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French Pages 133 [140] Year 1970
ANALYSE FORMELLE DE L'ŒUVRE POÉTIQUE D'UN AUTEUR DES TANG ZHANG
RUO-XU
ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES — SORBONNE SIXIÈME SECTION : SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
LE MONDE D'OUTRE-MER P A S S É ET PRÉSENT TROISIÈME
SÉRIE
ESSAIS XI
PARIS — MOUTON & CO — LA HAYE 1970
CHENG CHI-HSIEN
ANALYSE FORMELLE DE L'ŒUVRE POÉTIQUE D'UN AUTEUR DES TANG ZHANG
RUO-XU
PARIS — MOUTON & CO — LA HAYE 1970
LES CARACTÈRES CHINOIS DU TEXTE ET DE L A COUVERTURE ONT ÉTÉ TRACÉS PAR MONSIEUR HSIUNG PING-MING
© 1970, Mouton & Co and École Pratique des Hautes Études. Printed
in
France.
Ce travail,
dirigé par H. Alexis Rygaloff, a été présenté
pour le Diplôme
de
l'Ecole
Pratique
MM. Jacques Gernet et Roland Barthes
des
Hautes
Etudes.
ont bien voulu en être
les rapporteurs. Au cours de la rédaction, j'ai bénéficié des conseils précieux de MM. Paul Demiéville et Jean-Pierre Diény, Qu'ils trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude.
Parie, novembre 1969
Cheng Chi-hsien
INTRODUCTION
L'oeuvre connue du poète des Tang, Zhang Ruo-xu e s t constituée, en tout e t
pour
tout, de
l e s t i t r e s sont : Chtm-jiang-hua-yue-ye
Dai-da gui-meng- huan A
M.
Λ
ψ
. Cependant,
ce que nous tenterons de montrer,
,
deux poèmes dont
c e t t e oeuvre,
et et
si
c'est modeste
par l e volume, e s t bien digne d ' a t t e n t i o n . Sur l a biographie du poète,
nous ne possédons que très peu
d'éléments. Le nom de Zhang Ruo-xu f i g u r e avec Ju fl? É
celui de Xing
, o r i g i n a i r e comme l u i de Yang-zhou
poètes de l a région de
8hen-long
Î-'fy'fk,
(Jiu Tang-shu
Wu et
Yue
,
, parmi l e s pour
la
(705-706), que l 'Ancienne Histoire
)
associe
à
période
dee Tang
He Zhi-zhang
»
dans l a biographie q u ' e l l e consacre à c e l u i - c i ( Φ ^ Ί ϋ , Φ , WjKL*it
m,
·£.!«]
) ( 1 ) . D'après l e même t e x t e ,
nous apprenons que Zhang Ruo-xu a occupé une fonction dans l e Service des Troupes (2) à Yan-zhou IL 1. Jiu
- dans l ' a c t u e l l e
Tang-shu : chap. 190 Β, p. 15 b.
2. Nous suivons R. des Rotours pour l a traduction de bing-aao j f e · ^ : le Service des Troupes. Dans l e cas présent, il s ' a g i t peut-être d'une abréviation de bing-aao aan-jun-shi Voir Traité p. 696.
des fonctionnaires
et traité
de l'armée,
t. II,
L'ŒUVRE
12
POÉTIQUE DE ZHANG RUO-XU
province de Shan-dong - (
M-
jfc ^
). D'autre
dans la notice qu'il consacre à Bao Ji {QJIÍL jishi
(1)
présente le poète
,
part,
Tang-ehi
le
conme
l'un des
"Quatre Lettrés de Wu" ( Jk φx£¡-àr ) à côté de Bao Rong - le père de Bao Ji -, de He Zhi-zhang et de Zhang Xu ^ ^ Ü L Ces indications suggèrent que si
ses
fonctions auprès
.
de
l'administration militaire ont pu l'éloigner pendant quelque temps de son pays natal, c'est néanmoins dans la région de Wu et Yue que Zhang Ruo-xu exerçait ses activités littéraires et entretenait des relations d'amitié.
Four ce qui est des dates de naissance et de mort du poète, on ne disposait jusqu'à présent que Yi-duo B f l - f ^ç.
de
l'hypothèse que
avait présentée dans son Tang-skù
da-xi
Wen
/|1 f^f
, malheureusement sans aucune indication de sources :
660-720 ? (2) Rien ne nous permet de confirmer
la
date
de
naissance, ni d'ailleurs de l'infirmer ; mais s'il s'agit de la mort de Zhang Ruo-xu, nous pouvons faire état d'un texte qui ne semble pas avoir été remarqué par Wen Yi-duo. En effet, toujours dans le Tang-shi
ji-shi,
à propos
de
»
Shen-xu
Ming-huang-za-lu
, Ji You-gong cite un passage du de
Liu
Zheng Chu-hui j^pj^t^f: où le nom de Zhang
Ruo-xu figure dans une liste de treize poètes
dont il
est
déploré qu'ils ne bénéficiaient pas de la situation qu'ils méritaient, et qu'ils vivaient tous dans la gêne ; et cela pendant la période tian-bao ,
ft
,
te^c,
(742-756) ( fcgjfc,
,
1. Tang-shi ji-ehi de Ji You-gong % \ \ 40, t. I, p. 616. 2. Voir Wen Yi-duo
quan-ji
f^-^^^J^·
, des Song : chap. : t. IV, p. 175.
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
13
) (1). Cette indication, si elle est juste, nous permet de reculer la date de sa mort de plus de vingt ans. Peu d'éléments donc en ce qui concerne sa biographie,
peu
d'oeuvres aussi qui nous soient restées. Pratiquement un seul poème de lui est connu du public et c'est
le célèbre
Pour nous en tenir à l'opinion des modernes,
giang-hua-yue-ye.
nous citerons par exemple Tan Zheng-bi Dictionnaire
Chun-
des
hommes de lettres
qui, dans son
chinois
^
^
, remarque que "son Chun-g'iang-hua-yue-ye,
K.
il n'est
pour ainsi dire pas un lettré chinois qui ne l'ait lu" ; nous retiendrons aussi que Zheng Zhen-duo Histoire
de la littérature
dans son
donne l'opinion suivante :
chinoise
"Le long poème de sept pieds
et
est
Chun-giang-hua-yue-ye
un
chef-d'oeuvre qu'on ne se lasse jamais de réciter" (2). IL est rare qu'un poète, dont on connaît mal la vie, soit
cependant
célèbre à cause d'un seul poème. Cette célébrité n'a pas un fait acquis dès le début. S'il est vrai que d'un
passage
contenu dans le premier texte cité ci-dessus il ressort l'oeuvre de Zhang Ruo-xu connaissait une certaine
été que
renommée
de son vivant, il faut bien remarquer qu'aucune notice ne lui est spécialement consacrée dans 1 * Histoire le Tang-shi
gi-shi
des
Tang, ni
; il faut bien constater aussi
que
dans ses
oeuvres non plus ne figurent pas dans les anthologies composées sous les Tang (3), et à notre connaissance les compila1. Tang-shi gi-shi : chap. 25, t. I, p. 378. Ce passage, toutefois, ne se trouve dans aucune des collections (Mo-hai g'in-hu ^ ^ ¡gj Tang-dai aong-shu subsiste du texte primitif du Ming-huang-za-lu. 2. Cha-tu-ben p. 313.
Zhong-guo
wen-xue
s
h
i
t
f
?
%
:
t. I,
3. Ces anthologies ont été réunies dans un ouvrage : Tang-ren xuan Tang-shi fèS^^Mifr ), publié en 1958.
14
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG
RUO-XU
teurs Song les ont également ignorées : en tout état de cause e l l e s sont absentes des grandes anthologies, de cette dynastie, comme l e Zhong^miao ji Tang-bai-jia
shi-xuan
de Zhao Shi-xiu ß%t I f
de Wang An-shi
et le Wen-yuan ying-hua
· Toutefois,
Song, l e Chun-jiang-hua-yue-ye •fPr^^·
a été
son Yue-fu shi-ji
dans
dès
xuan ^ ì ^ f ì I L
Pan-long ^ " ^ - - t L
, des Ming (2) ; e t sous les Qing
Tang-shi
] % % % [ d e
bie-oai
les
inclus par Guo Mao-qian ( 1 ) , et
suite i l sera repris dans le Îang-shi
í-^bfa
par de
la Li
dans l e
Shen De-qian 2 t . ϊ φ
ainsi que, bien entendu, dans l e Quan Tang-shi
(3) (4)
où f i g u r e également l e second poème de Zhang Ruo-xu : Dai-da gui-meng-huan
. Ces deux poèmes, nous les retrouvons
dans l e Tang-shi
xuan 7Ü-1HNL
de Wang Kai-yun
encore
.ï-lSl ä|_
,
paru vers la f i n des Qing (5). Dans la suite de ce chapitre, ainsi que dans les chapitres suivants, nous aurons à u t i l i s e r , pour les besoins de notre analyse, un certain nombre de termes appartenant à la prosodie traditionnelle chinoise. Nous les groupons i c i en donnant à chacun une traduction et une explication. Nous nous contenterons, par la suite, d ' u t i l i s e r ces termes dans leur transcription : 1. Hn-ti
shi / ^ ^ i ^ f
ou Ü r f t - ^ f
: poésie de forme moderne
ou récente. Cette forme a pris naissance à l'époque
des
Six
1. Chap. 47, p. lb-2a. 2. Tang-shi xuan : v o i r Bibliographie. A propos des anthologies composées sous les Ming, nous signalons que, aucune des bibliothèques de Paris ne possédant l'importante anthol o g i e Tang-ehi-pin-hui & ^ de Gao Bing ^ ^ , nous n'avons pas pu la consulter. 3. Chap. 5, p. 31-32. 4. Chap. 117, p. 1183-1184. 5. Tang-shi-xuan
shi-san-juan
: chap. 7, p. 24b-25a, 6, p.l6h
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
15
Dynasties (420-580), mais elle n'a été définie et
codifiée
que sous les Tang. Elle comprend en principe deux
variétés
qui sont connues sous les noms de j u e - j u et tü-shi
, "vers réduit?'
"poème régulier" ; mais c'est surtout
à
la
seconde que l'on pense quand on utilise le terme de j i n - t i s h i . Le l ü - s h i , comme son nom l'indique, obéit à des très rigoureuses : le poème doit comporter deux
règles
strophes,
chaque strophe ayant quatre vers ; les vers peuvent être pentasyllabiques ( w u - y a n -ï-"^ ) ou heptasyllabiques ( Λ:
qi-yan
) ; la répétition doit être évitée ; une seule rime est
utilisée pour tout le poème et cette rime doit être de plat ; le deuxième distique ainsi que le troisième former des couples parallèles, tandis que le premier dernier distiques sont libres ; et enfin, le poème,
ton
doivent et
le
que
ce
soit à l'intérieur d'un vers ou entre les vers, doit respecter une sorte de contrepoint résultant de l'alternance selon des règles strictes du ton plat et des tons obliques (1) : - poème pentasyllabique commençant par un ton oblique :
/ /- - /
/ /- - /
- - I I -
- - I I -
I l
I l
I I I - -
I I I - -
1. A l'époque des Tang, l'ensemble des monosyllabes signifiants en quoi consistait l'essentiel du lexique était réparti entre quatre catégories considérées comme tonales et désignées par les termes : ping Jf· "égal" ; ehccng _fc- "ascendant" ; qu - i "partant" et ru 7v "rentrant". Encore que du point de vue linguistique, on ait de bonnes raisons de ne faire correspondre que les trois premiers à des distinctions tonales proprement dites, et le quatrième à leur neutralisation, l'usage poétique opposait au premier ton les trois autres réunie ensemble sous le terme de zesheng JhfSf "ton oblique". Conformément â l'usage, nous figurons cette opposition par les signes suivants : - pour le ton plat et / pour les tons obliques.
