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French Pages [152]
L'Épître des apôtres et Le Testament de notre Seigneur et notre Sauveur Jésus-Christ
APOCRYPHES COLLECTION DE POCHE DE L'AELAC
Direction ALAIN DESREUMAUX ENRICO NORELLI
Volume 5
© 1994 Brepols Imprimé en Belgique Dlr994/oo9sl 53 ISBN 2-503-50400-o Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction (intégrale ou partielle) par tous procédés réservés pour tous pays
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L'Epître des apôtres accompagnée du
Testament de notre Seigneur et notre Sauveur Jésus-Christ Présentation et traduction de l'éthiopien par Jacques-Noël Pérès
BREPOLS
APOCRYPHES COLLECTION DE POCHE DE L'AELAC
Volumes parus 1. L'évangile de Barthélemy, par Jean-Daniel KAESTLI, avec la collaboration de Pierre CHERIX, 1993, 281 p. 2. Ascension d'Isaïe, par Enrico NORELLI, 1993, 186 p. 3. Histoire du roi Abgar et de Jésus, par Alain DESREUMAUX, 1993, 184 p. 4. Les Odes de Salomon, par Marie-Joseph PIERRE, avec la collaboration de Jean-Marie MAIUIN, 1994, 225 p. 5. L'Épître des apôtres, par Jacques-Noël PÉRÈS, 1994, 149 p.
En préparation Les Actes d'André, par Jean-Marc PRIEUR Salomon et Saturne, par Robert FAERBER Les Actes de Philippe, par François BovoN, Bertrand BOUVIER et Frédéric AMSLER Les Dormitions de Marie, par Simon MIMOUN! & Sever Vorcu Les Actes de Pilate, par Rémi GOUNELLE
Maquette de couverture : Vincent GOURAUD Composition et montage : Alain HURTIG
LA COLLECTION DE POCHE APOCRYPHES
Un fragment de papyrus trouvé dans la tombe d'un· moine copte d'Égypte, un fabliau narrant l'histoire de la crèche, une fresque rmnane sur un rnur poitevin, un roman latin à épisodes détaillant les aventures des apôtres ... tous ces documents témoignent à leur manière de l'existence et de la diffusion d'œuvres appelées apocryphes. Tour à tour recherchés et rejetés, exploités et vilipendés, traduits et oubliés, les apocryphes ne gardentils pas un mystérieux pouvoir d'évocation? N'imaginet-on pas, à entendre leur nom, qu'une révélation insoupçonnée, jadis tenue secrète, est enfin am.enée à la lumière? À qui se plonge dans la littérature apocryphe, avec l'ardeur parfois frénétique de savoir désormais ce qu'il cherchait depuis longtemps, ces œuvres pourraient réserver une cruelle déception. Certains apocryphes prétendent bien en effet en apprendre au lecteur sur Jésus; l'un rapporte un enseignement ésotérique qu'il aurait confié à un disciple particulier, tel Thomas ; un autre, les Actes de Pilate, transcrit fidèlement le récit que deux ressuscités auraient fait de sa 'visite aux enfers. D'autres en revanche ont des prétentions beaucoup moins hautaines : la Lettre tombée du ciel a-t-elle d'autres buts que de justifier que l'on paye la dîme et que l'on observe le dimanche? Quant aux récits qui montrent
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un apôtre détournant la femme d'un haut fonctionnaire romain de ses devoirs conjugaux, comme par exemple les Actes de Philippe, ne sont-ils pas avant tout le reflet de choix pratiques de morale sexuelle et un appel à faire acte de chasteté dans le mariage? Pour qui est assoiffé d'éternité, voici des documents de piètre importance! Et pourtant, s'il apprend à ne pas attendre des apocryphes qu'ils lui livrent des secrets ou des révélations cachées sur Jésus et ses disciples, il retirera de sa lecture le plus grand profit. L'intérêt de ces textes est en effet ailleurs : ils transmettent les représentations que les chrétiens de divers lieux et de divers temps se sont faites de la figure de Jésus, du rôle des apôtres, de l'origine de leurs Églises locales ... Ils témoignent également des questions qui les ont agités, et des réponses qu'ils leur ont données : quelle est la nature du Christ, demande l'Ascension d'Isaïe, tandis que les Actes de Pilate s'interrogent sur les liens du christianisme avec le judaïsme et la culture romaine. Certains apocryphes sont très anciens et reflètent des traditions contemporaines d'une partie de ce qui est devenu le Nouveau Testament ... Ils constituent pour les historiens comme pour les biblistes une voie d'accès privilégiée, encore peu exploitée, à des traditions chrétiennes des origines. Pas plus que les évangiles canonisés, ils ne nous donnent accès à la vérité historique sur Jésus et sur ses apôtres. Ils nous transmettent bien plutôt des éclairages sur la vie et sur les croyances des premières communautés de chrétiens. L'imaginaire est en effet ici véhicule de création et de réflexion. Ainsi lorsque l'Évangile de l'enfance selon
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Thomas narre au milieu du deuxième siècle tous les méfaits que Jésus a pu faire étant petit, il ne cherche pas à écrire une biographie de Jésus enfant, encore moins à faire preuve d'imagination débridée - voire sacrilège - mais il s'interroge sur les modalités de l'Incarnation et se demande comment se manifestait dans l'enfant Jésus la plénitude de la grâce divine; c'est enfin et surtout qu'il essaye d'expliquer ce que l' Évangile de Luc voulait dire en affirmant que « l'enfant croissait et se fortifiait en esprit». Reflets de questions exégétiques, dogmatiques et morales de la plus haute importance, les apocryphes que la présente collection offre au public dévoileront leurs richesses à qui n'y cherche pas ce qu'ils ne peuvent lui offrir, mais à qui a écouté P. Valéry lorsqu'il écrivit que «toutes les histoires s'approfondissent en fables ... » Loin d'offrir une image unifiée de la religion chrétienne, les apocryphes nous introduisent à sa diversité doctrinale, mais aussi mythologique et linguistique. Le christianisme, dès ses origines, se présente en effet sous la forme d'un ensemble de communautés étonnamment diverses. De nombreux apocryphes en témoignent, qui nous sont parvenus en de multiples versions. Ainsi la Doctrine d'Addaï nous a-t-elle été transmise en grec, en syriaque, en copte, en éthiopien, en arabe, en arménien, en géorgien et en slavon. Chacune de ces versions porte la marque du milieu qui a produit cet apocryphe, qui l'a conservé, ou transmis. Chacune d'elle témoigne à sa manière du foisonnement doctrinal des premiers siècles du christianisme.
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Voilà pourquoi, à l'heure où, le christianisme devenant religion de l'Empire, les autorités tentaient d'en donner une image unifiée, certains Pères ont vilipendé les apocryphes comme porteurs d'hérésies. En un moment où la recherche redécouvre l'extraordinaire foisonnement des premiers siècles du christianisme, il était urgent de mettre à la portée du public des textes qui en portent si clairement la trace et qui, parfois en quelques lignes, nous éclairent un pan de l'histoire encore méconnu. Au sein de cette diversité, le choix de l'Église ancienne fut difficile. L'Apocalypse dite de Jean a bien failli ne pas être retenue dans le canon. Quant au Pasteur d'Hermas, il a, lui, manqué de peu d'y entrer. Il n'y a aucune différence intrinsèque entre canoniques et apocryphes. Le Nouveau Testament résulte du choix que les autorités ecclésiastiques ont dû opérer parmi des dizaines de textes pour fixer un corpus de référence de la foi chrétienne. D'autres œuvres, non retenues, continuèrent longtemps à alimenter la piété chrétienne, au point qu'elles sont à la source de nombreuses traditions encore vivaces. Qui donc sait que les lectures monastiques pour les fêtes des apôtres puisent dans le Martyrologe des récits édifiants tirés des Actes apocryphes des apôtres? Qui pense apocryphe lorsqu'on évoque Gaspar, Melchior et Balthasar, ces trois nuges que la tradition évangélique se garde de nommer mais dont les noms sont déjà sur les peintures coptes dans l'oasis égyptienne de Bawit? ... Oublier les apocryphes équivaudrait à vouer les vitraux de nos cathédrales et les fresques de nos églises
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romanes au silence, à rendre à jamais incompréhensible l'Enfer de Dante ou certaines pages de Flaubert. En un moment où l'on découvre avec inquiétude la méconnaissance que nos contemporains ont de l'histoire religieuse, il devenait urgent de traduire et de diffuser ces textes qui sont partie intégrante de notre mémoire. Les textes originaux sont publiés ou en voie de publication dans la Série des Apocryphes du Corpus Christianorum. On en trouvera ici une traduction fidèle mais agréable. Beaucoup seront aussi rassemblées dans deux volumes de la Pléiade par les mêmes chercheurs, membres de l'Association pour l'Étude de la Littérature Apocryphe Chrétienne. Ceux-ci ont voulu les rendre accessibles au plus grand nombre, sous la forme de volumes indépendants, dans la présente collection de poche. Ainsi introduit au texte, aidé par des notes précises mais simples, nul doute que le lecteur de ces œuvres sera amené à en découvrir l'intérêt, au-delà de ses préjugés, et apprendra à goûter le plaisir d'une lecture sereine des apocryphes.
À la mémoire de ma mère.
