Byllis: Presentation du site, fortifications, basiliques A, C Et D [1 ed.] 2869583222, 9782869583221

From 1999 to 2012, a Franco-Albanian team was brought together, under the aegis of the French Ministery of Foreign Affai

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French Pages 533 [545] Year 2019

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Table of contents :
Avant-propos
La géographie, l’histoire et les recherches sur le site
Le système de fortification de Byllis
La basilique A
La basilique C
La basilique D
Études céramologiques
Conclusion
Përmbledhje
Liste des abréviations et bibliographie
Table des illustrations
Table des matières
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Byllis: Presentation du site, fortifications, basiliques A, C Et D [1 ed.]
 2869583222, 9782869583221

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RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES FRANCO-ALBANAISES 3

Byllis Présentation du site, fortifications, basiliques A, C et D Skënder M UÇAJ , Jean-Pierre S ODINI , Pascale C HEVALIER et Marie-Patricia R AYNAUD

École

française

d’Athènes

BYLLIS Présentation du site, fortifications, basiliques A, C et D

RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES FRANCO-ALBANAISES

3 Mission franco-albanaise de Byllis (EFA-IAT)

BYLLIS Présentation du site, fortifications, basiliques A, C et D Skënder Muçaj, Jean-Pierre Sodini, Pascale Chevalier et Marie-Patricia Raynaud

Avec la collaboration de Catherine Vanderheyde, Manuela Wurch-Kozelj, Etleva Nallbani, Elio Hobdari, Tony Kozelj, Michel Bonifay, Ylli Cerova, Claudio Capelli et Jean-Claude Cheynet

ÉCOLE FRANÇAISE D’ATHÈNES 2019

ÉCOLE FRANÇAISE D’ATHÈNES Directeur des publications : Alexandre Farnoux puis Véronique Chankowski Responsable des publications : Bertrand Grandsagne

Byllis : présentation du site, fortifications, basiliques A, C et D / Skënder Muçaj, Jean-Pierre Sodini, Pascale Chevalier et Marie-Patricia Raynaud ; avec la collaboration de Catherine Vanderheyde, Manuela Wurch-Kozelj, Etleva Nallbani, Elio Hobdari, Tony Kozelj, Michel Bonifay, Ylli Cerova, Claudio Capelli et Jean-Claude Cheynet Athènes : École française d’Athènes, 2019. ISBN 978-2-86958-322-1 (Recherches archéologiques franco-albanaises; 3) Fouilles archéologiques--Albanie--Byllis (ville ancienne) Fortifications--Albanie--Byllis (ville ancienne) Basiliques--Albanie--Byllis (ville ancienne) Byllis (ville ancienne)--Antiquités romaines Bibliothèque de l’École française d’Athènes

Révision des textes : Jacky Kozlowski-Fournier, EFA Suivi éditorial : EFA Conception graphique de la couverture : EFA, Guillaume Fuchs Prépresse : Lina Khanmé (Rome, Italie) Impression et reliure : n.v. Peeters s.a. (Herent, Belgique) © École française d’Athènes, 2019 – 6, rue Didotou, GR – 106 80 Athènes, www.efa.gr ISBN 978-2-86958-322-1

Reproduction et traduction, même partielles, interdites sans l’autorisation de l’éditeur pour tous pays, y compris les États-Unis.

Avant-propos Nous présentons ici le volume initial de la publication franco-albanaise des fouilles de Byllis. Il constitue le premier élément d’une série portant sur les structures de l’Antiquité tardive, qui étudiera tour à tour la cathédrale, le quartier épiscopal, puis les monuments paléochrétiens et byzantins fouillés ou révisés ces dernières années (basilique E, thermes et four à chaux) ainsi que les carrières de calcaire de la ville, sa géomorphologie... Les synthèses et conclusions concernant l’urbanisme, l’architecture, la sculpture, la mosaïque, la céramique, le verre, le métal, la faune, les études paléo-environnementales, etc. trouveront naturellement leur place à l’issue de l’étude. Chaque volume sera accompagné d’un résumé en albanais. Les travaux de terrain ont d’abord été menés de 1978 à 1991 par N. Ceka et Sk. Muçaj, archéologues de l’Institut archéologique de Tirana, faisant partie aujourd’hui du Centre d’études albanaises. Le présent volume reprend partiellement la thèse de doctorat de Sk. Muçaj et concerne les murailles de la ville, et les trois basiliques dont les fouilles étaient les plus avancées en 1991. C’est à son instigation qu’une équipe franco-albanaise a été constituée en 1999, sous sa direction et celle de J.-P. Sodini, sous l’égide de l’Institut archéologique de Tirana et de l’École française d’Athènes, avec le soutien financier du ministère français des Affaires étrangères. À compter de 2003, la partie française a été dirigée par P. Chevalier. Byllis a connu une époque florissante du ive à la fin du vie s. Les murailles ont été réparées, des églises et des bâtiments publics construits. Au vie s., le site a bénéficié de l’attention de Justinien qui a fait bâtir une muraille très bien conservée protégeant un tiers du site antique. À cette même époque, les églises ont été réaménagées et souvent agrandies, révélant une architecture religieuse originale, une sculpture abondante, ainsi que des pavements de mosaïque, à la fois particuliers au site et témoins d’influences provenant de l’Épire et de la Macédoine. Les inscriptions transportées au Moyen Âge de Byllis à Ballsh ont certes fait connaître Viktôrinos, le responsable des travaux ordonnés par Justinien dans les Balkans, mais seule la fouille a permis de mettre au jour et d’étudier non seulement les murailles, mais une partie de la ville de l’Antiquité tardive. L’abandon total du site après les invasions de la fin du vie s. et l’absence de réoccupation pérenne ont permis la préservation sans grande mutilation des bâtiments et de leur contexte. Ainsi

VIII

a-t-on pu analyser les transformations de la ville tardo-antique, et étudier son fonctionnement et son abandon. Byllis, située sur une colline dominante à quelque distance du littoral adriatique, présente un faciès différent de celui des villes côtières comme Durrës, Butrint ou Saranda, qui ont retenu depuis longtemps l’attention des archéologues. La faible influence des importations à la fois orientales et occidentales constatée à Byllis est le témoin de la mise en place d’un réseau de production et d’échanges locaux qui concerne tant la sculpture architecturale et les mosaïques que la céramique. Le volume comprend, outre un chapitre géographique et historique sur le site suivi de la chronique des travaux antérieurs, la publication détaillée des remparts et des basiliques A, C et D. Cet ouvrage est le fruit d’une collaboration étroite qui a été enrichissante pour les deux parties. Les membres français de la mission ont eu la chance et le bonheur de travailler dans un monde encore trop méconnu, offrant de nombreuses particularités inédites. Les fouilles complémentaires, les inventaires et les relevés systématiques, un travail dense et continu d’analyse des structures en place ont abouti à cet ouvrage qui, même si l’auteur principal en demeure Sk. Muçaj, est un véritable travail de collaboration, avec une vocation de formation sur le terrain d’étudiants albanais et francophones. P. Chevalier et M.-P. Raynaud ont assumé la coordination scientifique, la préparation finale du manuscrit et de son illustration, avec la collaboration de M. Wurch-Kozelj, de J.-P. Sodini et d’E. Nallbani. Dans ce cadre, de nombreuses missions de travail ont été accueillies dans les locaux de l’EFA, à Athènes et à Thasos, au Collège de France (Centre d’histoire et civilisation de ByzanceUMR 8167, dir. J.-Cl. Cheynet puis V. Deroche) à Paris, ainsi qu’à l’Institut archéologique de Tirana. Ces trois institutions ont en outre permis à plusieurs des auteurs de consacrer du temps au projet Byllis.

REMERCIEMENTS Nous remercions pour leur aide décisive D. Feissel pour les inscriptions, ainsi que C. Morrisson qui a bien voulu contrôler, sur photographies, la description et l’identification des monnaies et nous a fourni une aide bibliographique précieuse. Ce travail n’aurait jamais vu le jour sans le précieux aval de deux instances : l’École française d’Athènes et l’Institut archéologique de Tirana. Nous en remercions chaleureusement les directeurs, R. Étienne, D. Mulliez, A. Farnoux et M. Korkuti, Sh. Gjongecaj, L. Përzhita, qui nous ont aidé à aplanir tous les obstacles. Nous remercions également tous les membres des deux équipes, les étudiants albanais, français, belges, canadiens, suisses, mais aussi N. Ceka ainsi que les collègues restaurateurs de l’Institut des Monuments de Tirana pour leur contribution dans différentes étapes de notre travail. Un grand merci au regretté Chr. Saunier pour ses relectures attentives. Une reconnaissance particulière va à tous ceux qui ont contribué d’une façon ou d’une autre au bon déroulement de nos travaux : la mairie de Ballsh, la Packard Fondation, les entreprises locales Albpetrol et Astir, le Parc archéologique de Byllis et son directeur B. Vrekaj, le laboratoire de recherches J.-Ch. Picard de l’université Paris XII, les UMR 6298-ARTeHIS et 8167-Orient et Méditerranée du CNRS, la MSH de Clermont-Ferrand, et en dernier lieu les restaurateurs de mosaïque de l’IMK et du musée de l’Arles antique ainsi que pour les anastyloses, l’IMK.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d

IX

SYSTÈME ET STRUCTURE DE NUMÉROTATION DES CATALOGUES Avant d’entrer dans le texte proprement dit, précisons enfin le système de numérotation des catalogues. Pour chacun des types d’objets (monnaies, mobilier métallique), le premier numéro correspond à sa numérotation continue dans l’ouvrage. La suite précise : B pour Byllis puis une barre de fraction (/) et, selon les cas, M.E. pour muraille Est ou Bas. (basilique) + une lettre (A, C ou D) + une virgule dans le cas des monnaies, évitant les confusions avec d’autres type de matériel archéologique + le chiffre de la monnaie. La numérotation adoptée pour les éléments sculptés se décline de la même manière : B pour Byllis, puis / Bas. + sa lettre suivie (sans virgule) du numéro de l’élément décrit. Hors des basiliques, les inscriptions sont également numérotées, après un premier numéro issu de la numérotation continue des épigraphes publiées ici : B pour Byllis + barre de fraction (/) + M.E. pour muraille Est + le chiffre désignant l’inscription. Dans les basiliques, en revanche, on retrouve B / Bas. + sa lettre puis Inscription et son chiffre, église par église. Les catalogues céramiques précisent, en plus, après le B (Byllis) initial, l’année de fouille abrégée (89 pour 1989 par exemple). Les numéros d’inventaire reflètent quant à eux quelques variations de pratiques et de nomenclature entre 1989 et les années 2000, en particulier pour la céramique. Dans le catalogue monétaire de la basilique A, un second numéro distingue entre les trouvailles isolées et le trésor de l’annexe 1, qui comportait aussi des poids.

ABRÉVIATIONS RÉCURRENTES ant. bord. c. cl. coll. cons. d’ap. del. diam. dim. env. ép. ext. haut. illis. inf.

antérieur(e/s) bordure couche cliché collection conservé(e/s) d’après delineavit diamètre dimension(s) environ épaisseur extérieur(e/s) hauteur illisible(s) inférieur(e/s)

avant-propos

int. larg. lat. long. LRA max. min. post. prof. rest. sup. tot. trad. univ. US

intérieur(e/s) largeur latéral(e/aux) longueur Late Roman Amphora maximum minimum postérieur(e/s) profondeur restitué(e/s) supérieur(e/s) total(e) traduction université unité stratigraphique

Chapitre 1

La géographie, l’histoire et les recherches sur le site

L’ENVIRONNEMENT GÉOGRAPHIQUE ET LE SYSTÈME DÉFENSIF La ville de Byllis se situe en Albanie méridionale, dans la région de Mallakastër, sur une colline d’une altitude de 524 m, appelée la Forteresse d’Hekal (Gradishta e Hekalit) (fig. 1), surplombant la rive droite de la Vjosë (l’antique Aôos) à 1,5 km au-dessus du petit village d’Hekal, 8 km au Sud de Ballsh et 31 km au Sud-Est de Fier (fig. 2). Le plateau sur lequel est bâtie la ville est de forme triangulaire et d’une superficie de 30 ha. Une crête calcaire, légèrement plus élevée, le divise en deux parties inégales, celle de l’Est occupant les deux tiers de l’espace. Au Nord (fig. 34), le plateau prolonge la chaîne des collines qui commence à Apollonia tandis qu’au Sud il s’incline fortement vers la colline de Klos et le torrent de Povël. À l’Est, il descend en pente douce vers le ruisseau de Marushë. À l’Ouest, il est interrompu par un à-pic qui se poursuit en terrasses. Une falaise calcaire

Fig. 1 — Vue de la colline de Byllis depuis l’Ouest (cl. J.-P. S).

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Fig. 2 — Carte géographique de la région de Mallakastër (del. M. C.).

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



flanque le site au Sud-Est puis s’incline fortement jusqu’au fleuve Vjosë. Le site tout entier est ceint de murailles et conserve de nombreux vestiges qui débordent sur les terrasses du versant Ouest. Au pied de la falaise Sud, à l’endroit où est gravée l’inscription de Marc Valerius Lollianus (cf. fig. 14) 1, la route mentionnée par le texte est encore visible. Des nécropoles successives se sont installées immédiatement à l’extérieur des murailles. Leur implantation varie selon les différentes périodes de l’histoire de la ville et se perpétue même après sa destruction quand le village d’Hekal 2 succède à la ville. La colline de Byllis constitue l’extrémité de la chaîne des collines de Mallakastër, qui était longée par l’importante voie naturelle reliant Apollonia 3 à la vallée de la Vjosë et se poursuivant au-delà vers l’Épire Nouvelle et la Macédoine 4. Cette voie permettait de relier le Sud de l’Épire à la zone desservie par la via Egnatia qui constituait l’artère économique majeure de l’Illyricum méridional 5. Byllis 6, depuis sa création au milieu du ive s. av. J.-C. et jusqu’à sa destruction vers la fin du vie s. apr. J.-C., fut la ville la plus vaste et la plus peuplée de la région de Mallakastër. Cette dernière constitue une entité géographique distincte (fig. 2), où vivait la tribu des Bylliones et où, au iiie s. av. J.-C, se trouvait le centre de leur koinon 7. De la hauteur de la colline d’Hekal, on peut apercevoir presque toute la région actuelle de Mallakastër (fig. 3). Au Nord-Est, l’horizon est fermé par la montagne de Shpirag (1197 m) qui abrite sur son versant Ouest la forteresse de Mbjeshovë, alors que vers l’Est la vue atteint les montagnes de Plashnik (972 m) et de Mali i Bardhë (954 m), dominées par la forteresse de Rabie, la plus orientale de cette région 8. La vallée offre une vue élargie jusqu’aux gorges de la Vjosë et aux montagnes d’Asnau et de Meropi 9 (actuellement monts de Shëndëlli ou de Saint-Élie [714 m] et de Lunxhëri [1851 m]). Vers le Sud, la vue est complètement dégagée jusqu’à la montagne de Griba (1946 m) au pied de laquelle se trouve la ville antique d’Amantia, le chef-lieu des Amantes 10. 1.

2.

3. 4. 5.

6. 7. 8. 9. 10.

CIL III, 600 ; ILS 2724 ; Patsch 1904, p. 107 ; Anamali, Ceka, Deniaux 2009, no 178, p. 139-142. Voir en dernier lieu R. Haensch, P. Weiß, « Ein schwieriger Weg. Die Straßenbauinschrift des M. Valerius Lollianus aus Byllis », Römische Mitteilungen 118 (2012), p. 435-454 ; LIA 188. Dans les sources, le nom d’Hekal apparaît pour la première fois dans les registres turcs de 1570, mais il est fort probable qu’il soit antérieur. Le même toponyme se retrouve aussi à Athènes (c’est aujourd’hui le nom d’un des faubourgs de la ville). Nous pensons qu’il s’agit d’un habitat fondé par les habitants d’Hekal qui ont immigré en Grèce au cours des xiiie et xive s. Les deux nécropoles – découvertes sur le site de Saint-Jean pour l’une et pour la seconde à proximité des Ullinjtë e Topave (« Oliviers des canons », lieu-dit tirant son nom de l’installation d’une batterie d’artillerie austro-hongroise de la Première Guerre mondiale) appartiennent à la période antérieure à l’émigration. V. Dimo, Ph. Lenhardt, Fr. Quantin (éds), Apollonia d’Illyrie I, Atlas archéologique et historique (2007). Ceka 1990, p. 99-100. Sur la via Egnatia, M. Fasolo, La via Egnazia I (Da Apollonia e Dyrrachium ad Herakleia Lynkestidos), Viae Publicae Romanae (2003) ; M. G. Amore, L. Bejko, Y. Cerova, I. Gjipali, « The Via Egnatia (Albania) Project and the Bridge at Topçias », JRA 14 (2001), p. 381-389. Sur les fortifications tardo-antiques de la Via Egnatia, voir anciennement Ceka 1974. Cabanes et al. 2008, p. 164-174. Ceka 1984a, p. 61-78 ; Gilkes 2013, p. 26, 132, 137 et 138. Ceka 1990, p. 137-138. Tite-Live, H. R. XXXII 5, 10. Anamali 1972 ; Cabanes et al. 2008, p. 196-201.

l a géographie, l’histoire et les recherches sur le site



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Fig. 3 — Carte historique de la région de Mallakastër (del. M. C. d’ap. E. H.).

À l’Ouest, la chaîne des collines s’abaisse, permettant ainsi de voir la totalité de la vallée de la Vjosë jusqu’aux monts Acrocéraunes 11, la mer Adriatique et l’île de Sazan. La région de Mallakastër est accidentée. Son altitude moyenne est de 300 m au-dessus du niveau de la mer, sa superficie de 600 km2. Ce territoire affecte la forme d’un trapèze depuis la limite occidentale constituée par la première chaîne des collines de Mallakastër. Il est borné au Nord par une crête séparant les bassins de l’Osum au Nord-Est et de la Gjanicë qui traversent d’Est en Ouest toute la région. Seuls deux cols, ceux de Sinjë et de Gllavë, donnent accès à la vallée de l’Osum. Les deux fleuves qui marquent les dernières limites de ce territoire sont à l’Est l’Izbor et au Sud la Vjosë. Les routes traditionnelles qui traversent le territoire de Mallakastër (fig. 3), permettant ainsi la liaison avec les régions voisines, longent les vallées de la Vjosë et de la Gjanicë, et empruntent la crête des collines pour éviter de franchir torrents et rivières. La plus importante est celle qui, partant d’Apollonia, suit les collines de la rive gauche de la Gjanicë, continue vers les collines de Radostinë, de Koshovicë, de Gjorgoz, de Gurzezë, de Kasnicë, de Drenovë et, au-delà d’Hekal (Byllis), atteint la rive droite de la Vjosë par le passage de Kalivaç 12. Une autre voie, moins fréquentée, suit la chaîne orientale en passant par la plaine de Roskovec vers Kurjan, Ngjeqar et par le col de Graçan, atteint Aranitas puis Gjerbës, Bardhaj, et Rabie. À

11. 12.

Ptolémée, Geographia III 13, 2. Cet itinéraire est signalé par la Tabula Peutingeriana (Miller 1916, col. 561-563, fig. 179).

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hauteur du col de Gllavë, la route se divise en deux branches : l’une emprunte la vallée haute de l’Osum et l’autre la vallée haute de la Vjosë. Sur ces collines, de nombreux habitats, fortifiés ou non, sont établis le long de ces itinéraires. Loin des terres cultivées, ils dépendaient exclusivement de ces axes (fig. 3). L’existence d’habitats non fortifiés durant la période antique indique la présence de routes sillonnant aussi les vallées de la Vjosë et de la Gjanicë. Certains habitats et des églises paléochrétiennes jalonnent la voie qui, du col de Sinjë, descend vers le bras Nord de la Gjanicë à partir duquel elle se sépare en deux directions : vers le col de Kash pour atteindre Byllis, ou en traversant le col de Rërëz, à proximité de Margëlliç, pour accéder à la plaine de Myzeqe. À l’atout des accès faciles s’ajoute le facteur d’un terrain très propice à l’agriculture, à l’élevage et à l’arboriculture. En outre, un climat favorable a permis l’essor d’une série de centres urbains durant l’époque hellénistique comme Byllis, le chef-lieu des Bylliones, Nikaïa 13, Gurzezë et les bourgs de Margëlliç, Rabie, Kalivaç et Cfir 14. Ce réseau urbain est complété par l’existence dans toute cette région de centres ruraux 15. L’emplacement des habitats reste le même durant l’Antiquité tardive, même si le contexte historique évolue. À l’exception de Klos 16 et de Kalivaç 17, tous les autres centres fortifiés de la période hellénistique voient leur enceinte remise en état pendant l’Antiquité tardive 18, mais leur fonction est désormais différente. Durant la période hellénistique, sur le territoire des Bylliones, les villes sont deux fois plus nombreuses que les petits centres fortifiés comme Rabie et Kalivaç. L’Antiquité tardive voit ce rapport s’inverser. Byllis demeure un centre urbain, tandis que les villes de Gurzezë et de Margëlliç deviennent des centres fortifiés à caractère plus militaire qu’économique. Leur superficie se réduit et devient comparable à celle de Rabie et de Cfir qui, de leur côté, s’agrandissent.

La forteresse de Rabie (GRADISHTA E RABIJES) Cette forteresse 19 est située sur une colline rocheuse culminant à 880 m, à l’Ouest de l’actuel village de Rabie (fig. 3), dans la région de Tepelenë. Depuis le site, la vue qui s’ouvre vers le Sud et vers l’Ouest embrasse presque toute la région de Mallakastër. De là, on peut contrôler le nœud important des communications qui suivent les versants en direction de la haute vallée de la Vjosë et qui par le col de Gllavë rejoignent les autres voies allant vers l’Osum. La fortification de Rabie occupe le versant Ouest d’une colline qui, en raison de sa forte pente, est peu adaptée à

13. 14. 15. 16. 17. 18. 19.

Pour l’identification de Nikaïa avec les ruines de Klos, cf. L. Robert, « Notes d’épigraphie hellénistique », BCH 52 (1928), p. 433-434 ; et Papajani 1974, p. 515-517. Sur Klos, voir aussi Cabanes et al. 2008, p. 175-178. Pour les centres bylliotes de la période hellénistique, voir Praschniker 1922-1924, col. 57-106 ; Ceka 1984a, p. 79 ; Ceka 1987b ; Ceka 1990 ; Papajani 1974 ; Papajani 1976. Sur le territoire de Byllis, voir Shpuza 2016, p. 97-98. Gilkes 2013, p. 130-132. Ceka, Muçaj 2009, p. 72. Muçaj 1979-1980, p. 279-295. Ibid., p. 292-293 ; Ceka 1990, p. 137-138 ; Cabanes et al. 2008, p. 190-191, fig. 1 p. 190 ; Ceka, Muçaj 2009, p. 72-73.

l a géographie, l’histoire et les recherches sur le site



l’implantation de l’habitat (fig. 4). Seule sa partie basse constitue une terrasse naturelle, où ont été trouvées d’intéressantes céramiques datées du vie av. au ive s. apr. J.-C. Trois versants de la colline sont assez abrupts, mais permettent néanmoins l’accès à la forteresse. La fortification présente une enceinte puissante d’une superficie de 0,5 ha. Elle offre deux techniques différentes de construction : l’une avec des blocs trapézoïdaux et polygonaux appartenant à la période hellénistique 20, l’autre en maçonnerie de pierres liées au mortier est datable de l’Antiquité tardive 21. À cette époque, on agrandit la forteresse sur le versant méridional de la colline en prolongeant vers le bas de la pente les murs de la citadelle primitive ; on conserve néanmoins une forme générale similaire. Le mur de l’Antiquité tardive mesure 1,98 m d’épaisseur et, comme dans les autres fortifications, il est composé de deux parements et d’un remplissage. Les parements tardifs sont composés de gros blocs de la fortification hellénistique combinés avec des pierres plus petites. Les assises sont parallèles comme dans la forteresse de Cfir. Un autre élément commun est le mortier maigre et peu abondant du blocage interne.

Fig. 4 — Plan schématique du site de Rabie (del. M. W.-K. d’ap. S. M.). 0

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© EfA

La forteresse de Cfir (KALAJA E CFIRIT) Cette région est limitée au Nord-Est par la montagne de Shpirag et le col de Sinjë qui la relient à la vallée de l’Osum (fig. 3). La voie provenant de ce col est protégée par la forteresse de Cfir 22 qui s’élève sur le sommet allongé d’une colline orientée Nord-Sud, séparant la vallée de la Gjanicë des cours d’eau qui se déversent vers la plaine de Roskovec. À proximité se trouve également le col de Ngraçen, où passe la route qui se dirige vers l’intérieur de la région. La crête d’une chaîne de collines mène vers la forteresse tardo-antique de Mbjeshovë (fig. 5) 23 et vers la ville de Dimal 24. 20. 21. 22. 23. 24.

