Faire Face aux Dépendances 2725633117, 9782725633114

Nouvelle édition revue et augmentée de ce guide pratique d'autoguérison qui fait référence. La société d'aujou

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French Pages 375 [378] Year 2014

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Faire Face aux Dépendances
 2725633117, 9782725633114

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DR CHARLY CUNGI SoPHIE NICOLE

Faire face

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dépendances Alcool, tabac, drogues, jeux, Internet. ..

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DR CHARLY CUNGI SOPHIE NICOLE

Faire face aux dépendances Alcool, tabac, drogues, jeux, Internet. ..

RETZ www. editi ons- retz .com 9 bis. rue Abel HovelacQue 750 13 Paris

Collection ((Faire face » dirigée par le Dr Charly Cungi

Faire face à l'agoraphobie Dr Franck Peyré Faire face à la souffrance Benjam in Schoenclorff Faire face à l'anorexie Dr Alain Perroucl Faire face à la boulimie Dr Alain Perroucl Faire face aux dépendances Dr Charl y Cung i Sophi e Nicole Faire face à la dépression Dr Cha rl y Cungi Dr Ivan-D ru o n Note Faire face aux paniques Dr Fra nck Peyré Faire face au TAG Dr Franck Peyré Faire face aux TOC Rémy Neveu Faire face à la maladie d'Alzheimer Henryka Lesniewska Faire face à la phobie de l'avion Stépha nie Mo inet

©Éditions Retz 2014 pour pour la présente éd ition ISBN: 978-2-7256-3311-4 © Éd itions Retz 2005 pour la précédente édition

- - -Sommaire Préface du professeur Théodore Cherbuliez . ... .. .. .............. . 7 Préface du professeur Ovide Fontaine .. .. ............... . ....... 11 Introduction .. ..... ......... ....... .................. ....... . 15

Chapitre 1- Qu'est-ce que la dépendance?.................... 19 • Comment devient-on dépendant? ..................... 20 • Comment notre cerveau et notre corps fonctionnent? .... . 21 • Suis-je dépendant? ....... ................ ...... .. .. 28 Chapitre 2- Comprendre ma dépendance .... ......... .. ...... 31 • L'analyse fonctionnelle . . .. ............. . .... . ....... 32 • Quels sont les inconvénients de l'addiction? . . . .. . ....... 33 • Quels sont les avantages et les inconvénients d'atTêter l'addiction? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 • Quels sont les avantages à court tem1e et les inconvénients à long tenne? ...... . .. .... .. ... .. . 36 • Diagnostiquer et mesurer sa dépendance .......... .... . 49 • Définir le stade .... . ........... .... ... . . .. . .... . .. . 49 • Le stade de la précontemplation . .............. . . . ... . 50 • Le stade de la contemplation ......................... 53 • Le stade de la détennination ..... .... ................ 62 • Le stade de l'action ............. .. .................. 62 • La phase de maintien et le risque de rechute ... . ... . .... 64 Chapitre 3 - Se motiver ..... . ......... .......... ....... . ... . . 67 • Lorsque l'on est précontemplatif .......... . ..... . . . .. 74 • Lorsque l'on est contemplatif ......... . . . . . . . . . . . . . .. 78 • Développer sa motivation ............. . . ........... 79 • La mise en évidence des cercles vicieux et la mise en place d 'un cercle constructif. .... . . . . . .... 84 • L'histoire de ma vie et l'évaluation court terme/ long terme ... . . .. ........ .. ...... .. .... 90

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• Désamorcer les ·J e dois .. , les .. fa ut que .. et la précipitation d e l'urge n ce ... . . . ........... . . . .. . 96 • Les situatio ns à risque . ... ... .. . . .. ... .... . . ... ... . 100

Chapitre 4 - Se préparer à l'action ...... .. . .. .... . .... . . . .... 111 • Les m é tho d es compo1te m e nta les ... ..... . .. .. . . .... . 113 • • Le contrô le elu stimulus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 • • L'expositio n aux situatio ns à haut risque . . . . . . . . . . . . . . . . 11 5 • • Relaxation et désensibilisatio n. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 • • Un programme complet : une pratique info rmelle et une pratique formelle régulière .. .......... . ..... .. . 131 • • Recherche et entraînement des activités alternatives . . . . . . 132 • • Occuper son temps ......... . ............ . .......... 136 • • La méthode de l'araignée .... ... ... . . .... .. . .. . . . . ... 139 • • Faire face aux problèmes et les résoudre .... .. ... . ... . . 152 • • Les méthodes d 'affirmation de soi .. . ...... . ...... . .... 155 • La restructuration cognitive ..... . ......... . .. .. .... . 164 • • Mise en évidence des pensées automatiques . ... . . .. .... 168 • • Modifier les pensées automatiques ... .. ... .. ........ . . 171 • • Mise en évidence et mod ificatio n des erreurs logiques concernant le comportement adclictif . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178 • • Mise en évidence et modificatio n des postulats de base . . . 188

Chapitre 5 - Passer à l'action .. . .. . ........... . . .. ..... .. .... 201 • • • •

Arrê t et contrôle d e l'addiction ...... .... ........ . ... Mainte nir les résultats . ..... .... ... .... .... ... . .... Cultive r le travail d é jà fa it . . .... .. .. .... .. ..... ... .. Dé finir les o bjectifs, les prio rités, les m a ndats que l'on se d o nne .. .. .... . ..... . .... . . . . . .... . ... • Les problè mes d e rechute . . . . ... .. .. .... .... ... ....

201 206 207 21 3 218

Chapitre 6 - Le changement de vie . . .... .. . .. .. ... ..... .. ... . 229 • Pre ndre la d écisio n d e g ué rir . . .... . ..... .. .. ... ... . 229 • Déve loppe r le bie n-être : la p sycholog ie positive et la pleine conscie nce ... ... .... ..... . .. . .... .. ... . 233 • Appliquer la p sycho logie positive : co mme nt d é velo ppe r un bie n-ê tre dura ble ? ........... 235 • La m étho d e des recettes e t d es d é p e nses . . ... . ....... 237 • Le p o int d e vue scie ntifique .. . . . .... .. .. . . . . . ... . . . 238 • En pratique ..... . .. ..... . . ............ . . .. . .. . ... 24 2

Chapitre 7- Les différentes dépendances ............. . ....... 255 • Le tabac .... . ..... .... ........ . . . ... . ... . . . ..... 256 • L'alcool ............... .. ............. . .......... 266 • Le cannabis . ........ . ... . ....................... 273 • L'héroïne ................ . . . . ......... ....... .... 279 • La cocaïne .. .. ...... .. .... . . . .......... . . .. ..... 284 • Les amphétamines ..... .. ............... .. . ....... 287 • Ecstasy et LSD .... ... .. . ......................... 289 • La kétamine ....... .. .. . . ............ .... ...... .. 294 • Le GBL et le GHB .... . ... . . . . . . . ...... . ....... . . . 296 • Les poppers . .. ...... . . . ................ . . .. ..... 297 • Les champignons hallucinogènes ...... . .. ......... . 299 • Les produits de substitution ........ . . .. .. .. .. . . .... 301 • Les toxicomanies aux médicaments ......... . ... . .. . 304 • Le café ... . .......... . ....................... . .. 306 • Le chocolat. ... ... . .. .............. .............. 307 • Les dépendances compo1tementales . ......... . ...... 309 • Les troubl es alimentaires ........... .. . ............ 309 • L'achat compulsif. ...................... . ...... . . . 320 • Le vol compu lsif ..... . ........ . ..... ............. 321 • Le jeu pathologique ........ . ... .. .. ... ........... 323 • Le sport pathologique .... ......... . ........ . . ..... 325 • Le travail pathologique ............... . . . .... .. . ... 326 • Les "cyberaddictions, ..... .. .. . . . .... . ............ 328 • Les dépendances sexuelles ....... .. ................ 333 • Les dépendances affectives ...... .... ............... 340 • N'est pas dépendant seulement celui qu 'on croit: la codépendance . . . ................ . ........ ..... 351 • Quelques remarques supplémentaires sur les addictions ... .......... ..... . .... . ......... 356 Conclusion ...... .. . .... .. . . .. . . ..... ...... . ....... . ........ 363 Glossaire . ....... ............ . . . . . ..... . ................... 365 Références ......... . ....... .. ........ ...... ................ 371

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---~Préface

à la nouvelle édition Cet o uvrage a une o rga nisation q ui rend sa lecture très aisée. Cette facilité est trompe use, ca r il ré unit la vulga risatio n d 'un sujet infiniment complexe avec une vue d 'e nsemble des dé pe ndances, conditions que la clinique décrit comme des e ntités diffé rentes, mais q ui se combinent et s'é paul e nt so uvent. Le lecte ur est p uissa mme nt aidé par plus d 'une centaine d 'exe mples. On e ntre clans le sujet par un sommaire qui introduit le concept de dépe ndance. Comme nça nt par visiter les dé pe ndances avec des produits, o n note qu e les pa tients concernés ont des conduites de recherche et de prise de produits qui inte rfè rent massivement avec le ur vie habitue lle. Un malaise s'e nsuit, q ue se ule la prise des produits va calme r. Vo ilà les patie nts pris clans un cercle vicie ux qu'ils ne maîtrisent pas ! Esclaves, to ute le ur atte ntio n se tourne vers les demandes de le ur nouvelle co ndition . Le ur avenir est compromis, le urs engagements en souffre nt, le ur sa nté aussi, et que lquefois le ur vie . Ils vivent entre de ux normes, celle de le ur passé et celle, incompatibl e avec la premiè re, qu e le ur no uvel état commande. Les dépe ndances qui o nt comme point focal un compo rteme nt pa rticulier, par exemp le le je u pathologique, ont la même stru cture qu e celles elu premier groupe, axées sur la substa nce . Laissés à e ux-mê mes, la plupart des toxicomanes vive nt la p rogressio n d 'un e a lié nation d 'avec le ur e nto urage et le ur passé, couplée à un rétrécisseme nt de le urs o ptions de vie commandé par cette no uvelle norme . L'instrume nt principal des clinicie ns est la re lation qu 'ils cultivent avec les patients. Ils e mplo ient très tôt la pe nsée systémique pour les ass iste r et les aide r à explorer et à reconnaître la complexité de leur situation, à évalue r ces de ux normes, la qu alité et les avantages de

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Faire face aux dépe nda nces

chacun e d 'elles. Ces examens, faits par les patients e ux-mê mes, vo nt le ur permettre de se re ndre compte de cette incompatib ilité dans laqu e lle ils vivent. Le chemin à fa ire est de fo rger ce q u'on pe ut appe le r un e troisiè me norme, celle q ui sera le che min de le ur no uvelle vie. Ce chemin est long. Le premier pas pro posé a ux patie nts est de " compre ndre [sa) dépe nda nce ", de réa liser q u'ils sont da ns une situatio n complexe qui les dépasse. O n pe ut alors considérer une moti va tio n à changer. De ux niveaux de connaissa nce sont reconnus : être p récontemplatif, ce qu i indique l'absence d'un q uestionne ment, et être contemplatif, état dans lequel le patient appréhende en un p remie r te mps les " avantages et les inconvénients" de ses comporte ments et da ns un second les évalue dans le temps. Cette optiq ue lui permet de comprendre qu e les ava ntages sont immédiats alors q ue les inconvénie nts sont de longue du rée. Une no uvelle tendance se profil e : le pati e nt propose alors des " je dois" et des" il faut qu e" qui confirment sa bonn e volo nté, mais q ui, e n fait, représentent un raccourci, c'est-à-dire q ue le che min de la reconstru ction est aband onné. Ce q ui apparaît comme un e bo nne inte ntion est en fa it une résistance au changeme nt. Il existe, entre ide ntifie r un problè me et être prêt à le réso udre , une série de dé marches à fa ire po ur ass ure r le succès d 'une action. To ut d 'abord, déterminer q ue lles sont les va ri ab les q ui constituent le p roblè me et celles qui feront partie de la no uvelle stru cture et comment les modifier. La formulation offerte par ces lignes est simple. Son exéc utio n de mande un e attention très déta illée et faite entièrement par le patie nt, bien sür avec la guidance et le so utie n des cl inicie ns. Po ur ce fa ire il existe : les méth odes comportementales , po ur ass urer le contrôle du stimulus, identifier les situ ati ons à haut risque, déte rmine r et maîtriser des activités alternatives, établi r une orga nisati on el u temps, examine r en déta il les dix axes de la vie , le ur fonctionnement, l'équilibre entre eux, ado pte r le po int de vue q ue to ut problè me représente un projet à me ner à bie n et, finale me nt, développer les méthodes d 'affirm atio n de soi qui perm ette nt au patient de pre nd re to ute la respo nsabilité de ses décisio ns et de ses compo rte ments ;

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Préface d u professeur Théodore Cherbuliez

la restru cturati on cogniti ve, qui permet de sortir de l'inconscient- ce qui maintie nt le pati ent e n esclavage. Il lu i devient alors possible d 'ide ntifie r et de contrôler ses pensées automatiqu es, qui l'entraînent à passer à l'acte . Exe mple : consomme r po ur alléger un manque . Court-circui ta nt les effo rts de changement, cet acte réaffirme la pé re nnité de l'add iction . Démasq uer les diffé rents modes de pe nsée q ui justifie nt les de mandes de l'add ictio n, les décisions arbitraires, les croyances " de service ", e nlève à ces de rnières la puissance qu e le ur conférait le ur dissimulatio n dans l'inconscie nt. Vient e nsuite l'étape pe ut-être la plus difficile de to ut le voyage : passer à l'actio n. À l'exemple des émigrants, il faut être prêt à tout q uitte r po ur co nstruire une no uve lle vie. Po ur s'y engager, le patient ré pond à une grille compre nant q uatre vo lets : qu and ? (que l est le bo n mome nt pour. .. ) ; o ù ? (à q ue l e nd ro it. .. ) ; comment ? (sevrage sec ou avec assistance chimiq ue) ; avec q ui ? (avec les personnes favorisant le plus possible la ré ussite). Puis vient la récolte des bé né fices acq uis. Faire des bilans positifs elu no uvea u régime, définir les nouvea ux mandats q ue l'on se do nne. Et, fin alement, affronte r les rechutes, avec la même grille, qui pe rmet d' identifie r les po ints de fragilité. Les rechu tes sont considérées comme fa isa nt partie elu pa rco urs et offrant une visio n no uve lle sur certaines fragilités restées cachées. Une composante de cet état no uvea u est que le sujet va s'efforcer de construire un e vie sa ine ; gué rir de sa maladie n'est plus suffisa nt po ur établir un e no uvelle faço n de vivre . Le de rnie r chapitre do nne un ape rçu des 21 addictio ns les plus coura ntes. Il est illustré par 31 exemples cl iniques. Ce chapitre est différe nt des autres ca r il présente les addicti ons sous le urs aspects historiq ue, descriptif et cliniq ue, mais ne décrit pas la fonction des cliniciens. Conclusion et commentaires personnels Au cours de ces ne uf de rnières années, j'ai e u l'occasion de passer, de ux fo is par an, une ou plu sie urs jo urnées à la clinique Be lmont. J'y ai acquis une vue privilégiée des saignants de to ute spécialisation, le ur e ngageme nt, le ur o ptimisme. Ils ont éliminé la menace du renvoi et

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Faire face aux dépendances

d 'autres" armes " comme les reproches, les accusations, la culpabilisation, si souvent rencontrés dans le cadre du traitement des addictions. Cette relation forgée par les cliniciens avec les patients crée une intimité qui permet à ces derniers de dévoile r les pa rties les plus doulo ureuses, les plus humiliantes de le urs actions passées et courantes. Il y a plus e ncore : avec son souti e n , les patients réussissent à abandonne r la constructio n à laque lle ils é ta ient soumis et à s 'e ngage r d a ns le ur no uve lle vie.

Professeur Théodore Cherbuliez, psychiatre

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-----~Préface

à la première édition Ce rta ins clichés prése nte nt les toxicomanes comme des sujets enclins à l'autodestru ction, au sui cide par drogues inte rposées . Si cette image cadre bie n avec la situation de ces patie nts au stade d 'état, il ne faudrait pas e n déduire qu e la toxicomanie s'inscrit dans un e logique de déses poir o u de dé pressio n. En fait, au départ, il y a une reche rche de satisfaction , d 'expé rie nces nouvelles o u un évite me nt de déplaisir, de situatio ns jugées stressa ntes , pe u valorisa ntes . Ce n 'est clone que secondaire me nt qu e la drogue emprisonne le suj et, physique ment par la dé pe ndance pharmaco logique - et socialement, par la recherche obligée des moyens nécessaires a u maintien de leur équilibre biologique. Une analyse qui viserait à la prévention primaire de ce fléa u devrait ré po ndre aux de ux questio ns suivantes : - Pourq uo i le toxicomane a-t-il besoin, à un moment de son existence, de ce type de moye ns po ur se satisfaire o u po ur réduire les effets de certa ines fru strati ons de l'existe nce? - Pourquo i ce phéno mè ne, qui a to ujo urs existé à l'état e ndé mique, a-t-il pris, ces de rniè res décennies un aspect épidémique clans les pays occide ntaux? Aux États-Unis, le nombre de décès par ove rdose à l'héroïne , e nregistrés clans la ville de New York , est considé ré comme un indicate ur indirect de l'importance elu problè me clans le pays. Les po lito log ues et les médias l'utilisent dans le ur analyse des qualités o u défi cits elu po uvo ir en place. Ceci signifie que , implicitement, on admet une ca usa lité sociale au phé nomè ne . Mais qu e ls changements socia ux so nt ca pables de modifie r à ce po int la vulné rabilité des individus, to ute classe sociale confo ndu e, et ce, sur une aussi vaste surface du glo be? Il serait simpliste de pe nser que l'offre accru e des dive rses drogues a au gme nté la de mande. Au dé part, c'est la demande qui s'est

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Faire face aux dé pendances

exprimée avant qu e l'offre ne se professionnalise, à trave rs les actio ns du crime organisé. Un te l gâchis ne pe ut se concevoir sans qu e, chez un grand nombre d 'individus, les co ntingences sociales n 'aie nt perturbé le urs bases stru cturelles, probable ment à des stades très précoces du développement, dont on ne pe ut, jusqu 'à présent, compre ndre les mécanismes subtils. Reche rcher finement ces "virus , psychologiques est la tâc he à développer par la recherche, sa ns idées simplificatri ces comme attribu er le phé nomène à la crise économique, ou trop larges comme y vo ir un effet pervers de la crise des va le urs dans notre société. Sans vouloir minimiser les souffrances enge ndrées par ces phé nomè nes, il faut rappeler que nos parents o u grands- pare nts ont connu de ux guerres mondiales cataclysmiques, entreco upées d 'une crise éco nomiq ue maje ure, sans "épidémie toxicomaniaque,; q ue celle-ci est née dans la pé riode éco nomique la plus faste q ue l'occide nt ait connu ; et qu e les de ux tiers de l'humanité vivent clans une misère indescriptible, sa ns qu e ce phénomène n'y ait p ris l'ampleur qu e no us lui connaissons. Une préface est insuffisa nte po ur développe r le thè me crucia l de la prévention primaire , mais il fallait e n situ er qu e lques problè mes conce ptuels, po ur sa isir la difficulté de l'approche a u phénomè ne de dépendance à sa péri ode d 'état. Situés bie n en aval des process us déclencheurs ou facilita te urs qui intéressent la préventio n prima ire, le psychiatre, le psycho logue o u le trava ill e ur socia l réceptio nnent le toxicomane à la pé riode d 'état plus o u moins ava ncé de so n triste parcours. À ce stade, les processus primaires sont souvent masqués par des paramètres d 'entretie n et de maintie n el u tro uble , auxque ls s'ajo ute nt des problèmes biologiques , compo rteme nta ux et sociaux. Mettre de l'ordre dans une te lle situation est essentie l. Le docte ur Cun gi y consacre un chapitre, celui de l'analyse fonctionne lle , passage obligé po ur o rga niser des hypothèses de travail thérape utiqu e , ciblant chacun des as pects d'une pathologie multimodale sur laqu elle il fa udra exercer, le plus souvent, des approches multifocales. Une description très déta illée des méthodes d 'action, actu elle me nt dispo nibles e n thé rapies comportementales, permet de se rendre compte des progrès engrangés par la recherche en psycho logie appliq uée.

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Préface du professeur Ovide Fontaine

Pédagogue exceptio nne l, le docte ur Cungi fo urnit de multiples exemp les q ui pe rmette nt a u lecteur, qu 'il soit "patie nt " ou non, de se forme r à ces techniqu es. Le ur utilisatio n dépasse d 'aille urs le cadre des toxicomanies et s'a ppliq ue à de nomb re ux autres p roblèmes anxie ux ou dé pressifs. L'o uvrage est o ptimiste mais sa ns naïveté. O n pe ut aujourd'hui traiter avec succès de nombre uses formes de dé pendance en acceptant avec humilité q ue "la rechute est la règle , non pas l'exception 1 " · Ceci ne do it pas no us éto nne r si l'on se rappe lle que les process us primaires du phé nomène qui mè ne nt à la dépe ndance, à la toxicomanie, ne nous sont pas connus à ce jo ur et qu e nos actio ns thérape utiques n 'atteigne nt "q ue " les process us d 'e ntretie n et de maintie n du troubl e . En attendant, no us po uvons déjà réduire le nombre des rechutes, voire les é radiq uer, par un trava il de p réve ntion tertiaire q ui s'attaque aux facte urs de la rechute (trava il sur la motivatio n, repé rage et analyse des situations à risqu es, etc.) . Po ur concl ure , l'o uvrage q ue vo us allez lire décrit, d 'une manière très didactiqu e et pragmatiqu e, ce q ue pe ut réaliser, dans le cadre gé né ral des dépenda nces, une approche scientifique aux problè mes spécifiques rencontrés. Si de nombre uses questio ns restent posées a u nivea u de la ge nèse de ces tro ubles, o n pe ut ce pendant, dès maintenant, aider de manière efficace de nombreux patients à sortir de l'enfer.

Prof esseur Ovide Fontaine

1. G . A . MAHLATT & H. .J. GO HOON. Voir références.

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------~1 ntrod uction «Dépendre de .. , c'est être sous la domination, sous l'emprise. C'est exactement ce qui se passe quand un comportement devient inévitable et incoercible. Une personne dépendante d 'un produit ne peut plus, ou pense ne plus pouvoir se passer de ce produit. Il en est de même pour les conduites addictives sans produit, comme le jeu ou les achats compulsifs : il paraît impossible d'échapper au comportement. De manière généra le, avant la prise de produit ou le comportement problème, la personne dépendante ressent un manque et/ ou une certaine tension qui sont soulagés par la consommation ou le passage à l'acte, souvent accompagnés de plaisir. La consommation est une solution rapide et très efficace pour diminuer des sensations pénibles et apporter du plaisir. Tout est là! Un besoin plus ou moins impérieux suivi d 'une satisfaction rapidement efficace. Face à ces bénéfices à court terme, les raisonnements, la volonté, les conseils des autres ne sont pas suffisants! Une fois pris dans le piège acldictif, il est difficile de s'en échapper sans une bonne motivation et des méthodes adaptées. Cette expérience quotidienne elu besoin à satisfa ire en permanence peut devenir un enfer et conduire à la mort. • Qu 'est-ce que la dé pendance? • Comment .. c(écicler de s'en sortir" et en prendre les moyens? Telles sont les questions essentielles auxque lles ce livre essaie de répondre, de manière concrète et le plus complètement possible. De nombreux exemples illustrent les concepts, car il est plus facile de montrer que d 'explique r. Les exercices ont pour objectif .. d 'expérimenter .. les méthodes. Les résumés permettent une synthèse pour mieux fixer les idées. Les tableaux, les dessins rendent la lecture plus facile et, nous l'espérons, plus agréable. Enfin , de "petits encadrés .. , des notes de bas de

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Faire face aux dépendances

page ainsi qu 'un glossaire apporte nt des commenta ires, réfé re nces et définitions utiles. En pratiqu e, l'o uvrage pe ut être utilisé de de ux maniè res : • Si je cherche à m'informer, je pe ux simp le me nt to ut lire elu dé but à la fin , sa ns faire les exercices ni éva lue r mo n p roblème de dépend ance ou celui de que lqu 'un d 'autre. ] e peux aussi adapter la lecture à mes besoins : pour l'information générale , la prem iè re parti e "Qu 'est-ce qu e la dépendance?, pe ut suffire; pour mieux cerner mon propre problè me, la de uxième partie "Comprendre ma dé pendance , est particuliè re ment utile; les troisième, qu atri ème, cinquième et sixiè me parties apporte nt une information détaillée sur les méth odes a pplica bles ; il est également p ossible de passer d irecte me nt à la septiè me partie, qui traite plus spécifi queme nt de différe nts modes d 'addi cti on. • Si je cherche à comprendre et traiter son problè me o u celui d 'un e autre personne, je pe ux alle r e ncore plus lo in : La de uxième parti e pe rmet de fa ire l'analyse fo nctionne lle complète de la dé pe ndan ce. Les troisiè me, qu atriè me et cinq llle me parti es détaille nt les méthodes : la pratique des exercices devient alors très utile. La sixième partie insiste sur l'impo rta nce des changements à mettre en ro ute po ur apprécier cette no uvelle liberté d 'une vie sa ns addicti on . Disposer d 'une bonne philosophie pratiqu e devient indispensa ble. Cela permet de bie n définir nos vale urs impo rtantes, de développer les outils po ur ap précie r les pe rsonnes avec lesqu e lles no us vivons et les choses dont no us disposons : no us ne po uvo ns être he ure ux qu 'avec ce q ue no us avons, pas avec ce que nous n'avons pas et il est do mmage de s'en rendre compte q uand nous le perdons. La septiè me partie insiste dava ntage sur les cond uites à tenir spécifiques par ty pe d 'addi cti o n avec o u sa ns p roduit.

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Introduction

Nous insisto ns to ut a u lo ng de l'ouvrage sur l'impo rtance de la prévention des rechutes et sur la nécessité, po ur la personne dé pendante et ses proches, de construire une nouvelle vie sans addiction mais avec un maximum de bonheur: to ut le mo nde a le dro it d 'avoir le se ntime nt d 'une vie libre, ple ine et e ntière. En déve lo ppant un qu otidien ho rs les murs de la prison addictive , nous preno ns l'habitude d '"a rroser ce qu e nous souhaito ns vo ir po usser plutôt qu e de seuleme nt redresser ce qui est tordu "· .. Le risque de rechute s'élo igne alors considé rable me nt et la liberté devient une no uve lle habitude partic ulièreme nt agréa ble et producti ve. No us te no ns particuliè re me nt à re mercier to utes les pe rsonnes qui no us o nt co nsultés po ur le ur pro blème de dépendance . Elles o nt été les me ille urs e nseignants tant au nivea u de l'addictio n qu e de "l'école de la vie". Nous te no ns égale me nt à exprime r to ute notre reconnaissance à nos collèg ues de travail, particuli è re me nt au docte ur Jean Cottraux pour les échanges no mbre ux et irre mplaça bles qu 'il a e us avec no us, et au professe ur Théodore Che rbuliez q ui a su no us enseigne r la bienveillance et la patience. Au lecte ur, no us so uha ito ns q ue ce li vre appo rte q ue lq ues répo nses et conduites à te nir po ur retro uve r la libe rté d 'une vie sa ns addictio n.

Charly Cungi, Sophie Nicole

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CHAPiTRE 1

Qu'est-ce que la dépendance?