L'ŒUVRE
16
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
- poème pentasyllabique conmençant par un ton plat :
/ /
I l
/ // / / - - / - - / / -
/ / / / / - - / - / / -
-
à sept pieds commençant par u n ton plat :
- - / / / 1 1 - - 1
/ /
/ / /
/ / / -
-
-
/ / / / -
-
-
/ /
1
- -
1
- I I - - I I I I - -
à sept pieds commençant par un ton oblique
/ /
/ /
/ / -
/ / -
/ / /
/ - / / -
-
-
/ / / /
-
-
Une variété subsidiaire du lü-shi ohang-lü
·%Λ%
ou
pai-Hl
/ / -
- - I l I I - 1
- -
1
- I I est constituée par
, lequel ne diffère du
que par le nombre de strophes, qui est illimité. C'est
le lü-shi de
cette rubrique que relève le second poème de Zhang Ruo-xu : Dai-da
gui-meng-huan.
Quant au jue-ju dont nous avons fait mention plus haut, on tend à considérer aujourd'hui - c'est notanment
le
cas
Wang Li (1) - qu'il doit se définir comme une moitié de shi.
C'est une sorte de
quatrain qui a la forme soit de
première ou de la deuxième moitié d'un lü-shi, mier et dernier distiques ou des deux distiques lü-shi.
1. Han-yu
shi-lü-xue
, p. 34.
de lüla
soit des precentraux d'un
L'ŒUVRE
2. Gu-ti-shi
POÉTIQUE DE ZHANG
RUO-XU
: poésie de forme ancienne.
17 Ce
terme
n'est en usage qu'à partir des Tang. Le g u - t i - s h i , qui imite les formes anciennes, c'est-à-dire antérieures aux Tang,
se
caractérise par l'absence de contraintes : le nombre des strophes n'est pas limité ; la répétition est tolérée ; le parallélisme n'est pas exigé ; la rime, toutefois, doit être
con-
forme au système officiel de l'époque ; mais on peut changer de rime à l'intérieur d'un poème, et il n'est pas
obligatoire
que celle-ci soit de ton plat. Comme le Itt-ehù,
le gu-ti
admet des vers de cinq ou de sept
syllabes. Le Chun-jiang-hua-yue-ye
se définit comme un poème
de forme ancienne dont les vers sont de sept syllabes ( q i - y a n gu-ti). 3. l u e - f u 0
fö
. Ce terme et les termes suivants ont trait au
genre et non plus, comme les précédents, à la forme. Celui-ci désignait, à l'époque des Han, le Bureau de la Musique, chargé de recueillir les chansons populaires. Far la suite,
ces
chansons ainsi que les poèmes composés à leur imitation
se-
ront appelés, par abréviation, les y u e - f u (1). Le hua-yue-ye
Chun-jiang-
est classé parmi les y u e - f u .
4. Qi-Liang-ti
et gong-ti
% '])$. . Ces deux termes
ne sont pas tout à fait synonymes, bien que souvent on les confonde. Le premier a une acception plus large.
Qi-Liang-ti,
comme son nom l'indique, désigne un genre né à l'époque
des
Qi (479-501) et des Liang (502-556) et pratiqué au temps des Dynasties des Chen (557-587) et des Sui (589-618), et
même
durant les premières années des lang. Un des faits marquants de cette période - et c'est ce qui explique le terme de
gong-
t i - est que la poésie est essentiellement faite par les em-
1. Voir Aux Origines Diény.
2
de
la poésie
classique
en Chine,
de J.-P.
L'ŒUVRE
18
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
pereurs et les poètes dé la cour, surtout pendant la Dynastie des Liang. Il s'agit d'une poésie écrite dans une langue artificielle et précieuse. Elle décrit, toujours avec beaucoup de détails, la vie fastueuse de la cour et de la haute société, exprime dans toute sa finesse la sensibilité féminine, montre les paysages luxuriants du Sud... S'il est vrai que cette poésie a été souvent dénoncée pour son contenu
"décadent",
il
reste qu'elle a contribué à l'enrichissement des moyens d'expression et à l'élargissement du champ thématique. Chim-jiang-hua-yue-ye,
Le poème
comme nous tenterons de le montrer dans
les conclusions, a un certain lien avec ce genre.
Les raisons qui nous ont poussé à étudier l'oeuvre de Zhang Ruo-xu sont les suivantes : 1. Son oeuvre appartient à une époque pleine de
dynamisme
et d'invention qui a exercé une influence décisive sur le développement de la poésie des Tang. Selon la tradition, on divise la poésie des Tang en quatre grandes périodes : ohu-Tang #77/Ü· , début ; eheng-Tang ¿ M l , plénitude ; zhcng-Tang^fê milieu et wan-Tang
,
, époque tardive. Zhang Ruo-xu appar-
tient essentiellement à la première de ces périodes, que l'on fait aller à peu près de 620 à 720. Cependant, il était le cadet des poètes de la première vague, des "Chu-Tang si-jie" Ttf-Vfê P a r exemple (1). Il était, par contre, le contemporain de Song Zhi-wen ^L^LÍb]
et de Shen Quan-qi
c ui
l
contribué, comme on sait, à fixer définitivement la forme
ont
du
lü-ski. Parmi ses contemporains, il faut citer encore Liu Xiyi ^t1]
4k
> célèbre aussi pour ses poèmes de qi-yan gu-ti
et de qui on le rapproche souvent. Au cours de cette période
1. "Les Quatre géants de Chu-Tang". Il s'agit de Wang Bo Í ^ h , Yang Jiong , Lu Zhao-lin ^ 2 * 8 et Luo Bin-wang
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG
RUO-XU
initiale, les poètes cherchaient avec passion à
19
inventer
de
nouvelles formes ainsi qu'à en renouveler d'anciennes. Pratiquement toutes les formes de gu-ti et de jin-ti, en usage par la suite dans la poésie chinoise, ont été essayées et définies à cette époque. L'étude de ces oeuvres nous permet donc d'assister à un moment privilégié, de saisir les faits à leur état naissant. Si le Chun-jiang-hua-yue-ye est un exemple de qi-yan gu-ti, l'autre poème connu de Zhang Ruo-xu, par contre, est de jin-ti. Ainsi, à travers ces deux poèmes très différents la forme, nous pouvons observer certains
traits
par
caractéris-
tiques des créations de cette époque. 2. Outre le problème de la forme, celui du contenu et de la langue préoccupait aussi les poètes. Il s'agissait pour eux de se
dégager
de
cette
langue
précieuse
engendrée
par
le
Qi-Liang-ti et d'introduire des thèmes et des images puisés dans la vie réelle. Zhang Ruo-xu et ses amis
se
servaient
d'une langue très proche de la langue parlée et aussi d'images neuves. Ce souci d'élargir la vision poétique et de se replonger dans la langue vivante suscite un mouvement de renouveau intéressant a observer. 3. Le poème Chun-jiang-hua-yue-ye est une réussite
excep-
tionnelle. Il possède de grandes qualités littéraires grâce à la richesse de son contenu chargé de pensées métaphysiques et de résonance humaine, à la puissance de ses images
symboli -
ques, à la cadence de ses phrases et à cette manière ingénieuse de présenter son poème, d'essence lyrique, comne un drame. Il semble avoir cristallisé en lui de nonbreuses
recherches
et aspirations des poètes antérieurs et exercé une certaine influence sur la poésie à venir. 4. Ce corpus limité à deux poèmes convient bien à notre intention ; car nous voudrions appliquer à ceux-ci une d'analyse rigoureuse, en les étudiant à différents
méthode
niveaux,
20
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
d'une manière aussi exhaustive que possible. Au cours des siècles et de nos jours, les littérateurs chinois, aussi bien que les sinologues japonais, ont porté divers jugements Ckun-jiang-hua-yue-ye.
sur
le
Certains d'entre eux, tels Wang Yi-yun
» des Qing et Mekata Hakoto
g > f f l d u
Japon,
ont fait des comnentaires assez détaillés sur le poème.
Leur
attention s'est surtout portée sur le style, le sens et l'aspect philologique, parfois aussi sur l'emploi des mots et la structure des phrases ; mais jamais leurs observations ne sont systématiques. Nous présentons ici, à titre d'exemple,
quel-
ques-unes des appréciations émises par ces auteurs : De Hu Ying-lin ^ J Ì ,
des Ming : "Le
Chun-jiang-hua-yue-
ye de Zhang Ruo-xu, de style naturel et gracieux, surpasse en qualité le Bai-touueng
de Liu Xi-yi. On ne peut plus déter-
miner l'époque où il a été composé ; mais d'après ses formes, il est sans doute de ohu-Tang".
De Wang Yi-yun
JL
îï-jt Ά
,
, des Qing : "Cette pièce relève
du
procédé qui consiste à changer de rime à chaque strophe. Il y a neuf strophes en tout. Les deux premières forment
l'ouver-
ture, et les deux dernières la finale ; dans l'ouverture, les thèmes sont livrés petit à petit, et de même c'est petit à petit qu'ils sont repris dans la finale. Les cinq strophes
du
milieu sont le corps. Bien que les phrases ne soient pas toujours liées entre elles, les idées, elles,
s'appellent
les
unes les autres. Quant aux cinq caractères qui forment le titre, ils se succèdent ou se croisent, chacun
engendre
son
charme propre... Parmi les hommes qui, de tout temps, ont regardé la lune, il a choisi un voyageur dans sa barque et une femme délaissée dans son pavillon, pour en décrire
1. Shi-shu t^JS. : chap. 3, p. 49.
le drame.
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
Le pavillon est près de la lune et la barque est
21 sur l'eau.
Ces deux sortes d'êtres sont les plus tristes dans une
nuit
de printemps sous la lune ou sur le fleuve. Ainsi, les sentiments et les images sont intimement mêlés, les uns enrichissant
les
nuances des autres. Le poème est plein d'un éclat
mystérieux, sans que l'on puisse en saisir le secret ; c'est vraiment une oeuvre extraordinaire !"
De Shen De—qian , des Qing : "Dans la première moitié il est exprimé que la vie humaine est pleine de vicissitudes et que la lune seule demeure constante. La lune n'attend peut-être pas les hommes ; cornue les eaux
du
fleuve,
elle
n'aura jamais de fin. La deuxième moitié décrit, dans toutes leurs nuances, les sentiments de regret d'une femme dans l'attente. Les cinq caractères du titre sont bien placés dans le poème. Son style est encore celui de
Wang, Yang, Lu, Luo" ,
(l'auteur fait allusion aux "Quatre géants de chu-Tang"). . Ά »! f i t . •JK-ÍM&,
i Ë ^ j f t J M (2).
De Ge Zun-li
: "Zhang Ruo-xu de Yang-zhou,
dont
l'imagination est riche et le style magnifique, est supérieur à Shen (Quan-qi) et Song (Zhi-wen). Il a contribué à chasser de chu-Tang
le style mièvre 1. Gu Tang-ski 2. Tang-shi
he-jie bie-aai
et à instaurer le vrai chant des ^
: chap. 3, p. 4.
¿ ¡ ¡ t í f t : chap. 5, p. 32.
22
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
Tang. Son Chun-jiang-hua-yue-ye
DE ZHANG est d'une
RUO-XU composition
sans
faille. Les phrases sont insérées les unes dans les autres ; la musique en est suave sans qu'il y ait
jamais de relâche-
ment. C'est vraiment un chef-d'oeuvre immortel".