Ceka 1990, p. 138. Pour des données complètes cf. Muçaj 1979-1980, p. 292. Praschniker 1922-1924, col. 105-106 ; Muçaj 1979-1980, p. 291-292 ; Ceka, Muçaj 2009, p. 77. La forteresse occupe un plateau elliptique d’une superficie de 0,5 ha. Cf. Praschniker 1922-1924, p. 106, fig. 42 ; Mane 1976, p. 404 ; Spahiu 1977-1978, p. 348 ; Baçe 1976, p. 53, fig. 11. Dautaj 1974.

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À Cfir, la forte inclinaison des versants Ouest, Nord et Est de la colline constitue une défense naturelle. Au Sud, le plateau se prolonge au-delà de la forteresse avant d’être interrompu par une falaise. Le mur de l’enceinte est visible sur toute sa longueur, il englobe le bas de la colline suivant un plan elliptique (fig. 6). La technique de construction des murs est identique à celle de la forteresse de Rabie (pierres et mortier). De grands blocs rectangulaires provenant des constructions hellénistiques ont été réutilisés dans l’appareil. En parement, les moellons forment des assises parallèles, à la différence des fortifications de Rabie, de Margëlliç et de Gurzezë. Le mur, épais de 1,80 m, est également formé de deux parements, avec bourrage médian. Le mortier, maigre, à sable granuleux, est moins abondant que dans les autres exemples étudiés ici. Dans l’enceinte ont été trouvés des fragments de pithoi avec un décor incisé ondulé datant de l’Antiquité tardive, ainsi qu’un fragment de pot à cuire avaro-slave. 5

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10 20

50

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Fig. 5 — Plan topographique de la forteresse de Mbjeshovë (del. M. W.-K. d’ap. S. M. et C. P.). Fig. 6 — Plan schématique du site de Cfir (del. M. W.-K. d’ap. S. M.).

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La forteresse de Margëlliç (KALAJA E MARGËLLIÇIT) Le col de Rërëz est protégé par la forteresse de Margëlliç 25 (fig. 3) qui, durant l’Antiquité tardive, a été fortifiée à nouveau dans sa partie haute (fig. 7) par un mur composé de blocs remployés, de pierres de taille moyenne, de fragments de tuiles et de briques, l’ensemble lié au mortier 26. Cette fortification est implantée sur la muraille hellénistique, à l’exception du mur A-B et de la tour qui sont bâtis ex novo à cette période (fig. 8). La technique de construction est identique à celle de la fortification de Byllis (phase Byllis III 27) et à celle de Gurzezë 28. En 1977, des fouilles de sauvetage ont eu lieu à l’intérieur de l’enceinte de l’Antiquité tardive. À proximité immédiate du rempart, on a dégagé un édifice à trois vaisseaux au Sud-Est, et une maison à pièce unique au Sud.

Fig. 7 — Vue de la colline de Margëlliç (cl. J.-P. S.).

Les importantes données stratigraphiques obtenues ont facilité la datation de la fortification tardive. La couche archéologique appartenant à l’Antiquité tardive atteignait une épaisseur de 20 à 80 cm et recouvrait les niveaux des ier s. av.-ier s. apr. J.-C. On a découvert au sommet de cette couche quatre monnaies de bronze de Constance Ier (337-350) qui servent de terminus post quem. Le premier édifice dégagé à Margëlliç (fig. 9) serait une église (?), construite en pierres liées à la terre, présentant une « nef » à trois vaisseaux, flanquée d’annexes au Nord et au Sud et précédée d’un narthex (non fouillé). Son abside occidentée n’aurait pas laissé de trace. Il s’agit d’un bâtiment simple dépourvu d’éléments décorés. La tripartition de la « nef » est marquée par deux rangs de supports en bois encastrés dans des bases carrées en pierre, trouvées in situ 29. Les sols sont en terre

25. 26. 27. 28. 29.

Praschniker, Schober 1919, p. 76-78 ; Muçaj 1979-1980, p. 286-288 ; Cabanes et al. 2008, p. 179-181 ; Ceka, Muçaj 2009, p. 73-75. La fortification tardive a été repérée par Praschniker, Schober 1919, p. 76-77, mais sans qu’ils en précisent l’étendue, la technique de construction et la datation. Voir infra, chapitre 1, p. 59-62. Muçaj 1990, p. 185. N. Ceka, « Gërmimet/Rapport », Iliria 17/2 (1987), p. 247 : les mêmes supports en bois se retrouvent dans les maisons d’époque hellénistique à Byllis. Ce dispositif se perpétue jusqu’à l’époque contemporaine dans la région de Muzakia.

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Fig. 8 — Plan topographique de la forteresse de Margëlliç (del. M. W.-K. d’ap. S. M. et C. P.). Fig. 9 — Plan schématique du bâtiment à trois nefs de Margëlliç (del. M. W.-K. d’ap. S. M.).

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battue (argile grise rapportée). Des traces de réparations liées au rétrécissement des entrées latérales vers les annexes ont été remarquées. Le mur Est a été renforcé par un contrefort constitué de pierres liées au mortier suivant une technique proche de celle du mur d’enceinte. Des céramiques fragmentaires de l’Antiquité tardive font également partie du matériel recueilli. La grande majorité des trouvailles vient du « narthex » et de l’annexe Sud. Aucun objet archéologique n’a été découvert dans la « nef », ce qui pourrait s’expliquer par un changement de fonction des bâtiments lors de la deuxième phase au cours de laquelle les portes Nord et Sud ont été rétrécies. L’essentiel des découvertes est constitué de pithoi bituminés. Le reste se compose d’amphores tardives orientales de type Carthage LRA1B (col cylindrique, légèrement conique, bord à lèvres fines épaissies à leur extrémité, épaule décorée de cannelures horizontales) datant du vie s. 30, de cruches globulaires à col étroit, lèvres éversées et anses étirées vers le haut. Les incisions de lignes ondulées et de zigzags 30.

Riley 1981 : LRA 1 ; Bonifay, Pieri 1995, p. 108-109 : LRA 1 similis.

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

constituent l’essentiel du décor. La pâte est sombre pour les cruches, beige pour les amphores, avec beaucoup de mica. Parmi les objets métalliques, signalons des serpes 31 (fig. 10-1 a, b et c), une serpette 32 (fig. 10-2), un ciseau 33 (fig. 10-3), une spatule 34 (fig. 10-4), une chaîne, un racloir (fig. 10-5), un fragment de plateau de balance 35 (fig. 10-6), une clef 36 (fig. 10-7), un outil destiné au textile ou à la peausserie 37 (fig. 10-8), une anse en fer (fig. 10-9), des couteaux, un crochet (fig. 10-10), des clous (fig. 10-11 a et b) et une agrafe (fig. 10-12).

1.a

1.b

1.c 2

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11.b 8

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12 7 9

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Fig. 10 — Planche d’objets métalliques trouvés à Margëlliç (Archives IAT). 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37.

Spahiu 1971, p. 237, pl. II, 4 ; Përzhita 1990, p. 216, pl. XIII, 5, 7-8 ; Alarcao, Étienne 1979, no 112 et pl. IX ; Komata 1991, p. 93. Cf. Winkelmann, Gomolka-Fuchs 1988, p. 163, no 108 (exemple de Iatrus Krivina du vie s.). Komata 1991, p. 93, pl. L ; Cerova 1987, p. 172, pl. VIII, 8-10. Anamali 1979-1980, p. 230, pl. IX, 5. Davidson 1966-1973, no 1672, pl. 99. Anamali 1979-1980, pl. IX, 6. Cet outil composé d’une boucle et d’une lame servait à couper un fil ou un lacet.

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

Une maison à pièce unique s’appuie contre le mur d’enceinte du côté Est ; elle est construite en pierres liées à la terre. Le sol de la pièce est en terre battue. Au milieu, ont été mises au jour les traces d’un foyer avec les restes d’une crémaillère en fer pourvue d’anneaux en forme de huit. Ont également été découverts trois pithoi partiellement enterrés à paroi interne bituminée, une meule, une fibule en bronze de type cruciforme (Keller IVA et Pröttel III-IVB) 38 (fig. 10-13), ainsi qu’un follis en bronze de Justinien.

Justinien, Follis

a

b

Constantinople Marg. / Sec. C 1, (inv. BAF. 56) (fig. 11) Série non datée (527-538), buste de profil D. buste de Justinien diadémé à d., portant le bouclier et le paludamentum ; ]TINI/ANUSPPAVG R. M, au-dessus, à g. étoile (*) et croix à d. ; off. B. À l’ex., CON Æ 180° 13,84 g 30,8 mm DOC 28b.4, MIBE 842 (527-532)

1.

Fig. 11a-b — Follis de Justinien découvert à Margëlliç (cl. E. H.).

Le matériel archéologique livré par ces fouilles est identique à celui d’autres centres des ve-vie s. Les trouvailles les plus abondantes proviennent de la couche du vie s. 39. Après l’interruption du ier au iiie s. et la mince couche du ive, cette abondance de matériel archéologique s’explique par une occupation plus importante due à la fortification du site. La trouvaille, dans cette couche, d’une monnaie de Justinien et la technique de construction (pierres disposées irrégulièrement et liées par un mortier de bonne qualité) nous invitent à rapprocher la fortification de Margëlliç des constructions et reconstructions que Justinien entreprit dans la province de Nouvelle Épire.

La forteresse de Gurzezë En face de Margëlliç, de l’autre côté de la vallée de la Gjanicë, un autre centre fortifié de l’Antiquité tardive occupe le sommet de la colline de Gurzezë 40 (fig. 3 et 13) où, durant la 38.

39.

40.

Keller 1971, p. 39-40 ; et M. Pröttel, « Zur Chronologie der Zweibelknopfibeln », JRGZ 33/1 (1988), p. 346372, p. 359 : fibule cruciforme composée d’une tête, d’un bras transversal orné de deux boutons aux extrémités et d’un arc. Le pied droit qui prolonge l’arc, est décoré d’ocelles réalisés au poinçon. La fibule trouvée a perdu ses têtes « en bulbe d’oignon ». La datation admise est le milieu du ive s. Cf., en dernier lieu, Tejral 1999, p. 233, pl. 28,1. Ceka 1972, pl. X, 1 ; Ceka 1974, fig. 20 ; Gj. Karaiskaj, « Rapport mbi gërmimet e viteve 1973-1974 në Gradishtën e Symizës », Buletin arkeologjik 5 (1975), p. 96-97 ; id., « Gradishta e Symizës në priudhën e vonë antike dhe në mesjetë », Iliria 9-10 (1979-1980), p. 171-210 ; Baçe 1974, p. 25, pl. V, 14-15 ; Përzhita 1990, p. 216-217, pl. XII-XIV ; Anamali 1979-1980, p. 222-232, pl. IX-X ; Cerova 1987, p. 155-185. Le toponyme de la colline de Gurzezë qui a été adopté dans la bibliographie est dû à C. Praschniker (Praschniker 1922-1924, col. 64-67). Il découle du terme de Gurët e Zes (« Pierres Noires »), probablement à cause de la roche locale bitumineuse. .

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Fig. 12 — Plan schématique du site de Gurzezë (del. M. W.-K. d’ap. S. M. et C. P.).

période hellénistique, fleurissait la quatrième ville des Bylliones, dont le nom antique n’a pu être identifié 41. La fortification tardive couvre une superficie de 0,70 ha 42, alors que la ville antique était de 23 ha 43 (fig. 12). Le tracé allongé de la muraille se superpose au Nord au mur d’enceinte de la ville antique 44 et marque une excroissance à l’angle Nord-Ouest. Le retour à angle droit du mur Est s’observe également dans la forteresse de Valsh et dans la tour de Gracen près d’Elbasan 45. Au

Fig. 13 — Vue d’ensemble de Gurzezë (cl. J.-P. S.). 41. 42. 43. 44. 45.

Ceka 1990, p. 130-136 ; Ceka, Muçaj 2009, p. 75-76. Praschniker 1922-1924, col. 65-67 ; Muçaj 1979-1980, p. 288-290 ; Cabanes et al. 2008, p. 186-187. Ceka 1990, p. 131. Praschniker 1922-1924, col. 66, fig. 25 ; Ceka 1990, p. 131-132. Ceka 1974, fig. 7, 10.

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milieu du côté Est, on distingue une tour carrée de 5 m de côté, ainsi que les traces d’une entrée. Le rempart méridional se superpose au mur Sud de l’acropole antique puis épouse le terrain dans son tronçon oriental 46. De ce côté se trouve également une tour rectangulaire de 8,60 × 5 m 47. L’excroissance occidentale est de forme arrondie. La défense semble y être assurée par une tour rectangulaire, dont les traces ne sont pas évidentes. Dans les parties les mieux conservées, du côté Sud, on distingue clairement la technique de construction du mur. Des pierres, de taille moyenne et petite, et de grandes quantités de briques antiques remployées (38 × 39 × 8 cm) forment les parements du mur. Comme à Margëlliç et dans la phase Byllis III, les pierres des parements sont disposées de façon irrégulière. Elles sont liées par un mortier riche en chaux chargé de sable fin qui en renforce la cohésion. Bien que les murs soient conservés sur une faible hauteur, nous avons observé en deux ou trois endroits que le blocage correspondait aux assises des parements. Au centre de la fortification, la construction la plus vaste est une église, encore non fouillée, mais que le matériel de construction (tuiles et briques) trouvé en surface situerait dans l’Antiquité tardive. De nombreux villages non fortifiés de cette période sont répartis dans les vallées de la Gjanicë et de la Vjosë 48. Parmi eux, on distingue les ruines d’églises paléochrétiennes à Kutë 49, à Panohar 50, à Ballsh 51, à Dukas 52, à Drenovë 53, à Kraps 54, à Kafaraj 55, à Gorishovë 56, à Kreshpan 57, à Vjosë 58, 46. 47. 48. 49.

50. 51.

52. 53. 54. 55.

56. 57.

58.

Communication restée inédite de L. Koço, « Gurzeza dhe burimet historike. Vështrim i përgjithshëm arkeologjik », à l’International Congress of Archaeological Studies, Tirana, 2013. Interprétée à tort par Praschniker comme une tour ronde : Praschniker 1922-1924, col. 66 et plan 25. Ibid., col. 93-98 ; Muçaj 1979-1980, p. 290 ; Muçaj 1977-1978 ; Muçaj 1983. Dans la plaine de Kutë, qui se situe au Sud de Byllis sur la rive droite de la Vjosë, se trouvent les ruines de plusieurs monuments. On notera parmi eux des thermes ainsi qu’un monument de grandes dimensions, dont les vestiges suggèrent une basilique avec une abside semi-circulaire, un transept, trois nefs, un narthex, un exonarthex, un atrium et des annexes au Nord et au Sud. Elle mesure 130 m de long et environ 40 m de large. Le matériel de surface (tuiles) peut être daté autour des ve-vie s. À proximité de ce monument se trouvent également les ruines de deux autres bâtiments. Muçaj 1977-1978, p. 334. Sk. Anamali, « Rezultatet e gërmimeve arkeologjike të vitit 1975 në Ballsh », Iliria 6 (1976), p. 359-361 ; Anamali 1977-1978 ; Anamali 1981 ; id., « Gërmime arkeologjike të vitit 1983 - Ballsh », Iliria 13/2 (1983), p. 257-258. Muçaj 1977-1978, p. 334. Dans le village de Drenovë-Fushë, sur la rive gauche de Gjanicë, on a identifié les ruines d’une église de l’Antiquité tardive et trouvé des fragments de plaques de chancel en calcaire. Praschniker 1922-1924, col. 96 ; Muçaj 1977-1978, p. 334 ; Muçaj 1979-1980, p. 290. Dans le village de Kafaraj, à proximité du cimetière, les traces d’une église de l’Antiquité tardive utilisée jusqu’au Moyen Âge ont été repérées. Sur ce site, on a trouvé des plaques de chancel en calcaire et des tuiles des ve-vie s. Des fragments de fresques, de la céramique et un trésor de 131 monnaies d’argent vénitiennes (1204-1339) indiquent une réoccupation de l’église aux xiiie-xive s. Muçaj 1979-1980, p. 290. Dans le village de Kreshpan, lors de travaux dans la cour de l’école, on a découvert des portions de murs de pierres, des tuiles, des briques avec du mortier, ainsi que deux fragments de plaques de chancel en calcaire. Ce matériel pourrait être daté des ve-vie s., et l’orientation des murs conservés permet d’identifier une église paléochrétienne. Muçaj 1979-1980, p. 290. Le riche matériel archéologique se compose de colonnes de granit, de fragments de plaques de chancel et de chapiteaux, ainsi que de nombreux fragments de tuiles et de briques. Tous ces éléments de l’Antiquité tardive proviennent fort probablement d’une église paléochrétienne.

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à Qesarat 59 et à Drizar 60. C’est dans ce contexte environnemental que la ville de Byllis a connu durant l’Antiquité tardive ses heures de gloire et son déclin. L’emplacement au Nord et à l’Est de fortifications aux points stratégiques, sur les hauteurs et le long des voies, correspond à un système cohérent destiné à défendre Byllis qui, au Sud et à l’Ouest, était protégée par la Vjosë. Ce réseau, qui existait déjà à l’époque hellénistique, est remis en état aux ve et vie s., sur les mêmes sites, mais avec une occupation réduite. Byllis conserve alors son rôle de centre administratif de la région, en restant une importante ville de l’Épire Nouvelle. Les forteresses secondaires comme Gurzezë, Margelliç, Cfir et Rabie, dépendaient de Byllis et surveillaient les accès vers le chef-lieu de la région. Pareil phénomène est très répandu. On remarque en Albanie la présence de petites forteresses autour des villes importantes, telles Dyrrachium, Amantia, Berat, Scampis, Polina, Bellovoda et Scodra.

UN APERÇU HISTORIQUE Byllis occupe une place à part au sein des villes de l’Illyrie méridionale 61. Sa superficie et ses nombreux vestiges témoignent de son poids économique et culturel. Les sculptures, les inscriptions et les monnaies découvertes attestent l’importance de Byllis dans la région durant l’Antiquité 62. Bien qu’aucun auteur antique ne mentionne précisément la ville jusqu’à la guerre entre César et Pompée 63, des témoignages indirects y font allusion. L’abolition de l’autonomie de la ville et son passage au statut de colonie sont mentionnés par Pline 64.

59.

60. 61.

62.

63. 64.

Dans le village de Qesarat qui se trouve dans la région de Tepelenë, sur la rive droite de la Vjosë, ont été découvertes de nombreuses ruines, inscriptions et sculptures appartenant à l’époque romaine (H. Ceka, Sk. Anamali, « Disa skulptura të pabotuara të muzeut arkeologjik të Tiranës », Bulletin i Universitetit Shtetëror të Tiranës, Seria e Shencat Shoperore 3 [1959], p. 71-116). En 1985, durant les travaux agricoles dans le centre du village et sur la gauche de la route nationale Fier-Tepelenë, les ruines d’une église paléochrétienne à trois nefs et narthex ont été partiellement repérées, ainsi que deux meneaux et une corniche en calcaire blanc dur. Le matériel archéologique provenant de l’église est typique du vie s. À 100 m au Nord-Est de l’église ont été mis au jour des sols en mosaïque polychrome avec des motifs géométriques présentant des traces de rubéfaction. La datation des mosaïques semble se situer entre le ive et le vie s. En octobre 2000, lors de travaux agricoles dans le village de Drizar, au lieu-dit Pojan, on a repéré un bâtiment à abside, pavé de deux mosaïques superposées (séparées de 25 cm). P. Siewert, Politische Organisationsformen im vorrömischen Südillyrien (2003) ; M. H. Hansen, Th. Nielsen, An Inventory of Archaic and Classical Poleis (2004), ainsi que D. Berranger-Auserve (éd.), Épire, Illyrie, Macédoine… Mélanges offerts au Professeur Pierre Cabanes (2007). Pour de plus amples données sur Byllis pendant la période hellénistique cf. N. Ceka, Fieri Almanak 1976 (1976), p. 26-31 ; Ceka 1984a, p. 61-78 ; Ceka 1987a ; Ceka 1990, p. 101-129 ; Ceka, Muçaj 2009, p. 5-17. Sur les inscriptions d’époque hellénistique, voir Cabanes, Drini, Hatzopoulos 2016, n° 302-318 p. 217-223. Cicéron, M. Antoni 11 ; César, B. Civ. III 40, 4. Pline, N. H. IV 10 ; Shpuza 2016, p. 59.

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

Étienne de Byzance cite Byllis comme une fondation de Néoptolème, fils d’Achille 65. Cette légende tardive est contredite par les recherches archéologiques qui montrent que la ville n’est fondée que vers le milieu du ive s. av. J.-C., lors de l’urbanisation du territoire des Bylliones 66. Après une simple mention chez Ptolémée au iie s. apr. J.-C. 67, c’est seulement au ve s. que les sources indiquent clairement le nom de Byllis, en tant que centre ecclésiastique. L’évêque d’Apollonia Félix, qui occupait aussi le siège épiscopal de Byllis, a participé au concile d’Éphèse en 431 (Felix episcopus civitatis Apolloniae et Bellidis = ȂƳƣƶƮƲƳƲƵ ƳƿƯƩƼư ƆƳƲƯƯƲưƭƥƵ Ʈƥɜ ƇƩƯƯƭƥƨƲƵ) 68. En 451, l’évêque Eusèbe assistait au concile de Chalcédoine comme représentant du seul siège d’Apollonia 69, ce qui suggère qu’à ce moment Byllis possédait un autre évêque. D’ailleurs en 458, les deux villes étaient représentées chacune par leur propre évêque : Apollonia toujours par Eusèbe (Eusebius episcopus Apolloniadis) et Byllis par Philocharis (Philocharis episcopus Vallidi) 70. Au vie s. 71, Byllis (Bullis selon Hiéroklès) fait partie des huit villes principales de la Nouvelle Épire 72. D’autres témoignages d’auteurs antiques se réfèrent aux habitants de la ville. Dans sa première mention des Bylliotes (ou Bylliones) au ive s. av. J.-C., le Pseudo-Scylax 73 évoque deux tribus homonymes : l’une au Nord de la rivière Nestos et l’autre au Sud 74. Les autres sources écrites sont liées à des événements politiques et militaires qui mettent en évidence l’organisation de ce territoire 65. 66. 67. 68. 69. 70.

71. 72. 73. 74.

Étienne de Byzance, Ethnika, § 182, 144. Le matériel archéologique du xiie s. av. J.-C., trouvé à l’extérieur de l’enceinte sur les terrasses Ouest, ne suffit pas à étayer la légende en l’absence à ce jour de restes de fortifications de cette époque. Ptolémée, Geographia III 12, 3, la mentionne comme une ville importante, mais la situe par erreur dans la région des Élimiottes. A. Alb., 14. Ibid., 21. Ibid., 23. L’évêché de Byllis comme ceux de la région, a été soumis aux rivalités ecclésiastiques qui opposèrent Rome et Constantinople au ve et au vie siècles, cf. Haxhimihali 2004 ; M. Haxhimihali, « Situata kishtare dhe rivaliteti midis Romës e Bizantit në provincën e Epirit të ri gjatë Antikitetit të vonë », Candavia 2 (2005), p. 93-105. Sur les évêchés de Praevalis, voir également G. Hoxha, « Procesi i Kristianizimit në Provincën e Prevalit deri në Fillimet e Shekullit VII », dans N. Ukgjini, W. Kamsi, R. Gurakuqi (éds), Krishterimi ndër Shqiptarë - Simpozium ndërkombëtar, Tiranë, 1999 (2000) : http://www.kulturserver-hamburg.de/home/shkodra/ simpoziumi/simpoziumi_sek2_art01.html. Sur l’ensemble de l’Albanie actuelle, cf. M. W. E. Peters, « Die Ekklesiale Geographie Albaniens bis zum Ende des 6. Jahrhunderts –Beiträge der Christlichen Archäologie auf dem Territorium der Heutigen Republik Albanien », ibid., http://www.kulturserver-hamburg.de/home/shkodra/ simpoziumi/simpoziumi_sek2_art03.html. Chevalier, Beaudry 2018. Hiéroklès, Synekdèmos XIII 653, 4. Pseudo-Scylax, ƕƩƴƣƳƯƲƸǍ, § 22, p. 28. Étienne de Byzance s’y réfère également, en nommant aussi leur ville ƇƸƯƣưƥ : Étienne de Byzance, Ethnika (2006), § 182, 144 ; p. 370, s.v. « ƇƸƯƣưƲƭ ». Pseudo-Scylax, ƕƩƴƣƳƯƲƸǍ, § 26-27, p. 32-34. Les Oriques habitent la région d’Amantia (Amantes) qui s’étend jusqu’aux Illyriens bylliotes. La brève mention sur la relation des Oriques-Amantes avec les Bylliotes semble avoir plus un caractère politique que géographique. Le contexte permet de comprendre que les Oriques habitent la région d’Amantia, mais que les Amantes font partie d’une plus vaste entité, celle des Bylliotes. La même tradition nous est rapportée par Strabon (Strabon, Géographie, VII 5, 8) qui situe Bylliaca et Oricon « au-delà (au Sud), d’Apollonia » (ƑƩƷɖƨˣǺƳƲƯƯƲưƣƥ ƇƸƯƯƣƥƫƮƥɜȴƴƭƮƲư). Chez Pline, N. H. III 23 (26), au ier s. apr. J.-C., on constate la même relation politique entre les Bylliotes et les Amantes, considérés comme des barbares (Apollonia cuius in finibus celebre Nymphaeum accolunt barbari Amantes et Buliones).