Avant-propos
Les épîtres apocryphes sont nombreuses. Parmi elles, l'Épître des apôtres occupe, je pense, une place à part. Il est vrai que la fréquentation assidue et obstinée d'un être ou d'un objet, ouvre devant celui qui s'y applique des horizons toujours renouvelés et par conséquent toujours inexplorés, dont la découverte devient une passion qu'il voudrait partager. Peut-être est-ce pour cette raison qu'il lui trouve alors des avantages, qui le conduisent à assigner à cet être ou à cet objet, seraitce un livre, une place privilégiée. J'en suis conscient, et pourtant je maintiens que l'Épître des apôtres est singulière et mérite d'être lue! On verra que cette épître n'en est pas vraiment une. C'est davantage un dialogue, pour sa plus grande partie en tout cas, et chemin faisant les interlocuteurs vont aborder des questions sans cesse posées en vingt siècles de christianisme. Qu'est-ce que l'incarnation? Que penser de la résurrection? Nous hâtons-nous vers la fin et quelle sera-t-elle? Faut-il craindre le jugement? Et encore celle-ci : quelle bonne nouvelle alors annoncer, et comment s'y prendre? Disons-le tout de suite, les réponses à ces questions ne seront pas franchement ésotériques, et celui qui penserait découvrir dans cet apocryphe des vérités cachées et célées prêtes à lui être révélées, risquerait fort d'être déçu! C'est que l'Épître des apôtres m'apparaît être surtout un témoin de la foi et, disons-le, des espérances autant que des appréhensions
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des chrétiens du ne siècle qui l'ont rédigée ou pour lesquels elle l'a été. Au moment où je présente mon travail au public, il me faut dire la dette que j'ai contractée envers mes collègues de l'Association pour l'étude de la littérature apocryphe chrétienne, dont les conseils éclairés toujours m'ont été très utiles. Ma gratitude va en particulier à Jean-Daniel Dubois, le président de l'AELAC et mon prédécesseur dans la chaire que j'occupe aujourd'hui, qui le premier a orienté ma recherche sur l'Épître des apôtres et dont l'amitié m'est précieuse.
Paris, le 12 septembre 1994.
Introduction générale
Les apocryphes en Éthiopie Nul au Moyen Âge ne doutait de l'existence d'une contrée mystérieuse située au-delà des territoires contrôlés par les musulmans, quelque part entre la Chine et l'Afrique! Sur ce pays, pensait-on, régnait le légendaire Prêtre Jean. Ce n'est qu'au XIVe siècle que des missionnaires occidentaux, dominicains et franciscains, pénétrèrent en Éthiopie, alors identifiée avec le royaume du Prêtre Jean. Au milieu du siècle suivant l'évêque de Saintes, Louis de Rochechouart, s'étonnait des particularités de l'Église d'Éthiopie, telles la pratique de la circoncision, la communion célébrée avec du pain fermenté ou encore la manière qu'avaient selon lui les Éthiopiens, non point vraiment de chanter la liturgie, mais plutôt durant leur culte de hurler comme des loups P L'une, et non la moindre, des particularités de l'Église d'Éthiopie, jusqu'aujourd'hui, est l'usage des apocryphes 2 .
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Sur l'Église d'Éthiopie, C. D. G. MüLLER, Geschichte der orientalischen Nationalkirchen, (Die Kirche in ihrer Geschichte D2), Gôttingue, Vandenhoeck und Ruprecht, !981, p. 3443 53, et K. STOFFREGEN-PEDERSEN, Les Éthiopiens, (Fils d'Abraham), Turnhout, Brepols, 1990. 2 Sur ce sujet, cf P. PIOVANELLI, «Les aventures des apocryphes en Éthiopie», Apocrypha 4 (1994) p. 197-224.
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La tradition rapporte que la reine de Saba, en visite à Jérusalem ainsi qu'en témoigne la Bible (1 RIO, I-I3 et 2 Ch 9, 1-12), aimée du roi Salomon, aurait conçu de lui un fils. Celui-ci, nommé MénéliP, serait l'ancêtre de la dynastie dite salomonienne, à laquelle appartenait encore le dernier souverain d'Éthiopie, Haïlé-Sélassié l"' Tafarri Makonnen, renversé en 1974 et exécuté 4 . Ce Ménélik, quoi qu'il en soit, à la suite d'événements multiples, aurait dérobé et emporté en Éthiopie l'arche d'alliance, coffre de bois conservé dans le temple de Jérusalem, d'une importance religieuse extrême car on y avait déposé les deux tables de pierre sur lesquelles Dieu lui-même avait gravé les Dix commandements. C'est ce qui aurait déterminé les Éthiopiens à se convertir au judaïsme, puis, le moment venu, à reconnaître en Jésus de Nazareth le Messie d'Israël".
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En éthiopien Ménilek. Ce nom semble être une corruption de l'arabe ibn malik comme de l'hébreu ben melek, ce qui signifie « fils de roi ». 4 En vérité la dynastie salomonienne a pris le pouvoir en 1270, quand un prince de cette maison, Y ékouno-Amlak (r270-I285) renversa la dynastie des Zagwé issue de la race autochtone des Agao jamais complètement sémitisés. C'est à la dynastie des Zagwé qu'appartenait l'empereur Lalibela (II90-1225), qui fit construire les églises monolithes du lieu qui porte aujourd'hui son nom. 5 Je ne veux pas aborder ici la question de l'origine des Falashas éthiopiens, qui récemment ont pu immigrer en Israël comme d'authentiques juifs. L'existence de leur communauté témoigne en tout cas d'influences sinon juives, du moins judaïsantes en Éthiopie.
INTRODUCTION
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Quoiqu'on sache aujourd'hui que l'eunuque « éthiopien», ministre de la reine Candace, dont on lit le récit du baptême dans le Nouveau Testament au livre des Actes des apôtres (8, 26-39), était en fait un haut dignitaire du royaume nubien de Méroé 6 , il n'empêche que ce récit a été et continue parfois d'être regardé comme un témoin de la conversion précoce de l'Éthiopie au christianisme. Au-delà de ces traditions consignées à partir du XIIIe siècle dans le Kebra Nagast, la «gloire des rois», chronique rédigée pour soutenir les prétentions de la dynastie salomonienne 7 , il apparaît que c'est Ezana, monté sur le trône d'Axoum vers 320-325, l'un des plus illustres parmi les anciens empereurs d'Éthiopie, qui introduisit le christianisme dans ses États. Certaines inscriptions sur des stèles par exemple, ou encore des monnaies où la croix remplace l'étoile et le croissant qu'on y voyait jusque là, tendent à prouver la conversion d'Ezana. Celle-ci est racontée par Rutin dans son Histoire ecclésiastique I, 9 : Mérope, un philosophe syrien, en compagnie de ses deux jeunes disciples chrétiens Frumence et Édèse, fit naufrage sur les côtes éthiopiennes. Seuls de tous les passagers du navire, les
6 Luc, l'auteur des Ac, notnn1e Candace la reine dont l'eunuque était ministre; ce nom est en fait le titre des souveraines de Méroé. 7 « Il advint que le royaume d'Israël [entendons l'empire d'Axoum] fut donné à des gens qui n'étaient pas de la race d'Israël». C'est ainsi que le Kebra Nagast mentionne le règne des souverains de la dynastie des Zagwé.
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deux jeunes gens survécurent et furent conduits comme esclaves à la cour d'Axoum. Ils réussirent à faire partager leur foi au roi, séduit par leur érudition et leur piété. Autorisés à quitter Axoum, Édèse retourna en Syrie, où il rencontra Rufin à qui il rapporta l'histoire, tandis que Frumence allait à Alexandrie. L'évêque d'Alexandrie était alors le grand Athanase. Celui-ci imposa les mains à Frumence pour en faire le premier évêque d'Axoum, avant de le renvoyer en Éthiopie, à une date que l'on estime devoir situer entre 341 et 346 8 . Frumence est connu et vénéré dans les traditions éthiopiennes sous le nom d'Ab ba Salama. Après Abba Salama, l'influence syrienne, en l'occurrence monophysite 9 , aurait selon certains été consolidée au vc siècle par l'œuvre missionnaire des « neuf saints », des ascètes dont le plus célèbre est Za-Mikael Aragawi, mais cette hypothèse a été largement contestée 10 . Quoi 8
De là la tutelle que le Patriarcat d'Alexandrie a exercée jusqu'à une époque toute récente sur l'Église d'Éthiopie. Alexandrie nommait des évêques égyptiens aux sièges épiscopaux éthiopiens, dont bien sûr le métropolite. Le premier patriarche éthiopien autocéphale fut Baselewos (Basile) 1er (I 9
948- I 970).
Les monophysites, condamnés au concile œcuménique de Chalcédoine en 45 r, enseignent que ne subsiste qu'une seule nature (en grec mia physis) dans le Christ incarné, la nature divine qui prend le pas, voire absorbe la nature humaine. Une importante Église monophysite s'est implantée en Syrie. L'Église d'Éthiopie, comme l'Église copte (d'Égypte), a souvent confessé la foi monophysite. Hl P. PIOVANELLI, «Les aventures ... », 1994, note ro, p. 199, résume le débat.
