Beni Pubblici, Beni Del Re: Le Basi Economiche Dei Poteri Regi Nell'alto Medioevo 9782503586458, 2503586457

Les societes politiques du haut Moyen Age sont caracterisees par une force centralite royale, que l'historiographie

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Beni Pubblici, Beni Del Re: Le Basi Economiche Dei Poteri Regi Nell'alto Medioevo
 9782503586458, 2503586457

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Seminari internazionali del Centro Interuniversitario per la Storia e l’Archeologia dell’Alto Medioevo

IX

Comitato scientifico: Giovanna Bianchi, Salvatore Cosentino, Stefano Gasparri, Sauro Gelichi, Maria Cristina La Rocca, Tiziana Lazzari, Vito Loré, Alessandra Molinari

Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge sous la direction de François Bougard et Vito Loré

Beni pubblici, beni del re. Le basi economiche dei poteri regi nell’alto medioevo a cura di François Bougard e Vito Loré

SAAME (Centro Interuniversitario per la Storia e l’Archeologia dell’Alto Medioevo) Università degli Studi di Padova; Università degli Studi di Siena; Università Ca’ Foscari Venezia; Università degli Studi di Bologna; Università Roma Tre Dip. di Studi Umanistici Università Ca’ Foscari – Palazzo Malcanton Marcorà Dorsoduro 3484 30123 – Venezia email: [email protected] Direttore: Sauro Gelichi Vicedirettore: Chris Wickham Consiglio direttivo: Giovanna Bianchi, Salvatore Cosentino, Stefano Gasparri, Sauro Gelichi, Maria Cristina La Rocca, Tiziana Lazzari, Vito Loré, Alessandra Molinari Assemblea: Giuseppe Albertoni, Paul Arthur, Claudio Azzara, Irene Barbiera, Maddalena Betti, Giovanna Bianchi, Francesco Borri, François Bougard, Gian Piero Brogiolo, Federico Cantini, Alessandra Cianciosi, Roberta Cimino, Simone Collavini, Maria Elena Cortese, Salvatore Cosentino, Gianmarco De Angelis, Flavia De Rubeis, Paolo Delogu, Margherita Ferri, Clemens Gantner, Sauro Gelichi, Stefano Gasparri, Antonella Ghignoli, Nicoletta Giovè, Cinzia Grifoni, Richard Hodges, Maria Cristina La Rocca, Tiziana Lazzari, Vito Loré, Federico Marazzi, Cecilia Moine, Alessandra Molinari, Massimo Montanari, John Moreland, Claudio Negrelli, Ghislaine Noyé, Annamaria Pazienza, Walter Pohl, Chiara Provesi, Juan Antonio Quiros, Anna Rapetti, Alessia Rovelli, Fabio Saggioro, Igor Santos Salazar, Riccardo Santangeli Valenzani, Marco Stoffella, Marco Valenti, Francesco Veronese, Giacomo Vignodelli, Giuliano Volpe, Bryan Ward Perkins, Veronica West-Harling, Chris Wickham

© 2019, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording or otherwhise, without the prior permission of the publisher. ISBN: 978-2-503-58645-8 e-ISBN: 978-2-503-58646-5 DOI: 10.1484/M.SCISAM-EB.5.118508 D/2019⁄0095⁄224 Printed on acid-free paper

© Cover image: detail from St. Gallen, Stiftsbibliothek, Cod. Sang. 731, p. 111 Les textes réunis dans le présent volume forment les actes de la rencontre tenue à Rome du 10 au 12 octobre 2016. A l’organisation du colloque et à la publication du volume ont contribué l’École française de Rome et les Universités de Bologna, Paris Nanterre (UMR 7041 ArScAn), Roma Tre, Salamanca, Siena.

SOMMAIRE

Vito Loré Introduction. Les biens publics durant le haut Moyen Âge : historiographie et enjeux

7

Section 1. L’économie du pouvoir / L’economia del potere Vito Loré Curtis regia e beni dei duchi. Il patrimonio pubblico nel regno longobardo

31

François Bougard Les biens et les revenus publics dans le royaume d’Italie (jusqu’au milieu du Xe siècle)

79

Régine Le Jan Fisc et ressources royales dans le royaume franc aux IXe et Xe siècles

121

Charles West Royal estates, confiscation and the politics of land in the kingdom of Otto I

157

Iñaki Martín Viso Las propiedades regias y la formación del Reino Asturleonés (850-950)

179

Ryan Lavelle Le contrôle des terres royales dans le royaume anglo-saxon (IXe au début du XIe siècle) : que saurions-nous sans le Domesday Book?

213

Section 2. Etudes de cas. Entre sources écrites et archéologie / Casi di studio: fra fonti scritte e archeologia Fabio Saggioro Struttura e organizzazione delle aziende pubbliche nell’Italia padana (VIII-X secolo)

235

Maria Turchiano, Giuliano Volpe Faragola e le proprietà pubbliche nel comparto orientale del Ducato beneventano: una prospettiva archeologica

261

Giovanna Bianchi, Federico Cantini, Simone Maria Collavini Beni pubblici di ambito toscano

327

Luc Bourgeois Le domaine public dans le nord de l’Aquitaine aux VIIe-Xe siècles : une lecture archéologique

349

Juan Antonio Quirós Castillo, Igor Santos Salazar Le basi economiche del potere pubblico in una periferia molto dinamica: Castiglia, Álava, Pamplona (900-1050)

385

Section 3. Table ronde. Comparaison et longue durée / Tavola rotonda. Comparazione e lunga durata Chris Wickham Beni pubblici: a provisional typology

413

Simone Maria Collavini I beni pubblici: qualche idea per gli studi futuri

423

Salvatore Cosentino Le basi economiche del potere imperiale a Bisanzio (IV-X secolo): un confronto

433

Tiziana Lazzari Sugli usi speciali dei beni pubblici: i dotari delle regine e i patrimoni dei monasteri

443

Giuliano Volpe L’archeologia globale dei paesaggi e la transizione dal saltus al gaio

453

Planches / Tavole

465

Index / Indice dei nomi e delle cose notevoli

483

Vito Loré Introduction Les biens publics durant le haut Moyen Âge : historiographie et enjeux

1. La question de l’économie des pouvoirs dans le monde post-romain a pris une place importante dans l’historiographie récente, spécialement anglosaxonne. L’impôt foncier et son affaiblissement progressif sont au cœur des travaux de Chris Wickham, jusqu’à Framing the Early Middle Ages et The Inheritance of Rome1. Le rôle central des impôts, du prélèvement et de la redistribution guide les recherches de John Haldon2, à propos d’un empire byzantin, qui se prête bien à l’élaboration de propositions typologiques sur les rapports entre le pouvoir politique et les formes de la société. L’ ‘économie du pouvoir’ est un thème bien ancré aussi dans le courant d’études sur la seigneurie et le féodalisme, en particulier du côté français. La nature des sources relatives à la seigneurie aux xie-xiie siècles rend en effet obligatoire de se pencher sur la capacité de prélèvement des nouveaux pouvoirs territoriaux. Georges Duby sut ainsi conjuguer l’intérêt tant pour l’histoire sociale et institutionnelle que pour l’histoire économique, développant l’idée du caracC. Wickham, « The other transition: from the ancient world to feudalism », in Idem, Land and Power. Studies in Italian and European Social History, 400-1200, London, 1994, pp. 7-42; Idem, Framing the Early Middle Ages. Europe and Mediterranean, 400-800, Oxford, 20062, chap. 3; Idem, The Inheritance of Rome. A History of Europe from 400 to 1000, London, 2009, chap. 4-6, spéc. pp. 102-5, 120-1, 138, 143. Mise au point historiographique des points essentiels du débat sur ce thème dans P.C. Diaz, I. Martín Viso, « Introduction. Introducción » in Idem (éd), Between taxation and rent. Fiscal problems from late Antiquity to early Middle Ages. Entre el impuesto y la renta. Problemas de la fiscalidad tardoantigua y altomedieval, Bari, 2011, pp. 147-62. 2 J. Haldon, The State and the Tributary Mode of Production, New York, 1993; Idem, State, Army and Society in Byzantium. Approaches to Military, Social and Administrative History, 6th-12th Centuries, Aldershot, 1995; Idem, « Comparative state formation: Rome and neighboring worlds », in S. Johnson (ed.), The Oxford Handbook of Late Antiquity, Oxford-New York, 2012, pp. 1111-47. 1

Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 9-28 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118738

8

Introduction

tère prédateur de la seigneurie : plus ‘rapace’ vis-à-vis de la population paysanne que ne l’étaient les formes de pouvoir précédentes, et capable de modifier les rapports de force au sein des sociétés rurales par le biais de méthodes plus efficaces non seulement en ce qui concerne le prélèvement et l’imposition, mais aussi pour la redistribution3. L’hypothèse fut poussée à son extrême, voire renversée par rapport à sa formulation d’origine par des auteurs comme Guy Bois et Dominique Barthélemy, voyant la seigneurie ici comme un changement soudain au terme d’un haut Moyen Âge caractérisé par sa continuité substantielle avec l’Antiquité tardive4, là comme la manifestation d’une violence et d’une rapacité déjà existantes, mais longtemps masquées par la nature et les caractéristiques de la documentation dont dispose l’historien5. Dans l’historiographie italienne portant sur les xe-xiiie siècles, la seigneurie a été considérée surtout, jusqu’il y a peu6, sur le plan social ou politique plutôt que dans ses implications économiques. Cela tient probablement au fait que, des deux auteurs dont le point de vue a eu longtemps force de loi sur la question, le premier, Giovanni Tabacco, n’éprouvait guère d’intérêt pour les dynamiques économiques comme objet distinct de l’histoire institutionnelle7, tandis que le second, Cin-

G. Duby, La société aux XIe et XIIe siècles dans la région de Mâcon, Paris, 1953; Idem, Guerriers et paysans, VIIe-XIIe siècles. Premier essor de l’économie européenne, Paris, 1973. 4 G. Bois, La mutation de l’an mil. Lournand, village mâconnais, de l’antiquité au féodalisme, Paris, 1989. 5 D. Barthélemy, La mutation de l’an mil a-t-elle eu lieu ? Servage et chevalerie dans la France des Xe et XIe siècles, Paris, 1997. 6 Dans de nombreux travaux récent il y a au contraire une attention aiguë pour l’aspect économique de la seigneurie. Voir S. Carocci, Signorie di Mezzogiorno. Società rurali, poteri aristocratici e monarchia (XII-XIII secolo), Roma, 2014, chap. 10, « Mondi del prelievo », pp. 377-427; S.M. Collavini, « Le basi materiali della signoria dei Guidi tra prelievo signorile e obblighi militari (1075-1230 c.) », Società e Storia, 115, 2007, pp. 1-32; L. Provero, «Le trasformazioni del prelievo nel confronto tra signori e comunità (Piemonte meridionale, XII-XIII secolo)», dans L. Feller (éd.), Calculs et rationalités dans la seigneurie médiévale: les conversions de redevances entreXIe et XVe siècles. Actes de la table ronde organisée par le LAMOP, Auxerre, 2006, Paris, 2009, pp. 219-36. 7 Pour une lecture – révélatrice – de la grande propriété foncière au haut Moyen Âge au prisme du pouvoir dans une synthèse universitaire, G. Tabacco, Alto Medioevo, in Idem, G. G. Merlo, Medioevo, Bologna, 19892, pp. 169-78. 3

Les biens publics durant le haut Moyen Âge : historiographie et enjeux

9

zio Violante, était au contraire très sensible à ce thème, mais enclin à le développer seulement à propos des institutions ecclésiastiques8. Dans la perspective qui nous intéresse, la période qui sépare la mise en place des royaumes romano-barbares de la pleine affirmation de la seigneurie est quelque peu délaissée. Que s’est-il passé entre l’épuisement de l’impôt foncier direct aux vie-viie siècles et la diffusion des pouvoirs seigneuriaux, aux xie-xiie siècles? Henri Pirenne s’en était déjà préoccupé9.

Voir surtout C. Violante, « Les prêts sur gage foncier dans la vie économique et sociale de Milan au xie siècle», Cahiers de civilisation médiévale, 5/18, 1962, pp. 147-68; Idem, « I vescovi dell’Italia centro-settentrionale e lo sviluppo dell’economia monetaria », in Idem, Studi sulla cristianità medioevale, Milano, 19752, pp. 325-47. Violante était en effet bien conscient de la centralité de l’économie dans le phénomène seigneurial (voir, par exemple, Idem, « Introduzione », in La signoria rurale nel medioevo italiano. Atti del Seminario tenuto nel Dipartimento di Medievistica dell’Università di Pisa e nella Scuola Normale Superiore di Pisa, I, Pisa, 1997, p. 8), mais plus intéressé à décliner ce thème dans la perspective de la formation des espaces institutionnels. Je remercie Simone Collavini pour cette dernière référence et pour avoir discuté de ce point avec moi. 9 H. Pirenne, Histoire de l’Europe, éditée d’après les carnets de captivité (1916-1918), suivie des Souvenirs de captivité, éd. J.-P. Devroey, Bruxelles, 2014 (éd. or. Histoire de l’Europe. Des invasions au XVIe siècle, Paris-Bruxelles, 1936), pp. 192-3 : “Cette impuissance de l’État à l’égard de ses agents s’explique par la situation financière. Ce qui restait de l’impôt romain a disparu à la fin de la période mérovingienne ou s’est transformé en redevances usurpées par les grands. Deux sources alimentent encore le trésor impérial [des Carolingiens]: l’une intermittente et capricieuse: le butin de guerre; l’autre permanente et régulière: le revenu des domaines appartenant à la dynastie. […] À vrai dire, l’Empire carolingien n’a pas de finances publiques, et il suffit de constater ce fait pour apprécier à quel point son organisation est rudimentaire si on la compare à celle de l’empire byzantin et de l’Empire de Califes avec leurs impôts levés en argent, leur contrôle financier et leur centralisation fiscale pourvoyant aux traitements des fonctionnaires, aux travaux publics, à l’entretien de l’armée et de la flotte. Réduit aux ressources de ses domaines privés, l’empereur pouvait-il subvenir aux frais d’une administration digne de ce nom? Pour que le fonctionnaire dépende de l’État, il faut que l’État non seulement le nomme, mais aussi le paye. Ici, faute d’argent, l’État est obligé de recourir aux services gratuits de l’aristocratie, ce qui le place dans cette situation paradoxale de prendre justement comme collaborateurs les membres d’une classe sociale dont la puissance ne peut grandir que pour autant qu’il s’affaiblisse”; d’où, dans les pages suivantes (pp. 193-194), l’introduction de la fidélité vassalique entre les fonctionnaires et l’empereur. Les conséquences de l’absence d’impôt sont analysées plus amplement dans le livre II, chapitre II, par. II (« La dislocation de l’État »), pp. 8

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Introduction

Mais la question est devenue classique avec Marc Bloch et son ‘impossibilité du salaire’10. La nécessité de rétribuer les agents du roi à partir de la terre, conséquence de la raréfaction de la monnaie en circulation et donc des impôts, poussait à l’enracinement des pouvoirs et à la naissance d’une structure sociale et économique ‘féodale’, c’est-à-dire, au sens marxien du terme, basée exclusivement ou presque sur la perception de la rente foncière11. À quoi viennent s’ajouter d’autres traits : domination d’une classe de guerriers spécialisés, sujétion paysanne, diffusion de liens personnels de fidélité et de la tenure comme moyen de compensation du service militaire ; autant de prémisses pour la naissance des ‘pouvoirs locaux’. La première partie du schéma blochien de l’impossibilité du salaire a été fortement retouchée. La fin de l’impôt foncier direct est vue aujourd’hui comme la répercussion d’un choix des nouvelles élites plutôt que comme le résultat de conditions économiques données12. La préférence accordée à la rente eut des conséquences presque irréversibles, menant à la restriction puis à la disparition, parfois lente, parfois rapide, d’un système de prélèvement et de redistribution complexe et donc très coûteux en termes d’investissement politique. Mais ce qui fait problème est précisément la dernière étape. L’affirmation de la seigneurie, elle, avec son lien étroit, quoique non automatique, entre la possession de la terre et l’exercice du pouvoir sur base locale, est un phénomène largement postérieur à la fin de l’impôt foncier13. Dans les

133-9, assez différent dans le manuscrit d’origine par rapport à l’édition posthume de l’ouvrage, due à Jacques Pirenne. Incidemment, il est intéressant de noter que Pirenne qualifie de ‘privés’ les domaines fonciers de l’empereur à l’âge carolingien. 10 M. Bloch, La société féodale, Paris, 1994, (1re éd., en deux tomes : I, La formation des liens de dépendance; II, Les classes et le gouvernement des hommes, Paris, 1939-1940), spéc. p. 610 (voir citation ci-dessous, note 22. Sur le modèle de Marc Bloch de société féodale et la question de l’impossibilité du salaire, voir C. Wickham, « Le forme del feudalesimo », in Il feudalesimo nell’alto Medioevo. Atti della XLVII Settimana di studio del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo, Spoleto, 2000, pp. 15-46. 11 Wickham, « Le forme del feudalesimo », pp. 29-34. 12 S. Carocci, S. M. Collavini, « Il costo degli stati. Politica e prelievo nell’Occidente medievale (vi-xiv secolo)», Storica, 52, 2012 (version italienne de Eidem, « The cost of states. Politics and exactions in the christian West (sixth to fifteenth century) », in J.G.H. Hudson, A.M. Rodríguez López (eds.), Diverging Paths? The Shapes of Power and Institutions in Medieval Christendon and Islam, Leiden, 2014, pp. 125-58), pp. 7-48, ici pp. 16-20, discutant Wickham, Framing the Early Middle Ages, pp. 22-4. 13 Sur ce thème, qui fut très débattu (voir entre autres la discussion de D.