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en cités. Ainsi, Tite-Live cite « les Bylliotes, les Apolloniates et les Dyrrachiens », Cicéron parle de Dyrrachion, d’Apollonia, d’Ambrakia, des Parthinoi, des Bylliones. César cite : « Bullidenses, Amantini et reliquae finitimae civitates » (les Bylliotes, les Amantes et les habitants d’autres villes très proches) 75. Le nom des Bylliones se retrouve sur le monnayage de la cité. La légende monétaire ƇƸƯƯƣƲưƼư embrasse dans ce cas une notion large qui se réfère non seulement à Byllis, mais également aux autres villes 76 ainsi qu’aux territoires ruraux de cette région. Les données des fouilles récentes à Byllis et sur d’autres sites avoisinants viennent compléter la rareté des sources. L’existence d’un koinon politique des Bylliones ƇƸƯƯƣƲưƼưƷɞưƮƲƭưƿư) est clairement attestée par l’inscription de Dodone 77 en l’honneur de Krison, fils de Molosse Sabyrtios, gravée entre 230 et 219. Il existe également d’autres témoignages indirects sur ce koinon. La structure de cette organisation politique 78 et les modifications qu’elle a subies, notamment vers le iie s. av. J.-C., sont attestées par une dense activité monétaire 79 et de nombreuses données épigraphiques 80. Les fouilles et les prospections archéologiques des dernières années 81 ont révélé que le territoire des Bylliones est un des plus riches d’Albanie pour les inscriptions 82 et les monnaies 83 de la période allant du iiie s. av. au vie s. apr. J.-C. Un premier groupe d’inscriptions grecques appartient à la période du milieu du iiie au iie s. av. J.-C., qui correspond à l’essor économique de Byllis et du koinon des Bylliones. Les monnaies du koinon de la ville 84, ainsi que des timbres apposés sur des tuiles témoignant de l’activité des ateliers de céramique appartenant au koinon 85 datent de la même époque. Le deuxième groupe d’inscriptions concerne surtout la colonie de Byllis. Deux inscriptions latines découvertes récemment nomment la colonie Colonia Julia Augusta Byllidensis. Les inscriptions de ce groupe sont à dater de l’époque des Julio-Claudiens, des Flaviens et des Antonins 86, tandis que l’inscription de la falaise Sud-Ouest 75. 76. 77.

78. 79. 80. 81.

82. 83. 84. 85. 86.

Tite-Live, H. R. XLIV 30, 10 ; Cicéron, Pison 40 ; César, B. Civ. III 12, 4. Ceka 1987a. S. Dakaris, « ǺưƥƶƮƥƹɚ ƷƲ˅ ȟƩƴƲ˅ ƷʨƵ ƉƼƨ˒ưƫƵ », PraktAE 1965, p. 58-59, inscription no 1a p. 59 ; et Dakaris 1971, p. 23 ; et communication restée inédite d’O. Ceka, « Statusi i koinonit të Bylinëve gjatë shek. IV-I p. Kr. në bazë të dhënave epigrafike », à l’International Congress of Albanian Archaeological Studies, Tirana, 2013. Sur l’histoire du koinon des Bylliones, cf. Ceka 1984a ; Ceka 1990. N. Ceka, Numizmatikë ilire (1966). Ceka 1987a, p. 99-121. N. Ceka, « Face à Apollonia : la ville de Byllis », dans Les Dossiers d’archéologie 111 (1986), p. 64-67 ; S. Shpuza, « The Roman Colonies of South Illyria: a Review », dans Bejko, Hodges 2006, p. 164-168 ; id., « Zhvillimi i qytetit në Ilirinë e Jugut gjatë periudhës romake », Candavia 3 (2011), p. 137-162, en particulier sur Byllis p. 135-136, 140-143, 148-149 et fig. 4 (plan) ; É. Deniaux, « Travaux publics et évergétisme en Albanie à l’époque romaine », dans C. Berrendonner, M. Cébeillac-Gervasoni, L. Lamoine (dir.), Le quotidien municipal dans l’Orient romain (2008), p. 431-441 ; O. Ceka, « Il koinon e la città : l’esempio di Byllis », dans G. de Marinis et al. (dir.), I processi formativi ed evolutivi della città in area adriatica (2012), p. 59-64 ; Cella, D’Ercole 2012. Sur les inscriptions d’époque romaine, voir Cabanes, Drini, Hatzopoulos 2016, n° 319-333 p. 223-227. Guest 2007, p. 295-308 ; Papadopoulou 2012, p. 297-320. Ceka (H.) 1982, p. 79. Ceka 1982. Ceka 1987a, p. 100-104.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d

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est la dernière en date des inscriptions latines du règne de Lucius Verus (fig. 14) 87. Le troisième groupe se compose d’inscriptions grecques datées du iiie s. av. J.-C. 88. Le quatrième groupe réunit les inscriptions grecques du vie s. 89. Ce dernier ensemble comprend les inscriptions d’une grande valeur historique découvertes dans la basilique de Ballsh 90.

Fig. 14 — Inscription de la falaise (cl. J.-P. S.).

Elles illustrent un dernier sursaut de la cité de Byllis, marqué par la reconstruction de l’enceinte par Viktôrinos, et montrent l’effort désespéré de Justinien, après les invasions de la première moitié du vie s., pour maintenir la région de Mallakastër dans le giron de l’Empire byzantin et la soustraire au chaos qui menace. Malgré ces tentatives, les invasions de la fin du vie s. obligèrent les habitants à abandonner la ville. Les fouilles menées sur le site ont apporté un éclairage nouveau sur les étapes de ce déclin. Outre le sentiment d’insécurité généralisé caractéristique du début du viie s. dans cette zone des Balkans et des pans de l’ager urbain bylliote probablement rendus inaccessibles par

87. 88. 89. 90.

Cf. supra note 1. Ceka 1987a, p. 81-84 et 94-96. Cf. infra, p. 76 et 79-81. Voir infra, chapitre 2, p. 78-82. Cf. Anamali 1987, p. 62-67. Une partie des sculptures de la cathédrale de Byllis a aussi été remployée dans la basilique de Ballsh : Sk. Muçaj, E. Hobdari, « Manastiri i Shën Mërisë, Ballsh (Glavinicë), Gërmime të vitit 2003 », Candavia 1 (2004), p. 189-210.

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la présence des nouveaux arrivants slaves 91, la gestion de l’eau a dû jouer un rôle dans l’abandon final de l’antique cité aux magnifiques murailles, dont les habitants semblent s’être déplacés à Ballsh (Gllavinicë), à 8 km vers l’Ouest, où une église (monastique ?) 92 avait été fondée au ve s.

LA VILLE Avant d’exposer l’historique des recherches à Byllis, il nous paraît nécessaire de donner une très brève description de la ville 93. Lorsque l’on considère Byllis au début de l’Antiquité tardive (fig. 33), la cité présente une topographie urbaine héritée des siècles précédents 94, adaptée à son implantation au sommet de la colline d’Hekal. Ceinte par un rempart hellénistique 95, la cité antique dessinait un grand triangle de 30 ha traversé du Nord au Sud par une crête calcaire. Aménagé au Sud de la ville dans le flanc Ouest de la colline, le théâtre 96 se poursuivait vers l’Ouest par une stoa, le long d’une falaise 97 surplombant au Sud la vallée de l’Aoôs. Au Nord du théâtre, deux stoai en équerre encadraient une agora ouverte à l’Ouest sur les gradins d’un stade couvrant une immense citerne 98. À l’Ouest de l’agora s’étendaient le prytanée et l’arsenal 99 ; au Sud-Ouest le gymnase du iiie s. av. J.-C. a été transformé en thermes à l’époque romaine 100. Le Sud-Est du plateau ne semble pas avoir été occupé, sinon par d’importantes carrières de calcaire 101. Le reste de la cité intra-muros était destiné à l’habitat et ordonné par un réseau urbain orthogonal, avec des quartiers étagés en terrasses sur les deux pentes Est et Ouest de la colline 102. Le suburbium comportait trois nécropoles autour des voies d’accès Nord-Ouest, Est et Sud-Est.

91. Ces populations d’agriculteurs nomades ne s’aventuraient guère jusqu’aux villes qu’elles paraissent même

92. 93. 94.

95. 96. 97. 98. 99. 100. 101. 102.

longtemps éviter, cf. N. Marakovi, T. Turkovi, « Social Changes and the Idea of Urbanity between Late Antiquity and the Early Middle Ages », HAM 12 (2006), p. 91-99. Voir note 90. Cf. en dernier lieu, Beaudry, Chevalier 2014, p. 209-211. S. Shpuza, « The Roman Colonies of South Illyria : a Review », in Bejko, Hodges 2006, p. 164-168 ; id., « Zhvillimi i qytetit në Ilirinë e Jugut gjatë periudhës romake », Candavia 3 (2011), p. 137-162, en particulier sur Byllis p. 135-136, 140-143, 148-149 ; Cella, D’Ercole 2012 ; Shpuza 2016, p. 59-62. Ceka, Muçaj 2009, p. 20-22 ; Gilkes 2013, p. 133 ; Cella, D’Ercole 2012, p. 60. Ceka, Muçaj 2009, p. 38-42 ; Gilkes 2013, p. 138-139, fig. 60 (plan du centre urbain antique). Ceka, Muçaj 2009, p. 42. Ibid. pour le stade et la citerne, p. 33-35, pour la grande stoa, p. 47-49 ; Gilkes 2013, p. 136-137. Ceka, Muçaj 2009, p. 30-32. Ibid., p. 38 ; Gilkes 2013, p. 140. Kozelj, Wurch-Kozelj 2012 ; Shpuza 2016, p. 62. Les insulae hellénistico-romaines reconnues entre les deux voies cardines ou plateia principales mesurent 134 × 69 m ; elles sont séparées par une ruelle en deux terrasses larges de 33,50 m, étagées sur les deux pentes du plateau. Voir Ceka 1992 ; Ceka, Muçaj 2009, p. 25-27 ; Cella, D’Ercole 2012, p. 58-60 ; Shpuza 2016, p. 61-62.

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À partir du début du ve s., on commença à édifier des églises en ville 103, d’abord la cathédrale (basilique B), puis la basilique A. La construction des trois autres basiliques connues à ce jour (C, D et E) semble s’opérer dans une fourchette de datation très resserrée, au vie s. Il est fort probable que ces églises aient été commanditées par l’évêque lui-même selon des modalités bien attestées aux ve-vie s. 104. Ainsi, Praisios, un prélat inconnu des sources littéraires, est plusieurs fois évoqué dans des inscriptions sur les mosaïques des basiliques C et D et probablement dans deux monogrammes, gravés au revers de la mensa d’autel de la cathédrale et de celle de la basilique A 105. Comme souvent, la cathédrale (basilique B) 106 a été installée à l’écart du centre monumental hellénistico-romain, plusieurs insulae au Nord de l’agora, faisant migrer le centre vital tant religieux qu’administratif autour de ce qui deviendra en un siècle et demi un important complexe épiscopal 107. Les autres édifices de culte, plus petits, l’entouraient à quelque distance. La basilique A était implantée sur le socle maçonné de l’ancienne stoa Nord de l’agora 108, la basilique C 109 jouxtait les thermes (ancien gymnase), la basilique D desservait le quartier de la pointe Nord de l’enceinte antique 110, tandis que la basilique E 111 prenait place sur la forte pente orientale de la colline. L’édification sur la crête au milieu du vie s. d’une muraille restreignit la surface protégée à un triangle plus petit (11 ha) sur la pente Ouest de la cité ancienne 112. De ce fait, les basiliques D et E se retrouvèrent extra-muros, sans constituer pour autant des églises de nécropoles.

103. Cella, D’Ercole 2012, p. 61-63. La multiplication des églises urbaines est un phénomène très courant et il est

104. 105. 106. 107. 108. 109. 110. 111. 112.

bien attesté (J.-M. Spieser, « The Christianisation of the City in Late Antiquity », dans Spieser 2001, p. 49-55), par exemple à Nicopolis (Bowden 2003, p. 105-159 ; Varalis 2007), à Butrint (W. Bowden, J. Mitchell, « The Christian Topography of Butrint », dans Hodges, Bowden, Lako 2004, p. 104-125) ; A. J. Biernacki, « A City of Christians: Novae in the 5th and 6th C. AD », Archaeologia bulgarica 9 (2005), p. 53-74. 53-74 ; Sv. Petrova, « The Early Christian Basilicas in the urban Planning of Parthocopolis », Niš i Vizantija 13 (2015), p. 161-184 ; C. S. Snively, « Internal Topography of Late Antique Cities in the Balkan Peninsula », dans Between East and West. Stobi and the cities of the Roman provinces in the Balkans, International archaeological conference, Stobi, 2730 Septembre 2018 (à paraître). Cf. Sodini 2013. Chevalier (à paraître). Ceka, Muçaj 2009, p. 51-58 ; Gilkes 2013, p. 134-136 ; Muçaj, Chevalier 2013a, p. 211-213. Chevalier 2015a ; Beaudry, Chevalier (à paraître). Ceka, Muçaj 2009, p. 49-51 ; Gilkes 2013, p. 137. Ceka, Muçaj 2009, p. 35-38 ; Gilkes 2013, p. 140. Ceka, Muçaj 2009, p. 58-61 ; Gilkes 2013, p. 142. Ceka, Muçaj 2009, p. 61-62. Ibid., p. 24 ; GJ. Karaiskaj, Die spätantiken und mittelalterlichen Wehranlagen in Albanien. Städte, Burgen, Festungen und Kastelle (2010), p. 18-19 ; Gilkes 2013, p. 133, l’auteur suggère que Viktôrinos était probablement le « praeses » ou gouverneur de la province, plutôt que l’architecte sinon unanimement reconnu de la citadelle de Corinthe, voir infra, chapitre 2, p. 82.

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

À la même époque, à Byllis 113, comme dans tant d’autres villes 114, les grands monuments publics désaffectés furent spoliés 115, les domus antiques souvent fractionnées en unités d’habitation plus simples 116 et des bains privés bâtis sur le flanc Ouest de la citerne voûtée de l’ancien stade 117. On a observé également la présence sporadique de sépultures intra-muros 118, ou parfois à l’intérieur d’églises qui n’avaient pas jusque-là de vocation funéraire, tant dans les murs qu’hors les murs (basilique C, D et sans doute E). Les nécropoles et les éventuels lieux de culte associés demeurent, en revanche, totalement méconnus. Le Parc archéologique de Byllis offre aujourd’hui aux visiteurs et aux chercheurs la vision complète et rare d’une cité de la seconde moitié du vie s. – dans ce que d’aucuns nomment désormais « l’Antiquité ultime » 119 – comme figée dans son dernier état, après lequel elle a été rapidement abandonnée. Au xixe s., on y inhuma Baba Hazisi, un derviche bektashi 120 qui avait prêché à Hekal et dans les environs. Toujours fréquenté, son tekke a été réhabilité en 1992 et d’autres sages reposent désormais à ses côtés à quelques dizaines de mètres à l’Ouest du complexe épiscopal 121.

113. Chevalier 2015b ; Chevalier, Beaudry 2018. 114. Par exemple à Butrint : G. Bianchi, N. Molla, M. F. Paris, F. Venturini, « Politiche edilizie e modi di costruire

115.

116.

117. 118. 119.

120. 121.

a Butrinto (Albania) nella tarda antichità », dans G. Volpe, P. Favia (dir.), Atti del V Congresso Nazionale di Archeologia Medievale (2009), p. 727-734 ; W. Bowden, R. Hodges, A. Sebastiani, « La transizione urbana a Butrinto nel V secolo: ricerche recenti e nuove questioni », dans P. Delogu, S. Gasparri (éds), Le trasformazioni del V secolo. L’Italia, i barbari e l’Occidente romano, Atti del seminario, Poggibonsi 2007 (2010), p. 37-65 ; A. Sebastiani, « “Roman” e “Byzantine Butrint”: forme insediative e urbanistica tardoantica ed altomedievale nell’Adriatico albanese », Archeologia Medievale 34 (2007), p. 227-238. Les blocs du théâtre ont été remployés dans le rempart protobyzantin (voir infra, chapitre 2, p. 60-61, 68 et 71), des blocs sculptés ont été retaillés et réutilisés dans le quartier épiscopal ; par exemple les sekhomata trouvés dans la « cuisine », cf. Br. Pitarakis, « Daily Life at the Marketplace in Late Antiquity and Byzantium », dans C. Morrisson (éd.), Trade and Markets in Byzantium, Dumbarton Oaks Byzantine Symposia and Colloquia (2012), p. 399-426. Un four à chaux a été installé à l’angle du théâtre et de la stoa Sud (cf. Gilkes 2013, p. 140). C’est un phénomène récurent de l’époque, cf. Dj. Mano-Zissi, « Stratigraphic Problems and the Urban Development of Stobi », dans Studies in the Antiquities of Stobi I (1973), p. 206 et fig. 102-103 ; Br. Ward-Perkins, « Re-using the architectural Legacy of the Past, entre idéologie et pragmatisme », dans G. Brogiolo, Br. Ward-Perkins (éds), The Idea and Ideal of the Town between Late Antiquity and the Early Middle Ages (1999), p. 225-244. Sur l’exemple prestigieux de l’amphithéâtre de Durrës voir récemment K. Bowes, A. Hoti, « The Durrës Amphitheater and its Afterlifes », JRA 16 (2003), p. 380-394. Ainsi, on observe des murs montés à la terre avec des matériaux de remploi, par exemple à Stobi (Mikuliȷ 2003, p. 189 et 191 pour la « Domus de GR », p. 201 pour la « Résidence épiscopale », etc.) ou à Heraklea Lyncestis (Mikuliȷ 2007, p. 83, 137 et 139, maisons construites sur la cavea du théâtre désaffecté et remblayé). Ceka, Muçaj 2009, p. 35 ; Gilkes 2013, p. 137-138. Pour la région, cf. C. S. Snively, « Intramural Burial in the Cities of the Late Antique Diocese of Macedoine », dans Actes du XIIIe CIAC, Split-Poreč 1994 (1998), t. 2, p. 491-498. Terme inventé par J. H. W. G. Liebeschuetz (Liebeschuetz 2001) et développé par H. Inglebert, « Périodiser l’Antiquité tardive », dans M. Ghilardi, Chr. Goddard, P. Porena, Les cités de l’Italie tardo-antique (IVe-VIe siècles). Institutions, économie, société, culture, religion (2006), p. 359-366. R. Elsie, « Islam and the Dervish Sects of Albania. An Introduction to their History, Development and Current Situation », The Islamic Quarterly 42-4 (1998), p. 266-289. Gilkes 2013, p. 132.

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L’HISTORIQUE DES FOUILLES ALBANAISES À BYLLIS Le site a été redécouvert au xixe s. Diplomate, médecin et archéologue, Fr. Ch. H. L. Pouqueville 122, ami de W. M. Leake, l’a identifié formellement, en reconnaissant les fortifications « pélagiques », le théâtre, un temple et l’inscription rupestre mentionnant la Col(onia) Byllid(ensium). Les ruines sont également visitées dans les mêmes années par un médecin et écrivain anglais du nom de H. Holland 123. D’autres visiteurs ont arpenté le site dans la seconde moitié du xixe s. 124, mais les premières informations de caractère scientifique sont redevables aux archéologues autrichiens K. Patsch et C. Praschniker, au début du xxe s. 125. Pendant l’hiver 1917-1918, C. Praschniker a entrepris, parallèlement à des prospections sur le terrain, de vraies fouilles dans la ville de Byllis 126. Comme il l’écrit lui-même, un sondage à l’Ouest de la tour V (W dans la nomenclature de Praschniker : fig. 33) a partiellement mis au jour une stoa à deux nefs ainsi qu’un mur postérieur qui s’appuyait sur le rocher. Il a alors établi que la façade principale et la colonnade intérieure étaient composées de deux files de piliers octogonaux en pierre. À proximité, ont été découverts des tambours de colonnes lisses appartenant probablement à l’étage supérieur 127. C. Praschniker a effectué également un sondage dans l’aile Nord de l’orchestra du théâtre, mais cela n’apparaît pas dans ses notes. Nous l’avons constaté pendant la campagne de l’année 1979, lors de la fouille du théâtre 128. Plus tard, en 1974-1976, quelques nettoyages ont été effectués, notamment dans la partie Est du mur d’enceinte 129. Durant l’été 1978, le Centre de recherches archéologiques de Tirana (devenu depuis l’Institut d’archéologie) a organisé la première campagne de fouilles systématiques. L’objectif de ces fouilles programmées sur une longue période, était pour N. Ceka et Sk. Muçaj de dater la fondation et l’abandon de la ville, d’étudier le système de fortification, l’urbanisation et le développement économique au cours des différentes périodes de l’histoire de Byllis. Cette équipe a poursuivi ses recherches sans interruption jusqu’à l’automne 1991 et obtenu des résultats très importants, tant pour l’urbanisme de l’époque hellénistique que pour celui de l’Antiquité tardive 130. Les fouilles ont d’abord été concentrées sur le théâtre, l’un des monuments majeurs de la ville, construit vers la fin du iiie s. av. J.-C. 131 et qui a continué de fonctionner dans les premiers siècles apr. J.-C. Un intérêt particulier a été porté aux murs de l’enceinte où de nombreuses phases de construction ont été identifiées. Les fouilles ont également porté sur les nécropoles : celle de la 122. Fr. Ch. H. L. Pouqueville, Voyage en Morée, à Constantinople, en Albanie, et dans plusieurs autres parties de l’empire 123. 124. 125. 126. 127. 128. 129. 130. 131.

ottoman durant les années 1798, 1799, 1800 et 1801 (1805). H. Holland, Travels in the Ionian Isles, Albania, Thessaly, Macedonia etc. during the years1812 and 1813 (1815). Gaultier de Cloubry 1863, p. 263 ; Patsch 1904, p. 110-124 ; Leake 1835, p. 365 ; Tomaschek 1897. Cella, D’Ercole 2012, p. 58 ; Gilkes 2013, p. 9. Praschniker 1922-1924, col. 60-65. Ibid., col. 63. Les fouilles menées par N. Ceka dans l’aile Nord de l’orchestra ont permis de constater que la fouille antérieure avait atteint le niveau du sol : des outils et d’autres équipements de l’armée autrichienne ont été retrouvés à cette profondeur. Les fouilles ont été effectuées par N. Ceka et L. Papajani. Ceka, Muçaj 2009, p. 18-20. Pour les fouilles des années 1978-1979, cf. « Gërmimet/Rapport », Iliria 11/1 (1981), p. 270.

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

période hellénistique 132 se trouve au pied de la colline sur le versant Est, tandis que celle de la période romaine et de l’Antiquité tardive est située au Nord, au lieu-dit « Ullinjtë e Topave » (« Les Oliviers des Canons »). De plus, à proximité de la nécropole romaine, des sondages et des fouilles de sauvetage ont été effectués lors des travaux de mise en place du mur du cimetière actuel du village d’Hekal. Ces opérations d’archéologie préventive ont permis de découvrir une pièce mesurant 5,20 × 3,10 m, pavée d’une mosaïque polychrome partiellement conservée au Musée de Fier (fig. 15), ainsi que les restes d’un hypocauste. Ce bâtiment appartenait à une construction des ive-vie s. apr. J.-C. Un nymphée bâti en opus mixtum (fig. 16) a été localisé au lieu-dit « Stratull », qui correspond au centre du village actuel d’Hekal. À cet endroit, on a recueilli une série d’amphores appartenant à la fin du iie ou au début du iiie s. apr. J.-C. 15

16

Fig. 15 — Hekal, mosaïque du ive s. (cl. Archives IAT). Fig. 16 — Opus mixtum du nymphée d’Hekal (cl. Archives IAT).