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qu'il en soit, ils remplacèrent par les églises qu'ils bâtirent d'antiques lieux de culte païens et traduisirent en gé'ez, l'ancienne langue éthiopienne, un certain nombre de traités théologiques. Notons également que l'archéologie a mis en évidence les relations entretenues par l'Éthiopie et le Sud de la péninsule arabique 11 . Ainsi A do ulis, port éthiopien sur la mer Rouge, a été un important centre de commerce, nœud entre l'Afrique et l'Orient, et par là avec la Grèce. Un écrit anonyme du rer siècle après Jésus-Christ, le Périple de la mer Érythrée, mentionne un roi d'Axoum nommé Zoscalès, qui aurait connu les lettres grecques, et le voyageur Cosmas Indicopleustès au vre siècle dans sa Topographie chrétienne Il, 54-55, décrivant le trône qu'il a vu à Adoulis, laisse entendre que le royaume axoumite exerçait un contrôle économique et politique sur la mer Rouge et le golfe d'Aden, porte de l'Afrique. L'ancienne Éthiopie chrétienne entretenait de cette manière des relations économiques, mais aussi intellectuelles et spirituelles avec l'Égypte, avec l'Orient et audelà avec le monde méditerranéen hellénisé. C'est ce qui lui a valu de connaître les littératures issues de ces contrées, grecque, copte, syriaque, arabe, de les traduire et de les conserver. Au nombre de celles-ci figurent des écrits apocryphes, qui ont de cette façon été sauvegardés. Ainsi l'Épître des apôtres, vraisemblablement
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On a pu voir là l'origine du système syllabaire de l'écriture éthiopienne.
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originaire d'Asie Mineure, voire de Syrie, mais qui n'a été intégralement conservée qu'en éthiopien.
L'Épître des apôtres Un apocryphe ancien On a donné le nom d'Épître des apôtres, ou en latin Epistula apostolorum, à un texte apocryphe ancien, qui d'emblée paraît être un tissu de paradoxes! Qu'on en juge. On dit que c'est une épître, et pourtant son genre littéraire n'est pas forcément celui d'une épître, comme on le verra plus loin. Il est attribué aux apôtres, mais ceux-ci en sont moins les auteurs que les acteurs. Il n'est conservé en entier qu'en éthiopien, on l'a dit, alors qu'il semble plutôt être originaire d'Asie Mineure et avoir été rédigé en grec. Son influence est loin d'avoir dû être négligeable, puisque un autre texte apocryphe dont on va reparler, le Testament de notre Seigneur et notre Sauveur Jésus- Christ, en cite presque mot à mot un large extrait, et cependant on n'en a repéré aucune citation sous la plume des auteurs anciens 12 . À cause de tout cela, et pour d'autres raisons encore, certainement vaut-il la peine d'étudier d'un peu près l'Épître des apôtres ...
J. Hills, dans son édition à paraître dont j'ai pu prendre connaissance, signale que l'Homélie en 1'honneur du sabbat attribuée au savant empereur Zar'a-Ya'qob (1434-1468) fait référence aux chapitres 13 et 14 de l'Épître des apôtres. 12
INTRODUCTION
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Nous venons de relever que l'Épître des apôtres est un texte ancien. Dès 1919 en effet, Carl Schmidt 13 le datait de la seconde moitié du Ile siècle, disons entre r6o et 170, et cette datation paraît maintenant encore devoir être maintenue, même si on a quelquefois voulu l'avancer d'une vingtaine d'années. L' eschatologie qui y est développée, est l'un des arguments majeurs avancés pour dater notre texte du début de la seconde moitié du ne siècle. Rappelons que les livres les plus récents du Nouveau Testament, la 2e Épître de Pierre et l'Épître de Jude, sont généralement datés des années 120 ou 130, c'est-à-dire seulement quelques décennies auparavant. On a hésité sur le lieu d'origine de l'Épître des apôtres. Certains ont pensé à l'Égypte, tels déjà Louis Guerrier (qui, il est vrai, hésitait entre l'Égypte et la Palestine) 14 et encore récemment Manfred Hornschuh 15 , ou C. Detlef G. Müller qui précise son origine dans les milieux du judéo-christianisme alexandrin 16 • Carl Schmidt pourtant 13 C. SCHMIDT, Gesprache Jesu mit seinen ]üngenz nach der Auferstehung, (TU 43), Leipzig, Hinrichs, 1919, réimpr. Hildesheim, Olms, 1967. 14 L. GUERRIER, Le testament en Galilée de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Patrologia Orientalis IX/3, Paris, 1913, réimpr. Turnhout, Brepols, 1982, p. zr. 15 Cf. M. HORNSCHUH, Studien .zur Epistula Apostolorum, Berlin, De Gruyter, 1965, qui en outre avance la date de sa rédaction à la première moitié du II" siècle, vers rzo. 16 Cf. C. D. G. MüLLER, « Epistula apostolorum », dans W. ScHNEEMELCHER, Ncutestamentliche Apokryphen, 1. Evangelien, 5c édition, Tübingue,]. C. B. Mohr (Paul Siebeck),
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optait pour l'Asie Mineure. Il fondait son opinion sur la référence à Cérinthe, lié à cette contrée, qui apparaît dès le premier chapitre, et aussi sur le rôle éminent que lui semblait jou er l'évangile selon Matthieu, lequel seul rapporte la parabole des vierges folles et des vierges sages qui tient une si grande place dans l'Épître des apôtres. Carl Schmidt relevait encore le fait que Jean, dont la tradition est attachée à Éphèse, est nommé en tête de la liste des apôtres au chapitre 2 et l'usage quartodéciman 17 de la célébration pascale en souvenir de la mort de Jésus, mis en évidence au chapitre 1 5. On doit ajouter au dossier le rôle appréciable dont est investi l'apôtre Paul, lequel est singulièrement lié à l'Asie Mineure. Ces arguments de Carl Schmidt ont été évidemment acceptés par les uns et rejetés par les autres ! Julian Hills, auteur de la plus récente étude d'ensemble consacrée à l'Épître des apôtres, reconnaît prudemment sans se prononcer davantage, que celle-ci a dû être rédigée quelque part en Asie Mineure, en Égypte ou en Syrie ... 1H Une analyse philologique peut toutefois laisser penser que l'Épître des apôtres, dont le texte original
1987, p. 206-207. Il n'exclut toutefois pas une influence venue d'Asie Mineure ou de Syrie à Alexandrie, creuset de toutes les idées. 17 Cf ci-après p. 52. 18 Cf J. HILLS, Tradition and Composition in the Epis tula Apostolorum, (Harvard Dissertations in Religion 24), Minneapolis, Fortress Press, 1990, p. 9. Il résume les arguments de C. Schmidt et leur contestation par M. Hornschuh à la note 19 p. 6.
INTRODUCTION
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est actuellement inconnu, a été rédigée en grec, et ensuite traduite en copte puis en éthiopien, en passant il est possible par l'arabe. Que l'Épître des apôtres ait eu une forme primitive grecque, consoliderait singulièrement la thèse qui recherche son origine en Asie Mineure, mais là encore le doute s'installe à cause des emprunts naturels du copte au grec. L'Église d'Éthiopie, où elle était arrivée à la suite des échanges que ce pays entretenait avec le reste du monde antique, semblait être quoi qu'il en soit la seule à l'avoir préservée, jusqu'à ce que Carl Schmidt fasse part en 1895 devant l'Académie des sciences de Berlin, de sa découverte d'une « épître catholique apostolique ii copte, mutilée, sur un manuscrit du IVe ou du ve siècle conservé au Caire 19 . Il faudra attendre encore quelques années, pour qu'un très court fragment latin soit repéré par Josef Bick sur un palimpseste 20 du vc ou du VIc siècle et publié par lui 21 . En tout état de cause, cette traduction latine autorise à penser que l'apocryphe a pu être connu des chrétientés d'Afrique d'expression latine. La
C. ScHMIDT, «Eine bisher unbekannte altchristliche Schrift in koptischer Sprache i>, Sitzungsberichte der Preussichen Akademie der Wissenschaften, 1895, p. 705-711. 211 On appelle palimpseste, un manuscrit dont la première écriture a été grattée, afin d'en permettre la réutilisation. Grâce aux moyens techniques modernes, il est souvent possible de lire le texte qu'on a voulu faire disparaître. 21 ]. BICK, , d'où «aux catholiques»; c'est la traduction que retiendra H. Duensing. 25 P. VANOVERMEIRE, Livre que jésus-Christ a révélé à ses disciples, thèse de doctorat, Institut catholique de Paris, 1962.
