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French Pages [210] Year 1967
COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE pu6/iic 1ous le patronage de l'ASSOCIATION GUILLAUME BUD~
BUCOLIQUES TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT l'AR
E.
DE
SAINT-DENIS
Professeur honoraire à la Faculté des Lettres de l'Université de Dijon
NOUVELLE ÉDITION REVUE ET AUGMENTÉE D'UN COMMENTAIRE
PARIS SOCIÉTÉ D'ÉDITION « LES BELLES LETTRES» 95, BOULEVARD RASl'AIL
1967
Conformément aux statuts de l'Association Guillaume Budé, ce volume a été soumis à l'approbation de la commission technique qui a chargé M. A. Ernout d'en faire la révision et d'en surveiller la correction en collaboration avec M. E. De Saint-Denis.
C Société d'Édition Les Belles Lettres 1967.
INTRODUC'l'I()N
I VIE DE VIRGILE
Les Vies romancées ne sont Sou1·ces biographiques. pas une invention de notre époque : la biographie de Virgile a été, dès l'antiquité, embellie de légendes ; très vite, en effet, il a été considéré, honoré comme un personnage quasi divin ; à la fin du premier siècle de notre ère, son tombeau, érigé au deuxième mille de la route de Naples à Pouzzoles, était visité ; là des hommages pieux étaient rendus à sa mémoire, et le poète Silius Italicus s'y rendait comme à un temple 1 . Aussi la Vie de Donat, inspirée de Suétone 2, celle de Jt1nius Philargyrius, la Vita en vers du grammairien Phocas, les notices insérées dans les manuscrits Bernensis, Monacensis, et Gudianus, ou précédant les commentaires de Valérius Probus et de Servius 3 , reproduisent des 1. Cf. PLIN., Epist., 3, 7, 8; St., Silv., 4, 4, 54-55; MART., 12, 67; 11, 48; 11, 50. 2. Cf. REIFFERSCHEID, Suctoni Reliquiae, Lipsiae, 1860. 3. Ces Vitae Vergilianae ont été réunies par J. BRUMMER, Lipsia.e, 1933, et commentées par E. DIEHL, Die Vitae Vergilian,ae und ihre antiken Quellen, Bonn, 1911. Celle de SUÉTONE-DONAT a été traduite en français pour la première fois par J. J. VAN DooR EN da11s Les Études classiques, 1958, pp. 243-253. Sur l'utilisation du texte de Suétone par Donat et la va eur des traditions biographiques recueillies dans les Vitae, voir H. NETTLESHIP, Ancient Lives of Vergil with an essay on the poems of Vergil in connection with his life and times, Oxford, 1879 ; E. NoRDEN, De uitis Vergilianis, dans Rhein. J.\,Iuseum, 1906, pp. 166-177; F. PLESSIS, La Poésie latine, Paris, 1909, p. 206 sq.; T. FRANK, Vergil a biog1·aphy, New-York, 1922; W. ALY, Die Ueberliejerur1,g von Vergils Leben, dans Philol. Wochenschr., 1923, col. 645-648; N. W. DE WITT, v'irgil's biographia litteraria, Toronto, 1923; C. P. BILL, Vergiliana,
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INTRODUCTION
détails qui doivent être souvent de naîfs embellissements ou d'insipides additions. Le nombre des témoignages, en cette matière, ne doit pas impressionner le chercheur: la lecture de ces Vies montre que leurs auteurs se copiaient, reproduisant les mots mêmes. N'y lit-on pas, sur la naissance du poète, des détails merveilleux î Alors qu'elle l'attendait, sa mère eut 11n songe : elle crut avoir mis au monde une branche de laurier qui grandit au contact du sol, au point de ressembler tout de suite à 11n arbre :florissant ; le lendemain, dit-on, alors qu'elle gagnait avec son mari la campagne voisine, elle se détourna de son chemin et accoucha dans 11n fossé. Le nouveau-né, exceptionnel enfant, déjà t ne vagit pas et montra 11n visage serein 1 • Autre présage : une baguette de peuplier, plantée en cet endroit, suivant la cout11me du pays, prit de la force si rapidement qu'elle atteignit la hauteur des peupliers adultes ; et cet désigne-t-il la huitième Églogue, commandée par Pollion (B. 8, 11-12), ou toute la production bucolique de Virgile ? On a signalé que la personnalité de Virgile différait beaucoup de celle de Pollion, auteur tragique, histo1·ien, grammairien, orateur et homme d'action; on a même supposé que Pollion appréciait médiocrement la poésie pastorale, mais c'est forcer peut-être le sens d'un seul vers : cc Pollion aime notre Muse, si rustique soit-elle. » (B. 3, 84). Quoi qu'il en soit, lorsque Virgile donna la première édition de ses Bucoliques, Pollion était son principal protecteur ; en lui offrant la huitième, il rappelait ce patronage : du vers 55 paraît être un rappel de la pièce 2, et que celle-ci doit être antérieure à celle-là. i' · ·· 5-iif? Pour suivre pas à"'pas les efforts"poétiques de Virgile 3 , on voudrait savoir avec plus de précision quelle a été la chronologie des Bucoliques. Contentons-nous de quelques indications sûres. La date initiale (43 1 42 1 41 1) peut être discutée, ainsi que la date exacte des quatrième et septième églogues. Mais un ordre général se laisse apercevoir : d'abord Virgile s'est mis à l'école de Théocrite. Puis la crise de l'an 40 lui a dicté deux pièces, les plus personnelles et, sans doute, les plus belles du recueil. Enfin, après 40, qu'est devenu, entre ses mains, le genre bltcolique î 1. Cf. B. 5, 86-87, rappel de B. 2, 1 et B. 3, 1. 2. Voir sommaire de B. 7. Cependant J. PERRET (op. cit., p. 22) pense qu'elle pourrait être contemporaine des pièces I et IX. 3. Je dois beaucoup à deux études remarquables, déjà faites suivant cette méthode : R. PICHON, Virgile, Pa.ris, 1916 (p. 26 sq.) ; J. BAYE'.I.', L'évolution de l'art de Virgile ... (Rev. Cours et Conf., 1929-1930, I).
NOTICE
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Virgile doit beaucoup à Th,eocn·te. MaIS · cette 1_ ·m1· t t' "t urt t dans a 10n appara1 s ou ,.imi ion e . . t':'.'OC·•-,, e. è es 1 p1 ces es p us anciennes : 1 1 ' la deuxième, la troisième et la cinquième. Il ne traduit jamais aucune idylle de Théocrite ; il procède par contamination. Ainsi la deuxième églogue est imitée des idylles III, XI, XXIII, sans compter 11ne épigramme de Méléagre ; la troisième, des idylles IV et V; la cinquième, des idylles I et VII ; la septième, des idylles VI et VIII. Le plus souvent, Virgile condense les données de son modèle 1 . Dans la troisième églogue, il décrit les coupes dont Ménalque et Damète vantent les ciselures. Souvenir de l'idylle I, où Théocrite décrit longuement le vase proposé comme prix; ici richesse luxuriante de motifs variés qui se correspondent dans une heureuse symétrie : au centre, le pêcheur; d'un côté la femme et ses deux amoureux ; de l'autre, l'enfant et les de11x l'enards ; la disposition des personnages, l'âge des trois acteurs principa11x, et les décors choisis constituent 11ne triple harmonie. A cet ensemble artistique et vivant Virgile substitue des médaillons figurant des astronomes illustres, indiqués en trois vers (B. 3, 40-43). Concision romaine ou insuffisance esthétique î Quoi qu'il en soit, chez Virgile, la description reste sèche, la décoration froide. Virgile ne copie jamais son modèle. Il cimente éléments empruntés et additions personnelles pour ajuster une mosaïque dont l'l1nité est sienne. A cet égard, rien n'est plus suggestif que l'analyse de la deuxième églogue, car les souvenirs de Théocrite y sont si nombreux que les phi. Les pre,..,...mières B • 1iques : uco ·tat· d Th~ -'t
1. Dans THÉOCRITE (V, 88-89), Virgile rencontre ce croq,1is idyllique : « Cléariste jette au chevrier des pommes, s'il passe a,1ec ses chèvres, et doucement murmure. » Il y ajoute ,1n geste gracieux de coquetterie féminine : « Galatée me lance une pomme, la folle enfant, et s'enfuit vers les saules, et désire être aperçue auparavant. » (B. 3, 64-65). Les additions de ce ge11re sont très rares ; presque toujours Virgile résume Théocrite. A l'exemple tiré de la 3e églogue, ajoutons ceux-ci : la prière du Cyclope à Galatée (B. 9, 39-43) condense en cinq vers huit vers de Théocrite (XI, 42-49) ; dans B. 6, 43-44, Virgile a rés,1mA en deux vers la légende d'Hylas, traitée dans l'idylle XIII, et n'a gardé que les cris des chercheurs répercutés par tot1t le rivage.
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lologues ont retrouvé les sources des moindres détails, conclu volontiers à une absence complète d'originalité, décidé que c'était la pièce la plus impersonnelle du recueil; on louerait seulement Virgile d'avoir traité un sujet scabreux avec une délicatesse qui fait oublier ce qu'un amour homosexuel a de répugnant pour des modernes. Corydon aime sans espoir un adolescent, comme le héros de l'idylle xxm, chez Théocrite : celui-ci adresse à l'éromène des reproches passionnés, l'invite à ne pas se fier à son éclatante blancheur (cf. B. 2, 17-18), essaie de le fléchir ; n'y parvenant pas, il se suicide. Virgile doit quelques détails à l'idylle X (dictons sur la toute puissance de l'amour ; cf. B. 2, 63-65), et à l'id. VI (l'image réfléchie par l'eau tranquille ; cf. B. 2, 25-26). Dans l'idylle (La visite galante), le héros de Théocrite reproche à Amaryllis sa froideur, l'avertit qu'elle sera cause de sa mort (cf. B. 2, 7), lui apporte des fruits et en promet d'autres (cf. B. 2, 51-53), se plaint de la cruauté >. 3 Virgile al écrit les Bucoliques au temps des guerres civiles, dans unJ, époque de crise ; à ses lecteurs il ouvrait un monde arti-\ fi.ciel où s'allient la simplicité bucolique et la subtilité 1\ littéraire dans une atmosphère irréelle et innocente, . parmi la nature so11miRe à la toute-puissance de l'artiste, ] . Ph. E. LEGRAND, ouv. cit., p. 44. 2. H. GoELZER, Virgile, Bucoliques, J.,os Bolles-Lett1·es, Pari!!, 192,5, p. 9. :J. A. BELLESSORT, Virgile, ao11. œuvre et son temps, Pari!!, 1920, p. 41.
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NOTICE
qu'il soit Orphée, Silène, Hésiode, Damon ou Alphésibée 1 . Aussi gardons-nous de refuser à Virgile l'originalité 2, comme s'il était un servile :imitateur de Théocrite, ou d'exagérer les réalités bucoliques de ses églogues, comme si elles reflétaient la vraie campagne et la vie des vrais bergers. Son recueil suppose un effort personnel vers un art maniéré, peut-être, mais fait de distinction et d'élégance mondaines. Au reste, Virgile ne cache pas qu'il appartient à un cénacle littéraire 3 • Il vit dans l'intimité de Pollion qui compose des « vers modernes >> (B. 3, 86). Ce groupe a, comme il sied, ses idoles ... et ses ennemis. Virgile en raille quelques-uns, sans ménagement : Bavius, Mévius, Codrus (B. 3, 90; 5, 11 ; 7, 21-24 ; 7, 25-28). Des pseudonymes en cachent d'autres : Amyntas (B. 2, 35, 39 ; 5, 8 ; 5, 15 ; 5, 18) ; Antigénès, qui est peut-être Cornificius (B. 5, 89-90). Tandis que les amis sont célébrés, Alcon opposé à Codrus (B. 5, 11). Et que d'allusions pour nous sont obscures ou perdues ~ 1. Cf.B. 3, 46; 6, 27sq.; 6, 71; 8, 2sq. 2. Comme l'a fait P. V. CovA (Technica e poesia nelle Bucoliche 1,-irgiliane, dans Gymnasium, 1955-1956, pp. 111-117). 3. Les fidèles de ce groupe avaient-ils pris le nom d' Arca.diens ? Dans la 7e Églogue, CORYDON et THYRSIS sont Arcadiens tous deux (v. 4) ; les Arcadiens de la 1oe sont donnés comme des maîtres du chant ; et dans la 4e, l'Arcadie pourrait être prise comme juge d'un grand tottrnoi poétique (v. 59-60) ; cf. J. BAYET, Rev. Cours. et Conf., 1929-1930, I, pp. 380-384. Dans la. 1oe (v. 31-41), Gallus, pense J. BAYET (Ibid., p. 619), proclame la supé1·iorité de ces Arcadiens de Cisalpine. Virgile est l'inventeur de cette Arcadie, « terre idéale des loisirs et des chants pastoraux», d'après J. PERRET (op. cit., p. 33), alors que les Idylles de Théocrite ont pour cadre la Sicile, Cos, la Grande Grèce, et qt1'at1c1me tradition antérieure à Virgile ne ferait des Arcadiens des chanteurs. Cependant il faut noter qu'une épigramme d'ÉRYKIOS (A1ith. pal., VI, 96) mettait en scène deux bouviers, tous deux Arcadiens, dont l'un se nomme déjà Corydon. D'autre part les légendes se rapportant aux origines de Rome, agglomération de bergers, faisaient d'Évandre tin Arcadien. et de son temps 11n âge d'or, paisible et idyllique ; cf. J. BAYET, Les origines de l'Arcadisme romain, dans Méla11ges d'archéol. et d'hist., 1920, pp. 63-143; B. SNELL, Arkadien, die Entdeckung einer geistir,en Landschaft, dans Antike und Abendland, 1945, pp. 26-41 ; G. JACHMAN·N, L'Arcadia come paeBaggio bucolico, dans Maia, 1952, pp. 161-174 ; l\I. DoLc, Sobre la Arcadia de Vergilio, dans Estudios claAicos, 1958, pp. 242-266.
LES PREMIÈRES BUCOLIQUES
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Il nous faut bien 1·econnaître, sous la claire apparence extérieure des Bucoliques, toute une actualité voilée pour nous comme par une brume, mais dont l'imprécision semblait une grâce de plus aux contemporaiJ.1s de Virgile.>> 1 Gardo1is-nous cependant de chercher partout, systématiquement.... et vainement, allégorie et mascarade romaine 2 • A ce jeu d'identifications et de clefs, les scoliastes ont dépensé des trésors d'ingéniosité naïve. De nos jours, un même effort d'érudition a été repris 3 ; mais dans cette voie, les tentatives les plus hardies et les plus subtiles ne peuvent conduire qu'à des hypothèses fragiles. > 1 • L'ensemble est adroitement fondu, sans fracas tragique ni éloge dithyrambique ; au fond, désarroi pathétique, mais aussi espérance candide. Dans la première, l'opposition est totale entre le remerciement et la protestation ; dans l'11ne comme dans l'autre, le poète a mis toute son âme ; car la situation de Tityre était la sienne, mais celle de Mélibée offrait à sa sensibilité 11ne matière plus riche, comme toute mélancolie à tous les artistes, même s'ils ne sont pas romantiques. En se dédoublant ainsi, Virgile a créé son dialogue le plus vivant, le plus émouvant. Ces deux églogues marquent donc 11n effort très original de Virgile pour s'évader de la pastorale traditionnelle, et créer une poésie moins factice. Dans le même ordre d'idées, la quatrième églogue, remi,;e à sa place chronologique, n'est pas moins curieuse, qu'elle ait été composée à la fin de 41 ou à la fin de 40. Cette pièce a soulevé de tous temps beaucoup de controverses ; mais aujourd'hui 11n résultat paraît acquis, et le mystère écarté : l'enfant chanté par Virgile est un petit Romain, 11n fils de Pollion : Asinius Gallus ou Saloninus. >, s'il n'avait été cc confisqué par Mécène et par Octave >> '? 1 Mieux qu'aucune autre, cette dernière pièce montre aussi les dons dramatiques de Virgile, un sens profond du monologue tragique. Elle permet encore de mesurer 11n talent, prisonnier du genre bucolique : volontairement ou non, Virgile a enclavé dans la plainte de Gallus 11n grand nombre de thèmes, légués par.la poésie alexandrine, et déjà exploités dans les églogues antérieures. A-t-il voulu donner, dans cette pièce, en manière d'adieu à la poésie bucolique, 11ne synthèse de son cc boucoliasme >> '? 2 Ou bien a-t-il été incapable de renouveler tout à, fait ses procédés d'expression, bien qu'il tînt 1.1n sujet actuel et brûlant '? Quoi qu'il en soit, les Bucoliques, ainsi reclassées, sont moins 11n recueil de chefs-d'œuvre qu'une suite d'essais et 1. A. ÜARTAOL:r, OUV. cit., p. 389. 2. J. BAYET, art. cit., Rev. Gours et Conf., 1929-1930, I, pp. 618-619 ; cf. somma.ire de B. 10. VIRGILE. -
BUCOLIQUES.
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N01'1Cb·
de tâto1rnements : u11 jew1e poète ühe1·che sa voie ; qu'y a-t-il de plus passionnant q11e de le suivre en cetterecherche 1 D'abord Virgile a suivi Théocrite ; mais, dès les premières églogues, il fait effort pour briser le cadre d'11n genre étroit et il crée 11n genre nouveau : la Pastorale. Puis il est attiré par la poésie personnelle - et la crise de 40 aurait pu faire de lui 11n élégiaque ou 11n lyrique - ; par l'épopée nationale ou mythologique, les églogues 4 et 6 révèlent l'attrait qu'exerce sur lui 110 genre dont la majesté le dépasse encore - 1 . S'il y a progrès, il est surtout dans les qualités dramatiques qui éclatent dans les dialogues des pièces 9 et 1, les monologues passionnés dont on suit l'habileté croissante, du monologue de Corydon aux plaintes de Gallus, en passant par le chants de Damon et d'Alphésibée : là on aperçoit 110 grand poète, celui qui mettra en œuvre l'amour malheureux de Didon. Les modes changent. PenL'architecture dant longtemps l'exégèse des du recueil. Bucoliques s'appliqua surtout à l'étude des soUI·ces ; puis elle fut historique et voulut expliquer les efforts de Virgile en le suivant pas à pas, chronologiquement. En 1942, les conférences de H. J. Rose, publiées sous le titre : The Ecwgues of V ergil, laissaient de côté le problème de la chronologie, comme 2 >. Encore plus haut, dans les pièces IV et VI, les· chants de la Sibylle et de Silène nous apportent les>, les musiques divines qui recouvrent les musiques humaines : la Sibylle sait l'avenir du monde et la vaticination de la quatrième églogue annonce les étapes successives du retour à l'âge d'or ; le chant de Silène remonte au chaos, à la formation du monde et au règne de Saturne ; les pièces IV et VI sont donc deux initiations mystiques. Au sommet et au centre de l'édifice culmine la cinquième églogue: le thrène de Mopsus et l'hy,nne de Ménalque, en célébrant l'apothéose de Daphnis, campent ce demidieu, inventeur du chant pastoral, à la place d'honneur, au centre d'11n temple à deux nefs exactement parallèles et symétriques, dans sa chapelle où doivent converger tous les regards des pèlerins qui veulent bien se laisser guider par Virgile, dans cette ascension mystique. Enfin la dixième églogue complète par une symétrie verticale les quatre symétries horizontales ; car Gallus est l'antitype et l'antipode de Daphnis ; à l'idéalisation de Daphnis (V) s'oppose le malheur de Gallus (X) ; Daphnis symbolise l'Arcadisme militant et triomphant ; Gallus est 11n Arcadien S0)1ffi·ant qui ne peut s'arracher à ses tourments et qui cède à la passion. 1. J. PERRET, op. oit., p. 20. 2. Nous rés11mons ici l'exposé publié dans l'Information littéraire, septembre-octobre 1954, pp. 141-147, sous le titre: Douze annéea d'étude• wgiliennes.
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NOTICE
2° Par des additions horizontales et verticales, P. Maury a découvert des correspondances numériques, 11ne >, 11n > scintillant autour de ce soleil = 666, parce que les trois corrections que P. Maury a proposées ne s'imposent pas du tout 1 . Il n'y a pas lacune d'un vers, après le v. 61 de la sixième églogue ; il n'y a pas lieu d'ajouter trois vers à la pièce m, pour cur·riger la prétendue bévue et obscurité des vers 109-110 ; le vers 19, qui serait surmuméraire dans la pièce VII, n'est pas indésirable 2 • La philologie prudente (et timorée, bien sûr !) ne peut accepter pareilles mutilations 3 • Parce que P. Maury a fait école et que la tarentule arithmétique a supplanté cc la tarentule historique >>, parce que cette nouvelle exégèse a été appliquée aux Géorgiques, à l'Énéide et même aux élégies de Tibulle et de Properce 4 , devons-nous l'accepter pour les Bucoliques '? Après l'éblouissant triomphe du chiffre 666, voici que G. E. Duckworth nous procure l'équation-clef de 1. Bien que J. PERRET (op. cit., p. 18) parle de « conjectures plausibles ». 2. Cf. E. DE SAINT-DENIS, art. cit., pp. 143-144. Notre commen~ taire reprendra la disct1ssion de ces trois passages, à leur place. 3. Ni celles que L. HERRMANN (Virgile, Bucoliques, Coll. Latomus, Bruxelles, 1952) a imaginées, suivant ce postulat : les Bucoliques auraient été publiées en 46 pages de 18 vers; en conséquence, la quatrième doit occuper 4 colonnes ou pages de 18 vers, et totaliser 72 vers au lieu de 63 ; pour obtenir ce total, il faut compléter la pièce IV par 9 vers arrachés à la pièce VIII. 4. Cf. LE GRELLE, Le premier Livre des Géorgiques, poème pythagoricien, dans Les Études Classiques, 1949, pp. 139-235 ; P. GRIMAL, Notes siir Properce; la composition de l'élégie à Vertumne, dans Rev. St. Lat., 1945, pp. 110-119; J. PERRET, op. cit., p. 20.
NOTICE
+
l'œuvre virgilienne 1 : m/M = M/(M m) = 1/2 (y5-1) = 0,618 1 Mais nos mathématiciens commencent à ne plus s'entendre 2 • La mathématique de P. Maury, dépassée par celle de G. E. Duckworth, ne convient pas davantage à G. Stégen 3 , qui groupe, comme P. Maury: I et IX ; fi et VIT ; IV et VI ; mais II et X ; V et VIII, « avec des arguments tout aussi valables>> 4 ; et qui, dans son exégèse arithmétique, aperçoit l'importance du chiffre 10 et de ses multiples, sans expliquer sa valeur symbolique. Dans la paire III-VII, le symbole de la >, est-il évident 1 Dans Ill, où les chanteurs sont des bergers-poètes qui s'élèvent des réalités rustiques aux préoccupations d'un cénacle, peut-être. Mais, dans VII, la libération est ajoutée par l'exégète, et s'il y a, dans les Bucoliques, un chant enchanteur, c'est surtout celui de Silène, dont l'incantation libère de leur être ou de leur immobilité les Faunes, les fauves et les chênes (B. VI, V.
27-30).
Le chant de Silène (VI) est-il parallèle à la prédiction de la Sibylle (IV) î Cette symétrie est obtenue grâce à une interprétation philosophique très discutable des sujets mythologiques (v. 41-81), et de l'apothéose de Gallus (v. 64-73) : dans le texte virgilien rien n'évoque« la procession inexorable de l'un au multiple, les désintégra!. G. E. DucKWORTH, Structural patterns and proportions in
Vergil's Aeneid; a study in mathematical compositi.on, The University of Michigan press, 1962. Une disciple de G. E. DncKWORTH vient d'appliquer la formule aux Bucoliques et a11x Géorgiques : E. L. BnoWN, Numeri Vergiliani, Coll. Latomus, Brl1xelles, 1963. L'éq1.1ation-clef (« the key to the most exciting discovery in the l1istory of Vergilian criticism ») signifie : le nombre le pl11s grand (M) est au plus petit (m) ce que le total des deux (M + m) est a.u plue grand (M), etc ... 2. Cf. G. LE GRELLE, Nombres virgiliens, dans Les Études Classiques, 1965, pp. 52-63. Voir les comptes rendus des ouvrages de G. E. DUCKWORTH et E. L. BROWN par J. ANDRÉ (qui réagit vivement et justement), dans Rev. Philol., 1964, pp. 171-172. 3. G. STÉGEN, Oommentaire s11,r cinq Bucoliques de Virgile, 3, 6, 8, 9, 10, Namur, 1957, pp. 150-151. 4. J. ANDRÉ, dans son C. R. de la Rev. Philol., 1958, p. 170. En dernier lieu, B. ÛTIS (op. cit .• p. 129) affirme que personne n'a. donné une explicat,ion satisfaisante du schéma. proposé pa.r P. MAURY et accepté par J. PERRET.
L'ARCHITECTURE DU RECUEIL
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tions, les métamorphoses, les fureurs aberrantes de l'amour enchaînant les âmes dans le tourbillon des apparences >> (v. 41-81) ; rien ne suggère que l'intronisation de Gallus, reçu par les Muses, > (v. 64-73) 1. Plus séduisante serait l'interprétation qui hausse la pièce V au rang de Bucolique majeure, et, à la cime de l'édifice, le chant de Ménalque, apothéose de Daphnis. Mais le Daphnis de Virgile est-il le demi-dieu cher à Théocrite et aux poètes bucoliques 1 ou César, dont le chiffre 666 jouerait ici le rôle central 1 ou les deux à la fois, comme certains l'acceptent aujourd'hui 1 Nous verrons que les ressemb1ances établies entre Daphnis et César sont artificielles 2 • Gallus est-il, dans la pièce X, l'antitype de Daphnis 1 Le joint qui permettrait cet assemblage des pièces V et X manque dans le texte virgilien, puisque, dans la cinquième, il n'est pas fait allusion aux aventures amoureuses de Daphnis et à sa victoire sur la passion. Si Virgile avait voulu opposer Gallus, repris par l'indignus amor, à Daphnis victorieux de l'amour, n'aurait-il pas, empr11ntant cette forme de la légende à l'idylle II de Théocrite, inséré quelque allusion de Gallus au bonheur de son antitype Daphnis, indompté par Aphrodite 1 Les cinquième et dixième églogues sont en réalité placées sur deux plans différent,s. Sur le plan de l'amour, les plaintes de Gallus (X) font penser plutôt à celles de Corydon (II), aux chants de Damon et d'Alphésibée (Vlil) 8 • Si Virgile avait voulu nous entraîner dans une ascension mystique, dans l1ne sorte d'initiation, n'aurait-il pas terminé par la Bucolique majeure, la cinquième 1 Nous savons que la disposition embrassée était chère aux alexandrins et à Catulle. Mais ici n'y a-t-il pas antinomie entre itinéraire spirituel et disposition embrassée 1 Si certaines pièces ont été coulées dans ce moule artiistique, si ce principe vaut pour J'architecture de la pièce, vaut-il I. Cf. E. DE S1\.INT-DENIS, art. cit., p. 145 ; et, plus loin, Argument de B. VI. 2. Voir Argument d0 B. V. 3. Cf. E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 146.