En 1979, les recherches se sont poursuivies dans l’analemma et l’orchestra du théâtre (fig. 17). Parallèlement, on a fouillé dans la partie Est de la ville la maison no 1 dotée d’une cour à péristyle. Une citerne, située dans la cour, a été dégagée sous la couche supérieure datant du vie s. apr. J.-C. Cette maison à péristyle, bâtie au iiie s. av. J.-C., a été utilisée en tant que telle jusqu’à la fin du ive s. apr. J.-C., et a connu plusieurs réaménagements successifs. Une des pièces principales était pavée de mosaïques polychromes à décor géométrique laissées in situ (fig. 18) 133. En 1980, le théâtre fut l’objet principal des fouilles concernant la période illyrienne. C’est au cours de cette campagne que l’on a dégagé la scène ainsi qu’une partie des gradins, ce qui a permis d’obtenir le plan complet du monument 134. Deux phases de construction ont pu être distinguées : la première – du iiie s. av. J.-C. – correspond à l’édification du théâtre avec des gradins de 78 m de diamètre et une orchestra d’un rayon de 11 m ; la seconde période correspond à la reconstruction de la scène et de l’orchestra intervenue au iie s. apr. J.-C. Durant l’Antiquité tardive, des maisons furent construites sur la scène de l’édifice désaffecté. Au cours de la même année, on a découvert dans la partie nord de l’agora la première basilique paléochrétienne – dite basilique A – à trois vaisseaux, abside semi-circulaire, transept, narthex, portique et annexes au Sud (fig. 19a) 135. 132. J. Buzo, « Some monumental tombs in the Hellenistic necropolis of Byllis », dans ICAAS 2014, p. 425-438. 133. Ceka 1992, p. 80-85. 134. N. Ceka, « Gërmimet/Rapport », Iliria 11/2 (1981), p. 282. 135. Sk. Muçaj, « Gërmimet/Rapport », Iliria 11/2 (1981), p. 283 ; Muçaj 1987. Voir infra, chapitre 3.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d

 17

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Fig. 17 — Vue du théâtre (cl. Archives IAT). Fig. 18 — Mosaïque polychrome de la maison à péristyle (cl. Archives IAT).

Les sols du Nord du narthex, des vaisseaux central et septentrional de la nef étaient pavés de mosaïques à décors géométriques, floraux et zoomorphes (fig. 19c). La fouille a également fourni des éléments de sculpture décorative : chapiteaux corinthiens et ioniques à imposte, corniches, impostes et meneaux (fig. 19b), etc., en calcaire de bonne qualité (fig. 20). La construction de cette basilique semble pouvoir être mise en relation avec l’établissement à Byllis du siège épiscopal 19b

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Fig. 19a — La basilique A pendant la fouille, vue vers l’Ouest (cl. Archives IAT). Fig. 19b — Basilique A, meneau inversé et imposte (cl. Archives IAT). Fig. 19c — Basilique A pendant la fouille, visite de chantier (cl. Archives IAT).

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Fig. 20 — Basilique A, chapiteaux trouvés lors de la fouille (cl. Archives IAT).

dans la première moitié du ve s. Sa désaffectation, confirmée par de nombreuses traces de foyers, est intervenue dans le dernier quart du vie s. au plus tôt. En 1981, la quatrième campagne de fouilles à Byllis a permis d’achever le dégagement du théâtre. Le nettoyage de l’orchestra a mis au jour un canal d’évacuation des eaux pluviales et la façade extérieure du frons scenae (fig. 21). Cette structure était entourée par un portique dorique, élevé sur un stylobate à trois degrés. Lors des fouilles de l’aile Nord-Ouest du théâtre, on a retrouvé sa jonction avec les gradins du stade de la ville, dont quatre rangs de sièges étaient conservés in situ. L’autre extrémité du stade fut aussi repérée, au contact de la stoa Nord de l’agora 136. La longueur maximale du stade avoisine 184 m. En 1982-1983, les travaux se sont limités au dégagement de l’enceinte de la ville. En 1984, les interventions ont ciblé le secteur de l’agora de la ville dans le but de mettre au jour la stoa, dont les traces avaient été signalées par C. Praschniker, et dont la partie Ouest avait

Fig. 21 — Le théâtre en cours de fouille (cl. Archives IAT).

136. N. Ceka, « Gërmimet/Rapport », Iliria 12/1 (1982), p. 260-261.

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été découverte lors des fouilles de la basilique A en 1981. Durant cette campagne, on a dégagé l’aile Nord de la stoa (fig. 22) ainsi qu’une partie de son retour oriental. On a également étudié son architecture, précisé sa datation et observé le remploi ultérieur de cette stoa, qui présente un plan en équerre, avec au Nord une aile plus longue marquant la limite de l’agora. Divisées chacune en deux par une file de piliers octogonaux doriques au rez-de-chaussée, les deux ailes avaient une longueur totale de 144 m. Elles ouvraient sur l’agora par un portique. Les premières fouilles à l’intérieur de l’agora ont révélé une succession de bases du ive s. av. J.-C. L’aile Nord de la stoa est implantée parallèlement à ces bases, le niveau de l’euthynteria et une partie de celui du premier degré de la krèpis sont scellés par une couche des iiie-iie s. av. J.-C. C’est sur l’emplacement de cette aile septentrionale que furent construites, aux ive-vie s. apr. J.-C., la basilique A à l’extrémité occidentale et des maisons dans le secteur oriental 137. Lors de cette même campagne, la fouille d’une deuxième basilique paléochrétienne – dite basilique B (fig. 23) –, la cathédrale de la cité, a commencé. Elle est aussi construite à l’intérieur de la fortification de Justinien dans la partie Nord de la ville antique. On a découvert la majeure partie du mur Nord de l’église, le narthex, l’exonarthex, ainsi que certaines parties de la nef et des annexes méridionales (fig. 24). Ces fouilles ponctuelles ont défini le plan d’une basilique à trois vaisseaux, abside semi-circulaire, transept, 22

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Fig. 22 — L’aile Nord de la stoa en équerre (cl. Archives IAT). Fig. 23 — L’angle Sud-Ouest de la basilique B pendant les fouilles (cl. Archives IAT). Fig. 24 — Les annexes de la basilique B, pendant les fouilles (cl. Archives IAT).

137. N. Ceka, « Gërmimet/Rapport », Iliria 14/2 (1984), p. 262.

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Fig. 25 — Plan schématique de la basilique B et de ses annexes ; en italique numérotation des espaces dégagés ou fouillés avant 1991 (del. M. W.-K.).

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narthex, exonarthex, atrium (7) et annexes latérales (14-15) au Sud (fig. 25). Les sols de la nef et de l’exonarthex étaient pavés de mosaïque, tandis que ceux du narthex et des autres annexes étaient en briques ou en dalles de pierre 138. Lors de la campagne de l’année 1985, les fouilles ont concerné l’aile orientale de la stoa en équerre, la stoa Sud – qui a été entièrement dégagée – devant le théâtre le long de la muraille hellénistique 139, la cathédrale et les remparts de l’époque justinienne. Lors de la fouille de l’aile orientale de la stoa, on a constaté dans sa partie méridionale trois phases d’occupation : d’abord le niveau originel, puis un bâtiment du ive s. apr. J.-C., enfin un édifice du vie s. apr. J.-C. rempli de pithoi (fig. 26). Immédiatement au Nord de cette aile, un autre bâtiment datant de l’Antiquité

Fig. 26 — Pithoi dans la stoa Est (cl. Archives IAT).

138. Sk. Muçaj, « Gërmimet/Rapport », Iliria 14/2 (1984), p. 270-271. 139. Ceka 1993, pl. III, V.

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Fig. 27 a et b — Muraille de Viktôrinos (cl. Archives IAT et cl. M. W.-K.).

tardive est construit au même niveau que la stoa. Les fouilles ont continué dans le bas-côté Sud de la cathédrale, dont le pavement de mosaïque a été mis au jour. On a également travaillé le long des deux parements de la muraille du vie s. et découvert des tours (fig. 27 a et b). Les travaux de la campagne de 1986 ont porté tant sur la période hellénistique que sur l’Antiquité tardive. Les recherches concernant la première époque se sont concentrées sur l’agora de la ville, avec pour but de continuer le dégagement de la stoa en équerre et de contrôler la stratigraphie de la terrasse située entre celle-ci et le théâtre. À l’extrémité Sud, le portique de façade de cette stoa se transforme en mur plein. La stratigraphie de cet espace clos a livré, audessus des couches d’utilisation de la stoa, des niveaux d’occupation et d’habitat postérieurs à sa désaffectation : dans trois carrés de 12 m de côté, on a pu suivre la même superposition de couches, avec un pendage Sud-Nord qui a favorisé la préservation des niveaux supérieurs de l’Antiquité tardive. La couche inférieure, au-dessus du sol naturel en argile sableuse, contenait les déchets de taille de la construction de la stoa et du matériel céramique du iiie s. av. J.-C., ce qui permet de dater la construction du monument de cette époque. La deuxième couche, contenant des cendres et une céramique abondante de la première moitié du iie s. av. J.-C., était liée à la destruction des habitats de la terrasse au-dessus de la stoa. La troisième couche, également argileuse avec des cendres, a livré des matériaux du iie s. av. J.-C, avec des restes architecturaux provenant de murs mal conservés, construits en moellons non taillés, liés à la terre. La quatrième couche, datant de l’Antiquité tardive, contenait de l’humus mélangé avec des cendres et des restes d’incendie. Ce dernier niveau recouvrait en partie une maison, édifiée en petits blocs non dégrossis et liés à la terre, qui appartenait à l’ensemble résidentiel des ve-vie s. apr. J.-C. situé à l’Est de la basilique A. La fouille a clarifié le plan de la stoa en équerre et rendu possible la restitution de ce secteur 140. Sur la terrasse située entre la stoa et le théâtre, on a étudié les traces d’un bâtiment public qui se trouvait à 1,24 m du mur de soutènement des gradins. La longueur de ce monument est donnée 140. N. Ceka, « Gërmimet/Rapport », Iliria 16/2 (1986), p. 263-265.

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au Nord par un passage pourvu de marches taillées dans le rocher menant à la terrasse supérieure. La fouille de sept carrés et une série de sondages ont mis au jour son angle Sud-Est, l’unique partie conservée de ce bâtiment. Le reste du monument a été démoli durant le ier s. et remplacé par des maisons aux iiie et ive s. La position de ce bâtiment public en surplomb de l’agora et la présence des annexes peut inciter à y voir le prytanée. Sa datation a été précisée par la trouvaille à la surface du sol d’une monnaie d’Apollonia (Apollon/obélisque) de la fin du iiie s. av. J.-C., ainsi que par du matériel céramique contemporain. Un niveau du iie s. apr. J.-C., reposant sur le sol initial, correspond à la réutilisation de la partie méridionale du monument dont la largeur a été réduite à 2 m par un mur construit en blocs remployés. La couche du iiie s. est en relation avec les murs de différents bâtiments, tandis qu’une série de reconstructions ultérieures interviennent aux ve et vie s. Plus au Sud, une couche riche en fragments de céramique de la première moitié du iie s. provenant de la terrasse supérieure se superposait à une couche du ier s. apr. J.-C. Dans la cathédrale (fig. 25), on a dégagé les vaisseaux septentrional et central de la nef (où six inscriptions grecques ont été repérées dans la mosaïque), le transept saillant triparti, dont l’aile Sud est dallée en calcaire, et l’atrium (7), aussi large que la nef, à cour triportique. Son angle Sud-Ouest conservait en sous-sol une citerne hellénistique. Des fouilles ont commencé devant l’atrium. Un couloir (5) prolongé par une annexe (4) précédait ce dernier à l’Ouest, sur toute sa largeur. Trois pièces (16, 18, 19), dont un baptistère (18) accolé au bas-côté méridional, ont été mises au jour au Sud de la nef. Parmi les trouvailles archéologiques abondantes de cette campagne, mentionnons la découverte d’une série d’ustensiles et d’outils. On a également recueilli environ 220 monnaies, datant pour la plupart du règne de Justinien 141. Après l’identification des principaux monuments de l’Est de l’agora, les travaux de l’année 1987 ont continué à l’Ouest de l’axe du stade qui correspond à la limite de la partie basse de l’agora et à son accès principal. Un édifice de 20,10 × 5,80 m a été dégagé à l’Ouest de cette entrée. Ce bâtiment, dont la façade est ouverte au Sud, s’appuie sur le mur de limite de l’agora, renforcé de contreforts comme l’aile Nord de la stoa en équerre. Il comporte un espace central avec une colonnade en façade 142 et deux annexes latérales symétriques. Une couche de la seconde moitié du iiie s. av. J.-C. 143 a été identifiée dans la petite pièce Est. Le bâtiment a subi des réparations au ier s. ; un canal aménagé devant sa façade remploie des fragments d’inscriptions, dont deux dédicaces à Artémis Parthénos, une à Héra Teleia et une inscription latine sur le socle d’une sculpture. En l’absence d’indices archéologiques, il est difficile d’établir sa fonction primitive, mais on peut penser tout de même à un édifice public. Les aménagements de la deuxième phase témoignent d’un changement d’usage. À l’Ouest et dans le prolongement du précédent, 3 m en contrebas, on a dégagé ensuite un deuxième bâtiment rectangulaire de 18,20 × 6,20 m, séparé du premier par un mur de soutènement. Le mur de l’agora constituait son mur Nord et comportait une ouverture qui donnait accès au rez-de-chaussée de ce bâtiment. L’espace intérieur est divisé par une colonnade dont quatre colonnes octogonales sont restées in situ. Quatre phases de constructions ont pu être déterminées. L’angle Sud-Ouest a d’abord été reconstruit au ier s. en opus reticulatum (fig. 28). La troisième phase est celle de la reconstruction depuis les fondations d’une partie du mur Sud et de 141. Sk. Muçaj, « Gërmimet/Rapport », Iliria 16/2 (1986), p. 270-271. 142. La fouille n’a livré aucun élément architectural provenant de cette colonnade. 143. Cette datation serait également valable pour le mur de séparation de l’agora.

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la création d’un couloir d’entrée, où ont été remployées deux inscriptions latines (l’une dédiée à L. Elius en 137 et l’autre à Antonin le Pieux en 140 apr. J.-C.) 144. Les remplois successifs et les changements intervenus durant les siècles ont masqué la fonction initiale du bâtiment, mais l’utilisation du mur de l’agora indique son caractère public. Transformé en habitation au ive s., puis abandonné dans la seconde moitié du vie s., l’endroit fut ensuite utilisé comme nécropole. Au Sud de ces deux grands édifices et au centre du secteur bas de l’agora, a été fouillée la base rectangulaire d’un monument du ier s. apr. J.-C., dont l’orientation respecte parfaitement les points cardinaux. La partie Nord est détruite, mais ce qui subsiste permet de restituer ses dimensions (5,88 × 7 m). Non loin de là, on a poursuivi la fouille d’une immense citerne qui se trouve sous la partie Nord de la piste du stade. Elle mesure 50,90 m de long pour 4,20 m de large ; sa profondeur dépasse 6 m. L’implantation de la citerne au-dessous de la piste permettait la collecte des eaux des pluies. Cet emplacement inhabituel pour une citerne antique a été rendu possible par une couverture de dalles horizontales portées par une série d’arcs diaphragmes en grand appareil 145. Les fouilles relatives à l’Antiquité tardive ont concerné les annexes de la cathédrale (basilique B) à l’Est du baptistère (complexe épiscopal), le mur d’enceinte du vie s. et la nécropole Nord-Ouest. Dans la cathédrale (fig. 25), à la suite des campagnes de 1984-1986, les fouilles ont été concentrées dans les espaces Sud et Ouest. Une superficie de 400 m2 a été dégagée lors de cette campagne, sur une profondeur allant de 1,50 à 2 m, ce qui a permis la mise au jour de 13 espaces, principalement des pièces et des couloirs ainsi qu’une cour intérieure rectangulaire (20) limitée au Sud par un couloir « en L » (21). Dans cette cour, on a découvert une citerne hellénistique, identique à celle de l’atrium (7), et à côté d’elle, un bassin endommagé. Le couloir permet le passage vers trois pièces numérotées 22, 25 et 33. Dans la pièce rectangulaire 22, on a trouvé in situ 14 pithoi (un en pierre, les autres en terre cuite) et des dinoi disposés en deux rangées parallèles (fig. 29). La pièce 33, rectangulaire aussi, a livré 20 autres pithoi, de plus grande taille. Dans ces deux pièces, on a également recueilli des objets en fer (outils : haches, serpettes, ciseaux, etc., et 8 clochettes), en bronze et en verre. Parmi les objets en bronze, mentionnons une multitude d’éléments de suspension et de polycandela fragmentaires, un verrou de porte et un sceau daté des premiers

Fig. 28 — Agora, opus reticulatum (cl. Archives IAT).

Fig. 29 — Pithoi dans la pièce 22 (cl. Archives IAT).

144. Ceka 1987a, p. 102 ; Anamali, Ceka, Deniaux 2009, no 189, p. 147-148 et no 190, p. 148. 145. N. Ceka, « Gërmimet/Rapport », Iliria 17/2 (1987), p. 246-247.

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siècles apr. J.-C. Au Nord de la pièce 33, un vestibule mosaïqué (38), flanqué des pièces 32 et 39, aux sols en terre battue avec quelques traces de mortier, est desservi par le couloir 37. Dans la pièce 39, sur une surface limitée à proximité de l’entrée on a trouvé 48 monnaies de bronze des empereurs Anastase, Justin Ier et Justinien. De nombreux éléments architectoniques ont aussi été mis au jour dans ce secteur : colonnes de calcaire et de marbre, chapiteaux doriques, ioniques et corinthiens, impostes et meneaux de fenêtres, corniches, parapets, transennes, etc. Pour ce qui concerne le rempart, les tours X et Y, de plan rectangulaire 146, ont été étudiées en 1987. La nécropole a constitué le dernier secteur de recherche, au Nord-Ouest de la ville antique, de part et d’autre de la route qui permet d’accéder intra-muros par l’entrée 6 (fig. 34). Toutes les tombes fouillées appartenaient à l’Antiquité tardive, avec beaucoup de remplois de fragments sculptés et de stèles funéraires du ier s. apr. J.-C., notamment huit épitaphes documentant un nouveau groupe onomastique et des inscriptions latines ou latinisées 147. En 1988, les fouilles ont eu lieu dans la basilique B (ou cathédrale) (fig. 25), à l’Est de l’abside, au Nord et au Sud de la nef, sur une superficie de 700 m2. À l’extérieur de l’église, à proximité de l’entrée médiane du bas-côté Nord, on a retrouvé les vestiges d’un arc en briques tombé à plat, deux colonnes en marbre et un pilier de parapet à décor végétal. À 4,80 m à l’Est du mur du transept (espace 36), un mur de pierres liées à la terre, haut d’1,20 m et épais de 70 cm, qui clôturait l’ensemble épiscopal à l’Est, a été mis au jour. Au Sud du complexe baptismal, les fouilles ont dégagé un couloir (espaces 11, 12, 26) qui menait au quartier épiscopal et comprenait un escalier (23) donnant accès à l’étage. À l’Est, ce couloir ouvrait sur une cour (40). Au Sud, trois pièces (27, 29 et 34) ont été dégagées ; leurs murs conservés en élévation sur 2,50 m étaient construits en pierres liées à la terre, comme souvent dans ce quartier. Le couloir et les trois pièces ont livré de nombreux fragments de mosaïque provenant des pavements de l’étage effondré. On y a aussi trouvé des meneaux et des impostes de fenêtres. Trois inscriptions grecques ont été découvertes au cours de cette campagne : l’une sur le col d’un pithos, l’autre sur une rouelle de harnachement en bronze et la troisième sur une plaque ajourée. Les deux premières, complètes, sont votives : Cassandre sollicite l’aide de Dieu tandis que Démétrios le prie pour lui-même et pour son cheval. Seule la fin du mot ƳƴƩƶƦǀƷƩƴƲƵsubsiste de la troisième inscription. On notera par ailleurs la découverte de 35 monnaies de bronze, appartenant en majeure partie aux ve-vie s. Comme lors de campagnes précédentes, la plupart des monnaies appartiennent à l’époque justinienne 148. L’objet essentiel des fouilles de l’année 1989 fut l’agora et l’étude d’ensemble de l’urbanisme de la ville. Un bâtiment public, probablement un gymnase, a été entièrement fouillé ; un édifice antique et des thermes ont été partiellement dégagés. Le mauvais état de conservation et des fouilles incomplètes ne facilitent pas l’interprétation du second bâtiment, mais une couche de céramique commune aide à en préciser la nature et la datation. Son orientation respecte strictement la trame de la voirie antique de la ville et on peut conclure que, jusqu’au milieu du iiie s. av. J.-C., le futur emplacement de l’agora était occupé par des insulae. Dans la première moitié du iiie s., ces 146. Sk. Muçaj, « Gërmimet/Rapport », Iliria 17/2 (1987), p. 260. 147. Ibid. ; N. Ceka, « Gërmimet/Rapport », IIiria 17/2 (1987), p. 247-248 ; Anamali, Ceka, Deniaux 2009,

nos 193-202, p. 150-156. 148. Sk. Muçaj, « Gërmimet/Rapport », Iliria 18/2 (1988), p. 271.

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constructions auraient été arasées pour libérer l’espace de l’agora. Le bâtiment public, conservé uniquement en fondations, occupait la partie centrale du secteur Ouest de l’agora. Malgré le peu de vestiges conservés, sa position même dans l’agora, ses vastes dimensions et l’installation ultérieure de thermes romains, laissent supposer qu’il s’agissait d’un gymnase. Les thermes, dotés d’annexes au Nord et à l’Est, réoccupent la plus grande partie de ce gymnase. Leurs murs orientés NordSud respectent le système orthogonal de la ville. Dans la partie fouillée à l’Ouest, on distingue le caldarium, le tepidarium, le frigidarium ainsi que quatre autres pièces de fonction indéfinie. La technique de construction en opus incertum incite à dater ces thermes du iie s. apr. J.-C. ; on peut donc les mettre en relation avec des inscriptions de l’époque antonine, notamment celle, découverte en 1987, qui mentionne un bâtiment public en 140 149, sous Antonin le Pieux, et celle du patron de la colonie, membre de la famille Sallenus, qui évoque la construction de thermes. À l’Est de la ville, des sondages ont été effectués afin de mieux cerner l’urbanisme de la ville. Les trois plateiai localisées (larges pour l’une de 6,40 m et de 6,60 m pour les deux autres) suivaient un axe Est-Ouest. La présence d’une insula de 69 m de large entre deux unités de 34 ou 35 m de large, implique l’existence de ruelles 150 séparant les îlots. En poursuivant l’étude du mur d’enceinte, le parement extérieur du côté Ouest a été dégagé cette année-là. Quatre techniques de construction ont été identifiées dans ce secteur : la première, en grand appareil rectangulaire, date du ive s. av. J.-C. (Byllis I) 151. Dans la deuxième phase (Byllis II), de la fin du ive s. apr. J.-C., les blocs des parements sont liés par du mortier. Dans les murs de la troisième phase, du milieu du vie s., le mortier est abondant (Byllis III). On retrouve ces trois phases tout au long de l’enceinte. Certaines portions de la muraille ont été réparées avec une maçonnerie liée à la terre (Byllis IV). Outre du matériel archéologique de l’Antiquité tardive, on a recueilli cinq monnaies et de la céramique du xive s. 152. Dans la cathédrale (basilique B, fig. 25), deux cours ont été mises au jour : la première trapézoïdale (9) au Sud-Ouest, séparée de l’atrium par l’espace (8) qui contenait six pithoi ; la seconde cour (40) au Sud-Est, appartenait au quartier épiscopal, de même que le prolongement des pièces (24, 28 et 35) découvertes en 1988. La fouille du secteur Sud-Est a permis la découverte de couloirs étroits entourant l’escalier (30) qui menait à l’étage, ainsi que de deux pièces (28 et 35) qui font partie de l’ensemble épiscopal. Une nouvelle église à trois vaisseaux et abside semi-circulaire – dite basilique C (fig. 30) – a été découverte lors du décapage de l’agora au Nord-Ouest du théâtre. Elle comprend un narthex flanqué au Nord et au Sud de deux annexes, un exonarthex avec une annexe au Nord, et deux pièces au Sud-Est. Les thermes fouillés partiellement en 1987 à l’intérieur de l’agora ont un plan quadrangulaire, orienté Nord-Sud (6,55 × 27 m) (fig. 31) ; leur mur Est s’appuie sur le mur Ouest de la grande citerne située sous la piste du stade. Lors de la campagne de 1989, on a dégagé leur partie centrale composée de trois pièces, dont deux chaudes. Les fouilles ont livré des tubuli en terre cuite

149. Anamali, Ceka, Deniaux 2009, no 190, p. 148. 150. N. Ceka, « Gërmimet/Rapport », Iliria 19/2 (1989), p. 274-276 ; Ceka 1992, p. 75. 151. Pour la description des différentes phases de la fortification (Byllis I, II, III et IV), voir infra, chapitre 2. 152. Muçaj 1990.

