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French Pages 55 [88] Year 1969
THEODORE
ABRAHAM
DE
BEZE
SACRIFIANT
Tragedie Françoise
FRENCH R E N A I S S A N C E
CLASSICS
Série d'éditions publiées sous la direction de M. A. S C R E E C H , D .
LITT.,
Professeur de français, University College London
Introduction par
C. R .
FRANKISH
S. R. Publishers Ltd. Johnson Reprint Corporation Mouton & Co. n.v. 1969
Reprinted 1969 by courtesy of the Société du Musée Historique de la Réformation et Bibliothèque Calvinienne from the edition of Conrad Badius printed in Geneva in 1550 (Bibl. Publique et Universitaire, Geneva. Press Mark B.07.50) The original copy in the Bibl. Publique et Universi taire's collection measures 6" X 3-ft" (g) 1969 jointly S. R. Publishers, Johnson Reprint Corporation and Mouton & Co. n.v. SBN. 85409-201-3 AU rights reserved Library of Congress Catalog Card No. 68-58245 Reprint published by S. R. Publishers Ltd., East Ardsley, Wakefield, Yorkshire, England Johnson Reprint Corporation i n Fifth Avenue, New York, N.Y. 10003, U.S.A. Editions Mouton & Co. n.v. Paris—La Haye P R I N T E D IN T H E U N I T E D S T A T E S OF A M E R I C A
Introduction
Le texte reproduit dans ce volume est celui de la première édition A'Abraham Sacrifiant qui date de 1550 et a été publié par Conrad Badius.
Il n'existe
que deux copies de cette édition : l'une est à la Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel, et fait partie d'un volume renfermant aussi La Forme d'Oraison de Farel, 1545 et deux sermons de Calvin de 1546, numéro de classement 100.2. La seconde copie, dont nous nous servons ici, se trouve à la Bibliothèque du Musée historique de la Réformation à Genève, numéro de classement B 07 (50). Badius était un ami de Bèze et il est presque certain que ce dernier a approuvé et surveillé la publication de cette édition et qu'elle doit répondre de très près à ses intentions originales. Il est très probable que cette édition reproduise le texte qui fut donné à la première représentation et qui fut donc la première version offerte au grand public. Elle renferme l'intéressant dizain de Conrad Badius, qui (1) Les chapitres I à X I I I de Conrad Badius and the Comédie du Pape Malade, de Helen Shaw, Philadelphie, 1934, contiennent des renseignements utiles sur cet imprimeur.
n'est pas dans les éditions de 1561 et de 1576, souvent prises comme base par les éditeurs modernes. Certaines éditions qui furent publiées plus tard, et notamment celle de 1553, ont subi des changements qui furent probablement faits pour faciliter la vente de la pièce en France, qui était un pays où la religion catholique était prévalente. * *
*
Théodore de Bèze (1519-1605) est l'un des personnages dominants de l'époque de troubles des guerres de religion françaises. Il fut le successeur de Calvin à Genève, écrivit de nombreux ouvrages de théologie et il est célèbre pour avoir été l'un des architectes de L'Eglise Réformée et un protagoniste de la doc(2) L a Bibliothèque Bodléienne mentionne dans son catalogue une copie de cette pièce qui porte la date 1548, numéro de classement B 8 132 Th. — fait remarquable si elle était authentique ! En fait, c'est une copie de l'édition de 1576 qui fut assez répandue et qui forme la dernière partie des Poemata, 1576 ; on la trouve à la Bibliothèque Bodléienne dans le volume qui renferme la première édition, en 1548, des Poemata Juvenilia. L e catalogue du British Muséum ne mentionne pas une seule édition du seizième siècle, mais il y a deux copies de l'édition de 1576, dans des volumes de la poésie et classées sous cette entête, numéros 237 k 40 et 1 2 1 3 f 5 ; il y a aussi une copie de la traduction latine de 1597, numéro 837 i 3.
