas le lieu d’origine de cette expédition, Pépin traverse le Troiesin avec son armée, gagne la Loire par Auxerre, la franchit à Gordon, près de Sancerre, et parvient à Bourges, accompagné de sa femme. Là, « il se fait construire un palais », tient l’assemblée du Champ de Mai, puis, après avoir pris des dispositions pour assurer la protection de Bertrad, il se met en marche pour l’Aquitaine « avec ses grands et le reste des Francs. » Ne parvenant pas à trouver son adversaire, le duc Waiofar, et l’hiver approchant, il revient à Bourges54. L’occupation de Bourges est certes un tournant capital, et la mention de la reine comme celle du palais l’inscrivent clairement dans la durée. Mais, entre ce maigre bilan et l’activité frénétique que peignent les annalistes, il ne semble pas y avoir de commune mesure. À les en croire55, la séquence événementielle s’établirait comme suit : dans les premières semaines de 767, Pépin préside à Gentilly, à un peu plus d’une lieue au sud du centre de Paris, « un grand synode entre Grecs et Romains au sujet de la Trinité et des saintes images56 » ; il fait ensuite campagne en Aquitaine, gagnant Narbonne et s’emparant de Toulouse, de l’Albigeois ainsi que du Gévaudan57 ; il est à Vienne le 19 avril, pour Pâques58 ; une deuxième expédition s’ébranle au mois d’août59 : de Bourges, où a lieu l’assemblée des Francs60, Pépin pousse jusqu’à la Garonne, enlève de nombreuses redoutes, parmi lesquelles les fertés d’Escorailles, Turenne et Peyrusse61 dans les contreforts occidentaux du Massif Central,
Il n’existe, à ce jour, aucune étude rigoureuse sur le déroulement des campagnes d’Aquitaine : ni M. Rouche, L’Aquitaine, des Wisigoths aux Arabes, 418-781. Naissance d’une région, Paris, 1979 (Bibliothèque générale de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales), p. 122-127 et 523-525, ni B. Bachrach, ECW, p. 207242 et 366-376, n’ont cure de ces difficultés. Ainsi, par exemple, l’ordre donné par le duc de détruire les murailles de ses villes est-il daté de 766, d’abord (Bachrach, p. 212, en accord avec AMp, ao 766 [Simson, 54:1-4]), mais de 763 une vingtaine de pages plus loin (p. 241, d’après CF, 46 [Krusch, 189:11-16]). En revanche la critique d’Oelsner dans RIiOnl, no 96c, est fort judicieuse. 54 CF, 49 (Waiofarium persequente non repperiret, Krusch, 190:25-191:2), probablement calqué sur CF, 2 (Carlus eum persecutus, non repperit, Krusch, 191:1, où eum désigne le duc Eudes). Un autre événement important de cette même année 767, la trahison de Rémistan, est raconté au début du chapitre suivant (Krusch, 191:3-10). 55 Comme font L. Oelsner, Jahrbücher, p. 403-409, et les Regesta Imperii. 56 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24, 767:1-4) ; AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:1-5) ; AMp, ao 767 (Simson, 54:10-12). Voir RIiOnl, no 104f. 57 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24, 767:5-7) ; AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:5-8) ; AMp, ao 767 (Simson, 54:13-15). Voir RIiOnl, no 104g-i (la Chronique de Moissac augmente cette liste d’un nom, Rodez). Sur l’indication chronologique, post natalem Domini, ajoutée par AqdE, voir ci-dessous. 58 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24, 767:8) ; AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:8-9) ; AMp, ao 767 (Simson, 54:16). Voir RIiOnl, no 104k. 59 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24, 767:9-10) ; AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:10-11) ; AMp, ao 767 (Simson, 54:17). Voir RIiOnl, no 104l. Sur l’omission, par AMp, de l’indication du mois, voir ci-dessous. Pour L. Oelsner et les Regesta Imperii, cette deuxième phase correspond au 49e chapitre de CF : autrement dit, cette source aurait passé l’intégralité de la première sous silence. 60 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24, 767:10-11) ; AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:11-12) ; AMp, ao 767 (Simson, 54:17-19). Voir RIiOnl, no 104o. 61 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24, 767:12-14) ; AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:12-16) ; AMp, ao 767 (Simson, 54:19-55:2). Voir RIiOnl, no 104p.
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entre Corrèze et Aveyron ; enfin, il reprend le chemin de Bourges62. A priori, l’activité débordante que décrivent les annalistes n’est pas absolument invraisemblable : on peut la comparer, par exemple, à celle que Nibelung prête à Pépin en 768, la dernière année de sa vie63. De plus, les faits d’armes ou de diplomatie qu’ils enregistrent semblent obéir à une certaine logique consistant à étendre vers l’intérieur la bande côtière—la Gothie ou Septimanie—soumise dans les années cinquante ; et enclencher une nouvelle phase dans la pacification de l’Aquitaine, qui s’était bornée, jusqu’alors—c’est-à-dire jusqu’aux deux années de repos, 764 et 765, que Pépin s’était octroyées—aux confins ligériens. Peut-être sont-ils présentés de façon plus systématique que réaliste, avec, dans un premier temps, la prise de villes (Toulouse est qualifiée d’urbs64) et de pagi, suivie, dans la deuxième partie de l’année, de celle de quelques modestes forteresses65. Mais on n’oserait l’affirmer. Il est toutefois des silences qui surprennent : à lire Nibelung, la chute de Toulouse, ancienne capitale au passé prestigieux, n’eut jamais lieu—comment croire, en effet, qu’il n’ait dit mot d’un événement d’une telle portée ? La célérité de la première campagne n’est pas moins troublante : sept semaines66 auraient suffi pour réduire plusieurs villes, dont Toulouse, et autant de « pays ». La charpente des annales est faite de dates absolues : années de l’incarnation, Pâques et Noëls en scandent le texte avec une régularité impressionnante, rarement démentie. Chez Nibelung, par contre, ces repères sont pour ainsi dire inexistants : ses indications chronologiques sont relatives ou imprécises, pour la plupart. L’adapter, lui ou toute autre source affectée d’un déficit analogue, représentait pour les annalistes un double défi : celui de l’assemblage judicieux des emprunts et celui de leur synchronisation. Il leur fallait aussi dénicher les précieuses balises, ce qu’ils firent parfois avec l’ardeur de collectionneurs, ainsi qu’on le verra. Pour 767, ils trouvèrent dans les Annales de Saint-Amand une structure, bipartite, de même que des dates, dont une—la deuxième—qu’ils décidèrent d’intégrer à leur texte : « Pépin fut à nouveau en Wasconie, au mois de mars, et encore au mois d’août67 ». Une fois
62 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24 et 26, 767:14-15) ; AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25 et 27, 767:16-17) ; AMp, ao 767 (Simson, 55:2-3). Voir RIiOnl, no 104q. 63 Les étapes de son itinéraire sont les suivantes : Bourges ; la Garonne ; Champtoceaux sur la basse Loire pour Pâques et une audience donnée aux ambassadeurs du calife ; Saintes ; Saint-Martin de Tours ; Saint-Denis, le tout entre la mi-février et la mi-septembre, en l’espace de 7 mois, donc. 64 AMp, ao 767 (Simson, 54:14). 65 Sur ces dernières, voir G. Fournier, « Les campagnes de Pépin le Bref en Auvergne et la question des fortifications rurales au viiie s. », dans Francia, 2, 1974, p. 123-135, et noter son choix d’épithète. 66 Du début mars au 19 avril. Pour le premier terme, on donne sa valeur maximale à l’in mense Martio des Annales de Saint-Amand citées à la note suivante. Le deuxième correspond, ainsi qu’on l’a vu, à la date de Pâques 767 : Pépin était « rentré sain et sauf », « à Vienne », « dans sa patrie » (ARF, AqdE, AMp) afin d’y célébrer cette fête. 67 Annales S. Amandi, continuatio, ao 767, éd. G. H. Pertz, MGH SS, 1, Hanovre, 1826, p. 10 et 12, p. 12 : iterum Pippinus fuit in Wasconia in mense Martio, et iterum in mense Augusto. Sur ces annales, « les plus anciennes de l’époque carolingienne », voir GQDMA. La deuxième date est passée dans ARF et AqdE (Pertz et Kurze, p. 24, 767:9, et p. 25, 767:11). La première n’a eu d’écho ni dans ces sources ni dans AMp, probablement en raison de son incompatibilité avec la durée vraisemblable des opérations de la « première campagne », réelle ou supposée (voir ci-après).
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ce schéma lapidaire adopté, à tort peut-être68, il convenait de l’étoffer : il n’est pas exclu que les « informations » prodiguées par les annales répondent davantage à ce besoin qu’à la réalité historique. On ignore la source des autres dates, en particulier la Pâques viennoise, dont on reparlera. Le lieu est compatible avec une offensive menée depuis Narbonne et s’achevant par la soumission du Gévaudan (ARF, AqdE, AMp). L’archevêque Adon († 875) signale un séjour de Pépin à Vienne, mais au début de l’année 768, et au cours d’un trajet qui ne correspond en rien à celui qu’attestent les sources antérieures69. Rappelons en outre que c’est à Vienne que son frère Carloman était décédé le 17 août 75470. Or il se fait qu’en juillet 766, Pépin se l’associe, exceptionnellement, dans les intentions pieuses de trois diplômes qu’il expédie d’Orléans71 avant, après ou pendant l’assemblée générale72. On rangera le campus Madius, glâné chez Nibelung, dans cette même moisson de données calendaires, car les annalistes semblent avoir compris que l’adjectif désignait le mois de mai : sans en exclure d’autres, ce sens les guida dans l’adaptation qu’ils firent de bribes de CF comme dans la maîtrise plus ou moins hésitante de ses répercussions textuelles. C’est donc à tort qu’on a échaffaudé sur leur témoignage, certes confus,
68 De toutes les autres entrées des Annales de Saint-Amand, la seule qui recensât également une multiplicité d’assauts lancés contre un même théâtre—trois, par Charlemagne, en Saxe, l’an 784—se trompe à coup sûr (Annales S. Amandi, continuatio altera, ao 784 [Pertz, p. 12] : Carlus tribus vicibus regressus est in Saxonia, et ibidem commoratus). Voir S. Abel et B. Simson, Jahrbücher des fränkischen Reiches unter Karl dem Großen, I, Leipzig, 1888 (Jahrbücher der Deutschen Geschichte, 5), p. 475, n. 3, dubitatifs (point d’interrogation) ; RIiOnl, no 267c, où l’erreur est explicitement dénoncée (« irrig »). Peut-être s’explique-t-elle en partie par le fait que deux Charles, le père et le fils, en furent. Charlemagne pénétra deux fois en Saxe, au printemps et à la fin de l’année, ayant décidé d’y passer l’hiver. 69 Adon de Vienne, Chronique, Paris, BNF, lat. 4888, fol. 93r : Septimo in itinere in Aquitaniam per Viennam transitum faciens ubi tunc viennensem episcopatum post aliquot annos Berterico cuidam ex familia aecclesie dedit, usque Sanctonas pervenit. Capta est mater Uuaifarii et sorores eius ac neptas. Sic rex usque Garonnam cuncta diripuit. Inde iterum interposito tempus simul cum Abertrada [sic] regina in Aquitaniam transiens apud Petragoricas Uuaifarium ducem interfecit. Inde post victoriam Sanctonas rediit, ubi reginam dimiserat. Et egrotare cȩpit. Inde orationis gratia ad sanctum Martinum venit. Ad sanctum Dionisium quoque perveniens, viii k. octobr. anno incarnationis domini dcclxviii obiit. Regnavit autem post diem unctionis sue xviii annis paulo amplius (« En route pour sa septième campagne d’Aquitaine, Pépin passa par Vienne, où il confia l’épiscopat, [vacant] depuis plusieurs années, à Berteric, un membre de la familia de l’église. Il parvint [ensuite] à Saintes. La mère de Waïfre et ses sœurs sont capturées. Puis le roi dévaste tout jusqu’à la Garonne. Un peu plus tard, traversant à nouveau l’Aquitaine avec la reine Bertrad, il tue le duc Waïfre à Périgueux. De là, après sa victoire, il rentre à Saintes, où il renvoie la reine. Il tombe malade et se rend à Saint-Martin [de Tours] pour y prier, puis à Saint-Denis, où il s’éteint le 23 septembre, l’an de l’incarnation du Seigneur 768. Il régna un peu plus de 18 ans après avoir reçu l’onction »). L. Oelsner, Jahrbücher, p. 407, n. 4, et RIiOnl, no 104k, estiment que la visite à Vienne mentionnée par Adon est la même que la Pâques viennoise d’ARF, AqdE et AMp, ao 767. 70 RIiOnl, no 53f. 71 DK1 21-23 (Mühlbacher et al., 30:20, 31:11 et 32:31). Si donc Pépin était à Orléans (CF) en juillet (diplômes) et s’il marcha ensuite sur l’Aquitaine (CF), ne serait-il pas plus rationnel d’avancer d’un an l’indication in mense Augusto des Annales de Saint-Amand (supra, n. 67) et de supposer, en outre, que la confusion entre 766 et 767 a pu naître de la double mention de Bourges par les annalistes (par ex. ARF, Pertz et Kurze, p. 24 et 26, 766:6-7, 767:10-11 et 767:14-16) comme, peut-être, par leur source, sinon par Nibelung ? 72 Après (immédiatement, « etwa Anfang iuli ») : RIiOnl, no 104a. C’est à propos de cette assemblée que Nibelung évoque la substitution du Champ de Mai au Champ de Mars (Krusch, 190:16-17).
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un argument visant à refuser au terme Magii toute valeur prescriptive et parlé du « Champ de mai, à quelque date de l’année qu’il se tînt73 ». Les motifs du traitement différencié de l’expression dans ARF et AqdE, d’une part (campo) et AMp, de l’autre (campo Magii), sont assez clairs. L’année 767, dans ces trois textes, contient une surabondance inusitée de données chronologiques, qui oblige leurs auteurs à opérer des choix. Dans ARF et AMp, la première est énoncée ainsi : celebravit pascha in Vienna civitate74. Mais l’année précédente s’achevant, comme à l’accoutumée, par l’indication des lieux où le roi avait célébré Noël et Pâques (Samoussy et Gentilly, respectivement75), l’une des deux Pâques était de trop ! Seul l’auteur d’AqdE semble s’en être aperçu : selon lui, donc, c’est « après Noël » que Pépin et son armée se seraient mis en route pour Narbonne76—ainsi se trouve rétablie la logique chronologique, la séquence boiteuse « Noël - Pâques - Pâques » devenant « Noël - Pâques - Noël - Pâques ». ARF et AqdE rapportent ensuite, d’après les Annales de Saint-Amand, un deuxième départ pour l’Aquitaine « au mois d’août » (in mense Augusto, mense Augusto77), détail que la deuxième de ces sources amplifie encore au moyen d’une formule inspirée de César, iam prope aestate confecta, « déjà l’été tirait à sa fin78 ». Puis vient l’assemblée de Bourges, … qui ne saurait être un Champ de mai, d’où l’insolite in campo79. En revanche, dans AMp, le caractère estival de la deuxième campagne d’Aquitaine est gommé, si bien que rien ne s’oppose, de prime abord, à ce que l’assemblée de Bourges ait lieu au mois de mai, more solito in campo Maii80—les apparences sont sauves même si la vraisemblance est sacrifiée, car on voit mal comment deux expéditions militaires d’envergure auraient pu avoir lieu en l’espace de quelques semaines81. Il serait certes intéressant et conforme à la saine méthode philologique d’établir la filiation des annales ici étudiées et de déterminer, en particulier, dans quel ordre se sont produites les différentes adaptations ou suppressions des occurrences de campus Martius/Madius que leurs auteurs trouvèrent dans leurs modèles respectifs—Nibelung ou dérivés. Un tel travail aurait à tenir compte de deux hypothèses relativement récentes et sujettes à débat, qui le compliquent sérieusement : celle qui multiplie les intervenants, simultanés et/ou successifs, dans un processus rédactionnel plus complexe qu’on ne croyait, et celle qui pose l’existence d’états perdus, antérieurs à
73 L. Levillain, Campus Martius, p. 64. 74 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24, 767:8) ; AMp, ao 767 (Simson, 54:16). 75 ARF, ao 766 (Pertz et Kurze, p. 24, 766:8-10) ; AqdE, ao 766 (Pertz et Kurze, p. 25, 766:5-6). AMp, ao 766 (Simson, 54:9) situe les deux solennités à Samoussy. 76 AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:6) : post natalem Domini. 77 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24, 767:9) ; AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:11). 78 AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:10). César : G.-H. Pertz et F. Kurze, Annales, p. 25, n. 3. 79 ARF, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 24, 767:11) ; AqdE, ao 767 (Pertz et Kurze, p. 25, 767:12). 80 AMp, ao 767 (Simson, 54:19, avec note -q-). 81 Au retour de la première, Pépin aurait célébré Pâques à Vienne (19 avril) ; de là, il serait reparti vers une autre base arrière, non spécifiée, peut-être dans le centre du royaume (RIiOnl, no 104l : « nördlich, wahrscheinlich nach Mittelfrankreich ») ; il aurait ensuite repris le chemin de l’Aquitaine afin d’y poursuivre les hostilités et se serait arrêté en route à Bourges, pour le Champ [du mois] de mai.
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ceux qui nous sont parvenus82. À défaut d’entreprendre ce travail hic et nunc, on peut envisager brièvement deux scénarios extrêmes. Dans le premier, les mentions auraient été omises lorsque fut composé l’archétype hypothétique des trois annales. Ceci implique toutefois que campo (ARF et AqdE, ao 767) et campo Maii (AMp, ao 767) aient été ensuite rajoutés, ce qui semble absurde. Le deuxième scénario suppose au contraire le maintien de toutes les mentions, telles quelles, dans l’archétype : le campo Maii des Annales anciennes de Metz (ao 767) témoignerait de cet état primitif83. Leur incompatibilité avec les autres indications chronologiques relatives à l’année 767 aurait entraîné, à un stade ultérieur de la tradition qui reste à déterminer, les modifications morphologique (suppression du deuxième terme) et sémantique (spatialisation) que l’on fit subir aux mentions directement concernées de même que l’élimination de toutes les autres.
4.5. Les années soixante (iv) : acteurs Un petit nombre d’individus ou de groupes animent les assemblées des calendes de mars ou les Champs de Mars/Mai dont Nibelung a conservé le souvenir : Pépin, évidemment, les grands, les Francs, l’armée. La reine Bertrad n’est mentionnée qu’en marge de la dernière de ces solennités84. On appelle « grands » les proceres et les obtimates du chroniqueur. Au sein de notre mince corpus, le premier de ces termes, invariablement escorté de l’adjectif possessif 82 R. Collins, « The ‘Reviser’ Revisited : Another Look at the Alternative Version of the Annales Regni Francorum », dans : A. C. Murray (éd.), After Rome’s Fall, p. 191-213, passim. 83 Il est vrai que la forme ne correspond plus exactement à celle de Nibelung (le -d- intervocalique a disparu et l’adjectif, au cas régime s’accordant avec campo, est devenu un substantif, au génitif) mais ressemble au contraire à celles dont d’autres annalistes useront dans leur évocation des premiers temps du règne de Charlemagne (voir ci-dessous, p. 137 et Annexe 3a) : Maicampus, en particulier, qu’attestent les Annales de Wolfenbüttel et les Annales de (Saint-)Nazaire (de Lorsch) (Annales Guelferbytani et Annales Nazariani, ais 773, 775, 776, 777, 779 et 781, éd. W. Lendi, Untersuchungen zur frühalemannischen Annalistik : Die Murbacher Annalen, mit Edition, Fribourg [CH], 1971 [Scrinium Friburgense, 1], p. 146-193, p. 155 et 157, colonnes « Codex Guelferbytanus » et « Codex Palatinus »). Ces annales ne figurent pas au nombre des sources d’AMp identifiées par B. von Simson, Annales, p. xii, contrairement, par exemple, aux Annales de Lorsch (AL) (Simson distingue encore les Annales de Petau et les Annales de Lorsch, mais R. Pokorny, Annales, p. 16, montre que, jusqu’à la date de 770, celles-là ne sont qu’une compilation de celles-ci et des Annales de Saint-Amand ; les manchettes de l’édition von Simson signalent les emprunts aux Ann. Petav. en 18:11 [ao 710], 21:7 [ao 715], 26:1 [ao 718] et 30:11 [ao 739] ; aux AL en 62:5 [ao 774], 70:27 [ao 782] et 83:14 [ao 799]). La forme campo Magii, AMp, témoin B1, a° 767 (Simson, p. 54, l. 19), pourrait dériver de celles qu’on découvre dans AL aux années 777, 781 et 790 (Pertz, p. 31, 32 et 34) : Magiscampus et Magis campus. En est plus proche encore celle que Duchesne a recopiée pour son édition de 1641 sur un manuscrit de la chronique dite « de Moissac » depuis disparu : Magii campus (Chronicon Moissiacense, ao 777 [Pertz, 296:9-10]). Mais cette chronique était inconnue, semble-t-il, de l’auteur d’AMp comme de son réviseur plus tardif (à l’inverse, la Chronique d’Aniane, qui lui est étroitement apparentée, puise largement aux AMp—pour les circonstances, voir W. Kettemann, Subsidia Anianensia, p. 37, n. 17). 84 CF, 49 (Krusch, 190:27-29). L’intérêt que Nibelung manifeste subitement à son égard et qui se soutiendra jusqu’à la fin de sa chronique—lui qui l’avait jusqu’alors ignorée—est peut-être lié à l’activité qu’elle déploya après la mort de son époux, de 768 à 771, pour tenter de rétablir la concorde entre ses deux fils.
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sui, « ses », qui renvoie à Pépin, est de très loin le plus fréquent. Celui d’obtimates est doublement singulier : il ne se rencontre qu’une fois85, dans un chapitre où l’ordre « normal » des événements est infléchi, ainsi qu’on le verra, et son déterminant, le génitif Francorum, suggère un rapport au roi qui n’est au mieux qu’indirect. À l’époque mérovingienne, les proceres du roi ce sont les évêques et les grands laïcs présents à ses côtés, en particulier lorsqu’il rend la justice. Parmi ces derniers, les optimates sont les plus éminents, devant les comtes, les grafiones, les référendaires et les sénéchaux, notamment ; il leur arrive d’être nommément cités dans les diplômes royaux (ce qui n’est jamais le cas des proceres)86. Les deux termes ne sont donc pas strictement synonymes. Il se pourrait que Nibelung fût l’inventeur de l’expression optimates Francorum87, qui n’est pas sans rappeler celle d’utilitas Francorum dont il a déjà été question88 : peut-être même appartenait-il à cette élite, à laquelle il attribue—ainsi qu’aux évêques—le mérite d’avoir négocié par deux fois la paix avec l’ennemi lombard, suite aux retentissantes victoires de Pépin89. À propos des Franci, on remarquera d’abord la fréquence avec laquelle l’adjectif omnes, « tous », est accolé à leur nom : façon de dire, peut-être, que contrairement à l’époque racontée par Frédégaire90, il n’y a plus ni Austrasiens, ni Neustriens, ni Burgondes, car tous sont également Francs et soumis à un seul et même roi. Politiquement, les Franci sont deux fois associés aux proceres : comme partenaires ou interlocuteurs exclusifs du roi au Champ de Mai de Nevers (763)91 et comme
85 CF, 42 (Krusch, 186:28). 86 K. F. Werner, Naissance de la noblesse. L’essor des élites politiques en Europe, Paris, 1998, p. 291-292. Pour les références des actes illustrant ces propos, voir C. Brühl, Th. Kölzer et al., Urkunden, Wortregister, p. 841, s. v. « optimas », et p. 851, s. v. « proceres ». 87 Interrogé à « (/10 optima* Franc*) », avec, dans le filtre « Century », toutes les cases correspondant au viie s. cochées, le CDS ne livre aucune réponse. Si l’on répète l’opération en cochant les cases du filtre « Century » correspondant au viiie s., on obtient cinq réponses, dont aucune ne contient l’expression recherchée. Au siècle suivant, les Annales de Fulda et AMp contiennent près de la moitié des 42 occurrences, les autres sont presque toutes isolées. 88 Voir supra, p. 123-125. 89 CF, 37 et 38 (Krusch, 184:21-22, 184:28, 185:18). Ailleurs, dans ces mêmes pages, il use de tournures différentes : Franci, tout court (sans doute pour éviter le cumul des déterminants, per iudicio Francorum vel sacerdotum [185:20 et 22-23] étant à la fois plus élégant et plus clair que per iudicio obtimatum Francorum vel sacerdotum—une autre possibilité consistant, comme en 185:18, à inverser l’ordre des déterminants, per subplicationem sacerdotum et obtimatum Francorum), mais aussi obtimates sui (184:29), où l’adjectif possessif peut renvoyer à Stephanus papa plutôt qu’à Pippinus rex, et proceres Francorum (185:26). 90 Par ex. Frédégaire, 4.74 : apprenant que l’armée des Wendes est entrée en Thuringe, Dagobert (Ier, qui règne sur un royaume unifié) se met en campagne (promovens) depuis la ville de Metz avec l’armée du royaume des Austrasiens (exercitus de regnum Austrasiorum). Il traverse l’Ardenne, parvient à Mayence « avec l’armée » (cum exercito) et s’apprête à franchir le Rhin, « accompagné de troupes d’élite de Neustrie et de Bourgogne, avec leurs ducs et comtes » (scara de electis viris fortis de Neuster et Burgundia cum ducibus et grafionebus). Sur ces entrefaites, arrivent des ambassadeurs des Saxons, qui lui demandent une remise de tribut. Sur l’avis des Neustriens (consilio Neustrasiorum), Dagobert accepte mais demande en échange que les Saxons défendent les frontières contre les Wendes. 91 CF, 47 : […] ibique cum Francis et proceribus suis placitum suum campo Madio tenens (Krusch, 189:20-21).
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auteurs des dons statutaires qui lui sont présentés lors de celui d’Orléans (766)92. En revanche, lorsque le roi tient conseil, c’est avec les seuls proceres93. Inversement et à deux reprises, les convocations royales s’adressent aux seuls Franci ou aux obtimates Francorum, ce qui, ici—notamment—, revient au même94 ; quand il est indiqué, leur objet est de « traiter [avec Pépin] du salut de la patrie et des affaires des Francs ». L’armée est-elle oui ou non un acteur principal des assemblées que nous étudions, comme elle le fut du Champ de Mars de Clovis ? Et d’abord, que sait-on de l’exercitus, « l’armée » dont parle Nibelung—si vaguement il est vrai ? Sans doute, comme à l’époque mérovingienne, comportait-elle plusieurs unités, également appelées exercitus, pourvues d’un commandement propre95, capables d’agir indépendamment les unes des autres quoiqu’en principe dans le cadre d’une stratégie d’ensemble96,
92 CF, 48 : […] ibi placitum suum […] tenens, multa munera a Francis vel proceris suis ditatus est (Krusch, 190:17). À titre de comparaison, on citera la 18e des Formules dites « de Bourges », Formulae Bituricenses, éd. K. Zeumer, Formulae Merowingici et Karolini aevi, Hanovre, 1886 (MGH LL [in-4o], sectio 5), p. 166-181, p. 178, l. 33, dans laquelle il est question de « dons au seigneur roi » (dona domno rege), qu’on lui transmettra in placito instituto (ibid., ligne 34) ; et AMp, ao 692 (Simson, 14:9-10), où l’on apprend que, le premier mars, à l’occasion de « l’assemblée générale avec tous les Francs », « des dons sont reçus [par le roi] de tous les optimates des Francs », ab omnibus optimatibus Francorum donariis acceptis. Sur ce texte-ci, voir infra, Chap. 5. Formula Bituricensis 18 ne comporte aucune indication de date et ne mentionne qu’un seul lieu : le monastère féminin Sainte-Croix de Poitiers. Elle est transmise avec une dizaine de textes de même nature dont certains sont datables du règne de Charlemagne (Zeumer, p. 168-169, à propos des nos 11 et 14-18, d’où GQDMA, s. v. « Formulae Bituricenses ») et certains contiennent une mention expresse de Bourges. A. Rio, Legal Practice and the Written Word in the Early Middle Ages : Frankish Formulae, c. 500-1000, Cambridge, 2009 (CSMLT, 75), passim, spéc. p. 112 et 183, invite à ne pas accorder trop de poids à ces circonstances et défend une conception ouverte voire arbitraire des « collections » manuscrites, qu’elle oppose à celle de Zeumer, artificielle et fermée. Aussi, dans l’état actuel des recherches, est-il impossible de dire où fut rédigée la lettre dont on a tiré la 18e Formule dite « de Bourges », ni quand—sinon sous la première ou la deuxième dynastie des rois francs. L’identification de son auteur devrait permettre d’y voir plus clair. 93 CF, 37 et 49 : Initoque consilio cum procer-ibus/-is suis (Krusch, 183:27 et 190:28-29). Autres occurrences : CF, 54 (193:7-8) (avènements de Charles et Carloman) ; 51 (191:16), formulation absolue (initoque consilio). 94 CF, 37 (Krusch, 183:26-27) : […] omnes Francos, sicut mos Francorum est […] ad se venire praecepit. Et CF, 42 (186:28-30) : omnes obtimates Francorum […] pro salutem patrie et utilitatem Francorum tractandum […] ad se venire praecepit. L’alternance Franci/obtimates Francorum est purement stylistique, la forme courte permettant de ne pas alourdir inutilement la phrase du c. 37 ni d’y répéter à quelques mots d’intervalle le génitif pluriel Francorum. Le même souci et la même équivalence Franci = obtimates Francorum ont déjà été observés supra, n. 89. Au contraire, peut-on croire, les Franci de l’exercitus Francorum ne sont pas tous des obtimates ; sur leur identité, voir infra, n. 113, l’hypothèse de Bachrach, formulée à propos d’un contexte précis et qui n’a donc pas nécessairement une portée générale. Autres occurrences de la formule de convocation, ad se venire praecepit : CF, 51 (Krusch, 191:15-16 et 192:5) et 53 (192:28) : elle vise, respectivement, l’armée que Pépin, installé à Bourges, avait envoyée prendre ses quartiers d’hiver en Bourgogne ; l’ambassade califale, qu’il avait dirigée sur Metz, mais souhaite recevoir à Champtoceaux, sur la Loire ; « tous ses proceres, les ducs et les comtes des Francs, tant les évêques que les prêtres » qu’il appelle à son chevet afin de procéder au partage de son royaume « avec le consentement des Francs, de ses proceres et des évêques ». 95 Frédégaire, 4.78. 96 Id., ibid.
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et recrutées au sein de nationes97, de gentes98 ou d’autres entités ethniques, géographiques ou administratives99. L’exercitus Francorum est presque toujours une composante de ces levées100. À deux reprises, Nibelung rapporte que « les autres peuples du royaume » marchèrent aussi avec Pépin101. La pauvreté ou la retenue de cette notation est à l’opposé de l’abondance de Frédégaire, qui n’hésitait pas à recenser, dans toute leur diversité, les forces dont disposaient les Mérovingiens : exercitus d’Alamans, mercenaires lombards, pagenses commandés par leurs comtes, milices mayençaises (Macancinsis), généraux burgonde, romain ou saxon, etc.102. La promotion de l’unité politico-ethnique semble donc un trait marquant de la chronique de Nibelung : tous les particularismes sont gommés, ceux du noyau tripartite comme ceux de la périphérie. Les Champs de Mars/Mai de notre corpus comportent des aspects politiques et des aspects militaires qui, pour autant qu’on puisse en juger, sont assez nettement séparés. L’ordre dans lequel ces aspects se succèdent en ces différentes occasions, n’est nullement immuable. Les assemblées se répartissent même en deux périodes bien contrastées, celles de 754 et 761, d’un côté, celles de 763, 766 et 767, de l’autre ; qui plus est, la deuxième, de 761 donc, présente à cet égard une configuration très particulière qui invite à la considérer comme symptomatique d’une sorte de transition. Dans un premier temps, la priorité revient au processus politique103, qui débouche104 ou non105 sur l’action militaire ; ensuite, la séquence s’inverse ou, plutôt, elle s’accroît, en tête, d’un élément nouveau, la mobilisation de l’armée (commoto exercito)106, qui est suivie des tractations entre le roi et ses grands107 puis du départ en campagne108. Si l’expression commoto exercito n’est pas nouvelle109, sans doute son positionnement systématique au premier rang des actes constitutifs ou satellites des Champs de Mai est-il significatif. Mais de quoi ? Tout ce que l’on peut dire, c’est que les trois dernières de ces assemblées ne sont certainement pas ou plus des lieux de concentration des troupes : leur mobilisation s’est déjà faite, ailleurs, les quelques semaines écoulées depuis ayant sans doute servi à la route ainsi qu’aux exercices et CF, 37 et 48 (Krusch, 183:28 et 190:15). Frédégaire, 4.87 (Krusch, 164:28). Voir ci-dessous. CF, 37 (Krusch, 183:28 : Francorum agmina), 48 (Krusch, 190:14 : omnis exercitus Francorum), 49 (Krusch, 190:25 : omnis exercitus Francorum), etc. Son autonomie par rapport aux autres troupes n’est explicitement indiquée qu’au c. 42, voir infra n. 113. 101 Voir ci-dessus, n. 97. 102 Frédégaire, 4.68 (Krusch, 155:5 et 155:4) ; 4.87 (165:6 et 165:12) ; 4.78 (Krusch, 160:3-4). 103 CF, 37, evoluto anno … proceribus suis (Krusch, 183:25-27) ; 42, Evoluto anno, … ad se venire praecepit (186:28-30). 104 CF, 37, eo tempore quo solent reges ad bella procedere etc. (Krusch, 183:27 et ss.). 105 CF, 42, voir ci-après. 106 CF, 47 (Krusch, 189:19) ; 48 (190:14) ; et 49 (190:25). 107 CF, 47, ibique … tenens (Krusch, 189:20-21) ; 48, ibi … ditatus est (190:15-17) ; et 49, Iterum campo Madio … cum proceris suis (190:28-29). 108 CF, 47, Postea, Ligere transacto etc. (189:21 et ss.) ; 48, Iterum Ligere transacto etc. (190:17 et ss.) ; 49, Ipse praedictus rex cum reliquis Francis etc. (190:30 et ss.). 109 Voir supra, p. 122-123. 97 98 99 100
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manœuvres indispensables à la remise en condition des hommes au lendemain du repos d’hiver110. Leur marche, en amont de ces Champs de Mai, mérite quelques mots de commentaire. Son point de départ n’est jamais révélé111, mais doit se situer en Austrasie : en effet, la portion de l’itinéraire dont les étapes sont nommées commence toujours par la traversée du Troiesin, un des pagi de la Bourgogne franque limitrophes de l’Austrasie, et cette progression s’effectue du nord au sud, en direction d’Auxerre puis de la Loire112. Les armées qui conquirent l’Aquitaine avec Pépin étaient-elles donc essentiellement austrasiennes ? Si, pour ses opérations au-delà de la Loire, le roi souhaitait recevoir l’appui de contingents neustriens ou burgondes, la logique voudrait qu’il ne les ait pas d’abord fait remonter jusqu’en Austrasie, mais leur ait donné rendez-vous sur le front, comme ce fut le cas en 761 : Nibelung nous apprend que Pépin « ordonna à tous les Francs de venir en armes sur la Loire », tandis que lui-même s’avançait à la tête de ses troupes par Troyes, Auxerre et Nevers113. Fin 767, de retour à Bourges, cependant que Waïfre court toujours, Pépin « envoie toute son armée prendre ses quartiers d’hiver en Bourgogne114 », ce dont on déduira 1) qu’elle n’était pas originaire de cette contrée115 et 2) qu’elle restait à disposition plusieurs années ou saisons de suite (au contraire, lorsque Charlemagne décide de passer l’hiver 784-785 en Saxe afin de ne donner aucun répit à l’ennemi et de préparer une attaque d’envergure pour les beaux jours, il ne garde auprès de lui que des effectifs réduits, l’exercitus le rejoignant en mai, à Paderborn, où se tient « l’assemblée publique de son
110 Voir par ex. Libanius, Oratio 12, 44 (Foerster, p. 24 = Norman, p. 62 ; trad. Norman, p. 63) : « [ Julien dit « l’Apostat »] passa l’hiver en conseil, mais lorsque l’ouverture de la saison militaire appelait à l’action, lui-même poussa le cri de guerre, rassembla ses forces et leur fit faire des manœuvres, encourageant les plus timorés. » 111 À moins d’admettre, avec B. Bachrach, ECW, p. 224, cité infra, n. 113, qu’en 761 Pépin soit resté à Düren depuis le Champ de Mai jusqu’à l’ébranlement de l’armée, après un intervalle dont la durée n’est pas spécifiée mais pendant lequel la nouvelle des incursions de Waïfre en Bourgogne parvient aux oreilles du roi. 112 CF, 47 (Krusch, 19-20) et 49 (190:25-26) ; voir en outre c. 41 (186:20-21) et 42 (187:13). 113 CF, 42 (Krusch, 187:11-14) : […] iubet omnes Francos, ut hostiliter, placito instituto, ad Ligerem venissent. Commotoque exercito, cum omne multitudine iterum usque ad Trecas accessit ; inde per Autisioderum ad Nevernum urbis veniens, Ligeris fluvium transmeato, ad castro cuius nomen est Burbone in pago Bitorivo pervenit. Pour B. Bachrach, ECW, p. 224, Franci désignerait plutôt des « unités de la maison militaire du roi » (« units of the royal military household ») : « Parti de Düren, Pépin marcha vers le sud et ordonna la mobilisation d’un exercitus distinct du gros de l’armée et composé, probablement, d’unités de la maison militaire du roi basées dans des cantonnements où lui-même n’était pas présent. » Poser, comme on le fait ici : Franci = Neustriens, est d’autant plus plausible que ce sens domine dans le Liber Historiae Francorum (voir S. Lebecq, LHF, p. xv et xxviii) auquel Nibelung est redevable d’autres éléments de son vocabulaire (commoto exercito, par ex., voir supra, p. 122-123). 114 CF, 50 (Krusch, 191:10-12) : Praedictus rex Pippinus in Betoricas per hiemen totum cum regina sua Bertradane in palatium resedit. Totum exercitum suum per Burgundias ad hyemando mittens, natale domini nostri Iesu Christi […] ad Betoricas orbem […] celebravit. À la mi-février, il la rappelle auprès de lui, c. 51 (191:14-16) : Evoluto igitur eo anno, cum in Betoricas resederet, mediante Febroario, omnem exercitum suum, quem in Burgundia ad hyemandum miserat, ad se venire praecepit. 115 Sinon, il l’aurait renvoyée chez elle, ad propria. Parmi les occurrences innombrables de cette formule, on signalera Annales Mosellani, ao 789 (infra, p. 140).
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peuple »116). La raison d’une présence majoritaire des Austrasiens au sein des forces déployées par Pépin en Aquitaine est probablement la suivante. La guerre avait été déclarée, officiellement, parce que Waïfre refusait d’obtempérer aux injonctions du Carolingien en restituant aux « églises de son royaume » les vastes domaines qu’il leur avait confisqués et en cessant de taxer les autres117. Or tout indique que les églises austrasiennes—Reims, surtout, mais aussi Cologne, Metz, Trèves ou Verdun—étaient de très loin les plus richement possessionnées entre Loire et Garonne118 et qu’elles avaient donc le plus à perdre sous un duc hostile … ou le plus à gagner de sa mise au pas. Un si long conflit au service d’intérêts si étroitement localisés avait dû réveiller de vieux ressentiments régionalistes, d’où peut-être, à titre d’antidote, le bel unitarisme affiché par Nibelung119. Cette hypothèse « austrasienne » qu’on vient de formuler peut-elle éclairer l’objet particulier de notre recherche ? Seulement si le Champ de Mars/Mai aussi avait une dimension austrasienne prononcée—ce qui est le cas, tout au moins sous l’angle de la distribution spatiale de ses occurrences120. En 761, le Champ de Mai se réduit à sa dimension politique121 (en 790, une telle assemblée ne méritera pas le nom de Magiscampus122) : la guerre, exceptionnellement, 116 ARF et AqdE, ais 784 et 785 (Pertz et Kurze, p. 68 et 70, 69 et 71) ; AMp, ais 784 et 785 (Simson, 72:10-73:6 ; noter en particulier, en 73:4, et vias exercitui suo preparavit). Mai : Annales Mettenses posteriores, ao 785 (Simson, 100:25). Voir infra, § 4.10. 117 CF, 41 (Krusch, 186:12-16). 118 M. Rouche, L’Aquitaine, p. 244-245 ; Id., « Die austrasischen Besitzungen in Aquitanien », dans : A. Wieczorek, P. Périn, K. von Welck et W. Menghin (éd.), Die Franken, Wegbereiter Europas, Mayence, 1996, p. 233-236. Observons que le Rémois, situé au nord du Troiesin, n’en est séparé que par deux petits pagi, l’Arciacensis (Arcis-sur-Aube) et le Virtudensis (Vertus). Serait-ce donc à Reims, voire au palais d’Attigny, tout proche et où Pépin séjourna fréquemment, que son exercitus se constituait avant de traverser le Troiesin et de se diriger sur la Loire ? Le potentiel militaire de Reims (la civitas, puis l’église), avant et après l’époque qui nous occupe, est bien connu. Dans l’Antiquité tardive, par la Notitia dignitatum, qui révèle « la présence de personnels d’encadrement militaire […] et de manufactures impériales » d’équipements destinés aux armées (R. Neiss, « ive période – L’Antiquité tardive. A – La crise de la 2e moitié du iiie siècle et la restauration constantinienne », dans : R. Chossenot, A. Estéban et R. Neiss, Reims, Paris, 2010 [CAG, 51/2], p. 88-89, p. 89). Au xe siècle, l’archevêché de Reims « devint l’un des principaux enjeux des guerres entre les derniers Carolingiens et leurs grands » « en raison de son temporel [considérable, voir p. 6-7] qui permettait d’entretenir un effectif important de chevaliers » (A. Dumas, « L’église de Reims au temps des luttes entre Carolingiens et Robertiens [888-1027] », dans Revue d’histoire de l’Église de France, 30, 1944, p. 5-38, p. 7). 119 Ses propres affinités sont bourguignonnes : Chr. Settipani et P. Van Kerrebrouck, Préhistoire, p. 341-342 (p. 341-354, sur sa famille) ; D. Isel, Prosopographie der weltlichen und kirchlichen Amtsträger samt anderer bedeutender Personen von 741 bis 768, mit einigen Anhängen vor und nach dieser Zeit. Provisorische neue Ausgabe / Prosopographie des personnages mentionnés dans les textes pour l’époque de Pépin le Bref et de son frère Carloman (741—768), spécialement ceux exerçant une fonction ecclésiastique ou laïque, avec quelques annexes. Nouvelle édition provisoire = http://www.prosopographie.eu, dernières modifications le 20.vii.2017, s. v. 120 Voir infra, § 4.8, « Lieux ». 121 CF, 42, comme ci-dessus, n. 103. I. Heidrich, « Synode und Hoftag in Düren im August 747 », dans DA, 50, 1994, p. 415-440, p. 428-430 et 433, pense que Pépin y présenta aux optimates austrasiens son fils Charlemagne, en âge, désormais, de porter les armes, et destiné à hériter de cette partie du royaume. Sur le choix de Düren, voir infra, § 4.8. 122 Voir infra, § 4.7.
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est décidée plus tard123, en réponse aux provocations insidieuses du duc d’Aquitaine. Il se fait, rappelons-le, que ce Champ de Mai, célébré à Düren, est aussi le premier du nom ou le premier dont Nibelung ait cru bon de préserver le souvenir. Est-on pour autant autorisé à rapprocher l’évolution retracée plus haut, caractérisée par la priorité de la mobilisation, et la réforme de Pépin, faisant du Champ de Mars un Champ de Mai ? Peut-être, mais avec les réserves qu’appellent le désaccord sur la date entre les annalistes et Nibelung ainsi que les contradictions internes à sa chronique124.
4.6. Les années soixante-dix Un Champ de Mai est mentionné en 773, 775, 776, 777, 779 et 781 dans une famille d’annales haut-rhénanes issues d’un ancêtre commun originaire de Murbach : ce sont les Annales alamanniques (Annales Alamannici), de Wolfenbüttel (A. Guelferbytani [AG]) et de [Saint]-Nazaire [de Lorsch] (A. Nazariani [AN])125. L’énoncé-type y est des plus lapidaires : Ma(g)icampus ad N126, « Champ de Mai à N », où N est un nom de lieu (Genève, Düren, Worms, Paderborn, Düren et Worms, respectivement). Il est aussi question des Champs de Mai 777 et 781 dans les Annales de Lorsch (AL), la Chronique de Moissac (Chronicon Moissiacense [ChrMoiss]) et les Annales mosellanes (Annales Mosellani [AMo]), mais ici l’expression n’est pas « autonome », elle n’est qu’un nom donné à l’« assemblée des Francs » (conventus Francorum) ou à la « (plus) grande assemblée des Francs » (conventus maximus Francorum, magnus Francorum conventus127), par exemple : dcclxxvii. Habuit Carlus conventum Francorum, id est Magiscampum, in Saxonia ad Padresbrunnon128, « 777. Charles réunit une assemblée des Francs, c’est-à-dire un Champ de Mai, en Saxe, à Paderborn. » De tous ces textes, seules les Annales de Lorsch fournissent des occurrences pour les deux règnes, celui de Pépin et celui de Charlemagne.
123 CF, 42 (Krusch, 187:11 et ss.). Noter les expressions placito instituto, à propos de l’ordre donné à tous les Francs de se rendre, en armes, sur la Loire, et commotoque exercito, « le gros de l’armée étant mobilisé » (l. 12). 124 Voir supra, p. 23-25. 125 Sur les annales perdues de Murbach et leurs dérivés, voir W. Lendi, Untersuchungen, passim (d’où H. J. Hummer, Politics and Power in Early Medieval Europe : Alsace and the Frankish Realm, 600-1000, Cambridge, 2005 [CSMLT, 65], p. 113-115 ; R. Bornert et al., Les monastères d’Alsace. II/2. Abbayes de Bénédictins, des origines à la Révolution française, Strasbourg, 2009, p. 18-19 ; R. Pokorny, Annales, p. 4-5 ; H. Reimitz, History, Frankish Identity and the Framing of Western Ethnicity, 550-850, Cambridge, 2015 [CSMLT, 101], p. 361-362 et 392-393) ; GQDMA, s. vv. « Annales Alamannici », « Annales Guelferbytani », « Annales Nazariani » ; et infra, Annexe 3a, « Les témoins manuscrits du Ma(g)icampus des années 773-781 ». 126 Les différentes formes sont recensées par W. Lendi, op. cit., p. 108-109, à l’appui de son stemma des annales issues de celles de Murbach. 127 Ces épithètes sont une pièce maîtresse dans la démonstration de M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 323, sur l’acception « véritable » de Magiscampus. 128 AL, ao 777 (Pertz, p. 31).
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Pourquoi l’historiographie fut-elle plus généreuse à l’endroit de ces deux Champs de Mai ? L’assemblée de 777 fut la première à se réunir à Paderborn129, en plein cœur de la Saxe, qui résistait âprement aux coups de boutoir des armées franques. Et c’est à Worms, en 781, que se joue l’avant-dernier chapitre de l’indépendance ou de l’autonomie bavaroise : Tassilon sort de son isolement—de dix-huit ans, selon les Annales royales—pour y rencontrer son cousin Charlemagne130. Ces assemblées étaient-elles d’une certaine manière extraordinaires ou réputées telles parce qu’elles solennisaient des moments décisifs dans la construction de l’empire ou, mieux, parce qu’elles en garantissaient l’efficacité politico-juridique du fait de leur composition, gage de représentativité ? Penchons-nous un instant sur le cas Tassilon. Sans entrer dans les détails de son histoire, passablement embrouillée par la faute de ses contemporains comme des nôtres, on peut dire que les mesures extrêmes prises à son encontre en 788— déposition, peine capitale commuée en relégation au monastère, à perpétuité, pour lui ainsi que pour les membres de sa famille immédiate, confiscation des biens—justifiaient amplement la réunion d’un tribunal d’exception ou d’une assemblée générale élargie et dotée de ces attributions. Son rang et sa dignité l’exigeaient également, de même, sans doute, que la gravité de sa faute, qualifiée de crime de lèse-majesté par les Annales dites « d’Éginhard »131. Le droit romain le plus ancien ne stipulait-il pas qu’un citoyen ne pouvait être condamné à mort sinon per maximum comitiatum, « par une très grande assemblée132 » ? Cependant, ce
129 ARF, ao 777 (Pertz et Kurze, p. 48, soulignage ajouté) : dcclxxvii. Tunc domnus Carolus rex synodum publicum habuit ad Paderbrunnen prima vice. 130 Mais voir J. Jahn, Ducatus Baiuvariorum. Das bairische Herzogtum der Agilolfinger, Stuttgart, 1991 (Monographien zur Geschichte des Mittelalters, 35), p. 474 notam. : Charlemagne et Tassilon auraient conclu une alliance en 772, qui « dura au moins jusqu’en 778, peut-être même jusqu’au début des années quatre-vingt du huitième siècle ». 131 Voir Annexe 4. 132 Lex XII Tabularum, 9.2a, éd. M. Humbert, La Loi des XII Tables, édition et commentaire, Rome, 2018 (Sources et documents publiés par l’École française de Rome, 7), p. 665. Selon G. Aricò Anselmo, Antiche regole procedurali e nuove prospettive per la storia dei comitia, Turin, 2012 (Dipartimento iura. Sezione di storia del diritto. Università degli studi di Palermo. Monografie, 10), p. 155-177, l’assemblée habilitée à voter le châtiment suprême (« comitiatus dei votanti ») était la même que celle du peuple en armes (« comitiatus degli armati »), mais plus nombreuse ; en effet, seuls les plus jeunes (juniores) partaient en campagne, tandis que, pour juger, leurs aînés (seniores) se joignaient à eux (p. 177). Son caractère fondamentalement militaire contraignait l’assemblée à sortir du pomerium, l’enceinte sacrée de la ville, sous le commandement de l’imperator, et à gagner le Champ-de-Mars pour ses délibérations (passim, notam. p. 174-175 et 177). Pour M. Humbert, p. 674-680, l’assemblée compétente, celle des comices centuriates (p. 674, § 2) n’était convoquée qu’exceptionnellement à cette fin : leur participation « à la peine de mort » était « cantonnée à des cas limites » (p. 680). Cependant, « le populus, appelé à écrire la loi pénale et à en colmater, au coup par coup, les lacunes, reste le maître exclusif de la peine de mort » (ibid.). En temps ordinaire, c’est-à-dire lorsque cette « loi pénale » s’appliquait sans ambiguïté, c’était au préteur de juger. Une règle similaire—nul ne peut être mis à mort sans jugement préalable—est invoquée par Augustin, De civitate Dei, 1.19, et Salvien de Marseille, De gubernatione Dei, 8.5.24 : celui-là se réfère au « droit et aux juges romains », à juste titre, celui-ci aux decreta duodecim tabularum, abusivement, comme le montre Humbert, p. 705-714 (textes cités p. 699 et 703).
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n’est pas l’assemblée de 788 qui fut réputée « grande » ou « très grande »—même si la présence, aux côtés des Francs, de Bavarois, de Lombards et de Saxons133 implique également une très forte participation—, ni appelée Magiscampus, mais celle de 781134 : à cette date, le recours à la multitude, comme témoin davantage que comme gage d’autorité ou comme partenaire indispensable dans la détermination d’une sentence, n’aurait de sens, éventuellement, que si l’entrevue de Tassilon et Charlemagne eut bien la portée que lui donne l’annaliste royal135 au lieu d’être, comme on l’a récemment supposé, un colloque banal entre égaux visant à régler des problèmes de frontières136. Notons incidemment que 781 n’est pas la seule année où l’histoire du Champ de Mars/Mai et celle de Tassilon ou de son duché se recoupent. En fait, leurs dates extrêmes sont si proches137 et si nombreuses leurs convergences138 qu’on serait presque tenté de croire qu’il y a là, peut-être, un début de piste à creuser. Ce qui empêche de poursuivre ici cette intuition, c’est qu’elle bute rapidement sur une première exception, puis sur une autre139 et une autre encore, qu’il conviendra—ailleurs—d’examiner tour à tour mais qui toutes sont susceptibles, ensemble ou séparément, de l’infirmer.
4.7. 790 La confrontation des textes pour l’année 790 aide puissamment à cerner la notion de Magiscampum—telle, du moins, qu’elle avait cours dans l’historiographie vers le milieu du règne de Charlemagne ou dans ses dérivés140 : 133 ARF, ao 788 (Pertz et Kurze, p. 80), d’où AMp, ao 788 (Simson, 76:23-24). 134 Voir ci-dessus, p. 137. 135 ARF, ao 781 (Pertz et Kurze, p. 58). 136 M. Becher, Eid, p. 51-58. 137 Champ de Mars/Mai : 754/755 à 790 (voir supra, p. 117-118). Tassilon : 741 (naissance [M. Becher, op. cit., p. 25]) ; 754, début du règne personnel (voir supra, p. 118) ; 794 (dernière mention, voir RIiOnl, no 324a). 138 Fin du viie s., début du viiie (?) : Arbeo, Vita Corbiniani, c. 5, voir infra, p. 180. 754/755 : voir supra, p. 117-118. 763 : plaid général (ARF, AqdE, AMp) et Champ de Mai (CF) à Nevers, après lequel Tassilon regagne la Bavière au lieu de suivre son oncle dans une nouvelle campagne en Aquitaine (ARF, AqdE, AMp). 781 : à ce qu’on vient d’en dire, on ajoutera que AL, ChrMoiss et AMo parlent d’un « colloque », con- ou col-loquium avec Tassilon, suivi d’une « grande assemblée des Francs », magnus conventus Francorum, « c’est-à-dire du Champ de Mai », tandis que ARF, AqdE et AMp s’en tiennent au premier de ces événements, sans toutefois lui donner de nom précis. 790 et 791 : six mois après l’assemblée de Worms qui ne mérita pas d’être appelée Magiscampus (selon AL, d’où ChrMoiss, voir infra, § 4.7), DK1 169, daté du même lieu, confirme au monastère de Kremsmünster les biens cédés naguère par Tassilon, son fondateur (772). Rappelons enfin qu’AMp contient à la fois un passage important relatif aux assemblées de mars (ao 692, voir infra, Chap. 5) et un autre, non moins original, sur les événements de Bavière à l’époque d’Odilon, père de Tassilon (ao 743 [Simson, p. 34-35]). 139 Les Champs de Mai de 761, 766, 767, 773, 775, 776, 777 et 779 sont sans écho du côté de Tassilon. 140 AG et AN, ao 790 (Lendi, p. 165) ; AL, ao 790 (Pertz, p. 34) ; ChrMoiss, [ao 790] (Paris, BNF, lat. 4886, fol. 47v, l. 6-7 ; cf. Pertz, 299:3-4) ; AMo, ao 789, éd. J. M. Lappenberg, MGH SS, 16, Hanovre, 1869, p. 494-499, p. 497, l. 47-48 ; ARF, ao 790 (Pertz et Kurze, p. 86) ; AqdE, ao 790 (Pertz et Kurze, p. 87) ; AMp, ao 790 (Simson, 78:10-13).
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AAGN 790. (anno) Franci quieverunt. « Année 790. Les Francs se tinrent tranquilles. » La campagne contre les « Vandales » indiquée par les Annales alamanniques doit être reportée à l’année suivante141. AL 790. Eo anno conventum rex habuit in Wormacia, non tamen Magiscampum ; et ipse annum transiit sine hoste. « Cette année, le roi tint une assemblée à Worms, non toutefois le Champ de Mai ; et la même année s’écoula sans hostilités. » ChrMoiss Et in alio anno habuit rex conventum in Wormacia, non tamen magis campum. Et ipso anno transiit sine hoste. AMo 789. Hoc anno Karlus rex placitum habuit in Wormatia tempore aestivo absque ullo itinere generali. Praeter supradicto conventu omnes Francos ad propria redire concessit. Nam fuerunt in illo conventu filii eius, scilicet Pippinus rex Langobardorum et Lodoicus rex Aequitaniorum cum subditis sibi populis atque exercitibus. « Cette année, le roi Charles eut un plaid à Worms, en été, mais ne partit pas en campagne [littéralement, « sans expédition générale »]. Hormis l’assemblée précitée, il permit à tous les Francs de rentrer chez eux. Car ses fils furent présents à cette assemblée, à savoir Pépin, roi des Lombards et Louis, roi des Aquitains, avec les peuples qui leur étaient soumis ainsi que les armées. » ARF Comme c’était le cas pour 781, aucune assemblée n’est mentionnée. Le roi célèbre Noël et Pâques 789 à Worms, il y réside toute l’année suivante et y célèbre les mêmes fêtes. L’absence d’opérations militaires est notée (nullum fecit iter). AqdE Aligné sur ARF, mais signale en outre une ambassade des Avars et un déplacement aller-retour à Salz par le Main.
141 W. Lendi, Untersuchungen, p. 120 et, sur les « Vandales », p. 124-125. Le sigle AAGN désigne l’ensemble des trois Annales apparentées, Alamannici, Guelferbytani et Nazariani.
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AMp […] dccxc. […] [Carolus primogenitus filius suus] tempore aestatis ad patrem revertitur. Conventum autem Francorum habuit in Wormacia, disponensque utilitates interiores regni sui, in illo anno nullam in partem exercitum duxit. « […] 790. […] [Charles, l’aîné de ses fils] retourna auprès de son père à l’été. [Charlemagne,] quant à lui, eut une assemblée des Francs à Worms : il y disposa les affaires intérieures de son royaume, mais, cette année, il ne mena l’armée dans aucune contrée. » Les Annales mosellanes développent ce que les Annales de Lorsch et la Chronique de Moissac ramassent dans une formule a priori opaque : si le conventus de Worms ne mérita pas le nom de Magiscampus—quoiqu’il se fût probablement tenu en mai, en tout cas « en été » (tempore aestivo, AMo)—c’est tout simplement parce qu’il n’eut pas de dimension militaire ou, qu’en tout cas, il ne fut pas suivi d’un départ en campagne : ipse annus transiit sine hoste (AL, ChrMoiss), Franci quieverunt (AG, AN), omnes Francos ad propria redire concessit (AMo)142. Au contraire, en 791, à Ratisbonne, Charlemagne convenit exercitus Francorum tempore aestivo, more solito, il « rassembla l’armée des Francs en été, comme de coutume143 ». Pour le règne de Pépin (qui nous servira ici de contrôle, car la documentation pertinente est peu volumineuse et plus aisément distillée144), cette définition négative semble a priori se vérifier : en effet, le Tableau 12 montre bien que les Champs de Mars/Mai attestés par Nibelung (dernière colonne) ne sont jamais de même date (nouveau style) que les années où les armes se taisent (colonnes 2 à 7).
142 Voir égalem. L’Astronome, Vita Hludowici imperatoris, 5.6, éd. E. Tremp, Theganus, Gesta Hludowici imperatoris – Astronomus, Vita Hludowici imperatoris, Hanovre, 1995 (MGH SS rer. Germ., 64), p. 279-555, p. 298, l. 5 : Louis, roi d’Aquitaine, se rend à Worms, en été, à la demande de son père, simpliciter, non expeditionaliter—mais Tremp, n. 78, relève une contradiction avec AMo, cum exercitibus, et RIiOnl , no 305b, émet des doutes quant à l’exactitude chronologique de ce témoignage. 143 AMo, ao 791 (Lappenberg, 498:8). 144 On trouvera ci-dessous, p. 157, quelques indications relatives au règne de Charlemagne.
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cha p i tr e 4 Tableau 12
années « de repos », « sans guerre » 752 753 754 755 756 757 758 759 760 761 762 763 764 765 766 767 768
CF
ARF
AqdE
AMp
autres
tous
3 3
7 8
6 • 8
1 4 5 • 8
2 9
• • • • • • • •
CM (CF) • • • • •
1 : Exinde omnis terra Francorum sub Pippini dominatione in summa pace quievit (Simson, 43:10-12). Exinde renvoie à ce qui vient d’être longuement rapporté, à savoir la mort de Gripo, le demi-frère de Pépin, qui est de 753, non de 751. L’éditeur pense, p. 43, n. 9, que ces mots s’inspirent de la Vulgate, Jos 11,23 et Jug 3,30. On les rapprochera en outre de la façon dont l’annaliste désigne Pépin immédiatement après l’abdication de Carloman : Pippinus omnium Francorum generaliter princeps (39:1-2). La summa pax résulte de l’élimination du dernier rival notoire au sein du cercle familial. Elle n’est donc pas du même ordre que les autres ici recensées et relève plus de l’idéologie que de l’histoire. 2 : Annales Guelferbytani, Nazariani, ao 754 (Lendi, p. 153), entre les deux campagnes d’Italie (datées 753 et 755 [mais 754 et 756, RIiOnl]). Guelf. : franci absque bello quieverunt. Naz. combine Guelf. et Alaman. (Lendi, p. 152) : venit dessilo ad martis campum francique absque bello quieverunt. 3 : C. 38 (Krusch, 185:30-31), en conclusion de la 2e campagne d’Italie : Et quievit terra a proeliis annis duobus. Répété au début du c. 41 (His itaque gestis, et duobus annis cum terra cessasset a preliis etc., [Krusch, 186:11]), après le récit (c. 39) de la mort d’Aistulf (décembre 756), auquel Didier succède en mars 757 (RIiOnl, no 83a), et celui (c. 40) de l’échange d’ambassades avec Constantinople (RIiOnl, no 84a). 4 : Ao 756, année qui suit la 2e campagne d’Italie (datée 755) : Hoc anno Pippinus princeps interiora regni sui pacifice ordinans, tam in ȩclesiasticis rationibus quam et in publicis negotiis et privatis, in nullam partem exercitum duxit (Simson, 49:11-15). 5 : Ao 759 (Simson, 50:10-12) : Hoc anno preter domesticas regni sui causas corrigendas Pippinus nullum iter exercuit. L’auteur a réconcilié ARF et CF en situant la deuxième campagne de Saxe en 758 et l’année creuse en 759. 6 : Pépin a bien mobilisé l’armée, il a pénétré avec elle très loin en territoire ennemi, mais a obtenu satisfaction de Waïfre sans avoir dû combattre (rex bello abstinuit—témoignage auquel on opposera peut-être CF, 41, pervagans, concremavit [Krusch, 186:23 et 186:24], mais « saccager » n’est pas nécessairement « faire la guerre »). 7 : RIiOnl, no 98d. ARF, ao 764 (Pertz et Kurze, p. 22) : […] nullum iter aliud fecit […]. AqdE, ao 764 (Pertz et Kurze, p. 23) : […] Dilataque in futurum expeditione illo anno domi se continuit. AMp, ao 764 (Simson, p. 52-53) : […] intra fines regni sui ea quae pacis erant disponens […] in nullam partem exercitum duxit.
le s s o u rc e s n ar r at i ve s ( i ) : annale s e t chro ni q u e s 8 : RIiOnl, no 100d. ARF, ao 765 (Pertz et Kurze, p. 22) : […] et nullum fecit aliud iter […]. AqdE, ao 765 (Pertz et Kurze, p. 23) : Hoc anno rex Pippinus domi se continuit neque propter Aquitanicum bellum quamvis nondum finitum regni sui terminos egressus est […] (« Cette année, Pépin resta chez lui, et il ne sortit pas des limites de son royaume, pas même à cause de la guerre aquitanique, quoiqu’elle ne fût point achevée »—la paix possède ici une connotation négative). AMp, ao 765 (Simson, 53:21-22) : […] et eo anno in nullam partem exercitum duxit. 9 : Annales Nazariani, ao 765 (Lendi, p. 155) : franci quieverunt.
Outre qu’elle ne rend pas compte des quatre lignes du tableau restées vierges (752, 756, 762, 768), cette impression première est évidemment trompeuse ou à tout le moins insuffisante. Considérons tour à tour deux des écueils qu’elle occulte. Contrairement aux autres, le Champ de Mai de Düren (761) n’est pas suivi, ou pas immédiatement, d’un départ en campagne. Dans l’itinéraire des premiers Carolingiens, cette localité est normalement associée aux guerres de Saxe. C’est de là, notamment, que le 15 septembre 758, Pépin expédie un diplôme en faveur du monastère de Honau145, après une deuxième campagne de Saxe146. Nibelung s’étend assez longuement sur la première, de 753, et sur le retour triomphal du roi à Bonn147 (non loin de Düren, donc), mais ne dit mot, apparemment, de celle-ci. Sauf toutefois à supposer que le début de son chapitre 42, avec la mention du Champ de Mai de Düren, s’y rapporte, qu’en d’autres termes ce passage n’est pas à sa place mais devrait être décalé d’un chapitre vers le haut (entre le 40e et le 41e plutôt qu’après ce dernier). L’analyse textuelle fournit un modeste argument à l’appui de cette hypothèse148 et montre par ailleurs que l’un au moins des historiographes qui s’inspirèrent de Nibelung eut conscience du problème149. D’après les Annales Nazariani, l’année 754 aurait été marquée à la fois par un Champ de Mars (auquel Tassilon se rendit) et par l’absence de conflit150. Mais ces deux informations proviennent de sources différentes et ne sont réunies sous le même millésime qu’ici, à tort évidemment.
DK1 10 (ainsi, probablement, que DK1 11, amputé de sa date, également pour Honau) : RIiOnl, no 87. RIiOnl, no 86c. CF, 35 (Krusch, p. 182-183) ; RIiOnl, nos 73 a-b. Nibelung est friand de l’expression dum haec ageretur, « pendant ce temps ». Il s’en sert à sept reprises, dont deux seulement où l’analogie se prolonge au-delà de ces mots : « Sur l’entrefaite, on lui annonce (ou un messager lui annonce) que, etc. ». Au c. 35, Pépin, qui est de passage à Bonn après avoir triomphé des Saxons, y apprend la mort de son demi-frère Gripho (Krusch, 183:1-2 : Dum haec ageretur, nuntius veniens ad praefato rege ex partibus Burgundie, quod etc.). Et au c. 42, il est informé, à Düren, à l’occasion du Champ de Mai, des incursions perpétrées par Waïfre en Bourgogne (Krusch, 186:30 et 187:9 : Dum haec ageretur […] Pippino rege nuntiatum fuisset, quod etc.). Cette analogie de forme pourrait être l’indice d’une analogie primitive de fond. 149 À la date de 753, AMp combine, à propos de la première guerre de Saxe, des informations relatives à celle-ci et à celle de 758 glânées dans ARF (voir les indications de von Simson, en manchette, p. 44). À ce stade de son travail, peut-être l’annaliste donna-t-il sa préférence, pour le nombre de guerres de Saxe, à CF (une seule, en 753) plutôt qu’à ARF (deux, en 753 et 758) et aura-t-il estimé, en conséquence, que les détails proposés par ARF pour 758 se rapportaient en réalité à 753. Il dut changer d’avis peu après, puisqu’à la date de 758 (Simson, 50:3-9), il reproduit ARF à peu près tel quel. 150 Voir ci-dessus, Tableau 12, remarque 2.
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4.8. Lieux 754 : Berny-Rivière 761 : Düren 763 : Nevers 766 : Orléans 767 : Bourges
773 : Genève 775 : Düren 776 : Worms 777 : Paderborn 779 : Düren 781 : Worms 790 : Worms (non tamen Magiscampum)
Les deux séries présentent beaucoup de similitudes. La première assemblée est suivie, peu après, du départ des armées pour l’Italie et se tient en un lieu qui n’en accueillera pas d’autre, Berny-Rivière et Genève, respectivement151. La deuxième se déroule à Düren, la seule localité qui soit commune aux deux séries. Ensuite, toutes les assemblées qui restent, sauf une, sont convoquées dans des localités plus ou moins proches des fleuves au-delà desquels s’étend le territoire ennemi : Nevers et Orléans sur la Loire, à la limite septentrionale du duché d’Aquitaine, Worms et surtout Düren, sur le Rhin, à la limite occidentale des territoires Saxons152. Une seule, dans chaque série, semble un défi lancé à l’adversaire, qu’elle nargue, sinon sur ses propres terres ou en ses propres bastions, du moins dans ceux dont il a récemment perdu le contrôle : Bourges en 767 et Paderborn, exactement dix ans plus tard. Les différences ne sont pas pour autant négligeables : l’intervalle entre la première assemblée et la deuxième est beaucoup plus long sous Pépin (sept ans) que sous Charlemagne (deux). Surtout, des deux assemblées qui anticipent une victoire prochaine, seule la première n’est pas prématurée : autrement dit, Bourges marque effectivement le terme de la première série et, à quelques mois près, celui de la longue guerre d’Aquitaine, tandis que Paderborn est encore suivi de deux Champs de Mai, la conquête de la Saxe se prolongeant jusqu’en 785. Dans l’ensemble, cependant, les similitudes l’emportent haut la main. Comment les expliquer ? Elles ne sont pas, sans doute, le fruit du hasard. On écartera de même comme peu vraisemblable la piste d’une contamination ou d’une influence textuelle. Reste l’hypothèse d’une cause factuelle, d’ordre militaire, en l’occurrence. L’Italie, l’Aquitaine, la Saxe : trois conquêtes emblématiques, fondatrices de l’empire, arrachées de haute lutte. L’éloignement, la qualité et le nombre des forces ennemies, l’acharnement de la résistance et donc la durée des hostilités—quelque dix ans pour l’Aquitaine, un peu plus pour la Saxe—nécessitèrent assurément la mise en œuvre de moyens et de mesures exceptionnels. La tenue des Champs de Mars/ Mai s’inscrirait dans ce contexte général comme dans celui, plus particulier, de la création d’étapes, au sens technique du terme : des zones d’arrière fortement militarisées (mais plus éphémères, peut-être, que les marches), sur la rive droite
151 RIiOnl, no 73g et 158a. 152 Cartes : M. Rouche, L’Aquitaine, p. 125, et D. Nicolle, The Conquest of Saxony AD 782-785. Charlemagne’s Defeat of Widukind of Westphalia, Oxford et New York, 2014 (Osprey. Campaign, 271), p. 13.
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de la Loire, entre Digoin et Orléans, sous Pépin153, et sur la rive gauche du Rhin, entre Worms et Cologne, sous Charlemagne154. Telle quelle, cette hypothèse ne vaut guère mieux, en un sens, que celles qui ont été formulées jusqu’ici. On ne l’affermira, peut-être, qu’au prix de travaux supplémentaires qui excèdent le cadre du présent mémoire. Il serait utile, notamment, d’étudier une à une les lacunes dont sont criblées les deux séries de dates, afin d’évaluer leur compatibilité avec l’hypothèse en question : 764 et 765, par exemple, le sont parfaitement puisque les armes se turent alors, deux ans durant155.
153 Ni les textes ni l’archéologie ne sont, dans l’état actuel des recherches, de nature à éclairer cet aspect de l’histoire ligérienne. M. Chaume, les origines du duché de Bourgogne, Dijon, 1927-1937, chapitre 5, p. 91-108, spéc. p. 103-108, fait remonter aux guerres de Pépin en Aquitaine « les origines de la marche de Chalon[sur-Saône] » mais ses preuves—importance de Chalon au ixe s., généalogies de ses comtes, etc.—sont tardives et des plus fragiles. On trouvera en Annexe 5 un petit dossier sur les localités d’Orléans, castrum Gordinis, Mesves, Nevers et Digoin, ainsi que sur la Loire, mentionnées par Nibelung dans le contexte des guerres d’Aquitaine, dossier qui—faut-il le dire—n’est au mieux qu’une ébauche très modeste. 154 La région de Cologne (« Ribuarien »), « est sans aucun doute attestée comme circonscription militaire sous le comte Theoderic, un parent de Charlemagne, qui est mentionné dans les Annales Royales de 782 à 793. Les sources ne le qualifient guère que de comte (comes), mais elles en font clairement le chef des Ripuaires. C’était donc un « grand comte » (« Großgraf »), avec les attributions d’un duc (« in der Stellung eines dux ») » (E. Ewig, « Die Civitas Ubiorum, die Francia Rinensis und das Land Ribuarien », dans Rheinische Vierteljahrsblätter, 19, 1954 = Festschrift Camillus Wampach, p. 1-29, consulté dans Id., Spätantikes und fränkisches Gallien, I, éd. H. Atsma, Zurich et Munich, 1976 [Beihefte der Francia, 3/1], p. 472-503, p. 496). « Parmi les plus importants commandants francs lors de la guerre contre les Saxons », il était également apparenté aux comtes d’Autun (ibid., n. 129), et donc à Nibelung. Voir encore p. 502, avec cette indication supplémentaire : à la fin de l’époque mérovingienne, la région de Cologne (« Ribuarien ») « devint le pilier d’angle de la défense franque contre les Saxons »—Charles Martel fut le premier, en 718, à enrayer leur progression vers le sud et à inverser le sens de l’offensive (p. 490). Le pagus Magicampus, proche de Coblence et à mi-chemin, grosso modo, entre Düren au nord et Worms au sud, conserverait-il le souvenir des Champs de Mai de Charlemagne ? Peut-être, mais pas, si l’on peut dire, au premier degré. La forme Magicampus est en effet totalement insolite : toutes les autres—et elles sont nombreuses (liste partielle dans L. Wirtz, « Die Namen Maifeld und Mayengau », dans Trierisches Archiv, 7, 1904, p. 20-29, p. 21-22, années 620 à 964)—sont du type Maginensis jusqu’au milieu du xe s., après quoi le -g- disparaît (L. Wirtz, ibid., p. 22-23, années 958-1103 ; voir en outre M. Springer, Jährliche Wiederkehr, p. 314 et n. 71, beaucoup plus succinct). Magicampus n’est attesté que par les Annales de Lobbes, ao 911 : Ungari … Magicampum usque Marahaugiam devastabant, « Les Hongrois dévastèrent le Champ-de-Mai jusqu’à l’Aregau » (on corrigera : Marahaugiam > in Arahaugiam) (L. Wirtz, ibid., p. 23 ; W. Lendi, Untersuchungen, p. 136). Pour Wirtz, p. 25, « l’auteur [de ces Annales] aura mal compris le nom allemand de notre Gau, qui ne lui était pas familier ; il l’aura traduit en latin en s’inspirant du nom célèbre de l’assemblée militaire franque » (« … in Anlehnung an die Bekannte Benennung der fränkischen Heeresversammlung »). « Célèbre » n’est peut-être pas le mot juste. « Il l’aura traduit en latin en s’inspirant du nom de l’assemblée militaire franque, qu’il avait sous les yeux » serait plus exact. En effet, les Annales de Lobbes figurent aux folios 27r-30r du manuscrit Monza, Biblioteca Capitolare del Duomo di Monza, Manoscritti, ms. f-9/176, qui contient également, aux folios. 2r-4v les Annales Alamannici avec ses six mentions des assemblées de Charlemagne appelées Magicampus : bien plus, ces deux textes furent copiés, pour partie, par un même scribe (voir Annexe 3a : « Les témoins manuscrits du Ma(g)icampus des années 773-781 »). 155 ARF et AqdE, ais 764 et 765 (Pertz et Kurze, p. 22 et 23), avec assemblées à Worms et Attigny, respectivement. Nibelung n’en dit mot.
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La géographie des occurrences est très nettement austrasienne—mais rhénane, non meuso-mosellane ou champenoise156. Jusqu’à sa destruction partielle dans un incendie en 790, le palais de Worms, en rhénanie mayençaise, fut, après Herstal près de Liège, celui que Charlemagne fréquenta le plus assidûment (ensuite, à dater de 794, ce sera Aix-la-Chapelle)157. Düren, en rhénanie colonaise, à mi-chemin entre la métropole et Aix, figure plus sporadiquement, mais depuis plus longtemps (747 contre 764 pour Worms) sur l’itinéraire des Carolingiens, maires du palais ou rois158. On a vu que cette région était fortement militarisée159 en raison de la menace saxonne—l’évêque lui-même succomba en 753 sous leurs coups160—et donc peu propice au développement du monachisme161 ou d’une église métropolitaine de sensibilité bonifacienne162. Beaucoup plus au sud, Worms est à l’abri de ces dangers. Le palais forme avec la grande abbaye de Lorsch, fondée sur l’autre rive en 764, « un complexe civil et religieux » comparable à Clichy et Saint-Denis, sur la Seine163, ou à celui, plus tardif, d’Aix-la-Chapelle et Kornelimünster-Inden, une création de Louis le Pieux et Benoît d’Aniane qui contribue à relancer l’implantation des moines en pays ripuaire. Or, il se fait que Lorsch, qui devint rapidement l’un des principaux foyers francs de culture livresque et historiographique164 était aussi un carrefour majeur dans le réseau de relations qui engendra les annales que nous étudions. Rappelons en outre qu’à la fin du viiie siècle, un autre de ses pôles, la grande abbaye alsacienne
156 L’argument développé supra, p. 136, à propos de l’implication possible de Reims et des troupes rémoises—donc austrasiennes—dans les guerres d’Aquitaine ne trouve donc pas confirmation, stricto sensu, dans l’observation présente. 157 C. Brühl, Fodrum, gistum, servitium regis : Studien zu den wirtschaftlichen Grundlagen des Königtums im Frankenreich und in den fränkischen Nachfolgestaaten Deutschland, Frankreich und Italien vom 6. bis zur Mitte des 14. Jahrhunderts, Cologne et Graz, 1968 (Kölner historische Abhandlungen, 14), p. 22 ; Id., Palatium und Civitas. II. Belgica I, beide Germanien und Raetia II, Cologne et Vienne, 1990, p. 115-116. Capitale, au ve s., de l’éphémère royaume Burgonde immortalisé dans la Chanson des Nibelungen, Worms avait sombré, pendant toute la période mérovingienne, dans un oubli presque total. Pépin y tint une assemblée en 764 (C. Brühl, Palatium, 2:115). 158 C. Brühl, Fodrum, p. 19 et n. 59 ; I. Heidrich, Synode, p. 416-417. Selon Heidrich, p. 430, Düren aurait été l’une des résidences principales (« Hauptsitz ») de Carloman, qui y tint avec Pépin, en 747, une assemblée double, ecclésiastique et laïque. 159 Voir ci-dessus, n. 154. 160 ARF et AqdE, ao 753 (Pertz et Kurze, p. 10 et 11). 161 R. Haacke, Die Benediktinerklöster in Nordrhein-Westfalen, St. Ottilien, 1980 (Germania Benedictina, 8), p. 20 : avant 800, on ne dénombre guère que deux établissements, Kaiserswerth, sur le Rhin, fondé par l’Anglo-Saxon Swidbert avec l’appui de Pépin II et de son épouse Plectrud ; et Kesseling (Kesslingen dans le Dict. d’hist. et de géogr. eccl. [DHGE]), cédé à Prüm en 762 (DK1 15). Tous deux sont distants d’environ 80 km. de Düren, au nord-est et au sud-est, respectivement. 162 On sait par sa correspondance que le missionnaire anglo-saxon avait formé le vœu de siéger à Cologne, mais qu’il dut ensuite se rabattre sur Mayence, hors de la zone des combats. 163 J. Barbier, « Le système palatial franc : genèse et fonctionnement dans le nord-ouest du regnum », dans BEC, 148, 1990, p. 287-299, p. 267-268, d’où S. Lebecq, LHF, p. xxx. 164 Voir notam. H. Reimitz, « Transformations of Late Antiquity : the Writing and Re-writing of Church History at the Monastery of Lorsch, c. 800 », dans : C. Gantner, R. McKitterick et S. M. Meeder (éd.), The Resources of the Past in Early Medieval Europe, Cambridge etc., 2015, p. 262-282.
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de Murbach, eut Charlemagne lui-même pour abbé laïque165. Cette proximité au roi (la « Königsnähe » des historiens allemands) est certes une pièce maîtresse du puzzle, mais il nous en faudrait bien d’autres comme celle-ci pour qu’enfin l’image d’ensemble commence à se préciser.
4.9. Silences (i) Achevons ce tour d’horizon par un examen en creux, portant donc sur les assemblées que les chroniqueurs ou les annalistes n’appelèrent pas Champs de Mars ou de Mai. Pour Nibelung, le recensement est vite fait. Outre le consilium procerum suorum, le « conseil de ses grands », qui aide Pépin à désigner le successeur d’Aistulf, mort accidentellement en décembre 756166, et qui n’avait pas, vu son recrutement restreint, le caractère d’une grande assemblée annuelle, tous les autres candidats sont de la dernière année du règne. « À la mi-février, alors qu’il résidait à Bourges, [Pépin] ordonna à toute son armée, qu’il avait envoyée hiverner en Bourgogne, de le rejoindre167. » Par sa date et son caractère essentiellement militaire168, mais aussi par la présence, à Bourges, de grands des deux ordres (évêques, prêtres169, comtes, leudes170), cette concentration eût sans doute mérité, naguère, le nom de Champ de Mars—mais, depuis un certain temps déjà, cette solennité avait été reportée au cinquième mois. Un conseil de guerre est réuni à cette occasion, sans doute pour discuter les détails de la campagne qui va commencer, quoiqu’un seul de ses objectifs soit spécifié : la capture de Rémistan171, proche parent de Waïfre, qui s’était 165 R. Bornert et al., Monastères, II/2, p. 15, et p. 176 (no D31) ; H. Reimitz, Transformations, p. 392-393. D’après un diplôme perdu de ce roi (Regesta imperii. I. Die Regesten des Kaiserreichs unter den Karolingern 751-918, éd. J. F. Böhmer, E. Mühlbacher et al., Hildesheim, 1966, p. 860, Verlorene Urkunde no 349 ; R. Bornert et al., op. cit., p. 176, no D29) mentionné dans la Notitia fundationis et primorum abbatum Murbacensis abbatiae ad saeculum usque decimum tercium (R. Bornert et al., ibid., p. 209, no C4), l’évêque Sindbert ou Sintbert, abbé de Murbach vers 789-791 (Iid., ibid., p. 15 et 163), aurait été le fils de sa sœur. Mais cette parenté, certainement fictive, n’est attestée par aucune source antérieure au xiiie s. : voir la notice très fouillée du prélat dans RIplusOnl, Regg. B Augsburg 1, no 10. 166 CF, 39, voir RIiOnl, no 83a. Didier accède au trône en mars, ce qui peut être significatif du point de vue qui est le nôtre dans ces pages, à moins toutefeois d’expliquer le délai par le nécessaire va-et-vient entre les deux cours. 167 CF, 51 (Krusch, 191:14-16) : […] cum in Betoricas resederet, mediante Febroario, omnem exercitum suum, quem in Burgundia ad hyemandum miserat, ad se venire praecepit. La Bourgogne, ou du moins sa limite occidentale, la Loire, n’est qu’à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Bourges. 168 On notera que l’omnis exercitus suus du début du chapitre (voir note précédente) est désigné, quelques lignes plus bas (Krusch, 191:18-19), omnis exercitus Francorum. 169 CF, 50 (Krusch, 191:12-13) : c’est sur leurs conseils que Pépin célèbre la Noël (767) et l’Épiphanie (768) à Bourges. 170 CF, 51 (Krusch, 191:16-17). 171 CF, 51 (Krusch, 191:16), immédiatement après le passage reproduit supra, n. 167 : initoque consilio, contra Remistagnum insidias parat. Sans doute sont-ce les proceres, les officiers supérieurs de son armée, que Pépin consulte ici, comme lors du Champ de Mars qui avait précédé la première campagne d’Italie (c. 37 [Krusch, 183:27]) ou lors du dernier Champ de Mai, à la veille de l’avant-dernière campagne d’Aquitaine (c. 49 [Krusch, 186:28-29]). Frédégaire, 4.87 (Krusch, 165:1-3), nous éclaire sur le rôle de ce type de
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rallié aux Francs pour ensuite les trahir. Passons sur la halte au bord de la Garonne, où Pépin reçoit la soumission des Vascones ainsi que celle de nombreux partisans de Waïfre172, ou encore sur le séjour à Champtoceaux sur la Loire, où il retrouve la reine, fête Pâques, le 10 avril, et accueille l’ambassade du calife173. Arrêtons-nous en revanche sur l’acte final de ces longues guerres : le séjour de Pépin à Saintes, entre le 10 avril et le mois de juillet174. Comme à Bourges, lors du Champ de Mai de l’année précédente, Bertrad est à ses côtés175. Son redoutable adversaire ayant finalement succombé, Pépin prend des dispositions relatives à l’Aquitaine, il « traite les affaires pour le bien de la patrie et l’utilité des Francs » et « nomme ses comtes ainsi que ses iudices176 ». À lire Nibelung, Pépin agit donc seul. Cependant, ainsi qu’on l’a vu, l’expression causas pro salute patriae et utilitate Francorum tractare et ses variantes se rapportent constamment, chez Nibelung comme chez ses prédécesseurs, à l’activité conjointe d’un roi (ou d’un maire du palais) et d’une assemblée, notamment dans le contexte d’un Champ de Mai177. D’autre part, le capitulaire de Pépin pour l’Aquitaine, vraisemblablement expédié de Saintes, le fut sinodaliter, c’est-à-dire « en assemblée178 » (l’annaliste royal emploie fréquemment le mot synodus pour signifier les assemblées annuelles, telles celles de 761, 767, 773, 775, 776 et 779179 qui correspondent aux « Champs de Mai » de Nibelung). Une assemblée qui n’eut point lieu ne pouvait être un Champ de Mai : peut-être Nibelung aura-t-il préféré donner un tour plus personnel à l’ultime victoire de Pépin et faire du roi l’ordonnateur exclusif du destin du territoire annexé, fût-ce au prix d’un aménagement des faits, plutôt que d’enregistrer un dernier campus Madius. Ou alors, plus prosaïquement, l’assemblée se disqualifia-t-elle en n’étant pas du bon mois180 ; en prenant place en un lieu trop éloigné des bases arrières (contrairement à Bourges, par exemple) et donc inaccessible, dans un délai raisonnable, à plusieurs participants ou groupes
consilium en illustrant ce qu’il en coûte de s’en passer : l’offensive de Sigebert [III] contre les Thuringiens (640) tourne en déroute, car, comme elle n’avait pas été préparée en conseil—une erreur attribuée à la jeunesse du roi—, « tous n’étaient pas du même avis, les uns voulant engager le combat le même jour, les autres le lendemain » (Sed hoc prilio sine consilium initum est. Haec adoliscencia Sigyberti regis patravit, cum aliae eodem die vellint procedere ad bellum et aliae in crasteno, nec unitum habentes consilio). 172 CF, 51 (Krusch, 191:30-192:1). 173 CF, 51 (Krusch, 192:4-9). Pâques : ARF, ao 768 (Pertz et Kurze, p. 26), d’où AqdE, ao 768 (p. 27) et AMp, ao 768 (Simson, 55:10-12). 174 Juillet : DK1 24, pour Saint-Hilaire de Poitiers, voir RIiOnl, no 106. Pépin fait route vers Saint-Denis, où il rendra l’âme le 24 septembre. 175 CF, 52 (Krusch, 192:17-18) : […] Sanctonis, ubi Bertrada regina resedebat, veniens. 176 CF, 53 (Krusch, 192:19-21). 177 Voir supra, p. 123-125. 178 Capitulare Aquitanicum, incipit, éd. A. Boretius, Capitularia, no 18, p. 42, l. 31-32 : Incipiunt capitula quas bone memorie genitor Pipinus sinodaliter [instituit] […]. Il se pourrait aussi, selon RIiOnl, no 105, que ces articles aient été édictés en 767, au Champ de Mai de Bourges, mais c’est moins vraisemblable. 179 ARF, ais 761, 767, 773, 775, 776 et 779 (Pertz et Kurze, p. 18, 24, 34, 40, 46 et 54). 180 Nibelung indique que Pépin fut pris de fièvre et tomba malade alors, précisément, qu’il s’occupait d’organiser, à Saintes, les territoires conquis, et qu’il se mit en route peu après pour Poitiers (CF, 53 [Krusch, 192:19-21]). Cette activité pourrait donc dater de juin ou même juillet, non de mai.
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de participants protocolaires ; ou encore en concluant des opérations militaires181 au lieu de les précéder. Passons à présent en revue ces événements dont le propre fut de concentrer en un même lieu un nombre de personnes plus ou moins important, mais dont Nibelung n’a pas préservé le souvenir182. La taille peut avoir été un facteur occasionnel d’omission : considérés en eux-mêmes, les conseils de guerre (consilia, 760), certainement restreints, ou les tribunaux royaux (752, 753, 759), plus exclusifs encore, étaient sans doute trop menus pour le crible du chroniqueur—on comprend moins bien qu’ait été également ignoré le premier Champ de Mars du règne, celui dont, par sa date, l’instance de 752 paraît impliquer la tenue183. Peut-être la composition des assemblées fut-elle un autre motif d’occultation : convoquée par Pépin pour entériner ou appliquer (statuere) ce qu’il venait de décider ou décréter (decernere) avec Étienne II, l’assemblée de Quierzy (754), formée des seuls proceres, ne fut pas de celles que Nibelung admit dans son récit—à moins toutefois qu’il ne l’ait travestie en simple consilium militaire, réuni juste avant le départ des troupes pour l’Italie184. Les assemblées à dominante ecclésiastique, telles Attigny (762) ou Gentilly (767)185, ne l’intéressent pas plus que ses prédécesseurs—la tonalité de leur œuvre commune est résolument mondaine. Par plusieurs de ses facettes—date (mai), fréquentation (populus, représentants du pape, évêques, duc de Bavière), fécondité documentaire (un capitulaire et un privilège conservés)—le placitum (ARF, d’où AMp) ou populi generalis conventus (AqdE) de Compiègne, l’an 757, mérite sans doute de figurer au nombre des « assemblées du royaume ». Il pourrait même, comme le pensaient les historiens allemands du début du siècle dernier, s’ajouter à la liste des Champs de Mai, n’était-ce le fait que, pas plus qu’à Compiègne en 764 ou Attigny, l’année suivante, on n’y procéda aux ultimes préparatifs en vue d’hostilités imminentes, d’où, probablement—ainsi qu’on l’a vu186—le mutisme de Nibelung. Quant à l’invisibilité historiographique de Trisgodros (762), totale et absolue, il y a tout lieu de croire qu’elle est en grande partie liée à la difficulté d’identifier la localité qui se cache sous ce nom.
181 Qui avaient commencé très tôt en 768, peut-être dans l’espoir de surprendre l’ennemi, ou alors parce que Pépin avait le pressentiment de sa fin prochaine (la soudaine compagnie de Bertrad, constante à partir du printemps 767, pourrait être un indice de cet état d’esprit). 182 L’Annexe 6 (« Réunions et assemblées du règne de Pépin [751-768] autres que celles attestées par CF ») en fournit une liste probablement incomplète. 183 B. Isphording, Prüm : Studien zur Geschichte der Abtei von ihrer Gründung bis zum Tod Kaiser Lothars I. (721-855), Mayence, 2005 (Quellen und Abhandlungen zur mittelrheinischen Kirchengeschichte, 116), p. 103, n. 178. 184 CF, 37 (Krusch, 183:27) : Initoque consilio cum proceribus suis, eo tempore quo solent reges ad bella procedere, […] . 185 Elles le sont toutes deux par leur ordre du jour—spirituel et dogmatique, respectivement—, la première l’est en outre par ses participants. 186 Supra, p. 142-143.
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4.10. Silences (ii) Pour le règne de Charlemagne, on s’arrêtera quelques instants sur les événements du printemps 785. À lire les sources qui nous en parlent187, ils sembleraient offrir les conditions idéales pour la tenue d’un Champ de Mai—pour la première fois, peut-être, depuis 781. Il y a bien une assemblée, mais elle n’est pas ainsi désignée. Pourquoi ? Les textes n’apportent pas de réponse explicite à cette question mais offrent le seul espoir d’en entrevoir des bribes. Automne 784. Charlemagne est à Worms, où il tient conseil avec les Francs (ARF) ou avec ses optimates (AMp). Décision est prise de porter les hostilités en Saxe dès l’hiver. Aussi est-ce là que le roi célèbre la Nativité du Seigneur188. Sur le lieu de cette solennité, les témoignages divergent. L’annaliste royal, extrêmement précis, la situe à Lügde189 (in villa Liuhidi), localité pour laquelle il ne fournit pas moins de trois indications géographiques : le nom de la forteresse la plus proche, Skidrioburg (actuel Schieder-Schwalenberg190) ; celui de la circonscription (pagus) dans laquelle elle se trouve, le Weissgau (Waizzagau) ; et celui de la rivière qui l’arrose, l’Emmer (Ambra). Son réviseur, que l’on dit bien informé des affaires saxonnes191, apporte deux modifications qui ne sont probablement pas innocentes : le nom de la villa disparaît, remplacé par l’expression in castris, et la forteresse de Skidroburg est clairement identifiée comme appartenant à l’ennemi (castrum Saxonum, quod dicitur Skidroburg)192. A-t-il simplement voulu donner un ton plus martial à l’irruption des forces franques sur la scène193 ? A-t-il voulu corriger ce que pouvait avoir d’anachronique une localisation formulée « à la franque », avec coordonnées
187 Reproduites et traduites en Annexe 7a. 188 La carte dans D. Nicolle, Conquest, p. 73, est un moyen commode de visualiser ces déplacements ainsi que les mouvements évoqués ci-après. Sur les différentes étapes de l’itinéraire de Charlemagne, on consultera en outre J. Åhlfeldt, Regnum Francorum Online = http://francia.ahlfeldt.se/index.php, © 2011, un site très fouillé comportant cartes, textes et liens nombreux. 189 Nordrhein-Westfalen, Regierungsbezirk Detmold, Kreis Lippe, 51o 57’ 25’’ nord, 9o 15’ 00’’ est. 190 Nordrhein-Westfalen, Regierungsbezirk Detmold, Kreis Lippe, 51o 52’ 59’’ nord, 9o 10’ 59’’ est. 191 R. Flierman, Saxon Identities, AD 150-900, Londres etc., 2017 (Studies in Early Medieval History), p. 113. 192 AMp combine ARF et AqdE : les quatre noms—Scidrioburg, Waizzagau, Ambra et Leuhidi—sont retenus, de même que, pour le premier, la qualité de castrum—mais sans les Saxones qui justifiaient son insertion dans AqdE (en revanche, spécifier comme le fait AqdE, que Scidrioburg est un castrum, sans plus, n’aurait de sens, éventuellement, qu’aux yeux d’un romanophone puisque ce mot fait double emploi avec la finale –burg du nom propre). 193 Voire présenter les Francs comme des agresseurs surarmés face à une population essentiellement civile, peu apte à se défendre : on contrastera en effet les campagnes (pagi, villae [Pertz et Kurze, p. 69, 785:4], d’où agri, chez le Poète Saxon, Annales, 2.167 [Winterfeld, p. 23, 785:7]) auxquelles, selon lui, l’envahisseur franc s’en prend, et les places fortes de l’annaliste royal (castra, loca munita [Pertz et Kurze, p. 68, 785:10-11] d’où firmitates ac castella dans AMp [Simson, 73:4-5]). Il est aussi le seul à dire que le départ pour la Saxe fut précédé d’une mobilisation générale : Rex autem congregato iterum exercitu in Saxoniam profectus est (Pertz et Kurze, p. 69, 784:22-23 ; ARF et AMp sont muets à l’endroit correspondant tandis que le Poète Saxon évoque une troupe numériquement modeste mais aguerrie, valida manus [Winterfeld, p. 22, 784:21]). Pour une autre perspective sur le contraste entre pagi, villae et agri, d’une part, castra, loca munita, firmitates et castella, de l’autre, voir Annexe 7b, les extraits de Velleius Paterculus.
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triples—cours d’eau, pagus, villa—, typiques de cette administration (on suppose ici que Charlemagne s’avance en conquérant, quand, dans cette région, ce serait plutôt—si l’on me permet ce néologisme disgracieux—en « reconquérant »194) ? On ne sait. Ce qui est sûr, c’est qu’il emprunte à l’annaliste royal l’idée d’une Noël sous les armes, in castris, tout en la déplaçant : la victoire finale dont elle est le préambule n’est plus celle sur Didier et ses Lombards195, mais celle sur Widukind (soumis et baptisé moins d’un an plus tard) et ses Saxons. Il y a lieu de croire que, pour l’auteur anonyme, qui écrivait avec le bénéfice d’un recul beaucoup plus considérable que celui de l’annaliste royal, ces événements marquaient un tournant majeur dans une guerre qui ne se conclurait vraiment qu’en 804, après dix ans de combats renouvelés, quoique moins âpres196. Le roi franc pousse ensuite jusqu’à Rehme, au confluent de la Werne et de la Weser, mais des inondations de grande ampleur l’obligent à se replier sur l’Eresburg, plus au sud, « le plus important des sites fortifiés de la région197 ». La reine Fastrad l’y rejoint ainsi que ses propres enfants et lui-même y réside au moins jusqu’à Pâques (3 avril). Ce temps est mis à profit pour harceler l’ennemi et dégager les routes en vue, sans doute, de la grande offensive de printemps qu’il médite. Charlemagne dispose à cet effet de scarae, des petits groupes de guerriers, probablement montés, affectés à sa maison militaire et donc tenus à un service permanent—été comme hiver198. La taille réduite de ces effectifs est encore soulignée par les Annales dites d’Éginhard, au moyen d’une locution, empruntée comme si souvent par leur auteur au répertoire classique, probablement à Quinte-Curce, qu’il affectionne tout particulièrement199 : cum expedita manu200, « avec une poignée d’hommes armés à la légère ». En fin tacticien, 194 Voir notam. D. Nicolle, Conquest, p. 10, et carte p. 13, où les « territoires au sud de la Lippe, perdus par les Francs face aux Saxons en 695 (et) progressivement repris après 772 » sont clairement marqués. Lügde (no 11 sur la carte p. 73), est à la limite nord-est de cette zone. Sur la poussée saxonne à la fin de l’époque mérovingienne, voir en outre E. Ewig, Civitas Ubiorum, cité supra, p. 145, n. 154. 195 ARF, ao 773 (Pertz et Kurze, p. 36, 2e alinéa, l. 1-2). 196 Sur la différence profonde entre les deux phases, avant 785 et après, voir I. Rembold, Conquest and Christianization. Saxony and the Carolingian World, 772-888, Cambridge, 2018 (CSMLT, 108), p. 82. Les sentiments que R. Flierman, Saxon Identities, p. 113-114, prête au Réviseur ne sont pas nécessairement antithétiques de ceux que l’on suppute ici. 197 I. Rembold, op. cit., p. 50. Il avait changé plusieurs fois de mains, mais était passé définitivement au pouvoir des Francs en 776. Voir, à son sujet, J. Udolph, G. Mildenberger et F. Schwind, « Eresburg », dans RGA, VII, 1986, p. 475b-482a, ainsi que Ph. R. Hömberg, « II. Eresburg und Sigiburg », dans : Chr. Stiegemann et M. Wemhoff (éd.), 799. Kunst und Kultur der Karolingerzeit. Karl der Große und Papst Leo III. in Paderborn. III. Beiträge zum Katalog der Ausstellung Paderborn 1999, Mayence, 1999, p. 332-340. 198 Sur ces escadrons, voir B. Bachrach, ECW, p. 80-82. 199 Et qui s’en sert lui-même plus que quiconque, à ce qu’il semble : Quinte-Curce, Histoires, 3.4.15, 4.3.1, 5.1.5, 5.6.12, 7.5.31 et 9.1.19, éd., trad. et comm. H. Bardon, Quinte-Curce, Histoires. I. Livres III-VI, Paris, 1961 (CUFSL, 164), et II. Livres VII-X, 1948 (CUFSL, 120), p. 14, 55, 118, 142, 251 et 350. De tous ces passages, c’est le quatrième (5.6.12), reproduit et traduit en Annexe 7c, qui présente avec les événements de 784/785 les similitudes les plus frappantes, si ce n’est que les rigueurs de l’hiver ont raison de Charlemagne, tandis qu’Alexandre surmonte celles qu’engendre le climat d’altitude. 200 AqdE, ao 785 (Pertz et Kurze, p. 69, 785:3-4). Le commandement est assuré tantôt par Charlemagne lui-même, comme dans ARF, tantôt par des officiers propres (duces) : tam per se ipsum quam per duces, quos miserat (ARF : multotiens scaras misit et per semetipsum iter peregit). Œuvrant à Paderborn au début
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Charlemagne se soucie du bon état et du contrôle de l’infrastructure routière : vias mundavit, dit l’annaliste royal, « il nettoya les routes ». Malheureusement, le but de ces opérations nous échappe car la phrase qui devait nous le révéler est incomplète : « il nettoya les routes afin qu’en temps opportun »—la suite manque, depuis toujours, peut-être, ou alors en raison d’un accident survenu de bonne heure dans la transmission de ce texte. Les Annales Mettenses priores comblent cette lacune avec beaucoup de justesse : et vias exercitui suo preparavit, « et il prépara les routes pour [le gros de] son armée ». En revanche, le réviseur des Annales royales juge superflues ces considérations logistiques : il préfère accumuler les citations classiques, quitte à rendre son récit passablement confus et, surtout, à chambouler une séquence dont il méconnaît la logique, ainsi qu’on va le voir. On lui doit toutefois un détail capital, couché, à nouveau, dans les mots de Quinte-Curce201, et qui, de ce fait, requiert une brève exégèse : « après l’hiver », nous confie-t-il, « et advectis ex Francia commeatibus, [Charlemagne] tint une assemblée solennelle de son peuple », à Paderborn. Ces commeatus qu’on fait venir de Francia, ce sont des « troupes », non des « vivres »202 : celles du contingent, nombreuses mais saisonnières, par opposition à celles qui étaient demeurées auprès du roi durant tout l’hiver et qu’il avait déployées à si bon escient ; celles aussi qui, en vertu de leur masse et de leur recrutement, constituent ce « peuple » réuni en assemblée solennelle. La suite du récit dans ARF et AMp étaye cette interprétation : à peine le sinodum publicum (ARF) ou conventum Francorum (AMp) levé, la grande offensive amenée avec tant de soin peut commencer car la voie est libre et toute résistance neutralisée, iter peragens vias apertas nemini contradicente (ARF), itinere accepto per vias planas, nemine contradicente (AMp)203. Pour le Réviseur, au contraire, l’assemblée marque le terme des hostilités et le début des négociations en vue de la reddition de Widukind et, donc, de la paix—une façon de voir qui n’est pas sans recouper la présentation des Annales de Lorsch et des Annales Mosellanes,
de la dernière décennie du ixe s. (I. Rembold, Conquest, p. 15, et voir supra, p. 42), le Poète Saxon, qui dépend d’AqdE (mais dispose également, semble-t-il, d’ARF ou d’AMp, puisqu’il mentionne les oppida au nombre des objectifs de ces campagnes hivernales, Annales, 2.167 [Winterfeld, p. 23, 785:7]), use ici, Annales, 2.165, d’un autre terme encore pour désigner les compagnons d’armes de Charlemagne : iuvenes (Winterfeld, p. 22, 785:5). Sur ces « jeunes », voir B. Bachrach, ECW, p. 71-75. 201 Quinte-Curce, Histoires, 6.2.15 (Bardon, p. 169), signalé par Pertz et Kurze (1895), p. 69, n. 9. 202 Comme dans D. Nicolle, Conquest, encadré p. 72, no 14, vraisemblablement d’après Paul David King, Charlemagne : Translated Sources, Kendal, 1987, cité, notam., p. 52 et 61 ; égalem. RIiOnl, no 268a. Il est vrai que c’est bien là l’un des sens du mot (TLL, 3:1823:53-1825:81) et le seul qui convienne au pied de la lettre, tel quel. Pour celui que l’on propose ici, il faut admettre une certaine latitude : commeatus = « congé », spéc. « congé militaire » (TLL, 3:1825:81-1826:46), d’où, par hypothèse, « les soldats que l’on rappelle de leur congé ». Ou encore, en invoquant Quinte-Curce, « ceux auxquels on demande de renoncer au congé qu’ils anticipaient » : en effet, épuisées par une campagne qui, à leurs yeux, avait déjà trop duré et les avait trop éloignées de leurs foyers, les troupes d’Alexandre interprétèrent comme le signal du retour le fait que celui-ci, s’arrêtant pour quelques jours à Hecatompylos, eût ordonné qu’on y acheminât de partout des provisions, commeatibus undique advectis (voir Annexe 7c). On admet donc, comme ci-dessus, n. 199 et contre M. Manitius, Einharts Werke, p. 527, que le mineur carolingien ne s’intéresse pas qu’aux pépites les plus brillantes, mais à la veine aussi, voire au filon. 203 Parallèles chez Velleius Paterculus : voir Annexe 7b.
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qui leur sont apparentées, selon laquelle les Saxons siégèrent à Paderborn aux côtés des Francs204. Sur l’assemblée elle-même, les sources livrent des précisions diverses et divergentes. Toutes la situent à Paderborn, mais c’est à peu près le seul point sur lequel elles s’accordent. L’indication d’époque manque dans les Annales royales—on sait seulement que Charlemagne passa l’hiver à l’Eresburg, qu’il y célébra Pâques (3 avril) et qu’il s’activa, pendant ce temps, à faire en sorte, le « moment venu », d’être en mesure de damer le pion à son adversaire, une fois pour toutes205. Le Réviseur n’est pas beaucoup plus précis, et pour cause : transacta hieme, « après l’hiver », il n’en dira pas plus206. Les Annales de Metz suppléent le manque des Annales royales, qu’elles suivent, pour le reste, de très près : aestatis vero sequentis tempore207, « l’été suivant » (lit. « à l’époque de l’été suivant »). Réginon de Prüm († 915) fait de même, indépendamment des Annales de Metz : in Maio208, « en mai », telle est, peut-on croire, sa solution au problème textuel présenté par les Annales royales, sa source presqu’unique pour les années comprises entre la mort de Charles Martel et celle de Charlemagne—une solution personnelle, donc, qui n’infirme pas celle d’AMp et qu’il aura puisée dans son son bagage d’historien, où survivait le souvenir du Champ de Mai209. Deux à trois siècles plus tard, les Annales Mettenses posteriores lui emboîteront le pas210. De nos jours, les avis lui sont plutôt défavorables211 : on lui oppose deux chartes de Fulda datées de Paderborn, le 19 juin de cette année212, ainsi que le témoignage des Annales Laureshamenses et Mosellani, d’après lequel Charlemagne serait resté à l’Eresburg jusqu’en juin213. La façon dont l’assemblée est désignée varie considérablement d’un texte à l’autre sans que l’on doive s’en émouvoir : l’absence d’unité en la matière est la norme. Ici, le terme est conventus (AqdE, AMp, Poète Saxon), là, placitum (AL, AMo), ailleurs encore, sinodus (ARF, Réginon). Certains de ces mots sont affublés d’une épithète
204 AL, ao 785 (Pertz, p. 32, 785:3) ; AMo, ao 785 (Lappenberg, 497:35). Mais de quels Saxons s’agit-il ? Des groupes ralliés à Charlemagne entre 775 et 780, dans les premières années, donc, de la guerre (à propos desquels, voir I. Rembold, Conquest, p. 41) ? Ou de représentants de la résistance ? 205 ARF, ao 785 (Pertz et Kurze, p. 68, 785:6-12). 206 AqdE, ao 785 (Pertz et Kurze, p. 69, 785:10-11). 207 AMp, ao 785 (Simson, 73:4-5). 208 Réginon de Prüm, Chronique, ao 785, éd. F. Kurze, Reginonis abbatis Prumiensis Chronicon cum continuatione Treverensi, Hanovre, 1890 (MGH SS rer. Germ., 50), p. 54, avant-dern. ligne du texte. 209 S. Abel et B. Simson, Jahrbücher, p. 494, n. 4 : « Es ist unrichtig, wenn Regino […] diese Versammlung (als ein Maifeld) in den Mai verlegt » (italiques ajoutés). 210 Annales Mettenses posteriores, ao 785 (Simson, 100:25). 211 RIiOnl, no 268b ; S. Abel et B. Simson, op. cit., loc. cit., d’où B. von Simson, Annales, p. 73, n. 1. 212 Urkundenbuch des Klosters Fulda. I/2. Die Zeit des Abtes Baugulf, éd. E. E. Stengel, Marburg, 1956 (Veröffentlichungen der Historischen Kommission für Hessen und Waldeck, 10/1/2), nos 163, 164a et 164b, p. 240-244. Commentaire sur la tradition, fort complexe : Stengel, p. 241-242, d’où Chr. Wilsdorf, « Le Monasterium Scottorum de Honau et la famille des ducs d’Alsace au viiie siècle. Vestiges d’un cartulaire perdu », dans Francia, 3, 1975, p. 1-87, p. 73, n. 365. Sur la teneur : Chr. Wilsdorf, ibid., p. 28 et 73-74 ; voir également ci-dessous. 213 AL, ao 785 (Pertz, p. 32, 785:1-2) ; AMo, ao 785 (Lappenberg, 497:33-34).
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(publicus [ARF, AqdE, Poète Saxon]) ou complétés d’un déterminant au génitif (populi sui [AqdE], Francorum [AMp]). Le Réviseur des Annales royales et le Poète Saxon à sa suite attribuent à l’assemblée une dimension solennelle, more solemni214. Celui-là est en outre le seul à en indiquer la substance, en termes très généraux il est vrai : haec, quae ad illius conventus rationem pertinebant215, « les choses qui relevaient de la compétence de cette réunion ». À l’apport récalcitrant des sources narratives, on joindra celui des documents de la pratique216—qui présente ses propres défis. Les deux actes pour Fulda déjà mentionnés n’ont pas pour auteur un quelconque quidam : Hugues appartient en effet à la grande famille des Étichonides217, qui donna ses ducs à l’Alsace mérovingienne, et que l’on voit ici quarante ans après sa destitution aux mains des Carolingiens, occupée par l’entremise de l’un des siens à gagner la faveur des nouveaux maîtres par des largesses au bénéfice d’une de leurs fondations les plus emblématiques, située aux portes de la Saxe, non loin des zones de combat—tandis qu’autrefois c’étaient ses propres abbayes, établies, nombreuses, aux quatre coins du duché, qu’elle enrichissait de son patrimoine alsacien218. Les fruits de cet opportunisme ne se feraient pas attendre : Hugues obtiendrait le comté de Tours vers 811 au plus tard et deviendrait, en 821, le beau-frère de Louis le Pieux219. Cette autre dimension de l’assemblée de Paderborn—servir de chambre d’écho et d’enregistrement aux libéralités des grands—paraît renouer avec des pratiques attestées, autour de 700, par plusieurs chartes datées d’un premier mars/mai220. Celles-ci portent la mention actum publice, également présente dans l’une des versions de la donation instrumentée à Paderborn, à l’occasion du sinodus ou conventus publicus. Peut-être, enfin, est-ce en cette même rencontre qu’on donna 214 AqdE, ao 785 (Pertz et Kurze, p. 71, 785:13) ; Poète Saxon, Annales, 2.175 (Winterfeld, p. 23, 785:15). Étymologiquement, sollemnis signifie « annuel », de sorte qu’on pourrait aussi comprendre : « comme chaque année », sans nuance de solennité. 215 AqdE, ao 785 (Pertz et Kurze, p. 71, 785:13-14). 216 Signalés par RIiOnl, nos 268 (pas explicitement rattaché au « Reichsversammlung ») et 268b. 217 Son nom, celui de son fils Hahihco et l’emplacement alsacien des biens-fonds en sont la preuve irréfutable : Chr. Wilsdorf, Monasterium, p. 73. 218 N. Hammer, Die Klostergründungen der Etichonen im Elsass, Marburg, 2003 ; R. Bornert et al., Les monastères d’Alsace. I. Les étapes historiques (vie-xxe siècle). Les monastères primitifs (vie-ixe siècle), Strasbourg, 2009, p. 85-91. 219 D’après Thegan, Hugues de Tours, dit « le Peureux » († 836), était un Étichonide (de stirpe cuiusdam ducis nomine Etih). Pour Chr. Wilsdorf, op. cit., p. 75, la « chronologie interdit de l’identifier avec [l’un des trois homonymes] mentionnés » dans une ancienne généalogie de cette dynastie. Son ascendance est donc inconnue. Hugues, bienfaiteur de Fulda, ne serait autre, « peut-être » (p. 74, l. 1), que Hugues II, petit-fils d’Adalric-Eticho, le duc éponyme : attesté en 723 comme témoin d’un acte de son père Haicho pour l’abbaye de Honau, il serait mort peu après 785 (p. 28). Ces conclusions sont reprises par Ch. Cawley, Medieval Lands. A prosopography of medieval European noble and royal families = http://fmg.ac/Projects/ MedLands (dmàj 20.iv.2017) dans ses notices sur Hugues de Tours (Central France, c. 2, Tours, sect. A, Comtes de Tours, § 1) et sur Hugues II (Alsace, c. 1, Dukes in Alsace, A, Late 7th and early 8th centuries). Elles n’ont évidemment rien de péremptoire : la généalogie qui sert de référence à Wilsdorf n’enregistre guère que les bienfaiteurs du monastère de Honau et rien ne dit que tous les descendants d’Adalric-Eticho aient eu cette qualité ; elle ne va pas, pour l’essentiel, au-delà de la 3e génération, celle des arrière-petits-enfants ; et comme Wilsdorf lui-même l’admet, p. 28, « il n’est évidemment pas exclu qu’un membre de la famille du nom de Hugo, autre [que Hugues II], ait également eu un fils appelé Haecho ». 220 Voir supra, p. 96, n. 15-17.
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leur congé aux représentants du pape Hadrien, ses decorabiles missi, et que l’on fit partir avec eux ceux du roi, préalablement informés des détails de leur pouvoir. Le document inestimable qui renferme ces instructions et qui tient, pour la fonction, de l’aide-mémoire ou de l’ordo et, pour la forme, du capitulaire221, est sans aucun doute possible un original d’époque émanant des services gouvernementaux compétents222. Les envoyés francs, nous apprend-il, salueront le pape au nom du roi, de son épouse, de ses enfants et de sa domus. Ils le feront ensuite au nom du clergé (dont les composantes sont énumérées) ainsi que de l’universus g[ens] et populus Francorum, de « toute la nation et de tout le peuple des Francs » : autrement dit, au nom des principales composantes de l’assemblée, la seconde, laïque, correspondant à celle qu’AqdE désigne par les mots conventus populi sui, et AMp, conventus Francorum. L’activité diplomatique n’était pas une facette majeure des assemblées étudiées jusqu’ici, mais plusieurs sources de l’époque de Charlemagne en font l’enjeu du bras de fer que se livrent, autour de 700 et à l’occasion de ces solennités, le roi mérovingien et le maire du palais pippinide, ainsi qu’on le verra au chapitre suivant. L’avis éclairé de Réginon sur la date de mois de l’assemblée de Paderborn, l’an 785, est assurément le plus significatif des faits dont on pût s’autoriser pour compter celle-ci au nombre des Champs de Mars/Mai carolingiens, en dépit de l’absence d’une appellation explicite. En voici un autre qui se situe à l’extrémité opposée sur cette échelle de valeur, mais qui ne mérite pas moins une brève mention en tant qu’illustration de la vogue martiale dans la toponymie du Moyen Âge classique223. L’Eresburg où Charlemagne prit ses quartiers d’hiver avant de gagner Paderborn, à une quarantaine de kilomètres au nord, s’appelle aujourd’hui Obermarsberg : attestée pour la première fois vers le début du xe siècle dans la partie ancienne des Annales Sangallenses Maiores, la forme vernaculaire Meresburg (égalem. Mersberg, Marsberg et simil.) l’emporte à partir de 1230, l’équivalent latin Mons Martis n’étant attesté—assez fréquemment—que dans les actes du xiiie siècle, pour disparaître ensuite224. L’attraction engendre la première (la consonne finale de l’article dem s’en détache pour venir se fixer au début du nom propre), l’attrait savant pour le passé lointain et pour les étymologies fantaisistes la deuxième (Eres- vient d’Ares- et Arès n’est autre que le nom grec de Mars225).