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NOTICE
pour celle du recueil 1 Les métaphores brillantes de P. Maury, architecturales ou orchestriques, ont, je crois, séduit ses partisans. Mais on ne peut pas voir l'ensemble d'11n recueil, comme on embrasse celui d'11ne danse ou d'un temple. Je ne peux pas embrasser, dans les Bucoliques, d'un seul coup d'œil, un ensemble plastique, comme dans la tapisserie de Catulle (pièce 64) ou dans le bouclier d'Énée (Énéide, VIII). Et je ne suis pas seul à confesser une telle impuissance. 1 . Enfin, si toutes ces correspondances symboliques et ces symétries arithmétiques étaient à ce point éblouissantes, comment se fait-il que les commentateurs anciens n'y aient jamais pensé, n'en aient jamais parlé 1 Après douze années d'arithRetour mologie et d'ésotérisme, j'ai auœ cmnmentaires voulu retourner à ces commen• an,ciens. tateurs anciens qui furent plus près que nous de Virgile et de ses premiers exégètes 2 • Trois indications nous sont fournies par eux : 1° Lorsque Servius, au début de son commentaire, distingue les Bucoliques des Géorgiques et de l' Énéide, il les range dans le genre humile, pro qiialitate negotiorum et personarum, nam personae hic rusticae sunt ; il sousentend que le poète bucolique se soucie de respecter la vraisemblance, tel un dramattrrge, et nous invite ainsi à considérer ses créations comme des saynètes ; 2° Bien plus, la Vie de Suétone-Donat dit que les Bucoliques furent souvent chantées à la scène : Bucolica eo successu edidit ( V ergilius), ut in scaena quoque per cantores crebro pronuntiarentur 3 ; 3° Dans son commentaire de la sixième églogue, Servius rappelle le succès avec lequel cette pièce fut lue par 1. Cf. P. BoYANCÉ, Un nouveau Virgile, dans Rev. Ét. a.ne., p. 148 : « Je ne comprends pas du tout un itinéraire I-IX, II-VIII, pour aller à V, que l'on s11.rvolerait ainsi par trois fois en 11n rappel d'Icare ou en une anticipation de l'avion » 2. Je résume ici la deuxième partie de mon article : Douze années d'études virgiliennes, dans l'Information littérairE', novembre-décembre 1954, pp. 184-188. 3. J. BRUl'.IMER, Vitae Vergilianae, Lipsiae, 1933, p. 7. Même indication dans la Vita de PHII,ARGYRUS, Ibid., p. 43.
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Virgile lui-même et chantée par Cythéris (Lycoris de la. pièce X). L'exégèse des Bucoliques n'a pas exploité ces données ; ne convient-il pas d'examiner les caractères dramatiques del' œuvre, d'imaginer ce que pouvaient être la mise en scène et la musique ~ La pri:,mière Bucolique est un scénario qui se déroule dans le temps et dans l'espace ; les premiers vers se placent dans le grand du jour, à l'heure où les bergers se reposent, nonchalants sous l'ombrage ; les derniers peignent le déclin du jour, à l'heure où les feux s'allument pour la préparation du repas, où les ombres portées par les masses des montagnes s'allongent. Au début, Mélibée arrivé avec son troupeau devant le hêtre qui abrite Tityre étendu, s'arrête et engage la conversation ; quand elle est près de sa fin et que le soleil descend, il se remet en marche. Le décor du fond est indiqué. Le texte de Virgile fournit les éléments de la musique de scène qui pouvait accompagner la progression, dramatique et vraisemblable, du dialogue 1 . Le scénario de la neuvième Bucolique se déroule aussi dans le temps, avec un changement de décor marqué pa.r le vers initial et les vers 57-65 : décor harmonieux et paisible, où se sont tues les brises murmurantes : calme plat, où la nature retient son souffle, après avoir entendu les vers de Ménalque chantés par Mœris. C'est 11n mime gracieux où musique et poésie sont confondues 2 • Plus mouvementé est le dialogue de la pièce III, qui commence par une querelle, continue par une joute poétique, avec intervention finale d'un troisième personnage, d'un voisin pris comme arbitre. Dans un décor de vieux hêtres et d'herbe tendre, le dénouement sert de clausule au chant amébée et aux travaux du jour 3 • Dans la pièce V, les chants parallèles de Mopsus et de Ménalque s'élèvent devant un décor précis, planté dans les six pr«"miers vers : ormeaux mêlés de coudriers, 1. Cf. ment de 2. Cf. ment de 3. Cf. ment de
E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 186 ; et, plus loin, ArguB. 1. E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 186 ; et, plus loin, ArguB. IX. E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 186 ; et, plue loin, ArguB. III.
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NOTICE
grotte tapissée d'une lambruche sauvage. Le vers 19 montre que les interlocuteurs sont entrés dans la grotte. Quant à la musique d'accompagnement elle serait, pour chaque chant qui débute par un majestueux largo, 11n andante 1 • La scène initiale de la pièce VII nous met dans l'atmosphère et le décor du mime rustique ; vient ensuite le chant amébée. La pièce VIII, en ce qui concerne le déroulement scénique, se présente un peu comme la cinquième ; mais la musique diffère, puisque les chants de Damon et d'Alphésibée sont divisés en strophes par un refrain. Les autres pièces sont des monologues, et nous hésiterions peut-être à parler de théâtre, de miRe en scène et de musique d'accompagnement, si le témoignage de Servius n'était pas si catégorique : la sixième Buoolique fut chantée au théâtre par Lycoris. On peut en effet imaginer cette églogue jouée, tandis que la chanteuse, en avant et sur le côté de la scène, à la manière d'un meneur de jeu ou d'une commère de revue, détaillerait les scènes légendaires que des figurants muets mimeraient. Les trois derniers vers indiquent, comme le dénouement des pièces 1, IX, et ID, que les heures ont passé 2 • Mais le monologue le plus riche, pour un metteur en scène, serait celui de Corydon, dans la de11xÎÀme églogue. Même decrescendo de l'éclairage que dans la première : à l'heure où la canicule dévorante contraint tous les êtres au repos, Corydon ne connaît aucun répit, et sa passion le tracasse, comme le soleil de midi excite les rauques cigales. Le soir vient, mais n'apporte à son ardeur auc11nA trêve. Ainsi le monologue de Corydon, comme le dialogue de Tityre et de Mélibée, s'insère entre l'heure de midi et le coucher du soleil ; aussi bien ce monologue, animé de sursauts et de revirements passionnés, se divise en couplets, entre lesquels on imagine aisément des silences douloureux, tandis que la musique d'accompagnement prolongerait sa mélopée ; au début de chaque cou1. Cf. ment de 2. Cf. ment de
E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 187 ; et, plus loin, ArguB. V. E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 187; et, plus loin, ArguB. VI.
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plet, les tours interrogatifs ou impératifs du monologue indiquent les reprises vives de la mélodie. 1 Même orchestration des plaintes de Gallus dans la pièce X ; mêmes sursauts et contradictions de la passion qui ballotte le héros de l'espoir au découragement, des résolutions énergiques à la capitulation. Les anaphores, les effets d'écho et de résonance, et les assonances en fin de vers ou à l'intérieur du vers montrent que Virgile a travaillé la musique de ce solo lyrique et comment il l'a travaillée 1 • Jusque dans la quatrième églogue! 'agencement chronologique joue un rôle majeur: v. 8, la naissance de l'enfant est imminente ; v. 50-53, il naît ; v, 60, il est né ; dans ce cadre la prophétie se déroule chronologiquement, suivant la croissance du héros 3 • Ainsi le principe de la composition dramatique se retrouve dans la pièce qui ressemble le moins à une saynète. L'architecture du recueil '? Qui dit architecture dit construction dans l'espace ; la bucolique virgilienne se meut dans l'espace et dans le temps. L'édifice est statique ; l'églogue, dynamique ; l'un chante, suivant l'expression de P. Valéry, métaphoriquement ; l'autre, réellement : dans ses Variations sur les Bucoliques, P. Valéry a senti et défini cette « force chantante >> ; 4 bien avant lui, dans le Discours préliminaire de sa traduction des Géorgiques, l'abbé Delille insistait sur la musique du vers et l'harmonie imitative, comme étant les éléments majeurs de la poésie virgilienne. C'est à Théocrite que Virgile a emprunté l'idée de faire de la plupart de ses églogues un petit mime rustique 5 • Oubliant le métier de philologue, nous avons essayé de les entendre comme un metteur en scène. Si les indications de Suétone-Donat et de Servius, d'où nous sommes parti, I. Cf. E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 187 ; et, plus loin, Argument de B. II. 2. Cf. E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 187 ; et, plus loin, Argument de B. X. 3. Cf. Argument de B. IV. 4. P. VALÉRY, Traduction en vers des Bucoliques de Virgile, précédée de Variations sur les Bucoliques, Paris, 1956. 5. Cf. A. M. GUILLEMIN, Virgile poète, artiste et penseur, Paris, 1951, p. 51 ; E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 188.
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NOTICE
étaient moins laconiques, si nous connaissions mieux l'histoire du mime et les conditions dans lesquelles la musique et la poésie s'alliaient au théâtre, nous comprendrions mifluX l'art de Virgile. Entre la composition de Théocrite et celle de Virgile une différence capitale a rendu possible et facile >. Eu ces dernières années, on a joué les Bucoliques, et même des essais de reconstitution musicale ont été faits 3 •
·ts
Dans l'Introduction géné.Lr..1.anuscn ; 1 1 't d v· il établissement du teœte ra e, es m:1-~uscri s , e. rrg e ont été cites et decr1ts. Le traduction. Mediceus (M), le Palatinus (P), le Romanus (R) et le palimpseste de Vérone (V) sont les seuls qui puissent servir à constituer le texte. Le Mediceus ne commence qu'à B. 6, 48; le Romanus présente 11ue lac11ue de B. 7, 1 à 10, 9; les Schedae Veronenses commencent à B. 3, 27, et sont mutilées en beaucoup d'endroits ; le Palatinus présente une forte lacune, entre B. 3, 72 et B. 4, 52. A très peu de choses près, le texte de cette nouvelle édition est celui que le regretté H. Goelzer avait établi, et solidement établi. Cependant, depuis 1925, R. Sab111
1. Voir G. MIOHENAUD, Les sons du vers virgilien, dans Les Études Classiques, 1953, pp. 343-378 ; E. DE SAINT-DENIS, Les variations de Paul Valéry sur les Bucoliques de Virgile, dans RevPhilol., 1958, pp. 67-83 ; J. PERRET, op. cit., (Bibliographie, pp. 183-185). 2. Cf. M. DESPORT, L'incantation virgilienne ... , Bordea11x, 1952. 3. Cf. A. BoNAFÉ, Virgile, Première bucolique, 4 livrets et disques (v. 1-58) ; 59-fin) ; enregistrement Ducretet-Thompson ; accompagnement à la cithare par M. RoLLIN; à la flûte par P. PAUBON.
Au xvie siècle, alors que des efforts étaient faits pour marier ou plutôt remarier musique et poésie, J. ARCAOELT mit en musique des textes de Virgile, Horace et même de Martial; Cf. E. B. HELM, The Ohansons of J. Arcadelt, Northampton, 1942.
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NOTICE
badini a dor1r1é une collation complète des manuscrits anciens dans son édition : P. Vergilii Maronis, Opera, Remigius Sabbadini recensuit ; I. Bucolica et Georgica ; Romae, 1930. En particulier, sa revision du Palatinus a été fructueuse ; en outre il a eu recours aux testimonia des anciens, pour contrôler les manuscrits : citations disséminées dans les œuvres postérieures, commentaires de Servius, Donat, etc. Parmi les codices minores, ont été utilisés surtout oc. (Mediolanensis olim Petrarcae, x111e-x.rve s.) et y (Guelferbytanus Gudianus 2°, 70, rxe s.). Il convient d'être réservé dans l'utilisation des Bernenses (b, c), du Pragensis (1t) et du Minoraugiensis (m). Quant à la traduction, elle venait en 1942 après beaucoup d'autres ; par exemple, pour ne parler que des traductions françaises les plus récentes, celles de H. Maninat, M. Rat, R. Billiard, P. Halary en prose, celles de X. de Magallon et Godchot en vers. Depuis 1942, 11ne nouvelle traduction en prose a été publiée par L. Herrmann, dans la collection Latomus (Br11xelles, 1952). 1vfais la traduction en vers est remise en honneur : les Géorgiques ont été traduites en alexanch·ins non rimés par J. Huba11x et A. Tomsin 1 , en 1947 ; en vers libres par A. R. Nicolas 2 , en 1948 ; la traduction que P. Valéry a donnée des Bucoliques en alexa11drins non rimés (1953) sera-t-elle, dans l'histoire posthume de Virgile, 110 événement considérable 3 1 L'auteur n'en était pas lui-même très satisfait et les Variations que la précèdent dans l'édition de 1956 et qui reprennent, sans le citer, les idées de l'abbé Delille sur l'harmonie virgilienne, ont peut-être plus d'importance que la traduction elle-même, entachée de nombreuses lourdeurs. Mais l'adhésion d'11n poète à la traduction en vers déclancha 110 mouvement et 11ne émulation louables: en 1958, Marcel Pagnol a traduit les Bucoliques en alexandrins rimés 4 ; en 1959, Jacques 1. J. HuBAUX-A. ToMSIN, Virgile, Les tra·ua·ux rustiques ( Georgica), Liège, 1947. 2. Da.ns Lettres d'h11roEtnité, VII, Paris, 1948. 3. CommA l'a dit J. PERRET, Virgile (Écrivains de toujours), Pa.ris, 1959, p. 163. 4. M. PAGNOL, Virgile,Buooliques, Pa.ris, 1958.
MANUSCRITS
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Perret a donné quelques traductions des Bucoliques, des Géorgiques et de l'Énéide e11 vers blancs, 1 et il n'a pas hésité à condamner la traduction en prose comme Dixit Damoetas ; inuidit stultus Amyntas. Pi·aeterea duo, nec tuta mihi ualle reperti, 40 capreoli, sparsis etiam nunc pellibus albo : bina die siccant ouis ubera ; quos tibi seruo. Iam pridem a me illos abducere Thestylis orat ; et faciet, quoniam sordent tibi munera nostra. , toi, tu te cachais 20 derrière les carex. DAMÈTE
Alors, ap1·ès avoir été vaincu au chant, il ne m'aurait pas remis le bouc que les airs de ma flûte avaient gagné ! Si tu ne le sais pas, il était à moi, ce bouc ; et Damon luimême le reconnaissait, mais se disait incapable de me le remettre. MÉNALQUE
25
At1 chant ? toi, lui ? As-tu jamais eu 11ne flûte soudée à la cire ? Ce n'est pas toi qui, dans les carrefours, ignare, massacrais souvent un air pitet1x sur un aigre pipeau ? DAMÈTE
Tu veux donc que nous fassions tour à tour l'épreuve de notre savoir-faire ? Voici mon enjeu : cette génisse (ne t'avise pas de refuser ce gage : elle vient deux fois se faire traire et ses mamelles nourrissent deux petits) ; à 30 toi ! dis ce que tu engages pour lutter avec moi. MÉNALQUE
De mo11 t,roupeau je n'oserais prélever aucun enjeu en contre-partie ; car j'ai chez moi un père, j'ai une injuste marâtre ; deux fois par jour, ils comptent tous les deux le troupeau, et l'un ou l'aut,re les chevreaux. Mais voici 35 tu l'avoueras toi-même - qui est beaucoup mieux : puisqu'il te plaît de faire une folie, je mettrai des coupes de hêtre, ouvrage ciselé par le divin Alcimédon ; son agile foret les a, en haut, bordées d'une vigne sot1ple qui envoloppe ici et là des grappes d'un lierre pâle. Au milieu, deux
50
P. VERGILI BVCOLICA
Non ego te uidi Damonis, pessime, caprum excipere insidiis, multum latrante Lycisca 1 Et cum clamarem : >, tu post carecta latebas.
III
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DAMOETAS
An mihi, cantando uictus, non redderet ille quem mea carminibus meruisset fistula capru1n 1 Si nescis, meus ille caper fuit ; et mihi Damon ipse fatebatur, sed reddere posse negabat. MENALCAS
PRV
Cantando tu ilium 1 aut umquam tibi fistula cera 25 iuncta fuit '? Non tu in triuiis, indocte, solebas stridenti miser11m stipula disperdere carmen 1 DAMOETAS
Vis ergo inter nos quid possit uterque uicissim experiamur '? Ego hanc uitulam (ne forte recuses, bis uenit ad mulctram, binos alit ubere fetus) depono : tu die mecum qt10 pignore certes.
30
MENALCAS
De grege non ausim quicquam deponere tecum : est mihi namque domi pater, est iniusta noue1·ca ; bisque die numerant ambo pecus, alter et haedos. Ven1m, id quod multo tute ipse fatebere maius, 35 (insanire libet quoniam tibi), pocula ponam fagina, caelatum diuini opus AJ.cimedontis ; lenta quibus torno facili superaddita uitis di:ffusos hedera uestit pallente corymbos. 26 i11nota P : t1inota Ry Il 27 miserum stipula. PR : st,ipula. miserum V Il 35 ipse add. R 1 Il 38 facili SERV. (quibus torno facilis Donatua sic legit ; legitilr tamen et torno facili) : facilis l' PHILARO.
fragilis R.
III
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BUCOLIQUES
51
motifs, Conon, et •... quel est l'autre, dont la baguette a tracé pour l'humanité tout le cycle des saisons, celle du moissonneur, celle du laboureur au dos courbé î Je n'en ai pas encore approché les lèvres, mais je les garde en réserve.
Moi aussi j'ai deux coupes, œuvres du même Alcimédon; 45 autour des anses, il a enlacé 11ne flexible acanthe ; au milieu, il a. rois Orphée et, sur-ses pas, les forêts en marche. Je n'en ai pas encore approché les lèvres, mais je les garde en réserve. Si tu considères ma génisse, tu n'as pas lieu de vanter tes coupes. MÉNALQUE
Non ! non ! aujourd'hui, tu ne te déroberas pas ; je serai ton homme sur le terrain que tu voudras. Trouvons seulement un auditeur, si tu veux, celui qui vient, tiens, 50 Palémon. Je te garantis qu'ensuite tu ne provoqueras plus personne. DAMÈ'rE
Eh bien 1 vas-y, si tu sais quelque chose ; pour moi je ne serai cause d'aucun retard, et je ne me dérobe devant personne ; accorde-nous seulement, voisin Palémon, 11ne attention profonde, -l'affaire est d'importance - . PALÉMON
55
Faites ; aussi bien nous sommes assis sur 11ne herbe moelleuse. Et voici que chaque champ, voici que chaque arbre est en gésine, voici les bois en feuilles, voici la plus belle saison. Commence, Damète ; ensuite viendra ton tour, Ménalque. Alternativement vous aurez la parole ; les Camènes aiment les chants alternés. DAMÈTE
60
Commen9ons par Jupiter, ô Muses ; Jupiter est partout ; c'est lui qui veille sur les terres, lui qui a souci de mes chants.
51
P. VERGJLI BVCOI,ICA
]II
In medio duo signa, Conon, et ... quis fuit alter, 40 descripsit radio totum qui gentibus orbem, tempora quae messo1·, quae curuus arator haberet- ? Necdum illis labra admoui, sed condita seruo. DAMOETAS
Et nobis idem Alcimedon duo pocula fecit, et molli circum est ansas amplexus acantho ; 45 Orpheaque in medio posuit, siluasque sequentis. Necdum illis labra admoui, sed condita seruo. Si ad uitulam spectas, nihil est quod pocula laudes. MENALCAS
N umquam hodie effugies ; ueniam quocumque uocaris. Audiat haec tantum uel qui uenit ecce Palaemon. 60 Efficiam posthac:ne:quemquam uoce lacessas. DAMOETAS
PR
Q11in age, si quid habes ; in me mora non erit ulla, nec quemquam fugio : tantum, uicine Palaemon, sensibus haec imis (res est non parua) reponas. PAT,AEMON
Dicite, quandoqttldem in molli consedimus herba. Et nunc omnis ager, nunc omnis parturit arbos, nunc frondent siluae, nunc formosissimus annus. Incipe, Damoeta ; tu deinde sequere, Menalca. Alternis dicetis : amant alterna Camenae.
56
DAMOETAS
Ab loue principium, Musae : louis omnia plena ; ille colit terras, illi mea carmina curae. 55 dicite P
2 :
-i:cete P
Il
60
60 SERV. (ab loue principium musae uel
muaae ab loue est principium uel muaae, sumamus ab loue principium) Cf. THEOOB,, XVll, 1 be ÂtàÇ 1Xp)(6>{Le6ot, µoi:aa.t.
III
BUCOLIQUES
52
MÉNALQUE
Et moi, c'est Phébus qui m'aime ; Phébus trouve toujours près de moi les présents qu'il préfère : lauriers et hyacinthe d'un rouge délicat. DAMÈTE
65
Galatée me lance une pomme, la folle enfant, et s'enfuit vers les saules, et désire être aperçue auparavant. MÉNALQUE
A moi s'offre spontanément l'objet de ma flamme, Amyntas ; aussi nos chiens le connaissent déjà mieux que Délie. DAMÈTE
J'ai sous la main, pour ma belle, des cadeaux ; car j'ai noté l'endroit où, dans les airs, les ramiers ont assemblé leur nid. MÉNAI,QUE
70
J'ai fait de mon mieux: pour mon chéri, j'ai cueilli sur un arbre de la forêt dix pommes dorées; je les lui ai envoyées ; demain j'en enverrai autant. DAMÈTE
0 que de propos, et quels propos nous a tenus Galatée 1 Vents, 1)ortez-en quelques-uns aux oreilles des dieux. MÉNALQUE
A quoi bon ne pas me dédaigner dans le secret de ton 7 5 cœur, Amyntas, si, pendant que tu cours les sangliers, je suis de garde aux filets ? DAMÈTE
Envoie-moi Phyllis, Iollas ; c'est mon anniversaire ; quand je sacrifierai une génisse pour mes récoltes, viens toi-même.
52
P. l 1 ERGILI BVCOLICA
[11
MENAT.CAS
Et me Phoebus amat; Phoebo sua semper apud me munera sunt, lauri et suaue rubens hyacinthus. DAMOETAS
Malo me Galatea petit, lasciua puella, et fugit ad salices et se cupit ante uideri. MENAT,CAS
At mihi sese offert ultro meus ignis, Amyntas, notior ut iam sit canibus non Delia nostris. DAMOETAS
Pa1·ta meae Veneri sunt munera : namque notaui ipse locum, aeriae quo congessere palumbes. MENAT,CAS
Quod potui, puero siluestri ex arbore lecta alrrea mala decem misi ; cras altera mittam.
70
DAMOETAS
0 quotiens et quae nobis Galatea locuta est ! partem aliquam, uenti, diuom referatis ad auris ! MENAT,CAS
Quid prodest, quod me ipse animo non spernis, Amynta si, dum tu sectaris apros, ego retia seruo 1 75 DAMOETAS
Phyllida mitte mihi, meus est natalis, Iolla ; cum faciam uitula pro frugibus, ipse uenito. 70 lecta. P 2 : tecta. P Il 77 uitula. SERV. (faoiam uitula ait, ut faciam ture, faciam agna) MA.c:a.oB. (per ablatiuum cum faciam uitula, Sat. III, 2, 15) : uitula.m Ry.
III
BUCOLIQUES
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MÉNALQUE
Phyllis ! je l'aime plus que toutes ; car elle a pleuré de me voir partir, et prolongé son : > DAMÈTE
80
Funeste est le loup aux étables ; aux moissons mûres, les averses ; aux arbres, les vents ; à nous, les colères d 'Amaryllis. MÉNAI,QUE
Douce est aux guérets la pluie ; aux chevreaux sevrés, l'arbousier ; le saule flexible à la brebis pleine ; à moi, le seul Amyntas. D.AMÈTE 85
Pollion aime notre muse, toute champêtre ql1'elle est Piérides, nourrissez llne génisse pour Celui qui vous lit. 1\'.ÎÉNALQUE
Pollion, lui aussi, fait des vers mode1·nes ; nourrissez 11n taureau qui déjà donne de la corne et, de ses sabots, fasse voler le sable. D.AMÈTE
Que celui qui t'aime, Pollion, parvienne au bonheur où il se réjouit de te voir parvenu ; que pour lui coulent des ruisseaux de miel, et que la ronce revêche produise l'amome. MÉNALQUE
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Que celui qui ne hait pas Bavius aime tes vers, Mévius ; puisse-t-il aussi mettre au joug des renards et traire des boucs ! DAMÈTE
Vous qui cueillez des fleurs et les fruits des fraisiers rampants, sauvez-vous d'ici, garçons ; un froid serpent se cache dans l'herbe. MÉNALQUE
Gardez-vo11s, brebis, d'avancer trop loin ; la rive n'est 95 pas sûre ; lui-même le bélier est encore en train de sécher sa toison,
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P. VERGILI BVCOLJCA
111
MlilNALOAS
Phyllida amo ante alias ; nam me discedere fleuit, et Iongum > inquit . l)AMOE'.rAS
Triste lupus stabulis, maturis frt1gibus imbres, arboribus uenti, nobis Amaryllidis irae.
so
MENAT,CAS
D1ùce satis umor, depulsis a1·butus haedis,
lenta salix feto pecori, mihi solus Amyntas. DAMOETAS
Pollio amat nostram, quamuis est 1·ustica, lVIusam : Pierides, uitulam lectori pascite uestro. 85 MENALOAS
Pollio et ipse facit noua carmina : pascite taurum, iam cornu petat et pedibus qui spargat harenam. DAMOETAS
Qui te, Pollio, amat, ueniat quo te quoque gaudet ;
mella fl11ant illi, ferat et rubus asper amomum. MENALCAS
Qui Bauium non odit, amet tua ca:rmina, Maeui, atque idem iungat uolpis et m11lgeat hircos.
