126 102 16MB
French Pages [48] Year 1962
T-B E N Y
AU Translations /Traductions
F. R. S C O T T
A N N E HEBERT
T'DENYS GARNEAU HEBERT
Translations / Traductions
F. R. SCOTT
KLANAK PRESS VANCOUVER, CANADA
COPYRIGHT I 9 6 2 , F. R. SCOTT
Distributed by Peter Martin Books 896 Queens Street West, Toronto 3, Canada &
Fomac Limitee 1029 Beaver Hall Hill, Montreal, Canada DESIGN AND T Y P O G R A P H Y TAKAO TANABE P R I N T E D I N CANADA BY M O R R I S S P R I N T I N G C O M P A N Y LTD., VICTORIA, B.C.
PREFACE GILLES MARCOTTE
L
tes DEUX POETES que Frank Scott presente ici ont plus d'un lien de parente. Saint-Denys-Garneau et Anne Hebert etaient cousins. Le premier habitait Montreal, la seconde Quebec, mais ils passaient les mois d'ete dans des maisons presque voisines, a SainteCatherine-de-Fossambault. Cette parente ne releverait que de la petite histoire litteraire si les deux oeuvres ne manifestaient par ailleurs de constantes analogies. Tout se passe comme si, avec une sensibilite differente, Anne Hebert poursuivait l'aventure poetique de SaintDenys-Garneau et en conduisait les principaux themes jusqu'a une veritable catharsis. Le theme des os, par exemple, qui est Fun des motifs essentiels de Foeuvre de Saint-Denys-Garneau, est repris dans Le Tombeau des Rois et approfondi jusqu'a Feclatement. II serait abusif de voir la une sorte de complicite familiale. Mais il se trouve que Saint-Denys-Garneau et Anne Hebert, cousins par la chair, font egalement partie de ce que Sainte-Beuve appelait une meme famille d'esprits. Saint-Denys-Garneau est assez generalement considere comme Finitiateur de la poesie contemporaine au Canada-frangais. Le premier, il brisa carrement avec "Fancien jeu des vers" et proposa une poesie resolument tournee vers les realites interieures. Quand parut en 1937 son premier recueil de vers—et le seul qu'il devait publier de son vivant—, "Regards et jeux dans d'espace", la critique traditionnelle reagit avec violence. Cependant Foeuvre, regue et reconnue des le depart par quelques esprits clairvoyants, allait faire son chemin. A la mort de Saint-Denys-Garneau, quelques annees plus tard, la revue La Nouvelle Releve publia un numero special ou, entre autres hommages, Raissa Maritain, Fepouse du grand philosophe, ne craignait pas de le comparer a Eluard. Mais il fallut attendre Fannee 1949 pour que Foeuvre de Saint-Denys-Garneau fut enfin connue du grand public, et prit la place qui lui revenait dans notre litterature, grace a la publication de ses Poesies completes. Avec une fervente introduction de Robert Elie, ce livre comprenait les "Regards et jeux dans Fespace" et un grand nombre de poemes posthumes groupes sous le titre de Les Solitudes. Enfin Foeuvre poetique de Saint-Denys-Garneau— cette ceuvre qu'il avait ecrite en trois ans seulement, de 1935 a 1938— devenait totalement accessible et manifestait tout Fempan de son evolution vers une forme de plus en plus depouillee, vers un drame de plus en plus grave. Ce drame, il appartenait au Journal (1953) de le faire eclater en pleine lumiere. Aujourd'hui Saint-Denys-Garneau nous apparait, non seulement comme un tres riche poete, mais aussi comme l'un des temoins les plus lucides et les plus eloquents du d r a m e
canadien-frangais. Aucune ceuvre n'est, plus que la sienne, pres de la vie; sa poesie a les vertus du journal in time, de meme que son Journal est ceuvre de poete. Comme Fa ecrit Robert Elie: "L'ceuvre de SaintDenys-Garneau a cette beaute et cette noblesse des temoignages vrais, et je n'en connais pas de plus emouvant ni de plus loyal." Saint-DenysGarneau est mort a Fage de 31 ans, d'une crise cardiaque, au manoir familial de Sainte-Catherine-de-Fossambault. Une critique particulierement attentive aux details de forme pourrait deceler dans sa poesie des imperfections, des marques d'inachevement; d'autant que plusieurs poemes des "Solitudes" demeurent des ebauches, que Saint-Denys-Garneau aurait reprises si le temps et la force lui en avaient ete donnes. II n'a pu satisfaire a Fegard de tous ses poemes cette exigence de qualite dont nous savons qu'il etait pourvu a un tres haut degre. Mais il s'agit d'accepter le poete tel qu'il est; avec ses quelques deficiences; avec surtout cette profusion de richesses neuves, jaillies d'une ame sans cesse presente a elle-meme. II est au Canada-frangais des poesies plus accomplies que la sienne; il n'en est pas qui aient ouvert tant de routes a la fois, profere avec tant de justesse et de gravite la plainte de l'homme mal accorde a son existence. L'ceuvre d'Anne Hebert par contre, et bien qu'elle soit loin d'etre terminee, nous oflre deja une poesie qui accomplit totalement ses promesses. Anne Hebert publia d'abord Les Songes en Equilibre (1942), d'une poesie fraiche et indecise, qui n'etait pas sans rappeler les "Regards et jeux dans Fespace". Mais c'est par une ceuvre de prose, Le Torrent (1950), que Fecrivain devait prouver la maturite de ses dons. Le conte admirable qui donne son titre au recueil, ecrit dans une langue somptueuse, chargee d'harmoniques, et nous entrainant au plus secret de Faventure interieure, demeure Fun des plus beaux textes de prose qui se soient ecrits au Canada-frangais. Avec Le Tombeau des Rois, publie trois ans plus tard, Anne Hebert devint, selon le critique Andre Rousseaux, "un des grands poetes contemporains de la. langue frangaise". Dans une forme severe, depouillee jusqu'a Fos, ou chaque mot doit porter le poids entier de Fespoir et de la sur-vie, le poete y propose le cheminement d'une ame dans sa vie concrete, allant des gouffres de Fabandon a Faurore d'une veritable communication. Les poemes qu'Anne Hebert a ecrits apres "Le Tombeau des rois"— et qui ont ete reunis, avec ce recueil, dans un livre paru a Pans: Poemes—signalent un profond renouvellement, mais dans la prolongement immediat des victoires acquises. Le rythme s'est elargi, les formes et les couleurs se jouent avec une abondance et une liberte que ne permettait pas la dure interrogation du Tombeau des^ Rois. En prose, Anne Hebert a egalement donne un beau roman poetique, Les Chambre de Bois (1958), et une piece de television publiee dans Les Ecrits du Canada franqais (1958). Elle travaille actuellement a une piece de theatre, en plus d'ecrire de nouveaux poemes.
