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French Pages 141 [145] Year 2011
16 pages d'informations culturelles et pratiques sur la région
LanguedocRoussi on TEXTE
Simonetta Greggio PHOTOGRAPHIES
Richard Nourry
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200 photos couleur 5 cartes 16 pages d'informations culturelles et pratiques sur la région
7 itinéraires exceptionnels La nature • Raconte-moi les ville et le villages charmants ... Les maisons des hommes • La route cathar • Saveurs d'eau et de terre. ro t du sacre • Les plah;ir et le produit Blb. Principale BXL 1
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ISBN 978-2-7373-5273-7
Prix p ub li c: 15,90 €
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Editions O UEST-FRANCE
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GR.E.
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TEXTE
Simonetta Greggio
PHOTOGRAPHIES
Richard Nourry
«
On parle ici un langage de pierre Plus d'échos que de lèvres plus d'ombres que de proies
La peur y prend un visage d'épervier et le bonheur la courbure du vent.
»
Le désert, Jean Joubert
Sommaire
Carte générale .. ... .. ... .. .. .... .. .. .. .... ........ .... 6 Introduction .................. .. ........................ 9 La nature .. .... ..... .... .. ............................. 13 Raconte-moi les villes et les villages charmants ...................... 31 Les maisons des hommes .................... 49 La route cathare ................................... . 61 Saveurs d'eau et de terre .................. .... 77 La route du sacré ................................ 93 Les plaisirs et les produits .... .. .... .... .... 113 Epilogue ...... ........................................ 123 Carnet d'adresses ................................ 124 Informations culturelles et pratiques du Languedoc-Roussillon .................... 127
GOLFE DU
LION
1
Il
*
Château Édifice religieux Curiosité remarquable
Introduction
Un pays entre grâce, rage, résistance ... Pour se retrouver dans le magnifique capharnaüm géographique du Languedoc-Roussillon, il faut imaginer un amphithéâtre naturel tourné vers la
Méditerranée, en trois gradins descendant vers la mer: montagne, causse et enfin mer. Le développement des entités régionales est dû à de multiples facteurs : le climat, bien évidemment, la
Page de gauche : Paysage de la montagne de la Clape, dans l'Aude.
De roche et d'eau, paysage de La Roque-sur-Cèze dans le Gard.
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Languedoc - Ro u ss i llon
géologie et la position géographique ; liées à l'homme, l'histoire et la religion en déterminent l'architecture. Le Languedoc-Roussillon ne fait pas exception, avec juste un zeste de difficulté de compréhension de plus, car la carte de ce pays est« épicée», et son histoire particulièrement turbulente. En voici donc les frontières et les dénominations géographiques : - La Margeride, l'Aubrac, la vallée du Lot, les gorges du Torn et le nord des Cévennes composent le département le plus septentrional, la Lozère ; - la Camargue, le pays romain et le sud des Cévennes forment le département riverain du Rhône : le Gard ; - la côte languedocienne, le haut Languedoc et le Minervois couvrent les départements de l'Hérault et de l'Aude auquel s'ajoutent les Corbières, le pays cathare et la Montagne Noire ; - enfin, jouxtant la frontière espagnole, le Roussillon, la Côte Vermeille et les Pyrénées catalanes constituent le département des Pyrénées-Orientales. «Tout le monde sent bien que le Languedoc n'est pas tout à fait la France, mais rien n'est plus difficile que d'isoler ce en quoi il diffère vraiment d'elle.
À gauche: Clamouse, dans !'Hérault. À droite: Aven Armand en Lozère, un véritable phénomène souterrain, une merveille qui débouche dans le causse Méjean.
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Il s'est opéré tant d'échanges intellectuels, en sept cents ans, entre la province et la nation - et un tel brassage ethnique - que ce qui appartient à l'une se distingue mal de ce qui appartient à l'autre »(Histoire secrète du Languedoc, René Nelli) . En fait, le Languedoc est un ensemble de réalités bien plus complexes que celui de ses régions voisines, la Provence et la Côte d'Azur, à la visibilité plus évidente. On peut commencer par évoquer avant tout le climat, qui définit l'installation des premiers hommes sur le territoire, et par la suite le développement et le type d'habitation et de culture. En Aubrac, il est de type continental, froid en hiver, chaud en été. 11influence océanique - douceur à l'année et humidité relative - se ressent en Lauragais, tandis que le climat de type méditerranéen - sécheresse et chaleur estivale, violentes pluies d'automne - affecte les garrigues. De là le type de constructions, leur exposition, le mode de stockage de l'eau, la lutte menée contre le froid. Tout cela parle à l'oreille, et aux yeux, de celui qui prend le temps.
Introduction
La géologie met à disposition les matériaux pour les différents types de bâti : dans la région on trouve le basalte, le granit, le schiste, le gneiss, le grès, le calcaire, le tuf, l'argile. Les productions agropastorales, quant à elles, vont engendrer des matières variées - genêts, roseaux, seigle, châtaignier, pin, sapin, chêne - pour les couvertures et les charpentes. Le Languedoc-Roussillon a été véritablement un espace de circulation, une zone de contact entre les marchés de l'Espagne et de la France. Les influences romaines, arabes et celtes ont contribué à en faire un vrai creuset de cultures diverses. Cette longue bande côtière a donc connu une histoire particulièrement riche, et accumulé au fil du temps toutes les influences méditerranéennes pour les faire siennes. L'homme a élaboré ses propres modes de vie et construit ses infrastructures : burons pour les fromages d'Aubrac, clèdes pour les châtaignes, magnaneries pour le vers à soie, jasses pour les moutons, aqueducs, canaux. Enfin, l'histoire religieuse a induit un patrimoine rem arquable, reflet de fois et de conflits : abbayes cisterciennes, temples protestants ayant échappé au grand incendie des Cévennes par les dragons du roi, sites de la croisade contre les albigeois, synagogues des quartiers juifs des grandes cités languedociennes ... Les croyances populaires ajoutent encore à cette profusion de signes : pour preuve, les pierres dressées sur les faîtages des maisons du mont Lozère pour les protéger de la foudre ... Si les êtres fantastiqu es peuplent l'imaginaire des habitants, ils ne sont pas les mêmes, que l'on vive dans les sombres Cévennes ou dans la pure lumière du littoral. Le « génie de la montagne » régnait sur le Gard, et débusquait les chasseurs, leur tendait des traquenards, les
transformait de chasseur en chassé, les poussait dans les abîm es. Toujours dans le Gard, il fallait se méfier de jolies créatures qui peuplaient les bois et qui hantaient les cours d'eau, fées ou sorcières tour à tour, fadas, encantadas, ou mitonas dans }'Hérault et dans l'Aude. Les amours que ces femmes du diable inspiraient ne pouvaient évidemment pas bien se terminer - mais y a-t-il des amours qui se terminent bien dès lors qu'ils ne sont pas bénis par l'intérêt social et biologique ? Cela se paye, surtout dans les campagnes d'antan, où la vie tenait souvent de la survie. Le drac, ou dragon, vivait dans l'eau et était responsable des noyades. On pouvait certes le soudoyer à l'aide de rituels liés au don de nourriture, mais cela restait incertain. Un pays aussi imprégné par son passé - proche - ne peut pas être totalement identifiable et quantifiable. Lebrau, un poète proche de Bousquet et de Delteil, dit que son pays « est noir de trop de lumière ». Ce livre ne se veut pas une liste exhaustive des merveilles du Languedoc-Roussillon : à peine un souffle de désir, une mise en bouche, une envie d'en savoir plus .. .
Dans le monde des fadas et des encantadas, les chèvres cohabitent avec les génies de la montagne.
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La nature De la garrigue à la Petite Camargue, des Causses au Parc national des Cévennes, le canal du Midi et les Pyrénées-Orientales Dans les territoires sauvages du Languedoc-Roussillon, des plateaux herbeux de l'A ubrac aux forêts et rivières de la Margeride, l'écologie, le culte de l'essentiel et l'équilibre avec la nature prennent tout leur sens. Le paysage de la région, on peut le résumer en trois grandes parties :
- la montagne - plateau central, Pyrénées, Grands Causses, Cévennes ; ces dernières, longtemps impénétrables, ont conservé leur authenticité ; châtaigneraies, fabuleuse bambouseraie, paysages spectaculaires ... Les Pyrénées catalanes offrent, elles, tous les plaisirs des cimes. Perchées sur un
Page de gauche : La corniche des Cévennes.
Un désert de verdure et de pierre, le mont Lozère.
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Languedoc-Roussillon
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Curiosité remarquable
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Raconte-mol
nid d'aigle ou tapies au fond d'un vallon au pied du Canigou, les abbayes romanes y dressent encore leurs tours crénelées et leurs cloîtres paisibles : la nature préservée invite ici à de belles promenades entre lacs d'altitude et forê ts de pins.
les villes et
les villages
- La garrigu e, de Narbonne et des Corbières, du Gard et de l'Hérault, dominé par quelques sommets. - Puis la plaine, haute en terrasses, basse en lagunes. Quant à la Camargue, qui débute de fait aux frontières du pays, c'est une
charmants
À gau che :
fleur de petit pois sauvage. Au milieu et à droite : Dans les Pyrénées, la flore est très protégée.
falaises du cirque de Saint-Chély, dans les gorges du Tarn en Lozère.
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La route du col de Montmirat est une magnifique voie d'accès aux gorges du Tarn.
terre aride et moite à la fois, mêlée de sel et de sable, qui se tache du rose des flamants, du noir des taureaux et du blanc des chevaux. Le littoral égrène un chapelet de plages de sable, ponctué d'églises romanes et gothiques, de sites
Vaches de race Aubrac
Parfums de miel et de vanille, les genêts de la Montagne Noire.
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anciens et de stations balnéaires. Ainsi, on définit de manière un peu figée un paysage qui ne l'est d'aucune manière. Mais, il est vrai, le Languedoc-Roussillon est assez compliqué pour que l'on puisse se permettre d'essayer de simplifier...
