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French Pages [332] Year 2009
Les Dialectes Néo-Araméens de Salamas
Gorgias Historical Grammars
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Gorgias Historical Grammars is a series intended to revive many of the classic grammars of ancient languages. These essential tools are becoming increasingly scarce, and yet they preserve many unparalleled insights into the languages they serve. Gorgias Press is pleased to bring them back into circulation.
Les Dialectes Néo-Araméens de Salamas
Textes sur l'état actuel de la Perse et contes populaires
M. Rubens Duval
gorgias press 2009
Gorgias Press LLC, 180 Centennial Ave., Piscataway, NJ, 08854, USA www.gorgiaspress.com Copyright © 2009 by Gorgias Press LLC
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1 ISBN 978-1-59333-787-2 ISSN 1935-3162
Printed in the United States of America
INTRODUCTION
La présente publication comprend des textes dans les deux dialectes araméens qui sont parlés actuellement dans le district de Salamâs 1 , l'un par les chrétiens syriens et l'autre par les Juifs 2 . Le district de Salamâs fait partie de l'Aderbeidjan et est situé au nord-ouest du lac Ourmia. Il tire son nom de son ancien chef-lieu, l'antique ville de Salamâs, réduite aujourd'hui à l'état d'un gros bourg appelé Kasaba ou La Vieille-ville (Kiœhna-Shaher) et habité en partie par les Juifs qui y comptent environ soixante familles 3 . Le siège du gouverneur est maintenant à Diliman ou Dilmakan suivant la prononciation en persan \ 1 Salamâs donne la forme arabe, en néo-syriaque on prononce Salâmas et en turc Salmas. 2 L'important recueil de textes néo-araméens publié l'année dernière par M. Socin renferme un morceau insuffisant dans le premier de ces dialectes. L'extrait de Targoum dans le second dialecte que M. Albert Lœwy a fait paraître dans les Transactions of the society of biblical Archœology, 1875, p. 98 et suiv., est également peu propre à faire connaître ce dialecte. 3 L'auteur des textes b en porte le nombre à deux cents. 4 V. Smith and Dwigt, Missionnary researches, p. 356 et 357? Southgate, Nerrative. I, 289.
Ces quelques familles forment à peu près toute la population israélite du district; il y en a un plus grand nombre à Ourmia (environ deux cents), qui parlent un dialecte araméen peu différent de celui de leurs coreligionnaires de Salamâs. Dans leurs rapports avec les chrétiens les Juifs se servent aisément du dialecte de ceux-ci. Les Syriens chrétiens de Salamâs sont presque tous catholiques ; ils ont leur centre principal à Chosrâva, siège d'un archevêché, et sont au nombre de 2,500 à 3,000' environ. Leur conversion au catholicisme date du siècle dernier et eut lieu sous l'épiscopat de Mar lchoyab, mort en 1789, ainsi que le constate l'inscription gravée sur sa tombe ; il ne reste plus guère qu'une quinzaine de familles nestoriennes. On compte en outre de cinq à six mille chrétiens jacobites d'origine arménienne qui ne parlent pas araméen. Le patriarche des Syriens orientaux avait son siège primitif à Séleucie du Tigre et était désigné en Occident sous le titre de patriarche de Babylone. La cour de Rome a conservé ce titre au patriarche des Nestoriens convertis au catholicisme, quoique sa résidence actuelle soit à Mossoul, et elle désigne les chrétiens dépendant de sa juridiction sous le nom de Chaldéens, c'est-à-dire, chrétiens 1
Le défaut de toute statistique et les émigrations successives, occasionnées par la guerre de la Russie avec la Perse, par les incursions des Kurdes et les exactions des gouverneurs musulmans, expliquent le peu d'accord des auteurs qui parlent de la population de Salmâs. Comp. Kinnair, a Geographical memoir of the persian Empire, London, 1813, p. 153 ; Smith and Dwight, Missionnary Researches, London, 1834, p. 352 ; Abbé Martin, La Chaldée, Rome, 1867, p. 205.