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marge supérieure des folios. Louis Guerrier l'a édité en r 913 dans la Patrologia Orientalis sous le Litre général de Testament en Galilée de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais c'est celui plutôt du texte qui le précède dans les manuscrits éthiopiens. L'Épître des apôtres a été transmise en effet comme une sorte d'annexe au Ma~bafa Kidan, le« Livre de l'Alliance» ou« du Testament», un développement de la Tradition apostolique d'Hippolyte de Rome 26 . Pedro Vanovermeire relève pour sa part, que le substantif éthiopien ma~baf qui apparaît dès la première phrase de l'Épître des apôtres, formé sur le verbe qui veut dire «écrire, consigner», s'il signifie «épître», signifie aussi «livre''; les épîtres du Nouveau Testament sont d'ailleurs appelées plutôt mal' ekt, d'un verbe qui exprime l'idée d'envoi. Aussi suggère-t-il que le titre de l'apocryphe est en fait donné par ce qu'on retient habituellement pour sa phrase initiale, Le livre que Jésus-Christ a révélé à ses disciples, titre dont il propose une rétroversion calquée sur le début de l' apocalypse johannique 27 . Toutefois, plus qu'au genre apocalyptique, quoiqu'elle renferme de nombreux éléments qui se présentent comme des révélations du Seigneur, et en notant qu'elle pourrait presque être regardée comme un évangile, puisqu'elle rapporte pour l'essentiel des propos du Christ qui sont véritablement une «bonne nouvelle ''· l'Épître des apôtres relève du genre du dialogue. Celui-ci est caractérisé par 26
1990, p. 7-8. Sur cette question, cf anssi]. HILLS, Tradition ... , 1990, p. I I-I2 et 28-30. 27
Cf]. Hrns, Tradition ... ,
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l'assemblage de déclarations prophétiques ou préClsement apocalyptiques, sans qu'on y puisse forcément noter des tendances hétérodoxes 28 . En bien des passages, l'Épître des apôtres est d'ailleurs témoin d'une théologie, certes primitive dans sa formulation, comme on le voit entre autres à l' angélologie qu'elle suppose (cf. chapitre 13), mais bel et bien en accord avec celle de la Grande Église. Par exemple tout ce qui touche l'incarnation et les deux natures de Jésus-Christ, divine et hunnine, est orthodoxe, même si l'on peut sourire, ou au moins être étonné, de l'idée que l'on verra développée, du Christ préexistant apparaissant à Marie dans la scène de l'Annonciation sous la forme de l'archange GabrieF 9 . Mais ç'a été là une manière de souligner la parfaite dualité des natures du Sauveur !30 L'Épître des apôtres en outre, a pu être rédigée au moment où un nouvel effort missionnaire s'imposait à l'Église, comme on le voit à l'injonction répétée d'aller et d'enseigner, voire de baptiser, et la présence des éléments catéchétiques dont il a été question plus haut, s'explique alors particulièrement bien. Dans ce contexte, on a voulu insister de façon singulière sur le
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Sur le genre du dialogue, cf. W. SCHNEEMELCHER, Neutestamentliche Apokryphen, 1987, p. r89-19I. 29 Cf. ci-après p. 31-33 et 73-74· 30 P. PIOVANELLI, «Les aventures ... », 1994, p. 203 note 26, se référant aux travaux de K. Wendt, signale que la canonicité du Testament, lié conune on l'a dit à l'Épître, a été à un moment donné contestée... c'est-à-dire qu'à un autre moment elle a été admise !
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rôle directeur des apôtres, souligné tant aux chapitres 41 et 42, que dès l'introduction et ensuite dans les chapitres consacrés à Paul, qui légitiment en quelque sorte son ministère. C'est la foi des apôtres, confessée sous forme quasi liturgique au chapitre 3, qui désormais doit être transmise, sans que puissent être retenues de prétendues révélations, entre autres celles de gnostiques qui ne sauraient se prévaloir d'avoir vu, ni a fortiori touché le Christ, lequel a en outre promis d'être toujours présent auprès des vrais croyants. Quant à ceuxci, s'il leur est nécessaire de croire droitement, il leur faut aussi s'appliquer à une rigoureuse discipline, en particulier en tout ce qui touche la correction fraternelle. À telle enseigne que l'Épître des apôtres brosse à sa manière un tableau de l'Église en Asie mineure (à moins que ce ne soit en Égypte ou en Syrie !) et de la vie comme de la foi des croyants au Ile siècle.
Le Testament de notre Seigneur et notre Sauveur Jésus-Christ On vient de voir que la tradition manuscrite de l'Épître des apôtres, fait précéder celle-ci d'une apocalypse intitulée Testament de notre Seigneur et notre Sauveur Jésus- Christ, très proche de l'apocalypse syriaque publiée par Ignace Éphrem II Rahmani en r 899 31 •
31
I. RAHMAN!, Testamentum domini nostri Jesu Christi, Mayence, r 899.
INTRODUCTION
29
Louis Guerrier a publié le Testament et l'Épître dans cet ordre et sans solution de continuité; il leur a même, on l'a déjà noté, attribué un titre commun. Pour lui, le Testament constitue les onze premiers chapitres d'une œuvre unique qui en comporte soixante-deux32 . Quoiqu'il soit très difficile de le dater avec précision, il s'avère que le Testament est beaucoup plus tardif que l'Épître des apôtres. La comparaison avec l'apocalypse syriaque, plus récente que l'Épître, permet de dégager des arguments philologiques, historiques et théologiques allant dans ce sens. À cela s'ajoute le fait notable, que le Testament reprend, en les modifiant très légèrement et souvent en les citant textuellement, certains passages de l'Épître des apôtres, qui nécessairement alors est plus ancienne. Peut-être faut-il alors reporter la mise en forme du Testament au ve siècle en Syrie. Le Testament de notre Seigneur et notre Sauveur JésusChrist relève essentiellement du genre apocalyptique. Des imprécations contre les pécheurs, d'autres contre les nations, la description des signes du ciel annonçant la fin des temps et l'avènement des élus, voilà l'essentiel de son contenu. Il semble vouloir préciser les prophéties et les promesses formulées par le Christ à l'adresse des apôtres, telles que rapportées par l'Épître des apôtres. On comparera en particulier les chapitres 34 32
L'Épître des apôtres proprement dite commençant au chapitre 12 de l'édition de L. Guerrier, implique nécessairement une disparité de références. Il suffira d'ajouter r r au numéro des chapitres du présent volume, lorsqu'on se reportera à son édition.
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à 3 6 de l'Épître des apôtres et le chapitre 5 du Testament de notre Seigneur et notre Sauveur ]ésus-Christ.
Une remarque s'impose, à propos du prologue du Testament (c'est-à-dire le court chapitre r). Ce prologue, très obscur, est omis par le manuscrit B 33 et comporte plusieurs variantes dans les autres manuscrits. Carl Schmidt pense qu'il s'agit d'une glose portée en marge par un lecteur, qu'un copiste ultérieur a inséré dans le texte. Hugo Duensing voit là une probatio calami du scribe qui, comme le faisaient habituellement les copistes éthiopiens, a écrit quelques mots pour essayer son matériel d'écriture et manifeste son mécontentement à l'égard de celui-ci; il donne ensuite l'idée centrale du texte qu'il recopie : la justice selon les œuvres.
Observations sur quelques thèmes remarquables Outre les notes infrapaginales qui vont accompagner la traduction de l'Épître des apôtres et du Testament de notre Seigneur et notre Sauveur Jésus- Christ, un certain nombre de remarques plus développées me semblent nécessaires à une bonne compréhension de ces deux textes. Ce sont des éclaircissements philologiques ou théologiques, voire historiques, que j'ai classés selon leur ordre alphabétique dans les pages qui viennent.
33
Cf. p.
II3.
INTRODUCTION
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Annonciation Le récit de l'annonciation prend, dans l'Épître des apôtres, un relief singulier. Référence assurément est faite à ]n r, r 4 « la parole a été faite chair », mais au chapitre I4 le Christ lui-même a pris l'apparence de l'ange pour pénétrer (le verbe éthiopien bo, a recouvre toutes les acceptions du terme, même la plus charnellej3 4 Marie et s'incarner. C'est souligner avec vigueur, contre les docètes 35 , qui ne reconnaissaient au Christ qu'une apparence humaine, la réalité de la nature humaine de celui qui cependant est le Fils de Dieu. Le caractère inouï de cette affirmation est renforcé par le rire de Marie, semblable à celui de Sara, la femme d'Abraham, étonnée des hauts faits de Dieu (cf Gn r8, u-rs). Cela d'autant plus que dans l'Épître des apôtres, le Christ se borne à affirmer avoir parlé à Marie, sans révéler ce qu'il lui a dit, surtout en ne rapportant pas la salutation de Le I, 28 qui pourrait expliquer différemment la joie de Marie : «Sois joyeuse, toi qui as trouvé grâce», en grec chaîre kecharitôménè. On remarquera en effet que le récit de l'Épître des apôtres est beaucoup plus bref que celui de Le r, 26-3 8. Il est vrai qu'on a depuis longtemps fait observer que les deux versets Le r, 34-35, qui reprennent ce qui a déjà été dit peu auparavant sous une fonne légèrement différente il est vrai (v. 3 r-32), paraissent être une
Cf W. LESLAU, Comparative Dictionary of Ge'ez, Wiesbaden, Otto Harrassowitz, 1987, p. 114. 35 Cf p. 42 le paragraphe consacré au docétisme.
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interpolation; ainsi Adolf von Harnack et Alfred Loisy. Or, l'Épître des apôtres corrobore cette opinion, en ne rapportant pas le dialogue de Marie avec l'ange. Du même coup sont effacées la question de Marie : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?» (v. 34), et après la réponse de l'ange sa tranquille confiance : « Qu'il me soit fait selon ta parole! » (v. 3 8). On est alors en droit de se demander si ne disparaissent pas en même temps l'affirmation de la conception virginale et l'exemplarité de Marie dans la foi. Quoique les manuscrits ABC omettent de qualifier Marie de vierge et malgré le sens fort que peut prendre le verbe pénétrer, comme il a été dit plus haut, je ne pense pas que l'Épître des apôtres remette en question la conception virginale de Jésus. Ou plutôt elle lui rend sa signification théologique, qui est bien davantage que la constatation trop strictement biologique à quoi souvent on a voulu la réduire, surtout dans la littérature apocryphe. Or, cette signification est double. Ce qui importe, d'une part, c'est que s'ouvre le cœur de Marie, ce dont témoigne le Christ lui-même : «son cœur ma reçu, et elle a cru, et elle a ri». Nous sommes bien dans le domaine de la foi. Marie croit et se réjouit. Le plan du salut dans ces conditions, en elle certes, mais pour elle aussi, devient possible et bien plus : il est en train de se réaliser. D'autre part, c'est l'occasion pour le Christ en personne de rendre compte de son ministère: . Rappelons que le mot grec katholikos, littéralemen t . 6 Cf 1 pT, 2; 2 pI, 2.