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DAMOETAS
Qui legitis flores et humi nascentia fraga, frigidus, o pueri, fugite hinc, latet anguis in herba. MENALOAS
Parcite, oues, nimium procedere : non bene ripae creditur : ipse aries etiam nunc uellera siccat.
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III
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BUCOLIQUE.S DAMÈTE
Tityre, tandis qu'elles paissent, écarte les chèvres de la rivière ; moi-même, en temps voulu, je les baignerai toutes à la source. MÉNALQUE
Rassemblez les brebis, les gars ; si la chaleur leur coupe le lait, comme naguère, en vain nous presserons dans nos paumes leurs mamelles. DAMÈTE
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Hélas ! hélas ! comme il est maigi·e, mon taureau, malgré l'ers de la grasse pâture. L'amour est fatal au troupeau comme au maître du troupeau. MÉNALQUE
En voici -l'amour n'est pourtant pas responsable dont la peau tient à peine aux os ; je ne sais quel mauvais œil jette un sort à mes jeunes agneaux. D.AMÈTE
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Dis l'endroit -et tu seras pour moi le grand Apollon où l'espace céleste 11'a pas plus de trois coudées. l\tlÉN AT,QUE ,
Dis l'endroit où des fleurs en naissant portent graves des noms royaux, et tu auras Phyllis à toi seul. PALÉMON
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Il ne nous appartie11t pas de trancher e11tre vous de si grands différ·ends. Tu mérites la génisse, et lui aussi, et quiconque redoutera les douceurs de l'amour ou en éprouvera les amertumes. Maintenant, les gars, fermez les rigoles ; les prés ont assez bu.
54
P. VERGILI BUCOLICA
III
DAMOETAS
Tityre, pascentis a flumine reice capellas ; ipse, ubi tempus erit, omnis in fonte lauabo. MENALCAS
Cogite ouis, pueri ; si lac praeceperit aestus, ut nuper, frustra p1·essa,bim11s ubera palmis. DAMOETAS
Heu, heu 1quam pingui macer est mihi tau1·us in eruo ! 100
Idem amor exiti11m est pecori pecorisque magist1·0. MENALCAS
His certe -
neque a1nor causa est -
l1ix ossib11s haere11t : nescio quis teneros oculus mihi fascinat agnos. DAMOETAS
Die quibus in terris, et eris mihi magnus Apollo, t.ris pateat caeli spatium non amplius ulnas.
105
J.\,lEN AT,CAS
Die quibus in terris insc1·ipti 11omin.a regum nascantur flores, et Phyllida solus habeto. PAI,Al suis dixerunt > fusis concordes stabili fatorum numine Parcae. Adgredere o magnos (aderit iam teropl1s) honores, cara deum soboles, magnum Iouis incrementum ! Aspice conuexo nutantem pondere mundum, 50 terrasque tractusque maris caelumque profundum ; aspice uenturo laeta11tur ut omnia saeclo. 0 mihi tum longae maneat pars ultima uitae, spiritus et quantum sat erit tua dicere facta ! Non me carminibus uincat nec Thracius Orphel1s, 55 nec Linus mater quam11is atque huic pater adsit, Orphei Calliopea, Lino formosus Apollo. 28 fl.auescet y 1 : -it Ry Il 33 telluri infindere st1lcos y (cf. Aen. 5, 142) : tellurem ... sulco R Il 52 laetantur R : entu1· PCJ.y Il 58 longae R SERV.: -g,e Py Il 55 uincat Py 1 : -et P 2 Ry Il 57 orphei Py : orphi y 1 MACROB. (Sat. V, 17, 19) Il 57 formosus P 2 r,.y : -onsus P.
IV
BUC'OLJQUES
62
même, devant l'Arcadie prise pour juge, aurait beau se mesurer à moi: Pan même, devant l'Arcadie prise pour juge, s'avouerait vaincu. 80 Commence, petit enfant, à reconnaître ta mère à son sourire (à ta mère, dix mois ont apporté de longs dégoûts), commence, petit enfant: celui qui n'a pas vu ses parents lui sourire, un dieu ne l'a pas jugé digne de sa table, ni une déesse de sa couche.
----···
- - ---·
62
P. VERGILI BVCOLICA
IV
Pan etiam Arcadia mecum si iudice certet, Pan etiam Arcadia dioat se iudice uictum. Incipe, parue puer, risu cognoscere matrem 60 (ma.tri longa. decem tulerunt fastidia menses) ; incipe, parue puer : oui non risere parentes, nec de11s hune mensa, dea nec dignata cubili est. 61 ma.tri Py 1 : -tris Ply Il tulerunt pa : -ra.nt ix -rint SEBV, (alii abstulerint legunt) Il 62 oui non rise1·e parentes PRixy : qui non risere parenti Schrader, cf. QvrNTIL. (IX, 3, 8, oui non risere parentes nec deus h11no, •• est codd., qui non risere parenti edd.) li 63 cubili P~y 1 : -le pay.
V• BUCOLIQUE Composition. -
L'ordonnance de cette pièce est symé-
trique : v. 1-19 : le cadre ; deux bergers, Mopsus et Ménalque se rencontrent, se complimentent sur leur talent poétique, et entrent dans une grotte pittoresque ; v. 20-44 : Mopsus dit la mort de Daphnis et la douleur alors ressentie par toute la nature ; v. 45-55 : bref retour au dialogue comme entr'acte entre les chants de Mopsus et de Ménalque ; v. 56-80 : Ménalque, à son tour, dit l'apothéose de Daphnis et la joie qu'elle a causée ; v. 81-90 : les deux bergers font échange de compliments et de cadeaux. Ainsi, par le nombre des vers, comme par les sujets traités, les chants de Mopsus et de Ménalque se correspondent 1 , symétriquement encadrés. Le chant amébée prend ici une forme nouvelle : au lieu d'être haché en couplets alternés de deux ou trois vers, comme dans la troisième églogue, les bergers débitent chacun une longue tirade. L'intérêt des couplets rapides résidait dans la variété des sujets la.ncés pa1· le premier concurrent, dans la vivacité des répliques opposées par le répondant. Ici, l'antithèse se développe avec plus de majesté, d'ampleur oratoire. Ainsi, dans le chant de Mopsus, le deuil de la nature, à la mort de Daphnis, est célébré dans un prélude plein de mouvement, dont les accents - très romantiques, mais déjà théocritéens - annoncent le thème de la nature associée aux douleurs humaines. Daphnis. - Mais qui est Dapl1nis ? Jules César ? le frère de Virgile ? Saloninus, fils de Pollion ? Quintilius Varus ? Alfénus Varus ? Marcellus ? Q. Corniflcius ? Catulle ? 8 Certaines de ces interprétations ont été risquées dans l'antiquité. Mais la première a toujours eu le plus de succès. On a vu dans les vers 66 et suivants une allusion à l 'apothéose de César, décrétée par les triumvirs en 42 av. J.-C. 3 ; on a même rappelé que les habitants de la Transpadane avaient des raisons particulières d'aimer le dictateur, qui, en 49, leur avait accordé à tous le droit de cité. Or la cin1. Ils se subdivisent en sections parallèles de 4, 5, 7, 4, 5 vers. 2. Résumé de la question dans L. HERRMANN, ouv. cit., pp. 107-117. 3. Cf. P. GRIMAL, La ve Églogue et le citlte de César, dans Mélanges Picard, Paris, 1949, pp. 406-419.
64
ye BUCOI~IQUE
quième Bucolique doit être une des p1·omières en date ; elle a dû. suivre d'assez près 1.es 2e et 3•, qu'elle 1·L1ppelle aux vers 86-87 ; et précéder la 9e do11t les vtirs 19-2U :;ur1t une reprise, semble-t-il, de B. 5, 40. Mais, dans les premières bucoliques, Théoc1·ite a été la principale source de Virgile. Or Thyrsis, dans l' Idylle I, chante Daphnis, demi-dieu, inventeur de la pastorale. A celui-ci, Bion fait allusion dans son Idylle sur Adonis et Moschos dans la sienne sur Bion. Théocrite insiste sur l'aventure amoureuse de Dapl1nis, mais il dit déjà le deuil de la nature à la mort du héros, Si allusions il y a, chez Vi1·gile, à Jules César, à ses bienfaits, à sa mort prématurée, il faut avouer qu'elles sont voilées et passent inaperçues dans un ensemble champêtre, dont les détails conviennent d'abord et surtout au demi-dieu Daphnis 1 • 1. Voir détails mythologiques sur Daphnis, d'après les textes anciens, dans A. CART.A.OLT, ouv. cit., p. 166 sq. César n'était pas beau (cf. v. 44). Il n'a pas le premier attelé à un char des tigres d'Arménie (cf, v. 29) ; il n'a pas introduit les danses de Bacchus (cf. v. 30). Et sa mère mourut avant lui, pendant la guerre des Gaules (cf. v. 23). Cf. P. BoYANCÉ, La religion de Virgile, Paris, 1963, p. 8 : « En dehors du fait même de l'apothéose, il n'y a rien en ce pâtre radieux et juvénile qui nous fasse songer au dictateur fatigué, et le crudeli Junere y serait une allusion bien insuffisante pour flétrir l'assassinat des Ides de Mars)). Voir aussi O. SKUTSCH, Zu Vergils Eklogen, dans Rhein. Museum, 1956, pp. 193-201 (contre Daphnis = Césa.r).
•
V
BUCOLIQUES
65
MÉNALQOE
Mopsus, puisque nous voici ré11nis, habiles tous les deux, toi à souffler dans les chalumea11x légers, moi à dire les vers, pourquoi ne pas nous asseoir ici, au milieu des ormeaux mêlés de coudriers 1 MoPSUS
5
Tu es l'aîné ; à toi, Ménalque, je dois obéissance, que nous pénétrions sous les ombrages mobiles, agités par les zéphyrs, ou plutôt dans la grotte. Vois comme 11ne lambruche sauvage a, çà et là, tapissé la grotte de ses grappes. MÉNALQOE
Sur nos montagnes, tu n'as qu'un rival : Amyntas. MOPSUS
Et après 1 ne disputerait-il pas à Phébl1s le prix du chant 1 MÉNALQUE
10
Commence, Mopsus, le premier, si tu as à dire les feux de Phyllis, ou les louanges d' Al con, ou des invectives à Codrus ; commence ; pendant que les chevreaux paissent, Tityre les gardera. MoPSUS
Non, je vais plutôt essayer les vers que j'ai naguère inscrits dans la verte écorce d'un hêtre, en y intercalant 15 des airs de musique ; après cela, invite Amyntas à se mesurer à moi 1 MÉNALQOE
Autant le flexible saule le cède au pâle olivier, autant la valériane naine le cède aux roseraies pourpres, autant,
65
P. VERGILI BVCOLICA
V
V 1\ÏENALOAS
I'R
Our non, J\'Iopse, boni quoniam conuenimus ambo tu calamos inflare leuis, ego dicere uersus, hic corylis mixtas inter consedimus 1tlmos ? MOPSVS
'ru maio1· ; tibi me est aequom parere, J\'Ienalca, siue sub incerta.s Zephyris motantibus 11mbras, siue antro potius succedimus. Aspice ut antrum siluestris raris sparsit labrusca racemis. MENAl,CAS
Montibus in nostris solus tibi certat Amyntas. MOPSVS
Quid, si idem ce1·tet Phoebum supera1·e canendo 1 MENALCAS
Incipe, J\'Iopse, prior, si quos aut Phyllidis ignis aut Alconis habes laudes aut iurgia Codri ; incipe ; pascentis seruabit Tityrus haedos.
10
MoPSVS
Immo haec in uiridi nuper quae cortice fagi ca:rmina. descripsi et modulans alterna notaui, experiar : tu deinde ·iubeto certet Amyntas.
15
MENALCAS
Lenta salix quantum pallenti cedit oliuae, puniceis humilis quantum saliunca rosetis, B. V. Menalcas Mopsus PR Il 8 oertat R : certet Py : iubeto ut oertet Ra.. VIRGILE. -
BUCOLIQUES.
et Pr
Il
15 iubeto 8
V
BUCOLIQUES
66
à mon sens, Amyntas le cède à toi. Mais trêve de propos, mon petit ; nous sommes entrés dans la grotte.
MoPsus 2o
Les Nymphes pleuraient Daphnis, victime d'un cruel trépas (vous pouvez l'attester, coudriers et cours d'eau), alors que, tenant embrassé le cadavre pitoyable de son enfant, sa mère nomme cruels les dieux et les astres. 25 Personne, en ces jours-là, Daphnis, n'a mené ses bœufs repus aux frais cours d'eau ; auc11ne bête n'a goûté l'eau de la rivière ni touché l'herbe de la prairie. Daphnis, sur ta mort ont gémi même les lions p11niques : les montagnes sauvages et les forêts le disent. Daphnis î il a aussi, le premier, attelé à 11n char des tigres d'Arménie, introduit 3 o les thiases de Bacchus, et enlacé d'11n souple feuillage des hampes flexibles. Comme la vigne est la parure des arbres, les grappes celle des vignes, les taureaux celle des troupeaux, les moissons celle des terres fécondes, tu es toute la parure des tiens. Depuis que les destins t'ont ravi, 35 Palès elle-même, Apollon lui-même ont quitté les champs. Les sillons auxquels nous avons souvent confié des grains d'orge magnifiques donnent naissance à l'ivraie stérile et à la folle avoine ; au lieu de la tendre violette, au lieu du narcisse pourpré, surgissent le chardon et l'épine aux piquants aigus. 40 Jonchez la terre de feuilles, drapez d'ombre les sources, bergers (telles sont les volontés de Daphnis) ; élevez aussi 11n tertre, avec cette épitaphe en vers :
Daphnis je fus aux bois connu jusqu'aux étoiles, Gardien d'un beau troupeau, gardien plus bel encore.
66
P. VERGILI BVCOLICA
iudicio nostro tantum tibi cedit Amyntas. Sed tu desine plura, puer ; successimus antro. MoPsvs
Exstinctum Nymphae crudeli f11nere Daphnim 20 flebant (uos coryli testes et flumina Nymphis), cum complexa sui corpus miserabile nati atque deos atque astra uocat crudelia mater. Non ulli pastos illis egere die bus frigida, Dapbni, boues ad flumina: nullaneque amnem 25
libauit quadrupes, nec graminis attigit herbam. Daphni, tuom Poenos etiam ingemuisse leones inte1·itum montesque feri siluaeque loquontur. Daphnis et Armenias curru subiungere tigris instituit ; Daphnis thiasos inducere Bacchi, 30 et foliis lentas h1texere mollibus hastas. Vitis ut arboribus decori est, ut uitibus uuae, ut gregibus tauri, segetes ut pinguibus aruis, tu decus omne tuis. Postquam te fata tulerunt, ipsa Pales agi·os atque ipse reliquit Apollo. 35 Grandia saepe quibus mandauimus hordea sulcis, infelix lolium et steriles nascuntur auenae ; pro molli uiola, pro purpureo narcisso carduos et spinis surgit paliurus acutis. Spargite humum foliis, inducite fontibus umbras, 40 pastores (mandat fieri sibi talla Daphnis), et tumul11m facite, et tumulo superaddite carmen : DAPHNIS EGO IN SILVIS HINO VSQUE AD SIDERA NOTVS
FORMOSI PECORIS CVSTOS FORMOSIOR IPSE.
19 hu1ic uersum M enalcae tribuunt codd. Il 28 feri R SERV. : fer11nt P Il siluae P 2 : siluaes P Il 38 uiola P 2 : uiolae P uiola et R Il purpureo codd. SERV. PHILARG. : ea DIOMEDES Il 44 formosi P 2(1..y : -onsi P Il formosior P 2(1..y : -onsior P.
\!
BUCOLIQUES
67
1\-IÉN AI.QUE 45
:30
Tes vers sont pour nous, divin poète, comme 11n somme sur le gazon pour qui est harassé ; comme, en pleine chaleur, le plaisir d'étancher sa soif à l'eau délicieuse d'11n ruisseau bo11dissant. Ton chalumeau, que dis-je î ta voix fait de ·toi l'égal de ton maître ; heureux garçon ! tu se1·as désormais un second Daphnis. Nous dirons quand même, comme nous pourrons, à notre tour, notre chant, et nous éléverons ton cher Daphnis jusqu'aux astres ; Daphnis ! Jusqu'aux astres nous le porterons ; nous avons été aimé, nous aussi, par Daphnis.
MOPSUS
ô5
Pourrions-nous recevoir présent plus précieux ? Le jeune héros était digne d'être chanté, et tes vers, dep11is longtemps, Stimichon nous les a vantés.
MÉNALQUE
Radieux, Daphnis admire - spectacle nouveau ! le seuil de l'Olympe ; il voit sous ses pieds les nuages et les astres. Aussi une allègre jouissance possède les bois et toute la campagne, ainsi que Pan, les bergers et les 60 je11nes Dryades. Le loup ne machine plus d'embûches contre le bétail, ni les rets de piège pour les cerfs : la paix agrée au bienfaisant Daphnis. Des cris d'allégresse, euxmêmes les monts chevelus en lancent jusqu'aux astres ; eux-mêmes les rochers réso1ment d'échos poétiques, euxmêmes les vergers : ; et lui enco1·e : > MOPSUS
Eh bien ! toi, prends cette houlette ; malgré toutes ses prières, Antigène ne l'a pas emportée (pourtant alors il méritait d'être aimé) ; elle est belle, J\fénalque, avec 90 ses entre-nœuds égaux et sa monture de bronze .
•
•
68
P. VERGILI BUCOLICA
V
et multo in primii:i hilarans conuiuia Baccho, ante focum, si frigus erit, si messis, in umbra, 70 uina nouom fundam calathos Ariusia nectar. Cantabunt mihi Damoetas et Lyctius Aegon ; saltantis Satyros imitabitur Alphesiboeus. Haec tibi semper erunt, et cum sollemnia uota reddemus Nymphis, et cum lustrabimus agros. 75 Dum iuga montis aper, fluuios dum piscis amabit, dumque thymo pascentur apes, dum rore cicadae, semper honos nomenque tuom laudesque manebunt. Vt Baccho Cererique, tibi sic uota quotannis agricolae facient : damnabis tu quoque uotis. 80 MoPsvs Quae tibi, quae tali reddam pro carmine dona 1 Nam neque me tantum uenientis sibilus Austri nec percussa iuuant fluctu tam litora, nec quae saxosas inter decl1rrunt flumina uallis. MENALOAS
PRY
Hac te nos fragili donabimus ante cicuta: haec nos 6 Nunc ego (11amque super tibi erunt, qui dicere la11des, Vare, tuas cupiant, et tristia condere bella) agrestem tenui meditabor harundine musam. Non iniussa cano. Si quis tamen haec quoque, si qttis captus amore leget, te nostrae, Vare, myricae, 10 te nemus omne canet; nec Phoebo gratior ulla est quam sibi quae Vari praescripsit pagina nomen. Pergite, Pierides. Chromis et Mnasylus in antro Silenum pueri somno uidere iacentem, inflat11m hesterno uenas, ut semper, Iaccho ; 15 serta procul tantum capiti delapsa iacebant, et grauis attrita pendebat cantharus ansa. Adgressi (nam saepe senex spe carminis ambo luserat) iniciunt ipsis ex uincula sertis. Addit se sociam timidisque superuenit Aegle. 20 Aegle, N aiadum pulcherrima, iamque uidenti PR sanguineis frontem moris et tempora pingit. lie dolum ridens : > inquit. > 60 Tum canit Hesperidum miratam mala puellam ; tum Phaethontiadas musco circumdat amarae corticis, atque solo proceras erigit alnos. T11m canit, errantem Permessi ad fl11mina Ga]l11m Aonas in montis ut duxerit 11na sororum, 65 utque 11iro Phoebi chorus adsurrexerit omnis; ut J.inua haeo illi di11in.o carmine pastor, fi.oribus atque apio crinis ornatus amaro, dixerit : « Hos tibi dant calamos, en accipe, Musae, Ascraeo quos ante seni ; quibus ille solebat 70 cantando rigidas deducere montibus ornos. His tibi Grynei nemoris dicatur origo, ne quis sit lucus quo se plus iaotet Apollo. i, Quid loquar aut Scyllam Nisi, quam fama secuta est candida succinctam latrantibus inguina monstris 75 Dulichias uexasse rates, et gurgite in alto, a, timidos nautas canibus lacerasse marinis, aut ut mutatis Terei narrauerit artus, quas illi Philomela dapes, quae dona pararit, quo cursu deserta petiuerit, et quibus ante 80 infelix sua tecta super uolitauerit alis ~ Omnia, quae Phoebo quondam meditante beatus gor·- P Il 62 amarae MP 2 2 DIOMEDES: -·ro R Il 65 aonas MP: -·nias R Il duxerit P : dixerit MR duerit P Il 72 crynei R : -:naei MP Il 73 ne P : nec P"R Il q11is P : qui P 2 Il 74 aut MP : ut R Il 76 dulichias R 2 : -oias MP 1Ry Il 80 ante MPR : alte Ribbeck. 60 oortynia. MR
SERV. PHTI,A.RG.:
VIRGILE, -BUCOLIQUES.
9
VI
85
BUCOLIQUES
76
l'Eurota.s aveo bonheur les écouta. et les .fit .apprendre à ses lauriers, Silène les chante (l'écho des vallées les renvoie jusqu'a.11x astres), jusqu'au moment de rassembler les moutons au bercail et de rendre l'appel, a.u sig,,al de Vesper apparu dans !'Olympe marri.
76
VI
P. VERGILI BVCOLICA
audiit Eurotas iussitque ediscere laurus, ille canit (pulsae refer11nt ad sidera ualles), cogere donec ouis stabulis n11m~rumque referre iussit et inuito processit Vesper Olympo. 83 ediscere MR : disoere P MP: -:ferri M 2Piy.
li la.urus M
: lauros PR
Il
85
85 refene
VIIe BUCOLIQUE
Dater cette pièce est impossible 1 : elle ne renferme aucune dédicace, aucune allusion aux événements contemporains. Les souvenirs de Théocrite y sont nombreux ; elle se rattache à la première manière de Virgile dans le genre pastoral. Mais le poète a pu revenir au dialogue et à la facture des premières Bucoliques, après s'en être écarté momentanément. Assigner à cette pièce, comme on l'a rait, la date de 40 av. J.-C., c'est poser ce principe arbitraire : Virgile a composé les Bucoliques suivant une évolution rigoureuse ; d'abord des imitations de Théocrite, ensuite des pièces plus personnelles. Seul un détail du v. 55 Uormo8UB AZexis), permettrait de croire que la 7e Bucolique est postérieure à la 2 8 Uormosum ••• AZexim, B. 2, 1). Oomposition. - Dans cette pièce, Virgile a contaminé divers emprunts alexandrins. Comme dans l'idylle VIII de Théocrite, il présente un chant alterné en strophes de 4 vers ; aux Idylles VII, IX et XI, il a emprunté quelques détails. En outre, une épigramme d'l1:rykios (Anth. pal., VI, 96) met en scène des bouviers, tous deux Arcadiens (cr. v. 4), et dont l'un se nomme Corydon. L'influence des épigrammatistes apparaît aussi dans plusieurs couplets du chant amébée 2 • Servius exagérait, lorsqu'il affirmait que la pièce était presque toute tirée de Théocrite. En particulier, la scène Initiale, qui est d'une simplicité charmante, paraît avoir été prise sur le vif. Elle se place au pays du poète, sur les bords du Mincio (v. 12 sq.). V. 1-20 : Mélibée soigne ses myrtes ; son bouc s'échappe ; en le cherchant, il rencontre Daphnis qui l'invite à un concours poétique entre le chevrier Corydon et le pâ.tre Thyrsis. Mélibée, petit propriétaire, hésite entre ses occupations et son plaisir. Il cède et rapporte le chant amébée des deux concurrents ; v. 21-36 : ceux-ci invoquent d'abord les divinités rustiques et proposent des épigrammes votives ; v. 87-68 : ils disent ensuite leurs amours ; v. 69-70: le vainqueur est Corydon 1 •
Date. -
1. Voir lntroduœion des Bucolique., : Ohronologie ; J. PEBBJII"', op. cm., p. 22. 2. Of. J. Hoa11mc, Le Réaliame••• , p. 108 sq, 118, 124. 3. Dea subdivisions et raffinements de composition ont été imaginés p&r L. HERRMANN (La double syméki8 dans la septüme Bucolique de Virgile, de,os Rev. Belge de Philol. et d'Hist,., 1926,
Vl19 BUCOLIQUE
78
Le Zy'l'isme pittoresque.,- Circonstances vivantes de la
scène initiale ; accumulation de notations sensuelles dans le chant amébée ; précision des détails réalistes dans certains couplets ; effort pour suggérer des ensembles par quelques détails caractéristiques : l'art de Virgile est ici, peut-être, plus subtil que dans les troisième et cinquième églogues. On y retrouve les mêmes procédés de forme et de rythme, les mêmes balancements et oppositions ; en outre, le goftt d'un pittoresque à la fois sobre et minutieux fait penser à la manière d'un Théophile Gautier. pp. 944-949) et pa.r G. SnGEN (Étude gile, I, 2, 4, 5, 7, op. oie., p. 98 sq.).
