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French Pages 303 [316] Year 1967
A N D R i GIDE
CENTRE CULTURE L INTERNATIONAL DE CERISY-LA-SALLE Quelques volumes parus: Entretiens sur les notions de
GENfiSE ET DE S T R U C T U R E (Juillet-Aoüt 1959) Sous la direction de M A U R I C E DE G A N D I L L A C , L U C I E N G O L D M A N ET J E A N PIAGBT
1965. 358 p. 38 F./f 27.50 Entretiens sur
MARCEL PROUST Quillet 1962) Sous la direction de GEORGES C A T T A U I ET PHILIP KOLB
1966. 285 p. 29 F./f 20.50 Entretiens sur
L'HOMME ET LE DIABLE (Juillet-Aoüt 1964) Sous la direction de MAX MILNBR
1966. 359 p·, 7 fig· 29 F./f 20-50 Sous presse: Entretiens sur
L ' A R T ET LA P S Y C H A N A L Y S E Sous la direction de DR A N D R £ BERGE, DR A N N E C L A N C I E R ET P A U L RICOEUR
CENTRE CULTUREL INTERNATIONAL DE CERISY-LA-SALLE
Entretiens
sur
ANDRE GIDE sous la direction de
MARCEL ARLAND et
J E A N MOUTON
PARIS
· MOUTON & CO · MCMLXVII
LA HAVE
LES E N T R E T I E N S
S U R A N D R E
O N T EU LIEU D U 6 A U
14 S E P T E M B R E
SOUS LA DIRECTION M A R C E L
GIDE
A R L A N D E T J E A N
1964
DE M O U T O N
avec la collaboration de AUGUSTE ANGLES, YVES CLOGENSON, GEORGES-PAUL COLLET, KLARA FASSBINDER, GABRIEL
GERMAIN,
ALAIN GIRARD, ANNE
HEURGON-DESJARDINS,
HASSAN HONARMANDI, REINHARD KUHN, G . W . IRELAND, CLAUDB MARTIN, MARGARET MEIN, PATRICK POLLARD, HENRI RAMBAUD ET MAURICE RIEUNEAU
et la participation Je GASTON BAECHTOLD, ANDRE BOURBON-BUSSET,
GEORGES
BERGE,
ANDRÜ
BERNB-JOFFROY, JACQUES DE
CHARAIRE, MARCELLE
CHARPENTIER,
ARLETTB
CLEMENT, PAULE CRBSPIN, MICHEL DECAUDIN, MADELEINE DENEGRI, PIERRE DESVIGNES, GEORGES DUPOUY,JEANFOLLAIN, MAURICE DE GANDILLAC, HENRI GOUHIER, MICHEL LIOURE, CLARA MALRAUX, ALBERT MEMMI, JACQUELINE MOULIN, DOMINIQUE NOGUEZ, CLAUDE OLLIER, MARGARET PILCHER, DOMINIQUE PONNEAU, JEAN
RICARDOU,
MARTINE DE
ROUGEMONT,
TAILLEFER, ANNE-MARIE TERRACINI ET ANDREE-PIERRB VIENOT.