Les biens publics durant le haut Moyen Âge : historiographie et enjeux

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siècles précédents, les organismes politiques nés de l’écroulement de l’empire ont englobé des territoires très vastes. Ces espaces politiques étaient marqués par le maintien de la centralité royale14. L’équilibre toujours précaire entre l’autorité du roi et les sociétés locales avait assurément des implications d’ordre économique en termes de redistribution des ressources, notamment des ressources foncières, assez peu prises en compte. Il y a là une lacune historiographique, qui remonte, peut-être, à quelque difficulté ‘originelle’ dans le schéma explicatif. 2. Dans les dernières pages de sa Société féodale (le troisième livre du second volume : La féodalité comme type social et son action), Marc Bloch tire les conclusions de son travail. Il pose la constitution définitive du féodalisme à la fin du ixe siècle, en précisant toutefois que, pour comprendre le phénomène, il faut remonter bien plus haut : C’est donc comme le résultat de la brutale dissolution de sociétés plus anciennes que se présente la féodalité européenne. Elle serait, en effet, inintelligible sans le grand bouleversement des invasions germaniques qui, forçant à se fusionner deux sociétés originellement placées à des stades très différents de l’évolution, rompit les cadres de l’une comme de l’autre et fit revenir à la surface tant de modes de pensée et d’habitudes sociales d’un caractère singulièrement primitif. Elle se constitua définitivement dans l’atmosphère des dernières ruées barbares. Elle supposait un profond ralentissement de la vie de relations, une circulation monétaire trop atrophiée pour permettre un fonctionnariat salarié, une mentalité attachée au sensible et au proche. Quand ces conditions commencèrent à changer, son heure commença de passer15.

Et, quelques pages plus loin : À dire vrai, dans l’immense portée donnée à ces liens, il y avait eu, dès le principe, une part d’artificiel. Leur généralisation fut aux temps féodaux le

Barthélemy, S.D. White, T. Reuter, C. Wickham, T. Bisson, Past & Present, 142/1, 1994, pp. 6-42 ; 152/1, 1996, pp. 197-223 ; 155/1, 1997, pp. 177-225), voir récemment C. West, Reframing the Feudal Revolution. Political and Social Transformation between Marne and Moselle, c. 800 – c. 1100, Cambridge, 2013, et A. Fiore, Il mutamento signorile. Assetti di potere e comunicazione politica nelle campagne dell’Italia centro-settentrionale (1080-1130 ca), Firenze, 2017, qui partagent la même attention pour la genèse des pouvoirs locaux à partir du milieu (sujets et outils de pouvoir) royal ou impérial. 14 Voir le texte correspondant à la note 42. 15 Bloch, La société féodale, p. 606.

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Introduction legs d’un État moribond – celui des Carolingiens –, qui à l’effritement social avait imaginé d’opposer une des institutions nées de cet effritement même16.

Le ixe siècle, mais aussi une grande partie du viiie, sont ainsi affectés par une présence forte, à défaut d’être déjà dominante, des caractères propres à la société féodale. C’est la raison pour laquelle, Ferdinand Lot, rendant compte du livre de Bloch, observait qu’il aurait mieux valu prendre en considération l’époque carolingienne tout entière dans cette reconstruction17. Chris Wickham a pu pour la même raison adapter l’idéal-type du féodalisme blochien et l’étendre aux premiers siècles du Moyen Âge, placés dès la fin de l’impôt foncier sous le signe de la ‘politique de la terre’18. Mais le choix de Bloch pour cette sorte de double départ du féodalisme n’est pas dû au hasard et encore moins à une négligence. Il admet en effet un décalage non seulement chronologique mais typologique, entre le modèle social ancien et celui qu’on pourrait définir comme pleinement féodal (il reste, dans ce double passage, quelque chose de Pirenne, qui est paradoxalement plus tranchant que Bloch sur la faiblesse des pouvoirs royaux au haut Moyen Âge, y compris chez les Francs19) : l’empire carolingien et plus généralement les royaumes barbares apparaissent comme des États en mode léger. Ils restent capables dans une certaine mesure de gérer les travaux publics20

Bloch, La société féodale, p. 608. F. Lot, « La société féodale. Premier article », Journal des savants, janvier-mars 1943, pp. 12-32 ; Idem, « La société féodale. Deuxième et dernier article », Journal des savants, avril-juin 1943, pp. 49-58, ici, pp. 55-6. Lot était d’autant plus intéressé à la question qu’il aurait du écrire l’ouvrage pour la collection L’Évolution de l’Humanité ; Bloch s’en est chargé après le retrait de Lot. 18 Wickham, « Le forme del feudalesimo », pp. 37-8. 19 Voir Pirenne, Histoire de l’Europe, loc cit. note 9 : Pirenne résoud la question des bases économiques des royaumes des viiie-xe siècles en faisant l’hypothèse drastique d’un anéantissement presque complet des reserves foncières du roi dès le début du viiie siècle, ce qui a pour conséquence l’absence de récompense pour les charges publiques par la suite. Si l’auteur avait formulé le problème de l’impossibilité du salaire, il n’en avait pas fait de même pour ce qui est de la politique de la terre. 20 Bloch, La société féodale, p. 105 : “Les derniers essais pour maintenir au service du prince un système de relais, sur le modèle légué par le gouvernement romain, s’étaient évanouis avec l’empire carolingien”; et surtout p. 100: “L’écroulement de l’empire carolingien venait de ruiner le dernier pouvoir assez intelligent pour se soucier de travaux publics, assez puissant pour en faire exécuter au moins quelques-uns”. 16 17

Les biens publics durant le haut Moyen Âge : historiographie et enjeux

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et surtout maintiennent, de plus en plus faiblement, il est vrai, un pouvoir militaire et justicier ressortissant de leur ‘fonction protectrice’, qui va s’affaiblir si fortément dans l’âge féodal, en constituant désormais l’arrière-plan du nouveau tableau des pouvoirs21. Bloch me paraît ici pleinement conscient de la question que pose l’existence d’une base économique, pour l’essentiel foncière, des pouvoirs royaux en tant que tels, ou, selon ses mots, de l’État, l’un des « modes de groupement» qu’il analyse22. Dans le monde franc, au cœur de ses intérêts, le thème des ressources du roi n’est toutefois pas envisagé pas pour lui-même, mais à travers le prisme du féodalisme, par le biais de la progressive assimilation des honores aux bénéfices : il découle de l’étude des liens personnels de fidélité, où le roi est considéré comme seigneur, mais reste au second plan23. Il acquiert en revanche une plus grande autonomie quand Bloch étend son propos aux sociétés non féodalisées. Même en l’absence de système fiscal, ni la domination d’une classe spécialisée de guerriers, ni la diffusion de liens de type féodal ne sont destinés à s’imposer de manière nécessaire. Là où elle est quantitaBloch, La société féodale, pp. 605-6 : “D’autre part, malgré la persistance de la notion d’une autorité publique superposée à la foule des petits pouvoirs, la féodalité coïncida avec un profond affaiblissement de l’État, notamment dans sa fonction protectrice. Mais la société féodale n’était pas seulement différente et d’une société de parentèles et d’une société dominée par la force de l’État. Elle venait après des sociétés ainsi constituées et portait leur empreinte. Les rapports de dépendance personnelle qui la caractérisaient gardaient quelque chose de la parenté artificielle qu’avait été, à beaucoup d’égards, le primitif compagnonnage et, parmi les droits de commandement exercés partant de menus chefs, une bonne part faisaient figure de dépouilles arrachées à des puissances ‘régaliennes’”. À la p. 543, Bloch écrit même que “l’établissement des royautés barbares entreva ce fractionnement», en s’opposant à l’essor des forces locales. 22 Bloch, La société féodale, p. 610 : “Sujétion paysanne; à la place du salaire, généralement impossible, large emploi de la tenure-service, qui est, au sens précis, le fief; suprématie d’une classe de guerriers spécialisés; liens d’obéissance et de protection qui attachent l’homme à l’homme et, dans cette classe guerrière, revêtent la forme particulièrement pure de la vassalité; fractionnement des pouvoirs, générateur de désordre; au milieu de tout cela, cependant, la survivance d’autres modes de groupement, parentèle et État, dont le dernier devait, durant le second âge féodal, reprendre une vigueur nouvelle: tels semblent donc être les traits fondamentaux de la féodalité européenne». Voir Wickham, « Le forme del feudalesimo », pp. 34-8. 23 Bloch, La société féodale, pp. 271 et suivantes, 528-9. 21

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Introduction

tivement importante, une couche sociale de paysans armés est suffisante pour empêcher une évolution proprement féodale. Quand Bloch parle du nord de la péninsule Ibérique aux xe-xiie siècles24, et plus encore de l’empire byzantin25, l’analyse s’inscrit dans un système caractérisé par la force du pouvoir public26, pour lequel le poids des relations personnelles n’est pas déterminant. L’empire byzantin est même capable de ‘créer’ de toutes pièces un groupe social ample, en jouant sur sa capacité

Bloch, La société féodale, I, pp. 265-6 : “C’est que deux grands faits imprimèrent, à l’histoire des sociétés asturo-léonaises, une tonalité particulière: la reconquête; et le repeuplement. Sur les vastes espaces arrachés aux Maures, des paysans furent établis, comme colons, qui, pour la plupart, échappaient aux formes au moins les plus astreignantes de la sujétion seigneuriale; qui, en outre, conservèrent nécessairement les aptitudes guerrières d’une sorte de milice des confins. Il en résultait que beaucoup moins de vassaux qu’en France pouvaient être pourvus de revenus tirés du travail de tenanciers, payant redevances et devant corvées; que, surtout, si le fidèle armé était le combattant par excellence, il n’était pas le seul combattant ni même le seul à être monté. À côté de la chevalerie des criados, il existait une ‘chevalerie vilaine’, composée des plus riches parmi les libres paysans. D’autre part, le pouvoir du roi, chef de la guerre, restait beaucoup plus agissant qu’au nord des Pyrénées. D’autant que, par surcroît, les royaumes étant beaucoup moins étendus, leurs souverains se sentaient beaucoup moins en peine d’atteindre directement la masse de leurs sujets. Donc point de confusion entre l’hommage vassalique et la subordination du fonctionnaire, entre l’office et le fief”. Ici et dans la note suivante, l’italique est de moi. 25 Bloch, La société féodale, p. 607 : “Nous l’avons vu: les sociétés où subsista une paysannerie armée, tantôt ignorèrent l’armature vassalique, comme celle de la seigneurie, tantôt de l’une et l’autre ne connurent que des formes très imparfaites: ainsi en Scandinavie, par exemple, ou dans les royaumes du groupe asturo-léonais. Le cas de l’Empire byzantin est peut-être plus significatif encore, parce que les institutions y portèrent la marque d’une pensée directrice beaucoup plus consciente. Là, depuis la réaction anti-aristocratique du viie siècle, un gouvernement, qui avait conservé les grandes traditions administratives de l’époque romaine et que préoccupait, d’autre part, le besoin de se donner une armée solide, créa des tenures chargées, envers l’État, d’obligations militaires : vrais fiefs en un sens, mais à la différence de l’Occident, fiefs de paysans, constitués chacun par une modeste exploitation rurale. Les souverains, désormais, n’auront pas de souci plus cher que de protéger ces ‘biens de soldats’, comme d’ailleurs les petits possesseurs en général, contre l’accaparement par les riches et les puissants”. 26 ‘Pouvoirs publics’ est une espression qui revient souvent sous la plume de Bloch, dès l’introduction par exemple de La société féodale (voir pp. 16, 33, 188 etc.). 24

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à répartir les ressources foncières. Il faut donc repartir de ce que Bloch avait entrevu et laissé de côté. 3. Si les études de cas, comme nous le verrons, tendent à démentir toujours plus l’idée d’une ‘invisibilité’ des bases économiques du pouvoir royal, celle-ci persiste dans les modèles généraux sur le haut Moyen Âge, à cause de l’influence durable de la lecture de Bloch. Il est effectivement assez rare que soient évoqués le rôle et le poids des ressources foncières royales comme élément important de la structure sociale27. Cela a des conséquences multiples et parfois paradoxales. Les terres publiques, ou royales, sont ainsi surtout prises en considération quand elles sortent de la sphère publique, c’est-à-dire lorsqu’elles changent de statut, avec tout le cortège d’appréciations négatives sur un phénomène perçu comme un appauvrissement ou une ‘dilapidation’. L’historiographie italienne des années 1970-1980, pour laquelle l’héritage de Bloch est bien présent et qui se pose la question des biens publics, vaut d’être consultée sur ce point. Le statut des terres a été très débattu, notamment à propos de la constitution des bases économiques des familles aristocratiques et du rapport de celles-ci avec la royauté28. L’opposition était alors posée entre alleu et fief comme moyens de transmission du pouvoir et comme fondements économiques de la puissance de la noblesse. Chez cette dernière, la diffusion des bénéfices vassa-

J.L. Nelson, « Kingship and royal government », in R. McKitterick (ed.), The New Cambridge Medieval History, II, Cambridge, 1995, pp. 385-8, consacre un place remarquable aux ressources matérielles des rois. 28 Au sein d’une bibliographie très fournie : G. Tabacco, « L’allodialità del potere nel Medioevo » (1970) et Idem, « Alleu et fief considérés au niveau politique dans le royaume d’Italie (xe-xiie siècles) » (1980), réédités in Idem, Dai re ai signori. Forme di trasmissione del potere nel Medioevo, Torino, 2000, pp. 15-66 et 67-87 (le second article en traduction italienne) ; C. Violante, La società milanese in età precomunale, Bari, 19813, spéc. pp. 169-209 ; L. Provero, « Apparato funzionariale e reti vassallatiche nel regno italico (secoli x-xii)», in Formazione e strutture dei ceti dominanti nel Medioevo. marchesi conti e visconti nel regno italico (secc. IX-XII). Atti del terzo convegno di Pisa, 1999, Roma, 2003, pp. 175-232. Je ne tiens compte ici que des travaux italiens, laissant donc donc de côté d’autres études essentielles, spéc. H. Keller, Adelsherrschaft und städtische Gesellschaft in Oberitalien 9. bis 12. Jahrhundert, Tübingen, 1979 ; éd. it. Signori e vassalli nell’Italia delle città (secoli IX-XII), Torino, 1995, avec une mise à jour introductive par l’auteur). 27

