Vous etes une deesse... et si c'etait vrai? 9782841974245


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Vous etes une deesse... et si c'etait vrai?
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Marie De 1 c 1 os

Vous êtes une déesse... et si e "était vrai ?

VOUS ETES UNE DEESSE

et si c’était vrai ?

Marie DELCLOS

VOUS ÊTES UNE DÉESSE

et si c’était vrai ?

Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite, ne copie ou toute reproduction par quelque moyen que ce soit constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 et la loi du 3 juillet 1985 $uf la protection des droits d'auteur.

© 2007 Éditions Trajectoire

6, rue Régis - 75006 Paris Tel. 01 42 22 56 84 - Fax : 01 42 22 65 62 Imprimé en France

I.S.B.N. 978-2-84197-424-5

Introduction

Dès les premières civilisations, l’être humain commença à analyser et à classer les forces de la nature, dans son environnement terrestre et céleste. La pluie, le vent, la neige, le tonnerre, les éclairs, la foudre, l’océan, les fleuves paisibles, les marais et les torrents reçurent des noms. Tout comme le chaud, le froid, l’humide le sec.

Tout comme les arbres qui semblent monter jusqu’au ciel et descendre dans les profondeurs de la terre, tout comme l’herbe cette fourrure de la terre. Tout comme les animaux dans leur extrême diversité. Tout comme les humains et leurs manifestations diverses, physiques : souffle, cris, pleurs ; morales : courage, force, franchise ; intellectuelles et manuelles : habileté, ruse, intelligence, ingéniosité.

Puis par analogie il apprit peu à peu à observer, analyser et comparer les forces qui se trouvaient en lui avec celles des divers règnes, animal, végétal et minéral qui se trouvaient dans la nature. Ainsi les pierres furent classées par couleur, par dureté, par utilité. Elles reçurent des noms en rapport avec leurs qualités se rapprochant de celles des humains. Ainsi l’albâtre devint en Mésopotamie un jeune gaillard voué au palais et calcaire blanc intégrité.

Toutes les manifestations de la nature furent répertoriées et symboli­ sées par des divinités et leurs attributs, ce Rirent les premières abstrac-

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dons. Les grands arbres qui semblent monter jusqu’au ciel et descendre dans les profondeurs de la terre devinrent des grands dieux protecteurs et souvent nourriciers. Si les ouragans terrifiants devinrent des démons noirs courant dans le ciel comme des troupeaux d’aurochs, les vents brûlants du désert devinrent le souffle brûlant d’un dragon. Les coulées de lave, des serpents brûlants éjectés par la montagne en colère. Les astres, de grandes divinités dirigeant le monde à partir du ciel. Et, au fur et à mesure que les civilisations se complexifiaient, les divi­ nités devinrent plus nombreuses et se spécialisèrent. Ainsi dès l’aube de l’humanité il y eut des divinités mères puis des divinités symboles de la procréation et de l’accouchement. Il y eut celles de la guerre, celles de l’abondance, de la fertilité, des roseaux ou encore du grain. Lors de l’éclosion des grandes civilisations, lors de l’apparition de l’écriture, il y eut des divinités de l’écriture et de l’astrologie, cette écri­ ture céleste.

Puis l’homme prit peu à peu conscience de ses propres forces et de ses aptitudes.

Il comprit que ces aptitudes étaient diversement réparties au sein d’un groupe et, lorsque la vie en société fut bien établie, il devint nécessaire d’y appliquer des lois. Il y eut alors la Justice, la Vérité et on n’oublia pas la Beauté et leurs dieux. Toutes ces divinités, nous les portons en nous. On pourrait les classer en 12 comme les douze divinités du zodiaque :

- six féminines : Athéna / Minerve pour le Bélier ; Aphrodite / Vénus pour le Taureau ; Déméter / Cérès pour la Vierge ; Artémis / Diane pour le Sagittaire ; Hestia / Vesta pour le Capricorne ; Héra / Junon pour le Verseau pour les déesses ; - six masculines : Apollon pour les Gémeaux ; Hermès / Mercure pour le Cancer ; Zeus / Jupiter pour le Lion ; Héphaïstos / Vulcain pour la Balance ; Poséidon / Neptune pour les Poissons.

On pourrait aussi les classer en 7 comme les divinités des sept planètes ou en 36 comme les 36 décans qui, avec leurs étoiles, forment 36 chan­ delles.

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LES DIVINITÉS FÉMININES METTENT EN ÉVIDENCE DES QUALITÉS ET DES DÉFAUTS À POLARITÉ

OU NUANCE FÉMININE. OU PLUTÔT L’EXPRESSION

FÉMININE DE CES QUALITÉS OU DE CES DÉFAUTS

Mais il y a, c’est l’évidence, des qualités bien spécifiques. Tendresse, douceur, grâce semblent a priori typiquement féminines. En tous cas, c’est ainsi que les hommes aimeraient que cela soit. Et surtout évidem­ ment l’amour inconditionnel pour l’aimé. Ainsi Sati qui se fit brûler par sa propre force yogique pour laver l’affront fait à Shiva son époux.

Ainsi Parvati en qui Sati s’était réincarnée et qui médita durant des milliers d’années pour réveiller l’amour de Shiva perdu dans sa médita­ tion. Ainsi Isis qui partie à la recherche des morceaux de son époux Osiris, les retrouva, les rassembla, lui fabriqua un nouveau membre viril très opératif et le ressuscita.

Il y eut les mères, les éducatrices, qui comme Isis avec Horus surent faire de leurs fils des rois. Il y eut les initiatrices comme Nisaba qui ouvrit l’esprit de Gudéa. Il y eut celles qui, comme Ishtar à Enkidu, enseignè­ rent la volupté aux hommes mal dégrossis. Il y eut celles qui restèrent vierges pour garder le feu de la cité. Qualité sûrement féminine car y eutil des dieux qui restèrent chastes toute leur vie par vœu ? Mais il y eut aussi quand même les savantes, les soignantes, les guerrières et puis celles qui n’aimaient que les femmes. Les plus connues se trouvent en Égypte, en Inde et en Mésopotamie, dans le monde gréco-romain. Mais il y en a eu de très grandes en Scandinavie, en Chine, au Tibet et au Japon. Et on n’oubliera pas la mys­ térieuse déesse de Teotihuacan. Ainsi chaque pays a sa déesse de l’amour mais avec des différences, chacune montrant les différents visages que peut prendre l’amour au féminin.

Les déesses furent nombreuses, il fallu faire un choix. Et comme 22 est un nombre sacré, j’en ai choisi 22.

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LISTE DES 22 DÉESSES Les mésopotamiennes

1 Inanna/Ishtar, la déesse de l’amour libre et de la guerre. 2 Gula, la patronne des médecins. 3 Nisaba, la déesse scribe. Les égyptiennes

4 5 6 7 8

Isis, l’épouse, la mère, la magicienne. Hathor, la déesse de la joie et des plaisirs. Sekhmet, la grande lionne sauvage et guerrière. Bastet, la charmante déesse chatte ou la féminité sereine. Séchât, la déesse de la sagesse, architecte et astronome.

Les indiennes

9 Laksmi, la déesse de la fortune. 10 Sarasvati, la déesse du savoir. 11 Parvati l’amoureuse, la déesse de l’amour mystique. Celles ¿’extrême-Orient

12 Amaterasu, la grande auguste divinité du soleil. 13 Tara/Guan Yin, la déesse de la compassion. La Phrygienne

14 Cybèle, la déesse de la transexualité. Les gréco-romaines

15 16 17 18 19 20

Aphrodite/Vénus, l’insolente déesse de l’amour et de la beauté. Athéna/Minerve, la déesse de l’intelligence, celle qui tient l’égide. Héra/Junon, la déesse du mariage. Arrémis/Diane, la guerrière qui n’aimait que les femmes. Déméter/Cérès Hestia/Vesta, la déesse des vestales.

La nordique

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Freyja, reine des Valkyries, la déesse du savoir

Celle de Teotihuacan

22 La grande déesse masquée, déesse de la nature féconde.

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LES ISHTARU, LES DÉESSES MÉSOPOTAMIENNES

Elles sont parmi les plus anciennes. Inanna (qui deviendra Ishtar à Babylone et finira par désigner le divin au féminin “ishtaru”), Gula et Nisaba sont sumériennes. Elles datent d’une époque où les femmes étaient encore les égales de l’homme. Elles n’étaient pas seulement des mères et des épouses mais aussi des prêtresses, des médecins, des scribes, les savantes de leur temps.

"Où ni poses ton regard, le mort revit, le malade se lève, celui qui errait retrouve son chemin, en voyant ton visage, ô INAN NA, Dame dont le lot est de donner la Vie".

Chapitre 1

Inanna/Ishtar, la déesse de l’amour libre et de la guerre en Mésopotamie. Elle est Bêlet, la Souveraine, la Lampe du Ciel

MYTHOLOGIE

Inanna est la Déesse des déesses, la plus vénérée par les Mésopotamiens à toutes les époques. Son emblème est l’étoile à huit rayons inscrite dans un cercle ; son nombre le 15 (la moitié de celui de son père, le dieu Lune) ; son animal, le Lion. Elle est souvent ailée et entourée d’étoiles, représentée en déesse guerrière, ses deux carquois croisés sur le dos, son épée à son flanc gauche. Elle porte la tiare à cornes, symbole des divinités et se tient debout, un pied posé sur le dos de l’animal. Elle est la fille de Nanna/ Shin, le dieu Lune et de Ningal, l’épouse de Nanna.

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Source : Notre Histoire, >1° 80, “Le Golfe, 5000 ans d’Histoire,

1991.

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Elle esc la jumelle du dieu Utu (Shamash en akkadien, le dieu du Soleil). Qu’il s’agisse d’Inanna la sumérienne ou d’Ishtar son contretype akka­ dien, les Mésopotamiens lui attribuèrent le même idéogramme : la moi­ tié d’une porte en roseaux (ouverture de ces halles de roseaux tressées, telles que l’on trouve encore de nos jours au sud de l’Iraq). Épouse du Ciel, dont elle est la “bien aimée”, sa planète est Vénus

“ Ô ma souveraine lorsque tu te dilates comme le ciel Lorsque tu t’élargis comme la terre Que tu poins comme le soleil En ouvrant tes immenses bras de lumière Que tu circules là-haut diffusant l’épouvante et l’effroi Que de ton éclat aveuglant tu illumines la terre...”

Vénus du matin, elle apparaît provocante, insoumise et guerrière, et prend un caractère mâle : c’est Ishtar, la guerrière.

Vénus de soir, elle attire au crépuscule “les tendresses amoureuses, le désir d’union féconde”, c’est Ishtar, la déesse de l’amour. Son nom INANNA vient de “Nin”, “Dame” et de “Anna”, “du ciel”. AN signifiant “Un”, “Ciel”. Inanna est “la Dame du Ciel”, installée par les trois grands dieux An (Anu en akkadien), Enlil, le dieu de l’atmosphère et Enki (Ea), le dieu des eaux, qui lui ont surélevé entre eux un trône. Elle est la glorieuse Lionne céleste qui soumet les dieux même irrités. Elle est plus puissante que les monarques. Elle tient les rênes de tous les rois.

“Seule Elle est Dame”, nul ne peut rivaliser avec Elle, elle est “la plus haute des déesses”. URUK EST SA CITÉ

Sa ville était Uruk mais son temple E.AN.NA, “Temple du Ciel”, se trouvait dans chaque ville et dans chaque quartier. Son culte existait depuis la plus haute antiquité. Toutes les cérémonies et tous les sacrifices commençaient par elle.

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On la fêtait à chaque Nouvelle Lune. Ainsi, sur une tablette trouvée à Lagash et datant de 2400 avant notre ère, on peut lire que Barag Nam Tar Ra, prêtresse d’IN NA NA, épouse du roi Lugal, An Da, conduit la procession de Girsu à Lagash et de Lagash à Siraran, aux dix-neuf lieux cultuels pour la cérémonie de la Nouvelle Lune qui se termine par un banquet religieux. Mais la plus importante de ces fêtes se situait au Nouvel An, c’est-à-dire à l’équinoxe de printemps. ELLE EST LA DÉESSE DE L’AMOUR

Elle est la séduction même comme nous l’exprime un hymne à Ishtar datant de 1600 avant J.-C. :

“Elle est toute joie, elle est vêtue d'amour Elle est pleine de séduction, de charmes, de volupté... Ses lèvres ont la douceur du miel ; sa bouche c'est la vie. À son aspect les rires s’épanouissent... Elle est somptueusement parée, des joyaux sur sa tête reposent Belles sont ses couleurs ; chatoyants sont ses yeux et brillants...” Enveloppée d’éclairs et de flamboiements, elle apparaît chargée d’un éclat surnaturel, revêtue de sa cape royale et chaussée de sandales brillantes. Elle est la déesse de l’amour charnel et du comportement sexuel, de l’amour libre sous toutes ses formes, même les plus marginales. On dit quelle allume au cœur de toute créature Tardent désir par son “HI li” (faculté de faire jaillir une impulsion d’amour), mais elle n’est pas la patronne, ni la directrice de la fécondité, elle en est l’Inspiratrice. Amoureuse de l’amour, elle s’émerveille devant son propre sexe “si ravissant”.

Sa nature riest donc ni la fidélité, ni le mariage, ni la maternité, mais seu­ lement le plaisir de l’amour. Elle fait payer très cher aussi bien le manque d’enthousiasme à répondre à ses avances, que les plaintes des amants aban­ donnés, ou que l’utilisation de la force envers elle. Tous doivent respecter sa liberté, son bon vouloir, et surtout la toute puissance de l’amour. Le triste sort des amants d’Inanna et de son violeur

Dumuzi (Tammuz), le chéri de son jeune âge, fut puni pour cause d’insouciance devant la disparition de l’aimée. Un nommé Ishullanu fut

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changé en crapaud pour avoir refusé ses avances. Quant à Sukaletuda, qui la posséda sans lui avoir demandé son avis, il fut changé en bestiole microscopique : ayant quitté sa demeure céleste et étant descendue sur la Terre, Inanna s’était endormie dans le premier jardin planté d’un pal­ mier. Sukaletuda, le jardinier (et fils d’Enki) profitant de son sommeil, détacha son pagne protecteur, la baisa et la pénétra. Inanna outragée rem­ plit de sang tous les puits du pays, tous les réservoirs, mais ne réussit pas à retrouver son agresseur. Alors elle déchaîna les tempêtes, mais ne put toujours pas le retrouver. Elle alla trouver Enki et lui demanda de lui livrer, ce qu’il fit. Inanna emmena avec elle le malheureux Sukaletuda, se plaça en travers du firmament et “s’avança, s’avança jusqu’à ce que Sukaletuda le jardinier devienne de plus en plus petit !”. L’ambivalence sexuelle d’Ishtar

S’intéressant toutes les formes de l’amour, Inanna éleva un temple où elle installa un trône pour elle et distribua aux cinèdes des poignards et des épées, des tambourins et des tambours aux invertis et, dit-on, elle y changeait la personnalité des travestis (en efféminant les hommes). ELLE EST AUSSI LA DÉESSE DE LA GUERRE

En tant que telle, elle a mauvais caractère, son humeur est querelleuse et elle suscite la peur.

Plus bruyante “qu’un Taureau, elle fait peur lorsqu’elle déchaîne son tapage !” Elle a des crocs acérés, quelle plante dans le ventre de ses enne­ mis. Elle n’a peur de rien et finit par devenir insupportable. Le dieu Ea/ Enki décida alors d’utiliser les grands moyens : il lui suscita une déesse sosie “Querelle”, irritable, brutale et assassine, une vraie caricature d’elle même et la chargea de l’affronter. Mais Ishtar, en fait, était sage et vaillante. Face à cette caricature excessive, elle fît éclater sa propre supé­ riorité et alla trouver Ea : qu’il fasse disparaître Querelle et en échange elle utilisera désormais son excès de vitalité à valser plutôt qu’à batailler, obtenant une ère de paix. Cela se passait sous le règne d’Hammurabi. Ea exauça Ishtar et, depuis, en souvenir, on institua une valse qui se fêtait chaque année.

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Elle reste toutefois quelque peu extravagante aux yeux des autres dieux. Martiale et agressive, puissante, indépendante, vaillante et hyper active :

“Je célèbre la très haute la plus vaillante de dieux. De la fille de Ningal j’exalte la puissance. Oui d’Ishtar la très haute, la plus vaillante des dieux, la fille de Ningal, Je redis la puissance ! Fameux sont ses exploits, Ses menées sibyllines ; Elle est toujours à guerroyer Et d’une activité déconcertante”. Elle brandit par son manche sacré son arme terrifiante, l’ankara, elle pulvérise les boucliers, ses flèches à longue portée frappent les contrées hostiles. Elle a le pouvoir de lancer les chars à quatre coursiers, d’immo­ biliser au sol les chariots au sextuple équipage. Elle est la Puissante aux sept ME (pouvoirs) : elle réunissait en ses mains tous les pouvoirs connus sous le nom de ME depuis quelle se les était fait octroyer par Enki/Ea. Ces “Me” ou “puissances” concernaient les activités culturelles, sacerdotales et morales de l’Humanité. Inanna Ishtar se fait donner les Pouvoirs par Enki/Ea

Rusée coquine, Ishtar s’était rendue à Eridu auprès d’Enki/Ea. Le dieu, flatté, avait fait préparer pour la déesse à la table sacrée toutes sortes de pâtisseries au beurre et de quoi boire à satiété. Aussi, dès l’arrivée de la déesse, tous deux se mirent à entonner de la bière et à lamper du vin dans leurs gobelets pleins à verser. Euphorique, Enki donna alors tous les pou­ voirs à Inanna : l’Auguste sceptre, le Bâton de commandement, le Noble manteau, le Poignard et la matraque, l’Habit noir, l’Habit polychrome, la Perruque de cheveux noués sur la nuque, l’Étendard, le Carquois, l’Éro­ tisme, le Baiser amoureux, la Prostitution, le Franc-Parler, l’Hypocrisie, la Flatterie, l’État d’oblate, l’Art du chant, l’Autorité militaire, la Rouerie, la Rébellion, la Prospérité, la Circulation, les Techniques du Bois, du Métal, de l’Écriture, de la Fonderie, du Cuir, des Étoffes, de l’Architecture et de la Vannerie, l’Intelligence, le Savoir-faire, les Saintes Ablutions, l’Art du Feu, l’Art de Juger, de Conseiller et d’Apaiser, la Richesse, le Pastorat, la Royauté, la Sainte Taverne et la Parole sans rivale.

Ishtar Inanna s’empressa alors d’entasser tous ces pouvoirs dans son bateau céleste et démarra du quai sans attendre. Quand Enki eut cuvé sa bière, il était trop tard. Malgré ses six tentatives pour reprendre le vais-

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seau, Ishtar ramena le bateau chez elle à Uruk. Enki, résigné, lui laissa les pouvoirs. Ishtar, grâce à ces présents, éleva le niveau culturel d’Uruk jusqu’à celui d’Éridu. L’INITIÉE : INANNA/ISHTAR, LA SEULE DIVINITÉ

MÉSOPOTAMIENNE QUI FUT RÉELLEMENT MORTE ET RESSUSCITÉE La descente aux enfers

Un jour Inanna, la souveraine du “Grand Royaume d’En Haut” décida de partir pour l’Enfer, pour le monde d’En Bas, “Le Pays sans retour” où régnait Ereshkigal, sa sœur et ennemie jurée. Avant de des­ cendre aux Enfers, elle attacha ses Me. Ils représentent les sept Qualités (Sphères), divines par les sept temples quelle habite sous sept formes dif­ férentes dans sept villes différentes (Uruk, Bad Tibiru, Zabad, Adab, Nippur, Kish et Agadé) symbolisées par sept objets talismaniques (dont il existe des variantes suivant les textes) : 1 Le Turban, Couronne de la steppe sur sa tête ; 2 Le Module de lazulite au front ; 3 Le Collier de lazulite au cou ; 4 Les Perles couplées sur sa gorge (un collier de perles) ; 5 Les Bracelets d’or aux poignets ; 6 Le Cache seins sur la poitrine ; 7 Le Vêtement de pudeur. Ce faisant, elle passe par les sept portes successives des remparts concentriques qui défendent le palais des dieux infernaux. Selon “les rites du monde d’en bas”, on lui enlève à chaque porte un de ses ME placés sur ses cakras. Elle arrive ainsi, dénuée de tout pouvoir, devant sa sœur et les sept juges des Enfers, les Anunna, qui la tuent. Inanna est changée en cadavre que l’on suspend à un clou. Elle y restera trois jours et trois nuits. Mais Inanna avait prévenu son assistante, lui demandant de faire appel à Enki en cas de problème. Enki réussit à faire boire et manger à Inanna l’Eau et le Pain de Vie qui ressuscite. Elle put alors remonter des Enfers, retrouvant ses Me un par un mais à condition d’y laisser un substitut. Inanna refusa de donner en échange de sa personne son assistante, encore moins son manucure, son coiffeur ou son capitaine.

Elle sacrifia Dumuzi, son premier amour, son amant, car il avait man­ qué gravement à l’amour : la déesse sortie des enfers l’avait trouvé insou-

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ciant comme si rien ne s’était passé, n’ayant même pas cherché à savoir ce quelle était devenue. Munie de ces Me retrouvés, Inanna possédait de nombreuses compétences. On comprendra que les prêtresses d’Ishtar, que les sumérologues appellent “courtisanes” faute d’un mot approprié, ne se contentaient pas de faire le commerce de leur chair. On pourrait les comparer aux geishas japonaises cultivées, instruites, sophistiquées et hautement civilisées.

C’est ainsi que dans l’épopée de Gigalmesh on peut voir la brute Enkidu, jeune sauvageon vivant avec les animaux, se transformer en homme civilisé grâce à l’initiation sexuelle que lui donne une prêtresse d’Ishtar qui desservait le temple d’Uruk. L’initiation sexuelle fit perdre à Enkidu sa vigueur animale mais le fit accéder à la vie civilisée. Il devint un homo sapiens tandis que la harde qui l’accompagnait s’éloignait de lui : u il avait acquis la raison, il déployait l’intelligence. Il revint s’asseoir aux pieds de la courtisane, il se mit à contempler le visage de la courtisane et ce que disait la courtisane ses oreilles le comprenaient'. On ne sait malheureusement pas ce que lui disait la “courtisane”, mais l’enseignement fut efficace car Enkidu devint alors semblable à un dieu et partit alors avec elle vers le temple d’Anu et d’Ishtar où demeurait Gilgamesh. LA FÊTE DU NOUVEL AN À L’ÉQUINOXE DE PRINTEMPS

RAPPELAIT LE MYTHE ET SON SYMBOLISME

Cette fête se déroulait en trois étapes : la Descente aux enfers d’Inanna, son retour avec le Vase jaillissant, l’hiérogamie ou mariage sacré, la Délivrance du Soleil. Ce mariage sacré était reproduit par le roi prêtre et une prêtresse d’Inanna dans la chambre hiérogamique au septième étage de la ziggourat. De même, avant de monter sur le trône, le roi d’Ur se rendait dans la ville d’Uruk consacrée à Inanna Ishtar, afin de s’unir rituellement à une oblate d’Inanna (une prostituée sacrée). La représentante d’Inanna, la prêtresse Lukur (adepte du culte d’Inanna), testait en quelque sorte les pouvoirs virils du roi. L’union, effectuée correctement, enclenchait, par la vertu magique du rite, la fertilité de tout le royaume.

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LES INANNA D’AUJOURD’HUI : LES PRÊTRESSES DE L’AMOUR LIBRE

Qui de nous n’a pas souhaité être libre, remplie d’énergie et sachant se battre le cas échéant, libre de suivre sans complexe les pulsions de notre sexualité, de l’assumer sans complexe ? N’avons-nous pas tous en nous - que nous soyons homme ou femme d’ailleurs - cette nature féminine exigeante et capable de mettre en valeur tout notre pouvoir de séduction ? Ah si nous osions. Si nous pouvions...

Mais pourrions-nous assumer la face sombre de la déesse ? La répro­ bation des bourgeois embourbés dans le qu’en dira-t-on ? Ou pire... Plaçons-nous la barre si haut que nous ne soyons plus capable de nous contenter d’un bonheur paisible à deux mais sans extase ? Que nous devenions incapables de supporter un partenaire pas toujours au mieux de sa forme amoureuse ? Ou pire, pas toujours attentif envers nous ? Pensons-nous comme Inanna que le mal absolu est de ne pas savoir aimer, et nous ne parlons pas d’amour platonique.

Sommes-nous si tournées vers notre désir de séduire et d’aimer que nous devenions parfois aveugles parfois au chagrin que nous avons pu causer ? Sommes-nous devenues exigeantes, jalouses, possessives, mais nous octroyant le droit d’être infidèles ? Mais, tout comme Ishtar contemplant son reflet “Querelle”, nous sommes capables parfois de reconnaître notre côté excessif et de mettre un peu d’eau dans notre vin, même si cela se changera pas grand chose. Sommes-nous prêtes à être incomprises, blessées, insultées par les bien pensants comme le fut Ishtar par le héros Gilgamesh, prince d’Uruk, cité de la Déesse, et qui la refusa en termes blessants : “ Viens Gilgamesh”, lui dit la déesse, “sois mon bien aimé laisse moi te réjouir du fruit de ton corps sois mon époux et je serai ton épouse”. Le héros se mit à l’abreuver d’injures et à lui reprocher ses nombreux amants que, d’après lui, elle n’avait pas

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su aimer “tu es un palais qui extermine les héros ; tu es du bitume qui souille celui qui le touche, tu es une outre qui inonde son porteur, lui répondit-il grossièrement. Il fut cruellement puni : Inanna provoqua la mort de son ami ainsi que sa quête inutile de l’immortalité. Ishtar fut en fureur, elle monta au ciel et pleura devant son père. Celui-ci lui répliqua quelle l’avait bien cherché. Mais la déesse ne reconnu pas ses torts, et ne songea plus qu’à tuer Gilgamesh Ainsi ceux quelle aime ont un destin funeste. Elle ne porte pas chance et finalement sa vie amoureuse n’est ni tranquille, ni heureuse. Elle doit s’attendre à ne pas être considérée comme quelqu’un de très recomman­ dable et même parfois traitée par le mépris.

Pourtant Inanna nous paraît bien proche. Inanna est une femme libre. Ne sommes-nous pas tentées de réveiller l’Inanna qui sommeille en nous ? Certaines l’ont fait. Elles ne vivent quasiment que pour l’amour. Elle ne veulent ni mariage ni contrainte. Une seule obligation aimer, séduire, être belle. Vivre des nuits d’amour exaltantes. Alors on la trouve facile, portée aux aventures, lascive, versatile. C’est que ce n’est ni la paix, ni la tranquillité, ni le confort bourgeois que recherche la déesse qui s’est éveillée en nous.

Inanna recherche le plaisir, l’attirance sexuelle qui n’est pas éternelle et change donc de partenaire. Elle ne peut vivre que des joies intenses mais éphémères. Sa souffrance devant un refus est grande tout comme sa fureur. De plus, elle n’est pas toujours respectée par le sexe opposé et se trouve la proie à la fois des violeurs et de ceux qui lui reprochent son inconstance. Par ailleurs Inanna est une artiste, bien souvent une danseuse. Elle devient souvent une vedette, une vraie déesse en somme, dont le rayonnement rejaillit sur son pays.

On pense à Marylin Monroe qui aima le président Kennedy. Elle ne lui jeta pas une malédiction comme Ishtar le fit pour Gilgamesh, mais il n’empêche, il fut assassiné. Comme Ishtar, elle n’eut pas d’enfant. On pense à Brigitte Bardot montant les marches du palais du festival de Cannes. Elle eut un fils, mais lorsqu’il était petit, elle n’avait pas la fibre maternelle.

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Mais sous ses dehors de femme fatale, Inanna est bien autre chose : lucide, sachant se reconnaître dans le miroir qu’on lui tend. Surtout elle a besoin de connaissance. Elle s’intéresse à l’au-delà, à la vie après la mort. En fait, les Inanna sont à la recherche de l’Absolu quelles espèrent trouver au fond des enfers de l’amour.

Cette face, Inanna cachée en nous, n’est pas facile à mettre en lumière. Par ailleurs Ishtar, on l’a vu, a dérobé à Enki les décrets divins et grâce à ce butin quelle a rapporté dans sa ville, a fait de cette dernière la pre­ mière du monde. Ainsi si Ishtar se réveille en nous, ce n’est pas uniquement dans l’amour. Charnelle et passionnée, nous pouvons nous manifester en tant que citoyennes aimant notre cité ou notre pays et nous sommes capables d’une manière ou d’une autre d’en rehausser l’éclat.

Nous pouvons aussi manifester la déesse en nous par toute sortes de talents car Ishtar les a tous rapportés dans sa ville : vous pouvez en fait tout faire, tout réussir, devenir brillante avocate, gestionnaire hors pair, entrepreneur, directrice de mode, diva, danseuse étoile, reine de beauté ou reine tout court et gagner beaucoup d’argent dans n’importe quel commerce...

Bonnes vivantes, nous savons boire mais sans nous laisser aller à l’ivresse. Nous buvons en société mais laissons les autres s’enivrer tandis que nous gardons notre sang-froid et tout cela sans que personne ne s’en rende compte. Auprès de nous, les plus rustres se civilisent.

Tout comme la courtisane dont Ishtar est la patronne sut faire du sau­ vage Enkidu qui deviendra l’ami de Gilgamesh un homme civilisé. Car telle est la leçon d’Ishtar.

L’homme qui a vécu les raffinements de l’amour n’est plus une bête, il possède la sagesse et est devenu comme un dieu. Car c’est pour les Ishtar d’aujourd’hui que les hommes se rasent, se coiffent, se lavent, se parfument, s’habillent avec élégance et parlent avec courtoisie. C’est pour elles qu’ils mangent des mets délicats, qu’ils se tiennent à table correcte­ ment ; c’est pour elles qu’ils boivent des boissons fortes qui libèrent l’esprit ; c’est pour elles qu’ils se font courageux et se rendent dans les

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temples. Mais évidemment c’est aussi pour elles qu’ils donnent tous leurs trésors. C’est pour elles aussi qu’ils se battent

On peut penser aussi que, tout comme Ishtar et ses prêtresses, si vous êtes dans une phase Ishtar, vous savez tirer une philosophie, voire vous rapprocher des déesses hindoues et de leurs pratiques du yoga tantrique.

Ishtar est une initiée. Grandes, sportives adeptes des arts martiaux, certaines Ishtar font penser à ces actrices qui dans leurs rôles sont à la fois sexy et guerrières. On pense par exemple à l’héroïne de Kill Bill interprétée par Uma Thurman. Féminines par leur côté sexy et leur grâce aux formes bien établies, masculines par leur comportement guerrier qui n’a rien à envier aux plus féroces car Ishtar Vénus du soir est masculine

Si vous êtes Ishtar, si Ishtar s’est éveillée en vous, vous assumez parfai­ tement les deux polarités féminine et masculine. Bien fou celui doréna­ vant qui tentera de vous attaquer tard le soir dans votre parking. Mais, en fait, il est rare de nos jours d’être Inanna à plein temps. Mais nous pouvons passer au moins une fois dans notre vie par une période Inanna pour ne pas avoir de regrets...

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"Pour Gula, kl Darne d'Isin, Sa Dame Kurigalzu, le roi puissant, roi de Sumer et d’Akkad a construit et restauré à son emplacement l'Egalmah, l’ancien temple si longtemps resté en ruines” (inscription d’Isin).

Chapitre 2

Gula/Bau, la déesse de la guérison et des médecins en Mésopotamie antique MYTHOLOGIE

Gula, fille d’An, le dieu du ciel, avait pour époux Pabilsag (Le Grand Protecteur). Celui-ci ayant été assimilé à Ninurta (fils d’Enlil et dieuSouffle de Nippur) Gula finit par être identi­ fiée à l’épouse de celui-ci, Bau. Elle avait deux fils, dieux-guérisseurs eux aussi, Ninazu et Dabu. Sa représentation

Comme toutes les divinités, Gula porte la tiare à cornes. Son animal-symbole était le chien. De ce fait, on avait souvent des sta­ tuettes de chien comme amulettes pour gué­ rir ou se protéger de maladies. Pour cette rai­ son les chiens après leur mort bénéficiaient d’une sépulture (plus tard chez les Grecs, on retrouvera le chien associé au patron des médecins Asclépios).

Sur le kudurru (borne de pierre) ci-contre,

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Gula représentée sur tin kudurru avec son chien. Source : Dossiers Histoire et Archéologie, na 103, mars 1986.

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on voit l’avant-train du chien (un molosse) assis aux pieds de la déesse et le scorpion (animal d’Ishtar et dont elle guérit les blessures) juste au-des­ sus du chien. On voit aussi le sceptre à deux têtes de lion (au-dessus du scorpion), symbole de Ninurta son époux ainsi que la lampe du dieu Nusku (dieu associé au feu et à la lumière que l’on l’invoquait lors des incantations magiques nécessaires à la guérison).

Il semble que Gula soit associée à la planète Mercure. Gula était par ailleurs l’une des seules déesses à ne pas avoir été “absor­ bée” au fil des siècles par Ishtar, ce qui montre son importance. GULA EST LA DÉESSE DE LA GUÉRISON

Elle connaît les vertus des plantes, des pierres, de l’eau. Elle connaît les rites. Elle est savante et magicienne. Elle est médecin, accoucheuse, psychiatre et exorciste. “Si un homme a pris du vin trop fort, si sa tête est troublée, s’il oublie ses mots et que ses paroles deviennent confuses, si sa pen­ sée vagabonde... prends (suivent onze drogues) mêle les avec de l’huile et du vin à l’approche de la déesse Gula (le soir Mercure du soir apparaissant à intervalles réguliers après le coucher du soleil) ; au matin avant le lever du soleil... qu’il prenne la potion et il guérira . Elle est la “Dame qui fait revivre les morts” (les mourants). Ses fidèles la saluent : “À toi l’incanta­

tion de la vie à toi la salive de la vie”. Les soignants étaient en ces temps lointains surtout des femmes, des prêtresses vouées à leur déesse. Formées dans le temple, elles y étaient d’abord initiées, puis ordonnées, assermentées. L’idéogramme “Nin” (féminin représenté par un triangle pubien voilé) était employé abondamment dans les textes à propos des soins de l’âme et du corps, soins dans lesquels interviennent la tendresse du cœur, la bonté, la discrétion, la compassion, la dévotion. C’est que, depuis tou­ jours, les femmes se chargeaient d’accoucher, de nourrir, de soigner les jeunes et les vieux, de transmettre la tradition, d’accompagner les malades, les veiller, les pleurer, les enterrer, fleurir leurs tombes ou prier pour eux.

