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French Pages 260 [262] Year 2019
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L'âge d'or
Abbayes · Normandes des
1066-1204
Abbayes de Normandie - route historique Éditions point de vues
Préface Jean-Claude BRUBION Prés id ent d 'Abbayes de Normandi e - rou te hist orique
« L'époque romane marque le sommet de l'histoire
normande. C'est la seule où la province ait fait preuve d'un véritable génie créateur dans presque tous les domaines.» Lucien MUSSET La N ormandie roma ne. Tome 1 Éditi o ns Zod iaque - 1987
Abbayes de Normandie - route historique a décidé de réaliser une exposition itinérante accompagnée de cet ou v rage pour évoquer l'étonnante floraison d'un mouvement spirituel , architectural et créatif qui a tant marqué l'histoire de la Normandie médiévale et bien au-delà. N'oublions pas que notre région a le grand priv ilège d'avoir été la référence pour définir l'art roman grâce au x tra vau x de deu x normands Charles de GERVILLE et Arcisse de CAUMONT au début du XI X" siècle. Je tiens à remercier vivement les historiens qui ont bien voulu nous accompagner dans cette démarche : Pierre BOUET, Henry DECAËNS, Véronique GAZEAU, Vincent JUHEL, Jacques LE MAHO, François NEVEU X et Jean-Baptiste VINCENT. Leur compétence, leurs connaissances, leurs motivations ont été à la hauteur de leur gentillesse et de leur modestie. Je remercie aussi bien sûr nos financeurs et en particulier la Région Normandie sans lesquels nous n'aurions pu mener notre projet à bien. J'espère que cette évocation d 'une période où le ra yonnement intellectuel de notre Région ne fut jamais aussi grand contribuera modestement à notre devoir de mémoire aujourd'hui plus que jamais indispensable et à inspirer la construction d'une Normandie enfin réunie.
La salle du chapitre de l'abbatiale Saint-Georges de Boscherville.
3
Préface
p.3
Jean-Claude BRUBION Président d 'Ab b ayes d e No r ma nd ie -
route historique
Introduction
p. 7
Pierre BOUET François NEVEUX
LES ABBAYES NORMANDES AUX XIe ET xr,e SIÈCLES Les ordres monastiques présents en Normandie
p.11
Pierre BOUET François NEVEUX
L'architecture monastique normande
p.17
Henry DECAËNS
Les grandes construct ions
p 31
François NEVEUX
Les abbayes cisterciennes de Normandie
p. 47
Jean-Baptiste VINCENT
Les abbés et abbesses de la Normandie ducale
p.
55
Véronique GAZEAU
Les abbayes anglaises et le Norman Style
p. 61
François NEVEUX
Les influences normandes en Angleterre
p.69
François NEVEUX
Les influences anglaises sur l'art normand au XII" siècle
p. 76
François NEVEUX
L'influence normande en Italie d u Sud et en Sici le
p. 81
Pierre BOUET
Le rayonnement intellectuel des abbayes normandes
p 93
Pierre BOUET
4
L'ÂGE D 'OR DES ABBAYES NORMANDES. 1066-1204
Sommaire
LES TRÉSORS DES ABBAYES NORMANDES
Les peintures murales
p. 99
Vincent JUHEL
Les vitraux
p. 105
Jacques LE MAHO
Les tentures
p.111
Franço is NEVEUX Pierre BOUET
Les sculptures
p. 117
Jacques LE MAHO
Les objets d'art de l'époque romane en Normandie
p. 125
Jacques LE MAHO
Les manuscrits normands (X l· -XII" siècles)
p. 133
Pierre BOUET
Les manuscrits étrangers en Normandie et les manuscrits normands à l'étranger
p. 145
Pierre BOUET
CONCLUSION Conclusion
p. 155
Pierre BOUET François NEVEUX
REGARD SUR LES ABBAYES NORMANDES Notices historiques
p. 160
Remerciements
p. 259
5
Introduction Pierre BOUET François NEVEUX
Célèbres ou plu s secrètes, les abbayes normandes constituent un patrimoine exceptionnel. Aujourd 'hui encore, elles attirent de nombreu x visiteurs par leur beauté architecturale et par leur passé prestigieu x. À tra vers cet ou v rage, vous pourrez décou v rir l'âge d 'or de ces abbayes, qui correspond à la période 1066-1204, entre la conquête de l'Angleterre par le duc Guillaume et le rattachement de la Normandie au domaine royal français. Lorsque le duc de Normandie dev ient roi d 'Angleterre, en 1066, la principauté normande a renoué avec son passé monastique franc. Les grandes abbayes fondées sous les Mérovingiens et les Carolingiens ont déjà été restaurées par les prédécesseurs de Guillaume. C'est le cas, par exemple, de Saint-Ouen de Rouen , Jumièges, Saint-Wandrille, le Mont Saint-Michel et Fécamp. En outre, de nombreu x autres monastères bénédictins sont fond és par les ducs et par les grandes familles aristocratiques: Cerisy-laForêt, Saint-Pierre de Préau x, Saint-Évroult et les deux abbayes caennaises, entre autres. Leur construction est l'œuvre d 'architectes audacieux, qui édifient des églises et des bâtiments conventuels grandioses. Les monastères sont également des foyers actifs de vie intellectuelle, des centres de copie et d 'enluminure qui produisent des œuvres somptueuses. Profitant des conquêtes normandes, le monachisme bénédictin rayonne en Angleterre, en Italie du Sud et en Sicile. Les moines ont joué un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de la réforme de l'Église, comme dans la vie politique, sociale et économique des États normands.