Raconte-mol
Aux sources ... Peu de sommets dépassent 1000 m, dans ces Cévennes, Montagne Noire, Causses et Corbières : à peine les monts de Marcou, 1094 m, l'Aigoual, le plus haut avec ses 1567 m, l'Espinouse, avec 1126 m, le Caroux, 1093 m. Châtaigners - arbre de la montagne de silice -, hêtres, pins et cèdres jouent leur partition en maîtres. Chevreuils et sangliers, ainsi que la vipère, peuplent la montagne languedocienne. Le loup a disparu depuis au moins une centaine d'années, laissant derrière lui une légende tenace de bête malfaisante. Dans les torrents et les petits fleuves prospéraient autrefois écrevisses et truites : il paraît qu'il fallait les renfoncer dans l'eau à coups de bâton, car il y en avait tellement qu'elles sautaient sur vous. Dans les rivières calmes
le s
villes
et
l es vil l ages
il reste toutefois assez de poissons pour contenter les pêcheurs les plus impatients, ablettes, gardons, tanches, chevesnes, entre autres. Le brochet règne, et la sandre. La beauté nue des Causses n'est pas à comparer au sombre éclat des Cévennes, toutes en schiste, en
charmants
Brebis, que l'on rencontre souvent dans les plateaux de Lozère. Les troupeaux transitent par les chemins de transhumance, appelés drailles.
Les magnaneries Durant des siècles, les Cévennes gardoises furent au cœur de l'industrie de la soie. D'une technique venue de Chine, le tissu qui habilla les rois et les nobles était produit dans les ateliers de SaintHyppolite-du-Fort, du Vigan, et de Saint-Jean-du-Gard. Avec l'élevage du ver à soie, des étages entiers sont souvent venus rehausser les maisons, avec de nombreuses et petites ouvertures et quantité de cheminées nécessaires à l'aération et au chauffage de la pièce où grandissaient les « magnans ». Portes et fenêtres du bâtiment d'habitation étaient orientées en fonction de l'ensoleillement, surmontées par des linteaux de châtaignier ou de pierre. Il reste de ce savoir-faire séculaire un artisanat d'art très actif, à découvrir sans faute .
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Languedoc-Roussillon
Paysage du mont Aigoual.
Les jours de beau temps, du col de Montmirat on peut voir le mont Aigoual.
les loups du Gévaudan En Lozère, à Sainte-Lucie, plus de cent loups vivent en semi-liberté. Sur les terres de légende du Gévaudan, ces loups ont trouvé asile dans un biotope naturel, un espace boisé de plusieurs hectares : le parc du Gévaudan. Ces loups du Canada, de Sibérie, de Mongolie ou de Pologne vivent dans une vaste réserve, pendant que d'autres loups, en quasi-liberté, se prêtent aux études scientifiques d'Anne Ménatory, la fille de Gérard Ménatory, le créateur du parc animalier, qui ramena il y a trente ans ses premiers loups de Pologne. Au parc du Gévaudan, les loups sont respectés, animaux sauvages qui forcent la passion. Le loup est un animal sociable. Son organisation en clan, son sens de la famille et l'originalité de la communication qui règle ses rapports au sein de la meute sont étonnants. Il est possible de se rendre compte de tout cela en restant à l'écoute, tous sens en éveil, au parc : le loup est fascinant, et au-delà de son image emblématique, mérite vraiment qu'on s'y intéresse. Et dans tout cela, il n'y a pas de notre côté un petit sens de culpabilité ? Parc à Loups - Sainte-Lucie 48100 Marvejols.
Tél. : 04 66 32 09 22.
contraste du relief, en étroitesse des volumes. C'est un univers calcaire, aux horizons ouverts, aux volumes amples. Malgré son aspect désertique, le plateau était autrefois le grenier à céréales des vallées : les plaines et les dolines, mais aussi des versants actuellement délaissés, étaient cultivés, comme en témoignent les murettes qui délimitent des champs. Des tas de cailloux (les « clapas ») résultent de l'épierrage effectué par les lab oureurs. Aujourd'hui, c'est le domaine du mouton : les dolines (dépressions argileuses de forme arrondie) sont surtout cultivées pour la nourriture du bétail. Les canyons gigantesques, les puits naturels, les plateaux arides des Causses accueillent de plus en plus de randonneurs. C'est par contre sur une roche à la fois friable et dure que s'est implantée la majorité du peuple cévenol. Comme dans les autres régions du
Le Parc national des Cévennes
Col de Montmirat, Lozère.
parc national, le village ou le hameau s'inscrit au cœur d'un paysage fortement marqué par la main de l'homme : un grand nombre de terrasses de culture (bancels, faïsses ou traversiers) a été édifié pour retenir la terre et disposer des sols plats. Quant aux vallées cévenoles, elles ont connu un enrichissement biologique incroyable, de plus en plus marqué depuis vingt ans. Les écrivains comme Stevenson ou Barbey d'Aurevilly, qui ont décrit les Cévennes avec des mots acérés de solitude et de mélancolie, en seraient aujourd'hui bien surpris. Sur le mont Lozère, le paysage est de granite, tout en arrondi des lignes et en volumes massifs. Des hameaux, des maisons de maître, parfois des fermes fortifiées se sont implantés dans les sites qui offraient une bonne exposition au soleil, près d'un ruisseau ou d'un point d'eau, à proximité des terres cultivées et des pâturages. Uhabitat du mont Lozère, le plus élevé des Cévennes, est aussi parmi les plus hauts en altitude de tout le Massif central : jusqu'à plus de 1350 m. A 600 m environ, la montagne laisse place à des arbres qui font la liaison entre sommets et garrigue, chênes de plusieurs familles, et espèces sempervirentes.
Le Parc national des Cévennes, implanté en moyenne montagne, est le seul grand parc national français forestier en métropole. Il est très généreux en faune et en flore : 2410 espèces répertoriées, dont 45 % des vertébrés de France, et plus de 1 500 km ' de forêts pour moitié en feuillus, et pour moitié en résineux. La forêt occupe presque 60 ooo ha, une forêt faite essentiellement de chênes verts, de chênes à feuillage caduc, de châtaigniers et de hêtres. La châtaigneraie cévenole, cultivée depuis un millénaire, a été longtemps laissée à l'abandon. L'enjeu du parc à l'heure actuelle consiste dans la préservation des hêtraies-sapinières du mont Lozère. A l'écart de l'agriculture intensive et des traitements chimiques, le Parc national des Cévennes a constitué un refuge naturel pour la petite faune, insectes compris. La diminution des zones cultivées et la progression des landes et des forêts ont recréé des milieux favorables pour la grande faune, vautours fauve et moine, castor, cerf, chevreuil, mouflon, grand tétras, écrevisse à patte blanche, aigle royal, loutre, pic noir, chouette de Tengalm, vautour percnoptère, grenouille rieuse ... On y trouve également les plus beaux cerfs de France, ainsi qu'un grand nombre de sangliers, ce qui cause des problèmes dans les exploitations agricoles, rendant nécessaires des mesures de régulation. La diversité de ses climats - océanique, continental et méditerranéen favorise la richesse de sa flore - 2650 espèces : pelouses subalpines du mont Lozère, associations végétales liées au chêne vert - hêtraiesapinière naturelle des versants nord, et encore lys martagon, adonis printanière, orchidées, ainsi que plusieurs plantes rares et menacées. Il y a aussi des pelouses subalpines de nard, canche et fétuque, tourbières à sphaignes, avec trèfle d'eau, populage des marais, linaigrette, canneberge, et surtout la célèbre droséra, une jolie plante carnivore. Une balade singulière, celle au parc de Gévaudan, en Lozère.
Languedoc-Roussillon
Arbousiers.
En bas à droite : Le petit-gris - délicieux en ragoOt avec de petites pommes de terre-,
Etonnante garrigue
affectionne l'humidité.
Son nom vient du grec garric, nom occitan du chêne kermès. On ne peut évoquer cela sans que sous la langue viennent des goûts de résine, sous le nez des odeurs de terre grillée, d'herbes brûlées par le soleil.
Ci -dessous : En Roussillon, la floraison des cerisiers est l'un des moments
forts du printemps. Céret est justement connu pour ses splendides cerises.
Les plantes médicinales de la médecine populaire Ce sont les plantes communes, que l'on cueille facilement dans le bas Languedoc. En voici quelques-unes, remèdes à tous les maux. Le romarin soigne les aphtes, la sauge aide la circulation - et résout les problèmes liés à la mauvaise haleine-, le thym est pour les coliques, la mélisse pour les insomnies et les « nerfs », les queues de cerise sont très diurétiques, l'arnica en massage aide en cas de contusion, la bourrache est parfaite pour les voies respiratoires, la camomille est un véritable élixir, qu'il s'agisse de problèmes de digestion ou d'énervement, la citronnelle éloigne les moustiques, la lavande soigne les ulcères de la peau et les boutons, la sarriette est un bon stimulant, et l'ineffable lys est utilisé pour les brûlures. 20
Pourtant, à l'origine, la garrigue est l'avancement de« mauvaises herbes » dans une zone abandonnée, qu'il s'agisse de cultures délaissées ou de terrains déboisés et laissés pour compte. Elle se trouve promue au rang de paysage, c'est un peu la dernière aire de liberté dans un monde grillagé et h érissé de panneaux d'accès interdit. Du Rhône moyen aux confins de l'Espagne, la garrigue est formée de trois étages végétaux : arbres, arbustes et buissons. La garrigue est faite de ciste - cette petite marguerite jaune qui devient, en été, une boulette brune cotonneuse, et qui sent si fort- , de genévrier, de lentisque, de térébinthe, d'ajon c. Il y a les ors des genêts, le lilas allumé des bruyères, le céleste
« sauce ». Ces simples sont la base, dans l'herboristerie familiale, des médications de grand-mère : le thym pour l'estomac et la fièvre, le cade pour la peau, le basilic et le laurier« sauce» pour les préparations en cuisine. Criquets, sauterelles, lézards agiles et couleuvres nonchalantes - parfois longues de près de 2 m, et ce n'est pas une légende de Méridional ! -, papillons splendides bien que communs, comme le machaon aux ailes ocellées et l'apollo le bien nommé, escargots de toutes sortes, ainsi que blaireaux, renards, écureuils et perdrix rouges y ont élu domicile. Et au-dessus de tout ça, bruyante, motivée, ensoleillée, ivre de chaleur et d'elle-même, l'infatigable cigale. adorable des fleurs des romarins, puis les vert-de-gris, la terre chauffée à blanc, la pierre à nu, l'ombre salée des pins torturés ... Mais il suffit que l'on se penche et qu'on mette doigts et nez au ras de terre pour froisser romarin sauvage, thym, sarriette, lavande vraie, incroyablement puissante, minuscules feuilles de menthe ... l'odorat s'y perd et s'enivre, mélange sauge et laurier
Collioure, Pyrénées-Orientales.