Gula/ Bau était donc la grande guérisseuse, génératrice et protectrice de la vie. Ses temples pouvaient servir de lieux de traitement.

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SA CITÉ, ISIN, ÉTAIT UN CENTRE DE FORMATION

DE MÉDECINS RÉPUTÉ. GULA Y ÉTAIT LA DAME D’ISIN

Son temple principal, Xé-gal-mah, (la “Grande Maison”, autrement dit le Temple), était situé dans cette ville, ce qui explique le grand nombre de tombes de chiens qui furent trouvées à quelques 180 mètres du temple, ainsi que de nombreuses figurines de cet animal ou encore l’ex-voto trouvé dans le temple : la figurine d’un homme à genoux, sa main gauche touchant le bas du dos exprimant, pense-t-on (Dossiers Histoire et Archéologie, N° 103, mars 1986), sa reconnaissance d’un homme délivré du mal dont il souffrait à l’endroit indiqué par sa main.

En dehors de la cité d’Isin, elle disposait de temples partout en Mésopotamie, preuve quelle bénéficiait d’une grande popularité. En particulier à Nippur qui fut à la fois une ville religieuse majeure et le centre culturel du pays de Sumer et d’Akkad. Cette cité possédait un vaste complexe qui lui était dédié.

Dans les autres villes, le temple de Gula était situé au sud de l’Esagil ou temple de Marduk. Ces deux temples avaient à peu près la même configuration que celui d’Ishtar. Et Ninurta, son époux, fils d’Enlil, avait sa chapelle dans son temple. L’enseignement médical était prodigué dans les écoles des temples, car la médecine avait une base théologique. Après avoir achevé sa formation de scribe de base, l’étudiant pouvait entreprendre ses études, pour parvenir ensuite au rang de médecin prati­ quant. Il étudiait les maladies sur des tablettes où étaient relevés leurs symptômes, et la manière de les guérir si cela était possible. La médecine était étroitement liée à la magie en particulier aux exorcismes. Les rituels d’exorcisme étaient notés dans certains textes, faisant une sorte de “compte-rendu” de la cérémonie. Mais il existait aussi des manuels, dont un seul a été retrouvé. On y trouve tout ce que doit savoir un exorciste, tous les rituels envisagés selon tous les types de symptômes et de péchés connus, le tout divisé en 80 ouvrages, classés selon divers thèmes. Les traités de médecine mélangeaient les rituels fait d’incantations, se rap­ prochant de l’exorcisme, et les prescriptions s’apparentant à la médecine scientifique, ce qui peut laisser à penser que les asû (les médecins) et les

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âshiptt (les exorcistes) pouvaient travailler de concert, voire même n’être en fait qu’une seule et même personne dans certains cas.

La religion tenait une telle place dans la culture mésopotamienne que les textes médicaux mélangent magie, divination et technique médicale au sens où on l’entend aujourd’hui. Les incantations servaient à renfor­ cer l’efficacité du remède. L’explication du mal

Pour les Mésopotamiens, la maladie était une malédiction envoyée par les dieux. Ceux-ci, maîtres de tous les hommes, lorsqu’il étaient insatis­ faits par le comportement de certains d’entre eux, les punissaient en envoyant des “démons” qui les rendaient malades, ou bien ils se char­ geaient eux-mêmes de la tâche. Certaines maladies étaient ainsi appelées “Main [du dieu]“.

On considérait que la victime avait commis un manquement, un péché qui avait heurté les dieux, les avait blessés. Il les avait déshonorés, eux et leur morale, par ses actes, et il en payait le prix. Ainsi, selon la faute commise, le châtiment (la maladie) était plus ou moins grave. C’est la raison pour laquelle on distinguait deux types de médecins : - A ZU le Médecin

“A” signifie l’eau (primordiale), la semence, donc l’origine et “ZU” est la “Connaissance”. Les apprentis médecins commençaient à apprendre leur art dans les écoles de scribes, dans des classes spécifiques. Ces écoles se situaient à l’intérieur des temples et, après avoir étudié la phytothéra­ pie, l’anatomie et la pharmacopée, ils étudiaient les traités médicaux de diagnostics et pronostics.

Ils étaient capables de déceler un nombre considérable de maladies et savaient guérir les maladies les plus “simples”, ordonnant des traitements spéciaux, ou un arrêt du travail pour permettre au patient de retrouver la forme. Leur niveau de connaissances en fait était à peu près l’équivalent de celui qu’il y avait en Europe il y a quelques siècles. • La pharmacologie : Les médicaments, comme de nos jours se pré­

sentaient sous des formes diverses : lotions, onguents, sirops, pommades,

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cataplasmes, drogues, suppositoires, inhalations. On savait recommander des régimes alimentaires. Les plantes étaient largement utilisées comme le thym, la myrrhe, le pavot, les dattes, les figues, les résines, les épices ; mais aussi des éléments minéraux, comme le sel ou le salpêtre, des élé­ ments animaux comme le lait ou les écailles de tortue et diverses prépa­ rations à base de bière, de moutarde, d’huile. • La chirurgie : les médecins guérissaient les fractures, les luxations.

Ils pratiquaient certaines interventions chirurgicales, comme drainer du pus hors de la plèvre, extraire tout type d’abcès, et même des opérations sur les “maladies de la tête” puisque l’on a retrouvé des traces de trépa­ nation datant du Ier millénaire avant notre ère. À la fin des opérations, on continuait de suivre le patient et l’on savait faire face aux risques d’in­ fections grâce à l’utilisation d’huiles qui faisaient office d’agents anti-bactériels. • L’ophtalmologie : On connaissait les conjonctivites, mais aussi cer­

tains problèmes de vision, comme la cécité passagère, la vue trouble ou les éblouissements. • Les épidémies : On les appelait Ukultu (manducations) et les dieux étaient supposés en être les instigateurs, notamment Nergal, le dieu des Enfers, toujours prêt à augmenter le nombre de ses “sujets”. C’était donc une malédiction qu’il ne fallait pas répandre dans la population. C’est pour cette raison que les malades étaient isolés, et l’on évitait ainsi une propagation de la maladie. • La psychiatrie : La dépression et l’anxiété étaient pris en considéra­

tion. Enfin on avait des notions de chronobiologie.

On savait soigner les douleurs. On utilisait le pavot à opium, la jusquiame (plante du cœur) ou la belladone pouvant apporter quelque sou­ lagement au malade. Les prêtres médecins, semble-t-il, se transmettaient leurs connaissances, la profession de médecine étant probablement héré­ ditaire.

Ils étaient initiés aux sciences secrètes, comme l’interprétation des rêves, des couleurs, des taches d’huile sur l’eau ou comme la pratique de l’hépatoscopie.

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On les appelait alors aussi BARU ce qui signifie Devin ou encore SHITA ce qui signifie “celui qui annule les mauvais sorts” ou encore ABGAL “celui qui connaît le secret”.

Les asû, qui exerçaient la médecine comme on l’entend aujourd’hui, c’est-à-dire basée sur l’empirisme, étaient aussi appelés “physiciens”, par opposition avec ïâshiptc, l’exorciste ou expert en magie. Mais dans certains textes, les asû apparaissent aidés par un barû pour effectuer le diagnostic. La médecine en fait n’était jamais détachée de la religion. - L’âshipu, l’exorciste, un prêtre qui sera chargé de guérir le malade

Il devait d’abord définir la nature du mal, pour trouver le responsable de la maladie, mais cette tâche pouvait aussi être dévolue au devin, le barû. Après cela, il devait purifier l’âme du pécheur, procédant pour cela à des incantations, voire à des sacrifices, pour exorciser le mal. Le rôle de l’âshipu était de réconcilier le malade et le dieu courroucé ou d’expulser le démon responsable du mal. Il existait des amulettes qui avaient pour but soit d’éloigner le mal, soit de le conjurer. En plus d’être un exorciste, l’âshipu était un prêtre. Il avait pour cela reçu un enseignement spéci­ fique, et possédait une formation très élaborée qui lui avait été fournie par des formateurs exerçant cette même profession, issue d’une longue tradition, ainsi que par des traités d’exorcisme. Le métier d’exorciste était donc très complexe et requérait d’importantes connaissances, aussi bien dans le domaine religieux, exorcistique, et même médical, ainsi que dans la divination. Sans oublier qu’il était confronté à des forces surnaturelles, et devait traiter avec les dieux eux-mêmes. L’exorcisme se déroulait dans un lieu particulier, à un moment précis et devait durer un certain temps. Tous ces facteurs étaient déterminés divinatoirement. Au cours du rituel, il fallait en appeler aux dieux pour chasser les démons. Une prière était donc adressée à l’un d’entre eux, et répétée plu­ sieurs fois, pour insister auprès de la divinité, en même temps que l’âshipu accomplissait un rituel précis, faisant des offrandes précises au dieu, tout en l’exhortant de pardonner le pécheur. On faisait aussi appel à Ea et à Marduk, les dieux-patrons de l’exorcisme, pour s’assurer de la réussite de l’entreprise.

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Un exemple amusant concernant l’extraction du nerf d’une dent montre comment on alliait la technique de l’extraction avec l’exor­

cisme :

Le nerf d’une dent était considéré comme un “ver”. Après une incan­ tation “De la ¿lent je veux sucer le sang et ¿le la gencive je veux sucer les racines1, on offrait au ver des friandises qu’il refusait. Le médecin exor­ ciste ensuite opérait : “En enfonçant l’aiguille (dans la dent creiise) saisis le pied du ver et dis ces paroles en enlevant le ver : Pour avoir dit cela, ô ver quEa te punisse de ses puissantes mains“. Puis vient le traitement : “Tu mêleras ensemble de la bière ...du (intraduisible) ...et de l’huile tu pronon­ ceras là dessus 3 fois l’incantation... et tu poseras cela sur la dent' (Marguerite Ruten La science des Chaldéens). La loi et la médecine

Le “Code” d’Hammurabi comporte quelques lois régissant la méde­ cine. Le médecin qui avait échoué lors d’une opération sur un homme libre risquait de gros problèmes. Il pouvait ainsi, en fonction de “l’erreur” (et ce n’en était pas forcément une au sens où nous l’entendons) commise, se voir amputé d’un bras ou deux, voire perdre un œil. Par contre si le patient était une personne de classe inférieure, ou bien un esclave, un dédommagement suffisait. Enfin rien n’était laissé au hasard : comme de nos jours la Sécurité Sociale, le Code fixait aussi le salaire du médecin en fonction du service rendu. LE CHIEN DE GULA

Le chien avait un rôle purificateur. Il était magnifié au Proche-Orient ancien et jouait un rôle symbolique et cultuel. On a retrouvé des figurines de chiens en Mésopotamie et en Anatolie. Si les molosses étaient utilisés pour éloigner les prédateurs des activités humaines, sur le plan symbolique, on les modelait pour tenir à distance des mauvais esprits durant la nuit. Mais évidemment, ce n’est pas tout :

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les excréments blancs des chiens que l’on avait nourris pendant plusieurs jours uniquement avec des os étaient utilisés dans l’antiquité et en Occident jusqu’au Moyen Age pour lutter contre toutes sortes de mala­ dies comme pour guérir les dysenteries ou pour lutter contre la décalcifi­ cation. Il fallait les recueillir évidemment durant la canicule.

Un texte du Grand Albert (XIIe siècle ; il eut comme élève Thomas d’Aquin) sur l’utilisation des fientes explique en citant le médecin grec Galien (IIe siècle) comment fabriquer des médicament avec des excré­ ments de chien séchés et stérilisés (avec des cailloux brûlants) pilés aux­ quels on ajoute du miel ou autre chose. On appelait cette médecine “album graecum”, u le blanc grec”. On utilisa cette médecine jusqu’au XVIIe siècle. Elle provenait des Arabes qui la tenaient des Grecs et leur origine se trouvait fort probable­ ment dans l’antique Chaldée. Gula était aussi probablement une guerrière

En témoigne un texte égyptien (entre 1892 et 1600 av. notre ère)

uJe veux chanter ta gloire, je veux magnifier ta seigneurie,

Je veux exalter ta divinité, je veux glorifier tes actes guerriers ; Gula je veux chanter ta gloire je veux magnifier ta seigneurie ;

Je veux exalter ta divinité, je veux glorifier tes actes guerriers ;

Aux têtes noires, autant qu’ily en a, je veux proclamer ton nom. À toutes les contrées tu donnes ta fite, tu fais vivre leurs corps ; Gula grande doctoresse ton égal n’existe pas ;

Grandes sont tes fonctions.

Dans tous les lieux saintsje veux glorifier ta seigneurie, je veux exalter ton nom”. C’est que les molosses du Moyen-Orient très puissants étaient utilisés de nombreuses manières, non seulement pour garder les troupeaux ou pour la chasse (chasse au taureau, au sanglier et même chasse au lion) mais également pour la guerre tout comme d’ailleurs en Égypte.

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LA DÉESSE EN NOUS GULA LA COMPATISSANTE ET LA LUTTEUSE

Gula est un personnage relativement facile à éveiller en nous. D’abord Gula a sur le plan affectif une vie “normale”.

Elle a un mari, dont les qualités sont complémentaires des siennes, il est le souffle et Gula sauve les corps et les âmes. Elle a deux enfants quelle a élevés correctement et à qui elle a transmis - au moins en partie - son savoir et ses valeurs. Elle possède des qualités que l’on a l’habitude de considérer comme bien féminines : tendresse, bonté, discrétion, compas­ sion. À tel point que sa profession est un vrai sacerdoce, au moins une vocation. Mais, tout comme Ishtar, la déesse de l’amour, elle a aussi des quali­ tés guerrières, des qualités mâles. On peut penser cependant que Gula, déesse de la guerre et médecin, en fait, accompagnait les armées et s’oc­ cupait de soigner les blessés. Le cas échéant, elle n’hésitait pas à donner un coup de main, aidée de ses molosses quelle emmenait tenus en laisse. Elle fait penser aux médecins militaires d’aujourd’hui, qui, suivant les troupes et prenant des risques, sauvent des vies au milieu des combats, mais savent aussi se défendre et ont pour cela suivi un entraînement de tir ou de close combat. Gula en effet n’a pas d’arme en dehors de son chien qui lui sert sur­ tout de protection, mais cela ne l’empêche pas d’être une guerrière face à la maladie. Le courage, le sang froid faisaient forcément partie de ses attributions, d’autant que les maladies en ce temps là ne devaient pas toujours être agréables à observer. Mais tout le monde, encore aujour­ d’hui, n’est pas capable d’affronter la vue des grands malades, les bles­ sures et les souffrances d’autrui. Il ne s’agit pas de s’évanouir à la vue du sang, des plaies purulentes ou des membres coupés quand on est méde­ cin ou chirurgien.

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Certaines maladies dont ignorait l’origine devaient être terrifiantes et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle on utilisait prières et exorcismes pour chasser les démons qui, pensait-on, avaient envahi le corps des malades et qui se manifestaient peut-être sous la forme des parasites qui étaient nombreux dans l’antiquité et que l’on trouve encore de nos jours dans les pays tropicaux. Mais les microbes et les virus contre lesquels nous nous battons ne sont-ils pas des démons ?

Être Gula aujourd’hui demande des qualités à la fois très féminines comme la compassion envers ceux qui souffrent et en même temps mas­ culines comme le sang-froid. Pour que Gula s’éveille en nous, il nous faut être douée de nombreuses et rares qualités humaines, d’autant que, de plus, Gula était prêtresse, donc initiée. Gula est une guerrière dans tous les sens du termes. Elle doit se battre contre la maladie, contre le désespoir de ses malades, elle doit leur insuffler de la force comme un général à ses soldats.

Elle se bat contre les mauvais esprits, contre les mauvais démons. Ces mauvais démons aujourd’hui se nomment mauvaise conscience, déprime, découragement, mauvaise conjoncture, et tout ce qui provoque des maladies psycho-somatiques : divorce, deuil, chômage, cambriolage, viol, dévalorisation de toutes sortes, cauchemars, angoisses, stérilité, exil. Devenir Gula, la faire s’éveiller en nous, ne demande pas obligatoire­ ment que nous devenions médecins psychothérapeutes ou chirurgiens, quoique bien sûr ces professions appartiennent à la déesse et qu’une Gula totalement réalisée aujourd’hui devrait être au moins aide-soignante. Éveiller Gula en nous c’est, pour commencer, assumer avec lucidité notre condition de mortelle et tout ce qui est connexe à cette mortalité : le vieillissement, les maladies, les accidents. C’est être capable d’y faire face avec sang-froid déjà en ce qui nous concerne personnellement. Mais c’est aussi aider, avec intelligence, efficacité et compassion, ceux de notre entourage qui souffle. C’est savoir lutter contre l’adversité : contre la maladie, les problèmes d’argent, les douleurs psychologiques. C’est refu­ ser de se laisser dévaloriser, c’est savoir défendre notre bon droit et aider les autres à en faire autant.

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Comme Gula qui était prêtresse et enseignait dans les temples, si nous décidons ou laissons Gula s’éveiller en nous, nous pouvons aussi nous engager dans une voie spirituelle ou l’approfondir, si nous avons déjà fait cette démarche.

Nous saurons alors inculquer ces qualités à nos proches et notamment à nos enfants ou nos petits enfants si nous avons passé l’âge d’être mère. Enfin nous pouvons avoir comme compagnon de promenade ou de jogging un chien costaud qui ne nous laissera pas paresser, qui nous sor­ tira du lit de bonne heure pour aller prendre l’air et nous permettre de rester en pleine forme.

Car si Gula est une grande guérisseuse, elle prend soin de son propre corps et entretient précieusement son énergie. Le yoga, le yoga du souffle notamment, fait partie de son entraîne­ ment. Elle peut aussi méditer ou prier.

Enfin si Gula s’éveille en nous, elle peut aussi nous donner une atti­ rance pour les médecines traditionnelles, comme celles encore pratiquées de nos jours par les tibétains réfugiés à Daramsala.

Par ailleurs, nous l’avons vu, la vie d’une Gula sur le plan de la famille ne peut être qu’équilibrée.

Ainsi quel que soit notre âge nous pouvons être Gula à partir du jour où nous acceptons notre condition de mortelle et apprenons à faire face à ses périls.

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“ô roseau Nisaba, roseau pur, déesse nourrie du lait sacré. Nisaba fait resplendir la main au calame d’or la perche de 6 métrés la corde d'arpenteur".

Chapitre 3

Nisaba, déesse du grain, de l’écriture et des sciences de la sagesse

MYTHOLOGIE

Nisaba est, tout comme Inanna et Gula, une grande déesse sumé­ rienne. Son nom aujourd’hui, en Occident, est peu connu, mais il reste une référence au Moyen Orient pour certaines femmes qui ont donné son nom à des associations féminines. Elle est fille d’Enlil, le grand dieu de l’atmosphère et appa­ raît dans les plus anciens textes connus. Ses nom­ breux attributs nous sont connus par le mythe sumérien intitulé “Enki et l’ordre du monde”, Enki étant le grand dieu sumérien de la sagesse, celui qui s’était laissé prendre les ME par Inanna, la grande déesse de l’amour : ce grand sage,

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Maître de l’abîme (l’Apsu et ses eaux souterraines), avait établi les prin­ cipes de la civilisation. C’est ainsi qu’il confia à Nisaba l’écriture et le cal­ cul. Nisaba était déjà la divinité des herbes, des graines qu’elle compta­ bilisait et des roseaux dont certains servaient à fabriquer le caíame. C’est pourquoi les anciens pictogrammes de son nom étaient faits d’un épi sty­ lisé. Un hymne à sa gloire récité sans doute lors des fêtes de la moisson chante :

“Nisaba, dame aimable, dame généreuse, dame née sur les montagnes, dans la bergerie est l’abondance, dans l’étable est le lai?. Sa représentation

Elle tient dans ses mains soit le caíame, soit un stylet. Elle porte sur ses genoux une tablette de lapis lazuli avec les étoiles du ciel inscrites des­ sus. Ou encore, comme sur l’image ci-dessus, elle est assise sur un tas de plantes figurées par une série de petits traits disposés en lignes horizon­ tales. Trois tiges de roseau s’élèvent au-dessus de chacun de ses bras ; sa main gauche paraît ramenée à la ceinture et, de la main droite, elle tient le vase aux eaux jaillissantes dans lequel s’élève une autre tige de roseaux. Elle a de longs cheveux ondulés coiffés de la tiare multicorne réservée aux divinités. Derrière elle, une idole sur une base en tronc de cône est coif­ fée et vêtue comme la déesse. LES NOMBREUX TALENTS DE LA DÉESSE

Femme scribe, Nisaba, “l’experte en tablettes”, devint la déesse de la calligraphie, de la littérature, de l’enseignement, des mathématiques,

de la géométrie et de l’astronomie-astrologie. C’est elle qui prend les

mesures du ciel et pose la corde de l’arpenteur sur la terre.

Les hymnes qui lui sont adressés témoignent de ses nombreux talents :

“ ô Dame des étoiles Qui tiens à la main la tablette de lapis-lazuli ô roseau Nisaba, roseau pur, Déesse nourrie du lait sacré Qui tiens le roseau des sept nombres

Vous êtes une déesse... et si c'était vrai ?

Qui accomplit les cinquante grands décrets Nisaba fait resplendir la main au calame d'or La perche de six mètres, la corde d’arpenteur brillante La corde de géomètre et l’ardoise donnent la sagesse.” (tablette sumérienne de Tello. Musée archéologique d’Istambul). Ou encore : “La sainte Nisaba a reçu la règle à mesurer et garde l’étalon de lapis lazuli ; elle proclame les grands règlements ; elle fixe les frontières, marque les bornes. Elle est maintenant le scribe du pays”.

Elle proclame les grands règlements, autrement dit elle donne les lois ou, en tout cas, elle les rédige. Elle marque les bornes ; c’est elle qui veille à la pose des kudurrus (bornes de propriété placées sous la protection des dieux ornés le plus souvent de signes du zodiaque et de divinités et conservées dans les temples). En raison de son importance, les textes de la littérature sumérienne se terminaient fréquemment par la phrase “Louée soit Nisaba”. Les écoliers, dont elle était la patronne, faisaient de même. Ainsi en témoigne le texte d’un mauvais élève qui finit tout de même par apprendre et devenir scribe. L’écolier parle à son père : “Réveille-moi tôt le matin Je ne dois pas être en retard sinon mon maître me battra... Mon père d’école m’a apporté ma tablette Celui qui est responsable de l’écriture m’a dit écris Mon maître m’a dit ta main n’est pas correcte il m’a battu Celui qui est responsable du sumérien ma dit : tu as bavardé, il m’a battu." Finalement l’élève a fait des progrès : “Le maître a fait un discours Puisses-tu atteindre les sommets de l’art du scribe, le terminer complète­ ment. .. Puisse Nisaba, la reine des déesses gardiennes, être ta divinité Protectrice, quelle te donne sa faveur pour ta méthode de lecture Quelle éloigne les démons de tes copies à la main Jeune homme tu as un père je suis un second père pour toi Tu as réussi tes études, tu es devenu un homme d’étude Nisaba la reine de l’étude, tu as élevé le savoir de ce jeune homme ô Nisaba louange à toi ! ”

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Son temple porte le nom de E zi “Temple de la Vérité”

Elle est souvent associée à la déesse Hani, la déesse administrative des lois.

Elles ont ainsi des temples en commun gardés par des lions de pierre comme celui que l’on a trouvé à Shaduppum dans la banlieue de Bagdad. C’est elle qui apparut à Gudéa (2160-2145 avant J.-C.), prince de Lagash, une des principales et des plus prestigieuses cités états de Sumer. Cette célèbre apparition est relatée dans les “cylindres” de Gudea conser­ vés au musée du Louvre. Il en ressort que Nisaba était de plus astro­ logue car elle portait la tablette de la bonne étoile de la construction du temple autrement dit elle lui donna la carte du ciel nécessaire au calcul du moment propice pour la pose de la première pierre du temple. Il en ressort également qu’elle était aussi architecte et que, par sa science des nombres, elle savait tracer un plan.

Gudéa la décrit ainsi : “ Une femme qui n’était-elle pas ? qui était elle ? . ..Elle tenait à la main un calamepur ; Elle portait la tablette île la bonne étoile des deux

Elle tenait conseil en elle-même" (cylindre A colonne IV).

Perplexe il demande qui elle est à sa déesse personnelle, la déesse Nina, qui lui répond : “La jeune femme qui... qui tenait à la main un calame pur qui portait la tablette de la bonne étoile, qui tenait conseil en elle même c’est ma sœur Nisaba L’étoile pure de la construction du temple Elle t’annonçaif (cylindre A colonne V). Gudéa déclare plus loin que la déesse Nisaba connaît le sens des nombres et que, grâce à elle, il va pouvoir établir le plan du temple : “Le Temple, son plan il l’établit, pareil à Nisaba, qui connaît le sens des nombres” (Cylindre A colonne XIX).

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Enfin elle sait enseigner et ouvrir l’esprit : C’est elle, dit Gudéa, qui

lui a “ouvert l’entendement” (cylindre A colonne XVII) : “Gudea ...auquelNisaba l’entendement a ouvert".

Tout comme en Inde, l’astrologie était au cœur de la civilisation mésopotamienne. N’est-il pas dit, plus tard, que le dieu de Babylone, Marduk, créa les constellations et les organisa afin que l’on puisse rendre les sen­ tences divinatoires ? On pourrait se demander pourquoi la même déesse était patronne de l’écriture et de l’astrologie. C’est que les constellations étaient considérées comme les premiers signes d’écriture, signes inscrit dans le ciel par une main divine. Aussi les étoiles étaient-elles appelées “écriture du ciel". Elles étaient des caractères à partir desquels on pouvait décrypter le message divin. C’est ce que dit le texte Enûma Anu Enlil : “ Quand Anu ; Enlil et Ea en délibérations assurées ont établi les dessins du ciel et de la terre n. Les textes parlent également de “l’écriture sur fond du ciel ”. Ainsi le scribe doit il être d’abord capable de lire l’écriture divine et d’en décrypter les avertissements.

On ne s’étonnera pas d’ailleurs d’apprendre que, lorsque qu’apparu­ rent les premiers alphabets, le nombre de leurs lettres étaient en rapport avec les cycles lunaires. Soit 29 ou 30 pour les premiers trouvés à Ugarit (le cycle synodique) soit 27 comme l’alphabet hébreu (22 + les 5 finales) (le cycle sidéral, qui donna naissance aux 27 signes lunaires hindous). Soit 28 comme le sera plus tard l’alphabet arabe (le nombre de levers lunaires qui donnèrent naissance aux 28 maison lunaires). Quant au rapport entre le grain et l’écriture, il est bien évident qu’il était de première nécessité pour l’administration qui voulait contrôler les stocks et les marchandises, leur distribution, leur écoulement, que l’on sache à la fois calculer et écrire. L’écriture devint ainsi sacrée et fut offerte par les dieux.

On sait que ce sont les Chaldéens (nom donnés aux savants, notam­ ment aux astrologues de la Mésopotamie par les Grecs) qui traditionnel­ lement “ont élaboré l’astronomie et l’astrologie généthliaque ( la science des nativités) plus parfaitement que les autres peuples. Ils ont rattaché ainsi les événements de la terre à ceux des airs et les phénomènes célestes à ce qui se passe ici-bas. Ils ont fait sentir comme une musique de la pensée la sympho-

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nie absolument parfaite de l'ensemble grâce à la cohésion et à la sympathie des parties qui malgré leurs distances intervenant entre elles demeurent insé­ parables par leur commune origine" (Philon d’Alexandrie). Quant à Diodore de Sicile, le grand historien grec, concernant la science des Chaldéens, il disait : “Ayant observé les astres depuis les temps les plus recu­ lés depuis leurs premières observations astronomiques jusqu'à l'invasion d'Alexandre, ils ne comptent pas moins de quatre cent soixante-treize mille ans et il en connaissent exactement le cours et l'influence sur les hommes. C'est que ils forment dans l'État une classe semblable à celle des prêtres en Égypte. Institués pour exercer le culte des dieux, ils passent leur vie à méditer les ques­ tions philosophiques et se sont acquis une grande réputation en astrologie ; ils sont habitués à l'étude dès l'enfance, ils reçoivent leur tradition sans altéra­ tion et forment une classe à part."

On sait en tous cas que, après la prise de Babylone par Alexandre en 331 avant J.-C., Callisthène, disciple et petit neveu d’Aristote, envoya à ce dernier des observations des prêtres chaldéens qui remontaient à 1903 ans avant l’arrivée d’Alexandre à Babylone, soit à 2200 avant notre ère. Soit deux mille ans d’observations consignées dans les archives réper­ toriées à cette époque, ce dont nos observatoires modernes sont loin de disposer. On voit donc l’importance du scribe et de ses archives. LES FEMMES SCRIBES EN MÉSOPOTAMIE

On pourrait s’étonner d’apprendre que la divinité des scribes était une déesse.

Mais il y avait des femmes scribes autrefois en Mésopotamie1. On a retrouvé une tablette écrite par un élève qui avait signé “une femme scribe”. On a aussi retrouvé des listes provenant des villes de Mari et de Sippar du début du deuxième millénaire, mais aussi de Ninive datant du VIIe siècle av. J.-C. mentionnant des dizaines de femmes scribes employées au service d’autres femmes (données en dot à une princesse),

1. Voir “Les femmes scribes”, conférence de Brigitte Lion sur le site SOPHAU (Société des professeurs d’Histoire ancienne de l’Université).

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énumérant des femmes scribes des cuisines, ce qui ne les empêchait pas de connaître et de maîtriser le sumérien, langue morte mais sacrée et symbole de culture à l’image du latin aujourd’hui. Enfin il y avait des femmes auteurs, des femmes lettrées, qui signaient leurs œuvres. ENRE-DUANNA PREMIÈRE AUTEUR D’ŒUVRES LITTÉRAIRES, AU TROISIÈME MILLÉNAIRE

Enre-Duanna, grande prêtresse de Nanna (le grand dieu Lune de la ville d’Ur patrie d’Abraham) et fille de Sargon d’Akkad (2340-2285), vivait à Ur (un siècle et demi avant Gudéa) où elle composa des hymnes. C’est ainsi qu’elle devint la première personne auteur d’œuvres littéraires, la première personne et non pas la première femme.

La création littéraire de Enre Duanna consiste en six hymnes aux dieux. Composés en sumérien, ils Rirent recopiés durant des siècles dans les écoles de scribes. Il y eut d’autres œuvres féminines comme les lamen­ tations d’Ur Namu, le grand roi d’Ur par sa veuve (2100 av. J.-C.). Il y eut les écrits de la fille du roi d’Uruk au deuxième millénaire av. J.-C. Se présentant comme scribe, elle chanta en sumérien les louanges du roi de Larsa qui venait de vaincre son père dans le but de récupérer son ancienne fonction de prêtresse.

Nisaba fut remplacée progressivement par le dieu Nabu lorsque, peu à peu, les déesses Rirent remplacées par des dieux.

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LA DÉESSE EN NOUS :

NISABA LA SAVANTE

Nisaba est une savante. Avec l’épi qui servait à écrire son nom et sym­ bolisait ses connaissances multiples, elle évoque notre façon de décrire le signe astrologique de la Vierge. Quand Nisaba s’éveille, elle nous pousse au travail, à l’étude, à l’acquisition d’un savoir quasi encyclopédique. Elle nous donne une véri­ table boulimie de connaissances.

On ne connaît pas l’histoire affective de Nisaba. On lui donna plus tard comme époux le dieu scribe Nabu qui, finalement, la supplanta. On peut donc supposer que la vie familiale ou amoureuse n’est pas le centre d’intérêt de la déesse. Comment d’ailleurs aurait-elle eu le temps de fonder une famille ?

On ne lui connaît pas d’animal favori, pas d’amant, pas d’enfant, pas de drame en dehors d’une querelle avec une divinité du grain. Elle n’est pas spécialement coquette, mais respectueuse de son corps dont elle s’occupe intelligemment comme de tout, aussi reste-t-elle svelte. Elle soigne sa chevelure elle même, qu’elle ne coupe pas. Elle l’entretient avec des produits naturels. Et se contente la plupart du temps de la retenir avec un peigne ou un lien. En fait elle a toujours l’air d’une étudiante. On l’aura compris, elle n’est pas sophistiquée, elle se maquille peu et s’habille simplement. Un jean, un tee shirt ou un chemisier, une veste. Un tailleur sobre pour donner des conférences ou participer à un colloque international. Une robe toute simple pour les grandes occasions.

Nisaba est avant tout une intellectuelle, entièrement vouée à la connaissance, à l’étude, à l’écriture, à l’enseignement. Elle s’intéresse tout autant aux sciences comme les mathématiques, la géométrie, l’astrono­ mie, la physique ou la chimie, qu’à leur mise en application, comme

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l’architecture, l’agriculture ou l’industrie. Elle s’intéresse aux lois, à l’édu­ cation nationale. Ne gaspillant rien, ayant conscience de la valeur du travail et de ses fruits. Elle tient ses comptes, elle comptabilise ses pos­ sessions. Elle respecte le travail des autres.

Elle est fondamentalement une écologiste respectueuse de la nature des plantes et de l’eau. Elle est capable de militer d’une façon ou d’une autre pour la sauvegarde des espèces et de la biodiversité. Même si elle devient une biologiste avertie elle se méfie des OGM car la prudence est une des principales qualités. Elle pense que la nature est la première conseillère et qu’avant de la contrer ou de la manipuler il faut longue­ ment réfléchir. Par contre on ne lui connaît pas de talents artistiques comme la danse ou la musique. On ne lui connaît pas d’émotions, de tragédie, ni d’humour.

Nisaba est en quelque sorte désincarnée. Peut-être parce quelle est née dans des régions montagneuses, loin des foules citadines et des tentations de la société de consommation. Il lui en reste un désir de pureté. Peut-être qu’aujourd’hui, elle est née dans une famille d’intellectuels, de savants, de chercheurs, entièrement voués à leur travail.

