Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal 9781407314532, 9781407344041

Around 9500 BC, a number of changes take place in the life ways of human groups that, henceforth, will be designated as

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French Pages [297] Year 2016

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Table de Matières
Index des Figures
Index des Tableaux
Index des Annexes
Résumé
Abstract
Remarque préliminaire et Remerciements
PARTIE I. Présentation
PARTIE II. Études Monographiques
PARTIE III. Études Complémentaires
PARTIE IV. Conclusion
Bibliographie
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Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal
 9781407314532, 9781407344041

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ARAÚJO UNE HISTOIRE DES PREMIÈRES COMMUNAUTÉS MÉSOLITHIQUES AU PORTUGAL

Ana Cristina Araújo works at the DGPC Laboratório de Arqueociências (LARC/CIBIO/ InBIO) in Lisbon, Portugal.

2016

________

BAR S2782

Around 9500 BC, a number of changes take place in the life ways of human groups that, henceforth, will be designated as Mesolithic. These changes set them apart, behaviourally, from the preceding periods. Even though the ancestral know-how was passed across the Pleistocene/Holocene boundary, new solutions were implemented. Groups became more mobile and more dependent on the exploitation of marine resources. Shell middens crop up not just all along the Atlantic façade but also in more interiorly located sites. Technical choice and mode of resource extraction are situationally adapted and/or created. This behavioural flexibility is specific to the early Mesolithic and contrasts with the rigidity of Magdalenian peoples’ technical systems. The History of the earliest Mesolithic communities in Portugal is mainly based on the study of three key-early Mesolithic sites, Toledo, Areeiro III and Barca do Xerez de Baixo, with a main focus on their lithic industries (recreating all the production process), although other archaeological components are also presented and discussed. Despite being contemporary on a radiocarbon scale (they all accumulated during the Boreal chronozone), each of these sites represents a distinct way of using space and the available local resources.

B A R

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal Ana Cristina Araújo

BAR International Series 2782 2016

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal Ana Cristina Araújo

BAR International Series 2782 2016

First Published in 2016 by British Archaeological Reports Ltd United Kingdom BAR International Series 2782 Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

© Ana Cristina Araújo 2016 The Author’s moral rights under the 1988 UK Copyright, Designs and Patents Act, are hereby expressly asserted. All rights reserved. No part of this work may be copied, reproduced, stored, sold, distributed, scanned, saved in any form of digital format or transmitted in any form digitally, without the written permission of the Publisher.

ISBN 9781407314532 paperback ISBN 9781407344041 e-format DOI https://doi.org/10.30861/9781407314532 A catalogue record for this book is available from the British Library

Cover Image: Sans titre. Photo de l’auteur.

All BAR titles are available from: British Archaeological Reports Ltd Oxford United Kingdom Phone +44 (0)1865 310431 Fax +44 (0)1865 316916 Email: [email protected] www.barpublishing.com

Table de Matières

Index des Figures Index des Tableaux Index des Annexes Résumé Abstract Remarque préliminaire et Remerciements

vii xix xxv xxvii xxviii xxix

PARTIE I – PRÉSENTATION 1 INTRODUCTION 1.1. Un point de départ et deux perspectives 1.2. Les objectifs de l’étude 1.3. Approche, méthodologie et terminologie 1.4. Plan

3 3 4 6 7

2 CADRE DE RÉFÉRENCE : DES LIMITATIONS AUX POSSIBILITÉS DE CONNAISSANCE 2.1. Des limites de la diachronie aux problèmes de la chronologie 2.2. Peuplement et typologie des sites : des amas coquilliers du littoral aux gisements de l’intérieur des terres 2.3. Subsistance : du ramassage de fruits de mer à la chasse au gibier 2.4. Productions lithiques

9 9 15 16 16

3 DU TEMPS ET DU PAYSAGE 3.1. La remontée du niveau de la mer 3.2. Végétation 3.2.1. Les données des séquences polliniques 3.2.2. Les données des macro-restes végétaux

21 21 22 22 23

PARTIE II – ÉTUDES MONOGRAPHIQUES 4 TOLEDO 4.1. Localisation, contexte géomorphologique et travaux archéologiques 4.2. Sédimentation, stratigraphie et chronologie absolue 4.2.1. La formation du contexte archéologique mésolithique : une lecture horizontale 4.2.2. L’altération du contexte archéologique mésolithique : lecture verticale 4.2.3. Etablir les seuils de confiance pour l’enregistrement archéologique 4.3. Contenus archéologiques : technologie lithique 4.3.1. Méthodologies 4.3.2. Matières premières et sources d’approvisionnement 4.3.3. Les supports recherchés 4.3.4. Les supports recherchés … et leurs modalités de production Ce que disent les nucléus Ce que disent les éclats 4.3.5. La transformation des supports 4.3.6. L’utilisation 4.4. Ressources fauniques 4.5. Modalités d’occupation de l’espace 4.5.1 Les données de la subsistance : de l’acquisition à la consommation d’aliments L’éventail alimentaire de Toledo Modes d’acquisition des ressources alimentaires Crus ou cuits ? Traitement et consommation des aliments à Toledo 4.5.2. Au-delà de la subsistance 4.6. Caractéristiques de l’occupation Bilan de l’analyse des invertébrés marins (Dupont, 2011, p. 225-226)

iii

27 27 29 33 34 36 36 36 37 39 42 43 46 49 59 63 66 66 66 67 68 71 73 74

Table de Matieres

5 AREEIRO III 5.1. Localisation et travaux archéologiques 5.2. Sédimentation, stratigraphie et chronologie absolue 5.3. Échantillon et méthodes d’analyse de la série lithique étudiée par N. Bicho 5.4. Échantillon étudié dans le cadre du présent travail et méthodologies d’analyse 5.5. L’étude de la série lithique : les produits recherchés 5.5.1. Lames et lamelles : de quoi parlons-nous ? 5.5.2. Quel support pour quelle armature ? Gabarit(s) recherché(s) 5.5.3. Quel support pour quelle armature ? Modèle(s) recherché(s) 5.5.4. La retouche des armatures à dos : ajustements et modifications 5.5.4.1. Des noms et des fonctions pour les armatures à bords fins 5.5.4.2. Des noms et des fonctions pour les armatures à bords épais 5.5.5. D’autres armatures 5.6. L’étude de la série lithique : quels nucléus pour les armatures ? 5.6.1. Nucléus lamellaires 5.6.2. Nucléus de type outils carénés 5.6.2.1. Nucléus en forme de grattoir caréné et à museau 5.6.2.2. Nucléus en forme de burin caréné et formes associées 5.6.2.3. D’autres candidats pour des nucléus ? 5.7. L’étude de la série lithique : l’outillage commun 5.7.1. Lamelles à retouches partielles 5.7.2. Grattoirs minces 5.7.3. Perçoirs 5.7.4. Encoches et denticulés 5.7.5. Pièces esquillées 5.7.6. Pièces et fragments de pièces à retouches variées 5.8. Compléments à l’étude : les éclats (types, dimensions et modes de production) 5.9. Caractérisation de l’occupation

75 75 76 77 78 82 82 83 86 89 92 96 96 97 97 102 103 108 115 118 118 119 120 121 121 121 122 128

6 BARCA DO XEREZ DE BAIXO 6.1. Localisation, contexte géomorphologique et travaux archéologiques 6.2. Sédimentation et processus de formation et d’altération des dépôts archéologiques 6.3. Stratigraphique et chronologie absolue 6.3.1. Secteur 1 (voir Fig. 6.2 ; Fig. 6.6) 6.3.2. Secteur 2 (Fig. 6.2 ; Fig. 6.6) 6.3.3. Secteur 3 (Fig. 6.2 ; Fig. 6.6) 6.3.4. Secteur 4 (Fig. 6.2 ; Fig. 6.6) 6.3.5. Secteur 5 (Fig. 6.2 ; Fig. 6.6) 6.4. Contenus archéologiques : technologie lithique 6.4.1. Méthodologies 6.4.2. Approvisionnement et sélection des matières premières à BXB 6.4.3. Quoi, comment et pourquoi ? 6.4.3.1. Modes de fabrication des éclats en quartzite et en quartz 6.4.3.2. Modes de fabrication d’éclats en roches siliceuses 6.4.3.3. Modes de fabrication de supports en quartz hyalin 6.4.4. La transformation de supports 6.4.5. Technologie lithique et fonction à BXB 6.5. Ressources fauniques 6.6. Structures 6.6.1. Distribution, typologies et contenus 6.7. Modes d’utilisation et de fonctionnement de l’espace 6.7.1. Aires d’activité extensive 6.7.2. Aires d’activité restreinte ou complémentaire 6.7.3. Synchronie vs. diachronie

139 139 141 143 144 146 146 146 147 147 147 148 152 152 168 174 176 182 184 185 186 189 189 190 191

PARTIE III – ÉTUDES COMPLEMENTAIRES 7 AU-DELA DE TOLEDO, D’AREEIRO III ET DE BARCA DO XEREZ DE BAIXO 7.1. Toledo et l’exploitation des ressources côtières : les sites du littoral 7.1.1. Vale Frade iv

199 199 199

Table de Matieres

Localisation, taphonomie et stratigraphie Contenus archéologiques 7.1.2. Ponta da Vigia Stratigraphie et taphonomie Les foyers et autres vestiges archéologiques 7.1.3. Cabeço do Curral Velho Localisation et taphonomie Contenus archéologiques Qui doit quoi et à qui ? 7.1.4. Pinhal da Fonte Localisation, travaux archéologiques, taphonomie Contenus archéologiques 7.1.5. São Julião et Magoito 7.1.6. Les sites de la côte sud (Alentejo et Algarve) Les amas coquilliers Palheirões do Alegra 7.2. Areeiro III et l’exploitation de ressources à l’intérieur des terres de l’Estrémadure 7.2.1. Le bassin de Rio Maior Cabeço de Porto Marinho, locus IIIS Cabeço de Porto Marinho, locus V Fonte Pinheiro L’abri sous roche de Bocas 1 (ou Abrigo Grande das Bocas) 7.2.2. Là-haut sur les montagnes d’Aire et de Candeeiros 7.2.3. Le massif calcaire de Sicó et l’occupation du bas Mondego au Boréal 7.3. Barca do Xerez de Baixo et les industries macrolithiques dites « languedociennes »

199 202 208 209 211 213 213 214 216 217 217 218 221 222 222 225 229 230 230 231 232 232 234 235 236

PARTIE IV – CONCLUSION 8 UNE HISTOIRE À DEUX TEMPS 8.1. Au premier temps ... la transition Peuplement et types de sites Productions lithiques Subsistance 8.2. Au deuxième temps ... la définition

243 243 243 245 246 247

Bibliographie

253

v

Index des Figures

Figure 1.1 – Datations 14C (cal BC, à 2σ) et localisation des trois gisements qui fonctionnent, dans la présente étude, comme référentiels dans l’essai de caractérisation du Mésolithique ancien portugais. Figure 2.1 – Datations absolues (cal BC, 2σ) des contextes archéologiques de l’Holocène ancien (chronozones préboréale et boréale), présentés par ordre ascendant (du plus ancien au plus récent). Le calibrage a été réalisé à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). TS (Type de site : triangles noirs = sites en grotte ou en abri sous roche avec des dépôts coquilliers ; cercles noirs = sites de type amas coquillier ; cercles blancs = sites de plein air) ; Nº (numéro du site sur la Fig. 2.2) ; LG (Localisation géographique : NET = région nord-est de Trás-os-Montes ; BM = Bas Mondego ; MCE = massifs calcaires de l’Estrémadure ; PMCE = périphéries des MCE ; LE = littoral de l’Estrémadure ; LA = littoral de l’Alentejo ; ALG = Algarve ; AI = Alentejo intérieur). Figure 2.2 – Localisation des contextes archéologiques de l’Holocène ancien (chronozones préboréale et boréale). Triangles noirs (sites en grotte ou en abri-sous-roche avec des dépôts coquilliers) ; cercles noirs (sites de type amas coquillier) ; cercles blancs (sites de plein air). Figure 3.1 – Localisation des carottes (séquences sédimentaires/palynologiques) et des gisements archéologiques mentionnées dans le texte du Chapitre 3. Plate-forme continentale estimée en 10 000 BP (Dias et al., 1997). Figure 4.1 – Localisation de Toledo. A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura ; C. La bande côtière de la région sous étude Figure 4.2 – A. Localisation de Toledo sur la carte militaire du Portugal à l’échelle 1/25 000 (A-dos-Cunhados, Torres Vedras) ; B. Caractérisation lithostructurale de la région à l’étude, basée sur la carte géologique du Portugal à l’échelle 1/50 000 (Page 30-A). Modifié d’après Trindade, 2001. Figure 4.3 – Coupe schématique représentant le cadre lithostructural de la zone à l’étude ; implantation de l’amas coquillier de Toledo et de la rivière de Toledo (modifié d’après Trindade, 2001). Figure 4.4 – Localisation, sur une carte topographique, des zones fouillées. En noir, les sondages ouverts par David Lubell en 1986 ; en gris, les fouilles réalisées en 1995, 1997 et 1998, sous ma direction. Figure 4.5 – Toledo : A. Coupe Sud du sondage F7 (travaux de David Lubell, 1986, Propriété A) Légende : « a – disturbed light grey-brown sandy silty plough zone with scattered lithic artefacts and modern pottery, and including : b – a large burrow containing disturbed midden deposits ; c – shell midden : a fine-grained black deposit containing a high concentration of shell, fire-cracked rock and ash, grading into a lower portion that is lighter in colour with shells and no ash ; d – brown sand without shell or ash ; e – yellow sand without shell or ash.» (Lubell, 1986). B. Coupe Ouest des fouilles menées en 1995 dans la Propriété A. Légende : « A – couche sableuse-argileuse très compacte et homogène, de couleur brune, remaniée par les travaux agricoles ; A1 – couche sableuse, de couleur brun-gris, moins compacte, avec des petits fragments de coquilles, des cendres et quelques artefacts. Fait la transition avec la couche de l’amas coquillier ; B – amas coquillier compact enveloppé dans un sédiment sableux, de couleur grisâtre-noirci, rempli d’innombrables coquillages, cailloux thermoaltérées, cendres, vestiges lithiques et fauniques. Dans certains carrés, cette couche est très concrétionnée (B1) ; D – couche sableuse de couleur jaune-blanchâtre, stérile du point de vue archéologique. ». (Araújo, 1998). Figure 4.6 – Toledo : coupes Est et Sud (fouilles de 1995, Propriété A ou Parcelle A). Voir légende de la figure 4.5 : B. Figure 4.7 – Toledo : coupe Est (Propriété B ou Parcelle B) et Nord (régularisation du talus de la route). Figure 4.8 – Toledo : Q44, plans de base de niveau sur lesquels la coexistence de couches géologiques distinctes, situées côte à côte et sur un même plan, est visible Figure 4.9 – Toledo : le sommet de la couche archéologique (l’amas coquillier) est marqué par la présence de cailloux anguleux d’origine colluvionnaire. En haut, carré T43 (niveau 11) ; en bas, carré R43 (niveau 12). Figure 4.10 – Toledo : 1. Reconstitution schématique la plus parcimonieuse du processus de formation de l’amas coquillier mésolithique. D – Substrat jurassique ; C – Alluvions fluviatiles sans continuité latérale ; B – Colluvion partiellement érodé dans certains secteurs. 2. Reconstitution schématique, en profil, des événements naturels et anthropiques qui ont eu lieu au cours du temps représenté à Toledo. . Les couches dans lesquelles s’est déroulée l’occupation mésolithique (ou les divers passages mésolithiques) ont subi des processus d’érosion ; la transition entre les couches devient diffuse ; les vestiges archéologiques s’écartent de leurs positions originelles, en se disséminant tout au long de la séquence, selon un trajet vertical et horizontal. Quelques comportements restent néanmoins préservés. La sédimentation se poursuit – intercalée par

vii

Index des Figures

des épisodes d’érosion, et reçoit la contribution de vestiges dispersés et fragmentaires d’une occupation plus récente, qui a eu lieu, ailleurs, dans les environs du site. Les activités agricoles interviennent, enfin, dans la séquence représentée : elles tirent vers le haut des vestiges originaires de l’amas coquillier ; et, par un processus inverse, elles en enterrent d’autres, plus récents, dans les niveaux plus profonds. Figure 4.11 – Toledo : datations absolues. R. effet réservoir marin (le vieillissement apparent), calculé pour la côte occidentale de la péninsule Ibérique (Soares, 1993). Le calibrage a été réalisé à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Figure 4.12 – Toledo : projection, sur plan vertical, des céramiques néo-chalcolithique et de l’époque moderne. Les tessons du pot néo-chalcolithique collent entre eux. Les tessons modernes trouvés au sein de la couche A n’ont pas été pris en compte. Le changement de couleur du fond du graphique correspond au sommet de l’amas coquillier. Figure 4.13 – Toledo : A. nucléus pyramidal et quatre petites lamelles débitées par pression et portant des signes de traitement thermique ; B. 1-4 : lamelles débitées par percussion indirecte ; 5 : microburin ; 6-7 : microlithes géométriques ; C. projection, sur plan vertical, de la production lithique en désaccord avec l’occupation mésolithique (et dont l’origine doit être néo-chalcolithique). Le changement de couleur du fond du graphique correspond au sommet de l’amas coquillier. Figure 4.14 – Localisation des formations primaires et secondaires d’origine des roches siliceuses abandonnées sur le site de Toledo. Figure 4.15 – Veines de jaspe et de calcédoine présentes à l’intérieur des formations calcaires attribuées à l’Éocène (“Eø – Paléogène indifférencié de Runa”, Carte géologique du Portugal, page 30-D / Alenquer) localisées dans le bassin de Runa (voir Figure 4.14). Figure 4.16 – Toledo : quelques types de roches siliceuses abandonnées sur le site. Photo J.P. Ruas Figure 4.17 – Toledo : les supports recherchés. Représentation relative des nucléus, des éclats et des outils par matière première (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Figure 4.18 – Toledo : dimension des éclats (en mm). Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur”, (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Seules les pièces entières sont représentées. Figure 4.19 – Toledo : dimension des supports allongés (en mm). Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur” (en noir et uniquement les exemplaires entiers), et en fonction des variables “largeur” et “épaisseur”(en blanc et en incluant tout l’échantillon). (R.S. : roches siliceuses). Figure 4.20 – Toledo : représentation relative des nucléus, des éclats et des outils par matière première et par couche (QZI : quartzite ; QZ : quartz ; R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Figure 4.21 – Toledo : Représentation relative des éclats et des esquilles par couches. Figure 4.22 – Toledo : dimension des nucléus (en mm). Diagramme de dispersion en fonction des variables “largeur” et “hauteur” (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Seuls sont pris en compte les exemplaires pour lesquels il a été possible d’établir le rapport entre ces variables. Figure 4.23 – Toledo : nucléus en quartzite exploités en fonction de l’épaisseur du volume. Cette figure reproduit le type et la dimension des galets disponibles localement. Photo J.P. Ruas. Figure 4.24 – Toledo : nucléus en quartzite pour la production d’éclats. Dans les exemplaires 1, 3, 5 et 6, il est encore possible d’observer le type de galet utilisé ; 4. nucléus sur éclat avec des enlèvements centripètes. Les réfléchissements et la perte de convexité des surfaces de débitage constituent les motifs plus fréquents d’abandon du processus de production. Dessins A. Palma (1-4) et S. Tatartsev (5-6). Figure 4.25 – Toledo : nucléus en quartz destinés à la production d’éclats. 1, 3 et 4 sur galet ; 2. sur éclat, avec des enlèvements bifaciaux. Le nº 1 montre la préparation du plan de frappe. 1. Dessin S. Tatartsev ; 2. Photo J.P. Ruas ; 3-4. Dessins A. Palma. Figure 4.26 – Toledo : nucléus en roches siliceuses (inclut silex, jaspe et calcédoine). Cette figure reproduit le type et la dimension de la grande majorité des nucléus abandonnés sur le site. Photo J.P. Ruas. Figure 4.27 – Toledo : 1-3, nucléus en roches siliceuses ; 4. percuteur en quartzite. Dessins S. Tatartsev. Figure 4.28 – Toledo : représentation schématique de trois nucléus en matières siliceuses. Ces exemplaires donnent également une image de la grandeur originelle des volumes (en règle générale, de petites dimensions). Les réfléchissements, qui sont très fréquents, mènent au changement successif de la direction des enlèvements. Figure 4.29 – Toledo : dimensions des éclats bruts et des outils produits sur roches siliceuses (en mm). Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur” (R.S. : roches siliceuses).

viii

Index des Figures

Figure 4.30 – Toledo : histogramme des épaisseurs des éclats et des outils (par catégories dimensionnelles en mm). Figure 4.31 – Toledo : dimensions des éclats bruts et des outils produits en quartzite et en quartz (en mm). Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur”. Figure 4.32 – Toledo : outils en quartz. 1. éclat à retouches partielles marginales 2-3. denticulés ; 4-5. encoches. Dessins A. Palma. Figure 4.33 – Toledo : outils en roches siliceuses. 1. double encoche (alterne) ; 2. denticulé directe ; 3. denticulé inverse ; 4. double encoche (alterne). Dessins A. Palma. Figure 4.34 – Toledo : outils en quartzite. 1. denticulé (alternante) sur éclat partiellement cortical (quartier d’orange) ; 2. denticulé inverse sur éclat ; 3. éclat à retouches inverses sur les deux bords ; 4. éclat cortical à retouche courte, inverse et partielle. Dessins A. Palma. Figure 4.35 – Toledo : outils en roches siliceuses. 1. éclat à retouche partielle directe sur le bord gauche ; 2. éclat partiellement cortical avec une encoche sur le bord droit et retouche partielle directe sur le bord gauche ; 3. éclat épais à retouche continue abrupte sur le bord droit ; 4. éclat à retouche courte, directe et partielle ; 5. éclat épais partiellement cortical à retouche continue, inverse sur le bord gauche. Dessins A. Palma. Figure 4.36 – Toledo : dimension (en mm) des grattoirs. Diagramme de dispersion en fonction des variables “allongement du support” et “épaisseur du front” (R.S. : roches siliceuses). Figure 4.37 – Toledo : grattoirs en roches siliceuses. 1-3 sur éclat retouché ; 4-5 unguiformes. Dessins A. Palma. Figure 4.38 – Toledo : histogramme de la représentation relative de l’outillage par types. Figure 4.39 – Toledo : grattoirs épais en roches siliceuses. Dessins A. Palma. Figure 4.40 – Toledo : perçoirs en roches siliceuses. 3. sur flanc de nucléus ; 4. sur pièce esquillée (voir Figure 4.35, nº 1). Dessins S. Tatartsev (1 et 2) et A. Palma (3). Figure 4.41 – Toledo : morphologie des pièces esquillées. Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur” (en mm). Figure 4.42 – Toledo : pièces esquillées. 1-5. en roches siliceuses ; 6. en quartz. Dessins A. Palma Figure 4.43 – Toledo : dimension, en mm, des pièces esquillées par comparaison avec les éclats bruts. Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur”. Figure 4.44 – Toledo : dimension des pièces esquillées par comparaison avec les éclats bruts. Diagramme de dispersion en fonction des variables “largeur” et “épaisseur”. Figure 4.45 – Toledo : pièces esquillées. 1 et 4. présentent, en outre, une encoche ; le nº 1 porte aussi des vestiges d’utilisation, d’après l’étude tracéologique ; 2. présente une fracture parallèle et des vestiges d’utilisation sur l’extrémité distale (au niveau de l’interception entre la fracture et les esquillements), d’après l’étude tracéologique ; 3. sur éclat épais et présente, aussi, des vestiges d’utilisation. Photos J.P. Ruas. Figure 4.46 – Toledo : 1. burin sur troncature oblique ; 2. burin caréné. Dessins A. Palma. Photo J.P. Ruas. Figure 4.47 – Toledo : encoches en roches siliceuses. Photos J.P. Ruas. Figure 4.48 – Toledo : 1-3. perçoirs (voir le nº 1 sur la Figure 4.40). 4-5. Denticulés. Photos J.P. Ruas. Figure 4.49 – Toledo : grattoirs. 1-7. en roches siliceuses ; 8. en quartz. Photos J.P. Ruas. Figure 4.50 – Toledo : grattoirs épais. Photos J.P. Ruas. Figure 4.51 – Toledo : représentation relative (en poids, en pourcentage et par rapport au total) de la composante de mollusques récupérée au cours des fouilles dans la Propriété B, par couches et par carrés (seules les rangées 43, 44 et 45 ont été prises en comptes). Figure 4.52 – Toledo : polisseurs en grès probablement utilisés dans le travail du bois. Figure 4.53 – Toledo : 1. polissoirs en grès portant un sillon et deux rainures ; 2 et 3. Fragments de diaphyses d’espèce indéterminée aux extrémités polies ; 4. Il est probable que le polissage a été effectué en tournoyant et en déplaçant simultanément l’os sur la surface de la pierre (selon un mouvement de va-et-vient), entrainant, après utilisation intense, la formation d’une rainure. Le sillon, plus large et plus profond, est probablement lié à fabrication de hampes pour la chasse. Figure 4.54 – Toledo : structure en cuvette partiellement conservée dans le profil Ouest du secteur de fouille ouvert dans la Propriété B.

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Index des Figures

Figure 4.55 – Toledo : structure en fosse documentée dans le coin SE du secteur de fouille ouvert dans la Propriété B. La base de cette structure contenait des roches thermoaltérées. Figure 4.56 – Toledo : dispersion de la composante malacologique dans le secteur de fouille ouvert dans la Propriété B. 1. Comme on peut le voir, la coloration plus foncée qui documente la plus grande densité de coquilles, correspond à la structure en cuvette représentée sur la figure 4.54. Cette structure se développait, pratiquement dès le début, dans la couche C et sa base reposait sur la couche D. 2. Il est possible d’observer deux concentrations de restes malacologiques ; l’une, plus petite, dans les unités S43/44 ; l’autre, en Q43/44/R43, qui correspond à la fosse représentée sur la figure 4.55. Figure 4.57 – Toledo : répartition, sur un même plan, des fragments de céramique. Cet exercice a eu pour but principal de tester l’hypothèse d’une éventuelle intervention d’autres facteurs (étrangers à l’occupation mésolithique) dans la formation des dépressions/fosses documentées sur la figure 4.56. Figure 4.58 – Toledo : les travaux archéologiques sur le talus de la route ont été dus à la présence d’une concentration de restes fauniques thermoaltérés qui semblaient circonscrits à une poche. Figure 4.59 – Toledo : répartition, sur un même plan, des coquilles percées provenant des fouilles dans la Propriété B. Figure 4.60 – Toledo : répartition verticale des coquilles percées provenant des fouilles dans la Propriété B. Figure 4.61 – Toledo : coquilles de Theodoxus fluviatilis percées. Le positionnement de la perforation est bien standardisé. Photo J.P. Ruas. Figure 4.62 – Toledo : coquilles de Nassarius reticulatus percées. L’exemplaire figurant à la douzième position (de gauche à droite) est perforé sur le pénultième tour de la spire. La présence d’une rainure, tout de suite après l’orifice ouvert (qui lui est perpendiculaire), peut résulter d’un glissement non intentionnel de l’objet utilisé pour faire la perforation qui a dû échapper au contrôle de l’artisan. Photo de J.P. Ruas. Figure 4.63 – Toledo : coquille de Theodoxus fluviatilis percée et thermoaltérée. L’abrasion semble avoir été utilisée dans le processus de percement du test. Photo J.P. Ruas. Figure 4.64 – Toledo : canine de renard percée. Photo J.P. Ruas. Figure 5.1 – Areeiro III : localisation du gisement. A. à l’échelle du territoire ; B. à l’échelle de l’Estremadura ; C. dans le Bassin du fleuve Maior, au pied de la montagne Serra d’Aire e Candeeiros (Massif Calcaire de l’Estremadura). Figure 5.2 – Principaux gisements de plein air du Paléolithique supérieur localisés aux alentours de Areeiro III (d’après Zilhão, 1997a) ; 1. Areeiro III ; 2. Cabeço de Porto Marinho (CPM, différents loci : occupations du Gravettien, Protosolutréen, Magdalénien, Mésolithique ancien, Néolithique ancien ; Protohistoire) ; 3. Vascas (Gravettien, Protosolutréen, Magdalénien) ; 4. Olival da Carneira (Solutréen, Magdalénien) ; Carneira I, Carneira II, Pinhal da Carneira (Magdalénien) ; 5. Areeiro I (Magdalénien) ; 6. Gato Preto (Protosolutréen) ; 7. Estrada da Azinheira (Gravettien) ; 8. Abrigo Grande das Bocas (Magdalénien ; Mésolithique ancien ; Mésolithique récent ; Néolithique ancien ; Protohistoire). Figure 5.3 – Areeiro III : plan général de l’aire fouillée (modifié d’après Bicho, 2000). Figure 5.4 – Areeiro III : Profil Nord des carrés A21-A24, Secteur 1 (modifié d’après Bicho, 2000). Figure 5.5 – Areeiro III : datations absolues. Figure 5.6 – Areeiro III : représentation relative des principaux catégories d’outils, modifiée à partir de l’inventaire présenté par N. Bicho (2000, Tableaux intégrés dans l’Appendix A : Preliminary tool typologies, p. 367-369). Note : les nucléus de type grattoir et burin épais (laterally carinated endscraper) sont y compris. Figure 5.7 – Areeiro III : les carrés sélectionnés par N. Bicho dans le cadre de leur étude ont livré un plus grand nombre d’outils par comparaison avec les unités de fouille choisies pour la présente étude. La seule exception concerne le nombre d’armatures, qui sont représentés ici par un nombre plus élevé d’exemplaires. Figure 5.8 – Areeiro III : répartition des armatures para unité de fouille. Dans le cadre de la présente étude toutes les pièces ont été analysées. Figure 5.9 – Areeiro III : longueur comparative des produits allongées, bruts et retouchés. Figure 5.10 – Areeiro III : largeur comparative des produits allongées, bruts et retouchés. Figure 5.11 – Areeiro III : épaisseur comparative des produits allongées, bruts et retouchés. Figure 5.12 – Areeiro III : les lamelles de burin tendent à être plus allongées, soit entre les lamelles retouchés (A), soit entre les lamelles brutes (B). Figure 5.13 – Areeiro III : longueurs des lamelles brutes, des armatures à bords fins – abattage marginal (Mg.) et bordage (Br.) – et des armatures à bords épais. x

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Figure 5.14 – Areeiro III : largeurs des lamelles brutes, des armatures à bords fins – abattage marginal (Mg.) et bordage (Br.) – et des armatures à bords épais. Figure 5.15 – Areeiro III : épaisseurs des lamelles brutes, des armatures à bords fins – abattage marginal (Mg.) et bordage (Br.) – et des armatures à bords épais. Figure 5.16 – Areeiro III : allongement des lamelles brutes et des armatures à bords fins – abattage marginal (Mg.) et bordage (Br.). Figure 5.17 – Areeiro III : morphologie des lamelles à bords fins (abattage marginal et bordage) ; dessins schématiques. Figure 5.18 – Areeiro III : la convexité se manifeste principalement dans le bord gauche pour l’ensemble des lamelles brutes (1) et retouchées (2). Total (3). Figure 5.19 – Areeiro III : position (directe, inverse, alternante), abattage (marginale ou bordage) et répartition (partielle ou totale) de la retouche des lamelles à bords fins : latéralisation à gauche (BG : bord gauche). Figure 5.20 – Areeiro III : position (directe, inverse), abattage (marginale ou bordage) et répartition (partielle ou totale) de la retouche des lamelles à bords fins : latéralisation à droite (BD : bord droit). Figure 5.21 – Areeiro III : position (directe, inverse, alternante), abattage (marginale ou bordage) et répartition (partielle ou totale) de la retouche des lamelles à bords fins : deux bords. Figure 5.22 – Areeiro III : comparaison entre l’épaisseur du support et l’épaisseur du bord retouché des lamelles à bords fins (losanges gris ; abattage marginal et bordage ; cinq ont des lamelles de burin comme support) et à bords épais (carrés noires ; huit ont des lamelles de burin comme support). L’épaisseur du bord des lamelles à retouches marginales et bordés tend à être plus standardisé, indépendamment da la majeur ou mineur épaisseur du support ; dans le cas des lamelles à bord épais, il existe une nette corrélation entre les deux variables métriques. Figure 5.23 – Areeiro III : position de la retouche des lamelles à bords fins (abattage marginal et bordage). Figure 5.24 – Areeiro III : inclinaison de la retouche des lamelles à bords fins (abattage marginal et bordage). Figure 5.25 – Areeiro III : armatures. A et B, à bords fins (abattage marginal et bordage) ; C, à bords épais. Photos J.P. Ruas. Figure 5.26 – Areeiro III : armatures à bords fins (abattage marginal et bordage). Photos J.P. Ruas. Figure 5.27 – Areeiro III : armatures à bords fins (abattage marginal et bordage). Photos J.P. Ruas. Figure 5.28 – Areeiro III : armatures à bords fins (abattage marginal et bordage). Photos J.P. Ruas. Figure 5.29 – Areeiro III : armatures à bords fins (abattage marginal et bordage). Photos J.P. Ruas. Figure 5.30 – Areeiro III : armatures à bords fins (abattage marginal et bordage). Photos J.P. Ruas. Figure 5.31 – Areeiro III : armatures à bords épais. Photos J.P. Ruas. Figure 5.32 – Areeiro III : armatures à bords épais. Photos J.P. Ruas. Figure 5.33 – Areeiro III : armatures à bords épais. Photos J.P. Ruas. Figure 5.34 – Areeiro III : géométriques. Photos J.P. Ruas. Figure 5.35 – Areeiro III : nucléus à lamelles qui ont certainement donné lieu à certains des armatures à bords fins. Dessins F. Boto. Figure 5.36 – Areeiro III : nucléus à lamelles qui ont certainement donné lieu à certains des armatures à bords fins. Dessins F. Boto. Figure 5.37 – Areeiro III : les nucléus de type grattoir caréné et de type grattoir à museau (ou à épaulement) sont dans la plupart des cas peu allongées ; il y a toutefois un nombre plus élevé de pièces allongées parmi les types à museau et à épaulement. Figure 5.38 – Areeiro III : longueur des supports des nucléus de type grattoir caréné et de type grattoir à museau (ou à épaulement). Figure 5.39 – Areeiro III : largeur des supports des nucléus de type grattoir caréné et de type grattoir à museau (ou à épaulement). Figure 5.40 – Areeiro III : épaisseur des supports des nucléus de type grattoir caréné et de type grattoir à museau (ou à épaulement).

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Figure 5.41 – Areeiro III : comparaison entre la largeur du support et la largeur du front des nucléus de type grattoir caréné (losanges noires) et de type grattoir à museau ou à épaulement (cercles gris). Alors que dans le premier cas il existe une corrélation étroite entre les deux variables métriques, dans les types à museau et à épaulement la largeur du front montre un comportement normalisée. Figure 5.42 – Areeiro III : comparaison entre l’épaisseur du support et l’hauteur du front des nucléus de type grattoir caréné (losanges noires) et de type grattoir à museau ou à épaulement (cercles gris). La mesure de l’hauteur du front n’a pas pris en compte de leur convexité (selon le schéma proposé par Le Brun-Ricalens, 2005a, Fig. 11). Figure 5.43 – Areeiro III : nombre de négatifs d’enlèvements lamellaires réussis par type de nucléus. La moyenne est de 4,5 pour les grattoirs carénés, tandis que pour les types à museau et à épaulement elle se situe à 3,3. Figure 5.44 – Areeiro III : nucléus de type grattoir caréné. Dessins F. Boto. Figure 5.45 – Areeiro III : nucléus de type grattoir caréné (provenant d’autres carrés non étudiés). Dessins F. Boto. Figure 5.46 – Areeiro III : nucléus de type grattoir à épaulement. Dessins F. Boto. Figure 5.47 – Areeiro III : nucléus de type grattoir à épaulement. Dessins F. Boto. Figure 5.48 – Areeiro III : éclats de ravivage latéraux et fronto-latéraux de nucléus de type grattoir caréné ou de type grattoir à museau. Photos J.P. Ruas. Figure 5.49 – Areeiro III : nucléus de type burin caréné et formes associées. L’analyse des dimensions montre un plus grand allongement des éclats qui ont servi de support à ce type de nucléus. Figure 5.50 – Areeiro III : longueur et largeur des nucléus de type burin caréné et formes associées. Figure 5.51 – Areeiro III : épaisseur des nucléus de type burin caréné et formes associées Figure 5.52 – Areeiro III : nucléus de type burin caréné. Dessins F. Boto. Figure 5.53 – Areeiro III : nucléus de type burin caréné et formes associées (des Vachons, nº 4 ; busqués, nºs 7 et 8). Dessins F. Boto. Figure 5.54 – Areeiro III : dans les nucléus de type burin caréné la largeur du front est plus épaisse que l’épaisseur du support (mesurés dans leur partie moyenne) ; l’artisan a tiré donc parti de la zone la plus épaisse de l’éclat pour y implanter la table. Figure 5.55 – Areeiro III : dans les nucléus de type burin caréné l’hauteur du front (qui limite la longueur maximum des supports lamellaires susceptibles d’être produits) est, dans la plupart des cas, inférieure à la largeur moyenne du support. Figure 5.56 – Areeiro III : nucléus de type burin caréné – nombre de négatifs d’enlèvements lamellaires réussis. Il existe un pourcentage assez significatif d’exemplaires qui documentent cinq négatifs lamellaires ou plus (37,5%). Figure 5.57 – Areeiro III : nucléus de type outils-composites ; 1. burin caréné-grattoir à museau ; 2, 3. burin-grattoir carénés ; 4. grattoir caréné-burin dièdre d’angle (qui est tout rebroussé). Dessins F. Boto. Figure 5.58 – Areeiro III : pièces de type burin transversal (1, 2 et 3) et plan (nº 4). D’autres candidats à nucléus ? Dessins F. Boto. Figure 5.59 – Areeiro III : burins transversaux : des nucléus à lamelles (cercles gris) ? Les exemplaires 6, 7, 9 et 11 présentent un seul négatif, lequel est réfléchi (raison de l’abandon ?). Figure 5.60 – Areeiro III : burins. 1. plan ; 2. sur troncature ; 3. dièdre déjeté ; 4. d’angle sur fracture ; 5. burin dièdre. Dessins F. Boto. Figure 5.61 – Areeiro III : grattoirs minces sur éclat. Dessins F. Boto. Figure 5.62 – Areeiro III : grattoirs plat à museau et perçoirs. 1. grattoir plat à museau ou grattoir ogival( ?) ; 2. grattoir plat à museau (inachevé ?) ou éclat à deux encoches ( ?) ; 3. grattoir plat à museau ou perçoir épais ( ?) ; 4 et 5. perçoirs. Dessins F. Boto. Figure 5.63 – Areeiro III : encoches et denticulés. Dessins F. Boto. Figure 5.64 – Areeiro III : pièces esquillées. Dessins F. Boto. Figure 5.65 – Areeiro III : nucléus à éclats. Des exemples pour observer l’enveloppe cortical, les dimensions des volumes, et le type et contraints de l’exploitation. Photos J.P. Ruas. Figure 5.66 – Areeiro III : nucléus à éclats. Des exemples pour observer l’enveloppe cortical, les dimensions des volumes, et le type et contraints de l’exploitation. Photos J.P. Ruas.

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Figure 5.67 – Areeiro III : nucléus à éclats (nºs 1, 2 et 3) et à lamelles (nº 4, carré non étudié). Ce denier nucléus, sur galet peu roulé, semble avoir produit des lamelles, dès le début, (abandonné trop tôt après le rebroussement des enlèvements). Photos J.P. Ruas. Figure 5.68 – Areeiro III : répartition des armatures par Carré (1m2) et par rapport aux structures de combustion fouillés dans le gisement (en couleur rose-violet). Ce schéma, plutôt diacritique, ne reproduit pas les distances réelles entre les carrés (pour y savoir, comparer avec la Fig. 5.3). Figure 6.1 – Localisation de Barca do Xerez de Baixo : A. À l’échelle du territoire ; B. Sur Carte Géologique modifiée d’après Angellucci, 2013 (a. Alluvions ; Q. Terrasses fluviatiles quaternaires ; SC. Cornéennes ; Sxm et S. Schistes ; γ∆ : Quartzodiorites) ; C. Son rapport avec le fleuve Guadiana. Figure 6.2 – Barca do Xerez de Baixo : localisation des secteurs fouillés. Figure 6.3 – Barca do Xerez de Baixo : profil Nord (Secteur 1) et dessin schématique, en plan, du processus de fouilles en vue de son transfert vers un lieu d’exposition. Figure 6.4 – Barca do Xerez de Baixo : présentation schématique de la dynamique sédimentaire. Figure 6.5 – Tel que mentionné dans le texte, le niveau d’occupation fouillé dans le Secteur 2 présentait une inclinaison accentuée : les carrés situés dans la rangée Nord ont moins subi l’action des eaux du Guadiana, et les vestiges sont restés à peu près dans leur position d’origine (le remontage du volume QZI-456 en témoigne) ; les unités de fouille situées plus au Sud, et à un cote inférieure, ont nettement subi les effets des eaux du Guadiana : la structure de combustion D a été partiellement détruite (seule la partie protégée par des sédiments très compacts, en raison de l’action du feu, a été conservée). Photo J.P.Ruas. Figure 6.6 – Barca do Xerez de Baixo : stratigraphie mise à découvert dans chacun des secteurs fouillés Figure 6.7 – Barca do Xerez de Baixo, Secteur 1 : SOS : surface d’occupation supérieure ; SOM : surface d’occupation intermédiaire ; SOI : surface d’occupation inférieure. La séquence sédimentaire est très homogène et d’origine alluviale, elle s’est donc formée par l’action des processus cycliques d’inondation du fleuve Guadiana. Illustration G. Casella. Figure 6.8 – Barca do Xerez de Baixo : l’application de la méthode des remontages et le recours à l’analyse statistique (relative à la dispersion spatiale et verticale des vestiges) se sont avérés fondamentaux pour l’évaluation de la stratigraphie du Secteur 1, notamment pour affiner et ajuster les observations réalisées et les hypothèses émises au cours des travaux sur le terrain (Araújo et Almeida, 2013). Photo J.P.Ruas. Figure 6.9 – Barca do Xerez de Baixo, Secteur 1 : A. SOS : distribution des restes archéologiques dans les unités 34 et 35, où il a été procédé à la coordination tridimensionnelle de tous les objets. A noter, d’une part, l’énorme densité de vestiges et, de l’autre, une certaine anarchie dans leur distribution. Cet aspect n’est toutefois qu’apparent comme devait le démontrer, par la suite, l’analyse détaillée des éléments constitutifs des remontages de l’industrie de la pierre taillée. B. SOM : distribution de la totalité des vestiges coordonnés des unités 34 et 35. Comme on peut le constater, les vestiges se concentrent nettement autour des structures (Araújo et Almeida, 2013). Figure 6.10 – Barca do Xerez de Baixo : Interprétation des profils Nord et Est (Secteur 4) après la fin des fouilles. L’archéologie de cet horizon est contenue dans une même enveloppe sédimentaire, qui présente une forte inclinaison vers l’Est. Les études réalisées, par la suite, ont permis d’identifier deux moments distincts de production de vestiges et restituer l’ordre qui subsistait, en fait, au sein du dépôt archéologique. Illustration G. Casella. Figure 6.11 – Barca do Xerez de Baixo : A. Paramètres métriques établis pour les remontages (Photos J.P. Ruas) ; B. Paramètres de classification des éclats, par types, selon la localisation du cortex. Figure 6.12 – Barca do Xerez de Baixo : paramètres métriques établis au cours de l’analyse des nucléus (adoptés dans tous les cas). Photos J.P. Ruas. Figure 6.13 – Barca do Xerez de Baixo : poids relatif de chaque matière première par catégories technologiques et par secteurs de fouille. Figure 6.14 – Barca do Xerez de Baixo : productivité et degré d’exploitation de chaque matière première, par secteur (Sec.) de fouille. Figure 6.15 – Barca do Xerez de Baixo : productivité et degré d’exploitation de chaque matière première, par niveaux d’occupation. Figure 6.16 – Barca do Xerez de Baixo : le schéma le plus commun de débitage d’un volume de matière première. (Audessus – quartz ; en-dessous – quartzite). Photos J.P.Ruas. Figure 6.17 – Barca do Xerez de Baixo : création d’une nouvelle table de débitage déjà dans une phase finale d’exploitation d’un volume de quartzite. Photos J.P.Ruas. xiii

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Figure 6.18 – Barca do Xerez de Baixo : rentabilisation d’un volume de quartzite, par le biais d’une taille bidirectionnelle, quand ce volume présente déjà des dimensions plus réduites. Photo J.P.Ruas. Figure 6.19 – Barca do Xerez de Baixo : nucléus (parallélépipède aplati) de quartzite. Dessin K. Monigal. Figure 6.20 – Barca do Xerez de Baixo : diagrammes de dispersion, avec la corrélation entre les trois variables métriques (en mm) des nucléus en quartz et en quartzite. Comme on peut l’observer, les exemplaires en quartz présentent des dimensions plus réduites. A : il existe une étroite corrélation entre les deux variables, longueur et largeur (il s’agit en général de pièces allongées) ; B : l’épaisseur est une variable indépendante (il s’agit de pièces aplaties, indépendamment de leur largeur). Figure 6.21 – Les tailleurs de Barca de Xerez de Baixo ont tiré parti de toute la largeur et de l’épaisseur des galets comme table de débitage, tel que le montre le rapport entre la largeur du nucléus et la largeur de la surface de débitage (A). Il a été constaté, par ailleurs, une nette correspondance entre la hauteur de la table et l’épaisseur des nucléus (B). Figure 6.22 – Barca do Xerez de Baixo : parfois, un deuxième plan de frappe est ouvert afin de rentabiliser l’exploitation des volumes de matière première. L’hypothèse que cette deuxième série d’enlèvements vise à créer un tranchant plus coupant, obtenu par l’interception de deux tables de débitage, ne peut pas être exclue. Dessin K. Monigal. Figure 6.23 – Barca do Xerez de Baixo : positionnement de chaque type d’éclat – défini à partir de la présence et de la localisation du cortex – au sein de la chaîne opératoire. Figure 6.24 – Barca do Xerez de Baixo : comme on peut l’observer, la stratégie et le type de volumes de quartzite et de quartz utilisés dans les opérations de taille ont tendance à générer des supports le plus souvent larges et courts. Figure 6.25 – Barca do Xerez de Baixo : quand les galets présentent une épaisseur réduite, comme dans le cas du volume en quartzite présenté ici, la production d’éclats se fait à partir de l’axe de la largeur ou de la longueur. La gestion du nucléus est, par conséquent, différente : les enlèvements sont obtenus à partir de plusieurs plans de frappe. Dessin K. Monigal ; Photo J.P.Ruas. Figure 6.26 – Barca do Xerez de Baixo : encore un cas où la stratégie a consisté à suivre un des axes d’allongement du volume (longueur ?) en vue de la production d’éclats. Ce remontage montre également le parti tiré, dans une seconde phase, de la table principale comme plan de frappe pour le débitage de deux éclats supplémentaires. Photo J.P.Ruas. Figure 6.27 – Barca do Xerez de Baixo : pour les volumes présentant des morphologies globulaires ou quadrangulaires, comme ceux présentés ici (à gauche, en quartzite ; à droite, en quartz), un schéma différent est adopté, celui-ci consiste à ouvrir plusieurs surfaces de travail. Les nucléus sont gérés afin d’atteindre la plus grande rentabilisation possible des volumes, compte tenu des objectifs prétendus : la production d’éclats. En ce qui concerne le volume qui figure du côté droit de l’image – un quartz de très mauvaise qualité, l’application de la méthode des remontages a démontré l’existence, à l’intérieur de ce même volume, de trois nucléus distincts (fracturés au cours du processus de taille) qui ont été débités séparément en vue de la production d’éclats. Photos J.P.Ruas. Figure 6.28 – Barca do Xerez de Baixo : dans certains cas, des enlèvements bidirectionnels sont réalisés à partir de deux plans de frappe opposés. Il s’agit également de volumes à tendance quadrangulaire. Photos J.P.Ruas. Figure 6.29 – Barca do Xerez de Baixo : nucléus sur éclat en quartzite ou outil ? Dans certains cas, très rares cependant, l’exploitation de grands éclats en vue de la réalisation d’enlèvements a été documentée. Il n’est pas possible d’affirmer avec certitude si l’objectif est de produire des éclats, à partir d’un volume qui est lui-même un éclat, ou si c’est celui de créer un tranchant plus actif en appliquant une retouche. Dessin K. Monigal. Figure 6.30 – Barca do Xerez de Baixo : trois cas de nucléus centripètes (1. quartz ; 2 et 3 quartzite). Comme on peut le voir, ces nucléus utilisent comme support des galets déjà épuisés. Dessins K. Monigal. Figure 6.31 – Barca do Xerez de Baixo : deux cas de nucléus prismatiques (A. en quartz ; B. en quartzite/ remontage QZI004). Dessin K. Monigal ; Photos J.P.Ruas. Figure 6.32 – Barca do Xerez de Baixo : remontage RS-303 (jaspe). Le mode principal d’exploitation a consisté également à utiliser l’épaisseur du volume pour la production d’éclats. La présence de réfléchissements sur la table a obligé le tailleur à procéder à un enlèvement croisé. Photo J.P.Ruas. Figure 6.33 – Barca do Xerez de Baixo : comme le montre le rapport entre les variables métriques des nucléus débités en roches siliceuses, les exemplaires documentés à Barca do Xerez de Baixo sont peu allongés, de petites dimensions et fondamentalement aplatis. Figure 6.34 – Barca do Xerez de Baixo : quelques exemples de nucléus en jaspe dans lesquels il a été tiré parti de l’épaisseur des galets comme table de débitage principale. Photos J.P.Ruas. Figure 6.35 – Barca do Xerez de Baixo : rentabilisation maximale de volumes en jaspe. A. Cet exemplaire présente des enlèvements centripètes réalisés déjà dans une phase finale du processus de production (à l’évidence, la stratégie principale

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a consisté à utiliser l’épaisseur comme table de débitage). B. Dans d’autres cas, il a été tiré parti de la surface du nucléus qui présente les plus grandes dimensions, les enlèvements ont alors été réalisés sur toute la surface disponible (probablement déjà dans une phase finale d’exploitation des volumes de matière première). Dessins et Photos J.P.Ruas. Figure 6.36 – Barca do Xerez de Baixo : nucléus en jaspe. Encore un cas où toutes les surfaces disponibles ont été utilisées pour réaliser des enlèvements. Dessin J.P. Ruas Figure 6.37 – Barca do Xerez de Baixo : comme on peut le voir, les éclats produits en roches siliceuses sont très peu allongés et ont des petites dimensions. Ces caractéristiques reflètent, bien entendu, les volumes de matière première utilisés dans la taille. Figure 6.38 – Barca do Xerez de Baixo, Secteur 4 : répartition des artefacts en quartz hyalin, en plan et en coupe. Figure 6.39 – Barca do Xerez de Baixo : ensemble de trois lamelles débitées en quartz hyalin (pour une meilleure lecture des stigmates de taille, les pièces ont été fumées au préalable à l’aide de magnésium en combustion). Photos J.P.Ruas. Figure 6.40 – Barca do Xerez de Baixo : ensemble de trois nucléus prismatiques en quartz hyalin (pour une meilleure lecture des stigmates de taille, les pièces ont été fumées au préalable à l’aide de magnésium en combustion). Photos J.P.Ruas. Figure 6.41 – Barca do Xerez de Baixo : denticulés. 1. en quartzite ; 2. en quartzite (pièce incluse dans le remontage QZI166) ; 3. en quartz ; 4. en quartzite (pièce incluse dans le remontage QZI-145) ; 5. en quartzite. Dessins K. Monigal. Figure 6.42 – Barca do Xerez de Baixo : perçoirs. 1. en quartzite (inclus dans le remontage QZI-100) ; 2. en quartz (cette pièce présente des traces d’utilisation sur matière tendre d’origine animale). Dessins K. Monigal. Figure 6.43 – Barca do Xerez de Baixo : encoches et éclats retouchés. 1. Encoche inverse sur le bord droit et retouche marginale inverse sur le bord gauche (sur un éclat en quartzite). 2. Encoche inverse sur le bord droit (sur un éclat en quartzite) ; 3. Encoche inverse à l’extrémité distale (sur un éclat en quartzite ; inclus dans le remontage QZI-162) ; 4. Retouche inverse marginale (sur un éclat en quartzite ; inclus dans le remontage QZI-062 ; présente des traces d’utilisation : raclage de matières tendres d’origine animale) ; 5. Encoches inverses latérale et distale (inclus dans le remontage QZI-106 ; traces d’utilisation : raclage de matières dures/bois. Dessins K. Monigal. Figure 6.44 – Barca do Xerez de Baixo : racloirs (retouche directe) en quartzite. Dessins K. Monigal. Figure 6.45 – Barca do Xerez de Baixo : racloirs (retouche inverse) en quartzite et pièce carénée en quartz, sans traces d’utilisation. Dessins K. Monigal. Figure 6.46 – Barca do Xerez de Baixo : ce remontage illustre un cas dans lequel les vides existant entre le nucléus et les supports remontés peuvent constituer un indice d’usage du premier comme outil. Dans le cas présent, l’analyse tracéologique devait confirmer cette hypothèse : le nucléus a fonctionné comme outil, pour le travail du bois par percussion lancée. L’éclat, quant à lui, ne présente pas de traces d’usage. Dessin de K.Monigal ; Photos macro et micro M. A. Igreja. Figure 6.47 – Barca do Xerez de Baixo : dans ce cas, le nucléus, présentant encore l’éclat attaché, a été utilisé pour le travail du bois, par percussion lancée. Il n’a pas été possible de déterminer si la séparation de l’éclat s’est produite au cours de l’utilisation proprement dite ou s’il a été volontairement détaché par le tailleur. Dessin K. Monigal ; Photos : macro J.P.Ruas ; micro M. A. Igreja. Figure 6.48 – Barca do Xerez de Baixo : localisation des structures documentées dans la SOM et dans la SOI du Secteur 1 ; enregistrement graphique des bases des niveaux artificiels 5 à 14 des rangées 34 et 35. Figure 6.49 – Barca do Xerez de Baixo : localisation des structures B, C (Secteur 3) et E (Secteur 5). Figure 6.50 – Barca do Xerez de Baixo : plan du premier contexte d’occupation du Secteur 4 où l’on aperçoit une zone de sédiments plus foncés. Illustration G. Casella. Figure 6.51 – Barca do Xerez de Baixo : quelques exemples de structures (voir fig. 6.5, 6.48 et 6.49). Figure 6.52 – Barca do Xerez de Baixo : développement de la structure H (Secteur 1) avec la quantification des restes fauniques et industries lithiques qui y sont documentés (Araújo et Almeida, 2013). Illustration G. Casella. Figure 6.53 – Barca do Xerez de Baixo : surface d’occupation intermédiaire (SOM, Secteur 1). Distribution des blocs remontés comprenant des effectifs supérieurs à 10 pièces (Araújo et Almeida, 2013). Figure 6.54 – Barca do Xerez de Baixo : surface d’occupation supérieure (SOS, Secteur 1). Distribution des blocs remontés comprenant des effectifs supérieurs à 10 pièces (Araújo et Almeida, 2013). Figure 6.55 – Barca do Xerez de Baixo : essai de corrélation stratigraphique interzones. Les diverses hypothèses de synchronie et de diachronie mentionnées dans le texte sont présentées.

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Figure 7.1 – Localisation de Vale Frade (nº11) à l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura ; C. Un détail (sa position par rapport à la ligne côtière et à la rivière que lui donne son nom). Figure 7.2 – Vale Frade : datations absolues. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). Figure 7.3 – Vale Frade : A. Coupe transversale N-S avec la position de l’amas coquillier par rapport à la rivière de Vale Frade. La ligne pointillée montre les limites de l’ancien fond de vallée. 1. Arénites du Titonien (Jurassique) ; 2. Marnes et arénites du Titonien (Jurassique). Modifié à partir de Pereira, 2000. B. Plan de la Parcelle agricole où la fouille a eu lieu. Figure 7.4 – Vale Frade : coupes stratigraphiques (nord et ouest) avec l’identification des couches. Redessinée par G. Casella à partir de l’original. Figure 7.5 – Vale Frade : A. répartition par niveaux artificiels de la Malacofaune (en grammes : gr.) ; B. répartition d’autres catégories de vestiges – industrie lithique, d’autres faunes ; éléments de parure (N). Figure 7.6 – Vale Frade : A. répartition spatial de la malacofaune (en grammes : gr.) ; B. répartition spatial d’autres catégories de vestiges – industrie lithique, d’autres faunes ; éléments de parure (N). Figure 7.7 – Vale Frade : espèces malacologiques (par poids) trouvées dans l’unité de fouille E17 (celle qui documente le plus grand nombre de restes). Figure 7.8 – Vale Frade : industrie lithique. 1. grattoir sur éclat retouché ; 2. grattoir sur éclat avec une encoche sur le bord gauche (la fracture est d’origine mécanique) ; 3. grattoir double sur éclat de flanc de nucléus ; 4. micro-grattoir, 5. éclat à retouche distale (type encoche, atypique) et latérale ; 6-7. Deux fragments mésiaux de lames. Dessins F. Botto. Figure 7.9 – Vale Frade : coquilles percées (1-4 et 6-9, sur coquille de Theodoxus fluviatilis ; nº 5, sur coquille de Nassarius reticulatus). À droite, détail des stigmates d’utilisation observés sur les exemplaires 2, 6 et 8). Photo J.P.Ruas. Figure 7.10 – Localisation de Ponta da Vigia (nº13) : A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura ; C. Sur Carte Géologique modifiée (échelle 1/50 000). J1Da : Lias (marnes de Dagorda) ; J3V : Jurassique (Calcaires du Vimeiro) ; J3AP : Jurassique (grès, marnes et arénites de Porto Novo) ; J3Bo : Jurassique (grès, marnes, argiles et conglomérats du Bombarral) ; Q : Pléistocène (terrasses et cailloutis) ; A : Holocène (Alluvions, sables de dune et de plage). Figure 7.11 – Ponta da Vigia : datations absolues. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Figure 7.12 – Ponta da Vigia : implantation des sondages sur la Carte Topographique nº 44 / échelle 1 :2000 (Serviços Geográficos e Cadastrais), réduite ½. En noire, les sondages de 1986 ; en gris, les sondages de 1999/2000 (signalé par une flèche). S : Structure. Modifié d’après Zilhão et al., 1987. Figure 7.13 – Ponta da Vigia : implantation des structures 1 et 2 sur le plan des sondages ouverts en 1986 (A). Plan et coupe de la structure de combustion nº 1 (B). Redessiné par J.P. Ruas à partir de l’originelle de J. Franco (Zilhão et al., 1987). Figure 7.14 – Ponta da Vigia : industrie lithique recueillie, en surface, par différentes équipes au cours de prospections dans les environs du site. 1. pointe hambourgienne à troncature basale ; 2. pointe à dos courbe ; 3 et 6. lamelles à dos arqué. 4. pointe à troncature oblique ; 5. lamelle tronquée ; 7 et 10. fragments de lamelles à dos ; 8. lamelle à dos tronqué ; 9. lamelle à tête arquée ; 11. triangle asymétrique ; 12-13. trapèzes asymétriques. 14-16. segments ; 17-21. grattoirs unguiformes ; 22-23. grattoirs sur éclat ; 24. grattoir-perçoir ; 25. perçoir multiple ; 26. burin sur troncature. Dessins J. Franco (Zilhão et al., 1987). Figure 7.15 – Datations absolues de contextes de type amas coquillier du littoral de l’Estremadura. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles (voir Tableau 2.I, Chapitre 2, Ière Partie) ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). Figure 7.16 – Localisation de Cabeço do Curral Velho (CCV) et de Pinhal da Fonte (PF) : A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura (CCV, nº 14 ; PF, nº 15) ; C. Sur Carte Géologique modifiée (échelle 1/50000). J4 et J5 : Jurassique supérieur ; C : Crétacique ; AS : Pléistocène (sables superficiels, éoliques) ; a et d : Holocène (Alluvions et Dunes). Figure 7.17 – Cabeço do Curral Velho : 1-2. lames ; 3. lamelle à retouches Montbani ; 4-7. lames/lamelles ; 8. fragment de nucléus (qui a subi du traitement thermique) 9. nucléus prismatique à deux plans de frappe opposés. (Dessins 1-7, 9. J. Franco ; 8. F. Botto).

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Figure 7.18 – Cabeço do Curral Velho : 1-3. grattoirs ou nucléus ; 4. encoche ; 5 et 9. pièces esquillées ; 6-7. grattoirs ; 8. éclat à retouches marginales (outil à posteriori). Dessins de J. Franco. Figure 7.19 – Cabeço do Curral Velho : corne de cervidé sectionnée et polie. Dessin J. Franco. Figure 7.20 – Pinhal da Fonte : Malacofaune. A. Sondages Araújo et Braz, 2000 (en poids, concerne les 4m2 fouillés) ; B. Sondages D. Lubell, 1986 (en pourcentages, seuls les carrés F10 et G11). Note : dans les Tests T1 et T2 (sondages D. Lubell, 1986) la moule et la patelle sont absentes, et la palourde détient la deuxième place, suivie du couteau. Figure 7.21 – Pinhal da Fonte : morphologie des nucléus de type pièce esquillée. Diagramme de dispersion en fonction des variables longueur et largeur. Figure 7.22 – Pinhal da Fonte : industrie lithique. Nucléus de type pièce esquillée. Dessins F. Botto. Figure 7.23 – Pinhal da Fonte : cubitus de Felis silvestris aménagé, positionné à droite dans la figure (Araújo et al., 2014). Il est encore possible d’observer des concrétions carbonatées (de l’amas). À gauche, un exemplaire de cubitus de Felis silvestris de la collection actuelle de référence (DGPC). Photos J.P. Ruas. Figure 7.24 – Localisation de São Julião (nº 16) et de Magoito (nº 17) : A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura ; C. Sur Carte Géologique modifiée (échelle 1/50 000). Les deux amas sont situés sur les rives droites de la rivière de Falcão (São Julião) et de Mata (Magoito), auprès de l’embouchure. C1AS (Crétacé : arénites et argiles) ; C2AC (Crétacé/Cénomanien : calcaires et marnes) ; Q (sables et cailloutis du Pléistocène) ; dc (dunes consolidées) ; ad et d (Holocène : sables et sables de dunes). Figure 7.25 – Les sites du littorale sud (Alentejo et Algarve) : 18. Oliveirinha ; 19. Palheirões do Alegra ; 20. Castelejo ; 21. Barranco das Quebradas 1 ; 22. Barranco das Quebradas 3 ; 23. Barranco das Quebradas 4 ; 24. Barranco das Quebradas 5 ; 25. Rochas das Gaivotas. Figure 7.26 – Datations absolues de contextes de type amas coquillier du littoral de l’Alentejo et Algarve. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles (voir Tableau 2.I, Chapitre 2, 1ère Partie) ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). Figure 7.27 – Barranco das Quebradas (BQ) : malacofaune (NMI) récupérée dans les quatre amas identifiées sur les rives du ravin. OS : occupation supérieure ; OI : occupation inférieure. Si l’on considère les différents séjours qui ont eu lieu à ces endroits entre ca 8560-6644 cal BC (voir Tableau 2.I, Chapitre 2, Ière Partie), on vérifie un accroissement de l’exploitation de la patelle et de la moule au fur et à mesure que l’on avance dans le temps, et un comportement tout à fait inverse de la monodonte (Valente, 2010). Sources : informations colligées et travaillées à partir de Valente, 2010. Figure 7.28 – Rocha das Gaivotas : malacofaune (NMI) récupérée au cours des quatre passages mésolithiques (ancien) reconnues dans les différents loci de cet amas (ca 7736-6701 cal BC ; voir Tableau 2.I ; Chapitre 2, Ière Partie). Ont été exclues les espèces accompagnatrices (Balanidae). Sources : informations colligées et travaillées à partir de Carvalho et al., 2010. Figure 7.29 – Palheirões do Alegra : plan de la grande dépression ouverte à la mer. Sources : documentation de L. Raposo. Figure 7.30 – Palheirões do Alegra : la même dépression en Juillet 2005. Photo J.P. Ruas. Figure 7.31 – Palheirões do Alegra : les deux concentrations de silex trouvées en surface. En haut la dénommé Lareira do sílex (feu du silex ; carrés BD-BF / 89-90), marquée par le rectangle blanc. Figures construites à partir de l’inventaire fourni par L. Raposo. Figure 7.32 – Palheirões do Alegra : armatures en silex patiné trouvées en surface, au cours des travaux de 1985. Photos J.P. Ruas. Figure 7.33 – Palheirões do Alegra : industrie macrolithique. Photos J.P. Ruas. Figure 7.34 – Les sites localisés à l’intérieur des terres de l’Estremadura, dans le bassin de Rio Maior. A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura ; C. Détail de la région. 7. Cabeço de Porto Marinho (CPM) loci IIIS et V ; 8. Areeiro III ; 9. Fonte Pinheiro ; 10. Abrigo Grande das Bocas (abri-sous-roche). Figure 7.35 – Datations absolues de contextes localisés à l’intérieur des terres de l’Estremadura. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles (voir Tableau 2.I, Chapitre 2, Ière Partie) ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993).

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Index des Figures

Figure 7.36 –Vale Sá : industrie lithique. 1-2. nucléus ayant produit des petits éclats en fin d’exploitation (nucléus à lamelle recyclés ?) ; 3. nucléus à lamelle sur éclat ; 4. fragment de plaquette naturelle retouchée sur les deux bords (en silex) ; 5. nucléus sur éclat exploité en percussion posée sur enclume et destiné à la production de lamelles et de esquilles ; 6. fragment distal d’une lamelle de maintient du cintre d’un nucléus à lamelles ; 7-12. lamelles débitées au percuteur minéral tendre (11 et 12 détail des stigmates de l’utilisation d’un percuteur minéral plutôt qu›organique). Dessins de T. Aubry (Aubry et al., 2005). Figure 7.37 – Barca do Xerez de Baixo : A. À l’échelle du territoire (nº 26) ; B. Les sites de l’Estremadura ; C. Sur Carte Géologique modifiée d’après Angellucci, 2013 (a. Alluvions ; Q. Terrasses fluviatiles quaternaires ; SC. Cornéennes ; Sxm et S. Schistes ; γ∆ : Quartzodiorites). Figure 8.1 – Datations absolues (cal BC, 2σ) des contextes archéologiques du Magdalénien final et du Mésolithique ancien accumulés pendant le Dryas récent (A) et le Préboréal (B). Le calibrage a été réalisé à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). A’ : Répartition des sites du Magdalénien final (Dryas récent) – a. Fariseu (UE4) ; b. Quinta da Barca Sul (UE3) ; c. Cardina I (UE4) ; d. Cardina II (UE2) ; e. Vale das Buracas ; f. Vale de Covões ; g. Gruta do Caldeirão (Couche EB) ; h. Lapa do Picareiro (Couche E) ; i. Bairrada ; j. Cabeço de Porto Marinho (CPM, loci IIIT upper, II upper et VI middle) ; k. Vascas ; l. Carneira et Olival da Carneira ; m. Abrigo Grande das Bocas (ou Bocas 1) ; n. Lapa do Suão ; o. Rossio do Cabo ; p. Pedra do Patacho ; q. Monte da Ribeira ; r. Chancudo 3 ; s. Malhada do Mercador. B’ : Répartition des sites du Mésolithique ancien (Préboréal) – 1. Prazo ; 4. Casal Papagaio ; 7. Cabeço de Porto Marinho ; 10 : Abrigo Grande das Bocas ou Bocas 1 ; 17. Magoito ; 21. Barranco das Quebradas 1 (BQ1, niveau 7). Sources : a-d. (Aubry, 2009a ; Aubry et Sampaio, 2009 ; Aubry et al., 2008 ; Aubry et al., 2010a ; Mercier et al., 2009) ; e. (Aubry et al., 2008 ; Aubry et al., 2010) ; f. (Aubry et al., 2008) ; g. (Zilhão, 1992a ; 1997a) ; h. (Bicho et al., 2003 ; 2006 ; 2009) ; i. (Zilhão, 1997a ; 1997b) ; j. (Bicho, 2000 ; Marks et al., 1994 ; Zilhão, 1997ª ; Zilhão et al., 1995) ; k. (Zilhão, 1997a ; 1997b) ; l (Zilhão, 1997a ; 1997b) ; l. Bicho, 2000 ; Marks et al., 1994 ; Zilhão, 1997a ; 1997b ; Zilhão et al., 1995) ; m (Bicho, 1995-97 ; Zilhão, 1992a ; 1997a) ; n. (Haws, 2003 ; Zilhão, 1997a) ; o (Zilhão, 1997a) ; p. (Soares et Silva, 1993) ; q-s (Almeida, 2013 ; Almeida et al., 2013). Note : les sources bibliographiques des contextes du Mésolithique ancien ont été présentées déjà aux Chapitres 2 (Ière Partie), 4, 5, 6 (IIème Partie) et 7 (IIIème Partie). Figure 8.2 – Datations absolues (cal BC, 2σ) des contextes archéologiques du Mésolithique ancien accumulés au cours de la chronozone boréale. Le calibrage a été réalisé à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). 1. Prazo ; 2. Vale Sá ; 3. Buraca Grande ; 4. Casal Papagaio ; 5. Pena de Mira ; 6. Lapa do Picareiro ; 8. Areeiro III ; 11. Vale Frade ; 12. Toledo ; 13. Ponta da Vigia ; 14. Cabeço do Curral Velho ; 15. Pinhal da Fonte ; 16. São Julião (A et B) ; 18. Oliveirinha ; 19. Palheirões do Alegra ; 20. Castelejo ; 21-24. Barranco das Quebradas 1, 3, 4 et 5 ; 25. Rocha das Gaivotas ; 6. Barca do Xerez de Baixo. Note : les sources bibliographiques de ces contextes ont été présentées déjà aux Chapitres 2 (Ière Partie), 4, 5, 6 (IIème Partie) et 7 (IIIème Partie). Figure 8.3 – Datations absolues (cal BC, 2σ) des contextes archéologiques du Mésolithique ancien (chronozone boréale) localisés dans l’Estremadura. Le calibrage a été réalisé à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). Proposition de fonctionnement synchrone structuré à partir de la différentiation fonctionnelle entre sites. Ce modèle, qui se matérialise par une triangulation qui unit les gisements localisés sur le littoral, dans les basses terres et dans les massifs calcaires de l’intérieur, peut être appliqué aussi bien aux contextes accumulés au cours du Boréal qu’à ceux du Préboréal. Note : les sources bibliographiques de ces contextes ont été déjà présentées aux Chapitres 2 (Ière Partie), 4, 5, 6 (IIème Partie) et 7 (IIIème Partie).

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Index des Tableaux

Tableau 2.I – Datations absolues des contextes archéologiques de l’Holocène ancien (chronozones préboréale et boréale), organisées par site. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquillage ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). TS (Type de site : triangles noirs = sites en grotte ou en abri sous roche avec des dépôts coquilliers ; cercles noirs = sites de type amas coquillier ; cercles blancs = sites de plein air) ; Nº (numéro du site sur la Fig. 2.2) ; LG (Localisation géographique : NET = région nord-est de Trás-os-Montes ; BM = Bas Mondego ; MCE = massifs calcaires de l’Estrémadure ; PMCE = périphéries des MCE ; LE = littoral de l’Estrémadure ; LA = littoral de l’Alentejo ; ALG = Algarve ; AI = Alentejo intérieur). Tableau 2.II – Nombre total de restes (NTR) de crustacés et de poissons récupérés dans des contextes archéologiques de l’Holocène ancien, ainsi que les espèces de mollusques représentées, en ne tenant compte que des quatre taxons les plus importants (le nombre d’astérisques indique l’importance relative de chaque espèce). La lettre P (présent) a été utilisée en l’absence d’informations précises. TS (Type de site : triangles noirs = sites en grotte ou en abri sous roche avec des dépôts coquilliers ; cercles noirs = sites de type amas coquillier ; cercles blancs = sites de plein air) ; Nº (numéro du site sur la Fig. 2.2) ; LG (Localisation géographique : NET = région nord-est de Trás-os-Montes ; BM = Bas Mondego ; MCE = massifs calcaires de l’Estrémadure ; PMCE = périphéries des MCE ; LE = littoral de l’Estrémadure ; LA = littoral de l’Alentejo ; ALG = Algarve ; AI = Alentejo intérieur). Sources : Buraca Grande (Aubry, et al., 1997a) ; Casal Papagaio (Arnaud et Bento, 1988 ; Gonzalez Morales et Arnaud, 1990) ; Lapa do Picareiro (Bicho et al., 2003) ; Abrigo Grande das Bocas (Bicho, 1993 ; Bicho 1995-97) ; Vale Frade (Araújo et al., 2014 ; Araújo et Costa, 1998-99 ; Gabriel, 2011) ; Toledo (Araújo, 2011 ; Dupont, 2011 ; Dupont et Araújo, 2010 ; Dupont et al., sous presse ; Gabriel, 2011 ; 2015) ; Cabeço do Curral Velho (Araújo, 1994 ; Araújo et al., 2014) ; Pinhal da Fonte (Araújo et Braz, 2002 ; Araújo et al., 2014 ; Braz, 2000) ; São Julião A et B (Arnaud et Perira, 1994 ; Gonzalez-Morales et Arnaud, 1990 ; Arnaud, 1986) ; Magoito (Soares, 2003 ; Soares, 2004a) ; Oliveirinha 1 (Soares et Silva, 2004) ; Castelejo (Silva e Soares, 1997 ; Soares e Silva, 2003 ; 2004) ; Barranco das Quebradas (Valente, 2008 ; 2010) ; Rocha das Gaivotas (Carvalho et al., 2010 ; Valente, 2008). Tableau 2.III – Six espèces principales de mammifères (N) consommés et/ou préparés dans des contextes archéologiques de l’Holocène ancien Le nombre total de restes (NTR) comprend, outre les espèces individualisées dans ce tableau, des os de carnivores, de félidés, d’oiseaux, de reptiles et d’amphibies, représentant des faunes locales (dans les cas de Toledo et de Vale Frade ; IIème Partie, Chapitre 4 et IIIème Partie, Chapitre 7). Le degré élevé de fragmentation des os récupérés à Barca do Xerez de Baixo a empêché toute association à l’une de catégories susmentionnées. Dans la colonne Ind. (indéterminé) figurent des os de mammifères dont il n’a pas été possible de déterminer l’espèce, mais qui appartiennent à des animaux de taille moyenne et de grande taille. Nº (numéro du site sur la Fig. 2.2) ; LG (Localisation géographique : NET = région nord-est de Trás-os-Montes ; BM = Bas Mondego ; MCE = massifs calcaires de l’Estrémadure ; PMCE = périphéries des MCE ; LE = littoral de l’Estrémadure ; LA = littoral de l’Alentejo ; ALG = Algarve ; AI = Alentejo intérieur). Sources : Buraca Grande (Aubry et al., 1997a) ; Casal Papagaio (Arnaud et Bento, 1988) ; Lapa do Picareiro (Bicho et al., 2003 ; Bicho et al., 2006) ; Abrigo Grande das Bocas (Bicho, 1993 ; 1995-97 ; Valente, 2008) ; Toledo (Moreno García, 2011) ; Vale Frade (Araújo et al., 2014) ; Pinhal da Fonte (Araújo et al., 2014) ; Castelejo (Soares et Silva, 2004) ; Barranco das Quebradas 3 (Valente, 2008) ; Barca do Xerez de Baixo (Valente, 2008 ; Valente, 2013). Tableau 2.IV – Diachronie des occupations documentées dans les sites présentant des vestiges de l’Holocène ancien (chronozones préboréale et boréale), Il n’a été tenu compte que des périodes immédiatement antérieures (du Paléolithique supérieur) et immédiatement postérieures (du Mésolithique récent). TS (Type de site : triangles noirs = sites en grotte ou en abri sous roche avec des dépôts coquilliers ; cercles noirs = sites de type amas coquillier ; cercles blancs = sites de plein air). Tableau 3.I – Ensembles anthracologiques de gisements de l’Holocène ancien. Triangles noirs = sites en grotte ou en abri sous roche avec des dépôts coquilliers ; cercles noirs = sites de type amas coquillier ; cercles blancs = sites de plein air) ; Nº (numéro du site sur la Fig. 3.1) ; NET = région nord-est de Trás-os-Montes ; MCE = massifs calcaires de l’Estrémadure ; PMCE = périphéries des MCE ; LE = littoral de l’Estrémadure ; ALG = Algarve ; AI = Alentejo intérieur). Sources : Prazo (Monteiro-Rodrigues et al., 2008) ; Buraca Grande (Figueiral et Terral, 2002) ; Lapa do Picareiro (Bicho et al., 2003) ; Areeiro III (Figueiral et Carcaillet, 2005) ; Ponta da Vigia (van Leeuwaarden et Queiroz, 2003) ; Castelejo (Carrión et al., 2010) ; Rocha das Gaivotas (Figueiral et Carvalho, 2006) ; Barca do Xerez de Baixo (Araújo et Almeida, 2013). Tableau 4.I – Toledo : correspondances entre les couches en fonction des différentes campagnes de fouille.

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Tableau 4.II – Toledo : inventaire de la série lithique par matières premières et par couches. Tableau 4.III – Toledo : catégories technologiques représentées par matières premières (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Tableau 4.IV – Toledo : état de conservation des éclats par types de fracture et par matières premières (QZI : quartzite ; QZ : quartz ; R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Tableau 4.V – Toledo : répartition des éclats entiers par classes de longueur (en mm) et par matières premières (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Tableau 4.VI – Toledo : dimension (moyenne ± écart-type) des éclats et des supports allongés par matières premières (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Dans le cas des éclats, seuls les exemplaires entiers ont été pris en compte. Pour les supports allongés, la largeur et l’épaisseur de tous les exemplaires ont été mesurés ; la longueur ne concerne que les pièces entières. Les supports allongés en quartzite (N=9), en quartz (N=1) et en roches à grain grossier (N=1) ne sont pas pris en compte étant donné leur faible représentation. Tableau 4.VII – Toledo : paramètres statistiques des nucléus (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Tableau 4.VIII – Toledo : attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des nucléus, par matières premières (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Tableau 4.IX – Toledo : classement des éclats d’après l’emplacement du cortex (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Tableau 4.X – Toledo : attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des éclats (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Tableau 4.XI – Toledo : caractérisation des supports utilisés pour la production d’outils (R.S. : roches siliceuses). * % par rapport à l’ensemble de l’industrie lithique (N=3305). Les dimensions, en mm, ne concernent que les exemplaires entiers. Tableau 4.XII – Toledo : attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des outils. (R.S. : roches siliceuses). Tableau 4.XIII – Toledo : caractères de la retouche pris en compte dans l’analyse des outils en quartzite et en quartz. * % par rapport à l’ensemble de l’outillage (N=126) ; ** localisation de la retouche en fonction de l’axe technologique du support. Tableau 4.XIV – Toledo : caractères de la retouche pris en compte dans l’analyse des outils en roches siliceuses. * % par rapport à l’ensemble de l’outillage (N=126) ; ** ce total inclut, en autre, deux burins (= 1,9%, voir texte) ; *** localisation de la retouche en fonction de l’axe technologique du support. Tableau 4.XV – Toledo : paramètres métriques des grattoirs. Tableau 4.XVI – Toledo : attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des pièces esquillées. * par rapport au sens de la percussion. Tableau 4.XVII – Toledo : fonction et fonctionnement des artefacts. A. Inventaire des pièces analysées (par matières premières et par catégories technologiques) ; B. Inventaire des outils analysés (par matières premières et par types d’outils) ; C. Résultats de l’étude tracéologique, d’après Igreja, 2011. (RS : roches siliceuses). Les chiffres entre parenthèses signalent les pièces en quartzite. Tableau 4.XVIII – Toledo : restes fauniques (vertébrés). PI : provenance indéterminée ; NTR : nombre total de restes ; DET : indice de détermination. Tableau 4.XIX –Toledo : restes fauniques : inventaire des espèces représentées. Tableau 4.XX –Toledo : inventaire de la totalité de vestiges matériels, par couches (sans inclure la malacofaune). (1) N’ont pas été inclus 5 restes dont la provenance est inconnue ; (2) N’ont pas été inclus les restes récupérés dans les sondages dirigés par David Lubell ; (3) Inclut, en autre, une canine de renard perforée (Fig. 4.64) ; (4) Industrie osseuse. Inclut : une scapulaire de chevreuil gravée et aménagée ; une diaphyse d’os long avec des stries parallèles ; deux poinçons en os (Fig. 4.53). Tableau 4.XXI – Toledo : quelques paramètres statistiques des polissoirs. C. Longueur ; L. Largeur ; E. Épaisseur ; Nbre. nombre de sillons ; P. Profondeur. Tableau 4.XXII – Toledo : répartition des coquilles percées par couches. Tableau 4.XXIII – Toledo : quelques attributs techniques et qualitatifs des coquilles percées. Nbre. Nombre de perforations. E. Entier ; F. Fracturé. Circ. Circulaire ; Irreg. Irrégulière ; Along. Allongée.

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Tableau 5.I – Areeiro III : nombre de pièces provenant des six mètres carrés sélectionnés par N. Bicho pour son étude (information organisée dans le cadre de la présente étude à partir des Tables 95, 96 et 97, Bicho, 2000). Tableau 5.II – Areeiro III : échantillon sélectionnée par N. Bicho pour son étude (2000). * Pourcentage étudié par rapport au nombre total de pièces exhumées dans les six mètres carrés. ** Pourcentages par matière première. Note : si l’on exclut les esquilles et les fragments, le pourcentage de l’échantillon étudié atteint 53,9% (et pas seulement 25%). Les outils incluent des nucléus de type grattoir caréné (carinated endscrapers et laterally carinated endscrapers, d’après Bicho, 2000). Tableau 5.III – Areeiro III : comparaison entre l’échantillon étudié para N. Bicho (2000) et celui analysé dans le cadre de la présente étude (par catégories technologiques). Dans les deux cas ont été inclus, parmi les outils (*), des nucléus en forme d’outil caréné (N=192 ; colonne Bicho ; N=98, colonne Araújo). Tableau 5.IV – Areeiro III : types d’outils étudiés par N. Bicho (2000) et Araújo (présente étude). Tableau 5.V – Areeiro III : dimensions (moyenne ± écart-type) des armatures et des lamelles à l’état brut. Parmi les armatures à bords fins (abattage marginal et bordage) sont inclus trois pièces qui ont comme support des lamelles de burin. Les armatures à bords épais incluent huit lamelles de burin, dans le cas de la largeur et de l’épaisseur, et deux, dans le cas de la longueur. Note : trois géométriques ne sont pas inclus ici (voir Tableau 5.VIII), ni un fragment mésial d’une lamelle à dos profond à des cassures thermiques qui ont rendu inviable la prise de leurs mesures. Tableau 5.VI – Areeiro III : quelques attributs considérés dans l’analyse des armatures à bords fins (abattage marginal et bordage) et à bords épais. (1) – inclut toutes les pièces entières et les fragments distaux et mésiaux/distaux ; (2) – Ne comprends que les pièces entières. Tableau 5.VII – Areeiro III : paramètres observés pour la retouche des armatures à bords fins (abattage marginal et bordage) et à bords épais. Tableau 5.VIII – Areeiro III : paramètres métriques des géométriques. Tableau 5.IX – Areeiro III : attributs technologiques considérés dans l’analyse des armatures et des lamelles brutes. (1) – inclut les pièces entières, les fragments mésiaux, proximaux/mésiaux et distaux/mésiaux ; (2) – Ne concernent que les pièces entières ; (3) – inclut les pièces entières, les fragments proximaux et proximaux/mésiaux. Tableau 5.X – Areeiro III : caractérisation des volumes de certains nucléus à lamelles (Point 5.6.1). Tableau 5.XI – Areeiro III : caractérisation de certains nucléus à lamelles (Point 5.6.1). Tableau 5.XII – Areeiro III : attributs technologiques des supports qui ont donnée naissance aux nucléus en forme de grattoir caréné et de grattoir à museau (ou à épaulement). Section, profil, talon, abrasion et morphologie des bords ne concernent que les exemplaires entiers. Tableau 5.XIII – Areeiro III : caractérisation des nucléus en forme de grattoir caréné (cinq exemplaires sont doubles) et de grattoir à museau (ou à épaulement). Les dimensions ne concernent que les exemplaires entiers. Tableau 5.XIV – Areeiro III : attributs technologiques des supports qui ont donnée naissance aux nucléus en forme de burin caréné (et formes associées). Section, profil, talon, abrasion et morphologie des bords ne concernent que les exemplaires entiers. Tableau 5.XV – Areeiro III : caractérisation des nucléus en forme de burin caréné (et formes associées). BC. Burin caréné ; BQ. Burin busqué ; BV. Burin des Vachons. Tableau 5.XVI – Areeiro III : attributs technologiques du support et du front des burins transversaux (d’autres candidats au titre de nucléus à lamelles ?). Tableau 5.XVII – Areeiro III : caractérisation du support et des enlèvements des burins sur troncature droite (N=1), concave (N=1), convexe (N=1) ; dièdre déjeté (N=4) et d’angle sur fracture (N=3). Tableau 5.XVIII – Areeiro III : caractérisation du support des lamelles à retouches variées. (1) – inclut les pièces entières, les fragments mésiaux, proximaux/mésiaux et distaux/mésiaux ; (2) – Ne concernent que les pièces entières ; (3) inclut les pièces entières, les fragments proximaux et proximaux/mésiaux ; (4) – inclut les pièces entières, les fragments distaux et mésiaux/distaux. Tableau 5.XIX – Areeiro III : caractérisation de la retouche des lamelles denticulées, à encoche et à retouches rectilignes, partielles ou totales (abruptes ou semi-abruptes). Tableau 5.XX – Areeiro III : caractérisation du support et du front des grattoirs minces. (1) Ne concernent que les pièces entières ; (2) Inclut les exemplaires entiers et les fragments proximaux. Note : Si l’on ajoute les grattoirs qui ont des fractures latérales, le profil droit et la section triangulaire deviennent plus représentatifs.

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Tableau 5.XXI – Areeiro III : caractérisation du support et de la retouche des éclats à encoche. (1) Ne concernent que les pièces entières ; (2) Inclut les exemplaires entiers et les fragments proximaux et proximaux/mésiaux ; (3) – inclut les pièces entières, les fragments distaux et mésiaux/distaux. Tableau 5.XXII – Areeiro III : caractérisation du support et de la retouche des éclats denticulées. (1) Ne concernent que les pièces entières ; (2) Inclut les exemplaires entiers et les fragments proximaux et proximaux/mésiaux ; (3) – inclut les pièces entières, les fragments distaux et mésiaux/distaux. Tableau 5.XXIII – Areeiro III : paramètres métriques concernant les différents types de supports transformés (outils et nucléus en forme d’outil). En gris, les deux plus grandes dimensions (Longueur, Largeur, Épaisseur et Allongement) présentés par chacune de ces catégories d’artefacts. On constate que les grattoirs carénés sont, parmi l’éventail de supports transformées, les plus épais ; les denticulés et les encoches les plus longs et les plus larges ; les pièces esquillées et les encoches, les plus allongés. Tableau 5.XXIV – Areeiro III : paramètres métriques des éclats bruts par rapport au pourcentage de cortex représenté. Tableau 5.XXV – Areeiro III : caractérisation des nucléus à éclats ; PF = Plan de Frappe. Tableau 5.XXVI – Areeiro III : Essai de caractérisation fonctionnelle d’Areeiro III. IP – Indice de production ; IPB – Indice de production de barbelures ; IAL – Indice d’activités logistiques. TN (Total de nucléus) ; OD (outillage domestique) ; NS (nucléus spéciaux, en forma de grattoir et burin épais) ; TB (Total de barbelures). Note : deux IAL ont été obtenus en tenant compte le nombre de barbelures compté par N. Bicho (1) et celui enregistré dans le cadre de la présente étude (2). Tableau 6.I – Barca do Xerez de Baixo : Datations 14C. Tableau 6.II – Critères d’analyse des remontages et indications correspondantes de nature technologique. (1) Toutes les pièces remontées, qu’il s’agisse de fractures ou d’accidents ; (2) Tous les artefacts remontés, sans tenir compte séparément des pièces qui collent entre elles (fragments d’un même artefact) ; (3) D’après les catégories suivantes (voir Fig. 6.11B) : éclat entame ; éclat partiellement cortical dont le cortex est situé sur la partie latérale ; éclat partiellement cortical dont le cortex est situé sur la partie latérale et distale ; éclat partiellement cortical dont le cortex est situé sur la partie distale ; éclat partiellement cortical dont le cortex est situé sur les deux parties latérales ; éclat partiellement cortical dont le cortex est situé sur la partie distale et sur les deux parties latérales (tranche de saucisson) ; éclat partiellement cortical dont le cortex est confiné dans la zone centrale ; éclat non cortical. Tableau 6.III – Critères d’analyse des nucléus et indications correspondantes de nature archéologique. (1) par rapport à la surface de débitage principale ; (2) des galets parallélépipèdes exploités selon l’épaisseur ; (3) des galets parallélépipèdes exploités selon l’axe de la longueur ou de la largeur ; (4) des galets parallélépipèdes exploités selon l’axe de l’épaisseur et de l’axe de la longueur ou de la largeur. Tableau 6.IV – Matières premières utilisées dans les opérations de taille, par secteurs de fouille (R.S.=Roches siliceuses). Tableau 6.V – Quantification de certains des attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des remontages plus complets de quartzite et de quartz. Note : dans le Secteur 1, il existe cinq cas de volumes dont l’orientation principale des enlèvements est unidirectionnelle, mais sur lesquels des enlèvements perpendiculaires ont été effectués déjà dans une phase finale d’exploitation ; il existe également 11 cas de volumes dont l’orientation principale des enlèvements est unidirectionnelle, mais sur lesquels des enlèvements croisés ont été effectués afin d’éliminer des réfléchissements et d’autres défauts de la matière première. Long.=Longueur ; Larg.=Largeur. Tableau 6.VI – Moyenne des dimensions, en millimètres, des nucléus en quartzite et en quartz de tous les secteurs et leur poids respectif, en grammes. L’intervalle compris entre le 1er et le 3ème quartile intègre 50% de l’échantillon. Tableau 6.VII – Quantification de certains des attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des nucléus en quartzite. La plupart des enlèvements perpendiculaires et croisés correspondent à des solutions de recours pour faire face à des problèmes liés à la qualité de la matière première, ou pour rentabiliser des volumes déjà dans une phase finale de leur exploitation. Note : les nucléus dont la provenance spatiale et stratigraphique n’est pas connue ainsi que les exemplaires dont les attributs sélectionnés ne sont pas susceptibles d’être observés n’ont pas été inclus. Trois nucléus supplémentaires dont les matières premières, autres que du quartzite, présentent le même type de grain et de fracture, et qui ont été intégrés pour ce motif. Long.=Longueur ; Larg.=Largeur. Tableau 6.VIII – Quantification de certains des attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des nucléus en quartz. Note : les nucléus dont la provenance spatiale et stratigraphique n’est pas connue ainsi que les exemplaires dont les attributs sélectionnés ne sont pas susceptibles d’être observés, et qui constituent d’ailleurs la majorité, n’ont pas été inclus. Si, dans le cas du quartzite, il a été possible d’observer de nombreux attributs sur les nucléus classés comme étant des fragments (inclus, pour ce motif, dans le tableau correspondant), dans le cas du quartz (Secteur 1) cette tâche s’est révélée complètement improductive en raison du niveau de fragmentation qu’ils présentent et de l’absence de stigmates de

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taille bien définis. L’unique nucléus, documenté dans le Secteur 5 (et qui répond d’ailleurs à la norme), n’a pas non plus été inclus. Long.=Longueur ; Larg.=Largeur. Tableau 6.IX – Quantification du nombre de négatifs d’enlèvements présents dans chaque nucléus (lorsque cet attribut a pu être observé) et productivité pondérée de la série lithique (les éclats et les nucléus de matières premières à grain moyen et de type quartzite ont été inclus dans cette matière première). NM : nombre minimum de supports. Tableau 6.X – Etat de conservation des éclats par secteurs de fouille et par matières premières. Tableau 6.XI – Typologie des éclats entiers par secteurs de fouille et par lithologies. Note : d’autres matières premières ont été inclus dans les quartzites (Secteur 1 + 9 éclats entiers – 1944+9=1953). Tableau 6.XII – Indice d’allongement des éclats entiers par secteurs de fouille et par matières premières. Long.=Longueur ; Larg.=Largeur. Tableau 6.XIII – Caractéristiques technologiques des éclats entiers en quartzite provenant de remontages. Le quartz n’a pas été pris en compte ici étant donné le nombre réduit d’éclats entiers remontés. Tableau 6.XIV – Caractéristiques technologiques des éclats entiers en quartzite et en quartz. Tableau 6.XV – Dimensions, en millimètres, des nucléus débités à partir de roches siliceuses et leur poids, en grammes. L’intervalle compris entre le 1er et le 3ème quartile intègre 50% de l’échantillon. Tableau 6.XVI – Quantification de certains des attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des nucléus en roches siliceuses. Les autres secteurs n’ont pas fourni de nucléus de ce type. Les attributs technologiques des fragments de nucléus (3 exemplaires) n’ont pas été analysés. Long.=Longueur ; Larg.=Largeur. Tableau 6.XVII – Etat de conservation des éclats débités à partir de roches siliceuses, par secteurs de fouille, et leurs dimensions moyennes. Tableau 6.XVIII – Typologie des éclats entiers débités à partir de roches siliceuses, par secteurs de fouille. Tableau 6.XIX – Caractéristiques technologiques des éclats entiers débités à partir de roches siliceuses. Tableau 6.XX – Quartz hyalin. A. Inventaire ; B. Analyse quantifiée des attributs technologiques des neuf lamelles. Une pièce esquillée a été incluse dans la catégorie Autres. Tableau 6.XXI – Outils : Caractéristiques technologiques. R.S. Roches siliceuses. Tableau 6.XXII – Critères utilisés pour la sélection des matières en vue de l’analyse tracéologique. 1. Quartzite ; 2. Quartz ; 3. Roches siliceuses ; 4. Quartz hyalin. Nombre total de pièces analysées : 136. Tableau 6.XXIII – Corrélation entre les variables observées dans les études technologique et tracéologique. Seules les pièces qui présentaient des vestiges d’utilisation (31 sur les 136 exemplaires analysés ; Igreja, 2013) ont été prises en compte dans ce tableau. R.S. Roches siliceuses ; Q.H. Quartz hyalin ; Ind. Indéterminé Tableau 6.XXIV – Quantification des restes fauniques par secteur de fouille : NTR. Nombre total de restes ; ND. Nombre de restes non déterminés ; NRD. Nombre de restes déterminés. Le NDR est également présenté par taxon (Valente, 2008 ; 2013). Tableau 6.XXV – Mammifères : nombre total de restes déterminés (TRD) et nombre minimum d’individus (NMI), par taxon et par secteur/niveau de fouille/occupation (Valente, 2008 ; 2013). Tableau 6. XXVI – Structures (S.) documentées à Barca do Xerez de Baixo par types et par secteurs (ST.) et niveaux d’occupation. Tableau 7.I – Vale Frade : répartition spatial (A) et vertical (B) des vestiges archéologiques. * Inclut mammifères, oiseaux, reptiles et amphibies ; ** un os provenant du carré D20, sans référence stratigraphique, n’as pas été décompté. Les crustacés (des crabes, pour la plupart) se font représenter par leurs pinces. Tableau 7.II – Vale Frade : inventaire des espèces fauniques, en nombre de restes (NR), en excluant la malacofaune. Sources : Araújo et al, 2014 ; Gabriel, 2015. Tableau 7.III – Vale Frade : industrie lithique. %a (par matière première) ; %b (par catégorie technologique). Tableau 7.IV – Vale Frade : paramètres techniques et métriques des éclats, par matière première. Tableau 7.V – Vale Frade : caractérisation technique et métrique des outils. Tableau 7.VI – Vale Frade : quelques paramètres pris en compte dans l’analyse des coquilles percées. Il n´était pas possible d’observer la morphologie de l’ouverture sur six exemplaires, étant donné son degré de fracture. E (Entier) ; F (Fracturé) ; Circ. (Circulaire) ; Irreg. (Irrégulière) ; Along. (Allongée). xxiii

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Tableau 7.VII – Cabeço do Curral Velho : répartition technologique de l’industrie lithique. % de pièces thermoaltérées = 26% ; * 2 lames à crête et 2 flancs de nucléus. Tableau 7.VIII – Pinhal da Fonte : répartition technologique de l’industrie lithique, par matières premières. Ne concerne que les pièces récupérées au cours des travaux de 2000. Tableau 7.IX – Pinhal da Fonte : état de conservation des éclats et des lamelles ; paramètres métriques des deux types de supports. Tableau 7.X – Pinhal da Fonte : caractérisation des nucléus de type pièce-esquillée. * Par rapport au sens du débitage. Les dimensions ne concernent que les exemplaires entiers (N=12).

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Annexe 5.A – Areeiro III : industrie lithique (par catégories technologiques) provenant des six mètres carrés sélectionnés par N. Bicho dans le cadre de son étude. QZI (quartzite) ; QZ (quartz) ; SL (silex) ; AUT (autres matières premières). Annexe 5.B – Areeiro III : répartition des supports allongés (de type lame ou lamelle) bruts et retouchés par classes de longueurs, largeurs et épaisseurs. Annexe 5.C – Areeiro III : paramètres métriques des armatures et des lamelles brutes présentés par Bicho, 2000 (organisé à partir des Tables 70, p. 229 ; 82, p. 241 ; 83, p. 242). Annexe 5.D – Areeiro III : listage des pièces retouchées (organisé à partir de l’inventaire présenté par Bicho, 2000 – Appendix A – Preliminary tool typologies, p. 367, 368, 369). Annexe 5.E – Areeiro III : nucléus provenant d’autres carrés non étudiés dans la présente étude. Comme nous l’avons mentionné (Point 5.6.1), le nucléus nº 4 a put donner naissance, par exemple, aux armatures géométriques. Dessins F. Boto. Annexe 6.A – Distribution de l’industrie lithique par grandes catégories technologiques et par secteurs de fouille (en nombre et en pourcentage de représentation). Annexe 6.B – Productivité et degré d’exploitation de chaque matière première par secteur de fouille. Total A : total des pièces prises en compte dans cette analyse ; Total B : Total général existant pour chacune des matières premières (comprend toutes les catégories technologiques). R.S. Roches siliceuses. Annexe 6.C – Productivité et degré d’exploitation de chaque matière première par niveau d’occupation. Note : dans le cas du Secteur 1, 2634 pièces provenant des niveaux 8 à 15 ont été supprimées, à l’exception des carrés M33, M34, K33 et K34. Dans le cas du Secteur 2, seule le 3ème horizon d’occupation est représenté (niveaux 22 à 25). Annexe 7.A – Palheirões do Alegra : inventaire, par catégories technologiques, des matériaux lithiques analysés. Total A – concerne les industries recueillies, en surface, en dehors de la dénommé Lareira do sílex (feu du silex) ; Total B – industrie en silex trouvée, en surface, à l’intérieur de cette structure ; Total C – industrie taillée dans d’autres matières-premières présente, en surface, dans les mêmes carrés où se trouvait la dite structure. Annexe 7.B – Palheirões do Alegra : industrie trouvée dans la dénommé Lareira do sílex (feu du silex) par matières premières et par catégories technologiques. MHT (roches métamorphiques hydrothermales) ; R.S. Roches Siliceuses.

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Résumé Vers 9500 cal BC, divers changements s’opèrent dans la vie des communautés qui, dorénavant, seront appelées mésolithiques, changements qui les écartent assez nettement des modèles de comportement reconnus pour les périodes précédentes. Si certaines des compétences ancestrales ont clairement transité vers l’Holocène, d’autres solutions de vie ont été mises en œuvre. Les groupes deviennent plus itinérants et plus dépendants des ressources marines. Des amas coquilliers apparaissent tout au long de la façade atlantique et dans des contextes situés à l’intérieur des terres. Les choix techniques et les moyens d’acquisition sont adaptés et créés en fonction de besoins situationnels spécifiques à chaque site. Cette flexibilité dans les façons de faire est propre aux groupes du Mésolithique ancien et contraste avec la rigidité des normes qui caractérise le système technique des populations magdaléniennes. Mots clés : Portugal ; Mésolithique ancien ; Chronométrie ; Peuplement ; Productions lithiques ; Subsistance ; Amas coquilliers

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Abstract Around 9500 cal BC, a number of changes take place in the life ways of human groups that, henceforth, will be designated as Mesolithic. These changes set them apart, behaviourally, from the preceding periods. Even though the ancestral knowhow was passed across the Pleistocene/Holocene boundary, new solutions were implemented. Groups became more mobile and more dependent on the exploitation of marine resources. Shell middens crop up not just all along the Atlantic façade but also in more interiorly located sites. Technical choice and mode of resource extraction are situationally adapted and/ or created. This behavioural flexibility is specific to the early Mesolithic and contrasts with the rigidity of Magdalenian peoples’ technical systems. The History of the earliest Mesolithic communities in Portugal is mainly based on the study of three early Mesolithic key-sites, Toledo, Areeiro III and Barca do Xerez de Baixo, with a main focus on their lithic industries (recreating all the production process), although other archaeological components are also presented and discussed. Despite being contemporary at a radiocarbon scale (they all accumulated during the Boreal chronozone), each of these sites represents a distinct way of the use of space and of the available local resources. Toledo (ca 7500 – 8000 cal BC) – Chapter 4, Part II – is a shell midden presently located in the littoral of Estremadura (central Portugal), near the estuary of the Alcabrichel River. Diverse species of molluscs, fish and mammals are present, showing the exploitation of terrestrial, littoral, riverine and estuarine habitats. The site testifies the production of small flakes and chips made from local poor-quality siliceous rocks, which were probably used as barbs of composite tools. Raw materials (quartzite and quartz cobbles, angular and tabular siliceous blocs) were exploited applying simple and expedient strategies, taking advantage of the natural edges of the volumes to guide debitage. Toledo functioned as a temporary camp, occupied during repeated short-stays, in the warmest periods of the year on the basis of the faunal results. Areeiro III (ca 7200 – 8200 cal BC) – Chapter 5, Part II – is located in the interior of Estremadura, at the base of the Aire and Candeeiros Mountain complex. Flint outcrops of very good quality are locally available and surely drew the Mesolithic communities to the area. The site did not preserve organic matter besides charcoal, but domestic structures (fire-places) and lithic industries were recovered in an extensive area. Debitage was oriented towards the production of very small and thin bladelets, most often applying a carinated reduction strategy (with the cores presenting shapes that could typologically be considered as carinated and nosed scrapers and carinated burins).These tiny blanks were slightly transformed by retouch into Areeiro bladelets, a subtype of the Dufour bladelets. It is very possible that this site has functioned as a temporary camp of residential nature, where several activities were performed. Barca do Xerez de Baixo (ca 7000 – 8000 cal BC) – Chapter 6, Part II – is located in the interior of southern Portugal, near the Spanish border. The Guadiana River is the most important geomorphological element and the one that attracted Mesolithic people to its banks. Flint is absent and the local quartzite and quartz cobbles were used to produce non standardized flakes (using simple and expedient strategies adapted to cobble morphology and dimensions), which were rarely transformed by retouch. The cutting edges of the flakes were used to process aurochs (the main species recovered at the site), but also red deer and horse. This task was supported by fire, shown by several combustion structures found in different sectors of the site. It is likely that the platform over the Guadiana River was visited during several repeated short-term episodes related to hunting and subsequent carcass processing and meat curing. These three contexts were selected from an assemblage of 26 early Mesolithic sites presently known in Portugal. They were all presented and used in the debate – Chapter 7, Part III – to reinforce some of the features represented in the three aforementioned sites and in order to complete the range of solutions adopted or created by Mesolithic groups. It is important to note that the majority of these early Mesolithic sites were almost exclusively related to the gathering and immediate consumption of sea-food, mainly molluscs, being rare or even absent other types of remains – Chapters 1, 2 and 3, Part I. The most complete archaeological record for the early Mesolithic known so far is that of Estremadura. With this record it was possible to construct a model of the internal organization of these societies (Chapter 8, Part IV). This takes into account lithic production and exploited resources, and how these affected the mobility and social arrangements of early Mesolithic groups. This data was then compared with that for the preceding final Upper Palaeolithic. In this way it has proven possible to understand changes over time. Key words : Portugal ; Early Mesolithic ; Absolute dating ; Settlement ; Lithic productions ; Subsistence ; Shell middens

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Remarque préliminaire et Remerciements Ce travail correspond à la publication d’une thèse de doctorat soutenue à l’Université de Paris I (Panthéon, Sorbonne) en Mars de 2012, sous la direction de Madame Nicole Pigeot. Le jury a été présidé par Didier Binder et a également intégré Thierry Aubry, Pierre Bodu, Philippe Crombé, Grégor Marchand, Nicole Pigeot et Boris Valentin. Des altérations ponctuelles ont été effectuées à ce travail, en vue de leur publication par Hadrian Books, mais il demeure essentiellement identique en leur essence. Ce travail n’aurait pas été jamais possible sans le soutien inconditionnel de Nicole Pigeot et de Boris Valentin. Je les remercie vivement. Avant tout et avant tous … Je tiens aussi à remercier : João Zilhão, Thierry Aubry, Francisco Almeida et Cristina Gameiro pour être toujours prêts à éclairer mes doutes ; enfin, pour la complicité de tant d’années Luis Raposo et Nuno Bicho qui m’ont permis, sans restrictions ni obstacles, d’étudier leurs sites Monge Soares, pour avoir répondu à mes pourquoi sur les motifs et la signification de raconter notre histoire à partir de ses chiffres ; surtout ceux qui proviennent de la mer Toute l’équipe du Musée National d’Archéologie, en particulier son ex-directeur Luis Raposo, pour m’en avoir ouvert les portes comme si cette maison était aussi la mienne Au Musée Municipal Leonel Trindade, en particulier Isabel Luna pour sa disponibilité et son aide Tous les chercheurs qui ont participé à l’étude des gisements fouillés sous ma direction scientifique : Catherine Dupont, David Gonçalves, Diego Angelucci, Francisco Almeida, Jorge Trindade, Maria João Valente, Mariana Diniz, Marina de Araújo Igreja, Marta Moreno-García, Sónia Gabriel Tous mes amis et collègues du CIPA et de l’ex-IPA qui ont participé un jour au même rêve Miguel Soromenho et Manuel Lacerda pour la liberté accordée João Maurício et Pedro Souto, pour leur promptitude à répondre à mes appels José Paulo Ruas, pour les photos, Ana Palma, Fernanda Boto, Katherine Monigal et Sergei Tatartsev, pour les dessins ; Guida Casella, pour les illustrations Ma famille, et tout particulièrement mon fils João ; Henrique auquel j’ai volé, avec son accord, le titre de son livre Du Temps et du Paysage pour baptiser mon Chapitre 3 Tous mes amis et amies, beaucoup d’entre eux partagent la même passion pour le Passé et les mêmes espoirs pour l’Avenir, je leur réserve, du fond du cœur, le mot de gratitude de mon pays natal…Kanimambo Et pour que cela reste bien présent à la fin, José Paulo Ruas, mon ami de tous les jours, pour s’être consacré à ce travail comme s’il s’agissait aussi du sien ; à Eveline Martin, pour donner expression et sens à mes mots. Sans l’un et l’autre ce travail n’aurait jamais été tangible ni lisible.

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PARTIE I Présentation

1 Introduction habitat marin et estuarien, même dans des contextes situés à des distances très considérables de la ligne de côte fossile. L’introduction de cette composante dans le régime des communautés humaines – bien plus qu’une introduction, il s’agit d’une dépendance – a eu des conséquences évidentes dans d’autres domaines comportementaux qui ne peuvent pas être négligés car ils s’éloignent des standards observés au cours des phases immédiatement antérieures et parce qu’ils se manifestent à l’échelle du territoire. Dans ce sens, ils constituent des réponses innovantes, créées par le collectif, qui doivent être mises en relief et analysées en tant que singularités du processus historique et qui justifient d’en faire un moment frontière. Ainsi, à ce Mésolithique ancien, qui est dans le même temps conservateur et innovant, succède un Mésolithique récent au cours duquel des tendances qui viennent du passé se consolident et culminent par des changements, plus profonds cette fois, dans les stratégies de survie des derniers représentants du mode de vie sauvage.

1.1. Un point de départ et deux perspectives En dépit du caractère plus ou moins arbitraire que comporte toute limite ou définition, les termes Épipaléolithique ou Mésolithique ancien ont été appliqués, au Portugal, à l’enregistrement archéologique de données produites au cours des premières phases du Postglaciaire (chronozones Préboréale et Boréale). L’utilisation de l’un ou l’autre de ces termes n’est pas fortuit, elle dépend, selon les points de vue, de la plus grande importance accordée aux aspects qui se situent dans la continuité du mode de vie antérieur (c’est-à dire, de la fin du Paléolithique) ou, dans une optique inverse, de l’accent que l’on veut mettre sur certaines caractéristiques considérées comme innovantes, singulières et qui sont spécifiques au côté Holocène de la séquence. Cette différence de perspective, ou de façon de hiérarchiser les faits, produit bien entendu des interprétations distinctes sur le même processus historique. Dans la première perspective, l’Epipaléolithique correspond à un mode de vie paléolithique qui s’est prolongé dans les temps postglaciaires et, hormis le facteur chronologique, il n’existe rien de vraiment substantiel et différenciateur dans la structure et l’organisation des sociétés humaines qui ont passé la frontière de l’Holocène. Partant de l’ensemble des données archéologiques enregistrées pour l’Estrémadure portugaise, ce présupposé se fonde surtout sur l’absence de variations dans la composition des ensembles lithiques (types et modes de fabrication de supports et d’outils) et dans le réseau de peuplement entre la fin du Pléistocène et le début de l’Holocène. La rupture avec le monde paléolithique se produit, toujours d’après ce point de vue, au cours d’une phase plus récente (appelée Mésolithique), contemporaine de la chronozone Atlantique, lorsque l’on assiste à une nette réorganisation des sociétés de chasseurscueilleurs autour des grands estuaires qui se sont formés au cours de la transgression flandrienne.

L’histoire des sociétés de chasseurs-cueilleurs du Postglaciaire se déroule ainsi en deux temps distincts : un premier temps qui correspond, d’après la terminologie qui sera désormais utilisée dans ce travail, au Mésolithique ancien (ca 9 500 – 6 800 cal BC) et qui constitue notre objet d’étude ; un deuxième temps, appelé Mésolithique récent2 (ca 6 500 – 5 200 cal BC), au cours duquel non seulement certaines des caractéristiques comportementales apparues (ou devenues visibles sur le plan archéologique) au cours de la phase précédente vont s’accentuer, mais encore de nouvelles compétences et priorités vont émerger. Les fameux sites coquilliers de l’Atlantique, identifiés dans les vallées intérieures des fleuves Tage (Muge/ Magos) et Sado3, datent de cette dernière phase. Ceux-ci, curieusement4, symbolisent à la fois la plénitude du mode de vie mésolithique au sein de la recherche archéologique portugaise et constituent le leitmotiv dans le débat, plus actuel, autour des origines du Néolithique et du rôle joué par le substrat indigène dans ce processus.