Quel est le point commun entre Robert, agent de maîtrise, qui fume plus de deux paquets de cigarettes chaque jour, est capable de faire de longs trajets un dimanche après-midi pour trouver un bureau de tabac ouvert et Margot qui , chaque soir, en rentrant chez elle , fait une crise de boulimie et avale en une demi-heure une énorme quantité de nourriture qu'elle vomit ensuite rapidement; entre Bertrand qui s'injecte régulièrement de l'héroïne et Julien qui termine chacune de ses journées dans un bar, et auquel son permis de conduire a été suspendu pour état d 'ivresse au volant? Toutes ces personnes sont dépendantes. Elles ont toutes des conduites de recherche et de prise de produits qui interfèrent de manière importante dans leur vie quotidienne. Le manque de produits provoque un malaise, qui est ca lmé assez rapidement par la prise de ce produit, tabac, alcoo l ou nourriture. Il existe aussi des toxicomanes sans produits! Par exemple Casimir est un acharné du travail : ses journées commencent très tôt et finissent très tard. Les dossiers encombrent ses week-ends et ·dl ne sait pas se reposer ... Dès qu 'il travaille, il se sent mieux; dès qu'il est en vacances, il lui manque .. quelque chose ... Geneviève est joueuse. Elle se rend presque tous les jours au casino dans la salle des machines à sous, et, de pièces de 2 e uros en pièces de 2 euros,

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Faire face aux dé pendances

elle perd de très grosses sommes. Cepe ndant, à chaq ue fo is qu 'e lle glisse so n argent dans la machine et qu 'e lle appuie sur le bo uton , elle se sent soulagée. Elle est attirée irrésisti ble me nt vers ce je u stéréotypé. Colin , lui , est sportif. Chaque jo ur, hiver comme été , il fait de la bicyclette o u de la course à pied , au mo ins pendant qu atre he ures ! S'il n 'a pas sa dose, ça va mal! Guilla ume passe plus de sept he ures par nuit sur Inte rnet à visionner des films pornographiques et ne passe pas une seul e jo urnée sans plusie urs masturbations. Il se sent honte ux et culpabilisé après, mais ne pe ut pas s'empêcher de rega rde r ces films et de se masturber. Corinne est "tchate use "· To utes ses jo urnées et une grand e partie de ses nuits sont occ upées à participer à des résea ux sociaux et à "discuter .. par Internet, sur son ordinate ur et son télé phone . Elle ne part p lus de chez elle de puis qu 'elle a passé une période de six jo urs de vaca nces dans un hôtel sans Internet ni ligne télé phonique : "ça a été l'e nfe r! .. Jé ré mie, lui , joue sur les résea ux; il s'est constitu é un personnage "second !ife .. et il est leader d 'un gro upe. Il est célèbre dans son je u qui occupe to ut son temps, à te l point q u'il ne se no urrit p lus q ue de boissons énergétiques, de chi ps et de sa ndwichs, de pe ur de perdre du te mps de je u. Sa vie virtue lle est devenu e sa vraie vie . Chac une de ces personn es épro uve tout d'abord une sensation de manque impossible o u diffi cile à surm onter, suivie d 'un soulagement immédi at ap rès la consommation du prod uit concern é o u après le comporte ment problème, qui est e n géné ral stéréotypé.

Comment devient-on dépendant? Face à la dé pendance , no us ne sommes pas tous éga ux. En effet, q ue ce soit sur le plan génétiq ue, familial, social, chacun de no us est unique. Certaines personnes deviendront rapidement dé pendantes d 'une substance o u d'un comportement, d 'autres plus le nteme nt o u pas du to ut. Il s'agit donc avant to ut de la «rencontre» entre un sujet plus ou moins prédisposé et un produit ou un comportement plus ou moins ••addictogène •• . Des substances comme le tabac, l'héroïne o u la cocaïne présentent un risq ue de toxicomanie important. D'a utres subs-

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1. Qu'est-ce que la dé pendance?

tances, comme l'alcool o u le ca nnab is, prése ntent un risque moindre, mais non négligeable : la plu pa rt des pe rsonnes aya nt consommé de l'alcool ne deviennent pas dépe ndantes, mais qu and cela est le cas le problème devient aussi grave qu 'avec le tabac ou la cocaïne. Enfin des produits o u des compo rte me nts ne prése nte nt aucun risqu e addictif même avec un suj et prédisposé : no us n'avons jamais re ncontré de dépendance à la salade verte, au ménage o u a u "lavage de va isselle, ! Les addictions a u je u o u au sport sont bien plus fréquentes. Aussi étrange qu e cela para isse, une addiction trouve sa so urce dans un comporte ment à l'origine très bénéfique . Il s'agit d'une solution efficace po ur un pro blè me diffi cile à vivre. Par exemple une personne timide pe ut se se ntir mie ux et plus süre d 'elle après avoir bu un verre d'a lcool. Le bénéfi ce est do uble: en pre mie r le soulageme nt du mala ise, e n second du plaisir avec la substance et moins de fre in pour engager une relatio n. Si bo ire devient une habitude po ur régler des problèmes et agir, le risque addi ctif a ugme nte, et d 'autant plus s'il existe des facte urs prédisposants, génétiqu es, familia ux o u sociaux.

Comment notre cerveau et notre corps fonctionnent? Le corps humain est ainsi fait qu 'il cherche à s'adapte r à to ute situati o n. Il agit p our son bien et par instinct de survie. Il se défe nd ou se sa uve. C'est la réaction de fuite o u de combat bie n mise e n évide nce par Walte r Bradford Canno n e n 1932. Notre corps lutte contre des attaques de microbes o u fa it face à des change ments de température o u encore digère, filtre; il sait faire des réserves en cas de carence et maintenir son éq uilibre vital : l'homéostasie"'. Notre corps sait économiser, reconstitu er, lutter, résiste r: il est à notre service vingt-quatre he ures sur vingt-quatre . Le cerveau f a it partie du corps et agit de même. Il enregistre les informatio ns, il les classe, il les stocke par principe de survie. Chaque situation o u évé ne ment va être rangé et devie ndra une référe nce potentiellement utile . Une fo is un appre ntissage fait, il devient un acquis et no us le répéto ns sa ns plus le re mettre e n q uesti o n. He ure useme nt, car si chaque

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Faire face aux dépendances

matin nous devions réapprendre à nous lever, marcher, nous habiller ou même parler, nous serions bien limités. Le fait de ne pas remettre en question un apprentissage est une économie considérable pour l'efficacité et la survie. Parfois ces comportements automatiques, si rentables à court terme ou dans une certaine période de la vie, deviennent défavorables à moyen et long terme, mais " notre cerveau automatique ne le sait pas " et c'est peut-être là que les problèmes commencent. Notre cerveau, nos pensées, nos émotions sont des systèmes, des mémoires, des enregistreme nts. Dès le plus jeune âge nous développons une panoplie de solutions pour faire face à ce qui est vécu et perçu comme une souffrance ou un danger.

Notre cerveau fonctionne en très grande partie de manière inconsciente, automatique et en petite partie de manière consciente. Au moins quatre-vingt-dix pour cent du temps nous sommes dans notre partie inconsciente, notre "disque dur ", notre "boîte automatique", là où tous nos apprentissages, notre savoir, notre histoire, nos souvenirs sont stockés et rangés. Dans notre partie consciente, nous sommes capables d 'être ici et maintenant, de découvrir de nouvelles choses , d 'avoir de la réflexion , du recul, de la souplesse psychique ainsi que d 'être créatif. Face à une situation "imprimée dans notre cerveau" comme potentiellement dangereuse ou rappelant un dange r vécu dans le passé ou un traumatisme, le cerveau automatique intervient rapidement pour diminuer la souffrance ou , de manière encore plus efficace, l'éviter totalement. Un de ces moyens d 'échapper ou de moins souffrir est la consommation d 'un produit rapidement efficace. Par exemple, si je me sens stressé, le fait de fumer diminue considérablement mon stress : la solution est d'une efficacité redoutable et peut être complètement auto-

matisée sans prise de conscience. Nous ne sommes pas toujours conscients des moments où nous sommes en difficulté ou en souffrance, mais quand notre partie inconsciente sait reconnaître ces situations elle sait aussi faire face avec une réaction qui a été au moins temporairement une solution très efficace

• Les astéri sq ues renvoient au glossa ire situ é en fin d'ouvrage.

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1. Qu 'est-ce que la dépendance?

dans le passé. Cette réaction "automatisée" a été mise en place par notre cerveau pour faire face. Notre inconscient trouve toujours une réponse: cela peut être dormir ou ne pas dormir, manger ou ne pas manger, bouger ou ne pas bouger, prendre un produit, s'évader d 'une manière ou d 'une autre à travers un comportement, faire du ménage, se jeter clans le travail, jouer sur Internet ou à un jeu d 'arge nt, faire du sport. Comme nous pouvons le constater, beaucoup de réponses sont possibles . C'est un peu comme si nous avions un programme clans leque l se trouverait une liste de solutions rangées selon leur degré d'efficacité et à utiliser lorsque notre cerveau inconscient ou conscient perçoit un danger signalé par un stress. Chacun de nous va tolérer le stress jusqu 'à un certain point, consciemment ou inconsciemment. Quand nous approchons de ce point, notre cerveau cherche une solution d 'adaptation à travers une réponse de sou lagement. Cette solution doit répondre à deux critères : celui de l'apaisement et celui du plaisir. Les réactions-solutions les plus primaires sont la fuite ou le combat que nous partageons avec tous les animaux. Mais ces solutions pour diminuer le stress peuvent prendre des formes très diverses : fumer ou boire, courir, travailler, jouer etc. et ont pour objectif de rétablir l'homéostasie . Quand notre cerveau nous propose toujours la même solution pour résoudre les situations pe rçues comme intolérables, nous pouvons devenir dépendants. Dans ce cas la même réponse automatisée mè ne à l'addiction : pour tous les problèmes une solution ide ntique. C'est particulièrement économique! Exemple :si la solution de Julien est l'alcool, alors pour Julien , quand il sera fatigué, l'alcool sera un remontant. Quand il sera gêné, l'alcool sera réconfortant. Quand il sera triste, l'alcool sera consolant. Quand il sera énervé, l'alcool sera un calmant. Quand il sera angoissé, l'alcool sera rassurant. Dans le cas de julien, l'alcool est devenu sa solution. Elle devient celle que son cerveau lui proposera pour tout résoudre et pour faire face à tout. Comme nous l'avons vu précédemment, les cellules du corps de Julien , elles aussi, vont joue r un rôle . Elles vont s'adapter, et pour que l'alcool de Julien lui apporte toujours la même efficacité,

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Faire face aux dépendances

il devra en augmenter les doses. C'est le phénomène de tolérance: la nécessité de consommer davantage po ur obtenir un effet ide ntique ou moindre. À la longue, l'a ugmentation des qu antités d 'alcool n'apporte plus l'effet-solution atte ndu . Les cellules ne uro nales de Julien se sont .. suradaptées ... Cela survie nt d 'autant plus rapide me nt qu e le sujet est prédisposé génétiqu eme nt et, comme l'ont montré Nora Volkow et Peter Kalivas 1 , cette transformation , no mmée pote ntialisatio n à long terme, est déîmitive : la dépe ndance est installée et la se ule solution est alors de ne plus boire d'alcool. Il existe ainsi un continuum depuis la première prise d 'alcool comme solution et l'installation d 'une conso mmati o n impo rtante; nous parl o ns alors d 'abus et e nfin de passage à la dé pe ndance . L'abus est " réve rsible", et une personne pourra revenir vers une consommatio n modérée; la dépendance est irréversible, correspondant à des modifications ne urobiologiques pé rennes. Prenons l'exemple du tabac. So uve nt, une personne comme nce à fumer durant l'adolescence, au contact de ses ca marades de lycée fumeurs. Les pre miè res habitudes se mette nt alors e n place : petits gestes, place d u paqu et de ciga rettes, offre de ciga rettes aux autres, façon de te nir sa ciga rette, rô le da ns la relatio n, utilisation de la ciga rette po ur "mieux réfléchir " ou po ur se ca lme r. Petit à petit, le tabac s'installe dans le qu otidie n et le fumeur peut de moins e n moins s'en passer. Dès le matin , la premiè re ciga rette atté nue l'effet de manque, "relance" la jo urnée, masqu e les ode urs de tabac froid ... Puis toute la jo urnée est rythmée par les cigarettes. C'est alors qu e les petites phrases "excuses" commencent à apparaître : .. Je ne fume pas trop ... Et de to utes manières je fume mes cigarettes seuleme nt à moitié", .. Je pe ux m'arrête r si je ve ux", "C'est l'excès qui fait le ~COLE_

1. P. W. KA U VAS & N. D. VOLKOW. Voir ré férences.

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1. Qu'est-ce que la dépendance?

problème, pas trois o u quatre cigarettes par jour ... "· La personne devient progressivement dépendante, mais elle ne s'en rend pas compte. Ce premier stade est nommé précontemplation2 . La personne ne sait pas encore qu'elle est dépendante, ou bien pense que ce n'est pas vraiment un problème, ou bien ne se sent pas concernée. Progressivement le fumeur se rend compte de sa dépendance . D'une part, il sa it qu 'il ne peut pas se passer facilement de cigarettes, et, d'a utre part, il prend conscience des conséq uences sur sa santé : bronchite chronique et perte du "souffle" principalement. Durant cette période, les personnes dépendantes ont généralement envie d 'arrêter de fumer mais ne s'en sentent pas capables, ou bien elles pensent que ce n'est pas le moment, ou que le problème n'est pas prioritaire. Ce second stade est appe lé contemplation. Le fumeur contemple sa dépendance tout en continuant de fumer. je suis capable de me rendre compte quand je consomme trop (ou en fait trop) et d'arrêter si je le décide! Vrai, mais seulement en partie ... Parfois c'est possible, parfois pas! Le mieux est de faire un ''test réel >>. Si je peux arrêter facilement mon comportement problème pendant deux mois, je ne suis probablement pas dépendant ... Sinon, non!

Généralement, dès ce stade, la majorité des personnes concernées a envie d'arrêter de fumer ... mais n'y parvient pas facilement. Passer au sevrage ne se fait pas sans "doule ur ". Il s'agit alors de l'étape nommée action. Maintenir ce sevrage est une difficulté majeure et aboutit so uvent à ... la rechute! La boucle est alors bouclée ... James Prochaska et Carlo Di Clemente ont bien mis en évidence ce cercle vicieux en étudiant l'histoire de nombreux fumeurs et particulièrement de ce ux ayant réussi à arrêter de fumer se uls. Ils ont constaté que quatre cycles sont so uvent nécessaires avant que le sevrage se maintienne (tableau 1).

2. ]. O. PROCHASKA & C. C. D I CLEMENTE. Voir réfé rences.

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Faire face aux dépendances

Tableau 1

t

Sortie Vie sans dépendance

Maintien

(

1

\

t Rechute

~

~

Action

\ \

Détermination

!-'"

/

S01tie _..

/

Contemplation

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Vie avec dépendance

Précontemplation De ux sorties du cycle sont possibles : - Au niveau contemplatif Dans ce cas, les pe rsonnes conservent le ur dé pe ndance tout en souhaitant généra le ment l'a rrêter. - Au niveau maintenance Dans ce cas, les perso nnes maintiennent un mode de vie sans produit o u comportement problème.

Paifois, des personnes restent au stade précontemplatif toute leur vie el n 'ont pas conscience d 'avoir un problème.

Quelle que soit la toxicomanie , ou l'addiction* , vie ux mot de la langue française signifiant "dépe ndance, et revenu récemme nt d 'outreAtlantique, le processus est le mê me (tablea u 2) :

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1. Qu 'est-ce que la dépendance?

Tableau 2 Reocon"e " elle produi
.

L'histoire de la dépendance complète la méthode des cercles vicieux, en mettant bien en évidence les "points fragiles", qui auraient pu échapper lors de l'observation des facteurs de maintien actuels de l'addiction (exemple 15).

"L'histoire,, de Christophe Le père de Christophe fumait beaucoup, malgré les reproches de sa femme, et souffra it de bronchite chronique. Christophe lui-même a commencé à fumer très jeune, vers 12 ans, avec des copains pendant les vacances. Tl se souvient très bien de sa première cigarette, dont il garde un mauvais souvenir. .. Mais pour faire comme tout le monde, il a continué. À 17 ans, il fumait déjà le plus souvent possible, le facteur limitant étant alors surtout financier. Christophe reconnaît qu'il ne supporte pas les frustrations : il a horreur de ne pas obtenir ce qu'il souhaite, et ça a toujours été le cas. De plus, il est très sociable, il aime avoir des amis, leur plaire et partager avec eux de bons moments. Se" retenir" de fumer quand les autres fument est particulièrement frustrant. Son épouse fume également et e ll e est rapidement irritable quand elle est «en manque". Il a pris réellement conscience des dangers elu tabac assez récemment, avec le cancer elu larynx d 'un ami et celui des bronches d'un autre ami. Lui-même tousse de plus en plus souvent et craint des bronchites chroniques, comme en a eu son père. L'histoire de sa dépendance souligne : • l'importance elu milieu ambiant tabagique depuis l'enfance; • le fait que Christophe "aime bien se faire elu bien " et n'aime pas se priver ;

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Faire face aux dépendances •

l'importance des facteurs relationnels , particulièrement de la convivialité, dont le tabac fait partie.

Si Christophe décide d 'a rrêter de fumer, il faudra tenir compte de ces trois facteurs dans la conduite à adopter.

L'analyse fonctionnelle, une fois terminée, permet de mieux cerner quand et à quels niveaux intervenir : sur les situations à risque; sur le comportement addictif lui-même; sur les pensées en rapport avec l'addiction; sur les émotions concernées. Les objectifs peuvent alors être définis ainsi que la méthode d'évaluation des résultats. Cette évaluation peut se faire au niveau : de l'addiction elle-même : nombre de comportements concernés par unité de temps (par exemple : nombre de cigarettes par jour), et évolution au fur et à mesure de la mise en place des moyens pour faire face; de l'ambivalence; des conséquences dans les autres domaines de la vie (évaluation des bénéfices, des problèmes supplémentaires, du coût, etc.); du sentiment de qualité de vie.

L'objectif et les moyens Pour Christophe, l'a nalyse fonctionnelle a mis en évidence les différentes fonctions du tabac : - fumer sert à se calmer; - fumer se11 à mieux se concentrer; - fumer apporte du plaisir; - fumer favorise les bons moments relationnels. L 'histoire du problème montre surtout que Christophe tolère mal les frustrations, donc ne pas fumer quand il en a envie ou "besoin" lui est insupportable. Le premier objectif a été d'augmenter la motivation en explorant les avantages et les inconvénients de fumer, puis les avantages et les inconvénients d'arrêter de fumer. Ensuite, les avantages à court terme de continuer à fumer ont été comparés aux avantages à long terme d'arrêter.

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2. Comprendre ma dépendance Le deuxième objectif a porté sur la capacité à se calmer- par relaxation rapide - et à développer sa concentration sans tabac. Le troisième objectif a été la mise en place du sevrage, accompagné de la prévention des rechutes possibles par analyse fouillée des situations à haut risque, particulièrement les situations relationnelles et le stress professionnel. ,L'entraînement aux méthodes pour faire face" a fait partie du programme. L'utilisation de patch à la nicotine a été décidée pour diminuer le manque. L'évaluation s'est faite : - Par comptage des cigarettes par jour. - Par mesure de l'ambivalence : • envie de fumer, sur une échelle de 0 à 100, • envie de ne pas fumer sur une échelle de 0 à 100. - Par mesure du sentiment de .. qualité de vie, sur une échelle de 0 à 100. Il a été convenu de pratiquer toutes ces mesures tous les quatre jours. Le graphique suivant présente l'évaluation : Évaluation de 1 à 100 120 100

--Nb de cigarettes --Envie de fumer --Envie de ne pas fumer -M- Qualité de vie

80

60 40

20 0 ~

co

...

~

N N

..,

~

0

Temps en jours

CONTEMPLATION

.!!

~

~

Il

ACTION

Plusieurs constats sont à faire : l'envie de fumer reste forte même quatre mois après le sevrage; l'envie de ne pas fumer augmente au fur et à mesure de l'évaluation des avantages et inconvénients; le nombre de cigarettes fumées diminue un peu avant le jour "]" où Christophe arrête totalement de fumer (date du patch à la nicotine); - le sentiment concernant la qualité de vie se modifie peu : elle ne se dégrade pas avec l'arrêt du tabac et, même , s'améliore un peu quatre mois après. Ceci est probablement lié à une meilleure forme physique.

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Faire face aux dépendances

Une fois le sevrage mis en place, il est important de comprendre les trois derniers stades, afin, surtout, de prévenir les "reprises addictives" : le stade de l'action; le stade de maintenance; le stade de rechute.

Le stade de la détermination Quand une personne dépendante atteint ce stade, elle est fortement motivée pour traiter son problème et dispose pour cela de moyens psychologiques, émotionnels, comportementaux et matériels. Ces moyens ont généralement été mis au point durant la phase précédente (contemplative) et seront détaillés dans la partie suivante de notre ouvrage : quoi faire et comment faire pour s'en s01tir? Les situations à haut risque de consommation et les conditions facilitant les rechutes auront alors été clairement isolées; de même que les conduites à tenir pour faire face auront été testées. Le "sevrage . , ou parfois seulement la modération, pourra alors être mis en place, avec un maximum de chances de réussite. C'est le moment où on se sent prêt à prendre le pilotage et à développer une nouvelle façon de faire, à l'entraîner suffisamment pour qu'elle devienne automatique. En parallèle, il faut savoir "négocier .. avec l'habitude de consommer. Il est donc important d 'être soutenu par ses proches, lesquels doivent être aussi préparés pour l'arrêt de la consommation, et au besoin par une équipe de spécialistes.

Le stade de l'action "C'est le moment, je le sais, je suis prêt." ]'ai choisi une date précise, je me suis donné les moyens. Le plus souvent durant ce stade je me sens soulagé, motivé, parfois enthousiaste car j'ai pris la décision de passer à une nouvelle vie. Le manque physique et psychologique, les phénomènes de rebond seront bien pris en compte car ils peuvent être pénibles. Il est donc important de bien en tenir compte. Les bénéfices cependant me paraissent évidents, "palpables", et j'ai de moins en moins de doutes sur l'importance de l'arrêt du comportement addictif et les moyens dont je dispose pour faire face au "pilote automatique" habituel de la dépendance. 62

2. Comprendre ma dépendance

Sylvie et le cannabis Sylvie a commencé à fumer du ca nnabis dès l'âge de 17 ans. Au début, il s'agissa it d 'une consommatio n "conviviale", avec des amis, généralement en soirée, pour participer à ]' .. ambiance". Progressivement, elle a fumé de plus e n plus souvent seule, e n reche rchant du pl aisir et de la détente. Le ca nnabis lui permettait éga le me nt de faire face à certaines contrariétés. À 25 ans, e lle a décidé d 'arrêter sa consommation de ca nnabis, après une période de contemplatio n durant laque ll e e lle s'est, d 'une part, rendu compte que quand elle fumait , e lle ava it moins de motivatio n, et, d 'autre part, qu 'elle cra igna it de manquer de produit, ce qui l'énerva it beaucoup. La méthode ava ntages/ inconvénients, court terme/ lo ng te rme, lui a permis de construire sa motivation pour décider de se passer de ca nnabis. Elle a appris à favoriser les bénéfices qu 'e lle attendait d 'une .. vie sa ns ca nnabis", et à négocie r, par des méthodes de gestio n du stress, les contrariétés qu'elle .. soignait " auparavant par le ca nnabis. Les situatio ns à haut risq ue, psychologiques, émotionne lles et re lationnelles o nt été" travaillées" de manière à savoir faire face sans produit. Sylvie s'est progressivement sentie plus süre d 'ell e et des méthodes mises en place et testées avec son médecin, et a décidé de se passer totalement de cannab is. Elle a cho isi un jo ur précis, avec des conditions précises (elle a évité les situations trop dangereuses clans un premie r temps) , et le sevrage a été mis en place. Consommation de cannabis « conviviale ,,

Précontemplation

Consommation de cannabis « seule ,

Contemplation

Contemplation Augmentation de la motivation Travail sur les situations à haut risque et les facteurs de rechute

Décision d'arrêter le cannabis

Action

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Faire face aux dépendances

La phase de maintien et le risque de rechute Dans cette phase, la personne profite de son nouveau mode de vie sans dépendance. Cela ne veut pas dire que l'ancienne façon de faire a été effacée. Nous ne pouvons rien effacer, mais nous pouvons

apprendre à «désobéir à l'ancien programme" en développant de nouvelles habitudes. Quand une personne dépendante vit sans dépendance, l'aventure n 'est pas terminée pour autant! Généralement, durant cette période, les avantages de la vie sans dépendance sont bien évidents et le sujet en retire les bénéfices. Plus le temps passe, plus la confiance en soi et les capacités de se passer de produit ou de comportement problème augmentent. Malgré tout, le risque de reprendre la consommation persiste et il est loin d'être négligeable : presque tous les fumeurs décrivent, par exemple, leur envie de fumer , parfois des années après l'arrêt du tabac, même si, paradoxalement, ils ne supportent plus les odeurs et les ambiances tabagiques! Les personnes ayant souffert d'un problème d'alcool important gardent quelquefois des envies brutales de boire, appelées le plus souvent "flashs, par les groupes d'alcooliques abstinents. Parfois, les rechutes sont moins spectaculaires, plus progressives , et démarrent à partir de petites décisions apparemment sans rapport avec

l'addiction. "La rechute est la règle, non pas l'exception ", comme le disent Alan Marlatt et Judith Gordon 3 . L'objectif est de cantonner une reprise du comportement problème en une "chute", et non pas une rechute totale! Les méthodes, comme nous le verrons plus loin, s'attachent particulièrement au repérage des situations à fort risque de rechute, à celui des rechutes elles-mêmes et aux moyens de faire face pour maintenir une vie sans dépendance.

3. G. A. MARLATI & R. J GORDON. Voir références.

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2. Comprendre ma dépendance

Après plusieurs années de vie sans produit, je suis à l'abri. .. Je ne recommencerai pas, j'ai compris la leçon! Assez vrai et très faux! Il est vrai que, plus le temps passe, plus on développe de nouvelles habitudes de vie. Il s'agit là d'une bonne« assurance» sur laquelle on peut s'appuyer, puisque plus les habitudes sont anciennes, plus elles sont durables. Le risque de rechute persiste cependant, même des années après l'arrêt total de la pratique du comportement problème.

Il est important de ne pas oublier que les proches aussi vont devoir faire un travail d'adaptation à la vie sans addiction. En effet, quand un ami, conjoint ou membre de la famille développe une dépendance avec ou sans produit, les proches développent eux aussi toute une série de comportements réponses pour faire face dans la relation entre le dépendant et eux-mêmes. Parfois un proche est aussi un dépendant et chacun ne se situe pas toujours au même stade dans une démarche d 'abstinence. Parfois Je conjoint attend du dépendant une abstinence totale qui lui paraît évidente ... mais continue de consommer devant lui. Quand la personne souffrant d 'un trouble devient abstinente, elle change considérablement de comportement, et cela demande une adaptation des proches. Ceux-ci n'en sont pas toujours très conscients ou bien n'ont pas pris la mesure de l'effort à fournir. En clair, les proches souhaitent la guérison de l'autre tout en ne modifiant rien chez eux : ce qui n 'est pas possible. Il est donc très important que la personne souffrant de dépendance et les proches les plus concernés évoluent ensemble dans ce nouveau mode de vie.

La vie sans alcool de Brigitte

-t ~

x....,

Brigitte a souffert considérablement d 'un problèrne d'alcool pendant

plusieurs années. Selon ses propres termes, l'alcool lui a coüté «très cher .. : un divorce , la perte de plusieurs e mplois, des problèmes importants avec ses e nfants . Avec l'aide d 'un médecin, d 'amis, d 'un groupe d'alcooliques abstinents et de sa famill e, e lle a ré ussi à arrêter toute consommation d'alcool et s'est .. sentie revivre"· Abstinente depuis 7 ans, e lle garde parfois des "flashs ", des envies de bo ire extrêmement importantes, auxquelles elle fait rapideme nt face en appelant un ami, qui l'a ide à ce moment-là à ne pas boire de

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Faire face aux dépendances nouveau. Elle rencontre aussi quelques tentatio ns, surto ut lo rs des fêtes familiales. Une fo is elle a bu un verre de vin , et ell e a commencé à se cu lpabiliser, ce qui a augmenté le risque de rechute. Le travail sur ., J'effet de vio lation de l'abstine nce", précédemme nt entrepris avec son médecin, lui a alors permis de surmo nte r la crise et de ne pas pre ndre le second verre .

Comprendre sa dépendance les objectifs d'une analyse fonctionnelle sont : - de recueillir des informations concernant la dépendance; - d'organiser ces informations afin de comprendre comment le problème se maintient ici et maintenant et de quelle manière il s'est développé depuis son origine. Six groupes de questions permettent le recueil des informations : - les questions sur les produits et les comportements concernés, permettant d'en avoir une description précise. - les questions concernant les avantages et les inconvénients de la conduite addictive. - les questions évaluant l'ambivalence. - les questions concernant les situations à risque. - les questions évaluant les conséquences du comportement addictif à court, moyen et long termes. - les questions concernant les solutions déjà employées: «Qu'ai-je déjà fait pour m'en sortir? >> la méthode des cercles vicieux et l'histoire de la dépendance permettent ensuite d'organiser les données recueillies de manière à mettre mieux en évidence les solutions à apporter. l'analyse fonctionnelle est complétée par l'évaluation de la dépendance et le diagnostic du stade auquel on se situe : - Précontemplation - Contemplation - Actif - Maintien - Rechute les méthodes utiles sont spécifiques à chacun de ces stades.

