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French Pages [314] Year 2001
L'INDUSTRIE PÉTROLIÈRE ET L'AMÉNAGEMENT DE LA DISTRIBUTION DE SES PRODUITS AU NIGÉRIA Impact et perspectives
dans l'Est nigérian
Collection Villes et Entreprises dirigée par Alain Bourdin et Jean Rémy La ville peut être abordée selon des points de vue différents: milieu résidentiel, milieu de travail, milieu de culture. Ceux-ci peuvent être entremêlés ou séparés. Il en va de même des groupes sociaux qui communiquent à travers ces divers types d'enjeux. La dimension économique n'est jamais absente, mais elle entre en tension avec la dimension politique. Ainsi peut-on aborder la conception urbanistique ou architecturale, l'évaluation des politiques sociales ou socio-économiques et les formes d'appropriation par divers acteurs. Pour répondre à ces interrogations, la collection rassemble deux types de textes. Les premiers s'appuient sur des recherches de terrain pour dégager une problématique d'analyse et d'interprétation. Les seconds, plus théoriques, partent de ces problématiques; ce qui permet de créer un espace de comparaison entre des situations et des contextes différents. La collection souhaite promouvoir des comparaisons entre des aires culturelles et économiques différentes. Dernières
parutions
M. MARIÉ, D. LARCENA et P. DÉRIOZ (eds), Cultures, usages et stratégies de l'eau en Méditerranée occidentale, 1999. P. BOUDON (sous la direction de), Langages singuliers et partages de l'urbain, 1999. M. TALATCHIAN,Moscou et les villes nouvelles de sa région, 1999. L. PLOUCHART,Comprendre les grands ensembles, 1999. J. PHILIPPE, P.-Y. LÉO, L.-M. BOULIANNE (eds), Services et métropoles, 1999. Astrid ASTOLFI, Reconstruction après la guerre (Pakrac, Croatie), 1999. E. AMOUGOU, A. KOCHER, L'espace de l'architecture, 1999. G. SÉRAPHIN, Vivre à Douala, 2000. R. VUARIN, Un système africain de protection sociale au temps de la mondialisation, 2000. F. LEROND,L'autre Abidjan, 2000. A. YAPI-DIAHOU,Baraques et pouvoirs dans l'agglomération abidjanaise, 2000. F. DUHART, Habiter et consommer à Bayonne au XVlllème siècle, 2001. B. de GOUVELLO,Les sources d'eau et d'assainissement en Argentine à I 'heure néolibérale, 2001. M. CORALLI, Espace public et urbanité, 2001. E. PASQUIER,Cultiver son jardin, 2001.
Eduardo 2001.
LOPEZ MORENO,
Une histoire du logement social au Mexique,
Peter BIKAM Professeur en transport et aménagement urbain à l'université de Nigeria Nsukka
L'INDUSTRIE PÉTROLIÈRE ET L'AMÉNAGEMENT DE LA DISTRIBUTION DE SES PRODUITS AU NIGÉRIA
Impact et perspectives
dans l'Est nigérian
Préfacede Bernard DEZERT et Jean BASTIE
L'Harmattan 5-7, rue de l'École Polytechnique 75005 Paris FRANCE
L'Harmattan Hongrie Hargita u. 3 1026 Budapest HONGRIE
L'Harmattan Italia Via Bava, 37 10214 Torino ITALIE
REMERCIEMENTS
Quand je me suis engagé, après l'achèvement de ma thèse, dans ce travail difficile que représente la réalisation d'un livre, je savais que je serais confronté à une multitude de problèmes. Ce travail n'aurait jamais vu le jour dans sa forme finale sans le concours et la participation de plusieurs personnes. Je remercie profondément les Professeurs Jean BASTIE et Bernard DEZERT qui m'ont accordé un soutien moral et intellectuel très précieux. Je tiens à remercier particulièrement Madame Françoise MAQUIGNY qui m'a prodigué ses encouragements sans relâche et dédié beaucoup de son temps pour corriger mon manuscrit. Je voudrais exprimer ma profonde gratitude à ma famille ainsi qu'à quelques amis, qui m'ont aidé à mener à terme l'édition de ce livre, comme Messieurs Joseph ODEH et Martin UWODI, tant à Paris qu'au Nigeria.
@ L'Harmattan, 2001 ISBN: 2-7475-1240-1
Préface L'auteur présente un travail très consciencieux, se fondant autant sur des études de terrain que sur des données techniques et statistiques. Il s'agit d'un travail de géographie qui traite de l'économie pétrolière du Nigeria. Le pays est victime de sa richesse pétrolière qui sert mal au développement du pays, car depuis 1974, l'industrie pétrolière du pays a connu une crise dans la distribution interne des produits pétroliers. Au niveau de l'analyse, le passage d'une échelle fédérale à une échelle régionale (Est du Nigeria) est justifié par une double élaboration effectuée dans ce travail: Étude d'impact de l'industrie pétrolière, de services de distribution et des effets de politiques de gestion de la filière pétrolière. Un bref historique des politiques de nationalisation successives dans l'industrie pétrolière du pays. En posant ces doubles éléments sur la vie pétrolière, Peter Bikam a voulu mettre l'accent sur l'impact des réseaux de distribution dans la grande région pétrolière de l'Est du Nigeria. Le nouveau changement d'échelle, cette fois mondiale, est basé sur des comparaisons entre les systèmes libéraux de distribution et les systèmes plus ou moins étatisés, comme ceux de Malaisie et de Chine. Fort de ces comparaisons, Monsieur Bikam revient à l'échelle de l'Est nigérian pour une enquête sur la perception de la distribution au moyen d'un échantillon représentatif Il faut souligner la qualité de la présentation, la clarté des paragraphes présentés avec des titres courts, les conclusions qui terminent chaque chapitre, la multiplicité des cartes personnelles, le plus souvent de première main (ce qui explique certaines imperfections) mais qui ont le mérite d'une bonne lisibilité dans l'ensemble des données. Pour comprendre les dysfonctionnements entre une industrie pétrolière et des raffineries qui produisent même au-dessus des consommations supposées et les déficits de consommation, il a montré les conditions de distribution et de dérive vers le marché noir et l'évasion vers les pays étrangers limitrophes. Comment enrayer ce processus? C'est la question posée à travers toute l'analyse. Il préconise alors une politique de privatisation du système de distribution pour organiser la concurrence, des moyens de transport permettant de réduire la contrebande par une politique de contrôle acceptée par l'état fédéral et les 36 états provinciaux. Dans un dernier chapitre, il a mis l'accent sur les aménagements visant à une efficacité pratique de la distribution. La question difficile est le passage d'une économie étatique à une économie néo-libérale de type keynésien, où l'état conserve un rôle de contrôle et d'arbitre présumé impartial. Comment
par des « joint-ventures» intéresser les entreprises pétrolières et gazières étrangères? L'analyse insiste sur le développement qui doit tenir compte du respect de l'environnement vis-à-vis des riverains des zones pétrolières qui tendent à se révolter. Le livre s'achève par des réflexions sur les nouveaux rôles nécessaires des acteurs publics et privés. La conclusion générale est riche et répond bien aux questions posées, mais elle souligne aussi les contradictions qui demeurent entre les richesses potentielles et leur exploitation pour un développement régional plus équilibré. Par Bernard DEZERT et Jean BASTIE Professeurs Emérite à l'Université de Paris IV Sorbonne Paris, France.
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INTRODUCTION
Ce livre qui porte sur l'industrie pétrolière et la distribution des produits pétroliers au Nigeria, est tiré d'une thèse de doctorat en géographie économique et en aménagement soutenue le 27 février 1997 à l'Université de Paris-Sorbonne. Il est le résultat de longues années d'études sur le terrain et de recherches bibliographiques. L'économie du Nigeria est basée majoritairement sur l'industrie pétrolière, soit 75 % des budgets du gouvernement fédéral et 95 % des recettes de devises étrangères, mais le pays est con:fronté à une crise répétitive de la distribution des hydrocarbures depuis 1974. Ce livre, qui examine l'évolution du développement de l'industrie pétrolière du Nigeria et du développement des commerces des produits pétroliers, explique la chronologie de croissance de l'industrie et les problèmes rencontrés à chaque époque. Le cadre historique décrit également les rôles des compagnies privées dans l'introduction et le commerce des carburants au Nigeria et examine les raisons de l'intervention des autorités nigérianes dans le Secteur Pétrolier. L'objectif de ce livre est de détenniner les impacts et perspectives de la composante spatiale dans la défmition des effets économiques des activités de la distribution des hydrocarbures, au sein d'une région pétrolière, où se situe plus de 60 % de l'industrie pétrolière nigériane. Compte tenu des crises de la distribution des produits pétroliers qui ont :frappé le pays depuis des 25 dernières années, cette question apparaît tout à fait d'actualité. Bien que le Nigeria soit un pays membre de l'O.P.E.P. où le pétrole compte pour plus de 95 % des devises étrangères et 75 % des recettes budgétaires fédérales, il existe un paradoxe dans la distribution des carburants. Planifier en prévoyant les rapports entre les modes de transport et les réseaux de distribution des carburants est une tâche difficile au Nigeria. C'est d'ailleurs pour cette raison que les acteurs nigérians ont souvent été conduits à trouver des remèdes provisoires plutôt que des solutions durables. La multiplication des crises de la distribution de produits pétroliers sur l'ensemble du territoire nigérian démontre à la fois la volonté et la difficulté que rencontre les autorités pour prendre en mains, de façon définitive, l'aménagement des réseaux de distribution des carburants. Depuis 1974, les pénuries de distribution se sont multipliées. Dans le pays, les conséquences en sont des manifestations violentes, une hausse des prix en progression géométrique, l'arrêt presque total de la circulation automobile; les besoins industriels et domestiques devenant très difficiles à contenter.
L'analyse porte donc sur le rapport qui existe entre l'efficacité économique des activités et le système d'organisation de la distribution des hydrocarbures dans l'espace régional. Au Nigeria, cette efficacité est liée aux choix qui ont été faits par les autorités nigérianes dans les années soixante et soixante-dix. Choix qui devaient s'effectuer entre une économie libérale (free market) et une intervention de l'Etat (de type keynésien) dans l'industrie pétrolière du pays et surtout dans la distribution en aval de la production (raffinage) de pétrole. Les déplacements, la production des informations et les contacts interpersonnels, la consommation énergétique qui conditionne des produits et des services créés, sont à la base de l'efficacité économique. Quant aux impacts et perspectives, il s'agit de déterminer quelles conséquences ces choix ont eu sur la population (effets positifs et négatifs) ; ceci est très important si l'on veut répondre aux besoins des activités qui peuvent assurer les contacts relationnels entre les personnes, les investissements privés, la circulation des marchandises dont dépend la production globale. La capacité de contacts par automobile (dont l'importance des hydrocarbures) détermine l'utilité économique de l'organisation spatiale. L'évolution de la distribution des carburants prend une importance majeure au sein de l'industrie pétrolière dans ce pays où existent quatre raffineries, dont la capacité totale de production est de 445.000 barils par jour et la consommation est de 300.000 barils par jour. Le pays dispose de voies ferrées mal entretenues, plus de 4.000 km de pipelines de produits raffinés, et plus de 29 dépôts de stockage de carburants. Si ces équipements permettent de maximiser l'efficacité économique grâce à leur taille et à leur richesse dans la distribution des carburants, l'organisation et la gestion de leur espace reste un enjeu économique et fait l'objet d'une politique de distribution énergétique trop contrôlée par l'Etat. Quelle efficacité économique pour quel système de la distribution spatiale des produits pétroliers au sein des grands pays producteurs et exportateurs de pétrole, demeure la question centrale de cette analyse. Elle intéresse en premier les investisseurs privés et publics dans l'industrie pétrolière, quant à la valeur de la production et l'aménagement régional des ports destinés à des productions de produits pétrochimi ques, cherchant à satisfaire des objectifs économiques. Cette recherche a permis de constater qu'il existe une étroite relation entre les périodes de crise de la distribution et la hausse des coûts socioéconomiques. Ceci a été constaté sur une période de 34 années, s'étendant entre 1960 à 1994. Ceci se résume fmalement dans les choix d'un système de distribution étatique (nationalisé, avec une subvention des prix des carburants à très bas prix). Ce choix reflète également des contraintes
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régionales, limitées par des investissements étrangers, qui restent sous fonne de «joint-ventures ». Avec l'amélioration de la distribution des carburants dans le temps et l'espace s'accroît le besoin de contacts relationnels et de mobilité, mais dans le respect d'un système de distribution à des prix compétitifs avec une moindre intervention de l'Etat fédéral. Cette perspective nécessite une adaptation appropriée de l'organisation spatiale de la distribution, grâce à l'utilisation adéquate des localisations des raffineries, des dépôts de stockage, de la diversification de l'industrie pétrolière et des transports (voies routières, voies ferrées, voies fluviales et oléoducs). Dans l'espace des régions pétrolières, les activités à haute productivité cherchent un rapprochement spatial entre les divers partenaires de la production dans le contexte d'une distribution adéquate des carburants. La disponibilité des carburants est primordiale pour pennettre des déplacements fréquents et à longue distance, étant donné le nonfonctionnement des voies ferrées nigérianes et la quasi-inexistence des transports publics à grande vitesse, alliés au mauvais état des voies routières dont disposent les Nigérians pour les déplacements des marchandises et des personnels. Ces problèmes trouvent leur confirmation dans l'organisation de la distribution des carburants fondée sur un système subventionné par l'Etat. La faiblesse organisationnelle du système de distribution est visible, en particulier dans les parties Est et ouest de la zone pétrolifère, dépourvues des équipements (pipelines, dépôts et stations d'essence) de distribution de carburants, alors qu'il se densifie dans sa partie centrale. Ceci démontre la non-homogénéïté des équipements de la distribution dans le pays. Étant donné que dans la région Est Nigériane le pétrole représente environ 90 % de devises étrangères du pays et plus de 70 % des dépenses budgétaires de l'Etat fédéral, les Etats des autres régions (Ouest et Nord) renforcent continuellement leurs liaisons avec la région. Depuis la tentative de sécession du Biafra et la guerre civile de 1967 à 1970, l'essor de cette région n'a cessé de se renforcer. Grâce à un rayonnement de plus en plus large et au développement d'un tissu de relations, la région détient une situation clef dont elle bénéficie dans son ensemble administratif: son hétérogénéité topographique et ethnique. En effet, en trois décennies, la région a connu un développement considérable dans la construction des équipements en ce qui concerne l'exploitation des gisements, la production et la distribution physique des hydrocarbures. C'est l'importance de l'industrie pétrolière dans la région et pour le pays qui fait que l'efficacité de la distribution constitue le principal point de jonction entre l'organisation spatiale de la productivité industrielle et de services et le niveau de consommation. Les relations entre agents pétroliers 9
ont eu de nombreuses répercussions sur les méthodes de gestions et sur les canaux de distribution des produits pétroliers. Les divergences d'intérêts entre les producteurs, la société nigériane «Nigerian National Petroleum Corporation» (N.N.P.C.) et les compagnies pétrolières de la distribution, dont Total, El£: Texaco, Mobil et Agip (marketing companies) ont produit des conflits, à la fois sur la répartition physique et le choix du mode de la distributi on. Deux critères fondamentaux sont retenus dans ce travail pour différencier les entreprises pétrolières au sens économique du terme, dont l'activité principale est l'achat et la revente en l'état, du prestataire de services ou du producteur (N.N.P.C.) et le distributeur des hydrocarbures (Petroleum Tankers and Dealers). L'évolution de la politique de l'industrie pétrolière, et celle, en aval, de la production (distribution des produits raffmés) sont inséparables de la politique des prix de ces produits (le concept de marketing). La politique de distribution revêt une importance particulière pour les compagnies pétrolières en raison de l'intérêt des choix opérés, car si elle est mal appliquée (comme c'est le cas avec un contrôle trop étroit de l'Etat), elle entraîne des problèmes au niveau des consommateurs. Il est pourtant ftéquent au Nigeria que le coût de la distribution soit supérieur au coût du produit raffiné. Ce qui montre la faiblesse des décisions prises à ce niveau sur l'efficacité de la politique générale de l'industrie de la distribution. Cela signifie que produire ne suffit plus, il faut distribuer efficacement. Le rôle du distributeur au Nigeria doit alors être redéfmi comme celui d'un agent actif de la vente, capable de stimuler et d'orienter la demande mais capable également de faire pression sur l'offre dans un contexte de prix compétitifs. Son intervention (entreprises privées) dans la distribution de produits pétroliers devient de plus en plus déterminante, surtout dans un système de distribution qui nourrit les ventes des carburants sur le marché noir et les activités de contrebande avec les pays voisins. Les activités de contrebande et de marché noir des produits pétroliers provoquent les hausses des indices des coûts socio-économiques sur la population locale, les rémunérations, les coûts des produits et des services étant fortement liés aux prix des carburants à la pompe. Cet indice matérialise la qualité de l'organisation physique de la distribution des produits pétroliers. Grâce à lui, nous avons pu constater l'ampleur de l'impact des pénuries des carburants dans la région Est et sur l'ensemble du pays. S'il s'avère un excellent révélateur de la réalité d'un pays grand producteur de pétrole et membre de l'O.P.E.P., il apparaît, par la même, comme un outil potentiel en aménagement. Ceci passe par l'attractivité spatiale, qui doit découler d'un climat d'investissement étranger plus libéral et moins contrôle par l'Etat. Cela n'est 10
possible qu'après une dénationalisation et une privatisation de l'industrie pétrolière et de celle de la distribution de ces produits. Ce n'est qu'à l'issue de ces études menées conjointement sur l'évolution de l'industrie pétrolière et l'organisation de la distribution que l'on peut esquisser une réponse précise, quant à l'adaptation de l'espace régional aux besoins du développement économique. Ces démarches devraient permettre, en définitive, de maximiser les impacts économiques par une organisation rationnelle de la distribution des carburants.