trine calviniste. C'était un érudit qui possédait une vaste connaissance des auteurs grecs et latins et il était en rapport avec les humanistes et les poètes qui s'étaient joints à l'entourage des cours de François I e r et de sa sœur Marguerite de Navarre. En 1548, il publia, en latin, un recueil de poèmes légers et sensuels, les Poemata Juvenilia et bien qu'il en parle avec dédain après sa conversion, il leur garda probablement une affection secrète et continua à les retoucher ; ils ne cessèrent de jouir de la popularité du grand public et furent réédités durant le siècle. Après sa conversion et son arrivée en Suisse, probablement durant les derniers mois de 1548, il est naturel qu'il se soit décidé, dans ses écrits, à prêter son appui à la cause protestante ; il ne le fit pas en écrivant tout d'abord un corps de doctrine chrétienne, mais en créant une œuvre littéraire dans laquelle il pouvait exposer des idées sur la religion. Il abandonna sans doute le latin en faveur du français pour répondre aux exigences de la propagande : cette pièce n'aurait nullement retenu l'attention du grand public de Lausanne eût-elle été écrite en latin. Mais aussi, comme sa préface Aux lecteurs l'indique clairement, il était maintenant inquiet quant à la valeur de la littérature telle qu'il l'avait connue et telle que ses contemporains la comprenaient ; il est
certain que des ouvrages écrits en latin semblaient encore plus ésotériques que le reste. Les calvinistes adoptaient une attitude complexe envers le théâtre. (3> Ils avaient en général tendance à condamner le théâtre, ainsi que certaines autres formes de spectacles. Les lois et statuts de Genève reflétaient cette attitude et un nombre de raisons étaient données pour l'expliquer : les Passions et Mystères avaient disséminé de fausses doctrines ; le théâtre, en particulier les représentations en plein air, encourageaient les voleurs à la tire, les prostituées et autres parasites de la société. De plus ces pièces détournaient les bonnes gens du droit chemin, de la prière et du travail. Le vingt-deuxième chapitre du Deutéronome, verset 5, condamne le port de vêtements féminins par les hommes et ceci était évidemment nécessaire à une époque où les hommes jouaient les rôles féminins. (4 > E n pratique cependant
(3) Voir Raymond Lebègue, La Tragédie religieuse en France. Les Débuts. ( 1514-1573), Paris, 1929, Chap. X V I . (4) Voir par exemple J . Calvin, Le deuxiesme sermon sur le Deutéronome, chapitre XXII. Du vendredi 3e de janvier 1556, dans Ioannis Calvini Opera quae supersunt omnia, éd. Baum, Cunitz et Reuss, Brunswick, 1885, t. X X V I I I , col. 18 :
les calvinistes reconnaissaient que le théâtre pouvait jouer un rôle de propagande utile et le théâtre protestant du X V I e siècle est un élément important du développement du drame en France. Des pièces satiriques et polémiques s'élevant contre le pape et les monastères avaient déjà été écrites avant la publication à'Abraham
Sacrifiant. *
*
h'Avis
*
aux lecteurs de Bèze porte la date du
Ier octobre 1550. Il est maintenant presque certain que la pièce fut en effet écrite durant les premiers mois de l'année 1550 ; le fait qu'Etienne Pasquier place sa composition à l'époque de l'accession de Henri II, en 1547, a pourtant été une source perpétuelle d'ennuis et de confusion pour toutes les personnes qui ont jamais fait des recherches sur ce
Ainsi donc ce n'est point sans cause que ceste loy a esté mise : et ceux qui prennent plaisir à se desguiser, despittent Dieu : comme en ces masques, et en ces momons, quand les femmes s'accoustrent en hommes, et les hommes en femmes, ainsi qu'on en fait : et qu'adviendra-il? Encores qu'il n'y eust point nulle mauvaise queue, la chose en soy est desplaisante à Dieu : nous oyons ce qui en est ici prononcé : Quiconques le fait, est en abomination.
sujet. La lettre écrite par de Bèze en 1598 et placée en introduction à la traduction latine de la pièce par J . Jaquemot qui date de 1597, porterait à penser que la pièce date de 1553, ce que nous devons aussi réfuter pour des raisons très é v i d e n t e s . C e t t e lettre explique cependant la cause directe de la composition à'Abraham Sacrifiant. A son arrivée à Lausanne de Bèze fut nommé professeur de littérature (5) Etienne Pasquier, Recherches de la France, Amsterdam, 1723, Vol. I, Livre VIT, Chap. VI, col. 701 : Vers ce même temps estait Théodore de Bèze, brave Poète Latin et François. Il composa sur l'advenement du R o y Henry en vers François, le Sacrifice d'Abraham, si bien retiré au vif, que le lisant, il me fit autrefois tomber les larmes des yeux. Voir aussi Lebègue, op. cit., p. 294 et Emile Faguet, La Tragédie Française au Seizième siècle, Paris, 1883, pp. 94-95, qui donne un point de vue plus ancien sur la question. (6) Th. Beza, Abrahamus Sacrificans ; traduction latine de J . Jaquemot, dans l'édition des Bezae Poemata, H. Estienne, Genève, 1597, pp. 283-343. L a lettre de Bèze porte la date Calendis Januarii, 1598 ; et en voici la phrase importante : Istud qualecunque ante annos circiter quadraginta quinque fuisse Lausannae, ubi tunc Gra:cas literas profitebar, nulla sanè cura, sed leviter, ut ludicrum quiddam prescriptum quod ab illius Gymnasii iuvenibus de more spectandum repraesentaretur.
grecque à l'Académie et ce fut en tant que professeur dans cet établissement qu'il fut invité à écrire un texte pour la représentation théâtrale traditionnelle de l'Académie. Comme nous le savons, ce furent ces représentations universitaires qui maintinrent en vie le théâtre européen durant cette période. La pièce fut probablement jouée en plein air, bien que les quelques lignes du Prologue, que nous donnons ci-dessous, puissent faire supposer qu'elle fut interprétée dans une église et peut-être même dans la cathédrale de Lausanne : Long temps y a, au moins comme il me semble, Qu'icy n'y eut autant de peuple ensemble : Que pleust à Dieu que toutes les sepmaines, Nous peussions veoir les Eglises si pleines !