De Sawada Korekiyo $ de Zhang Ruo-xu,
poème
®
Chun-^jiang-hua-yue-ye
: "Le aux
sons
mélodieux,
est considéré
cornue une oeuvre de premi er ordre dans la poésie des Tang... Le poète a choisi ce titre (d'un chant)
pour
sens des cinq caractères qui le composent
développer
et
a
réussi
longue oeuvre de trente-six vers. Les vers sont bien entre eux, d'une allure coulante et élégante,
le une
reliés
rencontrant
dans leur progression mille méandres qui les font
varier
à
l'infini. Néanmoins, on retrouve à la fin les thèmes initiaux. Ce
poème
est
vraiment écrit avec un art consonmé ;
d'une valeur inestimable"
f
M
. Ä - i h p F t t « * *
il est
ft
«F,
(2).
Nous pensons que, pour obtenir des résultats clairs et concrets,
il faut d'abord distinguer les deux plans du
contenu
et de la forme, sans oublier cependant les liens étroits les interférences qu'il peut y avoir entre eux.
Notre étude
de chacun des deux poèmes se divise en trois sections :
1 . Zhongguo
wen-xue
shi
+
2. Zhongguo yun-wen shi rf l^-fflX·^. He-yi .ï-ftlj^ : p. 244 et 245.
et
: Ρ- 58. » traduit par
Wang
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
23
RUO-XU
- La section I est consacrée au commentaire philologique ; - La section II est consacrée à l'étude de la forme. englobons dans la forme l'ensemble
des
Nous
éléments de nature
phonique : rime, contrepoint tonal, effets musicaux, cadence des vers, etc. ; - La section III est consacrée à l'étude du contenu.
Nous
suivrons la progression du poème de vers en vers et de strophe en strophe. Notre attention se portera sur les faits qui relèvent en principe du niveau syntaxique et du niveau sémantique : l'emploi des mots, la structure des phrases, le parallélisme, les images, les thèmes, etc. Nous tiendrons compte, chaque fois que cela est utile, des éléments phoniques, quand ils ont une implication sémantique. L'étude des deux poèmes - qui occupe deux chapitres - sera suivie d'une conclusion ou nous
essayerons
de
replacer le
poème dans son contexte historique, afin de préciser
ce qui
fait la valeur de cette oeuvre et son apport à la poésie chinoise.
PREMIER CHAPITRE
PRINTEMPS - FLEUVE - FLEURS - LUNÉ - NUIT
Ve-m η m
17
i s i - ^ - f e H t t
is
- t A ^ í f r U
20
II
VI 2i 22
j f c & I I M ^ * ^
23 fê^ss-^âM^ III
VII 25 27
V^fiÉ·^*.*
28
f-sf'KfS.^:
IV
VIII 29 30 31 32 IX 33 34 35 36
- Ç f r f c f i l k ^
vf
f
Printemps - fleuve - fleurs - lune - nuit
1
Aux marées du printemps, le fleuve à la mer est égal ;
2
La lune claire, sur la mer, naît avec les marées.
3
Selon les flots elle scintille jusques à l'infini ;
4
Quel coin du fleuve printanier échappe à sa clarté ?
5
Le fleuve coule embrassant de méandres les terres embaumées,
6
La lune luit, baignant comme de brume la forêt tout en fleurs.
7
Givre porté par l'air, au vol inaperçu ;
8
Sable blanc des îlots, invisible au regard.
9
Fleuve et ciel d'une seule teinte et sans la moindre tache ;
10
La lune en plein éclat, roue solitaire dans les airs.
11
De cette berge, qui la vit pour la première fois ?
12
Lune de fleuve, depuis quand brilles-tu pour les hommes ?
13 Vie humaine de siècle en siècle poursuivie ; 14
Lune de fleuve au fil des ans pareille à elle-même.
15
Comment savoir j amais quel humain elle attend ?
16
On peut voir seulement les eaux du long fleuve qui coulent.
17
Un flocon de nuage blanc flotte vers le lointain ;
18
Sur la berge aux verts sycomores, que de mélancolie !
19
Qui donc, en cette nuit, s'en va seul dans la frêle barque ?
20
Où sous la lune est le logis où l'on songe à l'absent ?
21
Hélas ! au-dessus du logis, la lune va et vient,
22
Eclairant toilette et miroir de femme délaissée.
23
Les stores des portes de jade s'enroulent, sans qu'elle parte ;
24
Sur la pierre à battre le linge, elle reste, immuable.
28
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG RU O-XU
25
C'est l'heure où, muet, on contemple, car on ne peut entendre.
26
"Je veux suivre la pleine lune et m'épandre sur toi".
27
Oie sauvage, au long vol, ne fait pas passer la lumière ;
28
Poisson et dragon, bondissant, ne font que rider l'eau. r
t
'tombaient; 29
"Hier au soir, près du calme étang, j'ai rêvé que les fleurs
30
Le printemps est en son milieu : hélas, ne t'en reviens-tu pas ?"
31
Le fleuve coule, avec ses eaux passera le printemps ;
32
Près de l'étang descend la lune, et vers l'ouest elle penche.
33
Penchée, la lune sombre dans la brume marine ;
34
Infinie est la route de Jie-shi jusqu'à Xiao-Xiang.
35
Combien sont ceux qui reviendront sous la clarté dernière ?
36
La lune tombe, épanchant ses regrets sur les arbres du fleuve.
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
29
RUO-XU
SECTION I COMMENTAIRE
P H I L O L O G I Q U E
Conine nous l'avons indiqué dans l ' i n t r o d u c t i o n , l e s anthol o g i e s anciennes où f i g u r e l e Chim-jiang-hua-yue-ye
sont l e s
suivantes : l e Yue-fu-ehi-ji
Tangshi-
de Guo Mao-qian, l e
xuan de Li Pan-long, l e Tang-shi-bie-oai le
de Shen De-qian
et
Quan-Tang-ahi. Tous ces textes seraient identiques, s i c e l u i ne donnait au vers 14
shi-ji
son c ô t é , l e Quan-Tang-ehi variantes : fc^ pour pour
Ί?
Yue-fu-
au l i e u de frfc ; e t s i ,
de
n ' i n d i q u a i t l ' e x i s t e n c e de quelques
au vers 3 ;
pour ìli" au vers 23 e t
au vers 24.
Dans c e t t e section, i l s ' a g i t principalement de chaque
du
fois
que
proposer,
la chose est p o s s i b l e , des rapprochements
avec des oeuvres antérieures à Zhang Ruo-xu et que c e l u i - c i a pu u t i l i s e r . Nous tiendrons compte aussi des
rapprochements
qui ont é t é f a i t s avant nous par d'autres conmentateurs. Le
titre Zhang Ruo-xu a r e p r i s l e t i t r e d'un chant
Guo Mao-qian range dans son Yue-fu-ehi-jï, Wu-eheng-ge-qu d
Λ fl^
populaire
que
sous la rubrique
, dans la classe des
qing-shang-qu
( 1 ) , l a q u e l l e comprend la majeure p a r t i e
des
1. Dans l e Yue-fu-ehi-ji, les textes du Yue-fu sont d i v i s é s , selon l e genre, en une douzaine de classes.
30
L'ŒUVRE
yue-fu
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
de l'époque des Jin et des Six Dynasties (IVe-VIe siè-
cles) . Le Wusheng-ge-qu,
comme son titre l'indique, est un genre
caractéristique de la région de Wu dont
on
sait
déjà
que
Zhang Ruo-xu était originaire. On retiendra que, tant par le volume que par
l'influence qu'il exerça ultérieurement,
le
groupe constitué par les chants de W u est de loin le plus important de la classe dite Selon le Traité
de la musique
Tang que cite le Yue-fu-shi-ji,
qing-shang-qu-oi. de 1'Ancienne
Histoire
des
un Chun-jiang-hua-yue-ye
,
qu'il faisait chanter par ses courtisans, avait été composé par l'empereur Hou-zhu, des Chen ( Hou-zhu des Chen s'était peut-être inspiré d'un chant populaire l'époque (2) ; malheureusement, aussi bien
la
de
musique que
les textes sont perdus aujourd'hui. Les poèmes que Guo Maoqian a recueillis sous le titre de Chun-jiang-hua-yue-ye
sont
au nombre de sept, dont cinq précèdent celui de Zhang Ruo-xu. Il s'agit de deux quatrains pentasyllabiques de
l'empereur
Yang-di, des Sui, d'un quatrain pentasyllabique de Ying
$]
, des Sui, et de deux sizains,
cinq pieds, de Zhang Zi-rong ^fL -f" ^ï- ,
Zhu-ge
également de
contemporain
de
Zhang Ruo-xu. Dans la mesure oû ces trois poèmes sont composés de vers pentasyllabiques et oû ceux-ci
sont
en
nombre
limité, on peut supposer que le chant dont ils se sont inspirés possédait déjà ces caractéristiques. On
retiendra
que
l'empereur Yang-di était un contemporain de Hou-zhu.
1. Ce passage se trouve dans le Jiu-Tang shu : chap. 29, p.5a et non pas dans le Jin-shu , comme l'indique par erreur Guo Mao-qian dans son Yue-fu-shi-ji. 2. C'est notamment l'avis de Zheng Zhen-duo : Zhong-guo wen-xue-shi , t. I, p. 200.
Cha-tu-ben
31
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG RUO-XU
Quant à Zhang Ruo-xu, i l a repris l e t i t r e de ce chant mais sans tenir compte de la mélodie correspondante, puisqu'il emploie l e vers de sept syllabes et que son poème comporte
un
nombre important de strophes. Vers 1 (premier vers du Chun-jiang-hua-yue-ye
^ ¿ x i f TP
Yang-di, des Sui, dont nous venons de parler) ( 1 ) . Saito Ko ψ ^ Μ Jiang),
de
Selon
» i l s ' a g i r a i t i c i du Fleuve Bleu (lang-zi
à l'embouchure duquel est situé Yang-zhou,
la
ville
natale du poète ( 2 ) . Vers 2 Ά (
de Zhang Jiu-ling
contemporain de Zhang Ruo-xu)
,
(3).
Vers 3
(
% jjfcj· % ^
$
de He Sun
, des
Liang) (4) .
1. Quan Han San-guo Jin Nan-bei-chao shi J - i f ] it ^ f ^ f " : t . I I , p. 1619. Traduction de Waley dans Chinese Poems : ρ. 115. 2. Kan-shi tai-kei
Xfc
: t . VI, p. 133-138.
3. Quan-Iang-shi : chap. 48, p. 591. Traduction dans logie de la poésie chinoise classique : p. 208.
VAntho-
4. Quan Han San-guo Jin Nan-bei-chao ehi : t . I I , p. 1160.
L'ŒUVRE
32
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
Vers S Pour l ' e x p r e s s i o n %
:
(
de Xie Tiao t t f f ö l , des Qi)
(1).
Vers 6
(
Yuan-di, des Liang)
tëj^lL
(3).
de Liu Yun
(
JÜfi
(
fl^í-f^^f·
fcnf
Ü"
, des Liang) (2).
de
l'empereur
Vers 9 de Wang Bo í - f f ) , l ' u n
des "Quatre géants du début des T a n g " ) . Vers 10 L'expression t ^ ^ Í L
e s t traditionnellement associée à
c l a r t é de l a lune dès l e Shi-jing. Gu-shi-shi-jiu-shou
la
Citons également, dans l e
%% -+•
:
e t encore ces v e r s , t i r é s de Yan-ge-xing
fa^jK^
de l'empe-
reur Wen-di, des Wei, qui est généralement considéré cornine l e premier poème du qi-yan
:
1. Quart Han San-guo Jin Nan-bei-ahao 2. Ibid.
: t . I I , p . 1087.