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liques était souvent difficile à évaluer en raison de la grande fluidité des formes documentaires en matière de concessions foncières – un contrat emphytéotique peut rémunérer une fidélité armée sans la nommer29. D’autre part, l’idée d’une origine principalement alleutière des fortunes des élites politiques, très présente chez Giovanni Tabacco30 – l’historien de sa génération qui fut pourtant le plus sensible à la dimension publique des pouvoirs –, contribua à cantonner à l’arrière-plan l’idée que la royauté pût être un acteur à même de mobiliser des ressources importantes de manière continue. Plus encore, cette sous-évaluation s’exprime par l’attention toujours portée vers les destinataires de ces ressources, les aristocrates, plutôt que vers ceux qui les concèdent. Le pouvoir du roi se définit dans sa relation changeante avec l’aristocratie. Chez Tabacco, les biens publics entrent donc en considération comme objet des largesses royales envers celle-ci et, bien sûr, avec les églises. À moyen terme ces ressources ont été intégrées dans le patrimoine des fidèles/agents du roi, contribuant à la puissance autonome de ces derniers31. Cependant la question des biens publics en tant que telle n’est pas absente ; elle est en incubation. Il n’est pas sans intérêt de noter ainsi le choix des mots par Tabacco. Dans son ouvrage de référence sur l’histoire politique et sociale de l’Italie au Moyen Âge, il qualifie de ‘fiscaux’ les biens concédés (en principe temporairement) par les empereurs carolingiens à leurs comtes32, tan-

C. Violante, « Fluidità del feudalesimo nel regno italico (secc. x e xi). Alternanze e compenetrazioni di forme giuridiche delle concessioni di terre ecclesiastiche ai laici », Annali dell’Istituto Storico italo-germanico in Trento, 21, 1995, pp. 11-39; P. Cammarosano, « Feudo e proprietà nel Medioevo toscano » (1982), in Idem, Studi di storia medievale. Economia, territorio, società, Trieste, 2009, pp. 99-110. 30 G. Tabacco, « La connessione fra potere e possesso nel regno franco e nel regno longobardo », in I problemi dell’Occidente nel secolo VIII. Atti della XX Settimana di studio del Centro Italiano di Studi sull’alto Medioevo, Spoleto, 1973, I, p. 133-68; Idem, Egemonie sociali e strutture del potere nel Medioevo italiano (1974), Torino, 1979, pp. 115, 163, 208-9 et passim. 31 Idem, Egemonie sociali, spéc. pp. 169-70. 32 Pour la qualification ‘fiscale’ des biens du roi, Idem, Egemonie sociali, p. 154 : “l’ufficio esercitato in nome del re […] rimunerato con ‘benefici’ sulle terre fiscali e con proventi connessi con l’esercizio della giurisdizione…”; p. 163 : “[il conte, duca o marchese] collocava i propri vassalli… non necessariamente sulle terre fiscali da lui tenute a sua volta in beneficio dal re… »; et encore les pp. 192-3. 29

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dis qu’il abandonne le terme pour les xe-xie siècles, déjà fortement marqués par la ‘dynastisation’ des charges publiques. Même s’ils sont dits ‘juridiquement hétérogènes’, les biens détenus par les comtes, les marquis et les ducs, qui en disposent souvent de manière désormais permanente et héréditaire, sont interprétés à la lumière de l’alleu33. Il arrive même à Tabacco d’assimiler implicitement les biens du roi aux alleux des autres puissants34. Entre les deux époques, l’une du ‘fisc’ et l’autre de ‘l’alleu’ se produit la rupture du circuit redistributif, rupture dont l’existence et l’importance sont clairement reconnus, mais qui ne font pas l’objet d’une enquête au-delà du constat. Si le partage des ressources échoue, ou s’il devient trop épisodique pour être significatif dans l’économie du système, voici que même les biens du roi peuvent être assimilés à des alleux, car ils ne font plus partie d’un réseau – public – de redistribution. Tabacco, Egemonie sociali, pp. 201-4 ; Idem, « Le strutture del regno italico tra xi e xii secolo» (1978), in Sperimentazioni del potere nell’alto Medioevo, Torino, 1993, p. 131: “La prima difficoltà nasceva dall’eterogeneità degli elementi costituenti la potenza delle grandi famiglie, eterogeneità palese nelle crisi di successione dinastica, e dalla tentazione del re di trarne occasione per rivendicare l’antico e ovvio diritto di disporre liberamente delle dignità di origine pubblica. Si pensi all’assenza di eredi maschi alla morte di Bonifacio di Canossa e all’impossibilità di applicare rigidamente alle dignità comitali e marchionale rimaste allora vacanti gli stessi criteri di successione validi per il patrimonio allodiale: la vedova Beatrice, la figlia Matilde e via via i loro mariti dovettero fare i conti con la necessità di un’investitura regia, e il re d’altra parte non poté ignorare la permanenza nelle mani di Beatrice e di Matilde, in virtù della successione allodiale, di tutte le fortezze che, connesse al patrimonio fondiario e alle clientele militari, costituivano la vera forza politica della dinastia. Era qui evidente il divario fra la memoria delle circoscrizioni pubbliche in cui il regno si era un tempo articolato e quella somma imponente e alquanto dispersa di castellanie, in cui si sostanziava l’incontro fra le esigenze di difesa delle popolazioni locali e la volontà di potenza della dinastia, con la sua forza di aggregazione del ceto militare. La eterogenità giuridica del patrimonio dinastico era in verità un freno alla costituzione di un principato…” (l’italique est de moi). Sur cette page de Tabacco, voir G. Sergi, « I Canossa: poteri delegati, feudali e signorili » (1994), in Idem, I confini del potere. Marche e signorie fra due regni medievali, Torino, 1995, spéc. p. 233. 34 Tabacco, Egemonie sociali, p. 198: “Tipico è il caso appunto del castello. Tutti i poteri di comando e di giurisdizione sugli uomini […] appaiono […] come proprietà di colui che possiede la fortezza in allodio: il re, o una famiglia potente, o un ente ecclesiastico, o anche un gruppo di uomini che l’hanno acquistata o l’hanno fondata su terra loro propria”. 33

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Dans tous les cas, l’attention n’est pas dirigée vers les implications économiques du pouvoir royal, voire ducal, sinon pour s’intéresser à ce qui le porte vers la société seigneuriale. Le royaume est un espace de relations amicales ou conflictuelles entre individus et groupes déjà riches et puissants lorsqu’ils apparaissent sur la scène politique. Les rois peuvent choisir les sujets à promouvoir en leur concédant des biens qui normalement vont intégrer une base alleutière déjà existante ; d’où les nombreux travaux sur l’origine des fortunes des familles seigneuriales dans l’historiographie italienne des années 1970-199035. La royauté des ixe-xe siècles n’est donc pas étudiée en soi, pour ses ressources foncières et leur redistribution. C’est la diffusion graduelle des pouvoirs seigneuriaux qui rend importante la question des ressources royales ou publiques et de leur jouissance partagée dans le cadre du royaume. La question s’était toutefois posée de manière plus crue pour les viiie-ixe siècles. Quand il a commencé à s’intéresser au haut Moyen Âge, alors que ses premiers travaux portaient plutôt sur les xiiie-xive siècles, et avant que les questions relatives au fief, à l’alleu et à la transmission du pouvoir ne prennent chez lui une place centrale, Tabacco prit en compte explicitement le rôle et l’importance des propriétés publiques pour décrire des traits fondamentaux de la société du nord et du centre de l’Italie au tournant de la conquête franque. Dans I liberi del re (1966), des chapitres essentiels sont consacrés aux dossiers relatifs aux grandes propriétés publiques, les gualdi, aux hommes qui les habitaient et au changement de leur condition entre viiie et ixe siècle36. Au fil de leur transformation en un groupe socialement privilégié durant l’âge carolingien, les libres du royaume lombard n’apparaissent pas comme une sorte d’ ‘espèce protégée’ par le roi, selon l’idée qu’on s’en faisait, mais comme la base d’une société politique tendanciellement inclusive : un groupe large, relativement ouvert et socialement caractérisé par son indépendance économique — l’alleu, déjà une fois, également dominant comme base économique de la

Voir surtout Sergi, I confini del potere, spéc. pp. 39-126, 142-241 (articles publiés la première fois entre 1971 et 1994) ; et nombre des contributions de l’entreprise collective promue par C. Violante sur les élites politiques du royaume d’Italie: Formazione e strutture dei ceti dominanti nel Medioevo: marchesi, conti e visconti nel Regno italico, secc. IX-XII, I-III, Roma, 1988-2003. 36 G. Tabacco, I liberi del re nell’Italia carolingia e postcarolingia, Spoleto, 1966 ; sur les gualdi, pp. 113-38. 35

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puissance des aristocrates. Les terres publiques cédées en pleine propriété perdaient leur statut en même temps que leurs occupants perdaient leur statut de libres. C’est seulement à partir de ce moment-là qu’elles deviennent reconnaissables, ‘traçables’, comme alleux individuels ou collectifs. C’est donc l’attention envers le contexte changeant dans lequel s’exercent les relations de pouvoir vues comme autant d’’expérimentations’ qui contribue d’une manière déterminante à mettre à l’arrièreplan la question des biens publics. Il n’y a pas de hasard qu’elle soit davantage présente pour l’époque lombarde. C’est que les relations personnelles de fidélité y paraissent moins prégnantes, spécialement dans les duchés méridionaux, très éloignés du modèle franc, qui forment un bon terrain d’observation. Après l’enquête de Tabacco sur les gualdi, les biens publics des duchés lombards du Sud et la curtis regia occupent une place importante dans les études de Stefano Gasparri dès le début des années 1980 et, plus récemment, dans celles de Simone Collavini37. 4. Beaucoup de choses ont changé dans notre connaissance et dans notre perception des thèmes abordés et façonnés par Bloch, de la relation entre Empire romain et structures politiques des royaumes barbares aux formes des pouvoirs et de la sujétion paysanne entre le ixe et le xiie siècle. C’est précisément pour cela que les biens des rois et les biens publics ont été replacés au centre de l’attention de beaucoup d’historiens et d’archéologues dans les dernières années38. Le présent livre est le fruit de cette évolution,

S. Gasparri, « Il ducato longobardo di Spoleto. Istituzioni, poteri, gruppi dominanti », in Atti del IX congresso internazionale di studi sull’alto Medioevo, Spoleto, 1983, pp. 77-122; Idem, « Il ducato e il principato di Benevento », in G. Galasso, R. Romeo (a cura di), Storia del Mezzogiorno, II, Il Medioevo, 1, Napoli, 1988, pp. 85-146 ; Idem, « Il regno longobardo in Italia. Strutture e funzionamento di uno stato altomedievale » (1990), réédité in Idem (a cura di), Il regno dei Longobardi in Italia. Archeologia, società e istituzioni, Spoleto, 2004, pp. 1-92; S.M. Collavini, « Duchi e societa locali nei ducati di Benevento e di Spoleto nel secolo VIII », in I Longobardi dei ducati di Spoleto e Benevento. Atti del XVI Congresso internazionale di studi sull’alto medioevo, Spoleto, 2004, pp. 125-66. 38 Sans prétendre à l’exhaustivité : J. Barbier, « Du Patrimoine fiscal au patrimoine ecclésiastique. Les largesses royales aux églises au nord de la Loire (milieu du viiie siècle-fin du xe siècle) », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 3/2, 1999 [= Les transferts patrimoniaux en Europe occidentale, VIIIe-Xe siècle, I], pp. 577-605 et « Le fisc du royaume franc. Quelques jalons pour une réflexion sur 37

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de même qu’il profite de la critique des paradigmes dominants du passage vers le Moyen Âge central. La relation entre élites politiques, alleu et fief

l’État au haut Moyen Âge », in W. Pohl, V. Wieser (Hrsg.), Der frümittelalterliche Staat – europäische perspektiven, Wien, 2009, pp. 271-86; C. La Rocca, « Monachesimo femminile e poteri delle regine tra viii e ix secolo», in G. Spinelli (a cura di), Il monachesimo italiano dall’età longobarda all’età ottoniana (secc. VIII-X). Atti del VII Convegno di studi storici sull’Italia benedettina, Cesena, 2006, pp. 119-43; T. Lazzari (a cura di), Il patrimonio delle regine: beni del fisco e politica regia tra IX e X secolo, Reti Medievali Rivista, 13/2, 2012, pp. 123-298 ; Eadem, « La tutela del patrimonio fiscale: pratiche di salvaguardia del pubblico e autorità regia nel regno longobardo del secolo viii », Reti Medievali Rivista, 18/1, 2017, pp. 99-121 ; J.-P. Devroey, N. Schroeder, « Beyond royal estates and monasteries: landownership in the early medieval Ardennes », Early Medieval Europe, 20/1, 2012, pp. 39-69 ; V. Loré, « Beni principeschi e forme di potere nel Mezzogiorno longobardo », in M. Valenti, C. Wickham (a cura di), Italia, 888-962: una svolta. Atti del IV seminario internazionale del SAAME, Turnhout, 2013, pp. 15-39; Idem, « Spazi e forme dei beni pubblici nell’alto Medioevo. Il regno longobardo », in G. Bianchi, T. Lazzari, M.C. La Rocca (a cura di), Spazio pubblico e spazio privato tra storia e archeologia. Secoli vi-xi. Atti del VII seminario internazionale del SAAME, Bologna 2014, Turnhout, 2018, pp. 57-84 ; F. Cantini, « La gestione della produzione fra curtes fiscali e curtes private in età carolingia », ibid., pp. 261-91 ; G. Bianchi, « Spazi pubblici, beni fiscali e sistemi economici rurali nella Tuscia post carolingia: un caso studio attraverso la prospettiva archeologica », ibid., pp. 293-325; D. Bachrach, « Toward an appraisal of the wealth of the Ottonian kings of Germany, 919-1024 », Viator, 44/2, 2013, pp. 1-28 (sur lequel voir les considérations de C. West, dans ce volume) ; B. et D. Bachrach, « The costs of fortress construction in tenth century Germany: the case of Hildagsburg », Viator, 45/3, 2014, pp. 25-58; S.M. Collavini, P. Tomei, « Beni fiscali e ‹scritturazione›. Nuove proposte sui contesti di rilascio e falsificazione di D O. III. 269 per il monastero di S. Ponziano di Lucca », in N. D’Acunto, S. Roebert et W. Huschner (Hrsg.), Originale – Fälschungen – Kopien. Kaiser- und Königsurkunden für Empfänger in «Deutschland» und «Italien» (9.-11. Jahrhundert) und ihre Nachwirkungen im Hoch- und Spätmittelalter (bis ca. 1500) / Originali – falsi – copie. Documenti originali e regi per destinatari tedeschi e italiani (secc. IX-XI) e i loro effetti nel Medioevo e nella prima età moderna (fino al 1500 circa), Leipzig, 2017, pp. 205-15; G. Bianchi, S.M. Collavini, « Public estates and economic strategies in Early Medieval Tuscany: towards a new interpretation », in G. Bianchi, R. Hodges (eds.), Origins of a New Economic Union (7th-12th Centuries). Preliminary Results of the nEU-Med Project: October 2015-March 2017, Florence, 2018, pp. 147-59; G. Vignodelli, « La competizione per i beni fiscali: Ugo di Arles e le aristocrazie del regno italico (926-945) », in V. Loré, G. Bührer-Thierry, R. Le Jan (éd.), Acquérir, prélever, contrôler: les ressources en compétition (400-1100), Turnhout, 2017, pp. 151-69.