CONTENTS
5
PREFACE
9
TRANSLATOR'S
NOTE
ST-DENYS GARNEAU CAGED'OISEAU
13
ACCOMPAGNEMENT 15 RIVIERE DE M E S Y E U X 1 5 U N MORT DEMANDE A BOIRE . . .
I)
SPECTACLE DE LA DANSE 1 9 COMMENCEMENT PERPETUEL 21 AUTREFOIS 2 3 LE J E U 2 5 POIDS ET M E S U R E S 2 9
BIRDCAGE ACCOMPANIMENT MY EYES A RIVER A DEAD MAN A S K S FOR A DRINK SPECTACLE OF T H E DANCE PERPETUAL BEGINNING AT ONE TIME T H E GAME W E I G H T S AND MEASURES
ANNE HEBERT LA FILLE MAIGRE 3 3 E N GUISE DE FETE 3 5 VIE DE CHATEAU 3 7 LA CHAMBRE F E R M E E 3 9 [L Y A C E R T A I N E M E N T Q U E L Q U ' A N 4 1 L E S DEUX M A I N S 4 3 LE TOMBEAU DES ROIS 4 5 SAISON AVEUGLE 4 9 NEIGE 4 9
T H E LEAN GIRL AS IF FOR A HOLIDAY MANOR LIFE T H E CLOSED ROOM T H E R E IS CERTAINLY SOMEONE T H E TWO HANDS T H E TOMB OF T H E K I N G S BLIND SEASON SNOW
TRANSLATOR'S NOTE
I
these poems because I thought them representative of the best work of the two French-Canadian poets I most admire. I also thought the poems so good in themselves that even in an English translation they might read well. To translate means to take words and phrases out of the space they occupy in the original composition, and to replace them with other words and phrases that have never quite the same shape or size or sound or meaning. Try as one will, the round hole is never wholly filled by the square peg of another language. The better the original poem the more it resists the attempt at substitution, and yet the more likely it is that its imperfect translation will be worth reading. My principal aim in translating is to alter the poem as little as possible, and to let it speak for itself in the other tongue. This means a preference for literalness rather than for alternate renderings', for one poem in two languages, instead of two similar poems. This approach seems especially appropriate for the two poets here chosen because their own style of writing, in much though by no means all their work, prefers the rhythm of ordinary speech to a more formal and rhetorical phrasing. The French text of the Garneau poems comes from the Fides edition (1949) of the POESIES COMPLETES, and the Hebert poems are from TRANSLATED
L E S SONGES E N EQUILIBRE (1942),
LE TOMBEAU DES ROIS (1953)
and
(i960). I have closely copied the original punctuation, or lack of it, except that in some of the Garneau poems I have used spaces in the lines where this seemed to bring out the meaning of a phrase. As I have been assisted in these translations at various times and in various ways, especially by Micheline Ste. Marie, Jeanne Lapointe and by Anne Hebert herself for LE TOMBEAU DES ROIS, / am only part author of the English versions. This help I gladly acknowledge and deeply appreciate. The experience gained through this bilingual collaboration has been a very rewarding part of the work. I should also like to thank les Edition Fides for permission to publish the selections from Garneau, as I do Anne Hebert for the use of her poems. I hope this small example of French-Canadian poetry will awaken in its readers a desire to look more deeply into the original sources. POEMES
F . R. SCOTT Montreal, Quebec
ST-DENTS GARNEAU
CAGE D'OISEAU
Je suis une cage d'oiseau Une cage d'os Avec un oiseau L'oiseau dans sa cage d'os C'est la mort qui fait son nid Lorsque rien n'arrive On entend froisser ses ailes Et quand on a ri beaucoup Si Ton cesse tout a coup On l'entend qui roucoule Au fond Comme un grelot. C'est un oiseau tenu captif La mort dans ma cage d'os Voudrait-il pas s'envoler Est-ce vous qui le retiendrez Est-ce moi Qu'est-ce que c'est II ne pourra s'en aller Qu'apres avoir tout mange Mon cceur La source du sang Avec la vie dedans II aura mon ame au bee.