Sans pour autant mettre en cause la continuité du processus1 – celle-ci est particulièrement visible dans les deux aspects évoqués ci-dessus pour la région de l’Estrémadure (production lithique et répartition géographique des sites) – la perception que quelque chose a changé dans la trajectoire des groupes humains dès la transition vers l’Holocène, se base, entre autres aspects – en se situant (maintenant) dans la deuxième perspective évoquée plus haut et dans celle adoptée dans ce travail -, sur l’apparition de gisements de type amas coquillier dans le registre archéologique des zones littorales et sur la présence, systématique, de vestiges liés à la consommation élargie de mollusques à

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Appelé également, tardif ou final, dans le cadre de la recherche archéologique. 3 La découverte du premier amas coquillier dans la vallée du Tage remonte à 1863 (Ribeiro, 1884) et, en ce qui concerne la vallée du Sado, aux années 1930 (Barradas, 1936). Pour l’historique des interventions sur le terrain et des recherches conduites dans les deux amas coquilliers, voir Cardoso et Rolão, 2002/2003; Carvalho, 2009. 4 Curieusement, parce-que la recherche sur le Mésolithique récent ce fait dans la perspective du néolithicien ; c’est-à-dire, les archéologues qui se penchent sur cette période, en considèrent les deux dernières décennies, ont comme but, dés le départ, justifier la thèse d’une supposé néolithisation indigène et non l’étude du Mésolithique récent proprement dite (mais pour ces chercheurs, le véritable Mésolithique est, curieusement, le récent).

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La continuité est, par nature, une caractéristique inhérente (et récurrente) du devenir historique.

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Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Les limites chronologiques suggérées pour le commencement et la fin de cette étude comportent, bien entendu, une marge d’incertitude liée non seulement à la nature de l’objet d’étude proprement dit, mais également aux limitations de l’enregistrement archéologique (hiatus dans le temps ; vides dans l’espace) et à l’échelle de temps que les méthodes de datation absolue permettent de reconnaître également avec une marge d’incertitude. Ajoutons, encore, afin de souligner le caractère diffus que les deux frontières admettent, le fait que l’enregistrement archéologique reflète surtout ce qui, dans le passé, a constitué un comportement stabilisé, mais qu’il y a nécessairement eu un temps de maturation.

on le verra au cours de ce travail, ces trois sites, pris dans leur ensemble, donnent une image englobante et solide de l’histoire des sociétés de chasseurs-cueilleurs des premières phases du Postglaciaire, compte tenu de certaines de leurs facettes comportementales plus importantes et stratégiques (technologie lithique et subsistance). Cette caractérisation impose, néanmoins, d’ouvrir plus tard le débat en lui adjoignant les autres gisements qui datent de cette période, lesquels, d’une façon ou d’une autre, s’insèrent dans l’un ou l’autre des prototypes, de façon à renforcer, compléter et élargir ça et là l’éventail des solutions mises en œuvre par les communautés humaines qui ont laissés des vestiges de leur passage dans des zones géographiques distinctes du territoire portugais.

1.2. Les objectifs de l’étude Bien qu’ils appartiennent à une même époque – les datations radiométriques montrent de nettes superpositions entre les trois contextes, ce qui suggère qu’ils ils ont pu être occupés aux mêmes moments Fig. 1.1) – chacun de ces sites représente un mode distinct d’exploitation de l’espace, ce qui se reflète bien entendu sur le type de vestiges qui y sont documentés, particulièrement en ce qui concerne la production lithique. Comprendre la nature de cette variabilité – quelle en est l’origine, comment elle se manifeste et comment elle s’explique – constitue le premier et le principal objectif de ce travail.

Le présent travail est de nature synchronique. Il se base, en effet, sur l’étude d’une réalité archéologique, le Mésolithique ancien, dont la caractérisation se fera à partir de l’analyse approfondie de trois contextes archéologiques semi-contemporains à l’échelle du radiocarbone (ils datent de la chronozone Boréale), entendus ici comme des prototypes (référentiels) d’un même mode de vie qui admet des solutions différenciées et la mise en œuvre de compétences distinctes en fonction des exigences des groupes et des contingences de l’environnement. Comme

Figure 1.1 – Datations 14C (cal BC, à 2σ) et localisation des trois gisements qui fonctionnent, dans la présente étude, comme référentiels dans l’essai de caractérisation du Mésolithique ancien portugais.

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Partie I – Introduction

Toledo, Areeiro III et Barca do Xerez de Baixo ont été sélectionnés parmi 26 sites connus actuellement sur le territoire portugais, pour la période visée dans la présente étude. Ce choix reflète non seulement l’importance qu’assume la culture matérielle qui y est représentée –sans égal dans la géographie humaine du Mésolithique ancien – mais encore parce qu’ils permettent, séparément, de faire le pont (la continuité) ou de montrer l’éloignement (la rupture) avec le monde précédent. Ils sont, par ailleurs, suffisamment distants du temps des derniers chasseurs des époques glaciaire (Tardiglaciaire) et postglaciaire plus avancée (Atlantique) pour que le facteur d’ambiguïté que suscite toujours la proximité chronologique entre des moments successifs (les entre-temps), ne constitue pas une entrave à une caractérisation aussi solide que possible des solutions concernant les techniques, l’économie, la diète et le mode d’implantation des sites.

réduite à quelques petites zones de pins maritimes et de pins pignon dispersés dans le paysage, les sols sont en effet essentiellement utilisés pour la culture d’espèces horticoles, de vergers et de vignes. Le littoral présente une certaine diversité dans ce secteur de la côte dont les hautes falaises sont entrecoupées, ponctuellement, par des plages de sable qui se forment à l’embouchure des cours d’eau. La zone draine vers l’Atlantique. L’océan et le fleuve Alcabrichel constituent les éléments géomorphologiques les plus importants et ceux qui, en fin de compte, ont motivé le choix de cet endroit comme lieu de séjour des groupes humains mésolithiques. La composante de ressources marines et d’origine fluviale et estuarienne se détache naturellement parmi l’éventail, très diversifié, de vestiges matériels qui y sont documentés. C’est cette diversité au sein de la culture matérielle et le lien très fort qui s’est établi entre l’homme et la mer et que l’archéologie du site documente si bien, qui confèrent au lieu un caractère exceptionnel parmi l’ensemble des sites de type amas coquillier existant le long de la bande littorale. Les travaux sur le terrain conduits dans ce gisement ainsi que les recherches produites sur les diverses vestiges matérielles du registre archéologique, se sont déroulés dans le cadre d’un projet de recherche pluridisciplinaire dont j’ai moimême assuré la coordination.

Les trois gisements sont situés dans des unités de paysages très différentes qui, bien qu’elles s’insèrent toutes dans la région Sud de Orlando Ribeiro (1998), présentent des caractéristiques méditerranéennes très marquées5, avec tout de même des contrastes bien définis compte tenu des divers éléments qui caractérisent la géographie physique et humaine portugaise. Toledo (IIème Partie, Chapitre 4) est un site de type amas coquillier situé sur le littoral de l’Estrémadure (Portugal central, Fig. 1.1, nº 1), à 4km en ligne droite de la côte actuelle.

Areeiro III (IIème Partie, Chapitre 5) est un site de plein air situé dans le bassin du fleuve Maior (un affluent de la rive droite du Tage inférieur), à un peu plus de 2km du versant sud de la Serra dos Candeeiros, un relief montagneux orienté NE-SO qui fait partie du massif calcaire mésozoïque de l’Estrémadure (Fig. 1.1, nº 2). Cette unité géomorphologique forme une barrière naturelle élevée (670m d’altitude maximum) qui sépare les reliefs peu élevés de la bordure littorale (à l’Ouest), des plaines du bassin sédimentaire tertiaire du Tage (au Sud et à l’Est). La zone draine vers le Tage et vers l’Atlantique. La région de Rio Maior s’insère dans la zone phytoclimatique de transition atlantique-méditerranéenne et subméditerranéenne (Albuquerque, 1984) et partage les mêmes formations végétales autochtones, mentionnées pour la région de l’Estrémadure littorale. A l’heure actuelle, il ne reste que peu de vestiges de la forêt primitive méditerranéenne, les pinèdes, les oliveraies et surtout les eucalyptus en constituent les principales formations arborées, parallèlement à des espèces indigènes qui y subsistent encore, particulièrement dans la zone du massif calcaire : le chêne kermès (Quercus coccifera), l’arbousier (Arbutus unedo), le pistachier lentisque (Pistacia lentiscus), entre autres. Les sources de matière première siliceuse de bonne qualité, omniprésentes dans le paysage, ainsi que les ressources cynégétiques qui peuplent la montagne ont certainement dû constituer les principaux facteurs qui ont attiré les communautés qui se sont installées à Areeiro III ... mais pas seulement. C’est là aussi, dans le bassin du fleuve Maior et avec la montagne à l’horizon, que se concentre un des plus importants noyaux de peuplement du Paléolithique supérieur, couvrant divers moments de la séquence chrono-stratigraphique, notamment de ses phases finales. Dans ces sites, malheureusement, à l’exception des

La région de l’Estrémadure (Portugal central) est limitée au Nord par le bassin du fleuve Mondego, au Sud et à l’Est par le bassin tertiaire du Tage et par des terrains montagneux du Paléozoïque (à l’Est/Nord-est), et à l’Ouest par l’océan Atlantique. Cette région présente une mosaïque de caractéristiques plus atlantiques (Nord et littoral) et plus méditerranéennes (Sud et Est), mais pour l’essentiel c’est le caractère méditerranéen qui s’impose : au niveau du climat, de la couverture végétale et des territoires créés par l’homme au cours du temps (Ribeiro, 1998). Du point de vue lithologique, la région présente également une grande diversité : les calcaires, les marnes et les arénites dominent les terrains mésozoïques au Nord et à l’Ouest ; les argiles, les arénites et les conglomérats caractérisent les terrains cénozoïques du bassin du Tage situés au Sud et au Sud-est. Cet amas fait partie de la zone phytoclimatique atlantique-méditerranéenne (Albuquerque, 1984), domaine traditionnel de l’olivier (Olea europaea var. sylvestris), du pin maritime et du pin pignon (Pinus pinaster / pinea), du chêne portugais (Quercus faginea) et du chêne liège (Quercus suber). Actuellement, et suite à la forte pression anthropogénique des dernières décennies, la forêt est

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Il existe un gradient de variation non négligeable du Nord vers le Sud et du littoral vers l’intérieur, au long duquel la précipitation diminue et les températures augmentent. L’altitude tend à modérer les températures et à accentuer la pluviosité.

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Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

charbons de bois, seuls ont subsisté au passage du temps les vestiges les plus résistants : les industries lithiques et les roches thermoaltérées. La composante “armature” est représentée ici (types et modes de fabrication) et fait également d’Areeiro III un lieu d’exception dans le panorama du Mésolithique ancien portugais. Ce site a été fouillé en 1989 dans le cadre d’une intervention d’urgence dirigée par Nuno Bicho (1991) et a été intégré par la suite dans sa thèse de doctorat (2000)6.

de Baixo ont été visités à nouveau à des moments bien postérieurs (Néolithique final/Chalcolithique), mais ces occupations ont dû revêtir un caractère épisodique étant donné la rareté des vestiges abandonnés au cours de ces passages. Dans les régions où ces communautés de Mésolithique ancien se sont établies, en donnant lieu à la formation de ces trois contextes archéologiques, il existe des occupations qui datent du Magdalénien supérieur/ final qui serviront, dans le cadre de la conclusion, de terme de comparaison dans l’essai de caractérisation diachronique du processus historique.

Barca do Xerez de Baixo (IIème Partie, Chapitre 6) est situé dans la région intérieure de l’Alentejo, près de la rive droite du fleuve Guadiana, le plus grand cours d’eau du sudouest de la Péninsule Ibérique qui prend sa source dans la « meseta » (plateau) espagnole (Fig. 1.1, nº 3). La région fait partie de la zone phytoclimatique ibéro-méditerranéenne, domaine du chêne vert (Quercus ilex) et du chêne liège (Quercus suber), avec le ciste (Cistus ladanifer) qui en constitue la principale formation arbustive. Fleuve au débit irrégulier et au parcours sinueux, le Guadiana entre sur le territoire portugais en s’infléchissant vers le NordSud, rompant avec la plaine monotone, chaude, sèche et aride de l’Alentejo, avant de se jeter dans l’Atlantique, à Vila Real de Santo António (Algarve), où il sépare le territoire portugais de sa voisine l’Espagne. Il n’y a donc rien d’étonnant qu’il ait constitué un important cours d’eau, qui ressort nettement dans le paysage, le principal facteur qui a attiré non seulement les groupes humains mésolithiques, mais également des animaux sur ces rives ou près de celles-ci. L’absence de silex dans la région contraste avec l’abondance du quartzite que l’on trouve en grande quantité jusque dans le lit du fleuve et sur les terrasses alluviales. Cette matière première qui apparaît sous la forme de galet roulé, a donné naissance à une production lithique de type macrolithique dont l’étude devait élargir notre connaissance de l’éventail des habilités techniques mises en œuvre par les groupes mésolithiques et contribuer, dans le même temps, à une réévaluation (une de plus) du statut conceptuel de ce qui constitue (encore) le Languedocien et de ses traits distinctifs. Dans une région où l’eau est rare, les sols produisent peu et les populations d’aujourd’hui partent, le fleuve Guadiana devait finir par donner naissance, au XXIe siècle, à l’un des plus grands lacs artificiels d’Europe, suite à la construction du méga barrage de l’Alqueva qui a submergé non seulement le site de Barca do Xerez de Baixo mais encore des centaines d’autres contextes archéologiques existant dans la région. Les fouilles se sont déroulées dans le cadre des mesures de minimisation des impacts sur le patrimoine résultants de la construction de ce complexe. J’ai assuré, avec Francisco Almeida, la coordination des travaux de terrain et des recherches réalisées, en conséquence, sur toute l’archéologie du site.

Le présent travail est donc synchronique en ce qui concerne l’analyse des données et diachronique en ce qui concerne l’interprétation des faits. Percevoir la singularité du moment, l’objectif défendu plus haut (point 1.1.), n’acquiert de consistance que si l’on introduit dans le débat les normes existant dans les moments qui l’ont précédé immédiatement, c’est-à-dire le Paléolithique supérieur final, afin de comprendre la nature des changements qui se sont opérés dans la vie des communautés humaines au cours de la transition du Pléistocène vers l’Holocène. Ce qui constitue le second objectif de la présente étude. 1.3. Approche, méthodologie et terminologie Les différences existant au sein de la culture matérielle lithique entre Toledo, Areeiro III et Barca do Xerez de Baixo ont été déterminantes au moment de sélectionner les contextes qui devaient servir de référentiels à la caractérisation du Mésolithique ancien portugais. Cette composante du registre archéologique occupe une place centrale dans le présent travail – il s’agit d’ailleurs de mon domaine de recherche et celui qui a déterminé également la façon dont ce texte a été structuré. La taille de la pierre a constitué une des activités techniques les plus importantes et les plus stratégiques dans le quotidien des sociétés qui ont pratiqué un mode de vie basé sur la chasse et la cueillette d’aliments. Elle a ouvert la porte à la survie, en multipliant les taches et les activités ; elle a élargi, enfin, l’éventail des possibles. La taille n’est donc pas aléatoire : elle a ses raisons, ses contraintes et ses règles qui se définissent et se modifient dans le temps et dans l’espace. Elle répond à des stimuli et des besoins ; elle s’adapte aux matières premières ; elle obéit à des normes de comportement et à des aptitudes conditionnées sur le plan historique et phylogénétique qui font partie du bagage culturel de chaque groupe, à tout moment et en tout lieu. Comme il a constitué le moyen d’acquisition le plus important pour les communautés qui ont pratiqué, durant des millénaires, un mode de vie sauvage, le lithique est également pour le chercheur l’outil d’analyse par excellence dans l’essai de reconstitution de savoirs ancestraux ; de la façon dont les individus ont établi des relations avec la nature et ses ressources ; de la manière dont les groupes se sont organisés à l’échelle du site et de leur territoire.

Dans les trois sites présentés ici, les séquences commencent invariablement au Boréal. Toledo et Barca do Xerez

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La date de 2000 se rapporte à la date de publication de la thèse, celleci a néanmoins été défendue en 1992 (Southern Methodist University, Dallas, Texas, EUA).

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Partie I – Introduction

La perspective technologique, qui repose sur le concept de la chaîne opératoire7 (Leroi-Gourhan, 1964 ; Mauss, 1947), permet de reconstruire les séquences opérationnelles de fabrication, lesquelles se confondent, en dernière instance, avec les intentions et les choix des artisans qui déterminent la meilleure façon de faire pour obtenir et utiliser. Le remake du processus est multidisciplinaire et s’appuie sur divers outils analytiques, méthodologiques et conceptuels qui tiennent compte, à l’évidence, aussi bien d’aspects plus vastes concernant l’organisation et le fonctionnement interne des sociétés que des contraintes et des opportunités que la nature impose ou offre au comportement humain.

Le vocabulaire technique utilisé dans ce travail a été importé du lexique terminologique établi par J. Tixier, M.-L. Inizan et H. Roche, 1980. En fonction des caractéristiques et du type d’analyse que chacun des sites a suscité, d’autres termes et d’autres chercheurs ont été introduits ou invoqués. 1.4. Plan Faisant suite à cette introduction (Chapitre 1), la Ière Partie comprend, en outre, deux chapitres consacré l’un aux données empiriques (Chapitre 2) et l’autre aux informations paléoenvironnementales (Chapitre 3) existant sur le territoire portugais pendant la période prise en compte dans le cadre de ce travail. Ces deux chapitres constituent ainsi les données de départ, à partir desquelles, j’ai cherché à donner une image englobante mais succincte des principales caractéristiques de la Culture, du Temps et du Paysage durant le Préboréal et le Boréal. Les données mises à disposition ici seront évoquées à nouveau dans les IIIème et IVème Parties au moment de la construction de l’argumentation finale.

Bien que Toledo, Areeiro III et Barca do Xerez de Baixo partagent la même époque, ces trois contextes montrent, comme nous l’avons mentionné, des compositions lithiques distinctes qui se manifestent à plusieurs niveaux : depuis les types de matière première travaillés jusqu’aux processus techniques mis en œuvre et aux types d’outils représentés. L’approche utilisée pour chacun des ensembles industriels a été bien entendu conditionnée par le site et ses circonstances, dans la mesure où il est devenu très vite évident que les intentions qui ont guidé la fabrication et l’utilisation que les artisans ont voulu donner aux objets n’étaient pas les mêmes. Bien que, dans ce travail, l’accent soit mis sur la taille de la pierre, cette composante n’est pas indépendante des activités qui ont été développées dans ces lieux ni des groupes qui les ont produites. Ainsi, les questions qui se posent au départ, les méthodes, les critères et les outils d’analyse ne sont pas identiques pour chaque site, d’autant plus que le type de vestiges ainsi que leurs conditions de préservation ne sont pas semblables. C’est donc dans le cadre de chacune des études monographiques que sera présentée et justifiée la méthodologie d’analyse estimée la plus pertinente et la plus ajustée compte tenu des différentes problématiques que suscite chaque site. Il existe toutefois des outils méthodologiques et conceptuels communs qui ont orienté les recherches, indépendamment des spécificités de chaque gisement. La caractérisation des activités de taille a tenu compte de toutes les étapes du processus technique de fabrication (reconstitution des chaînes opératoires), en appliquant le principe du remontage mental (Pelegrin, 1995) ou en suivant la voie du remontage physique. Étant donné que l’ensemble du processus de fabrication tourne autour de la matière première – acquisition, production et consommation (Pigeot, 1987) – dans une logique qui ne s’écarte guère du rapport coût-bénéfice, la lecture technologique des ensembles lithiques s’est basée aussi sur les concepts de l’économie du débitage (Inizan, 1980 ; Perlès, 1991) et de l’économie des matières premières (Perlès, 1991).

La IIème Partie comprend les études de Toledo (Chapitre 4), d’Areeiro III (Chapitre 5) et de Barca do Xerez de Baixo (Chapitre 6), les trois contextes qui servent de références. Les sites sont présentés en détail : taphonomie, stratigraphie, méthodologies d’analyse des ensembles lithiques, analyse technologique, données sur la subsistance, la nature et la fonctionnalité des occupations. Dans la IIIème Partie, Chapitre 7, les autres contextes sont évoqués afin de renforcer et compléter la variabilité des solutions entreprises par les communautés du Mésolithique ancien. Toledo est mis à l’épreuve en invoquant les autres gisements de type amas coquillier existant le long du littoral centre et sud (sous-chapitre 7.1) ; Areeiro III est comparé aux contextes de plein air, de grotte ou d’abri identifiés dans les terres intérieures de l’Estrémadure (sous-chapitre 7.2) ; Barca do Xerez de Baixo sert de prétexte pour aller plus loin dans la problématique entourant les industries macrolithiques, en se reportant par la même occasion à d’autres contextes similaires (sous-chapitre 7.3). Dans la IVème Partie – le point d’arrivée -, des interprétations sur l’origine, comment se manifeste et comment s’explique la variabilité du registre archéologique du Mésolithique ancien sont présentées. Pour comprendre la nature de cette différenciation – qui se manifeste à plusieurs niveaux – diverses hypothèses d’explication sont envisagées ; elles sont liées a) à la situation géographique et au type de ressources lithiques et fauniques exploitées dans chacun des lieux ; b) aux activités qui y sont développées ; c) à la nature et la durée des occupations proprement dites. Ou pour l’exprimer sous une forme interrogative, est-ce le lieu et ses circonstances qui ont déterminé la mise en œuvre de réponses distinctes parmi l’éventail des choix possibles, connus et partagés par chacun des groupes ? Ou la nature de la différenciation est-elle liée aux territoires exploités par des groupes distincts qui possèdent des traditions technologiques distinctes ? La réponse à ces questions

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Ensemble d’opérations et de procédures techniques, prévues, organisées et repensés au cours de phases successives, et conçues à partir d’un schéma mental prédéterminé. Ce mode de lecture de l’objet (ou mieux, de tous les objets produits au cours des opérations de taille) a été préconisé par Leroi-Gourhan et il a été utilisé, dans l’étude de Pincevent, en tant que mode de reconstitution des activités mises en œuvre dans ce site.

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Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

donnera naissance à une proposition de modèle sur les modes d’organisation des communautés humaines qui ont occupé le territoire portugais au cours des premières phases du Postglaciaire, lequel sera confronté, tout de suite après, aux standards de comportement existant pour le Paléolithique supérieur final, afin de comprendre la nature des changements qui se sont opérés au cours de la transition du Pléistocène vers l’Holocène.

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2 Cadre de référence : des limitations aux possibilités de connaissance L’existence d’une phase intermédiaire entre le Paléolithique supérieur final et le Mésolithique récent a été reconnue très tardivement au sein de la recherche archéologique portugaise. Seule la datation absolue de certains gisements découverts par hasard et, presque toujours, dans un état de dégradation ou de destruction prononcé, a démontré la présence d’une occupation humaine d’âge postglaciaire, antérieure à l’accumulation des fameux dépôts coquilliers mésolithiques identifiés depuis bien longtemps dans les vallées du Tage et du Sado. Entre ce Mésolithique ancien et celui-ci plus récent il n’y avait pratiquement rien en commun1, à l’exception de la présence, dans les deux cas, d’accumulations importantes de coquillages de mollusques. Cette caractéristique devait constituer, à mesure de l’avancement des recherches et suite à la découverte – surtout à partir de la décennie 1980, de nouveaux contextes archéologiques datés des chronozones Préboréale et Boréale, le dénominateur commun des deux phases.

manifestations), un compromis qui n’est cependant pas exempt de certains problèmes comme on le verra plus loin. Nous présentons ci-après et, dans les grandes lignes, les données de nature empirique sur lesquelles sera basée, plus tard, la construction d’un cadre interprétatif sur les modes d’organisation des communautés humaines qui ont peuplé le territoire portugais au cours de cette période, ainsi que les problèmes inhérents au registre archéologique. 2.1. Des limites de la diachronie aux problèmes de la chronologie Les vestiges plus anciens qui datent de ce premier Mésolithique se trouvent dans un abri sous roche situé à environ 3km à l’Ouest d’Areeiro III (IIème Partie, Chapitre 5), dans le prolongement méridional du massif calcaire de l’Estrémadure (Serra dos Candeeiros), dénommé Abrigo Grande das Bocas (Fig. 2.1, Fig. 2.2, nº 10 ; Tableau 2.I). Fouillé dans la seconde moitié des années 30 du siècle dernier, cet abri a révélé une séquence qui couvre la transition Tardiglaciaire-Holocène (Bicho, 1995-97 ; Zilhão 1997a). L’occupation du Préboréal (couches “0” – 10167-8714 cal BC ; et “1” – 9662-9230 cal BC)2 contient déjà un dépôt coquillier qui renferme des espèces à habitat estuarien et marin, bien que le site se situait, à la date de l’accumulation de ces vestiges, à une distance considérable de la ligne de côte (ca 42km). Malheureusement et en dépit de l’importance des occupations qui y sont documentées – celles-ci couvrent en effet un spectre temporel très élargi :

La construction d’un cadre interprétatif concernant le Mésolithique ancien sur le territoire portugais s’appuie actuellement sur 26 sites archéologiques (Tableau 2.I ; Fig. 2.1 et Fig. 2.2). L’attribution de cet ensemble de gisements à ce moment du processus historique n’en constitue pas moins un compromis, pondéré et critique, entre des datations absolues et des caractéristiques du registre archéologique (compte tenu de ses plus diverses 1

Les dépôts coquilliers datés du Mésolithique récent se concentrent pour la plupart dans la limite intérieure des anciens estuaires de grands fleuves comme le Tage, le Sado et le Mira, et constituent, aujourd’hui encore, le point culminant d’une adaptation très réussie aux ressources offertes par les environnements estuariens qui se sont formés pendant l’Atlantique. L’analyse de la composition élémentaire et isotopique de squelettes humains exhumés dans les amas coquilliers de Muge et du Sado (Lubell et al., 1994; Umbelino, 2006) montre, par exemple, un régime fortement dépendant des ressources marines (de l’ordre des 50%, à Muge, et de 30%, pour le Sado), un fait d’ailleurs corroboré par la pathologie orale documentée dans la dentition de ces populations. Les mollusques sont essentiellement d’habitat estuarien, avec une prédominance de la coque (Cerastoderma edule et du scrobiculaire (Scrobicularia plana). Le menu de ces communautés comprenait, en outre, une gamme très variée de poissons, de mammifères et d’oiseaux. Le nombre élevé de squelettes inhumés dans ces deux noyaux d’amas coquilliers (ca 300; Umbelino, 2006), allié à la dimension des zones occupées et aux limites temporelles impliquées (c.1000 ans), ont été interprétés dans le cadre de la recherche archéologique portugaise comme le signe d’un peuplement plus permanent et organisé autour de campements de nature résidentielle (Arnaud, 1986; 1989). Cette circonstance ne signifie toutefois pas que ces communautés n’ont pas établi régulièrement des contacts entre le littoral et l’intérieur (où sont d’ailleurs connus des gisements de cette période, notamment de type amas coquillier), pour y exploiter les ressources qui y existaient. La production lithique montre la prédominance de supports lamellaires standardisés, obtenus à partir de nucléus prismatiques, destinés à la fabrication intensive de microlithes géométriques en recourant à la technique du microburin (Araújo, 1995/97; Carvalho, 2008; Marchand, 2001). Ce type d’armatures constitue d’ailleurs le trait le plus distinctif et le plus généralisé de l’outillage lithique des dernières communautés de chasseurs-cueilleurs.

au verso : Tableau 2.I – Datations absolues des contextes archéologiques de l’Holocène ancien (chronozones préboréale et boréale), organisées par site. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquillage ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). TS (Type de site : triangles noirs = sites en grotte ou en abri sous roche avec des dépôts coquilliers ; cercles noirs = sites de type amas coquillier ; cercles blancs = sites de plein air) ; Nº (numéro du site sur la Fig. 2.2) ; LG (Localisation géographique : NET = région nord-est de Trás-os-Montes ; BM = Bas Mondego ; MCE = massifs calcaires de l’Estrémadure ; PMCE = périphéries des MCE ; LE = littoral de l’Estrémadure ; LA = littoral de l’Alentejo ; ALG = Algarve ; AI = Alentejo intérieur).

2

Sauf référence contraire, les datations absolues présentées dans ce travail, sont exprimées en années cal BC à 2 sigma. Le calibrage a été réalisé à partir du programme Calib v.6.0 (Stuiver et Reimer, 1993), à l’aide de la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2009).

9

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 2.I



1

2

3

4

TS









LG

NET

BM

cal BC

cal BC

cal BC





M

9525±70

9121-8756

9176-8644

8910

GrA-15861

9410±70

8785-8576

9118-8473

8796

Charbon de bois

CSIC-1621

8397±38

7530-7385

7547-7355

7451

Prazo

Quercus sp.

GrA-15986

8370±70

7522-7355

7577-7192

7385

Prazo

Quercus sp.

GrN-26402

8380±60

7528-7359

7577-7306

7442

Vale de Sá

Charbon de bois

Gif-1438

8500±110

7635-7369

7793-7191

7492

Buraca Grande

Charbon de bois

Gif-9708

8680±40

7714-7606

7788-7593

7691

Buraca Grande

Charbon de bois

Gif-9939

8445±20

7546-7512

7570-7491

7531

Buraca Grande

Charbon de bois

Gif-9679

8120±70

7291-7042

7337-6829

7083

Buraca Grande

Charbon de bois

Gif-9707

7580±30

6458-6429

6470-6403

6437

Casal Papagaio

Charbon de bois

ICEN-369

9710±70

9275-8934

9297-8838

9068

Casal Papagaio

C. edule

ICEN-372

9270±90

8618-8348

8720-8295

8508

Casal Papagaio

Coquilles

Hv.1351

8490±110

7608-7363

7782-7190

7486

Site

Échantillon

Nº. Lab.

BP

Prazo

Fraxinus sp.

Ua-20495

Prazo

Pinus sp.

Prazo

MCE

MCE

5



MCE

Pena de Mira

Charbon de bois

ICEN-966

7810±120

6818-6484

7034-6461

6748

6



MCE

Lapa do Picareiro

Charbon de bois

Wk-6676

8310±130

7510-7186

7579-7063

7321

PMCE

Cabeço de Porto Marinho IIIS

Charbon de bois

SMU-2666

9270±170

8714-8296

9154-8006

8530

7

○ PMCE

Cabeço de Porto Marinho V

Charbon de bois

ICEN-688

9100±160

8564-7997

8726-7790

8258

Areeiro III

Charbon de bois

ICEN-547

8860±80

8209-7846

8249-7728

7989

Areeiro III

Charbon de bois

ICEN-494

8850±50

8201-7846

8219-7787

8003

Areeiro III

Charbon de bois

ICEN-546

8570±130

7787-7483

8171-7318

7745

Areeiro III

Charbon de bois

ICEN-548

8380±90

7539-7344

7583-7187

7385

Fonte Pinheiro

Charbon de bois

ICEN-973

8450±190

7654-7184

8178-7041

7610

Abrigo Grande das Bocas

C. edule

ICEN-903

9880±75

9443-9262

9662-9230

9446

Abrigo Grande das Bocas

Bos primigenius

ICEN-900

9880±220

9861-8935

10167-8714

9441

Vale Frade

Patella sp.

Sac-1577

8710±80

7933-7599

8170-7582

7876

Vale Frade

M. lineata

Sac-1586

8530±70

7598-7525

7718-7472

7595

Toledo

C. edule

Sac-1529

8820±80

8179-7753

8225-7660

7943

Toledo

C. edule

Sac-1533

8740±90

7939-7612

8201-7591

7896

Toledo

C. edule

Sac-1587

8620±70

7715-7581

7933-7528

7731

Ponta da Vigia

Pinus pinaster

Sac-1747

8850±90

8204-7828

8248-7680

7964

Ponta da Vigia

Charbon de bois

ICEN-51

8730±110

7939-7606

8204-7585

7895

Ponta da Vigia

Pinus pinaster

Sac-1741

8670±80

7785-7590

7961-7551

7756

Cabeço do Curral Velho

C. edule

ICEN-269

8030±100

7080-6715

7294-6650

6972

Cabeço do Curral Velho

C. edule

ICEN-270

8020±70

7061-6826

7136-6689

6913

Pinhal da Fonte

C. edule

Sac-1671

8360±80

7524-7340

7573-7187

7380

São Julião B

C. edule

ICEN-109

8170±80

7301-7067

7470-7029

7250

São Julião B

Charbon de bois

ICEN-179

8120±100

7318-6849

7451-6711

7081

São Julião B

C. edule

ICEN-153

7960±50

7029-6776

7043-6697

6870

8



PMCE

9



PMCE

10



MCE

11

12

13

14 15

16







● ●



LE

LE

LE

LE LE

LE

10

Partie I – Cadre de Référence : des limitations aux possibilités de connaissance

Tableau 2.I – suite Nº

16

17

TS





LG

LE



LA

19



LA

21

22







ALG

ALG

ALG

23



ALG

24



ALG

25

26





Échantillon

Nº. Lab.

BP

Cal BC

Cal BC

Cal BC





M

São Julião A

Charbon de bois

ICEN-78

7810±90

6768-6505

7027-6466

6747

São Julião A

C. edule

ICEN-107

7750±60

6600-6464

6636-6426

6531

São Julião A

Charbon de bois

ICEN-73

7610±80

6565-6400

6633-6263

6448

São Julião A

Charbon de bois

ICEN-77

7580±70

6500-6379

6591-6258

6425

São Julião A

C. edule

ICEN-151

7560±140

6562-6249

6677-6086

6382

Magoito 1

Charbon de bois

GrN-11229

9580±100

9147-8814

9249-8657

8953

Magoito 1

Mytilus sp.

ICEN-80

9590±80

9149-8834

9233-8755

8994

Magoito 1

C. edule

ICEN-82

9530±100

9134-8746

9221-8633

8927

Magoito 1

Mytilus sp.

ICEN-577

9500±90

9121-8657

9194-8612

8903

Magoito 1

Charbon de bois

ICEN-52

9490±60

9116-8657

9133-8630

8882

Magoito 1

Patelle sp.

ICEN-81

9410±120

9115-8484

9142-8346

8744

Oliveirinha 1

Coquilles

OxA-6675

7710±125

6679-6433

7027-6265

6646

Palheirões do Alegra

Charbon de bois

GX-16414

8802±100

8183-7727

8216-7611

7914

Palheirões do Alegra

Charbon de bois

ICEN-136

8400±70

7546-7360

7586-7206

7396

Castelejo

Charbon de bois

Beta-165943

8720±40

7785-7613

7938-7601

7770

castelejo

Charbon de bois

ICEN-211

7970±60

7037-6779

7050-6691

6871

Castelejo

Charbon de bois

ICEN-213

7900±40

6822-6659

7027-6645

6836

Castelejo

Charbon de bois

ICEN-215

7880±40

6798-6648

7025-6636

6831

Castelejo

Coquilles

BM 2276R

7840±120

7018-6514

7043-6475

6759

Barranco das Quebradas 1

M. lineata

Wk-16428

9193±60

8465-8304

8560-8288

8424

Barranco das Quebradas 1

M. lineata

Wk-8950

8640±75

7732-7586

7938-7542

7740

Barranco das Quebradas 1

M. lineata

Wk-8939

8580±75

7675-7538

7788-7491

7640

Barranco das Quebradas 3

M. lineata

Wk-8951

8400±65

7544-7364

7582-7321

7452

Barranco das Quebradas 3

M. lineata

Wk-12133

7994±60

7047-6826

7061-6698

6880

Barranco das Quebradas 3

M. lineata

Wk-8940

7980±85

7046-6776

7082-6644

6863

Barranco das Quebradas 4

M. lineata

Wk-12134

8493±65

7587-7520

7607-7370

7489

Barranco das Quebradas 5

Patella sp.

Wk-16427

8069±60

7141-6833

7290-6770

7030

Barranco das Quebradas 5

T. haemastoma

Wk-13693

8035±80

7077-6818

7182-6681

6932

Rocha das Gaivotas 3

Patelle sp.

Wk-13691

8585±60

7705-7545

7736-7529

7633

Rocha das Gaivotas 3

Coquilles

Wk-16425

8293±90

7515-7183

7524-7082

7303

Rocha das Gaivotas 2

M. lineata

Wk-13690

8294±60

7473-7197

7516-7144

7330

Rocha das Gaivotas 5

Mytilus sp.

Wk-16426

8044±60

7295-6827

7172-6707

6940

Rocha das Gaivotas 1

Mytilus sp.

Wk-16424

8040±60

7072-6829

7162-6701

6932

Barca do Xerez de Baixo

Q. coccifera

OxA-13266

8729±36

7794-7615

7938-7606

7772

Barca do Xerez de Baixo

Charbon de bois

Beta-120607

8640±50

7705-7591

7782-7579

7681

Barca do Xerez de Baixo

E. arborea

OxA-13264

8250±37

7340-7186

7453-7142

7298

Barca do Xerez de Baixo

E. arborea

OxA-13265

8248±35

7337-7186

7452-7142

7297

Barca do Xerez de Baixo

Q. coccifera

OxA-13406

8150±40

7175-7073

7303-7058

7181

LE

18

20

Site

ALG

AI

11

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 2.1 – Datations absolues (cal BC, 2σ) des contextes archéologiques de l’Holocène ancien (chronozones préboréale et boréale), présentées par ordre ascendant (du plus ancien au plus récent). Le calibrage a été réalisé à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). TS (Type de site : triangles noirs = sites en grotte ou en abri sous roche avec des dépôts coquilliers ; cercles noirs = sites de type amas coquillier ; cercles blancs = sites de plein air) ; Nº (numéro du site sur la Fig. 2.2) ; LG (Localisation géographique : NET = région nord-est de Trás-os-Montes ; BM = Bas Mondego ; MCE = massifs calcaires de l’Estrémadure ; PMCE = périphéries des MCE ; LE = littoral de l’Estrémadure ; LA = littoral de l’Alentejo ; ALG = Algarve ; AI = Alentejo intérieur).

Paléolithique supérieur final, Mésolithique ancien, Mésolithique récent, Néolithique ancien et Chalcolithique -, la stratigraphie a dû être reconstituée et interprétée, avec des limitations évidentes, en laboratoire seulement et 60 ans après la fin des travaux de fouille (Bicho, 1995-97 ;

Zilhão, 1992a). Si ce n’étaient les problèmes dus à la rareté de la documentation et à l’absence de lecture moderne et critique – taphonomique – sur les processus de formation de l’enregistrement archéologique, cet abri constituerait, sans nul doute, le site clé pour la compréhension des modalités 12

Partie I – Cadre de Référence : des limitations aux possibilités de connaissance

Figure 2.2 – Localisation des contextes archéologiques de l’Holocène ancien (chronozones préboréale et boréale). Triangles noirs (sites en grotte ou en abri-sous-roche avec des dépôts coquilliers) ; cercles noirs (sites de type amas coquillier) ; cercles blancs (sites de plein air).

de transition du Pléistocène à l’Holocène, du moins en ce qui concerne la région d’Estrémadure. En effet, et à ce jour, ce lieu est le seul à documenter des occupations successives qui datent de la fin du Tardiglaciaire et du Préboréal dans le même espace et au sein de la même séquence sédimentaire, et hormis l’industrie lithique il a également conservé des restes fauniques d’origine terrestre et aquatique. L’étude des séries lithiques et les datations radiométriques obtenues dans l’intervalle sur des échantillons provenant des couches qui couvrent les deux côtés de la transition (“Fond”, du Tardiglaciaire ; “0” et “1”, du Préboréal) devait conduire N. Bicho (1995-97, p. 84) à formuler l’interprétation suivante :

typique d’amas coquillier, emballé dans des sables dunaires et subdivisé en trois secteurs ou zones distincts qui semblent avoir été occupés successivement et ce, durant une période assez longue : les secteurs B (ca 7300-6900 cal BC) et A (ca 6700-6400 cal BC), situés dans deux zones distinctes mais contiguës, datent du Boréal, toutefois avec un décalage temporel entre eux (Arnaud, 1986 ; Arnaud et Pereira, 1994 ; Gonzalez Morales et Arnaud, 1990) ; le secteur C (ca 6200-5800 cal BC), situé sur la plage de São Julião, à un peu plus de 200 mètres en aval des deux zones précédents, a été accumulé au cours du Mésolithique récent (Sousa, 2004). Le registre archéologique du Mésolithique ancien fouillé dans le secteur A est composé majoritairement de coquilles de mollusques, surtout des bivalves à habitat estuarien. Il existe des références peu précises sur la présence de quelques nucléus et lamelles en silex “including a finely retouched backed bladelet” (Gonzalez Morales et Arnaud, 1990, p. 456). Ce type d’armature3 est absent dans tout l’univers des gisements de type amas coquillier fouillés sur le littoral portugais, qui datent du Préboréal et du Boréal.

“Les industries lithiques des couches Fond, 0 et 1 de l’Abrigo Grande das Bocas sont essentiellement identiques aux industries locales qui relèvent de la chronologie glaciaire tardive (…) elles appartiennent à la dernière phase magdalénienne, désignée par Magdalénien terminal (Bicho, 1994), et qui, dans la plupart des cas, présente déjà des caractéristiques épipaléolithiques”. Le contexte le plus récent attribué au Mésolithique ancien (São Julião A) est situé actuellement sur le littoral – sur la rive droite d’une rivière qui débouche sur la plage de São Julião (Fig. 2.1, Fig. 2.2, nº 16 ; Tableau 2.I) – à environ 30km vers le sud-ouest de l’amas coquillier de Toledo (IIème Partie, Chapitre 4). São Julião correspond à un gisement

Les vestiges présents dans les deux contextes archéologiques décrits ici – et qui, symboliquement, représentent les deux 3

À condition que l’identité typologique suggérée se confirme dans l’avenir. Les secteurs A et B n’ont jamais été publiés, il existe uniquement des références ponctuelles aux travaux qui y ont été effectués.

13

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

extrêmes de la ligne temporelle qui constitue le principal objet d’étude de ce travail – ont été accumulés, dans les deux cas, au cours de séjours courts de type apparemment plutôt logistique et spécialisé :

Liés à l’exploitation et à la consommation de ressources marines et/ou fluvio-estuariennes, ces amas coquilliers ne présentent pas, hormis les mollusques, d’autre type de vestiges matériels qui les identifient comme appartenant à l’un ou l’autre des Mésolithiques, l’ancien ou le récent. Même si l’existence de contradictions entre des datations et des niveaux d’occupation se confirmait, comme cela a déjà été suggéré auparavant (Carvalho, 2009)5, le registre archéologique des gisements de type amas coquillier a mis en relief un autre type de problème, en rapport cette fois avec la datation absolue des échantillons d’organismes provenant de la biosphère marine.

1. dans le cadre de la chasse à l’aurochs et de la fabrication de petites armatures en pierre, respectivement dans les couches 0 et 1 de l’Abrigo Grande das Bocas (Bicho, 1995-97) ; 2. dans le cadre de l’exploitation et la consommation de mollusques, à São Julião A (cette même caractéristique fonctionnelle peut être appliquée aux deux autres secteurs, B et C).

Ainsi, les dates conventionnelles de radiocarbone – obtenues à partir d’échantillons de coquillages marins provenant de contextes archéologiques antérieurs à 1100BP – ont été corrigées en appliquant un effet réservoir marin (R) évalué à 380±30 ans 14C (Soares, 1993). Sur la côte portugaise, toutefois, la quantification de cette valeur suscite un problème supplémentaire : l’existence d’un upwelling actif (remontée des eaux profondes vers la surface, plus déficients en radiocarbone), qui a varié tout au long de l’Holocène (Soares, 2004a). Partant de la datation de paires d’échantillons archéologiques (charbons de bois et coquilles) considérés comme associés et contemporains, provenant de différents réservoirs géochimiques du carbone (terrestre et marin), des valeurs distinctes de ∆R (paramètre qui traduit la variabilité des conditions océaniques régionales par rapport à l’océan global) ont été estimées, notamment pour la période visée dans le présent travail. Les valeurs varient de 940±50 ans 14C (entre 70306460 cal BC) à -160±40 ans 14C (entre 2880-2580 cal BC), ce qui suggère l’existence de fluctuations significatives dans le comportement de l’upwelling côtier au cours du temps (Soares, 2004a) et, par conséquent, des variations dans la teneur en radiocarbone des organismes marins échantillonnés. Ces limitations empêchent l’application, ou l’extrapolation acritique, des valeurs de ∆R obtenues pour les échantillons provenant de contextes archéologiques qui datent du Mésolithique ancien en vue de la correction de dates conventionnelles BP, sur des coquillages, de contextes contemporains ou pénécontemporains. Comme le souligne Soares (2004a, p. 45 et 49), il n’a pas été procédé à la détermination des espèces végétales des échantillons de charbon de bois, c’est pourquoi les résultats peuvent être affectés par ce que l’on appelle l’effet vieux bois. Par ailleurs, et compte tenu de la période qui nous intéresse, les valeurs de ∆R existantes sont encore très insuffisantes (et, dans certains cas, elles suscitent même des doutes), c’est pourquoi l’effet de réservoir utilisé, R=380±30 ans 14C, constitue une approche correcte pour la résolution de ces problèmes (Soares, communication personnelle).

Curieusement, les vestiges représentés aux deux extrêmes de cette diachronie reproduisent bon nombre des caractéristiques qui se retrouveront dans divers contextes de l’époque et, dans le même temps, témoignent de certains problèmes qui se posent à la recherche archéologique. Pour commencer, les limites proprement dites qui déterminent le début et la fin de cette diachronie. Les occupations du Préboréal documentées dans les couches 0 et 1 de l’Abrigo Grande das Bocas montrent des types d’armatures qui sont communs aux deux côtés de la frontière Pléistocène-Holocène, et présents aussi bien dans la couche du fond de l’abri, datée du Tardiglaciaire, que dans les autres contextes de la région attribués à une phase finale du Paléolithique supérieur (Bicho, 2000 ; Zilhão, 1997a). Il existe néanmoins d’autres aspects de l’archéologie de ce gisement qui appartiennent exclusivement au côté holocène de la séquence, comme par exemple, la présence de coquillages de mollusques, particulièrement abondants au sein de la couche 1 et dont l’accumulation est imputée à des groupes humains originaires des zones littorales, d’après l’interprétation soutenue par N. Bicho (1995-97). Toutes les datations obtenues pour cet abri concernant la période qui couvre la transition, tombent toutefois sur des plateaux du radiocarbone (Becker et Kromer, 1991 ; Goslar et al. 1995 ; Kitagawa et van der Plicht, 1998), susceptibles d’introduire une plus ou moins grande incertitude dans les âges calendaires. Il existe donc une zone nébuleuse au début de la séquence à laquelle la recherche devra s’attacher. À l’autre extrême, la chronologie absolue obtenue pour le Secteur A de São Julião, pour lequel une association au Mésolithique ancien a été reconnue sans difficulté, se superpose avec la chronologie de certains contextes attribués déjà au Mésolithique récent et situés sur le littoral de l’Alentejo et de l’Algarve4. En effet, l’analyse comparative des datations radiométriques montre une courte période de superposition, de l’ordre de 200 à 300 ans, entre les deux phases. Ce problème ne peut toutefois pas être résolu à partir des contenus archéologiques récupérés dans ces sites.

5

La limite supérieure pour le Mésolithique récent ou final a été établie à partir de la datation la plus ancienne obtenue pour les amas coquilliers de la Vallée du Tage et qui se situe autour de 6200 cal BC (date du squelette 6 provenant de l’amas coquillier de Cabeço da Arruda, sur la rivière de Muge ; Carvalho, 2009). D’après certains chercheurs (Zilhão, 2003; Soares, 2004a; Carvalho, 2008; Martins et al., 2008), le changement dans le système d’organisation des communautés humaines qui marque le début du Mésolithique récent est concomitant de l’évènement climatique 5 de Bond (Bond et al., 1997; 2001).

4

Armação Nova, C. 4b (ICEN-1228: 6700-6440 cal BC) ; Castelejo, niveaux moyens (ICEN-745: 6510-6230 cal BC; Beta-2908: 6460-6090 cal BC) ; Montes de Baixo, C. 4b (ICEN-720: 6500-6230 cal BC) ; Vale Boi, C2 base (TO-12197: 6530-6100 cal BC).

14

Partie I – Cadre de Référence : des limitations aux possibilités de connaissance

Il convient néanmoins de relativiser ces limitations, car l’hypothétique application d’une quelconque valeur de ∆R obtenue pour la période en question n’interfère pas, de façon substantielle, sur le positionnement chronologique de ces gisements au sein du Mésolithique ancien.

Dans les zones adjacentes au massif calcaire de l’Estrémadure (bassins des fleuves Mondego et Maior), le registre archéologique de l’Holocène ancien est représenté par des sites de plein air (N=4) qui, hormis des charbons de bois, ne comportent pas d’autres vestiges organiques (Fig. 2.2, nºs 2, 7, 8, 9). En contrepartie, ces lieux documentent des industries lithiques (notamment des armatures), parfois en grandes quantités, comme c’est le cas d’Areeiro III (IIème Partie, Chapitre 5). Ce site devait occuper une superficie estimée à environ 10.000 m2 ; pour les autres sites, il n’existe pas d’informations sur l’étendue des zones occupées. À l’exception du locus IIIS de Cabeço de Porto Marinho, dont la séquence commence au Paléolithique supérieur (technocomplexes Gravettien et Magdalénien), les autres sites ont été occupés pour la première fois au cours du Mésolithique ancien. Il faut toutefois garder à l’esprit la réserve suivante : les datations absolues des loci IIIS et V du site de Cabeço de Porto Marinho, qui placent l’occupation de ce lieu au début du Postglaciaire, ont été obtenues à partir d’échantillons de charbons de bois dispersés (bulk samples) qui ne proviennent donc pas de structures de combustion. Ce problème sera évoqué à nouveau dans les IIIème et IVème Parties du présent travail.

2.2. Peuplement et typologie des sites : des amas coquilliers du littoral aux gisements de l’intérieur des terres Au cours du Mésolithique ancien, le peuplement se concentre surtout le long du littoral centre et sud (Estremadura, Alentejo et Algarve) – juste à côté ou à proximité de petits cours d’eau qui se jettent dans l’Atlantique – ainsi que dans la zone des massifs calcaires de l’Estrémadure (Serras de Sicó, d’Aire et de Candeeiros) et dans les zones immédiatement adjacentes (bassins des fleuves Mondego et Maior) (Fig. 2.2). Font exception à cette norme les sites de Prazo, situé dans la zone NE de Trás-os-Montes, à quelques kilomètres à peine de l’important complexe d’art rupestre de plein air de Foz Côa, et Barca do Xerez de Baixo, situé à l’intérieur de l’Alentejo. Selon les régions, ou les niches écologiques exploitées, on se trouve en présence de différentes typologies de sites, d’occupations de nature distincte et, bien entendu, de contenus archéologiques divers.

Dans les massifs calcaires de l’Estrémadure (Serras de Sicó, d’Aire et de Candeeiros), le registre archéologique du Mésolithique ancien est représenté dans des sites de grotte et d’abri sous roche (N=5, Fig. 2.2, nºs 3-6, 10). Dans trois de ces cas, les séquences incluent des occupations du Paléolithique supérieur, notamment du Tardiglaciaire (Buraca Grande, Lapa do Picareiro et Abrigo Grande das Bocas). Les deux autres contextes (Abrigo da Pena de Mira et Gruta do Casal Papagaio) étaient déjà pratiquement détruits quand ils ont été identifiés et sondés et il n’existe pas le moindre indice à l’appui d’une présence éventuelle d’occupations plus anciennes dans ces endroits. Un des aspects plus intéressants et qui, curieusement, est commun à l’archéologie de chacun de ces cinq gisements, est lié à la présence systématique de restes malacologiques qui incluent des espèces à habitat estuarien et marin. A l’époque où ces vestiges ont été abandonnés, ces sites devaient se situer à une distance qui variait selon les cas entre 36 et 40km du littoral. Hormis cette composante, le registre archéologique inclut encore, dans certains gisements, des os de mammifères et des industries lithiques.

Sur le littoral, ce sont les gisements de type amas coquillier (N=13) qui caractérisent le registre archéologique de cette époque (Fig. 2.2, nºs 11-12, 14-18, 20-25). Les aires occupées sont, pour la plupart, difficiles à déterminer : de nombreux sites n’ont été que partiellement fouillés, d’autres étaient déjà en partie détruits quand ils ont été découverts et sondés et, dans certains cas, il n’existe que des informations concernant les aires fouillées. En dépit de ces circonstances, il est tout de même possible d’appréhender une grande pluralité de situations, dont les extrêmes sont, curieusement, d’une part, des sites étendus mais accumulés durant un laps de temps assez court et, de l’autre, des sites plus restreints qui documentent une plus grande diachronie d’occupations (mais ni l’un ni l’autre ne constitue une règle ; IIIème Partie). La grande majorité correspond à des lieux consacrés à l’exploitation et la consommation d’aliments d’origine aquatique, surtout des mollusques, et rares sont les cas qui documentent des vestiges liés à la pratique d’autres activités. Toledo constitue l’exception à la règle (IIème Partie, Chapitre 4). Dans ces amas coquilliers, les séquences commencent invariablement au Préboréal ou, plus souvent, au Boréal. Près de la côte actuelle de l’Estrémadure et de l’Alentejo, encore, deux gisements qui renferment des vestiges datant du Mésolithique ancien mais ne comportent pas le moindre reste organique à l’exception de charbons de bois, sont référenciés (Ponta da Vigia, Fig. 2.2, nº 13 ; Palheirões do Alegra, nº 19). Dans les deux cas, ils constituent des palimpsestes constitués d’associations artificielles de vestiges lithiques produits au cours de divers passages, dont les limites temporelles sont pratiquement impossibles à déterminer (mais qui couvrent des périodes très distinctes de la Préhistoire) et qui sont dispersés en surface suite à la déflation des sables dunaires.

Les sites de plein air de Prazo (Fig. 2.2, nº 1) et de Barca do Xerez de Baixo (Fig. 2.2, nº 26, IIème Partie, Chapitre 6) se démarquent des trois nucléus de peuplement mentionnés plus haut ; ils constituent, pour le moment, des cas isolés d’occupations abandonnées au cours du Mésolithique ancien dans leurs régions d’implantation. Dans les deux zones géographiques, toutefois, il existe diverses occupations accumulées durant le Paléolithique supérieur, notamment au cours de ses phases plus récentes. Alors que le site de Prazo, situé sur le plateau granitique de Freixo de Numão, dans le NE du Portugal, couvre une longue, complexe et même polémique diachronie d’occupations (Paléolithique supérieur indéterminé, Mésolithique ancien et récent, Néolithique ancien, époque romaine et 15

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

comme le lapin (Oryctolagus cunículus), le sanglier (Sus scrofa), le cerf (Cervus elaphus) et le chevreuil (Capreolus capreolus).

médiévale), Barca do Xerez de Baixo, situé dans la plaine de l’Alentejo, au SE du Portugal, s’est formé au cours du Boréal, et il n’existe qu’un épisode, court et circonscrit, lié à l’abandon, au cours du Néolithique final/Chalcolithique, de quatre récipients céramiques. Les unités stratigraphiques 5 et 5a de Prazo, attribuées au Mésolithique ancien, ne comportent pas de restes fauniques, contrairement à Barca do Xerez de Baixo, où cette composante est représentée. Les deux gisements documentent des industries lithiques produites à partir de matières premières locales, sachant que l’éclat est le type de support recherché.

Les cinq contextes karstiques situés dans les massifs calcaires de l’Estrémadure incluent systématiquement des coquillages de mollusques d’espèces estuariennes (comme la coque et la scrobicularia) et, moins souvent, inféodées aux rochers (comme la patelle et la moule). Les mammifères sont représentés dans trois de ces contextes. Le lagomorphe, le cerf, le sanglier et l’auroch sont les espèces les plus communes, ce qui ne signifie toutefois pas que l’ensemble de cet éventail faunistique soit représenté dans chacun de ces endroits (Tableau 2.III).

La cartographie du peuplement mésolithique reproduite à la Fig. 2.2 montre des vides significatifs, surtout dans les zones intérieures du pays. Ces vides peuvent être dus, en partie, à la rareté des projets de recherche orientés vers la détection, dans ces régions, de contextes de la préhistoire plus ancienne. Mais cela n’explique pas tout et cette explication n’est pas non plus la plus ajustée à la réalité observée, dans l’état actuel des connaissances, comme on le verra dans les IIIème et IVème Parties du présent travail.

A l’exception de Barca do Xerez de Baixo qui, curieusement6, a conservé des restes de repas consommés ou préparés par les mésolithiques, et en particulier d’aurochs, de cerf, de cheval (Equus caballus) et de lagomorphe, les autres sites de plein air n’ont pas livré, certainement pour des raisons d’ordre taphonomique, des vestiges liées à l’alimentation des groupes qui se sont installés dans ces endroits.

Par ailleurs, l’absence de vestiges du Mésolithique ancien ou récent dans plusieurs contextes archéologiques de l’Estrémadure qui documentent des occupations du Paléolithique supérieur et, immédiatement sus-jacents, des vestiges de l’époque néolithique et/ou chalcolithique, n’en est pas moins symptomatique. L’étude géoarchéologique des remplissages sédimentaires fouillés dans des contextes karstiques et de plein air a, en effet, démontré l’existence de discordances érosives importantes (Aubry et al., 2008 ; Aubry et al., 2010 ; Zilhão, 1992 ; 1997a), notamment pendant la période qui couvre la transition Pléistocène-Holocène, qui peuvent expliquer l’absence (ou dégradation) d’occupation mésolithique observé au sein de ces séquences.

Le registre archéologique du Mésolithique ancien est donc nettement déficient en ce qui concerne les données de la subsistance. La plupart des amas coquilliers, en particulier ceux qui sont situés sur ou près de la côte actuelle de l’Alentejo et de l’Algarve, ne dépeignent qu’une parcelle du comportement diététique de ces communautés, et les contreparties liées à la pratique d’activités cynégétiques ne sont pas encore connues. L’étude proprement dite des restes malacologiques documentés dans les gisements d’amas coquillier se limite, le plus souvent, à une classification taxonomique très large, mais il n’existe pas de données quantitatives (nombre de restes déterminés et nombre d’individus représentés) ni de données biométriques précises. Il n’a été possible de procéder à une analyse scientifiquement fondée de cette composante que dans cinq amas coquilliers d’Algarve (Fig. 2.2, nºs 21-25 ; Valente, 2008) et dans un d’Estrémadure (Fig. 2.2, nº 12 ; Dupont, 2011 ; Dupont et Araújo, 2010). Les ressources fauniques d’origine terrestre, déjà en soi peu représentées dans le registre archéologique de l’époque, restent inédites dans certains cas, il n’existe en effet que des informations très génériques sur le type d’espèces représentées.

2.3. Subsistance : du ramassage de fruits de mer à la chasse au gibier Dans les noyaux de peuplement mentionnés plus haut, les mollusques constituent le menu principal des habitants des amas coquilliers du littoral et leur récolte est, bien souvent, la seule activité pratiquée dans ces sites. La variabilité décelée dans la composition et la représentation relative de cette composante entre les divers amas coquilliers reflète, avant tout, la spécificité biogéographique de chacun des lieux exploités (Tableau 2.II) : en Estrémadure, les espèces d’environnements sableux et vaseux comme la coque (Cerastoderma edule), le scrobiculaire (Scrobicularia plana) et la palourde (Ruditapes decussatus), dominent ; sur le littoral de l’Alentejo et de l’Algarve, la norme est nettement inversée, ainsi les espèces inféodées aux rochers, comme la moule (Mytilus sp.), la patelle (Patella sp.) et la monodonte (Osilinus lineatus) sont les plus exploitées. Dans deux des amas coquilliers seulement (Fig. 22, nºs 11 et 12), situés tous deux sur la côte de l’Estrémadure, le menu incluait en outre un éventail très diversifié de poissons (Tableau 2.II), en particulier des espèces de la famille Sparidae, ainsi que des mammifères (Tableau 2.III),

2.4. Productions lithiques Des éclats, des galets taillés et des restes atypiques de taille7 produits à partir de matières premières locales, sont représentés dans certains des amas coquilliers du littoral, toutefois il n’existe pas jusqu’ici d’informations supplémentaires sur les schémas de fabrication utilisés. Il est normal, cependant, compte tenu de l’orientation 6

Curieusement, parce qu’il s’agit du seul cas où cela s’est produit, et ce, à l’inverse de tous les autres contextes de la préhistoire ancienne de cette région de l’Alentejo (où l’acidité des sols rend difficile la conservation de matière organique). 7 Telle qu’est décrite habituellement la production lithique présente dans les gisements de type amas coquillier.

16

PMCE





7

8

































11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25

26





6





5

9



4

10

PMCE



3

17

AI

ALG

ALG

ALG

ALG

ALG

ALG

LA

LA

LE

LE

LE

LE

LE

LE

LE

MCE

PMCE

MCE

MCE

PMCE

MCE

BM

NET





1

LG

2

TS



Barca do Xerez de Baixo

Rocha das Gaivotas

Barranco das Quebradas 5

Barranco das Quebradas 4

Barranco das Quebradas 3

Barranco das Quebradas 1

Castelejo

Palheirões do Alegra

Oliveirinha 1

Magoito 1

São Julião A et B

Pinhal da Fonte

Cabeço do Curral Velho

Ponta da Vigia

Toledo

Vale Frade

Abrigo Grande das Bocas

Fonte Pinheiro

Areeiro III

CPM IIIS et V

Lapa do Picareiro

Pena de Mira

Casal Papagaio

Buraca Grande

Vale de Sá

Prazo

Site

-

2

P

6

-

7

-

-

-

-

-

10

-

-

66

145

-

-

-

-

-

-

P

-

-

-

NTR

CANCERIDAE

-

-

-

-

-

-

?

-

-

-

-

8

-

-

143

55

-

-

-

-

?

-

-

-

-

-

NTR

PISCES

-

-

-

-

-

-

-

-

P

P

P

****

****

-

****

-

P

-

-

-

P

P

P

P

-

C. edule -

-

-

-

-

-

-

-

-

-

P

-

**

***

-

***

**

-

-

-

-

P

-

P

-

-

S. plana -

-

-

-

-

-

-

-

-

-

P

P

***

**

-

*

****

-

-

-

-

P

-

-

-

-

V. decussata -

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

*

-

-

*

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

S. marginatus -

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

P

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

***

***

*

**

**

*

-

-

P

-

-

-

-

**

***

P

-

-

-

P

-

P

-

-

MOLLUSCA O. Mytilus edulis sp. -

-

**

****

***

***

***

***

-

-

-

-

-

-

-

-

-

P

-

-

-

-

-

-

-

-

Patella sp. -

-

-

*

****

****

****

**

-

-

-

-

-

-

-

-

*

-

-

-

-

-

-

-

-

-

O. lineatus -

-

*

**

**

*

*

-

-

-

-

-

-

*

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

S. haemastoma -

-

****

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

P

P

-

-

-

Helix sp.

Tableau 2.II – Nombre total de restes (NTR) de crustacés et de poissons récupérés dans des contextes archéologiques de l’Holocène ancien, ainsi que les espèces de mollusques représentées, en ne tenant compte que des quatre taxons les plus importants (le nombre d’astérisques indique l’importance relative de chaque espèce). La lettre P (présent) a été utilisée en l’absence d’informations précises. TS (Type de site : triangles noirs = sites en grotte ou en abri sous roche avec des dépôts coquilliers ; cercles noirs = sites de type amas coquillier ; cercles blancs = sites de plein air) ; Nº (numéro du site sur la Fig. 2.2) ; LG (Localisation géographique : NET = région nord-est de Trás-os-Montes ; BM = Bas Mondego ; MCE = massifs calcaires de l’Estrémadure ; PMCE = périphéries des MCE ; LE = littoral de l’Estrémadure ; LA = littoral de l’Alentejo ; ALG = Algarve ; AI = Alentejo intérieur). Sources : voir Index des Tableaux.

Partie I – Cadre de Référence : des limitations aux possibilités de connaissance

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 2.III – Six espèces principales de mammifères (N) consommés et/ou préparés dans des contextes archéologiques de l’Holocène ancien Le nombre total de restes (NTR) comprend, outre les espèces individualisées dans ce tableau, des os de carnivores, de félidés, d’oiseaux, de reptiles et d’amphibies, représentant des faunes locales (dans les cas de Toledo et de Vale Frade ; IIème Partie, Chapitre 4 et IIIème Partie, Chapitre 7). Le degré élevé de fragmentation des os récupérés à Barca do Xerez de Baixo a empêché toute association à l’une de catégories susmentionnées. Dans la colonne Ind. (indéterminé) figurent des os de mammifères dont il n’a pas été possible de déterminer l’espèce, mais qui appartiennent à des animaux de taille moyenne et de grande taille. Nº (numéro du site sur la Fig. 2.2) ; LG (Localisation géographique : NET = région nord-est de Trás-os-Montes ; BM = Bas Mondego ; MCE = massifs calcaires de l’Estrémadure ; PMCE = périphéries des MCE ; LE = littoral de l’Estrémadure ; LA = littoral de l’Alentejo ; ALG = Algarve ; AI = Alentejo intérieur). Sources : voir Index des Tableaux.

TS

LG

Site

Lagomorpha*

C. elaphus

MAMMALIA (N) C. S. B. capreolus scrofa primigenius

E. caballus

Ind.

NTR

1



NET

Prazo

-

-

-

-

-

-

-

-

2



BM

Vale de Sá

-

-

-

-

-

-

-

-

3



MCE

Buraca Grande

P

P

-

P

-

-

-

IND

4



PMCE

Casal Papagaio

P

1-2

-

-

-

-

P

-

5



MCE

Pena de Mira

-

-

-

-

-

-

-

6



MCE

Lapa do Picareiro

50

9

-

2

2

-

37

100

7



PMCE

CPM IIIS et V

-

-

-

-

-

-

-

-

8



PMCE

Areeiro III

-

-

-

-

-

-

-

-

9



PMCE

Fonte Pinheiro

-

-

-

-

-

-

-

-

10



MCE

A. G. das Bocas 1

-

1

-

?

15

3

3

22

110

2

1

4

A

A

11

243

246

1791



2

11



LE

Vale Frade

12



LE

Toledo 2

760

22

28

135

5

13



LE

Ponta da Vigia

-

-

-

-

-

-

-

-

14



LE

C. do Curral Velho

-

1

-

-

-

-

-

1

15



LE

Pinhal da Fonte

37

-

-

-

-

-

9

46

16



LE

São Julião A et B

-

-

-

-

-

-

-

-

17



LE

Magoito 1

-

-

-

-

-

-

-

-

18

● ○ ● ● ● ● ● ● ●

LA

Oliveirinha 1

-

-

-

-

-

-

-

-

LA

P. do Alegra

-

-

-

-

-

-

-

-

ALG

Castelejo

P

-

-

-

-

-

-

IND

ALG

B. das Quebradas 1

-

-

-

-

-

-

-

-

ALG

B. das Quebradas 3

-

-

-

-

-

-

1

1

ALG

B. das Quebradas 4

-

-

-

-

-

-

2

3

ALG

B. das Quebradas 5 Rocha das Gaivotas B. Xerez de Baixo

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

205

100

-

-

370

10

-

38 071

19 20 21 22 23 24 25 26

ALG AI

fonctionnelle de ces occupations, que la composante lithique soit absente, ou se limite uniquement à quelques supports débités de façon expédiente et au fur et à mesure des besoins immédiats des groupes. Sur le littoral de l’Estrémadure, l’éventail des supports et des outils est, tout de même, plus varié, comme le démontrent Toledo (IIème Partie, Chapitre 4) et, dans une bien moindre mesure, Pinhal da Fonte (IIIème Partie).

Certains des contextes karstiques et de plein air des terres intérieures de l’Estrémadure (bassins des fleuves Maior, Mondego et massifs calcaires) incluent un équipement lithique très diversifié et, en particulier, des petites armatures à dos marginal, les lamelles d’Areeiro (fabriquées à partir de nucléus de type grattoir et burin à fronts épais), qui ont été découvertes non seulement dans le gisement éponyme, mais également dans d’autres contextes contemporains 18

Partie I – Cadre de Référence : des limitations aux possibilités de connaissance

ou même plus anciens, du Paléolithique supérieur. Les séquences de taille ne sont pas toujours représentées dans leur totalité, cela dépend de l’orientation fonctionnelle et de la durée des occupations qui se sont déroulées dans chacun de ces lieux (IIIème Partie). Bien qu’elles soient présentes dans les différents types de contextes qui ont été sommairement évoqués, les industries sur galets roulés, qualifiées de macrolithiques, assument au cours du Mésolithique ancien, et dans des zones géographiques spécifiques, un statut particulier. Il s’agit d’industries qui ne sont pas simplement présentes dans certains gisements ; en fait, elles caractérisent, presque exclusivement, les productions lithiques documentées dans des régions où le silex est absent et elles dépendent donc des matières premières ainsi que de la morphologie et des dimensions des galets disponibles localement. A partir de cette brève présentation des données empiriques existant pour la période visée, il est possible de faire ressortir les aspects suivants : 1. Un nombre insuffisant de gisements : des lacunes dans le temps et des vides dans l’espace ; 2. La rareté des séquences longues qui couvrent les deux extrêmes de la séquence Pléistocène-Holocène (Tableau 2.IV), ce qui peut résulter de la présence, déjà observée, de discontinuités sédimentaires dans des contextes karstiques et de plein air ; 3. La méconnaissance de modèles géomorphologiques de conservation de dépôts de l’Holocène ancien dans certaines régions (c’est-à-dire, des sites potentiels de passage mésolithique) ; 4. Le type et la représentativité des composantes matérielles abandonnées : • Beaucoup de coquillages et peu de restes fauniques d’origine terrestre ; • Des productions lithiques absentes ou peu importantes en termes quantitatifs et qualitatifs dans un nombre considérable de gisements ; 5. Les problèmes liés à la chronologie absolue : plateaux du radiocarbone, effet réservoir marin et datations sur des échantillons composés d’ensembles de charbons de bois dispersés. Et tout devient encore plus complexe quand le processus a pour toile de fond un contexte de grande instabilité climatique, comme celui qui caractérise le passage du Tardiglaciaire à l’Holocène.

19

▲ ○ ○

○ ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ○

Abrigo da Pena de Mira

CPM Locus V

Fonte Pinheiro

Areeiro III

Vale Frade

Toledo

Cabeço do Curral Velho

Pinhal da Fonte

São Julião A

São Julião B

Magoito

Oliveirinha 1

Barranco das Quebradas 1

Barranco das Quebradas 3

Barranco das Quebradas 4

Barranco das Quebradas 5

Barca do Xerez de Baixo



Lapa do Picareiro



TS

Vale Sá

MA



TS

CPM Locus IIIS

Mésolithique ancien (MA)

Paléolithique supérieur (PS)

Rocha das Gaivotas

Castelejo

Mésolithique récent (MR)

MA





TS

Abrigo Grande das Bocas

Buraca Grande

Prazo

PS / MA / MR







TS

Ponta da Vigia

Palheirões do Alegra

Gruta do Casal Papagaio

MA / IND







TS

Tableau 2.IV – Diachronie des occupations documentées dans les sites présentant des vestiges de l’Holocène ancien (chronozones préboréale et boréale), Il n’a été tenu compte que des périodes immédiatement antérieures (du Paléolithique supérieur) et immédiatement postérieures (du Mésolithique récent). TS (Type de site : triangles noirs = sites en grotte ou en abri sous roche avec des dépôts coquilliers ; cercles noirs = sites de type amas coquillier ; cercles blancs = sites de plein air).

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

20

3 Du temps et du paysage L’enregistrement des isotopes de l’oxygène issus des carottes de glace du Groenland (GRIP et NGRIP), parallèlement à d’autres indicateurs paléoclimatiques obtenus pour l’Atlantique Nord, montrent que l’Holocène a été ponctué d’importantes oscillations de températures et de circulation atmosphérique et océanique, à l’image de l’instabilité environnementale qui a caractérisé la fin du Pléistocène, marquée par des épisodes cycliques de changements climatiques brusques (Bond et al., 1997 ; Bond et al., 2001).

multidisciplinaires de témoignages sédimentaires recueillis dans le cadre de sondages réalisés dans les fonds marins, les lagunes côtières et continentales, ainsi que sur l’étude de restes de charbons de bois et des éléments fauniques recueillies dans des contextes archéologiques. 3.1. La remontée du niveau de la mer La courbe de variation du niveau moyen de la mer proposée pour la plate-forme littorale du Nord du pays (Dias, 1985 ; 2004 ; Dias et al., 1997 ; Dias et al., 2000 ; Rodrigues et al., 1991), considérée toutefois comme applicable à la zone littorale restante, ne donne qu’une image très générale du tracé de la ligne de côte depuis les derniers 18000 ans : la résolution est assez faible, compte tenu de l’échelle spatiale et temporelle, et l’Holocène ancien est la période pour laquelle on dispose de moins d’informations. Des études plus détaillées sur l’évolution du littoral ont été réalisées pour certains secteurs de la côte, mais elles portent surtout sur les périodes postérieures au maximum transgressif et, en particulier, sur les époques historiques. Il existe néanmoins des informations supplémentaires, obtenues à partir de sondages réalisés dans des lagunes côtières et dans des environnements fluviaux et estuariens, susceptibles d’être utilisées pour construire une image plus solide des principaux événements enregistrés dans les zones littorales.

En effet, les conditions interglaciaires en vigueur au cours de l’interstade Bølling-Allerød sont brusquement interrompues – ca 400 ans – par l’évènement froid du Dryas récent, lequel a été suivi d’une rapide amélioration climatique dans les 50 premières années de l’Holocène pour connaître, à nouveau, un court refroidissement des températures au cours du Préboréal1 suivi d’une nouvelle inversion de la tendance à partir du Boréal (Bond et al., 1997 ; Bond et al., 2001 ; Bos et al., 2007 ; Hoek et Bos, 2007 ; Lotter et al., 1992 ; Taylor, 1999). Ces variations brusques, parfois à une échelle temporelle très courte (de l’ordre d’une dizaine d’années), ont eu à l’évidence des répercussions sur les écosystèmes terrestre et aquatique – circulation océanique, températures continentales et marines, précipitation, couvert végétal, population animale – et, inévitablement, sur les stratégies mises en œuvre par les communautés de chasseurs-cueilleurs.

Ainsi, l’entrée dans l’Holocène est accompagnée d’une remontée très rapide des eaux océaniques (ca 40m entre 10 000 et 8 000 BP ; Dias, 1985 ; 2004 ; Dias et al., 1997 ; Dias et al., 2000), après le recul accentué qui s’est produit durant la crise climatique du Dryas récent, lorsque le front polaire a migré à nouveau vers le Sud (en s’installant à la latitude de la Galice) interrompant les conditions interglaciaires qui ont prévalu au cours de l’interstade Bølling-Allerød. La remontée du niveau de la mer est accompagnée d’une augmentation très accentuée des températures des eaux océaniques superficielles, qui atteignent 15º C vers 9360±130 BP (Bard et al., 1987), alors qu’elles étaient de 6 – 8º C durant le Dryas récent. Les données isotopiques (δ18O) et micropaléontologiques (G. bulloides) obtenues par Duplessy et al. (1992) convergent dans le même sens : une augmentation des températures (données obtenues pour l’été) et de la salinité des eaux océaniques dès le passage vers l’Holocène.

Toutefois, la réponse à la signature climatique qui marque le passage vers les temps postglaciaires (ca 11700 AD 2000, Walker et al., 2009) ainsi qu’aux événements signalés par les divers enregistrements paléoclimatiques pour les périodes immédiatement antérieures n’a pas dû être la même dans les divers points du globe : elle dépendait en effet de la position latitudinale et des spécificités propres à chaque région. Au Portugal, les données de nature paléoenvironnementale existant pour la période visée dans la présente étude sont encore très insuffisantes : elles reflètent néanmoins, dans leurs traits généraux, les grands événements enregistrés à l’échelle planétaire. La reconstitution des conditions environnementales qu’ont connues les communautés humaines du Mésolithique ancien s’appuie essentiellement sur des informations encore peu précises et dispersées sur l’évolution du niveau marin, sur quelques études

L’étude multidisciplinaire (sédimentaire, micropaléontologique, géochimique et minéralogique) de carottes prélevées dans des estuaires et des lagunes côtières qui couvrent la période concernée par la présente étude – Lagoa do Golfo (Fig. 3.1, nº 12 ; Queiroz, 1999) ; Lagoa de Melides (Fig. 3.1, nº 13 ; Cearreta et al., 2007 ; Cabral et

1

Documentée dans divers enregistrements paléoclimatiques de l’Europe centrale et du Nord (ca 11300 – 11150 cal BP), l’oscillation du Préboréal (désignée par PBO, Preboreal Oscillation; Lotter et al., 1992) a été un événement court et froid qui a interrompu brusquement le réchauffement climatique marquant le début de l’Holocène (Bos et al., 2007; Hoek et Bos, 2007).

21

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

al., 2006) ; Lagoa de Santo André (Fig. 3.1, nº 14 ; Cearreta et al., 2003 ; Freitas et al., 2003) ; Corgo do Porto (Fig. 3.1, nº 15 ; Alday et al., 2006) ; estuários do rio Douro e do rio Minho (Fig. 3.1, nº 10 et 11 ; Drago, 2005), estuário do Guadiana (Fig. 3.1, nº 16 ; Fletcher, 2005 ; Fletcher et al., 2007) – montre, grosso modo, le même comportement que les principaux événements transgressifs : une sédimentation qui s’est produite dans un environnement terrestre ou fluvial au cours du Tardiglaciaire, contemporaine d’un bas niveau de la mer ; une forte croissance de l’influence des eaux saumâtres, d’abord, et franchement marines, ensuite, sur les écosystèmes côtiers au début de l’Holocène (très apparente dans l’association des foraminifères), à l’origine d’environnements de type bras de mer, baie ouverte ou estuaire ; et, au cours d’une phase plus récente, datée déjà de l’Holocène moyen, la formation de cordons/barrières dunaires qui vont peu à peu isoler de nombreuses zones inondées (phase lagunaire), en alternance avec des périodes de communication avec les eaux océaniques.

entre 2 et 9km, pour ceux situés sur le littoral de l’Estrémadure. 3.2. Végétation 3.2.1. Les données des séquences polliniques La réponse de la végétation au réchauffement climatique qui marque le passage vers les temps postglaciaires se traduit par une rapide augmentation de la diversité taxonomique et des types polliniques, avec l’expansion de la pinède qui domine les zones littorales protégées de l’influence des marées, de la chênaie (caducifoliée et sempervirent), et d’autres taxons adaptés à des climats plus chauds et plus humides (Mateus et Queiroz, 1993 ; 1997 ; 2000 ; Queiroz et Mateus, 2004). Les données de la palynologie de sédiments lagunaires, estuariens et de carottes marines situées au large de la côte SO du Portugal sont convergentes en ce qui concerne les principaux événements végétationnels qui se sont produits au cours de la transition du Tardiglaciaire vers l’Holocène : une augmentation de la forêt de Pinus et de Quercus ainsi que de la végétation arbustive (Ericaceae et Asteraceae) au cours de l’interstade Bølling-Allerød, un recul abrupt au cours de la courte crise climatique du Dryas récent, donnant lieu à l’installation de la végétation froide de type steppique (Artemisia et Ephedra distachya), et la reprise des conditions interglaciaires en vigueur au cours du Bølling-Allerød dès le commencement du Préboréal.

En fonction des caractéristiques géologiques et géomorphologiques de la plate-forme continentale, les gisements de type amas coquillier situés sur la ligne de côte actuelle ou dans les environs immédiats, devaient être, selon les cas, plus ou moins éloignés de la mer dont les communautés tiraient une partie ou la totalité de leurs ressources : entre 2 et 5km pour les gisements situés sur littoral de l’Alentejo et de l’Algarve (côte occidentale) ;

Figure 3.1 – Localisation des carottes (séquences sédimentaires/palynologiques) et des gisements archéologiques mentionnées dans le texte du Chapitre 3. Plate-forme continentale estimée en 10 000 BP (Dias et al., 1997).

22

Partie I – Cadre de Référence : des limitations aux possibilités de connaissance

3.2.2. Les données des macro-restes végétaux

Ainsi, pour le littoral de l’Alentejo et de l’Algarve, les données des séquences polliniques des sondages effectués dans deux lagunes, la Lagoa do Golfo (Fig. 3.1, nº 12 ; Queiroz, 1999) et la Lagoa de Santo André (Fig. 3.1, nº 14 ; Santos et Sánchez Goñi, 2003), et dans l’estuaire du fleuve Guadiana (Fig. 3.1, nº 16 ; Fletcher et al., 2007 ; Fletcher, 2005) montrent le même comportement :

Les résultats des études anthracologiques sur des charbons de bois récupérés dans certains sites qui documentent des occupations de l’Holocène ancien ne s’écartent pas, d’une manière générale, du cadre décrit jusqu’ici. Contrairement, toutefois, à l’image globale qu’offrent les séquences polliniques, les restes carbonisés de contextes archéologiques correspondent, pour la plupart, à du bois sélectionné par les communautés humaines comme combustible végétal et, de ce fait, ils ne permettent de saisir qu’une petite parcelle de l’éventail floristique (ligneux, entre arbres et arbustes) qui se trouvait à proximité des lieux occupés.

• une augmentation abrupte des pourcentages de pollen arboré (expansion maximum de la zone forestière) et arbustif au commencement de l’Holocène, avec le pin maritime (Pinus pinaster) qui se détache nettement et qui est accompagné de divers taxons tempérés et humides comme les chênes caducifoliés et sempervirents (Quercus faginea et Quercus pyrenaica), Pistacia (lentisque), Olea (olivier sauvage), Alnus (Aulme) et Phillyrea (filaire ou alavert).

Le Tableau 3.I résume les ensembles anthracologiques récupérés dans des gisements qui datent du Mésolithique ancien et permet de mettre en évidence les aspects suivants :

Les séquences polliniques des lagunes de la Serra da Estrela – une chaîne montagneuse granitique située dans la région du centre-est du pays (entre 1409-1845m d’altitude) – documentent également une dynamique végétationnelle caractérisée par des avancées et des reculs successifs de taxons soit tempérés soit froids pendant la tranche temporelle qui couvre la transition TardiglaciaireHolocène. Utilisant le pollen du Quercus comme principal indicateur pollinique du sondage réalisé au Charco da Candieira (Fig. 3.1, nº 11), van der Knaap et van Leeuwen (1997) ont montré que le passage vers le Préboréal est concomitant à l’expansion de la forêt de Betula alba (bouleau) et de Salix (saule) près du point de sondage (à 1409m d’altitude), dans laquelle le Quercus détient une représentation plus réduite et circonscrite à des altitudes moins élevées2 et qu’il ne devient le taxon dominant qu’à partir du Boréal, à mesure que le Betula, le Pinus et les herbacées diminuent.

1. La nette prédominance de taxons thermophiles – indicateurs de conditions climatiques tempérées, de type méditerranéen – présents dans toutes les zones géographiques dans lesquelles des occupations de cette chronologie sont documentées : dans la région nord-est de Trás-os-Montes (NET) ; dans les massifs calcaires de l’Estrémadure (MCE) ; sur le littoral de l’Estrémadure (LE) ; dans l’intérieur de l’Alentejo (AI) et en Algarve (ALG) (Tableau 3.I). Bien qu’avec une représentation beaucoup moins importante, certaines espèces thermophiles sont également présents dans des ensembles anthracologiques de contextes occupés au cours du Paléolithique supérieur (Buraca Grande, dans la Serra de Sicó, et Cabeço de Porto Marinho, dans le bassin du Rio Maior, tous deux en Estrémadure ; Figueiral, 1993 ; Figueiral et Terral, 2002). Ces espèces n’ont pu survivre au cours du Pléistocène que dans des zones plus abritées, de refuge, et pas très éloignées de l’influence océanique (Figueiral, 1995) ; 2. Le pin maritime et le pin pignon (Pinus pinaster/pinea), le Quercus (sempervirent) et l’olivier sauvage (Olea europaea var. sylvestris) constituent, pratiquement sans exception, les espèces qui ont la plus grande représentation, en termes de pourcentages, dans les ensembles anthracologiques étudiés ; 3. La présence de taxons hydrophiles – le saule (Salix sp.), le peuplier (Populus sp.) et le frêne (Fraxinus sp.) – durant l’occupation boréale de Lapa do Picareiro (Bicho et al., 2003), un abri karstique situé dans le massif calcaire d’Estrémadure (Serra d’Aire), à 540m d’altitude. Si ces résultats3 se confirment dans l’avenir, la récolte de ces espèces a dû se faire dans des endroits bien plus éloignés de l’abri, probablement dans les vallées plus protégées, près des rives de cours d’eau, là où l’humidité se faisait sentir avec plus d’intensité.

Les informations issues des archives marines SU 81-18 (Fig. 3.1, nº 19 ; 37º 46’ N, 10º 11’ W, 3135m ; Turon et al., 2003), MD952042 (Fig. 3.1, nº 18 ; 37º 47’ N, 10º 09’ W, 40m ; Sánchez Goñi et al., 2000) ; SO75-6KL (Fig. 3.1, nº 17 ; 37º 56’ N, 9º 30’ W, 1281m ; Boessenkool, 2001) sont également conformes en ce qui concerne les principaux événements documentés à partir des séquences polliniques décrites plus haut : une augmentation marquée de la forêt de Pinus et de Quercus (caducifoliée et sempervirent) au cours de l’interstade Bølling-Allerød ; un retour aux conditions glaciaires durant l’épisode froid du Dryas récent, avec l’installation d’une végétation aride et froide (Artemisia et Ephedra distachya) ; et une nouvelle et très nette expansion du Quercus à partir de l’Holocène, lequel est accompagné d’autres taxons thermophiles : Olea, Pistacia et Ericaceae.

Ainsi, au temps où vivaient ces communautés mésolithiques, le paysage était très diversifié, tout autant que devaient l’être les ressources que leur assurait le milieu entourant

2 La faible expansion du Quercus dans le diagramme pollinique du Charco da Candieira (van der Knaap et van Leeuwen, 1997), au cours de l’Holocène ancien, est interprétée comme le résultat de l’oscillation du Préboréal (PBO, voir note de bas de page 1, Chapitre 3).

3

23

Considérés comme préliminaires (Bicho et al., 2003).

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 3.I – Ensembles anthracologiques de gisements de l’Holocène ancien. Triangles noirs = sites en grotte ou en abri sous roche avec des dépôts coquilliers ; cercles noirs = sites de type amas coquillier ; cercles blancs = sites de plein air) ; Nº (numéro du site sur la Fig. 3.1) ; NET = région nord-est de Trás-os-Montes ; MCE = massifs calcaires de l’Estrémadure ; PMCE = périphéries des MCE ; LE = littoral de l’Estrémadure ; ALG = Algarve ; AI = Alentejo intérieur). Sources : voir Index des Tableaux.

TAXA

NET Prazo

MCE B. Grande

○ (1)

▲ (2)

▲ (3)

○ (4)

○ (5)

● (6)

● (7)

● (8)

%

%

%

%

%

%

%

%

Acer sp. Arbutus unedo

MCE PMCE LE Lapa do Picareiro Areeiro III Ponta da Vigia

P 10.1

Buxus (sempervirent)

7.3

P

0.3

Corylus avellana

P

Cistus sp. Erica arborea Fraxinus sp.

ALG ALG AI Castelejo R. das Gaivotas B. Xerez de Baixo

30

P

0.3

PP

Pinus sylvestris Pinus sp.

98

P 2.2

Pistacia lentiscus

P

2

3.6

Populus sp. Prunus sp.

>60

>10 P

1

Quercus (caducifolié)

1.8

2.3

Quercus (sempervirent)

48.2

7.9

Quercus coccifera

P

Quercus sp.

0.9

Rosaceae

0.4

0.3

Indéterminé

12.3

2

Total (N)

Ind.

303

P

Salix sp.

P 21.4 Ind.

Ind.

96

266

14

Ind.

Toledo, Areeiro III et Barca do Xerez de Baixo – les sites qui feront l’objet d’une étude approfondie dans les trois prochains chapitres. Hier, comme aujourd’hui encore, en fonction de sa situation en termes de latitude et d’altitude et de son éloignement plus au moins grand par rapport au littoral, chaque région possède un caractère particulier.

du bassin du fleuve Maior où se sont installés, à Areeiro III, des groupes de chasseurs-cueilleurs. Le massif calcaire, à portée de ces groupes, offrait une gamme diversifiée de ressources végétales et animales, mais également des cavités karstiques qui leur servaient d’abri temporaire au cours de leurs incursions dans la montagne.

Dans la zone littorale, entre l’océan et Toledo, s’étendait une vaste forêt de pins maritimes, peuplée sans doute de chevreuils, de sangliers et de lapins. Dans les vallées plus abritées, où l’eau devait être plus abondante, poussaient les frênes et les peupliers. Plus près de Toledo, les clairières étaient le territoire des cerfs et des aurochs, mais également de plusieurs espèces ligneuses comme l’olivier sauvage, l’arbousier et les bruyères, également présents sur les versants calcaires qui entouraient la vallée du fleuve Alcabrichel, avant qu’il ne se jette dans l’Atlantique.

Vers l’intérieur et au sud, déjà bien loin de la mer et là où la température et la pluviosité sont décalées dans le temps – des étés chauds et secs ; des hivers froids et plus humides –, le couvert végétal devait être dominé par des fourrés de bruyères, de chênes kermès et de cistes où poussaient également, éparses, des chênes liège et des chênes verts. Le paysage devait rappeler, tout comme aujourd’hui, la savane africaine. Dans cette vaste plaine de l’intérieur de l’Alentejo, dans le site de Barca do Xerez de Baixo et avec le fleuve Guadiana à leurs pieds, d’autres mésolithiques ont fait de l’aurochs, du cerf et du cheval leur ressource alimentaire principale.

Plus vers l’intérieur, très près du pied de la montagne dos Candeeiros, la pinède se développait sur les sols sableux 24

PARTIE II Études Monographiques

4 Toledo Toledo constitue l’un des gisements les plus importants pour la connaissance du Mésolithique ancien sur le territoire portugais. Il s’agit d’un excellent exemple d’une des stratégies de cette période aboutissant à la formation d’un amas coquillier : il réunit en outre des caractéristiques documentées dans des contextes similaires contemporains de toute la façade atlantique du centre et du sud du pays.

4.1. Localisation, contexte géomorphologique et travaux archéologiques L’amas coquillier est inséré dans des colluvions de texture sableuse-silteuse-argileuse qui reposent directement sur une terrasse fluviale de la rive droite de la rivière de Toledo – un cours d’eau à régime temporaire, affluent du fleuve Alcabrichel, à environ quatre km en ligne droite de la côte actuelle (Fig. 4.2). Du point de vue lithologique, la rivière entaille les arénites du Tithonien qui affleurent sur plus de 60% de la zone (Fig. 4.3).

Le site est localisé sur le littoral de l’Estrémadure portugaise (Chapitre 1, Ière Partie) 1. Dans la zone où se situe Toledo, la bande côtière est caractérisée par la présence de platesformes rocheuses avec des falaises d’altitude moyenne, intercalées par de longues plages étroites qui se forment habituellement à l’embouchure de cours d’eau (Fig. 4.1).

Les vestiges archéologiques sont répartis sur trois parcelles distinctes mais contiguës (A, B et C), à la surface ou à l’intérieur du dépôt de colluvion, sachant que les coquilles de mollusques en sont l’aspect le plus visible compte tenu du spectre d’activités qui y ont trouvé place.

En l’occurrence, c’est le fleuve Alcabrichel qui a constitué l’élément géomorphologique le plus important non seulement du point de vue du modelé du relief et du paysage mais également comme source de subsistance pour les communautés humaines qui se sont installées à Toledo. La tectonique diapirique a joué un rôle fondamental dans l’organisation et la réorganisation des formes de relief, contrariant la monotonie lithostructurale observée dans toute la zone, nettement dominée par des roches détritiques du Jurassique supérieur (70%) composées de grès, de marnes, d’argiles et de conglomérats (Manupella et al., 1999 ; Trindade, 2001 ; 2002 ; 2011).

La plus ancienne mention du site archéologique date de 1961, à l’occasion de la publication de la première carte géologique correspondant à la page de Lourinhã (França, et al., 1961). Ce n’est toutefois qu’en 1986 que des sondages ponctuels ont été réalisés sous la responsabilité d’une équipe d’archéologues dirigée par David Lubell de l’Université d’Alberta, Canada (Fig. 4.4). A l’époque, ces travaux avaient revêtu un caractère d’urgence car le site était menacé par les activités agricoles. Quatre sondages

Figure 4.1 – Localisation de Toledo. A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura ; C. La bande côtière de la région sous étude 1

Laquelle comprend des unités de paysage très distinctes, parfois même contrastées, mais qui subissent toutes une forte influence méditerranéenne.

27

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.2 – A. Localisation de Toledo sur la carte militaire du Portugal à l’échelle 1/25 000 (A-dos-Cunhados, Torres Vedras) ; B. Caractérisation lithostructurale de la région à l’étude, basée sur la carte géologique du Portugal à l’échelle 1/50 000 (Page 30-A). Modifié d’après Trindade, 2001.

Figure 4.3 – Coupe schématique représentant le cadre lithostructural de la zone à l’étude ; implantation de l’amas coquillier de Toledo et de la rivière de Toledo (modifié d’après Trindade, 2001).

de 1m2 chacun avaient alors été ouverts, dont trois dans la Propriété/Parcelle A (F6, F7 et F10) et un dans la Propriété/ Parcelle C (T1). Les travaux réalisés dans ce dernier

sondage ont montré que le contexte archéologique était déjà complètement détruit par les labours. Dans les trois autres, toutefois, il a été possible de documenter un dépôt coquillier 28

Partie II – Toledo

Figure 4.4 – Localisation, sur une carte topographique, des zones fouillées. En noir, les sondages ouverts par David Lubell en 1986 ; en gris, les fouilles réalisées en 1995, 1997 et 1998, sous ma direction.

la propriété A, de 8m2 (unités J-K / 10-13) ; le second, dans la propriété B, de 16m2 (unités Q-T / 43-46). En ce qui concerne le talus de la route, l’intervention a eu pour principal objectif de récupérer ce qui restait encore d’une éventuelle structure de combustion, dans laquelle des fragments de faune brûlés, des cailloux et des coquilles de mollusques bivalves déjà très fragmentées, étaient visibles. Le talus a été reculé d’environ 50cm, dans le sens du secteur de fouille ouvert dans la propriété B, et sur environ 2,5 mètres de long.

in situ à environ 1m de profondeur et d’environ 50cm d’épaisseur moyenne, montrant néanmoins des signes clairs de perturbation post-dépositionnelle. Outre l’énorme masse de coquilles de mollusques bivalves, nettement dominée par la coque (Cerastoderma edule), quelques vestiges fauniques (mammifères, oiseaux et poissons) et lithiques, associés pour la plupart au dépôt coquillier (“couche 2 (c)”), ont été également recueillis ainsi que des fragments de céramique moderne et préhistorique (Zilhão et Lubell, 1987b). Les caractéristiques et les modes de distribution spatiale et verticale des vestiges récupérés à l’époque ont permis aux responsables non seulement de procéder à une première évaluation des conditions d’enfouissement, mais encore d’ébaucher un cadre chrono-culturel possible du contexte archéologique (Zilhão et Lubell, 1987b ; Araújo, 1998). La présence d’un dépôt coquillier compact – un type de vestige associé habituellement à des contextes relevant d’une chronologie mésolithique – et la datation ultérieure d’un échantillon composé d’un ensemble d’os devaient confirmer les premières impressions obtenues au cours de ces sondages2.

L’étude du site de Toledo a été réalisée dans le cadre d’un projet de recherches intitulé Adaptações Humanas do Pósglacial no Litoral da Estremadura (Adaptations humaines du postglaciaire sur le littoral de l’Estrémadure), sous ma direction scientifique. Ce projet incluait, en outre, des interventions sur le terrain dans les sites de Vale Frade, Lourinhã (IIIème Partie) et de Pinhal da Fonte, Torres Vedras (IIIème Partie). En 1998, une première évaluation critique du contexte archéologique a été publiée (Araújo, 1998), elle a été suivie par quelques références ponctuelles sur le site dans le cadre d’articles de synthèse sur le Mésolithique ancien portugais (Araújo, 2003a ; 2003b ; 2009).

En 1995, les travaux archéologiques ont repris sous ma direction. Près de dix ans s’étaient écoulés depuis les premiers sondages et la situation était maintenant bien plus grave. En effet, les terrains avaient été complètement remaniés par les activités agricoles et de nombreux vestiges avaient été dispersés à la surface des trois propriétés. Sur le talus de la route, la situation était en tous points semblables, car celui-ci s’était éboulé plusieurs fois sous l’action des eaux pluviales. Ainsi, entre 1995 et 1998, deux secteurs d’intervention distincts ont été ouverts : le premier, dans

4.2. Sédimentation, stratigraphie et chronologie absolue Les travaux archéologiques réalisés en 1995 dans la propriété A ont confirmé, dans les grandes lignes, les impressions obtenues au cours des sondages réalisés à Toledo par l’équipe de David Lubell, non seulement en ce qui concerne l’organisation et les caractéristiques de la séquence stratigraphique mais encore sur les conditions d’enfouissement du contexte archéologique qui y était documenté (Fig. 4.5 et Fig. 4.6).

2

Il sera procédé, plus avant, à une évaluation critique de ces résultats radiométriques.

29

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.5 – Toledo : A. Coupe Sud du sondage F7 (travaux de David Lubell, 1986, Propriété A) Légende : « a – disturbed light grey-brown sandy silty plough zone with scattered lithic artefacts and modern pottery, and including : b – a large burrow containing disturbed midden deposits ; c – shell midden : a fine-grained black deposit containing a high concentration of shell, fire-cracked rock and ash, grading into a lower portion that is lighter in colour with shells and no ash ; d – brown sand without shell or ash ; e – yellow sand without shell or ash. » (Lubell, 1986). B. Coupe Ouest des fouilles menées en 1995 dans la Propriété A. Légende : « A – couche sableuse-argileuse très compacte et homogène, de couleur brune, remaniée par les travaux agricoles ; A1 – couche sableuse, de couleur brun-gris, moins compacte, avec des petits fragments de coquilles, des cendres et quelques artefacts. Fait la transition avec la couche de l’amas coquillier ; B – amas coquillier compact enveloppé dans un sédiment sableux, de couleur grisâtre-noirci, rempli d’innombrables coquillages, cailloux thermoaltérées, cendres, vestiges lithiques et fauniques. Dans certains carrés, cette couche est très concrétionnée (B1) ; D – couche sableuse de couleur jauneblanchâtre, stérile du point de vue archéologique. » (Araújo, 1998).

Figure 4.6 – Toledo : coupes Est et Sud (fouilles de 1995, Propriété A ou Parcelle A). Voir légende de la figure 4.5 : B.

reposait directement sur les sables jaunes qui constituent le substrat jurassique (voir Fig. 4.5 : B et Fig. 4.6), dans les sondages F6 et F7 de 1986, elle se positionnait sur une couche intermédiaire de sédiment brun sableux-argileux, désignée alors par couche 1, qui était toutefois stérile du point de vue archéologique (voir Fig. 4.5 : A et Tableau 4.I).

Ce contexte, matérialisé par l’amas coquillier, était bien positionné à l’intérieur de la couche 2 de 1986, qui trouve une correspondance avec la couche B de 1995 (voir Fig. 4.5 ; Tableau 4.I), bien que des altérations de nature postdépositionnelle se soient produites dans les deux séquences fouillées, dues surtout à des pratiques agricoles récentes. Ces altérations ont provoqué non seulement le remaniement partiel du niveau de l’amas coquillier mésolithique, faisant migrer vers des niveaux supérieurs, et même jusqu’à la surface, des matériaux archéologiques produits au cours de cette occupation, mais encore l’intrusion dans les couches inférieures de la séquence stratigraphique de vestiges appartenant à une chronologie plus récente.

Quant aux fouilles réalisées, par la suite, dans la propriété B et dans le talus de la route, si elles ont mis en évidence une stratigraphie qui ne s’éloigne pas, en gros, de celle décrite dans les années 1986 et 1995, elles ont toutefois fait apparaître une énorme variabilité au sein des unités fouillées, aussi bien sur le plan vertical qu’horizontal, très rarement susceptible d’être documentée dans les profils stratigraphiques présentés ici (Fig. 4.7).

Mais, si au cours des travaux réalisés en 1995, l’occupation archéologique documentée dans la couche B 30

Partie II – Toledo

Tableau 4.I – Toledo : correspondances entre les couches en fonction des différentes campagnes de fouille. PROPRIÉTÉ A

PROPRIÉTÉ B

TALUS

1986 *

1995

1997

1998

1997

1998

Lubell

Araújo

Araújo

Araújo

Araújo

Araújo

e

D

D

D

D

D

sables jaunes; substrat jurassique

1/d

absent

C

C

C

C

sédiments sableux-argileux, couleur brunâtre; élément de terrasse

2/c

B

B

B

B

B

sédiments sableux-argileux, couleur grisâtre; colluvion

b

A1

A1

A1

A1

A1

Sédiments sableux-argileux, couleur brunâtre-gris; colluvion

3/a

A

A

A

A

A

Sédiments sableux-argileux, couleur brunâtre; colluvion

Caractéristiques de la composante sédimentaire

Figure 4.7 – Toledo : coupe Est (Propriété B ou Parcelle B) et Nord (régularisation du talus de la route).

en profondeur mais n’était toutefois pas représentée dans toutes les unités fouillées. En effet, dans certains carrés, la couche B reposait directement sur les sables jaunes qui constituent le substrat.

En outre, une grande complexité dans les processus de formation du contexte archéologique a été constatée, dont il convient de mettre en relief les aspects suivants : 1. la couche C et la couche B sont situées côte à côte (à savoir, sur un même plan et à la même cote), puis la première se développe en profondeur dans certaines des unités fouillées (voir, par exemple, Fig. 4.8) ; 2. cette couche C contient des vestiges archéologiques en tous points semblables à ceux documentés dans la couche B. Rappelons que, dans les sondages de 1986, cette couche ne contenait pas de vestiges d’occupation humaine.

L’étude de la séquence sédimentaire réalisée par Trindade (2001) a néanmoins démontré que les couches B et C correspondent, en fin de compte, à deux unités géologiques distinctes, tant du point de vue chronologique qu’en ce qui concerne les processus qui leur ont donné naissance : la couche C, plus ancienne, a une genèse nettement fluviale et correspond à un élément de terrasse sans continuité latérale ; la couche B, plus récente, trouve son origine dans du matériel colluvionnaire. Dans la mesure où ces deux unités ont une origine et une chronologie différentes, comment interpréter la réalité documentée au cours des travaux archéologiques réalisés en 1997 et 1998 dans la propriété B et dans le talus de la route et exposée aux points 1 et 2 ?

En 1998, à l’occasion de la publication d’une première évaluation critique du gisement (Araújo, 1998), la présence de ces deux couches présentant des caractéristiques distinctes, mais situées côte à côte sur un même plan, avait été interprétée comme le résultat de variations latérales liées à une plus grande anthropisation de la couche B, remplie de coquilles et acquérant, pour ce motif, une coloration plus grisâtre et une texture plus granuleuse, en contrepoint à une couche de sédiment brun doré et à la texture plus moelleuse (Couche C), qui contenait également du matériel archéologique, mais en moins grande quantité. Ces deux couches devaient ainsi constituer des variations latérales d’un même paquet sédimentaire (une même unité géologique), individualisées toutefois à partir de leur contenu archéologique. La couche C se développait ensuite

En conjuguant les données issues des deux perspectives, archéologique et sédimentologique, la stratigraphie du site peut être décrite de la façon suivante (en suivant l’ordre de déposition des couches ; voir Fig. 4.7) : Couche D – représentée par le substrat jurassique, elle est composée d’arénites fines de couleur jaune-blanchâtre et faciles à fouiller. Quelques vestiges archéologiques ont été documentés à l’intérieur de ces sables, dans les secteurs où 31

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.8 – Toledo : Q44, plans de base de niveau sur lesquels la coexistence de couches géologiques distinctes, situées côte à côte et sur un même plan, est visible.

la couche B – celle du dépôt coquillier proprement dit – est en contact direct avec la couche D, et qui proviennent bien entendu de la couche C proprement dit qui lui est susjacente ; Couche C – représentée par un sédiment sableux-argileux fin de couleur brun doré. Outre le fait qu’elle ne possède pas de continuité latérale, elle a été tronquée dans certaines unités fouillées par l’horizon surjacent (Couche B). Elle comprend des restes lithiques et fauniques, mais les mollusques sont toutefois moins abondants (par comparaison avec la Couche B). La composition du sédiment indique, pour ce dépôt, une genèse nettement fluviale (élément de terrasse). L’absence de cette couche dans la zone de fouille ouverte en 1995 dans la propriété A (voir Fig. 4.5 : B et Fig. 4.6) peut maintenant s’expliquer à partir des résultats de l’étude sédimentologique, d’après laquelle cette unité géologique a subi des processus d’érosion différentielle liés à des phénomènes d’écoulement concentré et ne possède donc pas de continuité latérale pour ce motif ; Couche B – représentée par un sédiment sableux-argileux de couleur grisâtre, parfois très noirci, rempli de coquilles qui sont pour la plupart fragmentées. Elle contient également des restes lithiques et fauniques. La composition du sédiment indique une genèse colluvionnaire. Dans certains des secteurs fouillés, cette couche pénètre directement dans les sables jaunes-blanchâtres qui composent le substrat (Couche D). Dans la transition avec la couche A1, il existe un nombre considérable de cailloux anguleux dont la présence résulte de la dynamique de versants proprement dite (voir, par exemple, Fig. 4.9) ;

Figure 4.9 – Toledo : le sommet de la couche archéologique (l’amas coquillier) est marqué par la présence de cailloux anguleux d’origine colluvionnaire. En haut, carré T43 (niveau 11) ; en bas, carré R43 (niveau 12).

32

Partie II – Toledo

Couche A1 – formée d’un sédiment sableux-argileux de couleur brun-grisâtre, elle correspond à un épisode de réactivation de la dynamique de versants. La présence de vestiges archéologiques dans cette couche trouve surtout son origine dans le remaniement de la couche archéologique sous-jacente par suite des activités agricoles ; Couche A – formée d’un sédiment sableux-argileux de couleur brun clair et très compact, elle correspond au même dépôt de versant déjà très affecté par les pratiques agricoles. Tout comme en A1, des matériaux archéologiques provenant pour la plupart des niveaux sous-jacents y ont été documentés. 4.2.1. La formation du contexte archéologique mésolithique : une lecture horizontale L’étude, les conditions d’enfouissement et l’organisation des vestiges permettent d’établir un modèle possible concernant le processus de formation du contexte archéologique mésolithique. Outre la détermination de l’unité géologique dans laquelle cette occupation a effectivement eu lieu (Couches B ou C ?), ce modèle inclut bien entendu un autre type de situations lié aux modalités d’occupation et de gestion de l’espace par les communautés humaines qui s’y sont installées. Toledo, tout comme une très grande majorité des contextes archéologiques accumulés par des populations de chasseurs-cueilleurs nomades, s’est formé au cours de plusieurs passages, de séjours différents dans le temps mais dont les buts fonctionnels étaient probablement les mêmes. La cueillette et la consommation d’aliments d’origine aquatique, en particulier de mollusques bivalves, devaient sans doute constituer le pôle d’attraction principal pour ces communautés humaines. Mais ce n’est pas tout. Le lieu offrait d’autres potentialités cynégétiques qui ont été également exploitées et mises à profit.

Figure 4.10 – Toledo : 1. Reconstitution schématique la plus parcimonieuse du processus de formation de l’amas coquillier mésolithique. D – Substrat jurassique ; C – Alluvions fluviatiles sans continuité latérale ; B – Colluvion partiellement érodé dans certains secteurs. 2. Reconstitution schématique, en profil, des événements naturels et anthropiques qui ont eu lieu au cours du temps représenté à Toledo. Voir texte intégral relatif à cette figure dans l’Index Figures et Tableaux.

mésolithiques se sont succédées, tout comme le processus sédimentation (et d’érosion), sans qu’il soit toutefois possible d’estimer le nombre de séjours et leur périodicité, pas plus que les limites temporelles en cause. L’étude de la culture matérielle accumulée au cours de ces passages n’a pas révélé le moindre indice qu’il ait pu se produire des changements dans le système technique et dans les stratégies de subsistance des communautés de chasseurs-cueilleurs qui s’y sont installées. Les résultats des datations radiométriques obtenues à partir d’échantillons de coquilles provenant de deux zones différentes de fouille, l’une dans la propriété A et l’autre dans la propriété B (Fig. 4.11), semblent indiquer une période d’occupation maximale de 400/500 ans et positionnent, par la même occasion, le contexte au Mésolithique ancien (chronozone Boréale). Il est encore plus intéressant de constater que des échantillons provenant de niveaux artificiels éloignés entre eux (compte tenu du plan vertical), et prélevés dans une zone où il n’a pas été détecté la moindre structure de type fosse, par exemple, présentent des résultats statistiquement identiques.

Ainsi lorsque les premiers groupes humains se sont installés dans cet endroit, supposément dans le cadre de séjours de courte durée, le sol qu’ils ont dû fouler ne devait pas être uniforme compte tenu du genre de sédiments qui devaient être alors à découvert : les terres qui s’y étaient accumulées, provenant des versants, devaient avoir déjà subi des processus d’érosion différentielle mettant à découvert, dans certains secteurs, les alluvions qui constituent l’élément de terrasse (Fig. 4.10). Ce cadre expliquerait la présence, tel qu’observé au cours des travaux de fouille, des couches B (d’origine colluvionnaire) et C (d’origine fluviatile) côte à côte sur un même plan et contenant toutes deux des vestiges archéologiques produits dans le cadre d’un même contexte d’occupation.