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reste certes un thème d’importance européenne, mais il n’est pas douteux que les réflexions soulevées par les travaux de Susan Reynolds39 ont rendu moins lourde une hypothèque féodale qui pesait fortement sur notre capacité à avoir une vision globale des structures du pouvoir au haut Moyen Âge40. Semblable observation vaut pour un aspect au moins de la révision opérée par Dominique Barthélemy du modèle de Georges Duby de mutation féodale ou seigneuriale41. Barthélemy partage et renforce une méfiance commune envers une caractérisation des pouvoirs centraux du haut Moyen Âge trop soumise à la notion de ‘public’. Mais en critiquant une transition perçue comme trop abrupte – la ‘privatisation’ du pouvoir – et en portant l’attention sur la structure de la documentation, sur son évolution et sur ses limites, il a apporté une contribution importante à l’étude des sociétés politiques des ixe et xe siècles, considérées pour ellesmêmes et non comme un ‘premier âge féodal’. Une partie des études sur les viie-xe siècles ont aussi pris une direction nouvelle, portant leur attention sur les élites politiques considérées dans leur ensemble. D’où peut-être la fin du monopole des monographies régionales qui visaient à saisir, au niveau des sociétés locales, le développement des cadres seigneuriaux ou, plus généralement, le début des processus d’encellulement pendant les ixe-xiie siècles. Pleinement légitime, une telle perspective était pourtant sélective, à la fois sur le plan chronologique, puisque les sociétés locales ne sont presque jamais visibles dans les sources écrites avant le début du ixe siècle, et sur le plan thématique, puisque le point de vue est centré sur la période plus tardive, qui est aussi, presque toujours, la mieux documentée. Dès les années 1990, on se penche désormais sur les relations des élites politiques entre elles et avec le centre, à l’échelle du royaume, cherchant les règles et les constantes qui S. Reynolds, Fiefs and Vassals. The Medieval Evidence Reinterpreted, Oxford, 1994. Pour une période postérieure au xe siècle, excellent exemple de cet « effet Reynolds » in S. Carocci, Signorie di Mezzogiorno, chap. 4 et 5, pp. 109-226 : la révision radicale de la perspective ancienne qui voyait le royaume normand comme une monarchie féodale permet à l’auteur de reconsidérer les rapports entre roi et seigneurs dans un cadre de pouvoir qui peut être défini comme public. Notons que Carocci, tout en partant explicitement des suggestions de Reynolds, n’en accepte pas toutes les hypothèses : ibid., spéc. pp. 121 (n. 36), 129 et 130. 41 D. Barthélemy, « La mutation féodale a-t-elle eu lieu ? », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 47, 1992, pp. 767-75; Idem, La mutation de l’an Mil a-t-elle eu lieu ?. Le modèle critiqué par Barthélemy repose pour l’essentiel sur Duby, La société aux XIe et XIIe siècles dans la région de Mâcon. 39

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président à ces relations, les réseaux unifiant les différents milieux ; ce qui implique d’élargir l’horizon d’étude, tout en restreignant le champ chronologique, qui ne dépasse généralement pas le xie siècle. C’est dans ce contexte qu’émerge le thème du maintien d’une centralité royale, fondamental pour la vision actuelle du haut Moyen Âge. Les pages d’introduction à Property and Power in the Early Middle Ages (1995), livre clé de l’historiographie contemporaine sur cette période, signalaient déjà cette centralité comme un caractère distinctif des sociétés politiques du temps, en équilibre toujours précaire entre l’autorité du roi et les milieux locaux. Elles soulignaient aussi que les rois avaient la main sur des richesses foncières très étendues, dont rien ne montrait qu’elles subissaient un processus de dissolution42. Les rois, leurs groupes familiaux et leurs alliés sont devenus un objet d’étude largement renouvelé, sur la base d’un retour aux sources les plus anciennes et de l’emploi de méthodes d’analyse inspirés de l’anthropologie. Les rois ont été observés ‘en contexte’, comme partie prenante des réseaux aristocratiques. La royauté franque a été revisitée pour ce qui est de ses bases foncières, de ses alliés et de ses opposants, des modalités de l’ascension et du maintien au pouvoir des souverains, rendus à leur rôle d’acteurs parmi d’autres de la lutte politique, grâce à des études à nouveaux frais des narrations hagiographiques pour l’époque mérovingienne d’une part, des récits ‘officiels’ postérieurs à la prise du pouvoir royal par les Carolingiens d’autre part43. Les travaux de Ian Wood, Janet Nelson, Régine Le Jan, Paul Fouracre ont ainsi mis en lumière cette centralité royale, une construction

T. Reuter, C. Wickham, « Introduction », in W. Davies, P. Fouracre (eds.), Property and Power in the Early Middle Ages, Cambridge, 1995, pp. 5-7 et surtout p. 6 : “The basis of this continuing public relevance was […] landed wealth. The Merovingians and Carolingians, and the Visigotic and Lombard kings, all possessed immense landed resources, which did not necessarily decrease much across time. The kings of Italy were never generous with land until after 900; and, if the Frankish kings were, they seem to have been able to recoup their gifts through confiscation from the unfaithful until the later ninth century. Landed wealth did not bring in as much as taxation had done, but since the army was landed, there was less for rulers to spend it on; early medieval kings were at least rich by the standard of their time, with considerable reserves of treasure and other moveables, and thus continued to be highly attractive as patrons”. 43 I. Wood, The Merovingian Kingdoms, 450-751, London-New York, 1993 ; J.L. Nelson, Courts, Elites, and Gendered Power in the Early Middle Ages: Charlemagne and Others, Aldershot, 2007; R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe42

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sociale continuellement forgée dans le conflit. Avec d’autres outils, Paolo Cammarosano atteignait le même but pour le royaume d’Italie au haut Moyen Âge44, tandis que François Bougard, étudiant la justice dans le même milieu politique, montrait une persistance de la dimension royale – et publique – du pouvoir, bien plus prononcée qu’on ne l’avait pensé45. L’attention aux paradigmes anthropologiques, qui a fortement contribué à ce progrès, a toutefois conduit à privilégier certains sujets par rapport à d’autres. L’attention envers les réseaux de parenté et d’amitié tend notamment à fondre ce qui est propre au pouvoir royal dans la totalité des relations sociales. Cela s’accompagne parfois d’une réelle méfiance pour la dimension publique du pouvoir, dont on trouve une formulation extrême dans State and society in the Early Middle Ages, par ailleurs important, de Matthew Innes : la seule dimension effective du pouvoir public dans le haut Moyen Âge s’y trouve dans l’implication des agents du roi, dont la puissance se fonde essentiellement sur leur patrimoine personnel et sur leurs relations de parenté et d’alliance, au sein des sociétés locales46. D’autre part l’intérêt pour les liens dominés par le don et par ses contraintes de réciprocité a contribué à mettre à l’arrière-plan les objets de ce don47 : l’échange maussien, même quand il

Xe siècle). Essai d’anthropologie sociale, Paris, 1995; P. Fouracre, The Age of Charles Martel, London-New York, 2000. 44 P. Cammarosano, Nobili e re. L’Italia politica dell’alto medioevo, Roma-Bari, 1998 ; voir surtout les pp. 92-3, 103-7, 126-7, 199-201, 211-12, 223-6, 257-64, où l’analyse systématique des diplômes royaux et impériaux, avec typologie des concessions et des destinataires, est conduite pour saisir la politique des rois. 45 F. Bougard, La justice dans le royaume d’Italie de la fin du VIIIe siècle au début du e XI siècle, Rome, 1995. 46 M. Innes, State and Society in the Early Middle Ages. The Middle Rhine Valley, 4001000, Cambridge, 2000, très explicite sur ce point dans l’introduction et les conclusions, pp. 1-12 et 251-63. Sur la même ligne M. Costambeys, S. MacLean, M. J. Innes (eds.), The Carolingian World, Cambridge, 2011, spéc. pp. 189-94. Incidemment, cela rappelle d’une part l’idée de Tabacco (peu plus nuancée) d’une origine en substance alleutière des fortunes aristocratiques, d’autre part la critique serrée portée par la microhistoire contre le paradigme de l’état moderne. Voir à ce propos surtout O. Raggio, Faide e parentele. Lo stato genovese visto dalla Fontanabuona, Torino, 1990 ; E. Grendi, Il cervo e la repubblica. Il modello ligure di antico regime, Torino, 1993. 47 Exemple emblématique de cette perspective et de ses implications, B. Rosenwein, To be the Neighbor of Saint Peter. The Social Meaning of the Cluny’s Property, 909-1049, Ithaca, 1999.

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débouche sur une compétition, est fondamentalement à somme nulle. Dans ce type de rapports, ce qui compte le plus sont la relation et l’équilibre qu’elle crée, plus que les termes mêmes de l’échange ; que la possibilité de participer à ces relations eût un coût, parfois difficile à supporter par ses acteurs, est une autre question48. C’est aussi dans la perspective de la royauté vue dans son contexte social que se placent les travaux des vingt dernières années sur les formes de communication entre le pouvoir central, royal, et les élites politiques jusqu’au niveau le plus local, quand la documentation permet de les connaître49. Parmi ces formes de communication, les assemblées occupent une place de premier plan, lieu d’une sociabilité, d’une communication et d’une négociation toujours renouvelées, donc d’une intégration efficace entre les différents niveaux de l’élite politique50. Et pourtant, ce n’est que récemment que Chris Wickham a souligné comme ce rôle fondamental des assemblées non seulement n’exclut pas une dimension étatique du pouvoir du haut Moyen Âge, mais en constitue un élément déterminant51. Le sujet est abordé dans Acquérir, prélever, contrôler, notamment V. Loré, « Introduzione. Risorse materiali e competizione politica nell’alto Medioevo  », pp. 7-20; Vignodelli, « La competizione per i beni fiscali », et L. Malbos, « Les ressources en compétition dans des territoires scandinaves disputés (première moitié du xie siècle) : le roi Óláfr Haraldsson et l’ ‘arme économique’», pp. 109-25. 49 Visions d’ensemble dans R. McKitterick, Charlemagne. The Formation of a European Identity, Cambridge, 2008, surtout le chap. 4; et M. Gravel, Distances, rencontres, communications : réaliser l’Empire sous Charlemagne et Louis le Pieux, Turnhout, 2012. 50 T. Reuter, « Assembly politics in Western Europe from the eighth century to the twelfth » (2001), in Idem, J.L. Nelson (eds.), Medieval Polities and Modern Mentalities, Cambridge, 2006, pp. 193-216 ; J.L. Nelson, « Legislation and Consensus in the Reign of Charles the Bald » (1983), in Eadem, Politics and Ritual in Early Medieval Europe, London, 1986, pp. 91-116; P.S. Barnwell, M. Mostert (eds.), Political Assemblies in the Earlier Middle Ages, Turnhout, 2003, notamment, P.S. Barnwell, « Political assemblies : introduction », pp. 1-10 ; Idem, « Kings, nobles, and assemblies in the barbarian kingdoms », pp. 11-28, et S. Airly, « Talking heads : assemblies in Early Medieval Germany », pp. 29-46 ; d’autres études plus récentes dans l’article de C. Wickham, cité à la note suivante. 51 C. Wickham, « Consensus and assemblies in the Romano-Germanic kingdoms: a comparative approach », in V. Epp, C.H.F. Meyer (Hrsg.), Recht und Konsens im frühen Mittelalter, Ostfildern, 2017, spéc. pp. 394-6. Voir aussi sur ce point S.M. Collavini, « Qualche considerazione conclusiva », in Spazio pubblico e spazio privato, pp. 350-1. 48

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5. L’émergence graduelle du thème de la centralité royale, vue dans le contexte des réseaux parentaux et politiques, mène à examiner le même objet sur son versant économique et dans les pratiques sociales liées à la mobilisation des ressources, notamment des ressources foncières. On peut aujourd’hui parler de biens royaux ou même publics pour le haut Moyen Âge, sans risquer de tomber dans l’évocation implicite de modèles étatiques propres à la Prusse du xixe siècle ni cultiver l’ ‘hyper-continuisme’ entre le Bas-Empire et les formations politiques du haut Moyen Âge52. La disparition graduelle de l’impôt foncier direct et la conversion des formations politiques post-romaines à la rente foncière sont considérées comme acquises, comme le fait que les agents du roi avaient une relation toujours négociée avec le centre. Cela ne signifie pas l’effacement complet d’une médiation de type institutionnel dans l’exercice du pouvoir et d’une base économique propre à ces mêmes pouvoirs. La centralité royale a pour implications économiques non seulement la réciprocité, mais aussi et surtout la redistribution (j’utilise ici les catégories d’intégration économique formulées par Karl Polanyi). La redistribution – un autre type de réseau, ou de groupement des hommes, si nous voulons revenir aux mots de Marc Bloch – a des effets relationnels autres que la réciprocité : elle suppose l’existence d’un centre, détenteur d’un droit supérieur sur certaines ressources, et l’obligation de partager ces ressources53, en particulier avec les sujets qui accèdent à l’exercice du pouvoir par voie institutionnelle. Au haut Moyen Âge les patrimoines publics avaient souvent des dimensions énormes, bien supérieures à celles des patrimoines privés. Leurs titulaires avaient la main sur des ressources qui n’étaient toutefois pas entièrement transmissibles à leurs proches ou à leurs soutiens. Le statut public de ces biens impliquait de nombreux acteurs dans leur partage, du fait de l’exercice d’une fonction ou d’un rôle dans la gestion des biens eux-mêmes, jusqu’au niveau des sociétés paysannes. De la part du roi, récompenser ses agents avec de la terre n’induit pas de se priver à plus ou moins long terme de toute capacité redistribu-

J. Durliat, Les finances publiques de Dioclétien aux Carolingiens (284-889), Sigmaringen, 1990 (sur lequel C. Wickham, « La chute de Rome n’aura pas lieu », Le Moyen Âge, 99, 1993, pp. 107-26) et É. Magnou-Nortier, Aux origines de la fiscalité moderne : le système fiscal et sa gestion dans le royaume des Francs à l’épreuve des sources, Ve-XIe siècles, Genève, 2012. 53 K. Polanyi, Primitive, Archaic and Modern Economies, ed. by G. Dalton, Boston, 19712, spéc. pp. 148-57, 149-50 et 153-4. 52