12
BIRD CAGE
I am a bird cage A cage of bone With a bird The bird in the cage of bone Is death building his nest When nothing is happening One can hear him ruffle his wings And when one has laughed a lot If one suddenly stops One hears him cooing Far down Like a small bell It is a bird held captive This death in my cage of bone Would he not like to fly away Is it you who will hold him back Is it I What is it He cannot fly away Until he has eaten all My heart The source of blood With my life inside He will have my soul in his beak.
13
ACCOMPAGNEMENT
Je marche a cote d'une joie D'une joie qui n'est pas a moi D'une joie a moi que je ne puis pas prendre Je marche a cote de moi en joie J'entends mon pas en joie qui marche a cote de moi Mais je ne puis changer de place sur le trottoir Je ne puis pas mettre mes pieds dans ces pas-la et dire voila c'est moi Je me contente pour le moment de cette compagnie Mais je machine en secret des echanges Par toutes sortes d'operations, des alchimies, Par des transfusions de sang Des demenagements d'atomes par des jeux d'equilibre Afin qu'un jour, transpose, Je sois porte par la danse de ces pas de joie Avec le bruit decroissant de mon pas a cote de moi Avec la perte de mon pas perdu s'etiolant a ma gauche Sous les pieds d'un etranger qui prend une rue transversale.
RIVIERE DE MES YEUX
O mes veux ce matin grands comme des rivieres O l'onde de mes yeux prets a tout refleter Et cette fraicheur sous mes paupieres Extraordinaire Tout alentour des images que je vois Comme un ruisseau rafraichit Tile Et comme Fonde fluente entoure La baigneuse ensoleillee.
H
ACCOMPANIMENT
I walk beside a joy Beside a joy that is not mine A joy of mine which I cannot take I walk beside myself in joy I hear my footsteps in joy marching beside me But I cannot change places on the sidewalk I cannot put my feet in those steps and say Look it is I For the moment I am content with this company But secretly I plot an exchange By all sorts of devices, by alchemies, By blood transfusions Displacement of atoms by balancing tricks So that one day, transposed, I may be carried along by the dance of those steps of joy With the noise of my footstep dying away beside me With the fall of my own lost step fading to my left Under the feet of a stranger who turns down a side street.
MY EYES A RIVER
O my eyes this morning wide as rivers O the stream of my eyes ready for every reflection And this freshness under my lids Beyond belief Surrounding the images I see As a stream refreshes the island And as moving water encircles The girl bathing in the sun.
15
UN M O R T DEMANDE A BOIRE
U n mort demande a boire Le puits n'a plus tant d'eau qu'on le croirait Qui portera reponse au mort La fontaine dit mon onde n'est pas pour lui. O r voila toutes ses servantes en branle Chacune avec un vase a chacune sa source Pour apaiser la soif du maitre U n mort qui demande a boire. Celle-ci cueille au fond du jardin nocturne Le pollen suave qui sourd des fleurs Dans la chaleur qui s'attarde a l'enveloppement de la nuit Elle developpe cette chair devant lui Mais le mort a soif encore et demande a boire Celle-la cueille par Fargent des pres lunaires Les corolles que ferma la fraicheur du soir Elle en fait un bouquet bien gonfle Une tendre lourdeur fraiche a la bouche Et s'empresse au maitre pour l'ofTrir Mais le mort a soif et demande a boire Alors la troisieme et premiere des trois soeurs S'empresse elle aussi dans les champs Pendant que surgit au ciel d'orient La claire menace de l'aurore Elle ramasse au filet de son tablier d'or Les gouttes lumineuses de la rosee matinale En emplit une coupe et 1'offre au maitre Mais il a soif encore et demande a boire. Alors le matin parait dans sa gloire Et repand comme un vent la lumiere sur la vallee Et le mort pulverise Le mort perce de rayons comme une brume S'evapore et meurt Et son souvenir meme a quitte la terre.
16
A DEAD MAN ASKS FOR A DRINK
A dead man asks for a drink The well no longer has as much water as one would imagine Who will bring the answer to the dead man The spring says my stream is not for him. So look now all his maids are starting off Each with a bowl for each a spring To slake the thirst of the master A dead man who asks for a drink. This one collects in the depth of the nocturnal garden The soft pollen which springs up from flowers In the warmth which lingers on at the enclosure of night She enlarges this flesh in front of him But the dead man still is thirsty and asks for a drink That one collects by the silver of moonlit meadows The corollas that were closed by the coolness of evening She makes of them a well-rounded bouquet A soft heaviness cool on the mouth And hurries to offer it to the master But the dead man is thirsty and asks for a drink Then the third and first of the three sisters Hurries also into the fields While there rises in the eastern sky The bright menace of dawn She gathers with the net of her golden apron The shining drops of morning dew Fills up a cup and offers it to the master But still he is thirsty and asks for a drink. Then morning breaks in its glory And spreads like a breeze the light over the valley And the dead man ground to dust The dead man pierced by rays like a mist Evaporates and dies And even the memory of him has vanished from the earth.