Il
PREMIERE PARTIE ÉVOLUTION ET IMPACT DU DEVELOPPEMENT L'INDUSTRIE PETROLIERE AU NIGERIA
DE
CHAPITRE 1
LESGRANDESETAPESDU«DECOLLAGE» DE L'INDUSTRIE PETROLIERE
AU NIGERIA
A. Les premières compagnies pétrolières dans la prospection du pétrole Au début du XXe siècle, contrairement aux pratiques coloniales où le pays colonisateur avait le monopole de la gestion du territoire colonisé, les autorités britanniques ont permis aux compagnies allemandes et néerlandaises de s'engager dans la prospection du pétrole parce qu'elles possédaient une technologie assez développée dans ce domaine. 1. La Compagnie Anglo-Néerlandaise « Shell BP» Après l'échec de la première phase de prospection par la compagnie anglo-saxonne - Socony 20 ans se sont écoulés sans une prospection importante. Cependant, en 1937, une compagnie anglo-néerlandaise nommée « Shell-d'Arcy» était autorisée pour une deuxième tentative de prospection du pétrole. Cette compagnie a été autorisée par la loi n017 de 1914 sur l'extraction des minéraux, à faire la prospection sur l'ensemble du territoire nigérian. Les activités de cette compagnie étaient limitées dans le delta du fleuve Niger à une surface de 10 560 km2. La loi d'extraction minière de 1914 a été modifiée en 1925 et en 1950 pour permettre la participation d'autres compagnies à la prospection du pétrole. C'est après la modification de cette loi que d'autres compagnies telles que Agip, Elt: Texaco, Mobil, etc., ont pu participer à la prospection du pétrole au Nigeria. Comme nous l'avons déjà indiqué la 2e guerre mondiale a interrompu la prospection du pétrole au Nigeria. Il a fallu attendre 1951, soit 43 années de prospection sans succès et $45 millions de dollars d'investissements pour creuser un puits de 3 422 mètres de profondeur dans la petite ville d'Ihao située à 16 km au nord de la ville capitale de l'Etat d'Imo « Owerri » dans la région est pour trouver un échantillon du pétrole à Ihao. Un autre puits, creusé dans le village d'Akata un peu plus au sud d'Ihao, a permis la découverte d'une petite quantité de pétrole. Cette découverte a encouragé la « Shell British Petroleum Shell BP » intensifier la prospection sur l'ensemble de la région est du Nigeria. De plus, l'instabilité politique dans les pays du Moyen-Orient après la deuxième guerre mondiale a poussé Shell BP à intensifier encore la prospection dans la région du fleuve Niger. Cette intensification a été jugée nécessaire par les Anglais qui craignaient une interruption de l'approvisionnement en pétrole brut après la création de l'Etat d'Israël.
2. La découverte du pétrole en quantité commercialisable en 1956 En 1953, Shell BP a intensifié les activités de prospection dans le sud-est de la ville d'Owerri plus précisément dans la ville d'Oloibiri. Leur effort de prospection a porté ses fruits quand en 1956 le pétrole a été découvert en quantité commerciale. Par la suite, les activités de prospection se sont intensifiées autour de la ville d'Afam où un puits a fourni du pétrole en quantité commercialisable. Suite à ces découvertes satisfaisantes, Shell BP a décidé de déménager son siège national de Lagos vers la ville de Port Harcourt déjà doté des équipements portuaires pour l'exportation de charbon, d'huile de palme, du coton et de l'arachide. Deux ans avant l'indépendance du Nigeria, Shell BP a commencé l'extraction du pétrole et 5 100 barils par jour «bpj » de pétrole brut extraits du puits ont été exportés pour la première fois en 1958. En 1959, la quantité exportée a doublé. Depuis 1956, la production de pétrole brut n'a pas cessé d'augmenter jusqu'à atteindre une production maximale de 2,44 millions bpj en 1979. Cependant, un an avant l'indépendance du Nigeria le droit de concession à la prospection longtemps demeuré le monopole de la compagnie Shell BP a été révisé. La révision de la loi a ouvert la voie à d'autres compagnies. Le but de cette révision était de rompre le monopole de Shell BP afm de laisser la possibilité à d'autres compagnies d'intervenir et ainsi promouvoir l'expansion de l'industrie pétrolière au Nigeria. En 1961, les nouvelles compagnies participant à la prospection étaient Mobil, Gulf: Agip, Saftap «Elf», Tenneco, Amoeseas «Texaco et Chevron». Les premières découvertes du pétrole en offshore ont été effectuées par GulfOiI à Okon dans l'Etat du Delta en 1964. L'extraction de pétrole en quantité commercialisable était souhaitée mais les résultats peu sûrs. De plus, il fallait assurer une extraction continue et prévoir un système de transport pour l'exportation. Au début, deux problèmes se sont posés inhérents au caractère marécageux du terrain: le premier était de savoir comment apporter les équipements d'extraction pour évacuer les produits, le second de choisir le mode de transport le mieux adapté à un terrain marécageux. Shell BP avait utilisé des bateaux pour l'évacuation du pétrole, mais ce mode de transport n'a pas donné satisfaction parce que les bateaux ne pouvaient pas traverser les marais du delta du fleuve Niger d'autant plus que le régime fluvial changeait chaque saison. D'autre part, le coût de construction d'une route était encore plus élevé, notamment à cause de la densité de la végétation. Afin de surmonter ce problème, Shell BP avait choisi comme mode de transport du pétrole brut le pipeline ou oléoduc. Cependant, il était difficile de transporter les équipements permettant la construction des pipelines des champs de gisements du pétrole jusqu'aux ports d'exportations. 16
Entre 1959 et 1969, la compagnie Shell BP a construit deux ports pour l'exportation du pétrole, l'un à Bonny et l'autre à Forcados. Des canaux de 11,30 mètres de profondeur ont été construits afin de permettre l'accès des bateaux. Les terminaux pouvaient accueillir une capacité totale de 300 000 barils. D'autres tenninaux, ayant chacun une capacité totale de 900 000 barils par jour, ont été récemment construits à Bumtu et Calabar. Aujourd'hui, les terminaux sont dotés d'équipements modernes. Par exemple, le terminal de Bonny situé à 25 km de la côte possède deux quais pour charger et décharger le pétrole dans des bateaux de plus de 320 000 tonnes. De 1956 à 1990, Shell BP a construit environ 5 000 km de pipelines qui relient 80 puits d'extraction aux tenninaux d'exportation. Les principaux pipelines construits dans un terrain difficile sont: Trans-Nigeria, TransForcados, Sola-Bonny, Otumara-Forcados, South Forcados et Alakri-Bonny. Les deux tiers des pipelines de pétrole brut se trouvent dans la région est nigériane. On peut donc constater que malgré un début de prospection difficile dans un terrain marécageux les champs de gisements de pétrole sont aujourd'hui reliés aux tenninaux d'exportation mais il a fallu 40 ans d'investissement pour arriver à ce niveau. B. Modification des lois concernant la prospection après l'indépendance en 1960 Après l'indépendance du pays en 1960, le nouveau gouvernement a fixé les objectifs du développement du Nigeria en le basant sur une industrie pétrolière en pleine croissance. Les autorités nigérianes voulaient d'une part augmenter la production journalière de pétrole à plus de 1 million de barils et d'autre part, augmenter la réserve disponible de 16 milliards de barils à plus de 25 milliards de barils. Afm d'atteindre ces objectifs, l'ordonnance de concession qui donnait de nombreux avantages aux compagnies privées a été modifiée en 1962. La modification de cette loi a pennis aux autorités nigérianes d'appliquer la situation qui existait déjà dans les pays du Golfe: les profits réalisés étaient partagés entre le gouvernement (25%) et les compagnies pétrolières (75 %). La part gouvernementale provenait des taxes « royalties », taxes d'habitation, charges sur les capitaux d'investissements et de déduction faite sur les droits de concession à la propriété de prospection. La modification de cette loi a également pennis l'élargissement du nombre de compagnies impliquées dans la prospection. Cependant, l'application de cette loi a mis en évidence une lacune: les quantités de pétrole exportées étaient détenninées par les compagnies qui pouvaient par conséquent déclarer des quantités moindres de ce qu'elles exportaient. Pour tirer le maximum de bénéfices de la recette provenant de l'exportation du pétrole, le gouvernement a réduit sa cotisation à 17
l'investissement dans la prospection en 1966. En 1967, le gouvernement a élaboré un décret par lequel les compagnies devaient détenniner par avance les prix du pétrole au début de l'année en cours. L'adoption de cette loi a pennis aux responsables du gouvernement de prévoir les recettes provenant des compagnies privées. Il a aussi pennis la prévision des recettes et des dépenses de l'Etat une année à l'avance. En 1968, un autre décret a été promulgué pour soumettre les compagnies privées travaillant au Nigeria aux lois nigérianes. L'une des lois les plus importantes concernant la concession de prospection a été le décret 1969 qui a redéfini le pétrole. Dorénavant, le pétrole et le gaz naturel sont considérés comme deux entités à part entière. Ce décret a aussi réduit la durée de la concession de prospection de plus de 50 ans à un maximum de 20 ans. Il a été prévu la « nigérianisation » des postes dans les compagnies étrangères à 75% pour les cadres supérieurs et 100% pour les autres. Ce décret a également prévu que les compagnies présentent leurs plans de gisement de gaz associé « associated gas » afin de décourager les compagnies à brûler le gaz naturel lors de 1'extraction du pétrole. 1 La période 1960-1971 a représenté un tournant dans l'industrie pétrolière du Nigeria parce que la création de nouvelles lois sur la prospection du pétrole a pennis un contrôle plus strict des compagnies pétrolières par le gouvernement. Il faut noter que cela était déjà en application au Moyen Orient et en Aftique du Nord. On peut constater que l'industrie pétrolière nigériane est passée d'une période d'incertitudes de 1905 à 1960, à une période de grande production, au début de 1970. Nous avons aussi constaté que la prospection a été dominée par Shell BP avant 1962 mais que les décrets de 1962, 1967 et 1969 ont augmenté la part du gouvernement fédéral de 25 % à 30 %. Les autorités nigérianes ont par conséquent réalisé leur objectif de prendre en main le destin de l'industrie pétrolière avant 1972.
c. Politiques récentes des concessions à la prospection 1. Nouvelle politique pétrolière en 1971 Le ministre des ressources pétrolières, Monsieur P. C. Asiodu2 déclarait en 1971 que l'industrie pétrolière était en pleine croissance et qu'un boom n'était pas loin. Pour lui, le pays devait tirer les bénéfices maximums de
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1 Ce gaz associé « associated gas » est un gaz qui se trouve associé au pétrole pendant son extraction du sous-sol. 2 Philip C. Asiodu était le ministre fédéral des ressources pétrolières en 1971; le gouvernement lui avait confié la tâche de formuler une stratégie concernant la participation du gouvernement fédéral dans l'industrie pétrolière. 18
l'industrie pétrolière et dans ce dessein il fallait façonner une nouvelle politique de gestion de la prospection et de la production du pétrole. Les grandes idées de cette politique sont résumées comme suit: - i. Faire davantage participer le gouvernement à la prospection à l'extraction du pétrole, - ii. Faire profiter le Gouvernement au maximum par des recettes provenant de l'exportation de pétrole brut, - iii. Contrôler le commerce des produits pétroliers à l'intérieur du pays, - iVeDévelopper la main-d'œuvre locale afin de maîtriser l'acquisition du savoir-faire de l'extrac~on du pétrole, - v. Développer un programme de construction de raffineries destinées à l'exploitation et à la consommation internes, - vi. Démontrer l'impact de l'industrie pétrolière dans l'économie du pays, - vü. Développer une stratégie d'extraction du gaz naturel, - viii. Faciliter l'achat de camions-citernes. Ces objectifs fixés par l'Etat devaient permettre de contrôler, le mieux possible l'industrie pétrolière du Nigeria. Afin de les atteindre, une commission interministérielle composée des Ministères Fédéraux des Mines et de l'Energie, du Ministère des Finances du Ministère de l'Industrie, du Commerce et du Développement Economique, a été mise en place. En 1971, le contrôle imposé par l'Etat a eu un impact en aval et en amont des usines de raffinages du Nigeria. Cependant, un certain nombre de problèmes purement politiques ont empêché en grande partie l'application de cette politique. Le premier, de ce problème, était le manque de consensus panni les hommes politiques sur la stratégie d'application de cette politique. Par exemple en 1964, trois des quatre gouvernements des quatre régions du Nigeria n'ont pas signé la première version du décret de 1962 sur la prospection du pétrole. Le second problème concernait l'absence d'une politique de prévision des prix du pétrole brut sur le marché international. Comme la préoccupation de l'Etat en 1971 était d'augmenter les recettes des ressources pétrolières, la commission a oublié que même si on est un grand producteur de pétrole, on ne dirige pas pour autant le marché international. Cette commission s'est rendue en Libye et en Algérie pour perfectionner la stratégie de l'intervention de l'Etat dans l'industrie pétrolière. L'application de cette politique d'intervention de l'Etat a commencé par des négociations avec les compagnies privées au Nigeria. Par ailleurs le gouvernement a tenté d'appliquer la même politique de négociations qui était en cours en Iran et en Algérie. C'est d'ailleurs pour cette raison que ces négociations ont été appelées le triangle des négociations de Tripoli, Lagos et Téhéran. Les politiques de négociation de 1971 étaient considérées 19
comme un succès pour ces pays parce qu'entre 1948 et 1971 les prix du pétrole ont été maintenus artificiellement bas. Par exemple, le prix « arabian light» était réduit pendant la 2e gueITe mondiale à $2,08 par baril et en 1960 à $1,80. On peut considérer que cette nouvelle politique a été un succès parce que grâce aux négociations de 1971, les prix du pétrole sur le marché mondial ont augmenté. Bien que ces augmentations de prix devinssent difficiles à supporter pour beaucoup de pays en voie de développement, cette période a coïncidé avec la période dite de « miracle économique de l'Europe de l'Ouest », en particulier en l'Allemagne et au Japon où les prix des produits manufacturiers ont augmenté d'une manière cumulative de 2000/0à 300% . 2. Négociations avec les compagnies multinationales privées Le succès de la nouvelle politique lancé en 1971 a encouragé les autorités nigérianes à négocier avec chaque compagnie sur les pourcentages de participation de l'Etat dans l'extraction des hydrocarbures.
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L La négociation avec SAFRAP ELF France Saftap-Elf qui avait déjà des activités dans les domaines de la prospection et de l'extraction du pétrole dans la région est du Nigeria a été la première compagnie étrangère à céder des intérêts au gouvernement fédéral suite au succès des négociations. Elf s'étant retiré de la région est du Nigeria en 1966 à cause de la guerre, la France désirait revenir et reprendre sa place après la guerre. Elf a donc cédé 35% des intérêts au gouvernement fédéral. Ils devaient atteindre 50% dans le cas où la production atteindrait 400 000 barils. D'autre part, le décret de 1969 a obligé Elf à céder l'ensemble des surfaces de prospection acquises avant la guerre civile et à renégocier les surfaces de prospection après la guerre civile. ii. La négociation
avec Mobil et AGIP-USA
Les négociations avec Elf ont montré aux compagnies américaines que les autorités nigérianes n'étaient pas disposées à faire de cadeaux. Au début de cette négociation, les compagnies américaines ont refusé de céder plus de 30% à l'Etat. Bien qu'Agip ait accepté de céder 33,5% contre 30% en 1971, les autres compagnies américaines ont décidé de se retirer du Nigeria car elles craignaient que les pays du Golfe leur demandent aussi un intérêt de 35%. Mais la guerre Israélo-Arabe de 1973 allait changer les perspectives au Moyen-Orient. En effet, tout de suite après cette guerre, les pays ont augmenté leur taux d'intérêt. Les pays du Golfe ayant imposé un taux de 20
participation plus élevé et le climat politique n'étant plus stable au MoyenOrient, les compagnies américaines sont revenues au Nigeria. iii. La négociation
avec Shell BP
Les négociations avec Shell BP ont été plus longues. Au début la compagnie a refusé de négocier, mais elle a fini par céder 35 % de ses parts en 1971 pour aller progressivement jusqu'à 51 % en Août 1982.