L’ordre, la droiture, l’honnêteté sont des vertus primordiales pour elle. Comme ceux qui suivent la voie du Tao, elle produit sans s’approprier. Elle travaille sans rien attendre et accomplit des œuvres méritoires sans s’y attacher. Elle ignore la haine et la colère. Elle évite tout désordre, tout excès. Elle s’approche par la réflexion de la vérité ultime.

Pieuse, elle écrit des hymnes. Son talent artistique est avant tout litté­ raire. Elle sait créer de l’harmonie avec les mots, les phrases. À la fois intellectuelle et pragmatique, elle a la tête dans les étoiles et les pieds sur terre. Elle connaît les liens qui unissent le ciel et la terre. Elle a le sens des analogies, c’est pourquoi d’ailleurs elle possède un talent littéraire.

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Éternelle étudiante, mais sachant enseigner et transmettre son savoir, elle fait une excellent professeur et peut devenir doyenne d’une univer­ sité, professeur, écrivain renommé, transmettant un savoir. Son travail est fécond.

Elle atteint facilement une certaine sagesse, par sa compréhension de la nature, des nombres ou des étoiles. Elle s’intéresse aussi aux langues mortes ou sacrées comme le sanskrit, l’hébreu biblique, l’arabe du Coran, le grec ancien, le latin. Elle est fière d’être femme et de réussir dans des domaines où la femme n’est pas forcément favorisée.

Elle est aimable, courtoise, généreuse, toute entière tournée vers la Connaissance, la Vérité. Elle n’éprouve ni vanité, ni envie, ni jalousie. Elle pourrait s’adonner à la recherche dans n’importe quelle discipline, mathématiques, astronomie, sciences de la Terre.

Nisaba peut s’éveiller très tôt, dès l’enfance, sous l’influence de l’héré­ dité et de l’entourage. À l’âge des études universitaires, sous l’influence d’un professeur hors du commun ou progressivement au fur et à mesure de découvertes intellectuelles. Mais, en fait, elle peut s’éveiller en nous à n’importe quel âge. À condition toutefois que nous ayons fait travailler notre cerveau régulièrement et que nous n’ayons pas trop massacré notre santé par des abus de toutes sortes. C’est ainsi que devinrent récemment des Nisaba des femmes ayant passé quatre-vingts ans, voire même quatre-vingt-dix. Elles s’inscrivirent à l’université pour entreprendre ou reprendre des études interrompues, sous l’influence peut-être d’Ishtar réclamant son dû avant Nisaba.

Car Nisaba est détachée des tourments amoureux et des divers caprices de l’instinct. Elle fait difficilement le poids en nous quand Ishtar est totalement éveillée.

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LES NETERETOU (NETJERETOU) LES DÉESSES ÉGYPTIENNES

"Voici Isis. Elle dit : j’arrive et je te protège, ô Osiris ! Mon souffle est vivifiant comme est le souffle du vent du Nord crééparAtoum. J’ai rendu la vigueur à ta gorge, je t’ai réuni à la divinité. Tes ennemis sont prostrés à tes pieds" (Livre des Morts, chapitre 151)

Chapitre 4

Isis, la sœur, l’épouse, la mère, la protectrice, la salvatrice

Isis est le nom grec d’Aset (ou Iset), la déesse la plus populaire des déesses égyptiennes. SA REPRÉSENTATION

Isis est représentée par une très belle femme portant sur sa tête le hiéroglyphe (en forme d’escabeau à trois marches) qui forme le mot Isis et sert à écrire le mot “demeure”, “résidence”, “séjour”, “siège”, “trône” (“set”, le “siège”).

S’il semble rappeler son origine de per­ sonnification du “trône royal”, il signifie également, comme l’écrit Plutarque, que “Isis vit avec et cohabite avec l’Être premier”. Par ailleurs, elle porte sur sa perruque son emblème, le “Nœud Tit” rouge ou “Boucle d’Isis” que l’on retrouve également sous la forme de sa ceinture, portée par les reines.

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Vous êtes une déesse... et si c'était vrai ? MYTHOLOGIE

Isis fait partie de la Grande Ennéade de “lounou”, la “Cité du pilier” ! (Héliopolis). Elle est la fille de Nout, la déesse du Ciel, et de Geb, le dieu de la Terre. Elle est la petite fille de Shou, le dieu de l’Air, et de Tefnour, la déesse de l’humidité. Shou et Tefnout forment le premier couple issu d’Atoum-Rê, le démiurge, qui créa le monde en se masturbant. Isis avait trois frères Osiris, Haroeris (Horus l’Ancien) et Seth ; une sœur, Nephtys. Sœur d’Osiris, elle était aussi son épouse très aimante. Ils s’aimaient déjà dans le sein de leur mère et s’étaient unis avant de naître Osiris devint roi d’Egypte à la suite de son père Geb. Il enseigna aux hommes la culture, il leur donna des lois et leur apprit à respecter les dieux. Il fut en cela aidé par Isis etToth. Isis enseigna à ses sujets à moudre le grain pour faire de la farine, à filer la laine, tisser les étoffes et guérir les maladies. Elle institua la tradition du mariage et pendant qu’Osiris parcourait le monde pour le civiliser, restant en Égypte elle assumait les fonctions de régente et gouvernait avec sagesse les affaires du royaume.

Mais leur frère Seth, qui n’avait eu que le désert en héritage, devint jaloux d’Osiris et décida de l’assassiner alors qu’il était de retour en Égypte. Il réunit soixante-douze complices et fît fabriquer en secret un coffre superbe et remarquablement décoré, adapté aux mesures immenses d’Osiris qui était un géant. Il organisa un festin avec ses complices et invita Osiris. Au milieu du repas il fit apporter le coffre et annonça qu’il en ferait cadeau à celui qui le remplirait exactement. Osiris évidemment fut le seul capable de le remplir exactement et, aussitôt qu’il fut installé dans le coffre, les criminels s’élancèrent pour fermer le couvercle et le scellèrent avec du plomb fondu. C’était la vingt-huitième année de règne d’Osiris. Ils jetèrent le coffre dans le Nil qui l’emmena jusqu’à la mer ; puis les courants marins le poussèrent jusqu’à Byblos en Phénicie. Le coffre finit sa course au pied d’un tamaris qui poussa autour de lui et le cacha à l’in­ térieur de son bois. Le roi de Byblos, qui passait par là, fut émerveillé par le développement de cet arbre. Il le fit couper et en fit faire une colonne pour son palais.

Isis, ayant appris qu’Osiris avait été assassiné, se coupa une mèche de cheveux, revêtit des habits de deuil et partit à la recherche de son époux

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et frère. Arrivée à Byblos, elle se fit engager par la reine et devint la nour­ rice de son petit enfant. Pour l’allaiter Isis lui mettait le doigt dans la bouche et, durant la nuit, brûlait ce qu’il y avait de mortel en lui. Malheureusement la reine, un soir, ayant épié la déesse, se mit à pousser de grands cris, voyant brûler son enfant et lui ravit ainsi le privilège de l’immortalité. Isis alors se fit connaître et réclama la colonne qui suppor­ tait le toit du palais. Elle en extirpa le cercueil et le rapporta en Egypte. Elle s’arrêta à Bouto dans le Delta, mais, profitant d’une de ses absences, Seth trouva le corps d’Osiris, le coupa en quatorze morceaux qu’il dis­ persa à travers l’Egypte.

Alors commence la grande “quête” d’isis à la recherche de tous les membres du corps divin (Osiris est à la fois humain et divin. Il se régé­ nère régulièrement comme la Lune : les quatorze morceaux correspon­ dent aux quatorze jours nécessaires à la reconstruction de la Pleine Lune à partir de sa disparition).

Dans cette quête, Nephtys se joignit à sa sœur. Pourtant elle avait eu un enfant d’Osiris, Anubis (Osiris avait cru avoir à faire à Isis), le fils adultérin d’Osiris. Toutes les deux cherchèrent, retrouvèrent, reconnurent chaque lam­ beau du corps, elles remirent en place la tête, réunirent les os, rassemblè­ rent les membres. Anubis, aidé de Thot, vint rendre incorruptibles les chairs retrouvées en les emmaillotant. La seule partie qui ne fut pas retrouvée frit le phallus qui avait été avalé par un poisson. Isis en fabri­ qua une imitation et fut de la sorte fécondée par Osiris quelle ramena à la vie, le temps de son union avec lui. C’est ainsi que, veuve, elle donna naissance à Horus, le fils légitime et posthume d’Osiris, quelle cacha dans les marais et qui ainsi y vécut toute sa petite enfance. Isis était en effet une très grande et très rusée magicienne

Elle seule sut découvrir le véritable nom de Rê et avoir ainsi barre sur lui.

Comme Rê atteignait un grand âge, sa salive tombait sur le sol. Isis alors n’était que sa servante. Elle pétrit cette salive avec ses mains et en fit un serpent quelle plaça sur la route du dieu Soleil. Le serpent, comme

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prévu, le piqua et Rê se mit à souffrir atrocement. N’ayant pas créé luimême l’animal, il était incapable de se guérir. Il fit appel à ses enfants (tous les dieux sont ses enfants, car il est Atoum-Rê, le démiurge) et

parmi eux Isis. La rusée lui expliqua que, pour être en mesure de formu­ ler la conjuration, il lui fallait son nom secret. “Je suis celui qui fit le Ciel et la Terre, noua les montagnes et créa ce qui est au-dessus", répondit le Dieu. Ce n’est pas là ton nom répondit la déesse. “Je me nomme Khepri au matin, Rê à midi, Atoum le soir", reprit Rê. Mais Isis n’était pas facile à tromper. Elle dit : “Ton nom secret nest pas parmi ceux que tu m’as dit. Avoue le moi et le venin sortira". Le Dieu, voyant son état empirer, se rési­ gna : “Prête-moi ton oreille, ma fille, lui dit-il, afin que mon nom passe de mon sein dans ton sein". Avec le nom de Rê passé dans son sein, Isis possédait dorénavant les pouvoirs de son père. La connaissance du nom donne la véritable

connaissance et donc le pouvoir.

Quant à nous, nous ne connaîtrons jamais le nom de Rê, car seule Isis l’entendit.

Elle est la Déesse de la magie, car elle connaît le nom secret du Dieu suprême. Elle ferme la bouche des serpents, elle éloigne les lions et les crocodiles. Elle guérit les piqûres de venin. Grâce à sa magie, elle protège son fils Horus. Elle réussit à le guérir alors qu’il avait été mordu par un serpent. Sur le plan cosmique elle est la nature, le trône de Dieu

Son étoile est Seped (la Sothis des Grecs, Sirius), la plus brillante du ciel, celle qui annonce la crue du Nil. On peut la voir comme étoile du matin ou comme déesse solaire : comme soleil féminin ainsi que le dit l’inscription du temple de Philae. Elle est la Terre d’Égypte fécondée par l’inondation issue d’Osiris

Comme la Terre d’Égypte est le reflet du Ciel, elle est aussi le Ciel.

Elle est la Terre et Osiris est l’épi, elle est le limon et Osiris est l’eau du Nil qui la féconde.

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Son symbole ou son amulette est le Nœud d’Isis ou le Nœud Tit : “Th as ton sang Isis, tu as ta magie Isis, l'amulette qui est la protection de ce grand dieu qui réprime celui qui lui cause du tort"dit le Livre des Morts.

Le Nœud Tit ressemble à l’Ankh (que nous appelons “la croix de vie égyptienne”) mais en plus épais et toujours de couleur rouge. En fait, il s’agit à l’origine du cordon ombilical, symbole de la mère universelle qui donne la vie (voir du même auteur, Les fabuleux pouvoirs de la Croix de vie égyptienne, Trajectoire). ELLE EST LA DÉESSE DE LA SAGESSE ET DE LA CONNAIS­ SANCE

Ses temples sont consacrés à la recherche de la Vérité et de la connais­ sance de l’Être. Elle est la déesse des initiations. Elle est nommée la “Lumière initiatrice” “l’Âme universelle”. Elle est la maîtresse des mys­ tères : “]e suis tout ce qui a été, tout ce qui est et tout ce qui sera, et mon voile, jamais aucun mortel ne l’a encore soulevé", dit une inscription. Le but de l’initié en Égypte ancienne était la recherche de la Vérité ainsi que l’explique Plutarque dans son “Isis et Osiris” : “L’homme ne peut rien obtenir de plus grand et la divinité ne peut rien concéder de plus auguste que la Vérité (Maât). Tous les autres biens, Dieu les cède aux hommes pour subvenir à leurs besoins ; mais en leur communiquant l’intelligence et la sagesse, c’est à des attributs qui lui sont propres et dont il fait un usage constant qu’il leur permet de participer’’. Cette Vérité est la connaissance de l’Être, premier souverain accessible à la seule intelligence et c’est par cette connaissance que l’homme s’élève au-dessus de sa condition. Or le temple d’Isis se nomme “Iséion”, c’est-à-dire, écrit Plutarque, “bi maison dans laquelle nous pouvons acquérir la science de l’Être"et “si nous pénétrons pieusement et avec attention dans les sanctuaires consacrés à Isis". Et si “Typhon (Seth, le dieu du chaos), aveuglé par l’ignorance et l’erreur, déchiquète la parole sacrée", “/sis sait la rassembler en son intégrité, la main­ tenir en son ordre et la transmettre aux initiés qui se consacrent au culte de sa divinité". Isis est la patronne de la Tradition ; elle veille à sa transmission, à

l’enseignement des symboles et à leur interprétation : “Le véritable Isiaque

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(adepte d’Isis) est celui qui ayant reçu par la voie ¿¿gale de la tradition, tout ce qui s enseigne et se pratique de relatifà ces divinités, le soumet à l'examen de sa raison et s'exerce par la philosophie à en approfondir toute la vérité“ Elle est toujours présente dans les rites funéraires. Dans les Textes des Pyramides, elle protège le roi défunt de la putréfaction. Dans les rituels funéraires ou initiatiques, son rôle était joué par une jeune fille vierge entièrement épilée avec le nom d‘Isis tatoué sur l’épaule. Au cours des grands mystères, elle était est représentée par une grande prêtresse “Chentayt” dont le nom pourrait se traduire par “la Veuve”.

Épouse et mère remarquable

Elle incarne un idéal social.

Épouse remarquable par la force de son amour, elle aide à la résurrec­ tion d’Osiris sur un plan supérieur. Veuve inconsolable, elle n’a de cesse de retrouver tous les membres épars de son époux et de leur rendre hommage en faisant construire un temple pour chacune des membres retrouvés. Mère dévouée, aimante et protectrice d’Horus, elle est un modèle de mère qui élève son fils dans le désir de venger la mort de son père : elle l’aida par son intelligence et sa puissance magique lors de sa lutte pour retrouver son héritage et lors du procès devant les autres dieux qu’il dut intenter à son oncle Seth afin de succéder à son père.

Elle est ainsi devenue la protectrice de l’enfance. Elle incarne l’amour, la fidélité, l’amour maternel et conjugal, la constance, le courage, l’intelligence, la ruse, la diplomatie, la connais­ sance, la sagesse, la puissance, la puissance de l’amour si fort qu’il fait res­ susciter Osiris. Elle était donc logiquement la mère de Pharaon puisque celui ci devenait un Horus en montant sur le trône. Elle était son épouse céleste quand le pharaon défunt devenait un Osiris et rejoignait les étoiles impérissables.

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ADORÉE DANS TOUTE L’ÉGYPTE, ELLE Y AVAIT DE NOMBREUX TEMPLES DÉJÀ MENTIONNÉS DANS LES TEXTES DES PYRAMIDES

Elle en avait un à l’Est de la Grande Pyramide de Khufu, un à Medineh Habu. Mais son principal sanctuaire était à Philae (transféré aujourd’hui sur l’île d’Aghilkia avant la mise en eau du haut barrage d’Assouan en 1965) face à Biggeh (île à l’ouest de Philae) où se trouvait le tombeau rituel d’Osiris. C’est sur l’un des murs de ce temple qu’était gravée la célèbre inscription : “Isis créatrice de ¿univers Souveraine du ciel et des étoiles Maîtresse de la vie, Régente des divinités, Magicienne aux excellents conseils, Soleilféminin Qui scelle toute chose de son sceau Les hommes vivent sur ton ordre, Rien nest révélé sans ton accord”. Sa popularité fut immense. Son culte s’étendit sur tout le bassin méditerranéen, il s’installa dans le monde gréco-romain, puis pénétra en Europe jusqu’en Grande-Bretagne

Dans de nombreuses régions de France se trouvent des marques de son implantation. À Paris une grande statue d’Isis fut longtemps conser­ vée dans l’église Saint-Germain-des-Prés jusqu’à ce qu’un prêtre la détruise à coups de pioche au dix-huitième siècle. Certains pensent même que la nef ornant les armoiries de la ville de Paris ne serait autre que la barque d’Isis et quelle pourrait signifier, entre autres, la navigation des initiés circulant dans le secret des temples et que les parisii, précur­ seurs des habitants de la capitale devraient leur nom à la déesse. À la basse époque, elle fut aussi regardée comme la protectrice ou “la maîtresse” des navigateurs en souvenir de son errance en barque à la recherche du corps de son époux défunt. On dit d'ailleurs que la constel­ lation du Navire, le navire Argo des Grecs, n’est que la reprise de la barque d’Isis.

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QUAND ISIS SE MANIFESTE EN NOUS

Isis est un idéal, certainement difficile à atteindre.

D’une grande beauté, Isis aujourd’hui s’habille avec élégance, se maquille avec art, ne se trompe jamais dans le choix de ses bijoux et est toujours extrêmement bien coiffée, sachant choisir son coiffeur. Bref, elle ne commet aucune faute de goût. Elle est digne, majestueuse, ainsi qu’il convient à une reine. Mais elle reste simple, jamais vaniteuse. Elle est rusée ou plutôt maligne, elle ne s’en laisse pas conter même par le grand dieu Rê. Elle est prudente, prévoyante.

Elle s’est mariée jeune avec un amour de jeunesse et est, depuis, l’épouse parfaite, la mère parfaite, la régente parfaite, la grande en magie, autrement dit la meilleure dans son domaine, la plus maligne. On ne lui connaît pas de défaut, contrairement par exemple à Inanna/Ishtar autrefois. Bienveillante, ce n’est pas elle qui sèmerait l’effroi par son mépris ou par des hurlements ou des menaces. Modeste, ce n’est pas elle qui sédui­ rait un étranger et encore moins pour ensuite le laisser tomber.

Elle est une grande amoureuse : elle est celle qui sait rendre sa vigueur virile à son époux. Mais rien n’indique quelle ait pu se conduire une seule fois dans sa vie de manière aguichante ou impudique avec un étran­ ger ou avec quelqu’un d’autre que son époux bien aimé. Ce n’est pas elle qui, comme Ishtar s’endormirait sous un palmier (ou sur une plage déserte à moitié nue) et s’étonnerait ensuite d’avoir été vio­ lée ou encore s’ébahirait devant son sexe ravissant. Elle n’est pas non plus comme Hathor, cette impudique déesse qui souleva sa robe pour mon­ trer sa vulve et dérider son père !

D’ailleurs toute sa personne, par la dignité de sa tenue et de son atti­ tude corporelle, incite au respect. Peu devant elle se risqueraient à des gestes déplacés.

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Elle est la femme d’un seul homme et lui est fidèle jusqu’après la mort. Elle mariée pour l’éternité. Son mariage est indissoluble, idée que l’on retrouvera dans le christianisme. De même, elle est souvent la mère d’un seul enfant. Elle sait le protéger et en faire un roi. Autrement dit, Isis aujourd’hui n’a en général qu’un enfant mais elle est une parfaite éduca­ trice. Elle sait d’instinct ce qu’il lui faut pour bien se porter et sait l’aider ou le faire aider pour qu’il réussisse brillamment dans ses études. Elle aime totalement, sans égoïsme, totalement dévouée à son mari et à son fils et pense au plaisir de l’autre avant le sien. Elle le protège.

Aussi n’est pas Isis qui veut. Pour celle qui devient Isis, il ne peut être question de divorce.

Isis se manifeste en nous lors de grands événements, comme lors de la disparition ou l’enfermement de l’époux. C’est alors que, telle Isis, la femme en qui la déesse se révèle, se mobilise et mobilise ses amis et ses relations, afin de partir à la recherche ou dans le but de faire libérer l’être aimé, qu’il soit par exemple prisonnier politique ou retenu comme otage dans un pays lointain. Elle mobilise les médias, participe elle-même aux recherches, parcourt la planète, prend l’avion, n’hésite pas à se rendre dans des pays hostiles et à emprunter les moyens de transport les plus divers. Capable de remuer ciel et terre, de faire agir les puissants afin de se faire aider et ensuite de faire soigner ou de réhabiliter son époux de la meilleure façon possible. Courageuse, traversant de nombreuses épreuves, car fréquemment en butte à la jalousie, devant défendre son enfant unique, unique en raison de la disparition ou de l’éloignement de l’époux. Isis aujourd’hui est quelqu’un de fondamentalement honnête, inca­ pable de mensonge. Elle a un sens inné de la justice et est capable de se battre pour la faire régner. Respectueuse de lois, elle peut d’ailleurs avoir étudié le droit ou même être avocate, ou magistrate.

Par ailleurs Isis aujourd’hui est amoureuse de la nature, pouvant être militante écologiste. Elle peut d’ailleurs se diriger aussi vers des études de

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médecine, de biologie ou de sciences de la Terre. En tous cas elle s’y inté­ resse de très près.

Elle s’intéresse aussi au mystère de la vie et de la mort. Pour avoir côtoyé cette dernière de près, par l’intermédiaire d’un proche ou elle même personnellement, elle est en recherche d’une voie de recherche spi­ rituelle, elle s’intéresse aux expériences de Near Death Expérience - elle peut en avoir eu elle-même l’expérience - et à l’accompagnement des mourants. Elle sera celle qui, une fois ses enfants élevés et son mari disparu, décide de rester mariée en esprit avec lui pour l’éternité et doré­ navant de se donner toute entière à une recherche spirituelle initiatique. Elle est celle aussi qui à nouveau réunie à son mari après un certain nombre d’épreuves, peut décider avec lui de suivre une voie. Aujourd’hui les voies qui lui sont offertes pour accéder à la Vérité sont nombreuses. Si Isis autrefois assurait l’immortalité aux initiés, on comprend quelle soit aujourd’hui facilement à l’aise dans n’importe quelle voie initia­ tique : Kabbale, Franc-Maçonnerie, bouddhisme, hindouisme, voire sou­ fisme. Elle accédera alors rapidement aux plus hauts degrés de la connais­ sance. Elle a aussi un besoin fondamental de protéger les enfants. C’est pour­ quoi bien souvent, elle commence par adhérer ou créer une association pour les défendre. Elle se tient au courant de tous les problèmes les concernant dans le monde, fait preuve d’une grande ingéniosité et de diplomatie pour les résoudre et devient rapidement une référence.

“Quelle est belle ! La Dorée estfleurie ; La Dorée estfleurie, brillante toute en fleur ! Le Soleil et la Lune te louent Les ¿lieux te glorifient Les déesses entonnent ¿les hymnes" (Hymne inscrit dans l’escalier du temple de la Déesse)

Chapitre 5

Hathor la Dorée Déesse de la joie, de la beauté, de l’amour, de la féminité épanouie

MYTHOLOGIE : HATHOR OU LA MAIN D’ATOUM

Hathor vint à l’existence en même temps qu’Atoum Rê, qui est à la fois le Soleil ini­ tial et le démiurge qui crée le monde par sa semence en se masturbant suivant le Texte de la Création : “En munissant à ma main, je raidis mon phallus dans mon poing et mon cœur vint dans ma main. Ma semence gicla dans ma bouche. J’ai craché Shou et expectoré Tefhout. Je devins ces trois dieux, c’est de moi que vinrent à l’existence, ces ¿leux dieux sur cette terre”. Hathor est l’alter ego d’Atoum Rê, car elle l’assiste dans son acte créateur. Raison pour laquelle elle est nommée “ la Main du dieu”, main qui devint une divinité à part entière.

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Hathor Nebet - Hetepet Source : Les secrets d’Hathor, R. Schumann, Antehne S. Rossini. Éd. du Rocher.

Vous êtes une déesse... et si c'était vrai ?

Hathor, sous sa forme de Nebet-Hetepet (La Dame de la satisfaction), avec les attributs de sa puissance sexuelle, nécessaire à la libération des forces créatrices du démiurge, est alors représentée par une tête humaine aux longs cheveux et aux oreilles de vache. Sa tête est coiffée d’un naos hébergeant un uræus. Sous sa tête, sa main tient un phallus horizontal, ou, sous une forme moins crue, la main seule est représentée (comme sur le figure page précédente). On comprend pourquoi, à la suite d’Hathor, les divines adoratrices prêtresses et épouses mystiques d’Amon Rê porte­ ront le titre “Main de Dieu”, témoin de leur haute fonction sacerdotale. Nous voici donc avec Hathor dans la sexualité d’origine divine et à l’ori­ gine de la création. C’est donc grâce à Hathor, énergie féminine, que Atoum va pouvoir émettre sa semence qu’il va ensuite avaler. Ensuite il va cracher ou souffler ses enfants : le dieu Shou, Air, et la déesse Tefnout, Humidité. De ce premier couple frère et sœur, mais également époux, naîtront Nout, la déesse du Ciel étoilé et Geb, le dieu Terre. Puis vien­ dront les quatre frères et sœurs Isis et Osiris, Nephtys et Seth.

Hathor est l’alter ego d’Atoum Rê, son épouse, mais aussi sa fille, mais aussi sa mère, car son corps est parcouru par le Soleil. HATHOR DONT LE NOM SIGNIFIE “MAISON D’HORUS”, “HOUT-HOR”, EST DÉESSE DU CIEL

Dans les temps anciens, en effet, la déesse du ciel était considérée comme mère d’Horus, le dieu solaire, jusqu’à ce que Isis la remplace dans ce rôle. Hathor est à la fois le Ciel et la Matrice. Ou plutôt elle s’éveille dans LA ciel, c’est à dire dans Nout ; elle en est l’Énergie primordiale qui constitue le tissu de toute vie. Elle est à la fois Ciel de jour, “le lac de turquoise” et Ciel de nuit bleu lapis lazuli. Hathor était désignée tantôt comme la Dame de tur­

quoise, tantôt comme la Dame du lapis lazuli. On habillait ses statues d’étoffes bleues, les unes bleu clair, les autres bleu sombre (teints avec de l’indigo). Mais elle était surtout la maîtresse des turquoises et protégeait les mines de turquoise du Sinaï exploitées par les Égyptiens depuis le Moyen Empire.

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Le ciel étant fréquemment représenté par une vache gigantesque, Hathor fut aussi représentée par une vache. Selon l’un de ses nombreux mythes, elle a soulevé l'enfant solaire jusqu’au ciel avec ses cornes. Elle est la Vache d’or, celle que l’on nomme la Dorée, celle qui donne naissance chaque jour au “Veau d’or”, le Soleil du matin. Hathor est elle-même l’or des dieux, le sym­ bole de l’or, l’or incarné. C’est ainsi quelle était représentée dans la tombe de Séthi Ier : peinte d’un beau jaune d’or. Sous son corps, dont le flanc était marqué par une fine ligne constituée de treize étoiles, se trouvait la barque des divinités. Le corps de ces divinités était de la même couleur d’or que celui de la déesse du ciel.

Hathor tenant le sistre sekhem et le collier menât. Source : Les secrets d’Hathor

En dehors de ces représentations purement symboliques, Hathor revê­ tait la plupart du temps une apparence humaine sous les traits d’une séduisante jeune femme à l’abondante chevelure nattée et se terminant en volutes aguichantes, d’où le nom de “La Bouclée” qu’on lui donnait.

Elle portait sur sa perruque la dépouille du Vautour symbole de Moût, la Mère mystique de toute l’humanité. Car elle est la Mère. Par-dessus le vautour (que portent les reines mères par le privilège que leur a conféré Hathor), une petite couronne servait de socle aux deux cornes lyriformes enserrant le globe solaire. S’enrouant autour du globe l’uræus, le cobra redressé, prêt à l’attaque et dont le venin symbolisait la chaleur et la lumière dans toute sa violence, dressait sa tête au dessus de celle du vau­ tour. Hathor a un époux, Horus d’Edfou, mais son fils mystique, Ihy, le jeune dieu musicien, a pour père “Tatenen”. Tatenen, littéralement “la Terre qui se soulève”, est le dieu de l’espace souterrain que le Soleil parcourt dans sa course nocturne. Il est associé aux transformations des défunts, qu’il protège, et au dieu de Memphis, Ptah. Ihy est toujours enveloppé des ténèbres de son géniteur, il reste toujours

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entre ténèbres et Soleil. C’est pourquoi sa peau est noire (ses statues sont en bois noir). U se présente nu, le crâne rasé, laissant seulement sur un côté la boucle de l’enfance des jeunes princes et couronné de l’uræus. Ihy, dont le nom signifie “musicien”, tient d’une main le sistre orné de la figure de sa mère. Il s’en sert pour l’appeler, alors qu’il se tient au seuil, entre ténèbres et lumière, “entre mort-néant-gestation et naissance solaire”. Les instruments magiques d’Hathor sont les deux sistres, instru­

ments de musique à percussion, et la ménit (ou collier ménat) objet magique transmettant la vie. - Les sistres

Les sistres, instruments de musique, fabriqués avec des papyrus liés ensemble, provoquaient un bruissement quand on les agitait rituellement. Leurs poignées se terminaient par une tête d’Hathor. Leur son chassait les puissances des ténèbres. On distinguait le sistre sekhem en forme de naos (le naos désigne la petite chapelle renfermant la statue du dieu dans le sanctuaire des temples) tenu par Ihy son fils. Ce sistre était d’ailleurs plus un symbole qu’un instrument de musique. Il montrait la porte étroite (placée sur une tête d’Hathor) par laquelle l’enfant doit pas­ Sistre Skhem ser pour naître. Enfin il était également un Source : Les secrets sceptre. L’autre sistre était le sistre cintré seched’Hathor chet. Sur ses tringles étaient enfilées des petites plaquettes métalliques qui émettaient un bruissement évoquant le bruit du vent dans les fourrés de papyrus. - Le collier menât, emblème de la déesse.

Il pouvait même la représenter. C’est ainsi que le “Château de la menât” désignait son temple à Dendérah. Le menât est un collier de perles formant bourrelet avec un grand contrepoids, objet terminal oblong, qui symbolisait le corps de la déesse :

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il représentait “très stylisés les attraits érotiques féminins : abondante che­ velure, seins, sexe” et son nom évoquerait “la nourrice”. Le pot de lait était dans le même ordre d’idées consacré à Hathor, la Dame de Vie, tout comme la cruche menou rappelait la cruche sacrée.

Lorsque les perles du collier s’entrechoquaient, le collier menât pou­ vait être employé comme instrument de musique, évoquant lui aussi le bruissement des papyrus qui charmait la déesse. On t'utilisait ainsi pen­ dant les danses sacrées. Quant à “l’offrande de la menât”, elle était consi­ dérée comme une invitation à l’amour et une promesse de renaissance. On peut voir ainsi, dans la tombe de Séthi Ier, Hathor présentant au roi son collier, symbole de l’élément féminin nécessaire à la renaissance. C’est elle qui guide, après une gestation mystique, tous les défunts qui deviennent ainsi ses enfants vers une nouvelle existence sur un autre plan

Elle est la souveraine des étoiles qui accueille les âmes dans les paradis de l’au- delà. C’est pourquoi les mourants aspiraient à “être reçus dans l’escorte d’Hathor”, celle qui absorbe le Soleil couchant et le protège face aux puissances des ténèbres. C’est pourquoi elle se tient dans les nécro­ poles, comme la montagne thébaine accueillant le défunt, à l’Occident, en tant que Maîtresse de l’Occident. Elle tenait l’échelle permettant aux morts méritants de monter au ciel. Déesse de l’amour, de la joie, de la musique, de la danse

Elle est la plus parfaite manifestation de la joie de créer. C’est pour­ quoi elle règne sur la danse, expression du mouvement des sphères et des astres, mais aussi sur l’ivresse. Ivresse profane, mais aussi ivresse mystique. Elle est bienfaisante et gaie, vin et musique sont ses offrandes. Elle pré­ side aux fêtes les plus débridées. Elle est entourée de jeunes et jolies femmes jouant de différents instruments de musique, comme la lyre, la flûte, la harpe ou en train de danser. Les amoureux l’invoquent : « Je veux adorer la Doréeje veux louer sa majesté /Je veux exalter la maîtresse du Ciel / Je veux faire des salutations à Hathor / Et des glorifications à la maîtresse. / Je veux me plaindre à elle afin quelle écoute mes suppliques / Et que la maî-

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tresse m'assigne la "sœur”/ Elle est venue de son plein gré me voir. / Que c’est important ce qui m’est arrivé ! / Je me réjouis exalté, épanoui, / Quand on m’a dit "Ah la voici” C’est en tant que déesse de l’amour et de la beauté que Hathor avait aussi pour attribut le miroir. On la nommait aussi la Dame de la Vulve, sans doute depuis le jour

où elle vint la montrer à son père Rê, un jour où celui ci s’ennuyait : Alors que "le grand dieu passait toute une journée couché sur le dos sous la tonnelle. Son cœtir était très triste car il était seul. Après un temps long vint Hathor, Dame du sycomore du Sud et s’arrêta devant son père, le maître de l’univers. Debout, elle découvrit son sexe à sa face et le grand dieu lui sou­ rit...” (papyrus Chester Beatty). Elle nous rappelle ainsi la déesse Ishtar qui était coutumière du fait de relever sa jupe et de montrer sa vulve.