3. Ibid.
: t . I I , p. 965.
4. Traduction de J . - P . Diény : p. 45.
ski
: t . I , p. 811.
Les Dix-neuf
poèmes
anciens,
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG RUO-XU
33
Vi Ά
(l). Vers 11-16 De ces six vers, on ne peut manquer de rapprocher sage du Dai-bei f>l*&
bai-touueng
O Jfi.
de
un pas-
Liu
Xi-yi
, contemporain de Zhang Ruo-xu, où l'auteur
se l a -
mente aussi sur les vicissitudes de la v i e humaine, mais sans que son interrogation a i l l e aussi loin que c e l l e
de
Zhang
Ruo-xu, qui porte sur l ' o r i g i n e e t l e sens de la v i e :
«L»
ÍILábUf
41 Hfl φ
(2). L'avant-dernier vers contient les expressions
fy^r
et
qui se trouvent aussi dans l e vers 14 du Chun-jiang-hua-yueye. I l faut affirmer cependant qu'à part ces analogies part i e l l e s entre les deux poèmes (sans que nous puissions d é t e r miner lequel des deux a influencé l ' a u t r e ) ,
ils
diffèrent
non seulement par l e sujet, mais aussi par la forme et par la manière dont l e r é c i t est mené. Certains critiques, dans leurs commentaires, considèrent l e Dai-bei rieur au Chun-jiang-hua-yue-ye
bai-tou-weng comae i n f é -
; outre l e texte de Hu Ying-]in
1. Queen Han San-guo Jin Nan-bei-chao ehi : t . I , p. 4 28. Traduction dans VAnthologie de la poésie chinoise classique : p. 115. 2. Quan Tang-shi : chap. 82, p. 885. Traduction dans logie de la poésie chinoise classique : p. 204.
3
l'Antho-
34
L'ŒUVRE
£H
»
Han
Signalons encore qu'à propos
de l ' e x p r e s s i o n
du
vers 13, Mekata Makoto a f a i t remarquer q u ' e l l e est synonyme de l ' e x p r e s s i o n
, dont l e poète a é v i t é de se s e r v i r à
cause du tabou créé par l e nom de l'empereur Tai-zong, Shi-min
# ^ ^
(4) ·
1. Le Rachat du gong-ti-shi % ft-^ Yi-duo quan-ji : t . I l l , p. 21. 2. Quan Tang-shi 3. Ibid. 4. To
: chap. 179, p. 1827.
: chap. 338, p. 3789. shi
sen
Li
^
.
Voir
Wen
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
35
(Xiao-ya
: shu-miaû
Vers 17 provient du Shi-jing
L'expression %% ·
)
(O
où e l l e a l e sens de " p a r t i r au l o i n " .
A rapprocher : Jiang Zong
, des Chen :
iff S ULI* On notera aussi que peu après Zhang Ruo-xu, Cui Hao (704-754) a l u i aussi combiné l e s expressions Ö $
•'jL-fâ e t V«
dans un même vers : £
&
τ-
+
poète
Tang-shide l'époque
e t donc postérieur à Zhang Ruo-xu :
Vers 25
1
$
-
IBJ
(
flfl ^
de
Song
z h i
^
e n )
.
Vers 26 Pour l ' e x p r e s s i o n f\ φ « M
:
φ
( jfyj^ìfa des Liang)
L
1. Tang-shi p. 4 b .
(
he-xuan xiang-jie
2. ©¿cm Tarcg' ehi
)
Yuan-di,
(4).
^ ^ f ^àÉ."!^·'ftf
: chap. 2,
: chap. 707, p. 8133.
3. Quan Han San-guo Jin Nan-bei-ahao 4. Ibid.
de l'empereur
(3) ;
: t . I , p . 529.
ehi
: t . I I , p. 946.
38
L'ŒUVRE
Vers
27 et
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
28
Nous t r o u v o n s un exemple de l ' e m p l o i des imagas p a r a l l è l e s et
chez Song Zhi-wen :
flfrMUi. ^ t ë f ^ t ë - ^
( ^ . ^ J k ' ^ z f · ^ )
(O-
I l e x i s t e un exemple de l ' e m p l o i p a r a l l è l e des v e r b e s et
'
a p r è s Zhang Ruo-xu, dans un poème de Li Shang-yin - φ des
Tang
:
vfrfc
(
Pour l ' e x p r e s s i o n
& )
(2).
· } Χ - :
( 4««
de Xie Tiao
o).
L ' é t a n g dont i l e s t q u e s t i o n dans c e v e r s évoque p e u t - ê t r e un é t a n g a r t i f i c i e l , v e s t i g e de l ' é p o q u e des S u i , e s t f a i t a l l u s i o n dans l e Chun-jiang-hua-yue-ye
auquel
il
de l ' e m p e r e u r
Yang :
Un a u t r e p o è t e , Wan Q i - r o n g
, c o n t e m p o r a i n e t ami
de Zhang Ruo-xu, nous e n a l a i s s é une d e s c r i p t i o n poème
Ά ^Lv^j^
1. Quan Tang shi 2. Ibid.
( 4 ) . Ce poème e s t a u s s i de forme
: c h a p . 53, p .
: c h a p . 540, p .
3 . Quan Han San-guo 4. Quan Tccng shi
dans
Jin
652.
6219. Nccn-bei-ohao
: c h a p . 117, p .
shi
1182.
: t . I , p . 823.
son qi-yai-
L'ŒUVRE
gu-ti
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
39
et certains v e r s , notamment ceux du début et de la f i n ,
ont un accent très proche de celui du
Chun-jiang-hua-yue-ye.
Citons les deux premiers e t les deux derniers vers : I f ·£ · · ·
IMP* Vers 34 Jie-shi et Xiao-Xiang sont des noms de l i e u . La Xiao e t la Xiang sont deux r i v i è r e s confluentes du sud-ouest de la Chine, dans l ' a c t u e l l e province du Hu-nan. Quant à J i e - s h i ,
il
y a
plusieurs endroits qui portent ce nom. D'après l e commentaire de VAnthologie
de la poésie
chinoise
(1), i l
classique
r a i t d'une montagne du nord-est de la Chine, dans la
s'agiMand-
chourie a c t u e l l e . Liu Bao-jun, dans son commentaire ( 2 ) , le Yi-tang-zhi
qui précise que Jie-shi
tagne près de Chang-li
^¡fr-
de Yong-ping-fu
cite
est une monfK·^^
- Chang-li se trouve dans l ' a c t u e l l e province du He-bei - . e s t probable, en tout cas, que l e poète pense à la près de ]a mer que Cao Cao % son poème £?) #
|gj
, des Wei, a
Il
montagne
évoquée
dans
(3) :
Wen Yi-duo, dans son Tang-shi-da-xi
(4) a c i t é en référence
1. P. 211. 2. Tang-shi
he-xuan xiang-jie
: chap. 2, p.
4b.
3. Quan Han San-guo Jin Nan-bei-ohao shi : t . I , p. 119. Traduction dans l'Anthologie de la poésie chinoise classique: p. 113. 4. Voir Wen Yi-duo
quccn-ji
: t . IV, p. 176.
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG RUO-XU
40
un. poème de Lu Zhao-lin :
^
( 1 ) , dont l e
sujet
n'est
pas sans rapport avec c e l u i - c i , et ou les noms de Jie-shi
et
Xiao-Xiang sont déjà associés. Vers 35 Pour l'expression & M
'
< + M * . )
et fÇ. qui sont
(fè
Strophe IV
: les rimes tong-yong
Strophe V
: les rimes tong-yong
Strophe VI
: les rimes tong-yong
Strophe V I I
: la rime
JC-ffi trouve dif-
L'ŒUVRE
74
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
ferente Vers 15
>s.JJ /
Vers 35
/
Vers 31 Vers 36
/ îft.^ /
Vers 27
(S.-^Mfè /
(nQn
humain/humain)
(concret/abstrait)
^ ^
(animé/inanimé)
Mais ce qui c a r a c t é r i s e l e plus l e s t y l e
du
poète,
q u ' i l aime u t i l i s e r les images par enchaînement, q u ' i l déborde d'une image sur l ' a u t r e , comme
s'il
l a i s s e r chaque image en engendrer une autre. Ce remarque dès l e début du Chun-jiang-hua-yue-ye. phe I ,
c'est
c'est-à-dire voulait
procédé
se
Dans la s t r o -
les images s'enchaînent dans l ' o r d r e suivant : v-c-
" f leuve"
»
— " f l o t s " ,
-J-
"mer", yfy
"mer"
"fleuve"
» $
l o i n , dans l a
strophe I I I
/}
"fleuve"
"lune",
"homme"
"lune",
: 'jî-
» ^
" l u n e " . Et un "fleuve"
"lune" $
"lune"
"printemps"
"printemps",
"étang"
peu
plus »
"homme", "homme" "étang"
> % "maison", - > · •
"lune"
» Λ . "homme" »
»
" f l e u v e " . Dans l a strophe V I I I aussi : "fleurs",^,
" l u n e " , J{
»
^
"fleuve"
•
" l u n e " . D'après ces exem-
p l e s , nous constatons que l'enchaînement forme
souvent
boucle, p u i s q u ' i l ramène à l'image i n i t i a l e . Tout
le
une poème
d ' a i l l e u r s forme une boucle : vers l a f i n du poème, l e reprend l e s images du début, c e l l e s suggérées par l e
poète
titre.
III. Suivant l a manière dont l ' a c t i o n e s t présentée, l e
ton
du
r é c i t qui dans l a première P a r t i e r e s t e o b j e c t i f , devient subj e c t i f dans la deuxième P a r t i e ; dans l a troisième P a r t i e , e s t à nouveau o b j e c t i f . Cette v a r i a t i o n o b j e c t i f - s u b j e c t i f objectif
touche l e problème des personnes grammaticales.
il
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
75
RUO-XU
Si, dans le poème, les principaux protagonistes
sont
le
fleuve et la lune, le poète fait intervenir l'homme au milieu du poème. Le drame de la nature est relié, de ce fait, au destin
humain. Il y a lieu d'observer le rapport entre ces dif-
férentes figures, afin de saisir leur situation
respective
dans le récit. Dans la première Partie, il s'agit pour le poète de décrire un paysage, ainsi que l'action des éléments majeurs composent. Le récit est essentiellement à la
le
troisième
sonne. Il est vrai que par le biais de quelques
per-
phrases
terrogatives, le poète fait sentir sa présence ; phrases (vers 4, 11, 12, 15) sont là surtout
qui
mais
inces
pour situer le
rapport entre le fleuve, la lune et l'homme. Le fleuve et la lune sont des éléments de la nature qui,
aux yeux du poète,
incarnent une certaine vérité universelle. Quant à
l'homme,
il représente l'être humain en général. Ils sont placés tous trois sur un même plan d'objectivité, avec toutefois une solidarité plus étroite entre la lune et l'honme.