3. Influence de la guerre des pays du Golfe sur les nouvelles négociations Au début des années soixante-dix, la guerre des pays du Golfe a entraîné une crise énergétique qui a rendu caduc les anciens agréments signés avec les compagnies pétrolières. Deux ans après les négociations de 1971, le pays a renégocié avec toutes les compagnies, acquérant ainsi 35% d'intérêts en 1973. Suite aux négociations successives, la société nationale de l'industrie pétrolière, la «Nigerian National Petroleum Corporation NNPC», contrôle 60% des intérêts sous fonne de «joint-ventures ».3 Le Nigeria a bien profité de cette nouvelle politique pétrolière car les recettes provenant des ressources pétrolières ont augmenté de $0,90 par baril en 1962 à plus de $1.65 en 1971. Cependant, la politique pétrolière des pays arabes a influencé les autorités nigérianes qui ont durci leur position lors des négociations. La politique pétrolière internationale ajoué un rôle positif dans l'augmentation de la participation de l'état fédéral dans l'industrie pétrolière. Après plus de quinze années de négociations rigoureuses, en 1985, le gouvernement nigérian a réussi à contrôler les 60% de l'intérêt dans l'industrie pétrolière. Aujourd'hui, les concessions relatives à la prospection et à l'extraction des gisements sont faites sous forme de «joint-venture» dans, lesquelles treize compagnies multinationales participent. Les dépenses d'investissements par «joint-ventures» sont assez importantes «voir le tableau n01 qui montre ces dépenses de 1981 à 1988 ». Tableau n° I.Dépenses de «joint-venture»
1981 à 1988 en millions de dollars
3 Le mot "joint-venture" correspond à un investissement dont deux partenaires fmancent conjointement le projet, les termes des participations de chaque partenaire sont bien précisés.
21
Ces dépenses mettent en évidence le succès des négociations des années 1970. On peut constater que la chute des investissements entre 1983 et 1985, a été suivie d'une hausse en 1986. Malgré les difficultés et une période très longue avant la découverte du pétrole en quantité commercialisable en 1956, Tableau n 2. La part du pétrole du Nigeria Production pétrolière des pays de l'OPEP 1991, en milliards Mai 1992, en millions barils jour de dollars Quota Production 47,8 82 78 1- Arabie Saoudite 15,5 2,24 2,3 2- Emirats Arabes Unis 3,3 15,5 3,18 3- Iran 13,8 2,1 2,15 4- Venezuela 12)5 1 75 18 5- Nigeria 10,1 1,39 1,45 6- Libye 9,0 0,76 0,18 7- Algérie 7,5 1,4 1,37 8- Indonésie 2,8 04 038 9- Qatar 1,7 0,3 0,27 10- Gabon 1,3 0,27 0,3 11- Equateur 0,6 0,8 1,0 12- Koweït 04 05 13- Irak Pays
Source: Marchés tropicaux et méditerranéens n02456. Hebdomadaire de l'Arnque, déco 1992, Paris, p. 15 - 47.
Le Nigeria est aujourd'hui l'un des plus grands producteurs et le Se exportateur mondial « voir les tableaux n° 2 la part du pétrole du Nigeria ». La production du pétrole au Nigeria a été estimée à plus de 1,9 millions de barils par jour et elle peut atteindre 2,5 millions de barils par jour en 1991 si nécessaire. Ce tableau pennet de constater que le Nigeria occupe la 5e place dans la production de pétrole brut de l'OPEP. Concernant le pétrole brut, les pays d'Amérique importent plus de 50% du pétrole nigérian dont plus de 80% pour les USA. L'exportation vers les pays voisins n'est pas aussi importante que celle vers les USA et l'Europe.
D. Les gisements de gaz naturel Bien que le gaz naturel ait été sujet à des débats économiques très important ces dernières années, les autorités nigérianes n'ont pas accordé 22
autant d'importance à l'investissement dans l'extraction du gaz naturel qu'à celui du pétrole; la prospection et la découverte du pétrole en 1952 ayant pennis la découverte conjointe du gaz naturel. Tableau n° 3. La production et J'utilisation du gaz en milliard de mètres cube
Année 1985 1986 1987 1988 1989 1990 Total
Réserve 1340 2400 2407 2600 2600 2600
Production Ré-iniection 18,5 1,12 18,7 1,52 17,1 1,42 20,2 1~80 25,1 1,98 27,5 2,24 127,1 10,08
Commercialisé 1,9 2,5 2~8 3,2 3,6 3,3 17,3
Brûlé 1,9 2,5 2,8 3~2 3,6 3,3 17,3
Total 16,84 13,98 13,98 12,28 18,74 21,18 97,20
Source: Chiffres extraits du bulletin, « Statistics LNG, Limited », 1991, et du rapport annuel de CBN, Lagos Nigeria, déco 1991, p. 18.
Pour l'extraction du gaz naturel, il faut des équipements spéciaux, mais ces équipements sont considérés comme trop pour tirer des profits appréciables. Par conséquent la plupart des gaz associés au pétrole sont brûlés faute d'usines permettant leur traitement. Le tableau n° 3 montre les réserves de gaz, et les quantités produites, brûlées, commercialisées et « réinjectées » dans le sous-sol. Ce tableau montre qu'une grande partie du gaz produit est brûlée autant que la quantité commercialisée. Les autorités nigérianes comptaient sur la construction d'une usine de gaz liquéfié pour utiliser le gaz brûlé. Cependant, depuis la prévision d'une usine en 1973 pour résoudre ce problème, le projet n'a toujours pas été réalisé dans sa totalité faute de financement. Afin de répondre au problème de brûlage du gaz naturel, le gouvernement fédéral a créé en 1988 la compagnie nationale du gaz «Nigerian Gas Compagny». Le but de cette création était de gérer la production, la distribution et la commercialisation du gaz naturel. Bien que cette compagnie soit encore trop nouvelle pour juger de ses performances, 1000 km de pipelines ont déjà été consacrés au transport du gaz. Cependant, l'extraction de gaz est loin d'avoir atteint le but fixé au moment de sa création parce que son coût est très élevé et que le marché du gaz n'est pas assez grand. De plus, le nouveau projet de liquéfaction du gaz «Nigerian Liquified Petroleum Gaz Compagny LNPG» est loin d'être réalisé par manque de moyens financiers.
23
1. Le marché du gaz naturel au Nigeria Le marché du gaz naturel est principalement limité aux consommations industrielles et aux centrales thermiques de production d'électricité. Le plus grand consommateur de gaz au Nigeria est l'organisation nationale de l'énergie électrique, ou «Nigerian National Power Authority NEP A » (voir tableau n° 4 sur les principaux consommateurs du gaz naturel nigérian). Tableau n04. Les principaux consommateurs de gaz naturel au Nigeria Consommateurs
Source:
The Nigeria's Oil Industry:
A Review, Napetcor,
July
- Sept.,
Lagos, 1982, p. 8.
Dans ce tableau, on constate que les centrales thermiques de NEP A constituent les principaux consommateurs de gaz. Elles consomment à elles seules 690 mcfcl, ce qui correspond à 60% de la consommation totale de 1155 mcfd. 2. Le projet national de gaz liquéfié Ce projet a été élaboré en 1982 pour interdire aux compagnies de brûler le gaz associé à l'extraction du pétrole. Le complexe national de gaz liquéfié « Liquified Natural Gas LNG» est considéré par certains experts comme Ie principal moyen de revaloriser le gaz naturel et par conséquent d'atténuer la dépendance vis-à-vis du pétrole brut. Cependant, ce projet est soumis au problème du financement: en 1989 le coût estimé à $2.5 milliards à dû être revalorisé à $4.5 milliards en 1995. Les principaux partenaires des «joint-ventures» de ce projet sont Shell BP 24%, Elf 15%, Agip 10% et le gouvernement fédéral 51%. Bien que ce 24
projet semble très important pour le pays, il est loin d'être réalisé par manque de moyens financiers et de débouchés pour les produits après l'installation de l'usine. Cependant, certains experts disent qu'il existe des marchés potentiels dans les pays voisins du Nigeria, en Europe, aux USA, au Canada et dans les pays de l'Asie. Malgré les débouchés potentiels, la situation géographique du Nigeria en Afrique de l'ouest limite les possibilités d'accès à ces marchés très lointains. Par contre le Mexique, le Venezuela, l'Algérie, la Libye, la Russie et les pays du Moyen-Orient sont mieux situés sur les marchés du gaz dans le monde. Cependant, le désavantage créé par la situation géographique du Nigeria n'a pas découragé les autorités nigérianes qui sont prêtes à renégocier avec Elf: Shell BP et Agip sur les taux de participation de l'Etat. Ces compagnies veulent diminuer la part de l'Etat de 51% d'intérêt à 39% D'autre part, les compagnies de «joint-venture» ne sont pas d'accord sur le type de complexe technologique à mettre en place pour l'usine de LNG. La « réinjection
» de gaz associé au sous-sol
Nous avons vu que le principal problème de l'extraction de gaz naturel est son brûlage au cours de l'extraction de pétrole brut. Afin d'arrêter ce gaspillage de gaz, le décret de 1979 «act ». 99 a obligé les compagnies pétrolières à proposer des méthodes d'utilisation et de « ré injection» du gaz naturel dans le sous-sol. Ce décret précisait la somme à payer en cas de délits commis par les compagnies. La loi a également prévu l'annulation du droit de concession à la prospection en cas de délit. Comme la taxe en cas de délit n'était que de 0,02 par « million second cubic feet mscf », la loi de 1979, insuffisamment sévère, n'a pas empêché les délits. Seule la compagnie Agip a payé une contravention sur leurs puits d'Obiafu-Obrikom. L'augmentation de la taxe à 0,90 par «mscf» en 1990, n'a pas pour autant résolu le problème. En général, le gaz est brûlé au cours des productions de pétrole parce que les compagnies préfèrent payer des taxes plutôt que d'investir dans l'extraction du gaz naturel, le coût de l'extraction étant plus élevé que les pénalités encourues en cas de délits. Plus de 80 puits de pétrole brûlent systématiquement le gaz associé. La loi de 1990 a seulement réussi à baisser la production du gaz naturel mais pas le brûlage.
-
E. Les gisements de pétrole et les communautés des zones pétrolifères Le Nigeria a sans doute profité des recettes provenant des ressources pétrolières depuis sa découverte en 1956, sans incidents majeurs avec les communautés des zones pétrolifères. Cependant, depuis 1980, certaines 25
communautés comme Ojobo-town, Oloibiri et les habitants d'Ogoni etc. ont ouvertement exprimé leur mécontentement vis-à-vis de la pollution de leur environnement par les activités de gisement de pétrole. Sur ce problème lkein Augustine (1990) dans son livre sur l'impact du pétrole au Nigeria a constaté que: ''L'extraction de pétrole a eu des impacts négatifs sur les habitants des zones pétrolifères". Il a également constaté que "entre 1976 et 1980 il Y a eu 784 accidents de rupture de conduites (oil spills), "
Ou de déversement de pétrole soit une perte de 1 336 876 barils de pétrole brut. En 1981, il Y a eu 233 accidents de « oil spills », soit 22 840 barils qui ont pollué l'environnement. D'autre part, Ezioma Chike (1983) a aussi constaté qu'entre 1968 et 1981, il Y a eu 1581 « oils spills », soit 124 « spills» par an ou 48 493 barils par an. Ces recherches ont montré que 79% des accidents ont lieu dans la région est et 21% dans l'Etat du Delta et d'Edo. Depuis 1990, les communautés riveraines du delta du Niger et des côtes de Cross River ont signalé la dégradation de leur environnement et accusent les compagnies pétrolières d'être à l'origine de cette pollution. Elles protestent contre la pollution de leurs terres agricoles et des zones aquatiques disponibles pour la pêche. La compensation contre la pollution des zones pétrolifères du Nigeria est mal gérée par rapport à ce qui se passe au Venezuela et au Mexique où les dégâts causés à l'environnement sont calculés et les habitants indemnisés. Même la loi antipollution, le « Petroleum Act. n° 51 section 25 », est inefficace devant la dégradation des zones de gisement de pétrole et de gaz naturel. Cette loi n'aborde pas la question des compensations. Cela explique pourquoi les communautés sont de plus en plus en colère contre les compagnies pétrolières. Par exemple Shell BP et Elf ont subi des pertes d'équipements pétroliers détruits par les habitants des communautés des zones concernées en 1944. Pour apaiser le mécontentement des habitants des zones pétrolifères, les compagnies multinationales ont construit des écoles, des routes et des réseaux d'eau potable et offert des bourses aux citoyens de la région pour effectuer des études secondaires et supérieures. D'autre part, en récompense des efforts consentis par les compagnies concernant l'amélioration de la qualité de vie des habitants, le gouvernement fédéral a, en 1989, créé un organisme chargé de l'aménagement des zones pétroliÎeres, « 1'00 and Mineral Producing Area Development Commission OMPADEC ». 26
F. Aperçu sur l'histoire de la distribution:
la Royal Niger Company
La première compagnie européenne à s'engager dans des activités commerciales au Nigeria fut la «Royal Niger Company». Cette compagnie appartenait à M. Taubman Georges Goldie. Afin de consolider les gains des territoires acquis, les autorités britanniques ont confié l'administration de leurs territoires à la tutelle de la «Royal Niger Company RNC». Cette compagnie a profité de l'expansion des protectorats britanniques pour élargir ses activités commerciales et vendre le pétrole lampant au Nigeria. La « Royal Niger Company» achetait du coton, de l'huile de palme, du cacao et vendait du sel, des produits textiles et des allumettes. Les centres commerciaux sont situés sur la côte et le long de la rivière Niger d'où la compagnie a tiré son nom. Les principales villes commerciales étaient Onitsha, Asaba et Calabar dans la région est du Nigeria, Akassa et Lokoja sur le fleuve Niger, Lagos, Ibadan et Ilorin sur la partie ouest du Nigeria (voir la carte n01 de l'influence coloniale sur les commerces au Nigeria). Les territoires commerciaux ont été acquis suite à la signature de traités avec les chefs traditionnels d'Onitsha, en 1879, d'Asaba en 1882, d'Idah et d'Aboh en 1883. Ces traités ont assuré la sécurité des commerçants dans chacun de ces territoires. D'ailleurs, Omolewa (1986) a indiqué que ces types de traités étaient signés en Inde par la« British East Indian Company BEIC» et en Aftique du Sud par la « British South Amcan Company BSAC » pour la gestion administrative et commerciale de leurs territoires au XVIIe siècle.
La « Royal Niger Company» a signé des traités commerciaux avec les chefs traditionnels de Gbebe, Lokoja, Egga, Shanga. Après ces traités, la RNC a formé une union avec trois autres compagnies sous le nom de «United Amcan Compagny UAC»4 avec une somme de £1 000 000. Cette somme importante a permis à l'UAC d'obtenir le monopole des commerces de la distribution des produits manufacturés jusqu'à aujourd'hui. Même si la RNCIUAC n'a pas été directement impliquée dans le commerce des carburants, des produits pétroliers étaient vendus dans ses locaux. D'ailleurs, l'ouverture de centres commerciaux par la RNC a encouragé par la suite la compagnie pétrolière « Socony Vacuum» à introduire et à vendre le « sunflower» pétrole lampant au Nigeria en 1886. 1. La création des « Commodity Marketing Boards» Au moment de la colonisation du Nigeria, le commerce était centré sur la production de produits agricoles comme l'arachide, le cacao, l'huile de 4 VAC « RNC)} est aujourd'hui la plus grande compagnie commerciale privée dans la distribution et le commerce au Nigeria. Elle existe depuis le 1ge siècle. 27
palme, destinés aux industries européennes. Dans les années 1950, les autorités
Carte n° 1. L'influence coloniale sur les commerces
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Source: Michael Omolewa : A Certificate History of Nigeria, Longman Group, Ltd, 1986, p. 148.
Britanniques ont créé des commissions chargées du commerce de produits agricoles, «Comodity Marketing Boards» pour le coton, l'arachide, l'huile de palme et le caoutchouc dans les trois régions du Nigeria. L'amélioration des systèmes de transports ferroviaires était nécessaire pour l'exportation de ces produits en Europe. Les voies ferrées et routières construites pour l'évacuation des produits agricoles étaient également utilisées pour le transport des produits pétrolierso Entre 1900 et 1960 les supennarchés tels que Kingways, Challarams, Leventis Stores, SCOA, PZ, 28
General British Overseas « GBO », Kaycee, ont utilisé des tonneaux pour vendre le pétrole lampant « sunflower ».