En tant que Dame de l’Ivresse, elle présidait aux banquets funéraires au cours desquels on ne mangeait pas mais où l’on buvait en son hon­ neur. Pharaon s’enivrait symboliquement de la liqueur divine lors d’une fête en l’honneur d’Hathor. Il dansait devant elle. Elle est la Dame du sycomore : Le sycomore était l’un des arbres

sacrés de l’Égypte. Il symbolisait les bienfaits du jardin. Les Égyptiens représentaient l’arbre faisant corps avec la déesse, offrant l’eau de la vie et les bienfaits de la terre cultivée aux défunts nouvellement arrivés dans l’au-delà. Le Soleil levant pouvait apparaître entre deux sycomores de tur­ quoise, symbole d’Hathor, déesse de l’énergie du ciel. Les sept Hathor, expression de Hathor unique en rapport avec les Sept

planètes et le destin. Hathor a la faculté de se démultiplier, mais on parle habituellement des sept Hathor. Présentes lors des rites de naissance, les sept Hathor sont le prototype des sept fées des contes de fées. Elles déter­ minent un destin. Elles tracent le canevas d’une destinée individuelle, plaçant l’individu dans un temps et un espace déterminé. Hathor étant déesse du ciel, on peut supposer que les sept Hathor font référence aux sept planètes ainsi qu’à leur position dans le ciel au moment de la nais­ sance. C’est la raison pour laquelle elles déterminent le destin.

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Son temple principal était à Dendérah mais elle était bien sûr vénérée dans d’autres sanctuaires. C’est là que se trouvait le célèbre zodiaque circulaire qui se trouve aujourd’hui au musée du Louvre, mais dont on a remis une copie à la place de l’original dans le temple. Son symbole cultuel y était un pilier rond présentant deux têtes de bovin regardant vers le bas (à Dendérah toutefois elles sont remplacées par deux têtes de femme aux oreilles de vache). On l’appelait l’âme féminin à deux visages.

Elle est l’image de l’élément féminin primordial et représente les deux faces de l’amour vie et mort ciel et enfer. Ses fêtes y étaient nombreuses qui avaient lieu tout au long de l’année : il y avait par exemple la Fête de la Bonne réunion qui était consacrée aux épousailles mystiques de Hathor de Dendérah avec Horus d’Edfou, son époux. Ces noces renou­ velées garantissaient la fertilité du pays. Et aussi la Fête de l’Ivresse, la Fête du Renouvellement, de l’Ivresse.

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LES HATHOR AUJOURD’HUI

Les Hathor d’aujourd’hui sont des femmes libres et sans complexes, bien dans leur peau. Ce sont des forces de la nature, bienfaisantes et gaies, aimant la beauté, les plaisirs, la musique et le bon vin, les fêtes.

Belles et surtout douées d’un sex-appeal irrésistible, elles aiment se contempler dans la glace, sans s’attarder à un éventuel petit défaut phy­ sique, sûres de leur pouvoir de séduction, sachant d’instinct que cette certitude même fait partie de leur pouvoir. Coquettes, prenant grand soin de leur apparence, toutes les inventions de la mode et de la coiffure sont faites pour elles. Le vaste dressing room avec sa grande glace en pied et la salle de bains avec son miroir à trois faces sont les pièces principales de la maison de l’Hathor d’aujourd’hui. Son coffret à bijoux est plutôt une malle. Elle aime les gros colliers d’or, les bijoux de perles d’or ou de pierres de couleur, les bracelets de bras, d’avant-bras, de chevilles, les boucles d’oreilles, les ceintures-bijoux de chaînes ou de perles aux fermoirs ouvragés et les diadèmes pour les grandes occasions.

Ses cheveux sont l’objet de tous ses soins et de ceux des plus grands coiffeurs. Elle n’hésite pas à les étoffer, les lissant ou les bouclant, les colo­ rant ou les décolorant, la pailletant, les ornant. Elle ne peut se passer de maquillage. En particulier pour les yeux : à elle khôl, eyeliner, faux cils, fards à paupières ; mais aussi pour sa bouche quelle aime pulpeuse et quelle lait traiter ou ourler, si elle estime que cela est nécessaire.

Ses mains semblent toujours sortir de chez la manucure : elles sont souples, lisses et prolongées par des ongles en amande, impeccablement taillés et colorés

Enfin elle fait partie de ces femmes qui pensent qu’un jour sans par­ fum est un jour sans soleil. Dans ce domaine, elle est incollable. Elle

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repère immédiatement les fleurs qui composent les parfums. Elle pour­ rait d’ailleurs être “un nez” dans la parfumerie. Quand elle prend son bain, c’est toujours dans de l’eau parfumée. Quand elle en sort, elle passe sur tout son corps une crème odorante. Ses vêtements embaument comme chaque mèche de ses cheveux et comme chaque centimètre de sa peau.

Elle aime les vêtements suggestifs qui mettent en valeur sa taille fine, Ises hanches arrondies et sa poitrine généreuse, quelle soit naturelle ou pas comme tuniques transparentes, ou tenues seconde peau ou décolle­ tées, dont les couleurs mènent en valeur celle de son teint ou de ses che­ veux. f

Ses cinq sens sont particulièrement développés. Elle aime les odeurs mais aussi les couleurs et les sons. Elle est attentive à ceux de la nature, au bruit que fait le souffle du vent dans la végétation, aux chants des oiseaux. Son sens du toucher est également extrêmement développé. Elle aime avec ses doigts et la paume de ses mains sentir l’écorce des arbres, froisser les feuilles entre ses doigts, évaluer les matières, qu’il s’agisse d’or, de pierres, de bois ou encore de la texture des vêtements quelle achète. Elle aime tâter, caresser, humer. Elle aime la nature luxuriante, le soleil, la lumière. En fait elle ne se trouve bien que dans les pays tropicaux, car la nature y est particulière­ ment éclatante et généreuse tout comme elle.

Elle ne peut vivre sans musique. Elle a le sens du rythme et l’oreille musicale. Elle joue d’un ou de plusieurs instruments de musique. Elle aime, par dessus tout, les plaisirs, les spectacles, les concerts et elle est faite pour apporter aux autres ces joies, ces plaisirs et ces distractions, dont elle a besoin pour elle-même. C’est avant tout une artiste, une vedette, une star. Hathor aujourd’hui est faite pour être vue et admirée, pour séduire, pour faire rêver. C’est pourquoi nos Hathor se dirigent vers tout ce qui fait appel à leur beauté, leur sex-appeal, leur coquetterie. À elles les concours de beauté.

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le vedettariat, que ce soit dans le cinéma ou la télévision, dans la chan­ son. Ce qui amplifie leur aura.

Peu d’hommes leur résistent. Dès quelles paraissent, leur virilité se réveille. Elles sont dans le domaine sexuel des expertes. Les femmes l’ad­ mirent et tentent de la copier, en général sans jalousie, car les Hathor sont sympathiques, gaies. Leur rire est contagieux. Aussi sont-elles invi­ tées partout. Leur présence réchauffe, met de l’ambiance, apporte de la joie. Bonnes vivantes, gourmandes, et surtout bonnes buveuses, elles par­ lent et rient sans contrainte et sans affectation. Elles sont franches, dénuées de toute hypocrisie, prêtes à rendre service et à dérider les plus moroses. Elles sont d’excellents remèdes à la mélancolie. Leur gaieté et leur optimisme sont contagieux. Ce ne sont pas des maîtresses de maison, ni des mères de famille, ce qui ne signifie pas qu’elles n’ont ni mari ni enfant, mais ce n’est pas là pour elle l’essentiel. Ce ne sont pas des intellectuelles, ni des savantes, ce qui ne signifie pas non plus qu’elles n’ont pas de culture, au contraire. Ce ne sont pas des ascètes, ce qui ne signifie pas quelles soient des glou­ tonnes ou des ivrognes. Ce sont des bêtes de scène.

Normalement les Hathor d’aujourd’hui se révèlent de très bonne heure. Mais il est des Hathor qui s’éveillent à n’importe quel âge, une fois une autre déesse assoupie et ayant reçu son dû. Ainsi une sage et réservée Séchât peut, tout à coup, sous l’influence d’une amie, d’un livre ou d’une fonune inespérée prendre conscience quelle aurait bien pu elle aussi devenir cette reine de beauté qui stimule tant le sexe opposé. Ce quelle n’aurait pas osé plus tôt par manque de moyens physiques ou par un désir mis sous cloche, par un instinct étouffé sous la pression d’autres objectifs lui ayant paru d’abord plus valorisants. Et voilà alors que, tout à coup, la Séchât devient Hathor après une remise en question, une rencontre amoureuse lui servant lui de révélateur. Ainsi Hathor pourrait bien naître dans la tête d’une intellectuelle qui tout à coup se sent pousser des envies inavouables. Et pour peu que les moyens financiers soient présents, la transformation physique permet la naissance d’Hathor, dont le visage, le corps et le comportement rempla­ cent celui de la déesse précédente.

“Sekhmet ¿¿ont la puissance est atissi grande que l’infini0 (inscription sur les statues de la déesse)

Chapitre 6

Sekhmet, la déesse lionne, la Puissante, la guerrière

Furieuse et sanguinaire, elle est celle qui faillit détruire l’humanité toute entière. Elle est la déesse de la guerre et de la vengeance. Avec ses flèches elle transperce les cœurs. De son corps jaillit une langue de feu. SA REPRÉSENTATION

Elle se présente comme une belle et vigoureuse jeune femme à tête de lionne. Sa tête couronnée du disque solaire rappelle quelle est fille de Rê, symbole de la force et de la chaleur répandue par le soleil. Elle porte aussi l’uræus, le serpent cobra qui crache le feu. Nous avons déjà parlé de l’uræus à propos d’Hathor mais l’uræus est surtout liée à Sekhmet. Il est conçu comme un cercle de feu protecteur issu de rayonne­ ment lumineux. Considéré comme l’œil de Rê, l’œil de la lumiè­ re divine, ce serpent cobra femelle montré dressé et

gonflé, prêt à l’attaque et lançant symboliquement

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des flammes était signe de force et d’énergie combattante. Il symbolisait la violence du principe féminin et était surtout liée à Sekhmet, détentrice de la maîtrise de la flamme (selon Christian Jacq). Elle était souvent appelée “la massacreuse”. Les textes disent :

"Voici qu’apparaît l’œil de Rê, maître des deux pays, la régente de l’île de l'embrasement, la Très Grande Maîtresse de la fureur souveraine sur la tête de son créateur... grande est sa force lorsqu’elle apparaît sur son front et elle a pouvoir sur tous les dieux". Cette force pouvant être vivifiante ou des­ tructrice. Sekhmet vient de la racine S-kem qui signifie “brûler”, “faire brû­

ler”. Le nom de la déesse indique donc qu’elle va représenter la force des­

tructrice du soleil. Sekhmet, tout comme Hathor, est l’uræus, mais dans sa manifestation dangereuse et violente. Elle est la face violente de Hathor. LE MYTHE

Dans la légende très ancienne de la déesse, il était dit qu’à l’époque où les dieux vivaient encore parmi les hommes sous le sceptre de Rê, les humains avaient commis la faute suprême : se désintéresser du sacré. Ils se mirent à proférer des paroles hostiles contre Rê sous prétexte qu’il avait vieilli "bien que ses os soient d’argent, ses chairs d’or et ses cheveux de lapis lazuli vrai’’. Alors le dieu Rê, principe de la Lumière et du Verbe, s’écarta de cette Terre des hommes qui ne respectaient plus les principes d’har­ monie. Il réunit le Conseil des dieux, qui le déterminèrent à faire massa­ crer les hommes par son œil divin, Hathor, qui prit l’aspect d’une lionne dévoratrice, la déesse lionne Sekhmet, incarnation de la force destructrice du Soleil et de la sexualité féminine indomptée. Celle-ci, surnommée depuis “la mangeuse de sang”, entreprit alors d’anéantir l’humanité. Elle se fit assister de douze massacreurs et de trente-six démons ailés. On comprend, bien sûr, que les douze massacreurs font référence aux douze signes du zodiaque et les trente-six démons ailés aux trente-six décans qui étaient appelés bakou, c’est-à-dire “serviteurs de Rê”.

C’est pourquoi la puissante déesse se manifestait dans sa représenta­ tion en 365 statues, symboles de la puissance du Soleil durant les

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365 jours de l’année. Certains faisaient d’ailleurs placer dans leurs tom­ beaux 365 figurines de Sekhmet et sur chacune faisaient inscrire un courte invocation afin que chaque jour soit sous sa protection.

Parmi les humains, il y en avait de bons. Aussi Rê voulut, au bout d’un moment, arrêter le carnage. Mais Sekhmet était lancée, rien ne pou­ vait l’arrêter, elle était allée jusqu’au cœur de l’Afrique pour en massacrer les habitants. Alors Rê fit brasser de la bière d’orge. Les dieux mélangè­ rent cette bière à du jus de grenade pour simuler le rouge du sang humain et en firent de quoi remplir sept mille cruches. Au matin Rê examina ce sang fictif “C’est très bien ; ainsi je pourrai sauver les hommes de la fureur de Sekhmet. Portez ceci au lieu où elle massacre les hommes". On commença dès la fin de la nuit, pendant que la déesse dormait encore, à répandre les sept mille litres de faux sang qui étaient dans les cruches. Les champs en furent recouverts à la hauteur de quatre palmes. La déesse survint au matin alors que le Soleil se levait et trouva les champs inondés de sang. Elle vit son reflet dans la bière. Ravie devant cette mer quelle crut de sang, elle en but abondamment, d’autant quelle trouvait la boisson à son goût. Fin saoule, elle ne reconnut pas les hommes et les épargna, se reti­ rant dans son palais. Cependant Sekhmet restera une déesse dangereuse. De sa bouche

sortent les vents du désert. Son corps brûlant et ses flèches incandescentes menacent les vivants. Assoiffée de sang, elle assèche le Nil dont les eaux deviennent rougeâtres, en raison de la terre quelles charrient, et empêche la crue féconde d’arriver. Elle est la “Dame des messagers de mort”.

Secondée par des génies émissaires, armés de couteaux et qui parcou­ rent la terre, elle apporte la maladie, la mon, la famine, notamment lors des moments défavorables du calendrier, comme par exemple aux passage d’une année à l’autre ou d’un mois à l’autre. Et tout particulièrement durant les cinq derniers jours de l’année, les cinq jours épagomènes hors du temps qui donnèrent naissance aux enfants de Nout et Geb c’est-àdire Osiris, Isis, Nephtys, Seth et Horus le vieux. À ce moment là, les forces dangereuses incarnées par Sekhmet se déchaînent. Pendant cette période, les hommes cherchent à l’apaiser par des litanies afin que sa

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colère ne vienne pas compromettre l’équilibre du monde. En effet, juste avant le retour de l’inondation, des miasmes se dégageaient des eaux stag­ nant dans les canaux et étaient la cause de fièvres diverses. De plus on craignait toujours que la crue ne revienne pas. Il était donc nécessaire de se procurer des moyens d’apaiser sa fureur, afin de s’en protéger. On le faisait soit avec des amulettes la représentant, soit en récitant des for­ mules magiques et tout particulièrement en exécutant le rite “d’apaiser Sekhmet”.

C’est pourquoi le pharaon, une fois l’an, récitait les litanies à la Bonne année, lors du rituel destiné à assurer la santé du roi et celle du pays qui avait lieu au Nouvel An, soit vers le 19 juillet au moment du retour des eaux de l’inondation.

À Hathor et à Sekhmet, on adressait des suppliques destinées à proté­ ger le faucon vivant (le souverain). Ces litanies étaient adressées à toutes les formes que la déesse pouvait emprunter pour chaque jour de l’année. Transcrites sur des statues par Aménophis III, ces invocations furent matérialisées par deux séries de 365 effigies en granit noir à tête de lionne. Le pharaon, qui était malade, espérait par là obtenir la guérison. Il les fit placer dans les deux cours du temple de Moût, construit au sud du grand temple d’Amon à Karnak. Dans les deux cours, entre pylône et hypostyle, on érigea sur plusieurs rangs les centaines de statues en granit noir de Sekhmet (on en évalue le nombre aujourd’hui à 720 ou 730 soit deux fois 360 ou deux fois 365 soit une pour chaque jour de l’année en comptant ou non les cinq jours épagomènes hors du temps — matin et soir). Les litanies s’achevaient sur sept couplets visant à prémunir le roi fau­ con vivant contre les sept flèches (les sept planètes dans leurs côtés néga­ tifs) de l’année, symboles de tous les dangers qui pourraient atteindre le roi et l’Égypte “ô Sekhmet qui aimes la justice et dont l’horreur est l’injus­ tice ô maîtresse des hommes viens au roi Ptolémée l’image vivante, lefaucon vivant, sauve le, garde le, protège le, de la sixième flèche de l’année ô Sekhmet-Urœus qui ouvres le cercle... ô maîtresse viens au roi Ptolémée. L’image vivante, le faucon vivant, sauve le, garde le, protège le de la septième flèche de l’année. ”

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Sekhmet se transformait alors en déesse bénéfique

Elle combattait les ennemis de Pharaon, dont elle était souvent dési­ gnée comme la mère. Ainsi est-elle représentée à l’Ancien Empire en train d’allaiter le roi Niousserrê (Ve dynastie). Elle assurait la sauvegarde de l’Égypte, tout comme la lionne veille sur ses petits. Dans le Livre des Portes on retrouve des écrits relatant les exploits de la déesse sur les enne­ mis de l’Égypte. Ainsi à Medinet Habou, à la porte d’entrée du temple funéraire de Ramsès III (1182-1151 av. J.-C.), les reliefs montrent Ramsès III massacrant des ennemis ainsi que des prisonniers emmenés sous l’œil vigilant de Sekhmet. Elle gardait les portes des palais et des temples placés sous la haute direction du roi. C’est pourquoi des statues de Sekhmet étaient placées à l’entrée des lieux sacrés interdisant aux profanes l’entrée des temples. Ainsi, sur le plan ésotérique, elle est la gardienne du seuil. Animal royal, la déesse lionne conçoit et enfante symboliquement le roi auquel elle transmet sa nature divine et altière, "le cœur du roi appartient à Sekhmet la grande”.

Memphis était son lieu de culte principal avec Ptah, le dieu créateur, son époux, et Nefertoum, leur fils “Fleur de lotus au nez de Rê”. Épouse de Ptah, déesse de la guerre, elle symbolisait la Volonté et la force de l’âme. Nefertoum personnifiait la fleur de nénuphar attirée

par la lumière du soleil. Il avait parfois une tête de lion. Il symbolisait le Soleil enfant. En fait, elle eut des sanctuaires partout où le lion vient boire. Elle avait notamment un sanctuaire à Abydos (dans le temple de Séthi Ier), à Louxor, où l’on a trouvé trente statues de Sekhmet dans le temple du pharaon Amenhotep III, ou encore Karnak où Thoutmès III reconstruisant un petit temple de Ptah y avait installé la statue déesse parèdre de Ptah. Cette statue, qui est un chef d’œuvre de la statuaire égyptienne, fut laissée à sa place. La face bestiale est éclairée par une lucarne percée juste au-dessus dans le plafond. La déesse se détache ainsi dans son sanctuaire on peut y admirer ses prunelles immobiles et lucides, son mufle implacable qui épouvante les visiteurs. En fait la “méchanceté” de Sekhmet comme le fait observer Christian Jacq est en réalité "une formidable puissance de purification par le feu. Au

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tournant de /année, quand un cycle s achève et quand un autre commence, c’est le souffle brûlant de Sekhmet quifait mourir ce qui doit mourir, quifait disparaître ce qui est insuffisant, dépassé, vieilli”. C’est ainsi que, paradoxalement, alors que c’est elle qui engen­ drait la maladie, elle est devenue la patronne des médecins, qui

devaient être initiés dans le temple avant de pouvoir pratiquer leur métier. Auprès de la déesse, ils apprenaient l’art de guérir, car avec elle ils étaient en contact avec le mal, la maladie, la mort physique. Sekhmet enseigne la lucidité, le devoir de voir la réalité face à face.

Les prêtres de Sekhmet formaient une des plus vieilles corporations des médecins d’Égypte. Cette caste des médecins guérisseurs utilisaient différents pratiques magiques pour lutter contre la maladie. La médecine et la chirurgie faisaient aussi partie de ses pouvoirs magiques. Elle était ainsi considérée comme la “Déesse aux enchantements” ou “Grande en magie”. Aussi était elle la patronne des médecins. Gardienne de la puissance suprême elle se laisse apprivoiser seulement par qui la mérite. Elle se love au front de son père Rê et ceint aussi celui du fils divin Pharaon pour le protéger sous la forme de l’uræus au front de Pharaon. Ainsi était Sekhmet.

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LA DÉESSE SEKHMET AUJOURD’HUI

Qui sont donc les Sekhmet aujourd’hui ? Impressionnantes sûrement, pas commodes, n’incitant pas à l’irres­ pect ou à la moquerie. Lorsqu’une Sekhmet apparaît quelque part, elle ne passe pas inaper­ çue. Son allure altière, son port de tête, sa nuque bien verticale, ses épaules larges, les longues foulées que tracent ses jambes de sportive, lui donnent d’emblée une place à part.

En général sa chevelure, coiffée vers l’arrière, dégage son visage large et rayonnant, l’encadrent comme une crinière de lion. Son regard à la fois impérieux et brillant indique que nul n’a intérêt à se frotter à elle. Sekhmet, en fait, fait penser, on l’avait compris, aux natives du signe astrologique du Lion. Les Sekhmet, de nos jours comme autrefois, sont royales.

Leurs vêtements sont ceux d’une sportive élégante. Ils viennent en général des grands couturiers. Ou tout au moins en donnent l’impres­ sion. On dit d’une Sekhmet quelle est dure ou méchante. En fait elle ne fait pas de concession. Elle pardonne difficilement la médiocrité, la mal­ honnêteté, tout ce qui est petit, mesquin, indélicat. Elle déteste la curio­ sité malsaine, l’indiscrétion, l’amour des cancans. Si elle pouvait éliminer de la planète tous les minables, les sots, les petits snobs, tous ceux qui sui­ vent les modes de l’intellectuellement ou politiquement correct, les voleurs, les bons à rien, en fait tous les médiocres, elle le ferait bien volontiers, d’ailleurs elle en rêve souvent. Elle n’éprouve aucune indul­ gence.

Elle ne supporte pas non plus la politique de l’autruche menée la plu­ part du temps par ses concitoyens, la fuite en avant, les œillères que cha­ cun se met devant les yeux pour ne pas voir ce qui se passe dans le

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monde, le refus de voir la réalité en face, l‘hypocrisie. Elle est alors faci­ lement courroucée et ses colères sont spectaculaires. Elle peut aussi être terriblement blessante dans ses propos méprisants, mais elle ne s’en rend pas toujours compte.

Si l’on se trouve face à une telle Sekhmet, lui proposer une petit coup à boire pour la calmer est la meilleure solution. En fait les Sekhmet d’aujourd’hui ont du mal à comprendre que tout le monde ne peut pas, comme elles, être intelligent, beau, sportif et cou­ rageux.

Par contre, elles ont un fort instinct de protection envers ceux quelles estiment, envers les innocents et les justes opprimés, envers les enfants. Sekhmet aujourd’hui ne peut épouser qu’un malin particulièrement ingénieux. Telle Sekhmet autrefois qui choisit pour avoir un enfant Ptah, le patron des artisans initiés, le garant de la permanence de la fonction royale.

Amoureuse ardente, elle n’est pas pour autant facile à séduire, car elle est difficile dans ses choix. Ce n’est ni une maîtresse de maison, ni une mère de famille nom­ breuse.

L’idée de faire de sa maison un refuge ou un petit nid douillet la ferait s’étrangler de rire. Certes elle sait recevoir avec dignité, mais sa maison est d’avantage un lieu de réception qu’un cocon. Elle n’a en général qu’un enfant, parfois deux, quelle allaite sans problème, puis quelle élève et protège à la perfection et à qui elle transmet ses valeurs. La maternité assouvie, elle deviendra à partir de là plus souple, moins sévère dans ses jugements à l’emporte pièce, elle apprendra à relativiser les défauts de ses concitoyens. Elle finira par comprendre que tout le monde ne naît pas avec une forte volonté, même si celle-ci peut se développer, ni avec une force intérieure comparables aux siennes. Amie en général des grands de ce monde, elle les conseille librement.

Sa résistance physique, son courage moral, sa lucidité, son intelligence peuvent la pousser vers la chirurgie. Ce n’est pas elle qui s’évanouira à la

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vue du sang ou d’une piqûre et, de toutes façons, elle fera en sone de ne pas le faire, elle ne se le pardonnerait pas.

Elle lutte jusqu’au bout pour sauver le malade ou l’opéré en en faisant une affaire personnelle. Son attrait instinctif pour la destruction se trans­ forme alors vers la destruction de la maladie, vers la destruction des méfaits infligés par les blessures venues d’un accident ou de la guerre. Son talent de lutteuse qui a besoin de s’exprimer se met au service de la santé. Elle peut aussi se diriger vers l’armée : elle gravirait alors rapidement les échelons et obtiendrait les étoiles des plus hauts gradés.

Elle pourrait aussi devenir garde du corps des grands de ce monde. De toutes façons elle a besoin d’agir physiquement, notamment dans la pratique des arts martiaux.

Enfin elle s’intéresse à la Tradition, tout en s’intéressant au progrès et tout en gardant un regard lucide sur ce qui lui a été transmis.

Elle sait se remettre en question et fait régulièrement le bilan de sa vie. En cas d’erreur d’aiguillage, qu’il s’agisse du domaine professionnel ou affectif, elle ne craint pas la rupture. Comme le chirurgien coupe un membre gangrené elle sait s’amputer d’un amour sans avenir ou nocif. Elle sait comprendre ses propres erreurs, reconnaître ses a priori. Elle sait voir que le monde change et sait s’adapter aux changements de la civili­ sation.

Elle sait se restructurer, se débarrasser de ce qui n’a plus lieu d’être. Elle n’a pas de sentimentalité par rapport au passé. Ce n’est pas elle qui gardera un objet sans intérêt sous prétexte qu’il lui a été donné il y a vingt ans par une personne quelle ne reverra plus jamais. Elle n’hésite pas davantage à se débarrasser de ses vêtements démodés, comme le font cer­ taines dans l’idée que peut-être la mode reviendra un jour. Car elle sait que rien ne revient exactement comme avant. Elle sait que ses enfants qui ont grandi ne reviendront plus jamais ces tout petits charmants adorant leur mère. D’ailleurs elle a veillé à ce que le cordon ombilical soit coupé...

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“Déesse Bastet donne la vie, la santé, une existence heureuse à Untel, fils de Untel”

Chapitre 7

Bast (Bastet en grec), la déesse protectrice égyptienne de l’amour, de la féminité sereine, des parfums, de la famille et du foyer Son nom s’écrit avec le hiéroglyphe du vase à parfum scellé “B s” avec la terminaison en T fémi­ nine. Il évoque les huiles, l’onction, la cire, les par­ fums. Il indique que Bastet était la déesse des par­ fums. On la nommait aussi la Dame du Naos, Celle qui protège les Deux Terres, la Maîtresse de tous les dieux, la Nourrice. LE MYTHE

Bastet, la divine chatte, n’est autre que Sekhmet sous sa forme apaisée, la Lointaine de retour en Égypte- Elle 651 donc fille de Rê. Lorsque la bois­ son, imitant le sang, fut déposée dans les champs par Thot pour tromper la déesse Sekhmet, celle-ci s’enivra, s’apaisa, s’endormit et se transforma en la douce Bastet qui fut vénérée dans le Delta dès l’Ancien Empire.

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Progressivement Bastet acquit une importance nationale. Elle prit de l’importance à partir du jour où elle fut piquée par un scorpion, alors quelle se promenait sur un sentier désert. Elle poussa un cri déchirant qui monta jusqu’au ciel. Rê l’entendit et arriva aussitôt. “N’aies pas peur ma fille”, lui dit-il, et il se plaça derrière elle avec l’ankh, le signe de vie. Aussitôt le corps de Bastet se transforma : toutes les parties de son corps s’identifièrent à des parties du corps des diverses divinités. C’est ainsi que Bastet devint le symbole de lensemble des forces divines : “sa tête devint celle de Rê, ses yeux ceux du maître divin qui éclairent le double pays, son nez celui de Toth, sa bouche celle d’Atoum, sa poitrine celle de Toth, son cœur celui de Ptah, qui débarrasse le cœur de tout poison, ses pattes sont les mains de la grande et de la petite Énneade, son ventre celui d’Osiris, ses cuisses celles de Montou, ses mollets ceux de Khonsou, ses hanches celles d’Horus, ses plantes des pieds, celles de Rê”. On raconte aussi qu’un jour Rê se fit attaquer par un serpent. Le ser­ pent avala Rê. Rê disparu, la nuit enveloppa l’Égypte. On envoya Bastet. Elle attaqua le serpent et lui planta ses crocs dans la nuque. Le serpent blessé à mort recracha Rê. C’est ainsi que Bastet rendit la lumière aux Égyptiens, mais elle avait planté ses crocs si près de Rê quelle en avala des éclats, quelle transmit à sa descendance.

On peut les voir lorsque les pupilles des chats se rétractent : leurs yeux s’entourent d’un cercle lumineux : c’est l’éclat de Rê. C’est aussi pour ceue raison que les chats recherchent la chaleur des rayons du Soleil.

Bastet, comme Sekhmet, est l’œil de Rê ou plus exactement la pupille de son œil. Elle est donc aussi l’uræus, la déesse Ouadjyt. D’ailleurs la déesse Ouadjyt est dite issue de Bouto et issue de Boubasris, la ville de Bastet. Bastet a un fils, Mahès (Myésis) une divinité féline vénérée à Léontopolis. Elle l’aurait eu d’Atoum dont elle serait l’épouse. À Bubastis se trouvait un temple d’Atoum qui formait avec Bastet et Mahès une triade divine particulièrement honorée. Bastet se présente le plus souvent avec un corps de femme volup­ tueux et une tête de chat. Elle est accompagnée la plupart du temps de

scs petits. Elle tient d’une main l’égide à tête de lionne, rappelant l’ori-

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gine de la déesse. De l’autre le sistre, objet rituel utilisé pour le culte qui lui était rendu à Bubastis dans le Delta du Nil. Le rôle du sistre étant d’évoquer le bruissement des fourrés de papyrus qui envahissaient cette région. Elle pouvait aussi tenir un petit panier, l’anse enfilée sur son avant-bras gauche. Enfin on la représentait parfois en chat circulant sur une barque. SON CULTE

Sous sa personnalité de chatte vivante entretenue dans les temples et présente dans tous les chats, à partir du IXe siècle avant notre ère, elle était devenue partout une divinité protectrice proche des hommes et de leur famille. Cette promotion, nous disent les égyptologues, fut l’œuvre des théologiens de Boubastis sous l’obédience des rois d’origine lybienne qui avaient étendu son hégémonie à partir de cette ville. À partir de ce moment là, le culte de Bastet gagna toute l’Égypte et deux pharaons se firent appeler “Don de Bastet” (Pétoubastis). Quoiqu’il en soit, les chats domestiques avaient la cote. On faisait la comparaison entre la figure léo­ nine sauvage et mortifère de Sekhmet et la chatte familière et amicale en dépit de ses escapades.

Un proverbe disait : “Quand un homme est en odeur de myrrhe, sa femme est une chatte à son égard. Quand un homme est souffrant sa femme est une lionne à son égard”. Plus royal, lorsqu’on parlait du pharaon, on disait : “C'est Bastet la protectrice des Deux Terres (la Haute et la Basse Égypte), celui qui Tadore est abrité par son bras. C’est Sekhmet contre le vio­ lateur de son ordre ; celui qu’il disgracie sera soumis à ses démons errants”. Au Nouvel Empire, les gens se mirent de plus en plus à avoir chez eux une ou plusieurs chattes, en adorant la bête. Chacun reconnaissait en la “Bonne Chatte”, la patronne de sa propre province. Le culte de Bastet demeura vivant jusqu’à la fin du IVe siècle de l’ère chrétienne. Son principal lieu de culte était la ville Bubastis en plein Delta au nord est du Caire. Bastet était la divinité de Bubastis (l’actuelle Tell

Basta dans le Delta), en égyptien Perbastet, “le Domaine de Bastet”. Elle fut vénérée dès la Irc dynastie, à l’époque rhinite (-3100 à -2700), ainsi que le prouvent des effigies de la déesse remontant à cette époque. Son

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culte est donc très ancien. Il prit une grande importance sous la XXDe dynastie (vers -935) lorsque Bubastis devint le lieu de résidence des pha­ raons de cette dynastie libyenne. D’après une tombe de la vallée des Reines, Bastet porte des couteaux pour protéger le fils du roi et elle aurait aussi enfanté et allaité le pharaon dont elle serait la déesse protectrice. C’est que la chatte, même domestiquée, a gardé son instinct de chasseuse, de calculatrice rusée capable de survivre dans des milieux hostiles comme par exemple le désert. Le grand sanctuaire avec son enclos se trouvait sur une île au milieu d’un lac. Les chats sacrés entretenus par les prêtres résidaient dans l’en­ clos.

De grandes fêtes établies en l’honneur de la déesse avaient lieu au deuxième mois de la saison des crues.

Les habitants des alentours s’y rendaient en barque. Mais d’autres venaient de très loin. Du temps d’Hérodote, d’après ce qu’il disait, plus de 700 000 personnes se déplaçaient pour venir assister à ces fêtes. Les gens s’entassaient dans des barques et descendaient le cours du fleuve. Ils débarquaient dans les rives riveraines et se mêlaient aux habitants. Ils se joignaient à leurs bruyants déchaînements de tapage et de mimiques sexuelles. La danse sacrée culminait à Boubastis où avaient lieu les grands sacri­ fices officiels. On y jouait de la musique, on y buvait du vin, plus de vin en un jour que dans tout le reste de l’année.