Il existe néanmoins une datation (TO-707) effectuée sur un ensemble de sept os exhumé en 1986 dans le sondage F7 (travaux de David Lubell dans la Propriété A) et beaucoup plus récente (de l’Atlantique, Mésolithique récent), mais nettement en désaccord avec les résultats obtenus pour les échantillons de coquilles. Il existe, toutefois, de fortes raisons de considérer cette datation avec circonspection compte tenu des considérations suivantes :

Les communautés humaines ont tiré parti de toutes sortes de ressources d’origine terrestre et aquatique, disponibles sur place ou dans les environs, produisant les outils en pierre nécessaires à leur acquisition et leur traitement. Mais elles ont également interféré avec le sol, ouvrant des fosses pour y installer des foyers, comme le confirment les thermoclastes documentés au cours de la fouille, mais malheureusement déjà déplacés de leur contexte originel. Les occupations

1. L’échantillon a été recueilli déjà dans la base de la couche de coquillages (voir Fig. 4.5 : A), à environ 154cm de 33

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.11 – Toledo : datations absolues. R. effet réservoir marin (le vieillissement apparent), calculé pour la côte occidentale de la péninsule Ibérique (Soares, 1993). Le calibrage a été réalisé à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009).

profondeur (Couche 2 ; Lubell, com. pess) ; à savoir, à l’intérieur du même contexte géoarchéologique qui a fourni les résultats radiométriques plus anciens, de la chronozone boréale, pour des échantillons de coquilles de mollusques (Sac-1529 et Sac-1587). L’échantillon Sac-1587, par exemple, a été recueilli au niveau 12 de K13 (voir Fig. 4.5 : B), l’un des plus riches du point de vue archéologique, aussi bien en termes quantitatifs que qualitatifs. C’est également à ce niveau 12 et ce, en parfaite association avec l’ensemble malacologique, qu’ont été découverts les restes fauniques exhumés dans tous les carrés fouillés en 1995 dans la propriété A. La séquence stratigraphique observée en en 1986 dans le sondage F7 ne présente pas, par ailleurs, de variations significatives par rapport aux secteurs fouillés entre 1995 et 1998 dans les propriétés A et B ; 2. Le contexte dans lequel les os de l’échantillon TO-707 ont été recueillis est défini de la façon suivante : “In levels 145 cm to 150 cm bs, and 150 cm to 155 cm bs of unit F7, the high frequency of rock and bone, including deer, pig and fish, and the presence of charcoal and a higher frequency of lithic waste may be indicative of an activity area, possibly a hearth or other processing location. This feature lies at the base of the midden, resting on brown sandy deposits ; and it may represent the earliest occupation of the site, dated (level 145 cm to 150 cm bs) to 7800 ±110 bp” (Lello, 1990) ; 3. Comme il s’agit exactement du même contexte archéologique, il n’est pas possible de concevoir un cadre basé sur l’hypothèse que l’ensemble malacologique aurait été accumulé au Mésolithique ancien tandis que les restes fauniques auraient été associés uniquement, ou majoritairement, à une occupation du Mésolithique récent. L’étude des faunes

d’origine terrestre et aquatique montre que cette hypothèse n’est pas soutenable ; 4. D’après David Lubell “The sample appeared to be in situ, but I was concerned about possible downward displacement due to burrows which were common in the deposit. At precisely the same depth, but not in direct association, we found several sherds of what appeared to be prehistoric pottery” (Lubell, par courrier électronique de 19 juillet 1998). L’hypothèse que nous nous trouverions en présence d’un échantillon contaminé, regroupant des fragments d’os relevant de chronologies distinctes (et qu’il s’agit donc d’une moyenne), accumulés à l’intérieur du même niveau archéologique par suite de changements de nature postdépositionnelle, semble ainsi plus parcimonieuse. 4.2.2. L’altération du contexte archéologique mésolithique : lecture verticale Les activités agricoles, en particulier l’ouverture de tranchées profondes pour la plantation de vignes, ont modifié significativement le contexte archéologique accumulé durant la chronozone boréale. La présence d’artefacts lithiques, de cailloux rubéfiés et d’innombrables petits fragments de coquilles à l’intérieur des couches A et A1 est due surtout au retournement du dépôt coquillier. Ces altérations, observées dans tous les secteurs fouillés mais avec une plus grande prédominance dans la zone de fouille ouverte dans la propriété B, sont également confirmées par la présence de fragments de tuile moderne, de morceaux de plastique et d’autres matériaux d’une époque récente introduits à l’intérieur des couches B, C et même D. 34

Partie II – Toledo

Figure 4.12 – Toledo : projection, sur plan vertical, des céramiques néo-chalcolithique et de l’époque moderne. Les tessons du pot néo-chalcolithique collent entre eux. Les tessons modernes trouvés au sein de la couche A n’ont pas été pris en compte. Le changement de couleur du fond du graphique correspond au sommet de l’amas coquillier.

Par ailleurs, il a été enregistré des matériaux archéologiques qui n’ont pas pu être produits au cours de l’occupation boréale (à savoir, du Mésolithique ancien), tant à la surface qu’à l’intérieur de la couche A (ou A1) et aussi dans les niveaux plus profonds de la séquence (Couches B et C) : 1. un ensemble peu nombreux de fragments de céramique lisse, de fabrication manuelle (non tournée), dispersé aléatoirement tant sur le plan vertical qu’horizontal (Fig. 4.12) ; 2. quatre petites lamelles débitées par pression et portant des signes de traitement thermique (Fig. 4.13 : A). Un des exemplaires, bien qu’impossible à remonter, a été extrait d’un nucléus pyramidal qui présente également des signes de traitement thermique. Ce petit ensemble d’artefacts a été fabriqué à partir d’un silex opaque de couleur crème clair/grisâtre (du Cénomanien), dont les sources d’approvisionnement plus proches, déjà en position secondaire, sont situées à environ 10km du site (voir Point 4.3). Or une majorité écrasante des artefacts lithiques produits dans le contexte de l’occupation boréale ont été fabriqués à partir de roches siliceuses qui incluent également des jaspes et des calcédoines, dont la fracture conchoïdale est généralement mauvaise et qui sont présentes dans les mêmes sources secondaires susmentionnées. Les affleurements primaires d’origine de ces matériaux siliceux, attribués à l’Éocène, sont situés dans le bassin de Runa (voir Point 4.3 et Fig. 4.15) ; 3. six lamelles en silex de couleur brun-rougeâtre (Cénomanien) débitées en recourant à la technique de la percussion indirecte (Fig. 4.13 : B). Les nucléus qui ont donné naissance à ces supports ne sont pas représentés dans le gisement. Deux trapèzes et un petit microburin (voir Fig. 4.13 : B), obtenus à partir de ce même silex, peuvent être éventuellement associés à ce contexte de production lithique.

Figure 4.13 – Toledo : A. nucléus pyramidal et quatre petites lamelles débitées par pression et portant des signes de traitement thermique ; B. 1-4 : lamelles débitées par percussion indirecte ; 5 : microburin ; 6-7 : microlithes géométriques ; C. projection, sur plan vertical, de la production lithique en désaccord avec l’occupation mésolithique (et dont l’origine doit être néo-chalcolithique). Le changement de couleur du fond du graphique correspond au sommet de l’amas coquillier.

dans les environs du site (à demi-versant, par hypothèse) et dont l’origine probable remonte au Néolithique final/ Chalcolithique3. Compte tenu, par ailleurs, de la séquence stratigraphique mise à découvert et des processus de sédimentation impliqués, la couche A a nécessairement dû être le réceptacle de cette occupation, même en admettant les profondes altérations de cette tranche du dépôt par les activités agricoles. La présence, à l’intérieur du dépôt coquillier, de céramiques et d’autres artefacts produits au cours de cet épisode d’occupation est due à des facteurs récents de nature post-dépositionnelle.

3

Nous ignorons complètement quel est le type de contexte qui a pu générer la production de ces artefacts. Les vestiges ne sont pas suffisamment représentatifs (en nombre et en catégorie) et leur distribution spatiale et verticale ne répond pas à la moindre règle.

Tout porte à croire que les artefacts présentés aux points 1, 2 et 3 ont été abandonnés dans le contexte d’une occupation plus récente qui a dû se dérouler quelque part 35

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

4.2.3. Etablir les seuils de confiance pour l’enregistrement archéologique

contexte (chrono-culturelles et taphonomiques) et a tenu compte des modèles déjà reconnus de production lithique, documentés dans l’univers des sites coquilliers datés de l’Holocène initial. L’analyse de l’industrie a été conduite de façon à permettre de reconnaître les objectifs des opérations de taille (les supports recherchés), les procédés techniques et l’utilisation subie par les objets (à partir de la tracéologie). L’industrie lithique de Toledo se caractérise, avant tout, par l’absence presque totale de standardisation (c’est-à-dire, l’absence d’options récurrentes) quant aux types morphologiques visés et même quant aux stratégies de gestion et de fracture adoptées. Deux facteurs ont déterminé cette situation :

L’analyse taphonomique et critique de toute la séquence fouillée montre que, sans pouvoir complètement exclure d’éventuelles erreurs d’attribution, toujours susceptibles d’exister, l’écrasante majorité des vestiges archéologiques présents dans le site de Toledo appartient à un même cadre chrono-culturel (du Mésolithique ancien) et ce, même en tenant compte du fait que la formation d’un contexte de ce type résulte généralement de la superposition et de la juxtaposition de vestiges accumulés au cours de divers passages, non discernables dans la plupart des cas à l’échelle du radiocarbone et rarement susceptibles d’individualisation spatiale et stratigraphique. Au cours de ces différents passages, des activités se sont déroulées qui ont pu altérer et même détruire des vestiges et des structures accumulés à des moments antérieurs. Ainsi, outre la destruction partielle du dépôt coquillier par les activités agricoles récentes (qui ont amené dans les niveaux susjacents des vestiges accumulés au cours de cette occupation et ont provoqué, par un processus inverse, l’intrusion à l’intérieur de ce même dépôt d’autres vestiges appartenant à une chronologie plus récente), il existe d’autres facteurs qui ont interféré avec les conditions originelles de dépôt des vestiges et dont la responsabilité devra être imputée aux populations qui sont passées par là au cours des divers séjours mésolithiques. L’érosion est une autre constante, au cours du temps, dont il n’est pas toujours possible d’estimer la portée étant donné la quantité et la diversité des facteurs qui ont interféré avec les conditions de dépôt et provoqué des altérations dans les diverses séquences observées à Toledo.

• le type/la qualité des matières premières disponibles pour les opérations de taille ; • l’utilisation qu’ont subie les objets fabriqués, laquelle a un rapport direct avec le type de site et d’activités qui s’y sont déroulées. Les groupes humains de Toledo – et d’autres contextes similaires reconnus sur toute la bande côtière actuelle, comme nous le verrons plus loin (sous-chapitre 8) – n’incorporent pas, dans leur univers technique, les mêmes soucis technico-stylistiques que ceux de leurs prédécesseurs les plus directs. 4.3.1. Méthodologies Les méthodes d’analyse utilisées ont été déterminées par les caractéristiques du site, sans toutefois perdre de vue l’objectif qui consistait à reconnaître les chaînes opératoires de production lithique. Comme toutes les catégories technologiques résultant de la fracturation in situ des volumes de matière première semblaient présentes dans ce lieu, nous avons choisi, dans un premier temps, d’appliquer la méthode des remontages à l’ensemble lithique. Le but était, par le biais de cette méthode, non seulement de préciser des aspects très concrets de nature taphonomique, mais encore de reconnaître, d’une façon plus directe, les modalités de fabrication et de transformation des supports. L’application de cette méthode s’est révélée complètement infructueuse. Malgré l’absence de remontage ou de raccord, cette tentative a permis de reconnaître des ensembles d’artefacts qui devaient provenir d’un même volume de matière première.

Les dépôts coquilliers constituent un type de site extrêmement complexe tant en ce qui concerne leur processus de formation que le type et la quantité de vestiges qui les composent. Ils constituent, par nature, un amas de détritus, de vraies décharges des repas qui y ont eu lieu au cours de plusieurs générations et dont le menu était composé majoritairement4 de mollusques bivalves. Si le nº 1 de la figure 4.10 montre un exemple, en recourant à divers outils d’analyse taphonomique, du processus de formation du dépôt coquillier mésolithique, le nº 2 retrace la réalité documentée au cours des travaux de fouille. Le processus d’évaluation de l’intégrité du site a permis non seulement d’établir quels sont les seuils de confiance nécessaires pour mener à bien l’étude de l’ensemble de vestiges, dont les résultats sont présentés dans les prochains sous-chapitres, mais encore de procéder à la caractérisation paléoanthropologique des comportements qui y ont trouvé place.

L’absence de remontages peut s’expliquer par les facteurs suivants : • la mutilation partielle de l’espace archéologique ; • les altérations de nature post-dépositionnelle subies par le site, tant sur le plan vertical qu’horizontal ; • le degré élevé de fragmentation de l’industrie • les caractéristiques de la matière première utilisée dans les opérations de taille, en particulier de l’ensemble de roches siliceuses, qui inclut des calcédoines et des jaspes de divers types. Le processus de silification, à différentes phases et portant sur différents types de silice, a conduit à une grande hétérogénéité au sein d’un

4.3. Contenus archéologiques : technologie lithique L’approche de la série lithique a été bien entendu conditionnée par les caractéristiques archéologiques du 4

En termes quantitatifs et non pas de biomasse.

36

Partie II – Toledo

même nodule, renforcée par la présence de nombreuses géodes ; • l’absence totale de standardisation dans les modalités de fabrication ; il n’y a pas de séquences longues de débitage ; l’utilisation de multiples plans de frappe est fréquente tout comme le recours à la taille bipolaire. Le processus de débitage avance au fur et à mesure des possibilités physiques et mécaniques fournies par les nodules de matière première.

connaître la recette, à savoir, les modalités de fabrication. Les nucléus, les éclats entiers, les supports allongés (lames et lamelles) et les supports transformés ont été étudiés à partir de grilles analytiques incluant divers attributs de nature qualitative (technique) et métrique, qui se complètent et s’associent entre eux, sélectionnés de façon à permettre de comprendre la gestion des volumes de matière première, les séquences de taille et les méthodes de transformation de supports. Cette procédure a permis également de comprendre l’identité technique de certains groupes d’artefacts présents au sein de la série lithique, comme les grattoirs courts et épais et les pièces esquillées (dans le cadre de la problématique nucleus vs. outil) ;

Face à ce cadre, nous avons choisi d’utiliser des grilles d’analyse conçues de façon à reconstituer mentalement les chaînes opératoires de production lithique qui ont eu lieu dans le gisement, à partir de la lecture technologique des objets manufacturés (c’est-à-dire, de leurs caractères essentiels). Il convient de souligner que, dans certains cas, il s’est avéré impossible de visualiser certains stigmates de taille en raison des caractéristiques de la matière première mentionnées plus haut et de la présence systématique de concrétions carbonatées qui se sont formées sur les surfaces des pièces (même après les avoir nettoyées avec une solution d’acide). La procédure analytique a donc consisté à passer par les phases suivantes :

Les éclats ont été classés en outre selon plusieurs types distincts d’après la localisation du cortex. Les nucléus et les supports transformés (des outils, dans le sens typologique du terme) ont été analysés en outre sur la base d’autres attributs de nature technique et métrique ; 5. enfin, nous avons cherché à tester, en recourant à la tracéologie, si des traces d’utilisation ont éventuellement survécu sur les artefacts. La sélection de l’échantillon a été orientée de façon à respecter la collection lithique dans son ensemble et à répondre aux questions très spécifiques suscitées par l’étude technologique.

1. nous avons cherché, en premier lieu, à identifier les sources d’approvisionnement (primaires et secondaires) existant dans la zone d’implantation du gisement ; à partir de ce référentiel géologique, il a été possible de procéder à une caractérisation plus fondée de l’industrie et des options technologiques développées par les populations de Toledo ; 2. l’industrie a fait l’objet d’un inventaire par grandes catégories technologiques, correspondant au fractionnement de la chaîne opératoire, et d’après les stigmates de fragmentation, en respectant toujours la position spatiale et verticale de chaque artefact ; 3. cette première systématisation de l’ensemble lithique a permis de constater aussitôt : • une production reposant sur des supports courts ou très courts (des éclats et des esquilles), les supports allongés s’avérant extrêmement rares (lames et lamelles) ; • une quasi absence de produits découlant de la préparation et/ou de l’entretien des volumes de matière première ; • un indice de transformation très faible ; • les dimensions réduites des nucléus abandonnés ; 4. après avoir identifié les ingrédients, il fallait encore

4.3.2. Matières premières et sources d’approvisionnement Le quartzite, le quartz et un ensemble très diversifié de roches riches en silice constituent les principales variétés pétrographiques utilisées dans les opérations de taille. D’autres roches qui présentent un grain très grossier et une mauvaise fracture conchoïdale ont été également documentées ; elles ont été incluses, dans cette étude, sous la dénomination générique de roches à grain grossier (Tableau 4.II). Les blocs de matière première ont été introduits dans le site à l’état brut, sous formes de galets ou de petits blocs, et y ont été entièrement débités. Les schémas opératoires sont ainsi représentés dans leur totalité. La plupart des roches, sinon même la totalité, devaient déjà être en position secondaire, c’est-à-dire, détachées des affleurements d’origine – les formations détritiques, les terrasses et les dépôts de versant constituant les principales sources d’approvisionnement des communautés humaines de Toledo.

Tableau 4.II – Toledo : inventaire de la série lithique par matières premières et par couches. Couche A

Couche B

Couche C

Couche D

TOTAL

N

%

N

%

N

%

N

%

N

%

Quartzite

67

13.7

280

19.3

216

23.7

123

27.3

686

20.8

Quartz

58

11.9

201

13.8

152

16.6

85

18.9

496

15.0

Roches siliceuses (R.S.)

344

70.3

879

60.5

476

52.1

224

49.8

1923

58.2

Roches grenues (R.G.)

20

4.1

93

6.4

69

7.6

18

4.0

200

6.1

TOTAL

489

100

1453

100

913

100

450

100

3305

100

37

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Le quartzite se présente sous la forme de galet roulé et peut être facilement obtenu dans les environs immédiats du site. L’analyse des artefacts produits à partir de cette matière première montre que les volumes utilisés étaient généralement de petites dimensions et dépassaient rarement 5cm de longueur maximum, ce qui est compatible avec le référentiel géologique. Bien que certains volumes qui présentaient une mauvaise surface de fracture lors de leur taille aient été débités, le quartzite à grain fin prédomine nettement dans cette catégorie (95%), malgré la présence systématique de clivages qui n’ont pas facilité le processus de débitage. Le quartz est également disponible au sein des formations détritiques locales, sous la forme de galets roulés de petite dimension (inférieurs, en général, aux galets de quartzite). Il a un aspect granuleux, peu homogène, une tonalité claire, translucide ou semi-translucide, et une aptitude médiocre à la taille. Un ensemble très réduit de pièces (4%) s’insère dans la catégorie du quartz laiteux : il présente une structure fine et homogène ainsi qu’une bonne fracture conchoïdale. Les roches siliceuses utilisées à Toledo (58,2%) couvrent un spectre lithologique très diversifié ; différents types de silex, constituant la grande majorité de ces roches, ainsi que des calcédoines, des jaspes et des opales y sont ainsi représentés. Ces matières premières ont été recueillies en position secondaire et sont entrées dans le site sous forme de petits blocs présentant un cortex peu roulé ou, le plus souvent, un cortex d’altération. Les sources d’approvisionnement les plus proches sont situées au sud de Toledo, à l’intérieur de terrasses quaternaires cartographiées sur la rive droite du fleuve Sisandro (Fig. 4.14). Ces dépôts couvrent toute la variabilité lithologique observée dans l’amas coquillier. Les formations géologiques primaires sont situées dans le bassin de Runa, à environ 10km au sud-est des éléments de terrasse, les silifications prenant la forme de petits nodules, de veines ou de plaquettes au sein d’affleurements calcaires attribués à l’Éocène (Fig. 4.15). Après s’être détachés des affleurements, les blocs de matière première ont été déplacés par le réseau hydrographique, puis ils se sont intégrés dans les dépôts de terrasse et dans les alluvions.

Figure 4.14 – Localisation des formations primaires et secondaires d’origine des roches siliceuses abandonnées sur le site de Toledo.

Il existe une grande variabilité du point de vue de la texture, de la tonalité et des types d’inclusion au sein de l’ensemble de roches siliceuses documentées dans la série lithique, ce qui est compatible avec les caractéristiques observées dans les affleurements primaires d’origine. Les textures translucides ou semi-translucides ainsi que les tonalités plus claires dominent toutefois (blanches, crèmes, grisâtres ; Fig. 4.16). Il existe un ensemble plus réduit de pièces qui présentent une coloration rougeâtre ou brunâtre et une texture opaque. Les cortex sont d’altération, ils ont une épaisseur millimétrique et sont parfois même pulvérulents. La présence de nombreuses géodes et d’autres types d’impuretés dérivées du processus de silification (manifeste dans la grande hétérogénéité existant au sein d’un même

Figure 4.15 – Veines de jaspe et de calcédoine présentes à l’intérieur des formations calcaires attribuées à l’Éocène (“Eø – Paléogène indifférencié de Runa”, Carte géologique du Portugal, page 30-D / Alenquer) localisées dans le bassin de Runa (voir Figure 4.14).

38

Partie II – Toledo

vue de la production, la transformation et l’utilisation de certains types de supports. Dans la catégorie de roches à grain grossier figure un ensemble très hétérogène de lithologies difficiles à caractériser, mais qui inclut des galets roulés présentant une faible aptitude à la taille et provenant de sources d’approvisionnement locales. Si l’on s’en réfère aux deux plans, vertical et horizontal, il n’existe pas de différences dans le type de matières premières utilisées dans les diverses couches et zones de fouille. Les roches siliceuses prédominent toujours largement, suivies du quartzite, du quartz et des roches à grain grossier. C’est dans la couche B et dans propriété B qui se concentre la grande majorité des restes lithiques récupérés dans le site. L’ensemble de matières premières représentées à Toledo (types et proportions) reflète le spectre de lithologies disponibles sur place ou à proximité, une caractéristique applicable à la plupart des contextes coquilliers accumulés au cours du Mésolithique ancien. 4.3.3. Les supports recherchés Si la production d’éclats a constitué l’objectif principal des opérations de taille qui ont eu lieu à Toledo (Tableau 4.III ; Fig. 4.17), il est plus difficile de séparer, au sein de cet univers, les supports réellement recherchés (destinés à être utilisés en brut ou transformés par retouche) de ceux qui constituent des débris de leur processus de fabrication (à savoir, des éclats ou des fragments d’éclats produits accidentellement).

Figure 4.16 – Toledo : quelques types de roches siliceuses abandonnées sur le site. Photo J.P. Ruas

nodule) ainsi que la morphologie et la dimension originelle des galets, n’ont pas facilité le processus de débitage. Il a été procédé à un premier essai d’individualisation des roches siliceuses par types distincts, en utilisant divers paramètres de caractérisation macroscopique, comme la texture, la tonalité, le type de grain, le type d’inclusions, etc. Cette tâche s’est révélée toutefois improductive étant donnée l’énorme variabilité existant au sein de l’ensemble lithique et jusque dans un même nodule ; et ce, sans compter, le degré élevé de fragmentation de l’industrie et la dimension réduite des produits débités. Nous avons néanmoins cherché à vérifier l’existence éventuelle d’une sélection des matières premières de meilleure qualité en

Le doute se situe au niveau de la qualité de la matière première, à savoir son aptitude à la taille – en particulier en ce qui concerne le quartz et l’ensemble de roches siliceuses, qui ne permet pas de gestion prédéterminée des volumes mais qui exige une adéquation constante de ces volumes afin de répondre aux innombrables contretemps et accidents qui se produisent au cours du processus de débitage. Le nombre élevé d’éclats fracturés au cours des opérations de

Tableau 4.III – Toledo : catégories technologiques représentées par matières premières (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). MATIÈRES PREMIÈRES Catégories Technologiques

Quartzite N

%

Quartz N

%

R. S. N

%

N

%

N

%

Nucléus

26

3.8

12

2.4

82

4.3

5

2.5

125

3.8

Préparation

0

0.0

0

0.0

14

0.7

0

0.0

14

0.4

Éclats

300

43.7

166

33.5

486

25.3

73

36.5

1025

31.0

Esquilles

189

27.6

158

31.9

689

35.8

13

6.5

1049

31.7

Outils

9

1.3

9

1.8

108

5.6

0

0.0

126

3.8

Supports allongés

9

1.3

1

0.2

46

2.4

1

0.5

57

1.7

Pièces esquillées

0

0.0

1

0.2

15

0.8

0

0.0

16

0.5

Débris

153

22.3

149

30.0

483

25.1

108

54.0

893

27.0

TOTAL

686

100

496

100

1923

100

200

100

3305

100

39

R.G.

TOTAL

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.17 – Toledo : les supports recherchés. Représentation relative des nucléus, des éclats et des outils par matière première (R.S.: roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Tableau 4.IV – Toledo : état de conservation des éclats par types de fracture et par matières premières (QZI : quartzite ; QZ : quartz ; R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Éclats

MATIÈRES PREMIÈRES

État de conservation

QZI

%

QZ

%

R.S.

%

R.G.

%

Total

%

Éclat entier

138

46.0

69

41.6

227

46.7

53

72.6

487

47.5

Éclat proximal

68

22.7

50

30.1

122

25.1

9

12.3

249

24.3

Éclat mésial

7

2.3

8

4.8

25

5.1

6

8.2

46

4.5

Éclat distal

30

10.0

10

6.0

28

5.8

2

2.7

70

6.8

Éclat siret

57

19.0

29

17.5

84

17.3

3

4.1

173

16.9

TOTAL (N)

300

100

166

100

486

100

73

100

1025

100

En effet, la dimension moyenne des éclats6 (Tableau 4.VI) ne s’écarte pas beaucoup de la limite maximale établie, dans cette étude, pour les esquilles (10mm), et il est donc légitime de poser la question s’il y a eut également une intention de produire des supports de dimensions encore plus réduites (des barbelures, par exemple, destinées à fonctionner dans le cadre d’un outil composite ; voir, à ce propos, Aubry et al., 1997b ; Zilhão, 1997a), ou si les esquilles correspondent exclusivement à des débris produits au cours du processus de fabrication d’éclats. La grande majorité des supports de dimension maximale ≤ à 10mm présente souvent un talon épais, un esquillement du bulbe et une morphologie irrégulière (non standardisée), ce qui peut faire pencher en faveur de la dernière hypothèse, à savoir que les esquilles correspondraient uniquement à des débris générés fortuitement. Il existe toutefois des exemplaires qui présentent une morphologie et des bords plus réguliers et pourraient éventuellement correspondre à de petites barbelures destinées à faire partie d’un outil composite, comme nous le verrons plus loin.

taille en est le témoin (supérieur à 50%, Tableau 4.IV), tout comme la quantité d’esquilles et de petits fragments qui ne permettent pas la lecture des stigmates de taille (voir Tableau 4.III). Ainsi, et partant de l’hypothèse que tous les éclats n’ont pas été produits intentionnellement, c’est-à-dire dans l’objectif de les utiliser/les mettre à profit, nous avons cherché à savoir s’il existait un type morphologique visé ou une dimension déterminée. En ce qui concerne ce dernier paramètre, l’analyse a démontré que la dimension de ces supports dépend principalement de la dimension des volumes de matière première disponibles sur place ou à proximité 5. Les éclats produits à Toledo témoignent, par-dessus tout, de ce qui a été exécutable compte tenu des dimensions et de la volumétrie proprement dite du bloc de matière première, mais également d’une énorme capacité d’adaptation de l’artisan aux ressources lithologiques disponibles, sans oublier bien entendu l’utilisation que l’on prétendait donner aux objets. Ainsi, si la fabrication (intentionnelle ou conditionné) d’éclats de petites dimensions constitue un trait caractéristique de l’industrie lithique de Toledo (voir, à ce propos, le Tableau 4.V et Fig. 4.18), comment interpréter d’autres catégories technologiques qui y sont documentées comme les esquilles et le petit ensemble de supports allongés ?

La série lithique comporte également des supports qui présentent une morphologie allongée sans toutefois pouvoir s’inscrire véritablement dans les catégories de la lame ou de la lamelle7 étant donné que l’on ne discerne pas, au sein 6

Seuls les exemplaires entiers ont été pris en compte. Les lames et lamelles se différencient des éclats dans la mesure où elles présentent une longueur égale ou deux fois supérieure à leur largeur. Il existe d’autres critères, de nature technologique, qui doivent être nécessairement pris en considération quand on établit la distinction entre ces deux groupes de supports. La différence entre une lame et une lamelle est purement métrique, la seconde présentant, selon la convention la plus courante, une largeur maximale égale ou inférieure à 12mm. 7

5

Bien entendu, l’hypothèse qu’il puisse exister un objectif clair dans la production de supports de petites dimensions - un objectif qui dépende du type d’activités développées dans le lieu, ne peut pas être exclue.

40

Partie II – Toledo

Tableau 4.V – Toledo : répartition des éclats entiers par classes de longueur (en mm) et par matières premières (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). MATIÈRES PREMIÈRES CLASSES

Quartzite (%)

Quartz (%)

R.S. (%)

R.G. (%)

TOTAL (%)

10,01-15

0.7

4.3

2.9

0.0

2.1

15,01-20

8.1

23.2

35.8

7.5

22.2

20,01-30

43.2

52.2

53.4

41.5

48.7

30,01-40

36.5

18.8

7.4

30.2

20.7

40,01-50

10.1

1.4

0.5

15.1

5.3

50,01-60

0.7

0.0

0.0

5.7

0.8

60,01-70

0.7

0.0

0.0

0.0

0.2

TOTAL

100.0

100.0

100.0

100.0

100.0

Figure 4.18 – Toledo : dimension des éclats (en mm). Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur” (R.S.: roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Seules les pièces entières sont représentées.

série lithique. Il convient en outre de mentionner qu’aucun nucléus présentant, à son stade d’abandon, des négatifs réguliers et nets d’enlèvements laminaires ou lamellaires, n’a été documenté. Les seuls candidats éventuels, un burin sur troncature oblique et un burin caréné (voir Fig. 4.46), qui présentent les facettes typiques d’enlèvements lamellaires, ne sont pas suffisants pour pouvoir admettre la validité de l’hypothèse d’une stratégie orientée vers la production de ce type de supports (à partir d’un nucleusburin), surtout si l’on tient compte de la série lithique dans son ensemble, comme nous le verrons plus loin.

de la série lithique, d’investissement technique nettement orienté vers la production régulière de ce type de supports (voir Tableau 4.III). Il se peut qu’ils correspondent, comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, à propos des éclats et des esquilles générés intentionnellement ou accidentellement, à des débris qui se sont détachés au cours de la production d’éclats, compte tenu surtout du nombre réduit d’exemplaires, de leur morphologie irrégulière et, une fois de plus, de l’imprévisibilité du résultat de l’action exercée sur des blocs de matière première de mauvaise qualité. Les résultats de l’analyse des 57 exemplaires qui présentent une silhouette allongée montrent que 75% conserve encore des vestiges de cortex et 68% une section triangulaire, ce qui renvoie la production correspondante à une phase initiale de l’exploitation des volumes. Ils ont une dimension moyenne légèrement supérieure à celle des éclats (voir Tableau 4.VI et Fig. 4.19), en ne tenant compte que du paramètre longueur, mais cette petite différence est à mettre en rapport avec l’échantillon proprement dit, c’est-à-dire avec le nombre réduit des effectifs existants. La possibilité qu’il y ait eu une exploitation opportuniste et épisodique des potentialités offertes par certains blocs naturels de matière première n’est pas à exclure, surtout compte tenu de l’absence de tout stéréotype au sein de la

Ainsi, les stratégies d’exploitation de la pierre à Toledo visent clairement, et en premier lieu, à produire des éclats, compte tenu de toutes les matières premières impliquées dans les opérations de taille. Si, dans les cas du quartzite et du quartz, il semble plus difficile d’entrevoir une fabrication de supports de dimensions encore plus réduites8, la production lithique réalisée à partir de l’ensemble de roches siliceuses est susceptible d’inclure une production 8

Les esquilles en quartz sont extrêmement irrégulières et présentent des bords très sinueux en raison du type de fracture que produit ce minéral (qui respecte l’intégrité des cristaux).

41

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 4.VI – Toledo : dimension (moyenne ± écart-type) des éclats et des supports allongés par matières premières (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Dans le cas des éclats, seuls les exemplaires entiers ont été pris en compte. Pour les supports allongés, la largeur et l’épaisseur de tous les exemplaires ont été mesurés ; la longueur ne concerne que les pièces entières. Les supports allongés en quartzite (N=9), en quartz (N=1) et en roches à grain grossier (N=1) ne sont pas pris en compte étant donné leur faible représentation. Longueur (M)oyenne

Largeur

Épaisseur

M±σ

N

M±σ

N

M±σ

N

Quartzite

30,01 ± 8,01

138

24,4 ± 8,60

138

7,7 ± 3,20

138

Quartz

23,9 ± 6,01

69

18,9 ± 4,71

69

6,6 ± 2,28

69

R.S.

22,1 ± 5,20

227

19,9 ± 5,84

227

6,4 ± 3,06

227

R.G.

32,2 ± 10,13

53

28,9 ± 13,24

53

8,2 ± 3,08

53

26,2 ± 6,92

16

9,5 ± 2,8

46

3,3 ± 1,39

46

Éclats

Supports allongés R.S.

Figure 4.19 – Toledo : dimension des supports allongés (en mm). Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur” (en noir et uniquement les exemplaires entiers), et en fonction des variables “largeur” et “épaisseur”(en blanc et en incluant tout l’échantillon). (R.S. : roches siliceuses).

intentionnelle (bien que marginale) d’esquilles, une hypothèse qui n’est défendable qu’en élargissant le débat, à savoir, en y ajoutant maintenant les modalités de fabrication, de transformation et d’utilisation de supports reconnues dans le site.

divers paramètres d’analyse. La reconnaissance des modes d’exécution de la taille a été bien souvent rendue plus difficile en raison de l’absence de stigmates bien marqués, due aux caractéristiques des matières premières travaillées. Il existe toutefois certains aspects qu’il convient de souligner d’ores et déjà :

Il convient encore de mentionner que les aspects généraux présentés jusqu’ici ne varient pas en fonction de la stratigraphie ou des diverses zones considérées, ce qui renforce d’ailleurs l’interprétation que nous avons proposée concernant des processus de formation et d’altération des dépôts archéologiques (Figs. 4.20 et 4.21).

• l’absence de mise en forme ou d’entretien des nucléus. Cette absence peut s’expliquer par la médiocre aptitude à la taille des matériaux employés. Néanmoins, un petit ensemble de 14 pièces (quatre tablettes, huit éclats détachés le long des flancs et deux crêtes) montre le recours ponctuel à la configuration du volume choisi ; • la percussion directe à l’aide d’un percuteur dur en pierre est la technique la plus utilisée quelle que soit la matière première travaillée ; • il n’a pas été reconnu la moindre gestion intentionnellement différenciée des matières premières ; à savoir, une adéquation entre des stratégies de production et certains types de matières premières ; • le débitage a été effectué en fonction de la morphologie, des dimensions et des possibilités de fracture des blocs naturels et en appliquant des techniques et des méthodes

4.3.4. Les supports recherchés … et leurs modalités de production Tel que nous l’avons déjà mentionné, la série lithique comporte tous les éléments correspondant aux différentes étapes de la chaîne opératoire de débitage de la totalité des roches utilisées dans les opérations de taille. Pour comprendre les modalités de production d’artefacts en pierre, les nucléus ainsi que les stigmates de taille présents sur les supports débités ont été étudiés en recourant à 42

Partie II – Toledo

Figure 4.20 – Toledo : représentation relative des nucléus, des éclats et des outils par matière première et par couche (QZI : quartzite; QZ : quartz; R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier).

Figure 4.21 – Toledo : Représentation relative des éclats et des esquilles par couches.

de taille très simples et pour la totalité des matières premières.

aux caractéristiques présentées par les volumes de matière première amène à procéder de préférence à l’enlèvement de supports dans une seule direction (unipolaire) et à partir d’un plan de frappe cortical dans 67% des cas (Tableau 4.VIII). Cette stratégie s’érige ainsi en règle pour la production de petits éclats en quartzite et en roches à grain grossier (Fig. 4.23). Les esquilles pourraient être ainsi interprétées comme des débris de leur processus de fabrication.

Ce que disent les nucléus Ils sont généralement de petites dimensions, les exemplaires en quartzite et en roches à grain grossier étant légèrement plus grands que ceux dans d’autres matières premières (Tableau 4.VII et Fig. 4.22). La dimension présentée par les nucléus, à leur état d’abandon, reflète non seulement la grandeur originelle des blocs déjà petits en soi, mais surtout une productivité élevée. Ils ont été, en effet, dans la grande majorité des cas, exploités jusqu’à exhaustion.

Le fort taux d’accidents et d’autres imprévus associés à la qualité de la matière première oblige parfois à procéder à des enlèvements dans la direction opposée à celle de l’exploitation principale (bidirectionnels), ou dans une direction adjacente (croisés ou perpendiculaires), afin de poursuivre la production de supports et rentabiliser les volumes de matière première. L’abrasion est quasiment inexistante. Ces procédés constituent autant de solutions au sein de la même norme de production lithique susmentionnée et visent à prolonger le processus

Les nucléus en quartzite et en roches à grain grossier ont pour volume initial un galet roulé (87%), il n’existe, en effet, qu’un seul nucléus fait sur éclat. Le débitage tire parti, dans la plupart des cas, de l’épaisseur du galet pour axer la table de débitage, en suivant le long de l’axe des plus grandes dimensions de la pièce. Ce type de gestion et d’adaptation 43

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 4.VII – Toledo : paramètres statistiques des nucléus (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). NUCLÉUS

Moyenne

Écart-type

Minimum

Maximum

N

Dimension maximale (mm)

47.6

8.9

32.0

64.4

20

Poids (gr)

68.3

56.1

9.0

280.0

20

Dimension maximale (mm)

33.8

7.7

22.7

42.9

7

Poids (gr)

25.0

22.4

3.0

48.0

7

Dimension maximale (mm)

29.7

8.2

15.6

72.7

63

Poids (gr)

13.7

12.9

1.0

102.0

63

Dimension maximale (mm)

65.2

25.1

38.2

102.4

5

Poids (gr)

183.2

27.0

519.0

197.6

5

Quartzite

Quartz

R.S.

R.G.

Figure 4.22 – Toledo : dimension des nucléus (en mm). Diagramme de dispersion en fonction des variables “largeur” et “hauteur” (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Seuls sont pris en compte les exemplaires pour lesquels il a été possible d’établir le rapport entre ces variables.

de débitage de supports (Fig. 4.24). Quand les galets présentent une morphologie plus rectangulaire ou carrée, avec des arêtes et des faces bien marquées, le débitage a tendance à tirer parti, dès le départ, de toute la surface disponible du volume, les nucléus abandonnés présentent ainsi des négatifs d’enlèvements multidirectionnels et une morphologie globulaire. Le cycle de débitage cesse quand les dimensions ou la présence de réfléchissements rendent toute progression de l’exploitation impossible. La seule exception au schéma de production lithique qui vient d’être décrit est celle qui concerne un probable nucléus sur éclat qui présente des négatifs d’enlèvements centripètes sur toute sa périphérie (voir Fig. 4.24, nº 4). L’hypothèse que ces enlèvements aient été réalisés dans le but de transformer ce support en outil n’est pas à exclure, même si l’analyse tracéologique n’a révélé aucune trace d’utilisation.

selon le schéma qui utilise deux plans de frappe opposés. Si l’objectif semble avoir été de tirer parti d’une face plane et plus régulière du galet comme surface principale de débitage (Fig. 4.25), il s’avère bien plus difficile de comprendre si le processus de production de supports a été réalisé, dès le départ, en recourant à des enlèvements bidirectionnels effectués de façon alternée, à partir de deux plans opposés (qui sont lisses dans la majorité des cas), ou si cette stratégie a été forcée par des réfléchissements (qui se doivent d’être corrigés à partir d’un plan de percussion opposé). Malheureusement, l’absence de stigmates clairs de taille sur les nucléus en quartz ne permet pas de lecture plus concluante sur ce point. Leur abandon a été dû, soit à la perte de convexité de la(des) surface(s) de débitage, soit à la présence de réfléchissements, soit encore aux dimensions réduites des volumes. Les négatifs des enlèvements montrent une production de petits éclats et d’esquilles.

Le quartz a également fait l’objet d’un débitage de petits éclats (23,9mm de longueur moyenne, voir Tableau 4.V et 4.VI), en appliquant un schéma semblable à celui décrit au paragraphe précédent, mais avec un investissement accru

Un nucléus sur éclat épais, en quartz (Fig. 4.25, nº 2), présentant sur les deux faces des négatifs d’enlèvements centripètes et courts, a également été documenté. 44

Partie II – Toledo

Tableau 4.VIII – Toledo : attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des nucléus, par matières premières (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). Quartzite/ Quartz R.G. (%) (%)

R.S. (%)

Galet

87.1

50.0

42.7

Éclat

3.2

8.3

-

Indéterminé

9.7

41.7

57.3

Absent

12.9

50.0

57.3

Roulé

83.9

50.0

-

Altéré

3.2

-

42.7

NUCLEUS Volume

Cortex

Fracture

Conservation Entier

77.4

66.7

70.7

Perpendiculaire (ppd)

_

_

_

Parallèle (prl)

_

_

_

_

1.2

Multiples

22.6

33.3

4.9

Indéterminée

-

-

23.2

Une

66.7

50.0

17.8

Deux

20.8

12.5

11.1

≥3

12.5

37.5

71.1

Éclats

66.7

25.0

-

Éclat + lamelle

-

-

4.1

Ppd et prl

Nombre de Tables

Figure 4.23 – Toledo : nucléus en quartzite exploités en fonction de l’épaisseur du volume. Cette figure reproduit le type et la dimension des galets disponibles localement. Photo J.P. Ruas.

Derniers produits

Esquilles

4.2

37.5

79.2

Éclats + Esquilles

29.2

37.5

16.7

Nombre de Plans de Frappe Un

37.5

37.5

10.9

Deux

54.2

50.0

23.9

≥3

8.3

12.5

65.2

Typologie du Plan de Frappe Cortical ( C )

66.7

37.5

-

Lisse (L)

12.5

50.0

70.7

Préparé (P)

-

12.5

-

C+L

20.8

-

29.3

Nombre de négatifs d’enlèvements 1

4.2

-

-

2-4

33.3

25.0

20.0

5-7

25.0

37.5

65.0

>7

37.5

37.5

15.0

Unidirectionnels

33.3

25.0

10.9

Bidirectionnels

16.7

50.0

15.2

Perpendiculaires

12.5

-

-

Croisés

12.5

-

8.7

Multidirectionnels

25.0

25.0

65.2

Enlèvements (org.) Figure 4.24 – Toledo : nucléus en quartzite pour la production d’éclats. Dans les exemplaires 1, 3, 5 et 6, il est encore possible d’observer le type de galet utilisé ; 4. nucléus sur éclat avec des enlèvements centripètes. Les réfléchissements et la perte de convexité des surfaces de débitage constituent les motifs plus fréquents d’abandon du processus de production. Dessins A. Palma (1-4) et S. Tatartsev (5-6).

45

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.26 – Toledo : nucléus en roches siliceuses (inclut silex, jaspe et calcédoine). Cette figure reproduit le type et la dimension de la grande majorité des nucléus abandonnés sur le site. Photo J.P. Ruas.

des zones et des angles plus protubérants afin d’obtenir (au moins) une première surface d’éclatement ainsi qu’un premier plan de frappe régulier. Si, au départ, il est possible d’entrevoir une méthode de mise en forme des volumes (Fig. 4.27), le processus de débitage se trouve immédiatement soumis à des contraintes et se poursuit en fonction des possibilités de fracture des blocs de matière première. L’artisan sélectionne, pas à pas, l’endroit où frapper, mais le processus de débitage s’arrête systématiquement en fonction des contraintes des plans de clivage de la roche ; la fracture des supports est inévitable et se produit très souvent au niveau du point d’impact ou tout de suite après.

Figure 4.25 – Toledo : nucléus en quartz destinés à la production d’éclats. 1, 3 et 4 sur galet ; 2. sur éclat, avec des enlèvements bifaciaux. Le nº 1 montre la préparation du plan de frappe. 1. Dessin S. Tatartsev; 2. Photo J.P. Ruas; 3-4. Dessins A. Palma.

L’objectif devait être la fabrication de petites esquilles ou l’obtention d’un tranchant fonctionnellement plus actif et plus coupant (i.e., d’un outil). Il n’est pas possible d’aboutir à une conclusion définitive sur ce point bien que, d’après l’étude tracéologique, la pièce n’ait pas révélé de trace d’utilisation.

En dépit des contraintes inhérentes à la médiocre aptitude à la taille de l’ensemble des matières siliceuses, les volumes continuent à être débités jusqu’à l’apparition d’accidents insurmontables, les esquilles semblant être alors le type de support visé (dont les dimensions sont toujours ≤ à 1cm). Que l’objectif soit effectivement de les produire est confirmé également par la sélection de volumes naturels dont les dimensions ne permettent, dès le départ, que de produire ce type de support. Ainsi, la productivité semble constituer la principale priorité : obtenir le plus grand nombre possible de petits tranchants coupants qui seront ensuite sélectionnés en fonction de besoins fonctionnels immédiats.

Les nucléus en roches siliceuses présentent des morphologies et des surfaces extrêmement irrégulières et ont été débités, dans la très grande majorité des cas, jusqu’à exhaustion. Ils acquièrent, à leur état d’abandon, un aspect globulaire ou informe, avec des stigmates de taille très souvent difficiles à lire et à interpréter (Fig. 4.26). La stratégie s’adapte, dès le départ, aux caractéristiques morphologiques et volumétriques des blocs naturels, en tirant parti de leurs arêtes pour guider le débitage de petits supports (voir Tableau 4.VIII). Il se peut que l’artisan ait été forcé, dans certains cas, à procéder à une mise en forme élémentaire du bloc de matière première pour pouvoir entamer les opérations de taille. Cette configuration devait consister à supprimer

Ce que disent les éclats Ils révèlent eux-aussi des stratégies peu élaborées, attestant rarement l’existence d’étapes de préparation ou d’entretien coûteuses en matière première. L’éventail technique est par conséquent limité, compte tenu des divers types d’éclats 46

Partie II – Toledo

Figure 4.27 – Toledo : 1-3, nucléus en roches siliceuses; 4. percuteur en quartzite. Dessins S. Tatartsev.

susceptibles d’être produits au cours d’une séquence de débitage. L’analyse de ce type de supports a donc visé principalement :

Figure 4.28 – Toledo : représentation schématique de trois nucléus en matières siliceuses. Ces exemplaires donnent également une image de la grandeur originelle des volumes (en règle générale, de petites dimensions). Les réfléchissements, qui sont très fréquents, mènent au changement successif de la direction des enlèvements.

• à ébaucher un tableau des procédures techniques impliquées dans leur fabrication ; • à vérifier l’existence éventuelle d’un type morphologique visé, à utiliser à l’état brut (outil à posteriori) ou transformé par la retouche.

tendance à générer, dans les cas du quartzite et du quartz, des supports possédant des cortex dans leurs parties latérale et distale (Tableau 4.IX) – et donnent, dans le même temps, une image de la dimension initiale des volumes débités. La présence majoritaire d’éclats non corticaux, dans le cas des roches siliceuses, est due au type et à l’extension du revêtement extérieur des volumes, à savoir, un revêtement d’altération bien souvent limité, uniquement, à une partie de la surface du bloc naturel de matière première.

Nous avons déjà mentionné que les dimensions des éclats reproduisent fondamentalement les caractéristiques et la grandeur des blocs naturels de matière première, ainsi que le degré élevé de fragmentation qu’ils présentent (voir Tableaux 4.IV et 4.V). Il est également normal qu’une partie significative des exemplaires présentent encore des vestiges de cortex sur leur surface – d’autant plus que le type de stratégie suivi a

Dans le Tableau 4.X, certains des attributs techniques pris en compte dans l’analyse des éclats entiers ont été détaillés. 47

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

avec du cortex

Tableau 4.IX – Toledo : classement des éclats d’après l’emplacement du cortex (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). ÉCLATS

Quartzite (%)

Quartz (%)

R.S. (%)

R.G (%)

Total (%)

Entame

13.9

10.1

4.9

2.0

8.0

latéral

17.5

13.0

6.3

3.9

10.4

latéral / distal

18.2

33.3

2.9

13.7

13.2

distal

9.5

8.7

8.3

3.9

8.2

deux parties latérales

0.7

0.0

0.0

0.0

0.2

central

0.7

0.0

2.4

0.0

1.3

Éclat non cortical

39.4

34.8

75.1

76.5

58.7

Indice de Cortex

60.6

65.2

24.9

23.5

41.3

Tableau 4.X – Toledo : attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des éclats (R.S. : roches siliceuses ; R.G. : roches à grain grossier). ÉCLATS

Quartzite

Quartz

R.S.

R.G

Total

%

%

%

%

%

Cortical

13.9

10.1

4.9

1.9

8.0

Parallèles

71.5

62.3

63.2

69.8

66.3

Org. enlèvements

Croisés

1.5

0.0

6.4

0.0

3.2

Croisés partie distale

1.5

0.0

3.4

0.0

1.9

Bidirectionnels

0.0

0.0

4.4

0.0

1.9

Bidirectionnel distal

2.2

2.9

3.4

0.0

2.6

Irréguliers

8.8

24.6

13.2

28.3

15.3

Multidirectionnels

0.7

0.0

1.0

0.0

0.6

Droit

62.0

63.8

60.8

54.7

60.9

Courbe

27.0

26.1

25.5

32.1

26.8

Torse

10.9

10.1

13.7

13.2

12.3

Plate

19.7

10.1

7.4

3.8

11.0

Triangulaire

48.9

59.4

34.3

52.8

44.5

Trapézoïdale

21.9

11.6

33.3

18.9

25.1

Irrégulière

9.5

18.8

25.0

24.5

19.4

Parallèles

24.8

7.2

26.5

24.5

22.9

Convergents

6.6

7.2

8.3

5.7

7.3

Divergents

5.1

7.2

11.8

9.4

8.9

Biconvexes

16.8

10.1

8.3

1.9

10.4

Irréguliers

19.0

37.7

33.8

39.6

30.7

Concave-convexe

27.7

30.4

11.3

18.9

19.9

Cortical

63.5

52.2

19.6

43.4

40.2

Lisse

25.5

34.8

57.4

49.1

43.6

Dièdre

0.0

1.4

8.3

0.0

3.9

Linéaire

5.1

4.3

2.5

0.0

3.2

Facetté

0.0

0.0

3.9

0.0

1.7

Punctiforme

5.1

4.3

3.9

5.7

4.5

Écrasé

0.7

2.9

4.4

1.9

2.8

Profil

Section

Bords (Morphologie)

Talon

48

Partie II – Toledo

et de la recherche éventuelle de supports de dimensions réduites de type esquille implique d’introduire d’autres éléments dans le débat : l’analyse des outils, des pièces esquillées et des vestiges d’utilisation conservés sur les supports bruts et retouchés.

Tableau 4.XI – Toledo : caractérisation des supports utilisés pour la production d’outils (R.S. : roches siliceuses). * % par rapport à l’ensemble de l’industrie lithique (N=3305). Les dimensions, en mm, ne concernent que les exemplaires entiers. OUTILS

Quartzite Quartz R.S.

TOTAL

N

N

N

N

9

9

108

126 3,8 *

éclat-entame

2

2

0

4

3.2

éclat part./cortical

5

5

32

42

33.3

éclat non cortical

TOTAL

%

4.3.5. La transformation des supports

Type de Support

2

2

61

65

51.6

tablette de nucléus 0

0

1

1

0.8

éclat à crête

0

0

2

2

1.6

flanc de nucléus

0

0

1

1

0.8

indéterminé

0

0

11

11

8.7

6 3

6 3

62 46

74 52

58.7 41.3

38.4

24.5

21.7

35.4

19.7

19.3

74

58.7

13.3

7.7

8.2

Conservation entier fragment Dimensions (M) Longueur Largeur Épaisseur

Comme le montre le Tableau 4.III, l’indice de transformation de supports par retouche est de 3,8% (N=126), cette transformation concernant l’ensemble de matières premières siliceuses. Alors que pour le quartzite et le quartz l’indice de transformation est seulement de 1,3% et 1,8%, respectivement (N=9 dans les deux cas), ce chiffre atteint 5,6% (N=108) pour les roches siliceuses. Si l’on exclut les fragments et autres débris résultant du processus normal de taille, le rapport entre le nombre de supports produits (sp) et le nombre de supports transformés (st) est de ≈59sp/1st pour le quartzite, de ≈39sp/1st pour le quartz et, traduisant une mise à profit considérablement supérieure, de ≈13sp/1st pour les roches siliceuses. Cela ne signifie pas pour autant que leurs caractéristiques internes (grain, homogénéité, etc.) aient été déterminantes au moment de sélectionner les supports à retoucher, comme nous le verrons plus loin. La transformation de supports en matières premières à grain grossier n’est pas documentée.

Dans les exemplaires en quartzite, en quartz et en roches à grain grossier, les négatifs des enlèvements précédents révèlent une stratégie majoritairement unipolaire, réalisée à partir d’un plan de frappe cortical ou lisse ; la présence de pièces présentant des négatifs d’enlèvements croisés ou bidirectionnels, réalisés à partir d’une plate-forme adjacente ou opposée au plan principal, est surtout due à la recherche de solutions destinées à contourner des problèmes résultant de la qualité des matières premières, afin de poursuivre le processus de débitage. Les éclats produits dans cet ensemble de roches présentent généralement une morphologie et des bords irréguliers et peu coupants qui ne répondent pas à un standard morphologique.

Les supports sélectionnés sont bien entendu les éclats (Tableau 4.XI). Ils comportent encore des vestiges de cortex (total ou partiel) dans les cas du quartzite et du quartz (78%), et ils sont majoritairement non corticaux dans le cas des roches siliceuses (57%), ce qui est compatible avec les objectifs décrits dans la cadre de l’analyse des éclats bruts. L’utilisation d’éclats de préparation ou d’entretien de nucléus pour la fabrication d’outils (N=4) mérite d’être soulignée, surtout quand on sait à quel point ce type de pièces est rare au sein de la série lithique. Comme nous le verrons plus loin, l’épaisseur a dû être déterminante au moment de la sélection des supports destinés à la confection de certains types d’outils, dont l’utilisation présuppose, ou requiert, une plus grande robustesse du support.

Les éclats produits à partir de l’ensemble diversifié de roches siliceuses présentent des silhouettes également irrégulières mais avec des stigmates de taille bien plus difficiles à observer. Leurs caractéristiques techniques et morphologiques reflètent toutefois le schéma de débitage suggéré à partir de l’analyse des nucléus, sachant qu’il n’existe pas d’éléments permettant de soutenir l’hypothèse d’un recours régulier à des procédures ou des opérations techniques liées à une préparation soignée du point d’impact, par exemple, à l’exception de certains exemplaires qui présentent une abrasion ou ce qui semble correspondre à un léger facettage du talon.

Si l’on compare les dimensions (longueur et largeur) des outils retouchés et des éclats bruts produits à partir de roches siliceuses, on constate qu’il n’y a pas de différences significatives entre ces deux groupes d’artefacts (voir Tableaux 4.VI et 4.XI ; Fig. 4.29), ce qui démontre l’absence de sélection basée sur ces deux variables métriques9. Par contre, ce n’est déjà plus le cas, quand on tient compte de l’épaisseur dans l’analyse, comme nous l’avons déjà suggéré. En effet, les éclats plus épais semblent avoir été sélectionnés préférentiellement pour être transformés en outils (Fig. 4.30).

L’analyse des profils a également confirmé la difficulté qu’ont ressenti les tailleurs à conserver la convexité de la(des) surface(s) de débitage, étant donné la médiocre aptitude à la taille de l’ensemble de matières premières attestées sur le gisement.

9

Plus de 50% des outils en roches siliceuses présentent des longueurs se situant dans la classe de 20-30mm, ce qui va dans le sens du standard documenté à partir de l’analyse des éclats bruts.

Ainsi, le problème de la définition du type morphologique recherché, l’éclat-support par opposition à l’éclat-débris, 49

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.29 – Toledo : dimensions des éclats bruts et des outils produits sur roches siliceuses (en mm). Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur” (R.S. : roches siliceuses).

Figure 4.30 – Toledo : histogramme des épaisseurs des éclats et des outils (par catégories dimensionnelles en mm).

technico-morphologiques (Tableau 4.XII), les supports transformés répondant, d’une manière générale, aux mêmes objectifs que ceux documentés pour les éclats bruts et reflétant bien entendu les mêmes modalités de production lithique. La géométrie du contour des pièces transformées par retouche subit, bien entendu, des modifications, mais parfois ces dernières ne vont pas jusqu’à changer significativement la morphologie originelle du supportéclat utilisé, comme nous le verrons ci-après, elles confèrent plutôt à ces objets certains caractères que nous présupposons fonctionnels.

Dans le cas du quartzite, en dépit du petit nombre d’exemplaires documenté, il a été nettement tiré parti des éclats de plus grandes dimensions pour la confection d’outils (comparer Tableaux 4.VI et 4.XI ; Fig. 4.31). Ainsi, l’application de la retouche concerne de préférence : 1) les éclats plus épais (c’est-à-dire, plus robustes) fabriqués à partir de matières premières siliceuses ; 2) les éclats de quartzite de plus grand module. Dans le cas des outils en quartz, bien que les mesures des trois variables métriques soient légèrement supérieures à celles des supports bruts (comparer Tableaux 4.VI et 4.XI ; voir Fig. 4.31), ces différences ne semblent pas significatives au point de fonder l’existence d’un choix basé sur ce critère. Ainsi, s’il existe véritablement une économie de débitage, celle-ci se manifeste exclusivement au niveau des critères susmentionnés (à savoir, les dimensions).

Quels sont donc les outils recherchés par les artisans de Toledo ? Bien que la réponse exige de faire appel à d’autres éléments matériels documentés dans le gisement – la composition de l’outillage dépend bien entendu des activités qui y étaient développées –, l’analyse implique en outre, dans cette phase, de reconnaître les modalités de transformation des supports bruts.

Dès lors, si l’on s’attache à un autre type d’attributs présents sur les supports transformés (section, profil, talon, organisation des enlèvements), on constate qu’il n’existe pas de sélection de pièces basée sur ce type de caractères

D’une façon générale, les outils documentés dans le site ne répondent pas à des normes ni à des critères 50

Partie II – Toledo

Figure 4.31 – Toledo : dimensions des éclats bruts et des outils produits en quartzite et en quartz (en mm). Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur”.

techniques bien définis, dès lors le recours à des méthodes de classement et de mise en série typologique basées sur des types uniformisés s’avère très peu efficace. Par ailleurs, l’équipement de chasse ne semble pas représenté (cf. infra). Outre le fait que l’investissement technique est en fait réduit, il n’existe pas non plus de grandes variations sur le plan formel. En effet, l’éventail d’outils est circonscrit grosso modo à quatre groupes distincts qui incluent des pièces qui ont des caractéristiques communes, compte tenu des divers types de caractères qui définissent la retouche. L’association de certaines pièces à certaines catégories ou types d’outil n’est pas toujours évidente étant donné l’absence de traits bien caractéristiques sur certains exemplaires, ce qui est particulièrement vrai pour les éclats présentant des retouches irrégulières. En effet, et compte tenu de cette dernière catégorie d’artefacts, l’hypothèse qu’il existe des pièces dont la retouche n’est pas intentionnelle mais créée au cours de l’utilisation du support n’est pas à exclure.

Tableau 4.XII – Toledo : attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des outils. (R.S.: roches siliceuses). OUTILS TOTAL (N=126) Section plate triangulaire triangulaire ≥ 90º trapézoïdale trapézoïdale ≥ 90º irrégulière pas déterminée Profil droit courbe torse pas déterminé Talon Cortical Lisse Dièdre Linéaire Facetté Punctiforme Écrasé retouché pas déterminé Enlèv. (org.) Cortical Parallèles Croisés Croisé partie distale Bidirectionnels Irréguliers Multidirectionnels pas déterminé

Quartzite N % 9 7.1

Quartz N % 9 7.1

R.S. N 108

% 85.7

2 2 3 2 -

22.2 22.2 33.3 22.2 -

1 3 5 -

11.1 33.3 55.6 -

2 27 5 30 8 18 18

1.9 25.0 4.6 27.8 7.4 16.7 16.7

5 2 2 -

55.6 22.2 22.2 -

8 1 -

11.1 -

57 17 10 24

52.8 15.7 9.3 22.2

4 2 1 2

44.4 22.2 11.1 22.2

3 2 1 1 2

33.3 22.2 11.1 11.1 22.2

8 38 2 1 6 2 3 48

7.4 35.2 1.9 0.0 0.9 5.6 1.9 2.8 44.4

2 6 1

22.2 11.1

2 4 1

22.2 44.4 11.1

0 49 7

0.0 45.4 6.5

-

-

-

-

1

0.9

-

-

2

22.2

1 20 4 26

0.9 18.5 3.7 24.1

Les outils documentés dans le gisement sont détaillés dans les Tableaux 4.XIII et 4.XIV, par types ainsi qu’en fonction des caractéristiques de leur retouche. Compte tenu des trois grands ensembles de matières premières, les éclats à encoche (N=24→19%) ou les éclats denticulés (N=25→19,8%) dominent dans l’échantillon, sachant qu’il n’existe pas de localisation préférentielle pour la réalisation des encoches sur le support et qu’elles occupent rarement la totalité du bord. Les encoches10sont généralement larges et profondes par comparaison avec la dimension du support (Fig. 4.32, nº 4 et 5 ; Fig. 4.33, nº 1 et 4 ; Fig. 4.47). Elles sont obtenues à partir d’un seul enlèvement sur la face supérieure, auquel sont associées des micro-retouches abruptes marginales, parfois irrégulières. Les éclats denticulés présentent généralement une ligne de 10

Ont été intégrés dans cette catégorie, les supports qui présentent ou bien une seule encoche, ou bien deux, à condition qu’elles soient localisées sur deux côtés distincts de la pièce.

51

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 4.XIII – Toledo : caractères de la retouche pris en compte dans l’analyse des outils en quartzite et en quartz. * % par rapport à l’ensemble de l’outillage (N=126) ; ** localisation de la retouche en fonction de l’axe technologique du support. QUARTZ (N=9 → 7%*) LA RETOUCHE TOTALS

QUARTZITE (N=9 → 7%*)

Pièce à coche Denticulé

Grattoir

Pièce à coche Denticulé

Éclat retouché

Perçoir

6

1

3

2

1

2

3

Localisation** distale

-

-

-

1

1

-

-

bord droit

3

-

-

2

2

1

-

bord gauche

1

2

-

-

-

1

-

deux bords

2

-

-

-

-

-

1

distale + deux bords

-

-

1

-

-

-

-

directe

3

2

-

3

-

1

-

inverse

3

-

-

-

1

1

1

alterne

-

-

1

-

-

-

-

alternante

-

-

-

-

2

-

-

rectiligne

-

-

-

-

-

1

1

(en)coche

6

-

-

3

-

-

-

denticulé

-

2

1

-

3

1

-

convexe

-

-

-

-

-

-

-

continue

-

2

-

-

2

1

-

discontinue

-

-

1

-

-

1

-

partielle

6

-

-

3

1

-

1

Position

Délinéation

Répartition

Figure 4.33 – Toledo : outils en roches siliceuses. 1. double encoche (alterne) ; 2. denticulé directe ; 3. denticulé inverse ; 4. double encoche (alterne). Dessins A. Palma.

Figure 4.32 – Toledo : outils en quartz. 1. éclat à retouches partielles marginales 2-3. denticulés; 4-5. encoches. Dessins A. Palma.

denticulés la retouche est plus rasante (ce qui rend le tranchant plus coupant).

petites encoches contiguës, pas toujours très développées ni très régulières (Fig. 4.32, nº 2-3 ; Fig. 4.33, nº 2-3 ; Fig. 4.34, nº 1-2 ; Fig. 4.48). Les dimensions et l’extension varient beaucoup, mais il existe toutefois certaines pièces dont la retouche s’étend pratiquement sur tout le périmètre de la pièce (voir Fig. 4.48). Contrairement aux encoches, dont la retouche est abrupte ou semi-abrupte, sur les éclats

Le deuxième groupe d’outils, en terme de représentativité, inclut des éclats qui présentent un ou plusieurs enlèvements qui ne vont toutefois pas jusqu’à définir une encoche, ni un denticulé proprement dit (Fig. 4.35). Il s’agit en général de pièces non caractéristiques et peu ou pas standardisées du point de vue des divers caractères qui définissent la 52

Partie II – Toledo

Tableau 4.XIV – Toledo : caractères de la retouche pris en compte dans l’analyse des outils en roches siliceuses. * % par rapport à l’ensemble de l’outillage (N=126) ; ** ce total inclut, en autre, deux burins (= 1,9%, voir texte) ; *** localisation de la retouche en fonction de l’axe technologique du support. ROCHES SILICEUSES (N=108 →85,7%*) LA RETOUCHE TOTAL (N=108**)

Pièce à coche/ denticulé

Grattoir

%

N

%

N

%

N

%

8

7.4

35

32.4

24

22.2

11

10.2

-

-

7

20.0

16

66.7

-

-

Éclat retouché

Perçoir

N

%

N

28

25.9

5

17.9

Fragment de pièce

Localisation*** distale proximale

-

-

-

-

2

5.7

-

-

-

-

bord droit (bd)

8

28.6

1

12.5

4

11.4

2

8.3

-

-

bord gauche (bg)

7

25.0

-

-

6

17.1

-

-

-

-

deux bords (db)

2

7.1

4

50.0

8

22.9

-

-

-

-

proximale + bg

1

3.6

-

-

-

-

-

-

-

-

distale + bd

1

3.6

2

25.0

1

2.9

1

4.2

-

-

distale + bg

1

3.6

-

-

-

-

2

8.3

-

-

distale + db

-

-

-

-

-

-

2

8.3

-

-

indéterminée

3

10.7

1

12.5

7

20.0

1

4.0

11

100.0

directe

21

75.0

5

62.5

26

74.3

18

75.0

8

72.7

inverse

6

21.4

1

12.5

3

8.6

6

25.0

-

-

alterne

-

-

2

25.0

3

8.6

-

-

-

-

Position

alternante

-

-

-

-

1

2.9

-

-

-

-

indéterminée

1

3.6

-

-

2

5.7

-

-

3

27.3

rectiligne

12

42.9

-

-

-

-

2

8.3

-

-

(en)coche

-

-

-

-

15

42.9

-

-

-

-

Délinéation

denticulé

-

-

-

-

20

57.1

2

8.3

1

9.1

concave

2

7.1

-

-

-

-

-

-

3

27.3

convexe

2

7.1

-

-

-

-

20

83.3

3

27.3

soie

-

-

7

87.5

-

-

-

-

-

-

irrégulier

12

42.9

1

12.5

-

-

-

-

4

36.4

continue

10

35.7

1

12.5

8

2.3

20

83.3

-

-

discontinue

4

14.3

1

12.5

5

1.4

2

8.3

-

-

partielle

13

46.4

6

75.0

19

5.4

2

8.3

-

-

indéterminée

1

3.6

-

-

3

0.9

-

-

11

100.0

Répartition

retouche, laquelle est bien souvent marginale et confinée uniquement à une partie très restreinte du support. Sa nature intentionnelle est parfois discutable. Si l’objectif de l’application de la retouche est de conférer au support une morphologie plus ou moins standardisée et plus apte à exercer une certaine fonction, cet objectif ne se reflète pas significativement dans les cas étudiés ici.

morphologie légèrement en éventail quand elles associent une retouche sur un ou sur les deux bords du support (incluses, dans ces cas, sous la désignation de grattoir sur support retouché ; Fig. 4.37, nºs 1, 2, 3 ; Fig. 4.49), ou unguiforme, compte tenu de la silhouette et des dimensions de certains exemplaires (incluses, toutefois, sous la désignation générique de grattoir simple ; voir Fig. 4.38).

Les grattoirs constituent le type d’outils probablement le plus cohérent dans l’univers des pièces retouchées documentées à Toledo. À l’exception d’un seul exemplaire en quartz, toutes les autres pièces ont été produites à partir de matières premières siliceuses (voir Tableaux 4.XIII et 4.XIV). Il s’agit en général de pièces courtes, épaisses (voir Tableau 4.XV et Fig. 4.36) et qui présentent une

La retouche, qui occupe généralement toute la partie distale du support, est le plus souvent abrupte ou semiabrupte, directe, et à délinéation convexe. Dans les exemplaires présentant une partie frontale encore plus épaisse (inclus sous la désignation de grattoir épais ; Figs. 4.38, 4.39 et 4.50), on constate deux générations distinctes d’enlèvements : la première qui porte sur toute l’épaisseur 53

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

du support ; la seconde formée de micro-retouches abruptes marginales. Au début de l’étude de la série lithique, nous avons envisagé l’hypothèse que cet ensemble d’artefacts puisse effectivement correspondre à des nucléus, bien que sur éclat, destinés à produire des petits supports de type esquille. Les caractéristiques générales de la série lithique étaient parfaitement compatibles avec ce raisonnement, d’autant plus que, parfois, aucune différence substantielle n’avait été effectivement décelée entre les uns et les autres. Néanmoins, une observation plus attentive et critique a permis de constater l’existence de certaines caractéristiques de nature technique, morphologique et même volumétrique, communes à l’ensemble de grattoirs épais : depuis le type de support utilisé (des éclats originalement courts et épais, à section rectangulaire pour la plupart) en passant par le type de retouche qui définit sur l’artefact une partie frontale très abrupte, convexe ou droite, jusqu’à son aspect robuste,

même s’il est peu ergonomique. Ces caractéristiques, conjuguées avec les résultats de l’étude tracéologique, qui a démontré l’existence de traces d’utilisation sur au moins un des exemplaires (cf. infra), ont fini par déterminer l’inclusion de ces artefacts au sein de l’outillage. Cette décision n’exclut toutefois pas l’hypothèse que certaines pièces aient pu cumuler, durant leur cycle de vie, des

Figure 4.35 – Toledo : outils en roches siliceuses. 1. éclat à retouche partielle directe sur le bord gauche ; 2. éclat partiellement cortical avec une encoche sur le bord droit et retouche partielle directe sur le bord gauche ; 3. éclat épais à retouche continue abrupte sur le bord droit ; 4. éclat à retouche courte, directe et partielle ; 5. éclat épais partiellement cortical à retouche continue, inverse sur le bord gauche. Dessins A. Palma. Tableau 4.XV – Toledo : paramètres métriques des grattoirs.

Figure 4.34 – Toledo : outils en quartzite. 1. denticulé (alternante) sur éclat partiellement cortical (quartier d’orange) ; 2. denticulé inverse sur éclat ; 3. éclat à retouches inverses sur les deux bords ; 4. éclat cortical à retouche courte, inverse et partielle. Dessins A. Palma.

GRATTOIR

Moyenne ± Écart-type

Longueur

20,06 ± 3,5

Largeur

21,50 ± 5,5

Épaisseur

9,77 ± 3,86

Épaisseur du front

8,20 ± 3,5

Indice d’allongement

1,00 ± 0,36

Figure 4.36 – Toledo: dimension (en mm) des grattoirs. Diagramme de dispersion en fonction des variables “allongement du support” et “épaisseur du front” (R.S.: roches siliceuses).

54

Partie II – Toledo

fonctions ou des statuts divers (comme nucleus et comme outils, par exemple), ce qui prendrait tout son sens dans le cadre d’un schéma intégré de production lithique comme semble le refléter l’industrie de Toledo.

Les huit perçoirs présents au sein de la série lithique (un en quartzite et huit en roches siliceuses ; voir Tableaux 4.XIII et 4.XIV) ont été fabriqués dans l’objectif de conférer à certains supports une extrémité pointue, généralement robuste (des becs ?). La partie fonctionnelle est créée soit par enlèvement de deux encoches relativement larges et profondes, situées sur les deux bords de l’éclat et généralement sur sa partie distale, soit par l’intersection d’une retouche avec une arête ou avec une surface naturelle du support. Le diagnostic n’a toutefois pas toujours été facile, clair et orienté dans une seule direction. Il existe trois cas qui méritent d’être décrits plus en détail et qui s’intègrent dans la situation qui vient d’être évoquée. La pièce, représentée à la figure 4.40 (nº 2), qui tire parti d’une tablette de nucléus comme support (ou mieux, d’un éclat portant les caractéristiques techniques d’une tablette,

Figure 4.37 – Toledo : grattoirs en roches siliceuses. 1-3 sur éclat retouché; 4-5 unguiformes. Dessins A. Palma.

Figure 4.39 – Toledo : grattoirs épais en roches siliceuses. Dessins A. Palma.

Figure 4.38 – Toledo : histogramme de la représentation relative de l’outillage par types.

55

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

d’admettre l’antériorité de la pièce esquillée par rapport au perçoir, étant donné la présence d’une petite retouche marginale inverse, située dans la moitié proximale de l’éclat, adjacente à l’encoche, qui semble se superposer aux négatifs des esquillements. Enfin, nous ajoutons maintenant un dernier ingrédient au débat, à savoir, l’ensemble de 16 pièces esquillées documentées dans le gisement (une fabriquée en quartz blanclaiteux et les restantes en matières-premières siliceuses, voir Tableau 4.III). Son analyse et son interprétation ont nécessairement tenu compte de la problématique entourant le statut fonctionnel de ce type d’artefacts (nucléus ou outils) et des caractéristiques générales de la série lithique : types et modalités de fabrication représentées. Il semblerait sensé d’associer presque d’emblée cet ensemble d’artefacts à des nucléus11compte tenu de la présence d’une production apparemment intentionnelle de supports de type esquille documentée dans le gisement12. D’après la logique de ce raisonnement, les pièces esquillées serviraient de complément à cet objectif de production lithique : l’acquisition de petites barbelures à utiliser dans le cadre d’un outil composite (c’est-à-dire, insérées dans un manche – en bois ou en os). Il convient toutefois de présenter leurs caractéristiques pour construire l’argumentation finale (Tableau 4.XVI) : 1. Les esquillements sont généralement réalisés dans l’axe des plus grandes dimensions de la pièce qui correspond en général et dans les cas où il est possible d’observer cet attribut, à l’axe technologique du support (Fig. 4.41) ; 2. Les éclats constituent le type de support utilisé, ils présentent souvent des fractures parallèles (compte tenu du sens de la percussion) résultant de l’action violente du percuteur ; 3. La morphologie rectangulaire ou carrée qui caractérise la plupart des pièces esquillées ne s’éloigne pas beaucoup de la tendance morphologique générale des éclats bruts, à laquelle est adjoint un nouveau caractère, l’esquillement, qui va conférer à ce groupe d’artefacts une nette standardisation formelle (Fig. 4.42) ; 4. Bien qu’elles se situent dans les mêmes paramètres métriques que les éclats bruts (comparer Tableaux 4.VI et 4.XVI ; Figs. 4.43 et 4.44), les pièces esquillées sont légèrement plus petites en raison du type d’exploitation réalisé ; 5. Les esquillements sont, pour la plupart, courts, unifaciaux et situés sur la face ventrale du support, sur deux bords opposés ; 6. Un des bords esquillés présente, en général, un angle plus ouvert (bord percuté ?) que l’angle de l’extrémité opposée, qui est plus aigu et plus coupant.

Figure 4.40 – Toledo : perçoirs en roches siliceuses. 3. sur flanc de nucléus ; 4. sur pièce esquillée (voir Figure 4.35, nº 1). Dessins S. Tatartsev (1 et 2) et A. Palma (3).

bien que ce genre de débitage n’implique pas de fréquents ravivages de plan de frappe), montre des caractéristiques qui ne s’éloignent pas beaucoup de celles qui définissent un grattoir à museau. Le perçoir en quartzite représenté sous le nº 3 de la figure 4.34 peut, légitimement, susciter également des doutes. Il présente une extrémité épaisse et pointue définie par une ligne de retouches qui partent des deux bords et convergent dans la partie distale du support, sans toutefois arriver à former une véritable pointe, un trait qui caractérise et définit un perçoir typique. Entre un éclat à extrémité pointue et un perçoir, même atypique, nous avons opté pour la seconde hypothèse, même si celle-ci implique une forte connotation fonctionnelle qui n’a pas été vérifiée. Le dernier exemple est celui d’un perçoir qui a pour support un fragment de pièce esquillée épaisse (Fig. 4.40 et Fig. 4.48, nº 1) dont la pointe a été créée par l’intersection d’une surface de fracture naturelle, abrupte, et par deux encoches adjacentes situées du côté opposé. Bien que les stigmates de taille ne soient pas suffisamment clairs pour pouvoir reconnaître, sans ambiguïté, la chronologie des gestes techniques, il semble toutefois plus probable

Cet ensemble de caractéristiques paraît s’ajuster davantage à une utilisation des pièces esquillées en tant qu’outils (des 11

Pièce esquillée-nucléus. Nous rappelons certains faits déjà mentionnés plus haut: la poursuite du débitage de certains nucléus quand ils présentent des dimensions déjà assez réduites ; l’utilisation (sélection?) de volumes dont les dimensions ne permettent, dés le départ, que la production d’esquilles. 12

56

Partie II – Toledo

Tableau 4.XVI – Toledo : attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des pièces esquillées. * par rapport au sens de la percussion. PIÈCES ESQUILLÉES (N=16) Dimensions (moyenne ± écart-type) longueur

20,01 ± 2,96

largeur

16,43 ± 3,31

épaisseur

6,38 ± 2,09

Support éclat partiellement cortical

5

éclat non cortical

10

flanc de nucléus

1

Nombre de bords esquillés un

3

deux

11

trois

1

quatre

1

Conservation* entier

6

fracture parallèle

7

fracture perpendiculaire et parallèle

3

Esquillements Unifaciaux

11

Bifaciaux

5

Morphologie rectangulaire

7

quadrangulaire

4

irrégulière

5

Figure 4.41 – Toledo : morphologie des pièces esquillées. Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur” (en mm).

Figure 4.42 – Toledo : pièces esquillées. 1-5. en roches siliceuses; 6. en quartz. Dessins A. Palma.

les résultats de l’étude tracéologique, n’est toutefois pas exempt d’un autre type de problèmes. En effet, il existe deux exemplaires qui associent à l’esquillement d’autres caractères techniques, à savoir, une retouche, tel que déjà décrit et évoqué à propos du perçoir sur pièce esquillée représenté à la figure 4.40 (nº 3). Les deux artefacts mentionnés ici présentent une encoche sur l’un des bords (Fig. 4.45, nº 1 et 4) dont l’exécution semble avoir précédé, cette fois, les esquillements. L’exemplaire nº 1 accumule en outre des traces d’utilisation d’après l’étude tracéologique (Igreja, 2011), précisément sur l’une des extrémités esquillées. Si cette suite de gestes technico-

coins ? Le Brun-Ricalens, 2006). De plus, et à l’encontre de l’hypothèse inverse (de leur exploitation comme nucleus), les esquilles documentées dans la série lithique ne présentent pas d’attributs compatibles avec une production sur enclume, à savoir, à partir de pièces esquillées-nucléus. Les supports allongés de type lame ou lamelle (voir Point 4.3.3) ne montrent pas non plus d’attributs clairs qui renvoient à une technique de fabrication de ce type. Le fait d’admettre l’hypothèse “outil”, du moins pour la plupart des pièces esquillées, renforcée d’ailleurs par 57

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.43 – Toledo : dimension, en mm, des pièces esquillées par comparaison avec les éclats bruts. Diagramme de dispersion en fonction des variables “longueur” et “largeur”.

Figure 4.44 – Toledo : dimension des pièces esquillées par comparaison avec les éclats bruts. Diagramme de dispersion en fonction des variables “largeur” et “épaisseur”.

fonctionnels est correcte, nous nous trouverions en présence d’un cas d’une encoche dont il aurait été tiré parti comme pièce esquillée (comme coin ?) et plus tard comme outil de travail de matières tendres d’origine animale. Cette apparente reconversion fonctionnelle de certains artefacts montre le caractère versatile et polyvalent de l’industrie lithique de Toledo, comme nous le verrons plus loin. Un autre cas de pièce esquillée (Fig. 4.45, nº 3) dont la forme, la volumétrie et les caractéristiques techniques13 semble suggérer à priori un autre modèle de fonctionnement, cette fois comme nucléus, a été également documenté. Elle présente trois faces distinctes avec des esquillements et des bords violemment percutés, presque écrasés suite à la forte percussion exercée. L’étude tracéologique a révélé toutefois son utilisation comme pièce intermédiaire pour le travail de matériaux durs (Igreja, 2011).

Partant des arguments présentés ici, il est possible de déduire que le recours à la technique bipolaire constitue non seulement une fin en soi – à savoir, l’utilisation de supports bruts comme pièces intermédiaires pour le travail de matériaux durs, mais également un moyen de tirer parti de tranchants esquillés pour réaliser un autre type de tâches, comme le travail de matières tendres d’origine animale. Que cette conclusion puisse ou non être élargie à tous les exemplaires documentés dans le gisement constitue une hypothèse qui restera toujours ouverte. Il reste enfin à faire référence aux deux burins trouvés au sein de la couche B, l’un dans le talus de la route (S.B, nº 8), l’autre dans la zone B (Q43.95). Le premier – un burin sur troncature oblique – a pour support un éclat épais en silex, de section triangulaire, et fait apparaître trois enlèvements de burin sur le bord droit distal (Fig. 4.46, nº 1). Il présente un biseau14 épais (8,90mm), ce qui doit

13

Comme son épaisseur, sa robustesse, la présence d’un bord très écrasé, un autre plutôt esquillée, concave et dont l’interception entre les surfaces forme un angle plus aigu.

14

Arête qui résulte de l’interception entre le groupe de facettes du burin et la troncature.

58

Partie II – Toledo

dans la définition traditionnelle du burin caréné (voir, par exemple, Demars et Laurent, 2000, p. 52 et 53), elle n’en présente pas moins de nettes ressemblances formelles avec un grattoir caréné latéralement15. L’étude tracéologique a fini par trancher le dilemme de l’identité technique de cet artefact, en documentant des vestiges de son contact, sur le mode du raclage, avec des matières tendres d’origine animale (Igreja, 2011). Non seulement les deux burins présentés ici constituent des cas isolés au sein de la série lithique de Toledo, mais en plus ce type de pièce est absent dans les autres gisements coquilliers accumulés durant le Mésolithique ancien. Leur présence est toutefois enregistrée dans des sites de cette même époque situés soit à l’intérieur soit à la périphérie du massif calcaire de l’Estrémadure, comme par exemple le site de Lapa do Picareiro (Ourém, Fátima ; Bicho et al., 2003) et celui en plein air de Areeiro III (Bicho, 2000 ; Chapitre 5, IIème Partie de la présente étude). 4.3.6. L’utilisation Afin de tester certaines des hypothèses d’interprétation suggérées par l’étude technologique et obtenir, par une autre voie de recherche, une vision fonctionnelle de la série lithique récupérée à Toledo16, un échantillon de 144 artefacts a été sélectionné en vue de son analyse tracéologique (Tableau 4.XVII). Malheureusement, la qualité des matières premières utilisées dans les opérations de taille, en particulier de l’ensemble de roches siliceuses, n’offrait pas au départ de garanties du point de vue de la conservation d’éventuels stigmates d’utilisation sur les artefacts. L’observation microscopique devait révéler ensuite un indice élevé d’altération des surfaces sur un nombre significatif de pièces (44%), ce qui a eu pour conséquence de rendre leur étude tracéologique impossible et de réduire l’échantillon à 86 exemplaires seulement (Igreja, 2011). En dépit de ces circonstances, il a été possible d’observer des stigmates d’utilisation sur 16 artefacts (20%, sur un total de 86 pièces à éventuel potentiel tracéologique). Il a été constaté ainsi :

Figure 4.45 – Toledo : pièces esquillées. 1 et 4. présentent, en outre, une encoche ; le nº 1 porte aussi des vestiges d’utilisation, d’après l’étude tracéologique ; 2. présente une fracture parallèle et des vestiges d’utilisation sur l’extrémité distale (au niveau de l’interception entre la fracture et les esquillements), d’après l’étude tracéologique; 3. sur éclat épais et présente, aussi, des vestiges d’utilisation. Photos J.P. Ruas.

1. un plus grand pourcentage (pour des raisons de conservation ?) de traces d’utilisation sur les artefacts débités dans des matières siliceuses, sachant que ces traces sont complètement absentes sur les pièces en quartz ; 2. le recours à l’utilisation, comme outil, tant de supports bruts que de supports retouchés ;

être sûrement avoir un rapport avec l’épaisseur de l’éclat proprement dit qui lui sert de support (8,75mm). Le second exemplaire – un burin caréné sur fragment d’éclat épais en silex (11,24mm), de section irrégulière – présente quatre enlèvements lamellaires à profils courbe et un biseau également épais mais courbe et polyèdre (16,31mm) (Fig. 4.46, nº 2). Il fait apparaître, en outre, une deuxième génération d’enlèvements constituée d’une retouche régulière courte qui s’étend tout au long du biseau, ce qui finit par ébaucher une partie frontale bien définie. Si, du point de vue strictement typologique, cette pièce entre

15

Du même type que ceux documentés dans le site de plein air d’Areeiro III, également daté du Mésolithique ancien (Chapitre 5). Dans le cas de Toledo, et tel qu’évoqué plus haut à propos de la signification réelle des grattoirs épais récupérés ici, l’hypothèse que les deux burins puissent correspondre, en fait, à des nucléus destinés à produire des supports lamellaires n’en n’a pas moins été envisagée. Toutefois, et compte tenu des caractéristiques de la production lithique de Toledo, dans son ensemble, cette hypothèse s’avère insoutenable. 16 Et, par corollaire, une approche des activités qui y ont été développées.

59

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.46 – Toledo : 1. burin sur troncature oblique; 2. burin caréné. Dessins A. Palma. Photo J.P. Ruas.

Figure 4.47 – Toledo : encoches en roches siliceuses. Photos J.P. Ruas.

Figure 4.48 – Toledo : 1-3. perçoirs (voir le nº 1 sur la Figure 4.40). 4-5. Denticulés. Photos J.P. Ruas.

Figure 4.49 – Toledo : grattoirs. 1-7. en roches siliceuses ; 8. en quartz. Photos J.P. Ruas.

60

Partie II – Toledo

Figure 4.50 – Toledo : grattoirs épais. Photos J.P. Ruas. Tableau 4.XVII – Toledo : fonction et fonctionnement des artefacts. A. Inventaire des pièces analysées (par matières premières et par catégories technologiques) ; B. Inventaire des outils analysés (par matières premières et par types d’outils) ; C. Résultats de l’étude tracéologique, d’après Igreja, 2011. (RS : roches siliceuses). Les chiffres entre parenthèses signalent les pièces en quartzite. A

MATIÈRES PREMIÈRES

TYPES

Quartzite

Quartz

RS

Total

Éclat

12

3

12

27

Esquille

4

4

25

33

Nucléus

1

1

2

4

Outil

3

5

46

54

Pièce esquillée

-

1

14

15

Support allongé

-

-

10

10

Total

20

14

109

143

B

MATIÈRES PREMIÈRES

OUTILS

Quartzite

Quartz

RS

Total

Grattoir

-

-

19

19

Denticulé

-

1

8

9

Encoche

1

3

4

8

Éclat retouché

1

1

8

10

Perçoir

1

-

5

6

Troncature

-

-

1

1

Burin

-

-

1

1

Total

3

5

46

54

ANIMAL

INDÉTERMINÉ

Gratter

Percer

Couper

Couper

Ind.

Tendre

Tendre

Tendre

Dures

Dures

Outil

6

2

-

-

-

8

Pièce esquillée

1

1

-

-

1

3

Éclat

2(1)

-

1

(1)

-

4

Esquille

1

-

-

-

-

1

Total

10

3

1

1

1

16

C

3. une utilisation plus fréquente des pièces retouchées, justifiant ainsi l’investissement réalisé dans leur transformation ; 4. la présence de traces d’utilisation sur des pièces esquillées.

Total

Les traces d’utilisation documentent, fondamentalement, le travail de matières tendres d’origine animale, en particulier le traitement de peaux, effectué par le biais de cinématiques transversales (N=10), rotatives (N=3) ou longitudinales (N=1). Le travail de matières dures n’est enregistré que 61

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

sur deux exemplaires, dont un atteste une cinématique longitudinale (Igreja, 2011).

produits à partir de nucléus qui sont exploités selon une stratégie majoritairement frontale et unipolaire, dans une première phase, mais qui envahit rapidement toute la surface disponible des volumes de matière première. A leur état d’abandon, les nucléus présentent, en général, des morphologies informes et des négatifs d’enlèvements de petits éclats, de petites esquilles ou des deux types de support.

En dépit des limitations inhérentes au prélèvement (en termes quantitatifs et même qualitatifs, c’est-à-dire du nombre de pièces observées et du nombre de pièces qui enregistrent des traces d’utilisation), il existe trois aspects importants qui sont venus confirmer : 1. l’intention de produire des artefacts épais (ou dont la partie frontale est épaisse) pour le traitement de matières tendres d’origine animale (grattage de la peau ; Igreja, 2011), malgré leur morphologie apparemment peu ergonomique. Bien qu’il ne soit pas possible d’argumenter, uniquement sur la base de la tracéologie, en faveur de l’hypothèse outil pour l’ensemble des grattoirs épais documentés dans le gisement, le fait qu’au moins l’un d’eux présente des traces d’utilisation n’en n’est pas moins significatif, ce qui va par ailleurs dans le sens des observations produites au cours de l’étude technologique ; 2. une plus grande adéquation des caractéristiques techniques et morphologiques des pièces esquillées à un fonctionnement en tant qu’outils : soit comme pièces intermédiaires (coins ?) soit en raison de la mise à profit, du recyclage ou de la reconversion de ces pièces pour l’exécution d’autres tâches (le travail de matières tendres animales, Igreja, 2011). Cette proposition va dans le sens du caractère polyvalent attribué communément à ce type d’artefacts, à leur utilisation facile, opportuniste et immédiate ; ce qui confirme également le caractère versatile déjà amplement suggéré pour la production lithique de Toledo ; 3. confirmation de l’hypothèse que tous les supports débités étaient susceptibles de servir d’outils, c’est-àdire d’outil à posteriori, tel que permet de le déduire la présence de traces d’utilisation sur des supports bruts, dépourvus de toute standardisation formelle ou dimensionnelle.

Il n’a pas été possible, par ailleurs, de soutenir l’hypothèse de l’existence de stratégies orientées vers la production de supports lamellaires, que ce soit par le biais de nucléus de type burin, de grattoir caréné ou de pièce esquillée. Le petit ensemble de lamelles récupéré à Toledo s’insère dans le même schéma de production que les éclats et doit constituer des débris rejetés au cours du processus de fabrication de ces éclats. À ce propos, le fait qu’il n’ait pas été constaté d’investissement dans leur transformation par retouche n’en est pas moins significatif. Cela ne veut toutefois pas dire que l’éventail des options et des habilités technologiques de ces communautés n’inclut pas ce type de production. L’industrie lithique de Toledo reflète, par-dessus tout, un site et ses circonstances d’occupation. La présence des deux burins atteste des aptitudes et des connaissances techniques qui vont bien au-delà des solutions lithiques habituelles documentées dans ce site.

Compte tenu des données présentées jusqu’ici, et pour répondre à la question formulée précédemment concernant le type morphologique visé par les artisans de Toledo – l’éclat-support par opposition à l’éclat-débris – il n’est pas possible de fonder l’existence d’une hiérarchisation évidente entre des produits et des sous-produits de débitage dans l’univers lithique documenté dans ce gisement : des esquilles et des éclats, ayant des morphologies et des dimensions variées, peuvent être utilisés à l’état brut ou transformés par retouche (pour mieux répondre aux exigences fonctionnelles ?) selon les besoins immédiats, le temps disponible et les possibilités de débitage des blocs de matière première utilisés pour la confection des outils domestiques de travail. Tout l’ensemble lithique produit est, en somme, potentiellement utilisable.

Il subsiste encore une grande interrogation : avec quel équipement chassait-on et pêchait-on à Toledo ? Le vaste ensemble d’espèces fauniques récupéré ici présuppose, bien entendu, l’utilisation de techniques de capture diversifiées. L’absence (formelle) d’armatures en pierre, susceptibles d’avoir servi de pointes de projectile, ainsi que de vestiges liés à leur processus de fabrication, suggère le recours à un autre type de tactiques de capture ou d’abattage des proies. L’utilisation de lances en bois, par exemple, constitue l’une des hypothèses à prendre en considération, tout comme l’utilisation de pièges, de frondes et même jusqu’au feu, selon le type de proie concernée (voir Point 4.5). L’écologie des faunes d’origine terrestre représentées à Toledo indique la présence d’un milieu forestier voir Point 4.4), où le pin maritime constituait la formation végétale dominante (van Leeuwaarden et Queiroz, 2003 ; Queiroz et van Leeuwaarden, 2004) et dont les potentialités en bois devaient être certainement mises à profit par les communautés humaines de Toledo pour la confection de leur équipement de chasse. Les espèces péchées devaient, de même, être capturées à partir d’un éventail diversifié de techniques qui n’impliquent pas nécessairement d’outillage en pierre. Des pièges et des filets de divers types, des hameçons et d’autres accessoires ont pu être confectionnés en bois (d’arbre et d’arbuste), en os et même en coquille, mais ne sont pas que des hypothèses puisque ce gisement n’a pas livré ce type de vestiges.

Ainsi, les principes de base de l’exploitation de la pierre à Toledo sont simples et s’adaptent, avec succès, à la qualité médiocre de la matière première disponible sur place ou dans les environs. Les éclats et les esquilles sont

Interpréter l’industrie lithique de Toledo équivaut à discuter de la productivité (en contrepoint de la faible aptitude à la taille de l’ensemble de matières premières), de la souplesse des normes et des solutions techniques adoptées ; et, 62

Partie II – Toledo

Figure 4.51 – Toledo: représentation relative (en poids, en pourcentage et par rapport au total) de la composante de mollusques récupérée au cours des fouilles dans la Propriété B, par couches et par carrés (seules les rangées 43, 44 et 45 ont été prises en comptes).

variées, l’étude de cette composante17 n’est pas encore terminée, pas plus que celle des restes de crustacés également documentés dans le contexte archéologique. En dépit de cette circonstance, et prenant uniquement en exemple la zone de fouille ouverte dans la propriété B, les mollusques qui y ont été comptabilisés – en tenant compte uniquement des exemplaires entiers ou équivalents à ≈ 80% du coquillage représenté – atteignent pratiquement 22000gr (Fig. 4.51), dont la grande majorité est concentrée dans la couche B (62,7%). Ce total n’inclut pas l’énorme

enfin, de la polyvalence des utilisations possibles. Ce qui n’en constitue pas moins un trait distinctif de la culture matérielle lithique des gisements coquilliers formés durant le début de l’Holocène. 4.4. Ressources fauniques Les mollusques constituent nettement la composante la plus visible de l’éventail des ressources alimentaires documenté à Toledo, compte tenu des deux variables, poids et quantité. Toledo est un amas coquillier et pas seulement un site qui comporte des coquilles au sein de sa culture matérielle. La couche B en constitue d’ailleurs le témoignage : le contenu en mollusques a nettement imprégné les sédiments qui la composent. Malheureusement et ce, pour des circonstances

17

Sous la responsabilité de Catherine Dupont qui n’a pu entreprendre l’étude de la composante malacologique que très récemment. Toutefois, un bilan de son étude (Dupont, 2011) sera présenté à la fin de ce Chapitre 4.4 et dans le cadre de cette publication.

63

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

quantité de petits ou de minuscules fragments de coquilles dont la comptabilisation et le classement taxonomique sont pratiquement impossibles à faire pour un non-spécialiste, étant donné leur niveau de fragmentation. Rappelons, à ce propos, que le refus résultant du processus systématique de tamisage des sédiments à l’eau était constitué d’une masse épaisse de déchets de coquilles de mollusques bivalves. Dans la propriété A, la base du dépôt coquillier formait une authentique carapace de restes de coquillages (voir Figs. 4.5 et 4.6).

Tableau 4.XVIII – Toledo : restes fauniques (vertébrés). PI : provenance indéterminée ; NTR : nombre total de restes ; DET : indice de détermination. Couches

La coque (Cerastoderma edule) est apparemment l’espèce la plus représentée (sur la base d’un examen préliminaire que j’ai moi-même effectué), ce qui ne veut pas dire qu’elle ait été la plus consommée car la résistance des coquilles à l’érosion n’est pas identique pour toutes les espèces. En effet, la variation dans leur fréquence est à mettre en rapport avec des facteurs taphonomiques qui agissent différemment selon la plus ou moins grande robustesse du coquillage. Il est évident que certains taxons sont sous-représentés étant donné leur moindre résistance au frottement.

A

B

C

D

PI

TOTAL

NTR

134

1117

471

207

5

1934

Non déterminés

82

405

165

85

0

737

Déterminés

52

712

306

122

5

1197

% DET

38.8

63.7

64.9

58.9

100.0 61.9

Groupes de vertébrés (NTR) Mammifères 130

919

445

170

0

1664

Poissons

3

117

7

11

5

143

Oiseaux

0

44

13

10

0

67

Reptiles

1

36

5

16

0

58

Amphibies

0

1

1

0

0

2

de détermination est assez élevé (62%, pratiquement), surtout en tenant compte des perturbations de nature postdépositionnelle reconnues dans le lieu. La couche B est, une fois de plus, celle qui contenait la grande majorité des restes (57,8%, voir Tableau XVIII). Les résultats des études archéozoologiques suggèrent que l’accumulation des vestiges fauniques a eu lieu durant le Mésolithique ancien, et il n’existe pas de données qui soutiennent une éventuelle contribution de restes étrangers à cette occupation.

Outre la coque, sont présents, par ordre d’importance numérique, la scrobiculaire (Scrobicularia plana), la moule (Mytilus sp.), le couteau (Solen marginatus), la palourde (Ruditapes decussatus), l’huître (Ostrea edulis) et la patelle (Patella sp.). Cette énumération montre clairement que ce sont les zones des estuaires, aux fonds sableux et rocheux et soumis journellement au flux et au reflux des marées, qui devaient être les plus recherchées par les résidents de Toledo. Ce même standard de représentation relative de l’ensemble malacologique a été documenté dans les sondages réalisés par David Lubell dans la propriété A, qui montrent une nette prédominance de la coque, de la scrobiculaire et de la moule par rapport aux autres espèces de bivalves (Lello, 1990). Un aspect intéressant à retenir et qui, en fin de compte, caractérise le comportement de ces populations vis-à-vis des ressources alimentaires mises à disposition par le milieu, c’est l’absence totale de sélection basée sur l’une ou l’autre espèce ou sur des catégories dimensionnelles18.

Parmi les vertébrés, ce sont les mammifères qui dominent clairement dans l’échantillon (86%), suivis des poissons (7,4%) et des oiseaux (3.5%). Les espèces qui font partie de ces trois grandes catégories d’animaux ont été capturées, sauf rares exceptions, en vue de leur consommation par le groupe. Par contre, en ce qui concerne les reptiles (3%) et les amphibiens (0,1%), dont la représentation est très marginale, il se peut qu’ils aient été introduits par un prédateur dans le gisement, sans pouvoir exclure toutefois l’hypothèse d’une éventuelle mise à profit de ces espèces par la communauté humaine de Toledo (MorenoGarcía, 2011). Les lagomorphes (lapins et lièvres), dont la représentation dépasse 76% (Tableau XIX), ont pu de la même façon et dans certains cas, avoir été incorporés dans le dépôt coquillier par un prédateur non humain19, durant une période d’abandon de l’occupation du site (MorenoGarcía, 2011). Toledo n’inclut donc pas uniquement des restes fauniques en rapport avec la subsistance du groupe (et dont la présence dans le gisement a un caractère anthropique), mais également des espèces qui devaient faire partie intégrante de la faune locale.

Mais le menu de ces communautés humaines ne se limitait pas à la consommation de mollusques. L’enregistrement archéologique inclut en outre une gamme très diversifiée et très importante d’autres espèces animales appartenant à différentes catégories de vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens ; Tableau 4.XVIII ; Gabriel, 2011 ; Moreno-García, 2011) qui fournissent des indications non seulement sur le régime pratiqué par le groupe de Toledo mais encore sur le contexte paléoenvironnemental qui les entourait. Certains indicateurs (âge d’abattage, ostéométrie et biologie de certaines des espèces) suggèrent également que le printemps-été devait être l’époque la plus probable d’occupation du lieu (Gabriel, 2011 ; Moreno-García, 2011 ; voir aussi Point 4.5). L’indice

Ce sont toutefois des animaux de taille moyenne comme les sangliers (Sus scrofa), les chevreuils (Capreolus capreolus) et les cerfs (Cervus elaphus) qui ont dû le plus contribuer au régime alimentaire des communautés

18

19

Il semble que la cueillette de mollusques s’est faite sans des contraintes, il existe en effet des individus qui couvrent apparemment tout le cycle de vie des espèces, à savoir, l’absence de choix saisonnier.

Tel que l’attestent les restes qui montrent des signes d’avoir été digérés. Un tibia de lièvre présente une perforation qui semble avoir été provoquée par le bec d’un rapace (Moreno-García, 2011).

64

Partie II – Toledo

Tableau 4.XIX –Toledo : restes fauniques : inventaire des espèces représentées. INVENTAIRE DES ESPÈCES REPRÉSENTÉES MAMMIFÈRES

NR

%

POISSONS

Aurochs (Bos primigenius)

5

0.5

TRIAKIDAE

NR

%

Cerf (Cervus elaphus)

22

2.2

Requin-hâ (Galeorhinus galeus)

14

14.0

Chevreuil (Capreolus capreolus)

28

2.8

Émissoles (cf. Triakidae)

3

3.0

1

1.0

5

5.0

2

2.0

2

2.0

Sanglier (Sus scrofa)

135

13.6

Renard (Vulpes vulpes)

10

1.0

MURAENIDAE

Chat sauvage (Felis silvestris)

2

0.2

Murène (Muraena helena)

Lièvre (Lepus sp.)

51

5.1

Lapin (Oryctolagus cuniculus)

619

62.1

MORONIDAE

Lièvre/Lapin

90

9.0

Bar commun (Dicentrarchus labrax)

Hérisson (Erinaceus europaeus)

23

2.3

Taupe (Talpa occidentalis)

2

0.2

CARANGIDAE Chinchard commun (Trachurus trachurus)

Rat d’eau (Arvicola sapidus)

5

0.5

Campagnol basque (Microtus lusitanicus)

4

0.4

Total déterminé

996

100.0

SPARIDAE

Mammifères non déterminés

668

40.1

Dentes (Dentex spp.)

TOTAL

1664

Sar à tête noire (Diplodus vulgaris)

10

10.0

OISEAUX

NR

%

Sars (Diplodus spp.)

2

2.0

Anseriforme

1

2.3

Pageots (Pagelus spp.)

1

1.0

Aigle pêcheur (Pandion haeliaetus)

1

2.3

Pagre commun (Pagrus pagrus)

2

2.0

Perdrix rouge (Alectoris rufa)

9

20.5

Pagres (Pagrus spp.)

6

6.0

Pigeon Ramier (Columba palumbus)

29

65.9

Dorade royale (Sparus aurata)

15

15.0

Chouette hulotte (Strix aluco)

1

2.3

(Sparidae)

10

10.0

Geai des chênes (Garrulus glandarius) 1

2.3

Sparidés possibles (cf. Sparidae)

19

19.0

Passériformes

2

4.5

Total déterminé

44

100.0 34.3

Oiseaux non déterminés

23

TOTAL

67

REPTILES

NR

MUGILIDAE Mulets (Liza spp.)

1

1.0

Mulets (Mugilidae)

6

6.0

1.0

%

Tortue (Mauremys leprosa)

41

74.5

PLEURONECTIFORMES

Lézard vert (Lacerta lepida)

14

25.5

Poissons plats

1

Total déterminé

100

100.0

Poissons non déterminés

43

30.1

TOTAL

143

TOTAL DE VERTÉBRÉS

1934

Total déterminé

55

100.0

Reptiles non déterminés

3

5.2

TOTAL

58

AMPHIBIES

NR

%

Crapaud commun (Bufo bufo)

2

100

TOTAL

2

de Toledo (voir Tableau 4.XIX), si l’on tient compte uniquement des ressources fauniques d’origine terrestre consommées par le groupe. Si, dans les cas des sangliers, des chevreuils et des cerfs, les animaux ont été intégralement transportés vers le site et y ont été traités et consommés, la répartition anatomique de l’auroch (Bos primigenius), dont la présence est bien plus marginale dans l’échantillon, suggère une sélection préalable des carcasses sur le lieu de l’abattage, seuls les morceaux recherchés (pour leur consommation) étant transportés au campement (Moreno-García, 2011).

Tout comme pour l’éventail diversifié d’espèces de mollusques et de vertébrés terrestres documentés dans le gisement, la population de Toledo se livrait à la pêche d’un ensemble nombreux et varié d’espèces piscicoles marines peuplant les substrats rocheux et sableux – avec une nette prédominance de la famille des Sparidés (67%) (voir Tableau 4.XIX) – dont les squelettes sont représentés dans leur totalité (Gabriel, 2011). Par ailleurs, l’ensemble faunique documenté à Toledo est révélateur du type de paysage environnant. La forêt devait 65

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

constituer la formation végétale dominante – comme l’indique la présence d’espèces comme le chevreuil, le sanglier, le chat sauvage, le pigeon biset, le geai et la chouette – laquelle devait être entrecoupée par des zones de clairières où l’aurochs, le cerf, les perdrix et les lagomorphes devaient trouver leur habitat naturel. Le rat d’eau, la tortue d’eau méditerranéenne et l’aigle pêcheur sont révélateurs, quant à eux, de la présence de cours d’eau à proximité du site.

réalité bipartite et qui aident à comprendre non seulement le site, mais également le contexte culturel dans lequel il a été produit. Le groupe ou les groupes humains qui ont accumulé les vestiges matériels à Toledo sont porteurs d’une structure organisationnelle propre qui se reflétait, comme nous le verrons, sur la façon de tirer parti des potentialités offertes par un milieu riche et diversifié du point de vue écologique et cynégétique. 4.5.1 Les données de la subsistance : de l’acquisition à la consommation d’aliments

4.5. Modalités d’occupation de l’espace

À partir de Toledo, le groupe devait avoir facilement accès à un ensemble très varié d’aliments qui devait inclure des ressources d’origine animale et végétale provenant de différents types d’habitat : marin (littoral et pélagique), fluvial, estuarien et terrestre (voir Fig. 4.2). Les alternatives alimentaires devaient ainsi être multiples, tout comme devaient l’être les niches écologiques exploitées.

En considérant globalement les vestiges récupérés au cours des travaux de fouille réalisés à Toledo (type, diversité et nombre), il est possible d’établir de façon approximative les modalités d’occupation et d’exploitation de l’espace par les communautés humaines qui s’y sont installées au cours du Mésolithique ancien. Malheureusement, le site a subi de profondes altérations au cours du temps (d’origine naturelle et anthropique, ancienne et récente), qui rendent franchement plus difficile ou quasiment impossible la tâche d’isoler, dans l’espace et dans le temps, d’éventuels épisodes distincts d’occupation mésolithique. La quantité et la diversité des espèces fauniques d’origine terrestre et aquatique disponibles sur place ou à proximité, ainsi que les ressources lithiques susceptibles d’être utilisées comme outils en vue de leur acquisition et leur traitement, expliquent bien entendu le choix de cet endroit comme lieu de séjour, lequel devait s’inscrire au sein d’un territoire économique plus vaste, parcouru et exploité par le groupe de Toledo. Comment interpréter l’ensemble de vestiges matériels documenté dans le gisement pour construire un modèle vraisemblable sur son utilisation fonctionnelle ? Des aliments et un abri constituent les deux conditions de base recherchées par l’Homme. Si la plupart des restes ont un rapport direct ou indirect avec la première de ces conditions, la seconde est moins visible du point de vue archéologique mais n’en est pas pour autant absente. Ajoutons, en outre, la présence d’éléments qui documentent un autre type de manifestations qui s’éloignent de cette

L’éventail alimentaire de Toledo Tel que mentionné au point précédent, différents groupes archéozoologiques sont représentés dans le gisement. A ce spectre faunique, diverses espèces de bivalves, de gastropodes et de crustacés peuvent encore être ajoutées. Loin de constituer un deuxième choix, la consommation d’éléments d’origine aquatique, en particulier de mollusques, devait constituer une importante contribution dans l’éventail alimentaire des habitants de Toledo. Il n’est pas possible de parler en termes de primauté d’une des composantes par rapport à l’autre (l’aquatique sur la terrestre ou vice-versa) dans le régime alimentaire de ces communautés, ou d’établir une hiérarchie entre des ressources dites principales et d’autres dites complémentaires. Même si elles ne sont effectivement pas équivalentes du point de vue calorique. Ce qui est évident, dès le départ, c’est que les populations de Toledo ont tiré parti de la diversité des espèces disponibles en se les appropriant toutes de façon opportuniste. Cette solution

Tableau 4.XX –Toledo : inventaire de la totalité de vestiges matériels, par couches (sans inclure la malacofaune). (1) N’ont pas été inclus 5 restes dont la provenance est inconnue ; (2) N’ont pas été inclus les restes récupérés dans les sondages dirigés par David Lubell ; (3) Inclut, en autre, une canine de renard perforée (Fig. 4.64) ; (4) Industrie osseuse. Inclut : une scapulaire de chevreuil gravée et aménagée ; une diaphyse d’os long avec des stries parallèles ; deux poinçons en os (Fig. 4.53). Couche A

Couche B

Couche C

Couche D

TOTAL

Type de vestige

N

%

N

%

N

%

N

%

N

%

Industrie lithique (2)

489

78.0

1453

55.9

913

64.8

450

67.7

3305

62.4

Restes de mammifères

131

20.9

1000

38.5

464

33.0

196

29.5

1791

33.8

Restes piscicoles (1)

3

0.5

117

4.5

7

0.5

11

1.7

138

2.6

Restes humains (2)

-

-

2

0.1

2

0.1

-

-

4

0.1

Pendeloques (3)

4

0.6

20

0.8

19

1.3

7

1.1

50

0.9

Os travaillé (4)

-

-

1

0.0

2

0.1

1

0.2

4

0.1

Polisseurs

-

-

4

0.2

1

0.1

-

-

5

0.1

TOTAL

627

11.84

2597

49.03

1408

26.58

665

12.55

5297

100.0

66

Partie II – Toledo

reflète un comportement récurrent dans les sociétés humaines du début de l’époque postglaciaire documentées sur le territoire portugais.

mammifères et des restes piscicoles montre que les animaux étaient transportés et puis consommés dans le site. Si l’on exclut les causes d’origine taphonomique, en rapport avec la capacité différentielle de résistance de l’os au frottement et à d’autres facteurs de nature physique et chimique, les squelettes des animaux récupérés à Toledo sont complets, et il n’existe pas de préférence envers une partie ou un élément anatomique. Il reste toutefois à répondre à une question qui se situe plus en amont, à savoir comment les mammifères étaient chassés et les poissons pêchés ? L’absence d’armatures de projectile en pierre au sein de la série lithique, ainsi que de restes liés à leur processus de fabrication, suggère l’utilisation d’un autre type d’armement, de technique ou de stratégie d’abattage des proies. Le recours à des pointes de lance en bois est une sérieuse hypothèse à pondérer, car l’accès à ce matériau ne devait pas constituer un problème pour les habitants de Toledo. Les indicateurs paléoenvironnementaux existant pour la frange littorale d’Estrémadure, durant la chronozone boréale, indiquent la présence d’un éventail diversifié d’espèces ligneuses, où l’on comptait des arbres et des arbustes (Ière Partie, Chapitre 3) qui pouvaient servir à la confection du matériel de chasse et de pêche des communautés humaines de Toledo. Cette hypothèse est renforcée par la présence de cinq polissoirs en grès (Tableau 4.XXI) qui ont effectivement pu servir à confectionner des pointes de flèche ou de lance en bois. Il s’agit de pièces qui présentent un ou plusieurs sillons sur une face ou sur les deux, provoqués par le contact, selon un mouvement de type va et vient et simultanément rotatif, d’un objet en bois ou en os sur sa surface (Fig. 4.52).