Le
rapport
qui existe entre eux peut être représenté par le schéma suivant : lune
homme
Dans la deuxième Partie, un drame à signification
univer-
selle devient un drame particulier. Au lieu de l'homme pris dans un sens general, nous voyons représentés amants : la femme et le voyageur. Par le
ici
deux
monologue intérieur
de la femme, le poete introduit la première
et
la deuxième
personne dans le récit. Quant au fleuve et à la lune, le rapport entre eux n'est pas tout à fait le même que dans la Pre-
76
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
îiiière P a r t i e ; i l s ne sont plus comme deux protagonistes
qui
se font f a c e . La lune qui incarne l a femme devient une f i g u r e s u b j e c t i v e . Dans les phrases où e l l e apparaît (vers 21 et 26), e l l e p a r t i c i p e à la pensée intime de la femme qui s'exprime à la première personne. Le fleuve reste un élément o b j e c t i f
;
nommé seulement à la f i n de la deuxième P a r t i e , i l n ' e s t présent que par l e s éléments qui l e suggèrent : berge,
barque,
eau, étang, e t c . I l constitue un cadre, cadre h o s t i l e i l
est
v r a i , p u i s q u ' i l est c e l u i qui engendre l a distance e t emporte au l o i n l e voyageur. L'opposition entre la première e t la deuxième personne d'une p a r t , et l a troisième personne de l ' a u t r e crée une nouvelle perspective, e t l e drame
est vu
et
vécu
surtout du point de vue de la femme e t de la lune :
Dans la troisième P a r t i e , le ton devient à nouveau o b j e c t i f . Le r é c i t e s t à la troisième personne. On retrouve l e s
trois
f i g u r e s de la première P a r t i e : l e f l e u v e , l a lune e t l'homme dans un rapport t r i a n g u l a i r e : lune
/
homme
fleuve
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
77
RUO-XU
Grâce à cette variation objectif-subjectif-objectif, le récit reste animé tout en gardant une grande unité. Le
lecteur
est invité à partager tantôt le point de vue du poète, tantôt celui des personnages, et à entrer dans un monde où les
élé-
ments extérieurs se mêlent aux sentiments intimes.
IV. En portant notre attention au niveau des phrases, nous constatons deux faits : 1) A l'exception de la dernière, toutes les strophes
com-
portent des vers plus ou moins parallèles. 2) Dans toutes les strophes sans exception,
on trouve des
phrases soit négatives, soit interrogatives. Le parallélisme est un élément original de la
poésie chi-
noise. S'il est rendu possible par l'existence même des idéogrammes, il ne reflète pas moins l'intention profonde du poète chinois qui est de briser la pensée linéaire,
d'échapper
à la contrainte du temps. Dans un distique, il n'y a pas progression logique d'un vers à l'autre ; les deux vers
de ex-
priment, sans qu'il y ait une transition entre eux, des idées opposées ou parallèles. Le premier vers s'arrête,
suspendu
dans le temps ; le second vers vient, non pas pour le continuer, mais pour confirmer, comme par l'autre bout, l'affirmation qu'il contient, pour finalement justifier son existence. Ces deux vers qui se répondent et se justifient ainsi, créent un espace stable, autonome, et qui se suffit à lui-même.
En
effet, en mettant côte à côte les mots opposés faisant partie d'un même paradigme, autrement dit, en introduisant dans
le
discours la dimension paradigmatique, le poète tente de libérer les mots de la contrainte des choix linéaires, de briser un instant la chaîne de la parole et d'organiser, selon
une
78
L'ŒUVRE POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
vue essentiellement dualiste, un univers de certitude demeurant hors du temps. Zhang Ruo-xu, dans son poème, utilise le parallélisme les premiers vers ; et le parallélisme est présent tout
dès au
long du poème. On y sent l'effort du poète pour saisir le monde par quelques éléments majeurs et montrer certaines vérités constantes· Cet effort, cependant, est sans cesse menacé ; cela se traduit par le fait que le parallélisme dans son poème n'est jamais complet, comme nous l'avons déjà constaté
dans
la section II. De plus, les vers parallèles sont suivis ou précédés de phrases interrogatives ou négatives (strophes I, II, IV, VIII) ; dans d'autres cas, ils sont eux-mêmes constitués par des phrases interrogatives ou négatives. L'alternance de ces différents modes donne au poème un mouvement qui
os-
cille entre la certitude et l'incertitude et exprime bien l'idée d'un monde qui s'effrite à mesure que s'écoule le temps. Il y a lieu de signaler encore l'importance des phrases interrogatives. Tout le poème est bâti autour de quelques questions qui en constituent la charpente. Ces phrases apparaissent toutes dans la deuxième moitié d'une strophe, comme si, devant chaque nouvelle affirmation, chaque nouveau
dévelop-
pement, l'auteur cherchait tout de suite à en saisir la
si-
gnification. La strophe I contient déjà une phrase interrogative ; 1* gative : Vers 4 Vers 11 Vers 12 Vers 15 Vers 19 Vers 20
*
^
Κ
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
79
RUO-XU
Vers 35 Ces phrases ont toutes trait à la lune. Elles sont une suite de thèmes métaphysiques autour d'une image centrale. A la lune qui monte, qui plane dans le ciel et qui tombe sont greffés les thèmes suivants : quel espace ?
Quelle destinée humaine
ticulier à chacun fjl- !jj¡L ?
^ ?
?
Quel temps
Quel destin par-
Et quelle finalité
?
Cette suite de phrases interrogatives, échelonnées le long du poème, peuvent donner une impression de monotonie. Dans le souci sans deute de les varier, le poète a eu recours à l'inversion : ^ f c & Í í - Í M
#
au lieu de au lieu de
#L Ά
au lieu de
frvX^A^
λ
Ί^· ^ H
Ce sont là les seuls cas d'inversion dans tout l'ensemble du poème.
DEUXIÈME CHAPITRE
FEMME RÊVANT A U RETOUR DE SON BIEN-AIMÉ
I
IV
Ti* ft V
VI
"Femme r ê v e n t au r e t o u r de son b i e n - a i m é " composé pour q u e l q u ' u n en réponse à un envoi
1
Sur l e s p a s s e s f o r t i f i é e s de l a f r o n t i è r e , l ' a n n é e e s t à ses débuts ;
2
Dans l e p a v i l l o n e t sur l a t e r r a s s e ,
3
Essayant ses h a b i t s ,
l ' a t t e n t e dure t o u j o u r s . soudain,
l a femme s e n t l ' a i r doux du d e h o r s . 4
Ouvrant son m i r o i r , e l l e cherche l e r e f l e t des rayons du p r i n t e m p s .
5
Les h i r o n d e l l e s
entrent
pour l ' é p i e r près des r i d e a u x de s o i e ; 6
Les a b e i l l e s s ' a p p r o c h e n t e t grimpent sur son c o r s a g e p e i n t .
7
Ses sentiments a r d e n t s l a rendent b e l l e comme l e s f l e u r s de pêchers e t de p r u n i e r s ;
8
Far un a i r joué s u r
l'instrument,
e l l e envoie s a pensée v e r s l e l o i n t a i n .
9
La t o i l e t t e f a i t e , dès l e matin a i n s i l a femme a t t e n d ;
10
Dans l e vent chargé de f l e u r s , au s o i r l'homme ne r e n t r e p a s .
11
Par où p é n é t r e r a - t - e l l e donc l'iòne de c e l u i dont e l l e a r ê v é ?
12
Silencieuse et
solitaire,
e l l e referme l a double p o r t e .
84
L'ŒUVRE
POÉTIQUE DE ZHANG
RUO-XU
SECTION I COMMENTAIRE
P H I L O L O G I Q U E
Ce poème ne f i g u r e dans aucune
des
Quan Tang-shi.
Dans l e QUan Tangshi,
ment après l e
Chun-jiang-hua-yue-ye.
Le
anthologies
avant
le
i l est placé immédiate-
t i t r e L'emploi du mot Ί^,
(traduit par "pour quelqu'un") dans
t i t r e remonte à l'époque des Six Dynasties, ment à Bao Zhao
un
et plus p r é c i s é -
tlft. , des Song. Ce poète a j o u t e ^ au début
des t i t r e s de Yue-fu,
t e l s que
, ^•íffc.íf
,etc.
On peut supposer q u ' i l s ' a g i t alors de poèmes composés pour l e compte ou au nom de quelqu'un. Après Bao Zhao, riode des Six Dynasties,
nous trouvons quelques poèmes
les t i t r e s commencent ainsi ; par exemple : ^ ¿e B a ° de Yao F a n ^ t ^ l
^
la pédont
p^ -ÉcÜiP
, des Song ;
, des Liang
des Zhou. Signalons encore
durant
de Yu Xin le
•ft ^F-'fe/ JtflIjsj
de Liu X i - y i ,
contemporain de Zhang Ruo-xu ; on se souvient que présente certains t r a i t s communs avec l e
,
ce
poème
Chun-jiang-hua-yue-
ye. Le mot ^
"répondre" f i g u r e dans des t i t r e s de poèmes de-
puis une époque très ancienne. Le des Han, en e s t sans doute le premier exemple,
de Su U u ^ . ^ encore
que
l ' a u t h e n t i c i t é du poème soit contestée. Sous la dynastie des
,
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
85
RUO-XU
J i n , la coutume é t a i t déjà très répandue d'échanger mes. Les poèmes comportant un t i t r e avec l e m o t ^
des poèé t a i e n t en
général des répliques à d'autres poèmes dont l e t i t r e commenç a i t par l e mot HÇ
" o f f r i r " . Pour l ' e m p l o i de
pour quelqu'un" réunis dans un même t i t r e ,
"répondre
nous
relevons,
avant Zhang Ruo-xu, l e s t i t r e s suivants : de Wang Yun yuan
, des Liang ; l e
fê^^ïfâ
, des Chen, e t l e
Chen Liu Le mot
de Yu Seng^
de
la
princesse
> des Wei du Nord. désigne la chambre qu'occupe une femme : souvent
i l désigne l a fenme elle-même. A l'époque des Qi e t des Liang, on trouve abondamment u t i l i s é s des t i t r e s t e l s que ^
^
et
qui représentent un genre très typique de l'époque. L ' a s s o c i a t i o n des deux mots ^
" r ê v e r au r e t o u r " évoque
sans doute un thème cher au poète. Nous pensons aux vers et 30 du Chun-jiang-hua-yue-ye
a^eflíf f
29
:
Nous ne trouvons pas, avant Zhang Ruo-xu, d'autres exemples de l ' u t i l i s a t i o n de c e t t e combinaison dans un t i t r e , que c e l u i du poème : ^ j t ^ ^ t p Yu-tai
xin-ycmg
de Bao Zhao t e l q u ' i l e s t donné
3k & %%
: .ψ
dans l e
%% .
Vers 2
L· < t >*·
í'l
fcÄÄäML
1. Quan Han San-guo Jin Nan-bei-chao
de Bao Zhao)
ski
: t . I , p. 688.
(1).
86
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG
RUO-XU
Vers 7 L'image des f l e u r s
de
pêchers
et
de
pruniers est assez
banale dans la poésie. Cependant, e l l e est très typique de la région du poète ; tous ses amis l ' o n t u t i l i s é e : # llf #
**·
m m A W L · ^
( S · * «fcf $
de Wan
Qi-rong) ( I ) .
( t K ^ l ^ t
de He Zhi-zhang)
(2).
( faM- de He Chao) ( 3 ) . H íJLffi^K
de Zhang Xu) (4).
Pour l'ensemble du poème, nous citerons un
poème
de
Meng
Hao-ran , poète qui a vécu peu après Zhang Ruo-xu. Ce poème i n t i t u l é ^ -fl1]
^fëptfiL
o f f r e beaucoup de
blances avec l e Dai-da gui-meng-huan,
ressem-
et cela aussi bien par
son thème que par les mots employés et par la rime choisie :
f fate*?
RM
1. Quan Tang ahi : chap. 117, p. 1182. 2. Ibid.
: chap. 112, p. 1146.
3. Ibid.
: chap. 117, p. 1180.
4. Ibid.
: chap. 117, p. 1179.
5. Ibid.
: chap. 160, p. 1639.