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- -Se motiver

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Même si les ont addictions beaucoup de points communs, chaque personne est unique et vit sa dépendance de manière différente. Les solutions pour en sortir doivent être "tai!lées sur mesure "· Des méthodes utiles pour une personne peuvent être mauvaises pour une autre, voire nocives! Il est donc important de bien comprendre son problème de dépendance. Dans le chapitre précédent, nous avons vu qu 'une bonne analyse fonctionnelle permet de définir le stade auquel se trouve le sujet dépendant: précontemplation, contemplation, action. Nous avons vu aussi les principales situations à risque, ainsi que les conditions habituelles de consommation. La première étape est donc de faire sur soi-même cette analyse fonctionnelle, de prendre le temps nécessaire afin de "bien connaître " son propre fonctionnement. La plupart du temps, si je désire ne plus être dépendant, j'ai à la fois envie de stopper et tendance à continuer: c'est l'ambivalence normale pour chacun d'entre nous.]'ai aussi pleinement conscience des avantages et bénéfices à poursuivre la consommation : une dépendance met un certain temps à se développer et laisse dans notre mémoire inconsciente une "empreinte" de plaisir et d'efficacité pour faire face à de nombreux problèmes. Je suis alors en "contemplation , : j'ai bien conscience à la fois de la prison addictive dans laquelle je suis pris, des risques et des compli-

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Faire face aux dépendances catio ns poss ibles, d es inconvénie nts e t d es d iffi c ultés p o ur a rrê te r ou ré duire le compo rte me nt. Comme rie n n 'est simpl e, au stad e d e la conte mplatio n o n p e ut avoir une b o nne con scie n ce d es pro b lè m es s ur certa ins p o ints ma is p as sur d 'autres, se sentir plus con cerné certa ins jo urs qu e d 'a utres ! Certa ins d 'entre n o u s p e uvent m ê m e ê tre p a rfo is e n préconte mpla tio n e t p a rfo is e n conte mplatio n , o u bie n se s itu e r à d es nivea ux diffé re nts p o ur différe nts compo rte m e nts addictifs.

Myriam et ses dépendances

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Myriam est anxieuse de puis toujours ... Elle se fait rapideme nt du souci, et tout particulièrement par rapport aux tranqui llisa nts qu 'elle pre nd trois fois par jo ur. Elle a lu récemme nt, dans un journal, que les tranquillisa nts sont dangereux et diminuent la mémo ire . Elle désire arrêter ses méd icaments, tout en redoutant de le faire : ils lui font du bien, elle dort mieux. Myriam est donc ambivale nte et plutôt . conte mplative . par rapport aux tranquillisa nts. Myriam fume, éga lement, un paquet et de mi de cigarettes par jo ur, mais ne pense jamais qu e c'est nocif et dangereux à long te rme. Elle se fa it peu de souci pour le tabac ... qui est bien plus dangere ux qu e les tranquillisants! Ces derniers sont pourtant son souci principa l ! Le danger n'est pas là où elle l'attend . Myriam est donc contemplative pour les tranquillisants et précontemplative pour le tabac.

Robert ne sait pas toujours, mais un peu quand même ! Robe1t a toujours été un peu révolté, ou au moins assez rouspéteur contre la société. Il est souve nt "contre " a p riori et s'est parfo is retrouvé en train de défendre des points de vue o pposés à qu elques jours d 'intervalle ! C'est ce qui lui est arrivé pour le cannabis, qu'il consomme régulièrement. Lors d'une soirée, la conversation a porté sur les "problèmes de drogues ". Les pe rsonnes présentes éta ient plutôt opposées à la vente libre et à la légalisation du cannabis. Robert, lui, est pour la légalisation. Il a alors argume nté de manière fine et intelligente sur la comparaison alcool/ tabac/ drogues illéga les, parti culi èrement le cannabis dont la consommation réguliè re n'est "pas plus dangere use que ce lle des drogues légales"·

3. Se motiver Il a présenté le cannabis comme un produit finalement sans grand danger au niveau de la santé, chacun .. ayant la liberté, et devant savoir en consommer de manière raisonnable ... Quelques personnes ont été convaincues et ont changé d'avis! Une autre fois , il s'est retrouvé lors d 'une conversation similaire en train de parler des effets nocifs du cannabis, en le comparant au tabac : •J 'ai lu un article sur le cannabis : la dépendance par rapport au tabac paraît aussi importante, d 'autant plus que, quand on fume , c'est mélangé au tabac. Les effets sur la santé sont les mêmes mais en plus rapide, cancer du poumon, du larynx, etc. De plus, ça aurait une action importante sur la motivation ... " Il est vrai que Robert est de plus en plus dépendant, à la fois du tabac et du cannabis puisqu 'il lui faut au moins un "pétard " par jour, et qu'il consomme de plus en plus souvent seul. Lors de la première conversation il est précontemplatif, dans la seconde conversation il est contemplatif.

Il y a dans notre mémoire inconsciente une classification par ordre d'efficacité d'un produit ou d 'un comportement. Bien les étudier permet de voir où nous en sommes. Et si nous décidons d'arrêter un compor-

tement ou un produit, il est important de ne pas Jaire de «transfert" sur un autre produit ou comportement addictif. Bien comprendre son problème de dépendance consiste à s'autoobserver pendant quelques jours, puis à faire l'analyse fonctionnelle de sa dépendance afin de pouvoir répondre aux questions suivantes : • Suis-je concerné par un seul comportement ou produit, ou par plusieurs? Dans ce dernier cas, en faire la liste. • À quel stade suis-je? Définir un stade par comportement ou par produit, quand il y en a plusieurs. • Quelles sont les circonstances habituelles de consommation? De quelle(s) manière(s) interfèrent-elles avec mon comportement de dépendance? • Quelles sont les situations à risque? En faire la liste en fonction de leur importance. • Les situations à risque sont généralement : sociales et relationnelles ; reliées au contexte (présence du produit, tentation, sensibilité à la publicité, etc.); en rapport avec un état émotionnel particulier: envie impérieuse, sensation de manque, anxiété, déprime, irritabilité.

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Faire face aux dépendances

Dans chacune de ces situations, il est possible de comprendre comment tout concourt à favoriser la prise de produit ou le comportement problème. La conduite à tenir dépend surtout du stade auquel on se trouve et des situations à risque rencontrées. Par exemple, si la personne est plutôt contemplative, elle devra d'abord se motiver suffisamment, puis choisir et tester les "outils , nécessaires et enfin passe r à l'action. Si on est précontemp latif par rapport à une habitude repérable dans son comportement, il devient intéressant de bien se re nseigner sur celui-ci, afin d 'en évaluer les avantages et les risques .

L'analyse fonctionnelle complète de Sylvain Sylvain, 25 ans, présente un problème de dépendance à plusieurs produits : l'héroïne, les tranquillisants, le ca nnabis et le tabac. Tl pre nd parfois des .. cuites .. , mais c'est surtout quand il est e n manque des autres produits. De puis 4 mois, avant de consu lter un psychothérapeute, il a ajouté à sa liste de produits un produit de substitution : la buprénorphine (Subutex®•). Sylvain s'injecte le médica ment prescrit par son médecin! Le premier contact de Sylvain avec les produits a comme ncé, au lycée, par le tabac à 14 ans, puis le ca nnabis. Il a essayé beaucoup de produits durant sa vie, déjà longue, de dépendan ce : colle, ecstasy, alcool. .. Il n'a cependant jamais pris de cocaïne, de "crack .. ni de LSD*. À 17 ans, il prend pour la première fois de l'héroïne e n injection. Très rapidement, il devient dépendant et commence à avoir des problèmes médica ux : amaigrissement lié au fait de ne p lus manger, complicatio ns infectieuses , problè mes d'hépatite. À 19 ans, il est, po ur la première fois, hospitalisé, puis suivi e n consultations, sans réel succès. La "ga lè re .. jusqu 'à ce jour! Voici, dans son cas, l'analyse fonctionne lle : - Suis-je concerné par un seul comportement o u produit, ou par plusieurs? Dans ce dernier cas, en faire la liste. Plusieurs produits : héroïne, tranquillisants, surtout le Dormicum®o, cannabis, tabac, Subutex®. -À quel stade suis-je? Définir un stade par compo rtement ou produit, quand il y e n a plusieurs.

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3. Se motiver

L'héroïne est le problème principal. Si je peux régler ce problème, le reste n 'est pas grave ... Contemplatif pour l'héroïne, plutôt précontemplatif pour les autres produits. - Quelles sont les circonstances habitu e lles de consommation? De quelle(s) manière(s) interfèrent-elles avec mon comportement de dépendance?

Pour l'héroïne, c 'est soit seul, soit avec les autres. En fait actuellement c'est le manque qui me pousse, j'ai toujours peur de manquer et je dois toujours me débrouiller pour avoir ma réserve.. Me retrouver toujours avec d 'autres toxicos, ça rend impossible d 'arrêter. . . Ne plus voir les autres est impossible, je ne supporte pas de me retrouver tout seul, sm~;favec l'héra ... Quand je me pique à l'héra, il n y a plus de problèmes ... Plus de soucis, rien ne compte... -Quelles sont les s ituations à risque? En faire la liste en fonction de leur importance : 1. le manque; 2. voir quelqu 'un d 'autre consommer; 3. les problèmes de la vie, les contrariétés : critiques dans ma famille , les contra intes (avoir un travail, se soumettre) ; 4. simplement penser a u "produit "· Quelques cercles vicieux mis en évidence par Sylvain, en rapport avec les situations à risque :

Première situation

État de manque.

Conséquences : - concrètes :

" Soulagement immédiat. " - relationnelles :

" C'est pas supportable ... Je me sens mal ... ", " Pourvu que je trouve de l'hé ro... , " Il faut absolument que j'en trouve ", ou ' Heureusement, il m'en reste ! " Angoisse, palpitations, tensions, douleurs.

" Aucune. Ma famille ne sait pas quand j'en prends ..

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Fa ire face aux dépendances

Deuxième situation

"j érôme me mo ntre de l'héroïne q u'il a. • Conséquences : - concrètes : "Plaisir et soulageme nt si je consomme, frustratio n si je n'en prends pas . , - relationnelles : " Aucune. "

, j 'en ai encore assez .. . j e pe ux e n prendre .. ", " Ça me fait e nvie ... ", , Pourquo i résiste r, c'est plus fo rt ! ", " Il ne faut pas que j'e n prenne, c'est de la merde ... , Envie de consommer et, e n même temps, découragement. " Souve nt je résiste un peu, mais je finis pa r en prendre.

Sylvain est do nc bien contemplatif par rappo rt à sa consommation d 'héroïne. Il aime rait se déban·asser de sa dépendance mais ne sait pas comment faire et n'est pas prêt à "payer le prix ". Son amb ivale nce apparaît claire me nt dans la de uxième situatio n : il a à la fo is e nvie de prendre de l'héroïne et envie de ne pas le faire. La dé pendance reste cepe ndant la p lus fo rte puisqu'il consomme régulière me nt! Les deux types de pensées: ·]'ai envie de prendre·, u]/

ne f aut p as que j 'en prenne· augmentent le risque de prendre de l'héroïne.

La troisiè me situatio n met e n é vide nce que les re p roches d e sa mè re, qui vit, comme e lle le dit, "un vra i calva ire", aggravent le risq ue d e consommer d e Sylva in , qui culpabilise et se décourage . Si sa mè re ne dit rie n , le risque d e consomme r ne d iminu e pas, ma is si e lle dit qu e lque chose, ce risque a ugme nte! Il s'agit po ur Sylva in et sa mè re d 'une positio n extrêm e me nt pé nible : quo i qu 'il fasse, l'addictio n se ma inti e nt o u s'aggrave ... Troisième situation

Ma mè re : "j'en ai marre de to i.. Tu ne feras jamais rien da ns la vie. , Conséquences: - concrètes : " Soulagement imméd iat. , - relationnelles : " Agg ravation du conflit avec ma mère.,

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" De to utes manières, elle est jamais contente ... Ma is elle a raison, je suis foutu .. Irritabilité, découragement, envie de consommer.

3. Se motive r

Comprendre mon problème Répondre aux quatre questions suivantes : • Suis-je concerné par un seul comportement ou produit ou par plusieurs? Dans ce dernier cas en faire la liste. • À quel stade suis-je? Définir un stade par comportement ou produit, quand il y en a plusieurs. • Quelles sont les circonstances habituelles de consommation? De quelle(s) manière(s) interfèrent-elles avec mon comportement de dépendance? • Quelles sont les situations à risque? En faire la liste en fonction de leur importance. Appliquer ensuite la méthode du cercle vicieux à partir d'une conduite addictive précise, par exemple la dernière fois que j'ai fumé, consommé ...

Q u'est-ce qui

Situatio n clécle ncha nte Concrètes les conséquences ?

Que lles sont mes émotions

?

Re latio nne lles Q ue l est mo n comporte me nt ?

Reprendre la liste des situations à haut risque, et à partir de souvenirs réels et concrets réaliser un cercle vicieux par situation.

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Faire face aux dépendances

Lorsque l'on est précontemplatif L'a uto-observation permet la mise en évide nce de comportements ré pétitifs, d' habitudes, comme fumer o u boire chaque jo ur, mais sans qu e cela paraisse "anormal"· Une pe rsonne pe ut être complète me nt précontemp lative par rapport à ses hab itudes, c'est-à-dire n'avoir aucune conscie nce d u p roblè me . Cela existe, mais c'est assez rare : généralement, même si on minimise l'existence de sa dépe ndance o u ses effets nocifs, nous savons, au mo ins un pe u, qu e ce n 'est pas sa ns inconvénient ! Dans ce cas, o n ne pe nse pas à ce que 1'on sait, o u bien on reporte à plus tard les éventuelles mauva ises conséque nces. La première étape consiste alors à noter sur un e fe uille de papier ce que l'on sa it de ce comportement, le positif et le négatif. Cela a pour avantage de diminuer le nombre de "me nsonges par o missio n , avec soi-même : il va ut mie ux être au courant des problè mes possib les plutôt qu e de ne pas le savoir .. . mais d 'avo ir à les su bir qu and même ! La seconde étape consiste à se renseigner. Q ue savons-no us sur les produits utilisés o u les comporte me nts p roblè mes? Il est possible de qu estionner des spécialistes, son médecin , o u de reche rcher des documents (la derniè re partie de ce livre donne des re nseigne me nts précis sur les différents types d 'addiction). Cette démarche de reche rche permet aussi de ré pondre à la q uestio n : "Ai-je dévelo ppé une maladie de dépendance (ou comportementale) o u suis-je clans la catégorie des consommateurs abusifs? , Avoir des informations réalistes- il est inutile de majo rer les risq ues ou de se "conva incre , - permet en to ute connaissa nce de ca use de choisir : si on maintie nt son addictio n ; si o n décide q u'il va udrait mie ux, pour soi, arrêter et explorer de quelle manière s'y pre ndre. Dans les deux cas, on n 'est p lus précontemplatif. O n co nserve cependant son libre arbitre et on aura de meille urs moyens pour fa ire respecte r sa décis ion personne lle d 'arrêter ou de poursui vre la dépendance.

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3. Se motiver

Ce qu'il ne faut pas faire, les pièges: • Essayer de se convaincre d 'arrêter. Dans ce cas, il est probable q ue l'on augmente la probabilité de continuer. En effet, s'interdire quelque chose donne souvent envie de le faire! De plus, on risque de recourir à des principes " moraux , sur ce qui est bien ou mal; cela ne .. guérit , pas l'addiction mais cu lpabi lise beaucoup.

• Essayer de se convaincre et de convaincre les autres qu'on a raison ou qu 'on a le droit de continuer sa dépendance. Ce droit existe en soi et n'a pas besoin d'être argumenté. Si l'on décide de continuer à fumer , à boire ou autre chose, on n'a abso lument pas besoin de

"raisons valables"· La décision se ule suffit. • Essayer de se conva incre n'a aucune efficacité , cela ne modifie en rien la mémoire inconsciente. Les risques sont importants car je vais créer un conflit intérieur entre la partie qui ve ut faire comme d 'habitude et les jugements culpabil isants. Cela peut "effondrer, l'estime de moi , avec des émotions pénibles difficiles à gérer. j'aurai alors

besoin de me soulager rapidement et le meilleur moyen à court terme sera très probablement de consommer/ En outre , chercher à se convaincre ne modifie pas les apprentissages "stockés , dans notre mémoire inconsciente et ne développe que de la culpabilité ou épuise la vo lonté. Le découragement sera au rendez-vous.

«je me sens coupable, tout est de ma faute! » ou «Il devrait avoir honte, il fait exprès de boire!» Totalement faux !

Nous sommes bien sûr responsables de ce que nous faisons ou de ce que nous ne faisons pas. Il est important de bien prendre conscience de la consommation et des conséquences sur ma santé, ma famille; mes proches et j'ai la responsabilité d'en prendre la mesure, d'en tirer les conséquences. je dois savoir qu'engager le changement de l'arrêt des consommations est un chemin pénible, souvent douloureux, pour soi-même et ses proches. Se culpabiliser avec les difficultés n'est pas seulement irréaliste, mais est « irresponsable » : le découragement ou le désespoir qui en découle ne peut que ralentir la bonne évolution et faire souffrir davantage.

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Faire face aux dépendances

N N

Stéphane buvait sans le savoir ... Stéphane travaille dans le bâtiment. "Sur le chantier, dit-il , to ut le mo nde boit, c'est no rmal, puisqu 'o n dé pense to ut en travail physique .. . "· Hospitalisé après un accident du travail , ses examens de sang o nt mis en évidence des anomalies liées à la prise tro p impo rtante d 'a lcool et des lésio ns hé patiques. Stéphane pensa it que deux bo uteilles de vin par jo ur ,c'est no rmal quand on travaille. , L'informatio n concernant l'alcool, ses e ffets bénéfiqu es et pathologiques, la façon do nt le corps "digère , le produit a suffi po ur qu 'il remette en question ses croyances. Un pe u d'explicatio n et la lecture d 'un article concernant les effets de l'alcool l'o nt re ndu bea ucoup plus contemplatif.

"" Sylvie fumait sans le savoir N

Sylvie a 20 ans. Elle fum e depuis de ux ans mainte nant. .. To us ses amis fument, sa ns exceptio n : fumer est do nc no rmal! Ne pas fum er est exceptio nnel, vo ire , ]ouche", dit-elle . Elle sait bie n, confuséme nt, que ce n'est pas bo n po ur la sa nté, mais ,c'est certaineme nt exagéré ... Si o n ne pe ut plus fum er, plus boire, plus manger. .. Bientôt o n ne po urra plus respirer, ça ne vaut plus la pe ine de vivre !", éno nce-t-elle avec assurance. Dans que lques mo me nts fugitifs de do ute, e lle pe nse .. Je suis je une, si je do is arrête r plus tard o n ve rra bie n .. . Pour le moment rien n'est grave et je pe ux fume r. .. , Sylvie est au stade de la précontemplatio n. Un document présentant de manière précise, ma is no n exagérée, les effets elu tabac l'a fait rapideme nt changer d'avis : .. fum er, visiblement, ce n'est pas bo n, ça pe ut même devenir grave ... Ma is je ne pe ux pas arrête r comme ça , c'est tro p dur! " Sylvie est alo rs passée au stade de la contemplation .

Gérard, accro du tennis Gérard est un accro elu spo rt et particulière ment elu tennis. Il passe bea ucoup de temps à s'entraîne r, au mur et en match ... Le sport , c'est bon pour la santé !"· Il se sent bien dans sa pea u, mais le ca lcul elu te mps

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3. Se motiver passé en entraîneme nt et e n match mo ntre qu 'il y consacre quatre heures par jo ur. L'e ntraîneur du club lui a même dit que ça faisait bea ucoup , mais cela a eu un effet plutôt stimulant et Gérard a même augmenté son temps d 'entraîneme nt. Une conversatio n avec des spécialistes du tennis et des personnes p lus âgées lui a fa it prendre conscie nce des inconvé nie nts d 'une activité spo rtive pratiqu ée sa ns mesure , concernant su1to ut des problèmes de te ndinite . .. s i je ve ux po uvo ir continuer le tennis, il faut que je fasse attentio n, sino n c'est la tendinite o u le tennis-elbow, et on ne refa it pas des tendo ns !, Gérard est deve nu plu s contemplati f et a comme ncé à adapte r son entraînement e n fo nctio n des conséque nces possibles.

Si une période d'auto-observation, ou ce que me disent les autres, met en évidence un ou des comportements répétitifs - par exemple la consommation régulière d'un produit-, je dois me poser les questions suivantes par rapport à ce comportement : - Quelle est la fréquence de ce comportement? - Suis-je capable d'arrêter ce comportement pendant une semaine? - Que sais-je exactement sur ce comportement? Me renseigner de manière précise (lecture, discussion avec un médecin ou un spécialiste) sur les avantages, les inconvénients et les risques de ce ou ces comportements.

Si l'on est prêcontemplatif Si des comportements répétitifs (consommation de produits, comportements alimentaires, jeu fréquent, etc.) sont repérables dans ma vie, il est possible que ce soit une addiction. Il est important dans ce cas : - de faire le point sur mes connaissances concernant ce comportement; - de me renseigner le plus précisément possible sur les avantages, les inconvénients et les risques. Dès lors, je pourrai prendre la décision de poursuivre ce comportement ou de l'arrêter, en toute connaissance de cause.

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Faire face aux dépendances

Lorsque l'on est contemplatif

~

~ ''v·

On sait que l'on a un problème de dépendance , \\)~ - - - - - -- - -- -..;;.... 1 ~ même si on en minimise l'impact ou les conséquences. Cela ne veut pas dire que l'on soit assez motivé pour arrêter le comportement addictif i L'envie de se débarrasser de la dépendance existe, mais on ne sait pas comment faire , ou bien l'effort à fournir paraît si important que l'on renonce. Beaucoup de personnes restent ainsi contemplatives toute leur vie : "Je sais bien que ce n'est pas bon pour moi , mais arrêter est trop difficile! , Il n'existe pas de frontière nette entre la précontemplation et la contemplation, et entre les différents niveaux de contemplation. Si l'on est plutôt contemplatif, la première étape consiste à faire le point sur son ambivalence face au comportement problème, par exemple: boire un verre de son alcool préféré. Si l'on se donne le plus possible envie de le boire, à combien peut-on évaluer cette envie sur une échelle de 0 à 100 (0 : aucune envie de consommer; 100 : envie maximum)? Ensuite , on évalue de la même manière son envie de ne pas le boire, sur la même échelle de 0 à 100 (0: aucune envie de résister à cet alcool, 100 : envie maximum de résister à cet alcool). On aura alors une bonne évaluation de ses envies simultanées de boire et de ne pas boire. j'aurai alors une bonne évaluation de mes envies simultanées de boire et de ne pas boire. Si la note "envie de consommer , est plus importante que celle de l'envie de ne pas consommer, l'ambivalence n'est pas marquée et il est probable que la motivation pour arrêter est faible. Si les deux notes sont très importantes, par exemple 80 pour l'une comme pour l'autre, ou si l'envie de ne pas consommer est plus élevée

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.

3. Se motiver

que l'envie de consommer, l'ambivalence est alors importante; en fait , il est probable q ue l'on a très envie de se débarrasser de son addiction mais que l'on ne sait pas encore comment s'y prendre ou bien que l'on n 'en a pas le courage pour le moment. Dans tous les cas il faut se motiver, afin, d 'abord, d'affermir sa contemplation. Si on décide de .. sortir de sa dépendance ", il faut en avoir la plus grande envie possible.

Développer sa motivation Savoir se motiver est un préalable uti le pour l'action. Avoir réelleme nt envie de quelque chose augmente considérablement la probabilité de faire ce qu 'il faut pour l'obtenir. Si on a vraiment envie d 'arrêter une dépendance, on a donc bien p lus de chances d 'y parvenir! Quatre techniques uti les sont présentées pour déve lopper la motivation : avantages/ inconvénients, court terme/ long terme; la mise en évidence des cercles vicieux ; l'histoire de la vie addictive; désamorcer ses "je dois , et .. il faut que "· La motivation est la force qui pousse à agir. En cela, c'est une prise de pilotage manuel par notre conscie nce. L'envie de voir ce qu 'il y a à voir et d 'en comprendre le sens et le méca nisme permet de créer la force d 'agir. Découvrir que les choses ont un sens et une logique nous donne le pouvoir pour faire autrement et nous libè re des contraintes normatives moralisatrices des .. Bien, pas bien", des ·>. 2. Évaluer ensuite sur un tableau les avantages et les inconvénients de continuer : Avantages de continuer à consommer de 0 à 100

Inconvénients de continuer à consommer de 0 à 100

Faire les totaux des avantages et des inconvénients et réfléchir aux résultat obtenus. --- -------------------------------------------------------------------------------

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3. Se motiver ---------------------------------------------------------------------------------

3. Évaluer de la même manière les avantages et les inconvénients d'arrêter de consommer. Avantages d'arrêter la consommation de 0 à 100

Inconvénients d'arrêter la consommation de 0 à 100

Faire les totaux des avantages et des inconvénients et réfléchir aux résultats obtenus. Les comparer aux résultats précédents. 4. Évaluer et comparer les avantages à court terme de poursuivre la consommation aux inconvénients à long terme. Avantages à court terme de la consommation de 0 à 100

Inconvénients à long terme de la consommation de 0 à 100

Faire les totaux et comparer les différents tableaux.

5. Évaluer de nouveau l'ambivalence avec la méthode présentée au point 1 de l'exercice. Comparer les résultats et l'évolution de l'ambivalence. Évaluer alors l'impact sur la motivation et l'étape addictive à laquelle on se situe : à combien, de 0 à 100, est-ce qu'on se sent contemplatif? Évidemment, plus la note est élevée plus on est apte à passer aux méthodes suivantes : comment se donner les moyens de se débarrasser de l'addiction?

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Faire face aux dépendances

La mise en évidence des cercles vicieux et la mise en place d'un cercle constructif L'avenir dans les problèmes d 'addiction est sombre. Les ennuis de santé, le décès, mais aussi, pour certaines toxicomanies, les problèmes d 'argent, les problèmes relationnels, familiaux, de travail, de justice ne sont pas rares ... Mais on n'y pense pas. Car, à la base, le système fonctionne toujours : quand je me sens mal, le comportement ou la prise du produit me soulage et me fait plaisir, même si ce temps de soulagement se réduit comme une peau de chagrin. La mémoire, elle , n 'efface pas l'efficacité mémorisée et engrangée depuis de nombreuses années. La mise en évidence du cercle vicieux conduisant Je plus souvent insidieusement vers la catastrophe permet de mieux se retrouver face à la réalité des choses. En outre, encore une fois , cela nous permet de mieux comprendre comment s'est construit le programme dans notre mémoire inconsciente. La mise en place de la "vie sans addiction" avec ses conséquences bénéfiques et souhaitables peut avoir un effet important sur la motivation. Cela nous permet de réaliser que si nous sommes capables d'apprendre un comportement bénéfique à court terme (défavorable à moyen et long terme), nous sommes alors capables d 'apprendre une nouvelle façon de faire, laquelle nous sera toujours favorable. Antoine de Saint-Exupéry, dans Le Petit Prince, nous présente un buveur: "La planète suivante était habitée par un buveur. Cette visite fut très courte mais elle plongea le petit prince dans une grande mélancolie : - Que fais-tu là? dit-if au buveur, qu'il trouva installé en silence devant une collection de bouteilles vides et une collection de bouteilles pleines. - je bois, répondit le buveur, d'un air lugubre. - Pourquoi bois-tu ? lui demanda le petit prince. - Pour oublier, répondit le buveur. - Pour oublier quoi? s'enquit le petit prince qui déjà le plaignait. - Pour oublier que j'ai honte, avoua le buveur en baissant la tête. - Honte de quoi? s'informa le petit prince qui désirait le secourir. - Honte de boire! acheva le buveur qui s'enferma définitivement dans le silence.»