2. L'introduction
,
des produits pétroliers
au Nigeria
Bien que le «sunflower» ait été introduit au Nigeria avant 1900, la cOlnmercialisation des autres produits pétroliers a commencé en 1907 quand les autorités britanniques ont signé des traités commerciaux par l'intelmédiaire dtune compagnie cOlmnerciale la « Royal Niger Company». Cependant, la prelnière cOlnpagnie ayant établi fonnellement un commerce des produits pétroliers était la compagnie multinationale « Socony Vacuum (Mobil Oil) ». Cette compagnie importait le « sunflower» en tonneaux avec un systèlne de pompage « Corn-Thorn Baril Pumps ». Ces tonneaux étaient vendus en petites quantités dans les supelmarchés de DAC, Gottchalk, GBO et John Holts. Avant 1907, la vente du «sunflower» était limitée aux grandes villes où le produit était utilisé pour éclairer les maisons. En zone rurale, l' éclair~ge des maisons était effectué par de I'huile de palme et celiains bois spéciaux. Parallèlelnent à la vente du «sunflower» par la compagnie Socony Vacuum, les petits commerçants importaient le « sunflower» en tonneaux pour le revendre aux consommateurs dans les endroits où il n'existait pas de voies routières ou feITées. a. Le commerce du «sunflower»
(pétrole lampant) par contrat
Comme l'usage des produits pétroliers n'étffit pas très répandu dans le pays avant 1907, les compagnies n'ont pas voulu venir s'installer directement au Nigeria. Par contre le « sunflower» était vendu par l'intennédiaire des connnerçants. Cependant, en 1907, une compagnie américaine a franchi le pas et débuté le commerce de sunflower au Nigeria. Malgré la volonté de cette compagnie de vendre le sunflower, les directeurs de cette compagnie n'ont pas voulu prendre trop de risques d'investissements dans les équipements concernant la distribution au Nigeria. Ils ont donc vendu leurs patis par l'intelmédiaire de commerçants déjà installés dans le pays avec lesquels ils ont établi un système de commerce par contrat «Associated Contract Agency Agreement ». Les termes de ce contrat ont posé comme condition que rintermédiaire déjà installé au Nigeria devait représenter la compagnie et prît la responsabilité de distribuer et de vendre les produits pétroliers appartenant à cette compagnie. L'intennédiaire prenait un certain pourcentage, la recette dépendant bien évidelmnent de la quantité de produits vendus. Ce type de contrat a pennis aux compagnies pétrolières étrangères de vendre leurs produits sans risques 29
d'investissements financiers. Ce système de contrat a été copié par d'autres compagnies pétrolières étrangères et a, par conséquent, permis aux commerçants nigérians de mettre le pétrole lampant à la disposition des consommateurs urbains. D'ailleurs, ce système de commerce de pétrole lampant a été le moyen le plus efficace de mettre à la disposition des consommateurs des produits pétroliers dans plusieurs pays d'Afrique de l'ouest. En 1920, la compagnie Mobil a été encouragée à utiliser cette méthode de commerce de sunflower « pétrole lampant ». Le nombre de compagnies pétrolières qui utilise cette méthode de distribution et de commercialisation de « sunflower» est passé de quatre en 1927 à six en 1955. Le problème issu de cette méthode était lié au fait que les commerçants n'étaient pas des spécialistes du commerce des produits pétroliers et ne pouvaient donc pas donner de conseils professionnels sur l'utilisation de ces produits. Mais quand les besoins de ces produits ont augmenté au Nigeria en 1919, les compagnies ont senti la nécessité d'envoyer des professionnels pour résoudre les problèmes techniques provenant de l'utilisation des carburants. C'est en 1920 que les personnels qualifiés dans le domaine du commerce pétrolier sont venus travailler en pennanence au Nigeria. b. L'ouverture des sièges des compagnies pétrolières au Nigeria L'établissement des centres de commerce pétroliers dans les grandes villes était dû à l'expansion rapide de ces dernières qui représentaient plus de 90% des besoins avant 1953. Par exemple, la ville de Lagos qui comptait moins de 50 000 habitants en 1950 est passée à 200 000 habitants en 1960. La ville de Kano qui comptait 48 000 habitants en 1921 est passée à 130 000 habitants en 1953. Pour répondre au besoin en produits pétroliers dans les villes en pleine croissance, Shell BP et Mobil ont alors établi des sièges dans les villes de Lagos, Kano et Port Harcourt. L'installation de ces bureaux a facilité la consultation des personnels des compagnies et a permis la gestion directe des problèmes techniques de distribution et de commerce des carburants ainsi que l'amélioration de la connaissance des marchés de produits pétroliers au Nigeria. c. L'organisation des commerces de gasoil La croissance de la demande en carburant dans les années 1920 a encouragé les compagnies à changer leur méthode d'importation. Du fait de la croissance de la consommation, les compagnies ont constaté qu'il était beaucoup plus profitable d'importer le gasoil en grosses quantités, c'est-àdire non plus en tonneaux provenant des USA mais en "tanks", à partir des 30
Pays-Bas et des îles des Antilles avant de les mettre en tonneaux au Nigeria. Dès 1921, environ 20.000 tonnes de gasoil étaient importées annuellement. En 1930 l'importation de gasoil s'est organisée pour ouvrir un deuxième tenninal d'importation des carburants dans la ville de Port Harcourt, mais il a été rapidement fermé par manque de personnes qualifiées. Ces importations étaient effectuées par une compagnie et les autres compagnies venaient récupérer leurs produits à Lagos ou à Port Harcourt. Entre 1930 et 1940, les tenninaux des ports de Lagos et de Port Harcourt étaient utilisés pour la formation des techniciens et des personnels administratifs pour la gestion de la distribution et du commerce des produits pétroliers. Cette pratique perdura après la deuxième guerre mondiale. Entre 1950 et 1955, on pouvait commander de grandes quantités de carburants à partir des ports de Lagos et de Port Harcourt et des grandes villes de Kano, Kaduna, Zaria et Jos-Bukuru. d. L'ouverture
de dépôts pétroliers privés
En 1945, les compagnies ont décidé de construire un dépôt de stockage au Nigeria, les besoins en carburant de la région devaient dépasser 7 000 tonnes par an dans le nord du Nigeria et être supérieur à 10 000 tonnes par an dans le s.u.d. Ces calculs étaient effectués en fonction de la distance de cette région par rapport aux ports d'importation: Lagos et Port Harcourt. L'ouverture des sièges des compagnies pétrolières a eu pour effet l'augmentation de la consommation des produits pétroliers entre 1947 et 1957. Le graphique nOl montre la croissance de la consommation des carburants entre 1931 et 1957. Dans ce graphique, on peut constater que la consommation de produits pétroliers a été multipliée par 12,5 en 26 ans. Cette croissance de la demande en carburants a encouragé les compagnies pétrolières à construire des dépôts de stockage en 1955 dans les villes de Lagos, Kano, Bukuru, Zaria, Maiduguri, etc. En effet, entre 1940 et 1948, le premier pipeline de produits pétroliers de 3 km a été construit entre le tenninus de chemin de fer et l'aéroport international de la ville de Kano. 3. Le commerce des produits pétroliers de 1950 à 1965
Avant 1952, l'ensemble de la consommation de carburants au Nigeria ne dépassait pas 190 800 tonnes par an. Cependant, cinq ans plus tard, la consommation avait doublé, soit environ 400 000 tonnes par an en 1958. Cette croissance a encouragé Shell BP, Mobil, Texaco et Total à construire des dépôts dans les grandes villes situées sur les grands axes ferroviaires et routiers. Voir la carte na 2. Cette carte illustre le fait qu'en 1968, il y avait deux dépôts «multiproduits» à Kaduna et Kafanchan dans la région nord, et neuf installations 31
d'un seul produit. Dans la région est, produits» dans la ville d'Onitsha et deux région ouest, la ville de Lagos avait cinq plus des dépôts d'un seul produit à Sapele,
il y avait deux dépôts «multiinstallations d'un produit. Dans la installations «multi-produits » en Ibadan, Lokoja et Oshogbo.
Graphique n° 1. Consommation des produits pétroliers Quantité en milliers
tonn
ttttttonne
391.400
de tonnes
3
350 190.800
300 200 80.100
150 100 50
46.500 31.100
I
I
1931 1937 1947 1952 1957 Source: Alexander Malamide. «Geography of Nigerian Petroleum, Industry, 1968. Economie Geography, vol. 44, n01 ». Notes; Chiffres calculés à partir des données statistiques d'Alexander Malamide.
Encouragées par la croissance de la consommation en 1960 et par le nombre suffisant de clients, Shell BP, Texaco, Total et Mobil ont estimé inutile d'organiser le commerce par contrat et n'ont alors pas tardé à rompre leurs obligations de commercialiser des carburants de cette façon. Au vu de la croissance du marché des carburants depuis 1960, d'autres compagnies étrangères, c'est-à-dire Elf: Esso, Agip, Unipétrole, ont décidé d'entrer dans la distribution et le commerce des produits pétroliers au Nigeria. Cette croissance est expliquée par deux principales raisons. La première raison vient du fait que le pays venait d'acquérir son indépendance et cela s'est traduit par la liberté d'importer des automobiles dont le taux est passé de 9, 8% en 1960 à plus de 18% en 1963. La deuxième raison vient de l'ouverture de la première raffinerie de Port Harcourt avec une capacité de production de 30 000 barils par jour en 1965. a. Flux des produits pétroliers en 1960 La distribution des carburants s'est améliorée avec la progression de la construction des voies ferrées et routières. La construction de chemins de 32
voies de fer au Nigeria a commencé en 1898. Avec plus de 1800 km de lignes en 1936 36% des produits pétroliers, soit 46500 tonnes de carburants, étaient transportées par voies ferrées. En 1937, le chemin de fer desservait les villes de Lokoja, Ilorin, Enugu et Makurdi et par conséquent, les produits pétroliers étaient facilement distribués dans le pays. Pour ce qui concerne les voies routières durant cette même période, plus de 3000 km de routes étaient construits et 41% des produits transportés, notamment sur les principaux axes routiers de Lagos-Ibadan-Ilorin, et de Port Harcourt-Aba-Enugu dans la région est. En 1980, les principaux ports d'importation des carburants étaient toujours les villes de Port Harcourt et de Lagos. La carte n° 3 montre les flux de produits pétroliers sur le territoire nigérian. Elle illustre l'importance des deux principales villes dans les importations et les distributions des produits pétroliers au Nigeria et les principaux axes de ces flux sont Port Harcourt et Lagos. Les flux considérés étaient ceux qui sont obtenus avant l'ouverture de la raffinerie de Port Harcourt en 1965. b. La répartition régionale des stations de gasoil en 1964
Malgré l'amélioration des voies felTées et routières, il existait toujours en 1964 une disparité entre les villes, les zones rurales et les centres régionaux. Le tableau n° 5, A et B montre ces disparités.
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Source: Auteur 1999
Tableau n° 5 A & B. Répartition des stations de gasoil par région en 1964 5A : Répartition villes / cam pa2nes Nombre de stations de gasoil Régions Milieu urbain Milieu % 0/0 rural 1. Lagos et région sud- 450 75 150 25 ouest 71,4 2. Région sud-est et 250 100 28,6 centre 76,7 3. Région nord 230 23,3 70 TOTAL 930 74~1 320 256
Total 600 350 300 1250
5B : DeIsparItes ré210na Ies d es stations d e 2asOle.
Régions
Milieu urbain
%
1. Lagos et région sudouest 2. Région sud-est et centre 3. Région nord TOTAL
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%
Total
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26,9
100
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230 930
24,7 100
70 320
21,8 100
26 ~23% 100
Source: Alexander Malamide, Geography of Nigeria, Petroleum Industry, 1968, Economic Geography, vol. 44, nOl,jan. 1968. 34
La partie 5A de ce tableau montre que les compagnies préféraient s'installer dans les villes plutôt que dans les zones rurales pour capter le plus de clients. Dans la région Lagos/sud-ouest 25% des stations services étaient en zones rurales contre 75% dans les villes, soit plus de 300 stations. Seule la région Sud-Est-Centre montrait un chiffie légèrement supérieur avec 28,6% des stations en milieu rural contre 71,4% en villes. Les disparités entre les régions sont assez importantes. On constate que la région sud-ouest représentait 48,4% de stations en villes contre 26,9% et 24,7% pour les régions Sud-Est-Centre et nord respectivement. Pour ce qui concerne le milieu rural, la disparité entre les régions est également évidente car la région Lagos/sud-ouest avait 46,9% des stations, les régions Sud-EstCentre et Nord avaient respectivement 31,3% et 21,8%. Si on compare les stations-service des régions sud avec celles de la région nord, on voit que l'ensemble de la région sud représente 73,77% des stations de gasoil contre 26,23% dans la région nord en 1964. Cette analyse nous montre que les disparités villes-campagnes et interrégionales datent depuis 1960, quand les compagnies préféraient s'installer au sud plutôt qu'au nord du fait de la proximité des consommateurs dans les villes d'importation des carburants. Les compagnies pétrolières avaient moins de difficultés à acquérir des terrains au nord qu'au sud du Nigeria, par conséquent, en 1968, le nombre de stations-service au nord du Nigeria a augmenté rapidement. Les stations-service étaient construites par les compagnies et puis louées à la personne qui avait vendu le terrain. Mais cela n'a pas été le cas partout. En 1965, il n'y avait plus de commerce de carburant par contrat. La distribution était effectuée directement par les compagnies sans l'intervention de l'Etat. Il y avait donc une compétition pour gagner le plus de clients. La compétition entre les compagnies a créé un nouvel espace géographique pour le commerce des produits pétroliers et une stabilité des prix. Les compagnies pétrolières fixaient les prix des produits pétroliers en fonction des coûts d'importation et de la distance du lieu de vente des produits par rapport au port d'importation. Cela était d'ailleurs pratiqué dans d'autres pays du monde. Le marché des carburants était très compétitif et la distribution et le commerce des carburants ne suivaient plus les limites des frontières administratives et politiques du Nigeria, mais plutôt des villes ayant des influences régionales et disposant de dépôts de stockage «voir la carte n04 des centres de gestion et de distribution des produits pétroliers en 1965 ».5 5 Dans la région nord, le gouvernement enregistre le nom des personnes qui possède du terrain à vendre pour la construction des stations-service. La compagnie pétrolière loue alors la station à l'ancien propriétaire. Tandis qu'au sud, les compagnies doivent passer par le propriétaire du terrain et par le gouvernement pour le permis de construire dont la durée de permis était de 20 ans.
35
On peut constater que cette carte ne correspond pas à la théorie spatiale de localisations de Lôsch6, parce qu'il y a l'absence d'un pôle régional dans la ceinture médiane du pays « middle belt ». Elle illustre le fait que ces zones d'influence commerciale ne suivaient pas les fTontières administratives et politiques parce que à partir des dépôts du Nigeria les compagnies exportaient des carburants au Niger, au Cameroun et au Tchad. Carte n° 4. Centres de gestion et de distribution des produits en 1965 ""'~~:;:::':~''--
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Source: Alexander Malamide, article in geography of Nigeria petroleum industry, 1968, Eonomic Geography, vol. 44, nOl,janv. 1966.
c. Commerces trans/rontaliers
des produits pétroliers
Le commerce des produits pétroliers avec les pays limitrophes ne date pas d'aujourd'hui. L'amélioration des transports routiers, ferroviaires, fluviaux et le nouveau développement des ports de Lagos et de Port Harcourt, adapté à l'importation des produits pétroliers, a favorisé ces échanges commerciaux. De plus, les systèmes de transport étaient plus développés au Nigeria que dans les pays voisins. Le Nigeria disposait également de dépôts de stockage 6 A.LOSCH, L'économie de localisation, Yale University Press, 1954, pp.124-138 36
N
contrairement aux villes des pays voisins. La combinaison de ces conditions a incité l'exportation des carburants du Nigeria vers les pays limitrophes. Par exemple en 1964, le dépôt de Kaduna desservait le nord du Nigeria et la partie sud-ouest de la république du Niger. Le Tchad s'approvisionnait en produits pétroliers à partir des dépôts de Jos. Le dépôt de Kano desservait les provinces de Kano, et une grande partie de la république du Niger. Les dépôts de Lokoja desservaient la région nord du Cameroun. Les ports de Port Harcourt et de Lagos exportaient du gasoil respectivement au sud du Cameroun et au Bénin « Dahomey». Les voies fluviales internes du Niger et de la Bénoué étaient utilisées pour transporter les carburants à l'intérieur du pays. Cependant, la variation saisonnière du régime fluvial posait des problèmes. Dans le port intérieur de Lokoja, les carburants étaient transportés par bateaux en mois de novembre, et de mars à juillet avant de les transporter à Garoua au Cameroun pendant le mois d'août et la deuxième semaine du mois de septembre lors des saisons de pluies. Environ 20 000 tonnes de gasoil étaient transportées annuellement sur la rivière Bénoué. En 1964, les exportations vers le Cameroun et le Bénin ont été arrêtées parce que ces pays ont construit leurs propres ports et leurs tenninaux d'importation directe de l'étranger. Mais il faut noter que dans les années 1980 et 1990 les commerces frontaliers ont pris une dimension clandestine « contrebande ». d. L'influence de la première raffinerie du Nigeria sur la distribution des carburants La découverte du pétrole en quantité commercialisable, l'amélioration des transports routiers et ferroviaires avec une consommation interne supérieure à 670 000 tonnes en 1960 ont encouragé les autorités nigérianes à construire une raffinerie au Nigeria. D'une part, elles voulaient assurer la disponibilité pour les consommateurs des produits raffmés sur l'ensemble du territoire nigérian et d'autre part, elles voulaient continuer l'exportation des carburants vers les pays voisins. Avant la construction de l'usine, deux questions importantes se sont posées. D'une part, où situer l'usine: dans la ville du Port Harcourt ou de Lagos? D'autre part, quels types de pétroles bruts fallait-il raffiner dans cette usine? Cette dernière question s'est posée parce que le pétrole du Nigeria, très gras « waxy », nécessitait une usine de raftmage spécialisée. Après de nombreuses réflexions, la ville de Port Harcourt a été choisie pour la localisation de cette raffinerie. La question de la production des produits raffinés a été confiée à Shell BP et Texaco. L'ouverture de l'usine de Port Harcourt a transformé la chaîne de distribution des carburants au Nigeria. Les trains étaient utilisés pour 37
transporter les produits raffinés à partir de la ville de Port Harcourt via Enugu, Makurdi, Kafanchan et Kano sur la partie est du pays. Environ 300 wagons qui étaient sur l'axe Lagos Nord ont été transférés sur l'axe de Port Harcourt pour faciliter le transport des carburants raffmés. Les locomotives à vapeur qui étaient sur l'axe Lagos-Ibadan, Ilorin ont été transférées sur l'axe Port Harcourt-Enugu-Makurdi-Kafanchan. Par conséquent, plus de 750/0des trains ont été mobilisés pour transporter les produits pétroliers. L'aménagement du mode de transport a donc considérablement amélioré les flux des carburants dans les principales villes. Les trains étaient utilisés pour transporter les produits pétroliers entre 1960 et 1970. Malgré l'importance stratégique de ce type de transport dans la distribution des carburants, la plupart de ces équipements ne sont plus aujourd'hui en bon état de fonctionnement, d'une part, à cause du manque d'entretien de ce moyen de transport et d'autre part, parce que les autorités nigérianes pensent que le transport des carburants par pipelines est préférable à celui du chemin de fer. Après l'ouverture de l'usine de Port Harcourt en 1965, les flux des produits transportés ont été modifiés « voir les cartes n° 5 de la distribution des carburants en 1965». La carte de 1965 illustre le changement de direction des flux des carburants après l'ouverture de la raffinerie dans la ville de Port Harcourt. Après l'ouverture de cette usine, la ville de Port Harcourt a pris la première place dans la distribution des carburants; soit 1 310 000 barils en 1965 contre 520 000 barils à la ville de Lagos. Depuis 1965, la ville de Port Harcourt est devenue le port principal à la fois de distribution interne et d'exportation des produits pétroliers à partir du Nigeria.