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Introduction

tive, soit parce que le patrimoine public pouvait se régénérer grâce aux conflits (confiscations), aux accidents de succession (décès sans héritiers) ou autre ; soit parce que le statut public, ou royal, des terres était souvent plus durable qu’on ne le pense, selon une ‘règle du jeu’ largement partagée par la communauté politique. Ce facteur d’ordre peut-être plus culturel que juridique agissait en profondeur sur les structures économiques et sociales, en ce qu’il n’exprime pas seulement des équilibres de pouvoir déjà constitués, mais détermine les morphologies sociales elles-mêmes. Il faut rappeler que dans des contextes sociaux complexes, comme ceux du haut Moyen Âge, la coexistence entre plusieurs formes d’intégration économique est normale. Réciprocité et redistribution peuvent coexister, le même acteur pouvant agir dans l’un ou dans l’autre cadre. Il n’est pas non plus nécessaire de chercher de construire une hiérarchie dans les formes d’intégration économique, exercice souvent impossible54. Appliquée à de vastes espaces, la redistribution se basait sur la capacité à prélever et à partager les ressources de manière efficace. Un tel système ne pouvait certes faire fi des relations entre les personnes et les structures familiales, mais la distinction entre les dimensions proprement publique d’un côté, privée ou personnelle de l’autre, n’était en rien étrangère aux contemporains. Si elle peut paraître faible dans certains domaines55 (peut-on, par exemple, réellement distinguer l’aspect ‘privé’ et celui ‘public’ dans les différents rencontres, dont quelques-uns restraints et secrets, qui avaient lieu Polanyi lui-même évoque la possibilité d’une hiérarchie entre les formes d’intégration économique, mais il reconnaît la difficulté de l’établir. Voir Primitive, Archaic and Modern Economies, p. 149 : “Since they [forms of integration] occur side by side on different levels and in different sectors of the economy it may often be impossible to select one of them as dominant so that they could be employed for a classification of empirical economies as a whol”; ibid., p. 153: “Reciprocity as a form of integration gains greatly in power through its capacity of employing both redistribution and exchange as subordinate methods”. 55 C’est sur la difficulté de distinguer le côté public et le côté privé (dans le sens de personnel, ou secret, voire intime) de certains actes, ou des lieux où ils sont effectués, que se concentrent les études de J.L. Nelson, « Public space and private space: some historical evidence », et de R. Le Jan, « Lieux de pouvoir et espace public dans la Germanie du viiie siècle: publice / publicus dans les actes diplomatiques», in Spazio pubblico e spazio privato, pp. 19-35 et 173-98, ce dernier repris et étendu dans Eadem, «Fisc et ressources royales dans le royaume franc aux ixe et xe siècles», dans ce volume. Le problème est abordé par G. Bianchi, C. La Rocca, T. Lazzari, « Introduzione », et S.M. Collavini, « Qualche considerazione conclusiva », in Spazio pubblico e spazio privato, pp. 10-11, 345, 349-51. 54

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durant et à côté des assemblées politiques?56), elle ne l’est pas pour ce qui est du statut des terres et plus généralement des biens qui faisaient l’objet, précisément, de la redistribution. Or c’est parce qu’il y avait une différence nette entre les biens considérés comme publics et ceux qui ne l’étaient pas, que l’on pouvait jouer sur elle pour renforcer les positions personnelles au sommet de la hiérarchie sociale et institutionnelle plus que dans ses échelons intermédiaires, ou bien pour modifier les rapports de force en créant des réserves de biens – les terres données aux monastères sous tutelle royale, les douaires – qui restaient à la disposition de la reine ou du roi, mais non nécessairement du réseau des agents du souverain. D’où l’existence de biens assurément royaux, mais peut-être non publics (où la première catégorie, plus ample, inclut la seconde, plus restreinte)57. Il existe certes une difficulté documentaire, puisque les patrimoines deviennent souvent mieux visibles (dans les diplômes et les notices judiciaires) quand ils sortent de la sphère publique. Mais il s’agit surtout de trouver la clé adaptée pour valoriser les informations dont nous disposons58. Durant l’Antiquité tardive, les sources parlent souvent de prélèvement fiscal, et ce n’est pas un hasard : les impôts, leur poids social, leurs bénéficiaires sont autant de points conflictuels à même de susciter leur lot de témoignages59. La même observation vaut dans le contexte seigneurial. Plus ses capacités de prélèvement deviennent évidentes, plus nombreux se font les conflits entre seigneurs et paysans. À travers les lignes de fracture, la crise d’un ordre social produit de la documentation, utile à la connaissance de l’époque précédente. C’est précisément parce que, entre la chute de l’Empire romain et le ‘nouvel ordre seigneurial’, la population rurale était semble-t-il soumise à

G. Althoff, « Colloquium familiare – colloquium secretum – colloquium publicum. Beratung im politischen Leben des früheren Mittelalters » (1990), in Idem, Spielregeln der Politik im Mittelalter. Kommunikation in Frieden und Fehde, Darmstadt, 1997, pp. 157-84. 57 La Rocca, « Monachesimo femminile e poteri delle regine » ; Lazzari (a cura di), Il patrimonio delle regine, avec surtout la contribution de G. Vignodelli, « Berta e Adelaide: la politica di consolidamento del potere regio di Ugo di Arles »; S. MacLean, « Queenship, nunneries, and royal widowhood », Past & Present, 178, 2003, pp. 3-38; Idem, Ottonian Queenship, Oxford, 2017. 58 Collavini, « Qualche considerazione conclusiva », pp. 347-8, insiste lui aussi sur ce point. 59 Bel exemple d’analyse de ce thème par S. Castellanos, « Merovingios y Visigodos: la tributación como recurso historiográfico », in Between Taxation and Rent, pp. 147-62. 56

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Introduction

une pression moins forte60, que la documentation sur ce thème se fait plus discrète. Il faut plutôt chercher les traces des prélèvements et de la redistribution propres au pouvoir public ou royal en tant que tel en valorisant non seulement les pièces uniques, mais aussi les séries, dans la perspective de l’autorité et non (seulement) des destinataires : une pratique peutêtre moins courante à cause de la documentation même, structurée par les récepteurs, mais pas impossible. La proximité entre structure sociale et forme du pouvoir doit mener à considérer aujourd’hui les modalités effectives d’acquisition, de partage et de gestion des ressources publiques dans les royaumes, les duchés et les principautés, de même que les différentes formes de prélèvement. Pour ce qui est de sa base économique, il n’y a pas une forme de pouvoir public unique et indistincte, mais plusieurs, qui expriment un réseau social tout en contribuant à lui donner sa forme. Parmi les enquêtes qui composent le présent livre, conduites sur la base d’un questionnaire commun, deux échelles d’analyse se succèdent. Des cadres territoriaux amples (royaumes, duchés) sont privilégiés, où il faut envisager la structure des relations entre les sujets impliqués dans le réseau public et les modalités de partage des biens entre eux. Les études de cas portant sur des espaces plus restreints bien documentés par l’archéologie ou par les sources écrites mettent plutôt en lumière les formes d’exploitation des ressources et posent le problème de leur circulation, pas forcément par voie commerciale. Le but est celui de préparer le terrain pour saisir, sur une échelle comparatiste et à long terme, les traits communs et, plus encore, les caractères propres à des milieux politiques différents, en s’interrogeant sur le rapport entre l’économie des pouvoirs publics et l’ensemble de la structure sociale. Il s’agit, au bout du compte, de repérer et de mettre en valeur 61 ce que le modèle de société féodale proposé par Marc Bloch avait écarté .

Wickham, Framing the Early Middle Ages, spéc. pp. 570-88. Tiziana Lazzari et Massimo Vallerani ont discuté avec moi une première version de ce texte, tandis que François Bougard, Simone Collavini et Riccardo Rao en ont lu et commenté la version définitive. Aurélie Thomas et François Bougard ont bien voulu réviser et améliorer mon français. Je les en remercie tous (en précisant que je suis seul responsable des erreurs), de même que Stéphane Gioanni et Pierre Savy qui, en leur qualité de directeurs des études médiévales à l’École française de Rome, ont soutenu le projet de la rencontre romaine dont est issu le volume, puis ont aidé à sa publication. 60 61

Je dédie ces pages à ma femme, Emanuela, et à nos enfants, Leonardo et Beatrice.

1. L’économie du pouvoir L’economia del potere

Vito Loré Curtis regia e beni dei duchi. Il patrimonio pubblico nel regno longobardo Introduzione. Ambiti spaziali e documentari nell’Italia longobarda Considerato nella prospettiva dei beni pubblici, il regno longobardo è poco più di un’astrazione. In tutti gli spazi del regno è sempre, ampiamente testimoniata dai documenti una connessione esplicita fra l’esercizio del potere di re, duchi e ufficiali e il controllo di terre pubbliche. Le forme e i modi di organizzazione di quei patrimoni, il loro rapporto con le autorità centrali e i loro modi di condivisione fra i vari soggetti differiscono però ampiamente da caso a caso, disegnando tre ambiti nettamente distinti. Il ducato di Spoleto e il ducato di Benevento rimasero del tutto indipendenti da Pavia fino almeno alla metà dell’VIII secolo; la loro struttura amministrativa e istituzionale era in larga parte originale. Per tendere a un quadro complessivo bisogna dunque procedere per via comparativa, facendo attenzione a non trasferire elementi da un ambito specifico a un altro, per colmare altrove le lacune del panorama documentario. La comparazione fra Benevento, Spoleto e il Nord del regno è resa inoltre più difficoltosa dalla differente densità della documentazione disponibile per le tre aree, che è il caso di analizzare singolarmente. La struttura istituzionale dei ducati meridionali era centrata sulla figura del duca, che disponeva dell’intero patrimonio pubblico: a Spoleto e a Benevento non esisteva la curtis regia, il complesso dei beni pubblici nella disponibilità del re e dei suoi agenti, con a capo il palatium di Pavia, e ai duchi faceva riferimento la rete degli ufficiali, primi fra i quali i gastaldi. In questa prospettiva si giustifica il proposito di trattare Benevento e Spoleto come altri regni, distinti da quello con capitale Pavia. La costruzione del percorso è guidata da alcuni ottimi studi di Stefano Gasparri e di Simone Collavini1. In tutti e tre i casi la base documentaria utile ad avere

S. Gasparri, «Il ducato longobardo di Spoleto. Istituzioni, poteri, gruppi dominanti», in Atti del IX congresso internazionale di studi sull’alto Medioevo, Spoleto, 27 settembre – 2 ottobre 1982, Spoleto, 1983, pp. 77-122; Idem, «Il ducato e il principato

1

Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 33-78 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118739

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un quadro del patrimonio pubblico data dai decenni centrali dell’VIII secolo, con qualche décalage non insignificante. Al netto dei non pochi falsi, il dossier dei diplomi regi acquista un po’ di consistenza solo a partire da Astolfo e soprattutto con Desiderio e Adelchi2. A Spoleto i diplomi ducali sono continui a partire dagli anni quaranta3, mentre a Benevento la serie data già dal secondo decennio del secolo, con un’interruzione negli anni 7304.

di Benevento», in G. Galasso, R. Romeo (a cura di), Storia del Mezzogiorno, II, Il Medioevo, 1, Napoli, 1988, pp. 85-146; Idem, Il regno longobardo in Italia. Strutture e funzionamento di uno stato altomedievale (1990), riedito in S. Gasparri (a cura di), Il regno dei Longobardi in Italia. Archeologia, società e istituzioni, Spoleto, 2004, pp. 1-92; Idem, «Le basi economiche del potere pubblico in età longobarda», in P.C. Díaz, I.M. Viso (eds.), Between Taxation and Rent. Fiscal Problems from Late Antiquity to Early Middle Ages, Bari, 2011, pp. 71-85 (più centrato sul VI e VII secolo); S.M. Collavini, «Duchi e società locali nei ducati di Benevento e di Spoleto nel secolo VIII», in I Longobardi dei ducati di Spoleto e Benevento. Atti del XVI Congresso internazionale di studi sull’alto medioevo, Spoleto, 20-23 ottobre 2002, Benevento, 24-27 ottobre 2002, Spoleto (CISAM), 2004, pp. 125-66; Idem, «Des Lombards aux Carolingiens: l’évolution des élites locales», in W. Falkowski, Y. Sassier (dir.), Le monde carolingien: bilan, perspectives, champs de recherche. Actes du colloque International de Poitiers, Centre d’Études supérieures de Civilisation médiévale, 18-20 novembre 2004, Turnhout, 2009, pp. 263-300. 2 Prima dell’età di Astolfo si conservano solo ventidue diplomi, di cui sette sicuramente falsi e almeno altri tre fortemente dubbi. Cfr. Codice Diplomatico Longobardo, a cura di L. Schiaparelli e C. Brühl (d’ora in poi CDL), III/1, a cura di C. Brühl, Roma, 1973 (Fonti per la Storia d’Italia, 64); fra Astolfo e Desiderio si contano sedici diplomi autentici, cui vanno aggiunti otto falsi. Sulla tradizione dei diplomi regi longobardi, iniziata probabilmente già con Alboino, vedi F. Bougard, A. Ghignoli, «Elementi romani nei documenti longobardi?», in J.-M. Martin, A. Peters-Custot, V. Prigent (dir.), L’héritage byzantin en Italie (VIIIe-XIIe siècle), I, La fabrique documentaire, Rome, 2011 (Collection de l’École Française de Rome, 449), pp. 261-3. 3 CDL, IV/1, a cura di C. Brühl, Roma, 1981 (Fonti per la Storia d’Italia, 65), per i diplomi dei duchi spoletini (il primo, isolato, è degli anni venti): solo due falsificazioni su trentotto documenti, fino al 787. Per Benevento vedi subito avanti. 4 Dei quarantanove diplomi ducali superstiti solo sei sono stati identificati come falsi, più uno interpolato: CDL, IV/2, I diplomi dei duchi di Benevento, a cura di H. Zielinski, Roma, 2003 (Fonti per la Storia d’Italia, 65 bis). A questi bisogna aggiungere i ventidue diplomi arechiani datati al 774, appena dopo l’assunzione del titolo principesco, e i regesti di altri quarantotto diplomi perduti, riassunti nel grande falso in apertura del Chronicon di S. Sofia (d’ora in poi CSS), ma considerati attendibili dall’editore quanto al contenuto: Chronicon Sanctae Sophiae (cod.

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Con un itinerario inusuale inizierò da Sud, perché la documentazione beneventana e quella spoletina riservano grande spazio ai beni pubblici, alle modalità della loro amministrazione e alla loro condivisione a livelli sociali e istituzionali diversi; danno di conseguenza del tema un’immagine piuttosto chiara, sulla quale sarà poi opportuno confrontare i dati, meno numerosi e più frammentari, di cui disponiamo per l’Italia settentrionale. 1. Il ducato di Benevento 1.1. Beni volatili Il nucleo più antico della documentazione beneventana ci mostra innanzitutto i duchi come centro di un circuito di redistribuzione. Proprietà modeste, rimaste senza titolare, erano dai duchi velocemente riconcesse ai loro clienti. Conosciamo questo circuito soprattutto dal dossier relativo a un piccolo monastero cittadino, S. Sofia a Ponticello. Fondato dall’abate Zaccaria, fu subito posto sotto la protezione del palatium beneventano, come normalmente avveniva nella capitale e nel territorio immediatamente circostante a chiese e monasteri di fondazione privata; le prime due concessioni sono indirizzate personalmente a Zaccaria e precedono con ogni probabilità la fondazione stessa del monastero, segno probabile di un coinvolgimento diretto del duca nella nascita di S. Sofia a Ponticello. A partire dal 721 Zaccaria si vide in ogni caso concedere i patrimoni dei defunti Wadulfo, Pergoaldo, Totone (“transpadano”), Trasoaldo e altri ancora. Tali beni si trovavano a Benevento o nelle immediate vicinanze ed erano di modesta entità: case e piccole estensioni di terra, qualche famiglia contadina dipendente, in un caso un intero casale, cioè un insediamento contadino di piccole dimensioni5. A rigore si potrebbe dire che tali beni ‘in transito’ non Vat. Lat. 4939), a cura di Jean-Marie Martin, con uno studio sull’apparato decorativo di G. Orofino, Roma, 2000 (Rerum Italicarum Scriptores, 3*-3**), indice cronologico dei documenti alla p. 808; per il contesto vedi subito avanti. Tutti i diplomi ducali della tradizione di S. Sofia sono stati editi anche da Jean-Marie Martin, nella sua edizione del Chronicon Sanctae Sophiae; per brevità cito soltanto dall’edizione, di poco più recente, di Zielinski. 5 CDL, IV/2, nn. 8 (721), 9 (722), 10 (723), 11 (723), 12 (724), 14 (726), 16 (742), 17 (742), 18 (742), 24 (745), 25 (745), 34 (751). Il caso di Wadulfo è sicuramente complesso e non è un semplice passaggio al duca dei beni di un morto senza eredi, secondo quanto stabilito da Roth. 223, in C. Azzara, S. Gasparri, Le leggi