L'ŒUVRE
POÉTIgUE
DE ZHANG
87
RUO-XU
SECTION I I ETUDE
DE
LA
FORME
Ce poème, de forme ohang-lii,
comporte t r o i s strophes,
qui est l e cas l e plus fréquent à l'époque chu-Tang
ce
: on s a i t
que c ' e s t seulement par l a s u i t e que pour l a même forme
les
strophes pourront être beaucoup plus nombreuses. Shen De-qian, dans son Tang-shi-bie-cai,
note ceci : Le chang-lii,
inauguré
par les poètes Yan et Xie, n ' e s t devenu courant q u ' à
l'époque
des Tang. Au début, i l n'y a v a i t que s i x rimes, ensuite
huit
rimes. Shao-ling (Du Fu) a u t i l i s é j u s q u ' à cent rimes ; ce qui a constitué un nouveau changement dans cette forme"
,
ϋ
%
*
^--fk.
J**
Í-T4B ,
(1).
R i m e Conformément à l a r è g l e du lii-shi,
le poète a
u t i l i s é une
seule rime, de ton p l a t , pour tout l e poème. Cette rime apparaît six fois,
toujours dans le vers
Les s i x mots rimés sont :
9j£
pair. ^
nent à l a rime fâk. . I l n ' y a aucun cas de Les vers non rimés, autrement d i t , terminés par un mot de ton o b l i q u e .
1. Tang-shi-bie-aai
: t . IV, p. 43.
jjp. qui
appartien-
tong-yong.
les vers impairs,
sont
I l est à noter que
dans
88
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
les deux vers impairs d'une strophe, le poète
n'emploie
mais deux fois la même sorte de ton oblique (ascendant, tant ou rentrant). Il peut être intéressant de
japar-
remarquer que
le poète évite d'utiliser deux fois dans la même
strophe la
même sorte de ton oblique. ton ascendant rime ton partant rime ton rentrant rime ton partant rime ton ascendant rime ton rentrant rime
C o n t r e p o i n t Le Dai-da
gui-meng-huan
t o n a l commence par un caractère
de
ton
oblique ; de ce fait, il devrait en principe se conformer au schème que voici :
/ /- -/ - - I I I l ι
ι ι -
-
Or, par rapport à ce schème, le poète a pris
certaines li-
bertés. Voici en effet la répartition qu'il a adoptée :
L'ŒUVRE
-
/
-
-
/
-
-
/
/
-
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
89
/ - / //
- / / - . -
/ / - - / - - I I I l
-
I - -
I
I - - I I I I I - Sans doute, dans de nombreux cas (vers 1, 3, 4, 8, 9, 10, 11), suffira-t-il d'admettre que le poète s'est prévalu de la règle de tolérance bien connue : "liberté permise pour le premier, le troisième et le cinquième caractère". Il reste, pendant, deux cas inhabituels : dans le vers 3, une suite
cede
tons obliques et un ton plat isolé ; dans le vers 8, une suite de tons plats et un ton oblique.
C a d e n c e La cadence naturelle du vers de wu-yan + + /
++
+ O U + + /
+
+ + . Mais voici le schéma
que réalise à cet égard le poème étudié : + + / + + + + + + + + +
/ / /
+ + + +
+ + + + +
est celle-ci :
90
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
+ +
/
+
+ +
+ +
/
+
+ +
+
/
+ + +
+
+
/
+ + +
+
+ +
/
+
+ +
+ +
/
+
+ +
+ +
/
+ +
+ +
/
+
DE ZHANG
RUO-XU
+ + +
Le poète s'efforce donc de varier la cadence. Les vers 7 et 8, qui représentent un modèle inhabituel, donnent au poème un relief particulier. Les deux derniers vers résument
en quel-
que sorte les deux variantes de la cadence normale.
E f f e t s
m u s i c a u x
On ne rencontre pas de cas de d i e - y u n . Quant au sheng
shuang-
et au d i e z i , ils ne sont représentés chacun que par un
cas unique : m « ,
et
·
Certains emplois du ton rentrant retiennent notre attention: 1) Dans les vers 2, 3 et 4, le troisième caractère est ton rentrant : il s'agit de ψ ]
(b'iot) , %
(cttaK) et
du (τηίβΚ).
Ces trois tons rentrants occupant le milieu d'un vers donnent à la première strophe une résonance particulière. 2) Le seul mot répété du poème est le verbe
"entrer",
qui lui aussi est de ton rentrant (rixiap). Le premier apparaît dans le vers 5, le deuxième à la fin de l'avant-dernier vers. Ces deux tons rentrants qui se répondent créent un effet saisissant. 3) Le dernier vers commence par deux tons rentrants redou-
91
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG RUO-XU
b l é s ( d^î-eK. dl^ieK ) - Cela nous r a p p e l l e l e dernier vers
du
Chun-jiang-hua-yue-ye
ren-
trants
qui commence a u s s i par deux tons
( LâKngttjt).
L'ŒUVRE
92
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
SECTION I I I ETUDE
DU
CONTENU
Ce poème, l e s e u l , en dehors du Chun-jiartg-hua-yue-ye,
qu'on
connaisse de Zhang Ruo-xu, nous est un bien précieux document. I l contribuera à p r é c i s e r , ou à confirmer, l e s thèmes
essen-
t i e l s e t l e s t r a i t s p a r t i c u l i e r s de l ' o e u v r e du poète. Aussi, au cours de notre analyse, tiendrons-nous compte des éléments déjà dégagés dans l e premier c h a p i t r e . Le poème e s t composé de t r o i s strophes, chacune comportant quatre v e r s . Nous proposons, pour f a c i l i t e r l ' a n a l y s e , de l e d i v i s e r en s i x d i s t i q u e s
DISTIQUE I
(Vers
1 et
:
2)
Le p a r a l l é l i s m e des deux premiers vers n ' e s t pas o b l i g a t o i r e dans l e lii-shi. hua-yue-ye,
Mais l e poète, tout comme dans l e
Chun-jiang-
met d'emblée en p a r a l l è l e l e s images p r i n c i p a l e s
de l ' o e u v r e . I c i aussi, l e s deux premiers vers commencent l ' u n e t l ' a u t r e par un mot indiquant l e l i e u : t i f i é e s " et
"passes f o r -
" p a v i l l o n " e t " t e r r a s s e " . Ces deux mots,
tout en situant l ' a c t i o n dans son cadre, présentent en même temps les deux personnages principaux, lesquels ne sont mais nommés. l'homme. "^Jcti
évoque rappelle
Ckun-ji-ang-hua-yue-ye
ja-
f r o n t i è r e l o i n t a i n e où se trouve " p a v i l l o n sous la lune" du
; c ' e s t l e l i e u où demeure la femme e t
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG
93
RUO-XU
dont l'évocation s u f f i t à suggérer la présence. L'expression J^ Jf? "année", sujet du vers 1, introduit l ' i d é e du temps : l e moment de l'année et aussi le temps qui passe. Car
la
nouvelle
saison rappelle à la femme la longueur de
son attente. Cette idée d ' a t t e n t e , thème principal du poème, est exprimée par l'expression 7}'] Sê tion", sujet du vers 2. Le mot SC l e Chun-jiang-hua-yue-ye
"attente dans la séparaest un mot important dans
; i l apparaît dans la strophe
VII,
qui est l e passage culminant du poème. Ce mot indique à
la
f o i s l e regard et la pensée de la femme qui attend. Pour ce qui est des verbes, nous constatons que, tout comme dans le Chun-jiang-hua-yue-ye, verbe d ' é t a t
le poète met en parallèle un
et un verbe d'action
. Cette différence de
nature entre les deux verbes paraît annoncer l'un des t r a i t s qui distinguent les deux rôles : l'homme sera une f i g u r e passive - l ' o b j e t de la pensée de la femme - , tandis que la femme sera le v r a i personnage dont l ' a c t i o n animera tout le r é c i t . Comme type de parallélisme, i l s ' a g i t de deux vers
contrai-
res : c ' e s t - à - d i r e que les mots mis en p a r a l l è l e expriment des idées opposées. Ce type convient bien i c i pour souligner
la
distance qui existe entre les deux personnages.
DISTIQUE II
(Vers 3 et 4)
Ces deux vers décrivent le comportement de la femme, .sans q u ' e l l e soit nommée. C'est un procédé assez usuel dans la poésie ; mais plus particulièrement lorsque l'auteur paraît
se
mettre à la place de son personnage. Si l e sujet est absent, l e nombre des verbes, par contre, a doublé. En e f f e t , les deux vers sont constitués l'un
et
l ' a u t r e par des phrases complexes, et les quatre verbes q u ' e l les contiennent sont tous employés transitivement. De ce f a i t le mouvement s'anime ; et i l se maintiendra jusqu'à la phrase simple du vers 9 où s'opérera un ralentissement. Les
verbes
94
L'ŒUVRE POÉTIQUE "essayer", ^
"sentir",?^
DE ZHANG "ouvrir",^
RUO-XU "chercher"
ex-
priment tous des a c t i o n s i n h a b i t u e l l e s ou longtemps n é g l i g é e s . La femme e s t s u r p r i s e de l ' a r r i v é e du printemps e t heureuse d'un p o s s i b l e retour de l'homme. Le verbe ^
"chercher" est
un de ces verbes à nuance v i s u e l l e q u ' a f f e c t i o n n e l e poète ; .¡-β
i l repond au mot
du vers 2 .
Les compléments qui se trouvent avant l a c é s u r e , ΐ ψ sage" e t
"cor-
" m i r o i r " , désignent des o b j e t s qui suggèrent l a
présence de l a femme ; i l s nous r a p p e l l e n t l e s images de ft^fâ
" p i e r r e à b a t t r e l e l i n g e " e t de ^ - f f g
e t m i r o i r " du Chun-jiang-hua-yue-ye. césure,
" a i r doux" et
"toilette
Les mots qui suivent l a "rayons du printemps",
représentent des éléments e x t é r i e u r s . Le mot p r é c i s e l a saison qui e s t aussi c e l l e du
"printemps" Chun-j-Long-hua-yue-
ye. Contrairement au d i s t i q u e 1, où l e s deux v e r s p a r a l l è l e s s'opposaient e n t r e eux, l e c o n t r a s t e r é s i d e i c i à l ' i n t é r i e u r de chaque v e r s .
Les deux vers d é c r i v e n t l e même f a i t :
femme qui se trouve à l ' i n t é r i e u r e s t a t t i r é e par
la
l'extérieur.
Mais dans chaque phrase, les deux propositions r e p r é s e n t e n t des images opposées. Ce rapport i n t é r i e u r - e x t é r i e u r e s t
for-
tement marqué par l a césure. I l y a l i e u , en e f f e t , de s o u l i gner l'importance de l a césure qui non seulement marque
le
rythme, mais permet au poète de suggérer l e c o n t r a s t e ou
la
r e l a t i o n de cause à e f f e t qui e x i s t e entre l e s éléments. DISTIQUE III
(Vers
S et
6)
Ces deux vers sont c o n s t i t u é s eux aussi de phrases
com-
p l e x e s . La d i f f é r e n c e avec les vers précédents t i e n t à l ' e m p l o i des verbes : au l i e u de quatre verbes employés
transiti-
vement, nous avons i c i deux verbes i n t r a n s i t i f s s u i v i s chacun d'un verbe employé transitivement ; ce qui c r é e deux combinaisons verbales Tx. ifj^ " e n t r e r e t é p i e r " e t
s'approcher
L'ŒUVRE POÉTIQUE
DE ZHANG
95
RUO-XU
et grimper" qui donnent une impression de précipitation
et
accélèrent le rythme du récit. Les sujets
"hirondelles" et
"abeilles" sont des êtres
animés. Ils interviennent à un moment saillant du poème, tout conine les images deyfj|j^¡j§. "oie sauvage" et de $?.~f[Ìj "poisson et dragon" au milieu de la deuxième Partie du
Chun-jiang-hua-
yue-ye. Quant aux expressions ^ ffi- "rideaux de soie"
et
i f f " " c o r s a g e peint", la première suggère que la chambre est ouverte et la seconde indique que la femme est habillée. Le poème suit donc une progression cohérente. Pour ce distique également, ce n'est pas entre les deux vers, mais à l'intérieur de chaque vers qu'il existe un contraste. Par rapport au distique précédent, il s'agit d'un contraste inverse, c'està-dire qu'au lieu d'un mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur, se produit une intrusion du dehors dans l'intérieur .