Cependant ces lignes sont probablement une plaisanterie du même genre que l'allusion faite par Rabelais quand il compare les chiffres de vente de la B i b l e et de l a Chronicque * *
Gargantuine.W *
Abraham Sacrifiant est un événement marquant dans l'histoire du drame français. Qu'elle soit la première tragédie de langue française ou non, question qui a causé des discussions innombrables, cette (7) François Rabelais, Pantagruel, édition critique d'Abel Lefranc et autres, Paris, 1922, p. 8.
pièce est certainement à la base d'un mouvement littéraire qui allait s'éloigner des formes du drame français traditionnelles et évoluer vers une conception et une structure plus classiques. De Bèze était encore sous l'influence des Mystères et d'autres versions dramatiques de l'histoire d'Abraham (Lebègue et Wallace ont traité de cette question en détail)/ 8 ) Il est cependant bon de faire remarquer que de Bèze a omis toutes les digressions du Mystère et notamment l'épisode de l'âne têtu qui était un élément important des versions antérieures. Plus tard, dans De l'Art de la Tragédie, Jean de la Taille critiqua de Bèze quant au choix de son sujet : puisque la catastrophe a été conjurée, nous dit-il, l'histoire d'Abraham et d'Isaac ne devrait pas être considérée comme étant appropriée à former la base d'une tragédie classique. & prinft deux feruiteurs auec luy,& Ifaac fon filz : & ayanteou pé le bois pourl'holocaufte,feleua, Ôc f'en alla au lieu que Dieu l u y a u o i t d i d . Autroifiemc iour Abraham leuant Tes yeulx, veit le lieu de loing,& d i â à fes feruiteurs: Àrreftez vous icy auec l'aine: tnoy Si l'enfantchemineronsiufques là,& quand aurons adoré,nous retournerons à vous.Et Abra ha prinft le bois de l'holocaufte,& le mit fur Ifaac fon filz. E t luy prinft le feu en fa main,& vn glaiue:«Sc Pcn allèrent eux deux enfemble.AdôcIiàac di& à A braha fon pere:Mon pere. Abraha refpodit:Mevoicy monfilz.Etil di&:Voicylefcu &le b o i s , mais ou eft l'agneau pour l'holoeaufte? E t Abraham refpandit:Mon filz, Dieu fepouruoyr a d'agneau pour l'holocaufte.Et cheminoyent tous deux enfëble.Et eux eftans venuz au lieu que Dieu luy auoicdid, il édifia illec vn autel, & orE
to donna te bois,fi liaïfaac fonfi(z,&te mit fur l'autel pordeiTuslebois : Se auanceatf;imain,eropoignale glaiué pour decoler fon filx. Lors luy cria du ciel Pange du Seigneur,difant: Abraham, Abra ham:lequel reipodi^Me voicy. Et il luy diô, T u ne mettras point la main fur l'enfant, & ne luy fe ras aucune chofe. Car main tenant i'ay cognu que tu crains Dieu, veu que n'as point cfpargné ton filz ,ton vnique, pour l'amour de moy.Et Abraha Ieua Tes yeux, & regarda. Et voicy derriere luy vn mouton retenu envn buiiTonpar Tes cornes. Adonc Abraham T'en va, & prinft le mouton,& l'offrit en holocaufte en lieu de fon filz.Et Abraham appel la le nom de ce lieu là, Le Seigneur verra.Dotondiâauiourdhuy delamotaignc,LeSei gneur fera veu .Et l'ange du Seigneur appella Abrahamduciel pour la fecode fois,diiànt: I'ay iuté parmoymefme, diâ le Seigneur : Pour autant que tu as faiâ cette chofe, âc que tu n'as point cfpargné ton filz,ton vnique, ie te beniray, & multipliray ta femence, comme les eftoilles du ciel,(5c comme lefablonqui eft furie riuagedela mer,& tafemécepoffedera la porte de tes ennemis.Et tou tes nations de 1 a terre feront beniftes en u icmcce,pource que tu as obey à n u voix.