17
SPECTACLE DE LA DANSE
Mes enf ants vous dansez mal II faut dire qu'il est difficile de danser ici Dans ce manque d'air Ici sans espace qui est toute la danse. Vous ne savez pas jouer avec l'espace Et vous y jouez Sans chaines Pauvres enf ants qui ne pouvez pas jouer. Comment voulez-vous danser j'ai vu les murs La ville coupe le regard au debut Coupe a l'epaule le regard manchot Avant meme une inflexion rythmique Avant, sa course et repos au loin Son epanouissement au loin du paysage Avant la fleur du regard alliage au ciel Mariage au ciel du regard Infinis rencontres heurt Des merveilleux. La danse est seconde mesure et second depart Elle prend possession du monde Apres la premiere victoire Du regard Qui lui ne laisse pas de trace en l'espace ---Moins que l'oiseau meme et son sillage Que meme la chanson et son invisible passage Remuement imperceptible de Fair— Accolade, lui, par Fimmateriel Au plus pres de Fimmuable transparence Comme un reflet dans Fonde au paysage Qifon n'a pas vu tomber dans la riviere Or la danse est paraphrase de la vision Le chemin retrouve qu'ont perdu les yeux dans le but Un attardement arabesque a reconstruire Depuis sa source Fenveloppement de la seduction.
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SPECTACLE OF THE DANCE
My children you dance badly One must admit it is difficult to dance here In this lack of air Here without any space which is the whole of the dance. You do not know how to play with space And you play in it Without chains You poor children who cannot play. How can you hope to dance I have seen the walls The city cuts your vision at the start Cuts off at the shoulder your maimed vision Even before one rhythmic movement Before its outward reach and faraway resting Its blossoming faraway out of the landscape Before the flowering of your vision the blending with the sky The marriage to the sky of the vision A meeting of infinites a clash Of wonders. The dance is a second measure and a second departure It takes possession of the world After the first victory Of the vision Which itself leaves no mark on space —Less even than the bird and its furrow Than even the song and its invisible passage An imperceptible trembling of the air— Which is an embrace through the immaterial Most near to the changeless transparency Like a reflection on water in the landscape That one did not see fall upon the river. For the dance is a paraphrase of the vision The rediscovery of the road the eyes had lost in the search A statelier pace slowing to recapture From its source an enveloping enchantment.
J9
COMMENCEMENT PERPETUEL
U n homme d'un certain age Plutot jeune et plutot vieux Portant des yeux preoccupes Et des lunettes sans couleur Est assis au pied d'un mur Au pied d'un mur en face d'un mur II dit je vais compter de un a cent A cent ca sera fini Une bonne fois une fois pour toutes Je commence un deux et le reste Mais a soixante-treize il ne sait plus bien C'est comme quand on croyait compter les coups de minuit et qu'on arrive a onze II fait noir comment savoir On essaye de reconstruire avec les espaces le rythme Mais quand est-ce que ga a commence Et Fon attend la prochaine heure II dit allons il faut en finir Recommencons une bonne fois Une fois pour toutes De un a. cent
Un. . . .
20
PERPETUAL BEGINNING
A man of a certain age Rather young and rather old Wearing preoccupied eyes And colourless glasses Sits at the foot of a wall At the foot of a wall facing a wall He says I'm going to count from one to a hundred At one hundred it will be finished Finally once and for all I begin one two and the rest But at seventy-three he's not too sure any more It is like believing one is counting the strokes of midnight and reaching eleven It is so dark how can one know One tries to recapture the rhythm with the empty spaces But when did it all begin And one waits for the next hour He says come on we've got to end this Let's begin again once more Once and for all From one to a hundred One
21
AUTREFOIS
Autrefois j'ai fait des poemes Qui contenaient tout le rayon Du centre a la peripheric et au dela, Comme s'il n'y avait pas de peripheric mais le centre seul Et comme si j'etais le soleil: a Fentour l'espace illimite C'est qu'on prend de Felan a jaillir tout au long du rayon C'est qu'on acquiert une prodigieuse vitesse de bolide Quelle attraction centrale peut alors empecher qu'on s'echappe Quel dome de firmament concave qu'on le perce Quand on a cet elan pour eclater dans l'Au dela. Mais on apprend que la terre n'est pas plate Mais une sphere et que le centre n'est pas au milieu Mais au centre Et Fon apprend la longueur du rayon ce chemin trop parcouru Et Fon connait bientot la surface Du globe tout mesure inspecte arpente vieux sentier Tout battu Alors la pauvre tache De pousser le perimetre a sa limite Dans Fespoir a la surface du globe d'une fissure, Dans Fespoir et d'un eclatement des bornes Par quoi retrouver libre Fair et la lumiere. Helas tantot desespoir L'elan de Fentier rayon devenu Ce point mort sur la surface. Tel un homme Sur le chemin trop court par la crainte du port Raccourcit Fenjambee et s'attarde a venir II me faut devenir subtil Afin de, divisant a Finfini Finfime distance De la corde a Fare, Creer par ingeniosite un espace analogue a FAu-dela Et trouver dans ce reduit matiere Pour vivre et Fart.