Comme le montre le Tableau 4.XX, les vestiges archéologiques qui ont un lien direct avec la consommation d’aliments représentent 36% du total des restes matériels récupérés à Toledo. Ce chiffre est fortement sous-évalué car il ne tient pas compte des mollusques (Bivalvia et Gastropoda) ni des crustacés – pouce-pied (Pollicipes pollicipes), balanes (Balanus spp.), pinces de crabes (Carcinus maenas) – documentés dans le gisement et dont l’étude a été menée par C. Dupont (voir Éncart : Bilan de l’analyse des invertébrés marins (Dupont, 2011) à la fin du Chapitre 4). Il est probable que la collecte de mollusques devait constituer une activité quotidienne des populations de Toledo, car ce site était placé sous une forte influence estuarienne au moment où il a été occupé. Le groupe a su tirer parti non seulement de la diversité des mollusques disponibles dans les environs, en les récoltant tous de façon opportuniste et en fonction de leur plus ou moins grande abondance dans les lieux alors exploités, mais il a su exploiter également l’offre que lui procurait un autre type d’habitats, incluant dans son régime alimentaire un ensemble élargi de ressources fauniques d’origine terrestre nettement dominé par des animaux de port moyen. Le poisson, capturé probablement dans les mêmes habitats que ceux où il était procédé à la cueillette de mollusques, complétait l’éventail des aliments du groupe de Toledo. Cette composante aussi présente le même mode de représentation, sachant qu’une gamme assez variée d’espèces piscicoles est documentée dans le site. Les restes d’origine végétale, absents de l’enregistrement archéologique, certainement pour des motifs taphonomiques20, devait être éventuellement consommés par le groupe de Toledo quotidiennement, lequel devait avoir accès à un éventail diversifié de communautés végétales appartenant à des zones écologiques distinctes, dont l’offre en fruits, baies et graines devait être sûrement mise à profit.

Des exemplaires de ce type, également en grès, sont connus dans de nombreux contextes archéologiques du Nord et du Centre de l’Europe, datés du Tardiglaciaire (Rozoy, 1978), avec une plus grande représentation au début de l’Holocène, et sont également documentés en Espagne (García-Arguelles, 1993). Ils présentent, en général, un seul sillon, réalisé dans le sens de la plus grande longueur du support. Rozoy (1978) distingue deux types différents de polissoirs : a) pour lisser des hampes de flèche ou de lance en bois ; b) à rainures multiples, destinés à polir des aiguilles. Deux fragments de diaphyse d’un os long de mammifère, récupérés dans la couche B et présentant un polissage sur l’une des extrémités (Fig. 4.53, nºs 2 et 3),

Modes d’acquisition des ressources alimentaires Comment les ressources alimentaires documentées dans le gisement étaient-elles acquises ? Compte tenu de l’éventail diversifié des espèces fauniques représentées dans le site, il est possible de conclure que la chasse, la pêche et la cueillette constituaient trois des activités développées par la population de Toledo. Si la récolte de mollusques est une tâche qui requiert une technologie simple, qui peut être satisfaite en utilisant simplement la main, un bâton ou une pierre, la chasse et la pêche exigent des techniques et des méthodes de capture plus élaborées. L’étude des

Tableau 4.XXI – Toledo : quelques paramètres statistiques des polissoirs. C. Longueur; L. Largeur; E. Épaisseur; Nbre. nombre de sillons ; P. Profondeur. PROVENANCE

20

Il n’a toutefois pas été procédé à la flottaison de sédiments de façon à détecter d’éventuels macro-restes végétaux. Par ailleurs, les charbons étaient complètement disséminés au sein des sédiments ou alors ils se défaisaient au moindre toucher. Les exemplaires recueillis au cours du processus de fouille étaient, en fin de compte, des petits fragments d’os carbonisés.

67

Dimension du support

Dimension du sillon

Carré Nº

Couche L

l

E

Nbr L

P

SB

18

B

89.9

96.4

39.9

1

10.3

6.46

J12

17

B

85.7

67.8

37.8

3

6.2

6.94

Q45

35

B/C

53.7

56.1

38.2

1

6.2

6.76

J10

-

B

48.6

36.9

23.9

2

9.8

4.52

T43

27

C

55.3

53.6

22.7

1

7.1

3.79

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.52 – Toledo : polisseurs en grès probablement utilisés dans le travail du bois.

Figure 4.53 – Toledo : 1. polissoirs en grès portant un sillon et deux rainures ; 2 et 3. Fragments de diaphyses d’espèce indéterminée aux extrémités polies ; 4. Il est probable que le polissage a été effectué en tournoyant et en déplaçant simultanément l’os sur la surface de la pierre (selon un mouvement de va-et-vient), entrainant, après utilisation intense, la formation d’une rainure. Le sillon, plus large et plus profond, est probablement lié à fabrication de hampes pour la chasse.

peuvent correspondre à ce second type de Rozoy. Toutefois on ne peut pas exclure l’hypothèse que ces artefacts aient assumé une autre fonction, en tant qu’éléments d’un outil composite utilisé éventuellement dans les arts de la pêche. Au-delà de l’utilisation probable du bois ou de l’os pour la confection du matériel de chasse et de pêche, la population de Toledo a dû certainement disposer d’un autre type de techniques (le recours à des pièges et des appareils à hameçon pour la capture des espèces piscicoles, par exemple) et d’autres tactiques (éventuellement l’utilisation du feu) qui n’ont pas laissé de trace dans l’enregistrement archéologique. L’utilisation brute d’esquilles comme des éventuelles armatures reste en ouvert en l’absence de preuves.

les étapes finales du travail de la peau (Igreja, 2011). Les motifs possibles de cette absence ont déjà été mentionnés et sont liés non seulement à la mauvaise qualité des matières premières utilisées pour les opérations de taille, ce qui ne facilite pas l’enregistrement des gestes et des matières travaillées, mais encore au caractère expédient de l’utilisation proprement dite. Par ailleurs, la présence de concrétions carbonatées sur les surfaces des os a empêché, dans de nombreux cas, l’observation d’éventuels stigmates liés à cette activité.

Crus ou cuits ? Traitement et consommation des aliments à Toledo

En ce qui concerne le poisson, il peut être consommé sans être dépecé, surtout quand les spécimens sont de petite taille. La présence de marques de découpe sur des os de poisson provenant de contextes archéologiques est extrêmement rare suite à divers facteurs, d’origine naturelle et anthropique, depuis le type de stratégie utilisée, qui ne laisse pas nécessairement de signature sur l’os, jusqu’aux processus post-dépositionnels, ou l’anatomie proprement dite du poisson (Willis et al., 2008). Sans oublier que ce poisson peut être préparé puis consommé sans exiger d’enlever les filets ou de le couper.

La présence de restes liés à la pratique du feu a été documentée à Toledo. Malheureusement, le site a subi de profondes altérations qui ont affecté irrémédiablement les conditions originelles de dépôt des vestiges, en particulier celles en rapport avec la présence de structures de nature domestique. Outre les restes de squelettes de mammifères et de poissons, présentant des signes clairs d’altération thermique, qui ont été récupérés, des marques de découpe ont été également reconnues (entre incisions superficielles, entailles plus profondes, fractures transversales), lesquelles démontrent le traitement des morceaux de viande dans le site en vue de leur consommation. Bien entendu, la production d’artefacts en pierre devait avoir comme principal objectif de faciliter le démembrement des squelettes des animaux capturés, sachant qu’un échantillon d’artefacts a été sélectionné en vue de son étude tracéologique. Compte tenu des caractéristiques de l’ensemble lithique et des interprétations résultant de son étude, cet échantillon a englobé différentes catégories technologiques et dimensionnelles représentées dans le gisement, parmi les supports bruts et retouchés. La découpe des carcasses d’animaux n’a toutefois pas laissé le moindre vestige sur les artefacts supposément utilisés à cet effet, l’étude tracéologique n’ayant enregistré que

Si les marques de découpe documentent, de façon directe, le traitement des carcasses d’animaux, comment interpréter la présence d’os portant des signes d’altération thermique ? Cette question est liée directement à la façon dont les aliments étaient consommés, crus ou cuits, ce qui implique d’introduire dans le débat un autre type de vestiges documentés dans l’enregistrement archéologique : les roches thermoaltérées. Bien que peu nombreuses, la présence de roches portant des signes d’altération thermique, un peu partout dans la zone de fouille, évoque clairement l’usage du feu. Compte tenu de l’éventail d’informations fournies par l’étude des espèces fauniques documentées dans le gisement, 68

Partie II – Toledo

l’occupation de Toledo a dû avoir lieu pendant la période plus chaude de l’année. Dès lors, l’hypothèse la plus parcimonieuse pour l’apparition de ce type de vestige est qu’il soit lié au processus de cuisson des aliments et non pas à une source de production de chaleur pour la protection du groupe qui s’y est installé.

la chauffe dans un sédiment grisâtre. La profondeur et les contours de cette poche étaient toutefois bien moins définis (Fig. 4.56).

Si la plupart des roches altérées par la chauffe ne présente pas aucun modèle d’organisation spatiale, il existe néanmoins des cas de concentration de pierres rubéfiées qui, curieusement, coïncident avec des zones de plus grande accumulation de restes organiques, en particulier de mollusques bivalves. En T-44, moitié nord, et T-45, moitié sud, par exemple, une zone a été fouillée qui présentait une forte concentration de mollusques bivalves (la scrobiculaire et de la coque) et qui reposaient sur un lit de pierres anguleuses thermoaltérées de petite dimension (Fig. 4.54). Les sédiments qui enveloppaient cette structure présentaient une coloration très grisâtre et une texture granuleuse, contrastant nettement avec les sédiments environnants, de tonalité brun-doré et de texture moelleuse. Une partie de cette structure a été conservée dans la coupe ouest, sachant néanmoins qu’il est très difficile de représenter, sur le dessin graphique réalisé à la fin des travaux archéologiques, l’ensemble des situations documentées au cours du décapage des sédiments, surtout en ce qui concerne la variation latérale de la composition sédimentaire.

Figure 4.55 – Toledo : structure en fosse documentée dans le coin SE du secteur de fouille ouvert dans la Propriété B. La base de cette structure contenait des roches thermoaltérées.

Dans les carrés Q44 (moitié sud), Q43 et R43 (cadrant SE), une poche qui se développait en profondeur et dont la base reposait déjà sur la couche D, a été documentée. Elle formait une grande fosse au contour irrégulier, d’environ 70cm de profondeur et 150cm de diamètre maximum, remplie à l’intérieur d’innombrables petits fragments de coquilles de mollusques bivalves ainsi que de quelques pierres et sédiments altérés par la chauffe qui étaient dispersés, aléatoirement, à l’intérieur mais également au niveau de sa base (Fig. 4.55). En S43, une autre poche a également été documentée qui renfermait des restes de coquilles et des cailloux altérés par

Figure 4.56 – Toledo : dispersion de la composante malacologique dans le secteur de fouille ouvert dans la Propriété B. 1. Comme on peut le voir, la coloration plus foncée qui documente la plus grande densité de coquilles, correspond à la structure en cuvette représentée sur la figure 4.54. Cette structure se développait, pratiquement dès le début, dans la couche C et sa base reposait sur la couche D. 2. Il est possible d’observer deux concentrations de restes malacologiques ; l’une, plus petite, dans les unités S43/44 ; l’autre, en Q43/44/R43, qui correspond à la fosse représentée sur la figure 4.55.

Figure 4.54 – Toledo : structure en cuvette partiellement conservée dans le profil Ouest du secteur de fouille ouvert dans la Propriété B.

69

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Un fait curieux à enregistrer c’est qu’au fur et à mesure que la fouille se développait en profondeur, dans le sens de la base des poches de coquilles sus-décrites, le nombre de coquilles entiers augmentait au détriment de l’énorme masse informe de déchets de coquilles qui caractérisait si bien leur contenu. L’étude des invertébrés marins constitue ainsi une donnée fondamentale pour caractériser et interpréter cette catégorie de vestige, surtout en ce qui concerne le type, la représentativité relative et la taphonomie des mollusques qui y sont documentés. Pour écarter l’hypothèse d’une éventuelle contribution de facteurs extérieurs dans la formation de ce type de poches – l’ouverture de tranchées récentes pour la plantation de plants de vigne était un aspect important à prendre en compte – nous avons utilisé comme outil d’analyse le comportement spatial des fragments de céramique récupérés dans le site. Le but était, par le biais de cet exercice, de vérifier si le modèle de distribution de ces éléments coïncidait avec la localisation des dites poches. Comme le montre la figure 4.57, les fragments de céramique sont distribués un peu aléatoirement dans toute la zone de fouille ouverte dans la propriété B et il n’a été constaté de concentration de fragments que dans le carré Q44. Ce fait ne permet toutefois pas, en l’absence d’un autre type d’arguments, d’imputer l’apparition de la poche de coquilles documentée dans ce secteur de la fouille à des facteurs de nature postdépositionnelle.

Figure 4.58 – Toledo : les travaux archéologiques sur le talus de la route ont été dus à la présence d’une concentration de restes fauniques thermoaltérés qui semblaient circonscrits à une poche.

talus, ce qui a rendu ses limites et sa morphologie difficiles à reconnaître (Fig. 4.58). En dépit du degré d’altération du contexte archéologique fouillé à Toledo, il n’est pas difficile de déduire que les structures décrites plus haut avaient un lien avec le processus de préparation des aliments qui ont été consommés par les communautés humaines qui s’y sont installées. Toutefois, si l’on inverse l’ordre des événements et que l’on se centre sur l’analyse de la réalité archéologique observée au moment de la fouille, ces dispositifs semblent alors acquérir le statut de décharges culinaires dans leur phase ultime d’utilisation. En faisant le parcours en sens inverse à celui de leur abandon, l’hypothèse la plus probable est que ces dispositifs aient été conçus en vue de deux utilisations possibles et distinctes : pour rôtir ou griller de la viande et du poisson ; pour préparer des mollusques (ouverture des valves par la chauffe). Les études menées sur les restes fauniques montrent, à ce propos, des pourcentages élevés d’os qui ont subi l’action du feu. Le procédé devait consister alors à creuser des dépressions plus ou moins profondes dans le sol en fonction de l’utilisation visée, lesquelles devaient être revêtues de pierres chauffées21 qui jouaient le rôle d’accumulateurs et de transmetteurs de chaleur. Après avoir placé et protégé les aliments à l’intérieur, ces poches devaient être recouvertes d’une couche de terre, créant ainsi un milieu ambiant fermé, favorable à la cuisson. Il n’est pas possible de reconstituer toute la diachronie des événements susceptibles de s’être produits durant la période d’utilisation. A un moment donné, et avant l’abandon du site, ces dispositifs ont été apparemment mis à profit pour y recueillir les déchets des repas qui y ont eu lieu.

Enfin, en ce qui concerne le dépôt coquillier exposé sur le talus de la route qui relie les localités de Toledo et Vimeiro, une poche supplémentaire a été documentée qui enveloppait des pierres rubéfiées mais également un nombre significatif de restes fauniques portant des signes évidents de thermoaltération. Malheureusement, cette structure était déjà très détruite en raison de l’érosion progressive du

Figure 4.57 – Toledo : répartition, sur un même plan, des fragments de céramique. Cet exercice a eu pour but principal de tester l’hypothèse d’une éventuelle intervention d’autres facteurs (étrangers à l’occupation mésolithique) dans la formation des dépressions/fosses documentées sur la figure 4.56.

21

La composante lithique (des galets en quartzite, quartz et grès, dont les dimensions ne dépassent, en moyenne, les 10cm de longueur maximale) des structures a probablement déjà été placée sur une couche de cendres chaudes résultant du brûlage d’un combustible végétal.

70

Partie II – Toledo

Tableau 4.XXII – Toledo : répartition des coquilles percées par couches. Couche A

Couche B

Couche C

Couche D

TOTAL

TAXON

N

%

N

%

N

%

N

%

N

%

Theodoxus fluviatilis

1

25.0

14

70.0

8

44.4

5

71.4

28

57.1

Nassarius reticulatus

3

75.0

6

30.0

9

50.0

2

28.6

20

40.8

Osilinus lineatus

-

-

-

-

1

5.6

-

-

1

2.0

TOTAL

4

20

18

4.5.2. Au-delà de la subsistance

7

49

la propriété B (81,6%) et dans la couche B (40,8%) (Figs. 4.59 et 4.60), ces pièces se signalent, à titre de caractéristique principale, par la présence d’un orifice pour la suspension.

Si la plupart des vestiges matériels documentés à Toledo ont un rapport direct ou indirect avec la subsistance des communautés humaines qui s’y sont installées, il en existe toutefois d’autres qui témoignent du développement d’activités qui dépassent la simple satisfaction de ce besoin de base. Le travail de la peau est en effet documenté sur certains des artefacts lithiques qui conservent encore des stigmates des gestes et des matériaux travaillés (Igreja, 2011). Cette circonstance devrait contribuer à mieux définir le statut exercé par ce gisement dans le cadre du système d’organisation interne des communautés humaines responsables de l’accumulation des vestiges dans cet endroit. Le traitement de la peau sèche est une tâche qui suppose un ensemble de conditions requises et une logistique qui exigent du temps et de l’organisation, comme nous le verrons plus avant. Sur un autre registre déjà, il faudra comprendre également la présence des objets de parure sur coquille documentés dans ce site (Tableau 4.XXII). Non pas parce qu’ils s’éloignent de la vie quotidienne du groupe, mais parce qu’ils témoignent d’une facette moins prosaïque de son comportement. Avec une représentation plus ou moins rare dans toute la zone objet de l’intervention, mais plus fréquente dans

Figure 4.59 – Toledo : répartition, sur un même plan, des coquilles percées provenant des fouilles dans la Propriété B.

Figure 4.60 – Toledo : répartition verticale des coquilles percées provenant des fouilles dans la Propriété B.

71

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 4.62 – Toledo : coquilles de Nassarius reticulatus percées. L’exemplaire figurant à la douzième position (de gauche à droite) est perforé sur le pénultième tour de la spire. La présence d’une rainure, tout de suite après l’orifice ouvert (qui lui est perpendiculaire), peut résulter d’un glissement non intentionnel de l’objet utilisé pour faire la perforation qui a dû échapper au contrôle de l’artisan. Photo de J.P. Ruas.

Figure 4.61 – Toledo : coquilles de Theodoxus fluviatilis percées. Le positionnement de la perforation est bien standardisé. Photo J.P. Ruas.

Trois taxons sont représentés (voir Tableau 4.XXII) : Theodoxus fluviatilis, Nassarius reticulatus et Osilinus lineatus. Si, dans les deux premiers cas, le caractère intentionnel des perforations ne fait aucun doute, dans le troisième, il n’est pas possible d’écarter l’hypothèse d’une éventuelle cause naturelle, surtout en l’absence d’une analyse taphonomique approfondie (il existe également quelques coquilles de Cerastoderma edule qui présentent un orifice dans la valve, dont l’origine, naturelle ou anthropique, devra également être évaluée). Sur les coquilles de Theodoxus fluviatilis et de Nassarius reticulatus, la perforation est réalisée en général dans la dernière spire, du côté opposé à l’ouverture naturelle et suffisamment loin du bord de façon à conserver intacte la bande qui sépare les deux ouvertures où passera le fil (Figs. 4.61 et 4.62). Les perforations ont tendance à être circulaires ou subcirculaires, sachant qu’elles sont parfois déjà très endommagées. L’étude de la chaîne opératoire de production de ces artefacts est encore en cours, le recours à l’abrasion étant néanmoins évident (Fig. 4.63). Certains des paramètres statistiques et des caractéristiques observées dans ces parures figurent dans le Tableau 4.XXIII.

Figure 4.63 – Toledo : coquille de Theodoxus fluviatilis percée et thermoaltérée. L’abrasion semble avoir été utilisée dans le processus de percement du test. Photo J.P. Ruas.

comme espace funéraire durant le séjour du groupe22. Les conditions d’enfouissement du site ne permettent toutefois pas d’établir le moindre modèle de corrélation entre les deux composantes. L’utilisation de mollusques comme parure personnelle devait certainement constituer une pratique commune pour ceux qui retiraient de la mer une partie fondamentale de leur propre subsistance. Il a été également reconnu une canine de renard (Vulpes vulpes) qui présente une perforation intentionnelle (Fig. 4.64), malheureusement très endommagée, au niveau de la transition de la couronne vers la racine de la dent (MorenoGarcía, 2011).

Les zones de capture de ces gastropodes devaient être probablement les mêmes que celles où il était procédé à la récolte des espèces destinées à la consommation alimentaire, à savoir, près du littoral, dans des fonds sableux (Nassarius reticulatus) ou rocheux (Osilinus lineatus) soumis aux marées quotidiennes, et également dans l’estuaire ou des zones riveraines (Theodoxus fluviatilis). La présence de restes humains dispersés dans le gisement (dix dents, un fragment de fémur et deux phalanges ; Gonçalves, 2011) ne suffit pas pour établir une éventuelle association des éléments de parure à un quelconque rituel funéraire qui y aurait été pratiqué. Il est plausible, compte tenu de certains des éléments ostéologiques qui y ont été récupérés, que le site ait été ponctuellement utilisé

22

A moins qu’il ne soit démontré un jour que les restes anthropologiques ne sont pas en fin de compte contemporains de l’occupation mésolithique.

72

Partie II – Toledo

Tableau 4.XXIII – Toledo : quelques attributs techniques et qualitatifs des coquilles percées. Nbre. Nombre de perforations. E. Entier; F. Fracturé. Circ. Circulaire; Irreg. Irrégulière; Along. Allongée. SUPPORT

PERFORATION Conservation

Morphologie

Dimension

Nbr

Taxon

N

Dimension M±σ

Min

Max

E

F

Circ.

Irreg.

Along.

M±σ

1

2

T. fluviatilis

28

9,15±1,09

7.11

11.39

25

3

20

6

0

3,33±0,67

25

3

N. Reticulatus

20

20,62±5,18

15.81

27.47

14

6

11

2

7

4,98±1,11

20

0

les zones plus forestières, des chevreuils, des pigeons et des geais. En bord de mer, dans les estuaires et les zones riveraines, des poissons, des mollusques et des crustacés ; et probablement beaucoup d’autres éléments encore que le temps n’a pas permis de conserver. Peut-être, l’aspect qui caractérise le mieux le comportement de ces populations est leur énorme capacité à tirer parti de toutes les opportunités offertes par le milieu qui les entoure, ce qui s’exprime non seulement dans la gamme diversifiée d’espèces fauniques capturées mais également dans la façon de rentabiliser leurs propres outils lithiques.

Figure 4.64 – Toledo : canine de renard percée. Photo J.P. Ruas.

4.6. Caractéristiques de l’occupation L’ensemble de caractéristiques, présenté ici, éclaire la nature de l’occupation qui a eu lieu à Toledo : des groupes humains ont vécu un certain temps dans ce lieu et y ont exercé des activités assez diversifiées. Il ne s’agit donc pas d’un site archéologique spécialisé dans l’une ou l’autre tâche ni accumulé par un groupe restreint de personnes. L’éventail des ressources et des niches écologiques exploitées n’est pas compatible, par ailleurs, avec un séjour de courte durée dans le lieu. L’étude des restes fauniques suggère, comme hypothèse la plus probable, son occupation durant l’époque la plus chaude de l’année, certainement le moment où l’on observait un plus grand nombre et une plus grande diversification des espèces animales. Et pendant qu’il y séjournait, le groupe a dû s’organiser de façon à rentabiliser les ressources disponibles et les moyens nécessaires à leur acquisition. Toledo correspond, donc, à un petit campement de type résidentiel occupé dans le cadre d’un système d’organisation de type logistique (Binford, 1980), qui devait inclure d’autres itinéraires et d’autres lieux, comme nous le verrons plus loin. A partir du site, le groupe devait avoir facilement accès à une gamme variée de ressources comestibles d’origine terrestre, aquatique, animale et végétale. Dans les bosquets, il devait capturer des cerfs, des sangliers, des perdrix. Dans 73

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Bilan de l’analyse des invertébrés marins (Dupont, 2011, p. 225-226) « L’analyse des ressources marines de Toledo souligne l’intérêt d’appliquer des méthodes d’échantillonnage adaptées aux dépotoirs coquilliers préhistoriques. La diversité des taxons observée (plus de 30 espèces) n’aurait pas pu être mise en évidence sans le tamisage des sédiments réalisé par l’équipe de fouille d’A.C Araújo. L’analyse des invertébrés marins qui en découle témoigne d’une exploitation opportuniste de différentes ressources marines accessibles dans la proximité du site de Toledo lors de son fonctionnement : crabes, pouces-pieds, seiches, coquillages et oursins. La destination alimentaire de ces ressources marines a été mise en évidence par l’analyse biométrique des coquillages et les premières données obtenues sur les crabes. Elle montre la sélection des coquillages et crustacés les plus grands à marée basse par les occupants de Toledo. Les données quantitatives permettent de savoir quelles sont les espèces qui ont le plus participé aux menus de ces Mésolithiques. Le crabe vert Carcinus maenas est le plus représenté parmi les crabes. La coque Cerastoderma edule, la scrobiculaire Scrobicularia plana, la moule Mytilus sp., le couteau Solen marginatus et la palourde Ruditapes decussatus dominent quant à eux le corpus des coquillages. La visibilité de la scrobiculaire et du couteau est largement tributaire sur ce site des échantillons tamisés. Les modifications paléoenvironnementales qui ont eu lieu près de Toledo sont aussi mises en lumière par l’analyse des invertébrés marins. Que ce soient, les crustacés ou les coquillages, ils décrivent tous l’existence d’une zone envasée dans la proximité du site. Les différences obtenues dans la composition spécifique des Propriétés A et B sont importantes à noter. Elles nécessiteraient d’être vérifiées par l’analyse de plus d’échantillons tamisés. Elles semblent correspondre à l’exploitation d’un environnement moins confiné en B avec une plus grande proportion de C. edule par rapport au S. plana, et la présence de Pollicipes pollicipes et de Stramonita haemastoma. Cette différence d’environnement semble corrélée avec des dimensions de coques plus importantes. Ces deux zones du dépôt sont-elles synchrones ou correspondent-elles à des occupations légèrement décalées dans le temps ? Il est tentant de combiner ces différences de composition spécifique à l’hypothèse d’une accumulation plus récente dans la Propriété A que dans la Propriété B. Si cette hypothèse se vérifie, ce qui est observé ici n’est peut-être pas lié à l’exploitation de deux zones différentes de l’estran par les occupations de Toledo (l’une plus abritée que l’autre), mais à une adaptation des Mésolithiques de Toledo à l’envasement de l’estuaire qui faisait face au site. L’exploitation des invertébrés ne s’est pas arrêtée à l’alimentation. Certains tests ont aussi été utilisés comme parure. Parmi les trois espèces utilisées, l’une est dulcicole Theodoxus fluviatilis et les deux autres sont marines C. edule et N. reticulatus. Leur façonnage est conforme à ce qui est observé le long du littoral atlantique européen : une unique perforation avec conservation de la forme initiale du test. Les modes d’attache de ces différents coquillages semblent différents avec des usures plus prononcées sur les néritines, puis sur les nasses. La découverte de parures en coquilles est un phénomène récurrent sur les amas coquilliers mésolithiques dès lors que ceux-ci sont tamisés (Dupont, 2006). Ces tests peuvent correspondre à des éléments perdus lors des activités de la vie quotidienne. Les deux néritines au labre percé ont ainsi pu être perdues de façon isolée. Comme nous avons pu le montrer le long du littoral atlantique français, ces éléments de parures identifiés au sein des dépotoirs coquilliers sont souvent des petites espèces qui étaient sans doute complémentaires de grands bivalves ou gastéropodes (Dupont, 2010). Ces grandes coquilles manquent souvent à l’appel dans ces couches dépotoirs et ont peut-être été récupérées lors de la rupture d’un lien par exemple. Ils ne reflètent donc sans doute pas, à eux seuls, l’intégralité des coquilles et éléments qui composaient la parure. La présence de la coque comme élément de parure est importante à souligner à Toledo. En effet, pour beaucoup de sites mésolithiques, les coquillages consommés ne sont pas les mêmes que ceux dont le test est utilisé pour confectionner des éléments de parure (Dupont, 2006) ».

74

5 Areeiro III d’altération ou légèrement roulés, et de fréquentes géodes (Bicho, 2000 ; Marks et al., 1994 ; Zilhão, 1997a).

Le site de plein air d’Areeiro III traduit une autre réalité archéologique, liée cette fois à l’exploitation des terres intérieures de l’Estrémadure portugaise.

5.1. Localisation et travaux archéologiques Le site présente une localisation stratégique dans une zone d’écotone à la transition entre le bassin détritique du Tage, du Miocène, et la grande unité géographique formée par le massif calcaire de l’Estrémadure dont font partie les Serras d’Aire et de Candeeiros (Fig. 5.1). C’est justement à l’extrémité sud de la Serra dos Candeeiros, à un peu moins de 2km en ligne droite du pied de cette montagne, que se situe Areeiro III. Les groupes humains qui ont accumulé des vestiges de leur passage dans ce lieu avaient non seulement un accès immédiat aux basses terres mais également aux hautes terres, en suivant les principaux cours d’eau qui naissent en divers points du massif calcaire et drainent leurs eaux vers le Tage. La richesse de ces deux écosystèmes associée à l’accès au littoral – qui devait se faire également assez facilement en utilisant le réseau hydrographique de l’Ouest qui se jette dans l’Atlantique -, explique le nombre élevé de sites du Paléolithique supérieur existant le long des vallées du bassin du fleuve Maior. A ces circonstances favorables, s’ajoute le fait que cette région est aussi un des plus riches du pays en silex. Cette roche, qui se trouve en position secondaire dans les cailloutis du Miocène et dans les terrasses quaternaires sous la forme de nodules, parfois de grandes dimensions, présente des cortex épais,

Areeiro III est situé dans le bassin versant de la rivière São Gregório, un petit affluent de la rive droite du fleuve Maior qui prend sa source dans le massif calcaire (Fig. 5.2). Plusieurs contextes archéologiques attribués à des moments distincts de la séquence chrono-culturelle du Paléolithique supérieur sont connus dans un rayon de 2km du site et dans cette même vallée. Le silex est une ressource naturelle disponible à un peu plus de 2km au SE d’Areeiro III. Le substrat local est formé de sables blancs et rougeâtres attribués au Mio-Pliocène, suivis d’une succession d’épisodes de sédimentation, de stabilisation et d’érosion entre l’interstade würmien et la fin du Pléistocène, tel que documenté par l’étude géoarchéologique et par les indicateurs paléoenvironnementaux des gisements de plein air du Paléolithique supérieur du bassin du fleuve Maior (Marks, et al., 1994 ; Zilhão, 1997a ; Zilhão, et al., 1995). La contribution sédimentaire est formée essentiellement de sables et de silts d’origine éolienne (remobilisation du substrat) et colluvionnaire. Le site a été découvert en 1989, au cours de prospections réalisées par N. Bicho, J. Ladeira et Pease, dans le cadre

Figure 5.1 – Areeiro III : localisation du gisement. A. à l’échelle du territoire; B. à l’échelle de l’Estremadura; C. dans le Bassin du fleuve Maior, au pied de la montagne Serra d’Aire e Candeeiros (Massif Calcaire de l’Estremadura).

75

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

d’un projet de recherches dirigé par J. Zilhão et A. Marks dans la région de Rio Maior1. Le lieu était partiellement détruit par une sablière : le sommet de la séquence avait déjà

été enlevé par un bulldozer et les industries lithiques étaient dispersées sur une superficie estimée à environ 10.000m2 (Bicho, 1991 ; 2000). Les fouilles ont pris immédiatement un caractère d’urgence, aussi, durant cette même année, 31,5m2 ont été ouverts dans une zone encore intacte (ca 300m2) bien que coupée au milieu par un chemin en terre battue (Fig. 5.3). La méthodologie de fouille s’est basée sur des unités de 1m2, parfois subdivisées en quadrants, et les sédiments ont été fouillés par niveaux artificiels de 5 et 10cm (Bicho, 2000). Comme pour tous les contextes de plein air attribués au Paléolithique supérieur du bassin du fleuve Maior, les seuls vestiges archéologiques qui ont survécu sont les lithiques et les charbons de bois. C’est à partir de ces restes et de leurs conditions de gisement que le site doit être interprété. En 1992, Nuno Bicho a inclus ce site dans le cadre de sa thèse de doctorat sur les changements technologiques survenus dans la production lithique entre 16 000 BP et 8 500 BP dans le bassin du fleuve Maior2.

Figure 5.2 – Principaux gisements de plein air du Paléolithique supérieur localisés aux alentours de Areeiro III (d’après Zilhão, 1997a); 1. Areeiro III; 2. Cabeço de Porto Marinho (CPM, différents loci : occupations du Gravettien, Protosolutréen, Magdalénien, Mésolithique ancien, Néolithique ancien; Protohistoire); 3. Vascas (Gravettien, Protosolutréen, Magdalénien); 4. Olival da Carneira (Solutréen, Magdalénien); Carneira I, Carneira II, Pinhal da Carneira (Magdalénien); 5. Areeiro I (Magdalénien); 6. Gato Preto (Protosolutréen); 7. Estrada da Azinheira (Gravettien); 8. Abrigo Grande das Bocas (Magdalénien; Mésolithique ancien; Mésolithique récent; Néolithique ancien; Protohistoire).

5.2. Sédimentation, stratigraphie et chronologie absolue L’examen préalable des coupes exposées par les travaux d’extraction de sables a permis d’observer un niveau archéologique in situ caractérisé par une grande abondance de silex et de charbons emballés dans un sédiment à matrice sableuse. La stratigraphie du site peut être décrite de la façon suivante (Fig. 5.4) :

Figure 5.3 – Areeiro III : plan général de l’aire fouillée (modifié d’après Bicho, 2000). 2

Technological Change in the Final Upper Paleolithic of Rio Maior, soutenue en 1992 à la Southern Methodist University, Dallas, Texas, EUA. Cette étude s’est basée sur la caractérisation technologique de 12 ensembles lithiques, par échantillonnage, provenant de cinq contextes archéologiques distincts situés dans les limites temporelles susmentionnées: Areeiro III, Areeiro I, Cabeço de Porto Marinho, Carneira II et Pinhal da Carneira, tous situés dans la même vallée (voir Fig. 5.2).

1

Le projet de recherche avait pour principal objectif d’établir un cadre chrono-stratigraphique pour les contextes du Paléolithique supérieur, fouillés par Manuel Heleno dans les années 1930 et 1950, dans la région de Rio Maior, et dont les matériaux étaient, pour l’essentiel, inédits. Le projet actuel a impliqué de fouiller à nouveau une partie significative de ces gisements et a permis, dans le même temps, de découvrir de nouveaux contextes archéologiques.

76

Partie II – Areeiro III

Figure 5.4 – Areeiro III : Profil Nord des carrés A21-A24, Secteur 1 (modifié d’après Bicho, 2000).

• Couche I – Sables blancs parcourus de filaments argileux du Miocène, érodés partiellement au cours du Pléistocène ; • Couche II – Niveau de cailloutis qui colmate les canaux d’érosion, sachant que ce niveau est représenté sur tout le versant ; • Couche III – Sables jaunes grisâtres dans lesquels des matériaux archéologiques sont emballés ; • Couche IV – Sables semblables à ceux du niveau précédent, mais plus rougeâtres (ils doivent avoir la même origine) présentant un contenu archéologique réduit ; • Couche V – Niveau correspondant à la surface moderne, formé de sables gris grossiers et de matériel organique.

distinguent de la paire d’échantillons ICEN-688 et ICEN546 qui semblent correspondre à une période plus récente d’accumulation de vestiges (Fig. 5.5). Le site a donc été le théâtre de divers passages dont les limites temporelles doivent se situer grosso modo entre ≈8200 et ≈7200 cal BC (à 2σ), il existe toutefois deux moments distincts au sein de cette diachronie qui présentent un décalage de 400 ans radiocarbone et dont l’individualisation est devenue impossible. La présence d’artefacts roulés de chronologie plus ancienne, documentés dans les niveaux inférieurs à celui d’Areeiro III n’a rien d’étonnant pour deux motifs : 1) l’intensité de l’occupation anthropique de la vallée pendant tout le Paléolithique supérieur ; 2) les processus naturels d’altération des conditions originelles de dépôt des vestiges produits au cours de ces occupations (érosion et ravinement de certaines séquences, par exemple).

Les sables ont deux origines probables : colluvionnaire, ils ont été transportés à partir du sommet du versant ; et éolienne, ils correspondent à la remobilisation du substrat sableux du bassin.

5.3. Échantillon et méthodes d’analyse de la série lithique étudiée par N. Bicho

Bien que les vestiges archéologiques soient dispersés sur toute la séquence – ce qui est prévisible dans des contextes sédimentaires de cette nature – il a été constaté qu’il y avait nettement une concentration 20cm au-dessus du niveau de cailloutis (Bicho, 2000). La présence de certains matériaux lithiques roulés dans le niveau sous-jacent à l’occupation mésolithique, intégrables du point de vue typologique dans le Paléolithique supérieur, indique, par ailleurs, que le passage vers l’Holocène a dû être concomitant à un dernier épisode érosif (ca 10 000 BP) – documenté d’ailleurs dans d’autres contextes du bassin du fleuve Maior caractérisés par des concentrations discontinues, mais très denses, de matériel lithique (Zilhão, 1997a).

Bien qu’il s’agisse d’un palimpseste réunissant des occupations distinctes emballées dans une même enveloppe sédimentaire sans résolution stratigraphique, l’étude réalisée par N. Bicho a permis de déceler des différences dans les fréquences de certains types d’outils entre les secteurs 1 et 2.

Quatre datations au radiocarbone situent Areeiro III dans le Mésolithique ancien. Les échantillons ICEN547 et ICEN-494 sont nettement contemporains et se

L’étude mené par N. Bicho a consisté à analyser, par échantillonnage, l’ensemble lithique récupéré sur 6m2 de la zone objet d’intervention (carrés A24, Secteur 1 ; B10,

« These data, however, seem to indicate that there were different activity areas, and that the space was organized with hearths located in the west part of the site, protected from the north winds by the natural wall of the arroyo. (…) it is probable that the same group reoccupied the site over time. » (Bicho, 2000, p. 79).

77

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.5 – Areeiro III : datations absolues.

B11, TVI-A, TVI-B, TVI-C, Secteur 2 ; vide Fig. 5.3), sélectionnés en fonction des critères suivants : une densité élevée de vestiges récupérés à cet endroit, la présence de structures de combustion (en A24 et TVI-A) et le décalage temporel mis en évidence par les résultats radiométriques obtenus sur des échantillons de charbon de bois provenant de ces carrés (Bicho, 2000 ; voire Fig. 5.5). Des 8744 artefacts lithiques provenant de ces six unités de fouille, seuls 2205 (22,5%) ont été analysés de façon extensive, les autres ont fait l’objet d’un inventaire par matières premières, par grandes catégories technologiques et par modes de fragmentation. Toutefois, si l’on exclut du calcul total les esquilles et les fragments inclassables, l’échantillon étudié correspond à pratiquement 54% (Tableaux 5.I et 5.II).

des enlèvements sur la face dorsale ont été également observés. Les outils tout comme les nucléus ont été analysés en fonction de ces mêmes paramètres et ils ont été ensuite intégrés dans des types distincts, en se basant sur la liste type de Sonneville-Bordes et Perrot (19541956) pour les outils, et sur celle de Brezillon (1983), Marks et Ferring (1976)4 pour les nucléus avec les adaptations nécessaires. La figure 5.6, construite dans le cadre de ce travail à partir des résultats publiés par N. Bicho (2000), fait déjà entrevoir les objectifs inhérents à la production lithique accumulée à Areeiro III (Fig. 5.6). Les données de l’étude de N. Bicho seront désormais évoquées au fur et à mesure de la présentation des résultats de mes propres recherches sur le site.

1. Ainsi, les pièces entières de débitage (éclats et lamelles), les nucléus et certains types d’outils considérés comme étant les plus importants au sein de la série lithique (grattoirs, burins, encoches, denticulés et armatures microlithiques), ont été analysés à partir d’une sélection d’attributs de nature morphologique et technique, afin de reconstituer les chaînes opératoires de production lithique mises en œuvre par les communautés humaines d’Areeiro III3. Ces attributs concernent le pourcentage et la position du cortex sur le support ainsi que sa morphologie. Les attributs tels que le profil, la section, le plan de frappe, le nombre et l’organisation des négatifs

5.4. Échantillon étudié dans le cadre du présent travail et méthodologies d’analyse Afin de compléter cette étude et effectuer une évaluation critique et, bien entendu, plus complète des résultats obtenus à l’époque, il a été procédé, dans la présente dissertation, à l’analyse des industries lithiques récupérées dans huit nouvelles unités de fouille réparties dans les secteurs 1 et 2 (carrés A23, A25, B25, Secteur 1 ; A12, A13, C11, C12, C13, Secteur 2 ; voir Fig. 5.3). Les éclats ont été écartés de 4

Marks, A. E.; Ferring, C. R. 1976. Upper Palaeolithic sites near Ein Avdat. In Marks, A. E. ed. - Prehistory and Paleoenvironments in the Central Negev, Israel. Vol. 1, Dallas: SMU Press, p. 141-198 (apud Bicho, 2000).

3

Ce qui permettait, en même temps, de découvrir des normes de variabilité synchronique et diachronique au sein des séries lithiques provenant des cinq contextes archéologiques analysés.

78

Partie II – Areeiro III

Tableau 5.I – Areeiro III : nombre de pièces provenant des six mètres carrés sélectionnés par N. Bicho pour son étude (information organisée dans le cadre de la présente étude à partir des Tables 95, 96 et 97, Bicho, 2000). Catégories Technologiques (adapté à partir de Bicho, 2000)

Secteur 1

Secteur 2

Test TVI

TOTAL (6m2)

N

%

N

%

N

%

N

%

Fragments

17

0.7

29

0.8

20

0.7

66

0.8

Esquilles

847

36.5

2051

56.4

1688

60.5

4586

52.4

Éclats

701

30.2

967

26.6

779

27.9

2447

28.0

Lame

10

0.4

21

0.6

20

0.7

51

0.6

Lamelle

40

1.7

96

2.6

184

6.6

320

3.7

Chute de burin

0

0.0

3

0.1

9

0.3

12

0.1

Produits de préparation de nucléus

9

0.4

11

0.3

8

0.3

28

0.3

Nucléus

112

4.8

85

2.3

10

0.4

207

2.4

Outils

585

25.2

371

10.2

71

2.5

1027

11.7

TOTAL

2321

100

3634

100

2789

100

8744

100

Tableau 5.II – Areeiro III : échantillon sélectionnée par N. Bicho pour son étude (2000). * Pourcentage étudié par rapport au nombre total de pièces exhumées dans les six mètres carrés. ** Pourcentages par matière première. Note : si l’on exclut les esquilles et les fragments, le pourcentage de l’échantillon étudié atteint 53,9% (et pas seulement 25%). Les outils incluent des nucléus de type grattoir caréné (carinated endscrapers et laterally carinated endscrapers, d’après Bicho, 2000). Catégories Technologiques (adapté à partir de Bicho, 2000)

Quartz

Quartzite

N

%

Éclats

21

Lame + Lamelle

0

Produits de préparation de nucléus Nucléus

Silex N

TOTAL

N

%

%

N

%*

100.0

41

100.0

1126

52.5

1188

48.5

-

0

-

209

9.8

209

56.3

0

-

0

-

28

1.3

28

100.0

0

-

0

-

186

8.7

186

89.9

Outils

?

-

0

-

594

27.7

594

57.8

TOTAL ÉTUDIÉ + %**

21

1.0

41

1.9

2143

97.2

2205

25.22

Figure 5.6 – Areeiro III : représentation relative des principaux catégories d’outils, modifiée à partir de l’inventaire présenté par N. Bicho (2000, Tableaux intégrés dans l’Appendix A : Preliminary tool typologies, p. 367-369). Note : les nucléus de type grattoir et burin épais (laterally carinated endscraper) sont y compris.

l’ensemble lithique produit en silex5. De toute façon, soit

cette analyse, toutefois les conclusions de l’étude réalisée par N. Bicho sur ce type de support ont été utilisées. Etant donné que le quartzite et le quartz ne sont représentés que de façon résiduelle par rapport à la totalité des catégories technologiques (ces deux roches n’atteignent pas les 3% de l’échantillon étudié par N. Bicho, voir Tableau 5.II et Annexe 5.A), mon analyse a porté uniquement sur

5

Le nombre d’esquilles produites en quartzite et en quartz illustre bien le caractère marginal qu’assument ces matières premières au sein de la production lithique d’Areeiro III, compte tenu de la totalité des unités de fouille sélectionnées par N. Bicho : 1,7% en quartzite (N=80) et 2,5% en quartz (N=114), alors que le silex atteint 95,8 % (N=4392).

79

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

le quartz, soit le quartzite, ont été utilisés pour produire, toujours en très faible quantité, des éclats et des outils sur galet (heavy duty scraper ; Bicho, 2000).

le verrons plus loin, les vestiges lithiques documentés à Areeiro III semblent surtout concentrés dans des zones où des structures de combustion ont été découvertes, il existe ainsi des secteurs à densité élevée de matériaux et d’autres où ceux-ci sont en nombre bien plus réduits.

La sélection des unités de fouille a surtout tenu compte, en ce qui concerne le Secteur 1, du nombre assez élevé de nucléus, d’outils et de lamelles répertoriés dans les unités B25, A25 et A23 (Carvalho et Almeida, 1989-1990), et de la présence d’une structure de combustion en A23 (Bicho, 2000). En ce qui concerne le Secteur 2, la sélection a été un peu aléatoire, le but était surtout d’étendre l’analyse à une aire plus large de fouille afin de tester les conclusions de N. Bicho sur l’existence de différences dans la composition lithique entre les secteurs 1 et 2.

En dépit d’une approche distincte – les objectifs inhérents à l’étude réalisée auparavant par N. Bicho s’inscrivaient dans une optique diachronique de caractérisation des industries lithiques (d’où les sites, les catégories technologiques et le type d’outils sélectionnés pour cette étude), alors que cette étude-ci est de nature fondamentalement synchronique – j’ai tout de même cherché à concilier les deux perspectives d’analyse afin de pouvoir confronter les résultats obtenus.

Toutefois, en comparant les deux ensembles analysés, il s’avère que le nombre d’artefacts exhumés dans les 6m2 sélectionnés par N. Bicho est substantiellement supérieur à l’échantillon récupéré dans les 8m2 que j’ai étudié, même en excluant les éclats, tel que le montre le Tableau 5.III. Et l’on sait que ce chiffre ne correspond déjà pas à la totalité des pièces provenant de ces unités de fouille (vide Tableaux 5.I et 5.II), mais bien aux artefacts effectivement étudiés par N. Bicho. La seule exception à cette norme concerne les supports allongés (bruts et retouchés) qui, curieusement, sont bien plus nombreux dans les carrés que j’ai étudié (Tableaux 5.III et 5.IV ; Fig. 5.7). Comme nous

Tel que mentionné dans le Chapitre 1 de la 1ère Partie (Présentation), l’étude que j’ai réalisée sur la série lithique d’Areeiro III a visé principalement à caractériser, de façon approfondie, l’ensemble des armatures microlithiques documenté dans ce site (types et modes de fabrication), absentes ou sous-représentées aussi bien à Toledo (Chapitre 4), qu’à Barca do Xerez de Baixo (Chapitre 6), afin d’aboutir à une image aussi complète que possible de la variabilité des solutions lithiques mises en œuvre par les populations du Mésolithique ancien. De fait, la fabrication de petites armatures en pierre semble constituer l’objectif principal des opérations de taille qui ont eu lieu à Areeiro III. Pour

Tableau 5.III – Areeiro III : comparaison entre l’échantillon étudié para N. Bicho (2000) et celui analysé dans le cadre de la présente étude (par catégories technologiques). Dans les deux cas ont été inclus, parmi les outils (*), des nucléus en forme d’outil caréné (N=192; colonne Bicho; N=98, colonne Araújo). Catégories Technologiques

Araújo (8m2)

Bicho (6m2) N

%

N

%

TOTAL

Éclats

1188

100.00

-

-

1188

Lame + Lamelle

209

38.28

337

61.72

546

Produits de préparation de nucléus

28

73.68

10

26.32

38

Nucléus

186

61.39

117

38.61

303

Outils (au sens typologique)*

594

56.46

458

43.54

1052

TOTAL

2205

70.51

922

29.49

3127

TOTAL (sans éclats)

1017

52.45

922

47.55

1939

Tableau 5.IV – Areeiro III : types d’outils étudiés par N. Bicho (2000) et Araújo (présente étude). Outils (au sens typologique)

Bicho

Araújo

TOTAL

N

%

N

%

N

Grattoirs minces

68

75.56

22

24.44

90

Grattoirs Épais

202

73.19

74

26.81

276

Burins

84

62.22

51

37.78

135

Encoches

114

70.37

48

29.63

162

Denticulés

97

56.40

75

43.60

172

Armatures

29

37.66

48

62.34

77

Perçoirs

-

-

6

100.00

6

Pièces esquillées

-

-

18

100.00

18

Lamelles à coches, denticulées, tronquées

-

-

18

100.00

78

Pièces è retouches irrégulières, discontinues

-

-

78

100.00

20

Fragments de pièces retouchées

-

-

20

100.00

18

TOTAL

594

56.46

458

43.54

1052

80

Partie II – Areeiro III

Figure 5.7 – Areeiro III : les carrés sélectionnés par N. Bicho dans le cadre de leur étude ont livré un plus grand nombre d’outils par comparaison avec les unités de fouille choisies pour la présente étude. La seule exception concerne le nombre d’armatures, qui sont représentés ici par un nombre plus élevé d’exemplaires.

Figure 5.8 – Areeiro III : répartition des armatures para unité de fouille. Dans le cadre de la présente étude toutes les pièces ont été analysées.

ce motif, toutes les armatures récupérées dans le gisement ont été prises en compte dans mon analyse (Fig. 5.8), et pas seulement celles provenant des 8m2 sélectionnés dans le cadre de ce travail. C’est ce groupe d’artefacts (types et modes de fabrication et d’utilisation) qui permettra, en dernière instance, de mieux approcher la fonctionnalité du site et de faire éventuellement le pont avec le système technique des populations du Magdalénien.

l’acceptation classique du terme, et produits d’entretien de la chaîne opératoire lamellaire, quel que soit leur état de fragmentation. Mais ce sont effectivement les lamelles, brutes ou transformées subséquemment par l’action de la retouche, qui constituent le noyau central de mes recherches sur Areeiro III. La nomenclature et le mode de lecture et d’interprétation de l’objet lithique sont l’aboutissement du croisement de diverses propositions et méthodes d’approche des industries de la pierre taillée, plus spécifiquement toutefois de celles orientées vers le débitage et l’outillage lamellaires (Almeida, 2000 ; Aubry et al., 1997b ; Christensen et Valentin, 2004 ; Inizan et al., 1995 ; Perlès, 1991 ; 1992 ; Pigeot, 1987 ; 2004 ; Tixier et al., 1980 ; Zilhão, 1997a), en ayant bien entendu et toujours comme toile de fond le concept de la chaîne opératoire de production lithique (Mauss, 1947 ; LeroiGourhan, 1964). La réalisation de remontages physiques aurait permis de préciser, plus directement et de façon plus fondée, la participation effective de certains types autrefois reconnus comme outils (cf. grattoirs et burins)

Tout comme à Toledo, la stratégie d’analyse s’est basée sur l’observation de divers attributs de nature morphologique, technique et dimensionnelle6 qui se combinent entre eux et sont transversaux aux principaux groupes technologiques sélectionnés dans cette étude – supports allongés (lames et lamelles), nucléus, outils, entendus pour le moment dans

6

Les critères d’analyse et la sélection d’attributs ont été déterminés par l’observation réalisée au préalable de l’ensemble lithique et en tenant compte, bien entendu, des conclusions de l’étude conduite auparavant par N. Bicho.

81

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

au processus de fabrication d’armatures. Recourir à cette méthode dynamique impliquait, toutefois, de ne pas confiner l’analyse au seul échantillon étudié dans le cadre de ce travail7. C’est donc la voie du remontage mental (Pelegrin, 1986 ; 1995) qui a été choisie pour l’essai de reconstitution des processus de fabrication et de transformation de supports et d’outils, en perdant bien entendu la possibilité de reconstituer précisément certains des gestes et des options techniques prises au cours de l’agencement ordonné de la taille.

Étant donné que la production de lamelles a été majoritairement effectuée à partir de nucléus en forme de grattoir épais ou burin, ces artefacts ont été analysés en tenant compte des deux possibilités fonctionnelles : en tant que nucléus et en tant qu’outils. D’autres paramètres comme la présence et le degré de calcination, le pourcentage, le type et la localisation du cortex ainsi que l’état de fragmentation ont été également observés, en tenant compte de toutes les catégories d’artefacts, dans le cadre d’un exercice de caractérisation technologique mais également taphonomique du site.

Trois objectifs principaux ont alors guidé cette étude : a) déterminer le type de support recherché (en amont) ou sélectionné (en aval) pour la fabrication des armatures microlithiques, à savoir, le modèle et le gabarit prétendus ; b) identifier les nucléus susceptibles de produire ces supports et les modalités correspondantes de configuration, de production et d’entretien ; c) reconnaître les processus de transformation qu’ils ont subis par l’action de la retouche. Cette trajectoire aboutit à la formulation d’hypothèses sur les utilisations possibles qui ont été données à ces artefacts : éléments de découpe ou de projectile ? Les autres outils produits à partir d’un autre type de volume, par exemple à partir de nucléus présentant des négatifs non lamellaires, ont également fait l’objet d’une analyse.

Pour attribuer des désignations aux outils, la base de départ a été la liste type proposée par J. Zilhão pour le Paléolithique supérieur de l’Estremadura portugaise (1997a). Il convient toutefois de souligner d’ores et déjà que la classification attribuée à certains artefacts n’a pas été exempte de problèmes et d’ambigüités. Ainsi, en ce qui concerne les armatures, la faible représentation numérique de pièces présentant un certain type de retouche, comme un dos profond par exemple, ne recommande pas ou rend plus difficile toute classification plus rigoureuse en termes de sous-types. 5.5. L’étude de la série lithique : les produits recherchés

Pour répondre aux objectifs énoncés dans les alinéas précédents, trois grilles d’analyse distinctes ont été conçues. Ces grilles partagent la plupart des critères d’observation mais elles en comportent d’autres spécifiques à leur propre nature ou identité technologique :

5.5.1. Lames et lamelles : de quoi parlons-nous ? Pour déterminer le type de support recherché, la seule façon consiste à comparer les dimensions et les caractéristiques morphologiques et techniques des pièces brutes avec celles qui ont été transformées par retouche. Auparavant, toutefois, il convient de vérifier s’il existe une certaine norme de différenciation, au sein de l’univers des produits allongés, liée à une fabrication intentionnelle de supports métriquement distincts : des lames, d’une part, et des lamelles, de l’autre. Ainsi, l’analyse des variables longueur, largeur et épaisseur des produits qui présentent un indice d’allongement ≥ 2 montre, dès le départ, qu’il y a eu une nette intention chez les artisans d’Areeiro III de produire des pièces petites, étroites et fines, à savoir, des lamelles (Figs. 5.9, 5.10 et 5.11 ; Annexe 5.B). En effet, la plupart n’atteignent pas 20mm de long (ca 66% pour les supports bruts ; ca 80%, pour les supports retouchés), 6mm de large (53% pour les supports bruts ; 72%, pour les supports retouchés) et 2mm d’épaisseur (65%, pour les supports bruts ; 74%, pour les supports retouchés), il a donc été clairement tiré parti des exemplaires de plus petites dimensions pour les transformer en outils. Par ailleurs, les pièces retouchées les plus longues ont comme support des résidus de coup de burin (Fig. 5.12). Par conséquent, les séquences de taille visent nettement à produire des supports allongés et, ainsi, la frontière entre lame et lamelle est définie par la sélection, opérée par les artisans, des supports qu’ils prétendent transformer. L’ensemble des pièces dont le comportement métrique s’éloigne de cet objectif (N=26) présente un autre type de caractéristiques, de nature technique et morphologique,

• une grille pour les supports allongés (lames et lamelles, brutes et retouchées). Caractères observés – 1. Support : section, morphologie, profil, organisation des enlèvements, talon, extrémité distale, longueur, largeur, épaisseur et indice d’allongement ; 2. Retouche : localisation, position, répartition, délinéation, étendue, inclinaison, épaisseur du bord retouché ; • une grille pour les outils sur éclats. Caractères observés – 1. Support : section, morphologie, profil, organisation des enlèvements, talon, extrémité distale, longueur, largeur, épaisseur et indice d’allongement ; 2. Retouche : localisation, position, répartition, délinéation, étendue, inclinaison, orientation de l’axe de débitage (burins), largeur, épaisseur, indice d’épaississement, nombre de négatifs lamellaires pour les fronts de grattoirs et certains types de burins ; • une grille pour les nucléus. Caractères observés – 1.Volume : type, section, longueur, largeur, épaisseur, poids ; 2. Table : nombre, position, rapport (entre tables, quand il existe deux ou plus), derniers produits, hauteur, largeur ; 3. Plan de frappe : nombre, type, préparation, angle. 4. Flancs : type, orientation ; Dos : type ; 5. Enlèvements : nombre, organisation. 6. Raison possible de l’abandon.

7

L’application de cet outil de recherche serait pourtant fondamentale pour le processus d’évaluation de l’intégrité spatiale et verticale du site et pour l’établissement d’une chronologie interne des occupations.

82

Partie II – Areeiro III

Figure 5.9 – Areeiro III : longueur comparative des produits allongées, bruts et retouchés.

Figure 5.10 – Areeiro III : largeur comparative des produits allongées, bruts et retouchés.

Figure 5.11 – Areeiro III : épaisseur comparative des produits allongées, bruts et retouchés.

5.5.2. Quel support pour quelle armature ? Gabarit(s) recherché(s)

qui renforcent leur caractère marginal et non intentionnel : elles sont pour la plupart corticales (76%) et présentent une section triangulaire (68%) et une morphologie irrégulière (64%). La seule interprétation de leur présence au sein de la série lithique est qu’elles doivent correspondre à des pièces détachées accidentellement et à des sous-produits dérivés des premières phases d’exploitation des nucléus. Nous ne les évoquerons plus dorénavant.

L’analyse des caractéristiques métriques des armatures documentées à Areeiro III montre une tendance encore plus accentuée à la miniaturisation des supports utilisés pour la fabrication de ce type d’outils. Partant de la variable longueur (Fig. 5.13), l’histogramme des fréquences montre 83

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.12 – Areeiro III : les lamelles de burin tendent à être plus allongées, soit entre les lamelles retouchés (A), soit entre les lamelles brutes (B).

Figure 5.13 – Areeiro III : longueurs des lamelles brutes, des armatures à bords fins - abattage marginal (Mg.) et bordage (Br.) - et des armatures à bords épais.

qu’environ 78% des pièces qui associent une retouche marginale et une retouche bordée (N=60) ne dépassent par 15mm, ce chiffre chutant abruptement à partir de cette dimension. La moyenne se situe à 13,79±3,78mm (Tableau 5.V). Les exemplaires à dos profond, présentent une distribution uniforme (Fig. 5.13), toutefois l’échantillon ne comporte que 3 exemplaires entiers (2 ont pour support des lamelles de burin), et leur moyenne se situe à 21,27±2,90mm

(Tableau 5.V). L’analyse de l’histogramme des largeurs accentue la même norme de sélection des supports de plus petites dimensions (plus étroits, en l’occurrence) qui seront transformés en lamelles à retouches marginales et bordées (Fig.5.14) : 88% de l’échantillon ne dépasse pas 6mm de large et la plupart des exemplaires sont regroupés dans la classe 4-6mm (62%), avec une moyenne de 4,64±1,04mm (Tableau 5.V). Les armatures à dos profond 84

Partie II – Areeiro III

Tableau 5.V – Areeiro III : dimensions (moyenne ± écart-type) des armatures et des lamelles à l’état brut. Parmi les armatures à bords fins (abattage marginal et bordage) sont inclus trois pièces qui ont comme support des lamelles de burin. Les armatures à bords épais incluent huit lamelles de burin, dans le cas de la largeur et de l’épaisseur, et deux, dans le cas de la longueur. Note : trois géométriques ne sont pas inclus ici (voir Tableau 5.VIII), ni un fragment mésial d’une lamelle à dos profond à des cassures thermiques qui ont rendu inviable la prise de leurs mesures. ARMATURES

LAMELLES BRUTES

RETOUCHE

Marginal/Bordage

Profond

TOTAL

simple

de burin

DIMENSIONS

M±σ

N

M±σ

N

M±σ

M±σ

N

M±σ

N

Longueur

13,79±3,78

60

21.27±2,90

3

14,14±4,05

16,63 ± 4,71

200

21,43± 8,21

20

Largeur

4,64±1,04

60

5,65±1,90

14

4,82±1,26

5,94 ± 1,81

289

5,06±2,19

21

Épaisseur (Ep.)

1,32±0,45

60

2,65±1,17

14

1,57±0,83

1,81 ± 0,82

289

2,99 ± 1,29

21

Ép. du bord retouché

0,45±0,18

60

2,47±1,25

14

0,82±0,95

-

-

-

-

Figure 5.14 – Areeiro III : largeurs des lamelles brutes, des armatures à bords fins – abattage marginal (Mg.) et bordage (Br.) – et des armatures à bords épais.

Cela nous permet de conclure que les artisans d’Areeiro III ont essayé de fabriquer des supports dont les dimensions répondaient au gabarit prétendu pour leurs armatures, et qu’il existe nettement un rapprochement entre l’intention initiale et le produit final :

(N=14) présentent des largeurs dont la distribution est plus ample, ainsi il existe des exemplaires très étroits, inférieurs à 2mm, mais il en existe d’autres dont les largeurs se situent entre 6 et 8mm (50%). Néanmoins, la moyenne ne s’écarte pas beaucoup de celle obtenue pour les lamelles à bords fins (abattage marginal et bordage) : 5,65±1,90mm (Tableau 5.V). L’histogramme des épaisseurs (Fig. 5.15) vient renforcer à nouveau l’intention des artisans d’Areeiro III de sélectionner des supports de plus petit gabarit (plus fins, en l’occurrence) pour la confection de leurs armatures à bords fins : 92% de l’échantillon ne dépasse pas 2mm, la plupart des exemplaires (70%) se concentrent dans la classe 1-2mm, quant à la moyenne elle est de 1,32±0,45mm (Tableau 5.V). Les armatures à dos profond ont une distribution plus dispersée dans les différentes classes (Fig. 5.15), mais sont nettement plus robustes : 43% se situent entre 2-3mm, et il existe même des exemplaires qui dépassent ces chiffres. La moyenne, de 2,65±1,17mm, prouve d’ailleurs leur plus grande robustesse – le fait que huit de ces armatures aient pour support des lamelles de burin n’est pas étranger à cette caractéristique.

1. les lamelles et les armatures à bords fins présentent des fréquences de type uni-modal, ces deux catégories d’artefacts se situent en effet dans les classes présentant un pourcentage plus élevé d’effectifs et ce, pour les trois variables métriques prises en compte : 11-15mm, pour les longueurs ; 4-6mm, pour les largeurs ; 1-2mm, pour les épaisseurs. Les exemplaires dont les dimensions sont incluses dans ces paramètres déterminent le module recherché ; 2. bien qu’elles partagent cette même répartition, les armatures à bords fins (abattage marginal et bordage) présentent, tout de même et systématiquement, un pourcentage supérieur d’exemplaires moins longs, plus étroits et plus fins par comparaison aux lamelles brutes ; les artisans ont donc dû poursuivre encore plus avant l’exploitation de supports de dimensions plus réduites. Comme nous le verrons plus loin, cette circonstance ne peut pas être imputée uniquement à la retouche ; 3. le croisement des trois variables métriques des microlithes à dos profond indique une préférence pour

L’analyse comparée de l’indice d’allongement des lamelles brutes et des armatures (Fig. 5.16) démontre également qu’il y a eu une sélection des supports plus allongés en vue de leur retouche. 85

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.15 – Areeiro III : épaisseurs des lamelles brutes, des armatures à bords fins – abattage marginal (Mg.) et bordage (Br.) – et des armatures à bords épais.

Figure 5.16 – Areeiro III : allongement des lamelles brutes et des armatures à bords fins – abattage marginal (Mg.) et bordage (Br.).

les lames8 ; voir Annexe 5.A) – alors que le mien s’est basé sur les critères exposés au point 5.5.1 ; b) et les lamelles de burin – alors que, dans la présente étude, celles-ci ont été envisagées séparément.

les supports plus robustes pour la fabrication de ce type d’armature ; curieusement, la plupart de ces pièces ont des lamelles de burin comme supports ; 4. la distribution relativement normalisée des dimensions des armatures à bords fins contraste ainsi avec la souplesse métrique (ou la moindre standardisation) des armatures à dos profond. Ce qui s’explique, du moins en partie, par les modes de fabrication utilisés.

5.5.3. Quel support pour quelle armature ? Modèle(s) recherché(s) Aux gabarits qui ont été reconnus, il nous faut joindre maintenant un autre type de caractéristiques qui devaient faire partie des exigences des artisans d’Areeiro III et qui concernent la morphologie souhaitée pour leurs armatures.

Les données obtenues par N. Bicho pour les deux types d’armatures ne s’écartent pas de ces choix (voir Annexe 5.C), il existe néanmoins une divergence en ce qui concerne le nombre d’exemplaires classés comme étant à dos profond (backed microliths). La moyenne des trois variables métriques des lamelles brutes est, toutefois, supérieure. Ce qui est sûrement dû à l’échantillon qui a servi de base aux résultats fournis par N. Bicho, celui-ci comprenait en effet : a) toutes les pièces allongées (incluant

8

“(…) during the data analyses it was clear that this distinction was not a real division, but an arbitrary one. When blades and bladelets are put together the frequency curves are clearly unimodal in both the length and width, and not bimodal as they should be in the case of a real distinction between the two “groups”. (…) Consequently, blades and bladelets were considered together for all analyses (…)”. (Bicho, 2000, p. 140-141).

86

Partie II – Areeiro III

Dès le départ, on constate que le cortex est complètement absent : quand il s’agissait de retoucher, les lamelles présentant des vestiges corticaux étaient nettement écartées (Tableau 5.VI)9. En dépit du nombre élevé de pièces fragmentées (54%, en tenant compte les deux types de barbelures) – ce qui contraste d’ailleurs avec la norme observée pour les supports bruts (seulement 35,5%), il est tout de même possible de reconnaître le modèle recherché. Auparavant, toutefois, il convient de s’interroger sur la nature et la diachronie des fractures : si celles-ci sont accidentelles ou intentionnelles ou si elles se sont produites avant, pendant ou après leur utilisation. L’observation de toutes les armatures fragmentées (à l’aide d’une loupe binoculaire et, dans certains cas, d’un microscope, dans le cadre d’une analyse tracéologique) a permis de constater qu’aucune pièce ne présente les fractures spécifiques à l’emploi comme projectile, ni d’autres types de stigmates (d’ébréchures et d’enlèvements burinants ; Christensen et Valentin, 2004 ; Fischer, et al., 1984 ; Petillon et al., 2011) résultant de leur utilisation en tant qu’éléments d’un projectile. Les fractures sont, dans la très grande majorité des cas, rectilignes droites, très rarement obliques par rapport à l’axe technologique du support, et certaines pièces ont certainement dû être fracturées par l’action du feu. Étant donné la grande fragilité des barbelures à retouches courtes, toute porte à croire que la cause des fractures doit être imputée (accidentellement) aux populations ellesmêmes qui ont occupé ce lieu (en le piétinant). En ce qui concerne les armatures à dos profond, il est plus probable que les opérations de retouche soient à l’origine de leur fragmentation. La segmentation intentionnelle, par flexion, visant à raccourcir le support ne semble pas non plus plausible étant donné la dimension déjà très réduite de ces barbelures. Toutefois, dans le cas des pièces qui présentent une courbure distale plus accentuée (observée, d’ailleurs, sur certains des supports bruts), il est possible d’admettre l’hypothèse que cette procédure leur ait été appliquée. Cependant, il n’existe pas le moindre attribut lié à ce type d’intervention (à moins que, tout simplement, celle-ci ne se soit pas imprimée sur les pièces).

Figure 5.17 – Areeiro III : morphologie des lamelles à bords fins (abattage marginal et bordage) ; dessins schématiques.

Figure 5.18 – Areeiro III : la convexité se manifeste principalement dans le bord gauche pour l’ensemble des lamelles brutes (1) et retouchées (2). Total (3).

lamelles brutes, il existe néanmoins, en ce qui concerne ces dernières, une plus grande représentation de pièces à bords parallèles non convergents (12%, Tableau 5.VI) et de pièces au contour irrégulier (10%). Sur les armatures qui présentent, même de façon ténue, une convexité sur l’un des bords (le bord opposé est généralement droit ou légèrement concave), cette convexité se manifeste la plupart du temps sur le bord gauche (Fig. 5.17), ce qui s’inscrit dans la norme observée aussi bien sur les supports bruts que dans tout l’outillage qui a une lamelle pour support (Fig. 5.18).

L’absence de fractures, reconnues comme résultant d’un impact, ne signifie pas pour autant que le dessein fonctionnel sous-jacent à la fabrication de ce type de barbelures n’a pas de lien avec des activités cynégétiques, comme nous le verrons plus loin.

Sur les armatures à dos profond dont l’extrémité distale est encore intacte, cette extrémité est pointue dans 80% des cas (Tableau 5.VI). Comme les exemplaires complets sont très rares, tout autre type d’observation s’avère difficile.

L’analyse de la morphologie des armatures à bords fins (abattage marginal et bordage) montre que la plupart présentent l’extrémité distale pointue (ca 78%, Tableau 5.VI), semblables, en cela, à leurs congénères à l’état brut (ca 68%, Tableau 5.VI). Les bords sont soit rectilignes (23,3%, Tableau 5.VI), soit légèrement biconvexes (ca 28,3%, Tableau 5.V) ou encore plan-concaves/convexes (ca 43%, Tableau 5.VI), et convergent ensuite vers l’extrémité distale (jamais proximale). Cette norme se répète sur les

Il existe, néanmoins, et ce dès le départ, une recherche délibérée (et la production qui s’en suit) de supports lamellaires pointus (ceux-ci constituent donc le modèle idéal), dont la variation, en ce qui concerne la façon d’aboutir à ce rétrécissement, résulte de l’agencement de la taille et des modes de retouche utilisés. La retouche peut potentialiser cette caractéristique ou, dans certains cas, doter le support de cet attribut, mais la forme souhaitée a été pratiquement définie dès le départ, comme nous le verrons ci-après10.

9

10

La présence de cortex sur les lamelles brutes est toutefois insignifiante (seulement 12%), ce qui renforce la thèse de la grande proximité entre le support produit et l’armature souhaitée.

Les données de N. Bicho (2000) vont dans le même sens : les armatures à dos (N=29) présentent l’extrémité distale pointue (51,7%) et une morphologie convergente (55,2%).

87

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 5.VI – Areeiro III : quelques attributs considérés dans l’analyse des armatures à bords fins (abattage marginal et bordage) et à bords épais. (1) - inclut toutes les pièces entières et les fragments distaux et mésiaux/distaux; (2) - Ne comprends que les pièces entières. Lamelles à bords fins Lamelles à dos

TOTAL

Lamelles Brutes

Marginal/Bordage

Épais

N

%

N

%

N

%

N

%

Entier

60

49.6

3

20.0

63

46.3

200

64.5

Fragment Proximal (2)

1

0.8

1

6.7

2

1.5

4

1.3

Fragment Mésial (3)

10

8.3

5

33.3

15

11.0

21

6.8

LAMELLES État de conservation

Fragment Distal (4)

-

-

-

-

-

-

5

1.6

2+3

31

25.6

4

26.7

35

25.7

68

21.9

4+3

19

15.7

2

13.3

21

15.4

11

3.6

Indéterminé

-

-

-

-

-

-

1

0.3

TOTAL (N + %)

121

100.0

15

100.0

136

100.0

310

100.0

Absent

104

86.0

9

60.0

113

83.1

271

87.4

Présent

17

14.0

6

40.0

23

16.9

39

12.6

TOTAL (N + %)

121

100.0

15

100.0

136

100.0

310

100.0

Absent

-

-

-

-

-

-

272

87.7

≤ 25%

-

-

-

-

-

-

30

9.7

25-74%

-

-

-

-

-

-

6

1.9

75-95%

-

-

-

-

-

-

1

0.3

≥ 95%

-

-

-

-

-

-

1

0.3

TOTAL (N + %)

-

-

-

-

-

-

310

100.0

Distal

-

-

-

-

-

-

14

36.8

Proximal

-

-

-

-

-

-

12

31.6

Mésial

-

-

-

-

-

-

3

7.9

Latéral

-

-

-

-

-

-

8

21.1

Entame

-

-

-

-

-

-

1

2.6

TOTAL (N + %)

-

-

-

-

-

-

38

100.0

Diffuse

11

13.9

1

20.0

12

14.3

46

21.3

Réfléchie

4

5.1

-

-

4

4.8

17

7.9

Outrepassée

-

-

-

-

-

-

6

2.8

Appointée

62

78.5

4

80.0

66

78.6

147

68.1

Calcination

Cortex

Localisation du Cortex

Partie Distal (1)

Retouchée

2

-

-

-

2

2.4

-

-

TOTAL

79

100.0

5

100.0

84

100.0

216

100.0

Parallèles

3

5.0

1

33.3

4

6.3

24

12.0

Convergents

14

23.3

1

33.3

15

23.8

37

18.5

Morphologie des Bords (2)

Divergents

-

-

-

-

-

-

7

3.5

Biconvexes

17

28.3

1

33.3

18

28.6

30

15.0

Irréguliers

-

-

-

-

-

20

10.0

Plan-concave/convexe

26

43.3

-

-

26

41.3

82

41.0

TOTAL

60

100.0

3

100.0

63

100.0

200

100.0

88

Partie II – Areeiro III

Tableau 5.VII – Areeiro III : paramètres observés pour la retouche des armatures à bords fins (abattage marginal et bordage) et à bords épais. LA RETOUCHE Localisation bord droit bord gauche deux bords indéterminé Total Position directe (1) inverse (2) alterne alternante croisée (3) 1+3 2+3 Total Abattage marginal (1) bordage (2) Profond (3) 1+2 1+3 Total Délinéation rectiligne (1) Concave (2) convexe (3) 2+3 1+3 irrégulière Total Répartition Total (1) Partielle (2) 1+2 Total

Marginal/Bordage

Profonde

N

%

N

%

Total

%

25 34 61 120

20.83 28.33 50.83 100.00

5 4 4 2 15

33.33 26.67 26.67 13.33 100.00

30 38 65 2 135

22.22 28.15 48.15 1.48 100.00

57 21 40* 2 120

47.50 17.50 33.33 1.67 100.00

10 1 2 1 1 15

66.67 6.67 13.33 6.67 6.67 100.00

67 22 40 2 2 1 1 135

49.63 16.30 29.63 1.48 1.48 0.74 0.74 100.00

34 65 21 120

28.33 54.17 17.50 100.00

13 2 15

86.67 13.33 100.00

34 65 13 21 2 135

25.19 48.15 9.63 15.56 1.48 100.00

92 1 13 6 6 2 120

76.67 0.83 10.83 5.00 5.00 1.67 100.00

12 2 1 15

80.00 13.33 6.67 100.00

104 1 15 6 6 3 135

77.04 0.74 11.11 4.44 4.44 2.22 100.00

39 52 29 120

32.50 43.33 24.17 100.00

11 4 15

73.33 26.67 100.00

50 55 29 134

37.31 41.04 21.64 100.00

5.5.4. La retouche des armatures à dos : ajustements et modifications

TOTAL

(Figs. 5.19, 5.20 et 5.21), et même difficile à définir en détail, mais tout concourt dans le même sens : ajuster (ou affiner) ce que le processus de fabrication n’a pas atteint. D’où la difficulté, bien souvent ressentie, à établir la frontière entre un bordage et un abattage marginal, car les deux situations peuvent exister sur une même barbelure et ce, dans des proportions très variables11 : l’objectif n’est, en aucun cas, de réduire latéralement le support (voir Fig. 5.22 et sa légende), mais de rectifier son contour, de façon à ce qu’il devienne plus performant compte tenu de la fonction et du type d’emmanchement prétendus.

En effet, l’analyse des différents caractères de la retouche des armatures à bords fins (Tableau 5.VII) montre que les artisans d’Areeiro III ont corrigé ou perfectionné leurs supports déjà pré-formatés par l’application d’une retouche très courte, de type bordé (ca 54%), marginal (ca 28%) ou, même, en conjuguant les deux types sur une même pièce (17,5%). La réduction du support est donc minime dans la plupart des cas. Cette légère modification n’atteint, bien souvent, que partiellement un bord ou les deux (ca 43%), mais elle peut être totale (32,5%), ou encore conjuguer ces deux situations sur un même support (24,2%). L’objectif est de supprimer une irrégularité ici et là, rendre une extrémité plus mince, masquer une convexité plus accentuée, et même redresser une forme jugée peu adaptée aux exigences fonctionnelles souhaitées. La multiplicité des situations est trop vaste

11

Il n’est pas rare que la retouche commence par être très courte (bordage) pour devenir marginale à la fin, de façon à conférer la morphologie prétendue au support. D’autres fois, la retouche est localisée sur un seul bord près de la zone proximale de la lamelle, qui est plus épaisse par comparaison avec l’épaisseur obtenue au milieu du support. Dans ces cas, il n’est pas possible d’appliquer les distinctions établies par Christensen et Valentin (2004, p. 122) concernant les différents niveaux d’intensité de la retouche.

89

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.19 – Areeiro III : position (directe, inverse, alternante), abattage (marginale ou bordage) et répartition (partielle ou totale) de la retouche des lamelles à bords fins : latéralisation à gauche (BG : bord gauche).

Figure 5.20 – Areeiro III : position (directe, inverse), abattage (marginale ou bordage) et répartition (partielle ou totale) de la retouche des lamelles à bords fins : latéralisation à droite (BD : bord droit).

Figure 5.21 – Areeiro III : position (directe, inverse, alternante), abattage (marginale ou bordage) et répartition (partielle ou totale) de la retouche des lamelles à bords fins : deux bords.

La préférence de l’artisan va à la retouche sur les deux bords (50,8%), toutefois partielle dans la plupart des cas (voir Fig. 5.21), en suivant d’abord le bord gauche (28,3% ; Fig. 5.19) et en terminant par le bord droit (20,8% ; Fig. 5.20). Aussi bien le bordage que l’abattage marginal sont le plus souvent directs (47,5%, Tableau V.VII ; Fig. 5.23 ; voir aussi Figs. 5.19, 5.20 et 5.21), toutefois l’orientation peut être également alterne (33,3%) et, dans une moindre proportion, seulement inverse (17,5%). Les négatifs des

enlèvements générés par la retouche ne sont pas toujours réguliers, même si la délinéation est presque toujours rectiligne, et l’on constate parfois une certaine variation au niveau du type de stigmates imprimés sur ces barbelures. Il serait possible d’avancer l’hypothèse que cette variation a un rapport avec l’utilisation de différentes techniques successives de retouche. Toutefois, vu la dimension réduite de la plupart des supports à l’origine des barbelures à bords fins, il est difficile d’admettre que l’artisan ait utilisé 90

Partie II – Areeiro III

Figure 5.22 – Areeiro III : comparaison entre l’épaisseur du support et l’épaisseur du bord retouché des lamelles à bords fins (losanges gris ; abattage marginal et bordage ; cinq ont des lamelles de burin comme support) et à bords épais (carrés noires ; huit ont des lamelles de burin comme support). L’épaisseur du bord des lamelles à retouches marginales et bordés tend à être plus standardisé, indépendamment da la majeur ou mineur épaisseur du support ; dans le cas des lamelles à bord épais, il existe une nette corrélation entre les deux variables métriques.

Figure 5.23 – Areeiro III : position de la retouche des lamelles à bords fins (abattage marginal et bordage).

la percussion directe à l’aide d’un percuteur en pierre ou organique en ayant simplement la pièce dans la main12. L’hypothèse la plus parcimonieuse est que tout le bordage et l’abattage marginal ont été réalisés par égrisage (Pelegrin, 2004) du bord contre la surface d’un outil en pierre (galet ?). Il faudrait toutefois tester cette hypothèse par l’expérimentation. La plupart des barbelures à bords fins présentent une inclinaison abrupte13 (Fig. 5.24) conjuguée à une retouche légèrement oblique (semi-abrupte) dans les cas où les supports associent un bordage et un abattage marginal.

Compte tenu des caractéristiques globales de ces microlithes à bords fins (Fig. 5.25, A et B), dont la retouche se limite bien souvent à une petite parcelle sur un bord ou sur les deux bords du support, l’hypothèse que de nombreuses lamelles brutes aient également servi (ou auraient pu servir) d’éléments de projectile ou de découpe ne peut pas être exclue14, étant donné leur similitude formelle et métrique avec le type de barbelures qui ont été décrites. Cette hypothèse devrait néanmoins être testée aussi bien par la tracéologie que par l’expérimentation. Sur les barbelures à dos profond (Fig. 5.25, C), il existe une nette réduction de la largeur du support, le plus souvent de la moitié (voir Fig. 5.22), et la retouche s’étend presque

12

À ce propos, voir par exemple Pelegrin, 2004. Comme il est impossible de mesurer objectivement l’inclinaison de la retouche, nous avons opté de la dénommer abrupte lorsque que l’abattage est vertical (invisible à partir de la face dorsale ou ventrale) et semiabrupte lorsque l’inclinaison de la retouche permet, même légèrement, d’observer l’abattage à partir de n’importe quelle face du support. 13

14

Ou encore que des fragments de lamelles brutes puissent correspondre, en fin de compte, aux parties manquantes de certaines ou même de nombreuses armatures.

91

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.24 – Areeiro III : inclinaison de la retouche des lamelles à bords fins (abattage marginal et bordage).

Figure 5.25 – Areeiro III : armatures. A et B, à bords fins (abattage marginal et bordage) ; C, à bords épais. Photos J.P. Ruas.

5.5.4.1. Des noms et des fonctions pour les armatures à bords fins

toujours sur tout le bord (ca 73% ; Tableau 5.VII). Il n’existe pas de préférence de localisation sur l’un ou l’autre bord de la lamelle – la distribution est pratiquement équivalente, et dans la plupart des cas, la retouche est seulement droite (ca 66%) et ensuite croisée (ca 26%). Dans ce dernier cas, elle est parfois conjuguée à un abattage marginal, direct ou inverse, sur le bord opposé. Les négatifs des enlèvements générés par la retouche sont réguliers et parallèles entre eux, ce qui confère une délinéation majoritairement rectiligne au support (80%). L’abattage est toujours bien vertical, quelle que soit l’orientation de la retouche. Il est probable que la pression exercée aussi bien avec la pièce sur un appui (dans les cas des exemplaires plus robustes, en particulier ceux qui ont des lamelles de burin comme support) que sur la main de l’artisan (dans le cas des exemplaires plus graciles – dénommées communément lamelles à dos abattu), ait été la technique employée pour la retouche de ce type de microlithes (Figs. 5.26-5.33).

En croisant les caractéristiques morphologiques, dimensionnelles et celles relatives à la retouche des armatures à bords fins, on constate dès le départ une grande standardisation. Cette standardisation n’exclut pas, bien entendu, l’existence de variations au sein de l’échantillon, quels que soient les critères d’analyse mentionnés plus haut ; ces variations concernent, la plupart du temps, des points de détail ; et le détail se produit aussi bien durant la phase de production du support que dans celle de sa transformation. Mais jusqu’à quel point le détail est-il indicatif/significatif (quand il s’agit d’attribuer un nom aux barbelures), et quel est son rapport (s’il existe) avec le type d’emmanchement et d’utilisation prétendus ? Voyons ce qu’il en est.

92

Partie II – Areeiro III

Figure 5.26 – Areeiro III : armatures à bords fins (abattage marginal et bordage). Photos J.P. Ruas.

Figure 5.27 – Areeiro III : armatures à bords fins (abattage marginal et bordage). Photos J.P. Ruas.

Figure 5.28 – Areeiro III : armatures à bords fins (abattage marginal et bordage). Photos J.P. Ruas.

L’armature-type : les intentions des artisans

liées également aux modes de fabrication des supports proprement dits. Classer l’ensemble par types distincts, en privilégiant l’un ou l’autre détail considéré comme plus important, comporte un certain risque de perdre la notion d’ensemble et de cohésion. Par contre, priver les barbelures d’un nom particulier, rend toute comparaison non viable (typologiquement parlant) avec d’autres

Le détail se restreint à une plus ou moins grande symétrie des barbelures, à une extrémité plus ou moins pointue, ou à une courbure plus ou moins accentuée des bords, à savoir, des caractéristiques qui ne peuvent pas être exclusivement imputées à la retouche (type et extension) mais qui sont 93

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.29 – Areeiro III : armatures à bords fins (abattage marginal et bordage). Photos J.P. Ruas.

Figure 5.30 – Areeiro III : armatures à bords fins (abattage marginal et bordage). Photos J.P. Ruas.

Figure 5.31 – Areeiro III : armatures à bords épais. Photos J.P. Ruas.

94

Partie II – Areeiro III

Figure 5.32 – Areeiro III: armatures à bords épais. Photos J.P. Ruas.

N. Bicho désigne l’ensemble des barbelures à dos fin, récupérées dans ce gisement, par “Dufour bladelets” (2000, p. 171, 172, 367-369 ; voir Annexe 5.D). Les dimensions réduites de ces armatures ont toutefois incité J. Zilhão (1997a) à créer un sous-type distinct au sein des lamelles à dos marginal, auquel il a attribué la désignation de lamelles d’Areeiro. Elles se distinguent de leurs congénères par leurs dimensions ≤ à 15mm. Il s’agit du nom utilisé le plus souvent, à l’heure actuelle, pour désigner ce type de barbelures (Almeida et al., 2013 ; Aubry, 2009a ; 2009b ; 2009c ; Gameiro, 2003 ; 2007 ; 2009 ; Marreiros, 2009).

Figure 5.32 – Areeiro III: armatures à bords épais. Photos J.P. Ruas.

contextes contemporains ou produits à des moments distincts. Cette voie n’est pas exempte de problèmes, comme nous l’avons déjà dit, car elle présuppose, dès le départ, de hiérarchiser certains attributs dans un univers qui se caractérise, avant tout, par un continuum. Et il n’est pas certain que les variations par rapport à cette norme résultent, nécessairement, d’une option consciente de l’artisan, elles peuvent en effet provenir de contraintes de divers ordres inhérentes au processus de production et de transformation des barbelures à retouches marginales et bordées, décrites jusqu’ici.

En ne tenant compte que des exemplaires entiers, il s’avère que 79,3% des pièces classées comme étant des lamelles à bords fins (abattage marginal et bordage) présentent des longueurs ≤ à 15mm et s’inscrivent donc dans le sous-type 90b de la liste type de J. Zilhão, quelle que soit l’extension de la retouche correspondante (à savoir, marginale ou bordée). L’attribut métrique se superpose, dans ce cas, à un autre type de critères lié soit à la position de la retouche, soit à son extension. Les pièces qui présentent des longueurs supérieures à 15mm pourraient s’inscrire soit dans le type 90a (plus précisément dans le sous-type Roc de Combe ; Demars et Laurent, 2000), soit dans le type 90c. Toutefois, si l’on se reporte à l’ensemble des caractéristiques et à leurs combinaisons présentées dans les figures 5.19 à 5.21, on comprend facilement que situer celles de plus grande dimension uniquement dans l’un ou l’autre des types (90a ou 90c) s’avère extrêmement réducteur. Nous avons donc choisi, dans ces cas et aux fins de comparaison, de classer ces pièces dans une catégorie plus large qui englobe à la fois les types 90a/90c.

Partant de la liste type élaborée par J. Zilhão pour le Paléolithique supérieur de l’Estrémadure portugaise, adoptée par tous les chercheurs qui se consacrent à l’étude des industries lithiques relevant de contextes attribués aux divers technocomplexes de cette séquence culturelle (avec des modifications ponctuelles dans certains cas), l’ensemble des barbelures à dos fin documentées à Areeiro III – et analysées dans le cadre du présent travail – pourraient s’inscrire dans les types suivants : « 90a – Lamelle Dufour (à retouche semi-abrupte inverse ou alterne) ; 90b – Lamelle d’Areeiro (longueur ≤15mm, à retouche marginale, directe ou inverse, unilatérale, alterne ou double) ; 90c – Lamelle à dos marginal et à retouche directe, unilatérale ou double (lamelle bordée – Rozoy 1978 ou à retouche Ouchtata – Tixier 1963) ».

Mais, à quoi faisons-nous allusion lorsque nous évoquons ces microlithes ? Aux parties lithiques (restantes) d’outils composites fabriqués en bois ou en matières dures d’origine animale. 95

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Ces manches, dotés de rainures latérales sur lesquels devaient être montées les petites barbelures, comportaient à leur extrémité une pointe en pierre, en matière organique animale ou végétale qui permettait la pénétration de l’outil dans la proie à abattre. Les barbelures lithiques, très petites et très fragiles, devaient servir uniquement à fixer l’arme dans le corps de l’animal, ce qui devait produire bien entendu des lésions dans leurs organes internes. Il s’agit là de l’hypothèse qui concorde le mieux avec les caractéristiques présentées par ces microlithes. L’hypothèse qu’ils aient pu servir d’éléments d’un couteau doit être écartée, il serait en effet très difficile, étant donné la cinématique associée à la coupe, que les petites barbelures restent fixées au manche. Pour reconnaître avec plus de précision les modes de montage et de fonctionnement de ces petites armatures à bords fins, il a été procédé à une analyse tracéologique de 20 exemplaires, toutefois sans le moindre résultat. L’explication de l’absence de stigmates d’utilisation est principalement liée aux altérations post-dépositionnelles subis par les objets lithiques.

Les autres pièces à dos (85a et 85d) doivent correspondre, tout comme les barbelures à bords fins, à des armatures latérales armées sur des pointes de lance fabriquées en bois ou en matière dure d’origine animale. Étant donné le nombre réduit d’exemplaires, il est difficile d’admettre une autre fonctionnalité ou un autre mode d’emmanchement, surtout parce que la plus grande réduction de la largeur du support imposée par la retouche a été la solution (plus radicale dans ces cas) trouvée par l’artisan pour concrétiser le même objectif fonctionnel : la fabrication de petites barbelures morphologiquement semblables, correspondant à des éléments de son armement de chasse. 5.5.5. D’autres armatures Pour terminer, il nous faut évoquer trois trapèzes (Fig. 5.34) qui n’ont pas été inclus jusqu’à présent dans les catégories d’armatures documentées dans le gisement. Contrairement aux pièces qui ont été décrites et interprétées comme étant à bords fins ou profonds, le type de support utilisé pour la fabrication de ces formes géométriques présente des dimensions plus proches de ce qui pourrait être considéré comme une lame, surtout par comparaison avec les autres armatures (Tableau 5.VIII), et la section est, dans les trois cas, trapézoïdale. Les troncatures ont été obtenues par retouche abrupte et directe. Bien qu’il n’existe qu’un seul exemplaire entier – un trapèze asymétrique long avec les deux troncatures concaves, dont la plus petite base présente une longueur supérieure à la largeur du support, les deux autres ont des caractéristiques qui n’admettent pas d’autre hypothèse que celle de les inclure dans les outils de type géométrique : en effet, le premier présente une troncature rectiligne et devait correspondre à une pièce symétrique, sa grande base comporte une retouche irrégulière, interprétée dans le cadre de l’analyse tracéologique comme étant polie

5.5.4.2. Des noms et des fonctions pour les armatures à bords épais Les exemplaires d’armatures à dos plus profond sont peu nombreux, aussi leur diagnostic, à savoir, leur attribution à un type spécifique, s’avère également plus difficile : il s’agit de types qui surviennent au sein de la série lithique et non pas de types récurrents. Partant à nouveau de la liste type de J. Zilhão comme référence, ce sont cette fois les lamelles à dos (60%) – total (85a) ou double (85d) – qui dominent l’échantillon, suivies des pointes à dos (40%) – rectiligne unilatéral (51b e 51c), bilatérale (51e) et courbe (51f). Les deux fragments terminaux de lamelles très pointues à dos rectiligne croisé (51c ; Fig. 5.31, nº 2), la pointe à dos rectiligne unilatéral (51b ; Fig. 5.31, nº3) et la pointe microlithique à dos double croisé (51e ; Fig. 5.33, nº 3) présentent des surfaces très patinées et altérées par la chauffe, et se distinguent nettement du reste de l’ensemble. Ces trois pièces associées à une quatrième qui n’a pas été comptabilisée jusqu’ici dans cette étude15 – un pédoncule obtenu par une retouche abrupte directe sur les deux bords et également altéré par la chauffe et patiné16 – constituent très probablement des matériaux intrusifs, du Magdalénien final par hypothèse, produits au cours d’une occupation plus ancienne du lieu ou dans les environs. La provenance spatiale et stratigraphique de ces matériaux ne répond pas à la moindre régularité, ils sont disséminés dans plusieurs carrés et niveaux artificiels de la séquence fouillée. Étant donné leur robustesse, il est probable qu’ils aient été utilisés comme éléments de projectile avec une fonction pénétrante, fixés sur la pointe d’une lance ou d’un javelot.

Figure 5.34 – Areeiro III : géométriques. Photos J.P. Ruas. Tableau 5.VIII – Areeiro III : paramètres métriques des géométriques. PROVENANCE SPATIALE

15

Elle n’est donc pas incluse dans les figures et tableaux présentés jusqu’ici. 16 Dimensions en mm: 20,35 X 8,74 X 2,83. Épaisseur du bord abattu : 2,26mm.

96

DIMENSIONS

TVI

C11

A10

M±σ

Longueur

22.77

-

-

-

Largeur

9.80

11.01

10.42

10,41± 0,61

Épaisseur (Ep.)

2.36

2.60

2.57

2,51± 0,13

Ép. du bord retouché

2.12

2.64

2.50

2,42± 0,27

Partie II – Areeiro III

5.6.1. Nucléus lamellaires

à altération post-dépositionnelle (Igreja, communication personnelle) ; quant au second, il fait apparaître une troncature irrégulière avec une fracture près de la petite base.

Un ensemble de 23 nucléus (Tableaux 5.X et 5.XI) présentant des négatifs d’enlèvements lamellaires et dont l’abandon a été dû surtout à la présence de nombreux réfléchissements, mais également aux dimensions réduites de certains exemplaires, a été documenté. Si, dans la plupart des cas, ces négatifs ne sont pas compatibles avec la production des armatures que nous avons décrites (ils présentent des dimensions supérieures et des arêtes irrégulières), il existe néanmoins certains exemplaires qui sont potentiellement candidats à ce titre.

La présence de ce type de microlithes dans des contextes du Mésolithique ancien est très rare, telle que nous l’évoquerons dans la 3ème partie du présent travail, et il est clair que, dans le cas d’Areeiro III, les supports correspondants ne résultent pas de la même chaîne opératoire de production que les autres armatures (à bords fins et à bords profonds). Si leur association au reste du matériel doit être, ou non, envisagée sous réserve constitue un aspect à discuter plus avant, sachant qu’il n’existe toutefois pas d’arguments de nature taphonomique ou historique aptes à soutenir, en toute rigueur, ces hypothèses.

Bien qu’il ne soit pas possible de déterminer, dans la plupart des cas, quel est le volume initial exploité (Tableau 5.X), il est probable que bon nombre de ces nucléus étaient l’origine des éclats épais17, ou même des fragments, partiellement corticaux, dont l’exploitation, alliée à la présence d’accidents de taille et d’altérations dues à leur exposition au feu, devait finir par rendre toute lecture des stigmates correspondants non viable. Même dans ces conditions, il a été possible de constater que ces volumes ont été exploités dans l’objectif de produire des supports lamellaires de section triangulaire et trapézoïdale, à partir de plans de frappe lisses (ca 78%, Tableau 5.XI) mais systématiquement préparés par une légère abrasion (ca 96%). A leur stade d’abandon, ils présentent des longueurs et des largeurs18 qui ne dépassent pas 30mm (65% e 78%, respectivement) et des morphologies informes et prismatiques. Dans certains cas, ou dans les cas où il a été possible de l’observer, les artisans ont configuré le volume au préalable en enlevant un éclat sur un des flancs ou sur les deux, afin de délimiter la table. Celle-ci est exploitée, la plupart du temps, à partir d’un seul plan de frappe (ca 35%) ou de deux plans de frappe opposés (ca 30%), ce qui donne naissance à des enlèvements parallèles convergents ou bidirectionnels (non alternants). Dans quatre exemplaires, la table envahit un flanc ou les deux, dans le cadre d’un type d’exploitation semi-tournante. Pour les volumes qui présentent plus d’une surface de débitage (ca 35%), l’implantation est réalisée majoritairement sur le dos (ca 26%), ce qui donne naissance à deux tables opposées, exploitées séparément. Un seul nucléus présentant trois tables distinctes a été documenté (Fig. 5.35, nº 3), tout porte à croire que ces tables ont été créées une à une, à mesure que l’exploitation avortait en raison de la présence de réfléchissements qui rendaient toute production des supports prétendus non viable.

5.6. L’étude de la série lithique : quels nucléus pour les armatures ? Après avoir établi l’objectif des opérations de taille, il reste à savoir quels sont les candidats à nucléus qui ont donné naissance aux supports des armatures documentées à Areeiro III, ainsi que les modes et procédures de fabrication sélectionnés. Auparavant, toutefois, il convient d’énoncer certains des attributs technologiques présentés par ces armatures. Comme on a pu l’observer (Tableau 5.IX), les barbelures à bords fins présentent une section majoritairement triangulaire (ca 58%) et un profil courbe (ca 47%) ou tordu (ca 38%). Les talons sont surtout punctiformes (ca 42%) ou linéaires (ca 38%) et une légère abrasion peut être observée sur environ 34% des exemplaires. Les négatifs des enlèvements lamellaires observés sur la face dorsale sont parallèles et convergents dans environ 78% des cas. Les supports des armatures à dos profond présentent une section majoritairement triangulaire (78,3%) et un profil droit (ca 67%), quant au talon, il peut prendre plusieurs formes qui sont réparties assez équitablement entre elles (le talon lisse est toutefois plus fréquent ; 40%) et il présente une légère abrasion dans 20% des cas. L’analyse réalisée par N. Bicho de 29 armatures à dos, backed microliths (2000, Table 81, p. 240), confirme la prédominance de la section triangulaire (58%), toutefois le profil présente un comportement inverse : il est majoritairement droit (ca 38%), suivi en nombre par le profil tordu (34,5%) et le profil courbe (27,6%). Cette divergence doit être liée au nombre réduit d’exemplaires analysés par N. Bicho.

Les figures 5.35 et 5.36 permettent d’observer les nucléus qui ont pu donner naissance à certaines des barbelures documentées à Areeiro III et qui illustrent la lecture que nous venons de faire concernant les modes de production de leurs supports respectifs.

L’ensemble des caractéristiques technologiques observées sur les armatures analysées dans le cadre du présent travail est partagé par leurs congénères à l’état brut (Tableau 5.IX), toutefois il a été constaté un moindre investissement dans la préparation du bord de plan de frappe : seuls 11% des exemplaires présentent des traces d’abrasion.

17

Ils présentent, en fin d’exploitation, des sections majoritairement circulaires ou quadrangulaires. 18 Les dimensions ont été prises en orientant les volumes en fonction de la table principale.

97

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 5.IX – Areeiro III : attributs technologiques considérés dans l’analyse des armatures et des lamelles brutes. (1) - inclut les pièces entières, les fragments mésiaux, proximaux/mésiaux et distaux/mésiaux; (2) - Ne concernent que les pièces entières; (3) - inclut les pièces entières, les fragments proximaux et proximaux/mésiaux. ARMATURES Marginale/Bordage

Profonde

N

%

N

%

N

%

Plate

2

1.7

0

0.0

6

2.0

Triangulaire

58

48.3

3

21.4

130

43.3

Triangulaire ≥ 90º

11

9.2

8

57.1

35

11.7

Trapézoïdale

40

33.3

3

21.4

104

34.7

Trapézoïdale ≥ 90º

7

5.8

-

-

22

7.3

Irrégulière

2

1.7

-

-

3

1.0

TOTAL

120

100.0

14

100.0

300

100.0

Droit

9

15.0

2

66.7

55

27.5

Courbe

28

46.7

-

-

82

41.0

Torse

23

38.3

1

33.3

61

30.5

Irrégulier

-

-

-

-

2

1.0

TOTAL

60

100.0

3

100.0

200

100.0

Cortical

1

1.1

-

-

15

5.5

Lisse

9

9.8

2

40.0

38

14.0

Dièdre

-

-

-

-

3

1.1

Facetté

-

-

-

-

1

0.4

Linéaire

35

38.0

1

20.0

84

30.9

Punctiforme

39

42.4

1

20.0

109

40.1

Écrasé

1

1.1

-

-

21

7.7

Retouché

3

3.3

1

20.0

-

-

Pas déterminé

4

4.3

0.0

1

0.4

TOTAL

92

100.0

5

100.0

272

100.0

Absent

61

66.3

4

80.0

242

89.0

Présent

31

33.7

1

20.0

30

11.0

TOTAL

92

100.0

5

100.0

272

100.0

Cortical

-

-

-

-

2

1.0

Parallèles

9

15.0

-

-

52

26.0

Parallèles Convergents

47

78.3

1

33.3

118

59.0

Croisés

1

1.7

Croisé partie distale

-

Bidirectionnels

-

Bidirectionnels partir distal

Attributs

lamelles Brutes

Section (1)

Profil (2)

Talon (3)

Abrasion (3)

Enlèvements (org.) (2)

-

-

1

0.5

-

-

3

1.5

-

-

-

2

1.0

-

-

-

-

1

0.5

Irréguliers

-

-

-

-

1

0.5

Chute de Burin

3

5.0

2

66.7

16

8.0

pas déterminé

-

-

-

-

4

2.0

TOTAL

60

100.0

3

100.0

200

100.0

98

Partie II – Areeiro III

Tableau 5.X – Areeiro III : caractérisation des volumes de certains nucléus à lamelles (Point 5.6.1).

Tableau 5.XI – Areeiro III : caractérisation de certains nucléus à lamelles (Point 5.6.1).

Nucléus à lamelles

Nucléus à lamelles

Volume

N

%

TABLE

Type Bloc

N

%

Nombre 2

8.70

1

15

65.22

Éclat

6

26.1

2

7

30.43

Indéterminé

15

65.2

≥3

1

4.35

TOTAL

23

100.00

TOTAL

23

100.00

Cortex

Position

Absent

6

26.09

Unique

15

65.22

Présent

17

73.91

Opposées

6

26.09

TOTAL

23

100.00

Adjacentes

1

4.35

Successifs

1

4.35

23

100.00

% Cortex ≤ 25%

14

82.35

TOTAL

25-74%

3

17.65

Dimensions (M ± σ)

TOTAL

17

100.00

Hauteur

23,11±7,69

Largeur

23,48±7,22

Absent

17

73.91

PLAN DE FRAPPE

Présent

6

26.09

Nombre

TOTAL

23

100.00

1

8

34.78

Dimensions (mm)

M±σ

2

13

56.52

Longueur

27,11±9,25

3

2

8.70

Largeur

25,41±8,33

TOTAL

23

100.00

Épaisseur

19,28±5,73

Typologie

Poids (gr.)

14±12,44

Lisse (2)

18

78.26

TOTAL

23

Facetté

1

4.35

Cortical+Lisse

4

17.39

TOTAL

23

100.00

Calcination

Comment ces volumes étaient-ils exploités ?

Abrasion

Le processus commence par l’utilisation ou la création d’une surface étroite pour y implanter la table. Selon l’une ou l’autre de ces situations, l’artisan ou bien utilise deux faces naturelles (corticales ou surfaces de débitage antérieures) du volume afin de circonscrire, latéralement, sa zone de travail (Fig. 5.35, nºs 1-2), ou bien prépare le volume en enlevant un éclat sur un des flancs ou sur les deux (Figs. 5.35, nº 3 ; 5.36, nº 3, par exemple). Le dos est laissé brut ou, lorsque les possibilités de production de supports lamellaires supplémentaires sont épuisées, l’artisan y implante de préférence une deuxième table, qui est exploitée soit d’après la même orientation, soit en changeant le sens des enlèvements (Figs. 5.35, nº 3 ; 5.36, nº 1). Dans le cas du nucléus numéro 4 de la figure 5.35, l’artisan a dû décider de tenir compte séparément de deux tables contigües (adjacentes) qu’il a exploitées à partir de deux plans de frappe distincts et dont les enlèvements se croisent.

Absent

1

4.35

Présent

22

95.65

TOTAL

23

100.00

≤3

2

8.70

4-6

9

39.13

≥6

11

47.83

Indéterminé

1

4.35

TOTAL

23

100.00

Parallèles / Convergents

10

43.48

Croisés

3

13.04

Bidirectionnels

7

30.43

Multidirectionnels

2

8.70

Indéterminé

1

4.35

Les plans de percussion sont préparés par une légère abrasion et il se peut, dans certains cas, qu’un petit éclat soit enlevé au préalable afin d’éliminer des vestiges de cortex ou rendre le plan de frappe plus régulier. Le doute concernant ce processus est lié à la difficulté à établir la chronologie de certaines actions, à savoir, si leur présence

TOTAL

23

100.00

ENLÈVEMENTS Nombre

Organisation

est antérieure à la transformation du volume en nucléus ou s’ils faisaient partie des actions de préparation ou de reconfiguration. 99

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.35 – Areeiro III : nucléus à lamelles qui ont certainement donné lieu à certains des armatures à bords fins. Dessins F. Boto.

Les autres volumes qui présentent des négatifs d’enlèvements lamellaires peuvent correspondre à des nucléus qui ont produit de supports comme ceux qui ont été documentés, toutefois en nombre réduit (N=18), au sein de la série lithique. On pense à des outils qui présentent une denticulation ou une encoche sur un des bords ou sur les deux, ou des retouches discontinues partielles ou totales, tel que nous l’évoquerons plus loin. En ce qui concerne les trapèzes, par contre, ils ne semblent pas avoir été fabriqués à partir de ces volumes.

L’observation globale de l’ensemble des vestiges lithiques provenant du gisement a permis de documenter, dans l’un ou l’autre cas, rares toutefois, des nucléus qui présentent des négatifs d’enlèvements lamellaires réguliers et de dimensions supérieures (voir nº 4, Annexe 5.E) qui peuvent, en effet, avoir donné naissance aux armatures géométriques décrites au point 5.5.5. La conclusion à retirer des résultats de l’analyse de cet ensemble de nucléus est l’utilisation en général de 100

Partie II – Areeiro III

Figure 5.36 – Areeiro III : nucléus à lamelles qui ont certainement donné lieu à certains des armatures à bords fins. Dessins F. Boto.

volumes de petites dimensions qui devaient correspondre, dans bien des cas, à des éclats épais, produits dans l’objectif de leur conversion en nucléus, ou même l’utilisation de fragments qui présentaient au départ des caractéristiques n’exigeant pas de procédures de configuration très sophistiquées. Cette conclusion est d’ailleurs compatible avec la rareté des produits liés à des phases de préparation ou de reconfiguration, tel qu’il est

possible de le déduire à partir des données obtenues par N. Bicho (2000)19. Les faces latérales des éclats, des fragments ou des blocs (galets) sont utilisées comme flancs naturels pour délimiter la table à exploiter, ainsi la progression du débitage est majoritairement frontale ou, moins souvent, semi19

Seulement 28 pièces, constituées pour la plupart par des flancs et des tablettes de nucléus.

101

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 5.XII – Areeiro III : attributs technologiques des supports qui ont donnée naissance aux nucléus en forme de grattoir caréné et de grattoir à museau (ou à épaulement). Section, profil, talon, abrasion et morphologie des bords ne concernent que les exemplaires entiers. Nucléus en forme de

Grattoir Caréné

Grattoir à Museau

Le Support

N

N

%

Type de Support 35

92.11

25

92.59

flanc de nucléus

1

2.63

-

-

lame

-

2

7.41

indéterminé

2

5.26

-

-

Total

38

100.00

27

100.00

Calcination Absent

27

71.05

22

81.48

Partielle

2

5.26

1

3.70

Total

9

23.68

4

14.81

Total

38

100.00

27

100.00

29

76.32

22

81.48

Fragment

9

23.68

5

18.52

Total

38

100.00

27

100.00

16

42.11

13

48.15

≤ 25%

14

36.84

10

37.04

25-74%

6

15.79

2

7.41

75-95%

1

2.63

2

7.41

≥ 95%

1

2.63

-

-

Total

38

100.00

27

100.00

Distal (1)

2

9.09

1

7.14

Proximal (2)

3

13.64

1

7.14

Mésial (3)

8

36.36

6

42.86

Latéral

5

22.73

3

21.43

1+3

1

4.55

-

-

2+3

2

9.09

2

14.29

Entame

1

4.55

-

-

indéterminé

-

-

1

7.14

Total

22

100.00

14

100.00

Triangulaire

13

44.83

6

27.27

Triangulaire ≥ 90º

-

-

1

4.55

8

27.59

9

40.91

3

10.34

3

13.64

Irrégulière

5

17.24

3

13.64

Total

29

100.00

22

100.00

Droit

23

79.31

16

72.73

Courbe

5

17.24

2

9.09

-

-

3

13.64

Irrégulier

1

3.45

1

4.55

N

%

Total

29

100.00

22

100.00

Cortical

5

17.24

3

13.64

Lisse

9

31.03

9

40.91

Dièdre

1

3.45

-

-

Microfacetté

2

6.90

-

-

Linéaire

-

-

1

4.55

Punctiforme

2

6.90

1

4.55

Écrasé

2

6.90

2

9.09

Retouché

6

20.69

4

18.18

Pas déterminé

2

6.90

2

9.09

Total

29

100.00

22

100.00

Absent

27

93.10

21

95.45

Présent

2

6.90

1

4.55

Total

29

100.00

22

100.00

Parallèles

8

27.59

2

9.09

Convergents

1

3.45

9

40.91

Divergents

5

17.24

-

-

Biconvexes

10

34.48

-

-

Concave/plan-convexe

3

10.34

3

13.64

Irréguliers

2

6.90

8

36.36

Total

29

100.00

22

100.00

Les résultats de l’analyse de la production lamellaire (dimensions et caractéristiques morphologiques et techniques) indiquaient, comme candidats préférentiels au titre de nucléus à lamelles, l’ensemble nombreux des grattoirs et des burins20 présentant des fronts épais et arqués, documenté au sein de la série lithique. Ces artefacts présentaient, en effet, des négatifs d’enlèvements nettement compatibles avec la plupart des lamelles non retouchées et des armatures décrites plus haut. Partant de la morphologie des fronts (= surfaces de débitage), des caractères techniques de configuration des volumes et des modes de progression du débitage, il a été possible de distinguer différents types de nucléus – il n’a

Profil

Torse

%

5.6.2. Nucléus de type outils carénés

Section

Trapézoïdale ≥ 90º

N

tournante. Lorsque des accidents de type rebroussement empêchent de poursuivre l’exploitation de ces surfaces, les artisans ouvrent de préférence un deuxième front de travail sur la face opposée (le dos).