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entravano neanche a far parte del patrimonio pubblico: il duca era soltanto il tramite attraverso cui essi erano immediatamente redistribuiti alle élites locali6. Il grosso del patrimonio ducale rimaneva però stabilmente nella disponibilità dei duchi, che ne condividevano una parte con i loro agenti. Le proprietà ducali maggiori erano inquadrate in una struttura sostanzialmente bipartita, formata da gai/gualdi e da actus; già testimoniata frammentariamente da qualche diploma dei decenni precedenti, tale struttura è illuminata soprattutto dalle numerose concessioni emanate nel 774 da Arechi II per S. Sofia di Benevento. In quell’anno Arechi aveva assunto il titolo principesco, per rimarcare la sua indipendenza dal dominio franco affermatosi nel Nord; aveva invece fondato qualche anno prima il monastero femminile di S. Sofia, nell’ambito di un ambizioso progetto politico, che prese una piegatura nuova con l’avvento del dominio franco a Pavia7.

dei Longobardi. Storia, memoria e diritto di un popolo germanico, Roma, 2005, pp. 68-9; cfr. il giudicato edito in CDL, IV/2, n. 16 (742). I numeri 21 (743) e 22 (744) concedevano invece a Zaccaria o a S. Sofia a Ponticello beni non appartenuti a defunti, ma tratti dalle strutture della proprietà pubblica, su cui vedi subito avanti. Sul monastero e la documentazione che lo riguarda vedi anche Gasparri, «Il ducato e il principato», pp. 106-7. La donazione del casale è nel doc. n. 9. Sul significato di casale nei documenti altomedievali meridionali vedi J.-M. Martin, La Pouille du VIe au XIIe siècle, Roma, 1993 (Collection de l’École Française de Rome, 179), pp. 205-6 e anche L. Feller, «L’économie des territoires de Spolète et de Bénévent du VIe au Xe siècle», in I Longobardi dei ducati di Spoleto e Benevento, pp. 221-2. Più in generale sulle concessioni dei beni di morti senza eredi vedi J.-M. Martin, «Éléments préféodaux dans les principautés de Bénévent et de Capoue (fin du VIIIe siècle-début du XIe siècle): modalités de la privatisation du pouvoir», in Structures féodales et féodalisme dans l’Occident méditerranéen (Xe-XIIIe siècles). Bilan et perspectives de recherches, Colloque international... (Rome, 10-13 octobre 1978), Roma, 1980 (Collection de l’ École Française de Rome, 44), pp. 568-9. 6 Ulteriori dettagli di questo circuito sono visibili con grande chiarezza nella documentazione salernitana di IX secolo: vedi V. Loré, «La chiesa del principe. S. Massimo di Salerno nel quadro del Mezzogiorno longobardo», in G. Barone, A. Esposito, C. Frova (a cura di), Ricerca come incontro. Archeologi, paleografi e storici per Paolo Delogu, Roma, 2013, pp. 114-19. 7 Su Arechi II rimangono fondamentali le pagine di P. Delogu, Mito di una città meridionale (Salerno, secoli VIII-XI), Napoli, 1977, capitolo I; vedi anche S. Gasparri, I duchi longobardi, Roma (Studi Storici, 109), 1978, pp. 98-100, e soprat-

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1.2 Gai/gualdi: consistenza e distribuzione dei grandi patrimoni pubblici I gai/gualdi erano estensioni di terra grandissime, dell’ordine di molti chilometri quadrati. La loro dimensione è desumibile da numerose concessioni di quote standard di terra, variabili da un minimo di poche centinaia di moggi a un massimo di diverse miglia quadrate, ritagliate all’interno di un gaio, che dobbiamo quindi supporre ben più ampio8. È una fisionomia molto compatta dal punto di vista patrimoniale, che si accorda con la struttura accentrata di gestione desumibile dagli scavi di Faragola, nella Puglia settentrionale. Fra VII e VIII secolo il sito, scavato da Giuliano Volpe e Maria Turchiano, era parte del gaio ducale denominato Fecline. Le strutture della villa tardo-antica erano state riconvertite a uso abitativo e produttivo: grandi depositi, officine per la produzione di utensili e ambienti di servizio suggeriscono modalità altamente centralizzate di gestione del lavoro, con standard tecnologici inusualmente alti per il contesto dell’epoca. Lo spazio circostante inoltre era caratterizzato da una notevole varietà di usi produttivi (bosco, ma anche vigna e olivi), con larga presenza di cerealicoltura: frumento, orzo e avena9. I pochi dati desumibili su questo punto dalla documen-

tutto Idem, «Il ducato e il principato», pp. 108-11. Sulla fondazione di S. Sofia e sui suoi caratteri vedi Delogu, Mito, pp. 15-27; l’introduzione di Jean-Marie Martin a CSS, pp. 45-9, e ora V. Loré, «Monasteri, re e duchi: modelli di relazione fra VIII e X secolo», in Monachesimi d’Oriente e d’Occidente nell’alto Medioevo. Atti della LXIV Settimana di studio della Fondazione CISAM, Spoleto, 31 marzo – 3 aprile 2016, Spoleto, 2017, testo corrispondente alle note 25-50. 8 Sui gai/gualdi nel Mezzogiorno longobardo resta fondamentale Martin, La Pouille, pp. 194-9, anche se con visione tradizionale del gualdo/gaio come spazio largamente incolto, rivista dagli studi più recenti, citati alla nota successiva; importante anche Feller, «L’économie», pp. 222-5. La chiesa di S. Maria nel gaio de Albuti, in Liburia, fu dotata con un’area di tre miglia quadre, stimabile in circa 6,5 km2 (CSS, I, 10), mentre quella di S. Angelo nel gaio Biferno fu dotata di due miglia quadre (circa 4,36 km2: ibidem, I, 1 [7]); estensioni di terra del perimetro di nove miglia (ibidem, I, 1 [8] e I, 1 [9]), furono concesse a S. Sofia. In diversi altri casi l’estensione di terra concessa, ben più modesta, era invece intorno ai 200 moggi (circa 100 ettari): cfr. per es. ibidem, I, 1 [3]; I, 1 [5]; I, 1 [69]. Tutti i documenti citati in questa nota sono datati al 774. Per il valore presunto del moggio vedi riferimenti più avanti, nota 111. 9 Oltre al saggio di G. Volpe e M. Turchiano in questo stesso volume, vedi G. Volpe, M. Turchiano, G. De Venuto, R. Goffredo, «L’insediamento altomedievale di Faragola: dinamiche insediative, assetti economici e cultura materiale tra VII e

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tazione scritta confermano a livello più generale le evidenze provenienti da Faragola. I gai comprendevano aree boschive e incolte accanto ad altre, coltivate estensivamente a cereali, a vigna, o tenute a pascolo10. L’idea di un loro carattere esclusivamente incolto dev’essere dunque molto sfumata, in continuità del resto con la rilettura della documentazione scritta relativa ai grandi saltus tardo-antichi11. Non si trattava dunque di spazi economicamente marginali: nei gai l’incolto appare integrato in una struttura produttiva complessa. Come vedremo in dettaglio più avanti, una documentazione scritta più abbondante e varia ci restituisce un’immagine su questo punto in gran parte analoga per i gualdi detenuti dai duchi a Spoleto. Secondo quanto sappiamo dalla documentazione scritta, i gai dei duchi beneventani erano presenti su un’area amplissima, che escludeva soltanto la Calabria settentrionale e la pianura fra Capua e Salerno, già allora probabilmente dominata dal piccolo e medio allodio12. All’inter-

IX secolo», in C. Ebanista, M. Rotili (a cura di), La trasformazione del mondo romano e le grandi migrazioni. Nuovi popoli dall’Europa settentrionale e centro-orientale alle coste del Mediterraneo. Atti del convegno internazionale di studi, Cimitile-S. Maria Capua Vetere, 16-17 giugno 2011, Cimitile, 2012, pp. 239-63; più di recente (ma con attenzione centrata soprattutto sulla fase tardoantica dell’insediamento), G. Volpe, M. Turchiano, «La villa tardoantica e l’abitato altomedievale di Faragola (Ascoli Satriano)», Mitteilungen des Deutches Archäologischen Instituts, Römische Abteilung, CXVIII, 2012, pp. 445-91, con ampia bibliografia. 10 CSS, I, 1 [6] (774), in cui si cita un clausum con vigne nel gaio Casa Polluci (clusum come spazio recintato, coltivato uniformemente a vigna, nella documentazione pugliese più tarda: Martin, La Pouille, pp. 394-5); CSS, I, 1 [11] (774), vigne e pascoli nel gaio Affle, presso Matera. 11 Sulla revisione relativa ai saltus tardoantichi G. Volpe, «Per una geografia insediativa ed economica della Puglia tardoantica», in Bizantini, Longobardi e Arabi in Puglia nell’alto Medioevo. Atti del XX Congresso internazionale di studio sull’alto medioevo, Savelletri di Fasano (BR), 3-6 novembre 2011, Spoleto, 2012, pp. 50 ss., con la bibliografia citata ivi, nota 86, e in particolare E. Migliario, A proposito di ChT IX, 30, 1-5, Archeologia medievale, XXII, 1995, pp. 475-85. 12 Sull’ampia presenza del piccolo allodio in area salernitana vedi i documenti datati dalla fine dell’VIII secolo, già editi in Codex Diplomaticus Cavensis, I, a cura di M. Morcaldi, M. Schiani, S. Di Stefano, Napoli, 1873, nn. 1 ss., e poi, con alcune aggiunte, in Chartae Latinae Antiquiores. Facsimile-Edition of the Latin Charters, a cura di A. Bruckner, A. Marichal, XX (Italy I, Cava dei Tirreni, Napoli, Vaticano), a cura di A. Petrucci, J.-O. Tjäder, Dietikon-Zürich 1982; Chartae Latinae Antiquiores. Facsimile-Edition of the Latin Charters, 2nd Series, Ninth Century,

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no dell’area così delimitata esisteva uno spazio di elezione, comprendente il Molise e la Puglia del Nord attuali, dove si concentra più di un terzo dei gai a noi noti, che diventano più di metà se consideriamo anche quelli testimoniati nella Puglia centro-meridionale. La proporzione non cambia, anzi cresce, considerando anche i gualdi testimoniati dopo il 77413. È probabile che in molte parti della Puglia e dell’area sannitica il palatium ducale fosse di gran lunga il maggiore proprietario terriero, affiancato da pochi altri grandi soggetti, per lo più laici, che emergono nella documentazione ai primi del IX secolo14. a cura di G. Cavallo e G. Nicolaj, L (Italy XXII, Cava dei Tirreni), a cura di M. Galante, Dietikon-Zürich, 1997; LI (Italy XXIII, Cava dei Tirreni), a cura di F. Magistrale, Dietikon-Zürich, 1998; LII (Italy XXII, Cava dei Tirreni), a cura di M. Galante, Dietikon-Zürich, 1998. Cfr. sulle modalità di conduzione delle terre nel Salernitano altomedievale vedi P. Delogu, «Il principato longobardo di Salerno. La prima dinastia», in Storia del Mezzogiorno, II/1, pp. 250-4. 13 I gai/gualdi noti dalla documentazione beneventana entro il 774 sono diciassette; due, confinanti e di dimensioni probabilmente ridotte, alle porte di Benevento (CDL, IV/2, n. 14 (726 o 711); quattro fra Puglia meridionale e Basilicata orientale (CDL, IV/2, n. 31 (747) e CSS, I, 8 (774); I, 1 [8] (774); I, 1 [11] e [69] (774); I, 1 [69] (774)); uno presso Avellino (CDL, IV/2, n. 41 (752-755)); uno in Liburia (CSS, p. 283 (774)); uno in Lucania (CSS, I, 1 [50] (774)); uno non localizzabile (CSS, I, 1 [57] (774)). I rimanenti sette sono tutti fra Puglia settentrionale e Molise: CSS, I, 2; I, 5; I, 6; I, 20 (774); I, 10 (774); I, 7 (774); I 1 [3] (774); I, 1 [6] (774); I, 1 [7] (774). I gualdi attestati dopo il 774 sono in: CSS, VI, [32] (833); due in III, 32 (833); due in III, 35 (839); III, 36 (840); uno in Registrum Petri Diaconi (Montecassino, Archivio dell’Abbazia, Reg. 3), a cura di J.-M. Martin, P. Chastang, E. Cuozzo, L. Feller, G. Orofino, A. Thomas, M. Villani, II, Roma, 2015 (Fonti per la Storia dell’Italia medievale. Antiquitates, 45**), n. 197 (837); due in A. Prologo, Le carte che si conservano nello archivio del capitolo metropolitano della città di Trani, dal IX secolo fino all’anno 1266, Barletta, 1877, n. 5 (980), notizia riferibile alla metà del IX secolo. 14 I profili delle maggiori proprietà laiche emergono con chiarezza da una serie di donazioni in favore di grandi monasteri meridionali, nei primi decenni del IX secolo. Riferimenti in J.-M. Martin, Regesti dei documenti dell’Italia meridionale 570-899, Roma, 2002 (Sources et documents d’histoire du Moyen Âge, V), nn. 505, 506, 522, 523, 527, 562, 563, 574; particolarmente importante, a questo proposito, il breve con l’elenco delle proprietà del beneventano Potone, riedito in appendice a W. Pohl, Werkstätte der Erinnerung. Montecassino und die Gestaltung der langobardischen Vergangenheit, Wien-München, 2001 (Ergänzungsband XXXIX), pp. 197-9. Cfr. sul breve di recente A. Di Muro, Economia e mercato nel Mezzogiorno longobardo (secc. VIII-IX), Salerno, 2009, pp. 32-4; sul raggio e l’estensione delle

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Il quadro restituito dalla documentazione di VIII e IX secolo è di sicuro parziale: è probabile che le disponibilità fondiarie dei duchi fossero ancora maggiori di quelle note, estendendosi a fasce ampie dell’Abruzzo adriatico meridionale, che erano beneventane15. È però necessaria grande cautela nell’uso di testimoni più tardi per ricostruire l’entità del patrimonio ducale. I beni pubblici erano un insieme mutevole, che poteva subire ampliamenti o contrazioni notevolissimi anche solo nell’arco di un paio di generazioni, come conferma pienamente il confronto con contesti più tardi del Mezzogiorno longobardo

proprietà aristocratiche V. Loré, «I gastaldi nella Puglia longobarda», in Bizantini, Longobardi e Arabi, pp. 262-4. 15 Fra queste disponibilità non andrebbero però annoverati beni nel territorio di Penne, come sembrerebbe risultare dal diploma emanato nel 772 da Adelchi per il S. Salvatore di Brescia (CDL, III/1, n. 44, pp. 258-259 = Codice Diplomatico della Lombardia Medievale. Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I (759 – 1170), a cura di E. Barbieri, I. Rapisarda, G. Cossandi, Pavia, 2008 (online all’indirizzo: http://cdlm.unipv.it/edizioni/bs/brescia-sgiulia1/, url consultato fino al 30 dicembre 2016), n. 22: “et modo ipsa venerabilia loca ad eas pertinentes omnia habere et possidere dinusitur, tam unde precepta aut munimina habere probantur, vel quod sine precepta et munimina habere videntur, cum massa et curte in finibus Reatinis, in loco que dicitur Amiterno, atque curte in finibus Pennensis cui vocabulum est Vico Novo, que vero rebus et venerabilia loca, qualiter ad supradicto Arichis, duce nostro, per præceptum eius in iure ipsius monasterii vel vobis concessa sunt. Similiter in finibus Spoletinis omnia quecu(m) que vobis ad Teodisio, glorioso duce nostro, per eius preceptum concessa sunt, cum finibus et terminibus et pertinentiis suis, cum omnibus rebus et familiis […] omnia et ex omnibus ad ipsa monasteria et venerabilia loca dono nostro cedimus possedendum”. Il passo è probabilmente in parte guasto. Sia Interocro che Penne erano località sicuramente comprese nel ducato spoletino. La documentazione su Interocro è citata infra, note 48 e 89; Penne fu sede di gastaldo fra il 776 e il 782: cfr. Collavini, «Duchi e società locali», pp. 141-2 e nota 42, con riferimenti documentari). Inoltre una corte di S. Maria in Viconovo, secondo un placito dell’829 concessa al S. Salvatore dal duca Teodicio e poi ceduta a Farfa da Anselperga, figlia di Desiderio e badessa del S. Salvatore, è situata non in territorio di Penne, ma nel Reatino (cfr. più avanti, riferimenti nell’articolo di V. Fiocchi Nicolai citato alla nota 76). A mio parere è probabile che il riferimento ad Arechi riguardasse il monastero di S. Liberatore in territorio di Benevento, già citato nello stesso diploma di Adelchi alle pp. 255-256, perché oggetto, appunto, di una concessione arechiana al S. Salvatore. Fra i deperdita arechiani ci sarebbero quindi non due diplomi in favore del S. Salvatore bresciano, ma uno solo (CDL, IV/2, p. 241, nn. 49 e 50).