BU,,-
cinq Bucoliques de Vir-
VII
BUCOLIQUES
79
VII MÉLIBÉE
fi
10
15
20
Un jour Daphnis s'était assis sous 11ne yeuse bruissante; Corydon et Thyrsis avaient ré11ni leurs troupeaux, Thyrsis ses brebis, Corydon ses chèvres aux mamelles gonflées de lait, tous deux dans la fleur de l'âge, .Arcadiens tous les deux, chanteurs d'égale force et prêts à la réplique. En cet endroit, tandis que j'abritais du froid mes tendres myrtes, le mâle du troupeau, mon bouc s'était égaré ; alors j'aperçois Daphnis. Et lui, de son côté, dès qu'il me voit : « Vite, dit-il, viens ici, Mélibée ; ton bouc est sauf, ainsi que tes chevrea11x ; et, si tu as quelque loisir, repose-toi sous l'ombrage. Tes je11nes taurea11x sauront bien traverser les prés pour venir boire ici ; ici, le Mincio frange de tendres roseaux ses rives verdoyantes, et, d'11n · chêne sacré, vient le bourdonnement d'11n essaim. » Que faire t Je n'avais ni Alcippe ni Phyllis pour enfermer au logis mes cheveaux sevrés ; d'autre part il y avait joute - Corydon contre Thyrsis - joute d'importance ! Tant pis ! à mes besognes sérieuses je préférai leur jeu. Donc ils commencèrent tous deux à rivaliser en vers alternés ; les Muses voulaient des compositions alternées. Voici tour à tour celles de Corydon, celles de Thyrsis.
COH:t: DON
Nymphes du Libéthros, nos amours, accordez-moi 11n chant égal à ceux de mon cher Codrus (il compose des
79
P. VERGILI BVCOLICA
VII
VII MELIBOEVS
Forte sub arguta consederat ilice Daphnis, compulerantque greges Corydon et Thyrsis in unum, Thyrsis ouïs, Corydon distentas Jacte capellas, ambo floreutes aetatibus, Arcades ambo, et cantare pares et respondere parati. fi Huc mihi, dum teneras defendo a frigore myrtos, llir gregis ipse caper deerrauerat ; atque ego Daphnim adspicio. Ille ubi me contra uidet : cc Ocius >> inquit > Quid facerem î neque ego Alcippen, nec Phyllida habeba,m, depulsos a lacte domi quae clauderet agnos, 16 et certamen erat, Corydon cum Thyrside, magnl1m. Posthabui tamen illorum mea seria ludo. Alter11is igitur contendere uersibus ambo coepere; alternos Musae meminisse uolebant. Hos Corydon, illos referebat in ordine Thyrsis. 20 MP
CORYDON
Nymphae, noster amor, Libethrides, aut. mibi carmen, quale meo Codro, concedite (proxima Phoebi B. VII Meliboeus Corydon Thyrsis MP Il 2 11n11m P 2 : 11nda.m P Il 6 hue M : hic Prx Il 13 eque M 11 rx 1 : atque rx et quae M Il 16 agnos M 2P : haebos M Il 18 ambo M 1PV : -os M li 19 uolebant MPV SERV. (ai uolebant aenBU8 est: muaae utriuaque meminerant; sed multi uolebam legunt, ut ait : optabam, o musae, memimiase alternos) 1122 phoebi MP: -ho V.
VII
BUCOLIQUES
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vers tout proches de ceux de Phébus) ; ou bien, puisque nous n'en pouvons pas tous autant, ici j'accrocherai ma flûte sonore au pin sacré.
25
Bergers, parez de lierre le poète naissant, Arcadiens, pour que les flancs de Codrus en crèvent de dépit ; ou bien, si Codrus me félicite outrageusement, ceignez mon front de baccar, de peur que sa méchante langue ne porte préjudice au poète futur. CORYDON
Voici pour toi, Délienne, une hure de sanglier hirsute, 3 o de la part du petit Mi con, ainsi que la ramure d'11n cerf au grand âge. Si j'en ai le moyen, tu auras ta statue en pied, de marbre poli, chaussée d'11n cothurne de pourpre. TRîRSIS
Une jatte de lait et ces gâteaux, Priape, voilà tout ce que, chaque année, tu peux attendre : tu es le gardien d'un pauvre jardin. Jusqu'à présent, nous t'avons, 35 selon nos moyens, figuré dans le marbre ; mais si les naissances repeuplent notre troupeau, je veux que tu sois d'or. CORîDON
Fille de Nérée, Galatée, plus douce pour moi que le thym de l'Hybla, plus blanche que les cygnes, plus belle que le lierre pâle, dès que les taureaux repus rega40 gneront leurs crèches, si tu as quelque amour pour ton Corydon, tu viendras. TRYRSIS
Et moi, je veux te paraître plus amer que les plantes sardes, plus rêche que le houx, plus vil que l'algue échouée, si ce jour ne me semble pas plus long qu'11ne année entière. Allez au logis, mes taureaux, assez mangé, si vous avez quelque vergogne, allez.
80
P. VERGILI BVCOLICA
VII
uersibus ille facit), aut, si non possumus omnes, hic arguta sacra pendebit fistula pinu. THYRSIS
Pastores, hedera nascentem ornate poetam, Arcades, inuidia rumpantur ut ilia Codro; aut, si ultra placitum laudarit, baccare frontem cingite, ne uati noceat mala lingua futuro.
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CORYDON
Saetosi caput hoc apri tibi, Della, paruos et ramosa Micon uiuacis cornua cerui. Si proprium hoc fuerit, leui de marmore tota p11niceo stabis auras euincta coturno.
30
THYRSIS
Sinum lactis et haec te liba, Priape, quotannis exspectare sat est : custos es pauperis horti. Nunc te marmoreum pro tempore fecimus; at tu, 35 si fetura gregem suppleuerit, aureus esto. CORYDON MP
N erine Galatea, thymo mibi dulcior Hyblae candidior cycnis, hedera formosior alba, cum primum pasti repetent praesepia tauri, si qua tui Corydonis habet te cura, uenito.
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THYRSIS
lmmo ego Sardoniis uidear tibi amarior herbis, horridior rusco, proiecta uilior alga, si mibi non ·haec lt1x toto iam longior a.nno est. Ite domum pasti, si quis pudor, ite, iuuenci. 23 poss11mus M 1P 1y 1a. SE:&V.: Rim11s MPy li 25 nascentem M SE:&V. : crescentem M 1Pa.y SE:&V. (ad. B. 4, 19) Il 30 micon P: mye,- M 2P Vy li 36 suppleuerit P : -ris P 1 Il 38 formosior MP 1a.y : -Dosior P Il 39 repetent MPy 1 : ----tant y Il 41 uidear MP 1 i
-eorP. •
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BUCOLIQUES
VII .
CORYDON
Sources moussues, gazon plus moelleux que le sommeil, et toi, vert arbousier qui répands sur vous ton ombre clairsemée, protégez mon troupeau contre le solstice : voici l'été toITide, voici que les bourgeons se gonflent sur le sarment flexible. THî'RSIS
-50
Ici, j'ai un foyer et des bûches résineuses ; ici, 11ne grande flambée, toujours, et, sans cesse, la f11mée noircit les chambranles ; ici, nous avons cure des froids de Borée, autant que le loup du nombre des moutons, ou les toITent-s de leurs rives. COitî'DON
Debout se dressent les genévriers et les châtaigniers épineux ; à teITe gisent les fruits épars, chac11n sous son 55 arbre ; aujourd'hui tout est riant ; mais si le bel Alexis quittait nos montagnes, on verrait les fleuves e11x-mêmes · se tarir. TRYRSIS
Le champ est desséché ; faute d'air, l'herbe meurt de soif; Liber a refusé aux coteaux l'ombre des pampres ; Vienne notre Phyllis I tout le bocage reverdira, et Jupi60 ter, à profusion, descendra en averse fécondante. COkîDON •
Le peuplier est l'arbre préféré d'Alcide ; la vigne, celui d'Iacchus ; le myrte, celui de la belle Vénus ; le laurier appartient à Phébus ; Phyllis aime les coudriers ; tant que Phyllis les aimera, ni le myrte, ni le laurier de Phébus ne l'emportera sur les coudriers. ..
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VII
CORYDON
Muscosi fontes, et somno mollior herba, · · et quae uos rara uiridis tegit arbutus umbra, solstitium pecori defendite : iam uenit a.estas torrida, iam lento turgent in palmite gemma.e.
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THYRSIS
Hic focus et taedae pingues, hic plurimus ignis semper, et adsidua postes fuligine nigri ; hic tantum Boreae curamus frigora, quantum aut numerum lupus aut torrentia fl.11mina ripas.
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CORYDON
Stant et i11niperi et castaneae hirsutae ; strata iacent passim sua quaeque sub arbore poma; omnia n11nc rident : at, si formosus Alexis 55 montibus his abeat, uideas et flumina sicca. THYRSIS
Aret ager; uitio moriens sitit aeris herba; Liber pampineas inuidit collibus umbras : Phyllidis aduentu nostrae nemus omn.e ui1·ebit, Iuppiter et laeto descendet plurimus imbri.
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CORYDON
Populus Alcidae gratissima, uitis Iaccho, formosae myrtue Veneri, sua laurea Phoebo, Phyllis a.mat corylos ; illas d11m Phyllis amabit, nec myrtus uincet corylos, nec laurea Phoebi. 48 iam P 2 : tam Pli lento M 2P: laeto My Il 52 ripas M: -pa P IJ 55 formosus MP 2a.y : -onsus P Il 56 abeat M PHILABG, : e.berit P"' Il 62 formosae MP 2 c,.y : -onsae P Il 64 corylos MP : ueneri» D.A.NIJCL. (Schol. Serv. : gen. pelnd. a myrtus).
VII
BUCOLIQUES
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Tnx.RHIS 65
Le frêne est le plus bel arbre des bois ; le pin, celui des jardins ; le peuplier, celui des :fleuves ; le sapin, celui des hautes montagnes ; mais si tu revenais plus souvent me voir, beau Lycidas, tu l'emporterais sur le frêne des bois, sur le pin des jardins. M.itt,IB~E
70
•
Voilà ce que je me rappelle, et que vaincu, Thyrsis en vain s'obstina.. Dep11is lors, Corydon est pour nous Corydon .
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P. VERGILI BVCOLICA
VII
THYRSIS
Fra.xinus in sil11is pulcherrima., pinus in hortis, populus m flu1.1iis, abies in montibus a.ltis : sa.epius a.t si me, Lycida. formose, re11isa.s, fra.xinus in si111is cedat tibi, pinus in hortis. MELIBOEUS
Haec memini, et uict11m frustra contendere Thyrsim Ex illo Corydon Corydon est tempore nobis. 70 67 a.t M 3 : a.d P a.c M M SEBV.: et Py.
Il formose
MP,.a.y : -,onse P
Il
68 cedat
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VIII• BUCOLIQUE
La dédicace (v. 1-13). -
Cette pièce peut être datée avec précision, grâce aux vers 6-10 : elle a été écrite pour Pollion, au moment où, vainqueur des Parthines 1 , il revenait à Rome pour y célébrer son triomphe ; or cette cérémonie eut lieu le 25 octobre de l'an 39 av. J.-0. D'autre part, les vers 11-12 montrent que Pollion avait commandé cette pièce à Virgile : il l'avait sans doute prié d'imiter l'Idylle III de Théocrite (La Visite Gaiante), ou plutôt l'Idylle II (La Magicienne). Le chan, de Damon (v. 17-61). - Dans l'idylle III, un chevrier souffre de ne plus être aimé. Ainsi le chant de Damon est la plainte amoureuse d'un berger trahi. Mais si certains détails rappellent quelques passages de l' Idylle Ill (et aussi de l'Id. XI), la situation est autre; le chevrier de Théocrite est près d'Amaryllis, il essaie de l'attendrir par des plaintes, de l'effrayer par des projets de suicide, de la fléchir par des promesses, d'exciter sa jalousie et même de lui offrir le régal d'une chanson. Le berger de Virgile est seul, abandonné; ses rancœurs s'expriment sans ordre ; brusquement il passe des plaintes aux imprécations ; tour à tour il dit l'indignité de Nysa et son désir d'en finir avec la vie ; il se moque de son rival et de son amante perfide ; il évoque avec émotion la scène enfantine de l'amour naissant ; il maudit 1'Amour cruel ; enfin il décide de se donner la mort et d'offrir sa vie comme dernier présent à sa
•
Nysa. La marche fiévreuse et incohérente de cette composition est soulignée par la division du chant en couplets séparés par un refrain. Théocrite, dans l'Idylle II, avait donné 1'exemple de cet agencement. Le chant d'Alphésibée (v. 64-109). - Dans l'idylle II, qu1 est peut-être son chef-d'œuvre, Théocrite reproduisait les incantations d'une victime d'Aphrodite : Simaitha, sensuelle et jalouse, voudrait, par la magie, reconquérir l'amant infidèle. De même, dans le chant d'Alphésibée, on assiste aux opérations magiques d'une amante abandonnée qui voudrait regagner son Daphnis. Virgile s'est appliqué surtout à noter les rites secrets et 1. Peuplade de Dalmatie. Quelques mesures de police vinrent à bout de cette guérilla. (x(Vl)GL MOERIS
Im.mo haec quae Varo, necdum perfecta, oanebat : ,< Vare, tuom nomen, superet modo Mantua nobis, Mantua uae miserae nimium uicina Cremonae, cantantes sublime ferent ad aidera cycni. >> LYCIDAS
Sic tua Cyr·nt,aS fugiant examina taxos, 30 sic cytiso pastae distendant ubera uaccae, incipe, si quid habes. Et me fecere poetam Pierides; sunt et mihi carmin.a; me quoque dicunt uatem pastores : sed non ego credulus illis ; nam neque adhuc Vario uideor nec dicere Cinna 35 digna, sed argutos inter strepere anser olores. MOERIS
Id quidem ago et tacitus, Lycida, mec11m ipse uoluto, si ualeam mAminisse ; neque est ignobile carmen : > 25 ferit M 2 : -ret M Il 28 miserae M 8 : sere MP Il 29 ferent MP: -ant P 2y Il 30 oyrnea.s M SEBV. (cyrneaa, taxus uenenata arbor est quae abuncka in Corsica, haec autem insula greace Oyrnos dicitur): gry -M2M 1Py grin -PHll,AB0.11 35 uario y 1 SEBV. Ps. Aoao (in Horat. O. 1, 6, 8) : uaro MPrx (cf. DANIEL. nonnulli sane Aljenum Varum uolunt) Il 37 lycida M 2P 2 : -dam M Il 42 lentae M 1P 1 : -·ta P tente.a M.
IX
BUCOLIQUES
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LYOIDAS
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Et ces vers que je t'avais entendu chanter seul dans la nuit sereine '? Je me souviens de l'air ; si seulement je me rappelais les paroles l cc Daphnis, pourquoi guetter le lever des anciennes constellations '? Voici qu'est apparu l'astre de César, issu de Dioné, l'astre capable de donner aux guérets la joie des moissons et de colorer la grappe sur les coteaux ensoleillés. Greffe tes poiriers, Daphnis : tes petits-enfants en cueilleront les fruits. >> MŒRIS
55
Tout part avec l'âge, même la mémoire ; souvent, dans mon enfance, il m'en souvient, je chantais à longueur de journée jusqu'au coucher du soleil; maintenant j'ai oublié tous ces poèmes, et la voix même, déjà, manque à Mœris, les loups ont les premiers aperçu Mœris. En tout cas, les vers que tu demandes, Ménalque te les redira souvent. LYOIDAS
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65
Prétextes pour faire lang11ir mon envie l Vois, pour toi, toute l'étendue d'eau, aplanie, fait silence, et tous les souffles de la brise murmurante sont tombés. Nous voici juste à mi-chemin; car le tombeau de Bianor commence à paraître. Ici, où les cultivateurs élaguent l'épais feuillage, chantons ici, Mœ1·is ; ici, dépose les chevreaux ; nous aniverons quand même à la ville. Ou bien, si nous craignons qu'avec la nuit la pluie ne nous devance, nous pouvons en chantant (la route est ainsi moins pénible) continuer à marcher ; pour que nous marchions en chantant, je te soulagerai de ce fardeau. MŒRIS
N'insiste plus, mon petit, et faisons ce qui presse. Nous chanterons mieux quand Ménalque lui-même sera de retour.
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P. VERGILI BVCOLJCA
IX
LYCIDAS
Qu.id, quae te pura solum sub nocte canentem audieram î Numeros memini, si uerba tenerem: 45 > 50 MOERIS
Omnia fert aetas, animum quoque ; saepe ego longos cantando puerum memini n1e condere soles : nunc oblita mihi tot carmina, uox quoque Moerim iam fugit ipsa : lupi Moerim uidere priores. Sed tamen ista satis referet tibi saepe Menalcas. 55 LYCIDAS
Causando nostros in longum ducis amores. Et nunc omne tibi stratum silet aequor, et om11.es, aspice, uentosi cecider1_1nt murmuris aurae. Hinc adeo media est nobis uia; namque sepulcrum incipit apparere Bianoris. Hic, ubi densas 60 agricolae stringunt frondis, hic, Moeri, canamus : hic haedos depone, tamen ueniemus in urbem. Aut, si nox pluuiam ne colligat ante ueremur, cantantes licet usque (minus uia laedit) eamus : cantantes ut eamus, ego hoc te fasce leuabo. 65 . MOERIS
Desine plura, puer, et quod n11nc instat agamus Carmina tum melius, cum uenerit ipse, canemus. 46 moe add. in marg. P 1 , om. Ma.y qui u. 46-50 Lycidae continuant (cf. A. Gartault, op. cit., p. 372 sq.) Il 51 aetas MP 2 : setas P (omnia fers, aetas Ribbeck) Il 59 hinc M : hic P Il 60 bianoris P 2 : -ri P Il 61 frondis P : -des MP 2 rx.y Il 64 laedit My: -det Prx.y 1 Il 66 puer et quod n11nc pz : puer quod n11nc M puer n11nc quod M 1P. VIRGILE, -
BUCOLIQUES.
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X• BUCOLIQUE
Circonstances et plan. -
Cette pièce ne faisait pas partie de la première édition des Bucoliques. Elle a été écrite en l'honneur de C. Cornélius Gallus 1 , trahi dans son amour pour l'affranchie Volumnia, dont le nom de guerre au théâtre était Cythéris, et que Virgile appelle ici Lycoris. On pense qu'elle avait suivi sur les bords du Rhin un officier de l'armée d 'Agrippa, tandis que Gallus était occupé à défendre contre Sextus Pompée les côtes italiennes (cf. v. 44-49). Cette églogue est donc probablement de l'an 37 av. J.-C. 1 ° Le poète invoque la nymphe Aréthuse ; il veut chanter les tourments amoureux de Gallus (v. 1-8). 2° Les troupeaux, les bergers, Apollon, Silvain ont tenté de consoler Gallus (v. 9-30). 3° Il voudrait jouir de la paix d 'u11e vie campagnarde (v. 31-41). 4° Mais le souvenir de Lycoris infidèle le torture (v. 4249). 5° Il veut oublier parmi la nature sauvage, grâce à la. poésie, aux exercices physiques (v. 50-59). 6° Vains efforts! il renonce à lutter contre l'Amour tout-puissant (v. 60-69). 7° Le poète entend, par ce chant, clore son œuvre bucolique (v. 70-77) 2 • Sentiments et intentions littéravres. - Ici, comme dans les églogues 2 et 8, Virgile dit les plaintes d'un amant malheureux, ses efforts pour trouver apaisement et guérison dans la sympathie de la nature et des êtres vivants, dans les illusions du rêve, dans les douceurs de la vie rustique, dans les sports ardents, et dans l'art consolateur. Comme dans les pièces 2 et 8, le poète a peint les brusques sursauts et contradictions de la passion qui ballotte le héros de l'espoir au découragement, des résolutions énergiques à la soumission devant Amour. Mais le héros n'est plus fictif, campagnard ou berger. Gallus est un ami de Virgile ; et les vers sont écrits au 1. Pour la. carrière politique et littéraire de C. Cornelius Gallus, voir F. PLESSIS, La poésie latine, Paris, 1909, p. 290 sq. ; E. BRÉ· GOET, Les élégies de Gallus d'après la xe Bucolique de Virgile, Rev. Ét. Lat., 1948, pp. 204-214 ; H. BARnON, Les élégies de Cornélius Gallus, Latomus, 1949, pp. 217-228. 2. Voir G. STÉGEN, La composition de la dixième bucolique de Virgile, Latomus, 1953, p. 70 sq.
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moment où cette amitié croît d'heure en heure (v. 73-74). Quant à Lycoris-Cythéris, elle avait chanté au théâtre, avec grand succès, la 6 8 églogue. Nous ne devons pas trouver choquant le travestissement bucolique d'une aventure galante, ni le dessein de montrer un grand personnage de l'époque jouant de la flfite pour enchanter sa douleur et gravant ses vers dans l'écorce des arbres. Si cette critique était retenue, elle vaudrait pour tout le recueil et tout le genre pastoral. Mais ce qui donne à cette pièce son originalité, c'est l'atmosphère d'amitié dans laquelle elle a vu le jour. Virgile l'a-t-il écrite pour fléchir l'infidèle (v. 2) ? ou se11lement pour consoler Gallus ? Il a peut-être aussi voulu attirer l'attention du grand public sur les élégies de son ami, sur ses quatre livres d'Amours. Servius note à propos du vers 46 que « tous ces vers sont de Gallus • ; fort de ce témoignage, Skutsch a prétendu que le monologue de l'églogue 10, comme celui de la sixième églogue, était un catalogue des thèmes traités par Gallus 1 • Sans reproduire des passages entiers de Gallus, Virgile a pu procéder par allusions, suivant une habitude chère aux Latins qui ne s'attachaient guère à citer avec exactitude. Allusions aux Amours de Gallus ; allusions aussi, non moins nombreuses aux Bucoliques ; bea11coup de thèmes et d'ornements poétiques rappellent, volontairement ou non, la plupart des pièces antérieures ; et cette pièce dernière a pu être considérée comme une synthèse at une conclusion du « boucoliasme • virgilien 2 • 1. Cf. somma.ire de B. 6. 2. J. BAYET, (Rev. Gours et Conf.,), 1929-1930, I, pp. 618-619). Exemples : 13 sq., cf. B. 5, 24 sq. ; 26-27, cf. B. 6, 22 ; 28-30, cf. B. 8, 43-45 ; 38-39, cf. B. 2, 16-18 ; 65 sq., cf. B. 1, 64-66.
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X Pour finir, Aréthuse, permets-moi cet effort ; à l'intention de mon cher Gallus je dois dire quelques vers, mais des vers dignes d'être lus par Lycoris elle-même ; qui pourrait refuser des vers à Gallus ? Ah ! lorsque tu 5 couleras sous les flots siciliens, puisse l'amère Doris ne pas mélanger son onde à la tienne ! mais commence ; disons les tourments amoureux de Gallus, tandis que les chèvres camuses broutent les pousses tendres. Nous ne chantons pas pour des sourds : partout les bois font écho. Quels bocages, quelles clairières vous retinrent, jA11nes 10 Naïades, quand Gallus se mourait d'un amour malheureux ! Car ni les sommets du Parnasse, ni ceux du Pinde ne vous ont arrêtées, ni Aga11Îppe d'Aonie. Sur lui les lauriers eux-mêmes, les tamaris eux-mêmes ont pleuré ; sur lui, tandis qu'il gisait au pied d'11ne roche solitaire, 15 le Ménalque lui-même, avec ses pins, a pleuré, ainsi que les rochers du froid Lycée. Immobiles, tout autour, se tiennent les brebis (elles ne nous dédaignent pas ; ne les méprise pas non plus, divin poète :lui aussi le bel Adonis a fait paître des brebis au bord des cours d'eau); vint aussi le berger ; à pas lents vinrent les porchers ; Ménalque est venu, trempé par la glandée d'hiver. Tous demandent : 20 > Vint Apollon : rogant > Venit Apollo : > inquit ; > MP
B. X. Conquestio c11m Gallo poeta de agris M : conquaesitio de agris cum Gallo Cornelio P Il 1 laborem MP 2 : labor11m P Il 10 peribat M 2 y : -iret Ma.y 1 Il 12 Aonie SERV. (Aonie Aganippe nominatiui sunt singulares) : aoinie R aoniae MPy l! 13 etiam lauri etiam M P : etiam lauri illum R etiam lauri ilium etiam a. Longobardicus uulgo ante Heinsium Il 17 eicit Ribbeck temere IJ 18 formosus MP 2a.y : -onsus P Il 19 upilio MR SERV. (propter metrum ait upilio, nam opili,o dicimus) CAPER (upilio, nunc opilio, VII, p. 112): opilio P 2a.y schol. Bern. JI tardi M 2 : -,de P Il subulci MPR SERV. DANIEL. : bu - dett. Il 20 uuidus MP : 11midus R Il 23 castra MP 2R : saxa P.
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aussi venu, Silvain, la tête ornée d'11ne parure champêtre, brandissant des férules en fleurs et de grands lis. Pan, le dieu d'Arcadie, est venu ; nous l'avons vu, de nos yeux; les baies sanglantes de l'hièble et le vermillon l'empourpraient : cc Te modéreras-tu ? dit-il, l'Amour n'a cure de telles douleurs ; le cruel Amour n'a jamais assez de larmes, ni la prairie d'irrigation, ni les abeilles de cytise, ni les chèvres de feuillage. >> Mais lui, triste : cc Malgré tout, dit-il, Arcadiens, vous chanterez mes souffrances à vos montagnes ; seuls vous savez chanter, Arcadie11s. Oh! que mes os reposeraient doucement, si votre chal11meau, un jour, disait mes amours I Ah I si j'ava,is été l'un de vous, ou 11n gardien de votre troupeau, ou un vendangeur de votre raisin mûr 1 Du moins Phyllis, ou Amyntas, ou tout autre objet de ma folle passion (Amyntas est basané : et après ? noires sont les violettes, et les vaciets sont noirs), ou l'un ou l'autre reposerait avec moi parmi les saules sous 11ne vigne flexible ; pour moi Phyllis cueillerait des g11irlandes, Amyntas chanterait. Ici des sources f1·aîches ; ici de moelleuses prairies, Lyco1·is ; ici un bocage ; ici, près de toi, c'est l'âge qui me consumerait. Au lieu qu'un amour insensé me retient sous les armes de l'impitoyable Mars, au milieu des projectiles et face à l'en11emi. Et toi, loin de la patrie (je voudrais douter de tant d'horreur) tu vois seule et sans moi, ah 1 cruelle, les neiges des Alpes et les frimas du Rhin. Ah ! puissent les frimas ne pas te faire mal I ah ! puissent les aspérités des glaçons ne pas couper tes pieds délicats ! .Je m'en irai, et les vers que j'ai composés à la manière du poète de Chalcis, je les modulerai sur le pipeau du pâtre sicilien, C'est décidé : dans les forêts, parmi les repaires des bêtes sauvages, j'aime mieux souffrir et
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Venit et agre.sti capitis Siluanus honore, florentis ferulas et grandia lilia quassans. 2lS Pan deus Arcadiae uenit, quem uidimus ipsi sanguineis ebuli bacis minioque rubentem : > inquit cc Amor non talia curat, nec lacrimis crudelis Amor nec gramina riuis nec cytiso saturantur apes nec fronde capellae. >> 30 Tristis at ille : 70 Il suffira, divines Piérides, à votre poète d'avoir chanté ces vers, tandis qu'assis il tressait une corbeille en brindilles de mauve ; vous les magnifierez pour Gallus, Gallus pour qui mon affection croît d'heure en heure, autant qu'au renouveau se hausse l'aune verdoyant. 75 Debout! souvent l'ombre est malsaine aux chanteurs, malsaine l'ombre du génévrier; l'ombre fait aussi du mal aux moissons. Allez au logis, vous êtes repues, voici Vesper, allez, mes chevrettes.