À gauche: Port-Barcarès, Pyrénées-Orientales.
De l'étang à la mer... en passant par la plage Le lido s'appuie sur les anciennes îles de la Clape, Saint-Clair, et des antiques enclos colmatés, qui se sont transformés en étangs. Les variations d'eau et de niveau mettent au jour différents spécimens végétaux et animaux, salicornes et roseaux. I:étang, le marais et la lagune prolongent la Camargue. 21
Languedoc - Roussillon
En Camargue languedocienne,
il règne le même amour du cheval qu'en grande Camargue. Les ingrédients du paysage sont d'ailleurs les mêmes : le taureau, le gardian, les grands marais salants, qui se prolongent en étangs ...
Quand les Pyrénées rencontrent la Méditerranée, de l'autre côté, ils respirent le même air catalan . Le Fénouillède s'inscrit dans la zone délimitée par les bassins de l'Agly et le Maury, s'appuyant au nord sur le massif du Mouthoumet et sur les Corbières : c'est depuis toujours le passage entre la moyenne vallée de l'Aude et la plaine roussillonnaise.
La tramontane souffle puissamment sur le bassin du Roussillon, bordé en Méditerranée par la Salanque, plaine littorale ponctuée d'étangs qui est en fait le prolongement naturel de la plaine maritime du Languedoc. Au centre du triangle ToulouseMontpellier-Barcelone - ancienne capitale du royaume de Majorque -, se trouve la ville de Perpignan.
Le cheval Au départ, le cheval était le vrai compagnon du manadier et du gard ien, pour le tri des taureaux et pour les travaux agricoles. Sa solidité et sa rusticité viennent de ses origines et de ses conditions d'élevage ; les chevaux vivent en plein air toute l'année et développent une grande résistance aux variations climatiques. La race du cheval Camargue a été reconnue officiellement en 1978, date de la mise en place du livre généalogique, tenu par le Parc naturel régional . Les poulains naissent avec un pelage brun foncé, et ils deviennent gris clair vers l'âge adulte, à cinq ans environ.
Raconte-mol
le s villes et les villages charmants
Une échappée belle
le flamant rose
Pour découvrir ce vaste espace salé, dominé par le vent du large et les marais, la traversée à cheval à travers les étangs, les rizières et les immenses manades, avec son petit goût d'aventure, reste l'une des manières les plus naturelles. C'est aussi le meilleur moyen d'approcher gardians et taureaux, flamants roses et canards sauvages. Les plus belles balades à vélo se font à partir de la « digue à la mer » qui relie le salin de Giraud dans la commune d'Arles aux SaintesMaries-de-la-Mer, en empruntant les sentiers balisés qui mènent au parc ornithologique du Pont-de-Gau, une merveille à découvrir au petit matin.
Espèce emblématique de la Camargue - le seul lieu en France et l'un des très rares en Méditerranée où il niche-, le flamant peut atteindre une population de 20 ooo couples, regroupés en colonies. Ses pattes rose vif, démesurément longues et à l'apparence fragile, supportent un corps assez gros aux nuances roses, plus vives au cou et à la poitrine. Le dessous des ailes, d'un rouge carmin que l'on ne voit qu'en vol, contraste avec le noir profond des rémiges. Le cou, long et flexible, supporte la tête affublée d'un bec bossué, rose à la racine et noir à la pointe, tandis que l'œil est jaune vif. Pour se lever en vol, sa tactique consiste en quelques enjambées rapides au décollage, ensuite c'est pattes et cou tendus qui créent ainsi un étrange ensemble parallèle - que le flamant se déplace, étrange créature volante rouge, rose et noire. Son bec puissant lui permet d'aspirer l'eau puis de l'évacuer par un système filtrant de lamelles pour ne conserver que le plancton dont il se nourrit. Il existe six espèces et sous-espèces de flamants dans le monde entier.
Du Port-Saint-Ange à Leucate-Plage ce sont 8 km de sable fin qui s'étirent, et la station de Port-Barcarès est devenue un haut lieu touristique. Mais plusieurs signes subsistent du temps pas si éloigné où l'étang de Salses, tout proche, et le Barcarès lui-même étaient un refuge et un point de départ de la pêche pour les hommes et les oiseaux. Au-dessus de l'é tang de Salses, le Canigou domine le bleu des eaux par le blanc neigeux de ses sommets.
La Petite Camargue La Camargue, sauvage et mystérieuse, milieu naturel unique, territoire amphibie dont l'équilibre écologique a miraculeusement été préservé au cours de l'histoire, n'a pas toujours eu sa physionomie actuelle. Le delta du Rhône - fleuve dont le cours a changé plusieurs fois de lit au fil des siècles est une immense plaine alluvionnaire, et la Camargue actuelle, qui couvre une centaine de milliers d'hectares, est le résultat d'un combat incessant entre le fleuve, la mer et l'homme.
La Camargue languedocienne est un monde à part : elle étend 400 km2 de basses terres et d'eaux lagunaires sur huit communes, dont Saint-Gilles, Aigues-Mortes, Le Grau-du-Roi. Elle présente une diversité de milieux où s'interpénètrent de nombreux écosystèmes fragiles. Cette richesse biologique exceptionnelle est produite par des apports d'eau et de sel. D'aspect inconstant et indompté, la Camargue s'offre aux visiteurs avec ses plages, ses marais, ses steppes et pâturages sans fin, ses végétations d'origines mêlées aux cultures actuelles. C'est un paradis pour les oiseaux, aussi bien pour les migrateurs que pour les sédentaires, 323 espèces différentes, dont évidemment l'un des emblèmes de la Camargue, le flamant rose, mais aussi les aigrettes garzettes, les bihoreaux gris, les butors étoilés, les panures à moustache, les canards colverts, les bergeronnettes printanières, qui sont les hôtes courants de ces lieux sensibles. Dans la zone de la digue à la mer, on trouve sternes, 23
avocettes, gravelots à collier interrompu, mouettes et goélands. Uhiver, jusqu'à 200 000 oiseaux passent ici la mauvaise saison. Les derniers castors, les renards, divers rongeurs, et bien sûr les sangliers, ont élu résidence en Camargue.
Héritage ancien et entreprise modernisée, l'exploitation salinière des Salins du Midi se fait sur plus de 10 ooo hectares.
Les salins du Midi Depuis l'Antiquité, on récolte le sel dans la région. A la fin du xvn' siècle, dix-sept salins, appartenant à différents propriétaires, étaient exploités du côté d'Aigues-Mortes. Les saliniers, les hommes qui travaillaient dans les salins, avaient une espérance de vie de vingt-cinq ans. A l'heure actuelle, les 450 000 tonnes de sel qui sont produites tous les ans forment de véritables collines blanches, dessinant un paysage martien. 24
La rosée du sel est ici un peu ce que la fleur de sel est à Guérande : au petit matin, l'été, à la surface des tables salantes, se forme une légère cristallisation, réservée autrefois aux propriétaires des salins. Doucement humide et à peine croustillante, cette rosée fait merveille pour les préparations à la croque-au-sel, mais aussi telle quelle sur les grillades fines et les poissons, dont elle épanouit les arômes.
Le canal du Midi Il raccorde la Garonne à la Méditerranée, vieux rêve que les Romains avaient déjà eu, celui de relier les deux mers. Cette idée ressurgit par à-coups, au xv1' puis au xv u' siècle. C'est à ce moment-là qu'un humble percepteur, Pierre-Paul Riquet, en s'obstinant, réussit à obtenir une
audience auprès de Louis XIV ... qui approuva son projet. Colbert s'inclina, après avoir été opposé à « la rigole à Riquet », qu 'il estimait impossible à construire. Douze mille hommes s'attelleront pendant douze ans, armés de pelle et de pioche, à ce travail gigantesque. Un an avant la fin des travaux, Riquet, épuisé, et après avoir donné toutes les ressources de son esprit et de son corps, mourut. En 1681, le canal fut achevé; le Bas-Languedoc connut à ce moment-là un essor commercial énorme : l'Atlantique et la Méditerranée étaient enfin reliés. Les commerçants qui touchaient Sète, chargés d'huiles, de bois, de charbon et de vin, pouvaient continuer leur voyage vers Toulouse. Le canal est profond, long de 240 km et il est pourvu de 64 écluses,
et peut laisser passer des péniches au chargement important. Mais le canal n'est véritablement terminé que deux siècles plus tard : la dernière page est tournée en 1857, lorsque le canal latéral à la Garonne, entre Toulouse et Castetsd'Orthe, est inauguré. Le salut de ce chef-d'œuvre, délaissé après l'essor du chemin de fer, est venu de la vogue toute récente du tourisme fluvial. Dix mille personnes environ par an le parcourent sur des pénichettes, des bateaux-hôtels et des bateaux privés ; le canal du Midi revit, dans toute l'harmonie de ses rivages de rêve et de ses merveilles avoisinantes. Ce n'est pas ce que M. Riquet a dû rêver, mais là où il est, il ne doit pas être mécontent de l'épanouissement de son rêve ...
La renaissance du canal de Midi vient de l'essor du tourisme fluvial, ainsi que des nouvelles tendances aux loisirs.