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2 (Nous) Jean, Pierre, Thomas, André, Jacques, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Nathanaël, Judas le zélote et Céphas 7 , nous écrivons aux Églises 8 , tant d'Orient et d'Occident que du Septentrion et du Midi, afin de vous raconter et de proclamer pour vous ce qui regarde Jésus-Christ. Ainsi que nous l'écrivons, nous l'avons entendu et nous l'avons touché 9 après qu'il fut ressuscité des morts, tandis que ce qu'il nous révélait était important, étonnant et vrai 10 .
7
Comparez avec la liste des apôtres en Ac r, r 3. On remarquera qu'ici manque l'un des deux Jacques, que Simon le zélote se fond dans Jude et que Pierre est distingué de Céphas (cf Clément d'Alexandrie selon EuSÈBE, Histoire ecclésiastique I, 12, 2). Les manuscrits présentent d'ailleurs quelques légères variantes. On notera la place de Jean en tête. Il y a ici onze noms d'apôtres; ceux-ci au chapitre 19 parleront toutefois d'eux en disant« nous les Douze». Cf introduction p. 35-36. 8 Les manuscrits ABCS présentent un singulier: «à l'Église». C'est une prise de position ecclésiologique, qui souligne que les multiples communautés chrétiennes répandues dans le monde forment l'unique Église de l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud. 9 Cf 1 ]n r, r et aussi ]n 20, 24-29, l'épisode bien connu de Thomas, repris au chapitre r r de l'Épître des apôtres, où non seulement Thomas, mais Pierre est également invité par le Christ ressuscité à le toucher. 10 La ponctuation, ici comme en plusieurs autres endroits du texte éthiopien, ne saurait toujours être suivie. Dans les manuscrits, c'est une phrase qui commence par« Tandis que ce qu'il nous révélait, était important, étonnant et vrai», qui se poursuit par ce qui est notre chapitre 3; après d'autres, je vois là plutôt la fin du chapitre 2.
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3 Nous savons ceci 11 : notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, Dieu et fils de Dieu, est celui qui a été envoyé par Dieu, le maître du monde entier, auteur et créateur de tout ce qui est nommé d'un nom, (celui) qui est au-dessus de toutes les puissances 12 (étant) seigneur des seigneurs et roi des rois 13 , le puissant 14 des puissants, le céleste qui siège au-dessus des chérubins 15 et des séraphins, à la droite du trône du Père 1 c,, qui par
11 Le verbe 'ammara renvoie à l'idée de connaissance. Ici cependant il introduit une confession de foi en forme d'hymne, et désigne ce qui est cru. Cette confession de foi comporte de nombreuses réminiscences bibliques. Une autre confession de foi, brève, se trouve à la fin du chapitre s. Cf introduction p. 3 8-40. 12 Ce titre et ceux qui suivent semblent devoir qualifier le Christ plutôt que Dieu le Père, puisqu'il va être précisé qu'il est assis à la droite de celui-ci; cf Ph 2, 9· Cf aussi CLÉMENT DE RoME, Épître aux Corinthiens 20, 1-12, qui attribue au Père l'œuvre que l' .Épître des apôtres réserve au Fils. De très nombreux éléments de cette confession de foi des apôtres sont repris de l'Ancien et du Nouveau Testament. 13 Cf. 1 Tm 6, 15; Ap 17, 14 et 19, r6. 14 Le mot bayyal, le Puissant, plus qu'un qualificatif pourrait être une manière de désigner le Christ, dans la ligne de Mt 3, 1 1 ; cf. Évangile de Gamaliel 2, 1 5 à propos de la crucifixion : «Voyez, on tue aujourd'hui le puissant et le fort». 15 Dngr 3, 54· 16 Cf. Ps 110, r (cité en Mt 22, 44); Mc 16, 19; He 1, 3; 8, 1; 12, 2. Le Psaume rIO était un chant d'intronisation du roi d'Israël; en l'appliquant à Jésus-Christ, on souligne qu'il a reçu du Père la plus haute autorité et qu'il est vraiment Seigneur. Cette affirmation figure dans le Symbole des apôtres.
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sa parole a commandé aux cieux et a bâti la terre 17 et tout ce qui s'y trouve, a fixé les limites de la mer 18 , afin qu'elle ne les dépasse pas 19 , (ouvert) les abîmes et les sources qui jaillissent et coulent sur la terre jour et nuit, (établi) le soleil, la lune et les étoiles dans le cieP\ a séparé la lumière des ténèbres 21 , a donné des ordres à la Géhenne et qui d'un clin d'œil ordonne la pluie de l'hiver, les nuages, la neige et la grêle, les jours en leur saison, qui fait trembler la terre et (la) consolide 22 , qui a fait l'homme à son image et à sa ressemblance 23 , qui avec les patriarches et les prophètes a parlé en paraboles24, et qu'en vérité les apôtres ont prêché et que les disciples ont touché. Dieu le Seigneur, le Fils de Dieu, nous croyons (qu'il est) la parole qui devint la chair25 17
Cf. Gn r , r. Cf. Gn r, 6. 1 ~ Cf.]b 38, 10-II. 2 Cf. Gn r, r6. 21 Cf Gn r, 4-5. 22 Littéralement: «qui fait trembler et qui affermit». Le verbe 'adlaqlaqa, être secoué, trembler, renvoie cependant aussi aux tremblements de terre, ce qui semble s'imposer dans le contexte. 23 Cf. Gn r, 26. 24 Le statut de l'Ancien Testament dans l'Église est ici souligné. Il ne s'agit pas d'une parole ancienne désormais caduque. C'est le Christ lui-même qui a parlé par les prophètes, lui qui est vraiment la Parole. Cette idée se retrouve par exemple dans JuSTIN-MARTYR, Dialo,ç;ue avec Tryphon 90, 2 et CLÉMENT D'ALEXANDRIE, Protreptique r. Cf. He r, r. 25 Cf.]n r, 14. Le chapitre 14 de l'Épître des apôtres va insister à nouveau sur la réalité de l'incarnation de la Parole, le Logos IH
°
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de Marie la Sainte Vierge en ses souffrances, conçu du Saint-Esprit26 ; ce n'est pas par la convoitise de la chair mais par la volonté de Dieu qu'il est né, qu'il a été emmailloté à Bethléhem27 , qu'il a été connu 2 R, qu'il a été éduqué et qu'il a grandi 29 , ainsi que nous avons vu.
Enfance et vie publique de ]ésus-Christ 4 C'est là ce que fit Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a été envoyé (à l'école) par Joseph et Marie sa mère, là où il apprit l'Écriture. Celui qui l'enseignait lui dit, alors qu'il l'enseignait : «Dis alpha! )) Il répondit et lui dit: «Dis-moi d'abord ce qu'est béta! )) C'est ainsi qu'eut lieu ce fait vrai et réeP 0 . 5 Ensuite, il y eut des noces à Cana en Galilée 31 ; il fut invité avec sa mère et ses frères 32 , et il y changea l'eau johannique, dans une perspective nettement anti-docète. Cf. introduction p. 3 r. 26
Mt
I, 20.