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AT ONE TIME
At one time I made poems That contained the whole ray From the centre to the periphery and beyond As if there was no periphery but the centre alone And as if I were the sun: all around limitless space How one gathers impetus by flashing along the ray How one develops the prodigious speed of a meteor What central pull can then stop us from escaping What dome in the hollow firmament from our piercing it When one has this impetus to burst into the Beyond But one learns that the earth is not flat But a sphere and that the centre is not in the middle But in the centre And one learns the length of the ray this road too often travelled And one soon knows about the surface Of the globe all measured inspected surveyed an old trail Trodden down Then the unimpressive task Of pushing the perimeter to its limit In the hope of a crack on the surface of the globe In the hope of a bursting of the boundaries Through which to discover free again the air and the light. Alas in a moment despair The impetus of the whole ray become This dead point on the surface So a man On the road too short through fear of the harbour Shortens his stride and delays arrival I have to become subtle In order, by infinitely dividing the tiny distance From the string to the bow, To create through ingeniousness a space like the Beyond And to find in this refuge enough reason For life and for art.
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LE JEU Ne me derangez pas je suis profondement occupe Un enfant est en train de batir un village C'est une ville, un comte Et qui sait Tantot Funivers. II joue Ces cubes de bois sont des maisons qu'il deplace et des chateaux Cette planche fait signe d'un toit qui penche ga n'est pas mal a voir Ce n'est pas peu de savoir ou va tourner la route de cartes Cela pourrait changer completement le cours de la riviere A cause du pont qui fait un si beau mirage dans Feau du tapis C'est facile d'avoir un grand arbre Et de mettre au-dessous une montagne pour qu'il soit en-haut. Joie de jouer! paradis des libertes! Et surtout n'allez pas mettre un pied dans la chambre On ne sait jamais ce qui peut etre dans ce coin Et si vous n'allez pas ecraser la plus chere des fleurs invisibles Voila ma boite a jouets Pleine de mots pour faire de merveilleux enlacements Les allier separer marier, Deroulements tantot de danse Et tout a l'heure le clair eclat du rire Qu'on croyait perdu Une tendre chiquenaude Et Fetoile Qui se balangait sans prendre garde Au bout d'un fil trop tenu de lumiere Tombe dans Feau et fait des ronds.
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THE GAME
Don't bother me I'm profoundly absorbed A child is busy building a village It's a city, a county And who knows Soon the universe. He's playing These wooden blocks are houses he moves about and castles This board is the sign of a sloping roof not at all bad to look at It's no small thing to know the place where the road of cards will turn This could change completely the course of the river Because of the bridge which makes so beautiful a reflection on the water of the carpet It's easy to have a tall tree And to put a mountain underneath so it'll be high up Joy of playing! Paradise of liberties! But above all don't put your foot in the room One never knows what might be in this corner Or whether you are not going to crush the favourite among the invisible flowers This is my box of toys Full of words for weaving marvellous patterns For uniting separating matching Now the unfolding of the dance And soon a clear burst of the laughter That one thought had been lost A gentle flip of the finger And the star Which hung without a care At the end of too flimsy a thread of light Falls and makes rings in the water
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De F amour de la tendresse qui done oserait en douter Mais pas deux sous de respect pour Fordre etabli Et la politesse et cette chere discipline Une legerete et des manieres a scandaliser les grandes personnes II vous arrange les mots comme si e'etaient de simples chansons Et dans ses yeux on peut lire son espiegle plaisir A voir que sous les mots il deplace toutes choses Et qu'il en agit avec les montagnes Comme s'il les possedait en propre. II met la chambre a Fenvers et vraiment Fon ne s'y reconnait plus Comme si e'etait un plaisir de berner les gens. Et pourtant dans son ceil gauche quand le droit rit Une gravite de F autre monde s'attache a la feuille d'un arbre Comme si cela pouvait avoir une grande importance Avait autant de poids dans sa balance Que la guerre d'Ethiopie Dans celle de FAngleterre. Nous ne sommes pas des comptables Tout le monde peut voir une piastre de papier vert Mais qui peut voir au travers si ce n'est un enfant Qui peut comme lui voir au travers en toute liberte Sans que du tout la piastre Fempeche ni ses limites Ni sa valeur d'une seule piastre Mais il voit par cette vitrine des milliers de jouets merveilleux Et n'a pas envie de choisir parmi ces tresors Ni desir ni necessite Lui Mais ses yeux sont grands pour tout prendre.
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Of love and tenderness who would dare to doubt But not two cents of respect for the established order Or for politeness and this precious discipline A levity and practices fit to scandalise grown up people He arranges words for you as if they were simple songs And in his eyes one can read his mischievous pleasure At knowing that under the words he moves everything about And plays with the mountains As if they were his very own. He turns the room upside down and truly we've lost our way As if it was fun just to fool people. And yet in his left eye when the right is smiling A supernatural importance is imparted to the leaf of a tree As if this could be of great significance Had as much weight in his scales As the war of Ethiopia In England's. We are not book-keepers Everyone can see a green dollar bill But who can see through it except a child Who like him can see through it with full freedom Without being in the least hampered by it or its limitations Or by its value of exactly one dollar For he sees through this window thousands of marvellous toys And has no wish to choose between these treasures Nor desire nor necessity Not he For his eyes are wide open to take everything.