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Languedoc-Roussillon
Orgues de l'llle-sur-Têt, un spectacle naturel à déguster depuis le belvédère de la route de Montalba.
Page de dro ite,
à gauche :
Gorges de la Fou, hautes parfois de plus de 200 mètres : les plus étroites du monde,
à visiter à l'aide des 1500 mètres de passerelle. Page de droite, à dro ite : Les vertigineuses gorges de la Carança où un sentier a été taillé dans le roc pour passer la frontière espagnole.
Genêts et jasmins fleurissent en buissons aux parfums de paradis.
Pyrénées-Orientales, le domaine indompté Le Roussillon, le Fenouillède, le Vallespir, la Cerdagne et le Capcir forment le département des Pyrénées -Orientales. Au m ' siècle avant notre ère, Romains et Carthaginois se disputèrent l'hégémonie en Méditerranée. En 218 avant J.-C., Hannibal franchit les Pyrénées et négocia son droit de passage. Mais les Romains poursuivirent la colonisation, et fondèrent la Narbonnaise, qui s'étendait des Alpes aux Pyrénées. Ce sont eux qui ont laissé leur sceau profond dans la région, difficile d'accès par ailleurs, et qui eut des vicissitudes historiques liées à sa géographie. Le Fenouillède est toujours un pays sauvage, avec son lot de forêts, de cours d'eau et de surplombs calcaires.
Il ne faut pas rater les gorges de Galamus, à 5 km de Saint-Paul-de-Fenouillet. En Vallespir, la nature aussi est maîtresse. Entre les stations thermales de la Preste et du Boulou, il y a une vallée étroite, toute verte, où les chênes-lièges et les chênes verts sont maîtres. Et puis, plus haut, voici les châtaigniers et les pâturages. Quant aux Pyrénées catalanes, au cœur du Vallespir, on y jouit de l'un des climats les plus doux de France : c'est ici que l'on produit de superbes cerises, justement célèbres. Passant de la plaine littorale à la haute montagne du Canigou, les paysages sont très beaux, et la nature généreuse : cultures variées et vignobles, pêchers et pommiers y sont abondants. Prades reste un foyer de très fortes traditions catalanes; l'abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa, un vrai
Languedoc-Roussillon
D'où vient le nom « Pyrénées » ? Durant ('Antiquité, les navigateurs aperçoivent le Canigou, de la baie de Rosas au golfe du Lion : c'est un point de repère très important. Le Canigou serait lié au mythe de Pyrène, la cité disparue située au cap de Creus ou encore à Elne, associée au mythe du feu . De là, puisque le Canigou représentait la chaîne tout entière, l'extension de la dénomination ... Une très ancienne légende raconte l'histoire de sept hommes gigantesques qui tentèrent de détrôner Dieu de son royaume. Ils remontaient les vallées, poussant des rochers énormes et déchaînant treize vents. Leurs haltes se signalaient par une pierre levée (c'est ainsi que les vieux expliquent la présence de nombreux dolmens dans les contreforts du Canigou, une centaine au total percés d'étranges trous). Ils allaient atteindre le ciel quand Dieu les foudroya et les transforma en une immense pyramide rocheuse : la chaîne des« SeptHommes » (un des sommets voisins du pic du Canigou). Un village serait englouti, toujours selon la légende, dans un étang près du sommet du Canigou. Il s'appellerait Balatg... La légende prétend aussi que les eaux du déluge occupèrent longtemps le creux des sommets avoisinant le pic du Canigou (Sept-Hommes, Tres-Vents, Roc Negre, Rojà, le Barbet) . L'arche de Noé s'amarra au flanc des pics encore découverts, et lorsque la pluie cessa, l'arche fut scellée à l'endroit appelé Nielles. Les géologues assurent que le Barbet fut le sommet du massif du Canigou il y a quelques centaines d'années.
bijou, niche ses merveilles architecturales romanes à 3 km de cette sous-préfecture. A l'ouest des Pyrénées-Roussillon, la Cerdagne est un haut plateau à 1200 m d'altitude, entourée de massifs granitiques couverts de pins. Marmottes, mouflons, fleurs de haute montagne dûment duvetées, tout est au rendez-vous pour de merveilleuses promenades.
Le lac des Bouillouses Il contiendrait près de 15 millions de mètres cubes d'eau ! Le barrage a été inauguré en 1911 en même temps que la ligne du petit Train jaune. Il fut construit pour alimenter ce dernier en électricité et aura nécessité le travail de milliers d'ouvriers de 1903 à 1910. Le barrage, pièce maîtresse du complexe hydroélectrique de la vallée de la Têt, participe à l'irrigation de la plaine du Roussillon.
Mont-Louis.
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Raconte - mo l
Encore plus haut, la vallée glaciaire du Capcir fut autrefois terre d'élevage et de forêts. Aujourd'hui, c'est le ski alpin que l'on y pratique en hiver, ce qui a sauvé le pays de l'abandon. Cuisines, vins délectables et cette nature exubérante font des Pyrénées-Orientales une région à savourer absolument.
Le Train jaune et Mont-Louis Construite au début du siècle pour désenclaver les hauts plateaux catalans, la ligne ferroviaire du Train jaune est la fierté et le symbole d'un territoire dont il porte les couleurs. Le petit Train jaune longe la vallée de la Têt depuis Villefranche-de-Conflent puis sillonne la Cerdagne depuis Mont-Louis jusqu'à Latour-de-Carol. En 63 km, le Train jaune gravit 1200 m de dénivelé jusqu'à la gare de Bolquère, la plus haute de France. La moyenne et la haute montagne offrent des vastes pâturages, propices aux élevages. le four solaire à Mont-louis qui a été le modèle de celui du CNRS à Odeillo.
les villes
et
les villages
charmants
Maisons traditionnelles entre Olette et Evol, dans les Pyrénées-Orientales. Le gris de la lauze tranche sur le fond vert sombre des forêts environnantes.
Raconte-moi les villes et les villages charmants Mende, Nimes, Alès, Aigues-Mortes, Montpellier, Béziers, Carcassonne, Narbonne, Perpignan
La lozérienne
Page de gauche : Perpignan. Quartier Saint-Jacques, le quartier gitan. Une caserne construite sous Vauban et transformée en immeuble.
Au sud du Massif central, VOICI Mende , une ville douce située à 730 m d'altitude. Rues pavées et beaux toits en écailles de schistes, le Mende ancien est absolument ch armant, frileusement accolé à sa cathédrale Saint-Pierre en pur gothique flamboyant. C'est d 'ici que l'on part pour des merveilleuses balades vers les gorges du Torn, vers l'Aubrac, ou dans les Cévennes. Un village à voir, classé parmi les plus beaux de France, c'est celui de La Garde-Guérin, qui était une importante étape de la Voie Regordane, le chemin emprunté par l es pèlerins du Moyen Age en route vers Saint-Jacques-d eCompostelle. Dominant les gorges de Chassezac, la tour carrée qui surplombe la ville est visible de loin. Les ruelles pavées avec un caniveau central, les façades et l'église du xn• siècle donnent à La Garde-Guérin un visage souriant, une belle allure ...
La cathédrale de Mende, construite au XIV" siècle, restaurée au début du XVII'. Le porche en style flamboyant date de 1900. Mende est le chef-lieu du département le moins peuplé de France, la Lozère.
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Lang uedoc-R ousslllon
D
Édifice religieux
*1 Tour Curi' rem . . parts, forteresse - V . os1te remarquable me romaine 'Via Domitia' 50km
GOLFE
DU LION
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Sainte-Enimie est parfaitement médiévale, et mérite également une visite, pour son abbaye, son église romane et le joli pont qui s'arc-boute sur le Torn. La Canourgue, au cœur des gorges du Torn, offre un environnement Renaissance , avec des demeures à encorbellement, des ruelles aux passages voûtés, ses innombrables ponts parfaitement gracieux. De plus, tout près, on admire les châteaux de Montjézieu et SaintEtienne, du xme, l'ancienne collégiale Saint-Martin, des x11 e et XIVe siècles.
La Via Domitia Elle va de du Rhône (Beaucaire) aux Pyrénées (Le Perthus). Elle a été construite d'abord dans un but militaire, et est devenue par la suite une voie d'extraordinaire importance pour le commerce et la communication. Les échanges entre Rome et ses colonies étant ainsi mis en place, toute une vie se développa entre les différentes villes et les bourgs. Sa construction a été un modèle du genre : un ballast de terre et de graviers, une chaussée profonde et un drainage par fossés latéraux. Ce fut un travail long, minutieux et parfois extrêmement difficile. Les Romains excellaient dans ce genre d'ouvrages, et mirent en place un réseau routier de plus de 100 ooo km de voies publiques. Ces routes prenaient la plupart du temps le nom de l'empereur ou du consul qui les avait voulues. Ainsi la Via Domitia, tracée en 118 av. J.-C., a pris le nom de Domitius Ahenobarbus, proconsul de la province Narbonnaise. Maintenant encore, on peut admirer des sections de la Via Domitia parfaitement conservées : le paysage régional en est toujours marqué... Est-ce que cela sera le cas aussi de nos autoroutes.
Sur les pas des pèlerins Depuis mille ans, les pèlerins transitent par le LanguedocRoussillon en route vers SaintJacques-de-Compostelle ; cela se pratique essentiellement par deux chem ins : celui du Puy-en-Velay a Conques par le nord de la Lozère, et celui de la voie du sud reliant Arles à Toulouse (GR 653) par les somptueux villages de Saint-Gillesdu-Gard et Saint-Guilhem -le-Désert.
Le pont du Gard.
Les arènes de NÎmes Il y a deux mille ans, légions et marchands romains se déplacèrent depuis Rome jusqu'à Cadix. Il reste de ces mouvements massifs de nombreuses traces le long de la Via Domitia, à Nîmes et évidemment au Pont du Gard. Construites entre 50 et 100 après J.-C., les arènes de Nîmes sont sans doute le monument le mieux conservé du monde romain. Inspiré du Colisée de Rome, cet amphithéâtre était essentiellement destiné aux combats des gladiateurs. C'est en 1863 qu'eut lieu la première corrida. Les arènes de Nîmes, Inspirées du Colisée.