Portrait de Saint-Ambroise. Avranches. ms . 72 (ve rs 1040-10 60), fol. 18 2v
7
de Rouen, B.m 32 (A21), fol 14 ms.
Carte des fondations monastiques de 911 à 1087.
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Abbaye fondée par le duc ou son épouse
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Abbaye fondée par un aristocrate
LES ABBAYES NORMANDES AUX XI'' ET XW SIÈCLES
1 1
1 1
Les ordres monastiques présents en Normandie Pierre BOUET François NEVEUX
Les Bénédictins Au XI • siècle, tous les monastères fondés en Normandie suivent la règle de saint Benoît qui avait été conçue, au VI• siècle, pour son abbaye du Mont-Cassin. Le succès de cette règle s'explique par l'équilibre entre la prière, le travail et le repos. Tous les monastères anciens de la Neustrie avaient été détruits par les Vi kings et la plupart des moines avaient fui dans des régions où ils avaient trouvé une plus grande sécurité (notamment en Flandre et en Bourgogne). Les premières restaurations , initiées par les ducs de Normandie, sont le fait d 'abbés réformateurs venus du Poitou (Martin de Saint-Cyprien à Jumièges), de Flandre (Ménard à Saint-Wandrille) ou de Germanie (lsembert à La Trinité-du-Mont de Rouen). En 1001, Richard Il (duc de Normandie de 996 à 1026) fit venir à Fécamp Guillaume de Volpiano, un réformateur italien passé par Cluny, la grande abbaye réformée bénéficiant de l'exemption visà-vis des autorités laïques et ecclésiastiques. Par la suite, l'abbé Guillaume et ses disciples fondèrent ou refondèrent un grand nombre d'abbayes normandes : le Mont Saint-Michel, Jumièges, Bernay, Saint-Ouen, etc. De 911 à 1035, les ducs de Normandie avaient donc fait restaurer une douzaine d'abbayes situées pour la plupart dans la vallée de la Seine. De 1046 à 1066, Guillaume et les grands seigneurs normands, suivant son exemple, fondèrent 27 monastères, situés principalement en Normandie occidentale.
À partir de 1066, l'essor monastique se porta vers le royaume d'Angleterre. De nombreux moines normands furent alors appelés à restaurer les abbayes anglo-saxonnes.
L'église Saint-Pierre de Jumièges, datant en partie du VIII' siècle, est le seul élément subsistant du monastère antérieur aux incursions vikings.
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Les nouveaux ordres du XW siècle
L'abbaye du Breuil-Benoît, fille de Savigny.