© 1967, Mouton & Co, Paris-La Haye Printed in the Netherlands
MICHEL
ANNE
DIMANCHE 6
HEURGON-DESJARDINS
SEPTEMBRE
INTRODUCTION - GIDE Ä ALGER
C o m m e preambule ä notre decade «Andre Gide», en l'absence de Marcel Arland qui n'arrivera que jeudi, j e me permets, avant de passer la parole ä Jean Mouton, d'egrener, pour certains qui me les ont demandes, quelques souvenirs de 1'homme que j'ai si bien connu et tant aime. Nee avec le si£cle, j'avais ete profondement marquee par l'oeuvre - nous aurons l'occasion d'en parier beaucoup durant ces dix jours - mais, comme l'a ecrit Pierre Herbart dans un petit livre plein d'un fiel dont ses proches et luimeme n'ont pris conscience que plus tard, cest 1'homme que Γ on cherissait en Gide. C e que j e raconterai de lui est scrupuleusement exact, mais limite dans le temps. Quoique j e l'aie connu de mon enfance Ϊ sa mort, j e ne vous dirai que ce qu'il fut durant les dix-huit mois ou il habita chez nous ä Alger, de juin 1943 ä avril 1945, sijour coupe par un voyage de six mois au Maroc. Ces souvenirs n'auront pas la precision qu'on trouve dans les recits de M a dame Theo Van Rysselberghe ou dans ceux de R o g e r Martin du Gard. D'ailleurs, c'est ce dernier qui soulignait, dans une lettre qu'il m'ecrivit le 25 aoüt 1941 ä propos d'un article sur Charles D u Bos que Madame Theo venait de publier dans le Figaro, les defauts de la methode: « Sans penser comme vous ä propos de l'article du Figaro sur Charlie, puisque j e n'ai pas les memes raisons que vous d'etre frappe par les inexactitudes, et que, au contraire, pour moi comme pour la presque totalite des amis, le portrait parait tres pousse et tres ressemblant, j e fais cependant des reserves, et j'eprouve ä lire ces pages imprimies un malaise plus grand encore que celui que j'ai ressenti devant le manuscrit. J'y sens j e ne sais quelle penible secheresse... Il manque ä ce portrait j e ne sais quel halo d'amicale indulgence... Il me semble qu'on ne peut pas evoquer la figure de Charlie sans une nuance de tendresse; faute de quoi la ressemblance est incomplete, comme la photographie de certaines per-
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A
HEURGON-DESJARDINS
sonnes qui toujours echappent Ϊ l'objectif, qu'aucun cliche ne peut faire ressemblantes, parce que l'essentiel est insaisissable et que la nettete du trait, au lieu d'etre une garantie d'exactitude, est un element qui denature et trahit certaines physionomies. Contrairement & la regle generale, je croirais volontiere qu'un portrait de Charlie ne peut etre reussi que s'il est fait avec amour. L'amitie lucide ne suffit pas. Preuve en est faite.» J'ai bien connu Gide, partageant, dans l'intimite la plus compete, le meme cabinet de toilette, son courrier, le mien, l'^ducation des enfants, son travail, ses amis, les dejeuners ou nous £tions convies en commun, la delivrance de Paris, l'ouverture des camps de deportation - je dirai meme que je Tai connu d'une maniere privil6giee. D'abord parce qu'il en avait fini avec ses histoires deTunisie avec Victor; ensuite parce qu'il etait loin des milieux litteraires et surtout loin du eher «Vaneau»; enfin parce qu'il ecrivait avec bonheur son Thesee. Il l'a note, il ne jouissait des choses qu'en les offrant. Assuriment, ilnem'efit pas choisie mais comme, seule, je me trouvais präs de lui ä Alger, il a tout partagi avec moi. Je garde le souvenir d'un homme exceptionnel dont l'intimite quotidienne m'a prodigieusement enrichie, quoique ce ne ffit pas faute, durant plus de vingt annees de d6cades de Pontigny, d'avoir connu bien des etres de qualite. Un des premiers etonnements de cette cohabitation de dix-huit mois avec Gide - dix-huit mois de guerre difficile ou Ton avait faim,firoid,le cocur perpetuellement angoisse - e'est son egalite d'humeur. Prendrai-je l'liabitude, me levant, d'esquisser trois mouvements de gymnastique devant la fenetre ouverte si cela permet un aussi harmonieux deploiement de nos qualites humaines ? Un homme parfaitement soigneux et ordonne. Dans la piece ou il dormait - chambre d'enfant de mon fils & la table minuscule, au fauteuil bancal - rien ne trainait. A 8 heures, tous les