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e normanno16. Per esempio, su aree della dorsale appenninica fra Lazio meridionale e Campania, non coperte dalla documentazione più antica, i principi longobardi detenevano nel X e nell’XI secolo proprietà amplissime, ma non possiamo dare per scontato che quella situazione risalisse a centocinquanta o duecento anni prima. Il caso di S. Vincenzo al Volturno, particolarmente ben studiato, conferma la necessità di questa cautela. Federico Marazzi ha mostrato con buoni argomenti che all’origine del primo nucleo di patrimonio vulturnense ci furono effettivamente concessioni di duchi e principi, risalenti all’VIII e agli inizi del IX secolo17. La rielaborazione monastica dei diplomi, studiata analiticamente dal loro ultimo editore18, rende impossibile ricostruire con precisione l’entità di quelle prime concessioni. Gli unici due diplomi sicuramente autentici della più antica serie vulturnense concedono però al monastero beni fino a poco prima appartenuti a privati; è il segno di una presenza fondiaria dei principi non ancora profondamente radicata in quell’area19 e probabilmente costruitasi per gradi, fra IX e X secolo, secondo modalità ancora tutte da studiare. Torniamo ora al periodo ducale. Nella fascia beneventana più settentrionale, così connotata nell’VIII secolo dal dominio della grande proprietà, la popolazione contadina era composta per l’essenziale da Vedi la formazione eterogenea e relativamente rapida del patrimonio notevole della seconda dinastia principesca salernitana: Loré, «Beni principeschi e forme di potere nel Mezzogiorno longobardo», in M. Valenti, C. Wickham (a cura di). Italia, 888-962: una svolta?, Atti del IV seminario internazionale del SAAME, Cassero di Poggio Imperiale, Poggibonsi (SI), 4-6 dicembre 2009, Turnhout, 2013, pp. 30-5; S. Carocci, Signorie di Mezzogiorno. Società rurali, poteri aristocratici e monarchia (XII-XIII secolo), Roma, 2014, soprattutto le pp. 220-6, per la consistenza del demanio regio nel Mezzogiorno. La formazione di questo enorme complesso di terre e diritti di dominio diretto è da attribuire in larga parte alle confische del quindicennio di conquista del continente da parte di Ruggero II. Per la formazione e l’accrescimento, talvolta rapido, del patrimonio imperiale romano vedi M. Maiuro, Res Caesaris. Ricerche sulla proprietà imperiale nel principato, Bari, 2012, in particolare le pp. 17-119, con particolare attenzione ai lasciti testamentari in favore degli imperatori. 17 F. Marazzi, San Vincenzo al Volturno. L’abbazia e il suo territorium fra VIII e XII secolo. Note per la storia insediativa dell’Alta Valle del Volturno, Montecassino, 2012, pp. 15-46. 18 CDL, IV/2, pp. *88-*135. 19 Chronicon Vulturnense del monaco Giovanni, I-III, a cura di V. Federici, Roma, 1925-1938 (Fonti per la Storia d’Italia, 58-60), I, nn. 58 (833) e 59 (836). 16

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nuclei familiari di condizione servile, i cui capi erano definiti condomae. È un termine di ascendenza tardoantica, come conductor: così erano definiti gli amministratori di patrimoni ducali. Come vedremo, la caratterizzazione servile della popolazione insediata su terre pubbliche segna una differenza notevolissima dell’ambito beneventano rispetto al Nord e soprattutto a Spoleto. Il gualdus exercitalis – diviso in quote assegnate a liberi esercitali – è assente nel ducato beneventano20; ugualmente sconosciuto, per il periodo indagato, sembra l’accesso ai beni pubblici da parte delle comunità rurali: conosco un solo caso, di pieno IX secolo, a Foglianise, presso Caserta21. 1.3 Actus Il taglio ‘alto’ della documentazione, quasi per intero composta da diplomi, non consente di conoscere nel dettaglio le modalità di amministrazione e di controllo del patrimonio pubblico, ma un punto appare certo: i gai non erano quasi mai compresi negli spazi affidati all’amministrazione di gastaldi, con pochissime eccezioni22. Normal-

Sui condomae vedi ancora Martin, La Pouille, pp. 206-209 e Idem, «La Longobardia meridionale», in Il regno dei Longobardi in Italia, p. 351 e Feller, «L’économie», pp. 228-230, che a differenza di Martin sottolinea il loro prevalente statuto servile. Sull’assenza del gualdus exercitalis, cioè dei gualdi popolati da liberi (più avanti per esempi spoletini), vedi Martin, «La Longobardia meridionale», p. 348. Esempi di conductores di diverso livello sociale da documentazione poco più tarda: in CSS, III, 27 (789) il principe Grimoaldo conferma al figlio Trasulfo tutti i beni del padre Giovanni, “condoctor Virisano”; ivi, III, 34 (839), il conductor Ursiperto è concesso a un fedele del principe Radelchi I, insieme con altri servi del palazzo beneventano. Per il conductor nelle grandi proprietà tardoantiche, anche imperiali, fra i vari studi dell’autore, vedi soprattutto D. Vera, «Conductores domus nostrae, conductores privatorum. Concentrazione fondiaria e redistribuzione della ricchezza nell’Africa tardoantica», in M. Christol, S. Demougin, Y. Duval (dir.), Institutions, société et vie politique dans l’empire romain au IVe siècle ap. J.-C.. Actes de la table ronde autour de l’œuvre d’André Chastagnol, Paris, 20-21 janvier 1989, Rome, 1992 (Collection de l’École française de Rome, 159), pp. 465-90; sintesi in C. Wickham, Framing the Early Middle Ages. Europe and Mediterranean, 400-800, Oxford, 2005, pp. 270-1 (tr. it. Le società dell’alto medioevo. Europa e Mediterraneo, secoli V – VIII, Roma, 2009, pp. 298-300). 21 Si tratta di una concessione collettiva di terre pubbliche, in un’area periferica del fisco ormai principesco; risale al pieno IX secolo, e pare riguardare un gruppo molto ristretto di consorti di condizione libera: CSS, III, 17 (850). 22 Il gastaldo Rotulus, probabilmente di origine non nobile, a giudicare dal suo 20

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mente i gastaldi curavano la gestione dei beni pubblici compresi nelle altre partizioni strutturate del patrimonio ducale, gli actus, distribuiti in maniera diseguale. Le poche sedi di actus note dalla documentazione di VIII secolo si concentrano in prevalenza in Puglia: Siponto, Lucera, Canosa, più uno, forse due actus minori, noti dai soli nomi dei loro amministratori, nel Nord della regione e presso Taranto; sulla dorsale appenninica Conza e Cassano, rispettivamente nell’Irpinia meridionale e nel Nord della Calabria23. Si tende normalmente a colmare questo apparente vuoto documentario, proiettando all’indietro l’esistenza di actus e gastaldati testimoniati solo più tardi24. Taranto e Acerenza, sicuramente sedi gastaldali agli inizi del IX secolo, lo erano probabilmente già nell’VIII. Entrambe le città insistono per altro nelle due aree in cui già si addensano le sedi note25; certamente era sede di conti Capua, di

nome, reggeva nel 747 un actus comprendente una selva con terra seminativa; selva e terra, nei pressi di Taranto, erano parte di un gaio: CDL, IV/2, n. 31 (747). In CSS, I, 1 [7] (774) il termine gastaldatus è applicato a un gaio: è un anacronismo rilevato da Collavini, «Duchi e società locali», nota 50, dovuto probabilmente alla confluenza del documento nella grande falsificazione in apertura del Chronicon. Il termine gastaldatus compare e si afferma nelle fonti meridionali solo a partire dal IX secolo, mentre è altrimenti del tutto ignoto nell’VIII. 23 Actus (ipotetico) retto dall’“actionarius Annuni”: CDL, IV/2, n. 13 (724); Siponto: ivi, n. 15 (740) e CSS, I, 7 (774); Conza: CDL, IV/2, n. 21 (743) e CSS, I, 19 (774); actus retto dal gastaldo Rotulus, presso Taranto: CDL, IV/2, IV, n. 29 (747); Canosa: ivi, n. 29 (747) e CSS, I, 18 (774); Cassano: CDL, IV/2, n. 48 (764); Lucera: CSS, I, 9 (774). Come si vede, a capo dell’actus potevano esserci personaggi di rango inferiore rispetto al gastaldo, senza che ciò implicasse una gerarchia fra gli actus. Ciò è in linea con la revisione del problema dei “distretti minori” nella tradizione longobarda in B. Figliuolo, «L’organizzazione circoscrizionale del territorio nell’Italia longobarda», in G. Archetti (a cura di), Desiderio. Il progetto politico dell’ultimo re longobardo. Atti del Primo convegno internazionale di studio del Centro Studi Longobardi, Brescia, 21-24 marzo 2013, Spoleto, 2015, in particolare alle pp. 431-3 e ss. L’autore è invece critico (p. 438) sull’idea di un’incoerenza spaziale di alcuni actus, argomentata qui di seguito e già in Loré, «I gastaldi». 24 Due esempi da opere di riferimento in N. Cilento, Le origini della signoria capuana nella Longobardia minore, Roma, 1966 (Studi Storici, 69-70), pp. 94-5 e in Martin, La Pouille, pp. 226-9. 25 Su Acerenza vedi subito avanti. Un gastaldo a Taranto è testimoniato con sicurezza a partire dalla fine dell’VIII-inizio del IX secolo: E. Cuozzo, J.-M. Martin, «Documents inédits ou peu connus des archives du Mont-Cassin (VIIIe-Xe siècles)», Mélanges de l’École Française de Rome. Moyen Âge, CIII, 1991, n. 14,

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cui parleremo più avanti. Non è però a mio parere opportuno generalizzare l’origine antica di sedi e distretti testimoniati successivamente: entro il IX secolo, l’unico nucleo consistente di documentazione privata proviene da Salerno, dov’erano numerosi gli agenti minori del principe, ma mancavano del tutto beni pubblici di una qualche consistenza e, quindi, actus e gastaldi26. Non bisogna dunque retrodatare una struttura amministrativa articolata omogeneamente per distretti, definiti da un confine lineare e affidati ciascuno a un ufficiale, testimoniata solo più tardi e non ovunque, nel Mezzogiorno longobardo27. La diseguale distribuzione sul territorio degli actus era conseguenza diretta della presenza non omogenea di beni pubblici: gli actus erano innanzitutto intesi come partizioni amministrative del patrimonio ducale, non come ambiti spaziali. Lo mostra una costante lessicale: normalmente, cioè in oltre dieci occorrenze28, nell’VIII e ancora nei primi decenni del IX secolo coloni e terre pubblici sono definiti come parti dell’actus o della iudiciaria (“de actu”, “de iudiciaria”), termini sostanzialmente equivalenti, ma non sono localizzati al loro interno (“in actu”, “in iudiciaria”). Abbiamo nello stesso periodo soltanto due casi in cui actus ha un senso propriamente spaziale29. Per altro gli actus non comprendevano necessariamente tutti i beni pubblici di una determinata area. Ciò è particolarmente evidente a Siponto, dove la presenza ducale era forte e diretta (esisteva lì un palatium del duca30). Con due diplomi emanati entrambi nel 774 Arechi II concesse a S. Sofia una quantità di beni nell’area sipontina, ma non tutti pertinenti all’actus di Siponto. Così le chiese di S. Nicandro e S. Felice erano “in acto sipondatabile al 795 o all’810. Sul gastaldo Rodegari e il suo gruppo familiare vedi Martin, La Pouille, pp. 179-181, e Loré, «I gastaldi», pp. 260-1. 26 V. Loré, «I principi e i villaggi. Salerno, IX-XI secolo», Studia Historica. Historia Medieval, 31, 2013, in particolare le pp. 135-8, con bibliografia ulteriore e riferimenti alle fonti. 27 Vedi in proposito Loré, «Beni principeschi», pp. 21-30, e Idem, «I principi e i villaggi», con riferimenti alle fonti e alla bibliografia. 28 CDL, IV/2, n. 15, p. 53 (740); ivi, n. 21, p. 75 (743); ivi, n. 31 (747); ivi, n. 48, p. 166 (764); CSS, I, 9, p. 350; ivi, I, 18, p. 363 (774); ivi, I, 28, p. 383 (835); ivi, III, 34 (839); ivi, III, 35, pp. 542-543 (839); ivi, I, 34, p. 394 (841). 29 I due casi in cui actus è usato in senso spaziale sono CSS, I, 7, p. 346 e I, 19, p. 364, entrambi del 774. Sugli usi dei termini actus e iudiciaria vedi Loré, «I gastaldi». 30 CDL, IV/2, n. 15 (740) è redatto presso il palatium di Siponto.