À la fin du Xi• siècle, dans les forêts fronta li ères du sud de la Normandie, s' installèrent des ermites, qui très vite attirèrent de nombreux disciples. De ces expériences allaient naître deux nouveaux ordres, dont l'ambition était de revenir à la lettre de la règle de saint Benoît, qui n'était plus respectée par les anciens monastères. Originaire d 'Abbeville et passé par le Poitou, Bernard, fonda l'abbaye de Tiron, qui essaima principalement en Normandie et en Angleterre (Saint-Victor-de-Réno et Hambye). Vital de Tierceville (au diocèse de Bayeux), chanoine régulier de Mortain, créa l'abbaye de Savigny (diocèse d'Avranches), qui fut à l'origine d 'un nouvel ordre au développement exceptionnel (Beaubec, Foucarmont, Le Breui l-Benoît, Aunay-sur-Odon, La Trappe, etc.). La spiritualité et le mode de vie prônés par Vital étaient très proches de ceux de Robert de Molesme, fondateur de Citeaux, et de son disciple, Bernard de Clairvaux. En 1147, l'ordre de Savigny fut donc intégré dans l'ordre cistercien. D'autres abbayes cisterciennes, indépendantes de Savigny, furent également créées, principalement en Normandie orientale (Mortemer, FontaineGuérard).
Les ruines de l'abbaye de Savigny (Savigny-le-Vieux, Sud Manche).
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Parallèlement, une autre réforme était engagée par les chanoines de Saint Augustin qui vivaient en communauté mais avaient une action pastorale en dehors de leurs monastères. De nombreuses abbayes d'Augustins v irent le jour (l'abbaye du Voeu à Cherbourg, Sainte-Barbe-en-Auge, Saint-Lô, Eu, Le Plessis-Grimoult). Certains chanoines s'étaient organisés en ordre monastique, comme ceux de Prémontré (dans l'Aisne), qui eurent de nombreuses dépendances en Normandie : La Lucerne d'Outremer, Blanchelande, Bellozanne, Mondaye ou Ardenne (près de Caen).
LES ABBAYES NORMANDES AUX XI' ET XII" SIÈCLES
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Fondations bénédictines Fondations cisterciennes ou d'esprit cistercien F ondations de Prémontrés F onda tions d' Augusti ns
Carte des fondations monastiques du XII" siècle.
L'abbaye de Hambye, fille de Tiron, fondée en 1145.
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L'architecture monastique normande Henry DECAËNS
Le plan des églises abbatiales Les bénédictins ont édifié en Normandie des bâtiments romans dont les plus beaux témoins conservés sont les églises abbatiales. Celles-ci suivent le plus souvent un plan en forme de croix latine, comprenant d'ouest en est : une longue nef dont le vaisseau central est flanqué de bas-côtés ; un transept saillant dans les bras duquel s'ouvre une absidiole orientée ; et un chœur dont le plan a varié. Dans les édifices les plus anciens, dont la construction a démarré avant le règne de Guillaume le Conquérant, le chœur était entouré d'un déambulatoire, avec ou sans chapelles rayonnantes, comme dans les grandes églises de pèlerinage. Tous les chœurs de ce type ont disparu ; c'était le plan du chevet de Notre-Dame de Jumièges, église consacrée en 1067, de Saint-Pierre de Saint-Wandrille, église commencée entre 1016 et 1031, et de l'église abbatiale du Mont Saint-Michel, édifice mis en chantier en 1023. Tous les chœurs des églises bénédictines qui subsistent se composent de deux travées droites précédant une abside semi-circulaire et flanquées de bas-côtés se terminant à l'est par une absidiole logée dans l'épaisseur du mur. Ce chœur à chapelles échelonnées est dit bénédictin ou normand tant il est répandu en Normandie ; on le trouve en effet à Notre-Dame de Bernay, à la Trinité de Caen, à Saint-Vigor de Cerisy-la-Forêt, à la Trinité de Lessay et à SaintGeorges de Boscherville. La genèse de ce plan est sans doute clunisienne; il aurait été importé en Normandie par Guillaume de Volpiano qui a réformé l'abbaye de Fécamp en 1001.
Église Saint-Nicolas de Caen.
Abbatiale Notre-Dame de Jumièges vers 1820.
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Une église avec u
à plan échelonné : Notre-Dame de Jumièges au XI• siècle, plan de Georges Lanfry.
Saint-N icolas de Caen, égl ise paro i ssiale du Bourg-l'Abbé , construite par les moines de !'Abbaye-aux-Hommes.
L'élévation intérieure des églises
Élévation de la nef de Saint-Georges de Boscherville.