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Fig. 30 — Basilique C, vue d’ensemble (cl. Archives IAT). Fig. 31 — Détail des thermes protobyzantins (cl. Archives IAT).

qui servaient à faire circuler l’air chaud. Des conduites en terre cuite (diam. 10 cm) assuraient l’alimentation en eau, tandis que l’évacuation se faisait par un canal maçonné, couvert par des blocs remployés. Dans la partie Ouest de la ville, sur une terrasse à proximité du mur de l’agora, des fouilles ont été effectuées dans une maison de l’Antiquité tardive, de plan rectangulaire (10,35 × 7,65 m), établie au-dessus des structures arasées d’une maison à péristyle hellénistico-romaine. Ses murs, construits en pierres liées à la terre, sont conservés sur une faible hauteur, inférieure à 40-50 cm. Elle se compose de

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trois pièces de même longueur (6,25 m) et ayant pour largeur respective 2,50 m, 3,30 m et 2,10 m. Les deux pièces latérales communiquent avec l’extérieur, tandis que celle du milieu ouvre seulement sur l’une des deux autres. Les trouvailles, rares, sont constituées de pithoi, assez fréquents dans les habitats de ce type, d’une meule, d’un bassin en pierre et d’un petit meneau. En 1990, les fouilles ont tenté de clarifier l’organisation de l’urbanisme et la typologie des maisons de Byllis. À l’Ouest, la maison à péristyle citée plus haut a été entièrement dégagée. Sa première phase de construction se situe dans la deuxième moitié du iiie s. av. J.-C. ; la deuxième période, du ier s. apr. J.-C., n’apporte pas de modification en plan. Dans la troisième phase, datable du iiie s., le péristyle est détruit, mais les pièces Nord et Sud sont conservées. Dans une quatrième phase, durant l’Antiquité tardive, on rebâtit une maison entièrement nouvelle sur la terrasse (décrite plus haut). Malgré ses modifications ultérieures, la maison tardive conserve plusieurs éléments originels : les pièces s’organisaient autour d’une cour à péristyle, dont est conservée la partie Est du stylobate portant des traces de colonnes doriques. Les portiques du péristyle exposés favorablement au soleil desservaient les pièces habitées, tandis que les deux autres étaient bordés d’espaces dévolus au stockage ; la largeur plus importante de leurs toitures accroissait la surface de collecte des eaux pluviales. C’est un bâtiment comparable à une autre maison découverte dans la partie orientale de la ville en 1979. Les dimensions et l’emplacement de la citerne, dans un angle de la cour, sont tout à fait analogues dans les deux cas. La troisième et la quatrième période ont conservé partiellement les ailes Est et Nord de la maison. La particularité de la troisième phase est l’installation d’un sol de mortier et d’enduits peints sur les murs, décorés de bandeaux rouges 153. C’est durant cette campagne qu’a été dégagée une quatrième église – dite basilique D – dont les vestiges, relativement bien conservés, se trouvent au Nord de la ville, à l’extérieur du mur byzantin (phase Byllis III), mais à l’intérieur de l’enceinte antique (phases Byllis I et II). Il s’agit d’une basilique à trois vaisseaux et abside semi-circulaire, précédée par un narthex avec deux annexes Nord et Sud, un atrium quadriportique et un porche (fig. 32 a-d). En 1991, les fouilles ont continué au Nord de la maison à péristyle à l’Ouest de la basilique C, au Nord de la basilique D (près de l’enceinte de la ville), dans le secteur entre les basiliques A et B, ainsi que sur le versant Est, au Sud de la maison à péristyle. Leur objectif était le dégagement de plusieurs maisons et l’observation des différentes phases – hellénistique, romaine et protobyzantine – de l’urbanisme de Byllis. Parallèlement, les travaux dans certaines églises paléochrétiennes ont été poursuivis. Au Nord de la maison à péristyle proche de la basilique C, la couche de destruction de la fin du vie s. a été déblayée sur une superficie de 1200 m2, sans dépasser le niveau d’effondrement des toitures 154. Quatre structures tardives, édifiées en pierres liées à la terre ont été localisées, à l’intérieur d’un édifice hellénistique, composé d’au moins trois pièces et d’une cave où l’on descendait par un escalier en pierre. Dans l’un de ses angles, on a trouvé des pithoi. Au pied du mur Est de cette maison à péristyle a été découvert un buste en marbre de l’empereur Hadrien.

153. N. Ceka, « Gërmimet/Rapport », Iliria 20/2 (1990), p. 261-262. 154. À l’exception de campements militaires temporaires (notamment ceux de l’empereur serbe Étienne IX Douchan

au milieu du xive s. et de l’armée austro-hongroise lors de la Première Guerre mondiale), la ville de Byllis n’a plus servi d’habitat après son abandon. De ce fait, les couches déposées après cette période ont scellé les niveaux de l’Antiquité tardive. Le plateau Ouest de la ville est le mieux préservé, car l’abondance des pierres provenant des constructions antérieures a empêché le développement de travaux agricoles.

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Fig. 32 a et b — Basilique D, vues du sanctuaire (cl. Archives IAT). Fig. 32c — Basilique D, détail de la fosse d’autel (cl. Archives IAT). Fig. 32d — Basilique D, atrium (cl. Archives IAT).

La maison située à l’Ouest de la basilique C a également été fouillée. Elle comportait trois pièces, dont l’une était remplie de pithoi ; la deuxième a livré un trésor de 106 monnaies de bronze datant pour la plupart du vie s., ainsi que des fibules et des colliers ; dans la dernière on a surtout recueilli de la céramique. Le bâtiment mis au jour au Nord de la basilique D est adossé contre le mur d’enceinte, comme c’est le cas dans d’autres secteurs de la ville. Cet édifice comprenait trois pièces, un couloir et un porche d’entrée. Un escalier indique la présence d’une cave semi-enterrée. La fouille a été interrompue au-dessus de la couche d’effondrement du toit. Dans l’espace séparant les basiliques A et B, on a commencé l’étude de deux monuments, en dégageant les parements extérieurs des murs Ouest et Nord du premier et un couloir d’accès à l’Ouest du second bâtiment. On y a trouvé des éléments sculptés – meneaux et impostes – ainsi que du mobilier peut-être lié à un monument paléochrétien. Les deux ensembles dateraient du vie s.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



Sur le versant Est, à l’extérieur de l’enceinte protobyzantine, les fouilles ont localisé une cinquième église – dite basilique E – à trois vaisseaux, abside semi-circulaire, narthex, exonarthex et annexes au Nord et au Sud du narthex. Les travaux se sont limités au dégagement superficiel de la couche d’humus de manière à lever un schéma topographique.

FOUILLES COMPLÉMENTAIRES ET PRÉPARATION DE LA PUBLICATION PAR L’ÉQUIPE FRANCO-ALBANAISE Après une interruption de plusieurs années, une mission franco-albanaise 155 a repris en 1999 l’étude et la fouille des monuments tardo-antiques de Byllis (remparts, basiliques A, C et D), qui font l’objet de ce volume. Les campagnes de 1999, 2000 et en partie celle de 2001 ont permis de vérifier les plans des trois basiliques et de les renouveler, de lever un nouveau plan topographique général de la ville, de réaliser de nouveaux relevés pour les mosaïques, d’effectuer une couverture photographique systématique des bâtiments et de leur matériel et de définir des normes communes pour les dessins et les descriptions. La confrontation des informations contenues dans le texte albanais de la thèse de doctorat de Sk. Muçaj, traduit par M. Haxhimihali, avec les données archéologiques a permis des mises au point et de nombreux compléments enrichissants, tant pour l’histoire de la ville et de ses murailles que pour l’interprétation chronologique des églises et de leur décor. Au cours de la mission effectuée en août 1999 156, Sk. Muçaj, J.-P. Sodini, C. Vanderheyde, M. Haxhimihali et E. Nallbani ont repris en commun l’étude de l’architecture et entamé le catalogue des éléments architecturaux. Les relevés des basiliques C et D ont été réalisés par M. Wurch-Kozelj et ceux des mosaïques de ces deux églises par M.-P. Raynaud, alors que Y. Cerova commençait l’étude des pithoi des basiliques C et D. A. Islami avait la charge de l’entretien et de la restauration des mosaïques et aida M.-P. Raynaud dans ses relevés et photographies orthogonales. Une citerne, remplie durant le Moyen Âge, fut fouillée dans le vaisseau médian de la nef de la basilique C 157. L’équipe franco-albanaise a poursuivi durant la campagne de mai-juin 2000 158 la documentation in situ. La campagne a surtout porté sur l’étude de l’architecture, de la sculpture architecturale et des mosaïques de la basilique A. Parallèlement au relevé du plan général de la ville avec P. Naipi, 155. Cette mission franco-albanaise, placée sous l’égide de l’EFA et de l’IAT, était codirigée par Sk. Muçaj (IAT) et

J.-P. Sodini (univ. Paris-I Sorbonne et IUF). Cf. O. Lafe, « Archaeology in Albania 2000-2004 », dans Archaeological Reports for 2000-2004, 51 (2005), p. 119-137 (fig. 23 p. 129) ; Muçaj, Chevalier 2013a. 156. Ont pris part à cette campagne : Y. Cerova (céramologue IAT), M. Haxhimihali (traducteur), A. Islami (restaurateur de mosaïque IMK), E. Nallbani (traductrice et étude du métal), M.-P. Raynaud (étude de la mosaïque CNRS-ENS, UMR 8546), C. Vanderheyde (étude de la sculpture EFA), M. Wurch-Kozelj (architecte EFA), sous la direction de Sk. Muçaj et de J.-P. Sodini. 157. Voir infra, chapitre 4, p. 243-244. 158. Participaient à cette mission, sous la direction de Sk. Muçaj et de J.-P. Sodini : N. Beaudry (archéologue), M. Bonifay (céramologue CNRS, UMR 6573, MMSH, Aix-en-Provence), Y. Cerova, P. Chevalier (étude de l’architecture et de la sculpture, univ. Clermont-Ferrand 2), M. Haxhimihali, E. Hobdari (architecte IAT), A. Islami, T. Kozelj (architecte EFA), P. Naipi (topographe IAT), E. Nallbani, L. Papajani (restaurateur d’architecture IMK), M.-P. Raynaud, M. Savard (carpologue, UQAR), B. Shkodra (étudiante univ. de Tirana), C. Vanderheyde, M. Wurch-Kozelj.

l a géographie, l’histoire et les recherches sur le site



M. Wurch-Kozelj a vérifié et refait le plan de la basilique A et, avec l’aide de T. Kozelj, réalisé un plan topographique de la cathédrale et du quartier épiscopal avant d’en commencer le plan pierre à pierre et l’étude des élévations. Sk. Muçaj, J.-P. Sodini, P. Chevalier et C. Vanderheyde ont continué à cataloguer les éléments sculptés et à mettre au point la description architecturale des basiliques A, C et D. E. Hobdari a commencé un travail de relevé systématique des sculptures architecturales des mêmes églises ainsi que certaines restitutions intérieures. M.-P. Raynaud en a relevé, photographié et décrit les mosaïques. Outre quelques sondages complémentaires dans les trois premières basiliques, des fouilles programmées ont redémarré dans le quartier épiscopal sous la responsabilité de N. Beaudry, avec M. Savard et B. Shkodra, notamment dans ses annexes Sud-Est 159. Ces premiers travaux ont fourni d’emblée une nouvelle stratigraphie plus complète que celle obtenue à ce jour par les fouilles sporadiques menées antérieurement par Sk. Muçaj sur l’enceinte. Des fragments de céramique montée à la main ou au tour lent, à pâte sombre et parfois décorée de lignes incisées 160 ont été récoltés en surface de la couche de destruction des murs du quartier épiscopal. Lors de cette campagne, quatre pièces nouvelles du quartier épiscopal ont été dégagées et relevées et un abondant matériel archéologique découvert : céramique, monnaies, outils et fragments architectoniques. Ce matériel appartient au vie s. et au Moyen Âge. L’étude du matériel céramique (Y. Cerova et M. Bonifay) et celle du matériel métallique (E. Nallbani) ont été initiées tant pour les trouvailles issues des fouilles anciennes que récentes. Un séjour de travail en novembre à l’EFA a permis d’améliorer le texte, le phasage des basiliques A, C et D, et de projeter l’organisation de l’illustration du volume. Des exposés présentés à l’occasion d’une journée d’étude sur l’Albanie à l’EFA, par Sk. Muçaj, P. Chevalier, M.-P. Raynaud et C. Vanderheyde, ont livré les premiers résultats obtenus. En mai 2001, la mission 161 s’est concentrée sur la cathédrale, ou basilique B, à laquelle sera consacré un autre volume : compléments de relevés pour l’architecture et les mosaïques, étude et dessin de la sculpture architecturale, de la céramique, du matériel métallique, etc., extension des fouilles du quartier épiscopal dans le secteur Est 162. Quelques sondages complémentaires ont également été effectués dans la basilique C, où une tombe d’enfant a notamment été mise au jour 163. Une clôture a été posée autour de la basilique D et des travaux de consolidation des mosaïques programmés pour être réalisés à partir de 2002 164.

159. Cf. Beaudry et al. 2002, p. 675-678. 160. Un matériel similaire, accompagné de monnaies postérieures à l’époque protobyzantine, a aussi été mis au jour

161.

162. 163. 164.

dans un niveau couvrant la dernière couche de destruction dans les tours X, E et la porte 7 (voir infra, chapitre 2, p. 69-70 et 75-76). À laquelle ont pris part : N. Beaudry, P. Blanc (restaurateur de mosaïque – musée de l’Arles antique), M. Bonifay, Y. Cerova, P. Chevalier, D. Dubois (photographe), M. Haxhimihali, E. Hobdari, A. Islami, E. Nallbani, L. Papajani, M.-P. Raynaud, B. Shkodra, I. Tassignon (EFA), S. Veseli (étudiante univ. Tirana), M. WurchKozelj, sous la direction de Sk. Muçaj et de J.-P. Sodini. Cf. Beaudry et al. 2002, p. 678-679. L. Buchet (CNRS–CRA Valbonne) en a effectué l’analyse anthropologique en mai 2002. Ces travaux de protection ont été financés par la fondation Packard que nous remercions très chaleureusement pour son aide.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



En mai 2002, la mission 165 a poursuivi l’étude de la cathédrale (architecture et aménagements liturgiques dont l’ambon) et les fouilles du quartier épiscopal dans le secteur Sud-Est (axe de passage Est-Ouest, bâtiments et citernes) 166. L’étude de la céramique et des objets métalliques a progressé. Une évaluation générale de l’état des pavements de mosaïque a été réalisée dans les basiliques A, C et D par P. Blanc et par M.-L. Courboulès. Plusieurs membres de l’équipe ont exposé des communications au IVe Colloque sur l’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité 167. En mai 2003, la mission 168 a continué l’étude de la cathédrale (architecture, sculpture et enduits peints), de l’abside, du sanctuaire et du baptistère ; plusieurs sondages ont été effectués à l’extérieur de la basilique, au Nord et à l’Est ainsi que dans l’atrium. Des grillages de protection ont été posés autour de la basilique A et des thermes protobyzantins. Un sondage complémentaire a été effectué dans le collatéral Nord de la basilique D afin de préciser la chronologie relative des constructions à l’Est, notamment de l’annexe Nord-Est tardive 169. À compter de cette année, J.-P. Sodini a donné pouvoir à P. Chevalier en tant que co-responsable de la fouille avec Sk. Muçaj, pour poursuivre les travaux et mener à bien les publications du site. En mai 2004, la mission 170 a repris l’étude des phases, des techniques de construction et des mortiers de la cathédrale et les fouilles du quartier épiscopal dans le secteur Sud-Est 171. Des grillages de protection ont été posés autour de la basilique C, où E. Haxhiraj et A. Islami ont débuté l’anastylose des colonnes et des parapets de la nef. La campagne de consolidation de maçonneries s’est poursuivie par l’atrium de la cathédrale. Sk. Muçaj a effectué des sondages limités sur le site de la basilique E dans l’intention d’en reprendre la fouille l’année suivante. Avant la restauration annoncée des thermes byzantins, T. Kozelj et M. Wurch-Kozelj en ont relevé l’ensemble des structures en plan et en élévation, puis prospecté les carrières de calcaire de la ville 172. Une mission à Paris de Sk. Muçaj et E. Hobdari a permis une série de réunions avec des membres français de l’équipe pour travailler à la rédaction de ce volume.

165. À laquelle ont pris part : N. Beaudry, P. Blanc, Y. Cerova, P. Chevalier, M.-L. Corboulès (restauratrice de mosaïque,

166. 167. 168.

169. 170.

171. 172.

musée de l’Arles antique), M. Haxhimihali, E. Hobdari, A. Islami, T. Kozelj, E. Nallbani (Research Fellow Univ. East Anglia), S. Kamani (archéologue IMK), I. Tassignon, M. Wurch-Kozelj, B. Dode et S. Golemi (archéologues IAT), S. Campestrin (étudiant univ. de Fribourg), E. Poçi et E. Kodheli (étudiantes univ. de Tirana), E. Haxhiraj (restaurateur d’architecture IMK), sous la direction de Sk. Muçaj et de J.-P. Sodini. Cf. Beaudry et al. 2003. Muçaj 2004 ; Sodini 2004 ; Chevalier 2004 ; Vanderheyde 2004 ; Haxhimihali 2004. L’équipe comprenait Y. Cerova, E. Hobdari, B. Dode et S. Golemi, S. Kamani, E. Nallbani, N. Beaudry, E. Poçi, E. Kodheli, T. Kozelj et M. Wurch-Kozelj, A. Islami et E. Haxhiraj, sous la direction de Sk. Muçaj et de P. Chevalier (univ. Clermont-Ferrand 2 – CNRS-UMR 5594-ARTeHIS). Cf. Chevalier et al. 2004-2005, p. 1189. Pour cette campagne co-dirigée par P. Chevalier et Sk. Muçaj, l’équipe se composait de N. Beaudry (EFA, responsable de la fouille du quartier épiscopal), O. Delouis (EFA), Y. Cerova, E. Hobdari, B. Dode, O. Lafe (archéologue IAT), E. Poçi (assistante univ. de Tirana), A. Islami, S. Kamani, T. Kozelj, M. Wurch-Kozelj, S. Büttner (géoarchéologue Centre d’Études médiévales d’Auxerre – CNRS–UMR 5594), E. Nallbani, L. Fiocchi (étudiant univ. Clermont-Ferrand 2), M. Haxhimihali, E. Kodheli, S. Metaj et A. Xhelaj (étudiants univ. de Tirana et de Gjirokastër). Cf. N. Beaudry, dans Chevalier et al. 2004-2005, p. 1185-1225. Ibid.

l a géographie, l’histoire et les recherches sur le site



En mai-juin 2005, la mission 173 a repris l’étude de la cathédrale à la faveur des travaux d’anastylose du tribèlon du baptistère, des galeries de l’atrium et des restaurations de mosaïque et de quelques enduits peints. Les fouilles du quartier épiscopal se sont poursuivies dans des espaces à vocation économique surmontés d’étages habités. E. Haxhiraj et A. Islami ont terminé l’anastylose des colonnes du tribèlon de la basilique C 174. Sk. Muçaj a également repris brièvement l’examen, abandonné après 1991, de la basilique E, située à l’extérieur du mur protobyzantin de Viktôrinos. M. Wurch-Kozelj a entrepris l’étude des carrières de calcaire de la ville afin de mieux comprendre l’approvisionnement en matériaux des chantiers de construction des ive-vie s. (basiliques, maisons, rempart) 175. La campagne 2006 176 s’est concentrée sous la direction de N. Beaudry sur les espaces déjà bien définis du quartier épiscopal, avec notamment la fouille d’une cave et d’une pièce sans étage, emplie de sédiments sombres résultant de la décomposition de matériaux organiques, qui contenait plusieurs foyers maintes fois réparés au vie s. (une cuisine). On a en outre prolongé l’étude des carrières et la fouille de la basilique E, très comparable à la basilique D et pavée de mosaïque dans le vaisseau central de sa nef 177. En avril-mai 2007 178, la mission s’est centrée sur le quartier épiscopal pour la majeure partie de l’équipe et a commencé à mettre au jour une installation de fouloir à vin, une nouvelle salle de stockage, un espace dévolu à la boucherie, les aménagements les plus anciens de la cuisine déjà explorée, etc. 179. La mosaïque de la basilique E a été étudiée, relevée par M.-P. Raynaud et consolidée par A. Islami ; l’architecture et les abords de l’édifice ont été entièrement explorés et la sculpture dessinée et cataloguée par E. Hobdari et P. Chevalier. Un autre secteur des carrières de la ville a fait l’objet de nettoyages et de relevés 180. 173. L’équipe était composée de la manière suivante : Y. Cerova, E. Hobdari, B. Dode ; L. Jaupaj, Z. Malasi, S. Metaj

174. 175. 176.

177. 178.

179. 180.

et A. Xhelaj (étudiants univ. de Tirana, d’Elbasan et de Gjirokastër), A. Islami, N. Beaudry, M. Bonifay, D. Foy (étude du verre CNRS–UMR 6572, MMSH, Aix-en-Provence), O. Delouis, T. Kozelj, M. Wurch-Kozelj, E. Nallbani, M. Savard (UQAR), L. Fiocchi et A. Berthon (étudiants univ. de Clermont-Ferrand 2 et de Lyon 2), avec la participation ponctuelle de S. Shpuza (doctorant univ. de Tirana et Paris-IV Sorbonne), sous la direction de Sk. Muçaj et de P. Chevalier. Cf. Chevalier et al. 2006. Kozelj, Wurch-Kozelj 2012. L’équipe, sous la direction de Sk. Muçaj et de P. Chevalier, comprenait : Y. Cerova (directeur du Parc archéologique de Butrint), E. Hobdari, B. Dode, S. Bushi (dessinateur IAT), S. Xyheri, L. Jaupaj et S. Metaj (étudiants univ. de Tirana et de Gjirokastër) ; A. Islami, S. Kamani, E. Bitri (conservateur des objets métalliques Tirana), N. Beaudry (UQAR), T. Kozelj, M. Wurch-Kozelj, E. Nallbani, M. Savard, L. Fiocchi, A. Berthon, J. Plantin (étudiant univ. Clermont-Ferrand 2). Voir Beaudry et al. 2007. L’équipe, placée sous la direction de Sk. Muçaj et de P. Chevalier, se composait de : E. Hobdari, S. Bushi, L. Jaupaj, S. Metaj, O. Durmishaj et A. Xhelaj (archéologues Parcs archéologiques d’Apollonia et de Byllis) ; A. Islami, S. Kamani, E. Bitri, F. Mino (conservateur Parc archéologique de Byllis), N. Beaudry, M. Bonifay, M.-P. Raynaud (CNRS-Collège de France–UMR 8167 Orient et Méditerranée), J. Cantuel (archéozoologue doctorant univ. de Montpellier), B. Prat (palynologue), S. Büttner, T. Kozelj, M. Wurch-Kozelj, E. Nallbani, M. Savard, A. Berthon ; P. Debowski, G. Gascuel, D. Martinez (étudiants univ. Clermont-Ferrand 2), C. Dupont (étudiante univ. de Montréal), M. Meshini (étudiant univ. de Tirana). Chevalier et al. 2008 ; et Beaudry, Chevalier, Muçaj 2009. Kozelj, Wurch-Kozelj 2012.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



La campagne de mai 2008 a essentiellement permis de compléter la fouille du fouloir à vin, de la cuisine et d’entrepôts du quartier épiscopal 181. Le secteur de carrière étudié a révélé le site d’extraction des blocs ayant servi à édifier la muraille de Viktôrinos. Des travaux de consolidation et d’anastylose, menés par l’IMK, ont comme à l’accoutumée accompagné nos travaux 182. Sk. Muçaj s’est intéressé, à compter de 2007, à une maison située près de la muraille de Viktôrinos, entre l’ancienne agora et le complexe épiscopal ; deux inscriptions citant le nom du propriétaire d’une des phases de l’époque romaine, un certain Terencianus, l’ont conduit a baptiser le bâtiment « Terencianum » 183. De 2009 à mai 2013 184, nous avons achevé la fouille de l’aménagement viticole 185, de diverses canalisations, d’un dernier entrepôt et du bâtiment résidentiel possédant un étage, le plus récent du quartier épiscopal 186. En mai 2011, une première réunion de préparation du volume sur la cathédrale a rassemblé pendant une semaine sur le terrain, autour de J.-P. Sodini (Académie des Inscriptions et Belles Lettres), de P. Chevalier et de Sk. Muçaj, les différents intervenants 187. Enfin, après plusieurs présentations des fouilles à des congrès internationaux, notamment ceux des Études Byzantines ou de l’Archaeological Institute of America 188, N. Beaudry a consacré en 2017 un séjour à Dumbarton Oaks à l’élaboration du volume qui traitera du quartier épiscopal 189. Une campagne de restauration des mosaïques des basiliques A et D a eu lieu également en 2017, lors d’une mission du Corpus des mosaïques d’Albanie sous la direction d’A. Islami et M.-P. Raynaud. La présente publication a été une aventure de très longue haleine, dont il a souvent été difficile de réunir les différents acteurs en un même lieu. C’est pourquoi la préparation du manuscrit a été confiée à une équipe réduite (P. Chevalier et M.-P Raynaud, avec la collaboration de J.-P. Sodini, d’E. Nallbani et de M. Wurch-Kozelj) à partir de novembre 2005, avec de multiples séjours de travail entre Thasos, Paris, Athènes, Tirana, Clermont-Ferrand et Labastide d’Armagnac. 181. L’équipe, placée sous la direction de Sk. Muçaj et de P. Chevalier, se composait de : S. Bushi, S. Xhyeri, O. Durmishaj,

182. 183. 184. 185. 186.