Cf. Le 2, 7· 28 On peut aussi traduire «qu'il s'est manifesté)). Les manuscrits AC portent: «qu'il a été tué )). 29 Cf. Le 2, 40. 30 Les évangiles de l'enfance rapportent cette anecdote, cf. Pseudo-Matthieu 38, r; Évangile de l'Enfance de Thomas 6, 3 et 14, 2. iRÉNÉE DE LYON, Contre les hérésies I, 20, r l'attribue aux marcosiens. La dernière phrase de ce chapitre paraît être une glose. 27
31 32
Cf.Jn 2, r-12. Jn 2, r-2 dit, qu'outre sa mère qui était présente, Jésus fut
invité avec ses disciples, sans que ses frères soient ici mentionnés. Ils le sont toutefois à la fin de l'épisode, v. 12, lorsqu'il est dit qu'ils descendirent à Capernaüm, ce qui a
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en vin. Il ressuscita des morts, il fit marcher des paralytiques33, à celui qui avait une main desséchée, il la dégourdit34 . La femme qui souffrait d'une hémorragie depuis douze ans, toucha le bord de son vêtement, et fut guérie à l'instant même 35 . Alors que nous nous étonnions et nous émerveillions de ces miracles qu'il accomplissait, il nous dit: «Qui m'a touché?» Et nous lui avons dit: «Ô Seigneur! une foule d'hommes t'a touché. » Il répondit et nous dit: > 57 Marie vint vers nous et nous informa. Mais nous lui avons dit : « Qu'y a-t-il entre nous et toi, ô femme 58 ? Celui qui est mort et a été enseveli, peut-il donc vivre? » Et nous ne l'avons pas crue, (quand elle affirmait) que notre Sauveur était ressuscité des morts 59 . Elle s'en retourna alors vers notre Seigneur et lui dit : «Aucun d'entre eux ne m'a crue, quant à ta résurrection.» Et il lui dit: « Qu'une autre de vous aille le leur redire. » Sara vint et nous raconta la même chose, mais nous l'avons accusée de mensonge. Elle s'en retourna vers notre Seigneur et lui parla comme Marie. 60 11 Le Seigneur alors dit à Marie et à ses sœurs : «Nous-mêmes, allons vers eux!» Et il vint et nous 10
57
Le récit de la première apparition du Christ ressuscité aux femmes, dans les évangiles canoniques est différent de celuici, cf Mt 28, 9-ro; Mc r6, 9; ]n 20, 14-17. Ici, point de jeune homme, ni d'anges vêtus de blancs, et l'exhortation du Christ combine ce que rapportent Mt et Jn. SH C'est ce que dit Jésus à sa mère lors du repas des noces à Cana, ]n 2, 4· 59 Cf Mc r6, II; Le 24, rr. 6 ° Cette assertion peut laisser entendre que Sara, Marthe et Marie sont les enfants de mêmes parents ; voir introduction p. 48, où j'explique que le nom Marie désigne Marie de Magdala, plutôt que Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare. Nul texte évangélique n'ajoute d'ailleurs Sara à
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61 trouva tandis que nous nous voilions (la face). Et nous avons douté, et n'avons pas cru. Il nous apparut comme un spectre 62 , et nous n'avons pas cru que c'était lui. C'était lui cependant. Aussi nous dit-il: « Venez et ne craignez rien. C'est moi, votre Maître, que toi, Pierre, tu as renié trois fois avant que le coq chanté3 ; et maintenant, me renieras-tu à nouveau? >> Nous sommes allés vers lui, tout en réfléchissant et doutant si c'était lui. Il nous dit : «Pourquoi doutezvous? Que dites-vous? Ne me reconnaissez-v ous donc pas, moi qui vous ai annoncé ce qui se rapporte à mon corps, à ma mort et à ma résurrection? Afin que vous reconnaissiez que c'est bien moi, Pierre, mets ta main dans le trou de mes mains, et toi, Thomas, dans mon côté 64 , et toi aussi, André, vois si mon pied foule la terre et y laisse une empreinte. Car il est écrit dans le prophète: "Un spectre, un démon, ne laisse pas d'empreinte (de pas) sur la terre" 65 . >>
cette fratrie. Faut-il alors entendre sœurs au sens figuré, comme étant celles qui partagent la même foi? 61 Les manuscrits AC portent: «tandis que nous pêchions», allusion àjn 21, 3-4. 62 Cf Le 24, 37. Déjà lorsque Jésus a marché sur les eaux, les apôtres ont cru voir un fantôme, cf ]\;ft 14, 26 et Mc 6, 49. Cf Mt 26, 34.69-75; Mc 14, 66-72; Le 22, 31-34.54-62; ]n r8, 25-27. Cf. infra chapitre 15. CA Cf. ]n 20, 24-29. Par rapport au texte évangélique, on constate ici l'appel lancé à Pierre et à André d'être témoins eux aussi de la résurrection, comme pour la mieux prouver. Ce peut être un trait anti-gnostique. 65 Voir introduction p. 55c,
3
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12 Nous l'avons donc touché, (pour reconnaître) qu'il est vraiment ressuscité dans (son) corps. Puis nous sommes tombés sur notre face 66 devant lui, en lui demandant pardon et l'implorant, car nous ne l'avions pas cru. Alors notre Seigneur et Sauveur nous a dit: « Relevez-vous 67 , que je vous révèle ce qui est sur la terre et ce qui est en haut dans les cieux, et votre résurrection qui a sa place dans le royaume des cieux. C'est pour cela que mon Père m'a envoyé, pour que vous et ceux qui croiront en moi, je les (y) fasse monter. ))
Dialogue sur la préexistence et sur son incarnation
d~t
Christ
13 Ce qu'il nous a révélé, c'est ce qu'il nous a dit: «Quand je vins d'auprès du Père de tout 68 , alors que je traversais les cieux, j'ai pris sur moi la sagesse du Père et sa puissance, j'ai revêtu sa puissance. J'étais alors (semblable) aux cieux, et je suis passé devant les anges et les archanges, sous leur apparence, comme l'un d'entre eux 69 . Je suis passé devant les Ordres, les Puissances et les Principautés, et je possédais la mesure de la sagesse du Père qui m'a envoyé. Les archanges Michel
c,r,
Cf Mt 17, 6.
67
J'vit I7, 7·
M. Hauler, à partir du fragment latin, a proposé de lire «Père tout-puissant». 69 Dans l'Ascension d'Ésaïe ro, r6-3 r le Christ prend l'apparence des anges pour descendre du septième ciel jusqu'au ftrmament; cf introduction p. 3 I. Œ
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et Gabriel, Raphaël et UrieF 0 m'ont suivijusqu'au cinquième firnun1ent 71 des cieux, puisque j'avais l'apparence de l'un d'eux. Une telle puissance m'avait été donnée par le Père. J'ai ensuite effrayé les archanges par (ma) voix 72 , les envoyant vers l'autel du Père 73 , (pour) qu'ils le servent par leurs œuvres jusqu'à ce que je revienne. J'ai agi ainsi, à l'image de sa propre sagesse, parce que moi-même tout en tous je serai avec eux, et accomplissant la volonté de miséricorde 74 du Père et la gloire de celui qui m'a envoyé, je (pourrai) revenir vers lui. 14 Ne saviez-vous pas que l'ange Gabriel est venu 75 , et a apporté de bonnes nouvelles à Marie?» Nous lui avons dit : « Oui, Seigneur. » Il a répondu et nous a dit: «Ne vous souveniez-vous pas que je vous ai dit naguère, que pour les anges, j'étais comme un ange?» Nous lui avons dit: «Oui, Seigneur. » Il nous a dit: «Alors, sous l'apparence de l'ange Gabriel, j'apparus à
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Voir introduction p. 36-37. Le manuscrit C omet le mot me~ne'âta (firmament), et dit simplement: ils «m'ont suivi jusqu'au cinquième ciel». On peut le comprendre, car la cosmogonie ancienne appelait firmament le premier ciel, le plus proche de la terre, ou même le situait au-dessous de celui-ci, cf Ascension d'Ésaïe ro, 8. 72 La version copte est un peu différente: «J'ai paré les archanges d'une voix merveilleuse, qu'ainsi ils aillent vers l'autel du Père, etc.» 73 Cf Ap 8, 3· 74 Voir introduction p. 46-47. 75 Cf. le récit de l'Annonciation, Le r, 26-38. 71
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la vierge Marie 76 et lui ai parlé. Son cœur m'a reçu, et elle a cru, et elle a ri 77 . Moi, le Verbe, j'entrais en elle et suis devenu chair78 . Je suis devenu mon propre serviteur sous l'apparence d'un ange. J'ai fait cela, puis suis retourné vers mon Père.
Le Christ annonce aux apôtres de grandes tribulations avant sa parousie 15 Pour vous cependant, gardez le souvenir de ma mort, qui est la Pâque79 . Alors l'un de vous, qui vous tenez près de moi, sera jeté en prisonHo à cause de mon nom 81 , et il sera très accablé et attristé, car tandis que vous, vous ferez la Pâque, lui dans la prison ne (la) feLl pas avec vous. Mais j'enverrai rna force sous l'apparence de mon ange 82 , et les portes de la prison s' ouvriront, et il viendra vers vous, pour veiller et se reposer 76 Le mot dengel (vierge) ne se trouve pas dans les manuscrits ABC. En revanche S développe: «la Sainte Vierge». 77 Comme Sara, l'épouse d'Abraham, a ri à l'annonce de sa prochaine et inattendue maternité, cf. Gn r 8, 12- r 5, Marie aussi rit. Mais si Sara riait avec ironie parce qu'elle doutait ou au moins s'étonnait, Marie, est-il précisé ici, a cru et a ri. 78 Voir introduction p. 3 r. 79 La Pâque, ou le repas pascal, dont le Christ recommande à ses apôtres de conserver le sou venir, est instituée ici comme mémorial de sa mort. Voir introduction p. 52-53. 8 Cf. l'épisode de Pierre jeté en prison par Hérode au moment de la Pâque, Ac r2, I-I7. 81 Le 2I, I2 ;jn 15, 2I. 82 Variante des manuscrits ABC : «sous l'apparence d'un ange>>.
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avec vous. Le coq ayant chanté, alors que vous aurez achevé mon agape ct mon souvenir83 , on le reprendra et on le jettera pour (son) témoignage en prison 84 , jusqu'à ce qu'il sorte et prêche, comme je vous l'ai commandé.» Nous lui avons dit: «Ô Seigneur, n'as-tu pas achevé de boire la Pâqué 5 ? À nouveau, nous (faudra-t-il) le faire?» Et il nous dit: «Oui, jusqu'à ce que je vienne d'auprès du Père avec mes plaies. » 16 Et nous lui avons dit : « Ô Seigneur, grand est ce que tu nous annonces 86 et nous révèles. Mais avec quelle sorte de puissance et sous quelle forme viendras-tu? » Et il nous a dit: >, ainsi que le possessif, et il faut alors traduire « et selon la parole>>, ce qui est proche de la version copte.
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18 Ceci (arriva), après qu'il a été crucifié, qu'il est mort et ressuscité; c'est ce qu'il dit (après) l'œuvre qui a été accomplie dans la chair95 , tandis qu'il était crucifié, et (au moment de) son ascension, comme plénitude des nombres, des signes, des symboles et de toute perfection96 : «Vous voyez (tout ceci) en moi, à cause du salut qui est en moi, alors que je m'en vais vers le Père dans les cieux. Et voici, je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez les uns les autres 97 et que vous soyez somnis les uns aux autres, et que la paix soit toujours au milieu de vous. Aimez vos ennemis, et ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît, ne le faites à aucun autre 9 H.