La nef présente le plus souvent une élévation à trois niveaux - grandes arcades, niveau intermédiaire et fenêtres hautes soulignée par des bandeaux de pierre horizontau x qui courent le long des murs. La division verticale en tra vées est affirmée par des colonnes montant de fond jusqu 'aux entraits de la charpente. Les murs sont ainsi parfaitement articulés. Au ni veau des grandes arcades, on observe parfois une alternance de piles fortes et de piles faibles ; à Notre-Dame de Jumièges, des piliers cylindriques alternent harmonieusement avec des piles composées. Le ni veau intermédiaire se compose soit de larges baies ouvrant sur des tribunes comme à Saint-Étienne de Caen et à Saint-Vigor de Cerisy-la-Forêt, soit de petites baies donnant du jour aux combles des bas-côtés comme à Saint-Georges de Boscherville, soit d'arcatures décoratives comme à la Trinité de Caen. Au niveau des fenêtres hautes, le mur se dédouble, laissant place à une coursière; cette disposition est appelée le « mur épais normand ».
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Les édifices plus modestes, comme Notre-Dame de Montivilliers, n'ont que deux niveaux. Sur la croisée du transept s'élève une tour lanterne dont la voûte est située au-dessus d'un niveau de fenêtres qui éclairent ainsi le volume intérieur. Des tribunes sont aménagées sur la partie saillante des deux bras. L'é lévat ion des travées droites du choeur est identique à celle de la nef ; en revanche, l'abs ide se réduit à deux niveaux, sauf à Cerisy-la-Forêt où trois niveaux de fenêtres se superposent.
Élévation de la nef de Saint-Étienne de Caen.
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Élévation du chœur de Cerisy-la-Forêt.
LES ABBAYES NORMANDES AUX XI" ET XII SIECLES
Élévation de la nef de Cerisy-la-Forêt
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Le couvrement des églises Les bâtisseurs normands de l'époq ue romane n'ont pas conç u leurs églises avec de lourdes voûtes en pierre; le vaisseau central de la nef et les bras du transept étaient généralement couverts d'une charpente apparente, en partie masquée par un lambris en plein cintre ou un plafond plat en bois. Cela leur a permis de donner un e grande hauteur à leurs ég lises - 25m à Notre-Dame de Jumièges - et d'ouvrir dans les murs de be ll es fenêtres laissant pénétrer à l'in térieur une lumière abondante. En revanche, les bas-côtés et les travées droites du vaissea u central du chœur, partie de l'église où est célébrée la messe, sont le plus souvent couvert s de voûtes d'arêtes ; les abs ides et les abs idi o les so nt voû tées en cul -de-four, c'est-à -dire en demi-coupole. Les tr ibu nes aménagées sur les bas-côtés sont parfois aussi voû tées pour épauler les murs gouttereaux du vaisseau centra l et éviter leur déversement: à Notre-Dame de Jumièges, ce sont des voû tes d'arêtes, à Saint-Étienne de Caen, des dem i-berceaux en plein cintre renforcés par des arcs doubleaux. Les bas-côtés nord de la nef de Notre-Dame de Jumièges.
Le bras sud du transept de Cerisy-la-Forêt.
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Primiti veme nt couvert d'une charpente apparente, le va isseau central de la nef de Saint-Étienne de Caen et ce lui de SaintGeorges de Boscherville ont été modifiés respectivement au XII" et au X/li° sièc le pour recevo ir des voûtes sur croisée d'og ives. Cel les qui couvrent l'ég lise de Lessay sont d'origine et font sa ns doute partie des premières expériences de ce mode de couvrement. L'e mploi de ces voûtes, qu i annonce l'époque gothique, n'a toutefois pas entraîné de modifications dans la structure des édifices de la première moitié du XI I" siècle.
Le bras sud du transept de Lonlay.
LES ABBAYES NORMANDES AUX XI ET XII' SIÈCLES
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LES A8f'lAYéS I\JCR'1'\f\ JES A JX xi E
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Édification d'une abbaye et aménagement du territoire Une abbaye est une entité complexe dont l'architecture et l'organisation spatiale traduisent à la fois une sectorisation des populations, une organisation fonctionnelle en adéquation avec les coutumes cisterciennes et une gestion de l'hygiène pour assurer une vie communautaire. Dans l'univers cistercien, la val lée est un milieu privilégié, favorisant l'isolement et l'approvisionnement en ressources naturelles comme le bois, la pierre et surtout l'eau. Lors du programme de construction d'une abbaye, les moines doivent avant tout comprendre les avantages du terrain et les risques naturels afin de positionner au mieux l'ensemble monastique. La richesse du paysage normand, par sa position sur deux aires géologiques (le Bassin parisien et le Massif armoricain) , permet des expériences d'implantation très variées et offre des morphologies d'abbayes bigarrées. En fonction des val lées, les moines doivent trouver un espace suffisant, avec une exposition optimale et éviter les pentes abruptes des versants et l'humidité ambiante du fond de val lée. Un compromis est généralement trouvé sur la partie basse des coteaux où des terrasses sont Abbaye de Mortemer.