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3. Se motiver

La catastrophe alcoolique se construit bouteille après bouteille, dans un piège circulaire, sa ns espoir même de comprendre ce qui se passe, excepté que chaque verre soulage le malheur qu e le précédent a construit. Il est bie n no rmal a u dé but de ne pas re mettre en question q uelque chose qui fait du bien. Qui le ferait? Qui d 'entre no us, après avo ir é pro uvé du plaisir et du so ulageme nt, se dirait : "Aïe, si je fais cela trop longtemps, cela pourrait m'être préjudiciable . , No n, quand no us souffrons, nous avons tendance à fonctionner à court terme . "Je ve ux qu e ça s'arrête maintenant ", et notre mémoire inconsciente doit résoudre rapidement ce problème et elle le résout. Nous ne sommes souve nt pas conscients de ce mécanisme. No us devenons réelle ment conscie nts qu and des conséqu ences défavorables se présentent, et e ncore dans un premie r temps no us allo ns les minimiser, car les avantages qu e no us procure le comporte ment dépassent les inconvénients. '-Il

Jérémie, sa famille, son travail

N

Jérémie a un ca ractère particulie r. Il est assez "fi er , et n'a ime ni les conseils, ni les remarques. Son père était déjà comme ça! Jé rémie est fier de son trava il et de sa famille. JI est ca pable de "prodiges professio nnels", ce qui lui a souvent été reconnu dans l'entre prise o ù il est devenu contremaître . Il a l'habitude de commande r et a souvent raison dans ses analyses . De mê me, e n famille, il dirige sans partage . To ut le monde compte sur lui! Jéré mie a to ujo urs bu de l'alcool, mais de puis dix ans environ, le problème a pris bea ucoup d'ample ur! Il boit to us les jo urs. Son caractère, de fo rt, est devenu colé rique, souve nt sans raison. Les remarques de son employeur se sont faites fréque ntes et "vexa ntes", et sa famille s'est mise à craindre son reto ur, chaque soir, de plus en plus ivre, colérique, voire vio lent. Le cercl e vicieux familial est résumé dans le sché ma suivant : Alcool /

Envie de boire

1

Je suis contrarié : - par le jugement de ma femme et de mes enfants ; - du fait d'avoir bu et de perdre le contrôle.

"'

Rega rd de ma femme

f

Colère

~/

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Faire face aux dépendances Jéré mie: Sije continue comme ça, ça va ma/finir. Médecin: De quelle manière ça pourrait ne pas ma/finir? Jérémie: Il faut quej'arrête de boire, ou, en tout cas, que je ne me mette

pas dans des états pareils... Médecin : Si vous rentrez en fonn e à la maison, comment ça se passe? Jérémie: ... Plutôt bien ... Comme avant ... Médecin : Voyons ce que ça donnerait sur un cercle ... j e re ntre ~ en forme \

f

j e contrô le bien la situat io n

M a femm e n 'a pas peur

t

~suis co ntent

Jérémie : C'est clair qu 'il faut que je contrôle et que je me laisse pas avoir... Mais arrêter de boire. . C'est impossible, j'ai trop l'habitude/

Dans l'exemple précédent, Jérémie est bien plus contemplatif après avoir construit le cercle vicieux et le cercle constructif. L'ennemi est clairement identifié, c'est l'a lcool et non pas sa famille ou l'employeur : "Ce sont les personnes que j'aime le plus qui payent le plus! , dit-il. Jé rémie est cependant bien conscient que régler le problème n'est pas facile et va nécessiter de mettre en œuvre toutes ses compétences. L'évaluation de l'ambivalence avant et après application de la méthode objective le résultat. Avant l'application de la méthode "cercle vicieux/ cercle constructif,, l'envie de boire de Jé rémie était de 100, l'envie de ne pas boire de 40. Après application de la méthode, son envie de boire est de 60, l'envie de ne pas boire de 80. La motivation pour s'occuper du problè me d 'alcool et de son retentissement devient bien plus importante.

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3. Se motiver

Parfois, devant l'ampleur du problème à résoudre, la méthode aboutit à un découragement. Il est alors utile de se poser quelques questions : Qu'est-ce qui me traverse l'esprit, quelles sont mes pensées décourageantes? Si je continue à penser de cette manière, clans quel état serai-je clans 10 minutes? Est-ce que ces pensées ne participent pas au maintien de mon problème d 'addiction? Tiendrais-je le même raisonnement pour une autre personne que moi-même, ou bien inversement n'a urais-je pas alors tendance à voir les choses autrement pour cette personne? Est -ce que je n'exagère pas trop clans un sens ou dans l'autre? Par exemple, est-ce que je ne minimise pas trop mes possibilités ou est-ce que je ne maximalise pas trop les difficultés? Comment pourrais-je me présenter le problème de manière réaliste , et comment conseillerais-je une autre personne dans la même situation? Ces questions et leurs réponses correspondent à ce que nous appelons la restructuration cognitive*, autrement dit la manière de prendre conscience des pensées généralement négatives participant au maintien d 'un problème et ensuite de modifier ces pensées dans un sens réaliste et plus adapté aux solutions possibles. La restructuration cognitive, mise au point par le professeur Aaron T. Beck 1, de l'université de Philadelphie, sera présentée plus en détail clans le chapitre traitant des méthodes préparant "l'action"·

1. A.T. BECK, A. J. RUSH, 13. F. SHAW & G. EMERY. Voir références.

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Faire face aux dépendances

Julie se décourage Julie fume trop! Elle a réalisé un cercle vicie ux et un cercle constructif.

Fumer Stress ------( Bronchite chronique , risque de ca ncer

Fu 1~r

~ talme, meilleure concentration, sou lagement elu manque

j

Cercle vicieux

Envie de fumer

~

Ne pas fumer / Pas de maladie ( \

~ontente de moi , je respire Cercle constructif

mieux, Je peux me passer de tabac

J

Mieux dans ma peau ~us de sport

Extrait d'entretien entre Julie et son médecin Médecin : La seconde vie apparaît bien meilleure que la première! Qu'en pensez-vous? Julie, assez triste : C'est bien beau tout ça ... Mais arrêter de fumer, je n y arrive pas... Votre méthode, c'est pervers ... Ça me fait seulement voir ce que j 'aurais si je ne fumais pas ... Mais voilà, je jitme et je ne m 'en sors pas. . . Chaque cigarette me rapproche du cancer... Médecin : Finalement, voir où vous en êtes vous décourage? Julie : Oui ... Parfois, il vaut mieux ne pas trop r~fléchir! Médecin : C'est une façon de voir les choses.. . Voyons comment vous pourriez faire pour que poser le problème apporte davantage de solutions .. Qu 'est-ce qui vous traverse 1'esprit quand vous voyez ce cercle vicieux? Julie :je ne m 'en sortirai jamais ... C'est trop dur de s'en passer... Médecin : Dans quel état serez-vous dans quelques minutes si vous continuez à penser de cette manière? Juli e : Encore plus découragée ... j e vais stresser en plus .. .

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3. Se motiver Médecin : Et si vous stressez, est-ce que vous aurez envie de vous calmer avec une cigarette? Julie : C'est certain ... Médecin : Donc, en pensant de cette manière, j 'augmente le risque de fumer ... Julie: Oui .. . Médecin : Cette façon de penser participe donc au maintien du problème... Qu 'en pensez-vous? Julie : Oui ... Médecin : Connaissez-vous quelqu 'un que vous aimez bien et qui fume? Julie: Oui, mon frère .. Médecin : Si ces cercles correspondaient à votre frère, penseriez-vous de la même manière qu 'il ne s'en sortirait jamais? Julie : Oui, vu comme ça ... je me dirais qu'il pourrait plutôt voir comment faire pour se débarrasser du tabac ... Médecin : Comment lui conseilleriez-vous de faire? Julie : ... je ne sais pas bien ... Peut-être de voir les choses autrement ... Par exemple. . . Tu vois, il est encore temps de faire quelque chose. . . Si tu arrêtes de fumer, tout va mieux.. Voyons comment c'est possible, tu ne risques rien à essayer! Médecin : En résumé, minimiser les chances d 'arrêter de fumer, ou maximaliser les difficultés augmentent le risque de poursuivre le tabac ... À ce moment-là, vous avez tout à perdre .. . Bien explorer de quelle manière traiter le problème ne vous fait rien perdre et donne une meilleure chance pour l'avenir... Êtes-vous d 'accord? Julie : Oui .. . Médecin : Si je me dis: "Autant bien explorer le problème avant de tirer la conclusion qu 'il n y a rien à faire, et de me décourager avant de commencer", comment est-ce que je me sens? Julie : Évidemment, j'ai plus d'espoir.. . Donc autant voir les choses comme ça, c'est sûr.. L'extra it d 'entretien entre Ju lie et son médecin met bien en évidence la tendance à se décourager de Julie, qui perçoit bien davantage les difficultés de la tâche avant même d 'avoir exploré les possibilités de Jaire face. La restructuration cognitive lui a permis de voir les choses de manière plus constructive, de moins "perdre du temps à déprimer, et de passer à l'étape suivante, plus motivée.

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Fa ire face aux dépendances

1. Faire un test d'ambivalence (évaluer l'envie du comportement addictif et inversement l'envie de ne pas le faire) .

2. À partir de mon problème principal d'addiction et de l'analyse fonctionnelle que j'en ai fait: -Je mets en évidence le cercle vicieux prédominant : de quelle manière le problème «tourne-t-il en rond»? -Je construis un cercle constructif: comment les choses se passeraientelles si je n'avais pas ce problème? 3. Refaire le test d'ambivalence après l'application de la technique et le comparer au premier test. Quelles conclusions j'en retire sur ma motivation à m'occuper du problème? - Si je me sens rassuré et motivé par ma décision, je n'ai plus qu'à me préparer à l'action. -Si je me sens découragé, j'applique la restructuration cognitive, par écrit, en recherchant une manière plus optimiste de voir les choses. Dans ce cas, l'optimisme a de bien meilleures chances d'être une perception plus réaliste.

L'histoire de ma vie et l'évaluation court terme/long terme La vie est une suite de journées! Chaque journée prépare la suivante et ainsi de suite .. . La réussite, le fait de se sentir bien dépend d 'un bon équilibre entre ce dont on profite tout de suite -les plaisirs quotidiens- et ce que l'on fait pour l'avenir. Si on ne sait pas assez profiter du moment et qu 'on remet son bonheur à plus tard ou bien sous conditions - par exemple, réussir des examens, avoir une maison, etc. -, il est fort probable que l'on n 'arrive jama is à être heureux. Si, inversement, on ne tient aucun compte de l'avenir, on risque de se retrouver assez rapidement avec de très gros problèmes! Mettons que j'aie très envie d 'acheter quelque chose, que je fasse un crédit pour cela : je vais pouvoir effectivement en profiter tout de suite,

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3. Se motiver

mais j'aurai à payer bien plus cher plus tard! Si cela se renouvelle trop souvent c'est le surendettement, et le présent risque de devenir bien difficile. Souvent, quelque chose de rébarbatif dans un premier temps prépare une grande réjouissance ultérieure : par exemple bien maîtriser son solfège va permettre de mieux se concentrer sur la musique et donne accès à des plaisirs tout à fait impossibles sans l'apprentissage pénible des notes. Mais s'il n'y a que le solfège et que je ne m'en sers pas pour faire de la musique "parce que ce n'est jamais assez bien .. , je fais beaucoup d 'efforts pour obtenir de l'insatisfaction. Chacun d'entre nous doit trouver un équilibre entre les efforts à fournir et le plaisir de vivre. Si on ne fait que des efforts, aucun bonheur n 'est possible, et si on ne prend que du plaisir à court terme, la "galère" et le malheur risquent de rythmer l'avenir. Tableau 7 Tout sacrifier à l'avenir \./ A

Tout sacrifier au plaisir immédiat "-./ B

Ce schéma (tableau 7) représente une ligne droite entre deux points extrêmes: • La personne A sacrifie tout son présent à son avenir : il s'agit, par exemple, de quelqu 'un qui économiserait sou après sou, sans s'octroyer le moindre plaisir et qui n 'achèterait que le strict nécessaire à sa survie, sans vraiment se soucier ni de "profiter", ni de la souffrance que ce comportement peut entraîner chez les autres. • La personne B sacrifie tout son avenir au présent : c'est quelqu'un qui, par exemple, dépense sans compter tout son argent, sans penser aux frais nécessaires ni aux dégâts que cela peut causer chez autrui. Aucune de ces deux positions extrêmes n'est vraiment enviable et toutes deux aboutissent probablement à beaucoup de souffrance et d 'insatisfaction. Entre ces deux positions , tous les intermédiaires sont

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Faire face aux dépendances

possibles: "plus ou moins présent, ou "plus ou moins avenir". Chacun d'entre nous se situe sur un point de la ligne, et il s'agit de trouver le meilleur rapport : assez de présent et assez de prévoyance pour se sentir bien sans compromettre son bonheur futur! Dans les problèmes d 'addiction, nous avons tendance à favoriser le court terme et à sacrifier le long terme ... Ce long terme est notre ,futur" présent! La cigale trop cigale devient souvent malheureuse, et la vie n'est pas toujours un conte de fées. Faire l'histoire de sa vie addictive permet de ne plus négliger les conséquences à long terme. Si on continue à être dépendant, autant que ce soit en connaissance de cause. Si on décide d 'arrêter, les informations recueillies vont être très utiles afin de repérer les points de vulnérabilité et déjouer les pièges dans lesquels les bénéfices à court terme peuvent nous faire tomber.

Béatrice et la fièvre d'acheter Béatrice est plutôt bonne vivante , elle aime beaucoup rire, sortir avec des amis et surtout dépenser de l'argent. Dès qu 'elle dispose d'une somme, et souvent même si elle n'en dispose pas, elle la dépense "en tout et en rien". Ses placards regorgent de choses inutiles, et son compte en banque est débiteur de plusieurs milliers d'euros ... Rien n'y fait : se raisonner, les menaces du banquier, les avis des amis ne la touchent pas vraiment. Face à quelque chose à acheter, elle dépense ... Ses parents souffrent beaucoup de la situation , pécuniairement et moralement, mais cela ne touche Béatrice qu'un court moment, qu'elle oubl ie très vite dès qu 'elle dispose d'un peu d'argent à dépenser! Le test court terme/ long terme donne le résultat suivant : Médecin : Où vous situez-vous sur la ligne? Béatrice, sans hésiter une seconde : l ei! Et elle dessine une croix vers le pôle "vivre ici et maintenant". Vivre id et maintenant

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Vivre uniquement pour un a venir meilleur

3. Se motiver

Médecin : Bien. . . Vivre dans le présent et en profiter au maximum a beaucoup d 'avantages ... C'est même à mon avis recommandé d 'une certaine manière... Voyons l'histoire de votre "vie de dépense" depuis le début, si vous êtes d 'accord? Béatrice : Oui, hien sûr... Béatrice et son médecin construisent le tableau suivant :

Étudiante, 20 ans, je dépense tout et je contracte des prêts étudiants que " je rembourserai plus tard. ,

Mes parents ont de plus en plus de mal à " compenser ", car les sommes deviennent importantes.]e suis déjà " remplie de dettes "· Premier emploi à 23 ans.]'ai déjà l~tnent de dettes que je n'ai pas de chéquier.Mes parents n'ont pas assez d 'argent pour m'aider.]e suis dans la " dèche " et je ne sais pas comment faire. -En continuant comme ça, que va-t-il se passer? -Il n'y a pas de fin ... je n'ai plus qu 'à me sauver ! C'est horrible, je ne saurai même pas ou aller, mes parents sont malades de ça et en plus ils n'ont plus d'argent ..

Médecin : Si nous reprenons l'évaluation «ici et maintenant" et "long terme", où serait-il intéressant de vous retrouver pour améliorer votre problème, sans trop perdre ... ?

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Faire face aux dépendances Béatrice : Ici, je pense... À la fois un peu de · ici et maintenant•, et moins de · dèche · pour l'avenir...

Vivre ici et maintenant

Vivre uniquement pour un avenir meilleur

Médecin : Finalement, ce que vous souhaitez, c'est galérer le moins

possible? Béatrice, e n riant: Oui, c'est ça, le beurre et l'argent du beurre, mais ce n 'est pas possible... Il faut toujours payer un jour ou l'autre ... Médecin :j e ne sais pas si c'est autant tout ou rien que ça .. . Peut-être serait-il possible d 'explorer de quelle manière gagner le plus possible sur les deux tableaux : comment profiter du moment et préserver l'avenir.. Qu 'en pensez-vous? Béatrice: ... Médecin : Ce que je veux dire, c'est qu 'il est intéressant de faire un tri :

il y a des choses · ici et maintenant· qu 'il faut conserver pour le bonheur, et des choses sur lesquelles il nous faut travailler pour limiter les dégâts futurs ... Béatrice: Ça me va ... j'ai compris quelque chose ...

Dans l'exemple précédent, au fur et à mesure de l'application de la méthode, Béatrice réalise bien que tout ce qu'elle dépense à court terme l'amène vers un futur particulièrement pénible à vivre. Elle prend également conscience que sa maniè re de penser en "tout o u rie n " renforce considérablement ce mécanisme : "Si je ne me fais pas plaisir, la vie ne vaut pas la peine d 'être vécue , et si je me fais plaisir c'est la catastrophe ... Donc autant me faire plaisir, o n verra plus tard !" Elle n'avait pas pe rçu, prise dans son problème, que des solutions inte rmédiaires sont possibles, ménageant à la fois le plaisir de vivre et une certaine sécurité! Il est vrai qu'il no us est parfois difficile de prendre conscie nce ou d 'admettre chez nous-même des problèmes que nous percevons facilement pour quelqu 'un d'autre. Envisager une ou des solutions, auxquelles nous n'avions pas pensé auparava nt, augmente la motivation! 94

3. Se motiver

Un autre exemple, celui de Julie n, illustre de quelle maniè re la mise en évidence de .. l'histoire de la vie de dé pendance " a permis une meille ure motivation pour sortir de la dé pendance.

Julien et son cercle vicieux Julien souffre de plusie urs toxicomanies : héroïne, cannabis, tabac. Il consomme éga leme nt assez souve nt de l'a lcool et des médica ments. Prem ières consommations de " shit " vers 14 ans avec d es amis.

18 ans : " ga lère ", mes pa rents me mettent à la p orte. Maladie.

Julien : " La mo rt , la prison , junky. Ça va mal finir, c'est cla ir .. Il va ud rait mieux que je m 'en sorte

Julie n, au fur et à mesure de l'appli catio n de la méthode, observe le dé ro ule ment de sa vie ainsi que les risqu es futurs qui ne sont pas négligeables : la mo rt, la prison .. . Il devi ent impossibl e pour lui de ne pas tenir compte de cette évolutio n pro bable. Julie n est prêt à passer à l'étape suiva nte : se do nner les moyens psychologiques et matérie ls de se débarrasser du problè me de dépe ndance.

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Faire face aux dépendances

1. Où est-ce que je me situe sur la ligne /> ?

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Vivre ici et maintenant

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Vivre uniquement pour un avenir meilleur

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Est-ce satisfaisant pour moi? pourquoi? Si ce n'est pas satisfaisant, où souhaiterais-je me situer et pour quelles raisons? Après cet exercice, est-ce que je perçois mieux mon problème? Suis-je plus motivé pour passer à l'étape suivante et me donner les moyens d'agir? pourquoi?

2. Sur un papier, écrire sous la forme d'une liste ou d'un graphique l' ou >. 5. Bien mettre en évidence l'amélioration de la motivation au fur et à mesure que le sentiment de précipitation diminue.

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Faire face aux dé penda nces

Bien pre ndre le temps de mettre au point et de "pea ufine r .. cette phrase afin q u'elle corresponde to ut à fait ; elle influe ra sur la motivation et l'esp oir. Il faut l'apprendre par cœ ur et l'utiliser régulièrement pour contre r les "] e dois" et "Il fa ut qu e", ainsi que les envies irrépressibles de consommer. Comment se motiver ? Se sortir d'une dépendance est difficile. Le découragement lié à l'ampleur de la tâche est donc souvent au rendez-vous. Développer une motivation suffisante, c'est prendre conscience : - de l'évolution spontanée souvent catastrophique d'une addiction; - de l'évolution souvent très bénéfique à moyen et long termes de l'arrêt de l'addiction. Quatre méthodes influent sur la motivation : la technique avantages/inconvénients, court terme/long terme. la mise en évidence des cercles vicieux et la mise en place d'un cercle constructif. - L'« histoire de ma vie » et l'évaluation court terme/long terme. - Désamorcer les «Je dois», les «Il faut que » et la précipitation de l'urgence.

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Les situations à risque L'envie de boire, de fum er, de jo ue r, le besoin d 'un compo rtement addictif ne so nt pas constants. Il y a des mo me nts avec et des moments sans. Parfois, il n 'y a pas de raison qu e l'envie soit plus ou mo ins marquée . Le plus souvent, cep enda nt, le risque de «Consommer" est clairement relié à des circonstances définies. Les situations à risq ue sont les circonstances favorisa nt l'envie de consomme r un produit o u de pratiqu er un compo rtement addictif.

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Guy et son stress

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Guy a arrêté plusieurs fo is de fume r avec succès, mais a rechuté aussi plusie urs fo is! Chaq ue rechute correspond à une situatio n stressante, fa milia le o u professio nnell e, durant laque lle il n'a pas pu se" rete nir de fumer ...

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3. Se motiver

Ces facteurs peuvent être « externes >>, comme une contrariété, un problème o u, inversement, une bo nne nouvelle, un moment agréable . La présence de produits o u d 'images, de symboles de ces produits, par exemple voir un "verre de biè re bie n frappée et mo ussue" po ur un buveur, stimule l'envie de bo ire. Inversement, la crainte de manquer du produit pe ut e ntraîner une envie irré pressible, souvent mêlée à de la panique o u de la colè re ! N

Géraldine et les autres

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Géraldi ne ne boit pratiq ue me nt pas durant la semaine. Elle est pourtant dépe ndante : chaq ue fin de semaine se déroul e "clans l'a lcool"· Il fa ut dire q ue tous ses amis boivent bea ucoup et qu 'être e nsemble sa ns alcool n'est stricteme nt pas possible!

Une de rniè re circo nstance externe correspond aux facte urs relationn els : la con vivialité amicale, les fêtes de famille ou simpleme nt la p ratique d 'un comporte me nt adclictif par d 'a utres stimulent les envies de faire pare il. Tout à fa it à l'opposé, les difficultés relationnelles augmente nt égale me nt la tendance à consommer, pour se calme r, po ur fuir les problè mes o u po ur mie ux les affronte r. Les situations à risque «internes » so nt liées à un état émotionnel, q ui peut être dé pla isant (a nxiété, stress, cafard, do ute ou dépression), agréable (plaisir ou so ul agement) o u "entre les de ux .. (nostalgie) , état souve nt décrit comme à la fo is agréable et désagréable ! Cet état émotionnel correspond bien sûr à des pensées congru entes : idées tristes pour la tristesse, idées anxie uses pour l'anxiété, etc., aggrava nt ou maintenant les émotio ns en cercle vicieux. Il n 'est pas possible d'être o ptimiste e n déprima nt ni d 'avoir des pensées tranquilles clans une crise anxieuse ! N\ N\

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Bertrand et ses crises de cafard Bertrand va bie n par moment et mal clans d'autres. Des crises de cafard incoercibles, "son spleen ", le prenne nt parfo is sa ns prévenir, parfo is en liaison avec sa vie sentime ntale .. . Q uand le cafard arri ve, la consommatio n de ca nnabis, d'alcool et de tranq uillisa nts s'envole !

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Faire face aux dépendances

Un second type de situations internes à risque correspond aux images, aux pensées nous rappelant la situation déclenchante : se souvenir d 'un bon moment, avoir en esprit l'image du produit ou du comportement problème peut stimuler l'envie ou même le sentiment de .. nécessité .. de consommer rapidement, ce que les Anglais nomment craving ou urge. '\1-

Stéphane et le jeu

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Stéphane joue au casino. Son jeu pré féré est le .. chemin de fer .. , auquel il perd des sommes d'argent importantes. De manière générale, le "chemin de fer " lui sert de récompense quand il est content de lui (autant se faire plaisir) et de remède dans les moments de déprime. Dès qu 'il ressent soit du plaisir, soit de la tristesse, il pense immédiatement à jouer, puis cu ltive cette envie par des fantasmes de gains 1

La plupart du temps, les situations à risque externes coïncident avec les situations à risque internes et les deux s'additionnent, ce qui est particulièrement utile à mettre en évidence pour définir la conduite à tenir ultérieure .

Comment apprendre en 5 points à observer l'·· allumage .. du programme dans notre inconscient? >> 1. Notre réalité émotionnelle Notre inconscient o u "boîte automatique .. range nos souvenirs et classifie les événements de notre vie, ce qui fait que chaque instant du présent est relié à un événement ressemblant que nous aurions déjà vécu et auquel notre mémoire inconsciente va se relier. C'est pour cette raison que nous ne vivons jamais pleinement le présent quand nous sommes dans notre "boîte automatique ... Nous sommes en fait toujours reliés à notre passé, nous lisons le présent en référence à notre mémoire passée et nous projetons dans le futur ce qui va se passer par rapport à ce que nous avons déjà connu ou vécu. Sur le plan de la survie, cela est parfaitement cohérent et efficace. En outre, nous pouvons ressentir des émotions (comme son étymologie latine l'indique : motio, action de mouvoir, mouvement) de manière inconsciente. Cela veut dire que

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3. Se motiver

nous ne sommes pas toujours conscients de l'état émotionnel dans lequel nous nous trouvons ici et maintenant. Avez-vous déjà entendu la remarque du type : ..Je te trouve bien énervée ce matin! .. ? Et vous de répondre : "Pas du tout, je vais très bien! .. . Notre inconscient a l'habitude de traiter nos émotions à sa manière, cela dans le but de faire diminuer l'intensité elu ressenti émotionnel qu'il aura classifié comme ayant atteint le seuil de tolérance émotionnelle. Chacun d'entre nous a un seui l de tolérance émotionnelle. C'est une mesure interne qui se traduit par ce qu 'il nous est supportable de ressentir en terme de sensation physiologique. Une fois ce seuil atteint, un mécanisme se met en route et va proposer une série de comportements ou de pensées pour diminuer la sensation perçue comme dépassant la norme supportable. La proposition de prise de produit ou de comportement addictiffait partie des solutions. Il est dès lors très important d 'apprendre à reconnaître ses émotions et de repérer lesquelles notre boîte automatique associe avec une envie de consommation. >> 2. La mémoire des personnes Croiser quelqu 'un avec qui vous avez l'habitude de consommer, penser à cette personne ou à des situations vécues ensemble avec le produit, recevoir un SMS de sa part ou un appel téléphonique. Croire le reconnaître clans la rue ou rencontrer quelqu'un qui lui ressemble ou qui a la même voix ou la même gestuelle. Chacune de ces situations peut ouvrir la mémoire et être le déclencheur d 'une envie de consommation.

>> 3. Les lieux Passer elevant un lieu où vous avez l'habitude de consommer ou se retrouver clans un lieu où vous avez pratiqué la consommation. Notre mémoire inconsciente ou "boîte automatique .. enregistre tout clans les moindres détails. Quelle que soit la forme de consommation, elle est très souvent ritualisée. Chacun a ses habitudes et ses répétitions qui sont ancrées clans la mémoire. Il suffira alors de s'asseoir ou de passer dans ce lieu pour que s'ouvre la mémoire et qu 'une envie naisse .

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Faire face aux dépendances ~.n

Annie et ses crises de boulimie

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Annie fa it des crises de boulimie, assise par terre, face à son frigo ouvert. Chaq ue fois qu'elle rentre da ns sa cuisine et qu'elle rega rde en direction du fri go, elle perçoit en elle une envi e de consommation.

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Pierre et le cannabis

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Pierre a l'habitude chaque soir, en rentrant du boulot, de se rouler un joint, sur son canapé, en regardant la té lévision. Chaq ue fois qu'il s'assoit sur son ca napé, à cette place-là, son cervea u fe ra le lien et proposera une envie de fumer un joint.

>> 4. Les horaires, jours, dates ou saisons Notre vie est faite de mémo ire tem porelle . Nous posséd o ns to us une ho rloge inte rne. L'he ure à laque lle o n se couche fait q ue no us avons sommeil à partir d'une certaine heure; l'he ure o ù l'on mange fait qu e no us avons faim à ce mo me nt-là . Certaines dates comme Noël provoqu e nt un état de réjo uissa nce; il e n va de mê me po ur Pâq ues o u le no uvel an. De même q ue les saisons. Il suffit d 'app rocher de ces moments-là po ur q ue s'encle nche nt e n no us d es sensatio ns, des pensées, des ressentis spécifiques e n lie n avec le "mo ment x ... Dans le cadre de la maladie de dépendance, cette mé mo ire existe a ussi, même si la personn e est clans la consommatio n chro niqu e et pe rmane nte. No tre mémoire a des points de repère précis, comme pa r exe mple l'he ure de l'apéro, le jo ur de pa ie, les jo urs de déte nte (vendredi soir, sortie avec les copains, sa medi soir) , les dates de fêtes o u de décès, les saisons d 'hiver, d 'été, etc. Chaqu e fo is qu e la pe rsonne traverse ces tra nches ho raires, jo urs o u dates, la mémo ire de co nsommati o n s'ouvre e t une e nvie de consommer peut se présenter.