221 Les prises de position anciennes sur sa nature sont résumées par A. Th. Hack, Codex Carolinus. Päpstliche Epistolographie im 8. Jahrhundert, Stuttgart, 2006 (Päpste und Papsttum, 35), p. 626. Lui-même semble pencher pour l’ordo (p. 628, mention des « ordines du couronnement » ; p. 632, des « instructions que l’on aurait appelées “rubriques” dans les textes liturgiques [c’est-à-dire dans les ordines] » ; et enfin, p. 635, aux dernières lignes de son commentaire, d’un « ordo pour le cérémonial des envoyés », « Ordo für das Gesandtenzeremoniell »). 222 Voir Annexe 7d. 223 Voir supra, p. 40-41. 224 M. Flöer, Die Ortsnamen des Hochsauerlandkreises, Bielefeld, 2013 (Westfälisches Ortsnamenbuch, 6), p. 326-327. 225 Id., ibid., p. 329. L’auteur passe en revue les étymologies modernes, p. 327-329, il les réfute p. 329-330, et propose la sienne propre, p. 330-331 : le Marsberg, c’est le mont ou la forteresse sur l’*Erisa’, la « rivière turbulente », nom ancien et hypothétique (d’où l’astérisque) de la Diemel, qui coule à son pied, ou d’un segment de ce cours d’eau.
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Les annales grâce auxquelles on a, jusqu’ici, suivi ou reconstitué les événements compris entre la Noël 784 et le début de l’été 785 ne sont pas celles qui nous livrent, sous d’autres dates, l’essentiel des occurrences de Maicampus. Le témoignage de ces dernières est pour le moins ambigü : rex carolus in heresburc super hiemem resedebat et saxones in pace conquesivit226, ou, plus laconiquement encore, rex karolus in erespuruc resedit. saxones in pace227. La première partie est limpide : « Le roi Charles passa l’hiver à l’Eresburg » ou il y « séjourna », sans autre précision. C’est la suite qui fait difficulté : la traduction littérale n’ayant guère de sens, on ne sait s’il faut comprendre que Charlemagne « conquit les Saxons sans coup férir » ou qu’il leur « imposa la paix »—la version dépourvue de verbe est encore plus sibylline. Le roi franc l’emporta-t-il par la force ou par la persuasion ? On a vu que les récits plus développés sont partagés à ce sujet, l’assemblée de Paderborn étant tantôt présentée, du point de vue des opérations militaires, comme une montée en puissance ou, à l’inverse, comme un terme au-delà duquel prévaut la négociation, annoncée, selon certains, par l’ouverture de ses rangs aux Saxons228. Cette distinction a son importance, car, ainsi qu’on l’a dit229, les Champs de Mai, sous Pépin, intervenaient généralement à l’orée de campagnes militaires, non après coup. De 773 à 781, toutes les années sauf trois eurent leur Champ de Mai, le dernier d’entre eux bénéficiant d’une meilleure diffusion dans l’historiographie, à l’instar de celui de 777230. Le Réviseur des Annales royales a donc raison d’écrire, dans les premières lignes qu’il consacre aux événements de 782, qu’« en Francie », Charlemagne « avait coutume de réunir une assemblée générale chaque année231 ». Paradoxalement, cette observation précède une période d’étiage : ni lui, ni aucun de ses confrères ne mentionnent d’assemblée générale (ou de Champ de Mai) pour 783 et 784. Celle de 782 est très particulière et semble avoir eu pour objet principal les pourparlers avec les chefs saxons : « avec toute l’armée232 », Charlemagne gagne les sources de la Lippe, y tient l’assemblée233 parmi les tentes234 puis rentre en Francia, d’où il était 226 AN, ao 785 (Lendi, p. 157). 227 AG, ao 785 (Lendi, p. 157). Ann. Alamannici, Cod. Turic., ao 785 (Lendi, p. 156) : rex karolus in erespurg resedit et saxones in pace conquisivit. Ann. Alamannici, Cod. Modoet., ao 785 (Lendi, ibid.) : karolus in erespurg resedit et saxones in pace conquisivit. 228 Voir supra, n. 204. Plusieurs assemblées antérieures avaient déjà accueilli des Saxons. 229 Supra, p. 149. 230 Voir supra, p. 137. 231 AqdE, ao 782 (Pertz et Kurze, p. 59, 782:1-4) : dcclxxxii. Aestatis initio, cum iam propter pabuli copiam exercitus duci poterat, in Saxoniam eundum et ibi, ut in Francia quotannis solebat, generalem conventum habendum censuit (« 782. Comme, au début de l’été, vu l’abondance du fourrage, il était déjà en mesure de conduire l’armée, il décida de se rendre en Saxe et d’y tenir une assemblée générale, comme il avait coutume de le faire chaque année en Francie »). 232 AqdE, ao 782 (Pertz et Kurze, p. 59, 782:5) : cum omni Francorum exercitu. ARF, ao 782 (Pertz et Kurze, p. 58, 782:1-2) : iter peragens. 233 ARF, ao 782 (Pertz et Kurze, p. 58, 782:2, et p. 59, 782:7-8) : synodum, placitum. AqdE, ao 782 (Pertz et Kurze, p. 59, 782:3-4, et p. 61, 782:11) : generalis conventus, conventus. AMp, ao 782 (Simson, 69:22 et 25) : generalis conventus Francorum, conventus. 234 AqdE, ao 782 (Pertz et Kurze, p. 59, 782:6) : castris positis. DK1 143 (Mühlbacher et al., 195:36, et, pour le comm., 195:2-11) : heribergo publico.
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venu. L’aller-retour n’aura duré que quelques semaines et se sera effectué absque bello, « sans guerre », littéralement, si l’on en croit les annales dérivées de celles, perdues, de Murbach235. L’indication a d’autant plus de poids que ces annales sont aussi, comme on sait, celles qui recensent le plus grand nombre de Champs de Mai sous Charlemagne. Étant donné qu’elles n’en mentionnent pas pour 782, peut-être a-t-on ici une nouvelle illustration du principe vérifié plus haut pour l’époque de Pépin236, selon lequel Champ de Mai et absence d’hostilités s’excluent mutuellement—nonobstant les énoncés aux années 776 et 779, qui ne l’infirment qu’en apparence et relèvent soit de l’erreur manifeste soit de l’abus de langage237. La nature changeante du pouvoir carolingien, l’affirmation nette et le développement progressif de sa stature impériale, la révision concomitante des sphères de compétence gouvernementales comme des notions d’« intérieur » et d’« extérieur » ainsi, peut-être, que l’inversion provisoire des priorités fondées sur elles peuvent expliquer le flottement dans l’intervalle 781-785. L’activité militaire de Pépin s’était déployée, pour l’essentiel, dans les limites atteintes par la domination mérovingienne au temps de la plus grande puissance des rois de cette dynastie et visait au rétablissement de l’ancienne hégémonie des Francs. Charlemagne, lui, abroge ces barrières, ce qui contraint les rouages de l’État—l’assemblée générale tout spécialement, où s’exhibe l’appartenance au corps politique, reflet des lignes de démarcation tracées par les armes—à s’adapter avec plus ou moins de rapidité et de bonheur, d’où, peut-être, les effets que l’on entrevoit ici238. La deuxième continuation des Annales de Saint-Amand résume bien la situation lorsqu’elle rapporte qu’en l’an 785, « Charlemagne acquit la 235 AAGN, ao 782 (Lendi, p. 156 et 157). En revanche, AMp dit que Charlemagne s’en revint victor, « victorieux » (Simson, 69:29), mais comme rien, dans le contexte, n’étaye cette assertion, on lui supposera une inspiration classique semblable à celle de tant d’autres passages de cette œuvre. 236 Voir supra, p. 141-143. 237 Par. ex., AN, ais 776 et 779 (Lendi, p. 157, soulignage ajouté) : 776. carolus rex perrexit in langobardiam interfecto rotgauzo. postea maicampus ad uuor[ma]cia et carolus rex cum francis in saxonia iam sine bello. […] 779. maicampus ad dura et franci cum carolo rege eorum in saxoniam iam absque bello. Cet irénisme est doublement suspect, par son insistance—toujours dans le même contexte, celui des interventions franques en Saxe—et par sa singularité face aux autres sources, nombreuses, qui peignent un tout autre tableau (ainsi ARF, AqdE, AMp, pour ne citer qu’elles [Pertz et Kurze, p. 44-49, 54 et 55 ; Simson, p. 64-65 et 67-68]). Peut-être, cependant, convient-il d’introduire une nuance dans le sens que l’on donne à bellum (voir déjà les remarques de même ordre supra, p. 142, n. 6 du Tableau 12) : ce n’est pas que les Francs se soient aventurés en Saxe sans y porter la guerre, mais sans y rencontrer de résistance, sans donc y livrer de véritable combat—un tel énoncé s’accorde mieux, lui, avec les autres témoignages. Isidore de Séville, Étymologies, 18.2.3, éd., trad. (esp.) et comm. J. Cantó Llorca, Isidoro de Sevilla, Etymologías. Libro XVIII. De bello et ludis, Paris, 2007 (Auteurs latins du Moyen Âge, 14), p. 62, distingue, d’après Servius (cité p. 63, n. 22), le triomphe qui récompense une victoire obtenue en tuant l’ennemi ou en le dépouillant—à son contact, donc— et le trophée, décerné lorsque l’ennemi a fait demi-tour et pris la fuite : ab eo quod hostem quis fugasset merebatur tropeum ; qui occidisset, triumphum. 238 La rhétorique officielle se métamorphose également. « À dater de 790, environ » (G. Heydemann, « The People of God and the Law : Biblical Models in Carolingian Legislation », dans Speculum 95 [2020], p. 89-131, p. 130) on constate un glissement des référents bibliques qui sous-tendent le discours, spécialement dans la sphère normative : on ne regarde plus vers le peuple élu de l’Ancien Testament, dont les Francs furent un temps présentés comme l’ultime incarnation, mais vers l’alliance néo-testamentaire élargie, potentiellement, à l’humanité entière, sans distinction d’ethnie.
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Saxe », Carlus adquisivit Saxonia239—ce qui, pour l’auteur anonyme, n’avait pas été le cas de l’Italie en 774, sans doute parce que le royaume de Pavie était maintenu, quoiqu’avec un roi carolingien en lieu et place du Lombard Didier, emmené en captivité par Charlemagne240.
4.11. Conclusion Cette partie du dossier des Champs de Mars/Mai francs est incontestablement celle qui offre au scalpel de l’historien la plus grande résistance, celle aussi dont on a le plus de mal à dégager des conclusions d’ensemble. Certes, la lecture rapprochée des textes a livré des résultats appréciables : elle a révélé quantité de faits insoupçonnés qui invitent, pour le moins, à renoncer sur bien des points aux simplismes courants. Cependant, il est difficile de tirer de cette moisson une doctrine cohérente qui donnât du phénomène étudié une explication à la fois élégante et exhaustive. Parmi ses gerbes les plus saillantes—si tant est qu’une telle sélection ait un sens—on en retiendra trois pour les présents besoins. 1) Les innovations relatives à l’assemblée générale, à son nom et à sa place dans le calendrier participent de cette expérimentation prudente et souvent éphémère qui, sans doute, caractérisa la vie politique dans les débuts de la dynastie carolingienne et que l’on voit à l’œuvre, à une échelle fort modeste, dans l’écriture de la chronique de Nibelung. 2) Elles ont des affinités austrasiennes prononcées, ce qui n’est pas pour surprendre puisque les Pippinides sont eux-mêmes originaires de l’espace meuso-mosellan. 3) Il ne semble pas que leur réapparition sous Charlemagne et leur maintien pendant une dizaine d’années puissent être rapportées à une filiation textuelle des deux séries d’occurrences, celle des années soixante et celle de la décennie suivante, et ce malgré les ressemblances nombreuses qui existent de l’une à l’autre. On pourrait même considérer ces deux séries comme n’en formant qu’une seule, l’hiatus de 768 à 772 inclusivement correspondant, en gros, au partage du royaume entre les deux fils de Pépin, depuis la mort de celui-ci en septembre 768, jusqu’à celle de Carloman, son puîné, le 4 décembre 771. Cette supposition permettrait à son tour de mieux comprendre, peut-être, pourquoi les occurrences s’interrompent définitivement après 781 (790 constituant à bien des égards une aberration), l’année qui, entre autres tournants majeurs241, voit la création des royaumes carolingiens d’Aquitaine et d’Italie et donc la fin du régime de la monarchie unique qui avait prévalu de novembre 751 à septembre 768 et de décembre 771 à avril 781. L’existence des Champs de Mars/Mai serait donc d’une certaine façon liée, sous les premiers Carolingiens, à celle de ce régime. C’est du reste ce qu’insinue l’auteur anonyme des Annales primitives de Metz, lorsqu’il établit un rapport étroit entre la réunification
239 Annales sancti Amandi, continuatio altera, ao 785 (Pertz, p. 12). 240 Ibid., ao 774 : iterum Karlus fuit in Italia, et capto Desiderio et uxore eius et filia, adduxit secum in Francia (« Charles fut à nouveau en Italie, et il emmena captifs avec lui en Francie Didier, sa femme et sa fille »). 241 Aperçu dans A. J. Stoclet, Anti-Lesne.
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opérée par Pépin II (Pippinus singularem Francorum obtinuit principatum242), et la tenue, aux calendes de mars de l’année suivante (692), d’une assemblée générale qui revêt à ses yeux une importance particulière, et à laquelle, par conséquent, il consacre de longs développements243 ; ou entre celle qui se produisit en 747, suite à l’abdication de Carloman (son frère, Pépin III, est alors qualifié d’omnium Francorum generaliter princeps244), et l’assemblée de Düren, de 748, dont l’annaliste ne donne pas la date de mois ou de jour et qu’il appelle placitum ou sinodus, mais qui, par sa teneur, rappelle clairement celle de 692245. De plus, ces considérations sur l’évolution « interne » du royaume rejoignent peu ou prou celles qui sont exposées à la fin de la section précédente, sur son évolution « externe », sur sa mutation impériale, et sur la nécessaire adaptation des organes de gouvernement qu’elle implique. Ce schéma explicatif est moins apte, sans doute, à rendre compte de la date relativement tardive de la tête de série qui n’est pas sans rapport, ainsi qu’on l’a vu, avec celle, éminemment incertaine, de la réforme substituant au Champ de Mars le Champ de Mai246. Ces tâtonnements et le désaccord entre les sources qui s’ensuit tiennent assurément, d’une part, à l’importance capitale de l’enjeu—le contrôle de l’un des principaux leviers du pouvoir—et, d’autre part, à l’époque—celle des premiers pas d’une dynastie dont l’avènement ne se fit certainement ni sans mal ni sans opposition, raison pour laquelle ses circonstances demeurent, à ce jour, plongées dans une ombre épaisse.
242 AMp, ao 691 (Simson, 12:20-21). 243 Voir infra, Chapitre 5. 244 AMp, ao 747 (Simson, 39:1-2). 245 B. von Simson, Annales, p. 40, n. 4. 246 Supra, Prologue.
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Chapitre 5
Les sources narratives (ii) : les rois fainéants
Les textes abordés dans les pages qui suivent diffèrent fondamentalement de ceux qui ont fait l’objet du chapitre précédent : ils ne sont pas contemporains ou quasi-contemporains des faits rapportés, mais en sont éloignés d’un demi-siècle au moins ; ils sont soupçonnés de les déformer considérablement, à des fins polémiques ; surtout, ils fournissent, concernant les Champs de Mars sous les derniers Mérovingiens, des précisions dont on chercherait en vain l’équivalent chez Nibelung ou chez les annalistes de la haute époque carolingienne—mais dont la valeur peut pâtir du discrédit qui frappe le témoignage dans son ensemble, pour autant que celui-ci se confirme en tous points.
5.1. L’assemblée annuelle sous les derniers Mérovingiens : une même réalité, plusieurs noms La féroce caricature des derniers Mérovingiens, les « rois fainéants », par Éginhard, les montre se déplaçant en char à bœufs, depuis leur modeste domicile jusqu’au palais ou à « l’assemblée publique du peuple, qui se tenait chaque année pour les besoins du royaume1 ». Les Annales de Fulda (AFuld) sont plus explicites en ce qu’elles donnent un nom—Martis campus2—à cette assemblée, ainsi qu’un contenu, auquel on reviendra dans un instant. La Chronique brève de Lorsch (ChrLaur) également (in die autem Martis campo3), mais en omettant le détail pittoresque du mode de transport. Dans les Annales Mettenses priores (AMp), l’assemblée annuelle, décrite avec force détails, n’est pas nommée, mais datée : « Chaque année, aux calendes de mars, [Pépin II] tenait un concile général avec tous les Francs, selon la coutume des ancêtres4 ». Il en va de même dans la Chronographie du byzantin Théophane, qui la place toutefois au « premier jour du mois de mai5 ». On voit donc
1 Éginhard, VKM, 1 (Pertz, Waitz et Holder-Egger, 3:21-23) : publicus populi conventus, qui annuatim ob regni utilitatem celebrabatur. On trouvera réunis dans l’Annexe 8a, pour chacune des six sources ici commentées, quelques données essentielles, le texte et la traduction des passages concernés ainsi qu’un tableau comparatif de leur contenu (Tableau 13). 2 Annales Fuldenses, ao 751, éd. G. H. Pertz et F. Kurze, Hanovre, 1891 (MGH SS rer. Germ., 7), 5:27. 3 Chronicon Laurissense breve, iii, 12, éd. H. Schnorr von Carolsfeld, « Das Chronicon Laurissense breve », dans NA, 36, 1911, p. 23-29, p. 28, l. 3. 4 AMp, ao 692 (Simson, 14:4-6) : Singulis vero annis in Kalendis Martii generale cum omnibus Francis secundum priscorum consuetudinem concilium tenuit. 5 Théophane, Chronographia, A. M. 6216 (De Boor, 402:29) : kata Maïon mèna prôtè tou mènos.
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déployée ici, à propos d’une seule et même réalité mérovingienne—l’assemblée générale annuelle—, toute la gamme lexicale, ou presque (l’exception étant Campus Madius ou Magiscampus), dont les occurrences éparses et isolées nous ont occupé jusqu’ici. Que signifie cette cacophonie ? Faut-il admettre une équivalence stricte, historiquement justifiée, entre tous ces termes, entre toutes ces solutions, ou supposer au contraire que l’institution visée, mérovingienne, avait subi, sous les premiers Carolingiens, des modifications telles que sa forme et son nom primitifs étaient devenus, dans le courant du troisième quart de siècle après le changement de dynastie, objets de conjecture ? Comment expliquer, par ailleurs, le choix de Théophane, qui voyait tout cela de très loin ? La réponse à ces questions n’étant pas à portée immédiate, mieux vaut poursuivre l’analyse comparée des différentes versions de la finis Merowingorum.
5.2. L’assemblée annuelle sous les derniers Mérovingiens : une même vignette, plusieurs versions Structurellement, on distinguera AFuld, ChrLaur, AMp et Théophane, d’un côté, Éginhard de l’autre : ici, les blocs sémantiques se succèdent, en gros, dans le même ordre6, tandis que là, ils sont radicalement réarrangés. Ici, l’assemblée annuelle forme le noyau plus (AMp) ou moins (AFuld, ChrLaur)—voire beaucoup moins (Théophane)—développé du récit, là elle n’est qu’à peine mentionnée (Erchambert, quant à lui, n’en dit mot). Partout, sauf dans AMp, un préambule contraste le pouvoir du roi et celui du maire du palais, d’abord en termes généraux peut-être inspirés de Paul Diacre7, puis en décrivant l’exiguïté des circonstances matérielles du premier (Théophane, Éginhard, Erchambert) et/ou en nommant l’ultime vestige de sa grandeur passée—la diplomatique, pour AFuld, ChrLaur et Erchambert, la diplomatie pour Éginhard, formellement contredit sur ce point par AMp, qui insiste longuement sur l’aptitude de Pépin II à échanger avec les puissances étrangères8, et en fait l’un des acquis essentiels de sa nouvelle précellence. Partout, y compris dans AMp, sa prestation à l’assemblée terminée, le roi
6 Voir le tableau mentionné à la note 1, ci-dessus. Erchambert, Breviarium, éd (extraits) G. H. Pertz, MGH SS, 2, Hanovre, 1829, p. 328-330, p. 328, est plus difficile à évaluer sous cet angle. 7 Paul Diacre, HL, 6.16 (Waitz, p. 218) : Hoc tempore [v. 687] apud Gallias Francorum regibus a solita fortitudine et scientia degenerantibus hi, qui maiores domus regalis esse videbantur, administrare regni potentiam et quicquid regibus agere mos est coeperunt ; quippe cum caelitus esset dispositum ad horum progeniem Francorum transvehi regnum (« À cette époque, dans les Gaules des Francs, les rois ayant perdu leur vaillance et leur sagesse coutumières, ceux qui étaient alors chefs de la maison royale se mirent à exercer le pouvoir [lit. « administrer la puissance du royaume »] et à agir à la place des rois ; c’était comme s’il avait été décidé dans les cieux de transférer le royaume des Francs à leur progéniture », ou « […] c’était comme si l’empereur avait décidé de transférer etc. », car, dans le Code Théodosien et le Code de Justinien, caelitus peut également revêtir cet autre sens [TLL, 3:75:76-81]). 8 AMp, ao 692 (Simson, 15:4-16).
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est reconduit en sa demeure9, où il réside sous bonne garde (custodiendum [AMp], custodia [Erchambert]) jusqu’à l’année suivante, tandis que le maire du palais pourvoit à l’administration du royaume—ChrLaur seul ne fournit pas ce détail-ci, qui, ailleurs, fait écho, textuellement, à Paul Diacre (administrare, administrabat [AFuld], dioikounta [Théophane], administratio [Éginhard], mais gubernabat [AMp])—aussi bien pour l’intérieur que pour les rapports avec l’extérieur (interius/ exterius [AMp], domi/foris [Éginhard]). La présence, l’absence ou la différence de traitement de certains modules ne contribue pas de manière décisive à débrouiller la généalogie des textes : l’indigence personnelle des derniers Mérovingiens et la chevelure—ou pilosité—caractéristique de la dynastie ont Théophane, Éginhard et Erchambert pour témoins mais sont ignorés des trois autres auteurs ; le char à bœufs10 n’est pas exclusif à Éginhard, sans doute même n’est-il pas, comme on ne cesse de le répéter, l’inventeur de ce détail, attesté également par AFuld ; ChrLaur et AMp sont seuls à préciser que l’assemblée se tient « selon l’antique coutume » ou « selon la coutume des anciens » ; AFuld et ChrLaur, que le roi la préside en présence du maire du palais—et de l’armée, ajoute ChrLaur ; les dons offerts au Mérovingien le sont par les optimates Francorum, selon AMp, par le(s) peuple(s) ou « la nation entière » selon les autres—exception faite d’Éginhard et Erchambert, muets sur ce point11. Chez Éginhard et Théophane, cette évocation est indûment liée, comme le changement de dynastie, à la visite d’Étienne II. Dans ChrLaur et AFuld, elle l’est, plus logiquement sans doute, à l’ambassade de Pépin à Zacharie. À l’instar peut-être de Paul Diacre, AMp s’en sert pour illustrer non pas l’aboutissement du processus d’alternance, mais son commencement ou le plus significatif de ses multiples commencements : sous Pépin II, aux premiers temps de l’unité retrouvée. Erchambert, enfin, adopte une solution intermédiaire : le tableau est éclaté, ses fragments balisent un déclin amorcé sous Thierry III, comme dans AMp, mais culminant, comme chez Éginhard et Théophane, avec l’intervention d’Étienne II.
9 Éginhard : sic domum redire, est ici très proche d’AFuld : sicque rege domum redeunte. Les quatre autres textes adoptent une formulation fort différente. 10 Sur cet attribut, voir supra, p. 56-59. Plus nettement qu’AFuld, Éginhard en inverse la valeur morale ou symbolique—peut-être, du reste, les Carolingiens y avaient-ils d’emblée renoncé, et l’avait-on par conséquent tourné assez tôt en dérision. Il est possible que le thème de la déchéance patrimoniale résultât lui aussi d’une métamorphose analogue. Dans sa mouture première, positive, ce pouvait être une concession formelle à l’idéal républicain qui voulait que, pour ses besoins, quels qu’ils fussent, l’empereur s’en remît au sénat et au peuple. Ainsi, par exemple, Marc Aurèle († 180) avait-il « demandé au sénat [pour une campagne qu’il préparait contre les Scythes] des fonds prélevés sur le trésor public, non parce que de tels fonds n’étaient pas déjà à la disposition de l’empereur, mais parce qu’il avait pour habitude de déclarer que tous les fonds, ceux-ci comme les autres, appartenaient au sénat et au peuple. “Quant à nous ”, dit-il, s’adressant au sénat, “nous sommes si loin de posséder quoi que ce soit en propre, que même la maison dans laquelle nous vivons vous appartient” » (Dion Cassius, Histoire romaine, 72.33.2, éd. H. B. Foster, trad. E. Cary, Dio Cassius, Roman History. IX. Books 71-80, Cambridge [MA, USA] etc., 1927 [LCL, 177], p. 56 et 57). 11 Nibelung, lui, notait qu’au Champ de Mai 766, Pépin « est enrichi de nombreux présents par les Francs et/ou par ses grands » (CF, 48 [Krusch, 190:17] : multa munera a Francis vel proceris suis ditatus est).
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5.3. Annales Mettenses priores, ao 692 La peinture qu’AMp fait de l’assemblée générale annuelle, l’appelant « concile des calendes de mars », s’inscrit certes dans un récit très largement idéalisé sinon entièrement fictif—celui de Pépin II en restaurateur de l’unité et de ses institutions. Elle n’en est pas moins remarquable par l’abondance et la précision des indications— vraisemblables, elles—relatives à la place de cet événement dans le calendrier ainsi qu’aux actes solennels qui en ponctuent le déroulement. Les événements de la 692e année de l’incarnation s’y succèdent comme suit : A. Mobilisation par Pépin de « toute l’armée des Francs » (13:13-14). B. Profitant, sans doute, de cette concentration des troupes et de leurs commandants, il « prend conseil concernant les affaires de l’empire [sic] » (13:14). C. Il repousse victorieusement l’offensive de Radbod, duc des Frisons ; celui-ci se soumet, offre des ôtages et devient tributaire (13:15-22). D. Ce péril écarté (His itaque peractis, 13:22 - 14:1), Pépin « ordonne de réunir une assemblée. Après y avoir considéré les besoins des églises, des orphelins et des veuves, il se retire pour l’hiver avec ses fidèles auprès des sièges les plus célèbres de son royaume12 ». E. De là, on passe, sans transition, au generale cum omnibus Francis concilium des calendes de mars, auquel le reste de la notice pour 692 (14:4 - 15:16) est consacré. Nonobstant cette construction ambigüe, on est en droit de penser que sinodus (14:1) et concilium generale (14:5) ne se confondent pas ; et si ces deux assemblées s’occupent également des besoins des églises, des veuves et des orphelins (14:1-2 et 14:10-12), la première se borne à délibérer (consideratis, 14:2), tandis que la seconde agit (verbo … facto, 14:10-12). Du reste, l’écart dans le temps est bien marqué : le « synode » a lieu avant l’hiver (hibernandum, 14:4), le « concile général » à la fin de cette saison, aux calendes de mars. F. La boucle est bouclée avec le dernier acte posé, probablement par le roi, lors du concile général : il publie un ordre de mobilisation sous forme de précepte adressé à l’exercitus, pour la prochaine campagne, dont le jour et l’objectif sont à fixer (14:13-15). Observons que l’ordre, donné aux calendes de mars, et son exécution sont clairement séparés dans le temps, même si la durée de l’intervalle demeure imprécise et pourrait être de quelques jours comme de quelques semaines ou quelques mois. On a donc deux assemblées importantes, de part et d’autre de la saison d’été, vouée aux opérations militaires (C et cf. F) : une qui la précède (A + B ; E [et F], l’année
12 AMp (14:1-4) : His itaque peractis sinodum adunare precepit, in qua de utilitatibus ecclesiarum, orfanorum ac viduarum consideratis, sese in opinatissimis regni sui sedibus cum suis fidelibus ad hibernandum locavit. C’est à tort que P. Fouracre et R. A. Gerberding, Late Merovingian France. History and Hagiography 640-720, Manchester et New York, 1996 (Manchester Medieval Sources Series), p. 360, n. 162, préfèrent la leçon du ms. A2, opulentissimis, à celle du ms. A1 retenue par Simson. Gaffiot illustre ce sens d’opinatus par un exemple provenant d’Ammien Marcellin et un autre de la Vulgate (Jdt 2,13), où l’adjectif est au superlatif, comme ici.
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suivante) et une autre (D, 1e partie) qui intervient à son issue, avant le repos d’hiver (D, 2e partie).
5.4. Une proclamation triple Le roi préside le « concile des calendes de mars » par la volonté de Pépin13 ; concrètement, il s’installe « en un lieu éminent » (in loco eminenti14) ou sur un trône (sella regia15 ; solio16). Il reçoit les dons de tous les grands (ab omnibus optimatibus Francorum donariis acceptis17) ou du/des peuple(s) (a populis18 ; a populo19 ; pantos tou ethnous20). Il fait ensuite des proclamations, ce que rapportent AMp, AFuld et ChrLaur—en des termes fort différents, il est vrai—mais pas Éginhard ni Théophane. Pour ChrLaur, il n’est qu’un porte-parole, ce sont les Francs qui décident : praecipiebatque die illo quicquid a Francis decretum erat21. Cette même tendance à minimiser son rôle s’observe également chez Éginhard, mais à propos de la réception des ambassadeurs : les réponses que le roi leur fait comme en vertu de son propre pouvoir lui sont en réalité dictées ou imposées22. Au contraire, AFuld ne réduit pas le roi à un rôle de figuration et précise que ce qu’il annonce aux peuples, n’est autre que l’agenda de l’année nouvelle23. Des trois textes, AMp est de loin le plus disert. Sur le poids respectif du roi et du maire du palais, il entretient une certaine ambiguïté : grâce à une construction grammaticale impersonnelle qui aligne les ablatifs absolus (verboque … facto, raptuque … et incendio … interdicto, … precepto dato), il obscurcit l’identité du sujet agissant. Sur la teneur des proclamations, ses précisions sont sans égal tant par l’ampleur que par la substance : « […] [le roi] s’étant engagé formellement pour la paix et la protection des églises de Dieu, des orphelins et des veuves, / ayant interdit par un décret solennel le rapt [ou viol] des femmes et l’incendie volontaire / et ayant donné un précepte à l’armée afin qu’elle soit prête, au jour qu’il lui communiquerait, à marcher dans la direction qu’il aurait arrêtée24. »
13 AMp, ao 692 (14:9) : presidere iubebat. 14 AFuld, ao 751 (6:1-2). 15 ChrLaur, iii, 12 (28:5). 16 Éginhard, VKM, 1 (3:10), mais en rapport avec la réception des ambassadeurs, non avec l’assemblée annuelle. 17 AMp, ao 692 (14:9-10). 18 AFuld, ao 751 (6:2). 19 ChrLaur, iii, 12 (28:4). 20 Théophane, Chronographia, A. M. 6216 (402:29-403:1). 21 ChrLaur, iii, 12 (28:6-7). 22 Éginhard, VKM, 1 (3:12-13) : responsa, quae erat edoctus vel etiam iussus, ex sua velut potestate redderet. 23 AFuld, ao 751 (6:4-5) : quae deinceps eo anno agenda essent, populis adnuntiante. 24 AMp, ao 692 (14:10-15) : […] verboque pro pace et defensione ecclesiarum Dei et pupillorum et viduarum facto / raptuque feminarum et incendio solido decreto interdicto, / exercitui quoque precepto dato, ut, quacumque die illis denuntiaretur, parati essent in partem, quam ipse disposuerat, proficisci.
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5.5. Parallèles carolingiens Les meilleurs parallèles proviennent de plusieurs capitulaires de Charlemagne, dont les uns—et notamment le plus ancien—concernent les pays nouvellement annexés à l’empire, Saxe, Italie et Bavière, tandis que les autres, majoritaires, sont adressés aux missi : « Les articles sont : d’abord, que les églises, les veuves, les orphelins et les moins puissants jouissent d’une paix [lit. « aient u. p. »] juste et tranquille ; que personne n’ait l’audace de perpétrer [lit. « de faire »] de rapt, d’effraction ou d’incendie volontaire dans les confins de la patrie ; et que nul n’ose rester [chez lui] malgré l’ordre de mobilisation du seigneur roi25. » « Concernant l’hériban. Si quelque liber, méprisant notre ordre, osait rester chez lui tandis que les autres rejoignent l’armée, qu’il sache qu’il aura à payer l’hériban intégral, conformément à la loi des Francs, soit soixante sous. [La] même [sanction s’appliquera] si sont méprisés les articles que nous avons promulgués par le ban de notre autorité royale : ainsi, quiconque rompra la paix des églises de Dieu, des veuves, des orphelins, des pupilles et des moins puissants, acquittera une amende de soixante sous26. » « S’ensuivent les articles que le seigneur Charles, l’empereur sérénissime, ordonna d’ajouter à la loi des Bavarois afin que quiconque rompt son ban ait à payer une amende. Que l’Église, les veuves, les orphelins ou les moins puissants jouissent d’une paix [lit. « aient u. p. »] juste ; et en quelque lieu qu’on l’enfreigne, que l’on paie soixante sous. Que nul n’ose commettre de rapt ou de violence en bande armée, ni n’allume d’incendie dans les confins de la patrie ; quiconque le ferait payera une amende de soixante sous pour [?] notre ban. De même, quiconque désobéirait à un ordre royal de mobilisation. [L’amende de soixante sous] sera toujours [exigée] dans ces huit cas ; autrement, il appartiendra aux rois de décider au cas par cas de l’imposer ou non27. » 25 Capitulare Saxonicum, 28.x.797, c. 1, éd. C. Freiherr von Schwerin, Leges Saxonum und Lex Thuringorum, Hanovre et Leipzig, 1918 (MGH. Fontes iuris, 4), p. 45-49, p. 45-46 : Hec sunt capitula. I. Primus ut ecclesiae, viduae, orfani et minus potentes iustam et quietam pacem habeant et ut raptum et fortiam nec incendium infra patriam quis facere audeat presumptive et de exercitu nullus super bannum domini regis remanere praesumat. 26 Capitulare Italicum, 801, c. 2, éd. A. Boretius, Capitularia, no 98, p. 204-206, p. 205, l. 14-19 : 2. De haribanno. Si quis liber, contemta iussione nostra, caeteris in exercitum pergentibus, domi residere praesumpserit, plenum haribannum secundum legem Francorum, id est solidos sexaginta, sciat se debere conponere. Similiter et pro contemtu singulorum capitulorum quae per nostrae regiae auctoritatis bannum promulgavimus, id est qui pacem ecclesiarum Dei, viduarum, orfanorum et pupillorum ac minus potentium inruperit, sexaginta solidorum multam exsolvat. L’incendium et le raptus manquent ici. Sur liber ou homo liber, voir J. Durliat, Les finances publiques de Dioclétien aux Carolingiens (284‑889), Sigmaringen, 1990 (Beihefte der Francia, 21), p. 222-223, 224 (n. 17), 229, 317-319. 27 Capitula ad legem Baiwariorum addita, 801 – 813 (H. Mordek, Bibliotheca capitularium regum Francorum manuscripta. Überlieferung und Traditionszusammenhang der fränkischen Herrschererlasse, Munich, 1995 [MGH Hilfsmittel, 15], p. 1088 : « a. 803 ? »), c. 1-3, éd. A. Boretius, Capitularia, no 68, p. 157-158 : Capitula quae ad legem Baivariorum domnus Karolus serenissimus imperator addere iussit, ut bannum ipsius quislibet inruperit
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« Enfin, nous désirons savoir par les missi que nous envoyons partout dans notre royaume, si nos décrets [sont observés], tant par les ecclésiastiques […] que par les laïcs. Pour ceux-ci, si en tous lieux ils y obéissent à propos de la protection des saintes églises, des veuves, des orphelins ou des moins puissants, comme à propos de la rapine ou de la mobilisation ; [nous souhaitons savoir] comment ils obéissent à notre précepte et à notre volonté et comment notre ban est respecté. » « Concernant le ban du seigneur empereur et roi, qu’il a coutume de proclamer [?] par lui-même, c’est-à-dire : la protection des églises et des veuves, des orphelins et des moins puissants ; le rapt et l’incendie ; l’interdiction d’enlever quelqu’un de force de sa propre maison pour le tuer ou s’approprier son bien ; et l’ordre de mobilisation. Que ceux qui contreviendraient à ces [dispositions] paient de toute manière le ban royal28. »
conponere debeat. / Ut aecclesia, viduae, orfani vel minus potentes pacem rectam habeant ; et ubicunque fuerit infractum, sexaginta solidis conponatur. / 2. Ut raptum vel vim per collecta hominum et incendia infra patriam nemo facere praesumat ; et qui hoc commiserit, sexaginta solidos in bannum nostrum conponat. / 3. Similiter et qui iussionem regiam in hoste bannitus inruperit. / Haec octo capitula in assiduitate ; reliqua autem reservata sunt regibus, ut ipsi potestatem habeant nominativae demandare, unde exire debent. Boretius remarque, à propos d’assiduitate : « Tamquam legis praecepta perpetua », « En tant que préceptes perpétuels de la loi ». On compte bien huit cas (aecclesia, viduae, orfani, minus potentes, raptum, vis, incendium, ost), les mêmes, en gros, que ceux de la Summula de bannis, infra. 28 Capitulare missorum generale, début 802, c. 40, éd. A. Boretius, Capitularia, no 33, p. 91-99, p. 98, l. 36-41 : Novissime igitur ex omnibus decretis nostris nosse cupimus in universo regno nostro per missos nostros nunc directos, sive inter ecclesiasticos viros […]. Simili autem laicos et in omnibus ubicumque locis, si de mundeburde sanctorum ecclesiarum vel etiam viduarum et orphanorum seu minimum potentium adque rapina necnon de exercitali placito instituto, et super ipsis causis, qualiter preceptum vel voluntate nostrae sint obhedientes, vel etiam qualiter bannum nostrum habeat conservatum […]. Capitularia missorum specialia (combine Capitulare missorum Parisiacum et Rotomagense et Capitulare missorum Aurelianense), début 802, c. 18, éd. A. Boretius, Capitularia, no 34, p. 99-102, p. 101, l. 14-17 (A) = Capitula a misso cognita facta, 803 × 813 (H. Mordek, Bibliotheca, p. 1087 : « 802 ou peu après »), c. 1, éd. A. Boretius, Capitularia, no 59, p. 146, l. 17-20 (B) = Capitula singillatim tradita Karolo Magno adscripta (Boretius, no 104), 6e des Capitula Francica singillatim tradita, des « articles francs transmis isolément » (Boretius, p. 214, l. 20-24) (C), ce dernier étant le texte de base de l’édition ci-dessous : De banno dominia imperatoris et regis quodb per semetipsum consuetus est bannire, id est de mundepurdioc aecclesiarumd ete viduarum, orfanorum et de minus potentiumf atque raptog eth de incendio, ut nullus presumat hostiliter alium in propria domo querere ad interficiendum aut aliquid tollendumh et de exercitaliai placito instituto, ut hiij qui ista inrumperitk bannum dominicum omnimodis componant. a. domni, A || b. quem, B || c. mundeburde, A ; mundoburde, B || d. ecclesiarum, A || e. om. A, B || f. potentum personarum, B || g. atque de raptu, B || h-h. om. A, B || i. exercitali, A, B || j. hi, A, B || k. inrumperint, A ; irrumperint B. L’insistance sur l’intervention personnelle du prince (per semetipsum) est peut-être à rapprocher de la distinction qu’établit le capitulaire bavarois (ci-dessus, n. 27) entre les crimes et délits qui encourent d’emblée l’amende de soixante sous et ceux qui n’en sont frappés que si le prince en décide expressément ainsi … sauf que le rapport est ici inversé, les infractions étant celles qui, là, ne nécessitaient pas, pour être lourdement sanctionnées, le fiat impérial. La sollicitude de Charlemagne—car c’est de lui qu’il s’agit—n’est pas, par ailleurs, sans rappeler celle de Thierry IV dans le passage d’AMp cité à l’instant (supra, n. 24).
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On citera en outre la Summula de bannis ou Memoratio de octo bannos, antérieure au couronnement impérial de Charlemagne29 : « Des huit bans dont notre seigneur veut qu’ils comportent une amende de 60 sous. / 1. L’atteinte à l’honneur de la sainte Église. / 2. Quiconque agit injustement contre les veuves […] / 3. [ou] les orphelins [, …] / 4. [et] contre les pauvres, qui ne peuvent se défendre et qu’on appelle “indigents”. / 5. Quiconque se livre au rapt, c’est-à-dire qui enlève une femme libre contre la volonté de ses parents. / 6. Quiconque provoque un incendie dans la patrie, c’est-à-dire met le feu à la maison ou à l’écurie d’autrui. / 7. Quiconque fait harizhut, c’est-à-dire force la clôture, la porte ou la demeure d’autrui. / 8. Quiconque ne se rend pas à l’armée. / Tels sont les huit bans du seigneur roi dont chacun est puni d’une amende de 60 sous30. » La localisation de l’incendium « infra patria » (c. 6) est aussi lapidaire ici que dans le Capitulare Saxonicum (Sax) et dans les Capitula ad legem Baiwariorum addita (Baiw).
29 Date : la Summula/Memoratio qualifie le souverain de « roi », d’où la date avancée par H. Mordek, Bibliotheca, p. 17-18. Titre : Le premier, Summula de bannis, est donné par A. Boretius, Capitularia, no 110, p. 224, à une pièce, Bamberg, SB, Msc. Jur. 35 (premier tiers du ixe s.), fol. 306/145v - 307/146r, qui en est dépourvue. Le deuxième, Memoratio de octo bannos, est attesté par la table des matières d’un recueil de droit séculier compilé, croit-on, vers 807, par un missus neustrien de Charlemagne—d’où le nom de Collectio Neustrica (CN) qu’on lui donne aujourd’hui (K. Ubl, « Manuscript of the Month, February 2016 : Paris, BN, lat. 10758 », dans : Id. [dir.], Capitularia. Edition der fränkischen Herrschererlasse = http:// www.capitularia.uni-koeln.de). On ne conserve plus de CN que des états incomplets, amputés des quatre derniers textes annoncés par la table, dont la Memoratio (K. Ubl, ibid.). La table, quant à elle, nous est connue par quatre manuscrits étroitement apparentés (tous numérisés sur Gallica) : Paris, BNF, lat. 10758 (Reims, vers la fin de l’épiscopat d’Hincmar), p. 58, 4760 (France, xe s.), fol. 6r-v, 4628 A (Saint-Denis [?], fin du xe s. / début du xie), fol. 68v-69r, et 4631 (Saint-Denis, fin du xve s.), fol. 112va (H. Mordek, op. cit., p. 17-18, 493-494, 514 et 590 ; sur tous ces mss., sauf 4760, voir également M. M. Tischler, Einharts Vita Karoli, p. 1500-1530) ; elle est éditée par J. M. Pardessus, Loi salique ou recueil contenant les anciennes rédactions de cette loi et le texte connu sous le nom de Lex emendata, Paris, 1843, p. 275, et, avec restitution de l’ordre primitif des chapitres, la Memoratio occupant la 18e et avant-dernière position, par K. Ubl, op. cit. 30 Memoratio (d’après le manuscrit de Bamberg cité à la note précédente et numérisé sur bavarikon.de) : De illos* octo bannus unde domnus noster vult, quod exant** solidi LX. / i. Cap. Dishonoratio sanctae ecclesiae. / ii. Qui iniuste agit contra viduas. / iii. De orfanis. / iiii. Contra pauperinus qui se ipsus defendere non possunt, qui dicuntur unvermagon. / v. Qui raptum facit, hoc est qui feminam ingenuam trahit contra voluntatem parentum suorum. / vi. Qui incendium facit infra patriam, hoc est qui incendit alterius casam aut scuriam. / vii. Qui harizhut facit hoc est qui frangit alterius sepem aut portam aut casam cum virtute. / viii. Qui in hoste non vadit. / Isti sunt octo banni domino regis unde exire debent de unoquisque solido LX. *Contrairement à ce qu’affirme A. Boretius, p. 224, note a, le mot illos figure bien dans le manuscrit et l’édition de Pertz est donc préférable, sur ce point, à la sienne. L’auteur ou le copiste de ce texte est piètre latiniste, cela saute aux yeux. Il est aussi piètre germaniste : la forme harizhut (c. 7) est probablement fautive (voir infra, Annexe 10, sect. 1) et ur uer magon (c. 4) l’est certainement (Boretius corrige : unvermagon, allem. mod. « unvermögend », voir ses notes b et 1). Sans doute est-il romanophone : en tout cas, illos n’est plus à proprement parler l’adjectif-pronom démonstratif latin, mais ce que P. Bouet, D. Conso et F. Kerlouégan, Initiation au système de la langue latine. Du latin classique aux langues romanes. ier siècle avant J.-C. – viiie siècle après J.-C., s. l., 1975 (Nathan-Université. Fac. Langues anciennes), p. 139, appellent un « articloïde », typique de « l’époque où se constituent les langues romanes (viiie – xie s.) ». **Corriger : exeant.
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La Loi des Bavarois (prob. composée en plusieurs fois, entre le début du viie siècle et le milieu du viiie plutôt qu’en une seule, dans le deuxième quart du viiie31) use en son livre 2, chapitre 5, d’une tournure voisine, infra provincia, dont le sens, grâce au contexte, est limpide : « Nous interdisons absolument que, sur le territoire de la province et sans ordre de son duc, quelqu’un du contingent se livre au pillage comme s’il était en campagne ou s’avise de prendre du foin ou du grain ou de brûler des maisons. Qu’en conséquence [chaque] comte ait soin de ses troupes ; qu’il donne les ordres nécessaires aux officiers et sous-officiers [ou, plus littéralement, « aux centeniers et dizeniers »] et que chacun pourvoie aux besoins de ceux auxquels il commande, afin qu’ils ne fassent rien d’illégal. […] Que le comte ne néglige pas de maintenir la discipline dans son régiment, afin que personne ne commette d’infraction sur le territoire de sa province32. » La même disposition, légèrement modifiée par Benoît Lévite33 (infra provintia devenant infra regnum et iussione ducis, iussione dominica, par ex.), se retrouve dans le Capitulaire de Pîtres, de 862, encadrée par deux autres qui en confirment le contexte : « Et de même : ‘En ce qui concerne la paix qu’il convient de maintenir au passage de l’armée, jusqu’à la frontière (avec l’ennemi), nous voulons que l’on fasse savoir à tous que, quiconque connaît de nom l’auteur d’un dommage qu’il a subi, qu’il demande et obtienne justice de lui’. Et de même : ‘Si quelqu’un du contingent se livrait au pillage comme s’il était en campagne, sur le territoire du royaume et sans ordre de son roi […] afin que personne ne commette d’infraction sur le territoire du royaume.’ De même, les bandes armées qu’on appelle herizuph en tudesque, les effractions de territoires immunitaires, les incendies volontaires, les violations de domicile [lit. : « les assauts d’une maison »], les conjurations, conspirations et séditions, le viol des femmes, nous les interdisons fermement
31 S. Esders, « Late Roman Military Law in the Bavarian Code », dans Clio@Thémis, 10, 2016, paginé 1 à 24, p. 10-11, §§ 11 et 12. 32 Lex Baiwariorum, 2.5, éd. E. von Schwind, Hanovre, 1926 (MGH LL nat. Germ., 5/2), p. 297-299 : Si quis in exercitu infra provincia sine iussione ducis sui per fortiam hostilem aliquid praedare voluerit aut fenum tollere aut granum vel casas incendere, hoc omnino testamur, ne fiat. Et exinde curam habeat comis in suo comitatu ; ponat enim ordinationem suam super centuriones et decanos et unusquisque provideat suos quos regit, ut contra legem non faciant. […] Comes tamen non neglegat custodire exercitum suum, ut non faciant contra legem in provincia sua. Source : Lex Visigothorum, 8.1.9 (Antiqua), éd. K. Zeumer, Hanovre et Leipzig, 1902 (MGH LL nat. Germ., 1), p. 316-317, cité par von Schwind, p. 297, l. 11-14 : De his qui in expeditione euntes aliquid auferre vel depredare presumunt. Qui in expeditionem vadunt, que abstulerint quadrupli satisfactione restituunt […]. Cuius rei exactionem provinciarum comites vel iudices aut vilici studio suo non morentur inpendere, quia provincias nostras non volumus hostili predatione vastari. 33 Benoît Lévite, Collectio capitularium, 1.341, éd. G. Schmitz, V. Lukas, A. Grabowsky et C. Radl = http:// www.benedictus.mgh.de (état au 10.xii.2014), p. 114-115.
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de par notre ban, à l’instar des lois divines et humaines, comme l’ont fait les rois, nos prédécesseurs34. » Les exactions commises par l’armée en territoire propre, voilà ce qu’interdit le roi, en sa double qualité de commandant suprême et de garant de l’ordre public—dans tous les textes que l’on vient de citer et dans quantité d’autres encore35. Pour parachever cette démonstration, il convient de citer l’article six du Capitulare missorum de 789, la plus ancienne des lois de Charlemagne consacrée à cet aspect de la conduite des troupes et remarquablement similaire, de surcroît, au « précepte pour l’armée » de son lointain prédécesseur mérovingien36 : « Ces mêmes missi ainsi que les comtes de leurs circonscriptions auront fait les préparatifs nécessaires de manière à ce que, cette année, tous, en général, viennent prêts à combattre aux côtés du seigneur roi, conformément à son ordre, et se déplacent en paix sur le territoire de la patrie ; quant à lui, il leur signifiera ses volontés par ses lettres, à savoir la date et le lieu où ils doivent se regrouper37. » Les trois promulgations auxquelles, selon AMp, se limitait l’intervention du prince à l’occasion de l’assemblée annuelle, forment donc bien un ensemble cohérent, contrairement à l’impression première. Si ce témoignage est peut-être en partie façonné par des préoccupations et/ou des textes contemporains de sa rédaction38, 34 Capitula Pistensia (Charles le Chauve, juin 862), c. 4, éd. W. Hartmann, Die Konzilien der karolingischen Teilreiche 860-874 / Concilia aevi Karolini dccclx-dccclxxiv, Hanovre, 1998 (MGH Concilia, 4), p. 90-122, p. 104, l. 13, à 105, l. 2 : Et item : ‘De pace in exercitali itinere servanda usque ad marcham hoc omnibus notum fieri volumus, quod quicumque auctorem damni sibi inlati nominatim cognoscit, ut iustitiam de illo quaerat et accipiat.’ Et item : ‘Si quis in exercitu vel infra regnum sine iussione dominica per vim hostilem aliquid praedari voluerit […] ne aliqua deprȩdatio infra regnum fiat.’ Similiter et collectas, quas Theodisca lingua herizup appellat, et infractiones inmunitatum et incendia et adsalituras in domos et coniurationes et conspirationes et seditiones et raptus feminarum, sicut in divinȩ et humanȩ leges prohibent et prȩdecessores nostri reges prohibuerunt, firmiter ex banno nostro etiam et nos prohibemus. Sur les sources des citations de ce chapitre, voir Annexe 9, section 1. Sur collecta(e) et heriszuph/herizup, Annexe 10, section 1. 35 Voir Annexe 9, section 2. 36 Voir supra, n. 24, à partir de exercitui quoque. 37 Capitulare missorum, 6, éd. A. Boretius, Capitularia, no 25, p. 66-67, p. 67, l. 29-32. La base capitularia.unikoeln.de recense sept dates, dans une fourchette 786 × 793, la dernière étant dans H. Mordek, Bibliotheca : 789. Le texte est mutilé, les mots et lettres soulignés sont restitués par Boretius d’après Pertz : Ut parata servitia habeant ipsi missi una cum comitibus qui in eorum ministeriis fuerint, ut omnes generaliter hoc anno veniant hostiliter in solatio domni regis sicut sua fuerit iussio, et pacem in transitu custodiant infra patria ; qui per epistolas suas de voluntate sua illis significare vult, quando vel ubi debeant inter se coniungi. 38 W. Sickel, Volksversammlung, p. 340, n. 1 (« Die vereinzelte Angabe der Ann. Mett. SS. I, 320, die Merowinger hätten auf dem Märzfeld besonders Frieden geboten, scheint ein aus den bekannten karolingischen Befehlen dieses Inhalts zurechtgemachten Bericht zu sein »). Le collationnement avec les capitulaires (Saxonicum = Sax ; Italicum = Ital ; ad legem Baiwariorum addita = Baiw ; missorum generale = MissGen ; missorum specialia et simil. = MissSpec) révèle des affinités ponctuelles, non une filiation. L’expression « paix des églises de Dieu » est commune à AMp et Ital (Sax et Baiw adoptent une autre tournure, ut ecclesiae … pacem habeant ; MissGen et MissSpec substituent « maimbour » à « paix »). Le mot « pupille » également—en revanche, AMp ne mentionne pas les minus potentes à la suite des veuves et des orphelins, comme font tous les capitulaires. La formule « rapt des femmes » est propre à AMp : ailleurs, il est simplement question de « rapt » ou de « rapine », sauf dans Ital, muet sur
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sans doute n’y a-t-il pas lieu de lui refuser toute pertinence pour l’époque de Pépin II. En effet, les mesures édictées à l’encontre de certaines violences et dont la Memoratio représente, sous Charlemagne, la formulation la plus aboutie, ont des antécédents romains d’époques républicaine, impériale et tardive qu’il nous incombe, à présent, d’explorer brièvement.
5.6. Les Romains, la violence et la discipline militaire 5.6.1. Cincius
De l’Art militaire d’un certain Cincius, écrit au premier siècle avant notre ère39, il ne reste plus que quelques fragments transmis par Aulu-Gelle († v. 180) dans ses Nuits attiques, si prisées des lettrés carolingiens40. Les extraits du livre 5 intéressent directement notre propos41 : « 2. Il [y] est écrit ceci : « Quand, autrefois, on procédait à une levée et qu’on enrôlait les soldats, le tribun militaire leur faisait prêter serment en ces termes : « Dans l’armée du consul Caius Laelius, fils de Caius, et du consul Lucius Cornelius, fils de Publius42, et dans un espace de dix mille pas autour, tu ne commettras pas de vol avec intention coupable, seul ou avec d’autres, […]. » 3. Les soldats ce point. Pour l’incendium—qui manque également dans Ital, comme dans MissGen—, AMp et MissSpec s’opposent à Sax, Baiw et Memoratio, qui précisent que ce crime est perpétré infra patriam. Sax, Baiw, MissSpec et Memoratio envisagent un autre type de forfait : l’effraction (resp. : fortia ; vim per collecta hominum ; alium hostiliter in propria domo querere ad interficiendum aut aliquid tollendum ; harizhut facere hoc est frangere alterius sepem aut portam aut casam cum virtute). En ce qui concerne l’armée, AMp et le Capitulare missorum de 789 traitent de l’ordre de mobilisation ; les autres capitulaires, quant à eux et chacun à sa façon, de la désobéissance à cet ordre (bien attestée, évidemment, sous les Mérovingiens, voir infra, p. 180). Enfin, si, dans les capitulaires, l’agencement de ces éléments prend la forme d’une liste récapitulative, il semble correspondre, dans AMp, à un stade antérieur dans l’évolution des faits consignés, plus proche d’une réalité politico-administrative en gestation : le roi prend, pour chacun des trois domaines de son intervention (pax et defensio ecclesiarum Dei et pupillorum et viduarum ; raptus feminarum et incendium ; exercitus), des dispositions dont la spécificité ressort de celle des instruments (verbum, decretum, preceptum) et des démarches (facere, interdicere, dare) mis en œuvre. 39 Y. Julien, Aulu-Gelle, p. 7, n. 9 ; W. Kierdorf, « Cincius [1] », dans Brill’s New Pauly. Antiquity, III, Leiden et Boston, 2003, col. 340-341. 40 R. Marache, dans : Aulu-Gelle, Les nuits attiques. I. Livres I-IV, éd., trad. et comm. Id., Paris, 1967 (CUFSL, 1), p. xlii-lvii. B. Munk Olsen, L’étude des auteurs classiques latins aux xie et xiie siècles. I. Catalogue des manuscrits classiques latins copiés du ixe au xiie siècle (Apicius-Juvénal), Paris, 1982 (Documents, études et répertoires publiés par l’IRHT), p. 395-402. 41 Aulu-Gelle, Les nuits attiques, 16.4.2-5 ( Julien, p. 7-8 [traduction retouchée]) : 2. Item [ibidem] scriptum est : « Cum dilectus antiquitus fieret et milites scriberentur, iusiurandum eos tribunus militaris adigebat in uerba haec : « C. Laelii C. fili consulis L. Cornelii P. fili consulis in exercitu decemque milia passuum prope furtum non facies dolo malo solus neque cum pluribus pluris nummi argentei in dies singulos ; […]. » 3. Militibus autem scriptis dies praefinibatur, quo die adessent et citanti consuli responderent ; 4. deinde ita concipiebatur iusiurandum, ut adessent, his additis exceptionibus : « […] ». » 5. Item in eodem libro uerba haec sunt : « Miles cum die, qui prodictus est, aberat neque excusatus erat, infrequens notabatur ». 42 En 190 av. J.-C., donc.
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une fois enrôlés, un jour était fixé où ils eussent à se présenter pour répondre à l’appel du consul ; 4. on composait ensuite un serment pour les contraindre à être présents, avec ces exceptions : « […] ». » 5. Il y a en outre dans ce même livre les mots que voici : « Quand un soldat était absent sans excuse au jour fixé il était frappé d’infamie comme déserteur. » » On découvre donc, réunis dans un même traité, voire dans un même règlement de très haute antiquité, deux aspects fondamentaux de la déontologie militaire qui demeureront, huit à dix siècles plus tard, au cœur des dispositifs pénaux visant à garantir l’obéissance dans les rangs : la protection des populations civiles contre les déprédations de la soldatesque et la nécessité d’assurer, à point nommé, le plein des effectifs combattants. Le cercle sanctuarisé de dix mille pas préfigure sans doute ceux, de sept et huit milles respectivement, que Thierry Ier trace, vers 52543, autour de Brioude et Clermont44, à cette différence près, on l’aura noté, que, dans l’exemple romain, le centre est mobile et se déplace avec l’armée. La distance entre l’Hebdomon et Constantinople45, entre le lieu de l’assassinat de Valentinien III (455)46 ou celui de l’acclamation d’Anthime (467)47 et Rome, sont peu-être du même ordre. 5.6.2. La Lex Julia de vi publica
La Lex Julia de vi publica48, la Loi julienne sur la violence publique, attribuée à Jules César ou à Auguste, son fils adoptif, et sa jumelle, la Lex Julia de vi privata, sont connues, sous des formes diverses mais sans interruption, pendant toute la période médiévale :
43 E. James, dans : Gregory of Tours, Life of the Fathers, trad. et comm. Id., Liverpool, 1991 (TTH, 1), p. 23-24, n. 9. 44 Grégoire de Tours, Liber de passione et virtutibus sancti Iuliani martyris, 13, éd. B. Krusch, Hanovre, 1885 (MGH SS rer. Merov., 1/2), p. 112-134, p. 120, l. 10-11 ; et Liber vitae Patrum, 4.2, ibid., p. 211-294, p. 225, l. 25. 45 Voir supra, p. 53-54. 46 Voir Tableau 5, à cette date. 47 Idace, Chronique (Burgess, p. 118) : ROMANORUM XLVI ANTIMUS OCTAVO MILIARIO DE ROMA AVGVSTVS APPELLATVR ANNO LEONIS IMPERII VIIII MENSE AUGUSTO (« Le 46e [empereur] des Romains. Anthime est appelé Auguste au huitième milliaire depuis Rome, la 9e année du règne impérial de Léon, au mois d’août »). Cassiodore situe l’événement au troisième mille, in loco Brotontas (R. W. Mathisen, « Anthemius [12 April 467 - 11 July 472 A.D.] », dans : De Imperatoribus Romanis. An Online Encyclopedia of Roman Emperors). F. Anders, Flavius Ricimer. Macht und Ohnmacht des weströmischen Heermeisters in der zweiten Hälfte des 5. Jahrhunderts, Francfort/Main, 2010 (Europäische Hochschulschriften. Reihe III. Geschichte und ihre Hilfswissenschaften, 1077), p. 197, n. 706, croit—mais ne démontre pas—que les deux assemblées, celle qui vit périr Valentinien III et celle qui dut sa notoriété à Anthime, eurent lieu au même endroit. 48 A. Roth, Kollektive Gewalt und Strafrecht. Die Geschichte der Massedelikte in Deutschland, Berlin, 1989 (Quellen und Forschungen zur Strafgeschichte, 4), sections B et C, p. 28-72. L’approche de Roth est nécessairement panoramique et quelque peu superficielle, vu qu’elle couvre vingt siècles en deux cent quarante pages de composition aérée. Il n’empêche que la base documentaire exploitée dans la section C, consacrée au « droit allemand primitif », c’est-à-dire, chronologiquement parlant, au premier Moyen Âge, est véritablement impressionnante : la plupart des lois ou codes dits « barbares » sont cités, de même que plusieurs capitulaires, dont la Summula de bannis. Sur les Leges Iuliae de vi, outre A. Roth, op. cit., p. 39-50,
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Isidore de Séville49 la cite, Alcuin50 aussi et bien d’autres encore. Sous son sixième titre, Ad Legem Juliam de vi publica, le 48e livre du Digeste de Justinien reproduit deux extraits des Institutions du jurisconsulte Marcien51 (première moitié du iiie siècle) en lesquels on reconnaîtra sans peine un ancêtre de la Memoratio carolingienne : « 3. […] Sont visés par le même statut ceux qui fomenteraient des troubles ou des séditions et armeraient [à cet effet] des esclaves ou des hommes libres. Est justiciable de la même loi, quiconque, passé l’âge de la puberté, paraîtrait armé en public. Sont visés par le même statut, ceux qui […], grossissant les rangs d’une sédition, forceraient des villae et pilleraient des biens en se servant d’armes ou de traits. Est de même justiciable, celui qui, dans un incendie, mettrait la main
voir notamment : Ch. Lécrivain, « Vis privata et publica », dans DAGR, fasc. li, 1916, p. 927-929 ; O. F. Robinson, The Criminal Law of Ancient Rome, Londres, 1995, spéc. p. 29 et 79 ; J. Harries, Law and Crime in the Roman World, Cambridge, 2007 (Key Themes in Ancient History), c. 8, p. 106-117, spéc. p. 110-111. 49 Isidore de Séville, Étymologies, 5.26.4-6, éd., trad. (esp.) et comm. V. Yarza Urquiola et F. J. Andrés Santos, Isidoro de Sevilla, Etymologías. Libro V. De legibus - De temporibus, Paris, 2013 (Auteurs latins du Moyen Âge, 25), p. 60-63 : Vis est uirtus potestatis, per quam causa siue res uel aufertur uel extorquetur. [5] Vis priuata est, si quisque ante iudicium armatis hominibus quemquam a suo deiecerit vel expugnauerit. [6] Vis publica est, si quis ciuem ante populum uel iudicem uel regem appellantem necauerit, aut torserit siue uerberauerit uel uinxerit (« [4] La violence est une faculté du pouvoir, au moyen de laquelle on enlève un bien ou une chose [à quelqu’un], ou on [la lui] extorque. [5] La violence privée consiste à chasser ou à expulser quelqu’un de son bien avant [tout] jugement et à l’aide d’hommes armés. [6] La violence publique consiste à tuer, torturer, frapper ou emprisonner un citoyen qui fait appel devant le peuple ou le juge ou le roi »). La dernière phrase, Vis publica etc., dérive clairement des Sentences dites « de Paul », 5.28.1, Pauli Sententiae, éd. G. Hänel, Lex Romana Visigothorum, Leipzig, 1848, p. 338-444, p. 438 ; éd. D. Liebs, « Die Pseudopaulinischen Sentenzen II. Versuch einer neuen Palingenesie, Ausführung », dans ZRG Rom., 113, 1996, p. 132-242, p. 235 (5.32.1) ; voir Dirksen, Kübler et Conrat, d’où R. Mentxaka, « Algunas consideraciones sobre los crimina, en particular contra el estado, en las Etimologías de Isidoro (Et. 5,26) », dans Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis, 65, 1997, p. 397-421, p. 407, d’où F. J. Andrés Santos et V. Yarza Urquiola, op. cit., p. 212-213, n. 3. La deuxième, Vis privata, etc. est une adaptation plus libre du début de Sentences, 5.28.3 (Hänel, loc. cit. ; Liebs, loc. cit. [5.32.3] ; voir Dirksen, Kübler et Conrat, d’où R. Mentxaka, op. cit., p. 406, d’où F. J. Andrés Santos et V. Yarza Urquiola, op. cit., p. 212, n. 2) ou de Justinien, Digeste, 48.6.3.6, éd. Th. Mommsen, Digesta Iustiniani Augusti, 19Dublin et Zurich, 1966 (Corpus Iuris Civilis, 1), p. 851a (l’ordre des mots armatis hominibus est le même dans les Sentences, et quemquam est à rapprocher de quem ; en revanche, Isidore s’en tient, comme le Digeste, à deux verbes, deiecerit et expugnaverit, là où les Sentences en ont quatre— d., e., obsederit et cluserit—en plus de quoi son suo fait écho aux adjectifs possessifs du Digeste, domo agrove suo aut navi sua, qui manquent dans les Sentences, possessione, domo, villa agrove). Le principe que résument les mots ante iudicium, « avant le jugement », qui ne se trouvent ni dans Digeste, 48.6.3.6, ni dans Sentences, 5.28.3, est énoncé plus longuement dans Digeste, 48.6.7 (Mommsen, p. 852a). Il est toutefois vrai que la notion voisine d’entrave à la justice est omniprésente dans Digeste, 48, 6-7, et Sentences, 5.28. Pour ce qui est des Sentences, R. Mentxaka, op. cit., p. 24, croit qu’Isidore ne les connut que de deuxième main, à travers une compilation ou un manuel destiné à l’enseignement. Peut-être l’emprunt au Digeste doit-il être imputé, lui aussi, à cet intermédiaire. 50 Alcuin, Ep. 245, de 801 ou 802, éd. E. Dümmler, Alcvini sive Albini epistolae, MGH Epp., 4, Berlin, 1895, p. 1-481, p. 396, l. 33, à 397, l. 7, citant textuellement les Sentences dites « de Paul », 5.28.1 (Hänel, p. 438 ; Liebs, 5.32.1, p. 235) ainsi que l’Interpretatio (éd.Hänel, p. 438 ; éd. M. Kaser et F. Schwarz, Die Interpretatio zu den Paulussentenzen, Cologne et Graz, 1956, p. 55-56). 51 Sur ce personnage et son œuvre, voir L. De Giovanni, Giuristi Severiani. Elio Marciano, Naples, 1989 (Pensiero e storia giuridica di Roma, 1).
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sur autre chose que la charpente. Sera en outre puni de la peine prévue par cette loi quiconque abuserait par la force d’un enfant, d’une femme ou de qui que ce soit. Et quiconque, armé d’un glaive ou d’un trait, se trouverait sur les lieux d’un incendie pour s’y livrer au pillage ou pour empêcher le propriétaire [dominus] de sauver ses biens, s’expose à la même peine. Est justiciable de la même loi quiconque, avec l’aide d’hommes armés, se sera emparé de vive force d’une maison, d’un champ ou d’un navire et en aura chassé le possesseur. […]. 5. [..] Quiconque, par un rassemblement, une cohue, une mêlée, une sédition, provoquerait un incendie ; quiconque, par dol, tiendrait un homme enfermé ou captif ; […] ; quiconque violerait une femme, qu’elle soit célibataire ou mariée, qu’on le punisse du supplice suprême52. »
52 Justinien, Digeste, 48.6.3 (Mommsen, p. 851 ; trad. d’après Les cinquante livres du Digeste ou des Pandectes de l’Empereur Justinien traduits … par … M. [H.] Hulot […], pour les quarante-quatre premiers Livres, et pour les six derniers par M. [ J.-F.] Berthelot […], Metz et Paris, 1803, 2:345-346) : 3. […] In eadem causa sunt, qui turbae seditionisve faciendae consilium inierint servosve aut liberos homines in armis habuerint. Eadem lege tenetur, qui pubes cum telo in publico fuerit. In eadem causa sunt, qui pessimo exemplo convocatu seditione villas expugnaverint et cum telis et armis bona rapuerint. Item tenetur, qui ex incendio rapuerit aliquid praeter materiam. Praeterea punitur huius legis poena, qui puerum vel feminam vel quemquam per vim stupraverit. Sed et qui in incendio cum gladio aut telo rapiendi causa fuit vel prohibendi dominum res suas servare, eadem poena tenetur. Eadem lege tenetur, qui hominibus armatis possessorem domo agrove suo aut navi sua deiecerit expugnaverit. […]. 5. […] qui coetu concursu turba seditione incendium fecerit ; quique hominem dolo malo incluserit obsederit ; […]. Qui vacantem mulierem rapuit vel nuptam, ultimo supplicio punitur […]. La violence privée, traitée au 7e titre (p. 852), se caractérise par l’absence de certains critères essentiels : elle n’est pas armée (c. 5, cf. Institutiones, 4.18.8, éd. P. Krueger, Iustiniani Institutiones, 19Dublin et Zurich, 1966 [Corpus Iuris Civilis, 1], p. 56), elle n’est pas toujours commise en bande (c. 3.2) et son auteur n’est pourvu ni de l’imperium ni d’une quelconque potestas (c. 4, contrastant avec les c. 7 et 10 du titre précédent). Comme on sait, l’intérêt du Digeste réside dans le fait que les experts dont les écrits sont mis à contribution œuvraient à l’élaboration de règles générales. Au contraire, le Codex—et cela vaut aussi pour le 12e titre de son 9e livre, Ad legem Iuliam de vi publica seu privata—est une compilation d’extraits de constitutions impériales qui répondent à des situations précises et sont moins utiles, par conséquent, à notre propos. Comme le Codex, les Institutiones abordent (au livre 4, titre 18, De publicis iudiciis, « Sur les procès publics », § 8) la lex Julia de vi publica seu privata, mais en quelques brèves lignes, conformément à leur destination pédagogique. On y distingue d’abord—d’après le Digeste, essentiellement—les deux types de violences et les peines correspondantes. Justinien rappelle ensuite que le rapt des vierges, des veuves et des moniales est puni de mort, et renvoie pour plus de détails à sa constitution (Codex, 9.13, abrogeant explicitement toutes les lois antérieures). Ce titre est repris dans les Capitula legis Romanae ou Lex Romana canonice compta (Italie [?], ixe s.) et, de là, dans la collection dédiée à Anselme de Milan (882-896), la Collectio Anselmo dedicata : W. Kaiser, « Studien zu den Institutiones Iustiniani. I », dans ZRG Rom., 133, 2016, p. 1-134, p. 8. Une des Sentences dites « de Paul » (5.28.3 [Hänel, p. 438 ; Liebs, 5.32.3, p. 235-236] ; date, circonstances de cette collection : infra, Annexe 4) dresse un catalogue de violences qui présente de fortes affinités avec celui de Marcien, à ces importantes différences près que, primo, le raptus n’y figure pas (ni ailleurs sous ce titre Ad legem Iuliam de vi publica et privata, qui sera repris, ainsi qu’on vient de le voir, par le Codex de Justinien) et que, secundo, les violences en question sont qualifiées de « privées » (il y a donc inversion des catégories par rapport à ce que l’on observe dans le Digeste, postérieur, sauf la peine de la confiscation du tiers des biens, cf. Dig. 48.7, Ad legem Iuliam de vi privata, c. 1 et 8 [Mommsen, p. 852a et b]) : Lege Iulia de vi privata tenetur, [1] qui quem armatis hominibus possessione, domo, villa agrove deiecerit, expugnaverit, [2] obsederit, cluserit, [3] idve ut fieret homines commodaverit, [4] locaverit, conduxerit [5] quive coetum, concursum, turbam, seditionem, incendium fecerit, funerari sepelirive aliquem
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Entre le noir de la guerre, de la violence légitime infligée à l’ennemi étranger par l’armée—ce pour quoi elle existe—, et le blanc de la paix, s’étend le vaste domaine du gris, où foisonnent, entre autres fléaux, les cruautés qui font cortège aux troubles civils—ceux du premier siècle avant notre ère, qui animent l’auteur des Lois juliennes, comme ceux qui, sous les fils et petits-fils de Louis le Pieux, redonnent vigueur, dans l’arsenal juridique, à des règles analogues—ou les abus de toutes sortes qui naissent, de manière endémique, en marge de l’exercitus. Ces derniers prolifèrent dans un vide normatif, car si le droit ancien fait de celui qui les commande au front le juge unique et absolu des soldats53, il demeure longtemps vague ou muet sur les écarts auxquels ceux-ci pourraient se livrer ailleurs qu’au contact de l’ennemi et spécialement à l’arrière ou en route vers le théâtre des opérations. Ces « grandes misères »—pour reprendre le titre donné à la célèbre série d’eaux-fortes gravées par Jacques Callot en 1633—, auxquelles plusieurs rois francs se trouvèrent confrontés—Thierry III, si l’on en croit les Annales Mettenses priores, et Charles le Chauve, ainsi qu’on l’a vu, mais la liste est certainement plus longue—, les empereurs romains et leurs généraux eurent également à les réprimer. Les preuves de cet état de choses sont légion, mais comme elles n’ont fait l’objet d’aucun inventaire, critique ou non—qui aurait pour but, entre autres,
prohibuerit funusve eripuerit, turbaverit [6] et qui eum, cui aqua et igni interdictum est, receperit, celaverit, tenuerit [7] quive cum telo in publico fuerit, [8] templa, portas aliudve quid publicum armatis obsederit, cinxerit, clauserit, occupaverit. Quibus omnibus convictis, si honestiores sunt, [9] tertia pars bonorum eripitur [10] et in insulam relegantur, humiliores in metallum damnantur (« Est justiciable de la Loi julienne sur la violence privée quiconque chasse quelqu’un de son bien, de sa demeure, de sa villa ou de son champ pour s’en emparer ou qui l’y tient enfermé ou captif ; quiconque fournit, loue ou baille des hommes à cet effet ; quiconque provoque un rassemblement, une cohue, une mêlée, une sédition ou un incendie ; quiconque empêche les obsèques ou l’enterrement de quelqu’un, quiconque pille ou disperse les ornements des funérailles ; quiconque accueille, cache ou héberge une personne à laquelle l’eau et le feu sont interdits ; quiconque paraît armé en public et, avec [d’autres hommes] armés, assiège, entoure, ferme ou occupe des temples, des portes de ville ou quelqu’autre bâtiment public. Tous ceux qui seront reconnus coupables, si ce sont des notables, qu’on leur enlève le tiers de leur avoir et qu’on les relègue sur une île, si ce sont des gens de condition modeste, qu’on les condamne aux mines »). Le livre 14 des Institutiones de Marcien est la source principale de ce collage. Lui sont dûs (chaque chiffre représente la portion de texte à sa droite, jusqu’au chiffre suivant) : 1 (cf. Digeste 48.6.3.6.), 2 (cf. D. 48.6.5.), 5 (cf. D. 48.6.5.), 7 (cf. D. 48.6.3.2.) et 9 (cf. D. 48.7.1., mais aussi 48.7.8., extrait du deuxième livre De poenis de Modestin). Seul 3 est emprunté à Ulpien, Ad Edictum, 59 (cf. D. 48.6.4.). Sont originaux : 4 (très voisins, sémantiquement, de commodare, locare et conducere se rencontrent souvent avec ce verbe dans les énumérations de ce genre), 6, 8 et 10. 53 Cicéron, De legibus, 3.6, éd., trad. et comm. G. De Plinval, Cicéron, Traité des lois, Paris, 1968 (CUFSL, 156), p. 84 : Militiae ab eo qui imperabit provocatio nec esto, quodque is qui bellum geret imperassit, ius ratumque esto (« À l’armée, il n’y aura pas appel à l’encontre de celui qui exerce le commandement, et ce qu’aura commandé celui qui a direction de la guerre, que ce soit légal et valable ») ; Pauli Sententiae, 5.28.2 (Hänel, p. 438 ; Liebs, 5.32.2, p. 235) : Hac lege excipiuntur […] tribuni […] militum et praefecti classium alarumve, ut sine aliquo impedimento legis Iuliae per eos militare delictum coerceri possit (« Sont exceptés de [la] Loi [julienne sur la violence publique, qui interdit aux puissants—article premier du même titre—d’empêcher par la force un citoyen romain d’exercer son droit d’appel] […] les généraux d’infanterie ou de cavalerie et les amiraux, afin que les délits militaires puissent être punis par eux sans aucune interférence excipant de la Loi julienne »).
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d’identifier les lieux communs narratifs (celui du « bon général », par exemple54)—, il faudra s’en tenir à quelques coups de sonde, effectués au hasard et sans garantie de représentativité. 5.6.3. L’Antiquité tardive
Fresque merveilleuse, mais d’exploitation délicate, l’Histoire Auguste fourmille d’indications utiles. De Pescennius Niger († 194), par exemple, elle nous apprend que, « sous [son] commandement, jamais un soldat n’obligea un provincial à lui fournir bois, huile ou main-d’œuvre ». Ou, d’Alexandre Sévère († 235), que, « lorsqu’un soldat s’était détourné de l’itinéraire pour pénétrer dans une propriété privée », il lui faisait administrer « sous ses yeux un châtiment en rapport avec son grade—des coups de bâton ou de fouet, ou alors une amende si sa dignité le plaçait au-dessus de ces sanctions ». Il « avait coutume de dire : “Le soldat n’est pas redoutable s’il est habillé, armé, chaussé, s’il a le ventre plein et quelques pièces dans sa bourse”, car c’est la pauvreté qui pousse les soldats, quand ils sont en armes, à commettre des actes désespérés55 ». Ces traits ne sont pas purement littéraires : on les retrouve en effet dans des constitutions impériales contemporaines de l’Histoire Auguste, agrégées
54 Voir note suivante. 55 Hist. Aug., Pescennius Niger, 3.6 (Hohl/Chastagnol, p. 350 et 351) : Numquam sub eo miles provinciali lignum, oleum, operam extorsit. Hist. Aug., Alexander Severus, 51.6 et 52.3 (Hohl/Chastagnol, p. 620 et 621 ; éd. C. Bertrand-Dagenbach et A. Molinier-Arbo, Histoire Auguste. III/2. Vie d’Alexandre Sévère, Paris, 2014 [CUFSL, 406], p. 42-45) : Si quis de uia in alicuius possessionem deflexisset, pro qualitate loci aut fustibus subiciebatur in conspectu eius aut uirgis aut condemnationi […] si haec omnia transiret dignitas hominis. Seueritatis […] dicens : “Miles non timetur, si uestitus, armatus, calciatus et satur et habens aliquid in zonula”, idcirco quod mendicitas militaris ad omnem desperationem uocaret armatum. À propos de ce dernier passage et après avoir rappelé « l’historicité douteuse de la Vie d’Alexandre Sévère » (qui est celle, plus globalement et à des degrés divers, de toutes les biographies de l’Histoire Auguste, voir par ex. A. Chastagnol, p. clxxvi), C. Bertrand-Dagenbach et A. Molinier-Arbo hésitent, p. 157, n. 367, entre deux interprétations : celle de Mazza, qui le croit factuel et « le met en rapport avec le développement de l’annone militaire sous les Sévères » ou cette autre, qui flaire le « lieu commun », le « topique du bon général ». Hadrien († 138) aussi aurait eu à cœur de ne pas exiger des provinciaux plus qu’ils ne devaient : Hist. Aug., De vita Hadriani, 11.1 (Hohl/Chastagnol, p. 32 et 33), avec le commentaire, riche et nuancé, de J. Fündling, Kommentar zur Vita Hadriani der Historia Augusta, Bonn, 2006 (Antiquitas. Reihe 4 : Beiträge zur Historia-Augusta-Forschung. Serie 3 : Kommentare, 4), p. 574-575. Les soi-disant « directives de Ballista » sur l’intendance militaire, grâce auxquelles on « évite d’accabler les provinciaux » (Hist. Aug., Tyranni triginta, 18.6 [Hohl/Chastagnol, p. 890 et 891]), sont « assez proches de celles qu’énonce [le De re militari de] Végèce », livre 3, c. 3, et proviennent sans doute de quelque traité ou règlement militaire (A. Chastagnol, p. clxvii-clxix, 849 et n. 2 ibid.).
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un peu plus tard au Code Théodosien56. Au premier siècle carolingien, l’hagiographie s’en emparera57. L’impérieuse nécessité de ménager les autochtones Libyens pour s’en faire des alliés contre leurs maîtres Vandales est presqu’un leitmotiv dans le récit de Procope58 († v. 565), qui la justifie en rappelant à plusieurs reprises que « les Libyens étaient autrefois des Romains59 ». Cette thématique est pour ainsi dire absente des Guerres gothiques, et pour cause : le passé romain des habitants de l’Italie avait valeur d’évidence, nul n’était censé l’ignorer. Cependant, la première mesure prise par le généralissime Narsès au lendemain d’une victoire décisive est de nature disciplinaire : « Avant toutes choses, il avait hâte de se débarrasser des Lombards qui étaient sous ses ordres, à cause de leur conduite indigne : sans foi ni loi, ils n’arrêtaient pas de mettre le feu aux édifices qui se trouvaient sur leur chemin et usaient de violence sur les femmes qui s’étaient réfugiées dans les sanctuaires. Aussi leur octroya-t-il une somme importante, afin de les apaiser, et leur donna-t-il congé de rentrer chez eux. Il ordonna à Valérien ainsi qu’à Damien, son neveu, de les escorter avec leurs troupes jusqu’à la frontière romaine, afin qu’ils ne fassent de tort à personne sur le chemin du retour60. » Voici déjà deux des huit bans de la Memoratio carolingienne61, ainsi que la notion d’infra patria, clairement exprimée à la dernière phrase. À Justinien, qui orchestra ces reconquêtes depuis Constantinople, on est également redevable d’une Novelle, la 130e, qui témoigne d’un même souci que celui prêté par Procope à ses exécutants sur le terrain, qui réagit peut-être à des exactions avérées et 56 À la première citation (Numquam sub eo miles provinciali lignum, oleum, operam extorsit) correspond Cod. Theod., 7.9.1-4, spéc. 7.9.3 = constitution de Valentinien II, Théodose Ier et Arcadius, du 29.vii.393 (Nemo militum a suo hospite salgami aliquid nomine postulet, id est ne lignum aut oleum culcitaeve poscantur [Mommsen et Meyer, p. 332-333], « aucun soldat n’exigera de son hôte quoi que ce soit au titre de nourriture : qu’on ne demande ni bois, ni huile, ni ustensiles », où le sens impose de ne pas traduire culcitaeve littéralement par « couchage », mais de rapprocher ce mot de culter, « couteau » et dérivés, cultellus, « petit couteau » et cultrarius, « fabricant de couteaux »). Au début de la deuxième (Si quis de uia in alicuius possessionem deflexisset) correspond Cod. Theod., 7.1.12 = constitution de Gratien, Valentinien II et Théodose Ier, du 10.iv.384 (Tribuni vel milites nullam evagandi per possessiones habeant facultatem [Mommsen et Meyer, p. 311-312], « Les officiers et les soldats ne peuvent absolument pas flâner dans les propriétés privées » ou, moins littéralement, « Il est formellement interdit aux officiers et aux soldats d’aller à la maraude »). 57 Miracula sancti Dionysii, 1.4, éd. J. Mabillon, Acta Sanctorum Ordinis sancti Benedicti, saec. iii, pars 2, Paris, 1672, p. 343-364, p. 345 ; trad. A. J. Stoclet, « 1.7 Les Miracula sancti Dionysii, commentaire et données topographiques », suivi de « Document 9. Extraits des deux premiers livres des “Miracles de saint Denis”, rédigés vers 834 », dans : M. Wyss (éd.), Atlas historique de Saint-Denis. Des origines au xviiie siècle, Paris, 1996 (Documents d’archéologie française, 59), p. 38-43, p. 41 : le châtiment de Dieu frappe un miles du roi Pépin qui, hébergé à l’abbaye, en avait lésé le saint patron pour se procurer du bois de chauffage. 58 Procope, Guerres, 3.16.1-8 (Haury et Dewing, 2:142-145), 3.17.6 (ibid., p. 150-151), 3.20.18 (ibid., p. 174-175), 3.20.22-25 (ibid., p. 176-177), 3.21.9-10 (ibid., p. 178-181) et 3.23.3-4 (ibid., p. 190-191). 59 Id., ibid., 3.16.3 (Haury et Dewing, 2:142-143) et 3.20.18 (ibid., p. 174-175). 60 Id., ibid., 8.33.1-2 (Haury et Dewing, 5:388-391). 61 Voir supra, p. 168, articles 5 et 6.
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qui est doublement remarquable : par la minutie des mesures prises pour assurer le bon déroulement de l’approvisionnement des troupes au cours de leurs déplacements à l’intérieur des frontières de l’empire et par la date—un premier mars62. On citera encore, quoiqu’ils n’appartiennent plus à l’Antiquité tardive, l’Historia Wambae regis63 de Julien de Tolède (comp. v. 675) et le Nomos Stratiotikos ou Loi du Soldat64, de l’époque de Constantin V († 775).
62 Voir supra, p. 53 ainsi que Tableau 6, à la date de 545. « Exactions avérées » : Jean le Lydien, Des magistratures, 3.70 (Schamp, p. 131-132), à propos de sa propre patrie, la Lydie (« Les contribuables […] n’avaient plus de ressources et on ne leur en avait pas laissé à cause [d’une multitude de prélèvements] et […] des troupes toujours cantonnées chez eux, à la place d’une protection des administrés, les pillages, rapts, violences et destructions perpétrées par les armées traversant les provinces […]. »). 63 Julien de Tolède, Historia Wambae regis, 10, éd. W. Levison et J. N. Hillgarth, Sancti Iuliani Toletanae sedis episcopi opera, Turnhout, 1976 (CCSL, 115), p. 213-255, p. 226-227 ; trad. et comm. J. Martínez Pizarro, The Story of Wamba. Julian of Toledo’s Historia Wambae regis, Washington, D.C., 2005, p. 193-196 (texte), 130-134 (comm.), et 171 (date) : « […] [Le roi Wamba] pénètre bientôt avec toute son armée en territoire basque et là, sept jours durant, on infligea partout avec tant de force ravages et carnages en rase campagne ainsi que destructions par le feu des maisons et des places fortes, que les Basques eux-mêmes, oubliant leur caractère féroce, donnèrent des otages, implorèrent qu’on leur accorde la vie—moins par des supplications que par des présents—et firent la paix. De là, dès qu’on eût reçu otages et tribut, la paix ayant été rétablie, [Wamba] se dirige droit sur la Gaule [pour mater la rébellion qui s’y était déclarée], par Calahorra et Huesca. Ensuite, ayant désigné des généraux, il partage l’armée en trois [chaque division empruntera un itinéraire différent, spécifié]. Le pieux souverain lui-même fermait la marche, précédé d’un grande foule de guerriers. Parce que les mauvais instincts de quelques uns des nôtres non seulement les poussait au pillage, mais les rendait également coupables de viol et d’incendie, le roi punit ces méfaits avec des peines si dures qu’on pouvait croire qu’il se montrait plus sévère envers ces hommes que s’il les avait combattus. […] Il disait : “Voici qu’approche l’épreuve du combat […] : prenez garde, sans quoi vous périrez dans votre corruption. Et moi, si je néglige de punir ces crimes, je suis déjà enchaîné au moment de me mettre en route. Il m’arrivera ceci, que Dieu me condamnera à bon droit si, voyant la méchanceté du peuple, je ne la punis pas. […].” Menant l’armée glorieusement sous cette discipline, ainsi qu’on l’a dit, et veillant à ce que chaque guerrier obéisse aux règles données par Dieu, le roi vit ses projets de guerre et ses chances de victoire s’améliorer de jour en jour » (Mox cum omni exercitu Vasconiae partes ingreditur, ubi per septem dies quaqua uersa per patentes campos depraedatio et hostilitas castrorum domorumque incensio tam ualide acta est, ut Vascones ipsi, animorum feritate deposita, datis obsidibus, uitam sibi dari pacemque largiri non tam precibus quam muneribus exoptarent. Vnde, acceptis obsidibus tributisque solutis, pace composita, directum iter in Gallias profecturus accedit, per Calagurrem et Oscam ciuitates transitum faciens. Dehinc, electis ducibus, in tres turmas exercitum diuidit […]. Ipse tamen religiosus princeps cum multiplici bellantium manu praecedentes subsequebatur. Sed quia insolens quorundam e nostris motio non solum praedae inhiabat, sed etiam cum incensione domorum adulterii facinus perpetrabat, tanto disciplinae uigore iam dictus princeps in his et talibus patratum uindicabat scelus, ut grauiora in his supplicia illum putares impendere, quam si hostiliter contra illum egissent. Dicebat enim : « Ecce ! iam iudicium imminet belli […] ; uidete, ne in uestris sordibus pereatis. Nam ego, si ista non uindico, iam ligatus hinc uado. Ad hoc ergo uadam, ut iusto Dei iudicio capiar, si iniquitatem populi uidens ipse non puniam. […]. » Sub ista, ut praemissum est, disciplina iam dictus princeps exercitum gloriose producens moresque singulorum sub diuinis regulis tenens, prosperari sibi uidebat per incrementa dierum et dispositum belli et uictoriam proeliandi). 64 Nomos Stratiotikos, 8, éd. W. Ashburner, « The Byzantine Mutiny Act », dans Journal of Hellenic Studies 46, 1926, p. 85-109, p. 107, c. 49 [μθ] ; trad. et comm. M. Humphreys, The Laws of the Isaurian Era. The Ecloga and its Appendices, Liverpool, 2017 (Translated Texts for Byzantinists, 3), p. 81 (p. 21 pour la date) : « Si quelqu’un cause du tort à un soldat ou à un contribuable, il payera le double de ce que coûte ce
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5.6.4. Bilan
Les trois actes qu’au témoignage d’AMp, Thierry III—plutôt que Pépin II—posait chaque année au « concile général » des calendes de mars s’inscrivent donc bien dans une longue suite de faits analogues65. Voilà qui accroît d’un petit cran la confiance que l’on peut accorder, sur ce point précis, à cette source, par ailleurs fort décriée66.
5.7. Les Annales Mettenses priores étayées : les sources franques antérieures à Charlemagne D’autres observations peuvent contribuer à consolider cette réhabilitation ponctuelle, dont trois qui font appel à des sources de même origine—franque—que les Annales Mettenses priores. En son 36e chapitre, qui marque le début de la composition originale, affranchie de la dépendance de Grégoire de Tours, le Liber Historiae Francorum, achevé en 727, raconte comment, entre 592 et 596/597, « la reine Frédégonde fit la guerre aux Austrasiens et, les ayant vaincus, incendia la Champagne67 ». Il y est question, en particulier, d’un ordre de mobilisation donné par Childebert II, l’adversaire de Frédégonde, dont l’énoncé présente avec celui que les Annales Mettenses priores attribuent à Thierry III—presqu’exactement un siècle plus tard—des ressemblances
tort. Si l’un quelconque des officiers ou des soldats, que ce soit dans les quartiers d’hiver, en marche ou au campement, faisait du tort à un soldat ou à un contribuable, et ne le dédommageait pas comme il le devrait, il payera le double de la somme [due]. » 65 Un siècle plus tôt, dans sa Decretio (mentionnée supra, p. 107-108), Childebert II se préoccupe, entre autres choses, des orphelins (c. 3 [p. 32 et 33]), du raptus (c. 4 [p. 34-37]) et, peut-être, des entraves à la justice (c. 6 [p. 38-41]), si toutefois c’est bien cela que signifie l’énigmatique farfalius (voir O. Prinz et al. [dir.], Mittellateinisches Wörterbuch bis zum ausgehenden 13. Jahrhundert, Munich, 1967- [MLWB], 4/1:83:55-64, et les références citées à cet endroit). Sous cet angle, la Decretio s’apparente aux Leges Iuliae ainsi qu’à leurs avatars carolingiens (orphelins, raptus : voir supra, passim ; entraves à la justice : Digeste, 48.6.7 et 48.6.10, ainsi que Pauli Sententiae, 5.28.1, mentionné supra, n. 49). Ce capitulaire est aussi le plus ancien témoin normatif du mot bannum (Grégoire de Tours, HLD, 5.6 [Krusch et Levison, 233:1-2], narratif, le devance de peu), ici sous sa forme verbale, bannivimus, de bannire (c. 8 [p. 42 et 43]) : voir K. Bayerle, « Einsatzfelder des weltlichen Bannes im Frühmittelalter », dans : H.-G. Hermann et al. (éd.), Von den Leges Barbarorum bis zum ius barbarum des Nazionalsozialismus. Festschrift für Hermann Nehlsen zum 70 Geburtstag, Cologne etc., 2008, p. 13-34, p. 30, pour qui ce verbe exprimerait « la volonté du souverain comme aussi son devoir de maintenir et restaurer la paix intérieure à laquelle il aspirait tout particulièrement, au lendemain des luttes sanglantes qui avaient mis les rois mérovingiens aux prises les uns avec les autres ». 66 Le jugement de Y. Hen, « The Annals of Metz and the Merovingian past », dans : Id. et M. Innes (éd.), The Uses of the Past in the Early Middle Ages, Cambridge, 2000, p. 175-190, p. 175 (« peu digne de foi sur les affaires mérovingiennes ») et 190 (« un morceau de propagande pro-carolingienne »), est à cet égard très représentatif. 67 Tel est le titre de ce chapitre (Krusch, 240:3-4 ; Lebecq, p. 126) : Ubi Fredegundis bellum cum Austrasiis ȩgit, eosque devictos, Campaniam succendit. Sur la date des événements, voir les manchettes de l’édition Krusch, 304:22 et 306:21.
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textuelles68 d’autant plus significatives qu’elles ne peuvent en aucun cas résulter d’un emprunt direct des Annales au Liber. Par ailleurs, de Chilpéric Ier, en 578, à Charlemagne en passant par Thierry III, en 678, la désobéissance est pareillement désignée—eo q(u)od in exercitu / hostiliter non/nullatenus ambolasse(n)t69—et appelle une même sanction, le ban70 de soixante sous71. La tenue d’une assemblée solennelle du royaume, chaque année aux calendes de mars, n’est pas non plus une invention de l’annaliste carolingien. Nombre de diplômes royaux attestent l’importance de cette date dans le calendrier de la vie publique mérovingienne72, et certains, tel l’acte de Clovis III du 28 février 694, corroborent son témoignage sur d’autres points encore73. Leur chronologie aussi lui est favorable, car la plupart furent expédiés vers la fin du viie siècle et le début du viiie—à une époque, donc, qui comprend l’année 692, choisie par notre auteur pour fixer sur l’échelle du temps son évocation du Champ de Mars. Elle confère en outre une certaine vraisemblance au rôle qu’il assigne dans l’organisation de ces diètes à Pépin II, qui est, depuis sa victoire à Tertry (687) et la réunification du royaume, le maître incontesté du jeu politique. Dans sa Vie de l’évêque Corbinien († v. 730), composée vers 76974, Arbeo de Freising († 783) ne montre-t-il pas le maire du palais offrant au saint homme, en témoignage de vénération, le vêtement de cérémonie qu’il portait à l’occasion de ces Champs de Mars75 ?
68 Voir Annexe 2, section 2, avec reproduction de l’extrait du LHF. Le texte d’AMp est cité supra, § 5.4 (la comparaison porte sur la fin du passage, après le dernier trait oblique). 69 Grégoire de Tours, HLD, 5.26 (Krusch et Levison, 233:2) et diplôme de Thierry III, DM 143 (Brühl, Kölzer et al., 361:34-35). 70 Grégoire de Tours, ibid. (Krusch et Levison, 233:1) et Summula ou Memoratio, supra, p. 168. 71 DM 143 (lignes 35, 36 et 37) et Summula ou Memoratio, supra, p. 168. La somme spécifiée par le diplôme, soledus sexcentus (« 600 sous »), est anormalement élevée (voir le commentaire des éditeurs, ligne 15) : soit c’est une erreur, et il faut restituer sexaginta, « soixante » ; soit la multiplication par dix (décuple) est délibérée et correspond à une aggravation (non spécifiée) de l’infraction simple (à l’appui de cette hypothèse, on allèguera le Capitulare Saxonicum de 797, c. 9 [Schwerin, p. 48], qui se livre à un calcul très similaire). 72 Voir supra, Chap. 3. 73 Voir supra, p. 101-102. 74 B. Krusch, dans Arbeonis episcopi Frisingensis, Vitae sanctorum Haimhrammi et Corbiniani, éd. Id., Hanovre, 1920 (MGH SS rer. Germ., 13), p. 146, l. 11-14 : avant janvier de cette année, date à laquelle une charte de Freising y fait un bref emprunt. L. Vogel, Vom Werden eines Heiligen. Eine Untersuchung der Vita Corbiniani des Bischofs Arbeo von Freising, Berlin et New York, 2000 (Arbeiten zur Kirchengeschichte, 77), p. 16 et n. 50 ibid.: après 767, date de la première mention assurée de Corbinien dans les chartes de Freising, en tout cas après la translation de ses reliques, intervenue au plus tard le 24 février 769 (p. 7). 75 Arbeo, Vita Corbiniani, c. 5 (Krusch, 193:24-194:10) : Coepitque longe lateque fama eius crescere et fidelium ad eum fluere turba nobilium, ignobilium utriusque sexui verba ad audiendam vitae, in tantum eximia illius vitae perflag(r)ans, ut ad summum maiorem domui qui fuerat Pippinum pervenisset, ita ut ipse suum per quendam praesidem pretiosissimum indumentum ex auro et lapidibus contextum, eximia varietate conpositum, quem ad campum*, antiquorum mos ut fuerat, Martias* utebatur, ad viri Dei cellulam transmittebat seque humillima illius prece orationibusque commendabat. Sicque nonnulli nobilitabant eum senes, certatim concurrentes ad viri Dei cellulam ; alii pro semet ipsis multa detulerunt, alii per directos exenia transmittebantur (« Sa réputation commença à se répandre au loin de sorte qu’une foule de fidèles, nobles et humbles des deux sexes, se pressait auprès de lui, afin d’entendre les paroles de la vie [éternelle, Jn 6,68]. Elle brillait à ce point
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5.8. Les Annales Mettenses priores étayées : les sources insulaires autour de 700 Peut-être, enfin, les promulgations de Thierry III, datées par les Annales Mettenses priores de 69276 (et par von Simson de « v. 68977 »), participent-elles de ce regain très sensible de l’activité législative qui se manifeste alors en Occident, sans doute dans la foulée des grands conciles impériaux de 681 et 691/69278, ou alors sous l’influence de l’archevêque Théodore et de l’enseignement dispensé avec Hadrien à Canterbury, dont on a pu montrer qu’il portait, entre autres matières, sur les codifications de Justinien79. En 697, les princes et les grands des royaumes irlandais (avec lesquels les Pippinides entretenaient des rapports réguliers par l’entremise de la
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en raison de l’excellence de sa vie, qu’elle parvint au[x oreilles du] maire du palais suprême—c’était [alors] Pépin : tant et si bien que celui-ci fit porter à la cellule de l’homme de Dieu, par [l’]un [de ses] comte[s], l’habit très précieux cousu d’or et de pierres et brodé d’une multitude inouïe de couleurs qu’il portait au Champ qui était [alors] “de Mars”, comme le voulait la coutume des anciens, lui demandant très humblement de bien vouloir prier pour lui. Ainsi, certains seigneurs l’honoraient-ils en accourant à la cellule de l’homme de Dieu ; certains apportaient avec eux beaucoup de présents, d’autres les lui transmettaient par des messagers »). *Martias est incorrect : soit il s’agit d’une erreur pour Martium, qui pourrait s’expliquer, paléographiquement, par la confusion fréquente entre -a- ouvert et -u- et par une résolution fautive du -m- final, noté sous forme de tilde surmontant le -u- ; soit c’est campum qui ne convient pas et qui amène à restituer un Kalendas primitif, substantif avec lequel Martias s’accorde parfaitement (ad Kalendas … Martias). Ces deux hypothèses supposent l’existence d’un archétype perdu, postulée en effet par Franz Brunhölzl mais rejetée par Hans Schneider (L. Vogel, op. cit., p. 49-50). L’historicité de la Vita Corbiniani fait depuis plusieurs siècles l’objet de débats—résumés par L. Vogel, ibid., chapitre 2, p. 42-196—d’autant plus passionnés qu’ils possèdent une dimension confessionnelle (et « nationaliste ») marquée (voir notam. L. Vogel, loc. cit., passim, par ex. p. 90, à propos de Krusch ; et le compte-rendu de Vogel par R. Deutinger dans DA, 56, 2000, p. 662-663). L. Vogel, p. 302, qualifie d’« anachronisme » les lignes qui nous occupent : « l’image de Pépin [y] serait modelée non sur Pépin II, mais sur [son petit-fils] le roi Pépin III » (italiques ajoutés). En effet, seuls des rois (Dagobert Ier, Liutprand) firent des présents comparables à celui dont Corbinien est censé avoir bénéficié (p. 300). Si Vogel a raison sur ce point précis—ce qui est loin d’être certain—, alors la mention par Arbeo du campus Martius serait plutôt à rapprocher de celles du campus Madius dans l’historiographie franque (CF et dérivés), particulièrement soutenues, on l’a vu, à une époque qui précède de peu celle de la rédaction de la Vita Corbiniani. Ce qui est sûr, c’est que la tournure complexe qu’Arbeo façonne pour désigner l’assemblée présidée par Pépin II témoigne d’un sens historique attentif aux évolutions : elle prend acte, tacitement, de la modification d’époque introduite par Pépin III. Étonnamment, pourrait-on dire, car l’auteur anonyme précise bien que les « conciles généraux » dont il nous entretient sont annuels, singulis annis (14:4). Faut-il comprendre que la première de ces assemblées se tint à cette date et que le roi y décréta pour la première fois des mesures qu’il serait appelé à renouveler périodiquement par la suite, à la veille de chaque saison guerrière ? Manchette en 13:12. Sur les dates de Thierry III et de son successeur, Clovis III, voir M. Weidemann, Chronologie, p. 186-194, 201-202 et 230. La succession est notée dans AMp sous le millésime 693 (Simson, 15:17-23). Sur ceux-ci et leurs dimensions internationales, voir A. J. Stoclet, Pépin, dit « le Bref ». II/a. Le majordomat (741-751), en préparation. B. Bischoff et M. Lapidge, Biblical Commentaries from the Canterbury School of Theodore and Hadrian, Cambridge, 1994 (Cambridge Studies in Anglo-Saxon England, 10), p. 61, 147, ainsi que l’index s. v. « Justinian ». Effets sur la diplomatique royale anglo-saxonne : A. J. Stoclet, Immunes ab omni teloneo. Études
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diaspora continentale80) s’assemblèrent à Birr, au centre de l’île, afin de sanctionner et de mettre en vigueur la loi d’Adamnán, abbé d’Iona, Cáin Adamnáin81. Le nom latin que les annales donnent à ce texte, Lex innocentium82, révèle une teneur très voisine de celle des promulgations de Thierry III : en effet, les « innocents » ne sont autres que les populations civiles—femmes, surtout, mais aussi enfants et gens d’église—et la « loi » les protège, par des peines sévères en cas d’infraction, contre les violences commises les armes à la main par des individus ou par des groupes de tailles variables (7, 300, 1000)83. Les infractions sont assorties de peines sévères allant jusqu’à la mutilation, en l’occurrence l’ablation de la main droite et du pied gauche prévue à l’article 33. L’extrême rareté de ce type de sanction, dont on ne connaît guère qu’un autre exemple en droit irlandais84—de très loin le plus développé des droits européens d’alors—invite à considérer celle-ci comme un apport allogène, fort probablement byzantin85.
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de diplomatique, de philologie et d’histoire sur l’exemption de tonlieux au haut Moyen Age et spécialement sur la Praeceptio de navibus, Bruxelles et Rome, 1999 (Institut Historique Belge de Rome. Bibliothèque, 45), p. 91 et 217-218. P. Fouracre et R. Gerberding, Late Merovingian France, p. 18-19, 23, 81 et 101, sur l’exil et le rappel de Dagobert II (656, 676), et p. 314-319, sur les fondations monastiques pippinides (aux noms de Nivelles et Fosses, on ajoutera celui d’Echternach, que Pépin II combla de ses bienfaits dans les premières années du viiie s.—pour une mise au point récente de ses liens avec l’Irlande, voir A. J. McMullen, « “Thronging Students by the Fleetload” : The Early Echternach Manuscripts and Post-Whitby Relations between Ireland and Anglo-Saxon England », dans Brathair, 12/2, 2012, p. 6-16). M. Ní Dhonnchadha, « Birr and the Law of the Innocents », dans : Th. O’Loughlin (éd.), Adomnán at Birr. Essays in Commemoration of the Law of the Innocents, Dublin, 2001, p. 13-32. Bibliographie : D. Ó Corráin, Clavis Lit. Hib., no 622, p. 802-803. Sur la notion de cáin : Th. Charles-Edwards, Early Christian Ireland, Cambridge, 2000, p. 559-569. M. Ní Dhonnchadha, op. cit., p. 17, citant les Annales d’Ulster, ao 697. Cáin Adamnáin, 52, 33 et 35 (An Old-Irish Treatise on the Law of Adamnan, éd. et trad. K. Meyer, Oxford, 1905 [Anecdota Oxoniensia], p. 32, 24 et 26, pour le texte ; M. Ní Dhonnchadha, « The Law of Adomnán : a translation », dans : Adomnán at Birr, op. cit., p. 53-68, p. 68, 62 et 63, pour la traduction, qui diffère en plusieurs points de celle de Meyer, p. 33, 25 et 27). Outre ce cas, F. Kelly, A Guide to Early Irish Law, Dublin, 1988 (Early Irish Law Series, 3), p. 221, ne cite que deux canons contenus dans un seul et même pénitentiel, qui traitent de violences sur la personne d’un évêque ou d’un prêtre. É. Patlagean, « Byzance et le blason pénal du corps », dans : Du Châtiment dans la cité. Supplices corporels et peine de mort dans le monde antique, Rome, 1984 (Collection de l’École Française de Rome, 79), p. 405427, p. 420-421, relève « une tendance générale de la civilisation byzantine, bien affirmée au vie siècle, perceptible plus tôt, qui est de répondre à un acte délictueux non par la suppression du coupable, mais par une alternative où ceux qui le peuvent paient de leur avoir, au profit de la victime et le plus souvent de l’État, tandis que ceux qui ne peuvent le faire se voient retrancher une partie de leur corps, solution au surplus unique pour les fautes les plus graves et pour les disqualifications politiques. Le corps mutilé devient dès lors une vivante proclamation de la force restée à la loi ou au pouvoir lui-même. » Cette « tendance générale » atteindra son zénith avec l’Ecloga de 741, un code que Patlagean examine au début de son travail et sur lequel M. T. G. Humphreys, Law, Power, and Imperial Ideology in the Iconoclast Era, Oxford, 2015 (Oxford Studies in Byzantium), p. 81-129, spéc. p. 122-125 (peines corporelles), a récemment fait le point. D’après le Coran, 5.33, le banditisme ou la sédition sont punis de mort, de « crucifixion », d’amputation (une main et le pied opposé) ou d’exil (sur les différents sens qu’on a donnés à ce verset et sur son utilisation politique au premier siècle de l’islam, voir K. Abou El Fadl, Rebellion and Violence in Islamic Law, Cambridge, 2009, p. 47-60). Le troisième de ces châtiments, identique à celui que requiert
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Adamnán est un prince de l’Église, non du siècle, comme Thierry III. On n’expliquera pas ici cette différence mais on remarquera que l’initiative du premier en tant que prélat haut placé n’est pas isolée. Ainsi, par exemple, Hadrien Ier aurait-il contribué, en 787, au rapprochement de Charlemagne et Tassilon, quoiqu’en adoptant à l’égard de la violence une attitude diamétralement opposée. Il aurait exhorté le duc, par ambassadeurs interposés, « à obéir en toutes choses au seigneur Charles, le roi, à ses fils et au peuple des Francs, de manière à éviter l’effusion de sang et les dommages [infligés à] sa terre ». Si Tassilon reste sourd aux remontrances pontificales, « alors le seigneur Charles, le roi, et son armée seront absous de tout danger de péché ; tout ce qui adviendra sur ces terres, incendies, homicides et autres malheurs, tout cela
Cáin, 33, pourrait être d’origine byzantine, comme l’ablation de la main pour contrefaçon d’espèces que R. S. Lopez, « Byzantine Law in the Seventh Century and its Reception by the Germans and the Arabs », dans Byzantion, 16, 1942-43, p. 445-461, p. 448-456, faisait remonter à une loi perdue d’Héraclius imitée, en Orient, par les Omeyyades, et, en Occident, par les Lombards, les Wisigoths ou—plus tardivement—les Francs (c’est à tort qu’É. Patlagean, op. cit., p. 410, propose, contre Lopez, de placer la Novelle 134 de Justinien au point de départ de cette diffusion, car elle vise, de façon générale, à tempérer les peines les plus graves sans se soucier aucunement de la nature des délits, si ce n’est pour définir le vol en le distinguant du brigandage—le faux-monnayage n’est guère mentionné) ; ou comme celle qui punit le voleur récidiviste aussi bien dans l’Ecloga, 17.11, éd. L. Burgmann, Ecloga. Das Gesetzbuch Leons III. und Konstantinos V., Francfort/Main, 1983 (Forschungen zur byzantinischen Rechtsgeschichte, 10), p. 228 et 229, que dans les Lois d’Ine de Wessex, c. 18 et 37, éd. F. Liebermann, Die Gesetze der Angelsachsen. I. Text und Übersetzung, Halle, 1903, p. 88-123, p. 96 et 97, 104 et 105, qui lui sont de peu antérieures et obligent donc à supposer, pour le code isaurien, un état primitif perdu (on tiendra pour hautement improbable l’emprunt en sens inverse, Angleterre > Byzance)—lorsqu’en 779 Charlemagne statue à son tour sur ce délit (Capitulare Haristallense, Forma communis, c. 23, et Forma Langobardica, c. 12, éd. A. Boretius, Capitularia, no 20, p. 46-51, p. 51 et 49-50), il s’inspire sans doute d’une autre version de l’Ecloga, qui devait circuler, alors, dans les parties de l’Italie qu’il avait annexées (A. J. Stoclet, Majordomat). On regrettera que l’intérêt des byzantinistes pour le droit qu’élaborèrent les successeurs de Justinien, proches et lointains, soit relativement neuf et qu’en conséquence son impact en Occident demeure très largement méconnu car peu ou guère étudié. Ce manque se ressent tant dans les faits particuliers, comme ci-dessus, que dans les grandes évolutions : l’absence de peines corporelles dans le code d’Æthelberht de Kent († v. 616) est-il dû, comme on l’a récemment soutenu, à la nécessité, dans un contexte migratoire (!), de ne point réduire le nombre d’hommes aptes au combat (D. Fruscione, « Beginnings and Legitimation of Punishment in Early Anglo-Saxon Legislation From the Seventh to the Ninth Century », dans : J. P. Gates et N. Marafioti [éd.], Capital and Corporal Punishment in Anglo-Saxon England, Woodbridge [GB] et Rochester [NY, USA], 2014 [Anglo-Saxon Studies, 23], p. 34-47, p. 37), ou à l’exemple de Justinien, qui, à la génération précédente, avait explicitement rejeté ce type de supplice (Nov. 134.13, de 556) ? La création d’un corps de juges permanents et salariés (échevins) est-elle, comme on le croit, un trait du génie de Charlemagne ou un emprunt au prologue de l’Ecloga ? Pour conclure sur la loi d’Adamnán, on notera que l’apport byzantin n’est pas incompatible avec la filiation lombarde identifiée par N. McLeod, « Cáin Adomnáin and the Lombards », dans : A. Ahlqvist et P. O’Neill (éd.), Language and Power in the Celtic World, Papers from the Seventh Australian Conference of Celtic Studies, The University of Sydney, 30 September–2 October 2010, Sydney, 2011 (Sydney Series in Celtic Studies, 10), p. 241-265, p. 257-262, à propos d’un autre de ses aspects : la protection spéciale accordée aux femmes par « l’État » ou par une autorité de substitution (c’est à lui/elle que revient la tutelle à défaut de parents ou de conjoints vivants ou capables) et la sévérité du législateur à l’encontre des violences commises sur elles, en groupe ou non—on notera toutefois que l’impulsion première, en cette matière, provient sans doute de la constitution de Justinien insérée au Codex (9.13), qui rend caduques toutes les lois antérieures, ainsi qu’on l’a vu (supra, n. 52).