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du patriarche de la Chaldée. Si peu scientifique que soit ce nom, il est devenu usuel, et je m'en suis servi pour traduire l'araméen Sourâyi, le mot Syriens pouvant prêter à confusion. Les Chaldéens de Salamâs sont de môme origine que les Chaldéens et les Nestoriens d'Ourmia; la comparaison de leurs dialectes ne laisse guère de place au doute. Le fond de la langue est le même ; il y a peu de vocables qui ne soient communs aux uns et aux autres ; les principales différences portent sur la phonétique et s'expliquent par la situation géographique de ces populations. Le district de Salamâs appartient à la région montagneuse, son dialecte est plus chargé de sons aspirés et gutturaux, les élisions et les contractions de syllabes y abondent. Il est cependant surprenant que les traditions locales sur l'origine de ces chrétiens soient aussi divergentes. « Les Nestoriens d'Ourmia, dit Perkins [Residence, p. 9), ont une tradition générale que leurs ancêtres immédiats descendirent des montagnes pour vivre dans la plaine à une période non connue au juste, mais d'environ cinq à six siècles. » Cette tradition est parfaitement conforme aux éclaircissements qu'on peut tirer de l'histoire, si pauvre qu'elle soit 1 . Les Chaldéens de Chosrâva, au contraire, se croient i Comp. Nœldeke, Grammatik der neu-syriscken sprache, Einleitung xxi et xxm. Suivant Assemâni, B. O. III. II. 707, les Jacobites eurent des évêques dans l'Aderbeidjan depuis 630 jusqu'en 1265. En 1265 ce sont des évêques nestoriens qui y sont mentionnés.
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indigènes dans le pays et font remonter leur conversion au christianisme aux premiers siècles de notre ère. Chosrâva n'a jamais été qu'un village, mais il aurait été l'emplacement d'un camp de Chosroes Nouschirvan qui lui aurait donné son nom. Chosrâva, en effet, est abrégé du persan Chosroâbad, fondation de Chosroes. Mais ces différentes données se concilient facilement, si on admet que les migrations des Nestoriens à Chosrâva ont précédé de plusieurs siècles le départ des familles qui sont venues se fixer dans la plaine d'Ourmia. Ces dernières ont pu garder le souvenir de leur ancien séjour dans le Bohtan, tandis que les Chaldéens de Salamâs n'ont plus conscience de leur origine primitive. L'établissement des Nestoriens à Ourmia ne peut guère être reculé plus loin que le xm° siècle; il paraît, au contraire, que le cimetière de Chosrâva renferme des inscriptions tumulaires d'une époque beaucoup plus ancienne. L'une d'elles notamment, en bel estrangelâ et à la mémoire de l'étudiant Chosroes, Khosro eskoulâya, serait datée du vu 0 siècle. Ce n'est cependant qu'au xin° siècle que l'histoire mentionne les évêques de Salamâs. En 1281, Joseph evêque de Salamâs assiste à la consécration du patriarche Iaballaha. C'est en 1576 que Salamâs figure comme le siège d'un archevêché ; auparavant ce diocèse relevait d'abord du métropolitain d'Arbèle et ensuite du métropolitain de l'Aderbeidjan, B. 0. III, II, 773. Quant aux Juifs de Salamâs, la tradition 2 les fait 1
V. Smith and Dwight, Missionary Researches, p. 352. V. Report of the Proceedings of the Society of biblical ehœology dansj les Transactions de la Société. T. VI, p. 601. 2
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venir de Bardoug ou Bourdouk dans le Kurdistan turc et leur assigne une origine commune avec les Juifs d'Ourmia et de Basch-Kala, qui seraient également originaires de Bardoug. Cette donnée est confirmée par la comparaison du dialecte des Juifs de Salamâs avec le dialecte des Juifs de Basch-Kala, dont M. Albert Lœwy a publié un court texte dans le tome VI des Transactions of the Society of biblical Archœologij p. 601. Ces deux dialectes ne paraissent présenter entre eux aucune différence notable, tandis qu'ils s'écartent sensiblement du dialecte des Juifs de Zacho Les textes dans le dialecte des Chaldéens de Salamâs m'ont été fournis par un Persan que je serais heureux de nommer, en