4. Critères ayant servi à l'élaboration des prix des produits pétroliers avant l'intervention de l'état en 1973
a. Prix en fonction des coûts d'importation « import parity price» Avant 1970, plus de 50% des produits pétroliers étaient importés. Le principal critère considéré alors pour fixer les prix des carburants était les coûts totaux dépensés pour l'importation des produits dans le port de Lagos. Ce coût était appelé «Lagos Landed Cost Price LLCP ». En fonction du LLCP, un prix de parité d'importation «Import Priority Price IPP» des carburants était fixé à Lagos. Le IPP était déterminé selon les facteurs de coûts suivants:
38
i. Coûts des produits des coûts était détenniné les quantités augmentent, ii. Coûts d'assurance: des produits;
importés par tonnes: dans ce cas un pourcentage par quantité de produits importés en tonnes. Quand le pourcentage augmente, mais plus faiblement; ce coût correspond à la part couvrant l'importation
Carte n° 5. Flux des produits pétroliers après la construction de la le raffinerie de Port Harcourt en 1965
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Source: Alexander Malamide, article in geography of Nigeria petroleum industry, 1968, Economic Geography vol. 44, n° 1 Jan. 1966.
iii. Coûts du poids (tonne) : ce coût était calculé en fonction des ftais portuaires et en fonction du poids des produits importés; iVe Coûts des pertes de produits par l'évaporation: la quantité des produits perdus par évaporation lors de l'importation était calculée et un pourcentage ajouté au prix des carburants à la pompe; v. Taxes portuaires: la taxe imposée par l'Agence des Ports Nationaux était prise en compte dans la détennination des prix des produits pétroliers; 39
vi. Coûts fonciers: ce coût est une sorte de taxe d'habitation que les compagnies pétrolières versent à l'Etat chaque année; vii. Marketing marginal: c'est le coût marginal des commerces qui est calculé en fonction de divers critères détenninés par les commerçants. viii. «Handling cost»: ce coût concerne les équipements de fonctionnement; ix. Coût du transport: ce coût très important dans le montant des produits pétroliers, était calculé en fonction de la distance parcourue entre les ports d'importation «Lagos, Port Harcourt» et les stations de consommation; x. Taux de profit «profit margin» : ce profit était calculé en fonction des 9 critères précédents plus un certain pourcentage déterminé par les compagnies. Les prix des carburants à la pompe étaient donc fixés en fonction de ces critères de calcul. Malgré ces critères, les prix des carburants variaient d'une région à une autre. La carte n06 montre les barèmes des prix de gasoil en 1965. Les courbes de niveau des prix illustrent la répartition géographique des prix des carburants avant l'introduction de prix uniformes en 1973. Les prix étaient moins élevés près des voies ferrées dans la région nord grâce aux équipements des transports. b. Prix des carburants après l'ouverture des raffineries de Port Harcourt Après l'ouverture des raffineries de Port Harcourt, les critères définissant les prix par parité d'importation (import parity price) ont été modifiés. Afm de stabiliser les prix, le gouvernement et la Shell BP ont décidé que les prix des carburants importés de l'étranger ne devraient pas être supérieurs aux prix des carburants provenant de la ville de Port Harcourt. Ce fut le critère retenu entre 1965 et 1973 avant l'introduction des prix uniformes en 1973. Au Nigeria, comme dans d'autres pays en voie de développement, si les compagnies multinationales ont voulu vendre les produits pétroliers, elles n'ont pas pour autant voulu prendre de risques fmanciers en s'installant directement au Nigeria. Elles ont préféré introduire leurs produits par l'intermédiaire d'un commerçant, étudiant prudemment et progressivement le marché des carburants avant de prendre le risque d'investir dans les équipements de distribution. D'autre part, l'amélioration de la distribution de gasoil était principalement liée au développement du chemin de fer entre 1940 et 1965.
40
Carte n° 6. Courbes de niveaux des prix de gasoil en pence par «imperial gallon» en 1965
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Cela fut la même chose en Suède, en AngleteITe, au Mexique et en France. Cependant, depuis 1989 le transport des carburants par voies ferrées a diminué faute d'entretien et de modernisation de ce système de transport. G. Les interventions de l'Etat fédéral dans l'industrie pétrolière Les analyses précédentes nous ont montré qu'avant 1975 l'industrie pétrolière du Nigeria était entre les mains des compagnies pétrolières étrangères. À ce propos, Paul Lubeck (1977) a constaté que: "Les compagnies multinationales étrangères contrôlaient l'industrie pétrolière via la prospection, la production, la distribution et la commercialisation des produits raffinés, etc., et qu'elles freinaient le transfert de la technologie dans le secteur pétrolier. Il a démontré que « le gouvernement fédéral n'a joué que le rôle d'un collecteur de taxes dans l'industrie
fl. 41
Le gouvernement fédéral a alors souhaité intervenir dans l'industrie pétrolière pour freiner les rôles grandissants des compagnies pétrolières multinationales. Les autorités nigérianes pensaient que le pays pouvait bénéficier beaucoup plus des recettes provenant des ressources pétrolières si elles participaient activement à ce secteur.
1. Les événements qui ont contribué à l'intervention de l'Etat Les événements qui ont encouragé les autorités nigérianes à intervenir dans l'industrie pétrolière étaient liés aux besoins de développement du pays. D'une part:>le pays avait besoin de s'industrialiser et pour cel~ d'augmenter les recettes des ressources pétrolières; d'autre part, les autorités nigérianes voulaient définitivement prendre en main, comme d'autres pays producteurs de pétrole, l'exploitation des ressources pétrolières du pays. a. Redéfinissions
des lois de la prospection
du pétrole
Le gouvernement fédéral a voulu supprimer le monopole détenu depuis longtemps par les compagnies pétrolières anglo-saxonnes et anglonéerlandaises. Il pensait que la participation des autres compagnies multinationales pouvait augmenter les réserves du pétrole de 16 à 20 milliards de barils entre 1960 et 1965. En 1962, la loi dite «mineral oil act» a été créée non seulement pour pennettre à d'autres compagnies étrangères de participer, mais également pour obliger les compagnies à partager 50% des profits avec le gouvernement fédéral comme ce fut le cas dans les pays du Moyen-Orient. La loi de 1962 a pennis la participation de GulfOil, Agip, Elf: Texaco et Tennessee au Nigeria. En 1966, le gouvernement a brutalement réduit le taux de profits des compagnies. En 1967, un décret a été créé pour les obliger à prévoir et à fixer un prix provisoire du pétrole « posted price» facilitant ainsi le calcul des taxes pennettant la prévision des recettes de l'Etat. En 1968, un décret a été créé dans le dessein de régir les compagnies étrangères par les lois nigérianes, en 1969, un autre décret a été créé réduisant la période de concession de la prospection à vingt ans. Ce décret prévoyait également que, dans un délai de dix ans, les compagnies emploient des Nigérians à 75% dans les postes de cadres supérieurs et à 100% dans les autres. Les autorités nigérianes ont progressivement amené le pays à une participation partielle dans l'industrie pétrolière.
42
b. Le besoin d'acquisition technologique Pendant la période coloniale, la priorité des autorités britanniques n'était pas à l'industrialisation du pays, mais au développement des produits agricoles, c'est-à-dire l'arachide, le cacao et l'huile de palme qu'elles exportaient vers les industries européennes. Les autorités britanniques voyaient l'industrialisation du Nigeria comme un domaine réservé aux compagnies privées. En effet, de 1955 à 1961, le projet d'industrialisation n'a été que de £7 000.000, soit 3% des allocations fédérales sous le régime colonial. Après l'indépendance du pays en 1960, le gouvernement fédéral a voulu changer cette politique et dans le plan de développement national (1962-1968), l'importante somme de £96 000 000, soit 14% du budget quinquennal, a été prévu pour le développement industriel du pays. Il faut noter qu'une très grande partie de ce budget provenait des recettes des ressources pétrolières. La politique en faveur de l'industrie a coïncidé avec la période du boom pétrolier des années 1970 quand le pays produisait 2,4 millions de barils de pétrole par jour, soit £2 000 millions par an entre 1971 et 1975. Le gouvernement considérait la recette des ressources pétrolières comme une opportunité pour lancer des projets de développement industriel. Par exemple, les plans de construction des usines d'assemblage étaient conçus et construits dans les villes de Kaduna pour Peugeot de Lagos pour Volkswagen et d'Enugu pour Mercedes. D'autre part, trois autres raffineries étaient prévues dans les villes de Warri, de Kaduna et de Port Harcourt, des complexes sidérurgiques à Ajaokuta, Jos et Katsina et des autoroutes pour relier les villes de Lagos-Ibadan et Lagos-Benin, Port Harcourt-EnuguOnitsha, Abuja-Kaduna-Zaria-Kano. La construction d'une nouvelle capitale à Abuja était aussi une priorité dans les années 1970. Ces projets ne pouvaient pas être réalisés sans les recettes provenant des ressources pétrolières. Le décret de 1969 a permis l'établissement d'une société nationale du pétrole « Nigerian National Oil Corporation NNOC ». La NNOC était chargée de gérer l'industrie pétrolière du pays, pour le compte de l'Etat Dans les années 1970, une série d'interventions de l'Etat a été poursuivie comme celle nationaliser en 1979. Shell BP a été nationalisée pour obliger l'Angleterre à faciliter l'indépendance du Zimbabwe. Bien que la nationalisation de Shell BP n'ait pas été effectuée pour acquérir la technologie, cette action a montré que l'Etat était détenniné à intervenir davantage quand il s'agissait d'acquisitions technologiques. L'acquisition technologique n'est pas une mauvaise chose en soi, mais il faut savoir qu'elle n'est pas facile à réaliser sans planification. À ce propos, Momodu Kassim 43
(1988) a constaté que "même si un pays a la volonté nécessaire pour effectuer l'acquisition technologique, la résistance de la part des compagnies privées limitera les effets de cette démarche." Cette observation est peut-être vraie dans la mesure où les compagnies voient la politique d'acquisition technologique à travers la nationalisation, comme intervention de l'Etat dans la vie économique privée des compagnies multinationales. c. L'influence
de PEMEX
du Mexique et de l'OPEP
L'influence de la compagnie «Petroleos Mexicanos PEMEX» et de l'organisation des pays exportateurs du pétrole, l'OPEP sur le gouvernement nigérian dans l'intervention de l'industrie pétrolière n'était pas directe, mais indirecte. Le Mexique a nationalisé son industrie pétrolière en 1936, soit 20 ans avant la découverte du pétrole au Nigeria. Par la suite, les autorités mexicaines ont mis en place une société nationale: PEMEX qui a pennis la participation active du gouvernement mexicain dans le secteur pétrolier. Ces nationalisations n'ont pas été acceptées par certaines compagnies multinationales qui ont quitté le Mexique. Leur départ a :freiné la production de pétrole au Mexique entre 1938 et 1950. Les accords d'indemnisation des compagnies nationalisées par le gouvernement mexicain a pennis à PEMEX de prendre en main de manière définitive la prospection, la production, le raffinage et la distribution du pétrole au Mexique. En 1969, la PEMEX est devenue la plus grande société nationalisée et exportait 75% de pétrole du Mexique. Cette intervention a pennis au gouvernement mexicain de mettre en place des projets de développement industriel et l'aménagement du territoire des zones pétrolières c'est-à-dire Salamanca, Ciudad Madero, Geurrao Minathilan, etc. La construction des pipelines et voies routières était faite par PEMEX dans les zones d'extractions pétrolières. Impressionnés par le succès de PEMEX, cinq pays producteurs de pétrole « l'Iran, l'Irak, le Koweït, l'Arabie Saoudite et le Venezuela» se sont réunis à Bagdad, la capitale de l'Irak, le 9 septembre 1960. Par la suite, l'organisation des pays exportateurs de pétrole « OPEP» a été formée pour lutter contre la manière arbitraire dont les compagnies pétrolières multinationales fixaient le prix du pétrole. L'OPEP voulait aussi contrôler la quantité de pétrole produite par chacun des pays membres. Quand, en 1959 et en 1960, les compagnies multinationales ont unilatéralement réduit les prix du pétrole au Venezuela et dans quatre pays du Moyen-Orient, ces pays ont décidé de former un bloc pour protéger leurs intérêts nationaux vis-à-vis des compagnies multinationales privées. La création de l'OPEP en 1960, soit 4 ans après la découverte du pétrole au Nigeria, n'a pas eu d'effets immédiats sur le pays. Cependant, dix ans plus 44
tard, en 1971, l'industrie pétrolière du Nigeria était très vite développée: 1,5 million de barils par jour produits dans la première partie des années 1970. Encouragées par ce développement rapide de l'industrie pétrolière et poussées par le besoin de prendre en main le destin économique du Nigeria, les autorités nigérianes attendaient une opportunité pour intervenir dans l'industrie pétrolière. Quand le pays a été invité à rejoindre l'OPEP en juillet 1971, les autorités n'ont pas hésité à accepter l'invitation. Le gouvernement pensait qu'au sein de l'OPEP il serait dans une position de force pour négocier avec les compagnies multinationales au Nigeria. On peut constater que les autorités nigérianes n'étaient pas influencées directement par PEMEX au Mexique. Cependant, l'influence de PEMEX sur les pays fondateurs de l'OPEP, dont le Nigeria a fait partie dix ans plus tard, a sans doute joué un rôle sur la décision des autorités nigérianes de participer plus activement à l'industrie pétrolière.
2. Les phases de l'intervention
de l'Etat Fédéral
Après la fin de la guerre civile du Biafta en 1970, la production de pétrole au Nigeria représentait une part très importante des dépenses budgétaires nationales. Le gouvernement nigérian a alors décidé d'intervenir dans le secteur pétrolier afm de mieux planifier une industrie qui comptait pour plus de 50% du budget fédéral. Depuis 1974, le secteur pétrolier a contribué pour plus de 75% des revenus du gouvernement fédéral et plus de 95% des ressources en devises étrangères. Du fait de l'importance de l'industrie pétrolière dans l'économie nationale, Monsieur P.C. Asiodu,7Ministre Fédéral des Ressources Minières et de l'Energie « Federal Ministry of Mines and Power» a déclaré que: "L'extraction des ressources minières est si stratégique dans l'économie nigériane qu'elle sera prise en charge par le gouvernement et les partenaires techniques composés des compagnies privées... et que le gouvernement gardera sa position de partenaire dominant". Cette déclaration montrait la volonté des autorités nigérianes d'être partie prenante dans le secteur pétrolier.
7 P.C. Asiodu était le ministre fédéral des ressources minières et de l'énergie entre 1971 et 1975 sous le régime militaire du général Yakubu Gowon. 45
a. Phase L Participation
de l'Etat après l'indépendance
« 1960-1965 »
Après l'indépendance du Nigeria en 1960, les autorités fédérales ont décidé de changer la stratégie de la concession à la prospection et de prendre en main de manière définitive la gestion des ressources pétrolières. Le gouvernement fédéral a donc décidé de créer un ministère des ressources minières. Dans les années 1950, avant l'indépendance du pays, les mouvements nationalistes ont exprimé leur désir de participer plus activement à l'industrie pétrolière jusqu'alors dominée par les compagnies multinationales. En 1962, le Parlement nigérian a voté une loi « mineral oil act of 1962 », sur la prospection des ressources pétrolières. La loi de 1962 a mis fin à la loi coloniale de 1914 qui préservait le droit de prospection à Shell d'Arcy. Cette loi précisait également que la surface de concession à la prospection dont disposait Shell BP, soit 40 000 « sq. miles» en 1957 ont été réduites à 15 000 « sq. miles» en 1962. Cela a permis à d'autres compagnies de participer à la prospection sur les surfaces acquises. En 1959, la compagnie Shell BP nommé « Petroleum Development Compagny » a augmenté la production de pétrole brut à Il 400 barils par jour et exporté plus de Il 000 barils par jour. Le succès de Shell BP a encouragé d'autres compagnies à demander le droit de prospection au Nigeria. Par la suite, le droit de prospection a été octroyé à Mobil en 1955, Tenneco en 1960, GulfOil et Texaco en 1961, Elf-Satrap et Agip en 1962 et Philips Petroleum en 1965. D'autres compagnies telles que Esso « Exxon », Union Oil and Great Basin of Americ~ ont acquis un droit de concession à la prospection, mais ils se sont retirés du Nigeria entre 1965 et 1970. Afin de coordonner les activités de ces compagnies, le gouvernement fédéral a créé le Département des Ressources Pétrolières «Department of Petroleum Resources DPR ». Ce département devait contribuer à la fonnation des Nigérians qui pouvaient vérifier les opérations de prospection effectuées par les compagnies multinationales. Mais cette action était considérée comme une intervention partielle de l'Etat, qui n'avait pas le droit de vérifier la quantité de pétrole exportée par les compagnies multinationales. En 1965, une commission de coordination économique «Economic Cordinating Committee» a été fonnée pour conseiller l'Etat Fédéral sur la méthode de gestion de la production du pétrole mise en place par les pays membres de l'OPEP.