Les pavés de la Via Domltla à Narbonne.
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Languedoc - Rouss i llon
La romaine Nîmes est une drôle de ville, entre plaine et garrigue, à la fois antique les arènes parfaitement conservées, la tour Magne et la Maison carrée, le temple de Diane et les fontaines du xviiie siècle - et contemporaine, ainsi qu'en témoigne le Carré d'Art, à la surprenante architecture. Autre schizophrénie de la ville, celle liée à son héritage protestant - et l'on s'attend donc à des mœurs à tout le moins austères - et à son enthousiasme à faire la fëte lors des férias. Quant à la Maison carrée, ce n'est pas une maison et elle n'est pas carrée. C'est en fait un temple romain de 25 m sur 12, d'inspiration grecque, qui au départ était dédié à Auguste puis à Caïus et Lucius César. Ces derniers étaient considérés comme les princes
Le temple de Diane à Nîmes. Collection M. Sclaresky.
La Maison Carrée à Nîmes, petit temple romain situé en face du Carré d'Art.
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de la jeunesse et sont devenus le symbole de Nîmes. Ce temple construit vers l'an 5 apr. J.-C. a eu d'autres fonctions au gré de l'histoire : un lieu d'assemblée, une maison d'habitation, une écurie et une église. De nos jours, la Maison carrée abrite des expositions d'art et se retrouve dans un écrin contemporain depuis la construction de la m édiathèque, le « Carré d'Art ». Les jardins de la Fontaine sont situés au pied du mont Cavalier, surmontés de la tour Magne ; ce sont les premiers jardins publics aménagés en France, en 1750. Ne manquent ni les balustrades de pierre, ni les vases et les statues de faunes et de nymphes, les terrasses et bassins paisibles. Après avoir traversé les jardins de la Fontaine, on se trouve
La
nature
Les jardins de la Fontaine, créés en 1750.
devant l'octogone de la tour Magne, qui aujourd'hui encore n'a pas dévoilé tous ses mystères. On lui a prêté le rôle de mausolée, celui de tour de guet, puis de lieu de culte et m ême de phare. Un autre mystère est celui du temple de Diane, au sein des jardins de la Fontaine. Là encore, on n'a pas pu en déterminer la fonction première. Un autre édifice à ne pas manquer, c'est la cathédrale Notre-Dame-etSaint-Castor sur la place aux Herbes. D'époque romane, elle a été détruite et reconstruite plusieurs fois, et offre un témoignage magnifique du premier art roman languedocien. A l'intérieur, se trouve le tombeau du célèbre cardinal Bernis, favori de Mme de Pompadour et mort ruiné par la Révolution.
les courses camarguaises Baptisées aussi courses à la cocarde, les courses sont un jeu de toujours, qui se déroule dans beaucoup de villages gardais et héraultais ; ce sont des jeux-spectacles qui peuvent se révéler dangereux - mais c'est ce qui fait leur spécificité, autrement ils ressembleraient à un fromage sentant la rose ... - assujettis à des règles très précises. Des hommes vêtus de blanc essayent d'enlever la cocarde placée et attachée entre les cornes sur le front du taureau . C'est le style, outre bien sûr la souplesse et le courage, qui compte : le panache, quoi ! Les garçons doivent tourner autour de la bête, en décrivant un arc de cercle qui s'appelle le « razet ». S'ils sont plus rapides que le taureau, ils arriveront à lui ravir le ruban rouge. Mais certaines bêtes ne se laissent pas faire facilement et poursuivent l' insolent jusqu'à la barrière. On l'appelle le « coup de la barrière », et c'est l' un des moments les plus attendus. Les taureaux les plus courageux - ou les plus fâchés ? - ont même eu droit à leur statue.
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Sur la place aux Herbes d'Uzès, l'un des plus beaux marchés de la région.
La cévenole Alès, au sud de la Cévennes gardoise, située au cœur de l'ancien bassin minier, est une petite ville de départ pour une grande découverte des montagnes et des vallées alentour. il ne faut pas oublier de visiter la bambouseraie d'Anduze, époustouflante. Et voici l'adorable, la gracieuse, l'accorte, l'avenante, l'aimable Uzès. Premier duché de France, la ville déploie coquettement ses charmes autour de son château ducal des xr' et xvm' siècles, aux tours classées et construites dans le style italien.
La
nature
Les austères remparts d'Algues-Mortes, longs de 1600 mètres.
Cette petite ville connut son apogée au xvm' siècle, époque à laquelle remontent les somptueux hôtels particuliers que l'on peut toujours admirer. Que dire d'autre ? Que le marché y est admirable. Qu'habiter dans ses alentours relève des rêves de chacun. Qu'il s'agit vraiment là d'un des plus jolis coins de France. Et qu'on y tient un marché à la truffe à se lécher les babines ... Lorsque Saint Louis songea à sa première croisade, au début du xrn' siècle, il était bien démuni: Montpellier appartenait aux comtes de Toulouse, Marseille à l'Empire romain ; seule, la ville d'Aigues-Mortes était disponible comme base, comme port d'embarquement. Ce n'était pas vraiment un hasard, d'ailleurs, car les marais environnants étaient considérés comme très malsains. Malgré cela, Saint Louis créa un port et, en 1246, édicta une charte de franchise accordant à tous les nouveaux résidents la protection royale et l'exemption de tout impôt. Autour de l'église se forma alors le noyau de la ville ; les remparts ne furent toutefois
construits que plus tard, sous le règne de Philippe le Hardi, fils de Saint Louis. I.:enceinte de la ville a été construite d'un seul jet, d'où son homogénéité. Les remparts n'avaient que deux
Aigues-Mortes, la tour
de Constance, avec des murs de 6 mètres d'épaisseur.
Le Grau-du-Roi, village de pêcheurs avec beaucoup de charme.
Page de droite : Le Grau-du-Roi : « grau » signifie « brèche », en l'occurrence celle qui sépare la lagune de la mer.
portes au nord, mais au sud, pour desservir les quais d'embarquement, il existait cinq petites portes : celles de }'Organeau, des Moulins, des Galions, de la Marine, de la Poudrière et celle de la Mèche. Il est possible de les visiter. Le tour complet fait exactement 1634 m. C'est une ville mélancolique, à laquelle conviennent les teintes entre chien et loup, une ville « d'eaux
Drôle de terre Depuis l'époque des comptoirs grecs, le Languedoc-Roussillon regorge d'inspiration, d'enthousiasme, d'idées pétillantes, de frémissements artistiques. Que ce soit dans les rues de Collioure ou dans la gare de Perpignan, centre du monde de Salvador Dali, ou, de manière plus encadrée, dans le musée d'Art moderne de Céret, dans le fonds d'art contemporain de Sète, et dans le Carré d'Art à Nîmes, l'exubérance artistique est partout chez elle.
mortes frémissantes», de tours majestueuses s'appuyant sur des salines lunaires, de murailles émergeant d'étangs féeriques, se reflétant dans les miroirs marécageux. Chaque année, les habitants remontent le temps en revêtissant les costumes d'époque et en organisant de nombreux spectacles historiques . C'est pour rappeler l'entrée de Louis IX en juillet 1248 que les gentes dames, les bouffons et les saltimbanques, les paysans, les mendiants et les seigneurs créent à nouveau ce spectacle au mois d'août : le marché revit au pied des remparts, la taverne de la Reine Blanche rouvre ses portes, une ferme se repeuple des animaux de basse-cour, bateleurs, jongleurs et cracheurs de feu montrent leurs boniments comme cela a dû se passer il y a sept cents ans. Rien n'est épargné aux visiteurs, ni la course des ânes, ni le tir à l'arc et les combats à l'épée. A ce sujet, il ne faut pas croire que le combat à l'épée, c't:st pour rire : il existe de nombreuses écoles où de jeunes gens amoureux de cet art étrange - un peu
Highlander, un peu preux chevaliers - étudient les mouvements dans le détail, pour le récréer dans leurs spectacles, en leur donnant un charme très réel. Le décor d'AiguesMortes, aux parfums médiévaux, permet à l'illusion de demeurer, un court laps de temps. Aigues-Mortes est par ailleurs la vraie porte de la Camargue, très attachée aux traditions de la bouvine, qu'elle célèbre tous les ans au mois de novembre. Par ailleurs, c'est le sel qui a fait la richesse de cette ville, séparée de la Méditerranée par de vastes marais salants toujours en activité. Le Grau-du-Roi ressemble drôlement à un port de pêche de carte postale. Et, à la différence d'autres ports qui n'ont gardé de leur passé qu'une façade, ici la vie vraie existe, avec ses odeurs de sardine grillée et ses chalutiers qui reviennent de Camargue et en rythment la journée. Tout d'abord, le Grau ne fut qu'un groupe de cabanes de pêcheurs sur les rivages. Ce n'est que vers le milieu du xrxe siècle que le village se
détacha d'Aigues-Mortes . Maintenant, c'est même le deuxième port de pêche de la Méditerranée, et il dispose du plus grand port de plaisance d'Europe, Port-Camargue. La plus belle promenade qu'on puisse faire est sans doute celle qui débute au phare de }'Espiguette : une nature vierge, et rien que les dunes et la mer, kilomètre après kilomètre, pas après pas ... Uorigine de la prospérité de Sain tGilles remonte à la venue de saint Gilles, au VIIe ou au vme siècle, qui aurait fondé le monastère, devenu bénédictin plus tard . Ce fut également le point de départ de la croisade des albigeois, et la ville a gardé de sa période de splendeur les vestiges d'une vie luxueuse - hôtels particuliers, châteaux, et les restes d'une abbaye au triple portail roman, qui est l'un des plus célèbres de l'art médiéval du Midi. Économiquement, SaintGilles s'en tire plutôt bien, grâce à ses immenses vergers qui fournissent non seulement le marché français', mais aussi l'Europe du Nord, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie.
