312 92 10MB
French Pages 270 [263] Year 2003
Qui a fait tuer Amilcar Cabral?
Collection Études Africaines Dernières parutions Julien CONDE, Abdoulaye-Baïlo DIALLO, Une ambition pour la Guinée, 2001. Mahamoudou OUEDRAOGO et Joachim TANKOANO, Internet au Burkina Faso: réalités et utopies, 2001. Tidiane N'DIAYE, L'empire de Ckaka Zoulou, 2001. Mwayila TSHIYEMBE, Etat multination et démocratie africaine, 2001. Marc BELLITO, Une histoiredu Sénégal et de ses entreprisespubliques, 2001. Yves Ekoué AMAIZO, L'Afrique est-elle incapable de s'unir, 2002. Roger Bila KADORE, Histoirepolitique du Burkina Faso (1919-2000), 2002. Franck HAGENBUCHER-SACRIPANTI, Le prophète et le militant (Congo-Brazzaville), 2002. Souga Jacob NIEMBA, Etat de droit, démocratique, fédéral au CongoKinshasa, 2002. Pierre ERNY, L'école coloniale au Rwanda (1900-1962), 2002. Rita Mensah AMENDAH, Mosaïques africaines, 2002. Jean PING, Mondialisation, paix, démocratie et développement en Afrique: l'expérience gabonaise, 2002. Etienne BEBBE-NJOH, « Mentalité africaine» et problématique du développement, 2002. Bibiane TSHIBOLA KALENGAYI, Roman africainet christianisme,2002. Albert de SURGY, Syncrétismechrétienet rigueuranti-pentecôtiste,2002. Simon Pierre SIGUÉ, Gérer pour la croissance au cameroun, 2002. Junzo KAW ADA, Genèse et dynamique de la royauté, 2002. Laurent LUZOLELE LOLA NKAKALA, Scongo-Kinshasa: combattre la pauvreté en situation de post-conflit, 2002. Alban Montlay KOUANGO, Cabinda, un Koweit africain, 2002. Jacques HUBERT, Rites traditionnels d'Afrique, 2002. Alhassane CONDE, La décentralisation en Guinée, 2002. Ndiaga LOUM, Les médias et l'Etat au Sénégal, 2003. Annie LE PALEC et Hélène PAGEZY, Vivre avec le VIH au Mali: stratégies de survie, 2003. DOUE GNONSEA, Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga : combat pour la renaissance africaine, 2003. MABIK-ma-KOMBIL, Ngongo des initiés. Hommage aux pleureuses du Gabon, 2003. GOMIS Souleymane, La relation famille-école au Sénégal, 2003. M. Franklin J. EYELOM, Le partage du Cameroun entre la France et l'Angleterre, 2003. MINKO MVE Bernardin, Gabon entre tradition et post-modernité, 2003.
José Pedro Castanheira
Qui a fait tuer Amilcar Cabral ? Préface de René Pélissier
L'Harmattan 5-7, me de l'École-Polytechnique 75005 Paris FRANCE
L'Harmattan Hongrie Hargita u. 3 1026 Budapest HONGRIE
L'Harmattan ltalia Via Bava, 37 10214 Torino ITALIE
©L'Harmattan,2003 ISBN: 2-7475-4419-2
Ouvrages publiés par l'auteur
«Os Sindicatos e o Salazarismo - a Historia dos Bancarios do Sul e Ilhas (1910/1969)», Ediçâ'.o do Sindicato dos Bancârios do Sul e Ilhas, 1983.
«Os 58 Dias Que Abalaram Macau», Publicaçàes Dom Quixote - Livros do Oriente, 1999 Collaboration: «Polonia, um povo em luta», Jean-Marie Charpentier et Henri Israel, Ediçàes Heptâgono, Lisboa, s/date.