>> 5. La mémoire des sens Voir le produit, en parl e r, en pe rcevo ir le bruit o u l'odeur active ra la mémo ire , et cell e-ci, faisa nt des liens avec d'a utres so uvenirs, s'o uvrira et proposera une consommation .

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3. Se motiver

Les combina isons sont multiples et peuvent s'additionner les unes aux autres. Il peut paraître facile de faire face à un déclencheur ou deux à la fois. Cela ne sera pas le cas quand quatre ou cinq se "seront allumés , en même temps. En outre, la dimension émotionnelle peut à elle seule faire tout basculer puisque l'addiction s'est développée en grande partie pour rétablir un certain confort. Si, dans un premier temps, il est important d 'être dans l'observation, dans un second temps il sera nécessaire d 'anticiper, que ce soit nos projets, nos actions, nos programmes car, nous l'avons dit, nous sommes au moins quatre-vingt-dix pour cent du temps dans notre boîte automatique . "Si nous laissons nos pieds aller là où bon leur semble", nous prenons de gros risques de nous trouver là où le produit se trouve, avant même d 'avoir compris comment! Apprendre à .. s'accompagner, et apprendre à développer une réponse pour chaque situation est essentiel, car c'est à ce momentlà que nous développons de nouveaux savoir-faire, et ces nouveaux savoir-faire vont devenir de nouvelles mémoires, lesquelles, suffisamment répétées, deviendront à leur tour les nouvelles procédures et les nouvelles références dans notre boîte automatique . Repérer les situations à risque et la manière dont on y est confronté est une question d'auto-observation. Certaines sont faciles à mettre en évidence car fréquentes , d 'autres sont plus surprenantes et imprévues. Le fil conducteur de l'auto-observation est "l'envie de pratiquer le comportement addictif,. Quand le besoin ou l'envie de consommer un produit (boire, fumer, jouer, etc.) survient, le sujet se retrouve dans une situation à haut risque. Il est alors intéressant de définir cette situation le plus concrètement possible : • À quel moment l'envie est-elle apparue? • Est-ce une envie soudaine ou s'est-elle constituée progressivement? • Quelles sont les circonstances déclenchant l'envie? Sont-elles externes, internes ou les deux? • Est-il possible de résister à cette envie? À quelle note cette envie peut-elle être évaluée sur une échelle de 0 à 100 (0 : désir facile à surmonter, 100: désir impossible à surmonter)? Ensuite, il est assez aisé de hiérarchiser les situations à risque, avec l'objectif de faire face à chaque situation et de ne pas rechuter.

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Faire face aux dépendances

Les tentations de Sylvie Sylvie est particuliè re me nt "gourma nde"· Ell e aime le chocolat, les gâteaux, les bo nbo ns . .. Et cela comme nce à se voir! Ell e a bea ucoup grossi et n 'a ime pas du to ut ça . Elle a do nc décidé de faire un régime et de ne plus ma nger de confiseries. Mais voil à, il y a bea ucoup de pâtisseries, les magasins regorge nt de bo nnes choses, ses a mis e t sa fa mille lui o ffre nt souve nt des gâtea ux e t des chocolats . .. Les situatio ns à haut risque de consommatio n de produits sucrés po ur Sylvie sont les suiva ntes : • passe r de vant une pâtisserie; • faire les courses; • all e r vo ir des a mis a ussi gourmands qu 'elle; • les re pas de fa mille; • les crises de cafard ; • les" stress"· Les e nvies sont parfo is soudaines et imprévisibles, p a r exempl e q ua nd elle se retro uve avec d 'a utres pe rsonnes ma ngea nt des bo nbo ns. Pa rfo is au contraire, e lle se met plus o u moi ns consciemme nt da ns une situation où elle sait à l'avance qu 'elle a ura bea ucoup de difficultés à ne pas ma nger. Très tentants et très fréquents. Impossible de résister : 100.

1cr risque : risque

Les amies

Très tentantes et très fréquentes. Impossible de résister : 100.

zc risq ue

Les crises de cafard ; les "stress"

Difficile de résister : 80.

3c risque

Les repas de famille

Voir un gâtea u en réalité j'ai envie de le manger, mais je peux résister s' il faut faire une démarche : l'acheter, par exemple. Si on me l'offre, c'est im possible. 40 da ns le premier cas, 100 da ns le second cas.

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maximum

4c risque

3. Se motiver

• •

Les situations à risque sont : exte rnes : re latio nne lles (famill e, amies), matérielles (présence de gâteaux et de fria ndises); inte rnes : stress, cafard .

Sylvie se retrouve confro ntée à ces situations rapide ment ou progressive ment, lorsqu'elle a plus o u mo ins conscie nce du fait de se mettre en condition de tentatio n. Les questions, appliquées à deux situatio ns à haut risque diffé rentes, do nne nt le résultat suiva nt : Première situatio n : -À quel mo ment mon e nvie est-elle apparue?

Repas avec mes parents. -Est-ce une envie soudaine, o u s'est-elle constituée progressivement?

j'ai faim, et comme tout le monde mange, moi aussi. Envie soudaine. - Quelles sont les circonstances déclenchant mon envie? Sont-elles externes o u inte rnes?

Externes surtout: voir tout le monde manger. -Est-il possible pour moi de résister à cette envie? Quelle note puis-je do nner à cette envie sur une échelle de 0 à 100 (0: désir facile à surmonter, 100 : dés ir impossible à surmonter)?

Non. Très difficile: 100. Seconde situatio n : -À quel mo me nt mo n envie est-e lle apparue?

Quand j'ai été voir Catherine (une amie). -Est-ce une envie soudaine, o u bien s'est-elle constituée progressivement ?

j'avais le cafard le matin déjà, il faisait beau et je ne savais pas quoi me mettre, je me sens grosse ... Pour me remonter le moral, je suis allée voir Catherine, pourtant je sais bien que Catherine, c'est thé, gâteaux, confitures ... Donc, progressivement en situation à risque. - Quelles sont les ci rconstances déclenchant mo n envie? Sont-elles exte rnes o u inte rnes?

Interne : le cafard, manger me soulage. Externe : Catherine. -Est-il possible pour moi de résister à cette envie? Quelle note puis-je donner à cette e nvie sur une éche lle de 0 à 100 (0 : désir facile à surmo nter, 100: désir impossible à surmo nter)?

Non. Une fois que j'y suis, c'est sûr que je vais manger: 100.

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Faire face aux dépendances

Il existe un renforcement entre situation externe et situation inte rne résumé dans le schéma suivant :

Situation à risque externe : aller voir une amie, passer devant une pâtisse rie.

Situation à risque interne : déprime, stress, penser à mange r.

/ La seconde situation de Sylvie correspond à une série de petites décisions l'amenant progressivement au risque maximum. Ce sont ce que Alan Marlatt et Judith Gordon nomment ·des petites décisions apparemment sans rapport avec la conduite addictive .. 2 . Il s'agit d'un phénomène fréquent : se donner des excuses pour se retrouver dans des circonstances rendant l'envie de consommer très probable, mais assez progressivement pour ne pas se l'avouer. Par exemple, un collectionneur de petits trains miniatures trouve toujours des raisons valables pour aller dans les brocantes ou dans les magasins dans lesquels il est certain d 'avoir beaucoup de difficultés pour résister à la tentation d'acheter! Cela se fait assez insidieusement, avec de petites pensées comme : "Si j'allais faire un tour .. . ", puis .. Je vais passer par la rue C. .... (la rue C n'est pas très loin du club de modélisme), ·> les nouvelles habitudes et avoir bien conscience de l'engagement nécessaire et des efforts que cela représente . -C'est avoir bien conscience du « pourquoi>>je le fais, des bénéfices immédiats, à moyen et long terme et du

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1. Préparer son exposition de manière précise, si possible par écrit. Pour cela, morceler la situation problème en étapes en fonction du niveau de difficulté de chaque étape. Par exemple, pour Camille : Le repas du soir avec les membres de la famille : « a. Difficile à 100 °/o »; b. Repas de midi avec son frère : « Difficile à 70 o/o; c. Le petit déjeuner : «Difficile à 70 o/o >>.

4. Se préparer à l'actio n

2. Pratiquer l'exposition en imagination, en commençant par la situation la plus facile (pour Camille, le petit déjeuner), en observant les déclencheurs d'envies de consommer, la réaction émotionnelle, particulièrement physique, les pensées automatiques, les comportements que j'ai ou que j'aurai tendance à avoir. 3. Poursuivre l'exposition en imagination un temps suffisant pour vérifier que la sensation de manque et les émotions deviennent supportables; le plus souvent 5 à 15 minutes suffisent. 4. Recommencer plusieurs fois cette exposition en imagination. 5. Préparer la première exposition en réalité : soutenue par une personne ayant bien compris la méthode, choisir le jour, l'heure et la durée. 6. S'exposer. 7. Analyse de l'exposition afin de relever les difficultés, les déclencheurs internes et externes, l'évolution des émotions et des pensées. 8. Prendre un moment de calme, de repos. 9. Recommencer jusqu'à ce que la situation soit vécue avec le maximum de confort possible et un bon sentiment de contrôle. 1O. Poursuivre le programme d'exposition avec la situation suivante, dans l'ordre de difficulté.

Relaxation et désensibilisation Une troisième méthode comp ortementale efficace est l'apprentissage de la relaxation en situation. Comme no us l'avons vu dans l'exemple précédent, l'émotivité jo ue un rôle important dans les problèmes d'addiction. Le manque stimule souve nt l'irritabilité, l'angoisse, le sentiment d 'urgence, et en retour l'émotivité est calmée par la consommation de produit o u le comportement addictif (tableau 10). Tableau 10 Manque

Émotivité (colère, angoisse, découragement, autre .. .)

Compo1tement addictif

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Faire face aux dépendances

Si je sais me relaxer rapidement, je dispose d'un moyen efficace pour me calmer, donc pour laisser moins de place aux émotions pénibles : il est impossible d'être à la fois calme et énervé ou anxieux! L'objectif est d'entraîner un nouveau savoir-faire qui pourra devenir un nouveau programme de référence dans ma mémoire inconsciente ou "boîte automatique ... Cette approche permet de développer une nouvelle relation à soi : comment faire avec moi pour ne pas me retrouver en état d'accumulation émotionnelle. La méthode de relaxation rapide comporte trois étapes : 1. Apprendre une manœuvre vagale, autrement dit savoir stimuler le ralentissement réflexe que nous possédons tous, mais "sur commande ... 2. Savoir se relaxer rapidement à l'aide de cette première manœuvre va gale. 3. Désensibiliser les situations problè mes. >>Apprendre une manœuvre vagale

Les émotions, comme la colère ou l'anxiété, sont liées à l'activation du système nerveux autonome dans le sens de l'accélération générale de presque toutes les fonctions de l'organisme. Le cœur bat plus vite, on transpire, les muscles se tendent. À l'inverse , les émotions calmes, comme la relaxation , correspondent à l'activation du système nerveux autonome dans le sens du ralentissement des fonctions de l'organisme. Le cœur bat plus lentement, les muscles se détendent. Ces manifestations sont des réflexes , existant chez tous les animaux, dont la fonction est, dans le cas de l'accélération, de préparer le corps à un effort bref et intense, la fuite ou le combat : le cœur bat plus vite pour amener plus de sang au niveau des muscles, qui sont alors capables de fournir un effort adapté à la survie ou à la défense du territoire. Dans le cas du relâchement, au contraire, le corps se relaxe et consomme le moins d 'énergie possible. Cette alternance de stimulations et de ralentissements est tout à fait adaptée à la vie naturelle. Notre mode de vie laisse peu de place à la relaxation, et beaucoup d'entre nous vivent tendus, irritables ou anxieux, et ne savent plus se relâcher, pour récupérer, sans certains produits tels que l'alcool , le tabac

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4. Se préparer à l'action

ou les médicame nts. Certains d'entre nous font même appel, pour se détendre, à des substances particuliè rement stimulantes, le café ou le thé ! L'état de manque décle nche généralement une tension impo rtante accompagnée d 'irritabilité o u d 'angoisse . Savoir se relaxer à ce momentlà est donc utile et permet d 'augmente r le contrôle sur le besoin de consomme r o u le comporteme nt addictif, do nt le "mé rite principal" est le soulagement des tensions accompagné le plus souve nt de plaisir. Se relaxer est difficile po ur une pe rsonne n'ayant pas l'habitude, aussi est-il utile de comme ncer par une manœ uvre vagale, qui active le réfl exe de rale ntisseme nt des foncti ons de l'organisme. Pour cela il suffit de respire r en trois temps : souffler l'air de ses po umons, sans effo rt, comme un ballon qui se dégonfle; re pre ndre un to ut petit pe u d 'a ir, le retenir, seuleme nt une o u de ux secondes; relâche r sans effort, et laisser sortir l'air comme la pre mière fo is.

>> Moins je respire, plus je me calme! Ne faire l'exercice qu 'une fois : le rale ntissement étant réfl exe, il apparaît rapide me nt. Il est possible de vérifie r qu e cela fonctionne bien en prenant son po uls, surto ut au dé but de l'a pprentissage. Po ur cela, poser les quatre doigts d 'une main juste dans le prolongement du pouce de l'autre main et appuyer jusqu 'à bien percevo ir les battements cardiaqu es (tableau 11). Tableau 11 Appu yez fortement ici M ain gauche

Ma in droite

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Faire face aux dépendances

Quand l'exercice fonctionne bien , le pouls ralentit, ce qui se traduit par un décrochage palpable et rapide (tableau 12) : Tableau 12

~Battements cardiaques

Décrochage : un te mps plus long entre deux battements

Pratiquer l'exercice en se concentrant bien et en laissant un peu de temps entre chaque exercice, sinon on risque de s'énerver, ce qu i n'est pas l'objectif, ou d 'hyperventiler* par répétition de petites respirations, ce qui nous donnera l'impression d 'étouffer. «je n'arrive pas à me relaxer», et de toutes manières ce n'est pas ma personnalité, si j'étais calme je ne serais plus moi ! Faux! Tout le monde peut se relaxer, il s'agit d'une fonction naturelle très utile qu'il suffit de retrouver. D'autre part, être calme permet un meilleur accès aux sentiments et à l'intelligence, donc « d'être soi-même>>. Cela favorise le développement personnel. On ne naît pas tendu, anxieux ou stressé. On apprend à le devenir, cela se passe de manière inconsciente. Entraîner sa pleine conscience et apprendre à être ici et maintenant va nous donner une vision très différente de ce qui nous entoure, car elle ne sera pas reliée à des souvenirs référencés par notre mémoire inconsciente ou boîte automatique.

En revanche, il est important de s'entraîner le plus souvent possible, au quotidien, afin de conditionner le réflexe de ralentissement. Au fur et à mesure de l'entraînement, le ralentissement cardiaque se maintient et correspond donc à un ralentissement général du corps . Le pouls sert de compte-tours, comme pour un moteur. Dès que la manœuvre vagale fonctionne bien , il est possible d 'en repérer les effets physiologiques. Il s'agit d 'une sensation de relâchement, surtout au niveau de la poitrine , de l'apparition d 'une fatigue o u d 'une envie de dormir, ou d 'une sensation de détente générale, 126

4. Se préparer à l'action

d'apparition rapide. C'est déjà de la relaxation. Lorsque l'on perçoit bien cette ou ces sensations, il n'est plus nécessaire de prendre le pouls. En multipliant les exercices dans toutes les situations courantes de la vie, je prends l'habitude de me relâcher très souvent, ce qui est une bien meilleure manière de faire face.

>> Savoir se relaxer rapidement La deuxième étape se centre davantage sur la relaxation elle-même. Il existe de nombreuses méthodes de relaxation et la plupart sont très efficaces3. Voici une méthode assez pratique, car elle s'apprend rapidement: Faire une manœuvre vagale et bien vérifier le ralentissement. Fermer les yeux et respirer de la manière la plus confortable possible. Rechercher de préférence la respiration correspondant au sommeil en se concentrant bien sur le relâchement quand on souffle sans effort. Dès le début, en cinq o u six respirations, s'installe un sentiment de relaxation accompagné de bâillements et de l'envie de dormir. Arrêter l'exercice et le recommencer plus tard. Au fur et à mesure de la pratique, trois, puis deux, puis une respiration suffisent pour induire la relaxation. Maintenir cet entraînement les yeux ouverts : les sensations d 'endormissement et les bâillements disparaissent et sont remplacés par une vigilance calme et confortable. >>Désensibiliser les situations problèmes La troisième étape consiste à désensibiliser les situations à risque par rapport aux problèmes d'addiction (tableau 13). Tableau 13 Manque, besoin de consommer

Calme, relaxation, désensibilisation en imagination ou en réalité

Comporteme nt alternatif

3. Pour une information p lus compl ète, consulter l'ouvrage de l'auteur intitul é Savoir se relaxer, publi é aux édition s Retz . Voir références.

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Faire face aux dé pendances

Il existe deux manières d'agir, avec tous les intermédiaires possibles:

La désensibilisation en "réalité" Lorsqu 'un besoin addictif ou une envie importante se font sentir, se relaxer rapidement et passer à une action incompatible : sortir, changer d 'endroit, se mettre à un travail ou à un loisir le plus agréable possible. L'activité alternative doit avoir été prévue à l'avance , afin de ne pas avoir à chercher quoi faire en situation. Ne pas hésiter alors à se récompenser par quelque chose d 'important pour soi : savoir dériver son comportement addictif vers une autre voie est un succès appréciable, même s'il ne s'agit que d 'une victoire temporaire! En cas de dépendance, le comportement add ictif est bien "entraîné .. et la tendance, si le besoin et/ou l'envie surviennent, est de consommer. Si vous arrivez à retarder cette consommation ou à .. sauter .. une prise, vous disposez alors de deux voies possibles : le comportement addictif et un autre comportement. L'addiction devient une alternative, alors qu 'auparavant elle prenait toute la place.

La désensibilisation en imagination Elle consiste à s'imaginer, après relaxation, avoir une conduite alternative au comportement addictif dans une situation à haut risque, puis à penser à une action agréable et incompatible, tout en maintenant bien la relaxation. Il est important de se concentrer sur cette action et tout le plaisir qu 'elle procure, ainsi que sur la satisfaction de pouvoir contrôler sans se sentir mal et sans "consommer .. . Si l'envie o u une émotion pénible, quelle qu 'e lle soit, apparaît, arrêter l'exercice, ne pas insister. Se relaxer de nouveau et recommencer plus tard. En effet, utiliser seulement sa volonté pour traiter un problème d 'addiction peut entraîner l'effet inverse et augmenter le risque de rechute. Une désensibilisation fonctionne à l'inverse d'une exposition; l'effet recherché est le contrôle du comportement addictif en induisant une sensation de ca lme à la place du besoin, de l'envie et d 'émotions pénibles comme la tension, l'anxiété, l'irritabilité. Donc, en appliquant cette méthode, il est important de s 'entraîner à mettre en place une

bonne relaxation, débouchant sur un comportement alternatif incom-

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4. Se préparer à l'action

patible a vec le comportement addictif : il est difficile de jo uer a ux machines à so us e n courant dans la campagne ! En pratiqu e, une dése nsibilisatio n effi cace s'a ppuie sur : un bon entraîn e me nt à la relaxa tion rapide et profonde; la mise au po int d 'images, de pensées, de comporte me nts incompatibl es avec l'addictio n ; la ré pétitio n des expositio ns dans le ca lme, en imagination et en réalité. La cigarette calmante de Sylvie Sylvie éta it souvent irritable. Qua nd q ue lque chose ne fo nctio nna it pas comme e ll e l'ava it prévu , e lle s 'e mpo rta it inté rie ure me nt et, pour se ca lme r, a lluma it une c iga re tte. L'effe t é ta it immé diat : ca lme e t concentratio n . Sylvie é ta it très stressée et, avec son médecin , e ll e a édifié un progra mme d e "gestio n du stress, effi cace , dura nt leq ue l e lle a ap pris à se re laxe r. Ils e n o nt p rofité pour mettre e n pl ace l'a rrêt du tabac. La métho de q ui s'est révélée la plus re nta ble a é té la dése nsib ilisatio n. Po ur cela , Sylvie a comme ncé sous re laxatio n à imagine r les situatio ns dé cle ncha nt habitue lle me nt son irrita bilité, e n vé rifia nt b ie n que celle-c i n'a ppa ra issa it pas d ura nt l'exercice. Elle s' imagina it e ns uite bo ire un verre d 'ea u miné rale citro nnée, boisson qu 'e ll e a ime bea ucou p , to ut e n restan t b ie n calme. Ensuite et e n réa lité , d ès q u'un mo me nt d 'énerveme nt se présenta it , e lle se re laxait ra pide me nt, puis b uva it son verre d 'ea u. L'habitu de s'est vite insta llée, avec les bé né fi ces s uiva nts : plus d e ca lme, satisfactio n elu contrô le d e la situ atio n stressa nte, me ille ure e ffi cacité e t bea ucoup m o ins d e ciga rettes, ce qui a fac ilité, da ns u n de ux iè me temps , l'arrêt tota l el u tabac.

La relaxation rapide 1. Apprendre une manœuvre vagale respiratoire basée sur l'hypoventilation : - je souffle, sans effort, comme un >, l'air de mes poumons, sans expirer à fond : >. Il s'agit de faire fonctionner le moins possible les muscles expirateurs et le plus possible l'élasticité pulmonaire.

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Faire face aux dépendances -

je reprends un tout petit peu d'air que je garde une, deux ou trois secondes. je souffle de nouveau comme un ballon qui se dégonfle. je vérifie, en prenant mon pouls, le ralentissement cardiaque, qui se manifeste le plus souvent par un > léger, mais bien perceptible avec un peu d'entraînement.

2. j'apprends à bien percevoir ce ralentissement instantané dans mon corps. Il s'agit généralement d'une sensation de relâchement surtout marqué au niveau de la poitrine. Une certaine fatigue, une sensation de sommeil ne sont pas rares . Parfois, ces sensations sont plus désagréables, telles des douleurs ou des maux de tête, qui apparaissent souvent quand nous nous relâchons. je m'habitue à cette sensation de calme en m'en faisant >. Ces exercices sont à pratiquer un par un, bien séparés, mais le plus souvent possible et le plus en situation > possible, dans les circonstances habituelles de la vie . Donc, assis ou debout, dans sa voiture, en marchant, en discutant, etc. Un moyen utile est de faire une marque sur sa main, par exemple une croix et de pratiquer l'exercice à chaque fois que l'on voit la marque. Ce simple exercice constitue un apprentissage au calme particulièrement efficace en lui-même, adaptable à presque toutes les situations que nous vivons. 3. Me relaxer en partant de la manœuvre vagale : fermer les yeux et respirer de la manière la plus confortable possible pour moi, en me concentrant sur l'expiration : chaque fois que je souffle, je cherche un calme maximum ou même l'endormissement. 4. Sous relaxation, imaginer une situation de tentation, puis un comportement alternatif incompatible avec le comportement addictif. Si je n'y parviens pas : arrêter! Ne pas insister et ne pas utiliser ma volonté. Recommencer un peu plus tard, jusqu'à ce que cela marche. 5. Se renforcer en profitant au maximum du résultat obtenu. 6. Recommencer souvent et passer >. S'exposer aux situations à risque en se relaxant, puis en mettant en place le comportement alternatif comme, par exemple, >.

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4. Se préparer à l'action

Un programme complet : une pratique informelle et une pratique formelle régulière La pratique informelle consiste à pratiquer des exercices de

re laxation rapide, en situation , sans prendre un temps spécial pour cela. Par exemple, je peux faire une manœ uvre vagale ou une respiration agréable tout en étant actif : en travaillant, en marchant et même en parlant. Plus je fais ces exe rcices, plus ils seront efficaces car ils deviennent .. automatiques " et même me manqueront si je pratique mo ins. Le ca lme vigilant améliore toujours la performance en se fatiguant moins ... ce qui rend les "crises de calme" vite indispensables. D'autres exercices sont possibles, comme une simple appréciation de quelque chose, par exemple déguster un fruit, avoir du plaisir à marcher ou simplement diriger son attention sur ce qu e je suis en train de faire . Chaque exercice rapide en situation est comme un "point " d 'apprentissage : plus je fais de points plus le cerveau va construire "une ligne ", autrement dit apprendre un nouvelle réaction automatique. La pratique formelle est souvent plus difficile à mettre en œuvre, mais cela "vaut le coup"· Elle permet un vrai repos récupérateur et surtout améliore considérablement les capacités d 'apprentissage, utiles pour déve lopper le nouveau "pilote automatique" et renforcer la pratique informe lle. Un exercice quotidien de 12 à 15 minutes est déjà très bénéfique. Voici une méthode qui a fait ses pre uves, puisque huit semaines d'entraînement apportent des modifications profondes dans notre fonctionnement automatique. Herbert Benson, cardiologue de l'unive rsité d'Harvard au États-Unis, a montré que même l'expression des gènes en est fortement modifiée 4 !

>>Activer la réponse de relaxation de Benson • Trouvez un mot, une phrase, une image ou une prière courte. Ou bien simplement focalisez votre attention sur votre respiration. • Trouvez un endroit tranqui lle et installez-vous confortablement. • Laissez vos yeux se ferm er. 4. H . BENSON & W. PROCTOR. Voir références.

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Faire face aux dépendances

• Relaxez progressivement vos muscl es, du mie ux qu e vo us le pouvez, sa ns effort. • Respirez lentement et nature lle me nt sa ns effort, à votre propre rythme . Simpleme nt prenez conscie nce de votre respiration au niveau du ve ntre ou de la po itrine. • Quand vous expirez, à chaq ue fois ré pétez mentalement o u bien écrivez mentaleme nt o u représe ntez-vo us le mot, l'image , la phrase, la prière, ou b ien simple me nt po rtez votre atte ntio n sur votre respiration, chaqu e inspiration, chaqu e expiration. • Ado pte z une attitude o uverte. Quand d 'autres pe nsées survie nne nt, simplement les accepte r tell es qu 'elles sont : "C'est bie n, c'est ainsi, c'est ce que mo n esprit fait ", et dans le mê me temps revenez ve rs votre respiration et votre mot, image, phrase o u priè re, sans effort. Pratiqu ez de mê me pour to utes les sensations, les é motions, les bruits extérie urs ou tout autre événement qui survient. • Po ursui vez l'exercice pe ndant 12 à 15 minutes. • Pratiquez cet exercice a u mo ins une fois par jo ur. Option : D'autres méthodes de re laxatio n ou de méditati on sont possibles pour obte nir la répo nse de re laxatio n. Si vous utilisez une autre méthode, il est important qu e les tro is caractè res suivants so ient présents : Une focalisation mentale qui permet d 'inte rférer avec les pensées automatiqu es, les sensati ons, les émotio ns qui surviennent. Une attitude ouverte: "C'est bien, c'est ainsi! " po ur to us les évé nements qui surviennent et interfère nt avec l'exercice. Un temps suffisa nt : environ 12 à 15 minutes. Important : Afin d 'être ce rtain de modifier l'expressio n des gènes, la première péri ode devra être pratiqu ée qu otidi enneme nt pe ndant au moins 8 semaines. Po ur un effet génétiqu e max imum, la pratique devra être de plusieurs années.