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sera imputable à Tassilon et à ses complices—Charles, le seigneur roi, et les Francs demeureront innocents de toute responsabilité86. » Les lois d’Ine de Wessex, qui dateraient du début de son règne (688-726)87, ne forment pas à proprement parler un code structuré, mais une collection disparate de modifications ou de compléments apportés, sur une période de plusieurs années, à un noyau qui ne s’est pas conservé88. Les critères de proximité et d’affinité thématique permettent néanmoins d’identifier, çà et là, quelques ensembles plus ou moins cohérents, tel, entre autres, celui qui comprend les articles 13.1, 14 et 1589. Le premier définit, numériquement, trois sortes d’agents criminels selon un schéma comparable à celui de plusieurs autres sources90, et spécialement Cáin Adamnáin (dont la typologie est elle aussi ternaire) : les voleurs d’abord (lat. fures, v. angl. þeofas), jusqu’à 7 personnes (cet effectif est identique à celui du premier niveau de Cáin Adamnáin, c. 52), puis la bande (lat. cohors uel satellites, v. angl. hloð), de 7 à 35, et enfin l’armée (lat. exercitus, v. angl. here), au-delà de 35 (un seuil comparable à celui de 42 boucliers stipulé par la Loi des Bavarois91—d’autant que 42 et 35 sont tous deux multiples de 7 et renvoient également, comme ce chiffre, qui en fixe le premier niveau, à une échelle basée sur l’heptade). Les articles 14 et 15 précisent comment doivent se disculper ou s’amender les personnes accusées de faire partie
86 ARF, ao 787 (Pertz et Kurze, p. 76) : […] ut non aliter fecisset, nisi in omnibus oboediens fuisset domno regi Carolo et filiis eius ac genti Francorum, ut ne forte sanguinis effusio provenisset vel lesio terrae illius ; et si ipse dux […] verbis supradicti apostolici minime oboedire voluisset, tunc domnus Carolus rex et suus exercitus absoluti fuissent ab omni periculo peccati, et quicquid in ipsa terra factum eveniebat in incendiis aut in homicidiis vel in qualecumque malitia, ut hoc super Tassilonem et eius consentaneis evenisset et domnus rex Carolus ac Franci innoxii ab omni culpa exinde permansissent. 87 P. Wormald, The Making of English Law : King Alfred to the Twelfth Century. I. Legislation and its Limits, Oxford, 1999, p. 103. Id., ibid., n. 358 : 688 × 694, la même fourchette, donc, que celle qu’avançait déjà F. Liebermann, Die Gesetze der Angelsachsen. III. Einleitung zu jedem Stück, Erklärungen zu einzelnen Stellen, Halle, 1916, p. 65b, § 15. 88 P. Wormald, op. cit., p. 105. 89 Éd. Liebermann, p. 94-97. F. Liebermann, Einleitung, p. 64, § 4, observait déjà : « Doch steht bisweilen Verwandtes zusammengeordnet, so […] Bande und Heerplünderei » (« Il arrive toutefois que des pièces apparentées soient rangées côte à côte, ainsi […] [les dispositions relatives] aux bandes et aux pillages par l’armée »). 90 Voir Annexe 10, section 1. On trouve en outre dans les textes gallois quelques indications éparses qui ne manquent pas d’intérêt. Dans les Triades de l’île de Bretagne, les formations d’hommes en armes sont appelées tantôt gosgord, tantôt teulu. Les effectifs du teulu sont normalement de 300 hommes (R. Bromwich, dans Trioedd Ynys Pridein. The Triads of the Island of Britain, éd., comm. et trad. Ead., 4Cardiff, 2014, p. 65), comme ceux que spécifie Cáin Adamnáin, c. 33. Les Triades 29 et 29W les multiplient par un facteur de sept (éd.Bromwich, p. 62 et 63 ; voir aussi, p. 65, le commentaire de « d. vn can wr arugeint »)—un chiffre qui, comme on va le voir à l’instant, n’est guère anodin. Le gosgord se distingue sans doute du teulu par la taille : R. Bromwich, ibid., p. 70, la croit supérieure, mais rien n’est moins sûr. Les gloses du manuscrit d’Oxford, Bodleian Library, MS 572, donnent au fol. 43v, lignes 14-15, l’équivalence : casgoord = satilites (R. Bromwich, ibid., p. 70-71), où casgoord est la forme de gosgoord en vieux cornique (S. Gwara, Education in Wales and Cornwall in the Ninth and Tenth Centuries : Understanding De raris fabulis, Cambridge, 2004 [Kathleen Hughes Memorial Lectures on Medieval Welsh History, 4], p. 32). Sur satellites, voir ci-après. 91 Lex Baiw., 4.23 et 4.24 (Schwind, p. 331-332). Voir F. Liebermann, Die Gesetze der Angelsachsen. II/2. Rechts- und Sachglossar, Halle, 1912, p. 295a, s. v. « Bande ».
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d’une bande ou d’avoir participé à des pillages au sein d’une troupe plus nombreuse (lat. conductio exercitus, v. angl. hereteame/–a92). Rattachons à ce groupe les articles 10 sur le vol (lat. robariam, v. angl. reaflac) ou la prise de possession violente (lat. captio violenta, v. angl. nydnæme ou niednæme) « à l’intérieur des frontières du royaume » (lat. intra commarciones [ fines] regni nostri93, v. angl. binnan þam gemærum ures rices), 45 sur l’effraction (lat. burgi fractura, v. angl. burhbryce ou burgbryce94) et 51 sur le manquement aux obligations militaires (v. angl. fierdwite, fyrdwite, fyrdwita, avec fyrd = lat. expeditio, « armée régulière »95) et nous obtenons un tout qui commence à ressembler aux autres textes de notre corpus. Prenons également en compte les lois d’Alfred le Grand († 899), qui incorporent, modifient, se substituent ou s’ajoutent à celles d’Ine, son lointain prédécesseur sur le trône du Wessex96, et la ressemblance s’étoffe considérablement : ainsi par exemple, la protection des femmes, qu’Ine abordait très probablement, mais qu’on cherche en vain dans ce qu’Alfred a conservé de ses lois, occupe une place importante dans le recueil de ce dernier97.
5.9. Conclusion Sans doute est-il vain de croire que quelque vérité incontestable regardant le Champ de Mars puisse jaillir de l’examen d’un récit emblématique sur l’alternance des dynasties—de tous les événements du viiie siècle le plus susceptible, assurément, de donner lieu à des représentations partisanes. D’autant que les différentes versions du récit se lisent dans des œuvres dont nous n’avons qu’une connaissance des plus
92 Sur ces termes, voir Annexe 10, section 2. 93 Cf. Memoratio, c. 6, et textes apparentés, infra patria/provintia/regnum. 94 Cf. Memoratio, c. 7, et textes apparentés. 95 Cf. Memoratio, c. 8, et textes apparentés. 96 Les deux collections sont regroupées dans le Domboc d’Alfred (celle d’Ine sous forme d’annexe) et munies d’une introduction contenant un choix de lois mosaïques et apostoliques : P. Wormald, Making, p. 265-285 et 416-429, d’où M. P. Richards, « The Laws of Alfred and Ine », dans : N. G. Discenza et P. E. Szarmach (éd.), A Companion to Alfred the Great, Leiden, 2015 (Brill’s Companions to the Christian Tradition, 58), p. 282-309. La disparate est caractéristique de l’une comme de l’autre : P. Wormald, op. cit., p. 270. 97 C. Hough, « Alfred’s domboc and the language of rape : a reconsideration of Alfred ch. 11 », dans Medium Ævum, 66, 1997, p. 1-27, p. 3 ; M. P. Richards, op. cit., p. 307. P. Wormald, op. cit., p. 280, ne relève pas cette différence. Alfred imite-t-il Justinien, dont on a rappelé que sa constitution, Codex, 9.13, rendait caduques toutes les lois antérieures sur ce même sujet ? On signalera en outre les articles suivants : 29, 30, 31 et 31.1 (Lois d’Alfred le Grand, éd. F. Liebermann, Die Gesetze der Angelsachsen, I, p. 46-89, p. 64-65), sur les violences perpétrées en bande (v. angl. hloð, lat. cohors), qui complètent Ine, c. 14 (cf. Cáin, c. 33 et 35, pour le caractère distributif des sanctions). Et ceux-ci (Liebermann, p. 73-77), sur l’effraction (burhbrece), qui complètent Ine, c. 45 : 40 (l’expression fractio sepis, dans le Quadripartitus, est à rapprocher de Memoratio, c. 7, cité supra, n. 30 et n. 38), 40.1 (circonstances aggravantes entraînant un doublement de l’amende : absence de l’armée [þonne fyrd ute sy, quando exercitus foris est], jeune de carême), 40.2 (?), 42 ainsi que 42.1-7 (circonstance atténuante, exonérante : exercice de la faide, de la vengeance légitime ; règles à observer).
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lacunaires98. Nonobstant ce handicap, le présent chapitre a pu apporter aux deux questions qu’il posait implicitement des éléments de réponse qu’il convient à présent de résumer brièvement. La première de ces questions consistait à départager ce qui, dans la célèbre invective, pouvait correspondre aux réalités de la fin du viie siècle et ce qu’au contraire il y avait lieu d’imputer à l’interprétation voire à l’imagination des lettrés contemporains de Charlemagne et de Louis le Pieux. De prime abord, la balance semblerait pencher pour l’élaboration tardive, tant sont nombreux et chronologiquement resserrés dans la dernière décennie du règne de Charlemagne les analogues à ce qui constitue sans aucun doute l’apport le plus original des Annales Mettenses priores—les détails relatifs au rôle du roi lors de l’assemblée annuelle. Cependant, il s’avère que ceux-ci s’insèrent sans peine dans une longue suite de précédents que les bornes fixées au présent travail n’ont guère permis de reconstituer qu’en pointillés et qui relèvent, pour les uns, de la discipline militaire et, pour les autres, de la répression de la violence armée—deux sources distinctes, donc, mais dont les flots ne tardèrent pas à se mêler lorsque le temps eût rendu obsolètes les aspects par trop spécifiques de la Lex Iulia. La deuxième question est celle de l’apport du morceau d’anthologie mis en circulation par Théophane, Éginhard et quelques autres à notre connaissance du Champ de Mars historique. Il réside essentiellement dans la confirmation et dans l’approfondissement de la dimension militaire des ces assemblées. À tel point que l’on est en droit de se demander dans quelle mesure celle-ci en exclut d’autres, au-delà de la sélectivité des sources ou des genres—narratif, normatif, diplomatique, etc. Il semblerait, intuitivement, que le secret qu’exigent les préparatifs de guerre ne soit pas généralement compatible avec l’ouverture sur le monde extérieur que suppose l’activité diplomatique99 ; que la crainte de fuites fâcheuses et dommageables puisse
98 Une étude d’ampleur sur AMp, sur sa tradition directe et—surtout—indirecte, ainsi que sur ses sources, serait la bienvenue : l’introduction à l’édition von Simson est vieillie, H. Hoffmann, Untersuchungen zur karolingischen Annalistik, Bonn, 1958 (Bonner historische Forschungen, 10), lapidaire, et I. Haselbach, Aufstieg und Herrschaft der Karlinger in der Darstellung der sogenannten Annales Mettenses priores. Ein Beitrag zur Geschichte der politischen Ideen im Reiche Karls des Großen, Lübeck et Hambourg, 1970 (Historische Studien, 412), par trop littéraire (elle « s’attache à éclairer la forme [d’AMp] et à en suggérer une interprétation d’ensemble » [compte-rendu par R. Folz dans Revue belge de philologie et d’histoire, 49, 1971, p. 570-572, p. 570]). Pour Éginhard, il faut de même espérer que l’amont de la Vita Karoli Magni bénéficiât enfin d’un travail qui puisse soutenir la comparaison avec celui de M. M. Tischler, Einharts Vita Karoli, sur ses recensions et sa postérité. Et, pour Théophane, que l’on se préoccupe d’identifier l’origine des informations qu’il dispense sur les événements d’Occident (I. Rochow, Byzanz im 8. Jahrhundert in der Sicht des Theophanes. Quellenkritisch-historischer Kommentar zu den Jahren 715-813, Berlin, 1991 [Berliner byzantinische Arbeiten, 57], p. 109, s’en remet encore, pour les lignes qui nous intéressent, à Wattenbach-Levison) comme on l’a fait récemment pour ceux d’Orient (M. Debié, L’écriture de l’histoire en syriaque. Transmissions interculturelles et constructions identitaires entre hellénisme et islam, Leuven, Paris et Bristol [CT, USA], 2015 [Late Antique History and Religion, 12], p. 387-402 ; voir en outre M. Jankowiak et F. Montinaro [éd.], Studies in Theophanes, Paris, 2015 [Travaux et Mémoires, 19], passim). 99 Quoique très tardif, le témoignage de Saxo Grammaticus († après 1208), Gesta Danorum, 14.25.1, éd. K. Friis-Jensen, trad. P. Fisher, Oxford, 2015 (Oxford Medieval Texts), p. 1154 et 1155, mérite d’être cité à ce propos : Siquidem legatos hostium expeditionis tempore susceptos ad reditum usque eius mutua Rugiensium Danorumque consuetudine retentari fas erat, ne ad suos exterarum rerum nuntii reuerterentur, speculationis
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l’emporter sur l’opportunité d’inspirer prudence et respect par l’étalage de la force armée. D’où, peut-être, l’extrême rareté ou l’absence, dans notre documentation, des mentions d’ambassades. Ou encore la contradiction fondamentale, entre Éginhard et Annales Mettenses priores quant à l’identité de leur interlocuteur franc100. Ainsi qu’on l’a entrevu dans un chapitre précédent, le cérémonial devait occuper une place assez importante dans les solennités du Champ de Mars mérovingien. On n’y reviendra pas ici, sinon pour rappeler cette tendance trop connue pour qu’il soit besoin d’y insister longuement : celle que symbolisme et impuissance ont parfois à se confondre, de sorte que l’un paraît impliquer l’autre et vice-versa (« les fonctions du président sont purement symboliques, c’est le chancelier qui détient le vrai pouvoir »). Soit que la sémantique figurative des Champs de Mars mérovingiens leur fût devenue inintelligible, soit qu’ils l’eussent délibérément mésinterprétée, les lettrés d’époque carolingienne tirèrent cette ambiguïté dans le sens qu’on attendait alors d’eux, celui du dénigrement de l’ancienne dynastie, dépeinte comme décadente, enferrée dans ses vaines et creuses cérémonies.
potius quam legationis officia peracturi (« Selon la coutume mutuelle des Rugiens et des Danois, il était licite de détenir les ambassadeurs de l’ennemi, reçus cependant qu’une expédition était mise sur pied, jusqu’au moment de son retour, au cas où ils seraient repartis vers les leurs afin de les renseigner sur ces choses du dehors, et d’accomplir ainsi les fonctions qui sont celles, non de la diplomatie, mais de l’espionnage »). 100 Voir supra, p. 162.
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Chapitre 6
Un calendrier contesté ?
Pourquoi Pépin substitua-t-il le Champ de Mai au Champ de Mars ? L’enquête menée jusqu’ici n’ayant pas apporté de réponse à cette question, on se penchera, dans les pages qui suivent, sur l’hypothèse religieuse, peu explorée au demeurant. On a dit plus haut1 que les calendes de mars figuraient parmi les fêtes païennes explicitement condamnées par Quinisexte en 691-692. Les canons de ce concile « quasi œcuménique », réuni à Constantinople, ne furent pas tous reçus à Rome, mais on ne voit pas que celui-ci ait pu soulever d’objection. Si, comme on l’a supposé, le Premier Pénitentiel d’Oxford s’en prend également à ces célébrations2, ce pourrait être la preuve que, sur ce point au moins, Quinisexte trouva effectivement un écho en Occident au viiie siècle. On comprend moins que, deux siècles plus tard, Atton de Vercelli († 961) se fût encore inquiété de ces rites3 : étaient-ils à ce point enracinés qu’ils avaient résisté à tous les assauts ou ne faut-il y voir qu’un de ces ornements dont la rhétorique cléricale aimait à user ?
6.1. La première semaine de mars et les Quatre-Temps Dans certains calendriers liturgiques de l’église latine, la première semaine de mars ou la première semaine de carême—ce qui ne revient pas du tout au même—correspondait au premier des Quatre-Temps de l’année, marqués par des jeûnes (mercredi, vendredi, samedi) ainsi que par l’ordination des prêtres et des diacres (nuit de samedi à dimanche), qui n’avait lieu qu’à ces dates4. Les origines des Quatre-Temps sont
1 P. 25. 2 B. Filotas, Pagan Survivals, p. 177. 3 Ead., ibid., p. 84 et 177. 4 La seule étude approfondie à leur être consacrée est celle de L. Fischer, Die kirchlichen Quatember. Ihre Entstehung, Entwicklung und Bedeutung in liturgischer, rechtlicher und kulturhistorischer Hinsicht, Munich, 1914 (Veröffentlichungen aus dem Kirchenhistorischen Seminar München. IV. Reihe, 3), qui a le désavantage d’être ancienne et basée sur une documentation—liturgique, notamment—qui a fait l’objet, depuis, de réévaluations fondamentales. Le « meilleur exposé en langue anglaise » (D. Bullough, Alcuin : Achievement and Reputation, Leiden et Boston, 2004 [Education and Society in the Middle Ages and Renaissance], p. 32, n. 72) est celui de G. G. Willis, Essays in Early Roman Liturgy, Londres, 1964 (Alcuin Club Collections, 46), chap. 2, « Ember Days », p. 49-97, qui semble ignorer Fischer—du moins ne le cite-t-il jamais et ne l’inclut-il pas dans sa bibliographie. En français, M. Andrieu, Les Ordines Romani du Haut Moyen Âge. IV. Les textes (suite) (Ordines XXXV-XLIX), Louvain, 1956 (Spicilegium sacrum Lovaniense. Études et documents, 28), p. 213-232, est ce qu’il y a de plus solide. On signalera en outre : A. J. Maclean, « Fasting (Christian) », dans Encyclopaedia of Religion and Ethics, V, Édimbourg, 1912, p. 765-771, spéc. § iii.A.5,
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obscures5, mais on sait qu’ils furent longtemps une spécificité romaine6, qu’ils n’étaient, jusqu’au ve ou vie siècle7, que Trois (été, automne, hiver), et qu’ils doivent au pape Gélase (492-496) d’avoir été désignés comme dates exclusives pour l’ordination aux deux degrés de la hiérarchie que l’on vient de citer. La diffusion se fit selon des rythmes assez lents et divers suivant les régions : Naples, au viie siècle, les royaumes Anglo-Saxons et la Gaule au siècle suivant, l’Espagne au xie et Milan au xiie8. Jusqu’à
p. 769-770, « Ember Days » ; H. Leclercq, « Quatre-Temps », dans Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, XIV/2, Paris, 1948, col. 2014-2017 ; C. Vogel, Introduction aux sources de l’histoire du culte chrétien au Moyen Âge, Spolète, 1966 (Biblioteca degli « Studi Medievali », 1), p. 277. 5 G. G. Willis, op. cit., passim, spéc. p. 54, reprend la thèse de Dom Morin selon laquelle les QT auraient succédé aux fêtes agraires pré-chrétiennes des semences (Feriae sementivae), des récoltes (F. messis) et des vendanges (F. vindemiales). Ceci sans savoir, apparemment, que L. Fischer, op. cit., p. 24-42, l’avait longuement réfutée, point par point. Pour tenter d’y voir clair, il conviendrait de traiter séparément les différents aspects de l’institution, à savoir le calendrier, la liturgie et la discipline—ce que Fischer a fait, dans une certaine mesure. Anciens et largement répandus (L. Fischer, op. cit., p. 36, 42-47), les jeûnes d’été, d’automne et d’hiver auraient été institués à Rome par le pape Callixte (219-223) (Id., ibid., p. 11-19 et 52, d’après le Liber Pontificalis). La liturgie remonterait elle aussi à une très haute époque (Id., ibid., passim, notam. p. 68-69, 72, 88, 89-90, 101-102). Quoiqu’une vénérable tradition voulût que l’on préparât les ordinations par des jeûnes (Id., ibid., p. 103), l’affectation des Trois/Quatre Temps à cette fin fut clairement décidée par Gélase, en 494 au plus tard (Id., ibid., p. 108-111, et G. G. Willis, op. cit., p. 79, d’après la lettre 14, aux évêques de Lucanie, de Bruttium et de Sicile, de 494). En réalité, il semblerait que le canon gélasien (Gélase, Ep. 14 = J3 1270, c. 11 [Thiel, p. 368-369]) soit premier et que, sur le point qui nous occupe, la courte biographie de Callixte (Le Liber Pontificalis, éd., introd. et comm. L. Duchesne, Paris, 1886-1957 [Bibliothèque des Écoles Françaises d’Athènes et de Rome. 2e série, 3], 1:141-142, spéc. p. 141, l. 3 et n. 4), de peu postérieure, s’en inspirât : A. A. Verardi, La memoria legittimante : il Liber Pontificalis e la chiesa di Roma del secolo vi, Rome, 2016 (Istituto Storico Italiano per il Medio Evo. Nuovi studi storici, 99), p. 229 (formulation générale). Avant Gélase, les trois ou quatre jeûnes annuels ne sont bien attestés que par les sermons de Léon le Grand (440-461), qui les considère déjà, semble-t-il, comme une institution vénérable (L. Fischer, op. cit., p. 2, et G. G. Willis, op. cit., p. 51) ; voir, à leur sujet, A. Guillaume, Jeûne et charité dans l’Église latine, des origines au xiie siècle, en particulier chez saint Léon le Grand, Paris, 1954, p. 51-135, et, pour un commentaire récent, mais axé sur une autre problématique, B. Green, The Soteriology of Leo the Great, Oxford, 2008 (Oxford Theological Monographs), chap. 4 et 5, p. 94-187. Quant à « la » liturgie et à son âge, en particulier, il faut nuancer, comme le fait A. Chavasse, Le Sacramentaire Gélasien (Vaticanus Reginensis 316). Sacramentaire presbytéral en usage dans les Titres romains au viie siècle, Paris etc., 1958 (Bibliothèque de Théologie. Série IV. Histoire de la Théologie, 1). Ses appréciations varient selon les aspects et les pièces du recueil qu’il étudie : « pas avant le viie siècle » (p. 111, à propos du choix des « six oraisons affectées […] aux samedis des 4e, 7e et 10e mois »), « type archaïque » (p. 196, à propos des formulaires des jeûnes de Pentecôte et de décembre), « type nouveau » ou « grégorien » (ibid., à propos de celui du jeûne de septembre). 6 L. Fischer, op. cit., passim ; G. G. Willis, op. cit., p. 51 (« peculiar to Roman Liturgy »), 53 (« peculiarly Roman ») et 96 (« a Roman peculiarity »). 7 D’après L. Fischer, op. cit., p. 56, la liturgie des QT de printemps daterait de Gélase, mais le jeûne correspondant existait sans doute déjà sous Léon le Grand. G. G. Willis, op. cit., p. 61, ne fait pas cette distinction et situe entre 530 et 590 le passage des Trois Temps aux Quatre Temps. Voir également infra, n. 13. 8 Pour le détail, voir L. Fischer, op. cit., p. 164-177. On suit ici G. G. Willis, op. cit., p. 51, ainsi que I. H. Dalmais, P. Jounel et A. G. Martimort, La liturgie et le temps, Paris et Tournai, 1983 (A. G. Martimort et al. [éd.], L’Église en prière : introduction à la liturgie, 4), p. 41, qui n’en diffèrent qu’au sujet des royaumes
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Grégoire VII, voire au-delà, le calendrier des Quatre-Temps varia, il ne s’en trouva guère qui parvînt à s’imposer partout9. En gros, deux systèmes rivalisaient, comme le constatait déjà Ecgberht de York10 : 1er Temps 2e Temps 3e Temps 4e Temps
1e sem. de Carême 1e sem. après Pentecôte 3e sem. de septembre 3e sem. d’Avent
1e sem. du 1er mois (mars) 2e sem. du 4e mois (juin) 3e sem. du 7e mois (septembre) 4e sem. du 10e mois (décembre)
C’est à tort, certainement, qu’on a pu qualifier l’un de « romain » et l’autre de « franc »11 ou « gallican »12, puisque, dans les deux cas, les témoins les plus anciens sont clairement des productions de la ville des papes13. A priori, le binôme « litur-
Anglo-Saxons : Willis se prononce pour le viie s., tandis que Dalmais et al. proposent une fourchette : « septième-huitième siècle ». Le tout est de savoir quel crédit accorder à l’archevêque de York Ecgberht († 766) lorsqu’il fait remonter à Grégoire le Grand et à son missionnaire, Augustin de Canterbury, l’introduction en Angleterre de l’organisation romaine des Quatre-Temps (Dialogus ecclesiasticae institutionis, c. 16, § De primo jejunio, éd. A. W. Haddan et W. Stubbs, Councils and Ecclesiastical Documents Related to Great Britain and Ireland, III, Oxford, 1871, p. 403-413, p. 411, cité, d’après Migne, par L. Fischer, op. cit., p. 129 et 172). Sur Ecgberht, voir C. Cubitt, Anglo-Saxon Church Councils c.650–c.850, Londres et New York, 1995, p. 143. 9 Aperçu d’ensemble : L. Fischer, op. cit., p. 146-161. Sur Grégoire VII et le xie s. : U.-R. Blumenthal et D. Jasper, « ‘Licet nova consuetudo’ – Gregor VII und die Liturgie », dans : B. C. Brasington et K. G. Cushing (éd.), Bishops, Texts and the Use of Canon Law around 1100. Essays in Honour of Martin Brett, Aldershot (GB) et Burlington (VT, USA), 2008, p. 45-68. 10 Ecgberht, Dialogus, c. 16, § De primo jejunio (Haddan et Stubbs, p. 411). 11 M. Andrieu, Ordines Romani, p. 215 (« franc ») et 218 (« romain »), notamment. Les textes cités comme illustrations de la « discipline franque » p. 213 et ss. et p. 225, ne remontent pas au-delà du ixe s. 12 C. Vogel, Introduction, p. 157 (« romain », « gallican »). 13 M. Andrieu, op. cit., p. 218-225 ; A. Chavasse, Sacramentaire Gélasien, p. 216-218 ; G. G. Willis, Ember Days, p. 64-66. C’est à Rome, qu’entre le milieu du vie s. et le milieu du siècle suivant, le jeûne du premier mois (primi mensis) fait son apparition, s’ajoutant ou se substituant au jeûne de la première semaine de Carême et à celui de la mi-Carême. En témoignent, côté liturgie, l’Épistolier de Würzbourg (EpW) et l’Évangéliaire romain π (Evπ) (A. Chavasse, op. cit., n. 14, p. 218), de même qu’une interpolation au Sacramentaire Gélasien (M. Andrieu, op. cit., p. 222-224 ; A. Chavasse, op. cit., p. 216-218). EpW et Evπ sont tous deux des recueils romains. Celui-ci est daté « vers 645 » (A. Chavasse, ibid., p. xxxviii ; É. Palazzo, Histoire des livres liturgiques. Le Moyen Âge. Des origines au xiiie siècle, Paris, 1993, p. 113-114). G. G. Willis, op. cit., p. 64, situe l’autre entre 600 et 625, tandis que pour É. Palazzo, op. cit., p. 116, il « aurait été organisé à la fin du vie siècle et daterait, dans sa forme médiévale, du viie siècle ». Côté droit canon, la diplomatique fait subir au décret gélasien des métamorphoses analogues (M. Andrieu, op. cit., p. 223-224 ; A. Chavasse, op. cit., p. 217, n. 12 ; G. G. Willis, op. cit., p. 61) : Ordinationes etiam presbyterorum et diaconorum nisi certis temporibus et diebus exercere non audeant, id est : quarti mensis jejunio, septimi et decimi, sed etiam quadragesimalis initii, ac medianae Quadragesimae die, sabbati jejunio circa vesperam noverint celebrandas (Gélase, Ep. 14, c. 11 [Thiel, p. 368-369]) devient : Ordinationes uero presbiterorum seu diaconorum nonnisi primi, quarti, septimi & decimi mensum ieiuniis sed & ingresso quadragesimali atque medianae uespere sabbati nouerit celebrandas. La formule dont ces lignes sont extraites, la 6e du célèbre Liber diurnus Romanorum pontificum, éd. H. Foerster, Berne 1958, p. 81 et 184, était d’un usage si courant à l’époque de Grégoire le
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gique » / « civil14 » semblerait plus juste, en ce qu’il correspond effectivement à une différence observable dans la tonalité des deux séries. En revanche, on ne saurait lier le calendrier « civil » à la thèse improbable des origines romaines et païennes des Quatre-Temps. S’il est fidèle à quelque chose, ce serait plutôt à ce verset de Zacharie, l’un de ces Petits Prophètes vétéro-testamentaires auxquels la liturgie des Quatre-Temps doit sa spécificité15 : Haec dicit Dominus exercituum : Ieiunium quarti, et ieiunium quinti, et ieiunium septimi, et ieiunium decimi erit domui Iuda in gaudium et laetitiam et in solemnitates praeclaras16. Le pontificat de Zacharie (741-752), sous lequel s’opéra, chez les Francs, le changement de dynastie, inaugure une nouvelle phase dans l’histoire des Quatre-Temps. À Rome même, le samedi de la première semaine de mars—et non celui de la première semaine de carême—semble s’imposer, à son époque, comme la date préférée pour l’ordination des prêtres et des diacres par le pape17. Bien plus, Zacharie semble avoir donné une impulsion décisive à la diffusion des Quatre-Temps loin de leur foyer primitif : ses lettres à Boniface, et tout particulièrement celle qu’il expédia le 4 novembre 751, à une date très proche, donc, de celle de l’avènement de Pépin, en témoignent pour l’espace franc18, de
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Grand que les deux lettres de son Registre qui la reproduisent sont réduites à leurs incipits (voir la longue note d’Ewald et Hartmann relative à 3.11, p. 170-171) : s’il est donc probable que le modèle canonique y fût déjà remanié, cela n’est pas absolument certain. Voir égalem. infra, n. 18. G. G. Willis, op. cit., p. 60 et p. 96, premier paragraphe de la conclusion. Sur celle-ci, voir L. Fischer, Quatember, p. 8 et 102. Zach 8,19 : « Ainsi parle le Seigneur des armées : Le jeûne du quatrième [mois], le jeûne du cinquième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième deviendront pour la maison de Juda allégresse, joie, belles solennités » (d’après Osty, p. 2057). G. G. Willis, op. cit., p. 51, estime que ce verset n’est autre que la prophetia qui, selon le Liber pontificalis, aurait inspiré la création par Callixte des trois jeûnes annuels, précurseurs des Quatre-Temps. Il revient, ce faisant, à une opinion dénoncée par L. Fischer, op. cit., p. 13-14—qu’il ignore, rappelons-le. Zach 8,14-19 est cité dans la liturgie des QT d’automne : L. Fischer, ibid., p. 8, A. Chavasse, op. cit., p. 110. Explication des jeûnes de Zacharie selon la tradition juive et selon Jérôme : A. Lesètre, « Jeûne », dans : F. Vigouroux (éd.), Dictionnaire de la Bible, III/2, Paris, 1912, col. 1527-1532, 5o, col. 1530-1531. Voir, en Annexe 11a, les statistiques établies d’après les indications du Liber Pontificalis et leur commentaire. C’est à Rome aussi que se tint, en 743 et sous la présidence du pape, le concile (J3 3947) dont le onzième canon rappelle aux évêques l’obligation de n’ordonner les desservants de l’autel (sacerdotes) qu’aux QT, primi, quarti, septimi et decimi mensuum (Werminghoff, 17:1-8 ; les actes de ce concile feront l’objet d’un commentaire approfondi dans A. J. Stoclet, Majordomat). BLE 87 = J3 3996 (Tangl, p. 194-201, spéc. p. 199, l. 13-19, prob. inspiré par le canon romain mentionné à la note précédente), n’évoque, il est vrai, que des dates fixes pour l’ordination des prêtres et des diacres, sans les préciser : « À propos de l’ordination des prêtres et des diacres, tu me demandes si tu encours quelque reproche du fait que la nécessité et la pauvreté ont contraint les candidats à se présenter à toi en dehors des périodes et des jours réglementaires (legitimi). Nous te disons ceci, frère : tu sais bien ce qu’enseignent les saints canons au sujet des dates prescrites pour l’ordination des ministres de l’autel ; cependant, nous implorerons l’indulgence de notre seigneur Dieu, car tu as agi à cause du zèle de la foi » (De ordinatione etiam presbiterorum et diaconorum, quos cogente necessitate et paupertate rogantium non legitimis temporibus et diebus ad te pervenerunt, si aliquam haberes ex hoc offensionem, insinuasti. Dicimus autem tibi frater : bene nosti, quod sacri canones docent aptis temporibus sacerdotes ordinandos ; attamen in eo, quod a te propter zelo fidei actum est, a domino Deo nostro indulgentiam postulemus). BLE 39 semble avoir trait à des faits analogues (ordination d’un diacre posterius ordinaliter constituto tempore [Tangl,
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même que, pour les royaumes anglo-saxons, les canons du concile de Clofesho19. L’aspect « ordination » des Quatre-Temps est sans doute, dans une certaine mesure, un corollaire de la discipline romaine en matière de célibat et se diffusa avec elle : parce qu’on exigeait davantage des individus concernés, on conféra plus de solennité à leur entrée en fonction ; parce qu’on voulait disposer favorablement Celui dont ils assureraient désormais le culte, on obtint que la communauté tout entière Lui fît l’offrande du jeûne ; parce qu’enfin et plus prosaïquement, l’homme porte en lui les germes de la faillibilité, mieux valait s’entourer, en ces occasions délicates, des garanties les plus redoutables et prendre à témoin l’ensemble des fidèles, dûment réunis pour la solennité. Quatre-Temps et célibat concernent les mêmes échelons de la hiérarchie—prêtres et diacres20—et sont pareillement
p. 64, l. 9-10]) mais qui s’étaient produits outre-Manche entre 709 et 738. Quant à la lettre par laquelle Grégoire II octroyait à Boniface les pleins pouvoirs épiscopaux (BLE 18 [Tangl, p. 31-33] = J3 3706, du 1er décembre 722), elle reproduit presque mot à mot la sixième formule du Liber diurnus dont on a parlé plus haut (n. 13), de sorte que l’on peut se demander si les instructions relatives aux ordinations des QT (p. 32, l. 16-19) sont ou non de la même eau que la mise en garde—clairement dépassée voire déplacée, en contexte franc (voir la note de Tangl, p. 32, l. 46-47)—contre les candidats africains au sacerdoce, suspects de manichéisme ou présumés avoir été baptisés plus d’une fois (p. 32, l. 7-9). Cependant, à côté des transcriptions serviles (mensum [l. 17], conforme à la leçon du Vaticanus, plutôt qu’au mensuum de Claromontanus ; ingresso [l. 18] comme dans les deux témoins du LD [mais ingressu, la leçon primitive du Vaticanus, grammaticalement correcte, est aussi celle que préfèrent la plupart des témoins de BLE 18, de même que le correcteur du ms. de Karlsruhe] ; mediane [l. 18], comme Claromontanus, dont le medianae du Vaticanus ne s’écarte qu’à peine), il y a une omission de taille par rapport au modèle : primi manque (Ordinationes vero presbiterorum seu diaconorum non nisi quarti, septimi et decimi mensum etc.), ainsi que Tangl l’a observé (note -n-, p. 32, l. 35), si bien qu’on retrouve peu ou prou le texte de l’archétype gélasien, antérieur à l’interpolation du Liber diurnus. Il est évidemment impossible de savoir à quelle étape de la tradition de BLE 18 il convient d’imputer cette particularité. Était-elle présente dans l’original ou fut-elle introduite à l’occasion du travail d’archivage et de copie effectué à Fulda dans les quelque cent ans qui séparent la confection de ce précieux document, perdu depuis, et celle du manuscrit de Munich, le plus ancien des témoins conservés ? Dans la première hypothèse, comment décider si c’est la chancellerie de Grégoire II qui prit cette initiative ou si elle se borna à reproduire un modèle qui différait, sur ce point au moins, de celui transmis par le Liber diurnus (recueil qui, d’après GQDMA, n’était pas destiné au bureau des écritures pontificales [« für den kirchlichen Kanzlei- und Verwaltungsgebrauch […] jedoch, wie es scheint, nicht für die päpstliche Kanzlei »]). Un autre document de Grégoire II ou à lui attribué, J3 3681, sorte de plan pour l’organisation de l’église bavaroise daté de 716—antérieur, donc, à l’intervention de Boniface dans ce duché—, présente la même leçon, non nisi quarti etc., mais sa sincérité est controversée et ce n’est pas le lieu ici d’entrer dans cette lice (à la bibliographie de J3, on ajoutera S. Freund, Von den Agilolfingern zu den Karolingern. Bayerns Bischöfe zwischen Kirchenorganisation, Reichsintegration und Karolingischer Reform [700-847], Munich, 2004 [Schriftenreihe zur bayerischen Landesgeschichte, 144], p. 31-42, et M. Glatthaar, Bonifatius und das Sakrileg, p. 368-392, spéc. p. 375, n. 61). 19 Council of Clovesho, c. 18 (Haddan et Stubbs, Councils, p. 360-376, p. 368). Sur ce concile, l’un des plus importants de l’histoire de l’église d’Angleterre et en ouverture duquel lecture fut donnée de deux lettres de Zacharie, J3 3975, perdues depuis, voir C. Cubitt, Anglo-Saxon Church Councils, p. 99-152 (et 266-267), spéc. p. 142-147. Le Dialogus ecclesiasticae institutionis d’Ecgberht de York (supra, n. 8 et 10) est de la même époque. 20 Les évêques et les ordres mineurs ne sont pas concernés. Partout, ou presque (Quinisexte, c. 12, s’inquiète qu’il n’en soit pas ainsi « en Afrique, en Libye et ailleurs aussi »), vers 700, on exigeait des premiers l’abstinence la plus stricte (s’ils étaient mariés, leurs épouses, consentantes, entraient au couvent) et on accordait aux clercs revêtus des ordres mineurs, à l’autre extrémité de la hiérarchie séculière, la plus
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rejetés par l’Église d’Orient21 ce qui, indubitablement, donne à leurs adversaires d’Occident un argument de poids22. Après Quinisexte, où l’excessive sévérité (akribeia) de Rome fut rondement condamnée23, Grégoire II avait été le pape de la main tendue. Zacharie, son deuxième successeur, serait celui de la rupture, d’autant qu’entretemps les empereurs s’étaient faits les zélés promoteurs de l’hérésie iconoclaste. Aussi n’est-il pas étonnant de le voir s’activer sur les deux fronts connexes, Quatre-Temps et célibat24. Au nord des Alpes, il faut attendre la deuxième décennie du règne de Charlemagne pour qu’apparaissent et se multiplient les témoignages relatifs aux Quatre-Temps25. Jusqu’au concile de Mayence inclusivement, qui fera date en la matière, la plupart sont normatifs et près de la moitié sont des capitulaires épiscopaux ou de petites collections canoniques souvent assimilées à ceux-ci. Tous sauf deux s’accordent pour placer le jeûne au cœur de la solennité. Trois y joignent l’ordination, tandis qu’un quatrième, davantage soumis aux impératifs de l’auteur, ne retient que cet acte, pluriel en l’occurrence. L’aumône s’ajoute au jeûne et à l’ordination dans un texte bavarois quand son modèle, de même origine, ne retenait qu’elle. Rome sert de référence à deux reprises, le droit canonique une fois, tandis qu’ailleurs encore on oppose l’« autorité nouvelle » à celle de l’Ancien Testament. Avant Mayence, les deux calendriers, « liturgique » et « civil » sont représentés à parité, après, c’est ce dernier qui l’emporte : pour les Quatre-Temps de printemps, en particulier, la première semaine du premier mois est désormais préférée, dans l’empire carolingien et dans les états issus de lui, à la première semaine de Carême. L’impact de Mayence sur l’aval
entière liberté, y compris celle de se marier après avoir été ordonnés. 21 Célibat : Les deux-cent-vingt Pères de Quinisexte décidèrent (c. 13 [Ohme et al., p. 30-31 ; Joannou et Ohme, p. 198-203]) que les sous-diacres, les diacres et les prêtres pouvaient continuer à vivre conjugalement avec la femme épousée avant l’ordination, sinon à l’approche des solennités du culte (c’est le concept de “continence temporaire” sur le modèle des lévites de l’Ancien Testament et des restrictions imposées aux laïcs), et ce nonobstant la loi contraire de l’église romaine. Quinisexte est un maillon majeur dans la généalogie du Grand Schisme (1054) et l’Église orthodoxe revendique ses canons comme étant à la base de son droit, sinon de son identité. Quatre-Temps : Il est probable que la critique byzantine des ordinations aux QT soit plus ancienne de beaucoup que leur inscription tardive (xiie-xiiie s.) au nombre des errements des Latins, dont les premiers catalogues connus datent du ixe s. et furent toujours dressés dans un esprit de vive polémique : T. M. Kolbaba, The Byzantine Lists. Errors of the Latins, Urbana et Chicago, 2000 (Illinois Medieval Studies), p. 65-66 et 196, 5 dern. lignes. Il est significatif que, dans la réponse qu’ils font aux reproches des Grecs sur divers aspects du jeûne—mais pas, explicitement, sur les Quatre-Temps—les Pères du concile de Worms de 868, citent le De obseruatione Quattuor Temporum (Responsio contra Graecorum haeresim [W. Hartmann, Konzilien 860-874, p. 304, l. 12, à 305, l. 5, avec la n. 189] et, pour la liste des blâmes orientaux, Nicolas Ier, Ep. 6, de 867, éd. E. Perels, MGH Epp., 6, Berlin, 1925, p. 257-690, p. 603, l. 23, à 604, l. 3, spéc., pour les jeûnes, p. 603, l. 24 et 29-31). Ils enchaînent ensuite directement sur le célibat des prêtres (Hartmann, p. 305, l. 6 à 306, l. 13, cf. Nicolas Ier, Ep. 6 [Perels, p. 603, l. 26-27]). 22 Pour le célibat, voir A. J. Stoclet, Majordomat. 23 Quinisexte, c. 3 (Ohme et al., 25:19 ; Joannou et Ohme, p. 184 et 185). 24 Pour le célibat, voir A. J. Stoclet, op. cit. 25 Voir, en Annexe 11b, les textes, leurs traductions et le tableau comparatif qui en résume les aspects ici commentés.
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est indiscutable26, à telle enseigne même que l’on se risque à récrire le verset du prophète Zacharie pour en faire l’ancêtre exact de la règle promue par cette instance27. Vu de l’amont, en revanche, on hésitera davantage à lui reconnaître avec d’autres28 la qualité de jalon décisif, imposant la clarté où régnait la confusion. Le nombre infime de témoignages utilisables constitue un premier écueil. L’interprétation de ceux qui sont censés incarner le désordre préexistant en est un autre, sans doute plus sérieux : en effet, la date du premier des Quatre-Temps dans le canon de Reisbach et dans les Capitula Bavarica qui en dérivent—le Samedi des Rameaux, à la fin du Carême, donc, plutôt qu’au début—, parfaitement insolite, résulte probablement d’une bévue textuelle29 et n’aura pas eu d’application dans la réalité du culte. Ces deux textes ainsi que le De observatione Quattuor Temporum30, illustrent la place prépondérante de la Bavière carolingienne dans l’histoire des Quatre-Temps. Se pourrait-il qu’elle remonte à l’époque précédente, agilolfide, nonobstant l’absence de preuves explicites ? Les mots de l’annaliste de Lorsch sur les mesures relatives au Champ de Mars peuvent s’interpréter en ce sens (à condition, bien sûr, que ces dernières aient résulté de l’adoption des Quatre-Temps) : pour lui, Pépin n’en est pas l’unique auteur, il agit conjointement avec son neveu Tassilon, c’est ensemble qu’ils le déplacent—mutaverunt, au pluriel—au mois de mai31. Que vaut ce récit face à celui de Nibelung, où l’initiative n’appartient qu’au roi ? Celui-ci est contemporain, celui-là d’une trentaine d’années postérieur aux faits. Celui-ci est une parenthèse, peut-être
26 M. Andrieu, Ordines Romani, p. 214-215 ; R. Pokorny, dans Capitula episcoporum, III, éd. Id., Hanovre, 1995 (MGH), p. 33, n. 36 (« für die fränkische Liturgie maßgeb[end] »), avec liste de parallèles dans les Capitula episcoporum. 27 Ainsi au c. 11 des Capitula Parisiensia (Annexe 11b, texte no 8) ou dans le De obseruatione Quattuor Temporum de la première moitié du ixe s. (G. Morin, « Notes liturgiques, 3 : Un opuscule de l’époque carolingienne sur la raison d’être des Quatre-Temps », dans Revue bénédictine, 30, 1913, p. 231-234, cité par G. G. Willis, Ember Days, p. 52, R. Pokorny, Capitula episc., p. 232, n. 1, et W. Hartmann, Konzilien 860-874, p. 304, n. 189), édité en Annexe 11c. 28 R. Pokorny, ibid., p. 192, dernier alinéa. 29 Outre la date même, le fait qu’il fût exclusivement voué à l’aumône dans le plus ancien des deux textes suggère un rapprochement avec la liturgie papale : « Ce jour-là », écrit A. Chavasse, Sacram. Gélas., p. 226, « le pape distribuait des aumônes, comme l’indiquent quelques témoins », à savoir les antiphonaires de la messe romaine et l’évangéliaire romain Λ (n. 31, ibid. ; brèves indications sur ces recueils, p. xxxviii). Même constat, au début du ixe s., chez Amalaire de Metz, Liber officialis, 1.9, éd. et trad. E. Knibbs, Amalar of Metz, On the Liturgy, Cambridge (MA, USA) etc., 2014 (Dumbarton Oaks Medieval Library, 35-36), I, p. 84 et 85 : « [Pour le Samedi avant les Rameaux], on trouve le titre suivant dans notre sacramentaire et dans l’antiphonaire : “Le Samedi : rien ; le seigneur pape fait l’aumône” » (Varietas tertia est Sabbato ante Palmas. Haec est varietas eius : Praetitulatur in sacramentario nostro et in antiphonario : “Sabbato vacat. Dominus papa elemosinas dat” ; pour l’antiphonaire, Knibbs cite en 1:501 la même référence que Chavasse, et pour le sacramentaire, le c. 72 [du grégorien de type] Hadrianum). Ce court extrait d’Amalaire nous livre la clé de l’erreur bavaroise : le mot vacat se lisait aussi dans la liturgie des QT (L. Fischer, Quatember, p. 92-96 ; G. G. Willis, op. cit., p. 83), il en était même caractéristique comme de celle du Samedi des Rameaux—seul le jour différait, le samedi même dans ce cas-ci, le dimanche dans celui-là. 30 Voir Annexe 11b, mais aussi 11c, 1e section. 31 Voir supra, p. 22.
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rapportée32, et se doit donc d’être lapidaire, celui-là ne connaît pas ces contraintes mais en subit peut-être d’autres33. Par ailleurs, le vêtement de cérémonie que Pépin II portait à l’assemblée annuelle et dont, d’après Arbeo, il fit cadeau à l’évêque Corbinien de Freising34, ne symboliserait-il pas le créneau occupé par cette solennité dans le calendrier et transféré, lui aussi, du domaine civil au domaine religieux—grâce à l’intervention de Tassilon ? N’est-ce pas par allusion à cette réattribution récente qu’Arbeo insiste à ce point sur l’appartenance du Champ de Mars à un passé clairement révolu ? Faut-il vraiment croire, cependant, que la périphérie ait pu donner le ton et le centre se contenter de suivre ? C’est l’une des questions, sans doute nombreuses, que ces conjectures—car elles ne sont guère plus que cela—ne manqueront pas de soulever. Le tableau que l’on tente de brosser ici est hélas condamné à demeurer à l’état d’ébauche, avec des pans entiers parfaitement dégarnis : impossible, en effet, de retracer autrement qu’en pointillés très espacés le parcours primitif des Quatre-Temps dans les régions sous domination franque. Quel accueil les autorités laïques réservèrent-elles à cette pratique ? Étaient-elles disposées, pour la mettre en vigueur, à bouleverser un calendrier public sur lequel des générations s’étaient réglées, dans ces régions et ailleurs ? Oui, sans doute, si l’on en juge par leur législation visant à constituer un corps de ministres de l’autel qui fût digne de cette vocation35—essentielle au salut du royaume comme de ses habitants—et si l’on accepte que les Quatre-Temps et l’exigence de célibat se fussent diffusés d’un même mouvement. Oui, si l’on accorde que l’uniformisation des échéances pour les promotions représentât un net progrès par rapport à une situation où les candidats pressés ou peu scrupuleux jouaient des variations d’un diocèse à l’autre pour raccourcir les intervalles réglementaires. Non, pour peu que l’on s’émeuve de l’absence de toute mention d’ordination dans le canon mayençais, si déterminant pour la suite, comme dans d’autres textes contemporains36. Il n’est nullement certain, par ailleurs, que l’on puisse concilier des processus—le déplacement de l’assemblée annuelle et la mise au pas de l’élite du bas clergé—dont on ignore s’ils se déroulèrent ou non selon des logiques et des rythmes compatibles. Sous ses deux aspects de discipline et de calendrier, celle-ci se heurta à des résistances37, elle nécessita des aménagements et demeura, pour plusieurs siècles encore, des plus
32 Pour peu que l’on traduise instituit par « il institua » plutôt que par le présent, ce qui a pour effet de situer l’acte ainsi exprimé à une date en amont des autres événements parmi lesquels il se trouve relaté. 33 Les Annales de Lorsch sont antérieures aux Annales royales, qui en dépendent d’une manière qui reste à préciser (R. Pokorny, Annales, p. 22, n. 78, in fine) ; aussi la matière bavaroise n’y est-elle pas, peut-être, exposée aux mêmes pressions. 34 Voir supra, p. 180. 35 BLE 56 (Germanicum) (Tangl, 99:21-23, 99:30, 100:5-16, 100:17-20, 101:4-7, 101:12-14). Les plus importantes de ces dispositions sont reprises dans le capitulaire de Soissons de 744, ainsi que dans BLE 78 (163:19164:1) et BLE 83 (186:7-9 et 186:20-31). Etc. 36 Ainsi le De obseruatione Quattuor Temporum, déjà cité, ou Pseudo-Isidore, Décrétales, prem. lettre (au nom) de Callixte, éd. Karl-Georg Schon, Projekt Pseudoisidor [pseudoisidor.mgh.de], PDF, p. 416-418, l. 9-57. Parmi les décisions de Mayence, le 34e canon s’inscrit dans une série (c. 33-37) consacrée au calendrier : Litanie majeure, QT, ieiunium indictum, fêtes annuelles, dimanche. La thématique « ordination » des QT aurait certes pu faire l’objet d’un autre canon, dans une autre partie du même document, mais ce n’est pas le cas. 37 Discipline : voir A. J. Stoclet, Majordomat.
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aléatoires : ainsi, par exemple, les contraintes de date furent-elles très tôt assouplies, à titre individuel, pour les motifs les plus divers, tels la pertinacia, la necessitas ou la paupertas des intéressés38.
6.2. La déposition de Louis le Pieux justifiée (i) : introduction, « premier » chef d’accusation 6.2.1. De Louis le Pieux à Pépin le Bref : l’hypothèse Sierck
Lorsqu’en 833, Louis le Pieux fut contraint d’abdiquer, les évêques qui soutenaient ce coup d’État—le Francorum dedecus, « l’ignominie des Francs » des Annales Alamannici39—rédigèrent une sorte d’acte d’accusation en huit articles, dont le troisième était ainsi formulé : « Attendu que, trompé par de mauvais conseillers, il décréta une mobilisation générale durant le Carême, au mépris de la religion chrétienne comme de ses propres engagements solennels et sans nécessité pressante ni [motif d’]utilité publique ; que, d’autre part, il décida qu’il tiendrait un plaid général aux frontières de son empire, et cela le jeudi saint, lorsque tous les chrétiens se doivent de célébrer comme il faut les sacrements pascaux ; et que, dans cette campagne, il provoqua de lui-même de grands murmures parmi le peuple, qu’il enleva, ô sacrilège, les prêtres de Dieu à leurs devoirs et qu’il fit violence grave aux pauvres40. » On a pu soutenir, assez récemment, en se fondant sur ce texte, que le grand-père de Louis avait déjà pris des mesures pour garantir la sainteté du Carême et veiller à ce qu’elle ne subît aucune atteinte de son fait : ainsi Pépin aurait-il déplacé le Champ de Mars au mois de mai afin de retarder l’appel annuel aux armes et d’éviter de répandre le sang en cette période de pieux recueillement préparatoire aux solennités de Pâques41.
38 BLE 39 (64:15) et 87 (199:14), voir supra, n. 18. D. J. DiCenso, Revisiting, p. 364, dresse le même constat à propos du chant romain : « quel que soit le but que Pépin s’était fixé lorsqu’il mit fin à une pratique et en introduisit une autre, il semble que ce changement ait suscité quelqu’opposition ou qu’il ait été difficile à exécuter. » En 789, lorsque Charlemagne publia l’Admonitio generalis, le « processus d’acclimatation était encore en cours ». 39 C. M. Booker, « The Public Penance of Louis the Pious : A New Edition of the Episcoporum de poenitentia, quam Hludowicus imperator professus est, relatio Compendiensis (833) », dans Viator, 39, 2008, p. 1-19, p. 4, n. 11. 40 Episcoporum de poenitentia, quam Hludowicus imperator professus est, relatio Compendiensis (désormais : Relatio Compendiensis ou RC) = RIiOnl, no 926b, c. 3 (C. M. Booker, op. cit., p. 17, l. 6-12 [lat.] ; Id., Past Convictions. The Penance of Louis the Pious and the Decline of the Carolingians, Philadelphie, 2009 [The Middle Ages Series], p. 262, l. 164-172 [angl.]) : Quia contra Christianam religionem et contra uotum suum sine ulla utilitate publica aut certa necessitate prauorum consilio delusus in diebus quadragesimae expeditionem generalem fieri iussit, et in extremis imperii sui finibus in coena Domini, quando paschalia sacramenta ab omnibus Christianis rite sunt celebranda, placitum generale se habiturum constituit ; in qua expeditione, quantum in ipso fuit, et populum in magnam murmurationem protraxit, et sacerdotes Domini a suis officiis contra fas amouit et pauperibus grauissimam oppressionem irrogauit. 41 M. Sierck, Festtag, p. 204-212.
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Une première faiblesse de cette hypothèse réside dans la manière dont, en l’absence de témoignages plus probants42, elle comble l’intervalle de quelque trois quarts de siècles qui sépare la réforme de Pépin de la déposition de Louis le Pieux : en effet, la trève que les premiers Carolingiens observent presque chaque année dans leurs activités militaires n’est probablement pas celle du Carême43 mais celle que, depuis toujours, les rigueurs de l’hiver imposent partout où elles se font sentir. Plutôt qu’un aboutissement, le rapport des évêques hostiles à Louis représente un point de départ. 6.2.2. La Relatio Compendiensis
La Relatio Compendiensis eut, semble-t-il, une circulation plutôt confidentielle. Elle nous est parvenue par trois copies, toutes dues à Konrad Peutinger (1465-1546), le célèbre humaniste allemand. Son modèle n’était pas très ancien mais remontait à un archétype carolingien signalé par le moine Reginbert dans son catalogue de la bibliothèque de Reichenau (840 × 842). Dans ce fonds, la Relatio était jointe à la biographie de Louis le Pieux par Thegan, composée en 836 ou 837. Sans doute est-ce Thegan lui-même, ferme partisan de Louis le Pieux, qui avait réuni ces deux textes. Au cours de l’hiver 840-841, Walafrid Strabo, ludovicien convaincu lui aussi, les consulterait à Reichenau et les pourvoirait alors de prologues, celui de la Relatio étant franchement « inimical ». Les trois lettrés—Thegan, Walafrid, Reginbert—traitèrent-ils la Relatio avec toute la diligence due à une pièce à conviction ou ne se privèrent-ils pas, au contraire, de déformer à leur guise un écrit qui plus qu’aucun autre incarnait les agissements criminels de la faction honnie—et tôt vaincue ? On ne sait, car les preuves positives en faveur de l’un ou l’autre de ces scénarios n’existent pas ou ne sont pas encore connues. Pour lors, donc, la possibilité de remaniements anciens ne saurait être écartée44. Ni dans les meilleures éditions45, ni dans les commentaires46, nul ne semble s’être posé la question des sources des accusations formulées par la Relatio, pourtant 42 À laquelle, sans doute, B. Isphording, Prüm, p. 103, n. 178, fait allusion dans sa brève critique de Sierck : « L’hypothèse selon laquelle Pépin aurait permis que le créneau libéré par le déplacement au mois de mai du Champ de Mars militaire soit occupé désormais par des manifestations religieuses est impossible à étayer, vu l’absence d’exemples concrets » (« Die Vermutung von Sierck …, die Verschiebung des militärischen Märzfeldes zum Maifeld habe Pippin den traditionellen Termin nun geistlich füllen lassen, ist wegen der fehlenden Beispiele nicht nachzuvollziehen »). 43 Comme le suppose M. Sierck, op. cit., p. 205. J. Chélini, L’aube du Moyen Âge. Naissance de la chrétienté occidentale. La vie religieuse des laïcs dans l’Europe carolingienne (750-900), Paris, 1991, p. 303, 306-308 et 311, qu’il ne connaît pas, était déjà de cet avis mais ne mentionnait nulle part la réforme de Pépin et se montrait plus que réservé quant au bien-fondé des accusations portées contre Louis le Pieux, « ces fautes graves et toutes les autres qui lui étaient reprochées, plus ou moins à juste titre » (p. 311, italiques ajoutés). 44 Sur tout ceci, voir C. M. Booker, « A New Prologue of Walafrid Strabo », dans Viator, 36, 2005, p. 83-105, et Id., Public Penance. Date du catalogue de Reginbert : C. M. Booker, New Prologue, p. 89 et n. 31, ibid. « Inimical » : Id., Public Penance, p. 6. Retouches possibles : Id., ibid. 45 Celle de C. M. Booker, déjà citée (supra, n. 40) ou celle d’A. Boretius et V. Krause, Capitularia, 2:51-55. 46 M. de Jong, The Penitential State. Authority and Atonement in the Age of Louis the Pious, 814-840, Cambridge, 2009, p. 234-241, le c. 3 étant ainsi analysé p. 239 : « [Louis le Pieux] avait ordonné une campagne militaire superflue, exécutée pendant le Carême ». C. M. Booker, Past Convictions, p. 166-182, spéc. p. 173-174, est une paraphrase très détaillée du c. 3, mais sans véritable commentaire.
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cruciale, tant du point de vue des contemporains—les accusations étaient-elles fondées en droit ou, dans le cas contraire, d’où tenaient-elles leur autorité ?—que du nôtre—comment comprendre la déposition de Louis le Pieux, un événement capital qui infléchit durablement le destin de l’Empire, si l’on ne comprend pas les textes essentiels qui s’y rapportent ? C’est cette lacune que l’on va tenter de combler ci-dessous, mais en se bornant à l’article trois et en inversant l’ordre des griefs : la tenue d’un plaid le jeudi saint, d’abord, la mobilisation générale durant le Carême, ensuite. 6.2.3. In coena Domini placitum generale constituit
À Rome, le calendrier comportait, dès l’époque républicaine, de très nombreux jours pendant lesquels il était licite ou au contraire illicite de tenir des assemblées judiciaires, politiques et/ou législatives—comices, sénat—et cet état de choses se maintint tout en s’adaptant lorsque l’Empire devint chrétien47 ; de plus, aux trois derniers siècles de la République, lorsque le système politique était en proie à des rivalités intenses48, la fixation/modification de ce calendrier fut, semble-t-il, un enjeu de toute première importance49. Que l’infraction de ces règles ait jamais pu avoir des conséquences comparables à celles qu’atteste la Relatio est une autre question50. À propos du respect dominical, qui était un impératif autrement plus ancien et plus fondamental, on a pu dire que, jusqu’à et y compris Charlemagne, « le pouvoir ne suivit pas l’Église sur ce point et se contenta de rééditer l’obligation, sans l’assortir de peines légales51 ». L’avatar chrétien de l’interdiction ici étudiée remonte, sous sa forme normative, à une constitution de Valentinien II, Théodose et Arcadius, du 7 août 389, insérée
47 Dictionnaires/encyclopédies : G. Humbert, « Dies », dans DAGR, II/1, 1892, p. 168b-177b, spéc. § viii, p. 175a-176b (fondamental) ; P. Pieler, « Gerichtsbarkeit. D. Dominat », dans RAC, X, 1976, col. 391-492, spéc. D.III.b.1, col. 399-400 (sur le premier siècle de l’Empire chrétien). Monographies : A. K. Michels, The Calendar of the Roman Republic, Princeton, 1967, spéc. « Part I. The Calendar of the First Century B. C. », p. 3-89 ; J. Rüpke, Kalender und Öffentlichkeit. Die Geschichte der Repräsentation und religiösen Qualifikation von Zeit in Rom, Berlin et New York, 1995 (Religionsgeschichtliche Versuche und Vorarbeiten, 40), passim ; Id., The Roman Calendar from Numa to Constantine. Time, History and the Fasti, Chichester (GB) etc., 2011, passim. 48 J. Rüpke, Calendar, p. 48. 49 A. K. Michels, op. cit., p. 45-46, ici p. 45 : « Les règles qui permettaient de modifier le caractère des jours comitiaux étaient utilisées à leur avantage par les politiciens qui souhaitaient contrarier les efforts de leurs rivaux ». J. Rüpke, op. cit., p. 65-66, pense que cet aspect de la dynamique calendaire l’emporte sur l’aspect religieux, longtemps privilégié par la recherche. 50 Ses effets dans les exemples cités par A. K. Michels, ibid., sont infiniment plus modestes. J. Rüpke, op. cit., p. 49, écrit ceci, à propos du calendrier de Gnaeus Flavius (304 av. J.-C.) et des interdictions qu’il exprime : « Il n’y a guère de mention, dans la tradition, du limogeage d’un magistrat suite à [leur] violation délibérée ». 51 J. Chélini, Aube, p. 260, qui poursuit : « Les évêques revinrent à la charge sous Louis le Pieux », témoin l’Episcoporum relatio ad Hludowicum imperatorem de 829, c. 32 (MGH Capit. 2, p. 39). Il ne dit pas s’ils furent entendus !
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au Code Théodosien une quarantaine d’années plus tard52 et transmise aux royaumes romano-germaniques par deux adaptations ou compilations de ce recueil, le Bréviaire d’Alaric53 (505 ou 506), principalement, et la Loi romaine des Burgondes54 (480 × 523). Une loi de Chindaswinth, roi des Wisigoths (642-653), qui se situe dans la même lignée, fournit une liste analogue des fêtes chômées, suivie d’un exposé extrêmement détaillé de ce que comporte, précisément, le congé des tribunaux55. En Orient, le Code de Justinien ajouterait un maillon à la chaîne56 et le Nomocanon (v. 640), qui le cite, un autre57. Après le milieu du viie siècle, la loi de 389 cesse de produire des échos. Ce silence, comme celui des sources franques58 signifie probablement que le corpus déjà constitué était jugé suffisant : il n’y avait donc plus lieu de l’augmenter de nouvelles réitérations. À l’inverse, si la suspension dominicale des tribunaux—décrétée pour la première fois par Constantin59—bénéficia d’une attention plus soutenue60, y compris 52 Cod. Theod., 2.8.19, éd. Th. Mommsen, P. Meyer et P. Krueger, trad. J. Rougé et R. Delmaire, introd. et notes R. Delmaire, avec la collab. d’O. Huck, F. Richard et L. Guichard, Les lois religieuses des empereurs romains de Constantin à Théodose II (312-438). II. Code Théodosien I-XV, Code Justinien, Constitutions Sirmondiennes, Paris, 2009 (SC, 531), p. 28-399, p. 44-49, mentionné par P. Pieler, Gerichtsbarkeit, col. 400, et par W. Hartmann, dans Die Konzilien der karolingischen Teilreiche 843-859 / Concilia aevi Karolini dcccxliii-dccclix, éd. Id., Hanovre, 1984 (MGH Concilia, 3), p. 125, n. 262, in fine (à propos du 79e canon de Meaux-Paris) : Omnes dies iubemus esse iuridicos. Illos tantum manere feriarum dies fas erit, […]. Sacros quoque paschae dies, qui septeno uel praecedunt numero uel sequuntur, in eadem obseruatione numeramus, […] (« Nous ordonnons que tous les jours soient jours d’audience. Il sera seulement permis que demeurent comme jours de vacance […]. De même les jours sacrés de Pâques, ceux qui précèdent et ceux qui suivent, au nombre de sept, Nous les comptons dans une même observance […]. ») 53 Lex Romana Visigothorum, 2.8.2 (signalé par R. Delmaire et al., Lois religieuses, p. 44). Date : GQDMA. 54 Lex Romana Burgundionum (ou Lex Romana sive Forma et Expositio Legum Romanarum), 11.5, éd. L. R. von Salis, Leges Burgundionum, Hanovre, 1892 (MGH LL nat. Germ., 2/1), p. 123-163, p. 136, l. 11-14. Date : GQDMA. 55 Lex Visigothorum, 2.1.12 (Zeumer, p. 59-60, spéc. p. 59, l. 16-18). À son sujet, voir C. Petit, Iustitia Gothica. Historia Social y Teología del Proceso en la Lex Visigothorum, Huelva, 2001, p. 235-240. Pour la traduction de executione constringi, « entreprendre un procès », voir D. Haines, Sunday Observance and the Sunday Letter in Anglo-Saxon England, Cambridge, 2010, p. 6, n. 26. 56 Justinien, Codex, 3.12.6 (Krueger, p. 127), mentionné par P. Pieler, Gerichtsbarkeit, col. 400. 57 Nomocanon xiv titulorum, 7.1, éd. J.-B. Pitra, Iuris ecclesiastici Graecorum historia et monumenta, II, Rome, 1868, p. 433-640, p. 518, lignes 5 à 9 du texte gr., et 5 à 9 de la trad. lat. 58 Qui n’est pas absolu, si l’on veut bien prendre en considération des énoncés comme celui du Capitulare de partibus Saxoniae, 18 (Schwerin, 40:8-14) : l’interdiction vaut pour les dimanches comme pour « les fêtes les plus connues », in festivitatibus praeclaris, voir infra, n. 61. 59 Constitution du 3 juillet 321 = Cod. Theod. 2.8.1 (Lois religieuses, p. 40-43 ; voir D. Haines, Sunday, p. 4-5), d’où Bréviaire d’Alaric ou Lex Romana Visigothorum, 2.8.1 (signalé par R. Delmaire et al., Lois religieuses, p. 40) et Justinien, Codex, 3.12.2 (Krueger, p. 127 ; voir P. Pieler, Gerichtsbarkeit, col. 400, et R. Delmaire et al., op. cit., p. 42, n. 1). L’article 9 du même titre du Codex (Krueger, p. 128), paraphrasé en Nomocanon, 7.4 (Pitra, p. 520), est une loi de Léon et Anthemius, du 9 décembre 469, qui traite du même sujet. 60 D. Haines, op. cit., p. 9 et 56, cite, notamment, le premier canon du concile de Mâcon de 585, éd. F. Maassen, Concilia aevi Merovingici, Hanovre, 1893 (MGH Concilia, 1 = MGH LL [in-4o], sect. 3, 1), p. 163-173, p. 165, l. 15-17 ; ou, p. 6, la Lex Romana Raetica Curiensis (comp. 700 × 750 [GQDMA]), 8.3, éd. K. Zeumer, MGH LL [in-fol.], 5, Hanovre 1875-1889, p. 289-452, p. 360, l. 17-21. Celle-ci reproduit mot pour mot le texte de l’interpretatio de Cod. Theod., 8.8.3 (Lois religieuses, p. 120-121), une constitution de Valentinien II, Théodose et Arcadius datée des 3 novembre 385 et 25 janvier 386, également citée, mais sans l’interpretatio, en Cod. Theod., 2.8.18 (Les lois religieuses, p. 42-45) et 11.7.13 (ibid., p. 248-249). Le canon de Mâcon, lui, est inséré sous forme d’extrait dans la collection Vetus Gallica (Lyon [?], v. 600), 23.4, éd. H. Mordek,
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à l’époque carolingienne61, c’est parce qu’on n’arrivait pas à trancher, sur la question des activités incompatibles avec le jour de repos hebdomadaire, entre la tendance judaïsante qui s’alignait sur les pratiques du sabbat, et la tendance romanisante, qui les rejetait62.
Kirchenrecht und Reform im Frankenreich. Die Collectio Vetus Gallica, die älteste systematische Kanonessammlung des fränkischen Gallien. Studien und Edition, Berlin et New York, 1975 (Beiträge zur Geschichte und Quellenkunde des Mittelalters, 1), p. 341-617, p. 439-440. C. Petit, Iustitia Gothica, évoque p. 238, n. 4, le concile de Tarragone de 516 et l’interdiction qui y est faite aux évêques ou à leurs subordonnés de juger le dimanche—« Les autres jours, il leur [?] est permis de juger les choses qui conviennent, sauf les affaires criminelles », Ceteris vero diebus coniventibus personis illa quae iusta sunt habeant licentiam iudicandi, excepto criminalia negotia. 61 Admonitio generalis, c. 79, éd. H. Mordek, K. Zechiel-Eckes et M. Glatthaar, Die Admonitio generalis Karls des Großen, Hanovre, 2012 (MGH Fontes iuris, 16), p. 232, l. 382, cité par D. Haines, op. cit., p. 15. Absente des autres sources identifiées par les éditeurs (Capitulare Vernense de 755, Lex Baiwariorum), l’interdiction de se rendre au plaid, nec ad placita conveniant, pourrait être empruntée à la « Lettre du ciel » (Himmelsbrief), c’est-à-dire à l’une des versions du texte étudié par Haines sous le nom de « Lettre du dimanche » (Sunday Letter) : on la trouve en effet dans la Lettre A, en vieil anglais (Haines, p. 112-117, ici p. 112, l. 15-16 et 17, et trad. p. 113, 2e alinéa), et dans Paris, BNF, lat. 12270, fol. 31v-32v, en latin (Haines, p. 199-201, ici p. 199, l. 11-12), qui lui est apparenté. Capitulare de partibus Saxoniae, c. 18 (Schwerin, p. 40, l. 8-14), c’est-à-dire le 4e des minora capitula pour lesquels « tous consentirent » (p. 69, l. 19) : Ut in dominicis diebus conventus et placita publica non faciant, nisi forte pro magna necessitate aut hostilitate cogente, sed omnes ad ecclesiam recurrant ad audiendum verbum Dei et orationibus vel iustis operibus vacent. Similiter et in festivitatibus praeclaris Deo et ecclesiae conventui deserviant et secularia placita demittant (« Qu’on ne tienne ni assemblée ni plaid public le dimanche, si ce n’est en cas de grande nécessité ou de guerre, mais que tous se rendent à l’église pour entendre la parole de Dieu et s’adonnent aux prières ou aux œuvres justes. De même, lors des fêtes les plus importantes, qu’ils desservent Dieu et l’assemblée de l’église et délaissent les plaids séculiers »). Ce capitulaire est diversement daté d’entre 775 et 790 (voir, dans la base Capitularia, la notice qui lui est consacrée), ou, tout récemment, de 792/793 (R. Flierman, Saxon Identities, p. 111-112). Pour la période 813 × 846 : W. Hartmann, Konzilien 843-859, p. 125, n. 262 ; J. Chélini, Aube, p. 257-258, n. 50. 62 Parmi les codes cités par D. Haines, op. cit., p. 6-7, les plus « romains » ou « romanisés » (Lex Romana Burgundionum, Lex Visigothorum, Lex Romana Curiensis) définissent le repos obligatoire du dimanche comme une trève judiciaire, conformément à la très ancienne tradition romaine des jours fastes/néfastes. En revanche, le Pactus legis Salicae, la Lex Baiwariorum et la Lex Frisionum prônent une suspension des travaux de la maison et des champs et se rattachent, ce faisant, à la tradition vétéro-testamentaire (notam. Ex 31,14-15, cité par Haines, ibid., p. 2, n. 6, mais aussi Lev 23,35 ou Is 58,13, cf. Concilium Foroiuliense a. 796/797, 13, éd. A. Werminghoff, Concilia aevi Karolini, no 21, 1:177-195, p. 194). La Lex Visigothorum est intéressante car, outre la loi de Chindaswinth qui stipule l’interruption de l’activité judiciaire les dimanches et autres jours fériés (voir supra, p. 200), ce code contient une autre loi, due à Ervig et datée de 681 (12.3.6, Zeumer, p. 434-435), qui s’adresse aux juifs et leur impose l’observance dominicale, sur le mode vétéro-testamentaire. Étant donné que la crainte de judaïser est constante dans l’histoire du christianisme (B. Dumézil, « Le dimanche chômé à l’époque romano-barbare », dans : Ph. Desmette et Ph. Martin [éd.], Orare aut laborare. Fêtes de précepte et jours chômés du Moyen Âge au xixe siècle, Villeneuve d’Ascq, 2017 [Histoire et civilisations], p. 29-44, p. 36) et que l’observance du dimanche prête aisément le flanc à ce travers (voir les nombreuses mises en garde contre l’imitation des interdits du sabbat juif, par ex. Orléans 538, cité par D. Haines, op. cit., p. 8-9, ou Grégoire le Grand, p. 9-10), il se pourrait que le type d’interdit retenu résultât d’un choix délibéré en faveur de la tradition romaine (congé judiciaire) c’est-à-dire contre la tradition juive/vétéro-testamentaire (suspension des travaux de la maison et des champs), ou inversement (la présence des juifs fut probablement plus forte au pourtour méditerranéen,
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Jean Chrysostome († 407) et Césaire d’Arles († 542) font également référence, dans leurs écrits, à la trève judiciaire en vigueur pendant la quinzaine de part et d’autre de Pâques63. La documentation relative aux plaids ou tribunaux du royaume carolingien d’Italie fournit quelques témoignages tardifs (820-884) de sa mise en pratique64.
6.3. La déposition de Louis le Pieux justifiée (ii) : In diebus quadragesimae expeditionem generalem fieri iussit 6.3.1. L’interdiction même : absence de précédents
Contrairement au chef d’accusation que l’on vient d’examiner, celui-ci n’a pas de passé pertinent, il n’est étayé ni par des faits antérieurs, ni surtout par des textes, normatifs ou autres, qui l’eussent ancré solidement dans une tradition porteuse d’autorité. La raison en est simple : « La chrétienté ne connaît plus aucun jour où la conduite de la guerre soit interdite [comme c’était le cas dans l’Antiquité grecque, romaine, judaïque ou germanique], [à l’exception, toutefois, du] repos dominical, si bien observé qu’il arrivait à l’ennemi d’en tirer parti65. » À Rome même, dès l’époque de Trajan, l’obsolescence guette les vieux tabous républicains : ainsi, par exemple, la discipline militaire est-elle exemptée des interruptions obligatoires liées au calendrier qui affectaient le fonctionnement des tribunaux civils66.
d’où, peut-être, la différence entre les deux groupes de codes, qui pourrait aussi s’expliquer par un maintien plus durable, dans ces mêmes régions, des institutions judiciaires romaines). De manière générale, Haines relève, à partir du vie s., une influence grandissante de la tradition juive du sabbat sur le développement de l’observance dominicale (p. 12, notam.). Il n’est pas certain cependant que tous les faits, à toutes les époques, se plient au schéma strictement binaire qui vient d’être proposé. Rome aussi connaissait les interdictions de travailler : « avant 321, elles ne concernaient que certaines activités et certaines fêtes religieuses (feriae) variables selon les lieux et les métiers » (R. Delmaire et al., Lois religieuses, p. 417, n. 1, avec bibliographie, à propos d’une loi de Constantin du 3 mars ou mai 321, reprise par Justinien, Codex, 3.12.2, où une exception spécifique est faite pour les travaux des champs par opposition aux activités judiciaires, aux officia artium et autres occupations urbaines). L’interdiction de travailler, opus fieri, est encore attestée par Macrobe, Saturnalia, 1.16.9-12, un siècle, en gros, après Constantin (Macrobe, Les Saturnales. I. Livres I-III, éd. et trad. H. Bornecque, Paris, 1937 [Classiques Garnier], p. 152-155 ; Macrobius, Saturnalia, Books 1-2, éd., trad. et comm. R. A. Kaster, Cambridge [MA, USA] et Londres, 2011 [LCL, 510], 1:190-193). En sens inverse, les congés judiciaires le sont dans la tradition juive : D. Haines, op. cit., p. 12, n. 51, alléguant Josèphe, sans plus de précision—un exemple discutable, sans doute, tant sont fortes, chez cet auteur, les influences romaines ou hellénistiques. 63 R. Delmaire et al., Lois religieuses, p. 46, n. 3. 64 F. Bougard, La Justice dans le royaume d’Italie de la fin du viiie siècle au début du xie siècle, Rome, 1995 (Bibliothèque des Écoles Françaises d’Athènes et de Rome, 291), p. 208, n. 13, qui les invoque pour illustrer un congé qu’il étend sans autre preuve et donc à tort à l’ensemble du Carême ainsi qu’à la semaine qui suit Pâques. 65 K. L. Noethlichs, « Krieg », dans RAC, XXII, 2008, col. 1-75, col. 61, 3 dern. lignes. 66 G. Humbert, Dies, p. 177a, citant Ulpien, De officio proconsulis, livre 7, extrait inséré au Digeste de Justinien, 2.12.9 (Mommsen, p. 55 ; trad. d’après Hulot, p. 144), égalem. cité par J. Rüpke, Kalender, p. 468 et 504 : Diuus Traianus Minicio Natali rescripsit ferias a forensibus tantum negotiis dare uacationem, ea autem, quae ad disciplinam militarem pertinent, etiam feriatis diebus peragenda : inter quae custodiarum quoque cognitionem
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À l’époque carolingienne, le dimanche même, qui fait l’objet depuis si longtemps de tant d’attentions, ne résiste pas aux impératifs martiaux : les charrois militaires, ostilia carra, viennent en tête de ceux que l’Admonitio generalis de Charlemagne permet ce jour-là, devant les transports de vivres (victualia) et les convois funéraires (corpus cuiuslibet ducere ad sepulchrum), tous les autres étant à proscrire67. Il n’est pas indifférent, par ailleurs, qu’une des victoires les plus marquantes du grand-père—celle de Vinchy, le 21 mars 717, sur le Mérovingien Chilpéric II et son allié frison, Radbod, prélude nécessaire au contrôle de la Neustrie—fût remportée un dimanche de Carême68. Encore que l’exemplarité de cet épisode soit incertaine, à l’image des interprétations que l’on peut en donner : l’auteur anonyme du Liber Historiae Francorum voyait-il dans cette date « la validation divine d’une légitimité jusque-là bien incertaine69 » ? N’était-ce pas, au contraire, sous sa plume neustrienne70, la critique d’un succès sacrilège ? Ou alors la fin absolvait-elle de toute faute l’auteur de l’infraction : car à sa qualité d’agresseur, l’ennemi frison ajoutait celle de païen—mais raisonner de la sorte supposerait un embryon au moins de théorisation de la guerre juste ou sainte71 ? 6.3.2. Les sources de l’interdiction
On trouve dans le De natura rerum d’Isidore de Séville, dédié au roi Sisebut, et dans l’Epitoma de verborum significatu de Paul Diacre, dédié à Charlemagne—des œuvres bien représentées dans les bibliothèques de l’époque de Louis le Pieux—les « définitions » suivantes, évidemment apparentées :
esse (« L’empereur Trajan, dans un rescrit adressé à Minicius Natalis, a déclaré que les jours de fêtes ne faisaient vaquer que le barreau ; en sorte que tout ce qui appartient à la discipline militaire peut être exécuté dans ces jours, pendant lesquels on peut aussi interroger les détenus »). 67 Admonitio generalis, 79 (Mordek et al., p. 232, l. 383-385). 68 LHF, 53 (Krusch, p. 327, l. 7-9). 69 B. Dumézil, Dimanche chômé, p. 29. L’événement est également noté au Calendrier de Willibrord, mais à la date du 28 (A. J. Stoclet, Fils du Martel, p. 32 et n. 48 ibid.), qui correspondait, cette année-là, au dimanche des Rameaux. 70 Cependant, pour S. Lebecq, LHF, p. xxxviii, l’historiographe est moins partisan qu’on ne l’a souvent dit : son « identité neustrienne et [son] légitimisme mérovingien n’empêchent pas qu’il parle toujours avec respect et même déférence des maires du palais pippinides et de leur famille ». Ce pourraient n’être là que flatteries d’habile courtisan : quand le vent tourne et qu’on le sent, il peut être opportun de mêler des fleurs aux ronces. 71 La campagne entreprise par Louis II dans le sud de l’Italie pendant le Carême 866 pourrait se justifier de la même façon, puisque l’ennemi, qui a pris pied depuis peu dans la péninsule, est sarrasin (RIi,3,1Onl, no 249). Publiée par l’empereur à la veille du départ, la Constitutio de expeditione Beneventana, éd. A. Boretius et V. Krause, Capitularia, no 218, 2:94-96, p. 96, l. 19-21, stipule : Et quia etiam temporis congruentia imminet quadragesimale, in quo studenda sunt praecepta Dei, constituimus, ut, quicumque ecclesiam Dei fregerit, adulteria et incendia fecerit, vitae incurrat periculum (« Et puisqu’approche à nouveau la correction de la période de Carême, pendant laquelle il convient d’obéir aux préceptes de Dieu, nous décrétons que quiconque forcerait une église de Dieu ou commettrait des adultères ou des incendies, risque la peine de mort »).
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Proeliares [dies sunt] quibus fas est hostem in bello lacescere, de quibus liber testatur Regum dicens : eo tempore quo solent reges ad bella procedere72. « Les jours proeliares sont ceux où la loi divine permet de provoquer l’ennemi, ce qu’atteste le Livre des Rois, qui dit : “à l’époque [de l’année] où les rois ont coutume de partir à la guerre”. » Proeliares dies appellabantur, quibus fas est hostem bello lacessere. Erant enim quaedam feriae publicae, quibus nefas fuit id facere73. « On appelle jours proeliares, ceux où la loi divine permet de provoquer l’ennemi. Il y avait en effet des féries publiques pendant lesquelles la loi divine ne permettait pas de faire cela. » La partie commune à ces deux extraits se lit également dans les Saturnales de Macrobe, composées vers 430 : […] proeliares ab justis non segregaverim, siquidem justi sunt continui triginta dies quibus exercitui imperato vexillum russi coloris in arce positum est, proeliares autem omnes quibus fas est res repetere vel hostem lacessere […]74. « Quant aux jours proeliares, je ne les séparerai pas des justi, qui sont trente jours consécutifs durant lesquels, l’armée étant convoquée, un étendard rouge flotte sur la citadelle ; les jours proeliares étant ceux où la loi religieuse permet d’adresser des réclamations par le fétial et d’escarmoucher avec l’ennemi. » Ou, moins littéralement : « Quant aux jours propres au combat, je me garderai de les séparer des jours appelés “justes”, puisque l’on appelle “justes” les trente jours consécutifs pendant lesquels, l’armée étant convoquée, un étendard de couleur rouge est hissé sur la citadelle, et que les jours propres au combat sont ceux pendant lesquels la religion permet de demander satisfaction à l’ennemi ou de harceler l’adversaire. » Comme son titre l’indique l’Epitoma de Paul Diacre est l’abrégé d’une œuvre plus ancienne, le De verborum significatu de Sextus Pompeius Festus également connu sous le nom de Sextus Grammaticus (iie s. ap. J.-C.), lui-même basé sur l’œuvre du 72 Isidore de Séville, De natura rerum / Traité de la nature, 1.4, éd., trad. et comm. J. Fontaine, Paris, 1960 (Collection des Études Augustiniennes. Série Moyen Âge et Temps Modernes, 39), p. 179, l. 64-66. Traduction, p. 178, l. 74-77 : « Les jours de bataille [sont] ceux où l’on peut attaquer l’ennemi en temps de guerre, comme en témoigne le Livre des Rois lorsqu’il dit : au temps où les rois ont coutume de partir en guerre. » Pour fas est, je m’aligne sur les traductions de Macrobe, infra. Pour lacescere/lacessere, ces dernières proposent « escarmoucher avec » (Bornecque) ou « to challenge » (Kaster). 73 Paul Diacre, Epitoma de verborum significatu, s. v. « Proeliares », éd. W. M. Lindsay, Sexti Pompei Festi De verborum significatu quae supersunt cum Pauli Epitome, Leipzig, 1933 (BSGRT), p. 253, l. 12-14. Sur cette œuvre de Paul Diacre, voir B. Valtorta (éd.), Clavis scriptorum Latinorum Medii Aevi, Auctores Italiae (700-1000), Florence, 2006 (Edizione nazionale dei testi mediolatini, 17 / Serie I, 10), p. 212-213. 74 Macrobe, Saturnales, 1.16.15 (Bornecque, p. 157 et, pour la première traduction ici reproduite, p. 156 ; Kaster, p. 194 et 195, avec exercitu au lieu d’exercitui ; Macrobe, Les Saturnales, Livres I-III, trad. et comm. Ch. Guittard, Paris, 1997 [La roue à livres], p. 91, pour la deuxième traduction).
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même titre par Marcus Verrius Flaccus, un contemporain d’Auguste. Cette dernière ne nous est pas parvenue, tandis que Festus n’existe plus qu’à l’état de fragments. Pour « proeliares », Paul Diacre est le seul témoin subsistant75. Ainsi qu’on a pu le constater Isidore et Paul Diacre ne coïncident qu’en partie. En explicitant les sous-entendus ou présupposés de l’énoncé principal, en précisant qu’il y avait des jours—les feriae publicae—où il était interdit d’aller au contact de l’ennemi, Paul Diacre fait preuve de cette pédagogie qui serait, selon certains commentateurs, caractéristique de l’Epitoma dans son ensemble76. Pour Isidore, en revanche, les mots de Festus ne prennent tout leur sens qu’à la lumière de l’Écriture et le verset qu’il cite à cet effet est celui que nous avons déjà tant de fois rencontré dans notre exploration du Champ de Mars/Mai : 2 Sam 11,1. Est-ce à dire qu’il convient d’interpréter ces autres occurrences ou certaines d’entre elles à la lumière de celle-ci ? Lorsque Nibelung explique que Pépin lança sa première campagne d’Italie « à cette époque [de l’année] où les rois ont coutume de partir en guerre » le fait-il sans arrière-pensée, gratuitement en quelque sorte, pour agrémenter sa prose de perles scripturaires, ou parce que, comme le public auquel il destine sa chronique, il connait Isidore et associe ce verset aux dies proeliares de Festus ? Soulignait-il ainsi la conformité de cette guerre au plan divin nonobstant son caractère offensif et la date du premier mars à laquelle elle fut décidée ? Il se pourrait aussi que cette citation biblique ait fait partie de la liturgie de profectio bellica, de « départ à la guerre », quoiqu’on la cherche en vain dans les recueils confectionnés pour les célébrants77.
75 Festus est probablement la source de Macrobe : le lemme Proeliares (Lindsay, 253:12-14) pour le passage commun aux trois extraits et Iusti dies (Lindsay, 92:10-11), pour le reste. Il est aussi celle d’Isidore (bello n’est pas chez Macrobe) : J. Elfassi, « Festus chez Isidore de Séville », dans Eruditio Antiqua, 6, 2014, p. 153-214, p. 163, qui se borne à constater, en guise d’argument, que « l’emprunt est presque littéral ». Le même interdit est encore formulé chez Paul-Festus sous le lemme Mundus/-um (Lindsay, p. 144-147). Macrobe, Sat., 1.16.18 (Bornecque, p. 156 et 157 ; Kaster, p. 194 et 195) évoque lui aussi le mundus, mais d’après Varron (M. Terentius Varro, Antiquitates Rerum Divinarum. Teil I. Die Fragmente, éd. B. Cardauns, Mayence et Wiesbaden, 1976 [Akademie der Wissenschaften und der Literatur (zu Mainz). Abhandlungen der Geistes- und Sozialwissenschaftlichen Klasse. Einzelveröffentlichung], p. 55-56, § e, avec justification du classement parmi les Appendices, p. 4, prem. alinéa), tandis que Festus citait Capito Ateius et Caton—Paul Diacre se passant quant à lui de toute référence. Des trois auteurs, Macrobe est de loin le plus disert : il consacre en effet d’assez longs développements à l’interdit en question, Sat., 1.16.15-27 (Bornecque, p. 154-159 ; Kaster, p. 194-199, avec identifications erronées des sources aux notes 366 et 368). 76 R. Cervani, L’epitome di Paolo del « De verborum significatu » di Pompeo Festo. Struttura e metodo, Rome, 1978, p. 152, l’estime « destinée à l’école », à l’enseignement de la grammaire en particulier. P. Pieroni, Marcus Verrius Flaccus’ De significatu verborum in den Auszügen von Sextus Pompeius Festus und Paulus Diaconus, Francfort/Main etc., 2004 (Studien zur klassischen Philologie, 147), p. 18, conteste cette interprétation, mais sans avancer aucun argument et dans le cadre d’une attaque en règle contre Cervani. 77 Sur ces cérémonies, voir M. McCormick, Eternal victory. Triumphal rulership in late antiquity, Byzantium, and the early medieval West, Londres etc., 1986 (Past and present publications), spéc. p. 308-312 (Wisigoths), 347-350 (Carol.) et 444 (index s. v. « profectio », rubr. « bellica »). McCormick lui-même ne cite jamais ce verset (voir index, p. 424, s. v. « Bible »), mais son silence n’est pas décisif. La plus abondante de ses sources est également muette : Le Liber Ordinum en usage dans l’église wisigothique et mozarabe d’Espagne du cinquième au onzième siècle, éd. M. Ferotin, Paris, 1904 (Monumenta ecclesiae liturgica, 5), p. 149-153 (texte), et voir en outre l’Index biblique en fin de volume.
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Que l’article trois de la Relatio Compendiensis empruntât à Isidore plutôt qu’à Paul Diacre, c’est ce que semble prouver le chapitre quarante-six des Responsa de Nicolas Ier aux Bulgares, qui commence ainsi : Iam vero si quadragesimali tempore liceat, si necessitas exigit vel si non exigit ulla necessitas, ad bella procedere […]78. « [Vous désirez également savoir], s’il est permis de partir en guerre, en période de Carême, que la nécessité l’exige ou non […]. » On le voit : le sujet est le même dans la Relatio comme dans les Responsa et par les mots ad bella procedere, le pape dévoile ou sa source, ou la source de sa source. On notera de surcroît que le chapitre précédent des Responsa traite du congé judiciaire en période de fêtes79, ce qui n’est pas sans rappeler l’autre sacrilège imputé à Louis le Pieux dans ce même article de la Relatio. Mais Nicolas Ier est beaucoup plus ambitieux en ce qu’il étend l’interdiction à toute la période de Carême et fait donc écho à l’innovation introduite par les Pères du concile de Meaux-Paris, 845-84680. La convergence entre Relatio et Responsa peut s’expliquer par le fait que Grégoire IV, dont Nicolas fut le quatrième successeur, était présent au Champ du Mensonge le 24 juin 833, premier acte de la déposition de Louis le Pieux, qui culminerait en octobre à Soissons81. 6.3.3. Sine ulla utilitate publica aut certa necessitate— l’interdiction relativisée : parallèles et conséquences
Depuis toujours, différentes considérations (en italiques dans les passages ci-dessous) avaient justifié que l’on enfreignît les lois divines qui imposaient le silence aux armes, de façon permanente ou à certaines dates seulement. Macrobe est à cet égard particulièrement éloquent : « “Il ne faut pas”, [écrivait Varron], “faire de levées durant les fêtes religieuses ; si on l’a fait, il y a lieu à expiation.” Il convient toutefois de savoir que les Romains devaient choisir le jour du combat, lorsque c’étaient eux qui déclaraient la guerre ; mais lorsqu’on la leur imposait, aucune considération de jour ne les empêchait
78 Nicolas Ier, Ep. 99, du 13 novembre 866, c. 46 (Perels, 585:11-12). 79 Id., ibid., c. 45 (Perels, 585:8-10). 80 Concile de Meaux-Paris, juin 845 et février 846, c. 79, éd. W. Hartmann, Konzilien 843-859, no 11, p. 61-132, p. 125-126. « Innovation » : W. Hartmann, ibid., p. 125, n. 262. 81 Voir C. Scherer, Der Pontifikat Gregors IV. (827-844). Vorstellungen und Wahrnehmungen päpstlichen Handelns im 9. Jahrhundert, Stuttgart, 2013 (Päpste und Papsttum, 42), chap. 4, « Gregor IV. und die fränkischen Herrscher », p. 133-201. Scherer considère que les historiographes francs ont projeté sur ce voyage leurs propres partis-pris (« Der Papst war eine Projektionsfläche für die eigenen Auffassungen », p. 200) et qu’il est par conséquent impossible d’en percer les motivations (p. 183) ; les actions du pape, arrivé à destination, nous échappent de même (p. 200).
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de défendre leur vie ou le salut de l’État. Comment, en effet, observer telle ou telle prescription, lorsqu’on n’a pas la faculté de choisir82 ? » Dans son traité de protreptique militaire, composé à une date indéterminée entre le vie et le ixe siècle, le Byzantin Syrianus imagine une harangue qui en appellerait à la piété des troupes, non toutefois sans mettre à nu les doutes et les contradictions inhérents au message chrétien : « De la lecture assidue des Évangiles sacrés, nous avons appris la parole du Christ, qui dit à peu près ceci : “En cela tous connaitront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres” [ Jn 13,35], et ailleurs : “Nul n’a de plus grand amour que celui qui livre sa vie pour ses amis” [ Jn 15,13]. Si donc, nous aussi, qui avons part à l’enseignement de Dieu, nous voulons aimer nos frères, alors nous offrirons notre vie les uns pour les autres et pour nos frères dans la foi, afin que nous aussi nous puissions devenir disciples du Christ par les œuvres. Mais s’il ne faut pas entendre ainsi la loi de Dieu, puisque le Christ lui-même empêcha Pierre de dégaîner son épée, du moins y a-t-il lieu de recourir à la force lorsque l’intérêt commun et l’urgence de la situation l’exigent83. » S’adressant aux Bulgares, Nicolas Ier formule au sujet de l’interdiction de guerroyer en Carême un relativisme à deux degrés—dans l’absolu, eu égard à la notion de nécessité urgente, et par rapport à la catégorie générale, dont celle-ci ne représente qu’un cas d’espèce : « En l’absence de nécessité urgente, on s’abstiendra de combattre non seulement en Carême, mais en tout temps84. » La tradition connait donc des circonstances atténuantes, mais les accusateurs de Louis le Pieux sont d’avis qu’elles ne peuvent être invoquées à sa décharge : l’empereur est bien coupable d’avoir décidé la mobilisation générale (expeditio generalis) en dehors de toute utilitas publica ou certa necessitas. On voit donc poindre ici le spectre de la subjectivité, qui fait la part belle à l’interprétation et, surtout, au rapport de forces—celui-là même qui, en tant qu’il se construisait au sein de la noblesse et de
82 Macrobe, Saturnalia, 1.16.20 (Bornecque, p. 156 et 157 ; Kaster, p. 196 et 197) : Sciendum est tamen eligendi ad pugnandum diem Romanis tunc fuisse licentiam, si ipsi inferrent bellum ; at, cum exciperent, nullum obstitisse diem quo minus vel salutem suam, vel publicam defenderent dignitatem. Quis enim observationi locus, cum eligendi facultas non supersit ? 83 Syrianus, Rhetorica militaris, 36.7-9, éd., trad. et comm. I. Eramo, Siriano, Discorsi di guerra, Bari, 2010 (Paradosis, 17), p. 78-81 (date p. 14-15) : πολλάκις τοιγαροῦν ἀναγινωσκομένων τῶν θείων εὐαγγελίων ἠκούσαμεν ὧδέ πως τοῦ Χριστοῦ λέγοντος. ἐν τούτῳ γνώσομαι, ὅτι ἐμοὶ μαθηταί ἐστε, ἐὰν ἀγαπᾶτε ἀλλήλους, καὶ ἀλλαχοῦ. μείζονα ταύτης ἀγάπην οὐδεὶς δύναται ἔχειν, ἵνα τις θῇ τὴν ψυχὴν αὐτοῦ ὑπὲρ τῶν πλησίον αὐτοῦ. εἰ τοίνυν καὶ ἡμεῖς τῆς διδασκαλίας τοῦ θεοῦ μέτοχοι ἀγαπήσομεν τοὺς ἀδελϕοὺς ἡμῶν, θήσομεν τὰς ψυχὰς ἡμῶν ὑπὲρ ἀλλήλων καὶ τῶν ὁμοπίστων ἡμων, ἵνα καὶ ἡμεῖς μαθηταὶ Χριστοῦ τοῖς ἔργοις γενώμεθα. εἰ δὲ μὴ οὕτως δεῖ λαμβάνειν τὸν θεῖον νόμον, ἐπεὶ καὶ τὸν Πέτρον τὴν μάχαιραν σπασάμενον ὁ Χριστὸς διεκώλυσεν, ἀλλ᾽ οὖν βιάσασθαι χρὴ διὰ τὸ πολιτικὸν συμϕέρον καὶ τὸ κατεπεῖγον τοῦ πράγματος. 84 Nicolas Ier, Ep. 99, 6 (Perels, 585:17-18) : Et ideo, si nulla urguet necessitas, non solum quadragesimali, sed omni tempore est proeliis abstinendum.
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la famille carolingienne, aurait été la cause principale des troubles du règne de Louis le Pieux85. Nous voilà bien avancés !
6.4. La déposition de Louis le Pieux justifiée (iii) : conclusion sur les sources de Relatio Compendiensis, c. 3 L’arrêt de l’activité judiciaire pendant la quinzaine pascale est bien attestée depuis l’Antiquité tardive, même si l’on constate, pour les témoignages occidentaux, un assez long silence qui va, en gros, de Césaire d’Arles au Capitulare de partibus Saxoniae, du milieu du vie siècle, donc, à la fin du viiie. En revanche et quoique n’ayant pas un caractère absolu, l’interdiction de l’activité militaire en période de Carême est des plus suspectes, notamment du fait de l’absence totale de tout précédent normatif86. De plus, loin de jeter quelque lumière sur la réforme de Pépin, comme on a pu le prétendre, les dispositions de la Relatio Compendiensis sont textuellement enracinées dans leur présent et regardent, pour le fond, vers l’avenir. Les murmures que Louis le Pieux provoque dans le peuple par ses actes impies figurent en bonne place également dans le récit détaillé que les Annales de Saint-Bertin, contemporaines, font des mêmes événements87 et rappellent, naturellement, ceux qu’un autre peuple
85 S. Patzold, « Eine ‘loyale Palastrebellion’ der ‘Reichseinheitspartei’ ? Zur ‘Divisio imperii’ von 817 und zu den Ursachen des Aufstands gegen Ludwig den Frommen im Jahre 830 », dans FmSt, 40, 2006, p. 43-77, qui retire cette efficacité aux modifications apportées par ce dernier à la divisio imperii de 817. 86 Cependant, M. Clanchy, From Memory to Written Record. England 1066-1307, Oxford et Cambridge (MA, USA), 21993, p. 152-153, montre qu’à l’époque qu’il étudie, on pouvait baser des revendications importantes sur des sources autres que normatives : « En 1291, lorsqu’Édouard Ier eut besoin de preuves historiques pour étayer sa revendication de domination sur l’Écosse, il n’essaya pas, dans un premier temps, d’utiliser la documentation royale. En revanche, ordre fut donné aux monastères d’effectuer sans retard des recherches dans leurs “chroniques, registres et autres archives, anciennes et modernes, peu importe la forme ou la date”. […] Ainsi, le traité de Falaise de 1174 par lequel le roi Guillaume le Lion se soumettait à Henri II, fut-il cité d’après une chronique monastique, alors que l’Échiquier en possédait deux transcriptions beaucoup plus exactes, dans son Livre Rouge et son Petit Livre Noir. » Cet épisode est également évoqué p. 101. Par ailleurs, Isidore n’est pas, faut-il le rappeler, n’importe quel auteur : il jouit pendant tout le Haut Moyen Âge d’un immense prestige. Peut-on pour autant citer un seul litige tranché par le témoignage de tel de ses écrits—invoqué, qui plus est, sans en nommer l’auteur ? 87 Relatio, 3 (Booker, 17:11), cité supra, § 6.2.1. Annales Bertiniani, ao 830, éd. G. Waitz, Hanovre, 1883 (MGH SS rer. Germ., 5), p. 1-2 (romains ajoutés) = RIiOnl, no 872g-h : […] conventus ibidem factus est. In quo statuit cum universis Francis hostiliter in partes Britanniae proficisci, maximequȩ hoc persuadente Bernhardo camerario. Et non multo post Aquis exivit, id est quarta feria quae dicitur capud ieiunium, valde pedum aegritudine laboriosus, et [statuit] per maritima loca illuc properare, domna imperatrice in Aquis dimissa. Quod iter omnis populus moleste ferens, propter difficultatem itineris eum illuc sequi noluerunt. Nam aliqui ex primoribus murmurationem populi cognoscentes, convocaverunt illum, ut eum a fide, quam domno imperatori promissam habebant, averterent. Ideoque omnis populus, qui in Brittaniam ire debebat, ad Parisium se coniunxit, […] (« […] une assemblée se tint en ce même lieu. Là, avec tous les Francs—le chambrier Bernhard s’étant montré des plus persuasifs—il décida qu’on ferait campagne en Bretagne. Peu après, le Mercredi que l’on appelle « Chef du Jeûne » [2 mars], il quitta Aix[-la-Chapelle] souffrant beaucoup de douleurs aux pieds, et résolut de se rendre là par voie maritime, ayant laissé Sa Majesté l’impératrice
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avait fait entendre lorsqu’il s’aventura au désert, sous la houlette de Moïse—ils sont, notamment, au centre de l’épisode célèbre des cailles et de la manne, où Yahvé institue également le repos du septième jour88. La Relatio s’apparente en outre à la fausse lettre de Grégoire IV aux évêques Francs89, où l’on trouve la même tournure
à Aix[-la-Chapelle]. Cette expédition, le peuple entier la supportait mal et refusa de le suivre là à cause de la difficulté du voyage. Car certains des grands, informés de la grogne du peuple, le convoquèrent afin de le détourner de la foi qu’ils avaient jurée à l’empereur. Ainsi donc, tout le peuple qui devait se rendre en Bretagne, convergea sur Paris […] »). 88 Ex 16. Les fils d’Israël, qui entament la traversée du désert après la sortie d’Égypte, se plaignent du manque de nourriture ; Yahvé les entend, leur procure les cailles ainsi que la manne, qui doit être ramassée quotidiennement selon ses prescriptions, sauf le septième jour (on ramassera le double la veille). Le récit de la traversée du désert se poursuit dans Nombres, où les « murmures » sont également fréquents : ceux du peuple, murmur populi (11,1), que Yahvé châtie sévèrement mais dont l’objet n’est pas spécifié, à moins peut-être que les versets 2-34 ne l’explicitent (las de manger de la manne, les fils d’Israël réclament de la viande) ; ceux de Miryam et d’Aaron contre Moïse « à cause de la femme kouchite qu’il avait prise » (12) ; ceux du peuple encore, contre Moïse et Aaron (13-14, noter 14,2.4 : et murmurati sunt contra Moysen et Aaron cuncti filii Israel … Dixeruntque alter ad alterum : Constituamus nobis ducem, et revertamur in Aegyptum, « Et tous les fils d’Israël murmurèrent contre Moïse et Aaron … Ils se dirent l’un à l’autre : Choisissons-nous un chef, et retournons en Égypte ») ; et surtout, 16-17, ceux que font entendre les révoltés menés par Coré, Datân et Abiron contre le monopole du sacerdoce octroyé par Yahvé à Aaron et à ses descendants (la terre s’ouvrira et engloutira les meneurs, 16,31-33). Interrogé à , CDS donne 24 réponses, dont 9 postérieures à l’époque carolingienne. Ces chiffres sont déjà significatifs, car ils montrent que la combinaison n’est pas fréquente. La plupart des occurrences font clairement allusion à l’un ou l’autre des épisodes bibliques, notam. Césaire d’Arles, Sermon 109, c. 3, l. 1 (in deserto) ; Cassiodore, Expositio psalmorum, ps. 89, l. 235 (Moyses) ; Grégoire le Grand, Homiliae in Hiezechihelem prophetam (CCSL. 146), 1.1, l. 356 (évoquant Nomb 13-14, les 12 éclaireurs) ; Augustinus Hibernicus (ao 655), c. 67 ; Pauca problesmata de enigmatibus ex tomis canonicis – Praefatio et libri de Pentateucho Moysi (Irl., déb. viiie), De Numeris, 145, l. 30 (CCCM. 173) (évoquant les cailles et la manne) ; Alcuin, Ep. 168 (276:22) (in heremo) ; Raban Maur, Expositiones in librum Numerorum, 4.8 (PL, 816:56) (évoquant Nomb 13-14, les 12 éclaireurs). Sans allusion explicite à l’Écriture : Grégoire le Grand, Registrum, 1.16a, lettre des évêques d’Istrie à l’empereur Maurice (Ewald et Hartmann, 1:21:5), soulignage ajouté : Nam qui aliter pio domino nostro subrepere cupiunt, nec Dei iudicium habent prae oculis, nec utilitatem sanctae rei publicae vestrae, seu opinionem pii imperii, quam lacerari non metuunt de murmuratione totius populi partium istarum, qui persecutionem evidenter christianis fieri suspicantur (« Car ceux qui veulent tromper autrement notre pieux seigneur, ceux-là n’ont pas sous les yeux le jugement de Dieu, ni l’utilité de votre sainte république ou l’opinion du pieux empire, qu’ils ne craignent pas de lacérer en excitant le mécontentement de tout le peuple de ces régions, eux qui sont soupçonnés de persécuter ouvertement les chrétiens »). Id., Moralia in Iob, 22.21, l. 47 (CCSL 143A) : Omnis ergo qui praeest, si peruersa in subditis exercet, contra hunc terra clamat et sulci deflent, quia contra eius iniustitiam rudes quidem populi in murmurationis uocibus erumpunt, sed perfecti quique pro prauo eius opere sese in fletibus affligunt ; quod que imperiti clamant et non dolent, hoc probatioris uitae subiecti deflent et tacent (« Tout dirigeant, s’il se comporte mal envers ses sujets, que la terre proteste contre cela et que les sillons pleurent, car contre son injustice, les peuples grossiers élèveront des murmures, mais les parfaits s’affligeront en pleurs à cause de son œuvre dépravée ; ce que les simples dénoncent mais ne souffrent pas, que ceux qui observent une vie plus rigoureuse le pleurent et le taisent ») ; Jérôme, Commentarii in Isaiam, 16.58.10, l. 62 (CCSL. 73A) ; Id., Comm. in iv epistulas Paulinas, Ad Titum (PL, 26:620:48), même texte que dans Comm. Isai. 89 Pseudo-Grégoire IV, Epistola ad Francorum episcopos = Agobardi Lugdunensis archiepiscopi epistolae, no 17, éd. E. Dümmler, MGH Epp., 5, Berlin, 1899, p. 150-239, ici p. 228-232 (J3 † 5166). Faux fabriqué parmi les Francs : C. Scherer, Gregor IV, p. 170-183.
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insolite (quantum in ipso fuit / quantum ex vobis est90) et la même préoccupation avec les serments prêtés « et reprêtés » ou avec le parjure91. Enfin, pour ce qui concerne l’aval, ces mots de l’article trois de la Relatio : et sacerdotes Domini a suis officiis contra fas amovit (« il enleva, ô sacrilège, les prêtres de Dieu à leurs devoirs ») auront très probablement inspiré le vingt-huitième canon du concile de Meaux-Paris : Ut regia magnificentia liberiorem libertatem episcopis ad suum peragendum in eorum parrochiis ministerium, quam hactenus propter diversas perturbationes habuissent, maxime in sacratissimis temporibus, quadragesimȩ scilicet et adventus domini, tribuat92. « Que la munificence royale accorde aux évêques d’exercer leur ministère dans leurs paroisses avec une liberté plus large que celle, [restreinte] à cause de divers troubles, dont ils jouissaient auparavant, en particulier aux très saints temps que sont le Carême et l’Avent. »
6.5. Dernières remarques sur la crise du règne de Louis le Pieux C’est un premier mars qu’à Saint-Denis les évêques restituèrent à Louis le Pieux les insignes de son pouvoir impérial et le vingt-huit février de l’année suivante, 835, qu’en la cathédrale Saint-Étienne de Metz eut lieu la cérémonie solennelle de restitutio plenaria93. Hasard ? On a du mal à le croire, d’autant que, contrairement à la très grande majorité des faits saillants qui ponctuent la geste politique des princes carolingiens ceux-ci ne dépendent aucunement de facteurs religieux pour leur inscription sur l’axe du temps94. Tout au plus peut-on dire qu’il s’agit dans un cas comme dans l’autre, des
90 Relatio, 3 (Booker, p. 17, l. 10-11), cité supra, § 6.2.1 ; Pseudo-Grégoire IV, Epistola (Dümmler, p. 230, l. 18-19). Interrogé à < quantum in ips* > avec, dans le filtre « Century », toutes les pages allant du vie s. au ixe cochées, CDS donne 86 réponses, dont un tiers environ ne contiennent aucune forme du verbe esse et doivent donc être écartées. Un grand nombre de celles qui passent ce crible se rattachent plus ou moins directement à Priscien ou Donat (Ars Laureshamensis ; Cassiodore, Institutiones ; Murethach ; Rémi d’Auxerre ; Sedulius Scotus ; etc.). Sinon, on retiendra surtout, outre Isidore (2x) : Florus de Lyon (3x), Hincmar (4x, dont 3x dans le De praedestinatione contra Godeschalcum), Nicolas Ier (2x) et Paschase Radbert (1x). Pour < quantum ex uobis >, avec le même filtre, deux réponses en tout et pour tout : Raban Maur, Expositio in Matthaeum, livre 2 (CCCM, 174, 145:44) et Sedulius Scotus, In euangelium Matthaei, 1.5.25 (éd. Bengt Löfstedt [Vetus Latina, Aus der Geschichte der lateinischen Bibel. 14 et 19], 158:97). 91 Relatio, 2 et 5-7 (Booker, p. 16-17 et 18). Pseudo-Grégoire IV, Epistola (Dümmler, p. 230, l. 15-19, notam.), cité par C. Scherer, op. cit., p. 174, n. 286 : quia procul dubio iurastis et reiurastis […] periuri estis. Le pape accuse les prélats de ne pas respecter l’esprit des serments qu’ils ont prêtés à l’empereur, car ils négligent leur devoir, qui est de le maintenir sur le droit chemin et de le réprimander pour ses fautes—ce qu’il a fait, lui, conformément à son serment à Louis le Pieux (bien réel d’après C. Scherer, ibid., p. 147-148 et 174). 92 Concile de Meaux-Paris, c. 28 (Hartmann, 99:4-7). Sur la Relatio Compendiensis, le 79e canon de Meaux-Paris et les chapitres 45 et 46 des Responsa ad Bulgarorum consulta de Nicolas Ier, voir supra p. 206. 93 RIiOnl, nos 926p et 938b. 94 M. Sierck, Festtag, p. 78 et 111-112 (spéc. p. 78, 2e alinéa, l. 3-4) avoue son impuissance à en identifier, une fois n’est pas coutume.
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dimanches précédant les Quatre-Temps de printemps selon le calendrier officialisé à Mayence en 813, et, dans celui-là seulement, du premier dimanche de Carême95. Aussi incline-t-on assez logiquement à soupçonner, dans le chef de Louis le Pieux, un choix délibéré en faveur de dates à forte connotation séculière, évocatrices du Champ de Mars et sensées, dans son esprit, répondre à ses adversaires vaincus en proclamant haut et fort sa détermination à ne céder à personne, pas même à l’Église, cet attribut essentiel de la souveraineté qu’est la maîtrise du calendrier96. Sur les événements de 830 qui alimenteraient le réquisitoire développé dans la Relatio Compendiensis d’octobre 833, notre information provient pour l’essentiel de deux sources : les Annales de Saint-Bertin, évoquées un peu plus haut, et les Annales primitives de Metz, dont il a été abondamment question97. Ces dernières s’achèvent du reste par ce récit, après avoir été longtemps négligées : en effet, la strate originale ne va pas au-delà de 806 et les années 806-829 sont traitées à la manière d’un bouche-trou, moyennant un emprunt massif aux Annales royales, sans le moindre apport inédit. Comme nous ne connaissons plus les Annales primitives de Metz que par des témoins tardifs98, l’hypothèse d’une révision de l’ensemble ou de retouches ponctuelles aux mains et du point de vue de l’ultime intervenant ne saurait être exclue. Les Annales royales s’arrêtent en 829, les Annales de Fulda s’affranchissent alors de leur tutelle et c’est en 828 que, selon l’opinion la plus autorisée, Eginhard aurait complété sa Vie de
95 Pâques se fêtait le 5 avril en 834, le 18 en 835. 96 « Attribut essentiel de la souveraineté » : Th. Charles-Edwards, Early Christian Ireland, p. 394. Si le calendrier en général était concerné, la tranche correspondant à cette période de l’année devait l’être tout spécialement. On peut en effet, sans risque de se tromper, appliquer à l’époque carolingienne ce que J. Rüpke, Calendar, p. 49 et 55-56, constate pour la Rome républicaine : « Février », écrit-il, était « un mois explosif sous l’angle des relations extérieures, tombant avant le début du printemps, lorsque les pensées se tournaient vers l’activité militaire ; les séances du sénat se multipliaient alors », au cours desquelles « on délibérait de la guerre comme des options diplomatiques. » Des quelque 418 diplômes de Louis le Pieux (Die Urkunden Ludwigs des Frommen / Ludovici Pii Diplomata, éd. Th. Kölzer et al., Wiesbaden, 2016 [MGH DD Karolinorum, 2]), toutes catégories confondues, aucune pièce sincère n’est datée des calendes de mars, une seule l’est de la veille (no 56, de 815) et 25 en tout le sont de la période que j’ai appelée « campomartiale » (15 février – 15 mars) : nos 55 (22.ii.815), 56, 57 et 58 (5.iii.815), 90 (10.iii.816), 149 (17.ii.819), 151 (9.iii.819), 152 et 153 (15.iii.819), 175 (12.iii.820), 194 (15. ii.821), 252 (17.ii.826), 269 (26.ii.828), 272 (4.iii.828), 294 (25.ii.831), 295 et 296 (3.iii.831), 297 (10.iii.831), 309 (16.ii.832), 349 (13.iii.835), 364 (5.iii.836), 372 (9.iii.837), 393 (17.ii.839), 394 (22.ii.839) et 395 (27.ii.839). Les années 815, 819 et 831 sont représentées par quatre actes, 839, par trois, 828 par deux, 816, 820, 821, 826, 832, 835, 836, et 837, par un seul, 817, 818, 822-825, 827, 829, 833, 834, et 838 par aucun. Toutes ces pièces sont datées d’Aix-la-Chapelle, sauf 349 (Thionville) et 393-395 (Francfort). Deux bénéficiaires, Aniane et Montier-en-Der, se détachent du lot, avec trois et deux diplômes, respectivement : nos 55, 151 et 175, auxquels on peut ajouter 205 et 206, des 19 et 20 mars 822 ; nos 56 et 309, auxquels on peut ajouter 261, du 12 février 827. De façon générale, la production se répartit assez uniformément dans l’année, sans que l’on puisse déceler des pics ou des étiages bien marqués. Les mois de mars, mai et septembre à décembre comptent entre 10 et 20 dipl. sincères, les autres, entre 21 et 30. Si l’on compte toutes les catégories d’actes datés repris dans l’édition (sincères, interpolés, falsifiés, faux, perdus, Formules Impériales), les chiffres s’établissent comme suit : 20 à 30 pour janvier, février, avril, mai et septembre-décembre, 31 à 40 pour tous les autres mois sauf juin, qui en compte 49. 97 C. M. Booker, Past Convictions, p. 173-174, n. 184 ; C. Scherer, Gregor IV, p. 139 et 150. 98 Voir Annexe 8a.