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malle pati tenerisque meos incidere Amores arboribus : crescent illae, crescetis, Amores. Interea mixtis lustrabo Maenala Nymphis, lS5 aut acris uenabor apros; non me ulla uetabunt frigora Parthenios canibus cricumdare saltus. Iam mihi per rupes uideor lucosque sonantis ire ; libet Partho torquere Cydonia cornu spicula ; tamquam haec sit nostri medicina furoris, 60 aut deus ille malis hominum mitescere discat ! Iam neque Hamadryades rursus nec carmina nobis ipsa placent ; ipsae rurs11s concedite, siluae. Non illum nostri possunt mutare labores, nec si frigoribus mediis Hebrumque bibamus, 65 Sithoniasque niues hiemis subeamus aquosae, nec si, cum moriens alta liber aret in ulmo, Aethiopum uersemus ouïs sub sidere Cancri. Omnia uincit Amor : et nos cedamus Amo1·i. >> Haec sat erit, diuae, uestrum cecinisse poetam, 70 dum sedet et gracili fiscellam texit hibisco, Pierides : uos haec facietis maxima Gallo, Gallo, cuius amor tantum mihi crescit in horas, quantum uere nouo uiridis se subicit alnus. Surgamus : solet esse grauis canta11tibus umbra, 75 iuniperi grauis umbra ; nocent et frugibus umbrae. Ite domum saturae, uenit Hesperus, ite, capellae. 56 acris M 1 : agris M Il 58 sonantis PR : -tes Mix Il 59 cydonia 2 2 P: -nea P rhodonea M Il 60 sit PR : sint M Il 62 rursus M : drusum M Il nec MRy : neque P Il 63 rursus M : -,sum M 2 Il 68 ouis Py 1 :» es P 2Rixy Il 69, uincit P 2 : -cet M uicit R Il 73 horas MP 2R : hora P Il 74 subicit MP SERY, NoNIVS : subducit R.
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COMMENTAIRE
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Ces notes ne prétendent pas constituer 110 commentaire exhaustif ni remplacer ceux qui, depuis des siècles, ont été publiés et que nous avons énumérés dans !'Introduction générale de cet ouvrage. Nous avons seulement posé les questions qui font encore difficulté et qui ont été l'objet de travaux récents. Abréviations. BENOIST : Édition E. BENOIST, Paris, 1866-1876 ; dernier tirage, 1882-1890 ; CARTAULT: A. CARTAULT, Études sur les Buroliques de Virgile, Paris, 1897 ; CoNINGTON: Édition J. CoNINGTON, Londres, 1858-1862 ; revue par NETTLESHIP et HAVERFIELD, 1883-1884-1898; , FoRBIGER : Edition A. FORBIGER, Leipzig, 1836-1839 ; 4e éd., 1872-1875 ; GoELZER : Édition H. GoELZER, Paris (Belles-Lettres), 1908-1933; HERRMANN : Édition-traduction L. HERRMANN (Coll. Latomus), Bruxelles, 1952 ; HEYNE: Édition Chr. Gottl.HEYNE,Leipzig, l 767-1775-1801-1803; revue par Ph. WAGNER, 1830-1841 ; LEO : FR. LEo, Ausgewiihlte kleine Schriften. II, Rome, 1960 ; PLESSIS : Édition F. PLESis-P. LEJAY, Paris, 1919 ; PAGNOL : M. PAGNOL, Virgile, Bucoliq·ues, Paris, 1958; PERRET : J. PERRET, Virgile, Les Bucoliques (Coll. Érasme), Paris, 1961 ; , STÉGEN, I : G. STÉGEN, Etude sur cinq Bucoliques de Virgile, 1, 2, 4, 5, 7, Namur, 1955 ; STÉGEN, II: G. STÉGEN, Commentaire sur cinq Bucoliques de Virgile, 3, 6, 8, 9, 10, Namur, 1957 ; W ALTZ : Édition A. W ALTZ, Paris, 1893.
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NOTES COMPLÉMENTAIRES
PREMIÈRE BUCOLIQUE Vers
1. -
Triple intérêt de ce premier couplet qui plante le décor, sert d'exposition au petit drame, et de prélude musical (avec ses t allitérants, premiers essais du pipeau,) ; cf. L'Info.rm.at/Î.on litt., novembre~décembre 1954, p. 186. Le premier vers sera. vite représentatif du recueil (cf. Georg., IV, 566 ; Calpurn .., B, IV, 62, 163) ; il rés11me un idéal d'otium et de farniente qui se dégage des scènes idylliques (poèmes et monuments figurés) où les bergers jouissent de l'ombre et de la. fraîcheur, des plaisirs de la musique et du chant, en surveillant de loin leurs bêtes.
Musam : composition poétiqt1e ; cf. B. 6, v. 8 ; LuoR., IV, 589, » 3. - Nos : nous, la catégorie des expropriés ? ou Mélibée et ses bêtes ? En faveur de la première interprétation, cf. nos conseuimus agros, v. 72. li 4. - C'est vers la fin de l'été que se place la scène ; cf. v. 15, 37, 55, 5,6, 78, 80, 81. 5. - Resonare, transitif a pour régin,e Amaryllida ; cf. FoRBIGER, p. 3, et LEo, p. 13, n. 1. )) 6. - Deus : de cette indication et du vers 41, il serait dangere,1:x de tirer un élément de datation, d'après l'histoire du culte impérial et la divinisation d'Octave-Auguste; cf. F. BoEMER, Tityrus und sein Gott, dans lVürzburger Jahrbücher für die Altertumswissenschajt, 1949-1950, pp. 60-70. Cependant, si le mot n'a été parfois qu'une hyperbole d'obligé à bienfaiteur (cf. Crc., Sest., 144 ; Quir., 11), ici Tityre pense à 110 culte réel ; cf. v. 7-8 ; PERRET, p. 18. 9. - E·rrare: Tityre est-il confirmé dans un droit de vaine pâture ? (PERRET, p. 19). Le mot appartient à la langue des paysans : il se dit du bétail qui paît en liberté sans être attaché ; cf. B. 2, v. 21. » 11. - D'après J. PERRET (p. 19) la langue et la versification seraient plus châtiées dans les couplets de Mélibée que dans ceux de Tityre. Ces différences subtiles ont-elles été voulues par Virgile ? 16. -Laeun,: même expression dans Aen., II, 54; gauche, en parlant de maladresse I118Jlt1elle ; sot, aveugle, en ))
2. -
102
NOTES COMPLÉMENTAIRES
18. »
20. -
parlant de l'esprit ; n'ayant pas compris le mot, dee copistes (voir App. critique) ont interpolé ici le vera B. 9, 15. Da = die dans la langue familière ; cf. Tér., Heaut., 10, Phorm., 380 ; Forbiger, p. 7.
Nostrae : sans doute J.\,lantoue .
•
21. -Depellere n'est pas synonyme de deducere (mener de la campagne à la ville) ; comme dans B. 3, v. 82, il indique une séparation brutale : les petits sont séparés des mères pour être vendus à la ville ; et, en B. 3, 82, pour être sevrés ; cf. FoRBIGER-, p. 7. » 27. - Tityre est un affranchi. Sur la condition sociale de Tityre et la condition juridique de son domaine on peut lire quelques suggestions récentes dans J. LIEGLE, Die Tityrusekloge, dans Hermes, 1943, pp. 209-231 ; A. DE,VIAN, La condition sociale de Tityre, dans Latomus, 1956, p. 373; PERRET, p. 20; LEO, p. 15 sq. » 31. - Galatée est ici une campagnarde, commA dans B. 3, 64, 72, tandis qu'elle est, dans B. 9, 39, comme dans Theocr., XI, 42, la naïade. » 34. - Il s'agit du fromage frais, encore crémeux (pinguis) ; cf. premere, terme technique ; Georg., III, 401 ; CALPURN., II, 70 ; V, 34 ; FoRBIGER, p. 9. La correction de ingratae en in crate (HERRMANN) introduit un détail inutile avec prerneretur, tandis que ingratae (qui ne paie pas) est un reproche de paysan aux acheteurs de la ville (Servius). » 36. - Le vocatif Amarylli n'oblige pas à penser, comme l'a. fait G. RAl\fAIN (Virgile, Ecloga I, 5, dans Rev. Philol., 1898, pp. 160-176), qu'Amaryllis est présente ; Mélibée rumine le passé et il s'adresse à elle comme si elle était là ; cf. STÉGEN, I, p. 20. » 39. - Première personnification (très romantique) de la nature, que nous retrouverons surtout dans les pièces V (20 sq, 58 sq) et X (8 sq). » 41. -Diuos: cf. note v. 6 ; n'est peut-être qu'un pluriel emphatique, désignant le protecteur tout-puissant ; pour J. PERRET (p. 22), des fonctionnaires de l'administration des domaines ! » 42. - Aux ides de chaque mois, comme pour les dieux Lares, d'après Servius ; cf. C..\.T., R. R., 143, 2 ; FoRBIGER, p. 11. Le Deus qui a sauvé le domaine devient 11ne divinité domestique ; cependant voir PERRET, p. 22. >> 45. - Pueri : appellation amicale, plutôt que de commisération à l'égard d'une « délégation de pauvres diables >>, reçue en audience par Octave (PERRET, p. 23). ,,
NOTES COMPL~l\1ENTAIRES
»
»
103
Submittere appartient au vocabulaire technique des éleveurs ; of. Georg., III, 73, 159 ; VARR., R. R., II, 3 : élever, et non soumettre au joug (Servius, Wagner) ; of. FORBIGER, pp. 11-12. 46. - Tua : qualificatif ou attribut ? Cf. FoRBIGEB, p. 12 ; PLESSIS, p. 6. Les deux à la fois, sans doute, car rura sans adjectif possessif et manebunt sans attribut ne suffisent pas ; de toute façon valeur affective de tua. 48. - Obducat : il s'agirait, d'après M. DESPORT (Rev. Et. anc., 1943, p. 168) non pas d'une bande de joncs, mais d'une « couche de limon alluvial, recouvrant les champs » ; n'est-ce pas fausser la valeur du préverbe ob ? (G. STÉGEN (I, p. 22) voit aussi « des joncs qui poussent partout >>).On peut lire dans PERRET, p. 23, 11ne interprétation très et trop subtile de lapis, palus, pascua : « ces mots nous aident à reconn1tître la nature juridique du domaine de Tityre ; ils reviennent en effet dans les Gromatici ueteres (ed. LACHMANN, pp. 41, 44, 46) comme caractéristiques de terrains (agri arcifinii, loca relicta, loca in sol·uto) sur lesquels ne peut s'exercer une véritable possessio et qui, en tout cas, ne peuvent faire l'objet d'une adsignatio à 11n vétéran ou à un soldat ; cf. Georg., IV, 127-130 ». Les détails descriptifs des v. 4 7-48 sont caractéristiques de certains fonds du pays mantouan; cf. B. 7, v. 12-13; Georg., III, 15; Aen., X, 205. 51. - Flumina: aut de Mincio et Pado aut de riuis campestribus intelligunt (FoRBIGER, p. 13). Vu que fiumen désigne n'importe quel cours d'eau, toute localisation précise est exclue.
»
52. -
Sur cet idéal épicurien de vie bucolique, voir note v. 1.
»
54.
Le mont Hybla, en Sicile, était réputé pour son miel; cf. FORBIGER, p. 14.
Salicti : « le seul saule qui fournisse quelque provende aux abeilles est le saule marsault, Salix caprea, dont les chatons donnent, au printemps, beaucoup de pollen ; ce ne peut être que celui-ci dont Virgile veuille parler, Georg., IV, 181-182 ; B. 1, 54, et c'est peut-être le seul qui soit précisé de cette manière » (R. Brr,I,TARD, L'agriculture dans l'antiquité, Paris, 1928, p. 522). Un apiculteur m'a confirmé l'exactitude de cette notice ; cette espèce de saule se plaît au bord des eaux courantes, en terre compacte ; ses fleurs très abondantes et riches en nectar sont très recherchées par les abeilles. 56. -
Frondator : émondeur ou oiseau ? Sur cette controverse, voir les résultats d'11n référenrl11m, dans
NOTES COMPLÉMENTAIRES
104c
' 1
1 •
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1
»
57. -
59. -
»
62. -
»
64. -
Revue Universitaire, juillet 1937, pp. 101-105: J. G. PRÉAUX-A. DEMAN, Un contre-sens traditionnel sur Virgile, dans Latomus, 1960, pp. 724-735; Les oiseaux cc vendangeurs » de la Première Bucolique, Ibid., 1961, pp. 326-336 ; E. DE SAINT-DENIS, Encore le frondator de la première églogue virgilienne ..., Ibid., 1962, pp. 555-562 ; J. CARCOPINO, Fuyantes Bucoliques, Ibid., 1964, pp. 662-664. Je croyais avoir montré comment le sens de frondator, oiseau de la feuillée, s'est introduit dans les lexiques, et pourquoi il fa.ut l'en rayer ; pourquoi nous devons entendre dans le couplet de Virgile 11n chant h11main, ce qui est très virgilien (familiarité des hommes et des bêtes, thème de cette pièce I, effusion d'11ne universelle sympathie qui s'épanchera d'œuvre en œuvre). Tua cura: comme dans B. 10, 22 (tua cura Lyooris) vocabulaire de la langue érotique = deliciae tuae (FORBIGER, p. 15) ; objet de ton amour. Il n'y a pas lieu de préférer aequore, leçon d'11n ms. inférieur (Moretanus IV) à aethere qui est donné par les mss. principaux, sous prétexte que l'a.dynaton serait ainsi plus conforme à un texte d'Archiloque (p. 74), ou à une épigramme de RuFIN (Anth. pal., V, 18). Ces sortes d'impossibilités étaient fréquentes dans la langue familière, sous des formes diverses (cf. FüRBIGER, pp. 15-16 ; E. DuTOIT, Le thème de l'adynaton dans la poésie antique, Paris, 1936, p. 67 sq.) ; et Virgile n'a probablement unité personne. Ce vers (extrêmement confus, dit M. PAGNOL, p. 42) a parfois embarrassé les commentateurs ; il signifie simplement que, dans 11n impossible bouleversement de la géographie, le Parthe habiterait la Germanie, et le Germain la Parthie; mais, par un-à-peu près géographique, comme il y en a souvent dans les textes anciens, la Saône coule ici en Germanie, a.lors que sa source en est seulement proche. La forme Ararim est tirée du nominatif Araris (cf. CLAUD., In Ruf., II, 111) à côté de Arar (CAES., B. G. passim); elle permet 11ne symétrie antithétique Ararim ... Tigrim, qui cache une opposition géographique, lenteur de la Saône ... , rapidité du Tigre ; cf. J. AYMARD, Aut Ararim ... , dans Latomus, 1955, pp. 120122. D'après A. DEMAN, Virgile et la colonisation romaine en Afrique du Nord, dans Hommages à A. Grenier, pp. 514-526, ce vers ferait allusion à la colonie ro. maine de Constantine. Il est plus simple de voir dans les vers 64-66 une indication pittoresque de points cardina11x : sud, nord, nord-ouest.
NOTES COMPLÉMENTAIRES 1
>
»
105
Oretae ou cretae ? Il n'y a pas en Crète de fleuve Oaxes, il n'y a pas en Scythie de fleuve Oaxes, mais un Oxus ; cf. FORBIGER, p. 17. Pour écarter la difficulté, R. VERDIÈRE ( Vergilianum, dans Latomus, 1951, pp. 279-280) a proposé de corriger cretae en certe ; mais cet adverbe serait inutile et mal placé. L. HERR· MANN (p. 21) a corrigé Oaxen en Araxen. Nous avons gardé la leçon des mss., avec l'interprétation de SERVIUS (cf. App. critique). 66. - La Grande-Bretagne et l'île de Thulé (ultima Thule, Georg., I, 30) sont le bout du monde connu à l'époque de Virgile ; cf. CATULL., XI, 11 ; HoR., Od., I, 35, 29 ; TAo., Agr., 30. 69. - Ou bien post est adverbe ( = postea) comme au v. 67, ou bien il est préposition, comme PHIL.IBGYRIUS l'a proposé. Post aliquot aristas signifierait : après plusieurs moissons, après plusieurs étés. Les det1x constructions ont été et sont encore défendues ; cf. résumé de la question par A. ERNOUT, dans Rev. Philol., 1962, p. 261. Plus audacie11x L. HAVE'.l' a supposé qu'11n vers a pu disparaître avant celui-ci (voir App. critique), comme par exemple: Aspiciam ? aut ego hyperboreo fiauescere sole. Voir LEo, II, p. 21 n. 70. - Il y avait des Germains et des Gaulois parmi les légionnaires qui bénéficièrent des distributions de terres. Nouale : terre nouvellement défrichée ; et, par extension, terre cultivée annuellement {SERvrus). 65, -
»
73. -
Même mouvement sarcastique dans B. 9, 50. Sur l'alignement des plants dans le vignoble, voir Georg., II, 277 sq.
•
78. -
Pour l'identification de cytisus, voir FoRBIGER, p. 20. Quand nous parlons de cytise, nous pensons à l'arbrisseau dont les grappes de fleurs ja11nes sont bien connues (Oytisus Laburnum, L.). Or, sauvage ou cultivé, ce cytise n'a jamais été recherché par les chèvres; c'est même un toxique purgatif, selon H. DES ABBAYES, qui m'a écrit : « Il est plus probable qu'il s'agisse d'une autre légumineuse aimée par le bétail et qui existe aussi en Italie ; ce pourrait être le genêt d'Espagne (Spartiumjunceum), qui est connu de nos jours encore comme plante fourragère et dont le bétail, je l'ai constaté moi-même, est friand. • Même remarque faite par P. D 'HÉRu u VTIJ,F., A la campagne avec Virgile, Paris, 1930, p. 111, à propos des abeilles qui ne touchent pas aux fleurs du cytise ou fa11x-ébénier. Quant à l'espèce de saule agréable au bétail, c'est encore le saule marsault, dénommé Salix caprea ; cf. B. 3, 83 ; A. L. A. FÉE,
,
NOTES COMPLÉMENTAIRES
106
F'lore de Virgile, annexée à !'Édition LEMAIRE, T. 8, 2e partie.
'
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1
81. -
M ollee : de chair tendre ou a.mollies par la cuisson ? Maturae (SERVIUS) ; mais la chair des châtaignes mûres reste ferme. On les mangeait surtout bo11i11ies ; cf. J. ANDRÉ, L'alimentation et la cuisine à Rome, Pa.ris, 1961, p. 86. Pressi copia lactis: cf. note v. 34; « il s'agit sans doute de ce fromage des bergers que les Corses appellent bruccio et les Marseillais brousse. On l'obtient en pressant dans 11n tamis rie joncs du lait qu'on a laissé tourner » (PAGNOL, p. 43).
»
83. -
Ce couplet de cinq vers fait pendant a11x cinq vers du prélude; et le finale se termine gravement en point d'orgue, s'accordant avec la tonalité vespérale. Sur la résonance de ce vers dans les essais des traducteurs et dans les lettres françaises (Rémy BELLEAU, Honoré d'URFÉ, BOILEAU, Huoo, MICRET~ET}, voir E. DE SAINT-DENIS, Les souvenirs, de Virgile dans le Journal de Michelet, dans Les Etudes Classiques, 1960, pp. 257-277; Les variations de Paul Valéry sur les Bucoliques de Virgile, dans Rev. Philol., 1958, pp. 67-83 ; J. CARCOPINO, art. cit., p. 666.
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•
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'
DEUXIÈME BUCOLIQUE Vers 1. -
Les anciens ont a.perçu Virgile et son esclave Alexandre sous les masques de Corydon et d'Alexis (Voir Argument de la pièce). Voir J. J. H. SAVAGE, The art of the second eclogue of Vergil, dans Transact. and Proc. of the Americ. Philol. Assoc., 1960, pp. 353375. Le nom de Corydon appartient à des rustres chez. THÉOCRITE (Id. IV et V). Quant à celui d'Alexis il est dans la pièce de MÉLÉAGRE citée dans !'Argument comme source première de B. 2.
»
5. -
Incmdita •.. iactabat : ces de11x mots indiquent ce que Virgile a voulu faire : 11n monologue où la logique désordonnée de la passion dicte des plaintes tumultueues, coupées de silences ; cf. STÉGEN, I, p. 38.
lt
6. -
Cf. TRÉOCR., XXIII, 19; III, 33.
7.
Cf. THÉOCR., III, 9. Ces uiridis lacertos sont « les grands lézards verts d'Italie et de Provence, qui vivent toujours au soleil, et dont la. retraite sous les ronces prouverait une chaleur torride » (PAGNOL, p. 56).
»
8.
Cf. Georg., III, 327 sq.
J
9. -
Cf. THÉOCR., VII, 22.
NOTES COMPLÉMENTAIRES »
•
11. -
12. -
»
14. 17.
»
18.
»
19. 20.
»
» »
»
21. 24.
107
Il s'agit de la préparation du moretum, mélange broyé de fromage et d'herbes, dont il est question dans u11.e pièce de l'Appendix Vergiliana, dans un vers d'OVIDE (Fast., IV, 371), et dans un poème d'un ce1·tain Suévius, intitulé aussi Moretum et cité par MACROBE (Satur1i., III, 18, 11-12); cf. J. ANDRÉ, L'alimentation et la cuisine à Rome, Paris, 1961, chap. Les épices, pour l'ail et le serpolet, herbes odorantes. Sur ce mets qui n'est pas un aïoli, ni un saupiquet, mais le broutcho corse, le Jroumagin (Jurmageta) ou le siras de la plaine du Pô, voir E. DE SAINT-DENIS, Su,r une traduction inédite en alexandrins rimés de la deuxième églogue virgilier1,ne, dans Rev. Et. Lat., 1964, pp. 233-236. Olentis n'a donc pas un sens péjoratif (HEYNE, FoRBIGER, PLESSIS), puisqu'il s'agit d'assaisonnements. Baucis : l'épithète convient mieux au 1·oucoulement des ramiers (B. 1, v. 57) qu'au chant des cigales ; cependant,, dans le grand du jour, la chaleur excite les cigales qui criaillent à l'envie. La correction de mecum en me cum (voir App. critique) est inutile; Cf. CALl"ORN., VIII, 2 : raucis resonant tua riira cicadis. Cf. B. 3, 80 : Amaryllidis irae. Cf. THÉOCR., Id. XXIII, 30.
Ligustrum est notre troène (Ligustrum uulgare, L.), cf. textes de VIRGILE, ÛVIDE, COLUMELLE et PLINE allégués par J. ANDRÉ, Lexique des termes de b:itanique en latin, Paris, 1956, p. 187. Ses fleurs sont d'un blanc mat. Il est plus difficile d'identifier les uaccinia nigra ; le mot uaccinium a servi à rendre le mot grec uttxLv0oç, latinisé en hyacinthus, qui désigne des plantes à bulbe mal déterminées (cf. J. ANuRÉ, Ibid., p. 165). Vaciet, qui est la traduction courante, est l'11n des noms de l'airelle-myrtille, vacciniée dont les baies sont foncées. La comparaison de Virgile serait plutôt boîteuse, si elle portait sur les fleurs du troène et les fruits de l'airelle ; avec CoNINGTON (p. 34) je verrais plutôt dans uaccinia nigra des plantes à bulbes (jacinthes, glaïeul, lis) et à fleurs foncées ; cf. E. DE SAINT-DENIS, art. cit., pp. 236-238. Cf. THÉOCR., III, 7 ; XI, 34 sq : même mouvement. Polyphème (THÉOCR., XI, 34-37) avoue sa laideur mais rappelle qu'il a des brebis, du lait. Errant : cf. note B. l, v. 9. Vers grec avec hiatus ; érudition alexandrine. singulière dans la bouche de Corydon. Amphion. roi fon-
VIRGILE. -
BUCOLIQUES,
12
1VOTES COMPLÉMENT AIRES
l08
dateur de Thèbes ; la fontaine de Dircé se trouvait près de cette ville. L'Aracynthe est 11n mont situé entre la Béotie et !'Attique ; or Acté était l'ancien nom de !'Attique. Il n'y a donc pas ici de « bévue géographique » (PERRET, p. 30), mise intentionnellement dans la. bouche de Corydon pour le rendre risible. Je n'arrive pas à trouver dans le personna.ge (ni dans la. facture de l'hexamètre) les éléments comiques de l'idylle XI ; cf. Argument.
25. -
Cf. THÉOCR., VI, 34 sq. : « Après tout, je n'ai pas non plus 11ne laide figure, comme on le dit de moi. L'autre jour, je regardais dans l'eau marine - le temps était au calme - et ma barbe faisait bel effet ; bel effet aussi, à mon avis, mon 11nique prunelle ; quant à mes dents, la mer en renvoyait l'image plus blanche, plus éclatante que la pierre de Paros. » Le même Cyclope, dans l'ld., v. 30 sq., avoue sa laideur, ce qui est tout différent.
»
26. -
Daphnis, demi-dieu et inventeur de la pastorale était d'une grande beauté, d'après les textes anciens ; cf. ÜARTAULT, p. 166 sq.
»
28. -
Polyphème (THÉOCR., XI, 65-66) souhaite que Galatée partage sa vie rustique.