Recherche et entraÎnement des activités alternatives Il s'agit tout d 'abord de bie n repé re r les pé riodes dangere uses . Gé né ra leme nt, ce sont les soirées o u les fins de semaine, mais parfo is

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4. Se pré parer à l'action

ce pe ut-être un autre moment. Pour certa ins, cela peut être toute la journée. Ensuite, de reche rche r qu e lles sont les activités possibles à ce moment, en faisant un "brain-storming*", c'est-à-dire en établissant une liste de to ut ce à quoi je pe ux penser comme activités, même les plus étranges o u irréalisa bles . De ranger ces différentes activités en fonction de le ur inté rêt pour moi et de la possibilité de les mettre e n place. De cho isir la o u les activités qui sont les plus réa lisables, les plus souhaitables et plaisantes. De définir les moyens nécessaires et d 'e ntraîner ces moyens si cela est utile . De mettre e n place la o u les activités. Enfin d'évalue r le résultat. Il s'agit de la méthode de résolution de problè me de D'zurilla et GoldfriedS, qui a fait la preuve de son efficacité dans de nombre ux domaines professionne ls et pe rsonne ls. Quand une ou des activités ont été cho isies , bien évaluer si e lles sont possibles et le plaisir qu 'e lles pe uvent appo rter. Ensuite, prévoir à l'avance un agenda de réalisation auquel il suffira de se reporter : moins je laisse les choses au hasard , moins je laisse de place à l'ennui et l'incertitude , clone a u risq ue de reprise des habitudes addictives. Cet agenda sera le plus précis possible, définira avec qui, où et avec quels moyens le temps sera occupé. Trois règles régissent ce type d 'emploi du temps : • Ne mettre que ce qu'il est possible de faire. • Prévoir des act ivités alternati ves e n cas d 'impossibilité. • En cas d 'imprév u, remettre l'agenda à plus tard o u l'annuler. Un exemple permettra de mie ux compre ndre comment faire :

5. T. j. D 'ZU RILLA & M . R. GOLDFf{ IED . Voir références.

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Faire face aux dépendances

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v..., _.

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""" ..., > à chaque étape d'une flèche descendante? Si ma croyance est >, quel est le pire qui puisse m'arriver si j'arrête mon comportement? 3. Mettre au point la >, la comparer à l'ancienne. Quel est le changement? En quoi est-il utile?

199

Faire face aux dépendances

Les mêthodes cognitives

les méthodes cognitives sont orientées vers la modification des pensées automatiques, des processus et des croyances de base, quand ceux-ci participent au maintien de l'addiction. Il est important de toujours commencer par un travail sur les pensées automatiques, qui sont peu nombreuses et assez faciles à mettre en évidence et à modifier par la méthode socratique. Dans un second temps, si cela est utile, il devient possible de modifier les processus de pensée quand ils sont trop «rigides,,, et les croyances de base quand elles accordent à l'addiction des qualités « intrinsèques et indiscutables » auxquelles je donne beaucoup trop d'importance pour ma qualité de vie ou ma valeur personnelle.

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à l'action

Arrêt et contrôle de l'addiction De manière générale, la prise de conscience du problème et la mise en place des techniques pour faire face aux différentes situations à risque (concrètes, matérielles, affectives, émotionnelles, cognitives et relationne lles) est déjà efficace. Elle entraîne souvent une diminution des comportements addictifs . C'est déjà une rupture par rapport au processus de dépendance, par définition envahissant. Le plus souvent c'est insuffisant, et cela aboutit à la reprise addictive complète! Il est nécessaire de · décider· d 'arrêter la dépendance, et •totalement•. Même dans le cas des problèmes alimentaires comme la boulimie, il s'agit de se donner les moyens d'arrêter totalement. La dépendance ne se situe pas en effet au niveau de l'alimentation, mais de la boulimie! Le rêve de chacun d'entre nous serait d'avoir une "consommation modérée" en produit, jeux, etc. C'est une position réaliste et normale ... quand on ne souffre pas d 'addiction. Tant que la dépendance est installée, l'expérience montre régulièrement des rechutes à partir de la reprise, même modérée, du comportement problème, parfois même des années après! Il existe peut-être quelques exceptions de reprise "raisonnable" d 'un comportement

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Faire face aux dépendances

addictif sans rechute complète, mais l'exception n'est pas la règle. L'explication la plus probable des exceptions serait que les personnes concernées ne sont pas dépendantes et que leur consommation correspondrait à un abus lié aux habitudes de vie ou pour faire face aux situations stressantes, sans que les modifications cérébrales définitives de la dépendance, mises en évidence par Nora Volkow et Peter Kalivas 1 , soient installées. Dans ce cas, la position par rapport au comportement problème n'est plus du tout la même, puisqu'il n'y a plus de dépendance! En attendant que nous sachions bien établir comment sortir définitivement d'une addiction afin de pouvoir "consommer . modérément, il vaut mieux dans le doute s'en tenir au fait régulièrement constaté, surtout par les personnes ayant souffert ou souffrant d 'addiction , qu 'une "reprise modérée .. est un risque énorme de rechute totale, parfois même des années après! Ne plus fumer du tout, ne plus boire du tout d 'alcool, ne plus faire de crises boulimiques, ne plus jouer du tout, est donc la décision la plus raisonnable et la moins risquée en fonction de ce que nous savons actuellement des addictions et de leur tendance" naturelle" à rechuter...

>>Comment faire? Une fois le comportement addictif bien défini , il faut décider du contexte de l'arrêt: Quand? Où? Comment? Avec qui? Il est nécessaire de bien préciser et de bien préparer les conditions de l'arrêt, en fonction de "l'équipement acquis .. pour les situations à haut risque, des aides dont on peut bénéficier si on le souhaite et du moment le plus opportun. De plus, on peut utiliser un traitement de substitution, comme la nicotine en pâte à mâcher ou en "patch .. pour le tabac, la buprénorphine* ou la méthadone* pour l'héroïne. Enfin, les effets de sevrage peuvent avoir des conséquences médicales importantes nécessitant certaines précautions. C'est le cas de l'alcool, de l'hé roïne et, de manière moins marquée, du tabac. Les conseils d 'un médecin spécialisé sont alors souhaitables afin de mettre en place un sevrage sans danger et de prescrire les médicaments utiles. 1. P. W. KALIVAS & N. VOLKOW. Voir références.

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5. Passer à l'action

Le tableau suivant résume la conduite à tenir (tablea u 25). Tableau 25 Quand?

Quand je me sens prêt. Le mome nt le plus o pportun varie d'une personne à l'autre et d 'une situatio n à l'autre. De toutes maniè res, il s'agit du moment où l'on se sent prêt et où l'on a un maximum de chances de réussir. Po ur certains ce sera penda nt les vacances, e n profitant d'un certain te mps li bre, pour d'autres en début de mo is, en début de semaine, un week-end ...

Où?

L'endroit le plus adapté en fonction des chances de réussir, de ce qui est possible et des risques liés au sevrage. À domicile , au travail , durant des vacances, en milie u hospitalie r, sous surve illance médicale ...

Comment?

Méthode de sevrage Sevrage . sec ", sans a ide méd icame nteuse o u de substitution, o u sevrage avec cette a ide.

Avec qui?

Avec les personnes favorisant le plus possible la réussite. En famille, avec d'autres personnes décidant d'arrêter le même comportement addictif o u l'aya nt déjà arrêté, o u seul , si c'est la me ille ure solution possible .

Le mieux est e nsuite de s'engager devant les autres et de faire le maximum de , publicité , possible , dans la mesure où cela n'est pas gê nant pour soi. Le plus souvent, cela rend le sevrage plus facile : l'engagement e ntraîne un effet de motivation important et paradoxalement ,soulage , d 'avoir pris la décision. Ces effets ne sont p as négligeables ! Une fois le sevrage mis en place, il est capital de se centrer sur ses bé néfices : qu 'est-ce que cela , rapporte, directement en mieux-être, en fierté personnelle? Quels sont les bénéfices indirects, particulièrement au niveau relationnel, mais aussi plus concrètement su r les aptitudes, le temps et l'argent disponibles? Cette liste des ava ntages n 'est pas limitative (tableau 26).

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Faire face aux dépendances

Définition et mise en place du contexte donnant un maximum de chance au succès

Tableau 26 - - - - - - - - - ---. S'engager à arrêter devant les personnes pertinentes Arrêt de l'addiction Bénéfices directs et indirects renforçant immédiatement l'engagement

Jérémie arrête en famille Jé rémie a décidé d 'arrê ter toute prise de cocaïne , qu 'il pre nait régulièrement depuis plusie urs années. Le travail sur sa motivation lui avait dé jà pe rmis de diminuer sa consommatio n habituelle de mo itié, mais arrê ter totale me nt a nécessité de se dé termine r davantage, avec: la décision ; le choix d'une journée précise, en début de vacances, afin de pouvoir faire face de manière plus confortable au manque; le soutien de son épouse e t de son frère , clans la maison elu frère; sans médicaments : ·-J'arrête la "coke" , ce n'est pas pour prendre autre chose!", mais avec un emploi elu temps prévu à l'avance : randonnées, activités sportives, repas en commun , soirées "musique" ou "vidéo"·

Stevens et son sevrage tabagique Stevens décide d'arrêter totalement de fume r. Ses situations à risque principales étant professionne lles, il a décidé d 'arrêter au travail. Quand? Lundi dès le matin. Où? Pa rto ut, surto ut a u bureau. Comme nt ? Ne pas avoir de cigarettes sur soi ni dans le bureau; patch à la nicotine dès le dimanche soir. Avec qui? To ut seul. Stevens s'est e ngagé auprès de tous ses collègues e t sa famille à arrêter de fume r et le ur a de mandé de ne plus lui offrir de cigarettes. Il a égale me nt mis e n place une petite pancarte sur son bureau: .. J'ai arrêté de fumer ", une idée qu 'il a e ue e n discutant avec son épouse.

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5. Passer à l'action

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Décider d'arrêter 1 . Tout le travail précédent a développé une forte motivation, et vous êtes déterminé et prêt à passer au sevrage du comportement addictif. Il est important maintenant de bien définir les conditions de ce sevrage : Quand? Où? Comment? Avec qui? 2. Une fois ces conditions bien établies, passer à l'action en arrêtant totalement l'addiction et en favorisant au maximum les activités alternatives. 3. Bien faire la récolte des bénéfices, afin de se renforcer au maximum.

Si je décide d'arrêter un comportement de dépendance, je dois tenir compte de la dimension physiologique. En effet, mon comportement a par lui-même modifié l'organisation de mes neurones entre eux (les synapses) . Les effets physiologiques d 'ordre chimique et électrique se maintiennent environ trois mois après l'abstinence, avant que le système nerveux, et plus généralement le corps, trouvent un nouvel équilibre. Cela signifie que durant les trois premiers mois les envies sont à la fois le résultat de la mémoire automatique et des effets physiologiques. En outre, selon le degré de consommation, le produit consommé et la durée de consommation, je peux avoir besoin d 'un traitement de substitution. C'est une chance de disposer actuellement de ces traitements, à condition qu 'ils soient correctement prescrits et pour une durée limitée. Ce traitement permet de compenser le déséquilibre trop important au niveau du cerveau, dû à l'arrêt brutal de la prise de produit ou du comportement. Selon le produit et les doses consommées, cela peut être très dangereux et occasionner des crises d 'épilepsie qui auront des conséquences majeures pour votre cerveau . Durant la prise d 'un traitement de substitution, le cerveau est toujours dérégulé. Il faudra donc attendre la prise de la dernière dose de médicament pour compter les trois mois de réorganisation du cerveau.

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Faire face aux dépendances

Cependant, pour certaines personnes, cette régulation ne se fera plus: -Soit il y avait déjà dérégulation avant la consommation: c'est le cas pour les troubles déficitaires de l'attention où s'observe un dysfonctionnement du système dopaminergique. Si ce trouble n'est pas diagnostiqué chez la personne durant son enfance, les statistiques donnent un risque de 70 o/o de chances de développer une dépendance, car la personne cherchera par elle-même à se traiter avec les produits disponibles (par exemple la cocaïne, le cannabis). -Soit la consommation a endommagé de manière définitive l'organisation du cerveau. Dans ce cas la personne devra garder un traitement à vie. Durant cette période de sevrage, il est important de bien considérer que je suis plus vulnérable, et cela reste valable plusieurs mois : ce n 'est pas parce que j 'ai passé les trois premiers mois sans rechuter que je suis guéri. Réparer et développer de nouveaux savoir-faire prend du temps, parfois quelques mois si l'intervention est précoce, parfois plusieurs années. C'est pour cette raison qu 'il est important d 'aller jusqu'au bout du processus et de se donner ainsi la chance que demain ne ressemble pas à hier, ce qui est toujours possible.

Maintenir les résultats Quelle que soit la dépendance, arrêter le comportement addictif représente un changement important, infiltrant presque tous les moments de la vie . Pour un fumeur, ne plus fumer signifie "perdre une compagne de chaque instant ", comme le disait Serge Gainsbourg dans une chanson célèbre sur les gitanes. Ne plus consommer d'alcool a généralement des conséquences sur les relations familiales, sur l'image de soi donnée aux autres. Arrêter l'héroïne veut souvent dire ne plus voir les personnes qu'on a côtoyées pendant plusieurs années et laisse beaucoup de temps libre, les habitudes de recherche , de prise de produit, les précautions nécessaires parfois même pour préserver sa vie prenant toujours beaucoup de temps. Il en est de même pour les

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5. Passer à l'action

problèmes alimentaires, le jeu et toutes les addictions, qui sont par définition fortement consommatrices de temps, d 'argent et de vie sociale. Maintenir le résultat nécessite un aménagement non négligeable des habitudes et parfois de la philosophie de vie. >> Comment faire? Tout d 'abord, il est important de bien cultiver le travail déjà fait durant les phases précédentes, travail qui a fortement développé la motivation : autant bien avoir en mémoire les raisons pour lesquelles on a décidé d 'arrêter son comportement problème. La deuxième étape consiste à faire la "récolte, des bénéfices déjà acquis. Nous avons souvent tendance à passer à autre chose et à ne pas assez profiter des bonnes conséquences déjà obtenues. La troisième étape, plus philosophique, cherche à définir les objectifs, les priorités et les mandats que l'on se donne, puis à en acquérir les moyens.

Cultiver le travail déjà fait Cela consiste "à se souvenir, des problèmes posés par l'addiction, parfois des souffrances vécues. La reprise des tableaux avantages/ inconvénients/ risques, court terme/ long terme est d 'une aide précieuse pour conforter les décisions et diminuer les doutes, surtout quand une personne commence une série de "petites décisions apparemment sans rapport avec la conduite addictive ",mais aussi en cas de "flash ", d 'envie ou de besoin impérieux de consommer. Les questions à se poser ensuite sont : Dans quel état serai-je si je reprends? - Comment me sentirai-je? - Quelles seront mes pensées si je suis de nouveau pris dans le piège addictif? - Quelles seront les conséquences concrètes et relationnelles (exemple 73)?

207

Faire face aux dépendances

"' Jean-François et son «flash ,

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Jean-François est chauffeur-livreur. Il roule donc très souvent dans son petit ca mion. Le problème d'alcool dont il a beaucoup souffert il y a deux ans était de moins en moins présent dans sa mémoire, puisqu 'il ne boit plus du tout. Au volant de son camion , au mois de juillet, il se retrouve avec une très forte envie de boire, stimulée par un pannea u publicitaire . immense , représentant un verre de bière moussue à souhait. L'envie a alors été très forte. Il s'est arrêté sur le bord de la route et s'est posé les questions suivantes : -Dans quel état serai-je si je reprends? Qu'est-ce que je penserai de moi? Très mal. .. j e serai déçu, et j e sais que j 'aurai à galérer pour arrêter de nouveau. Il vaut mieux ne prendre aucun risque : une envie même très forte s'arrête toute seule. - Quelles seront les conséq uences? je risque de perdre mon boulot et j e ferai du mal à ma femme et à mes gosses, ça ne vaut donc pas le coup!

Si j'ai pu arrêter ma dépendance, j'ai déjà acquis une compétence importante, un savoir-faire bien entraîné dont je peux de nouveau bénéficier pour négocier les circonstances favorisant plus ou moins progressivement les rechutes. Les mêmes situations à risque provoquent généralement les mêmes effets, les mêmes remèdes apportent les mêmes solutions, déjà bien rodées .

>> Faire • la récolte des bénéfices acquis, Cela consiste à profiter de tout ce que permet la vie sans dépendance . L'addiction envahissait généralement toutes les journées, avec son poids de contraintes, de coûts en temps, énergie, santé et argent. L'arrêt de l'addiction libère donc du temps, de l'énergie , de la santé et souvent de l'argent, qu'il est important d'utiliser de la manière la plus plaisante possible. Savoir vivre .. ici et maintenant ", en développant le plaisir de toutes les petites choses de la vie quand le plomb de l'addiction ne pèse p lus sur chaque journée est une bonne manière de .. récolter ". Savoir développer du bonheur au quotidien n 'est pas bien sûr spécifique des problèmes addictifs. Tout le monde d 'une manière ou d'une autre doit cultiver cette d imension. 208

5. Passer à l'action

Notre société de consommation et de prévoyance nous incite à mettre le bonheur sous conditions, le plus souvent de biens matériels : pouvoir acheter des choses nouvelles est une occupation importante, et les supermarchés sont certainement les temples nouveaux dans lesquels la plupart d 'entre nous communient régulièrement. De même, nous devons contracter une assurance pour presque chaque activité, et la boutade exprimée par un assureur rend bien compte de l'évolution des choses : "Actuellement, si on annonce à quelqu'un qu'il va mourir un jour, il court prendre une assurance vie! Ce qui bien sûr ne l'empêche pas de mourir ... "· Tout cela n 'est malgré tout pas si mal et permet un bien meilleur confort. .. À condition de ne pas mettre toute sa vie au service de la consommation et des précautions à prendre, sinon le risque du malheur se profile, et nous pouvons mourir sans en avoir bien "profité " et fait "profiter .. les autres 2 . Le temps passe très vite! Vivre ici et maintenant n'empêche pas la prévoyance, ne nécessite pas de devenir" révolutionnaire . , de rejeter la société de consommation dans son ensemble, mais plutôt de bien conserver certaines capacités d'enfant. Pour reprendre les idées de P. Coehlo 3 dans un de ses livres, .. [... ] un enfant est capable de rire sans autre raison que celle de rire, de passer d'une activité à l'autre sans raison, et de rire de nouveau dix minutes après un gros chagrin"· Être content simplement d 'être vivant, de pouvoir regarder, écouter, discuter, marcher est un minimum vital dont il est important de prendre l'habitude! Savoir être heureux tout de suite ne diminue en rien les envies et la capacité de faire des projets, au contraire : plus on sait être heureux et profiter des choses, plus on développe ses envies de l'être encore plus! Inversement, si la vie n'est plus qu'un long chemin de croix pénible que l'on poursuit à force de volonté, il est probable qu 'on se lasse plus vite et qu'on ait moins envie de nouveautés .. . En pratique, si on a arrêté une addiction importante, par exemple fumer, on bénéficie généralement assez rapidement d'une bien meilleure forme physique permettant davantage de sport et autres activités. 2. F. B. BRYANT & J. VEROFF. Voir références. 3. P. COELHO. Vo ir références.

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Faire face aux dépendances

On dispose de meilleures aptitudes à différencier les odeurs et les goûts, ce qui ouvre réellement un univers nouveau de nuances multiples. Bien cultiver ces nouvelles capacités recentre sur le simple fait du bonheur de vivre et insiste sur les bénéfices de l'arrêt du tabac, que l'on "touche " alors sans aucune retenue! Une addiction est renforcée en permanence par les effets à court terme (plaisir immédiat, soulagement rapide des tensions ... ); aussi, développer soigneusement les effets plaisants à court terme, après l'arrêt de la dépendance, utilise le même principe renforçateur qui a bien fait ses preuves sous la dépendance. Les études scientifiques ont en effet démontré que les renforcements immédiats ont beaucoup plus d 'impact que ceux à plus long terme. Savoir faire des économies pour en profiter plus tard est un comportement qui n'existe pas chez un enfant ; il s'agit d 'un résultat de l'éducation, et chacun d 'entre nous connaît le peu d 'impact de la phrase souvent employée : "Si tu ne travailles pas à l'école, plus tard tu n'auras pas de travail intéressant! "· Le plus tard ne contrebalance absolument pas le plaisir immédiat de jouer ou de regarder la télévision ... Développer du plaisir à travailler ou à l'effort serait beaucoup plus rentable. Dans cette optique, il est donc intéressa nt de ne pas laisser son bonheur au hasard et de s'en occuper. Le plus facile est de le programmer chaque jour, en utilisant la méthode de l'agenda , qui donne de bons résultats, et en considérant chaque journée comme une "petite vie à ré ussir". Tout d 'abord, noter l'ensemble des activités que l'on a eues la journée précédente. Évaluer pour chacune d'entre elles la maîtrise et le plaisir ressentis sur une échelle de 0 à 100 (0 : aucune maîtrise ou plaisir, 100 : maîtrise ou plaisir maximum). On a alors une bonne représentation de sa capacité à maîtriser les activités de cette journée, ainsi que du plaisir correspondant. L'agenda de joëlle permet de mieux comprendre la méthode (exemple 74).

210

5. Passer à l'action

L'agenda de Joëlle Joëlle a fait le point sur la journée précédente à l'aide du tableau suivant: Maîtrise

Plaisir

Lever et petit déjeuner

80/ 100

80/ 100

Cours de biologie

60/ 100

50/ 100

Repas de midi

50/ 100

30/ 100

Bibliothèque pour travaille r

50/ 100

50/ 100

jogging dans le parc

80/ 100

80/100

Repas du soir avec David

80/100

80/100

Activité

Les activités procurant un maximum de maîtrise et de plaisir sont le démarrage de la journée, le jogging et le repas du soir avec son am i David. Joëlle évalue la maîtrise générale de sa journée à 50 % et le plaisir général de la jo urnée égaleme nt à 50 %. Il serait donc intéressant de développer plus de plaisir de vivre! Joëlle a pu conclure que : - les activités sportives et relationnelles sont à bien programmer chaque jour ; - il serait particulièrement intéressant pour elle de développer un certain plaisir par rapport à ses études. En fait, elle etait, plus jeune, passionnée par les scie nces, mais n'avait pas retrouvé ensuite cette passion.

Dans un deuxième temps, à partir de ·>. - Reprises progressives. - Reprises brutales. Puis-je mettre en évidence des petites décisions apparemment sans rapport avec la reprise addictive? Aurais-je tendance à minimiser ou à maximaliser la première reprise? 2. À l'aide de la méthode socratique, reprendre toutes les pensées correspondant soit aux petites décisions, soit aux maximalisations, soit aux minimisations et les remplacer par des pensées réalistes.

La rechute la rechute est la règle et non pas l'exception. Elle survient soit brutalement et rapidement, soit plus insidieusement. Les questions à se poser sont : - Comment la première reprise du comportement addictif s'est-elle produite, et dans quel contexte? - Comment cette première reprise aboutit-elle à une rechute totale?

227

Faire face aux dépendances

Deux notions importantes sont utiles : - l'effet de violation de l'abstinence correspondant au processus cognitif, émotionnel et comportemental qui se met en place entre la première reprise de la conduite addictive et la rechute totale; - les petites décisions apparemment sans rapport avec cette reprise. Il est possible d'agir: - avant la première reprise par la mise en place des méthodes travaillées durant les autres stades, la mise en évidence et la modification des petites décisions apparemment sans rapport avec le comportement addictif; au moment du risque maximum de reprise, par des conduites d'échappement ou alternatives; après la première reprise, en prenant conscience des maximalisations et minimisations possibles et en les modifiant dans un sens réaliste.

228

CHAPÎTRE 6

Le changement de vie

Prendre la décision de guérir Décider de guérir, ce n'est pas uniquement prendre la décisio n d 'arrêter une addiction, c'est aussi changer profondément de mode de vie. Cela implique le plus souvent de quitte r son environneme nt habituel, relationnel et parfois géographiq ue, avec tous les re pères qui permettent de reconnaître et de se reconnaître. Cela implique surtout de construire une nouvelle vie. N\ ~

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Arnaud et sa «coke, Arnaud consomme habitue llement de la coke dans les so1rees et •en boîte ". Chaque fo is q u'il se re nd dans un de ces lieux, il cherche d u regard les signes qui lui permette nt de reconnaître d 'autres consommateurs comme lui. Il est alors dans un certain état d 'excitatio n. Il o bserve les allers et reto urs aux to ilettes des personnes, les manières de .. se toucher le nez ", de renifler à plusie urs re prises, les pu pilles dilatées et le discours vif, et le côté .. speed , re pérable dans la manière de danser. To us ces signes ind iq ue nt qu 'il a .. affaire à un autre consommateur de coke ". Il s'approche alo rs de ces personnes et cherche par le regard et le geste à entrer e n contact no n verbal, à distance, avec un clin d 'œ il qui d it •no us sommes sur la même lo ngue ur d'o nde "· L'a utre ré po nd à ce regard et se reconnaît à son tour dans les compo rtements d 'Arnaud. Ils emplo ient le même code et se se ntent tout à fait à l'aise d ans le urs habitudes.

Nous faisons tous partie d 'une ou plusie urs "tribus"· Nous avons besoin de nous reconnaître dans un groupe, une culture dans laqu elle nous nous sentons, si ce n'est en sécurité, au moins à l'aise . Chaque 229

Faire face aux dépendances

groupe d 'appartenance a ses codes, ses rituels et il vaut mieux savoir parler la langue pour y participer. Il s'agit donc d'un phénomène normal. Ce phénomène, nommé en psychologie sociale pression de conformité, concerne chacun d'entre nous. Cependant, lorsque le groupe auquel nous appartenons est organisé autour d'un problème, par exemple une addiction ou un trouble alimentaire, le maintien dans le problème est fortement renforcé. Il devient impossible de rester dans la tribu sans risque de rechute. Quand une personne décide d'arrêter une addiction, elle va donc avoir à tout (ou presque tout) quitter : le groupe d'appartenance, les habitudes, les codes, les rituels, une position particulière qui la caractérise à ses yeux et aux yeux des autres et aller vers un ou plusieurs autres groupes d'appartenance. Un voyage difficile commence , qui ressemble à ce que les émigrants vivent: tout quitter pour construire une nouvelle vie. Ce n'est pas facile. Il y a l'inconnu à affronter, le sentiment d'insécurité à surmonter, les nouveaux codes à apprendre et parfois à inventer : une nouvelle langue à apprendre. L'ancienne langue reste, mais elle est de moins en moins employée, la nouvelle langue prend de plus en plus de place et de consistance au fur et à mesure que "l'immigrant" construit sa nouvelle vie, qui doit être plus intéressante ... Tout le monde a le droit d'avoir une vie pleine et entière", nous dit souvent un de nos collègues 1 dont nous admirons régulièrement le travail. Si ce voyage ne se fait pas bien ou de manière incomplète, le risque de revenir vers son ancien pays, autrement dit de rechuter, devient considérable . Pour bien comprendre ce processus, nous nous référons à Elisabeth Kubler Ross , qui a bien décrit les épreuves à surmonter quand nous avons perdu un être cher. La théorie des étapes est très utile, car passer d'une ancienne à une nouvelle vie comporte une perte et un gain à travers un changement difficile. Étymologiquement, deuil signifie douleur: .. faire son deuil, c'est traverser la douleur " pour construire en gardant en soi le souvenir, la présence de la personne décédée. Il n 'est

1. Jérôme Favrod , professeur à la Haute École de la Santé La Source (ELS), Lausa nne.

230

6. Le changement de vie

pas exagéré d 'affirmer que pour une personne souffrant d 'une addiction le trajet n'est pas plus facile. Elisabeth Kubler Ross 2 décrit cinq étapes pour ce processus :

>>Le déni La première étape est le déni. Dans le cas de la perte d'une personne, c'est l'étape ou le refus de croire qu 'elle est décédée. "Tout cela n'est qu'un mauvais rêve, je vais me réveiller et tout sera comme avant. , Dans le cadre de la dépendance, c'est l'étape où la personne se dit : "Ce n'est pas vrai, je ne suis pas malade, je peux me contrôler et m'arrêter quand je veux. ,

>> La révolte La deuxième étape est celle de la révolte. Il existe souvent alors un "brassage émotionnel "· Une personne peut être en colère, puis angoissée , puis éprouver une grande tristesse, c'est-à-dire passer d'une émotion à l'autre . Dans le deuil , la peur exprime souvent la crainte de ne pas pouvoir vivre sans l'être aimé; la colère exprime souvent la révolte, la tristesse exprime le chagrin. Quand une personne souffre d 'une addiction, le phénomène est identique , avec des pensées comme : "Pourquoi moi? , ; "Pourquoi ne puis-je pas continuer de consommer comme d 'autres?,; "Pourquoi ai-je cette maladie? ,; "Comment vais-je faire sans? , ; "Comment surmonter les moments difficiles? ";" Comment faire quand j'aurai vraiment envie? "· Ces pensées traduisent la révolte, la peur de ne pas pouvoir se passer de l'addiction, et aussi la tristesse de perdre des habitudes de plaisir et une part importante de sa vie.