Localisation du Cortex

Trapézoïdale

Le Support

Morphologie des Bords

Cortex Absent

Grattoir à Museau

Abrasion

État de Conservation Entier

Grattoir Caréné

Talon

%

éclat

Nucléus en forme de

20

Pour l’historique de la problématique sur le statut fonctionnel de certaines catégories d’artefacts (outils vs. nucléus), comme en témoignent les grattoirs et les burins à fronts épais, voir Le Brun-Ricalens, 2005a. En ce qui concerne le cas portugais, consulter Almeida, 2000; Aubry et al., 1997b; Zilhão, 1997a.

102

Partie II – Areeiro III

pas été toujours facile, toutefois, d’établir avec rigueur la frontière entre les uns et les autres. De plus, il n’est pas certain que toutes les pièces ont été produites pour répondre exclusivement à cette fonction.

Tableau 5.XIII – Areeiro III : caractérisation des nucléus en forme de grattoir caréné (cinq exemplaires sont doubles) et de grattoir à museau (ou à épaulement). Les dimensions ne concernent que les exemplaires entiers. Grattoir Caréné

Grattoir à Museau

N

%

N

%

Partie Distale (1)

11

28.95

14

51.85

Partie Proximale (2)

1

2.63

2

7.41

Nucléus en forme de

5.6.2.1. Nucléus en forme de grattoir caréné et à museau Localisation du front

Il existe une certaine variabilité en ce qui concerne la morphologie et les dimensions des nucléus en forme de grattoir caréné et grattoir à museau, qui atteste l’utilisation d’éclats produits au cours de moments distincts du processus de débitage des volumes de matière première (Tableaux 5.XII et 5.XIII). Ils présentent, dans plus de 50% des cas, des vestiges corticaux, surtout sur les parties latérales et mésiales, des sections et des morphologies variées, des profils droits et très rarement une abrasion de la corniche. Les talons sont, pour la plupart, lisses, corticaux, ou encore facettés lorsque la table est implantée près du talon (Tableau 5.XII). La moyenne des variables longueur et largeur fait apparaître un léger avantage des éclats qui ont servi de support aux nucléus de type grattoir à museau. Ces derniers ont tendance à être plus allongés (Fig. 5.37), alors que les supports des nucléus de type grattoir caréné sont légèrement plus épais (Tableau 5.XIII). Dans les deux cas, toutefois, il existe une prédominance des pièces peu allongées. Les graphiques de distribution des fréquences des variables longueur et largeur montrent néanmoins des comportements fort asymétriques (Figs 5.38, 5.39 et 5.40), il est donc clair que les artisans d’Areeiro III n’ont pas conçu un type morphologique et dimensionnel normalisé pour les volumes qu’ils se proposaient de convertir en nucléus destinés à la production de leurs barbelures. L’épaisseur constitue l’attribut le plus important, car c’est lui qui facilitera l’objectif fonctionnel recherché.

Bord Droit (3)

2

5.26

4

14.81

Bord Gauche (4)

1

2.63

3

11.11

1+2

5

13.16

-

-

1+3

3

7.89

-

-

1+4

5

13.16

-

-

1+3+4

7

18.42

-

-

2+3

1

2.63

-

-

indéterminée

2

5.26

4

14.81

Total

38

100.00

27

Directe (1)

30

78.95

25

92.59

Inverse (2)

4

10.53

2

7.41

1+2

2

5.26

-

-

indéterminée

2

5.26

-

-

Total

38

100.00

27

100.00

Convexe

37

97.37

-

-

Denticulé

1

2.63

-

-

à museau

-

-

14

51.85

à épaulement

-

-

13

48.15

Position

Délinéation

irrégulier

-

-

-

-

Total

38

100.00

27

100.00

Absent

2

5.26

1

3.7

Présent

36

94.74

26

96.3

Total

38

100.00

27

100.0

Dimensions

M±σ

M±σ

Longueur

28,75±7,39

32,00±6,69

Largeur

25,10±6,95

25,40±7,64

Épaisseur

14,13±3,41

13,10±3,76

Indice d’allongement

1,19±0,34

1,38±0,57

Largeur du Front

23,77±7,53

14,73±4,34

Hauteur du Front

13,43±2,47

10,31±2,05

Abrasion

La fabrication de ces éclats-supports, à l’origine des nucléus à lamelles, a été principalement réalisée à partir de schémas de débitage de type prismatique (a une seule table) ou orthogonal (à tables multiples) et sans recourir à des procédures sophistiquées de préparation, comme nous le verrons plus loin. L’objectif de l’artisan est d’obtenir des éclats ou des fragments d’une épaisseur suffisante pour lui permettre de produire des petites lamelles qui seront utilisées ou transformées, à l’état brut ou par retouche, en barbelures de ses armes de chasse. D’autres éclats auront d’autres destinations : ils seront convertis, comme nous le verrons plus loin, en outils dénommés de fonds commun (denticulés, encoches, perçoirs, etc.) pour la réalisation d’autres tâches.

Ainsi : S’il n’est pas possible de parler de standardisation en ce qui concerne les volumes qui ont donné naissance à ces nucléus, les modalités de fabrication des lamelles, par contre, montrent déjà un comportement inverse, régi à présent par la norme (Tableau 5.XIII). La préparation et la hauteur de la(des) table(s) vont conférer à ces nucléus des morphologies différentes qui vont motiver leur classification selon des types distincts :

1. Pour les nucléus en forme de grattoir caréné, la largeur du front est normalement proportionnelle à la largeur du support (Fig. 5.41) et la hauteur du front est, en général, égale ou supérieure à l’épaisseur du support (Fig. 5.42). La table, à délinéation convexe, est implantée de préférence à l’extrémité distale de l’éclat et s’étend fréquemment à l’un des bords ou aux deux

103

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.37 – Areeiro III : les nucléus de type grattoir caréné et de type grattoir à museau (ou à épaulement) sont dans la plupart des cas peu allongées ; il y a toutefois un nombre plus élevé de pièces allongées parmi les types à museau et à épaulement.

Figure 5.39 – Areeiro III : largeur des supports des nucléus de type grattoir caréné et de type grattoir à museau (ou à épaulement).

Figure 5.38 – Areeiro III : longueur des supports des nucléus de type grattoir caréné et de type grattoir à museau (ou à épaulement).

Figure 5.40 – Areeiro III : épaisseur des supports des nucléus de type grattoir caréné et de type grattoir à museau (ou à épaulement).

Figure 5.41 – Areeiro III : comparaison entre la largeur du support et la largeur du front des nucléus de type grattoir caréné (losanges noires) et de type grattoir à museau ou à épaulement (cercles gris). Alors que dans le premier cas il existe une corrélation étroite entre les deux variables métriques, dans les types à museau et à épaulement la largeur du front montre un comportement normalisée.

grattoir caréné double). La zone de percussion est alors préparée par abrasion (ca 95%), contrairement à ce qui se produit pour l’éclat-support, et se situe généralement sur la face ventrale (ca 87%). La table est délimitée naturellement par les deux bords de l’éclat ; toutefois l’artisan peut recourir à des procédures techniques telles qu’une retouche marginale ou même

(les flancs), donnant lieu à une stratégie de débitage semi-tournante. Quand l’épaisseur dans la zone distale de l’éclat est plus réduite, c’est la partie proximale proche du talon, plus épaisse, qui est choisie pour y implanter la surface de débitage. Dans 13% des cas, les artisans ouvrent deux tables distinctes, opposées entre elles, sur un même support (nucléus de type 104

Partie II – Areeiro III

Figure 5.42 – Areeiro III : comparaison entre l’épaisseur du support et l’hauteur du front des nucléus de type grattoir caréné (losanges noires) et de type grattoir à museau ou à épaulement (cercles gris). La mesure de l’hauteur du front n’a pas pris en compte de leur convexité (selon le schéma proposé par Le Brun-Ricalens, 2005a, Fig. 11).

Figure 5.43 – Areeiro III : nombre de négatifs d’enlèvements lamellaires réussis par type de nucléus. La moyenne est de 4,5 pour les grattoirs carénés, tandis que pour les types à museau et à épaulement elle se situe à 3,3.

l’enlèvement d’un éclat pour circonscrire la surface de débitage lorsque la morphologie de l’éclat-support exige certains ajustements, même ponctuels. Et ici, nous nous heurtons à un “problème” de délimitation de frontières entre ce qui constitue un front de type caréné et un front de type museau ou épaulement. Dans ces cas, nous avons choisi comme critère pour ces nucléus (carénés), une forme en museau moins nette, par comparaison bien entendu avec les deux sous-types mentionnés précédemment (museau et épaulement). Ayant exclu d’éventuels indicateurs de nature stylistique (présentant une signification chronologique ou ethnique ?), l’explication de la différence doit être recherchée, hypothétiquement, dans le type de lamelles, la forme et la dimension que chacun de ces nucléus permet de produire. Le nombre de négatifs d’enlèvements lamellaires varie d’un nucléus à l’autre, la moyenne se situe entre 4 et 5 négatifs, il existe néanmoins des exemplaires qui ont gardé encore 9 négatifs (Fig. 5.43). L’abandon est dû, la plupart du temps, à la présence de réfléchissements (ca 59%) qui empêchent désormais toute progression du débitage et, parfois, aux dimensions déjà réduites

de certains volumes. Le rejet apparemment injustifié de certains de ces nucléus (ca 30%) peut s’expliquer par une plus grande économie d’effort et de temps, il peut s’avérer éventuellement plus compensateur pour l’artisan d’entreprendre le débitage d’un nouveau volume (l’accès à la matière première ne constitue pas un problème et la production des éclats à nucléus n’exige pas de grand investissement technique) que de le maintenir en état fonctionnel, dans un registre qui impliquera nécessairement une plus grande rigueur du geste (maintien de l’angle et de la carène, par exemple). Sur les figures 5.44 et 5.45, quelques exemples de nucléus de type grattoir caréné sont représentés. La ressemblance formelle et métrique existant entre les négatifs des enlèvements lamellaires visibles sur ces nucléus (parallèles convergents, en général) et les barbelures décrites précédemment est évidente ; 2. Pour les nucléus en forme de grattoir à museau, la largeur du front maintient une zone de débitage en quelque sorte constante quelle que soit la largeur du support (Fig. 5.41). Cette normalisation résulte du front créé par l’artisan par le biais de l’enlèvement d’une ou de deux encoches latérales prononcées (des enlèvements 105

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.44 – Areeiro III : nucléus de type grattoir caréné. Dessins F. Boto.

allongés)21, c’est pourquoi les nucléus qui présentent des épaisseurs de front inférieures à la longueur moyenne des barbelures ne peuvent pas être considérés comme inaptes au débitage. D’ailleurs, les négatifs des enlèvements lamellaires sont parfaitement compatibles avec les caractéristiques des barbelures décrites précédemment.

de mise en forme et d’initialisation) afin de délimiter la surface de débitage lamellaire. Le positionnement et la symétrie du front détermineront leur inclusion dans l’un ou l’autre des sous-types, à museau ou à épaulement (ces derniers présentent, généralement, des fronts plus larges). Par ailleurs, si l’on compare la hauteur de la table lamellaire à l’épaisseur du support (Fig. 5.42), on constate que la première est généralement moins importante, même si les moyennes arithmétiques respectives ne sont pas significativement différentes (Tableau 5.XIII). Il faut garder à l’esprit, toutefois, que la hauteur des fronts n’est pas équivalente à la longueur des négatifs lamellaires (nécessairement plus

21

La mesure des épaisseurs des fronts a suivi la proposition de J. Zilhão, 1997a. La mesure réelle devrait, en fait, être réalisée en tenant compte de la convexité du front (selon le schéma proposé par Le Brun-Ricalens, 2005a, Fig. 11).

106

Partie II – Areeiro III

Figure 5.45 – Areeiro III : nucléus de type grattoir caréné (provenant d’autres carrés non étudiés). Dessins F. Boto.

de type grattoir caréné), la moyenne se situe entre 3 et 4 négatifs par nucléus (Fig. 5.43).

La table, à délinéation convexe et à la morphologie triangulaire inversée (Figs. 5.46 et 5.47), est implantée à l’extrémité distale (ca 52%) ou sur un des bords de l’éclat (ca 26%), le débitage se fait alors selon une modalité de type frontal par rapport au plan de frappe situé sur la face ventrale (ca 93%) et à la corniche préparée par abrasion (ca 96%). Les négatifs des enlèvements lamellaires sont convergents et légèrement arqués. L’abandon est dû, une fois de plus, à des accidents de type rebroussement (surtout) et à la perte d’angle. Ce type de nucléus a tendance à produire un nombre plus réduit de supports lamellaires (la table est plus étroite et moins épaisse que celle des nucléus

En dépit du faible nombre des pièces liées au contrôle de la largeur du front (entretien du cintrage), sept éclats de ravivage latéraux et fronto-latéraux de nucléus en forme de grattoir caréné et de grattoir à museau, très caractéristiques (Le Brun-Ricalens, 2005b ; Le BrunRicalens et Brou, 2003), et présentant des négatifs d’enlèvements lamellaires, parfois réfléchis (Fig. 5.48), ont été tout de même documentés dans notre série. Les talons sont généralement larges et parfois fort épais. 107

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.46 – Areeiro III : nucléus de type grattoir à épaulement. Dessins F. Boto.

Les différences entre ces deux types de nucléus, caréné et à museau (ou à épaulement), ne sont pas toujours faciles à établir, comme nous l’avons déjà mentionné, il est naturel et même prévisible qu’en résultat de la progression du débitage et des actions techniques de maintenance réalisées par l’artisan, ils acquièrent des morphologies distinctes qui, dans certains cas, se situent à moyen terme entre l’une et l’autre typologie.

5.6.2.2. Nucléus en forme de burin caréné et formes associées D’autres nucléus, de type burin, dont les négatifs d’enlèvements lamellaires s’ajustent également au type de lamelles et d’armatures présentes dans le gisement, sont également documentés. Parmi la panoplie d’outils classés au sein de ce groupe typologique, figurent les burins dièdres 108

Partie II – Areeiro III

Figure 5.47 – Areeiro III : nucléus de type grattoir à épaulement. Dessins F. Boto.

(carénés, busqués et des Vachons), principaux candidats à servir de nucléus (Tableau 5.XIV).

des bords abrupts et des morphologies variées mais à tendance quadrangulaire, des sections asymétriques triangulaires (ca 42%) ou trapézoïdales (ca 58%)22, et qui conservent encore des vestiges corticaux dans la plupart des cas (68%). Ils correspondent à des supports produits

Les supports sélectionnés ne diffèrent pas de la caractérisation faite pour les nucléus en forme de grattoir caréné et à museau, ils ont été produits à partir des mêmes volumes et dans le cadre des mêmes modalités de fabrication. Il s’agit, en général, d’éclats épais, présentant

22

109

Fréquemment avec des angles à 90º.

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.49 – Areeiro III : nucléus de type burin caréné et formes associées. L’analyse des dimensions montre un plus grand allongement des éclats qui ont servi de support à ce type de nucléus.

(longueur et épaisseur) documentent un comportement inverse (Tableaux 5.XIII et 5.XIV). Il faut toutefois garder à l’esprit que les éclats qui ont servi de support à ce type de nucléus ont des dimensions très variables (Figs. 5.50 et 5.51). Les modalités de fabrication sont régies ici aussi par des normes. L’artisan sélectionne de préférence l’extrémité distale de l’éclat pour y implanter la surface de débitage lamellaire (80%, Tableau 5.XV). La table reste délimitée latéralement par les faces dorsales et ventrales qui servent maintenant de flancs naturels. Le plan de frappe, préparé par abrasion (96%, Tableau 5.XV), est implanté sur un bord abrupt de la face dorsale du support (qui tient lieu de premier pan ; voir par exemple, Fig. 5.52, nºs 3 et 4), ou tire parti d’une fracture (accidentelle, volontaire ?) ou, très rarement, il est préparé par l’enlèvement d’un coup de burin (voir, par exemple, Fig. 5.52, nºs 1 et 2). L’orientation de l’axe de débitage est la plupart du temps de la droite vers la gauche (60%) et la production de lamelles se fait par tranches et en suivant la largeur du support. La présence au sein de la série lithique, étudiée dans le cadre de ce travail, d’un petit ensemble de huit lamelles d’entretien (néocrêtes partielles) sur des résidus de coup de burin montre que, dans certains cas, l’artisan a procédé à la mise en forme de la surface de débitage (contrôle du cintrage, de la carène du front et de la production lamellaire ; Le BrunRicalens, 2005b). La réalisation d’une encoche d’arrêt ou d’une retouche marginale sur cinq exemplaires (voir, par exemple, Fig. 5.52, nº 1 et nº 4) illustre les procédures techniques, utilisées par l’artisan, pour délimiter cette fois la hauteur de la table et, par conséquent, la longueur maximum souhaitée pour les supports de ses armatures. Ces nucléus présentent des attributs (convexité du front et retouche d’arrêt) qui caractérisent, du point de vue typologique, les burins busqués.

Figure 5.48 – Areeiro III : éclats de ravivage latéraux et fronto-latéraux de nucléus de type grattoir caréné ou de type grattoir à museau. Photos J.P. Ruas.

au cours de différentes phases du processus de réduction des volumes de matière première, en recourant à la percussion directe à l’aide d’un percuteur en pierre dure et sans préparation préalable du plan de percussion. Le profil des supports est, ou est devenu, le plus souvent courbe (ca 47%) ou torse (ca 16%), contrairement à la norme observée pour les nucléus précédents – une caractéristique qui, comme nous le verrons plus loin, résulte de la façon dont s’est déroulé le débitage lamellaire (transversalement à l’axe technologique du support). L’analyse des dimensions montre un plus grand allongement des éclats qui ont servi de support aux nucléus en forme de burin caréné et aux formes associées (Fig. 5.49), sachant que la moyenne de la longueur est supérieure à celle des nucléus décrits au point 5.6.2.1., toutefois les deux autres variables métriques

La progression du débitage est la plupart du temps frontale, mais elle peut envahir la face ventrale du support selon une modalité semi-tournante ; les enlèvements deviennent plans et le nucléus, à son stade d’abandon, présente les mêmes caractéristiques que celles qui qualifient le burin des Vachons (voir Fig. 5.53, nº 4). 110

Partie II – Areeiro III

Tableau 5.XIV – Areeiro III : attributs technologiques des supports qui ont donnée naissance aux nucléus en forme de burin caréné (et formes associées). Section, profil, talon, abrasion et morphologie des bords ne concernent que les exemplaires entiers. Nucléus en forme de Burin caréné Le Support

N

%

éclat

23

92.00

lame

1

indéterminé Total

(continuation)

N

%

Droit

5

26.32

4.00

Courbe

9

47.37

1

4.00

Torse

3

15.79

25

100.00

Irrégulier

2

10.53

Total

19

100.00

Absent

19

76.00

Partielle

1

4.00

Talon (*)

Total

5

20.00

Cortical

3

15.79

Total

25

100.00

Lisse

6

31.58

Dièdre

1

5.26

Type de Support

Profil (*)

Calcination

État de Conservation Entier

19

76.00

Retouché

3

15.79

Fragment

6

24.00

Pas déterminé

6

31.58

Total

25

100.00

Total

19

100.00

Absent

8

32.00

Abrasion (*)

≤ 25%

12

48.00

Absent

18

94.74

25-74%

4

16.00

Présent

1

5.26

≥ 95%

1

4.00

Total

19

100.00

Total

25

100.00

Cortex

Localisation du Cortex

Morphologie des Bords (*)

Proximal (2)

5

29.41

Parallèles

4

21.05

Mésial (3)

7

41.18

Convergents

3

15.79

Latéral

2

11.76

Biconvexes

3

15.79

2+3

1

5.88

Concave/plan-convexe

5

26.32

Entame

1

5.88

Irréguliers

4

21.05

indéterminé

1

5.88

Total

19

100.00

Total

17

100.00

Dimensions

M±σ

3

15.79

Longueur

31,62±6,36

Section (*) Triangulaire Triangulaire ≥ 90º

5

26.32

Largeur

20,18±4,77

Trapézoïdale

5

26.32

Épaisseur

10,53±3,90

Trapézoïdale ≥ 90º

6

31.58

Indice d’allongement

1,62±0,40

Total

19

100.00

Total

19

En corrélant la hauteur et la largeur des surfaces de débitage respectivement à la largeur et l’épaisseur des éclats23 qui servent de support à ce type de nucléus, on constate nettement qu’il a été tiré parti de la zone la plus épaisse de l’éclat (Fig. 5.54) pour implanter la table : ce front présente une largeur supérieure, en général, à l’épaisseur moyenne du support. Par contre, la hauteur du front (qui limite la longueur maximum des supports lamellaires susceptibles d’être produits) est, dans la plupart des cas, inférieure à la largeur moyenne du support (Fig. 5.55). Ce comportement est dû non seulement au raccourcissement délibéré du

23

front mais également, dans certains cas, à la réduction latérale du support suite à l’enlèvement préalable d’une chute de burin (le futur plan de frappe) ; ou, même, à un autre type de caractéristiques inhérentes au support proprement dit comme la présence de cortex, dont l’artisan tire parti pour circonscrire la hauteur de la table (voir, par exemple, Fig. 5.53) ; ou encore à la présence d’une fracture latérale dans la zone d’implantation de la surface de débitage ; ou, enfin, à la morphologie proprement dite de nombreux supports (voir Tableau 5.XIV). Le nombre d’enlèvements lamellaires par nucléus est inférieur en moyenne à celui observé pour les types grattoir caréné et à museau (Fig. 5.56), il existe néanmoins un pourcentage assez significatif d’exemplaires qui montrent cinq négatifs lamellaires ou

Mesurés dans leur partie moyenne.

111

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 5.XV – Areeiro III : caractérisation des nucléus en forme de burin caréné (et formes associées). BC. Burin caréné; BQ. Burin busqué; BV. Burin des Vachons. Caractérisation de la partie active (le front) Nucléus en forme de Burin caréné

BC/BQ/BV

(et formes associées)

N

%

Partie Distale (1)

20

80.00

Partie Proximale (2)

2

8.00

Bord Gauche (4)

1

4.00

indéterminée

2

8.00

Total

25

100.00

Droite à Gauche

15

60.00

Gauche à Droite

8

32.00

Indéterminée

2

8.00

Total

25

100.00

Absent

1

4.00

Présent

24

96.00

Total

25

100.00

Dimensions

M±σ

Localisation des enlèvements

Figure 5.50 – Areeiro III : longueur et largeur des nucléus de type burin caréné et formes associées.

Orientation de l’axe de débitage

Abrasion

Figure 5.51 – Areeiro III : épaisseur des nucléus de type burin caréné et formes associées.

Largeur du Front

12,12±4,01

Hauteur du Front

15,50±4,65

le débitage se déroule alors transversalement par rapport à l’axe technologique du support (nucléus de type burin caréné ou “grattoir latéralement caréné”). Les supports produits à partir des nucléus de type burin caréné, qui présentent des fronts plus larges (la majorité), portent le moins souvent des vestiges du pan revers.

plus (37,5%). La présence de réfléchissements est fréquente et parfois très élevée sur certains volumes, ce qui constitue le motif principal qui a conduit à leur abandon. La ressemblance formelle entre bon nombre de nucléus de type burin caréné et les nucléus de type grattoir caréné, est évidente, il existe notamment quatre exemplaires24 qui cumulent ces types sur le même support (Fig. 5.57, nºs 2 et 3). Du point de vue typologique, ces pièces pourraient être classées comme des outils composites (grattoirs-burins). En fonction des caractéristiques présentées par l’éclatsupport, l’artisan adopte la stratégie économiquement la plus rentable compte tenu de l’objectif fonctionnel recherché : la production de petites lamelles. Quand l’éclat ou le fragment présente un front suffisamment large et haut, la table y est implantée et la production de lamelles se déroule perpendiculairement à l’axe technologique du support (nucléus en forme de grattoir caréné ou à museau). Quand l’éclat est moins épais, mais qu’il présente une largeur suffisante qui répond à la longueur minimal souhaitée pour ses armatures, l’artisan rentabilise ces caractéristiques en installant la table sur l’un des bords (les faces ventrales et dorsales jouant le rôle de flanc) ;

Il est légitime de s’interroger sur la possibilité que tous ces artefacts aient pu ne pas servir effectivement de nucléus ; de même, il ne faut pas écarter l’hypothèse qu’il existe des cas où ils ont dû accumuler une double fonction : celle de nucléus et celle d’outil. Compte tenu les données disponibles, et en l’absence de remontages et d’informations de nature tracéologique, il n’est pas possible de déterminer si, comment et quand, l’une ou l’autre hypothèse ou les deux se sont effectivement produites. Il est indéniable que les négatifs des enlèvements lamellaires observés sur chacun de ces artefacts sont compatibles avec la plupart des lamelles et des barbelures documentées dans le gisement, même si, dans le projet de l’artisan, tous n’ont pas été conçus et produits en vue de cette fonction. Il semble, par ailleurs, évident que les volumes de dimensions supérieures sont économiquement plus productifs, c’est-à-dire qu’ils sont plus aptes à produire en plus grande quantité. Certains burins et grattoirs carénés dont les dimensions ne justifiaient pas, à priori, d’investir dans leur utilisation en tant que générateurs de supports – d’autant plus que l’accès à la matière première ne pose pas problème, possèdent néanmoins des enlèvements lamellaires.

24

Ces exemplaires ne figurent pas dans les tableaux 5.XIV et 5.XV. Ils ont des éclats (de section triangulaire) pour support, et la table a été implantée à chaque extrémité. Le rythme du débitage est frontal, il se fait transversalement et perpendiculairement à l’axe technologique du support. Les dimensions des surfaces de débitage ne diffèrent pas des moyennes obtenues pour les nucléus de type grattoir caréné ou de type burin caréné.

112

Partie II – Areeiro III

Figure 5.52 – Areeiro III : nucléus de type burin caréné. Dessins F. Boto.

Figure 5.53 – Areeiro III : nucléus de type burin caréné et formes associées (des Vachons, nº 4 ; busqués, nºs 7 et 8). Dessins F. Boto.

113

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.54 – Areeiro III : dans les nucléus de type burin caréné la largeur du front est plus épaisse que l’épaisseur du support (mesurés dans leur partie moyenne) ; l’artisan a tiré donc parti de la zone la plus épaisse de l’éclat pour y implanter la table.

Figure 5.55 – Areeiro III : dans les nucléus de type burin caréné l’hauteur du front (qui limite la longueur maximum des supports lamellaires susceptibles d’être produits) est, dans la plupart des cas, inférieure à la largeur moyenne du support.

Figure 5.56 – Areeiro III : nucléus de type burin caréné – nombre de négatifs d’enlèvements lamellaires réussis. Il existe un pourcentage assez significatif d’exemplaires qui documentent cinq négatifs lamellaires ou plus (37,5%).

Ceci étant, trois hypothèses sont envisageables :

3. Des artefacts qui ont accumulé une double fonction : celle de nucléus et celle d’outils.

1. Des nucléus qui ont exercé dès le départ cette fonction, qui ont été pensés/utilisés depuis le début pour produire les supports des armatures à dos ; 2. Des outils ( ?) dont les déchets de fabrication (lamelles) ont été utilisés pour être transformés en armatures ;

Même si elles ne sont pas exclusives, ces trois hypothèses sont logiquement plausibles. L’application de la méthode des remontages et l’analyse tracéologique auraient été fondamentales pour une caractérisation plus fondée du 114

Partie II – Areeiro III

Figure 5.57 – Areeiro III : nucléus de type outils-composites ; 1. burin caréné-grattoir à museau ; 2, 3. burin-grattoir carénés ; 4. grattoir caréné-burin dièdre d’angle (qui est tout rebroussé). Dessins F. Boto.

contenu fonctionnel de ces artefacts. Dans le premier cas, celui des remontages, le recours à la méthode impliquait de ne pas restreindre l’étude réalisée dans le cadre de ce travail uniquement à une partie de la série lithique récupérée dans le gisement ; dans le second, de la tracéologie, les résultats obtenus n’ont pas été concluants en raison des altérations observées sur les surfaces de la plupart des artefacts analysés comme nous l’avons dit précédemment.

• la morphologie et la dimension de ces enlèvements (voir Fig. 5.58) ; • la dimension de la hauteur et de la largeur des fronts actifs (Fig. 5.59). Pour les types transversaux, le rythme de débitage est semblable à celui des nucléus de type burin caréné. Le premier pan est formé, ici, par une troncature (N=3), une encoche (N=5) ou un bord abrupt d’éclat (N=3), qui jouent le rôle de plan de frappe (toujours préparé par abrasion), et la table est alors délimitée par les faces ventrale et dorsale de l’éclat. Celles-ci ne répondent pas à la moindre standardisation ni du point de vue de leur morphologie, ni en ce qui concerne leurs dimensions (Tableau 5.XVI), mais l’artisan cherche nettement la partie plus épaisse pour y installer la surface à exploiter. Si, dans la plupart des cas, les procédures techniques ne dépassent pas le stade de la préparation du futur plan de frappe, sur l’exemplaire numéro 1 de la Fig. 5.58, il a été possible de reconstituer une diachronie de gestes bien plus complexe. Ainsi, l’artisan a dû procéder à la mise en forme du bord distal de l’éclat (où il prétendait installer la table) par une retouche réalisée perpendiculairement à l’axe technologique du support et il a dû faire ensuite un premier enlèvement (une tablette lamellaire) qui a donné lieu à un réfléchissement. Le bord latéral à partir duquel cet enlèvement a été réalisé, a été préparé au préalable par une retouche envahissante inverse.

5.6.2.3. D’autres candidats pour des nucléus ? Il est bien possible que l’éventail des possibilités ne se confine pas aux seuls types que nous venons de décrire. En effet, au sein des burins transversaux (N=11 ; Tableau 5.XVI) et plans (N=2), étudiés dans le cadre de ce travail, six exemplaires qui auraient bien pu servir de nucléus se détachent (voir, par exemple, Fig. 5.58, nºs 1, 2, 3 et 4). L’hypothèse que ces pièces aient pu produire des supports pour la confection d’armatures s’appuie sur les arguments suivants : • le nombre d’enlèvements lamellaires observé, qui est identique ou supérieur à 3 par opposition aux autres exemplaires qui ne présentent qu’un seul négatif, lequel est souvent réfléchi25 ; 25

La dimension des négatifs réfléchis de trois des exemplaires est comparable à celle d’une esquille.

115

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 5.XVI – Areeiro III : attributs technologiques du support et du front des burins transversaux (d’autres candidats au titre de nucléus à lamelles?). LE SUPPORT

PARTIE ACTIVE /CARACTÉRISATION N

%

Type de Support

N

%

(le Front)

4

36.36

Localisation des enlèvements

éclat

11

100.00

Total

11

100.00

Absent

9

81.82

Partielle

1

9.09

Total

1

9.09

Talon (*)

Total

11

100.00

Lisse

4

36.36

Dièdre

1

Entier

10

90.91

Punctiforme

1

Fragment

1

9.09

Écrasé

1

Total

11

100.00

Calcination

État de Conservation

Cortex Absent

8

72.73

≤ 25%

3

27.27

Triangulaire

%

Triangulaire ≥ 90º

1

9.09

Partie Distale

7

58.33

Trapézoïdale

2

18.18

Partie Proximale

3

25.00

Trapézoïdale ≥ 90º

4

36.36

indéterminée

1

16.67

Total

11

100.00

Total

11

100.00

Droite à Gauche

4

33.33

9.09

Gauche à Droite

6

50.00

9.09

Indéterminée

1

16.67

9.09

Total

11

100.00

Orientation de l’axe de débitage

Retouché

3

27.27

Pas déterminé

1

9.09

Total

11

100.00

≥ 95%

0

0.00

Abrasion

Total

11

100.00

Absent

Mésial

2

66.67

Latéral

1

33.33

Entame

0

0.00

Morphologie/Bords (*)

Total

3

100.00

Parallèles Convergents

3

30.00

Divergents

Localisation du Cortex

Profil Droit

N

Section

10

Abrasion Absent

1

9.09

Présent

10

90.91

Total

11

100.00

100.00

Présent

-

-

Dimensions du support

M±σ

Total

10

100.00

Longueur

30,83±13,55

Largeur

28,02±6,54

Épaisseur

11,55±3,33

30.00

Indice d’allongement

1,19±0,52

1

10.00

Total (N)

10

1

10.00

Dimensions du Front

M±σ

Largeur

9,81±4,03

3

Courbe

3

30.00

Biconvexes

1

10.00

Torse

3

30.00

Concave/plan-convexe

0

0.00

Irrégulier

1

10.00

Irréguliers

4

40.00

Hauteur

18,90±8,15

Total

10

100.00

Total

10

100.00

Total (N)

11

La moyenne de la hauteur des tables (24,8±7,4mm) des cinq exemplaires, considérés comme des nucléus potentiels, est supérieure aux moyennes obtenues pour les nucléus décrits aux points précédents, mas s’insère dans les paramètres métriques de certaines armatures sur lamelles de burin documentées dans le gisement (voir Fig. 5.13).

La table de débitage du burin plan représenté sur la Fig. 5.58 (nº 4) a été installée à l’extrémité proximale du support (la plus épaisse) ; la progression du débitage (de type facial) a conféré à la table une morphologie triangulaire. Le plan de frappe a été préparé par l’enlèvement préalable d’un éclat (une encoche), il est néanmoins resté cortical. La surface de débitage est délimitée par une fracture longitudinale de l’éclat (naturelle ? volontaire ?) qui joue le rôle de flanc droit et, du côté opposé, par une série de petits enlèvements qui, tout le porte à croire, ont été réalisés afin de cintrer et configurer la morphologie de la table. Les négatifs qu’on peut observer dans la zone centrale sont parallèles convergents et semblent correspondre au type de lamelle que recherche l’artisan. Après trois tentatives qui ont abouti à des réfléchissements, le volume a été abandonné.

Il se peut que certains de ces artefacts aient eu, au départ, des fronts arqués dont la convexité s’est perdue en raison du rebroussement des enlèvements (ce qui constitue la cause de leur abandon).

Tout en cherchant à éviter de généraliser l’hypothèse nucléus à tout l’éventail de burins présents dans l’échantillon étudié – le nombre réduit d’armatures qui ont pour support des lamelles de burin n’est pas compatible

Suite au premier réfléchissement, l’artisan a dû abandonner le projet initial et réorienter le sens du débitage à partir du bord latéral opposé, en tirant parti d’une concavité naturelle (une encoche) de l’éclat comme plan de frappe. Les enlèvements détachés sont irréguliers, mais à tendance subparallèle, et envahissent légèrement la face ventrale de l’éclat. Le volume a été finalement abandonné en raison, là aussi, du rebroussement des enlèvements.

116

Partie II – Areeiro III

Figure 5.58 – Areeiro III : pièces de type burin transversal (1, 2 et 3) et plan (nº 4). D’autres candidats à nucléus ? Dessins F. Boto.

Figure 5.59 – Areeiro III : burins transversaux : des nucléus à lamelles (cercles gris) ? Les exemplaires 6, 7, 9 et 11 présentent un seul négatif, lequel est réfléchi (raison de l’abandon ?).

de burin caréné26, il en existe d’autres, sur lamelles de burin plus robustes et de dimensions supérieures, qui pourraient bien avoir été fabriquées à partir, par exemple, du burin dièdre déjeté représenté, sous le numéro 5, sur la Fig. 5.60. D’autres, également à dos profond et sur lamelles de burin,

avec cette hypothèse (N=24) – on ne peut pas pour autant omettre de la discussion d’autres exemplaires qui montrent des négatifs d’enlèvements susceptibles de correspondre au détachement de supports en vue de la fabrication d’armatures (voir quelques exemples sur la Fig. 5.60 ; Tableau 5.XVII). Si l’écrasante majorité des barbelures à dos marginal et bordé ont pour support des lamelles produites à partir de nucléus en forme de grattoir caréné et

26

Et des formes associées (grattoir à museau ou à épaulement, burin busqué ou Vachons).

117

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.60 – Areeiro III : burins. 1. plan ; 2. sur troncature ; 3. dièdre déjeté ; 4. d’angle sur fracture ; 5. burin dièdre. Dessins F. Boto.

pourraient correspondre à l’enlèvement du coup de burin représenté, sur la même figure, sous le numéro 4.

ne diffèrent pas globalement des normes morphologiques, techniques et dimensionnelles, observées dans le cadre de l’échantillon étudié ici. Les deux études concluent que les supports qui ont servi de nucléus pour la production de barbelures ont été peu transformés après leur débitage.

Ainsi, étant donné qu’il existe quelques barbelures, sur lamelles de burin, dont les caractéristiques morphologiques et dimensionnelles s’ajustent aux négatifs des enlèvements observés pratiquement dans tout l’éventail des burins documentés dans le gisement, la participation de ce groupe d’artefacts au processus de production de supports doit être nécessairement prise en compte dans cette analyse. Tel que mentionné plus haut, à propos des nucléus en forme de grattoir et burin carénés, il semble évident que les volumes dont les caractéristiques garantissent, à priori, une plus grande productivité, ont dû jouer le rôle de nucléus dès le départ, alors que d’autres, dotés d’un potentiel moins élevé, ont dû être convertis en outils et leurs résidus de fabrication exploités pour en faire des supports d’armatures.

5.7. L’étude de la série lithique : l’outillage commun Bien que l’objectif de ce travail se centre sur l’ensemble « armatures » (types et modalités de fabrication), tous les outils récupérés dans les unités de fouille sélectionnées dans le cadre de cette étude, ont été également pris en compte dans l’analyse, toutefois sous une forme plus abrégée. L’insertion de ces artefacts dans la discussion est fondamentale pour l’essai de caractérisation palethnologique du site. Il a déjà été dit que, partant des supports produits au cours des opérations de taille, l’artisan sélectionne ceux qui offrent un plus grand potentiel pour détacher des lamelles. Cette constatation ne présuppose pas, bien entendu, que le processus de débitage soit aléatoire : l’artisan a un projet en tête, la fabrication d’armatures en pierre est nettement centrale, mais il s’y glisse aussi d’autres exigences techniques. Et l’éventail d’outils est varié. Le plus grand défi qui se pose ici est de savoir si leur présence au sein de la série lithique a un lien ou non avec cet objectif central.

Ce raisonnement admet donc que des schémas distincts de production de supports lamellaires aient pu être adoptés, ce qui contraste nettement avec la normalisation des procédures techniques simples pratiquées par l’artisan. C’est au sein des nucléus de type grattoir caréné (carinated scrapers) qu’ont été produits, d’après N. Bicho, les Dufour bladelets documentés à Areeiro III (les burins carénés – laterally carinated scrapers sont inclus dans ce groupe). Étant donné que, dans cette étude, seules 29 armatures ont été étudiées, l’hypothèse qu’il existe d’autres types de burins susceptibles de donner également naissance à des supports destinés à des armatures, n’a pas été envisagée. Les résultats de l’analyse du groupe de grattoirs épais (carénés, à museau et rabots) réalisée par ce chercheur,

5.7.1. Lamelles à retouches partielles Il s’agit de 18 pièces qui présentent un bord ou les deux, modifiés par retouche. Leurs caractéristiques se détachent nettement de l’ensemble des barbelures 118

Partie II – Areeiro III

Tableau 5.XVII – Areeiro III : caractérisation du support et des enlèvements des burins sur troncature droite (N=1), concave (N=1), convexe (N=1); dièdre déjeté (N=4) et d’angle sur fracture (N=3). d’autres burins Le Support

N

(continuation)

%

Type de Support

N

%

4

44.44

Profil

éclat

9

90.00

Droit

lame

1

10.00

Courbe

3

33.33

Total

10

100.00

Torse

1

11.11

Irrégulier

1

11.11

5

50.00

Total

9

100.00

Calcination Absent Total

5

50.00

Talon

Total

10

100.00

Lisse

2

22.22

Écrasé

2

22.22

Entier

7

70.00

Fracturé

3

33.33

Fragment

3

30.00

Punctiforme

2

22.22

Total

10

100.00

Total

9

100.00

État de Conservation

Cortex

Abrasion

Absent

6

60.00

Absent

7

100.00

≤ 25%

3

30.00

Total

7

100.00

25-74%

1

10.00

Morphologie des Bords (*)

Total

10

100.00

Parallèles

5

55.56

Convergents

2

22.22

Localisation du Cortex Mésial

2

50.00

Biconvexes

1

11.11

Latéral

2

50.00

Irréguliers

1

11.11

Total

4

100.00

Total

9

100.00

Dimensions

M±σ

Section Triangulaire

2

22.22

Longueur

29,18±7,62

Trapézoïdale

3

33.33

Largeur

24,53±11,96

Trapézoïdale ≥ 90º

2

22.22

Épaisseur

8,81±2,53

Irrégulier

2

22.22

Indice d’Allongement

1,34±0,60

Total

9

100.00

Total

9

Les enlèvements de coup de burin Localisation

Dimensions

M±σ

Distal droite

2

20.00

Distal gauche

6

60.00

Hauteur

20,27±9,14

Proximal droite

1

10.00

Largeur

7,34±3,61

Proximal gauche

1

10.00

Total

9

ne doivent pas dépasser 30 exemplaires, en conjuguant les données de ce travail avec celles de N. Bicho, 2000).

présentées dans les chapitres précédents. La principale différence concerne leurs dimensions – elles sont surtout plus épaisses (M=2,89±1.22) et plus larges (8.91±2.56 ; Tableau 5.XVIII), mais également le type de retouche qui leur a été appliquée (Tableau 5.XIX) : un denticulé (N=3), une encoche (N=5), des retouches partielles ou totales (N=8), une troncature (N=2). Les supports n’ont pas été produits dans le cadre des mêmes schémas de débitage que les barbelures à dos marginal, bordé et profond, à savoir, à partir de nucléus de type grattoir et de type burin. Le plus probable est qu’ils correspondent à des lamelles détachées (et ensuite utilisées) au cours du même processus de production que celui des éclats qui ont abouti aux nucléus destinés aux barbelures. Leur présence au sein de la série lithique est très réduite (ils

5.7.2. Grattoirs minces Il s’agit de 22 pièces qui ont un éclat pour support (Types 1b, 3, 8, 10 et 14a ; Zilhão, 1997a)27. Elles présentent des fronts minces (M=4,42±1,62 ; Tableau 5.XX), obtenus par retouche directe dans environ 73% des cas, généralement larges (M=20,30±6,4) et à délinéation convexe. Leur principale différence par rapport aux nucléus de type 27

Grattoir simple (N=4, un sur éclat retouchée), sur éclat (N=10), unguiforme (N=3, un double), plat à museau (N=3) ou à épaulement (N=2).

119

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 5.XVIII – Areeiro III : caractérisation du support des lamelles à retouches variées. (1) - inclut les pièces entières, les fragments mésiaux, proximaux/mésiaux et distaux/mésiaux; (2) - Ne concernent que les pièces entières; (3) inclut les pièces entières, les fragments proximaux et proximaux/mésiaux; (4) - inclut les pièces entières, les fragments distaux et mésiaux/ distaux.

D’autres lamelles retouchées Attributs Section (1)

N

%

(continuation) Enlèvements (org.) (2)

N

%

Triangulaire Triangulaire ≥ 90º Trapézoïdale Trapézoïdale ≥ 90º Irrégulière TOTAL

6 1 8 1 2 18

33.3 5.6 44.4 5.6 11.1 100.0

Parallèles Parallèles Convergents Bidirectionnels partir distal Irréguliers pas déterminé TOTAL

5 1 1 1 1 9

55.6 11.1 11.1 11.1 11.1 100.0

Droit Courbe Torse TOTAL Talon (3)

2 4 3 9

22.2 44.4 33.3 100.0

Partie Distal (4)

Lisse

2

18.2

6 3 2 2 13

46.15 23.08 15.38 15.38 100.0

Linéaire

6

54.5

Punctiforme TOTAL Abrasion (3)

3 11

27.3 100.0

Absent Présent TOTAL Dimensions M±σ

9 81.8 2 18.2 11 100.0 Longueur (N=9) 23,98±8,03

Profil (2) Diffuse Réfléchie Appointée Retouchée TOTAL Morphologie des Bords (2) Parallèles Convergents Concave/plano-convexe Irrégulière TOTAL Largeur (N=18) 8,91±2,56

3 33.3 2 22.2 2 22.2 2 22.2 9 100.0 Épaisseur (N=18) 2,89±1,22

grattoir épais réside dans leur plus petite épaisseur (tant du support que du front correspondant, par contre il n’existe pas de différences au niveau des moyennes des deux autres variables métriques) et la proportion plus réduite du cortex (ca 45%, contre 58% pour les grattoirs carénés et 68% pour les burins carénés). Dans l’ensemble des grattoirs répertoriés par N. Bicho (2000), la représentativité des pièces à fronts épais est 2,5 fois supérieure à celle des exemplaires qui ont des fronts minces (71% contre 29%).

méritent une attention particulière en raison de l’ambiguïté que peut susciter leur attribution typologique. Le numéro 1 présente un front légèrement en arc brisé, rappelant un grattoir ogival ; le numéro 2 peut correspondre à une pièce inachevée ou atypique : le front a été créé par deux encoches, toutes deux réalisées sur le bord gauche du support, mais n’est pas (encore ?) retouché ; le numéro 3 présente un front dégagé par deux encoches très profondes, bilatérales, rappelant un perçoir épais.

Ces grattoirs minces correspondent à des supports sélectionnés à différentes phases du même schéma de production, il a toutefois été constaté qu’il a été tiré davantage parti d’exemplaires qui associent des petites dimensions à l’absence de cortex (des pièces débitées très probablement au cours d’une phase plus avancée d’exploitation des nucléus). Le front, réalisé le plus souvent à l’extrémité distale de l’éclat (ca 60%), a tendance à tirer parti de toute la largeur du support, ce qui lui confère un contour circulaire. Il est très probable que les fractures latérales observées sur six de ces exemplaires (voir quelques exemples sur la Fig. 5.61) ont été produites au cours de leur utilisation. Parmi les grattoirs plats à museau et à épaulement, il existe trois exemplaires (Fig. 5.62) qui

5.7.3. Perçoirs Il s’agit de 5 pièces qui ont un éclat pour support (voir Fig. 5.62) et qui présentent des vestiges corticaux dans 67% des cas, et d’une pièce supplémentaire dont le support est une lame à crête. Il n’existe pas de norme dans la façon d’obtenir la pointe : ce peut être par l’application de deux encoches profondes, soit directes (voir Fig. 5.62, nº 4) soit inverses sur un même bord du support ou sur les deux ; par des retouches unilatérales ou bilatérales directes, inverses (voir Fig. 5.62, nº 628) ou alternantes (voir Fig. 5.62, nº 5). Les 28

La pointe de ce perçoir a été créée par l’interception du talon et du bord distal retouché d’un éclat large et très court.

120

Partie II – Areeiro III

leurs caractéristiques morphologiques, techniques et dimensionnelles. La retouche est le plus souvent réalisée sur un des bords ou sur les deux (73% pour les encoches et 64% pour les denticulés), elle est parfois très profonde (voir quelques exemples sur la Fig. 5.63) et presque toujours directe (81% pour les encoches et 88% pour les denticulés).

Tableau 5.XIX – Areeiro III : caractérisation de la retouche des lamelles denticulées, à encoche et à retouches rectilignes, partielles ou totales (abruptes ou semi-abruptes). D’autres lamelles retouchées La retouche

N

%

distale

2

11.1

bord droit

9

50.0

bord gauche

4

22.2

deux bords

2

11.1

Localisation

indéterminé

1

5.6

TOTAL

18

100.0

directe

14

77.8

inverse

3

16.7

alterne

1

5.6

TOTAL

18

100.0

rectiligne

8

44.4

(en)coche

5

27.8

denticulé

3

16.7

irrégulière

2

11.1

TOTAL

18

100.0

Marginal

5

50.0

Bordage

1

10.0

Marginal + Bordage

2

20.0

Profonde

2

20.0

TOTAL

10

100.0

Total (1)

8

44.4

Partielle (2)

9

50.0

1+2

1

5.6

TOTAL

18

100.0

5.7.5. Pièces esquillées La principale question qui se pose concerne l’identité technologique proprement dite de ce groupe d’artefacts : à savoir, s’ils correspondent à des nucléus ou à des outils. L’analyse des 18 exemplaires documentés au sein de l’ensemble lithique étudié, semble plus concordante avec la deuxième hypothèse, il existe néanmoins une pièce dont les négatifs des esquillements produits sont compatibles avec la morphologie et les dimensions des supports qui ont donné naissance aux petites barbelures lithiques documentées dans le gisement (Fig. 5.64, nº 2).

Position

Délinéation

L’artisan positionne la pièce en fonction de sa plus grande longueur, qui correspond généralement à l’axe technologique du support. Quand l’éclat est large, mais court, c’est la largeur qui est choisie. Les éclats qui servent de support sont, pour la plupart, non corticaux (78%) et après leur utilisation, ils présentent une forme (à tendance rectangulaire) et des dimensions assez standardisées (voir quelques exemples sur la Fig. 5.64)29. Dans 39% des exemplaires, des fractures latérales/parallèles, compte tenu du sens de la percussion, ont été observées. Les esquillements sont courts, ils affectent généralement les deux faces du support et se situent sur deux bords opposés (à l’exception de la pièce numéro 5 de la Fig. 5.64 qui présente des esquilles sur les quatre bords). Un des bords esquillés présente, généralement, un angle plus ouvert et plus entamé (bord percuté ?) que l’angle de l’extrémité opposée qui est plus aigu et plus coupant. Ces caractéristiques semblent mieux s’ajuster à un fonctionnement des pièces esquillées comme pièces intermédiaires (coins ? Le Brun-Ricalens, 2006), plutôt que comme nucléus. A noter en outre qu’aucune des armatures documentées dans le gisement ne présente d’attributs susceptibles d’être imputés au recours à la technique bipolaire. La seule lamelle produite à partir de cette modalité n’est pas retouchée. Que les esquilles présentes à Areeiro III ont servi également de barbelures est déjà une toute autre question, qui restera toutefois sans réponse : ce type de restes n’a pas été étudié, ni dans le cadre du présent travail, ni dans celui de N. Bicho ; et les pièces esquillées n’ont pas (encore) été observées selon une approche tracéologique.

Abatage*

Répartition

moyennes des trois variables métriques sont supérieures à celles de toutes les autres catégories d’artefacts présentées : 35,39mm pour la longueur ; 36,42mm pour la largeur et 10,70mm pour l’épaisseur. N. Bicho (2000) fait référence à trois pièces de ce type. 5.7.4. Encoches et denticulés Leur représentativité est élevée au sein de la série lithique étudiée dans le cadre de ce travail (N=48, pour les encoches et N=75, pour les denticulés ; Tableaux 5.XXI et 5.XXII), et leurs supports, très hétérogènes, ont été produits au cours de différentes phases de débitage des volumes de matière première. On enregistre néanmoins une plus grande exploitation d’éclats de plus grandes dimensions, plus robustes et qui associent des pourcentages, également plus élevés, de cortex (surtout dans les parties distales/ mésiales et latérales). En le conjuguant avec les données présentées par N. Bicho, ce groupe d’artefacts atteint 211 pièces. Les deux études convergent en ce qui concerne

5.7.6. Pièces et fragments de pièces à retouches variées La série lithique comporte encore un ensemble nombreux d’artefacts sur éclats, le plus souvent corticaux (58%), qui présentent sur un bord ou sur les deux des retouches 29

M±σ = Longueur (mm) : 26,07±6,45; Largeur (mm): 19,49±4,72; Épaisseur (mm): 7,71±2,05; Indice d’allongement (mm): 1,39±0,45.

121

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 5.XX – Areeiro III : caractérisation du support et du front des grattoirs minces. (1) Ne concernent que les pièces entières; (2) Inclut les exemplaires entiers et les fragments proximaux. Note : Si l’on ajoute les grattoirs qui ont des fractures latérales, le profil droit et la section triangulaire deviennent plus représentatifs. Grattoirs Minces

N

%

Type de Support

N

%

Section (1)

N

%

Localisation du front

éclat

22

100.00

Plate

4

36.36

Partie Distale (1)

13

59.09

Total

22

100.00

Triangulaire

4

36.36

Bord droit (2)

2

9.09

Triangulaire ≥ 90º

1

9.09

Bord Gauche (3)

5

22.73

Trapézoïdale ≥ 90º

2

18.18

2+3

1

4.55

11

100.00

Indéterminé

1

4.55

Cortical

4

22.22

Total

22

100.00

Calcination Absent

20

90.91

Total

2

9.09

Total

Total

22

100.00

Talon (2)

État de Conservation Entier

11

50.00

Lisse

7

38.89

Fragment

11

50.00

Dièdre

1

5.56

Position de la retouche du front

Total

22

100.00

Linéaire

1

5.56

Directe (1)

16

72.73

Punctiforme

1

5.56

Inverse (2)

5

22.73

1+2

1

4.55

Total

22

100.00

Cortex Absent

12

54.55

Écrasé

1

5.56

≤ 25%

7

31.82

Retouché

2

11.11

25-74%

1

4.55

Pas déterminé

1

5.56

75-95%

1

4.55

Total

18

100.00

≥ 95%

1

4.55

Abrasion (2)

Dimensions du support

M±σ

Total

22

100.00

Absent

16

88.89

Longueur (N=18)

27,23±7,10

Présent

2

11.11

Largeur (N=16)

18

100.00

Épaisseur (N=22)

7,44±2,52

Indice d’allongement (N=11)

1,26±0,24

Dimensions du Front

M±σ

Hauteur

4,42±1,62

Localisation du Cortex

25,04±6,88

Distal

2

20.00

Total

Proximal

4

40.00

Morphologie/Bords (1)

Mésial

2

20.00

Parallèles

3

27.27

Entame

2

20.00

Convergents

2

18.18

Total

10

100.00

Divergents

1

9.09

Biconvexes

2

18.18

Droit

9

81.82

Concave/plan-convexe

1

9.09

Courbe

2

18.18

Irréguliers

2

18.18

Largeur

20,30±6,4

Total

11

100.00

Total

11

100.00

Total (N)

22

Profil (1)

Il existe, en outre, 21 pièces dont le degré de fragmentation et de calcination empêche toute appréciation qualitative.

partielles (66%), en général, discontinues et peu profondes (N=78). Il se peut que bon nombre de ces pièces aient été utilisées à l’état brut (des outils a posteriori) et que la retouche ait été produite en cours d’utilisation. Il s’agit, dans ces cas, de retouches irrégulières, marginales et peu typifiées. Même dans les pièces restantes, le niveau d’investissement technique est assez réduit.

5.8. Compléments à l’étude : les éclats (types, dimensions et modes de production) Les résultats de l’analyse réalisée par N. Bicho concernant les caractéristiques techniques, morphologiques et dimensionnelles présentées par ce type de support révèlent un fort pourcentage de pièces non corticales (ca 61%). Ces dernières se caractérisent, de surcroit, par des dimensions plus réduites (compte tenu des trois variables métriques ; Tableau 5.XXIV), par comparaison aux exemplaires qui conservent encore tout ou partie de leur enveloppe corticale (ca 39%). Ce type d’éclats (non corticaux) présente, lui aussi, un pourcentage élevé de réfléchissements de l’extrémité distale (environ 18% ; Bicho, 2000). Bien que

Les supports présentent un profil majoritairement droit (59%) ou courbe (27%), une section triangulaire (58%) ou trapézoïdale (22%), un talon lisse (49%) ou cortical. La retouche est le plus souvent directe (54%), mais également inverse (34%), alterne ou alternante (12%). Ils présentent des dimensions inférieures à celles des encoches et des denticulés, mais il existe ici aussi une certaine variabilité dans les dimensions (Tableau 5.XXIII) et les morphologies présentées. 122

Partie II – Areeiro III

Figure 5.61 – Areeiro III : grattoirs minces sur éclat. Dessins F. Boto.

donc dû être rejetés par l’artisan quand il s’agissait de sélectionner les supports qui allaient être transformés en l’une ou l’autre des catégories d’artefacts susmentionnées. C’est donc parmi les éclats de dimensions supérieures aux vestiges encore corticaux (la plupart, en tous cas, présentent des pourcentages de cortex inférieurs à 25%) qu’ont été sélectionnés la majorité des supports transformés par les artisans de Areeiro III.

les supports qui présentent ces caractéristiques aient pu être détachés au cours des différents moments de la chaîne opératoire de production d’éclats, l’analyse des nucléus semble indiquer qu’ils ont été détachés principalement à un moment plus avancée de l’exploitation des volumes de matière première. Ils doivent donc correspondre à des tentatives très souvent ratées de prolonger le processus de débitage. Dans l’échantillon sélectionné pour la présente étude, aussi bien les outils que les nucléus qui ont un éclat pour support, montrent des dimensions supérieures à ces petits éclats (voir Tableau 5.XXIII) et associent souvent des restes corticaux (surtout dans les parties distal, latéral ou latéral/distal).

Dans l’échantillon lithique sélectionné dans le cadre du présent travail il a été observé 80 nucléus en silex dont les négatifs correspondent à l’enlèvement d’éclats. Le degré de fragmentation et l’altération due à la chauffe de 12 de ces exemplaires empêchent toute caractérisation, ces pièces ont donc été écartées de cette analyse.

Les éclats de plus petites dimensions sans cortex ont 123

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.62 – Areeiro III : grattoirs plat à museau et perçoirs. 1. grattoir plat à museau ou grattoir ogival( ?) ; 2. grattoir plat à museau (inachevé ?) ou éclat à deux encoches ( ?) ; 3. grattoir plat à museau ou perçoir épais ( ?) ; 4 et 5. perçoirs. Dessins F. Boto.

Les blocs ont été apportés sous la forme de galets anguleux présentant un cortex d’altération épais (parfois supérieur à 2mm) ou des vestiges d’un transport alluvial peu prononcé. Ces volumes ont été sûrement introduits dans le gisement sans avoir été préparés sur le lieu d’approvisionnement, car les séquences de taille sont représentées dans leur totalité (Bicho, 2000). Bien qu’il existe une grande variabilité quant à la couleur, à la texture et le type de cortex, la plupart des nodules de silex présentent une excellente aptitude à la taille (Fig. 5.65). Le débitage se fait par percussion directe à l’aide d’un percuteur de pierre dure et l’investissement dans la préparation des volumes est très réduit. A leur stade d’abandon, dû surtout à des accidents de type rebroussement et des inclusions ou géodes dans la matière première (voir, par exemple, le nº 1 sur la Fig. 5.66 et le nº 4 sur la Fig. 5.67), les nucléus présentent encore des vestiges corticaux dans la plupart des cas (76%), ainsi que des altérations thermiques des surfaces (30%), et des

morphologies à tendance quadrangulaire (la moyenne de l’indice d’allongement30 est de 1,08) ; quant à la moyenne du nombre de négatifs d’enlèvements par nucléus elle se situe entre 4 et 6 dans 58% des cas. Le processus de production peut être décrit de la façon suivante : l’artisan enlève la masse corticale, pas toujours complètement, là où il souhaite installer le plan de percussion. Ce dernier est lisse dans 69% des cas, toutefois, il n’a été observé de traces d’abrasion que sur 12 exemplaires (17,6%). L’artisan crée la surface de débitage à exploiter en enlevant les premiers éclats (des entames) dont il tirera parti, dans certains cas, pour les transformer en outils et en supports de nucléus à lamelles. La façon dont les volumes seront exploités ensuite, en vue de la production d’éclats, dépendra des contraintes 30

La longueur du volume a été mesurée en tenant compte de la surface de débitage principale.

124

Partie II – Areeiro III

Tableau 5.XXI – Areeiro III : caractérisation du support et de la retouche des éclats à encoche. (1) Ne concernent que les pièces entières; (2) Inclut les exemplaires entiers et les fragments proximaux et proximaux/mésiaux; (3) - inclut les pièces entières, les fragments distaux et mésiaux/distaux. Encoches

N

%

éclat

44

91.67

Plate

Lame

4

8.33

Triangulaire

16

50.00

Réfléchie

5

13.16

Total

48

100.00

Triangulaire ≥ 90º

4

12.50

Pointue

9

23.68

Trapézoïdale

7

21.88

Retouchée

9

23.68

Total

38

100.00

5

10.42

Type de Support

N

%

1

3.13

Section (1)

Calcination

%

15

39.47

Partie Distale (3)

Absent

44

91.67

Trapézoïdale ≥ 90º

1

3.13

Présent

4

8.33

Irrégulier

3

9.38

Total

48

100.00

Total

32

100.00

État de Conservation

N Diffuse

Localisation de la retouche Partie Distale (1)

Talon (2)

Entier

32

66.67

Cortical

12

31.58

Proximal

2

4.17

Fragment

16

33.33

Lisse

15

39.47

Bord droit (2)

17

35.42

Total

48

100.00

Dièdre

3

7.89

Bord Gauche (3)

14

29.17

Linéaire

2

5.26

2+3

4

8.33

Cortex Absent

16

33.33

Punctiforme

1

2.63

1+2

2

4.17

≤ 25%

18

37.50

Écrasé

3

7.89

1+3

2

4.17

25-74%

12

25.00

Retouché

2

5.26

Indéterminé

2

4.17

75-95%

2

4.17

Total

38

100.00

Total

48

100.00

Total

48

100.00

4

12.50

Absent

34

89.47

Directe (1)

39

81.25

Localisation du Cortex Distal

Abrasion (2)

Position de la retouche

Proximal

5

15.63

Présent

4

10.53

Inverse (2)

6

12.50

Mésial

3

9.38

Total

38

100.00

Alterne

2

4.17

Latéral

19

59.38

Indéterminé

1

2.08

Total

48

100.00

Indéterminé

1

3.125

Morphologie/Bords (1)

Total

32

100.00

Parallèles

4

12.50

Convergents

5

15.63

Dimensions du support

M±σ

16

50.00

Divergents

1

3.13

Longueur

37,77±12,35

Profil (1) Droit Courbe

10

31.25

Biconvexes

2

6.25

Largeur

28,96±8,55

Torse

2

6.25

Concave/plan-convexe

9

28.13

Épaisseur

11,15±4,71

Irrégulier

4

12.5

Irréguliers

11

34.38

Indice d’allongement

1,39±0,52

Total

32

100.00

Total

32

100.00

Total

32

2. soit ouvre un nouveau front de travail sur le dos (deux tables opposées), ou sur un des flancs (tables adjacentes) ; 3. soit étend l’exploitation à pratiquement toute la superficie du volume, en utilisant au moins trois plans de percussion (tables multiples qui servent soit de surfaces de débitage, soit de plans de frappe) ; 4. dans certains cas, et déjà en fin d’exploitation des volumes, des enlèvements centripètes sont réalisés à l’extrémité d’un bloc qui conserve le dos cortical.

inhérentes à la matière première proprement dite. Si, dans une première phase, la taille est réalisée à partir d’un seul plan de percussion, selon une modalité de type frontal avec recul continu parallèle, en gardant le dos et les flancs corticaux ou dégrossis très superficiellement, la fréquence des accidents de type rebroussement (soit du plan de percussion, soit de la table) va obliger à des changements successifs d’orientation de l’axe de débitage et va provoquer, par conséquent, des modifications de la géométrie des volumes, qui correspondent, très souvent, à des tentatives ratées de contourner des problèmes liés à la matière première. Ainsi, l’artisan :

La série lithique présente des nucléus abandonnés dans chacune des situations décrites précédemment (Tableau 5.XXV) et dont les morphologies peuvent être de type prismatique, informe, orthogonale ou discoïde ; ils ne correspondent pas à des phases distinctes qui se succèdent d’après l’ordre décrit précédemment, mais à des solutions

1. soit continue à exploiter la surface de débitage, à partir d’un plan de percussion opposé ou croisé, ce qui donne naissance à des enlèvements bidirectionnels ou croisés ; 125

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 5.XXII – Areeiro III : caractérisation du support et de la retouche des éclats denticulées. (1) Ne concernent que les pièces entières; (2) Inclut les exemplaires entiers et les fragments proximaux et proximaux/mésiaux; (3) - inclut les pièces entières, les fragments distaux et mésiaux/distaux. Denticulés

N

%

N

%

éclat

74

98.67

Plate

3

7.14

Lame

1

1.33

Triangulaire

16

Total

75

100.00

Triangulaire ≥ 90º Trapézoïdale

Type de Support

N

%

Diffuse

13

26.53

38.10

Réfléchie

3

6.12

2

4.76

Pointue

13

26.53

9

21.43

Retouchée

20

40.82

Total

49

100.00

Partie Distale (1)

10

13.33

1

1.33

Section (1)

Calcination

Partie Distale (3)

Absent

59

78.67

Trapézoïdale ≥ 90º

5

11.90

Présent

16

21.33

Irrégulier

7

16.67

Total

75

100.00

Total

42

100.00

État de Conservation

Talon (2)

Localisation de la retouche

Entier

42

56.00

Cortical

17

29.31

Proximal (2)

Fragment

33

44.00

Lisse

20

34.48

Bord droit (3)

19

25.33

Total

75

100.00

Dièdre

1

1.72

Bord Gauche (4)

22

29.33

Facetté

1

1.61

3+4

6

8.00

Absent

33

44.00

Linéaire

1

1.72

1+3

4

5.33

≤ 25%

28

37.33

Punctiforme

6

10.34

1+4

6

8.00

25-74%

11

14.67

Écrasé

4

6.90

2+3

1

1.33

75-95%

3

4.00

Retouché

3

5.17

2+3+4

1

1.33

Total

75

100.00

Indéterminé

5

8.62

Indéterminé

5

6.67

Total

58

100.00

Total

75

100.00

Cortex

Localisation du Cortex Distal

7

16.67

Abrasion (2)

Proximal

7

16.67

Absent

51

82.26

Directe (1)

66

88.00

Position de la retouche

Mésial

10

23.81

Présent

7

11.29

Inverse (2)

5

6.67

Latéral

18

42.86

Total

62

100.00

Alternante

1

1.33

Total

42

100.00

Morphologie/Bords (1)

Indéterminé

3

4.00

Parallèles

3

7.14

Total

75

100.00

Convergents

15

35.71

Dimensions du support

M±σ

Droit

22

52.38

Divergents

1

2.38

Longueur

35,00±12,56

Courbe

15

35.71

Biconvexes

7

16.67

Largeur

27,57±8,64

Torse

1

2.381

Concave/plan-convexe

9

21.43

Épaisseur

10,81±4,09

Irrégulier

4

9.524

Irréguliers

7

16.67

Indice d’allongement

1,36±0,49

Total

42

100.00

Total

42

100.00

Total

42

Profil (1)

qu’adopte l’artisan lorsqu’il est confronté à l’impossibilité de poursuivre la production de supports suite à des accidents de type rebroussement ou à l’apparition de géodes, par exemple.

multiples (23%), ce qui met en relief une différence, par rapport à ce qui a été observé dans la présente étude (24% et 41%, respectivement). Ce chercheur a en outre noté la présence de nucléus qui témoignent d’une exploitation mixte d’éclats et de lamelles (N=27), ces dernières ayant été produites au cours d’une phase dans laquelle les volumes, encore fonctionnels mais de petites dimensions, ne permettaient déjà plus le débitage d’éclats.

Ainsi, les éclats qui sont produits au cours de l’exploitation des volumes ont, tout naturellement, tendance à présenter une plus ou moins grande proportion de vestiges de revêtement cortical. L’étude réalisée par N. Bicho, sur un nombre supérieur de nucléus (N=186), a permis également de conclure qu’un pourcentage élevé d’exemplaires conservaient encore des vestiges corticaux à leur stade d’abandon (83%). Par contre, le nombre de nucléus à éclats (N=ca 150) qui documentent un seul plan de frappe est supérieur (51%) par comparaison avec ceux qui présentent des plans de frappe

Partant de ce que j’estime être l’objectif central des opérations de taille qui ont eu lieu à Areeiro III – à savoir, la fabrication de petites lamelles en vue de leur conversion en armatures par le biais de schémas de production qui impliquent surtout des nucléus de type grattoir et burin épais – et en associant à cet objectif les observations 126

Partie II – Areeiro III

Figure 5.63 – Areeiro III : encoches et denticulés. Dessins F. Boto.

réalisées sur de nombreux nucléus à éclats abandonnés dans une phase encore précoce du processus de débitage (dont le revêtement cortical est conservé ou partiellement conservé sur une superficie significative du volume), il est possible d’avancer les hypothèses suivantes :

dans de telles conditions ; en effet, l’apparition de géodes et le réfléchissement fréquent des enlèvements mettaient en péril la mise en œuvre de cet objectif ; 5. Les éclats moins épais produits encore à cette étape, mais toutefois moins robustes, et qui conservaient encore un revêtement cortical sur une partie significative de leur surface dorsale, ont dû être utilisés pour produire des denticulés, des encoches, des perçoirs et d’autres outils par le biais de retouches à morphologies diverses ; 6. la création, dans une seconde étape, de nouveaux fronts de travail sur le dos ou sur les flancs des nucléus à éclats, en cours d’exploitation (réorientation de l’axe de débitage due à des problèmes inhérents à la matière première), a dû également donner lieu à des supports qui ont été convertis dans les types d’outils mentionnés au point 5) ; 7. Les autres artefacts (grattoirs minces et certains burins, par exemple), de dimensions plus petites, dépourvus de

1. Ces volumes devaient présenter, à l’origine, des dimensions de l’ordre de 5 à 10cm de longueur maximum ; 2. Les modalités de production de lamelles exigeaient des éclats épais comme supports ; 3. L’objectif premier de l’artisan (compte tenu des points 1 et 2) devait être de produire, dès que possible (après la création de la première table de débitage), des éclats épais qu’il souhaitait convertir en nucléus à lamelles ; 4. Cette exigence ne devait pas être compatible avec une phase avancée du processus de réduction des volumes de matière première ou devenait plus difficile à concrétiser 127

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.64 – Areeiro III : pièces esquillées. Dessins F. Boto.

fragments de charbons de petite dimension. La datation d’un échantillon de charbons situe cette structure à 8570±130 BP (voir Fig. 5.3) ; • Structure 2 – située dans les unités A22 et A23 (Secteur 1 ; voir Fig. 5.3), dans une dépression causée par l’érosion des sables miocènes, et identique à la structure 1 du point de vue de sa forme et de ses dimensions, elle contenait toutefois de grands fragments de charbon emballés dans un sédiment noir. Elle a été daté de 8850±50 BP ; • Structure 3 – située dans les unités TIA et TIB (Secteur 1 ; voir Fig. 5.3), elle présentait un diamètre d’environ 50cm et une épaisseur variant entre 3 et 15 cm. Elle se caractérisait par une grande concentration de cailloutis et de petits fragments de charbon ; • Structure 4 – située dans le test TVIA (Secteur 2 ; voir Fig. 5.3) et constituée d’une concentration de cailloutis, elle ne formait toutefois pas une aire délimitée. Elle contenait une faible densité de vestiges matériels qui présentaient des caractéristiques distinctes de celles documentées dans les autres unités de fouille.

vestiges corticaux ou comportant des vestiges confinés à une zone plus restreinte du support, proviennent surtout d’éclats produits au cours d’une phase plus avancée du processus d’exploitation des blocs. 5.9. Caractérisation de l’occupation L’interprétation archéologique du contexte devra nécessairement se baser sur les caractéristiques de l’industrie lithique et sur les quatre structures de combustion identifiées dans ce lieu. Le site a été partiellement détruit par les activités d’extraction de sables ; la partie organique n’a pas résistée au passage du temps ; et les vestiges accumulés au cours des différents passages des groupes mésolithiques (voir Fig. 5.5) ont été disséminés dans une même enveloppe sédimentaire sans résolution stratigraphique. Le mode d’organisation spatial des restes constitue donc un important complément d’information dans l’essai de reconstitution fonctionnelle du contexte archéologique. D’après N. Bicho (1991, 2000), les structures de combustion ont dû jouer le rôle de pôles structurants des activités humaines mises en œuvre dans ce lieu : • Structure 1 – située dans le carré A24 (Secteur 1 ; voir Fig. 5.3), à la base de la séquence, elle tronquait le niveau de cailloutis sous-jacent et présentait un contour circulaire (d’environ 55cm de diamètre et 40cm d’épaisseur) et une section conique. Des sédiments, de couleur brune grisâtre, emballaient de nombreux

Les industries lithiques récupérées au sein de ces structures et dans les environs immédiats sont essentiellement les mêmes, N. Bicho (1991 ; 2000) a néanmoins découvert une certaine variabilité dans la fréquence de certains types d’outils, d’une zone à l’autre. Ce chercheur en a conclu que les vestiges avaient probablement été produits par le même groupe au cours de passages différents à Areeiro III : 128

Partie II – Areeiro III

Tableau 5.XXIII – Areeiro III : paramètres métriques concernant les différents types de supports transformés (outils et nucléus en forme d’outil). En gris, les deux plus grandes dimensions (Longueur, Largeur, Épaisseur et Allongement) présentés par chacune de ces catégories d’artefacts. On constate que les grattoirs carénés sont, parmi l’éventail de supports transformées, les plus épais; les denticulés et les encoches les plus longs et les plus larges; les pièces esquillées et les encoches, les plus allongés. A.C. Araújo

LONGUEUR

LARGEUR

ÉPAISSEUR

ALLONGEMENT

Grattoir Caréné

28,75±7,39

25,10±6,95

14,13±3,41

1,19±0,34

Grattoir épais à museau

32,00±6,69

25,40±7,64

13,10±3,76

1,38±0,57

Burin Caréné

31,62±6,36

20,18±4,77

10,53±3,90

1,62±0,40

Burin Transversal

30,83±13,55

28,02±6,54

11,55±3,33

1,19±0,52

Burin 3

29,18±7,62

24,53±11,96

8,81±2,53

1,34±0,60

Grattoirs Minces

27,23±7,10

25,04±6,88

7,44±2,52

1,26±0,24

Denticulés

35,00±12,56

27,57±8,64

10,81±4,09

1,36±0,49

Encoches

37,77±12,35

28,96±8,55

11,15±4,71

1,39±0,52

Pièces Esquillées

26,07±6,45

19,49±4,72

7,71±2,05

1,39±0,45

Pièces Retouchées

28,25±8,13

24,90±9,27

7,25±3,23

1,25±0,47

N. Bicho

LONGUEUR

LARGEUR

ÉPAISSEUR

ALLONGEMENT

Thick endscraper

27,8±7,27

24,6±7,36

13,9±3,95

-

Burins

29,9±8,90

26,0±8,88

11,9±3,9

-

Thin endscrapers

28,5±8,03

23,9±6,59

9,8±4,28

-

Denticulated pieces

36,1±10,80

31,6±8,43

10,9±3,87

-

Notches

32,9±12,00

29,9±9,49

11,2±4,88

-

“Since the artifacts are very homogeneous, with the exception of different frequencies of certain tool types in the different areas likely corresponding to different activity areas, it is probable that the same group reoccupied the site over time” (Bicho, 2000, p.79).

Tableau 5.XXIV – Areeiro III : paramètres métriques des éclats bruts par rapport au pourcentage de cortex représenté.

Les différences découvertes par ce chercheur concernent le nombre élevé de grattoirs documentés dans le secteur 1 (N=188 ; soit 31,97% du nombre total d’outils)31 par comparaison avec leur représentation dans le secteur 2 (N=83 ; 18,82%). Dans les deux secteurs, toutefois, les types épais (carénés et à museau ou à épaulement) prédominent nettement au sein de cette catégorie d’artefacts (N=140, 74,47%, Secteur 1 ; N=53, 63,86%, Secteur 2) et correspondent, comme N. Bicho l’a suggéré en premier lieu, à des nucléus destinés à la production de petites barbelures. Quant à ces dernières, elles sont représentées par un effectif bien supérieur dans le Secteur 2 (N=58, 14,94% ; par rapport à N=19, 4,24% dans le secteur 1)32, en particulier dans le Test VI (N=19), où le foyer 4 a été fouillé. En termes de pourcentages, l’outillage de type domestique présente une distribution assez semblable dans

Éclats bruts

Dimensions

Cortex

N

%

Longueur

Largeur

Épaisseur

Absent

682

60.62

21,3±7,3

20,7±6,9

4,5±3,01

≤ 25%

221

19.64

25,2±8,84

23,2±7,14 5,9±3,48

25-75%

92

8.18

28,3±11,18 25,2±9,99 7,4±3,61

≥ 76%

130

11.56

27,8±11,06 24,8±9,11 6,8±4,75

Total

1125

100.00

-

-

-

les deux secteurs, avec quelques variations ici et là mais sans signification archéologique ; en termes d’effectif, le Secteur 1 présente un nombre supérieur (le rapport est de 1 à 0,67). L’analyse, effectuée dans le cadre du présent travail, de toutes les armatures récupérées dans le gisement (Fig. 5.68) montre une distribution en quelque sorte asymétrique, compte tenu de leur représentation par carrés, la concentration est néanmoins très supérieure dans le Secteur 2 (72%). Curieusement, une seule structure de combustion a été documentée dans ce secteur (Test VI) et elle se situe dans une zone plus éloignée et sans continuité latérale par rapport aux autres carrés (à environ 4m de la rangée A et à 7m des rangées B et C ; voir Fig. 5.3). Dans le Secteur 1, où trois foyers ont été documentés (deux

31

Les chiffres et les pourcentages présentés dans ce point, ont été obtenus à partir de l’inventaire de l’industrie lithique à Areeiro III, présenté par N. Bicho (2000) : annexes (p. 367, 368 et 369, pour les outils; tableaux 31, 32 et 33 pour les nucléus). 32 Les pourcentages ont été obtenus en fonction du total de l’outillage de chaque secteur, à l’exclusion des grattoirs épais/nucléus

129

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.65 – Areeiro III : nucléus à éclats. Des exemples pour observer l’enveloppe cortical, les dimensions des volumes, et le type et contraints de l’exploitation. Photos J.P. Ruas.

Figure 5.66 – Areeiro III : nucléus à éclats. Des exemples pour observer l’enveloppe cortical, les dimensions des volumes, et le type et contraints de l’exploitation. Photos J.P. Ruas.

Figure 5.67 – Areeiro III : nucléus à éclats (nºs 1, 2 et 3) et à lamelles (nº 4, carré non étudié). Ce denier nucléus, sur galet peu roulé, semble avoir produit des lamelles, dès le début, (abandonné trop tôt après le rebroussement des enlèvements). Photos J.P. Ruas.

130

Partie II – Areeiro III

Tableau 5.XXV – Areeiro III : caractérisation des nucléus à éclats ; PF = Plan de Frappe. Nucléus à éclats

1 PF

2 PF

3 PF

TOTAL

N

%

N

%

N

%

N

%

Cortical

5

31.25

7

29.17

8

28.57

20

29.41

Lisse

11

68.75

16

66.67

20

71.43

47

69.12

PLAN DE FRAPPE

Facetté

-

-

1

4.17

-

-

1

1.47

Total

16

100.00

24

100.00

28

100.00

68

100.00

Cortical

9

56.25

15

62.50

8

28.57

32

47.06

Surface naturelle non corticale

1

6.25

3

12.50

2

7.14

6

8.82

Négatifs d’enlèvements

5

31.25

1

4.17

2

7.14

8

11.76

DOS

Table

-

-

2

8.33

8

28.57

10

14.71

Plan de Frappe

-

-

-

-

1

3.57

1

1.47

Irrégulier

1

6.25

3

12.5

7

25.00

11

16.18

Total

16

100.00

24

100.00

28

100.00

68

100.00

PARTIE DISTALE Cortical

5

31.25

8

33.33

6

21.43

19

27.94

Surface naturelle non cortical

7

43.75

4

16.67

1

3.57

12

17.65

Surface d’éclatement

3

18.75

2

8.33

2

7.14

7

10.29

Table

-

-

1

4.17

8

28.57

9

13.24

Plan de Frappe

-

-

3

12.50

2

7.14

5

7.35

Irrégulière

1

6.25

6

25.00

1

3.57

8

11.76

Indéterminée

-

-

-

-

8

28.57

8

11.76

Total

16

100.00

24

100.00

28

100.00

68

100.00

1

16

100.00

18

75.00

-

-

34

50.00

2

-

-

6

25.00

5

17.86

11

16.18

NBR TABLES

Multiples

-

-

-

-

23

82.14

23

33.82

Total

16

100.00

24

100.00

28

100.00

68

100.00

Opposées

-

-

2

33.33

2

7.14

4

11.76

Adjacentes

-

-

4

66.67

3

10.71

7

20.59

Successives

-

-

-

-

23

82.14

23

67.65

Total

-

-

6

100.00

28

100.00

34

100.00

Circulaire

12

75.00

5

20.83

10

35.71

27

39.71

Carré

2

12.50

11

45.83

7

25.00

20

29.41

Triangulaire

1

6.25

3

12.50

1

3.57

5

7.35

Irrégulière

1

6.25

5

20.83

10

35.71

16

23.53

Total

16

100.00

24

100.00

28

100.00

68

100.00

RAPPORT ENTRE TABLES

SECTION

DIMENSIONS Longueur

36,36±9,17

34,22±10,19

41,44±9,59

37,70±10,11

Largeur

37,69±9,08

35,01±7,80

37,01±9,99

36,46±8,99

Épaisseur

20,27±6,81

21,48±8,20

25,44±7,60

22,83±7,86

Poids

31±20,79

29±20,57

47±36,60

36±29,23

localisés dans des carrés adjacents A22/A23 et A24 ; voir Fig. 5.3), il semble exister une tendance, toutefois pas très prononcée, à une plus grande représentation de barbelures au sein des structures ou dans les environs immédiats.

Il est difficile d’évaluer jusqu’à quel point les différences entre ces deux secteurs, en ce qui concerne la proportion de ces deux types d’artefacts (grattoirs et armatures), sont révélatrices de la pratique d’activités distinctes (fabrication 131

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 5.68 – Areeiro III : répartition des armatures par Carré (1m2) et par rapport aux structures de combustion fouillés dans le gisement (en couleur rose-violet). Ce schéma, plutôt diacritique, ne reproduit pas les distances réelles entre les carrés (pour y savoir, comparer avec la Fig. 5.3).

d’armes dans le secteur 2 ? ; production de supports, dans le secteur 1 ?), ou si elles sont le fruit de circonstances variées (ainsi, par ex., il n’existe pas de continuité entre les deux secteurs fouillés). L’éventuelle hypothèse d’explication, fondée sur l’existence d’épisodes distincts d’occupation mais pénécontemporains, différenciés aussi bien dans l’espace qu’en ce qui concerne le type d’activités produites, ne semble pas compatible avec les données archéologiques : la série lithique est cohérente ; il n’existe pas de fractionnement, du point de vue spatial, de la chaîne opératoire, mais seulement un déséquilibre (artificiel ?) dans la proportion de certains types d’outils dans l’un et l’autre secteur. L’application de la méthode des remontages aurait été fondamentale pour élaborer une réponse aux problèmes soulevés.

Pour soutenir l’argumentation, les paramètres statistiques suivants ont été utilisés (Zilhão, 1997a, p. 157, 161) : • (IP) Indice de production – sert à évaluer le poids relatif des activités de taille, mesuré par le ratio : nombre de nucléus/ nombre d’outils retouchés ; • (IPB) Indice de production de barbelures – sert à évaluer le poids relatif des nucléus spéciau (destinés à la production de barbelures) par rapport à la totalité des nucléus. Mesuré par le ratio : nombre de nucléus à barbelures/nombre total de nucléus * 100 ; • (IAL) Indice des activités logistiques – sert à évaluer le poids relatif des activités de chasse, mesuré par le ratio : nombre de barbelures/nombre d’outils domestiques. En ce qui concerne Areeiro III, ces calculs ont été obtenus à partir de l’inventaire général établi par N. Bicho (2000 ; voir également la note de bas de page 5.31), compte tenu des remarques suivantes :

Enfin, pour tester l’hypothèse la plus parcimonieuse sur le statut fonctionnel d’Areeiro III, quelques paramètres d’analyse liés à la représentation relative des nucléus, des outils domestiques et des armatures33 ont été pris en compte. Le poids relatif de ces catégories d’artefacts au sein de la série lithique constitue un indicateur important dans l’essai de caractérisation des activités mises en œuvre dans ce lieu (domestiques vs. cynégétiques) et, par conséquent, de la nature plus ou moins résidentielle de l’occupation. Et, c’est à ce stade, que se pose à nouveau la question soulevée en amont : jusqu’à quel point l’éventail d’outils présent dans le gisement fait ou non partie intégrante du cycle de production de l’armement de chasse du groupe mésolithique ?

• ont été considérés comme étant des outils domestiques34, les artefacts qui ont été utilisés, d’après ce que l’on croit, dans le cadre du travail de matières dures ou tendres d’origine animale ou végétale (viande, os, peau, bois) en excluant de ce groupe les types fonctionnellement ambigus (troncatures, outils-composites) d’après la proposition de J. Zilhão, 1997a ; les pièces esquillées dont les caractéristiques semblent s’ajuster davantage à un fonctionnement en tant qu’outil ont été néanmoins prises en compte (voir l’argumentation figurant au point 5.7.5) ; • ont été considérés comme étant des nucléus spéciaux, les artefacts de type grattoir ou burin épais (grattoirs

33

En se basant sur les critères d’analyse présentés par J. Zilhão, 1997a (Tableaux 4.2-4.7; Fig. 4.11-4.13) ainsi que sur les normes de comportement qu’il a documentées concernant le statut et la variabilité fonctionnelle des occupations du Paléolithique supérieur portugais.

34

Grattoirs minces; perçoirs, burins (à l’exception des types carénés), encoches, denticulés, racloirs et pièces à retouches variés.

132

Partie II – Areeiro III

carénés et à museau ou à épaulement ; burins carénés), en excluant les autres burins car, bien qu’ils puissent, et doivent, avoir produit des supports d’armatures (tel qu’argumenté au point 5.6.2.3), il ne serait possible de fonder leur fonctionnalité effective en tant que nucléus que sur l’analyse intégrale de la série lithique (dans une même optique) et en recourant, si possible, aux remontages – ce qui n’a pas (encore) été fait.

Tableau 5.XXVI – Areeiro III : Essai de caractérisation fonctionnelle d’Areeiro III. IP - Indice de production; IPB - Indice de production de barbelures; IAL - Indice d’activités logistiques. TN (Total de nucléus); OD (outillage domestique); NS (nucléus spéciaux, en forma de grattoir et burin épais); TB (Total de barbelures). Note: deux IAL ont été obtenus en tenant compte le nombre de barbelures compté par N. Bicho (1) et celui enregistré dans le cadre de la présente étude (2).

Les valeurs des ratios IP, IPB et IAL (Tableau 5.XXVI) suggèrent une occupation plus résidentielle pour Areeiro III, car elles se situent dans le Groupement 2 de J. Zilhão (1997a), défini à partir de l’analyse des ensembles lithiques du Paléolithique supérieur portugais :

TN

OD

TN/OD

399

649

0.61

NS

TN

NS/TN*100

192

399

48

TB

OD

TB/OD

IAL (1)

99

649

0.15

IAL (2)

136

649

0.21

IP IPB

« Le groupe 2 est composé par la grande majorité des collections analysées et correspond à celles dans lesquelles la quantité de nucléus est inférieure, égale, ou seulement légèrement supérieure à la quantité d’outils domestiques, et, à partir desquelles, il est possible de considérer que les activités de production ont dû être en équilibre avec les activités d’utilisation des dits outils ; c’est-à-dire que les occupations qui ont produit ces collections ont dû avoir une composante essentiellement résidentielle ; » (p. 164)

la fabrication d’instruments de chasse, les populations ont dû procéder à d’autres activités. L’étude tracéologique, qui pourrait apporter quelque lumière à plusieurs questions posées tout au long de ce chapitre, à été malheureusement interrompue et elle est restée très loin de son but. Les résultats, en tout cas préliminaires, suggèrent un pourcentage élevé d’altérations chimiques et mécaniques des surfaces observées (62%) et la présence de polis peu développés, et dans certains cas avec un degré d’incertitude raisonnable, liés au travail de matières tendres d’origine animale (Marina Igreja, com. pers.)

Les sites qui font partie de ce groupement comportent toute la chaîne opératoire de production lithique (acquisition, production, transformation et abandon), et il y a été constaté un équilibre entre la production d’artefacts, en général, et la consommation d’outils domestiques, en particulier (Zilhão, 1997a). Il existe, néanmoins, trois aspects qui peuvent contrarier cette interprétation fonctionnelle et la retourner en faveur d’un caractère plus spécialisé, ou mixte, pour Areeiro III : • la possibilité que les lamelles brutes aient effectivement servi de barbelures, étant donné leurs ressemblances formelles et métriques avec leurs congénères retouchées ; le ratio IAL serait ainsi surévalué ; • la possibilité que les burins aient servi de nucléus à lamelles (en vue de leur transformation en armatures) ; les ratios IP, IPB et IAL infléchiraient en faveur d’un caractère plus spécialisé (à savoir, logistique) pour ce gisement ; • la possibilité que les outils domestiques aient fait partie d’un cycle de production d’armement de chasse : la fabrication de manches en bois (par le biais de la coupe, du raclage, de la perforation, de l’incision de matériel végétal) sur lesquels auraient été attachées les petites barbelures. Les deux matières premières, silex et bois, constituaient des ressources ubiquistes et facilement accessibles à partir de l’endroit. L’interprétation mixte serait la plus confortable et celle aussi la moins sujette à erreur. Mais l’idée la plus marquante qui reste après la conclusion de cette étude est que la fabrication d’armatures a dû constituer l’une des plus importantes activités mises en œuvre dans ce lieu. Cette tâche pourrait avoir été exercée dans le cadre d’un campement habité de façon temporaire, où parallèlement à 133

0.0

1.6

proximale

distale

134

25.0

0.0

proximale

distale

0.0

6.2

0.9

2321

Outils

TOTAL (N)

Chute de burin

Nucléus

0.0

distale

Prép./nucléus

0.0

0.0

proximale

0.0

entier

Lamelle

0.0

entier

Lame

1.8

entier

2.2

3.6

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

25.0

0.0

2.0

1.5

1.5

4.4

96.8

90.2

100.0

0.0

100.0

100.0

100.0

0.0

50.0

100.0

96.4

98.5

96.7

95.2

0.1

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

585

112

9

0

12

6

22

0

4

6

245

68

388

847

17

N

3634

0.3

8.2

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

1.8

5.0

3.9

1.8

0.0

%

0.4

Éclats

0.0

%

Esquilles

100.0

%

0.0

Fragments

0.0

%

%

Catégories Technologiques

0.8

1.2

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.8

2.5

0.9

2.2

3.4

%

QZ

Qzi

Total

SECTEUR 2 AUT

QZ

Qzi

SL

SECTEUR 1

98.1

90.6

100.0

100.0

100.0

100.0

100.0

100.0

100.0

100.0

97.4

92.5

95.2

96.0

96.6

%

SL

0.8

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

%

AUT

371

85

11

3

17

15

64

1

3

17

492

40

435

2051

29

N

Total

2789

0.0

20.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

4.0

0.0

4.9

2.4

0.0

%

Qzi

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

3.0

2.4

3.2

1.8

0.0

%

QZ

TEST TVI

100.0

80.0

100.0

100.0

100.0

100.0

100.0

100.0

100.0

100.0

93.0

97.6

91.9

95.7

100.0

%

SL

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.1

0.0

%

AUT

71

10

8

9

55

37

92

7

5

8

393

42

344

1688

20

N

Total

8744

1027

207

28

12

84

58

178

8

12

31

1130

150

1167

4586

66

N

TOTAL

100

11.7

2.4

0.3

0.1

1.0

0.7

2.0

0.1

0.1

0.4

12.9

1.7

13.3

52.4

0.8

%

Annexe 5.A – Areeiro III : industrie lithique (par catégories technologiques) provenant des six mètres carrés sélectionnés par N. Bicho dans le cadre de son étude. QZI (quartzite) ; QZ (quartz) ; SL (silex) ; AUT (autres matières premières).

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Partie II – Areeiro III

Annexe 5.B – Areeiro III : répartition des supports allongés (de type lame ou lamelle) bruts et retouchés par classes de longueurs, largeurs et épaisseurs. Longueur

SUPPORTS ALLONGÉS BRUTS

ET RETOUCHÉS

Largeur

Épaisseur

Classes

N

%

Classes

N

%

Classes

N

%

≤ 6,99

0

0.0

≤ 2,00

0

0.0

≤1

27

8.0

7,00-11

10

4.1

2,01-4

44

13.1

1,01-2

192

57.1

11,01-15

79

32.5

4,01-6

134

39.9

2,01-3

66

19.6

15,01-19

71

29.2

6,01-8

96

28.6

3,01-4

19

5.7

19,01-23

31

12.8

8,01-10

20

6.0

4,01-5

17

5.1

23,01-27

20

8.2

10,01-12

19

5.6

5,01-6

5

1.5

27,01-31

14

5.8

12,01-14

9

2.7

6,01-7

3

0.9

31,01-35

2

0.8

14,01-16

1

0.3

7,01-8

3

0.9

35,01-39

1

0.4

16,01-18

2

0.6

8,01-9

2

0.6

39,01-43

3

1.2

18,01-20

3

0.9

9,01-10

1

0.3

43,01-47

2

0.8

20,01-22

3

0.9

10,01-11

1

0.3

47,01-51

3

1.2

22,01-24

2

0.6

-

-

-

51,01-55

1

0.4

24,01-26

2

0.6

-

-

-

55,01-59

2

0.8

26,01-28

1

0.3

-

-

-

59,01-63

3

1.2

28,01-30

0

0.0

-

-

-

≥ 63,01

1

0.4

-

-

-

-

-

-

TOTAL

243

100.0

TOTAL

336

100.0

Total

336

100.0

≤ 6,99

0

0.0

≤ 2,00

2

1.3

≤1

30

19.1

7,00-11

12

16.4

2,01-4

35

22.3

1,01-2

86

54.8

11,01-15

36

49.3

4,01-6

76

48.4

2,01-3

30

19.1

15,01-19

10

13.7

6,01-8

25

15.9

3,01-4

8

5.1

19,01-23

8

11.0

8,01-10

7

4.5

4,01-5

2

1.3

23,01-27

3

4.1

10,01-12

10

6.4

5,01-6

1

0.6

27,01-31

3

4.1

12,01-14

2

1.3

6,01-7

0

0.0

≥31,01

1

1.4

-

-

-

-

-

-

TOTAL

73

100.0

TOTAL

157

100.0

Total

157

100.0

Annexe 5.C – Areeiro III : paramètres métriques des armatures et des lamelles brutes présentés par Bicho, 2000 (organisé à partir des Tables 70, p. 229 ; 82, p. 241 ; 83, p. 242). Dufour Bladelet

Backed Microliths

Bladelets

M±σ

N

M±σ

N

M±σ

N

Longueur

13,1±3,18

-

21.08±8,57

29

21,9 ± 9,57

209

Largeur

4,9±1,28

-

5,8±2,36

29

8,4 ± 4,19

209

Épaisseur

1,4±0,51

-

2,2±0,96

29

3,1 ±2,33

209

135

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Annexe 5.D – Areeiro III : listage des pièces retouchées (organisé à partir de l’inventaire présenté par Bicho, 2000 – Appendix A – Preliminary tool typologies, p. 367, 368, 369). TOTAL TYPES

QZI

QZ

SL

SLB

AUT

TOT

%a

1

Grattoir simple

-

-

13

6

-

19

1.9

2

Grattoir atypique

-

-

6

3

-

9

0.9

3

Grattoir double

-

-

9

2

-

11

1.1

4

Grattoir sur lame retouché

-

-

5

0

-

5

0.5

5

Grattoir sur éclat

-

2

15

1

-

18

1.8

6

Grattoir circulaire

-

-

1

0

-

1

0.1

7

Grattoir unguiforme

-

-

5

0

-

5

0.5

8

Grattoir mince denticulé

-

-

1

0

-

1

0.1

9

Grattoir caréné

-

-

39

9

-

48

4.9

10

Grattoir caréné atypique

-

-

25

7

-

32

3.3

11

Grattoir caréné denticulé

-

-

14

2

-

16

1.6

12

Grattoir caréné latéralement

-

-

17

2

-

19

1.9

13

Grattoir épais à museau

-

-

68

9

-

77

7.9

14

Grattoir plat à museau/épaulement

-

1

9

0

-

10

1.0

15

Grattoir nucléiforme

-

-

0

1

-

1

0.1

16

Grattoir-Burin

-

-

4

0

-

4

0.4

17

Perçoir

-

-

3

0

-

3

0.3

18

Burin dièdre droit

-

-

4

1

-

5

0.5

19

Burin dièdre déjeté

-

1

1

1

-

3

0.3

20

Burin dièdre d’angle

-

-

10

1

-

11

1.1

21

Burin d’angle sur cassure

-

1

20

3

-

24

2.5

22

Burin dièdre multiple

-

-

6

0

-

6

0.6

23

Burin des Vachons

-

-

1

0

-

1

0.1

24

Burin busqué

-

-

4

0

-

4

0.4

25

Burin sur troncature droite

-

-

2

0

-

2

0.2

26

Burin sur troncature concave

-

-

2

1

-

3

0.3

27

Burin sur troncature convexe

-

-

2

1

-

3

0.3

28

Burin transversal sur troncature

-

-

1

2

-

3

0.3

29

Burin transversal sur encoche

-

-

4

1

-

5

0.5

30

Burin multiple sur troncature

-

-

0

1

-

1

0.1

31

Burin multiple mixte

-

-

2

0

-

2

0.2

32

Burin nucléiforme

-

-

1

1

-

2

0.2

33

Burin plan

-

-

7

3

-

10

1.0

34

Lame à dos

-

-

1

3

-

4

0.4

35

Microgravette

-

-

0

3

-

3

0.3

36

Pièce à troncature oblique

-

-

2

0

-

2

0.2

37

Pièce à troncature concave

-

-

2

1

-

3

0.3

38

Lame retouchée

-

-

8

1

-

9

0.9

39

Éclat retouché

-

2

86

7

-

95

9.7

40

Lamelle retouchée

-

-

4

2

1

7

0.7

41

Pièce à encoche

1

4

165

50

1

221

22.7

42

Pièce denticulée

2

-

78

16

1

97

9.9

43

Pièce esquillée

-

-

19

8

-

27

2.8

44

Racloir

-

1

15

9

-

25

2.6

45

Lamelle tronquée

-

-

1

1

-

2

0.2

46

Lamelle à dos

-

-

6

3

-

9

0.9

47

Lamelle Dufour

-

-

63

14

-

77

7.9

136

Partie II – Areeiro III

Annexe 5.D – suite TOTAL TYPES

QZI

QZ

SL

SLB

AUT

TOT

%a

Lamelle à coche

-

-

3

0

-

3

0.3

49

Lamelle denticulée

-

-

0

1

-

1

0.1

50

Trapeze

-

-

2

0

-

2

0.2

51

Lamelle à dos courbe

-

-

1

0

-

1

0.1

52

Lamelle à dos pointue

-

-

1

0

-

1

0.1

53

Lamelle pointue à double dos

1

-

0

0

-

1

0.1

54

Lamelle à double dos

-

-

1

0

-

1

0.1

55

Lamelle à retouche semi-abrupte

-

-

5

3

-

8

0.8

56

Heavy duty scraper (Hachereau)

1

1

0

0

-

2

0.2

57

Varia

-

-

9

1

-

10

1.0

Total

5

13

773

181

3

975

100.0

%b

0.5

1.3

79.3

18.6

0.3

100

48

137

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Annexe 5.E – Areeiro III : nucléus provenant d’autres carrés non étudiés dans la présente étude. Comme nous l’avons mentionné (Point 5.6.1), le nucléus nº 4 a pu donner naissance, par exemple, aux armatures géométriques. Dessins F. Boto.

138

6 Barca do Xerez de Baixo La région où se situe Barca do Xerez de Baixo (BXB) fait partie d’une vaste unité naturelle, dominée par la pénéplaine d’Alentejo, une surface plane érodée qui prolonge la meseta méridionale espagnole. Il s’agit de l’élément morphologique le plus important de la région sud du Portugal, situé à une altitude moyenne d’environ 200 mètres et interrompu ponctuellement par des reliefs résiduels, des reliefs tectoniques et de douces ondulations (Feio, 1947). Le site s’insère dans la zone dénommée Zona da Ossa Morena, l’une des grandes entités géographiques qui subdivise la Péninsule Ibérique. Le squelette de cette unité est formé de roches métamorphiques paléozoïques (schistes, micaschistes, amphibolites, marbres), de roches éruptives (granites, diorites, gabbros, porphyres) et de couvertures sédimentaires tertiaires. Le réseau hydrographique est bien encaissé, le fleuve Guadiana – au bord duquel se situe le site – constituant l’élément géomorphologique principal de la zone étudiée. Le territoire aux alentours de BXB montre que les principales dynamiques sur le paysage sont liées aux processus alluviaux, actifs au fond de la vallée du Guadiana et au niveau des rivières latérales (Angelucci, 2006). Ce cours d’eau constitue d’ailleurs l’élément fondamental pour la caractérisation du site, comme nous le verrons ci-après.

N-S, présente un comportement hydrique très irrégulier, semblable aux wadi d’Afrique du Nord et de la Péninsule Arabe, avec une alternance de débits très réduits en été et de crues catastrophiques en hiver et au printemps. Ces caractéristiques sont d’ailleurs bien documentées dans la séquence archéologique et sédimentaire fouillée. Le substrat de base est constitué de granodiorite gneissique, un corps éruptif intrusif dans les schistes paléozoïques, lesquels sont couverts par des formations cénozoïques composées d’argiles, de cailloutis et de grès marneux (Angelucci, 2006 ; Carvalhosa et Zbyszewski, 1991 ; Perdigão, 1980). Les travaux archéologiques réalisés entre 1998 et 2002 ont été conduits dans le cadre d’un projet de sauvetage du patrimoine archéologique qui était menacé par la construction du barrage d’Alqueva (Almeida et al., 2002 ; Almeida et al., 1999 ; Araújo et Almeida, 2003 ; EDIA, 1996 ; 1997). La zone occupée par le site formait une plate-forme légèrement inclinée vers le fleuve, entrecoupée latéralement par de petits cours d’eau, dont un, la rivière de Barca, entaillait le dépôt archéologique dans le secteur situé plus à l’Est. Dénommé au départ Horizonte Arqueológico Principal - Horizon archéologique principal (Araújo et Almeida, 2008), ce dépôt se trouvait à environ cinq mètres de profondeur, les sédiments surjacents ayant été retirés par des moyens mécaniques. L’intervention archéologique a suivi des stratégies et des échelles d’approche différentes en fonction des résultats produits et des délais prévus pour la clôture des vannes. Après le premier sondage de 1998 (Fig. 6.2), qui a permis de constater l’excellent état de conservation du site et de procéder à une évaluation de la séquence, une première zone de fouille a été ouverte en 1999 (Secteur 1, unités I-J/34-35 ; Fig. 6.2). Les travaux

6.1. Localisation, contexte géomorphologique et travaux archéologiques BXB, actuellement submergé par les eaux du barrage d’Alqueva, était implanté sur une terrasse alluviale située sur la rive droite du Guadiana (Terrasse T2, 10 à 15 mètres au-dessus de l’ancien lit du fleuve, Angelucci, 2006), sur le côté inférieur d’un méandre (Fig. 6.1). Ce cours d’eau, qui en territoire portugais suit une direction

Figure 6.1 – Localisation de Barca do Xerez de Baixo : A. À l’échelle du territoire ; B. Sur Carte Géologique modifiée d’après Angellucci, 2013 (a. Alluvions ; Q. Terrasses fluviatiles quaternaires ; SC. Cornéennes ; Sxm et S. Schistes ; γ∆ : Quartzodiorites) ; C. Son rapport avec le fleuve Guadiana.

139

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

se sont poursuivis en 2000, permettant d’identifier trois niveaux d’accumulation anthropique aux caractéristiques distinctes, compte tenu des modes d’organisation des vestiges qui y ont été documentés.

– ils n’en n’ont pas moins été fondamentaux pour comprendre l’énorme variété des mécanismes impliqués dans le processus de formation et d’altération des dépôts archéologiques et pour évaluer l’échelle de répartition spatiale et verticale des vestiges. En 2002, peu avant la submersion définitive de BXB par les eaux du Guadiana, il a encore été possible de procéder à une dernière campagne de travaux sur place. Le principal objectif de cette campagne a été le prélèvement, en bloc, du profil Nord du Secteur 1 (unités I-M/34-33), le plus emblématique de l’ensemble archéologique, non seulement en raison de la séquence mis à jour, mais également par suite de la variété typologique des structures de combustion qui y sont représentées (Fig. 6.3). Ce retour au Secteur 1, pour des motifs essentiellement patrimoniaux, a permis de confirmer les interprétations stratigraphiques obtenues au cours des campagnes de 1999 et 2000, rendant possible, en outre, de terminer la fouille de trois structures de

Les travaux dans le Secteur 1 ont confirmé l’énorme potentiel archéologique de BXB et ont renforcé la caractérisation in situ des occupations. Ce secteur devait d’ailleurs constituer le modèle anthropique de référence pour l’interprétation du site. Les autres secteurs de fouilles ont été ouverts dans les zones offrant un plus grand potentiel d’après les informations obtenues par la prospection géophysique. Ces secteurs ont été reliés par des tranchées de sondage mécanique (Fig. 6.2). Bien que les nouveaux secteurs fouillés en 2001 n’aient présenté ni le niveau de préservation ni la richesse en vestiges reconnus pour le Secteur 1 – lequel montrait des potentialités de reconstitution des espaces d’habitat

Figure 6.2 – Barca do Xerez de Baixo : localisation des secteurs fouillés.

Figure 6.3 – Barca do Xerez de Baixo : profil Nord (Secteur 1) et dessin schématique, en plan, du processus de fouilles en vue de son transfert vers un lieu d’exposition.

140

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

combustion présentes dans ce même profil, dont seule la partie Sud était connue jusqu’alors.

Les principaux évènements d’érosion et de sédimentation peuvent être ainsi attribués à des phases critiques que l’espace a subies à l’occasion des plus grandes inondations du Guadiana.

6.2. Sédimentation et processus de formation et d’altération des dépôts archéologiques

Si ce fleuve est à l’origine du plus grand apport sédimentaire, ses caractéristiques internes – dynamique de circulation des eaux, à régime torrentiel, débordements fréquents de son lit – ont été responsables du transport et du dépôt de sédiments, de cailloutis et de matériaux archéologiques. Il a néanmoins été possible, et ce, à partir des informations de nature sédimentaire et archéologique (en particulier, en appliquant la méthode des remontages), d’individualiser et de comprendre l’origine et la portée des modifications subies par le site après son abandon. Ce sont précisément les secteurs de fouille situés plus au Sud, et donc plus proches du fleuve, qui ont le plus souffert des effets de son régime hydrique, surtout ceux liés au débordement fréquent de son lit au moment des crues. Le premier niveau d’occupation documenté dans le Secteur 2, par exemple, atteste bien une situation de ce genre. L’analyse conjuguée des diverses catégories de vestiges a permis d’établir une frontière approximative entre les zones plus ou moins affectées par l’action du Guadiana. Ce fleuve a dû atteindre le Secteur 2 durant une période où la surface d’occupation était encore exposée (ou peu enterrée), affectant surtout les zones situées plus vers le Sud et vers l’Est (carrés 52 et 53, niveaux 24 et 25), celles qui se situaient à des cotes inférieures étant donné la forte inclinaison des dépôts dans cette direction (Fig. 6.5). La structure de combustion D, ou ce qu’il en reste, a été ainsi démantelée mais pas entièrement détruite. Le secteur plus au Nord – voir les unités F, G 50 et G 51 – a été en quelque sorte épargné ; certaines activités développées à cet endroit, comme l’exploitation du bloc QZI-456, étant restées relativement intactes. Sa proximité d’une zone de concentration de roches thermoaltérées (unités F50 et F51) suggère que les deux évènements – la production d’éclats et la manipulation du feu – ont pu se produire parallèlement.

BXB est fortement lié au Guadiana. Ce fleuve a non seulement joué le rôle d’appel pour les groupes mésolithiques, mais il a également été le principal agent de sédimentation et d’érosion de l’endroit. La séquence est d’origine fluviatile et marquée par une grande homogénéité de texture et de coloration des sédiments. Les analyses micromorphologiques ont confirmé que les sables et les silts se sont accumulés sous l’effet de processus alluviaux de faible énergie, liés à l’expansion latérale du Guadiana. Les groupes mésolithiques s’étant directement établies sur les sables pendant les courtes périodes d’interruption de l’activité sédimentaire (Angelucci, 2006). Les vestiges produits au cours de ces séjours étaient rapidement et cycliquement enterrés par les eaux du Guadiana, pendant les crues, le fleuve étant le principal responsable de la destruction partielle des sols d’habitat. En dehors des éléments impliqués dans le processus de formation des sédiments – liés à l’accumulation de dépôts d’origine fluviatile et aux caractéristiques du substrat géologique (Fig. 6.4) – il en existe d’autres, de nature post-dépositionnelle, qui ont altéré les conditions originelles de sédimentation : l’érosion, par le Guadiana, des surfaces exposées (lors du débordement de ses eaux), et la formation de canaux de ravinement résultant de processus d’écoulement latéral le long des versants (suite à des pluies torrentielles). D’autres facteurs de nature post-dépositionnelle ont également contribué à l’histoire sédimentaire du site : une bioturbation accentuée et des changements dans la composition sédimentaire provoqués par la migration de matériaux, surtout d’argiles, à partir de la surface (Fig. 6.3). L’apport colluvionnaire est pratiquement nul et est circonscrit aux premiers niveaux de la séquence.

Figure 6.4 – Barca do Xerez de Baixo : présentation schématique de la dynamique sédimentaire.