187. 188. 189.

A. Islami, S. Kamani, E. Bitri, N. Beaudry, M. Bonifay, T. Kozelj, M. Wurch-Kozelj ; S. Champeyrol, G. Gascuel, J. Viriot, N. Saint-Luc (étudiants univ. Clermont-Ferrand 2), C. Dupont (étudiante univ. de Montréal et de Lille 3), C. Gagné (étudiante UQAR) ; M. Meshini, B. Premto, K. Velo, B. Pregu, D. Dano, E. Xhaferaj, B. Shkurti (étudiants univ. de Tirana) ; A. Lulgjuraj (étudiant univ. de Podgorica, Monténégro). Beaudry, Chevalier, Muçaj 2009 ; et Beaudry et al. 2009. Sk. Muçaj, P. Chevalier, S. Xhyeri et Sk. Bushi, « Monumenti i Terentianus-it (Bylis. Raport gërmimeve 20072011 », Candavia 4 (2014), p. 181-203. Voir également eid., « Bylis – 2012 », Iliria 37 (2013), p. 359-378. Cf. Beaudry et al. 2010 ; Beaudry et al. 2011 ; Beaudry, Chevalier 2011 ; Chevalier 2011 ; Beaudry et al. 2013 ; Muçaj, Chevalier 2013a ; Muçaj, Chevalier 2013b ; Chevalier, Beaudry, Muçaj 2013. Beaudry 2010 ; Beaudry, Chevalier 2014. L’équipe, placée sous la direction de N. Beaudry, de Sk. Muçaj et de P. Chevalier, était constituée entre 2009 et 2013 des membres suivants : S. Bushi, S. Xhyeri, O. Durmishaj, A. Islami, E. Bitri, M. Bonifay, J. Cantuel (archéozoologue, AFT topographie Rouen), E. Fournier (univ. Clermont-Ferrand 2), T. Kozelj, C. Vinos-Poyo (géomorphologue, univ. Montpellier), M. Wurch-Kozelj ; J. Bruyère, S. Grosfilley (étudiants univ. de SaintÉtienne), J. Viriot, N. Saint-Luc (étudiants univ. Clermont-Ferrand 2), C. Dupont (étudiante univ. de Montréal et de Lille 3), M. Desrosiers, C. Gagné, G. Goulet, J. Laguë (étudiants UQAR), N. Salihu (étudiante univ. Fribourg) ; B. Premto, B. Bregu, S. Metaj, Dh. Arjan, E. Poci, E. Kodheli (étudiants univ. de Tirana). Il s’agissait de D. Dubois, E. Hobdari, A. Islami, T. Kozelj, E. Nallbani, M.-P. Raynaud, M. Wurch-Kozelj. Beaudry, Chevalier (à paraître) ; Beaudry, Chevalier 2011 ; Chevalier, Beaudry 2018. Voir en ligne : https://www.doaks.org/newsletter/in-the-shadow-of-a-cathedral.

l a géographie, l’histoire et les recherches sur le site

Chapitre 2

Le système de fortification de Byllis

Bien que de nombreux voyageurs aient visité Byllis tout au long du xixe s., les notes sur ses murailles sont rares et fragmentaires 1. La première démarche qui ait abouti à une étude plus poussée du système de fortification, appuyée sur des observations sommaires en 1917-1918 et quelques petits sondages, a été effectuée par l’archéologue autrichien C. Praschniker dans son article « Muzakhia und Malakastra » 2. Il décrit toute la ligne des remparts et constate, à partir de la technique de construction, deux phases qu’il nomme respectivement mur extérieur (le plus ancien) et mur intérieur (le plus récent). Il situe la construction du premier à la haute époque hellénistique, après celle de la muraille de Lissos (deuxième décennie du ive s. av. J.-C.) mais avant 230 av. J.-C., et date le mur récent entre le ve et le vie s. apr. J.-C. Dans la partie Nord de l’ancienne fortification, il a remarqué le bastion (en fait une cour fortifiée) qui lui est contemporain. Il a aussi fouillé une des entrées (no 3) et a pu situer approximativement l’emplacement des autres tours d’entrée de la ville. Le plan de la ville de Byllis relevé par Praschniker (fig. 33) correspond, en grande partie, au tracé actuel des murs des deux périodes. Néanmoins, il présente quelques petites imprécisions pour ce qui concerne la position exacte des tours et des entrées 3, car l’auteur ne s’est appuyé que sur des observations de surface. En décrivant le mur byzantin, il affirme qu’à une époque où le périmètre délimité par le rempart extérieur était devenu trop vaste pour le nombre restreint des habitants de la ville, son étendue fut réduite à un tiers de la superficie grâce à un nouveau mur, construit à l’intérieur de la ville et relié à une partie de l’ancienne muraille. Il isolait ainsi la partie septentrionale désormais capable de se défendre de façon autonome 4. Ensuite, l’auteur présente quelques informations sur la technique de construction et il étudie la tour d’angle S (T dans son 1. 2. 3. 4.

Leake 1835, p. 365 ; Gaultier de Cloubry 1863, p. 263 ; Tomaschek 1897 ; Patsch 1904, p. 110-124. Praschniker 1922-1924, sur Byllis : col. 68-83, fig. 25-32. Sur la position de ces entrées, cf. Ceka 1984a, p. 65 ; Ceka 1990, p. 111-116. Praschniker 1922-1924, col. 78, fig. 26.



plan), dont il donne des mesures inexactes, et la tour T (U dans son plan) qu’il considère par erreur comme une entrée de ville 5. Il compare la tour S (T dans son plan) à celle de la forteresse de Vig et sa pseudo-entrée U à l’accès Sud de la citadelle de Scampis. Nous avons tenté de mettre en relation le système de fortification antique tardif de Byllis avec les forteresses voisines de la région de Mallakastër. C’est au cours de cette étude que nous avons pu constater une phase de construction supplémentaire. Aussi, avons-nous nommé les trois phases : Byllis I, II et III 6. Afin de mieux connaître le système de fortification de la ville (fig. 34), nous avons entrepris différentes campagnes de fouilles en plusieurs points de l’enceinte, notamment à la hauteur des

Fig. 33 — Plan de la ville de Byllis publié par C. Praschniker. 5. 6.

Ibid., col. 79, fig. 31 a et b. Muçaj 1979-1980, p. 279-299. Dans cet article, les données s’appuyaient uniquement sur des observations superficielles et quelques sondages réalisés dans la muraille de la première phase.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d

 A 1 B

2 R

Byllis I

C 475

Byllis II

Basilique D

Byllis IIa Q

485

Byllis IIb

6

Byllis III

D

8

495

S

E F

3 Rempart 2° phase

Rue

Basilique B

T P

G Quartier épiscopal

Rue

500

Maison romaine

7

U

O Nécropole Nord-est

500

495

505

500

Rue

485

Basilique A

H

485

495

475

Maison hellénistique

Stoa

Thermes

4

gradins

Citerne couverte

Basilique E

Basilique C

Maison

I

Rue

9 V

Stoa

Rue

X J

Théâtre

K

Stoa

5

520

495 490 485

515

480

Nécropole Sud-est

Y

475

0 10

510

L

470

50

100

N

150 m

carrières

Rempart 1° phase M

Fig. 34 — Byllis, plan topographique de la ville (del. M. W.-K. et P. N.)

le système de fortification de byllis



tours et des entrées. Dans le mur byzantin, des fouilles ont été effectuées sur toute la longueur intérieure : les six tours (S, T, U, V, X, Y) et deux entrées (8 et 9) inconnues jusqu’ici, ainsi que la courtine entre les tours U et X, ont été complètement mises au jour. Les fouilles de la façade extérieure du mur de Byllis I ont permis de dégager six autres entrées (1, 2, 4, 5, 6 et 7) ainsi que deux tours (E et F). Durant les fouilles, nous avons distingué, outre les trois phases principales de la fortification, des réparations partielles exécutées à différentes époques, mais en dehors des trois grandes phases. Nous les avons nommées Byllis II a, II b, III a et III b. Cette nouvelle étude du système de fortification de Byllis a permis de corriger quelques erreurs des plans antérieurs. Les apports nouveaux concernent surtout les quelques entrées et tours inconnues auparavant, ainsi que la description de leurs composantes. De même, le matériel archéologique découvert, principalement numismatique et épigraphique, a fourni de nouvelles données précisant la datation de Byllis II et III, celle des réparations effectuées entre ces deux phases, ainsi que celles postérieures à Byllis III. Nous avons observé quatre techniques de construction différentes dans les remparts de Byllis : blocs quadrangulaires (opus quadratum) posés à sec (fig. 35), blocs quadrangulaires liés au mortier (fig. 36), moellons de moyennes et petites dimensions liés avec un mortier abondant (opus incertum) (fig. 37) et blocs liés avec de la terre. Les deux premières techniques mentionnées se rencontrent sur toute la longueur du mur d’enceinte ancien de la ville 7. Les maçonneries en opus incertum 35

36

37

Fig. 35 — Murailles, opus quadratum sans mortier (cl. J.-P. S.). Fig. 36 — Murailles, opus quadratum avec mortier (cl. J.-P. S.). Fig. 37 — Murailles, opus incertum (cl. J.-P. S.). 7.

Il s’agit toujours de blocs calcaires extraits dans les carrières mêmes de Byllis, voir Kozelj, Wurch-Kozelj 2012.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



appartiennent au nouveau rempart et à la réparation des portions occidentale et méridionale de l’ancienne enceinte comprise dans la nouvelle fortification. La technique des blocs liés à la terre n’apparaît que dans quelques réparations tardives du côté Ouest de Byllis III. Les trois premières techniques correspondent chacune à une phase distincte de la fortification de la ville. La dernière, qui est liée au système de fortification de Byllis III, représente seulement une sous-phase, que nous avons nommée Byllis III b pour bien la distinguer 8. La phase Byllis I, d’époque hellénistique, perdure jusqu’au ier s. apr. J.-C. 9 ; les phases Byllis II et III appartiennent à l’Antiquité tardive, respectivement aux ve et vie s. apr. J.-C. 10.

LA FORTIFICATION DU Ve S. (BYLLIS II)

Le plan La fortification de Byllis II se superpose au tracé de la fortification de Byllis I sur un périmètre de 2 550 m et une superficie de 30 ha. Le plan de cette phase conserve les éléments de défense de Byllis I : décrochements, tours, bastions et cour fortifiée 11 (fig. 38). La cour construite dans la troisième sous-phase de Byllis I 12 à la pointe Nord du rempart conserve le plan triangulaire, la tour ronde, la tour quadrangulaire, le bastion et les deux entrées. Les indices observés ne suffisent pas à prouver le maintien des tours surmontant les entrées dans cette phase. Les éléments architectoniques identifiés dans les entrées 4 et 6 indiquent néanmoins la reconstruction de leur tour. Dans la mesure où l’entrée 7, qui est pourvue d’une tour, est aménagée pour la première fois à ce moment, on peut supposer que les entrées 1 et 2 étaient également surmontées de tours. Les autres tours de la ville n’ont pas subi de modifications durant la reconstruction.

Les techniques de construction Dans toutes les parties étudiées de la muraille comme dans celles conservées en élévation, on distingue des portions de murs reconstruites avec des blocs de remploi liés au mortier, qui respectent toujours l’épaisseur du rempart primitif (2 à 3,50 m). C’est dans le mur reconstruit de la cour, mieux conservé que les autres parties de la fortification, que l’on observe le meilleur exemple de ce type de parement. De même, plusieurs assises (de une à quatre) construites suivant cette technique sont visibles dans le mur de la façade Ouest, du point B jusqu’à la tour G, et dans le mur de la façade Est, de la tour R jusqu’à l’entrée 4. L’entrée 7, percée au cours de la phase Byllis II dans le mur de Byllis I, représente la partie la mieux conservée de la réfection. Une, deux ou

8. 9. 10. 11. 12.

La détermination de cette sous-phase reste conventionnelle car sa datation est incertaine. Ceka 1984a, p. 64-66 ; Ceka 1990, p. 142-143. Muçaj 1990, p. 185 et 188. Ceka 1990, p. 104 ; Ceka, Muçaj 2009, p. 20-24. Et notamment le redans sans porte du secteur P. Ibid., p. 103, fig. 5.

le système de fortification de byllis

 A 1 B 2 R C 475

Byllis I Q

Byllis II

485

6

Byllis IIa

495

E

Byllis IIb

3

P

G

500

7 O Nécropole Nord-est 485

500

495

505

500

Rue

H

495

485

475

Maison hellénistique

Citerne couverte

gradins

Stoa

4 Rue Stoa

Rue

I J

Théâtre

K

Stoa

5 495

520

490

Nécropole Sud-est

485 480

515

475 510 470

0 10

50

100

150m

N

© EfA

M

Fig. 38 — Plan des murailles des phases I et II (del. M. W.-K.).

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



plusieurs assises édifiées selon la même technique sont également préservées dans la portion de mur entre les portes 7 et 5. Plusieurs dégagements effectués au pied du mur d’enceinte ont montré que l’état de conservation des murs de Byllis I varie : quelques portions sont conservées sur deux ou trois assises ; dans certains secteurs, l’élévation a disparu. La dégradation est plus importante dans la partie Ouest, où la pente est plus accentuée. Des blocs de cette zone des remparts ont été réutilisés dans les nouvelles constructions extra-muros car, après sa transformation en colonie romaine, la ville s’est aussi développée hors des murs, sur les terrasses inférieures. Il est difficile d’interpréter les destructions de Byllis I : à quel moment ont-elles eu lieu ? S’agitil d’une ruine rapide et violente ou d’une dégradation graduelle ? Certains indices techniques et épigraphiques apportent des précisions à ce sujet. Les murs des portes 5 et 6 comprenaient des inscriptions latines datées des trente dernières années du ier s. av. J.-C. Il s’agit de décrets concernant l’entretien de la fortification de Byllis 13, qui prouvent que le système de fortification était en bon état à cette époque. Dans certaines parties de la muraille – de la porte 1 jusqu’à la tour ronde A, comme en I – les blocs des première, deuxième et troisième assises qui étaient tombés au bas du mur n’ont pas été remployés lors de la reconstruction car ils étaient déjà recouverts à cette époque par une couche épaisse de terre. Une partie de la ligne de la façade Ouest, notamment le parement extérieur plus exposé aux intempéries, était détruite jusqu’aux fondations, alors que la façade Est était un peu mieux conservée. Les blocs de Byllis I ont en général été réutilisés pour la reconstruction des murs, mais ils ont été placés de façon irrégulière et jamais à leur emplacement d’origine. Dans toute la partie reconstruite, ces blocs ont été employés en parement. Contrairement à la phase antérieure, ils ne sont plus disposés à sec, mais liés par une mince couche de mortier. Si pour les parements, il a été relativement facile de préciser la technique de construction de Byllis II, il est en revanche plus difficile de déterminer les composantes du remplissage entre parements du côté Ouest, où les maçonneries de Byllis III sont construites sur les murs de Byllis II. À l’Est, malgré l’insuffisance des fouilles, les observations sont plus aisées et ont permis de voir dans certaines parties le remplissage, caractéristique de Byllis III, composé de petites pierres irrégulièrement liées au mortier 14. L’utilisation du mortier dans le blocage central est visible dans un segment de mur d’une longueur de 10 m, qui se trouve entre le point O et la porte 4. Le mortier est identique à celui des joints : un mélange assez maigre de chaux et de sable fin 15.

13. 14.

15.

Ceka 1987a, p. 100-101, nos 51-52, fig. 32-33 ; Anamali, Ceka, Deniaux 2009, nos 184-185, p. 144-145. Il semble que certaines assises des parements correspondaient à des banchées de remplissage du mur (mortier, éclats de pierre et petits blocs), comme c’est le cas dans la forteresse de Shkodra (Hoxha 1994, p. 233) et dans celle de Lezha (G. Hoxha, « Lissus në Antikitetin e Vonë », Candavia 2 (2005), p. 25 ; id., A. Oettel, « Lissos », dans Gjipali, Përzhita, Muka 2013, p. 143-144). Des échantillons de ce mortier ont été analysés par St. Büttner (CEM Auxerre) en 2012, ils correspondent à une des phases de réfection tardives de la cathédrale et à un des liants des maçonneries de la basilique E, cf. Beaudry et al. 2009 ; et Beaudry et al. 2013, § 25.

le système de fortification de byllis



Les tours Les tours de Byllis II, construites sur les vestiges des tours de Byllis I, en respectent le plan et les aménagements (escalier, entrée au rez-de-chaussée). Bien que peu nombreuses, ces tours sont de trois types. De plan carré 16, certaines ont des fonctions de défense ou de surveillance 17. Les tours C, O et R, situées à des inflexions du tracé, loin des entrées, remplissent les deux rôles tandis que la tour G, bâtie sur une portion linéaire du tracé Ouest, sur un terrain accidenté, n’assure que la surveillance. Le deuxième groupe des tours de Byllis reposait sur des arcades couvrant le couloir des entrées 1, 2, 4, 5 et 7. L’entrée principale 6 est un cas spécifique. Surmontée d’une tour originelle (similaire au cas 2), puis flanquée d’une tour carrée E, elle est encore agrandie dans la dernière phase : l’ensemble a donc un rôle de défense et de surveillance. La tour ronde située à l’extrémité de la cour fortifiée constitue le dernier type. Cette tour protégeait les deux entrées Nord de la ville. Son emplacement au point le plus avancé de la fortification au Nord, à la jonction des deux murs, sa forme ronde, le remplissage de sa partie basse ainsi que la triple épaisseur des maçonneries montrent qu’il s’agit probablement ici d’une tour d’artillerie. – La tour G (fig. 34 et 39) est une tour de plan carré de 6,90 m de côté dont la base est renforcée par un étrésillon cruciforme 18. Le soubassement est plein. Les parements latéraux sont constitués de deux rangs de blocs d’une largeur totale de 95 cm qui contiennent une structure de grandes pierres non travaillées. Les deux murs de l’étrésillon, liés aux parements, ont la largeur d’un seul bloc, soit 47 cm. La façade de la tour est construite avec des blocs montés à sec. Le bon état de conservation de cette tour et de ses G escaliers n’a pas nécessité de réparation dans la phase Byllis II. À la hauteur du niveau de la ville, la tour communiquait par une entrée de 98 cm de large qui s’élargissait vers l’intérieur pour laisser place à l’encadrement de la porte. De part et d’autre du couloir sont préservés in situ deux escaliers menant vers le chemin de ronde ; les marches sont larges de 150 cm avec un giron de 35 cm et une contremarche de 28 cm. Ces escaliers sont bâtis dans l’épaisseur du mur 19, contrairement à celui de la tour C et à ceux de Byllis III qui font saillie. Une telle structure exclut l’existence d’un étage 0 1 2 5m supérieur. La pente abrupte crée une dénivellation de 4 m entre le © EfA seuil d’entrée de la tour et le sol extérieur au pied de sa façade Ouest. Fig. 39 — Plan de la tour G (del. M. W.-K. Le même dénivelé existe dans d’autres tours héritées de Byllis I ainsi d’ap. S. M.). que dans la tour F de la phase Byllis III.

16.

17. 18. 19.

Comme les tours du mur Ouest de la fortification de Butrint : Karaiskaj 2009 ; R. Andrews, W. Bowden, O. J. Gilkes, S. Martin, « The Late Antique and Medieval Fortifications of Butrint », dans Hodges, Bowden, Lako 2004, p. 126-150. Ceka 1990, p. 105. Lawrence 1979, p. 223. Gregory 1993, p. 136-140.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



– La tour C (fig. 34 et 40) qui protège une portion de mur légèrement coudée, présente un plan presque carré de 6,70 m de long pour 6,50 à 6,90 m de large. Sa façade est traitée de la même manière que celle de la tour G, tandis que sa structure est similaire aux tours Q et R. L’étage inférieur comporte des pierres dégrossies, où se devine un renforcement cruciforme. À 9 m à gauche de la tour commence un escalier qui mène au chemin de ronde et au premier étage de la tour 20. La construction de l’escalier a modifié le parement intérieur du mur de Byllis I. L’escalier mesure 1,50 m de large et ses marches ont un giron de 27 cm et une hauteur de 37 cm. Sur une longueur de 4,80 m, cet escalier suit le tracé du rempart, infléchi à cet endroit. Il se termine par un palier situé à une hauteur de 3,50 m, au même niveau que le chemin de ronde et l’entrée du premier étage de la tour. L’absence d’accès au rez-de-chaussée indique que la communication entre les étages s’effectuait par des escaliers intérieurs en bois, comme dans les tours de Byllis III. – La tour Q (fig. 34) est de plan rectangulaire (7,40 × 6 m). L’étage inférieur comporte des pierres dégrossies, des déchets de taille ainsi que des gravats liés au mortier. Aucun étrésillon en croix n’a été observé. L’état actuel de la courtine ne permet pas de savoir comment s’effectuait l’accès au chemin de ronde, ni de déterminer l’existence éventuelle d’une porte au premier étage. – La tour R (fig. 41) a un plan trapézoïdal (7,50 m en façade ; 5,50 m au Nord et 6 m au Sud). L’étage inférieur présente la même technique de construction que la tour Q. La courtine n’a été dégagée qu’à hauteur de l’entrée du premier étage, qui est large d’1,10 m. Le mortier trouvé dans les tours R et Q laisse supposer l’existence d’un étage probablement bâti en opus incertum. – La tour A (fig. 41), de plan circulaire (diam. 9,60 m), fait saillie sur plus d’un demi-cercle par rapport au mur. La partie basse est comblée de blocs dégrossis et de déchets de taille. À l’Ouest, existe un décrochement de 3,15 m, qui correspond à la largeur du mur d’enceinte. De l’autre côté, le raccord avec le mur se fait obliquement. Sur la façade, on remarque des traces de la reconstruction intervenue au cours de Byllis II. On accédait à l’étage inférieur de la tour depuis la cour située au même niveau (5,15 m plus haut que le pied de la tour à l’extérieur). – La tour E (fig. 51). Cette petite tour de fonction incertaine a été accolée au mur de Byllis I à l’Ouest de la porte 6 21. Dans sa phase initiale, la construction de la tour présentait une forme approximativement carrée (4,60 × 4 m). Elle est peu conservée au-dessus du sol. Comme les tours quadrangulaires de la phase Byllis I, elle a deux parements de blocs d’1 m de large, laissés bruts sur leur face interne. Le rez-de-chaussée de la tour était vide et servait probablement de dépôt. Lors d’une reconstruction, le mur Ouest fut prolongé vers le Nord de 1,14 m et la tour élargie dans cette direction, adoptant désormais une forme rectangulaire et atteignant les dimensions de 7,80 × 4 m. Le rez-de-chaussée continua à servir de dépôt durant la phase Byllis III, comme pour les autres tours de cette période. – Le bastion B (fig. 41) occupe l’angle Sud-Ouest de la cour. De forme rectangulaire (15,50 × 4,95 m), il fait saillie au Nord de 4,20 m par rapport au mur séparant la cour de la ville. Il est flanqué au Sud sur toute sa longueur d’une plate-forme construite, large de 2,70 m, qui servait de 20. 21.

On trouve un escalier semblable dans la forteresse de Shkodra, cf. Hoxha 1994, p. 236. N. Ceka (Ceka 1990, p. 104) avançait que cette tour avait été ajoutée vers la fin du ive s. av. J.-C., car elle différait du schéma habituel de la construction d’une tour directement sur le couloir d’entrée soutenu par des arches. Mais la découverte de claveaux durant la fouille dément cette hypothèse. Nous pensons que la construction de la tour E est intervenue au ier s. av. J.-C. (voir infra, p. 55-56 et que les deux tours, E et celle sur l’entrée 6, ont subi ultérieurement des reconstructions contemporaines).

le système de fortification de byllis

 A 40

41

1

C

B

2 01

5

10

20m

© EfA

0

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2

R

5m

© EfA

Fig. 40 — Plan de la tour C (del. M. W.-K. d’ap. S. M.). Fig. 41 — Plan de la cour Nord de Byllis I et II, avec les tours A, B et R, le bastion B et les portes 1 et 2 (del. M. W.-K. d’ap. S. M.).

socle à deux escaliers en bois placés à ses extrémités. Il est puissamment bâti en blocs posés à sec comme dans les courtines de Byllis I. Le remplissage du mur est dépourvu de mortier. L’ensemble de ces observations indique que le bastion n’a subi aucun changement au cours de Byllis II. Bien que les tours surmontant les entrées ne soient pas conservées, de nombreux éléments prouvent leur existence. – La tour surmontant l’entrée 5 (fig. 34, 42 et 47) présentait une forme rectangulaire (9,88 × 7 m) et couvrait le passage de l’entrée reposant sur trois arcs, dont quelques claveaux ont été trouvés 22. – La tour surmontant l’entrée 4 (fig. 34 et 46) est d’une construction plus élaborée et présente des dimensions plus importantes (10,85 × 8,45 m). Elle était soutenue par des arcs portés par trois paires de pilastres, placés de chaque côté du couloir d’accès. Les pilastres appartiennent à l’appareil en implecton du mur et font saillie à l’intérieur du couloir. L’arc de la façade d’entrée s’élève sur deux pilastres de 90 cm de large composés, contrairement aux autres, d’assises à double cours qui créent, vu de l’extérieur, l’illusion d’une voûte 23. Les deuxième et troisième arcs ont été trouvés sur 22. 23.