L’ampleur du culte voué à Bastet se mesure à la quantité de nécropoles de chats. Par respect pour Bastet, la déesse à tête de chat, les chats étaient consi­ dérés comme sacrés. Ils étaient souvent embaumés et momifiés. La nécropole des chats de Bubastis, centre cultuel de Bastet, était célèbre dans tout le monde antique. Elle se composait de puits coffrés de briques, creusés dans le sol de limon. Il y avait aussi le Bubasteion de Saqqarah-Nord, dépendant du temple de Bastet, “Dame de la Vie des Deux Terres” non loin du complexe funé­ raire deTéti. On y a trouvé des milliers de sépultures de chats, installées

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dans de beaux hypogées datant du Nouvel Empire et dont les caveaux furent agrandis en de complexes catacombes. Cette nécropole fonction­ nait intensément encore à l’époque gréco-romaine. Les chats étaient soit momifiés, soit entourés de bandelettes (on a trouvé une momie de chat entourée d’une bandelette de lin de plus de 1000 mètres de long !) et pla­ cés dans des sarcophages de bronze ou de bois en forme de chat. Les figures peintes sur l’enveloppe donnaient une expression narquoise ou humoristique au chat. Parfois des yeux incrustés de cristal de roche ou de pâte de verre colorée leur donnaient vie. On y a trouvé également d’in­ nombrables ex-voto dédiés à la déesse : des petites statues de bronze représentant des chats tantôt assis, tantôt voluptueusement couchés ou encore des chattes allaitant leurs petits. DÉESSE DE L’AMOUR ET DE LA SÉDUCTION

La merveilleuse grâce du chat et particulièrement de la femelle, la sou­ plesse de son corps, ses attitudes voluptueuses, son irrésistible ronronne­ ment, ses chants amoureux, sa propreté, en ont fait logiquement une déesse de l’amour, de la séduction, de la sexualité féminine qui, comme Bastet, peut parfois cracher et griffer.

Les femmes égyptiennes se devaient d’être belles comme Bastet. Elles allongeaient leurs yeux afin de lui ressembler. Les prêtresses de Bastet, dont parle encore la Tradition, finissaient par ressembler à leur déesse : yeux verts ou dorés, visage triangulaire accentué par le maquillage des yeux étirés vers les tempes.

Parmi les prêtresses de Bastet se trouvaient des courtisanes. L’histoire de l’une d’elles illustre bien le pouvoir de séduction envoûtant des prê­ tresses de Bastet. Un jour un certain Satni tomba amoureux de l’une de ces prêtresses habitant à Memphis. Celle-ci commença par mettre son amoureux à l’épreuve. Elle le reçut dans un décor de rêve, faisant brûler des essences rares, lui faisant goûter les mets les plus délicats tout en portant des vête­ ments de plus en plus légers. Puis elle exigea de lui qu’il lui lègue toute sa fortune et celle de ses enfants, s’il voulait quelle s’abandonne à lui. Finalement elle le dépouilla de tous ses biens, exigea jusqu’à la mon de ses

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enfants dont on jeta les corps aux chiens et aux chats. Elle s’abandonna une seconde fois, mais, au moment final, s’évanouit comme une fumée. Bien que Bastet puisse se montrer cruelle, comme dans cette histoire, dans l’ensemble elle est une déesse bienveillante. Elle incarne la féminité sereine

Déesse bienveillante, protectrice de l’humanité, protectrice des femmes et des enfants, elle détient le pouvoir magique qui stimule l’amour et “l’énergie charnelle”. Elle est la protectrice du foyer, la déesse de la maternité

On sait que la chatte avec ses deux portées de cinq ou six petits est prolifique et quelle se comporte en mère exemplaire. Elle saisit ses petits par la nuque pour aller les cacher en toute sécurité, elle les nourrit, les tient propres, puis leur apprend la propreté et joue avec eux. Et enfin elle se prête de bonne grâce au jeux des enfants des hommes. Bastet hérita donc de toutes ces qualités ; elle devint même la nourrice symbolique des enfants des hommes. Les femmes lui attribuèrent un statut de protection des naissances. Elle est la joyeuse maîtresse de la musique et de la danse, la Dame des parfums et des drogues

Elle protégeait ceux qui étaient en rapport avec l’exploitation de la calcite qui servait à la réalisation des récipients aux onguents huileux ou gras parfumés. Elle est, comme Sekhmet, patronne des guérisseurs

Si les membres du corps des guérisseurs se nommaient “prêtres purs de Sekhmet”, leurs instruments étaient contenus dans le “coffre de Bastet”. Déesse de la fécondité et de la récolte

Le chat était le protecteur du grain de ce pays qui était le grenier à grain du monde. Bastet devint ainsi la déesse de la fécondité et de la récolte.

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Les Égyptiens respectaient et aimaient le chat. Ils en faisaient leur ani­ mal favori et les emmenaient la chasse. Ils appréciaient ses talents de chasseur, sa beauté, son caractère mystérieux. Ils lui mettaient des bijoux, des colliers d’or et de fines boucles d’oreilles. Ils s’affligeaient grandement lors de son décès. Et quiconque tuait volontairement un chat était pas­ sible de la peine capitale, s’il n’avait pas été lynché par la foule indignée. C’est ainsi qu’un soldat de Jules César fut lapidé pour avoir tué un chat. Mais c’est la chatte qui fut divinisée et son culte fut surtout populaire. Elle représente l’aspect souriant de la féminité et de la maternité elle est la déesse de la joie de la fertilité. Ses caractéristiques sont la sérénité, le calme, la bienveillance.

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Être Bastet aujourd’hui, c’est manifester l’éternel féminin, hors du temps, des pays et des modes. Ce n’est pas songer à faire carrière, mais à créer un foyer, mettre au monde des enfants, leur prodiguer les soins les plus attentifs et les plus tendres. Et quand Bastet se manifeste chez la femme d’aujourd’hui, en général c’est dès l’adolescence. Les Bastet se repèrent à leur attitude corporelle qui évoque irrésisti­ blement celle d’une chatte. Un air de douceur extrême, une grâce féline, un regard magnétique, un charme considérable qui attire les regards des maris en puissance, ce qui fait qu’elles se marient en général de bonne heure, à la plus grande période de leur fertilité.

Leur corps est souple, leurs cheveux brillants, souvent noirs comme la fourrure soyeuse des chats égyptiens, leurs yeux étincelants, noisette, vert ou dorés.

Elles semblent à première vue tout à fait innocentes. On ne se méfie pas de leur puissance physique, bien cachée sous leurs airs enfantins et craquants. Mais pourtant on devrait se souvenir de la rapidité de leurs réflexes, tant physiques que psychologiques. Tendres et émotives, hyper­ sensibles, leurs griffes peuvent faire très mal, si elles se sentent blessées ou utilisées. Car, même si elles semblent dormir et sans méfiance, elles ont toujours un œil à moitié ouvert et leur instinct, en ce qui concerne les mauvaises intentions cachées des autres, est infaillible. Ce qui fait que, derrière leur amabilité et leur joie bienveillante, se cache une tristesse et une angoisse toujours présentes. Seul le fait de donner la vie les récon­ forte. Elles deviennent facilement mères de famille nombreuse, ne semblant pas vraiment souffrir des grossesses ou des accouchements. Enceintes, elles rayonnent et lorsque viennent les tout petits, c’est le bonheur.

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Elles les entourent d’une tendresse animale sans limites. Les heureux petits des Bastet ne manquent jamais d’amour, ni de caresses, ni de bai­ sers. Les contacts physiques sont la clef maternelle des Bastet. Ils ne sont pas gâtés pour autant, car les Bastet savent les éduquer de main de maître, en faire des enfants propres, des joueurs adroits et dégourdis, de parfaits diplomates, des êtres sociaux, prêts à ronronner lorsque ça peut servir. Elles en font aussi des petits chasseurs prompts à la riposte, tout en res­ tant bien élevés, sachant communiquer et manifester leur contentement, leur gratitude à ceux qui sont aimables avec eux. Elles font de leur mai­ son un havre de paix, de tendresse et de bonne humeur, un nid douillet, un lieu de bonheur. Quand on entre aujourd’hui chez une Bastet, on est immédiatement saisi par l’ambiance heureuse et familiale qui y règne, par la propreté du lieu, son élégance, l’harmonie de ses couleurs, son accueillant confort, par les parfums qui s’y répandent, qu’il s’agisse des senteurs issues des bouquets de fleurs fraîchement coupés ou des sachets de lavande placés entre les piles de linge dans les armoires ou encore des odeurs faisant venir l’eau à la bouche sortant du four de la cuisine évoquant les gâteaux du goûter.

Puis apparaît la maîtresse de maison. Quand on s’approche pour la saluer, on respire son parfum harmonieux et délicat, on admire sa coif­ fure, ses vêtements, ses bijoux, dont elle sait toujours se parer sans erreur. Joyeuses compagnes, les Bastet adorent les fêtes. Elles sont très sociables, ne ratent aucune occasion de s’amuser. Elles organisent des dîners pour leurs amis, aimant les bons repas et les bons vins. Elle ado­ rent la musique et la danse, dont elles peuvent faire leur violon d’Ingres.

Et bien sûr ce sont des amantes expérimentées. D’ailleurs, si elles ne trouvent pas le mari dont elles ont besoin pour donner un père à leurs enfants, elles peuvent se montrer des maîtresses redoutables et capables de mener plus d’un de leurs amants à la faillite. Si Bastet se manifeste en général dès le plus jeune âge, il arrive aussi que Bastet s’éveille en nous relativement tardivement.

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Après avoir fait des études longues et entamé une carrière, il arrive qu’à l’approche des 35/40 ans Bastet se manifeste avec insistance. C’est alors presque la panique. Jusque là célibataire et sans enfants, Bastet en la femme réclame son héritage. Cette période Bastet est dangereuse, car elle pousse à la précipitation et le choix du mari ou du père n’est pas toujours judicieux. Cependant lorsque l’enfant paraît, c’est Bastet puissance mille qui alors se manifeste pour peu qu’il y ait des jumeaux...

D’autres Bastet se manifestent de façons différentes, en adoptant des enfants ou encore en créant pour les petits enfants des foyers, des refuges. Bastet pousse en effet, à défaut d’être mère au foyer, à se diriger vers des professions en rapport avec les enfants : sage-femme, nourrice, directrice d’une crèche, éducatrice dans une école maternelle, médecin pédiatre. Enfin il n’y a pas d âge pour être Bastet, seul compte l’âge du cœur. On peut se révéler Bastet à 90 ans, pour peu que l’on soit encore bien portant et que l’on fasse appel à nous pour garder des bébés, les choyer et les éduquer. Enfin naturellement il y a des papas poules qui sont de vraies Bastet. Quoiqu’il en soit, quand Bastet s’éveille en nous, nous acquérons la puissance de tous les dieux.

“Lis ton formulaire ! ¿lisent les dieux des marécages et des fourrés de papyrus. Que ta corde tende les deux piquets ! dit Séchât maîtresse des incantations, celle qui a porté les deux Seigneurs (Serh et Horus)” (Inscription sur le temple de Louqsor)

Chapitre 8

Séshat (Séchât), Maîtresse d’œuvre et souveraine de la Maison de vie. Déesse de la sagesse

Séshat jouait un rôle majeur dans la symbolique égyptienne, surtout dans les très anciens temps. Son nom Séshat signi­ fie “celle qui écrit”, “celle qui est un scribe”. Elle était à l’origine la déification du concept de la sagesse. Puis elle devint déesse de l’écriture, de l’astronomie astrologie, de l’architecture, des mathématiques. SA REPRÉSENTATION

Elle se présente sous l’aspect d’un jeune femme portant une étrange coiffure formée d’une fleur à sept pétales ou d’une étoile à sept branches piquée par une tige sur la perruque qui la couronne. Cette étoile est surmontée d’un arc composé de deux cornes renversées ou par un croissant de lune, symbolisés à la Basse époque par deux petits ser­ pents.

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D’où son épithète de “Séfekhètâbouy” qui signifie, pense-t-on, “sept et deux cornes”. Mais d’autres y voient un palmier sous la voûte céleste. On l’appelle aussi Sefkhet, qui signifie “sept”. Toutefois, parfois, son étoile n’a que cinq branches (comme sur l’image ci-contre) et surmonte une couronne d’uraei que l’on voit derrière l’uræus central placé sur son front. Mais en fait, il s’agit d’une déesse lunaire. Sa coiffure rappelle le sym­ bole du dieu lune en Mésopotamie qui est un cercle comportant une étoile à sept branches bordé d’un côté par un fin croissant lunaire. Ici les deux cornes symbolisent les deux croissants. Sept est le nombre lunaire par excellence. On la repré­ sente aussi vêtue d’une peau de panthère dont les motifs symbolisent les étoiles associées à l’éternité et tenant les instruments du scribe dans ses mains.

Elle n’a pas d’histoire particulière. On ignore sa parenté, mais on sait quelle apparaît dès l’époque rhinite à la IIe dynastie. Elle assiste le pha­ raon dans certaines cérémonies, lors de la fondation des édifices sacrés : elle détermine la justesse des plans et des tracés architecturaux et préside à la cérémonie “Pedj Shes”, “tirer la corde”. Géomètre, austère, secrète, elle est à l’origine de tous les temples bien que aucun ne lui fut consacré. Quand plus tard, Thot, dieu lunaire par excellence, devint le dieu de la sagesse, Séshat fut considérée comme sa compagne et assistante mais par­ fois aussi comme sa fille. MAÎTRESSE DES BÂTISSEURS, elle est dépositaire des plans et

des tracés divins, patronne des tracés géométriques, experte dans l’art de la visée astronomique qui permet l’orientation correcte des construc­ tions. Les bâtiments divins sont donc érigés sous sa directive. Elle est la véritable maîtresse des cérémonies lors de la fondation des temples. Elle est donc présente dans la cérémonie de la fondation du temple, rituel qui est demeuré pratiquement immuable durant quatre millénaires. Le point fort du rituel est le moment où l’on tend le cordeau entre les piquets, opération essentielle qui consistait à déterminer l’orientation du temple.

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Au cours de ce rituel, Séshat, grâce à ses connaissances en mathéma­ tiques et en astronomie, assistait le pharaon pour délimiter au moyen d’une corde le tracé exact de futurs bâtiments. Et cela en conformité avec les préceptes religieux (comme l’emplacement des planètes ou des étoiles par rapport à l’édifice). Ainsi Séshat révèle la manière dont il faut donner le premier coup de maillet, enfoncer le premier piquet dans le sol pour révéler le tracé direc­ teur et faire l’indispensable implantation terrestre à partir d’une visée céleste. Ainsi en témoigne l’inscription trouvée à Abydos au temple de Séthi Ier (1290-1224 av. J.-C.). Séshat parle : “]e l’ai fondé avec Sokaris ; j’ai tendu le cordeau sur remplacement de ses murs ; tandis que ma bouche récitait les grandes incantations, Thot était là avec ses livres...pour établir l’enceinte de ses murs, Ptah. Totou en mesurait le sol et Toum (le démiurge) était là... Le maillet, dans ma main était en or, je frappais avec lui sur le pieu, et toi tu étais avec moi sous la forme du Hounou, tes deux bras tendaient le hoyau : ainsi frirent établis les quatre angles aussi solidement que les quatre piliers du ciel. Ce frit Neith qui prononça les charmes et les formules protectrices du temple ; et Selkit mit la main à ces travaux faits pour l’éternite .

En ce qui concerne cette inscription, Schwaller de Lubicz fait remar­ quer que le rituel du cordeau comprend en premier lieu la définition mystique de l’enclos sur lequel sera bâti le temple, donc ce qui va retenir ce lieu au milieu des terres. Ceci rappelle le cercle magique que l’on trace pour rendre tabou une surface. À Louqsor, une autre inscription sur le mur est de la salle hypostyle est tout aussi éloquente : après avoir demandé d’observer le silence, puis d’écouter et de se tenir immobile, il est ordonné de prononcer quatre fois l’éloge de la demeure sans égale qu’a faite le Roi Neb Maât Rê pour son père Amon. Puis la parole est donnée aux Neterou (Netjerou, les dieux) eux-mêmes : “Lis ton formulaire ! disent les dieux des marécages et des four­ rés de papyrus.

Que ta corde tende les deux piquets ! dit Séchât maîtresse des incantations, celle qui a porté les deux Seigneurs (Seth et Horus)”. À propos de cette phrase

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R Barguet fait observer que 1’ "on peut comprendre que ¿a corde tend les deux piquets à la façon d’un arc ; la formule classique est toujours : tendre la corde entre les deuxpiquets". On peut supposer que c’est cette corde que l’on tend comme un arc qui est représenté au dessus de sa tête coiffant l’étoile. C’est également Séshat, “Dame des maîtres d’œuvre”, qui creusa la tranchée de fondation comme on peut le lire sur une architrave de la cour de Ramsès à Louxor "A été creusée une grande tranchée de fondation par Seshat, dame des maîtres d’oeuvre".

Enfin, mille ans après celle d’Abydos, l’inscription trouvée à Edfou (111e siècle av. J.-C.) et faisant parler le roi : "J’ai pris le pieu et le maillet par le manche j’ai empoigné la corde (de mesure) avec la déesse Sefket (Seshat) ; mon regard a suivi la course des étoiles, mon œil s’est tourné vers la Grande Ourse, j’ai mesuré le temps et compté (l’heure) à la clepsydre, alors j’ai établi les quatre angles limitant le temple".

On peut d’ailleurs voir une scène célèbre montrant le pharaon et la déesse (une prêtresse) tendant la corde entre les piquets. Ainsi, comme l’écrit Christian Jacq, "la plus haute science de l’Égypte ancienne était donc placée sous la souveraineté d’une femme, image symbolique de la Femme créatrice de vie dans tous les ordres de la manifestation". Elle est aussi la patronne des tombes, ces maisons d’éternité, dont

elle a donné les plans. Elle participe aux rituels de purification avant leur construction. Aussi peut-on lire dans le Livre des Morts (chapitre 57) : "C’est ma demeure que m’a construite Seshat et que m’a élevé Knoum sur ses remparts”, ou dans la tombe de Senenmout : "Puissent tesjambes t’amener, afn que tu voies cette tienne maison que Seshat a construite pour toi et sur les murs de laquelle Knoum s’est dressé pour toi". Elle intervient magiquement lors de la construction des tombes pour éloigner Seth : “Formule pour construire la chambre funéraire qui est dans la terre :

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Paroles dites par N Geb jubile quand N que je suis se hâte sur son corps (le corps de Geb la Terre) : ma suite m’entoure, et les hommes, les descen­ dants de leurs pères me décernent des louanges quand ils voient Séshat emme­ ner le Ténébreux (Seth)” (Livre des Morts chapitre 152). Autrement dit, on priait Séshat pour quelle éloigne Seth de l’espace où l’on devait construire la tombe. En tant qu’architecte, elle participe au rassemblement des membres épars d’Osiris, car le corps est un temple.

On a vu avec Isis que Osiris, dieu lunaire, fut assassiné et coupé en morceaux par son frère Seth qui dispersa les morceaux du corps à travers toute l’Égypte. Osiris fut ramené à la vie grâce à Isis et sa sœur Nephtys. Isis retrouva tous les morceaux et le seul qui fut perdu fut le phallus d’Osiris, centre de son corps. Elle en fabriqua un de substitution. Ce qui avait été dispersé et découpé fut ainsi reconstitué, Isis rassembla le corps, les os. Notons qu’il en est de même pour le pharaon à sa mort (ou l’ini­ tié lors de sa mort initiatique) dans son rituel de résurrection en tant qu’Osiris. Osiris est ramené à la vie avec des membres en or et des os en métal céleste. “Osiris n’estpas soumis au mal il est délivré des liens qui l’entravaient. Ce qui avait été dispersé et découpé est reconstitué, Isis rassemble le corps les os de Pharaon sont noués en tant qu’Osiris. Nephtys a assemblé pour toi tes membres en ce sien nom de Séshat maîtresse des bâtisseurs». Or le nom de Nephtys signifie «la maîtresse du temple”.

Séshat reconstitue le corps, mais cette fois en or, de sone que le corps est devenu temple. Déesse de la construction des temples, Séshat participe aussi à la reconstruction des morts sous une forme spirituelle ou divine. Déesse de l’écriture, elle est : “Celle qui dirige la maison des livres».

On la dit «Souveraine des écrits, maîtresse de la bibliothèque”(Mairesse de la maison des livres), c’est-à-dire de la bibliothèque du Temple, déesse de l’architecture et dépositaire des tracés. Elle est aussi la déesse de l’écriture sous sa forme comptable : calculs, comptabilité, arpentage, notation des

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annales. Elle note et consigne les annales, compte le nombre de prison­ niers, enregistre les victoires de l’armée de pharaon.

Elle donc déesse des mathématiques, des sciences, notamment de l’astronomie et de la géométrie. Elle est la patronne de l’écriture des scribes et des écoliers.

Elle compte le temps et enregistre les moments essentiels des règnes royaux. Seshat, lors du couronnement d’un nouveau souverain, inscrit les noms du monarque sur les feuilles de l’arbre sacré. Ainsi raconte Christiane Desroches-Noblecourt à propos de Ramsès II : “Une scène du couronnement se déroulait dans le secret du temple et devait être répété à chaque jour de l'An... Une des conclusions du sacre consistait à ce que les noms et prénoms du pharaon fissent inscrits sur les fruits de l'arbre sacré ou arbre ished (un perséa). Ramsès était assis sur un trône devant un perséa. Derrière lui l'image d'Atoum (ou Toum) l'auto-démiurge qui l'assurait de la perpétuité de son pouvoir sur terre. Armé d'un calame, le Maître des origines traçait sur un des fruits le nom de couronnement. Face au Roi, Séshat, Maîtresse des écritures et souveraine des livres, suivie de Thot, l’intelligence divine, accomplissait le même rite sur un autrefruit, tout en tenant de l’autre main le signe des jubilés promis pour des millions d’années” (Ramsès II) Souveraine de la Maison de vie

Chaque grand temple était doté d’une Maison de vie que l’on pour­ rait comparer à la “Mère” des Compagnons et à la “Cayenne” où ils tra­ vaillent. La Maison de Vie était, en effet, l’endroit où les initiés appre­ naient à vivre et surtout le lieu sacré où ils donnaient vie aux statues des dieux par des opérations rituelles et symboliques très complexes. On y rédigeait les rituels et l’on pense que les Pharaons y étaient initiés à leurs devoirs et apprenaient la science sacrée. Sa figurine était placée sur la poitrine du grand vizir qui préside au culte de Maât. Or Maat personnifie tous les éléments de l’harmonie cos­ mique établie par les dieux créateurs au début des temps. Ces éléments étant la Vérité, la Justice et l’Intégrité morale.

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L’étoile à sept branches : Les sept rayons sont en rapport avec les sept étoiles de la Grande Ourse, celle qui autrefois marquait le Nord. Ils sont évidemment en rapport avec les six directions principales de l’espace plus le centre ou encore la croix à six branches : dans le plan l’axe Est-Ouest qui se croise avec l’axe Nord Sud et sur la verticale l’axe Zénith Nadir, puisqu’il s’agit d’une construction. Enfin, on l’a vu, le nombre sept est un nombre lunaire et Sefkhet Séchât, compagne et assistante de Thoth, est forcément lunaire. Car c’est la Lune qui compte et qui enseigne la géométrie. Enfin par ailleurs elle était celle qui décidait de la durée de vie au moment de la naissance et était responsable de la mortalité enfantine SES LIEUX DE CULTE : Séshat n’avait pas de lieu de culte particu­

lier et aucun temple ne lui était consacré. Mais elle était toujours la patronne de la construction des édifices sacrés et représentée dans plu­ sieurs temples comme à Edfou, à Dendérah à Karnak ou encore Abydos où l’on peut voir dans le temple de Séthi 1er la déesse écrire le nom du roi.

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QUAND LA DÉESSE SÉSHAT S’ÉVEILLE EN NOUS

Si Séshat n’a pas d’histoire de famille, c’est que ce n’est pas là l’im­ portant. Elle nous apparaît d’ailleurs comme quelque peu désincarnée. Avec elle, on est loin de la voluptueuse Hathor ou de l’épouse dévouée, de la mère protectrice et nourricière Isis ou encore de la tendre Bastet. Séshat est d’abord une intellectuelle, une savante. Pour que Séshat se révèle en nous, il faut que s’éveille une soif intense de connaissance. Ce désir d’apprendre peut se manifester très tôt : dès l’enfance, à l’âge des études secondaires ou au début des études supé­ rieures. Cette soif peut avoir pour cause un environnement parental sti­ mulant, un professeur hors du commun, ou encore une curiosité innée. Séshat naît en nous au moment où le désir d’apprendre devient une prio­ rité, laissant le reste dans l’ombre.

Ce qui ne signifie pas que la nouvelle Séshat n’ait pas de mari, pas d’enfants. Mais, si elle a un mari, en général leurs rapports sont d’avantage basés sur la communication intellectuelle que sur une passion sexuelle. Séshat aujourd’hui n’est évidemment pas une maîtresse de maison accomplie.

On ne peut compter sur elle pour faire des gâteaux, décorer sa mai­ son, en faire un nid douillet ou l’astiquer avec un soin maniaque.

Ce qui compte pour elle c’est la bibliothèque pour ranger ses livres, des tables pour installer ses ordinateurs et ses papiers, une cuisine pra­ tique avec four à micro-ondes et un bon stock de produits surgelés pour se nourrir avec le minimum de courses à faire, de cuisine à préparer et de vaisselle à ranger. D’ailleurs la plupart du temps elle déjeune à la cantine de l’université ou mange une salade rapidement au petit resto du coin.

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Elle ne perd pas non plus son temps à courir les boutiques de vête­ ments ou les rayons de maquillage. Elle ne va chez le coiffeur que de temps en temps pour une coupe simple. Ses cheveux tombent librement et simplement sur ses épaules. Sinon ils sont attachés ou entortillés et tenus avec trois épingles derrière sa nuque. Par contre, elle peut porter une combinaison de protection, un casque, des lunettes ou divers instru­ ments attachés à sa ceinture. Avec son compagnon, plutôt qu’un mari, elle vit une passion pour la recherche ou l’étude tout comme Séshat avec Thot. Quant aux enfants, en général, un seul lui suffît largement. La vie d’une Séshat aujourd’hui se vit comme une vocation.

Les Séshat sont totalement absorbées par leur travail. Elles le plani­ fient dans le but d’atteindre des objectifs de recherche. Mais une fois ins­ tallées derrière leur ordinateur, elles ne voient plus le temps s’écouler. Elles travaillent tard. La nuit, ayant toujours un papier et un crayon à portée de leur main, elles se réveillent sous la pression d’idées nouvelles quelles s’empressent de noter avant quelles ne s’échappent. Elles ne prennent pas de vacances ou ce quelles nomment vacances sont des voyages d’étude qui épuiseraient n’importe qui d’autre quelles ou que leur compagnon de travail. Les Séshat aujourd’hui sont rivées à leurs instruments de travail, qu’il s’agisse d’un radio télescope, d’un ordinateur, d’une table d’architecte, d’un microscope électronique ou d’un texte en sanskrit, en hébreu ou en cunéiforme.

Elles sont reçues dans les temples d’aujourd’hui : les universités, les colloques internationaux, avec honneur. Elles ouvrent les sessions. Elle reçoivent des distinctions honorifiques, mais n’en tirent aucune vanité.

Elles sont aussi philosophes et aiment dialoguer avec les religieux. Elles peuvent faire des retraites et s’intéressent à la métaphysique. Mais il est des Séshat qui sc révèlent tardivement, une fois une pre­ mière vie vécue. Elles sont rares, mais on en voit de plus en plus souvent.

Après avoir été mères et épouses, les enfants ayant quitté le nid, le mari étant parti ou décédé, elles découvrent soudain, sous l’impulsion

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d’un livre, d’une conférence ou d’un ami, qu’un univers entier pe encore s’ouvrir à elles, enfin débarrassées des pulsions de l’adolescenc du démon de midi, ou d’un conjoint (conjointe) envahissant et exigean

Elles se donnent alors sans limite à leur nouvelle marotte. Elles s’in crivent à la fac et progressivement leur “marotte”, comme disaient leur proches avec un brin de commisération ébahie, devient une somme d connaissances sanctionnée par un diplôme puis par un autre et encore u autre. Elles trouvent alors de nouveaux compagnons qui sont ou non d leur génération.

LES DÉVÎ OU LES DÉESSES INDIENNES

En Inde chaque aspect du cosmos ou de la Conscience cosmique doit être représenté sous une forme duelle. C’est pourquoi chaque dieu (deva) est décrit comme ayant une compagne ou énergie inséparable de luimême. Chaque dévî est donc liée d’une façon indissoluble à un dieu et inver­ sement. Et chaque dévî n’est qu’un aspect de la Grande Déesse. C’est ainsi que le Pouvoir de désintégration de Shiva est liée à l’Énergie Shakti sous la forme de Parvati ou de Sati. Le Pouvoir de cohésion de Vishnu est accouplé à la Multiplicité (Lakshmi).

Le Pouvoir de Création (Brahma) au Savoir (Sarasvati).

“ Tu es Lakshmi Ton éclat est celui de l’or en fusion, tu tiens un lotus entre tes deux mains et des detix autres accorde et protège. Quatre éléphants élevant des urnes avec leurs trompes arrosent ta tète de nectar" (Tantrasara)

Chapitre 9

Lakshmi Fortune, la Millionnaire, la déesse du bonheur, de la beauté, de l’amour. La lumière du monde

Lakshmi signifie beauté, éclat, splendeur, prospérité, succès, richesse, fortune, dignité royale. Elle est la multiplicité. Aussi la déesse Lakshmi est-elle la déesse Fortune, la déesse de la prospérité et de la chance. Elle est l’épouse, la Shakti, l’énergie de Vishnu qui est le pouvoir de cohésion et la mère de Kama, le dieu de l’amour. On l’appelle aussi “Padmâ”, “(la dame au lotus), nom du lotus rose, symbole de la pureté qui ne peut être souillée ; “Kamala” nom du lotus rouge, signe de l’amour et de la compassion envers les êtres ; Bhagavati, “Bienheureuse” ou “Voluptueuse” ; “Rukminî”, “Ornée d’or”, quand elle est la femme de Vishnu lorsqu’il prend la forme de Krishna.

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Lakshmi

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SA REPRÉSENTATION

Elle est représentée comme une belle femme au teint doré installée sur un piédestal de lotus et ondoyée par deux éléphants. Sa chevelure noire descend en cascade sur son dos. Elle est la beauté même, la séduction incarnée. “Ses ¿/eux seins parfaitement égaux et bien placés étaient oints de pulpe ¿le santal et de poudre de kunkuma et sa taille était très fine. Lorsqu'elle marchait ça et là ses clochettes de chevilles tintant doucement on aurait dit une liane d’or“. Elle a quatre bras. Deux de ses mains tiennent un lotus. De ses deux autres mains s’échappent des pièces d’or qui s’empilent sans fin dans un grande vasque d’or. Elle est couverte de bijoux et parée de guirlandes de fleurs de lotus. De chaque côté d’elle deux éléphants blancs richement caparaçonnés l’ar­ rosent avec de l’eau du Gange qu’ils ont puisée pour elle dans des urnes d’or. On la représente aussi appuyée contre la poitrine de Vishnu, les deux divinités pouvant alors chevaucher le Garuda. Le lotus est symbole de la conscience immanente qui, tout en assumant la manifestation, demeure imperturbée par son jeu créateur, comme le lotus né dans les profondeurs obscures de la vase qui flotte immaculée à la surface des eaux. Elle symbolise le pouvoir de multiplicité. Elle est aussi la déesse de la

beauté. MYTHOLOGIE

La naissance de Lakhsmi

Lakshmi apparut lors du “barattage de l’océan de lait”, cet océan pri­ mordial, source de toutes les virtualités, de toutes les richesses, que les Dieux et les démons travaillaient pour en extraire la liqueur d’immorta­ lité. C’est pourquoi on appelle aussi Lakhsmi “la fille du lait de la mer”. Mais voici l’histoire : Les dieux désirant se procurer la boisson magique, Tamrita”, source d’immortalité dont le nom signifie “immor­ tel” (“a”, “non”, “mrita”, “mort”), parce quelle épargne l’invalidité, la vieillesse et la mon, décidèrent de faire baratter l’océan par les devas (les dieux) et les asuras (les démons ou anti dieux, ennemis des devas). Tous les devas, après avoir conclu un pacte avec les asuras, s’efforcèrent d’ac-

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quérir l’amrita le breuvage d’immortalité. Les dieux Daiteya et Dânava rassemblèrent des herbes de toutes sortes et les jetèrent dans l’océan de lait dont le flot avait un éclat pur comme un nuage d’automne. Devas et asuras s’associèrent donc pour cette opération, mais seuls devaient en bénéficier les devas. Ils décidèrent que le serpent Vâsuki servirait de corde et le mont Mandata de bâton de baratte. Personne n’aurait à craindre le poison connu sous le nom de kâlakûta, qui serait ainsi fatalement extrait, car Shiva le boirait. Cependant le barattage produirait de nombreuses choses attirantes et le Seigneur prévint les devas de ne pas se laisser cap­ tiver par ces merveilles. Mais rapidement les devas et les asuras, après avoir déraciné le mont Mandata et l’avoir transporté sur une grande distance, se trouvèrent très fatigués, les bras et les cuisses brisés et certains moururent écrasés sous le poids de la montagne. Alors Vishnu apparut monté sur Garuda (l’oiseau mythique de Vishnu) et les ramena à la vie, puis il souleva d’une des ses mains la montagne, la plaça sur le dos de Garuda et s’assit dessus. Il se fit transporter jusqu’à l’endroit du barattage par Garuda, qui plaça la mon­ tagne au milieu de l’océan. Après quoi Vishnu demanda à Garuda de quitter les lieux. Asuras et devas, aidés par le serpent Vâsuki qu’ils enrou­ lèrent autour du mont Mandata se mirent alors à baratter l’océan.