II
P R O L O G V E . D I E v vous gard' tous,autacgros que menus, Pctis & grans,bien foyez vous venuz. L o n g temps y a, au m o i n s comme il me femble, Qu'icy n'y eut autant de peuple enfemble: Q u e pleuft à Dieu q ue toutes les fepmaincs, N o u s peuflîons veoir les Eglifes iî pleines! O r ca me£ficurs,3 A B R A H A M parIe,fortant d c f a m a i i b n . E P v i s que i'ay mon pais delaifie, E t de courir c à & l à n'ay ceffé, Helas m o n D i e u , eft il enc o r ' vn h o m m e , Q u i ait porté de trauaux tei lcfomme? D e p u i s le temps q u e tu m'as retiré H o r s du pais ou tu n'es adoré, Hclas mon Dieu,eft il encor' vn h o m m e , Q u i ait rcceu de biens lì grande Comme? V o i l a comment par ;es calami tcz, T u f a i s c o g n o i f t r e aux h o m m e s r c s b o n t e z : E t t o u t ainlï i]ue tu hs tout de rien, A i n f i fais tu fortir du mal le bien, N c p o u u a n t l ' h o m m e l l'heured'vn grand heur, A fiez au clair cognoiftic ta grandeur. Las i'ay vefcu feptante & cinq années, Suyuantlecoursdetespredeftinées, Q u i o n t voulu que prinflema n ai fiance, D ' v n e maifon riche par fuffifancc. M ais quel bien peul t l'homme de bi en a u o i r , S'il eft c o n t r a i n â , c o n t r a i n â ( dy-ie )de v c o i r E n lieu de roy,qui terre & cieulx as f a i â s Craindre ôc feruir mille dieux contrefaids?
O r donc fortir tu me fis de cjts lieux,
*4 LaiiTer mes biens,mes parens,& leurs dieux, Incontinent que i'eus ouy ta voix. Mefmes tu fcais que point i e ne feauois, E n quel endroid tu me voulois conduire: Mais qui te fuy t, mon Dieu,il peult bien dire, Q u ' i l va tout droiéhôc tenant cefte voye, Craindre ne doibt que iamais il fouruoye. S a r a
fortant d'vne mefme maifon.
Apres auoir penie & repenfé Combien i'ay eu de biens le temps pafle, D c t o y , m o n D i e u , q u i t o u f i o u r s a s voulu Garder moncueur,& mon corps impollu: P u i s m'as donné,enfuyuant tapromçilc, C'cft heureux nom de mereen n u vicillcire, E n mon efprit fuis tellement tauic, Q u e i e n e p u i s , c o m m e i'ay bonne cnuie, A t o y , m o n Dieu,faire recognoitrancc D u moindre biendonti'ayciouiirance. Si veulx-icau moins.puifqu'al'cfcartiefuis, T e mercier,Seigncur,com me ie puis. M a i s n'eft-ce pas mon feigneur que ie veoyî Si le penfoy-ie eftre pl u s loi n g de m o y . ABRAHAM.
Sara,Sara,ce bon vouloir ie loué, E t n'as rien d i ô que tresbien ie n'aduouS. Approche t o y , & tous deux en ce lieu RecognoiiTonsles grans biens f a i ô s d e D i e u . Commune
If Commune en eft à deux la iouiflance, Commune en loit à deux la cognoiiTuice. S A R. A .
Ha monfeigneur.que fcaurois-ie mieux faire, Q u e d'ciTayer t o u j o u r s à vous complaire} Pour cela fuis-ie en ce monde ordonnée. Et puis,comment fcauroit-on faiournée Mieux employcr,qu'a chanter l'excellence De cegrand Dieu,don t la magaiticence Et hault & bas feprefenteànozyeux? ABRAHAM.
L'homme pour vray ne feauroit faire mieux Q u e de chanter du Seigneur l'excellence, Car il ne peult pour touterecompcnfc Des biens qu'il ha par luy iournellemenr, Rien luy payer,qu'honneur tant feulement. C A N T I Q J E d'Abraham Si de Sara. O r fus donc commenceons, Et le loz annonceonj
Du grand Dieu fouueiain. Tout ce qu'eufmes iamais, Et aurons déformais, N e vient que de fa main. C'eft luy qui des haulu deux Le grand tour fpacicux Entretient de la haute, D o n t le cours aficurc,
If? Eftfibienmefurê Q u e iamais il ne fruit. II fait l'efté bruflant: Il faitl'hyuer tremblant: Terre de mer il conduit. L a pluye & le beau temps, L'autumne ôc le primtemps, Etleiour&lanuid. Las,Seigneur,qu'eftions nous, Que nous as entre tous Choifiz & retenuz? E t contre les mefehans Par villes «Se par champs, Si long temps nuintenuzî T i r é nous as des lieux T o u s rempliz de fauxdieux, V f a n t d e tes bontez. E t d e millcdangers, Parmy les eftrangers, T o u j o u r s nous as ie&és. E n noftre grand befoin Egypte a eu lé foin D e nous entretenir, Puis contraint a efte
Pharaon
17 Pharaon defpité D e nous lai (Ter venir. Quatre Roys furieux Défia viâorieux Auonsmis àlenuers. Dufangdccesmefchans Nous auons veu les champs T o u s rouges & couuers. D c D i c u c e b i e n nous vient, Car de nous luy fouuicnt, Comme de Tes ami s. Luy donenous donnera Lors que temps en fera T o u t c e q u ' i l a promis. A nous & noz enfans, En honneur triomphans Cefte terreappartient. Dieu nous l'a didainfi, Et le croyons auffï C a r ù. promette il tient. Tremblez doneques peruers Qui par toutJ'vniuers Eftesfidrufetnez: Et qui vouscftcs faiât
B.