Variante des manuscrits ABC : «l'œuvre, telle qu'elle a été accomplie dans la chair». 96 La phrase de ce début de chapitre est compliquée et semble interpolée. 97 Cf. Jn r 3, 34; 2 Clément 9, 6. 9 B Cf. Tb 4, 15; Mt 5, 44; 7, 12; Le 6, 27.31. C'est «la règle d'or». Ce précepte, formulé de manière tantôt négative, tantôt positive, se retrouve, outre les citations scripturaires mentionnées, également dans la Sagesse d'Ahiqar, dans certains témoins d'Ac 15, 20.29, et dans nombre de traités, à commencer par Didachè 1, 2. G. RES CH, Das Aposte/decret nach seiner ausserkanonischen Textgestalt, (TU 28, 3), Leipzig, 1905, p. 132-141, donne une longue liste de textes juifs et chrétiens où figure la règle d'or. 95
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Dialogue sur la mission des apôtres 19 Prêchez et enseignez cela à ceux qui croient en moi, et prêchez le royaume des cieux 99 , qui (appartient) à mon Père, et aussi que mon Père m'a donné la puissance 100 , en sorte que vous fassiez approcher ses enfants de mon Père céleste. Prêchez, et ils croiront. Vous (en effet), êtes ceux qui doivent conduire ses enfants dans les cieux. » Et nous lui avons dit: «Ô Seigneur, à toi il est possible de faire ce que tu nous dis. Mais nous, comment le pourrions-nou s? >> Et il nous dit : «En vérité je vous le dis, prêchez et enseignez, comme (si) moi-même étais avec vousHn_ Car il me plaît d'être avec vous, de manière que vous soyez mes cohéritiers 102 du royaume des cieux, lequel (appartient) à celui qui m'a envoyé. En vérité je vous le dis, vous serez mes frères et compagnons, car mon Père prend plaisir en vous et en ceux qui par vous croiront en moi. En vérité je vous le dis, si grande est la joie que mon Père (vous) a préparée, que les anges et les puissances ont désiré et désirent la contempler et la voir, mais il ne leur sera pas permis de voir la grandeur de mon Père 103 . »Et nous lui avons dit: «Ô Seigneur, qu'est-ce
99
Cf Le 9,
° Cf
10
2.
Mt 28, r8. Le manuscrit C ajoute 'ehubakemu, «ainsi
je vous la donne>>. lOI Cf Mt 28, 20. 102 Cf Rm 8, 17. 103
Cf.
1 pI, I2.
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(donc), ce que tu nous annonces là?» Et il nous a dit: «Vous verrez une lumière, qui brille plus qu'une lumière, plus parfaite que (ce qui est) parfait. Le Fils est rendu parfait par le Père, la lumière, parce que le Père 104 la mort et la résurrecti on, est parfait, qui parachève et dont la perfection surpasse la perfection . Je suis tout entier la droite du Père, je suis en lui qui rend parfait. » Nous les Douze 105 , nous lui avons dit: «Ô Seigneur, en tout tu es devenu pour nous le salut et la vie, en ce que tu as proclamé pour nous une telle espérance . » Et il nous a dit: «Ayez confiance et persévérez dans la foi! En vérité je vous le dis, ce repos-là vous sera offert, en quoi il n'est plus (question) de manger, ni de boire, ni de tristesse, ni de soucis 106 , ni de vêtements terrestres, ni de corruption . Vous n'aurez plus part à la création d'en-bas, mais à celle qui ne se corrompt pas, celle de mon Père; vous deviendre z incorrupti bles. De même que toujours je suis dans le Père, de même vous en moi 107 • » Nous lui avons encore dit : « Sous quelle
En éthiopien c'est la même racine fa~$ ama, « compléter, achever, rendre parfait», qui est plusieurs fois employée dans la phrase. 105 Cf. au chapitre 2 la liste des apôtres, où il n'y a que onze noms; cf. aussi p. 113 le chapitre 2 du Testament de notre Seigneur et notre Sauveur Jésus-Christ et plus haut la note 7 p. 62. Voir introductio n p. 3 5-36. 106 Selon la dureté de la gutturale initiale de la racine balaya, on peut traduire «soucis» ou «chants», cette dernière option paraissant d'ailleurs plus conforme à la version copte. 107 Cf.Jn 14, 20; 15, 4· 104
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apparence? De l'ange ou de la chair? )) Il a répondu à cette question et nous a dit: «Moi, j'ai revêtu votre chair, dans laquelle je suis né, ai été tué et enseveli, et suis ressuscité par mon Père céleste, afin que soit accompli ce qui a été dit par le prophète David à propos de ma mort et de nu résurrection 108 : "Ô Seigneur, combien nombreux sont ceux qm m'oppressen t! Beaucoup se sont dressés contre moi, beaucoup disent à mon âme : Il n'a pas le salut de son Dieu. Mais toi, ô Seigneur, tu es mon refuge, ma gloire et celui qui relève ma tête. De ma voix je crie à Dieu, et il m'entend depuis la montagne de sa sainteté. Moi, je me suis couché et me suis endormi, et je me suis levé, parce que le Seigneur m'a fait lever. Je n'ai nulle crainte des myriades de nations qui m'entouren t et se sont dressées contre moi. Lève-toi, ô Seigneur mon Dieu, et sauve-moi! Car toi-même punis tous ceux qui sont mes enne. . m1s sans raison, et tu brises les dents des pécheurs. Au Seigneur le salut! Que ta bénédiction soit sur ton peuple !" 109
1118 Variante du manuscrit B : « et de ce qui est arrivé à propos de ma résurrection) ). 109 Ps 3·
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Si tout ce qui a été dit par les prophètes s'est réalisé, a eu lieu et a été accompli en moi, puisque moi-même ai parlé par eux, à combien plus forte raison ce que moi je vous ai annoncé, doit vraiment arriver, afin que celui qui m'a envoyé soit glorifié par moi 110 et par ceux qui croient en moi. » 20 Après qu'il nous a dit cela, nous lui avons dit : « Ô Seigneur, en tout tu nous as fait grâce et nous as sauvés; tu nous as révélé toutes ces choses. Mais nous avons encore une chose à te demander, si tu nous le permets.» Et il a répondu et nous a dit: «Je sais que vous écoutez et que vous avez hâte d'entendre ce sur quoi vous voulez m'interroger! Voici, vous, interrogez-moi, et souvenez-vous (de ce que) vous entendez. Il me plaît de converser avec vous.
Dialogue sur la résurrection des morts 21 En vérité je vous le dis : de même que le Père m'a ressuscité des morts, de même vous aussi ressusciterez dans une chair, et il vous fera monter aux cieux, le lieu dont je vous ai auparavant parlé et que vous a préparé celui qui m'a envoyé. C'est la raison pour laquelle j'ai accompli toute miséricorde 111 : quoique je n'aie pas été engendré, dans l'humanité je suis né, et quoique je n'aie pas de chair, j'ai revêtu la chair et j'ai grandi, afin que vous qui êtes nés selon la chair, vous obteniez de ressusciter dans la chair en une seconde
11
° Cf Jn
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13, 3 r. Variante des manuscrits ABC : «par vous>>. Voir introduction p. 46-47.
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naissance 112 , (d'être revêtus d') un vêtement incorruptible113, avec tous ceux qui espèrent et qui croient en celui qui m'a envoyé. Ainsi, mon Père a pris plaisir en vous, et à ceux que je veux, je donne la promesse 114 du royaume. » Alors nous lui avons dit : « Grand est ce que tu nous fais espérer, ce dont tu parles. » Il a répondu et nous a dit : « Croyez que tout ce que je vous dis se produira ! » Et nous lui avons répondu et lui avons dit : « Oui, ô Seigneur! » Et il nous a dit : «En vérité je vous le dis, j'ai reçu tout pouvoir 115 de mon Père, afin que ceux qui sont dans les ténèbres, je les rende à la lumière 116 , et ceux qui sont dans la corruption, à l'incorruptibilité, et ceux qui sont dans l'erreur, à la vérité, et ceux qui sont dans la mort, à la vie, et que ceux qui sont en prison soient délivrés, car ce qui est impossible à l'homme, est possible au Père 117 . Je suis l'espérance de ceux qui n'ont pas d'espérance, et l'aide de ceux qui n'ont pas d'aide, la richesse des déshérités, le médecin 118 des malades, la résurrection des morts 119 . »
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Trait anti-gnostique, qu'on retrouvera au chapitre 24. Cf 2 Clément 9, 5 : « c'est dans cette chair que nous recevrons notre récon1pense ». 113 Cf 1 Co 15, 53. 114 Variante des manuscrits ABC : «la vie et la promesse». 115 Cf Mt 28, 18. 116 Cf1P2,9. 117 Cf Mt 19, 26; Le 18, 27. 118 Variante des manuscrits CS : «la guérison». 119 Comparez avec ce que Thècle répond à propos du Christ au gouverneur qui l'interroge : «Lui seul est le chemin du
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22 Après qu'il nous a dit cela, nous lui avons dit: «Ô Seigneur, est-il vrai que la chair duit être jugée avec l'âme 120 et l'esprit, (qu'une moitié) reposera dans le royaume des cieux, et l' (autre) moitié sera punie pour toujours, bien que vivante ?121 » Et il nous a dit : «Pendant combien de temps poserez-vous des questions et chercherez-vous (à savoir) ? » 23 Et nous lui avons encore dit: «Seigneur, c'est nécessaire, (car) tu as ordonné que nous prêchions, proclamions et enseignions ce que nous avons clairement entendu de toi, et devenions de bons messagers qui enseignent ceux qui croient en toi. Pour cette raison, nous t'interrogeons. » 24 Il a répondu et nous a dit : «En vérité je vous le dis, la chair de chaque homme ressuscitera, avec son âme vivante et son esprit. » Et nous lui avons dit : « Ô
salut et le fondement de l'immortelle vie. Car pour ceux qui sont exposés à la ternpête, il est un refuge, pour les opprimés un havre, pour les désespérés un secours», Actes de Paul et de Thècle 37120 Cf 2 Clément 9, r. 121 La phrase est difficile et certainement corrompue, comn1e on le voit au verbe «reposera» qui n'a pas de sujet. Faut-il comprendre que les apôtres envisagent, qu'au jour du jugement l'homme paraîtra en trois morceaux, la chair qui est matérielle, l'âme qui est puissance de vie sur la terre pour cette chair, et l'esprit qui est proprement incorporel, de telle manière que seule cette troisième partie jouira de la vie dans le royaume des cieux? Sur cette question de l'âme qui a besoin du corps pour recevoir sa rétribution, cf ausst la Doctrine d 'Addaï 90.