>>Le marchandage La troisième étape est le marchandage. Dans le deuil, c'est la négociation avec la vie et le temps des bilans . Dans le cadre de la dépendance, c'est la période de "discussion"· D'un côté , je reconnais les problèmes qu 'engendrent les produits ou le comportement; d 'un autre, je reconnais tout le plaisir et le soulagement que cela me procure d'avoir arrêté les consommations. Il est possible de rester dans cette étape toute sa 2. E. KU BLER-ROSS & D . KESSLER. Vo ir références .

231

Faire face aux dépendances

vie. C'est une "chronicisation ". La personne est capable de vivre des phases d'abstinence plus ou moins longues, puis des phases de rechute plus ou moins longues.

>> L'acceptation L'acceptation est la quatrième étape. La personne "comprend .. (comprendre, étymologiquement, signifie " prendre avec soi ..) que l'être cher ne sera plus jamais là. L'acceptation n 'est pas la résignation. Au-delà des révoltes et de la souffrance, il devient possible de construire son présent et son avenir sans "renier " le passé. Accepter que je ne puisse plus consommer un produit ou avoir un comportement addictif est une étape particulièrement importante et utile, qui s'accompagne le plus souvent d'un sentiment de libération et d'une forte détermination : le point faible est devenu une force. L'ancien amour est devenu impossible : "J'aime le produit, il me le rend bien, mais notre amour n'est pas compatible avec la vie. " Serge Gainsbourg chante très bien l'importance du produit dans Dieu est un fumeur de havanes: • Tu n 'es qu 'un fum eur de gitanes Sans elles tu es malheureux Au clair de ma lune, ouvre les yeux Pour l'amour de Dieu .·

>>Le nouvel attachement

La cinquième et dernière étape est celle du nouvel attachement. À la suite d 'un deuil, c'est la période où l'on refait surface dans la vie, où l'on retrouve goût et intérêt pour soi-même et les autres. Pour la dépendance, c'est l'engagement dans un nouveau style de vie avec de nouveaux centres d 'intérêt, une autre relation à soi et aux autres, une place trouvée auprès d 'un nouveau cercle de relations. Dans cette nouvelle vie, je prends pleinement conscience, après un deuil de l'importance d'avoir vécu avec l'être que j'ai perdu, de tout ce que cela m'a apporté et m'apporte encore. Dans l'addiction, il en est de même : je peux regarder ma vie avec clairvoyance et bienveillance. Je peux comprendre l'importance de la période de consommation, comment j'en suis arrivé là et ce qu 'elle m'a appris pour vivre pleinement aujourd'hui et construire. Nous appelons ce moment "le cadeau "· 232

6. Le changement de vie

Développer le bien-être : la psychologie positive et la pleine conscience Changer de vie n 'est pas seulement soigner ce qui va mal ; c'est aussi et surtout développer ce qui va bien. L'OMS a défini dès 1947 l'état de santé : «La santé est un état de complet bien-être physique, mental

et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité., Ce n'est pas rien! Il s'agit d 'une perspective philosophique et politique qui nous incite à développer ce q ui va bien et de ne pas se contenter de redresser ce qui va mal. Chacun d 'entre nous dispose d 'un potentiel important et il faut savoir le cultiver. De notre point de vue, le terme "psychologie positive, est ambigu , et son origine nord-américaine fait parfois, à tort, sourire dans notre vieux continent. Les bases scientifiques sont solides et les applications pratiques particulièrement utiles. Il n'existe pas une psychologie positive ou négative, et il faut bien s'entendre sur les termes : toute expérience agréable ou pénible peut être productive selon la manière dont nous allons la vivre, l'expérimenter, en tirer le "cadeau, dont nous avons parlé dans le chapitre précédent. Parfois c'est plus difficile : par exemple un deuil, une ma ladie grave, un accident avec des séquelles. Parfois c'est plus facile : la réussite à un examen, une bonne nouvelle . Mais toute situation peut entraîner des conséquences bénéfiques ou néfastes , qu 'elle soit vécue de manière agréable ou désagréable sur le moment. Les expériences pénibles rappellent la phrase célèbre de Friedrich Nietzsche : , tout ce

qui ne nous tue pas nous rend plus fort "· Il ne faut pas être trop optimiste, on risque d'être déçu! Faux! Nous avons tout intérêt à développer notre optimisme. Être optimiste c'est voir ce qui va bien et aussi ce qui va mal. Être pessimiste c'est ne voir que ce qui va mal. Cela fait souffrir et n'améliore pas notre capacité pour faire face, au contraire le découragement sera souvent au rendez-vous et diminue nos capacités de réflexion et d'action.

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Faire face aux dépendances

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Nathalie qui n'a pas eu de chance



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Nathalie n'a pas eu de chance. Elle avait envie depuis plusie urs mois d 'un scoote r pour ses dé placements en ville et se l'est offert pour ses 30 ans. Un accident grave lui a fait perdre l'usage de ses deux jambes, et cela est une épreuve terrible. Une pé riode dé pressive bien compréhensible s'est installée avec son cortège de souffrance et de ruminations. Au fur et à mesure de sa rééducation, Nathalie a appris à prendre les choses de manière différente . Elle se souvient très bien quand elle a décidé que "déprimer ne servait à rien "· Ell e s'est alors e ngagée ve rs une vision plus constructive des choses : "Que faire de plus avec ses deux jambes en moins ?•. Aujourd'hui Nathalie se sent bien, utile et sait mettre toutes les personnes qu 'elle rencontre à l'aise. Elle nous disa it récemment : "Avec mes deux jambes e n plus j'en faisais dix fo is moins et je ne me suis jamais sentie aussi utile que maintenant. " Merci Nathalie pour tout ce que vous nous avez apporté!

Parfois, ce qui est une "bonne situation .. peut déboucher sur des mome nts très pénibles. C'est le cas de Bernard .

Bernard qui a beaucoup gagné au jeu ~

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Bernard se méfiait beaucoup du jeu et des casinos, d 'autant plus que son frère souffre d'une dé pendance au je u. Un jour cependant, avec des amis, il se retrouve dans un casino et gagne 2 500 euros dans un je u de table! Ce gain imprévu s'est accompagné d'un état d'excitation , de jo ie et de plaisir dont il se souvient comme du meilleur moment dans sa vie. Il est depuis souvent retourné au casino, puis a joué de plus en plus aux jeux de loto, de grattage et sur Internet. Il a perdu au jeu non seulement les 2 500 euros gagnés la première fois, mais tout ce qu 'il possède. Un dossier de surendettement vient d 'être déposé. Le paradis s'est transformé en enfer.

La vie n'est pas un long fleuve tranquille, des événements agréables suivent des périodes pénibles et la manière dont nous allons prendre les choses fait souvent la différence entre le bonheur et le malheur. Epictète écrivait, au premier siècle après Jésus-Christ : "Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu'ils portent sur ces choses ...

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6. Le changement de vie

Appliquer la psychologie positive : comment développer un bien-être durable? La première étape est de faire "l'état des lieux de ma vie"· La méthode de l'araignée à dix pattes est une bonne manière pour mettre en évidence les secteurs de la vie importants pour «tenir debout ", mais aussi afin de développer les axes importants pour soi : lieu de vie, argent, relations sociales, professionnel, occupationnel, relation amoureuse, famille, hygiène de vie, réseau de soin, loisirs, spiritualité. À partir de cet état des lieux il devient possible pour chacune des "pattes " de définir des objectifs et d 'appliquer des méthodes pour consolider ou développer une patte plutôt qu 'une autre. Nous conseillons au lecteur de se reporter au chapitre 4, de ce livre pour en savoir plus. Il est aussi possible de dresser un tableau des priorités de sa vie3 avec les questions suivantes : 1. Quelles sont les choses de ma vie qui ont du sens, de la valeur? Le travail , ma famille , ma vie affective, mes loisirs, etc. 2. Quelle importance occupe chacune de ces choses sur une échelle de 0 à 100 (0: aucune importance, 100: une importance majeure)? 3. Dans la réalité, qu 'en est-il? ]'en suis satisfait à combien (de 0 à lOO)? 4. Ces évaluations subjectives et objectives concordent-elles ou non? Bien prendre du temps pour réfléchir, revenir sur ce que j'ai écrit. Il s'agit d 'une évaluation personnelle qui fait le point sur l'état actuel de ma vie, d'une part, et qui permet de définir des objectifs, d 'autre part. \1)

La philosophie de Mathilde

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Mathilde, 41 ans , a beaucoup .. galéré " dans sa vie. Déjà enfant elle a été confrontée à de nombreux problèmes : la faillite de l'entreprise de son père, les disputes quotidiennes entre ses parents, leur divorce quand elle avait 14 ans. Elle se retrouve seule et sans ressources à partir de 17 ans, habite dans un squat. Les addictions se mettent en place à cette époque :

3. C. CUNGI , Savoir gérer son stress. Voir rérérences.

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Faire face aux dépendances tabac, cannabis, héroïne, alcool principalement. Sa vie affective et sexuelle n'est déjà pas un long fleuve tranquille, les traumatismes sont nombreux, et elle a connu une période de prostitution très difficile à vivre. Enceinte à 20 ans , elle pratique une IVG. Mathilde n'a vécu que dans un monde marginal mais qui était le sien. Un emprisonnement d'une année l'a également beaucoup marquée mais a été un "révélateur , : ·> L'acceptation Sarah Bowen, Neha Chawla et Alan Marlatt 14 ont développé un module de pleine conscience en huit séances, utile pour la prévention des rechutes et déjà présenté brièvement dans cet ouvrage. Un des "ingrédients, importants de la pleine conscience, qui consiste à diriger son attention ici et maintenant sur les choses telles qu'elles se présentent et ce que je ressens dans la situation ou son évocation, est l'acceptation. Reconnaître une situation telle qu 'elle est, prendre conscience de mes réactions émotionnelles, affectives, de mes pensées, observer l'ensemble du phénomène avec curiosité entraîne régulièrement un changement dans la façon d'appréhender les choses. Il s'agit d 'un état des lieux immédiat : c'est ce que je ressens, c'est ce que je pense, c'est ce que je fais. Cette reconnaissance est un très bon point de départ pour ensuite appliquer une méthode de restructuration cognitive.

14. S. BOWEN, N. CHEWLA & A. MARLATI. Voir références.

246

6. Le changement de vie

Un des outils particulièrement efficaces de la pleine conscience est la méthode SOBER. Celle-ci favorise l'acceptation puis laisse un" espace au cerveau" pour" répondre plutôt que réagir". La première étape du SOBER est STOP, pour mettre en route la méthode. La deuxième étape (OBSERVE) consiste à prendre pleinement conscience de tout ce qui se passe. Par exemple, si une émotion pénible survient, ou bien si j'ai une envie de consommer, je dirige mon attention vers ce que je ressens et ce qui me passe par l'esprit. La troisième étape (BREATH) est de diriger mon attention vers ma respiration au niveau du ventre, en pleine conscience. La quatrième étape (ENLARGE) consiste à élargir ma respiration à l'ensemble de mon corps. La dernière étape (RESPOND) est de laisser simplement mon cerveau réfléchir dans cet état de pleine conscience et de noter les réponses qu'il me fait. N\

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La tentation de Frédéric Frédéric se sent "en manque ... Il a appliqué un SOBER: STOP -J'arrête tout et je fais un SOBER. OBSERVE - Je me sens angoissé , surtout au niveau de la poitrine et du ventre, je perçois nettement mon envie de consommer et la lutte qui s'installe en moi : -il ne faut pas, tu dois tenir le coup; -tu ne tiendras pas, ça ne finira jamais. BREATH - Respiration en pleine conscience au niveau du ventre; je dirige mon attention vers ma respiration. ENLARGE- J'élargis ma respiration du mieux que je le peux; je me sens respirer dans tout mon corps. RESPOND- Je prends pleinement conscience de ce que fait mon corps et de ce que me dit mon esprit ; je perçois bien mon état de manque , c'est un vieux compagnon ... il a compris que je suis capable d 'attendre jusqu'à ce qu'il disparaisse ... c'est tout. Frédéric, en acceptant l'état de manque , ne laisse plus de place à sa lutte pour ne pas consommer : simplement attendre que le manque s'arrête!

247

Faire face aux dépendances

>>Définir sa zone optimale de performance

Mihaly Csikszentmihalyi met en évidence le «flow". Il s'agit d'un état particulier dans lequel je suis passionné et actif. Ce que je fais m'intéresse au plus haut point et occupe une grande partie de mes actions et de mes pensées. Je ne ressens pas de fatigue, au contraire tout ce que je fais me renforce et me développe . Cela se rapproche de l'enthousiasme, étymologiquement cela signifie "transporté par Dieu,! Ce n'est donc pas rien. La zone optimale de performance se rapproche d'un .. flow , qui ne serait pas éphémère mais durable . La première étape est de mettre en évidence la zone de stress. Il s'agit d 'un état dans lequel ce que je fais est chargé en émotions pénibles, comme l'irritabilité et l'anxiété, mais surtout en fatigue . Ce que je fais m'épuise et la fatigue est le plus souvent paradoxale : plus marquée le matin avant de démarrer ma journée, très désagréable et régulièrement aggravée par le repos qui n'est pas efficace. Une fatigue physique ou une fatigue durant un état optimal est plutôt marquée après l'effort, en fin de journée, assez agréable (comme après un effort sportif) et améliorée par un repos récupérateur. Quand je suis en zone de stress, je "brûle , mes réserves, altère ma santé et diminue ma performance, puisqu 'une grande partie de mon énergie est dépensée en réaction émotionnelle. Tableau 31 Action efficace

/ Énergie

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Une grande partie de l'énergie est dépensée en émotion , beaucoup moins en action efficace. Fatigue puis épuisement sont inéluctables. Émotion

248

6. Le changement de vie

La deuxième étape est de mettre en évidence la zone d 'inactivité. Généralement, une personne stressée va connaître des périodes de découragement et la fatigue va l'amener vers ce qu 'elle pense être du repos, mais qui n'est que de l'inactivité : toute l'énergie disponible est alors dépensée en émotivité, souvent accompagnée d 'un trouble du sommeil : soit de l'insomnie ou au contraire de l'hypersomnie. Elle ne récupère pas et ne se repose pas , l'épuisement devient de plus en plus important. Tableau 32 Action efficace

Énergie

La plus grande partie de l'é ne rgie est dépensée en émotion , très peu d'éne rgie est dépensée en action : la situation est encore plus mauvaise que dans la zone de stress. Fatigue puis épuise ment sont iné luctables. Émotion

Ces deux zones de stress et d'inactivité sont en fait la même et correspondent à un état d 'émotivité conduisant à l'épuisement. Quand une personne passe de la zone de stress à la zone d'inactivité, elle n'est jamais en zone de performance! La troisième et dernière étape consistent à bien faire l'expérience de la zone optimale de performance. Dans ce cas, ce que je fais me renforce, améliore ma résistance physique et psychologique et j'ai le sentiment de faire plus de choses avec moins d 'efforts. Quand des efforts existent, ils sont plutôt agréables et la fatigue est améliorée par le repos. Plus je développe mon activité, plus je me sens efficace et plus mon repos est récupérateur. Mes émotions sont du registre du plaisir et l'optimisme prédomine. Après avoir défini la zone de performance, il est intéressant d 'y "rester " : chaque fois que je me sens en zone de stress (irritable, fatigué 249

Faire face aux dépendances

par exemple), je pratique un STOP , un exercice de relaxation ou de méditation, et je reviens vers ma zone de performance jusqu'à ce que l'activité me fasse du bien. Un nouveau style de vie correspond à un changement profond de nos habitudes de ressentir, de penser et d 'agir, à un changement important de nos habitudes relationnelles, parfois à un changement de lieu et même de "tribu ". Ce changement de vie est le plus souvent indispensable pour prévenir les rechutes, et plutôt qu e de lutte r po ur ne pas consommer il vaut mieux développe r un no uvea u jardin avec beaucoup de sens, de plaisir pour cultiver et po ur récolter : il vaut mieux arroser ce qu e je souhaite voir pousser plutôt que de redresser "ce qui est tordu " et lutter. Tout le monde a le droit d 'avoir le sentiment d 'une vie pleine et entière et qui a du sens. Les outils présentés dans ce sixiè me chapitre sont une aide précie use pour alle r dans cette direction. '\1-

Jean et la volonté

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Dans la famille de Jean, la volonté, l'effort et le sacrifice au travail sont des valeurs essentiell es : on do it souffrir pour obtenir et faire les choses. Le plaisir est proscrit et mê me ·> de ma vie

-Appliquer l'araignée à dix pattes pour mettre en évidence l'équilibre ou le déséquilibre dans ma vie : Quelles sont les pattes qui fonctionnent bien? Quelles sont les pattes à renforcer ou à développer?

- Établir le tableau des priorités de ma vie : Quelles sont les choses qui ont du sens, de la valeur pour moi? Évaluez de 0 à 100 l'importance de chacune de ces choses. Dans la réalité qu'en est-il? En suis-je satisfait? (sur une échelle de 0 à 100) Ces évaluations entre ce qui compte et ce que je fais concordent-elles ou non et en quoi?

- Méthode des recettes et des dépenses : Établir un tableau avec deux colonnes : une colonne recettes dans laquelle je note tout ce qui dans la semaine, ou plus généralement dans ma vie, me rapporte, me ressource, me donne de l'énergie; une colonne dépenses dans laquelle je note tout ce qui dans la semaine ou dans ma vie me coûte de l'énergie, tout ce qui me fatigue. Vous pouvez maintenant répondre à ces trois questions : -Qu'est-ce qui a du sens et de la valeur pour moi et qui me donnerait le sentiment d'avoir une vie pleine et entière? -Quels sont mes objectifs pour aller dans cette direction? - Quelles sont mes ressources, les points sur lesquels je peux compter pour réaliser ces objectifs?

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Faire face aux dépendances 2. Développer une vision optimiste - Dresser un bilan positif de mes actions et être satisfait de la réalisation des objectifs atteints : Reprendre la journée qui se termine et faire la liste des événements positifs ou dont vous pouvez être heureux. Bien prendre le temps d'établir chaque point de la liste en pleine conscience. Relire la liste en pleine conscience, point par point. Je m'accorde le droit d'être content pour chacune de ces choses. Évaluez le changement émotionnel, affectif ou au niveau du raisonnement. - La liste positive des reconnaissances dans ma vie : Établir une liste des points positifs dans ma vie, par exemple sur un petit carnet que je peux avoir avec moi, afin de compléter cette liste au fur et à mesure de mes réflexions . Relire souvent cette liste en pleine conscience, en me laissant le droit d'être content de chacun des points. J'évalue ensuite le changement émotionnel, affectif ou au niveau du raisonnement. Avec cette méthode je développe le plus de gratitude possible pour toutes ces choses que je peux apprécier. - La méthode des recettes et des dépenses (transformer les dépenses en recettes) : À partir du tableau des recettes et des dépenses, reprendre chacune des dépenses et évaluer quels en sont les côtés positifs, en quoi chacune pourrait présenter un ou des avantages et comment développer cet ou ces avantages. -L 'exercice des trois reconnaissances : À partir d'un événement pénible, prendre tout d' abord pleinement conscience de cet événement et des conséquences sur moi-même et les autres. Pratiquer ensuite un exercice de calme, puis laisser mon esprit réfléchir sur trois reconnaissances ou gratitudes pour ces événements. Je peux m'aider avec une méthode de distanciation : ce que je conseillerais à mon meilleur ami dans ces circonstances . Commencer l 'exercice avec des situations simplement contrariantes, mais pas avec des situations traumatiques : il est plus facile d'apprendre ainsi la méthode. On n' apprend pas à nager en se jetant dans le bassin des cinq mètres, il vaut mieux commencer par le petit bain! - Pratiquer un SOBER : Par rapport à une envie de consommer ou une situation déclenchant un malaise ou simplement une situation pénible, appliquer un STOP pour observer; ensuite diriger mon attention vers ma respiration (BREATH) en pleine conscience, du mieux que je peux ; élargir ma respiration à l'ensemble de mon corps (ENLARGE); laisser mon esprit répondre.

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6. Le changement de vie - Établir sa zone de performance : Apprendre à auto-observer mes sensations, mes émotions et mes pensées indiquant que je suis en zone de stress. Ce sont le plus souvent l'irritabilité, l'anxiété, la fatigue et le découragement qui sont au premier plan. Ce que je fais est dans ce cas mauvais pour la santé et diminue ma performance : je pourrais faire mieux! Observer aussi, dans les périodes d'inactivité, si ma fatigue et mon irritabilité persistent. Si c'est le cas, je ne me repose pas, au contraire: je suis en train de dépenser toute mon énergie en stress. Chacune des deux zones est nocive : revenir en zone de performance c'est développer les activités qui me rendent plus fort. Je me sens bien alors, en forme, et quand je me repose c'est agréable et efficace. Une auto-observation de quelques jours suffit généralement, en notant les choses sur un carnet que je complète au fur et à mesure. En zone de performance, mon cerveau LU
D'un point de vue médical Comme tous les opiacés, l'héroïne induit des manifestations physiques bien connues maintenant, dont voici les principales :

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7. Les différentes dépendances

Une dépression respiratoire qui diminue le réflexe de la toux, favorise les bronchites et peut entraîner la mort. Une action sur l'appareil circulatoire avec hypotension, responsable de syncopes et parfois d 'un arrêt cardiaque. Une annulation ou une forte diminution du réflexe de vomissement, un ralentissement de la digestion, et régulièrement une constipation tenace. Il existe d'autre part un risque de colique hépatique . Une action sur la vessie qui peut être responsable d'une rétention d'urine. Au niveau des yeux, il existe un myosis, c'est-à-dire un rétrécissement de la pupille. Une modification du fonctionnement des glandes endocrines et une interférence avec la sécrétion d'hormones. De manière indirecte, la toxicomanie à l'héroïne - d'autant que la plupart du temps elle n'est pas isolée (plusieurs produits illégaux ou légaux sont associés)- est responsable de nombreux autres problèmes physiques, comme l'hépatite B et C et le sida (la contamination par le virus du sida est très importante dans la population des héroïnomanes; cela correspond certainement au mode principal de prise du produit, par injection). >> D'un point de vue matériel et relationnel La façon de s'alimenter, les perturbations du sommeil fragilisent les personnes. Les troubles anxieux et dépressifs, souvent graves, ne sont pas rares. Le mode de vie toxicomaniaque en lui-même présente de nombreux inconvénients et risques. Le premier est que la dépendance organise toute l'action en fonction de la recherche et de la prise de produit. La plupart des ressources en temps, en argent et relationnelles sont employées à cet effet. Les moyens financiers nécessaires pour se procurer de la drogue sont extrêmement importants : un gramme d 'héroïne quotidien, souvent la dose nécessaire, revient à un budget de 100 à 200 euros par jour. La revente (le "deal . ) et/ ou la prostitution deviennent les méthodes les plus sûres de se procurer les sommes indispensables. L'existence devient dangereuse, non seulement parce que ces produits illicites amènent souvent les consommateurs devant la justice, mais aussi parce que les circuits de vente et de revente ne ménagent pas

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Faire face aux dépendances

ceux qui y sont pris . Le danger n'est pas une vue de l'esprit et les morts violentes ne sont pas dues seulement aux overdoses et aux maladies. Tout cela ne favorise pas, bien sûr, l'insertion sociale et la majorité des consommateurs sont sans emploi. L'économie "toxicomaniaque , représente un commerce difficile à évaluer, puisque "souterrain", mais bien réel. Le trafic total pour les drogues illicites (surtout haschisch, cocaïne et héroïne) était estimé à la fin des années 1980 à 300 milliards de dollars américains dans le monde . Il constitue une source de revenus extrêmement importante pour les pays riches comme pour les pays pauvres! Le ministre bolivien de l'Intérieur, Juan Carlos Duran, déclarait en juin 1987 : "La valeur brute de la cocaïne en 1986 pourrait représenter de 53 à 66% du produit intérieur brut de l'économie formelle , et de trois à quatre fois le montant des exportations légales. " Ces dernières années de nombreuses banques américaines ont été condamnées pour ne pas avoir respecté la législation concernant le traitement des petites coupures, destinée à prévenir le "blanchiment , de l'argent de la drogue , mais les amendes représentent très peu par rapport aux profits en jeu! Nous retrouvons là les vieilles intrications et ambivalences rencontrées par rapport aux produits toxiques : le conflit d'intérêts entre commerce et santé. Ce ne sera certainement pas un problème facile à régler. '

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La toxicomanie de Josyane Josyane est "polytoxicomane .. ; elle consomme régulièrement plusieurs produits : héroïne , coke basée, cannabis, alcool , tranquillisants, produits de substitution, analgésiques, tabac, etc. Le produit auquel elle est le plus .. accro " est l'hé roïne, qu 'elle s'injecte chaque jour. Son "histoire des produits .. commence à 16 ans, assez directement par la prise d'héroïne, avec ses copains de l'époque, au moment de l'éclatement de sa famille : divorce des parents, départ des frères aînés. À 26 ans, elle a été souvent hospitalisée, a vu des amis mourir ou aller en prison. Plusieurs sevrages ont abouti à une reprise. Souffrant d'une hépatite C, elle se sent physiquement épuisée et souffre de dépression. Désespérée, elle souhaite cependant .. vraiment s'en sortir .. , mais jusqu 'à présent toutes ses tentatives ont échoué.

7. Les différentes dépendances

Tableau 39. Avantages et inconvénients de l'héroïne Avantages -Effet calmant l'angoisse et le stress. -Effet antalgique. -Donne un plaisir immédiat et intense. -Calme e fficacement le manque. -Favorise certains échanges sociaux. -Permet d'échapper aux règles sociales e t fa vorise un sentiment d'appartenance aux groupes marginaux.

Inconvénients -Risque médical direct : pulmonaire, cardio-vasculaire et digestif. - Risque médical indirect : maladies infectieuses (sida, hépatites, etc.), fragilisation par manque d'hygiène alimentaire et physique. - Risque de mort par overdose, maladie ou vio lence. -Rechercher et consommer du produit occupe tout le temps disponible. -Dépendance par rapport à un produit et nécessité de toujours en disposer. - Coüte cher. - Mode de vie dangereux nécessitant souvent "deal" et/ ou prostitution. - La consommation régulière est incompatible avec une bonne socialisation (études, travail , vie de famille). Le risque de dégradation sociale est important.

Les avantages sont presque toujours à court terme ou immédiats. Les inconvénie nts sont presque tous à lo ng terme. Les avantages arrivent donc bien avant les inconvénients dans le temps, ce qui joue un rôle certainement important dans le maintien de la consommation.

Quelques remarques sur la conduite à tenir, spécifique à l'addiction à l'héroïne : • L'héroïne a des effets de désocialisation considérables : fort taux de chômage, problèmes relatio nnels, mode de vie dangereux, problèmes de justice nécessitant souvent une prise en charge sociale importante . • Les problèmes de personnalité, de dépression, d'anxiété ou d 'autres troubles psychiatriques sont à prendre en compte quand ils existent. • Les problèmes médicaux sont fréquents (hépatite, sida, dégradation physique). • Des produits de substitution existent afin de faciliter le sevrage : la méthadone et la buprénorphine (Subutex®).

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Faire face aux dépendances

La cocaïne Les feuilles de coca étaient utilisées en Amérique du Sud, bien avant l'arrivée des Espagnols, pour leurs vertus stimulante et analgésique. Les Indiens mâchaient (et mâchent toujours) la liptd' pour se donner davantage de résistance à l'effort et à la douleur. La cocaïne est un alcaloïde de la coca , isolé en 1860 par le chimiste allemand A. Niemann. Les effets "thérapeutiques .. de la cocaïne ont été rapidement mis en évidence et son emploi a été développé pour ses propriétés anesthésique et stimulante. La cocaïne était également proposée comme produit de substitution dans le sevrage de l'opium et de l'alcool! Un des .. défenseurs " les plus célèbres du produit a été S. Freud, auteur d'articles et lui-même utilisateur de cocaïne. Freud s'est cependant rapidement rendu compte des effets dangereux, et le décès d'un de ses amis médecin, à qui il avait conseillé la cocaïne pour l'aider dans le sevrage de sa morphinomanie, a probablement joué un rôle important dans cette prise de conscience. La cocaïne apparaît donc, de la même manière que l'héroïne, comme un médicament, dont la diffusion a été favorisée par la presse médicale de l'époque, jusqu'à ce que ses effets catastrophiques aient été bien mis en évidence, particulièrement par un autre chimiste allemand, A. Erlenmeyer, qui a qualifié la substance de «troisième fléau de l'humanité ", avec l'alcool et la morphine. En France, la cocaïne a tout d 'abord été utilisée par les .. notables .. , souvent d 'ailleurs des médecins, des chimistes et des pharmaciens au courant des publications scientifiques. Ensuite, seulement, l'usage s'est répandu dans les milieux artistiques, puis dans les couches sociales défavorisées . Le produit a longtemps gardé une réputation "non dangereuse " si la consommation restait modérée, pas plus de trois prises par semaine! Le vin de Mariani, lequel associait un vin de Bordeaux avec de la cocaïne, a même bénéficié de la publicité du pape Léon XIII , qui appréciait particulièrement cette boisson.