141

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 6.5 – Tel que mentionné dans le texte, le niveau d’occupation fouillé dans le Secteur 2 présentait une inclinaison accentuée : les carrés situés dans la rangée Nord ont moins subi l’action des eaux du Guadiana, et les vestiges sont restés à peu près dans leur position d’origine (le remontage du volume QZI-456 en témoigne) ; les unités de fouille situées plus au Sud, et à un cote inférieure, ont nettement subi les effets des eaux du Guadiana : la structure de combustion D a été partiellement détruite (seule la partie protégée par des sédiments très compacts, en raison de l’action du feu, a été conservée). Photo J.P. Ruas.

Un autre aspect à prendre en considération dans le cadre de la présentation des processus de formation du site a trait à la configuration du substrat local. Les travaux de fouille ont montré que ce substrat est disposé en paliers. En effet, la granodiorite apparaît dans des positions et à des

altimétries différenciées et son irrégularité est à mettre en rapport avec les processus de météorisation (arénitisation) des roches granitoïdes (Angelucci, 2013). La configuration du substrat, ou les divers microreliefs présentés par le site de BXB au cours du temps, ont conditionné non seulement 142

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

les processus de sédimentation ultérieurs, particulièrement ceux en rapport avec la dynamique du fleuve, mais encore les stratégies humaines d’occupation de l’espace. Pour ces motifs, il n’est pas possible de se servir du critère altimétrique pour le test de corrélation de niveaux d’occupation provenant de secteurs distincts, comme nous le verrons au paragraphe suivant.

6.3. Stratigraphique et chronologie absolue D’après les données de la chronologie absolue (Tableau 6.I) et celles de la stratigraphie comparée (Fig. 6.6), le site de BXB a fait l’objet d’une occupation en mosaïque, sachant que l’espace a été occupé au moins au cours de quatre passages nettement distincts. L’étude de l’ensemble de vestiges – à l’aide d’un éventail diversifié d’outils méthodologiques, dont la méthode des remontages – et des processus de formation et d’altération du registre archéologique ont permis d’ébaucher un cadre d’interprétation possible sur les modes de fonctionnement synchrone et diachrone à BXB. Malheureusement, le nombre de datations absolues est réduit vu l’absence de collagène dans les os et l’exiguïté des charbons de bois susceptibles d’être datés. En effet, et bien que toute la zone

Le site reflète ainsi deux réalités distinctes mais toutefois complémentaires : l’une de nature environnementale, en rapport avec l’histoire du Guadiana et avec les processus de formation et d’altération du contexte sédimentaire ; l’autre de nature anthropique, liée à l’utilisation et à la mise à profit d’un espace et de ses potentialités par des groupes mésolithiques. En se conjuguant, ces deux réalités ont modelé un espace.

Tableau 6.I – Barca do Xerez de Baixo : Datations 14C. Nº Lab.

Secteur

Provenance

Contexte

Échantillon

Age BP

Cal BC 1σ Cal BC 2σ Observations

Beta-120607 S. 1998

1/P41/C2

Surface de combustion

C. de bois

8640±50

7670-7560

7870-7535

Éch. coordonné

OxA-13406

2

2/G53/2A/14

Structure A

Q. coccifera

8150±40

7287-7076

7312-7059

Éch. coordonné

OxA-13265

2

2/H53/2A/8

Structure A

E. arborea

8248±35

7448-7181

7451-7084

Éch. coordonné

OxA-13264

2

2/G52/2A/22

Structure A

E. arborea

8250±37

7448-7182

7451-7084

Éch. coordonné

OxA-13266

5

5/AS46/ - /231 Structure E

Q. coccifera

8729±36

7936-7652

7941-7604

Éch. coordonné

Figure 6.6 – Barca do Xerez de Baixo : stratigraphie mise à découvert dans chacun des secteurs fouillés.

143

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

présente de forts indices d’action du feu, la plupart des charbons se trouvaient déjà disséminés dans les sédiments.

L’individualisation de chacun de ces moments a été possible en recourant à une argumentation détaillée, dans la mesure où nous sommes en présence d’une matrice sédimentaire fine d’origine essentiellement alluviale. Pour ce motif, il était prévisible que, comme cela s’est effectivement avéré, chaque surface d’occupation montrât une certaine dispersion verticale des vestiges au sein du paquet de sédiments correspondant – un phénomène typique, du reste, dans les sites de plein air à granulométrie sableuse ou plus fine. En dépit de cette circonstance, il a été possible de restituer la cohérence stratigraphique du Secteur 1 et d’isoler des moments distincts de production des vestiges, en associant les divers types d’information et d’analyses de nature archéologique et géoarchéologique : les données recueillies sur le terrain (archéologie et sédimentologie) ; les modes d’organisation spatiale et verticale des restes et leurs conditions d’enfouissement ; l’application de la méthode des remontages à des artefacts lithiques et à des roches thermoaltérées ; l’analyse statistique (Fig. 6.8 ; Araújo et Almeida, 2007 ; 2008 ; Araújo et al., 2009).

Pour la présentation de la stratigraphie du site, il faut tenir compte au préalable des aspects suivants : 1. Aucun changement n’est intervenu ni dans les types lithiques représentés, ni dans les modes de fabrication de supports et d’outils tout au long des cinq séquences mis-au-jour. L’éclat est l’outil des artisans de BXB ; ce support est produit à partir de procédés simples qui s’adaptent à la morphologie des blocs de matière première disponibles localement. La faune ne présente pas non plus de variations ni du point de vue des espèces ni de celui des parties anatomiques représentées (Valente, 2008 ; 2013) ; 2. Tous les secteurs livrent des vestiges liés à la manipulation du feu ; 3. À l’exception du dernier niveau d’occupation identifié dans le Secteur 2 – représenté par un ensemble de céramiques attribuées au Néolithique final / Chalcolithique – tous les autres vestiges ont été abandonnés au cours du Mésolithique ancien ; 4. Du point de vue lithostratigraphique, il n’y a pas de différences significatives entre les cinq séquences fouillées. Les variations observées sont liées à une exposition plus ou moins grande aux agents érosifs, en particulier ceux qui dérivent de l’action du Guadiana, ainsi qu’aux modes de fonctionnement des communautés humaines qui s’y sont établies et à leur gestion de l’espace.

Les données de la micromorphologie indiquent, pour leur part, une grande homogénéité de l’ensemble du système sédimentaire (lequel est d’origine fondamentalement alluviale, avec des apports occasionnels du substrat et des versants), ainsi que de rares processus post-dépositionnels (pédogénétiques et diagénétiques, Angelucci, 2006). Les occupations humaines semblent avoir eu lieu sur des surfaces temporairement stables (sur des sols peu développés) et pendant de courtes périodes. Si les deux premiers horizons ne présentent pas de variations significatives quant au type, la densité et à la variété des vestiges qui y sont documentés (lithiques et fauniques), c’est dans leur mode d’organisation que réside la principale différence (Fig. 6.9). Alors que dans la SOS les restes apparaissent dispersés sur toute la surface – bien que l’application de la méthode des remontages ait démontré la présence de zones de taille bien définies, contrairement au comportement documenté pour les thermoclastes et les faunes – dans la SOM les vestiges sont nettement organisés autour ou au sein de structures de combustion, celles-ci opérant comme des pôles générateurs des activités qui y ont été développées. Quant à la SOI, elle semble avoir été circonscrite, ou seulement préservée, près des unités de

Dans ce paragraphe, nous nous contenterons de présenter la succession d’évènements identifiés dans chacun des secteurs fouillés (lecture verticale, ou les temps de BXB), en renvoyant au paragraphe 6.7 la discussion sur les relations d’ordre synchrone existant entre eux (lecture horizontale, ou les espaces de BXB). 6.3.1. Secteur 1 (voir Fig. 6.2 ; Fig. 6.6) Trois niveaux d’occupation ont été identifiés (Araújo et Almeida, 2013) : Surface d’occupation supérieure (SOS) ; Surface d’occupation intermédiaire (SOM) ; et Surface d’occupation inférieure (SOI) (Fig. 6.7).

Figure 6.7 – Barca do Xerez de Baixo, Secteur 1 : SOS : surface d’occupation supérieure ; SOM : surface d’occupation intermédiaire ; SOI : surface d’occupation inférieure. La séquence sédimentaire est très homogène et d’origine alluviale, elle s’est donc formée par l’action des processus cycliques d’inondation du fleuve Guadiana. Illustration G. Casella.

144

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.8 – Barca do Xerez de Baixo : l’application de la méthode des remontages et le recours à l’analyse statistique (relative à la dispersion spatiale et verticale des vestiges) se sont avérés fondamentaux pour l’évaluation de la stratigraphie du Secteur 1, notamment pour affiner et ajuster les observations réalisées et les hypothèses émises au cours des travaux sur le terrain (Araújo et Almeida, 2013). Photo J.P. Ruas.

Figure 6.9 – Barca do Xerez de Baixo, Secteur 1 : A. SOS : distribution des restes archéologiques dans les unités 34 et 35, où il a été procédé à la coordination tridimensionnelle de tous les objets. A noter, d’une part, l’énorme densité de vestiges et, de l’autre, une certaine anarchie dans leur distribution. Cet aspect n’est toutefois qu’apparent comme devait le démontrer, par la suite, l’analyse détaillée des éléments constitutifs des remontages de l’industrie de la pierre taillée. B. SOM : distribution de la totalité des vestiges coordonnés des unités 34 et 35. Comme on peut le constater, les vestiges se concentrent nettement autour des structures (Araújo et Almeida, 2013).

145

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

6.3.3. Secteur 3 (Fig. 6.2 ; Fig. 6.6)

fouille I-J/33-34, où se trouvait la Structure G. Les trois surfaces d’occupation présentent des caractéristiques typiques de contextes archéologiques in situ. Les niveaux inférieurs de la séquence sont stériles du point de vue archéologique.

La séquence fouillée dans ce secteur présente des caractéristiques semblables à celles qui viennent d’être évoquées, sachant toutefois qu’il a été identifié, en plus, deux niveaux de cailloutis et, à la base, le substrat rocheux. La stratigraphie comprend ainsi (Araújo et Almeida, 2003 ; 2008) :

6.3.2. Secteur 2 (Fig. 6.2 ; Fig. 6.6) Trois niveaux d’occupation ont été identifiés. Toute la séquence sédimentaire est homogène et composée de sables et de silts d’origine fluviatile présentant des signes clairs de bioturbation. Par ailleurs, des caractéristiques ont été documentées qui semblent indiquer l’existence d’altérations de nature post-dépositionnelle liées à la dynamique du Guadiana, lequel a dû atteindre ce secteur à plusieurs reprises, en particulier après l’accumulation des vestiges qui constituent le premier moment d’occupation (Araújo et Almeida, 2003). L’interprétation de chacun des contextes archéologiques du Secteur 2 s’est basée sur une analyse taphonomique minutieuse, orientée dans le but de comprendre et d’isoler ce qui a pu résulter de facteurs extérieurs, de nature post-dépositionnelle, ou d’options prises dans le cadre de la gestion fonctionnelle de l’espace par les groupes humains qui s’y sont établis. Il a été ainsi possible, et ce, en tenant globalement compte de l’ensemble des vestiges présents dans ce secteur (caractéristiques internes, conditions d’enfouissement et modes d’organisation spatiale et verticale des vestiges), de reconnaître l’existence d’une utilisation différenciée de l’espace, probablement à caractère fonctionnel, pour chacun des trois moments représentés dans la séquence :

• 3ème niveau d’occupation : défini par la présence de deux structures de combustion de type plan, in situ (Structures B et C), et éventuellement une troisième ayant des contours et des limites moins définis ; en dehors de ces installations, de rares artefacts lithiques et restes fauniques ont été trouvés ; les caractéristiques de ce contexte ont été interprétées comme correspondant à une aire d’activité restreinte ; • 1er et 2ème niveaux d’occupation : comprennent des matériaux transportés à partir d’autres lieux d’origine et redéposés postérieurement à cet endroit. Comme pour d’autres secteurs déjà décrits, l’évaluation de la stratigraphie du Secteur 3 a été effectuée en conjuguant différents types d’informations de nature archéologique et géoarchéologique (Araújo et Almeida, 2003 ; Araújo et Almeida, 2013). 6.3.4. Secteur 4 (Fig. 6.2 ; Fig. 6.6) Vu l’impossibilité d’établir, au cours des travaux de terrain, une diachronie au sein de l’ensemble des vestiges exhumés dans le Secteur 4, qui se trouvaient dans un paquet épais de sédiments (Fig. 6.10), nous avons utilisé un ensemble d’outils méthodologiques dont, en particulier, l’analyse de la répartition spatiale et verticale de tous les vestiges (y compris des blocs remontés), ce qui nous a permis de nous rapprocher davantage de la réalité archéologique. Cette option s’est révélée extrêmement utile puisqu’elle a démontré assez clairement la présence d’au moins deux moments distincts d’accumulation de vestiges et, en fin de compte, un certain ordre et une certaine cohérence dans leur organisation interne :

• 3ème niveau d’occupation archéologique : représenté par un ensemble de fragments de céramique attribués au Néolithique final/Chalcolithique très circonscrits du point de vue spatial et vertical. L’étude de ce contexte a permis de formuler le modèle d’interprétation suivant : il s’agit d’un évènement culturel à caractère épisodique, représenté par l’abandon anthropique d’un ensemble de 4 récipients (Diniz, 2013) à un moment où le lieu se trouvait sous l’influence des eaux du Guadiana, c’est-àdire, sur les bords du fleuve ; • 2ème niveau d’occupation archéologique : représenté par une structure de combustion datée de la chronozone boréale (Structure A), qui se trouvait pratiquement isolée (Fig. 6.6 ; Tableau 6.I). Ce contexte a été interprété – après l’analyse taphonomique – comme correspondant à une utilisation de l’espace à caractère fonctionnel restreint et complémentaire (très probablement du Secteur 1) ; • 1er niveau d’occupation archéologique : représenté par un ensemble diversifié de vestiges lithiques, fauniques et de combustion. Il s’agit d’une occupation plus polyvalente de l’espace, où des différents activités ce sont déroulés. Tel que nous l’avons mentionné, ce niveau d’occupation a subi les effets érosifs du Guadiana, sachant qu’il a toutefois été possible de reconnaître les limites et l’étendue des zones affectées, et de sélectionner les données du registre archéologique offrant un plus haut niveau de confiance.

• 2ème niveau d’occupation : il correspond à une accumulation de faible densité d’artefacts présentant des caractéristiques singulières. Il s’agit, en effet, d’un contexte unique fouillé à BXB où ont été identifiées, non seulement la même production macrolithique en quartzite et en quartz, mais aussi une stratégie de débitage spécifique pour la fabrication de petites lamelles en quartz hyalin. Ces matériaux présentaient une nette concentration spatiale et verticale. Ces niveaux ont également fourni certains, quoique très rares, thermoclastes non structurés et des esquilles d’os en très mauvais état de conservation ; • 1er niveau d’occupation : il constitue le prolongement vers le Nord-est du 1er niveau mis à jour dans le Secteur 2. Il présente des traces d’une intense activité thermique – visible non seulement dans les sédiments, mais également dans les restes lithiques et 146

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

semblables à celles observées dans le 3ème horizon d’occupation du Secteur 3, défini, rappelons-le, par la présence de trois structures de combustion ; • 1er niveau d’occupation archéologique : caractérisé par un ensemble de vestiges peu nombreux (thermoclastes et artefacts lithiques), qui se trouvait en position nettement secondaire. Le croisement des données archéostratigraphiques et lithostratigraphiques indiquent que BXB s’est formé à partir de deux apports fondamentaux : • celui du fleuve Guadiana, à l’origine de la sédimentation du lieu et des principaux évènements érosifs ; et • celui des groupes humains mésolithiques, responsables des vestiges découlant des activités qui y ont été développées. Les buts fonctionnels, les exigences techniques et le comportement hydrologique du fleuve ont déterminé, bien entendu, une gestion différenciée de l’espace disponible (Point 6.7). 6.4. Contenus archéologiques : technologie lithique Figure 6.10 – Barca do Xerez de Baixo : Interprétation des profils Nord et Est (Secteur 4) après la fin des fouilles. L’archéologie de cet horizon est contenue dans une même enveloppe sédimentaire, qui présente une forte inclinaison vers l’Est. Les études réalisées, par la suite, ont permis d’identifier deux moments distincts de production de vestiges et restituer l’ordre qui subsistait, en fait, au sein du dépôt archéologique. Illustration G. Casella.

La caractérisation des activités de taille a tenu compte de toutes les étapes du processus technique de fabrication. La préservation de certains des sols d’habitat justifiait, dès le début, la voie de la reconstitution des chaînes opératoires à partir de l’application de la méthode de remontages à tout l’ensemble lithique. 6.4.1. Méthodologies

fauniques – sans qu’aient toutefois été identifiées des zones de combustion structurées. Le quartz hyalin est, maintenant, complètement absent. L’ensemble des vestiges documenté sur ce niveau était emballé dans un sédiment sableux-argileux foncé, parfois très compact en raison de l’action du feu. L’analyse du comportement vertical des artefacts remontés (Araújo et Almeida, 2008 ; Araújo et Almeida, 2013 ; Araújo et al., 2009) a permis de circonscrire les limites de l’horizon archéologique et d’identifier des aires de taille. Tout comme le Secteur 2, le Secteur 4 a subi des processus d’altération pos-dépositionnelles. Mais même dans ces conditions, divers éléments semblent indiquer que certaines caractéristiques de l’espace d’habitat ont été conservées.

Les réponses aux questions posées au début de l’étude, concernant l’objectif et les modes de production de supports et d’outils à BXB, exigeaient de recourir à une didactique qui prévoyaient la reconstitution de la chronologie des gestes, à savoir, la connaissance de l’objet et de son histoire. Nous avons ainsi appliqué, de façon exhaustive, la méthode des remontages à tout l’ensemble lithique récupéré dans les cinq séquences fouillées et lorsque cela se justifiait, aux roches thermoaltérées. Au cours de ce processus, diverses voies ont été utilisées : par secteurs de fouille, par matières premières, par catégories technologiques, par modes de fragmentation, entre autres ; ces voies se recoupant ou ayant été modifiées d’après les résultats obtenus, positifs ou négatifs. Hormis les potentialités déjà énoncées de raffinement et de réévaluation des conditions d’enfouissement du site, cette approche méthodologique s’est avérée fondamentale pour caractériser les chaînes opératoires en présence. L’existence de moments distincts de production de vestiges (à savoir, d’une chronologie interne) n’a pas été prise en compte dans cette phase d’application de la méthode – autrement dit, les matériaux n’ont pas été organisés d’après ce critère – dans la mesure où l’un des objectifs visés était justement d’évaluer l’intégrité du site et de définir des modes de dispersion spatiale et verticale des vestiges.

6.3.5. Secteur 5 (Fig. 6.2 ; Fig. 6.6) Ce Secteur a été fouillé dans le but de récupérer une structure de combustion qui se trouvait partiellement exposée dans la coupe ouverte par le sondage mécanique. La séquence sédimentaire suit, dans les grandes lignes, la caractérisation effectuée pour les autres secteurs. La stratigraphie de ce contexte a été interprétée de la façon suivante : • 2ème niveau d’occupation : défini par la présence d’une structure de combustion de type plan (Structure E), à laquelle sont associés quelques artefacts lithiques. Les caractéristiques documentées dans ce contexte sont

Cette phase s’est révélée très longue en raison des facteurs suivants : 147

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Pour se prémunir contre l’éventualité que les résultats obtenus par le biais de l’application de la méthode des remontages n’embrassent pas la totalité de la variété technologique présente à BXB, il a été procédé, dans une seconde phase, à l’analyse de la totalité des éclats (entiers), des nucléus et des pièces retouchées qui n’avaient été remontés dans aucun des blocs reconstitués. Les éclats et les nucléus ont été analysés à partir des mêmes critères pris en compte dans l’analyse des remontages, conçues en tenant compte de la collection et de la problématique à l’étude (Tableau 6.III ; Fig. 6.12).

1. Le nombre élevé de vestiges lithiques (ca 38.000 pièces) ; 2. La grande uniformité des matières premières sélectionnées pour la taille et, simultanément, 3. L’hétérogénéité existant (du point de vue coloration et texture) au sein d’un même bloc ; 4. La présence d’altérations thermiques. En dépit de ces facteurs, l’application de la méthode a permis d’accéder, comme on le verra plus loin, à toute la diversité des chaînes opératoires de production lithique – aboutissant à une vision dynamique et globale des options techniques – même si le nombre de raccords (et, parfois, l’indice de réussite) est resté relativement en-deçà des prévisions. L’un des apports les plus significatifs de cette approche, et d’une certaine façon inattendu, a été de permettre de répondre à la question : qu’est-ce qu’un outil à BXB ?

Ce matériel non remonté a fait l’objet d’un inventaire par matières premières et par grandes catégories technologiques et, à l’intérieur de celles-ci, par modes de fragmentation, en respectant bien entendu le positionnement spatial et vertical de chaque pièce. La conjugaison des informations obtenues au cours de ces deux phases, ou ces deux types d’approche, a permis de dépister des erreurs éventuelles d’interprétation et d’évaluation de l’ensemble lithique. La présentation qui suit est structurée, comme on le verra, en fonction des principales phases de la chaîne opératoire de production lithique.

Chaque remontage – bloc et pièces remontés – a été analysé à partir d’une Fiche Individuelle de Remontage qui recense divers attributs de nature technique et quantitative. Les critères d’analyse ont été établis d’après l’information considérée comme décisive pour la caractérisation de l’industrie, et en fonction des questions de nature archéologique soulevées par le site (Tableau 6.II ; Fig. 6.11).

6.4.2. Approvisionnement et sélection des matières premières à BXB La première phase de la chaîne opératoire de production lithique est liée à la connaissance des sources d’approvisionnement et aux caractéristiques des roches sélectionnées pour la taille. Ces deux aspects dépendent bien entendu des objectifs fonctionnels visés, des activités développées sur le site et de la tradition technologique propre aux groupes. Il existe, d’autre part, des facteurs qui ont pu conditionner la production lithique : le temps disponible

L’analyse de la répartition spatiale et verticale de chaque remontage et des pièces remontés est venue renforcer la pertinence de l’application de la méthode à cette industrie, car elle a permis d’accéder à l’organisation de l’espace, nommément à la définition des aires spécifiques de taille, et, en corollaire, aux comportements qui y ont eu lieu (voir, par exemple, Fig. 6.8).

Figure 6.11 – Barca do Xerez de Baixo : A. Paramètres métriques établis pour les remontages (Photos J.P. Ruas) ; B. Paramètres de classification des éclats, par types, selon la localisation du cortex.

148

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Tableau 6.II – Critères d’analyse des remontages et indications correspondantes de nature technologique. (1) Toutes les pièces remontées, qu’il s’agisse de fractures ou d’accidents ; (2) Tous les artefacts remontés, sans tenir compte séparément des pièces qui collent entre elles (fragments d’un même artefact) ; (3) D’après les catégories suivantes (voir Fig. 6.11B) : éclat entame ; éclat partiellement cortical dont le cortex est situé sur la partie latérale ; éclat partiellement cortical dont le cortex est situé sur la partie latérale et distale ; éclat partiellement cortical dont le cortex est situé sur la partie distale ; éclat partiellement cortical dont le cortex est situé sur les deux parties latérales ; éclat partiellement cortical dont le cortex est situé sur la partie distale et sur les deux parties latérales (tranche de saucisson) ; éclat partiellement cortical dont le cortex est confiné dans la zone centrale ; éclat non cortical. FICHE INDIVIDUELLE DE REMONTAGE (voir fig. 6.11) Critères d’analyse

Informations

Volume Remonté (VR) Matière première (VR)

pétrographie

origine et acquisition; économie de la matière première

Attributs métriques (VR)

longueur; largeur; épaisseur; poids; périmètre; volume approché

dimension et morphologie approché du volume

Nbre de pièces remontés (1) Quantification (VR)

Nbre de pièces associées

indice de succès et d’utilisation des volumes

Nbre d’artefacts remontés (2) Pièces Remontés (PR) méthode et séquence opératoire (progression du débitage)

Séquence de remontage et technologique Typologie (PR)

nucléus; éclat (3); lame; lamelle; esquille; outil; débris; tablette, flanc de nucléus; crête

morphologie et gabarit des produits débités; séquences d’entretien ou de reconfiguration

État de conservation (PR)

entier, proximal, mésial, distal, latéral, siret, indéterminé

conditions d’enfouissement; technique de débitage et accidents de taille

Thermoaltération (PR)

absente; partielle; totale

conditions d’enfouissement; organisation et fonctionnement de l’habitat

Provenance des PR (spatiale secteur; carré; cadran; structure; niveau; couche; et verticale) numéro

organisation de l’habitat; conditions d’enfouissement

Attributs métriques (PR)

longueur; largeur; épaisseur, poids

gabarit des supports débités (recherchés?)

Cortex (PR)

pourcentage et localisation

localisation de chaque pièce à l’intérieur de la séquence opératoire; conduit du débitage

profil

modalités de débitage; techniques de taille; entretien des convexités

partie distale

accidents de taille (réfléchissements); entretien (ou non) de la convexité de la surface de débitage; gestion de la table

Attributs technologiques (PR)

section

morphologie et conduit du débitage

morphologie des bords

conduit du débitage

organisation des enlèvements

conduit du débitage

talon

techniques et procédés de taille; techniques d’entretien et de préparation du point d’impact

Symétrie Retouche (PR)

Type d’outil

caractérisation des supports retouchés; indice de transformation

Vestiges d’usage (PR)

Absents; ténus; marqués

caractérisation des supports utilisés; indice d’utilisation des outils à posteriori

diversifié de matières premières que nous désignons génériquement par roches siliceuses (R.S.), nettement dominé par le jaspe.

pour l’exécution des tâches visées et les types de roches existant sur place ou dans les environs immédiats. À BXB, les matières premières sélectionnées pour la taille sont exclusivement d’origine locale. Le quartzite et le quartz dominent nettement l’échantillonnage (env. 98%, voir Tableau 6.IV) et se présentent sous la forme de galet roulé. Ils sont présents à moins de 200 mètres du site, dans les sables et les cailloutis du Guadiana. Un nombre assez faible de pièces (1,9%) a été produit à partir d’un ensemble

Le quartzite présente diverses variétés pétrographiques et des qualités très différentes du point de vue de son aptitude à la taille. Ce n’est toutefois pas un critère de qualité qui a guidé le choix des artisans de BXB en matière d’approvisionnement des blocs à exploiter. En effet, des 149

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 6.III – Critères d’analyse des nucléus et indications correspondantes de nature archéologique. (1) par rapport à la surface de débitage principale ; (2) des galets parallélépipèdes exploités selon l’épaisseur ; (3) des galets parallélépipèdes exploités selon l’axe de la longueur ou de la largeur ; (4) des galets parallélépipèdes exploités selon l’axe de l’épaisseur et de l’axe de la longueur ou de la largeur. NUCLÉUS Critères d’analyse

Informations

MATIÈRE PREMIÈRE

pétrographie

origine et acquisition ; économie de la matière première

CONDITION (1)

entier; fracture perpendiculaire (fpr); fracture parallèle (fpl); fractures fpr + fpl; fracture thermique; fractures multiples

conditions d’enfouissement; accidents de taille; raisons de l’abandon

THERMOALTÉRATION

absente; partielle; totale

conditions d’enfouissement; organisation et fonctionnement de l’habitat

DIMENSIONS

longueur; largeur; épaisseur; poids

s’il existe ou non un choix délibéré pour un certain gabarit ou morphologie des volumes à débiter; indice de utilisation/exploitation

dimensions: largeur, hauteur, périmètre

indice de utilisation du volume; dimensions des supports

aspect: régulière, irrégulière, thermoaltérée ; géodes ; réfléchissements; clivages

qualité des matières premières; accidents de taille au cours de l’exploitation ; raisons de l’abandon

SURFACE DE DÉBITAGE

orientation principale de la stratégie de débitage du volume (selon l’épaisseur; l’allongement; stratégies de gestion, d’entretien, agencement et conjuguée; indéterminée) d’optimisation du volume ; supports recherchés profil (plat; convexe; irrégulier) derniers produits Nombre (Nbre)

ENLÈVEMENTS

organisation: parallèles unidirectionnels; bidirectionnels; perpendiculaires; croisés; multidirectionnels; indéterminés.

conduit du débitage; Nbre minimum de supports produits; indice de utilisation; entretien de la surface de débitage

ampleur (courts; ≡ hauteur de la surface de débitage) Nombre typologie: cortical; lisse; préparé; conjugué PLAN DE FRAPPE

préparation: absente; abrasion

stratégies de gestion, agencement et d’optimisation du volume; techniques d’entretien et de préparation du plan de frappe

typologie du plan de frappe principal angle TRANSFORMATION

absent; retouche; utilisation (Tracéologie)

types de volumes sélectionnés (selon la morphologie, les dimensions, les matières premières); indice d’utilisation/conversion

ABANDON

test; dimensions; défauts; accidents; inconnu

raisons de l’abandon

TYPOLOGIE

test; sur galet: enlèvements selon l’épaisseur (2); selon l’allongement (3); conjuguée (4); centripète; informe; prismatique; sur éclat; fragment

Modèles

galets à grain très grossier et présentant une mauvaise fracture conchoïdale ont été débités sans discrimination. L’absence de sélection ou de choix de quartzites à grain plus fin (qui existent du reste sur place) confirme le caractère expédient des opérations de taille qui ont eu lieu à cet endroit. Compte tenu des objectifs de la production lithique, à savoir la fabrication d’éclats, cette matière première domine nettement l’ensemble (ca 63% ; Fig.

6.13 et Annexe 6.A ; Fig. 6.14 et Annexe 6.B ; Fig. 6.15 et annexe 6.C). Le quartz, également disponible sur place sous la forme de galet roulé, présente des variétés et des qualités très différentes qui interfèrent, bien entendu, avec sa plus ou moins aptitude à la taille. Les propriétés propres à ce minéral (présence de diaclases, agencement relatif des cristaux et 150

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.12 – Barca do Xerez de Baixo : paramètres métriques établis au cours de l’analyse des nucléus (adoptés dans tous les cas). Photos J.P. Ruas. Tableau 6.IV – Matières premières utilisées dans les opérations de taille, par secteurs de fouille (R.S.=Roches siliceuses).

Matières Premières

Secteur 1

Secteur 2

Secteur 3

Secteur 4

Secteur 5

TOTAL

N

%

N

%

N

%

N

%

N

%

N

%

Quartzite

15722

46.1

395

45.7

245

51.9

1143

47.2

251

58.5

17756

46.4

Quartz

17921

52.6

454

52.5

222

47.0

987

40.8

166

38.7

19750

51.6

R.S.

426

1.2

12

1.4

5

1.1

291

12.0

12

2.8

746

1.9

Autres

28

0.1

3

0.3

0

0.0

0

0.0

0

0.0

31

0.1

TOTAL

34097

100

864

99.9

472

100

2421

100

429

100

38283

100

de cristallisation qui constituent leurs faces – et elle a été surtout utilisée pour la production de supports allongés (lamelles). On trouve des filons de quartz avec des géodes de cristal de roche dans les schistes et les granites de la région.

d’autres éléments chimiques, etc. ; Mourre, 1996) sont favorables à la fracture non contrôlée (d’où la quantité d’esquilles et d’autres petits fragments) et à la prolifération de divers accidents comme les réfléchissements et les outrepassages. Ainsi, la plus grande représentativité du quartz au sein de la série lithique n’est pas directement liée à une plus grande utilisation, préférence ou abondance de cette matière première, mais bien au type de fracture qui tend à produire un nombre élevé d’esquilles (58%, en tenant compte de toute production lithique en quartz ; ou 63%, si l’on considère la totalité d’esquilles gérés par l’exploitation des blocs de tous les lithologies) et autres petits fragments au cours des opérations de taille (voir Fig. 6.13 et l’annexe 6.C). À noter, par ailleurs, que le quartz enregistre moins d’information que le quartzite sur les modes et les techniques de fracture utilisés – les stigmates sont perturbés par sa nature pétrographique – d’où le plus grand nombre de pièces indéterminées. Le quartz a été utilisé presque exclusivement pour le débitage d’éclats (voir Fig. 6.14). Ce minéral apparaît également sous la forme de quartz hyalin, mais en nombre très réduit (28 pièces) et circonscrit au Secteur 4. Cette variété est entrée à Barca presque exclusivement sous forme de cristal – les produits débités présentent encore des stigmates des plans

Diverses variétés de roches riches en silice, comme le jaspe, ont été incluses sous la désignation générique de matières premières siliceuses. Les sources primaires les plus proches où se produit ce type de silicifications sont situées au Nord, dans des affleurements d’origine volcanique (Complexe vulcano-sédimentaire de Terrugem, situé dans la Zone Ossa Morena), soumis à des processus d’hydrothermalisme, à l’origine d’ailleurs de la genèse des dépôts de minéraux de sulfures documentés au sein de cette unité vulcanosédimentaire. Toutefois, l’approvisionnement, déjà sous la forme de galet roulé de petites dimensions, a dû se produire très probablement dans les environs du gisement, soit dans le lit du Guadiana, soit dans les cailloutis existant à proximité. La rareté de ce type de matières premières sur place peut s’expliquer par les facteurs suivants : • position stratigraphique : elles sont normalement sous-jacentes aux galets de quartzite et de quartz (non 151

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

seulement au sein des cailloutis mais même dans le lit du Guadiana), en raison de leur plus grande densité et de leurs plus petites dimensions ; • échantillonnage : leur présence est extrêmement réduite, surtout par comparaison avec le quartzite (en majorité) et le quartz. Des observations réalisées récemment sur les rives du Guadiana ont confirmé la présence de ce type de galets (surtout de jaspe) mais dans des proportions très réduites. Il est naturel que l’échantillon présent à BXB reflète, avant tout, cette circonstance et non pas une autre de nature anthropique.

horizons d’occupation reconnus. Le quartzite, le quartz (en excluant pour le moment le quartz hyalin) et l’ensemble des roches siliceuses ont été utilisés pour produire ce type de support (voir Fig. 6.14), les autres catégories technologiques – esquilles, fragments et la plupart des nucléus – constituant des restes issues du processus d’exploitation des blocs. L’éclat peut, d’ailleurs, être considéré comme l’outil des mésolithiques de BXB.

Compte tenu de la caractérisation réalisée, la question suivante se pose : existe-t-il, ou non, une gestion différenciée des matières premières en rapport avec la fabrication d’un certain type d’outil ; ou avec le recours à des stratégies différentes de production ; ou encore avec l’existence d’activités fonctionnelles spécifiques ? Quel est la variabilité de la production lithique, compte tenu des espaces et des temps documentés à BXB ?

LA NORME

6.4.3.1. Modes de fabrication des éclats en quartzite et en quartz

Ce que disent les remontages 1. Le bloc : utilisation d’un galet aplati (avec deux faces sensiblement parallèles) et rectangulaire (parallélépipède peu épais). Ce type de bloc est le plus abondant dans les cailloutis locaux. La présence majoritaire de galets ayant cette géométrie ne peut donc pas être interprétée comme le résultat d’un choix délibéré d’une certaine forme ou d’un certain gabarit (tout comme pour le grain, tel que mentionné au paragraphe précédent). La comparaison entre les galets de quartzite et ceux de quartz montre que les premiers présentent des dimensions supérieures. Par conséquent, les éclats produits à partir du quartz ont de dimensions plus petites (voir plus avant) ; 2. Le point de départ : choix, avant d’entamer les opérations de taille, de la zone où la convergence entre les deux faces du galet est la moins épaisse ; à partir de cette arête-guide, le débitage s’est effectué dans la majorité des cas selon l’axe de l’épaisseur (ca 82%) et en tirant parti de la plus grande longueur du bloc (Fig. 6.16). Les remontages plus complets montrent, en effet, que l’épaisseur du volume a été choisie comme surface de débitage principale ; cette constatation valant autant pour le quartzite que pour le quartz (Tableau 6.V) ; 3. La séquence : une fois l’épaisseur choisie, la production d’éclats par percussion directe au percuteur en pierre dure se fait en séries successives d’enlèvements unipolaires (ca 82%), réalisées à partir d’un même plan de frappe

6.4.3. Quoi, comment et pourquoi ? La production d’éclats constitue l’objectif recherché à BXB. Ce constat s’applique à tous les secteurs et à tous les

Figure 6.13 – Barca do Xerez de Baixo : poids relatif de chaque matière première par catégories technologiques et par secteurs de fouille.

Figure 6.14 – Barca do Xerez de Baixo : productivité et degré d’exploitation de chaque matière première, par secteur (Sec.) de fouille.

152

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.15 – Barca do Xerez de Baixo : productivité et degré d’exploitation de chaque matière première, par niveaux d’occupation.

une portion significative du nucléus) entraîne la fracture du bloc, empêchant d’en poursuivre l’exploitation. Dans d’autres cas – plus rares et qui n’ont été observés qu’au cours d’une phase finale d’exploitation des blocs (ca 8%) – l’artisan ouvre une deuxième table qui est exploitée a partir d’un plan de frappe (lisse) localisé sur la surface de débitage alors abandonnée. Cette solution ne permet toutefois pas de procéder à plus de trois à quatre nouveaux enlèvements (qui sont donc corticaux et perpendiculaires / orthogonaux à l’axe de débitage principal) (Fig. 6.17). Parfois, quand le nucléus en arrive déjà à présenter des dimensions très réduites, le débitage devient multidirectionnel (9%) de façon à tirer le plus grand parti possible du bloc dans la phase finale de son exploitation (Fig. 6.18). La recherche de solutions (toujours au sein de la norme) visant à mieux rentabiliser certains volumes n’est toutefois pas directement liée

qui est cortical (ca 86%, voir Tableau 6.V et Fig. 6.16) ; les surfaces de débitage qui sont créées peu à peu, au fur et à mesure de la progression de l’exploitation des blocs, sont parallèles entre elles (exploitation frontal à recul parallèle) ; 4. Les contretemps : les réfléchissements et les cassures sont extrêmement fréquents et constituent l’un des principaux motifs d’abandon des blocs (voir plus avant). On a toutefois pu remarquer certaines solutions pour faire face à ce type de problèmes, de façon à poursuivre la production d’éclats et rentabiliser les blocs en cours d’exploitation ; 5. Les solutions : ponctuellement, des enlèvements croisés (para rapport à l’axe de débitage principal) sont exécutés aux extrémités latérales de la table (3%, voir Tableau 6.V) ; ces enlèvements visent, exclusivement, à supprimer des réfléchissements et à éviter d’autres problèmes liés à la qualité de la matière première. Parfois, la force de percussion exercée (dans le but d’extraire

Figure 6.16 – Barca do Xerez de Baixo : le schéma le plus commun de débitage d’un volume de matière première. (Audessus – quartz ; en-dessous – quartzite). Photos J.P. Ruas.

Figure 6.17 – Barca do Xerez de Baixo : création d’une nouvelle table de débitage déjà dans une phase finale d’exploitation d’un volume de quartzite. Photos J.P. Ruas.

153

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 6.V – Quantification de certains des attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des remontages plus complets de quartzite et de quartz. Note : dans le Secteur 1, il existe cinq cas de volumes dont l’orientation principale des enlèvements est unidirectionnelle, mais sur lesquels des enlèvements perpendiculaires ont été effectués déjà dans une phase finale d’exploitation ; il existe également 11 cas de volumes dont l’orientation principale des enlèvements est unidirectionnelle, mais sur lesquels des enlèvements croisés ont été effectués afin d’éliminer des réfléchissements et d’autres défauts de la matière première. Long.=Longueur ; Larg.=Largeur. REMONTAGES

SECTEURS 1

%

2

%

4

%

Total

%

48

82.8

2

66.7

4

80.0

54

81.8

Orientation principale du débitage Selon l’épaisseur du volume Selon l’allongement du volume (Long. ou Larg.)

2

3.4

1

33.3

0

0.0

3

4.5

Conjuguée (Épaisseur + Long. ou Larg.)

5

8.6

0

0.0

0

0.0

5

7.6

Sur éclat

2

3.4

0

0.0

0

0.0

2

3.0

Indéterminée

1

1.7

0

0.0

1

20.0

2

3.0

Total analysé

58

100

3

100

5

100

66

100

48

82.8

3

100.0

3

60.0

54

81.8

Enlèvements (organisation) Parallèles unidirectionnels Parallèles bidirectionnels

3

5.2

0

0.0

1

20.0

4

6.1

Croisés latéraux

2

3.4

0

0.0

0

0.0

2

3.0

Multidirectionnels

5

8.6

0

0.0

1

20.0

6

9.1

Total analysé

58

100

3

100

5

100

66

100

Un

45

77.6

3

100.0

3

60.0

51

77.3

Deux

8

13.8

0

0.0

1

20.0

9

13.6

Nombre de plans de frappe

≥ Trois

5

8.6

0

0.0

1

20.0

6

9.1

Total analysé

58

100

3

100

5

100

66

100

51

87.9

3

100.0

3

60.0

57

86.4

Plan de frappe Cortical Lisse

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Cortical + Lisse

7

12.1

0

0.0

2

40.0

9

13.6

Total analysé

58

100

3

100

5

100

66

100

55

94.8

2

66.7

5

100.0

62

93.9

Préparation du plan de frappe Absent Abrasion

3

5.2

1

33.3

0

0.0

4

6.1

Total analysé

58

100

3

100

5

100

66

100

41

70.7

3

100.0

3

60.0

47

71.2

Distribution Norme Norme + Solution

7

12.1

0

0.0

1

20.0

8

12.1

Exception

10

17.2

0

0.0

1

20.0

11

16.7

Total analysé

58

100

3

100

5

100

66

100

215

87.0

8

100.0

13

72.2

236

86.4

Total de Remontages Quartzite Quartz

32

13.0

0

0.0

5

27.8

37

13.6

TOTAL

247

100

8

100

18

100

273

100

Quartzite

898

90.1

30

100.0

53

82.8

981

89.9

Quartz

99

9.9

0

0.0

11

17.2

110

10.1

TOTAL

997

100

30

100

64

100

1091

100

Quartzite

746

90.4

24

100.0

43

81.1

813

90.1

Quartz

79

9.6

0

0.0

10

18.9

89

9.9

TOTAL

825

100

24

100

53

100

902

100

Total de pièces remontées

Total d’artefacts remontés

154

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.18 – Barca do Xerez de Baixo : rentabilisation d’un volume de quartzite, par le biais d’une taille bidirectionnelle, quand ce volume présente déjà des dimensions plus réduites. Photo J.P. Ruas. Tableau 6.VI – Moyenne des dimensions, en millimètres, des nucléus en quartzite et en quartz de tous les secteurs et leur poids respectif, en grammes. L’intervalle compris entre le 1er et le 3ème quartile intègre 50% de l’échantillon. NUCLEUS

Moyenne

Écart-type

Minimum

Maximum

1º et 3º Quartiles

Longueur

87.3

22.7

32.4

180

73,0-99,0

Largeur

72.8

17.9

31.6

114.7

60,0-85,0

Épaisseur

46.4

14.5

16.9

143.8

36,3-55,0

Poids

396

302

36

2700

196-502

Longueur

50.8

25.8

11.7

121.8

30,8-60,8

Largeur

46.1

19.8

9.3

103

32,5-53,0

Épaisseur

34.4

16.4

7.4

75

24,0-42,0

Poids

129

198

8

1038

26-145

Quartzite

Quartz

à leur aptitude à la taille. Même pour des matières premières à grain plus grossier, des cas d’exploitation maximale de certains blocs visant à poursuivre l’enlèvement d’éclats ont été documentés. Reste à poser la question : dans quel objectif ? La production de quelques supports supplémentaires (de plus petites dimensions, évidemment) ou la création de tranchants coupants et robustes, à savoir la transformation d’un nucléus en outil ? Nous reviendrons sur ces questions plus avant ; 6. L’abandon : il est due aux caractéristiques de la matière première (défauts et accidents de taille) dans environ 63% des cas ; dans 23% des remontages il a été constaté un abandon des activités de taille en raison, semble-til, des dimensions réduites des nucléus (la moyenne du poids est de 92gr).

Figure 6.19 – Barca do Xerez de Baixo : nucléus (parallélépipède aplati) de quartzite. Dessin K. Monigal.

généralement de petites dimensions (surtout ceux en quartz, dont la longueur moyenne ne dépasse pas les 51mm, contre les 88mm observé pour le quartzite), mais il n’est toutefois pas possible d’en connaître le taux moyen d’exploitation ; 2. Conduit du débitage : l’épaisseur du galet est choisi comme surface de débitage (88%, pour les nucléus en quartzite ; 94%, pour ceux en quartz ; voir Tableaux 6.VII et 6.VIII). Dans la plupart des cas, celle-ci n’excède pas la largeur du nucléus (l’exploitation est donc rarement semi-tournante) ; il existe par ailleurs une corrélation directe entre l’épaisseur du bloc et l’hauteur de la table (Fig. 6.21 ; voir schéma sur la Fig. 6.16). Parfois, et déjà dans une phase finale d’exploitation des nucléus, l’axe de l’allongement (longueur ou largeur)

En se basant sur les remontages de quartzite et de quartz plus complets, aucune divergence n’a été détectée dans les modes de production d’éclats entre les différents moments d’accumulation de vestiges (à savoir, la chronologie interne) et parmi les cinq secteurs fouillés. Dans tous les cas, la séquence opérationnelle s’encadre majoritairement dans la norme décrite ici. Ce que disent les nucléus 1. Le volume : les blocs s’intègrent pour la plupart dans la géométrie décrite plus haut : des parallélépipèdes aplatis (Fig. 6.19 ; voir Fig. 6.12). Tel que le montrent le Tableau 6.VI et la Fig. 6.20, les nucléus sont 155

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 6.20 – Barca do Xerez de Baixo : diagrammes de dispersion, avec la corrélation entre les trois variables métriques (en mm) des nucléus en quartz et en quartzite. Comme on peut l’observer, les exemplaires en quartz présentent des dimensions plus réduites. A : il existe une étroite corrélation entre les deux variables, longueur et largeur (il s’agit en général de pièces allongées) ; B : l’épaisseur est une variable indépendante (il s’agit de pièces aplaties, indépendamment de leur largeur).

est utilisé pour poursuivre la production d’éclats et joue alors le rôle de surface de débitage secondaire (qui est donc perpendiculaire / orthogonale para rapport à la première) ; 3. Les enlèvements : ils sont pour la plupart unidirectionnels, parallèles entre eux (70% pour les nucléus en quartzite ; 76%, pour ceux en quartz), et débités à partir d’un seul plan de frappe qui est cortical (83% et 81%, pour le quartzite et le quartz respectivement). Dans certains exemplaires, des négatifs d’enlèvements croisés ont été aussi documentés (10%, pour le quartzite ; 9%, pour le quartz). Leur présence doit être interprétée, ainsi que le démontrent les remontages, comme une solution pour supprimer des réfléchissements ou d’autres défauts liés à la matière première. Des négatifs d’enlèvements perpendiculaires / orthogonaux à la surface de débitage principale (cette dernière jouant alors le rôle d’un nouveau et deuxième plan de frappe, qui est lisse) témoignent également des solutions choisies pour surmonter des problèmes liés aux matières premières et/ou pour rentabiliser l’exploitation des blocs en créant une nouvelle zone

de travail (ou un tranchant potentiellement plus actif, voir Fig. 6.22). Comme le démontrent les remontages, le nombre d’éclats produits au cours de cette deuxième phase d’exploitation des nucléus est assez réduit ; 4. Productivité : le fait que le débitage soit essentiellement unipolaire et circonscrit à une seule surface de débitage n’a pas limité la productivité de l’industrie de BXB. L’analyse du nombre minimum de supports produits par nucléus (nombre de négatifs d’enlèvements visibles sur la face de débitage) montre une exploitation minimale de six éclats pour les nucléus en quartzite et cinq pour les nucléus en quartz (Tableau 6.IX). Sachant que cette analyse ne concerne que les nucléus abandonnés, il semble évident que la productivité effective a été bien supérieure, puisqu’à leur stade d’abandon les nucléus ne montrent que des vestiges de la dernière phase d’exploitation des blocs. Voir, à titre d’exemple, le remontage QZI-001 (voir Fig. 6.8) : alors que le nucléus exhibe des négatifs de 6 supports, le remontage du bloc démontre la production d’au moins 25 éclats. Pour ces motifs, le nombre moyen d’enlèvements par nucléus ne représente qu’une évaluation quantitative minimum 156

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Tableau 6.VII – Quantification de certains des attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des nucléus en quartzite. La plupart des enlèvements perpendiculaires et croisés correspondent à des solutions de recours pour faire face à des problèmes liés à la qualité de la matière première, ou pour rentabiliser des volumes déjà dans une phase finale de leur exploitation. Note : les nucléus dont la provenance spatiale et stratigraphique n’est pas connue ainsi que les exemplaires dont les attributs sélectionnés ne sont pas susceptibles d’être observés n’ont pas été inclus. Trois nucléus supplémentaires dont les matières premières, autres que du quartzite, présentent le même type de grain et de fracture, et qui ont été intégrés pour ce motif. Long.=Longueur ; Larg.=Largeur.

QUARTZITE

SECTEURS 1 %

2

%

3

%

195

82.6

10

83.3

12

18

7.6

2

16.7

23 236

9.7 100

0 12

180 4 22 29 28 263

68.4 1.5 8.4 11.0 10.6 100

184 52 27 263

4

%

Total %

100.0 29

87.9

246

84.0

0

0.0

3

9.1

23

7.8

0.0 100

0 12

0.0 100

1 33

3.0 100

24 293

8.2 100

9 0 1 3 2 15

60.0 0.0 6.7 20.0 13.3 100

10 0 1 1 0 12

83.3 0.0 8.3 8.3 0.0 100

29 2 2 0 1 34

85.3 5.9 5.9 0.0 2.9 100

228 6 26 33 31 324

70.4 1.9 8.0 10.2 9.6 100

70.0 19.8 10.3 100

9 4 2 15

57.1 28.6 14.3 100

10 2 0 12

83.3 16.7 0 100

29 4 1 34

85.3 11.8 2.9 100

232 62 30 324

71.6 19.1 9.3 100

219 7 37 263

83.3 2.7 14.1 100

12 0 3 15

80.0 0.0 20.0 100

11 0 1 12

91.7 0.0 8.3 100

29 2 3 34

85.3 5.9 8.8 100

271 9 44 324

83.6 2.8 13.6 100

183 80 263

69.6 30.4 100

12 3 15

80.0 20.0 100

11 1 12

91.7 8.3 100

26 8 34

76.5 23.5 100

232 92 324

71.6 28.4 100

25 174 13

7.5 52.1 3.9

0 10 2

0.0 66.7 13.3

1 11 0

6.7 73.3 0.0

6 24 1

15.4 61.5 2.6

32 219 16

7.9 54.3 4.0

23

6.9

0

0.0

0

0.0

1

2.6

24

6.0

19 4 6 1 69 334

5.7 1.2 1.8 0.3 20.7 100

3 0 0 0 0 15

20.0 0.0 0.0 0.0 0.0 100

0 0 0 0 3 15

0.0 0.0 0.0 0.0 20.0 100

0 1 1 1 4 39

0.0 2.6 2.6 2.6 10.3 100

22 5 7 2 76 403

5.5 1.2 1.7 0.5 18.9 100

Orientation principale de la stratégie Selon l’épaisseur du volume Selon l’allongement du volume (Long. ou Larg.) Conjuguée (Épaisseur + Long. ou Larg.) Total analysé Enlèvements (organisation) Parallèles unidirectionnels Parallèles bidirectionnels Perpendiculaires Croisés latéraux Multidirectionnels Total analysé Nombre de plans de frappe Un Deux ≥ Trois Total analysé Plan de frappe Cortical Lisse Cortical + Lisse Total analysé Préparation du plan de frappe Absent Abrasion Total analysé Typologie Test Galet exploité selon l’épaisseur Galet exploité selon l’allongement Galet exploité selon l’épaisseur et l’allongement Informe sur éclat Centripète Prismatique Fragment Total analysé TOTAL DE NUCLEUS PAR SECTEUR

334

15

157

15

39

403

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 6.VIII – Quantification de certains des attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des nucléus en quartz. Note : les nucléus dont la provenance spatiale et stratigraphique n’est pas connue ainsi que les exemplaires dont les attributs sélectionnés ne sont pas susceptibles d’être observés, et qui constituent d’ailleurs la majorité, n’ont pas été inclus. Si, dans le cas du quartzite, il a été possible d’observer de nombreux attributs sur les nucléus classés comme étant des fragments (inclus, pour ce motif, dans le tableau correspondant), dans le cas du quartz (Secteur 1) cette tâche s’est révélée complètement improductive en raison du niveau de fragmentation qu’ils présentent et de l’absence de stigmates de taille bien définis. L’unique nucléus, documenté dans le Secteur 5 (et qui répond d’ailleurs à la norme), n’a pas non plus été inclus. Long.=Longueur ; Larg.=Largeur. QUARTZ

SECTEURS 1

%

2

%

3

%

4

%

Total

%

Selon l’épaisseur du volume

25

96.2

2

66.7

0

0.0

6

100.0

33

94.3

Selon l’allongement du volume (Long. ou Larg.)

0

0.0

1

33.3

0

0.0

0

0.0

1

2.9

Conjuguée (Épaisseur + Long. ou Larg.)

1

3.8

0

0.0

0

0.0

0

0.0

1

2.9

Total analysé

26

100

3

100

0

0

6

100

35

100

Parallèles unidirectionnels

25

86.2

3

75.0

0

0.0

12

63.2

40

75.5

Parallèles bidirectionnels

0

0.0

1

25.0

0

0.0

2

10.5

3

5.7

Perpendiculaires

2

6.9

0

0.0

0

0.0

1

5.3

3

5.7

Orientation principale du débitage

Enlèvements (organisation)

Croisés latéraux

2

6.9

0

0.0

0

0.0

3

15.8

5

9.4

Multidirectionnels

0

0.0

0

0.0

1

100.0

1

5.3

2

3.8

Total analysé

29

100

4

100

1

100

19

100

53

100

Un

25

86.2

3

75.0

0

0.0

12

63.2

40

75.5

Deux

4

13.8

1

25.0

0

0.0

6

31.6

11

20.8

≥ Trois

0

0.0

0

0.0

1

100.0

1

5.3

2

3.8

Total analysé

29

100

4

100

1

100

19

100

53

100

Cortical

25

86.2

3

75.0

0

0.0

15

78.9

43

81.1

Lisse

1

3.4

0

0.0

1

100.0

1

5.3

3

5.7

Cortical + Lisse

3

10.3

1

25.0

0

0.0

3

15.8

7

13.2

Total analysé

29

100

4

100

1

100

19

100

53

100

Nombre de plans de frappe

Plan de frappe

Préparation du plan de frappe Absent

29

100.0

4

100.0

0

0.0

19

100.0

52

98.1

Abrasion

0

0.0

0

0.0

1

100.0

0

0.0

1

1.9

Total analysé

29

100

4

100

1

100

19

100

53

100

Test

3

10.3

1

20.0

0

0.0

1

3.7

5

7.7

Galet exploité selon l’épaisseur

22

75.9

2

40.0

0

0.0

6

22.2

30

46.2

Galet exploité selon l’allongement

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Galet exploité l’épaisseur et l’allongement

1

3.4

0

0.0

0

0.0

0

0.0

1

1.5

Informe

1

3.4

1

20.0

2

50.0

12

44.4

16

24.6

sur éclat

0

0.0

0

0.0

0

0.0

1

3.7

1

1.5

Centripète

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Prismatique

2

6.9

0

0.0

0

0.0

2

7.4

4

6.2

Fragment

0

0.0

1

20.0

2

50.0

5

18.5

8

12.3

Total analysé

29

100

5

100

4

100

27

100

65

100

TOTAL DE NUCLEUS PAR SECTEUR

199

Typologie

5

4

de la productivité d’une collection. Pour obtenir une meilleure approche de la productivité de cette industrie, il suffit de se livrer à un calcul simple de la totalité des supports produits (dont le comptage est effectué comme

27

235

suit : éclats entiers + fragments proximaux + moitié des éclats Siret + outils sur éclat) et de confronter les résultats obtenus avec le nombre de nucléus représentés (voir Tableau 6.IX) ; les ratios d’exploitation (éclats/ 158

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.21 – Les tailleurs de Barca de Xerez de Baixo ont tiré parti de toute la largeur et de l’épaisseur des galets comme table de débitage, tel que le montre le rapport entre la largeur du nucléus et la largeur de la surface de débitage (A). Il a été constaté, par ailleurs, une nette correspondance entre la hauteur de la table et l’épaisseur des nucléus (B).

Figure 6.22 – Barca do Xerez de Baixo : parfois, un deuxième plan de frappe est ouvert afin de rentabiliser l’exploitation des volumes de matière première. L’hypothèse que cette deuxième série d’enlèvements vise à créer un tranchant plus coupant, obtenu par l’interception de deux tables de débitage, ne peut pas être exclue. Dessin K. Monigal.

159

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 6.IX – Quantification du nombre de négatifs d’enlèvements présents dans chaque nucléus (lorsque cet attribut a pu être observé) et productivité pondérée de la série lithique (les éclats et les nucléus de matières premières à grain moyen et de type quartzite ont été inclus dans cette matière première). NM : nombre minimum de supports.

QUARTZITE

Nbre

Nbre

NM

d’enlèvements

nucléus

supports

1

15

15

2

20

40

3

22

66

4

38

152

5

60

300

6

39

234

Éclats entiers

2291

7

39

273

Éclats proximaux

1221

8

31

248

1/2 éclats siret

2312

9

20

180

Outils sur éclat

85

10

9

90

Total de supports

5909

11

17

187

Total de Nucléus

403

12

4

48

Ratio Support : Nucléus

14.66

13

1

13

14

4

56

15

2

30

16

1

16

322

1948

TOTAL

Productivité pondérée

Moyenne de supports produits par nucléus = 6,05

QUARTZ

1

1

1

2

4

8

3

7

21

Éclats entiers

903

4

8

32

Éclats proximaux

655

5

9

45

1/2 éclats siret

1145

6

4

24

Outils sur éclat

40

7

2

14

Total de supports

2743

8

2

16

Total de Nucléus

235

9

2

18

Ratio Support : Nucléus

11.67

39

179

TOTAL

Moyenne de supports produits par nucléus = 4,59

nucléus) étant ainsi de 14,66 pour le quartzite et de 11,67 pour le quartz.

des blocs de matière première utilisés pour la taille ainsi que les modes de production employées. Sans compter qu’il est également possible de connaître la place de chaque support au sein de la chaîne opératoire. L’analyse des remontages a été nécessairement fondamentale pour la définition de ces critères de sériation. En conjuguant les données du Tableau 6.XI avec la Fig. 6.23, l’on constate : 1) qu’un pourcentage significatif de supports sont des entames (14%, pour le quartzite ; 10%, pour le quartz) : ce sont ceux qui correspondent au début des opérations de taille ; 2) que la stratégie suivie, toujours dans une phase initiale de l’exploitation des blocs (représentant un faible pourcentage), tend à produire des supports qui ont des cortex latéraux et latéraux/ distaux ; 3) que la phase suivante, de plein débitage des supports, est expédiente mais contrôlée : elle vise à produire, en quantités, des éclats à cortex latéraux et distaux (les quartiers d’orange ; 29%, pour le quartzite ; 16,5%, pour le quartz), ou uniquement distaux (8%,

Ce que disent les éclats 1. Conservation : les caractéristiques propres à ce type de matières premières ont tendance à gérer un nombre élevé de fractures, notamment des fractures de type siret. Comme le montre le Tableau 6.X, le pourcentage d’éclats entiers est faible (23%, pour le quartzite ; 16%, pour le quartz), mais ceux-ci sont toutefois un peu plus nombreux parmi les supports produits à partir du quartz. Il n’a pas été possible d’observer, dans la plupart des cas, de stigmates directement liés à des fractures dues à l’utilisation ; 2. Typologie : les éclats ont été organisés selon plusieurs types (voir Fig. 6.11B et Tableau 6.XI), définis en fonction de la présence et de la localisation du cortex. Ces deux critères reflètent, bien entendu, la morphologie 160

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Tableau 6.X – Etat de conservation des éclats par secteurs de fouille et par matières premières. SECTEURS Éclats: état de conservation

1

%

2

%

3

%

4

%

5

%

Total

%

Éclat entier

1953

21.7

94

36.2

50

36.5

167

39.1

27

23.3

2291

23.1

Éclat proximal

1050

11.7

46

17.7

32

23.4

58

13.6

35

30.2

1221

12.3

Éclat mésial

66

0.7

5

1.9

0

0.0

16

3.7

3

2.6

90

0.9

Éclat distal

348

3.9

18

6.9

12

8.8

33

7.7

9

7.8

420

4.2

Éclat latéral

1252

13.9

9

3.5

0

0.0

20

4.7

0

0.0

1281

12.9

Éclat siret

4322

48.1

88

33.8

43

31.4

133

31.1

42

36.2

4628

46.6

Total

8991

100

260

100

137

100

427

100

116

100

9931

100

Éclat entier

807

15.0

30

21.4

17

22.4

40

33.6

9

15.3

903

15.7

Éclat proximal

561

10.5

35

25.0

13

17.1

23

19.3

23

39.0

655

11.4

Éclat mésial

80

1.5

8

5.7

4

5.3

4

3.4

0

0.0

96

1.7

Éclat distal

170

3.2

14

10.0

11

14.5

7

5.9

6

10.2

208

3.6

Éclat latéral

1599

29.8

0

0.0

0

0.0

6

5.0

0

0.0

1605

27.9

Éclat siret

2149

40.0

53

37.9

31

40.8

39

32.8

21

35.6

2293

39.8

Total

5366

100

140

100

76

100

119

100

59

100

5760

100

Quartzite

Quartz

Tableau 6.XI – Typologie des éclats entiers par secteurs de fouille et par lithologies. Note : d’autres matières premières ont été inclus dans les quartzites (Secteur 1 + 9 éclats entiers – 1944+9=1953). SECTEURS Éclats entiers: types

1

%

2

%

3

%

4

%

5

%

Total

%

Éclat entame

288

14.7

8

8.5

11

22.0

20

12.0

3

11.1

330

14.4

à cortex latéral (un côté)

290

14.8

6

6.4

3

6.0

12

7.2

4

14.8

315

13.7

à cortex latéral et distal - quartier d’orange

556

28.5

30

31.9

21

42.0

59

35.3

6

22.2

672

29.3

à cortex distal

145

7.4

10

10.6

6

12.0

22

13.2

1

3.7

184

8.0

à cortex latéral (deux côtés)

29

1.5

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

29

1.3

à cortex distal et latéral (deux côtés)

20

1.0

2

2.1

0

0.0

2

1.2

0

0.0

24

1.0

à cortex central

7

0.4

0

0.0

0

0.0

0

0.0

1

3.7

8

0.3

Éclat non cortical

618

31.6

38

40.4

9

18.0

52

31.1

12

44.4

729

31.8

Total

1953

100

94

100

50

100

167

100

27

100

2291

100

Éclat entame

85

10.5

2

6.7

3

17.6

3

7.5

0

0.0

93

10.3

à cortex latéral (un côté)

135

16.7

4

13.3

3

17.6

2

5.0

1

11.1

145

16.1

à cortex latéral et distal - quartier d’orange

133

16.5

9

30.0

3

17.6

3

7.5

1

11.1

149

16.5

à cortex distal

29

3.6

3

10.0

2

11.8

6

15.0

0

0.0

40

4.4

à cortex latéral (deux côtés)

6

0.7

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

6

0.7

à cortex distal et latéral (deux côtés)

2

0.2

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

2

0.2

à cortex central

4

0.5

0

0.0

0

0.0

1

2.5

0

0.0

5

0.6

Éclat non cortical

413

51.2

12

40.0

6

35.3

25

62.5

7

77.8

463

51.3

Total

807

100

30

100

17

100

40

100

9

100

903

100

Éclat part./cortical

Quartzite

Éclat part./cortical

Quartz

161

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

pour le quartzite ; 4%, pour le quartz), de façon à conserver la convexité de la surface de débitage ; les éclats non corticaux ne peuvent pas être pris en compte comme une fin en soi. Ils correspondent au débitage de supports réalisé dans la portion intermédiaire de la surface de débitage et se terminent très souvent par un réfléchissement (dans 60% des cas). Les éclats qui présentent un cortex confiné à la zone centrale du support (0,3%, pour le quartzite ; 0,6, pour le quartz) constituent une exception et se produisent exclusivement quand le débitage se fait à partir de nucléus centripètes, comme on le verra plus loin ; 3. Dimensions : les éclats sont généralement petits, avec une tendance à être courts et larges (67% des éclats en quartzite présentent un indice d’allongement ≤ 1,00 ; voir Tableau 6.XII, Fig. 6.24). Ce modèle reflète le type de galets utilisés pour la taille (morphologie et

dimensions) ainsi que les modes de production suivis qui, comme nous l’avons déjà largement évoqué, tire parti de l’épaisseur des blocs comme surface de débitage principale. D’ailleurs, si l’on compare la moyenne de la longueur des éclats entiers avec la moyenne de l’hauteur de la surface de débitage des nucléus, l’on constate que les valeurs de chacune des deux variables sont proches, tant pour le quartzite (37,5 mm sur 45,6 mm) que pour le quartz (28,6 mm sur 37,5 mm). La présence de nombreux éclats dont la partie distale est réfléchie explique les différences observées ; 4. Modèles technologiques : ils reproduisent les modes de production observés à partir de l’analyse des remontages et des nucléus (voir Tableaux 6.XIII et 6.XIV). Les éclats montrent, dans leur majorité, des talons corticaux (79%, pour le quartzite ; 68%, pour le quartz) et des angles obtus qui témoignent du souci de garder une certaine convexité de la surface de débitage ; Ceci est d’ailleurs confirmée par la présence de profils majoritairement courbes (45%, en tenant compte uniquement des éclats remontés). Les talons lisses sont surtout liés, dans le cas du quartzite, au changement d’orientation des enlèvements qui a eu lieu déjà dans une phase finale d’exploitation des blocs ; la surface de débitage principale jouant alors le rôle, comme nous l’avons déjà mentionné, d’un plan de frappe secondaire. Dans le cas du quartz, la meilleure représentation de talons lisses (20%) est directement liée aux propriétés de ce minéral qui ont tendance à générer des fractures non contrôlées et, par conséquent, un nombre plus élevé de surfaces non corticales. L’analyse de la face dorsale des éclats confirme, quant à elle, le type de stratégie plus commune : la plupart des négatifs d’enlèvements sont unidirectionnels, tant pour les supports en quartzite (63%) qu’en quartz (51%). La présence d’éclats présentant des négatifs d’enlèvements croisés sur la face dorsale (5% et 7%, pour le quartzite et le quartz, respectivement) est liée essentiellement au besoin d’éliminer des défauts et des accidents découlant du type et de la qualité des matières premières, comme

Figure 6.23 – Barca do Xerez de Baixo : positionnement de chaque type d’éclat – défini à partir de la présence et de la localisation du cortex – au sein de la chaîne opératoire.

Tableau 6.XII – Indice d’allongement des éclats entiers par secteurs de fouille et par matières premières. Long.=Longueur ; Larg.=Largeur. Éclats entiers : indice d’allongement (Long. : Larg.)

SECTEURS 1

%

2

%

3

%

4

%

5

%

≤ 1,00

865

44.3

40

42.6

19

38.0

88

52.7

18

66.7

1,01-1,50

765

39.2

46

48.9

24

48.0

64

38.3

9

33.3

1,51-2,00

242

12.4

8

8.5

7

14.0

10

6.0

0

0.0

> 2,01

81

4.1

0

0.0

0

0.0

5

3.0

0

0.0

Total

1953

100

94

100

50

100

167

100

27

100

≤ 1,00

260

32.2

10

33.3

5

29.4

14

35.0

0

0.0

1,01-1,50

339

42.0

14

46.7

11

64.7

22

55.0

5

55.6

1,51-2,00

161

20.0

6

20.0

1

5.9

4

10.0

4

44.4

> 2,01

47

5.8

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Total

807

100

30

100

17

100

40

100

9

100

Quartzite

Quartz

162

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.24 – Barca do Xerez de Baixo : comme on peut l’observer, la stratégie et le type de volumes de quartzite et de quartz utilisés dans les opérations de taille ont tendance à générer des supports le plus souvent larges et courts.

à des solutions qui visent à rentabiliser et à tirer parti de certains blocs déjà en fin de leur processus d’exploitation (comme nous l’avons déjà explicité).

l’ont démontré les remontages. Les supports dont les caractéristiques ne se situent pas dans le modèle technologique (ou schéma de base) décrit jusqu’ ici correspondent à des exceptions que nous évoquerons plus loin ; 5. Transformation : elle est minimale (0,4%, si l’on tient compte de la totalité des matières premières). Les artisans de BXB ont fabriqué des supports qui avaient la forme et le gabarit voulus, et rares sont les cas de transformation de tranchants par retouche. Lorsque c’est le cas, la transformation ne répond pas à un modèle ou à un type bien défini. Ceci posé, il nous reste à définir ce qu’est un outil à BXB, une question qui sera abordée plus loin.

Dans les cas de galets peu épais, l’exploitation suit généralement l’axe de l’allongement (longueur ou largeur) ; le débitage de fait à partir d’enlèvements multidirectionnels (voir, par exemple, les nucléus Fig. 6.25 et 6.26). Dans les cas de galets globulaires ou de grandes dimensions, la gestion des blocs est un peu plus complexe et moins standardisée (voir, par exemple, Fig. 6.27). Les tailleurs ouvrent peu à peu des surfaces de travail (qui sont exploitées séparément ou séquentiellement) à mesure que les possibilités de progression du débitage s’épuisent en raison de l’existence de réfléchissements ou d’autres types d’accidents découlant de la qualité des matières premières. Il ne s’agit pas d’une conformation du nucléus – c’est-à-dire de la création d’une certaine morphologie déterminée préalablement à la réalisation des enlèvements prétendus – mais bien d’un choix qui vise à produire des supports immédiatement, et ce, dès les premières phases du processus d’exploitation. Il existe, ponctuellement, des petites variations dans la conduite du débitage de certains blocs (gestion et exploitation), mais ces variations se situent dans les paramètres d’exception évoqués ici. (Fig. 6.28).

LES EXCEPTIONS Il existe des exceptions à la norme décrite plus haut, mais elles sont essentiellement liées à une volumétrie différente des galets utilisés dans la taille. L’analyse de la production lithique réalisée à partir du quartzite et du quartz – en incluant toutes les catégories technologiques – a en effet démontré qu’il n’existe pas d’intention de produire des supports ou des outils techniquement et morphologiquement distincts, à partir d’une chaîne opératoire qui serait elle aussi, et par conséquent, différente, mais bien plutôt : 1) une gestion différenciée d’un type particulier de galet et 2) le recours 163

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 6.XIII – Caractéristiques technologiques des éclats entiers en quartzite provenant de remontages. Le quartz n’a pas été pris en compte ici étant donné le nombre réduit d’éclats entiers remontés. Éclats remontés: technologie

N

%

N

%

Plate

74

10.5

Section Enlèvements (organisation) Cortical

45

5.4

Triangulaire

241

34.2

Parallèles

623

75.2

triangulaire ≥ 90º

18

2.6

Convergents

48

5.8

Trapézoïdal

313

44.4

Croisés

44

5.3

trapézoïdale ≥ 90º

28

4.0

Croisé dans la partie distale

20

2.4

irrégulière

31

4.4

Bidirectionnels

11

1.3

Total

705

100

Bidirectionnels/distal

4

0.5

Profil

Irréguliers

23

2.8

Droit

251

30.4

Multidirectionnels

10

1.2

Courbe

372

45.1

Total

828

100

Torse

202

24.5

Total

825

100

Talon Cortical

736

91.9

Partie Distale

Lisse

28

3.5

Diffuse

155

20.8

Dièdre

16

2.0

Réfléchie

236

31.7

Facetté

7

0.9

Outrepassé

13

1.7

Linéaire

5

0.6

Pointue

13

1.7

Punctiforme

8

1.0

Corticale

327

44.0

Écrasé

1

0.1

Total

744

100

Total

801

100

Bords (morphologie) Parallèles

104

16.5

Angle Très aigu (≤ 45º)

4

0.5

Convergents

45

7.2

Aigu (>45º < 90º)

20

2.5

Divergents

51

8.1

Droit (≈ 90º)

169

21.4

Biconvexes

67

10.7

Obtus (> 90º≤ 135º)

596

75.3

Concave-convexes

186

29.6

Très obtus (> 135º)

2

0.3

Irréguliers

176

28.0

Total

791

100

Total

629

100

et versatile de la production lithique documentée dans ce site.

Il existe également certains cas (mais rares) de nucléus sur éclat (voir, par exemple, Fig. 6.29). Reste à savoir si l’objectif des opérations de taille était tout simplement la production des éclats – à partir d’un nucléus qui est également un éclat – ou de créer un tranchant plus actif en procédant à des enlèvements sur la face ventrale du support, autrement dit de fabriquer un outil.

Il existe, bien entendu, des pièces difficiles à lire (surtout quand les stigmates de taille sont perturbés par la nature pétrographique de la matière première) et d’autres dont le diagnostic est ambigu. En ce qui concerne les nucléus, par exemple, leur état en fin d’exploitation peut ne pas correspondre à la stratégie principale qui a guidé celle-ci (ou peut ne pas la refléter). La présence, rare, de certains nucléus centripètes (Fig. 6.30) au sein de la série lithique de BXB ne doit pas nécessairement être interprétée comme résultant d’une stratégie distincte de production lithique – orientée, depuis le début, vers la production de supports à caractéristiques différentes – mais plutôt comme le reflet d’une recherche de solutions visant à rentabiliser certains blocs dans une phase finale de leur processus d’exploitation.

Les six nucléus sur éclat en quartzite et en quartz correspondent, pour la plupart, à des supports produits dans une première phase des opérations de taille (éclats entièrement corticaux ou présentant un pourcentage assez grand de cortex) et de grandes dimensions par comparaison à la moyenne obtenue pour ce type de support. Il est probable que les artisans de BXB ont tiré parti de ces premiers éclats comme nucléus (et non comme des outils), ce qui va dans le sens du caractère expédient 164

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Tableau 6.XIV – Caractéristiques technologiques des éclats entiers en quartzite et en quartz. SECTEURS Éclats entiers: technologie 1

%

2

%

3

%

4

%

5

%

Cortical

279

14.3

8

8.5

11

22.0

20

12.0

4

14.8

Parallèles

1175

60.2

80

85.1

38

76.0

139

83.2

20

74.1

Convergents

120

6.1

2

2.1

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Croisés

120

6.1

0

0.0

0

0.0

2

1.2

1

3.7

Croisé dans la partie distale

20

1.0

0

0.0

0

0.0

2

1.2

0

0.0

Bidirectionnels

11

0.6

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Bidirectionnels/distal

4

0.2

2

2.1

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Irréguliers

208

10.7

2

2.1

1

2.0

4

2.4

2

7.4

Multidirectionnels

16

0.8

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Total

1953

100

94

100

50

100

167

100

27

100

Cortical

1519

77.8

86

91.5

41

82.0

151

90.4

23

85.2

Lisse

244

12.5

4

4.3

7

14.0

11

6.6

1

3.7

Dièdre

65

3.3

0

0.0

0

0.0

1

0.6

0

0.0

Facetté

40

2.0

0

0.0

1

2.0

0

0.0

0

0.0

Linéaire

38

1.9

1

1.1

0

0.0

1

0.6

0

0.0

Punctiforme

35

1.8

2

2.1

0

0.0

3

1.8

1

3.7

Écrasé

12

0.6

1

1.1

1

2.0

0

0.0

2

7.4

Total

1953

100

94

100

50

100

167

100

27

100

Cortical

84

10.4

2

6.7

3

17.6

3

7.5

0

0.0

Parallèle

400

49.6

21

70.0

10

58.8

23

57.5

7

77.8

Convergents

28

3.5

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Croisés

64

7.9

0

0.0

0

0.0

0

0.0

1

11.1

Croisé dans la partie distal

21

2.6

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Bidirectionnels

8

1.0

0

0.0

1

5.9

0

0.0

0

0.0

Bidirectionnels/distal

6

0.7

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Irréguliers

192

23.8

7

23.3

3

17.6

13

32.5

1

11.1

Multidirectionnels

4

0.5

0

0.0

0

0.0

1

2.5

0

0.0

Total

807

100

30

100

17

100

40

100

9

100

Cortical

538

66.7

25

83.3

16

94.1

32

80.0

2

22.2

Lisse

164

20.3

5

16.7

1

5.9

8

20.0

3

33.3

Dièdre

21

2.6

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Facetté

7

0.9

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Linéaire

26

3.2

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Punctiforme

49

6.1

0

0.0

0

0.0

0

0.0

4

44.4

Écrasé

2

0.2

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Total

807

100

30

100

17

100

40

100

9

100

Quartzite

Enlèvements (organisation)

Talon

Quartz

Enlèvements (organisation)

Talon

165

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 6.25 – Barca do Xerez de Baixo : quand les galets présentent une épaisseur réduite, comme dans le cas du volume en quartzite présenté ici, la production d’éclats se fait à partir de l’axe de la largeur ou de la longueur. La gestion du nucléus est, par conséquent, différente : les enlèvements sont obtenus à partir de plusieurs plans de frappe. Dessin K. Monigal ; Photo J.P. Ruas.

Figure 6.26 – Barca do Xerez de Baixo : encore un cas où la stratégie a consisté à suivre un des axes d’allongement du volume (longueur ?) en vue de la production d’éclats. Ce remontage montre également le parti tiré, dans une seconde phase, de la table principale comme plan de frappe pour le débitage de deux éclats supplémentaires. Photo J.P. Ruas.

Figure 6.27 – Barca do Xerez de Baixo : pour les volumes présentant des morphologies globulaires ou quadrangulaires, comme ceux présentés ici (à gauche, en quartzite ; à droite, en quartz), un schéma différent est adopté, celui-ci consiste à ouvrir plusieurs surfaces de travail. Les nucléus sont gérés afin d’atteindre la plus grande rentabilisation possible des volumes, compte tenu des objectifs prétendus : la production d’éclats. En ce qui concerne le volume qui figure du côté droit de l’image – un quartz de très mauvaise qualité, l’application de la méthode des remontages a démontré l’existence, à l’intérieur de ce même volume, de trois nucléus distincts (fracturés au cours du processus de taille) qui ont été débités séparément en vue de la production d’éclats. Photos J.P. Ruas.

166

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.28 – Barca do Xerez de Baixo : dans certains cas, des enlèvements bidirectionnels sont réalisés à partir de deux plans de frappe opposés. Il s’agit également de volumes à tendance quadrangulaire. Photos J.P. Ruas.

Figure 6.29 – Barca do Xerez de Baixo : nucléus sur éclat en quartzite ou outil ? Dans certains cas, très rares cependant, l’exploitation de grands éclats en vue de la réalisation d’enlèvements a été documentée. Il n’est pas possible d’affirmer avec certitude si l’objectif est de produire des éclats, à partir d’un volume qui est lui-même un éclat, ou si c’est celui de créer un tranchant plus actif en appliquant une retouche. Dessin K. Monigal.

l’exploitation ne s’éloigne de la norme décrite plus haut – et il en est de même pour les supports débités. Dans le cas des exemplaires en quartz, toutefois, il n’est pas possible de savoir quel est l’objectif des opérations de taille (les supports recherchés) et si la stratégie suivie a été orientée, dès le départ, en tenant compte des caractéristiques morphologiques de ces blocs (Fig. 6.31.A). Cependant, l’hypothèse qu’il s’agit, une fois encore, de cas de rentabilisation de blocs de matière première déjà dans une phase finale de leur processus d’exploitation ne doit pas être écartée ; autrement dit, il peut s’agir de l’adoption d’une solution au sein de la norme. Cette hypothèse présuppose nécessairement, et

D’ailleurs, tous les cas de nucléus centripètes montrent l’utilisation d’un galet, déjà épuisé, comme support. Cette hypothèse est la plus économe si l’on considère la série lithique de BXB comme un tout (types et modes de production). Néanmoins, l’on ne peut exclure, ici non plus, l’hypothèse d’une utilisation éventuelle de ces blocs comme outils. Les modes d’exploitation des nucléus de type prismatique – un petit ensemble formé de deux exemplaires en quartzite et deux en quartz, le cristal de roche étant exclu pour le moment – suivent le même schéma. Le remontage QZI-004 (voir Fig. 6.31.B) montre que 167

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 6.30 – Barca do Xerez de Baixo : trois cas de nucléus centripètes (1. quartz ; 2 et 3 quartzite). Comme on peut le voir, ces nucléus utilisent comme support des galets déjà épuisés. Dessins K. Monigal.

Figure 6.31 – Barca do Xerez de Baixo : deux cas de nucléus prismatiques (A. en quartz ; B. en quartzite/ remontage QZI-004). Dessin K. Monigal ; Photos J.P. Ruas.

ce, pour les deux exemplaires en quartz, une intention de produire des supports de dimension très réduite.

lithologies très diversifiées, en particulier le jaspe, le lidite, les calcédoines et les métavulcanites. Il s’agit de roches hétérogènes qui ont des contenus minéralogiques distincts et, surtout, des aptitudes différentes à la taille. Tel que déjà mentionné, ces roches ont été collectées dans les environs du site, sous la forme de galet roulé de petites dimensions. Ils présentent, en général, une morphologie rectangulaire et des faces parallèles (des caractéristiques que l’on a pu observer tant sur les exemplaires archéologiques que sur

6.4.3.2. Modes de fabrication d’éclats en roches siliceuses Il existe au sein de la série lithique des pièces débitées à partir d’un ensemble diversifié de matières premières siliceuses (env. 2%). Cet ensemble comprend des 168

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.32 – Barca do Xerez de Baixo : remontage RS-303 (jaspe). Le mode principal d’exploitation a consisté également à utiliser l’épaisseur du volume pour la production d’éclats. La présence de réfléchissements sur la table a obligé le tailleur à procéder à un enlèvement croisé. Photo J.P. Ruas.

Figure 6.33 – Barca do Xerez de Baixo : comme le montre le rapport entre les variables métriques des nucléus débités en roches siliceuses, les exemplaires documentés à Barca do Xerez de Baixo sont peu allongés, de petites dimensions et fondamentalement aplatis. Tableau 6.XV – Dimensions, en millimètres, des nucléus débités à partir de roches siliceuses et leur poids, en grammes. L’intervalle compris entre le 1er et le 3ème quartile intègre 50% de l’échantillon.

les galets présents à l’heure actuelle dans les cailloutis et dans le lit du Guadiana). Il existe certains aspects qui sont convergents à l’ensemble des roches siliceuses exploitées à BXB :

Moyenne

Écarttype

Minimum

Maximum

1er et 3e Quartile

Longueur

40.9

11.1

26.7

63.3

31,9-45,8

Largeur

34.3

7.3

19.7

44.7

30,6-38,4

Épaisseur

22.8

8.2

12.4

43.6

20,2-24,1

Poids

38

23

12

90

21-51

NUCLÉUS

• le débitage a tendance à générer une énorme quantité d’esquilles et autres petits fragments impossibles à classer (79%) ; • les stigmates de taille sont absents ou difficiles à observer en raison des caractéristiques pétrographiques de ces matières premières (surtout du type de fracture) ;

Roches Siliceuses

169

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 6.XVI – Quantification de certains des attributs technologiques pris en compte dans l’analyse des nucléus en roches siliceuses. Les autres secteurs n’ont pas fourni de nucléus de ce type. Les attributs technologiques des fragments de nucléus (3 exemplaires) n’ont pas été analysés. Long.=Longueur ; Larg.=Largeur. ROCHES SILICEUSES

SECTEURS 1

%

4

%

Total

%

Selon l’épaisseur du volume

5

41.7

0

0.0

5

35.7

Conjuguée (épaisseur + Long. ou Larg.)

0

0.0

1

50.0

1

7.1

Sur éclat

1

8.3

0

0.0

1

7.1

Indéterminée

6

50.0

1

50.0

7

50.0

Total analysé

12

100.0

2

100.0

14

100.0

Parallèles unidirectionnels

5

55.6

0

0.0

5

45.5

Perpendiculaires

0

0.0

1

50.0

1

9.1

Croisés latéraux

1

11.1

0

0.0

1

9.1

Multidirectionnels

3

33.3

1

50.0

4

36.4

Total analysé

9

100.0

2

100.0

11

100.0

5

55.6

0

0.0

5

45.5

Orientation principale de la stratégie

Enlèvements (organisation)

Nombre de plans de frappe Un Deux

1

11.1

2

100.0

3

27.3

≥ Trois

3

33.3

0

0.0

3

27.3

Total analysé

9

100.0

2

100.0

11

100.0

Cortical

6

66.7

0

0.0

6

54.5

Lisse

0

0.0

2

100.0

2

18.2

Cortical + Lisse

3

33.3

0

0.0

3

27.3

Total analysé

9

100.0

2

100.0

11

100.0

Absent

9

100.0

2

100.0

11

100.0

Abrasion

0

0.0

0

0.0

0

0.0

Total analysé

9

100.0

2

100.0

11

100.0

Test

1

8.3

0

0.0

1

7.1

Galet exploité selon l’axe de l’épaisseur

4

33.3

0

0.0

4

28.6

Informe

1

8.3

1

50.0

2

14.3

sur éclat

1

8.3

0

0.0

1

7.1

Centripète

2

16.7

0

0.0

2

14.3

Prismatique

0

0.0

1

50.0

1

7.1

Fragment

3

25.0

0

0.0

3

21.4

Total analysé

12

100.0

2

100.0

14

100.0

TOTAL DE NUCLEUS PAR SECTEUR

12

Plan de frappe

Préparation du plan de frappe

Typologie

2

14

Ce que disent les remontages

• la chaîne opératoire de production lithique est toutefois représentée dans sa totalité, et ce, quelle que soit la lithologie exploitée ; • les éclats constituent les supports recherché ; • vu l’absence de données concrètes, il n’est pas possible de vérifier s’il a existé une intention de produire des esquilles en vue d’une éventuelle utilisation comme barbelures d’outils composites (voir plus avant).

Contrairement aux matières premières mentionnées auparavant, les remontages en roches siliceuses sont rares et très incomplets. Dans un seul cas, celui du remontage RS-303 représenté à la Fig. 6.32, il est possible de connaître la morphologie originelle du bloc ainsi que l’orientation principale du débitage : utilisation 170

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.34 – Barca do Xerez de Baixo : quelques exemples de nucléus en jaspe dans lesquels il a été tiré parti de l’épaisseur des galets comme table de débitage principale. Photos J.P. Ruas.

Figure 6.36 – Barca do Xerez de Baixo : nucléus en jaspe. Encore un cas où toutes les surfaces disponibles ont été utilisées pour réaliser des enlèvements. Dessin J.P. Ruas.

Figure 6.35 – Barca do Xerez de Baixo : rentabilisation maximale de volumes en jaspe. A. Cet exemplaire présente des enlèvements centripètes réalisés déjà dans une phase finale du processus de production (à l’évidence, la stratégie principale a consisté à utiliser l’épaisseur comme table de débitage). B. Dans d’autres cas, il a été tiré parti de la surface du nucléus qui présente les plus grandes dimensions, les enlèvements ont alors été réalisés sur toute la surface disponible (probablement déjà dans une phase finale d’exploitation des volumes de matière première). Dessins et Photos J.P. Ruas.

171

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 6.XVII – Etat de conservation des éclats débités à partir de roches siliceuses, par secteurs de fouille, et leurs dimensions moyennes. SECTEURS Éclats: état de conservation 1

%

2

%

3

%

4

%

5

%

Total

%

Éclat entier

38

51.4

2

40.0

1

100.0

4

44.4

2

66.7

47

51.1

Éclat proximal

1

1.4

2

40.0

0

0.0

2

22.2

1

33.3

6

6.5

Éclat mésial

0

0.0

0

0.0

0

0.0

1

11.1

0

0.0

1

1.1

Éclat distal

7

9.5

0

0.0

0

0.0

1

11.1

0

0.0

8

8.7

Éclat latéral

2

2.7

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

2

2.2

Éclat siret

26

35.1

1

20.0

0

0.0

1

11.1

0

0.0

28

30.4

Total

74

100

5

100

1

100

9

100

3

100

92

100

Dimensions

Longueur

Largeur

Épaisseur

Allongement

Moyenne ± Écart-type

30,86±10,71

25,17±9,07

8,29±3,17

1,29±0,35

Roches Siliceuses

Figure 6.37 – Barca do Xerez de Baixo : comme on peut le voir, les éclats produits en roches siliceuses sont très peu allongés et ont des petites dimensions. Ces caractéristiques reflètent, bien entendu, les volumes de matière première utilisés dans la taille.

Tableau 6.XVIII – Typologie des éclats entiers débités à partir de roches siliceuses, par secteurs de fouille. SECTEURS Éclats entiers: types

1

%

2

%

3

%

4

%

5

%

Total

%

Éclat entame

3

7.9

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

3

6.4

à cortex latéral (un côté)

7

18.4

0

0.0

0

0.0

1

25.0

1

50.0

9

19.1

à cortex latéral et distal - quartier d’orange

7

18.4

2

100.0

0

0.0

2

50.0

0

0.0

11

23.4

à cortex distal

2

5.3

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

2

4.3

à cortex latéral (deux côtés)

2

5.3

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

2

4.3

à cortex distal et latéral (deux côtés)

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

à cortex central

2

5.3

0

0.0

0

0.0

0

0.0

0

0.0

2

4.3

Éclat non cortical

15

39.5

0

0.0

1

100.0

1

25.0

1

50.0

18

38.3

Total

38

100

2

100

1

100

4

100

2

100

47

100

Éclat part./cortical

Roches Siliceuses

172

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Tableau 6.XIX – Caractéristiques technologiques des éclats entiers débités à partir de roches siliceuses.

Roches Siliceuses

N

%

N

%

Plate Triangulaire Triangulaire ≥ 90º Trapézoïdale Trapézoïdale ≥ 90º Irrégulière Total Profil

3 15 6 14 2 7 47

6.4 31.9 12.8 29.8 4.3 14.9 100

Droit Courbe Torse Total Partie Distal

16 22 9 47

34.0 46.8 19.1 100

Diffuse Réfléchie Appointée Corticale Total

24 3 4 16 47

51.1 6.4 8.5 34.0 100

6 9 4 5 6 17 47

12.8 19.1 8.5 10.6 12.8 36.2 100

Section Enlèvements (organisation) Cortical Parallèles Convergents Croisés Croisés dans la partie distale Bidirectionnels Bidirectionnels/distal Irréguliers Multidirectionnels Total Talon

4 35 0 0 2 2 2 2 0 47

8.5 74.5 0.0 0.0 4.3 4.3 4.3 4.3 0.0 100

Cortical Lisse Dièdre Facetté Linéaire Punctiforme

37 6 1 1 1 1

78.7 12.8 2.1 2.1 2.1 2.1

Écrasé

0

0.0

Total

47

100

Bords (morphologie) Parallèles Convergents Divergents Biconvexes Concave-convexes Irréguliers Total

Angle Aigu (>45º < 90º) Droit (≈ 90º) Obtus (> 90º≤ 135º)

1 11 35

2.13 23.4 74.5

Total

47

100

2. Séquence (voir Tableau 6.XVI) : elle s’adapte à la morphologie et à la dimension des galets. Une fois de plus, c’est l’épaisseur qui sert de surface de débitage, ce qui est clairement observé sur cinq exemplaires. Les négatifs des enlèvements montrent une production unidirectionnelle (46%), à plan de frappe unique et cortical (55% ; Fig. 6.34). Sur certains des nucléus, l’on constate une réorientation de la stratégie dans une phase finale du débitage de façon à permettre une exploitation maximale des blocs (Fig. 6.35 et 6.36). Le débitage s’est effectué par percussion directe dure minérale, sans préparation du plan de frappe (Tableau 6.XVI) ; 3. L’abandon : les accidents de taille et les dimensions assez réduites sont à l’origine de l’abandon de la majorité de ces nucléus. Sur aucun des exemplaires il n’a été trouvé de traces d’utilisation (voir plus avant).

de l’épaisseur du galet comme table, créée par des enlèvements unipolaires réalisés à partir d’un plan de frappe cortical ; cependant, les réfléchissements ont forcé le changement de l’axe de débitage. Dans les autres cas, les remontages sont très incomplets et conservent peu d’informations sur les modes d’exploitation des blocs – une moyenne de quatre pièces, avec absence totale de nucléus. L’échec dans l’application de cette méthode est surtout lié aux caractéristiques de l’ensemble de matières premières. La compréhension des objectifs et des modes de débitage des roches siliceuses a dû ainsi se baser à partir d’autres informations. Ce que disent les nucléus 1. Le volume : ils exhibent les mêmes caractéristiques des exemplaires observés à présent aux environs du site : ils sont de petites dimensions et se présentent généralement sous la forme de parallélépipèdes aplatis (Fig. 6.33, Tableau 6.XV). A noter d’ailleurs que tous les pièces conservent encore des vestiges corticaux ;

Ce que disent les éclats 1. Conservation : il existe un pourcentage important d’éclats fracturés (environ 49%, compte tenu les divers 173

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

types de fracture ; Tableau 6.XVII). Ce fait est lié aux caractéristiques de la matière première. Il n’a pas été possible d’observer, sur aucun exemplaire, de stigmates liés à des fractures dues à l’utilisation. L’analyse des attributs techniques des éclats siliceux s’est basée exclusivement sur les exemplaires entiers, tout comme pour les supports débités en quartzite et en quartz. Bien que l’échantillon soit peu représentatif, 47 éclats entiers au total (en tenant compte de tous les secteurs fouillés), il a été néanmoins possible d’établir certains modèles de comportement ; 2. Types et dimensions : les éclats sont irréguliers (36%), très peu standardisés et généralement courts (Tableau 6.XVII ; Fig. 6.37). Ce modèle reflète avant tout les caractéristiques des galets exploités (morphologie et dimensions). Les critères de classification des éclats en différentes catégories (Tableau 6.XVIII), en fonction du pourcentage et de la localisation du cortex, permettent également d’accéder aux modes de production utilisés et de déduire approximativement la position de chaque support au sein de la chaîne opératoire. Comme on peut l’observer, la plupart des exemplaires conservent encore des vestiges de cortex (61,7%), avec une plus grande incidence sur les parties latérales et distales ; ce qui est normal et prévisible compte tenu de la dimension moyenne des galets utilisés (vu leurs dimensions, une longue phase de décorticage s’avérait en effet improductive), de la stratégie la plus adéquate à leur exploitation et, naturellement, des objectifs fonctionnels visés ; 3. Modèles technologiques : ils reflètent les observations rapportées aux points précédents – une production majoritairement unidirectionnelle (74,5%), réalisée à partir de plans de frappe corticaux (79%) et conditionnée par le type et la qualité des roches utilisées pour la taille (voir, à ce propos, le pourcentage élevé de supports qui présentent des contours irréguliers). La représentation majoritaire du profil courbe (47%) et de l’angle ouvert (74,5%) démontre, par ailleurs, un souci évident de conserver la convexité de la surface de débitage (Tableau 6.XIX).

observés tant pour le quartzite que pour le quartz, si l’on pondère les objectifs des opérations de taille et les modes de production de supports ; à savoir les éclats. Concernant les trois grands ensembles pétrographiques – quartzites, quartz et roches siliceuses – la première chose à retenir c’est que les mésolithiques de BXB ont adopté la stratégie qui s’ajustait le mieux aux propriétés géométriques des blocs disponibles localement et aux objectifs fonctionnels visés : la production de supports peu allongés, rarement transformés par la retouche, à utiliser de façon expédiente et probablement peu durable. Les exceptions au comportement technique, considéré comme étant la norme, résultent de circonstances très spécifiques liées soit à une volumétrie différente des galets, soit à la recherche de solutions pour faire face aux problèmes découlant de la qualité de la matière première. L’on constate parfois des réorientations dans les modes de débitage de certains blocs de façon à poursuivre l’exploitation, même quand les nucléus ont des dimensions très réduites. Toutefois, l’ensemble de la production lithique à partir de roches siliceuses présente un aspect particulier : la mise à profit d’éclats, normalement non corticaux (56%), pour l’exécution d’enlèvements bipolaires. En effet, nous avons listé 20 éclats (répartis soit dans la SOS, soit dans la SOM, soit encore dans le Secteur 4) qui peuvent être intégrés dans le type pièce esquillée. Nous reviendrons sur ce sujet un peu plus loin. 6.4.3.3. Modes de fabrication de supports en quartz hyalin Le quartz hyalin est une matière première dont les caractéristiques structurelles très particulières le rendent particulièrement adapté à la taille. Les propriétés géométriques de ce minéral facilitent la cassure qui se produit selon les plans de clivage, lesquels sont parallèles. Cet ensemble d’attributs a été mis à profit pour produire un type particulier de support : la lamelle. Les autres catégories technologiques – éclats, esquilles, fragments – constituent des déchets de ce processus de fabrication. Les éclats peuvent être d’ailleurs considérés comme des supports simplement accidentels, “créés” au cours du processus de production des lamelles. L’ensemble lithique en quartz hyalin est composé de 28 pièces qui ont la particularité d’avoir été toutes exhumées dans le Secteur 4 et présentent

Quels sont les avantages d’utiliser cette variété de matières premières ? La production lithique réalisée à partir des roches siliceuses ne s’écarte pas des modèles

Figure 6.38 – Barca do Xerez de Baixo, Secteur 4 : répartition des artefacts en quartz hyalin, en plan et en coupe.

174

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Tableau 6.XX – Quartz hyalin. A. Inventaire ; B. Analyse quantifiée des attributs technologiques des neuf lamelles. Une pièce esquillée a été incluse dans la catégorie Autres. A -Inventaire

B - Lamelles: technologie N

%

Esquille

9

32.1

% Cortex

Fragment

2

7.14

0%

22.2

Cortical

44.4

Cortical

11.1

75%

11.1

Écrasé

11.1

Profil Droit

44.4

Entier

6

21.4

Diffuse

50.0

Parallèles

11.1

Courbe

33.3

Proximal

3

10.7

Appointée

50.0

Divergents

33.3

Torse

22.2

Nucléus

3

10.7

Symétrie

Biconvexes

11.1

Section

Autres

1

3.57

Symétrique

77.8

Irréguliers

11.1

Triangulaire

44.4

Total

28

Asymétrique

22.2

Concave-convexes

33.3

Trapézoïdal

55.6

Quartz-hyalin

Éclat

Lamelle

%

% Talon

Partie distale

% Enlèvements (org.)

Bords

Figure 6.40 – Barca do Xerez de Baixo : ensemble de trois nucléus prismatiques en quartz hyalin (pour une meilleure lecture des stigmates de taille, les pièces ont été fumées au préalable à l’aide de magnésium en combustion). Photos J.P. Ruas.

un mode de répartition nettement concentré du point de vue spatial et vertical (Fig. 6.38).

Figure 6.39 – Barca do Xerez de Baixo : ensemble de trois lamelles débitées en quartz hyalin (pour une meilleure lecture des stigmates de taille, les pièces ont été fumées au préalable à l’aide de magnésium en combustion). Photos J.P. Ruas.

Dans le Tableau 6.XX, figurent les données de l’analyse réalisée sur ce petit ensemble de pièces. A noter que la 175

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

6.4.4. La transformation de supports

technique utilisée est celle de la percussion directe à l’aide d’un percuteur en pierre. Les attributs techniques observés pour l’ensemble des lamelles montrent que la production de ces supports a été orientée en tenant compte des caractéristiques morphologiques du cristal – mise à profit des arêtes, des angles et des plans naturels de clivage. Il s’agit de pièces généralement symétriques et petites, débitées dans la plupart des cas à partir d’un seul plan de frappe, lequel est cortical dans environ 44% des cas (voir Tableau 6.XX et Fig. 6.39). Les nucléus abandonnés présentent des dimensions déjà très réduites (voir Fig. 6.40) et peuvent être classés comme nucléus prismatiques (deux exemplaires) et comme nucléus informe (un exemplaire). Les stigmates de taille ont confirmé l’utilisation de la percussion directe à l’aide d’un percuteur dur minéral.

La transformation de supports par la retouche est extrêmement rare quelle que soit la matière première représenté à BXB : 158 exemplaires – soit 0,4% de l’ensemble de l’industrie lithique (voir Tableau 6.XXI) – concentrés pour la plupart dans le Secteur 1 (100 exemplaires : 66%, répartis équitablement entre la SOS et la SOM), lequel est suivi du Secteur 4 avec 24 exemplaires (16%). L’analyse réalisée sur l’ensemble de pièces retouchées permet d’aboutir aux conclusions suivantes : 1. L’absence de toute norme quant à la délinéation, la localisation, l’inclinaison et la répartition de la retouche. Il existe toutefois certains attributs de nature technologique qui varient selon la matière première utilisée (c’est le cas de la position de la retouche, par exemple, voir Tableau 6.XXI) ;

L’objectif de la production de supports lamellaires en quartz hyalin sera évoqué plus loin.

Tableau 6.XXI – Outils : Caractéristiques technologiques. R.S. Roches siliceuses. Quartzite

Quartz

R.S.

Total

N

%

N

%

N

%

N

%

Denticulé

18

20.5

9

24.3

1

3.7

28

18.4

Encoche

29

33.0

8

21.6

5

18.5

42

27.6

Perçoir

5

5.7

2

5.4

2

7.4

9

5.9

Pièce à retouches latérales et distales

20

22.7

12

32.4

17

63.0

49

32.2

Grattoir

6

6.8

4

10.8

2

7.4

12

7.9

Racloir

10

11.4

2

5.4

0

0.0

12

7.9

Total

88

100

37

100

27

100

152

100

%/Total (N=152)

57.9

Typologie

24.3

17.8

100.0

Type de support Éclat partiellement cortical à cortex latéral (un côté)

12

13.6

5

13.5

3

11.1

20

13.2

à cortex latéral et distal

26

29.5

8

21.6

0

0.0

34

22.4

à cortex distal

6

6.8

2

5.4

1

3.7

9

5.9

à cortex central

2

2.3

0

0.0

0

0.0

2

1.3

Éclat entame

29

33.0

4

10.8

0

0.0

33

21.7

Éclat non cortical

5

5.7

13

35.1

19

70.4

37

24.3

Fragment

3

3.4

3

8.1

3

11.1

9

5.9

Galet ou fragment de galet

5

5.7

2

5.4

1

3.7

8

5.3

Total

88

100

37

100

27

100

152

100

Directe

37

42.0

24

64.9

20

74.1

81

53.3

Inverse

43

48.9

13

35.1

4

14.8

60

39.5

Alterne et alternante

8

9.1

0

0.0

3

11.1

11

7.2

Total

88

100

37

100

27

100

152

100

Position

176

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.42 – Barca do Xerez de Baixo : perçoirs. 1. en quartzite (inclus dans le remontage QZI-100) ; 2. en quartz (cette pièce présente des traces d’utilisation sur matière tendre d’origine animale). Dessins K. Monigal.

supports transformés par retouche, que l’utilisation d’artefacts à BXB n’a pas dû se circonscrire à cette dernière catégorie – celle des pièces retouchées. Surtout si l’on tient compte des divers passages mésolithiques et du spectre d’activités documentées sur place. Il existe, d’autre part, de très nombreux éclats qui présentent des micro-encoches ou même des micro-denticulés sur leurs tranchants qui semblent correspondre à des traces d’utilisation. Les résultats obtenus par l’application de la méthode des remontages suggèrent que certains des nucléus utilisés pour la production d’éclats aient pu servir, à certains stades de leur processus de débitage, d’outils massifs de travail (Araújo et Almeida, 2007 ; 2008 ; 2013 ; Araújo et al., 2009). Cette hypothèse – observée dans plusieurs cas – se base sur la présence d’espaces vides détectés entre les éclats remontés et l’arête du nucléus, des vides qui ne peuvent pas résulter d’une éventuelle préparation du plan de frappe (voir Fig. 6.46, par exemple).

Figure 6.41 – Barca do Xerez de Baixo : denticulés. 1. en quartzite ; 2. en quartzite (pièce incluse dans le remontage QZI-166) ; 3. en quartz ; 4. en quartzite (pièce incluse dans le remontage QZI-145) ; 5. en quartzite. Dessins K. Monigal.

2. Les encoches, les denticulés et les éclats partiellement retouchés dominent parmi l’éventail des supports modifiés par la retouche (Fig. 6.41 à 6.45) ; dans certains cas, d’ailleurs, cette classification pourrait être considérée comme excessive vu l’absence de traces bien distinctives ou la faible typicité des objets transformés ; 3. L’on constate une utilisation différenciée de l’éclat à transformer : corticale, pour le quartzite (85,2%) ; non corticale, pour les roches siliceuses (70,4%). Ce fait n’est pas lié à un choix délibéré d’un certain type de support, mais bien à la stratégie de production lithique documentée à BXB et, bien entendu, au type de produits qui en découlent ; 4. La mise à profit de petits éclats produits à partir de roches siliceuses comme pièces intermédiaires, à savoir, des pièces esquillées.

Partant de la caractérisation effectuée jusqu’ici et compte tenu des diverses hypothèses évoquées tout au long de ce paragraphe – des hypothèses formulées autour de la question qu’est-ce qu’un outil à BXB ? – il a été procédé à un premier test d’analyse tracéologique (Igreja, 2013). Les critères utilisés pour la sélection des matières figurent

Il semble évident, compte tenu du rapport existant entre le nombre de supports produits et le nombre de 177

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 6.43 – Barca do Xerez de Baixo : encoches et éclats retouchés. 1. Encoche inverse sur le bord droit et retouche marginale inverse sur le bord gauche (sur un éclat en quartzite). 2. Encoche inverse sur le bord droit (sur un éclat en quartzite) ; 3. Encoche inverse à l’extrémité distale (sur un éclat en quartzite ; inclus dans le remontage QZI-162) ; 4. Retouche inverse marginale (sur un éclat en quartzite ; inclus dans le remontage QZI-062 ; présente des traces d’utilisation : raclage de matières tendres d’origine animale) ; 5. Encoches inverses latérale et distale (inclus dans le remontage QZI-106 ; traces d’utilisation : raclage de matières dures/bois. Dessins K. Monigal.

178

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.44 – Barca do Xerez de Baixo : racloirs (retouche directe) en quartzite. Dessins K. Monigal.

179

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 6.45 – Barca do Xerez de Baixo : racloirs (retouche inverse) en quartzite et pièce carénée en quartz, sans traces d’utilisation. Dessins K. Monigal.

180

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.46 – Barca do Xerez de Baixo : ce remontage illustre un cas dans lequel les vides existant entre le nucléus et les supports remontés peuvent constituer un indice d’usage du premier comme outil. Dans le cas présent, l’analyse tracéologique devait confirmer cette hypothèse : le nucléus a fonctionné comme outil, pour le travail du bois par percussion lancée. L’éclat, quant à lui, ne présente pas de traces d’usage. Dessin de K.Monigal ; Photos macro et micro M. A. Igreja.

181

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 6.XXII – Critères utilisés pour la sélection des matières en vue de l’analyse tracéologique. 1. Quartzite ; 2. Quartz ; 3. Roches siliceuses ; 4. Quartz hyalin. Nombre total de pièces analysées : 136.

Questions

Types sélectionnés

L’objectif de la retouche

Denticulés

gestes/mouvements effectués

Encoches

matières travaillées

Éclats retouchés

Matière Première 1

2

3

4

24

14

11

0

Perçoirs Racloirs/Grattoirs 49 Utilisation de supports bruts gestes/mouvements effectués matières travaillées

Éclats à des “traces d’utilisation”

28

5

7

0

Éclats inaltérés 40

Nucléus vs. chopper gestes/mouvements effectués

Différents types de nucléus

4

8

3

0

matières travaillées

Nucléus de remontages

5

0

0

0

20 Pièces esquillées : nucléus ou outils ? gestes/mouvements effectués matières travaillées

Pièces esquillées

0

3

15

1

19 L’objectif de la production de lamelles gestes/mouvements effectués matières travaillés

Lamelles

0

0

0

8

8

• la mise à profit de nucléus comme outils, notamment à certaines phases de leur processus d’exploitation (voir Fig. 6.29, Fig. 6.46 et Fig. 6.47), pour des tâches qui requièrent des outils plus robustes et plus massifs : traitement/acquisition de ressources végétales comme le bois et d’autres matériaux durs comme les os. L’hypothèse de la mise à profit de nucléus comme outils a été déjà suggérée au cours de l’étude technologique des matériaux lithiques, en particulier à l’occasion de l’analyse des remontages. En ce qui concerne la pièce représentée à la Fig. 6.29, classée comme nucléus sur éclat, la tracéologie a démontré son utilisation, avec l’éclat encore attaché, dans le travail du bois par percussion lancée ; • une représentation plus forte de supports retouchés avec des traces d’utilisation (23%, sur le nombre total de supports retouchés analysés), suggérant une exploitation plus importante de cette catégorie d’artefacts, à savoir, un bénéfice de l’investissement réalisé. Il n’est toutefois pas possible d’établir des associations ou des correspondances entre : type de retouche, types d’action, matériaux travaillés ; • l’utilisation de pièces esquillées pour le raclage des matières dures (Tableau XXIII) ;

dans le Tableau 6.XXII. L’interprétation des résultats, conjuguée avec les modèles technologiques de production lithique documentés dans le site, sera discutée dans le paragraphe qui suit. 6.4.5. Technologie lithique et fonction à BXB Les résultats préliminaires obtenus par la tracéologie montrent qu’à BXB il a été tiré parti de supports bruts, de supports retouchés, d’esquilles et de nucléus ; ce constat s’applique à toutes les matières premières utilisées dans les opérations de taille. Les activités documentées concernent le traitement d’animaux (peau, viande et os), de matières d’origine végétale (bois) et d’origine minérale, associé à des gestes de travail comme le raclage (pour la plupart), la coupe et la percussion lancée (Tableau 6.XXIII). Bien que l’échantillon analysé soit encore très insuffisant pour caractériser correctement la variété tracéologique de l’industrie (136 pièces, soit 0,36% du total des artefacts récupères), trois aspects qui semblent indépendants du nombre de pièces analysées méritent une attention particulière : 182

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Tableau 6.XXIII – Corrélation entre les variables observées dans les études technologique et tracéologique. Seules les pièces qui présentaient des vestiges d’utilisation (31 sur les 136 exemplaires analysés ; Igreja, 2013) ont été prises en compte dans ce tableau. R.S. Roches siliceuses ; Q.H. Quartz hyalin ; Ind. Indéterminé. Matières Premières Cinématique de travail

Quartzite

Quartz

RS

Q.H.