0*7
POIDS ET MESURES
II ne s'agit pas de tirer les choses par les cheveux D'attacher par les cheveux une femme a la queue d'un cheval D'empiler des morts a la queue-leu-leu Au fil de l'epee, au fil du temps. On peut s'amuser a faire des noeuds avec des lignes paralleles C'est un divertissement un peu metaphysique L'absurde n'etant pas reduit a loger au nez du Cyrano Mais en regardant cela la tete a Fenvers On apercoit des evocations d'autres mondes On apercoit des cassures dans notre monde qui font des trous On peut etre fache de voir des trous dans notre monde On peut etre scandalise par un bas perce un gilet un gant perce qui laisse voir un doigt On peut exiger que tout soit rapiece Mais un trou dans notre monde c'est deja quelque chose Pourvu qu'on s'accroche dedans les pieds et qu'on y tombe La tete et qu'on tombe la tete la premiere Cela permet de voguer et meme de revenir Cela peut liberer de mesurer le monde a pied, pied a pied.
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WEIGHTS AND MEASURES
It's not a question of pulling things along by the hair Of tying a woman by the hair to the tail of a horse Of piling up the dead one after another Along the sword's edge, the edge of time. One can have fun tying knots in parallel lines It's quite a metaphysical entertainment Absurdity not being reduced to the nose of Cyrano But looking at this with head upside down One catches glimmerings of other worlds One sees cracks in our world which make holes One can get angry at seeing holes in our world One can be scandalised by a torn stocking a vest a torn glove that shows the finger One can insist that it all be patched up But a hole in our world is already something Provided one catches one's feet in it and that one drops in The head and that one drops it in headfirst This lets us wander about and even return again This allows us to measure the world on foot foot by foot.
29
ANNE HEBERT
LA FILLE MAIGRE
Je suis une fille maigre Et j'ai de beaux os. J'ai pour eux des soins attentifs Et d'etranges pities. Je les polis sans cesse Comme de vieux metaux. Les bijoux et les fleurs Sont hors de saison. Un jour je saisirai mon amant Pour m'en faire un reliquaire d'argent. Je me pendrai A la place de son coeur absent. Espace comble, Quel est soudain en toi cet hote sans fievre? T u marches T u remues; Chacun de tes gestes Pare d'effroi la mort enclose. Je recois ton tremblement Comme un don. Et parfois En ta poitrine, fixee, J'entr'ouvre Mes prunelles liquides Et bougent Comme une eau verte Des songes bizarres et enf an tins.
32
THE LEAN GIRL
I am a lean girl And I have beautiful bones. I tend them with great care And feel strange pity for them. I continually polish them As though they were old metal. Now jewels and flowers Are out of season. One day I shall clasp my lover And make of him a silver shrine. I shall hang myself In the place of his absent heart. 0 well-filled space, What is this cold guest suddenly in you? You walk, You move; Each one of your gestures Adorns with fear the enclosed death. 1 receive your trembling As a gift. And sometimes Fastened in your breast, I half open My liquid eyes As strange and childish dreams Swirl Like green water.
33
EN GUISE DE FETE
Le soleil luit Le soleil luit Le monde est complet Et rond le jardin. J'ai allume Deux chandelles Deux feux de cire Comme deux fleurs jaunes. Le jour pourrit Les feux de nuit, Deux fleurs fanees Aux blanches tiges d'eglise; Le monde est en ordre Les morts dessous Les vivants dessus. Les morts me visitent Le monde est en ordre Les morts dessous Les vivants dessus. Les morts m'ennuient Les vivants me tuent. J'ai allume Deux fleurs tremblantes, J'ai pris mes yeux Dans mes mains Comme des pierres d'eau Et j'ai danse Les gestes des fous Autour de mes larmes En guise de fete.
34
AS IF FOR A HOLIDAY
Down pours the sun Down pours the sun The earth is fulfilled The garden is round. I have lighted Two candles, Two wax fires Like two yellow flowers. Daylight destroys The fires of night, Two faded flowers O n the white stalks of the church. The world conforms The dead below The live above. The The The The
dead visit me world conforms dead below live above.
The dead bore me, The live kill me. I have lighted Two trembling flowers, I have taken my eyes In my hands Like pebbles of water And I have danced Idiot steps Around my tears As if for a holiday.
35
VIE DE CHATEAU
C'est un chateau d'ancetres Sans table ni feu Ni poussiere ni tapis. L'enchantement pervers de ces lieux Est tout dans ses miroirs polis. La seule occupation possible ici Consiste a se mirer jour et nuit. Jette ton image aux fontaines dures T a plus dure image sans ombre ni couleur. Vois, ces glaces sont profondes Comme des armoires Toujours quelque mort y habite sous le tain Et couvre aussitot ton reflet Se colle a toi comme une algue S'ajuste a toi, mince et nu, Et simule F amour en un lent frisson amer.
36
MANOR LIFE
Here is an ancestral manor Without a table or fire Or dust or carpets. The perverse enchantment of these rooms Lies wholly in their polished mirrors. The only possible thing to do here Is to look at oneself in the mirror day and night. Cast your image into these brittle fountains Your brittler image without shadow or colour. See, these mirrors are deep Like cupboards There is always someone dead behind the quicksilver Who soon covers your reflection And clings to you like seaweed Shapes himself to you, naked and thin, And imitates love in a long bitter shiver.