matins, il sortait de sa chambre. Quand les courriers reαΜΜηεΜέΓεηί ä circuler, d'abord vers l'Amerique et vers l'Angleterre, puis vers la France, apres le petit dejeuner, e'etait pour Gide l'heure de la correspondance. Il repondait Ϊ chacun, prenant la peine parfois d'un mot laborieusement tap6 ä la machine pour ne pas donner au destinataire, s'il ne le meritait pas, l'orgueilleuse satisfaction d'un autographe. Pour vous distraire, durant une soiree de la decade, je vous lirai quelques-unes des declarations d'amour qu'il recevait desjeunesfilles,plutöt que des jeirnes gens, et que, meme rentre ä Paris, il m'envoyait, sachant ainsi m'amuser: «Pour joindre I votre collection, ch^re Anne». Ii y avait egalement les reponses cachetees qui attendaient sur le haut du secretaire: «Je ne voudrais pas qu'un tel püt penser que je lui reponds par retour du courrier». Aprfcs quoi, il Hsait ou travaillait. J'ai garde copie des textes qu'il ecrivit pour
INTRODUCTION-
GIDE A ALGER
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commemorer les morts d'Henri Focillon et de Louis Gillet (emission de RadioAlger du 5 juillet 1944), et aussi le manuscrit qu'il nous a offert d'une de ses Interviews imaginaires: «La Recherche du bonheur - Primaute de la raison». «Mon interviewer que j'avais perdu de vue depuis plus d'un an etant venu me relancer & propos d'un numero que preparait Fontaine sur la litterature des Etats-Unis d'Amerique...» (cinq grandes feuilles rayeesjaunes). Et de sa chere ecriture, au crayon bleu, au bas de la cinquieme page: «Je laisse ä Anne et Jacques Heurgon ces pages ecrites sous leur toit en souvenir tres reconnaissant de leur accueil exquis, leur vieil ami, Andre Gide». L'extreme modestie de Gide frappait tous ceux qui l'approchaient - son besoin de demander conseil, d'encourager les critiques, ou se glissait peut-etre le plaisir d'entendre parier de soi, plaisir qui touchait ä la jubilation durant ses entretiens avec Charles Du Bos, ou il m'est arrive plus d'une fois de me trouver en tiers. Gide aimait vous lire ce qu'il venait d'ecrire et, sous pretexte que les femmes ont plus de bon sens que les hommes, vous demander conseil. Ce qui itait grave c'est qu'il en tenait compte, car mon expdrience en cette matiere differe de celle de Mauriac et de Schlumberger. Si Gide ne decelait que rarement l'interet chez ceux qui recherchaient en lui l'ecrivain celebre, il n'etait pas davantage conscient du plaisir que chacun trouvait en sa compagnie. Il fallut la r£ussite de nos dejeuners hebdomadaires ä Alger, ou j'offrais sa presence en prime I qui nous procurait quelques grammes de beurre, un litre d'huile, un certificat de complaisance pour du lait, une lapine de laboratoire qui, le ventre recousu, faisait l'honneur de nos repas: «Tout le monde sait quel pi£tre convive je suis!» Ii perdit peu i peu sa conscience de trouble-fete pour devenir un merveilleux convive. Les premiers temps, il lui arrivait encore de faire toilette et, dans la crainte d'un brusque silence k table, de relire les bonnes histoires qu'il avait cataloguees dans son petit carnet «Pour £tre brillant dans le monde». Ii les servait fort bien, avec le vin rouge, sans la crainte dont il fait confidence dans son Journal d'etre interrompu, ce qui le poussait ä avaler les details les plus savoureux. A Alger, il en venait ä prendre goüt ä ces dejeuners qu'avec une savante complicite nous preparions ensemble. Ii decidait des menus, debouchait les bouteilles, coupait la viande mais aussi se renseignait sur les tenants et aboutissants de chaque convive. Ces repas etaient l'occasion de faceties entre nous. Dissimule derriέΓe les boites ä rideaux du salon, il guettait rarrivee des invites dans l'espoir de les surprendre dans la position de celui qui ne se sait pas observe: l'homme regularisant sa meche de cheveux ou rattachant son lacet de Soulier, la femme rajoutant un brin de poudre. Sa joie, le jour ou un menage de professeurs endimanches, pour qui l'annonce du dejeuner avait ite l'evenement de la saison, se trompa de samedi! - «Je vous assure, Anne, ils viennent chez nous...» et, en
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A.