lui offrant un hommage public de ma gratitude pour la bienveillance inépuisable qu'il n'a cessé de me témoigner ; malheureusement des raisons qui lui sont personnelles m'interdisent de le faire. Ils ont été d'abord écrits en caractères syriaques ; c'est pendant la lecture qu'en faisait leur auteur que j'en ai fixé la transcription. Je sais que cette méthode n'est pas la meilleure pour donner une notion exacte du langage vulgaire, mais les inconvénients qu'elle offre ont été en partie corrigés par une revision de ma transcription. Les textes du dialecte des Juifs m'ont été dictés par Hanouka Hézékiel, un juif de Salamâs, qui se trouvait de passage à Paris pour quelques semaines seulement. Il avait été envoyé en Europe par ses coreligionnaires pour quêter des secours et soulager la misère de ces pauvres » V. Socin, Die neu-aramaeischen
Dialekte, n° xxvn.
diables que la dernière rébellion des Kurdes ramenait de nouveau à l'état de juifs errants. Dans l'emploi des signes diacritiques qui cherchent à rendre la prononciation aussi exactement que possible, je me suis conformé à l'usage généralement adopté. On trouvera à la fin de cette introduction la liste de ces signes avec l'indication de leur valeur ; je me bornerai à quelques observations. Parmi les gutturales, h marqué d'un point supérieur indique une aspiration analogue au ch allemand dans ich; quand cette aspiration suit i ou ai à la fin du mot, elle est faible et n'est pas toujours sensible à l'oreille. Les palatales g et k se prononcent mouillées dans certains cas, comme à Ourmia, mais ces cas ne sont pas toujours les mômes qu'à Ourmia. Elles font entendre un i sourd devant la voyelle qui suit : rjuiâna âme, donkiâni lieux. Quand le kaf mouillé précède une consonne, cet i se mêle à un léger e ouvert : Uama combien. Le qof en s'aspirant sonne comme un g prononcé au fond du gosier et se rapproche du ghain arabe ; dans les textes a cette prononciation est rare et ne se rencontre guère que dans le mot schouq excepté ; dans les textes b, elle est au contraire fréquente, souvent même le qof y devient un ghain. Hanouka donnait quelquefois au d un son emphatique qui le rapprochait de très près du tet, j'ai noté cette prononciation par un trait sous la lettre. En général la prononciation de Hanouka se distingue par l'emphase des sons, la rareté des diphthongues et l'abondance d'e ouverts entre les consonnes. Il est possible que cette forte
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articulation ait été exagérée par une diction qui voulait être claire et que dans la conversation elle soit moins sensible. Une autre particularité de ce dialecte, que malheureusement je n'ai songé à noter que dans les dernières pages, est la tendance du lâmad à se rapprocher dans quelques mots du son du risch ; j'ai marqué dans ce cas le l d'un trait inférieur 1 . Les voyelles longues sont indiquées par un trait supérieur, les voyelles claires, par un crochet à gauche, et les voyelles obscures, par un crochet à droite. Deux points sous a et o notent l'inflexion de ces voyelles qui répondent à Vœ et l'œ allemands. Ces dialectes distinguent deux i, l'un analogue à notre i dans ami, que les Syriens rendent ordinairement par un zlâma ; l'autre, beaucoup plus aigu et qui peut se comparer à notre i dans pitre, est écrit en syriaque par un youdh ou hvâsa, mais les Chaldéens, suivant l'étymologie, écrivent souvent le youdh dans des mots où il n'est plus prononcé. J'ai distingué celui-ci du premier par un trait inférieur. Il y a également deux e, l'un répond à notre e de été dans une syllabe ouverte et à notre e de bel, amer, garenne dans une syllabe fermée ; l'autre, que j'ai distingué du premier par le trait supérieur des longues, a un son intermédiaire entre é de été et ê de être, il sonne à peu près comme ai dans j'ai, j'aimai. Dans 1
Je n'ai distingué dans aucun de ces dialectes la prononciation particulière du l de tla trois, que M. Noeldeke a signalée pour le dialecte d'Ourmia dans la Zeitschrift der D. M. G. 1883, p. 671.