DISTIQUE IV (Vere 7 et 8) Alors que jusqu'ici les sentiments de la femme étaient simplement évoqués, dans ce distique qui constitue de ce fait le passage le plus saillant du poème, ils sont décrits directement. Dans le vers 7, le verbe 'fft est difficile à traduire. Son sens normal est : "presser, exhorter". Le vers pourrait être traduit ainsi : "ses sentiments 'pressent' les fleurs de pêchers et de pruniers à être belles". Cependant, d'après vers suivant qui lui est parallèle, et où le verbe ^
le "s'en-
voler" (traduit dans le poème par "envoyer vers le lointain") se rapporte à 'VL" "coeur" et non pas à 'f*^ musique", nous savons que le verbe
"instrument de
"être beau" doit
se
rapporter, non pas à l'expression φίΐα-φ' "fleurs de pruniers et de pêchers", mais au mot ^ ^
"sentiments". De sorte
que
deux idées paraissent se superposer dans ce vers 7 : d'un
96
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
c ô t é , l e s sentiments de l a femme sont ardents
devant
f l e u r s de pêchers e t de pruniers ; e t de l ' a u t r e ,
les
la femme
e s t , ou voudrait ê t r e , aussi b e l l e que les f l e u r s de pêchers e t de pruniers. Notre traduction essaie de f a i r e r e s s o r t i r ces deux idées sans tout à f a i t y p a r v e n i r . Le vers 8 ne p r é sente pas d'ambiguïté. Nous pensons t o u t e f o i s q u ' i l y a omission
d'un mot v i d e t e l que xff] e t que l e vers pourrait
lire
:
^
' ψ fä iff)
. Ces deux v e r s , d'une t r è s
concision, expriment bien les nuances de sentiments
se
grande intenses,
mais contenus. Les deux verbes employés 1 ^.' " ê t r e beau" e t
"s'envoler"
- l ' u n d ' é t a t e t l ' a u t r e d ' a c t i o n - , confirment notre impression que l e poète aime à mettre en p a r a l l è l e un verbe
d'état
non pas avec un autre verbe d ' é t a t , mais avec un verbe t i o n . A propos du verbe
d'ac-
, nous songeons encore à c e l u i
employé dans l e Chun-jiang-hua-yue-ye
" o i e sau-
:
vage au long v o l " . Dans les deux cas, i l s i g n i f i e une v o l o n t é de f r a n c h i r l e s obstacles et d ' a t t e i n d r e un o b j e t L'expression pression
lointain.
é t a i t s u i v i e immédiatement de
-TL^JI.
qui exprimait un élan b r i s é ; i c i
aussi,
l ' e s p o i r exprimé dans ce vers sera déçu peu après par mation
flK"^"l'homme
l'ex-
l'affir-
ne r e n t r e pas" du v e r s 10. Le verbe
, qui est en même temps la rime, marque un point culminant . Le p a r a l l é l i s m e r e s t e c a r a c t é r i s é par un contraste
intérieur
à chaque vers ; mais, contrairement au d i s t i q u e précédent, sens du mouvement va de l ' i n t é r i e u r vers l ' e x t é r i e u r .
le
Ainsi,
durant t r o i s d i s t i q u e s , nous assistons à un mouvement de v a et-vient intérieur
: intérieur
» e x t é r i e u r , extérieur
• intérieur,
» e x t é r i e u r , qui r e f l è t e l e f l u x e t l e r e f l u x du
sentiment. Ce procédé, basé sur l'enchaînement des f a i t s , parente à c e l u i qui e s t u t i l i s é dans l e
s'ap-
Chun-jiang-kua-yue-ye
e t qui consiste à reprendre une expression ou une image aussi-
L'ŒUVRE
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
97
tôt après les avoir utilisées dans les vers précédents.
DISTIQUE V (Vers 9 et 10) Ce distique et le suivant forment la dernière strophe. Cette strophe décrit l'espoir déçu de la femme. Les phrases redeviennent des phrases simples et le mouvement s'en trouve ralenti. Ce ralentissement est encore accentué par l'abondance des adverbes ou des mots employés adverbialement qui n'existent pas dans les autres strophes. En effet, il est intéressant de noter que les phrases des autres strophes sont composées presque uniquement de substantifs et de verbes, ce qui donne
au
récit un mouvement animé et en même temps un style dépouillé. Dans les deux vers, les mots parallèles : et
"toilette"
"vent chargé de fleurs" font allusion aux deux lieux,
l'intérieur et le lointain, évoqués au début du poème, tandis que les mots lé
"matin" et fl^ "soir" indiquent le temps écou-
depuis le début du poème, c'est-à-dire une journée entière.
Ce respect pour l'unité de temps et de lieu est un trait caractéristique de l'auteur. Dans le Chun-jiang-hua-yus-ye l'auteur suit très strictement l'évolution de la lune l'espace et dans le temps. Notons encore qu'il y inversion etj&tf.
et ^
aussi, dans
a ici une
devraient précéder respectivement ^C ~/ßL
.
Quant aux verbes
"attendre" et jNf' "rentrer", ils
li-
vrent les thèmes essentiels du poème : attente et retour. Tous deux ont été employés également dans le Chun-jiang-huayue-ye, dans deux phrases (vers 15 et 35) qui commencent l'une et l'autre par l'expression »
/P
au poète. Le verbe
fa
%%
. Ce sont deux thèmes
chers
"rentrer" est en outre employé à
rime ; il répond au verbe ^ tre, dont il est synonyme.
7
"on ne sait..."
, le dernier caractère du
la ti-
98
L'ŒUVRE
POÉTIQUE DE ZHANG
RUO-XU
S ' i l e s t très courant, dans l a poésie chinoise, de d é c r i r e l e sentiment ou l ' a c t i o n d'un personnage sans l e nommer, ces deux vers o f f r e n t l'exemple d'un cas plus r a r e , car i l s désignent deux personnages d i f f é r e n t s , l e deuxième étant en f a i t l ' o b j e t de la pensée du premier. I l s nous font penser vers 29 e t 30 du Chun-jiang-hua-yue-ye
aux
qui sont du même type :
Le parallélisme est du même type que dans l e distique I ; l e contraste n ' e s t pas à l ' i n t é r i e u r des v e r s , mais entre l e s deux vers qui expriment des f a i t s contraires. I l s constituent une sorte de réponse à l ' i n c e r t i t u d e exprimée par les deux vers du d i s t i q u e I .
Ce distique V étant l e dernier des vers
p a r a l l è l e s , l a symétrie qui e x i s t e entre c e l u i - c i e t l e d i s tique I donne une cohérence à la structure du poème.
DISTIQUE VI (Vers
11 et 12)
Conformément à la r è g l e du lii-shi,
les deux derniers
vers
ne sont pas p a r a l l è l e s . Le vers 11 e s t une phrase i n t e r r o g a t i v e . Nous nous rappelons .l'importance des phrases i n t e r r o g a t i v e s dans l ' o e u v r e du poète e t nous pensons surtout au vers 35 du Chun-j-iang-hua-yue-ye
:
qui e s t , comme i c i , l'avant-dernier vers du poème.
Par
une
phrase i n t e r r o g a t i v e , l e poète l i v r e l'image déjà contenue dans l e t i t r e e t entretenue comme un élément d ' i n c e r t i t u d e : ( t r a d u i t e par "l'âme de c e l u i dont on a r ê v é " ) . En e f f e t , l e mot
" r ê v e r " e s t l e seul mot f a i s a n t p a r t i e
du t i t r e qui s o i t repris dans l e poème. C ' e s t un mot à l a f o i s ambigu e t e f f i c a c e dont l e poète semble aimer à se s e r v i r à la f i n d'un poème. Dans l e Chun-jiang-hua-yue-ye,
i l évoque
un é t a t où l e passé e t l e futur se confondent. I c i , i l crée
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG
99
RUO-XU
un melange d'illusion et de réalité qui est l'atmosphère propre de ce poème. L'expression 'f&ffê. "où" fait penser encore à une autre phrase interrogative (vers 20) du yue-ye
Chun-jiang-hua-
:
phrase également pleine d'angoisse sur le sort de celui qui est parti. Quant au verbe
"pénétrer",
il a déjà été em-
ployé dans le vers 5 ; il s'agit donc d'une répétition, d'autant plus frappante qu'en principe, elle est proscrite parles règles du lii-ehi.
Ce verbe marque l'un des mouvements princi-
paux du poème, l'intrusion de l'extérieur à l'intérieur ; sa répétition accentue l'idée d'une attente vaine. Si le verbe 7v
rappelle le vers 5, le verbe
"fermer"du
du dernier vers rappelle le vers 4 qui contient le verbe "ouvrir". Ainsi, les derniers vers refont, à rebours en quelque sorte, les actions évoquées au début du poème, tout comme dans le Chun-jiang-hua-yue-ye.
Notre impression se confirme
que le poète traite son sujet comme un drame ; il en suit le développement du début jusqu'à la fin, à la manière d'un récit.
L'intérêt du lecteur, grâce à cette cohérence,
relâche jamais. doublée : "I*.
ne
Ce dernier vers contient une expression
se re-
(traduite par "silencieuse et solitaire"),
la seule de tout le poème. Le mot est du ton rentrant. La répétition du ton rentrant donne une impression d'extrême tristesse ; elle nous fait penser à la combinaison qui descend" du dernier vers du
"la lune
Chun-jiang-hua-yue-ye.
Il y a lieu d'observer un rapport entre la fonction grammaticale des mots rimés et le contenu.
Il y a six mots rimés
dont trois sont des verbes et les trois autres des noms. Ils sont également répartis dans les trois strophes, chaque strophe contenant un mot rimé verbe et un mot rimé nom : alternance qui semble refléter cette sorte d'action contrariée et d'exaltation déçue que décrit le poème.
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG
100
RUO-XU
Au c o u r s de c e t t e é t u d e , nous avons s i g n a l é , au
fur
et
à
mesure", l e s f a i t s q u i r a p p e l l e n t c e r t a i n s t r a i t s o b s e r v é s dans l e Chun-j-iang-hua-yue-ye.
Nous a j o u t o n s e n c o r e l e s
points
suivants : 1) Le grand nombre de v e r b e s : une v i n g t a i n e
pour
douze
v e r s . Parmi ces v e r b e s , deux seulement s o n t des v e r b e s -
d'état:
e t ^ è i . Par a i l l e u r s , i l n ' y a pas de v e r b e s d ' é t a t
uti-
l i s é s cornue d é t e r m i n a n t d ' u n nom ; l e s images, comme dans Chun-jiang-hua-yue-ye,
le
frappent par leur n e t t e t é .