iS Milledieut contrefaits Q u ' e n vain vous rcclamez. E t toy Seigneur vray Dieu, Sors vn iour de ton lieu, Q u e nous foyons vengez D e tous tes ennemis: E t qu'a néant foyent mis, Les dieux qu'ils ont forgez. A B R A H A M .
O r fus S a r a , le grand D i e u nous bénie, A celle fin que durant ccfte vie P o u r tant de biens que luy fcul nous ottroye, A le leruir chacun de nous l'employé. R e t i r o n s nous,& iur tout prenons garde A noUre fiIz,quctropnc teluzarde, Par irequenter tant de malheureux hommes, Parmy leiquels vous voyez que nousfommes. V n vaiiVeau neuf tient l'odeur longuement D o n t abbreuué il cft premièrement. Q u o y qu'vn enfant foit de bonne nature, Il eft perdu fans b o n n e nourriture. S A R A .
Moniîeur ,i'efpcreen faire mon dcuoir, E t pour autant qu'en luy nous deuons vcoir D e noftre Dieu le vouloir accomply, Seure ie fuis qu'il prendra fi bon ply, E t le Seigneur il bien le bénira,
19 Q u ' à f o n h o n n e u r le tout Te conduira. s AT H AN en habit de m o i n e . I e v o y s , i e viens , i o u r & nui&ietrauailfe,, E t m'eft aduis en quelque part q ue i'aille, Q u e ie ne pers ma peine aucunement. Regne le D i e u en fon hault firmament, Mais pour le moins la terre eft toute à m o y , E t n'en dcfplaifeà D i e u ny à f a L o y . D i e u eft au cieux par les Tiens h o n o r é : Dcsmicns ic fuis en la terre adoré, D i e u eft au cicl:& bicn,ic fins enterre. D i e u fait la paix , & moy ie fais la guerre. D i e u regne en hault:& bicn,ic regne en bas. Dieu faict la paix,& ic fais les debas. D i c u a c r c c Si la rcrrc& les cieux: I'JV bien plus fa &:car i'avcrcé les dieux. D i e u eft feruy defes Anges luifans, N c f o n t a u i l i mes Anges relui fans? Il n'y a pas iufques à mes porceaux A qui ic n'aye cnchaflc les mufeaux. T o u s ces paillars.ccs gourmans,ces yurongnes Q u ' o n veoit reluire aucc leurs rouges trongnes, Portans fapphirs,& rubis des plus fins, Sont mes fuppofts,font mes vrai s Chérubins. D i e u ne fit onc chofe tant foit p a r f a i ô e , Q u i f o i t cgale à celuy qui l'a f a i â e : Mais m o y i ' a y Faid, dont vanter i e me puis, B.
ii.
20 Beaucoup de gens pires que ie ne fuis. C a r quant à moy ie croy & fcay tresbten Q u ' i l eft vn Dieu, & q u e i e ne vaux rien: Mais l'en fcay bien à qui totalement I'ay renuerfé le faulx entendement, Si que les vns(qui eft vn cas commun) Aiment trop mieux feruir mille dieux qu'vn. Les autres ont fantaifie certaine, Quedece Dieu l'opinion eft vaine. V o i l a commen t depuis l'homme premier Heureufementi'ay fuyuy cemeftier, E t pourfuyuray,quoy qu'en doiue aduenir, T a n t que pourrayccft habit maintenir. Habit encor'en ce monde incognu, Mais qui fera vn iour fi bien cogn u, Q u ' i l ny aura ne ville ne village Q u i ne le voye à Ton trefgrand dommage. O f r o c , 0 froc,tant de maulx tu feras, Ettant d'abus en plein iour couurirasl Ce froc,ce froc vn iour cognu fera, E t t a n t d e m a u x a u mondeapportera, Q u e fi n'eftoit l'enuie dont l'abondé, I'aurois pitié moy mefme de ce monde. Car moy qui fuis de tous mefehans le pire, E n le portant moymefme ie m'empire. O r ce feront ces chofesen leur temps, Mais maintenant aflaillir ie pretens V n Abraham,lequel feul f u r la terre Auec
21 Auec les fiens,m'ofe faire la guerre. Defaid,icPay maintesfoisaiTailli, Mais i'ay toufiours à mon vouloir failli: E t ne veis onc vieillard mieux refiftant. Mais il aura des affaults tant &tant, Q u ' e n brief fera,aumoins comme i'efpere, D u rang de ceux defquels ie fuis le pere. Vray eft qu'il a au vray Dieu fa fiance, Vray eft qu'il a du vray Dieu l'alliance, Vray eft que Dieu luy a promis merueilles, Er défia fait des choies nompareillcs: Mais quoyîi'il n'a ferme perfeuerance, Que luy pourra feruir fon cfperance? Ic teray tant de tours & cà,& là, Q u e ie rompray l'alîcurance qu'il a. Dcdcux enfans qu'il a,l'vn ie nccrains: L'autre à grand' peine cfchappera mes mains: Lamerceft femme: & quant aux feruiteurs, Sont fimples gens,font bien poures pafteurs, Bien peu rufez. encontre mes cautelles. O r ie m'en vois employer peines telles A les auoir,que ie luis bien trompé. Si le plus fin n'eft bien toft attrappé. AB&AHAM
refortat de la maifon.