Ibid., p. 106. Ibid., p. 108.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



Fig. 42 — Tour sur l’entrée 5 (del. P. N.).

le sol du couloir, ce qui semble indiquer que durant la reconstruction de la phase Byllis II, les tours sur les entrées devaient être bâties de la même façon que durant la phase Byllis I. – La tour surmontant l’entrée 6 (fig. 34 et 51) mesure 9 × 7,60 m et s’élève sur des arcs qui reposent directement sur les murs. – La tour surmontant l’entrée 7 (fig. 34 et 55), dont la présence est attestée par la trouvaille de quelques claveaux, offre le même plan que la tour de l’entrée 5. – La présence d’une tour sur l’entrée 1 (fig. 34, 41 et 43) est suggérée par l’emploi de pilastres. Il en est de même pour la tour de l’entrée 2 (fig. 41 et 44), où l’on a aussi retrouvé des claveaux (larg. 41 cm ; haut. 45 cm pour le 2e arc). 43

44

1

A

2

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56 0

1

2

5m

24 © EfA

A

A'

Fig. 43 — Plan de l’entrée 1, plan et coupe (del. M. W.-K. d’ap. S. M.). Fig. 44 — Plan de l’entrée 2 et de ses aménagements (del. M. W.-K. d’ap. S. M.).

le système de fortification de byllis



Les entrées Lors de la reconstruction de l’enceinte, outre les six entrées de la phase Byllis I, une nouvelle porte a été percée dans le secteur Ouest. Les autres entrées n’ont pas subi de transformations typologiques (type à décrochement ou à recouvrement), mais seulement quelques changements mineurs : rétrécissement et modification dans leur fonctionnement 24. – L’entrée 1 (fig. 34, 41 et 43) devait être très endommagée au moment de la reconstruction et obturée non seulement avec des pierres, mais aussi avec de la terre. Le couloir d’accès a été condamné ultérieurement (Byllis IIa) par des murs construits en blocs liés au mortier. L’observation des phases antérieures était facilitée à cet endroit par l’effondrement vers l’extérieur du mur de Byllis I presque jusqu’à la base. Les trois assises basses n’ont pas été remployées dans Byllis II, parce qu’elles étaient déjà couvertes de terre. Cela implique que le niveau du terrain, y compris celui du couloir, était plus haut que dans la première phase de l’entrée. Un autre élément va dans ce sens : le bloc conservé du seuil a son lit de pose à 26 cm au-dessus du niveau de la porte primitive, alors que son lit d’attente est à 80 cm. Le trou de gond est rectangulaire (24 × 12 cm ; prof. 12 cm). – L’entrée 2 (fig. 34, 41 et 44), par laquelle on accède de la cour vers le centre-ville, a fonctionné pendant toute l’Antiquité et a subi d’importants changements, ce qui complique l’identification des différentes périodes de reconstruction et leurs dates respectives. Nous avons d’abord pensé que cette entrée, comme les portes 1, 3, 5, avait été condamnée au cours de la période Byllis II 25, mais la fouille a montré qu’il faut rattacher cette vague d’obturations aux périodes postérieures (Byllis IIa et b). Au moment des reconstructions de Byllis II, on observe une reprise du mur et la construction d’une porte monumentale, avec une tour carrée qui la surmonte et fait saillie vers l’extérieur dans l’avant-cour. En revanche, les dimensions du couloir et de l’ouverture de la porte restent inchangées (3,65 × 2,72 m) 26. – L’entrée 3 27 (fig. 34 et 45) est l’entrée la plus étroite de la ville (larg. 1,40 m). Les changements effectués pendant la phase Byllis II sont bien visibles. Tout comme dans l’entrée 1, on constate une élévation du niveau du sol du couloir par rapport à la phase précédente, mais comme cette porte ne servait qu’au passage des personnes, le dénivelé a été rattrapé grâce à un escalier en pierre. La porte a été déplacée de 1,12 m vers l’intérieur du couloir par rapport à la précédente qui était située à 40 cm du parement extérieur. Dans les deux cas, la porte est à un battant. Aucun élément de la première phase n’est conservé, alors que pour la deuxième phase on possède le seuil large de 42 cm, avec sa crapaudine de 8,5 cm de diamètre ; la cavité de logement de la barre de fermeture est située à une hauteur de 1,13 m. – L’entrée 4 (fig. 34 et 46) est un couloir (4,20 × 9,50 m), dont les passages sont rétrécis aux deux extrémités, au Nord-Ouest côté ville et au Sud-Est vers l’extérieur : les deux portes ne sont donc pas sur le même axe. La largeur de la première porte est de 1,35 m et celle de la deuxième 24. 25. 26. 27.

Ibid., p. 121-125. Ce type d'intervention a également été observé au castrum de Scampis, cf. Cerova 1997, p. 290. Muçaj 1979-1980, p. 282. Ceka 1990, p. 115-116. Dans l’état actuel des connaissances, la construction de cette porte est contemporaine de celle de la cour. Cette entrée a été fouillée par Praschniker, qui donne les dimensions suivantes : larg. 1,30 m et long. du couloir 3,25 m (Praschniker 1922-1924, col. 77).

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



46

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1

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Fig. 45 — Plan de l’entrée 3 (del. M. W.-K. d’ap. S. M.). Fig. 46 — Plan de l’entrée 4 (del. M. W.-K. d’ap. S. M.).

de 1,53 m. Les seuils des deux portes sont conservés : la crapaudine et le logement de la barre de fermeture originels ne sont plus utilisés que sur l’une des ébrasures de la porte intérieure. Pour leur rétrécissement, on a employé des blocs liés par une mince couche de mortier. La mise à niveau des blocs et le remplissage des joints a été réalisée par des petites pierres ou des morceaux de tuile (ép. 4 cm). Durant la fouille du couloir de cette entrée, les claveaux des trois arcs ont été trouvés à l’intérieur. Cela confirme qu’en dépit de la réédification de Byllis II, la porte est restée surmontée d’une voûte et d’une tour comme dans la phase précédente 28. – L’entrée 5 (fig. 34, 42 et 47), large à l’origine de 2,85 m, a fait l’objet lors de Byllis II d’un aménagement, qui a réduit son ouverture à 1,45 m (fig. 48). Le mur qui rétrécit l’entrée est à double cours ; ses blocs sont liés au mortier (fig. 49). Il s’appuie sur le mur de Byllis I, qui est conservé à cet endroit sur une hauteur maximum de 2,50 m. Plus tard cette entrée a été condamnée par deux murs parallèles, l’un dans la porte de Byllis II et l’autre au fond du passage. Ces murs ont été construits avec des blocs liés au mortier. Une pierre à inscription latine est remployée au SudOuest (fig. 50). Une monnaie épirote a été trouvée sous le seuil Byllis II et une monnaie byzantine sur le sol, entre les deux murs obturant la porte.

28.

Ceka 1984a, p. 66, fig. 7.

le système de fortification de byllis



5 Stoa

0

1

2

5m

2

5m

© EfA 0

1

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Fig. 47 — Plan de l’entrée 5 (del. M. W.-K. d’ap. S. M.). 48

49

50

Fig. 48 — Entrée 5, vue de l’extérieur (cl. J.-P. S.). Fig. 49 — Rétrécissement de l’entrée 5 (cl. J.-P. S.). Fig.  50 — Inscription latine remployée dans l’entrée 5 (cl. M. W.-K.).

Épire, 234-168 av. J.-C.

2.

ZEUS dr. ; Foudre ..ƆƕƊƎƖƔƘƆƒ AME, pl. 43, V 401-R 439 B / M.E. 1 (inv. BAF 1797), entrée 5, sous le seuil Æ effacé (flèche vers le bas, oblique à g. 235°) 15,9 g

23,3 mm

Byzantine, VIe s. 3.

B / M.E. 2 (inv. BAF 1796), entrée 5, passage Æ effacé

0,49 g

7,9 mm

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



– L’entrée 6 (fig. 34 et 51), une des principales de la ville, se trouve dans la partie Nord-Ouest de la ville, à l’endroit où le rempart protobyzantin (Byllis III) vient s’appuyer sur l’ancien. C’est la seule entrée à avoir été utilisée jusqu’à l’abandon de la ville. Elle a subi quelques réparations partielles sans pour autant changer de plan. Le passage mesure 2,80 m de large et 8 m de long. Le mur gauche est conservé sur une hauteur de 3,80 m, tandis que celui de droite atteint 1,66 m. Au-delà de 5,40 m à partir de l’extérieur, le passage s’élargit de 15 cm du côté droit et de 20 cm du côté gauche, à l’emplacement de la porte (fig. 52-53). Deux encoches larges de 28 cm et profondes de 20 cm, usées, ont été creusées dans la feuillure du seuil (fig. 54) : elles servaient à la fois de 52

51

mur de Viktôrinos

53

6

E

54

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1

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5m

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Fig. 51 — Plan de l’entrée 6 et de la tour E (del. M. W.-K. d’ap. S. M.). Fig. 52 — Entrée 6, vue de l’extérieur de la ville (cl. Archives IAT). Fig. 53 — Entrée 6, vue de l’intérieur de la ville (cl. Archives IAT). Fig. 54 — Seuil de l’entrée 6 (cl. M. W.-K.).

le système de fortification de byllis



passage aux chariots et à l’évacuation des eaux. Deux crapaudines ont été trouvées de chaque côté et le logement de la barre de fermeture se trouve à 1 m de haut. Le couloir devant la porte a été pavé de blocs, le sol préservé sur une longueur de 1,40 m. Les parements intérieurs du passage ont été entièrement reconstruits selon la technique caractéristique de Byllis II. Dans le dernier état (Byllis III), un mur extérieur a été construit contre l’extrémité du mur de courtine de Byllis I, faisant retour, sur 1,14 m, vers la tour E et servant de fondation à une nouvelle tour de grandes dimensions qui coiffait l’ensemble. Seules deux assises de ce mur sont encore in situ. – L’entrée 7 (fig. 34 et 55), située du côté Ouest de la ville, a notamment servi de passage vers la source qui se trouve en contrebas et porte aujourd’hui le nom de « Fontaine Saint-Jean ». C’est la seule entrée, percée dans le mur d’origine pendant cette phase de reconstruction, qui ait été utilisée durant toute l’Antiquité tardive. Les constructeurs ont profité d’un redan du mur de Byllis I pour aménager une porte à recouvrement, semblable aux autres entrées de Byllis I. Le type même de cette nouvelle porte témoigne d’une 7 continuité tant dans les techniques que dans les modèles architecturaux. Le passage (3,55 × 5,70 m) aboutit à une porte de 2,30 m. Comme dans l’entrée 3, on y accède par un escalier de quatre marches.

0

1

2

5m

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Fig. 55 — Plan de l’entrée 7 (del. M. W.-K. d’ap. S. M.).

Le plan de toutes les entrées est connu. En revanche leur couverture, exception faite de l’entrée no 4, pose quelques problèmes. Durant les fouilles, quelques claveaux ont été trouvés dans l’entrée 7 qui suggèrent la présence d’arcs. Les réparations réalisées sur toute la longueur du mur Byllis I attestent que le plan de Byllis II a respecté le tracé initial (Byllis I), y compris celui de la cour fortifiée. L’élément caractéristique de la technique de construction utilisée au cours de cette phase est un mortier contenant beaucoup de chaux et peu de sable fin 29. De qualité assez médiocre, il devient facilement pulvérulent 30.

Byllis ii a et ii b Après les changements partiels qu’ont connus les portes de la ville lors des travaux de fortification de la phase Byllis II, quelques-unes (nos 1, 2, 3, 5) sont définitivement condamnées entre le début du ve et le milieu du vie s. (sous-phases Byllis II a et II b).

29. 30.

Ce type de mortier est utilisé dans les autres centres de l’Antiquité tardive en Albanie ; il est notamment caractéristique des fortifications de la fin du ive et du début ve s. ; Ceka 1984a ; Karaiskaj, Lera 1974, p. 93 ; Baçe 1976, p. 44-63. Ceka 1984a.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



L’entrée 1 est obturée par un mur épais de 2,70 m (fig. 43), construit en blocs liés avec du mortier de qualité médiocre, très proche de celui des basiliques A et B. L’entrée 5 est également murée selon la même technique, mais avec deux murs parallèles, l’un bouche la porte de Byllis II et l’autre le fond du couloir (fig. 47 et 48). Deux murs parallèles (fig. 44), bien différents des obturations des portes 1 et 5 (phase Byllis II a), ferment l’entrée 2 (phase Byllis II b) : les blocs, calés par des moellons, sont liés par un mortier composé de chaux et de sable à gros grains, identique à celui utilisé pour les reconstructions de l’ancienne muraille au cours de Byllis III. Enfin, contrairement à l’entrée 1 et à la 5, l’entrée 3 est fermée (également dans la phase Byllis II b ?) en avant de la porte par un double mur (fig. 45), dont le parement externe est constitué de blocs non liés au mortier. Ce bouchage en grand appareil, imitant celui du rempart, est construit au nu du mur d’about Sud-Est et dissimulait parfaitement l’entrée qui n’évoquait plus alors qu’un redan (comme dans le secteur P 31). L’ensemble de ces modifications est le reflet d’une période d’insécurité 32.

LA FORTIFICATION DU VIe S. (BYLLIS III)

Le plan Cette phase voit la construction d’un nouveau mur sur la crête de la colline, qui coupe la ville suivant un axe Nord-Sud et fait retour aux deux extrémités vers l’Ouest (fig. 34, 56 et 57). Seule la partie Ouest de la ville est désormais fortifiée, réduite à 11 ha par rapport aux 30 ha délimités par

Fig. 56 — Vue aérienne de la forteresse vers l’Ouest (cl. A. I.) 31. 32.

Cf. supra, p. 45, n. 11. On retrouve par exemple à Nicopolis des témoins de cette période peu sûre, cf. Bowden 2003, p. 85-103.

le système de fortification de byllis

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Basilique D

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Byllis I Byllis II

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Byllis III Byllis IIIa

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Rue

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Quartier Episcopal

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Basilique A

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Maison hellénistique

Stoa

gradins

citerne couverte

thermes

Rue

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Stoa

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Basilique C Maison

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I X J Théâtre

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Stoa

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L

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Fig. 57 — Plan des murailles de la phase III (del. M. W.-K.).

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Néc Sud

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la forteresse antique 33. Ce rempart est en majeure partie implanté sur la moitié orientale de l’ancien cardo majeur de la ville, ce qui permettait de limiter les travaux de terrassement préparatoires, comme ce fut aussi le cas par exemple à Nicopolis à la même période 34. L’agora de la ville hellénistique est incluse dans ce nouveau périmètre, comme les terrasses habitées du côté Ouest. Ce nouveau rempart se caractérise par un tracé plus ou moins rectiligne (fig. 58) et la succession de tours rectangulaires 35. Il laisse à l’extérieur au moins deux zones toujours habitées 36 dans la seconde moitié du vie s., autour des basiliques D et E. On notera que chacun de ces « quartiers » urbains extérieurs est accessible par une Fig. 58 — Partie Nord-Ouest du mur de Viktôrinos, vue poterne depuis la ville fortifiée réduite (entrée 8 vers la depuis la tour S (cl. J.-P. S.). basilique D ; entrée 9 vers la basilique E). La fortification des versants Ouest et Sud conserve fidèlement le tracé de la ligne ancienne et ses éléments défensifs : tours, redans et entrées. De D à L, les entrées 6 et 7 ont été conservées malgré quelques modifications secondaires, ainsi que les tours E et G. Une nouvelle tour, F, a été accolée entre les tours E et G.

Les techniques de construction L’élévation conservée du secteur Ouest et Sud de la muraille Byllis II ne dépasse pas 2 à 3 m. Il est difficile de savoir à partir de quel niveau le mur a été réparé durant la phase Byllis III, pour ceinturer les quartiers restés fortifiés à partir du milieu du vie s. Néanmoins, les multiples traces de mortier observées en plusieurs endroits témoignent de l’ampleur des travaux réalisés pour amener le mur de la phase Byllis II à la hauteur du nouveau rempart Nord-Sud. Si le mur de Byllis II conservait la même épaisseur que celui de la première phase, cela n’est pas le cas dans les reconstructions de cette troisième phase où l’épaisseur des parties refaites est variable. Une partie de la muraille, dans l’intervalle des entrées 6 et 7, mesure 1,70 m. Entre l’entrée 7 et le redan K, et de l’entrée 5 à la jonction L avec le nouveau rempart, l’épaisseur de l’ancien mur est conservée. En revanche, le tronçon reconstruit qui part de K jusqu’à l’entrée 5 se situe en retrait de 1,22 à 1,50 m par rapport au parement intérieur du mur hellénistique. La technique utilisée dans Byllis III est identique pour le nouveau mur et les réfections. Entre le théâtre et I, on peut observer les techniques utilisées dans les trois phases. De Byllis I sont conservées in situ deux à trois assises, sur lesquelles s’élèvent deux autres assises (Byllis II) liées au 33. 34. 35. 36.

Praschniker 1922-1924, col. 78 ; Ceka, Muçaj 2009, p. 24. Gilkes 2013, p. 133. Voir aussi C. S. Snively, « Late Antique Nicopolis: An Essay on City Walls and their Implication for Urbanism », dans Zachos 2007, p. 739-749. Comme dans le tracé de la muraille Nord-Ouest de l’Hexamilion sur l’isthme de Corinthe (Gregory 1993, fig. 8). J.-P. Sodini (Sodini 2007, p. 320) s’interroge sur l’extension de ces quartiers « non-protégés ».

le système de fortification de byllis



mortier. L’élévation se poursuit avec des blocs de taille diverse, dont les intervalles entre blocs et les calages sont remplis par des morceaux de tuiles et des cailloux, insérés dans du mortier (Byllis III). Alors que le remplissage du mur de la phase Byllis II est identique à celui de Byllis I, celui de Byllis III est constitué par des morceaux de tuiles et de briques, des cols de pithoi, des fragments de sculptures et d’architecture, etc., liés par un mortier abondant et résistant 37. Dans le nouveau mur, la partie inférieure du parement est construite en gros blocs sur une hauteur de 1 à 2 m (fig. 59) 38. La partie supérieure est constituée de moellons moyens et petits, liés par un mortier de bonne qualité, très résistant (fig. 59) 39. Entre les tours T et U, on a remployé divers matériaux (colonnes, plaques, margelles de citerne, etc.) provenant d’un bâtiment qui se trouvait à proximité. Les plaques en pierre ont été posées verticalement ou en boutisse, pénétrant plus ou moins profondément dans le remplissage (fig. 60). De la tour U à la tour X, on a remployé 59

60

Fig. 59 — Parement de la partie basse en gros blocs, et petit appareil de la partie supérieure du mur (cl. J.-P. S.). Fig. 60 — Dalles de pierre en boutisse et remploi de colonne (cl. J.-P. S.).

les matériaux provenant de la stoa antique, alors qu’entre les tours X et L, on retrouve des gradins du théâtre (fig. 61) et des morceaux d’inscriptions monumentales (fig. 62) 40. De même, des fragments architecturaux de la scène du théâtre ont servi pour le mur de L à I. Des lits horizontaux s’observent sur toute la longueur du mur ; ils sont souvent placés 10 à 50 cm au-dessous des trous de boulins (fig. 59). La distance entre ces trous de boulin varie de 50 cm à 1,10 m. La hauteur des lits varie de 10 à 20 cm voire parfois 50 cm (fig. 63 a et b). Les lits d’arase pouvaient servir de voie d’acheminement des matériaux pendant la construction. Certains d’entre eux sont restés exposés à l’air libre et aux intempéries pendant un certain laps de temps, en raison d’un arrêt du chantier de construction dans le secteur. C’est la raison pour laquelle on observe le durcissement et le noircissement de ces lits sur une longue distance. Toute la muraille de cette partie de la fortification appartient pourtant à une seule période de construction. 37. 38. 39. 40.

Beaudry et al. 2009 ; et Beaudry et al. 2013, § 25. Les techniques de construction de la phase Byllis III sont très proches de celles mises en œuvre par le même Viktôrinos à l’Hexamilion de Corinthe (Gregory 1993, p. 136-140). Sodini 2007, p. 321. Les remplois sont également fréquents à Butrint, voir Karaiskaj 2009.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d

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63a

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Fig. 61 — Gradins du théâtre remployés entre les tours X et L (cl. M. W.-K.). Fig. 62 — Inscription latine monumentale remployée dans l’escalier Nord de la tour Y (cl. J.-P. S.). Fig. 63a — Ligne horizontale indiquant les banchées de deux phases de travail (cl. J.-P. S.). Fig. 63b — Coupe du rempart avec lignes horizontales des banchées (del. P. N.).

Tout le long du mur, à la hauteur qui correspond au rez-de-chaussée des tours, un mortier de couleur rosâtre remplit les joints jusqu’au droit du mur 41. Au premier étage de la tour T et entre D et S, à la même hauteur que la tour, le mortier de couleur grise est plus résistant. Il remplit les joints et recouvre partiellement la surface extérieure des pierres (fig. 64-65) 42. Le fait que le changement de couleur intervienne suivant une ligne régulière horizontale (fig. 66) montre une interruption momentanée des travaux durant la même campagne de construction 43. 41. 42. 43.

Comme à Corinthe, Gregory 1993, pl. IIId. On remarque le même phénomène dans d’autres fortifications tardives d’Albanie, notamment à Aulona (cf. D. Komata, « Gërmimet/Rapport », Iliria 16/2 [1986], p. 269). Zheku 1987, p. 98, suggère deux campagnes de construction distinctes. Pour lui, la première période se caractérise par l’utilisation généralisée de grands blocs soigneusement dressés, liés par du mortier de chaux de couleur ocre et blanche, tandis que la deuxième période fait usage de pierres équarries au marteau, de dimensions et formes irrégulières, liées par un mortier de chaux de couleur grise. Toutefois, le mortier ocre et blanc n’est pas employé seulement dans le grand appareil caractéristique de toutes les parties basses des fortifications des cités hellénistiques. On le retrouve dans les parties hautes construites en pierres équarries au marteau, à la hauteur du premier étage des tours. La ligne étroite qui sépare ici les deux étages montre qu’il s’agit plutôt d’une même phase de construction.

le système de fortification de byllis

 64

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Fig. 64 — L’appareil entre les points D et S (cl. J.-P. S.). Fig. 65 — Détail de l’appareil remployant une colonnette torse dans la tour T (cl. J.-P. S.). Fig. 66 — Structure du blocage interne de la muraille, avec traces de banchées (cl. J.-P. S.).

Entre les tours X et Y on remarque l’emploi d’un mortier hydraulique (fig. 67). Dans ces mêmes tours et dans certains tronçons situés le long de la courtine, de D à V, il sert au jointoiement et déborde parfois sur les pierres.

Fig. 67 — Détail du mortier (cl. J.-P. S.).

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d



Les tours Les tours caractérisent la fortification de Byllis III. Elles sont situées à des intervalles irréguliers qui varient entre 60 et 140 m (fig. 57). Dans la partie qui s’élève au-dessus du mur antique, seule une nouvelle tour (F) a été édifiée, et deux autres (E et G) reconstruites. Le faible nombre des tours de ce secteur Ouest et Sud tient au fait que le terrain est plus accidenté, et l’existence de décrochements du mur hérités de Byllis I justifie leur absence. Dans le nouveau rempart, toutes les tours sont rectangulaires, de dimensions variables, avec des murs épais d’1,40 m. Les escaliers d’accès à la courtine sont situés à proximité des tours. Les murs des tours et les escaliers sont organiquement chaînés aux courtines. – La tour F se trouve du côté droit de l’entrée 6, à une distance de 30 m. Cette tour, totalement en saillie, est accolée au mur d’enceinte qui, à cet endroit, est une reconstruction de Byllis III. Dans la partie intérieure du mur n’est conservé qu’un montant de l’encadrement de la porte construite à l'étage lors de la dernière phase. La tour a une forme rectangulaire (3,80 m au Nord, 3,70 m au Sud) (fig. 57 et 68). Construits suivant la technique de Byllis III, les murs sont conservés sur 0,50 m à 1,50 m de haut. Le parement de la courtine de Byllis I inclus dans la nouvelle tour est alors crépi au mortier. La proportion de la charge de sable est la même que celle du mortier utilisé dans le mur F de la tour. Sur l’élévation conservée (2,50 m), il n’y a pas trace de porte au rez-de-chaussée. L’entrée s’effectuait par la courtine à l’étage. L’accès au niveau inférieur, qui d’habitude servait de dépôt, s’effectuait par un escalier interne en bois. Un mur épais de 30 cm en pierres liées au mortier (dense en chaux, mais de médiocre qualité) s’appuie contre la courtine ; il semble appartenir à l’étage d’un habitat tardif. 0 1 2 5m Sur le sol de l’espace fouillé, on a trouvé des © EfA tessons de céramique de couleur sombre datés des xiiie-xive s. et une monnaie d’argent du duc Fig. 68 — Plan de la tour F (del. M. W.-K. d’Athènes, Guy II de la Roche, frappée entre 1294 d’ap. S. M.). et 1308.