2) L ' a u t e u r s e s e r t i c i ' du c o n t r a s t e q u i e x i s t e e n t r e
les
p h r a s e s s i m p l e s e t l e s p h r a s e s complexes. Les deux p r e m i e r s vers e t les quatre d e r n i e r s sont des phrases simples,
tandis
que l e s v e r s du m i l i e u sont t o u s d e s p h r a s e s complexes. l e v e r s 3 , l e mouvement e s t comme a c c é l é r é par ces
phrases
c o m p l e x e s , . c h a c u n e comprenant deux p r o p o s i t i o n s c o u r t e s p a r é e s p a r l a c é s u r e . Ce mouvement se m a i n t i e n d r a
sé-
jusqu'au
v e r s 8 . La d e r n i è r e s t r o p h e , composée de p h r a s e s s i m p l e s , s i g n a l e par l ' a b o n d a n c e d ' a d v e r b e s ou d ' e m p l o i s
Dès
se
adverbiaux
q u i r a l e n t i s s e n t l e mouvement e t l a f o n t c o n t r a s t e r avec l e s autres
strophes.
3) I l e s t i n t é r e s s a n t de donner i c i l a l i s t e des mots s e t r o u v e n t a u s s i b i e n dans l e Chun-jiang-hua-yue-ye l e Dai-da jßf
gui-meng-huan ^
í?|r
: ·
qui
que dans
ï - ^ L f a ^ X ^ ^ i t r a v e r s
eux, nous e s s a i e r o n s
de
dégager l e s thèmes e s s e n t i e l s du p o è t e . Nous r e l e v o n s notamment : a) Le groupe des v e r b e s "rentrer",
" a t t e n d r e " , î^f
"attendre",
" r e n t r e r " qui i n d i q u e n t un thème cher au p o è t e :
l a s é p a r a t i o n e n t r e l e s amants, l ' a t t e n t e de l a femme.
L'ŒUVRE
POÉTIQUE DE ZHANG
b) Les mots \ " o ù "
et
RUO-XU
"année" (
née" dans le Chun-jiang-hua-yue-ye)
qui
101
"quelle an-
montrent non seule-
ment son souci de situer l'action dans le temps et dans l'espace, mais surtout son angoisse devant l'écoulement du temps et le lieu inconnu où va toute vie. c) Le mot -ßffr. "printemps" qui indique la prédilection
du
poète pour cette saison qui sert de cadre aux deux poèmes. d) Le groupe
"pavillon",
"toilette", ^
"miroir"
dont le poète se sert pour suggérer une présence féminine. e) Le mot fé ft"
"sentiment" qui apparaît dans les deux phrases (vers 36 du Chun-jiang-hua-yue-ye)
¿^p. (vers 7 du Dai-da
gui-meng-kuan)
et
^
. L'auteur accorde un sen-
timent réel aux éléments de la nature. f) Le mot Jiang Zong
, par Yu Xin
, des Zhou, e t e n f i n par
quelques poètes des Sui. A i n s i , durant l a période des Six Dyn a s t i e s , tandis qu'abondent l e s oeuvres de forme wu-yan, nombre des poèmes de qi-yan l'origine,
le
e s t minime. Cette forme, q u i ,
apparaît comme une t e n t a t i v e de l i b é r a t i o n ,
à
subit
l e s mêmes influences que l e wu-yan, et s'approche de plus en plus du lüshi.
De plus, à p a r t i r de l'époque des Qi e t
des
Liang, e l l e f a i t p a r t i e de ce genre précieux e t maniéré q u ' e s t l e Qi-Liang-tï..
A l'époque du chu-Tang,
un Lu Zhao-lin,
un
Luo Bing-wang d'abord, e t un peu plus tard, un Liu X i - y i , un Zhang Ruo-xu ont, grâce à quelques oeuvres marquantes, renouv e l é l a forme qi-yan-gu-ti.
Mais nul n ' a cherché autant
Zhang Ruo-xu à l a débarrasser de l a contamination du e t en même temps à dépasser l e Qi-Liang-ti,
que
Iti-shit
pour retrouver
son o r i g i n a l i t é , c ' e s t - à - d i r e l e rythme l a r g e , l e s images é c l a t a n t e s , l e s vers à a l l u r e asymétrique e t l i b r e , e t c . I l a é t é sans doute i n f l u e n c é par ses aînés e t peut-être aussi par son contemporain Liu X i - y i , mais son e f f o r t é t a i t beaucoup plus conscient e t l e r é s u l t a t obtenu bien plus convaincant. Tel est l ' a v i s de Wen Yi-duo ^ — • Le Raahat de ta poésie
gong-ti
q u i , dans
'WHt-íítfÜfH
son a r t i c l e (dont
nous
avons déjà c i t é un passage dans notre premier c h a p i t r e , tion I ) , met au
écrit
Sec-
: " C ' e s t l e poème d ' e n t r e l e s poèmes, l e som-
dessus de tous l e s sommets. Quand on regarde
depuis
l a hauteur qu'a a t t e i n t e c e t t e oeuvre, on s ' a p e r ç o i t que même c e l l e de Liu X i - y i e s t dépassée ; sans p a r l e r de c e l l e s de Lu Zhao-lin e t de son second, Luo Bing-wang, qui sont doublement dépassées. Quant au sombre h é r i t a g e l a i s s é , pendant une
cen-
taine d'années, par l e s quatre cours des Liang, des Chen, des Sui et des Tang, l e s erreurs q u ' i l contient n ' o n t - e l l e s pas é t é réparées par ce seul poème, Chun-jiang-kua-yue-ye, du genre gong-ti... mables".
aussi
Les mérites de Zhang Ruo-xu sont i n e s t i -
108
L'ŒUVRE
POÉTIQUE DE ZHANG
i i ^ i â ^ . · ^ « f - f JF-ftíl^
#
RUO-XU
χ* ^ T ^ - W i t T
t
V o i c i , plus concrètement, ce q u ' i l nous p a r a î t important de retenir
:
1) Zhang Ruo-xu a é t é l ' u n des premiers, sinon l e depuis l e s Six Dynasties,
premier
à é v i t e r systématiquement l e p a r a l -
lélisme r é g u l i e r . Dans l e Chun-jiang-hua-yue-ye,
on ne trouve
pas tin seul exemple de parallélisme p a r f a i t . Les vers ne sont p a r a l l è l e s qu'en p a r t i e , avant ou après la césure ; e t ,
même
dans ce cas, l e poète s ' e f f o r c e de ne pas mettre en p a r a l l è l e deux mots ayant la même f o n c t i o n grammaticale. C ' e s t une sorte de p a r a l l é l i s m e qu'on peut q u a l i f i e r de " b o i t e u x " ,
et
sera très u t i l i s é par l a suite dans l e qi-yan-gu-ti
:
qui car
jusque là e t tout au long des Six Dynasties, notamment à pare t chez les poètes du ahu-Tang, y com-
t i r de Bao Zhao
p r i s Liu X i - y i , i l n ' y a pratiquement pas de poème de qi-yan qui ne comporte de vers au parallélisme r é g u l i e r , ce qui a aidé d ' a i l l e u r s à l ' é t a b l i s s e m e n t du qi-yan-lü-shi.
Citons
comme exemple, ces d i s t i q u e s t i r é s du Xing lu-nan
S^-^L
de Bao Zhao :
m W «5
t
# (O-
Citons ausjsi ces d i s t i q u e s t i r é s de l a Ballade de Yan, de
1. Quan Kan San-guo Jin Nan-bei-ahao
shi : t . I , p. 677.
L'ŒUVRE POÉTIQUE DE ZHANG l'empereur Yuan-di des Liang.
Ce poème
portance dans l ' é v o l u t i o n du qi-yan
109
RUO-XU
a
une certaine im-
; i l est un des premiers
à effectuer un changement de la rime :
•a
¿ ** pi
Au début des Tang, le nombre des vers parallèles dans poèmes du qi-yan
les
s ' a c c r o î t encore. Dans l e Chang-an gu-yi
de
Lu Zhao-lin, sur soixante-huit vers, on compte trente-six vers parallèles, c ' e s t - à - d i r e plus de la moitié du poème. abondance se remarque aussi chez Liu X i - y i .
Cette
Le parallélisme
dans ses poèmes est non seulement complet, mais conforme 1 ' alternance des tons du lii-shi
^ T - lë| Ces caractères du lii-shi
à
:
/ /
/_ gu-ti
altèrent la nature propre du
ancien.
2) La répétition des mots dans le gu-ti
étant permise,
le
poète en a f a i t un usage constant et original : les mots-clé V·*· " f l e u v e " et fi "lune" apparaissent plus d'une dizaine de f o i s chacun. I l est vrai que Liu X i - y i , dans la des cheveux blancs,
Complainte
s ' e s t permis l u i aussi de répéter
sieurs f o i s le mot-clé
plu-
" f l e u r s " , ce qui constitue un t r a i t
commun entre son poème et l e Chun-jiang-hua-yue-ye.
Mais Zhang
Ruo-xu est a l l é plus l o i n . Le procédé qui consiste à répéter un mot dans un vers aussitôt après l ' a v o i r employé dans le vers précédent
1. Quan Han San-guo Jin Nan-bei-ahao
shi
apparaît
: t . I I , p. 945.
110
L'ŒUVRE
POÉTIQUE DE ZHANG
RUO-XU
sans doute avant l u i : en e f f e t , on peut déjà l ' o b s e r v e r dans certaines oeuvres du ahu-Tang,
où i l apparaît comme l'un
éléments particulièrement intéressant. Les exemples l e s connus se trouvent dans l e Cai-Uan
des plus
, de Wang Bo
qu
:
(1). et dans l e Chang-an gu-yi
, de Lu Zhao-lin :
... m^t^-ñm
...
tett*
«Τ-4L
(2).
I l s ' a g i t dans ces oeuvres, d'un procédé i n s p i r é de la chanson f o l k l o r i q u e (3) e t souvent appliqué de façon Sans doute Zhang Ruo-xu a - t - i l voulu é v i t e r ces
1. Quan Tang shi 2. Ibid.
mécanique. évocations
: chap. 55, p. 672.
: chap. 41, p. 518.
3. Nous pensons notamment à un chant de l'époque des Six Dynasties : X-i-zhou-qu dont nous citons un e x t r a i t :
...
il^f%Û. i f . * * * i l · f
φ
ils
"qui se r e l i e b i e n " ;
*
-sr-Äq
¿Ldt de Li Bo)
(2).
1. Nous n'entendons pas a f f i r m e r cependant que ces poètes aient é t é nécessairement influencés par Zhang Ruo-xu. 2. Queen Tang shi : chap. 172, p. 1769. Traduction de S. Obata dans The Works of Li Po : ρ . 91.
L'ŒUVRE
112
POÉTIQUE
DE ZHANG
RUO-XU
cimiti* ^'¿f
•i i-tw
λ % ^
%
fcv*
& f
#
>yJï
( íüEíi"
de
Bo
Ju
-yi)
·
Li Bo a souvent recours aux images du f l e u v e e t de l a lune pour exprimer s a conception de l a v i e :
( ^ ì M Le Chun-jiang-hua-yue-ye
)
(2).
de Zhang Ruo-xu e s t , à j u s t e
une des oeuvres d é c i s i v e s qui a permis à l a p o é s i e des
titre, Tang
de s o r t i r de l a période s t é r i l e où l e s poètes s e contentaient d ' i m i t e r l e s t y l e des S i x D y n a s t i e s , e t de s ' é p a n o u i r à l ' é p o que de eheng-Tang,
1. Quan Tang ski
l ' â g e d ' o r de l a p o é s i e c h i n o i s e .
: chap. 179, p . 1827.
2. Ibid. : chap. 162, p . 1682. Traduction dans l ' A n t h o l o g i e de la poésie chinoise classique : p. 232.
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130
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