HEURGON-DESJARDINS
faction derriere la vitre, il insistait: « J e vous le dis, ils montent...» Son ingeniosite pour les retenir, leur faire partager notre maigre repas, en attendant qu'ils reviennent la semaine suivante! Il ne s'eclipsait plus sitot le cafe pour son « n a p » et il lui arrivait de s'attarder; ä peine reveille, il revenait pr£s de moi cueillir ses lauriers: « Q u e l l e note me donnerez-vous aujourd'hui?» Naturellement, c'est le meme Gide qui, quelques jours plus tard, me disait: «Ii ne faudrait pas que tous ces gens que j e vois ici se figurent queje continuerai ä les voir ä Paris, quand j'aurai retrouve les miens.» Aucun ne se le figurait et certainement pas moi! Les dejeuners au dehors - & moins que ce ne füt chez les Amrouclie ou il se rendait comme un collegien en vacances, aussi naturel qu'ä la maison, faisant la sieste sur le lit de Jean - etaient chaque fois sujets ä decommande. N e sachant pas refuser, ä la troisieme tentative il se laissait faire et acceptait pour nous deux. Mais, la veille, il se reveillait de mauvaise humeur, la gorge rapeuse, toussant, mouchant. Par honnetete il patientait, faisant toutes les heures irruption dans ma chambre pour me dire que, definitivement, il ne se sentait pas bien et, ne se decommandait qu'une heure avant le repas. N o n qu'un tel ou une telle lui deplüt, simplement il n'aimait pas sortir de chez lui, quitter ses habitudes. C e n'est qu'une fois le coup de telephone donne qu'il retrouvait son equilibre. Madame Mondzain, la femme du peintre, m'expHqua: «Ii y a deux semaines, j e suis restee avec mon poulet; samedi dernier c'etait un gigot, que va-t-il advenir de mon veau de France ? » Durant ces temps de disette, ces dejeuners pour faire honneur ä Gide demandaient de savants preparatifs. En effet, cette troisieme fois, nous finimes par aller dejeuner chez les Mondzain pour y rencontrer Charles Vildrac qui arrivait de Paris, apportant des nouvelles passionnantes que Gide consigna dans son Journal. Au moment de quitter la maison, Gide avait ressenti son insurmontable fatigue, mais j e me faisais un tel plaisir de ce dejeuner qu'il se refusa & m'en priver. Il faudrait ici ouvrir une parenthese sur le merveilleux compagnon que savait Stre Gide. Ceux qui l'ont connu, meme dans des conditions moins favorables, ne me contrediront pas: gai, spirituel, gamin, attentif, tendre, toujours autre qu'on ne l'attendait, si bien que toutes choses avec lui devenaient passionnantes. Q u e de belles promenades nous avons faites ensemble ä. Tipasa, ä. Chrea! Q u e d'apr£s-midi nous avons passes au cinema, suivis de discussions volubiles, en raison de son incapacite & identifier les personnages - le man de l'amant, le policier de l'assassin. Comment suivre le scenario des nombreux films policiers qui nous venaient d'Amerique? - «Celui-lä, Anne, est-ce le man ou est-ce l'amant?» Cela prenait chez lui la forme d'une veritable angoisse qui lui faisait oublier le nom de la personne avec laquelle il etait en train de parier. A Alger, j e m'arrangeais, dans les receptions, pour etre toujours ä. portee de son oreille: -
INTRODUCTION- GIDE Ä ALGER