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LA CHAMBRE FERMEE
Qui done m'a conduite ici? II y a certainement quelque'un Qui a souffle sur mes pas. Quand est-ce que cela s'est fait? Avec la complicite de quel ami tranquille? Le consentement profond de quelle nuit longue? Qui done a dessine la chambre? Dans quel instant calme A-t-on imagine le plafond bas La petite table verte et le couteau minuscule Le lit de bois noir Et toute la rose du feu En ses jupes pourpre gonflees Autour de son coeur possede et garde Sous les flammes oranges et bleues? Qui done a pris la juste mesure De la croix tremblante de mes bras etendus? Les quatre points cardinaux Originent au bout de mes doigts Pourvu que je tourne sur moi-meme Quatre fois Tant que durera le souvenir Du jour et de la nuit. Mon coeur sur la table pose, Qui done a mis le couvert avec soin, Affile le petit couteau Sans aucun tourment Ni precipitation? Ma chair s'etonne et s'epuise Sans cet hote coutumier Entre ses cotes deracine. La couleur claire du sang Scelle la voute creuse Et mes mains croisees Sur cet espace devaste Se glacent et s'enchantent de vide.
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THE CLOSED ROOM
Who then brought me here? There was certainly someone Who prompted my steps. But when did that happen? With the complicity of what quiet friend? The deep approval of what long night? Who was it laid out the room? In what calm moment Was the low ceiling thought of The small green table and the tiny knife The bed of black wood And all the bloom of the fire With its red billowing skirts Around its core enclosed and held fast Under the orange and blue flames? Who then took the exact measure Of the trembling cross of my outstretched arms? The four cardinal points Start at my fingertips If I turn myself round Four times For as long as will last the memory Of day and of night. When my heart was placed on the table Who then laid the cover so carefully Sharpened the little knife Without any torment Or hurry? My flesh is bewildered and wastes away Without this familiar guest Torn from between its ribs. The bright colour of blood Seals the hollow vault And my hands folded Over this devastated space Grow cold and fascinated with emptiness.
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O doux corps qui dort Le lit de bois noir te contient Et t'enferme strictement pourvu que tu ne bouges. Surtout n'ouvre pas les yeux! Songe un peu Si tu allais voir La table servie et le couvert qui brille! Laisse, laisse le feu teindre La chambre de reflets Et murir et ton coeur et ta chair; Tristes epoux tranches et perdus.
IL Y A CERTAINEMENT QUELQU'AN
II y a certainement quelqu'un Qui m'a tuee Puis s'en est alle Sur la pointe des pieds Sans rompre sa danse parfaite. A oublie de me coucher M'a laissee debout Toute liee Sur le chemin Le coeur dans son coffret ancien Les prunelles pareilles A leur plus pure image d'eau A oublie d'effacer la beaute du monde Autour de moi A oublie de fermer mes yeux avides Et permis leur passion perdue.
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O gentle body asleep The bed of black wood enfolds you And locks you tightly so long as you do not move. Above all do not open your eyes! Imagine If you were to see The set table and the shining glass! Leave, leave the fire to stain The room with its glow And ripen both your heart and your flesh; Unhappy lovers now cut apart and lost.
THERE IS CERTAINLY SOMEONE
There is certainly someone Who once killed me And then walked away On the tip of his toes Without breaking his perfect dance. Who forgot to put me to bed And left me standing All tightly bound On the road My heart sealed up as before My two eyes like Their own pure image of water Who forgot to erase the beauty of the world Around me Forgot to close my hungry eyes And permitted their wasted passion.
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LES DEUX MAINS
Ces deux mains qu'on a, La droite fermee Ou ouverte; La gauche ouverte Ou fermee. Et les deux Ne s'attendant pas L'une Fautre. Ces deux mains immelees, Ces deux mains immelables. Celle qu'on donne Et celle qu'on garde; Celle qu'on connait Et Fautre, Finconnue. Cette main d'enfant, Cette main de femme. Et parfois cette main travailleuse, Simple comme une main d'homme. Cela fait done trois! Et je decouvre un nombre infini En moi De mains qui se tendent Vers moi, Comme des etrangeres Dont on a peur. Ah! qui me rendra Mes deux mains unies? Et le rivage Qu'on touche Des deux mains, Dans le meme appareillage, Ayant en cours de route Eparpille toutes ces mains inutiles .
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THE TWO HANDS
These two hands that one has, The right closed Or open; The left open Or closed. And the two Not waiting For each other. Two hands that are not joined, Two hands that cannot join. The one that we give And the one that we keep; The one that we know And the other, the unknown. This hand of a child, This hand of a woman. And sometimes this working hand, Simple as the hand of a man. Then this makes three! And I discover In myself An infinite number Of hands that reach Toward me, Like strangers Of whom one is afraid. O h ! who will give back to me My two hands as one? And the shore That we touch With both hands, Preparing for the same journey, Having discarded on the way All these useless hands . . .
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LE TOMBEAU DES ROIS
J'ai mon coeur au poing Comme un faucon aveugle. Le taciturne oiseau pris a mes doigts Lampe gonflee de vin et de sang, Je descends Vers les tombeaux des rois Etonnee A peine nee. Quel fil d'Ariane me mene Au long des dedales sourds? L'echo des pas s'y mange a mesure. (En quel songe Cette enfant fut-elle liee par la cheville Pareille a une esclave fascinee?) L'auteur du songe Presse le fil, Et viennent les pas nus Un a un Comme les premieres gouttes de pluie Au fond du puits. Deja Fodeur bouge en des orages gonfles Suinte sous le pas des portes Aux chambres secretes et rondes, La ou sont dresses les lits clos. L'immobile desir des gisants me tire. Je regarde avec etonnement A meme les noirs ossements Luire les pierres bleues incrustees. Quelques tragedies patiemment travaillees, Sur la poitrine des rois, couchees, En guise de bijoux Me sont offertes Sans larmes ni regrets.