Q u o y que ie die,ou que ie face, Rien n'y a donc ie ne me laffe, T a n t me foit l'affaire aggreable: B. iii.
tz Telle cft ma nature damnable! Mais fur tout ie me mefeontente D e moy-mefme,& fort me tormente, Veuque Dieuiamaisnefefafche D e m'aider.pourquoy ie ne tafche A nemefafcher pointauffi D e recognoiftre fa merci, Autant de bouche que de cueur. l ' a
n
g h .
Abraham, Abraham. ABRAHAM. Seigneur Me voicy. l ' a n g
h.
T o n fil / bien aimé, T o nfil*/vniquellac nommé, Partoy loitmenéiuiqu'au lieu Surnommé la Myrrhe de Dieu, Làdeuantmoy tu l'offriras, Et tout entier le bruilcras, Au mont que ie te monftrcray. A BR A H A M .
BruilerlbruflerUcleferay. Mais,mon Dicu^ccftcnouuelle Me femble fafcheufe 8c nouuellc Seigneur me pardonneras tu? Helas, donne moy la vertu D'accomplir cc commandement.
*3 Ha bien cognoy-ie ouucrtement Qu'enuers moy tu es courroucé. Las Seigneurie t'ay offence. O Dieu qui as faiâ ciel Se terre, A qui veux ru faire la guerre? Me veux tu donc mettre fi bas? Helas mon filz,hclas,helas! Par quel bout doy-ie commencer? La chofe vault bien le penfer. des bergers fortans de 1 a mai Ton d'A braham.
t r o v î p e
D E M î E trouppe. A mis,il cft rempsjcemcfcmble, Q u e nous retournions tous enfemblc Vers noz compaignons. d e m i e trouppe. Iclcvcux. Car fi nous fommes aucc eux Us en feront plus aiTeurez. ISAAC.
Hola,ie vous pry demourez, Commentîme laiflez vous ainfi? TROVPPE,
Ifaac demourez icy, Autrement monfieur voft repere, O u bien madame voftrc mere En pourroyent eftrc mal contens. B. iiii.
14 Il viendra quelque iour le temps, Q u e vous ferez grand,{i Dieu plaift» E t lors vous cognoiftrezque c'eft D e garder aux champs les troppeaux, E n danger par m o n s & par vaux, D e tant de beftesdangereufes, Sortans des forefts ombrageufes. I s A A c. Penfez vousauffi que voulufle Départir deuant que ie fceufle Simon pereainfile voudrait? TROVL'PE.
AuiTi fault-il en toutendroift Qu^'vn hlzhonnefte & bienappris Quelque cas qu'il ait entrepris, Aperc de àmereobeiffe. i s A A c. le n'y faudray point que ie puiiïc, E t fuft- ce iufques au mourir. Mais tandis que ie vois courir Iufqu'àmon perepourcognoiftre Quelle fa volonté peut eftre, Voulez vous pas m'attendre icy? TROVPPE.
Allez,nous le ferons ainfî.
c A N T i QV E de la trouppe. O l'homme heureux au monde
Qui
if Qui deffus Dieu fe fonde, Et enfiaitTon rempart: Laiffant tous ces haul tains, Et tantfages mondains S'efgarcràlefcart. Poureté ny ri ch efle N'empefcheny neblefle D'vnfidelelecueur. Quoy qu'il foit tormenté, Et mille fois tenté, Lefideleeft vainqueur. Ce grand Dieu qui le meine Au plus fort defa.peine, En prend vn fi grand foin, Qu'i 11 e vien t red relier Eftant preft degliffer, En fon plus grand beioin. Cela peut-on cognoiftrc D'Abraham noftre maiftre, Car tant plus on l'aiîault Et deçà,& delà, Tant moins de peur il a, Et moinslecueur luy fault. Halaiffé fa terre,
i au Seigneur aggreable. SATAN.