Saint-Gilles-du-Gard, chapiteaux et bas-reliefs.
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Montpellier, place de la Comédie, balade à faire rigoureusement à pied, car la circulation y est interdite.
La promenade du Peyrou, qui fut un lieu de fête pendant le règne de Louis XIV.
« Mascherone » de l' hôtel de Cambacères.
La pétillante Montpellier est le véritable cœur du Languedoc, à la fois carrefour économique et centre névralgique culturel. C'est une cité riche en art et en histoire, belle et éminemment vivable, charmante et diverse, avec un vieux centre très élégant et bien pourvu en hôtels particuliers, en ruelles piétonnes ombragées, en petits bistrots qui jouent à celui qui offrira la paresse la plus tendre.
Pourtant, Montpellier n 'est pas entrée dans l'histoire en même temps que ses voisines, Nîmes, Béziers, Narbonne, car ce n'est que vers le x' siècle que deux villages, Montpellieret et Montpellier, formèrent réellement l'amorce de la future ville. Elle fut vendue au roi de France par Jacques de Majorque, en échange de 120 000 écus. Son université, qui date du début du xm' siècle, n'est que le débouché
La
naturel des écoles de médecine, car le comm erce avec l'Orient avait obligé ses commerçants à connaître, ou à faire évaluer, les vertus des plantes, des épices et des teintures qu'ils achetaient et revendaient. Rabelais y termina ses études en 1530 ...
Les cours des splendides hôtels particuliers du vieux centre sont le plus souvent fermées ; pour les visiter cela en vaut la peine - , il fau t se renseigner auprès de l'office du tourisme qui en organise le périple.
Le Bistrot de l'ethnologue
débute par une conférence d'une heure environ de l'invité sur ses récents travaux, suivie d'un débat alimenté par les interventions du public. Les enregistrements radiophoniques sont consultables à la DRAC (s, rue Salle-l'Évêque à Montpellier). Le site http ://www.culture.fr/l-r/ viecult/viecult. htm présente un catalogue de la plupart des enregistrements effectués depuis 1993. En 1995, pour la première fois en France, ['ARCE organisait un prix du livre ethnologique, en collaboration. La finalité de ce prix populaire est de faire connaître la littérature ethnologique et de briser l'idée trop répandue que cette discipline est toujours difficile d'accès à moins qu'elle ne sacrifie la qualité. Qui plus est, ce prix entend démontrer que des textes ethnologiques éminemment sérieux peuvent être lus, avec plaisir, par le public, quel que soit son niveau d'études.
L'ARCE (prononcez« arsé ») est ['Atelier de rencontres et de recherches comparatives en ethnologie, fondé à Montpellier en 1993 par un groupe d'ethnologues. Le Bistrot des ethnologues - la première organisation de ce type créée en France - permet de se rencontrer et de discuter de différents thèmes relatifs à l'ethnologie. Les thèmes sont choisis avec soin, en fonction de l'intérêt qu'ils présentent dans ce contexte. Afin que ces conférences soient attrayantes et se déroulent dans une atmosphère agréable, le cadre choisi est celui d'une boîte de jazz, le JAM Oazz Action Montpellier), dont la vocation habituelle est l'organisation de concerts. Le JAM offre un cadre informel où les gens peuvent venir écouter les conférenciers en dînant ou en buvant un verre. La séance du Bistrot des ethnologues
nature
Les styles se mélangent pour créer une ville frémissante de vie. À droite hôtel de Belleval, à gauche vieilles réclames dans le centre historique, en bas la rue du Bras-de-Fer.
Languedoc - Rouss i l l o n
L'occitane Béziers, à quelques kilomètres de la mer, domine la plaine viticole héraultaise. Ville assiégée lorsque les cathares refusèrent de se rendre aux croisés de Simon de Montfort, elle a par la suite beaucoup souffert d'invasions multiples et des guerres de Religion. C'est grâce au développement de la vigne que Béziers retrouve son faste . Au xvue siècle, les riches propriétaires construisent de remarquables maisons et hôtels particuliers proches des allées Paul-Riquet ou de la cathédrale Saint-Nazaire (xnr< et xrv" siècles), qui demeure le plus beau monument de la ville. Mais sa plus grande notoriété , Béziers la doit au canal du Midi construit par l'enfant du pays, PierrePaul Riquet. En bateau, en péniche, à pied ou à vélo sur les chemins de traverse, le canal dévoile ses ouvrages d'art des xvme et x1xe siècles : le pontcanal sur !'Orb et les neufs écluses de Fonséranes - dont sept sont toujours en activité. « Je
suis né dans un de ces pays où j'aurais aimé naître »
Paul Valéry. Béziers, sur son éperon rocheux au bord de l'Orb.
l'alras-la-P/a9e
Valras-la-Plage, sur la côte à 15 kilomètres de Béziers. Coll ection M. Sclaresky.
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La méditerranéenne Sète, entre l'étang de Thau et la mer, est l'un des tout premiers ports de pêche, de fret maritime et de plaisance de Méditerranée. Sète vit au rythme de ses chalutiers, de ses cargos et de ses ferries. Particulièrement renommée pour sa cuisine aux saveurs italiennes - tielle, rouille et macaronades - et ses traditions nautiques, les joutes sétoises, elle dégage le charme et l'envoûtement propres aux cités portuaires. Surplombée par le mont Saint-Clair, offrant un panorama superbe sur la baie, l'étang de Thau et le Cimetière marin, Sète a toujours été une source d'inspiration pour de nombreux artistes - Paul Valéry, Georges Brassens.
La
nature
Ci-dessus, en bas à droite : À Sète, toutes les couleurs et les saveurs de la Méditerranée explosent.
Agde est la plus ancienne ville antique du Languedoc-Roussillon fondée par les Grecs. Aux activités traditionnelles de la pêche et de la viticulture s'est ajoutée une intense
activité grâce à la station balnéaire du Cap-d'Agde. A Pézenas, les gouverneurs des XVI' et xvn' siècles jouèrent au « Versailles » du Languedoc. Molière y fit,
Ci-dessous, à gauche : Agde, petite ville d'ombres sombres et de lumières puissantes.
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d'ailleurs, un passage remarqué . Cela se voit encore maintenant, puisque Pézenas est restée une petite ville très agréable, une véritable cité d'art qui compte plus de trente demeures des x1v' et XVIII' siècles ; les plus beaux
En bas à droite : Carcassonne, qui a inspiré poètes et troubadours, jusqu'au ménestrel moderne Stéphane Eicher...
Maison consulaire place Gambetta à Pézenas.
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sont les hôtels Lacoste, Alfonce, Malibran, respectivement des XVI', XVII' et XVIII' siècles, et un patrimoine religieux exceptionnel, dont la collégiale Saint-Jean du xvm• et l'église SainteUrsule du xvu' .
La
La médiévale Carcasson n e est la plus grande cité médiévale européenne ; elle fut la plus puissante des forteresses d'Europe, au carrefour naturel des Corbières et de la Montagne noire.
Au cœur du pays cathare, là où les résistants s'opposant à la croisade du début du xm• siècle, déclarés hérétiques, fuyaient le massacre, Carcassonne, inscrite au patrimoine mondiale de l'humanité, semble sortie d'un vieux film. Ses doubles remparts flanqués de cinquante-deux tours servent de décors naturels aux reconstitutions historiques mises en scène chaque année lors des Nuits du festival. En passant à la vitesse de l'éclair des colères de Clovis aux fantômes des samouraïs, le spectacle présente Wisigoths, chevaliers ardents, cathares en fuite illuminés par la foi, templiers, tout cela sur fond de grandes pestes et autres colères des dieux. Impressionnant. .. ! Traversée par le canal du Midi et de l'Aude, la ville basse, fondée au XIII' siècle, a conservé le plan régulier des bastides construites en damier, ainsi qu'un art de vivre brodé des paresses du Sud avec des foudroyances et des impatiences venues d'ailleurs. Une ville à vivre, belle parfois à en couper le souffle.
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Cinquante-deux tours à visiter, des ponts-levis, des mâchicoulis, une ville médiévale splendidement conservée.
En haut à gauche : La cathédrale de Narbonne. En haut à droite : Le cloître.
En bas à droite : Narbonne, le palais des Archevêques, bâtiments religieux, militaires et civils.
La mosaïque Narbonne ... Quelle histoire ! Il faut voir ses musées pour le croire. Une promenade dans Narbonne est un véritable voyage dans le temps. Chaque rue du cœur de ville porte le témoignage d'une histoire très riche. Antiquité, Moyen Age, Renaissance, les 2100 ans de la cité ont laissé un h éritage patrimonial magnifique que le Musée archéologique, l'Horreum, le Musée lapidaire et le musée d'.Art et d'Histoire permettront de découvrir en détail.
Forteresses du Roussillon Vauban a été appelé en Roussillon pour une mission liée à son rôle d'architecte célèbre : il fallait renforcer toutes les fortifications de défense de la frontière française. Ainsi il œuvra à Amélie, au Perthus, à Mont-Louis, Collioure, Perpignan, Salses et Villefranche-deConflent. li le fit si bien que son œuvre nous est parvenue quasi intacte ! Salses, frontière entre le Roussillon et le Languedoc, dans les Pyrénées-Orientales.
Fondée en 118 av. J.-C . par les Romains, Narbonne devient la capitale de la plus belle des provinces romaines : la « Narbonnaise » qui a vu la naissance des tout premiers vignobles du Languedoc-Roussillon. Ville prospère et puissante jusqu'au début de XIV" siècle, Narbonne conserve aujourd'hui d'importants témoignages de son passé glorieux, tels que le palais des Archevêques et la basilique SaintJust-et-Saint-Pasteur qui forment un ensemble architectural exceptionnel.
La
nature
La sardane à Céret.
La canal de Robine qui rejoint le canal du Midi à Sallèle-d'Aude traverse Narbonne.
La catalane Perpignan est la capitale du Roussillon et la digne héritière de la culture des rois de Majorque ; elle se dresse entre mer et montagne, entre Pyrénées et Méditerranée, et sent déjà très fort l'Espagne. Perpignan a su protéger un patrimoine original, de l'héritage culturel des rois de Majorque aux bronzes féminins du sculpteur Maillol.