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Charlemagne, dont il offrit aussitôt à Louis le Pieux un exemplaire de présentation99. Les derniers faits consignés par Erchambert dans son Breviarium sont de peu antérieurs, si bien qu’on est en droit de le ranger, chronologiquement parlant, dans ce même groupe, qui comprend donc quatre des six témoins de la vignette étudiée au chapitre précédent100—les deux autres, Théophane et le Chronicon Laurissense breve, datant des dernières années de Charlemagne ou des toutes premières années du règne impérial de Louis le Pieux. Or il se fait qu’en 829, justement, les vives tensions qui opposent l’empereur aux fils de sa première union s’aggravent dramatiquement : Louis le Pieux crée un royaume pour Charles, son puîné, qui ampute considérablement la part que Lothaire, l’aîné, estimait devoir lui revenir de droit101, et « une lutte ouverte éclate, chacun des fils réclamant sa part » de l’empire102. Il est difficile, aujourd’hui, d’imaginer que des querelles de calendrier aient pu avoir l’impact qu’on leur suppose ici. Et pourtant, celles qu’engendra le calcul correct de la date de Pâques jusqu’en plein viiie siècle—avec, parfois, aux confins celtiques de l’Europe, de très sérieuses conséquences politiques—en sont un exemple frappant103. N’oublions pas, par ailleurs, que lorsque Louis le Pieux succède à son père sur le trône impérial, les changements qui ont plus particulièrement retenu notre attention sont de date assez récente, voire très récente, et n’ont sans doute pas eu le temps d’être pleinement absorbés : la formule, irlandaise, permettant de fixer chaque année le premier jour de Carême n’existe pas avant la fin du viie siècle104 ; les Quatre-Temps, on l’a dit, n’arrivent en Francia qu’au siècle suivant ; et les hésitations sur la date du premier d’entre eux ne sont tranchées—si l’on peut dire—qu’en 813, quelques mois seulement avant l’accession de Louis le Pieux, en faveur de la première semaine de mars. Si donc l’on admet comme possible voire vraisemblable l’instrumentalisation de la vignette sur les assemblées tardo-mérovingiennes—qui n’invalide pas pour autant son historicité, intégrale ou non—il faut hélas se résigner, en l’état actuel des connaissances, à ne pas mieux cerner la correspondance supposée entre l’outil et sa cible ; concrètement, à ne pas savoir si la vignette en question est affectée d’une connotation quelconque, positive ou négative, si celle-ci varie, et comment, exactement, se pense la relation entre ce contre quoi l’on entend réagir—l’emprise croissante de l’Église sur le calendrier—et les moyens mis en œuvre pour atteindre ce but.
99 Voir Annexe 8a. 100 Ajoutons encore le passage de la Chronique des abbés de Fontenelle dont il a été parlé plus haut, § 3.1.4, p. 103-104, et qui se rattache à Éginhard ainsi peut-être qu’à AMp ; sur la date de cette œuvre (« dans les années 830 »), voir les réserves formulées ibid. 101 J. L. Nelson, « The Frankish Kingdoms, 814-898 : the West », dans : R. McKitterick (éd.), The New Cambridge Medieval History. II. C. 700—c. 900, Cambridge, 1995, p. 110-141, p. 117. 102 J. Fried, « The Frankish Kingdoms, 817-911 : the East and Middle Kingdoms », ibid., p. 142-168, p. 142. 103 Th. Charles-Edwards, Early Christian Ireland, chap. 9 (« The Paschal Controversy »), p. 391-415. 104 I. Warntjes, « Seventh-century Ireland : the cradle of medieval science ? », dans : M. Kelly et Ch. Doherty (éd.), Music and the stars. Mathematics in medieval Ireland, Dublin, 2013, p. 44-72, p. 52.
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À la question de savoir si Pépin déplaça de mars à mai la tenue des assemblées générales du royaume afin d’éviter que les besoins de son gouvernement ne contrarient ceux de l’Église et du peuple chrétien, on ne saurait hélas qu’apporter une réponse de Normand, peu satisfaisante au demeurant. N’ont été envisagés ici que deux ou trois points de friction potentiels entre les calendriers concernés, sans aucune garantie que d’autres ne soient pas demeurés invisibles : les connaissances relatives à l’anthropisation du temps ont certes fait, ces dernières années, de très sérieux progrès—voyez Arno Borst ou Dáibhí Ó Cróinín et ses élèves—mais ces conquêtes ont pour fâcheux corollaire d’exposer des zones d’ombre jusqu’alors insoupçonnées. À l’examen, seuls les Quatre-Temps ont peut-être pu nécessiter les ajustements attribués à Pépin, mais la cause est loin d’être entendue. Quant aux griefs prétendûment reprochés à Louis le Pieux pour justifier sa déposition, ils n’ont pas le pédigrée qu’on leur a parfois supposé : leur sincérité même est douteuse et leur genèse s’enracine dans un milieu contemporain de l’empereur voire postérieur à son règne.
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Conclusion
Voici venu le moment de faire le bilan d’ensemble des études particulières auxquelles on vient de se livrer. Les progrès, les impasses et les possibles prolongements y seront notés en deux parties correspondant aux deux questions : Qu’est-ce que le Champ de Mars au viiie siècle ? Pourquoi Pépin fit-il du Champ de Mars un Champ de Mai ? Le Champ de Mars/Mai n’est pas un lieu. L’Hebdomon de Constantinople (Tableau 3) peut seul revendiquer une filiation de cette espèce avec le Champ-de-Mars des bords du Tibre. Les autres plaines de manœuvres de l’Antiquité tardive (Tableaux 4 et 5) sont des installations temporaires ou éphémères, liées à la présence de l’armée. Les forces franques, composées d’élements hétéroclites—quant aux conditions de leur service, notamment—, avaient certainement grand besoin, une fois réunies, de s’exercer à évoluer et à combattre ensemble avant de partir en campagne : que l’on ait désigné à cet effet tel espace plus ou moins convenable c’est ce qu’on croira volontiers. Ces installations, si toutefois on peut les appeler ainsi, n’avaient rien de permanent et il est plus douteux encore qu’elles en aient perpétué d’anciennes qui auraient jadis contribué à faire des localités concernées de « petites images de Rome » selon la formule d’Aulu-Gelle destinée à un si brillant avenir, médiéval et moderne. Le nom « Champ de Mars/Mai » désigne donc bien l’assemblée elle-même et non l’endroit où elle se tient. De nombreux indices autorisent à poser l’équivalence : Champ de Mars/Mai = assemblée des calendes de mars/mai. Celle-ci n’est pas parfaite pour autant, puisque chacune de ces dénominations se rencontre presqu’exclusivement dans une catégorie de sources, l’historiographie, pour la première, les monuments du droit, lois et diplômes, pour la deuxième. Peut-être s’appliquent-elles à deux aspects distincts des assemblées annuelles, celle-là étant réservée aux affaires militaires. La correction apportée par Frédégaire au fameux passage de Grégoire de Tours sur Clovis et le vase « de Soissons » semblerait étayer cette supposition. Au viiie siècle, outre les Francs, les Lombards et les Alamans se réunissaient annuellement le premier mars. L’antériorité probable de la pratique franque, attestée par la Decretio de Childebert II, ne suffit pas à en faire la souche des autres : en l’état actuel de la question, leur généalogie reste obscure. Il arrivait que les activités multiples—militaires, judiciaires, législatives, administratives— qui, d’ordinaire, animaient ces assemblées, fussent provisoirement suspendues ou ne fussent pas menées jusqu’à leur terme : les lois pouvaient y être débattues mais pas proclamées, faute d’accord entre les intervenants1, les armées
1 Voir supra, p. 106-107, n. 72, et p. 108, n. 80.
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convoquées mais non déployées2. Lorsqu’elles se déroulaient normalement, elles le faisaient dans l’ordre, selon un emploi du temps réglé que la documentation mérovingienne permet d’entrevoir assez clairement et dont celle des Lombards conserve des traces plus ténues. Un autre texte, moins suspect qu’il n’y paraît, vient enrichir la connaissance que l’on peut avoir de la dimension militaire des Champs de Mars : chaque année, le roi mérovingien rappelle aux troupes réunies en sa présence l’obligation qu’elles ont d’épargner les civils du royaume à leur passage, en même temps qu’il fixe la date de la prochaine offensive—dispositions qui se rattachent à une longue suite de faits analogues. Le roi, les élites laïques et religieuses, l’armée, le peuple : voici nommés les protagonistes de ces solennités. Le populus est assurément le plus malaisé à cerner, les mentions qui s’y rapportent étant lapidaires et peu fréquentes. Sans doute se confond-il avec l’exercitus ainsi qu’il ressort—avec une clarté peu commune—du récit que font les Annales Bertiniani des événements de 830. En dépit du silence des sources, on peut penser que s’il se faisait entendre lors des assemblées annuelles, c’était collectivement, par voie d’acclamations. Le travail des élites se laisse deviner jusque dans certains détails de son organisation, les mêmes pour l’élaboration des lois sous Liutprand ou pour celle des jugements sous les Mérovingiens : les délibérations sont confiées à une commission de grands qui fait rapport au prince, parvient avec lui à une décision unanime, et ne s’efface devant lui que pour la proclamation. Le roi, en ces occasions, exerce donc bien des fonctions gouvernementales tout en étant également le point de mire des cérémonies du jour : moins, peut-être, celles de son investiture proprement dite, qui dut être tributaire, chronologiquement parlant, de facteurs imprévisibles—en particulier la mort du prédécesseur—, que celles du renouvellement annuel du lien qui l’unit à son peuple. Par ces pompes, les Francs sont les vrais héritiers des fastes impériaux de cette période de l’histoire romaine qui marqua leur première ascension politique, dans les rangs vite gravis de l’armée toute-puissante. Pour pleinement apprécier la difficulté de la tâche dont les résultats viennent d’être synthétisés, il n’est que de comparer, d’une part, les sources de la haute époque carolingienne, moins impénétrables que suprêmement avares quant aux détails parlants, et de l’autre, une œuvre du Moyen Âge classique qui occupe l’autre extrémité sur l’éventail des possibilités : l’Histoire des Danois ou Gesta Danorum de Saxo Grammaticus, composée au début du xiiie siècle. C’est, pourrait-on dire, une véritable ecclésiographie, tant y abondent—dans la partie historique, s’entend, plutôt que dans la partie légendaire—les mentions ou descriptions d’assemblées de toutes sortes3, petites et grandes, locales et provinciales voire supra-provinciales, réunies pour toutes espèces de motifs (quoique l’élection des rois occupât clairement 2 Voir supra, p. 140-141. 3 Concio (et dérivés, par ex. concionari), le plus souvent, comme dans les modèles classiques de l’auteur, mais aussi concilium. Jamais placitum, ainsi que l’observe Friis-Jensen dans son introduction, p. xlvii : « Le plus frappant des aspects du vocabulaire de Saxo est qu’il évite assez systématiquement les mots spécifiquement médiévaux, comme comes, dans son sens spécialisé et médiéval de “comte”, ou placitum, dans son sens spécialisé d’“assemblée générale”, vieux-danois thing. »
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le premier rang dans cet ordre) et peuplées d’individus comme de groupes divers dont les rapports se déclinent eux aussi sur une palette aux nuances infinies4. Les raisons d’un contraste si vif mériteraient assurément d’être explorées mais dépassent le mandat de la présente conclusion. Il suffira, pour illustrer le propos, de citer un passage où Saxo brosse un campus que ses caractéristiques, suppléant à l’absence d’épithète, désignent clairement et exclusivement comme martius : Valdemar le Grand, roi de Danemark († 1182) prépare une expédition navale contre les Wendes (rive méridionale de la Baltique), à laquelle participeront des troupes levées dans plusieurs districts du royaume (Zélande, Scanie, Lolland, Falster) : « Dès que la flotte fût parvenue à Landøre, le roi, désireux d’inspecter son armée, décida de déployer ses troupes dans la plaine (in campo), de sorte qu’ayant toutes ses forces rassemblées sous ses yeux, il pût être à même de juger si leur nombre lui permettait d’entreprendre sans risque la campagne (projetée). […] Il examina avec beaucoup de soin l’ensemble du matériel de guerre et fit appel à des instructeurs pour enseigner aux nouvelles recrues les rudiments de l’art militaire ; ainsi pouvait-il, en observant ses troupes, mesurer objectivement ses moyens plutôt que de se fier à une estimation aveugle. Pendant la période d’oisiveté que ces instructeurs employèrent à passer l’ensemble du contingent en revue, quatorze jours durant, la plupart des réserves de bouche furent consommées et l’on manqua bientôt de provisions5. » Les raisons pour lesquelles Pépin substitua le Champ de Mai au Champ de Mars ont donné lieu à trois hypothèses : celle dite « de Brunner » que l’on pourrait qualifier de fonctionaliste, celle d’Ahrens, qui rebat les données fondamentales du problème, et celle de Sierck, religieuse. La première étant réfutée de longue date et sans appel, on s’est contenté d’en chercher les antécédents, qui remontent au xviiie siècle pour la formulation scientifique, à César pour la semence. La conjecture de Sierck sur l’inviolabilité de la trève quadragésimale a le grand tort d’être régressive quand tout indique que son texte à conviction appartient corps et âme à l’époque de sa production, celle des troubles du règne de Louis le Pieux. En revanche, il n’est
4 La liste de références de l’entrée « assemblies » au t. II de l’édition, p. 1705b, est très incomplète. 5 Saxo Grammaticus, Gesta Danorum, 14.23.3-4 (Friis-Jensen et Fisher, p. 1124-1127) : At ubi Landoram classe peruentum, rex spectandi exercitus sui auidus in campo copias explicare constituit, ut totas uires oculis subiiciendo, an ea manu tuto bellum commissurus uideretur, aspiceret. […] uniuersi agminis apparatum curiosissime contemplatus est, adhibitis qui militie rudes rei bellice documentis imbuerent, quatinus uires suas potius solida oculorum fide quam ceco estimationis augurio metiretur. Huic militie speculationi quatuordecim diebus intentos maior commeatuum pars ocio consumpta defecerat. Au chapitre précédent, 14.23.2, Saxo affirme que la guerre se décide en petit comité—le roi entouré de ses conseillers, qui potissimum consiliis eius preerant, choisis parmi les nobles, maiores—mais ne peut se faire qu’avec la force de la multitude : [rex] sciret, quecumque ferro geruntur, publicis uiribus, sed priuatis consiliis amministrari oportere (p. 1124). Mais ces dispositions ne sont pas immuables. Ainsi, Oluf Hunger († 1095), mal noté par Saxo, « avait-il à ce point élevé l’autorité de la populace qu’elle avait le droit de décider des expéditions, et ce n’était pas le pouvoir du prince mais l’arbitraire de la plèbe qui présidait aux armées » (12.4.1, p. 876-877 : Adeo quippe regia maiestas popularem euexerat, ut ei decernendarum expeditionum ius esset armisque publicis non imperium principis, sed plebis arbitrium presideret).
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pas absolument impossible que l’introduction des Quatre-Temps, dont Sierck ne soupçonnait pas même l’existence, ait entraîné des modifications du calendrier civil, mais les preuves décisives font défaut. D’Ahrens on retiendra surtout l’idée que l’activité synodale des Francs aurait toujours connu deux temps forts : mars et mai. Peut-être, cependant, fait-il fausse route lorsqu’il en restreint la dimension militaire—le Champ de Mars proprement dit, selon lui—à la deuxième de ces époques—à l’orée, donc, de la saison guerrière. En effet, les armées romaines, déjà, organisaient leur période d’entraînement, au sortir des quartiers d’hiver et avant les campagnes d’été, suivant un rythme binaire, scandé, précisément, sur l’un et l’autre de ces mois6. En témoigne, notamment, le Feriale Duranum, le calendrier des fêtes d’une unité stationnée à Doura Europos, sur les bords de l’Euphrate, au premier tiers du iiie siècle : la lustration ou bénédiction de ses armes et de ses trompettes—si nécessaires pour communiquer les ordres au plus fort des combats—était célébrée en mars, lors des Quinquatries, celle de ses enseignes—instruments de signalisation visuelle, pour certaines, puissants symboles de l’identité collective, pour d’autres—aux Rosalies de mai7. Il est peu probable que l’on trouve dans l’histoire ancienne du premier mai la clef qui nous manque. En Irlande, ce jour correspond à Beltaine, l’une des quatre fêtes majeures de l’année, avec Imbolc (1er février), Lugnasad (1er août) et Samain (1er novembre) ; c’est alors, plutôt qu’aux jours ordinaires, que l’on procédait aux inaugurations royales et qu’étaient convoquées les assemblées8, mais il ne s’agissait à tout prendre que d’une préférence qui n’avait rien d’absolu—pour celles-ci, par exemple, Lugnasad semble l’avoir emporté9. Par ailleurs, une vénérable tradition qui va de Platon aux Carolingiens en passant par Macrobe, Jean le Lydien et Bède, voulait qu’en donnant les noms de mai et juin aux cinquième et sixième mois de notre calendrier, les Romains « eussent honoré les anciens (maiores) et les jeunes (juniores), en lesquels ils divisaient le peuple, afin que la république fût protégée par les armes (de ces derniers) et par les conseils (des autres)10 » : la notion associant mai et assemblée, juin et guerre, avait donc un long pédigrée, qui, sans doute, l’ancrait
6 L’intervalle qui, dans la chronique de Nibelung aux années 763, 766 et 767, sépare la mobilisation des troupes et la tenue du Champ de Mai (voir supra, p. 134-135) pourrait être de cet ordre. 7 S. Benoist, « Le Feriale Duranum », dans : Id. et al., « Fêtes et jeux dans le monde romain », dans : Thesaurus cultus et rituum antiquorum (ThesCRA). VII. Festivals and Contests, Los Angeles, 2011, p. 195-271, p. 226-227. 8 N. Patterson, Cattle Lords and Clansmen. The Social Structure of Early Ireland, Notre Dame (IN, USA) et Londres, 1994, p. 135-140, spéc. p. 135, et P. Gleeson, « Kingdoms, Communities and Oenaig : Irish Assembly Practices in their Northwest European Context », dans : Debating the Thing in the North = The Assembly Project II = Journal of the North Atlantic, 8, 2015, p. 33-51, p. 35, tous deux sans références. Exemples : E. O’Curry, Lectures on the Manuscript Materials of Ancient Irish History, Dublin, 1861, p. 286, et M. MacNeill, The Festival of Lughnasa, Dublin, 1962, (Scríbhinní béaloidis / Folklore Studies, 11), p. 327, d’après un récit pseudo-historique et une légende hagiographique respectivement, antérieurs l’un et l’autre, et peut-être de beaucoup, au xiie s. 9 P. Gleeson, op. cit., loc. cit., renvoyant à M. MacNeill, op. cit., passim. 10 Karolingische Reichskalender, Mai, Vorspann (Borst, p. 841, § m) : Maium igitur mensem Romani […] in honorem videlicet maiorum ac iuniorum, in quos diviserant populum, ut altera pars armis, altera consilio rem publicam tueretur. Bède (De temporum ratione, 12), Macrobe (Saturnalia, 1.12.16) et Pseudo-Bède (Sententiae in laude compoti, 19) sont cités ou mentionnés dans les notes explicatives de Borst, p. 844,
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assez fermement dans les esprits. Ces données méritent certes d’être versées au débat, quoiqu’à l’évidence elles ne possèdent guère par elles-mêmes la moindre force probante11 : elles attestent qu’à Rome et en Irlande, mai et ses calendes jouissaient d’un certain prestige ou étaient connotés d’une certaine façon, voilà tout. Les dates extrêmes des mentions du Campus Martius/Madius sous Pépin et Charlemagne pourraient être d’un grand secours si l’on parvenait à les faire parler, à en extraire toute la signification. À l’hypothèse avancée plus haut, selon laquelle le nom—ainsi, sans doute, que le type d’assemblée—n’aurait duré qu’autant que le régime de la monarchie unique, on en ajoutera ici une autre, qui prend appui sur la date de 790, celle de l’ultime mention du Magiscampus, plutôt que sur celle de 781, à laquelle la série de mentions s’interrompt durablement. D’après l’un des meilleurs spécialistes des solennités militaires entre Antiquité tardive et haut Moyen Âge, « un nouveau type de préparation liturgique au combat », d’origine byzantine, « fut adopté par l’armée franque en septembre 791 au plus tard, plus que probablement au cours de cette même année12 ». C’est vers cette époque aussi que sont composés, dans les milieux de la cour, plusieurs sacramentaires où l’on découvre des pièces destinées à une « cérémonie spéciale sacralisant le départ en campagne, pour laquelle il n’y a guère de précédent mérovingien assuré13 ». La coïncidence des dates—790 pour la dernière mention du Magiscampus, 791 pour l’innovation que l’on vient d’évoquer—serait-elle purement fortuite ? Dans le cas contraire, on est conduit à supposer que la nouvelle liturgie se substitue au Magiscampus, qui devait donc remplir des fonctions analogues, mais en usant de référents culturels d’un autre âge—romains, peut-être, ou romano-germaniques. Ou bien alors qu’elle s’ajouta à d’autres causes pour hâter l’agonie d’une appellation et des pratiques associées qui avaient fait leur temps.
nos 11 et 12. Jean le Lydien, De mensibus, 4.78 et 4.83, éd. A. C. Bandy, Ioannes Lydus, On the Months (De Mensibus), Lewiston etc., 2013, p. 208 et 214 (gr.), 269 et 274-275 (angl.), renvoie à Platon. R. A. Kaster, Macrobius, p. 143, n. 244, invoque en outre Varron, Ovide, Plutarque, Censorinus et Servius. 11 Pas plus, du reste, que celles qui sont présentées supra, p. 86-91, sous forme de tableau (Tableau 7). 12 M. McCormick, Eternal victory, p. 352, citant ARF, ao 791. 13 Id., ibid., p. 347 ; sur ces sacramentaires, princip. ceux de Gellone et d’Angoulême, p. 347-352.
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Annexes
Annexe 1
Du Champ de Mars 1094 et de la rencontre entre Guillaume le Roux, roi d’Angleterre, et son frère Robert, duc de Normandie
Outre les témoignages francs, qui fournissent l’essentiel de son matériau, Du Cange en signale deux anglais1 : le premier est plus tardif encore qu’il n’y paraît, puisqu’il appartient à une strate des lois dites d’Édouard le Confesseur († 1066) qui date en réalité du xiiie siècle2, et ne nous retiendra donc pas ici. Pour le deuxième, Du Cange donne la référence suivante : « Simeon Dunelm. de Gestis Angl. ann. 1094 ». Il s’agit très certainement de l’Historia Regum, une compilation longtemps attribuée, à tort, à Siméon de Durham (fl. v. 1090 - v. 1128). Le passage qui nous intéresse est emprunté à la Chronique de Jean de Worcester (fl. 1095-1140), où l’on apprend qu’en 1094 Guillaume le Roux, roi d’Angleterre, et son frère, Robert, duc de Normandie, se rencontrent à plusieurs reprises—en Normandie, puis au Champ de Mars—pour tenter de résoudre leurs différends, sans succès : Dein media .xl. rex Normanniam petiit ad fratris colloquium sub pace statuta uenit sed impacatus ab eo recessit. Denuo in campo martii conuenere, ubi illi qui sacramentis inter illos pacem confirmauere regi omnem culpam imposuere. At ille culpam nec agnoscere nec conuentionem uoluit persoluere. Iccirco nimis irati discesserunt impacati3. « Enfin, à la mi-Carême [19 mars, voir n. 1, p. 71], le roi gagna la Normandie pour s’entretenir avec son frère des termes de l’accord, mais il le quitta sans avoir trouvé de compromis. Ils se réunirent à nouveau au Champ de Mars : là, ceux qui, par des serments, avaient confirmé la paix entre eux, attribuèrent toute la faute au roi. Mais lui ne voulut ni admettre ses torts ni agréer la convention. Aussi se séparèrent-ils très en colère et sans s’être réconciliés. » Le duc se rend alors à Rouen et le roi à Eu, avec l’intention de s’emparer du duché. Pour l’éditeur comme pour Freeman, auquel il renvoie4, Campus Martii ne serait autre, peut-être, que l’endroit de Rouen qui porte encore ce nom et qui, au xixe
1 Ch. Du Cange, Observations, p. 157 ; Id., « 9. Campus Martii, et Madii vel Magi », Glossarium ad scriptores mediae et infimae latinitatis, Paris, 1678, 1:729-730, à la fin. 2 Leges Edwardi Confessoris, 32 A 5, éd. F. Liebermann, Gesetze, p. 627-672, p. 655. Pour la date, voir la deuxième manchette en marge de petit fond ainsi que p. xxxiv, sigle « Lond » et p. 627, note a. 3 Jean de Worcester, Chronique, ao 1094, éd. P. McGurk, The Chronicle of John of Worcester. III. The Annals from 1067 to 1140 with the Gloucester Interpolations and the Continuation to 1141, Oxford, 1998 (Oxford Medieval Texts), p. 70a (lat.) et 71a (angl.). 4 P. McGurk, ibid., n. 1, p. 70-71 ; E. A. Freeman, The Reign of William Rufus, Oxford, 1882, t. I, p. 461, n. 3.
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siècle, était situé aux portes de la ville (« just outside Rouen »). En réalité, Freeman aurait mieux fait de s’en tenir à sa première impression : « Je pensais » confie-t-il « que ce nom était moderne » … et il l’est. En effet, « cette place occupe une partie du lieu appelé précédemment le Pré-au-Loup, nom sous lequel il est figuré dans les plans de 1655 et 1724. En 1781, elle fut exhaussée de huit à dix pieds de remblai pour servir de place d’armes à la caserne de Martinville, qui avait été construite en 1776 près des remparts de la ville5 ». Ni le nom latin ni son équivalent vernaculaire ne sont répertoriés dans l’incontournable Dictionnaire topographique6, ce qui ne laisse pas de surprendre. L’alternative consisterait à se rapprocher de Du Cange en supposant que Campus Martii ne désigne pas un lieu mais un « usage7 », une assemblée annuelle ou régulière, en l’occurrence. On fera à cet égard la remarque suivante : nos informations sur le Campus Martii de 1094 se réduisent pratiquement à ceci que, outre le roi et le duc, y furent présents plusieurs barons qui avaient prêté leur concours, fin février 1091, à la signature du traité dit « de Caen » ou « de Rouen » entre les deux frères et qui, forts de cette expérience, étaient maintenant en mesure de rejeter sur Guillaume seul l’entière responsabilité du renouvellement des hostilités. On apprend, en outre, qu’une première réunion avait été un échec, peut-être en raison de son caractère confidentiel (colloquium) ; les pourparlers auraient de meilleures chances d’aboutir s’ils avaient pour témoin la multitude du Campus Martii—le Champ de Mai de 781 peut s’expliquer de manière analogue par la nécessité de fortifier par les garanties les plus efficaces les accords intervenus entre Charlemagne, roi des Francs et des Lombards, et son cousin Tassilon, duc de Bavière8. L’assemblée de 1091 fut-elle aussi un Campus Martii ? Aucune source ne la qualifie ainsi, mais elle se tint à peu près au même moment de l’année (fin février) que celle de 1094 (mars, probablement), avec la même finalité—la paix—, et, sans doute, les mêmes moyens pour y parvenir et spécialement un grand concours de témoins9. L’expression Campus Martii ne se rencontrant nulle part ailleurs dans la très ample Chronique de Jean de Worcester, une troisième hypothèse semble envisageable : celle d’une réminiscence classique. D’autant que, lorsqu’il peint le déclenchement de la guerre fratricide, Jean agrémente son tableau de quelques mots glânés aux premiers vers de la Pharsale, l’épopée de Lucain († 65) sur cet autre bellum civile, l’archétype du genre, qui fut fatal à la République romaine10 ; et que son éditeur ne signale guère, pour la tranche 1067-1140, qu’un autre emprunt au répertoire antique
5 N. Periaux, Dictionnaire indicateur et historique des rues et places de Rouen, revue de ses monuments et de ses établissements publics, Rouen, 1870, p. 108. 6 Ch. de Beaurepaire et Dom J. Laporte, Dictionnaire topographique de la Seine-Maritime, Paris, 1982-1984. 7 Ainsi Ch. Du Cange, Observations, p. 157 : un « usage » que « les anciens Anglois semblent avoir emprunté de nos François ». 8 Supra, p. 138-139. 9 Jean de Worcester, Chronique, ao 1091 (McGurk, p. 58), ne mentionne que les deux fois douze barons appelés à ratifier. 10 Id., ibid., ao 1088 (McGurk, p. 48 et n. 4-4, p. 49).
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et un seul, mais à Térence, cette fois11. Comme on pouvait s’y attendre, le Champde-Mars de Rome, appelé simplement Campus, fait plusieurs apparitions dans la Pharsale12. Cependant, aucune de ces mentions n’est littéralement comparable à celle de la Chronique, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas, entre les deux textes, des correspondances plus subtiles susceptibles d’éclairer l’insolite Campus Martii du plus récent d’entre eux. D’un autre côté, la présence des mêmes mots, bellum plus quam ciuile, dans la Chronique des abbés de Fontenelle13, composée dans les années 830, inciterait plutôt à les imaginer voyageant indépendamment du reste de la Pharsale, dans des anthologies, des glossaires ou des exercices scolaires, par exemple. Dans cette hypothèse, le Campus Martii de Jean de Worcester se rattacherait plutôt à cette tendance dont il a été question plus haut14 à propos de la multiplication des occurrences de Campus Martius au xie siècle.
11 P. McGurk, ibid., p. 327, dans l’« Index of quotations and allusions ». 12 G. W. Mooney, Index to the Pharsalia of Lucan, Dublin et Londres, 1927 (Hermathena, 44), p. 35, s. v. « Campus [Martius] », en recense six : 1.180, 1. 580, 2.222, 5.392, 7.306 et 8.685. 13 Chronique des abbés de Fontenelle, 3.1:15 (Pradié, p. 40 et note e). 14 P. 39-41.
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Annexe 2
Placitum, instituere placitum
On dispose pour placitum de deux traitements récents, dans le Thesaurus Linguae Latinae1 et dans le Novum Glossarium Mediae Latinitatis2. Malheureusement, TLL est en général trop haut (s’arrête, en gros, v. 600), NGML, trop bas (tous les ex. pour « placitum » sont d’époque carolingienne tardive ou post-carolingienne). Or, la période 600-800 paraît déterminante au point de vue de l’évolution et de la diversification sémantiques. Noter le sens de « délai », tant dans TLL que dans NGML3. C’est aussi, de très loin, le sens le plus fréquent du mot dans les formules franques4. Steiger consacre un paragraphe à placitum5 mais ne consulte guère d’autre dictionnaire que le Niermeyer, si bien que ses considérations sont absolument dépourvues d’intérêt.
1.
Instituere placitum et analogues chez Frédégaire et dans l’Historia vel gesta Francorum
L’expression est une constante dans le répertoire de Nibelung lorsqu’il évoque les Champs de Mars/Mai. Elle est attestée une fois avec le verbe instituere (c. 42). Une autre fois, tenere lui est substitué (c. 47). Ailleurs encore, on les trouve tous deux (c. 48). Enfin, au c. 49, tenens a campo Madio pour complément d’objet direct. Tenere placitum est abondamment attesté dans les annales6. 1 TLL, 10/1, fasc. 15, Munich et Leipzig, 2005, col. 2271-2274, s. v. « placeo », spéc. II, B, 1, a (2272:1-25) et II, B, 2 (2272:59 à 2274:5). 2 NGML, fascicule Pingualis-Plaka, éd. F. Dolbeau et al., Genève et Paris, 2008, consulté en ligne sur glossaria.eu. Comme dans TLL, « placitum » n’a pas une entrée propre, mais apparaît sous « placeo » > « ii subst. placitum, -i n. ». Le passage du verbe au substantif résulte peut-être de la fréquence, dans les textes normatifs élaborés à l’occasion des assemblées, d’expressions traduisant l’agrément : omnibus placuerunt, par ex., dans la loi de Liutprand qui a retenu notre attention en raison des détails qu’elle fournit sur le processus législatif (supra, p. 106) ou d’autres, comparables, dans la Decretio Childeberti qui en a été rapprochée, notamment en raison de son « style qui fait une large place aux mêmes formules consacrées » (p. 108 et n. 78, ibid. ; relevons dans l’édition Boretius, les occurrences p. 15, l. 21, et p. 17, l. 20). 3 TLL, II, B, 1, a, β (2272:21-25) ; NGML, § G et dernier. 4 Formulae Merowingici et Karolini aevi, index p. 767, col. a et b. 5 H. Steiger, Die Ordnung der Welt. Eine Völkerrechtsgeschichte des karolingischen Zeitalters (741 bis 840), Cologne etc., 2010, p. 373 (Teil III : Zwischen-Mächte-Recht, C : Institute der Zwischen-Mächte-Verbindungen, 5. Kapitel : Placitum, pactio, pactum, I. Begriffe). Spécialiste du droit des gens, c’est-à-dire, en gros, du droit international, l’auteur n’a de l’histoire carolingienne qu’une connaissance des plus superficielles. 6 Interrogé à , avec le filtre « Période » coché à « Medii aeui scriptores - (736 - 1500) », CDS livre plus de 400 réponses ; avec ce même filtre réglé sur « Aetas Patrum - (ca. 200 - 735) », une vingtaine de réponses seulement, presque toutes sans intérêt pour notre propos.
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On dénombre cinq occurrences d’instituere placitum chez Frédégaire7, reproduites ci-dessous avec les traductions d’Abel († 1854)8, de Wallace-Hadrill (1960)9, et de Devillers et Meyers (2001)10. 3.18
Ce chapitre11 constitue un apport original, sans équivalent exact dans les Histoires de Grégoire de Tours. Il raconte, avec force détails pittoresques—probablement apocryphes—la manière dont Clovis entra en communication avec Clotilde, qui était prisonnière, à Genève, de son oncle Gondebaud, l’assassin de ses parents. Aurilianus, le messager du roi franc, réussit à s’introduire auprès de la jeune femme déguisé en mendiant et lui demande sa main pour son maître. Elle accepte, mais assortit sa réponse du conseil suivant : « S’il veut s’unir à moi en mariage, qu’il en fasse immédiatement la requête par des légats à mon oncle Gondebaud. Legati qui veniunt obtenta [var. optata] ad presens firment, placitum sub caeleritate instituant. Car s’ils ne se pressent pas de conclure, je redoute que le très perspicace Aridius n’arrive de Constantinople avant eux et qu’il ne fasse tout échouer par ses conseils. » Aurilianus ayant instruit Clovis de ces paroles, des légats sont dépêchés incontinent auprès du roi burgonde. « Celui-ci s’engage à donner [sa nièce en mariage], soit par crainte [du roi franc] soit dans l’espoir de devenir son ami. Offrant le sou et le denier selon la coutume des Francs, les légats s’engagent envers [Clotilde] de la part de Clovis et demandent aussitôt [à Gondebaud] qu’il lui plaise de la [lui] donner en mariage [placitum ad presens petentes, ut ipsam ad coniugium traderit Glodoveo]. À peine ce congé est-il donné [Nulla stante mora inito placito] que l’on apprête les noces à Chalon. » Clotilde, qui appréhende encore le retour d’Aridius, n’a qu’une idée : s’éloigner sans tarder du lieu de sa captivité. Aussi échange-t-elle pour un cheval la litière que son escorte franque met à sa disposition. Les deux dernières occurrences de placitum semblent se rattacher au sens premier du radical latin, auquel correspondent, en français, le verbe « plaire » et le substantif « plaisir ». Pour celui-ci, l’acception ancienne est celle qui convient le mieux : « ce qu’il plaît à quelqu’un de faire, d’ordonner ; ce qu’il juge bon, ce qu’il veut », comme dans la formule « tel est notre (bon) plaisir » (Petit Robert). La phrase qui contient la première occurrence est plus obscure, mais les échos qu’on en trouve auprès des
7 Frédégaire, 3.18 (Krusch, 99:34 à 100:1 et voir aussi 100:14-15) ; 4.37 (138:7-8) ; 4.68 (154:26) ; 4.85 (164:8) ; et 4.90 (166:15-16). 8 Die Chronik Fredegars und der Frankenkönige und die Lebensbeschreibungen des Abtes Columban, der Bischöfe Arnulf, Leodegar und Eligius, der Königin Balthilde, trad. O. Abel, éd. A. Heine, Essen et Stuttgart, 1985 (11849) (Historiker des deutschen Altertums). Le texte qu’Abel traduit est celui d’une édition non spécifiée, mais antérieure de beaucoup à celle de Krusch. 9 The Fourth Book of the Chronicle of Fredegar with its continuations / Fredegarii Chronicorum Liber Quartus cum Continuationibus, éd., trad. et comm. J. M. Wallace-Hadrill, Londres etc., 1960 (Medieval Classics). Sur les modifications apportées à l’original latin, voir p. lvii-lxii, « V The Present Text ». 10 Frédégaire, Chronique des Temps Mérovingiens (Livre IV et Continuations), éd. J. M. Wallace-Hadrill, trad. O. Devillers et J. Meyers, Turnhout, 2001 (Miroir du Moyen Âge). 11 Étudié, mais d’un autre point de vue et sans traduction, par C. Bornholdt, Engaging Moments. The Origins of Medieval Bridal-Quest Narrative, Berlin et New York, 2005 (Ergänzungsbände zum RGA, 46), p. 30-36.
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deux autres (ad presens ; sub caeleritate / nulla stante mora) aident à en deviner le sens général. Proposons : « Qu’une fois sur place, les légats confirment sur le champ l’objet de leur requête et qu’ils obtiennent l’assentiment [voulu] au plus vite. » 4.37
Anno 15. regni Theuderici, cum Alesaciones, ubi fuerat enutritus, preceptum patris sui Childeberti tenebat, a Theudeberto rito barbaro pervadetur. Unde placetus inter his duos regis, ut Francorum iudicio finiretur, Saloissa castro instituunt. Ibique Theudericus cum escaritus utrumque decem milia accessit ; Theudebertus vero cum magno exercito Austrasiorum inibi prilium vellens committendum adgreditur. Encerclé de toutes parts, Theuderic cède : il livre l’Alsace avec d’autres contrées à son frère. Abel, p. 45 : « Im 15. Jahre seiner Regierung ward Theuderich, der nach dem Willen seines Vaters Childebert das Elsaß, wo er aufgezogen worden war, innehatte, von Theudebert mit wildem Krieg überzogen. Darauf ward beschlossen, es solle der Streit beider Könige durch einen Urteilsspruch der Franken in der Burg Saloissa geschichtet werden. Theuderich erschien daselbst mit 10 000 Mannen, Theudebert aber rückte mit einem großen Heer Austrasier herbei, um eine Schlacht zu liefern. » Wallace-Hadrill, p. 29 : « In the fifteenth year of Theuderic’s reign, Alsace, where he had been brought up and which he held by written authority from his father Childebert, was raided by Theudebert according to the barbarian custom. The two kings therefore agreed to meet at the stronghold of Selz, so that their dispute might be resolved by Frankish judgement. Theuderic arrived with two detachments, each of ten thousand warriors, and Theudebert with a great force of Austrasians, intent on joining battle. » Devillers et Meyers, p. 111 : « La quinzième année du règne de Thierry, l’Alsace, où il avait été élevé et qu’il possédait par ordre de son père Childebert, est envahie par Théodebert de manière barbare. Dès lors, on organise un plaid entre ces deux rois au fort de Seltz, afin que la question soit tranchée par le jugement des Francs. Là, Thierry se rendit avec deux détachements de dix mille hommes. Quant à Théodebert, il s’avance là avec une puissante armée d’Austrasiens, désireux d’engager le combat. » Les seuls commentaires originaux sont ceux de Wallace-Hadrill12. À propos de rito barbaro, il renvoie au c. 17, où, à la mort de Childebert II (le père de Theuderic et Theudebert), « Frédégonde et son fils Clotaire [II] s’emparent de Paris et d’autres cités rito barbaro », avant d’affronter à Laffaux, près de Soissons, les armées de Theuderic et Theudebert. WH pense que l’expression peut avoir un sens péjoratif, « i.e. they behaved barbarously » « comprendre qu’ils se comportèrent de façon barbare ». Il cite saint Patrick (ritu hostili) et Gildas (tyrannico ritu). Peut-être convient-il de rapprocher Plutarque, Vies parallèles, Marcellus, 2.613, et Procope, Des guerres, 6.25.9-11 (Haury et Dewing, 4:86-87) : 12 J. M. Wallace-Hadrill, Fourth Book, p. 29, n. 1 et 3, d’où O. Devillers et J. Meyers, Chronique, p. 111, n. 245 et 248. 13 Plutarque, Vies. IV. Timoléon-Paul Émile – Pélopidas-Marcellus, éd. et trad. R. Flacelière et É. Chambry, Paris, 1966 (CUFSG, 4), p. 194 ; Plutarque, Vies parallèles, trad. A.-M. Ozanam, édition publiée sous la dir. de F. Hartog, annotée par C. Mossé, J.-M. Pailler et R. Sablayrolles, suivie d’un « Dictionnaire Plutarque » sous la dir. de P. Payen, Paris, 2001 (réimpr. 2017) (Quarto Gallimard), p. 569, cité ici. Voir
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« La terreur à laquelle [les Romains] étaient en proie [en 226 av. J.-C., à l’annonce d’une nouvelle menace des Gaulois du nord de la péninsule] se vit à leurs préparatifs : jamais, dit-on, ni auparavant ni par la suite, il n’y eut autant de dizaines de milliers de Romains en armes. On la vit aussi aux pratiques inouïes auxquelles ils se livrèrent en matière de sacrifice. D’ordinaire, ils ne suivaient aucun rite barbare [barbarikon] ou étranger ; ils se rapprochaient autant qu’il se peut des croyances grecques, et se montraient pleins de douceur dans les pratiques religieuses. Mais au moment où la guerre éclata, ils furent contraints d’obéir à certains oracles tirés des livres Sibyllins : ils enterrèrent [vifs] deux Grecs (un homme et une femme) et de même deux Gaulois, à l’endroit que l’on appelle le Forum boarium. C’est en l’honneur de ces victimes que, de nos jours encore, on fait au mois de novembre des cérémonies que nul n’a le droit de raconter ni de regarder. » « En prenant contrôle du pont [sur le Pô, à Pavie], les Francs [de Theudebert Ier, en 539] entreprirent de sacrifier les femmes et les enfants des Goths qu’ils avaient sous la main et de jeter leurs corps dans le fleuve comme prémices de la guerre. Ces barbares, en effet, quoiqu’ils soient devenus chrétiens, préservent la majeure partie de leur ancienne religion ; car ils continuent à faire des sacrifices humains et d’autres sacrifices de nature sacrilège, et c’est en rapport avec eux qu’ils font leurs prophéties. » Le ritus barbarus désignerait donc le sacrifice humain. D’autres témoignages, s’échelonnant du premier au huitième siècle, attestent sa pratique par les Germains14. On notera que, dans les deux cas, il intervient au commencement d’une guerre et remplit, vis-à-vis les puissances surnaturelles, une fonction comparable15. Il se pourrait toutefois que l’expression ne renvoyât pas, comme le veut WH, à la conduite des hostilités mais à des questions de partages successoraux : Frédégonde et Clotaire agissent clairement dans un contexte de succession contestée (ils ont profité des circonstances pour reprendre ce qui leur appartenait16) et l’allusion aux dispositions de feu Childebert en 4.37 suppose un contexte analogue pour l’affrontement entre Theuderic et Theudebert. TLL, notamment, indique que, pour les chrétiens, le « barbare » peut être juif : agir ritu barbaro ne serait-ce pas « régler une succession à la manière des anciens Israélites » ou « en respectant les prescriptions vétéro-testamentaires17 » ?
également, du même auteur, Questions [ou Étiologies] romaines, 83, dans ses Œuvres morales. IV. Conduites méritoires de femmes, Étiologies romaines – Étiologies grecques, Parallèles mineurs, éd., comm. et trad. J. Boulogne, Paris, 2002 (CUFSG, 417), p. 89-176 et 313-394, ici p. 156-158 et 373-375. 14 J. De Vries, Altgermanische Religionsgeschichte, Berlin, 1970 (Grundriss der germanischen Philologie, 12), 1:409, § 283, en recense plusieurs, dont Procope. 15 Le rapport de ce type de sacrifice à la guerre est également souligné par A. Hultgård, “Menschenopfer”, dans RGA, 19, 2001, p. 533-546, spéc. p. 545a, § 52 (Procope est mentionné en passant, p. 536b, ligne 4). 16 M. Weidemann, Das Testament des Bischofs Berthramn von Le Mans vom 27. März 616. Untersuchungen zu Besitz und Geschichte einer fränkischen Familie im 6. und 7. Jahrhundert, Mayence, 1986 (Monographien des Römisch-Germanischen Zentralmuseums, 9), p. 158 et n. 45, ibid. 17 Voir, à titre de comparaison, B. Jaski, Early Irish Kingship and Succession, Dublin, 2000, p. 133 (et index p. 358, s. v. « Old Testament »).
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À propos de Francorum iudicio, WH observe18, judicieusement : « Quoique, dans son édition de Fritz Kern, Gottesgnadentum und Widerstandsrecht, p. 227, R. Buchner l’interprète comme un arbitrage pacifique, il se pourrait bien que le iudicium soit le jugement des armes et le placitum l’accord sur le lieu de la bataille (voir Fustel de Coulanges, [Recherches sur quelques problèmes d’histoire], 1913, pp. 516 ss.) ; mais cf. les chapitres 40 et 53, plus bas, où cette solution est beaucoup plus problématique. » Quoique ne citant ni Fustel, ni WH, F. Bougard est aussi de cet avis19. Placetus instituunt pourrait aussi bien signifier qu’ils « convinrent de tenir un plaid » ou qu’ils « fixèrent une date ». 4.68
Les Slaves appelés Wendes ayant assassiné plusieurs marchands francs, Dagobert envoie son legatarius Sicharius à Samo, leur roi, afin de demander réparation. Sed, ut habit gentiletas et superbia pravorum, nihil a Samone, que sui admiserant, est emendatum, nisi tantum placeta vellens instituere, de hys et alies intencionibus, que inter partes orte fuerant, iustitia redderetur in invicem. Abel, p. 73 : « Aber Samo machte, wie es die heidnische und hochmütige Weise schlechter Menschen ist, nichts von dem, was die Seinen verbrochen hatten, wieder gut, und verstand sich nur dazu, daß um dieser und ähnlicher zwischen beiden Teilen ausgebrochener Streitigkeiten willen gegenseitig gerichtliches Verfahren eintrete. » WH, p. 56 : « But, as is the way with pagans and men of wicked pride, Samo put right none of the wrong that had been done. He simply stated his intention to hold an investigation so that justice could be done in this dispute as well as in others that had arisen between them in the meantime. » D & M, p. 161 : « Mais—tel est le paganisme et l’orgueil des méchants—Samo ne fournit aucune réparation pour les actes que les siens avaient commis, si ce n’est qu’il voulait seulement que se tienne un plaid sur ces différends et d’autres qui avaient surgi entre eux, afin que justice soit rendue aux uns et aux autres. » Le seul « commentaire » est celui de D & M20, à propos de placeta : ils renvoient à 4.35, où il est également question d’un placetus (placetus … fiaetur). Les traductions sont assez différentes : D & M s’en tiennent à « plaid », comme partout ailleurs. Le sens d’« enquête » (« investigation ») proposé par WH, ne figure pas parmi ceux, nombreux, que relèvent TLL et NGML. Abel ne traduit pas. Le mot pourrait aussi bien signifier « plaid » qu’« échéance » ou « date ».
18 J. M. Wallace-Hadrill, Fourth Book, p. 29, n. 3, d’où O. Devillers et J. Meyers, Chronique, p. 111, n. 248. 19 F. Bougard, « Du “jugement des Francs” au “jugement de l’armée” ou l’ombre de Velleius Paterculus », dans : L. Jégou, S. Joye, Th. Lienhard et J. Schneider (éd.), Faire lien. Aristocratie, réseaux et échanges compétitifs. Mélanges en l’honneur de Régine Le Jan, Paris, 2015 (Publications de la Sorbonne. Histoire ancienne et médiévale, 132), p. 259-267, p. 260. 20 O. Devillers et J. Meyers, op. cit., p. 161, n. 532.
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4.85
À la mort de Dagobert, Pépin, maire du palais et les autres ducs austrasiens se choisissent pour roi son fils Sigebert III. […] Aegetur, discurrentebus legatis, partem Sigiberti debetam de tinsauris Dagoberti Nantilde regine et Chlodoveo rigi a Sigyberto requiretur, quod reddendum placitus instetuaetur. Abel, p. 90 : « Hierauf ließ Sigybert den ihm gebührenden Teil von Dagoberts hinterlassenen Schätzen der Königin Nanthild und dem König Chlodoveus durch Gesandten abfordern, zu dessen Rückgabe rechtlicher Ordnung gemäß auch ein Tag festgesetzt wurde. » WH, p. 72 : « Sigebert now sent messengers to ask Queen Nantechildis and King Clovis for his share of Dagobert’s treasure, and a court was summoned to settle how it should be returned. » D & M, p. 189 : « Donc, après un échange de légats, du côté de Sigebert, on réclame à la reine Nanthilde et à Clovis la part des trésors de Dagobert qui est due à Sigebert, et un plaid se tient pour rendre celle-ci. » Le seul « commentaire » est celui de D & M21, qui reproduit exactement celui de 4.68, ci-dessus. Pour ce qui est de la traduction, Abel semble combiner deux sens de placitum : « plaid » (« rechtlicher Ordnung ») et « délai » (« ein Tag festgesetzt wurde »). Le premier seulement se retrouve également chez WH (« court ») et D & M (« plaid »). On optera volontiers pour le deuxième sens d’Abel : « on convint d’une date à laquelle la restitution (ou : cession) aurait lieu ». 4.90
Flaochad vient d’être nommé maire du palais du regnum Burgundiae par Nanthild et son fils Clovis (c. 89). Le patrice Willebad est jaloux de son pouvoir. Flaochadus, collictis secum pontefecis et ducibus de regnum Burgundiae, Cabilonno pro utiletate patriae tractandum minse Madio placitum instituit ; ibique et Willebadus multetudinem secum habens advenit. Abel, p. 94 : « Flaochad berief alle Bischöfe und Herzoge von Burgund auf den Monat Mai nach Cabillonnum, um daselbst zum Nutzen des Vaterlandes zu tagen. Auch Willebad erschien mit großem Gefolge. » WH, p. 76 : « [Flaochad] summoned the bishops and dukes of the Burgundian kingdom to Chalon, and fixed the day for the Mayfield to consider matters of national interest. Willebad arrived with a great following. » D & M, p. 197 : « Flaochad rassembla autour de lui les évêques et les ducs du royaume de Bourgogne et tint un plaid à Chalon, au mois de mai, pour discuter de l’intérêt du pays. Là, Willebad se rendit entouré d’une foule de gens. » Le seul « commentaire » est à nouveau celui de D & M22, qui reproduit exactement ceux de 4.68 et 4.85, ci-dessus. Les trois traductions sont à nouveau assez différentes.
21 Iid., ibid., p. 188, n. 692. 22 Iid., ibid., p. 196, n. 731.
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D & M restent rigidement fidèles à leur « plaid ». Cette fois-ci, c’est WH plutôt qu’Abel qui penche pour « fixer une date » (mais sa traduction est très approximative : Flaochad ne « convoque » pas les évêques et les ducs, il les « rassemble autour de lui » et il ne fixe pas « le jour du Champ de Mai », mais « un jour au mois de mai »). Abel omet soit collictis secum soit placitum instituit : « berief » correspond à l’un ou à l’autre, et « tagen », « délibérer », à tractandum.
2. Placitum et analogues dans le Liber Historiae Francorum L’expression instituere placitum semble inconnue de l’auteur anonyme du Liber Historiae Francorum. Pour placitum seul, les deux passages suivants23, traduits par Lebecq24 et par Bachrach25, ne sont pas sans présenter quelqu’intérêt : 36
Une confrontation se prépare entre les forces austraso-burgondes de Childebert et celles, neustriennes, de Frédégonde et Clotaire, son très jeune fils. Les armées de Childebert se sont avancées jusqu’au cœur du Soissonnais. Aux officiers de la sienne, Frédégonde propose de les surprendre, une idée qui leur plaît. Cum denunciatum fuisset placitum, qua die ad preliandum in loco nuncupante Trucia in paygo Suessionico convenire deberent, la reine et son armée s’approchent de nuit du camp austraso-burgonde qui est déjà dressé au lieu dit (Trucia, Droizy, arr. Soissons) et déjouent la vigilance des sentinelles (custodes), grâce à une ruse. Au petit matin, les Neustriens surprennent l’ennemi encore endormi et en font un grand massacre. Bachrach, p. 90-91 : « This counsel was accepted. When the plan had been made they agreed on which day they should come together for battle in the place called Droisy etc. » Lebecq, p. 129 : « Ce plan leur convint. Tandis qu’un accord avait été conclu sur le jour où les armées devraient se rencontrer pour le combat en un lieu appelé Droizy etc. ». Le placitum, c’est l’ordre donné par Childebert à son armée de se trouver à telle date en tel lieu : c’est exactement un ordre de ce genre qu’évoque AMp, ao 692 (Simson, 14:14), en usant d’une formule analogue (les termes soulignés supra sont les mêmes dans LHF et AMp). On traduira donc : « Comme avait été fixée la date à laquelle [les troupes de Childebert] auraient à se trouver, prêtes au combat, dans la localité de Droizy, au pagus de Soissons etc. »
23 LHF, 36 (Krusch, 305:13-16) et 41 (312:20-22). 24 La Geste des rois des Francs, op. cit. 25 Liber Historiae Francorum, edited and translated with an introduction by Bernard S. Bachrach, Lawrence (KS, USA), 1973. Le verbe « edited », qui ne correspond à rien, est de trop : il ne s’agit en effet que d’une traduction, sans texte latin en regard.
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Les Saxons se rebellent et lèvent parmi plusieurs peuples une immense armée. Les Francs, commandés par Dagobert, s’avancent jusqu’à la Weser ; après une première bataille et craignant d’être en infériorité numérique, le roi envoie quérir des renforts auprès de son père, Clotaire. Bertoaldus dux Saxonorum ex alia parte ripae huius fluminis stans, paratus ad placitum, ut ad pugnam procederet, audiens hunc tumultum populi, interrogat, quid hoc esset. At illi responderunt, dicentes : « Domnus Clotharius rex venit, et ob hoc letantur Franci. » Bachrach, p. 98 : « Bertoald, the duke of the Saxons, standing on the other side of the river prepared to fix a time so that he might go out to fight. Upon hearing the uproar of the people, he asked what this was all about. They replied, saying : ‘The lord king Clothar has come and therefore the Franks are relieved.’ » Lebecq, p. 143 et 145 : « Bertoald, chef des Saxons, qui se tenait sur l’autre rive du fleuve et s’apprêtait à réunir un conseil pour préparer le combat, entendit ce tumulte de voix et demanda ce qui se passait. Alors les hommes lui répondirent : ‘Le seigneur roi Clotaire est arrivé, et les Francs sont en train de fêter ça !’ » Proposons : « Bertoald, chef des Saxons, qui se tenait sur l’autre rive du fleuve et attendait le moment d’attaquer etc. »
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a. Les témoins manuscrits du Ma(g)icampus des années 773-781
Les Annales Alamanniques nous sont connues par trois manuscrits. Le Codex Turicensis, d’abord, Saint-Gall, Stiftsarchiv, Ehemalige Zürcher Abteilung X (chiffre romain 10), Nr. 1, de huit folios1, où la première tranche, de 709 à 799, fut transcrite « vers 799/8002 ». Les six mentions du Magicampus apparaissent au fol. 2v, lignes 2, 6, 8, 10, 11 et 15, respectivement3. La première est écrite en toutes lettres, avec une majuscule. Les deux suivantes, sans majuscule et avec le 2e -m- suscrit au-dessus du 2e -a- sous forme de tilde. Les deux suivantes, de la même façon, mais avec majuscule (Magica[m]pus adura, ligne 11, sur grattage). La dernière, magica(m)pu(m), avec le 1er -a- souscrit, en ligature avec le 1er -m- (le -a- de Haribertus, l. 4, est exécuté de la même manière, apparemment caractéristique de la minuscule insulaire4 et donc, sans doute, de l’atelier de Saint-Gall), les deux autres -m- suscrits au-dessus des deux autres voyelles sous forme de tilde. On a donc une alternance de formes qui semble assez régulière et probablement délibérée. Le Codex Modoetiensis, Monza, Biblioteca Capitolare del Duomo di Monza, Manoscritti, ms. f-9/176, est un recueil de textes astronomiques et astrologiques formé dans l’ouest de l’Allemagne, au troisième quart du ixe siècle5, en tête duquel on a rajouté, au début du xe siècle6, un cahier où l’on venait de copier le texte des Annales Alamannici (fol. 2r-4v)—la même main ayant également complété les Annales de Lobbes (Laubacenses) dans les marges des tables pascales, fol. 27r-30r, prolongeant jusqu’en 912 une première tranche (687 à
1 W. Lendi, Untersuchungen, p. 82 : « Acht Blättern ». 2 Id., ibid., p. 84. Détails sur ce manuscrit : p. 83-88. 3 En attendant une numérisation intégrale, sans doute prochaine, on trouvera dans R. McKitterick, Perceptions of the Past in the Early Middle Ages, Notre Dame (IN, USA), 2006 (The Conway Lectures in Medieval Studies), Fig. 6, p. 83, une reproduction des folios 2v et 3r. Brévissime notice dans B. Bischoff, Katalog der festländischen Handschriften des neunten Jahrhunderts (mit Ausnahme der wisigotischen), III, éd. B. Ebersperger, Wiesbaden, 2014 (Bayerische Akademie der Wissenschaften. Veröffentlichungen der Kommission für die Herausgabe der mittelalterlichen Bibliothekskataloge Deutschlands und der Schweiz), no 5502, p. 298. 4 Sur ce trait, voir B. Bischoff, Latin Palaeography. Antiquity and the Middle Ages, traduit de l’allemand par D. Ó Cróinín et D. Ganz, Cambridge etc., 1990, p. 85, et figure 14, ibid., 3e ligne, 4e exemple. 5 B. Bischoff, Katalog, II, 2004, no 2892, p. 214-215, qui mentionne les noms de Trèves et Lorsch dans son commentaire. Notice détaillée dans P. McGurk, Catalogue of Astrological and Mythological Illuminated Manuscripts of the Latin Middle Ages. IV. Astrological Manuscripts in Italian Libraries (other than Rome), Londres, 1966, p. 52-61. 6 W. Lendi, Untersuchungen, p. 134, mais « après le xe siècle », B. Bischoff, op. cit., p. 214.
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885), copiée peu auparavant, mais par un autre scribe7. Le Codex Sirmondianus, qui appartint à Jacques Sirmond (1559-1651), n’a pas, jusqu’à présent, pu être retrouvé8. Cependant, le texte des Annales Alamannici qu’il renfermait nous est connu grâce à l’édition de Duchesne de 1641, et ce n’est qu’une copie de celui du Codex Turicensis9. Le manuscrit unique des Annales de Wolfenbüttel, Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Cod. Guelf. 67.5 Aug. 8o, est de petites dimensions (15,5 × 10,5 cm)10. Les Annales occupent l’essentiel de ses 14 pages. Il aurait été copié en 812-81311 ou vers 81412, en Alémanie ou en Bavière, plus spécifiquement à Augsbourg, selon Bischoff13, ou à Ratisbonne, selon Garipzanov14. Ce dernier invoque des arguments de critique interne : à partir de 790, les séjours de Charlemagne à Ratisbonne sont systématiquement notés dans les Annales de Wolfenbüttel, et celles-ci s’arrêtent à la mort de l’empereur, après quoi la cité cessa de recevoir les visites des souverains francs15. Pour Bischoff, l’argument décisif est d’ordre paléographique et textuel : il reconnaît dans l’une des trois mains du manuscrit de Wolfenbüttel celle qui, à Augsbourg même ou ailleurs dans ce diocèse, copia l’intégralité de celui de Munich, BSB, Clm 22053, contenant la célèbre « prière de Wessobrunn »16. Qui plus est, ce
7 W. Lendi, op. cit., p. 135. Il n’en existe pas de fac-similé. De la notice de A. Belloni et M. Ferrari, La Biblioteca Capitolare di Monza, Padoue, 1974 (Medioevo e Umanesimo, 21), p. 106-107 (d’où L. Longhi et G. Barbero dans : Manus OnLine = https://manus.iccu.sbn.it [dern. modif. 28.xii.2007]), on ne retiendra que les indications relatives à la structure du manuscrit ainsi que la bibliographie. 8 W. Lendi, op. cit., n. 7, p. 133-134. 9 Id., ibid., p. 139-140. 10 Voir Id., ibid., p. 91-93, et I. H. Garipzanov, « Annales Guelferbytani : Changing perspectives of a local narrative », dans : R. Corradini et al. (éd.), Zwischen Niederschrift und Wiederschrift. Hagiographie und Historiographie im Spannungsfeld von Kompendienüberlieferung und Editionstechnik, Vienne, 2010 (Österreichische Akademie der Wissenschaften. Philosophisch-historische Klasse. Denkschriften, 405 = Forschungen zur Geschichte des Mittelalters, 18), p. 123-137, à compléter par les remarques ci-dessous. Le manuscrit est numérisé sur Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel Manuscript database, http://diglib. hab.de/mss/67-5-aug-8f. 11 I. H. Garipzanov, ibid., p. 132. 12 W. Lendi, op. cit., p. 92. 13 D’où W. Lendi, ibid. 14 I. H. Garipzanov, op. cit., loc. cit. 15 Id., ibid.., p. 131 et 132. 16 B. Bischoff, Die südostdeutschen Schreibschulen und Bibliotheken in der Karolingerzeit. II. Die vorwiegend österreichischen Diözesen, Wiesbaden, 1980, p. 197-198, d’où W. Lendi, op. cit., p. 92, et I. H. Garipzanov, op. cit., p. 131. L’origine bavaroise du Monacensis ne fait aucun doute : en témoignent, primo, les formes dialectales des pièces, passages et mots en langue vernaculaire qui ont fait la renommée du recueil, et, secundo, l’intérêt prononcé pour cette contrée que manifeste la liste des provinces et des villes aux fol. 61r63r (G. A. Waldman, « The Scriptorium of the Wessobrunn Prayer Manuscript », dans Scriptorium 32, 1978, p. 249-250, p. 249 ; sur la langue de la prière et d’elle seule, voir les remarques nuancées de M. Stolz, « Der Text als Spur. Das ‘Wessobrunner Gebet’ im Kontext der Handschrift clm 22053 », dans : V. Bok et F. Shaw [éd.], Magister et amicus. Festschrift für Kurt Gärtner zum 65. Geburtstag, s. l., 2003, p. 511-534, p. 520 ; sur les textes géographiques, N. Wagner, « Zu den geographischen Glossen der Wessobrunner Handschrift Clm 22053 », dans : R. Bergmann et al. [éd.], Althochdeutsch. I. Grammatik. Glossen und Texte, Heidelberg, 1987, p. 508-531). En revanche, l’identification du scriptorium demeure incertaine. B. Bischoff, Die südostdeutschen Schreibschulen und Bibliotheken in der Karolingerzeit. I. Die bayrischen Diözesen, Wiesbaden, 21960, p. 18-19, écarte Ratisbonne et Benediktbeuern, arguments à l’appui—ce
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manuscrit s’achève, fol. 99v, par une sorte de colophon fournissant une multitude d’indications chronologiques et dont les cinq premières lignes sont identiques aux lignes 2 à 15 du manuscrit de Wolfenbüttel, fol. 3r17. Outre cette analogie textuelle, sur laquelle on reviendra plus bas, il en est une autre qui ne semble pas avoir retenu l’attention : le comput de Wolfenbüttel n’est pas sans rappeler le chapitre 16 des « Continuations » de Frédégaire, même si la date qu’il étaye est celle, ancienne, du premier événement inscrit dans les Annales (dccxl an(no) d(omi)ni karolus obiit18) et non celle, présente, de l’auteur (usque isto anno praesente19). Comme ARF et AqdE, les Annales de Wolfenbüttel commencent donc à la mort de Charles Martel, là où finissent les manuscrits de la 5e classe de Frédégaire20, qui n’en contiennent que le 4e livre ainsi que les deux premières « Continuations ». En revanche, les Annales Alamanniques et les Annales de Saint-Nazaire remontent à la mort de Drogon, fils de Pépin II, en 708/709. Éditées par Zeumer, les formules d’ordalie qui suivent le texte des Annales à la fin du manuscrit de Wolfenbüttel sont attestées par treize autres témoins s’échelonnant du ixe au xiie siècle21. Les mentions du maicampus se présentent comme suit : fol. 6r, ligne 3, maicamp(us), avec tilde sur le -p- ; ligne 10, maica(m)p(us), avec deux tildes, sur le -c- et sur le -p- ; ligne 14, maicamp(us), avec tilde sur le -p- ; ligne 16 et dernière, maica(m)p(us), avec deux tildes, sur le -c- et sur le -p- ; fol. 6v, ligne 4, maica(m)p(us), avec tilde sur le -c- ; et ligne 10, maica(m)p(us), avec tilde sur le -p-. Comme dans le Codex Turicensis des Annales Alamanniques, on
qui n’empêchera pas Wagner, op. cit., p. 511, d’affirmer le contraire, s’agissant de la deuxième de ces localités, ni Waldmann et Garipzanov de se prononcer pour Ratisbonne. En ce qui concerne Augsbourg et Staffelsee, Bischoff adopte une attitude pour le moins ambiguë : d’un côté, il montre l’irrecevabilité de ces hypothèses, mais d’un autre, il se refuse à les condamner absolument ! Pour R. Höppl (Die Traditionen des Klosters Wessobrunn, éd. Id., Munich, 1984 [Quellen und Erörterungen zur Bayerischen Geschichte, Neue Folge, 32/1], p. 31*), la présence du Clm 22053 à Wessobrunn avant le xie s. est exclue, l’abbaye ayant été réduite en cendres par les Hongrois la veille de leur défaite au Lechfeld (955). Il ne croit plus, comme Bischoff, que Wessobrunn ait abrité une bibliothèque à l’époque carolingienne, dont quatre manuscrits nous seraient parvenus. Mais la destruction du monastère n’implique pas nécessairement celle de ses livres—ni, surtout, des plus portables d’entre eux, tel celui-ci, qui ne mesure guère que 185 mm sur 146 et ne compte pas plus de 99 feuillets ! Ce nonobstant et en dépit d’erreurs grossières dans son exposé (spéc. p. 31*, n. 17, où il confond manifestement deux recueils pourtant bien distincts, savoir Munich, BSB, Clm 22053, et Wolfenbüttel, HAB, Cod. Guelf. 67.5 Aug. 8o), Höppl fait désormais autorité sur cette question, y compris dans les travaux les plus récents sur Wessobrunn, par ailleurs excellents : I. Freifrau von Andrian-Werburg, Die Benediktinerabtei Wessobrunn, Berlin et New York, 2001 (Germania sacra, N. F., 39 = Das Bistum Augsburg, 2), p. 60-62, et Th. Groll, « Wessobrunn », dans : M. Hildebrandt (éd.), Die Männer- und Frauenklöster der Benediktiner in Bayern, III, St. Ottilien, 2014 (Germania Benedictina, 2/3), p. 2517-2541, p. 2532-2533. La triangulation des textes qui se trouvent réunis en assez grand nombre dans le Monacensis devrait permettre, sinon de résoudre l’épineux problème de ses origines, du moins de déplacer le curseur d’une bonne mesure dans ce sens. 17 W. Lendi, op. cit., loc. cit. 18 Fol. 3r, deux dernières lignes. 19 CF, 16 (Krusch, 176:9). 20 A. J. Stoclet, Fils du Martel, p. 24 et n. 5. 21 Iudicia aquae ferventis, caldarii pendentis, ferri, no 2, éd. K. Zeumer, Formulae, p. 605-607. Le manuscrit de Wolfenbüttel (sigle A2), parmi les plus anciens (« antiquissimus », p. 605, l. 3), est ici daté du début du ixe s. (p. 605, l. 8-10).
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a une alternance régulière et délibérée des formes, qui est toutefois plus discrète car marquée, exclusivement, par le nombre et l’emplacement des tildes abréviatifs. Le manuscrit du Vatican, BAV, Pal. lat. 966, contenant, pour l’essentiel, le Liber Historiae Francorum et les Annales de Saint-Nazaire, aurait été copié entre 786 et 800, peut-être à Murbach (ou, selon des hypothèses plus anciennes, à Lorsch—où il se trouvait encore en 1613—, en Hesse ou en Thuringe)22. Toutes les mentions de maicampus tiennent sur une seule page, 56r, aux première et dernière lignes ainsi qu’aux lignes 8, 12, 14, et 19. La forme est toujours la même, mai campus ou maicampus, c’est difficile à dire ; seule la dernière mention est abrégée, en mai ca pu, avec tildes au-dessus des deux dernières voyelles. À propos des interpolations aux années 708, 712, 759 et 770, susceptibles d’éclairer les circonstances du manuscrit au lendemain de sa création, on peut faire les remarques suivantes. Leur écriture n’est pas « saxonne » (Pertz23), c’est-à-dire « insulaire » ou « irlandaise » (Lendi24) : c’est une minuscule qui s’apparente à celle des diplômes, plus « cursive » que « livresque », avec de nombreuses ligatures et des traits archaïsants25. Le texte des interpolations est emprunté soit aux Annales Laureshamenses, soit à ses dérivés, les Annales Mosellani en particulier26. À supposer qu’elles résultent bien d’une seule et même intervention, il faudrait, pour en comprendre le motif, expliquer, primo, pourquoi ces passages furent d’abord omis et, secundo, pourquoi on décida, dans un deuxième temps, de les inclure malgré tout. Il y eut bien un effort de « banalisation » visant à dépouiller les Annales de leur accent « local » et à en faire, peut-être, une matrice universellement reçue et réutilisable : les longues et pieuses lignes de Mosellani sur Chrodegang de Metz et sur Gorze, sa fondation, réparties sur plusieurs années, ont disparu dans Nazariani, parfois même sans être remplacées. Peut-on discerner, entre les quatre morceaux qui nous occupent, une unité thématique comparable, qui aurait justifié leur suppression et/ou leur réintroduction ? Gottfried, duc des Alamans, dont la mort est rapportée par la première interpolation (708) était le grand-père de la reine Hildegard, épouse de Charlemagne et donc l’arrière-grandpère de Pépin d’Italie. La troisième interpolation (759) concerne deux homonymes
22 Il est numérisé dans la Bibliotheca Laureshamensis digital, http://bibliotheca-laureshamensis-digital.de/ bav/bav_pal_lat_966/0132, où l’on trouvera également une notice très complète par M. Kautz (2014), d’où Id., Bibliothek und Scriptorium des ehemaligen Klosters Lorsch : Katalog der erhaltenen Handschriften, Wiesbaden, 2016, p. 937-941. Voir en outre W. Lendi, op. cit., p. 93-94. 23 Dans les notes de son édition, MGH SS 1, notam. p. 23, col. dr., note b et p. 25, col. dr., note c. 24 Dans les notes de son édition : W. Lendi, Untersuchungen, p. 147 (notes c et d, col. dr.) et 155 (notes a et b, col. dr.). 25 J. Becker, « Präsenz, Normierung und Transfer von Wissen. Lorsch als ‘patristische Zentralbibliothek’ », dans : J. Becker et al. (éd.), Karolingische Klöster. Wissenstransfer und kulturelle Innovation, Berlin, Munich et Boston, 2015 (Materiale Textkulturen, 4), p. 71-85, p. 74-75, et T. Licht, « Beobachtungen zum Lorscher Skriptorium in karolingischer Zeit », ibid., p. 144-162, p. 149-152, ont repéré, dans plusieurs manuscrits de Lorsch, des passages ou des marginalia en minuscule caroline ou en cursive diplomatique de la main du chancelier Rado (interventions datables de 773 ou 782). S’il n’est sans doute pas l’interpolateur des Annales Nazariani, ce pourrait être quelqu’un de son milieu ou de son entourage, actif, comme lui, à la chancellerie et à Lorsch. 26 Se reporter à l’édition de R. Pokorny, Annales Laureshamenses, p. 27-43.
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de ce roi, son grand-père et son oncle, décédé à l’âge de trois ans : curieusement, comme Laureshamenses et dérivés, elle parle d’un changement de nom (mutavit)27, qui eut effectivement lieu, mais en 781, lorsque Charlemagne décida que son fils Carloman s’appellerait désormais Pépin et règnerait à Pavie. La dimension lombarde des deux autres interpolations est limpide, non leur rapport à ce Pépin. Peut-être le lien, pour celle de 712, passe-t-il par les proches d’Aripert II, réfugiés en Gaule après son élimination, tel Ragimpert, devenu comte d’Orléans sous Charlemagne28. On se doute que l’alliance matrimoniale franco-lombarde, ardemment souhaitée par Bertrad pour son fils Charlemagne—l’interpolation de 770 la dépeint négociant âprement avec Didier et ramenant sa fille in Franciam—mais vouée à l’échec, eut des conséquences à long terme qui contribuèrent à l’annexion du royaume lombard (774) et à l’élévation de Pépin sur son trône (781). Achevons cette brève présentation par deux remarques d’ordre comparatif. Des quatre manuscrits, trois—Sangallensis/Turicensis, Modoetiensis et Guelferbytanus— revêtent la forme d’un mince cahier de quelques folios presqu’entièrement occupés par le texte des annales, dont un—Guelferbytanus—qui se glisserait facilement dans la poche d’un manteau. De tels livrets circulaient plus facilement que les lourds volumes qui composaient l’essentiel des collections carolingiennes—mais au sein de quelles entités, royaumes, diocèses, associations monastiques, on l’ignore29. Ils étaient aussi, pour la plupart, topiques au plus haut point, de sorte que leur production pourrait préfigurer celle des calendriers (flamands) de la fin du Moyen Âge, distincte de celle des livres d’heures auxquels on les reliait ensuite : car si le contenu du livre d’heures était pour ainsi dire universel, celui du calendrier variait considérablement d’un lieu à l’autre en fonction des saints que l’on y vénérait30. Les observations qu’on a faites sur la graphie de ma(g)icampus montrent que, dans deux cas au moins—Sangallensis/
27 Mutavit rex Pippinus nomen suum in filium suum (Lendi, p. 155, col. dr., note a). R. Pokorny, op. cit., p. 39, n. 87, éprouve le besoin d’expliquer : « Gemeint ist die Geburt eines Sohnes » (« Ce qu’on entend par là, c’est la naissance d’un fils », italiques ajoutés). L’énoncé de Mosellani est identique. Une des versions de Laureshamenses a in filio suo, l’autre ajoute encore Karolo, une erreur manifeste (R. Pokorny, ibid., p. 39, n. 88), qui provient peut-être—mais par quels détours, on ne sait—du 6e chapitre des « Continuations » de Frédégaire : Pépin II, y apprend-on, vocavit nomen eius lingue proprietate Carlo (Krusch, 172:14-15 ; voir A. J. Stoclet, Fils du Martel, p. 61-63). Sur les événements de 781, voir A. J. Stoclet, ibid., p. 185 et n. 41. 28 Voir A. J. Stoclet, ibid., p. 191. 29 Sur le livret à l’époque carolingienne, voir J.-C. Poulin, « Les libelli dans l’édition hagiographique avant le xiie siècle », dans : M. Heinzelmann (éd.), Livrets, collections et textes. Études sur la tradition hagiographique latine, Ostfildern, 2006 (Beihefte der Francia, 63), p. 15-193, spéc. p. 15-19. Deux des sept témoins du Chronicon Laurissense breve revêtent également cette forme de minces fascicules : Munich, Universitätsbibliothek, 2o Cod. ms. 6, fol. 56-59, et Vienne, ÖNB, Cod. 430* Han (huit feuillets). Ce dernier était autrefois plié en deux (R. Corradini, Die Wiener Handschrift Cvp 430*. Ein Beitrag zur Historiographie in Fulda im frühen 9. Jahrhundert, Francfort, 2000 [Fuldaer Hochschulschriften, 37], p. 35, n. 89), et s’apparente, sous cet angle également, à quantité de libelli (sur cette caractéristique, voir J.-C. Poulin, op. cit., p. 30, et Graphique II, p. 35). Par ses dimensions (36 × 27,5 cm.), le Monacensis se classerait dans la catégorie « moyen-grand » (Poulin, Graphique I, p. 24), le Vindobonensis (28,4 × 19, 3 cm.) dans la catégorie « petit-moyen », numériquement la plus importante. 30 M. Peyrafort, « L’essor des ateliers laïcs (xiie-xve siècle) », dans : J. Glénisson (éd.), Le livre au Moyen Âge, Paris, 1988, p. 70-75, p. 75.
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Turicensis et Guelferbytanus—, les acteurs du travail de copie (scribes, chefs d’ateliers) traitèrent les six occurrences de ce mot comme un ensemble, sans qu’il soit possible de savoir si la perception dont cette attitude témoigne embrassait aussi la réalité sous-jacente : autrement dit, le Champ de Mai n’était-il plus, vingt ans après son heure de gloire—dûment notée, alors, dans les Annales perdues de Murbach—, qu’une curiosité d’ordre lexicographique, certes digne d’être mise en relief, visuellement, à l’intention du lecteur attentif mais vidée de son sens profond, politique ?
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b. Le comput du Codex Guelferbytanus (CG), 2v-3r : aperçu, commentaire, analogues
Aperçu (1) mane mundi (« le matin du monde ») = d’Adam à Noé, soit 2242 ans (2) hora vero tertia (« la troisième heure [du monde] ») = de Noé à Abraham, soit 842 ans (3) sexta (« la sixième heure [du monde] ») = d’Abraham à Moïse, soit 506 ans (4) nona (« la neuvième heure [du monde] ») = de Moïse jusqu’à la naissance du Seigneur, soit 1505 ans (5) undecima (« la onzième heure [du monde] ») = de la naissance du Seigneur jusqu’à la fin du monde, aucun chiffre n’est donné (6) Du début du monde (a mundi principio) jusqu’au déluge : 2242 ans (7) Du commencement du monde (ab inicio mundi) jusqu’à la naissance d’Abraham : 3184 ans (8) De l’origine du monde (a mundi origine) jusqu’au sacrifice de l’agneau (= pâques de Moïse) : 3680 ans (9) De l’institution du monde (ab institutione mundi) jusqu’à la naissance de N. S. J.-C. : 5195 ans (10) Du début du monde (a mundi principio) jusqu’à la passion de N. S. J.-C. : 5228 ans (11) dccxl an(no) d(omi)ni / karolus obiit
Commentaire (1) - (5) Basé, sauf les nombres d’années, sur Grégoire le Grand, Homélies sur l’Évangile, 1.19, éd., trad. et comm. R. Étaix, B. Judic et Ch.Morel, Paris, 2005 (SC, 485), p. 424, l. 15-19, qui développe Mt 20,4-6 (voir égalem. Origène, In Matth. tract., 10 ; Irénée, 4.70). Le texte aux folios 1v-2r, immédiatement avant celui qui nous occupe ici et le premier du ms., est un extrait d’une des homélies du même auteur sur Ézéchiel (1.8.16, éd., trad. et comm. Ch. Morel, Paris, 1986 [SC, 327], p. 294-297, voir I. H. Garipzanov, Annales Guelferbytani, p. 124). (1) et (6) Sur le chiffre de 2242 ans, voir A. Borst, dans : Schriften zur Komputistik im Frankenreich von 721 bis 818, éd. Id., Hanovre, 2006 (MGH Quellen zur Geistesgeschichte des Mittelalters, 21), p. 373, n. 56. Le texte qu’il édite (Dial. Burg., 17A) contient des éléments de (1) et de (6) : anni ab Adam [cf. 1] usque ad diluvium [cf. 6] duo milia etc.
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Sur le chiffre de 942 ans (et non 842, comme dans CG), voir A. Borst, ibid., p. 373, n. 56. Sur le chiffre de 506 ans, voir A. Borst, ibid., p. 421, n. 115 (à propos de Dial. Neustr., 30B [420:9-421:1], a Habraham usque ad Pascha Moysen quingenti quinque anni sunt). Comme pour les chiffres ci-dessus (2242, 942), Borst renvoie au prologue du Cyclus paschalis de Victorius d’Aquitaine (Victorius Aquitanus), dans l’édition de Krusch, qui n’a pas été remplacée31. Il ajoute toutefois : « Comp. Graec. c. 54 (PL 129:1299) calcule séparément [ce que ne fait pas Victorius] la durée de l’intervalle séparant Abraham et Moïse : Ab Abraham usque ad Moysen anni quingenti quinque. » Computus Graecorum sive Latinorum (PL 129:1273-1372, sous le titre Liber de computo) est une œuvre irlandaise, de 703, qui nous est parvenue par une copie réalisée à Bobbio en 810 (A. Borst, op. cit., p. 135). Il n’en existe pas d’autre édition que celle de Migne, reprise à Muratori32. Le chiffre de 5195 ans est à comparer à celui de Dial. Neustr., 30B (Borst, 421:3-4) : quinque milia centum nonaginta novem, soit 5199. A. Borst, p. 421, n. 116, invoque à nouveau le Comp. Graec., ici c. 79 (PL 129:1313) : Colliguntur ergo anni ab origine mundi usque ad adventum Domini nostri Iesu Christi quinque milia centum nonaginta novem. La graphie de 5195 dans CG est assez particulière : les milliers sont indiqués deux fois, d’abord par un tilde au-dessus du -v-, puis par le mot mil(lia), qui suit ; le reste est exprimé par des chiffres qui ne se lisent pas ensemble mais s’additionnent, cl xlv, soit 150 [+] 45 [= 195], où l’on attendrait cxcv. Sur le chiffre de 5228 ans, voir A. Borst, ibid., p. 373-374, n. 58, et 421, n. 116. Très semblable à Dial. Neustr., 30C, utilise également les années de l’incarnation (sur cet aspect de Dial. Neustr., 30C, voir infra, Comparanda, Form. Andecav.).
Appelons « Type I » la structure de CG 1-5 : A > B, B > C, C > D, D > E, E > F. Et « Type II » celle de CG 6-10 : A > B, A > C, A > D, A > E, A > G (et non F : F = fin du monde ; G = passion de N. S. J.-C.). Dial. Burg., 17A est du premier type (mais avec davantage d’étapes), Dial. Neustr., 30B, du deuxième (sauf a diluvio … duo [Borst, 420:9]), avec ab initio mundi répété trois fois (correspondant à CG 6, 10 et 9, dans cet ordre).
Quelques comparanda – Grégoire de Tours, HLD, 4.51, in fine (signalé par A. Borst, op. cit., p. 421, n. 115). Type I, mais avec des étapes plus nombreuses que CG et différentes de Dial. Burg.
31 B. Krusch, Studien zur christlich-mittelalterlichen Chronologie. I. Victorius. Ersatz der fehlerhaften Ausgabe Mommsens in den M. G. II. Dionysius Exiguus, der Begründer der christlichen Ära, Berlin, 1938 (Abhandlungen der Preussischen Akademie der Wissenschaften, phil.-hist. Kl., 1937/8 et 1938), 1937, p. 16-52. 32 D. Ó Corráin, Clavis Lit. Hib., no 556, p. 706-707.
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Cité mot pour mot dans Comp. Graec., 78 (PL 129:1312D). HLD, 10.31 (également signalé par A. Borst, loc. cit.) est une variante de 4.51. Texte qui suit la Formula Andecavensis 57 (mais ne semble avoir aucun rapport avec elle ou la suivante) dans le seul ms. qui nous ait conservé ces pièces, Hessische Landesbibliothek Fulda, D133. Imprimé dans Zeumer, MGH Formulae, p. 2, lignes 21-28. Type I, apparenté à mais beaucoup plus ancien que Dial. Neustr., 30. Theudoricus rex (ligne 28) est soit Thierry II soit Thierry III34, ce qui donne 597/8 ou 675/6 pour la troisième année de leur règne, alors que Dial. Neustr. est de 737 (Dial. Neustr., 30C [Borst, 421:5-7] ; voir le commentaire p. 375). Dial. Neustr., 30C introduit toutefois une innovation de taille : la date de la mort de Thierry IV est exprimée en années de l’incarnation (tandis que dans Form. Andec., la date est donnée en années du monde et en années de règne du roi Thierry). Ni Zeumer, ni W. Bergmann, « Verlorene Urkunden des Merowingerreichs nach den Formulae Andecavenses. Katalog », dans Francia, 9, 1981, p. 3-56, ni Rio ne connaissent Dial. Neustr. et Borst ignore le texte édité par Zeumer ainsi que les commentaires de Bergmann et Rio. Frédégaire, 3.73 (Krusch, p. 112-113) reprend Grégoire de Tours, HLD, 4.51. Première « continuation » de Frédégaire, c. 16 (Krusch, 176:3-10) : Type I, s’inspire de Dial. Burg., 17 (voir A. Borst, op. cit., p. 374, n. 59 et 60, à propos de 17B) et, pour les étapes, de Grégoire de Tours ou de l’un des textes cités par Borst, ibid., p. 373, n. 56 et 57. Voir égalem. R. Landes, « Lest the Millenium be Fulfilled : Apocalyptic Expectations and the Pattern of Western Chronography, 100 - 800 C. E. », dans : W. Verbeke, D. Verhelst et A. Welken (éd.), The Use and Abuse of Eschatology in the Middle Ages, Leuven, 1988 (Mediaevalia Lovaniensia, Series I/ Studia, 15), p. 137-211, p. 169-170. Munich, BSB, Clm 22053, fol. 99v, l. 1-6. Type II. Sur ce manuscrit, consultable sur le site de la BSB, voir ci-dessus, Annexe 3a, dans la section consacrée aux Annales de Wolfenbüttel. Voici ce qu’on peut lire, parfois difficilement, du texte de 99v (les mots soulignés sont ceux dont la restitution est hypothétique) : Mun1 = CG6 Mun2 = CG7 Mun3 = CG8, avec omission d’agni Mun4 = CG9, avec omission de iesu christi Mun5 = CG10, avec omission de iesu christi Mun6 : Ab initio mundi anni 6000 secund(um) romanos s(e)c(un)d(um) grecos 6200 Mun7 : Ab incarnatione d(omi)ni anni sunt 814 Mun8 : D[…] .xv. indicio .viiii. in isto anno .xvi. k(alen)d(a)s ma(i)i pascha
33 Sur ce manuscrit de la 2e moitié du viiie s., voir R. Hausmann, Die historischen, philologischen und juristischen Handschriften der Hessischen Landesbibliothek Fulda bis zum Jahr 1600, Wiesbaden, 2000 (Die Handschriften der Hessischen Landesbibliothek Fulda, 2), p. 104-109. 34 A. Rio, dans : The Formularies of Angers and Marculf : Two Merovingian Legal Handbooks, trad. et comm. Ead., Liverpool, 2008 (TTH, 46), p. 248-254.
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A n n e xe s
Mun9 : [….]a l(u)n(a) [..]a[………] conc(u)r(rens) .vii. & in eodem anno defunctus Mun10 : gloriosissimus karolus rex et constitutum fuit filius eius hludu Mun11 : [ui]gus [r]ex [in regn]u(m) suum Mun12 : [premier tiers de la ligne illisible] qui per singulos dies in circuitu anni Mun13 : [2 prem. tiers de la ligne illisibles] deinde in uno Mun14 : anno .xii. psalte[..]a DE NOCTE Mun15-17 : [illisibles à l’écran, sans le secours de la lampe Wood, hormis quelques lettres ici et là] Mun6 est ambigü, car seul le premier des deux termes de la période de 6000/6200 ans est clairement défini : on supposera donc que celle-ci s’étend de l’initium mundi jusqu’à l’« aujourd’hui » de l’auteur, Mun6 exprimant en années du monde la date que Mun7 donne en années de l’incarnation et l’ensemble Mun1-11 faisant en quelque sorte office de colophon. On notera toutefois que la 6000e année du monde est celle qui, d’après une très longue tradition judéo-chrétienne, marque la fin des temps35. Mun6 pourrait donc correspondre à CG5, à cette différence près que là, conformément aux mises en garde des Pères de l’Église à l’encontre des spéculations millénaristes36, aucun chiffre n’est avancé. L’ambiguïté de Mun6 serait une forme de prudence, tout comme le fait d’alléguer deux estimations, celle des « Grecs » se situant largement en dehors de la chronologie délicate. Cologne, Erzbischöfliche Diözesan- und Dombibliothek, 83(II), fol. 14v37, propose de même, pour l’année 798/799, deux dates en années du monde : celle de « la vérité des Hébreux, transmise par Jérôme » et celle de la Septuaginte, soit 5998 et 6268, respectivement. La différence entre ces chiffres est comparable à celle dans Mun6 (d’autant qu’il y a peut-être lieu de restituer « 62[..] », plutôt que « 6200 ») et la « Septuaginte » de Cologne est certainement identique aux « Grecs » de Mun638. Cette lecture millénariste de Mun6 n’est acceptable qu’à condition de supposer que, pour le chronographe de « Wessobrunn », l’événement apocalyptique n’est pas l’an 800 de l’incarnation (opinion qu’il eût partagée avec bien d’autres39), mais la mort de Charlemagne. Peut-être, au contraire, n’était-il qu’un amateur ignorant qui se contenta de juxtaposer des morceaux empruntés à des sources différentes sans se soucier le moins du monde de les harmoniser. Mun7 est à rapprocher de CG11.
35 R. Landes, Millenium ; H. Inglebert, Interpretatio Christiana. Les mutations des savoirs (cosmographie, géographie, ethnographie, histoire) dans l’Antiquité chrétienne, 30-630 après J.-C., Paris, 2001 (Collection des études augustiniennes, 166), p. 382-386 ; M. Debié, L’écriture, p. 259-262 ; etc. 36 R. Landes, op. cit., passim ; H. Inglebert, op. cit., loc. cit. 37 Cité par R. Landes, ibid., p. 189. Consultable en fac-similé sur Codices electronici ecclesiae Coloniensis, (http://www.ceec.uni-koeln.de). 38 Et de Saint-Gall, Stiftsbibliothek, Cod. Sang. 11 (consultable sur Codices electronici Sangallenses, http:// www.e-codices.unifr.vh/fr/list/one/csg/011), fol. 1r, page de garde sans autre texte que les lignes que � voici : [Se]cundu(m) uictoriu(m) ab inicio mundi / usque in presens tempus anni sunt / vi.dcccc.lxxxi / � secundum vero grecos vi.cc.lxxx, « d’après Victorius [d’Aquitaine], il y a 6981 [sic pro 5981 ?] années depuis le commencement du monde jusqu’à l’époque actuelle, 6280 d’après les Grecs ». Le premier chiffre a � � été corrigé, « vi.dcccc.lxxxiii » (6983) > « vi.dcccc.lxxxi » (6981). 39 R. Landes, op. cit., p. 186-203 ; H. Inglebert, op. cit., p. 384-385.
anne xe 3
Mun7, 8 et 9 de Dial. Neustr., 30C. Toutes les données des lignes 8 et 9 sont fausses, sauf la date de Pâques (l’indiction est la 7e, non la 9e, et les concurrents sont 6, pas 7). On comparera Mun8-10 aux six lignes de texte inscrites dans la continuation des Annales Guelferbytani à hauteur des années 817 à 821 (Wolfenbüttel, HAB, Cod. Guelf. 67.5 Aug. 8o, fol. 13r) : xvi kal(endas) ap(rilis) [sic !] pascha / in ipso anno / obitus fuit / domni caroli / regis felicit(er) / in p(er)petuu(m). En Mun12-14, il est question, semble-t-il, du psautier, de sa récitation en milieu monastique (l’indication DE NOCTE se rapporterait à l’office nocturne), et du rythme de cette récitation, qui est mensuel (in uno anno .XII. psalte[ri]a) plutôt qu’hebdomadaire, comme dans la Règle bénédictine, 18.23, ou quotidien (!) comme dans les Vies de certains saints40. La thématique chronologique qui culmine en quelque sorte, ligne 11, avec la mention de l’empereur régnant, Louis le Pieux, cède brusquement la place à une thématique liturgique. Sans doute cet enchaînement n’a-t-il pas de quoi surprendre, si l’on veut bien admettre que le Monacensis fut copié, sinon à Wessobrunn, du moins pour cet établissement : c’était en effet le dernier des cinq monastères bavarois recensés par la Notitia de servitio monasteriorum (Aix-la-Chapelle, 818/819 [GQDMA]) comme ne devant « ni dons ni levées mais seulement des oraisons pour le salut de l’empereur et de ses enfants ainsi que pour la stabilité de l’empire41 ». Ces oraisons étaient normalement acquittées sous forme de psalmodies42. – D’autres textes encore, probablement assez nombreux, présentent avec le comput du CG une affinité un peu moins étroite, tels par exemple l’Ordo annorum mundi du Pseudo-Julien de Tolède43 ou le De sex aetatibus mundi44, première des six pièces (avec 6 chapitres sur 76) de ce que l’on appelle abusivement l’Historia Brittonum mais qu’après d’autres Mommsen a suggéré d’intituler Volumen Britanniae (l’Historia Brittonum proprement dite vient en second lieu, chapitres 7 à 49).
40 Ainsi les sancti patres de Prudence de Troyes, Prologus de flores psalmorum (830-833), éd. E. Dümmler, MGH Epp. 5, Berlin 1899, no 17, p. 323-324, p. 323, l. 28 et ss. Exemples plus tardifs : Udalric d’Augsbourg († 974) (MGH SS, 4, 389:40) ; Richard de Saint-Vanne († 1046) (MGH SS, 8, 369:30 et ss.) ; Thierry Ier de Leernes, abbé de Saint-Hubert († 1086) (MGH SS, 8, 574:25 et ss.). 41 Notitia de servitio monasteriorum, éd.W. Kettemann, Subsidia Anianensia, p. 428-431, p. 429 et 430. Parmi les maigres vestiges de la bibliothèque carolingienne de Wessobrunn identifiés par Bischoff, Schreibschulen, I, p. 18-22 (« Der Wessobrunner Codex und seine Verwandten »), on trouve, outre les deux manuscrits évoqués supra, p. 236-238, un sacramentaire grégorien et un lectionnaire, dont il ne reste plus que des fragments nombreux et dispersés : vestiges, peut-être, d’un « équipement liturgique » nécéssaire à l’accomplissement des fonctions définies par la Notitia. 42 Par ex. Capitulare episcoporum, de 780 (?), éd. A. Boretius, Capitularia, no 21, p. 51-52. La base Capitularia lui donne le titre suivant : « Karoli Magni capitulare (Ratisbonense ?) ». Les dates qu’elle recense vont de 779 à 793. H. Mordek, « Karls des Großen zweites Kapitular von Herstal und die Hungersnot der Jahre 778/779 », dans DA, 61, 2005, p. 1-52, le plus récent des commentateurs, pense que ce capitulaire fut expédié à Herstal, en mars 779, en même temps, donc, que le Capitulare Heristallense (Boretius, no 20) ; il lui donne le titre de Capitulare pro praesenti tribulatione speciale. 43 Pseudo-Julien de Tolède, Ordo annorum mundi, éd. J. C. Martín-Iglesias, Iuliani Toletani episcopi opera, pars II, Turnhout, 2014 (CCSL, 115a [introductions] et 115b [textes]), 115a, p. 237-281, et 115b, p. 687-704. 44 Historia Brittonum cum additamentis Nennii, éd. Th. Mommsen, ChrMin, 3:113-222 (le De sex aetatibus mundi est aux p. 145-146).
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Annexe 4
Du crime de lèse-majesté1
Pour M. Becher2, si l’auteur anonyme des Annales dites « d’Éginhard » substitue le crime de lèse-majesté à celui de désertion spécifié dans les Annales Royales comme motif de la déposition de Tassilon, c’est parce que, depuis le Capitulare Italicum de 801, la législation considère l’« abandon de l’armée » (francique herisliz) comme attentatoire à la majesté de l’empereur et/ou du peuple franc. Il serait plus exact de dire qu’AqdE restitue aux faits leur cohérence : ce texte ignore délibérément l’accusation de herisliz qui, comme Becher lui-même vient de l’établir3, fut inventée de toutes pièces par l’annaliste royal pour les besoins de sa cause—démontrer, « historiquement », que les grands doivent au roi une obéissance inconditionnelle, tout particulièrement en matière de service militaire—, et qui, de surcroît, introduit dans le récit du procès une redondance malvenue, avec inflation de témoins à charge et de chefs d’inculpation. D’autre part, le Capitulare Bononiense de 811, cité par Becher4 à la suite du Capitulare Italicum, nous avertit que la peine capitale qui frappe le déserteur y est justifiée par référence à l’antiqua constitutio, c’est-à-dire au droit romain, très certainement, plus précisément aux Sentences dites « de Paul » : composées vers 300, celles-ci furent incorporées trois siècles plus tard à la Lex Romana Wisigothorum ou Bréviaire d’Alaric et jouirent dès lors d’une bonne diffusion dans l’Occident du haut Moyen Âge. L’une de ces Sentences définit la notion de lèse-majesté en l’illustrant par une série de délits caractéristiques : l’intelligence avec l’ennemi figure au premier rang—tel est aussi le principal grief que l’on fera à Tassilon, et sur ce point toutes les sources s’accordent—, la désertion au dernier. En voici le texte5 : « Est justiciable de la lex Iulia maiestatis quiconque aura, par ses ressources ou ses conseils, contribué à ce que l’on prît les armes contre l’empereur ou l’État, ou que son armée fût attirée dans des embuscades ; quiconque aura fait la guerre sans ordre de l’empereur, aura levé des troupes, recruté ou débauché l’armée, déserté l’empereur. Auparavant, l’eau et le feu étaient interdits pour toujours à ces personnes ; maintenant, cependant, les plus humbles sont jetées aux fauves ou brûlées vives, tandis que les plus honorables subissent la peine capitale. Ce crime
1 Le texte présenté sous ce titre est celui de la note 131, p. 138, transféré ici en raison de sa longueur. 2 M. Becher, Eid, p. 66-67. 3 Id., ibid., p. 64-65. 4 Id., ibid., p. 67, n. 257. 5 Pauli Sententiae, 5.31.1 (Hänel, p. 440 ; Liebs, p. 237 [5.35.1]). À rapprocher de l’extrait des Institutions de Marcien, Digeste, 48.4.3.
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A n n e xe s
ne consiste pas seulement dans les faits, mais est considérablement exacerbé par les paroles impies ou injurieuses. » Lege Iulia maiestatis tenetur is, cuius ope, consilio adversus imperatorem vel rem publicam arma mota sunt exercitusve eius in insidias deductus est quive iniussu imperatoris bellum gesserit dilectumve habuerit, exercitum comparaverit, sollicitaverit, deseruerit imperatorem. His antea in perpetuum aqua et igni interdicebatur ; nunc vero humiliores bestiis obiciuntur vel vivi exuruntur, honestiores capite puniuntur. Quod crimen non solum facto, sed et verbis impiis ac maledictis maxime exacerbatur. AqdE, ao 788, s’est visiblement inspiré de cet article en un endroit au moins : après s’être étendu sur le crime de Tassilon—il aurait incité « les Huns », c’est-à-dire les Avars, à faire la guerre aux Francs—il ajoute qu’« on lui reprocha bien d’autres choses encore, des paroles et des actions, qui ne pouvaient être accomplies ou proférées que par un ennemi en colère » (Obiciebantur ei et alia conplura et dicta et facta, quae non nisi ab inimico et irato vel fieri vel proferri poterant6). On reconnaîtra sans peine la dernière phrase de la Sentence. Peut-être, comme Becher l’affirme à la suite de plusieurs historiens du droit7, les sources franques antérieures au couronnement impérial de Charlemagne ignorent-elles le délit de lèse-majesté. Si c’est exact—pour le mot et pour la chose—, il faudrait en conclure que la théorie, qui leur était connue depuis longtemps par les Sentences, n’aurait été activée par les Francs qu’une fois l’empire restauré. Cette manière de voir présuppose, à tort, que la majesté lésée est celle de l’empereur : à Rome, en tout cas (comme, peut-être, à Byzance, pour peu que l’on accepte la thèse de Kaldellis8, qui soutient que l’idée républicaine de souveraineté populaire y perdura jusqu’en plein Moyen Âge), c’est d’abord celle du peuple de citoyens, à laquelle, avec l’avènement d’Auguste, celle de l’empereur vient s’ajouter9. Chez les auteurs romains, maiestas est souvent synonyme d’abus de pouvoir : les mauvais empereurs multiplient les procès de cette espèce afin d’élaguer les rangs de l’opposition—celle des sénateurs en particulier. Le mot s’était donc transmis nanti d’une forte valeur symbolique, essentiellement négative : aussi comprend-on sans peine qu’il ait mis un certain temps avant de refaire surface sous les premiers Carolingiens (avec la même nuance ou non, la question n’a guère été posée). Pour autant, la réalité politique, sans être immuable, conservait d’âge en âge des traits d’une grande constance : le pouvoir suprême était l’enjeu de luttes sans cesse renouvelées, les princes qui s’estimaient les égaux des rois avaient pris le relais des sénateurs d’antan et ourdissaient des complots de même
6 AqdE, ao 788 (Pertz et Kurze, p. 81). 7 M. Becher, op. cit., p. 66, n. 255. 8 A. Kaldellis, Byzantine Republic. 9 C. Williamson, « Chapter 26. Crimes Against the State », dans : P. J. Du Plessis, C. Ando et K. Tuori (éd.), The Oxford Handbook of Roman Law and Society, Oxford, 2016, p. 333-344, passim. Historique de la notion jusqu’à la fin de l’Antiquité : M. Avenarius, « Maiestas (crimen maiestatis) », dans RAC, XXIII, 2010, col. 1135-1156 ; C. Williamson, op. cit. Exemples de procès à Byzance à la fin du vie siècle : I. Shahîd, Byzantium and the Arabs in the Sixth Century. I. Part 1 : Political and Military History, Washington, D.C., 1995, p. 535-553.
anne xe 4
acabit. Bien plus, les accusations portées contre un Wulfoald, sous Pépin10, ou un Tassilon, sous Charlemagne, et les peines auxquelles on les condamna (la mort, commuée en réclusion à vie, et la confiscation des biens, notamment) sont celles qui caractérisent déjà, dans l’Antiquité, les procès de lèse-majesté11. Glânés au fil de lectures sans rapport direct avec le sujet du présent mémoire, les deux textes qui suivent ont semblé trop pertinents pour n’être pas cités ici. Le premier est extrait d’une longue lettre d’Hilduin à Louis le Pieux concernant saint Denis, patron du monastère dont l’auteur était abbé. Rédigée en 834 × 83512, elle a pour arrière-plan les graves troubles des années précédentes, auxquels Hilduin n’avait pas été étranger et qui avaient brièvement privé l’empereur de son trône—il l’avait recouvré à Saint-Denis, à l’issue de sa détention en ce même lieu. L’exécution de Denis et de ses compagnons, évoquée au chapitre 16 et dernier, donne lieu à la digression que voici13 : « […] c’était une ancienne coutume romaine que, si quelqu’un parmi les plus nobles était reconnu coupable de trahison pour avoir abandonné en faveur d’autrui le service armé et la défense de la république, ou pour avoir osé agir de quelque façon contre la volonté du sénat ou parler contre ses décrets, il mourrait en public d’une mort infâmante, battu de verges et décapité à la hache. Ainsi, en la cent-onzième olympiade, “Manlius Torquatus, consul romain, frappa son fils d’une hache après qu’on l’eût battu de verges, malgré qu’il eût remporté une victoire, parce qu’il avait combattu l’ennemi contre les ordres de son père.” » […] antiquitus morem fuisse Romanum, ut quisquis nobilissimorum reus maiestatis a militia et defensione reipublicae alio se conferens, contra senatus uotum agere uel aliter quam se sententia haberet docere quoquo modo praesumpsisset, securi ignominiose flagellis publice caesus cum omni dedecore interiret. Vnde et centesima undecima olimpiade ‘Romanorum consul Manlius Torquatus filium suum, licet uictorem, quod contra imperium hostes pugnauerit, uirgis caesum securi percussit.’ Le deuxième passage, beaucoup plus tardif, provient du Gesta Danorum de Saxo Grammaticus14 : « Entretemps, Oluf, le fils de Harald [Kesja, † 1135], rentrant chez lui de Norvège, exigea les biens de son père comme son héritage, car ils avaient été saisis par son oncle pendant les guerres civiles. Erik [III Lam, roi du Danemark, † 1146] opposa
10 Voir A. J. Stoclet, Autour de Fulrad de Saint-Denis, Genève et Paris, 1993 (École Pratique des Hautes Études. Sciences historiques et philologiques. V. Hautes études médiévales et modernes, 72), p. 60-69. 11 Voir C. Williamson, op. cit., passim. 12 M. Lapidge, Hilduin of Saint-Denis. The Passio S. Dionysii in Prose and Verse, Leiden et Boston, 2017 (Mittellateinische Studien und Texte, 51), p. 62. 13 Texte : Id., ibid., 200-221, spéc. p. 218 et 220. Traduction : p. 219 et 221, ici retouchée. Commentaire : p. 468, n. 80 et 81, où la chronique d’Eusèbe-Jérôme est identifiée comme étant la source de l’histoire de Manlius Torquatus. 14 Saxo Grammaticus, Gesta Danorum, 14.2.5 (Friis-Jensen et Fisher, p. 986 [texte] et 987 [trad.] ; date : voir supra, p. 216).
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A n n e xe s
à sa demande l’antique loi [lit. « la loi de l’Antiquité »] selon laquelle ceux qui avaient trahi leur patrie étaient punis de la confiscation de leurs biens. Le père d’Oluf s’était exposé à la peine décrétée par ce statut en recrutant des troupes étrangères contre sa patrie. » Interea Olauus Haraldi filius Noruagia reuersus patrimonium suum inter bella ciuilia a patruo occupatum hereditatis titulo reposcit. Cuius petitioni Ericus illam antiquitatis legem opposuit, qua reis patrie bonorum poena decernitur. Patrem siquidem eius peregrino milite aduersum patriam usum decretam hac lege sententiam incurrisse. La lex antiquitatis de Saxo n’est pas sans rappeler l’antiqua constitutio des capitulaires carolingiens cités plus haut.
Annexe 5
Orléans, castrum Gordinis, Mesves, Nevers, Digoin et le fleuve—la frontière ligérienne à l’époque du roi Pépin
Comparée à celle de la Francie ripuaire autour de Cologne, qui répond avec une intensité nouvelle à une agression saxonne ancienne et obstinée1, l’hypothétique militarisation de la rive droite de la Loire ne fut probablement que de courte durée : une soixantaine d’années pendant lesquelles les Carolingiens eurent à lutter contre les velléités centrifuges de trois ou quatre générations de ducs d’Aquitaine (d’Eudes, sous Charles Martel, à Hunald, sous Charlemagne) et contre un péril sarrasin à son apogée (bataille de « Poitiers », 7322). Des mesures aussi éphémères auront-elles laissé des traces exploitables par l’historien ? Rien n’est moins sûr. Les témoignages textuels sont décevants dans la mesure où ils n’attestent pas, comme en Francie ripuaire, une reconfiguration ciblée des relais locaux du pouvoir—il serait plus juste de dire que la documentation sur ces relais est pratiquement inexistante, de sorte que les ajustements plus ou moins passagers qu’on a pu leur imprimer nous échappent a fortiori. Quant aux indices matériels—présence militaire accrue, construction ou renforcement des ponts et ouvrages défensifs, etc., etc.—, n’ayant pas fait l’objet d’une recherche archéologique spécifique, on ne les repérera peut-être qu’au prix d’un dépouillement de grande envergure dont on ne livre ci-dessous qu’une très modeste ébauche. La « frontière ligérienne » ici étudiée décrit un arc irrégulier autour de Bourges, depuis Orléans, au nord, jusqu’à Digoin, au sud-est. C’est ce secteur exclusivement qui retient l’attention de Nibelung … et pour cause : sa famille est d’Autun, il est donc aux premières loges. Les effets de cette proximité sur la qualité de son témoignage ne sont pas nécessairement positifs : elle a pu engendrer une certaine myopie, une tendance à occulter ou ignorer une partie des opérations, plus éloignées de son perchoir.
1. Orléans 1.1.
Les textes
CF, 10, a° 721 (Krusch, 174:17) : Charles Martel poursuit Eudes, duc d’Aquitaine, traverse la Seine à Paris, parvient jusqu’à O. (ce détail ne se trouve pas dans la source 1 Voir supra p. 145-146. 2 Voir par ex. Vita Eucherii episcopi Aurelianensis, 8, éd. W. Levison, MGH SS rer. Merov., 7, Hanovre 1920, p. 41-53, p. 50, l. 5-6 : après sa grande victoire, Charles Martel repasse la Loire à Orléans.
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A n n e xe s
de ce passage, LHF, 53, voir infra, § 6). Son adversaire lui échappe et, avec lui, le roi Chilpéric et le trésor royal. CF, 25, ao 742 (Krusch, 180:6) : Carloman et Pépin traversent la Loire à O. à la tête d’une armée pour mater la rébellion du duc Hunald, fils d’Eudes. Ils s’avancent jusqu’à Bourges, en incendient la banlieue (suburbana), détruisent le castrum de Loches et s’en retournent. CF, 48, ao 766 (Krusch, 190:15) : Pépin arrive à O. à la tête de « toute l’armée des Francs et des autres peuples de son royaume » (exceptionnellement, Nibelung ne dit pas d’où il vient3). Y tient un Champ de Mai puis traverse la Loire (Aginnum, Périgord, Angoulême, nommément cités). CF, 51, ao 768 (Krusch, 191:20) : Bertrad se rend [de Bourges] à Orléans, s’embarque sur la Loire à destination de Champtoceaux (Sellus castrum), où Pépin la rejoindra un peu plus tard. 1.2. L’archéologie
« Orléans », nous dit-on, « s’est montrée pionnière pour la redécouverte [du Haut Moyen Âge] », non seulement en ville, par l’exhumation récente de nombreux vestiges du bâti monumental, mais aussi en milieu rural4. Malheureusement, « une très faible part des données ainsi recueillies est à ce jour publiée5 ». On regrettera, en particulier, que les sept volumes du Document Final de Synthèse relatif au site de la Charpenterie et à son palais mérovingien ne soient consultables qu’au siège du Service Régional de l’Archéologie du Centre6 : peut-être y trouverait-on des éléments susceptibles d’alimenter la réflexion présente—les rares et brefs articles issus de ce D.F.S. n’en contiennent guère7. On admet plus ou moins implicitement que le rempart du ive siècle8 et le pont romain existaient encore sous Pépin ou peu avant9.
3 De même au c. 37, où il est également question des « autres peuples de son royaume ». 4 H. Girard, « À Orléans, quinze ans de fouilles archéologiques ont modifié la vision de l’histoire urbaine », dans La gazette des communes, 4 juin 2014. Pour cet article, publié à l’occasion de l’exposition « Regards sur Orléans » au Musée des Beaux Arts, l’auteur a interviewé Thierry Massart, adjoint scientifique et technique (ATS) à la direction interrégionale Centre-Île-de-France de l’INRAP et membre du comité de pilotage de l’exposition, ainsi que Sébastien Jesset, responsable du service archéologique municipal. 5 P. Joyeux et D. Canny, « Orléans (Loiret). État des connaissances : 2014 », dans : Chr. Cribellier (éd.), Agglomérations secondaires antiques en Région Centre-Val de Loire, III, s. l., 2016 (Revue archéologique du centre de la France. Suppléments, 63), p. 447-460, p. 449. Cette remarque, formulée à propos des fouilles intéressant l’Antiquité, vaut également pour celles qui se rapportent à la période suivante. 6 Références dans P. Joyeux (éd.), Regards sur Orléans. Archéologie et histoire de la ville, Orléans, 2014, p. 133. 7 Par exemple Th. Massat et O. Ruffier, « D’autres édifices : les lieux du pouvoir, images du changement », dans : P. Joyeux (éd.), Regards sur Orléans, chapitre « La renaissance urbaine (vie- xe siècle). La ville du haut Moyen Âge », p. 75-78. 8 Deuxième moitié, selon J. Courtois et C. Alix, « L’enceinte urbaine antique », dans : P. Joyeux (éd.), Regards sur Orléans, p. 61-62, p. 62 ; fin, selon P. Joyeux et D. Canny, Orléans, p. 455. 9 Rempart : P. Joyeux (éd.), Regards sur Orléans, passim, spéc. p. 61-62 (restitution du plan basée en partie sur des sources médiévales), 63 (visibilité actuelle ou récente de plusieurs segments) et 74-75 (Fig. 6-4 « Évocation du bâtiment place Sainte-Croix et de son environnement au viiie siècle » et commentaire). Pont : P. Joyeux et D. Canny, op. cit., p. 455-456 (les alignements de pieux de bois, restes supposés de l’ouvrage, datés par « la présence d’un scramasaxe du viie siècle fiché dans [l’un d’eux] »).
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« Les fouilles préventives récentes » à Marigny-les-Usages au nord-est et à faible distance d’Orléans, ainsi qu’à Chilleurs-aux-Bois, un peu plus loin dans la même direction, « ont permis […] de constater la vitalité, au Bas-Empire et durant la transition Antiquité tardive-haut Moyen Âge », « de l’axe Orléans-Reims », important aux plans stratégique et commercial. On notera la présence, à Marigny, à la fin du ive siècle, d’« agents de l’État », des militaires d’« origine probablement germanique » ; et, à Chilleurs, « dans le bourg même », celle « d’une nécropole mérovingienne datée des viie et viiie siècles »10. Sur Reims comme pourvoyeur hypothétique d’une majorité des contingents déployés par Pépin en Aquitaine, voir texte p. 136.
2. Gordon (Castrum Gordinis) près Sancerre, Saint-Satur 2.1.
Les textes
CF, 49, ao 767 (Krusch, 190:26) : accompagné de Bertrad, Pépin gagne la Loire par le Troiesin et la ville d’Auxerre ; il franchit le fleuve à C. G. à la tête de « toute l’armée des Francs » pour se rendre à Bourges, où il tient un Champ de Mai et se fait construire un palais. À cette date, il est maître de la rive gauche, sur laquelle se trouve C. G., alors qu’Orléans, Mesves, Nevers et Digoin sont sur la rive opposée. 2.2. L’archéologie
« Sur tout le cours de la Loire (soit 1020 km !) et pour les quatre siècles correspondant à la période gallo-romaine, seuls onze ponts romains sont aujourd’hui [2012] connus » dont deux à Saint-Satur11.