«Biographical Dictionary of European Labor Leaders», coordination de Thomas Lane, Greenwood Press, Londres, 1995
AVANT-PROPOS Amilcar Cabral a été assassiné à Conakry dans la nuit du 20 janvier 1973. A l'âge de 48 ans, il était non seulement le fondateur du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert mais aussi le leader des mouvements de libération des colonies portugaises. Figure unique du XXe siècle du continent noir, seulement comparable à des personnalités comme Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba ou Nelson Mandela. On sait qui est l'auteur du crime. On sait également que l'assassin n'a pas agi isolément. En effet, il comptait sur un vaste réseau de collaboration et de complices. Après une enquête sommaire, plus de cent personnes impliquées ont été exécutées. Cependant, l'étendue et les ramifications du complot n'ont jamais été vérifiées d'une façon rigoureuse et indépendante, ce qui aurait permis de connaître les véritables instigateurs politiques et moraux du crime. Et trente ans après, le mystère continue: mais finalement, qui a fait tuer Amilcar Cabral? Alors que je préparais l'édition française de mon livre, deux épisodes ont particulièrement attiré mon attention. L'un d'eux aurait pu changer le cours de l'Histoire - et ce livre n'aurait donc pas existé ... Il s'agit de ce qui s'est passé à l'arrivée d'Amilcar Cabral à l'aéroport de Paris-Orly, le 24 janvier 1968 - cinq ans avant son assassinat. Les autorités policières françaises ont intercepté Cabral alors qu'il venait de Genève, vol Swissair 724. Dans une action totalement en marge des canaux diplomatiques des deux pays, la police française a interrogé le leader du PAIGC et a photocopié tous les papiers qu'il avait sur lui. Puis elle a informé la police portugaise - PIDE (Police internationale et de Défense de l'Etat)1. Parmi les documents saisis, il y avait huit lettres d'un militant capverdien appelé Pedro Pires, l'actuel président de la République du Cap-Vert. C'est ainsi que les autorités portugaises ont arrêté cinq militants qui appartenaient à la
structure du PAIGC de l'archipel du Cap-Vert et qui, par la suite, ont été condamnés à des peines de prison. Selon les Archives du ministère portugais des Affaires étrangères et de la PIDE/DGS, Cabral avait été frappé d'«interdiction de séjour» par les «autorités françaises» depuis 1966 et il était considéré comme «un communiste très dangereux et un révolutionnaire actif». Amilcar Cabral aurait pu, à ce moment-là, être remis à la police de Lisbonne. Toutefois, les autorités françaises ne l'ont pas fait. Elles ont préféré l'expulser le jour même et l'envoyer à Conakry. Si Cabral avait été remis aux autorités portugaises, son destin aurait certainement été bien différent - et de là le futur immédiat de la lutte de libération de la Guinée-Bissau et des îles du Cap-Vert, voire celle de l'Angola et du Mozambique. L'autre épisode s'est passé en novembre 1972 - deux mois avant la mort de Cabral. Sékou Touré avait invité François Mitterrand aux commémorations organisées à Conakry pour signaler l'échec du raid militaire portugais de 1970. C'est ainsi que le dirigeant socialiste fait la connaissance de Cabral et l'invite à passer des vacances chez lui en France - hélas, une courte rafale de mitraillette empêchera ce séjour. Roland Dumas, qui sera quelques années plus tard ministre des Etrangers, a également assisté aux entretiens entre Mitterrand et Cabral. Fortement impressionné par la personnalité de Cabral, Mitterrand signalera sa mort dans une colonne qu'il signait dans L 'Unité, l'hebdomadaire du parti socialiste français2 . Les deux épisodes illustrent bien jusqu'à quel point la France a accompagné le combat d' Amilcar Cabral. Et cela laisse supposer que les archives diplomatiques et policières françaises doivent contenir beaucoup d'informations sur Cabral et notamment sur sa mort. Il est vrai qu'à la date du crime, la France n'avait pas de représentation diplomatique en République de Guinée. Toutefois, on sait que cela n'empêchait pas la diplomatie française et surtout les services secrets de suivre très attentivement le régime de Sékou Touré. A ce propos, il est bon de rappeler l'information recueillie par l'ambassade portugaise à Paris, aussitôt après le crime: d'après Roland Dumas, Sékou Touré ne devait pas être «étranger à l'assassinat» 3 . C'est également la conviction de Jacques Foccart, le conseiller spécial des présidents Charles de Gaulle et Georges Pompidou. Dans son excellent livre de mémoires4, le "patron" des services de renseignements français sur l'Afrique est