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«Mais celui-lä avec qui je parle, Anne?» (se cramponnant ä mon bras) - «Mais c'est toujours Max Paul Fouchet.» Chez lui, la crainte de blesser les gens en nelesreconnaissant pas, et qu'on püt croire ä un manque d'interet, lui faisait perdre son peu de naturel. A force de tendre l'oreille, jamais il n'entendait le nom de celui qu'on lui presentait. Pour les militaires, il l'a ecrit, les galons dansaient devant ses yeux. Passe encore pour les lieutenants-colonels, en raison du melange de l'or et de l'argent, mais les capitaines, et les commandants!... C'est au retour d'un dejeuner chez l'ambassadeur Duff Cooper qu'il nous raconta une amüsante conversation de table avec un auteur defilms.Ii s'agissait en fait de Noel Coward que Gide admirait beaucoup. Α Andre Maurois, qui le croisa quelques jours plus tard, Noel Coward confia: «Quel curieux homme que cet Andre Gide!... Comme il est peu aimable! Au dejeuner chez l'ambassadeur oü j'etais son voisin de table, il n'a fait devant moi que vanter lesfilmsdes autres!» Parlerai-je de son avarice? Lui-meme y a fait si souvent allusion dans son JournaU ileve suivant les principes d'une louable economie bourgeoise, il se refusait & toute depense pour lui-meme. L'habitude de compter etait un tic qui le genait comme la prodigalite chez d'autres:« Anne, si vous descendez chercher des places de cinema, je rembourserai les deux si le film est bon, s'il est mauvais, seulement la miernie.» Son inconscient se consolait aisement de trouver le film mauvais pour n'avoir ä payer que les douze francs de sa place. Mais le lendemain, par hasard, j'apprenais qu'il avait adresse quarante mille francs ä un de ses neveux Drouin et une somme egale ä un jeune ecrivain qui, & la maniere de Lafcadio, profitait de son hospitalite au Vaneau pour faire argent de ses editions de la Pleiade. Il etait si long ä sortir son porte-monnaie que, toujours, c'etait moi qui payais le trolleybus. Jamais l'idee ne lui vint, durant notre longue cohabitation, d'une fleur ou d'un bonbon ϊ offrir. Pour Noel, mon man soldat revint d'ltaUe les bras charges de cadeaux. Gide se laissa gäter: un tricot, des livres, sans rien offrir en retour. Jean Lambert raconte dans son Art d'etre grand'pere que jamais il n'apporta un jouet 4 ses petits enfants. Pour moi, je savais qu'aucune generosite n'egalait la sienne. Quand, vers les annees 50, l'idee du Foyer de Cerisy emergea de mes soucis de reconstruction, je lui en parlai. Cela, au moment oil, dit-on, il se livrait aux calculs les plus retors pour eviter de payer ä sa secretaire les sommes qu'il lui devait. Tant qu'il vivrait, je pourrais accueillir & Cerisy les ecrivains en chömage, me reservant l'idee des generosites, Gide m'en donnant les moyens. Aussi, est-ce sans hesitation que je lui parlai de la vente possible d'un de ses manuscrits en faveur des boursiers de Cerisy. Il me donna son accord. Parmi les traits feminins de la nature de Gide, entrait pour une large part - on
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A.
HEURGON-DESJARDINS
l'a dit - la coquetterie. Son infatigable besoin de plaire, d'etre aime... Un mot plus sec, l'oubli de lui dire «bonsoir», e'en etait fait de sa nuit! Ii etait mal tombi ä la maison ou, chez deux de mes enfants, l'impossibilite du bonjour et du bonsoir tournait ä la manie. A la phrase prononcee machinalement chaque matin: «Vous avez bien dormi?» - «Oh non, repondait-il d'un air dolent, Marc ne m'avait pas dit bonsoir» et, poursuivant son idee, «Pensez-vous qu'il puisse m'en vouloir de quelque chose?» Derriere ses politesses transparaissait ce rien d'applique qui pretait ä sourire ä ceux qui le connaissaient. Durant les dernieres annees glorieuses de sa vie, dans ses relations avec ses secretaires - Yvonne Davet et Beatrice Beck - cela prit la forme d'un veritable ballet de la seduction. Non pas que le souci qu'il apportait