3. Mesves 3.1.
Les textes
CF, 41, ao 760 (Krusch, 186:22) : Waïfre ayant refusé de prendre relativement aux biens des Églises septentrionales les mesures demandées par Pépin, celui-ci mobilise
10 L. Fournier, « Chilleurs-aux-Bois (Loiret). État des connaissances : 2013 », dans : Chr. Cribellier (éd.), Agglomérations secondaires antiques, p. 409-414, p. 413 et 414 ; Id., « Marigny-les-Usages (Loiret). État des connaissances : 2010 », ibid., p. 429-434, p. 433 et 434. 11 A. Dumont, « Les ponts de la Loire à l’époque gallo-romaine », dans : J.-P. Bois (éd.), La Loire, la guerre et les hommes. Histoire géopolitique et militaire d’un fleuve. Actes du colloque tenu au Musée du Génie, Angers, 22 mars 2012, Rennes, 2013 (Centre de recherches en histoire internationale et atlantique, Universités de Nantes et de La Rochelle. Enquêtes et documents, 46), p. 43-61, p. 46. Chr. Bryant-Villerio, « Saint-Satur (Cher) », dans : M.-É. Bellet et al. (éd.), Agglomérations secondaires antiques en Région Centre, I, Tours, 1999 (Revue archéologique du centre de la France. Suppléments, 17), p. 39-43, en ignore encore l’existence (CF, 49 est signalé, p. 39, 1ere section, § 2, parmi les « Mentions médiévales »).
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une armée, s’avance par le Troiesin et la ville d’Auxerre jusqu’à M. (ad Masua vico), où il traverse la Loire pour une expédition punitive en Berry et en Auvergne. 3.2.
L’archéologie et l’épigraphie
À l’époque gallo-romaine, « la Loire pouvait [y] être traversée à gué12 ». Ses habitants étaient déjà qualifiés de vicani13.
4. Nevers 4.1.
Les textes
CF, 42, ao 761 (Krusch, 187:13) : Arrivant de Troyes et d’Auxerre à la tête du gros de l’armée, Pépin est rejoint à N. par « tous les Francs » et traverse la Loire. Il s’empare de Bourbon-L’Archambault et de Clermont, puis s’en revient. CF, 47, ao 763 (Krusch, 189:20) : Arrivant à N. depuis Troyes et Auxerre à la tête de « toute l’armée des Francs », Pépin y tient un Champ de Mai puis traverse la Loire pour une campagne qui le mènera à Limoges et Yssandon (Corrèze). 4.2.
L’enceinte, la voie d’Auxerre
« N. possède une enceinte au ixe siècle, mais on en ignore l’ancienneté ; ses restes sont difficilement datables. Comme le note déjà J.-B. Massillon-Rouvet, les murs considérés comme des restes de cette enceinte ne présentent aucun élément de maçonnerie attribuable à l’Antiquité et on n’y voit pas de remplois antiques14. » C’est un acte de l’évêque Heriman, daté du 5 novembre 849 et confirmé par Charles le Chauve le 24 mai 85015, qui apporte la preuve de son existence : le prélat fonde à N. un chapitre de 40 chanoines auquel il cède de nombreux biens-fonds, dont « un manse jouxtant le mur de la cité, avec une vigne, que nous avons acheté à Bernon » (juxta murum civitatis mansum cum vinea quem de Bernone comparavimus16). Des fouilles INRAP en cours à Coulanges-lès-Nevers (site de l’Ermitage) ont dégagé la voie carolingienne Auxerre-Nevers sur une centaine de mètres. Elle longe un village occupé de 500 à 1000 environ. La découverte, peu courante, d’un denier de Louis le Pieux et de deux autres monnaies d’argent carolingiennes souligne « l’importance des activités liées à la voie ». En revanche, à ce stade des travaux et
H. Bigeard, avec la collab. d’A. Bouthier, La Nièvre, Paris, 1996 (CAG, 58), p. 189, notice 164, § 3*. Iid., ibid., p. 192, notice 164, § 4*. Iid., ibid., p. 211, § 33*. Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France, éd. A. Giry, M. Prou et G. Tessier, Paris, 1941-1955 (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France publiés par les soins de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), 1:333-335, no 126. 16 Cartulaire de Saint-Cyr de Nevers, éd. R. de Lespinasse, Nevers et Paris, 1916 (Bulletin de la Société Nivernaise des Lettres, Sciences et Arts, 25, Annexe), no 3, p. 9, l. 2. 12 13 14 15
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d’après les brèves informations diffusées jusqu’ici17, la fonction militaire de celle-ci ne semble pas avoir laissé de traces matérielles interprétables comme telles. 4.3. Les pertes infligées par Waïfre
Par un diplôme de Louis le Pieux qui n’existe plus qu’à l’état de formulaire « banalisé », nous apprenons que son père, Charlemagne, avait expédié en faveur d’un évêque X un acte censé remplacer les titres consumés dans l’incendie dont la ville, son Église et ses monastères avaient été victimes « au temps de la rébellion d’un certain Waïfre, prince des Aquitains18 ». L’Église en question n’est autre, très certainement, que celle de Nevers19. Les archéologues ont retrouvé, voilà une dizaine d’années, les vestiges d’un « très grand bâtiment de 15 m de large, sur plus de 48 m de long … qui devait fermer le domaine abbatial [de Notre-Dame] au sud, le long du talus parallèle à la grève de Loire », qui « semble avoir été destiné plutôt à des laïcs » et qui « porte les traces d’un violent incendie qui a fait des dégâts considérables d’un bout à l’autre du site20. » Cette découverte confirme donc les sources écrites … si tant est que l’édifice datât « au plus tard, du siècle de Charlemagne21 », non « de la seconde moitié du ixe siècle22 ». Les violences infligées à Nevers le furent sans doute en 761, à l’occasion du raid destructeur de Waïfre en direction d’Autun et Chalon-sur-Saône (CF, 42), ou l’année suivante, lors de la « guerre des comtes » (CF, 45 [Krusch, 188:23-30]).
17 E. Fournié, “Coulanges-lès-Nevers. Un village au temps de Charlemagne”, dans : Archéologia, 582, décembre 2019, p. 17 (rubrique “Actualité des fouilles”) ; [A. Guicheteau], “Un village au temps de Charlemagne à Coulanges-lès-Nevers”, sur www.inrap.fr, publ. 16.x.2019, dern. mod. 13.xi.2019, consulté 13.ii.2020. 18 Formulae imperiales, 23, éd. K. Zeumer, Formulae, p. 285-328, p. 302-303. 19 Voir notam. DK2 F23 (Kölzer et al., p. 1191) ; S. Patt, Studien zu den ‘Formulae imperiales’. Urkundenkonzeption und Formulargebrauch in der Kanzlei Kaiser Ludwigs des Frommen (814-840), Wiesbaden, 2016 (MGH Studien und Texte, 59), p. 98, n. 149. H. Bigeard, La Nièvre, p. 212, § 36*, estime au contraire que ce document « peut concerner bien d’autres villes que Nevers ». Les arguments en faveur de Nevers semblent cependant décisifs : la formule qui précède celle-ci dans la collection dite « impériale » (Formulae imperiales, 22 [Zeumer, p. 302]) a conservé, elle, le nom de Nevers (Ionas, Navernensis ecclesie vocatus episcopus), et les confirmations ultérieures, notamment celle de Charles le Chauve (Recueil des actes de Charles II le Chauve, no2 [Giry, Prou et Tessier, p. 3-8]) font clairement écho à celle de Louis le Pieux (voir par ex. les remarques d’A. Giry et al., p. 5, n. 2, sur le dipl. de Charles le Chauve, et de Kölzer et al., p. 1123, l. 8-28, sur celui de Louis le Pieux). 20 B. Saint-Jean Vitus, « Nevers (Nièvre), 12 rue Saint-Genest : fouille d’une partie du domaine de l’ancienne abbaye Notre-Dame », dans Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre / BUCEMA [En ligne], 9, 2005, § § 6-9, d’où Anon., « 12, rue Saint-Genest [Nevers] », sur le site de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (www.inrap.fr), publ. le 10.vi.2009, dern. modif. le 10.v.2016. 21 Anon., ibid. Dans B. Saint-Jean Vitus, op. cit., titre des §§ 6-9, il est qualifié de « carolingien », sa « datation [étant] à préciser ». 22 B. Saint-Jean Vitus et F. Ravoire, Tranches de vie médiévale, rue Saint-Genest à Nevers (Nièvre), Dijon, 2008 (Archéologie en Bourgogne, 10), p. 4 ; le sinistre serait alors de « l’extrême fin du ixe ou [du] début du xe s. » (p. 5). Dans l’introduction de son compte-rendu de la table ronde sur les interprétations possibles de cet édifice, B. Saint-Jean Vitus, « “Palais des hôtes” ou bâtiments laïcs aux marges des abbayes, viiie-xe siècles. Comparaisons et évolutions des sites jusqu’aux xie-xiie siècles. À propos de la fouille du 12 rue Saint-Genest à Nevers », dans Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre / BUCEMA [En ligne], 11, 2007, § 1, l’estimait « sans ambiguïté du ixe siècle » et l’incendie du « début du xe siècle au plus tard ».
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5. Digoin CF, 47, ao 763 (Krusch, 190:6) : Pépin y repasse la Loire avec son armée après sa campagne victorieuse d’Aquitaine, puis se rend ad propriam sedem en passant par le pagus d’Autun. C’est la seule fois que le lieu de traversée au retour est mentionné.
6. La Loire 6.1.
Les textes
Pendant la plus grande partie de l’époque mérovingienne (Frédégaire, livre 4), la L. n’est mentionnée que comme limite politique lors des partages ou comme limite géographique, sans aspect militaire, presque jamais dans le contexte de conflits armés. De ce point de vue, le témoignage de l’Historia vel gesta Francorum est assez différent. CF, 2, v. 678, peu après l’assassinat de saint Léger (Krusch, 169:22-170:1) : ceux des Francs qui ont perdu la guerre civile se réfugient outre-L., auprès des Wascones, d’autres sont condamnés à l’exil et disparaissent à jamais. CF, 10 : voir supra, § 1.1. Le même épisode est rapporté dans LHF, 53 (Krusch, 327:25), mais avec la L. comme repère spatial, au lieu d’Orléans : Eudes se retire outre-L. avec Chilpéric et les trésors royaux, Charles Martel les poursuit mais « ne les trouve pas » (Carlus eum persecutus, non repperit, même expression que dans CF 49 [191:1], Pépin Waiofarium persequente non repperiret). CF, 13, ao 731 (Krusch, 175:9) et 15, ao 735 (Krusch, 175:27) : Charles Martel traverse la L., sans plus de précisions, d’abord pour punir Eudes, duc d’Aquitaine, d’avoir violé le traité qu’il lui avait imposé (a iure foederis recendente), ensuite, au lendemain de la mort du duc, pour s’emparer de Bordeaux et de Blaye. CF, 28, ao 745 (Krusch, 181:4) : Carloman et Pépin s’avancent jusqu’à la L. pour faire barrage aux Wascones. Cette démonstration de force amadoue l’ennemi, qui obtient toutefois que les Francs « se retirent (loin) de leurs frontières » (a finibus suis ut rediret) ou « se retirent sans franchir le fleuve23 ». CF, 45, ao 762 (Krusch, 188:27) : « guerre des comtes » sur trois fronts, Narbonne (CF, 44), la L. moyenne (super fluvium Legeris), et la basse L., du côté de Tours (CF, 45). Sur le deuxième front, Chilping, comte des Auvergnats au service de Waïfre, affronte Adalard, comte de Chalon-sur-Saône ainsi que le comte Australdus24. Son objectif : ravager le Lyonnais.
23 H. Hahn, Jahrbücher des fränkischen Reichs 741-752, Berlin, 1863 (Jahrbücher der Deutschen Geschichte, 3), p. 86. RIiOnl, no 49a, ignore ce détail. 24 Sur ces personnages, voir les notices de D. Isel, Prosopographie, s. vv. « athal hard », « austar wald » et « help-ng ». Il suppose identiques les deux comtes Australdus, celui du premier front et celui du deuxième (188:15 et 188:26) ; la prudence de B. Krusch, p. 188, n. 4, semble préférable.
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6.2. L’archéologie
L’archéologie en Loire25 n’a, jusqu’à présent, rien donné qui se puisse comparer aux prospections dans le lit de la Charente à Taillebourg26, par exemple.
25 A. de Saulce, V. Serna et A. Gallicé (éd.), Archéologies en Loire. Actualité de la recherche dans les régions Centre et Pays-de-la-Loire, Cordemais, 2007 (Æstuaria, cultures et développement durable. Collection Fleuves et archéologie) ; V. Serna (éd.), La Loire, dessus … dessous. Archéologie d’un fleuve, de l’âge du Bronze à nos jours, Dijon, 2010. 26 Annie Dumont et Jean-François Mariotti (éd.), Archéologie et histoire du fleuve Charente. Taillebourg – Port d’Envaux : une zone portuaire du haut Moyen Âge sur le fleuve Charente, Dijon, 2013 (Art, Archéologie & Patrimoine), spéc. « Conclusion », p. 273-286, p. 279 et 280 : « Les vestiges sont répartis sur plus d’un kilomètre de fleuve, et les structures conservées sont localisées sur des points de plus forte résistance, les seuils », au nombre de six. Le seuil no 3 « constitue le point le plus favorable pour un franchissement à gué. […]. La présence d’armes [en assez grand nombre] confirme […] le caractère stratégique de ce secteur, qui correspond à la portion de chenal la plus propice à l’installation d’une zone portuaire. »
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Annexe 6
Réunions et assemblées du règne de Pépin (751-768) autres que celles attestées par CF
– 751 (RIiOnl, no 64a) : Soissons, novembre. Élévation au trône. – 752 (RIiOnl, no 65) : DK1 1, palais de Verberie, 1er mars, jugement en faveur de Saint-Denis. Sept assesseurs sont nommés, dont le comte du palais, vel reliquis quam pluribus (3:33-34). – 753 – RIiOnl, no 73 : 8 juillet. DK1 6, s. l., jugement de Pépin en faveur de Saint-Denis. Quinze assesseurs sont nommés, dont le comte du palais. – RIiOnl, no 73e : D’après Paul Diacre, Gesta episc. Mett., cité par L. Oelsner Jahrbücher, p. 124, n. 2, Chrodegang de Metz aurait été désigné par Pépin et par « l’assemblée de tous les Francs » (omnique Francorum coetu) pour accompagner Étienne II dans son voyage au nord des Alpes. Chrodegang arriva à Rome peu avant le départ du pape, le 14 octobre (Liber Pontificalis, Vita Stephani II, 18 et 19). L’assemblée doit donc être antérieure de plusieurs semaines au moins à cette date. – 754 – RIiOnl, no 73i : Quierzy. Liber Pontificalis, Vita Stephani II, 29 : Rex congregans proceres regiae suae potestatis et eos tanti patris sancta ammonitione imbuens statuit cum eis, quae semel unacum papa decreverat perficere (« Réunissant les grands de sa puissance royale et les imprégnant de la sainte monition d’un tel père, il statua avec eux, ce que, de commun accord avec le pape, il avait décrété d’accomplir »). RIiOnl en font une « assemblée du royaume » (« Reichsversammlung »), à tort, semble-t-il, car elle n’est composée que de proceres. Sur son rapport avec celle de Berny-Rivière, voir R.Davis, dans : The Lives of the Eighth-Century Popes (Liber Pontificalis), trad. et comm. Id., Liverpool, 22007 (TTH, 13), p. 63-64, n. 67. ARF ne mentionne ni Quierzy ni Berny ; AqdE ne mentionne que Quierzy. AMp évoque explicitement un engagement solennel de Pépin, de ses fils et des optimates Francorum (45:7-12)—ce que ne font ni ARF ni AqdE—, sans toutefois nommer Quierzy ; et achève le long récit de la visite d’Étienne II (44:17-46:2) par l’assemblée de Berny (46:3-5), immédiatement suivie du départ des armées pour l’Italie. – RIiOnl, no 76a : Saint-Denis, 28 juillet. Sacre de Pépin et famille.
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– 755 – RIiOnl, no 76i : Champ de Mars > Mai, selon AL et dérivés (Pokorny, p. 38), entre les deux campagnes d’Italie. – RIiOnl, no77 : 11 juillet, concile de Ver-sur-Launette. Assemblée de « presque tous les évêques des Gaules » (Concilium Vernense [Boretius, 33:25] : […] rex Pippinus universos paene Galliarum episcopos adgregari fecit ad concilium Vernus palatio publico). – 756 : – 757 (RIiOnl, no 84a) : Compiègne. ARF, AMp : placitum suum. AqdE : populi sui generalem conventum. « L’assemblée du royaume (placitum suum) est sans doute identique au Champ de Mai » (« Die reichsversammlung [placitum suum] wohl identisch mit dem maifeld »). Probablement mixte ou double. Les dignitaires ecclésiastiques réunis en concile souscrivent le privilège de Chrodegang pour Gorze, RIiOnl, no 85a, daté du 23 mai. Les émissaires du pape sont présents et approuvent explicitement plusieurs des articles du capitulaire RIiOnl, no 85. Tassilon aurait été présent (RIiOnl, no 84), mais les détails le concernant sont ceux que M. Becher, Eid, conteste. – 758 : – 759 (RIiOnl, no 89) : Compiègne, 30 octobre. DK1 12, jugement de Pépin en faveur de Saint-Denis. Sept assesseurs sont nommés, dont le comte du palais, vel reliquis quam plures (18:11-12). – 760 (RIiOnl, no 92a) : Pépin tient un conseil de guerre avec les Francs et décide avec eux une offensive contre Waïfre pour obtenir satisfaction au sujet des biens d’église : consilium fecit cum Francis, ut iter ageret supradictas iustitias quaerendo in Aquitania (ARF, ao 760, p. 18, d’où AMp, ao 760 [50:19]). CF et AqdE évoquent une ambassade de Pépin à Waïfre qui revient bredouille et c’est cet échec qui provoque la décision de Pépin de partir en guerre. Sans doute ces différences sont-elles le fait d’un choix opéré par les historiographes ; autrement dit, ces informations ne s’excluent pas nécessairement l’une l’autre. Sur la traduction de consilium par « conseil de guerre », voir texte, p. 147-148, n. 171. – 761 : – 762 – RIiOnl, no 95 : Trisgodros villa publica, 13 août. DK1 16, en faveur de Prüm, est souscrit par 9 évêques et 12 comtes. Sur Trisgodros, l’itinéraire de Pépin et l’assemblée, qui n’est pas mentionnée par ailleurs, voir M. Pitz et R. Puhl, « Trisgodros = Triguères (Loiret) ? Pour une nouvelle localisation d’une villa publica énigmatique mentionnée dans une charte de Pépin le Bref », dans Nouvelle revue d’onomastique, 49, 2008, p. 55-81, ainsi que D. Isel, Prosopograhie, notice « Guntbertus 2D », n. 19. Sur la liste de témoins : B. Isphording, Prüm, p. 122-126, qui pense que certaines signatures ont pu être rajoutées peu après l’instrumentation (ce qui aurait évidemment des conséquences sur la notion d’assemblée et/ou sur sa taille). – RIplusOnl, Regg. EB Mainz 1 [n. 148] : Synode d’Attigny. Les actes sont perdus (L. Oelsner, Jahrbücher, p. 358 et n. 9), seule nous est parvenue l’association de prières souscrite par 22 évêques, 5 abbés-évêques et 17 abbés (Concilium
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Attiniacense, éd. A. Werminghoff, Concilia, no 13, p. 72-73). Rien, dans ce texte, n’indique la présence du roi ou celle des grands laïcs (L. Oelsner, op. cit., p. 475 ; contra : B. Isphording, op. cit., p. 104-105, mais ses arguments n’ont rien de péremptoire—sur la fréquence des synodes, par ex., voir A. J. Stoclet, Anti-Lesne). – 763 : – 764 – RIiOnl, no 98d : Worms. « Reichsversammlung (maifeld) » (ARF, AqdE, AMp : placitum suum, populi sui generalem conventum, conventum Francorum ; Ann. s. Amandi, Petaviani, ao 763). – RIiOnl, no 99a : Quierzy. Conventum magnum cum Francis (AL et dérivés [Pokorny, p. 40] ; AN, même énoncé [Lendi, p. 155], mais pas AG ni Ann. Alaman. ; Ann. Petav., même énoncé). Il s’agit très probablement d’une erreur résultant d’une combinaison de 98d (assemblée de Worms) et 99b (Noël à Quierzy), peut-être aussi 100a (Pâques à Quierzy). – 765 (RIiOnl, no 100b) : Attigny. « Reichsversammlung » (ARF, AMp : placitum suum, conventum) ; « maifeld » (AqdE : generalem populi sui conventum, d’où, probablement, Wandalbert, Mirac. s. Goaris, comp. 839 [A. J. Stoclet, Fils du Martel, p. 133, n. 190], même énoncé, signalé no 100c). D’après RIiOnl, donc, seule l’assemblée signalée par AqdE mérite le nom de « maifeld », en vertu, sans doute, de la façon dont l’annaliste la désigne. Cette équivalence n’est pas proposée ailleurs, par ex. 98d, supra. – 766 : – 767 (RIiOnl, no 104f) : Gentilly. Assemblée : habuit […] in supradicta villa synodum magnum inter Romanos et Graecos (ARF) ; conventu in Gentiliaco villa congregato synodum […] habuit (AqdE) ; sinodum in Salmuntiaco (AMp). La notice renvoie égalem. à Codex Carolinus, 36 et 37. Liste plus complète des échos supposés de Gentilly dans le Codex Carolinus : MGH Epp. 3, p. 722, l. 44-46, parmi les Addenda et emendanda. Les passages les plus significatifs sont en effet aux nos 36 et 37, de Paul Ier à Pépin : […] ea, quae praelati nostri missi cum imperialibus missis de observatione fidei orthodoxe et pia patrum traditione in vestri praesentia disputantes altercati sunt, […] (545:1-2) ; Direxit itaque nobis excellentiae vestrae christianitas, significans de missis nostris vestrisque atque Grecorum, qui a regia urbe reversi sunt, eos aput vos esse detentos, interim quod, aggregatis vestris sacerdotibus atque obtimatibus, conicere seu perpetrare valeatis, quid de his, quae vobis directa sunt, respondendum sit (549:1-4). Gentilly s’étant tenu en début d’année (p. 722, l. 45), les deux lettres doivent dater de la fin des fourchettes proposées p. 544 (764-766, après mai) et p. 547 (fin 764 à fin 766)1. – 768 (RIiOnl, no 105). Aquitaine. Assemblée attestée par l’incipit du capitulaire de Pépin pour l’Aquitaine. Voir texte, p. 148.
1 Kehr, cité par A. Th. Hack, Codex Carolinus, p. 1076, propose 766 et fin 765, respectivement, et McCormick, ibid., mars 767 - 28 juin 767 et fin 766.
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Annexe 7
a. L’assemblée de Paderborn, 785, et ses préparatifs (textes1)
ARF
dcclxxxiiii […] in Wormatiam civitatem […] inito consilio cum Francis, ut iterum hieme tempore iter fecisset supradictus domnus rex in Saxoniam ; quod ita et factum est. Et celebravit natalem Domini iuxta Skidrioburg in pago Waizzagawi super fluvium Ambra in villa Liuhidi. Et immutavit se numerus annorum in dcclxxxv. Tunc domnus rex Carolus supradictum iter peragens usque ad Rimee pervenit super fluvium Wisora, ubi confluit Waharna. Et propter nimiam inundationes aquarum inde reversus est Eresburgum ; uxorem suam domnam Fastradanem reginam una cum filiis et filiabus suis ad se venire iussit. Ibi tota hieme residens et ibi pascha iam fatus excellentissimus rex celebravit. Et dum ibi resideret, multotiens scaras misit et per semetipsum iter peregit ; Saxones, qui rebelles fuerunt, depraedavit et castra cepit et loca eorum munita intervenit et vias mundavit, ut dum tempus congruum venisset [lacune]. Sinodum vero publicum tenuit ad Paderbrunnen ; et inde iter peragens vias apertas nemini contradicente per totam Saxoniam, quocumque voluit. « 784 […] [Charlemagne] prit conseil avec les Francs, à Worms, afin d’engager, à l’hiver, une nouvelle campagne en Saxe. Ainsi fut fait. Il célébra la nativité du Seigneur près du fort de Schieder, dans le Weissgau, sur l’Emmer, dans la villa de Lügde. Le nombre des années se changea en 785. Alors le roi Charles, poursuivant sa route, parvint à Rehme, au confluent de la Werne et de la Weser. À cause d’inondations de très grande ampleur, il revint à l’Eresburg (et) ordonna à sa femme, la reine Fastrad, de venir vers lui avec ses fils et ses filles. Le roi très excellent, déjà cité, passa là tout l’hiver et y fêta Pâques. Et tandis qu’il y résidait, il envoya fréquemment des escadrons et partit lui-même se battre ; les Saxons rebelles, il les dépouilla, il prit les forteresses, détruisita leurs places fortes et nettoya les routes, afin qu’en temps opportun [lacune]. Il tint un synode public à Paderborn et, de là, empruntant sans opposition les routes [qu’il avait] dégagées, il alla par toute la Saxe, où bon lui semblait. » a. corriger intervenit > interemit, de interimo, « enlever du milieu de, enlever, abolir, détruire, tuer ».
1 ARF (Pertz et Kurze, p. 68 et 70) ; AqdE (Pertz et Kurze, p. 69 et 71) ; et AMp (Simson, p. 72-73).
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AqdE
dcclxxxiiii […] Rex autem congregato iterum exercitu in Saxoniam profectus est celebratoque in castris natalicio Domini die super Ambram fluvium in pago Huettagoe iuxta castrum Saxonum, quod dicitur Skidroburg, ad locum vocabulo Rimi, in quo Wisura et Waharna confluunt, populabundus accessit. Cumque eum ulterius progredi tam hiemalis temporis asperitas quam aquarum inundatio prohiberet, Eresburgum castrum in hiberna concessit. dcclxxxv. Cum ibi hiemare decrevisset, accitis atque adductis ad se uxore ac liberis relictoque cum eis in eodem castro satis fido ac firmo praesidio ipse cum expedita manu ad Saxonum pagos vastandos ac villas diripiendas egressus inquietam satis hiemem ubique discurrendo et cuncta caedibus atque incendiis permiscendo tam per se ipsum quam per duces, quos miserat, Saxonibus reddidit. Cumque huiusmodi vastationibus per totum hiberni temporis spatium omnes fere Saxonum regiones ingenti clade adfecisset, transacta tamen hieme et advectis ex Francia commeatibus publicum populi sui conventum in loco, qui Padrabrunno vocatur, more solemni habuit. Ac peractis his, quae ad illius conventus rationem pertinebant, in pagum vocabulo Bardengoo proficiscitur […]. « 784 […] Ayant à nouveau réuni l’armée, le roi partit pour la Saxe. Après avoir célébré la nativité du Seigneur dans les cantonnements, sur l’Emmer, dans le Weissgau, près de la forteresse des Saxons qu’on appelle Skidroburg, il parvint en ravageant [tout sur son passage] à Rehme, au confluent de la Werne et de la Weser. Ne pouvant aller plus loin, tant à cause des rigueurs de l’hiver que de l’inondation des eaux, il se retira et prit ses quartiers d’hiver au château de l’Eresburg. 785. Ayant décidé d’y passer l’hiver, il y manda et y fit venir sa femme et ses enfants. Après avoir posté à leurs côtés dans ce même château une garde aussi fidèle que robuste, il s’en alla lui-même avec une petite troupe légèrement armée dévaster les campagnes et piller les domaines des Saxons, ne leur laissant guère de repos tant que dura l’hiver—il courait ici et là, bouleversant tout en personne par des massacres et des incendies, quand il n’envoyait pas des officiers (à sa place). Après avoir, par ces dévastations, fait subir un immense désastre à presque toutes les régions des Saxons tout au long de la saison d’hiver, une fois celle-ci écoulée, il fit venir le gros de l’armée [ou : « des vivres »] de Francie et tint une assemblée publique de son peuple à Paderborn, comme de coutume. Une fois accomplies les choses qui étaient de la compétence de cette assemblée, on partit pour le Bardengau. » AMp
Anno dominicae incarnationis dcclxxxiiii. […] In qua urbe [scil. Wormacia] consilio inito cum optimatibus suis, hiemali tempore iter in Saxoniam fecit, et celebravit natalem Domini iuxta castrum Scidrioburg in pago Waizzagauu super fluvium Ambra in villa Leuhidi. Anno dominicae incarnationis dcclxxxv. Ut prediximus, Carolus rex Saxoniam vastando circuit, castraque posuit super fluvium Wisera, ubi confluit amnis Waharna. Indeque pergens propter nimiam inundationem aquarum reversus
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est in castrum Herisburgum, uxoremque suam Fastradam reginam cum liberis suis ad se venire precepit. Ubi reliqua parte illius hiemalis temporis residens pascha celebravit. Sed dum in eodem castro resedisset, frequentissimis expeditionibus Saxones protrivit et firmitates eorum ac castella destruxit et vias exercitui suo preparavit. Aestatis vero sequentis tempore conventum Francorum habuit ad Patrebrunna. Inde itinere accepto per vias planas, nemine contradicente, totam Saxoniam peragravit. « L’an de l’incarnation du Seigneur 784. […]. Ayant pris conseil avec ses grands dans cette même ville [de Worms], il fit route pour la Saxe en hiver, et célébra la nativité du Seigneur près du fort de Schieder, dans le Weissgau, sur l’Emmer, dans la villa de Lügde. L’an de l’incarnation du Seigneur 785. Comme nous l’avons dit, le roi Charles parcourut la Saxe en ravageant [tout sur son passage] et dressa son camp sur la Weser, au confluent avec la Werne. De là, il revint au château de l’Eresburg, à cause des inondations de grande ampleur, et ordonna à sa femme, la reine Fastrad, de venir vers lui avec ses enfants. C’est là qu’il résida pour le reste de l’hiver et qu’il célébra Pâques. Mais pendant qu’il résidait dans ce même château, il écrasa les Saxons par des expéditions fréquentes, il détruisit leurs fertés et châteaux et il prépara les routes pour son armée. Quand vint l’été, il tint une assemblée des Francs à Paderborn. Ensuite, marchant par des routes [qu’il avait] dégagées, sans que personne ne lui résiste, il parcourut toute la Saxe. »
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b. Velleius Paterculus et les récits de la campagne de 7852
Le témoignage d’ARF et AMp sur la campagne de Charlemagne en Saxe aux premiers mois de 785 n’est pas sans présenter quelque similitude avec l’Histoire romaine de Velleius Paterculus, 2.95, tandis que celui d’AqdE serait plutôt à rapprocher de deux autres passages de cette œuvre3 : Tibère et Drusus « divisant leurs forces, attaquèrent les Rhétiens et les Vindéliciens et, après avoir pris d’assaut de nombreuses villes et places fortes et combattu aussi avec succès en bataille rangée, ils finirent par soumettre des populations très bien défendues naturellement, difficiles d’accès, imposantes en nombre, farouches et sauvages, avec plus de dangers que de dommages pour l’armée romaine et en leur infligeant de lourdes et sanglantes pertes. » Quippe uterque, diuisis partibus, Raetos Vindelicosque adgressi, multis urbium et castellorum oppugnationibus nec non derecta quoque acie feliciter functi gentes locis tutissimas, aditu difficillimas, numero frequentes, feritate truces maiore cum periculo quam damno Romani exercitus, plurimo cum earum sanguine perdomuerunt. « Au début de l’été, Lépide fit sortir son armée de ses quartiers d’hiver, la faisant passer au milieu de populations encore indemnes, épargnées jusqu’ici par les désastres de la guerre et qui, pour cette raison, étaient farouches et fières, et se dirigea vers Tibère, son général ; aux prises avec les difficultés du terrain et les forces ennemies, il ravagea les récoltes en faisant un grand carnage de ceux qui lui résistaient, brûla les maisons, massacra les hommes et parvint à César tout joyeux de sa victoire et chargé de butin. » Un peu plus loin, l’ennemi est loué pour sa « science extraordinaire du combat » (mira etiam pugnandi scientia). Initio aestatis, Lepidus, educto hibernis exercitu, per gentes integras immunesque adhuc clade belli et eo feroces ac truces, tendens ad Tiberium imperatorem et cum difficultate locorum et cum ui hostium luctatus, magna cum clade obsistentium excisis agris, exustis aedificiis, caesis uiris, laetus uictoria praedaque onustus peruenit ad Caesarem. Arrivé en Germanie, Tibère « passe avec son armée sur l’autre rive du Rhin. Il lance en avant des forces que son père et sa patrie s’étaient satisfaits d’avoir
2 Voir supra, p. 150 et n. 193. 3 Velleius Paterculus, Histoire romaine, 2.95, 2.115 et 2.120, éd. J. Hellegouarc’h, Paris, 1982 (CUFSL, 257 et 258), p. 101, 121-122 et 127. On trouvera dans F. Bougard, Jugement, p. 266-267, de brèves indications sur la tradition carolingienne de Velleius.
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retenues, il pénètre plus à l’intérieur, ouvre des routes, dévaste les campagnes, incendie les maisons, disperse ceux qui résistent et revient dans ses quartiers d’hiver couvert d’une immense gloire, sans avoir perdu un seul de ceux à qui il avait fait franchir le fleuve. » […] ultro Rhenum cum exercitu transgreditur. Arma infert, quae arcuisse pater et patria contenti erant ; penetrat interius, aperit limites, uastat agros, urit domos, fundit obuios maximaque cum gloria, incolumi omnium quos transduxerat numero, in hiberna reuertitur. La différence, chez Velleius Paterculus, entre les dommages infligés par les Romains à leurs ennemis est susceptible de deux explications. D’abord, le degré de civilisation de l’adversaire, autrement dit son degré d’éloignement par rapport à l’Italie romaine : les Rhétiens et les Vindéliciens occupent une partie des Alpes septentrionales et des régions avoisinantes (Augsbourg), et ne sont donc séparés de la péninsule que par les montagnes. En revanche, les Germains en sont très éloignés : les « quartiers d’hiver » que Tibère regagne après son succès (fin septembre-début octobre 11 après J.-C.) se trouvent à Castra Vetera / Birten, « près de Xanten, sur les pentes du Fürstenberg, qui domine la rive gauche du Rhin, face à l’embouchure de la Lippe4 ». Lors d’une de ses précédentes campagnes5, Tibère était remonté jusqu’aux sources de cette rivière. Ces passages ne pouvaient manquer d’attirer l’attention de nos annalistes carolingiens, occupés qu’ils étaient à peindre les guerres que Charlemagne—nouveau Tibère, en quelque sorte—livrait contre les Saxons dans ces mêmes contrées arrosées par la Lippe. La deuxième explication, d’ordre stratégique, opposerait terreur et conquête : obtenue par la destruction systématique de l’habitat et des ressources vivrières, celle-là viserait à démoraliser l’ennemi ou à en dissuader les incursions périodiques6, tandis que celle-ci ciblerait ses infrastructures défensives et ses centres névralgiques. Les deux méthodes sont attestées simultanément chez Julien de Tolède, à propos de la pacification du pays basque par Wamba7. L’espèce de tour victorieux auquel Charlemagne se livre selon AMp, surtout—Inde itinere accepto per vias planas, nemine contradicente, totam Saxoniam peragravit—, n’est pas sans analogie avec celui que Tibère effectua quelque huit siècles plus tôt8 : « […] après avoir parcouru en vainqueur toutes les régions de la Germanie sans que l’armée qui lui avait été confiée subît aucun dommage […], il la soumit si complètement qu’il la réduisit presque à l’état de province tributaire. […] peragratusque uictor omnes partes Germaniae sine ullo detrimento commissi exercitus […] sic perdomuit eam ut in formam paene stipendiariae redigeret prouinciae.
4 J. Hellegouarc’h, ibid., p. 267, n. 11. 5 Voir infra, 2.105-106. 6 Sur la notion de terreur, voir J. Hellegouarc’h, op. cit., p. 267, n. 10 ; A. R. Menéndez Argüín, « Strategy : Principate », dans ERA, p. 939-940, p. 939a. 7 Julien de Tolède, Historia Wambae regis, 10 (cité supra, p. 178, n. 63). 8 Velleius Paterculus, HR, 2.97 (Hellegouarc’h, p. 103). Date de ces événements : 8 et 7 av. J.-C.
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Ou encore9 : « Grands dieux ! quel ouvrage il faudrait pour raconter les actions que nous avons réalisées l’année suivante [5 apr. J.-C.] sous le commandement de Tibère César ! [Partant de leurs quartiers d’hiver établis aux sources de la Lippe, ad caput Lupiae fluminis hiberna digrediens princeps locauerat] nos armées parcoururent la Germanie tout entière, nous vainquîmes des nations dont le nom nous était presqu’inconnu […]. » Pro dii boni ! Quanti uoluminis opera insequenti aestate sub duce Tiberio Caesare gessimus ! Perlustrata armis tota Germania est, uictae gentes paene nominibus incognitae […]. avec ce commentaire de l’éditeur : « La conquête de peuples et de régions inconnus est un thème courant du panégyrique d’un chef militaire à Rome ; ce texte nous rappelle très précisément l’éloge célèbre de César par Cicéron, Prou. cons., 33 : quas regiones quasque gentes nullae nobis antea litterae, nulla uox, nulla fama notas fecerat, has noster imperator nosterque exercitus et populi Romani arma peragrarunt10. »
9 Id., ibid., 2.105-106 (Hellegouarc’h, p. 111). 10 Hellegouarc’h, op. cit., p. 248, n. 2.
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c. Extraits des Histoires de Quinte-Curce11
5.6.11-19 11Rex
arcem Persepolis tribus milibus Macedonum praesidio relictis Nicarchiden tueri iubet. […] ; magnaque exercitus parte et inpedimentis ibi relictis, Parmeniona Craterumque praeficit. 12Ipse cum mille equitibus peditumque expedita manu interiorem Persidis regionem sub ipsum Vergiliarum sidus petiit, multisque imbribus et prope intolerabili tempestate uexatus procedere tamen quo intenderat perseuerauit. 13Ventum erat ad iter perpetuis obsitum niuibus, quas frigoris uis gelu adstrinxerat ; locorumque squalor et solitudines inuiae fatigatum militem terrebant, humanarum rerum terminos se uidere credentem. Omnia uasta, atque sine ullo humani cultus uestigio attoniti intuebantur et, antequam lux quoque et caelum ipsos deficerent, reuerti iubebant. 14Rex castigare territos supersedit, ceterum ipse equo desiluit pedesque per niues et concretam glaciem ingredi coepit. Erubuerunt non sequi primum amici, deinde copiarum duces, ad ultimum milites. Primusque rex dolabra glaciem perfringens iter sibi fecit ; exemplum regis ceteri imitati sunt. 15Tandem propemodum inuias siluas emensi humani cultus rara uestigia et passim errantes pecorum greges repperere : et incolae, qui sparsis tuguriis habitabant, cum se callibus inuiis saeptos esse credidissent, ut conspexere hostium agmen, interfectis qui comitari fugientes non poterant, deuios montes et niuibus obsitos petiuerunt. 16Inde per colloquia captiuorum paulatim feritate mitigata tradidere se regi, nec in deditos grauius consultum. 17Vastatis inde agris Persidis uicisque conpluribus redactis in potestatem uentum est in Mardorum gentem bellicosam et multum a ceteris Persis cultu uitae abhorrentem. […] 19Sed hanc quoque gentem idem fortunae impetus domuit. Itaque tricesimo die postquam a Persepoli profectus erat, eodem redit. « Le roi confie la citadelle de Persépolis à Nicarchidès, et y laisse une garnison de trois mille Macédoniens. […] ; puis il laissa là une grande partie de l’armée et des bagages, avec Parménion et Cratère pour chefs. Quant à lui, avec mille cavaliers et de l’infanterie légère, il gagna la partie intérieure de la Perse, à l’époque même des Pléiades ; et, malgré le contre-temps de pluies fréquentes et d’une température presque insupportable, il continua sa marche vers le but fixé. On était arrivé à un chemin couvert de neiges éternelles que la rigueur du froid avait gelées et durcies ; la désolation du paysage, ces solitudes inaccessibles épouvantaient le soldat fatigué, qui croyait voir l’extrémité du monde. Partout où, dans leur stupeur, ils portaient leurs regards, c’était le
11 Quinte-Curce, Histoires, 5.6.11-19 (Bardon, p. 142-143 [texte et traduction]) ; 6.2.15-21 et 6.4.1 (Bardon, p. 169-170 et 174 [texte, traduction et notes]).
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désert, sans la moindre trace de civilisation ; ils exigeaient donc qu’on s’en retournât, avant que leur fissent défaut la lumière aussi et le ciel. Alexandre s’abstint de punir les troupes affolées ; mais il sauta de cheval, et, à pied, parmi les neiges et sur la glace compacte, il se mit à avancer. Ses amis rougirent les premiers de ne pas le suivre, puis ses officiers, et pour finir ses soldats. En tête, brisant la glace à coups de hache, le roi se fit un chemin ; tous les autres imitèrent son exemple. Enfin, après avoir parcouru des forêts à peu près impraticables, ils découvrirent de faibles traces de civilisation et des troupeaux errant çà et là : quand les indigènes, qui habitaient des cabanes dispersées, aperçurent l’armée ennemie, eux qui s’étaient crus défendus par ces sentiers impraticables, ils tuèrent ceux qui ne pouvaient les accompagner dans leur fuite, et gagnèrent les montagnes écartées, recouvertes de neige. Par la suite, des entretiens avec les prisonniers adoucirent peu à peu leur sauvagerie, et ils se rendirent au roi ; après leur capitulation, on ne leur fit aucun mal. Les Macédoniens dévastèrent ensuite les campagnes de Perse, s’emparèrent de beaucoup de bourgs, et pénétrèrent chez les Mardes, nation belliqueuse et dont le genre de vie n’a aucun rapport avec celui des autres Perses. […] Mais cette nation elle aussi succomba au bonheur fougueux d’Alexandre. De la sorte, trente jours après son départ de Persépolis, il y revient. » 6.2.15-21 et 6.4.1 15Vrbs
erat ea tempestate clara Hecatompylos, condita a Graecis : ibi statiua rex habuit commeatibus undique aduectis. Itaque rumor, otiosi militis uitium, sine auctore percrebuit, regem contentum rebus, quas gessisset, in Macedoniam protinus redire statuisse. Discurrunt lymphatis similes tabernacula et itineri sarcinas aptant : 16signum datum crederes ut uasa colligerent totis castris. Tumultus hinc contubernales suos requirentium, hinc onerantium plaustra perfertur ad regem. 17Fecerant fidem rumori temere uulgato Graeci milites redire iussi domos ; quorum equitibus singulis denarium sena milia cum dedisset, peditibus singula milia, ipsis quoque finem militiae adesse credebant. 18Haud secus quam par erat territus, qui Indos atque ultima Orientis peragrare statuisset, praefectos copiarum in praetorium contrahit, obortisque lacrimis ex medio gloriae spatio reuocari se uicti magis quam uictoris fortunam in patriam relaturum conquestus est ; 19nec sibi ignauiam militum obstare, sed deum inuidiam, qui fortissimis uiris subitum patriae desiderium admouissent, paulo post in eandem cum maiore laude famaque redituris. 20Tum uero pro se quisque operam suam offerre, difficillima quaeque poscere, polliceri militum quoque obsequium, si animos eorum leni et apta oratione permulcere uoluisset : 21numquam infractos et abiectos recessisse, quotiens ipsius alacritatem et tanti animi spiritus haurire potuissent. Ita se facturum esse respondit : illi modo uulgi aures praepararent sibi. Satisque omnibus quae in rem uidebantur esse conpositis, uocari ad contionem exercitum iussit, apud quem talem orationem habuit : « […] ». 6.4.1Summa militum alacritate iubentium quocumque uellet duceret, oratio excepta est.
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« En ce temps-là, il y avait une ville célèbre, Hécatompylos1, que les Grecs avaient fondée : Alexandre y installa son cantonnement, les approvisionnements lui étant amenés de partout. Aussi la rumeur—cet inconvénient de l’oisiveté des troupes—se répandit-elle (sans que rien l’autorisât) que le roi, satisfait de ce qu’il avait réalisé, avait décidé de rentrer immédiatement en Macédoine2. Les soldats, comme des fous, courent en tous sens vers les tentes ; ils préparent leurs paquets pour la route : on aurait dit que, dans le camp entier, on avait donné ordre de rassembler les bagages. Les uns recherchent leurs compagnons de tente, les autres chargent les voitures : le vacarme parvient au roi. On avait ajouté foi à cette rumeur, diffusée sans contrôle, parce que les soldats grecs avaient reçu l’ordre de rentrer chez eux ; comme il avait donné à chaque cavalier six mille deniers, et mille à chaque fantassin, les autres croyaient le moment de la démobilisation venu pour eux aussi3. Comme de juste, le roi fut effrayé, lui qui avait décidé de sillonner l’Inde et l’Extrême-Orient ; il réunit au prétoire les préfets des troupes, et, avec des larmes dans les yeux, il se plaignit de ce que, au milieu d’une carrière de gloire, on le rappelait en arrière : il ramènerait dans sa patrie un destin de vaincu plutôt que de vainqueur ; il ne se heurtait pas à la lâcheté des troupes, mais à la jalousie des dieux qui avaient suscité chez ces héros la nostalgie subite de la patrie : pourtant, ils ne tarderaient pas à y revenir, dans leur patrie, avec encore plus de gloire et de renommée. Alors, chaque officier individuellement lui promit son concours, s’offrit pour les missions les plus difficiles, engagea même l’obéissance des soldats, pourvu qu’il consentît à les flatter par des paroles douces et habiles : jamais ils n’étaient partis découragés et abattus quand ils avaient pu se pénétrer de son ardeur et du souffle de son héroïsme. Alexandre acquiesça à la demande : à eux de lui ménager l’attention de la troupe. Et, quand tout ce qui paraissait indiqué eût été arrangé, il fit convoquer l’armée en assemblée et lui tint ce discours : “[…]”. Ces paroles provoquèrent, de la part des soldats, le plus vif enthousiasme ; ils invitaient le roi à les mener où il voudrait. » « 1. La ville aux Cent Portes : nom donné par Séleucos Ier à une ville qui occupait l’emplacement de l’actuelle Schahrûd [Iran]. || 2. Le désaccord entre Alexandre et les vieilles troupes macédoniennes et alliées va s’accentuer, de plus en plus aigu jusqu’à la mort du roi. || 3. Licenciant ainsi ses alliés grecs, Alexandre prouvait qu’il considérait comme terminée la guerre de représailles panhellénique. »
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d. Memoratorium ou Instructions pour l’ambassade franque au pape Hadrien de l’an 785
– Référence : Paris, BNF, lat. 9008 – Fac-similés : J.-J. Champollion-Figeac, Fragment inédit de la fin du viiie siècle relatif à l’histoire de Charlemagne, Paris, 1836, hors-texte (lithographie, lisibilité parfaite) ; Gallica (identifiant ark:/12148/btv1b10549451d) (photographie couleur de très haute résolution, ro et vo [vierge]) ; ChLA xvii 655 (photographie noir et blanc pratiquement inutilisable), d’où Chartes originales (ci-dessous) – Éditions : J.-J. Champollion-Figeac, op. cit., p. 7-8 ; A. Boretius, Capitularia, no 111, p. 225 ; ChLA xvii 655, d’où Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France, http://www.cn-telma.fr/originaux/charte4512 (màj 29.iii.12) ; voir en outre A. Th. Hack, Codex Carolinus, p. 625-626 – Notice du ms. : H. Mordek, Bibliotheca, p. 403-404 – Indiqué : RIiOnl, no 268 – Bibliogr. : aux références recensées dans la notice de Gallica (http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc77192b), ajouter A. Th. Hack, op. cit., p. 625-635 ⁂ À l’excellent commentaire d’A. Th. Hack, op. cit., p. 625-635, on apportera ici quelques menus compléments. Les circonstances de la découverte de ce document exceptionnel n’ont donné lieu, de la part de son auteur, conservateur au Département des manuscrits de la Bibliothèque alors Royale, aujourd’hui Nationale, qu’à cette phrase d’un flou navrant : « Je l’ai recueilli servant de garde dans la vieille reliure d’un très-ancien manuscrit latin de la Bibliothèque du roi12 » !!!! Il serait évidemment téméraire de vouloir dresser une liste des « très-anciens manuscrits » qui passèrent entre ses mains pendant les vingt ans que dura son mandat (1828-1848). C’est alors, notamment, qu’eut lieu, sous l’impulsion de Guizot, le catalogage de 200.000 manuscrits entrés à la Bibliothèque pendant la Révolution13. Mais peut-être, plutôt qu’à une acquisition de cette époque ou antérieure, s’agissait-il d’une acquisition récente, ce qui s’accorderait mieux, sans doute, avec la psychologie de l’acte double découverte-publication. Or on sait que trois manuscrits du ixe siècle appartenant naguère à la cathédrale de Beauvais, furent achetés en
12 J.-J. Champollion-Figeac, op. cit., p. 22-23. 13 J.-F. Foucaud, « Jacques-Joseph Champollion-Figeac, Conservateur au Département des Manuscrits », dans Revue de la BNF, 37, 2011, p. 54-59, § 21. Même chiffre, en gros, chez Ch.-O. Carbonell, L’autre Champollion : Jacques-Joseph Champollion-Figeac (1778-1867), Toulouse, [1984] (Champollion et son temps, 3), p. 235, mais c’est de tout autre chose qu’il s’agit (voir p. 223-225).
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183414 : un Bréviaire d’Alaric (9652), un Pseudo-Clément (9517) et un recueil hagiographique en minuscule insulaire (10861). On écartera les deux premiers en raison de leur format (220 × 300 mm et 220 × 290, respectivement, alors que le Memoratorium mesure 170 × 240). De ce point de vue, le troisième15 convient parfaitement (184 × 252 mm). Mais il y a plus. Au dernier folio de ce recueil, une même main écrivant une minuscule caroline hésitante a rajouté plusieurs textes courts, essentiellement des dictons, dont un attribué à Alcuin et un autre à Grégoire le Grand, ainsi qu’une énigme (angl. mod. « riddle »)—un genre particulièrement apprécié outre-manche : Missus transmissus qui n(on) loquebat(ur) deferebat ep(isto)la[m] / quȩ n(on) legebatur, et sic intellexit homo in domo q(ui)d agebatur / in domo. Resolutio. Colu(m)ba a Noe ex ar[cha] dimissa / n(on) loquebatur, ep(isto)lam ferebat quȩ n(on) legeb[atu]r [1 mot court illisible] rediens / ad Noe ramu(m) olivȩ ei rostro detulit. [Ex hoc] intellex(it) / homo in domo q(u)id agebat(ur) in mundo. Sic Noe cernens / ramu(m) olivȩ in rostro [1 mot gratté] colu(m)be intellexit / q(uia) aque recessissent a terris. « Un messager qui ne parlait pas portait une lettre qu’on ne pouvait lire, et pourtant l’homme, dans sa demeure, comprit ce qui se passait au-dehors [corriger in domo > in mundo]. Solution : une colombe envoyée de l’arche par Noé ne parlait pas (et) portait une lettre qu’on ne pouvait lire : elle revint (en effet) vers Noé tenant dans son bec un rameau d’olivier. Ainsi l’homme, dans sa demeure, comprit-il ce qui se passait de par le monde. Ainsi Noé voyant le rameau d’olivier dans le bec de la colombe comprit-il que les eaux s’étaient retirées des terres. » Est-ce pure coïncidence que le thème de cette énigme corresponde si parfaitement à la substance du Memoratorium, qu’il soit principalement question, ici et là, de missus/ missi et d’epistola, ou bien ces textes se faisaient-ils face avant qu’un conservateur maladroit ne les séparât sans autre forme de procès ? Le Memoratorium, tel qu’il existe aujourd’hui ou tel qu’il existait au 19. ix.2017, date de sa mise en ligne sur Gallica, présente, en d’assez nombreux endroits, une surface très dégradée qui rend impossible toute lecture des mots ou parties de mots affectés. Pourtant, dans leur édition de 1984 pour les Chartae Latinae Antiquiores, Atsma et Vezin ne signalent aucune difficulté de cet ordre, ni dans leur description minutieuse de la condition matérielle du document, ni dans l’édition proprement
14 L. Delisle, Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale : étude sur la formation de ce dépôt comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, II, Paris, 1874 (Histoire générale de Paris), p. 293. 15 Sur ce ms, voir M. P. Brown, « Paris, Bibliothèque Nationale, lat. 10861 and the Scriptorium of Christ Church Canterbury », Anglo-Saxon England, 15, 1986, p. 119-137. Le dernier folio est brièvement décrit p. 121, n. 10 ; une seule des cinq pièces qui y figurent est identifiée et, de notre « énigme », ne sont guère cités que l’incipit et l’explicit. Le ms serait du début du ixe s. et prob. originaire de Christ Church, Canterbury (même si une origine continentale ne peut être absolument exclue, p. 137).
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dite, le point souscrit ou les crochets droits censés en alerter le lecteur n’étant utilisés qu’avec la plus grande parcimonie. La datation repose encore, principalement, sur les deux indices relevés dès la première édition : la mention de Fastrad (ligne 1), que Charlemagne épousa en 783 et qui mourut en 795 ; et celle de la Saxe, où Charlemagne peine à se procurer des présents dignes de son correspondant (lignes 15 et suivantes). Or les annales nous apprennent qu’à l’hiver 784-785, le roi fit venir son épouse et ses enfants (ceux de ses unions précédentes) auprès de lui, à l’Eresburg16, et il est fort probable qu’ils assistèrent à ses côtés à l’assemblée de Paderborn. Selon Pertz, le Memoratorium fut donc rédigé soit à l’Eresburg, soit à Paderborn, soit encore à l’endroit où Charlemagne négocia la paix avec les chefs saxons17. La paléographie conforte cette appréciation chronologique : l’écriture est une minuscule de chancellerie typique de l’époque, de facture très conservatrice, que l’on a rapprochée de celle du diplôme pour Hersfeld du 28 juillet 78218. On distingue en outre entre les mots audire et certus esse meruit, à la septième ligne, et gratias dominus noster, à la ligne suivante, un ou plusieurs mots très effacés (témoins, peut-être, d’un palimpseste19) en litterae elongatae, un style qui est l’apanage presqu’exclusif des services d’écritures royaux. Enfin, le vocabulaire fournit un dernier groupe d’arguments. En effet, l’adjectif decorabilis (ligne 5, decorabiles missos) qui n’appartient pas au répertoire classique, est des plus rares : la Vita Wandregiseli abbatis Fontanellensis, de la fin du viie siècle, s’en sert une fois20, puis deux autres textes plus jeunes d’un siècle environ, dont le Memoratorium, après
16 ARF, ao 785 (Pertz et Kurze, p. 68, 785:5-6) ; AqdE, ao 785 (Pertz et Kurze, p. 69, 785:1-3) ; AMp, ao 785 (Simson, 72:19-20). Voir A. Th. Hack, Codex Carolinus, p. 627 et 629. 17 G.-H. Pertz, dans son édition du Memoratorium : Karoli M. Capitulare legationis Romanae, MGH LL (in-fol.) 2, Hanovre, 1837, p. 549. 18 DK1 144 = ChLA xii 538, voir A. Th. Hack, op. cit., p. 625, n. 688, d’après D. Bullough. L’essentiel de cet acte aurait été écrit au monastère même par un scribe (« RC ») qui n’aurait pas laissé d’autre trace dans cette documentation (E. Mühlbacher et al., Urkunden, p. 196, l. 3-5, d’où A. Bruckner et R. Marichal, présentation de ChLA xii 538). Pour cette décennie, on ne possède guère, outre celui-ci, que huit originaux : DK1 130 (écrit par Rado), 131 (Giltbert), 136 (RB et Widolaicus), 139 (Widolaicus), 140 (Widolaicus), 147 (Wigbald) et 150 (Ercambald)—aucun, donc, entre le 9 octobre 783 et le 31 août 790. 19 On ne voit pas bien à quoi peut correspondre cette indication d’Atsma et Vezin : « Une main, apparemment du xvie siècle, a tracé ici ou là plusieurs mots avec une encre noire ». Dans l’espace compris entre la troisième ligne de texte et la cinquième, après la fin de la quatrième, qui ne compte que deux mots, subsistent les vestiges de deux lignes de texte en minuscule caroline, dont un seul mot, omniaque, est clairement lisible, ainsi que les lettres -or-, juste au-dessus. Plus bas, après la fin du texte à la ligne 12, on aperçoit le fantôme d’un autre mot, mais aussi—perpendiculairement, cette fois, au texte principal—les lettres fe, répétées à deux reprises. Essais de plume ? Empreintes—décharges, reports, transferts—laissées par le feuillet au contact duquel celui-ci se trouvait dans le manuscrit d’origine ? Corrections insérées dans le Memoratorium au moment de sa rédaction ? Palimpseste ? On ne sait. 20 Vita Wandregiseli abbatis Fontanellensis, 15, éd. B. Krusch, MGH SS rer. Merov., 5, Hanovre et Leipzig, 1910, p. 1-24, p. 21, l. 23.
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quoi une douzaine d’occurrences seulement s’échelonnent du ixe au xive siècle21. Or il se fait que l’occurrence contemporaine du Memoratorium ne lui est sans doute pas étrangère puisqu’on la trouve dans le Liber Pontificalis, au chapitre premier de la Vie du pape Hadrien—le pape, précisément, auprès duquel les ambassadeurs francs vont se rendre, munis des instructions contenues dans le Memoratorium. Logiquement, Hadrien étant mort en 795, on peut penser que sa Vie n’aura été rédigée qu’après cette date et que, donc, si emprunt il y eut, il n’a pu se faire que dans le sens Memoratorium > VH. Cependant, il se peut qu’une version incomplète de VH, n’en comprenant que la première partie (chapitres 1 à 44)22, ait circulé dès avant 78023. Plus bas, à la ligne 9, on trouve un autre mot qui s’écarte quelque peu quant au sens de ceux qu’attestent
21 Le tableau suivant en présente les coordonnées essentielles : Référence Vita Betharii episc. Carnoteni (Chartres), 2 Ephrem le Syrien, Sermon sur Joseph (trad. lat.)
Édition
MGH SS rer. Merov., 3:614:28 (BHL 1318 et 1319) L. Bailly, « Une traduction latine d’un sermon d’Ephrem dans le Clm 3516 », dans Sacris Erudiri, 21, 1972, p. 71-80 Vita Ansberti ep. Rotomagensis MGH SS rer. Merov., 5:622:26 (Rouen), 5 (BHL 520) Thierry de Saint-Trond, Vita Surius, De probatis sanctorum [secunda] Trudonis Hasbaniensis, historiis, 6:561:20 (BHL 8323) livre 2 Pseudo-Tomellus de Saint-Amand, MGH SS 14, 151:9, 151:37 et Historia monasterii Hasnoniensis 156:34 (Hasnon-sur-Scarpe), 3, 5 et 16 Goscelin de Saint-Bertin, Vita PL 150:750B (BHL 778) sancti Augustini Cantuariensis (Canterbury). Historia minor Acta fundationis Murensia (Muri dans l’Aargau suisse) Continuatio secunda des Gesta MGH SS 10, 346:53 et 352:21 abbatum Trudonensium, 3.6 et 4.2 Bonuicinus de Ripa, Vita scho- Vidmanova-Schmidtova (1969), lastica, l. 881 p. 98, l. 881
Date
Source
ixe s.
CDS
Troisième quart du ixe s. (date du ms., d’après B. Bischoff, Katalog, II, p. 224, no 2941) CDS ixe s. (?) xie s., avant 1107
CDS
Dern. quart du xie s.
CDS
Fin du xie s.
PLFD
Milieu du xiie s.
MLWB
Fin du xiie s.
CDS
v. 1250 à v. 1315 (dates CDS de l’auteur)
Remarques : 1) lorsque la référence provient du CDS, les dates dans la troisième colonne lui sont également empruntées, quoique parfois précisées grâce à la base Narrative Sources ; 2) on se doute que plusieurs de ces occurrences sont recensées dans plus d’un répertoire—afin d’éviter de surcharger la dernière colonne, on y a donné la priorité au CDS, consulté avant les autres. 22 Sur les deux parties et la chronologie de leur rédaction, voir R. Davis, Lives, p. 106-119, spéc. p. 107, 3e alinéa. 23 L. Duchesne l’admet implicitement, p. clxxviib, lignes 1 à 3, lorsqu’il écrit, à propos de deux témoins du Liber Pontificalis, Paris, BNF, lat. 13729 (ixe s.) et Laon, BM, 342 (ixe s.) (italiques ajoutés) : « soit l’original direct de nos deux manuscrits, soit un de leurs ancêtres les plus rapprochés a été écrit en 792 ; c’est assez dire qu’il ne contenait pas encore la vie d’Adrien, ou à tout le moins qu’il ne la contenait pas tout entière. »
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les sources classiques : decertatis, de decertare. Du Cange n’en donne qu’un exemple, au chapitre 78 de l’Admonitio generalis de 789, adressé omni clero, « à l’ensemble du clergé » : Ut cantum Romanum pleniter discant, et ordinabiliter per nocturnale vel gradale officium peragatur secundum quod beatae memoriae genitor noster Pippinus rex decertavit, ut fieret, quando Gallicanum tulit ob unanimitatem apostolicae sedis et sanctae dei ecclesiae pacificam concordiam24. « Les Français », commente-t-il, « diraient s’efforça »25. Il n’aura pas échappé au lecteur attentif qu’entre les deux passages, celui du Memoratorium et celui de l’Admonitio, la ressemblance de fond est prononcée, la prière et le chant étant deux aspects de ce que l’on pourrait appeler la « liturgie d’État ». Sans doute, pour bien saisir le sens précis du verbe decertare convient-il en outre de le mettre en rapport avec son parent, le substantif certamen, comme dans le Memoratorium—et, sans doute, implicitement, dans l’Admonitio. Ou, plus exactement, avec l’expression bonum certamen (Memoratorium, ligne 9), empruntée à la première épître de Paul à Timothée26 : […] Radix enim omnium malorum est cupiditas : quam quidam appetentes erraverunt a fide […]. Tu autem, o homo Dei, haec fuge : sectare vero iustitiam, pietatem, fidem, charitatem, patientiam, mansuetudinem. Certa bonum certamen fidei, apprehende vitam aeternam, in qua vocatus es, et confessus bonam confessionem coram multis testibus ; et qui connaît, à l’époque du Memoratorium, un franc succès, puisqu’on la rencontre dans un capitulaire27 et dans plusieurs de ces formules que l’on réunissait alors en recueils28. ⁂
24 Admonitio generalis, 78 (Mordek, Zechiel-Eckes et Glatthaar, p. 230 [lat.] et 231 [allem.] ; trad. fr. d’après G. Tessier, Charlemagne, Paris, 1967 [Le Mémorial des Siècles. Les Hommes. Huitième siècle], p. 291-309, p. 307) : « À tout le clergé. Que tous apprennent intégralement le chant romain et disent, dans l’ordre, l’office de nuit ou de jour suivant ce pour quoi notre père, le roi Pépin de bienheureuse mémoire, s’est battu, lorsqu’il supprima l’office gallican en vue de l’unité avec le Siège apostolique et de la concorde pacifique de la sainte Église de Dieu. » 25 Le MLWB 3 (2000), 84:39-54, section I B 1, cite trois autres occurrences de même époque ou de peu antérieures : la lettre 41 du Codex Carolinus (p. 554, l. 10), de Paul Ier à Pépin, datée par Gundlach « (761-767) » ; la préface de la première série des Ordines Casinenses (deuxième moitié du viiie s.) ; et les Annales Mettenses priores, ao 746 (Simson, 37:20). 26 1 Tm 6,12 (égalem. 2 Tm 4,7, mais le contexte de fin de vie de ce verset est moins pertinent) : « […] l’amour de l’argent est la racine de tous les maux ; pour s’y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi […]. Pour toi, homme de Dieu, fuis ces choses-là et recherche la justice, la piété, la foi, l’amour, la constance, la douceur. Combats le beau combat de la foi ; saisis-toi de l’éternelle vie à laquelle tu as été appelé, et pour laquelle tu as professé ta belle profession devant de nombreux témoins » (Osty, p. 2480 ; italiques ajoutés). 27 Capitulare cum episcopis Langobardicis deliberatum, éd. Boretius, Capitularia, no 89, 1:188-189, p. 189, l. 34. Date : début 781 (H. Mordek, K. Zechiel-Eckes et M. Glatthaar, Einleitung, p. 70, à propos du ms. 733 de Saint-Gall). 28 Formulae Salicae Bignonianae, 25, éd. K. Zeumer, Formulae, p. 227-238, p. 237, l. 15 ; F. S. Merkelianae, 51 et 59, ibid., p. 239-264, p. 259, l. 19 et 261, l. 21 ; Collectio S. Dionysii, 17, ibid., p. 493-511, p. 505, l. 19. FSB, en tant que collection, est datée par Zeumer, 240:12-15, du début du règne de Charlemagne et par A. Rio, Legal Practice, p. 126-127, du viiie s., prob. avant 751. FSM, qui dépend en partie de FSB, serait du ixe s. (814-898), sans que l’on puisse préciser davantage (Rio, ibid., p. 132 ; l’unique ms. est de la fin de ce même siècle, p. 266-267). Pour Zeumer, p. 504, n. 4, CSD 17 serait de l’été 810, ce qui n’est pas compatible avec la datation communément admise, depuis, pour le recueil, attribué à l’abbé Fardulf (792-806).
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L’édition ci-dessous, ne diffère de celle d’Atsma et Vezin que par l’indication rigoureuse des passages perdus, estompés ou de lecture difficile (les restitutions étant principalement fondées sur le fac-similé de Champollion-Figeac29) et par trois petites corrections textuelles. On s’est servi des conventions typographiques suivantes : Crochets doubles, [[ablabla]] = texte entièrement disparu, subjectile manquant Crochets simples, [ablabla] = texte illisible Souligné en pointillé, ablabla = texte à peine lisible Parenthèses, (ablabla) = abréviation 1 [Pri]mo ca[pit]ulo. Salutat uos d[ominus n]oster, filius uester, Carolus rex [et] filia uestra [[domna nostra]] Fastrada [regina ac filii et] 2 [filiae] domini nostri, simul et omnis domus sua. 3 [II.] Sal[utant uos] cuncti sace[r]dotes, ep(iscop)i et [abbates] atque [omni]s congregatio ill[orum in d(e)i seruicio] constituta [etia]m et uniuersus g[ens et] 4 populus Francorum. 5 [II]I. Gratias agit uobis dominus noster, filius uester, quia dignati fuistis illi mandare p(er) decorabiles missos et melliflua aepistola ue[[stra]] 6 de ues[tra] a d(e)o conseruata sanitate ; quia tunc illi gaudium et salus ac prosp[eritas] esse cernitur, qua[n]d[o] d[e] [u]estra sanitate 7 uel populi uestri salute audire et [cer]tus esse meruerit. 8 [II]II. [Simi]l[i]ter multas uobis agit gratias dominus noster, filius uester, de sac[riss(an) c(t)is o]rationibus ue[stris] quibus adsidue [pro] illo [et] fidelibus [sanctae] 9 [ec]clesiae [et uestr]is atque suis decertatis, non solum pro uiuis sed etiam pro de[functis] ; et, si d(omi)no placuerit, uestrum [bonum certamen] [domi-] 10 nus [noster], filius uester, cum omni bonitate in omnibus retribuere desiderat. 11 V. M[andauit uo]bis filius uester, dominus uidelicet noster, quia d(e)[o] gratias et uestras s(an)c(t)as orationes cum ill[o et] filia uestra eius [[coniuge]] et p[[role]] 12 sibi a d(e)o datis uel omni domo sua siue cum [omnibus] fidelibus suis prospera esse uidentur. 13 VI. P[os]tea uero danda est aepistola dicentibus hoc modo : « Praesentem aepistolam misit uobis dominus noster, fil[ius uester, postulando] 14 [scili]cet s(an)c(t)itati uestrȩ ut almi[tas uestra amando] eam recipiat. » 15 VI[I.] Deinde dicendum est : « Misit [uobis nunc domi]nus noster, filius uester, talia munera [qua]lia in Saxonia prae[parare] potuit et q[uan]d[o] 16 placet s[(an)c(t)itati] uestrae ostendamus [e]a. » 17 [VIII.] Deinde dicendu(m) erit : « Dominus noster, filius [uester], hec parua munuscula paternitati uestrae distinauit, [inducias] post[olans] 18 interim dum m[elior]a s(an)c(t)itati [uestra]e p[ra]eparare potuerit. » 19 [VIIII. De[[inde]]]
29 Pour les rares désaccords entre les éditeurs du xixe s., qui avaient sous les yeux un document en bien meilleur état, on se reportera à l’apparat de l’édition Atsma-Vezin.
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ligne 3, gens. Cette solution paraît préférable à celle de Guérard-Pertz, adoptée par Atsma et Vezin (grex), pour ne rien dire de celles de Champollion-Figeac (generalis) ou Jaffé (generosus). Le -g- seul est bien visible, de même que le point de départ du trait qui unit cette lettre à la suivante et qui ne ressemble pas à celui que l’on voit dans congregatio, vers le milieu de la même ligne ; malheureusement coniuge, à la fin de la ligne 11, qui nous eût offert un point de comparaison, ne s’est pas conservé. Pour gens, on peut citer la lettre 60 du Codex Carolinus, adressée par Hadrien Ier à Charlemagne en mai 778, dont le premier paragraphe, purement protocolaire, répond à une salutation comparable à celle qui se lit dans le Memoratorium (Gundlach, p. 586, l. 9-14) : Dum nimio provocati amore, aptum duximus, primitus quidem a Deo protectae excellentiae vestrae seu spiritalis filiae nostrae, reginae, proles etiam, episcopos et presbiteros nec non et universos optimates cunctumque preclare genti vestrae, Francorum populi a Deo confortati regni vestri pertinentem, his nostris apostolicis visitare apicibus, certos de vestra ac laetos effici inpensius prosperitatis ambigentes integritatem. L’accord n’est pas idéal : il se fait avec le plus important des deux noms, populus, qui n’est pas, en l’occurrence, le plus rapproché. ligne 7, u el populo uestro, corrigé de même main ligne 14, uestrȩ et non uestrae comme chez Atsma et Vezin
« Premier point. Notre seigneur, votre fils, le roi Charles, vous salue, ainsi que votre fille, notre maîtresse, la reine Fastrad, les fils et [2] les filles de notre seigneur, de même que toute sa maison. [3] II. Tous les sacerdotes, les évêques et les abbés vous saluent ainsi que toute leur communauté, constituée au service de Dieu, de même que la nation et [4] le peuple des Francs. [5] III. Notre seigneur, votre fils, vous rend grâces d’avoir daigné lui mander par vos décorables envoyés et par votre lettre si douce [6] au sujet de votre santé, préservée par Dieu ; car c’est pour lui une joie, un salut et une prospérité d’entendre que vous êtes saufs, vous [7] et votre peuple, et de pouvoir le savoir avec certitude. [8] IIII. De même, notre seigneur, votre fils, vous rend maintes grâces pour vos très saintes prières, que vous avez ordonnées continûment pour lui ainsi que pour les fidèles de la sainte [9] Église, les vôtres comme les siens, non seulement (pour) les vivants mais aussi pour les défunts ; et, s’il plaît à Dieu, notre [10] seigneur, votre fils, désire vous revaloir votre beau combat, en toutes choses et avec toute bonté. [11] V. Votre fils, notre seigneur, vous manda que, grâce à Dieu et à vos saintes prières, il se porte bien, ainsi que sa femme, les enfants [12] que Dieu lui a donnés, sa maison et tous ses fidèles. [13] VI. Qu’on lui donne ensuite la lettre en disant ainsi : « Notre seigneur, votre fils, vous envoie la présente lettre, demandant [14] à votre sainteté que votre grandeur daigne la recevoir avec bienveillance. » [15] VII. Ensuite, il faut dire : « À présent, notre seigneur, votre fils, vous envoie tels présents qu’il a pu préparer en Saxe et lorsqu’il [16] plaira à votre sainteté, nous les lui montrerons. » [17] VIII. Ensuite on dira : « Notre seigneur, votre fils, envoie à votre paternité ces petits riens, et vous demande un délai [18] en attendant qu’il puisse en préparer de meilleurs pour votre sainteté. » [19] VIIII. Ensuite […]. »
Annexe 8
a. Les rois fainéants—textes1 et traductions
Annales Fuldenses
Période couverte : 714-901. « Le lieu et les circonstances de leur composition ne sont pas précisément élucidés. L’attribution ancienne de certaines sections à Éginhard ou Rudolf de Fulda n’est plus admise. La première partie (jusqu’en 829) est un remaniement des Annales regni Francorum. Une première continuation, jusqu’en 882 [ms. de Sélestat], fut probablement rédigée à Mayence ou à Fulda. Une continuation mayençaise, de 882 à 887 [ms. de Vienne], fut sans doute réalisée à la demande de l’archevêque Liutbert. Une continuation bavaroise (Ratisbonne ?), de 882 à 897 [ms. de Leipzig], provient de l’entourage du roi Arnoul [de Carinthie]. Les dernières entrées, jusqu’en 901 [ms. de Leipzig], sont également l’œuvre d’un Bavarois, peut-être un moine de Niederaltaich2 ». Principaux manuscrits (dans l’ordre de leur présentation par G.-H. Pertz et F. Kurze, Annales [P & K]) : – Sélestat, Bibliothèque humaniste, Ms 11, numérisé (www.bhnumerique.ville-selestat. fr), fol. 5v. Worms, début du xe s. (P & K, p. viii). – Vienne, ÖNB, Cod. 615. xie s. (P & K, p. ix) ; xiie s. (Academia Caesarea Vindobonensis [éd.], Tabulae codicum manu scriptorum praeter graecos et orientales in Bibliotheca Palatina Vindobonensi asservatorum, Vienne, 1864-1899, 1:107, d’où fichier en ligne ÖNB, http://data.onb.ac.at/rec/AL00168697). – Leipzig, Universitätsbibliothek, Rep. II 4o 129a. Niederaltaich (Bav.), fin ixe et début xe (P & K, p. ix ; B. Bischoff, Schreibschulen, 2:7-8) ; même date, origine inconnue, proven. Niederaltaich (xiiie s.) (H. Hoffmann, Buchkunst und Königtum im ottonischen und frühsalischen Reich, Stuttgart, 1986 [MGH Schriften, 30], p. 442). DCCLI. Pippinus missa Romam legatione Zachariam papam interrogat de regibus Francorum ex antiqua Meroingorum stirpe descendentibus ; qui reges quidem dicebantur, sed potestas regni tota apud maiorem domus habebatur, excepto quod chartae et
1 Annales Fuldenses (Pertz et Kurze, p. 5-6); Annales Mettenses priores (Simson, p. 14-15); Chronicon Laurissense breve (Schnorr von Carolsfeld, p. 27-28); Éginhard, Vita Karoli Magni, 1 (Pertz, Waitz et Holder-Egger, p. 2-3; trad. d’après Halphen, p. 8-11); Erchambert, Breviarium (Pertz, p. 328, vérifié jusqu’à regnavit annis vi sur Vatican, BAV, Reg. lat. 713, fol. 63r et 63v); et Théophane, Chronographia, A. M. 6216 (De Boor, p. 402-403 ; Mango et al., p. 556). 2 GQDMA. Voir égalem. G. Dunphy, « Annales Fuldenses (Annals of Fulda ) », dans G. Dunphy et S. Kaschke (éd.), The Encyclopedia of the Medieval Chronicle [EMC], Leiden et Boston, 2010, p. 65-66.
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privilegia regis nomine scribebantur ; et ad Martius campum, qui rex dicebatur, plaustro bubus trahentibus vectus atque in loco eminenti sedens semel in anno a populis visus publica dona sollemniter sibi oblata accipiebat, stante coram maiore domus et, quae deinceps eo anno agenda essent, populis adnuntiante ; sicque rege domum redeunte cetera regni negotia maior domus administrabat. Orat ergo sibi decerni, quis eorum iuste rex debeat dici et esse, is, qui securus domi sedeat, an ille, qui curam totius regni et omnium negotiorum molestias sufferat. « 751. Ayant dépêché des envoyés à Rome, Pépin interroge le pape Zacharie au sujet des rois des Francs issus de l’antique famille des Mérovingiens. On les appelait rois, mais la totalité du pouvoir du royaume était détenue par le maire du palais, si ce n’est que les chartes et privilèges étaient rédigés au nom du roi. Une fois l’an, celui qu’on appelait roi se rendait au Champ de Mars dans un char tiré par des bœufs : assis en un lieu éminent pour être vu des peuples, il recevait les dons publics qu’on lui offrait solennellement, en présence du maire du palais, et annonçait aux peuples ce qu’on ferait ensuite dans l’année. Après quoi, le roi rentrait chez lui et le maire du palais administrait toutes les affaires du royaume. [Pépin] pria [le pape] de lui dire qui d’eux méritait d’être appelé roi, celui qui restait chez lui en sécurité ou celui qui supportait la charge du royaume tout entier et les ennuis de toutes les affaires. » Annales Mettenses priores
Période couverte : 687-805 (noyau primitif) et 806-830 (continuations). Date de composition du noyau primitif : v. 804/806 (GQDMA) ; v. 806 (Hen, Kaschke3). Lieu de composition : Metz (Simson), Chelles (Hoffmann, très largement suivi, depuis, par ex. Hen, GQDMA), Saint-Denis ou Chelles (Kaschke). Étant donné la maigreur et le caractère tardif de la tradition manuscrite (voir ci-dessous), toute lumière nouvelle viendra nécessairement de la tradition indirecte, si mal cernée cependant, qu’elle a donné lieu, ces dernières années, à des prises de position radicalement différentes : reprenant Simson, p. viii-ix, qui s’appuyait lui-même sur un travail de Dorr, de 1865, M. M. Tischler, Einharts Vita Karoli, p. 1324 et n. 23, pense qu’AMp fut largement diffusé et exploité comme source dès le début du ixe siècle (par les Annales de Wolfenbüttel, notamment, ou le Chronicon Laurissense breve), tandis que, pour Hen, p. 140, « il n’existe aucune preuve d’un emprunt direct aux Annales de Metz avant la fin du ixe siècle et les nombreux parallèles entre les récits des Annales et d’autres compositions historiques peuvent être attribués à une source commune, aujourd’hui perdue » (soulignage ajouté).
3 Y. Hen, « Canvassing for Charles : The Annals of Metz in Late Carolingian Francia », dans : R. Corradini et al. (éd.), Zwischen Niederschrift und Wiederschrift, p. 139-146, p. 139-140, d’après Hoffmann, Haselbach et Nelson ; S. Kaschke, « Annales Mettenses priores (Older Annals of Metz) », dans EMC, p. 74.
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Manuscrits de la classe A : – Durham, Cathedral Library, C.IV.15, fol. 2r-28v. Orig. : le continent (Story4, p. 149) ; Allem. septentr. ou Pays-Bas (Durham University Library Special Collections Catalogue, http://reed.dur.ac.uk). Proven. : Durham, v. 1150 (Story, p. 152). Date : début du xiie s. (Simson ; Story, p. 148). Unique témoin du texte intégral. – Londres, British Library, Arundel MS 375, numérisé (http://www.bl.uk/ manuscripts/Viewer.aspx?ref = arundel_ms_375), fol. 72v-75v. Peut-être ixe s., plus sûrement xe, certainement pas xie (Simson, p. vi et n. 3, ibid.) ; nord de la Francie occidentale, fin ixe (Hen, p. 141 et 142). B. Bischoff, Katalog, 2:105-106, no 2415, ne concerne que la première partie de ce ms. composite (fol. 1-47, France mérid., 2e tiers du ixe s.). Seuls subsistent les feuillets correspondant aux quatorze premières pages de l’édition Simson, jusqu’au mot iusticia de l’extrait ci-dessous (voir note d, p. 15). – Oxford, Bodleian Library, Ms. lat. class. d. 39 (ou « Ms. Lat. class. D 39 »), fol. 125va-137ra. Notices : R. Thomson, William of Malmesbury, 2Woodbridge (GB) et Rochester (NY, USA), 2003 (1W. et Dover [NH, USA], 1987), p. 138-150 ; F. Cavazza, « Le genealogie dei re Franchi e gli excerpta degli Annales Mettenses priores nel Codex Oxoniensis, Bodleian Library, Ms. lat. class. D. 39 (L) », dans Sileno, rivista di studi classici e cristiani, 24, 1998, p. 45-92, et « La Visio Karoli (Crassi), gli excerpta historica (pertinenti ai Carolingi) e il poemetto “Cesar tantus eras” nel Codex Oxoniensis, Bodleian Library, Ms. lat. class. D. 39 (L) », ibid., 25, 1999, p. 21-50, passim ; M. M. Tischler, Einharts Vita Karoli, p. 1394-1420. « Écrit presqu’entièrement d’une seule et belle main anglaise vers 1175 », ce ms. est la copie d’un recueil confectionné par ou pour Guillaume de Malmesbury vers 1119 dans le contexte des travaux préparatoires à la rédaction de son Gesta regum Anglorum et pourvu par lui de notes marginales (Tischler, p. 1394 et 1410, d’après Thomson, 1987 ; Thomson, 2003, p. 150). Tischler, ibid., identifie l’Oxoniensis avec l’exemplaire repertorié par le catalogue de Christ Church, Canterbury, du xive s. (signalé par Thomson, 2003, p. 138) et suppose que c’est là qu’il fut copié. Les matériaux réunis dans ce recueil et donc dans l’original réalisé pour Guillaume de Malmesbury proviendraient de France (Cavazza, Genealogie, p. 49) ou de Metz (Tischler, p. 1400-1401). Le texte d’AMp (imprimé dans Cavazza, op. cit., p. 60-91) est pour ainsi dire identique à celui de l’édition Simson jusqu’à la première campagne de Pépin Ier en Italie et l’enfermement d’Aistulf dans Pavie (Simson, p. 47, l. 12). Le reste de la conquête de l’Italie par Pépin et Charlemagne est résumé en quelques lignes, et le texte s’achève par de brèves indications sur le lieu et la date de la mort de Pépin, ainsi que la durée de son règne. – Simson, p. vii-viii, sigles A3, A4 et A4*, signale en outre quatre fragments du xe s., d’un feuillet chacun, dont aucun ne contient le passage qui nous occupe. Deux au moins, Bâle, Universitätsbibliothek, Handschriften, NI4:E (proven.
4 J. Story, « Frankish Annals in Anglo-Norman Durham », dans : M. Becher et Y. Hen (éd.), Wilhelm Levison (1876-1947). Ein jüdisches Forscherleben zwischen wissenschaftlicher Anerkennung und politischem Exil, Siegburg, 2010 (Bonner historische Forschungen, 63), p. 145-160.
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Franciscains de Solothurn), et Berne, Bürgerbibliothek, Cod. A 92.21, sont auj. datés du xie s. Singulis vero annis in Kalendis Martii generale cum omnibus Francis secundum priscorum consuetudinem [Pippinus] concilium tenuit. In quo ob regii nominis reverentiam eum, quem sibi ipse propter humilitatis et mansuetudinis magnitudinem prefecerat, presidere iubebat, donec ab omnibus optimatibus Francorum donariis acceptis verboque pro pace et defensione ecclesiarum Dei et pupillorum et viduarum facto raptuque feminarum et incendio solido decreto interdicto exercitui quoque precepto dato, ut, quacumque die illis denuntiaretur, parati essent in partem, quam ipse disposuerat, proficisci : his actis, regem illum ad Mamaccas villam publicam custodiendum cum honore et veneratione mittebat. Ipse vero precinctus robore, comitante divino auxilio, regnum Francorum interius iusticia et pace, exterius prudentissimis consiliis atque invictis armorum presidiis, auxiliante Domino, gubernabat. Confluebant autem ad eum circumsitarum gentium legationes […]. Quos ille clementer suscipiens maioribus remuneratos donis ad propria dirigebat. […]. « Chaque année, aux calendes de mars, [Pépin] tenait une assemblée générale avec tous les Francs, selon la coutume des anciens. Là, à celui que, par révérence pour le nom royal, il avait lui-même placé au-dessus de sa propre personne, tant étaient grandes son humilité et sa mansuétude, il ordonnait de présider jusqu’à ce que, sitôt reçus les dons de tous les grands des Francs ; sitôt pris un engagement formel pour la paix et la protection des églises de Dieu, des orphelins et des veuves ; sitôt interdits par un décret solennel le rapt des femmes et l’incendie ; sitôt donné un précepte à l’armée afin qu’elle soit prête, au jour qu’il lui communiquerait, à marcher dans la direction qu’il aurait arrêtée ; [une fois, donc,] ces choses faites, [Pépin] [r]envoyait ce roi à Montmacq (un domaine de l’État) pour qu’on l’y garde avec honneur et respect. Quant à lui [scil. Pépin], doué d’une [grande] vigueur et nanti du secours divin, il gouvernait le royaume des Francs, Dieu aidant, à l’intérieur par la justice et la paix, à l’extérieur par des conseils très avisés et l’assurance des armes invaincues. Aussi, les ambassades des peuples circonvoisins affluaient-elles vers lui […]. Il les recevait avec bonté et les renvoyait chez elles comblées de dons supérieurs [à ceux qu’elles avaient apportés]. […]. » Chronicon Laurissense breve
Période couverte : 680-817. R. Corradini, Wiener Handschrift, p. 21-28, distingue plusieurs recensions. La première (A), perdue, rédigée à Lorsch en s’inspirant d’ARF, AL, CF et AMp, n’allait pas au-delà de 804 environ (p. 15 et 68) ; B1, également perdue, aurait vu le jour à Fulda, vers 807, et y aurait reçu des continuations jusqu’en 815 (p. 15 et 21) ; B2 en serait la copie, exécutée en 815 (ibid.) ; B3, la continuation pour les années 817 et 818 (ibid.). Le manuscrit de Vienne préserverait les deux derniers états (p. 22) ; une copie fidèle de ce texte est intégrée aux Annales de Hildesheim, Paris, BNF, lat. 6114 (xiie s.) (p. 20-21 et, pour le contexte, p. 78-79). La recension C serait représentée par tous les autres manuscrits, originaires—sauf un—du nord-ouest de la France actuelle (Saint-Vaast d’Arras principalement, Reims, Saint-Amand, Saint-Bertin [p. 27]). Au sein de cette classe, quatre familles sont identifiables : Cw
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(manuscrit de Valenciennes), Cx (ms. du Vatican), Cy (mss. de Berne et Munich) et Cz (les deux mss. de Bruxelles) (p. 24). La transmission de Lorsch à Saint-Vaast est attribuée à l’abbé Adalung, qui dirigea les deux monastères de 808 à 837 (p. 27). Les ancêtres X et Y de C ne nous sont pas parvenus (p. 28) ; ils se caractérisaient par des remaniements inspirés d’AMp et ARF (p. 21). Manuscrits (dans l’ordre de leur présentation par Schnorr) : – Vienne, ÖNB, Cod. 430* Han (ou « Cod. Lat. 430* » [Schnorr], ou « Cvp 430* » [Corradini]), numérisé (http://archiv.onb.ac.at), fol. 3v-4r. Fulda, ixe s. (Schnorr, p. 16) ; Allem. mérid., peut-être Reichenau, ixe s., après 817 (F. Unterkircher, Die datierten Handschriften der Österreichischen Nationalbibliothek bis zum Jahre 1400, Vienne, 1969-1976 [Katalog der datierten Handschriften in lateinischer Schrift in Österreich, 1], p. 23-24, d’où fichier en ligne ÖNB, http://data.onb.ac.at/rec/ AL00163520) ; Fulda, début du ixe s. (Corradini). – Berne, Burgerbibliothek, Cod. 83, fol. 80-85. Orig. Hautvillers, xe s., proven. Reims (Schnorr, p. 16-17, d’où Corradini, p. 15) ; fin ixe, orig. Reims (M. M. Tischler, Einharts Vita Karoli, p. 1546) ; ixe/xe s., Saint-Rémi de Reims ( J. C. Martín, « Introduction générale », dans : Isidori Hispalensis Chronica, éd. Id., Turnhout, 2003 [CCSL, 112], p. 7*-310*, p. 58*, d’après Bischoff ; un des rares témoins de la 2e recension de la Chronique d’Isidore de Séville, ce ms. en confirme la diffusion dans le nord de la France, attestée en outre par la Chronique anonyme de Saint-Vaast d’Arras—on la trouve également sur le cours supérieur du Rhin, à Wissembourg et Saint-Gall [p. 242*]). – Valenciennes, BM, 330bis, fol. 182r-187v. Saint-Amand, xe s. (Schnorr, p. 17 ; Corradini, p. 17). – Munich, Universitätsbibliothek, 2o Cod. ms. 6 (ou « Cod. Ms. fol. 6 » [Schnorr]), fol. 56ra-59rb. xe s. (Schnorr, p. 17-18) ; orig. Allem., xie s. (N. Daniel et al., Die lateinischen mittelalterlichen Handschriften der Universitätsbibliothek München. Die Handschriften aus der Folioreihe, I, Wiesbaden, 1974, p. 11) ; proven. Wissembourg (xe/xie s.), Augsbourg (1560) (Corradini, p. 17). – Bruxelles, BR, 15835 (ou « 3109 » [Corradini]), p. 4-12. Saint-Bertin, xe s. (Schnorr, p. 18-19) ; Saint-Bertin ou Saint-Vaast, même date (Corradini, p. 18). – Vatican, BAV, Pal. lat. 243, numérisé (http://bibliotheca-laureshamensis-digital. de/bav/bav_pal_lat_243/0119), fol. 57r. Lorsch, ixe ou xe s. (Schnorr, p. 19, d’où Corradini, p. 19) ; Reims et Lorsch, dans cet ordre, début de l’époque ottonienne (M. M. Tischler, Einharts Vita Karoli, p. 1545, d’où M. Lawo, compte-rendu de R. Corradini, Wiener Handschrift, dans DA, 59, 2003, p. 264-265, mais incorrectement cité par M. Kautz, p. 5 de la notice du ms. dans la Bibliotheca Laureshamensis digital, et Bibliothek, p. 667). – Bruxelles, BR, 6439-6451 (3108), numérisé (http://uurl.kbr.be/1577703), fol. 118ra. Saint-Vaast d’Arras, xie s. (Schnorr, p. 19-20, d’où Corradini, p. 19) ; copié au scriptorium de Saint-Bertin pour le chapitre Notre-Dame à la fin du xie s. (A. Derolez, The Autograph Manuscript of the Liber Floridus. A Key to the Encyclopedia of Lambert of Saint-Omer, Turnhout, 1998 [CC. Autographa Medii Aeui, 4], p. 191-192, qui signale de « nombreuses annotations et corrections de
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la main de Lambert [de Saint-Omer] » ainsi qu’une liste de rois de France et de comtes de Flandre, également de lui et datable d’entre 1111 et 1119). Anno 750. incarnationis dominicae mittit Pippinus legatos Romam ad Zachariam papam, ut interrogarent de regibus Francorum, qui ex stirpe regia erant et reges appellabantur, nullamque potestatem in regno habebant, nisi tantum quod cartae et privilegia in nomine eorum conscribebantur, potestatem vero regiam penitus nullam habebant, sed quod maior domus Francorum volebat, hoc faciebant ; in die autema Martis campo secundum antiquam consuetudinem dona illis regibus a populo offerebatur, et ipse rex sedebat in sella regia circumstante exercitu et maior domus coram eo, praecipiebatque die illo quicquid a Francis decretum erat ; die vero alia et deinceps domi sedebat. Zacharias igitur papa secundum auctoritatem apostolicam ad interrogationem eorum respondit melius atque utilius sibi videri, ut ille rex nominaretur et esset, qui potestatem in regno habebat, quam ille qui falso rex appellabatur. a. Le texte primitif du ms. de Vienne se présente ainsi : die marcis campo etc. Une deuxième main a corrigé marcis en martis, tracé un signe de renvoi où les textes parallèles ont autem—entre die et martis, donc—et écrit, au-dessus des mots die martis campo secundum du texte primitif, dans l’interligne : enim certo semel in anno in. Cette insertion appelle plusieurs remarques. Primo, les mots semel in anno se rencontrent également dans les Annales Fuldenses, ce qui a échappé à Schnorr, note c, p. 28. On observera, à cet égard, que dans le ms. de Munich (non vidi), le texte de CLb est corrigé à plusieurs endroits—notam., pour le règne de Pépin, en iii, 8, iii, 11 et iii, 23, où iii, 11 est le paragraphe qui précède immédiatement celui qui nous intéresse—d’après celui d’AFuld ou d’un modèle commun (Schnorr, p. 18, d’où Corradini, p. 17). Mais Monacensis est relativement tardif, contrairement à Vindobonensis. Secundo, Schnorr, note c, p. 28, attribue l’ajout à Peter Lambeck (Lambecius) qui fut préfet de la bibliothèque impériale à Vienne de 1663 à 1680, mais ne justifie nulle part cette attribution. Pour Corradini, la deuxième « cote » du fol. 1r, marge de tête, Fragmentum Chronici de imp[eratore] Carolo M[agno] [No] 265 Hist., ainsi que les notae aux fol. 5r et 7v. sont de Lambeck—l’ajout qui nous occupe n’est mentionné nulle part dans sa monographie pourtant très fouillée ! La « cote » contient suffisamment d’éléments de comparaison pour pouvoir rejeter l’attribution de Schnorr. Il est vrai que Lambeck a pu prendre connaissance des Annales de Fulda soit par les éditions de Pithou (1588), Freher (1624) ou Duchesne (1638), soit par les manuscrits mêmes, puisque la Bibliothèque impériale de Vienne en possédait deux (Cod. 451, 1vb, 1er § [image 10 du fac-similé en ligne, http://data.onb.ac.at/rec/AL00174924], et Cod. 615). Mais on ne voit pas bien quel motif l’aurait poussé à faire cette correction, alors que ses deux notae, elles, s’expliquent fort bien sous cet angle (sur ce dernier point, voir Corradini, p. 35, n. 89). Paléographiquement, rien n’interdit de dater l’insertion du ixe s., au contraire : sa minuscule caroline présente même des traits qui rappellent l’insulaire du texte principal, comme les hastes du -r- et du -s-, prolongées très en-dessous de la ligne de base, ou les formes du -a- et du -c- (comparer le « chapeau » de cette lettre avec celui du -c- de campo). Tertio, la lecture que fait Schnorr du premier mot, fortement abrégé, est-elle la bonne ? Que voit-on ? Un -n- surmonté d’un tilde et suivi, en indice, d’une combinaison de deux éléments graphiques : une sorte d’empattement triangulaire, qui n’est pas sans présenter quelqu’analogie avec ceux qui caractérisent l’attaque de certaines lettres de la main principale, les -r- et les -s-, notamment ; et un point. À moins que ce ne soit un -m- surmonté d’un tilde et suivi d’un point—mais la courbure du troisième « jambage » est inversée par rapport à celle des deux premiers, ce qui n’est pas le cas pour le -m- de semel. Quoiqu’il en soit, la
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solution préconisée par Schnorr est imparfaite : en effet, l’abréviation « .n. », pour enim, tardive (xiie s., selon Abbreviationes), laisse de côté le tilde comme le troisième « jambage » et suppose un point initial qui n’est pas là5. Quarto, le sens général de l’ajout semble assez clair : pour son auteur, le Champ-de-Mars était un lieu, non une date, le peuple présentait ses dons aux rois non plus « le jour du Champ de Mars », mais « un certain jour, une fois par an, au Champ-de-Mars ».
« L’an 750 de l’incarnation du Seigneur, Pépin dépêche des envoyés à Rome afin qu’ils interrogent le pape Zacharie au sujet des rois des Francs : issus de la famille royale et appelés rois, [bien que] n’ayant aucun pouvoir dans le royaume, si ce n’est que les chartes et privilèges étaient écrits en leur nom, ils ne possédaient presque plus aucun pouvoir royal, mais faisaient ce que voulait le maire du palais des Francs. Le jour du Champ de Mars, des dons étaient offerts par le peuple à ces rois selon l’antique coutume et le roi lui-même, assis sur un siège royal, entouré de l’armée, le maire du palais à ses côtés, ordonnait en ce jour ce que les Francs avaient décrété. Le lendemain et les jours suivants, il vivait chez lui. Le pape Zacharie, donc, répondit de par l’autorité apostolique à leur interrogation, qu’il lui semblait préférable et plus convenable que celui qui détenait le pouvoir dans le royaume fût roi et désigné tel, plutôt que celui qu’on appelait faussement roi. » Éginhard, Vita Karoli Magni, 1
Date : « Une datation après 828 suppose que le texte fut écrit comme critique de Louis le Pieux et vit donc le jour à l’occasion de la crise de l’empire de 828, voir M. M. Tischler, Einharts Vita Karoli, p. 152-210 ; incline-t-on plutôt à lire la Vie comme [une] louange [de Charlemagne] et comme une histoire visant à légitimer [sa] succession, alors une datation de peu postérieure à [sa] mort en 814 est envisageable [l’auteur renvoie ici aux brèves remarques d’Innes et McKitterick] ; De Jong […] et Krüger […], [quant à eux,] établissent un rapport entre la rédaction de la Vita et la naissance de Charles le Chauve en 8236 ». Fondée sur une connaissance inégalée de VKM et de sa tradition, l’opinion de Tischler a sans conteste plus de poids que les autres. Pour lui, l’exemplaire présenté à Louis le Pieux à Aix-la-Chapelle (« Widmungsfassung B ») comme la recension officielle (« Offizielle Ausgabe ») de Seligenstadt seraient de 8287.
5 La lettre -n-, seule, peut signifier : enim (ixe) ; nesciens (viiie) ; noster (viiie) ; numero (viiie). Surmontée d’un tilde : nam (viiie), natione (viiie), nomine (ixe), non (ixe), noster (viiie). Suivie d’une apostrophe : nec (viiie), numero (viiie). Suivie d’un point : notitia (vie). Ceci d’après la base Abbreviationes, avec les paramètres suivants : « abbreviation », « is exactly » et « table view » ; et la lettre -n- seule inscrite dans la fenêtre. Parmi les abréviations attestées plus tardivement, « n; », signifiant neque (xiiie s.) pourrait, à la rigueur, présenter quelqu’intérêt. Aucune de ces abréviations ne revêt la même forme, exactement, que celle du Vindobonensis. 6 C. Scherer, Gregor IV, p. 153, n. 150. 7 Voir les stemmas, p. 588-589 et 1312-1313.
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A n n e xe s
Gens Meroingorum, de qua Franci reges sibi creare soliti erant, usque in Hildricum regem, qui iussu Stephani Romani pontificis depositus ac detonsus atque in monasterium trusus est, durasse putatur. Quae licet in illo finita possit videri, tamen iam dudum nullius vigoris erat, nec quicquam in se clarum praeter inane regis vocabulum praeferebat. Nam et opes et potentia regni penes palatii praefectos, qui maiores domus dicebantur, et ad quos summa imperii pertinebat, tenebantur. Neque regi aliud relinquebatur, quam ut regio tantum nomine contentus crine profuso, barba summissa, solio resideret ac speciem dominantis effingeret, legatos undecumque venientes audiret eisque abeuntibus responsa, quae erat edoctus vel etiam iussus, ex sua velut potestate redderet ; cum praeter inutile regis nomen et precarium vitae stipendium, quod ei praefectus aulae prout videbatur exhibebat, nihil aliud proprii possideret quam unam et eam praeparvi reditus villam, in qua domum et ex qua famulos sibi necessaria ministrantes atque obsequium exhibentes paucae numerositatis habebat. Quocumque eundum erat, carpento ibat, quod bubus iunctis et bubulco rustico more agente trahebatur. Sic ad palatium, sic ad publicum populi sui conventum, qui annuatim ob regni utilitatem celebrabatur, ire, sic domum redire solebat. At regni administrationem et omnia quae vel domi vel foris agenda ac disponenda erant praefectus aulae procurabat. « La famille des Mérovingiens, dans laquelle les Francs avaient coutume de choisir leurs rois, est réputée avoir duré jusqu’à Childéric, qui, sur l’ordre du pontife romain Étienne, fut déposé, tonsuré et enfermé dans un monastère. Mais, si elle semble en effet n’avoir fini qu’avec lui, elle avait depuis longtemps déjà perdu toute vigueur et ne se distinguait plus que par ce vain titre de roi. La fortune et la puissance publiques étaient aux mains des préfets du palais, qu’on appelait maires de la maison [du roi] et à qui appartenait le pouvoir suprême. Le roi n’avait plus, en dehors de son titre, que la satisfaction de siéger sur son trône, avec sa longue chevelure et sa barbe pendante, d’y faire figure de souverain, d’y donner audience aux ambassadeurs des divers pays et de leur procurer, à leur départ, les réponses qu’on lui avait suggérées ou même dictées, comme si elles émanaient de lui. Sauf ce titre royal, devenu inutile, et les précaires moyens d’existence que lui accordait à sa guise le préfet du palais, il ne possédait en propre qu’un unique domaine, de très faible rapport, où il résidait et d’où provenaient les serviteurs, peu nombreux, qui étaient à sa disposition pour lui fournir le nécessaire. Quand il avait à se déplacer, il montait dans une voiture attelée de bœufs, qu’un bouvier conduisait à la mode rustique : c’est dans cet équipage qu’il avait coutume d’aller au palais, de se rendre à l’assemblée publique de son peuple, réunie annuellement pour traiter des affaires du royaume, et de regagner ensuite sa demeure. L’administration et toutes les décisions et mesures à prendre, tant à l’intérieur qu’au dehors, étaient du ressort exclusif du préfet du palais. »
anne xe 8
Erchambert, Breviarium
« Courte histoire des Francs, depuis les mythiques origines troyennes jusqu’à l’an 826, date de sa composition. C’est, pour l’essentiel, une synthèse de sources plus anciennes ; n’entre dans les détails—majoritairement faux—que pour le règne de Pépin. Une continuation couvrant les années 840-841 […] fut naguère attribuée à un moine de Reichenau, mais a certainement pour auteur Notker le Bègue [de Saint-Gall]8. » Manuscrits : – Vatican, BAV, Reg. lat. 713, numérisé (www.digi.vatlib.it), fol. 62v-63v, entre Frédégaire (1r-62v) et le Liber Historiae Francorum (64r-88). Frédégaire (Leiden, Bibliotheek der Rijksuniversiteit, Vossianus Lat. Q5 + Vatican, BAV, Reg. lat. 713, fol. 1-62v) aurait été copié à Saint-Gall vers 800, en laissant une partie du fol. 62v vierge, ainsi que les derniers feuillets du cahier. À la fin du ixe siècle, on combla ces vides à l’aide du Breviarium et on rajouta un cahier—perdu depuis—pour y transcrire la fin de ce texte. Plus tard, on relia ce premier ensemble codicologique au second, distinct, contenant le Liber Historiae Francorum9, également copié à Saint-Gall, dans le 3e quart du ixe s.10. – Stuttgart, Württembergische Landesbibliothek, Cod. iur. 4o 134, fol. 163r-172v. Orig. : Alémanie (Hoffmann, cité par Mordek) ; Saint-Gall (H. Mordek Bibliotheca, p. 724-728, ici p. 724 ; GQDMA). Proven. : monast. Weißenau, près Ravensburg (xive/xve - xixe) (Mordek, ibid.). Date : xe/xie s. ou prem. moitié xie (Mordek, ibid.) ; xe s. (GQDMA). Voir égalem. W. Kaiser, Die Epitome Iuliani. Beiträge zum römischen Recht im frühen Mittelalter und zum byzantinischen Rechtsunterricht, Francfort/Main, 2004 (Studien zur europäischen Rechtsgeschichte, 175), p. 423-428 ; K. Ubl et al. (éd.), Bibliotheca legum regni Francorum, Cologne, 2012- = http:// www.leges.uni-koeln.de, notice de ce ms. Theodorichus rex, filius Chlodovei, frater Chlodharii, regnavit annis xviiii. Maior domus Bertharius. Quo occiso, Pippinus iunior, filius Ansegisilia, veniens de Austrasiis, successit in principatum maiorum domus. Ex hinc reges nomen non honorem habere coeperunt. Quibus tamen ubi constitutum fuerat, victusb fuerat exuberans, custodiaque iugis erga illos habebaturc, ne aliquid iure potestatis agere possint. […] Danihelem quondam clericum ce¸sarie capitis crescente regem Franci constituunt, quem Chilpericum nuncupant. Quia deficiente prosapiad regum, illum queme propinquiorem Meroveis invenire poterant statuerunt, quia Merovei, ut aiunt, sicut antiquitus Nazaraei, nullof capitis crineg inciso erant. Regnavitque annis vi. … […] 8 GQDMA. 9 R. Collins, Fredegar-Chroniken, p. 69-71. 10 B. Bischoff, Katalog, 3:435, no 6728.
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Carlomannus igitur et Pipinus frater eius, regno inter se diviso, Francorum principatum simul tenuerunt annis x. Interea tamen, ut aiunt, praefatus Theodericus rex nomen non regnum tenuit, sed minore dignitate quam anteriores reges habebant, nisi tantum ut quando praedicti principes chartas traditionum fecerant, in fine paginolae suum nomen annumque inserebant. Pipinus namque antequam ad regem sublimaretur, venit papa de Roma nomine Stephanus ad fines Francorum […] a. exponctué, remplacé dans l’interligne par Ansgisi, d’une main contemporaine || b. vitus > victus, avec -c- suscrit dans l’interligne || c. abebatur > habebatur, avec -h- suscrit dans l’interligne || d. sapiae > prosapia, avec pro- suscrit dans l’interligne et, peut-être, -ae exponctué || e. illum q > illum que(m), avec -ue(m) rajouté sur la ligne || f. ullo > nullo, avec -n- suscrit dans l’interligne || g. crini > crine, le -i- final changé en -e- moyennant l’ajout de la panse.
« Le roi Thierry [III], fils de Clovis [II] [et] frère de Clotaire [III] régna 19 ans. Berthaire, maire du palais. Celui-ci ayant été tué, Pépin [II] le Jeune, fils d’Anségise, originaire d’Austrasie, [lui] succéda dans la dignité des maires du palais. De ce moment, les rois commencèrent à n’avoir plus [de roi] que le nom, pas l’honneur. Ils avaient des vivres en abondance à l’endroit convenu et ils étaient gardés constamment pour qu’ils ne puissent rien faire de leur propre initiative. […] Lorsque ses cheveux eurent repoussé, ils firent roi un certain clerc du nom de Daniel et l’appelèrent Chilpéric [II] ; en effet, la famille des rois s’éteignant, ils élurent le plus proche parent des Mérovingiens qu’ils pouvaient trouver—on dit que les Mérovingiens étaient comme les anciens Naziréens, qu’aucun cheveu de leur tête n’était coupé ; il régna six ans. […] Carloman, donc, et son frère Pépin, s’étant partagé le royaume, exercèrent ensemble pendant dix ans le principat des Francs. Cependant, comme ils disent, Thierry, le roi susnommé, détenait le nom de roi mais pas le royaume ; sa dignité était moindre que celle des rois précédents, si ce n’est toutefois que quand les princes précités [scil. Pépin et Carloman] faisaient des chartes de donation, ils inséraient au bas de la page leur nom [scil. celui des rois mérovingiens] et l’année [de leur règne]. Avant que Pépin ne soit élevé à la dignité royale, le pape Étienne arriva de Rome chez les Francs [pour demander leur aide contre les Lombards—s’ensuit un dialogue à trois, lignes 34-41, entre le pape, le roi et le maire du palais, où l’impuissance du Mérovingien est à nouveau soulignée, tant et si bien qu’Étienne ordonne à Pépin de le déposer, le faisant roi à sa place]. »
anne xe 8
Théophane, Chronographia, A. M. 6216
Période couverte : 285-813. Dates de l’auteur : v. 760-818. Date de composition : 813-81511. Orphelin d’un haut dignitaire, Th. est recueilli par l’empereur Constantin V (740-775). Il appartient ensuite aux milieux ecclésiastiques proches du pouvoir jusqu’à l’avènement de l’iconoclaste Léon V (813), qui le condamne à l’exil. Se présente comme le continuateur de Georges le Syncelle, son contemporain, qui avait été secrétaire du patriarche Tarasios (784-806), et qui a pu lui laisser des notes plus ou moins abondantes12. La Chronique est une compilation. Ses sources, pour la période ancienne, sont connues par ailleurs. En revanche, celles qu’elle exploite pour les viie et viiie siècles, grecques et syriennes (ou syriaques ?), surtout, survivent en premier ordre par les extraits qu’elle en cite, ce qui rend cette section particulièrement précieuse13 ; on en trouve également des échos en Occident, dans la Chronique de 741, écrite au viiie siècle dans le sud de la péninsule ibérique, en milieu mozarabe, donc14. La source principale de Théophane pour les règnes de Léon III l’Isaurien et de son fils Constantin V (718-775) serait une Historia Leonis et Constantini perdue, qu’avait déjà utilisée Nicéphore, le futur patriarche de Constantinople (806-815), dans son Breviarium (composé v. 775-787) ainsi que dans son Antirrheticus III, et dont Georges le Moine se servirait également pour sa Courte Chronique, composée en 846-84715. Rédigée peu avant le Breviarium de Nicéphore, l’Historia Leonis et Constantini serait l’œuvre de Tarasios, avant son élévation au patriarcat. Théophane, quant à lui, « transmet une grande quantité d’informations omises par les autres dérivés de l’Historia Leonis et Constantini16 ». L’extrait reproduit ci-dessous est
11 D. Afinogenov, « Style, structure, and authorship of the hypothetical source of Theophanes for the reigns of Leo III and Constantine V », dans : M. Jankowiak et F. Montinaro (éd.), Studies in Theophanes, p. 467-472, p. 468. 12 Mise au point sur leurs parts respectives : A. Kompa, « In search of Syncellus’ and Theophanes’ own words : the authorship of the Chronographia revisited », ibid., p. 73-92. « Secrétaire » : R. W. Burgess et M. Kulikowski, Mosaics of Time, p. 228. 13 S. Albrecht, « Theophanes Confessor », dans EMC, p. 1421-1422. 14 R. W. Burgess et M. Kulikowski, op. cit., p. 203. J. Gil, « Introducción », dans : Chronica Hispana Saeculi VIII et IX, éd. Id., Turnhout, 2018 (CCSM, 65), p. 11-277, p. 38-42 (voir égalem. apparat crit., p. 309, 310, 312-317), pencherait plutôt pour une source commune utilisée par le chroniqueur mozarabe ainsi que par Théophane et Nicéphore (« Mas tanto Byz en su versión originaria como los historiadores bizantinos penden de una complicada red de fuentes comunes, muy difíciles – por no decir imposibles – hoy de rastrear »). 15 D. Afinogenov, op. cit., passim. 16 Id., ibid., p. 468.
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généralement considéré comme une scholie17 ajoutée par l’auteur lui-même18 une fois son œuvre achevée19. Tradition manuscrite : voir F. Ronconi, « La première circulation de la « Chronique de Théophane » : notes paléographiques et codicologiques », dans : M. Jankowiak et F. Montinaro (éd.), Studies in Theophanes, p. 121-147. Τὰ περὶ τοῦ μακαρίου Στεφάνου, τοῦ πάπα ῾Ρώμης, ὅπως τε ἔφυγεν ἐν Φραγγικῇ καὶ ἐσώθη, λέξων ἔρχομαι. Οὗτος ὁ ἀοίδιμος Στέφανος πολλὰ κακὰ ὑπέστη ὑπὸ ᾽Αστούλφου, τοῦ ῥηγὸς τῶν Λογγιβάρδων. προσφυγὼν δὲ τοῖς Φράγγοις ἐπὶ Πιπίνου προοίκου καὶ ἐξάρχου τῆς διοικήσεως τῶν ὅλων πραγμάτων καὶ τοῦ τῶν Φράγγων ἔθνους. ἔθος γὰρ ἦν αὐτοῖς τὸν κύριον αὐτῶν, ἤτοι τὸν ῥῆγα, κατὰ γένος ἄρχειν καὶ μηδὲν πράττειν ἤ διοικεῖν, πλὴν ἀλόγως ἐσθίειν καὶ πίνειν, οἴκοι τε διατρίβειν καὶ κατὰ Μάϊον μῆνα πρώτῃ τοῦ μηνὸς προκαθέζεσθαι ἐπὶ παντὸς τοῦ ἔθνους καὶ προσκυνεῖν αὐτοὺς καὶ προσκυνεῖσθαι ὑπ᾽ αὐτῶν καὶ δωροφορεῖσθαι τὰ κατὰ συνήθειαν καὶ ἀντιδιδόναι αὐτοῖς καὶ οὕτως ἕως τοῦ ἄλλου Μαΐου καθ᾽ ἑαυτὸν διάγειν. ἔχει δὲ τὸν λεγόμενον πρόοικον γνώμῃ ἑαυτοῦ καὶ τοῦ ἔθνους διοικοῦντα πάντα τὰ πράγματα. ἐλέγοντο δὲ οἱ ἐκ τοῦ γένους ἐκείνου καταγόμενοι κριστάται, ὅ ἑρμηνεύεται τριχοραχάται. τρίχας γὰρ εἶχον κατὰ τῆς ῥάχης ἐκφυομένας, ὡς χοῖροι. « Je vais à présent raconter l’histoire de saint Étienne, le pape de Rome, comment il s’enfuit au pays des Francs et fut sauvé. Étienne, cet homme célèbre, subit bien des maux aux mains d’Astulphe, roi des Lombards. Il se réfugia auprès des Francs à l’époque de Pépin, qui était maire du palais et chef de l’administration de toutes les affaires de la nation franque : car c’était leur coutume que leur seigneur, c’est-à-dire leur roi, règne héréditairement, mais ne prenne aucune part à l’administration et ne fasse rien si ce n’est manger et boire sans mesure. Il vivait chez lui et, le 1er mai, il présidait la nation entière, pour les saluer et recevoir leurs dons et leur en offrir en retour, puis vivait seul jusqu’au mois de mai suivant. Il a un maire du palais—c’est ainsi qu’on l’appelle—, qui administre toutes les affaires suivant les désirs du roi et de la nation. Les descendants de cette lignée étaient appelés Kristatai, ce qui signifie « dos velus » : en effet, comme les cochons, ils avaient des soies qui poussaient dans leur dos. »
17 Déjà par l’éditeur, C. De Boor, d’où I. Rochow, Byzanz, p. 108, d’où aussi C. Mango et al., p. 557, n. 2, et, dernièrement, F. Montinaro, « Byzantium, the Merovingians, and the Hog : a Passage of Theophanes’ Chronicle Revisited », dans : Y. Hen, P. Lucas et T. Rotman (éd.), The Merovingian Kingdoms and the Mediterranean World. Revisiting the Sources, Londres etc., 2019 (Studies in Early Medieval History), p. 151-158 et 218-220, p. 153. Je remercie F. Montinaro d’avoir bien voulu me communiquer les épreuves de son article. 18 I. Rochow, op. cit., loc. cit., tranche pour cette paternité là où De Boor hésitait. F. Montinaro, op. cit., p. 157, se prononce aussi pour Théophane. 19 F. Montinaro, ibid., p. 157, avec cette date : « most probably in late 816 or in 817 ». Montinaro admet comme possible une datation haute de la VKM et pense que Théophane a pu la connaître indirectement.
si ce n’est boire et manger sans modération. Il vivait chez lui
mais ne prenait aucune part à l’administration ni ne faisait rien
AMp
2. sed potestas regni 2. nullamque tota apud maiorem potestatem in regno domus habebatur habebant [⇒ 3] potestatem vero regiam penitus nullam habebant, sed quod maior domus Francorum volebat, hoc faciebant ; [⇒ 4]
Théophane « [C’était leur coutume que leur seigneur, c’est-à-dire leur roi,] régnait en application du principe d’hérédité
ChrLaur
1. [reges Francorum 1. [reges Francorum, qui ex antiqua ex stirpe regia erant] et Meroingorum stirpe reges appellabantur, descendentes ;] qui reges quidem dicebantur
AFuld
Tableau 13 : synopsis des six versions des « Rois fainéants »
Fragm. 1/1 : Ex hinc reges nomen non honorem habere coeperunt [⇒ Fragm. 1/2] ;
Erchambert (fragments)
7. cum praeter inutile regis nomine […] paucae numerositatis habebat.