Total

Gratter

9

4

3

3

19

Couper

2

3

0

1

6

Percussion lancée

4

0

0

0

4

Indéterminée

1

1

0

0

2

Total

16

8

3

4

31

Matières travaillées Cinématique de travail

Bois

Animal

Minéral

Ind (dur)

Total

Gratter

3

9 (3)

1

6

19

Couper

0

5

0

1

6

Percussion lancée

4

0

0

0

4

Indéterminée

1

1

0

0

2

Total

8

15

1

7

31

Matières travaillées Bois

Animal

Minéral

Ind. (dur)

Total

Nucléus

2

3(1)

1

2

8

Éclat

2

1

0

1

4

Pièce retouchée

4

7(1)

0

1

12

Lamelle

0

3

0

1

4

Pièce esquillée

0

(1)

0

2

3

Total

8

15

1

7

31

Cinématique de travail

Nucléus

Éclat

P. Retouchée Lamelle

P. Esquillée

Total

Gratter

4

1

8

3

3

19

Couper

2

1

2

1

0

6

Percussion lancée

2

2

0

0

0

4

Indéterminée

0

0

2

0

0

2

Total

8

4

12

4

3

31

Types lithiques

Types lithiques

Figure 6.47 – Barca do Xerez de Baixo : dans ce cas, le nucléus, présentant encore l’éclat attaché, a été utilisé pour le travail du bois, par percussion lancée. Il n’a pas été possible de déterminer si la séparation de l’éclat s’est produite au cours de l’utilisation proprement dite ou s’il a été volontairement détaché par le tailleur. Dessin K. Monigal ; Photos : macro J.P. Ruas ; micro M. A. Igreja.

183

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

absent dans les sites paléolithiques (Paléolithique moyen et supérieur) connus dans la région et est extrêmement rare dans d’autres contextes datés de la Préhistoire récente. Les caractéristiques essentiellement acides des sols, alliées à la forte érosion des sédiments constituent les principaux motifs qui rendent très difficile la conservation de restes organiques. Par ailleurs, il n’existe pas de systèmes karstiques susceptibles d’avoir hébergé des occupations archéologiques. La connaissance des diètes des communautés préhistoriques doit être fondée, dans presque tous les cas, par voie indirecte. À BXB, il existe des vestiges fauniques, globalement en mauvais état de conservation, dont la présence s’explique par les facteurs suivants :

• l’utilisation des lamelles en quartz hyalin pour le travail des matières tendres d’origine animale moyennant des cinématiques comme le raclage et la coupe (Tableau XXIII). En combinant les données de la tracéologie avec les modèles technologiques (modes d’approvisionnement, de gestion et d’exploitation des matières premières), il est possible de confirmer, déjà assez nettement, la présence d’un système de production peu élaboré et caractérisé, en premier lieu, par l’énorme versatilité des solutions techniques adoptées, en contrepoint à l’extrême homogénéité des types lithiques représentés ; en deuxième lieu, par la façon expédiente dont ces solutions sont mises en œuvre. L’absence de stigmates d’utilisation sur environ 65% des exemplaires étudiés peut d’ailleurs s’expliquer par ce caractère expédient, ou peu insistant de l’utilisation proprement dite. L’observation microscopique réalisée dans le cadre de l’analyse tracéologique exclut l’hypothèse que cette absence soit due aux conditions de gisement. En effet, dans l’échantillon analysé, seules 12,5% des pièces présentent des traces d’altération de leurs bords et de leurs surfaces (Igreja, 2013). Le programme réalisé dans le but de caractériser la réponse d’artefacts à des cinématiques exercées sur différents matériaux a montré que, sur un pourcentage significatif des exemplaires fabriqués en quartzite et en quartz, les actions n’ont pas toujours été enregistrées sur les bords actifs des pièces expérimentales (Igreja et al., 2007).

• une occupation intensive de l’espace qui se traduit par l’abondance des restes organiques accumulés (en dépit du fait que l’indice de détermination soit extrêmement faible : 0,19 seulement) ; et • le fait que ces restes ont été très rapidement enterrés.

6.5. Ressources fauniques

C’est dans le Secteur 1, plus éloigné des zones critiques de crues du Guadiana et le plus intensément occupé, que se concentre la quasi-totalité de la faune : 91% du nombre total de restes (Tableau XXIV ; Valente, 2008 ; 2013). C’est aussi le secteur qui a fourni le plus grand nombre de fragments déterminés : 94% du total des restes déterminés (Tableau XXIV ; Valente, 2008 ; 2013). L’ensemble faunique de BXB est nettement dominé par de petites esquilles d’os, dont 79% ont moins de 2cm de long, en tenant compte du comptage global. Cet indice de fragmentation reflète, d’une part, les caractéristiques du dépôt sédimentaire, peu favorable à la conservation des os, surtout des éléments de plus petite densité et, d’autre part, les activités qui se sont déroulées sur place. Ces deux faits, conjugués, expliquent le faible taux de détermination observé (Tableaux 6.XXIV et 6.XXV). L’aurochs (Bos primigenius ; 52,3%), le cerf (Cervus elaphus ; 14,1%) et Leporidae (29,0%) sont les plus représentés tant en termes de restes déterminés que de nombre minimum d’individus (Tableau XXV, Valente, 2008 ; 2013). Le cheval (Equus caballus ; 1,4%) et le renard (Vulpes vulpes ; 3,2%) complètent l’éventail faunique documenté à BXB. Cet ensemble d’espèces est représenté essentiellement par leur squelette appendiculaire (47%) et par des éléments de leur dentition (38%), les parties axiales étant sousreprésentées (Valente, 2008 ; 2013). Ce déséquilibre dans la fréquence des parties du squelette est dû surtout à des facteurs naturels (en rapport avec le comportement et la capacité de résistance des os à l’action des phénomènes post-dépositionnels), mais également à la manipulation exercée sur les carcasses par les groupes humains (voir 6.7). En effet, l’étude archéozoologique indique, comme hypothèse probable, une gestion différenciée des carcasses (un transport différencié de certaines parties des squelettes à l’intérieur et/ou à l’extérieur de l’espace d’habitat ; Valente, 2008 ; 2013).

L’un des aspects qui confère à BXB un statut particulier c’est la présence de restes fauniques. Ce type de vestige est

Ce sont les secteurs 1 et 4 qui permettent de caractériser l’ensemble faunique de façon plus précise. Son absence ou

S’il est possible de comprendre assez bien le type de produits recherchés (morphologie, dimension, etc.) et d’entrevoir certains des gestes et des matières travaillées, il s’avère plus difficile de déterminer le type d’armement ou les pratiques utilisées pour l’abattage des animaux documentés à BXB. L’affirmation “on ne peut gratter une peau avec l’arme qui a servi à abattre l’animal ” (Perlès, 1991), traduit bien la problématique en question. L’absence d’armatures de projectile en pierre à BXB, ou de restes associés à leur fabrication, fait supposer l’adoption d’une autre technique ou stratégie pour l’abattage ou la capture des proies : pointes de projectile en bois, utilisation de pièges ou du feu, en sont quelques exemples. Les diverses études réalisées sur ce site ne permettent pas d’aboutir à des conclusions sur l’équipement de chasse utilisé par les chasseurs de BXB. Les contextes du Paléolithique supérieur identifiés dans cette région comportent toujours des armatures, Au-delà de l’identification de chaînes opératoires destinées spécifiquement à la production de supports lamellaires, la production de petites barbelures en silex allochtone dans les contextes régionaux attribués au Magdalénien (entre autres roches siliceuses disponibles localement) offre en outre un fort contraste avec les modèles de comportement documentés à BXB. On reviendra sur ce sujet au Chapitre 8 (IVème Partie).

184

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Tableau 6.XXIV – Quantification des restes fauniques par secteur de fouille : NTR. Nombre total de restes ; ND. Nombre de restes non déterminés ; NRD. Nombre de restes déterminés. Le NDR est également présenté par taxon (Valente, 2008 ; 2013). Secteurs 1

NRD

2

3

4

5

Sond./98

S/ Prov.

TOTAL

NTR

34807

38

42

1682

21

1159

322

38071

ND

34137

36

37

1658

21

1147

319

37355

NRD

665

2

5

24

0

12

3

711

NTR total

91.4

0.1

0.1

4.4

0.1

3.0

0.8

100.0

NRD total

93.5

0.3

0.7

3.4

0.0

1.7

0.4

100.0

Cervus elaphus

91

Bos primigenius

345

Equus caballus

8

Vulpes vulpes

23

Leporidae

198

2

3

3

6

15

2

1

1

100 3

370 10 23

4

Bivalvia ND

3

205

2

2

Gastropoda ND

1

1

Tableau 6.XXV – Mammifères : nombre total de restes déterminés (TRD) et nombre minimum d’individus (NMI), par taxon et par secteur/niveau de fouille/occupation (Valente, 2008 ; 2013).

Secteur 1

C. elaphus

B. primigenius

E. caballus

V. vulpes

Leporidae

TOTAL

NRD

NMI

NRD

NMI

NRD

NMI

NRD

NMI

NRD

NRD

SOS

12

2

68

2

2

1

47

1

129

6

SOM

77

5

248

5

5

1

23

2

123

2

476

15

13

2

1

1

14

3

SOI S/O

Secteur 2

2

16

1er HO

2

e

Secteur 3

1

NMI

27

NMI

46

1

2

1

3 HO

1

1

1

1

1er HO

2

1

2

1

2e EO

1

1

1

1

1er EO

3

1

14

1

1

1

4

1

22

4

Sond. 98

--

6

1

2

2

1

1

3

1

12

5

S/Prov.

--

Secteur 4

TOTAL

3 100

9

370

3 16

10

sa sous-représentation dans les autres secteurs (en nombre de restes et en nombre de restes déterminés) s’explique soit par des facteurs taphonomiques, soit par la nature des activités qui y ont été développées (plus spécialisés), tel que mentionné aux paragraphes 6.2 et 6.3. Si l’on considère l’ensemble des taxons identifiés à BXB, l’aurochs se détache nettement (Valente, 2008 ; 2013), soit en nombre de restes déterminés (N=370) soit en nombre minimum d’individus (N=16) ; l’on constate en outre qu’il est présent dans tous les secteurs. Le cerf montre une répartition bien plus circonscrite, sachant qu’il s’agit du deuxième taxon représenté, compte tenu du NMI documenté (N=9). Les léporidés, avec un taux de détermination plus élevé que le cerf mais avec une distribution semblable, présentent un NMI de 6. La faible représentation du cheval, dix restes déterminés pour un NMI de 4, est certainement due à la faible fréquence de cette espèce pendant la période en question. Le renard, par contre, suit un modèle exclusif : il est en effet circonscrit à la SOM du Secteur 1. Du point de vue paléoenvironnemental, les taxons décrits ici indiquent un paysage ouvert, interrompu par des zones

4

23

2

205

6

708

37

ponctuellement arborées. À l’exception d’un jeune cerf documenté dans la SOM du Secteur 1, les autres individus sont adultes. Bien que rares, des traces d’action humaine liées au traitement des carcasses des animaux capturés ont été identifiées sur certains os (Valente, 2008 ; 2013). Les caractéristiques de l’ensemble faunistique – espèces et parties anatomiques représentées, normes de conservation/ altération et de concentration/dispersion des restes – ont permis, en les conjuguant avec les autres modèles de comportement (technologie lithique, structures domestiques, organisation spatiale et verticale des vestiges) de restituer certaines des activités qui y ont été développées et de procéder à la caractérisation fonctionnelle du contexte (6.7). 6.6. Structures La présence de plusieurs structures de combustion dont les typologies diffèrent représente un autre aspect qui caractérise l’archéologie de BXB. Ces installations ont 185

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

dû constituer des éléments fixes au sein de l’espace d’habitat, conditionnant clairement les activités qui y ont été développées, d’après ce que l’on peut déduire de l’analyse de la répartition spatiale de tous les vestiges. C’est précisément au sein des structures de combustion ou dans leurs environs immédiats que se sont concentrés la plupart des restes produits au cours des occupations, sachant qu’il a été possible d’identifier, aux alentours, des aires de taille bien définies. Dans d’autres cas, ces structures semblent pratiquement isolées. Leur étude est encore en cours et implique de recourir à des outils d’analyse spécifiques, étant donné la variabilité des solutions architectoniques en présence, la diversité des types et des degrés d’altération des éléments constituants (pierreux et sédimentaires) et les modes de fonctionnement possibles. L’application de la méthode des remontages aux restes thermoaltérées a été limitée, pour le moment, à la résolution de problématiques très spécifiques et ponctuelles (de raffinement stratigraphique et d’évaluation des conditions taphonomiques, par exemple), bien qu’elle ait déjà révélé certaines dynamiques internes en rapport avec l’organisation fonctionnelle du site (Araújo et Almeida, 2008 ; 2013).

Tableau 6. XXVI – Structures (S.) documentées à Barca do Xerez de Baixo par types et par secteurs (ST.) et niveaux d’occupation.

STRUCTURES

SOM Répartition Spatiale

ST. 1

Creusées dans Planes le sol Cuvette Fosse

Amas de Pavements pierres brulés

S.F

S.I; S.J

SOI

S.H

S.G

2ème niveau S.A ST. 2

1er niveau

S.D

ST. 3 3ème niveau

S.B; S.C

ST. 5 2ème niveau

S.E

dans la SOS est confirmée non seulement par le nombre de thermoclastes qui y ont été récupérés, mais encore par le degré d’altération thermique dont témoignent les restes fauniques (18,5% ; Valente, 2008 ; 2013) et l’industrie lithique.

6.6.1. Distribution, typologies et contenus Les galets, les galets brûlés et les thermoclastes sont omniprésents dans tous les secteurs et niveaux d’occupation, organisés ou non en zones de combustion structurées. Dans le Tableau XXVI et les figures 6.48 et 6.49, nous présentons la répartition spatiale et verticale des structures qui montrent des limites clairement définies au moment de leur abandon.

Deux grands groupes de structures ont été établis – structures creusées dans le sol et structures planes – au sein desquelles diverses catégories ont été individualisées en fonction de leur forme, leur étendue et leur profondeur. Il ne s’agit pas de catégories fonctionnelles mais bien typologiques, au sens strict, établies en fonction de la géométrie/volumétrie présentée par ces dispositifs.

D’autres situations ont été documentées qui prouvent l’usage intensif du feu, comme par exemple le 1er niveau d’occupation du Secteur 4. Un nombre très élevé de roches thermoaltérées enveloppés dans un sédiment fortement compacté et noirci par l’action du feu y a été identifié. Plutôt qu’une structure à proprement parler, il s’agissait d’une grande aire aux contours irréguliers et aux limites diffuses où avaient été réalisées des activités de combustion. L’absence de fractures thermiques in situ, alliée à la dispersion des éléments altérés par la chauffe – contrairement au modèle documenté pour l’industrie lithique – suggère la présence d’épisodes de nettoyage et de restructuration d’une aire de feu, donnant lieu à la décharge, dans les environs, des éléments brûlés (Fig. 6.50).

• structures creusées dans le sol – ce groupe réunit des dispositifs construits à partir de l’ouverture préalable d’une dépression dans le sol. Deux types distincts ont été individualisées, des structures en cuvette et des structures en fosse (Fig. 6.51 ; voir également Fig. 6.3), en fonction de la profondeur, de l’étendue et des contours présentées (voir Fig. 6.51) ; • structures planes – ce groupe comporte les dispositifs construits sur un sol plat ou très peu déprimé. Là aussi, deux catégories ont été individualisées : des pavements brûlés et des amas de pierres. Il s’agit, dans le premier cas, de grands foyers pierreux à morphologie rectangulaire ou carrée, construits à partir d’un (S.G) ou de deux niveaux distincts et compacts de galets (S.B, S.C et S.E). Les thermoclastes sont bien enchevêtrés entre eux, très souvent disposés à la verticale et emballés dans une couverture de sédiments très compacts et nettement rubéfiés.

La SOS du Secteur 1 documente un autre type de situation. De très nombreux thermoclastes, dispersés de façon aléatoire sur toute la surface fouillée, y ont été trouvés. L’analyse des remontages montre des liens entre des éléments d’un même bloc à des distances supérieures à 2 mètres (voir Fig. 6.9 et Fig. 6.48). Bien que ce mode de répartition suggère la présence d’altérations de nature post-dépositionnelle dans cette partie du dépôt, des données concrètes contrarient cette version, comme on le verra plus loin. La présence d’activités de combustion

Les amas de pierre sont des concentrations bien délimitées de galets et de galets brûlés, jamais thermoclastés, situés à proximité des foyers (voir Fig. 6.48 et 6.51). Les sédiments autour de ces dispositifs ne présentent pas de signes 186

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.48 – Barca do Xerez de Baixo : localisation des structures documentées dans la SOM et dans la SOI du Secteur 1 ; enregistrement graphique des bases des niveaux artificiels 5 à 14 des rangées 34 et 35.

Figure 6.49 – Barca do Xerez de Baixo : localisation des structures B, C (Secteur 3) et E (Secteur 5).

Figure 6.50 – Barca do Xerez de Baixo : plan du premier contexte d’occupation du Secteur 4 où l’on aperçoit une zone de sédiments plus foncés. Illustration G. Casella.

187

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 6.51 – Barca do Xerez de Baixo : quelques exemples de structures (voir fig. 6.5, 6.48 et 6.49).

Figure 6.52 – Barca do Xerez de Baixo : développement de la structure H (Secteur 1) avec la quantification des restes fauniques et industries lithiques qui y sont documentés (Araújo et Almeida, 2013). Illustration G. Casella.

188

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

d’exposition directe au feu. Ils doivent correspondre soit à des réserves (stockage ?) d’autres structures de combustion, soit à des restes de contenants abandonnés dont on peut supposer – à titre d’hypothèse – qu’ils ont renfermé des pierres brûlées ayant servi à chauffer des liquides ou des préparations alimentaires.

en fonction des besoins et des objectifs fonctionnels visés. Le fleuve constituait un élément fondamental dans ce processus. Il est intéressant de mentionner, à ce propos, que les premières opérations liées au traitement de la peau étaient traditionnellement désignées par le travail du fleuve, vu le besoin constant d’utiliser de l’eau, motif pour lequel cette activité était réalisée sur les rives d’un cours d’eau (Audoin-Rouzeau et Beyries, 2002). Le traitement et la préparation de la peau et de la viande passaient par plusieurs étapes successives, ils exigeaient du temps et des outils de travail. La pierre, disponible dans les environs du site sous forme de galet roulé, était travaillée dans un but bien défini : produire des supports en quantité – les éclats -, afin d’être utilisés sur le champ et au fur et à mesure des besoins. En dehors de ces outils, les artisans de BXB ont tiré parti des nucléus afin de s’en servir pour accomplir des tâches qui requéraient des outils plus massifs, tel que la collecte de bois, une ressource fondamentale dans le processus de production du feu. Loin de représenter la totalité du spectre d’aptitudes technologiques de ces groupes mésolithiques, l’ensemble lithique de BXB témoigne, par-dessus tout, d’une énorme capacité d’adaptation aux matières premières disponibles sur place et aux exigences fonctionnelles.

Ce sont bien entendu les structures en cuvette et en fosse qui présentent les contenus les plus riches et les plus diversifiés. En dehors des roches thermoaltérées, ces dispositifs recèlent encore des restes fauniques et des industries lithiques, en plus ou moins grande quantité selon les cas. Les structures F et H sont, de ce point de vue, les plus emblématiques (voir, par exemple, Fig. 6.52). La structure A, par contre, était totalement dépourvue d’autres restes hormis les galets thermoaltérés et thermoclastés. L’étude de ces vestiges a toutefois révélé quelques données intéressantes concernant sa construction et ses modes de fonctionnement. Ce dispositif, à morphologie ovale et orienté selon l’axe NE-SW, occupait une surface de 6650cm2 et un volume de 133000cm3 (~95X70X20cm). Le processus de construction a commencé par l’ouverture d’une dépression, suivi par son remplissage, base et parois, avec des galets (N=107 ; Kg = 85,312) disposées majoritairement dans la verticale (en profitant de leurs extrémités les plus affilées pour être bien enfoncées dans le sol). Les remontages effectués aux fragments thermoaltérées montrent l’absence de déplacements significatifs (les volumes ont fracturé mais les fragments sont restés à peu près dans leurs positions originelles). La quantité et le type de fractures observés sur les thermoclastes (tel que sa couleur) montrent que les galets ont subis d’altérations thermiques violentes dans une ambiance de combustion fermée ou semi-fermée (Araújo et Almeida, 2013). Quant aux structures planes, elles ne contenaient pratiquement pas de restes hormis leurs éléments constitutifs. Il est intéressant de constater que la présence d’artefacts lithiques est pratiquement circonscrite aux structures en cuvette et en fosse. Si les nucléus qui y sont documentés semblent avoir été utilisés pour la construction proprement dite et l’entretien de ces dispositifs, la présence d’éclats et d’esquilles en leur sein doit, en revanche, être interprétée comme correspondant à des produits non voulus ou déjà inutilisés.

Si l’objectif sous-jacent à l’occupation de cet espace est clair, déterminer le mode de fonctionnement pour chacun des moments d’occupation du site s’avère plus difficile et plus complexe. 6.7.1. Aires d’activité extensive En partant des caractéristiques et des formes d’organisation spatiale du registre archéologique, il a été possible d’interpréter la Surface d’occupation supérieure (SOS) et la Surface d’occupation intermédiaire (SOM) identifiées dans le Secteur 1, et ce, conjointement avec le premier niveau d’accumulation anthropique identifié dans les Secteurs 2 et 4, comme correspondant à des aires d’activité extensive (au sens de Binford, 1983) destinées au traitement des carcasses (Araújo et Almeida, 2013). Les aires de combustion ont dû être construites à cet effet, mais également comme source de confort pour les activités de taille proprement dites (voir, par exemple, Fig. 6.53). Le fait que les structures ne se soient pas conservées dans la SOS, en dépit des nombreux thermoclastes qui y sont documentés, peut éventuellement s’expliquer à partir d’un autre type d’évènement enregistré également par Binford : celui du nettoyage des aires d’activité extensive en prévision de leur réutilisation future. Cela expliquerait ainsi le contraste existant entre l’“apparente” désorganisation des restes fauniques et des thermoclastes d’une part, et la nette préservation spatiale des aires de taille, de l’autre (Fig. 6.54). Prévoyant leur retour à cet endroit, les groupes qui ont accumulé la SOS ont dû procéder au nettoyage de leurs foyers. Ce processus a abouti à la dispersion des restes fauniques et des thermoclastes – à savoir, le contenu principal des aires de combustion -, dont la répartition devait finir par contraster avec celle des aires de taille qui ont été préservées pour l’essentiel.

6.7. Modes d’utilisation et de fonctionnement de l’espace La plate-forme où se situe le gisement a été occupée par des groupes mésolithiques dans un but très clair : traiter les carcasses des animaux abattus dans les environs immédiats du site. Cette caractérisation fonctionnelle s’applique à tous les passages mésolithiques, sans qu’il soit toutefois possible de déterminer le nombre de séjours ni leur durée. L’aurochs, le cerf et le cheval confluaient à cet endroit où ils étaient abattus, et leurs carcasses étant ensuite transportées vers le site. Les exigences techniques associées aux opérations de traitement et de conservation des produits animaux impliquaient l’aménagement de foyers dont les typologies différaient 189

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 6.53 – Barca do Xerez de Baixo : surface d’occupation intermédiaire (SOM, Secteur 1). Distribution des blocs remontés comprenant des effectifs supérieurs à 10 pièces (Araújo et Almeida, 2013).

Figure 6.54 – Barca do Xerez de Baixo : surface d’occupation supérieure (SOS, Secteur 1). Distribution des blocs remontés comprenant des effectifs supérieurs à 10 pièces (Araújo et Almeida, 2013).

6.7.2. Aires d’activité restreinte ou complémentaire

d’autres zones de l’habitat. Comme nous l’avons argumenté au paragraphe 6.3, ces contextes d’occupation ne présentent pas d’éléments susceptibles de documenter des aires de taille, les restes fauniques y étant extrêmement rares ou même absents. Le niveau élevé d’altération thermique mis en évidence dans les thermoclastes et dans les sédiments qui entourent ces dispositifs, suggère un type de combustion très actif et prolongé. Si cette interprétation

Les niveaux d’occupation où les structures A, B C et E ont été identifiées semblent correspondre à des zones destinées à l’exécution des tâches qui requièrent l’utilisation prolongée du feu, comme les processus de conservation (sécher et/ou fumer) des produits animaux. Ces activités exigent, en effet, de l’espace et un certain éloignement 190

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Figure 6.55 – Barca do Xerez de Baixo : essai de corrélation stratigraphique interzones. Les diverses hypothèses de synchronie et de diachronie mentionnées dans le texte sont présentées.

est correcte, la construction et l’utilisation de ces structures ont dû nécessairement être contemporaines d’une des aires d’activité extensive mentionnées plus haut.

du Secteur 1 (SOM) et la Structure A, à savoir, entre une aire d’activité extensive et une autre liée à l’exercice d’une activité très spécifique sustentée, en l’occurrence, par l’usage du feu. Cependant, la présence d’un remontage entre un éclat exhumé dans la SOM du Secteur 1 avec un autre recueilli dans la base du niveau archéologique du sondage de 1998 et pour lequel il a été possible d’aboutir à une datation, nettement plus ancienne que les résultats radiométriques existant pour la Structure A (Fig. 6.55), vient contrarier cette hypothèse. Ce remontage contribue, bien au contraire, à fonder une autre supposition.

6.7.3. Synchronie vs. diachronie Les hypothèses possibles de fonctionnement synchrone et diachrone à BXB sont détaillées à la figure 6.55. Ainsi, il serait tentant de mettre en corrélation la SOS du Secteur 1, en l’interprétant comme correspondant à une aire d’activité extensive, avec la Structure A qui est pratiquement isolée au sein du deuxième moment de dépôt de vestiges du Secteur 2. Cette structure A est bien datée (Tableau 6.I et Fig. 6.55) et les résultats semblent indiquer qu’il s’agit du dernier moment d’utilisation de l’espace de Barca par les groupes mésolithiques. Et la SOS, quant à elle, correspond à l’épisode d’occupation plus récente documenté dans le Secteur 1, et ce, avec une bonne résolution stratigraphique. Cette hypothèse de complémentarité fonctionnelle entre les deux secteurs ne peut toutefois pas être validée, sauf si l’application exhaustive de la méthode des remontages aux roches thermoaltérées s’avérait conclusive. Elle subsiste, en tout état de cause, en tant que simple hypothèse non vérifiée.

En effet, il semble plus plausible, mais non pas certain, qu’il existe une complémentarité fonctionnelle entre la SOM et les structures de combustion B et E, la datation de cette dernière se superposant clairement à celle obtenue pour la base du niveau archéologique du sondage de 1998 (Tableau 6.1 et Fig. 6.55). Les résultats des travaux archéologiques réalisés lors de ce sondage montrent, quant à eux, des parallèles avec le premier horizon d’occupation documenté dans les Secteurs 2 et 4. Ce schéma complexe de relations synchrones possibles entre des occupations – SOM, Structures B et E, Sondage de 1998 et Secteurs 2 et 4 / premier horizon archéologique – n’est malheureusement pas soutenu par des données archéologiques plus solides et indiscutables. L’hypothèse ne peut donc être confirmée, mais n’en est pas, pour autant, moins pertinente ni moins

Il est tout aussi pertinent de présupposer une éventuelle contemporanéité entre le deuxième moment d’occupation 191

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

ajustée à la réalité empirique documentée. L’application exhaustive de la méthode des remontages aux thermoclastes exhumés dans ces secteurs pourrait, elle aussi, contribuer à apporter des lumières sur cette hypothèse. Néanmoins, en ce qui concerne les industries lithiques, et à l’exception du remontage déjà mentionné entre la SOM et la base du niveau archéologique du sondage de 1998, cette méthode s’est révélée improductive.

Ces hypothèses sont donc envisageables et se basent sur la production conjuguée de connaissances. L’étude en cours des restes thermoaltérés (thermoclastes, sédiments, structures) permettra de répondre à certaines des problématiques encore ouvertes et de se rapprocher davantage du répertoire culturel des communautés humaines qui ont laissé des vestiges de leur passage à Barca do Xerez de Baixo.

L’archéologie du premier moment d’accumulation de vestiges des Secteurs 2/4 montre, quant à elle, un ensemble de caractéristiques susceptibles d’être interprétées comme correspondant à une aire d’activité extensive, comme pour la SOS et la SOM. Il ne serait pas incongru d’imaginer un autre cadre et d’admettre la possibilité d’une occupation de cet espace à un moment chronologiquement distinct de celui de la production de vestiges dans le Secteur 1. La restriction de l’espace disponible pour l’habitat en conséquence de la montée des eaux du Guadiana pourrait être, éventuellement, à l’origine d’un changement éventuel dans les stratégies d’occupation de l’espace. A titre d’hypothèse, les communautés de Barca do Xerez pourraient avoir renoncé, à l’occasion d’un nouveau passage, à la zone la plus proche du fleuve, en choisissant, par contre, de s’établir dans un secteur moins sujet au débit du Guadiana. L’hypothèse d’une antériorité d’occupation des secteurs 2/4, premier moment de production de vestiges, par rapport aux contextes documentés dans le Secteur 1 est toutefois contrariée par la logique de raisonnement suivante : 1) il existe un rapport plus ou moins clair, mais non pas physique, entre la séquence fouillée dans les secteurs 4/2 et le sondage de 1998 ; 2) la base du niveau archéologique a fourni lors de ce sondage une datation autour de 8700 BP (7870-7535 cal BC 2σ) ; 3) il existe, comme nous l’avons déjà dit, un remontage entre un éclat exhumé dans la base de la sondage de 1998 et un autre recueilli à l’intérieur de la SOM du Secteur 1 ; 4) il est plausible, vu cet ordre de relations, qu’il y ait une association éventuelle entre la SOM et le premier moment d’accumulation anthropique des secteurs 2/4. Même si elle n’est pas explicite, l’hypothèse n’en est pas pour autant à rejeter. Il existe, par ailleurs, des situations ponctuelles à propos desquelles l’on ne peut rien ou presque rien conclure, et pour lesquelles le débat reste ouvert. C’est le cas du contexte de production d’artefacts en quartz hyalin. Il s’agit d’un épisode ponctuel et exclusif du Secteur 4. Celuici s’inscrit, bien entendu, dans le cadre d’une occupation plus élargie de l’espace que constitue BXB, sans qu’il soit possible d’opter pour une seule voie de corrélation, car les hypothèses sont multiples et toutes aussi probables. Sans compter que divers facteurs de nature post-dépositionnelle – d’origine anthropique ou naturelle (dynamique du Guadiana et des versants supérieurs, désagrégation des cailloutis, entre autres) – expliquent la présence des matériaux dispersés de façon aléatoire un peu sur toute la superficie du site (ou les diverses superficies que le site a connues au cours du temps).

192

72.2

51.0

27.5

48.3

Secteur 2

Secteur 3

0.0 143

0.0 295

193

TOTAL B

18129

Total A (%) 34.1

63.5

6173 11517 438 1

Total A (N)

2.4

53.6 46.4

25.8 69.9

17.1 82.9

29.2 68.5

47,4%

3516

0.0 100.0 33.3 62.0

Éclats

0.0

4.2

0.0

2.3

4.6

0.0

0.0

0.0

0.0

0.4

4.3 9,2%

0.4 15783

Nucléus

1.7

1.6

0.5

1.2

0.5

0.6

0.0

653

100.0 61.3 36.1

Outils

Autres

2.9

0.0

0.0

2.2

2.1

14

1,7%

0.5

3

0.0

0.0

0.0

5.0

0.4

23.1 0.0 13

88

37

27

60.0 40.0 0.0

0

152

0.0 5

45.8 29.2 25.0 0.0 24

69.2 7.7

30.0 60.0 10.0 0.0 10

62.0 21.0 17.0 0.0 100

7

0.0

14.3

152

0,4%

50

0.0

0.0

0.0

0.0

24

0,1%

0.0

0

1.2

2.3

429

1.1

2421 6.3

472

864

34097 89.1

100.0 38283

50

2

14

1

4

29

Aut Tot N Total %

100.0 0.0

38.0 48.0

19

0.0

78.6 7.1

0.0

25.0 50.0

24.1 65.5

100.0 0.0

25.0

10.3

100.0 57.9 24.3 17.8 0.0 100.0 14.0

653

1

68

19

20

545

R.S. Aut Tot N QZI QZ R.S. Aut Tot N QZI QZ R.S.

100.0 0.0

57.4 39.7

78.9 21.1

70.0 25.0

15783 400 236

41,2%

0.1

14

0.0 178

0.0 555

0.0 214

0.5 405

0.1 14431 60.9 36.5

R.S. Aut Tot N QZI QZ

9917 5760 92

65.2 33.1

76.9 21.4

64.0 35.5

63.7 34.6

62.2 37.2

100.0 62.8 36.5

3516

69

236

82

130

2999

R.S. Aut Tot N QZI QZ

18129 1171 2181 151 13

0.0 174

41.4

54.6

Secteur 5

4.0

43.2

39.6

Secteur 4

17.3 0.0 1524

0.7

0.3

1.0

65.7

33.3

Secteur 1

0.0 15993 34.0 60.9

R.S. Aut Tot N QZI QZ

Fragments

QZI QZ

Esquilles

Annexe 6.A – Distribution de l’industrie lithique par grandes catégories technologiques et par secteurs de fouille (en nombre et en pourcentage de représentation).

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Annexe 6.B – Productivité et degré d’exploitation de chaque matière première par secteur de fouille. Total A : total des pièces prises en compte dans cette analyse ; Total B : Total général existant pour chacune des matières premières (comprend toutes les catégories technologiques). R.S. Roches siliceuses. Nucléus

Secteur 1

Secteur 2

Secteur 3

Secteur 4

Secteur 5

Total

Éclats

Outils

Total A

Total B

N

%

N

%

N

%

N

%

N

Quartzite

332

3.5

8979

95.8

62

0.7

9373

59.6

15722

Quartz

199

3.6

5366

96.1

21

0.4

5586

31.2

17921

R.S

12

11.7

74

71.8

17

16.5

103

24.2

426

Quartzite

14

5.1

258

93.8

3

1.1

275

69.6

395

Quartz

5

3.3

140

92.7

6

4.0

151

33.3

454

R.S

0

0.0

5

83.3

1

16.7

6

50.0

12

Quartzite

15

9.3

137

85.1

9

5.6

161

65.7

245

Quartz

4

4.9

76

93.8

1

1.2

81

36.5

222

R.S

0

0.0

1

25.0

3

75.0

4

80.0

5

Quartzite

39

8.2

427

89.5

11

2.3

477

41.7

1143

Quartz

27

17.6

119

77.8

7

4.6

153

15.5

987

R.S

2

11.8

9

52.9

6

35.3

17

5.8

291

Quartzite

0

0.0

116

97.5

3

2.5

119

47.4

251

Quartz

1

1.6

59

95.2

2

3.2

62

37.3

166

R.S

0

0.0

3

100.0

0

0.0

3

25.0

12

Quartzite

400

3.8

9917

95.3

88

0.8

10405

58.6

17756

Quartz

236

3.9

5760

95.5

37

0.6

6033

30.5

19750

R.S

14

10.5

92

69.2

27

20.3

133

17.8

746

194

195

1er Niveau

1er Niveau

Secteur 4

SOM

Secteur 2

Secteur 1

SOS

0

1096

Autres

Total

495

Quartzite

487

281

Total

114

0

Autres

R.S.

1

R.S.

Quartz

81

199

15002

TOTAL A

Quartz

5918

Quartzite

0

3729

Quartz

Total SOM

2135

Quartzite

Autres

9084

Total SOS

54

1

R.S.

89

Autres

Quartz

R.S.

2807

6187

Quartzite

36.7

100.0

0.0

10.4

44.4

45.2

100.0

0.0

0.4

70.8

28.8

47.7

43.5

0.0

36.7

55.3

31.8

50.9

7.1

42.0

62.0

507

153

0

8

98

47

118

0

3

83

32

2732

1198

3

54

719

422

1534

7

62

958

100.0

0.0

5.2

64.1

30.7

100.0

0.0

2.5

70.3

27.1

8.7

8.8

33.3

36.7

10.7

6.3

8.6

50.0

29.2

9.6

6.6

%

Fragments N

%

Esquilles

N

396

0

6

76

314

327

2

5

117

203

13132

6124

4

21

2162

3937

7008

6

35

2767

4200

N

Éclats

100.0

0.0

1.5

19.2

79.3

100.0

0.6

1.5

35.8

62.1

41.7

45.0

44.4

14.3

32.1

58.7

39.2

42.9

16.5

27.7

54.9

%

46

0

2

19

25

11

0

0

5

6

484

305

2

4

110

189

179

0

6

64

109

N

Nucléus

100.0

0.0

4.3

41.3

54.3

100.0

0.0

0.0

45.5

54.5

1.5

2.2

22.2

2.7

1.6

2.8

1.0

0.0

2.8

0.6

1.4

%

19

0

6

6

7

8

0

1

6

1

86

39

0

4

12

23

47

0

12

7

28

N

Outils

100.0

0.0

31.6

31.6

36.8

100.0

0.0

12.5

75.0

12.5

0.3

0.3

0.0

2.7

0.2

0.3

0.3

0.0

5.7

0.1

0.4

%

1

0

0

0

1

3

0

1

1

1

27

18

0

10

6

2

9

0

8

1

0

N

Autres

100.0

0.0

0.0

0.0

100.0

100.0

0.0

33.3

33.3

33.3

0.1

0.1

0.0

6.8

0.1

0.0

0.1

0.0

3.8

0.0

0

%

1711

0

136

686

889

748

2

11

411

324

31463

13602

9

147

6738

6708

17861

14

212

9984

7651

N

Total B

100.0

0.0

7.9

40.1

52.0

100.0

0.3

1.5

54.9

43.3

100.0

0.1

1.1

49.5

49.3

100.0

0.1

1.2

55.9

42.8

%

Annexe 6.C – Productivité et degré d’exploitation de chaque matière première par niveau d’occupation. Note : dans le cas du Secteur 1, 2634 pièces provenant des niveaux 8 à 15 ont été supprimées, à l’exception des carrés M33, M34, K33 et K34. Dans le cas du Secteur 2, seule le 3ème horizon d’occupation est représenté (niveaux 22 à 25).

Partie II – Barca do Xerez de Baixo

PARTIE III Études Complémentaires

7 Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo Les résultats des études présentées dans la IIème Partie sont explicites en ce qui concerne la variabilité des solutions entreprises par des groupes humains qui, tout compte fait, ont partagé un même temps. Les modalités d’occupation de chacun des gisements et les opportunités offertes par l’environnement ont déterminé la mise en œuvre de compétences distinctes, de manières de faire qui se sont répétées ou ont été créées dans d’autres sites, dans d’autres lieux. Comme nous l’avons décrit sommairement dans le Chapitre 2 de la Ière Partie, hormis Toledo, Areeiro III et Barca do Xerez de Baixo, le registre archéologique du Mésolithique ancien comporte d’autres contextes qui reproduisent non seulement bon nombre des caractéristiques documentées dans ces trois gisements, mais complètent et élargissent l’éventail des comportements adoptés par les premiers mésolithiques de l’époque postglaciaire. Les informations livrées par ces contextes sont inégales et il n’a pas toujours été possible de dépasser la simple constatation de leur existence, et ce, sans oublier les problèmes de divers ordres liés à l’enregistrement archéologique du Mésolithique ancien auxquels nous avons fait allusion au Chapitre 2 de la Ière Partie.

4.11). Tel que démontré au Chapitre 4 (IIème Partie), les aliments consommés à Toledo attestent l’exploitation d’environnements diversifiés, il est donc plausible de s’attendre à trouver d’autres lieux fréquentés par le groupe. Vale Frade pourrait être l’un de ces lieux qui, par leur situation géographique, devaient comporter un accès plus direct et praticable à la mer. En effet, au sein de l’éventail de mollusques qui y sont représentés figurent les moules (Mytilus sp.), les monodontes (Osilinus lineatus) et les patelles (Patella sp.), des espèces inféodées aux rochers, ainsi qu’un nombre assez élevé de restes de crustacés. Localisation, taphonomie et stratigraphie Le site est implanté à mi-pente, sur une plate-forme ouverte vers la mer qui s’infléchit dans le sens d’un petit cours d’eau suspendu sur le niveau actuel et qui coule à quelques mètres vers le sud (voir Fig. 7.1, C). Tout comme à Toledo, le substrat local est composé de formations détritiques du Jurassique supérieur (Manuppella et.al., 1999), avec une prédominance d’arénites fins qui présentent ici des intercalations marneuses rougeâtres (Fig. 7.3 A). L’abondance des argiles, présentes au sein des marnes, favorise une rapide imperméabilisation des sols et la formation de chenaux de ravinement, par où s’effectue le ruissellement superficiel (Pereira, 2000).

7.1. Toledo et l’exploitation des ressources côtières : les sites du littoral Toledo fait partie d’un ensemble plus vaste de sites localisés sur la côte actuelle de l’Estrémadure, de l’Alentejo et de l’Algarve ou dans les environs immédiats (voir Fig. 2.2 ; Chapitre 2, Ière Partie), dans lesquels la composante des ressources marines constitue le trait le plus distinctif du registre archéologique de ces lieux. Si la consommation d’aliments issus de la mer caractérise presque exclusivement le contenu matériel récupéré dans de nombreux contextes, la variété des restes constatée dans d’autres montre le développement d’activités supplémentaires au-delà de la simple satisfaction de cette exigence. C’est le cas de Vale Frade.

Les deux campagnes de fouille réalisées à cet endroit2, sur une superficie totale de 12 m2, ont permis de comprendre que les vestiges ne se trouvaient pas in situ. En effet, l’étude réalisée sur les conditions de formation du gisement ont permis d’ébaucher l’interprétation suivante (Araújo et Costa, 1999 ; Pereira, 2000) : 1. l’occupation humaine a dû avoir lieu dans un endroit situé au NO de la parcelle dans laquelle la zone de fouille a été ouverte ; 2. cette occupation a dû se faire, à l’origine, au dessus d’un dépôt argileux-sableux correspondant au substrat jurassique qui, à l’époque, y affleurait (Couche 1) ; 3. après l’abandon du lieu, les vestiges produits au cours de cette occupation ont été emballés dans des argiles colluvionaires accumulées en raison de l’érosion d’un faciès argileux du substrat qui affleure au nord et à l’est du site, à une cote plus élevée ; 4. la poursuite du processus érosif a entraîné le creusement de chenaux de ravinement le long du versant, ainsi que la redéposition ultérieure du contexte archéologique (Couche 2) sur une plate-forme – qui interrompt le versant – située à une cote inférieure ;

7.1.1. Vale Frade Le site est localisé à environ 10km au NO de Toledo et à 200m de la ligne de côte actuelle (Fig. 7.1, nº 11 ; Araújo et al., 2014)1. Selon toute probabilité, les vestiges présents dans ce site ont été vraisemblablement accumulés soit par le même groupe que celui qui est passé par Toledo, soit par un autre groupe contemporain – une déduction issue de la confrontation entre les dates radiocarbone obtenues pour les deux amas coquilliers (Fig. 7.2 ; voir aussi Fig. 1

L’étude de ce gisement a été réalisée dans le cadre du même projet de recherches que Toledo, sous ma direction scientifique (Adaptations humaines du postglaciaire sur le littoral de l’Estrémadure).

2

199

Dirigées par Cláudia Costa et par moi-même.

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 7.1 – Localisation de Vale Frade (nº11) : A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura ; C. Un détail (sa position par rapport à la ligne côtière et à la rivière que lui donne son nom).

Figure 7.2 – Vale Frade : datations absolues. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993).

5. le remplissage des chenaux d’érosion devait finir par régulariser le versant et par former le plan topographique sur lequel devait s’accumuler les sédiments argileux qui composent la couche 3 ; 6. pour finir, l’ouverture de voies de communication, les travaux agricoles et les terriers creusés par les rongeurs ont provoqué les dernières modifications du contexte archéologique.

• Couche 1 – formée d’arénites du Titonien (Jurassique supérieur) ; subdivisée en deux unités distinctes : 1a – sables concrétionnés de teinte rougeâtre par enrichissement en oxydes de fer ; 1b – sables fins, meubles et de teinte blanchâtre. • Couche 2 – formée de veines d’argiles orientées N-S qui enveloppaient des poches d’amas coquillier plus (2b) ou moins (2a) compactes, de teinte allant du gris au noir et à texture granuleuse. Ces poches présentaient des épaisseurs très variables (de 10 à 30cm, suivant les unités fouillées) et des contours irréguliers. Outre la

La stratigraphie du site peut donc être décrite comme suit (en suivant l’ordre de déposition des couches ; Fig. 7.4) : 200

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Figure 7.3 – Vale Frade : A. Coupe transversale N-S avec la position de l’amas coquillier par rapport à la rivière de Vale Frade. La ligne pointillée montre les limites de l’ancien fond de vallée. 1. Arénites du Titonien (Jurassique) ; 2. Marnes et arénites du Titonien (Jurassique). Modifié à partir de Pereira, 2000. B. Plan de la Parcelle agricole où la fouille a eu lieu.

Figure 7.4 – Vale Frade : coupes stratigraphiques (nord et ouest) avec l’identification des couches. Redessinée par G. Casella à partir de l’original.

201

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

composante de mollusques, cette couche concentre le plus grand nombre de restes archéologiques (lithiques et fauniques). • Couche 3 – dépôt de versant formé essentiellement d’argiles compactes de teinte brun orangé, présentant une épaisseur variable suivant les carrés fouillés (de 30 à 60cm). Ces argiles renferment des matériaux archéologiques (surtout des petits fragments de coquilles) provenant de la couche subjacente. Elle a été subdivisée en deux unités distinctes : 3a – la mieux préservée ; 3b – très remaniée par les activités agricoles (10-15cm).

éléments fondamentaux du territoire environnant, qui ont fini par déterminer le choix de cet endroit comme lieu de séjour des groupes mésolithiques. Tout porte à croire que les moyens d’acquisition de ces ressources n’ont pas dû s’écarter de ceux utilisés à Toledo. Malheureusement, les 72 restes lithiques récupérés au

Contenus archéologiques Les vestiges étaient donc circonscrits pour la plupart dans les petites poches d’amas coquillier représentées dans la couche 2. En dépit des profondes modifications postdépositionnelles subies par le site, il a été tout de même possible de documenter les modes de répartition verticale et spatiale des vestiges : une plus grande concentration dans les niveaux 5 et 6 de la séquence (Couche 2) ainsi que dans les unités de fouille situées plus à l’ouest et plus au sud, en suivant la pente naturelle du terrain. Ce mode de répartition se répète dans chacune des catégories du registre archéologique (Fig. 7.5 ; Fig. 7.6). Il s’agit donc d’une situation artificielle générée par des phénomènes naturels mais qui n’en a pas moins gardé en partie son ordre originel. En dépit des limitations mentionnées plus haut et du nombre réduit de restes récupérés au cours des travaux de fouille (Tableau 7.I)3, le site offre des garanties qui écartent toute hypothèse d’intrusion de matériaux étrangers aux occupations produites au cours du Boréal. Les études réalisées sur les diverses catégories de vestiges vont d’ailleurs toutes dans le même sens.

Figure 7.5 – Vale Frade : A. répartition par niveaux artificiels de la Malacofaune (en grammes : gr.) ; B. répartition d’autres catégories de vestiges – industrie lithique, d’autres faunes ; éléments de parure (N).

L’éventail faunique et le petit ensemble lithique qui y ont été récupérés (Tableaux 7.II et 7.III ; Fig. 7.7) suggèrent une occupation de l’espace qui ne devrait pas être très éloignée, dans ses traits généraux, de ce qui a été documenté pour Toledo : à savoir, d’après les mêmes standards et avec les mêmes desseins fonctionnels. Outre l’exploitation de ressources marines et fluvio-estuariennes (des mollusques, des poissons – totalisant neuf espèces, parmi lesquelles se détache la famille des Sparidés – et des crustacés ; Dupont et al, sous presse ; Gabriel, 2011), les groupes humains de Vale Frade ont inclus encore dans leur régime un éventail très diversifié de mammifères comme le cerf (Cervus elaphus), le sanglier (Sus scrofa), le chevreuil (Capreolus capreolus), le lapin (Oryctolagus cuniculus), entre autres (Araújo et al., 2014). La présence de la loutre (Lutra lutra) et de l’écureuil (Sciurus vulgaris), tous deux absents de l’éventail faunique de Toledo, montre que Vale Frade se situait dans une zone écotone dans laquelle l’eau et la forêt constituaient deux Figure 7.6 – Vale Frade : A. répartition spatial de la malacofaune (en grammes : gr.) ; B. répartition spatial d’autres catégories de vestiges – industrie lithique, d’autres faunes ; éléments de parure (N).

3

Étant donné que le terrain est utilisé tous les ans à des fins agricoles, il n’a pas été possible de poursuivre les travaux de fouille dans ce site.

202

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Tableau 7.I – Vale Frade : répartition spatial (A) et vertical (B) des vestiges archéologiques. * Inclut mammifères, oiseaux, reptiles et amphibies ; ** un os provenant du carré D20, sans référence stratigraphique, n’as pas été décompté. Les crustacés (des crabes, pour la plupart) se font représenter par leurs pinces. PAR UNITÉS DE FOUILLES (M2 ) A

Surface S1

C17

D17

E17

D20

E20

F20

D21

E21

F21

D22

E22

TOTAL %

Industrie lithique

3

4

4

7

10

6

6

10

7

6

7

2

-

72

13.14

Ichtyofaune

-

11

3

17

19

12

1

1

2

1

2

0

1

70

12.77

Faune*

1

22

21

45

64

24

24

20

6

9

6

-

1

243

44.34

Crustacés

-

26

9

36

27

11

19

11

2

2

2

-

-

145

26.46

Coquilles percées

1

2

-

5

-

1

1

3

-

-

2

-

-

15

2.74

Autres

-

1

-

-

-

-

-

-

1

-

1

-

-

3

0.55

TOTAL

5

66

37

110

120

54

51

45

18

18

20

2

2

%

0.91

12.04 6.75

20.07 21.90 9.85

9.31

8.21

3.28

3.28

3.65

0.36

0.36

548

100.00

TOTAL (gr.)

-

1641 711

2509 2703 772

1138 1167 266

706

263

52

84

-

13.70 5.90

20.90 22.50 6.40

9.50

5.90

2.20

0.40

0.70

12012

100.00

%

Malacofaune

9.70

2.20

PAR CATÉGORIES DE VESTIGES Coquilles Ichtyofaune Faune* B

Niveaux artificiels

Industrie

Pinces

TOTAL

Malacofaune

N

%

gr.

%

Autres percées

lithique

Surface

-

1

-

1

3

-

5

0.91

-

-

1

1

13

7

1

4

-

26

4.75

809

6.73

2

1

20

9

-

5

1

36

6.58

1025

8.53

3

11

30

27

2

13

-

83

15.17

1611

13.41

4

7

26

24

3

8

1

69

12.61

1665

13.86

5

15

71

38

4

15

1

144

26.33

2631

21.90

6

21

45

28

4

11

-

109

19.93

2510

20.90

7

9

33

10

-

10

-

62

11.33

1443

12.01

8

5

3

2

-

3

-

13

2.38

318

2.65

242 **

145

15

72

3

547

100.00

12012

100.00

TOTAL (N) 70

cours des travaux de fouille4, dont 44% correspondent à des esquilles et à d’autres débris de taille, permettent tout au plus d’ébaucher quelques considérations générales, étant donné que la chaîne opératoire de production est nettement tronquée. Les trois seuls nucléus, tous sur des petits galets en quartz (deux récupérés en surface et le troisième dans la couche 1 de la S1), présentent des négatifs de production d’éclats et d’esquilles.

dont la représentation est majoritaire au sein de la série lithique, présente des caractéristiques compatibles avec les silices du Cénomanien supérieur de l’Estrémadure portugaise, formés dans des milieux sédimentaires marins (Aubry et Mangado Llach, 2006 ; Aubry et al., 2002). Les sources d’approvisionnement les plus proches sont situées à des distances considérables de Vale Frade : • dans la région de Nazaré, à environ 40 km au Nord, près du littoral, où des affleurements primaires contenant des nodules de silex ont été identifiés, mais également en position secondaire, au sein de dépôts datés du Pliocène (Aubry et Mangado Llach, 2006 ; Aubry et al., 2002) ; • dans le bassin du fleuve Maior, à environ 30 km à l’ouest, dans la région où est localisé le site d’Areeiro III (Chapitre 5, IIème Partie).

Le silex (48,6%), le quartz (23,6%) et le quartzite (15,3%) constituent les principales variétés lithologiques (Tableau 7.III), utilisées majoritairement pour la production d’éclats (N=27 ; 37,5%). Le quartz et le quartzite sont disponibles aux alentours du site sous forme de galets roulés à grain fin à moyen, généralement de petites dimensions. Le silex,

4

Ce fait (qui s’applique aux autres catégories de vestiges) ne peut pas être imputé à la méthodologie utilisée au cours des travaux de fouille. Les sédiments ont été tous tamisés à l’eau et les refus ont été gardés et triés par la suite en laboratoire.

Le silex du Cénomanien est très homogène, il n’est donc pas possible de déterminer l’origine exacte de l’échantillon présent à Vale Frade. Il faudra dès lors recourir à un 203

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 7.II – Vale Frade : inventaire des espèces fauniques, en nombre de restes (NR), en excluant la malacofaune. Araújo et al., 2014. INVENTAIRE DES ESPÈCES REPRÉSENTÉS MAMMIFÈRES

%

NR

AMPHIBIES

NR

%

Crapaud commun (Bufo bufo)

20

90.91

Cerf (Cervus elaphus)

2

0.94

Crapaud asiatique (Palobates cultripes)

1

4.55

Chevreuil (Capreolus capreolus)

1

0.47

Total déterminé

21

95.45

Sanglier (Sus scrofa)

4

1.88

Amphibies non déterminés

1

4.55

Renard (Vulpes vulpes)

3

1.41

TOTAL

22

Loutre (Lutra lutra)

1

0.47

POISSONS

NR

%

Chat sauvage (Felis silvestris)

1

0.47

MURAENIDAE

Lièvre ibérique (Lepus granatensis)

2

0.94

Murène (Muraena helena)

1

1.4

Lapin (Oryctolagus cuniculus)

106

49.77

CARANGIDAE

Lagomorpha

2

0.94

Chinchard commun (Trachurus trachurus)

1

1.4

Hérisson (Erinaceus europaeus)

1

0.47

SPARIDAE

Écureuil roux (Sciurus vulgaris)

11

5.16

Rat d’eau (Arvicola sapidus)

4

1.88

Dentes (Dentex sp.)

3

4.3

Mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus)

1

0.47

Sars (Diplodus sp.)

2

2.9

Lérot (Eliomys quercinus)

2

0.94

Pageots (Pagelus sp.)

2

2.9

Total déterminé

141

66.20

Pagre commun (Pagrus pagrus)

1

1.4

Mammifères non déterminés

72

33.80

Pagres (Pagrus sp.)

4

5.7

TOTAL

213

Dorade royale (Sparus aurata)

5

7.1

OISEAUX

NR

%

Sparidae

10

14.3

Pigeon Ramier (Columba palumbus)

3

50.0

Sparidés possibles (cf. Sparidae)

5

7.1

Anatidae

1

16.7

MUGILIDAE

Tetraonidae

1

16.7

Mulets (Mugilidae)

1

1.4

Total déterminé

5

83.3

Mulet lippu (Chelon labrosus)

2

2.9

Oiseaux non déterminés

1

16.7

Total déterminé

37

52.9

TOTAL

6

Poissons non déterminés

33

47.1

REPTILES

NR

TOTAL

70

%

CRUSTACÉS Colubridae

2

TOTAL

2

100.0

TOTAL

145

TOTAL DE RESTES

443

Tableau 7.III – Vale Frade : industrie lithique. %a (par matière première) ; %b (par catégorie technologique). MATIÈRES PREMIÈRES Catégories Technologiques

Silex

Quartz

Quartzite

N

%a

%b

N

%a

%b

N

%a

%b

N

%a

%b

N

%

Nucléus

-

-

-

3

17.6

100.0

-

-

-

-

-

-

3

4.2

Éclats

12

34.3

44.4

4

23.5

14.8

9

81.8

33.3

2

22.2

7.4

27

37.5

Supports allongés

6

17.1

85.7

1

5.9

14.3

-

-

-

-

-

-

5

6.9

Esquilles

10

28.6

76.9

1

5.9

7.7

1

9.1

7.7

1

11.1

7.7

15

20.8

Outils

5

14.3

100.0

-

-

-

-

-

-

-

-

-

5

6.9

Débris de taille

2

5.7

6.3

8

47.1

50.0

1

9.1

6.3

6

66.7

37.5

17

23.6

TOTAL(N) + %

35

48.6

17

23.6

11

15.3

9

12.5

72

100

204

Autres

TOTAL

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Figure 7.7 – Vale Frade : espèces malacologiques (par poids) trouvées dans l’unité de fouille E17 (celle qui documente le plus grand nombre de restes).

autre type d’arguments, de nature anthropique et liés aux modalités d’exploitation des territoires économiques de ces populations (Chapitre 8 ; IVème Partie), de façon à détailler l’hypothèse la plus probable concernant l’origine du silex abandonné dans ce gisement. La présence de quelques rares exemplaires qui conservent encore des restes de cortex roulé d’environ 1 mm d’épaisseur – de teinte beige jaunâtre et dont les limites entre la masse siliceuse et le calcaire sont bien nettes – semble indiquer que l’approvisionnement a dû se faire en position secondaire. L’observation macroscopique des exemplaires mis à jour à Vale Frade montre la prédominance d’un silex homogène de teinte rouge ou beige brunâtre, brillante, avec une tendance à devenir translucide quand les pièces sont fines. La présence d’esquilles dans cette matière première qui conservent encore des vestiges de cortex suggère la production d’artefacts sur place.

Les éclats se détachent nettement au sein de la petite série lithique, quelle que soit la matière première (37,5%, ou 67,5% en excluant les esquilles et d’autres débris de taille), et constituent le type de support sélectionné en vue de la retouche. Le quartzite et le quartz ont donné naissance à des pièces qui conservent encore des vestiges de cortex (62% des cas) ; par contre, les éclats en silex sont majoritairement non corticaux (75%). Dans leur ensemble, ils se caractérisent par l’absence de standardisation tant en ce qui concerne leur morphologie que leurs dimensions (Tableau 7.IV). Le débitage s’est fait par percussion directe au percuteur dur et sans préparation préalable du plan de frappe. Evaluer s’il a existé, à Vale Frade, une fabrication intentionnelle de supports allongés s’avère plus difficile. Cette éventualité se base sur la présence de deux fragments mésiaux de pièces à bords relativement parallèles et réguliers (Fig. 7.8, nºs 6 et 7), de section triangulaire, dont la silhouette s’encadre dans cette catégorie. Les trois autres pièces, classées sous la rubrique « pièces allongées » dans le Tableau 7.III, une en quartz et deux en silex, correspondent à des produits irréguliers débités dans une phase initiale de la production que l’on pourrait très difficilement interpréter comme façonnés dans le but d’acquérir des supports laminaires ou lamellaires. En l’absence de nucléus, cette production éventuelle reste difficile à caractériser.

Le fait que les groupes humains de Vale Frade n’aient apparemment pas tiré parti des nodules de silex présents au sein des affleurements calcaires situés à un peu moins de 6 km à E/NE du gisement et datés du Callovien (Manuppella et al., 1999, p. 11), est assez curieux. Les prospections réalisées dans cette zone, visant à évaluer et caractériser les silifications susmentionnées, ont permis uniquement de constater la présence de petits blocs et de plaquettes de jaspe et de calcédoines dispersés, en surface, dans la zone des affleurements primaires. Ce comportement en ce qui concerne l’approvisionnement en matières premières siliceuses, contraste visiblement avec celui documenté à Toledo5.

Les cinq outils en silex mis à découvert lors des fouilles, quatre grattoirs et un éclat retouché, reflètent la même absence de standardisation du point de vue de leur dessin et de leurs dimensions (Tableau 7.V ; Fig. 7.8). A l’éventail de vestiges exposé ci-dessus, il nous faut adjoindre encore l’ensemble de 15 coquilles de Theodoxus fluviatilis (N=14) et de Nassarius reticulatus (N=1) percées (Tableau 7.VI ; Fig. 7.9). Ils doivent correspondre, tout comme à Toledo, à des éléments de parure perdus au cours du séjour du groupe dans ce lieu.

5

Dont la série lithique est dominée par un ensemble diversifié de roches siliceuses (de l’Eocène) dotées d’une aptitude médiocre à la taille. Les sources d’approvisionnement, déjà en position secondaire, se trouvent à une distance d’environ 10km au sud de Toledo (IIème Partie, Chapitre 4, Point 4.3.2).

205

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 7.IV – Vale Frade : paramètres techniques et métriques des éclats, par matière première. Quartzite

Quartz

Silex

Autres

(QZI)

(QZ)

(SL)

(AU)

entame

-

2

-

-

2

latéral

-

-

2

-

2

latéral / distal

4

1

-

-

5

distal

1

-

-

-

1

Indéterminé

-

-

1

-

1

éclat non cortical

4

1

9

2

16

Total

9

4

12

2

27

Indice de Cortex

55.6

75.0

25.0

0.0

37.0

Corticale

-

2

-

-

2

Parallèle

7

2

5

2

16

Croisée partie distale

-

-

2

-

2

Irrégulière

1

-

1

-

2

Multidirectionnelle

1

-

1

-

2

Indéterminé

-

-

3

-

3

Droit

5

3

2

-

10

Courbe

2

1

3

-

6

Tordu

2

-

1

1

4

Indéterminé

-

-

6

1

7

Plate

2

3

1

1

7

Triangulaire

2

-

3

1

6

Trapézoïdale

2

-

4

-

6

Irrégulière

1

-

4

-

5

Indéterminé

2

1

-

-

3

Parallèle

2

-

1

-

3

Divergent

-

-

1

-

1

Biconvexe

2

-

-

-

2

Irrégulière

1

2

6

1

10

Concave-convexe

1

2

-

-

3

Indéterminé

3

-

4

1

8

Cortical

4

1

-

-

5

Lisse

1

1

4

1

7

Dièdre

-

-

1

-

1

Linéaire

-

-

1

-

1

Punctiforme

-

-

-

1

1

Indéterminé

4

2

6

-

12

Éclats

Cortex

Enlèvements

Profil

Section

Bords

Talon

Longueur

Largeur

Total

Épaisseur

M M±σ

N

M±σ

N

M±σ

N

QZI

26,35±14,9

2

33,22±9,6

2

5,16±3,6

2

QZ

17,81± 6,5

2

16,55 ± 6,7

2

3,57 ± 2,4

2

SL

20,74± 8,0

5

20,24 ±4,6

5

3,78 ± 3,2

5

206

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Figure 7.8 – Vale Frade : industrie lithique. 1. grattoir sur éclat retouché ; 2. grattoir sur éclat avec une encoche sur le bord gauche (la fracture est d’origine mécanique) ; 3. grattoir double sur éclat de flanc de nucléus ; 4. micro-grattoir, 5. éclat à retouche distale (type encoche, atypique) et latérale ; 6-7. Deux fragments mésiaux de lames. Dessins F. Botto.

207

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 7.V – Vale Frade : caractérisation technique et métrique des outils. OUTILS LE SUPPORT

LA RETOUCHE

Type de Support

Profil

Localisation***

éclat part./cortical

1

droit

4

deux bords

1

éclat non cortical

3

pas déterminé

1

distal + b.droit

2

flanc de nucléus

1

Talon

distal + b.gauche

2

Lisse

Conservation

1

Position

entier

4

Dièdre

1

directe

2

fragment

1

Linéaire

1

inverse

2

Punctiforme

1

alterne

1

pas déterminé

1

Section plate

1

triangulaire

2

Org. des enlévements*

trapézoïdale

1

Parallèle

1

irrégulière

1

Croisée

3

Croisée partie distale

1

Longueur

Largeur

Épaisseur

M±σ

N

M±σ

N

M±σ

N

19,14± 8,63

4

21,07± 6,65

4

7,76± 4,26

4

Tableau 7.VI – Vale Frade : quelques paramètres pris en compte dans l’analyse des coquilles percées. Il n´était pas possible d’observer la morphologie de l’ouverture sur six exemplaires, étant donné son degré de fracture. E (Entier) ; F (Fracturé) ; Circ. (Circulaire) ; Irreg. (Irrégulière) ; Along. (Allongée). COQUILLES PERCÉES SUPPORT

PERFORATION Conservation

Morphologie

N

Dimension M±σ

Min

Max

E

F

Circ.

Irreg.

Along.

M±σ

Dimension

15

8,98±0,98

7.91

10.97

8

7

3

5

1

3,14±0,95

S’il n’est pas possible, pour le moment, d’imputer la responsabilité de la formation de Vale Frade à la population de Toledo, le site de Ponta da Vigia, par contre, situé à un peu plus de 4km au SO de ce dernier amas coquillier, sur la côte actuelle et pas très loin de la rive gauche de l’estuaire du fleuve Alcabrichel, devait être, selon toute probabilité, un endroit connu et visité par la communauté humaine de Toledo dans le cadre de ses incursions quotidiennes dans les environs. 7.1.2. Ponta da Vigia En effet, outre la proximité géographique (Fig. 7.10), les datations 14C obtenues pour les deux sites s’interceptent nettement (Fig. 7.11 ; voir aussi Fig. 4.11). Toutefois, à l’exception des charbons provenant des structures de combustion qui y ont été fouillées (Zilhão et al., 1987 ; Zambujo et Lourenço, 2003), le site ne contenait pas, ou n’a pas conservé pour des raisons taphonomiques, aucun reste organique. Si la consommation élargie d’aliments marins, en particulier de mollusques, avait effectivement existé à cet endroit (ou avait assumé une importance relative), tout porte à croire qu’il se serait développé un milieu carbonaté favorable à la conservation de restes alimentaires du groupe

Figure 7.9 – Vale Frade : coquilles percées (1-4 et 6-9, sur coquille de Theodoxus fluviatilis ; nº 5, sur coquille de Nassarius reticulatus). À droite, détail des stigmates d’utilisation observés sur les exemplaires 2, 6 et 8). Photo J.P. Ruas.

208

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

responsable de la construction des aires de feu qui y ont été identifiées. L’implantation géographique et topographique de Ponta da Vigia (Point de Vigie) – sur un point élevé (39 m) situé entre l’océan, à l’ouest, et les reliefs calcaires qui s’élèvent jusqu’à une altitude de 100 m, à l’est, avec entredeux la vallée de la rivière Sorraia (Fig. 7.10, C) –, permet de concevoir un autre modèle de fonctionnement pour ce

contexte, comme nous le verrons plus loin, quand d’autres ingrédients seront introduits dans le débat. Stratigraphie et taphonomie Les travaux d’urgence réalisés en 1986 (Zilhão et al., 1987) et en 1999 (Zambujo et Lourenço, 2003) ont été motivés par la mise à découvert des dites structures,

Figure 7.10 – Localisation de Ponta da Vigia (nº13) : A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura ; C. Sur Carte Géologique modifiée (échelle 1/50 000). J1Da : Lias (marnes de Dagorda) ; J3V : Jurassique (Calcaires du Vimeiro) ; J3AP : Jurassique (grès, marnes et arénites de Porto Novo) ; J3Bo : Jurassique (grès, marnes, argiles et conglomérats du Bombarral) ; Q : Pléistocène (terrasses et cailloutis) ; A : Holocène (Alluvions, sables de dune et de plage).

Figure 7.11 – Ponta da Vigia : datations absolues. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009).

209

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 7.12 – Ponta da Vigia : implantation des sondages sur la Carte Topographique nº 44 / échelle 1 :2000 (Serviços Geográficos e Cadastrais), réduite ½. En noire, les sondages de 1986 ; en gris, les sondages de 1999/2000 (signalé par une flèche). S : Structure. Modifié d’après Zilhão et al., 1987.

lesquelles étaient implantées dans une dépression qui existe entre des dunes, d’environ 25 mètres de diamètre et à morphologie ovalaire/circulaire. Cette dépression culmine, à l’ouest, sur une falaise qui précède la plage de Santa Rita (Fig. 7.12).

stratigraphique que les structures de combustion ont été creusées. La carte géologique (Manuppella et al., 1999) attribue à ce niveau de sables gris foncés une chronologie du Pléistocène. Il semble évident, compte tenu de l’action érosive et continue provoquée par les vents dans cette région6 que cette unité stratigraphique, à portée régionale, devait affleurer très près de la surface (ou qu’elle n’était recouverte que par une couche peu épaisse de sables) quand les communautés mésolithiques sont passées à Ponta da Vigia ; elle devait constituer alors le sol qu’elles foulaient. La sédimentation ultérieure allait finir par sceller ces structures et l’érosion, selon un processus inverse, les ont à nouveau exposées en surface.

Les structures, six au total, ont été mises à découvert suite au mouvement des sables dunaires superficiels provoqué par l’érosion éolienne. Les travaux de terrain, orientés uniquement vers la sauvegarde et le registre de ces témoins, ont permis de comprendre la façon dont ils ont été implantés sur le terrain ainsi que le contexte stratigraphique dans lequel ils ont été creusés. Ainsi, en dessous des sables dunaires modernes accumulés par l’action des vents, il existe un niveau de sables concrétionnés de couleur brun grisâtre qui affleure de façon discontinue en divers points de cette zone côtière. C’est au sein de cette unité

6

210

Qui soufflent de façon dominante du nord-ouest.

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

caractérisées par des zones de sédiments noircis, des restes de la composante pierreuse (thermoaltérée) qui avait très probablement été utilisée pour sa construction, étaient visibles. Au cours des deux campagnes de fouille, quelques industries lithiques qui apparaissaient, pour la plupart, à la surface des sables dunaires modernes ont été récupérés. Il s’agit surtout d’éclats, d’esquilles et d’autres débris de taille fabriqués en silex (la grande majorité), en jaspe, en quartz et en quartzite7. La présence de l’enveloppe corticale sur un nombre significatif de pièces, quelle que soit la lithologie concernée, permet de déduire que les volumes initiaux ont été récoltés en position secondaire, sous forme de galet roulé. Le silex et d’autres silifications, comme le jaspe, sont pour la plupart d’origine locale, ils ont très probablement été récoltés au sein des mêmes formations secondaires dans lesquelles s’approvisionnait la communauté de Toledo. En effet, l’analyse macroscopique, réalisée dans le cadre de la présente étude, montre que le silex récupéré aux alentours des structures ou plus rarement au cours des fouilles, a les mêmes caractéristiques que celles observées sur les silices présentes au sein des terrasses quaternaires cartographiées sur la rive droite du fleuve Sizandro – situées à environ 6 km au sud-est de Ponta da Vigia –, dont les formations primaires originelles sont situées dans le bassin de Runa (voir Fig. 4.14 ; Chapitre 4, IIème Partie). L’industrie lithique (voir note de bas de page 7) ne se confine toutefois pas à ladite dépression entre les dunes où six structures de combustion sont apparues. En effet, dans les sables qui recouvrent le sommet des falaises qui s’étendent entre Ponta da Vigia et la plage de Santa Cruz, située au sud, il est possible de trouver des matériaux lithiques dispersés, de façon discontinue, en surface, sur une étendue d’un peu plus de 1 km. Leur présence est connue depuis les années 1940 (Ollivier, 1944 ; 1947), cependant c’est à partir des décennies 1970/1980 que des artefacts lithiques ont commencé à être recueillis, assez régulièrement, dans cette zone. Actuellement, ces matériaux sont répartis dans différents musées8.

Figure 7.13 – Ponta da Vigia : implantation des structures 1 et 2 sur le plan des sondages ouverts en 1986 (A). Plan et coupe de la structure de combustion nº 1 (B). Redessiné par J.P. Ruas à partir de l’originelle de J. Franco (Zilhão et al., 1987).

Les foyers et autres vestiges archéologiques Ces structures présentent une certaine variété du point de vue de leur morphologie et de leurs dimensions. À l’exception de la Structure 1 fouillée en 1986, les autres étaient formées de zones de sables noircis concrétionnés – dont la couleur contrastait nettement avec les sédiments environnants (jaunâtres) – à l’intérieur desquelles se trouvaient des fragments de charbon de bois en quantité. Leurs contours avaient tendance à être circulaires, leur section était ovale et leur épaisseur variait entre 10 et 25cm, selon les cas (Fig. 7.13). La fouille de la Structure 1 de 1986, du reste, la mieux préservée, a permis de reconnaître ses modalités de construction et de fonctionnement : i) creusage préalable d’une dépression dans le sol ; ii) revêtement de la base et des parois de la dépression avec des blocs ; iii) utilisation de bois de Pinus pinaster comme combustible végétal (van Leeuwaarden et Queiroz, 2003). L’érosion et le piétinement constants auxquels toute la zone est sujette ont dû finir non seulement par exposer ces vestiges à la surface mais également conduire à leur destruction partielle ou totale. En effet, en surface et aux alentours des aires de combustion fouillées en 1999-2000,

En 1987, à l’occasion de la publication des résultats des fouilles des structures que l’érosion éolienne avait mis à découvert l’année précédente, il a été considéré que les industries lithiques, totalisant 848 pièces, qui avaient été récoltées dans cette zone par des équipes liées aux musées mentionnés dans la note 8, étaient probablement associées à ces mêmes structures. Cette supposition s’appuyait, d’une part, sur les informations fournies

7

Le tamisage systématique des sables superficiels dans une zone plus large autour des structures 1 et 2, réalisé en 1986 sur une aire totale de 65 m2 (ver Fig. 7.13B), a permis de récolter 165 pièces de débitage (99%) – dont 32% sont des éclats ; 58%, des esquilles et d’autres débris de taille –, ainsi que deux éclats retouchés (Zilhão et al., 1987). Au cours des travaux de 1999-2000, 79 pièces (42 en surface) ont été récoltées sur une aire de 7 m2, dont 4 outils sur éclat (Zambujo et Lourenço, 2003). 8 Musée Municipal de Torres Vedras (MMTV), Musée du Groupe de Spéléologie et d’Archéologie de Lourinhã (GEAL) et Musée National d’Archéologie (MNA; récoltées par M. Heleno et GEPP). A ce sujet, voir Zilhão et al., 1987.

211

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 7.14 – Ponta da Vigia : industrie lithique recueillie, en surface, par différentes équipes au cours de prospections dans les environs du site. 1. pointe hambourgienne à troncature basale ; 2. pointe à dos courbe ; 3 et 6. lamelles à dos arqué. 4. pointe à troncature oblique ; 5. lamelle tronquée ; 7 et 10. fragments de lamelles à dos ; 8. lamelle à dos tronqué ; 9. lamelle à tête arquée ; 11. triangle asymétrique ; 12-13. trapèzes asymétriques. 14-16. segments ; 17-21. grattoirs unguiformes ; 22-23. grattoirs sur éclat ; 24. grattoir-perçoir ; 25. perçoir multiple ; 26. burin sur troncature. Dessins J. Franco (Zilhão et al., 1987).

devaient conduire J. Zilhão à leur attribuer, au début de 1986, une chronologie du Magdalénien terminal9.

par certains responsables de ces prospections, lesquels mentionnaient que ladite dépression était le lieu où la plupart des vestiges avaient été effectivement récoltées et, de l’autre, sur le résultat de la datation ICEN-51 qui situait l’occupation matérialisée par les structures de combustion à l’Holocène ancien. Alors que le matériel récupéré au cours des fouilles des structures et des zones contigus n’était composé que de restes de débitage, à l’exception de deux éclats retouchés, les industries récoltées dans les années 1970/1980 dans cette zone comportaient, quant à elles, divers outils dont quelques armatures. Les caractéristiques de certains de ces outils

Le manque de connaissance, dans les années 1980, des normes de production lithique des communautés de l’Holocène ancien – parallèlement à la rareté des contextes

9

Dans une lettre adressée, le 4 juin 1986, au directeur du Département d’Archéologie de l’IPPC, alertant précisément sur la nécessité de procéder à des travaux d’urgence dans le site de Ponta da Vigia.

212

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

attribués à cette époque10 – avait fait admettre comme étant appropriée et vraisemblable l’association entre les structures de combustion et les industries lithiques récoltées dans le contexte des prospections susmentionnées à Ponta da Vigia et dans les zones avoisinantes. Un autre fait avait encore renforcé cette idée : certains des outils figurant au sein de ces collections présentaient nettement des parallèles avec la tradition technique de l’extrême fin du Paléolithique supérieur européen – grattoirs unguiformes ; burins sur troncature ; perçoirs ; pointes à dos courbe ; lamelles à dos, lamelles à dos arquées et lamelles à dos sur troncature ; pièces géométriques (Fig. 7.14) – une tradition qui aurait pu avoir été léguée aux générations suivantes, à savoir, du Mésolithique ancien.

à divers points de vigie d’où il était possible d’apercevoir au nord, l’estuaire du fleuve Alcabrichel ; à l’ouest, la plaine qui s’étendait jusqu’à la mer ; à l’est, la vallée de la rivière Sorraia et les reliefs calcaires de Vimeiro –, ont permis de concevoir un autre modèle de fonctionnement du site : à savoir, un point d’observation (pour la chasse ?), par hypothèse, d’après les concepts décrits par Binford (1978) pour les hunting-stands. “The location of the hunting-stand, then, is chosen in order to facilitate hunting through the observation of game and the planning that such observational information makes possible. The activities that take place within such stands are, however, largely related to reducing the boredom levels of the occupants during their watch for game” (p. 331).

Si, en 1987, ce cadre était plausible, la réalité actuelle exige de procéder à une critique poussée des sources archéologiques qui implique, en première instance, d’analyser le site sur le plan taphonomique.

Toujours sur la côte actuelle de l’Estrémadure ou dans les environs – et en descendant vers le sud – nous trouvons d’autres sites qui datent du Mésolithique ancien : Cabeço do Curral Velho, Pinhal da Fonte, São Julião A et B et Magoito. Plus anciens ou plus récents que Toledo (Fig. 7.15), ces endroits acquièrent le statut de sites spécialisés dans l’exploitation et la consommation de mollusques, occupés très probablement dans le cadre de séjours courts et répétés à caractère saisonnier.

Que ces structures aient servi au cours de séjours de groupes du Mésolithique ancien a été prouvé par les trois datations réalisées sur des charbons récupérés en leur sein, au cours des travaux de terrain de 1986 et de 1999-2000. Qu’elles aient été creusées dans un niveau plus ancien, du Pléistocène (qui affleure à la surface dans de nombreux endroits), n’a rien d’étonnant, étant donné les dynamiques d’accumulation et d’érosion (simultanées) qui caractérisent l’histoire sédimentaire du site et de toute la zone environnante. Par contre, considérer comme contemporaines les structures de combustion mésolithiques et les industries lithiques recueillies soit dans les sables dunaires non consolidés, soit immédiatement au-dessus du niveau gris qui date du Pléistocène et qui affleure à divers endroits de cette zone de la côte (d’où proviennent bon nombre des artefacts), est déjà beaucoup plus douteux en l’état actuel des connaissances. Et ces doutes ne sont pas dus uniquement aux conditions de gisement présentées ici, déjà suffisamment inhibitrices en soi, mais à la composition proprement dite de l’ensemble lithique qui se caractérise nettement par une association artificielle d’artefacts produits dans des contextes d’occupation distincts et qui sont susceptibles de couvrir une tranche temporelle bien plus large (par hypothèse, du Tardiglaciaire au Néolithique). Pour le moment, l’archéologie du Mésolithique ancien présente dans le site de Ponta da Vigia comprend les structures de combustion, les charbons de Pinus pinaster utilisés comme combustible végétal, quelques éclats et esquilles documentés au cours des fouilles (et rien ne garantit qu’ils ne soient pas, eux aussi, étrangers à l’occupation), avec pour toile de fond, la localisation et l’implantation stratégiques du lieu.

7.1.3. Cabeço do Curral Velho Localisation et taphonomie Fouillé en 1952 sous la direction de Manuel Heleno, ancien directeur du Musée National d’Archéologie (MNA), cet amas coquillier ne devait être étudié, publié et daté que quarante ans plus tard (Araújo, 1994). Le site est situé pratiquement à équidistance – environ 1km – du littoral et du fleuve Sizandro, et près d’une ligne de drainage naturelle (Fig. 7.16, nº 14). A l’époque où les vestiges ont été abandonnés, le lieu était situé dans un ancien fond de vallée, très vaste, où coulaient les eaux du Sizandro avant de se jeter dans l’Atlantique, quelques kilomètres vers l’ouest. Le substrat est composé de formations détritiques du Jurassique supérieur (à lithologies variées), couronnées de sables dunaires accumulés par l’action éolienne au cours de la dernière glaciation (Zbyszewski et al., 1955). À 200 mètres de l’amas coquillier mésolithique se trouvent les sites magdaléniens de plein air de Cerrado Novo et de Vale da Mata, fouillés tous deux par l’équipe de Manuel Heleno entre 1950-1952. D’après J. Zilhão (1997a), c’est au sein des dépôts éoliens ou dans leurs colluvions que se situaient les gisements du Paléolithique supérieur et du Mésolithique identifiés dans cette zone. En l’absence d’information de nature spatiale ou stratigraphique, il a été assumé en 1992 que le site n’avait dû faire l’objet que d’une seule occupation que les dates ICEN-269 et ICEN 270 (Tableau 2.I, Chapitre 2, Ière Partie) avaient située au Boréal. Outre les incertitudes liées aux conditions de gisement et au processus de récupération de l’information, une partie de l’ensemble archéologique était déposé au Musée National d’Archéologie (MNA) avec des matériaux provenant du site voisin de Vale da Mata, fouillé à la même

Le choix par des groupes mésolithiques de la petite dépression existant entre les dunes pour la construction de ses foyers et la possibilité, à quelques pas, d’accéder

10

Seulement deux contextes, les amas coquilliers de São Julião et de Magoito (tous deux situés sur le littoral de l’Estrémadure), dont la composante lithique se résumait, dans les deux cas, à des débris de taille dépourvus de caractéristiques.

213

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 7.15 – Datations absolues de contextes de type amas coquillier du littoral de l’Estremadura. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles (voir Tableau 2.I, Chapitre 2, Ière Partie) ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993).

Figure 7.16 – Localisation de Cabeço do Curral Velho (CCV) et de Pinhal da Fonte (PF) : A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura (CCV, nº 14 ; PF, nº 15) ; C. Sur Carte Géologique modifiée (échelle 1/50000). J4 et J5 : Jurassique supérieur ; C : Crétacique ; AS : Pléistocène (sables superficiels, éoliques) ; a et d : Holocène (Alluvions et Dunes).

époque et par la même équipe et qui inclut une occupation du Néolithique ancien (Zilhão, 1997a). Il a été possible de trier ce matériel car les pièces en question présentent un marquage CCV (Cabeço do Curral Velho), à l’encre de chine, qui ne semblait pas devoir susciter de doute sur leur association correcte au reste du matériel mis à découvert dans l’amas coquillier.

être abandonnés au cours de l’occupation boréale. Ainsi, soit le site a été visité à nouveau ultérieurement, sans que cette éventualité ait été détectée au cours des fouilles (et les causes peuvent être multiples), soit des matériaux se sont trouvés mélangés au MNA. Malheureusement, il ne subsiste plus actuellement des vestiges sur place, ce qui fait présumer que le site a dû être complètement fouillé.

La nouvelle analyse du petit ensemble lithique, effectuée dans le cadre du présent travail, devait néanmoins mettre en cause l’intégrité présumée du site qui avait été envisagée au départ. En effet, comme nous le verrons plus loin, la série comprend quelques artefacts qui n’ont pas pu

Contenus archéologiques À l’évidence, les mollusques se détachent au sein de l’ensemble archéologique, en particulier les coques (Cerastoderma edule, 95%) et, avec une représentation 214

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Tableau 7.VII – Cabeço do Curral Velho : répartition technologique de l’industrie lithique. % de pièces thermoaltérées = 26% ; * 2 lames à crête et 2 flancs de nucléus. Catégories Technologiques Éclat Entier Fragment (Fg.) Total Esquille Lame Fg. mésial Fg. proximal Total Lamelle Fg. mésial Fg. proximal Total Nucléus Préparation* Outils Entier Fg. distal Fg. proximal Fg. latéral Total Éclats utilisés Pièces esquillées Fragments TOTAL % de pièces thermoaltérées

N

13 18 31 2 1 2 3 4 2 6 5 4 3 1 1 1 6 3 2 10 72 26%

%

43.06 2.78

4.17

8.33 6.94 5.56

8.33

4.17 2.78 13.89 100.00

bien plus modeste, les scrobiculaires (Scrobicularia plana, 4%). Le nombre de palourdes (Ruditapes decussatus), de couteaux (Solen marginatus) et de pourpres (Stramonita haemastoma) est assez réduit (1%, en tenant compte de l’ensemble de ces trois espèces). Cette composante est nettement tronquée, étant donné que ce sont surtout les valves entières qui sont représentées dans la collection déposée au MNA. L’ensemble lithique (N=72) est dominé par les éclats (ca 43%, Tableau 7.VII), le type de support à l’origine des pièces retouchées (y compris les outils à posteriori). Il s’agit, dans l’ensemble, d’artefacts peu standardisés du point de vue de leur forme, de leurs dimensions et du type de retouche qu’ils exhibent (dans le cas des outils). Les nucléus à partir desquels les éclats (bruts, ou transformés par retouche ou par l’utilisation) ont été débités ne sont pas représentés dans la collection. La série lithique comprend, en outre, un ensemble de trois lames et six lamelles (Tableau 7.VII ; Fig. 7.17), fabriquées à partir de nucléus de type prismatique (N=2 ; Fig. 7.17). Les matières premières exploitées incluent des variétés distinctes de silifications. L’approvisionnement a dû se faire, une fois de plus, dans les mêmes formations secondaires identifiées sur la rive droite du fleuve Sizandro (des terrasses quaternaires qui contiennent des silices de l’Éocène et du Cénomanien), situées à environ six

Figure 7.17 – Cabeço do Curral Velho : 1-2. lames ; 3. lamelle à retouches Montbani ; 4-7. lames/lamelles ; 8. fragment de nucléus (qui a subi du traitement thermique) 9. nucléus prismatique à deux plans de frappe opposés. (Dessins 1-7, 9. J. Franco ; 8. F. Botto).

kilomètres à l’ouest de l’amas coquillier. Se détachent, parmi celles-ci, un silex de couleur crème et à texture opaque – lequel domine nettement dans l’échantillon – 215

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

et un silex grisâtre et à texture brillante11. Les formations primaires d’origine de certaines de ces silifications sont situées dans le bassin de Runa (voir Fig. 4.14 du Chapitre 4, IIème Partie). Les autres artefacts ont été fabriqués dans un quartz doté d’une aptitude médiocre à la taille (N=3) et dans un quartzite à grain très fin (N=1), des lithologies présentes aux alentours du site sous la forme de galets roulés. Si la plupart des artefacts ne s’éloignent pas des modèles de production lithique reconnus pour les contextes du Mésolithique ancien situés sur le littoral de l’Estrémadure (Fig. 7.18), il en existe d’autres dont les caractéristiques excluent leur association à l’occupation matérialisée par l’amas coquillier : 1. présence de traitement thermique, observée sur un fragment de nucléus prismatique destiné à la production de lamelles, sur un fragment mésial de lamelle et sur un petit éclat/esquille ; 2. utilisation de la percussion indirecte pour le débitage des supports allongés (ce qui, dans certains cas, n’exclut pas le recours à la pression). Deux nucléus prismatiques, deux flancs de nucléus prismatiques et une lamelle à retouches Montbani présentent également des indices d’utilisation de cette technique. L’analyse comparative des matières premières montre que les neuf pièces allongées n’ont pas été produites à partir des deux nucléus prismatiques présents dans la collection déposée au MNA. À l’exception d’une lame et d’une lamelle, sûrement exploitées à partir du même volume et présentant toutes deux un degré d’altération thermique très prononcé, les sept autres pièces ont été fabriquées à partir de différentes variétés de silifications sans aucune affinité entre elles. Une corne de cervidé sectionnée intentionnellement complète l’éventail des matériaux déposés au MNA (Fig. 7.19). Qui doit quoi et à qui ? Que des vestiges produits au cours du passage de groupes du Mésolithique ancien aient été abandonnés à Cabeço do Curral Velho semble un fait établi : les datations radiocarbone le confirment ; que le choix de ce lieu ait été motivé par l’abondance des ressources marines, surtout des mollusques, semble également évident : la localisation ne soulève aucun doute ; que leur exploitation et leur consommation doivent être imputées à cette occupation semble logique : les coquilles datés sont, en fin de compte, les coquilles consommés ; que, durant ce séjour, des activités de taille aient été entreprises est très probable

Figure 7.18 – Cabeço do Curral Velho : 1-3. grattoirs ou nucléus ; 4. encoche ; 5 et 9. pièces esquillées ; 6-7. grattoirs ; 8. éclat à retouches marginales (outil à posteriori). Dessins de J. Franco.

et même cohérent avec le standard documenté dans les autres amas coquilliers du Mésolithique ancien du littoral de l’Estrémadure ; que le site ait été visité à nouveau par la suite est attesté par la présence d’une technique – la percussion indirecte (et peut-être la pression) – ainsi que par un procédé, le traitement thermique. Cependant :

11 Ces silifications (désignées génériquement par silex de Cambelas ; Zilhão, 1997a) ont été exploitées par les groupes magdaléniens de Cerrado Novo et de Vale da Mata. Dans le site solutréen de Vale Almoinha, situé à deux kilomètres au sud de Cabeço do Curral Velho, les deux variétés de silex ont été utilisées pour la fabrication de pièces foliacées (Zilhão, 1997a).

216

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

des contaminations à un moment ultérieur aux travaux de fouille, dans lequel des éléments issus d’autres contextes ont été incorporés par inadvertance12, et non pas en présence d’un palimpseste d’occupations qui ont eu lieu dans un même espace, mais à des moments distincts du processus historique. Le doute continuera à planer, pour toujours, sur l’archéologie de ce site. 7.1.4. Pinhal da Fonte Localisation, travaux archéologiques, taphonomie Situé à environ 1,5 kilomètres au sud-ouest de Cabeço do Curral Velho, près d’un cours d’eau (Vale da Fonte) et d’une source pérenne qui se trouve à quelques mètres de l’amas coquillier (voir Fig. 7.16, nº 15). Quand ce site a été sondé pour la première fois, en 1986, la pinède centenaire qui y existait avait été arrachée afin d’être remplacée par une plantation d’eucalyptus, considérée alors comme plus rentable sur le plan économique. Ces travaux ont entraîné le retournement des niveaux sous-jacents (jusqu’à 2 m de profondeur) et la remontée à la surface des petits fragments de coquilles. Ce fait devait déterminer la réalisation de travaux archéologiques d’urgence dans l’endroit, conduits par une équipe canadienne dirigée par David Lubell. Les sondages ouverts dans deux zones différentes, totalisant 24m2, ont démontré dès le départ que le site avait été irrémédiablement affecté par l’arrachage des arbres. Seule la présence de poches d’amas coquillier encore intacts a pu être confirmée, lesquelles apparaissaient entre 50 et 80cm de profondeur et à l’intérieur de sédiments à matrice sableuse-argileuse. Ces poches atteignaient parfois une épaisseur de 70cm13.

Figure 7.19 – Cabeço do Curral Velho : corne de cervidé sectionnée et polie. Dessin J. Franco.

1. la percussion indirecte est utilisée pour le débitage de produits allongés dans des industries qui datent du Mésolithique récent (ca 6 500 – 5 200 cal BC) ; 2. la percussion indirecte, la pression et le traitement thermique caractérisent les productions lithiques du Néolithique ancien (ca 5 500 – 4800 cal BC) ; 3. ces trois pratiques sont absentes du système technique des premiers groupes mésolithiques de l’époque postglaciaire. Si le site a été effectivement le théâtre d’une occupation ultérieure – du Mésolithique récent, du Néolithique ancien ou des deux périodes – il manque assurément des pièces pour donner un sens au puzzle : la céramique est absente (et, connaissant les normes imposées aux travailleurs qui intervenaient sur le terrain sous la direction de M. Heleno, il est très peu probable que cette composante ait été rejetée par son équipe), tout comme d’autres éléments de la production lithique néolithique qui apparaissent même dans des contextes de séjours de courte durée, spécialisés dans l’exploitation de ressources marines (gisements de type amas coquillier). Les éléments géométriques, qui figurent dans des contextes d’amas coquillier du Mésolithique récent ayant fait l’objet d’occupations spécialisées de courte durée, sont eux aussi absents.

En 2000, dans le cadre du même projet de recherche qui a donné lieu aux travaux archéologiques conduits à Toledo et à Vale Frade, un nouveau sondage a été réalisé à Pinhal da Fonte (4m2)14. L’objectif principal était de recueillir des échantillons en vue de leur datation radiométrique avec contrôle de leur provenance spatial et stratigraphique. Ces travaux ont confirmé que le contexte était très perturbé, et plus fortement encore en raison de la plantation des eucalyptus et des travaux préalables de terrassement recourant à des moyens mécaniques. Il a été identifié quelques poches d’amas coquillier qui apparaissaient sous forme de grandes mottes compactes, mais déplacées à l’évidence de leur position originelle (traînées par la pelle rétro-caveuse). Outre la composante de mollusques, les blocs d’amas coquillier, qui apparaissaient au sein d’un sédiment complètement remanié (des sables de teinte brune

Et si, pour terminer, nous introduisons dans le débat d’autres outils recouvrés à cet amas (voir Tableau 7.VII et Fig. 7.18), cela ne nous éclaire pas beaucoup. En effet, ils sont aussi présents dans des contextes qui datent aussi bien des deux phases du Mésolithique que du Néolithique ancien.

12

En 1980, soit à l’époque où une profonde réorganisation du Musée National d’Archéologie a été entamée, des cas qui peuvent sustenter cette hypothèse ont été détectés. En effet, les fonds des tiroirs des armoires dans lesquelles les butins archéologiques étaient gardés, étaient parfois cassés, ce qui facilitait la chute de matériaux vers les plateaux sous-jacents. 13 Informations issues d’un rapport fourni par David Lubell au Département d’Archéologie de l’Institut Portugais du Patrimoine Culturel. 14 Dirigés par Ana Filipa Braz et par moi-même.

Ainsi, compte tenu de ce qui vient d’être exposé, il semble davantage plausible d’admettre l’hypothèse que nous nous trouvons en présence d’un ensemble lithique qui a subi 217

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

à noire, avec des nodules dispersés d’argile)15, emballaient de rares fragments d’os et quelques objets lithiques. La présence de terriers devait aggraver encore la perturbation du contexte archéologique. Contenus archéologiques Les coques constituaient le repas principal des groupes mésolithiques qui sont passés par Pinhal da Fonte. Cette espèce atteint pratiquement 7 kg dans les 4m2 (83%) fouillés en 2000 (Fig. 7.20, A). Dans les différents sondages ouverts par D. Lubell, ce bivalve prédomine largement, avec une représentation de plus de 88%. L’éventail malacologique comprend des palourdes, des scrobiculaires – qui se situent soit en deuxième soit en troisième position (voir Fig. 7.20) – des couteaux, des moules et des patelles. Ces deux dernières espèces, inféodées aux rochers, ne dépassaient pas 0,2%. Les lieux exploités de préférence par les groupes qui sont passés par Pinhal da Fonte devaient être l’estuaire du fleuve Sizandro et, encore plus proche du site, la rivière da Azenha (voir Fig. 7.16), où abondaient les bancs de mollusques bivalves. Les profonds changements subis par ce gisement ont dû affecter surtout les coquilles les plus fragiles, comme la scrobiculaire et le couteau. La présence de quelques os de mammifères, pas toujours susceptibles d’être déterminés du point de vue taxonomique et anatomique (Tableau 2.III, Chapitre 2, Ière Partie), montre que le régime alimentaire de ces communautés ne se limitait pas aux fruits de mer. Malheureusement, l’échantillon est trop réduit pour permettre d’évaluer la contribution de cette composante dans leur diète.

Figure 7.20 – Pinhal da Fonte : Malacofaune. A. Sondages Araújo et Braz, 2000 (en poids, concerne les 4m2 fouillés) ; B. Sondages D. Lubell, 1986 (en pourcentages, seuls les carrés F10 et G11). Note : dans les Tests T1 et T2 (sondages D. Lubell, 1986) la moule et la patelle sont absentes, et la palourde détient la deuxième place, suivie du couteau.

Ces restes alimentaires devaient très probablement être préparés en recourant au feu. En effet, plusieurs cailloux présentant des signes d’altération thermique ont été identifiés dans toute la zone, en surface ou à l’intérieur des zones sondées. Dans le carré G11, ouvert au cours des travaux de 1986, une structure de combustion à morphologie circulaire (50 X 50cm) a été fouillée : elle était composée de pierres thermoaltérées, d’argile brûlée et de cendres16. À un peu plus de deux mètres du G11, dans un carré contigu fouillé au cours des travaux de 2000, plusieurs galets présentant des fractures thermiques ont été trouvés ; ils devaient certainement faire partie intégrante de l’ensemble lithique de cette même structure.

Lubell en 1986, conservés au Musée Municipal de Torres Vedras avec des nombreuses coquilles, ne contenaient qu’un ensemble de onze éclats et quatre débris de taille, pratiquement tous en quartz. Ces artefacts n’ont pas été inclus dans le Tableau 7.VIII. L’analyse qui suit ne concerne donc que l’ensemble récupéré au cours des travaux conduits en 2000. Et cet ensemble est composé en majorité d’esquilles et d’éclats de petite dimension (ca 59%, Tableau 7.VIII), débités sur quartz (42%), sur silex (13,5%) et sur un ensemble diversifié de roches siliceuses (23% ; Tableau 7.IX) : les mêmes lithologies représentées à Cabeço do Curral Velho et recueillies sûrement dans les mêmes sources d’approvisionnement secondaires (voir Point 7.1.3). Les petits éclats/esquilles constituaient le type de support recherché par les groupes de Pinhal da Fonte et bon nombre d’entre eux ont été produits à partir de nucléus de type pièce esquillée ; ceux-ci sont représentés par un ensemble bien homogène de 20 exemplaires dans les 4m2 fouillés en 2000 (ca 6% ; Tableau 7.X ; Fig. 7.21 et 7.22). Ce même objectif peut être confirmé par sept autres nucléus qui utilisent comme volume des petits nodules ou des galets dont les dimensions ne permettaient, dès le départ, que le débitage de supports de petite ou très petite dimension. Ce qui ne signifie toutefois pas que tous les éclats et toutes les esquilles

Bien que la zone fouillée en 2000 soit réduite, 343 objets lithiques qui démontrent la mise en œuvre d’activités de taille sur place ont été récupérés. Les sacs de matériaux archéologiques provenant des sondages ouverts par D. 15

Un sondage réalisé par J. Zilhão (1984) dans le site voisin de Vale Almoinha (Solutréen), dans le but de comprendre les conditions de gisement de l’industrie solutréenne déposée au MNA, montre une séquence formée de sables holocènes et pléistocènes, interrompus, à 70cm de profondeur, par une croûte carbonatée d’environ 15cm d’épaisseur. Ce dépôt reposait sur des argiles mésozoïques qui constituent le substrat local (Zilhão, 1997a). La séquence sédimentaire de la zone dans laquelle était situé l’amas coquillier de Pinhal da Fonte devait être en tous points identiques. 16 Information issue du rapport mentionné à la note 13.

218

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Tableau 7.VIII – Pinhal da Fonte : répartition technologique de l’industrie lithique, par matières premières. Ne concerne que les pièces récupérées au cours des travaux de 2000. MATIÈRES PREMIÈRES (MP) Catégories Technologiques

Quartzite

Quartz

N

%

N

%

N

%

N

%

N

%

N

%

Nucléus

-

-

5

2.6

-

-

2

3.8

-

-

7

2.0

Préparation

-

-

1

0.5

-

-

-

-

-

-

1

0.3

Éclats

9

36.0

22

11.4

7

10.8

12

23.1

2

25.0

52

15.2

Esquilles

13

52.0

81

42.0

38

58.5

17

32.7

-

-

149

43.4

Outils

-

-

1

0.5

-

-

-

-

-

-

1

0.3

Lamelles

-

-

3

1.6

2

3.1

4

7.7

-

-

9

2.6

Pièces esquillées

-

-

1

0.5

11

16.9

8

15.4

-

-

20

5.8

Débris

3

12.0

79

40.9

7

10.8

9

17.3

6

75.0

104

30.3

TOTAL

25

100.0

193

100.0

65

100.0

52

100.0

8

100.0

343

100.0

% MP

7.3

56.3

Silex

R.S.

19.0

Autres

15.2

TOTAL

2.3

100.0

Tableau 7.IX – Pinhal da Fonte : état de conservation des éclats et des lamelles ; paramètres métriques des deux types de supports. État de conservation

QZI

QZ

Silex

R.S.

Autres

Total

%

Entier

1

11

2

3

1

18

34.6

Proximal

2

4

2

3

-

11

21.2

Mésial

-

-

-

3

-

3

5.8

Distal

2

3

-

1

-

6

11.5

Siret

2

1

1

-

-

4

7.7

Fracture indéterminé

2

3

2

2

1

10

19.2

TOTAL (N)

9

22

7

12

2

52

100

%

17.3

42.3

13.5

23.1

3.8

100.0

Entier

-

3

1

3

-

7

77.8

Proximale

-

-

-

1

-

1

11.1

Mésiale

-

-

1

-

-

1

11.1

TOTAL (N)

0

3

2

4

0

9

100

Dimensions

Longueur

Largeur

Épaisseur

M±σ

M±σ

M±σ

Éclats

22,66 ± 9,15

16,72 ± 5,14

5,99 ± 2,93

18

Lamelles

21,21 ±2,22

7,67 ± 1,52

3,70 ±1,07

7

Éclat

Lamelle

récupérées dans les 4m2 ont été fabriqués en recourant à cette méthode. Bon nombre correspondent, en effet, à des supports écartés en cours d’exploitation de volumes dont le but premier était probablement de produire des éclats pour être transformés en nucléus de type pièce esquillée. Ce processus libérait, de la même façon, des supports qui ne répondaient pas au standard morphométrique souhaité pour le futur nucléus de type pièce esquillée, lesquels

N

étaient alors écartés ou convertis par la suite en outils. Malheureusement, et parmi l’ensemble lithique, seul un denticulé sur fragment d’éclat de quartz a été enregistré. La série compte en outre un petit ensemble de neuf pièces allongées qui s’inscrivent dans la catégorie des lamelles (voir Tableaux 7.VIII et 7.IX). Quatre d’entre elles ont sûrement été débitées à partir de nucléus de type pièce esquillée (Fig. 7.22) : elles présentent un talon écrasé ; 219

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Tableau 7.X – Pinhal da Fonte : caractérisation des nucléus de type pièce-esquillée. * Par rapport au sens du débitage. Les dimensions ne concernent que les exemplaires entiers (N=12). NUCLÉUS TYPE PIÈCE ESQUILLÉE Dimensions (M ± σ)

Conservation*

longueur

21,38 ± 6,45

entier

12

largeur

13,10 ± 4,08

fracture parallèle

5

épaisseur

5,56 ± 2,23

fracture perpendiculaire

2

fracture perpendiculaire et parallèle

1

Total

20

Support éclat partiellement cortical

6

Esquillements

éclat non cortical

14

Unifaciaux

3

Total

20

Bifaciaux

17

Total

20

Nbr de bords esquillés un

1

Morphologie

deux

16

rectangulaire

16

trois

3

quadrangulaire

4

Total

20

Total

20

Figure 7.21 – Pinhal da Fonte : morphologie des nucléus de type pièce esquillée. Diagramme de dispersion en fonction des variables longueur et largeur.

Gonçalves). L’artefact produit sur le cubitus de félidé a été exhumé dans le même carré que celui dans lequel avait été identifiée la structure de combustion découverte en 1986 (signalé dans le rapport mentionné dans la note de bas de page 13). Étant donné qu’il s’agit d’un objet unique, c’està-dire sans parallèles, sa datation directe (AMS) serait essentielle pour pouvoir déterminer si les deux événements – la production de l’artefact en os17 et l’accumulation

l’organisation des enlèvements est bidirectionnelle dans trois cas. Que l’objectif de la production de petits éclats, d’esquilles et de lamelles ait été de fabriquer des barbelures d’outils destinés à la chasse, à la pêche ou à une utilisation domestique (des couteaux, par exemple), reste encore une inconnue pour le moment. À l’ensemble archéologique qui vient d’être décrit, nous avons ajouté une coquille de Theodoxus fluviatilis percée, trouvée au cours des fouilles de 2000, un cubitus de chat sauvage aménagé (Felis silvestris ; détermination de Marta Moreno García ; Araújo et al., 2014) (Fig. 7.23) et finalement un fragment d’une omoplate gauche humaine (acromion) d’un individu d’apparence adulte (détermination de David

17

Il convient néanmoins de signaler la présence de concrétions carbonatées attachées à leurs surfaces, même après nettoyage de l’objet par le staff du Musée de Torres Vedras. Au cours des travaux conduits en 1986 et en 2000 dans ce site, aucun vestige susceptible d’être attribué à une occupation ultérieur n’a été découvert (à l’exclusion, bien entendu, de fragments de céramique moderne).

220

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Figure 7.22 – Pinhal da Fonte : industrie lithique. Nucléus de type pièce esquillée. Dessins F. Botto.

Figure 7.23 – Pinhal da Fonte : cubitus de Felis silvestris aménagé, positionné à droite dans la figure (Araújo et al., 2014). Il est encore possible d’observer des concrétions carbonatées (de l’amas). À gauche, un exemplaire de cubitus de Felis silvestris de la collection actuelle de référence (DGPC). Photos J.P. Ruas.

de l’amas coquillier mésolithique – sont effectivement contemporains. De nombreux coquilles, quelques os de mammifères, des structures de combustion, un pendentif, un objet en os, des restes humains et des artefacts lithiques dans un site pratiquement détruit – dont l’extension en termes de surface est perdue à tout jamais – suggèrent que ce lieu a été le théâtre d’une occupation importante, probablement structurée autour de l’exploitation et de la consommation immédiate de fruits de mer, lesquelles exigeaient néanmoins d’accomplir parallèlement d’autres tâches. 7.1.5. São Julião et Magoito São Julião (nucléus A et B) et Magoito, les deux derniers gisements du Mésolithique ancien enregistrés, jusqu’à 221

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 7.24 – Localisation de São Julião (nº 16) et de Magoito (nº 17) : A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura ; C. Sur Carte Géologique modifiée (échelle 1/50 000). Les deux amas sont situés sur les rives droites de la rivière de Falcão (São Julião) et de Mata (Magoito), auprès de l’embouchure. C1AS (Crétacé : arénites et argiles) ; C2AC (Crétacé/Cénomanien : calcaires et marnes) ; Q (sables et cailloutis du Pléistocène) ; dc (dunes consolidées) ; ad et d (Holocène: sables et sables de dunes).

présent, sur le littoral de l’Estrémadure, sont situés entre 16 et 24 km au sud de Pinhal da Fonte. Ces deux sites devaient finir par servir de fondement à la reconnaissance, sur le territoire portugais, d’occupations de type amas coquillier dès les premières phases du Postglaciaire, c’est-à-dire à un moment antérieur à l’accumulation des grands amas coquilliers de l’Atlantique, connus depuis bien longtemps dans les vallées du Tage (Muge et Magos) et du Sado.

plage ; Sousa, 2004) ; Magoito l’a été durant le Néolithique récent et à l’Âge du Bronze (là aussi, dans des zones distinctes mais, à l’inverse, plus éloignées de la plage sur laquelle est localisé actuellement l’amas coquillier préboréal ; Soares, 2003). Tout indique, donc, qu’il s’agit de sites voués, sur le plan fonctionnel, à l’exploitation de ressources aquatiques et occupés dans le cadre de séjours courts et répétés.

São Julião et Magoito témoignent d’une localisation et une implantation très similaires (Fig. 7.24) : sur la côte actuelle (à savoir, sur la plage proprement dite ou très près de celle-ci) et près de cours d’eau dont le débit devait être bien plus volumineux à l’époque. Les occupations archéologiques sont, dans l’un et l’autre cas, emballés dans des dépôts sableux accumulés par l’action éolienne (formations dunaires). Malheureusement, bien qu’il s’agisse de gisements pour lesquels on possède un plus grand nombre de datations radiométriques (réalisées sur des échantillons de coquilles et de charbons de bois ; voir Fig. 7.15 ; voir aussi, Sousa, 2004), l’information mise à disposition est assez réduite et peu de choses peuvent être ajoutées à ce qui a été dit dans le Chapitre 2 de la Ière Partie. Outre la composante de mollusques – dominée par des bivalves inféodés aux environnements sableux et vaseux, mais parmi lesquels se trouvent également des espèces à habitat rocheux – des zones de feu structurées ainsi que de rares restes de taille ont été documentés dans les deux endroits (Arnaud, 1994 ; Daveau et al., 1982 ; Pereira, 1983 ; Soares, 2003).

Les sites du littoral de l’Estrémadure font partie d’un ensemble plus élargi de gisements présentant des caractéristiques similaires et localisés, à présent, sur la côte actuelle de l’Alentejo et de l’Algarve : à une seule exception près, il s’agit de sites d’amas coquillier ; les séquences commencent invariablement au Mésolithique ancien ; ces sites sont localisés systématiquement aux embouchures d’anciens estuaires, ce qui permettait l’exploitation de milieux marins et fluvio-estuariens. 7.1.6. Les sites de la côte sud (Alentejo et Algarve) Il y en a huit au total, sept sont des amas coquilliers (Fig. 7.25 et 7.26). Les amas coquilliers Ces sites documentent presque exclusivement l’exploitation d’invertébrés marins (y compris, dans certains cas, de crustacés ; voir Tableau 2.II, Chapitre 2, Ière Partie), les vestiges organiques ou lithiques, sont rares. En effet, la chasse et la pêche n’étaient pas pratiqués dans ces endroits, du moins suffisamment pour laisser des traces dans le

São Julião a été réoccupé au cours du Mésolithique récent (toutefois dans une zone différente, située cette fois sur la 222

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Figure 7.25 – Les sites du littorale sud (Alentejo et Algarve) : 18. Oliveirinha ; 19. Palheirões do Alegra ; 20. Castelejo ; 21. Barranco das Quebradas 1 ; 22. Barranco das Quebradas 3 ; 23. Barranco das Quebradas 4 ; 24. Barranco das Quebradas 5 ; 25. Rochas das Gaivotas.

Figure 7.26 – Datations absolues de contextes de type amas coquillier du littoral de l’Alentejo et Algarve. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles (voir Tableau 2.I, Chapitre 2, 1ère Partie) ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993).

registre archéologique18. Les activités de taille, lorsqu’elles sont représentées, se restreignent à la production d’éclats, mais toujours en nombre réduit, et d’outils massifs destinés

au traitement de la pourpre et de la monodonte, à partir de matières premières d’origine locale (Carvalho, 2008 ; Carvalho et Valente, 2005 ; Carvalho et al., 2005 ; 2010 ; Valente, 2010 ; Valente et Carvalho, 2009).