Mais, malgré leurs efforts, au bout d’un moment, la montagne s’en­ fonça dans l’océan. Alors le Seigneur suprême, Vishnu, revêtit la forme d’une tortue merveilleuse, dont la carapace s’étendait comme une grande île sur cent mille yojanas (1 300 000 km). 11 s’enfonça dans l’eau et sou­ leva le gigantesque mont. Et tous se remirent à le faire tourner. Le barat­ tage de l’océan produisit tout d’abord un poison très violent, le hâlahala. Les devas firent appel à Shiva qui se tenait sur le mont Kailâsa avec sa compagne éternelle. Shiva s’adressa à elle et lui demanda son consente­ ment pour boire le poison. Connaissant les pouvoirs de Shiva, la déesse accepta. Shiva prit tout le poison dans sa main et le but. Naturellement scorpions, cobras, drogues toxiques et autres animaux, dont les morsures sont empoisonnées, saisirent l’occasion de boire le peu de poison qui était tombé de la main du dieu alors qu’il buvait. Devas et asuras se remirent au barattage. Apparut alors, sortant de l’océan, la vache surabhi qui produisait le yaourt, le lait et le ghi ; puis un

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cheval aussi blanc que la Lune ; puis apparut le roi des éléphants, un élé­ phant blanc à quatre défenses nommé Airavata ; puis huit éléphants ; puis les joyaux Kaustubha et Padmarâga que Vishnu utilisa pour décorer sa poitrine ; puis la fleur pârijâta qui décore les planètes célestes ; puis les Apsaras qui font office de prostituées sur les planètes édéniques. Enfin apparut Shri (Fortune) que l’on appelle Rama (Splendide) :

c’était Lakshmi. Les monstres marins, jusque là fort agités du fait du

barattage devenu frénétique de l’océan, gémirent de bonheur et cessèrent soudainement de pourchasser leurs proies. Brillante comme l’électricité, surpassant les éclairs qui illuminent parfois une montagne de marbre, telle apparut la Dévî. Ses mains ont la finesse et l’agilité de l’oiseau, un sari précieux serre sa taille fine et met en valeur les divines proportions de ses hanches et de son buste. Du fait de sa beauté exquise, de son visage plus doux que la lune d’automne, de ses formes, de sa jeunesse, de son teint et de ses gloires, tous les devas, tous les asuras et tous les humains la désiraient. L’attrait quelle exerçait sur eux venait de

ce quelle est la source de la prospérité. Indra, le roi des cieux, lui offrit un siège digne d’elle. Ganga, la déesse du Gange, et la Yamuna la déesse de la Yamuna lui apportèrent de l’eau pure dans des récipients. La Terre devint une personne, lui ramassa des herbes et des plantes médicinales. Les vaches lui apportèrent leurs pro­ duits. Les nuages lui firent un orchestre soufflant dans des conques. Les danseuses professionnelles évoluèrent gracieusement devant elle ; les sages entonnèrent des mantras ; les éléphants célestes, prenant l’eau pure dans des aiguières d’or, baignaient la souveraine du monde entier. Les grands sages dans leur joie la louèrent en chantant l’hymne à Shrî. La Mer de lait lui fit don d’une guirlande de lotus qui ne fanent pas. Vishvakarman, l’ar­ chitecte des dieux, fabriqua des parures pour son corps.

Lakshmi, la plus chaste des femmes, qui ne connaît personne d’autre que la Personne suprême (Vishnu), pendant ce temps là, durant toute cette effervescence, une fleur de lotus à la main, gardait sa prestance natu­ relle et paraissait très belle Alors que tous la désiraient, elle se mit à chercher la Personne suprême et, après mûre réflexion, elle choisit Vishnu pour époux, car, bien qu’il

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soit indépendant et ne la recherchât pas, il possédait toutes les qualités transcendantales et tous les pouvoirs surnaturels. Il se révélait de ce fait le plus désirable. Sous les yeux des autres dieux, elle s’approcha alors de lui, ceinte de guirlandes célestes, vêtue, baignée et ornée. Elle plaça sur ses épaules une guirlande de fleurs de lotus autour desquelles bourdonnaient des abeilles en quête de miel. Puis dans l’attente d’obtenir une place sur la poitrine du Seigneur, elle resta debout à ses côtés le visage éclairé d’un sourire pudique. C’est ainsi que Lakshmi eut sa résidence dans la poitrine de Vishnu.

C’est ainsi que, placée là, elle peut bénir de son regard tous les êtres, accroître la prospérité des trois mondes ainsi que celle de leurs habitants et de leurs dirigeants. Brahma, Shiva et les autres dirigeants de l’univers répandirent alors une pluie de fleurs pour fêter l’événement et chantèrent des mantras pour célébrer la gloire du Seigneur suprême.

Reflet de Vishnu, elle en a toutes les qualités. Elle partage ses activités protectrices, mais elle y ajoute une grande féminité. ELLE EST L’ÉPOUSE PARFAITE

Elle prend le plus grand soin de Vishnu, lui masse les pieds pour le délasser, l’accompagne dans toutes ses aventures et devient sa femme à nouveau lors de ses différents avatars comme par exemple lorsqu’il devient Krishna. Elle devient alors Sita Radha Rukmini. ELLE EST LA PATRONNE DU COMMERCE

Les commerçants la prient, en encaissant l’argent d’une transaction. Ils chantent ses hymnes devant leurs coffre-forts ; les agriculteurs lui pré­ sentent leurs araires et leurs semences ainsi que leurs bœufs. Les femmes dessinent l’empreinte de ses pas depuis la rue jusqu’à l’intérieur de leurs maisons pour quelle n’oublie pas de venir leur porter chance. Ou encore la représentent sur les portes afin d’attirer la chance et de chasser le mal. Car on peut tout obtenir d’elle : femmes, enfants, maison, moissons, force, richesse. Mais elle est aussi la lampe, l’intelligence de Vishnu. C’est pourquoi on la fête lors de la fêtes de lampes.

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LIEUX DE CULTE ; elle n’ a en principe pas de temple, mais elle est

adorée dans chaque maison.

Le jour réservé à son culte est observé dans l’Inde entière.

La fête de Lakshmi, “Lakshmipuja”, est une très grande fête, célébrée le soir du festival de Dipavali. Lors d’une cérémonie annuelle les anciens rois de l’Inde accomplis­ saient un rituel au cours duquel ils épousaient Lakshmi sous le nom de Lokamata, la Mère du monde, comme gage de fécondité et de bonne for­ tune. Les cinq jours de la fête des lampes : Le premier jour, qui est le jour

de la richesse, se place le treizième jour sombre (dernier croissant du mois) du mois de Ashvina (en général début novembre. Les calendriers liturgiques sont fixées par les Brahmanes et suivent le cours de la Lune). On l’appelle le treizième jour de la richesse, Dhana trayodashi.

Les cinq jours de Dipavali ou Divali, de “dipa”, “lampe à huile”, sont consacrés globalement à Lakshmi, mais plus spécifiquement le troisième jour. Ce festival des lumières marque le nouvel an indien. C’est la fête de la femme au foyer mais c’est aussi un grand moment, surtout pour les castes des marchands. C’est le moment où ils font leur bilan annuel, comptent leurs sous et ouvrent un nouveau livre de compte. On nettoie les maisons à fond. Éventuellement on donne un coup de peinture aux murs ; on renouvelle sa garde-robe et on offre de nouveaux vêtements aux enfants. On laisse les portes ouvertes et les maisons illuminées, pour invi­ ter Lakshmi à entrer et bénir la famille. Les rues, les palais officiels, les maisons, les boutiques sont illuminés d’une infinité de petites lumières. Il en est ainsi dans l’Inde entière. Il n’est pas un seul foyer sans une lampe qui brûle pour la déesse.

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LAKSHMI, LA BONNE ÉPOUSE, LA FEMME RICHE, EST-ELLE LA DÉESSE QUE NOUS POUVONS ÊTRE AUJOURD’HUI ?

Qui sont les Lakshmi d’aujourd’hui ? Des heureuses et splendides déesses qui ont trouvé leur moitié ? Belle et radieuse, éclatante, lumineuse, naissant de l’océan, Laksmi en cela est semble proche de la Vénus grecque, Aphrodite. Mais son carac­ tère en diffère totalement. Certes, tout comme Aphrodite, elle séduit. Elle séduit par sa beauté physique mais aussi par sa grâce, par son sens inné de tout ce qui peut mettre en valeur sa féminité : guirlandes de fleurs, bijoux, saris.

Elle séduit par la grâce et l’agilité de ses mouvements et en particulier de ses mains. On pense aux danseuses indiennes qui exécutent les “mudras”, ces gestes de la main qui forment un langage et font ressem­ bler les mains à des oiseaux. Elle sait s’habiller et se vêtir de saris précieux, mettant en valeur sa silhouette. Son visage séduit par sa douceur, douceur des traits certes, mais aussi douceur de l’expression. Elle a le teint doré, aujourd’hui on dirait légère­ ment hâlé. Par son maintien digne et pudique, elle a de la prestance de la dignité.

Ainsi si Lakshmi est présente en nous, femmes modernes, et si nous voulons quelle se manifeste, c’est que notre instinct nous pousse vers la beauté, le besoin de posséder un corps harmonieux. Lakshmi se manifeste surtout chez les très jeunes femmes, mais bien des femmes sont encore très jeunes dans leur tête jusqu’à la pleine matu­ rité.

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Aussi Lakshmi peut se révéler jusqu’à un certain âge. Et de nos jours, même si nous ne sortons pas de l’eau avec un corps parfait, il n’est pas très difficile de faire en sorte de nous en approcher, si nous le voulons vraiment. Et si nous le voulons, c’est que déjà nous avons de nombreux atouts et que d’instinct nous savons être belles. Les Lakshmi aujourd’hui savent trouver, sans l’aide d’un coach, les attitudes corporelles qui sédui­ sent ou le look qui les mettent en valeur. Quant à la douceur du visage, on sait que les expressions, sous l’em­ prise des émotions diverses, finissent par le modeler.

Aussi pour être Lakshmi, ce n’est pas avec du botox que nous donne­ rons de la douceur à notre visage, mais par une attitude intérieure sem­ blable à celle de la Dévî. En amour, les Lakshmi sont en général parfaitement heureuses car elles savent trouver celui qui leur convient parfaitement, celui qui leur sera parfaitement complémentaire. Ils œuvreront ainsi dans le même sens, qu’il s’agisse de la vie professionnelle ou des loisirs. Ils auront un enfant qui, baigné dans l’amour que diffuse en permanence la déesse, deviendra lui-même un symbole même de l’amour, un exemple pour tous.

Quoiqu’il arrive, celle qui est Lakshmi aime la vie, la joie, l’amour et la beauté. C’est une heureuse nature. Elle a un don pour le bonheur. Elle sait qu’il est précieux, elle le cultive. Jamais elle ne ressasse ses malheurs, ni pour elle même et encore moins auprès des autres quelle se garde bien de penurber. Elle toujours tournée vers les autres, vers la vie et sa multi­ plicité éclatante. Elle a l’art de savoir relativiser les problèmes, elle sait parfaitement se relaxer. Aller nager en piscine ou dans la mer lui fait le plus grand bien. Elle représente l’idéal de l’épouse, la parfaite maîtresse de maison, la fée du logis.

En Inde, quand on entre dans une maison bien tenue, on dit que “Lakshmi est passée par là”. Elle aime tenir sa maison, la nettoyer, la repeindre, la décorer, lui donner des éclairages savants, la rendre accueillante, y faire entrer la lumière.

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Elle sait y mettre les couleurs et orienter les pièces de sa maison de façon à ce que tous ses habitants s’y trouvent bien et trouvent la prospé­ rité, ce que l’on nomme Vastu Vydia en Inde, Feng Shui en Chine. Lakshmi aujourd’hui est la bonne épouse, la femme porte-bonheur. C’est elle qui tient les cordons de la bourse. Elle gère parfaitement bien l’argent du ménage. Parfaitement fidèle, elle entretient l’amour de son mari, le conduit, par son savoir faire, ses conseils ou ses relations à la réus­ site, à la richesse et la fortune. Mais elle sait aussi être riche dans le sens de gagner beaucoup d’argent.

Intelligente, elle a le sens des affaires, on pourrait dire la bosse du commerce.

Elle est même capable de devenir milliardaire. Elle a d’ailleurs de la chance, cette chance étant due en partie à la croyance en sa bonne étoile. Car il ne lui viendrait pas à l’idée de ne pas réussir. D’instinct, elle sait comment monnayer ses talents, comment faire fructifier son argent. Elle sait sentir le vent tourner et placer ses valeurs boursières ou autres. Elle gagne fréquemment dans le jeux de hasard et porte chance à ceux qui la côtoient. Loin d’elle l’idée de proclamer quelle n’aime pas les riches. Être riche lui permet en effet de faire plaisir, de donner, d’aider, d’inviter, de faire donner du travail à ceux qui n’en ont pas, d’aider au développement de l’industrie et du commerce, bref d’aider au dévelop­ pement de la civilisation.

Car, s’il n’y avait pas de riches, disent nos Lakshmi, il n’y aurait plus de bijoutiers de haut vol, plus de tailleurs de diamants, plus d’artisans de luxe. On ne construirait plus de bateaux de croisière, ni d’avions privés. Il n’y aurait plus de mécènes. Bref on ne rêverait plus. Le monde serait bien terne.

Le rôle des riches est indispensable, c’est celui des Lakshmi. Mais à quoi servent ils ? mais à payer tous ceux qui travaillent pour le beau, le grandiose, le luxe et qui bien souvent se réjouissent d’avoir réa­ lisé un chef d’œuvre. La joie de ces artisans n’est-elle pas égale à celle de ceux qui se sont contentés de Tacheter ? Palais, yachts, villes nouvelles dans la mer, toutes ces choses données par la déesse.

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Généreuses, les Laksmi savent donner, même si ce ne s petits riens, même si elles sont - relativement - pauvres. El toujours avoir quelque chose à donner.

Mais il est vrai que Lakshmi se débrouille toujours pou d’une certaine manière, riche d’amour, de bonheur, d’idées,

“Sarasvati réside à jamais dans la langue de tous les êtres et c’est elle qui est cause de la parole'’ (Brahma Purana).

Chapitre 10

Saravasti, la Déesse blanche du Savoir, la Souveraine du Verbe créateur

Sarasvati est la Souveraine du Verbe créateur, la déesse de la connais­ sance et de la parole, mère du Veda, créatrice des cinquante lettres de l’alphabet sanskrit représentées comme un rosaire entre ses doigts.

MYTHOLOGIE

Née de Brahma elle est la shakti, (l’énergie) de ce démiurge, issu luimême de l’œuf cosmique. Autrement dit, elle est la fille et l’épouse de Brahmâ.

Brahma, voulant créer les êtres, se divisa en deux parties, l’une devenant Sarasvati, l’autre restant Brahmâ. C’est pourquoi, disent les textes de façon symbolique, elle est “Joyau de la face de lotus de Celui né du lotus”. Brahmâ en effet est né sur le lotus qui apparut sur le nom-

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bril de Vishnu. Dès qu’il vit Sarasvati, Brahmâ tomba en admiration devant elle et désira l’épouser. Sarasvati se mit alors à danser autour de lui. Brahmâ, épuisé à force de tourner la tête de tous côtés afin de ne pas perdre une miette du spectacle, se fit pousser quatre têtes supplémen­ taires : une à droite, une à gauche, une devant, une derrière et une audessus. Mais, finalement, il ne lui en resta que quatre, car Brahmâ lui ayant manqué de respect, Shiva lui brûla la cinquième avec son troisième œil. LE NOM DE LA DÉESSE : LE FLOT DE LA PAROLE

Le nom de la déesse est formé de “saras”, “ce qui est fluide, ce qui coule” et de “vat”, “juteux”, “savoureux”, que l’on interprète comme “la coulée de nectar du Brahmânda” (l’œuf cosmique, l’univers). Sarasvati est le “flot de la parole”. On l’appelle aussi “Ira” “celle dont on boit les paroles” ; “Vânî”, “Parole” “Kutilâ” celle qui serpente.

Ce nom fait référence à la rivière mythique Sarasvati, dont parle le Rig Veda. Autrefois rivière immense, longue de 1.500 km et atteignant par­ fois jusqu’à 7 km de large, Sarasvati est née dans les Himalayas. Elle tra­ versait d’est en ouest le Penjab, le Haryana, le Rajasthan, le Sind et le nord du Gujarat. Elle avait un bras qui allait se jeter dans la mer d’Arabie dans le golfe de Cambay (ancien Delta de la Sarasvati). C’est dans ce golfe que l’on a retrouvé, enfouis sous les eaux, les restes d’une cité datée des alentours de 7 000 ans avant J.-C. On y trouve encore un temple, un escalier, une cour et une salle de bain. Le Rig Veda chantait les louanges de ce fleuve grandiose “ ô Mère Suprême, Perle des Rivières et Déesse entre les Déesses !“, “Celle qui coule pure des montagnes jusqu a l’océan“. Cette rivière a nourri une civilisation exceptionnelle que les archéologues com­ mencent tout juste à découvrir.

La Sarasvati, l’Indus et le Gange étaient les trois grands fleuves de la civilisation harapéenne et indienne, mais la Sarasvati finit par s’assécher vers 2 500 avant J.-C. en raison de tempêtes de sable massives. On pense aussi que la Yamuna, rivière qui se jette dans le Gange, captura la Sarasvati près de sa source au Penjab. Quoiqu’il en soit, au fur et à mesure

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que la Sarasvati s’asséchait, les populations environnantes émigrèrent en direction de l’Est dans les régions du Gange et de la Yamuna. La région comprise entre la Sarasvati et le Gange est connue dans le Rig Veda comme le Brahmavarta, terre sainte, aujourd’hui l’Haryana. Aussi Sarasvati fut-elle probablement à l’origine assimilée au culte des eaux, ce qui la conduisit à présider aux cérémonies lustrales si importantes dans les rituels et de là aux incantations qui accompagnent ces cérémonies. Elle devint alors souveraine du Verbe (Vâk) et par voie de conséquence de la puissance évocatoire de la parole. La méditation du sage Vyasadeva sur les rives de la Sarasvati ;

C’est en méditant au bord des rivages de la Sarasvati, que le sage Vyasadeva ou plus couramment nommé Vyasa, le grand compilateur du début de l’ère du Kali yuga (3100 av. J.-C.), décida de coucher par écrit la connaissance monumentale des Vedas, “les Savoirs”. On approchait en effet de l’ère de la Kali Yuga, l’âge sombre de l’humanité : “ Un jour, au lever du soleil, après ses ablutions matinales dans les eaux de la Sarasvati, Vyasadeva s'assit seul pour méditer. Le grand sage, connaissant le passé et le fitur, entrevit les dérèglements qui allaient marquer l’âge à venir. [...] Il devint ainsi préoccupé par le bienfait de l'humanité toute entière“ (Srimad Bhagavatam 1.4. 15-18). II commença par compiler, puis diviser “le Veda”, “le Savoir”, en quatre parties : Le Rig Veda (le pre­ mier, le Veda des vers sacrés, ou Veda des stances), le Sâmaveda (le Veda des mélodies), les deux Yajurveda, “le blanc” et “le noir” (Veda des for­ mules rituelles) et l’Atharvaveda (le Veda d’Atharva, géniteur issu de l’es­ prit de Brahmâ). Puis il écrivit les “Puranas”, “anciens”, “antiques” (récits fondés sur les traditions anciennes dont le plus célèbre est le Srimad Bhagavatam ou Bhagavata Purana, “La vénérable geste du Bienheureux” (Khrisna avatar de Vishnu) et le Mahâbhârata, “la Grande épopée des Bharata”. Auparavant Narada, le grand sage, fils de Brahmâ et avatar de Krishna, était venu rejoindre Vyasadeva sur la rive de la Sarasvati afin de finir de l’instruire. Aujourd’hui la Sarasvati subsiste dans les mémoires par ¡’inter­ médiaire de l’ésotérisme.

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Elle est la “rivière souterraine invisible qui rejoint le Gange et h Yamuna à Prayag (Allahabad dans l’Uttar Pradesh)”. C’est là que l’on fête la Maha Kumbha Mêla (le Grand, “Maha”, Pèlerinage “Mêla” de la Cruche “Kumbha”, là où tomba une goutte du soma, la boisson des dieux qu’Indra transportait dans les airs dans le vase sacré). Ces trois rivières se retrouvent dans le corps subtil de l’homme. La Sarasvati a, en effet, donné son nom au canal (ou nâdi) central par où s’élève la Kundalini (le serpent énergie) le long de la colonne verté­ brale, le canal Sushumnâ. Les deux autres nadis, Ida et Pingala, l’encadrent et se croisent sur la colonne vertébrale. Le Gange aux eaux bleutées est Ida, le canal lunaire, et la Yamuna aux eaux jaunes est Pingala, le canal solaire. C’est donc en faisant monter l’énergie - que nous portons en nous — le long de Sarasvati que nous accédons à la connaissance, en la faisant remonter le long des cakras où sont inscrits les lettres de l’alphabet dont la source se trouve sur la gorge. Car c’est à ce niveau là que se trouve l’élément éther et qu’apparaissent les premières lettres. De la sorte l’alphabet peut se déployer jusqu’au bas de la Sarasvati à la racine de la colonne vertébrale

sur le cakra Mula (Racine). Mais remontons dans le temps et retournons à l’antique fleuve Sarasvati. La Déesse Sarasvati, épouse de Brahmâ, est donc originellement ou symboliquement la Déesse rivière. Elle est associée à tout ce qui coule, l’eau, la parole, la musique

Il est écrit dans la Brahmâ Purâna “Sarasvati réside à jamais dans la langue de tous les êtres et c’est elle qui est cause de la parole". Or le Verbe est vibration et c’est par la vibration de la substance originelle que naît la manifestation. Sarasvati est donc la source de la vibration primordiale et structuratrice. Elle est également la clef de la formulation, de la dénomination de ce qui vient à l’existence. Elle représente l’union de la puissance et de l’intelligence de laquelle naît la création organisée. Elle est la source de la création par le Verbe.

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Elle est “Vâk” le Verbe et comme le Véda proclame “Au commence­ ment est Brahman, avec Brahman est Vâk et Vâk est Brahman, on com­ prend que Vâk Sarasvati est à l’origine avec Brahman (le Principe suprême auquel est identifié Brahmâ) dont elle est la suprême Shakti. Brahmâ est la source de tout savoir et Sarasvati est la personnification du Savoir. On la nomme aussi “Bhâratî”, l’Éloquence ; “Mahâ vidya”, la Connaissance transcendante ; “Maha vânî”, le Verbe transcendant ; “Brahmî”, la Puissance de 1’ Être immense ou encore “Bîja garbhâ”, La Matrice des éléments de la parole...

On la représente comme une femme gracieuse de couleur blanche, assise sur un lotus blanc, un mince croissant de lune à son front. Elle a deux ou huit bras. Elle porte un sari blanc. Elle est, disent les textes, “Splendeur à l’éclat binaire, posée sur un lotus, auréolée de lotus, parée de lotus”. On lui dit : “ Tu brilles du blanc étincelant des neiges étemelles, / Tes mains font vibrer la vina... / Tu apparais tenant un livre qui symbolise la totalité du Savoir. / Joyeuse, souriante, bienveillante, / Vierge innocente et dépourvue d’artifices / Douée du pouvoir magique de suspendre l’argument l Sur les lèvres d’un opposant. SES EMBLÈMES

Ses attributs sont le vînâ (luth) quelle a inventé, les écritures sacrées en général, le Veda, le rosaire aux cinquante grains, symbole des cin­ quante lettres de l’alphabet, et un crochet pour diriger les éléphants. Elle peut aussi tenir une flèche, une massue, un épieu, un disque, une conque, une cloche, une charrue, un arc. Sa monture est l’oie ou le cygne. Mais un paon se tient à côté d’elle, désireux de lui servir de mon­ ture et parfois il tient dans son bec le rosaire de la déesse. Elle est le principe unique qui imprègne l’univers. Elle est la réalité ultime ; elle revêt et anime tous les aspects de l’univers. Aussi elle protège les mondes. ELLE EST LA DÉESSE DES ARTS, DES SCIENCES ET DE LA POÉSIE

Elle est la déesse de la sagesse, de la parole sacrée et de la science. Elle détruit l’ignorance. Elle est la connaissance. Aussi donne-t-elle la libération.

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On récite des louanges à Sarasvati lors des cérémonies d’inauguration de lieux de savoir ou d’éducation. Elle est vénérée aussi bien par les étu­ diants que par les professeurs, les écrivains, les artistes, les scientifiques. Elle est la déesse de l’éloquence et du savoir. Elle est la patronne des arts plastiques et de la musique. Elle est la mère de la poésie. Elle est la pro­ tectrice des étudiants qui en guise d’offrandes lui présentent manuels et stylos en début des cours.

C’est elle qui révéla à l’homme le langage et l’écriture. Les hymnes à la déesse chantent son intelligence : “ Tu es perception, intellect ego, / Tu te nommes mémoire, résolution, for­ mulation, /Tues hymne puisque tu es langage, /[...] “C’est toi qui inspires aux plus grands poètes / l’amplitude de leurs cris, l

Et c’est toi qui conduis à toutes les formes du savoir et à la / Conscience qui est libération . On la fête à l’amorce du printemps, le cinquième jour de Lune du mois de Mâgah (février-mars) Le jour consacré à Sarasvati, on ne peut ni lire, ni jouer des instru­ ments de musique. On les nettoie, on les place sur un autel, où ils sont vénérés comme étant des demeures de la déesse. Dans toutes les rues, les effigies deSarasvati sont alors ornées daccessoires de toutes sortes : livres, papiers, pinceaux, instruments de musique ou objets d’art. Cette fête revêt une solennité particulière au Bengale. Ainsi, à Calcutta, on porte les statues de la déesse en procession à travers les rues, puis on les immerge dans le Gange au cours de cérémonies rituelles.

Elle est “Gih”, (Parole, voix, langage), “Gauh” (Parole, éloquence, poésie), “Vâk” (le Verbe, le son émis par la voix et les vibrations émises par tout objet même inanimés) et Bhârati (parole, langage, voix, nom de l’une des douze incantations précédant les sacrifices védiques). Ses man­ tras sont Hrîm, Hrîm ; Aim Aim. Et Hrim Kshim Dhîm Hrîm est le montra qui la fait apparaître.

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LA DÉESSE SARAVASTI EN NOUS : SARAVASTI, L’INTELLECTUELLE, LA POÉTESSE

A priori, pour peu que nous ayons entrepris quelques études supérieures littéraires, scientifiques ou artistiques, il ne nous semblerait pas très difficile de nous prendre pour des Sarasvati. Il semblerait même que la barrière de l’âge ne nous soit pas infranchissable. Ne voyons-nous pas, ça et là, quelques octogénaires, voire des nonagénaires - et d’ailleurs pour le moment ce sont uniquement des femmes - se mettre ou se remettre avec passion à des études supérieures et passer leurs examens avec succès ? Que s’est-il donc passé alors pour que ces personnes se décident au grand ébahissement de leurs contem­ porains à franchir, passé l’âge de la retraite, les portes de la faculté au lieu de somnoler devant la télévision ?

C’est que Sarasvati longtemps prisonnière quelque part en elles vient de se manifester. Il n’y a donc en principe pas d’âge pour se rapprocher du modèle offert par la déesse. Sarasvati n’a pas d’enfance, elle naît de la moitié de Brahma toute armée de son savoir, un peu comme Athéna naissant du cerveau de son père. Épouse mystique de Brahmâ, elle n’a pas non plus d’enfant. Elle n’a donc pas de vie de famille à proprement parler.

Ce n’est pas une maîtresse de maison comme Lakshmi. D’ailleurs elle n’a ni maison, ni palais. Les instruments de musique lui servent de demeures. Enfin, si elle est la Parole, elle est la Mère de la Poésie qui tient une place centrale dans la tradition hindoue.

Et le Veda est œuvre de poète. Il s’agit d’une doctrine exprimée par des mythes et des symboles. Avec Sarasvati, si nous devenons savantes et versées en toutes sortes de sciences et de savoir, il s’agit bien sûr, comme toujours en Inde, d’aller non pas seulement vers des connaissances mais vers la Connaissance.

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Quand s’éveille en nous Sarasvati, s’éveille le désir d’obtenir un certain savoir autre que celui que l’on acquiert dans les universités. Bien sûr la déesse nous pousse tout d’abord à apprendre. Elle nous engage à faire de l’étude le cœur de notre vie, que nous nous y consacrions de tout notre être. Et d’ailleurs il est vrai que cet apprentissage scolaire et universitaire peut déboucher, si nous continuons à étudier jusqu’aux limites du savoir de notre temps, sur une interrogation métaphysique. Et cette interroga­ tion elle-même est déjà une porte qui s'ouvre vers la Connaissance.

Ainsi le physicien des particules qui finit par comprendre que la matière n’est en définitive qu’énergie et que cette énergie est esprit, voit soudain le monde autrement.

L’astronome, qui étudie le big bang et s’interroge sur l’explosion de l’énergie primordiale, cherche à savoir ce qu’il y avait avant et se demande s’il y a un Principe ultime. Le musicien qui est pénétré par une émotion porteuse de mystère, pressent une autre réalité cachée derrière celle qu’il appréhende quoti­ diennement par les cinq sens. Le biologiste qui, étudiant la génétique ou l’embryologie, croit décou­ vrir un plan dans le développement des organismes, veut savoir s’il y a quelque chose à l’origine de ce plan. L’informaticien qui crée un robot capable d’apprentissage se pose la question du comment et du secret que recèle la matière ?

Tous ceux là et bien d’autres, chacun à leur manière voient s’ouvrir une autre porte.

Sarasvati va alors se déployer en eux.

Leur regard va se porter au delà des apparences. Ils vont comprendre comme le disait Platon que “le témoignage des yeux est plein d’illusions, plein d’illusions aussi celui des oreilles et des autres sens” (Le Phédon). Le désir d’aller plus loin, de soulever le voile des apparences, se fait alors sentir de plus en plus intensément. Sarasvati est née en eux. Ils vont peu à peu s’approcher de la Réalité ultime.

La recherche de la Vérité sera leur objectif. Et sans doute alors trou­ veront-ils l’âme sœur ou plutôt complémentaire. Cette âme sœur n’aura plus besoin de tourner la tête dans tous les sens pour les contempler.

“Pour moi je ne suis qu'unefolle amoureuse d’un fou”.

Chapitre 11

Pârvatî, l’amoureuse, l’épouse, la Shakti de Shiva

On l’appelle aussi Satî, “Vertueuse” ; Gauri, “La Brillante, la Jaune, la Dorée” ou Girija, “la fille de la montagne”. Son nom Pârvatî signifie, tout comme Girija, “Fille de la montagne”. Elle est la fille d’Himavan (“Roi de l’Himalaya, ou Pârvataraja, roi de la montagne) (père de Ganga, la déesse du Gange) et de la nymphe Menakâ. Elle est fille de la Montagne polaire (l’axe du monde) de laquelle jaillit l’énergie terrestre. Menakâ représente l’Intellect. Elle est la Shakti de Shiva, c’est-àdire son énergie :

“Du Seigneur du sommeil, du phallus saisi par la vulve qui est son énergie, jaillit la semence de l'Univers spatial. Lorsqu'il est conçu comme une entité personnifiée le Seigneur du Sommeil apparaît lui même inactif alors que son énergie semble vivante. Envisagée comme l'instrument du pouvoir créateur de Shiva cette énergie est appelée la Puissance de jouir (Rati). Elle apparaît alors comme l'exacte opposée de la Puissance du

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temps Kâlî le pouvoir de destruction. Lorsque l’énergie, qui est aussi la puis­ sance de penser (vimarsha), s’unit au Seigneur du Sommeil, ceci mène à un état d'agitation, de déséquilibre duquel la création naît. Lorsqu’elle est sépa­ rée de lui ceci mène à un état de sommeil d’équilibre dans lequel le monde st dissout” (Karapâtrî, Shrî Bhâgavatî tattva). Lorsque Shakti saisit Shiva, l’univers en est secoué.

Pârvatî est le plus souvent représentée unie avec Shiva ou plutôt ne faisant qu’un avec lui. Elle est la moitié gauche de Shiva. Shiva est lunaire. Il est couvert de cendres blanches évoquant la couleur cendrée de la Lune et porte le croissant lunaire de cinq jours sur sa chevelure. La Voie Lactée sort de son chignon et se prolonge sur les sommets de l’Himalaya sous la forme du Gange. Il porte un cobra en guise de collier. Sa monture est le taureau blanc Nandi qui signifie “joyeux” et symbolise le dharma, les lois de l’univers. Pârvatî, sa Shakti, son épouse, est solaire. Elle porte le sari rouge et or des mariées. Sa monture est le Lion, animal solaire. Elle tient un lotus rose dans une de ses mains. Elle a un visage d’or, mais c’est depuis que Shiva lui avait reproché son visage à la peau sombre. La déesse était alors allée se réfugier dans la forêt pour mener une existence d’ascète. Pour la consoler et la récompenser de cette ascèse, Brahmâ lui offrit une peau d’or, la métamorphosant en Gauri “la jaune”, la “brillante” MYTHOLOGIE

Pârvatî est d’abord Satî Alors quelle s’appelait encore Satî, elle était la seizième fille de Daksha, “Expert (en rituel)“, “Habile”, né du pouce de Brahmâ et 1 un des principaux ancêtres de la population universelle. Sa mère était Asinî (féminin de “Asita”, “noir”, “sombre”, “nuit”, mais dont la racine “asi signifie couteau sacrificiel), “Nuit”.

Elle était toute jeune lorsqu’elle tomba amoureuse de Shiva, le plus élevé de tous les yogis dotés de pouvoirs surnaturels. Mais Shiva ne s’était jamais construit de maison. En fait il se présentait extérieurement comme l’antithèse du prétendant idéal, comme une sorte de hippie hir­ sute et mal lavé, complètement marginal. Non seulement son aspect était

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repoussant, mais il était toujours entouré de bêtes repoussantes, les ganas. Il portait des serpents en guise de colliers et des scorpions lui tenaient lieu de boucles d’oreilles. Aussi Daksha passait son temps à critiquer Shiva, malgré la nature irréprochable de ce dernier. Mais Satî tenait bon et finit par éveiller l’attention de Shiva. Shiva décida de tester l’amour de Satî. Il se déguisa en jeune brahmane alla à sa rencontre et lui dit : “Par quelle lubie as-tu pu t’enticher de ce garçon sans lignée, sans qualité, sans honneur, sans caste, sans père ni mère connus ? Il vit de mendicité, couche sur les lieux de crémation ; il danse nu comme les démons et les diables. Il s’adonne à la marijuana et aux hallucinogènes et s’enduit le corps de cendres. C’est unyogin hargneux au chignon natté qui déteste les plaisirs sexuels’’. Satî interrompit le jeune brahmane et répondit : “Les femmes raison­ nables écouteraient tes conseils. Pour moi je ne suis qu’une folle amoureuse d’un fou ! “(Pârvatî mangal : “Pârvatî la bénéfique” de Tulasi Dâs)

Ce dialogue s’intégre dans les chants nuptiaux chantés par les femmes pour l’édification de la jeune épousée. On les appelle au Mahârâshtra les “Mangal ashtaka”. La leçon morale qui s’en dégage pour la jeune épouse est quelle doit aimer son mari à la folie, même si ce dernier est comme Shiva le plus lamentable des époux. Satî finit par épouser Shiva malgré les réticences de son père qui continua à se plaindre : “Je n’avais nullement le désir d’accorder la main de ma fille à cet individu qui a enfreint toutes les règles du savoir vivre. Le fait qu’il n’en observe pas les principes élémentaires le rend impur. J’ai été obligé de lui donner ma fille en mariage tout comme on enseigne un message des Vedas à un sûdra (la 4e caste celle des serviteurs). Il habite des lieux immondes, il erre dévêtu, le corps barbouillé de cendres, il ne se lave pas régulièrement... ”

Daksha ne décolérait pas et son orgueil avait grandi. En fait il gardait rancune à Shiva pour un affront. Très longtemps auparavant, Shiva lors d’une assemblée solennelle lui avait manqué de respect. Il était resté assis alors que Daksha arrivait. Daksha ressassait sa rancune : “Sesyeux ressem­ blent à ceux d’un singe et pourtant il a épousé ma fille dont les yeux sont pareils à ceux d’un faon. Néanmoins il ne s’est pas levé pour me recevoir et n’a pas jugé bon de m’accueillir avec des paroles aimables”.