Le palais des Rois de Majorque, une citadelle qui date des XII' et XIV' siècles ; les jardins et la cour d' honneur méritent une visite.
C'est à Toutavel que l'on a découvert les ossements du plus vieil Européen (- 450 000 ans !) et à Céret que sont exposés les grands précurseurs de l'art contemporain, Picasso, Matisse et Chagall, tombés sous le charme de l'indéfinissable lumière de la côte catalane.
Une Méditerranée gironde, celle de Maillol à Perpignan. Perpignan, une ville au cœur catalan ... Où l'on prend le temps de
vivre ...
Et les dinosaures fermèrent les yeux pour toujours... Le plus vieil Européen connu, vieux de 400 ooo ans - à 50 ooo ans près-, habita Tautavel, où un magnifique musée lui est consacré. Mais tout près de là, à Esperaza, on trouve le musée du Dinosaure, autre habitant célèbre de la région ... Pour d'autres manifestations géantes de ces temps ahurissants, voir aussi les reconstitutions de Mèze, le village de Cam bous reconstitué dans la garrigue, ainsi que les dolmens et menhirs de Florac. 47
Les maisons des hommes De l'habitat rural aux hôtels particuliers
Comment vit-on en Languedoc-Roussillon ? I.:habitat rural du mont Lozère, les maisons traditionnelles, les cabanes des étangs, les châteaux de Portes, de Rousson, d'Alès et de Beaucaire, les demeures du xvm• siècle à Pézenas et les folies de Montpellier, les châteaux pinardiers du Biterrois, l'urbanisme d'Antigone de Ricardo Bofill. Et la maison des mémoires de Joë Bousquet. I.:une des façons de rendre intelligible le Languedoc-Roussillon est de saisir les couches successives des époques par les habitations, les maisons, les demeures que l'homme construit et dans lesquelles il protège sa famille, serre sa femme, élève ses enfants. D'une maison on part pour la guerre, l'épée au flanc. D'une maison, on part le matin, la faucille à la main. Elle doit être le nid et la tanière chaude, elle doit s'orner lorsqu'on veut montrer aux autres une richesse, elle doit servir de rempart et de protection. Ce sont les hommes qui la créent, la veulent et la dessinent, les femmes ne font que la rendre habitable au jour le jour. Ainsi, dans ce chapitre, nous aborderons différents habitats - ruraux, de
défense et d'apparat - à travers des modèles d'architecture exemplaires. Le tableau de l'habitation languedocienne n'est toutefois pas simple à saisir, car les différents modes de vie, l'évolution des cultures et même l'influence des architectures voisines ont transformé peu à peu les traditions.
Page de gauche : Façade dans le quartier Antigone de Montpellier, conçu par l'architecte Ricardo Bofill.
« Je trouve qu'au lieu de photographier les hommes, on peut très bien photographier leur milieu; c'est quelquefois plus expressif même ; une porte, la fenêtre d'une maison et aussi le mur d'une grande ville sont caractéristiques et j'ai trouvé que les nuits sont très différentes d'une grande ville à l'autre» (Archives Brassaï, feuillet non daté).
L'habitat rural traditionnel en Lozère.
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L a nguedoc-Rouss i llon
Maisons d'habitation, maisons traditionnelles
Trois exemples d'architecture en Lozère : une maison dans le causse de Sauveterre (ci-dessus), le château de la Caze(en bas à droite), une ferme fortifiée du Cloizal (en bas à gauche).
Chaque type de maison s'adapte forcément à un terroir, et ce, depuis toujours, de la manière la plus logique possible. Ainsi dans les Causses, la maison familière est solide, construite sur plusieurs niveaux, avec des murs inébranlables en pierre. Elle est adossée au relief de manière à se protéger du froid, tournant le dos au vent, avec une bergerie, lajasse, et le logement à l'étage relié à un escalier externe ; la chaleur de l'étable se
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transmet à la partie d'habitation à travers les murs mitoyens ; le « pailher » est en haut, pour que la paille isole de la neige et de l'humidité. Ces maisons se regroupent en hameaux, le long des rivières, ou alors se dispersent près des terres cultivables. Sur le mont Lozère, il existe un écomusée qui regroupe divers éléments architecturaux importants pour comprendre comment on vivait dans ces hauts plateaux dénudés : souvent, les robustes maisons avaient intégré des blocs de pierre à leur matière intime. Aujourd'hui, la plupart des villages qui subsistaient ici ont été désertés. La vie y était trop dure et, mis devant le choix d'une vie plus confortable, les habitants ont peu à peu quitté cette splendeur chaotique, ces paysages lunaires de landes, interrompus par quelques bois de pins et de hêtres. Le buron, en Aubrac, est bâti dans les pâturages, construit en basalte et granit, ouvert par une seule porte, et utilisé comme habitation temporaire pendant l'été. Autre habitation typique et« opportuniste », le maset : il s'agit d'un type
d'habitat« primaire», perdu dans la garrigue nîmoise, près de Sète et de Montpellier : c'est une petite maison des vignes, construite en pierre irrégulière, qui consiste le plus souvent en une pièce unique, et parfois en une minuscule chambre. Ce n'est pas seulement un abri ou une remise pour les quelques outils qui peuvent rester aux champs, il recouvre souvent le rôle de relais champêtre pour les réunions
domestiques informelles ou rustiques, celles qui demandent un petit vin de soif qui coule à flots et une gaieté familiale. Un goûter d'anniversaire de mariage ou un lendemain de naissance sont des moments qui réclament un rassemblement dans le maset. En fait, c'est un peu la petite maison de poupée des adultes, la maisonnette du bonheur.
Le fort paysage désertique du mont Lozère.
À Tautavel repose l'un de nos ancêtres, un homme d'il y a 450 ooo ans, retrouvé en juillet 1971. Une petite chapelle, modeste témoignage religieux dans l'Aude.
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Les chalets de la plage de Gruissan, qui servirent de décor à Beinelx pour « 37"2 le matin ».
Les maisons de la plaine viticole ne ressemblent en rien à celles, éphémères ou régulières, citées plus haut. Ce sont de grandes bâtisses qui ont d'abord profité de la facilité d'approvisionnement en bois du canal de Midi pour remplacer la voûte par les poutres. Un grand portail en façade, un grenier, un logement qui au départ était au premier étage, et un rez-dechaussée utilisé comme cellier viticole . Ensuite, avec une plus grande opulence, les pièces de logement furent transférées en bas, pour que l'on puisse ouvrir plus aisément la porte et jouir ainsi d'une plus grande facilité de contacts avec l'extérieur. Autour des étangs, de l'Or, de Pierre-Blanche, de Pérols, du Prévost, cerné par les banlieues et les voies express, le monde des cabanes se ferme jalousement sur ses secrets.
Paysage tendre et mélancolique de l'étang de Vic (Hérault).
« Ethnostalgie des années moustiques » Petit aparté dédié aux moustiques : tout ce que l'homme a pu faire pour s'en débarrasser, ou tout au moins pour ne pas en subir les assauts absolument partout, a été fait. Ainsi, on retrouve les traces de cette lutte« au dernier sang» dans les habitations les plus traditionnelles, les plus anciennes et les plus pauvres, qui n'ont pas pu, ou pas su, changer de moyen d'attaque et de défense. Cadres de bois rudimentaires fixés dans l'embrasure des fenêtres, système de châssis à guillotine, les moustiquaires de grillages aux mailles fines obturaient toutes les ouvertures des maisons. Et puis il y a les habitudes, qui sont souvent restées : noir total fenêtres ouvertes avant d'allumer les lumières le soir, utilisation de citronnelle et de géraniums en pot sur les balcons et devant les portes... 52
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C'est un monde lagunaire, envoûtant et obscur, qui s'étire tout le long du littoral languedocien, tout en eaux et garrigues, en parfums salins et en puissantes odeurs de terre et d'herbe. Ici, l'on rencontre tout ce que les hommes ont génialement inventé et construit pour épouser au plus près un milieu qui ne leur est pas, naturellement, favorable, de par la présence, entre autres, de bestioles embêtantes - et autrefois dangereuses-, comme les moustiques, justement accusées de véhiculer le paludisme. La présence humaine dans ce milieu semi-aquatique est attestée depuis la fin du néolithique : les cabaniers et les pêcheurs ont hérité une partie du savoir ancien, ce que les ethnologues appellent la culture lagunaire. L'architecture cabanière est faite de mas, cabanes, mazets, oustalouns, et échappe à toutes sortes de modèles ; parfois néo-lacustre, avec des pilotis, parfois précaire et construite à l'aide de matériaux extraits de la nature, comme les sagnes et les sanhils, parfois habillée avec des éléments détournés et récupérés, dans une sorte de bricolage sauvage qui fait flèche de tout bois ... Ainsi, l'on peut voir une paroi faite de tôle de bidon déroulé, un toit de canisse et planches récupérées d'une ancienne embarcation ... Les bateaux aussi sont adaptés, comme les habitations, au milieu lagunaire, des eaux peu profondes qui demandent des fonds plats, des barques basses à rames et à moteur, des« gabions » pour la chasse au gibier d'eau. Chaque embarcation a une fonction précise, arrangée en fonction du type de chasse et de pêche. Les pêcheurs et les cabaniers rythment leur vie à l'aune de leur connaissance de météorologie, de vents et de fonds d'eau, de techniques ancestrales, et plus simplement, ils calquent leur cycle vital sur celui de l'étang.
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Un monde d'eaux calmes Autour de l'étang de l'Or, « derrière les cabanes, sur des vastes espaces s'étendent des laisses, les terres au-dessus du niveau de la mer. Selon la saison, il s'y forme des clairs, nappes d'eau scintillante, des soussouires ou des sansouires, étendues fendillées couvertes de sel ou de touffes de salicornes. Et le mot les habille bien, ces terrains nus ; on le sait quand on est couché sur le sol craquelé, parmi ces salicornes, plantes grasses et basses, articulées comme des pattes de crabe, mais lisses, mais translucides : le vent de fleur de terre des soirs d'été y glisse ... » (Gaston Baissette, Julliard, 1959.)