Fragm. 1/2 : quibus tamen ubi constitutum fuerat, victus fuerat exuberans [⇒ Fragm. 1/3]
2. Nam et opes et potentia Fragm. 1/4 : ne aliquid iure regni penes palatii praefectos, potestatis agere possint. qui maiores domus dicebantur, et ad quos summa imperii pertinebat, tenebantur.
1. [Gens Meroingorum, de qua Franci reges sibi creare soliti erant] iam dudum nullius vigoris erat, nec quicquam inane regis vocabulum praeferebat.
Éginhard
anne xe 8 291
7. et ipse rex sedebat in sella regia
5. plaustro bubus trahentibus vectus
6. atque in loco eminenti sedens il présidait la nation entière
5. secundum antiquam consuetudinem
[regem] presidere iubebat
5. solio resideret
8. Quocumque eundum erat, carpento ibat, quod bubus iunctis et bubulco rustico more agente trahebatur.
secundum priscorum consuetudinem […]
Singulis vero annis in 9. Sic […] ad publicum sui Kalendis Martii […] conventum, qui annuatim ob regni utilitatem celebrabatur, ire [⇒ 10] solebat.
et le 1er mai
3. Neque regi aliud relinquebatur, quam ut regio tantum nomine contentus [⇒ 4], [⇒ 5] ac speciem dominantis effingeret […] eisque abeuntibus [⇒ 6] : il ne restait rien d’autre au roi que l’apparence de diriger la diplomatie. Très différent, donc, quant au fond, d’AFuld, ChrLaur et Erchamb.
Éginhard
4. in die autem Martis campo
4. et ad Martis campum, qui rex dicebatur, [⇒ 5] [⇒ 6], semel in anno
AMp
3. nisi tantum quod cartae et privilegia in nomine eorum conscribebantur
3. excepto quod chartae et privilegia regis nomine scribebantur ;
Théophane
ChrLaur
AFuld
Fragm. 3, à la fin : nisi tantum ut quando praedicti principes chartas traditionum fecerant, in fine paginolae suum nomen annumque inserebant
Erchambert (fragments)
292 A n n e xe s
8. circumstante exercitu et maior domus coram eo
8. stante coram maiore domus
ensuite de quoi il vivait seul jusqu’au prochain mois de mai.
10. sicque rege domum redeunte
10. die vero alia et deinceps domi sedebat.
9. et, quae deinceps 9. praecipiebatque die eo anno agenda illo quicquid a Francis essent, populis decretum erat ; adnuntiante ;
afin de les saluer, de recevoir leurs hommages ainsi que leurs dons coutumiers et de leur faire des dons en retour,
6. dona illis regibus a populo offerebatur
7. a populis visus publica dona solemniter sibi oblata accipiebat
Théophane
ChrLaur
AFuld
Éginhard
his actis regem 10. sic domum redire illum ad Mamaccas villam publicam custodiendum cum honore et veneratione mittebat.
verboque […] 6. responsa, quae erat edoctus proficisci (14:10-15) ; vel etiam iussus, ex sua velut potestate redderet ;
donec ab omnibus optimatibus Francorum donariis acceptis
AMp
Fragm. 1/3 : custodiaque iugis erga illos habebatur [⇒ Fragm. 1/4]
Erchambert (fragments)
anne xe 8 293
ChrLaur
AFuld
11. cetera regni negotia maior domus administrabat.
Les descendants de cette lignée étaient appelés Kristatai, ce qui signifie ‘dos poilus’ : car, comme les cochons, ils ont des soies qui leur poussent sur le dos. »
Il a un maire du palais (c’est ainsi qu’on l’appelle), qui administre toutes les affaires conformément aux vœux du roi et de la nation.
Théophane
Ipse vero […] regnum Francorum interius […], exterius […] gubernabat.
AMp
Erchambert (fragments)
4. crine profuso, barba summissa
Fragm. 2 : Danielem quondam clericum caesarie capitis crescente regem Franci constituunt, quem Chilpericum nuncupant ; quia deficiente prosapia regum, illum quem propinquiorem Meroveis invenire poterant statuerunt, quia Merovei, ut aiunt, sicut antiquitus Nazarei, nullo capitis crine inciso erant.
11. At regni administrationem et omnia quae vel domi vel foris agenda ac disponenda erant praefectus aulae procurabat.
Éginhard
2 94 A n n e xe s
anne xe 8
b. Tibulle, Plutarque et les rois fainéants20
Le passage de Tibulle est signalé dans le TLL, s. v. « plaustrum »21. Il provient de la dixième élégie, un hymne à la paix, dont les bienfaits sont contrastés avec les malheurs de la guerre. L’insouciance qu’elle procure s’incarne dans le paysan (rusticus), légèrement grisé au sortir d’une fête religieuse, reconduisant au domicile familial (domum), dans un chariot (plaustro), sa femme et ses enfants22 : Rusticus e luco revehit, male sobrius ipse, / Uxorem plaustro progeniemque domum (ou Rusticus e lucoque vehit, etc.). Comprenons : les derniers Mérovingiens ne seraient pas seulement ruinés, mais incapables, en conséquence, de faire face aux dépenses militaires qui leur incombent, d’où sans doute, leur comportement indolent—la critique rejoint, par antithèse, l’argument de la légitimité des Carolingiens, fondée sur leurs faits d’armes23. Tibulle est mentionné parmi plusieurs auteurs classiques dans le catalogue d’une bibliothèque d’Italie du nord, probablement celle de la cour carolingienne de Pavie, à la fin du viiie siècle24 : Albi Tibulli lib(ri) ii. Il l’est également, vers la même époque, dans un échange de poèmes entre Pierre de Pise et celui qui fut, par ailleurs, l’un des premiers à « fainéantiser » les Mérovingiens de basse époque : Paul Diacre25.
20 Voir texte, p. 58-59. 21 TLL, 10:2369:23-24. 22 Tibulle, Élégies, 1.10.51-52, éd., trad. et comm. M. Ponchont, Tibulle et les auteurs du Corpus tibullianum, Paris, 1950 (CUFSL, 35), p. 77 ; éd. G. Luck, Albii Tibulli aliorumque carmina, Stuttgart, 1988 (BSGRT), p. 42. Commentaires récents : Th. Gärtner, « Eine Autorenvariante in der antiken Gedichtausgabe des Tibull (Tib. I,10,51 f.) », dans Latomus, 63/3, 2004, p. 601-604 ; G. Giardina, « Note di lettura a Tibullo », dans Prometheus, 31, 2005, p. 249-252, p. 251-252 ; D. O’Rourke, « Lovers in Arms : Empedoclean Love and Strife in Lucretius and the Elegists », dans Dictynna : revue de poétique latine, 11, 2014, p. 1-21, spéc. p. 6-8, §§ 12-13 ; C. A. Perkins, « The Poeta as Rusticus in Ovid, Amores I.7 », dans Helios, 42/2, 2015, p. 267-285. 23 Voir texte, p. 53-56. 24 Berlin, Staatsbibliothek – Preußischer Kulturbesitz, Ms Diez B. Sant. 66, p. 218, reproduit en fac-similé par R. McKitterick, « Die karolingische Renovatio. Eine Einführung », dans : Chr. Stiegemann et M. Wemhoff (éd.), 799. Kunst und Kultur der Karolingerzeit. Karl der Große und Papst Leo III. in Paderborn. II. Katalog der Ausstellung Paderborn 1999, Mayence, 1999, p. 668-685, p. 676, Abb. 7, ici ligne 5. Voir C. Villa, « Cultura classica e tradizioni longobarde : tra latino e volgari », dans : P. Chiesa (éd.), Paolo Diacono. Uno scrittore fra tradizione longobarda e rinnovamento carolingio. Atti del Convegno Internazionale di Studi. Cividale del Friuli – Udine, 6-9 maggio 1999, Udine, 2000 (Libri e Biblioteche, 9), p. 575-600, p. 580-581, d’où R. McKitterick, History and Memory in the Carolingian World, Cambridge, 2004, p. 80-81. 25 Pauli et Petri diaconorum carmina, 11.5 et 12.4, éd. E. Dümmler, MGH Poet., 1, Berlin, 1881, p. 27-86, p. 48 et 49. Sur le rôle de Paul Diacre dans l’avilissement mémoriel des Mérovingiens, voir texte, § 5.2.
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C’est par le plus pur des hasards—celui des lectures qui occupent mes loisirs—que je suis tombé sur ce passage de Plutarque26, qui présente des ressemblances nombreuses et frappantes avec les évocations des rois fainéants : Ἐκεῖνον μὲν οὖν αὐτὸν ὑπομείναντα τὴν συμφορὰν ἀλύπως ἧττον ἄν τις θαυμάσειε . 2 τῶν δὲ Συρακουσίων ἄξιον ἄγασθαι τὴν πρὸς τὸν ἄνδρα τιμὴν καὶ χάριν ἣν ἐπεδείξαντο πεπηρωμένῳ, φοιτῶντες ἐπὶ θύρας αὐτοι καὶ τῶν ξένων τοὺς παρεπιδημοῦντασ ἄγοντες εἰς τὴν οἰκίαν καὶ τὸ χωρίον ὅπως θεάσαιντο τὸν εὐεργέτην αὐτῶν, 3 ἀγαλλόμενοι καὶ μέγα φρονοῦντες ὅτι παρ᾽ αὐτοῖς εἵλετο καταζῆσαι τὸν βίον, οὕτω λαμπρᾶς ἐπανόδου τῆς εἰς τὴν Ἑλλάδα παρεσκευασμένης αὐτῷ διὰ τῶν εὐτυχημάτων καταφρονήσας. […] 5 Καλὴν δὲ καὶ τὸ περὶ τὰς ἐκκλησίας γινόμενον ὄψιν εἰς τιμὴν αὐτοῦ παρεῖχε . τὰ γὰρ ἄλλα δι᾽ αὑτῶν κρίνοντες ἐπὶ τὰς μείζονας διασκέψεις ἐκεῖνον ἐκάλουν. 6 Ὁ δὲ κομιζόμενος δι᾽ ἀγορᾶς ἐπὶ ζεύγους πρὸς τὸ θέατρον ἐπορεύετο . καὶ τῆς ἀπήνης ὥσπερ ἐτύγχανε καθήμενος εἰσαγομένης, ὁ μὲν δῆμος ἠσπάζετο μιᾷ φωνῇ προσαγορεύων αὐτόν, ὁ δ᾽ ἀντασπασάμενος καὶ χρόνον τινὰ δοὺς ταῖς εὐφημίαις καὶ τοῖς ἐπαίνοις, εἶτα διακούσας τὸ ζητούμενον ἀπεφαίνετο γνώμην . 7 Ἐπιχειροτονηθείσης δὲ ταύτης οἱ μὲν ὑπηρέται πάλιν ἀπῆγον διὰ τοῦ θεάτρου τὸ ζεῦγος, οἱ δὲ πολῖται βοῇ καὶ κρότῳ προπέμψαντες ἐκεῖνον ἤδη τὰ λοιπὰ τῶν δημοσίων καθ᾽ αὑτοὺς ἐχρημάτιζον. « 38.1 Qu’il ait supporté ce malheur sans se plaindre, on ne peut guère s’en étonner. 2 Mais il y a lieu d’admirer les honneurs et la reconnaissance que les Syracusains lui témoignèrent quand il eut perdu la vue : ils venaient souvent eux-mêmes frapper à sa porte et ils menaient les voyageurs étrangers dans sa maison ou à son domaine rural pour leur faire voir leur bienfaiteur, 3 heureux et fiers de ce qu’il avait choisi de finir sa vie chez eux, en dédaignant le retour triomphal que la Grèce lui préparait à cause de ses victoires. […] 5 C’était aussi un beau spectacle de voir les honneurs qu’on lui rendait dans les assemblées : les Syracusains y jugeaient eux-mêmes les affaires ordinaires, mais ils l’appelaient pour examiner les plus graves. 6 Il traversait l’agora en char pour se rendre au théâtre, où il entrait en restant assis dans son véhicule ; le peuple le saluait en l’acclamant d’une seule voix ; il rendait le salut et, après quelques moments accordés aux vœux et aux louanges, on lui exposait l’objet du débat et il donnait son avis. 7 Cet avis était approuvé par un vote à main levée, puis ses serviteurs le ramenaient sur son char à travers le théâtre, et les citoyens l’escortaient avec des cris et des applaudissements, après quoi ils traitaient entre eux les autres affaires. »
26 Plutarque, Vies parallèles, Timoléon, 38.1-7 (Flacelière et Chambry, p. 57). Je me dois en outre de rendre hommage à la somme française en tous points remarquable produite par une équipe nombreuse sous la direction de F. Hartog, Paris, 2001 (Quarto Gallimard), car c’est dans ses pages que je découvre Plutarque. Cornélius Népos, Traité sur les grands généraux des nations étrangères, 20.4.2, éd. et trad. A.-M. Guillemin, Cornélius Népos, Œuvres, Paris, 21961 (CUFSL, 15), p. 2-169, p. 127, est plus concis : Veniebat autem in theatrum cum ibi concilium populi haberetur, propter ualetudinem uectus iumentis iunctis, atque ita de uehiculo quae uidebantur dicebat (« Il venait au théâtre quand l’assemblée du peuple s’y tenait, traîné, à cause de ses infirmités, par un attelage, et en cette situation, sans quitter son char, il exposait sa pensée »).
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Énumérons d’abord ces convergences dans l’ordre où elles se présentent chez Plutarque : – « maison », « domaine rural » : domus (AFuld, ChrLaur, Éginh., Théoph. [oikoi]) ; Mammacas villa publica (AMp) ; una et ea praeparvi reditus villa (Éginh.) ; ubi constitutum fuerat (Erchamb.). La maison de Timoléon était « un don des Syracusains, qui la lui avaient réservée comme prix de ses campagnes » ; « le domaine rural qu’ils y avaient ajouté était le plus beau et le plus agréable27. » – « assemblées » : Martius campus (AFuld, ChrLaur) ; concilium generale (AMp) ; publicus populi conventus (Éginh.) ; prokathezestai epi pantos tou ethnous (Théoph.). – « en char » : plaustro […] vectus (AFuld) ; carpento ibat (Éginh.). – « assis » : sedens (AFuld) ; sedebat (ChrLaur) ; resideret (Éginh.). Le Mérovingien n’est pas assis « dans son véhicule », mais « en un lieu éminent » (AFuld), « sur un siège royal » (ChrLaur) ou « sur son trône » (Éginh.). – « le peuple » : dans AFuld, le roi se place de manière à « être vu par le peuple » et il fait une annonce « au peuple » ; dans AMp, il n’est pas question de « peuple », mais de « Francs » et d’« armée » ; dans ChrLaur, des « dons sont offerts au roi par le peuple » ; dans la VKM, l’assemblée est désignée publicum populi sui conventus ; Théophane parle de « la nation entière » et c’est d’elle que le roi reçoit des dons. – « saluait » : Théophane est le seul à mentionner des salutations, mais en sens inverse, du roi au peuple ; ce que le peuple présente au roi, chez lui comme chez les autres auteurs (sauf Erchambert), ce sont des dons. – « rendait » : Théophane est à nouveau seul à exprimer cette idée de réciprocité. – « serviteurs » : Éginhard évoque les famuli du roi, mais pas dans le contexte de l’assemblée. – « ramenaient » : la notion de retour se trouve dans AFuld (sicque rege domum redeunte), AMp (regem … mittebat), et VKM (sic domum redire solebat), ainsi que dans ChrLaur quoique de manière moins explicite (die vero alia et deinceps domi sedebat, cf. égalem. Théophane). – « sur son char » : cf. AFuld et Éginhard (sicque, sic). – « après quoi ils traitaient entre eux les autres affaires » : la vignette mérovingienne s’achève sur une note fort semblable chez la plupart des auteurs (cetera regni negotia maior domus administrabat [AFuld] ; Ipse vero precinctus robore … gubernabat [AMp] ; At regni administrationem … procurabat [Éginh.] ; Echei … pragmata [Théoph.]), sauf, évidemment, que ce n’est pas le peuple mais le maire du palais qui assure la suite. Quant aux différences, la plus difficile à concilier avec la théorie de l’emprunt tient aux protagonistes : d’un côté le corinthien Timoléon (fl. 345-337 av. J.-C.), pourfendeur de tyrans, libérateur de la Sicile28, de l’autre le Mérovingien pathétique et son maire du palais tout-puissant, Pépin II. Les correspondances recensées ci-dessus conduisent à poser l’équivalence : Timoléon = Thierry III, ce qui est parfaitement 27 Plutarque, Vies parallèles, Timoléon, 36.7 (p. 55). 28 K. Meister, « Timoleon », dans Brill’s New Pauly. Encyclopaedia of the Ancient World. Antiquity, XIV, Leiden et Boston, 2009, col. 700-701.
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absurde, puisque le premier est un héros porté aux nues tandis que l’autre est le triste représentant d’une dynastie exsangue. Pour réduire ce paradoxe, on supposera que l’emprunt est ici secondaire, qu’il s’effectua, d’abord, dans des circonstances assez différentes, qui lui conféraient tout son sens, tandis que dans sa forme franque (ou carolingienne), ce n’est guère qu’un remploi maladroit qui, à l’instar des remplois architecturaux révélés par l’archéologie, n’est que très imparfaitement ajusté à sa nouvelle destination. Ce contexte primitif, ce pourrait être, par exemple, la fin du règne de Constant II. L’empereur séjourna cinq ans en Sicile, alors qu’aucun de ses prédécesseurs ne s’était, de mémoire d’homme, montré en Occident. Sa politique fiscale très impopulaire et son assassinat à Syracuse en 668—un tyrannicide, en quelque sorte—ont pu favoriser la remise en circulation du Timoléon de Plutarque. Ces événements eurent des répercussions jusqu’en Gaule mérovingienne. En 667, c’est parce qu’il le « soupçonnait d’être chargé auprès des rois de [l’île de] Bretagne, de quelque mission de l’empereur [Constant II], nuisible au[x intérêts du] royaume [de Neustrie] dont lui, [Ebroin, maire du palais], dirigeait alors les affaires », que celui-ci fit détenir l’abbé Hadrien, parti d’Italie dans la suite de Théodore de Tarse, fraîchement nommé au siège de Canterbury—tous deux avaient été des proches de Constant II29. Rédigées en grec, les Vies parallèles de Plutarque ne circulèrent en Occident qu’assez tardivement. À Byzance, en revanche, leur présence est bien attestée à toutes les époques, le premier Moyen Âge compris30. Le patriarche Photius († 886) en résume deux dizaines dans la section de sa Bibliothèque consacrée à cette œuvre31 et signale une collection d’extraits due à Sopatros d’Apamée († 331), qui ne s’est pas conservée32 : Timoléon figure dans celle-ci, non, hélas, parmi celles-là. On ne se contentait pas de lire Plutarque ou d’en faire des compilations, on y trouvait aussi des matériaux pour l’écriture de l’histoire tant récente qu’ancienne. Le premier cas est illustré par la Vie anonyme de l’empereur Basile Ier (867-886), commandée par
29 Sur tout ceci, voir en dernier lieu S. Esders, « Konstanz II. (641-668), die Sarazenen und die Reiche des Westens. Ein Versuch über politisch-militärische und ökonomisch-finanzielle Verflechtungen im Zeitalter eines mediterranen Weltkrieges », dans : J. Jarnut et J. Strothmann (éd.), Die Merowingischen Monetarmünzen als Quelle zum Verständnis des 7. Jahrhunderts in Gallien, Paderborn, 2013 (MittelalterStudien, 27), p. 189-241, spéc. p. 189-190. La citation est dans Bède, HE, 4.1. 30 M. Pade, The Reception of Plutarch’s Lives in Fifteenth-Century Italy, Copenhague, 2007, chapitres 1 et 2, repris, sans grande modification, dans deux contributions plus récentes du même auteur : « Plutarch (Plutarchus of Chaeronea) », dans : Chr. Walde et al. (éd.), Brill’s New Pauly. The Reception of Classical Literature, Leiden et Boston, 2012, p. 346-351, et « The reception of Plutarch from antiquity to the Italian Renaissance », dans : M. Beck (éd.), A Companion to Plutarch, Chichester, 2014 (Blackwell Companions to the Ancient World, 88), p. 531-543. Pade ne dit pas si des morceaux non attribués ont pu se diffuser indépendamment, comme ce fut le cas, par ex., pour les Histoires d’Hérodote, voir S. G. Bruce, « The Dark Age of Herodotus : Shards of a Fugitive History in Early Medieval Europe », dans Speculum 94 (2019), p. 47-67. 31 Photius, Bibliothèque, Codex 245, éd. et trad. R. Henry, Paris 1959-1977 (Collection Byzantine), 6:174-194. 32 Id., ibid., Codex 161, 2:128:29-30.
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son petit-fils, Constantin VII Porphyrogenète (913-959)33. Le deuxième, par Georges le Syncelle et son Ecloga chronographica34. Ni l’un ni l’autre ne puisent, il est vrai, à la Vie de Timoléon—le personnage fait dans l’Ecloga une apparition des plus brèves35. Georges nous rapproche sensiblement, ainsi qu’on l’a vu, d’un des auteurs de notre corpus : Théophane, dont l’œuvre, de son propre aveu, est indissociable de la sienne. Cette diffusion exclusivement hellénophone oblige, pour autant qu’on admette la filiation ici proposée, à conférer à l’apport byzantin un rôle majeur dans la genèse textuelle des « rois fainéants ». Il est significatif, à cet égard, que des œuvres de Plutarque soient signalées dans les bibliothèques de Sicile en 1156, et que ce soit là que s’amorce l’histoire de leur redécouverte dans les pays d’expression latine36.
33 Chronographiae quae Theophanis Continuati nomine fertur Liber, quo vita Basilii Imperatoris amplectitur, éd. et trad. I. Ševčenko, introd. C. Mango, Berlin, 2011 (Corpus Fontium Historiae Byzantinae, Series Berolinensis, 42), « Index locorum », p. 482. Voir P. Payen, « Byzance », dans le Plutarque de Hartog et al., p. 1972-1973. 34 Pade, Reception of Plutarch’s Lives, p. 54-55 ; Plutarch, p. 347b (§ B.3.1) ; Reception of Plutarch, p. 535. Voir en outre Georgii Syncelli Ecloga Chronographica, éd. A. A. Mosshammer, Leipzig, 1984 (BSGRT), p. 506 ; The Chronography of George Synkellos. A Chronicle of Universal History from the Creation, trad. W. Adler et P. Tuffin, Oxford 2002, p. 586-587. 35 Georges le Syncelle, Ecloga Chronographica, p. 312, l. 25 (Mosshammer) ; p. 378 (Adler et Tuffin). 36 Pade, Reception of Plutarch’s Lives, p. 61-62 ; Plutarch, p. 348b (§ B.3.2) ; Reception of Plutarch, p. 536-537.
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Annexe 9
Sur les capitulaires de Quierzy (857), Coblence (860) et Pîtres (862)
1.
Les sources des citations de Pîtres, c. 41
La première citation, De pace etc., provient d’Anségise, Collectio capitularium, ici 2.142, qui forme, avec d’autres extraits du même recueil et sous le « titre » : Secuntur capitula domni Karoli et domni Hludowici imperatorum, le deuxième appendice du capitulaire de Charles le Chauve daté de Quierzy, le 14 février 8573. Anségise emprunte lui-même à l’Admonitio ad omnes regni ordines de 825, c. 164. Sur marca, « la marche », et l’organisation de l’intendance militaire, voir Capitulare Bononiense (811), c. 85, d’où Anségise, Collectio capit., 3.746. La deuxième citation, Si quis in exercitu etc., dérive de Benoît Lévite7. Le mot vel, entre exercitu et infra, attesté pourtant par tous les témoins (vérification faite sur Paris, BNF, lat. 9654, fol. 109r, ligne 15, et Vatican, BAV, Pal. lat. 582, fol. 114r, l. 13), est de trop : on ne le trouve ni dans le deuxième appendice du capitulaire de Quierzy de 8578, la source de ce passage, comme l’observe l’éditeur9, ni chez Benoît Lévite, la source de Quierzy, ni dans la Lex Baiwariorum, la source de Benoît Lévite. Les dernières lignes, Similter et collectas etc., dérivent du Capitulare missorum Silvacense (Servais) de novembre 853, c. 310, avec toutefois d’importantes divergences dans l’énumération des crimes (en plus : homicide volontaire ; en moins : conjurations, conspirations, séditions, viol/rapt des femmes). Les modèles de ce capitulaire identifiés par les éditeurs11 ne concernent que les bandes armées et les effractions de territoires immunitaires.
1 Le texte de Pîtres, c. 4, est reproduit et traduit supra, p. 169-170, et n. 34, p. 170. 2 Die Kapitulariensammlung des Ansegis / Collectio capitularium Ansegisi, éd. G. Schmitz, Hanovre, 1996 (MGH Capitularia regum Francorum. Nova series, 1), p. 531. 3 Capitulaire de Quierzy (857), éd. W. Hartmann, Konzilien 843-859, no 38, p. 383-398. Deuxième appendice : p. 394-396, avec le « titre » p. 394, l. 20. Le passage concerné est p. 395, l. 14-16. 4 Admonitio ad omnes regni ordines, éd. A. Boretius, Capitularia, no 150, 1:303-307, p. 305, l. 30-32. 5 Capitulare Bononiense, éd. Id., ibid., no 74, 1:166-167, p. 167, l. 11-18. 6 Die Kapitulariensammlung des Ansegis, éd. G. Schmitz, p. 606-607. 7 Voir supra, p. 169. 8 Capitulaire de Quierzy, éd. W. Hartmann, p. 396, l. 13. 9 W. Hartmann, Konzilien 860-874, n. 47, p. 104. 10 Capitulare missorum Silvacense, éd. A. Boretius et V. Krause, Capitularia, no 260, 2:270-276, p. 272, l. 14-16. 11 P. 272, n. 12 et 13.
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2. Analogues, contexte et filiation Plusieurs textes normatifs qui, comme Pîtres (862), traitent des exactions commises par l’armée en territoire propre, ont pour toile de fond la discorde qui sévit parmi les héritiers et successeurs de Louis le Pieux. Celle-ci dégénère périodiquement en des guerres qui ne disent pas ou ne veulent pas dire leur nom, multipliant les violences armées en même temps qu’elles rendent aléatoires les remèdes aux maux qu’elles engendrent—un contexte qui n’est pas sans rappeler celui de la guerre civile qui, à Rome, précipita la fin de la République et provoqua, par réaction, la promulgation des Lois juliennes. Plusieurs—les mêmes, le plus souvent—ont un air de famille derrière lequel on discerne la main d’Hincmar de Reims. Il est probablement l’auteur de la Collectio de raptoribus, le premier des deux appendices de Quierzy (857)12. D’aucuns lui attribuent la rédaction de Pîtres (862)13, plus sûrement celle des chapitres 1 et 414. Et il figure en première place parmi les onze évêques présents à Coblence15. Du reste, Pîtres (862) ne fait pas mystère de sa filiation avec Quierzy (857) et Coblence (860)16. L’armée, son passage ou son itinéraire depuis le lieu de rassemblement jusqu’au franchissement des frontières du royaume sont mentionnés assez souvent dans la compilation de Quierzy et donc dans Pîtres : in exercitali itinere (Q, 395:14 > P, 104:13) ; in tali itinere (Q, 395:18, renvoyant à l’occurrence précédente) > in exercitu (P, 103:10) ; in hoste (Q, 396:8) ; per vim hostilem (Q, 396:13 > P, 104:16) ; exercitum suum (Q, 396:20 > P, 104:23) ; etc. De même, l’espace où ses violences sont des exactions illicites : usque ad marcham (Q, 395:14 > P, 104:14) ; infra patria (Q, 395:35) ; infra regnum (Q, 396:13 > P, 104:16 ; Q, 396:21 > P, 104:24 ; Q, 396:22) ; etc. Les chapitres 4 à 7 de l’Annonce du seigneur roi Louis [le Germanique], à Coblence, en langue tudesque17 dressent une liste de méfaits qui n’est pas sans analogies avec celle des octo banni. Sans doute l’incendie volontaire et la violation de domicile sont-ils envisagés ici sous une rubrique moins pointue, celle des « rapines et déprédations », devenues « si fréquentes que, pour beaucoup, elles ont presque valeur de loi » (c. 6, Sed et de istis rapinis et depraedationibus, quas iam quasi pro lege multi per consuetudinem tenent …). Ces pratiques sont bannies, « à dater de ce jour et désormais, de par le ban de Dieu et en notre nom » (… ab hoc die et deinceps de Dei banno et de nostro verbo bannimus […]). « Mais qu’au pays chacun demeure en paix et sans opprimer 12 W. Hartmann, Konzilien 843-859, p. 383, l. 19-34. 13 H. Schrörs, Hinkmar Erzbischof von Reims : sein Leben und seine Schriften, Fribourg en Brisgau, 1884, p. 235, n. 72, d’où A. Boretius et V. Krause, Capitularia, p. 303, l. 13-15. 14 W. Hartmann, Konzilien 860-874, p. 90, l. 29-32, croit y reconnaître son style. 15 Hludowici, Karoli et Hlotharii II. conventus apud Confluentes, éd. A. Boretius et V. Krause, Capitularia, no 242, 2:152-159, p. 154, l. 11. 16 Capitula Pistensia, 2, 3 et 4 (Hartmann, 101:13-14, 102:1 et 105:10). Sur Quierzy > Coblence, voir en outre W. Hartmann, Konzilien 843-859, p. 387-388, « Nachwirkung. c. 2. ». Sur Quierzy > Pîtres, voir ci-dessus, section 1, ainsi que W. Hartmann, Konzilien 860-874, notes 21, 23, 28, 36-43, p. 101-103—mais pas, curieusement, W. Hartmann, Konzilien 843-859, p. 387-388, dans ses remarques sur la postérité ou « Nachwirkung » du deuxième appendice de Quierzy. 17 Hludowici, Karoli et Hlotharii II. conventus apud Confluentes, 4-7 (Boretius et Krause, p. 157-158).
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les pauvres ou ceux qui habitent à l’entour ; que chacun, se rendant à l’armée, au plaid ou à la cour, quitte son foyer, muni, sur son bien, des provisions nécessaires, de manière à pouvoir nous rejoindre et rentrer ensuite chez soi paisiblement18. » C’est donc bien le service du roi, à l’armée ou ailleurs, qui justifie la sanction du ban royal à l’encontre des exactions auxquelles ses exécutants dévoyés se seraient livrés. On notera incidemment la ressemblance des derniers mots, nobiscum stare et ad domum suam redire, avec la fin du passage des Annales de Fulda sur les derniers Mérovingiens : stante coram maiore domus […] sicque rege domum redeunte […]19.
18 Ibid., c. 6 (d’où Capitula post conventum Confluentinum missis tradita, éd. A. Boretius et V. Krause, Capitularia, no 270, 2:297-301, section D, p. 299-300, spéc. c. 6, p. 300, l. 3-6) : Sed unusquisque infra patriam cum pace et sine oppressione pauperum et circummanentium consistat et in hostem vel ad placitum sive ad curtem veniens de suo sic warnitus et de domo sua moveat, ut cum pace venire et nobiscum stare et ad domum suam redire possit. 19 AFuld, ao 751 (Pertz et Kurze, 6:3 et 6:5), cf. ChrLaur, circumstante exercitu et maior domus coram eo (Schnorr von Carolsfeld, 28:5-6) et Tableau 5, ao 455.
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Annexe 10
À propos de quelques termes latins et vernaculaires du vocabulaire militaire ou paramilitaire
1.
Collecta(e) et heriszuph/herizup
Sur collecta(e), qui n’appartient pas au registre classique, voir MLWB, 2:836:14-20,27-32 (s. v. « collecta », i A 3 a et i B 2 a-b). L’équivalent vernaculaire cité par Servais et Pîtres, heriszuph (var. herizup) et herizup (var. herisub, heriszup, herizip), respectivement, comporte un radical clairement identifiable, heri, traduit comme suit par les glossaires, dont les plus anciens remontent au viiie siècle1 : acies (« formation de combat »), agmen (« armée en marche »), ala (« aile » d’une armée), apparatus (« troupe »), copia (« troupe »), exercitus (« armée »), hostis (« armée », « ost »), milites (« soldats »), militia (« armée »), multitudo (« multitude »), pedes (« infanterie »), turba (« foule », « cohue »), virtus (pour vis, « force », ainsi Summula/Memoratio, c. 7)—les notions de violence et de multitude armée, militaire ou non, en sont le commun dénominateur. Le deuxième terme est plus problématique. Il serait imprudent de poser : heri(s)zup(h) (Servais et Pîtres) = harizhut (Memoratio), comme font Boretius et Krause2 ou Esders3, sans autre forme de procès. De même, l’identité du radical n’autorise nullement, à elle seule, le rapprochement avec heriraita (Lex Baiw., 4.23, cf. hariraida, Lex Ribuaria, 67 [64]4) que Saar5 ou Esders6 n’hésitent pourtant pas à faire. Le déterminant -raita/-raida est certainement à rapprocher de vieil-anglais rád, au sens de « raid »7. En revanche, -zup(h) demeure obscur. Ce pourrait être un mot fantôme, fruit de l’impéritie ou de la créativité des copistes. L’auteur anonyme de la Memoratio, qui fait d’autres emprunts à Lex Baiw.8, aura façonné un hybride en combinant le radical de heriraita, Lex Baiw., 4.23, et le déterminant de heimzuht, Lex Baiw., 4.249 : seul l’intéresse le résultat du
1 A. L. Lloyd, R. Lühr et al., Etymologisches Wörterbuch des Althochdeutschen, IV, Göttingen, 2009, p. 971. 2 A. Boretius et V. Krause, Capitularia, p. 638, index s. v. « harizhut ». 3 S. Esders, Military Law, § 26, p. 18-19. 4 Lex Ribuaria, 67 (64), éd. F. Beyerle et R. Buchner, Hanovre, 1954 (MGH LL nat. Germ., 3/2), p. 118, l. 5. Variantes : ibid., p. 185, s. v. 5 S. Chr. Saar, « Heimsuchung », dans RGA, XIV, 1999, p. 247-250, p. 248b. 6 S. Esders, op. cit., loc. cit. 7 Exemples et commentaire dans C. Brady, « Old English Nominal compounds in –rád », dans Proceedings of the Modern Language Association, 67/4, juin 1952, p. 538-571, p. 541-542. 8 Par ex. 2.4 (Schwind, 296:6), casas vel scurias > casam aut scuriam, c. 6. 9 Lex Baiwariorum, 4.23 et 4.24 (Schwind, 331:3 et 332:1). La graphie -zhut ne correspond toutefois à aucune des nombreuses variantes recensées (p. 332, lignes 10-12 de l’édition), peut-être parce que le copiste est peu familier des parlers germaniques (voir supra, p. 168, n. 30).
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A n n e xe s
forfait (le même dans les deux cas) non le nombre de complices, qui, dans Lex Baiw., sert à définir le crime (heriraita ou heimzuht), à fixer le montant des amendes (40 et 12 sous, resp.) et à nommer leur(s) bénéficiaire(s) (le demandeur dans les deux cas, auquel s’ajoute le duc, dans le premier)—chez les Bavarois comme chez les Francs saliens (Pactus, c. 42 et 4310), les Anglo-Saxons du Wessex (Lois d’Ine, c. 1311), ou les Byzantins de l’époque de Justinien (Digeste, 47.8.4.3, citant Ulpien [† 228]). La graphie de Servais et Pîtres ne saurait dériver de celle de la Memoratio, attestée par le manuscrit de Bamberg, unique : en aucun cas -zhut n’a pu donner -zup(h). Le témoignage de la Collectio Neustrica12 permet de supposer l’existence d’un autre exemplaire au moins en plus du Bambergensis, dans lequel le déterminant en question aurait revêtu une forme plus proche de celle de son modèle, -zucht. La perte du -t- final et la métamorphose du -c- en -p- peuvent provenir d’une défaillance de l’œil ou de l’oreille, de la copie texte-à-texte ou sous dictée : la méprise -zucht/-zuph semble toutefois plus plausible sous l’angle de la phonétique que sous celui de la paléographie. Le sens, vieilli, de l’allemand moderne « zupfen » : « se saisir illégalement de quelque chose » (« etwas unrechtmässig an sich reiszen »), comme dans « délester quelqu’un de sa bourse » (einen zupfen, « ihm geld abnehmen ») pourrait bien convenir, mais les textes qui l’illustrent datent tous du début de l’époque moderne13.
2. Conductio et hereteam Conductio peut signifier « mobilisation », « recrutement », mais ce sens n’est attesté que vers 1100, par un très petit nombre de textes : le Quadripartitus, qui contient la traduction latine des lois anglo-saxonnes14, la chronique de Jean de Worcester15 et la chronique de Saint-Hubert dite Cantatorium16. Faut-il y voir un écho du conduxerit de Pauli Sententiae, 5.28.317 ?
10 Voir S. Esders, op. cit., p. 18 et n. 146. 11 Voir A. Roth, Kollektive Gewalt, p. 58-61 ; S. Chr. Saar, op. cit., p. 249a ; J. Campbell, « A Nearly, but Wrongly, Forgotten Historian of the Dark Ages », dans : J. Barrow et A. Wareham (éd.), Myth, Rulership, Church and Charters. Essays in Honour of Nicholas Brooks, Aldershot (GB) et Burlington (VT, USA), 2008, p. 31-44, p. 33, d’après E. W. Robertson, Scotland Under her Early Kings, Édimbourg, 1862, ou Historical Essays in Connection with the Law, the Church etc., Édimbourg, 1872. 12 Supra, p. 168, n. 29. 13 Deutsches Wörterbuch von Jacob Grimm und Wilhelm Grimm. XVI. Zobel-Zypressenzweig, bearbeitet von G. Rosenhagen und der Arbeitstelle des Deutschen Wörterbuches zu Berlin, Leipzig, 1954, p. 630, s. v., § 4.c. 14 Lois d’Ine, 15 (Liebermann, p. 97, 2e col., lignes 1-2). Sur la date, voir en dernier lieu R. Sharpe, « The Dating of the Quadripartitus Again », dans : S. Jurasinski, L. Oliver et A. Rabin (éd.), English Law Before Magna Carta. Felix Liebermann and Die Gesetze der Angelsachsen, Leiden et Boston, 2010 (Medieval Law and Its Practice, 8), p. 81-94. 15 Dictionary of Medieval Latin from British Sources, prepared by R. E. Latham under the direction of a committee appointed by the British Academy, Londres, 1975-2013, 1:429c, s. v. « 2 conductio », section 2 a, avec l’attribution ancienne à Florence de Worcester. Ce même dictionnaire signale en outre sous le même lemme, section 2 b, le passage du Quadripartitus et propose, pour cette seule occurrence, le sens de « maraude (?) ». 16 MLWB, 2:1276:1-4, s. v. « conductio », section 2 a α. 17 Sur ce texte, voir supra, p. 174-175, n. 52.
anne xe 10
Liebermann traduit hereteam ainsi18 : « Verheerungszug mit Heerschar gegen Privatfeind » (« razzia avec une troupe armée contre un ennemi privé »). Cette interprétation, dictée—à bon droit, pourrait-on croire—par le contexte, traite hereteam comme un agrégat purement morphologique dominé par here, sans la fusion intégrale des deux composantes et la métamorphose sémantique que suppose l’équivalence établie par le Glossaire harléien19 avec les substantifs latins excidium (« destruction »), eversio (« destruction, ruine »), expugnatio (« prise [d’une ville, par ex.] »), casus (« chute, fin ») et ruina20. Here, qui correspond au vha. heri dont il a été question ci-dessus21, et que le Quadripartitus rend par exercitus22, ne désigne jamais, dans les lois anglo-saxonnes, l’armée régulière (allem. « Landesheer »), mais celle de l’ennemi, qu’il soit intérieur (« dieser aber auch bürgerlich organisiert ») ou extérieur (spéc. Vikings), ou alors « la bande armée de plus de 35 hommes pénétrant de force chez l’habitant dans le cadre d’une faide privée23 ». Que penser, dans cette hypothèse, de la deuxième composante, -team ? Liebermann en fait un dérivé du terme juridique désignant, dans une procédure en recouvrement de biens volés, soit la faculté accordée à la personne auprès de laquelle on les a retrouvés, de démontrer qu’elle est entrée en leur possession légalement (c’est l’action furti oblati du très ancien droit romain24), soit les profits de justice afférents à une telle procédure25 ; on ne voit pas, toutefois, que cette acception de team soit compatible avec le sens donné ci-dessus au radical here-. Le Quadripartitus aussi nous conduit à une impasse car la lexicographie ne permet pas de confirmer l’équivalence team = conductio (qui repose, rappelons-le, sur Ine, 13.1 et 15, ainsi que sur les traductions qu’en donne le Quadripartitus) : autrement dit, aucun des sens possibles de conductio ne correspond à l’un des sens possibles de team. Peut-être faut-il donner à here son sens—métaphorique—de « dévastation26 », et à team celui d’« équipe » (qui, toutefois, ne semble pas attesté avant la fin du Moyen Âge, 1300 × 1500) : hereteam serait l’équipe constituée à des fins de pillage.
18 F. Liebermann, Die Gesetze der Angelsachsen. II/1. Wörterbuch, Halle, 1906, p. 114b, s. v. « hereteam ». 19 Et confirmée par d’autres occurrences, voir par ex. J. Bosworth et Th. N. Toller, An Anglo-Saxon Dictionary based on the Manuscript Collection of the Late Joseph Bosworth […] edited and enlarged by T. Northcote Toller, Oxford, 1898, p. 533, s. v. « hereteam », section i, 2e exemple. 20 Dictionary of Old English Web Corpus, compiled by A. diPaolo Healey with J. Price Wilkin and Xin Xiang, Toronto : Dictionary of Old English Project, 2009, s. v. « team », d’après The Harley Latin-Old English Glossary, éd. R. T. Oliphant, La Haye, 1966 (Janua linguarum, series practica, 20), no 2781 (E528). 21 Section 1. 22 Lois d’Ine, 13.1 (Liebermann, p. 95, 2e col., vers la fin). 23 F. Liebermann, Rechts- und Sachglossar, p. 499a, s. v. « Heer ». 24 Sur cette actio, voir DAGR, s. v. « Furtum ». 25 F. Liebermann, Wörterbuch, p. 208b, s. v. « team », « 3) Der[ivativ] : heret~ ». Pour ce sens de team, voir égalem. Oxford English Dictionary Online, s. v., § 8a et 8b, sous la rubrique « iii. Anglo-Saxon Law ». 26 V. A. Pakis, « The Meaning of Æschere’s Name in Beowulf », dans Anglia – Zeitschrift für englische Philologie, 126/1, 2008, p. 104-113, p. 111.
307
Annexe 11
a. Les statistiques des papes
Les Vies des papes au Liber pontificalis (LP) s’achèvent toutes par des indications de même teneur. Ce sont elles, principalement, qui vont être mises en tableau, ci-dessous. À titre d’exemples, on citera les passages pertinents des deux Vies de Grégoire II (Duchesne, 410:8-13) et de la Vie de Zacharie (Duchesne, 435:20-21) : Hic fecit ordinationes v, presbiteros xxxv, diaconos iiii ; episcopos per diversa loca numero cxlviiii. Et cessavit episcopatus dies xxxv. Qui etiam sepultus est basilica beati Petri apostoli, sub die xi mens. febr. indictione xiiii. Hic fecit ordinationes v, iiii per mens. septemb. et unam mense iunio, presbiteros xxxv, diaconos iiii ; episcopos per diversa loca cl. Qui etiam sepultus est ad beatum Petrum apostolum, sub die iii id. febr. indictione xiiii, Leone et Constantino imperantibus. Et cessavit episcopatus dies xxxv. Hic fecit ordinationes iii per mens. mart., presbiteros xxx, diaconos v ; episcopos per diversa loca numero lxxxv. Qui sepultus est ad beatum Petrum apostolum, id. mart., indictione v. Et cessavit episcopatus dies xii. Nom
Durée Ordinations collectives règne (approx.)
Nbre. de clercs ordonnés
nbre.
mois
prêtres
diacres
évêques
Pierre Lin Clet Clément Anaclet Évariste Alexandre Sixte Telesphore Hygin Pie Anicet Soter Éleuthère Victor Zéphyrin Callixte
2 2 2 3 3 3 3 3 5 5 3 3 2 4 5
déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc
10 18 25 10 5 17 6 11 12 15 19 19 18 12 4 14 16
7 2 3 2 2 3 8 5 21 4 9 8 7 7 4
3 15 15 6 15 5 4 13 6 12 9 11 15 12 13 8
310
A n n e xe s
Nom
Durée Ordinations collectives règne (approx.)
Nbre. de clercs ordonnés
nbre.
mois
prêtres
diacres
évêques
Urbain Pontien Antère Fabien Corneille Lucius Étienne Sixte II Denis Félix Eutychien Gaius Marcellin Marcel Eusèbe Miltiade Silvestre Marc Jules Libère Félix II Damase Sirice Anastase Innocent Zosime Boniface Célestin Sixte II Léon Hilaire Simplicius (468-483) Félix III Gélase Anastase Symmaque Hormisdas Jean
5 2 14 3 2 4 2 9 5 8 13 8 2 1 3 21 1 15 5 3 18 15 3 16 2 4 10 8 21 7 15
5 2 5 2 2 2 2 2 5 4 2 1 1 6 2 3 2 1 5 3 2 4 1 3 3 4 1 3
déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc déc et fév
19 6 22 4 6 4 12 9 14 25 4 25 13 7 42 25 18 18 21 31 31 9 30 10 13 32 28 81 25 59
7 5 7 4 5 7 6 5 5 8 2 2 3 5 26 6 4 5 5 11 16 5 12 3 3 12 12 31 6 11
8 6 1 11 7 3 2 8 5 9 5 5 21 14 11 65 27 9 19 19 62 32 11 54 8 36 46 52 185 22 88
9 5 3 16 9 3
2 2 1 4
déc déc et fév déc déc et fév déc
28 32 12 92 21
5 2 16
31 67 16 117 55 15
anne xe 11
Nom
Durée Ordinations collectives règne (approx.)
Nbre. de clercs ordonnés
nbre.
mois
prêtres
diacres
évêques
Félix IV (526-530) Boniface II Jean II Agapit Silvère Vigile Pélage Jean III Benoît Pélage II Grégoire
5
2
fév et mar
55
4
29
3 3 2 2 18 5 12 4 10 14
1 1 2 2 2 1 2 2
15 14 46 26 38 15 28 39
4 16 9 13 3 8 5
21 11 18 81 49 61 21 48 62
déc déc déc déc déc déc déc Carême et sep
26
2 3 2 3 2 1 2 4 1 1 1 1 2 1 1 5 4 et 1
déc déc déc déc déc déc 27 juin 683 mar sep et juin
8 14 26 13 18 21 11 22 14 10 10 9 18 9 10 35 35
5 4 11 5 4 5 1 2 5 3 3 4 2 2 4 4
21 36 29 29 81 4 18 46 33 21 97 46 6 18 23 12 13 16 97 15 19 1 64 149 150
Sabinien 2 (604-606) Boniface III 1 Boniface IV 7 Deusdedit 3 Boniface V 6 Honorius 13 Séverin 2 mois Jean IV 2 Théodore 7 Martin 5 Eugène 3 Vitalien 15 Adéodat 4 Donus 2 Agathon 3 Léon II 10,5 mois Benoît II 1 Jean V 1 Conon 1 Serge 14 Jean VI 3 Jean VII 3 Sisinnius 20 jours Constantin 7 Grégoire II 16 16
311
312
A n n e xe s
Nom
Durée Ordinations collectives règne (approx.)
Nbre. de clercs ordonnés
nbre.
mois
prêtres
diacres
évêques
Grégoire III Zacharie Étienne II Paul Étienne III Hadrien Léon III Étienne IV Paschal Eugène II Valentin Grégoire IV
10 11 5 10 4 23 21 2
3 3 1 1 1 2 3 1 2 5
24 30 2 12 4 24 30 9
3 5 2 2 4 7 12 4
80 85 15
185 126 5
Serge II Léon IV Nicolas Hadrien II Étienne V (885-891)
1 2 1
déc mar mar déc déc mar mar déc déc et mar mar, sep et déc mar déc et mar mar
Remarques 1. Bref commentaire global : L. Duchesne, Liber Pontificalis, p. cliv-clv ; G. G. Willis, Ember Days, p. 80. Les données pour les temps les plus reculés sont probablement inventées. 2. On n’a pas pris la peine de relever, pour le ixe siècle, les durées approximatives des pontificats ni les nombres de clercs ordonnés. 3. S’agissant de l’époque des ordinations, on voit que décembre règne sans partage jusqu’au milieu du ve siècle (Hilaire). Une deuxième période, d’un siècle et demi, de Simplicius à Grégoire le Grand, se caractérise par une alternance des ordinations du dixième mois (décembre) et de Carême (sur celles-ci, voir remarque 4). On constate en outre l’absence de cette donnée dans 3 cas sur 18. Les omissions de ce type sont caractéristiques de la troisième période, les 80 ans qui séparent Sabinien d’Agathon (9 cas sur 15), et dominent encore largement jusqu’au pontificat de Constantin inclusivement (7 cas sur 9) ; on les retrouvera, minoritaires, au ixe siècle (4/11). Pour la suite, on pourrait envisager deux périodisations. La première embrasserait l’ensemble des pontificats depuis celui de Léon II jusqu’à la fin de la période traitée au LP : elle serait placée sous le signe de l’ouverture, toutes les époques des Quatre-Temps étant désormais représentées—février/mars, juin, septembre, décembre. On objectera que les deux époques médianes, juin et septembre, sont fort mal représentées : septembre n’est attesté que deux fois (Grégoire II et Grégoire IV), et la première des deux occurrences pour juin pose problème (voir remarque 4). La deuxième périodisation mettrait plutôt l’accent sur la prépondérance très nette des ordinations de mars à partir de Serge (10 papes sur les 15, soit 2 sur 3, pour lesquels cette donnée d’époque existe) et, surtout, à partir de Zacharie (9 papes sur 12, soit 3 sur 4) (le chiffre pour les ordinations en décembre est de 7 dans les deux cas, quatre pontifes ayant ordonné à deux ou trois époques différentes). Il n’est pas du tout avéré que ces ordinations de mars soient des ordinations de Carême plutôt que des ordinations du premier mois, comme c’était le cas des exemples fournis par la deuxième période (voir remarque 4).
anne xe 11
4. Les ordinations de février par Simplicius, Gélase, Symmaque et Félix IV ont indubitablement eu lieu le premier samedi de Carême. Sans doute convient-il de rapporter à ce même jour ou à la mi-Carême les ordinations de mars par Félix : elle(s) ne peu(ven)t se conformer à la règle du premier samedi du premier mois … qui n’existe pas encore, puisque les Quatre-Temps ne sont encore que Trois—en revanche, Gélase, Ep. 14, 11, prévoit bien cinq créneaux d’ordination, correspondant aux jeûnes des quatrième, septième et dixième mois, ainsi qu’à ceux de la première et de la quatrième semaines de Carême (initium quadr., mediana quadr.). Les statistiques de Grégoire le Grand sont particulièrement éloquentes à cet égard, puisqu’elles seules spécifient : in Quadragesima, plutôt que de donner le nom du mois. Les Anglo-Saxons au moins, et Ecgberht de York en particulier, verront en lui, sur ce point comme sur tant d’autres, le fondateur de la juste doctrine. Ce qui est vrai pour la deuxième période ne l’est pas, fort probablement, pour la dernière : si le Carême avait été la référence, et non le premier mois (mars), ne s’attendrait-on pas à voir la mention « février » au lieu de « mars » dans l’une au moins des dix occurrences recensées (Serge, Zacharie, Étienne II, Hadrien, Léon III, Paschal, Grégoire IV, Serge II, Léon IV, Nicolas) ? À moins—ce qu’on ne saurait croire—que sous l’empire d’une sorte de littéralisme juridique l’usage n’ait alors consisté à écrire « mars », dans des circonstances bien précises, pour signifier « Carême ». On admettra donc que la distinction radicale qu’Andrieu pose entre, d’une part, un système romain de Quatre-Temps mobiles, solidaires—notamment—du Carême et de la Pentecôte et, d’autre part, un système franc invariable (première semaine de mars, deuxième semaine de juin, etc.), n’est pas compatible avec les enseignements tirés des « statistiques » des papes. 5. Sur Léon II et la date du 27 juin [683], à laquelle il ordonna neuf prêtres et trois diacres, voir L. Duchesne, op. cit., p. 362, n. 11, d’où H. Leclercq, Quatre-Temps, col. 2016, et M. Andrieu, Ordines Romani, p. 222. La Pentecôte, cette année-là, étant tombée le 7 juin, les Quatre-Temps d’été devaient intervenir la semaine suivante, du 9 (sic pro « 10 » ?) au 13 juin, et les ordinations avoir lieu le dernier de ces jours, un samedi. Ne concevant pas que l’on ait pu faire entorse à la loi et ordonner en dehors des Quatre-Temps, Duchesne admet, sans pouvoir le démontrer, que la date du 27 devait être, cette année-là, conforme aux prescriptions. Leclercq invoque « une certaine indétermination sur la semaine précise des Quatre-Temps ». Andrieu sait gré à Duchesne d’avoir relevé cet « indice de la mobilité du jeûne d’été ». D’après lui, Léon II « avait le droit de retarder les Quatre-Temps de quinze jours », mais il concède que « nous ne savons pour quelles raisons » il le fit. J’ajouterai que la proximité des Saints-Apôtres (29 juin) ne fut peut-être pas étrangère à son choix. 6. Les données relatives à Grégoire II diffèrent dans les deux rédactions de sa Vie, la deuxième, écrite « un certain temps après 737-739, sous le pape Zacharie au plus tôt », étant « de très peu postérieure » à la première (L. Duchesne, op. cit., p. ccxxb et ccxxiia). 7. Les données relatives à Grégoire III et à Zacharie ont été rajoutées à leurs Vies, demeurées inachevées, par un contemporain de Paul Ier ou d’Étienne III (L. Duchesne, ibid., § 19, p. ccxxviia).
313
31 4
A n n e xe s
b. Textes francs sur les Quatre-Temps (i) : 784-813
1. Paul Diacre, Liber de episcopis Mettensibus (comp. 784), 393-3961 : Hic consecravit episcopos quam plurimos per diversas civitates, prespiteros nihilominus ac diaconos, ceterosque ecclesiasticos ordines, sicut moris est Romanae ecclesiae, in diebus sabbatorum quaternis temporibus anni. « [Chrodegang, évêque de Metz († 766)] consacra de nombreux évêques par différentes cités et guère moins de prêtres, de diacres ou [de membres] des autres ordres ecclésiastiques, ainsi qu’il est de coutume dans l’église romaine, aux samedis des Quatre-Temps. » Si ces lignes ressemblent beaucoup aux indications analogues fournies pour chaque pape par le Liber pontificalis, ce n’est nullement un hasard : on sait en effet à quel point ce recueil biographique a servi de modèle à l’auteur pour son propre Liber2. 2. « Premier » capitulaire de Charlemagne (prob. 787), c. 113 : Ut ieiunium quatuor temporum et ipsi sacerdotes observent et plebi denuntient observandum. « Que les ministres du culte observent le jeûne des Quatre-Temps et qu’ils l’annoncent au peuple pour que celui-ci l’observe [également]. » 3. Synode de Reisbach (prob. 799), c. 44 : Statuerunt etiam, ut cum consilio vel uoluntate omnium pro remedio animarum elemosynas esse faciendas quater in anno, id est sabbato ante palmas et sabbato sancto pe pentecosten et tertia sabbato septimi mensis et in sabbato proximo natiuitatis domini ; […]. 1 Paolo Diacono, Liber de episcopis Mettensibus, éd. Ch. Santarossa, Florence, 2015 (Edizione nazionale dei testi mediolatini d’Italia, 38, Serie i, 22), p. 146-147 ; date p. 4-5. 2 Voir W. Goffart, « Paul the Deacon’s ‘Gesta Episcoporum Mettensium’ and the Early Design of Charlemagne’s Succession », dans Traditio, 42, 1986, p. 59-93, p. 66-68, d’où, en termes plus généraux, Ch. Santarossa, op. cit., p. 7-8. 3 Karoli Magni capitulare primum, 11 (Boretius, 46:1-2). Date : H. Mordek, K. Zechiel-Eckes et M. Glatthaar, Einleitung, p. 249. 4 Statuta Rispacensia, Frisingensia, Salisburgensia, éd. A. Werminghoff, Concilia, no 24A, 1:205-213, p. 207208, et cf. Notitia concilii Rispacensis, no 24B2, p. 214, l. 25-28 ; A. Dold, « Die Texte der bayerischen Synodalstatuten von Reisbach und Freising nach der wohl ältesten Niederschrift im clm 6333 auf darin verwendeten Palimpsestblättern », dans DA, 8, 1951, p. 364-383, édition p. 368-376, spéc. p. 370-371, reproduit ici. Date : H. Mordek, K. Zechiel-Eckes et M. Glatthaar, Einleitung, p. 115 ; E. Boshof, « Die Synode von Reisbach (799) im Rahmen des bayerischen Synodalwesens des 8./9. Jahrhunderts », dans Passauer Jahrbuch, 58, 2016, p. 15-30, p. 23, avec davantage de certitude.
anne xe 11
« Ils statuèrent en outre, que, conformément à l’avis et à la volonté unanimes, on ferait des aumônes pour le remède des âmes quatre fois dans l’année : le samedi avant les Rameaux, le samedi saint avant la Pentecôte, le troisième samedi du septième mois et le samedi avant la nativité du Seigneur. […]. » Sur elemosynas et sabbato ante palmas, voir texte p. 194-195. Pour la traduction de sabbato sancto pentecosten (le pe est de trop, ainsi que Dold l’observe), voir M. Andrieu, Ordines Romani, p. 228. 4. Capitula Vesulensia (comp. v. 800), c. 145 : Doceant etiam presbiteri populum quatuor legitima tempora ieiunia observare, hoc est mense Martio, Iunio, Septembrio et Decembrio, quando sacri ordines iuxta statuta canonum aguntur. « Que les prêtres enseignent au peuple à observer les jeûnes réglementaires des Quatre-Temps, à savoir d[es] mois de mars, juin, septembre et décembre, quand sont conférés les ordres sacrés, en accord avec les prescriptions des canons. » La première partie, de Doceant à observare est textuellement proche de no 2, supra. Issu d’un même archétype perdu que no 5, ci-dessous6. Repris par Benoît Lévite dans sa collection, 2.1867. 5. Statuta Bonifacii (comp. ? × 850), c. 308 : même texte, exactement, que celui des Capitula Vesulensia, à de très menues variantes près. Filiation : voir ci-dessus, no4. 6. Capitula Bavarica (comp. 799 × 813), 10 et 119 : X. Ut per IIIIor tempora in anno ieiunia nostra aelymosinarum largitas sustentet, id est in sabbato ante palmas et in sabbato pentecosten et in sabbato IIII. istius mensis seu ad istam festivitatem et in vigilia natale domini. XI. Ut ista quattuor consecrationis tempora IIIItam et VItam feriam ieiunent usque ad nonam et in sabbato ad ecclesiam in ipsa hora perveniant. « 10. Qu’aux Quatre-Temps la générosité des aumônes nourrisse nos jeûnes, à savoir le samedi avant les Rameaux, le samedi saint avant la Pentecôte, le quatrième samedi de ce mois-ci ou cette fête-ci et la vigile de la nativité du Seigneur. 11. Qu’à ces Quatre-Temps de consécration, ils jeûnent la 4e férie [mercredi] et la 6e [vendredi] jusqu’à nones et que le samedi, ils arrivent à l’église à cette même heure. »
5 Éd. R. Pokorny, Capitula episcoporum, III, Hanovre, 1995 (MGH), p. 339-353, p. 348, l. 13-15. Date : p. 344. 6 Ibid., p. 348, n. 29. 7 Ibid., loc. cit. 8 Ibid., p. 354-366, p. 364, l. 16-18. Date : p. 357-358. 9 Ibid., p. 189-198, p. 197, l. 4-8. Date : p. 192.
315
31 6
A n n e xe s
Dérive de no 3, ci-dessus10. 7. Concile de Mayence, l’an 813, canon 3411 : De quattuor temporibus observandis. XXXIIII. Constituimus, ut quattuor tempora anni ab omnibus cum ieiunio observentur, id est in Martio mense ebdomada prima, feria IIII. et VI. et sabbato veniant omnes ad eclesiam hora nona cum laetaniis ad missarum sollemnia ; similiter in mense Iunio ebdomada II., feria IIII. et VI. et sabbato ieiunetur usque ad horam nonam et a carne ab omnibus abstineatur ; similiter in mense Septembrio ebdomada III. et in mense Decembrio ebdomada, que fuerit plena ante vigiliam natalis Domini, sicut est in Romana eclesia traditum. « De l’observance des Quatre-Temps. 34. Nous avons décidé que les QuatreTemps soient observés par tous avec un jeûne, à savoir : au mois de mars, la première semaine, les 4e et 6e féries [mercredi et vendredi], et que tous, le samedi, se rendent à l’église à la neuvième heure avec des litanies, pour les solennités des messes ; de même, au mois de juin, la 2e semaine, on jeûnera la 4e et la 6e féries ainsi que le samedi, jusqu’à la neuvième heure et tous s’abstiendront de viande ; de même, au mois de septembre, la 3e semaine, et au mois de décembre, la semaine entière qui précède la vigile de la nativité du Seigneur, ainsi qu’il est de tradition dans l’église romaine. » 8. Capitula Parisiensia (comp. 800, c. 11 ajouté après 813), c. 1112 : De ieiunio quattuor temporum monet propheta dicens : Ieiunium primi et ieiunium quarti et ieiunium septimi et ieiunium decimi erit domui Israhel. Et nunc nova tradit auctoritas, ut in mense primo prima ebdomada, quarta et sexta feria atque sabbato ieiunandum sit, in mense vero quarto secunda ebdomada similiter ieiunium sit celebrandum, in mense vero septimo tercia ebdomada atque in decimo mense ebdomada, que ante natalem domini est, simili religione colendum et omnibus christianis cum summa devotione exercendum. « Le prophète nous avertit au sujet du jeûne des Quatre-Temps lorsqu’il dit : “Le jeûne du premier [mois] et le jeûne du quatrième et le jeûne du septième et le jeûne du dixième sera pour la maison d’Israël”. Et maintenant, une autorité nouvelle préconise qu’il soit jeûné la première semaine du premier mois, la quatrième et la sixième féries [mercredi et vendredi] et le samedi ; que l’on célèbre de même le jeûne la deuxième semaine du quatrième mois ; qu’on l’observe avec autant de ferveur et qu’il soit pratiqué par tous les chrétiens avec la plus grande dévotion la troisième semaine du septième mois et, le dixième mois, la semaine qui précède la nativité du Seigneur. » Dépend des nos 2 et 7, ci-dessus13. 10 11 12 13
Ibid., p. 192 et p. 197, n. 32. Concilium Moguntinense, éd. A. Werminghoff, Concilia, no 36, 1:258-273, p. 269, l. 11-17. Éd. R. Pokorny, op. cit., p. 16-35, p. 33, l. 1-7. Date : p. 21. Ibid., p. 33, n. 36 et 37.
anne xe 11
⁂ Tableau comparatif
époque liturg.
époque civ.
jeûne
ordinations
aumône
trad. rom.
1 2 3 4 5 6 7 8
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• • • •
• • • • • •
• • • •
• •
• •
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c. Textes francs sur les Quatre-Temps (ii)
Les deux textes dont il va être question, mentionnés dans les travaux anciens sur les Quatre-Temps (Fischer et Willis), ne sauraient être plus différents : le De observatione Quattuor Temporum (désormais DOQT), est court, en prose, et attesté par onze manuscrits, tandis que le De celebritate Quattuor Temporum (désormais DCQT) est long, en vers et, dans l’état actuel des recherches, on n’en connaît aucun témoin manuscrit. Les deux premières caractéristiques ont certes pu avoir la troisième pour conséquence. Mais le contraste des diffusions réciproques peut aussi provenir d’une autre différence, de fond : à lire DOQT, on croirait que les quatre jeûnes annuels n’ont absolument rien à voir avec les ordinations des prêtres et des diacres, tandis que dans DCQT, il n’est pratiquement question que de cela.
1. 1.1.
Le De observatione Quattuor Temporum (DOQT) Les témoins manuscrits
Tous, sauf A, SG1, SG2 et V1 sont répertoriés dans la base In Principio interrogée à . Tous, sauf A, Mi et W sont numérisés. A Augsbourg, Universitätsbibliothek, Cod. I.2.4o 8, fol. 113r-115r. Recueil factice provenant de l’abbaye Saint-Mang de Füssen (Allem., Bavière ; fond. vers le milieu du ixe s.). Notice : H. Hilg, Die mittelalterliche Handschriften der Universitätsbibliothek Augsburg. Die Signaturengruppe Cod.I.2.4o und Cod.II.1.4o, Wiesbaden, 2007 (Die Handschriften der Universitätsbibliothek Augsburg. Erste Reihe : Die lateinischen Handschriften, 3), p. 48-53. Les quatre premières unités codicologiques sont de la fin du Moyen-Âge. La cinquième et dernière (fol. 113r-116v) renferme outre le DOQT, un extrait de Walafrid Strabon, De exordiis et incrementis, 12-13 : ces deux textes furent copiés au xe s. en minuscule caroline, par deux scribes. Mi Milan, Biblioteca Ambrosiana, D 48 inf., fol. 77r-78r. Orig. : abbaye San Marziano de Tortona (It., Piémont ; fond. avant le milieu du xe s.). Date : deuxième moitié du xe s. Notices : A. L. Gabriel, A Summary Catalogue of One Thousand Scientific Manuscripts in the Ambrosiana Library, Milan, Notre-Dame, 1968, p. 80-83, no 128 ; catalogue en ligne, http://ambrosiana.comperio.it/opac/detail/view/ ambro:catalog:33479. Bibliogr. : E. Cau, « Ricerche su scrittura e cultura a Tortona nel ix e x secolo », dans Rivista di storia della Chiesa in Italia, 26, 1972, p. 79-100, p. 97-98. Ce ms. est entièrement consacré au comput.
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M1 Munich, BSB, Clm 14540, fol. 175r-177r. Recueil factice provenant du monastère Saint-Emmeram de Ratisbonne (Allem., Bavière ; fond. début du viiie s.). Notices : S. Keefe, A Catalogue of Works Pertaining to the Explanation of the Creed in Carolingian Manuscripts, Turnhout, 2012 (Instrumenta patristica et mediaevalia, 63), p. 286-287 ; F. Helmer et J. Knödler, avec la collab. de G. Glauche, Katalog der lateinischen Handschriften aus St. Emmeram in Regensburg. IV. Clm 14401-14540, Wiesbaden, 2015 (Catalogus codicum manu scriptorum Bibliothecae Monacensis, 4,2,4), p. 518-528. La première unité codicologique, fol. 1-157, est un recueil de lettres de Léon le Grand, copié dans la deuxième moitié du viiie s. en Italie septentrionale. La deuxième, fol. 158-245, vit le jour à Saint-Emmeram au deuxième quart du ixe s.14 : on y trouve, fol. 159r-177r, le même florilège patristique que dans V2, fol. 59r-71v, infra15, suivi, fol. 177v-245v, d’une section à dominante hagiographique. Signalé mais pas vu par G. Morin16. M2 Munich, BSB, Clm 14766, fol. 144v-146v. Orig. : Salzbourg. Proven. : Saint-Emmeram de Ratisbonne. Date : 821 × 82617. Notices : K. Halm et al., Catalogus codicum Latinorum Bibliothecae Regiae Monacensis. II/2. Codices num. 11001-15028 complectens, Munich, 1876, p. 230-231 ; K. Bierbrauer, Die vorkarolingischen und karolingischen Handschriften der Bayerischen Staatsbibliothek, Wiesbaden, 1990 (Katalog der illuminierte Handschriften der Bayerischen Staatsbibliothek in München, 1), no 142, p. 77-78 ; B. Bischoff, Schreibschulen II, no 157, p. 155. Mentionné par R. Reynolds, « Canon law collections in early ninth-century Salzburg », dans : S. Kuttner et K. Pennington (éd.), Proceedings of the Fifth International Congress of Medieval Canon Law, Salamanca, 21-25 September 1976, Cité du Vatican, 1980 (Monumenta Iuris Canonici. Ser. C. Subsidia, 6), p. 15-34, consulté dans Id., Law and Liturgy in the Latin Church, 5th-12th Centuries, Aldershot (GB), 1994 (Variorum. Collected Studies Series, CS457), chapitre vi, p. 24, n. 53 et 54, et p. 29. Composition : fol. 1-111r, Isidore de Séville, De officiis ecclesiasticis ; 112-144v, Pseudo-Jérôme, Epistola de ordinibus ecclesiasticis ; 144v-146v, DOQT ; 146v-148v, sermon, incip. Cogitate fratres karissimi qui uos. C’est ce ms. que Morin a utilisé pour son édition. M3 Munich, BSB, Clm 18524b, fol. 25v-26r. Orig. : Salzbourg (Bischoff). Proven. : Tegernsee (Morin). Date : 821 × 82618. Notices : K. Halm et al., Catalogus […]. IV/3. Codices num. 15121-21313 complectens, Munich, 1878, p. 170 ; B. Bischoff, Schreibschulen II, no 145, p. 151-152. Mentionné par R. Reynolds, Canon law collections, p. 24, n. 53 et 54, et p. 29. Composition : fol. 1r-25v, Pseudo-Jérôme, Epistola de ordinibus ecclesiasticis ;
14 Helmer et al., op. cit., loc. cit. B. Bischoff, d’où W. Hartmann, Konzilien 860-874, p. 304, n. 189 : 820 × 840. R. Kottje, Die Bussbücher Halitgars von Cambrai und des Hrabanus Maurus. Ihre Überlieferung und ihre Quellen, Berlin et New York, 1980 (Beiträge zur Geschichte und Quellenkunde des Mittelalters, 8), p. 234 : après 834/5. 15 R. Kottje, op. cit., p. 223 (M1 est encore mentionné p. 232-233 et 234). 16 G. Morin, Notes liturgiques, p. 232, n. 2 (« prêté à Fribourg »). 17 B. Bischoff, d’où W. Hartmann, Konzilien 860-874, p. 304, n. 189. 18 B. Bischoff, d’où W. Hartmann, Konzilien 860-874, p. 304, n. 189.
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25v-26r, DOQT ; 26v vierge ; 27r-105v, Isidore de Séville, De eccl. officiis ; 106r-138v, florilège patristique de morale cléricale ; 139r-201v, Isidore de Séville, Liber proemiorum, Ortus, vita vel obitus sanctorum patrum qui in scripturarum laudibus efferuntur et Liber allegoriarum ; 202r-203v, Regula formatarum. Signalé par G. Morin19, qui l’estimait copié sur M2. SG Saint-Gall, Stiftsbibliothek, Ms. 899, p. 93-96. Orig. : Saint-Gall. Date : vers la fin du ixe s.20. Notice : G. Scherer, Verzeichniss der Handschriften der Stiftsbibliothek von St. Gallen, Halle, 1875, p. 315-316, d’où Codices electronici Sangallenses (http://e-codices.unifr.ch/en/description/csg/0889). Ce recueil de 144 pages est un véritable pot-pourri où la poésie occupe une place importante, mais où l’on trouve aussi des textes mêlant histoire, généalogie et chronologie (p. 68-77), un glossaire avec de nombreux mots grecs, un catalogue de plantes médicinales, etc. T Trèves, Bibliothek des Priesterseminars, 96, fol. 146. Proven. : abbaye St.Eucharius-St.Matthias devant Trèves. Date : xve s. Notice : P. Becker, Das Erzbistum Trier. VIII. Die Benediktinerabtei St. Eucharius-St. Matthias vor Trier, Berlin et New York, 1996 (Germania Sacra, N.F., 34), p. 181-182, no 263. Patristique et philosophie, dominante augustinienne. V1 Vatican, BAV, Pal. lat., 973, fol. 123v-125r. Orig. : région de Reims. Date : deuxième moitié du ixe s. Notices : M. Kautz, Bibliotheca ; Id., Bibliothek, p. 941-955. Mentionné par R. Reynolds, Canon law collections, p. 24, n. 53, et p. 28, n. 80 ; et par R. Kottje, Bussbücher, p. 224-225 et 233. Manuscrit de 131 feuillets dont un peu moins des deux tiers (43r-123v) sont occupés par la Collection de capitulaires d’Anségise ; les quelque cinquante feuillets restants renferment une trentaine de textes ou extraits de toutes sortes, le plus souvent très courts, à l’exception du De duodecim saeculi abusivis de Pseudo-Cyprien (27v-38v). Nombreuses mains ; changement, notamment, avant DOQT, mais pas après. V2 Vatican, BAV, Reg. lat. 407, fol. 70r-71v. Orig. : Allem. méridionale, peut-être dans la sphère d’influence (allem. « Kreis ») de Saint-Gall. Date : ixe s., milieu ou 3e quart21. Notices : A. Wilmart, Codices Reginenses latini. II. Codices 251-500, Cité du Vatican, 1945 (Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices manu scripti recensiti iussu Pii XII Pontificis Maximi etc.), p. 482-486 ; S. Keefe, Catalogue, p. 367-368. Mentionné par R. Reynolds, Canon law collections, passim, spéc. p. 24, n. 53, p. 28, n. 81, et p. 31. Composition : fol. 1v-54r, Collectio duorum librorum, essentiellement un florilège théologico-canonique destiné à la pastorale ; fol. 54r-101v : supplément à la Collectio, extraits des Pères sur la pénitence, l’eucharistie, le rachat des lapsi, les Quatre-Temps, certains passages des Écritures, les femmes épousées, le but du mariage, le concubinage,
19 G. Morin, Notes liturgiques, p. 232, n. 2. 20 B. Bischoff, Katalog, III, p. 334, no 5865. 21 Id., ibid., p. 429, no 6674.
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le divorce, la consanguinité, la cura pastoralis, les quatre vertus, la discipline des princes à leur entrée dans l’église, faire pénitence, comment doit vivre un homme juste. Une seule main. Apparenté à M122. V3 Vatican, BAV, Reg. lat. 421, fol. 21v-22r. Recueil factice de 33 feuillets formé de 9 unités codicologiques. Celle qui porte le no IV dans la notice de Wilmart, p. 513514, et s’étend du fol. 21 au fol. 25, fut jadis détachée du manuscrit 397 de Saint-Gall. Orig. de l’ensemble Saint-Gall, 397 + Vatican, BAV, Reg. lat. 421, fol. 21-25 : milieu de la cour d’Aix-la-Chapelle [sic] et sphère d’influence de Grimald—abbé de Saint-Gall (841-872), archichancelier puis archichapelain de Louis le Germanique (833-840, 856-857, 860-870 ; 848-870). Date23 : 830 × 870 (avec hésitations sur le début de cette fourchette). Notice : A. Wilmart, op. cit., p. 510-516, spéc. p. 513-514. Ces cinq feuillets contiennent un grand nombre de textes fort courts et fort divers. W Vienne, ÖNB, Cod. 808, fol. 98r-100v. Recueil factice provenant de la cathédrale de Salzbourg. Notice : B. Bischoff, Schreibschulen II, no 142, p. 150-151. Mentionné par R. Reynolds, Canon law collections, p. 24 et notes 53 et 54 ibid. La deuxième unité codicologique, fol. 101-234, date de la première décennie du ixe s. : on y trouve essentiellement la correspondance et quelques uns des poèmes d’Alcuin. La première, fol. 1-100, est l’œuvre du scriptorium de Salzbourg, entre 821 et 82624 : le De officiis ecclesiasticis d’Isidore de Séville, fol. 1-98, y est suivi du DOQT. 1.2
La tradition indirecte
Wo Concile de Worms, mai 868, Responsio contra Grȩcorum hȩresim de fide sancte Trinitatis (Hartmann, p. 298, l. 14, à 306, l. 14). Sur ce concile, voir W. Hartmann, Das Konzil von Worms 868. Überlieferung und Bedeutung, Göttingen, 1977 (Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göttingen. Philologisch-historische Klasse, Dritte Folge, 105), spéc. p. 33-34, et, pour le contexte général, E. J. Goldberg, Struggle for Empire : Kingship and Conflict under Louis the German, 817-876, Ithaca (NY, USA), 2006, p. 282-283. Texte vérifié sur Vienne, ÖNB, Cod. 596 (fol. 35rv), le seul témoin médiéval, dont dérivent les deux autres, modernes, ainsi que les éditions. 1.3.
Remarques sur la tradition manuscrite
La diffusion du DOQT est presqu’exclusivement germanique. Salzbourg en est le foyer, dès 821 × 826 (M2, M3, W). Dans le deuxième quart du siècle, elle atteint Ratisbonne, toujours en Bavière (M1), et Füssen, peut-être, au siècle suivant (A). Saint-Gall prend le relais à l’époque, grosso modo, de l’abbé Grimald (841-872) (V2, V3, SG). Saint-Gall 397 + V3 illustre les rapports étroits qui existent alors entre la grande
22 R. Kottje, Bussbücher, p. 223, 232. 23 B. Bischoff, Katalog, III, p. 323, no 5741. 24 Id., ibid., p. 484, no 7162.
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abbaye et la cour. Sans doute est-ce via cette dernière que le DOQT parvint dans les métropoles de Trèves (T, tardif !) et Reims (V1). On relèvera la présence, dans V3, quelques pages après le DOQT, d’une liste insolite de cinq évêques prétendûment dépêchés par saint Pierre en Gaule afin d’y prêcher la bonne parole, dans laquelle Sixte de Reims figure en deuxième place, derrière Denis de Paris25. La concentration à Salzbourg des témoins les plus anciens pourrait se situer dans le prolongement des mesures prises en Bavière, dès la fin du règne de Charlemagne, pour l’observance des quatre jeûnes annuels26. On attribuera volontiers à Louis le Germanique un rôle non négligeable dans la suite du processus d’essaimage, tant sont nombreux les indices qui abondent en ce sens : on sait qu’un codex au moins lui fut offert par l’un des archevêques de Salzbourg—Adalram (821-836), en l’occurrence27 ; il réside principalement à Ratisbonne28 ; on le dit « plus dévoué que quiconque aux prières, aux jeûnes et aux services divins », « renonçant certains jours à la viande et aux mets raffinés29 » ; également connu sous le nom de « Grimalt Codex », SaintGall 397 + V3 est une source importante pour l’histoire de son règne30, et propose, p. 75-77, une généalogie des Carolingiens (Commemoratio genealogiae domni Karoli gloriosissimi imperatoris) qui s’arrête en 867, la 27e année de celui-ci31 ; moins de douze mois plus tard, Louis réunit un concile à Worms à l’occasion duquel fut rédigée la Responsio contra Graecorum haeresim (Wo), qui cite DOQT. Dans un premier temps, c’est la pastorale appliquée qui sert de vecteur à la diffusion du DOQT : M2, M3, W et, plus tard, V2, relèvent clairement de ce domaine—on a même pu dire de V2, vu sa petite taille, que c’était un manuel ou un vade-mecum 25 Fol. 24v : Isti sunt quos beatus Petrus princeps apostolorum pariter ad predicandum euangelium in Galliam transmisit : Dionisium Parisiȩ ciuitatis episcopum, Xixtum Remorum episcopum, Eutherium Treuerensem ciuitatis episcopum, Sabianum Senonensem episcopum, Sinetium Suessionis episcopum cum ceteris sotiis illorum. Cette liste est très différente de celle de Grégoire de Tours, HLD, 1.30, reprise, notamment, dans les Sententiae Bonifatianae Palatinae (M. Glatthaar, Bonifatius, p. 474-478), qui mettait l’accent sur les régions au sud de la Loire (Tours, Arles, Narbonne, Toulouse, Clermont, Paris étant l’exception). En revanche, elle est indubitablement apparentée à celle qui se lit dans la Vita prima de Memmie de Châlons, AA SS, Aug., t. 2, p. 11-12, voir D. Kempf et K. Krönert, « La Vie de saint Memmie de Châlons et les légendes apostoliques des diocèses de Gaule au début du ixe siècle », dans Revue d’histoire de l’Église de France, 103, 2017, p. 5-25, p. 15 (date, p. 25 : 1er quart du ixe s., sous l’évêque Hildegern). 26 Voir ci-dessus, Annexe 11b, textes 3 et 6. 27 E. J. Goldberg, Struggle, p. 27, n. 9, et p. 36. 28 R. Kottje, « König Ludwig der Deutsche und die Fastenzeit », dans : H. Roßmann et J. Ratzinger (éd.), Mysterium der Gnade. Festschrift für Johann Auer, Ratisbonne, 1975, p. 307-311, p. 307 et 309 ; E. J. Goldberg, op. cit., p. 51. 29 Notker le Bègue, cité par E. J. Goldberg, ibid., p. 38. Voir en outre les éléments corroborants réunis par R. Kottje, op. cit., p. 310. 30 B. Bischoff, « Bücher am Hofe Ludwigs des Deutschen und die Privatbibliothek des Kanzlers Grimalt », dans : Id., Mittelalterliche Studien. Ausgewählte Aufsätze zur Schriftkunde und Literaturgeschichte, III, Stuttgart, 1981, p. 187-212, p. 201-210, le qualifie de « manuel pour un haut fonctionnaire carolingien ». E. J. Goldberg, op. cit., p. 19 et n. 53, de « compilation de textes divers se rapportant au service du palais » (voir en outre l’index p. 379, s. v. « Grimalt Codex »). Égalem. R. Reynolds, Canon law collections, p. 30-31. 31 Après Louis le Pieux, Hludouuicus filius et aequiuocus eius in orientali Frantia suscepit imperium. Qui modo, id est anno incarnationis domini nostri Ihesu Christi dccclxvii, xxvii annos regnare uidetur (signalé par B. Bischoff, op. cit., p. 204 ; cité, en traduction, par E. J. Goldberg, op. cit., p. 289).
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portable à l’usage d’un ministre du culte32. Dans M2, M3 et W, DOQT voisine avec le De officiis ecclesiasticis d’Isidore de Séville, et/ou avec l’Epistola de ordinibus ecclesiasticis de Pseudo-Jérôme, qui à eux deux forment la bibliothèque de base de la pastorale appliquée et qui contiennent l’un et l’autre d’importantes sections sur les jeûnes ; dans V2, des extraits de ces deux œuvres forment le cœur de la Collection en deux livres, DOQT faisant partie du supplément à cette collection33, également transmis par M1. Parmi les sept témoins restants, un seul a une thématique bien marquée : Mi, voué au comput. A, fol. 113r-116v, n’est qu’une épave, trop maigre pour que l’on puisse se prononcer sur cet aspect de sa configuration première. En revanche, V3, guère plus épais, a pu être rattaché à Saint-Gall, 397 : du manuscrit ainsi reconstitué, aucune thématique ne se dégage, non plus que de SG ou V1, qui sont de véritables pots-pourris. Dans Wo et T, enfin, Augustin occupe le premier plan—DOQT lui est même attribué dans ce témoin-ci. DOQT est accompagné dans sa diffusion par des textes dont plusieurs—mais pas toujours les mêmes—sont présents dans de multiples témoins. Le voisinage codicologique ne se double d’une affinité thématique que dans un très petit nombre de cas : un mince dossier sur Zach 8,19 existe à l’état d’ébauche dans V3, avec, outre DOQT, le commentaire de Jérôme sur ce verset34, auxquels s’ajoute ensuite, dans M1 et V235, un extrait du sermon de Pseudo-Chrysostome, De iiii mensibus ieiuniorum36. Seule est donc représentée la période médiane de la diffusion (en gros 825 × 900), non son commencement ni sa phase tardive. Dans Wo, SG et Mi, qui appartiennent à cette
32 S. Keefe, Catalogue, p. 367-368. 33 A. Wilmart, Codices, p. 484-486 ; R. Reynolds, Canon law collections, p. 31, citant V2 et Vienne, ÖNB, Cod. 1322 (2e quart du ixe s., ne contient pas DOQT, pas du moins, si l’on se fie au catalogue en ligne, qui ne fait que reproduire celui du xixe s.). La Collectio II. librorum elle-même renferme un texte, 1.56, De statione, dont les ressemblances avec DOQT, tant générales que ponctuelles (spéc. propter confinem dominicam passionem et propter confines dies quadragesimalis ieiunii), sautent aux yeux (Paris, BNF, nouv. acq. lat. 452, fol. 74r-v) : Statio autem est obseruatio statutorum dierum solemnium uel temporum, ut quartae et sextae feriae, uel sabbatorum die, et ieiunium primi mensis, ieiunium quarti, septimi et decimi mensis, aliarumque festiuitatum, uel etiam obseruatio quadragesimȩ, quae in uniuerso orbe institutione apostolica obseruatur propter confinem dominicam passionem (« La statio est l’observance des jours solennels ou des temps statutaires, tels les quatrièmes et sixièmes féries et les jours de sabbats, le jeûne du premier mois, le jeûne du quatrième, du septième et du dixième mois, ainsi que les autres fêtes, ou l’observance du Carême que l’on observe dans le monde entier par institution apostolique à cause de la proximité de la passion du Seigneur »). Contrairement à la plupart des extraits réunis au livre I, empruntés principalement à Isidore, celui-ci est donné sans attribution, sans que l’auteur en soit identifié. 34 V3 semble fait de pièces disparates, de mains différentes. Le texte du De obseruatione est tout entier contenu sur deux faces, 21v et 22r. 21r est resté largement vierge à l’exception de 6 distiques rajoutés tardivement et de deux courtes probationes pennae (?). 20r-20v sont entièrement occupés, de la prem. à la dern. ligne, par l’extrait du commentaire de Jérôme sur Zach 8,19. Il y a à nouveau rupture codicologique (?) et paléographique entre 19v et 20r et le texte qui s’achève en 19v concerne le baptême (19r, marge de tête : Incipit de auctoritate baptismi). 35 Voir A. Wilmart, Codices, p. 485, et R. Kottje, Bussbücher, p. 223. 36 Il s’agit, selon A. Wilmart, « La collection des 38 homélies latines de saint Jean Chrysostome », dans The Journal of Theological Studies, 19, 1917-1918, p. 305-327, p. 317, n. 4, d’un extrait de Pontius Maximus, De solstitiis et aequinoctiis conceptionis et natiuitatis Iesu Christi domini nostri et Ioannis Baptistae. Ce texte, no 2277 de la Clavis patrum Latinorum, est imprimé au t. 1 du supplément à la PL, Paris, 1958, col. 557-567
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dernière et s’échelonnent de 867 à 1000, environ, DOQT est immédiatement suivi ou précédé de la lettre de Charlemagne à Alcuin « sur les semaines de Quinquagésime, Sexagésime et Septuagésime37 »—dans ce cas, l’affinité thématique est moins étroite. Enfin, un texte sur le mariage—un tout autre sujet, donc—, le De ratione coniugum de Pseudo-Augustin38 suit DOQT dans V3 (830 × 870), SG (fin ixe), et T (xve)39 ; la réponse aux Grecs concernant le mariage des prêtres, qui enchaîne dans Wo sur celle où sont traités les Quatre-Temps, n’allègue que des canons conciliaires. Pour ce qui est, plus largement, du choix de textes reproduits dans les manuscrits contenant le DOQT, ce qui frappe surtout c’est le nombre, dans plusieurs d’entre eux, de pièces de Jean Chrysostome ou attribuées à cet auteur, sachant que, par ailleurs, les Pères grecs sont peu présents dans les manuscrits latins d’époque carolingienne40 : saint Jean de Constantinople—c’est ainsi qu’il est désigné—fait une apparition timide dès la première période (M3, pas M2 ni W, tous 821 × 826), sa popularité croît de façon significative à la période suivante (M1, V2, V1, tous 825 × 900), pour tomber à néant ensuite. Se pourrait-il que l’on ait songé à opposer aux Grecs l’un des leurs, ou prétendu tel, avant de se raviser, à Worms, de remiser une supercherie susceptible d’être dénoncée et d’invoquer plutôt, en ordre principal, le géant de la tradition latine—Augustin41 ? 1.4.
Édition et traduction
dea obseruatione quattuorb temporumc Primid igitur mensis ieiunium trium dierum, quartae, sextaf feriag eth sabbatoh ideo celebratur quia in libro Exodii legitur, dicente domino ad Moysen : ‘mense enim uerni temporis egressus es de Aegipto1.’ Aegiptus tenebrae interpretanturj siue huius mundi erroremk uult intellegi : in quo quamdiul quisque uersatur, in tenebris ignorantiae uel etiam in infidelitate manet. Abnegato autem diabolom ante per baptismum et pompisn eius atque operibus illiuso per confessionem uerae fidei atque baptismum, egreditur unusquisque de Aegypto, idp estp de tenebris ignorantiae et infidelitatis, percepta remissione omnium criminum
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(A. Hamman). Il daterait du ive s. et serait la traduction d’un original syriaque (col. 557). Le De iiii mensibus ieiuniorum est également présent dans V1 (fol. 42rv), mais il est séparé de DOQT (fol. 123v-125r) par la Collectio capitularium d’Anségise (fol. 43r-123v). M.-H. Jullien et F. Perelman (éd.), Clavis Scriptorum Latinorum Medii Aevi. Auctores Galliae 735-987. II. Alcuinus, Turnhout, 1999 (CCCM. Claves), p. 261, no alc 45.144, où Mi ne figure pas dans la liste des manuscrits. E. Gaar et É. Dekkers, Clavis patrum Latinorum, 3Steenbrugge, 1995 (CCSL), no 285. On le trouve aussi dans V1, au fol. 39rv. Et peu étudiés, en conséquence, sous cet angle. Quelques indications utiles dans A. Siegmund, Die Überlieferung der griechischen christlichen Literatur in der lateinischen Kirche bis zum zwölften Jahrhundert, Munich-Pasing, 1949 (Veröffentlichung des Byzantinischen Instituts Scheyern et Abhandlungen der bayerischen Benediktiner-Akademie, 5), p. 91-101, spéc. p. 100-101, où M1 et M3 sont mentionnés. Noter aussi, p. 101, Valenciennes 288 (278), du ixe s., originaire de Saint-Amand, dont Arn fut l’abbé, sous Charlemagne, avant de devenir archevêque de Salzbourg et de développer les liens entre les deux scriptoria. Wo (Hartmann, p. 298-300, notes 153-173).
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praeteritorumq, peruenit ad ueram lucemr Christum dominum saluatorem, qui dixit : ‘ego sum luxs mundi, qui sequitur met non ambulat in tenebris, sedu habebit lumen uitaev aeternaev,2.’ Ipsum quoque primi mensis ieiunium dominus aliorumque trium temporum per Zachariam prophetamw praecepit, dicens : ‘ieiuniumx,y primi, hocz,aa estz martiibb, ebdomadacc prima ; ieiuniumdd quartiaa, hocz estz iunii, secunda ebdomadacc ; ieiuniumee septimi, hocz estz septembrisff, tertia ebdomadacc ; et ieiunium decimi, ebdomadacc plena ante natalemgg dominix erithh uobis in solemnitates praeclarashh,3.’ Ipsumque ieiunium primi mensis, ut supra diximus, trium dierum, ideo antiqui patres sanxerunt celebrandum propter confines dies quadragesimalisii ieiunii, ut his saltim diebus maior congregatio fieretjj christiani populi, etkk in unum congregati ex conspectu mutuo de fidell sancta inuicem conferendo, maior caritas intermm eosmm et maior oriaturnn laetitia, uel etiam ex sancta conlatione in inuicem facta, unusquisque ad perfectioremoo sanctae quadragesimaepp obseruationis studium prouocareturqq et purior ad sanctum Pascha diem peruenire meruissetqq. Porro ieiunium quarti mensis, quia etrr eodem tempore a plurimisss quadraginta dies ieiunio mox posttt Pentecosten celebranturuu, ideo semotimvv hic triduo generaliter omnibus indictum est ieiunium, quia iamww tunc in quibusdam locisxx eodem mensexx primitiaeyy frugum terrae colliguntur. Et hic mensis azz quibusdam mensiszz hordeariia* dicitur, eo quodb* hordeumc* iam tunc messuerunt maiores nostri, et panes primitiarum dominod* offerred* consueuerunt. Undee* et in Deuteronomiof* diciture* : ‘obserua mensem nouarum frugum et celebrabis dies festos domino deo tuo4.’ Quog* tempore dominumh* supplicii* prece orandum est, ut nobis fructum terrae usque ad maturitatem perducat et nobis cum gratiarum actione ad colligendum tribuatj*. Deinde uero, ieiunium septimi mensis a domino per Moysen primo institutumk* legimus solemnitatem tabernaculorum a decima die mensis septimi septem diebus celebrare debere et ieiunio animas suas dominol* consecrare. Unde et Hesdraem* liber meminit ita dicens : ‘Postquamn* redierunt filii Israhelo* de captiuitate Babyloniaep* in Hierusalemq*, fecerunt sibi tabernaculorumr* laetitiam magnams*. Dehinc conuenerunt in ieiunio in saccist* et humus super eos et steterunt confitentes peccata sua5.’ Ieiunium uero decimi mensis, sicut a Zachariau* propheta mandatum est, antiqui patres nostri propter imminentemv* tempus natiuitatis domini nostri Iesu Christi celebrare ieiunio cum lacrimis in confessione et oratione sancta sanxerunt : mundarew* se unumquemquex* a sordibus cordis et corporis sui, ut ad diem natiuitatis domini mundus unusquisque peruenirey* mereatur, uelz* etiam ut ada** sanctumb** aduentum domini quo uenturus est, iudicare uiuos et mortuos et reddere unicuique secundum opera suac**, tuncd** digni efficiamur non cum iniustis ade** sinistram deputarie**f** et in supplicium tradi, sed cum iustis ad dexteram premia regni caelestis percipere mereamurz*. Hac6 ergo auctoritate diuina ecclesia quattuor temporibus anni ieiunium celebrare morem obtinuit et uniuersale ieiuniumg** statuit obseruare6. Quod qui digne agit, aeternae beatitudinis gaudiah** possidebiti**. a. explic(atio) de observatione, M3 ; Incipit liber b(ea)ti Augustini de obseruatio(n)e, T || b. quatuor, A ; quattuor, Mi, V1, V2, V3 ; .iiiior., M1, M2, M3 ; .iiii., SG ; 4or, T ; cette diversité dans le traitement des chiffres étant typique du document dans son ensemble, on n’y reviendra plus par la suite || c. titre rubriqué et en capitales rustiques
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dans tous les manuscrits, sauf V1, V3 et W, où il n’est pas rubriqué, T, qui date d’une époque où la capitale rustique n’est plus de mise, et SG, inachevé (l’emplacement de la rubrique proprement dite est demeuré vierge et son texte est inscrit, en attente, dans l’espace à rogner de la marge de tête). Omis, Wo || d. le P de Primi est une initiale rubriquée qui se développe hors justification sur deux lignes de hauteur, A, M1, M2, M3, V2 ; dans T, elle n’empiète que légèrement sur la marge de petit-fond et sa hauteur est de trois lignes ; dans V1 et V3, elle est à l’encre noire et dans V3 elle mesure quatre lignes de hauteur ; dans Mi et W, l’initiale est ornée, de près de trois et quatre lignes de hauteur, respectivement || e. id est quarta, M2, M3 || f. ce mot n’est plus dans V2, le parchemin étant détérioré à cet endroit || g. feriis, T || h-h. uel sabbatum, V2 || i. exodo, V2 || j. interpretatur, A, T || k. uult errorem, Wo || l. quamdiu rajouté dans l’interligne, au-dessus de uersatur, M2 || m. diabulo, V3 || n. et pompis atque, T || o. operibus eius, V1, Wo || p-p. idem, Wo || q. prete/torum, V3, le passage à la ligne ayant causé la perte de la troisième syllabe || r. ad lucem ueram, M2 || s. lux suscrit, rajouté dans l’interligne, M3 || t. sequitur me, la première syllabe seule, sur la ligne, le reste rajouté dans l’interligne, Mi || u. sed habebit lumen uitae aeternae omis, Mi || v-v. aeternae uitae, A || w. prothetam corrigé en prophetam, Mi || x-x. mise en page originale de l’énumération des quatre jeûnes, M3 : les mots ieiunium primi, ieiunium quarti, ieiunium septimi, et ieiunium decimi sont sur la ligne, tandis que leurs dates sont suscrites dans l’interligne, chacune au-dessus du jeûne correspondant, dans l’ordre : mar(tii) ebd(omada) ia, iun(ii) s(e)c(un)da ebd(omada), sep(tembris) iiia eb(domada), ebd(omada) plena ante nat(alem) d(omi)ni || y. ieiunii corrigé en ieiunium, SG || z-z. omis, M || aa-aa. omis, Wo, ce qui donne : ieiunium primi hoc est iunii, ebdomada ii, ieiunium septimi hoc est septembris, ebdomada .iii., ieiunium decimi, ebdomada plena ante natalem domini || bb. marcii, V2 || cc. ebdom(m)oda, T || dd. la deuxième syllabe rajoutée dans l’interligne, Mi || ee. la troisième syllabe rajoutée dans l’interligne, V3 || ff. semtembr(is), V1 ; sebtembri, W || gg. natale, A, W || hh. erit uobis sollemnitas praeclara, SG, T || ii. quadragesimales, A ; quadragelimalis, V1 ; quadragensimalis, W || jj. ainsi M2 et M3, mais fiat partout ailleurs || kk. ainsi M2 et M3, mais ut partout ailleurs || ll. fida corr. en fide, M2 || mm. ces mots omis par tous les témoins, sauf M1, M2 et M3, ainsi que SG qui les rajoute dans l’interligne || nn. oriretur, M2, M3 || oo. perfectionem, V1, Wo || pp. quadragesimale, W || qq-qq. cette formulation est propre à M2 et M3, tous les autres témoins ont : prouocetur et ut purus unusquisque ad sanctum Pascha peruenire mereatur, Wo omettant purus et rejetant Pascha à la fin, tandis que Mi, faisant un saut du même au même, omet tout ce qui se trouve entre le premier unusquisque et le second (ce qui donne : in inuicem facta unusquisque ad sanctum Pascha peruenire mereatur) || rr. omis, A, T ; rajouté dans l’interligne, SG || ss. pluribus, Wo || tt. omis, Wo || uu. celebratur corr. en celebrantur, W || vv. semotum, SG ; remotim, Wo || ww. omis, Wo || xx-xx. locis ebd m(en)se, avec un tilde abréviatif au-dessus du deuxième mot, W ; locis ecclesiȩ mense, Wo || yy. primitiuae, Mi || zz-zz. omis, W, par saut du même au même || a*. ordearii, A, Mi, T, V2, V3 ; ordeariȩ, Wo ; ordearii corr. en hordearii, avec -h- suscrit dans l’interligne, SG ; hordearii, W ; hordiarii, M1, M3 ; horderii avec -a- suscrit au-dessus du -e-, M2 ; hordea, en fin de ligne, V1 || b*. eo quod tunc hordeum iam tunc, Wo || c*. ordeum, A, Mi, T, V2, V3, W ; ordeum corr. en hordeum, Wo ; hordeum, M1, M2, M3, V1 ||
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d*. ces deux mots difficilement lisibles en raison de la détérioration du support, V2 || e*-e*. omis, V1, prob. parce qu’entretemps le scribe a tourné la page ; d’où, certainement, Wo || f*. Deuteronomii, W || g*. Qui corr. en Quo, V1 || h*. ad dominum, avec la préposition rajoutée dans l’interligne, A || i*. susplici, T ; simplici, W || j*. Wo s’arrête ici || k*. institum, V3 || l*. deo, T || m*. Esdrae, V2 ; Esdrae corr. en Hesdrae, V3 ; Hesdrae, Mi, W ; Hesdrȩ, tous les autres (sans la cédille, T) || n*. Posquam, V1 || o*. Israhel, en toutes lettres, A, Mi, M1 ; Isrl, avec tilde abréviatif, M2, M3, SG, V1, V2, V3, W ; Israel, T || p*. ainsi, M2, V2, V3 ; Babyloniȩ, A, M1 ; Babiloniae, Mi, V3 ; Babiloniȩ, SG et, sans la cédille, T ; Babilloniae, W || q*. ainsi, A, Mi, M1, SG, V1, V3, W ; hrm, avec tilde abréviatif, V2 ; hierlm, avec tilde abréviatif, M3, et -r- suscrit, M2 ; iherusale(m), T || r*. tabernaculurum corr. en tabernaculorum, A || s*. m. l., T || t*. i. i. et i. s., M1, M2 || u*. Sacharia, T || v*. inminentem, V1, V2, V3 ; inminentem corr. en inminens, A (par grattage de la finale et conversion en -s- de la haste du -t-), M1 (par grattage de la finale et ajout d’un -s- suscrit) ; imminens, SG, T || w*. mandare corr. en mundare, V1 || x*. unu(m)quaeque, W || y*. uenire, M2, M3 || z*-z*. tout ce passage manque dans M2, M3, très certainement par suite, à nouveau, d’un saut du même au même ou du semblable au semblable (peruenire mereatur, percipere mereamur) || a**. rajouté dans l’interligne, Mi || b**. s(e)c(un)d(um), W || c**. le DOQT s’achève ici dans W, le reste du feuillet—les deux tiers environ—étant vierge à l’exception de probationes pennae et de deux épigrammes imprimées par E. Dümmler, introduction aux Alcuini [Albini] Carmina, MGH Poet 1/1, Berlin, 1880, p. 160-351, ici p. 166, dans la notice du Vindobonensis 808 || d**. le -c- rajouté dans l’interligne, SG || e**-e**. deputari ad sinistram, Mi || f**. deputaturi, SG, V1, V2, V3 || g**. ainsi A et SG, mais ieiunio, Mi, M1, M2, M3, T, V1, V2, V3 || h**. gaudio, V2 || i**. posscidebit corr. par exponctuation en possidebit, Mi. 1. Ex 34,18 || 2. Jn 8,12. « Le mot aeternae ne figure point dans le texte authentique ; il doit y être entré par l’usage liturgique, et plus précisément par l’Alleluia, Qui sequitur me … lumen uitae aeternae de la vigile de s. Laurent. Cf. l’Antiphonaire grégorien de Tommasi, Opp. t. v, p. 201 » (G. Morin, Notes liturgiques, p. 232, n. 4) || 3. Zach 8,19. « Mais le texte a été altéré, de façon à pouvoir s’appliquer aux Quatre-Temps romains » (G. Morin, op. cit., p. 233, n. 1) || 4. Deut 16,1.10 || 5. 2 Esd (= Neh) 8,17-9,3 « résumé d’après Isidore, De eccl. offic. i. 39, 2 » (G. Morin, op. cit., p. 233, n. 4). || 6-6. Cf. Isidore de Séville, De eccl. off., 1.40(39), éd. Ch. M. Lawson, Turnhout, 1989 (CCSL, 113), p. 46, l. 19-21 ; Raban Maur, De inst. cleric., 2.22, éd. D. Zimpel, Francfort/ Main etc., 1996 (Freiburger Beiträge zur Mittelalterlichen Geschichte, 7), p. 365, l. 16-17, repris et complété d’une trad. allem. ainsi que d’un comm., Turnhout, 2006 (Fontes christiani, 61), p. 292, l. 17-19, avec brèves remarques p. 67-68 et p. 292, n. 352. « Sur l’observance des Quatre-Temps Le jeûne du premier mois est donc célébré sur trois jours, le mercredi, le vendredi et le samedi, puisqu’on lit dans le Livre de l’Exode ces paroles du Seigneur s’adressant à Moïse : “car c’est au mois du printemps que tu es sorti d’Égypte”. L’Égypte, ce sont les ténèbres ou l’erreur de ce monde : aussi longtemps qu’on y vit, on demeure dans
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les ténèbres de l’ignorance ou dans l’infidélité. Mais après avoir renié le diable, ses pompes et ses œuvres par la confession de la vraie foi et par le baptême*, chacun sort d’Égypte, c’est-à-dire des ténèbres de l’ignorance et de l’infidélité, ayant reçu la rémission de tous les crimes antérieurs, [et] parvient à la vraie lumière, au seigneur Christ, le Sauveur, qui dit : “Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie éternelle”. Le Seigneur ordonna aussi ce même jeûne du premier mois et des trois autres temps par [la bouche du] prophète Zacharie, disant : “Le jeûne du premier mois, c’est-à-dire mars, la première semaine ; le jeûne du quatrième [mois], c’est-à-dire juin, la deuxième semaine ; le jeûne du septième [mois], c’est-à-dire septembre, la troisième semaine ; et le jeûne du dixième [mois], la semaine pleine avant la nativité du Seigneur, qu’ils soient pour vous des solennités de premier ordre”. Ce même jeûne du premier mois, de trois jours, ainsi qu’on l’a dit, les anciens pères décidèrent de le célébrer à cause de la proximité des jours du jeûne de Carême, afin que ces jours-là, au moins, se fît un grand rassemblement du peuple chrétien et qu’ainsi rassemblés et s’entretenant mutuellement, de vive voix, de la sainte foi, une plus grande charité et une plus grande liesse naquît entre eux ; que ces encouragements réciproques poussent chacun à une plus parfaite adhésion à l’observance du saint Carême, et à faire en sorte de parvenir plus pur à la sainte Pâque. Étant donné qu’à la même époque d’aucuns célèbrent quarante jours de jeûne aussitôt après la Pentecôte, les trois jours du jeûne du quatrième mois sont prescrits à tous en général, mais séparément. Autrefois déjà, en certains lieux, les prémices des fruits de la terre étaient récoltés ce même mois ; c’est pourquoi ce mois est appelé par certains “mois de l’orge”, car nos ancêtres cultivaient déjà l’orge et avaient coutume d’offrir au Seigneur les pains des prémices. De là, il est dit dans le Deutéronome : “Observe le mois des nouveaux fruits, et tu célébreras les jours de fête pour ton seigneur Dieu.” C’est en ce temps qu’il convient de supplier Dieu de conduire jusqu’à leur maturité les fruits de la terre et de nous les donner à récolter en lui rendant grâces. Ensuite, à propos du jeûne du septième mois, institué par le Seigneur par [la bouche de] Moïse, on lit que la solennité des huttes est célébrée à partir du dixième jour du septième mois, pendant sept jours et que, par [ce] jeûne, on doit consacrer son âme au Seigneur. C’est ce que rappelle le Livre d’Esdras, où il est dit : “Après que les fils d’Israël fussent revenus à Jérusalem de la captivité à Babylone, ils se firent une grande liesse des huttes. Ils se réunirent alors pour jeûner, revêtus de sacs et barbouillés de terre, et confessèrent ensemble leurs péchés.” Nos pères d’autrefois décidèrent, s’agissant du jeûne du dixième mois institué par le prophète Zacharie et vu la proximité de la nativité de notre seigneur Jésus-Christ, qu’on le célébrerait par le jeûne, avec des larmes, ainsi que par la confession et la sainte oraison : chacun se laverait des souillures du cœur et du corps, de manière à se présenter purifié le jour de la nativité du Seigneur, et de pouvoir être digne, lorsque se produira le second** avènement du Seigneur et que seront jugés les vivants et les morts, chacun selon ses œuvres, de recevoir avec les justes, à [la] droite [du Seigneur], la récompense du royaume céleste et non d’être placé à [sa] gauche avec les injustes, promis au supplice.
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L’Église reçut donc de l’autorité divine la coutume de célébrer le jeûne à ces quatre temps de l’année et décréta d’observer un jeûne universel. Quiconque s’y adonnera dignement, possédera les joies de la béatitude éternelle. » * les mots ante per baptismum, vers le début de la phrase, sont probablement de trop (doublet de atque [per] baptismum, un peu plus loin ?) || ** ici, la leçon du Vindobonensis, secundum adventum, quoique parfaitement isolée, semble préférable. 1.5. 1.5.1.
Jalons pour un commentaire Comparaison des variantes : quelques enseignements
La confection d’un stemma codicum n’étant guère envisageable dans ces pages, on se contentera de relever quelques affinités parmi les plus évidentes. Celle de Wo et de V1, de la Responsio contra Graecorum heresim de 868 et du manuscrit rémois de même époque est particulièrement frappante (variantes o, oo et, surtout, e*). Sans doute convient-il de poser : V1 > Wo, à cause de e*, principalement, mais aussi parce que Wo est incomplet de la fin et présente d’assez nombreuses leçons qui lui sont propres (p, aa, ss, tt, ww). Parmi les manuscrits de première génération, M2 et M3, contemporains et originaires de Saint-Emmeram, forment indiscutablement une paire, ce que prouvent les leçons jj, kk, mm, qq et z*, entre autres. Parmi les manuscrits tardifs, les rapports qui existent entre A, SG et T, quoique probables, sont aussi plus flous. On allèguera les convergences qui suivent : – – – – –
SG = A : g** SG = T : hh SG avant corr. = A = T : rr A = T : j A avant corr. = SG = T : v*
Les réflexions de Zimpel42 sont également à verser au dossier, une fois complétées. Vers le début de DIC, 2.21, la leçon majoritaire donne : initio messis hordeariae, et la leçon minoritaire : initio mensis hordeariae. Celle-ci est confirmée par la source de ce passage, Isidore, De eccl. off., 38 (37), mais celle-là s’accorde bien avec la lettre du verset paraphrasé par Isidore, Deut 16,9 : « Tu compteras pour toi sept semaines à partir du jour où tu auras commencé à faucher les blés » (Septem hebdomadas numerabis tibi ab ea die qua falcem in segetem miseris). Autrement dit, les deux versions ont un sens, mais une seule est conforme, textuellement, au modèle. L’auteur anonyme de DOQT n’a pas eu à faire ce choix : son évocation du jeûne du deuxième Temps se réfère à la fois au mois (Et hic mensis a quibusdam mensis hordearii dicitur) et à la moisson (eo quod hordeum iam tunc messuerunt maiores nostri). 42 D. Zimpel, Studien, p. 240, n. 20.
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1.5.2.
A plurimis quadraginta dies ieiunio mox post Pentecosten celebrantur
Ce jeûne de quarante jours que « d’aucuns » célèbrent « aussitôt après la Pentecôte », ne doit pas être confondu avec le jeûne prescrit en 517 par le deuxième canon du concile de Gérone43, qui ne dure, lui, que trois jours, a quinta feria usque in sabbato, et qui est cité par Isidore, De eccl. off., 1.38 (Lawson, p. 44-45), puis, d’après lui, par Raban Maur, De instit. cleric., 2.21 (Zimpel [1996], p. 363-364 ; [2006], p. 288291)44. Le jeûne de quarante jours, dit « de Pentecôte » ou « des Apôtres » est une spécificité des églises orientales45. Il y a donc tout lieu de penser que, loin d’avoir attendu de figurer dans la Responsio contra Graecorum heresim de 868 (Wo), le DOQT s’inscrit dès l’origine dans les rivalités franco-byzantines autour des Bulgares et de leur sujétion46. Et il le fait avec un certain tact, notons-le, sans l’ombre d’un reproche ou d’une critique à l’encontre des plurimi et en veillant, au contraire, à ce que les deux pratiques puissent coexister. On retrouve dans ces lignes à la fois l’opposition isidorienne entre ce qui est spécifique à certaines églises et commun à l’ensemble de la chrétienté, mais aussi son prudent conseil de toujours se conformer aux us du pays (De eccl. off., 44 [43] [Lawson, p. 48-49]). La preuve, si l’on veut, que tel fut bien le contexte qui présida d’emblée à la rédaction du DOQT est inopinément fournie par Wo, où la transcription s’arrête précisément après le paragraphe consacré au jeûne du deuxième Temps, qui contient l’importante allusion aux pratiques orientales. 1.5.3.
Raban Maur, De institutione clericorum, 2.24
Le jugement de son éditeur le plus récent, selon lequel Raban Maur, De institutione clericorum (ci-après DIC), 2.24, serait basé sur le 34e canon du concile de Mayence de 81347, s’avère un peu court, ainsi qu’on peut le vérifier en comparant le texte ci-dessous et le canon mayençais reproduit supra, Annexe 11b, no 7. Le rapprochement avec le DOQT, dont les manuscrits les plus anciens sont très voisins, dans le temps, de la composition du DIC (821 × 826 et 818, respectivement), montre une parenté évidente. Celle-ci ne saurait être élucidée qu’à condition de prendre en compte
43 Concilium Gerundense, éd. G. Martínez Díez et F. Rodríguez, La Collección Canónica Hispana. IV. Concilios Galos. Concilios Hispanos : primera parte, Barcelone, 1984 (Monumenta Hispaniae Sacra. Serie Canónica, 4), p. 283-290, p. 285. 44 C’est donc à tort, très certainement, qu’avant d’aborder les « autres jeûnes » (2.23) et ceux des QuatreTemps (2.24), Raban Maur qualifie de « carêmes », quadragesimis (DIC, 2.22, dern. phrase, Zimpel [1996], 365:25 ; [2006], 292:28-29) les trois jeûnes dont il vient de traiter (2.20-22) : la durée de quarante jours est bien stipulée pour le Carême (2.20) et pour le jeûne de l’Avent (2.22), tandis que pour la Pentecôte (2.21), ce n’est pas celle des privations, bien au contraire, mais celle de la liesse qui rappelle la présence du Christ parmi les apôtres, entre la Résurrection et l’Ascension (Ac 1,3). 45 R. Abersmann, « Fasttage », dans RAC, VII, 1969, col. 500-524, col. 518-519, vi. 1, « Pfingstfasten ». 46 Sur les Bulgares et les Francs vers 824-828, voir E. J. Goldberg, Struggle, p. 48-49. Il indique, p. 49, n. 98, que « Raban Maur ordonna à ses moines de Fulda de chanter mille messes pour le succès de la campagne de Louis le Germanique contre les Bulgares en 828 », citant les fragments de lettres provenant de l’abbaye (MGH Epp., 5:518). 47 D. Zimpel, Studien, p. 366, deux dern. lignes de l’apparat ; Id., Unterweisung, p. 295, n. 358.