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aménagées pour asseoir une partie du carré claustral et permettre une hiérarchie altimétrique symbolique entre les édifices, du plus sacré - l'abbatiale placée au plus haut - aux commodités (cellier, cuisine ... ). Ces travau x de terrassement s'accompagnent également d 'aménagements hydrauliques, étangs et canau x, acheminant l'eau dans les égouts de l'abbaye lesquels récupèrent ensuite les eaux usées des latrines, des cu isines et les eau x pluviales. D'autres canalisations sont exclusi vement réservées à l'apport d 'eau potable pour le lavabo du cloître et les cuisines.
Abbaye de Mortemer, vestige du bras nord du transept (fin XII" siècle).
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LES ABBAYES NORMANDES AUX XI' ET XII S1ÈCLES
...
LES ABBAYES NORMANDES AUX XI ET XW SIÈCLES
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Les abbés et abbesses de la Normandie ducale Véronique GAZEAU
Si le chapitre 64 de la règle de saint Benoît indique que les supérieurs, hommes et femmes, d'abbayes bénédictines doivent être élus par le convent, c'est-à-dire la communauté des moines ou des moniales profès, la mise en œu v re de cette ex igence est restée dans la majorité des cas lettre morte sous les ducs de Normandie. En effet, au x• siècle, lorsque la v ie monastique renaît sous l'impulsion des ducs de la dynastie rollonide et avec le concours de moines réformateurs venus de Poitiers, de Gand ou de Cluny, les abbés sont imposés à la tête des maisons bénédictines. Si la fiction de l'élection par les moines demeure jusqu 'à la fin du X II" siècle, les abbés et les abbesses sont bénis par les évêques et sont chargés de constituer ou de reconstituer le patrimoine et de diriger spirituellement la communauté. Leur fonction de père ou de mère de la communauté monastique consiste à faire appliquer la règle bénédictine par le biais des coutumes monastiques propres à chaque maison.
Anselme du Bec-Hellouin.
Les ducs et les membres de l'aristocratie proche du pouvoir, qui fondent ou restaurent des abbayes à partir des années 1030, nomment les abbés et les abbesses. Malgré les conciles réformateurs qui se tiennent en Normandie et qui relaient la réforme dite grégorienne, les ducs, s' ils abandonnent dans le courant du X I• siècle, la remise de la crosse abbatiale au x abbés et abbesses élus, n'en continuent pas moins de nommer ou de placer leur candidat à la tête des abbayes. Après 1204 cette pratique est abandonnée par Philippe Auguste et ses successeurs.
Cartulaire du Mont-Saint-Michel. L'abbé du Mo nt Saint-Michel recevant une donat ion d e la d uchesse Gonnor. Avranches. Ms. 210, fol. 23 verso.
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Disque funéraire trouvé en 1875 dans la tombe de Robert de Torign Disque funéraire trouvé en 1875 dans la tombe de Robert de Torigni, abbé du Mont-Saint-Michel de 1154 à 1186. Son rayonnement intellectuel a été si grand que l'abbaye a alors été surnommée la « cité des livres». Son rayonnement spirituel n'a pas été moins important ; sous son abbatiat, le nombre des moines est passé de 40 à 60, chiffre qui n'a jamais été dépassé. On lit sur la face « Hic requiescit Robertus de Torigneio, abbas hujus loci » et sur le revers « qui prefuit huic monasterio XXXII annis. Vixit vero LXXX annis ». (« Ici repose Robert de Torigni, abbé de ce lieu, qui gouverna ce monastère pendant trente-deux ans. Il vécut environ quatre-vingts ans»).
Épitaphe de Robel'L de Torigni. - Face.
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Épiiaphe de Robert d'e Torigni. - Revers.
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