Et décida finalement de lui rendre la monnaie de sa pièce. Il organisa un très grand sacrifice (c’était sa spécialité) en l’honneur de Vishnu pour

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lequel il se devait d’inviter toutes les personnes importantes. Il n’invita ni Shiva, ni Sâti. Satî décida d’y aller quand même et supplia Shiva : “Ô immortel Shiva, je te prie de combler mon désir. Tu m’as accepté comme une moitié de ton corps veuille donc faire preuve de bienveillance à mon égard et satisfaire ma requête. ’’ Shiva refuse et la met en garde, mais Sâti part. Aussitôt les disciples de Shiva l’accompagnent. Nandî, le taureau de Shiva, marche en tête pour la protéger et les Yakshas, les bêtes de Shiva, suivent derrière pour l’accompagner. Les disciples de Shiva installent Sâti sur le taureau. Ils arrivent ainsi au palais de Daksha.

L’immolation de Satî par le feu du yoga Quand Satî arriva, personne ne la salua, pas même les membres de sa famille. Elle demanda alors aux dieux comment ils avaient osé ne pas inviter Shiva, et, en réponse, le père se mit à recommencer ses critiques. Considérant qu’il est insupportable pour une femme d’entendre critiquer son mari, Sâti décida de disparaître. Elle dit à son père “Je suis très attris­ tée de ce que mon corps, qui n’est jamais qu’un sac, provienne de toi ; aussi vais-je m’en débarrasser”. Elle s’assit à même le sol, tournée vers le nord. Vêtue de safran, elle prit de l’eau pour se sanctifier et ferma les yeux afin de s’absorber dans l’astanga yoga... elle fit monter l’air vital jusqu au nombril, puis elle l’éleva jusqu’au niveau du cœur, puis vers le conduit respiratoire et de là entre les sourcils et entreprit de méditer sur l’air qui entretient le feu à l’intérieur du corps. Elle porta toute sa méditation sur les vénérables pieds pareils au lotus de Shiva, le maître spirituel de tout l’univers. Elle se purifia ainsi de toute trace de péché et quitta son corps qui s’embrasa sous l’effet de sa méditation sur le feu.

Montrant ainsi que seule la pratique du service de dévotion, offert à la Vérité absolue, peut apporter la plénitude à l’atma (l’âme)

C’est ainsi que Satî, avant même d’avoir atteint un âge mûr, quitta son corps en faisant appel à un pouvoir yogique surnaturel. Pour cette raison Satî Pârvatî ne put avoir d’enfants. Elle se jeta dans le feu parce que Shiva avait été insulté. C’est elle qui donna l’exemple de la sâtî : le suicide de la veuve sur le bûcher de l’époux défunt. Mais l’histoire n’est pas finie.

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Les bêtes protectrices de Shiva qui avaient accompagné Satî, se mirent en colère et attaquèrent les dieux, mais ils furent vaincus. Ils retournèrent auprès de Shiva qui fit apparaître une créature terrible, Vîrabhadra, “Doué pour le combat”. Cette créature terrible avait 1 000 têtes, 1 000 yeux, 1 000 bras portant une massue et 1 000 jambes. Elle portait un linga (colonne de pierre emblème de Shiva, symbole de Taxe du monde et de la conscience universelle) dans les cheveux. Virabhadra, incarnation de la colère de Shiva, repartit avec les guerriers de Shiva et se rendit chez Daksha. Il s’ensuivit une terrible bataille avec de nombreux morts et bles­ sés. Après avoir arraché les dents et les barbes des dieux, les guerriers de Shiva tuèrent Daksha en lui coupant la tête qu’ils jetèrent dans le feu. Toutefois, devant les supplications d’Asinî, la femme de Daksha, ils pri­ rent la tête d’une chèvre qui se trouvait là et la collèrent à la place de la tête de Daksha.

Satî renaît sous la forme de Pârvatî. Satî se réincarna sous la forme de Pârvatî, “Fille de la Montagne”, fille du roi de la montagne, Parvataraja et de la nymphe Menaka et décida d’épouser à nouveau Shiva. Mais cela ne se fit pas sans mal. À la mort de

Satî, Shiva inconsolable était parti dans la montagne. S’étant isolé dans une grotte du mont Kailâsa il se mit à méditer en renonçant au monde extérieur. Pendant ce temps Satî réincarnée en Pârvatî repartit donc pour la seconde fois à la conquête de Shiva. Mais celui ci plongé dans sa médi­ tation restait indifférent à la belle Pârvatî. Pârvatî demanda alors l’aide des dieux. Indra compatissant décida d’envoyer à la rescousse Kâma, le dieu de l’amour. Alors que Pârvatî s’était approchée du lieu de médita­ tion de Shiva, le dieu Kâma s’approcha du lieu où se tenaient Shiva et Pârvatî. Shiva se tenait dans la paix spirituelle, l’œil et le visage sereins. Kâma bandant son arc lui décocha son trait irrésistible. Mais la flèche tomba vainement sur l’Être suprême immaculé, comme si elle était tom­ bée dans l’espace. Le “Tourmenteur des êtres” prit peur devant le Maître, devant le Vainqueur de la mort. Toutes les divinités accoururent pour évi­ ter le pire. Mais Shiva laissa jaillir de son œil frontal le feu de sa colère qui, brûlant en haute aigrette, réduisit Kâma en cendres en un instant ; depuis ce temps-là, Kâma le dieu de l’amour est un dieu sans corps. Les

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dieux étaient abattus et Pârvatî baissait la tête. Tous se mirent à louer le dieu au diadème de lune. Pârvatî ne se découragea pas. Elle décida de pratiquer l’ascèse afin de conquérir le cœur de Shiva. Cela dura très longtemps. Un jour enfin passa par là un brahmane qui se moqua d’elle : comment pouvait elle espérer se faire épouser de Shiva. La déesse répliqua qu’elle aimait le dieu et se boucha les oreilles. Aussitôt Shiva, qui en fait avait pris l’aspect du brahmane, reprit sa vraie forme. Impressionné par sa longue ascèse, par la force spirituelle quelle avait acquise et par la constance de son amour, il accepta de l’épouser. Il demanda la main de sa fille à Parvataraja. Le mariage de Shiva et de Pârvatî fut célébré avec faste. Depuis, Pârvatî cohabite avec Shiva au sommet de la montagne cosmique. C’est de là quelle exerce sur l’univers sa puissance souveraine tandis que Shiva, le maître des yogins, médite et pratique l’ascèse Pârvatî n’arrivait pas à avoir d’enfant de Shiva. Mais elle eut deux fils, Ganesh et Skanda.

Bien que toujours fidèlement vouée au service de son mari, Parvati ne put concevoir d’enfants. Sur les conseils de Shiva, elle s’adonna au culte de Vishnu. Celui-ci accéda à ses prières et lui donna un fils quelle conçut toute seule. Lors de la grande fête organisée par Shiva et Pârvatî, tous les dieux furent invités, même Shani (Saturne), qui avait le mauvais œil et gardait les yeux baissés. Pârvatî vexée lui ordonna de regarder son fils. Shani, obligé de s’exécuter - on ne peut résister à la déesse — posa bien malgré lui un œil sur l’enfant et aussitôt la tête de celui-ci s’envola. Shiva devant le chagrin de Pârvatî courut chercher une tête : ce fut celle d’un éléphant qu’il trouva. Il la colla sur le corps de l’enfant à la place de sa tête origi­ nelle. D’après une autre légende, c’est en se frottant le corps avec un peu de crasse ou de sueur quelle façonna un être extrêmement beau quelle appela son fils et l’utilisa comme gardien. Mais, comme dans l’autre légende, il perdit aussi sa tête au cours d’une bagarre idiote. Et Shiva dut aller chercher une tête de remplacement. Shiva, quant à lui, n’a qu’un enfant, Skanda, “Qui jaillit”, né d’un jet du sperme de Shiva dans le Gange. Skanda symbolise l’énergie de la

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semence virile préservée par l’ascèse et la chasteté, la semence sublimée qui monte par Sushuma, l’artère centrale du corps subtil et remonte jus­ qu’à la bouche de feu dans le sixième cakra où elle est consumée.

Pârvatî a les mêmes attributs que Shiva, l’ascèse et le renoncement. Elle vit comme Shiva dans la montagne. Parvatî est celle qui doit depuis le commencement du temps être sa femme, celle sans qui il resterait à jamais le non manifesté. Aussi elle est celle qui doit le conquérir charnellement. Ses bras doivent l’enlacer pour le retenir à la terre.

Elle est la forme bienfaisante de la déesse mère. L’amour de Shiva et de Parvatî unit l’extrême de l’ascétisme à l’extrême de la sensualité.

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QUAND LA DÉESSE PÂRVATÎ, LA FOLLE AMOUREUSE D’UN FOU, S’ÉVEILLE EN NOUS

Pârvatî, on l’a compris est une marginale.

Indépendante, elle a su se libérer, dès l’adolescence, des a priori de so milieu. Alors que la coutume voulait que les mariages soient arrangés pa les familles en fonction de leur caste, Pârvatî voulut faire un mariag d’amour. Et, comble de l’inconvenance, elle tomba amoureuse d’un sorte de hippie hirsute, mal lavé et sans avenir, dont la caractéristiqu principale était de faire fuir les familles bien pensantes. Mue par un dési sans faille et une volonté de fer, elle réussit, à force d’insistance, tan auprès de ses parents que de son amoureux, par se faire épouser de Shiva en qui elle voyait un idéal absolu.

Elle se maria contre l’avis de ses parents qui étaient particulièremen conformistes, puisque son père était en quelque sorte le très respectabl chef de protocole des sacrifices. Il est vrai que sa mère se nommait “nuit” “noire”, “sombre” et que la nuit n’évoque pas particulièrement ce qui es simple.

Mieux encore, non seulement elle se maria contre l’avis de ses parents qui finirent pas céder, mais elle dut faire le siège de Shiva qui, loin de ten­ ter de la conquérir, prit son temps, l’étudia et la testa avant de se décider.

Si Pârvatî s’éveille en nous, c’est qu’une rencontre hors du commun fait basculer notre vie, nos valeurs, nous frappe comme un coup de ton­ nerre au milieu du fleuve tranquille de notre vie quotidienne, dont l’ave­ nir pourtant était déjà bien planifié.

À partir de là, seule va compter la réalisation de cet amour, qui pas­ sera au-dessus de tous les a priori sociaux, tandis que s’éveillera en nous une vision de l’univers totalement différente.

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Nous voilà prêts, que nous soyons un homme ou une ^3Râæ « quitter.

mi

Prêts, même si parfois nous aimerions bien retrouver a* xa te confort bourgeois. C’est que nous préférons renoncer a une ne ire w'male plutôt que de vivre sans cet amour. Par exemple, noui cmhx aie nous ne serons jamais une maîtresse de maison (ou un maître de marai pour la bonne raison qu’avec cet amour on ne peut plus marçrsi. unis, n’aurons pas vraiment de maison. Shiva est en effet incapable de fournir une maison à Pârrsz- De kcê qu’ils vivent tantôt sur le mont Kailâsa, tantôt à Bénarts. mais sais m foyer fixe. Ils mènent une existence errante, passent leurs tuin un. et forêts, dans les cavernes ou sur les lieux de crémation et iorscm ~z~nz se plaint de ce quelle n’a pas de toit parce quelle a trop cbam m ml pleut trop et quelle est mouillée, Shiva l’emmène au dessus ms mas* pour passer la saison des pluies.

Ce qui ne signifie pas de nos jours que nous allons vivre dæ u rvr: ou dans la solitude des montagnes.

Nous sommes prêts, non pas forcément à dormir sous les xœs. sm possédant peu de bagages, par la force des choses, nous somzxs pe» a déménager autant de fois qu’il le faudra pour suivre l’être ainx. Prêts à partir dans une aventure peut-être à but humanitaire. « xw: cela à dormir sous la tente ou dans des abris précaires, le rer^ 4 ux mission ou encore dans un camping car. Prêts à passer sans proxe-x et sans rouspétance du confort d’un jet - car avec un marginal on ne sac jamais - au trajet difficile dans la brousse sur une mure chaooqx. cm. même à dormir par terre dans une gare lointaine et inconnue jktcxum un train ou un car hypothétique. Cela signifie que nous sommes capables de vivre sans I eau ax^wm. celle qui sort sans problème de nos robinets occidentaux Q.x x^ sommes capables de jeûner quand il le faut ou de nous comcure* x x** Que nous ne craignons pas les lieux inquiétants, qu’il > apv* À^ a>a de bataille ou des camps de réfugiés ou des lieux nul Lune* AmM x^ > n avions aucune idée auparavant.

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Que nous nous trouvons à l’aise avec les marginaux quels qu’ils soient et savons voir au delà des apparences.

Quant à l’être aimé, nous l’aimons sans condition, qu’il soit dans sa phase ascète ou dans sa phase de débauche, dans sa phase vedette ou dans sa phase clochard, qu’il nous en fasse voir de toutes les couleurs comme le fit Shiva à Pârvatî :

Bien qu’il soit l’archétype du sannyasin, le dieu des ascètes qui affec­ tionne le célibat méprise l’amour et fuit l’union sexuelle, on sait que Shiva, parfois, se conduit en mari volage et débauché oublieux à la fois de ses vœux de chasteté yogique et de fidélité conjugale. Il s’amourache alors des filles des castes impures allant même parfois à imposer à sa ver­ tueuse épouse la cohabitation avec ses maîtresses tout en reprochant à Pârvatî sa jalousie querelleuse. Il faudra même que nous acceptions que l’être aimé fasse un enfant à une autre alors que nous ne pouvons en avoir. Nous devrons nous contenter d’en adopter un, mais nous savons aussi que l’être aimé l’adop­ tera tout comme nous.

Car il est vrai que nous savons que lui aussi nous aime, qu’il sait le cas échéant nous protéger et châtier ceux qui nous ont manqué de respect. Il serait même capable, on ne sait comment, de nous donner des gardes du corps. Quand Pârvatî s’éveille en nous, c’est que nous savons que nous avons trouvé ce que chacun recherche : sa “moitié” et qu’il en est de même pour l’autre.

Aussi Pârvatî en nous n’est pas soumise au sens commun du terme. Elle a simplement conscience du fait que Shiva est son âme sœur et son complément absolu. Aussi la fusion que nous réalisons alors est indes­ criptible, incommunicable. Elle ne regarde que nous et lui...

LES ASIATIQUES JAPON, CHINE, TIBET

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Vous êtes une déesse... et si c'était vrai ?

naissance à ses jumeaux. Un peu plus tard, Niobé, déesse primitive, qui fut l’amante de Zeus (Zeus comme on sait fit de très nombreuses conquêtes), se vanta de ses six fils et six filles et se moqua de Létô qui n’avait pu donner naissance qu’à seulement deux enfants.

Mais ces deux enfants, les deux archers divins, l’un à l’arc d’or, l’autre à l’arc d’argent (bien que, pour Homère, l’arc d’Artémis soit en or), ven­ gèrent l’honneur de leur mère. Ils tuèrent tous les enfants de Niobé en les transperçant de leurs flèches. Il est facile de voir là la suprématie du Soleil Apollon et de la Lune Artémis sur le Zodiaque et ses douze signes, alternativement masculins et féminins, disparaissant la nuit sous la lumière éclatante de la Pleine Lune et le jour sous celle du Soleil.

D’autre part, les “jumeaux” Apollon et Diane qui sont respective­ ment, suivant la tradition, les divinités du Sagittaire pour Diane et des Gémeaux pour Apollon, se tiennent l’un en face de l’autre, chacun à une extrémité du grand arc que forme la Voie Lactée qui s’étend entre la constellation du Sagittaire et celle des Gémeaux.

Artémis est l’Archère, tout comme son frère Apollon est l’Archer. Elle est “la” Sagittaire à l’arc d’or. Les “jumeaux” maintiennent ainsi les signes en place, cloués par les flèches des deux archers. L’origine de son nom

Par allusion à la Lune qui lorsqu’elle est en croissant prend la forme d’une faux, Artémis est, suivant Héraclite (Allégories d’Homère), celle qui coupe l’air : “aero-temis”, l’air étant représentée par Héra (voir Héra).

À l’inverse, lorsque Héra lui prend des mains son arc, cela signifie que la lumière de la Lune est masquée par les nuées ou le brouillard. On peut aussi voir dans le nom d’Artémis (comme le fait Platon) le mot “Artémès” qui signifie “intégrité”, “virginité”. D’autres y voient “artamos”, “massacreuse” et d’autres encore mettent son nom en rapport avec “thémis” qui peut signifier “eau”. La Lune en effet était considérée comme la source de toutes les eaux et Artémis est une déesse de l’eau. Elle se tient dans tous les lieux où l’eau est favorable à la végétation.

-— ------ Vous êtes une déesse... et si c'était vrai ? ------------ Déesse de l’humidité féconde On la vénère près de l’eau morte ou courante, près des sources, des fleuves, des lacs où elle vient se baigner avec ses nymphes. On la nomme aussi parfois la déesse des marécages.

Les statues d’Artémis étaient plongées annuellement dans les eaux de la mer, d’un fleuve ou d’un lac. Ce bain rituel était censé leur rendre leur force magique qui s’était émoussée tout au long de l’année. SA REPRÉSENTATION : VIERGE DIVINE AUX TRAITS GRACIEUX, AUX TRAITS NOBLES ET SÉVÈRES

Comme son frère Apollon, Artémis est porteuse de lumière. On la nomme “Phosphoros” ou “Phoebé” la Brillante. C’est pourquoi elle sou­ vent représentée portant une torche. Elle porte sur ses cheveux noirs une couronne blanche ou un croissant de Lune. Son carquois sur l’épaule, elle tient à la main son arc, évocateur du premier croissant lunaire, ainsi qu’une fleur de pavot. Une biche, un cerf ou des chiens courent à côté d’elle. Grande, belle et sportive, elle surpasse en beauté et en stature ses nymphes. ÉTRANGÈRE AUX CHOSES DE LA CITÉ, ARTÉMIS EST UNE DIVINITÉ DE L’EXTÉRIEUR Elle habite dans les “eschaitiai”, mot qui signifie “les confins”, “les lieux les plus reculés”, “les extrémités”. Autrement dit, les confins extrêmes des territoires des hommes, les limites entre la civilisation et les lieux sauvages : les montagnes, les bois, les forêts où personne ne se rend, sauf les animaux sauvages. Elle hante aussi les embouchures des fleuves, les marécages, les bords des lacs et des fleuves. Déesse de la nuit, son séjour favori est l’Arcadie, la région la plus pit­ toresque et la plus pastorale de la Grèce. C’est sur les sommets du Taygète

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ou ceux de l’Érymanthe quelle court à travers les champs et les vallées, où elle poursuit les daims et les cerfs.

En tant que divinité des confins, elle protège toutes les périodes de transition dans la vie des humains : naissance, enfance, adolescence, pas­ sage à l’âge adulte. Quand un éphèbe atteint l’âge viril ou quand une vierge se marie, on plante un arbre de mai en son honneur. Avant les noces, la fiancée consacre à Artémis ses poupées et les jouets de son enfance, ainsi que ses vêtements de jeune fille.

Elle est aussi la déesse de l’accouchement, car elle a aidé sa mère, lors de la naissance de son frère Apollon. Les jeunes mères lui consacrent leurs vêtements pour la remercier de son aide et on lui présente le nourrisson. Elle protège les jeunes filles. Pendant la guerre de Troie, c’est elle qui sauva Iphigénie de la mort en substituant une biche à l’innocente jeune fille. Elle est la souveraine des bêtes sauvages

Elle hante librement la nature parmi la gent animale qui la peuple. Elle a ainsi souvent autour d’elle une compagnie tumultueuse et bondis­ sante. Elle franchit les montagnes et les forêts à une allure vertigineuse. Elle court les monts et joue parmi les sangliers et les biches légères. Elle est “la Bruyante” qui excite les chiens et mène la poursuite ne se reposant de la chasse que par la danse. Elle est la Dame des fauves dont elle est la conductrice. Elle est la sou­ veraine des bêtes sauvages sur deux niveaux : sur Terre, elle est la déesse de la chasse ; au Ciel, elle conduit les planètes nommées dans l’Antiquité et, notamment en Asie mineure, les chèvres sauvages. Elle leur trace la route du zodiaque, la route des animaux qui se nommait dans les pre­ miers temps le “Chemin de la Lune”.

Elle est accompagnée de chiens, animaux lunaires qui, tout comme les loups, aiment chasser à la Pleine Lune. Bien quelle la chasse, la biche est sa compagne favorite. Elle protège sa croissance et veille sur sa progéniture, comme sur celle des autres bêtes.

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Elle est une déesse reine et les nymphes lui font un peuple Déesse de la nature libre, son peuple se compose des nymphes des montagnes, les Oréades, des nymphes des bois, les Dryades et des nymphes des sources, les Naïades. Elle danse et chasse avec elles. C’EST UNE GUERRIÈRE

Elle s’est battue côte-à-côte avec Apollon, pendant la guerre de Troie où ils étaient du côté des Troyens. Mais elle se moqua de lui alors qu’il refusait de guerroyer contre son oncle Poséidon : “La sauvage Artémis, reine des bêtes fauves, le malmena rudement et lui adressa ces outrageantes paroles“, dit Homère, “ Tu fais, dieu, qui, au loin, écartes lesfléaux; tu cèdes à Poséidon la victoire toute entière. Pourquoi portes-tu un vain arc inutile. Que désormais dans le palais de mon père je ne t’entende plus te vanter comme avant, parmi les dieux immortels, d’affronter au combat Poséidon face à face“ (Iliade, XXI). Bref, elle le traite de lâche. Elle se fait alors rabrouer par Héra qui lui retire son arc des mains et la frappe sur les oreilles tandis que les flèches tombent de son carquois. Elle est lionne pour les femmes : elle leur décoche la mort soudaine tout comme Apollon le fait pour les hommes. Elle est celle qui donne la mort subite aux femmes, quelle frappe de ses flèches foudroyantes.

ELLE EST CELLE QUI REFUSE LE COMMERCE AVEC LES

HOMMES

Artémis vint au monde la première, de sorte quelle Rit témoin des douleurs maternelles de Léto. Aussi se jura-t-elle de ne pas subir la même épreuve. Déesse de la pure lumière, elle symbolise la chasteté, dont elle impose la loi à ses prêtres et à ses prêtresses.

Lorsque son fidèle adorateur Hippolyte qui, comme elle, vit étranger à toute passion terrestre, au sein des montagnes et des forêts et meurt vic­ time de sa chasteté, Artémis le console et lui annonce les suprêmes hon­ neurs quelle lui réserve. Elle le transporte au ciel où il devient la constel­ lation du Cocher.

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Aussi rebelle qu’Athéna ou qu’Hestia aux lois d’Aphrodite, elle et la vierge toujours indomptée qui punit les attentats sur sa personne. Elle châtia Orion qui tenta de la séduire. Elle fit sortir de la terre un scorpion qui tua l’imprudent en le piquant au talon. Même le pauvre Actéon qui l’avait surpris dans son bain par hasard fut cruellement puni. Elle le transforma en cerf et le fît dévorer par ses chiens. Elle évitait ainsi qu’il ne se vante de l’avoir vue nue. L’ambiguïté de la Déesse

Indépendante, Artémis ne se soucie donc pas d’un époux ou d’un homme quel que soit son rôle. Aussi est -elle vierge, disent les mythes. Artémis est “parthenos”, la vierge qui s’abstient de tout commerce avec les hommes qui tentent de la séduire. Ils rapportent quelle surveillait également la chasteté de ses compagnes.

Elle décocha une flèche mortelle à la fille de Lycaon, Callisto, qui avait eu des rapports sexuels avec Zeus et s’était trouvée enceinte. Seulement voilà, Zeus ne put parvenir à ses fins qu’en prenant l’apparence d’Artémis. Ce qui évidemment donne un tout autre éclairage à la chas­ teté d’Artémis : Callisto était la compagne de la déesse. SES TEMPLES SONT NOMBREUX Le plus célèbre est l’Artémision d’Éphèse

Considéré dans l’Antiquité comme l’une des Sept Merveilles du monde avec le colosse de Rhodes, les Grandes pyramides, les jardins sus­ pendus de Babylone, le mausolée d’Halicarnasse, le phare d’Alexandrie et la statue de Zeus à Olympie, le temple d’Artémis à Éphèse était l’un des plus grandioses de l’Antiquité, l’un des premiers grands temples de l’his­ toire de l’architecture grecque.

Quant à la célèbre statue de la déesse, couverte d’animaux sauvages mais surtout de protubérances évoquant des seins mais surtout des testi­ cules, elle est fort éloignée des représentations de la chasseresse grecque. Tout comme Cybèle, ses prêtres étaient des eunuques

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Dans le culte d’Artémis, on sacrifiait des animaux comme les cinq cents chèvres qu’on lui offrait le 6 Boédromion pour commémorer la vic­ toire d’Athènes à Marathon en 490 av. J.-C. Les Athéniens lui avaient promis de sacrifier autant de chèvres qu’ils tueraient de Perses au combat. Mais il y eut tellement de tués qu’il se résolurent à lui payer un tribut annuel sinon les troupeaux auraient été décimés.

En Attique, à Braurôn (près d’Athènes), on célébrait les grandes fêtes d’Artémis qui avaient lieu tous les 49 mois (7 x 7), soit tous les quatre ans. La Grande Prêtresse était une Ourse et les petites prêtresses, nom­ mées les oursonnes, attachées à son sanctuaire, pratiquaient les danses sacrées en son honneur. Elle revêtaient des robes courtes couleur de safran bordées de rouge à l’image de la tunique d’Artémis et sacrifiaient une chèvre à sa déesse.

À Athènes, la déesse ourse de Braurôn était installée sur l’Acropole.

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LES ARTÉMIS AUJOURD’HUI

Artémis, aujourd’hui est une marginale. Elle fuit les villes bruyantes et polluées, leurs lumières artificielles, leurs néons. Elle rejette les artifices de la société de consommation et même ceux de la terre cultivée : elle aime les prairies non foulées que le fer n’a jamais touché et où vient seule l’abeille printanière, comme l’écri­ vaient jadis les poètes. Elle a du mal, en fait, à être de son temps, à accep­ ter la civilisation contemporaine et la complexité croissante de tous ses nouveaux gadgets. Elle déteste pêle-mêle les ordinateurs, les téléphones portables, les surgelés, les appartements surchauffés.

Cela dit, elle s’y fait tout en disant quelle s’est trompée d’époque, mais en fait elle s’est trompée de planète : si elle rejette la civilisation moderne, elle n’est pas davantage à l’aise avec sa féminité.

Un traumatisme datant de son enfance a fait qu’elle n’a pas l’intention de donner naissance à des enfants de façon naturelle ou si cela lui est arrivé une fois, de faire en sorte que cela ne lui arrive plus jamais. En fait, elle éprouve un irréductible dégoût pour tout ce qui se rapporte à la fonc­ tion procréatrice féminine. Pour elle, la grossesse est une maladie, l’en­ fant quelle porte est un 1’alien’*, un corps étranger dans son corps ; les seins, des pots à lait mous et répugnants.

Elle perçoit le cycle menstruel comme un odieux châtiment infligé par quelque dieu rancunier, “Tu enfanteras dans la douleur” sanctionnant l’attrait pour la connaissance manifesté par Ève ou encore comme une marque d’infamie ou un souvenir de la castration. Pas question donc pour elle de se laisser enchaîner à ce cycle infernal, pas question de supporter les douleurs de l’enfantement ou en tous cas pas deux fois. Pas question d’être l’esclave d’une tripotée de marmots braillards et fatigants. Faire un enfant éventuellement, mais par concep­ tion in vitro.

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Elle fait penser à son alter ego masculin, Hippolyte son protégé, le seul homme qui, comme elle, haïssait Aphrodite.

Misogyne et peut être même androgyne, Hippolyte, fils d’Hippolyté, la reine des Amazones, qui elles-mêmes avaient une nature sexuelle très ambiguë avec leur sein coupé, réclamait déjà au roi des dieux le recours à l’insémination artificielle : uô Zeus Pourquoi donc as-tu donné droit de cité sous le soleil aux femmes ? Si tu voulais prolonger la race humaine, il ne fallait pas recourir à la femme afin d'y pourvoir. On devrait pouvoir contre remise d’un tel poids d’or, de fer ou de bronze, acheter dans le temple de la graine d'enfants, cha­ cun au prorata de la valeur de l'offrande et vivre en liberté chez soi sans rien démêler avec des femelles11.

Ce qui expliquerait alors la terrible statue d’Artémis d’Éphèse dont le

cou montre une pomme d’Adam très nette et dont le torse est couvert de protubérances : des seins pour les uns, des testicules pour les autres, sym­ boles à la fois de la castration amazonienne et de ses fidèles castrés. Artémis aujourd’hui comme autrefois est fondamentalement une sportive.

Elle aime marcher à grands pas ou encore pratiquer l’équitation, nager ou escalader les montagnes, courir dans les forêts.

Si elle est obligée de rester citadine, elle fait son jogging chaque matin dans le parc ou même dans la rue. Si elle a réussi à vivre à la campagne, elle court dans les bois accompagnée de ses chiens. Elle aime se mesurer dans ses activités sportives à des gens du même sexe. Elle passe ses vacances dans des lieux peu fréquentés ou très loin de la civilisation : trekking au Népal, chasse et chevauchées dans l’Asie cen­ trale. Mince et musclée, ses vêtements sont avant tout simples et pratiques n’entravant pas les mouvements, mais n’incitant pas pour autant aux gestes déplacés.

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Ce qui n’empêche pas une certain élégance. Elle porte des sandales plates plutôt que des hauts talons mais ses longues jambes les supportent allègrement. Sa coiffure est simple et naturelle, ses cheveux tombent librement sur ses épaules ou sont retenus par une barrette. Elle ne porte pas de bijoux.

Elle dédaigne évidemment les soirées chics et mondaines et ce quelle nomme avec mépris les salamalecs.

Sa devise est “liberté”, surtout par rapport au sexe opposé. Malheur en tous cas au malheureux qui, dans le cadre de son travail, aurait l’outrecuidance de lui faire des propositions malhonnêtes ou, pire, d’avoir des gestes déplacés. Le procès au prudhomme ne se ferait pas attendre. Mais en fait elle a tendance à choisir une profession qui lui permette de contempler les espaces peu peuplés comme guide de montagne, astro­ nome ou gardienne de parcs pour les animaux sauvages dans les grands espaces africains.

Elle peut aussi pratiquer un sport de compétition comme la course à pied.

Sa vie privée est très privée. Elle n’entend pas l’étaler sur la place publique. Elle sait aimer mais pas dans le sexe opposé. Elle est alors jalouse.

S’il nous arrive un jour de souhaiter comme dans Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley de prolonger la race humaine sans y faire parti­ ciper notre corps ou si peu, c’est qu’Artémis ou Hyppolyte s’est éveillé en nous.

Et si Artémis s’éveille en nous à la maturité, ce qui peut arriver, nous pouvons alors changer de bord d’un seul coup : quitter notre vie bour­ geoise et vivre avec une amante du même bord. Mais, attention, nous serons jalouses et ne pardonnerons pas les infidélités surtout si elles sont en rapport avec le sexe opposé.

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Notre vengeance sera proportionnelle à notre douleur. Nous ferions aussi bien d’aller voir un psychothérapeute avant de commettre un acte irréparable.

Cela dit, nous aimons ceux du sexe opposé qui respectent nos choix et nous sommes alors d’une fidélité et d’une délicatesse à toute épreuve dans notre amitié.

“Ô vous qui régnez élans la ville d’Éleusis, à Paros et sur la pierreuse Antrone, auguste déesse des saisons, qui nous comblez de présents, puissante Déméter et vous sa fille Perséphone, daignez, favorables à ma voix m’accorder une vie heureuse : je me souviendrai de vous et je vais dire un autre chant" (Hymne à Déméter)

Chapitre 19

Déméter (Cérès), contrairement à Cybèle déesse de la nature sauvage, est la déesse de la terre cultivée. Elle est la déesse des saisons et des fruits

MYTHOLOGIE

Déméter fait partie des douze divinités de l’Olympe et des six enfants de Cronos et de Rhéa, la déesse de la Terre. Elle est donc la sœur d’Hestia qui est l’aînée, la sœur d’Héra ainsi que d’Hadès, de Poséidon et de Zeus.

Comme ses frères et sœurs, à l’exception de Zeus (on lui présenta une pierre à dévo­ rer à la place de l’enfant), elle fut tout d’abord avalée par Saturne qui dès le début craignit que l’un de ses enfants le détrône comme Terre et Ciel étoilé le lui avaient pré­ dit. Zeus, devenu grand, fit vomir Cronos qui vomit d’abord la pierre qu’il avait dévo-

Démeter à éleusu coiffer du

Cilathos et tenant des ¿pis

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rée à la place de Zeus puis les autres enfants. C’est ainsi que Déméter naquit pour la seconde fois.