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b. Phase II. Participation
partielle de l'Etat«
1966-1970 »
Cette période coïncide avec les années de guelTe civile au Biafra dans la région est du Nigeria. La participation de l'Etat était limitée par le blocus des principaux ports de la région, Port Harcourt et Calabar, par les militaires. Cette action a provoqué une diminution de la production et de rexportation du pétrole de 418 000 bpj en 1965 à 319 000 bpj en 1967 puis à 142 000 bpj en 1968. Vers la fin de la gueITe, en 1969, la production a augmenté à 540 000 bpj en 1969 et à 1084 000 bpj en 1970. Après 1970, Elf qui s'était retiré ,au moment de la guelTe a repris la prospection et la production de pétrole a augmenté à 1.5 millions bpj en 1971. Pendant cette période, l'Etat a voulu accroître sa participation et a donc voté la loi sur rincorporation des compagnies étrangères « Compagnies Act of 1967» en 1967 pour obliger les compagnies à investir au Nigeria. Le contenu de cette loi montre que l'Etat désirait faire participer des Nigérians au secteur pétrolier. La loi sur les taxes appliquées aux profits des compagnies pétrolières «petroleum profit taxe amendment act of 1967 » a été créée pour obliger les compagnies à déclarer leurs profits. Ceci a permis à l'Etat d'évaluer les recettes des taxes provenant des compagnies pétrolières. La loi de 1969 sur le gisement du pétrole «petroleum drilling and products act of 1969 » a proposé la réduction de la durée de prospection de 80 ans à 20 ans ou moins. Un sous-chapitre « close» de cette loi prévoyait le renouvellement du contrat à la fm de l'expiration de la concession. Cette clause visait la réduction des monopoles de Shell BP et d'Agip sur une période très longue. L'application de cette loi a permis à l'état d'intervenir partiellement dans le choix de nouveaux contrats de la prospection. La loi de 1969 a également réduit la surface de prospection à 129 500 hectares par compagnIe. Pour l'extraction du gaz naturel, la loi de 1969 a introduit les règles suivantes: i. Le gouvernement fédéral a le droit de demander aux compagnies pétrolières de récupérer le gaz naturel qui jusqu'alors était brûlé lors de la production de pétrole brut; ii. Le gouvernement doit approuver le prix auquel le gaz naturel est vendu par les compagnies de pétrole brut; iii. Les compagnies doivent payer une taxe «royalty» au gouvernement fédéral selon la quantité de gaz naturel vendue. Ces trois points de la loi de 1969 sur le gaz naturel ont montré que seul l'état fédéral avait le droit de déterminer les prix du pétrole, les taxes à payer, les profits et les modalités de rextraction du gaz naturel. Ces 47
attributions montrent une fois de plus la croissance de la participation de l'Etat dans l'industrie pétrolière. Le décret 1969 indiquait aussi qu'une compagnie ayant obtenu une concession de prospection « oil mining lease» disposait d'un délai de douze mois pour fournir au ministère des ressources pétrolières un plan de recrutement et de formation des Nigérians. A ce propos, la loi précisait trois points pouvant aider à la participation des Nigérians dans le secteur pétrolier du pays. i. 75% des postes de cadres supérieurs responsables de management et ingénieurs doivent être réservés aux Nigerians dans un délai de dix ans ; ii. À tous les échelons professionnels des travailleurs d'une compagnie, 60% doivent être réservés aux Nigérians; iii. Les recrutements de main-d'œuvre qualifiée, peu qualifiée et non qualifiée doivent être réservés aux Nigérians à 100%. Les compagnies multinationales n'ont pas appliqué ces points en raison du manque de nigérians qualifiés. Cependant, le gouvernement a également prévu dans cette loi, la formation des Nigérians dans un délai maximum de dix ans. Le décret de 1969 a été le moyen par lequel l'Etat a permis le recrutement de main-d'œuvre nigériane par les compagnies multinationales étrangères. Cette loi a donc préparé l'intervention de l'Etat dans ce secteur pétrolier en 1971. c. Phase IlL L'intervention de l'Etat entre 1971 et 1975 Au début de 1971, la participation de l'Etat concernant la concession à la prospection et à l'extraction de pétrole avait été rendue possible par le décret de 1969. Poussé par le succès de l'application de cette loi, le gouvernement fédéral a pu faire une nouvelle politique pour contrôler directement les activités des compagnies pétrolières avec les objectifs suivants: i. Assurer la participation des Nigérians dans le secteur pétrolier pour mieux contrôler les activités des compagnies privées; ii. Augmenter le revenu provenant de l'exportation du pétrolier brut; iii. Former une main-d'œuvre locale dans le secteur pétrolier; iv. Augmenter le nombre de raffmeries de pétrole visant l'exportation et répondre aux besoins de la demande locale; v. Acquérir la technologie de l'extraction du gaz naturel et faciliter la construction d'une usine de production de gaz liquéfié et la construction de dépôts de stockage; vi. Répercuter l'impact de l'industrie pétrolière dans le développement économique du pays. vii. Acquérir des wagons-citernes pétroliers « tanker fleet ». 48
Ces objectifs fixés par l'Etat en 1971 montrent que les autorités nigérianes étaient prêtes à intervenir directement dans tous les secteurs de l'industrie pétrolière. À ce propos, le gouvernement a identifié quatre principaux champs d'intervention: Intervention
dans le but d'augmenter
les intérêts de l'Etat
Étant donné que l'économie du Nigeria était contrôlée par les autorités britanniques, l'un des objectifs de l'Etat dans la préparation du deuxième plan de développement national (1970-1974) était de remettre le contrôle de l'économie nigériane entre les mains des Nigérians. Ce plan précisait que l'Etat devait acquérir au moins 35 à 40% des intérêts des grandes industries et contrôler 55% des intérêts des industries stratégiques. L'industrie pétrolière était considérée comme un secteur stratégique par l'Etat. Le Ministère des Mines et de l'Énergie était chargé d'appliquer ce plan dans le secteur pétrolier. Au début, l'objectif a été difficile à atteindre parce qu'il n'y avait pas de consensus politique sur la méthode à adopter vis-à-vis des compagnies étrangères. Cependant, cette difficulté a été sunnontée en 1970 quand la compagnie Elf a voulu reprendre l'extraction du pétrole qui avait été rendu impossible par la guerre civile du Biafta. Le gouvernement fédéral a posé comme condition de reprise des gisements de participer à hauteur de 35% des intérêts dans la production du pétrole. L'intérêt de l'Etat devait atteindre 50% quand la production d'Elf atteindrait 400 000 bpj. La deuxième condition favorable à l'intervention de l'Etat fédéral dans l'acquisition d'intérêts était l'exemple du contrat de prospection signée en 1962 avec Agip et Philips Petroleum qui avait permis à l'Etat d'acquérir un intérêt de 33,33% de ces compagnies. En 1973, les pays membres de l'OPEP, organisation dont le Nigeria faisait partie, ont adopté une résolution facilitant l'acquisition de 25% des intérêts dans les compagnies privées. Les autorités nigérianes ont voulu obtenir 35% chez d'autres compagnies parce qu'ils ont déjà réussi à acquérir 35% chez Agip et 33,33% chez Elf. En 1973, l'Etat a aussi acquis un intérêt de 35% chez Shell BP. Les compagnies américaines, Gulf ail et Mobil ail ri'ont pas accepté ce taux et se sont retirées pour consolider leur position dans les pays du Moyen-Orient. Cependant, en octobre 1973, la guerre israélo-arabe a renversé la situation à l'avantage du Nigeria parce que les Etats du Golfe ont augmenté leur intérêt de 25% à 60% et dans certains cas à 100%. Le gouvernement nigérian a profité de cette situation pour augmenter son taux de participation de 35% à 55% en janvier 1974. Grâce à ce taux d'intérêt, ils ont réussi à atteindre les objectifs fixés dans le deuxième plan de développement quinquennal 19701975. Certaines personnes voulaient un taux d'intérêt à 60%. Ce taux 49
d'intérêt a été atteint en 1979. À ce stade, le but de l'Etat n'était plus l'obtention d'un taux d'intérêt à 55%, déjà dépassé, car les pays membres de l'OPEP fixaient les prix du pétrole brut et déterminaient également les montants de la taxe à payer par les compagnies. Le gouvernement a alors décidé de créer, par le décret d'avril 1971, une société nationale du pétrole « Nigerian National Oil Corporation NNOC, maintenant NNPC» pour gérer les intérêts que l'Etat a acquis dans les compagnies multinationales. À la fin de 1974, l'Etat fédéral a réussi à établir sa présence dans l'industrie pétrolière à un taux d'intérêt de 60% à l'exception de Shell BP dont le taux d'intérêt était de 50%. Cependant, la nationalisation à 100% de Shell BP en 1979 a modifié les taux d'intérêts en faveur du Nigeria. L'intervention
visant l'acquisition
du savoir faire
Le décret d'établissement de NNOC en 1971 a pennis à l'Etat d'intervenir directement dans la gestion de la prospection et de l'extraction du pétrole et du gaz naturel, le raffinage du pétrole et la distribution. L'état a constaté que seule une acquisition du savoir-faire de la technologie pétrolière lui pennettrait de participer activement dans l'industrie. Un programme de fonnation de main-d'œuvre qualifiée a été lancé. Un contrat de fonnation des Nigérians a été programmé au Nigeria et à l'étranger. De plus, un groupe de personnes qualifiées a été choisi pour travailler avec les consultants de constructions des raffineries de Warri et de Kaduna. Par ces actions, les Nigérians devaient acquérir le savoir-faire dans l'installation des industries pétrochimiques notamment les travailleurs recrutés pour travailler dans la société nationale « NNOC ». Les fruits de cette politique sont qu'aujourd'hui la gestion des 4 raffineries du Nigeria est réalisée par des nigérians, mais aussi la construction des nouvelles industries pétrochimiques et l'entretien des industries existantes par les nigérians est loin d'être achevé. En effet, le pays fait venir des spécialistes étrangers pour les services d'entretien des 4 raffineries. Le savoir faire dans les services tertiaires de la prospection des gisements, de fabrication des pièces de rechange, provient à plus de 95% de l'étranger. En conclusion, plus de 39 ans d'activités (1956-1995) dans l'industrie pétrolière, n'ont pas pennis au pays d'acquérir plus de 40% de savoir-faire technologique dans ce secteur. Pour certains, ce problème est lié à de trop nombreux changements de régime qui empêchent la continuité des projets. Par exemple, l'idée de construction d'une usine de gaz liquéfié est née en 1971 sous le régime militaire du général Gowon, mais cinq gouvernements se sont succédé sans que ce projet très important pour relancer l'économie du pays ne soit achevée. 50
Intervention
visant l'augmentation
du prix du pétrole brut
Les prix du pétrole brut fixés par le marché international étaient jugés trop bas par les pays producteurs de pétrole. Les pays membres de l'OPEP voulaient changer ce scénario par la mise en place d'une politique commune. Pendant vingt-trois ans (de 1948 à 1971) les prix du pétrole brut sont restés assez stables, autour de $2 00 par baril. Pour les pays membres de l'OPEP, ce prix était maintenu artificiellement et ne représentait pas les coûts réels. Par exemple, en 1948 le prix du pétrole « d'Arabian light» qui était à $2 08 par baril a été réduit progressivement jusqu'à 1,80 par baril en 1960. Dans les années 1960, le Nigeria a pu négocier directement avec les compagnies pour l'augmentation du prix du pétrole brut de moins de $0, 90 par baril en 1960 et à plus de $1, 65 en 1971. Cependant, la guerre israélo-arabe de 1973 a servi de détonateur à la hausse des prix du pétrole brut appelée "premier choc pétrolier". Le Nigeria a profité des hausses de prix du pétrole généralisées par la guerre pour négocier l'augmentation de prix avec les compagnies multinationales. Les prix ont alors augmenté de $14,69 par baril en 1973 à $29,00 en 1979 soit 179,4% et à $40,00 par baril en 1980, soit 138% d'augmentation. Ces hausses des prix, très importantes pour les pays producteurs de pétrole, ont eu de grandes répercussions sur les pays non producteurs. Les pays industrialisés ont dû faire des efforts dans la conservation d'énergie et certains pays ont investi dans des projets de recherche dans les domaines des énergies nucléaire et solaire. La prospection de pétrole s'est multipliée dans le monde. D'autre part, des pays qui n'étaient pas membres de l'OPEP (la Grande-Bretagne et le Mexique) ont augmenté leur taux de production. Suite à ces différentes initiatives, le marché international du pétrole s'est retrouvé saturé avec 50 millions de barils de pétrole par jour, parmi lesquels 30 millions de barils produits par l'OPEP. Les pays membres de cette organisation produisaient un excédent de 14 millions de barils par jour sur une consommation mondiale estimée à moins de 48 millions de bpj à l'époque. En dehors d'une hausse des prix pendant la guerre Irak-Koweït en 1991, où le prix du pétrole a augmenté de $16,00 à $29,00 par baril, le prix du pétrole n'a pas cessé de baisser depuis 1992. Les nationalisations
de la distribution
des produits pétroliers
Les autorités nigérianes n'ont pas limité leur contrôle à la partie amont de la production de pétrole brut, mais l'ont étendu à l'aval. C'est dans le secteur de l'industrie pétrolière que l'Etat est intervenu en nationalisant les 51
raffinages, les transports et les commerces des produits pétroliers à l'intérieur du pays. Trois raisons ont poussé les autorités nigérianes à nationaliser ce secteur à 100%. Dans un premier temps, le pays était en plein boom pétrolier dans les années 1970. Le gouvernement voulait diminuer les prix des carburants à l'avantage des consommateurs par l'introduction de prix unifonnes sur l'ensemble du territoire nigéri~ alors qu'avant 1973 les prix étaient détenninés sur le marché libre. Durant les années 1960, les prix du carburant étaient plus chers, dans la région nord, du fait de sa distance des ports d'importation: Port Harcourt et Lagos. Dans un deuxième temps, le parc d'automobiles a augmenté: de moins de 2,4 millions de véhicules immatriculés en 1970 à plus de 3,5 millions en 1975. La croissance du nombre d'automobiles était liée à l'augmentation des salaires des fonctionnaires accordée par la commission dit « Udoji» en plein boom pétrolier. Dans un troisième temps, les compagnies privées se sont trouvées confrontées à une demande supérieure à leurs capacités d'approvisionnement qui correspondaient à des besoins assez faibles en carburants dans les années 1960. Pour répondre à ces besoins, les autorités nigérianes ont décidé d'intervenir directement dans la distribution des produits pétroliers en acquérant des intérêts dans les compagnies de distribution des carburants. Au début de 1971, l'Etat fédérale a acquis 60% des intérêts de Shell Marketing « National Oil». L'Etat a aussi acquis 100% des intérêts de la compagnie « Esso Marketing rebaptisé « Unipetrol ». Dans les autres compagnies telles que Total Marketing, Agip Marketing, Texaco Marketing et plus tard Elf Marketing, 60% des intérêts ont été acquis par des individus. Les raffineries pétrolières qui étaient aux mains des compagnies privées avant 1970 ont été nationalisées et la gestion remise à la Société Nigériane Nationale du Pétrole « Nigerian National Petroleum Corporation NNPC ». Aujourd'hui, l'organisation de la distribution des produits pétroliers sur l'ensemble du territoire nigérian est gérée par la NNPC. La participation des compagnies privées est contrôlée et limitée à l'approvisionnement des produits aux consommateurs entre les dépôts de stockage et les stations-service. L'augmentation de la participation de l'Etat a entraîné des difficultés de gestion supplémentaires pour NNPC parce que la production des raffineries, le transport et le stockage des produits, la construction des équipements de distribution « pipelines, stations de pompage» et la gestion des flux des produits dès le départ des raffineries sont réalisés par NNPC. Cependant, les problèmes de distribution que l'Etat a voulu résoudre en 1971 en introduisant des prix uniformes et en nationalisant le système de distribution en aval de la production des produits pétroliers n'ont pas été résolus. Les problèmes de distribution n'ont cessé d'augmenter de 1973 à 1996 et leurs effets sur la population se sont révélés très négatifs. 52
d. Phase IV. Nationalisation et centralisation après 1975 La création d'un Ministère des Ressources Pétrolières (uniquement pour le pétrole) en juillet 1975 a été réalisée dans le dessein d'établir une nouvelle stratégie politique par la création d'un organisme national pour l'industrie pétrolière, le «NNOC maintenant NNPC» et la mise en œuvre de grands projets LNG, construction des raffineries de Watri et de Kaduna. Au début, la NNOC n'était pas chargée de la gestion des projets spéciaux comme les raffineries, les industries pétrochimiques et la construction des oléoducs. Cependant, après le départ du Général Gowon comme chef d'Etat en 1975, un groupe de pression au sein de NNOC a réussi à convaincre le nouveau régime du Président Obasanjo de prendre le contrôle de l'ensemble de l'industrie pétrolière du pays. Mais pour en atriver à ce stade, il fallait d'abord changer le statut de la NNOC. La NNOC a donc cédé sa place à un organisme supra national pouvant assurer la centralisation de la gestion de l'industrie pétrolière. En 1977, Ie «Nigerian National Petroleum Corporation NNPC» a remplacé la NNOC. Les figures lA & 1B montrent l'élargissement du pouvoir de la NNPC par rapport à NNOC. Les deux organigrammes suivants pennettent de constater l'élargissement des responsabilités de la NNPC par rapport à celles qui sont limitées de la NNOC qui était plutôt un organisme national commercial, comparable à Elf en France. La création de la NNPC en 1977 a pennis à l'Etat de contrôler l'industrie pétrolière, de la prospection à la distribution jusqu'à la consommation des produits raffinés. La NNPC est, depuis 1979, responsable de la formulation des règles et de la politique de production et des quotas de l'OPEP, ainsi que de la subvention du prix des carburants. En effet, la NNPC a pris les fonctions de Ministère du Pétrole. La centralisation et l'élargissement des responsabilités confiés à la société nationale NNPC par les autorités nigérianes ont créé un certain nombre de problèmes comme les délais dans les prises de décision pour la réalisation de projets, notamment ceux qui sont concernant les LNG et de projet de la construction de la troisième phase de pipelines des produits pétroliers, l'hannonisation des modes de transport des carburants, le manque de fiabilité des transactions financières entre la banque centrale et la NNPC. Au sujet de la fiabilité des comptes de la NNPC, le responsable de la Commission d'enquêtes en 1994 le Général Abisoye a constaté qu'environ $12 milliards des recettes pétrolières obtenues en 1991, lors de la gueITe Irak-Koweït du fait de la hausse des prix du pétrole, avaient disparu dans des projets non prioritaires entre 1991 et juin 1994. La prise de contrôle de la distribution des carburants par NNPC en 1977, service jusqu'alors dominé
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par les compagnies privées, a fait de cet organisme une société ayant de trop nombreuses responsabilités.8 Fig. n° lA & B. Organigrammes pétrolière: NNOC et NNPC
des organismes
1.A : Nigérian
National
nationaux
Oil Company
de l'industrie
(1975)
Chefd'Etat U Conseil exécutif fédéral
U Commissaire pour l'énergie pétrolière (précédemment Mines et de l'Energie)
U U Commission
U
du Conseil pétrolier
Secrétaire pennanent Ministère du pétrole et de l'énergie
U
U
Dpt des ressources pétrolières => Dpt des activités directes de NNOC => Prospection et production par Shell BP~ Gulf. Mobil~ Agip~ Elf~ Philips~ etc.