»
30. -
»
31. -
Hibisoo : datif de mouvement (ad hibiscum) ; cf. SERVIUS, FORBIGER, BENOIST, CONINGTON, WAI,TZ, PLESSIS ? ou ablatif instrumental ; cf. PERRET ? Mais hibiscus (hibiscum) est 11ne mauve dont les tiges ne poussent pas en hauteur au point de fournir des hampes et des triques au berger; cf. J. ANDRÉ, Lexique ..• , p. 162. Donc hibisco ne peut pa.s être un ablatif instrumental ; et compellere ne signifie pas, comme en B. 7, v. 2, rassembler le troupeau, mais pousser ensemble les bêtes vers la pâture ; cf. E. DE SAINT-DENIS, art. cit., pp. 238-240. Je sais jouer de la syrinx, dit Polyphème à Galatée, THÉOOR., XI, 38-39. Virgile t développé cette indi. cation en rappelant les mérites de Pan, l'inventeur ; cf. B. 8, v. 24.
»
40. -
« Je te garde 11ne chèvre, mère de deux chevreaux ;
É1·ithakis me la demande ; et je la lui donnerai, puisque tu fais a·vec moi la coquette » (THÉOCR., III, 34 sq.). De même Corydon essaie d'exciter la jalousie d'Alexis. Les deux chevreaux deviennent des chevreuils (capreoli) mouchetés de blanc, comme les biches de Polyphème (THÉOCR., XI, 40-41). La contamination des sources théocritéennes est partout dans cette églogue; cf. A. LA PENNA, La seconda ecloga e la poesia bucolica di Virgilio, dans Ma.ia, 1963, pp. 484-492 .
•
NOTES COMPLÉMENT AIRES
109
»
46. -
Oalathus (x~Àct0oc;;) désigne tantôt 11ne corbeille (cf. Aen., VII, 805), tantôt un vase (cf, B. 5, 71 ; Georg, III, 402) ; l'un et l'autre ayant sans doute une même forme, évasée par en haut ; cf. Dict. Antiquités D4REMBl!lRG et SAGLIO, art. Oalathus, fig. 1001. Nais est une naïade chez THÉOCRITE, VIII, 93.
»
47.
Sur
»
48. -Auo11nA difficulté pour l'identification de narcissua (narcisse, jeannette) et de anethum (aneth, fenouil bâtard).
»
49. -
Oasia : n'est pas ioi le cinnamome, espèce de cannelle, dont l'écorce était importée de l'Inde comme aromate (of. Georg., II, 47), mais 11ne plante du bassin méditerranéen basse (humiles casias, Georg., II, 213), mellifère (PLIN,, XXI, 70 ; Georg., II, 213 ; IV, 30, 182, 304). D'autre part PLINE (XXI, 53) donne la synonymie casia-cneorum ; nous devons donc penser à 11ne daphné (cf. FoRBIGER, p. 31; J. ANDRÉ, Lexique ... , p. 75 ; E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 240), traduction adoptée par H. DES ABBAYES (cf. E. DE SAINT-DENIS, Ibid., p. 232). Garou, bois-joli, bois-gentil, sainbois, coquera.ndier sont les noms vulgaires de cette daphné (Daphne Metereum, L).
»
50. -
Pour uaccinia, voir note v. 18. La couleur foncée de leurs fleurs fait ressortir les fleurs jaunes des soucis ; en effet calta (caltha), d'après PLIN., N. H., XXI, 28, a fleur jaune et feuille malodorante ; ces deux particularités n'appartiennent pas au chrysanthème, mais au souci ; cf. E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 241.
»
51. -
Cana mala; cf. SERV., mala dicit Oydonea, quae lanuginis plena sunt. L'élégante périphrase de Virgile désigne donc les coings ; cf. ÜAJ,PURN., II, 91 ; MABT., X, 42, 3 ; E. DE SAINT-DENIS, art. cit., p. 242.
»
52. -
Oastaneas nuces: nux étant le nom générique des fruits à amande, les châtaignes (appelées aussi heracleoticae) sont 11ne espèce de nuces; of. MA.
56. -
Nouveau soubresaut, comme dans TRÉOCR., XI, v. 72 sq.; tandis que, dans Id. III, l'amoure11x désespéré s'abandonne et se laisse tomber, attendant que les loups viennent le dévorer ; de même, dans Id. XXIII, l'amoure11x renonçant à fléchir l'éromène se suicide. La seconde personne es (leçon de P 2 ; voir App. critique) est plus vraisemblable et dramatique que est (PR).
»
61. -
Pâris avait été élevé parmi les bergers; il est da.rdanien, parce que, fils de Priam, il descend de Darda.nos, ancêtre des rois troyens.
»
63. -
« Le loup poursuit la chèvre ; la chèvre, le cytise ; la. grue suit la charrue ; moi, je suis fou de toi »,
(TRÉOCR., X, 30-31). »
64. -
Pour l'identification du cytisus, chèvres, voir note B. l, 78.
»
66. -
N'ayant pas de roues, la charrue est rapportée des champs, suspendue au joug, le soc étant renversé ; cf. Ho&., Epod., II, 63 : uiderefessos uomerem inuersum boues I collo trahentis langu.ido.
»
67. -
Même indication que dans B. l, v. 83.
»
69. -
Commfl Polyphème, dans TRÉOCR., XI, 72 sq., se reproche d'avoir perdu la raison et s'envoie luimême à des travaux pressants (tisser des corbeilles).
>>
70. -
L'ormeau servait (et sert encore) de tuteur à la. vigne ; cf. R. BILLIARD, La vigne dans l'antiquité, Lyon, 1913, p. 366 ; on «mariait» la. vigne à l'ormeau (cf. COLUM,. XI, 2, 79 ; PLIN., N. H., XVII, 200). Mais il fallait tailler la vigne, et aussi l'ormeau, pour qu'il n'étouffât pas la. vigne. Trait de réa.lité géorgique · qui s'ajoute, comme celui des v. 66 (charrue) et 10 (moisson), au paysage bucolique ; cf. Georg., II, 410.
»
73. -
Cf. TRÉOCR., XI, 76 : « Tu trouveras une autre Galatée peut-être plus belle. ,
nourriture
des
NOTES COMPLÉMENTAIRES
111
TROISIÈME BUCOLIQUE Vers
1. 2. -
Cf. THÉOCR., Id., IV, 1 sq.
))
3. -
Cf. THÉOCR., IV, 13.
))
5. -
Cf. THÉOCR., IV, 3.
))
9. -
Cf. THÉOCR., V, 41 sq. Virgile est plus concis et plus chaste que THÉOCRITE ; cf. Introd. des Bucoliques; les réalités rustiques.
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10. -
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12. -
))
13. -
Arbustum (le plus souvent a.u pluriel) : ce mot désigne les divers arbres (vignes et arbres-tuteurs) d'11n vignoble, ou diverses espèces d'arbres fruitiers; cf. SERV., ad. B., 1, 39. Daphnis : ne peut pas être ici le demi-dieu, héros de la. pastorale, comme en B. 2, 26 et en B. 5 ; mais 11n campagnard. Oalamos : fi.èches (cf. Aen., X, 140 ; HoR., Od., I, 15, 17 ; Ov., Met., VIII, 30)? ou tuyaux de la. flûte? Avec Daphnidis arcum, le premier sens Fl'impose. Tityre est ici le chevrier de Damon. Fistul,a (repris au v. 25) est la. syrinx dont les tuyaux sont soudés à la. cire, tandis que stipula n'a. qu'un seul tuyau; d'où l'opposition des v. 25-27. Cf. THÉOCR., VIII, 11 sq, Cf. THÉOCR., I, 27 sq. (description des coupes) et VIII, 18-24 (comparaison des enjA11x). ~
105. -
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106. -
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110. -
Plusieurs solutions de cette énigme ont été proposées: 1) d'après les témoignages d'Ascomus PÉDIANUS et de CoRNIFICIUS, rapportés par SERVIUS et PHILARGYRIUS, jeu de mots sur caeli (du ciel) et Gaeli (de Caelius, prodigue mantouan qui, de tout son domaine, n'avait conservé que trois coudées de terre destinées à sa sépulture) ; 2) pour HEYNE la réponse serait : au fond d'un puits d'où l'on n'aperçoit qu'un coin de ciel ; 3) l'espace de 3 aunes serait le ciel vu par l'ouverture ménagée dans le toit du temple de Jupiter au Capitole; cf. J. J. SAVAGE, The riddle in Virgil's third Eclogue, dans Classical Weekly, 1954, pp. 8183 ; PERRET, p. 44 ; M. C. J. PuTNAM, The riddle of Damoetas, dans Mnemosyne, 1965, pp. 150-154. On croyait lire sur les pétales de !'hyacinthe les lettres grecques A et I, initiales du nom "AIAS (Ajax, fils de Télamon), ou Y, initiale de 'Yééxtv0o~ (Hyacinthe, fils d'un roi de Lacédémone ; d'où nomina regum). On a trouvé la pensée trop subtile et des corrections ont été proposées pour la rendre explicable ; voir App. critique. Ce qui a permis à P. MAURY de supposer ici une lacune de trois vers, pour corriger la bévue et l'obscurité des vers 109-110 (et de porter à 114 le nombre des vers; cf. Introd. des B·ucolique,9 ; L'architecture du recueil). Mais l'opposition contenue dans le vers 110 est courante : cf. LucR., IV, 1058 ; CATUL., 64, 95 (Sancte puer, curis hominum qui gaudia misces) ; TrB., II, 5, 109-110. Dans leur chant amébée, Damète et J\tlénalque ont traité des tourrr1ents et plaisirs amoure11x (v. 64-83). Le jugement de Palémon se ramène à ceci : je suis incapable de vous départager ; vous méritez l'un et l'autre d'être récompensés, comme tous ceux qui connaissent les joies et les souffrances d'amour; cf. H. J. RosE, op. cit., p. 41. Virgile ne fait pas dire à Palémon qu'il suffit, pour chanter l'amour, de l'avoir éprouvé ; mais cette expérience inspire le poète. En résumé, 1) il n'y a pas ici de lacune ; 2) il est inutile de recourir à des symboles pour expliquer le verdict de Palémon ; cf. G. STÉGEN, Le jugement de Palémon, dans Les Études Classiques, 1952, pp. 345-357 ; E. DÉRENNE, Ibid., 1953, pp. 182-186; G. STÉGEN, II, p. 18 sq. (Pour G. STÉGEN, uitula désigne symboliquement le plaisir que Palémon promet au lecteur et la force
NOTES COMPLtMENTAIRES
116
d'attraction que le poète exerce sur le public ; pour E. DÉRENNE, le jugement signifie : « Vous êtes tous deux dignes du prix ; mais il en est d'autres qui ne chantent pas l'amour et qui cependant mériteraient le même prix : ce sont ceux qui, par crainte des peines de cœur, s'abstiennent des plaisirs de l'amour, ou encore ceux qui font de l'amour une expérience amère ; les 11ns et les autres sont à plaindre ; ils méritent donc 11ne compensation, symbolisée ici par la génisse »). Cf. E. DE SAINT-DENIS, L'Inform. litt., septembre-octobre 1954, p. 144. QUATRIÈME BUCOLIQUE Vers 1. -
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Importance de ce vers qui expl'imfl « 11n besoin exigeant de dépassement )), et un effet pour renouveler le genre bucolique ; voir 11ne page excellente de J. HE,URGON, art. cit., p. 69.
2. -Arbusta : cf. note B. 3, 10. Myricae, les tamaris ne sont que des arbustes, inférieurs en taille (humilu, cf. Ov., Met., X, 97 : tenues) et en dignité a11x lauriers; les uns et les autres étaient consacrés à Apollon.
Consule : cf. v. 11-12 ; Pollion. 4. Cumae,um carmen : prophétie de la Sibylle de C11mes ? ou poème de Cymé, c'est-à-dire Les Travaux et les Jours, dans lesquels Hériode, originaire de Cymé, a tracé un tableau des races humaines ? Ce dernier âge est celui du fer. Voir, en dernier lieu, G. RADKE, Vergils Cumaeum carmen, dans Gymnasium, 1959, pp. 217-246; P. BoYANCÉ, La religion de Virgile, Paris, 1963, p. 120. Le recueil des oracles sibyllins avait brûlé en partie dans l'incendie du Capitole en 83 av. J.-C., et, au ten1ps de la dictature de César, un nouveau texte circula ; ainsi l'allusion de Virgile aurait un intérêt d'actualité; cf. A. KuRFESS, Vergil und die Sibyllen, dans Zeitschrijt für Religions und Geistesgeschichte, 1951, pp. 253-257. 5. -Thème de la Grande Année et du recommencement cyclique des âges ; cf. Cic., N.D., II, 20, 51. 3. -
6. -
Virgo : pour J. CARCOPINO, op. cit., pp. 139-155, la constellation de la Vierge, qui doit reparaître, en 40 av. J.-C., le 5 oct_obre; pour d'autres (cf. F. PRÉCHAC, dans Rev. Et. Lat., 1931, p. 228 sq.), la Justice, qui, pendant l'âge d'or, vivait sur la terre, remonta au ciel quand parut l'âge de fer et y devint une constellatiO'll sous le nom d'Astrée ou Vierge.
NOTES COMPLÉMENTAIRES
117
d'où ses noms i.\(xl), At8wc;, Néµe:crLc;, Iustitia, Astraea-uirgo, Themis. En faveur de la seconde interprétation, l'imitation de S!Yffimaque, dans Panégyr. de Gratien (cf. F. PRÉCHAC, art. cit., p. 229), qui rejoint les gloses de Servius et de Philargyrius. Néanmoins J. CARCOPINO a maintenu son interprétation astronomique et pythagoricienne (cf. Rev. Ét. Lat., 1931, pp. 231-232). L'imitation de Calpurnius me paraît dirimante (B. 1, 42-44) : Aurea secura cum pace renascitur aetas, et redit ad terras tandem squalore situque alma Themis posito ...
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7.
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20.
Avec le retour de l'âge d'or La. Vierge Astrée redescend du ciel sur la terre. Cet âge d'or était sous le règne de Saturne, antérieur à, celui de Jupiter. - Noua progenies, repris par gens aurea (v. 9) désigne la génération entière descendant du ciel (mythe raillé par LucR., II, 1153), plutôt que l'enfant seul (interprétation encore soutenue par G. STÉGEN, I, pp. 50 et 65). - Quo, rempla,çant un nom de personne, ne peut pas être 11n complément d'agent ; c'est 11n ablatif temporel : l'enfant n'agira pas sur les transformations annoncées ; il y aura seulement concomitance entre elles et • sa croissance. - Lucina : c'est dans les douleurs de l'enfantement que les femmes l'invoquent ; cf. CATUL., 34, 13-14. Nascenti a donc sa valeur de présent. - Magni menses : magni anni menses ; cf. v. 5. Te duce : pour J. CAR
46. -
»
49.
» 28.
»
Sandyx: cf. P. FLOBERT, Sur un vers de Virgile (Buc., IV, 45), la signification de sandyx, da.na Rev. Philol., 1964, pp. 228-241 : il s'agit ici, non pas d'une plante (garance), mais d'une couleur, le rouge vermeil de la céruse calcinée, ou fausse sandaraque, e1nployée comme remède ou comme pigment, soit seule, soit mélangée à la. rubrique. En effet le vers n'indique pas que les agneau.."'C brouteront une plante nommée sandyx (PERRET, p. 53). Souvenir de Catulle (64, 327 sq.). Comment le fils de Pollion peut-il être compté parmi les héros d'ascendance divine ? Énée, fils d'Anchise et de Vénus, peut être appelé deum certissi1na proles (Aen., VI, 322). La seconde partie du vers est une anticipation (incremen,tum suggère un accroissement des effectifs divins, donc une apothéose), et l'annonce flatteuse d'une destinée hors série. Mais le fils de Pollion n'est pas un rejeton des dieux, deum soboles. Comment Virgile pourrait-il lui attribuer 11ne ascendance divine, parce que le ciel lui est promis ? (STÉGEN, I, p. 71). On a. même supposé que ce vers dési-
•
NOTES COMPLEMEN1'AIRES
119
gnera.it Apollon, avec renvoi au v. 10 ; mais l'impératif adgredere s'adresse au puer, con1me aspice, tua Jacta, incipe (STÉOEN, I, p. 71, n. 4). Pour résoudre cette énigme on peut penser que le pue,-, représentatü de la noua progenies descendant du ciel (v. 7), est, comme elle, d'origine divine ; ou que Pollion, personnage ambitieux (CARTAOLT, p. 230), a. voulu se chercher une ascendance divine, à une époque où la mode, pour les grandes familles romaines, était de se trouver des origines brillantes dans le plus lointain passé ; la famille julio-claud.iAn11A y réussit plus que les autres ; sur cette mode, voir les suggestio11s généalogiques de VIRGILE, dans Aeii., V, 116 sq. et note de PLESSIS, p. 448 ; si nous possédions le traité de VARRON, Dejamiliis Troianis, nous comprendrions peut-être mieux ce vers 49.
•
50. -
Nuta1item : expliqué de t1·ois manières par SERVIUS et PHILAROYRIUS ; hésitation au moment c1·ucial (SERVIUS, PLESSIS) ; tressaillement (PHILARGYRIUS, BENOIST, PICHON, GoELZER) ; fléchissement du firmament pliant sous le poids de sa ,roûte (PHILAROYRIUS, liEYNE, WUNDERLICH, WAGNER, ÜARTAULT, HERRMANN). Quatrième interprétation : celle de J. CARCOPINO (op. cit., pp. 47-48) ; suivant la. cos1nologie pythago1·icienne, allusion au mouvement régulier et éternel de l'univers, à la « stabilité dans le mouvement » de la gravitation universelle. Mais les emplois de nuto, fréquentatif de nuo, évoquent t,ous une oscillation, 110 mouvement de balancier, et non une révolution, que le latin exprime par uolui, uerti, ambire. S'appuyant sur le vrai sens de nuto (mouvement de va-et-vient), P. M. SCHUHL , ( Un méca·1iisme astronomique dans la JVe Eglogue de Virgile, dans Rev. arch., 1930, p. 246; La fabulation platoiiicienne, Paris, 1947, pp. 109-115) avait proposé une autre explication astronomique : Virgilti se 1·eprésent,erait le monde sous l'aspect que lui prêtaient les mécaniciens et les spécialistes de sphéropoétique, depuis Archimède, constructeur d'un planétaire fameux ; la sphère revient à sa position initiale à la suite d'une révolution continue ; mais on peut aussi concevoir un mécanisme tel que, à un moment déterminé (coïncidant avec la naissance de l'enfant), l'appareil décrit un mouvement de sens inverse à la révolution normale. Cosmologie pythagoricienne ou platonicienne ? Ni l'11ne ni l'autre, sans doute. N'est-il pas plus simple de reprendre l'explication de SERVIUS en la corrigeant et d'entendre qu'au moment critique (naissance de l'enfant), le monde est en suspens, trépidant dans
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NOTES COMPLÉMENTAIRES
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55. -
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58. -
>•
60. -
l'attente, qui fait place tout de suite à l'allégresse (laetantur, v. 52) ? Orphée et Linus sont cités comme poètes mythiques de l'âge d'or. Sur l'Arcadisme et l'Arcadie dans les Buooliques, voir Introd. des Bucoliques ; la paetorale et l'actualité littéraire. Risu: sourire de la mère ou de l'enfant ? Le vers 62 permettrait de choisir, mais il a donnA lieu à tant de discussions que le rapprochement n'est pas décisif. La plupart des commentateurs ont opté pour le rire de l'enfant, et, puisqu'il s'agit (cf. v. 61) d'11n enfant qui vient de naître (d'où parue qui, autrement serait inutile), 110 nouveau-né ne peut pas encore reconnaître sa mère en lui souriant; cf. PF.RRET, p. 55 ; STÉGEN, Il, p. 73. Voir avis contraire et état de la question dans A. ERNOUT, Rev. Philol., 1962, p. 264; J. CARCOPINO, Fuyantes Bucoliques, art. cit., pp. 661-662. M. PAGNOL (p. 101) a réconcilié les contraires en donnant à risu le double sens : sourire de l'enfant et sourire de la mère !!
61. -Decem menses: sur ce temps de la grossesse, bibliographie considérable. Contre l'interprétation de J. CARCOPINO (l'enseignement pythaigoricien distinguait la grande gestation de dix mois, 274 jours, et la :Retite de 7 mois, 210 jours) Ph. FABIA (dans Rev. Et. anc., 1931, pp. 33-40) a montré que les 9 mois de la gestation se répartissent sur 10 mois du calendrier. La thèse de J. CARCOPINO a été cependant reprise par N. I. HERES CU, Au dossier des decem menses, dans Rev. Philol., 1946, pp. 12-21 ; Les decem menses et les calculs chronologiques des Romains, dans Rev. Ét. Lat., 1955, p. 152 sq. (le second article est, en gros, une adhésion à la thèse de F ABIA). Voir aussi L. HAI,K.IN, Le problème des decem menses ..• dans Les Études Classiques, 1948, pp. 354-370 ; O. NEUGEBAUER, Decem tuleru1it ... , dans Amer. Journ. of Philology, 1963, pp. 64-65 (enfant né à terme, le mois étant le mois sidéral de 27 jours et demi) ; J. PERRET, p. 55 (dix mois l11na.ires, soit 280 jours) ; A. ERNOUT, art. cit., p. 264. »
62. -
Cui ou qui ? État de la question et discussion dans A. ERNOUT, Rev. Philol., 1962, pp. 263-264. C'est d'abord une question d'établissement de texte. Les mss. de VIRGILE donnent tous cui, ainsi que SER· VIUS. Mais cui a été cor1·igé en qui, pour qu'il y ait syllepse, puisque Quintilien allègue le passage de VIRGILE à propos de syllepse. Mais les mss. de QUINTILIEN donnent cui, comme oe11x de VIRGILE ; il
NOTES COMPLÉMENTAIRES
121
faudrait donc une double correction pour accepter qui. « Le qui de QUINTILIEN est 11ne mélecture de cui (ou plutôt quoi) que portait son exemplaire de VIRGTl,E » (A. ERNOUT, art. cit., p. 263). Enfin J. PERRET (p. 55) adopte la leçon qiti avec une valeur de ridere aliquem, rire à quelqu'un, qui ne se trouve pas ailleurs (cf. A. ERNOUT, Ibid., p. 263). J. EOHA'!E (dans Helmantica, 1953, pp. 91-98) a procédé à l'examen critique du texte de Quintilien et opté pour la leçon traditionnelle des mss. »
63. -
Dans ces quatre derniers vers N. I. HERESCU a vu le « souvenir d'une berceuse))' c'est-à-dire les éléments des chants de berceau traditionnels (Orpheus, 1957, pp. 125-130) ; et P. MINGAZZINI, une allusion au rite du lectisterne offert à Junon et à Hercule à l'occasion de la naissance d'11n enfant ( Giornale I taliano di Filologia, 1948, pp. 209-212). Le vers final fait Rimplement allusion a11x enfants privilégiés qui furent admis à la table des dieux (par exemple Ganymède) ou à. la couche d'une déesse (par exemple Anchise). CINQUIÈME BUCOLIQUE
Vers 2. -
Mopsus est un chevrier musicien (cf. v. 12, 14, 18), tandis que Ménalque est un berger poète (cf. v. 88).
»
3. -
»
9. -
Sur le décor (ormeaux, coudriers, grotte tapissée d'11ne lambruche sauvage, montagnes, hêtre), plus cisalpin que sicilien, voir Introd. des Buooliques, les réalités • rustiques. « Qu'y a-t-il de surprenant, puisque cet Amyntas disputerait au besoin la palme du chant à Phébus luimême ? Ne pas entendre : Pourquoi ne s'attaqueraitil pas tout de suite à Phébus ? » (PLESSIS, p. 35 ; cf. STÉGEN, I, p. 84).
)) »
10. 11.
Cf. THÉOCR., I, 19 sq. Alcon ne figure qu'ici; personnage inconnu; sans doute 11n berger. Codrus reparaît en B. 7, 21-28, où son talent est presque comparable à celui de Phébus; pour L. HERRMANN, Télèphe (cf. note v. 2); pour A. RosTAGNI ( Virgilio, Valgio ... e Codro, dans Studi L. CASTIGLIONI, pp. 809-833), ce serait le poète et orateur Messala. Les deux jugements opposés portés ici et en B. 7 sur Cod.rus montrent la fragilité de ces sortes d'identifications.
»
14. -
Cela fait beaucoup de choses à graver dans l'écorce d'un seul arbre ! De même, pour CALl'URN., I, 20sq. Alterna, différent des alterna (chants alternés) de
122
NOTES COMPLÉMENTAIRES B. 3, 59; ici alternance de paroles et de musique ; cf. 17. -
»
20. -
26. -
PERRET, p. 59. Saliunca : valériane celtique ou nard-celtique, plante basse ; cf. J. ANDRÉ, Lexique ... , p. 279. Forme d'éloge à rapprocher de THÉOCR., V, 92-95 ; XII, 3-9. Orudelifunere: sur l'application de cette expression à l'assassinat de César, voir Argument, note de P. BOYANCÉ. Dans THÉOCR., I, 65 sq., toute la nature animale s'afflige quand Daphnis dépérit : chacals, loups, lions, vaches, taureaux, génisses, veaux. Dans l'hypothèse Daphnis-César, allusion possible au fait que les chevaux consacrés par César lors du passage du Rubicon refusèrent toute nourriture au moment de son assassinat ; cf. PERRET, p. 60.
»
30. -
On cherche en vain à quelle initiative de la politique religieuse de César ceci ferait allusion; cf. PERRET, p. 61.
1
31. -
Les thyrses, enveloppés de vigne et de lierre.
»
32.
Cf. THÉOCR., VIII, 79-80. La vigne pare l'arbre-tuteur, en particulier l'ormeau auquel elle est mariée ; cf. note B. 2, 70.
»
37. -
Sur infelix lolium, qui est Lolium te1nulentum, l'ivraie enivrante, et sterilis auena, qui est Avena fatua, la folle avoine, voir J. ANDRÉ, Lexique .•. , pp. 189 et 46 •
»
38. -
Viola: violette ou giroflée ? Cf. note B. 2, 47. Ici l'épithète molli et l'opposition avec le chardon et l'épine hirsutes font penser à une plante rampante, à une violette plutôt qu'à 11ne giroflée.
»
43. -
Allusion au Sidus Iulium, qui se montra dans le ciel lors des jeux funèbres célébrés en l'honneur de César (cf. B. 9, 47) ? L'expression ad aidera est banale ; cf. B. 9, 29 (= ad caelum); A.en., I, 378: super aethe.ra notus; et surtout ad astra, ci-dessous, v. 51, et ad sidera, v. 62.