Son nom (Aq pqrqp) signifie la “mère du grain” de mèteret zeia (du crétois dèai), grain. Mais on pourrait aussi traduire Déméter par “la Mère en vérité” ou “Eh oui la Mère”. ON LA REPRÉSENTE COMME UNE BELLE FEMME

D’UNE TAILLE MAJESTUEUSE AU REGARD LOINTAIN, COURONNÉE D’ÉPIS OU DE LA CORBEILLE (LE CALATHOS) SYMBOLISANT LA FÉCONDITÉ

Elle est la blonde déesse, la fille de Rhéa à la belle chevelure, la déesse au glaive d’or, aux fruits éclatants.

Dans ses yeux brillent la grâce et la pudeur. Une agréable odeur s’échappe de ses voiles parfumés ; la lumière de son corps divin brille loin de la déesse ; ses blonds cheveux flottent sur ses épaules. Elle a les seins gonflés. Elle tient de la main droite un faisceau d’épis et de la gauche une torche ardente. Sa robe tombe jusqu’aux pieds et sou­ vent elle porte un voile rejeté en arrière. Sa beauté séduisit ses frères

D’abord ce fut Poséidon qui s’éprit d’elle. Dans l’espoir de lui échap­ per, Déméter se métamorphosa en jument et se cacha parmi les bêtes du roi d’Arcadie, mais son frère prit la forme d’un cheval et la viola. La déesse devint ainsi mère du cheval Aréion doué de la parole ainsi que d’une fille Despoïna, la “Maîtresse”, mais dont le vrai nom n’est connu que des initiés aux mystères d’Éleusis. On la nommait aussi parfois “Celle qui sauve”. Les prêtresses du culte de Despoïna portaient des masques à tête de cheval. La colère qu’éprouva Déméter pour cette violence qui lui fut faite fut tellement forte qu’elle la fit surnommer “Érynie”, “La Fureur” et on la nomma aussi “Lousia”, pour s’être ensuite purifiée dans le Ladon.

Puis ce fut au tour de Zeus de tomber amoureux de sa sœur. Elle lui résista comme elle avait tenté de le faire avec Poséidon. Mais le roi des

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dieux prit l’aspect d’un taureau et la força. Elle donna naissance à sa fille Perséphone (Proserpine), surnommée Korê, ‘la Jeune Fille” (de Démé­ ter). Koré, la Jeune fille de Déméter Perséphone (Proserpine)

Koré, la jeune fille, légère à la course, jouait avec les filles de l’Océan et cherchait des fleurs. Elle cueillait la rose, le safran, la violette, l’iris, l’hyacinthe, lorsqu’elle aperçut un merveilleux narcisse à cent têtes que Zeus malignement avait fait pousser pour favoriser les vues d’Hadès sur la jeune fille. La jeune fille fascinée l’arracha imprudemment de ses deux mains. Au même instant la terre déchirée s’ouvrit, laissant passer Hadès (Pluton) qui s’élança traîné par ses coursiers immonels. Il saisit la jeune vierge et l’enleva dans un char étincelant d’or. La jeune fille se mit à pous­ ser des cris appelant Zeus à son secours. Hécate, Hélios et sa mère l’en­ tendirent, mais seul Hélios qui voit tout, à qui rien n’échappe de sa place élevée, connaît l’affaire et sait que l’issue est inévitable. De douleur, Déméter déchira les bandelettes qui entouraient sa che­ velure, jeta sur ses épaules un manteau d’azur et partit à la recherche de sa fille, tenant dans ses mains des torches allumées. Hécate accourut mais ne put fournir de piste. Elles se rendirent toutes les deux auprès d’Hélios. Celui-ci alors expliqua à la déesse que Zeus avait permis cet enlèvement. Hadès était un roi puissant à qui l’une des trois parts du monde, ou trois royaumes, lui avait été donnée en partage. Les mers et les eaux douces avaient été attribuées à Poséidon, le Ciel et la Terre à Zeus, le dieu à la foudre. Hadès, celui qui rend invisible, avait reçu en héritage le Tartare, le monde souterrain, les Enfers qu’il ne devrait jamais quitter. C’est pour­ quoi Zeus, en échange, lui avait destiné une épouse, la fille de Déméter, et avait organisé dans le plus grand secret toute l’histoire.

Déméter, irritée et endeuillée, quitta l’Olympe et se mit en quête de sa fille. Parcourant les villes et les champs des mortels sous les traits d’une femme âgée, elle se rendit chez les hommes, traversant les cités et obser­ vant leurs travaux. Elle voyagea ainsi durant neuf jours. Puis elle arriva à Éleusis (bourg de l’ancienne Afrique à 17 km au nord-ouest d’Athènes sur le golfe Saronique) où régnait le roi Keleos, le Piven. La tête couvert

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d’un voile bleu qui lui descendait jusqu’aux pieds, elle s’assit près d’un puits où les citoyens venaient se désaltérer et fut aperçue par les filles du roi qui l’invitèrent au palais. Elle fut engagée par la reine Métanire pour s’occuper de son fils, le petit Démophon, Silencieuse, le voile tiré sur son visage, Déméter refusait de manger et de boire jusqu’au moment où une femme moqueuse du nom de lambé parvint à la dérider, rompant son jeûne. Toutefois Déméter repoussa la coupe de vin que lui présentait Métanire : il ne lui était pas permis de toucher au fruit de la vigne. Déméter ordonna à la place de préparer un kykéon, un mélange d’eau et de grains d’orge auquel elle prescrit d’ajou­ ter une feuille de menthe. C’est la boisson que, depuis lors les initiés de son culte recevront lors de leur initiation.

L’enfant fut donc remis dans les bras de la déesse qui connaît les sucs et les vertus des plantes et des herbes. Il grandit comme un dieu, sans prendre de nourriture ni boisson, sa divine nourrice le frottant d’am­ broisie et plongeant chaque nuit son corps dans le feu pour brûler tout ce qu’il y avait de mortel en lui, tout comme le fit la déesse Isis avec le fils du roi de Byblos. Malheureusement la reine Métanire surprenant le manège de Déméter, l’accusa de vouloir faire périr son fils. La déesse courroucée déposa l’enfant à terre et se fit reconnaître tandis que le palais se rem­ plissait d’une splendeur semblable à l’éclair de la foudre : “Je suis Déméter que tous révèrent, la puissance la plus utile pour les dieux et pour les hommes, je leur suis grande joie“.

Elle réclama ensuite qu’on lui bâtisse un temple avec un autel sur une colline élevée à Éleusis. Ce qui fut fait promptement. La blonde déesse vint s’y asseoir, loin de tous les dieux, se consumant de tristesse, et reprit son deuil durant un an.

La terre cessa de produire, les semences restaient enfouies ; en vain les bœufs traînaient le soc recourbé dans les guérets. La race humaine était sur le point de périr de faim et les habitants de l’Olympe ne recevaient plus d’offrandes. Zeus dut alors intervenir : il envoya tour à tour vers elle tous les dieux immortels mais aucun ne purent la faire fléchir. Elle répon-

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dit quelle n’irait point dans l’Olympe et quelle n’accorderait point ses fruits à la Terre tant quelle n’aurait pas vu sa fille. L'instauration du cycle de saisons et le retour périodique de Koré

Zeus envoya alors Hermès en ambassade auprès de Hadès, le dieu à la noire chevelure. Hadès permit à Perséphone de quitter le royaume sou­ terrain et d’aller retrouver sa mère, mais lui donna en secret à manger un doux pépin de grenade afin quelle ne puisse pas toujours rester auprès de la déesse au voile d’azur. Zeus fit venir Déméter dans l’Olympe et arriva à un compromis : Perséphone devait passer un tiers de l’année dans les sombres demeures d’Hadès et deux tiers avec sa mère et les autres dieux. Déméter accepta le traité et fit naître aussitôt les fruits des campagnes fécondes, la terre se couvrit à nouveau de feuillages et de fleurs. C’est ainsi que fut instauré le cycle des saisons.

La déesse fut hautement civilisatrice par le don du blé et des céréales (le mot “céréale” vient d’ailleurs de “Cérès”) qui mit fin à la vie sauvage et par la paix indispensable à sa culture et à la juste rémunération de ce travail quelle suscita. D’autre part, elle eut une grande influence sur l’idée de fraternité humaine. En effet, elle admettait même des esclaves à ses fêtes et à ses mystères.

Elle est déesse de la terre mère mais surtout de la terre cultivée. Elle est la déesse du grain. Sa fille est le grain même du blé, nourriture et semence qui, recluse pour un temps sous la terre, en ressort en pousses nouvelles, ce qui à Eleusis fera de l’épi un symbole d’immortalité. Hadès se nomme aussi Ploutos le Riche en blé. DÉMÉTER AVAIT SES PRINCIPAUX CENTRES CULTUELS

EN ATTIQUE

Notamment à Athènes, à Éleusis, où son culte est attesté depuis le XVT siècle avant notre ère. À Mégalopolis en Arcadie se trouvent le bois sacré de Déméter et de Perséphone et leur Temple. Le bois est fermé par un

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petit mur et interdit aux hommes. Le temple est toujours ouvert aux femmes et un jour par an seulement aux hommes. Dans l’île de Paros se trouvait également l’un des plus anciens centres de la religion de Déméter. En fait on trouve ses lieux de culte dans de multiples lieux en Crète et en Asie mineure. Les fêtes principales avaient lieu à Éleusis

La disparition de Perséphone, sa descente aux enfers se plaçait dans le tiers de l’année quand, en Grèce, les champs sont dénudés par la chaleur de l’été.

Son retour, sa remontée, sa présence se localisait dans les deux autres tiers du temps. Elle s’amorçait après les labours (octobre) avec les Thesmophories, la fête des semailles. Elle se confirmait lors de la fête des Chloia lorsque, après les pluies d’automne, le blé et l’orge de Déméter paraient les champs d’une verdure naissante et elle se poursuivait jusqu’à la moisson fin mai début juin où l’on célébrait les Thalysies. Les Thesmophories particulièrement importantes étaient célébrées

en l’honneur de Déméter sous son nom de “Thesmophore”, la “Législatrice”, en tant que fondatrice de la civilisation. Elles étaient réser­ vées aux femmes mariées. On pratiquait alors un rite de fécondité. On retirait les restes des por­ celets que l’on avait sacrifiés, en souvenir du fait que lorsque la terre s’était ouverte un troupeau de porcelets y avait été englouti. On les mélangeait avec de la semence et l’on répandait le tout sur les champs. Le lendemain, les femmes jeûnaient et mimaient le deuil de Déméter. Elles passaient la journée assises sur des brassées de laurier dans des huttes de branchages. Le jour suivant venait des réjouissances à caractère évoca­ teurs de la fécondité. Les mystères d’Éleusis

Déméter enseigna aux rois le ministère de ses autels, les rites sacrés qu’il n’est permis ni de pénétrer ni de divulguer, elle enseigna les mys­ tères. Les mystères se rapportent au voyage de l’âme dans l’Au-delà.

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Toute personne de race grecque pouvait y accéder. Seuls étaient exclus ceux qui avaient les mains souillés par un crime ou qui ne pouvaient pro­ noncer convenablement les formules rituelles. C’est à Eleusis qu’Héraclès et Dionysos furent initiés par Déméter avant de descendre dans la demeure d’Hadès, symbole de l’Au-delà. Plutarque, initié aux mystères d’Eleusis, développe ainsi une compa­ raison entre l’initiation et la mort : “L'âme au moment de la mort éprouve la même impression que ceux qui sont initiés aux grands mystères. Le mot et la chose se ressemblent, on dit teleutan et teleisthai (mourir et être initié aux mystères). Ce sont d'abord des courses au hasard de pénibles détours, des marches inquiétantes et sans terme à travers les ténèbres. Puis, avant la fin, la frayeur est au comble, le frisson, le tremblement, la sueur froide, l'épou­ vante mais ensuite une lumière merveilleuse s'offrent aux yeux. On passe dans des lieux purs et des prairies où retentissent les voix et les danses ; des paroles sacrées, des apparitions divines inspirent un respect religieux. Ainsi l’homme dès lors parfait et initié devenu libre, en se promenant sans contrainte, célèbre les mystères une couronne sur la tête, fl vit avec les hommes purs et saints, il voit sur la terre la foule de ceux qui ne sont pas initiés et purifiés s'écraser et se presser dans le bourbier et les ténèbres et, par crainte de la mort, s'attarder dans les maux faute de croire au bonheur de là bas“.

Le voyage de l’initié se terminait par la contemplation des deux déesses et des objets sacrés. On montrait en silence aux époptes (“ceux qui voient”, les initiés supérieurs) un épi de blé moissonné.

Vous êtes une déesse... et si c'était vrai ?

DÉMÉTER, LA DÉESSE EN VOUS

Déméter, ce nom éveille-t-il un écho en vous ? Réveille-t-il ia déesse que vous portez en vous comme une racine qui ne demande qu’à se déve­ lopper ? Faites vous partie de celles qui écrivent “Jamais sans ma fille” ? Etes-vous d’abord la mère de votre fille ?

Mais n’avez-vous pas (ou n’avez vous pas eu) vous-même des liens dif­ ficiles avec votre propre mère ? N’est ce pas Rhea, votre mère, qui laissa s’entrouvrir la terre pour engloutir Perséphone Koré, votre fille ? Votre propre mère aurait-elle désapprouvé votre instinct maternel abusif en favorisant le départ de votre fille pour qu’elle aille épouser un homme plus âgé bien que très riche mais d’un tout autre monde, d’un tout autre milieu, bref un étranger, qui fait vivre votre fille loin de vous la moitié du temps.

Mais d’ailleurs n’est-ce pas votre propre mère qui vous laissa violer par votre frère ou un quelconque membre de votre famille ? Sans parler du père qui dévorait ses enfants... Et surtout elle est cette mère qui a choisi son camp, celui des hommes alors que vous avez choisi le vôtre, celui des femmes, veillant jalousement sur la vie de votre fille, sur sa vertu, sa carrière, son mariage ?

Vous éprouviez un amour charnel, un besoin animal, lorsqu’elle était enfant, de la toucher, de la caresser de l’embrasser, de la câliner, de l’ha­ biller, de la coiffer. N’ctes-vous pas cette mère qui éprouve le besoin de donner à manger, de faire des bons petits plats à votre fille, même adolescente et même encore devenue femme ?

—--------- Vous êtes une déesse... et si c'était vrai ?----------N’êtes-vous pas la Mère nourricière mais qui nourrit aussi sa fille de connaissances diverses, la mère qui se décarcasse pour donner des leçons de tout à sa fille : des leçons de musique, de danse, de mathématiques, de cuisine ou de langues étrangères sans oublier de religions ou de méta­ physiques ?

Pensez-vous savoir mieux quelle ce qu’il lui faut ? A-t-elle eu le temps de choisir et de décider par elle-même ?

Bref, n’êtes vous pas cette mère totalement dévouée mais un peu abu­ sive ?

Éprise d’un amour fiisionnel, n’avez-vous pas enfoui au fond de vous le cordon jamais coupé ? La douleur de Déméter ne semble-t-elle pas relater la séparation iné­ luctable de la mère et de la fille, lorsque celle- ci quittant sa famille, part pour ne faire qu’une seule chair avec son mari ?

Le char de Pluton n’est-il pas la voiture de mariage à laquelle sont accrochés des morceaux de tulle blanc et qui emporte votre fille en voyage de noces, transition avant l’arrivée au nouveau foyer, à la maison de l’époux ? Mais il est vrai que Déméter ne s’est pas mariée et n’est pas devenue mère de son plein gré. On comprend quelle s’affole devant ce qui est peut-être un enlèvement ou un mariage forcé.

Il est donc normal que Déméter.fasse une enquête, quelle remue ciel et terre pour savoir très exactement ce qu’il en est.

Les Déméter aujourd’hui sont de fortes personnalités et les puissants s’inclinent devant leur courage et leur ténacité. Ils savent quelles ne lâcheront pas prise et ameuteront les médias tant quelles ne sauront pas ce qu’il en est, tant que leur fille ne sera pas venue leur dire de visu quelle va bien et qu’elle est traitée comme une reine et non comme une esclave. Dans le cas d’un enlèvement ou d’un mariage forcé, Déméter aujour­ d’hui saura se faire entendre et obligera les hommes politiques à négocier

un arrangement.

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Alors seulement Déméter finira par accepter le mari riche et puissant, bien qu’appartenant à un pays étrange et très lointain dans l’autre hémi­ sphère, à l’opposé de la planète, “sous la Terre”, comme vous dites lorsque vous êtes d’humeur chagrine.

Les Déméter aujourd’hui ne sont tranquilles que lorsqu’elles accep­ tent que le cordon soit coupé et que lorsqu’elles ont la certitude que tout va bien. Et encore elles ne l’acceptent que sous condition : il leur faudra des nouvelles régulières et des visites pas trop espacées. De la sorte, elle veillera à ce que la situation ne se dégrade pas. Pourtant Déméter ne peut vraiment se réaliser paradoxalement que lorsque le cordon est coupé.

Si vous êtes Déméter, si la déesse s’est manifestée ou est sur le point de le faire, elle vous a donné en même temps conscience de votre valeur, de votre créativité. Et en laissant le cordon se couper, elle vous a donné l’accès à l’auto­ nomie, vous permettant alors de réaliser vos potentialités pleinement. C’est après l’enlèvement de Perséphone que Déméter créé les mystères à Éleusis. C’est évidemment autour de la quarantaine que les Déméter enfin libres peuvent commencer un seconde vie. Mais vous restez avant tout femme et du côté des femmes. Non pas comme Artémis, celle qui avait pour amante une de ses suivantes mais protectrice des femmes et finale­ ment amie de tous, aimée des dieux et amie des hommes car enfin apai­ sée.

Votre côté charnel qui s’était développé et assouvi avec votre fille, de sa naissance à son mariage, s’est transmué en énergie spirituelle.

Vous avez peut- être un époux mais ce n’est pas le centre de votre vie. Vous restez digne et réservée. Libérale et fraternelle mais jamais pro­ vocante jamais ambiguë. Sans fards, sans artifices. Toutes ces épreuves vous ont fait comprendre le lien étroit existant entre tous les niveaux d’organisation de l’univers comme le sein maternel et la terre féconde.

Vous êtes une déesse... et si c'était vrai ?

S St Déméter se réveille en vous, elle annonce une compréhension 'métaphysique ec spirituelle du monde, une compréhension qui mènera à l’idée d’une fraternité humaine tout comme Déméter acceptait des ^esclaves à ses mystères.

-A Mais peut-être vous fallait-il d’abord assumer un amour trop fort.

Vous savez dorénavant brûler en vous ce qu’il y a de matériel pour ne garder que ce qui est divin et immortel.

“Ô Hestia dans les palais élevé des dieux immortels et des hommes rampant sur la terre il vous est échu la première place et le plus antique honneur en obtenant une belle et riche offrande carjamais sans vous il n’est d’agréable festins aux mortels et nul ne commence ou ne finit son repas sans d’abord avoir fait des libations d'un vin pur à la déesse Hestia" (Hymne à Hestia)

Chapitre 20

Hestia (Vesta à Rome). Déesse vierge du Foyer, Déesse du Feu et de la Paix Hestia, déesse du feu et du foyer de la maison, avait un culte qui, en Asie comme en Grèce, remontait à la plus haute antiquité. Elle était honorée à Troie longtemps avant la ruine de cette cité. L’on dit que c’est Énée qui apporta en Italie son culte et son symbole : il l’avait parmi ses

dieux pénates. MYTHOLOGIE

Selon Hésiode, Hestia (Vesta en latin) est l’aînée des enfants de Cronos et de Rhéa. Elle

est la sœur aînée de Déméter, Héra, Hadès, Poséidon et Zeus. Elle appartient à la génération des douze grandes divinités de l’Olympe. Elle fut la première avalée par Cronos son père qui avait décidé de manger ses enfants afin de ne pas être détrôné par l’un d’eux comme on l’a vu avec Héra. Seul Zeus avait donc échappé à ce son funeste sa mère Rhéa ayant donné une pierre à Cronos à la place du nouveau-né. Zeus une fois grand fit régurgiter les enfants avalés en donnant un vomitif à Cronos.

La Vesta Giustiniani (Musée Je Torlonia, Rome)

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Hestia en garda une grande reconnaissance envers le dieu. Le sens de son nom Son nom estia signifie “foyer” : d’abord au sens religieux et désigne

alors la partie intime de la maison où se trouvait l’autel des dieux domes­ tiques, lieu de refuge pour les suppliants. Par analogie, estia désigne le cœur ou le foyer d’un pays, d’une ville ; le foyer ; la maison, l’autel et encore la salle de repas.

Le foyer est le centre symbolique et cultuel de la maison et de la famille. On y brûle le feu. Auprès de lui, on célèbre le culte domestique. Le suppliant et celui qui cherche protection viennent s’y assoit.

Comme l’État antique était le développement de la famille, de même que chaque famille avait comme point central un foyer, de même chaque cité, chaque état en avait l’équivalent symbolique.

Ainsi le foyer de l’État se trouvait au Prytanée (l’Hôtel de ville). Et c’est autour de ce “foyer” que s’assemblaient les membres du conseil, les ambassadeurs étrangers et tous ceux que l’État souhaitait distinguer et honorer. Quand une colonie émigrait en terre étrangère pour y fonder une nouvelle patrie, elle emportait du feu du foyer de la métropole pour allu­ mer celui de la nouvelle cité. Hestia est de ce fait la protectrice des familles, des villes et des colonies. Elle symbolise la pérennité de la civi­ lisation et de la religion, leur transmission.

Elle est doublement la déesse du foyer car c’est elle qui avait inventé l’art de construire les maisons.

Mais Platon, dans le Cratyle, fait un jeu de mots entre “hestia et “ousia”, “réalité”, “essence”, “existence” et “bien fonds”, ce qui est le foyer d’une famille, d’un peuple, d’un Dieu. SON APPARENCE

On la représentait comme une femme imposante et vénérable en habit de matrone.

— Vous êtes une déesse... et si c'était vrai ?

Elle porte la stola, tunique très large, placée par-dessus la chemise et fixée au corps par deux ceintures : l’une passant sous les seins, l’autre audessus des hanches. Sa tête est recouverte d’un voile. La stola traîne par derrière de manière à couvrir la partie postérieure des pieds. En bref, Hestia porte une tenue extrêmement pudique. Elle tient de la main droite un flambeau, une lampe, une patère ou encore une corne d’abondance.

Elle n’a d’autre image que le feu sacré. Insensible au pouvoir d’Aphrodite, Hestia est la vierge vénérable enfantée par Cronos.

Quand Cronos fut détrôné, Apollon et Poséidon se présentèrent à elle comme prétendants rivaux. La guerre pour le pouvoir menaçait dans l’Olympe. Hestia alors refusa l’un et l’autre et jura sur la tête de Zeus de demeurer vierge pour toujours “touchant la tête du puissant dieu de l'égide, elle fit le grand serment qui s’est accompli de rester vierge dans tous les temps. Son père au lieu de ce mariage la gratifia d'une belle prérogative, elle s'assied au foyer de la maison pour yjouir des prémices : elle est honorée dans tous les temples des dieux et pour les mortels elle est la plus auguste des déesses“ (Hymnes homériques).

Parce quelle avait su préserver la paix de l’Olympe (elle ne participa à aucun combat entre les dieux et les hommes), Zeus lui octroya la pre­ mière victime de chaque sacrifice. Trônant parmi les dieux de l’Olympe, elle est la divinité du Capricorne. Elle est la Vierge vénérée dans l’Olympe quelle ne quitta jamais, mais aussi au foyer sacré des familles, des temples et des cités, où elle a sa part de tous les sacrifices. On l’honore de la première libation. D’où le pro­ verbe “Commencer par le commencement” qui se dit “Commencer par Hestia”. Personne ne put jamais la violer. Seul le dieu Priape tenta de le faire au cours d’une fête champêtre à laquelle assistaient les dieux, profitant du fait que tous étant repus s’étaient endormis. Mal lui en prit car un âne se mit à braire avec force. Hestia se réveilla alors que le dieu était déjà à cali-

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fourchon sur elle. Hestia le mit en fuite en hurlant à la vue du membre surdimensionné et tous se moquèrent de lui. Elle est la plus douce, la plus vertueuse, la plus charitable de tous les habitants de l’Olympe. Elle est universellement respectée. On la nomme Hestia la sainte, l’éternelle, l’heureuse, l’ancienne. Elle est modeste et réservée, ne se mêlant pas des affaires des autres. Elle ne prit part à aucune guerre, à aucune querelle.

Lors des éternelles disputes entre Zeus et Héra, Zeus ayant exaspéré les autres habitants de l’Olympe par ses frasques et ses excès, ceux-ci le ligotèrent sur sa couche où il s’était endormi. Seule Hestia refusa de par­ ticiper à cette histoire. Sobre et sage lorsque les dieux quittent l’Olympe pour aller festoyer, la plupart du temps elle reste seule au palais. HESTIA EST LA DÉESSE DU FOYER

Elle incarne le foyer domestique, la flamme sacrée qui brille dans les demeures, dans les temples et purifie tout. Le foyer est le centre symbolique et cultuel de la maison. Au foyer brûle le feu. Auprès de lui on célèbre le culte domestique. On porte le nouveau-né autour du foyer pour l’admettre au sein de la famille : Hestia préside ainsi au rite de “l’amphidromia”, fête des nouveaux-nés que l’on portait en courant le 5e jour après la naissance autour du foyer.

Déesse du foyer, son feu est sacré et, si un âtre s’éteint, soit par acci­ dent, soit volontairement en signe de deuil, on le rallume à l’aide d’une roue à feu.

L’âtre de la maison était au centre de la vie grecque et était aussi consi­ déré comme un autel de sacrifice. Hestia, qui en était la déesse, symboli­ sait la sécurité personnelle, le bonheur du foyer et le devoir sacré de l’hos­ pitalité. LE FEU SACRÉ ET LES HESITAS (VESTALES)

Le culte d’Hestia consistait principalement à entretenir le feu qui lui était consacré et à veiller à ce qu’il ne s’éteigne pas.

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Hestia imposa à ses prêtresses, plus connues sous leur nom romain de vestales, de rester vierges, “soit parce que la substance pure et incorruptible du feu devait”, écrivait Plutarque, “ être confiée à des êtres purs et sans souillure, soit parce que le feu étant stérile et infécond a des affinités avec la virginité. Les vestales étaient choisies dans les plus grandes familles de Rome à Page de six à dix ans. Elles devaient rester au service de la déesse durant vingt à trente ans. Ensuite seulement, elles rentraient au sein de la société romaine et avaient la permission de contracter mariage. Les dix premières années, elles apprenaient leur travail, les dix années suivantes, elles exer­ çaient leurs fonctions et les dix dernière années, elles formaient les novices.

En général, après les trente ans passées dans les temples, elles conti­ nuaient jusqu’à la vieillesse et la mort à garder de leur propre choix la continence et la virginité. Si elles rompaient leur vœu de virginité ou laissait éteindre le feu, elles étaient mises à mort, et, à Rome, étaient enterrées vivantes.

On creusait une petite chambre souterraine dans un lieu proche de la porte Colline, en laissant une ouverture en haut. On y plaçait un lit garni d’une couverture, une cruche d’eau et du lait. On plaçait la coupable dans une litière fermée. Elle traversait ainsi la ville, suivie par une foule silencieuse, puis on déliait les courroies. Le chef des prêtres disait des prières secrètes, levait la main vers le ciel. On descendait la coupable couverte d’un voile dans le caveau que l’on refermait en y jetant une masse de terre, de manière à mettre l’endroit de niveau avec le reste du tertre.

En revanche, tout comme la déesse, les vestales jouissaient d’un res­ pect universel et étaient très honorées.

Elles avaient le droit de recevoir et d’assister aux jeux, où des places d’honneur leur étaient réservées. Elles portaient des vêtements spécifiques : une robe blanche et un manteau de pourpre qui leur cachait une épaule et laissait l’autre à demi nue. Leur tête était ceinte de bandelettes de laine blanche qui retom­ baient sur leurs épaules et de chaque côté de la poitrine. Au départ, elles

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devaient avoir les cheveux courts. Mais, plus tard, lorsque le luxe envahit Rome, en pleine décadence, elles portèrent toute leur chevelure et l’on pouvait les voir se promener en de somptueuses litières ou dans des chars magnifiques, suivis par une cohorte de femmes et d’esclaves. Tout comme les hauts dignitaires, elles étaient précédées d’un licteur et ne dépendaient que du collège des pontifes.

À l’image de la déesse de la paix, on pouvait les appeler pour apaiser des dissensions dans les familles. On leur confiait des secrets de famille et même, parfois des secrets d’État. L’empereur Auguste déposa ainsi entre leurs mains son testament et après sa mort respectant son souhait elles le portèrent au sénat romain. On leur confiait aussi certains objets sacrés que personne d’autre ne pou­ vait voir.

Au départ il y avait quatre vestales puis six. Une vestale célèbre fut Ilia (ou Rhea Silvia) fille de Numitor, pré­

tendant légal à la royauté. Numilius, qui avait usurpé le trône de son frère Numitor l’avait faite prêtresse d’Hestia, pour quelle restât toute sa vie vierge et sans mari.

Mais Ilia fut possédée pendant son sommeil par Arès (Mars) et devint enceinte. La fille du roi demanda sa grâce et l’obtint. Ilia fut enfermée et mise au secret. Elle accoucha des jumeaux Rémus et Romulus, le futur fondateur de Rome. Le roi Numilius fit abandonner les jumeaux, qui, comme on le sait, furent nourris par une louve, les loups étant consacrés à Mars. Devenus grands, les jumeaux firent tuer Numilius, l’usurpateur, remi­ rent Numitor sur le trône et rendirent à leur mère les honneurs qui lui étaient dus. Avec Hermès, Hestia accorde l’esprit et la jeunesse aux humains et protège les maisons.

Car c’est elle qui enseigna aux hommes à les construire SES TEMPLES

Hestia était honorée dans de nombreux temples consacrés à d’autres dieux.

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Elle y avait des autels comme à Delphes, à Athènes, à Argos, à Milet, à Éphèse. Mais elle avait aussi ses propres temples. À Corinthe par

exemple, il y avait un temple qui lui était consacré mais sans aucune sta­ tue. On voyait seulement un autel au milieu du temple, qui servait aux sacrifices que l’on faisait à la déesse. C’est sur l’autel que brûlait le feu. Si ce feu venait à s’éteindre, on ne devait le rallumer qu’aux rayons du Soleil, au moyen d’un miroir ardent, qui était un miroir concave. De toutes façons, même si le feu ne s’éteignait pas, on devait le renouveler chaque année le premier jour de Mars.

Le temple de Vesta à Rome Numa Pompilius, second roi de Rome (713-671 av. J.-C.) institua des rondes cosmiques autour d’un feu perpétuel représentant le feu central autour duquel tournent les astres. Il fit à cet effet édifier le temple de Vesta ou le temple du feu, Hestia Vesta désignant aussi le feu lui-même. Ce temple était circulaire à l’image de l’univers. Le feu sacré était entre­ tenu au centre de ce temple. Car le centre de l’Univers est, suivant les pythagoriciens, occupé par le feu qu’ils appellent Estia ou Monade.

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ÊTRE HESTIA AUJOURD’HUI

Hestia est en quelque sorte ce que nous appellerions une renonçante.

Cene vocation lui vint, alors que, devenue femme, elle fut désirée à la fois par Apollon et par Poséidon. Comprenant que ce conflit risquait d’apporter la guerre au sein de l’Olympe et manifestant d’emblée un idéal de paix élevé, elle préféra renoncer à 1‘amour pour toujours, faisant vœu de chasteté auquel jamais elle ne dérogea. Afin d’échapper aux tentations de ce monde elle décida de s’en retirer d’une certaine manière. Tout d’abord, elle se couvrit d’un voile qui des­ cendait jusqu’à ses pieds. Mais elle ne prit pas refuge égoïstement dans une grotte au fond d’une forêt. Loin de faire retraite, loin de tous, dans le but de rechercher un salut individuel ou une paix facile, elle s’installa au cœur des villes et des mai­ sons comme une flamme protectrice et purificatrice afin de mettre son renoncement au service des humains. Elle devint ainsi la protectrice du foyer, de la famille de la maison. Elle protège tous ces êtres de chair qu’elle réchauffe, éclaire et purifie, se tenant au cœur même du foyer au sens propre du terme, dans le feu qu’elle entretient, qu’il s’agisse du feu sacré de la cité ou de celui de la famille. Elle n’est donc pas contre la famille qu’elle respecte et protège mais n’ y participe pas dans sa chair.

Ainsi si Hestia est “vierge” comme Artémis, les deux déesses sont tota­ lement différentes. Artémis aimait Calypso, Hestia n’a pas d’amour. Elle protège le foyer alors que Artémis lui est hostile. Artémis rêve d’une société androgyne et de bébés élevés dans des bocaux, Hestia protège la famille issue bien entendu de la force d’Aphrodite, dont elle reconnaît la valeur. Elle en est en quelque sorte l’âme désincar-

— Vous êtes une déesse... et si c'était wt '

née. L’idée des Vénus de s’extasier sur le sexe raviuam r* Im ’w\44 Lo”«- 1 pas d’enfants, pas d’amantes et pas d’amies de œtx Elei ^t aiimn» d’un amour désincarné et charitable.

Au Moyen Âge et à la Renaissance, elles auraient sur ir wf^« mères abbesses.

Aujourd’hui elles pourraient se dévouer à des orgaséif^ei sniaiB. ir recherchant ni les honneurs ni les plaisirs mais honores :ar mit

Ce sont des femmes ayant renoncé à avoir une rie ze zrzCe lorniiàe. En général elles sont issues d’une famille aisée et ¿Cz~ee leur ries «ni reçu une excellente éducation. Elles ont soif de pureté. Elles aiment l’ordre et k przctŒ.

Elles sont sages et prudentes, elles savent, pccr es rmr s je exemples sous leurs yeux au sein de leur famille ou z^z ¿0 imœ- _ quel point le désir suscite de nombreux conflits, de acaccoue au»«? et des drames meurtriers. Elles ont un sens aigu de l’importance de la [uæk jccavc £-0 m besoin de se consacrer entièrement à l’idéal quellesocct^ces. Elles suscitent naturellement le respect. IVu d\ÂJfes et e- oj» auraient l’idée de tenter sur elles des gestes déplacés S * Ajuiw ew de s’y risquer, il aurait vite fait d’être éconduit et de devenir a nor O autres.

Elles restent intégrées à la vie de la cité où elles x v