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les premières pages j'ai quelquefois omis de marquer ces traits, j'ai réparé cette omission dans les errata, auxquels je prie le lecteur de vouloir bien se reporter. L'w n'est pas aussi clair qu'en français, il se rapproche à'i sourd et peut être comparé à Vu allemand dans früh par exemple. J'ai indiqué quelquefois ce son obscur par le crochet à droite, mais pas d'une manière régulière. Cependant dans le n° 13 des textes a il répond exactement à notre u clair. Quant aux diphthongues, ai sonne comme notre «¿dans bail ; marqué de deux points sous Va, comme ei dans abeille; au a le son de cette diphthongue en allemand; ou avec deux points sous l'o indique un son bref intermédiaire entre o dans sotte et eu dans peu. L'accent sur les voyelles marque l'accent tonique du mot. J'ai traduit les textes aussi littéralement que possible pour en faciliter l'étude. Je crois pouvoir garantir l'exactitude de la traduction des textes a, qui a été revue par leur auteur. J'ai pensé inutile de donner la rédaction en caractères syriaques, qui, suivant l'orthographe admise, ne donne ni la vraie étymologie ni la prononciation exacte. Pour les textes b, je n'ai pas eu les mêmes secours. Hanouka ne connaissait pas de langue européenne ; il parlait, en dehors de son dialecte araméen, le turc oriental et le néo-hébreu. Il se faisait accompagner souvent d'un Roumain qui parlait le turc occidental et l'allemand, malheureusement il ne le comprenait guère et j'ai dû souvent rectifier les faux sens qu'il m'avait
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donnés. Cependant, comme ces textes ne présentent pas de grandes difficultés, je ne crois pas avoir commis beaucoup d'erreurs. Quoiqu'on ait déjà beaucoup écrit sur la Perse 1 , les tableaux sur l'état actuel de ce pays, qui font l'objet des douze premiers numéros des textes a, présentent un intérêt nouveau, dû à la nationalité de l'auteur et à son esprit d'observation. Les projets mêmes de réforme qu'il propose d'après le modèle de la civilisation européenne, si irréalisables qu'ils soient, témoignent du sentiment qui pénètre les Persans instruits de leur état de décadence; le musulmanisme et les préjugés absurdes des Shiites forment malheureusement une barrière infranchissable à toute tentative d'amélioration, comme en témoignent les expériences qui ont été faites pendant ces dernières années. Quant au numéro 13, il est le produit de quelques notes que le même auteur avait prises pendant son séjour à Targahvar, dans la montagne à l'ouest d'Ourmia, relalativement aux locutions ou aux prononciations qui distinguent le dialecte de ce pays ; il a formé de ces notes les quelques phrases qu'il m'a. paru utile de faire connaître, malgré leur peu d'importance. En terminant, j'adresse mes remerciements à M. Vieweg, mon éditeur, qui a bien voulu faire les frais de cette publication. Paris, 15 août 1883. RUBENS DUVAL. 1
J e v i e n s d e r e c e v o i r u n livre i n t é r e s s a n t et r e m p l i d e r e n s e i g n e m e n t s utiles, intitulé :; Hommes et choses en Perse, p a r M me Caria S e r e n a . Paris, 1883.
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