La fête des pêcheurs C'est le 29 juin que les pêcheurs languedociens fêtent la SaintPierre-et-Paul, une cérémonie pleine de symboles. La statue dorée de saint Pierre habillée d'une robe offerte par la femme d'un patron pêcheur, avec les clés du paradis dans la main, est portée en procession à Gruissan. Elle est transportée au large dans une barque, et les clés sont jetées dans la mer. Autrefois, la cérémonie était plus complexe : on partait de l'église avec des musiciens, les pêcheurs avec la barque du saint, du pain bénit était distribué aux fidèles pendant la grand-messe chantée, et après les vêpres on allait jeter les clés en mer pour que le saint intercède en faveur des pêcheurs afin qu'ils jouissent d'une pêche abondante. Cette fête se déroulait quasiment à l'identique partout, de Bouzigues à Agde, et jusqu'à Mèze. 53
Languedoc-Roussillon
L'ameublement Dans les maisons ordinaires, l'ameublement jusqu'au siècle dernier était très codifié. Dans la salle commune, une longue table massive en bois, avec des creux qui faisaient office d'assiette, occupait généralement le centre de la pièce. Près de la cheminée il y avait l'archibanc, une banquette réservé au chef de famille, à laquelle avaient parfois l'honneur d'être invités les hôtes les plus importants. La « saliniera » - récipient destiné à la conservation du sel - y était souvent intégrée. Le pétrin pour faire le pain était proche du bue, un cylindre en bois pour que les très jeunes enfants restent sous l'œil vigilant de la mère - encore qu'il fût pratiquement impossible aux bébés de s'évader de cette minuscule et inconfortable prison. Bien évidemment, les autres rôles essentiels à la bonne tenue de la famille étaient la cheminée, qui servait à la cuisson de la nourriture, à la chaleur ainsi qu'à l'illumination de la pièce, et l'évier en pierre, avec ses cruches pleines d'eau pour les besoins du ménage. Le coin chambre était complètement nu, avec un crucifix et des images pieuses aux murs, un « cabinet», une armoire qui renfermait les papiers, livre de messe, et une paillasse de maïs ou de seigle, battue deux fois par an . Seuls les ménages les plus aisés avaient des lits « à quenouilles », à colonnes, ou, plus tard, à l'ange, un ciel suspendu sans colonnes.
En bas
Des châteaux tranquilles aux folies de la Renaissance
à droite:
Le château de Restinclières, dans ['Hérault.
Après avoir fait un tour rapide pour voir comment et où le commun du peuple vivait, voici le luxe et le faste selon les seigneurs du LanguedocRoussillon. Comment vivait-on chez eux?
Le château de la Mogère, élégante folie du début du xv111• siècle, dans ['Hérault, près de Montpellier.
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La guerre contre les albigeois n 'avait pu interrompre les renouveaux sociaux : la concentration d'habitations, qui avait été conçue et bâtie jusque-là à l'intérieur des villae gallo-romaines, était faite maintenant dans des villages fortifiés, les castra, dont on a les premiers exemples au XIe Siècle. Le vieux château de Portes, à 20 km d'Alès, assura longtemps la défense des pèlerins qui passaient par les Cévennes, en route pour Saint-Gilles. La forteresse était à l'origine dessinée sur un plan carré ; à la Renaissance les seigneurs de Budos firent rajouter un autre bâtiment, qui donne à l'aspect actuel du château une configuration des plus audacieuses. Sous la Révolution le château servit de prison, mais il commença un lent déclin à la fin du x1x' siècle. Heureusement repris en main à la fin des années 60 , on peut continuer à en admirer la masse monumentale, très bien restaurée, et même profiter des expositions et des concerts. A Rousson, à 10 km d'Alès, on peut voir un autre château, construit entre 1600 et 1615 par Jacques d'Agulhac de Beaumefort, qui acheta le fief au xv!' siècle. Ce siècle, qui fut en Languedoc une période de récupération démographique, d'accroissement et d'amélioration des rendements agricoles, ainsi qu'un temps béni de
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régression d'épidémies, mit la région à l'orée d'une nouvelle donne économique. La porte sculptée et armoriée est ici de toute beauté, le dallage ancien bien conservé, et l'on peut voir également une partie du mobilier d'époque, dont une superbe armoire d'Uzès, la cuisine en l'état et le four à pain, coffre d'un corsaire. A Beaucaire, l'enceinte du château royal date du x1v siècle, ainsi que la belle tour triangulaire . La citadelle, elle, est plus ancienne, et depuis le xi° siècle elle protège la petite ville du mistral. C'est une impressionnante forteresse en pierre bâtie sur une colline dominant le Rhône, restée dans l'histoire grâce au rôle joué en 1216 pendant le siège des Raymond, héros des patriotes occitans. Aux XVII° et XVIII' siècles, Montpellier et Pézenas s'adonnent à une nouvelle mode, celle des hôtels particuliers inspirés par la Renaissance italienne. Escaliers monumentaux, façades à
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loggias et colonnes, décoration fastueuse, tout y est. Pézenas connut au XVIll' siècle une économie florissante : cela se déchiffre maintenant comme dans un album d'architecture. Avec les hôtels, les maîtres maçons, les menuisiers, les sculpteurs, les serruriers et les« gipiers » (stucateurs) l'ont dotée d'un extraordinaire patrimoine
Et à Montpellier, hôtel de Beaulac (en haut à gauche) et hôtel de Cambacérès (ci-dessus).
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Antigone, c'était qui ? Pourquoi un Catalan à Montpellier ? et l'axe Bologne-Montpellier-Barcelone, alors ? Bon alors, voilà, Ricardo Bofill, avec Antigone, a ouvert le plus grand chantier d'Europe. Architecture liée au passé, ou nouvelles formes d'une ville « in progress », la splendide Antigone est avant tout un décor. À suivre.
Le quartier Antigone
à Montpellier.
architectural, consacré en 1965 par la création d'un secteur sauvegardé. La plupart des demeures de cette époque présentent un décor sculpté, des fenêtres ornées de mascarons et des appuis de balcons, des rampes d'escaliers - toute une parure de ferronnerie - qui devient un élément majeur de la décoration.
Quant à Montpellier, elle possède une véritable école d'architectes, comme Jacques Donnat, les Girat et d'Aviler; à ces grands noms on peut rajouter de formidables artisans, spécialistes du fer forgé et du bois sculpté. Uhôtel de Mirman est un superbe exemple du savoir-faire de ces artistes.
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Les « folies » sont une autre illustration de ce faste sur une vaste échelle : on peut voir encore maintenant une trentaine de ces magnifiques demeures autour de Montpellier, certaines malheureusement engluées dans les pavillons de banlieue, d'autres qui ont survécu dans un bel environnement. Le château de Flaugergues, au charme fou, et le château de la Mogère, avec son beau parc et sa fontaine baroque, sont absolument à voir.
Les châteaux pinardiers La Renaissance, comme on l'a vu, s'était totalement concentrée sur les villes. Les campagnes en étaient restées exclues, les châteaux se devaient d'être « forts », et il n'y avait aucun goût ou style commun à la région . Le château avait été le témoin d'appartenance sociale à une classe, il devient la marque de l'argent et du pouvoir économique. Folies et châteaux viticoles sont aussi différents
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Flaugergues, une folle en style italianisant édifiée en 1690. Jardins à la franç aise et parc à l'anglaise remarquables.
Au château de Grézan.
• NE DITES PAS. LA VIE EST UN JOYEUX FESTIN C'EST LE DII\E D'UN SOT ET C'EST D'UNE ÂME BASSE 0
SUI\TOUT NE DITES PAS ELLE EST i'iALHEUR SANS FIN C'EST D'UN i'iAUVAIS COUI\AGE ET QUI TI\OP TÔT SE LASSE
CHANTEZ COMME AU PI\INTEMPS L ' OISELET DANS LES BOIS PLEUI\EZ COMME LA BISE OU LE FLOT SUI\
LA GI\ÈV~
GOÛTEZ TOUS L ES PLAISU\S SOUFFI\EZ TOUS LE!S Él'lOlS
BT
DITES C'EST BEAUCOUP ET C'EST L'Ol'lBI\E D'UN
J\BVE
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les uns des autres qu'on peut l'imaginer : les bourgeois enrichis qui les faisaient construire avaient pou r repères les styles les plus divers, ils voulaient à la fois le bordelais parce que cela les « plaçait » - et le grandiose, le moderne de Garnier et
l'historique français, l'anglo-saxon qui fait raffiné et voyageur et le spectaculaire, le palladien - comme Les Calvières, et l'antique, comme à Argilliers . Bref, ils voulaient tou t, et eu re n t des demeures au ssi ahurissantes qu 'étranges ...
Château de Grézan, à Laurens dans l'Hérault.
Le mouvement des gueux Au xx• siècle, l'épopée viticole donne lieu à une étrange contradiction : en Languedoc, au contraire de partout ailleurs en France, les forces vives de travail convergent vers les campagnes, alors que partout ailleurs l'exode rural sévit. La France s'industrialise et le Languedoc profite de l'expansion de la viticulture. Après les crises de sousproduction dues à l'épidémie d'oïdium et de phylloxera, à la fin du xixe, les traitements et le nouveaux greffages renforcent les vignes, et par conséquent la production de vin. Les villes du vin s'embellissent, les demeures luxueuses se construisent. La viticulture vient absorber tous les capitaux disponibles, profitant du déclin d'autres marchés jusque-là florissants - la sériciculture, et avec elle tout le domaine du textile. La production est massive, mais déjà la crise de la mévente s'installe, et l'opulence du jour devient la source de misère du lendemain. La révolte des viticulteurs de 1907 s'appelle ainsi : ce sont les viticulteurs eux-mêmes qui lui donnèrent ce nom. La surproduction,
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