»
44. -
Daphnis était beau (voir A. CARTAULT, p. 166). César était soucieux de paraître beau, mais il ne l'était pas : cf. SuET., Oaes., 45.
»
46. -
Cf. THÉOCR,, VIII, 77.
»
48. -
Ce maître est Daphnis, comme l'indique le vers vant.
»
55. -
Stimichon, personnage inconnu, ne figure pas ailleurs dans. les Bucoliques ; nom repris par 0AJ,PURNIUS.
•
•
SUI-
NOTES COMPLÉA1ENTAIRES »
58. -
123
« On pense à la comète de 44 avec ses heureuses
conséquences sur la vitalité de la nature » (PERRET, p. 64). En B. 9, 47-49, peut-être. Mais ici on pense d'abord à l'allégresse 11niverselle lorsque Daphnis fut reçu parmi les die11x. « Alacris porte sur siluas (et non sur uoluptas) ; la qualification est plus naturelle, le vers mieux équilibré » (PERRET, p. 64) ; voir réfutation de ces gloses par A. ERNOUT, dans Rev. Philol., 1962, p. 264. li
61. -
Otia ne se réfère pas ici aux loisirs et au farniente pastoral, mais à la paix qui règne même dans le monde an.imal (v. 60).
»
64. -
Arbusta ; cf. note B. 3, 10.
,,
66.
Phébus est un grand dieu, Daphnis 11n héros champêtre et divinisA ; d'où la distinction : au premier les grands autels (altaria), sunnontés de la table a11x sacrifices ; au second les autels bas (arae) sur lesquels on brûlait l'encens, et où l'on déposait comme offrandes du vin, du lait, des fruits et des fleurs ; pour la distinction des altaria, arae, foci, d'après VARRON et P. FESTUS, voir Dict. étym., ERNOUTM.F.TTJ,F.T. Sur ce problème, voir P. GRIMAL, dans Mélanges Picard, art. cit., p. 408 sq. D'autre part, pourquoi Apollon et Daphnis sont-ils associés ? Parce que le calendrier les a rapprochés : César né un 13 juillet, jour des Ludi Apollinares (PERRET, p. 65) ? Plus Rimplement, parce qu'Apollon fut un bouvier co=e Daphnis et qu'ils sont d'habiles • • mus1c1ens.
»
67. -
« Les vers 67-75 semblent ébaucher 11nA liturgie, mais ils comportent pour nous beaucoup d'obscurités ... Nous penchons à croire que les vers 67-75 visent à
évoquer sans précisions la joie des fêtes champêtres» (PERRET, p. 65). Cette prudence est louable ; Virgile imagine des rites et des fêtes champêtres qui n'avaient peut-être aucm1 correspondant dans la liturgie, commA dans Georg., III, 13 sq. il se représente le temple et les cérémonies qu'il instituera en l'honneur d'Auguste sur les bords du Mincio.
,,
71. -
Oalathus ; voir note B. 2, 46. Ariusium : promontoire au nord de Chio, réputée pour ses vins.
»
72. -
Damète, berger dans les Bucoliques Il et III. Egon est-il le même que celui de la pièce III ? ici il est Lyctius, c'est-à-dire de Lyctos, ville de Crète.
,,
73. -Alphésibée, berger, dans B. 8.
»
75. -
La principale lustration des champs se faisait aux Ambarvales; cf. Georg., I, 345; TrB., II, 1.
VIRGILE. -
BUCOLIQUES,
13
1VOTES COJ'l,JPLÉ.l\1EJ'-i'TAIRES
12!~ 82.
• il mais Ici l'auster n'est pas un vent malfaisant, apporte du sud la pluie rafraîchissante.
))
86.
Rappel de B. 2, 1.
»
87.
Rappel de B. 3, 1.
»
89.
Antigène ne figure pas ailleurs dans les Bucoliquu. SIXIÈME BUCOLIQUE
Vers 2. -Thalie, muse de la comédie, était à l'origine 11ne muse champêtre. Pour l'interprétation des v. 1-2, voir Introd. des Bucoliques, p. 1 ; le témoignage de Calpurnius montre comment il faut entendre prima. ))
3. -
J
5. -
•
9. -
13. -
Oynthius : Apollon, né dans l'île de Délos, où se trouve la montagne du Cynthe. J. Hu BAUX (Les thèmes bucoliques ... , p. 5 sq.) a montré comment VIRGILE, dans les v. 4-5, avait imité 11n passage de CAJ,LIMAQuE (Prologue des Aitia), et expliqué la suite des idées dans ce début souvent discuté. Mais le poète a-t-il fait allusion, dans lev. 3, à des vers épiques déjà écrits : épopée sur les rois d'Albe ? poème sur les guerres civiles ? Ciris ? première ébauche de l'Énéide ? vers 33 sq. de B. 4 ? tragédie héroïque ? La formule peut ne désigner qu'11ne velléité de poésie épique, comme l'entendait Servius (cum canerem : cum canere uellem). Les termes reges (v. 3), proelia (v. 3), tristia bella (v. 7) représentent bien la poésie épique ; cf. HoR., A. P., 73- 74. Deductum est une image empruntée au travail de la fileuse qui étire le fil pour qu'il soit ténu ; cf. CATUL., 64, 312. Non iniussa cano : la négation porte-t-elle sur iniussa ou sur cano? (cf. PERRET, p. 69); M. DESPORT, art. cit. Le contexte dicte le choix. Apollon a rappelé Virgile à l'ordre et lui a interdit la poésie épique ; il obéit, ne chantant pas ce qu'on lui a interdit de chanter. Pierides : voir note B. 3, 85. Chromis et 1\'Inasyle sont des bergers; le premier est 11n berger rlans TnÉuOR., I, 24 ; sur la mosaïque découverte à Thysdrus (T11nisie) en 1960, par L. FouonER, la scène de Virgile est reproduite ; les de11x pueri ne sont pas des satyres ; voir L. FOUCHER, Découvertes archéologiques à Thysdrus en 1960, pl. XI et XII;L'art de la mosaïque et les poètes latins, dans Latornus, 1964, pl. XVI; E. DE SAINT-DENIS, Le chant de Silène à la lumière d'une découve1·te réce1ite, dans Rev. Philo!., 1963, p. 23 sq. ; planche.
125
NOTES COMPLÉMENTAIRES »
15. 16.
17. -
»
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31. -
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38. -
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40. -
Iacchus
= Bacchus, pour le vin.
Tantum porte-t-il sur procul ? sur delapsa? ou sur toute la phrase ? La coupe régulière de l'hexamètre nous a fait choisir la première construction: à quelque distance, seulement, pas très loin. Le canthare était un vase large et profond à de11x anses ; cf. Dict. ant., DAREMBERG et SAGLIO, fig. 1127, 1128, 1130. Sur la mosaïque de Thysdrus (voir note v. 13), Silène est étendu ; il est entouré de feuillage, et l'un des pueri tient une hampe enguirlandée ; la manœuvre est commandée par le personnage féminin, comme l'indique le geste de la main droite. Satis est potuissc uideri : 1) c'est assez d'avoir pu réussir à me voir (SERVIUS, BENOIST, CARTAOL'.r, GOELZER, STÉGEN) ; 2) ce semblant de capture suffit, bien que des liens, faits de guirlandes, ne puissent pas être pris au série11x par les acteurs de cette comédie (HERRMANN, PERRET) ; 3) satis est ut uideamini me uincire potuisse (FORBIGER), interprétation que nous avons adoptée en donnant à uideri sa valeur forte (être manifeste). Voir A. ERNOUT, Rev. Philol., 1962, p. 265. Même puissance du carmen d'OR.l'HÉE dans Georg., IV, 510. La clef de la pièce est dans ces vers 27-30. Le Rhodope et l'Ismare, montagnes de la Thrace, où Orphée chanta sa douleur après la mort d'Eurydice ; cf. Georg., IV, 507 sq. Mouvement imité d'Apollonios de Rhodes (Argon., I, 496 sq. : chant d'Orphée) : iiel8ev 8' (avec anaphores qui relancent la période). Inane, semina, animae, exordia, primis sont empruntés au vocabulaire de la physique lucrétienne. On assiste ici, comme dans LUCRÈCE (II, 1105 sq., V, 433 sq.) à la dissociation des éléments qui étaient confondus à la naissance du monde : ainsi la terre et la mer se sont séparées, le ciel a dressé ses toits altiers loin de la terre (unde I appareret spatium caeli domus ; altaque tecta I tolleret a terris procul, et consurgeret aer, LucR., II, 1109 sq. ; cf. V, 446). Le v. 38 ne doit pas faire allusion à la formation actuelle des nuages et des pluies, mais au fait que désormais, grâce à la dissociation du ciel et de la terre, les nuages, au lieu de se traîner bas, ont formé plus haut un plafond ; cf. PERRET, p. 71. Ignaros: le sens passif (ignorés des animaux, HERRMANN, p. 43) est rare, et le sens actif est satisfaisant : de même que les terres s'étonnent de voir luire
VIRGILE. -BUCOLIQUES,
wt; ...
13*
126
li
NOTES COMPLÉMENTAIRES le soleil nouveau (v. 37), les montagnes voient avec surprise les premiers animaux qu'elles ne connaissaient pas encore. 41. -Après le déluge, Pyrrha et Deucc1,lion repeuplèrent la terre en y jetant des pierres ; cf. Georg., I, 62-63.
Volucrie : ce pluriel n'est pas conforzne à la légende traditionnfllle, d'après laquelle un seul vautour fouillait le foie de Prométhée, enchainé au Caucase pour avoir dérobé le feu du ciel. Épisode de la légende argonautique ; cf. THÉOCR., XIII; APOT,T,. RHOD., I, 1207-1295. Ce vers est inintelligible si l'on entend solari + ablatif d'éloignement : consoler de ... Mais l'emploi habituel est solari + ablatif de moyen : apaiser par ... : Silène chante commflnt les ardeurs de Pasiphaé furent apaisées par l'amour d'11n taureau blanc. Les filles de Prétus, roi d' Argos, se croyaient changées en génisses, alors qu'en réalité elles n'avaient pas changé de forme.
li
42. -
»
43. -
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53. -
Hyacintho : pour l'identification de cette plante, voir note B. 3, 63.
»
61. -
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63. -
Cette je11ne fille est Atalante, qui fut vaincue à la. course, parce qu'elle s'arrêta pour prendre les pommfls des Hespérides qu'Hippomène laissa tomber. Après ce vers 61, P. MAURY a supposé 11ne lacune d'11n vers (ce qui porterait à 87 le total des vers de l'églogue, (sous prétexte que les allusions mythologiques de Silène vont par groupes pairs (2 vers pour Hylas, 16 pour Pasiphaé, 2 pour les Héliades, 10 pour Apollon, 4 pour Scylla, 4 pour Philomène). Mais pourquoi ne pas compléter aussi les 4 mots accordés au mythe de Pyrrha (v. 41), et les 2 mots qui représentent le règne de Saturne (v. 41), et le seul consacré à Prométhée (v. 42) ? Lev. 61 est, tel quel, lucide et suffisant ; cf. E. DE SAINT-DENIS, L'Inform. litt., septembre-octobre 1954, p. 143. Les Héliades, sœurs de Phaéton, furent métamorphosées en a11nfls ou en peupliers ; cf. Ov., Met., II, 340 sq.
»
64. -
Le Per1nesse est un fleuve de Béotie, issu de !'Hélicon, séjour des Muses.
»
65. -
Aonas : Aonie est un ancien nom de la Béotie.
»
67.
Linus : cf. note B. 4, 56.
»
68.
Apia: cf. PLIN., N. H., XX, 112 sq.; J. ANDRÉ, Lexique des termes de botanique ... , p. 35 ; L'alimentation et la cuisine à Rome, p. 30 ; sauvage, cette
NOTES êOMPLÊMËNTAIRES
127
plante est très âcre et d'odeur plutôt nauséabonde ; cultivée, c'est le céleri. »
70. -
Le vieillard d'Ascra est Hésiode, né dans cette ville de Béotie; cf. Théog., début. EUPHORION DE CHALOIS, que GALLUS traduisit et imita (cf. B. 10, 50), avait. composé un poème sur Hésiode.
»
72. -
Gryni11m, sur la côte d'Asie Mineure, possédait une bois sacré, sanctuaire d'Apollon. Silène conseille à, Gallus, poète élégiaque, de traiter des sujets plus, nobles que les amours (comme Virgile, au début de l'églogue, est-lui-même tenté de le faire) ; il lui propose de chanter le bois de Grynium, consacré à, Apollon ; cela ne veut pas dire que Gallus ait suivi ce conseil, qu'il ait écrit, avant ou après, ce poème~ comme l'a prétendu SKUTSCH, sans aucune preuve ; cf. E. DE SAINT-DENIS, Rev. Philol., 1963, pp. 32-33. Scylla, fille de Nisus, fut changée en aigrette. Scylla, fille de Phorkys, fut changée en monstre marin. Il y a, donc ici contamination des deux mythes que l'au• teur de la Oiris (v. 54 sq.) distingue avec soin, VIRGILE lui-même emploie le pluriel Scyllae da.ns Aen., VI, 286. Dulichios est 11ne des Échinades voisines d'Ithaque; les nefs de Dulichios sont celles d'Ulysse, roi d'Ithaque ; mais seul le vaisseau d'Ulysse fut a11x prises avec Scylla, d'après l'Odyeeée (XII, 235 sq.). La description de Scylla est différente du monstre homérique ià douze pieds et à six têtes, sorte de pieuvre mi-humaine, roi-céphalopode. VIRGILE développera le schéma dans Aen., III, 424-428. Térée fut métamorphosée en huppe, tandis que Philomèle fut changée en rossignol ou en hirondelle. Philomèle et sa sœur Procné lui avaient fait manger son fils. Meditante: même emploi de meditari (composer, essayer un air) qu'en B. 1, 2.
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Eurotae : Apollon aima Hyacinthe, fils d'Oebalus, roi de Sparte, où coule l'Eurotas. « Phébus chante; l'Eurotas ordonne aux lauriers d'apprendre ces chants ; les lauriers les redisent à Silène ; Silène fait retentir les vallées qui renvoient son chant aux astres. Échanges continus entre les dieux, les hommes et la nature que nous croyons insensible « (PERRET, p. 76). Notons aussi que les trois derniers vers indiquent, comme le dénouement des pièces I, III, IX, que les heures ont passé ; et ils s'achèvent sur 11n point d'orgue, éclatant comme l'astre naissant (Olympo), tandis que celui de la pièce I (umbrae) annonçait l'obscurité nocturne.
128
l\rOTES COMPLÉ'MENTAIRES
SEPTIÈME BUCOLIQUE Vers 1. -Arguta; cf. CAL.l:'OR.N., VIII, 30 (garrula pinus). L'yeuse est bruissante, parce que la brise y chante, tandis qu'en B. 8, 22, le bois est harmonie11x (argutum) et les pins éloquents (loquentis), parce qu'ils retentissent de chants pastoraux ; et qu'en B. 10, 58, les bois sont bruyants (sonantes), parce que l'écho y renvoie les cris des chasseurs et de leur meute. 2. - Daphnis (différent du héros de la pièce V), Corydon et Thyrsis sont des bergers ; cf. THÉOCR., VI, début. »
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Arcades ambo : cf. épigramme d'Erykios (Anth. pal., VI, 96) : « Glaucon et Corydon, qui font paître leurs bœufs dans les montagnes, Arcadiens tous les de11x, ont sacrifié à Pan, le dieu montagnard de Cyllène ... ». Sur l'Arcadisme, voir Introd. des Bucoliqu.e,s ; la pastorale et l'actualité littéraire. 7. - Cf. THÉOCR., VIII, 49. 12. Croquis dont les traits caractéristiques rappellent B. 1, 48, et annoncent Georg., III, 15 ; Aen., 205. 14. - Le vers suivant indiquent, ce que sont Alcippe et Phyllis : des servantes de Mélibée, indisponibles ce jourlà ; ou bien Mélibée veut dire qu'il n'a pas, lui, 11ne Alcippe ni 11ne Phyllis pour l'aider, cf. PERRET, p. 78. 15. - Pourquoi enfermer les chevreaux sevrés ? Tout Rimplement pour les empêcher de retrouver et de téter leurs mères. 19. - Alte1·nos : avec cet accusatif il est possible de suppléer eos, sujet de meminisse ; si l'on ponctue altern-0s (Musae meminisse uolebant), PERRET, p. 79, meminisse sans sujet est incorrect. 21. - Sur cette invocation initiale, voir note B. 3, 60. Le Libéthros est 11ne grotte de !'Hélicon, d'où jaillissait 11ne source (Libéthros, Libethron ou Libéthra) ; les nymphes du Libéthros sont les Muses. ~2. - Codrus: cf. note B. 5, 11 . 24. C'est-à-dire: je renoncerai à la musique en offrant mon instrument au dieu Pan (le pin lui était consacré). 25. - Parce que Thyrsis est vaincu dans ce tot1rnoi (v. 69), certains exégètes pensent que Virgile a préparé sa défaite en lui prêtant des répliques inférieures 1111x couplets de Corydo11 ; cf. PERRET, p. 77 : cc La préférence donnée à Corydon guide notre lecture et permet d'étudier cette pièce comme un catéchisme 4. -
N01'ES COMPLÉMENTAIRES
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129
de l'esthétique virgilienne. » On considérait généralement que seul le dernier quatrain de Corydon motivait le jugement de l'arbitre. Mais G. STÉGEN (I, p. 102 sq.) et J. PERRET (p. 80 sq.) se sont appliqués à déceler l'infériorité du répondant dès sa première réplique (v. 25-28); Corydon ayant dernandé aux Muses l'inspiration, Thyrsis croit renchérir en demandant aux bergers la gloire ; or pour Virgile l'inspiration est une faveur divine et la gloire ne l'implique pas nécessairement (STÉGEN, I, p. 95) ; vanité de Thyrsis (PERRET, p. 79) ... ? ! -27. Sur le baccar, voir note B. 4, 19. Pourquoi le baccar ? Parce que cette plante préservait des enchantements; les louanges exagérées de Codrus pourraient éveiller la jalousie des dieux et attirer sur Thyrsis leur colère (FoRBIGER, PLESSIS). Mais « aucun texte, en dehors ùes scolies à ce vers, n'indique que le baccar préservait des sortilèges » (PERRET, p. 80). 29. - Delia : Diane, née à Délos. 31. - Si proprium hoc fuerit: hoc annonce-t-il ce qui suit (si cette offrande est en mon pouvoir), ou ce qui précède (si un tel bonheur à la chasse m'est confirmé comme un apanage) ? Cf. PERRET, p. 80. Nous avons ici une formule rituelle de promesse ; cf. L. fuvE·.r, Rev. Philol., 1918, p. 82 ; M. DESPORT, Rev. Ét. Ane., 1943, pp. 165-170 ; H. J. RosE, op. cit., p. 143 ; et la correspondance des v. 35-36 avec les v. 31-32 est plus nette dans la première interprétation : lorsque je serai plus riche, je ferai mie11x.
»
36. -
Où serait, dans ce quatrain, l'infériorité de Thyrsis ? Pro tempore serait ironique, et la promesse d'une statue en or ne serait pas du meilleur goût (STÉGEN, I, pp. 102-103). Après les v. 33-34, pro tempore ferait apparaître l'extravagance du projet de Corydon (PERRET, p. 80) ? ! Cf. THÉOCR., XI, 19 sq. L'Hybla est une montagne de Sicile, réputée pour son miel ; cf. B. 1, 54.
>>
37. -
»
38. -
PLINE (N. H., XVI, 145 sq.) distingue le lierre blanc, le noir et l'hélix ; parmi les blancs, ce11x dont le fruit seul est blanc, et ceux dont le feuillage aussi est blanc ; cf. J. ANDRÉ, Lexique des termes de botanique ..• , p. 157.
»
41. -
Ces plantes sardes sont des renoncules, dont le suc, très amer, provoquait des contractions des lèvres analogues à c~le-s · que produit le rire (Sardonia ou Sardonica herba) ; cf. J. ANDRÉ, Lexique ... , p. 281. « Thyrsis n'a pas compris l'invocation de Corydon: il le trouve bien tiède d'attendre patiemment que la
130
NOTES COMPLÉMENTAIRES nuit tombe. S'il ne s'agit que de rentrer les bœufs, il n'y a qu'à les faire rentrer tout de suite » (PERRET, p. 81). Le sens est clair : Thyrsis a compris l'invocation de Corydon, et il renchérît en exprimant plus d'impatience.
»
45. -
Somno : ablatif (plus douce que le sommeil), ou datif (si douce au sommeil); cf. PERRET, p. 81 ? La première interprétation est préférable pour la reprise des comparatifs ablatifs des vers précédents, et parce que c'est 11n cliché venant de THÉOCRITE (V, 51 ; XV, 125).
+
»
52. -
Plusieurs interprétations ont été proposées : le loup ne s'effraie pas du grand nombre des brebis (PLESSIS, PERRET) ; le loup s'inquiète peu de ce que le troupeau est bien compté (BENOIST) ; le loup n'a cure du nombre des brebis, il les attaque sans les compter (STÉGEN) ; seule la dernière interprétation ne force pas le sens de numerum. Quant à la vulgarité qu'on veut trouver dans ces vers et à la vanité de Thyrsis inférieur à Corydon, ce sont subtilités qui nous échappent.
»
53. -
L'épithète hirsutae, qui convient a.11x coques des châtaignes hérissées de piquants est transférée a11x arbres.
»
54. -
Cf. THÉOOR., VII, 144.
58. -
Liber : dieu italique identifié à Bacchus.
60.
« Les vers 57-60 ont l'élégance, les images gracieuses,
»
la noblesse qui caractérisent Corydon ; le v. 53 est écrit dans le style âpre, volontiers heurté, de Thyrsis, il évoque l'image d'objets raides et piquants ; le v. 56 est prosaïque et sans fantaisie, il termine le quatrain sur la vision désagréable d'11ne nature rétractée » (PERRET, pp. 82-83). Est-ce une raison suffisante pour supposer que les anciens éditeurs ont échangé ici les strophes des deux chanteurs ? Bien qu'en marge de P, au v. 53, on lise cor, c'est-à-dire Corydon, il n'y a pas lieu d'intervertir les de11x quatrains, sous prétexte que Thyrsis est toujours inférieur à Corydon ; cette infériorité n'est évidente que dans le dernier quatrain (v. 65-68). D'autre part, que valent les différences qu'on veut établir sur le le plan moral entre Corydon, capable d'admiration et de spontanéité, et Thyrsis, dénigrant, jalo11x, vulgaire, égoïste (PERRET, p. 83) ? Il ne s'agit que d'un jeu de formules et de surenchères surtout verbales ; tirer de là des renseignements sur ce que Virgile préfère sur. le plan littéraire et moral est ingénie11x . , mais precaire.
NOTES COMPLÉMENTAIRES •
68. -
131
Ici apparaît la déficience de Thyrsis : sa réplique a11x vers 63-64 de Corydon rendant 11n hommage délicat à Phyllis manque d'imagination ; il ne sait que comparer Lycidas à un arbre ; il est esso11ffiÂ, Mélibée proclame la victoire de Corydon. HUITIÈME BUCOLIQUE
Vers
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28a.
Musam : cf. B. I, 2, 6, 8. Da.mon et Alphésibée sont de11x bergers, comme dans les pièces III et V. Lynces : « Le lynx qui provient des traditions dionysiaques (cf. Georg., III, 264) voisine avec la génisse ; ce détail accentue le caractère surnaturel, orphique, de l'enchantement poétique» (PERRET, p. 86). Voir !'Argument de la pièce VI sur le dionysiasme en faveur à l'époque de Virgile. Le Timave, qui sépare l'Istrie de la Dalmatie, prend sa source dans 11ne région montagneuse. Sur la campagne de Pollion contre les Parthini, voir J. ANDRÉ, La vie et l' œuvre d' Asinius Pollion, Paris, 1949, p. 22. Sur Pollion poète tragique, voir J. ANDRÉ, id., pp. 31-38 (en particulier, examen du témoignage d'HoRACE, Sat., I, 10, 43 : Pollio regum !Jacta canit pede ter percusso). « Desinet de M semble être une correction de grammairien pour éviter l'hiatus ; et la construction principium... desinet donne un sens étrange que Conington n'explique pas sans embarras; avec P j'écrirais a te principium ; tibi desinam •.• » (A. ERNOUT, Rev. Philol., 1962, p. 265). Voir App. critique. Cf. Georg., III, 326. Attitude du berger souvent reproduite sur les monuments figurés. Ici, comme dans B. 10, 10, l'expression indigno amore paraît désigner une passion qui n'est pas payée de retour. Le Ménale est une montagne d'Arcadie, berceau de la pastorale. Voir note B. 7, 1. En introduisant ici le vers-refrain, comme l'a fait y, on obtient un parallélisme parfait entre les chants de Damon et d'Alphésibée (46 vers de part et d'autre). C'est la solution la plus simple ; d'autres ont supposé une lacune d'un vers après le v. 58
132
NOTES COMPLÉMENTAIRES
29. D
30. -
44. -
(voir App. critique), ou 11ne altération du texte des v. 72-78 dans le chant d'Alphésibée (voir PERRET, p. 93). Faces : les torches du cortège nuptial; cf. CATOL., 61, 121. Nuces : les noix que le nouveau marié jetait a11x enfants ; sur ces rites des noces, cf. CATOL., 61, 128 sq. Hcspérus (l'étoile du berger) quitte l'Œta (montagne de Thessalie) pour monter dans le ciel; cf. CATULLE, 62, 7. Mais voir discussion de A. DEMAN, dans Latomus, 1956, pp. 585-586. , Tmaros, montagne d'Epire ; Rhodope, montagne de Thrace; Garamantes, Africains de l'ouest (région de Fez). Mouvement emprunté à Théocrite, ID, 15-17.
•
47. -
Cette mère est Médée, qui tua les enfants qu'elle avait eus de Jason quand elle apprit son mariage avec Glaucé.
»
56. -
Dans les bois qu'il enchantait et entraînait par sa musique. Autre musicien génial, Arion, séd11isait les dauphins par les sons de sa lyre ; lorsqu'il fut jeté à la mer par l'équipage de son navire, les dauphins le sauvèrent.