Guy II de la Roche, adulte (1294-1308), duc d’Athènes 4. D. R.

B / M.E. 3 (inv. BAF 1795), tour F, annexe 1 (fig. 69a-b) ̵ GVI DVX ATENES Croix pattée Th BANI CIVIS Châtel, en bas étoile AR 270° 0,73 g 9,1 mm NOL, XIII, 9 ; CCLE, no 787 A8 ; CCS, no 96.

le système de fortification de byllis

Fig. 69 — Denier d’argent du xiiie s. trouvé dans la tour F (cl. E. H.).



– La tour G (fig. 39) conserve son plan initial. Elle n’a été remaniée de manière importante que dans la dernière phase (Byllis III). Rien ne subsiste de Byllis II, alors que deux à trois rangées de blocs de Byllis III sont préservées. L’étrésillon cruciforme de la partie basse est alors renforcé. Les murs latéraux et le mur frontal gardent leur épaisseur antérieure (95 cm), alors que le mur de courtine reconstruit est ramené à une épaisseur de 1,70 m. De part et d’autre de l’entrée axiale (larg. 1 m) menant au rez-de-chaussée de la tour démarrent deux volées d’escaliers, aboutissant uniquement aux courtines. On accédait à l’étage de la tour par un escalier intérieur en bois. – La tour S se situe à l’angle Nord-Est du nouveau rempart (fig. 57) dont les deux murs forment à cet endroit un angle presque droit. Complètement en saillie par rapport à l’enceinte, cette tour a un plan approchant le carré (fig. 70-71). Ce type de tour d’angle est très rare dans les fortifications tardives en Albanie, où les plus répandues sont en forme de fer à cheval et en éventail. Néanmoins, hors de Byllis, on rencontre des tours d’angle rectangulaires à Paleokastër et à Anchiasmos (Saranda) 44. Ce type de tours est fréquent, en revanche, dans les fortifications de Justinien en Afrique 45. On en trouve également deux exemples à la forteresse d’Hexamilion sur l’isthme de Corinthe 46. S

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Fig. 70 — Plan de la tour S, escalier de courtine et rampe d’accès (del. M. W.-K. d’ap. S. M.). Fig. 71 — Tour S, vue du sommet du rempart (cl. J.-P. S.).

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1

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5m

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44. 45. 46.

Baçe 1981, p. 178-180, pl. II ; Lako 1984, p. 169. Pringle 1981 ; Pringle 2002. Gregory 1993, p. 118-124, fig. 29-30.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d

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La surface intérieure de la tour est un carré de 3,80 m de côté. La façade Est a une longueur de 6,95 m et une épaisseur de 1,70 m. Les murs Nord et Ouest ont une épaisseur d’1,40 m ; leurs longueurs sont respectivement 7,10 m et 4,05 m. Le mur Sud mesure 5,65 m de long et 1,55 m d’épaisseur. L’entrée de la tour, située à 70 cm de l’angle intérieur de l’enceinte (fig. 72), se fait par un long couloir coudé de 5,60 m et large de 1,35 m. C’est à 1,60 m du parement intérieur qu’il dévie et se prolonge en oblique sur une longueur de 4 m. Les murs du couloir sont conservés sur une hauteur de 3 m, alors que ceux de la tour n’atteignent que 1,70 m. Leurs parements sont construits en assises horizontales de blocs de pierres rectangulaires, comme dans les entrées des autres tours (fig. 73). D’après les traces encore visibles de part et d’autre du couloir, il semble que celui-ci était couvert d’une voûte en berceau prenant appui à 1,90 m du sol. Cette voûte en briques (37 × 28 × 4 cm) était couverte par une seconde voûte construite avec le même type de briques, mais qui avait uniquement une fonction de décharge. On accédait au premier étage par le rez-dechaussée ; l’accès au chemin de ronde et au deuxième étage s’effectuait par un escalier directement construit sur le rocher, situé le long du mur Est. Le passage vers l’entrée de la tour, parallèle à l’escalier, est tantôt ménagé dans le rocher, tantôt terrassé (fig. 72). L’escalier (long. 13 m ; larg. 1,86 m) forme une surépaisseur à la courtine pour ne pas rétrécir le chemin de ronde. Seules six marches de l’escalier, larges et hautes de 30 cm, sont partiellement conservées. 72

73

Fig. 72 — Entrée de la tour S (cl. P. C.). Fig. 73 — Arc de décharge de la porte de la tour S (cl. M. W.-K.).

– La tour T (fig. 57 et 74), de forme rectangulaire, est en saillie vers l’extérieur. Elle présente de plus une légère saillie (20 cm) par rapport au parement interne de la courtine. Le mur frontal mesure 7,30 m et 1,30 m d’épaisseur, alors que les murs latéraux sont de même épaisseur, mais de longueurs différentes (respectivement 5,50 m pour le mur Sud et 5 m pour le mur Nord). L’espace intérieur de la tour est un carré de 4,10 m de côté (fig. 75). L’entrée vers le rez-de-chaussée s’effectuait par une petite porte large de 1,35 m et haute de 2,37 m. Le couloir d’entrée, long de 2 m, est construit avec des blocs remployés et était couvert de cinq poutres en pierre. Sur leurs

le système de fortification de byllis

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Fig. 74 — Plan de la tour T (del. M. W.-K. d’ap. Sk. M.). Fig. 75 — Vue intérieure de la tour T (cl. J.-P. S.).

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extrémités, prenait appui une voûte en berceau d’un rayon de 1 m, constituée de rangs de briques (37 × 28 × 4 cm) jouant un rôle de décharge 47. La lunette de l’arc de façade conservé au-dessus de la poutre-linteau est pleine (fig. 75-77). Cette tour est mieux préservée que les autres. Le côté Sud est conservé jusqu’à 40 cm au-dessus du sol du deuxième étage, prouvant que la tour a bien compté trois niveaux. Les hauteurs sous plafond du rez-de-chaussée et du premier étage sont respectivement de 3,80 et de 3 m. 76

77

Fig. 76 — Arc en briques de l’entrée de la tour T, vue de l’intérieur (cl. J.-P. S.). Fig. 77 — Tour T, arc de décharge vu de l’extérieur (cl. J.-P. S.).

47.

Hellenkemper 1987, p. 247, fig. 6, p. 502.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d

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Les sols des étages supérieurs étaient des planchers de bois reposant sur quatre poutres, dont les encastrements sont conservés dans les parements latéraux, espacés de 60 cm l’un de l’autre. L’accès au premier étage s’effectuait de l’intérieur par un escalier en bois, alors qu’on pénétrait au deuxième étage par une porte communiquant avec le chemin de ronde. Un escalier accolé au mur, rétrécissant la courtine de 15 cm, permettait (comme c’est aussi le cas dans les forteresses de Durrës et d’Elbasan 48) d’accéder au chemin de ronde (fig. 78). La longueur de l’escalier est de 8 m, sa largeur de 1,40 m. Seules les six premières marches sont entièrement conservées. La hauteur et le giron des marches oscillent entre 30 et 32 cm. Parmi les éléments défensifs de la tour, une meurtrière (fig. 79-80) est conservée dans la face Sud du premier étage. De faibles dimensions, elle est ébrasée vers l’intérieur (haut. 80 cm ; larg. 80 cm à l’intérieur et 20 cm à l’extérieur) 49. Lors des fouilles menées jusqu’au niveau du rocher dans cette tour, une couche de tuiles qui pourrait provenir de la toiture a été dégagée 50. Outre ces tuiles, la même couche a fourni les fragments d’un pithos identique à ceux découverts dans des bâtiments du vie s. de la ville. 79

Fig. 78 — Escalier de la tour T (cl. J.-P. S.).

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Fig. 79 — Meurtrière de la tour T, vue de l’intérieur (cl. J.-P. S.). Fig. 80 — Meurtrière de la tour T, vue de l’extérieur (cl. J.-P. S.). 48. 49. 50.

Karaiskaj, Baçe 1975, p. 11 ; Karaiskaj 1971, p. 64. Du point de vue typologique, elle est très différente des meurtrières de la forteresse de Durrës qui sont assez hautes et voûtées, à parois parallèles et dont l’ouverture extérieure est rétrécie (Karaiskaj, Baçe 1975). D’après la forme carrée de la tour, on peut restituer une toiture en pavillon.

le système de fortification de byllis

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– La tour U (fig. 57 et 81) est construite quasiment à mi-longueur entre les tours S et Y, à l’endroit où le terrain accuse le plus grand affaissement naturel. Elle a une forme rectangulaire avec des murs qui font saillie à l’extérieur ; le parement intérieur est dans l’alignement du mur d’enceinte. Les trois murs de la tour ont la même épaisseur (1,30 m) alors que leur longueur varie : 6,82 m pour le mur frontal et 5,50 m pour les murs latéraux. Si le premier n’est conservé que sur une faible hauteur (1,30 m), les autres atteignent encore 3,60 m. L’espace intérieur de la tour est presque carré, avec des côtés variant entre 4 et 4,13 m. Cette tour communique avec l’intérieur de la ville par une porte de 1,30 m de large et de 2,38 m de haut, couverte par des poutres en pierre au-dessus desquelles se trouve un arc de décharge dont seules les extrémités sont conservées (fig. 82). Des gradins du théâtre ont été utilisés comme poutres, alors que l’arc est fait de briques et de tuf. Comme ailleurs, l’entrée est axiale, avec un ébrasement ne dépassant pas 5 cm. Pour accéder au chemin de ronde, un escalier de 9 m de long et de 1,35 m de large est construit du côté Sud, s’appuyant sur le mur d’enceinte sans restreindre son épaisseur (fig. 83). Le sol du rez-de-chaussée est situé 45 cm en contrebas du seuil de la porte. 82 81

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Fig. 81 — Plan de la tour U (del. M. W.-K. d’ap. S. M.). Fig. 82 — Tour U, angle supérieur de la porte, vue interne (cl. J.-P. S.). Fig. 83 — Escalier de la tour U (cl. P. C.).

– La tour V (fig. 57 et 84) s’élève au Sud de l’entrée 9, à l’endroit où le terrain marque un relief. Elle présente les mêmes caractéristiques que la tour U. Le mur frontal est long de 6,70 m, les murs latéraux mesurent 5,25 m et ont une épaisseur de 1,35-1,40 m. Le mur frontal est conservé sur 2 m de haut, alors que celui de la partie arrière atteint 4,16 m. L’espace intérieur est presque carré (3,50 à 3,95 m de côté). Le long du mur Sud est construite une banquette de 30 cm de large et de

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45 cm de haut. La porte qui relie la tour à la ville fait 1,38 m de large et 2,29 m de haut. L’escalier situé au Sud de l’entrée de la tour mesure 9,80 m de long et 1,25 m de large (fig. 85). Comme dans les tours S, T et U, l’escalier ne rétrécit pas l’épaisseur de la courtine. Ici, les trois premières marches sont totalement conservées et deux autres partiellement. Elles présentent les mêmes dimensions que celles de la tour T. 84

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Fig. 84 — Plan de la tour V (del. M. W.-K. d’ap. S. M.). Fig. 85 — Escalier de la tour V (cl. P. C.). 0

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– La tour X (fig. 57 et 86) est construite à 63 m de la tour V ; c’est la plus courte distance entre deux tours. Quadrangulaire comme les autres, son mur frontal mesure 6,50 m et les autres 5,40 et 5,50 m. L’épaisseur de ses murs varie de 1,35 à 1,39 m. Le mur frontal est préservé en élévation sur 1,30 m et son mur arrière jusqu’à 3,50 m. L’espace intérieur presque carré présente les dimensions suivantes : en façade 3,80 m, en partie arrière 3,70 m et sur les côtés 4 et 4,14 m. On accède au premier étage par une porte large d’1,30 m à l’extérieur et d’1,41 m à l’intérieur. L’entrée mesure 2 m d’épaisseur sur le côté Sud et 3,38 m au Nord ; cette différence s’explique par la présence du massif d’escalier de courtine qui se termine au droit de la porte. La porte haute de 2,25 m est couverte par des poutres en pierre aux extrémités desquelles prend appui un arc semi-circulaire. Comme pour les autres tours (fig. 87), le remplissage de l’arc de décharge est constitué de pierres et de mortier. À l’intérieur de la tour, à une hauteur de 70 cm

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Fig. 86 — Plan de la tour X (del. M. W.-K. d’ap. S. M.).

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Fig. 87 — Tour X, arc de décharge de l’entrée (cl. J.-P. S.).

au-dessus du sol, sur une couche de pierres, une couche de cendres épaisse de 30 cm environ couvrait toute la superficie. Dans cette couche, on a recueilli une cruche (fig. 88) identique à celles trouvées à l’entrée 7, près de la tour F, dans la nécropole du village médiéval 51. On en a découvert de semblables dans le monastère de la Vierge à Ballsh 52 et dans la citadelle médiévale de Mashkjezë 53. L’accès au chemin de ronde se fait par un escalier qui, contrairement aux autres, est situé au Nord de la tour (long. 11 m ; larg. 1,35 m). Seules les cinq premières marches sont conservées sur une hauteur et un giron de 35 cm (fig. 89). La largeur de l’escalier et les dimensions des marches permettent de restituer le niveau du chemin de ronde entre 9 et 11 m selon le terrain. En ajoutant au mur la hauteur du parapet et des merlons de la courtine, estimée à 2 m, on obtient une hauteur totale de 11 à 13 m.

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Fig. 88 — Cruche médiévale trouvée dans la tour X (del. S. B.). Fig. 89 — Massif d’escalier de la tour X (cl. P. C.).

– La tour Y (fig. 57 et 90) se trouve dans la partie Sud de la fortification, à l’endroit où le mur marque un angle obtus pour rejoindre la muraille antique. Cette tour, quadrangulaire et complètement en saillie par rapport à la courtine, est située juste au Sud de l’angle. Son

51. 52. 53.

Sk. Muçaj, « Gërmimet/Rapport », 1979, Archives de l’IAT. Sk. Anamali, « Gërmimet/Rapport », 1973, Archives de l’IAT. Muçaj 1984, p. 255-258, pl. II, 21.

byllis. présentation du site, fortifications, basiliques a, c et d

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mur frontal mesure 6,50 m de long et les murs latéraux 5,16 m. On accède à l’espace intérieur – également de forme carrée et de dimensions identiques à celles de la tour X – par une entrée large de 1,33 m et longue de 2 m (fig. 92). Les massifs des deux escaliers flanquant l’accès prolongent ce dernier d’un couloir barlong, large de 2,05 m sur 1,28 m. Le mur frontal et celui du côté Est sont détruits jusqu’au sol, alors que le côté Ouest conserve une hauteur qui varie entre 5 cm et 1,50 m. Ces murs atteignent une élévation maximale de 3 m de part et d’autre de l’entrée (fig. 91). L’accès au chemin de ronde et au deuxième étage se fait, à la différence des autres exemples, par deux escaliers distincts qui convergent vers la tour. L’escalier du côté Nord-Est est coudé. D’abord droit sur une longueur de 5,30 m, il oblique et se poursuit encore sur 3,50 m après l’angle 54. L’autre escalier, long de 8,50 m, se situe au Sud-Est de la tour, le long de la courtine. Du premier escalier sont conservées sept marches sur une longueur totale de 2,20 m et une hauteur de 2,05 m (fig. 93). De l’autre escalier ne subsistent que trois marches. De nombreux gradins du théâtre ont été remployés dans la tour X, ses escaliers et les courtines jusqu’à la jonction avec la muraille hellénistique.

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Fig. 91 — Entrée de la tour Y, vue de la ville (cl. J.-P. S.). Fig. 92 — L’entrée de la tour Y, vue de l’intérieur (cl. J.-P. S.).

54.

Sodini 2007, fig. 2, p. 322.

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Fig. 90 — Plan de la tour Y (del. M. W.-K. d’ap. S. M.).

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Fig. 93 — L’escalier Nord de la tour Y (cl. M. W.-K.).

Les entrées – L’entrée 6 (fig. 51-54 et 57). Durant la période Byllis III, seule la partie haute de l’entrée 6 a été restaurée. Il semble que la partie inférieure, reconstruite dans la phase Byllis II était encore en bon état. Les réparations de Byllis III ne sont visibles que dans le blocage du mur du côté gauche à une hauteur de 2,80 m. Cette réfection a été exécutée selon la technique de construction caractéristique du nouveau rempart. Dans le couloir de l’entrée, une monnaie de l’empereur Justin Ier a été découverte.

Justin Ier (518-527), Follis (fig. 94a-b) Constantinople 5. D. R.

B / M.E. 4 (inv. BAF 766), entrée 6, couloir Buste de Justin diadémé à dr., portant le bouclier et le paludamentum ; au-dessus croix ; ]TI/+/ NVSPPAVC M, au-dessus croix ; à dr. et à g. étoile ( ) ; off. A (?) à l’ex. CON Æ 225° 33,1 mm 14,90 g DOC 8a, MIBE, 111

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Fig. 94a-b — Monnaie du vie s. trouvée dans l’entrée 6 (cl. E. H.).

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– L’entrée 7 (fig. 55 et 57) a été légèrement modifiée à cette époque. Deux nouveaux pilastres en vis-à-vis dans le couloir montrent que, même s’il existait une porte extérieure, une nouvelle porte intérieure à deux battants a été ajoutée. Trois monnaies ont été trouvées lors des fouilles du couloir de l’entrée, dans une couche de terre cendreuse : la première, un billon de Probus, est à moitié conservée ; la deuxième, illisible (oxydée), date de l’époque impériale ; la troisième, protobyzantine, du vie s., est aussi illisible. Devant l’escalier, on a également mis au jour cinq monnaies d’Étienne IX Douchan.

Probus (276-282) 6. D. R.

B / M.E. 5 (inv. BAF 1630), entrée 7, couloir, à moitié conservée Buste à d. IM[… ]OBVS AVG CLEM[ ] P , Probus, debout, en tenue militaire. En m. g. un sceptre. En m. d. globe offert par Jupiter. Au-dessous du globe, S, sous le trait XXV Su. 360° 20,2 mm 1,70 g Cohen 1930, V. 6, p. 264.

Monnaie impériale ? 7.

B / M.E. 6 (inv. BAF 1631), entrée 7, couloir Æ D. illis. ; R. illis.

22 mm

5,38 g

11,7 mm

0,56 g

Monnaie byzantine, vie s. 8.

B / M.E. 7, 3 (inv. BAF 1632), entrée 7, couloir Æ D. illis. ; R. illis.

Étienne IX Douchan (1346-1355) (fig. 95a-j) D. R. 9.

Christ assis sur le trône. À g. et à d. de la tête, IC XC ; à g. et à d. : N O, couronne ̵ CZLk \_Tb] _ɛ_ɛR_k KVJLqRW ^bbo, couronne B / M.E. 8 (inv. BAF 1625), entrée 7, devant l’escalier AR D. R. 315° 21,2 mm 1,13 g Mari 1956, type VIII, p. 371 pl. LII-LIII, 17 ; Ivaniševi 2001, type 6.10, p. 246 et pl. II.

D. R. 10.

Empereur Étienne Douchan debout, tenant un sceptre, C+b ZP Christ assis sur le trône, IC XC B / M.E. 9 (inv. BAF 1626), entrée 7, devant l’escalier AR D. R. 20 mm 1,04 g Mari 1956, type II, p. 348 ; Ivaniševi 2001, type 6.9.1, p. 246 et pl. II, var. 3, fig. 8, p. 125.

11.

B / M.E. 10 (inv. BAF 1627), entrée 7, devant l’escalier AR D. 2 anges R. 21,1 mm Mari 1956, type II, p. 359 ; Ivaniševi 2001, type 6.9.2, p. 246 et pl. II.

le système de fortification de byllis

0,81 g

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12.

13.

B / M.E. 11 (inv. BAF 1628), entrée 7, devant l’escalier 1 ange à g. R. 19,5 mm AR D. Mari 1956, type II, p. 367 ; Ivaniševi 2001, type 6.9.2, p. 246 et pl. II.

0,79 g

B / M.E. 12, 5 (inv. BAF 1629), entrée 7, devant l’escalier AR D. au-dessous à g. Z R. 20,4 mm 0,95 g Mari 1956, type II, p. 365 ; Ivaniševi 2001, type 6.9.2, p. 246 et pl. II, var. 3, fig. 8, p. 125.

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Fig. 95a-j — Cinq monnaies du xive s. trouvée devant l’entrée 7 (cl. E. H.).

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– L’entrée 8 se trouve entre l’entrée 6 et la tour S, à 14,20 m de cette dernière, et constitue une poterne (fig. 57). Elle présente une ouverture de 1,64 × 0,80 m, et se prolonge par un étroit couloir vers la courtine en s’élargissant après la porte jusqu’à 1,10 m sur une hauteur de 1,80 m (fig. 9697). La porte était à battant unique et pour qu’il ne soit pas possible de l’ouvrir de l’extérieur, elle était encadrée par des montants monolithes hauts de 1,64 m, larges de 58 cm et épais de 45 cm. Le battant se bloquait au moyen d’une barre horizontale dont les logements se trouvent à une hauteur de 1,05 m. L’entrée est couverte par des architraves de pierre et le sol du couloir est pavé. De chaque côté du couloir se trouve une niche. Celle de droite est large de 67 cm, haute de 82 cm et profonde de 80 cm, alors que celle de gauche est large de 62 cm, haute de 92 cm et profonde de 46 cm. 97

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Fig. 96 — Plan de l’entrée 8 (del. M. W.-K. d’ap. S. M.). Fig. 97 — Vue de l’entrée 8 vers l’extérieur (cl. M. W.-K.).

– L’entrée 9 – située entre les tours U et V – est constituée, tout comme l’entrée 8, par une ouverture dans la courtine, large de 2,20 m et profonde de 2 m (épaisseur du mur). Cette largeur a été rétrécie par les montants qui font saillie respectivement de 25 cm et de 32 cm et qui ont une épaisseur de 45 cm (fig. 98). Cette entrée n’étant conservée que sur une faible hauteur, les éléments manquent pour en tenter une reconstitution. La construction des entrées, comme celle des simples ouvertures le long de la muraille, appelait des mesures de sécurité supplémentaires. Leur faible largeur et la construction de tours à leur proximité assuraient leur protection en cas de danger. Si dans la phase Byllis II, la technique de construction héritée de la tradition hellénistique adoptait l’élévation de tours au-dessus des portes – comme nous l’avons vu pour l’entrée 4 –, elle fut abandonnée au cours de la phase III. Dans l’entrée 6, la tour située au-dessus de la porte fut agrandie à partir du ive s. par une petite tour latérale, encore élargie pendant la dernière phase.

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Fig. 98 — Plan de l’entrée 9 (del. M. W.-K. d’ap. S. M.).

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Dans les petits sondages menés à l’intérieur du mur d’enceinte, nous avons constaté que de nombreux murs d’habitats tardifs y étaient adossés. Ce phénomène d’empiètement sur l’intervallum, très fréquent à partir de l’Antiquité tardive, va à l’encontre des principes fondamentaux de la fortification antique.

Byllis iii a De l’extérieur, l’entrée 9 est bouchée par une maçonnerie recouverte d’une mince couche de mortier, qui a servi à la dissimuler lors des attaques qui menaçaient la ville (fig. 98). Cette fermeture appartient à une période postérieure aux réparations de la phase Byllis III, et pour cette raison, nous l’avons nommée Byllis III a.

Byllis iii b Du côté Sud-Est de l’entrée 7, après la porte, une réparation se caractérise par l’emploi de blocs non liés au mortier. Ces blocs renforcent le parement du mur en faisant saillie de 59 cm (fig. 51), sur une longueur de 1,90 m ; elle est postérieure à Byllis III. Une indication chronologique importante liée à cette réparation ponctuelle est fournie par le remploi d’une architrave inscrite provenant des thermes qui, comme l’indique le texte, furent construits durant le règne de Justinien. L’inscription, posée à l’envers, a été trouvée dans le mur Ouest près de la porte 7, reposant sur deux assises de Byllis I et une de Byllis II. – B / M.E. 13. Architrave avec inscription de Justinien 55 (fig. 99)

Fig. 99 — Inscription évoquant des thermes protobyzantins, remployée dans la muraille Byllis III, phase III b (cl. Archives IAT).

Trouvée in situ au Sud de l’entrée 7. Calcaire tendre, blanc-ocre. État de conservation : conservée sur la moitié, éclats sur le bord inférieur et sur la 4e ligne de l’inscription. Texte gravé dans une tabula ansata. ̵ȦƲƸƶƷƭưƭƥưƲ˅ƷƲ˅Ʈƴ