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THE TOMB OF THE KINGS
I have my heart on my fist Like a blind falcon. The taciturn bird gripping my fingers A swollen lamp of wine and blood I go down Toward the tombs of the kings Astonished Scarcely born. What Ariadne-thread leads me Along the muted labyrinths? The echo of my steps fades away as they fall. (In what dream Was this child tied by her ankle Like a fascinated slave?) The maker of the dream Presses on the cord Drawing the naked steps One by one Like the first drops of rain At the bottom of the well. Already the odour stirs in swollen storms Seeps under the edges of the doors Of chambers secret and round Where the closed beds are laid out. The motionless desire of the recumbent dead lures me. I behold with astonishment Encrusted upon the black bones The blue stones gleaming. A few tragedies patiently wrought Lying on the breast of kings As if they were jewels Are offered me Without tears or regrets.
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Sur une seule ligne ranges: La fumee d'encens, le gateau de riz seche Et ma chair qui tremble: OfTrande rituelle et soumise. Le masque d'or sur ma face absente Des fleurs violettes en guise de prunelles, L'ombre de Famour me maquille a petits traits precis; Et cet oiseau que j'ai respire Et se plaint etrangement. Un frisson long Semblable au vent qui prend, d'arbre en arbre, Agite sept grands pharaons d'ebene En leurs etuis solennels et pares. Ce n'est que la profondeur de la mort qui persiste, Simulant le dernier tourment Cherchant son apaisement Et son eternite En un cliquetis leger de bracelets Cercles vains jeux d'ailleurs Autour de la chair sacrifice. Avides de la source fraternelle du mal en moi lis me couchent et me boivent; Sept fois, je connais Fetau des os Et la main seche qui cherche le coeur pour le rompre. Livide et repue de songe horrible Les membres denoues Et les morts hors de moi, assassines, Quel reflet d'aube s'egare ici? D'ou vient done que cet oiseau fremit Et tourne vers le matin Ses prunelles crevees?
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In single rank arrayed: The smoke of incense, the cake of dried rice, And my flesh which trembles: A ceremonial and submissive offering. A gold mask on my absent face Violet flowers for eyes, The shade of love paints me in small sharp strokes, And this bird I have breathes And complains strangely. A long tremor Like a wind sweeping from tree to tree, Shakes the seven tall ebony Pharaohs In their stately and ornate cases. It is only the profundity of death which persists, Simulating the ultimate torment Seeking its appeasement And its eternity In a faint tinkle of bracelets Vain rings, alien games Around the sacrificed flesh. Greedy for the fraternal source of evil in me They lay me down and drink me; Seven times I know the tight grip of the bones And the dry hand seeking my heart to break it. Livid and satiated with the horrible dream My limbs freed And the dead thrust out of me, assassinated, What glimmer of dawn strays in here? Wherefore does this bird quiver And turn toward morning Its blinded eyes?
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SAISON AVEUGLE
Longtemps nous avons garde des jours anciens en liberte dans les chambres du fond Les avons laches dans toute la maison, livres au temps et remis en marche comme des songes Se sont promenes de chambre en chambre, toute figure reprise a mesure au fil des miroirs Se sont uses, se sont fanes de la salle au vestibule ou surgit Feclat jaune du matin par la porte ouverte Vint Fete crible de balles, l'image mere s' est couchee pour mourir Virent les souvenirs au point violet des places trop bleues et s'epluchent nos cceurs comme des noix Pour une plus pure amande verte, nos mains nues, 6 saison aveugle.
NEIGE
La neige nous met en reve sur de vastes plaines, sans traces ni couleur Veille mon coeur, la neige nous met en selle sur des coursiers d'ecume Sonne Fenfance couronnee, la neige nous sacre en haut mer, plein songe, toutes voiles dehors La neige nous met en magie, blancheur etale, plumes gonflees ou perce l'ceil rouge de cet oiseau Mon coeur; point de feu sous des palmes de gel file le sang qui s'emerveille.
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BLIND SEASON
For a long time we have kept the olden days at liberty in the back rooms Have left them free to roam all over the house, entrusted ther and put them to work again like dreams They have marched from room to room, each figure captured again one by one on the edge of the mirrors Have worn themselves out, have withered from the living-roon to the front porch where the golden rays of morning break through the open door Summer came shot with rays, the mother image lay down to di Memories turn around at the violet centre of the too blue spaces and our hearts shell themselves like nuts For a purer green almond, our bare hands, O blind season.
SNOW Snow puts us in a dream on vast plains without track or colour Beware, my heart, snow puts us in the saddle on steeds of foam Ring out for a crowned childhood, snow consecrates us on higr dreams fulfilled, all sails set Snow puts us in a trance, a widespread whiteness, flaring plum pierced by the red eye of this bird My heart; a point of fire under palms of frost flows the marvelling blood.
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