Nigérian National Oil Corporation (NNOC)
u U
U Dpt. de l'inspection de la prospection (règles)
U
.raffineries
Projets
spéciaux:
. projet
wagon-citernes
Compagnies de distribution (Shell, Elf. Texaco. Total. Uni petrole. Mobil. etc.)
Conunission intenninistérielle du conunerce du pétrole
National
tH : Nigérian Petroleum
Corporation
(1979)
Chef d'Etat U Conseil suprême
U Conseil exécutif Fédéral
U Chairman
du Nigérian National Petroleum Corporation (NNPC)
U
U
Chef de dpt. de l'inspection à la prospection Coordinateurs des secteurs
Directeur général Administratif
U U DirecteurIngéniérieServices Directeurraffineries
U DirecteurMarketing
U Directeur di vers
Source: P.C. Asiodu, Essays on Nigeria Political Economy, Academic Press Lagos, Nigeria 1993, p.167- 168. 8 La commission d'enquête menée par le général Abisoyé était chargée d'établir les raisons de la disparition des recettes pétrolières pendant la guerre Irak-Koweït en 1991 quand les prix de pétrole brut ont augmenté de $18 à $29 par baril. 54
Concerné par ce même problème, Philip C. Asiodu, l'ancien ministre des Ressources Pétrolières, qui était en faveur d'une intervention limitée de l'Etat dans l'industrie pétrolière a déclaré ceci en 1993 : ''Il y a évidemment beaucoup de choses qui vont mal dans la stratégie de gestion de l'industrie pétrolière par NNPC... Le projet LNG débuté il y a 15 ans n'est toujours pas achevé. En effet, seule une réorganisation de NNPC peut sauver la situation précaire de l'industrie pétrolière nigériane. " En 1989, le gouvernement du Général Babangida a tenté de redresser la situation par l'introduction du Programme d'Ajustement Structurel «Structural Adjustment Programm SAP». Par le programme SAP, il a voulu dénationaliser la NNPC en créant des sociétés nationales semiautonomes au sein de la NNPC. Dans ce cadre, douze sociétés commerciales ont été créées pour tenter de rendre la NNPC rentable.
3. La Société Nigériane Nationale du Pétrole « NNPC» Avant la création de NNPC, il existait une société nigériane nationale du pétrole, la NNOC, créée par décret en 1971, les responsabilités de la NNOC étaient plus ou moins limitées à la gestion des activités de prospection des compagnies pétrolières. Afm d'élargir les responsabilités de la NNOC, la Société Nigériane Nationale du Pétrole a été créée par décret n033 de 1977 stipulant que la NNOC a cessé d'exister et la NNPC a pris non seulement toutes ses fonctions mais celles de tous les secteurs de l'industrie pétrolière.. En 1985, la NNPC est devenue une société nationale qui possède les mêmes fonctions que PEMEX au Mexique. La NNPC a peut-être de trop nombreuses prérogatives pour assurer efficacement à la fois la distribution des carburants et la gestion de la production, l'exportation et la liaison avec l'OPEP. En 1988, le gouvernement fédéral a décidé de réorganiser la NNPC pour lui pennettre de résoudre les problèmes bureaucratiques et de gérer l'industrie pétrolière selon la loi du marché libre. Parmi les sociétés nationales semi-autonomes créées en 19889, il y a la compagnie des pipelines et des commerces des produits pétroliers « Pipelines and Products Marketing Company PPMC ». PPMC contrôle actuellement l'ensemble de l'industrie de
9 Par le décret n° 33 du 1eravril 1977, la Nigerian National Petroleum Corporation - NNPC a été créée. Par cette lo~ elle a acquis tous les capitaux de NNOC mobiliers et immobiliers. Le Directeur général (chairman) est nommé par rEtat fédéral; les autres membres sont les directeurs du ministère fédéral de la planification économique; le directeur de NNPC administratif et trois autres personnalités sont nommées par le conseil exécutif. 55
la distribution du pétrole en aval de la production du pétrole brut sur l'ensemble du teITitoire nigérian. Le PPMC s'occupe également du transport du pétrole brut jusqu'aux raffineries, de la gestion des stations de stockage des produits pétroliers, du commerce des produits à l'intérieur du pays et avec tous les pays membres de la Communauté Economique des Pays de l'Amque de l'Ouest« CEDEAO». Conclusion partielle La croissance de l'industrie pétrolière du Nigeria a été rapide. La période de prospection, longue et difficile, a été dominée par les compagnies multinationales étrangères. L'introduction du commerce des carburants s'est effectuée lentement à cause de la méconnaissance de ces produits, qui étaient nouveaux dans cette partie du monde et du fait des moyens de transport en cours de construction. Depuis que les autorités nigérianes sont intervenues dans la gestion de l'ensemble de cette industrie, les problèmes, surtout ceux qui sont liés à la distribution, n'ont cessé de croître.
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CHAPITRE n CONSOMMA TIONS ENERGETIQUES, TRANSPORTS DISPONIBLES A LA DISTRIBUTION ET IMPACT DE L'INDUSTRIE PETROLIERE SUR L'ECONOMIE NATIONALE
A. Les sources énergétiques du Nigeria Dans ce chapitre, quatre types de sources énergétiques disponibles et souvent utilisées au Nigeria sont traités. Les combustibles solides dont les principaux sont les bois de chauffage et le charbon. Deuxièmement, les combustibles liquides dont les plus souvent utilisés sont les carburants «essence, pétrole lampant, huile de graissage, lubrification oil, etc.». Le troisième type de combustible utilisé est le combustible gazeux composé essentiellement de gaz naturel. De plus, il y a les énergies hydroélectrique et thermique utilisées aussi dans le pays.
1. La consommation des combustibles solides au Nigeria i. Le charbon Les principaux combustibles solides du pays sont le charbon et le bois de chauffage (arbres secs, herbes et excréments d'animaux). Environ 80% du charbon se trouve dans la région est du Nigeria et plus précisément dans les environs d'Enugu. Mais depuis 1970 l'extraction du charbon est en déclin. La consommation de charbon du pays qui était de 63.471 tonnes équivalent charbon «Ton of Coal Equivalent TCE» en 1989 a baissé à 55 642,5 TCE en 1990 mais est ensuite remontée à 106 173,8 TCE en 1991. Puis, la consommation a de nouveau diminué, 71 839,7 TCE en 1992 puis 28 646,8 TCE en 1993. Ce déclin est attribué à la désaffection des secteurs publics et privés du pays pour ce type de ressource naturelle. Ce déclin est lié à la découverte du pétrole considéré comme une source énergétique plus importante parce que fournissant beaucoup plus de devises étrangères que le charbon. Le charbon est alors considéré comme une source énergétique du passé. La construction du chemin de fer reliant la ville d'Enugu au port de Port Harcourt a été entreprise pour transporter et exporter le charbon à l'étranger. Aujourd'hui, la demande en charbon à l'intérieur et à l'extérieur du pays diminue de plus en plus et par conséquent il y a très peu d'investissements
privés et publics dans les mines de charbon d'Enugu. Le transport par chemin de fer fonctionnait bien entre 1914 et 1976, sa principale source énergétique étant le charbon. Aujourd'hui, les trains ne fonctionnent plus. Cela explique le déclin de la consommation interne du charbon dont la « Nigerian Railway Corporation NRC» consommait plus de 70% de la demande locale avant 1976. ii. Le bois de chauffage Le bois de chauffage est la principale source d'énergie domestique pour plus de 70% de la population nigériane. En effet, 95% de la population rurale utilise le bois comme principale source d'énergie. Par exemple, sur une population totale de 88,5 millions en 1991, 62,5 millions habitaient en milieu rural et utilisaient le bois comme leur principale source énergétique environ 98% utilisant le bois comme seule source énergétique. La consommation d'une famille moyenne de 7,1 personnes est estimée à 1 tonne équivalente de pétrole par an «Ton of Oil Equivalent TOE », la consommation d'environ 70 millions de personnes, soit 9 859 155 familles, sera donc de 9 859 155 TOE. La consommation de bois de chauffage en période de pénurie des carburants est très élevée parce que la majorité de la population urbaine est obligée d'utiliser le bois. Cela a été le cas en 1992 et 1993-1995. Les objectifs fixés par l'Etat en 1976, c'est-à-dire l'augmentation de l'utilisation des hydrocarbures comme principales sources énergétiques de la population locale afm de décourager l'utilisation du bois de chauffage qui provoque la désertification, n'ont pas été atteints.
2. La consommation d'électricité La principale source énergétique urbaine vient du centre hydroélectrique du Kainji construit sur le fleuve Niger. C'est le plus grand centre de production d'électricité du pays, soit 960 mégawatts «MW». Sa construction a été achevée en 1968 et à l'époque ce centre satisfaisait la demande locale. Cependant, en 1982, la demande locale était devenue supérieure à 1500 mégawatts. Pour répondre à cette demande le centre hydroélectrique de Shiroro, d'une capacité de 4 fois 150 mégawatts électriques, a été construit sur la rivière Niger au nord du Kainji en 1982. Les centres d'électricité qui fonctionnent au gaz sont situés à Sapele, près de la ville de Lagos, (300 MW), Afam dans l'Etat de Cross River (450 MW), Lagos« Steam» (1420 MW), Delta IV (600 MW) et Afam IV (600 MW). En 1992, la production d'électricité était de 14,5 milliards de kWh, mais cela représentait une baisse de 2,2% par rapport à l'année 1991. Il y avait 58
aussi une croissance de 4,7% en 1993. Les stations d'électricité qui sont gérées par la Société Nationale d'Energie Electrique «National Electric Power Authority NEP A» consomment plus de 50% du gaz naturel du Nigeria. En 1993, ces centrales thermiques ont produit 14,3 milliards de kW, soit 61,3% des besoins nationaux d'électricité contre 37,8% aux centres hydroélectriques. Les compagnies privées dont le «Nigerian Electricity Service Company NESCO » est la seule compagnie privée qui produit 116,2 millions kW, soit 0,9% de la production nationale d'électricité. La demande d'électricité est estimée supérieure de plus de 20% à la production nationale. Cela explique les coupures très fréquentes d'électricité dans le pays. Ce problème :treine la production industrielle qui dépend pour plus de 90% de cette source d'énergie. L'énergie électrique consommée dans le pays était de 31,4 millions TCE en 1991 et a augmenté de 12,4% en 1992. En 1993, la crise de la distribution des carburants a créé un problème d'approvisionnement des centrales thenniques d'électricité qui fonctionnent avec le gaz naturel. Cela explique la baisse de consommation de 1,3% en 1993. Le pays est loin de satisfaire la demande d'énergie primaire qui est estimée à plus de 37,2 millions TCE par an.
3. Croissance de la consommation des produits pétroliers La croissance de la demande en produits pétroliers dans les années 1970 était liée d'une part à la croissance économique du pays, 7,1% pendant le boom pétrolier et, d'autre part, à la croissance du parc d'automobiles importées pendant la période du boom pétrolier. Le graphique n02 montre la croissance du produit national brut du Nigeria. Ce graphique illustre la croissance du PNB/habitant de 1960 à 1984, soit 161% d'augmentation. Cette croissance correspond à une période de croissance de la consommation des carburants par les automobiles dont le nombre était aussi en croissance. Pendant cette période, trois usines d'assemblages de voitures ont été construites: l'usine Peugeot dans la ville de Kadun~ l'usine Volkswagen dans la ville de Lagos et l'usine Mercedes dans la ville d'Enugu. Dans ces trois usines, environ 216 000 voitures étaient assemblées par an, le nombre de voitures importées étant de 60% du total des voitures immatriculées pendant cette période. Par exemple, la croissance des activités économiques du pays et du parc d'automobiles a entrâmé une augmentation de consommation de gasoil (diesel). La consommation de gasoil est passée de 483 barils en 1977 à 20 246 379 barils en 1982. Avant 1973, la distribution et la commercialisation des produits étaient assurées par les compagnies privées qui n'avaient pas la capacité de satisfaire la demande de produits pétroliers qui avait lui-même augmenté de plus de 59
150% dans les années 1970. Par exemple, entre 1974 et 1977, la croissance de la consommation annuelle des produits pétroliers, était estimée à 30% de la demande nationale.
Graphique n° 2. PNB par habitants en dollars US« 1960-1995») 900 800 700 600 500 400 300 200 100 0
860 770 690
421
730
432 287
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250
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~~~~~~Source: Archives de Bulletin statistiques du Nigeria, 1960-1995.
Les compagnies pétrolières privées ne pouvant satisfaire cette demande et une solution alternative a été mise en place en 1975 à Curaçao au Venezuela et à Rotterdam Pays-Bas pour raffiner le pétrole destiné à la consommation du Nigeria. Par la suite, ces produits raffinés étaient réexportés au Nigeria pour résoudre le déficit de la demande nationale estimée à 175 000 bpj en 1978. La stratégie d'importation des carburants pour combler le déficit de la demande à l'intérieur du pays a continué jusqu'à l'ouverture des nouvelles raffineries de Warri en 1978 et de Kaduna en 1980.
a. Rapports entre augmentation des salaires et consommation des produits pétroliers En 1974, le gouvernement fédéral a nommé, Monsieur Udoji président d'une commission d'enquêtes sur les possibilités d'augmenter les salaires des fonctionnaires. Cette commission dite «Udoji commission» n'a pas seulement augmenté les salaires des fonctionnaires, mais a également payé un arriéré de salaires de six mois à un an. Les fonctionnaires ont par conséquent acheté des automobiles et des appareils domestiques. Ces demandes supplémentaires de carburant et de gaz naturel ont contribué à la croissance de consommation des produits pétroliers.
60
En 1970 et 1976, il y a eu une augmentation des salaires de plus de 200/0 en général et de plus de 100% dans certains cas. Ces augmentations ont encouragé les importations de voitures car les fonctionnaires disposaient des arriérés de salaires pour les acheter. Par conséquent, le nombre de voitures par rapport au nombre de fonctionnaires est passé de 1 à 200 en 1970 à plus de 1 à 20 en 1978. L'augmentation des salaires en 1974 ayant entraîné une augmentation des importations d'automobiles, la consommation des carburants est passée de moins de 200 000 bpj en 1970 à environ 300 000 bpj en 1996.
b. Croissance de la consommation liée aux transports automobiles et aériens L'Wle des principales raisons de la croissance de la consommation des produits pétroliers est liée à la croissance du parc automobile. Par exemple, en 1970, le nombre d'automobiles immatriculées estimé à 2,5 millions a atteint 3,5 millions en 1978 puis 4,5 millions en 1995. Le tableau n° 6 fournit les différents types de véhicules immatriculés au Nigeria entre 1990 et 1994. Le tableau montre une croissance de 398% en 1991 et une baisse de 131% en 1992. Il y avait une croissance annuelle de 213% entre 1991 et 1994, soit 26 976 véhicules par an entre 1990 et 1993. Ces croissances correspondaient à celle de la consommation de produits pétroliers soit 300 000 bpj entre 1990 et 1993. Cependant, moins de 180 000 bpj, soit 60% de la demande nationale a été disponible, à cause d'une pénurie des carburants pendant cette période. Le volume du trafic aérien était aussi en croissance: Par exemple, alors qu'en 1970, il n'y avait qu'une compagnie nationale, sur les lignes civiles, «Nigeria Airways », en 1985, six compagnies aériennes étaient présentes. En 1993, plus de douze compagnies aériennes se partageaient les lignes. Panni ces compagnies, on peut citer Okada Air, Triax, Harka, etc. Sur les lignes internationales, British Caledonian Airways, Pan American Air Ways, Air France, Royal Dutch Air Lines, Air Attique, Saben~ Alitali~ s'approvisionnent en pétrole lampant dans les aéroports internationaux de Kano et de Lagos. Ces compagnies aériennes prennent leur pétrole lampant au Nigeria parce que son prix est l'un des moins chers du monde. Ce volume de trafic aérien au Nigeria implique la croissance de la consommation de pétrole lampant. Le graphique n° 3 montre la consommation de pétrole lampant au Nigeria de 1989 à 1993.