58. -
Omnia uel medium fiat mare; le sens de cette exclamation est : que la mer envahisse tout ! peu m'importe ! Après moi, le déluge ! cf. LEo, p. 83.
60. -
Cf. THÉOCR., III, 25-26 ; et, pour ce dernier cadeau, XXIII, 20: « Je suis venu t'apporter ce suprême présent : le lacet qui me sera mortel. »
))
61. -
Modification finale au refrain cornmA dans 'J'HÉOCR., I, 114: « Commencez, Muses, de nouveau, commencez le chant bucolique » ; puis : « Arrêtez, Muses, il est temps, arrêtez le chant bucolique. 11
»
64. -
Eff er aquwm : cet ordre de la magicienne à sa servante Amaryllis (cf. v. 77) ne doit pas laisser croire que l'opération va se passer en plein air ; le vers 101 montre en effet qu'elle a eu lieu à l'intérieur de la maison, comme dans le frag1nent de Sol'HRoN, publié pour la première fois en 1933 (d'après 11n papyrus) ; cf. Ph. E. LEGRAND, A propos d'un nouveaii fragment de Sopliroti, dans Rev. Êt. anc., 1934, pp. 25-31 ; H. J. ROSE, op. cit., pp. 2-3. Dans l'Idylle II de THÉOCRITE, Simaitha opère avec sa servante en plein air, à la clarté de la l11nA ; dans le mime de Sophron, la scène de magie se passe à l'intérieur de la maison ; l'opératrice ordonne a,11x assistants de s'asseoir auprès du foyer et elle
NOTES COMPLÉMENTAIRES
133
demande que les portes soient tenues ouvertes. L'ordre effer aquam peut donc signifier: apporte l'eau lustrale tirée du bassin de l'impluvj11m (PLESSIS). »
66. -
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L'opération magique a pour objet de rendre fou d'amour l'amant infidèle. Ooniugis: ici non l'époux, mais l'amant. Cf. refrain de THÉOOR., II, 17.
Cf. Aen., IV, 487 sq. ; T1B., I, 8, 19 sq. Circé métamorphosa les compagnons d'Ulysse en pourceaux ; cf. HoM., Od., .X, 203 sq. 71. - Cf. LucIL., fragm. XX, 5; CAL.t'ORN'., XI, 70; Ov. Met., VII, 203 ; Am., II, 1, 25. 73. -Blanche, rose et noire, d'après SERVIUS. En ligotant ainsi la figurine qui représente Daphnis, la magicienne prétend le tenir à sa merci. 75. - Cette divinité est Hécate, qui préside a11x opérations magiques ; cf. THÉOCR., II, 14-16 : « Salut, Hécate redoutable ; assiste-moi jusqu'au bout et rends mes enchantements aussi forts que ceux de Circé, ou de Médée, ou de la blonde Périmède. » 83. - Nouvelle préfiguration: chaque geste est un signe qui, à distance, doit provoquer 11ne réalisation ; cf. THÉOCR., II, 21 sq. Ainsi le feu de l'amour doit embraser Daphnis. La scène de magie évoquée par HORACE (Sat., I, 8, 30 sq.) est différente : de11x figurines, l'une de cire, l'autre de laine représentent, la première, l'amant infidèle ; la seconde, le démon infernal (note F. VIT,LENEOVE). 86. - Tandis que, dans L UCR., II, 355 sq., la génisse cherche son petit, ici elle cherche le mâle, possédée par l'amour. 93. - Les vêtements de l'infidèle sont ici enterrés sous le seuil, tandis que, dans THÉOCRITE, II, 53, la frange de son manteau, qu'il a perdue, est brûlée. Ainsi, Daphnis doit être attiré de la ville et obligé à franchir le seuil qu'il a déserté. 95. - Nouvelle progression dans les procédés magiques : on va recourir aux herbes empoisonnées, à l'art illustré par la trop fameuse Médée de Colchide (voisine du Pont). 96. - Moeris peut être le même que le vieux berger de B. 9, plus ou moins sorcier; cf. B. 9, 54. 99. -
Maléfice puni par la Loi des XII Tables ; of. PLIN., N. H., XXVIII, 18; allusions à ce sortilège dans TIB., I, 8, 19 ; Ov., Rem. Am., 255.
134
"
NOTES COMPLÉA1ENTAIRES 101. -
Ces ordres donnés à la servante signifient que la magicienne veut faire place nette avant d'employer les herbes et les poisons: his (v. 102) reprend en effet has herbas atque haec •.. uenena (v. 95).
102. -
Sur ce geste et sur l'interdiction de se retourner, voir les exemples réunis par J. HEuRGON, dans Mélanges arch. et hist. École de Rome, 1932, p. 52 sq.
105. -
Aspice ..• Il est inutile de supposer qu' Amaryllis prend ici la parole, au moment d'exécuter les ordres de sa maîtresse. Celle-ci constate et fait constater un brusque coup de théâtre : ses incantations restaient vaines jusqu'alors ; mais voici du nouveau. NEUVIÈME BUCOLIQUE
Vers 1. -
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Cette ville est probablement Mantoue, voisine du site qui est décrit aux vers 7-10, et qui rappelle celui de B. 1, 46 sq. Pour L. HERRMANN, qui veut reconnl\Ître en Moeris le poète Aemilius Macer de Vérone, ami de Catulle, et en Lycidas le je11ne Horace, la route est la via Gallica, entre Brescia et Vérone ; cf· L. HERRMANN, La topographie des Bucoliques virgilie-nnes, dans Rev. Arch., 1931, p. 250.
Haec mea sunt : d'après J. PERRET (p. 98), formule de la uindicatio rei (GAIUS, 4, 16) dans 11nfl action judiciaire, le possessor étant l'occupant dont les droits sont contestés par 11n petitor. 7. - Valeur de certe : restriction (pourtant) soulignée par equidem ? ou sens affaibli : en tout cas, quoi qu'il en soit (PERRET, p. 99) ? La reprise de audieram par audieras etfamajuit (v. 11), montre que deux versions s'opposent nettement : celle de Mœris et celle de Lycidas, mal renseigné. 9. -Ad aquam : le cours du Mincio. 10. Vestritm Menalcan : votre Ménalque, c'est-à-dire le chef de votre maisonnée. Mœris, vieux serviteur, est inséparable de toute la familia. De même, au v. 12, il dira carmina nostra en parlant des vers de son maître, cf. v. 2 : nostri agelli. 4. -
»
13. -
Dodone, dont le bois de chênes était célèbre, avait été habitée autrefois par les Chaoniens.
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15. -
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19. -
D'après Cie., De Diu, I, 39, 85, le présage était valable quand la corneille se faisait entendre à gauche. Cf. B. 5, 10 ; 40-41.
»
23.
Cf. THÉOCR., III, 3-5 ; sur cette imitation, voir PERRET, pp. 100-101.
NOTES COMPLÉMENTAIRES 26. -
135
Sans doute L. Alfénus Varus, successeur de Pollion dans le gouvernement de la Cisalpine ; la pièce VI lui est dédiée.
>,
28. -Allusion à l'infortune de Crémone dont le territoire fut réparti entre les vétérans, après la bataille de Philippes ; elle avait pris parti pour Brutus et Cassius ; cf. SUÉTONE-DONAT, Vie de Virgile : « Les Crémonais aidèrent les adversaires de César Auguste. Après sa victoire, Auguste avait ordonné que les vétérans fussent conduits dans leurs terres, mais comme les champs des Crémonais ne suffisaient pas, les Mantouans aussi, parmi lesquels était le poète Virgile, perdirent la plus grande partie de leur territoire, parce qu'ils avaient été voisins des Crémonais » (trad. J. J. V AN DooREN). 30. - Voir App. crit. : glose de SERVIUS ; le miel de Corse (dont le nom grec était Cyrnos) était peu estimé à cause de son amertume (cf. Ov. Am., I, 12, 20), venant de l'abondance des ifs, mauvais pour les abeilles (cf. Georg., II, 257 ; IV, 47). 31. - Sur cytisus, voir note B. 1, 78.
»
35. -
'li
»
L. Varius Rufus, contemporain et ami de Virgile ; il passa pour le maître du genre épique à Rome, jusqu'à l'apparition de I'Enéide ; il composa des tragédies, en particulier Thyeste ; cf. QuINTIL., I. O., X, 1, 98. C. Helvius Cinna, contemporain de Catulle, fut célèbre surtout par sa Zmyrna, courte épopée alexandrine ; cf. QUINTIL., I. O., X, 4, 4.
-
»
39-40. -
Cf. THÉOCR., XI, 42 sq. Sur cette imitation, voir E.DE SAINT-DENis,Lerôle de la mer dans la poésie latine, Paris, 1935, p. 161 ; PERRET, p. 102. Cetta composition est-elle de Ménalque ou de Mœris (cf. PERRET, p. 102)? Lev. 55 suggère que Ménalque, à son tour, redira tout cela, mieux que le viA11x Mœris dont la mémoire est défaillante. C'est qu'il en est l'auteur, vraisemblablement.
»
47. -
Dioné, fille de Thétis et de !'Océan, mère de Vénus, dont la gens Iulia se vantait de descendre. Cet astre de César est le sidus I ulium, comète qui se montra dans le ciel lors des jeux funèbres célébrés en l'honneur de César.
»
51. -
Animum: quod attimet ad animum pro memoria positum, cf. Aen., III, 230 ; TER., And., I, 5, 47 ; C10., De or., II, 74, 300, etc. (FoRBIGER). Cependant, pour PERRET (p. 104), ce n'est pas seulement la mémoire, mais le courage, la joie de chanter. Le vers 53 (nunc oblita ... ) nous a fait adopter l'interprétation de FoRBIGER. •
•
NOTES COMPLÉMENTAIRES
136 »
54. -
Cf. PLrn.,N. H., VIII, 80.
»
57.
Aequor : ce plan d'eau est-il le lac de Garde ? ou le cours du Mincio ? Ce serait plutôt, pour PERRE'.I.' (p. 104) la plaine étalée sous les ye11x des bergers (sens déjà proposé par SERVIUS); mais sterno se dit ordinairement d'une masse liquide; cf. Aen.~ V, 763, 821 ; VIII, 89.
»
60. -
Bianor, personnage mal conn1~, qui avait peut-être fondé Mantoue; voir LEo, p. 27, n. 1. L. HERRJ\UNN' (art. cit., dans Rev. arch., 1931, p. 250) eE1time que le tombeau de Bianor n'est pas celui d'Ocnus, fondateur mythique de Mantoue, mais celui du poèt& bithynien Bianor, ami de Catulle, de telle sorte que la bucolique se passe dans le voisinage immédiat du célèbre domaine catullien de Sir11,io.
DIXIÈME BUCOLIQUE Vers 1. -Arethusa: nymphe, fille de Nérée et de Doris, et nom d'une source à Syracuse ; par cette invocation (cf. B. 4, 1) Virgile rattache ce poème final au genre bucolique et théocritéen, Syracuse étant la patrie de Théocrite. ))
»
2. -
Sur les amours de Gallus et de Lycoris (Vol11mnia), voir PROP., II, 34, 91 ; Ov., Am., I, 15, 29 sq. ; A. A., III, 537 ; Tr., II, 445 ; MART., VIII, 73, 6.
4. -
L'Alphée, fleuve d'Élide, s'était épris d'Aréthuse. Les Anciens croyaient, semble-t-il, qu'il y avait comm11nication sous-marine (Doris est 11ne Néréide) entre l'Alphée et Aréthuse.
10. -Naides: les Naïades, nymphes des montagnes, et spécialement les Muses, qui fréquentaient les sommets du Parnasse et du Pinde ; cf. LEo, p. 29, n. 3. Mais quel est le sens de l'apostrophe ? Que faisiez. vous, où étiez-vous, loin de Gallus, quand il se mourait ? (FoRBIGER, PLESSIS). Ou, au contraire, quels bois sauvages et ombreux vous ont abritées en Arcadie, lorsque vous êtes venues assister Gallus ? (PERRET, p. 109). La suite montre que les Naïades ont déserté leurs résidences habituelles et }11mineuses (Parnasse, etc.). Le rapprochement avec THÉOCR., I, 66 sq. (Nymphes absentes à la mort de Daphnis) a suggéré la première interprétation ; mais l'explication des v. 11-12 impose la seconde, qui élimine les é11igmes et les invraisemblances. Gallus fut entouré d'une sympathie 11niverselle. Pour indigna amore, voir note B. 8, 18.
N01'ES CO!t1PLÉMENT AIRES
137
1
11. -
Le Parnasse, en Phocide, a deux sommets: Lycorée et Tithorée. C'est la demeure d'Apollon et des Muses. Le Pinde est une montagne située aux confins de la Thessalie et de l'Épire ; on y célébrait le culte des Muses.
»
12. -
Aonie Aganippe : source consacrée aux Muses, au pied de l'Hélicon, en Béotie (anciennement no-mmée Aonie).
11
13. -
Les lauriers et les tamaris, consacrés à Apollon ; cf. note B. 4, 2.
»
15. -
Cf. note B. 8, 21. Le Lycée est, comme le Ménale, une montagne d'Arcadie.
»
19. -
1
L'épithète tardi conviendrait mieux à bubulci (voir App. crit.) ; cf. APUL., Apol., 10, 6 ; Flor., 3, 3 ; FoRBIGER, p. 168 ; PERRET, p. 109 ; le vers suivant peut faire penser a11x bouviers comme aux porchers ; voir note suivante. 20. -Pendant l'hiver, on conservait les glands dans l'eaul cf. CAT., Agr., 54 ; CoLUM., VII, 9, 8. Ménalque estil un porcher ou un bouvier ? D'après CoLUM., VI, 3, 4 sq. ; XI, 2, 83, on donnait des glands a11x bœufs comme aux porcs. Ménalque est 11n chevrier dans B. 3; un chevrier ou un berger dans B. 5; sa fonction n'est pas indiquée dans B. 2 et B. 9.
»
22. -
»
»
»
» » »
Tua cura : expression de la langue érotique ; cf. note B. 1, 57. 25. - Silvain est couronné de fleurs (v. 24), mais il ne peut porter qu'à la main des férules et des grands lis (v. 25). 27. - Ebulus (-um) : l'hièble, dont les fruits sont rouges ; cf. J. ANDRÉ, Lexique des termes de botanique .•• , p. 123. On peignait en rouge le visage des die11x champêtres (Pan, Priape). 30. - Riui désigne ici les canaux d'irrigation comme dans B. 3, 111. Sur le cytise recherché par les abeilles, voir note B. 1, 78. 31. - Tamen : cc mes larmes ne peuvent désarmer la cruauté de l'Amour ; toutefois, si, témoins de mon deuil, vous le contez à vos montagnes, mes larmes n'auront pas été vaines, car de votre chant la mort même ne m'empêchera pas de recevoir consolation. » (PERRET, p. 110). 37.-Cf.B.3,74sq. 38. Cf. B. 2, 15-18. 44. Ce vers a fait couler beaucoup d'encre ; cf. PERRET, p. 112 ; STÉGE'.N, II, p. 113 sq. ; Nunc oppose au rêve
NOTES COMPLÉMENTAIRES
138
la réalité ; au regret de n'avoir pas vécu en berger arcadien succède l'évocation de la vie des camps ; au vers 14, il est eola eub rupe ; mais ici il revit par la pensée le drame de la rupture et de la séparation : lui, occupé sans doute à défendre contre Sextus Pompée les côtes de l'Italie ; elle, partie sur les bords du Rhin avec un officier de l'armée d'Agrippa. Insan'lUt amor ne peut donc pas désigner l'amour de Gallus. pour Lycoris, mais l'amour des armes qui a fait le malheur de Gallus, et qui s'oppose à l'idéal bucoliquedes v. 35-43. Il n'y a pas lieu de corriger me en te et d'entendre insanus amor comme l'amour de Lycoris pour son officier ; cf. LEo, p. 32. Ce poète de Chalcis est peut-être Euphorion ; mais ses élégies ont-elles inspiré Gallus ? Nous ne connaissons. pas assez l'œuvre de Gallus pour préciser davantage et décider s'il se propose ici de transposer dans le registre sicilien (arcadien) ce qu'il a d'abord conçu dans le registre chalcidique (élégiaque). Dans les vers. suivants il s'agit surtout d'11n changement de vie et de cadre,
»
50. -
»
Maenala : cf. note v. 15. 57. Le Parthénios est 11n mont situé en Arcadie, a11x: confins de !'Argolide. 58. -Lucosque eonantis: voir note B. 7, 1. 59. Partho cornu : l'arc de corne ; les Parthes étaient des archers réputés. Cydonia epicula : les traits de Cydon (ville de Crète, célèbre par. les rose11-11x servant à. fabriquer les flèches). 61. - Ce dieu-là est Amour ; cf. v. 28 sq. 64. N ostri. labores : c les peines que nous prenons pour ledésarmer, nos initiatives, par exemple nos efforts pour nous rai>
68. -
Pour les Romains, les Éthiopiens habitaient les extrémités du monde connu vers le midi.
»
76. -
PLINE (N. H., XVII, 89 sq.) ne cite pas le genévrier parmi les arbres dont l'ombre est malfaisante.
INDEX NOMINVM
Achilles, 4, 36. Actaeus, a, um, 2, 24. Adonis, 10, 18. Aegle, 6, 20, 21. Aegon, 3, 2 ; 5, 72. Aethiopes, 10, 68. Afri, 1, 64. Aganippe, 10, 12. Alcides, 7, 61. Alcimedon, 3, 37, 44. Alcippe, 7, 14. Alcon, 5, 11. Alexis, 2, 1, 6, 19, 56, 65, 73; 5, 86; 7, 55. Alphesiboeus, 5, 73 ; 8, 1, 5, 62. Alpinus, a, um, 10, 47. Amaryllis, 1, 5, 81, 36 ; 2, 14, 52 ; 3, 81 ; 8, 77, 78, 101 ; 9, 22. Amor, 8, 43, 4? ; 10, 28, 29, 69. Amphion, 2, 24. Amyntas, 2, 35, 39 ; 3, 66, 74, 83 ; 5, 8, 15, 18 ; 10, 87, 38, 41. Antigenes, 5, 89. Aones montes, 6, 65. Aonius, 10, 12. Apollo, 3, 104 ; 4, 10, 57 ; 5, 35 ; 6, 73 ; 10, 21. Aracynthus, 2, 24. Arar, 1, 62. Arcades, 7, 4, 26; 10, 31, 83. Arcadia, 4, 58, 59 ; 10, 26. Arethusa, 10, 1. Argo, 4, 84. Arion, 8, 56. Ariusia (uina), 5, 71. Armenius, a, um, 5, 29. Ascraeus, a, ul. 6, 70. Assyrius, a, um, 4, 25.
Bacchus, 5, 30, 69, 79. Bauius, 3, 90. Bianor, 9, 60. Britanni, 1, 66. Caesar, 9, 47. Calliopea, 4, 57. Camenae, 8, 59. Cancer, 10, 68. Caucasius, a, um, 6, 42. Chalcidicus, a, um, 10, 50. Chaonius, a, um, 9, 13. Chromis, 6, 13. Cinna, 9, 85. Circe, 8, 70. Codrus, 5, 11 ; 7, 22, 26. Conon, 8, 40. Cortynius, a, um, 6, 60. Corydon, 2, 1, 56, 65, 69; 5, 86; 7, 2, 3, 16, 20, 40, 70. Cremona, 9, 28. Cumaeus, a, um, 4, 4. Cynthius, a, um, 6, 3. Cyneus, a, um, 9, 30. Damoetas, 2, 37, 39 ; 3, 1, 58 ; 5, 72. Daman, 3, 17, 22 ; 8, 1, 5, 16, 62. Daphnis, 2, 26 ; 3, 12 ; 5, 20, 25, 27, 29, 30, 41, 43, 51, 52, 57, 66; 7, 1, 7 ; 8, 68, 72, 76, 79, 81, 83, 84, 85, 90, 93, 94, 100, 102, 104, 109 ; 9, 46, 50. Dardanius, a, um, 2, 61. Delia, 3, 67 ; 7, 29 Dictaeus, a, um, 6, 56. Dionaeus, a, um, 9, 47. Dircaeus, a, um, 2, 24.
140
INDEX NOl'vllNVM Maeuius, 3, 90. Man tua, 9, 27, 28. Mars, 10, 44. Martius, a, um, 9, 12. Meliboeus, 1, 6, 19, 42, 73 ; 3, 1 ; 5, 37 ; 7, 9. Menalcas, 2, 15 ; 3, 13, 58 ; 5, 4, 64, 90 ; 9, 10, 16, 18, 55 ; 10, 20. Micon, 3, 10 ; 7, 30. Mincius, 7, 13. l\1nasylus, 6, 13. Moeris, 8, 96, 98 ; 9, 1, 16, 53, 54, 61. Mopsus, 5, 1, 10; 8, 26, 29. Musa, 3, 60, 84 ; 4, 1 ; 6, 69 ; 7, 19.
Doris, 10, 5. Dryades, 5, 59. Dulichius, a, um, 6, 76. Eurotas, 6, 83. Fa uni, 6, 27. Galatea (Nereis), 7, 37 ; 9, 39. Galatea (rustica puella), 1, 30, Rl ; 3, 64, 72. Gallus, 6, 64 ; 10, 2, 3, 6, 10, 22, 72, 73. Garamantes, 8, 44. Germania, 1, 62. Grynaeus, a, um, 6, 72.
Nais, Naides, 2, 46 ; 10, 10. l'-l"aiades, 6, 21. Neaera, 3, 3. Nereus, 6, 35. Nerine, 6, 37. Nisus, 6, 74. Nysa, 8, 18, 26.
Hamadryades, 10, 62. Hebrus, 10, 65. Helicon, 6, 65. Hesperidum mala, 6, 61. Hesperus, 8, 30 ; 10, 77. Hybla, 7, 37. Hyblaeus, a, um, 1, 54. Hylas, 6, 43, 44. Hylax, 8, 107.
Oaxes, 1, 65. Œta, 8, 30. Olympus, 5, 56 ; 6, 86. Orpheus, 3, 46 ; 4, 55, 57 ; 6, 30 ; 8, 55, 56.
lacchus, 6, 15 ; 7, 61. lllyricum aequor, 8, 7. Iollas, 2, 57 ; 3, 76, 79. Ismarus, 6, 30. luppiter, 3, 60; 4, 49 ; 7, 60. Liber, 7, 58. Libethrides Nymphae, 7, 21. Linus, 4, 56, 57 ; 6, 67. Lucifer, 8, 17. Lucina, 4, 10. Lycaeus, 10, 15. Lycidas, 7, 67 ; 9, 2, 12, 37. Lysisca, 3, 18. Lycoris, 10, 2, 22, 42. Lyctius, a, um, 5, 72. l\1aenalius, a, um, 8, 21, 25, 28 a, 31, 86, 42, 46, 51, 57, 61. Maenalus, 8, 22 ; 10, 15, 55.
1
Palaemon, 3, 50, 53. Pales, 5, 35. Palias, 2, 61. Pan, 2, 31, 32, 33 ; 4, 58, 59 ; 8, 24 ; 10, 26. Parcae, 4, 47. Paris, 2, 61. Parnasius, a, um, 6, 29. Parnasus, 10, 11. Parthenius, a, um, 10, 57. Parthus, a, um, 1, 62 ; 10, 59. Pasipl1ae, 6, 46. Pern1essus, 6, 64. Phaetho11tiades, 6, 62. Philomela, 6, 79. Phoebus, 3, 62 ; 5, 9, 66 ; 6, 11, 29, 66, 82; 7, 22, 62, 63.
INDEX NOMINUM Phyllis, 3, 76, 78, 107 ; 5, 10; 7, 14, 59, 63; 10, 87, 41. Pierides, 3, 85 ; 6, 13 ; 8, 63; 9, SS ; 10, 72. Pindus, 10, 11. Pœnus, a, um, 5, 27. Pollio (C. Asinius), 3, 84, 86; 4, 12. Pontus, 8, 95, 96. Pria pus, 7, 33. Proetides, 6, 48. Prometheus, 6, 42. Pyrrha, 6, 41. Rhenus, 10, 47. Rhodope, 6, 30 ; Roma, 1, 19, 26.
141
Sithonius, a, um, 10, 66. Sophocleus, a, um, 8, 10. Stimichon, 5, 55. Syracosius, a, um, 6, 1,
Tereus, 6, 78. Thalia, 6, 2. Thestylis, 2, 10, 43. Thetis, 4, 32. Thracius, a, um, 4, 55. Thyrsis, 7, 2, 8, 16, 20, 69. Tigris, 1, 62. Timauus, 8, 6. Tiphys, 4, 84. Tityrus, 1, 1, 4, 13, 18, 88 ; 3, 20, 96 ; 5, 12 ; 6, 4 ; 8, 8, 44. 1 55 ; 9, 23, 24. Tmarus, 8, 44. Troia, 4, 36. 4, 6; 6, 41.
Saturnius, a, um, Scylla, 6, 74. Scythia, 1, 65. Sicanus, a, um, 10, 4. Sicelides, 4, 1. Siculus, a, um, 2, 21 ; 10, 51. Silenus, 6, 14. Siluanus, 10, 24.
Varius, 9, 35. Varus, 6, 7, 10 ; 9, 26, 27. Venus, 3, 68 ; 7, 62 ; 8, 78. Vesper, 6, 86. Virgo, 4, 6. Vlixes, 8, 70.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
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I. Vie de Virgile . • • • • • • • • • II. Les manuscrits de Virgile, Scholies. Éditions
Les Bucoliques . Notice • • • • Tableau des sigles.
IIe Bucolique 111 8 Bucolique IV 0 Bucolique Ve Bucolique VIe Bucolique VIIe Bucolique VIIIe
Bucolique
IXe Bucolique
Xe Bucolique
V
•
V
.
XXI
1
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. 101 . 139
argument . . • texte et traduction . argument • . . texte et traduction. argument . • • texte et traduction. argument . . . texte et traduction. argument • • . texte et traduction. argument . . . texte et traduction. argument . . . texte et traduction. argument . • . texte et traduction. argument . . . texte et traduction. argument . . . texte et traduction.
Jre Bucolique
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COMMENTAIRE •
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INDEX NOMINVM
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34 35 38 42 44 47 49 55 60 63 65 69 73 77 79 83 85 90 92 95 98
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