18

La présence de lapin est signalée pour l’occupation boréale de l’amas coquillier de Castelejo, toutefois son origine anthropique n’a jamais été confirmée, tout comme la présence hypothétique de quelques restes ichtyologiques (Silva et Soares, 1997; Soares et Silva, 2004). Dans les Barranco das Quebradas 3 et 4, une dent d’ongulé et deux fragments d’os, probablement de mammifère, ont été identifiés (Valente, 2010; voir Tableaux 2.II et 2.III, Chapitre 2, Ière Partie).

Les mollusques les plus consommés par les premiers mésolithiques du sud sont presque exclusivement les espèces inféodées aux rochers : la monodonte, la patelle, la moule et la pourpre (Carvalho, 2008 ; Carvalho et al., 2005 ; 2010 ; Silva et Soares, 1998 ; Soares, 1996 ; Soares 223

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

et Silva, 2004 ; Valente, 2008 ; 2010) ; voir, à ce propos, le comportement de ces espèces dans les quatre amas coquilliers qui font partie du complexe de Barranco das Quebradas, un ravin qui se déploie dans la direction NESO et aboutit à la plage de Telheiro (Fig. 7.27). A noter également, en raison de l’extrême rareté de leur survenue dans des contextes archéologiques préhistoriques, la présence de gastropodes terrestres (Helix sp. et Rumina decollata), destinés à la consommation, dans les quatre occupations du Mésolithique ancien identifiées dans

la couche 3 de Rocha das Gaivotas (Carvalho, 2008 ; Carvalho et al., 2010 ; voir Fig. 7.28). Les roches portant des signes d’altération thermique sont fréquentes dans ces endroits, et, dans certains cas, il existe aussi des aires de feu encore préservées. L’éventail des choix économiques et le spectre des aptitudes technologiques de ces communautés humaines ne se limitaient toutefois pas au ramassage de mollusques

Figure 7.27 – Barranco das Quebradas (BQ) : malacofaune (NMI) récupérée dans les quatre amas identifiées sur les rives du ravin. OS : occupation supérieure ; OI : occupation inférieure. Si l’on considère les différents séjours qui ont eu lieu à ces endroits entre ca 8560-6644 cal BC (voir Tableau 2.I, Chapitre 2, Ière Partie), on vérifie un accroissement de l’exploitation de la patelle et de la moule au fur et à mesure que l’on avance dans le temps, et un comportement tout à fait inverse de la monodonte (Valente, 2010). Sources : informations colligées et travaillées à partir de Valente, 2010.

Figure 7.28 – Rocha das Gaivotas : malacofaune (NMI) récupérée au cours des quatre passages mésolithiques (ancien) reconnues dans les différents loci de cet amas (ca 7736-6701 cal BC ; voir Tableau 2.I ; Chapitre 2, Ière Partie). Ont été exclues les espèces accompagnatrices (Balanidae). Sources : informations colligées et travaillées à partir de Carvalho et al., 2010.

224

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Figure 7.29 – Palheirões do Alegra : plan de la grande dépression ouverte à la mer. Sources : documentation de L. Raposo.

à consommer sur le champ et à la fabrication d’outils simples en vue de leur utilisation immédiate. Ces amas coquilliers du sud ne reflètent qu’une partie d’un système d’organisation des sociétés mésolithiques bien plus complexe qui devait inclure des endroits situés éventuellement plus vers l’intérieur, de nature résidentielle (mais pas seulement), où d’autres activités comme la chasse, par exemple, étaient développées. Malheureusement, et jusqu’à présent, ces sites n’ont pas encore été identifiés dans ces régions. Palheirões do Alegra Toujours sur le littoral sud, il existe un gisement qui, en dépit de sa localisation, ne documente pas l’exploitation de ressources d’origine aquatique fournies par les milieux côtiers. Tout comme Ponta da Vigia (7.1.2), situé en Estrémadure, Palheirões do Alegra s’est très probablement formé au cours de divers séjours dont les limites temporelles sont, une fois de plus, difficiles à déterminer. Le site est situé sur la falaise actuelle, un véritable amphithéâtre tourné vers la mer, à 56 mètres d’altitude (Fig. 7.25B, nº 19).

Figure 7.30 – Palheirões do Alegra : la même dépression en Juillet 2005. Photo J.P. Ruas.

régulièrement et d’année en année, remontent à la surface suite à l’érosion éolienne et à la déflation des sables dunaires (Fig. 7.30). Ce n’est toutefois pas le seul endroit où ce phénomène se produit. En effet, en poursuivant son périple vers le nord et vers le sud de ce gisement, sur une étendue qui atteint sûrement une trentaine de kilomètres, le promeneur trouvera, avec une plus ou moins grande fréquence, des dizaines ou des centaines d’artefacts et de cailloux présentant des fractures d’origine thermique à plusieurs endroits de la côte, à la surface des sables dunaires qui couvrent les falaises paléozoïques. Cette industrie à caractère macrolithique, fabriquée à partir de

Hormis les milliers d’artefacts récupérés en surface (ca 33000, Raposo, 1994), sur une aire estimée à 8000 m2, 18 structures de combustion ont été également documentées (Fig. 7.29). Quiconque passe par là, aujourd’hui encore, est sûr de trouver des centaines d’autres artefacts qui, 225

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

matières premières disponibles localement sous forme de galet roulé (avec primauté du grauwacke), a fini par être dénommée de Mirense (Breuil et al., 1943 ; Breuil et Zbyszewski, 1946) : une espèce de faciès régional du Languedocien, lui aussi à base macrolithique, mais confinée à la bande littorale de l’Alentejo. L’attribution chronologique et le statut de ces deux “industries”, “techniques de taille”, “complexes industriels” ou “cultures” – le Languedocien et le Mirense – ont varié au cours du temps19, à mesure que la recherche archéologique se confrontait à la débilité et au manque de support empirique des arguments alors utilisés.

qui a servi de support à la fabrication d’un outillage microlithique (y compris des petites armatures à dos), sans compter diverses catégories d’outils sur éclat et, en particulier, des petits grattoirs unguiformes et quelques burins dièdres (Raposo, 1994 ; Vierra, 1995).

Tout portait à croire que la découverte de Palheirões do Alegra allait permettre de redéfinir le cadre, à partir des années 1980, de la problématique autour du statut chronologique et de la caractérisation technologique des industries macrolithiques du littoral de l’Alentejo qui, en dépit de la controverse suscitée pendant des décennies, n’ont jamais perdu le nom que H. Breuil et G. Zbyszewski leur avaient attribué : à savoir, de mirenses. En effet, le résultat le plus spectaculaire des travaux archéologiques mis en œuvre dans ce gisement entre 1985-198720 a été l’obtention d’une datation absolue sur des charbons de bois provenant d’une poche de sables grisâtres, identifiée au cours des fouilles dans un secteur localisé plus à l’est. Cette datation situait l’occupation matérialisée par la production macrolithique au Boréal. Ce résultat devait être confirmé par une deuxième date obtenue sur un autre échantillon de charbon de bois, récupéré cette fois à l’extrême opposé du gisement (à environ 100 m vers le sud du premier ; Vierra, 1995). Le passage de groupes mésolithiques à cet endroit était donc prouvé – au moment où se produisaient certaines des occupations documentées dans les amas coquilliers de Castelejo, de Barranco das Quebradas 1, 3 et 4 et de Rocha das Gaivotas, situés plus au sud – tout comme la responsabilité de la production macrolithique mirense à l’époque postglaciaire ; c’est-àdire au Mésolithique ancien.

Une fouille ouverte à l’extrémité est du site (unités BTBU / 46-64 ; voir Fig. 7.31), dans une zone adjacente à un sondage mécanique désigné par Coupe 3 (Raposo, 1994 ; Raposo et Penalva, 1986 ; 1987), devait confirmer la présence, in situ, de l’horizon d’occupation mirense au sein d’une couche de sables jaunâtres-rougeâtres (Couche 5), sous-jacente aux sables dunaires modernes (Couche 6), encore conservés dans ce secteur (ver Fig. 7.30). La couche 5, où l’occupation mirense a eu lieu, est donc exposée en surface dans presque toute la zone de Palheirões do Alegra (le grand amphithéâtre), en raison de l’érosion et de la déflation des sables dunaires.

L’association spatiale et topographique (en surface) entre l’industrie macrolithique, fabriquée à partir de matières premières locales, et l’industrie leptolithique, en silex allochtone, a été considérée comme garante de la contemporanéité des deux productions que les datations radiométriques situaient alors au Boréal.

Mais le sol dans lequel les structures de combustion ont été identifiées et les milliers d’artefacts récupérés (en roches locales et allochtones) fait apparaître, dans le même ordre de grandeur, des croûtes aliotiques (concrétions de fer et de manganèse) provenant d’une couche ferrugineuse plus ancienne (Couche 4) qui couronne la séquence pléistocène locale. Ainsi : Quiconque passe aujourd’hui à Palheirões do Alegra trouvera, en surface : 1. Des centaines d’éclats, de débris de taille, de galets taillés/nucléus et, avec un peu de chance, l’un ou l’autre support retouché produits à partir de matières premières représentées dans les cailloutis locaux ; 2. À côté et dispersées dans toute la zone, lesdites croûtes aliotiques (du Pléistocène) ; 3. Parallèlement aux deux ensembles ci-dessus – l’industrie macrolithique et les concrétions ferro-manganiques – d’autres centaines, sinon des milliers, de restes lithiques en silex à texture opaque et de teinte jaunâtre/crème qui apparaissent : • soit dans la zone de déflation où la couche 5 (qui emballait l’horizon mirense) est actuellement exposée en surface ; • soit sur toute la périphérie de la dépression (de l’amphithéâtre), à la surface des sables dunaires plus récents qui forment la couche 6. Au sein du sondage mécanique désigné par Coupe 3, complété par la zone de fouille mentionnée plus haut (à l’est), trois structures de combustion qui se trouvaient dans cette couche à chronologie plus récente ont été identifiées.

Outre les outils massifs sur galet 21 (Raposo, 1994 ; 1997) et l’exploitation de ces volumes pour la production d’éclats (qui libérait des milliers de débris de taille), le site documentait également une industrie lithique en silex allochtone qui, bien qu’un peu dispersée dans toute la zone, présentait deux nettes concentrations en surface. L’une – appelée de Lareira do sílex (feu du silex) – était placée juste au centre d’une des aires de feu, laquelle couvrait 24 m2 (Fig. 7.31) et était constituée par des roches thermoaltérées et des artefacts macrolithiques (Raposo, 1994 ; Vierra, 1995). L’ensemble en silex incluait un débitage lamellaire 19

Pour l’historique approfondi et critique de cette problématique, voir Raposo, 1986; 1994; 1997; Raposo et Silva, 1984. 20 Ces travaux ont consisté en a) ramassage contrôlée et enregistrement minutieux de tous les objets et structures qui, à l’époque, étaient en surface ; b) réalisation de sondages mécaniques ; c) fouille d’une zone limitée située à l’est (Raposo, 1994). 21 Les ensembles archéologiques Mirenses comprennent, en outre, des types lithiques considérés comme caractéristiques de cette industrie: “enclumes”, “plats”, “poids de filet”, “disques-palet”, “pics”, “haches/ hachereaux”.

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Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Figure 7.31 – Palheirões do Alegra : les deux concentrations de silex trouvées en surface. En haut la dénommé Lareira do sílex (feu du silex ; carrés BD-BF / 89-90), marquée par le rectangle blanc. Figures construites à partir de l’inventaire fourni par L. Raposo.

En juillet 2005, au cours d’une visite à Palheirões do Alegra22, des centaines d’artefacts, débités dans un ensemble diversifié de lithologies où domine nettement le grauwacke, ont été identifiés en surface ainsi que des croûtes aliotiques dispersées sur toute la zone (voir Fig. 7.30). Les aspects suivants ont été mis en relief au cours de cette visite :

sur une bande orientée E-O, suivant la pente naturelle du terrain, des dizaines d’artefacts en silex (patiné) de couleur crème à jaune : 41 lamelles, six microgravettes (une sur lamelle de burin), trois grattoirs unguiformes, d’innombrables esquilles et éclats. Compte tenu des processus naturels qui se sont produits au cours du temps à Palheirões do Alegra, nous sommes amenés à conclure ce qui suit : toute occupation qui a eu lieu ici a fini, ou a dû finir, par se trouver disséminée dans un même horizon archéologique, à savoir, en surface. À mon sens, le site ne documente pas uniquement des vestiges produits au cours de divers séjours de groupes du Mésolithique ancien dans cet endroit, tel que défendu jusqu’ici. Il s’agit plutôt d’un palimpseste qui inclut des occupations qui ont nettement été abandonnées à des moments distincts du processus historique. Si les conditions de gisement suffisent, à elles seules, à réfuter la première interprétation, les caractéristiques présentées par l’industrie lithique compromettent encore davantage le modèle construit.

4. Dans les niveaux de cailloutis (terrasses marines) qui reposent directement sur le substrat paléozoïque23, les galets en quartzite (de dimensions, morphologie, texture et couleurs très variées) prédominent nettement par rapport au grauwacke, dans une proportion de ≈dix pour un ; 5. Dans la zone située plus au sud de l’amphithéâtre, mais toujours dans la grande dépression, il a été identifié

22

Avec T. Aubry, F. Almeida et J. Sampaio. Entre le substrat et les niveaux de cailloutis, il s’est formé un dépôt de sédiments qui ont été érodés par la suite. Dans la plupart des endroits observés, ces cailloutis étaient déjà démantelés. 23

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Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 7.32 – Palheirões do Alegra : armatures en silex patiné trouvées en surface, au cours des travaux de 1985. Photos J.P. Ruas.

En effet, certaines des armatures – en particulier, à dos épais, parfois croisé (Fig. 7.32) – présentent de nets parallèles avec celles représentées dans des contextes qui datent du Paléolithique supérieur ; si nous ajoutons à ces armatures, les petits grattoirs unguiformes (sur éclat et sur lamelle) et les burins, par exemple, nous pouvons nous trouver en présence d’une occupation plus ancienne de l’endroit emballée dans un paquet sédimentaire qui a subi les mêmes processus d’érosion que ceux qui ont exposé, à la surface, les vestiges accumulés aux cours des passages mésolithiques24. Rien ne garantit que des industries produites à des moments ultérieurs ne soient pas également représentées dans ce même paquet. En effet, les sables dunaires modernes – qui, dans le secteur est du gisement, couvrent l’horizon d’occupation mirense – emballent également des restes d’une occupation plus récente (Raposo et Penalva, 1986 ; 1987). Ces dunes glissent peu à peu vers l’intérieur de la dépression ; les sables subissent le même processus d’érosion éolienne ; et les vestiges lithiques qu’ils renferment finissent par intégrer le contenu archéologique de la couche 5 : ledit horizon mirense exposé en surface.

type de supports fabriqués à Barca do Xerez de Baixo (Fig. 7.33). Il existe néanmoins une certaine variabilité entre les deux principales lithologies exploitées à Palheirões do Alegra, le quartzite et le grauwacke (Annexe 7.A et 7.B)25. La première a tendance à générer des supports de plus petites dimensions, probablement en résultat de l’exploitation plus intense des volumes, tel que le suggère la représentation plus élevée de supports non corticaux débités à partir de cette matière première, par comparaison avec le grauwacke. Les volumes sont exploités à partir de modalités de type frontal, avec recul parallèle, en tirant parti de l’épaisseur des galets comme surface de débitage principale. Le grauwacke est une roche plus tendre et peut être facilement sectionnée en deux parties, par un simple coup, celles-ci seront utilisées par la suite comme nucléus (tel que constaté dans certains cas). L’objectif des opérations de taille, pour les deux roches, est nettement la production d’éclats. Jusqu’à quel point cette industrie macrolithique concerne, elle aussi, des artefacts produits au cours des différentes occupations, il se peut que ce soit d’un problème sans solution évidente.

L’ensemble macrolithique récupéré dans ledit foyer du silex ne s’écarte pas, en traits généraux, des façons de faire et du

24

Ces observations résultent de l’analyse de l’ensemble lithique récupérée dans le foyer du silex (24m2) que j’ai moi-même effectuée (cette composante avait déjà fait l’objet d’une étude par B. Vierra, 1995). J’ai toutefois élargi l’analyse à une zone plus étendue – 282m2 (BABH/86-94; voir Fig. 7.31 ; Annexe 7.A), afin d’inclure non seulement l’industrie récupérée dans cette structure (toutes les matières premières, à savoir un total de 1093 artefacts), mais encore tout le silex provenant des carrés adjacents (631 pièces).

25

Cette norme, dans la représentation des lithologies de l’ensemble macrolithique récupérée dans le foyer du silex, contraste avec celle documenté pour tout le gisement, dans lequel le grauwacke détient nettement la primauté : 78% (Raposo, 1994).

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Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Figure 7.33 – Palheirões do Alegra : industrie macrolithique. Photos J.P. Ruas.

Figure 7.34 – Les sites localisés à l’intérieur des terres de l’Estremadura, dans le bassin de Rio Maior. A. À l’échelle du territoire ; B. À l’échelle de l’Estremadura ; C. Détail de la région. 7. Cabeço de Porto Marinho (CPM) loci IIIS et V ; 8. Areeiro III ; 9. Fonte Pinheiro ; 10. Abrigo Grande das Bocas (abri-sous-roche).

connus : les sites de plein air de Cabeço de Porto Marinho (loci IIIS et V ; Fig. 7.34, nº 7) et de Fonte Pinheiro (Fig. 7.34, nº 9), et l’abri sous roche de Bocas 1 (ou, Abrigo Grande das Bocas ; Fig. 7.34, nº 10). Dans les deux premiers cas, le contexte géomorphologique ne diffère guère de celui qui a été présenté pour Areeiro III : les vestiges

7.2. Areeiro III et l’exploitation de ressources à l’intérieur des terres de l’Estrémadure Aux alentours d’Areeiro III (Chapitre 5, IIème Partie ; voir aussi Fig. 7.34, nº 8), trois gisements supplémentaires attribués aux premières phases du Postglaciaire sont 229

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

sont emballés dans des formations sédimentaires pliopléistocènes composées de sables d’origine colluvionnaire et éolienne (Bicho, 2000 ; Marks et al., 1994 ; Zilhão, 1997a). À l’exception de fragments de charbon de bois, ces sites n’ont pas conservé aucun reste organique. Tel que déjà mentionné, le silex est une ressource disponible localement, il apparaît dans les formations détritiques et cailloutis fluviaux.

ces niveaux (gravettiens ou magdaléniens), par contre, les datations obtenues sur des échantillons composés de charbons de bois dispersés (bulk samples) présentent assez souvent des résultats incompatibles avec les industries lithiques qui leur sont stratigraphiquement associées. Comme le souligne J. Zilhão – à propos des problèmes suscités par la chronologie absolue de CPM – il existe « (...) des limites importantes à l’acceptabilité de tous les résultats radiocarbones obtenus dans le gisement (...) », tout comme il ne faut pas tenir compte des datations obtenues « (...) à partir d’échantillons de charbons de bois dispersés et provenant de niveaux dont les collections lithiques n’ont pas encore fait l’objet d’une analyse approfondie (...). » (Zilhão, 1997a, p 703, 2ème volume).

7.2.1. Le bassin de Rio Maior Cabeço de Porto Marinho (CPM) compris de différents loci qui témoignent d’une longue diachronie d’occupations dans une zone estimée à environ 2500m2 : Paléolithique supérieur (Gravettien final, Magdalénien ancien, moyen, supérieur et final) ; Mésolithique ancien ; Préhistoire récente (Néolithique ancien et Néolithique indéterminé) ; Âge du Bronze (Bicho, 1994 ; 2000 ; Marks et al., 1994 ; Zilhão, 1997a ; 1997b)26. La séquence stratigraphique présente variabilité latérale et verticale entre les différents secteurs qui ont fait l’objet de travaux archéologiques. En effet, tous les loci ne présentent pas la même succession d’occupations ni la même architecture stratigraphique, probablement en raison du processus d’accumulation de sédiments sur un terrain incliné vers le sud (Zilhão, 1997a). Ce processus a, en effet, dû passer par des phases différenciées – d’expansion, de stabilisation et de remobilisation des sables le long du versant méridional – et il n’est pas exclu que des vestiges produits au cours d’occupations qui ont eu lieu dans les zones situées plus au nord, aient été entraînés – par la gravité et avec les sédiments qui les enveloppaient – vers des cotes inférieures, à savoir vers les loci situés plus au sud (Zilhão, 1997a). D’autre part, et comme il s’agit de sables meubles, des phénomènes de migration ascendante et descendante des vestiges, surtout de ceux de plus petites dimensions, ont été observés. Des phénomènes que quelques remontages (industrie lithique et roches thermoaltérées) ainsi que l’analyse verticale réalisée, par exemple, sur certaines catégories d’artefacts de l’occupation gravettienne fouillée dans une zone circonscrite du locus II (niveau inférieur) ont permis de vérifier : les armatures apparaissent dans une position stratigraphique inférieure à celle des nucléus, des burins et des grattoirs épais, «...ces derniers étant nettement situés, d’une façon générale, au dessus des premières.” (Zilhão, 1997a, 2ème volume, p. 215). Mais si ces problèmes ne mettent pas en cause, du moins substantiellement, l’intégrité stratigraphique des industries lithiques gravettiennes et magdaléniennes – il existe d’ailleurs des structures de combustion préservées dans les diverses séquences fouillées –, les ensembles anthracologiques, quant à eux, doivent être pris avec beaucoup de réserve et ceci est encore plus vrai pour ceux qui ont fait l’objet des datations par radiocarbone. En effet, si les charbons de bois provenant de structures de combustion révèlent des dates cohérentes avec le contenu archéologique documenté dans

Cabeço de Porto Marinho, locus IIIS L’occupation attribuée au Mésolithique ancien se base sur une datation effectuée sur des charbons de bois dispersés, provenant de CPM IIISW (SMU-2666), qui a fourni le résultat de 9154-8006 cal BC (voir Tableau 2.I, Chapitre 2, Ière Partie ; voir aussi Fig. 7.35). Cette datation a été présentée dans diverses publications comme correspondant à un Magdalénien final (Bicho, 1993), ou à un Magdalénien terminal (Bicho, 1994 ; 1997 ; 2002) ou encore à un Epipaléolithique (Bicho et al., 2010). Pour le CPM IIIS, la séquence stratigraphique (présentant 245cm de puissance de dépôts) est connue : la couche IV enferme une occupation du Magdalénien supérieur, datée de 11810±110 BP (ICEN-689) à partir d’un échantillon de charbons de bois associés à une structure de combustion (Zilhão, 1997a). Au-dessus de cette occupation, des vestiges du Néolithique ancien «... almost directly above the Magdalenian” ont été documentés (Bicho, 2000, p. 86). La stratigraphie présentée ci-dessus est claire en ce qui concerne la succession des occupations qui ont eu lieu à CPM IIIS : le Néolithique ancien (Marks et al., 1994), daté de 4938-4258 cal BC (SMU-2477), repose directement sur le niveau d’occupation du Magdalénien supérieur, daté de 11810±110 BP (Bicho 2000 ; Marks et al., 1994 ; Zilhão, 1997a), c’est-à-dire entre 11934-11452 cal BC. Il n’y a donc littéralement pas d’espace pour une occupation que la date SMU-2666 situe au Mésolithique ancien. Il est fort probable que ce résultat radiométrique ait été obtenu dans une nouvelle zone de fouille contiguë au locus CPM IIIS, à l’ouest ( ?) – ce qui expliquerait le « W » (West ?) ajouté à la référence CPM IIIS – sachant toutefois que le plan, la séquence stratigraphique et les occupations qui y ont été identifiées ne sont pas connus (et n’ont pas été publiés). Hormis les problèmes liés à la datation d’échantillons composés de charbons de bois dispersés (et sans identification anthracologique), CPM exige, en raison des problèmes dérivés des dynamiques de sédimentation et du type de sédiments qui le caractérisent – sables meubles –, une analyse taphonomique rigoureuse des vestiges produits au cours des divers séjours qui y ont eu lieu et, tout aussi fondamentale, une confrontation entre les datations obtenues et les vestiges qui y sont associés. Pour

26

Le site a été partiellement tronqué au nord par l’exploitation d’une sablière et il est très difficile, actuellement, d’estimer la véritable extension occupée par ce gisement.

230

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Figure 7.35 – Datations absolues de contextes localisés à l’intérieur des terres de l’Estremadura. La calibration a été réalisée à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles (voir Tableau 2.I, Chapitre 2, Ière Partie) ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993).

la datation SMU-2666 le contexte spatial, stratigraphique et culturel n’est pas connu, celle-ci doit donc être envisagée avec une certaine réserve jusqu’au jour où des données supplémentaires seront mises à disposition.

disponibles dans le travail susmentionné, il est possible d’articuler la caractérisation générique suivante, en se centrant uniquement sur les aspects les plus marquants de l’échantillon lithique étudié27.

Cabeço de Porto Marinho, locus V

Si l’on exclut les esquilles, qui possèdent la plus grande représentation en termes de pourcentage au sein de la série lithique de CPM V (52%), l’exploitation des volumes de matière première a surtout donné naissance à des supports de type éclat (64,7%), quelles que soient les matières premières, ceux-ci sont suivis des lamelles et des lames qui totalisent à elles deux 14,6%. Les outils (12,4%) ont été produits à partir de ces différents supports, il nous faut toutefois mettre en relief l’outillage lamellaire qui dépasse 31%, au sein de ce groupe (en incluant les armatures et les lamelles retouchées).

Le locus CPM V (17m2) est situé dans la zone plus méridionale du site et documente seulement deux occupations : la plus récente attribuée à l’Âge du Bronze (Couche IV) ; la plus ancienne au Mésolithique ancien (Couche II). Le sommet de la stratigraphie est caractérisé par les mêmes dépôts remaniés de 2,5 à 3 mètres d’épaisseur (avec des matériaux pléistocènes et holocènes) qui couronnent toutes les séquences fouillées dans les différents loci de CPM. La couche II est caractérisée par un sédiment sableux de teinte brun foncé qui emballe quelques galets et artefacts (Bicho, 2000). Aucune structure n’a été identifiée « (...) but a darker area with some charcoal, collected for C14, was found in unit D11. » (Bicho, 2000, p. 87). La datation situe les vestiges de cette couche au Mésolithique ancien : 8726-7790 cal BC (ICEN688 ; Marks et al., 1994 ; Zilhão, 1997a ; voir Tableau 2.I, Chapitre 2, Ière Partie ; voir aussi Fig. 7.35).

Le débitage des galets de quartz et de quartzite a été effectué à partir de nucléus de type prismatique (unidirectionnel) et orthogonal, sans aménagement des plans de frappe, ce qui a donné naissance à des éclats au profil majoritairement plat (ca 73%), à section trapézoïdale (56%) et à talon cortical (73%). Le silex a été la matière première la plus exploitée (ca 85%, Bicho, 2000, p. 322), quelle que soit la catégorie technologique, il a en effet été utilisé pour la fabrication d’éclats, de supports allongés et de pratiquement tous les outils. Les nucléus en silex qui ont donné naissance aux supports allongés sont de type pyramidal, prismatique ou informe, ils conservent encore leur enveloppe corticale sur

Une sélection d’artefacts récupérés sur 9m2 du CPM V a été intégrée dans l’étude réalisée par N. Bicho dans le cadre de sa thèse de doctorat (1992) : Technological change in the final Upper Paleolithic of Rio Maior (Bicho, 2000). Étant donné que ce travail s’est centré essentiellement sur l’analyse diachronique des séquences de réduction d’ensembles lithiques provenant de contextes datés du Tardiglaciaire et de l’Holocène ancien du bassin du fleuve Maior, le locus V n’a pas été analysé de manière approfondie, en particulier en ce qui concerne l’outillage lamellaire qui y a été documenté (modalités de fabrication et de retouche). Partant des informations

27

Les pourcentages que nous présentons ici ont été calculés dans le cadre du présent travail à partir des données brutes mises à disposition par N. Bicho, 2000, il en est de même pour les interprétations que ces données suggèrent.

231

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

une partie significative du bloc et ils ont été débités à partir d’un seul plan de frappe, lequel est lisse ou cortical.

parmi ceux-ci, il convient de signaler divers types de grattoirs (un seul exemplaire caréné), des burins (dièdre et sur troncature), des éclats, des lames et des lamelles retouchées (dont sept armatures à dos) (Bicho, 1992). La production de supports lamellaires a été réalisée à partir de nucléus prismatiques – à un seul plan de frappe, à deux plans de frappe opposés et à plans de frappe multiples – qui « (...) still clearly follows the Magdalenian reduction sequences. » (Bicho, 1994, p. 670). Ce standard ne s’écarte toutefois pas des façons de faire documentées pour le Mésolithique récent.

Parmi les outils, se détachent les armatures, au nombre de 34 (22% de l’ensemble de l’outillage), qui se démultiplient en divers types (lamelle à dos, à dos double, à dos gibbeux, à dos tronquée ; géométriques – un triangle, un trapèze et trois segments –, pointes à dos courbe). Il semble possible d’avancer, à partir de l’analyse des données brutes, disponibles dans les tableaux fournis par N. Bicho (2000), qu’il y a eu une sélection des lamelles de plus petites dimensions en vue de leur transformation par retouche, quelles que soient les variables métriques prises en compte. Pour la largeur, il se peut que l’explication réside dans le type d’abattage effectué qui a pu être assez profond, ce qui réduit très significativement la largeur du support. Parmi l’outillage, il nous faut encore signaler plus particulièrement les encoches et les denticulés, les éclats retouchés et les grattoirs minces sur éclat.

Quant aux microburins, absents du registre archéologique du Mésolithique ancien – ils sont très communs dans les gisements qui datent du Mésolithique récent et font partie de la chaîne opératoire de production des armatures géométriques –, ils apparaissent, toutefois dans de faibles proportions (tout comme les géométriques), dans des contextes du Magdalénien ancien, supérieur et final, notamment dans le bassin du fleuve Maior : Cabeço de Porto Marinho, Carneira II et Olival da Carneira (Bicho, 2000 ; Zilhão, 1997a).

Bien qu’il se produise une certaine interception, à deux sigma, entre les datations du CPM V et d’Areeiro III (Fig. 7.35), la première est nettement plus ancienne, ce qui peut expliquer, d’une part, l’absence de parallèles entre les deux gisements en ce qui concerne l’ensemble des armatures et les schémas de fabrication utilisés et, d’autre part, leur plus grande affinité avec les contextes qui datent du Magdalénien supérieur. A moins que l’explication ne réside dans le fait qu’il s’agit d’un résultat basé sur une moyenne, compte tenu de la constitution de l’échantillon daté à CPM V (des charbons de bois dispersés dans un paquet de 15cm d’épaisseur ; Carré D11, entre 330 et 345cm) et dont l’intervalle d’incertitude présente une amplitude assez grande (voir Chapitre 2, Ière Partie, à propos des problèmes concernant les datations radiocarbone).

Les dates obtenues pour Fonte Pinheiro et Areeiro III s’interceptent (Fig. 7.35), ce qui pourrait suggérer qu’à un moment donné les deux groupes se sont croisés, ou que le même groupe est responsable des vestiges abandonnés dans les deux sites, localisés à moins d’un kilomètre l’un de l’autre. Il n’existe toutefois pas de point de contact entre les industries lithiques récupérées à Areeiro III et à Fonte Pinheiro, du moins si l’on s’en tient aux informations disponibles, et une explication de nature fonctionnelle – une zone géographique qui procurerait exactement la même offre en ressources lithiques et biologiques – serait très difficile à défendre. Ou bien nous nous trouvons dans une situation de non-conformité totale entre une datation et le contenu archéologique qui lui est (ou lui a été) associé, et les explications peuvent en être multiples ; ou bien ce contenu inclut des vestiges accumulés à des moments différentes dont la résolution stratigraphique s’est perdue (voir les conditions d’enfouissement mentionnées plus haut) ; ou encore la datation correspond, une fois de plus, à un résultat moyen, compte tenu de la nature de l’échantillon (des charbons de bois dispersés) ; ou enfin le site constitue une exception à la règle, quel qu’en soit le motif, mais difficile à croire.

Fonte Pinheiro Il est situé à environ 1km au sud-ouest d’Areeiro III (Fig. 7.34, nº 9). Quand il a été fouillé, en 1992, le site était déjà détruit par les labours agricoles. Les travaux qui y ont été réalisés, dans une zone de concentration de matériaux en surface, ont montré que le niveau archéologique avait été remanié même dans les zones qui n’avaient pas été affectées par les machines, en raison de la présence de racines de pins et d’eucalyptus. Les vestiges lithiques étaient donc disséminés dans les premiers 50 à 60cm de la séquence fouillée (Bicho, 1992). La couche de base est formée de sédiments d’âge miocène sur lesquels repose un cailloutis déjà démantelé et mélangé avec le dépôt supérieur de sables qui contient les vestiges archéologiques (Bicho, 1992). Aucune structure n’a été identifiée, mais une date radiocarbone obtenue à partir d’un échantillon de charbons de bois situe les vestiges documentés au Mésolithique ancien : 8178-7041 cal BC (ICEN-973). Ces vestiges incluent 48 trapèzes, 2 segments et 22 microburins, une représentation qui ne trouve de parallèle que dans des contextes plus tardifs, à savoir, du Mésolithique récent. Outre les éléments géométriques, 179 outils ont été également récupérés ;

L’abri sous roche de Bocas 1 (ou Abrigo Grande das Bocas) Tel que présenté au Chapitre 2 (Ière Partie), cet abri entame (et annonce) les temps postglaciaires et établit le commencement du Mésolithique ancien sur le territoire portugais. Comme nous l’avons mentionné dans cette même Ière Partie, toute limite comporte une part d’indéfinition et l’Abrigo Grande das Bocas ne fait pas exception. Situé à l’ouest d’Areeiro III (Fig. 7.34, nº 10), cet abri documente les plus anciens vestiges datant du début de l’Holocène, dans 232

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

un espace qui inclut diverses occupations – Paléolithique supérieur final, Mésolithique ancien, Mésolithique récent, Néolithique ancien, Chalcolithique – et dont le contexte stratigraphique, très complexe, a dû être reconstitué et interprété, avec des limitations évidentes, en laboratoire ; et ce, 60 ans après la fin des travaux de fouille (voir Chapitre 2, Ière Partie) 28. Le peu de documentation laissée par M. Heleno sur les campagnes qui y ont été effectués (quelques coupes et plans) a permis jusqu’à un certain point, ou pour mieux dire, autant que possible, de contextualiser les matériaux déposés au MNA, en particulier ceux des couches “Fond”, “O” et “1/Inférieure” qui couvrent la transition Tardiglaciaire/Holocène (Bicho, 1995-97). Cette même documentation était également claire quant à l’existence de différences dans la stratigraphie mise à découvert dans les diverses zones de l’abri. La reconnaissance de cette variabilité n’a toutefois pas empêché les vestiges déposés au MNA de présenter des problèmes de divers ordres, notamment des mélanges entre des matériaux provenant de contextes distincts d’occupation qui ont eu lieu dans l’abri. Ainsi, par exemple, des pièces abandonnées au cours du Mésolithique récent étaient associées à l’occupation du Néolithique ancien, laquelle contenait en outre quelques artefacts qui provenaient nettement des niveaux plus anciens de la séquence (Bicho, 1995-97 ; Zilhão, 1992 ; 1997a). Bon nombre de ces problèmes ont sûrement trouvé leur origine au moment du processus de fouille – il existait des zones dans lesquelles les dépôts été remaniés, toutefois cette situation n’a pas dû être détectée au cours des travaux de terrain (Bicho, 1995-97) – d’autres ont dû avoir lieu au MNA, quand il a été procédé à la réorganisation des collections archéologiques de ce musée (voir note de bas de page 12, Point 7.1.3).

• Couche 0 (0+ ; 0++ ; 0+++) : caractérisée par des variations latérales ; contenait des artefacts lithiques et des restes fauniques terrestres ; une datation sur os de Bos primigenius a fourni le résultat de 10167-8714 cal BC ICEN-900 ; • Couche du Fond : composée d’argiles jaunâtres avec un cailloutis (probablement d’origine fluviale) qui emballait des artefacts lithiques et des restes fauniques ; la datation sur un échantillon d’os a fourni le résultat de 10092-9379 cal BC (ICEN-9001). Les datations obtenues pour les couches Fond, 0 et 1 (inférieure) couvrent une tranche temporelle d’environ 1.500 ans (ca 10200 – 8700 cal BC), ce qui situe les vestiges à la transition Pléistocène / Holocène. Il faut être toutefois conscient, une fois de plus, de la marge d’incertitude associée à ces datations. L’intervalle de temps peut sûrement être plus large, tel que mentionné dans le Chapitre 2 de la Ière Partie. Quelle que soit l’amplitude de cet intervalle de temps, le site a été le théâtre de trois occupations qui se sont succédé (ou se sont touchées) dans le temps, ce qui peut d’ailleurs être confirmé par un des profils dessinés au cours des travaux de fouille, sur lequel les trois couches sont organisées en séquence (Fond, 0 et 1 Inférieure). Néanmoins, dans le présent travail, nous n’avons tenu compte que des couches 0 et 1 (inférieure). Les motifs qui renferment à l’évidence une part d’arbitraire, sont liés aux aspects suivants : 1. Ces couches contiennent déjà des amas coquilliers, un élément qui apparaît systématiquement dans le registre archéologique du Mésolithique ancien (à chaque fois que de la matière organique est conservée), même dans des endroits très éloignés de la ligne côtière. Cet aspect sera évoqué à nouveau dans la IVème Partie du présent travail ; 2. La nature fonctionnelle des occupations abandonnées à cet abri, de type logistique et spécialisé, en opposition à l’interprétation suggérée pour la couche sous-jacente (Fond) : à savoir, une occupation plus permanente, de type résidentiel (Bicho, 1995-97). A l’évidence, ces deux caractérisations fonctionnelles ne peuvent pas être considérées comme mutuellement exclusives.

L’analyse conjuguée de la documentation laissée par M. Heleno sur l’abri et des vestiges qui y sont représentés (Bicho, 1995-97) permet d’établir la succession suivante d’occupations : • Couche 3 et 2 : palimpseste qui contient des matériaux lithiques, en métal, restes fauniques et de la céramique ; l’occupation du Néolithique ancien figurerait dans ce paquet ; • Couche 2 (base) / Couche 1 (supérieure) : où l’occupation du Mésolithique récent (un amas coquillier), datée de 6214-5763 cal BC (ICEN-899) à partir d’un échantillon de coquilles de Cerastoderma edule, a dû avoir lieu. Ce sont les trapèzes qui y sont documentés qui ont dû conduire M. Heleno à défendre l’existence d’un niveau tardenoisien dans cet abri (Heleno, 1956, p. 228) ; • Couche 1 (inférieure) : de «cendres noires et de coquillages”, formant un amas coquillier qui contenait également des artefacts lithiques ; datée de 9662-9230 cal BC (ICEN-903) à partir d’un échantillon de coquilles de Cerastoderma edule ;

Ce que les données de Bocas 1 suggèrent, avec tous les obstacles et limitations déjà mentionnés (chronométrie des occupations, conditions d’enfouissement des vestiges, etc.), c’est que nous nous trouvons en présence d’un contexte qui atteste clairement des comportements qui témoigne aussi bien de la tradition, ce qui vient du passé, que de la nouveauté, et qui est concomitant du passage vers le postglaciaire. Quant à la tradition (la continuité), elle est évidente dans la composition des ensembles lithiques abandonnés dans les couches Fond, 0 et 1/inférieur, qui sont, d’après N. Bicho, identiques à ceux documentés dans les contextes à

28

Le site a été intégralement fouillé dans la seconde moitié des années 1930 par M. Heleno, alors directeur du Musée National d’Archéologie (MNA).

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Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

chronologie tardiglaciaire du bassin du fleuve Maior. De même, l’industrie représentée dans ces trois couches de l’abri ne présente pas de différence entre elles : ni du point de vue typologique et technologique, ni en ce qui concerne l’usage que les groupes ont fait des matières premières pas plus qu’au niveau des modes de production de leurs artefacts.

à la discussion : la présence de mollusques à habitat marin et estuarien dans les couches 0 et 1. Actuellement, l’abri n’est guère éloigné que de cinq à six heures de marche du littoral et le trajet est facilité par l’absence d’obstacles naturels. Les communautés humaines qui ont cherché et utilisé cet abri avaient certainement un rapport étroit avec la mer et en retirait une partie de leur subsistance. Un comportement qui se répète dans les gisements situés à l’intérieur du massif calcaire de l’Estrémadure – dont fait encore partie l’Abrigo Grande das Bocas, situé à son extrême le plus méridional –, comme nous verrons ci-après.

En effet, les variations signalées concernent uniquement la fréquence de certains types d’outils d’une couche à l’autre, un fait qui est d’ailleurs imputé à la nature fonctionnelle des occupations et au type d’activités qui y ont eu lieu. L’outillage lamellaire est très diversifié et détient une représentation assez importante au sein de ce groupe : 24,7% (couche du Fond) ; 42,9% (couche 0) ; 30,2% (couche 1/inférieure). Les armatures se détachent plus particulièrement, elles sont représentées par différents types de pointes microlithiques (pointes à dos rectiligne, à dos courbe, à base arrondie, à base amincie, microgravettes, pointes fusiformes, de Malaurie, de Sauveterre), de lamelles à dos (simple, double tronqué, denticulé) et de pièces géométriques (segments, au nombre de 4). L’éventail des outils lamellaires mentionné se trouve pratiquement dans chacune des couches (Bicho, 1995-97).

7.2.2. Là-haut sur les montagnes d’Aire et de Candeeiros La fréquentation, au cours du Mésolithique ancien, des hautes terres du complexe montagneux Serras de Aire et Candeeiros30 est également attestée dans trois sites localisés dans des milieux karstiques, les occupations qui y ont été identifiées devaient assumer un caractère essentiellement logistique : Gruta do Casal Papagaio (fig. 7.34 : nº 4 ; Arnaud et Bento, 1988), Abrigo de Pena de Mira (Fig. 7.34 : nº 5 ; Araújo et Zilhão, 1991) et Lapa do Picareiro (Fig. 7.34 : nº 6 ; Bicho et al. 2003, 2006). Les vestiges figurés dans ces endroits ont été abandonnés, selon toute probabilité, aussi bien par des groupes venus du littoral que du bassin du fleuve Maior, ceuxci devaient sûrement faire régulièrement des incursions dans la région du massif, en tirant parti de la diversité des ressources cynégétiques qui y existaient. Cette hypothèse se fonde non seulement sur la présence, dans les trois contextes karstiques, d’amas coquilliers qui contiennent des espèces à habitat marin et estuarien (voir Tableau 2.II, Chapitre 2, Ière Partie), mais encore sur l’analyse comparative des résultats radiométriques existant pour les trois zones géographiques – littoral, bassin du fleuve Maior et massif calcaire – qui fait clairement apparaître des superpositions entre ces zones (en tenant compte aussi bien des occupations plus anciennes, du Préboréal, que des plus récentes, du Boréal). Il nous faut encore ajouter que le silex utilisé dans l’armement de chasse récupéré à Lapa do Picareiro est originaire de la région de Rio Maior (Bicho et al., 2003). Malheureusement, ce dernier site est le seul à permettre une approche plus complète et plus approfondie de la nature des occupations qui y ont été reconnues, étant donné que les deux autres, Gruta do Casal Papagaio et Abrigo da Pena de Mira, étaient déjà pratiquement détruits au moment où ils ont été identifiés et sondés (Chapitre 2, Ière Partie). Le premier site, localisé sur le plateau de São Mamede, à 410m d’altitude, a fait l’objet d’une intervention de sauvetage dans les années 1980 (dans un petit témoin encore intact, situé contre une des parois de la cavité). L’amas coquillier (qui contenait encore des restes de crustacés) était emballé dans une

Les supports de ces microlithes ont été surtout produits à partir de chaînes opératoires intégrées (éclats, lames et lamelles) et l’investissement dans la préparation soigneuse des plans de frappe est assez réduit (13,8% seulement dans l’ensemble des nucléus à lamelles présents dans les trois couches). La présence de réfléchissements a obligé bien souvent l’artisan à changer l’orientation de l’axe de débitage, en effet, les nucléus présentent à leur stade d’abandon des négatifs d’enlèvements bidirectionnels, croisés ou multiples et des silhouettes majoritairement prismatiques et orthogonales. Le silex est de loin la matière première la plus abondante (96%), il a été utilisé pour le débitage de la quasi-totalité des supports et des outils29. Bien qu’elle ne soit pas confirmée, l’hypothèse émise par N. Bicho sur la présence, dans toutes les couches, de silex allochtone dont les caractéristiques semblent compatibles avec les silifications existant dans le bassin de Runa, situé à quelques kilomètres du littoral, n’en est pas moins intéressante. Comme nous l’avons déjà largement évoqué, c’est là que se trouvent les formations primaires des matières premières siliceuses présentes dans de nombreux gisements du littoral d’Estrémadure (Toledo, Ponta da Vigia, Cabeço do Curral Velho, Pinhal da Fonte). Cette hypothèse est renforcée si nous ajoutons un autre ingrédient

29

Comme le souligne N. Bicho (1995-97), il a été clairement procédé à un tri des matériaux lors des travaux de terrain. Certaines catégories d’artefacts (comme les outils) et de matières premières (comme le silex), considérées on présuppose comme les plus représentatives, ont été sélectionnées. Voir, à ce propos, le nombre d’esquilles et de fragments déposés au MNA qui ne dépassent pas 5,4% de l’ensemble de l’industrie lithique exhumée dans les couches Fond, 0 et 1/inférieure.

30

La Serra de Aire (a l’est) et de Candeeiros (à l’ouest) comprend les unités géomorphologiques d’altitude suivantes : le plateau de São Mamede (au nord) et le plateau de Santo António (au centre et au sud). Ils sont délimités par des dépressions, à genèse tectonique, comme les poljés d’Alvados, de Mira Minde et da Mendiga (Coelho, 2002).

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Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

couche de 30 à 40cm d’épaisseur (Couche 2), placée entre deux horizons stériles (Couches 1 et 3). Quelques restes fauniques d’origine terrestre ont été encore documentés (cerf et lapin) ainsi que des coquilles de Theodoxus fluviatilis percées, comme ceux qui sont représentés dans les amas coquilliers de Toledo, Vale Frade et Pinhal da Fonte. Les restes lithiques incluent “(...) des petites esquilles et des restes de taille, atypiques, en quartz, en quartzite et en silex.” (Arnaud et Bento, 1988). Deux sondages ouverts dans une autre zone de la cavité ont fourni des vestiges d’une occupation plus récente qui ne comprenait pas de mollusques.

pas dû subi de modifications. Bien qu’il est mentionné la présence, rare cependant, de coquillages de mollusques dans presque toutes les couches (toutefois sans fournir de données quantitatives ni de fréquences relatives ; Bicho et Haws, 2008), c’est au sein de l’occupation du Boréal que l’on enregistre un plus grand nombre et une plus grande diversité de restes (voir Tableau 2.II, Chapitre 2, Ière Partie) (Bicho et al., 2003). 7.2.3. Le massif calcaire de Sicó et l’occupation du bas Mondego au Boréal Dans la zone plus septentrionale du massif calcaire de l’Estrémadure, dans la Serra do Sicó, une autre cavité a été enregistrée – Gruta da Buraca Grande (Fig. 7.34, nº 3 ; Aubry, et al., 1997a ; Aubry et al., 2005 ; Aubry et al., 2008). Cette grotte a été utilisée à plusieurs reprises au cours du Boréal (Fig. 7.35), dans le cadre d’expéditions logistiques orientées vers la chasse de du cerf, du sanglier et du lapin (Tableau 2.III, Chapitre 2, Ière Partie). Malheureusement, la cavité a subi différentes phases d’érosion qui ont interféré sur les conditions originelles de dépôt des vestiges. La couche 8c emballait, en effet, des artefacts lithiques générés dans le contexte d’occupations distinctes de la cavité (du Solutréen, du Magdalénien moyen et supérieur et du Mésolithique ancien), il est donc difficile actuellement d’attribuer à l’occupation boréale la responsabilité exclusive de la production des armatures microlithiques à retouche marginale qui y ont été récupérées (Aubry, communication personnelle), même si du point de vue formel et technique elles sont identiques à celles d’Areeiro III. Une fois de plus, les déjà habituels coquilles de Theodoxus fluviatilis percées tout comme les mollusques sont représentés (Tableau 2.II, Chapitre 2, Ière Partie), ces derniers constituent très probablement les restes des premiers repas consommés par le groupe à leur arrivée au massif.

L’abri sur roche de Pena de Mira était pratiquement libre de sédiments en résultat des décharges saisonnières d’une source qui y est située. Il a été possible de récupérer, dans une zone circonscrite de l’abri, des restes d’une brèche qui contenait des mollusques, des charbons de bois et quelques lithiques (voir Tableau 2.II, Chapitre 2, Ière Partie). La fouille de cette brèche (qui comporte deux niveaux distincts de vestiges) a été réalisée en laboratoire. Malheureusement, on ne sait pas où se trouvent les restes recueillis au cours de ces travaux. Lapa do Picareiro, situé sur le versant sud-ouest de Serra d’Aire, à une altitude de 540m, contient une longue diachronie d’occupations qui vont du Gravettien à l’Âge du Bronze (Bicho et al., 2003 ; 2006 ; 2009 ; Hockett et Bicho, 2000). Les couches G à D couvrent la séquence Tardiglaciaire/Holocène ancien (chronozone boréale). Les occupations contenues dans les couches G-E, qui datent du Magdalénien final (ca 13000-9400 cal BC), correspondent à des séjours successifs de courte durée voués à la chasse et au traitement des animais capturés. L’espèce la plus consommée était le lapin (le nombre total d’individus calculés pour les couches G à F est de 242 ; Bicho et al., 2009), suivi du cerf (Cervus elaphus), du sanglier (Sus scrofa), de l’aurochs (Bos primigenius) et du chamois (Rupicapra rupicapra). L’outillage est dominé par des petites lamelles à dos (40%, dans les couches G et F), utilisées comme éléments de projectile, comme le suggère les fractures d’impact observées dans le cadre de l’étude tracéologique (Bicho et al., 2009). Les autres outils, des grattoirs, des burins, des denticulés et des encoches ont été surtout utilisés pour le traitement des carcasses (viande et peau). Les nucléus en silex ont été introduits dans la cavité déjà préformés – la mise en forme a eu lieu ailleurs – ce qui restreignait les activités de taille à la fabrication d’outils et au ravivage des tranchants.

Le contexte de plein air de Vale de Sá, contemporain de l’occupation boréale de Buraca Grande, a été identifié sur la rive droite du fleuve Mondego (Fig. 7.34, nº 2 ; Aubry et al., 2005 ; Fig. 7.35). Il ne documente qu’une seule occupation. Comme pour les sites de Rio Maior, Vale de Sá n’a conservé que des vestiges lithiques et des structures de combustion, les restes liés à la subsistance du groupe sont donc absents. Le silex utilisé dans les opérations de taille – lesquelles comportent un ensemble de petites lamelles pointues, produites à partir de petits nodules roulés, ou d’éclats, en recourant à la percussion directe et à la percussion bipolaire sur enclume (Fig. 7.36 ; Aubry et al., 2005) – est majoritairement originaire de la rive droite du bas Mondego (et est donc local) ; il en existe néanmoins d’autres variétés, toutefois à moindre échelle, qui proviennent d’affleurements du Cénomanien situés dans la région de Leiria (Aubry et al., 2005).

La couche D, qui date du Boréal, documente des restes liés à la chasse de mammifères comme le cerf, le sanglier et l’aurochs (voir Tableau 2.III, Chapitre 2, Ière Partie), mais contrairement à la norme mentionnée pour les occupations magdaléniennes, la fréquence du lapin diminue très fortement, en effet, seuls quatre individus ont été documentés (Hockett et Bicho, 2000). Les armatures à dos se détachent nettement au sein de l’ensemble des outils (N=19 ; 53%), ce qui suggère que les modalités d’occupation de la cavité et d’exploitation de l’espace environnant n’ont

Il semble que ces deux endroits traduisent le même système d’occupation et d’exploitation de l’espace mentionné plus haut, réparti entre des sites résidentiels situés dans les 235

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

Figure 7.36 –Vale Sá : industrie lithique. 1-2. nucléus ayant produit des petits éclats en fin d’exploitation (nucléus à lamelle recyclés ?) ; 3. nucléus à lamelle sur éclat ; 4. fragment de plaquette naturelle retouchée sur les deux bords (en silex) ; 5. nucléus sur éclat exploité en percussion posée sur enclume et destiné à la production de lamelles et de esquilles ; 6. fragment distal d’une lamelle de maintient du cintre d’un nucléus à lamelles ; 7-12. lamelles débitées au percuteur minéral tendre (11 et 12 détail des stigmates de l’utilisation d’un percuteur minéral plutôt qu’organique). Dessins de T. Aubry (Aubry et al., 2005).

languedociennes compte tenu des caractéristiques générales de l’ensemble lithique qui y existe – à caractère essentiellement macrolithique – et de son implantation géographique, la vallée du Guadiana31. Après avoir mis de côté la prétendue longue chronologie du languedocien, déjà largement discutée et démystifiée (Raposo et Silva, 1980-1981 ; 1984), il reste maintenant à savoir jusqu’à quel point Barca do Xerez de Baixo (BXB) s’encadre dans le modèle de caractérisation proposé par Raposo et Silva (1980-81 ; 1984) pour cette industrie, un modèle formulé à partir de l’étude d’un autre site, celui de Xerêz de Baixo (XB), localisé sur la rive droite du fleuve Guadiana et très près de BXB (Fig. 7.37).

basses terres (occupés de façon plus permanente et dans lesquels divers types d’activités sont mis en œuvre), et des sites logistiques situés dans les hautes terres (visités dans le cadre de séjours successifs de courte durée et orientés vers des activités cynégétiques). 7.3. Barca do Xerez de Baixo et les industries macrolithiques dites « languedociennes » La découverte de ce gisement a rallumé une vieille question sur le statut chronologique et conceptuel du Languedocien. Sans vouloir entrer dans le débat sur la pertinence, ou non, du concept et même éventuellement de son applicabilité, ou non, à une réalité donnée (à portée géographique, chronologique et/ou culturelle), ce qui nous intéresse, ici, c’est de faire un point de situation sur les aspects susceptibles d’interférer avec Barca do Xerez de Baixo (Fig. 7.37, nº 26).

D’après les données publiées, ce contexte (XB) contenait deux séries lithiques distinctes : l’une, très réduite en nombre, attribuée alors à l’acheuléen archaïque ; l’autre, bien plus nombreuse, attribuée au languedocien

Il serait possible d’admettre, à titre d’hypothèse, que ce gisement devait faire partie de l’univers desdites industries

31

D’après L. Raposo “(…) seules devront être désignées par [industries] languedociennes (…) celles des vallées fluviales de l’intérieur (…).” (1986, p. 13-14).

236

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Figure 7.37 – Barca do Xerez de Baixo : A. À l’échelle du territoire (nº 26) ; B. Les sites de l’Estremadura ; C. Sur Carte Géologique modifiée d’après Angellucci, 2013 (a. Alluvions ; Q. Terrasses fluviatiles quaternaires ; SC. Cornéennes ; Sxm et S. Schistes ; γ∆ : Quartzodiorites).

(Raposo et Silva, 1980-81, p. 49). La présence d’un petit ensemble de céramiques présentant des traits néolithiques apparemment associé sur le plan stratigraphique à la série dite languedocienne suggérait une chronologie postpaléolithique (inclusivement néolithique) pour XB (p. 80). L’individualisation de chacune des séries s’est basée tant sur l’aspect et les caractéristiques techniques des artefacts lithiques que sur leurs conditions de gisement, considérées alors comme étant distinctes pour chacun des ensembles : la série languedocienne a été récupérée in situ (tout comme la céramique) ; l’acheuléenne, est issue d’un transport32.

à l’étude de ce gisement. A partir de l’analyse effectuée, ils ont conclu que ce contexte archéologique se rapprochait du prototype, à savoir qu’il présentait majoritairement des caractéristiques considérées comme typiques de cette industrie. La façon de traiter cette question, celle de la caractérisation morpho-technique et typologique du Languedocien, nous semble viciée dès le départ, car elle se base sur un raisonnement nettement circulaire : 1. Le Languedocien est caractérisé sur la base d’un gisement, celui de Xerêz de Baixo, considéré comme un prototype puisqu’il présente les conditions et les caractéristiques estimées nécessaires (fondamentales) à sa propre caractérisation34 ; 2. Xerez de Baixo est dénommé Languedocien, et typique, car il satisfait aux critères établis sur la base de ses propres caractéristiques internes. C’est-à-dire que Xerez de Baixo fonctionne à la fois comme cause et comme effet.

Alléguant l’intégrité stratigraphique et la spécificité archéologique de l’ensemble lithique de XB, Raposo et Silva ont adopté, en 1984, ce site comme référentiel pour la caractérisation conceptuelle proprement dite du Languedocien33, en assumant sa pleine existence sur le territoire portugais. Ces auteurs lui ont alors défini un temps – “ (…) post-paléolithique, peut-être essentiellement épipaléolithique, mais avec d’importantes survivances, bien que localisées, qui se retrouveront plus tard” (Raposo et Silva, 1984, p. 117) – et un espace – “Sur le littoral et le long des vallées des grandes fleuves comme le Tage, le Guadiana et le Caia (p. 118). Quels sont donc les traits distinctifs de Xerez de Baixo et, par corollaire, du Languedocien ? Se basant sur des critères de nature morphologique (formes, types et dimensions) et technique (matières premières, modalités de taille, d’utilisation et de retouche) de l’industrie de XB, ces auteurs ont élaboré une liste type pour le Languedocien qu’ils ont alors appliquée

Cependant, ces auteurs n’en fondent pas moins la caractérisation effectuée alors – et sa liste type – sur la base des mêmes critères d’analyse utilisés par les défenseurs de la longue chronologie du Languedocien, et sur la présence du même type de pièces enregistrées dans des gisements qui n’offrent pas la moindre garantie d’intégrité du point de vue de leurs conditions de gisement. Ce problème pourrait être resté une fois de plus dans les limbes s’il n’y avait pas eu, d’une part, la découverte et l’étude de Barca do Xerez de Baixo (Araújo et Almeida, 2003 ; 2007 ; 2008 ; 2013 ; Araújo et al., 2009), un site

32

Pour une connaissance plus approfondie des conditions de Xerez de Baixo, voir Raposo et Silva, 1980-81, p. 49-55. 33 Le site de Xerez de Baixo est même considéré comme étant le seul apte à jouer ce rôle, car il présente un ensemble lithique suffisamment “complet”, “homogène” et “nombreux” (Raposo et Silva, 1984, p. 99).

34

D’après Raposo et Silva (1984), lesdites conditions ne sont pas présentes dans la plupart des sites considérés comme languedociens et publiés comme tels (note nº 43 de l’article cité supra).

237

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

site37. L’explication peut trouver un fondement dans l’une des deux, ou les deux, hypothèses suivantes :

bien daté du Mésolithique ancien et caractérisé par la présence d’une industrie à caractère macrolithique (mais pas languedocienne, d’après le modèle présenté plus haut) et, d’autre part, les résultats des nouveaux travaux réalisés entre 1999 et 2000 dans le gisement de Xerêz de Baixo (renommé plus tard Xerêz 11)35. La nouvelle fouille de ce dernier contexte devait mettre en cause l’intégrité défendue au départ36 car, d’après les responsables des travaux de terrain qui y ont été réalisés, les sédiments et les matériaux étaient complètement remaniés jusqu’au substrat (Gonçalves, 2002). Le petit habitat (Néolithique ?), découvert au sommet du mamelon qui surplombe le gisement (qui n’a malheureusement pas été cartographié ni fouillé – Paulo Marques, communication personnelle), est peut-être le responsable de l’accumulation d’une partie des matériaux fouillés alors par Raposo et Silva à Xerêz de Baixo.

• Xerêz de Baixo est fondamentalement un palimpseste qui inclut des matériaux produits à des époques distinctes et de diverses provenances. Si cette hypothèse est vraie, tout exercice de comparaison est inutile dès le départ ; • la série languedocienne de Xerez de Baixo est néolithique, Barca do Xerez de Baixo est du Mésolithique ancien, la nature de la différentiation se trouve ainsi justifiée. Les industries dénommées macrolithiques sont représentées dans divers contextes de la préhistoire ancienne et récente (même de la protohistoire) de la vallée du Guadiana. Il n’a pas encore été réalisé, jusqu’ici, d’études comparatives entre des sites dont l’intégrité a été reconnue et qui documentent des ensembles lithiques caractérisés par l’exploitation de galets roulés, surtout en quartzite, afin de déceler d’éventuelles différences dans les schémas de fabrication de supports et d’outils. Il doit certainement exister des points de contact et des points de divergence (d’éloignement) dont la signification peut être aussi bien chronologique que fonctionnelle (ou les deux). Mais cet essai de comparaison ne peut pas se circonscrire uniquement à la taille de la pierre, elle doit s’appuyer sur l’ensemble de l’archéologie représentée dans ces lieux.

Dans la mesure où il subsiste des réserves quant à l’intégrité stratigraphique et archéologique de ce gisement (XB), les conditions que Raposo et Silva avaient considérées comme nécessaires et fondamentales pour la réévaluation et la caractérisation du Languedocien cessent d’exister. Comme les prémisses qui soutenaient le paradigme sont désormais mises en cause, son utilisation, du moins dans les termes où il a été conçu, n’est plus possible. Quant à la découverte de Barca do Xerez de Baixo, elle a rendu encore plus difficile de soutenir le modèle en question. En effet, bien qu’ils soient situés à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, les deux sites n’ont quasiment rien en commun :

Le Languedocien, tout comme le Mirense ne sont déjà plus défendables et il ne s’avère plus non plus pertinent de leur procurer un lieu dans le temps et dans l’espace. La composition de ces ensembles comporte des artefacts qui, dans la mesure où ils ne s’encadrent dans rien d’autre, ont fini par être inclus dans l’une ou l’autre des désignations, devenues curieusement typiques de ces mêmes industries. Et l’Epipaléolithique, sans que l’on sache bien pourquoi, est devenu leur bouc émissaire.

• BXB date du Mésolithique ancien, mais n’est pas Languedocien (d’après la caractérisation proposée pour cette industrie) ; • XB est languedocien (et typique) et peut-être essentiellement épipaléolithique. Enfin, les deux gisements sont localisés dans l’une des régions par excellence définie pour le Languedocien proprement dit (la vallée du fleuve Guadiana). Bien que la terminologie et les critères d’analyse utilisés dans l’étude de chacun des ensembles lithiques soient radicalement différents, ce qui rend difficile tout essai de comparaison, les résultats publiés pour XB ne ressemblent pas aux standards de comportement lithique documentés à BXB. Les types considérés comme typiques du Languedocien ne sont pas représentés dans ce dernier

35

Réalisés également dans le cadre du Plan de minimisation des impacts sur le patrimoine archéologique du complexe de l’Alqueva (EDIA). 36 En 1984, déjà, dans un commentaire de l’article de Raposo et Silva, publié dans la revue O Arqueólogo Português, Zbyszewski, Penalva et Cardoso non seulement argumentaient contre la supposée intégrité archéologique de Xerez de Baixo, mais alertaient en outre sur le danger de la méthodologie utilisée pour caractériser le site et le Languedocien. Ces mêmes auteurs sont néanmoins restés fidèles à l’idée d’une longue chronologie pour le Languedocien.

37 Dans les types considérés comme typiques du Languedocien sont inclus les “enclumes”, les “poids de filet”, “disques-palets”, les “pics”, les “proto-pics”, les “haches/hachereaux”, les “bifaces”, les “unifaces”.

238

Partie III – Au-delà de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo

Annexe 7.A – Palheirões do Alegra : inventaire, par catégories technologiques, des matériaux lithiques analysés. Total A – concerne les industries recueillies, en surface, en dehors de la dénommé Lareira do sílex (feu du silex) ; Total B – industrie en silex trouvée, en surface, à l’intérieur de cette structure ; Total C – industrie taillée dans d’autres matières-premières présente, en surface, dans les mêmes carrés où se trouvait la dite structure. TOTAL A

%

TOTAL B

%

TOTAL C

%

ESQUILLES

111

111

18%

62

62

21%

126

126

16%

FRAGMENTS

77

77

12%

30

30

10%

112

112

14%

507

64%

0

0%

0

0%

0

0%

3

0.4%

45

6%

ÉCLAT

PREP.

LAME

LAMELLE

OUTIL

Entier

76

40

206

Proximal

36

17

82

Mésial

10

Distal

9

0 179

28%

5

2 94

31%

17

Latéral

0

8

0

Siret

0

1

200

Ind.

48

23

Lamelle de burin

14

11

Crête

8

Tablette

4

3

0

Entier

5

4

0

Proximal

14

Mésial

1

Distal

4

2

0

Entier

13

7

0

Proximal

23

Mésial

17

Distal

7

6

0

Éclat

52

19

3

Lame

14

7

0

Lamelle

50

lamelle de burin

0

Ind.

26

24

60

124

4%

4%

10%

20%

30

TOTAL

631

7 3

8 6

17

15

16

27

47

5%

5%

9%

16%

4

8

NUCLÉUS

1

0

5%

9

100%

300

239

0 0

0 0

0 0

0 30

0

0 9

3%

45

100%

793

100%

33

-

10

89

-

Proximal

Mésial

Distal

Siret

Indéterminé

240

-

-

Proximal

Mésial

Distal

-

7.1

-

-

21

Mésial

Distal

Esquilles

297

27.2

Débris

TOTAL

% MP

100

-

15.8

-

47

Outils

-

-

-

-

Proximal

-

-

-

-

-

-

30.0

3.4

-

11.1

Entier

Lame

-

-

Entier

Lamelle

81

Entier

27.3

-

-

Préparation

Éclat

5.4

16

32.1

351

34

2

72

-

-

-

-

-

-

-

-

-

82

6

2

40

89

-

100

9.7

0.6

20.5

-

-

-

-

-

-

-

-

-

23.4

1.7

0.6

11.4

25.4

-

6.8

%

N

%

N

Nucléus

24

Quartzite

Grauwacke

Catégories Technologiques

MATIÈRES PREMIÈRES (MP)

7.8

85

25

1

25

-

-

-

-

-

-

-

-

-

11

-

-

6

13

-

4

N

Quartz %

100

29.4

1.2

29.4

-

-

-

-

-

-

-

-

-

12.9

-

-

7.1

15.3

-

4.7

2.1

23

1

-

6

-

-

-

-

-

-

-

-

-

4

-

-

2

9

-

1

N

Schiste %

100

4.3

-

26.1

-

-

-

-

-

-

-

-

-

17.4

-

-

8.7

39.1

-

4.3

2.3

25

5

-

1

-

-

-

-

-

-

-

-

-

8

1

-

1

9

-

-

N

MHT

100

20.0

-

4.0

-

-

-

-

-

-

-

-

-

32.0

4.0

-

4.0

36.0

-

-

%

1.1

12

-

-

1

-

-

-

-

-

-

-

-

-

6

-

-

-

5

-

-

N

Autres

100

-

-

8.3

-

-

-

-

-

-

-

-

-

50.0

-

-

-

41.7

-

-

%

27.4

300

30

47

62

2

3

7

4

6

6

8

7

23

9

5

-

17

40

15

9

N

R.S %

100

10.0

15.7

20.7

0.7

1.0

2.3

1.3

2.0

2.0

2.7

2.3

7.7

3.0

1.7

-

5.7

13.3

5.0

3.0

100.0

1093

142

50

188

2

3

7

4

6

6

8

7

23

209

22

2

99

246

15

54

N

TOTAL %

100

13.0

4.6

17.2

0.2

0.3

0.6

0.4

0.5

0.5

0.7

0.6

2.1

19.1

2.0

0.2

9.1

22.5

1.4

4.9

1093

142

50

188

16

27

601

15

54

N

TOTAL

Annexe 7.B – Palheirões do Alegra : industrie trouvée dans la dénommé Lareira do sílex (feu du silex) par matières premières et par catégories technologiques. MHT (roches métamorphiques hydrothermales) ; R.S. Roches Siliceuses.

%

100

13.0

4.6

17.2

1.5

2.5

55.0

1.4

4.9

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugal

PARTIE IV Conclusion

8 Une Histoire à Deux Temps La sélection de Toledo, d’Areeiro III et de Barca do Xerez de Baixo (IIIème Partie) comme référentiels pour caractériser le Mésolithique ancien sur le territoire portugais semblait, dés le départ, la meilleure voie pour répondre à la question soulevée au début de ce travail : quelle est l’origine, comment se manifeste et comment s’explique la variabilité des solutions mises en œuvre par les premiers mésolithiques de l’époque postglaciaire. Ce choix devient à présent plus consistant, et certainement plus clair et compréhensible, après la présentation des données empiriques (une sorte de squelette) relatives au registre archéologique de cette période (Chapitre 7, IIIème Partie).

constatation, évidente dès le départ, c’est le déséquilibre entre le nombre de sites attribués à l’un (Fig. 8.1 A’) et l’autre côté de la frontière (Fig. 8.1 B’). L’explication n’est pas anthropique, il ne s’agit donc pas d’une baisse éventuelle de l’effectif populationnel au moment du passage vers les temps postglaciaires. En effet, les études conduites plus récemment sur les séquences sédimentaires fouillées aussi bien dans des contextes de plein air que dans des contextes karstiques montrent, à l’échelle du territoire, la présence systématique d’importantes discordances érosives, de hiatus de sédimentation, entre la fin du Pléistocène et le début de l’Holocène (Aubry, 2009 ; Aubry et al., 2008 ; Aubry et al., 2010 ; Aubry et al., 2010a ; Sellami, 2009 ; Zilhão, 1992a ; 1997a ; 1997b). Ainsi, les sédiments qui pourraient emballer des vestiges liés à ces occupations ne sont pas représentés dans la plupart des endroits où les communautés du Paléolithique supérieur se sont installées jadis : le sommet des séquences pléistocènes est bien souvent couronné de dépôts qui recèlent des vestiges accumulés déjà à une époque néolithique ou postérieure.

La réponse à cette même question imposait d’introduire dans le débat les modèles de comportement documentés pour les moments immédiatement antérieurs, c’est-àdire de l’extrême fin du Paléolithique supérieur, afin de justifier la thèse d’en faire un moment frontière, empreint d’une signification culturelle, tout au début de l’Holocène. Le choix de ces contextes s’est basé sur la combinaison de différentes sources d’information d’ordre géoarchéologique (étude des séquences stratigraphiques), sur la chronométrie des occupations et sur la composition des ensembles lithiques. Tout comme pour le Mésolithique ancien, bon nombre de ces sites ne sont pas non plus exempts de problèmes.

À Foz Côa, par exemple, dans les sites où des vestiges attribués au Magdalénien final ont été identifiés jusqu’à présent (une attribution qui se base sur l’étude combinée des séquences sédimentaires, des ensembles lithiques et, dans certains cas, sur des datations directes par TL, OSL et 14C ; Aubry, 2009 ; Mercier et al., 2009), la présence systématique de troncatures érosives contemporaines du début du Postglaciaire a été enregistrée (Aubry, 2009 ; Aubry et Sanpaio, 2009 ; Aubry et al., 2010a).1

L’histoire sous-jacente au présent essai peut être relatée en deux temps : celui de la transition (Dryas récent / Préboréal), dans lequel émergent, ci et là, certains comportements déjà innovateurs et qui se détachent des temps d’autrefois (lecture diachronique) ; et celui de la définition, dans lequel se consolident, de façon claire, ces tendances au changement qui se manifestaient au cours de la phase précédente. Il devient alors possible, et, cette fois, sans cette ambiguïté que la proximité entre des moments successifs (les entre-temps) suscite toujours, de caractériser les grandes options des premiers mésolithiques (lecture synchronique).

Ce modèle se répète et s’étend à d’autres sites et à d’autres régions du pays. On ne dispose pas donc d’arguments susceptibles de soutenir une éventuelle modification de la densité populationnelle entre le Dryas récent et le Préboréal.

Enfin de compte, une histoire sur les façons de faire qui ont assuré la survie de ces sociétés qui pratiquèrent un mode de vie sauvage, sur les solutions et les savoir-faire qui ont transité, qui ont été créés et se sont consolidés dans un environnement, lui aussi, en transformation. 8.1. Au premier temps ... la transition

Cette même Fig. 8.1 suggère une apparente (?) désertification de nombreuses zones géographiques du pays, surtout de celles plus éloignées du littoral. Ce qui peut s’expliquer par l’absence de projets de recherche orientés vers la découverte, dans ces régions, des lieux probables de fréquentation des communautés du Paléolithique supérieur (quel que soit le

Peuplement et types de sites

1

Dans le site de Fariseu (Fig. 8.1 A’/a), l’occupation du Magdalénien final, identifiée dans l’US4 (ca 11500-12500 kyrs; Aubry et al., 2010a; Mercier et al., 2009), est séparée des dépôts surjacents (UE3) par une importante discordance érosive, interprétée comme le résultat de l’augmentation subite des températures et de la pluviosité qui caractérisent les premières années de l’Holocène (Aubry et al., 2010a).

La figure 8.1 compare les données existant pour la tranche de temps qui couvre la fin du Tardiglaciaire (Dryas récent) et le début de l’Holocène (Préboréal). La première 243

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugall

Figure 8.1 – Datations absolues (cal BC, 2σ) des contextes archéologiques du Magdalénien final et du Mésolithique ancien accumulés pendant le Dryas récent (A) et le Préboréal (B). Le calibrage a été réalisé à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). A’ : Répartition des sites du Magdalénien final (Dryas récent) – a. Fariseu (UE4) ; b. Quinta da Barca Sul (UE3) ; c. Cardina I (UE4) ; d. Cardina II (UE2) ; e. Vale das Buracas ; f. Vale de Covões ; g. Gruta do Caldeirão (Couche EB) ; h. Lapa do Picareiro (Couche E) ; i. Bairrada ; j. Cabeço de Porto Marinho (CPM, loci IIIT upper, II upper et VI middle) ; k. Vascas ; l. Carneira et Olival da Carneira ; m. Abrigo Grande das Bocas (ou Bocas 1) ; n. Lapa do Suão ; o. Rossio do Cabo ; p. Pedra do Patacho ; q. Monte da Ribeira ; r. Chancudo 3 ; s. Malhada do Mercador. B’ : Répartition des sites du Mésolithique ancien (Préboréal) – 1. Prazo ; 4. Casal Papagaio ; 7. Cabeço de Porto Marinho ; 10 : Abrigo Grande das Bocas ou Bocas 1 ; 17. Magoito ; 21. Barranco das Quebradas 1 (BQ1, niveau 7). Sources : voir Index Figures.

Il existe, cependant, quelques réserves signalées dans le Chapitre 7 (IIIème Partie) et qui concernent les contextes mentionnés précédemment, CPM et Bocas 1.

technocomplexe en cause) et du Mésolithique ancien, ce qui rend les modèles géomorphologiques d’implantation et de conservation de ces éventuelles occupations difficiles à reconnaître. Il ne faut pas non plus écarter l’hypothèse qu’il puisse exister des contextes mal caractérisés (ou qui n’ont même pas fait l’objet d’une évaluation critique), en raison de l’absence d’éléments diagnostiques, lithiques ou organiques. Dans le cas du Mésolithique, toutefois, d’autres arguments peuvent être éventuellement invoqués pour justifier la rareté des sites associés à l’occupation des terres situées plus à l’intérieur du pays, comme nous le verrons au point 8.2.

Dans le cas des deux occupations du Mésolithique ancien de CPM, tout indique qu’il n’y a pas eu d’évaluation pondérée ni critique de la signification et de la valeur des résultats radiométriques obtenus, de la composition des échantillons datés et de la pertinence de leur association aux ensembles lithiques qui y ont été récupérés. Il existe, d’ailleurs, plusieurs résultats 14C pour ce gisement qui ont été rejetés en raison de leur incongruité : ils mettent clairement en évidence la présence de contaminations (Zilhão, 1997a).

En dépit des limitations inhérentes à l’enregistrement sédimentaire et archéologique, les territoires occupés par les derniers chasseurs du Paléolithique et du Mésolithique semblent avoir été les mêmes ; il existe même des séquences qui couvrent les deux côtés de la transition (Dryas récent et Préboréal) – dans le site de Cabeço de Porto Marinho (CPM, Loci IIIS et V ; Fig. 8.1 B’, nº 7) et dans l’abrisous-roche de Bocas 1 (ou Abrigo Grande das Bocas ; Fig. 8.1 B’, nº 10). Comme nous le verrons plus loin, ce même mode de répartition du peuplement devait se répéter au cours du Boréal, avec quelques éléments nouveaux bien entendu.

Si les ensembles lithiques mésolithiques témoignent effectivement d’une continuité et d’une conformité aux modèles de production lithique de la fin du Magdalénien supérieur documentés dans les différents loci de CPM, pourquoi ne pas admettre, en prenant néanmoins en compte les réserves émises au Chapitre 7 (processus de sédimentation ; architecture stratigraphique ; caractère continu des occupations), l’hypothèse la plus probable et la plus parcimonieuse, à savoir que nous sommes en présence de vestiges d’occupations qui ont également eu lieu durant le Pléistocène final ? D’autant plus que c’est 244

Partie IV – Une Histoire à Deux Temps

sur la base de datations radiométriques obtenues sur des échantillons composés d’ensembles de charbons de bois dispersés qu’il a été admis, de façon erronée à mon avis, que ces occupations étaient mésolithiques (c’est-à-dire épipaléolithiques, selon le point de vue diffusé).

Hormis les mollusques, surtout des espèces inféodées aux rochers, Pedra do Patacho documente également une production d’éclats à partir de matières premières locales (grauwacke, quartzite, porphyre et quartz) (Soares et Silva, 1993 ; 2004).

L’argument «stratigraphie» ne constitue en rien une entrave à l’hypothèse d’attribution que nous venons de suggérer ; bien au contraire, il la renforce : l’occupation plus ancienne de CPMV, attribuée au Mésolithique ancien d’après le résultat 14C, est couronnée par des dépôts de l’Âge du Bronze, lesquels le sont, à leur tour, par des sédiments remaniés qui recèlent des restes pléistocènes et holocènes. Rien ne s’oppose à ce que cette occupation ait eu également lieu pendant le Paléolithique supérieur, comme dans les autres loci, et que la datation obtenue soit tout simplement le produit d’une contamination (mélanges de charbons de bois de plusieurs occupations ; action de racines et d’autres agents pédogénétiques).

C’est, en effet, à partir de ca 9200 cal BC (Fig. 8.1, B) que le registre archéologique intègre systématiquement des sites de type amas coquillier, quand les populations deviennent définitivement dépendantes de ce type de ressource. Une réalité qui ne trouve pas de parallèles dans les modèles de comportement du Magdalénien. Et ce changement ne s’explique pas par la migration de la ligne côtière et la submersion subséquente de sites appartenant à ce type et cette chronologie. Que les groupes magdaléniens aient intégré des aliments d’origine marine dans leur régime alimentaire à l’occasion de leurs incursions ou leurs séjours sur le littoral n’est pas remis en question. Il ne s’agit pas d’une probabilité mais d’une conviction étant donné que le raisonnement inverse ne serait absolument pas sensé. D’ailleurs, des parures en coquilles marines apparaissent systématiquement dans des contextes qui datent du Paléolithique supérieur. Mais ces populations ne dépendaient pas de ce type de ressources pour survivre, comme cela devait se produire par la suite. Et nous en voulons pour preuve que, même dans des lieux accumulés au cours des phases plus tempérées du Pléistocène final (alors que prévalaient des conditions de type interglaciaire et que le niveau de la mer s’est élevé d’environ 40m)2, on ne trouve pas de vestiges de consommation de mollusques ou, s’il y en a, c’est en nombre extrêmement réduit. Par contre, cette consommation est bien attestée dans des contextes du Préboréal situés à des distances bien supérieures du littoral, de l’ordre de 30 à 50km, et à des altitudes qui dépassent 400m. Une norme qui devait se répéter au cours du Boréal.

Cela ne signifie pas non plus que nous rejetions, au nom d’un principe ou d’une idée préconçue quelconque, l’hypothèse que ce lieu ait pu être fréquenté au cours des premières phases de l’Holocène. Théoriquement, celleci pourrait être admissible, mais ce n’est, en aucun cas, à partir des données qui ont été utilisées pour la fonder. Pour l’abri-sous-roche de Bocas 1 (ou Abrigo Grande das Bocas), certains arguments, déjà présentés, justifient une réserve identique (Chapitre 2, Ière Partie ; Chapitre 7, IIIème Partie). En effet, nous sommes peut-être en présence d’une réalité aussi complexe que semble l’être la séquence stratigraphique qui y a été mise à découvert. Dans l’impossibilité d’évaluer l’amplitude et le degré d’imprécision dans la définition de chacune des couches et les implications qui en découlent pour les vestiges matériels qui y ont été récupérés (lithiques et fauniques), l’hypothèse que le site ait été occupé au cours de divers séjours qui couvrent une tranche temporelle qui s’étend du Dryas récent au Préboréal (entre ca 10 000 et 9200 cal BC) nous semble plus pertinente, en tenant toutefois compte qu’il est fort possible que la couche 0 ait été accumulée encore au cours du Pléistocène final.

La présence systématique d’aliments d’origine littorale dans des lieux aussi éloignés de la ligne côtière a évidemment eu des conséquences sur plusieurs plans, notamment sur les schémas de mobilité des communautés humaines et sur l’étendue de leurs territoires économiques qui couvrent maintenant les terres du littoral et de l’intérieur. La présence de mollusques ne doit pas être interprétée comme le résultat de contacts éphémères ou de simples échanges entre des groupes distincts, dont les uns vivaient sur la côte et les autres dans l’intérieur, mais comme le reflet d’un système basé sur une forte mobilité des populations (Araújo, 2003b ; 2009 ; 2011a).

Mis à part ces réserves, l’aspect le plus important à retenir pour le moment en ce qui concerne cet abri, est lié à la présence d’un amas coquillier à l’intérieur de la couche 1 (inférieure), lequel figure d’ailleurs sur les profils légués par M. Heleno (Chapitre 7, IIIème Partie). En effet, la consommation élargie d’aliments marins (surtout des mollusques) constitue désormais un trait caractéristique du registre archéologique du Mésolithique ancien, une consommation qui commence bel et bien à la fin du Dryas récent, comme le démontre l’amas coquillier de Pedra do Patacho, situé sur le littoral de l’Alentejo (8.1 A’ / p). Ce site qui date précisément de la transition, constitue le meilleur exemple des modifications qui allaient se produire dans certains domaines du comportement humain et devenir exclusifs du côté holocène de la séquence.

Productions lithiques Les productions lithiques des contextes qui datent de la fin du Tardiglaciaire (ca 11200-9400 cal BC) sont très homogènes, en dépit de la présence de certains régionalismes liés, surtout, à la plus ou moins grande accessibilité aux sources de matière première siliceuse. Il 2

245

Entre 13000 et 11000 BP (Dias et al., 2000).

Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugall

Comme il s’agit d’une matière première chère pour les groupes magdaléniens qui ont occupés les deux régions, son exploitation est poussée jusqu’à exhaustion, une caractéristique très visible dans la dimension des nucléus abandonnés et dans la miniaturisation de l’outillage (Almeida et al., 2013 ; Aubry, 2009b ; 2009c ; Aubry et al. 2009a ; Gameiro, 2009).

existe néanmoins un profil qui s’applique à l’échelle du territoire et qui est, tout porte à le croire, indépendant de la fonctionnalité des occupations : 1. La même constellation d’outils microlithiques ; 2. La présence de silex, elle aussi systématique, même dans des régions où cette matière première est absente. En effet, aussi bien dans la vallée du Côa (Fig. 8.1 A’ / a-d), située au nord-est du pays que dans celle du Guadiana, située au sud-est (Fig. 8.1 A’ / q-s) – pour ne citer que les deux extrêmes géographiques – les lamelles à dos et à dos marginal, les pointes de Malaurie et les pièces géométriques sont représentées dans tous les sites qui datent de la phase finale du Magdalénien (Almeida et al, 2013 ; Aubry et Sampaio, 2009 ; Aubry et al., 2010a ; Gameiro, 2009). Ce groupe d’armatures s’intègre dans le faciès Carneira, défini par J. Zilhão (1997a) à partir du site éponyme situé dans le bassin du fleuve Maior (Fig. 8.1 A’ / l). Dans les sites de la vallée du Côa, cette trilogie est complétée par des pointes à dos et à dos courbe et des pointes fusiformes, également présentes dans les sites de l’Estrémadure qui appartiennent à cette même phase (Fig. 8.1 A’ / i-m).

Cet exercice de comparaison des ensembles archéologiques de la frontière pléisto-holocène permet de découvrir d’autres normes intéressantes : l’absence d’armatures et de matières premières allochtones dans l’amas coquillier de Barranco das Quebradas 1 (Valente, 2008 ; 2010 ; Fig. 8.1 B’, nº 21) ; dans l’amas coquillier de Magoito (Arnaud, 1994 ; Goanzalez Morales et Arnaud, 1990 ; Fig. 8.1 B’, nº 17) ; dans la grotte de Casal Papagaio (Arnaud, 1994 ; Arnaud et Bento, 1988 ; Goanzalez Morales et Arnaud, 1990 ; Fig. 8.1 B’, nº 4). La composition des ensembles lithiques est dominée ici par les éclats ou par des outils sur bloc. Si, dans les deux premiers cas, l’explication peut résider dans le caractère spécialisé des occupations qui s’y sont déroulées (exploitation et consommation de mollusques), dans le troisième, par contre, situé dans le massif calcaire de l’Estrémadure, la chasse devait constituer une des activités (voire même l’activité la plus importante) développées à cet endroit.

La production de supports lamellaires inclut des schémas très variés : à partir de nucléus prismatiques (ou sur tranche d’éclat) exploités par percussion directe unipolaire, de nucléus bipolaires débités par percussion posée, de nucléus de type grattoir épais (destinés surtout à la production de lamelles courtes et torses qui seront transformées en barbelures à dos marginal) et de type burin (à l’origine des lamelles qui ont servi de support aux armatures plus robustes et à dos épais).

Subsistance Quant aux espèces animales d’origine terrestre chassées par les groupes magdaléniens et mésolithiques elles étaient essentiellement les mêmes : le cerf, le sanglier et le lapin sont présents de façon systématique dans les sites qui conservent des restes organiques ; ces espèces sont parfois accompagnées d’autres qui apparaissent en nombre assez réduit. Une norme qui ne subit d’ailleurs pas de grandes modifications lorsqu’on élargit l’échelle d’analyse pour l’étendre à l’ensemble du Magdalénien et au Boréal. Il existe, néanmoins, un aspect qui se détache dans la composition des ensembles fauniques de part et d’autre de la frontière : l’apparent remplacement du lapin par des mollusques. En effet, dans les occupations magdaléniennes, ce mammifère détient une représentation qui est toujours très élevée (Aubry et al., 1997a ; Davis, 2002 ; Bicho et al., 2003 ; 2009 ; Gabriel et Béarez, 2009 ; Haws, 2003 ; Hockett et Bicho, 2000 ; Valente, 2008), il y est souvent l’espèce la plus consommée. Comme si les chasseurs de lapin étaient devenus des ramasseurs de mollusques.

Si les groupes magdaléniens ne peuvent pas se passer de leurs armatures (quel que soit le contexte d’occupation), le silex est une ressource également omniprésente dans les endroits qu’ils ont occupés, même dans les régions où cette matière première n’est pas facilement accessible. Les sites de la vallée du Côa, par exemple, documentent l’utilisation systématique de variétés pétrographiques dont les sources sont à plus de 150km, une distance qui peut aller jusqu’à atteindre 250km (Aubry, et al. 2009a). Curieusement, toutefois, l’occupation préboréale du site de Prazo (Monteiro-Rodrigues et Angelucci, 2004), localisé dans la même région (Fig. 8.1 B’, nº 1), ne comporte pas la moindre armature ni la moindre matière première allochtone. Par contre, dans la vallée du Guadiana, le modèle se répète : les sites magdaléniens incluent systématiquement du silex d’origine allochtone (Fig. 8.1. A’ / q-s)3, lequel est utilisé (ou mieux, réservé) pour la production d’outils et de supports lamellaires (Almeida et al., 2013). Dans le site de Barca do Xerez de Baixo, toutefois, et bien qu’il soit localisé dans la même région, ni silex ni les armatures ne sont représentés (Fig. 8.1 B’, nº 26 ; Chapitre 6, IIème partie).

En plus de la chasse, les magdaléniens pratiquaient également de la pèche. Néanmoins, les espèces consommés proviennent d’eau douce, telles que la truite (Salmo trutta), le saumon (Salmo salar), l’alose (Alosa alosa), le barbus (Barbus sp.) et le vandoise/gardon (Chondrostoma sp. / Rutilus sp.). Ces espèces sont représentées dans des contextes karstiques de l’Estremadura4, ainsi que dans la

3

On ne connaît toutefois pas sa provenance. Quelques variétés rappellent (Almeida et al, 2013) le silex du Cénomanien présent, en position secondaire, dans les formations détritiques de l’Estrémadure.

4

Truite, saumon et barbus à Lapa dos Coelhos (Almeida et al., 2004); truite, à la Grotte de Caldeirão (Davis, 2002).

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Partie IV – Une Histoire à Deux Temps

vallée du Côa5. Tout fait croire que les restes récupérés à Lapa do Picareiro (Bicho et al., 2003), dont l’attribution taxonomique suscite encore de dûtes – Ciprinidae (d’eau douce) ou Clupeidae (d’eau salée) – appartiennent en réalité au premier taxon, n’échappant pas ainsi au modèle documenté dans les contextes mentionnes précédemment 6. Au Mésolithique ancien ce sont les espèces d’origine marine qui prévalent (Chapitre 4, IIème Partie ; Chapitre 7, IIIème Partie).

8.2. Au deuxième temps ... la définition Les compétences acquises ne se sont pas perdues au cours de ce processus, les grandes priorités étaient sûrement les mêmes, toutefois le chemin suivi était déjà autre. Les trois aspects évoqués au paragraphe 8.1 et qui se distancient des normes de comportement des communautés humaines qui vécurent durant les dernières phases du Pléistocène – la dépendance envers les ressources côtières, une grande souplesse dans les solutions techniques mises en œuvre et la capacité de contourner l’absence de matières premières siliceuses, deviennent plus visibles à partir du Boréal.

La transition vers le Postglaciaire coïncide donc avec des modifications dans la façon dont les groupes humains gèrent désormais leurs territoires économiques, dans leur façon d’utiliser les ressources disponibles ainsi que dans les mécanismes nécessaires à leur acquisition. Si, dans la phase antérieure – et ce raisonnement peut, une fois de plus, s’appliquer si nous élargissons l’échelle d’analyse à l’ensemble du Magdalénien -, les communautés humaines ne se détachent pas aussi facilement d’un ensemble de préceptes imposés par un système technique enraciné dans une longue tradition, à partir de l’Holocène, la question du temps, ou pour mieux dire, de gagner du temps, acquiert une nouvelle signification comme nous le verrons plus avant. L’instabilité environnementale qui parcourt, en fin de compte, les deux côtés de la frontière pléisto-holocène a eu, à l’évidence, des répercussions sur les populations animales et végétales (en termes d’abondance ou de manque plus ou moins grand de ressources), obligeant les communautés humaines à chercher d’autres, ou de nouvelles, solutions de survie.

Dans les 2000 années qui suivent – entre ca 8200 cal BC et ca 6200 cal BC (Fig. 8.2) – la répartition du peuplement ne subit pas de grandes modifications, néanmoins avec une certaine tendance à se rapprocher davantage de la mer. Les sites occupés au cours du Préboréal sont toujours visités et de nouveaux gisements apparaissent dans des endroits éloignés de la ligne de côte ; et, une fois de plus, ils attestent la présence de ressources d’origine marine. Près du littoral, le registre archéologique est nettement dominé par des gisements de type amas coquillier qui, bien souvent, ne documentent que la consommation de mollusques (Fig. 8.2). L’augmentation du nombre de sites ne signifie pas, pour autant, qu’il se soit produit des changements dans la structure démographique à partir du Boréal. En fait, cette augmentation s’explique surtout par la conjugaison de certains facteurs qui ont favorisé la conservation de ces dépôts, en particulier la présence récurrente de niveaux d’amas coquilliers, lesquels vont conférer une plus grande visibilité à ces endroits.

L’apparition de certains comportements novateurs ne signifie toutefois pas que ceux-ci étaient complètement inconnus à des moments antérieurs. Ce que les données archéologiques suggèrent c’est qu’il s’est produit des modifications dans la hiérarchie des solutions possibles, c’est-à-dire, la mise en œuvre des compétences qui s’ajustaient le mieux au nouveau cadre écologique. La tendance au changement peut venir de plus loin en arrière, sous l’impulsion de l’interstadial Bølling-Allerød, mais celle-ci a été brusquement interrompue par la courte crise climatique du Dryas récent. Il a néanmoins fallu que tout un ensemble de circonstances se conjuguent pour que ces changements deviennent visibles à l’échelle du temps long. Disons qu’à partir de l’Holocène, les conditions étaient définitivement en place et les populations étaient prêtes.

En effet, un regard plus attentif sur le registre archéologique du Boréal nous renvoie l’image suivante7 : 1. La présence, près du littoral, de contextes spécialisés du point de vue fonctionnel dans l’exploitation et la consommation d’aliments marins ; dans deux cas, ou éventuellement trois, ces occupations incluent un autre type d’activités qui vont au-delà de la simple satisfaction de cette exigence (Fig. 8.2 nºs 11, 12, et 15) ; 2. Toujours près du littoral, deux sites qui constituent des palimpsestes sans résolution stratigraphique (Fig. 8.2, nº 13 et 19) ; 3. Deux gisements de plein air situés sur les basses terres de l’Estrémadure, l’un dans le bassin du fleuve Mondego (Fig. 8.2, nº 2) et l’autre, dans celui du fleuve Maior (Fig. 8.1, nº 8) 4. Trois sites localisés au sein de l’unité géographique formée par les massifs calcaires de Serra de Sicó (Fig. 8.2., nº 3) et des Serras d’Aire et Candeeiros (Fig. 8.2., nº 4, 5 et 6) ;

5

Le saumon et le vandoise/gardon à Fariseu (Gabriel et Béarez, 2009). Nous souhaitons attirer l’attention sur le point suivant : les restes piscicoles d’eau douce documentés dans ces contextes ont été attribués par erreur à des espèces d’origine marine, dans la tentative de trouver des fondements à l’exploitation de ressources littorales durant le Pléistocène (Bicho et Haws, 2008). De même, les restes récupérés dans l’abri de Lagar Velho, occupation du Gravettien, ne peuvent pas non plus être utilisés dans ladite argumentation. L’étude réalisée ne laisse planer aucun doute sur leur signification : «They are probably species from the local river that could have been introduced by predators or part of the food debris left by humans.» (Moreno Garcia et Pimenta, 2002, p. 123). 6

7

Le site de Fonte Pinheiro, localisé dans le bassin du fleuve Maior, a été exclu du présent essai partant des réserves émises au paragraphe 7.2 du Chapitre 7 (IIIème Partie). En autre, nous n’avons pris en compte, ici, que les sites accumulés au cours du Boréal.

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Une Histoire des Premières Communautés Mésolithiques au Portugall

Figure 8.2 – Datations absolues (cal BC, 2σ) des contextes archéologiques du Mésolithique ancien accumulés au cours de la chronozone boréale. Le calibrage a été réalisé à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). 1. Prazo ; 2. Vale Sá ; 3. Buraca Grande ; 4. Casal Papagaio ; 5. Pena de Mira ; 6. Lapa do Picareiro ; 8. Areeiro III ; 11. Vale Frade ; 12. Toledo ; 13. Ponta da Vigia ; 14. Cabeço do Curral Velho ; 15. Pinhal da Fonte ; 16. São Julião (A et B) ; 18. Oliveirinha ; 19. Palheirões do Alegra ; 20. Castelejo ; 21-24. Barranco das Quebradas 1, 3, 4 et 5 ; 25. Rocha das Gaivotas ; 6. Barca do Xerez de Baixo. Note : les sources bibliographiques de ces contextes ont été présentées déjà aux Chapitres 2 (Ière Partie), 4, 5, 6 (IIème Partie) et 7 (IIIème Partie).

5. Enfin, les sites de Prazo et de Barca do Xerez de Baixo, localisés dans les zones plus intérieures du pays (Fig. 8.2, nºs 1 et 26).

1. L’analyse comparative des datations radiométriques montre, clairement, en ce qui concerne l’Estrémadure, l’existence de superpositions entre les contextes situés sur le littoral et ceux situés à l’intérieur de cette unité géographique (massifs calcaires et zones adjacentes) ; 2. Il existe, en outre, des sites localisés soit sur le littoral soit à l’intérieur dont les occupations sont également contemporaines entre elles, à l’échelle radiocarbone ; 3. Sur le littoral, il existe, selon toute probabilité, des gisements qui ont été accumulés par le même groupe au cours de ses incursions quotidiennes dans le territoire environnant (Toledo et Ponta da Vigia, par exemple) ; 4. Dans les terres intérieures – massifs calcaires de Sicó et d’Aire et Candeeiros – il existe des sites de grotte et d’abri qui documentent des amas coquilliers qui comprennent des espèces à habitat marin ; 5. Le silex enregistré à Lapa do Picareiro provient du bassin du fleuve Maior, dans la zone où est situé Areeiro III.

C’est-à-dire, une dizaine de sites par millénaire sur un territoire d’environ 90 000km2. À l’évidence, ce chiffre est loin de dépeindre la réalité passée. Tout essai de caractérisation du fonctionnement synchrone (ou des éventuels rapports synchrones) entre des sites se heurte donc au manque d’un élément essentiel : des données empiriques en quantité et qualité suffisantes. Cependant, et en dépit de ces limitations, il est possible d’ébaucher, en ce qui concerne l’Estrémadure8, un cadre sur les modalités possibles d’occupation et d’utilisation de l’espace : à l’échelle du site et à celle du territoire. Ce cadre se base sur la chronométrie des occupations ; sur la typologie des sites ; sur leur localisation et leur implantation géographiques ; sur les contenus artefactuels qui ont été documentés. Ainsi, et en ayant à l’esprit les informations figurant dans le Chapitre 7 (IIIème Partie), il est possible de tirer les conclusions suivantes (Fig. 8.3) :

Partant de ces données, il est possible de conclure que les territoires de subsistance de ces communautés humaines incluent différents types d’écosystèmes qui devaient être exploités séquentiellement au cours du cycle annuel : littoraux, d’altitude (massifs calcaires) et des basses terres des bassins des fleuves Mondego et Maior, à savoir, selon un axe d’orientation nord-sud et vice-versa (parallèle à la ligne de côte) et un axe ouest-est et vice-versa (perpendiculaire à

8

Le manque de données dans d’autres régions rend non viable, dès le départ, tout essai de caractérisation tant soit peu consistant.

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Partie IV – Une Histoire à Deux Temps

Figure 8.3 – Datations absolues (cal BC, 2σ) des contextes archéologiques du Mésolithique ancien (chronozone boréale) localisés dans l’Estremadura. Le calibrage a été réalisé à l’aide du logiciel CALIB v. 6.0 (M. Stuiver, P. J. Reimer, R. Reimer), en utilisant la courbe IntCal09 (Reimer et al., 2004 ; 2009). Les échantillons sur coquilles ont été corrigés en tenant compte de la valeur de R=380±30 ans 14C, R correspondant à l’effet réservoir marin (le vieillissement apparent) calculé pour la côte occidentale de la Péninsule Ibérique (Soares, 1993). Proposition de fonctionnement synchrone structuré à partir de la différentiation fonctionnelle entre sites. Ce modèle, qui se matérialise par une triangulation qui unit les gisements localisés sur le littoral, dans les basses terres et dans les massifs calcaires de l’intérieur, peut être appliqué aussi bien aux contextes accumulés au cours du Boréal qu’à ceux du Préboréal. Note : les sources bibliographiques de ces contextes ont été déjà présentées aux Chapitres 2 (Ière Partie), 4, 5, 6 (IIème Partie) et 7 (IIIème Partie).

jusqu’à présent dans toute la région comprise entre le littoral et le massif calcaire. Les gisements de grotte existant dans cette bande intermédiaire contiennent des séquences qui incluent des occupations du Paléolithique supérieur, couronnées immédiatement au-dessus par des dépôts accumulés déjà à une époque néolithique ou même postérieure9 ; 3. Cependant, les groupes qui ont utilisé les cavités karstiques existant dans les massifs calcaires de l’intérieur de l’Estrémadure ne devaient pas venir seulement du littoral. Les données archéologiques indiquent, également, qu’il devait probablement exister des itinéraires reliant les basses terres de l’intérieur

la ligne de côte). Ce schéma peut avoir assumé les contours suivants : 1. Les groupes humains parcourraient la côte entraînant la formation de nouveaux sites (du type amas coquillier) qui documentent l’exploitation de cet écosystème (beaucoup ont dû disparaître, d’autres sont couverts par des mètres de sédimentation holocène). Ces lieux ont pu avoir un caractère plus résidentiel et prolongé comme à Toledo (qui documente un spectre élargi d’activités) ; ou constituer simplement des points dans le paysage où ils se livraient à la consommation immédiate de produits marins – bien entendu, ce schéma implique l’existence de rapports directs entre les deux types de sites ; 2. Ces mêmes groupes (probablement subdivisés en cellules plus petites, de type unifamilial) se déplaçaient vers les terres intérieures du massif calcaire, en utilisant les corridors naturels créés par le réseau hydrographique ; ils transportaient avec eux les premiers repas (surtout des mollusques) que le groupe allait consommer à son arrivée dans le massif. Tout indique que ces sites ont dû être occupés pendant des séjours brefs et répétés voués à l’exploitation des ressources cynégétiques. L’existence d’itinéraires entre le littoral et l’intérieur, ou vice-versa, a déjà été suggérée à plusieurs reprises ; par contre, les circuits ou les trajets que les groupes humains ont effectivement suivis restent une inconnue. En effet, aucunes traces de ce passage n’ont été découvertes

9

La présence d’une hypothétique occupation épipaléolithique dans la grotte de Lapa do Suão (Fig. 8.1 A / n), à l’intérieur de la couche 3 (Roche, 1979) a déjà été réfutée par J. Zilhão (1997a). L’hypothèse la plus probable est que les vestiges représentés dans cette couche ont dû être également accumulés durant le Magdalénien final (avant 10000 BP), compte tenu de l’abondance et de la diversité des armatures microlithiques qui y sont documentées. Cette même couche 3 a été affectée par des phénomènes de remaniement (intrusion de matériaux néolithiques d’une occupation qui a dû reposer directement sur les niveaux magdaléniens). Il existe d’ailleurs plusieurs datations qui confirment non seulement l’occupation de cette cavité durant le Tardiglaciaire, mais encore l’existence de perturbations importantes (les couches plus profondes, par exemple, présentent des datations plus récentes que celles obtenues sur des matériaux provenant de niveaux supérieurs ; Haws, 2003). Ce même auteur argumente que les coquilles marines documentées dans la cavité « (...) were almost certainly all ornamental as there was no shellmidden reported and the number of shelles is low. » (Haws, 2003, p. 239).

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d’exploitation des volumes (Chapitre 4, IIème Partie), est la solution que ces groupes ont trouvée pour faire face à une mobilité forcée par la distribution inégale des ressources dans le paysage, par l’absence de matières premières de bonne qualité et, en fin de compte, par la nécessité de ne pas perdre l’opportunité de se trouver au bon endroit au bon moment.

(où sont localisés, par exemple, les sites de plein air de Vale Sá et d’Areeiro III ; Fig. 8.3 nº 2 et 8) et les reliefs calcaires d’altitude (Serras de Sicó et d’Aire et Candeeiros, où sont localisées les grottes de Buraca Grande, Casal Papagaio et de Picareiro ; Fig. 8.3, nºs 2, 4 et 6). Ce modèle qui se matérialise par une triangulation qui unit les sites localisés sur le littoral, dans les basses terres et dans les massifs calcaires de l’intérieur, peut être appliqué aussi bien à la région de bas Mondego, située à la limite nord de l’Estrémadure, qu’à la région centre-littorale de cette même unité géographique. Toutes deux comportent divers types de paysages : des plaines côtières, des plateaux littoraux, des plaines alluviales, des montagnes et des plateaux calcaires. L’offre de ressources associée à chacun de ces écosystèmes a entraîné à la formation de contextes qui présentent des caractéristiques distinctes. Chacun de ces lieux ne reflète donc qu’une parcelle d’un système d’organisation des communautés humaines, qui se structure nettement à partir de la différentiation fonctionnelle entre les sites (Araújo, 2003b, 2009 ; 2011a).

Ce comportement contraste nettement avec les modèles de production lithique de contextes du Magdalénien supérieur et final, situés également sur le littoral de l’Estrémadure (Vale da Mata et Rossio do Cabo ; Zilhão, 1997a), c’est-à-dire, dans un cadre écologique qui devait procurer exactement le même type de ressources lithiques et fauniques. Ces groupes magdaléniens n’ont toutefois pas renoncé, pour autant, à leur éventail diversifié et techniquement épuré d’armatures ; pas plus qu’ils ne se sont détachés des exigences technico-stylistiques imposées par la tradition. En somme, deux empreintes culturelles à signification chronologique. Areeiro III (Chapitre 5, IIème Partie), situé dans l’une des régions par excellence des matières siliceuses, atteste des schémas opératoires orientés vers l’exploitation de nucléus de type grattoir et burin caréné en vue de la production de petits supports lamellaires (souvent de la dimension d’une esquille). Le débitage de ces lamelles constitue le principal objectif économique du groupe qui les transforme ensuite (ou mieux, les adapte par quelques ajustements) en barbelures d’outils composites, emmanchées probablement selon les mêmes modalités et utilisées dans le cadre des mêmes objectifs fonctionnels que ceux qui ont guidé les ramasseurs de mollusques.

Cette différentiation, alliée à la grande itinérance des groupes humains, allait déterminer le type de solutions lithiques mises en œuvre dans chacun des gisements et explique, à une échelle plus élargie (c’est-à-dire, à l’échelle du territoire), la nature de la variabilité observée, tant d’un point de vue technique qu’économique. Les sites de Toledo et d’Areeiro III – et ce, en circonscrivant encore la présente analyse à la région de l’Estrémadure – constituent de bons exemples de ce qui a été énoncé plus haut. Bien qu’ils partagent un même temps, et ne sont guère éloignés de plus de 36 km à vol d’oiseau l’un de l’autre, il n’a pas été constaté le moindre point de contact entre les ensembles lithiques qui y sont représentés.

Il a sûrement dû exister un lieu et un temps consacrés aux repas – le site n’a toutefois pas conservé de restes organiques – et les espèces consommées devaient être plus que probablement les mêmes. Mais, si à Toledo, un compromis a été nettement établi entre l’intention et le possible (Pelegrin, 1995), la présence de silex en assez grande quantité et de bonne qualité à proximité d’Areeiro III montre, par ailleurs, que l’éventail des aptitudes techniques des premiers mésolithiques ne s’est pas perdu au passage vers l’Holocène. Même si la production lithique, prise dans son ensemble, s’éloigne déjà du système technique de leurs prédécesseurs de la fin du Magdalénien (Bicho, 2000, p. 304, 320, 324).

Toledo (Chapitre 4, IIème Partie) atteste une production de petits éclats et d’esquilles (qui faisaient nettement partie des intentions des tailleurs) réalisée à partir de schémas opératoires simples, intégrés, afin de faire face à la pénurie de matières siliceuses de bonne qualité. Si, dans le régime alimentaire de ces communautés, les produits d’origine marine et fluvio-estuarienne assumaient une importance évidente (le choix du lieu a dû être déterminé en grande partie par l’abondance de ce type de ressources), les activités cynégétiques ne devaient pas être moins importantes. Si le ramassage de fruits de mer n’exige pas d’équipement sophistiqué, la chasse aux mammifères (surtout au cerf, au sanglier et à l’aurochs) présuppose l’existence de moyens techniques d’acquisition. Il devient alors plus clair, surtout si l’on introduit dans le débat la série lithique représentée dans l’amas coquiller de Pinhal da Fonte (7.1.4 du Chapitre 7, IIIème Partie), que les esquilles ont dû effectivement servir de petites barbelures d’armes composites (armées latéralement), dont les pointes (l’extrémité perforante) devaient être fabriquées en bois. La production de petits éclats et d’esquilles, à partir de nucléus bipolaires (de type pièce esquillée) ou en recourant à d’autres schémas simples

Quittant l’Estrémadure vers le sud, pour aller jusqu’à Barca do Xerez de Baixo (Chapitre 6, IIème Partie), nous découvrons alors de nouvelles façons de faire pour obtenir qui s’éloignent des solutions lithiques mises en œuvre à Toledo et à Areeiro III. Ces trois sites partagent néanmoins un même temps. En l’absence de silex, ces premiers mésolithiques de l’intérieur sud du pays ont su tirer le meilleur parti des lithologies disponibles sur place. Le quartzite et le quartz deviennent les garants de leur survie et sont exploités selon des schémas opératoires simples 250

Partie IV – Une Histoire à Deux Temps

qui privilégient, d’abord, la morphologie des galets roulés disponibles à proximité du site. Ces volumes sont débités dans un objectif : la production massive d’éclats à utiliser sur le champ et au fur et à mesure des besoins du groupe. Durant leur séjour sur place, les aurochs et les cerfs auront été dépecés, les peaux travaillées, la viande consommée ou encore mise de côté afin d’être transportée vers d’autres sites, d’autres lieux. Pour abattre ces proies, ils n’ont sûrement pas dû utiliser les galets comme armes de jet. Ces mésolithiques ont conçu d’autres solutions qui n’ont toutefois pas été enregistrées dans l’Archéologie du lieu. Deux ou trois millénaires plus tôt, les ancêtres de ces groupes mésolithiques n’ont pas renoncé, comme l’ont fait leurs contemporains de la vallée du Côa, à produire des petites armatures en pierre. Ils ont utilisé, entre autres lithologies siliceuses régionales, un silex de bonne qualité dont les sources bien qu’encore inconnues, devaient se trouver à des distances considérables de la vallée du Guadiana (l’Estrémadure est une hypothèse envisagée ; Almeida et al., 2013). Et durant les deux mille ans qui couvrent le temps de la définition (ca 8200 cal BC et ca 6200 cal BC), aucune modification dans les principales stratégies de survie entreprises par ces premiers mésolithiques n’est perceptible. Sans qu’il soit possible de déterminer la fin de ce cycle – tout comme son commencement il reste dans les limbes – ces communautés allaient devenir les protagonistes d’une autre histoire. Celle du Mésolithique récent. Time’s arrow of “just history” marks each moment of time with a distinctive brand. But we cannot, in our quest to understand history, be satisfied only with a mark to recognize each moment and a guide to order events in temporal sequence. Uniqueness is the essence of history, but we also crave some underlying generality, some principles of order transcending the distinction of moments (...). We also need, in short, the immanence of time’s cycle. S. J. Gould À la mémoire de mon père

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