61
Tableau n° 6. Automobiles immatriculées au Nigeria « 1990-1994 » Type d'automobile 1. Salons Stations wagons 2. Kit Car 3. Camionnettes diverses 4. Bus 5. Camionsciternes pétroli ers 6. Camionsciternes des produits divers 7. Tracteurs 8.Véhicules spéciaux Total
1 990
1991
1992
1993
1994
Total
5 985
27 308
37 442
84 532
99 533
254 800
888 536
770 830
2069 766
8576 698
9526 824
21 829 3654
832 81
1100
4558
1407
-
-
95
1 772 147
9669 323
81
159
350
242
302
1134
210 715
651 6316
797 2685
954 3 158
1108 4022
3720 16 896
9328
37 134
48 667
99 662
117234
312 025
Source: Federal Bureau of Statistics. Facts and figures about Nigeria, 1994 and annual Central Bank of Nigeria, report 1993.
Malgré une baisse de la consommation du pétrole lampant en 1991, on peut constater qu'il y avait une stabilité de la consommation de kérosène «Aviation Turbine Kerosene ATK », soit une moyenne de 289 116 tonnes de ATK par an. La stabilité de la consommation était liée aussi à la stabilité du prix de pétrole lampant qui était de 113,6 nairas par tonne en 1989 et 1990. Le prix a été baissé à 105 nairas ATK par tonne en 1991 et 1992 avant l'augmentation de 550 nairas ATK par tonne en 1993, soit 48,7% supérieur au prix par tonne en 1990. Le symbole N représente la monnaie locale (Naira) soit $1 USA = 22 nairas, pour un taux d'échange officiel en 1989. c. Croissance de la consommation industrielle La consommation des produits pétroliers dans le secteur industriel n'est pas facile à mesurer parce que les données statistiques sont rares. Depuis 1974 la consommation industrielle de produits pétroliers n'a cessé d'augmenter à cause des coupures d'électricité du réseau national. En effet, 62
ces coupures qui sont devenues très ftéquentes gênent les activités manufacturières du pays. Certaines industries ont par conséquent acheté des groupes électrogènes fonctionnant avec du carburant. La croissance générale du nombre d'industries, « secteur tertiaire» a contribué à la croissance de la consommation des produits pétroliers. Dans les années 1970, le gouvernement Graphique n° 3. Consommation de pétrole lampant au Nigeria « 1989-1993»
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1991
1992
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1993
Source: Federal office of statistics, facts and figures about Nigeria, 1993.
a lancé une politique volontariste «import substitution» en achetant par exemple des produits de haute technologie. avec la vente du pétrole pendant la période du boom pétrolier, permettant ainsi l'implantation d'industries et surtout d'usines pétrochimiques. La croissance de l'index de la production industrielle du pays a été estimée à 156 en 1978 (indice 1965 = 100). Cela correspond à un taux de croissance de 7,5% en 1977 contre 1,3% en 1967. Bien que la croissance de la production industrielle entre 1990 et 1996 ait été faible, moins de 0,7%, si l'on considère la situation depuis 1975 on peut dire 63
que cette croissance a contribué à la consommation de carburants. La consommation de gaz naturel et de fioul léger « High Pour Fuel ail HPFO » pour le secteur industriel n'a pas cessé d'augmenter entre 1970 et 1983. d. Consommation
par produits
Nous avons constaté que la consommation énergétique du Nigeria était en croissance, 13,5 millions de tonnes équivalentes en fioul «Ton of ail Equivalent TOE» en 1989 et 14,2 millions TOE en 1995. La part de la consommation de pétrole et de gasoil «Premium Moto Spirit PMS» en 1983/84 a baissé de 5,4%. Cette baisse était plus forte pour le gasoil 25,4%, soit 1 836 047 tonnes en 1984, mais la consommation de ce produit est remontée à 3 527 511 tonnes en 1993. La consommation de pétrole lampant ATK et de bitume a augmenté de 0,2% en 1993, soit 0,390 million de tonnes. D'autre part, la consommation d'asphalte en 1993 était de 0,154 million de tonnes. Entre 1984 et 1993 il Y a eu une baisse de la consommation des produits pétroliers. Cette baisse est liée à la fermeture de la raffinerie de Warri de Mars à Décembre 1993 et de la raffinerie de Kaduna. En juillet 1993, ces fermetures trop fréquentes qui sont devenues une habitude, étaient liées aux incendies et aux travaux d'entretien des raffineries. Par ailleurs, les grèves déclenchées en 1992, 1993 et 1994 par les syndicats des travailleurs de l'industrie pétrolière, le «Nigerian Union of Petroleum Engineering and Natural Gas Workers NUPENG» et Ie «Petroleum Engineering and Natural Gas Industry Workers of Nigeria PENGASIN» ont également été responsables de la baisse de consommation des produits pétroliers au Nigeria. e. Prévision en décalage avec la consommation
La prévision de la consommation des carburants dépend surtout du nombre de voitures en bonne condition de fonctionnement. Faute de données statistiques, il est difficile de faire une bonne prévision. Cependant, dans le bulletin annuel de NNPC sur les projections des consommations des carburants au Nigeria, une tentative de prévision à partir de la consommation de 1976 à 1986 «voir le graphique n04 illustre la prévision de la consommation de 1987 à 2002 ». Pendant cette période, on observe une croissance progressive de taux de la consommation de cinq produits pétroliers entre 1976 et 1982. Ces produits sont les suivants: Kérosène à double usage « Dual Purpose Kerosene DPK » ; Fioul léger « High Pour Fuel Oil HPFO » ; Pétrole lampant ou gaz oïl « Premium Moto Spirit PMS » ; 64
Carburant auto et super « Automobile Gas ail AGa « ; Fioul lourd « Low Pour Fuel Oil LPFO » ; Gas liquéfié «Liquified Petroleum Gas LPG or Cooking Gas ».
Graphique n° 4. Prévision de consommation des carburants
4000
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de 1987 à 2002 en tonnes
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Source: NNPC, A Yearly Statistical Handbook on Forecast of Refined Petroleum Products consumption in Nigeria, 1987-2002, PPMC Transport department Lagos, 1988,62 p.
Depuis 1984, on observe une baisse générale sur la consommation de ces cinq produits sauf le DPK. La période 1982 à 1986 correspond à un changement de régime qui a introduit des mesures d'austérité et supprimé les marchés de contrebande dans le pays.10 Les prévisions de 1988 à 2002 étaient basées sur des chiffies réels de consommation et surtout il n'y avait pas contrebande des carburants. Le NNPC a projeté une légère croissance de la consommation de PMS, de DPK, de HPFO entre 1987 et 2002. Ces trois produits sont les plus consommés au Nigeria. On observe également que la prévision de PMS, DPK et HPFO indique une consommation qui serait stabilisée à 4 000 000 tonnes métriques en l'an 2002. On observe que les consommations projetées de AGa, de LPFO et de LPG restent constantes depuis 1985 jusqu'à l'an IOLe Général Mohammed Buhari a pris le pouvoir par un coup d'Etat contre le régime civil de Shehu Shagari le 1er janvier 1983 et est resté au pouvoir jusqu'en octobre 1985. C'est lui qui a introduit les mesures d'austérité entre 1983 et 1985. 65
2002. Cette stabilité peut être attribuée à un marché très limité de la consommation de gaz naturel. Cependant, la construction d'une usine de LNG prévue pour s'achever en 1997 pourrait changer la courbe de projection en faveur de la croissance de la consommation de ces produits dans les années qui viennent. Malgré les mérites de ces prévisions, la consommation actuelle ne reflète pas exactement ce qui a été prévu. Par exemple, les prévisions sur les consommations de HPFO et de LPFO montrent un très grand excédent par rapport à la consommation actuelle. En 1982, 746 000 tonnes « Metric Ton MT» de ces produits ont été importées sur une demande totale de 1,2 million tonnes, 394 100 MT « soit 32,8% de déficit» ont été importées pour combler la différence. Par faute de fiabilité des données statistiques au Nigeria, il est difficile de faire des prévisions. Le graphique n° 5 illustre la prévision de la consommation par rapport à la consommation actuelle de 5 produits pétroliers au Nigeria. Ce graphique a été établi pour comparer les consommations de HPFO, LPFO, Pétrole lampant, Gasoil avec les prévisions de consommation. Ce graphique illustre comment les prévisions sont souvent supérieures à la consommation actuelle. La Banque Mondiale a en effet constaté que les prévisions sont faussées par les activités de la contrebande et du marché noir. La Banque Mondiale et le Programme de Développement des Nations Unies «United Nations Development Programme UNDP» ont fait une prévision plus modeste de la consommation des carburants au Nigeria. Le tableau n° 7 indique ces prévisions. Tableau n° 7. Prévision de la consommation des carburants par «UNDP» la Banque Mondiale en 1983
Produi ts Gasoil Diesel LPG HPFO Bitume/Asphalte Total Consommation Actuell e Source:
1985 Milli ons de tonnes 4,9 1~9 3,0 0,1 2,0 Il 9 11,9
1990 Millions de tonnes 7,2 27 4,2 0,2 2,8 17,1 7,7
et
1995 Milli ons de tonnes 10,1
2000 Milli ons de tonnes
3~6
4~3
5,6 0,3 3,7 23 3 13,5
6,9 0,4 4,8 29~1 14,7
12,7
UNDPIWorld Bank, Nigeria Issues and Options in the Energy Sector et CBN, Annual Statement of Acct., 1993, p. 97.
66
Graphique
n° 5. Taux
12
des prévisions
et consommations
des 5 produits
pétroliers
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1990-
11,2
10 8 . Projection cQ)
6
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A yearly statistical p.60, 1988.
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petroleum
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67
Product
consumption
in Nigeria
Bien que la critique de la Banque Mondiale soit fondée, leurs prévisions sont largement au-dessus des consommations de 1985, 1990 et 1995. Les disparités des prévisions montrent qu'il est actuellement difficile de faire une estimation des produits pétroliers consommés. De plus, on ne connaît pas les quantités qui disparaissent au marché noir. Ceci explique pourquoi il est difficile de planifier la distribution et la consommation des carburants. Dans un pays tropical chaud et près de l'équateur, la consommation de gaz naturel est moindre que dans les pays tempérés. Cependant, la multiplication des usages de gaz naturel en produits pétrochimiques peut modifier ce constat dans les années qui viennent. Au Nigeria, les réserves en gaz naturel sont encourageantes. En 1990, les réserves du pays étaient estimées à 3,000 milliards de m3 et cela représente 2,5% des réserves mondiales. Sur une production de deux millions de barils de pétrole par jour, deux milliards de m3 de gaz naturel sont associés. Comme la consommation de gaz naturel est très basse au Nigeria, 90% de 56 634 milliards de m3 de gaz naturel sont brûlés en plein air au-dessus du gisement de pétrole brut. Le
4. La réserve et la consommation de gaz naturel En plus de ces données, ce tableau fournit les quantités brûlées qui sont environ cinq fois plus importantes que les quantités commercialisées. Le gaz naturel non associé au pétrole représente 70% du total, soit 1883 milliards de m3 contre 807 milliards de m3de gaz associé au pétrole brut. Tableau n° 8. Réserves, production et utilisation du gaz naturel « en milliards de mètres cubes» Année
Réserves
Production
Gaz commercialisé
1985 1986 1987 1988 1989 1990 Total
1340 2400 2407 2600 2600 2690
185 18,7 17 1 202 25 1 27,5 127 1
t9 2,5 2~8 3~2 3~6 3,3 17..3
Source:
Gaz utilisé par compagnie d'extraction 0~64 0,70 0~60 0~64 0,73 0,78 4,09
Gaz réinjecté au sous-sol
Gaz brûlé
1 12 l,52 142 1 80 1 98 2,24 10,08
14 ~84 13,98 1228 1456 1879 21,18 9563
NNPC, Nigeria LNG Ltd, Facts and Statistical Data Sept., 1991, published by Jeromelaiho, Ikeja, Lagos, Nigeria, p.I-9.
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a. Les grands consommateurs du gaz naturel au Nigeria Par rapport au pétrole, la demande en gaz naturel est négligeable. Les principaux consommateurs de gaz naturel sont les centrales thermiques, les centres sidérurgiques et les brasseries. Les centrales thermiques consomment 15 000 000 fi3 par jour, soit 36% de la consommation totale du pays. Les industries de la région Est nigériane qui se trouvent principalement dans les villes de Port Harcourt et d'Aba consomment 374 465 m3/jour de la consommation totale. La demande en gaz naturel dans le futur va s'appuyer sur la croissance industrielle du pays et les besoins des centres de production d'énergie électrique. D'autre part, la construction du projet LNG peut aider à développer la demande d'utilisation de gaz naturel dans le pays. b. Le potentiel de gaz naturel Le potentiel de gaz naturel repose sur les réserves qui sont estimées à 2,5% du total mondial. D'autre part, le projet de LNG, né en 1971, est peutêtre le seul espoir du pays pour l'utilisation et l'exportation du gaz naturel. Afin de réaliser ce projet, une série de négociations de « joint-ventures» a été poursuivie par le gouvernement fédéral: NNPC aura un intérêt de participation de 60%, Shell 20%, Agip 10% et Elf 10%. Au début de la programmation de ce projet le coût était estimé à 2,6 milliards de dollars. Ce projet avait été prévu pour être opérationnel en 1977 avec une capacité annuelle de production de 4,6 millions tonnes de LNG. L'agrément inclut l'approvisionnement de 5,7 milliards m3 de gaz d'un montant de 4 milliards de dollars, par les compagnies ENEL (Italie), Evegas « Espagne », Gaz de France et Distriges « USA» pendant une période de 21 ans. Les compagnies prévues pour approvisionner l'usine de LNG en gaz naturel sont NNPC/Agip pour 53,3%, NNPC/Philips pour 23,3%, NNPC/Elfpour 23,3%. Bien que ce projet semble très important pour le pays, il est loin d'être achevé faute de moyens financiers et en raison de l'incohérence des politiques de négociation de la part des autorités nigérianes. Cette difficulté est liée au choix de la technologie à employer et aux pourcentages des participations des compagnies multinationales qui veulent augmenter leur participation à plus de 20%. Cependant, Shell BP, Chevron, Agip, Elf et Mobil utilisent du gaz naturel compressé « Compressed Natural Gas CNG» sous forme de «joint-ventures ». Pour ce projet, un gazoduc d'Escravos via « Uturogu Gas Plant» à Lagos a été mis en place pour le transport de gaz
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destiné aux centrales électriques de Sapele, d'Afam, d'Ogorode, d'Ughelli et d'Egbin, géré par NEPA. Il est également prévu qu'un réseau de gazoduc «national grid system» soit construit pour relier les villes industrielles du pays c'est-à-dire LagosKano, Port Harcourt, Jos, etc. Les pipelines relient seulement les grandes villes au détriment des villes moyennes et de la partie centrale du pays. Cela explique les déséquilibres en équipements de distribution des produits pétroliers entre les grandes villes et les petites villes. 5. Déficit de la production
des produits pétroliers
Il paraît bizarre de parler de déficit de production des produits pétroliers au Nigeria. En 1980, l'ouverture de la raftmerie de Kaduna avec une capacité maximale de production de 110 000 bpj a porté la production totale des raffineries à 255 000 bpj. De plus, en 1988, la première raffinerie de la ville de Port Harcourt et la raffinerie de Warri ont été rénovées et leurs capacités de production sont passées à 60 000 bpj et 125 000 bpj, respectivement. L'ouverture de la 4e raffinerie dans la ville de Port Harcourt, avec une capacité de production de 150 000 bpj a aussi contribué à augmenter la production des produits pétroliers à un total de 445 000 bpj. Le besoin national en produits pétroliers est d'environ 300 000 bpj. Alors peut-on parler d'un déficit quand le pays produit un excédent de 145 000 bpj ? Les arrêts annuels d'entretien des usines sont responsables de déficits qui parfois entraînent un manque artificiel de carburants surtout vers la fin de chaque année. Par exemple, en 1994, ces arrêts ont créé un déficit de 30% des produits pétroliers dans le pays, soit 136 000 bpj. Le graphique n° 6 illustre les écarts entre les capacités de production des raffmeries et leur production effective en 1994. Graphique n° 6 . Écart entre capacités de production des raffineries et leur production effective en 1994 en millier de baril par jour 160 000 140000 120000 100 000 80 000 .::1 60 000 o 40 000