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deux autres écrits qui occupent dans la littérature religieuse le même créneau que le DIC : le De officiis ecclesiasticis d’Isidore de Séville, dont il s’inspire très largement, et l’Epistola de ordinibus ecclesiasticis de Pseudo-Jérôme, qui consacrent également plusieurs chapitres aux jeûnes et qui, ainsi qu’on l’a vu, font escorte au DOQT dans les témoins de première génération. Les convergences textuelles entre DOQT et DIC (passages soulignés) sont nombreuses. En revanche, ils diffèrent sensiblement quant à la structure. Raban sépare les samedis, d’une part, les mercredis et les vendredis de l’autre—ce que ne fait pas le DOQT—et consacre l’essentiel de son chapitre aux premiers, mais quelques lignes seulement, vers la fin (Ante haec … patrum confirmant), aux autres. Il aborde ensuite les ordinations (Sacras autem ordinationes … noverint celebrandas) et conclut par la liturgie (Officia autem … adnumerantur), deux sujets qui sont passés sous silence dans le DOQT. Il peut y avoir deux raisons à ce mutisme du DOQT : soit celui-ci n’est pas destiné à des clercs séculiers, comme le DIC, mais à des laïcs ou à des moines ; soit c’est une nouvelle preuve du tact de l’auteur, de son désir d’éviter—en s’adressant à un public partiellement gagné aux coutumes byzantines—les sujets qui fâchent. Un autre texte, le De officiis libellus, erronément attribué à Bède48, présente avec le DOQT un air de famille prononcé, particulièrement en ses chapitres sur les jeûnes de Pentecôte et du septième mois (PL, 94:538). Mais c’est un pâle avatar de DIC sans valeur propre. xxiiii. De ieiunio quattuor sabbatorum, in quibus duodecim lectiones fiunt et sacrae ordinationes. Sunt quoque et quattuor sabbata, in quattuor mensibus singula per singulos, in quibus specialia ieiunia sunt constituta et officia his diebus maiora orationum et lectionum in ecclesia celebrantur ; id est in Martio scilicet mensis primo sabbato ; et in secundo sabbato quarti mensis, id est Iunii ; in septimi quoque mensis, id est Septembris tertio sabbato ; et in quarto sabbato decimi mensis, id est Decembris. Quorum primum iuxta obseruationem quadragesimae verni tempore celebratur, quando mensis novorum apud iudaeos habebatur. Secundum autem in ieiunio post pentecosten aestatis tempore, quando apud iudaeos dies primitiarum ex legis praecepto custodiebantur, id est de frugibus primi panes deo offerebantur et otium legitimum ipsius diei colebatur. Tertium est in septimo mense, autumni videlicet tempore, qui totus in lege variis solemnitatibus deo dicatus erat, in quo dies expiationum erat dicente domino ad Moysen : ‘Decimo die mensis huius septimi dies expiationum erit ac celeberrimus et vocabitur sanctus, affligetisque animas vestras in eo et offeretis holocaustum domino. Omne opus non facietis in tempore diei huius, quia dies propitiationis est, ut propitietur vobis dominus deus vester. Omnis anima, quae adflicta non fuerit die hoc, peribit de
48 Brève mention dans M. Gorman, « The Canon of Bede’s Works and the World of Ps. Bede », dans Revue bénédictine 111, 2001, p. 399-445, p. 437, à propos du tome 7 de l’édition Herwagen des œuvres de Bède (pièce no 5).
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populis suis’ et reliqua. In quo et dies scenophegiae fuerant, id est tabernaculorum. Nam quinta decima die mensis huius veteres solemnitates tabernaculorum celebrabant septem diebus eandem solemnitatem exigentes, quo quidem ieiunio usos fuisse antiquos Hesdrae liber meminit. Postquam enim redierunt, inquit, ‘filii Israhel in Hierusalem et fecerunt sibi tabernaculorum laetitiam magnam, dehinc convenerunt in ieiunio, in saccis et humus super eos, et steterunt et confitebantur peccata sua et iniquitates patrum suorum et consurrexerunt ad standum et legerunt in volumine legis domini dei sui quater in die et quater in nocte, confitebantur et adorabant dominum deum suum.’ Quartum vero est ieiunium sabbati in decimo mense ante diem natalis domini, quando venturi salvatoris salubris in sacris lectionibus praedicatur adventus, ut fideles quique hac religione instructi et medicamine sanctarum orationum simul cum sacro ieiunio confirmati nativitatem redemptoris laeti exspectent. Ante haec videlicet quattuor sabbata in eadem hebdomada semper quarta et sexta feria legitima ieiunia fieri et canon orationum et lectionum in eisdem feriis ad sacra missarum solemnia constitutus indicat, et exempla praecedentium patrum confirmant. Sacras autem ordinationes his diebus oportere fieri decreta Gelasii papae testantur, in quibus ita scriptum continetur : ‘Ordinationes autem presbiterorum diaconorumque nisi certis temporibus et diebus exercere non debeant, id est in quarti mensis ieiunio, septimi et decimi, sed etiam quadragesimalis ac mediana in initio quadragesimae die sabbati, ieiunio circa vesperam noverint celebrandas.’ Officia autem horum quattuor sabbatorum vulgo duodecim lectiones vocantur, eo quod cum lectionibus, quae leguntur et cum psalmis, qui canuntur duodenarius numerus adimpletur, qui bene lectiones possunt vocari, eo quod inter canonicas scripturas adnumerantur49.
2. Le De celebritate Quatuor Temporum Cette œuvre n’est plus connue que par l’édition Herwagen, qui ne donne nulle part les références de sa source manuscrite : Opera Bedae Venerabilis presbyteri Anglosaxonis, viri in divinis atque humanis literis exercitatissimi, omnia in octo tomos distincta etc., Bâle : Johann Herwagen, 1563, 1:477-485. L’édition colonaise de 1688, par Johann Friessem, Venerabilis Bedae presbyteri Anglo-Saxonis, doctoris Ecclesiae vere illuminati, Opera, reproduit à l’identique celle d’Herwagen. John Allen Giles tire la sienne, The Complete Works of Venerable Bede. I. Life, Poems, Letters, &c., Londres, 1843, p. 55-69, de ces deux-là, et c’est elle qu’utilise Migne, PL 94:605-615 (Hymnus II. De celebritate quatuor temporum). D’autres textes de l’édition Herwagen ont fait l’objet de travaux portant sur la fiabilité de celle-ci, sur ses sources et, bien entendu, sur la légitimité de l’attribution à
49 Raban Maur, De institutione clericorum, 2.24 (Zimpel [1996], p. 366-368 ; [2006], p. 294-299).
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Bède. Du côté des défenseurs du Bâlois, on citera Bischoff50, Weisweiler51, et Lapidge52, parmi d’autres. En revanche, Contreni53 et Ristuccia54, notamment, réhabilitant une opinion qui avait prévalu entre Bischoff et Lapidge, se montrent beaucoup plus sévères. À ce jour, il n’existe guère d’étude approfondie sur Herwagen, père ou fils, comparable, par exemple, à celle, très fouillée, de Bodenmann55 sur Wolfgang Musculus, un ami érudit dont ils furent les imprimeurs attitrés. L’attribution à Bède du De celebritate est encore acceptée par Chevalier56, ou par Fischer57, entre autres. Le premier à la rejeter catégoriquement est Laistner58, qui juge la prosodie médiocre, indigne du grand homme. Plusieurs textes édités par Herwagen sous le nom de Bède se sont révélés être beaucoup plus tardifs (xie, xiie). La seule pièce que la recherche ait versée au dossier du De celebritate, fort modeste au demeurant, est due à Lapidge59 : une enquête conduite au moyen de CDS et PLFD montre que le contraste in aruis/in astris, « sur terre / aux cieux », fréquent sous la plume de Byrhtferth de Ramsey († v. 1020) est des plus rares avant lui ; et qu’elle se rencontre dans la Vita metrica S. Amandi60, du ixe siècle, ainsi que dans le De celebritate (cui dedit haec arvis aeterna daturus in astris61).
50 B. Bischoff, « Zur Kritik der Heerwagenschen Ausgabe von Bedas Werken (Basel, 1563) », dans Studien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktiner-Ordens und seiner Zweige, 51, 1933, p. 171-176, consulté dans : Id., Mittelalterliche Studien, I, Stuttgart 1966, p. 112-117. 51 H. Weisweiler, « Die handschrifltichen Vorlagen zum Erstdruck von pseudo-Beda, In Psalmorum librum exegesis », dans Biblica, 18/2, 1937, p. 197-204. 52 M. Lapidge, « The glosses on Bede’s De temporum ratione attributed to Byrhtferth of Ramsey », dans Anglo-Saxon England, 25, 1996, p. 209-232. 53 J. J. Contreni, « ‘Old Orthodoxies Die Hard’ : Herwagen’s ‘Bridferti Ramesiensis Glossae’ », dans Peritia, 22/23, 2011/12, p. 15-52. 54 N. J. Ristuccia, « The Herwagen Preacher and his Homiliary », dans Sacris erudiri, 52, 2013, p. 187-234. 55 R. Bodenmann, Wolfgang Musculus (1497-1563). Destin d’un autodidacte lorrain au siècle des Réformes, Genève, 2000 (Travaux d’Humanisme et Renaissance, 343). 56 U. Chevalier, Repertorium hymnologicum. Catalogue des chants, hymnes, proses, séquences, tropes en usage dans l’Église latine depuis les origines jusqu’à nos jours, II, Louvain, 1897, no 20321. 57 L. Fischer, Quatember, p. 113. 58 M. L. W. Laistner, A Hand-List of Bede Manuscripts, Ithaca (NY, USA), 1943, p. 125. 59 M. Lapidge, dans : Byrhtferth of Ramsey, The Lives of St Oswald and St Ecgwine, éd. et trad. Id., Oxford, 2009 (Oxford Medieval Texts), p. 42, n. 43. 60 Vita metrica S. Amandi, 3.75 (MGH Poet. aevi karol., 3:590). 61 PL 94:608:8.
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Abréviations et sigles
AAGN AA SS AFuld AG AL AMo AMp AN AqdE ARF ARLIMA BEC BLE BM2 BSGRT CAG CC SL CM CDL CDS CF CH[F]MA ChLA ChrLaur ChrMin ChrMoiss CIL CLA Cod. Theod. CSEL CSMLT CUFSG CUFSL DA DAGR
Annales Alamannici, Guelferbytani et Nazariani Acta Sanctorum Annales Fuldenses (A. de Fulda) Annales Guelferbytani (A. de Wolfenbüttel) Annales Laureshamenses (A. de Lorsch) Annales Mosellani (A. mosellanes) Annales Mettenses priores (A. anciennes [ou primitives] de Metz) Annales Nazariani (A. de Saint-Nazaire [de Lorsch]) Annales Einhardi qui dicuntur (A. dites « d’Éginhard ») Annales regni Francorum (A. du royaume des Francs, A. royales) Archives de littérature du Moyen Âge Bibliothèque de l’École des Chartes S. Bonifatii et Lulli epistolae Regesta imperii, i. (version imprimée) Bibliotheca scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana Carte archéologique de la Gaule Corpus Christianorum Series Latina Continuatio Mediaevalis Codice diplomatico longobardo Cross Database Searchtool Continuationes Fredegarii Les classiques de l’histoire [de France] au Moyen Âge Chartae Latinae Antiquiores Chronicon Laurissense breve (Chronique brève de Lorsch) Chronica Minora saec. iv. v. vi. vii. Chronicon Moissiacense (Chronique de Moissac) Corpus inscriptionum Latinarum Codices Latini Antiquiores Codex Theodosianus Corpus scriptorum ecclesiasticorum Latinorum Cambridge Studies in Medieval Life and Thought. Fourth Series Collection des universités de France, série grecque Collection des universités de France, série latine Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters Dictionnaire des antiquités grecques et romaines
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a br é v iati o n s e t s i g l e s
DArnulf DHGE DK1
Die Urkunden der Arnulfinger Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques Diplomata Karolinorum, I : Die Urkunden Pippins, Karlmanns und Karls des Grossen DK2 Diplomata Karolinorum, II : Die Urkunden Ludwigs des Frommen DM Diplomata regum Francorum e stirpe Merovingica / Die Urkunden der Merowinger DMDep. Diplomata regum Francorum e stirpe Merovingica deperdita (catalogue des dipl. perdus) DMLBS Dictionary of Medieval Latin from British Sources EMC The Encyclopedia of the Medieval Chronicle ERA The Encyclopedia of the Roman Army FmSt Frühmittelalterliche Studien GQDMA Repertorium « Geschichtsquellen des deutschen Mittelalters » Hist. Aug. Histoire Auguste Regesta Pontificum Romanorum J3 LCL The Loeb Classical Library LHF Liber Historiae Francorum MGH Monumenta Germaniae Historica AA Auctores Antiquissimi DD Diplomata Epp. Epistolae Fontes iuris Fontes iuris Germanici antiqui in usum scholarum separatim editi LL Leges LL nat. Germ. Leges nationum Germanicarum Poet. Poetae Latini Medii Aevi ou Poetae Latini aevi Carolini SS Scriptores (in-fol.) SS rer. Germ. Scriptores rerum Germanicarum in usum scholarum separatim editi SS rer. Merov. Scriptores rerum Merovingicarum MIÖG Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung MLWB Mittellateinisches Wörterbuch NA Neues Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde NGML Novum Glossarium Mediae Latinitatis PG Patrologia graeca cursus completus PL Patrologia latina cursus completus PLFD Patrologia Latina Full Database PLRE Prosopography of the Later Roman Empire RAC Reallexikon für Antike und Christentum RGA Reallexikon der germanischen Altertumskunde RIiOnl Regesta Imperii Online RIi,3,1Onl Regesta Imperii Online, Abt. i, t. 3/1 RIplusOnl Regesta Imperii Plus Online SC Sources chrétiennes
ab ré vi at i o ns e t si gle s
TLL TTH ZRG Germ. Rom.
Thesaurus Linguae Latinae Translated Texts for Historians Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte Germanistische Abteilung Romanistische Abteilung
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Bibliographie
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neue Ausgabe / Prosopographie des personnages mentionnés dans les textes pour l’époque de Pépin le Bref et de son frère Carloman (741—768), spécialement ceux exerçant une fonction ecclésiastique ou laïque, avec quelques annexes. Nouvelle édition provisoire = http://www. prosopographie.eu, dernières modifications le 20.vii.2017 B. Isphording, Prüm : Studien zur Geschichte der Abtei von ihrer Gründung bis zum Tod Kaiser Lothars I. (721-855), Mayence, 2005 (Quellen und Abhandlungen zur mittelrheinischen Kirchengeschichte, 116) P. W. Jacobs II et D. Atnally Conlin, Campus Martius. The Field of Mars in the Life of Ancient Rome, Cambridge, 2014 J. Jahn, Ducatus Baiuvariorum. Das bairische Herzogtum der Agilolfinger, Stuttgart, 1991 (Monographien zur Geschichte des Mittelalters, 35) E. James, Gregory of Tours = notes et commentaires de sa traduction de Grégoire de Tours, Liber vitae Patrum : Gregory of Tours, Life of the Fathers, 2Liverpool, 1991 (11985) (TTH, 1) R. Janin, Constantinople byzantine. Développement urbain et répertoire topographique, Paris, 21964 (11950) (Archives de l’Orient chrétien, 4A) M. Jankowiak et F. Montinaro (éd.), Studies in Theophanes, Paris, 2015 (Travaux et Mémoires, 19) J. Jarnut et al. (éd.), Karl Martell in seiner Zeit, Sigmaringen, 1994 (Beihefte der Francia, 37) B. Jaski, Early Irish Kingship and Succession, Dublin, 2000 Jasper : voir supra, à « Blumenthal » L. Joan, Le Doubs et le Territoire de Belfort, Paris, 2003 (CAG, 25 et 90) Joffredus : voir supra, à « Gioffredo » Joly : voir infra, à « Ollangier » A. H. M. Jones, J. R. Martindale et J. Morris, The Prosopography of the Later Roman Empire. I. A. D. 260-395, Cambridge, 1971 P. Joyeux et D. Canny, « Orléans (Loiret). État des connaissances : 2014 », dans : Chr. Cribellier (éd.), Agglomérations secondaires antiques, 447-460 P. Joyeux (éd.), Regards sur Orléans. Archéologie et histoire de la ville, Orléans, 2014 Y. Julien, Aulu-Gelle = notes et commentaires de son édition d’Aulu-Gelle C. Jullian, « Notes gallo-romaines. lxx. “Camps de César” », dans Revue des études anciennes, 18/2, 1916, p. 118-120 M.-H. Jullien et F. Perelman (éd.), Clavis Scriptorum Latinorum Medii Aevi. Auctores Galliae 735-987. II. Alcuinus, Turnhout, 1999 (CCCM. Claves) M. Jusselin, Forma orbis romani : Carte archéologique de la Gaule, Chartres, 1907-1943, cinq cahiers manuscrits, Archives départementales d’Eure-et-Loir, J 831 (sur la date, voir Ollangier et Joly, infra, p. 7) W. Kaiser, Authentizität und Geltung spätantiker Kaisergesetze : Studien zu den Sacra privilegia concilii Vizaceni, Munich, 2007 (Münchener Beiträge zur Papyrusforschung und antiken Rechtsgeschichte, 96) W. Kaiser, Die Epitome Iuliani. Beiträge zum römischen Recht im frühen Mittelalter und zum byzantinischen Rechtsunterricht, Francfort/Main, 2004 (Studien zur europäischen Rechtsgeschichte, 175)
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Index
Pour les renvois d’un index à l’autre, les sigles suivants seront utilisés : P = Personnes et peuples ; L = Lieux ; M = Mots ; S = Sources ; AM = Auteurs modernes. Pour l’index « Sources », seront également indiquées la section (A, B, C ou D) et la rubrique. Ainsi par ex., « → S/B/Hist » signifie : « voir [aussi] l’index « Sources », section B, rubr. « Historiographie » »
Personnes et peuples L’ordre des homonymes est classique : par dignité décroissante, hommes d’église en tête (év. dans l’ordre alphab. de leurs sièges). Principales abréviations : ab. = abbé, abbesse ; adj. = adjectif ; att. = attesté ; bf = bienfaiteur ; c. = comte ; d. = duc ; év. = évêque ; f. = fille, fils ; fr. = frère ; h. = homme ; m. = mère ; n. = nom ; p. = père ; patr. = patriarche ; r. = roi ; rgn = règne ; rne = reine ; sr = sœur ; st = saint ; tém. = témoin. AARON, fr. Moïse : 20988 ABIRON, révolté contre Moïse : 20988 ADAL(H)ARD 1. ab. Corbie († 826) : 42 2. c. Chalon-s-Saône (att. v. 762) : 256, 25624 ADALOALD, r. Lombards (att. 627) : 111 ADALRAM, archev. Salzbourg († 836) : 322 ADALRIC-ETICHO, d. Alsace (viie), éponyme Étichonides : 154219 ADALUNG, ab. Lorsch et Saint-Vaast (808-837) : 283 ADAMNÁN, ab. Iona († 704) : 183 ADELCHIS 1. r. Lombards, f. Didier : 113 ; → S/A/ DiplLomb
2. d. Bénévent († 878) : 10558,61 ; → S/B/ Norm ÆTHELBERHT, r. Kent († v. 616) : → S/B/Norm AETIUS / Flavius Aetius, h. pol., génér. rom. († 454) : 72 AFRICAIN(S), adj. : 19318 AGILULF, r. Lombards († 616) : 91 AGRIPPA / Marcus Vipsanius Agrippa, h. pol. rom. († 12 av. J.-C.) : 3123 AHRENS, (Franz) Heinrich Ludolf, hist. allem. († 1881) : → AM AIRAMNUS, héritier Rotmarus : 10449 AISTULF, r. Lombards († 756) : 105-108 et notes, 111, 142, 147, 281, 290 ; → S/B/ Norm ALAMAN(E)(S), n. et adj. : 4286, 93, 935, 108-109, 10982, 134, 215 ; → GOTTFRIED, L/ALÉMANIE ALBERT, ab. Marmoutier (mil. xie) : 40 ALCUIN, fig. renaiss. carol. († 804) : 6045, 288 ALEXANDRE 1. le Grand : 151199, 152202, 269-271 2. SÉVÈRE, né Bassianus Alexianus, emp. rom. († 235) : 176 ; → SÉVÈRES ALFRED le Grand, r. Wessex puis Angl. († 899) : 13, 18597 ; → S/B/Norm ALLO, tém. DM 107 (669/70) : 10457
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AL-MANSÛR, calife († 775) : 12863, 13394, 148 AMBROISE, maire pal. sous Liutprand : 112 ANASTASE, emp. byz. († 518) : 82 ; → S/B/Norm ANGLAIS : 935, 2247 (« les anciens Anglois »), 281 ANGLO-NORMAND(S) : 935 ANGLO-SAXONS, n. et adj. : 47, 190, 190-1918, 193, 306, 307, 313 ANSA, rne Lombards, épse Didier : 113, 158240 ; → S/A/DiplLomb ANSELPERGE, f. Didier et Ansa, sr Adelchis (1), ab. Saint-Sauveur/SainteJulie Brescia : 113 ANTHEMIUS 1. emp. († 472), petit-f. du suiv. : 172, 17247 ; → S/B/Norm 2. préf. prét. Or. (att. 410) : 81 ANTHIME : → ANTHEMIUS AQUITAIN(E)(S), n. et adj. : 140, 142 ; → EUDES, LOUIS (1a), WAÏFRE, L/ AQUITAINE ARABES, ARABO-MUSULMANS : 47, 549 ; → SARRASINS ARBEO, év. Freising († 784) : 196 ; → S/B/Hag ARCADIUS / Flavius Arcadius, emp. rom. († 408) : 63, 87 ; → S/B/Norm ARÈS, dieu gr. : 155 ; → MARS ARIDIUS, envoyé de Gondebaud à Cple : 228 ARIPERT II, r. Lombards († 712) : 111, 239 ARN, archev. Salzbourg, contemp. Charlem. : 32440 ARNOUL DE CARINTHIE, r. puis emper. († 899) : 279 ATEIUS CAPITO, juriscons. rom., contemp. Auguste : 20575 ; → S/B/ Aut(i) ATHANASE, év. Alexandrie († 373) : 87 ATTON, év. Vercelli († 961) : → S/B/ Norm
AUGUSTE, emp. rom. († 14) : 3120, 172, 175, 205, 248 AUGUSTIN 1. st, év. Hippone († 430) : 323, 324 2. st, év. Canterbury, contemp. Grégoire (1) : 1918 AURÉLIEN 1. Lucius Domitius Aurelianus, emp. rom. († 275) : 30 2. Aurilianus, messager Clovis (1) près Clotilde : 228 AURELIUS CELSINUS, préfet Rome (att. 351) : 78 AUSTRALDUS, c. (att. v. 762) : 256, 25624 AUSTRASIEN(NE)(S), n. et adj. - 132, 136121, 158, 179, 232 ; → CHILDEBERT (1), CHILDÉRIC (1), THEUDEBERT (1 et 2), THIERRY (4) - armée, troupes ~enne(s) : 12334, 13290, 135-136, 146156, 229, 233 AUVERGNATS : → CHILPING AVARS : 2319, 140, 248 (« Huns ») BALLISTA, « spécialiste de l’organisation du ravitaillement » (Hist. Aug.), usurpateur sous Gallien (mil. iiie) : 17655 BARUCIO : → FILIPERT BASILISKOS, emp. byz. (rgn 475-476) : 65 BASQUES : → VASCONES BAVAROIS, n. et adj. : 139, 19318, 194, 19529, 19633, 23616, 279, 306 ; → L/BAVIÈRE BÈDE le Vénérable, exég., histor., sav. anglo-sax. († 735) : 120, 33148, 332, 333 BENOÎT d’Aniane, st, réformateur sous Louis (1) : 146 BERNHARD, d. Septimanie, chambrier de Louis (1) : 20887 BERNON, vend terre à Heriman : 254 BERTERIC, év. Vienne, nommé par Pépin (3) : 12969 BERTHAR (franç. Berthaire), maire pal. Neustrie († 688) : 287, 288
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BERTOALD, chef des Saxons, contemp. Clotaire II : 234 BERTRAD, rne, épse Pépin (3) : 12652, 127, 12969, 131, 13184, 135114, 148, 148175, 149181, 239, 252, 253, 259 BOLLANDISTES : 33, 37 BONIFACE, st, archev. Mayence (fl. viii1) : 12445, 146, 146162, 192, 192-19318 ; → S/B/Épist BOULAINVILLIERS, Henri comte de, écriv. franç., histor. († 1722) : → AM BRUNNER, Heinrich, histor. allem. († 1915) : → AM BULGARES : 330, 33046 ; → NICOLAS Ier BURGONDE(S), n. et adj. : 132, 134, 135, 146157, 233 BYRHTFERTH de Ramsey, hagiogr., hist. († v. 1020) : 333 CACOUACS, nom donné aux Encyclopédistes par J.-N. Moreau : 46 CALLIXTE Ier, pape (rgn 219-223) : 1905, 19216, 19636 CAPITO : → ATEIUS CARLOMAN 1. r. Francs, f. Pépin (3) : 13184, 13393, 158, 259 2. maire pal., fr. aîné Pépin (3) : 10138, 10773, 115127, 118, 119, 12445, 129, 142, 146158, 159, 252, 256, 287, 288, ; → S/A/DiplArnulf-Pip 3. f. Charlem. : → PÉPIN (4) CAROLINGIEN(NE)(S), n. et adj. - 16310, 17038, 17965, 194, 20577, 208, 210, 218, 251, 295, 322 - indic. chron. (« époque ~ » ou simil.) : 48, …, 13392, …, 187, 201, 203, 20988, 21196, 227, 25521, 324 - dern. ~ : 136118 - prem. ~ : 61, 158, 177, 198, 216, 248, 295 ; et Champs de Mars/Mai : 13, 15, 158-159, 162 ; dipl. : 95, → S/A/ DiplCarol ; itin. : 143, 146 - aspects pol. : 56, 11085, 115, 154, 157, 208
- et historiogr. : 103-10448, 152202, 17966, 180 → CARLOMAN (1 et 2), CHARLEMAGNE, CHARLES (13), GRIPO, LOTHAIRE, LOUIS (1), PÉPIN (3-5), S/A/DiplCarol CATON L’Ancien / Marcus Porcius Cato († 149 av. J.-C.), h. pol. rom. : 20575 ; → S/B/Aut(i) CENSORINUS, gramm. lat. (iiie) : 21910 ; → S/B/Aut(i) CÉSAIRE, st, év. Arles († 542) : 202, 208 CÉSAR / Caius Iulius Caesar, h. pol. rom. († 44 av. J.-C.) : 3123, 40, 4079, 172, 175, 217 ; → S/B/Aut(i) CHAMPOLLION-FIGEAC, JacquesJoseph, érudit franç. († 1867) : 272273, 27213 ; → AM CHANCOR, c. (att. 743 × 747), fond. Lorsch : 115127 CHARDERIC, ab. Saint-Denis (att. 679) : 99 CHARLEMAGNE, r. Francs et Lomb., emp. († 814) a. gén. : 1714, 19, 47, 93, 94, 131, 13392, 137, 141144, 144, 145, 153, 155, 16728, 16829, 171, 180, 18385, 186, 199, 249, 255, 285 b. avant 768 : 95, 136121, 259 c. 768-771 : 13184, 13393, 158, 239 d. 771-800 - 194, 203, 281 - assembl. : 152-156 et notes ; → L/ LIPPE, PADERBORN - Champs de Mai : 15, 53, 137, 138-139 et notes, 144, 145154, 156, 157, 158-159, 219 ; → L/DÜREN, GENÈVE, PADERBORN, WORMS - guerres Saxe : 44, 117, 12968, 135, 144, 145154, 150-158 et notes, 263-278 - et Tassilon : 138-139 et notes, 183184, 18486, 224, 249 e. 800-814 : 212, 237, 244, 245, 248, 285, 322
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f. toutes périodes confondues - ab. laïque Murbach : 147 - capitulaires : 166-168 et notes, 170, 17248, 18385, 19738, 203 ; → S/B/ Norm - diplômes : → S/A/DiplCarol - famille (vraie et suppos.) : 151, 155, 263, 264, 265, 274, 277, 278, 322 ; → BERTRAD, CARLOMAN (1 et 2), FASTRAD, HILDEGARD, PÉPIN (3-4), SINDBERT, TASSILON, THEODORIC (2) - guerres en gén. : 157 - itinéraire : 150188, 236 - noms vernac. mois : 25 - palais : 146 ; → L/AIX-LACHAPELLE, HERSTAL, WORMS - repos/trève : 156-157 - résidences : → L/ERESBURG g. souvenir : 49, 49-50148 CHARLES 1. le Chauve, r. Francs, puis emp. († 877) : 175, 212, 285 ; → S/A/ DiplChCh 2. Martel, maire pal. († 741) : 17, 43, 55, 99, 101-10238, 10448, 119, 12445, 12754, 145154, 153, 203, 237, 23927, 251-252, 256 ; → S/A/DiplArnulf-Pip 3. f. aîné Charlem. : 12968, 141 4. f. Pépin (7) : 10347 CHILDEBERT 1. II, r. Austras., Bourg. († 595) : 179, 229-230, 233 ; → S/B/Norm 2. III, r. Francs († 711) : 9723 ; → S/A/ DiplMérov CHILDEBRAND, demi-fr. Charles (2) : → S/B/Hist CHILDÉRIC 1. II, r. Austras. († 675) : 9721 99 ; → S/A/DiplMérov 2. III, r. Francs (déposé 751) : 9721, 120, 286 ; → S/A/DiplMérov CHILPÉRIC 1. Ier, r. Francs († 584) : 85, 180
2. II, r. Francs († 721) : 102, 10245, 203, 252, 256, 287, 288, 294 ; → S/A/ DiplMérov CHILPING, c. des Auvergnats (att. v. 762) : 256, 25624 CHINDASWINTH, r. Wisig. (rgn 642653) : → S/B/Norm CHRODEGANG, év. Metz († 766) : 238, 259, 260, 314 CICÉRON, Marcus Tullius Cicero, h. pol., orateur rom. († 43 av. J.-C.) : 30, 4294 ; → S/B/Aut(i) CLOTAIRE II, r. Francs († 629) : 123, 229, 233, 234 CLOTILDE, rne, épse Clovis (1) : 228 CLOVIS 1. Ier, r. Francs († 511) : 14-15, 157, 28, 511, 54, 5512, 72, 133, 215, 228 2. II, r. Neustr. († 657) : 104, 10449, 232 ; → S/A/DiplMérov 3. III, r. Francs († 695) : 100, 18177 ; → S/A/DiplMérov COCTA, person. légend. : 40 COISLIN, Henti-Charles du Camboust, duc de ~ († 1732) : 271 COLOMBAN, st († 615), son disciple Donat fonde monast. à Besançon : 39 CONSTANCE 1. I / Gaius Flavius Valerius Constantius, dit « C. Chlore », emp. rom. († 306) : 86 2. II / Flavius Julius Constantius, emp. rom. († 361) : 57, 68, 71, 73, 78 ; → S/B/Norm 3. III / Flavius Constantius, c. et patrice (att. 416), emp. rom. († 421) : 81 CONSTANS / Flavius Julius Constans, emp. rom. († 350) : 78 ; → S/B/Norm CONSTANT II / Flavius Heraclius Constantinus, emp. byz. († 668) : 85, 327 CONSTANTIN 1. Ier, le Grand, emp. rom. († 337) : 19, 53, 75-77, 86, 87, 20262 ; → S/B/Norm 2. II, emp. rom., f. du précédent : 75
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3. V, Copronyme, emp. byz. († 775) : 67, 289 4. VII, Porphyrogénète, emp. byz. († 959) : 299 CONSTANTINA, sr Constance (2) : 78 CORBINIEN, st, prem. év. Freising (déb. viiie) : 180, 18074, 180-18175, 196 CORDELIERS, ordre rel. : 3867 CORÉ : → ABIRON COTTA, Lucius Aurunculeius, lieuten. César : 40 CRISPUS, f. Constantin (1) : 75 CRISTOMER, tém. DM 107 (669/70) : 10457 CUNIPERT, r. Lombards († 700) : 111 CYRIAQUE, patr. Cple (rgn 596-606) : 66 DAGOBERT 1. Ier, r. Francs († 639) : 9721, 10449, 122, 12232, 13290, 18175, 231, 232, 234 ; → S/A/DiplMérov 2. II, r. Austras. († 679) : 18280 3. III, r. Francs († 715) : 9721 ; → S/A/ DiplMérov 4. Pseudo-D., auteur acte fx pour Erfurt : 103 DAMIEN, officier dans l’armée de Justinien Ier, nev. Valérien : 177 DANIEL, év. Winchester, corresp. Boniface : 12445 DANOIS : 186-18799 DATÂN : → ABIRON DENIS, st, prem. év. Paris (iiie) : 249, 322, 32225 DIDIER, r. Lombards (rgn 757-774) : 111, 113, 142, 147166, 151, 158, 158240, 239 ; → S/A/DiplLomb DIDO, év. Poitiers, contemp. Childéric (1) : 99 DIOCLÉTIEN / Gaius Aurelius Valerius Diocletianus, emp. rom. († 316) : 57, 74, 76, 86 DONAT, év., disciple de Colomban, fonde monast. Saint-Paul à Besançon : 39
DROGON, d. Bourg. et Champ., f. Pépin (2) : 237 DRUSUS, fr. Tibère (1) : 266 DU CANGE, Charles Du Fresne, sieur ~ , philol., lexicogr. et histor. franç. († 1688) : 18, 23, 28 et suiv., 47, 47130, 93 ; → AM DUCHESNE, André, géogr. et hist. franç. († 1640) : 236 DUMNORIX, chef. gaul., advers. de César : 40 DUNICIUS, fond. légend. Châteaudun : 40 EBROIN, maire pal. Neustr. († 682) : 298 ECGBERHT, év. York († 766) : 1918, 313 ; → S/B/Norm ÉDOUARD Ier, r. Angl. († 1307) : 20886 ÉGINHARD, biographe de Charlem. († 840) : 279, 285-286 EIO, tém. DM 107 (669/70) : 10457 EIUS, chancel. sous Pépin (3) : 124, 12443 ÉPIPHANE, patr. Cple (rgn 520-535) : 83 ERCAMBALD, scripteur dipl. Charlem. (att. 783) : 27418 ERCHINOALD, maire pal. Neustr. (fl. 641-658) : 10449 ERIK III LAM, r. Danem. († 1146) : 249 ERMINETHRUD, testatrice mérov. : 57 ERVIG, r. Wisig. (rgn 680-687) : → S/B/ Norm ÉTICHONIDES, fam. import., ducs Alsace mérov., s’allie Carol. sous Louis (1) : 154 et notes ; → HAHIHCO, HUGUES ÉTIENNE 1. II, pape († 757) : 95, 121, 13289, 149, 163, 259, 286, 288, 290 2. III, pape († 772) : 313 EUDES, d. Aquitaine, contemp. Charles (2) : 12754, 251, 252, 256 EUNOMIENS, hérétiques : 81 FARDULF, ab. Saint-Denis († 806) : 27628
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FASTRAD, rne, épse Charlem. : 151, 155, 263, 264, 265, 274, 277, 278 FILIPERT, prêtre Lucques (att. 737), f. Barucio : 114 FLAOCHAD, maire pal. Bourg. (att. 642) : 121, 123, 232, 233 FLAVIUS JOSÈPHE / Titus Flavius Iosephus, hist. († v. 100) : 20262 FLAVIUS MAESIUS EGNATIUS LOLLIANUS, chf service aqueducs, Rome, dédie statue à Constantin (1) : 77 FLORUS DE LYON, diacre, polygraphe franc († v. 860) : 21090 FONTAINE, Pierre-François-Léonard († 1853), architecte Napoléon Ier : 50148 FRANC(S), -QUE, n. et adj. - 4286, 52, 93, 10881, 115, 117, 148, 150, 150193, 151194,197, 157, 162, 183, 18385, 18486, 191, 19111, 192, 19318, 19526, 196, 200, 209, 20989, 223, 230, 231, 248, 256, 275, 277, 278, 287, 288, 290, 306 (saliens), 330, 33046 - et armée (une des compos., compos. unique, particip. conseil guerre) : 21, 121, 127, 133-134, 137123, 138, 147168, 150, 156232, 157237, 164, 215, 234, 252, 254, 260 - et assemblées - 1714, 259-261, 263, 265 - a. annuelle des F., a. de l’armée des F., a. des peuples des F., a. gén. des F., gde a. des F. : 22, 24, 28, 511, 104, 10450, 121, 127, 137, 139138, 140, 141, 154, 156233 , 161, 1614, 20887, 215-216, 218, 259, 260, 261, 265, 282, 284, 291-294 - acteurs polit. et cérémon. (dons au roi) des a. : 21, 28, 106, 121, 132-133, 155 (pape salué en leur nom), 16311, 165 (dons au roi ; décisions), 260 (conseil de guerre), 291-294 - y participent avec autres groupes ethn. : 10450 (?), 139, 153
- et Champs Mars/Mai - 51, 52, 107-108 et notes, 158, 164, 216, 2247 (« François ») - à l’origine du nom : 22, 24 - référ. aux ~ plutôt qu’au roi des ~ dans langage politico-admin. viiie : 123-125 et notes, spéc. 124-12545, 132, 147168 - expressions diverses - dedecus F-orum : 197 - Galliae F-orum : 1627 - gens F-orum : 18486 - iudicium F-orum : 229, 231 - lex F-orum : 166, 16626 - mos F-orum : 24, 121, 125 (more Francico), 228 - optimates F-orum : 132, 163, 165, 282 - princeps (gentis) F-orum : 12445, 142 (rem. 1) - reges F-orum : 279, 284, 291 - regnum F-orum : 1627, 282 - stabilitas regni F-orum / regni nostri atque F-orum : 123-124 - terra F-orum : 142 (rem. 1) - utilitas F-orum : 21, 121, 123-125 et notes, 132, 148 FRÉDÉGAIRE : → S/B/Hist FRÉDÉGONDE, rne, vve Chilpéric (1) : 179, 17967, 229, 233 FRISONS : → RADBOD GALÈRE / Caius Galerius Valerius Maximianus, emp. rom. († 311) : 30, 3019, 74, 86 GAULOIS : 230 GAUTIER, Théophile, écriv. franç. († 1872) : → AM GEDEON, tém. DM 107 (669/70) : 10457 GÉLASE, pape († 496) : 190, 1905,7 ; → S/A/ActesPontif GELDUIN, bf Marmoutier (xie) : 40 GEORGES LE SYNCELLE, histor. byz. (fl. fin viiie / déb. ixe) : 289 GERMAINS, -MANIQUE, n. et adj. : 51, 56, 202, 219 (romano-germ.), 230, 267
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GHISILO, tém. DM 107 (669/70) : 10457 GILTBERT, scripteur dipl. Charlem. (att. 780) : 27418 GLYCÈRE, emp. rom. (rgn 473-474) : 81 GNAEUS FLAVIUS, h. pol. rom. (fin ive av. J.-C.) : 19950 GODO, nev. ou petit-f. Wandrille : 10449 GONDEBAUD, r. Burgondes, oncle Clotilde : 228 GOTHS : 230 GOTTFRIED, d. Alamans († v. 708) : 238 GRATIEN / Flavius Gratianus, emp. rom. († 383) : 69, 80 ; → S/B/Norm GREC(QUE)S, n. et adj. : 127, 19421, 202, 230, 243, 244, 24438, 261, 324 ; → L/ ORIENT GRÉGOIRE 1. Ier, le Grand, pape († 604) : 1918, 191-19213, 20162, 273, 311, 312, 313 ; → S/A/ActesPontif 2. II, pape († 731) : 19318, 194, 309, 311, 312, 313 ; → S/A/ActesPontif 3. III, pape († 741) : 313 4. IV, pape († 844) : 206, 20681, 21091, 312 ; → S/A/ActesPontif (Ps.-Grég. IV) 5. VII, pape († 1085) : 191, 1919 6. év. Tours († 594) : 14, 28, 100 ; → S/B/Lit, S/B/Hist GRIMALD, ab. Saint-Gall (841-872), archichancelier et archichapelain de Louis (2) : 321 GRIMOALD 1. r. Lombards († 671) : 108, 10879 ; → S/B/Norm 2. maire pal. († 714), f. Pépin (2) : 10238 ; → S/A/DiplArnulf-Pip GRIPO/Gripho, demi-fr. Pépin (3) : 142, 143148 GUILLAUME 1. Le Lion, r. Écosse († 1214) : 20886 2. Le Roux, r. Angl. († 1100) : 223-224 3. de Malmesbury, histor. angl. († v. 1143) : 281
GUIZOT, François, histor., h. pol. franç. († 1874) : 272 HADRIEN 1. Ier, pape († 795) : 155, 183, 275, 277, 278 ; → S/A/ActesPontif 2. ab., compagn. Théodore de Tarse : 181, 298 3. emp. rom. († 138) : 17655 HAHIHCO/Haecho/Haicho 1. p. Hugues (1), bf Honau : 154217 2. f. Hugues (3) : 154217 HARALD KESJA, régent Danem., prétendt au trône († 1135) : 249 HÉBREUX : 244 ; → JUIFS HENRI II Plantagenêt, r. Angl. († 1189) : 20886 HÉRACLIUS, emp. byz. († 641) : 91; → S/B/Norm HERIMAN, év. Nevers (att. 849) : → S/A/Actes princes eccl. HÉRODIEN, hist. rom. († v. 250) : 86 HERWAGEN, Johannes, imprimeur bâlois (fl. prem. moit. xvie) : 332, 333 HILDEGAR, év. Cologne († 753) : 146 HILDEGARD, rne, épse Charlem. : 238 HILDUIN, ab. Saint-Denis, contemp. Louis (1) : 249 HINCMAR, archev. Reims († 882) : 29, 10448, 16829, 21090, 302, 30214 ; → S/B/ Hag et S/B/Aut(ii) HONGROIS : 145154, 23716 HONORIUS / Flavius Honorius, emp. rom. († 423) : 64, 81, 87 ; → S/B/Norm HOTMAN, François, jurisconsulte, polémiste franç. († 1590) : → AM HRODGAUD, d. Frioul (att. 775-776) : 157237 HUGUES, Étichonide 1. II, d. Alsace (att. 723), f. Hahihco (1), petit-f. Adalric-Eticho : 154219 2. le Peureux, c. Tours, beau-fr. Louis (1) : 154 3. bf Fulda (att. 785), p. Hahihco (2) : 154 4. trois bfs Honau (viie/viiie) : 154219
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HUNALD 1. d. Aquitaine, f. Eudes : 252 2. d. Aquitaine, contemp. Charlem. : 251 ILPRAND, r. Lombards, nev. Liutprand : 111, 112, 113 ; → S/A/ DiplLomb INE, r. Wessex (rgn 688-726) : → S/B/ Norm INGRAMN, orphelin (DM 141, de 604) : 100, 102 IRÈNE, impératr. byz. († 803) : 58 ISIDORE DE SÉVILLE, év., h. de lettres hispano-rom. († 636) : 20886, 21090, 32333 ; → S/B/Exég, Hist, Pastor, Aut(ii) JEAN CHRYSOSTOME, st, archev. Cple († 407) : 202, 323-324 et notes ; → S/B/Lit (PSEUDO-CHR.) JÉRÔME, st, Père de l’Église († 419) : 19216, 244 ; → S/B/Exég, Hist, Past (PSEUO-J.) JÉSUS-CHRIST : 207, 20783 JONAS, év. désigné Nevers (att. 817 × 829) : 25519 JOSÈPHE : → FLAVIUS JOSÈPHE JUDITH, impératr., épse Louis (1) : 20887 JUIFS : 201, 20162, 202, 230, 244 ; → HÉBREUX JULIEN / Flavius Claudius Julianus, dit « l’Apostat », emp. rom. († 363) : 41, 41-4286, 511, 53, 57, 5730, 68, 71, 73, 79, 80, 135110 ; → S/B/Norm JUSTIN II / Flavius Iustinus Iunior, emp. byz. († 578) : 84, 90 ; → S/B/ Norm JUSTINIEN Ier / Flavius Petrus Sabbatius Justinianus, emp. byz. († 565) : 521, 83, 84, 89, 90, 18385, 18597, 306 ; → S/B/Norm LAELIUS, Caius, consul rom. (190 av. J.-C.) : 171, 17141 LAFOSSE, A., archéol. Besançon (xixe) : → AM
LAMBECK, Peter, préfet biblioth. Vienne (1663-1680) : 284 LAMBERT DE SAINT-OMER, chanoine de N. D., auteur du Liber Floridus († 1121) : 284 LANTFRID, d. Alamans († 730) : 108 LATINS : → L/OCCIDENT LÉGER, st, év. Autun († v. 678) : 256 LEODEGARIUS : → LÉGER LEOFRIC, év. Crediton, Exeter († 1072) : 6047 LÉON 1. Ier, le Grand, pape († 461) : 1905,7 ; → S/A/ActesPontif 2. II, pape (att. 683) : 312, 313 3. Ier, emp. rom. († 474) : 55, 5516, 57, 5730, 65, 17247 ; → S/B/Norm 4. III, l’Isaurien, emp. byz. († 741) : 289 5. V, l’Arménien, emp. byz. († 820) : 54, 66, 289 LEONTIUS, gouvern. Palestine (att. 363) : 80 LE PAIGE, Louis Adrien, écriv. franç., publiciste († 1802) : → AM LEPIDUS, Marcus Aemilius Lepidus, consul en 6 après J.-C., gouvern. Pannonie (8-10) : 266 LIBYENS, n. et adj. : 177 ; → L/LIBYE LICINIUS / Valerius Licinianus Licinius, emp. rom. († 324 ou 325) : 76 LIUTBERT, archev. Mayence († 889) : 279 LIUTPRAND, r. Lombards († 744) : 105-108 et notes, 111, 112, 11297, 113104, 114124, 18175, 216 ; → S/A/DiplLomb, S/B/Norm LOMBARD(E)(S), n. et adj. : 91, 93, 935, 106, 10665, 115, 132, 134, 139, 151, 177, 18385, 215-216, 239, 288 ; → ADALOALD, AGILULF, AISTULF, ARIPERT, CUNIPERT, DIDIER, ILPRAND, LIUTPRAND, PÉPIN (4), PERTARID, RATCHIS, RODOALD, ROTHARI, L/ITALIE
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LOTHAIRE Ier, f. aîné Louis (1), emp. : 212 LOUIS 1. Ier, le Pieux († 840), f. Charlemagne a. r. Aquitaine : 140, 141142, 175 ; → L/ AQUITAINE, S/A/DiplLleP b. emp. : 13, 132, 19, 93, 146, 186, 197213, 217, 244, 245, 249, 285, 302, 32231 ; → S/A/DiplLleP 2. II, le Germanique († 876), f. du précéd. : 321, 322, 32231, 33046 3. II, le Jeune († 875), petit-f. de Louis (1) : 20371 4. XIV, r. France († 1715) : 46122 5. XV, r. France († 1774) : 46122 6. XVI, r. France (exécuté 1793) : 17, 45, 45115 LUTHER, Martin († 1546) : 168 MABLY, Gabriel Bonnot de, écriv. franç., philos., histor. († 1785) : 17, 45115, 45-46, 46121, 47131 ; → AM MAGNOALD, nev. Charderic : 99 MANLIUS TORQUATUS / Titus Manlius Imperiosus Torquatus, gén. et h. pol. rom. (ive av. J.-C.) : 249, 24913 MARC AURÈLE / Marcus Aelius Aurelius Verus, emp. rom. († 180) : 16310 MARCIEN / Flavius Marcianus, emp. rom. († 457) : 64 MARDES : 269, 270 MARIE-ANTOINETTE, rne de Fr. (exécutée 1793) : 45 MARIE-LOUISE d’Autriche († 1847), épse Napoléon (1) : 50148 MARIUS / Caius Marius, h. pol. rom. († 80 av. J.-C.) : 521 MARS, dieu rom. : 13, 22, 226, 24, 28, 41, 4286, 155 ; → ARÈS MARX, Karl, philos. allem. († 1883) : 17 MAUPEOU, René-Nicolas-CharlesAugustin de, chancel. de Fr., garde des sceaux († 1792) : 47 MAURICE, emp. byz. († 602) : 55, 5519, 67, 20988
MAXIMIEN / Maximianus Herculius, emp. rom. († 310) : 86 MAXIMIN DAÏA / Caius Valerius Galerius Maximinus, emp. rom. († 313) : 30, 3019, 31, 52, 68, 86 MÉROVINGIEN(NE)(S), n. et adj. - 43, 56, 6149, 12445, 154, 155, 157, 170, 17965,66, 180, 20370 - indic. chron. (« époque ~ » ou simil.) : 13, 48, 49, 10983, 133, 13392, 151194, 17138, 253, 256 - et Champs de Mars : 56, 61, 161, 162, 17038, 187, 212, 216 - dern. ~ : 49, 59, 151194, 163, 212, 287288, 291-294, 295, 303 ; et Champs de Mars : 56, 61, 161, 279-280, 282, 284-285, 286, 290, 291-294, 303 - et diplomatique : 93-104 et notes, 11297, 115, 215, 216, 292 → S/A/ DiplMérov → CHILDEBERT (1-2), CHILDÉRIC (1-2), CHILPÉRIC (1-2), CLOVIS (1-3), DAGOBERT (1-3), SIGEBERT, THIERRY (2-5) MIRYAM, sr Aaron et Moïse : 20988 MODESTUS / Domitius Modestus, préf. prét. Or. (att. 371) : 80 MOÏSE : 209, 20988 MUSCULUS, Wolfgang, érudit, ami de Herwagen : 333 NANTHILD, m. Clovis (2) : 10449, 232 NAPOLÉON 1. Ier, emp. († 1821) : 49 2. II, d. Reichstadt († 1832) : 50148 NARSÈS, général de Justinien Ier : 177 NAZIRÉENS, person. de l’Anc. Test. voués à Dieu : 287, 288, 294 NEUSTRIEN(NE)(S), n. et adj. : 132, 13290, 135, 135113, 16829, 203, 20370, 233 ; → ERCHINOALD, L/NEUSTRIE NIBELUNG, f. et continuateur de Childebrand : 136119, 145154, 148, 149, 251 ; → S/B/Hist NICÉPHORE II PHOCAS, emp. byz. († 969) : 70
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NICOLAS Ier, pape († 867) : 206, 21090 ; → S/A/ActesPontif NOÉ, person. bibl. : 273 NOTKER LE BÈGUE, moine SaintGall, polygraphe († 912) : 287, 32229 ODILON, d. Bavière, p. Tassilon : 139138 OLUF 1. HARALDSEN, r. Danem. († 1143) : 249-250 2. HUNGER, r. Danem. († 1095) : 2175 OLYBRIUS / Anicius Hermogenianus Olybrius, emp. rom. († 472) : 81 OMEYYADES, dynastie califale (661750) : 18385 OPTAT, ab. Mont-Cassin, contemp. Zacharie : 12445 OVIDE / Publius Ovidius Naso, poète rom., contemp. Auguste : 21910 PARISII, cité des : → L/PARIS PASCHASE RADBERT, ab. Corbie, exégète, hagiogr., théol. († 865) : 21090 PAUL 1. Ier, pape († 767) : 313 2. patr. désigné Antioche (att. 521) : 88 3. DIACRE : 314 ; → S/B/Hist, S/B/ Aut(ii) PÉPIN 1. I, maire pal. Austr. († 640) : 232 2. II, maire pal. († 714) - 12334, 159, 23927, 287, 288 - dans Ann. Mett. pr., ao 692 : 161, 162, 163, 164, 165, 171, 179, 282 - et Champ de Mars : 161, 162, 163, 164, 165, 171, 179, 180, 180-18175, 196, 297 - et Corbinien : 180, 180-18175, 196 - et fondat. monast. : 146161, 18280 3. dit « le Bref » († 768) a. maire pal. (741-751), IIIe du nom - 12445, 252, 288, 290 - ambass. à Zacharie : 163, 279280, 284-285 - assembl. : 10773, 118, 124 45, 146158, 159 ; → L/DÜREN, SOISSONS
- historiogr. : 55, 119-120, 287 - placita : 10138 → S/A/DiplArnulf-Pip b. roi (751-768), Ier du nom - 121, 137, 141, 144, 145, 147169, 17757, 18175, 249, 252 - avènement : 16 (causes) ; 55 (rupture) ; 6150, 94, 12445 (terminus ante quem) ; 120 ; 192 ; 279-280, 284-285, 288 - sacres : 54 - et Tassilon : 117-118 et notes, 139138, 143 - campagnes Italie : 117-118, 132, 142-143, 143171, 281 - camp. Saxe : 142, 143, 143149 - guerres Aquit. : 117, 126-131, 135, 142-143, 144, 145153, 147-149 et notes, 252, 253, 254, 256 - décès : 12969, 13184, 148174,180, 149181, 158, 281 - assembl. : 21, 23-24, 117-118, 120, 125-126 et notes, 12653, 127, 129, 12972, 142-143, 144155, 146157, 147-149 et notes, 259-261 ; → L/ATTIGNY, BOURGES, COMPIÈGNE, DÜREN, GENTILLY, NEVERS, ORLÉANS, QUIERZY, TRISGODROS, WORMS - Champs de Mars/Mai : 15, 17, 19, 21-24, 43, 46, 49, 53, 117118, 121, 123, 125-126 et notes, 12972, 135, 135111, 136-137, 139138, 142-143, 144, 147, 147171, 148, 149, 156, 158-159, 16311, 189, 195, 197, 198, 19842,43, 208, 213, 215, 219 ; → L/BERNY-RIVIÈRE, BOURGES, DÜREN, NEVERS, ORLÉANS - guerres en gén. : 157 - palais : → L/ATTIGNY, BOURGES - repos/trève : 128, 142-143, 145, 157
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c. toutes périodes confondues - capitulaires : → S/B/Norm - diplômes : → S/A/DiplCarol - famille : 239 ; → BERTRAD, CARLOMAN (1 et 2), CHARLEMAGNE, CHARLES (2), GRIPO, PÉPIN (3), TASSILON - réformes : 15-16, 1611, 19, 19738, 276 - et Saint-Denis : 99, 123 ; → b/ décès - sécularisations : 10448 4. r. Italie, f. Charlemagne : 140, 158, 238 ; → L/ITALIE 5. Ier, r. Aquitaine, f. Louis (1) : 60 6. f. Pépin (3), mort enfant : 239, 23927 7. tém. acte fx DM 70, p. Charles (4) : 10347 PERSES : 3019, 521, 53, 5410, 80 ; → SASSANIDES PERTARID, r. Lombards († 688) : 111 PESCENNIUS NIGER / Gaius Pescennius Niger, général rom., emp. († 194) : 176 PEUTINGER, Konrad, humaniste allem. († 1546) : 198 PHOCAS, emp. byz. († 610) : 54, 57, 66 PHOTIUS, patr. Cple († 886) : → S/B/ Aut(ii) PIERRE 1. apôtre : 207, 20783, 322, 32225 2. le Patrice, maître des offices, aut. traité inaug. impér. (vie) : 55, 5514 PIPPINIDE(S), n. et adj. : 47, 101, 115, 155, 158, 181, 20370 ; → DROGON, GRIMOALD, PÉPIN (1-2), S/A/ DiplArnulf-Pip PLATON, philos. gr. († v. 348 av. J.-C.) : 21910 PLECTRUD, épse Pépin (2) : 146161 PLUTARQUE, h. de lettres gr. († v. 125) : 21910 ; → S/B/Hist POMPEIUS FAUSTINUS, préfet Rome (att. 300) : 74
PROBUS / Marcus Aurelius Probus, emp. rom. († 282) : 54, 68 PULCHÉRIE, sr Théodose (2) : 64 RABAN MAUR, ab. Fulda, archev. Mayence († 856) : 33046 ; → S/B/ Exég, Pastor RADBOD, r./d. Frisons († 719) : 164, 203 RADO, chancelier sous Charlem. : 23825, 27418 RAGAMFRED, maire pal. Chilpéric (2) : 12334 RAGIMPERT, c. Orléans, f. Aripert II : 239 RATCHIS, r. Lombards (rgn 744-749) : 105-108 et notes, 111, 112, 113, 114124 ; → S/A/DiplLomb, S/B/Norm REGINBERT, moine Reichenau, bibliothécaire († 847) : 198, 19844 RÉMISTAN, f. Eudes : 12754, 147, 147171 RHÉTIENS : 266, 267 RICHARD, ab. Saint-Vanne Verdun († 1046) : 24540 RIPUAIRES : 145154 ROBERT COURTEHEUSE, d. Normand., fr. Guillaume (2) : 223-224 RODOALD, r. Lombards († 653) : 111 ROMAIN(E)(S), n. et adj. - 10983, 134, 177, 230, 243, 267 - en parlant de l’Antiquité : 25, 171 ; spéc. sphère jurid. : 109, 138132 ; spéc. sphère milit. : 28, 172, 175, 202, 206, 20782, 216, 218, 21810, 219, 248, 249 - en parlant de l’Église : 127, 190-192 et notes, 19529, 201, 201-20262, 202, 261 ROMULUS, fond. légend. Rome : 25 ROTHARI, r. Lombards (rgn 636-652) : 105 ; → S/B/Norm ROTMARUS, propr. terr., contemp. Dagob. (1) : 98, 10449 RUDOLF, moine, maître de l’école de Fulda († 865) : 279 RUFINUS / Flavius Rufinus, prétend. au trône († 395) : 64, 71
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RUGIENS, advers. des Danois : 18699 SALLUSTE / Caius Sallustius Crispus, h. pol. et hist. rom. († v. 35 av. J.-C.) : 40, 4079 SAMO, r. Wendes, contemp. Dagobert (1) : 231 SARRASINS : 17, 20371, 251 ; → ARABES, ARABO-MUSULMANS SASSANIDES : 521 ; → PERSES SATURNINUS, év. Arles, condamné au concile de Lutèce (360) : 73 SAVIGNY, Friedrich Carl von, juriste allem. († 1861) : 49143 SAXON(NE)(S), n. et adj. : 2419, 13290, 134, 139, 144, 145154, 146, 150-158 et notes, 234, 251, 263, 264, 265, 267, 274 ; → BERTOALD, CHARLEMAGNE (d), PÉPIN (3b), WIDUKIND, L/ SAXE SCIPION L’ASIATIQUE / Lucius Cornelius Scipio Asiaticus, consul rom. (190 av. J.-C.) : 171, 17141 SECUNDUS / Saturninius Secundus Salu(s)tius, préf. prét. Or. (att. 362) : 79 SÉGUIER, Pierre, chancel. de Fr. († 1672) : 271 SÉNÈQUE / Lucius Annaeus Seneca, phil. rom. († 65) : 4079 SERGE 1. Ier, pape († 701) : 312 2. Ier, patr. Cple († 638) : 91 SERVIUS / Maurus Servius Honoratus, gramm. rom. (fin ive) : 21910 ; → S/B/ Aut(i) SÉVÈRE / Flavius Valerius Severus, emp. rom. († 307) : 86 SÉVÈRES, dynastie impér. rom. (193225) : 17655 → ALEXANDRE (2) SICHARIUS, envoyé Dagobert (1) près Samo : 231 SIGEBERT III, r. Austras. († 656 ou 657) : 148171, 232 ; → S/A/DiplMérov SINDBERT/Sintbert, év., ab. Murbach (v. 789-791), nev. présum. Charlem. : 147165
SIRMOND, Jacques, érudit franç. († 1651) : 236 SISEBUT, r. Wisig. (rgn 611/612-620) : 203 SIXTE, st, prem. év. Reims : 322, 32225 SMITH, Adam, philos. écoss. († 1790) : 17 SPESINDEO, év. primas Byzacène (att. 568) : 90 STRATEGIUS, comes rer. privat. (att. 410) : 81 SVEN, r. Danem. et Angl. († 1014) : 13 SWIDBERT, st, fond. mon. Kaiserswerth († 713) : 146161 SYMMAQUE, pape († 514) : 83 SYRACUSAINS : 296, 297 TACITE 1. Marcus Claudius Tacitus, emp. rom. († 276) : 53, 68 2. Publius Cornelius Tacitus, hist. rom. († v. 120) : 51 TARASIOS, patr. Cple (784-806) : 289 TASSILON/Dassilo/Dessilo/ Tassilo III, d. Bav. (déposé 788) : 22, 23, 117-118, 138-139 et notes, 142, 143, 149, 183-184, 18486, 195-196, 224, 247, 248, 249, 260 TÉRENCE / Publius Terentius Afer, poète comique lat. († 159 av. J.-C.) : 225 TEUTSIND, clerc, tém. DM 107 (669/70) : 10457 THEGAN, biogr. Louis (1) : 198 ; → S/B/Hist THÉODELINDE, épse Agilulf : 91 THÉODORE DE TARSE, archev. Canterbury († 690) : 181, 298 THÉODORIC 1. le Grand, r. Ostrog. († 526) : 55 2. c., parent Charlem. : 145154 THÉODOSE 1. Ier, dit « le Grand », emp. rom. († 395) : 64, 87 ; → S/B/Norm 2. II / Flavius Theodosius, emp. rom. († 450) : 64, 81 ; → S/B/Norm
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THEUDEBERT 1. I, r. Austr. († 547) : 230 2. II, r. Austr. († 612), f. Childebert (1) : 229-231 THEUDERIC : → THIERRY THIERRY 1. Ier de Leernes, ab. Saint-Hubert († 1086) : 24540 2. Ier, r. Austr. († 533) : 172 3. II, r. Bourg., Austr. († 613), f. Childebert (1) : 121, 122, 12232, 229231, 243 4. III, r. Neustr., Francs († 691) : 164, 16728, 175, 179, 180, 181, 18177, 182, 183, 243, 287, 288, 297-298 ; → S/A/ DiplMérov 5. IV, r. Francs († 737) : 9721, 102, 243 ; → S/A/DiplMérov THOMAS, év. Plaisance (mil. viiie) : 112 THURINGIENS : 148171 TIBÈRE 1. Tiberius Claudius Nero, génér. puis emp. rom. († 37) : 266-267 2. II, emp. byz. († 582) : 55, 5519, 67 TIMOLÉON, général corinthien, libérateur Sicile (fl. 345-337 av. J.-C.) : 296-299 TRAJAN / Marcus Ulpius Trajanus, emp. rom. († 117) : 202, 202-20366 TREBETA, fond. légend. Trèves : 32 UDALRIC, st, év. Augsbourg († 974) : 24540 VALDÉMAR le Grand, r. Danem. († 1182) : 217, 2175 VALENS / Flavius Valens, emp. rom. († 378) : 57, 63, 80, 87 ; → S/B/Norm VALENTINIEN 1. Ier / Flavius Valentinianus, emp. rom. († 375) : 53, 57, 5730, 69, 80, 87 ; → S/B/Norm 2. II / Flavius Valentinianus, emp. rom. († 392) : 69 ; → S/B/Norm 3. III / Flavius Placidus Valentinianus, emp. rom. († 455) : 72, 172, 17247 VALÉRIEN, génér. de Justinien Ier : 177
VANDALES et PS.-VANDALES : 140, 140141, 177 VARRON / Marcus Terentius Varro, h. de lettres rom. († 27 av. J.-C.) : 21910 ; → S/B/Aut(i) VASCONES : 148, 17863, 256 ; → L/ WASCONIA VÉGÈCE / Publius Flavius Vegetius Renatus, écriv. rom. (fl. v. 400) : 4079 VELOVOCI : 53 ; → L/CIVITAS VELOVOCORUM VETRANIO, emp. rom. (rgn 350) : 78 VIKINGS : 307 VINDÉLICIENS : 266, 267 VITIGÈS, r. Ostrog. (rgn 536-540) : 55, 6047, 70 VOLTAIRE / François-Marie Arouet, dit ~ († 1778) : 48 WAÏFRE/Waiofar, d. Aquitaine († 768) : 12653, 127, 12754, 12969, 135, 135111, 137, 142, 147-148, 253, 255, 256, 260 WAITZ, Georg, histor. allem. († 1886) : 49 : → AM WALAFRID STRABO, lettré frc († 849) : 198 WALPERT, diacre Lucques (att. 736) : 114 WALPRAND, év. Lucques (att. 737) : 114 WAMBA, r. Wisig. (rgn 672-680) : 17863, 267 WANDRILLE, st, fond. et ab. Fontenelle (mil. viie) : 10449 WASCONES : → VASCONES WEBER, Max, économiste et sociol. allem. († 1920) : 17 WENDES : 12232, 13290, 217, 2175, 231 ; → SAMO WIDMARUS, chancel. sous Pépin (3) : 124, 12442 WIDOLAICUS, scripteur dipl. Charlem. (att. 781) : 27418 WIDUKIND, chef saxon, adv. Charlem. : 151, 152
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WIGBALD, scripteur dipl. Charlem. (att. 782) : 27418 WILLEBAD, patrice, contemp. Flaochad : 232 WISIGOTHS, -TIQUE, n. et adj. : 535, 18385 ; → CHINDASWINTH, ERVIG, SISEBUT, WAMBA WULFOALD, advers. Pépin (3) : 249
YAHVÉ : 209, 20988 ZACHARIE, pape († 751) : 25, 12445, 163, 192, 19217, 192-19318, 19319, 194, 279-280, 284-285, 309, 312, 313 ; → S/A/ ActesPontif ZÉNON, emp. byz. († 491) : 65, 82, 88 ; → S/B/Norm
Lieux A = Autriche ; B = Belgique ; BG = Bulgarie ; CH = Suisse ; D = Allemagne ; E = Espagne ; ET = Égypte ; F = France ; GB = Royaume Uni ; H = Hongrie ; HR = Croatie ; I = Italie ; IR = Iran ; IRL = République d’Irlande ; L = Luxembourg ; NL = Pays-Bas ; S = Suède ; SRB = Serbie ; SYR = Syrie ; TN = Tunisie ; TR = Turquie Les formes anciennes sont en italiques, que les noms aient identifiés ou pas. AACHEN : → AIX-LA-CHAPELLE AD CAMPOS BARBARICOS (I), : 70 AFRIQUE : 84, 19320 ; éparchie d’ ~ : 84 AGINNUM (F) : 252 AIX-LA-CHAPELLE (D), palais carol. : 146, 208-20987, 21196, 245, 285, 321 ALBIGEOIS (F), rég. : 127 ALÉMANIE (D), duché : 100, 10881, 110, 111, 115, 236, 287 ; → P/ ALAMAN(E)(S), LANTFRID ALEXANDRIE (ET) : 87 (Césaréum) ALLEMAGNE : 51, 235, 281 (~ septentr.), 283 (~ mérid.), 283, 320 (~ mérid.) ALPES : 259, 267 ALSACE (F), rég. : 154 et notes, 229 AMBOISE (F) : 40 AMIENS (F) : 69 ANDERNACH (D) : 10776 ANGLETERRE : 13, 38, 60, 18385, 1918, 19318 (« Outre-Manche »),
19319 ; → P/ALFRED, ÉDOUARD, GUILLAUME (2), HENRI, SVEN ANGOULÊME (F) : 252 ANIANE (F), mon. Saint-Sauveur : 21196 ANTIOCHE / Antakya (TR) : 5410, 68, 80, 88 ; → P/PAUL AQUITAINE (F), duché mérov., royme carol. - 141142, 158 ; → P/AQUITAIN(E)(S), EUDES, HUNALD (1 et 2), LOUIS (1a), PÉPIN (5) - théâtre des campagnes de Pépin (3) - 117, 126, 12753, 144, 145153, 260 - 763 : 2419, 139138 - 766-767 : 125, 12548, 126, 12650, 127128, 12971, 130, 13081, 147171 - 768, capitulaire de Pépin (3) : 12969, 148, 261 - géogr. des Champs de Mai : 144 - origine austras. prob. des armées de Pépin (3) : 135-137, 146156 - rôle prob. des Égl. austras. : 136 - stratégie : 128 → P/PÉPIN (3b), WAÏFRE ARCIACENSIS (F), pagus : 136118 ; → ARCIS-SUR-AUBE ARCIS-SUR-AUBE (F) : 136118 ; → ARCIACENSIS ARDA (BG), anc. Campus Ardiensis : 76 ARDENNE (B, F), rég. : 13290 ARDIN (F) : 97, 9723, 99 AREGAU (D), anc. (M)arahaugia : 145154
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AREZZO (I) : 112, 113104 ARLES (F) : 32225 ; → P/SATURNINUS ARRAS (F), mon. Saint-Vaast : 282, 283 ASIE MINEURE : 76 ATTIGNY (F) : 136118 (palais), 145155, 149, 261 AUGSBOURG (D), évêché : 33, 236, 23716, 267 ; → P/UDALRIC AUSTRASIE (F), -SIEN(NE)(S), n. et adj., royme mérov. : 95, 10448, 122, 12232, 135, 146, 158, 287, 288 ; → P/ AUSTRASIEN(NE)(S) AUSTRIA (I), prov. du royme lomb. : 10563 AUTUN (F) : 47134 (assemblée, 642), 62 (panégyristes lat. d’ ~), 145154 (comtes carol. d’ ~), 251, 255 ; → P/LÉGER AUTUNOIS (F) / pagus d’Autun : 256 AUVERGNE (F), rég. : 254 ; → CLERMONT-FERRAND, P/ AUVERGNATS AUXERRE (F) : 121, 127, 135, 135113, 253, 254 AVEYRON (F), riv. : 128 BALKANS, rég. : 53, 68 BALTIQUE, mer : 217 BARDENGAU (D) : 264 BAVIÈRE (D), duché : 23, 11085, 139, 139138, 149, 166, 183, 18486, 195 (carol.), 236, 318, 319, 321, 322 ; → P/ BAVAROIS, CHARLEMAGNE (d), CORBINIEN, ODILON, TASSILON BEAUVAIS (F) : 75, 76 (anc. Civitas Velovocorum [?]), 272 BELOVO (BG), anc. Civitas Velovocorum (?) : 76 BENEDIKTBEUERN (D), mon. SaintJacques, puis Saint-Benoît : 23616 BÉNÉVENT (I), -AIN, n. et adj., duché lomb. : 10772 ; → P/ADELCHIS BERNY-RIVIÈRE (F), anc. Bernaco, villa publica : 121, 144, 259 BERRY (F), rég. : 254 ; → BOURGES BESANÇON (F)
- 32, 34, 35, 3760 - Campus Marti(u)s : 3333, 35 - Capucins, couvent : 3864 - Chamars : 29, 35, 37, 3760 (Promenade de ~) - Champ-de-Mars : 34, 38 - enceinte: 3970 - forum : 3333 - palatium : 38-39 - Saint-Paul, mon. : 38-39, 3970 BIRR (IRL) : 182 BIRTEN (D), anc. Castra Vetera : 267 BLAYE (F) : 256 BOBBIO (I), mon. Saint-Pierre, puis Saint-Colomban : 242 BONN (D) : 143, 143148 BORDEAUX (F) : 256 BOTHMARIACAS (F) : 104 BOURBON-L’ARCHAMBAULT (F) : 135113, 254 BOURGES (F) - 12971, 13392, 148, 251, 252 - Champ de Mai 767 : 121, 125-128 et notes, 130, 13081, 144, 147, 148, 148178, 253 - banlieue : → suburbana - pagus : 135113 - palais carol. : 121, 125-127 et notes, 253 - séjour de Pépin (3) : 13394, 135, 135114, 147, 147167,169 - suburbana : 252 - urbs : 126 → BERRY BOURGOGNE (F), royme mérov. : 121 (regnum Burgundiae), 123, 13290, 13394, 135, 135111,114, 136119, 143148, 147, 147167, 232 ; →P/DROGON, FLAOCHAD, THIERRY (3) BRESCIA (I), mon. Saint-Sauveur/ Sainte-Julie : 113-114 et notes ; →P/ ANSELPERGE BRETAGNE, île de : 298 BRETAGNE (F), rég. : 20887 BRIOUDE (F) : 172 BROTONTAS (I) : → ROME/environs
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BUDAPEST (H), anc. Acinco : 69 BURGONDIE : → BOURGOGNE BYZACÈNE, prov. de l’Afrique rom. (act. Tunisie) : 90 ; →P/SPESINDEO BYZANCE, BYZANTIN(E)(S), n. et adj. : 55, 12546, 182, 182-18385, 19421, 207, 219, 248, 2489, 298, 299, 306, 330, 331 ; → CONSTANTINOPLE, P/ANASTASE, BASILISKOS, CONSTANT II, CONSTANTIN (3, 4), HÉRACLIUS, JUSTIN II, JUSTNIEN Ier, LÉON (4, 5), MAURICE, NICÉPHORE II PHOCAS, PHOCAS, TIBÈRE (2), ZÉNON CAEN (F), traité de (1091) : 224 CALAHORRA (E) : 17863 CAMARAT (F), cap pr. Saint-Tropez : 36 CAMPANIE (I), rég. : 70 CANTERBURY (GB) : 181, 27315 (Christ Church), 298 ; → P/ AUGUSTIN, HADRIEN (2), THÉODORE CAPPADOCE (TR), rég. : 70 CARTHAGE (TN) : 85, 88 (concile, 418) CASTRUM GORDINIS : → GORDON CHALON-SUR-SAÔNE (F), anc. Cabilono : 121, 123, 145153, 228, 232, 255 ; → P/ADALARD CHAMPAGNE (F), rég. : 146 (adj. champenoise), 179, 17967 CHAMP DU MENSONGE (F), près Colmar : 206 CHAMPTOCEAUX (F) : 12863, 13394, 148, 252 CHARENTE (F), fl. : 257, 25726 CHÂTEAUDUN (F) - 3758, 40 (légende fond.) - Campus Mar-cius / -tis / -tius : 35, 3758 - Chamars - 35 (aleu de), 37, 3758 - burgus : 3758 - Saint-Martin, prieuré : 3758 - vicus : 3758
- Chemars : 35 (rue de), 37 (mons) - Goulet, anc. ruelle : 35 - Martis Aqua : 40 - Mortua Aqua : 40 CHELLES (F), mon. Sainte-Croix : 280 CHILLEURS-AUX-BOIS (F) : 253, 25310 CLERMONT(-FERRAND) (F) : 172, 254, 32225 ; → AUVERGNE CLICHY (F) - assemblée de (627) : 47134, 123 - palais mérov. : 146 CLOFESHO (GB) : 193, 19319 ; → S/B/ Norm COBLENCE (D) : 145154 CODALETO (I) : 112 COLOGNE (D) - 32, 10776, 145, 145154, 146 (rhénanie colonaise), 146162, 251 - Égl. : 136 ; → P/HILDEGAR - Porta Martis : 36 → RIGUERINSE COMPIÈGNE (F) : 98, 100, 104, 10449, 118, 149, 260 CONSTANTINOPLE / Istamboul (TR) - 57, 5730, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 87, 88, 89, 90, 91, 142, 172, 177, 228 - conciles : 25, 189 - Église : → P/ÉPIPHANE, JEAN CHRYSOSTOME, NICÉPHORE, PHOTIUS, TARASIOS - enceinte primitive : 57 - Hebdomon - 53-54 et notes, 57, 63-67, 70, 71, 172, 215 - égl. Saint-Jean-Bapt. : 66 - Kampos : 53, 63-67 - Martion : 65 - Secundianas, palais : 66 - palais, Salle/Tribunal des Dix-Neuf Lits : 67 - Sainte-Sophie (« la Grande Église ») : 91 → BYZANCE CORRÈZE (F), riv. : 128
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COULANGES-LÈS-NEVERS (F) : 254-255 DANEMARK : 216-217, 249-250 ; → P/ ERIK III LAM, HARALD KESJA, OLUF (1 et 2), SVEN, VALDÉMAR DIEMEL (D), riv. : 155225 DIGOIN (F) : 145, 145153, 251, 253, 256 DÔLE (F) : 32 DOUBS (F), riv. : 3333, 34, 3970 DOURA EUROPOS (SYR) : 218 DROIZY (F) : 233 DÜREN (D) - 145154 - sur l’itinéraire des Carol., 747- : 146 - 741-751 - assembl. 747, Carlom. (2) et Pépin (3a) : 146158 - assembl. 748 (date AMp) : 159 - siège princip. de Carlom. (2) : 146158 - 751- Champs de Mai de ~ comparé aux autres Ch. de M. années ’60 et ’70 : 144 - Champ de Mai 761 : 23, 121, 126, 135111,113, 136-137, 136121 (Pépin [3b] y présente Charlem., désormais en âge de porter les armes, aux optimates austras.), 143, 143148, 144 - Champs de Mai années ’70 : 137 - Champs de Mai 775 et 779 : 144 DURHAM (GB) : 281 ECHTERNACH (L), mon. SainteTrinité etc. : 94, 95, 96, 114116, 18280 ÉCOSSE : 20886 ÉGYPTE : 20988 EMMER (D), anc. Ambra, riv. : 150, 150192, 263, 264, 265 ERESBURG / Obermarsberg (D) : 151, 151197, 153, 155, 156, 156227, 263, 264, 265, 274 ERFURT (D), mon. Saint-Pierre : 98, 13 ESCORAILLES (F) : 127
ESPAGNE : 190 ; → IBÉRIQUE, P/ WISIGOTHS ESTINNES, LES ~ (B) : 10773 EU (F) : 223 EUPHRATE, fl. : 218 EXETER (GB), concile royal (1050) : 6047 FALSTER : → DANEMARK FARFA (I), mon. Sainte-Marie : 113, 113105 FLANDRE, comtes de : 284 FLORENCE (I) : 11297 FONTENELLE : → SAINTWANDRILLE FOSSES(-LA-VILLE) (B), mon. : 18280 FRANCE : 76, 281 (~ mérid.), 281, 283 (le nord de la ~), 284 (rois de ~) FRANCFORT[-SUR-MAIN] (D) : 21196 FRANCIE / Francia : 44, 152, 156, 156231, 158240, 16829, 212, 239, 251 (~ ripuaire), 264, 281 (N de la ~ occid.), 32231 (~ orient.) ; → P/FRANCS FREISING (D) : → P/ARBEO, CORBINIEN FULDA (D), mon. Saints-SauveurPierre-et-Paul : 153-154 et notes, 19318, 279, 282, 283, 33046 ; → P/HUGUES, RABAN MAUR, RUDOLF FÜSSEN (D), abbaye Saint-Mang : 318, 321 GALLES, Pays de ~ : 18490 GARONNE (F), fl. : 125, 12547, 12650, 127, 12863, 12969, 136, 148 GAULE(S) : 38, 76, 1627 (« les ~s des Francs »), 17863, 190, 239, 260, 298, 322, 32225 GENÈVE (CH) : 137, 144, 228 GENTILLY (F) : 127, 130, 149, 261 GERMANIE : 266, 267, 268 GÉRONE (E), concile (517) : → S/B/ Norm GÉVAUDAN (F), rég. : 127, 129 GORDON (F), anc. Castrum gordinis : 127, 145153, 253 et notes
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GORZE (F), mon. Saints-Pierre-etPaul : 238, 260 GOTHIE (F), rég. : 128 ; → SEPTIMANIE GRAFSTAL (CH), anc. Craolfestal : 115127 HAUTVILLERS (F), mon. SaintPierre : 283 HÉCATOMPYLOS / Shahrûd (IR) : 270, 271 HERBRECHTINGEN (D) : 10346 HERSFELD (D), mon. Saints-Simonet-Thaddée : 274 HERSTAL (B), palais carol. : 146, 24542 HESSE (D), rég. : 238 HONAU (F/D), mon. Saint-Michel : 143, 143145, 154219 HUESCA (E) : 17863 IBÉRIQUE, péninsule ~ : 289 (le sud de la p. i.) ; → ESPAGNE ÎLE-BARBE (F), mon. Saint-André : 100 IONA (GB), mon. : → P/ADAMNÁN IRLANDE, -AIS, n. et adj. : 59, 61, 62, 181-182, 18280, 212, 218, 219, 238, 242 ISRAËL, fils d’~ : 20988 ITALIE - 70, 111, 166, 177, 18385, 267, 319 (septentr.) - conquête carol. (processus) : 144 - prem. camp. Pépin (3) : 24, 144, 147171 (Champ de Mars qui la précède), 149 (assembl. de Quierzy qui la précède), 205, 259, 281 - deuxme camp. Pépin (3) : 117-118, 142 (rem. 3, 4) - les deux camp. Pépin (3) : 117-118, 142 (rem. 2), 260, 281 - annexion 774 : 158, 158240, 281 - création royme carol. : 158 - royme carol. : 202, 20371, 295 → LANGOBARDIA, P/ LOMBARD(E)S, PÉPIN (3b, 4) KAISERSWERTH (D), mon. SaintPierre, puis Saint-Swidbert : 146161 ; → P/SWIDBERT
KESSELING (D), mon. Saint-Pierre : 146161 KOBLENZ : → COBLENCE KÖLN : → COLOGNE KORNELIMÜNSTER-INDEN (D), mon. Saint-Sauveur, puis SaintCorneille : 146 KREMSMÜNSTER (A), mon. SaintSauveur : 139138 LAFFAUX (F) : 229 LANDØRE (S) : 217, 2175 LANGOBARDIA / royme Lomb. : 121, 157237, 239 LANGRES (F), anc. Lingonas : 121 LAON (F) : 126 ; → MONTELAUDUNO LECHFELD (D), bataille (955) : 23716 LE MANS (F), évêché : 947, 95, 97, 98, 99 LIBYE : 19320 ; → P/LIBYENS LIÈGE (B) : 146 LIMOGES (F) : 85, 254 LIPPE (D), riv. : 151194, 156, 267, 268 LOCHES (F), castrum : 252 LOIRE (F), fl. - 12863, 13394 et 148 (situe Champtoceaux) ; 136 ; 147167 (limite occid. Bourg.) ; 256 (limite géogr. et/ou pol., épq mérov.) ; 256-257 ; 32225 - archéologie : 257 - et campagnes Pépin (3b) en Aquit. - 134108, 135, 136118 - 761, concentr. troupes sur la ~ avant franchissmt Nevers : 135, 135113, 137123 ; → NEVERS - 767, franchissmt Gordon : 127 ; → GORDON - Champs de Mai situés par rapp. à la ~ : 144 - conq. Aquit. d’abord limitée aux abords de la ~ : 128 - étape (zone d’arrière fortem. militarisée) hypoth. sur la ~ : 144, 145153, 251-257 - et conflits, avant 751 : 256
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LOLLAND : → DANEMARK LORSCH (D), mon. Saint-Nazaire : 22, 223, 115127, 146, 2355, 238, 23825, 282-283 LUCQUES (I) : 11297, 114 ; → P/ FILIPERT, WALPERT, WALPRAND LÜGDE (D), anc. Leuhidi/Liuhidi, villa : 150, 150192, 151194, 263, 264, 265 LUTÈCE : → PARIS LYDIE (act. TR occid.) : 17862 LYON (F) : 49148 LYONNAIS (F), pagus : 256 MAASTRICHT (NL) : 10776 MÂCON (F), concile (585) : → S/B/ Norm MAGICAMPUS (D), pagus : 145154 MAIN (D), riv. : 140 MAINZ : → MAYENCE MANDEURE (F) : 38 MARIGNY-LES-USAGES (F) : 253, 25310 MARSEILLE (F) : 97, 9724 MASSIF CENTRAL (F) : 127 MAYENCE (D) - 32, 98, 103, 10347, 13290, 134, 146 (rhénanie mayençaise), 146162, 279 ; → P/BONIFACE, LIUTBERT, RABAN MAUR - concile (813) : 194, 196, 211, 316 ; → S/B/Norm MÉSOPOTAMIE, prov. de l’emp. byz. : 89 MESVES (F) : 145153, 253-254 et notes METZ (F) - 12232, 13290, 13394, 280, 281 - cathédr. Saint-Étienne : 210 - Égl. : 136 ; → P/CHRODEGANG MEUSE (B, F, NL) : 146 (espace meuso-mosellan), 158 (idem) MILAN (I) : 5730, 68, 91, 190 MIREBEAU-SUR-BÈZE (F) : 3867 MOISSAC (F), mon. Saint-Pierre : 535 MONT-CASSIN (I), mon. SaintBenoît : 226, 12445 ; → P/OPTAT MONTELAUDUNO / Laon (F) : 100 MONTIER-EN-DER (F), mon. SaintsPierre-et-Paul, puis Saints-Pierre-etBerchaire : 21196
MONTMACQ (F), villa publica : 98, 282, 293, 297 MOSELLE (D, F, L), riv. : 146 (espace meuso-mosellan), 158 (idem) MOUTIERS-SAINT-JEAN (F), anc. Riomaus, mon. Saint-Jean : 100 MÜNSTER IM GREGORIENTAL / MUNSTER AU VAL SAINTGRÉGOIRE (F), anc. Conflentis, mon. Saint-Grégoire : 98 MURBACH (F), mon. Saints-LégerPierre-et-Marie, anc. Vivarium Peregrinorum : 137, 147, 147165, 238 ; → P/CHARLEMAGNE (f), SINDBERT MURSA / Osijek (HR) : 78 NAISSUS / Niš (SRB) : 78 NANTEUIL (F) : 10449 NAPLES (I) : 190 NARBONNE (F) : 127, 129, 130, 256, 32225 NEUCHING (D) : 11085 NEUSTRIA (I), prov. du royme lomb. : 10563 NEUSTRIE (F), royme mérov. : 118, 123, 12334, 13290, 203 ; → P/BERTHAR, CLOVIS (2), ERCHINOALD, NEUSTRIEN(NE)(S), RAGAMFRED, THIERRY (4) NEVERS (F) - 135, 145153, 254-255 et notes - abbaye Notre-Dame : 255, 25519-21 - archéol. : 254-255 - Champ de Mai 763 : 23, 121, 126, 12653, 132, 139138, 144, 253, 254 - Église : 255 ; → P/HERIMAN, JONAS - enceinte : 254 - franchissement Loire : 135113 (urbs), 254 NICE (F) - 33, 36 - Camartz : voir infra, Camás - Camás, C. Sotran, C. Sobran : 35, 36 - Campus Martius : 35, 36, 3651 - château : 36
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- cimetière : 36 - Puey de la Cuesta : 36 NICÉE / Iznik (TR) : 5730, 69 NICOMÉDIE / Izmit (TR) : 74, 77, 80, 86 NICOPOLIS, assembl. Constance II. : 71 NIEDERALTAICH (D), mon. SaintMaurice : 279 NÎMES (F) - 34 - Campus Martius : 35 - Courcommaires : 35 - Mar, pont de : 35 - S. Marc, collège : 35 NIVELLES (B), mon. Notre-Dame : 182 80 NORMANDIE (F) : 223 ; → P/ ROBERT NORVÈGE : 249 NUMIDIE (Afr. septentr.), anc. prov. rom. : 38 OCCIDENT : 18385, 18698, 189, 194, 19421 (« Latins »), 247, 289, 298, 299 (« pays d’expression lat. ») ORIENT : 18385, 18698, 194 (Égl. d’ ~), 200, 330 ORLÉANS (F) - 129, 12971, 145, 145153, 20162 (concile 538), 251-253 et notes ; → P/ RAGIMPERT - archéol. : 252-253 - Champ de Mai 766 : 21, 121, 126, 133, 144, 252 - Charpenterie, site archéol. de la ~ : 252 - et conflits 721-768 : 251-252 - franchissement Loire : 251-252 - point d’embarq. pour navig. fluv. : 252 - pont rom. et post-rom. : 252, 2529 - rempart tardo-antiq. : 252, 2528,9 OSRHOÈNE, prov. de l’emp. byz. (capit. Édesse) : 89 PADERBORN (D) - 151200
- Champ de Mai 777: 137 ; 138 et 138129 (1e assembl. de Charlem. en Saxe) ; 144 (spécificité par rapport aux autres Ch. de M.) - assemblée 785 : 135, 152-156 (153 : les Saxons y participent aux côtés des Francs ; 153 : époque ; 153-154 : désignation ; 153-155 : apport des sources de la pratique), 263, 264, 265, 274 PALESTINE, prov. de l’emp. rom. : 80 PARIS (F) - 41, 49-50148, 71, 73, 98, 127, 208-20987, 229, 251, 322, 32225 - campus : 71, 73 - Champ-de-Mars : 49, 49-50148, 73 - École militaire : 73 - Grenelle, plaine de : 73 - palais (ive s.) : 71 - Saint-Symphorien des Vignes, basil. : 57 PAVIE (I) : 114, 158 (royme de ~), 230, 239 (royme de ~), 281, 295 PAYS-BAS : 281 PÉRIGORD (F), rég. : 252 PÉRIGUEUX (F) : 12969 PERSE : 269, 270 PERSÉPOLIS (IR) : 269, 270 PEYRUSSE (F) : 127 PISE (I) : 11297 PLAISANCE (I) : 112, 113 PÔ (I), fl. : 230 POITIERS (F) : 99, 13392 (mon. SainteCroix), 148174 (mon. Saint-Hilaire), 148180, 251 (bataille dite « de ~ ») ; → P/DIDO POITOU (F), rég. : 97 PONTHION (F) : 98 PRÜM (D), mon. Saint-Sauveur : 146161, 260 QUIERZY (F) : 98, 100, 149, 259, 261 RATISBONNE (D) - 141, 236, 236-23716, 24542, 279, 321, 322 - mon. Saint-Emmeram : 319, 329
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RAVENNE (I) : 81, 85 REGATA (I), près Terracina : 70 REHME (D) : 151, 263, 264 REICHENAU (D), anc. Augia, mon. Sainte-Marie : 2420, 10881, 10982, 198, 283, 287 REIMS (F) : - 136118, 146156, 16829, 253, 282, 283, 320 (région de ~), 322, 32225 - civitas rom. : 136118 - Égl. : 136, 136118, 322, 32225 ; → P/ HINCMAR, SIXTE - manufactures d’armes (rom.) : 136118 - mon. Saint-Rémi : 283 → RÉMOIS REISBACH (D) : → S/B/Norm RÉMOIS (F), pagus : 136118 ; → REIMS RHÉNANIE (D), rég. : 146 (r. mayençaise, colonaise) ; → RHIN RHIN (CH, D, F, NL), fl. : 103, 10347, 13290, 145 (n. et adj.), 266, 267, 283 (cours sup.) ; → RHÉNANIE RIBUARIEN : → RIGUERINSE RIGUERINSE, pagus / pays de Cologne (D) : 121, 145154, 146 ; → COLOGNE RIPUAIRE : → RIGUERINSE RODEZ (F) : 12757 ROME (I) - 25, 28, 30, 31, 32, 33, 34, 5835, 74, 77, 78, 81, 87, 172, 17247, 199, 202, 20262, 21196, 215, 219, 248, 259, 268, 279, 280, 288, 302 - Champ-de Mars - 13-14, 28, 29, 30, 31, 32, 53, 73, 138132, 215, 225 - ovile : 37, 3864 - saepta Julia : 3123 - Église - 189, 1905, 191-19213, 192, 194, 290 → P/CALLIXTE Ier, ÉTIENNE (1 et 2), GÉLASE, GRÉGOIRE (15), HADRIEN (1), LÉON (1 et 2), NICOLAS Ier, SYMMAQUE, ZACHARIE - concile 743 : 19217 ; → S/B/Norm
- environs : 72 (à six milles) ; 172 et 17247 (« huitième milliaire » ; « au troisième mille, dans la localité de Brotontas ») - forum : 13 - Forum boarium : 230 - Forum Romanum, lacus Iuturnae : 77 - pomerium : 138132 - regio IX : 3120 - Saint-Pierre, basil. : 83, 309 - Tibre : 13 → P/ALEXANDRE (2), ANTHEMIUS (1), ARCADIUS, AUGUSTE, AURÉLIEN (1), AURELIUS CELSINUS, CÉSAR, CONSTANCE (1-3), CONSTANS, CONSTANTIN (1, 2), DIOCLÉTIEN, FLAVIUS MAESIUS EGNATIUS LOLLIANUS, GALÈRE, GLYCÈRE, GRATIEN, HADRIEN (3), HONORIUS, JULIEN, LÉON (3), LICINIUS, MARC AURÈLE, MARCIEN, MARIUS, MAXIMIEN, MAXIMIN DAÏA, OLYBRIUS, PESCENNIUS NIGER, POMPEIUS FAUSTINUS, PROBUS, ROMAIN(E)(S), ROMULUS, SÉVÈRE, SÉVÈRES, TACITE (1), THÉODOSE (1, 2), TIBÈRE (1), TRAJAN, VALENS, VALENTINIEN (1-3), VETRANIO ROUEN (F) - 223-224 - Champ-de-Mars : 223-224 - Martinville, caserne : 224 - Pré-au-Loup : 224 - traité de ~ (1091) : 224 SAINT-AMAND-LES-EAUX (F), anc. Elnone, mon. : 282, 283, 32440 SAINT-BERTIN (F), anc. Sithiu, mon. Sainte-Marie, Saints-Pierre-et-Paul, à Saint-Omer : 98, 282, 283
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SAINT-BERTRAND-DECOMMINGES (F) : 3867 SAINT-DENIS (F), mon. - 146, 16829, 210, 249, 259, 280 - dipl. mérov. et carol. (jusq. 814) en fav. SD, rapp. avec époq. Champ de Mars/Mai : 97-100, 102-103, 10346, 123-124, 12442,43, 259, 260 - Pépin (3) y meurt : 12863, 12969, 148174 SAINT-EMMERAM : → RATISBONNE SAINTES (F) : 2419, 12863, 12969, 148, 148175,180 SAINT-GALL, mon. (CH) : 115, 235, 283, 287, 320, 321 SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS (F), mon. Saints-Vincent-et-Germain : 271, 100 SAINT-MAUR-DES-FOSSÉS (F), anc. mon. Fossatensis, mon. Saints-Pierreet-Paul, Sainte-Marie : 98, 10245 SAINT-MAUR-EN-CHAUSSÉE (F) : 38 SAINT-OMER (F) - chapitre Notre-Dame : 284 - mon. Saint-Bertin : → SAINTBERTIN SAINT-SATUR (F) : 253, 25311 SAINT-VAAST : → ARRAS SAINT-WANDRILLE (F), anc. Fontanella, mon. Saints-Pierre-Paulet-Laurent : 98 SALZ (D) : 140 SALZBOURG (A) : 319, 321, 322 ; → P/ ADALRAM, ARN SAMOUSSY (F) : 126, 130, 13075, 261 SANCERRE (F) : 127 SARDIQUE / Sophia (BG) : 76 SAXE (D), rég. - 137, 166 - campagnes Pépin (3b) : 142 (rem. 5), 143, 143149 - campagnes Charlem. - gén., Ch. de Mai envisagés sous cet angle : 144 - 776, sine bello : 157237
- 777, prem. assembl. (Paderb.) : 138 - 779, sine bello : 157237 - 782 : 44, 156231 - 784 : 12968 - hiver 784-785 : 135, 150, 150193, 263-278 - 785, Ch. l’« acquiert » (Ann. Amandi) : 157-158 → PADERBORN, P/ CHARLEMAGNE (d), PÉPIN (3b), SAXON(NE)(S), WIDUKIND SCANIE : → DANEMARK SCHIEDER-SCHWALENBERG (D), anc. Skidr(i)oburg : 150, 150192, 263, 264, 265 SEINE (F), fl. : 146, 251 SELIGENSTADT (D), mon. SaintsMarcellin-et-Pierre : 285 SELZ (F), castrum : 229 SEPTIMANIE (F), rég. : 128 ; → GOTHIE SICILE (I) : 297-299 SIENNE (I) : 112, 113104 SIRMIUM / Sremska Mitrovica (SRB) : 78 SOISSONNAIS (F), pagus : 233 SOISSONS (F) : 14-15, 157, 54, 5512, 72, 93, 98, 100, 10773, 118, 12445, 206, 215, 233, 259, 32225 SOLOTHURN (CH), Franziskanerkloster : 282 STAFFELSEE (D), évêché : 23716 SUÈDE : 6047 SYRACUSE (I) - 296, 298 - agora : 296 - théâtre : 296, 29626 TAILLEBOURG (F) : 257, 25726 TARRAGONE (E), concile (516) : 20160 TEGERNSEE (D), mon. SaintSauveur : 319 THIONVILLE (F) : 21196 THRACE, rég. : 53, 68, 76
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THURINGE (D), rég. : 103, 10347, 12232, 13290, 238 THUSONEUALLE (F), mon. SaintsDenis-et-Marcel : 98, 99 TORTONA (I), mon. San Marziano : 318 TOSCANE (I), rég. : 10563, 114 TOULOUSE (F) : 127, 128 (urbs), 32225 TOURNAI (B) - 31-32, 3226, 33 - Campus Martius : 35 - cimetière : 36 - Marquain, village proche de ~ : 35 TOURS (F) - 154, 256, 32225 - mon. Saint-Martin : 12863, 12969 TRANSJURANE (F), duché mérov. : 39 TRÈVES (D) - 32, 33, 2255, 322 ; → P/TREBETA - Campus Martius : 35, 36, 3649 - Égl. : 136 - mon. Saints-Euchaire-et-Matthias devant ~ : 320 - Porta Nigra : 32, 36, 3648 - Porte de Mars : voir supra, Porta Nigra TRISGODROS : 149, 260 TROIESIN (F), pagus : 127, 136118, 253, 254 ; → TROYES TROYES (F) : 121, 135, 135113, 254 ; → TROIESIN TURENNE (F) : 127 UTRECHT (NL), Égl. : 12442 VALENCIENNES (F) : 98, 100 VASCONIA : → WASCONIA VELOVOCORUM, civitas ~ : 75-76 VERBERIE (F), palais : 259 VERDUN (F), Égl. : 136 VÉRONE (I) : 33 VER-SUR-LAUNETTE (F) : 260 ; → S/B/Norm VERTUS (F) : 136118 ; → VIRTUDENSIS
VIENNE (F) : 127, 12866, 129, 12969, 130 (civitas), 13081 VINCHY (F), bataille (717) : 203 VIRTUDENSIS (F), pagus : 136118 ; → VERTUS WASCONIA (F), rég. : 128, 12867, 17863 ; → P/VASCONES WEISSENAU (D), mon. Saints-Marieet-Pierre : 287 WEISSGAU (D), anc. Waizzagau : 150, 150192, 263, 264, 265 WERNE (D), riv. : 151, 263, 264, 265 WESER (D), fl. : 151, 234, 263, 264, 265 WESSEX (GB), royme anglo-sax. : → P/ ALFRED, INE WESSOBRUNN (D), mon. SaintPierre, puis Saints-Pierre-et-Paul : 236-23716, 245, 24541 WISSEMBOURG (F), mon. SaintsPierre-et-Paul : 94, 95, 114116, 283 WORMS (D) -145 et 145154 (repère géogr.), 146157 (capitale royme Burg. ve), 279 - assemblées - 764, temps de paix : 145155, 146157, 261 - 790, « pas un Champ de Mai » : 140-141, 141142 - Champs de Mai : 137 (gén.) ; 144 (gén., spécificités de ceux de W. par rapp. aux autres) ; 157237 (776) ; 138 (781) - Charlemagne - y rencontre Tassilon (781) : 138, 139, 139138 - y séjourne : 150, 263, 264 et 265 (automne 784) ; 23-2419 et 139138 (791, dipl. pour Kremsmünster) - concile (868) : 19421, 321, 322, 324 ; → S/B/Norm - palais carol. : 146 (forme avec Lorsch « complexe civil et religieux ») YSSANDON (F) : 254 ZÉLANDE : → DANEMARK
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Mots n. = nom ; v. = verbe ; va = vieil anglais ; vc = vieux cornique ; vha = vieux haut allemand ; vi = vieil irlandais Allemand mod. Marsfeld : 19, 42 Märzfeld : 19, 42 zupfen : 306, 30613 Anglais Field of March : 19 Field of Mars : 19 state : 131 Français capitulaire : → lat. « capitulare » féodalité : 17 gallican (liturg.) : 191, 19112 justice du prince/souverain : 62, 6254,55 ; → gr. « tè basiléôs dikaiosunè » et v.-irl. « fír flathemon » lèse-majesté : → lat. « maiestas » leudes : → lat. « leodi » mall : → lat. « mallus » nation : 29, 46, 46122 palais : 5731 ; → lat. « palatium » pancarte : 112, 112100, 113 réforme : 16, 168 Tribune des Comices : 53 triomphe : → lat. « triumphus » trophée : → lat. « tropaeum » Gallois gosgo(o)rd : 18490 ; → lat. « cohors », « satellites », va « hloð », vc « casgoord » teulu : 18490 Grec akribeia : 194 barbarikon : 230 bèma : 63 ; → tribounal, lat. « tribunal »
burichallia : 5834,35 dikaiosunè (tè basiléôs ~) : 6255 ; → fr. « justice du prince/souverain », vi « fír flathemon » kampos : 54, 70 karoucha : 57 mèla (sg. mèlon) : 57, 5728 ochèma : 57 ; ~ chrusou : 58 tribounalion : 63, 64 ; → lat. « tribunal » Latin accusatio popularis : 85 actus rerum : 10983 administro (v.), ~atio (n.) : 1627, 163, 294, 297 adulterium, ~ii facinus : 17863 ; → rapina, rapio, raptus ager : 150193 ; → pagus, villa antiquitas, antiquus : → constitutio, lex assensus, ~m praebere : 106 bannio : 17965 ; → bannum bannum : 166-16825-30, 17034, 17965 ; → bannio barbarus : → ritus bellum : 157237 ; ~ plus quam ciuile : 225 Brumalia : 25 burgus, ~i fractura : 185 ; → va « burgbryce / burhbryce » burichallia : 5834,35 caelitus : 1627 campus : 14, 53, 54, 63-64, 68-69, 71-72, 73, 78, 93, 125, 126, 130, 127, 217, 2175, 225 ; ~ Ma(g)ius : 126, 130, 131 capitulare : 105, 10560, 155 (fr.) captio violenta : 185 → fortia, hostiliter, vis, va « niednæme / nydnæme », vha « harizhut » carpentum : 58, 5837, 292, 297 carra, ostilia ~ : 203 carruca : 57, 5733 carrus pompaticus : 5837 cartula : 113 (plur.)