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Seigneur, est-il possible que ce qui a été corrompu et détruit revive? Ce n'est pas parce que nous contestons, que nous t'avons interrogé, mais parce que nous croyons vraiment que ce que tu nous dis est et sera. » Et il nous a dit, étant irrité: « (Hommes) de peu de foi 122 , jusqu'à quand ne croirez-vous pas, et m'interrogerez-vous? Vous recherchez sans effort ce qu'il vous plaît d'entendre ! Gardez mon commandement et faites ce que je vous dis, sans dédaigner, sans humilier 123 ni flatter (personne), servez (en suivant) la voie étroite 124 , droite et resserrée. En cela, le Père se réjouira tout à fait en vous. » 25 Et nous lui avons encore dit : « Ô Seigneur, voici en te posant de nombreuses questions, pour toi nous délirons ! >> Mais il nous a dit : «Je sais que vous m'interrogez avec foi et de tout votre cœur, et je me réjouis en vous. En vérité je vous le dis, je prends plaisir et mon Père se réjouit en moi, de ce qu'ainsi vous cherchez et interrogez. Votre manque de timidité me rend joyeux, et pour vous il deviendra votre vie 125 . >> Après qu'il nous a dit cela, nous avons été joyeux, parce qu'il nous avait parlé avec douceur. Et nous lui avons encore dit : « Ô notre Seigneur, en tout tu nous as fait grâce et nous as vivifiés, puisque tout ce sur quoi
122
L'expression revient quatre fois dans Mt 6, 30; 8, 26; q.,
3 r ; r6, 8. 123 Variante des manuscrits ABCS pour ces deux verbes: «sans être paresseux et sans avoir honte». 124 Cf. Mt 7, 14. 125 On peut aussi traduire > et du manuscrit C : « enfants de la lumière et enfants du Seigneur>>. 135 C. D. G. Müller propose de modifier ici k"'ané « condamnation>> et un peu plus bas k"'anat «glaive», et de lire «princes» ou «archontes».
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ceux qui par vous croiront en moi, je ferai de même. Comme je vous l'ai dit et vous l'ai promis, (celui qui croit en moi) sortira de prison, et sera délivré des chaînes, du glaive 136 et du feu terrifiant 137 . )) Et nous lui avons dit : « Ô Seigneur, en tout tu nous as réjouis et nous as donné le repos, car dans la fidélité et dans la confiance tu as prêché à nos pères et aux prophètes, et de même à nous et à tous. » Et il nous a dit : «En vérité je vous le dis, vous et tous ceux qui croient, et ceux qui encore croiront en celui qui m'a envoyé 138 , je vous ferai monter au ciel, que le Père a préparé pour les élus et pour les élus des élus, lui qui donnera le repos qu'il a promis et la vie éternelle.
Menaces contre les Jaux docteurs et nouveau dialogue sur la mission des apôtres 29 Quant à ceux qui ont péché contre mon commandement, enseigné autre chose, retranché ou ajouté et (n') ont considéré (que) leur propre gloire, et détourné ceux qui ont droitement cru en moi, je les livrerai à la perdition 139 ». Et nous lui avons dit: «Ô
La version copte a ici archôn, les «archontes» c'est-à-dire les pouvoirs, les dominations, cf. 1 Co 2, 6.8; Col 2, r 5. Cette leçon, peut-être meilleure, n'oblige qu'à une légère modification de l'éthiopien: wa'emak"'ânent au lieu de 136
wa'emk"'enât. Cf. Le 3, I7. 138 ]n 5, 24; I2, 44·
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Ce membre de phrase, qui fait défaut, est ajouté par le manuscrit S. 139
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Seigneur, y aura-t-il d'autres enseignements et afflictions?» Et il nous a dit: «Comme les bons et ceux qui auront fait le bien, les méchants seront identifiés, et ensuite arrivera une juste condamnation de leurs œuvres; conformément à ce qu'ils auront fait 14(\ on les livrera à la perdition. >> Et nous lui avons dit : « Bienheureux sommes-nous, nous qui te voyons et qui écoutons ce dont tu nous entretiens, et nos yeux ont vu les si puissantes œuvres que tu as faites 141 . » Il a répondu et nous a dit : « Bien plus heureux seront ceux qui ne n1'auront pas vu mais auront cru en tnoi 142 , car ils seront appelés enfants du royaume, et parfaits dans (celui qui est) parfait, et pour eux je serai la vie éternelle dans le royaume de mon Père. » Et nous lui avons dit encore : «Ô Seigneur, comment est-il possible de croire, que tu vas nous abandonner, ainsi que tu dis qu'arrivent le temps et l'heure où tu dois partir vers ton Père 143 ? » 30 Il a répondu et nous a dit : « Allez et prêchez aux douze tribus d'Israël, aux nations et aux provinces d'Israël, à l'Orient et à l'Occident, au Septentrion et au Midi 144 , et beaucoup croiront en moi, le Fils de
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Rm 2, 6. Cf Mt 13, r6-r7, où c'estjésus qui parle. 142 Cfjn 20, 29. 143 Cfjn 16, r6-33. 144 Cf Le r 3, 29 et aussi la finale courte de Mc : «Jésus luimême fit porter (par les apôtres), de l'Orient jusqu'au Couchant, la proclamation sacrée et incorruptible du salut éternel. » 141
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Dieu. » Et nous lui avons dit : « Ô Seigneur, qm nous croira et qui nous écoutera, et comrnent pourronsnous faire, enseigner et rapporter comment toi, tu as fait des miracles, signes et exploits 145 ? » Et il a répondu et nous a dit : «Allez, prêchez et enseignez ce qui regarde l'avènement et la miséricorde de mon Père. De même que mon Père a agi par moi, de même j'agirai par vous, car moi, je demeure avec vous. Je vous donne ma paix 146 , mon esprit 147 et ma force (qui) seront vôtres, afin qu'ils croient. À eux aussi cette force sera donnée et sera leur héritage, afin qu'ils la donnent aux nations. Saint Paul
31 Voici, vous rencontrerez un homme dont le nom (est) Saul, ce qui se traduit PauP 4R. Il est juif, circoncis selon les préceptes de la Loi 149 , et il entendra ma parole venant du ciel, avec effroi, crainte et tremblement. Ses 150 yeux s'obscurciront, et ses yeux seront scellés par vos mains. Faites tout pour lui, ainsi que moi, je l'ai fait pour vous. Pour les autres, transformez-les! Et cet
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Cf. Ac 2, 22; 2 Co 12, 12. Cf.]n 14, 27. 147 Cf.Jn 20, 22. 14 H Ac 13, 9. Le récit de la conversion de Paul se lit en Ac 9, 1-30. Ce chapitre de l'Épître des apôtres, comme le chapitre 3 3, légitime le ministère de Paul, qui devient l'égal des apôtres. Voir introduction p. 3 5· 149 Cf. Ph 3, 5-
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On peut comprendre «marqués du signe de la croix».
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homme, au moment même où ses yeux s'ouvriront, glorifiera le Seigneur, mon Père céleste. Il sera puissant parmi les nations, il prêchera, il enseignera, et beaucoup se réjouiront en l'écoutant et seront sauvés. Mais ensuite on le haïra et on le livrera entre les mains de ses ennemis, et il confessera (sa foi) en présence de rois mortels 151 , et la perfection de la confession de foi sera sur lui en contrepartie de ce qu'il m'a persécuté. Il prêchera, il enseignera et il sera parmi mes élus un vase d'élection et un mur qui ne s'écroulera pas. Le dernier des demiers 152 deviendra prédicateur pour les nations, parfait par la volonté de mon Père. Comme vous-mêmes avez été instruits par les Écritures de ce que vos pères les prophètes ont parlé de moi et qu'en moi cela a été accompli réellement, nous dit-il, devenez donc pour les (hommes) un guide. (Transmettez-leur) tout discours que je vous ai tenu, et ce que vous avez écrit à mon sujet 153 , à savoir que je suis la Parole du Père et que le Père est en moi. Soyez vous aussi pour cet homme ce qu'il convient, instruisez-le et rappelez-lui ce qui dans
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Ac 9, 15, repris par CLÉMENT DE ROME, Épître aux Corinthiens 5, 7. Les manuscrits sont en désaccord sur
l'adjectif qualifiant ces rois : mortels, éphémères, voire même victorieux. 152 Cf 1 Co 15, 9153 Ces écrits apostoliques sont-ils ceux du Nouveau Testament? Les deux aftirmations qui suivent ont en tout cas leur répondant dans Jn 1, r et 14, r 1. Il y a cependant une variante attestée par les manuscrits ACL: «ce que je vous ai écrit à mon sujet».
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les Écritures est dit de moi 154 et a été accompli, et alors il deviendra pour les nations le salut 155 . » 32 Et nous lui avons dit : « Ô Maître, y a-t-il donc une espérance d'héritage, nous avec eux 156 ? » Il a répondu et nous a dit :