H t bien,& bien,Ifac doncq lies m o u r r a E t nous verrons après q u e c c fera. O faulx vieillard, tant me d o n n e s de peine! ABU,
V o i l a mon filz Ifac qui f e p o u r m e i n e . O p o u r c e n f a n t , ô nous pourcs humains Cachans fouuent la more dedans noz lcins, Alors q u e plus en penfom cflrc loin! E t p o u r a u t a n t , il cH tres ^r.itid befoin D e viurc ainfi que m o u r i r on defirc. O r c à m o n f i l z , h e ! a s q u c veux-ic dire! ISA.
Plaift-il m o n pere. A B U ,
H e l a s e e m o t me tue' M a i s fi fault-il p o u r t a n t q u e m ' e f u e r t u e . Ifac m o n hiz,helas,lccueur me tremble! ISA.
V o u s auez peur m o n p e r e , c c m c f c m b l e . A B R.
H a m o n amv,ie tremble v o i r e m e n t , Helas mon Dieu! i s A. Dites
47 Dîtes moy hardiment Que vous auez,mon pere,Pil vous pïaî ft. A BR.
Ha mon amy,fi vous feauiez quec'eft. Mifericorde,ô Dieu,mifericordeî Mon filz,mon filz,voyez vous cette corde, Ce bois,ce feu,& cecoufteau icy? Ifac,Ifac,c'eft pour vous tout cecy. SATAN. Enncmv fuis de Di eu & de nature, M : s pour certain ccfte chofe eft fi dure, Qj'en regardant ceftcvnique amitié Bien peu Pen fault que n'en aye pitié. ABR.
Helaslfacî ISA. Hcîaspere trcsdoulx, le vous fupply,mon pere,à deux genoux, Auoir au moins pitié de ma ieuneiïe. ABR. O feul appuy de ma foible vieil lefie! Las mon amy,mon amy,ie vouldrois Mourir pour vous cent milho ns de fois, Mais le Seigneur ne le veultpas ainfî. ISA. Mon pere helas,ie vous crie merci. Helas,helas,ien'ay ne bras ne langue Pour me deffendre,ou faire ma harangue!
4 * Mais,mais, voyez,ô mon pere,mes larmes, A u o i r n e p u i s ny ne veulx autres armes Encontre vous:iefûtsIfac,mon pere, l e fuis Ifac,le feul filz de ma mere: l e fuis Ifac,qui tien de vous la vie: Souffrirez vous qu'elle me foit rauicî E t t o u t e f o i s , f i vous faites cela P o u r o b e i r a u Seigneur,me voila, M e voilapreft,mon pere,& à genoux, P o u r louffrir t o u t , & de D i e n , & de vous. Maie qu'ay-ie fait,qu'av- ie fait pour mourir? He Dia^heDicu.vcuiNcsmefecouriri
A R R.
H c l a s m o n filzItac,T)ieii von*commande, Q u ' e n c c f t e n d r o i t vwiis luy fermez, d'offrande, Laiflantà moy,à moy ton pourepere, Las quel ennuy! i s A. Helas ma poure mere, C o m b i e n de morts ma mort vous donnera? Mais dites moy au moins qui m'occira? A B R.
Q u i t'occirajmon filz?mon D i e u , m o n D i e u , O t t r o y e moy de mourir en ce lieu! ISA.
Mon pere. ABK.
Helas ce mot ne m'appartient!
Helas,
49 Helas Ifac t G cft-cç qu'il conuient SeruiràDieu. i s A. M o n pcre,me voila. S A T A N ' .
Mais ic vous p r y , q u i cuft penie cela? i s A. O r d o n c q mon pcrc,il faultcomme ie veoy, Il faulr mourir.Las mon Dieu,aide m o y ' M o n D i e u , m o n D i e u renforce moy le eueur' Rend m o y , m o D i e u , f u r moymefmc vainqueur! Lic/.,frappez,bruflcz,ic fuis tout preft D'cndurertout.nion D i c u , p u i s q u ' i l teplaift. A B U ,
A,a,a,a,& qu'eft c e & qu'eft cecy: M1 (cricorde,ô Dieu,par ta mercy. I S A.
S;igncur,tu m'as Se crec 8c forgé, T u m'as,Seigneur,fur la terre logé, T u m'as donné ta fain&ccognoiilancc, Mais iene t'av porte obeiilànce Telle, Seigneur,que porter ic dcuois. C e que te prie,helas,àhauhe v o i x , M e pardonner.Et à vous mon feigneur, Si ie n'ay f;ti& toufiours autant d'honneur mdHroit voftrcdouccur tant grande, Très humblement pardon vous en demande. Qe de*
Jc
iimilii.
A,a,aja.