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7. Les différentes dépendances

Ces conceptions ont été complètement remises en question avec l'explosion de la consommation aux États-Unis depuis les années 1980 (de 3 à 7 millions de consommateurs réguliers et plus de 22 millions de personnes ont pris de la cocaïne au moins une fois dans leur vie). En France et en Europe, la consommation s'est fortement développée et "démocratisée" ces dernières années. La cocaïne est devenue le premier produit illicite consommé après le cannabis. Six pour cent des personnes entre 18 et 25 ans et 2,2 o/o des personnes entre 45 et 64 ans ont au moins expérimenté le produit. Un million et demi de personnes seraient ainsi concernées. La cocaïne est inhalée sous forme de poudre mélangée à d 'autres produits (ligne de coke), ou bien fumée ou parfois injectée sous forme de coke basée. Dans ce dernier cas, elle est fumée ou parfois injectée.

La nocivité La dépendance à la cocaïne est très marquée, surtout avec le crack, et une tolérance s'installe rapidement ; il devient alors nécessaire d 'augmenter les doses pour ressentir un effet. Le produit provoque des atteintes cardiaques, neurologiques, des convulsions épileptiques, des problèmes pulmonaires, hépatiques et rénaux. En cas d'inhalation fréquente, des lésions des muqueuses nasales peuvent apparaître. Des complications aiguës, notamment cardiaques ou neurologiques, peuvent provoquer le décès . Du point de vue psychique, les sensations agréables de stimulation et d 'euphorie, de vigilance, s'accompagnent assez rapidement d 'insomnie, puis d 'anxiété quand les prises se poursuivent. En cas de consommation plus forte , peuvent apparaître :une agitation souvent importante, des hallucinations, un trouble dépressif alternant avec des périodes euphoriques, des crises de panique et un sentiment de persécution entraînant, parfois, un passage à l'acte agressif.

Qui consomme de la cocaïne? De manière stéréotypée, on distingue deux groupes de consommateurs: 285

Faire face aux dépendances

les cadres supérieurs, les étudiants, etc ., qui inhalent la cocaïne sous forme de poudre ; les personnes "défavorisées ", fumant ou s'injectant plutôt de la coke basée, souvent en association avec d 'autres produits.

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Patrick, le "prof speed »

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David, trop gros pour être bien

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David aime beaucoup manger. Très convivial, il fait souvent la fête avec ses amis ou en famille. Ses 95 kg commencent cependant à peser dans sa vie ... Il a déjà essayé plusieurs régimes, et même un séjour dans un établissement où, en trois semaines, il avait perdu 7 kg, repris en deux mois. L'analyse fonctionn e lle de son alimentation a mis en évidence : - des "erreurs diététiques" importantes : beaucoup de graisses sous forme de charcuterie et de sucres, des alcools sous forme de vins et de bières; - le rôle important de la convivialité : "Chez nous, on mange!" ; - peu d 'activité physique; - le cercle vicieux .. amaigrissement rapide/ reprise de poids . appelé phénomène .. yo-yo ... En tenant compte de ces informations, surtout mises en évidence par une auto-observation de 15 jours avec la méthode des cercles vicieux,

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Faire face aux dépendances

David et son médecin ont mis en place des modifications comportementales. Le grignotage étant peu important, les efforts ont porté sur les repas : - avant chaque repas, y compris le petit déjeuner, David a bu 3 verres d 'ea u; durant chaque repas, il a bu le plus possible d 'eau ; - la règle du .. fromage ou dessert · mais pas les deux, qui lui paraissait possible à mettre en place ; - favorise r l'activité physique : marche r au lieu de prendre sa voiture, monter les escaliers plutô t que les escaliers mécaniques et les ascenseurs; - vérifier son poids chaque semaine, sur la même balance et au même e ndroit (salle de bains). Cette conduite à tenir, .. taillée sur mesure .. pour David, a entraîné une perte de poids de 500 g par semaine, assez régulièrement. En une année, il a perdu 18 kg, qu 'il n 'a jamais repris!

Tableau 53. Avantages et inconvénients de «trop » manger Avantages -Agréable. Favorise la convivialité. -Image de bon vivant et souvent, paradoxalement, de "bonne santé"· -Calme bien la faim et le manque. -Effet antistress, anxiolytique et antidépresseur: manger fait du bien.

Inconvénients -Prise de poids. -Risque de maladies cardio-vascu laires et risques métaboliques. -Esthétique d iscutable, .. mal dans sa peau •. -Manque de capacité physique.

Beaucoup d 'ava ntages et beaucoup d 'inconvén ie nts. Établir un équilibre entre les . entrées· et" les sorties · règle totalement le problème.

Quelques remarques sur la conduite à tenir spécifique à l'hyperphagie: • Il s'agit d 'un problème difficile à régler. Les personnes concernées ont eu généralement plusieurs échecs de régimes amaigrissants . • Il existe fréquemment une mauvaise estimation des quantités d'aliments consommées, dans le sens de la minimisation, ce qui indique une période d'observation. • L'amaigrissement doit être progressif, régulier et continu. Toute perte de poids trop importante et trop rapide est considérée par le cerveau comme une période de famine. Cela entraîne une réaction de .. mise en réserve , graisseuse par l'organisme quand on se réalimente : le corps augmente les réserves et la prise de poids est régulièrement plus importante que la perte.

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7. Les différentes dépendances

La boulimie Une crise de boulimie correspond à l'ingestion incontrôlable d 'une grande quantité de nourriture en un temps "record "· Le docteur Alain Perroud donne une bonne description de la crise :

·L'empressement avec lequel ces aliments sont absorbés est une des caractéristiques les plus saillantes. Ces quantités énormes sont englouties en très peu de temps et sans être mastiquées correctement. Pour aller plus vite, le sujet mange sans assiette ni couvert, avec ses doigts, souvent debout ou sur un coin de table. Il existe une sorte d 'urgence à se nourrir qui oblige à ta précipitation .17 " Après la crise viennent la culpabilisation et le regret, souvent la décision, inefficace, de ne pas recommencer la fois suivante.

Les crises de boulimie s'accompagnent fréquemment de "méthodes pour annuler la prise de poids "· Ce sont surtout les vomissements ou une activité physique intense. Les vomissements fréquents sont extrêmement dangereux : ils entraînent une hypokaliémie, et si le potassium chute trop, c'est le décès. Une boulimie s'apparente à une dépendance aux crises. Chaque crise correspond à un besoin impé rieux de .. se gaver ", suivi d'un soulagement. Le nombre de crises augmente la plupart du temps et se termine par des vomissements, car "grossir est intolérable"· Il se constitue un cercle vicieux aggravant progressivement le problème au cours du temps . Tableau 54 BESOIN INCOERCIBLE DEMANGER

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SOULAGEMENT IMMÉDIAT DU BESOIN

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+ SOULAGEMENT

CRISE BOULIMIQUE

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VOMISSEMENT OU ACTIVITÉ ~ PHYSIQUE

FRUSTRATION DE GROSSIR

17. A. PERROUD. Voir références.

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Faire face aux dépendances

Les méthodes applicables aux problèmes de dépendance donnent habituellement un aussi bon résultat qu e pour les autres addictions, dans la mesure où elles sont appliquées correctement : développement de la motivation, analyse fonctionnelle afin de bien adapter la conduite à tenir au cas par cas, maintie n des méthodes plusieurs mois afin de prévenir les rechutes.

les crises de boulimie de Chantal Cha ntal est infirmiè re e t elle ado re son métie r. Elle souffre de boulimie de puis 3 ans e nviro n. Le problème a comme ncé progressiveme nt. Un peu .. forte .. , e lle avait fait plusie urs régimes jusqu 'à ce qu 'elle découvre que vomir était bien pratiqu e po ur ne pas grossir. Le nombre de crises a augme nté considé rable me nt de puis la pre miè re fo is, chez elle, un soir. Actuelleme nt, Chantal fait des crises, mê me e n journée, sans po uvoir s'e n empêcher. Elle se cache, mais ses collègues comme ncent à la trouve r "biza rre"· Elle n'a pas de vie de coupl e , car "pe rsonne ne me suppo rte rait ", et elle-mê me n 'accepte rait pas que quelqu 'un la vo ie .. se baffre r comme un cochon ". Sa pe rte de contrôle sur son alime ntation é ta nt devenue plus importante, Chantal a e u du mal à se re te nir, mê me devant les a utres; elle a alors décidé de consulter.

Tableau 55. Avantages et inconvénients des boulimies avec vomissement ou hyperactivité Avantages

- Calme efficacement les tensions. - Les vomissements ou l'hyperactivité limitent le risque de prise de poids. - Effet antistress, anxiolytique et antidépresseur : manger fa it du bien.

Inconvénients

- Risque médica l : décès par hypoka liémie, œsophagites, gastrites fréquentes. - Coüte cher en aliments. Le budget consacré aux boulimies peut être très important. -Mauva ise image de soi, mauvaise estime de soi. -Difficile de vivre en couple ou avec d'autres : masq uer les crises devient impossible.

Le seul avantage vraiment important est de calmer l'effet de manque, le besoin impérieux de manger

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7. Les différentes dépendances

Quelques remarques sur la conduite à tenir spécifique à la boulimie: • Il s'agit d 'une toxicomanie majeure dans laquelle le risque vital ne doit pas être sous-estimé. • La prise de conscience et la motivation des personnes sont souvent importantes : le problème se situe plus au niveau du sevrage et des conditions optimales de celui-ci. • La prévention des rechutes est à programmer soigneusement.

L'anorexie mentale Il peut paraître curieux de citer l'anorexie mentale dans un livre consacré aux dépendances . Il existe cependant, dans le processus de cette maladie, des similitudes troublantes avec celui des addictions : besoin impérieux de maigrir; impossibilité de tenir compte des effets désastreux de la perte de poids sur la santé ; - plaisir immense à maigrir ; - frustration intense en cas de gain de poids; tendance à maigrir de plus en plus, malgré les complications : "]e ne suis jamais assez mince! "; .. consommer du jeûne " entraîne une forte libération d 'endorphine afin de soulager la souffrance .

>> Comment se constitue l'addiction? L'anorexie mentale débute généralement chez la jeune fille , et fait suite à un régime amaigrissant, souvent motivé par un surpoids réel. Elle s'accompagne alors d'un bien-être, d 'une "lune de miel avec soi-même ", entretenue par l'aiguille de la balance indiquant des poids de plus en plus faibles. Les parents ne se méfient pas trop d 'abord, puis deviennent ensuite très inquiets. Les conflits familiaux commencent alors, car la jeune fille est d 'accord pour tout : travailler à l'école et à la maison, être "raisonnable ", raisonner les autres de manière souvent adaptée, sauf pour manger. Dès que quelqu'un d 'autre essaie de lui imposer plus d 'aliments caloriques, toutes les raisons sont bonnes pour

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Faire face aux dépendances

refuser, et si celles-ci ne sont pas suffisantes, la dispute reste la dernière arme: "Plutôt mourir que grossir! .. , disait une jeune fille de 16 ans à ses parents, ce qui augmentait bien sûr leur inquiétude et leur culpabilité. Actuellement le nombre de troubles alimentaires, que ce soit la boulimie ou l'anorexie mentale, augmente considérablement. Les méthodes comportementales et cognitives ont amélioré le pronostic, mais même s'il n 'est jamais trop tard, il vaut mieux traiter les problèmes le plus tôt possible, le pronostic vital étant en jeu. Une aide médicale est indispensable. 1"+~ ~

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Patricia, son poids et les autres Patricia se trouvait trop grosse. À 15 ans, elle avait décidé, sur les conseils de son médecin et de ses parents, de commencer un régime qui a très bien marché dans un premier temps. Son poids a cependant continué à chuter, une aménorrhée est survenue, car Patricia ne s'alimentait pratiquement plus. Avant son amaigrissement, Patricia était plutôt calme, et "pas trop portée sur le ménage .. et l'aide à donner à sa mère en général. Ses résultats scolaires étaient moyens et elle "haïssait le sport ... Mais, depuis, tout a changé, elle est devenu très active, prépare les repas, travaille à l'école, s'est pris de passion pour le sport, particulièrement la course à pied et le vélo ... De plus, Patricia se compare toujours aux autres jeunes filles qu 'elle trouve toujours plus minces qu 'elle ... Elle ne supporte pas l'idée qu 'une personne soit plus mince, et fait de vraies crises de jalousie quand une de ses amies se met au régime ... Elle pesait 34 kilos le jour de la consultation , alors qu'elle mesure 1,63 rn!

7. Les diffé rentes dé pendances

Tableau 56. Avantages et inconvénients de l'anorexie mentale Avantages -Plaisir très inte nse de maigrir. - Se sentir très bie n dans sa peau alo rs q ue l'amaigrisseme nt est souve nt re marqué par les autres comme ano rma l. - Plus les autres re marque nt l'amaigrissement, plus o n se sent bie n. - Effet dynamisant : euphorie , te ndance à être hyperactive, pas de fatigue, au mo ins au début, ma is après, souvent sur de lo ngues périodes. -Se sentir · plus libre . et légère.

Inconvénients - Arrêt de la croissance et ré percussio ns cérébrales impo rta ntes, liés à la sousalime ntatio n durant la période de cro issa nce. - Décalcificatio n osseuse définitive e ntraînant une ostéopo rose précoce irréductible. - Risque de mo rt (dans l'évolutio n au lo ng cours, 18 o/o des patie ntes sans soins app ropriés mo urraient). - Désocialisatio n importa nte au fur et à mesure de l'évolutio n. -Vie sentimentale et de couple souvent difficile, voire impossible . Difficultés pour avoir des e nfa nts -À terme, risque dé pressif et anxie ux extrê mement impo rtant. - Mode de vie "chroniq ueme nt " centré sur l'alimentation , avec une perturbation importante de la qualité de vie maté rielle et relatio nnelle .

Les ava ntages sont immédiats. Les inconvénie nts à moyen et lo ng te rmes sont maje urs, nécessitant une interventio n médicalisée spécialisée la plus précoce possible.

Quelques remarques sur la conduite à tenir spécifique à l'anorexie mentale : • L'anorexie me ntale est une urgence médicale relative, puisque le pronostic est meille ur si le traitement est précoce . • Une prise en charge spécialisée est indispensable . Les psychothérapies comporteme ntales et cognitives, les psychothé rapies familiales sont les plus adaptées. • La crainte essentielle d 'une je une fill e souffrant d'anorexie est de prendre du poids. La préoccupation essentielle de l'e nto urage sera qu 'elle prenne du poids. • La gestion des émotions est indispe nsable. • Les méthodes de préve ntion des rechutes sont absolument inconto urnables.

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Faire face aux dépendances

L'achat compulsif C'est le besoin incoercible d 'achete r des objets le plus souvent inutiles . La personne ressent alors une forte tension, calmée par l'achat, avant de reprendre ensuite jusqu 'à une nouvelle emplette et ainsi de suite. Tout le monde peut connaître des pé riodes de ce type, mais parfois le problème devient si impo rtant que la définiti on de "toxicomanie acheteuse , est appropriée : plaisir intense d 'acheter ; l'achat réduit fortement la tension ; effet de manque au sevrage; tendance à augmenter les achats (phénomène de to lérance) . Les achats compulsifs pe uvent mettre en danger l'équilibre budgétaire mais égale me nt la relation avec ses proches et la crédibilité par rapport aux autres. Les souffrances devie nne nt alors très importantes. L'analyse fonctionnelle met souvent en évidence une recrudescence du trouble après une contrariété, un stress o u, inversement, avec le "besoin de se récompenser ". c:.o -.:-.:w

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René achète tout et n'importe quoi René présente des pé riodes de plus en plus fréquentes de .. boulimie achete use". Il ressent alors le besoin d 'acheter et se rend en ville dans un "état second ", carte de crédit en main. Il e ntre dans un magasin et acquie rt souvent du matériel électronique, assez che r. Une fo is sorti du magasin, il se sent soul agé ... Ma is pour pe u de temps : . Je n'ava is pas besoin d 'un caméscope supplémentaire .. . , Très culpabilisé, il rentre chez lui et met son caméscope flambant neuf dans le placa rd à côté des trois autres ... René gagne bien sa vie, mais de robots ménagers en appare ils photographiques, en passant par des quantités impressionnantes de livres et de disques, il a commencé à avoir des problèmes d'argent, des découverts bancaires, une mésentente avec son é pouse ... Très déprimé au moment de la consultation, il disa it : . Je sa is bien que c'est idiot, mais c'est plus fort que mo i... Il fa ut que j'achète , ça me ca lme .. . ,

7. Les différentes dépendances

Tableau 57. Avantages et inconvénients de l'achat compulsif Avantages - Calme de manière très efficace les tensions reliées à la «fièvre achete use •.

Inconvénients - Coûte cher et peut mettre en péril même un budget confortable. -Problè mes relationnels et fami liaux qui peuvent devenir importants. Perte de crédibilité à long terme.

Le seul avantage se situe au mome nt de l'achat : soulagement d'une tension importante et plaisir. À moyen et long termes, il n'y a pratiquement que des inconvénients.

Quelques remarques sur la conduite à tenir spécifique à l'achat compulsif: • Les problèmes d'argent étant très importants, il peut être utile, avec l'accord de la personne concernée, de mettre en place des moyens pour "bloquer les comptes bancaires "· Sans argent, il n'y plus d'achat. • Les répercussions familiales, ou auprès des proches, peuvent être importantes. La participation de l'entourage pour régler le problème peut être utile. • La gestion des émotions est indispensable. • Les méthodes de prévention des rechutes sont absolument incontournables.

Le vol compulsif Voler peut être une addiction, appelée compulsion. Dans ce cas, le sujet ne peut s'empêcher de dérober des objets, le plus souvent inutiles pour lui, chez les commerçants ou chez les autres. Il existe généralement une tension avant le vol, un plaisir pendant, accompagné de soulagement, et souvent une culpabilisation ou une honte après. Parfois, le comportement se développe de manière envahissante et prend la forme d'une véritable toxicomanie, que même le fait d'être "pris" ne diminue pas.

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Faire face aux dépendances

François vole tout et n'importe quoi François est kle pto m ane. Il vole presqu e p arto ut e t presque n 'impo rte quo i : d ans les gra nds et p etits magasins, chez ses amis. Son habileté à subtiliser petits et grands o bje ts est particuliè re m e nt d éve lo ppée. Avant le vol, il ressent une te nsio n impo rtante, accompagnée du d ésir intense d e d érober. Il est incapable d e lutte r contre sa te nda nce. Pe nda nt le vol, il é p rouve un plaisir très impo rtant. Il se culpa bilise souvent ensuite, et parfo is re nd les o bjets d e ma niè re d é to urnée. Malgré son .. savo ir-fa ire", il s'est fa it pre ndre d e ux fo is d ans une grande surface, qui a porté pla inte contre lui. Il lui est cepe ndant impossible d 'arrête r sa toxicom anie.

Tableau 58. Avantages e t inconvénien ts du vol compulsif Avantages

- Calme de manière très efficace les tensions précédant le vol. -Plaisir intense durant le vol.

In convénie n ts

-Être en porte à fa ux avec les personnes volées. Souvent, culpabilisation et sentiment de honte. - Problèmes relationnels et familiaux qui peuvent devenir importants, et perte de crédibilité si le comportement est découvert. - Conduite présentant des risques : comportements défensifs des volés pénibles pour le kleptomane (plainte, agressivité, etc.).

Le seul ava ntage se situe au moment du vol : soulagement d 'une tension importante et plaisir. À moyen et long termes, il n'y a pratiquement que des inconvénients.

Quelques remarques sur la conduite à tenir spécifique au vol compulsif: • Les problèmes de justice sont à prendre en compte dans le traitement. • L'aide des proches peut être particulièrement efficace . Les faire participer au règlement du problème dédramatise les faits et améliore la crédibilité de la pe rsonne kle ptomane. • La gestion des émotions est indispensable. • Les méthodes de prévention des rechutes sont absolument incontournables.

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7. Les différentes dépendances

Le jeu pathologique La dépendance au jeu, ou gambling, fait l'objet d 'une rubrique spécifique du DSM 518 . Jouer est un phénomène courant pour la plupart d 'entre nous. Le jeu organisé est une source de revenu importante pour l'État, qui en a généralement le monopole. En France, en 1995, 110 milliards de francs , soit 16 milliards d 'euros, ont été dépensés par nos concitoyens entre le Pari mutuel urbain, la Française des jeux et les casinos. Depuis, les chiffres n'ont pas cessé d 'augmenter. Le chiffre d'affaires total atteint en 2013 44 milliards d 'euros. Les jeux traditionnels- PMU, machines à sous et jeux de casinos - maintiennent leurs "résultats .. , mais la diffusion des jeux en ligne, disponibles 24 heures sur 24 par Internet, ainsi que l'augmentation des points de vente et l'apparition de jeux beaucoup plus attractifs a aggravé le problème.

Comment se constitue l'addiction? Quand le jeu prend une ampleur trop importante, il devient une dépendance. Il s'agit d 'un trouble fréquent qui touche de 0,5 à 3 % de la population adulte et qui est source d 'une grande détresse. Dans ce cas, le sujet ressent un besoin impérieux de jouer de grosses sommes d'argent. Avant, il éprouve une tension importante, un état de manque; pendant, le plaisir est généralement intense. Ensuite viennent les regrets d'avoir perdu, ce qui n'empêche pas de recommencer. Quand une personne est "prise .. dans cette dépendance, elle en arrive à mettre en danger son budget, mais également sa vie affective et relationnelle. Le "court terme .. devient la règle : trouver de l'argent pour jouer devient le comportement prédominant. Cela peut aller jusqu'à l'escroquerie et le vol. Une dépression y est souvent associée, constituant, avec les " ultimatums familiaux .. , le motif principal de consultation médicale. Les études sur le réflexe conditionné ont montré que les conditionnements les plus "résistants .. sont ceux dans lesquels une récompense 18. DSM 5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), manuel diagnostique des tro ubles me ntaux publié par I'American Psychiatrie Associa tion e n 2013.

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Faire face aux dépendances

survient de manière aléatoire : un gain va arriver mais on ne sait pas quand! Le jeu de hasard fonctionne ainsi, particulièrement les machines à sous. Presque tous les joueurs développent des" théories .. pour gagner, parfois construites de manière mathématique, souvent superstitieuses. Ces théories donnent un sentiment de "contrôle .. sur les cartes, les dés, les chevaux, les machines à sous, etc. Cela alimente la "certitude .. de gagner au prochain coup, et donc favorise le besoin de jouer encore une fois, et ainsi de suite.

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Laure et les machines à sous Laure a découvert assez tardivement, à 50 ans, les machines à sous. Elle passait des après-midi et soirées entières à mettre une pièce après l'autre dans le "bandit manchot .. et à appuyer sur les boutons, attendant que les petites figures coïncident pour gagner. Les sommes dépensées sont devenues de plus en plus importantes, et son mari, extrêmement inquiet et furieux, lui a imposé de voir un psychiatre.

La faillite de Bertrand Bertrand joue au casino. Il avait pris la succession de son père dans une entreprise florissante qu'il a totalement perdue au jeu, cette dernière ne suffisant pas pour éponger ses dettes. Les conséquences financières sont dramatiques, mais également au point de vue familial : conflit conjugal extrême, impossibilité de fmancer les études des enfants, rejet par tous ses proches ... Bertrand souffrait d'une dépression majeure quand il a consulté. Cette dépression ne l'empêchait pas de continuer à jouer même l'argent qu'il n'avait plus ...

Tableau 59. Avantages et inconvénients du jeu pathologique Avantages

- Plaisir intense. - Calme les tensions et le besoin de jouer.

Inconvénients

-Coûte cher, mise en danger du budget très fréquente. -Problèmes relationnels et familiaux qui peuvent devenir importants, et perte de crédibilité. -Conduite présentant des risques : les dettes, l'escroquerie sont souvent au rendez-vous.

Le seul avantage se situe au moment du jeu : soulagement d'une tension importante et plaisir. À moyen et long termes, il n'y a pratiquement que des inconvénients.

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7. Les différentes dépendances

Quelques remarques sur la conduite à tenir, spécifique au jeu pathologique : • Les proches supportent particulièrement malle problème . Pour eux, le plus souvent, il s'agit d'un défaut et la" mauvaise foi" est au premier plan. L'information et l'aide aux proches sont donc essentielles. • La prise en compte des problèmes juridiques, souvent liés aux comportements du joueur (escroquerie, vol, etc.), est utile. • L'intervention sur les comptes en banque, avec l'accord de la personne concernée, est utile.

Le sport pathologique Le sport, c'est bon pour la santé! Mais trop , c'est trop ... L'activité physique, surtout quand il s'agit de sport de résistance (course à pied, vélo, etc.), peut devenir une véritable addiction : nécessité d'avoir sa "dose" quotidienne, tendance à augmenter le comportement, plaisir intense pendant et soulagement du malaise précédent ( .. Si je n 'ai pas couru 2 heures chaque jour, je suis mal!", disait un sportif que ses problèmes de tendinite n'arrêtaient pas). L'activité physique soutenue entraîne la sécrétion d 'endorphine*; cette molécule "opioïde" jouerait un rôle important dans la mise en place de l'addiction. N N

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Le sergent sportif Marc est militaire de carrière. Pour lui, le sport est une "religion ". Surentraîné dans de nombreuses disciplines, il est particulièrement attiré par la course de fond et il est capable de courir pendant des heures. En fait, il ne peut plus se passer de courir : chaque jour plus de quatre heures, en plus de ses journées déjà bien remplies ... Le médecin militaire lui a demandé de "réduire" à cause de problèmes inflammatoires importants au niveau des articulations et des tendons. De plus, Marc présente depuis quelques mois un asthme, survenant par crises inquiétantes. Devant l'incapacité totale de Marc à réduire son activité sportive malgré tous ces problèmes, le médecin militaire a diagnostiqué une addiction au sport et lui a demandé de consulter un psychiatre.

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Faire face aux dépendances

Tableau 60. Avantages et inconvénients du sport pathologique Avantages

Inconvénients

-Plaisir intense et continu lié à l'activité physique. -Calme le manque. -Bonne image de soi, liée au sport.

- Problèmes de santé liés à la suractivité : tendinites, problèmes respiratoires, problèmes articulaires, lombalgies, etc. -Prend beaucoup de temps. -Certaines ré pe rcussions sur la vie relationnelle : beaucoup de temps pour le sport, c'est moins de temps pour autre chose.

Les avantages sont à court terme : plaisir et bonne forme physique . Le sport donne de plus une bonne image de soi (à soi-même et aux autres). À long terme, les problèmes physiques sont au premier plan.

Quelques remarques sur la conduite à tenir spécifique à la dépendance au sport : • La précontemplation est souvent au premier plan, l'activité sportive étant plutôt appréciée comme une qualité à cultiver. • Le risque est de minorer les conséquences sur la santé, qui peuvent être graves : les tendons ne se renouvellent pas! • L'arrêt des activités sportives entraîne très souvent un syndrome douloureux (moins d'endorphines) et une prise de poids très mal supportée, les dépenses énergétiques étant moindres. • La gestion des émotions est indispensable. • Les méthodes de prévention des rechutes sont absolument incontournables.

Le travail pathologique La notion d'addiction au travail nous vient du bout du monde : du Japon et des États-Unis. Les Américains, avec un certain humour, ont nommé cette dépendance workholism, à partir du mot work signifiant "travail" et la dernière partie du mot alcoholic, "alcoolique " en français. Quand le problème est bien installé, le sujet ne peut plus se passer de travailler, et ne tient compte ni de la fatigue , ni des conséquences médicales (souvent cardia-vasculaires), relationnelles et psychologiques (les

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7. Les différentes dépendances

dépressions ne sont pas rares). Les vacances sont souvent très réduites ou bien envahies par le travail. La prévalence du problème serait importante dans nos sociétés industrialisées, et, au Japon , on estime que 40 000 personnes me urent chaque année de maladies liées au workholism 1 Cinq pour cent de la population active seraient touchés . La dépendance se manifeste avec les caractères habituels : soulagement des tensions et plaisir liés au travail, te ndance à a ugmenter considérablement le temps de travail et, enfin, état de manque si l'activité n'est pas possible .

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