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castellum : 150193 (plur.) ; → castrum, firmitas, locus munitus, oppidum castrum : 150, 150192 ; plur. ~a : 69, 150, 150193 , 151 ; → castellum, firmitas, locus munitus, oppidum celebro : 3319 census : 14 certamen, bonus ~ : 276 et notes coetus : 259 cohors : 184, 18597 ; → va « hloð » collecta : 16727 (~ hominum), 17034 (plur. ~ae), 17138, 305 colloquium : 139138, 224 comitia : 14, 53, 69 ; per maximum ~tum : 138, 138132 ; → fr. « Tribune des Comices » commeatus : 152, 152202, 270 commoto exercito : → exercitus concilium : 71, 2163, 260 ; ~ generale : 164 conductio : 306, 30615, 307 ; ~ exercitus : 185 ; → va « hereteame » conloquium : → colloquium conscriptio : 89 consessus vehiculi : 5725 consilium : 71, 147, 147-148171, 149, 149184, 260 constitutio antiqua : 247, 250 constringo, executione ~i : 20055 consularia : 11912 contio (et dériv.) : 72, 73, 2163 ; ~ militum : 72, 86 conventus : 11087, 126, 141, 153, 156233, 261 ; ~ Francorum : 137, 152, 154, 155, 261 ; ~ generalis : 126, 156231, 260 ; ~ ~ Francorum : 156233 ; ~ ~ populi sui (scil. Pippini) : 149, 261 ; magnus / maximus Francorum ~ : 137, 137127, 139138, 261 (cum F-is) ; ~ publicus populi sui : 153-154 culcita : 17756 cursus clabularis : 5624 custodia (n.), ~o (v.) : 163, 293 decennalia : 120, 12020 decerno : 149 ; → decretum
decerto : 276 decorabilis, missi ~es : 155, 274-275 decretum : 16524, 17138 ; → decerno definio : 106 domus : 57, 5732, 142-143 (rem. 7, 8), 155, 163 (~i opp. à foris), 1639, 293, 295, 296, 297, 303, 30318,19 ; ~ regia : 57 dum haec ageretur : 143148 dux : 151-152200 edictus : 10560 exercitus : 14, 30-31, 52, 69, 72, 133-134, 135113, 142-143 (rem. 7, 8), 152, 164, 16524, 16932, 17138,41, 184, 18597, 216, 302, 305, 307 ; (omnis) ~ Francorum : 13394, 134, 147168 (contrasté avec ~us suus, scil. Pippini), 156232 ; ~ hostilis : 12334 ; ~u circumstante : 72, 293 ; in –u non ambolasset et simil. : 16625,26, 17138 (fr.), 180, → va « fierdwite » ; ~um adgredere, admovere, bannire, congregare, dirigere, gradiri, promovere : 12228 ; ~um commovere (commoto ~o) : 122, 122-12334, 134, 137123 ; → conductio, expeditio, hostis, iter, milites, placitum exercitale, va « here » expeditio : 142 (rem. 7), 16932 (in ~e euntes), 185, 186-18799, 207 (~ generalis) → exercitus, va « fyrd » exterius, opp. à interius : 163, 294 farfalius : 17965 fas est : 20472 feria, ~ae publicae : 205 fidelis : 101-10238 (~es [dominorum vel] nostri), 10665 (~es mei), 10777 firmitas : 150193 ; → castellum, castrum, locus munitus, oppidum foris : → domus fortia : 16625, 16932 (~ hostilis), 17138 ; → hostiliter, vis, vha « harizhut » fractio, ~ sepis : 16830, 17138, 18597 ; → vha « harizhut » fur : 184 ; → robaria, va « þeofas » gens : 134, 278 ; universus ~ et populus Francorum : 155
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guberno : 163 heribergo publico : 156234 hostiliter : 16728 et 17138 (~ quaerere), 17037 ; → carra (hostilia ~), fortia, vis, vha « harizhut » hostis : 122-12334, 16727 (iussio regia in ~e, fr. « ost »), 16830, 302, 305 ; → exercitus illos (articloïde) : 16830 incendium : 165-16724-28, 16830, 16932, 17034 (~dere), 17138, 174-17552, 17863 (~sio domorum), 18486 inferenda : → infero infero : 113104 (inferenda, inferebantur) infra patria et simil. : → patria, provincia, regnum insinuatio : 89 inter ipsis, ~ ipsos, ~ se : 101, 10135, 106 interius, opp. à exterius : 163, 294 iter, (au sens de « campagne militaire ») : 140, 142 (rem. 5 et 7), 143 (rem. 8), 152, 156232, 17034 (exercitalis ~), 302 (~, exercitalis ~) judex : 10562, 10665, 10777, 148 judicium Francorum : 231 juniores : 138132, 218, 218-21910 juvenis : 152200 (plur.) kalendae : 93 ; Kalendae : 25 lacesso : 20472 lectaria : 57 leodi : 102-103 et notes, 10777, 147 lex antiquitatis : 250 liber, homo ~ : 16626 locus munitus : 150193 ; → castellum, castrum, firmitas, oppidum ludus gestationis : 72 lustrum : 14 magnates : 10561 maiestas, (crimen) ~tis : 247-250 maior domus + déterminants divers : 124-12545 maiores : 2175, 218, 218-21910 mallo : 11087 mallus, ~ publicus : 109, 10982, 110, 11087, 115127 manus, cum expedita ~u : 151, 151199, 269
marca : 23, 301, 302 (marcha) mensa olearia : 77 mercatus : 36 miles, plur. milites : 68, 69, 86, 17141, 17757, 305 ; → exercitus minus potens (tjs. plur.) : 166-16725-28, 17038 ; → pauperinus monimentum : 3970 mos : 24 ; ~ rusticorum : 57 ; ~re solemni : 154 mundeburdium (dû aux égl., aux vves, aux orphel. et aux faibles) : 16728, 17038 (fr.) ; → pax munimentum : 3970 murmur (n.), ~atio (n.), ~o (v.) : 208209 et notes natio : 134 necessitas, certa ~ : 207 nobilis : 10665 (plur.) numerarius : 79 opinatus : 16412 oppidum : 152200 ; → castellum, castrum, firmitas, locus munitus optimates : 10562, 10777, 131-132, 13286, 13394, 150 ; ~ Francorum : 132, 13287, 133, 13394, 259 ordo : 155, 155221 orfanus : 102 (~olus), 166-16725-28, 16830, 17038 (fr.), 17965 (fr.) ; → pupillus paganus : 24 pagenses : 134 pagus : 150, 150193, 151 ; → ager, villa palatium : 39, 66, 68, 12445 ; ~ Francorum : 12445 ; ~ regis Francorum : 6150, 12445 ; → fr. « palais » patria, infra ~ : 16625, 16727, 168, 16830, 17037 , 170-17138, 177, 18593, 302 ; → provincia, regnum pauperinus : 16830 ; → minus potens, vha « unvermagon » pax (spéc. celle qui est due aux égl., aux vves, aux orphel. et aux faibles) : 16524, 16625,26, 16727, 17034,37, 170-17138, 17863 ; → mundeburdium
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placeo : 2272, 228 ; omnibus ~uerunt : 106, 2272 placitum : 11087, 126, 153, 156233, 159, 2163, 227-234 ; ~ exercitale : 16728 ; ~ generale : 126 ; instituere ~ : 137123, 227-234 ; ~ suum (scil. Pippini) : 260, 261 ; tenere ~ : 227 planities : 64 plaustrum : 58, 5836, 292, 295, 297 pomerium : 14, 138132 populus : 106, 10666, 138132, 149, 216, 21810, 297 ; universus gens et ~ Francorum : 155 pr(a)eceptum : 102 (per nostro ~o ; ~o dato), 113110, 16524 (~o dato), 17138 praecipio, ad se venire ~cepit et simil. : 13394, 134103, 135114 pragmaticum : 113, 113109 princeps : 12445 (~ gentis Francorum, au plur.), 159 (~ omnium Francorum generaliter) principatus singularis : 159 proceres : 101, 10134, 132-133 et notes, 147171, 149, 149184, 259 proeliaris, ~es dies : 204-205 et notes profectio bellica : 205, 20577 promissio regis : 6047 ; → promitto promitto : 6047 ; → promissio propria, ad ~ redire et simil. : 135115 provincia, infra ~ : 169, 16932, 18593 ; → patria, regnum publice, actum ~ : 154 pupillus : 102, 16524, 16626, 17038 ; → orfanus quantum in ipso est, q. ex vobis e. : 210, 21090 quiesco : 142, 143 Quinquatrus : 218 rapina : 16728, 17038 (fr.) ; → adulterium, rapio, raptus rapio : 17452 ; → adulterium, rapina, raptus raptus : 16524 (~ feminarum), 16625,26, 16727, 16830 (défini), 17034 (~ feminarum), 170-17138, 174-17552, 17965 ; → adulterium, rapina, rapio
reda : 57 regia : 57, 5731 regio (et non regnum) : 12445 regnum : 12445 (~ et non regio) ; 169, 17034 et 18593 (infra ~) ; 185 (intra commarciones ~i nostri) ; 302 (infra ~) ; → patria, provincia, va « rice » reliquiae belli : 12549 renuntio : 106 ritus barbarus : 229-230 robaria : 185 ; → fur, va « reaflac » Rosalia : 218 rusticus : 57, 292, 295 salus + déterminant : → utilitas + déterminant salutatio : 77 satellites : 184, 18490 ; → va « hloð », vc « casgoord » scara : 151, 151200 sinodaliter : 148, 148178 ; → synodus sinodus : → synodus sollemnis : 154214 stabilitas : ~ regni Francorum : 123 ; ~ ~ nostri : 124 ; ~ ~ ~ atque Francorum : 124 statio : 32333 statio aquarum : 77 statuo : 106, 149 synodus : 126, 148, 153, 156233, 159, 164, 16412, 261 ; ~ magnus : 261 ; ~ publicus : 152, 153-154 ; → sinodaliter tempus congruus : 2419 testimonio (v.) : 10136 tribunal : 53, 54, 63, 64, 68, 69, 71, 72, 78, 86 ; comitiale ~ : 68 ; → fr. « Tribune des Comices », gr. « bèma », « tribounal » tribus : 14 triumphus : 157237 tropaeum : 157237 urbs : 128 utilitas : ~ Francorum : 123-125, 132, 148 ; ~ patriae : 123 ; ~ publica : 207 ; ~ regia : 123 ; utilitas + déterminant … salus + déterminant : 123, 12335, 148
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vaco : 19529 (Sabbato ~at) vehiculum : 57 verbum : 102 (per nostro ~o ; v~o facto), 16524 (v~o facto), 17138 via aperta : 152 (plur.) ; ~e planae : 152 ; vias mundare : 152 ; ~ preparare : 152 vicanus : 254 (plur.) victor : 157235 vidua (tjs. plur.) : 165-16724-28, 16830, 170-17138 villa : 150, 150193, 151 ; → ager, pagus vir : ~ clarissimus : 114 ; ~ inluster : 10562 ; ~ magnificus : 114 vis : 16727, 16830, 17034 (~ hostilis), 17138, 172-176 et notes, spéc. 17349, 302 (~ hostilis), 305 ; → captio violenta, fortia, hostiliter, vha « harizhut » volumen : 10560, 10672 Vota : 25 Vieil anglais burgbryce / burhbryce : 185, 18597 ; → lat. « burgus / burgi fractura » fierd / fyrd : 185, 18597 ; → lat. « expeditio » fierdwite / fyrdwita / fyrdwite : 185 ; → lat. « exercitus, in ~u non ambolasset » here : 184, 307 et notes ; → lat. « exercitus » hereteame/-a : 185, 307 et notes ; → lat. « conductio / conductio exercitus » hloð : 184, 18597 ; → lat. « cohors », « satellites » niednæme / nydnæme : 185 ; → lat. « captio violenta » rád : 305, 3057 reaflac : 185 ; → lat. « robaria »
rice : 185 (binnan þam gemærum ures ~s) ; → lat. « regnum » team : 307 et notes þeof : 184 ; → lat. « fur » witan : 47 witanegemot : 47 Vieil irlandais Beltaine : 218 cáin : 18281 fír flathemon : 62 ; → fr. « justice du prince/souverain » et gr. « tè basiléôs dikaiosunè » Imbolc : 218 Lugnasad : 218 Samain : 218 Vieux cornique casgoord : 18490 ; → gal. « cosgo(o)rd », lat. « cohors », « satellites », va « hloð » Vieux danois thing : 2163 Vieux haut allemand burg : 150192 harizhut : 16830, 17138, 305-306 ; → lat. « fortia », « fractio sepis », « hostiliter quaerere », « vis » heimzuht : 305-306, 3059 heri : 305, 307 heriraita / hariraida : 305-306 herisliz : 247 heriszuph / herizup : 17034, 305-306 Lentzinmanoth : 25 raita / raida : 305 unvermagon : 16830 ; → lat. « pauperinus »
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Sources A. Sources diplomatiques Chartae Latinae Antiquiores xii 538 : 274, 27418 ; xiv 592 : 5834 ; xvii 655 : 272-278 ; xxx 896a-c : 114, 114118,122 ; 897 : 114, 114118,122 ; 909 : 114, 114118,123,125 ; 911 : 114, 114118,123,126 ; 913 : 114121 ; xxxi 917 : 114121 ; 927 : 114, 114118,123 ; 930 : 114, 114118,123 ; 933 : 114, 114118,123 ; xxxii 937 : 114, 114118,119,123 ; 951 : 114, 114118,119,123 ; 958 : 114, 114118,119,123 ; xxxiii 963 : 114, 114120 ; 975-977 : 114121 ; xxxiv 995 : 114121 ; 996 : 114121 ; 1000 : 114121 ; xxxv 1020a : 114118,119,123 ; 1021 : 114, 114118,119,123 ; 1030 : 114, 114118,119,123 ; xxxvi 1039 : 114121 ; 1040 : 114121 Actes pontificaux Gélase, J3 1270 (= Ep. 14) : 190, 1905, 19113, 19318, 313 ; Grégoire Ier le Grand, Registr. : 19213 ; 1.16a : 20988 ; 13.1 = App. viii : 66 ; 13.25 : 12335 ; Grégoire II, J3 3681 : 19318 ; 3706 (= BLE 18) : 19318 ; 3717 (= BLE 24) : 12335 ; Ps.-Grégoire IV, J3 † 5166 : 209-210, 209-21089-91 ; Hadrien Ier, J3 4392 (= Cod. Car. 60) : 278 ; Léon Ier le Grand, Epistolae : 319 ; Nicolas Ier, Ep. 6 : 19421 ; 99 : 206-207 et notes, 21092 ; Paul Ier, J3 4180 (= Cod. Car. 36) : 261 ; 4186 (= Cod. Car. 37) : 261 ; 4201 (= Cod. Car. 41) : 27625 ; Zacharie, J3 3930 (= BLE 51) : 25 ; 3968 (= BLE 60) : 6150, 12445 ; 3971 (= Cod. Car. 3) : 12445 ; 3972 (= BLE 77) : 12445 ; 3975 : 19319 ; 3988 (= BLE 83) : 19635 ; 3996 (= BLE 87) : 12445, 192, 19218, 19738 ; 3999 : 12445 Diplômes mérovingiens
ensemble : 18, 94-96 et notes
(DM, ordre alphab. des auteurs) Childebert III, 143 : 10030 ; 149 :
98, 99, 100, 10029 ; 151 : 98, 99 ; 152 : 98 ; 153 : 100, 10029, 10135 ; 155 : 100, 10032 ; 156 : 100, 10030 ; 157 : 100, 10030, 11297 ; 158 : 100, 10032 ; 159 : 98 ; Childéric II, 107 : 98, 99, 102, 10457 ; 111 : 98, 99 ; Childéric III, 190 : 98, 99; 194 : 100, 10346 ; Chilpéric II, 166 : 9722, 100, 102-103, 10346 ; 167 : 98, 100, 10029, 10135 ; 168 : 9724, 98, 113104 ; 169 : 98 ; 170 : 9724, 98, 113104 ; 173 : 100 ; 174 : 10245 ; Clotaire I, 15 : 100 ; Clotaire III, 88 : 100, 10033 ; 93 : 100, 10031 ; 94 : 100, 10033 ; 95 : 100, 10033 ; 103 : 10135 ; Clovis II, 78 : 100 ; 85 : 10346 ; Clovis III, 135 : 100, 10032 ; 136 : 100, 10031, 10137 ; 137 : 100, 10032 ; 141 : 100, 10029, 10239, 180 ; Dagobert I, 26 : 10346 ; 43 : 10346 ; 70 : 98, 102, 103, 10347 ; Dagobert III, 163 : 98 ; 164 : 98 ; Sigebert III, 79 : 100, 10032 ; Thierry III, 118 : 99, 100, 10030 ; 119 : 99 ; 126 : 100, 10032 ; 129 : 98, 99 ; 143 : 100, 10030, 18069,71 ; Thierry IV, 179 : 98 ; 182 : 98 ; 183 : 98 ; 184 : 98 ; 185 : 98, 102-103 et notes ; 187 : 98, 100, 10029 (DM, ordre croissant des nos) : plusieurs : 180 ; 15 : 100 ; 26 : 10346 ; 43 : 10346 ; 70 : 98, 102, 103, 10347 ; 78 : 100 ; 79 : 100, 10032 ; 85 : 10346 ; 88 : 100, 10033 ; 93 : 100, 10031 ; 94 : 100, 10033 ; 95 : 100, 10033 ; 103 : 10135 ; 107 : 98, 99, 102, 10457 ; 111 : 98, 99 ; 118 : 99, 100, 10030 ; 119 : 99 ; 126 : 100, 10032 ; 129 : 98, 99 ; 135 : 100, 10032 ; 136 : 100, 10031, 10137 ; 137 : 100, 10027,32 ; 141 : 100, 10029, 10239, 180 ; 143 : 100, 10030, 18069,71 ; 149 : 98, 99, 100, 10029 ; 151 : 98, 99 ; 152 : 98 ; 153 : 100, 10029, 10135 ; 155 : 100, 10032 ; 156 : 100, 10030 ; 157 : 100, 10030, 11297 ; 158 : 100, 10032 ; 159 : 98 ; 163 : 98 ; 164 : 98 ; 166 : 9722, 100, 102103, 10346 ; 167 : 98, 100, 10029, 10135 ;
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168 : 9724, 98, 113104 ; 169 : 98 ; 170 : 9724, 98, 113104 ; 173 : 100 ; 179 : 98 ; 182 : 98 ; 183 : 98 ; 184 : 98 ; 185 : 98, 102-103 et notes ; 187 : 98, 100, 10029 ; 190 : 98 ; 194 : 100, 10346 (DMDep) Dagobert I, 203 : 98, 104, 10449 ; Clovis II, 220 : 104, 10449 ; 242 : 98, 102, 104, 10449 Deperdita non signalés dans DMDep : 9724 (Childeb. III, confirm. imm. Le Mans) Diplômes des Arnulfiens-Pippinides (DArnulf) ensemble : 10138 ; placita : 101, 10110238 ; Carloman, 16 : 10138 ; Charles Martel, 10 : 10138 ; 67 : 10238 ; 70 : 10238 ; Grimoald, 60 : 10238 ; 61 : 10238 ; Pépin II, 6 : 9614 ; Pépin III, 18 : 10138 ; 21 : 10138 ; 22 : 101-10238 ; 23 : 12443 Diplômes carolingiens DK1, ensemble : 94-95 et notes ; Carloman, DK1 43 : 10346 ; 44 : 10346 ; Charlemagne, DK1 83 : 10346 ; 94 : 10346 ; 120 : 10346 ; 130 : 27418 ; 131 : 27418 ; 136 : 27418 ; 139 : 27418 ; 140 : 27418 ; 143 : 156234 ; 144 : 274, 27418 ; 147 : 27418 ; 150 : 27418 ; 169 : 139138 ; deperd. 349 : 147165 ; Charles le Chauve, no 2 : 25519 ; 126 : 254, 25415 ; Louis de Pieux, DK2 : 21196 ; 55-58, 90, 149, 151-153, 175, 194, 205, 206, 252, 261, 269, 272, 294-297, 309, 349, 364, 372, 393-395 : 21196 ; F 23 : 255, 25519 ; Pépin, DK1 1 : 259 ; 4 : 12442 ; 6 : 10346, 124, 259 ; 7 : 124, 12442 ; 8 : 124, 12443 ; 10 : 143, 143145 ; 11 : 12444, 143145 ; 12 : 260 ; 15 : 146161 ; 16 : 260 ; 17 : 12444 ; 21-23 : 12971 ; 24 : 12444, 148174 ; 25 : 99 ; 26 : 10346 ; 29 : 12444 ; 30 : 12444 Diplômes lombards ensemble : 18, 111 (CDL3, ordre alphab. des auteurs) : Adelchis, 37 : 113106,108,109 ; 38 : 113,
113106,107,110,112,113 ; 42 : 113106 ; 44 : 113, 113105 ; → Didier et A., Didier., A. et Ansa ; Aistulf, 24 : 11189 ; Arioald, 4 : 11189 ; Didier, 35 : 113106 ; 39 : 113106 ; 40 : 113106 ; 43 : 11189, 113105 ; Didier et Adelchis, 36 : 113106 ; 41 : 113106 ; Didier et Ansa, 31 : 113, 113106,111, 114114 ; Didier, Adelchis et Ansa, 33 : 113106 ; Ilprand, 18 : 112-113 et notes ; Liutprand, 12 : 112, 11295, 113104 ; Ratchis, 19 : 112-113 et notes (CDL3, ordre croissant des nos) : 4 : 11189 ; 12 : 112, 11295, 113104 ; 18 : 112-113 et notes ; 19 : 112-113 et notes ; 24 : 11189 ; 31 : 113, 113106,111, 114114 ; 33 : 113106, 114115 ; 35 : 113, 113108,109, 114114 ; 36 : 113106, 114114 ; 37 : 113, 113106,108,109 ; 38 : 113, 113106,107,110,112,113 ; 39 : 113106, 114114 ; 40 : 113106, 114114 ; 41 : 113106, 114114 ; 42 : 113106, 114114 ; 43 : 11189, 113, 113105,106, 114115 ; 44 : 113, 113105,106, 114115 Actes d’autres rois Philippe V, r. Fr. : 99 Actes des princes eccl. et laïques Ambroise, maire pal. Liutprand, jugem. CDL1 17 : 11297 ; Chrodegang de Metz, priv. pour Gorze : 260 ; Évêques francs, Relatio ad Hludowicum (829) : 19951 ; ~, Relatio Compendiensis (833) : 198-199 et notes, 206, 207, 208, 20887, 21090-92, 211, 213 ; Florence, év., jugem. (715), CDL1 19 : 11297 ; Heriman, év. Nevers (849) : 254 ; Lucques, év. : → Florence, év. ; Pise, év. : → Florence, év. Chartes privées/Actes des collections épiscopales et monastiques Echternach : 94-96 et notes, 114116 ; Freising : 18074 ; Fulda, 163, 164a et 164b : 153-154, 153212 ; Ganelon, trésorier S. Martin Tours, pour le prieuré de Saint-Avit, près Châteaudun : 37, 3756 ; Honau : 154219 ; Le Mans : 94,
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947 ; Weidem. 7 : 98, 10457 ; 9 : 99 ; 15 : 98 ; 16 : 9723,24, 98 ; 19 : 9723, 98 ; 20 : 9723,24, 98 ; 23 : 9723, 98 ; 24 : 9723,24, 98 ; 26 : 9723,24, 98 ; 27A : 9721,23, 98 ; 28 : 98 ; 78F : 98, 99 ; 79F : 98 ; Lucques : 114 ; Marmoutier, Cartul. Dunois : 35, 3758, 40, 4077,78,79 ; Nevers, Saint-Cyr, 3 : 254, 25416 ; Nice, cathédr. : 36, 3651 ; Pardessus, no 275 : 9613,18,19 ; no 406 : 9613,18 ; Saint-Bertin : 99 ; Saint-Denis, Livre des Privilèges : 12442 ; Saint-Gall : 115 ; ~ , Wartm. 11 : 115127 ; 12 : 115127 ; 187 : 115127 ; Saint-Wandrille : 103-104 et notes ; Wissembourg : 94-97 et notes, 114116 Autres CASSIODORE, Var., 7.20-22 : 85 ; 10.31 : 55, 6047, 70 ; dipl. milit. rom. : 61-62 et notes ; Memoratorium / Instructions ambassade frq 785 : 272-278 Recueils de formules Angers, 57 (txt suiv.) : 243 ; “Bourges”, 18 : 13392 ; franques, ensemble : 227, 2274 ; impériales, 22 : 25519 ; 23 : → DiplCarol(LleP F23) ; Iudicia aquae ferventis, etc. : 237, 23721 ; Liber diurnus Romanor. pontif., 6 : 191-19213, 19318 ; Reichenau, 41 : 10982 ; SaintDenis, 17 : 27628 ; Salicae Bignon., 25 : 27628 ; ~ Merkel., 51 et 59 : 27628
B. Sources non-diplomatiques Bible - Ex 16 : 209, 20988 ; ~ 31,14-15 : 20162 ; ~ 34,18 : 327 ; Lev 23,35 : 20162 ; Nomb (11,1 ; 11,2-34 ; 12 ; 13-14 ; 14,2.4 ; 16,31-33 ; 16-17) : 20988 ; Deut 16,1.10 : 327 ; ~ 16,9 : 329 ; Jos 11,23 : 142 (rem. 1) ; Jug 3,30 : 142 (rem. 1) ; 2 Sam 11,1 : 23, 42-4394, 44, 205-206 ; 1 Rs 20,22.26 : 4394 ; 1 Chr 20,1 : 23, 4394 ;
2 Chr 36,10 : 4394 ; Neh 8,17-9,3 : 327 ; Jdt 2,13 (Vulg.) : 16412 ; Is 58,13 : 20162 ; Zach 8,14-19 : 19216 ; ~ 8,19 : 192, 19216, 195, 323, 327 ; Mt 20,4-6 : 241 ; Jn 8,12 : 327 ; Ac 1,3 : 33044 ; 1 Tm 6,12 : 276, 27626 ; 2 Tm 4,7 : 27626 - gloses : 2420, 44 (G. Ordin.), 44 (Nicolas de Lyre) - traduct. gr. (Septuaginte) : 244 - traduct. lat. (Vulgate [ Jérôme]) : 16412, 244 Coran, 5.33 : 18285 Catal. bibliothèques et simil. Canterbury, Christ Church, catal. biblioth. (xive) : 281 ; catal. bibl. carol. (viiie) : → Manuscrits/Berlin ; PHOTIUS, patr. Cple, Bibliothèque : 298 et notes ; RÉGINBERT, catal. bibl. Reichenau : 198, 29844 Comput et calendrier BÈDE, De temp. rat. : 218, 21810 ; calendrier royal carol. : 25, 21810 ; Computus Graecorum sive Latinorum : 242, 243 ; De sex aetatibus mundi : 245 ; Dialog. Burg. : 241, 242, 243 ; Dialog. Neustr. : 241, 242, 243, 245 ; Feriale Duranum : 218 ; GNAEUS (ou CNAEUS) FLAVIUS, calendrier : 19950 ; JEAN LE LYDIEN, Mens. : 21910 ; Liber de computo : → Computus Graec. sive Latin. ; PSEUDO-BÈDE, Sent. in laude comp. : 21810 ; PSEUDO-JULIEN DE TOLÈDE, Ordo annorum mundi : 245, 24543 ; VICTORIUS AQUITAN. : 242, 24438 ; WILLIBRORD, Calendrier de ~ : 20369 Épistolographie ALCUIN, 168 : 20988 ; 245 : 173, 17350 ; ATHANASE D’ALEXANDRIE, Lettres festales : 87 ; BONIFACE (BLE) : 16, 146162 ; 50 : 25 ; 56 : 12445 ; 63 : 12445 ;
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78 : 19635 ; 24, 51, 60, 77, 87 : → A/Actes pontif. ; CATHWULF, à Charlem. : 6045 ; CHARLEM. à Alcuin sur QuinquaSexa- et Septuagésime : 324 ; Codex Carolinus : → A/Actes pontif. ; DANIEL, év. Winchester (BLE 39) : 192-19318, 19738 ; GÉLASE, GRÉGOIRE LE GRAND, GRÉGOIRE II, PSEUDO-GRÉGOIRE IV, HADRIEN Ier : → A/Actes pontif. ; HILDUIN de Saint-Denis à Louis le Pieux (834 × 835) : 249 ; JUSTIN Ier, au pape Hormisdas : 88 ; LÉON Ier LE GRAND, NICOLAS Ier, PAUL Ier : → A/ Actes pontif. ; Regula formatarum : 320 ; ZACHARIE : → A/Actes pontif. Exégèse AUGUSTINUS HIBERNICUS, De mirabil., 67 : 20988 ; CASSIODORE, Expos. psalm., ps. 89 : 20988 ; GRÉGOIRE LE GRAND, Moralia in Job, 2.21 : 20988 ; ISIDORE DE SÉVILLE, Liber allegoriarum : 320 ; ~ Liber proemiorum : 320 ; ~ Ortus, vita vel obitus sanctorum patrum : 320 ; JÉRÔME, Comm. Is., 16.58.10 : 20988 ; ~, Comm. Tit. : 20988 ; ~, Comm. Zach 8,19 : 323, 32334 ; ORIGÈNE, In Matth., 10 : 241 ; Pauca problesmata : 20988 ; RABAN MAUR, Expos. Matth. : 21090 ; ~ Expos. Num., 4.8 : 20988 ; SEDULIUS SCOTTUS, In evang. Matth., 1.5.25 : 21090 Hagiographie ADRÉVALD DE FLEURY, Miracula S. Benedicti : 49 ; ARBEO DE FREISING, Vita Corbiniani : 139138, 180, 18074, 18018175, 196 ; EKKEHARD D’AURA, Vita Burchardi poster. : 49, 49146 ; Raymond FERAUD, La vida de sant Honorat : 3652 ; Venance FORTUNAT, Vita Germani ep. Paris. : 12545 ; GOSCELIN DE SAINT-BERTIN, Vita August. Cant. : 27521 ; GRÉGOIRE DE TOURS,
Pass. et virt. Iuliani : 172, 17243,44 ; HINCMAR, Vita Remigii : 22, 23, 24-25, 41, 4399, 49144 ; JONAS DE BOBBIO, Vita Columbani : 39, 3970 ; Miracula s. Dionysii : 17757 ; MONACHUS S. SYMPHORIANI, Passio sancti Leodegarii : 12545 ; NIZO, Vita Basini Trev. archiep. : 35 ; OTLOH DE SAINTEMMERAM, Vita Bonifatii : 12445 ; THIERRY DE SAINT-TROND, Vita Trudon. : 27521 ; Vita Amandi metrica : 333, 33360 ; ~ Ansberti Rotomag. : 27521 ; ~ Betharii Carnot. : 27521 ; ~ Eleutherii Tornacensis : 3334, 35, 36 ; ~ Eucherii Aurelian. : 2512 ; ~ Gaugerici ep. Camerac. : 12445 ; ~ Memmii Catalaun. prima : 32225 ; ~ Pardulfi abbatis Waractensis : 12445 ; ~ Wandregiseli abb. Fontanell. : 274, 27420 ; WANDALBERT DE PRÜM, Mirac. s. Goaris : 261 Historiographie Acta fundationis Murensia : 27521 ; ADON DE VIENNE, Chron. : 129, 12969 ; AMMIEN MARCELLIN, 15.8.4 : 68, 73, 86 ; 15.8.17 : 5727 ; 20.4 : 71 ; 20.5.1,7 : 71, 73 ; 20.5.4 : 4186 ; 20.9.6-7 : 71, 73 ; 21.2.1 : 71, 73 ; 21.6.3 : 16412 ; 21.6.7 : 73 ; 21.13.9-16 : 71, 73 ; 23.1.2-3 : 80 ; 23.2.6 : 80 ; 26.2.2 : 53, 69 ; 26.2.11 : 5730 ; 26.4.2 : 80 ; 26.4.3 : 63 ; 27.6.5 : 69 ; 30.10.5 : 69 ; ANASTASE LE BIBLIOTHÉCAIRE, trad. de Théophane : 49146 ; Annales Alaman. : 117, 137, 140, 142, 145154, 156227, 157, 157235, 197, 235-236, 237, 261 ; ~ Bertin., 830 : 208, 208-20987, 211, 216 ; ~ Einhardi qui dicuntur : 2419, 43, 4396, 44, 126, 130-131, 137, 142, 237 ; 753 : 146160 ; 753-754 : 259 ; 757 : 149, 260 ; 760 : 142 (rem. 6), 260 ; 761 : 126 ; 763 : 126, 139138 ; 764 : 142 (rem. 7), 145155, 261 ; 765 : 143 (rem. 8), 145155, 261 ; 766 : 126, 12653 ; 767 : 117, 125, 12549, 126, 127-128 et notes, 129-130 et notes, 131, 261 ; 768 : 148173 ; 776 : 157237 ;
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779 : 157237 ; 781 : 139138 ; 782 : 156, 156231-234 ; 784 : 136116, 150-151 et notes, 264, 266 ; 785 : 136116, 151-154 et notes, 155, 264, 266, 27416 ; 788 : 247, 248, 2486 ; 790 : 139140, 140 ; ~ Fuldenses : 49, 56, 58, 13287, 211, 279, 284 ; ao 751 : 161-163 et notes, 165, 186, 279-280, 284, 291-294, 297-298, 303, 30319 ; ~ Guelferbytani : 117, 13183, 137, 236, 237, 245, 280 ; 754 : 142 ; 764 : 261 ; 782 : 156-157, 157235 ; 785 : 155, 156227 ; 790 : 139140, 140, 141 ; ~ Hildesheimenses : 282 ; ~ Laubacenses (Lobbes), 911 : 145154, 235-236 ; ~ Laureshamenses : 13183, 137, 238, 239, 23927 ; 754 : 1188 ; 755 : 22, 223, 23, 23-2419, 117-118 et notes, 195-196 et notes, 260 ; 759 : 23927 ; 764 : 261 ; 777 : 137 ; 781 : 139138 ; 785 : 153, 153204,213 ; 790 : 139138,140, 140, 141 ; 791 : 49144 ; ~ Mettenses poster. : 43101, 12650 ; 785 : 136116, 153, 153210 ; ~ ~ priores : 126, 13183, 13287, 142, 179, 17966, 180, 18698, 280-282, 282-283 ; 691 : 158-159, 159242 ; 692 : 59, 5940, 102, 10239-41, 104, 10452,53, 13392, 139138, 158-159, 161-165 et notes, 16728, 170-171 et notes, 175, 179-182 et notes, 186, 187, 216, 233, 282, 291-294, 297 ; 743 : 139138 ; 746 : 27625 ; 747 : 142 (rem. 1), 159 ; 751 : 142 (rem. 1) ; 753 : 143149 ; 753-754 : 259 ; 756 : 142 (rem. 4) ; 757 : 149, 260 ; 758 : 143149 ; 759 : 142 (rem. 5) ; 760 : 260 ; 761 : 126 ; 763 : 126, 139138 ; 764 : 142 (rem. 7), 261 ; 765 : 143 (rem. 8), 261 ; 766 : 126, 12653 ; 767 : 117, 125, 126, 12650, 127-130 et notes, 131, 261 ; 768 : 148173 ; 776 : 157237 ; 779 : 157237 ; 781 : 139138 ; 782 : 156233, 157235 ; 784 : 136116, 150-151 et notes, 264-265, 266 ; 785 : 136116, 152, 152200, 153, 153207, 154, 155, 264-265, 266, 27416 ; 790 : 139140, 141 ; 830 : 211 ; ~ Mosellani : 23, 137, 238, 23927 ; 759 : 23927 ; 781 : 139138 ; 785 : 153, 153204,213 ; 789 : 135115 ; 790 : 139140, 140, 141142 ; 791 : 141, 141143 ; ~ Murbacenses (perdues) : 157, 240 ; ~ Nazariani : 117, 13183, 137,
238-239 et notes ; 708 : 238 ; 712 : 238, 239 ; 754 : 142, 143 ; 759 : 238, 239, 23927 ; 764 : 261 ; 765 : 143 (rem. 9) ; 770 : 238, 239 ; 776 : 157237 ; 779 : 157237 ; 782 : 156-157, 157235 ; 785 : 156226 ; 790 : 139140, 140, 141 ; ~ Petaviani : 49144, 13183 ; 763 : 261 ; 764 : 261; ~ regni Francorum : 2419, 43, 4395, 126, 130-131, 142, 145154, 148, 148179, 211, 237, 279, 282 ; 753 : 143149, 146160 ; 753-754 : 259 ; 757 : 117-118, 1187, 149, 260 ; 758 : 143149 ; 760 : 260 ; 761 : 126 ; 763 : 126, 139138 ; 764 : 142 (rem. 7), 145155, 261 ; 765 : 143 (rem. 8), 145155, 261 ; 766 : 126, 12653, 12971 ; 767 : 117, 125-131 et notes, 261 ; 768 : 148173 ; 773 : 151, 151195 ; 776 : 157237 ; 777 : 138, 138129 ; 779 : 157237 ; 781 : 139, 139135,138 ; 782 : 156232,233 ; 784 : 136116, 150, 150192,193, 263, 266 ; 785 : 136116, 151-154 et notes, 263, 266, 27416 ; 787 : 183184, 18486 ; 788 : 139, 139133, 247 ; 790 : 139140, 140 ; 791 : 21912 ; ~ Sancti Amandi : 13183 ; contin., 763 : 261 ; 767 : 128, 12866,67, 12971, 130 ; contin. alt., 784 : 12968 ; 785 : 161, 161239,240 ; ~ Sangallenses Maiores : 155 ; ~ d’Ulster, 697 : 18282 ; L’ASTRONOME, Vita Hludowici imperatoris : 141142 ; BÈDE, Hist. eccl., 4.1 : 298, 29829 ; 4.1.3 : 12545 ; Cantatorium de Saint-Hubert : 306 ; CASSIODORE : 17247 ; CÉSAR, Bello Gall. : 44, 130 ; CHILDEBRAND : 21, 211, 55, 5517, 119, 120, 122, 12228,31, 122-12334, → Contin. Fredegarii, Hist. vel gesta Franc., NIBELUNG ; 2 : 12234, 12754, 256 ; 3 : 12334 ; 5 : 12334 ; 6 : 23927 ; 8 : 12334 ; 9 : 12334 ; 10 : 12334, 251-252, 256 ; 13 : 256 ; 15 : 256 ; 16 : 11913, 237, 243 ; 24 : 119, 11915 ; 25 : 252 ; 26 : 119, 11916; 27 : 119, 11916 ; 28 : 256 ; Chroni-ca/-cle/-con/que de 741 (mozarabe) : 289 ; ~ des abbés de Fontenelle : 43101, 94, 103-104 et notes, 212100, 225, 22513 ; ~ Anianense : 13183 ; ~ Laurissense breve : 49, 212, 23929, 280, 282-284 ; iii, 12 : 161-163 et notes, 165, 186, 284-285, 291-294, 297, 30319 ;
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~ Moissiacense : 2419, 13183, 137, 139138,140, 140, 141 ; ~ paschale : 5729, 63, 64, 66, 67, 69, 75, 78 ; ~ Vedastin. : 283 ; Chronographus 354 : 74, 78 ; Commemoratio genealogiae domni Karoli glor. imp. : 322, 32231 ; consularia : 11912 ; Consularia Constantinopolitana : 63, 67, 69, 75, 78 ; Contin. Fredegarii : 23, 24, 49144, 11913-14, 237, 282, → CHILDEBRAND, Historia vel gesta Francorum, NIBELUNG ; Contin. de Prosper d’Aquit. : 72 ; CORNÉLIUS NÉPOS, Traité sur les grands généraux, 20.4.2 : 29626 ; DION CASSIUS : 6047 ; 72.33.2 : 16310 ; ÉGINHARD, Vita Karoli Magni : 58, 18698, 211-212, 285, 29019 ; 1 : 49, 56-59, 104, 10452,53, 161-163 et notes, 165, 186, 187, 286, 291-294, 297 ; 29 : 2533 ; ERCHAMBERT, Brev. : 162-163 et notes, 186, 212, 287-288, 291-294, 297 ; EUSÈBE DE CÉSARÉE, Chron. : 24913, → JÉRÔME ; ÉVAGRE, Hist. eccl. : 5519 ; Fasti Vindobon. pr. : 64, 81 ; FRÉDÉGAIRE : 211, 119, 11912, 120, 121, 122, 12228,29,32, 12545, 132, 237, 287 ; 3.16 : 93, 931, 122, 215; 3.18 : 228 ; 3.73 : 243 ; Livre 4 : 256 ; 4.17 : 229 ; 4.35 : 231 ; 4.37 : 229-231 ; 4.38 : 121 ; 4.40 : 231 ; 4.53 : 231 ; 4.55 : 123 ; 4.68 : 134, 134102, 231, 232 ; 4.74 : 13290 ; 4.78 : 133, 134, 134102 ; 4.85 : 232 ; 4.87 : 134, 13498,102, 147171 ; 4.90 : 121, 123, 232-233 ; FRUTOLF DE MICHELSBERG, Chron. : 49146 ; GEORGES LE MOINE / HAMARTOLUS, Chron. : 66, 289 ; GEORGES LE SYNCELLE, Ecloga chronographica : 299, 29935 ; Gesta abb. Trudon., contin. sec. : 27521 ; ~ sanct. patr. Fontan. : → Chron. des abbés de Fontenelle ; ~ Treverorum : 32, 3228,29, 35, 36, 3649 ; GILDAS, De excidio Brit. : 229 ; GRÉGOIRE DE TOURS, 93, 931, 124-12545, 179, 228 ; 1.30 : 32225 ; 2.8 : 72 ; 2.27 : 14-15, 157, 22, 24, 28, 3016, 5512, 72, 93, 931, 215 ; 4.51 : 242-243 ; 5.6 :
17965 ; 5.26 : 180, 18069,70 ; 5.28 : 85, 94, 949 ; 10.31 : 243 ; GUILLAUME DE MALMESBURY, Gesta regum Angl. : 281 ; HÉRODOTE, Histoires : 29830 ; Histoire Auguste : 53 et notes, 6047, 68, 176, 17655 , 17756; Historia Brittonum : 245 ; ~ ecclesiastica tripartita (CASSIODORE-ÉPIPHANE) : 124-12545 ; ~ regum : 223 ; ~ Treverorum : 36, 3648 ; ~ vel gesta Francorum : 120, 122, 12230, 256 → CHILDEBRAND, Contin. Fredegarii, NIBELUNG ; IDACE, Chron. : 72, 172, 17247 ; Index imperatorum : 81 ; ISIDORE DE SÉVILLE, Chron. : 283 ; JEAN DE NIKIOU, Chron. : 66 ; JEAN DE WORCESTER, Chron. : 224, 306 ; 1088 : 224, 22410 ; 1091 : 224, 2249 ; 1094 : 4076, 223, 2233, 224-225 ; JÉRÔME, Chron. : 24913, → EUSÈBE DE CÉSARÉE ; JORDANÈS, De summa : 70 ; JOSÈPHE : 20262 ; JULIEN DE TOLÈDE, Hist. Wambae reg., 10 : 178, 17863, 267, 2677 ; LAMBERT DE SAINT-OMER, liste des rois de Fr. et des comtes de Flandre : 284 ; LANDOLF SAGAX, Hist. Romana : 49146 ; Liber Hist. Franc. : 119, 135113, 20370, 238, 287 ; 35 : 12545 ; 36 : 12234, 179, 17967, 18068, 233 ; 37 : 12234 ; 40 : 12234 ; 41 : 12234, 234 ; 45 : 12234, 12545 ; 46 : 122-12334 ; 47 : 12545 ; 48 : 12334 ; 51 : 12334 ; 52 : 12334 ; 53 : 12334, 203, 20368, 252, 256 ; ~ Pontificalis : 1905, 19216,17, 309-313, 314 ; ~ ~, Vita Hadriani I : 275, 27522-23 ; 1-44 : 275 ; 1 : 275 ; ~ ~, ~ Stephani II, 18 : 259 ; 19 : 259 ; 29 : 259 ; Jean MALALAS, Chronographia : 64 ; MARCELLINUS COMES, Chron. : 63, 64 ; NIBELUNG : 18, 21, 211, 24, 49144, 119, 11912, 120, 121, 122, 126-127, 131, 132, 133, 134, 135113, 136, 137, 141, 145153,155, 148, 149, 158, 161, 18175, 195, 205, 2186, 227, → CHILDEBRAND, Contin. Fredegarii,
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Hist. vel gesta Franc. ; 35 : 143 et notes ; 37 : 120, 121, 132-134 et notes, 147171, 149, 149184, 2523 ; 38 : 117, 118, 1187, 132, 142 (rem. 3) ; 39 : 142 (rem. 3), 147, 147166 ; 40 : 142 (rem. 3), 143 ; 41 : 135, 135112, 136, 142 (rem. 3 et 6), 143, 253-254, 260 ; 42 : 117, 120, 121, 123, 12339, 132, 13285, 133-135 et notes, 136, 136121, 137123, 143, 143148, 227, 254, 255 ; 43 : 120, 12653 ; 44 : 12653, 256 ; 45 : 12653, 255, 256 ; 46 : 126-12753 ; 47 : 117, 120, 121, 12653, 132, 13291, 134-135 et notes, 139138, 2186, 227, 254, 256 ; 48 : 117, 120, 121, 123, 12338, 12971,72, 133-134 et notes, 16311, 2186, 227, 252 ; 49 : 117, 120, 121, 125-128 et notes, 131, 13184, 133-135 et notes, 147171, 2186, 227, 253, 25311, 256 ; 50 : 12652, 12754, 135, 135114, 147, 147169 ; 51 : 12652, 13393,94, 135114, 147 et notes, 252 ; 52 : 148, 148175 ; 53 : 120, 123, 12339, 13394, 147-148, 148176,180 ; 54 : 13393 ; NICÉPHORE, patr. Cple, Breviarium : 289 ; Notitia fundationis … Murbacensis abb. : 147165 ; Paschale campanum : 81 ; PAUL DIACRE, HL : 91, 12545 ; 6.16 : 162, 1627, 163 ; ~, Liber de episc. Mett. : 194, 259, 314, 3142 ; PLUTARQUE, Vies paral. : 58, 5835, 298-299 et notes ; Marcellus, 2.6 : 230 ; Timoléon, 38.1-7 : 58, 296-299 ; POETA SAXO : 42 et notes, 150193, 151-152200, 154, 154214 ; PROCOPE, Guerres, passages du livre 3 : 177, 17758,60 ; 5.11.1-6 : 70 ; 6.25.9-11 : 230 ; 8.33.1-2 : 177, 17760 ; PSEUDO-TOMELLUS DE SAINTAMAND, Hist. monast. Hasnon. : 27521 ; PSEUDO-VOPISCUS : → Histoire Auguste ; QUINTE-CURCE : 151, 151199, 152, 152201,202 ; 5.6.11-19 : 269-270 ; 6.2.15-21 et 6.4.1 : 270-271 ; RÉGINON DE PRÜM : 153, 153208,209, 155 ; SAXO GRAMMATICUS, Gesta Dan., 216-217 ; 12.4.1 : 2175 ; 14.2.5 : 249-250, 24914 ; 14.23.2 : 2175 ; 14.23.3-4 : 217, 2175 ; 14.25.1 : 186-18799 ; SIMÉON DE DURHAM : → Historia Regum ;
SUÉTONE : 58 ; Aug., 84.2 : 72 ; SYMÉON LOGOTHÈTE, Chron. : 66 ; TACITE : 51 ; THEGAN, Gesta Hludowici imp. : 154219, 198 ; THEODORUS LECTOR, Hist. eccl. : 64, 65 ; THÉOPHANE, Chronographia : 49, 64, 18698, 212, 289-290 ; A. M. 5967 : 65 ; 6094 : 66 ; 6212 : 67 ; 6216 : 49, 49146, 161-163 et notes, 165, 186, 290, 291-294, 297 ; 6291 : 5835 ; 6305 : 66 ; THÉOPHYLACTE SIMOCATTA : 5519, 66, 67 ; TITELIVE : 2529,30 ; VELLEIUS PATERCULUS : 150193, 152203, 2663 ; 2.95 : 266-267 ; 2.97 : 266-267 ; 2.105-106 : 2675, 268 ; 2.115 : 266-267 ; 2.120 : 266-267 ; VICTOR DE TUNUNA, Chron. : 65 ; Vie de Basile Ier : 298-299 ; Jean ZONARAS, Epitome histor. : 65 Liturgie AMALAIRE DE METZ, Liber off. : 19529 ; Antiphonaires de la messe romaine : 19529 ; De celebritate Quattuor Temporum : 318, 332-333 ; De observatione Quattuor Temporum : 19421, 195, 19527, 19636, 318-332 ; Épistolier de Würzbourg : 19113 ; Évangéliaire romain : 19113 ; Évangéliaire romain Λ : 19529 ; Évangéliaire romain Π : 19113 ; GRÉGOIRE DE TOURS, De cursu stell. : 535 ; Liber ordinum wisig. : 20577 ; PSEUDO-CHRYSOSTOME, De IIII mensibus ieiun. : 323, 323-32436 ; Sacram. d’Angoulême : 21913 ; ~ gélasien : 1905, 19113 ; ~ de Gellone : 21913 ; ~ grég. (Hadr.) : 19529 ; WALAFRID STRABON, De exordiis et increm., 12-13 : 318 Miroirs et protocoles Audacht Morainn : 60-61, 6148, 62, 6254 ; CATHWULF, lettre à Charlem. : 6045 ; CONSTANTIN
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PORPHYROGÉNÈTE, Livre des Cérém. : 5728, 65 ; HINCMAR, De ordine palatii : 42 et notes, 10668,69 ; JEAN LE LYDIEN, Magistr. : 51-521, 5835 ; 3.70 : 17862 ; JONAS D’ORLÉANS, De inst. reg. : 59, 5942, 60, 6046 ; PIERRE LE PATRICE, Péri politikès katastaséôs : 55, 5514, 5728, 65 ; PSEUDOCYPRIEN, De XII abus. : 59, 5941,43, 60, 320 Pastorale ISIDORE DE SÉVILLE, De eccl. offic. : 319, 320, 321, 323, 331 ; 1.38(37) : 329, 330 ; 1.40(39) : 327 ; 1.44(43) : 330 ; PSEUDO-BÈDE, De officiis libellus : 331 ; PSEUDO-JÉRÔME, Epist. de ordinib. eccl. : 319, 323, 331 ; RABAN MAUR, De inst. cleric., 2.21 : 329, 330 ; 2.22 : 327 ; 2.24 : 330-332 ; 2.20-24 : 33044 Sources normatives ADELCHIS, d. Bénév., loi : 10558,61 ; Admonitio ad omnes regni ordines (825), 16 : 301, 3014 ; ~ gener., 78 : 276, 27624 ; 79 : 20161, 203, 20367 ; ÆTHELBERHT, r. Kent, Code : 18385 ; AISTULF, r. Lomb., lois : 18, 105-108 et notes ; an 1 : 10560,61,63, 10665 ; an 5 : 10561,63, 10664,65 ; ALFRED, r. Wessex, Domboc : 18596 ; lois : 185, 18596,97 ; ANASTASE, constit. : 82 ; ANSÉGISE, Coll. capitul. : 320, 32436 ; 2.14 : 301, 3012 ; 3.74 : 301, 3016 ; ANTHEMIUS, constit. : 20059 ; ARCADIUS, constit. : 87, 199-200, 20052,60 ; ATTON DE VERCELLI, Canones : 189 ; BENOÎT LÉVITE, Coll. capitul. : 169, 16933, 301, 315 ; Cáin Adamnáin : 182-185 et notes ; Capitula Bavarica (799 × 813) : 194, 195, 315-316, 3159 , 31610; ~ episcoporum : → ~ Bavarica, ~ Parisiensia, ~ Vesulensia, Statuta Bonifacii ; ~ legis Romanae : → Lex Romana canonice compta ; ~ Parisiensia (800 et apr. 813) : 194, 195,
19527, 316, 31612,13 ; ~ Vesulensia (v. 800) : 194, 315, 3155-7 ; Capitulaire/-are/-atio ad legem Baiw. add. : 166, 166-16727, 16728, 168, 170-17138 ; a misso cognita facta (803 × 813) : 167, 16728 ; ~ Aquitanicum (768) : 148, 148178 ; ~ Bononiense (811) : 247, 301, 3015 ; ~ Carisiac. (857) : 301-302 et notes ; ~ Compend. (757) : 260 ; ~ Confluent. (860) : 302-303 et notes ; ~ cum episc. Langob. (781) : 27627 ; ~ de partibus Saxoniae (775 x 793) : 10669, 20058, 20161, 208 ; ~ episcoporum (780 [?]) : → Ratisbon. (?) (779 × 793) ; ~ Haristallense (779) : 18385, 24542 ; ~ Italicum (801) : 166, 16626, 170-17138, 247 ; ~ missorum (789) : 170, 17037, 170-17138 ; ~ missorum gen. (802) : 167, 16728, 170-17138 ; ~ missorum spec. (802) : 167, 16728, 170-17138 ; ~ Pistensia (862) : 169, 17034, 301-303 et notes, 305, 306 ; ~ primum Karoli Magni (prob. 787) : 194 ; 11 : 314, 3143 ; ~ Ratisbon. (?) (779 × 793) : 24542 ; ~ Saxonicum (28.x.797) : 166, 16625, 168, 170-17138, 18071 ; ~ Silvacense (853) : 301, 30110, 305, 306 ; ~ singill. trad. : 167, 16728, 17017138 ; ~ Suession. (744) : 12445, 19635 ; ~ Vernense (755) : 118 et notes, 20161, 260 ; CHILDEBERT II : → Decretio Childeberti ; CHINDASWINTH : → Lex Wisig., 2.1.12 ; Codex Theodosianus, ensemble : 52, 1627 ; 2.8.1 : 20059 ; 2.8.18 : 20060 ; 2.8.19 : 199-200, 20052 ; 4.20.3 : 87 ; 7.1.12 : 17756 ; 7.9.1-4 : 17756 ; 7.20.2 : 75 ; livre VIII : 79 ; 8.1.5-7 : 79 ; 8.8.3 : 20060 ; 8.12.3 : 87 ; 9.2.1 : 79 ; 9.42.11 : 87 ; 11.1.4 : 87 ; 11.7.13 : 20060 ; 11.7.19-21 : 85 ; 11.23.2 : 79 ; 12.1.28 : 78 ; 12.1.55 : 80 ; 12.1.74 : 80 ; 14.24 : 77 ; 15.14.14 : 81 ; 16.5.47 : 12335 ; 16.5.4950 : 81 ; Collectio Anselmo dedicata : 17452 ; ~ canonum Hibernensis : 59, 5944 ; ~ de raptoribus : → Capitulaires/ Carisiac. ; ~ duorum libr. : 320, 323, 32333 ; ~ Neustrica : 16829, 306 ; Concile
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Attigny (762) : 261 ; ~ Carthage (418) : 88 ; ~ Clofesho (747) : 193, 19319 ; ~ Constantinople → Quinisexte ; ~ Frioul (796/797) : 20162 ; ~ Germanique (742) : 12445, 19635 ; Gérone (517), c. 2 : 330, 33043 ; ~ Mâcon (585), c. 1 : 20060 ; ~ Mayence (813), c. 34 : 195-195, 196, 19636, 211, 316, 330 ; ~ Meaux-Paris (vi.845 et ii.846), c. 28 : 210, 21092 ; 79 : 20052, 206, 20680 ; ~ Neuching (769 x 776) : 11085 ; ~ Orléans (538) : 20162 ; ~ Quinisexte (691-692) : 25, 189, 193, 194, 19420,21,23 ; ~ Reisbach (799) : 194, 195 ; c. 4 : 314-315, 3144 ; ~ Rome (499) : 83 ; ~ ~ (743) : 25, 19217 ; ~ Tarragone (516) : 20160 ; ~ Worms (868) : 19421, 321, 322, 323, 324, 32441, 329, 330 ; CONSTANCE II, constit. : 78 ; CONSTANS, constit. : 78 ; CONSTANT II, constit. : 85 ; CONSTANTIN Ier, constit. : 53, 75-76, 77, 87, 200, 20059, 20262 ; Constitutio de expedit. Benevent. : 20371 ; Decretio Childeberti : 107-108 et notes, 17965, 215, 2272 ; Divisio imperii (817) : 20885 ; ECGBERHT DE YORK, Dialog. eccles. instit. : 191, 1918,10, 313 ; Ecloga : 18285 ; prol. : 18385 ; 17.11 : 18385 ; ERVIG : → Lex Wisig., 12.3.6 ; GÉLASE : → A/ ActesPontif. ; GRATIEN, constit. : 80 ; GRÉGOIRE II : → A/ActesPontif. ; GRIMOALD, r. Lomb., lois : 108, 10879 ; HÉRACLIUS, Novelle 1 : 91 ; Hibernensis : → Collectio canonum ~ ; HINCMAR : → Capitulaires/Pistense, Coll. de raptoribus ; HONORIUS, constit. : 81, 87 ; INE, r. Wessex, lois : 18385, 184-185 et notes ; 13 : 306 ; 13.1 : 307, 30722 ; 15 : 30614, 307 ; JULIEN dit l’Apostat, constit. : 53, 79, 80 ; JUSTIN II, Novelles : 84, 90 ; JUSTINIEN, Codex : 1627 ; 1.3.42 : 83 ; 1.30.3 : 82 ; 3.12.2 : 20059, 20262 ; 3.12.6 : 200, 20056 ; 3.12.9 : 20059 ; 3.28.29 : 88 ; 5.3.18 : 88 ; 5.9.7 : 82, 83 ; 6.23.22 : 88 ; 8.53.31 : 82 ; 9.12 : 17452 ; 9.13 : 17452, 18385, 18597 ;
~, constit. : 83, 84, 89, 90 ; ~, Digeste, 2.12.9 : 20266 ; 47.8.4.3 : 306 ; 48.6.3 : 173-174 et notes, 17552 ; 48.6.4 : 17552 ; 48.6.5 : 17552 ; 48.6.7 : 17349, 17965 ; 48.6.10 : 17565 ; 48.7 : 17552 ; ~, Instit., 4.18.8 : 17452 ; ~, Novelles, ensemble : 52 ; 18 : 83 ; 66 : 83, 89 ; 67 : 89 ; 123 : 89 ; 130 : 53, 84, 177-178 ; 134 : 18385 ; 134.13 : 18385 ; 157 : 89 ; Ed. 7 : 84 ; Leges Edwardi Confessoris, 32 A 5 : 223, 2232 ; LÉON Ier, constit. : 20059 ; Lex Alamannorum : 43101, 935, 94, 9410, 10810981, 110 ; 17.2 : 108-110 et notes, 113104 ; 18 : 11085 ; 36 : 110, 11087 ; ~ Baiwar. : 169, 16931,32, 184, 18491, 20161,62, 301, 305-306 ; 2.4 : 3058 ; 4.23 : 305, 3059 ; 4.24 : 305306, 3059 ; ~ XII Tabularum, 9.1-2 et 9.6 : 138, 138132 ; ~ Frision. : 20162 ; ~ Iulia de vi privata : 172-176 et notes, 17965, 302 ; ~ ~ ~ ~ publica : 172-176 et notes, 17965, 186, 302 ; ~ ~ maiestatis : 247-248 ; ~ Ribuaria : 110 ; 67 (64) : 305, 3054 ; ~ Romana Burgund. : 20162 ; 11.5 : 200, 20054 ; ~ ~ canonice compta : 17452 ; ~ ~ Raetica Curiensis : 20162 ; 8.3 : 20060 ; ~ ~ Wisig. : 247 ; 2.8.1 : 20059 ; 2.8.2 : 200, 20053 ; ~ Salica : 107, 110 ; ~ Visig., 2.1.12 : 200, 20055, 20162 ; 8.1.9 (Antiq) : 16932 ; 12.3.6 : 20162 ; LIUTPRAND, r. Lomb., lois : 18, 105-108 et notes ; an 1 : 10558,59,61,63, 10666, 10777 , 10879 ; an 2 : 10559 ; an 5 : 10561,63, 10672, 10879 ; an 8 : 10561,62,63, 10665,66, 10777 ; an 9 : 10560,61, 10672, 10879 ; an 10 : 10772 ; an 11 : 10561, 10665, 10772 ; an 12 : 10560,61 ; an 13 : 10561, 10664 ; an 14 : 10561,63, 10667, 10879, 2282 ; an 15 : 10561, 10879 ; an 16 : 10561 ; an 17 : 10561,63 ; an 19 : 10561, 10665 ; an 21 : 10772 ; an 22 : 10561,62, 10664,65 ; an 23 : 10561, 106, 10664,65 ; MARCIEN, Instit. : 173, 17351, 174-17552 ; Memoratio de octo bannos : 16727, 168, 16829,30, 171, 17248, 173, 177, 18070,71, 18593-95,97, 305, 306 ; Nomocanon XIV titulor., 7.1 : 200, 20057 ; 7.4 : 20059 ; Nomos Stratiotikos :
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178, 178-17964 ; Notitia de servitio monasteriorum : 245, 24541 ; Pactus legis Salicae : 20162 ; 42 et 43 : 306 ; placita de l’Italie carol. : 202, 20264 ; Premier Pénitentiel d’Oxford : 189 ; PSEUDOISIDORE : 19636 ; Quadripartitus : 306, 30614,15, 307 ; RATCHIS, r. Lomb., loi : 18, 105-108 et notes ; an 2 : 10561,63, 10665, 11294 ; ROTHARI, r. Lomb., code, édit, lois : 105-108 et notes ; Sentences dites « de Paul » : 247 ; 5.28.1/5.32.1 : 17349,50, 17965 ; 5.28.3/5.32.3 : 17349, 174-17552, 17553, 306 ; 5.31.1/5.35.1 : 247-248, 2475 ; Statuta Bonifacii (? × 850) : 194, 315, 3158 ; Summula de bannis : → Memoratio de octo bannos ; THÉODOSE Ier, constit. : 87, 199-200, 20052,60 ; THÉODOSE II, constit. : 81 ; ULPIEN : 306 ; ~, Ad Edict., 59 : 17552 ; ~, De offic. proconsul., VII : 20266 ; VALENS, constit. : 80, 87 ; VALENTINIEN Ier, constit. : 80, 87 ; VALENTINIEN II, constit. : 199-200, 20052,60 ; VETUS GALLICA, 23.4 : 20020160 ; ZACHARIE : → A/ActesPontif. ; ZÉNON, constit. : 82, 88 Autres (i) : Antiquité AUGUSTIN, De civitate Dei : 12335, 138132 ; AULU-GELLE, 6.3.18 : 12335 ; 16.4.2-5 : 171-172 et notes ; 16.13.9 : 33, 34, 215 ; CATON L’ANCIEN : 20575 ; CENSORINUS, De die natali : 2529 ; CICÉRON, De inuentione : 12335 ; ~, De legib. : 17553 ; ~ , De oratore : 14, 146 ; ~, De provinciis consularibus, 33 : 268 ; ~, Orationes, In C. Verrem : 12335 ; ~ , ~, Pro L. Valerio Flacco : 12335 ; CINCIUS, Art militaire : 171-172 et notes ; CLAUDIEN, In Ruf. : 64 ; DONAT : 21090 ; FESTUS, De verb. signif. : 204-205, 21575 ; HOMÈRE, Od., 19.109 : 6255 ; inscription du Forum Romanum, ao 328 : 77 ; ~ Mesves (F) : 254, 25413 ; LACTANCE, De ave
Phoenice : 535 ; ~, De mortib. persec. : 535 ; 17 : 74 ; 19.1-3 : 86 ; 19.6 : 5726 ; 32.5 : 30, 3019, 31, 52-53, 61, 68 ; 35 : 74 ; LIBANIUS, Or. 12 : 135110 ; 15 : 5510 ; 18 : 73 ; LUCAIN, Pharsale : 224-225, 22512 ; MACROBE, Saturn., 1.12.16 : 21810 ; 1.16.9-12 : 20262 ; 1.16.15 : 204, 20474, 20575 ; 1.16.18 : 20575 ; 1.16.20 : 206-207, 20782 ; 1.16.15-27 : 20575 ; MENANDER RHETOR : 62, 6255 ; Notitia dignitatum : 136118 ; Panégyriques lat. : 54, 5411, 62, 74 ; PLUTARQUE, Quest./ Étiologies rom. : 23013 ; PONTIUS MAXIMUS, De solstitiis : 32336 ; SALVIEN DE MARSEILLE, De gubern. Dei : 138132 ; SERVIUS, Virgilii Opera Expos. : 157237 ; SYMMAQUE, Relationes : 2531 ; THEMISTIUS, Or. : 63 ; TIBULLE, Élég., 1.10.51-52 : 58, 295 ; VALÈRE MAXIME : 2530 ; VARRON, Antiqu. Rer. Divin. : 20575 ; VÉGÈCE : 36, 72 ; 3.3 : 17655; VERRIUS FLACCUS, De verb. signif. : 205 Autres (ii) : Moyen Âge ALCUIN, Carmina : 321 ; BASILE le Parakoimomène : 70 ; BONUICINUS DE RIPA, Vita scholastica : 27521 ; CÉSAIRE D’ARLES, Serm., 109 : 20988 ; Chanson des Nibelungen / Nibelungenlied : 146157 ; EPHREM LE SYRIEN, Sermon sur Joseph : 27521 ; Glossaire harléien : 307, 30720 ; GRÉGOIRE LE GRAND, Hom. Evang. : 241 ; ~, ~ Hiezech. : 20988, 241 ; ISIDORE DE SÉVILLE, De nat. rer., 1.4 : 203-206 et notes ; ~, Étym., 5.26.4-6 : 173, 17349 ; 18.2.3 : 157237 ; Lettre du ciel/dimanche : 20161 ; Liber de compositione castri Ambaziae : 40-41, 4180 ; NICÉPHORE, patr. Cple, Antirrheticus III : 289 ; Notitia de servitio monasteriorum : 245, 24540 ; Ordines Casinenses : 27625 ; PATRICK : 229 ; PAUL
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DIACRE, Epit. de verb. signif. : 20473 ; Proeliares : 204-206 et notes ; ~, Versus : 295, 29525 ; PIERRE LE PATRICE, Péri politikès katastaséôs : 55, 5514, 5728, 65 ; PIERRE DE PISE, Versus : 295, 29525 ; PRISCIEN : 21090 ; PRUDENCE DE TROYES, Prolog. de flores psalm. : 24540 ; PSEUDO-AUGUSTIN, De ratione coniugum : 324 ; Regula Benedicti, 18.23 : 245 ; Sententiae Bonifatianae Palatinae : 32225 ; SYRIANUS, Rhet. milit. : 207, 20783 ; Trioedd Ynys Pridein : 18490 ; VIRGILIUS MARO GRAMMATICUS : 12335 ; Volumen Britanniae : 245 ; WALAFRID STRABO, prol. Thegan et Relatio Compend. : 198 Autres (iii) : Temps Modernes Jacques CALLOT, Les grandes misères : 175 ; décret impérial, Lyon, 13.iii.1815 : 49148 ; Moniteur universel, 7.iv.1815 : 50148 ; plan de l’ancien Besançon : 3333 Perdus ou non identifiés Chron. MS. d’Adam à Léon VI le Sage : 66 ; Peri tou Martiou (Du [Champ] de Mars) : 65 ; SOPATROS D’APAMÉE, extraits des Vies de Plutarque : 298 ; TARASIOS, patr. Cple, Historia Leonis et Constantini : 289
C. Manuscrits cités AUGSBOURG, UB, Cod. I.2.4o 8 : 318, 321, 323, 325-327, 329 ; BÂLE, UB, Handschriften, NI4:E : 281-282 ; BAMBERG, SB, msc. Jur. 35 : 16829, 306 ; BERLIN, SB, Preuß. Kulturbesitz, Ms Diez B. Sant. 66 : 29524 ; BERNE, Bürgerbibl., Cod. 83 : 283 ; A 92.21 : 282 ; BRUXELLES, BR, 6439-6451 (3108) :
283, 284 ; 15835 : 283 ; COLOGNE → KÖLN ; DURHAM, Cathedral Library, C.IV.15 : 281 ; EGMOND-BINNEN, Abbaye Saint-Aldebert : 19318 (Liber diurnus, Claromontanus) ; FULDA, Hessische LB, D1 : 243, 25833 ; IVRÉE, Bibl. Capitolare, Ms. 34 : 10560 ; KARLSRUHE, Badische LB, Aug. 135 : 2420 ; Rastatt 22 (BLE) : 19318 ; KÖLN, EBDDB, 83(II) : 244, 24437 ; LAON, BM, 342 : 27523 ; LEIDEN, Bibl. der Rijksuniversiteit, B. P. L. 191: 2420 ; Voss. Lat. Q5 : 287 ; LEIPZIG, UB, Rep. II 4o 129a : 279 ; LONDRES, BL, Arundel MS 375 : 281 ; MILAN, Bibl. Ambr., D 48 inf. : 318, 323, 32437, 325-327 ; M 79 sup. : 2420 ; MONTCASSIN, Archivio della Badia, 439 : 226, 4076 ; MONZA, Biblioteca Capitolare del Duomo, Manoscritti, ms. f-9/176 : 145154, 235, 2355,6, 236, 2367, 239 ; MUNICH, BSB, Clm 8112 (BLE) : 19318 ; 14540 : 319, 321, 323, 324, 32440, 325-327 ; 14766 : 319, 320, 321, 322, 323, 324, 325-327, 329 ; 18524b : 319-320, 321, 322, 323, 324, 32440, 325-327, 329 ; 22053 : 236, 236-23716, 243-245 ; ~, UB, 2o Cod. ms. 6 : 23929, 283, 284 ; OXFORD, Bodl. Libr., Ms. lat. class. d. 39 : 281 ; PARIS, BNF, lat. 2627 : 535 ; 4628 A : 16829 ; 4631 : 16829 ; 4760 : 16829 ; 4886 : 139140 ; 4888 : 12969 ; 6114 : 282 ; 9008 : 272-278 ; 9517 : 273 ; 9652 : 273 ; 9654 : 301 ; 10758 : 16829 ; 10861 : 273 ; 13729 : 27523 ; nouv. acq. lat. 452 : 32333 ; SAINTGALL, Stiftsarchiv, Ehem. Zürcher Abt. X, Nr. 1 : 235, 2351-3, 236, 237, 239, 240 ; SAINT-GALL, Stiftsbibl., Cod. Sang. 11 : 24438 ; 397 : 321, 322, 323 ; 733 : 27627 ; 899 : 320, 321, 323, 324, 325-327, 329 ; SÉLESTAT, Bibl. humaniste, Ms 11 : 279 ; STUTTGART, Württemb. LB, Cod. iur. 4o 134 : 297 ; TRÈVES, Bibl. des Priesterseminars, 96 : 320, 322, 323, 324, 325-327, 329 ; VALENCIENNES,
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BM, 288 (278) : 32440 ; 330bis : 283 ; VATICAN, Archivum Secretum Vaticanum, Misc. Arm. XI, 19 : 19318 (Liber diurnus, Vaticanus) ; ~, BAV, Pal. lat. 243 : 283 ; 582 : 301 ; 966 : 238-239 et notes ; 973 : 320, 322, 323, 324, 32436,39, 325-327, 329 ; ~, ~, Reg. lat. 407 : 320, 321, 322-323, 32333,35, 324, 325-327 ; 421 : 321, 322, 323, 32334, 324, 325-327 ; 713 : 287-288, 316 ; VIENNE, ÖNB, Cod. 430* Han : 23929, 282, 283, 284-285, 2855 ; 451 : 284 ; 596 : 321 ; 615 : 279, 284 ; 808 : 321, 322, 323, 324, 325-327, 329 ; 1322 : 32333 ; WOLFENBÜTTEL, HAB, Cod. Guelf. 67.5 Aug. 8o : 236-237 et notes, 239, 241-245 Perdus ou non identifiés : édition Duchesne (1641) du Chron. Moiss. : 13183
D. Culture matérielle Archéologie (i) : lieux Angleterre : 38, 3865 ; Besançon : 37-39 et notes ; Charente (fl.) : 257, 25726 ; Chilleurs-aux-Bois : 253, 25310 ; Coulanges-lès-Nevers : 254-255 ; Gaule : 38, 3868 ; Loire (fl.) : 257, 25725 ; Mandeure : 38 ; Marigny-les-Usages : 253, 25310 ; Mesves : 254 ; Mirebeau-surBèze : 3867 ; Nevers : 254-255 et notes ; Numidie : 38, 3866 ; Orléans : 252-253 et
notes ; Saint-Bertrand-de-Comminges : 3867 ; Saint-Maur-en-Chaussée : 38 ; Saint-Satur : 253, 25311 Archéologie (ii) : vestiges, mobilier armes, HMA : 2529 (Orléans), 25726 (Charente, Taillebourg) ; bâtim. 15 × 48, non-relgx, carol. : 255 et notes (Nevers) ; bâti monum., rom. : 37-38 et notes (Besanç.) ; domus de prestige, rom. et post-rom. : 38-39 et notes (Besanç.) ; enceinte : 3970 (Besanç., gaul.-mod.), 254 (Nevers, att. ix), 252 et 2528 (Orléans, iv-viii) ; gué : 25726 (Charente, Taillebourg, HMA), 254 (Loire, Mesves, gallo-rom.) ; incendie, carol. : 255 et notes (Nevers) ; monnaie (Coulanges-lès-Nevers, carol.) : 254 ; palais : 39 (Besanç., AT/HMA), 252 et 2526 (Orléans, mérov.) ; plaine de manœuvres, rom. : 38 et notes (Angl., Mirebeau, Numidie, Saint-Bertrd-deComm.) ; pont : 252 et 2529 (Loire, Orléans, iv-viii), 253 (Loire, rom.), 253 et 25311 (Loire, Saint-Satur, ~s rom.) ; port, zone ~uaire, HMA : 25726 (Charente, Taillebourg) ; tombes : 253 et 25310 (Chilleurs-aux-Bois, romano-germ., fin iv ; Marigny-lesUsages, mérov., vii-viii) ; village (Coulanges-lès-Nevers, v-x) : 254 ; voirie (Coulanges-lès-Nevers, carol.) : 254 ; vote, install. liées au ~, prérom. : 38, 3868 (Gaule)
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ABEL, O. : 228-233 ; ABEL, S. : 12968, 153209,211 ; ABERSMANN, R. : 33045 ; ABOU EL FADL, K. : 18285 ; ADAMIAK, S. : 90 ; ADLER, W. : 29934 ; AFINOGENOV, D. : 28911,15,16 ; ÅHLFELDT, J. : 150188 ; AHRENS, H. L. : 23, 238,9,10, 2420, 25, 287, 29, 2912,13 ,
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41-43 et notes, 45, 45112, 50, 91, 935, 121, 12124, 217 ; ALBERT, M. : 87 ; ALBRECHT, S. : 28913 ; ALIX, C. : 2528 ; ANDERS, F. : 17247 ; ANDRÉS SANTOS, F. J. : 17349 ; ANDRIEU, M. : 1894, 19111,13, 19526, 313, 315 ; ANON. (2009 × 2016) : 25520,21 ; ANTON, H. H. : 6045 ; ARICÒ ANSELMO, G. : 138132 ; ATNALLY CONLIN, D. : 3120-23 ; ATSMA, H. : 273, 27419, 27729, 278 ; AUZÉPY, M.-F. : 6047 ; AVENARIUS, M. : 2489 ; AZZARA, C. : 10558, 10772 ••••• BABELON, E. : 12020 ; BACHRACH, B. : 29, 2910,11, 3016, 3861, 4079, 4186, 45112, 511, 85, 933, 10026, 12753, 13394, 135111,113, 151198, 152200 , 233, 234 ; BARBERO, G. : 2367 ; BARBIER, J. : 5834, 146163 ; BARÇON, J.-C. : 3862 ; BARDON, H. : 26911 ; BARLAVA, D. : 49146 ; BARNES, T. D. : 75, 76 ; BARNWELL, P. S. : 13, 131, 107, 10773,77, 10880 ; BARTHÉLEMY, D. : 3758 ; BAYERLE, K. : 17965 ; BECHER, M. : 10348, 1187,8, 139136,137, 247, 2472-4, 248, 2487, 260 ; BECKER, J. : 23825 ; BECKER, P. : 320 ; BELLONI, A. : 2367 ; BENEDICT, F. : 3446 ; BENOIST, S. : 2187 ; BERGER, J.-D. : 4286, 68, 73 ; BERGERAT, É. : 4074 ; BERGMANN, W. : 10134,36,37, 243 ; BERTRANDDAGENBACH, C. : 17655 ; BIERBRAUER, K. : 319 ; BIGEARD, H. : 25412,13,14, 25519 ; BIRÉ, E. : 55148 ; BISCHOFF, B. : 18179, 2353-6, 236-237, 236-23716, 24541, 27521, 279, 281, 283, 28710, 319, 31914,17,18,, 32020,21, 32123,24, 32230,31, 333, 33350 ; BLEIBER, W. : 287 ; BLOQUET, J. : 50148 ; BLUHME, F. : 10772 ; BLUMENTHAL, U.-R. : 1919 ; BLYSIDU, V. N. : → LOUNGHIS ; BODENMANN, R. : 333, 33355 ; BOIELDIEU, F.-A. : 55148 ; BOLLANDISTES : 33, 37 ; BOOKER, C. M. : 19739, 19844,46 , 21197 ; BORETIUS, A. : 16727, 16829,30, 301, 30111,
30213, 305, 3052 ; BORGOLTE, M. : 115127 ; BORLENGHI, A. : 145, 3865-69, 72 ; BORNERT, R. : 137125, 147165, 154218 ; BORST, A. : 213, 21810, 241-243 ; BOSHOF, E. : 3144 ; BOSWORTH, J. : 30719 ; BOUCHER D’ARGIS, A.-G. : 28, 287, 29, 2914, 46 ; BOUET, P. : 16830 ; BOUGARD, F. : 20264, 231, 23119, 2663 ; BOULAINVILLIERS, H. de : 17, 1714, 47131 ; BOUQUET, M. : 23 ; BOUSSON DE MAIRET, E. : 3230,31 ; BOUTARIC, E. : 43, 43103,105, 47, 49144 ; BOUTHIER, A. : 25412,13,14 ; BRADY, C. : 3057 ; BREEN, A. : 5943 ; BRETERNITZ, P. : 1610 ; BROMWICH, R. : 18490 ; BRUCKNER, A. : 27418 ; BRÜHL, C. : 3970, 947, 95, 9511, 9723, 9825, 10243, 10346, 10457, 113104,105,111, 13286, 146157,158 ; BRUNNER, H. : 17-18, 19, 2910, 30, 42, 43, 43104,105, 45, 47, 49144, 217 ; BRYANTVILLERIO, Chr. : 25311 ; BUCHNER, R. : 231 ; BULLOUGH, D. : 1894, 27418 ; BURGESS, R. W. : 211, 11912, 28912,14 ••••• CADIOU, F. : 521 ; CAGNAT, R. : 79 ; CAILLOT, A. : 50148 ; CALLOT, J. : 175 ; CAMPBELL, J. : 30611 ; CANNY, D. : 2525,8,9; CANTÓ LLORCA, J. : 157237 ; CARANDINI, A. : 3120,22 ; CARBONELL, Ch.-O. : 27213 ; CARDAUNS, B. : 20575 ; CARMAUX, B. : 48137,140, 49143 ; CASTAN, A. : 145, 3233, 35, 37, 3759,60, 3864 ; CAU, E. : 318 ; CAVAZZA, F. : 281 ; CAWLEY, Ch. : 154219 ; CERVANI, R. : 205, 20576 ; CHAMPOLLION-FIGEAC, J.-J. : 272, 27212, 278 ; CHARLES-EDWARDS, Th. : 18281, 21196, 212103 ; CHASTAGNOL, A. : 536, 17655 ; CHATEAUBRIAND, A. de : 50148 ; CHAUME, M. : 145153 ; CHAVASSE, A. : 1905, 19113, 19216, 19529 ; CHÉDEVILLE, A. : 3758 ; CHÉLINI, J. : 19843, 199, 19951, 20161 ; CHEVALIER, U. : 333, 33356 ; CHIFFLET, J.-J. : 32, 32-3333, 33, 34, 3439,42 ; CHILLET, C. :
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3869 ; CHRISTIE, Y. : 5624, 5834 ; CLANCHY, M. : 20886 ; CLAUSEN (prénom inconnu) : 9825, 99 ; CLAYTON, M. : 5620, 5943-44, 6045,47; COARELLI, F. : 77 ; COLLINS, R. : 211, 931, 1187, 11913, 130-131, 13182, 2879 ; COMPAN, A. : 3653 ; CONNOLLY, S. : 5620, 75-77 ; CONSO, D. : 16830 ; CONTRENI, J. J. : 333, 33353 ; CORRADINI, R. : 23929, 282, 283, 284 ; COURTOIS, J. : 2528 ; COUSER, J. : 10981 ; COUSIN, J. : 33, 3335, 34, 3443, 35 ; CREED, J. L. : 3019, 86 ; CUBITT, C. : 1918, 19319 ••••• DAGRON, G. : 548, 55, 5513-16, 5728,29, 64, 65, 66, 70 ; D’ALESSIO, M. T. : 3120,23 ; DALMAIS, I. H. : 1908 ; DANIEL, père G. : 46 ; DANIEL, N. : 283 ; DANIELS, (prénom inconnu) : 42 ; DAVIS, R. : 259, 27522 ; DE BEAUREPAIRE, Ch. : 224, 2246 ; DEBIÉ, M. : 18698, 24435 ; DE BOOR, C. : 29017,18 ; DE GIOVANNI, L. : 17351 ; DE JONG, M. : 19846, 285 ; DEKKERS, E. : 32438 ; DELAGE, I. : 50148 ; DELISLE, L. : 27314 ; DELMAIRE, R. : 20053,59, 20262,63 ; DELOGU, P. : 106, 10671 ; DEMANGEL, R. : 548, 63 ; DEN BOEFT, J. : 5725,31, 79 ; DENCH, E. : 3124 ; DEN HENGST, D. : → DEN BOEFT ; DE PACHTÈRE, F. : 73 ; DEPREUX, Ph. : 1187 ; DEROLEZ, A. : 283 ; DE SAULCE, A. : 25725 ; DESPOTOTIUS, G. : 32, 3227 ; DESTEPHEN, S. : 65 ; DEUTINGER, R. : 18175 ; DE VÉRI, J.-A. : 46122, 48, 48141, 50148 ; DEVILLERS, O. : 228-233 ; DE VOGÜÉ, A. : 3970 ; DE VRÉGILLE, B. : 3333 ; DE VRIES, J. : 23014 ; DEVROEY, J.-P. : 45113 ; DEYRON, J. : 34, 3444,45, 35 ; DICENSO, D. J. : 169, 19738 ; DIERKENS, A. : 1612 ; DOLD, A. : 314, 3144 ; DÖLGER, F. : 523, 85, 90, 91 ; DOOREWAARD, T. : 5733, 5836,37 ; DOPSCH, A. : → MÜHLBACHER ; DORANDI, T. : 114117 ; DORR, R. :
280 ; DREW, K. F. : 10670 ; DRIJVERS, J. W. : → DEN BOEFT ; DUBOIS, C.-G. : 3232 ; DU BOIS, G. : 273 ; DUBUISSON, M. : 5835 ; DU CANGE, Ch. Du Fresne, sieur ~ : 18, 23, 237, 28, 286, 29, 33, 3336, 34, 3441, 35, 37, 43, 47, 47130, 50, 522, 548, 63-67, 71, 93, 223, 2231, 224, 2247, 276 ; DUCHESNE, A. : 13183 ; DUCHESNE, L. : 27523, 312, 313 ; DUMAS, A. : 136118 ; DUMÉZIL, B. : 20162, 203, 20369 ; DUMONT, A. : 25311, 25726 ; DUMONT, É. : 28, 285, 29, 298-10,13, 4185, 46122, 68 ; DUNPHY, G. : 2792 ; DURLIAT, J. : 16626 ••••• ECKHARDT, K. A. : 10984 ; EICHHORN, K. F. : 42, 4287 ; EICHLER, D. : 13, 132, 1820 ; ELFASSI, J. : 20575 ; ENßLIN, W. : 78 ; ESDERS, S. : 16931, 29829, 305, 3053,6, 30610 ; ESMONDE CLEARY, A. S. : 3867 ; EWALD, P. : 19213 ; EWIG, E. : 287, 145154, 151194 ••••• FÀBREGA, V. : 535 ; FELICI, C. : 11297 ; FERRARI, M. : 2367 ; FILIPPI, D. : 77 ; FILOTAS, B. : 2526, 1892,3 ; FISCHER, L. : 189-192 (notes), 19529, 318, 333, 33357 ; FISHER, P. : 2175 ; FLETCHER, W. : 3019 ; FLIERMAN, R. : 150191, 151196, 20161 ; FLÖER, M. : 155224,225 ; FLUSIN, B. : 91 ; FOLZ, R. : 18698 ; FONTAINE, J. : 4286, 68, 73 ; FOUCAUD, J.-F. : 27213 ; FOURACRE, P. : 16412, 18280 ; FOURNIÉ, É : 254-255, 25517 ; FOURNIER, G. : 12865 ; FREEMAN, E. A. : 223, 2234, 224 ; FREUND, S. : 19318 ; FRÉZOULS, É. : 4186, 68, 73 ; FRIED, J. : 212102 ; FRIIS-JENSEN, K. : 2163 ; FRUSCIONE, D. : 18385 ; FÜNDLING, J. : 17655 ; FURET, F. : 55149 ; FUSTEL DE COULANGES, N. D. : 231 ••••• GAAR, E. : 32438 ; GABRIEL, A. L. : 318 ; GAFFIOT, F. : 3970, 16412 ; GALLICÉ, A. : 25725 ; GARIPZANOV, I. : 236, 23610,11,14,15, 236-23716, 241 ; GÄRTNER, Th. : 29522 ;
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GASPARRI, S. : 10772 ; GAUERT, A. : 5623 ; GAUTIER, Th. : 40 ; GEMBICKI, D. : 45115 ; GERBERDING, R. : 16412, 18280 ; GIARDINA, G. : 29522 ; GIL, J. : 28914 ; GIOFFREDO, P. : 34, 3440, 35, 37 ; GIRARD, H. : 2524 ; GLATTHAAR, M. : 12445, 19318, → MORDEK ; GLAUCHE, G. : → HELMER ; GLEESON, P. : 2188,9 ; GLÜCK, H. : 548 ; GOFFART, W. : 931, 11913, 3142 ; GOLDBERG, E. J. : 321, 32227-31, 33046 ; GOLLUT, L. : 32, 3230, 3446, 35 ; GORMAN, M. : 33148 ; GOULART, S. : → HOTMAN ; GRÄSSE, J. G. : 3446, 35 ; GREATREX, G. : → MANGO ; GREEN, B. : 1905 ; GRIMM, J. : 91, 935 ; GROLL, Th. : 23716 ; GUENÉE, B. : 40, 4075 ; GUÉRARD, B. : 278 ; GUICHARD, L. : → DELMAIRE ; GUICHETEAU, A. : 254-255, 25517 ; GUILLAUME, A. : 1905 ; GUYOTJEANNIN, O. : 4479 ; GWARA, S. : 18490 ; GYSSELING, M. : 3647 ••••• HAACKE, R. : 146161 ; HACK, A. Th. : 155221, 272, 274 16,18 ; HAHN, H. : 25623 ; HAINES, D. : 20055,59,60, 20161, 201-20262 ; HALM, K. : 319 ; HALPHEN, L. : 287 ; HAMMER, N. : 154218 ; HAMMER, W. : 3225,26 ; HARDT, M. : 45113 ; HARRIES, J. : 17348 ; HARTMANN, L. M. : 19213 ; HARTMANN, M. : 947, 9723, 11088 ; HARTMANN, W. : 108-10981, 19527, 20052, 20161, 20680, 301, 3019, 30212,14,16, 31914,17,18, 321 ; HASELBACH, I. : 18698, 2803 ; HAUSMANN, R. : 24333 ; HEIDRICH, I. : 9511, 10138, 136121, 146158 ; HELLEGOUARC’H, J. : 267, 2674,6, 268, 26810 ; HELMER, F. : 319, 31914 ; HEN, Y. : 17966, 280, 2803, 281 ; HÉNAULT, Ch.-J.-F. : 42, 4289, 43, 43102, 46, 49144, 50148 ; HERVOUËT, B. : 45114,115, 48135 ; HEYDEMANN, G : 157238 ; HILG, H. : 318 ; HOFFMANN, H. : 18698, 271, 280, 2803, 287 ;
HOLLARD, V. : 3869 ; HOLZNER, Th. : 11085 ; HÖMBERG, Ph. R. : 151197 ; HÖPPL, R. : 23716 ; HOSTEIN, A. : 5411, 6255,56, 74 ; HOTMAN, F. : 17, 27, 274, 47131 ; HOUGH, C. : 18597 ; HOURS, B. : 45115 ; HUCK, O. : → DELMAIRE ; HULTGÅRD, A. : 5623, 23015 ; HUMBERT, G. : 77, 79, 10983, 19947, 20266 ; HUMBERT, M. : 138132 ; HUMMER, H. J. : 137125 ; HUMPHRIES, M. T. G. : 18285 ; HUSCHKE, Ph. E. : 10983 ••••• INGLEBERT, H. : 24435,36,39 ; INNES, M. : 285 ; ISAÏA, M.-C. : 225 ; ISEL, D. : 136119, 25624, 260 ; ISPHORDING, B. : 149183, 19842, 260, 261 ••••• JACOBS II, P. W. : 3120-23 ; JAFFÉ, Ph. : 278 ; JAHN, J. : 138130 ; JAMES, E. : 17243 ; JANIN, R. : 548 ; JASKI, B. : 23017 ; JASPER, D. : 1919 ; JOAN, L. : 3233, 3862 ; JOLY, D. : 3446, 35 ; JONES, A. H. M. : 74 ; JOUNEL, P. : 1908 ; JOYEUX, P. : 2525,6,8,9 ; JULIEN, Y. : 17139 ; JULLIAN, C. : 39, 4073 ; JULLIEN, M.-H. : 32437 ; JUSSELIN, M. : 3446, 35, 3756-58 ••••• KAISER, W. : 83, 84, 17452, 287 ; KALDELLIS, A. : 6047, 12546, 248, 2488 ; KASCHKE, S. : 280, 2803 ; KASTER, R. A. : 21910 ; KAUTZ, M. : 23822, 283, 320 ; KEEFE, S. : 319, 320, 32332 ; KELLY, F. : 6148, 6255, 18284 ; KEMPF, D. : 32225 ; KERLOUÉGAN, F. : 16830 ; KETTEMANN, W. : 13183 ; KIENAST, W. : 10245, 10346, 1187 ; KIERDORF, W. : 17139 ; KING, P. D. : 152202 ; KLEINKLAUSZ, A. : 1611 ; KNIBBS, E. : 19529 ; KNÖDLER, J. : → HELMER ; KOETHE, H. : 38 ; KOLBABA, T. : 19421 ; KÖLZER, Th. : 947, 95, 9511, 9723, 99, 10243, 10346, 10457, 113104, 13286 ; KOMPA, A. : 28912 ; KORNRUMPF, G. : → DANIEL, N. ; KOTTJE, R. : 31914,15, 320, 32122, 32228,29, 32335 ; KRAUSE, V. : 301, 30111, 30213, 305, 3052 ; KRETTEK, A. M. : 3654 ; KRIEGEL, B. :
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1714, 45115 ; KRÖNERT, K. : 32225 ; KRUG, H. : 11087 ; KRÜGER, K. H. : 285 ; KRUSCH, B. : 211, 2970, 11913,14, 25624 ; KUHOFF, W. : 3019 ; KULIKOWSKI, M. : 211, 11912, 28912,14 ; KURZE, F. : 44110, 12653, 13078, 152201, 279 ••••• LACOUR-GAYET, G. : 13-14, 144 ; LAFOSSE, A. : 38 ; LAISTNER, M. L. W. : 333, 33358 ; LAMBERT, T. : 511 ; LAMPAKES, S. : → LOUNGHIS ; LANDES, R. : 243, 24435,36,37,39 ; LAPIDGE, M. : 18179, 24912,13, 333, 33352,59 ; LAPORTE, J. : 224, 2246 ; LAWO, M. : 283 ; LEBECQ, S. : 12334, 135113, 20370, 233-234 ; LECHNER, J. : → MÜHLBACHER ; LECLERCQ, H. : 1904, 313 ; LÉCRIVAIN, Ch. : 79, 10983, 17348 ; LEHMANN, P. : 10984 ; LEHUËROU, J.-M. : 49143, 10026 ; LELONG, J. : 27, 271-4 ; LEMARIÉ, L. : 1714, 274, 46121, 47131,134 ; LEMAY, E. : 5834 ; LENAIN DE TILLEMONT, L.-S. : 74 ; LENDI, W. : 137125,126, 140141, 145154, 2351,2,6, 2367-10,12,13,16, 23717, 238, 23822,24 ; LENTZ, Th. : 49147 ; LE PAIGE, L. A. : 17, 1714, 47131 ; LERAT, L. : 3862-64 ; LESÈTRE, A. : 19216 ; LEVILLAIN, L. : 29, 2910, 35, 37, 3760, 45112, 130, 13073 ; LEVISON, W. : 18698 ; LÉVY-DUMOULIN, O. : 1715 ; LÉZARDIÈRE, M.-Ch.-P. R. de : 48-49 et notes, 50, 511 ; LICHT, T. : 23825 ; LIEB, H. : 6252 ; LIEBERMANN, F. : 18487,89,91, 307, 30718,23,25 ; LONGHI, L. : 2367 ; LOPEZ, R. S. : 18385 ; LOPEZRABATEL, L. : 3869 ; LOUNGHIS, T. : 523, 82, 83, 84, 88, 89, 90 ••••• MABILLE, É. : 3757,58 ; MABLY, G. Bonnot de : 17, 1714, 45-46, 46121, 47131 ; MAC CONGAIL, B. : 76 ; MACLEAN, A. J. : 1894 ; MACNEILL, M. : 2188,9 ; MAIER, G. : 10777 ; MANGO, C. : 548,9, 67, 29017 ; MANITIUS, M. : 44110, 12549, 152202 ; MARACHE, R. : 17140 ; MARICHAL, R. : 27418 ; MARIOTTI,
J.-F. : 25726 ; MARTIMORT, A. G. : 1908 ; MARTIN, A. : 87 ; MARTÍN, J. C. : 283 ; MARTINDALE, J. R. : 74 ; MASSAT, Th. : 2527 ; MASSILLONROUVET, J.-B. : 254 ; MATHISEN, R. W. : 17247 ; McCORMICK, M. : 20577, 219, 21912,13 ; McDONALD, M. F. : 3019 ; McGURK, P. : 223, 2234, 22511, 2355 ; McKITTERICK, R. : 2353, 285, 29524 ; McLEOD, N. : 18385 ; McMULLEN, A. J. : 18280 ; MEISTER, K. : 29728 ; MÉLONIO, F. : 50149 ; MÉNARD, L. : 3446, 35 ; MENÉNDEZ ARGÜÍN, A. R. : 2676 ; MENTXAKA, R. : 17349 ; MERLET, L. : 3446, 35, 3756,57 ; MEYERS, J. : 228-233 ; MICHELS, A. K. : 19947,49,50 ; MILDENBERGER, G. : 151197 ; MILLAR, F. : 75 ; MOLINIERARBO, A. : 17655 ; MOMMSEN, Th. : 70, 75, 245 ; MONOD, G. : 17, 1715 ; MONTINARO, F. : 29017-19 ; MOONEY, G. W. : 22512 ; MORDEK, H. : 16627, 16829, 17037, 24542, 272, 27627, 287, 3143,4 ; MOREAU, J. : 3019 ; MOREAU, J.-N. : 1714, 298, 3869, 4294, 45-47 et notes, 48, 48139, 511, 68, 115, 115128,129, 121 ; MORELLE, L. : 10348, 10451,54 ; MORETTI, J.-Ch. : 3869 ; MORIN, G. : 1905, 19527, 319, 31916, 320, 32019, 327 ; MORRIS, J. : 74 ; MORRISSEY, R. : 50148 ; MOSSHAMMER, A. A. : 29934 ; MÜHLBACHER, E. : 27418 ; MÜLLER, A. E. : 523, 84, 85, 90 ; MUNIER, C. : 3970,71 ; MUNIER, Ch. : 88 ; MUNK OLSEN, B. : 17140 ; MURRAY, A. C. : 5624, 5834 ••••• NEISS, R. : 136118 ; NELSON, J. L. : 212101, 2803 ; NICOLET, C. : 145 ; NICOLLE, D. : 144152, 150188, 151194, 152202 ; NÍ DHONNCHADHA, M. : 18281,82 ; NOETHLICHS, K. L. : 202, 20265 ••••• OAKLEY, S. P. : 12549 ; Ó CORRÁIN, D. : 5943,44, 6148, 18281, 24232 ; Ó CRÓINÍN, D. : 213 ; O’CURRY, E. : 2188 ; OELSNER, L. :
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1188,9, 12653, 12755,59, 12969, 259, 261 ; O’HARA, A. : 3970 ; OLLANGIER, A. : 3446, 35 ; O’ROURKE, D. : 29522 ••••• PACK, E. : 80 ; PADE, M. : 29830, 29934,36 ; PAKIS, V. A. : 30726 ; PALAZZO, É. : 19113 ; PANGERL, D. C. : 10880 ; PARISSE, M. : 112100 ; PASCHOUD, F. : 536,7, 5410, 68 ; PASCO, L. : 5519, 63, 64, 65, 66 , 69 ; PATLAGEAN, É. : 18285 ; PATT, S. : 25519 ; PATTERSON, N. : 2188 ; PATZOLD, S. : 20885 ; PAYEN, P. : 29933 ; PERELMAN, F. : 32437 ; PERIAUX, N. : 224, 2245 ; PÉRIN, P. : 73 ; PERKINS, C. A. : 29522 ; PERTZ, G. H. : 44110, 12653, 13078, 152201, 238, 23823, 274, 27417, 278, 279 ; PETIT, C. : 20055 , 20160; PEYRAFORT, M. : 23930 ; PHARR, C. : 75 ; PIELER, P. : 19947, 20052,56,59 ; PIERONI, P. : 20576 ; PITZ, M. : 260 ; PLECHL, H. : 3446 ; POKORNY, R. : 223, 239, 49144, 13183, 137125, 19526,27,28, 19633, 23927, 3155-9, 31610,12,13 ; POLDO D’ALBENAS, J. : 3446, 35 ; PONTAL, O. : 12336 ; POSTE, E. : 10983 ; POULIN, J.-C. : 23929 ; PRADIÉ, P. : 10453 ; PREISERKAPELLER, J. : → MÜLLER ; PRÉVOT, Ch. : 50148 ; PROU, M. : 287 ; PUHL, R. : 260 ••••• RAVOIRE, F. : 255, 25522 ; REIMITZ, H. : 137125, 146164, 147165 ; REMBOLD, I. : 151196,197, 152200, 153204 ; RENOUX, A. : 3972 ; REUTER, T. : 1612 ; REYNOLDS, R. : 319, 320, 321, 32230, 32333 ; REYNOLDS, S. : 1716 ; RICHARD, F. : → DELMAIRE ; RICHARDS, M. P. : 18596,97 ; RIEHLE, A. : → MÜLLER ; RIO, A. : 13392, 243, 24334, 27628 ; RISTUCCIA, N. J. : 333, 33354 ; ROACH, L. : 13, 132 , 1817-19, 47133 ; ROBERTSON, E. W. : 30611 ; ROBINSON, O. F. : 17348 ; ROCHOW, I. : 18698, 29017,18 ; RONCONI, F. : 290 ; ROSTAING, Ch. : 3755 ; ROTH, A. : 17248, 30611 ; ROUCHE, M. : 5512, 12753,
136118, 144152 ; ROUSSEAU, J.-J. : 511 ; RUFFIER, O. : 2527 ; RUINART, Th. : 23 ; RÜPKE, J. : 19947-50, 20266, 21196 ; RUSSELL, D. A. : 6255 ••••• SAAR, S. Chr. : 305, 3055 ; SAGLIO, E. : 13, 133, 14, 145, 35, 37, 3760 ; SAINT-JEAN VITUS, B. : 255, 25520-22 ; SANGIANI, P. : 3970 ; SANTAROSSA, Ch. : 3142 ; SARDOU, A.-L. : 3654 ; SCHAAD, D. : 3865-68 ; SCHAMP, J. : 5835 ; SCHENCKDAVID, J.-L. : 3865-68 ; SCHERER, C. : 20681, 20989, 21091, 21197, 2856 ; SCHERER, G. : 320 ; SCHNEIDER, R. : 6149 ; SCHNORR VON CAROLSFELD, H. : 283, 285, 285 ; SCHOTT, C. : 108-10981 ; SCHOTT, G. : → DANIEL, N. ; SCHRÖRS, H. : 30213 ; SCHULZ, D. : → UBL ; SCHULZE, H. K. : 287 ; SCHWIND, F. : 151197 ; SCOTT, R. : → MANGO ; SEECK, O. : 75, 77, 78, 79, 80, 81, 87, 88 ; SENSÉBY, Ch. : 4079 ; SERNA, V. : 25725 ; SETTIPANI, Chr. : 211, 136119 ; SHAHÎD, I. : 2489 ; SHARPE, R. : 30614 ; SICKEL, W. : 47, 47132, 17038 ; SIEBIGS, G. : 548,9, 65 ; SIERCK, M. : 45112, 9512, 197-198 et notes, 21094, 217 ; SIRKS, B. : 77 ; SOUSTAL, P. : 76 ; SPEIDEL, M. A. : 6151, 6252 ; SPRINGER, M. : 239, 24, 287, 30, 3016,17, 35, 3861, 4183,86, 44110, 45112, 522, 74, 75, 78, 80, 85, 934, 10026, 107, 10773, 10983, 121-122, 12225, 137127, 145154 ; STÄDELE, A. : 3019 ; STEIGER, H. : 227, 2275 ; STENGEL, E. E. : 153212 ; STENTON, F. : 47 ; STENZEL, G. A. H. : 42, 4288 ; STIELDORF, A. : 947, 9723 ; STOCLET, A. J. : 1613, 2532, 49146, 5518, 6253, 9512, 10669, 10777, 10880, 11811, 12020, 158241, 18178, 181-18279, 18385, 19217, 19422,24, 19637, 20369, 23720, 23927,28, 24910, 261 ; STOLZ, M. : 23616 ; STORY, J. : 281, 2814 ••••• TANGL, M. : 19318, → MÜHLBACHER ; TEITLER, H. C. : → DEN BOEFT ; TESSIER, G. : 27624 ; THOMSON, R. : 281 ; TISCHLER,
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M. M. : 2533, 16829, 18698, 280, 281, 283, 285, 2857 ; TOCQUEVILLE, A. de : 50 ; TOLLER, Th. N. : 30719 ; TREHARNE, E. : 6047 ; TREMP, E. : 141142 ; TRUMP, D. : → UBL ; TUFFIN, P. : 29934 ••••• UBL, K. : 16829, 287 ; UDOLPH, J. : 151197 ; UNTERKIRCHER, F. : 283 ••••• VALTORTA, B. : 20473 ; VAN DER WAL, N. : 84 ; VAN KERREBROUCK, P. : 211, 136119 ; VELAY, Ph. : 73 ; VERARDI, A. A. : 1905 ; VEZIN, J. : 273, 27419, 27729, 278 ; VILLA, C. : 29524 ; VISCUSI, V. : 3970 ; VOGEL, C. : 1904, 19112 ; VOGEL, L. : 18074, 18175 ; VOLPE, R. : 72 ; VON ANDRIAN-WERBURG, I. (Freifrau / Baronne) : 23716 ; VON OLBERG, G. : 10777 ; VON SCHWIND, E. : 3059 ; VON SIMSON, B. : 12650,53, 12968, 13183, 142 (rem. 1), 143149, 153209,211, 159245, 280, 281 ••••• WAGNER, N. : 236-23716 ; WAHLGREN, B. M. S. : 65 ; WAITZ, G. : 23, 2311, 41, 4184, 43101, 48-49, 49143, 935, 10026 ; WALDMAN, G. A. : 236-23716 ; WALDOCK, Sh.-A. : 3865 ; WALLACE-HADRILL, J. M. : 5624,
228-233 ; WALLRAFF, M. : 2526 ; WALTER, Chr. : 10982 ; WALTER, H. : 3862 ; WARNTJES, I. : 212104 ; WARTMANN, H. : 115127 ; WATTENBACH, W. : 18698 ; WECKWERTH, A. : 88 ; WEIDEMANN, M. : 2910, 947, 9721,23, 99, 10457, 18177, 23016 ; WEIß, P. : 6252 ; WEISWEILER, H. : 333, 33351 ; WELSER, M. : 33, 3335,37 ; WERNER, K. F. : 49143, 10777, 13286 ; WHITBY, M. et M. : 64, 67 ; WICKHAM, Chr. : 1821 ; WILLIAMSON, C. : 2489, 24911 ; WILLIS, G. G. : 189-192 (notes) , 19527,29, 312, 318 ; WILMART, A. : 320, 321, 32333,35,36 ; WILSDORF, Chr. : 153212, 154217,219 ; WILSON, N. G. : 6255 ; WIRTZ, L. : 145154 ; WOLFRAM, H. : 1187 ; WOLL, I. : 10774-76, 10878 ; WOOD, I. : 3970, 10348 ; WORMALD, P. : 6047, 108-10981, 18487,88, 18596,97 ••••• YARDLEY, J. C. : 12549 ; YARZA URQUIOLA, V. : 17349 ••••• ZECHIEL-ECKES, K. : → MORDEK ; ZEUMER, K. : 13392, 243, 27628 ; ZIMPEL, D. : 327, 329, 32942, 33047
Tables des tableaux
Tableau 1 Tableau 2 Tableau 3 Tableau 4 Tableau 5 Tableau 6 Tableau 7 Tableau 8 Tableau 9 Tableau 10 Tableau 11 Tableau 12 Tableau 13
[Campus Martius dans la toponymie médiévale] 35 [Toponymes supposément dérivés de Campus Martius]35 Inaugurations de princes à l’Hebdomon (364-813) 63 Inaugurations de princes ailleurs qu’à Constantinople avec mention de campus/kampos et/ou tribunal (275-963) 68 Campus Martius et analogues dans des contextes autres que les inaugurations de princes (v. 360-487) 71 1er mars (293-666) 74 1er mai (305-612) 86 [Dates de jour et de mois des diplômes royaux, des actes de Wissembourg et de ceux d’Echternach antérieurs à 814] 95 Diplômes mérovingiens datés du mois de mars 98 Diplômes mérovingiens datés de la 2e moitié du mois de février 100 [Statistiques des diplômes lombards] 111 [Pépin le Bref : années « de repos » et Champs de Mars/Mai] 142 Synopsis des six versions des « Rois fainéants » 291
Hors numérotation [Dates des Quatre-Temps: comparaison des deux systèmes primitifs] [Occurrences de l’adjectif memorabilis, ixe-xive siècle] Statistiques des papes Tableau comparatif [des textes francs, 784 x 813, sur les Quatre-Temps]
191 275 309 317
Table des matières
Introduction13 Prologue. Du Campus Martius au Campus Madius : les témoignages 21 Textes21 Premiers commentaires 23 Chapitre 1. Historiographie 27 1.1. Du Cange 28 1.2. Du Campus Martius en tant que lieu 29 1.2.1. L’ombre de Du Cange 29 1.2.2. Du cœur de la Rome républicaine aux camps militaires de l’Antiquité tardive 30 1.2.3. En province : un mirage de l’historiographie médiévale et moderne ? 31 1.2.4. En province : les « petites images de Rome » 33 1.2.5. En province : l’ancrage fragile de la toponymie 34 1.2.6. L’illusion archéologique 37 1.3. Mars : le dieu, non le mois—Heinrich Ludolf Ahrens 41 1.4. Mars : le mois, non le dieu—Brunner et prédécesseurs 43 1.5. Le moment révolutionnaire : Du Cange (provisoirement) éclipsé 45 Chapitre 2. De l’Antiquité tardive au Haut Moyen Âge 51 2.1. Le Champ de Mars/Mai, de Maximin Daïa à Charlemagne 52 53 2.2. Investitures et Champs de Mars/Mai (ive-viiie siècle) 2.3. Investitures et voitures d’apparat (ive-viiie siècle) : un indice de continuité56 2.4. L’investiture et ses rappels annuels (viie-xie siècle)59 93 Chapitre 3. Les sources juridiques (viie-viiie siècle) 3.1. Monde franc : les actes de la pratique 94 3.1.1. Statistiques 94 3.1.2. La structuration du temps campomartial (i) : l’échelonnement des diplômes 97 3.1.3. La structuration du temps campomartial (ii) : l’échelonnement des tribunaux 100 3.1.4. Le premier mars dans la diplomatique mérovingienne : une date hypersignifiante ? 102 3.2. Lombards et Alamans 105 3.2.1. Les lois 105 3.2.2. Les actes de la pratique 111
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Chapitre 4. Les sources narratives (i) : annales et chroniques 117 4.1. 754/755 117 4.2. Les années soixante (i) : une question d’ancrages 119 4.3. Les années soixante (ii) : une nouvelle vie pour un ancien formulaire120 4.4. Les années soixante (iii) : 767 125 4.5. Les années soixante (iv) : acteurs 131 4.6. Les années soixante-dix 137 4.7. 790 139 4.8. Lieux 144 4.9. Silences (i)147 4.10. Silences (ii)150 4.11. Conclusion 158 Chapitre 5. Les sources narratives (ii) : les rois fainéants 161 5.1. L’assemblée annuelle sous les derniers Mérovingiens : une même réalité, plusieurs noms 161 5.2. L’assemblée annuelle sous les derniers Mérovingiens : une même vignette, plusieurs versions 162 5.3. Annales Mettenses priores, ao 692164 5.4. Une proclamation triple 165 5.5. Parallèles carolingiens 166 5.6. Les Romains, la violence et la discipline militaire 171 5.6.1. Cincius 171 5.6.2. La Lex Julia de vi publica172 5.6.3. L’Antiquité tardive 176 5.6.4. Bilan 179 5.7. Les Annales Mettenses priores étayées : les sources franques antérieures à Charlemagne 179 5.8. Les Annales Mettenses priores étayées : les sources insulaires autour de 700 181 5.9. Conclusion 185 Chapitre 6. Un calendrier contesté ? 189 6.1. La première semaine de mars et les Quatre-Temps 189 6.2. La déposition de Louis le Pieux justifiée (i) : introduction, « premier » chef d’accusation 197 6.2.1. De Louis le Pieux à Pépin le Bref : l’hypothèse Sierck 197 6.2.2. La Relatio Compendiensis198 6.2.3. In coena Domini placitum generale constituit199 6.3. La déposition de Louis le Pieux justifiée (ii) : In diebus quadragesimae expeditionem generalem fieri iussit 202 6.3.1. L’interdiction même : absence de précédents 202 6.3.2. Les sources de l’interdiction 203 6.3.3. Sine ulla utilitate publica aut certa necessitate— l’interdiction relativisée : parallèles et conséquences 206 6.4. La déposition de Louis le Pieux justifiée (iii) : conclusion sur les sources de Relatio Compendiensis, c. 3 208 6.5. Dernières remarques sur la crise du règne de Louis le Pieux 210
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Conclusion215 Annexes Annexe 1. Du Champ de Mars 1094 et de la rencontre entre Guillaume le Roux, roi d’Angleterre, et son frère Robert, duc de Normandie 223 Annexe 2 . Placitum, instituere placitum 227 1. Instituere placitum et analogues chez Frédégaire et dans l’Historia vel gesta Francorum 227 3.18228 4.37229 4.68231 4.85232 4.90232 2. Placitum et analogues dans le Liber Historiae Francorum 233 36233 41234 Annexe 3. 235 a. Les témoins manuscrits du Ma(g)icampus des années 773-781 235 b. Le comput du Codex Guelferbytanus (CG), 2v-3r : aperçu, commentaire, analogues 241 Aperçu241 Commentaire241 Quelques comparanda 242 Annexe 4. Du crime de lèse-majesté 247 Annexe 5. Orléans, castrum Gordinis, Mesves, Nevers, Digoin et le fleuve—la frontière ligérienne à l’époque du roi Pépin 251 1. Orléans 251 1.1. Les textes 251 1.2. L’archéologie 252 2. Gordon (Castrum Gordinis) près Sancerre, Saint-Satur 253 2.1. Les textes 253 2.2. L’archéologie 253 3. Mesves 253 3.1. Les textes 253 3.2. L’archéologie et l’épigraphie 254 4. Nevers 254 4.1. Les textes 254 4.2. L’enceinte, la voie d’Auxerre 254 4.3. Les pertes infligées par Waïfre 255 5. Digoin 256 6. La Loire 256 6.1. Les textes 256 6.2. L’archéologie 257
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Annexe 6. Réunions et assemblées du règne de Pépin (751-768) autres que celles attestées par CF 259 Annexe 7. 263 a. L’assemblée de Paderborn, 785, et ses préparatifs (textes) 263 ARF 263 AqdE 264 AMp 264 b. Velleius Paterculus et les récits de la campagne de 785 266 c. Extraits des Histoires de Quinte-Curce 269 5.6.11-19269 6.2.15-21 et 6.4.1 270 d. Memoratorium ou Instructions pour l’ambassade franque au pape Hadrien de l’an 785 272 Annexe 8. 279 a. Les rois fainéants—textes et traductions 279 Annales Fuldenses 279 Annales Mettenses priores 280 Chronicon Laurissense breve 282 Éginhard, Vita Karoli Magni, 1 285 Erchambert, Breviarium 287 Théophane, Chronographia, A. M. 6216 289 b. Tibulle, Plutarque et les rois fainéants 295 Annexe 9. Sur les capitulaires de Quierzy (857), Coblence (860) et Pîtres (862)301 1. Les sources des citations de Pîtres, c. 4 301 2. Analogues, contexte et filiation 302 Annexe 10. À propos de quelques termes latins et vernaculaires du vocabulaire militaire ou para-militaire 305 1. Collecta(e) et heriszuph/herizup 305 2. Conductio et hereteam 306 Annexe 11. 309 a. Les statistiques des papes 309 b. Textes francs sur les Quatre-Temps (i) : 784-813 314 c. Textes francs sur les Quatre-Temps (ii)318 1. Le De observatione Quattuor Temporum (DOQT)318 1.1. Les témoins manuscrits 318 1.2 La tradition indirecte 321 1.3. Remarques sur la tradition manuscrite 321 1.4. Édition et traduction 324 1.5. Jalons pour un commentaire 329 1.5.1 Comparaison des variantes : quelques enseignements 329 1.5.2 A plurimis quadraginta dies ieiunio mox post Pentecosten celebrantur330 1.5.3 Raban Maur, De institutione clericorum, 2.24 330 2. Le De celebritate Quatuor Temporum332
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Abréviations et sigles 335 Bibliographie339 Manuscrits cités 339 Sources341 Régestes et simil. 357 Travaux357 Index391 Personnes et peuples 391 Lieux404 Mots414 Sources419 Auteurs modernes 430 Tables des tableaux 437 Addenda et corrigenda 445
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Addenda et corrigenda
- Remerciements. Comme ceux d’Autour de Fulrad et de Fils du Martel, la « conversion » des index du présent volume n’aurait pu se faire sans Ann : pendant une bonne semaine, de l’aube à l’aurore, nous avons « traduit », ensemble, les centaines de numéros de page qui forment la substance des index, remplaçant ceux du tapuscrit par ceux des épreuves définitives. En sa compagnie, ce labeur ô combien fastidieux prit presque des allures de fête. - P. 30 et n. 23. Tacite, Annales, 1.15.1-2 (année 14-15 après J.-C., sous le règne de Tibère) : Tum primum e campo comitia ad patres translata sunt : nam ad eam diem, etsi potissima arbitrio principis, quaedam tamen studiis tribuum fiebant. Neque populus ademptum ius questus est nisi inani rumore, et senatus largitionibus ac precibus sordidis exsolutus libens tenuit, moderante Tiberio ne plures quam quattuor candidatos commendaret sine repulsa et ambitu designandos. « Alors, pour la première fois, les comices passèrent du champ de Mars au Sénat ; car jusqu’à cette date les élections les plus importantes avaient beau être laissées au bon plaisir du prince, quelques-unes cependant se faisaient encore par la faveur des tribus. Le peuple, privé de son droit, ne s’en plaignit que par de vains murmures, et d’autre part le Sénat, débarrassé des largesses et des sollicitations dégradantes, l’exerça volontiers, car Tibère se bornait à recommander quatre candidats au plus et il ne restait au Sénat qu’à les désigner sans qu’ils fussent exposés à un échec ni aux hasards de la brigue. » Texte latin : The Annals of Tacitus. I. Books I-VI, éd. H. Furneaux, 2Oxford, 1896 (11883), p. 203-204 (à défaut de l’édition CUFSL, actuellement inaccessible : Tacite, Annales. I. Livres I-III, éd., trad. et comm. P. Wuilleumier, Paris, 1923 [dern. tirage 2013] [CUFSL. 18]). Traduction : Tacite, Œuvres complètes. Préface et nouvelles traductions de Catherine Salles, Paris, 2014 (Robert Laffont. Bouquins), p. 437. - P. 112 et n. 100. Sur les documents de type « pancarte » dans le Haut Moyen Âge (apennis, testatio amissorum instrumentorum), voir Chr. Lauranson-Rosaz et A. Jeannin, « Les résolutions des litiges en justice durant le Haut Moyen Âge : L’exemple de l’apennis à travers les formules, notamment celles d’Auvergne et d’Angers », dans : Le règlement des conflits au Moyen Âge, Angers, 2000 (Actes des congrès de la SHMESP, 31e congrès), p. 21-34, spéc. p. 25-31, « Le renouvellement des actes perdus : l’apennis » ;
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et W. Brown, « When documents are destroyed or lost : lay people and archives in the early Middle Ages », dans Early Medieval Europe, 11/4, 2002, p. 337-366. - P. 128, à propos de Toulouse. J. F. Boyer, Pouvoirs et territoires en Aquitaine du viie au xe siècle. Enquête sur l’administration locale, Stuttgart, 2018 (Hamburger Studien zu Gesellschaften und Kulturen der Vormoderne, 2) soutient que Toulouse ne fit jamais partie de l’Aquitaine, si ce n’est du royaume de ce nom, créé par Charlemagne pour Louis le Pieux, et qu’il en va de même de Bordeaux ou des territoires au sud de la Garonne (voir notam. p. 221-222, 231, 233, et surtout 283-284). À l’inverse, le rôle de Limoges est nettement majoré (p. 211-217) – une révision qui doit tant, semble-t-il, aux preuves historiques qu’au patriotisme local de l’auteur. - P. 165, n. 23. Rapprocher ce passage d’AMp sur « l’agenda de l’année nouvelle » et Hincmar, DOP, 6, cité p. 42, avant l’appel de la note 94. - P. 167, 1e citation, lignes 3-4 : corriger « des saintes églises »> « des saintes églises [lit. « des églises des saints »] ». - P. 169. Lex Baiwariorum, 2.5, et Benoît Lévite, Collectio capitularium, 1. 341, sont cités par M. Czock, « Fortia hostile aliquid praedare – Plünderung, Raub, Diebstahl und die Heeresdisziplin in den süddeutschen leges », dans : R. Keller et L. Sarti (dir.), Pillages, tributs, captifs : Prédation et sociétés de l’Antiquité tardive au haut Moyen Âge / Plünderungen, Tributzahlungen und Gefangennahmen : Die Aneignung von fremden Eigentum von der Spätantike zum frühen Mittelalter, Paris, 2018 (Histoire ancienne et médiévale, 153), p. 103-119, §§ 11 et 12 de l’édition « Accès ouvert », et notes 36 et 41. - P. 181, n. 75. À l’argument de L. Vogel selon lequel seuls des rois (Dagobert Ier, Liutprand) firent des présents comparables à celui dont Arbeo rapporte qu’il fut offert à Corbinien par Pépin II, maire du palais, on opposera le passage suivant, extrait de la Passion de saint Léger d’Autun dite « mixte », que les recherches les plus récentes datent du dernier quart du viie siècle (B. Dumézil [dir.], Le dossier saint Léger, Paris, 2017 [La roue à livres, 77], p. XXXI [date] et 52 [traduction] ; texte latin dans Passio Leudegarii episcopi Augustodunensis I, éd. B. Krusch, MGH SS rer. Merov., 5, Hanovre et Leipzig, 1910, p. 282-322, p. 322) : Matronae vero nobiles vestimentorum ornamenta gestantes, oblatis palleis, velamen ex auro et olesirico et ornamentis offerentes super feretrum martyris, in tantum ut his melior in meritis esse gauderet, qui in honorem martyris prior votum suum Domino obtulisset. « De nobles dames [des environs de Poitiers], qui portaient des vêtements ornés de bijoux, retirèrent leurs manteaux et déposèrent en offrande sur le brancard du martyr [dont la dépouille avait été acheminée depuis le lieu de son supplice, près d’Arras] ce voile d’or, de soie et de bijoux ; la première à offrir au Seigneur son présent en l’honneur du martyr était tout heureuse à l’idée d’être celle qui bénéficierait le plus de ses mérites. »
ad d e nda e t co rri ge nda
On mentionnera également les vela que Rusticiana, femme d’un patrice, présenta à Saint-Pierre de Rome en 601, pour y recouvrir la tombe de l’apôtre (A. J. Stoclet, Fils du Martel, p. 74, n. 28). - P. 181-185. Vu, dans le Times Literary Supplement du 3 juillet 2020, un encart publicitaire de Four Courts Press (Dublin), annonçant la parution de : J. W. Houlihan, Adomnán’s Lex Innocentium and the Laws of War, 240 p. - P. 182-183, n. 85, à propos de Coran, 5.33. Je n’ai pu voir l’énorme somme dirigée par M. A. Amir-Moezzi et G. Dye, Le Coran des historiens, Paris, 2019, l’exemplaire destiné aux collections de l’Université de Toronto ayant disparu sans laisser de traces dès son arrivée, début 2020, et demeurant introuvable, six mois plus tard. - P. 200, « silence des sources franques ». Une exception, mais narrative : Passio Praeiecti epsicopi et martyris Arverni, 24, éd. B. Krusch, MGH SS rer. Merov., 5, Hanovre et Leipzig, 1910, p. 212-248, p. 239-240 (avec commentaire en n. 2, p. 240), trad. Dumézil et al. (comme ci-dessus, addendum relatif à la n. 75, p. 181), p. 68-69 (avec commentaire en n. 238, p. 124, d’après Krusch, mais avec une référence erronée au Code Théodosien : « II, 8, 9 » pour « II, 8, 19 »). La Passio fut composée « très vite après le meurtre [de son sujet], selon toute probabilité sous l’épiscopat d’Avitus (676-690) » (Dumézil et al., p. XXXV). - P. 298, à propos du « contexte primitif », du séjour et de l’assassinat de Constant II à Syracuse. Le souvenir de ces événements devait encore être relativement frais lorsque l’Anglo-Saxon Willibald, proche collaborateur de Boniface, passa par la Sicile et Syracuse lors de son pélerinage en Terre Sainte, daté 721-724 : Hugeburc de Heidenheim, Vita Willibaldi episcopi Eichstetensis, éd. O. Holder-Egger, MGH SS 15/1, Hanovre, 1887, p. 86-106, p. 93, lignes 11 et 25, p. 101, l. 29. À l’aller, il séjourne trois semaines à Catane, où il recueille des témoignages sur l’intervention miraculeuse de sainte Agathe lors des éruptions de l’Etna ; et il se rend sur la tombe de sainte Lucie à Syracuse. Au retour, il effectue le trajet Constantinople-Syracuse en compagnie des envoyés du pape et de l’empereur. Sur le périple de Willibald, voir M. McCormick, Origins of the European Economy. Communications and Commerce ad 300 – 900, Cambridge, 2001, p. 129-134. - P. 322. Ce n’est pas le Grimalt Codex (Saint-Gall, Stiftsbibl., 397 + Vatican, BAV, Reg. lat. 421, fol. 21-25 [sigle V3]) qui contient la Commemoratio genealogiae domni Karoli gloriosissimi imperatoris, mais Saint-Gall, Stiftsbibl. 899 (sigle SG). - À partir du xe siècle, les sources byzantines attestent l’existence d’un petit nombre d’aplèkta, des « camps de rassemblement des troupes » « établis à l’avance dans chaque grand[e circonscription administrative ou] thème [et] répartis en Asie Mineure sur les routes conduisant vers les frontières orientales » ( J.-C. Cheynet, « L’armée et la marine », dans : Id. [dir.], Le Monde byzantin. II. L’Empire byzantin [641-1204], Paris, 2006 [Nouvelle Clio], p. 151-174, p. 167). Cheynet ne dit pas quand ce
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dispositif fut créé, seulement qu’il fut maintenu « jusqu’au xie siècle », voire jusqu’au siècle suivant « sous les Comnènes » (ibid.). J. F. Haldon, Warfare, State and Society in the Byzantine World, 565-1204, Londres, 1999 (réimpr. 2014) (Warfare and History), p. 149-151, le ferait remonter à Constantin V, c’est-à-dire à l’empereur contemporain de Pépin. Ses arguments ne sont pas des plus décisifs : « Il est difficile de dire de quand date l[a] première apparition [des aplèkta], même si l’époque du règne de Constantin V semble la plus probable : Malagina, la plus importante des bases et la plus proche de Constantinople, est mentionnée pour la première fois lorsqu’en 786/787, l’impératrice Irène donne l’ordre aux tagmata de s’y rassembler […]. Stratégiquement situées dans l’optique des expéditions contre les Arabes aux frontières orientale ou méridionale, les autres bases furent probablement établies sous Constantin V dans le cadre d’un plan systématique ; aucune preuve n’atteste leur existence antérieurement à ce règne (bien que Césarée de Cappadoce apparaisse fréquemment et beaucoup plus tôt comme une base majeure). » V. Prigent, « Le stockage du grain dans le monde byzantin (viie-xiie siècle) », dans Mélanges de l’École française de Rome, Moyen Âge, 120-1, 2008, p. 7-37, p. 15-16, « La logistique militaire et le réseau des aplèkta », s’appuie largement sur les travaux de Haldon, mais adopte sur la question qui nous occupe ici une position semblable à celle de Cheynet. Il verse au dossier un élément inédit, susceptible, peut-être, de la faire progresser : les aplèkta, précise-t-il, sont des « camps fortifiés permanents », dont le nom dériverait « du latin applicatum ». Tel quel, ce mot ne figure pas dans TLL, mais on trouve, s. v. « applico », une section qui pourrait convenir : TLL, 2:297:12-47, où les sens « prendre position » (pour une armée), « établir un camp » sont illustrés de nombreux exemples classiques, mais aussi bibliques, ces derniers provenant très majoritairement du premier livre des Maccabées (TLL, 2:297:16-17, 28-29, 38-39, 43-45). Vu l’importance que revêtent les Maccabées dans l’idéologie des empereurs isauriens (M. T. G. Humphreys, Law, p. 127 et 257), ce pourrait être là un très modeste indice en faveur de l’hypothèse Haldon. Quoique leur fonction soit strictement militaire, ces aplèkta ressemblent par certains aspects aux Champs de Mars/Mai francs. La notion de concentration des troupes a été évoquée pour le règne de Pépin (§ 4.5, p. 134), celle d’inspection (Haldon, op. cit., loc. cit. : « Dans tous ces lieux, l’empereur ou le commandant en chef des armées pouvait faire la revue de ses troupes avant de se mettre en campagne ou avant d’engager le combat ») pour celui de Clovis (Introduction, p. 14-15). En revanche, la menace que les armées califales font peser sur Byzance est sans commune mesure avec celle(s) qu’affrontent les Francs, quant à sa durée, son acharnement ou aux effectifs déployés ; aussi est-on en droit de penser que les dispositifs qu’on opposa à l’une et aux autres ne furent pas non plus du même ordre.