ISA AC, Las ic vous obtempéré. Suis-ic pas bien? A B R. A II A M. Fut-il iamais p i t i é , Fut-il iamais vnc telle amitié? Fut-il iamais pitié?a,a,ie meurs, le meurs mon hlz. ISAAC. Oftcz toutes ces peurs le vous fupply,m'cmpefchcrez vous doneqttCJ D'alIcràDicu? ABRAHAM. Helas,las qui vit oneques E n petit corps vn efprit autant fort? Helas,mon filz,pardonne moy ta mort! D . ii.
^ jc c u j c £ra-> pc r .
i ' a n c e ,
Abraaam, Abraham. A BR.
M o n Dieu. L ' a n g e .
Remets ton coufteau en Ton lieu : G a r d e b i e n de ta main eftendre Dellus l'en tant,ny d'entreprendre D e l'outrager aucunement. O r peux-ie veoir tout clairement Q a c l amour tu as au Seigneur, Vins que luy portes cert honneur D e vouloir pour le contenter, T o n filz à la mort prefenter. ABK. ODieu! I S A A C. 1
O Dieu . A B R A.
Seigneur, voila que c'eft Ici pré 1 D e t'obeir. Voicy m o n cas tout preft: le mou- Prendre le veux, «on.
L ' a n g e .
Abraham. ABR.
M e voicy, Seigneur,Seigneur. l ' a n
es.
Le Seigneur
fj Le Seigneur dit ainfi. Ic te promets par ma g r a n d ' maiefte, Parlavertudemadiuinité, Puis q u e tu as voulu faire cela, Puis que eu m'as obey iufques là, D e n'elpargner de ton feul nlz la vie, Maugrc Satan & t o u t e ion enuie Bcnir te veux auec t o u t e tararce. Vots- tu du ciel la r c! ui l'an te face? Vois-tu l e s g r a i n s d e l ' a r c n e a u riuage? Croiftrc feray tellement ton lignage, Q u ' i l n'y a point tant d'eftoillcs aux d e u x , T a n t de lablon par les bors fpaticux D e l ' O c é a n , q u i la terre enuironne, Q i f il defeendra d'enfans de ta perfonne. Ils d o m p t e r o n t quiconqucs les haira: E t p a r c c l u y qui de toy lortira, Sur t o u t e s gens & toucesnations le defploiray mes benediétions Et grans threfors de diuinc puiflance, P u i s q u e t u m'as porte obeiiTance.
D-
i".
chrift f r«mis.
Î4
E P I L O G V E. O r voyez vous de foy la grand'puitfancc^ E t i c loyer de vrayeobeiifance. Parquoy,mef{icurs,&mes dames auffi, l e vous fupply quand iortirez d'ici Q u e de vozcucurs ne forte la mémoire D e cefte digne & veritable hiftoire. C e ne font point des farce«; menlongcres, C e n e f o n t p o i n t quelques fables legeres, Mais c'eft vn fai£t,vn fai& trefucritablc, D'vn i c r f d e D i c u ^ c D i c u trdreJoutablc. Parquoy leignciirsjdamcsjnuiftres.nuiftrcircj Poures,puilTans,ioyeux,pleins de deftrefles, Cirans&pctis,cncctant bel exemple C h a c u n de vous fe mire Se ic contemple. T e l s fon pour vray les miroirsou l'on veoit Lebcau,!claid,lcbotTu & ledroict. C a r qui de Dieu tafchc accomplir fans feinte, C o m m e Abraham,la parolle trell'ainite, Q u i nonobftant toutes raifons contraires R e m e t en D i e u Se i o y , & fes affaires, Il en aura pour certain v ne illue Meilleure encor' qu'il ne l'aura conceuc. Vicncnt les vents,vienent tempeftes fortes, Vienent tourmens,& morts de toute«; fortes: T o u r n e n t les cieux,toute la terre tremble, T o u t l'vniuers renuerfe tout enlemble, Le cueut
ss
Le cueur fidele eft fondé tellement, Q u e ren ucr fer ne peut aucunement: Mais au rebours,tout homme qui f'arrefte A u iugement & confeil de fa tefte: L'homme qui croit t o u t ce qu'il imagine, Il eft certain que tantplus il chemine, D u vray chemin tantplus eft efeatté: Vn pe rie vent i'afoubdain emporté. E t qui plus eft,fa nature peruerfe En peu de temps foymeimeCe renuerfe. O r toy grand Dieu,qui nous as faiârcognoiftre Les grans uhuz cfquels nous voyons eftre Le pourc monde,helas,tant peruertjr, Fay qu'vn chacun de nous foit aduerty Knfon endroit,de tourner en vfage l.a vtii : to v de ce iainâ: perfonnage. V .îîla.meffieursjl'heureufc recompenfe, l^ne Dieu vous doint pour voftreboniilcnce.
? t K.