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tino”, ma le terre concesse insieme con le chiese sono dette “territorie sacri nostro palatio”, lasciando intendere una dipendenza diretta dal palazzo ducale. Lo stesso vale per la peschiera sul litorale di Siponto, incastonata fra due altre dei monasteri di S. Vincenzo e di S. Pietro, e detta “sacri nostri palatii”31. Gai e actus disegnavano una struttura paratattica: nessuna subordinazione amministrativa dei primi ai secondi, ma contiguità all’interno di un patrimonio nel complesso dipendente dal palatium ducale. A questa altezza cronologica gli actus non devono dunque essere intesi come distretti, cioè come spazi coerenti di governo; non sempre, almeno. Con ogni probabilità aveva già allora caratteri distrettuali l’actus, amplissimo, con centro Canosa (denominato normalmente in epoca successiva fines canusina32), esteso a buona parte della Puglia centrale e all’apparenza comprendente una dotazione relativamente modesta di beni pubblici, sparsi e frammisti a un allodio che si può ipotizzare già allora diffuso e altamente frammentato, com’era certamente già nella prima metà del IX secolo33. La documentazione di IX suggerisce una fisionomia analoga per gli actus/fines di Conza, di Acerenza e di quella parte di dorsale appenninica quando nell’848-849 fu sancita la divisione fra Benevento e Salerno, al principato salernitano andò metà del gastaldato acerentino, “qua parte coniunctum est cum Latiniano et Consciam”34. È invece difficile pensare che disegnasse uno spazio coerente l’actus probabilmente più ricco di beni pubblici, quello di Lucera: nel 774 esso comprendeva una curtis a Pietrastornina, alle porte del territorio napoletano, separata da Lucera da una distanza di un centinaio di chilometri, dalla dorsale appenninica e dalla stessa capitale del ducato, Benevento35. Non era un caso unico: ancora nell’840 il gastaldato di Quintus Decimus, alle porte di Avelli-

CSS, I, 5 e 7. Cfr. Martin, La Pouille, nota 440 a p. 231; discussione in Loré, «I gastaldi», pp. 272-3. 33 Sulla morfologia della proprietà nella Puglia centrale fra IX e XI secolo ancora Martin, La Pouille, pp. 293-301. 34 «Praeceptum concessionis sive capitulare, 848-849», in J.-M. Martin, Guerre, accords et frontières en Italie méridionale pendant le haut Moyen Âge. Pacta de Liburia, Divisio Principatus Beneventani et autres actes, Roma, 2005 (Sources et documents d’histoire du Moyen Âge, VII), p. 205. 35 CSS, I, 9 (774). 31

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no, comprendeva una grande proprietà presso Larino, in Molise: fra le due l’Appennino, circa 120 chilometri e, ancora, Benevento di mezzo36. In questi casi l’actus disegnava con ogni probabilità un aggregato spazialmente incoerente di beni pubblici, non un ambito continuo di governo del territorio. Sembrerebbe quindi disegnarsi un parallelismo: gli ambiti di competenza amministrativa dei gastaldi assumevano carattere territoriale dove la densità dei beni pubblici era minore: così per Canosa, ma molto probabilmente anche per Conza, Acerenza e Latiniano; Conza è l’unico actus che nell’VIII secolo sia denominato anche fines, con un termine divenuto comune solo in seguito37. Che poi i gastaldi avessero localmente anche altre competenze, militari e giurisdizionali, è scontato: alla metà del VII secolo i conti di Capua, Transamondo e Mitola, avevano avuto un ruolo decisivo sul piano militare nell’ascesa al regno del duca beneventano Grimoaldo e poi nella sua lotta contro l’imperatore bizantino Costante38. La prospettiva dei diplomi ducali è però spietatamente selettiva: essi ci mostrano gastaldi e ufficiali minori soltanto nelle vesti di amministratori di beni ducali. Ci sfuggono completamente le modalità, le forme, la definizione spaziale dell’esercizio di altre loro prerogative. 1.4 Subactio La prosopografia della corte beneventana nei decenni centrali dell’VIII secolo sarebbe ben più povera, se si basasse soltanto sulle menzioni di gastaldi legate agli actus. Per parte maggiore, gastaldi e altri ufficiali di rilievo attivi a corte, come i marpahis, sono invece citati in relazione alle subactiones. Non erano con ogni probabilità circoscrizioni minori, come si è a lungo pensato, ma dotazioni di rendite assegnate a ufficiali di alto rango (non solo gastaldi), composte normalmente da singole famiglie coloniche con il loro patrimonio, definite in relazione non a un capoluogo, ma al nome dell’ufficiale titolare39. Così, per esempio, nel 744: “condoma no-

Ibid., III, 36. Ibid., I, 19 (774). 38 Cfr. Pauli Diaconi Historia Langobardorum, IV, 51; V, 9 e 16, nell’edizione a cura di L. Capo, Storia dei Longobardi, Milano, 1992, pp. 234-9, 264-5, 268-9. 39 CDL, IV/2, nn. 7 (720), 13 (724), 15 (740), 22 (744), 33 (749), 41 (751-754 oppure 752-755); dell’anno 774: CSS, p. 279; I, 5 e I, 15; I, 10; I, 18; I, 19; I, 1 [50]; I, 1 [69]. Per una discussione più ampia del significato di subactio, anche in relazione 36 37

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mine Palumbo pescatore, cum uxorem, filios et filias et cum omnia eorum pertinentia […] qui habitare videtur ad Ponte Lapedeo et fuit de subactione Secundi gastaldo et vestarario nostro”; o nel 774: “corte in Luceria, loco qui dicitur Aquilone, in territorio Cerbuli serbi nostro, condomas tres ibidem permanentes, hoc est casa que regitur per Teroaldu cum uxore et filiis et omnibus sivi pertinentibus, casa que regitur per Ferrandu […], casa que regitur per Pepino […], qui fuerunt de subactione Trasari gastaldo nostro40. In alcuni, rari casi, tali rendite comprendevano invece dotazioni fondiarie ampie, tratte da gai, probabilmente a vantaggio di personaggi di particolare rilievo. Nel 774 un terreno ampio tre miglia quadre, parte del gaio di Camposarcone, era nella subactio del marpahis Faroaldo; nello stesso anno un intero gualdo in Lucania figura nella subactio del referendario Gaydemari; nello stesso anno un abate, o più probabilmente la chiesa da lui officiata, nel gaio Affle, era nella subactio del gastaldo Ferdolfo41. Come gli actus, le subactiones non avevano all’evidenza un coerente carattere territoriale. Sappiamo anzi che di una stessa subactio potevano far parte, forse contemporaneamente, soggetti residenti in luoghi a centinaia di chilometri l’uno dall’altro: Ferdolfo era titolare di una subactio che comprendeva sia coloni residenti fra Benevento e Avellino, sia l’abate materano, a distanza di circa duecento chilometri gli uni dagli altri; e della dotazione di Gaydemari facevano parte tanto il gualdo in Lucania, quanto case di vaccari nella Puglia settentrionale42. Le subactiones erano dunque, con ogni probabilità, uno strumento di condivisione delle risorse fondiarie pubbliche fra il duca e un’élite di governo probabilmente molto ristretta, in una modalità altamente centralizzata, che permette così di spiegare un elemento già da tempo notato in un fondamentale articolo di Jean-Marie Martin: l’assenza quasi totale non solo di rapporti di fedeltà personale formalizzati fra duchi e nobili, ma anche di concessioni ducali consistenti ai grandi beneventani43. alla scomparsa del termine e all’evoluzione dell’istituto nella prima metà del IX secolo, vedi Loré, «I gastaldi», pp. 254-9. 40 CDL, IV/2, n. 22; CSS, p. 279. 41 CSS, I, 10 e ivi, I, 1 [50]; ivi, I, 1 [2], che integra CSS, I, 6, tutti datati al 774. 42 CDL, IV/2, n. 41, datato fra il 752 e il 755, e CSS, I, 1 [69], anno 774. 43 J.-M. Martin, Éléments préféodaux dans les principautés de Bénévent et de Capoue (fin du VIIIe siècle-début du XIe siècle): modalités de la privatisation du

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Il duca, che pure era il fulcro di una continua redistribuzione, basata sulla sua funzione pubblica di terminale delle terre rimaste senza titolare, concedeva poco ai suoi maggiorenti, perché essi detenevano già in godimento parti del patrimonio ducale, in un sistema pubblico ‘integrato’, nel quale alla titolarità di un ufficio corrispondeva una dotazione di ricchezza fondiaria (la subactio). Non esisteva per altro alcuna distinzione rigida all’interno del patrimonio palaziale, che rimaneva un insieme nella disponibilità del duca: come sappiamo da molti esempi, per le sue concessioni a S. Sofia Arechi attinse indifferentemente a subactiones, actus e gai. Tutte le partizioni del patrimonio ducale emergono dalla documentazione proprio perché, e nel momento in cui, il duca sottrae qualcosa al dominio suo, o dei suoi ufficiali, per concederlo a un monastero, una chiesa o, più raramente, a un fedele laico. La segmentazione in senso non distrettuale, ma radiale, di questo amplissimo complesso di beni rispondeva dunque a una logica interna tutt’altro che elementare, alla quale non è opportuno guardare nella prospettiva dell’incompiutezza o del primitivismo: la logica di una condivisione orientata dal centro di grandi risorse fondiarie, implicita nella compartecipazione al pubblico di ufficiali e duca. 2. Il ducato di Spoleto Se ci spostiamo a Spoleto, troviamo un modello in parte diverso, ma legato a quello beneventano da alcune forti analogie. È possibile descriverlo in modo molto analitico, per i caratteri della sua stessa struttura, per l’abbondanza di testimonianze e di ottimi studi recenti44. Anche a Spoleto la documentazione sul patrimonio ducale si concentra in un’area specifica, compresa fra Rieti e la capitale. Pervenutaci per l’essenziale da Farfa, la documentazione spoletina è nel complesso poco più ricca di quella beneventana, ma tipologicamente molto più varia, composta com’è non solo pouvoir, in Structures féodales et féodalisme dans l’Occident méditerranéen (Xe-XIIIe siècles). Bilan et perspectives de recherches, Colloque international... (Rome, 10-13 octobre 1978), Roma, 1980 (Collection de l’École Française de Rome, 44), p. 569; anche Collavini, «Duchi e società locali», nota 93. 44 Per questa parte sono fondamentali i lavori di Collavini e di Gasparri, citati sopra, alla nota 1. Molto diversa la prospettiva del libro di M. Costambeys, Power and Patronage in Early Medieval Italy. Local Society, Italian Politics and the Abbey of Farfa, c.690-840, Cambridge, 2007, in cui la distinzione fra pubblico e privato è talmente sfumata da divenire quasi irrilevante; cfr. in particolare, per questo aspetto, le pp. 90-120.

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da diplomi, ma anche da numerosi atti privati e da giudicati; lo spazio piuttosto ristretto, su cui essa più vivamente si proietta, coincide con l’area della prima affermazione fondiaria farfense. La documentazione reatina non consente di scorgere i contorni del patrimonio ducale, la cui consistenza complessiva in larga parte ci sfugge, ma illumina il ruolo di quel patrimonio, frammisto a un allodio diffuso e a sua volta frammentato, all’interno di una società locale: un livello insondabile per Benevento. 2.1 Casali, curtes e gualdi L’elemento di base è costituito dalle case contadine, spesso aggrumate in casali, unità gestionali a loro volta composte da pochi nuclei familiari e non necessariamente provviste di coerenza spaziale. La migliore testimonianza del carattere diffuso e disarticolato del casale (com’era in genere per la grande e media proprietà nel Reatino45) è probabilmente un diploma del 75046: il duca Lupo concede a Farfa ventisei coloni, residenti in parte presso una curticella a Bitianus, in parte in altre località (Montagnano, Tauriano, Ortisiano, Maurianula, Negotianum), “cum portionibus eorum in casale qui dicitur Rentianus, simul et in Toraniano”. I due casali erano dunque i nuclei gestionali, che inquadravano coloni residenti in sei altre, diverse località. Le famiglie contadine componenti i casali erano tenute al versamento di censi47, sulla base della È una morfologia proprietaria ampiamente studiata da P. Toubert, Les structures du Latium médiéval: le Latium méridional et la Sabine du IXe siècle à la fin du XIIe siècle, Roma, 1973 (Bibliothèque des Écoles Françaises d’Athènes et de Rome, 221), pp. 449-87. 46 CDL, IV/1, n. 10. Su questo documento vedi di recente M. Costambeys, «Settlement, Taxation and the Condition of the Peasantry in Post-Roman Central Italy», Journal of Agrarian Change, IX/1, 2009, p. 99. 47 L’unica attestazione esplicita è relativa a un censo fisso: CDL, V, Le chartae dei ducati di Spoleto e di Benevento, a cura di H. Zielinski, Roma, 1986 (Fonti per la Storia d’Italia, 66), n. 8 (747), p. 38: “ut amodo ipsum redditum persolvat in suprascripto monasterio, hoc est modia quinque”. Il modello non sembra differire da quello della gestione privata: censo fisso sul seminativo, ma parziario sul vino ibidem, n. 73 (777), patto agrario fra Farfa e un suo colono. In CDL, IV/1, n. 2 (740) il duca Transamondo II concede a Farfa le decime “de vino et de grano seu et de oleo vel de tertia, quę a populo colligitur de massa, ubi Mellitus actionarius est”. Difficile dire se tertia sia qui un canone parziario o, come mi pare più probabile, un censo consuetudinario aggiuntivo, non necessariamente parziario, come negli esempi nordeuropei riportati in C. du Cange, Glossarium mediae et infimae Latinitatis, VI, Parisiis 1736, col. 1087, s. v., 4. Sulla massa vedi più avanti, nota 32. 45

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loro specifica dotazione fondiaria, come i condomae beneventani. Il casale rimaneva spesso a sé stante e solo in alcuni casi era diramazione di aggregati maggiori, le curtes, o le massae, e i gualdi48. Nel 766, per esemConsidero qui anche la documentazione risalente alla primissima epoca franca, anche se essa dà solo sporadicamente indicazioni utili, perché vira decisamente, con una repentina riduzione dei riferimenti alla sfera pubblica e quindi anche ai patrimoni ducali. Massa “ubi Mellitus actionarius est” in CDL, IV/1, n. 2 (740); corte “ad Varianum” ibidem, nn. 8 (749) e 10 (750); corte “domnica” in Musileo, in CDL, V, n. 36 (763), p. 135; curtis Germaniciana in CDL, IV/1, nn. 19 (766), 26 e 28 (776) e CDL, V, n. 23 (756); curtis di Amiterno e curtis “in Interocro” (Antrodoco) in CDL, IV/1, n. 17 (763); “curtem unam et massam in Sextuno”, “curtem in Vallanti”, “curtem cum massa in Narnate, finibus reatinis”, in CDL, III/1, n. 43 (770772; cfr. anche CDL, III/1, n. 44 (772), p. 255 = Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I, n. 22 e CDL, IV/1, nn. 24 e 25 (776)); “massa nostra in Sabinis […] in qua est ęcclesia Sancti Viti super Pharpham” ivi, n. 24 (776); “curtem Corvianianum”, “curtem Sancti Viti”, curtem Sanctę Marię, quae est in Viconovo”, “curtem in Bariliano”, “curtem quę dicitur Pontiana” cedute dal duca Teodicio, ricordate in I placiti del Regnum Italiae, a cura di C. Manaresi, I, Roma, 1955 (Fonti per la Storia d’Italia, 92), n. 38 (829). Gualdo di S. Giacinto in CDL, IV/1, nn. 4 (745-746), 5 (746), quest’ultimo rogato presso il gualdum Pontianum, e CDL, V, nn. 8 (747), 13 (749); gualdo Gallorum in CDL, V, n. 23 (756); gualdum Tancies in CDL, III/1, n. 23 (751) e CDL, IV/1, n. 23 (773); gualdo Alegia, gualdo “Spoletanus qui dicitur Porcaricius et Cerquaricius et nominatur Longone”, “serram gualdi publici pecorum Spoletanorum qui dicitur Mollionice”, “gualdo reatino qui dicitur Felecte” in CDL, III/1, n. 28 (756); gualdo “in finibus Ciculanis […] ad Sanctum Angelum in flumine” in CDL, IV/1, n. 16 (761); gualdi Alegia (cfr. altro riferimento supra, in questa stessa nota), Turrita, Ascle, Rivus Curvus, Mons Calvus in CDL, IV/1, n. 18 (765), con i nn. 20 (767) e 22 (772); “gualdum, qui dicitur Mogianus”, in CDL, V, n. 67 (766); gualdum Cusani, permutato con gualdum Laranu in CDL, IV/1, n. 36 (782). Con ogni probabilità dal patrimonio pubblico provenivano anche il gualdo “qui dicitur Coriose”, ceduto a Farfa dallo sculdascio Teodemondo (CDL, V, n. 68, a. 776) e quello “in Talli” (ivi, n. 91, a. 779), che era passato a Goderisio del fu Erfone “ab avunculo meo Aifredo seu Pertone maripasso”; gualdum Patianum in massa Eciculana, in Il regesto di Farfa compilato da Gregorio di Catino, a cura di I. Giorgi e U. Balzani, Roma, 1879-1914, II, n. 251 (821), con riferimento a un diploma del duca Ildeprando; gualdo di Pozzaglia: ivi, nn. 290-2 (853-4), 295 (855). Di altri gualdi abbiamo testimonianza nella documentazione successiva, nei primi decenni di dominio franco. Tali proprietà arrivano a Farfa da privati, senza altre specifiche, ma è molto probabile che fossero in età longobarda parti del patrimonio pubblico. Gualdum novum, in CDL, V, n. 100; gualdo in Neviano, in Il regesto di Farfa, II, n. 153 (792); gualdo del monastero del S. Salvatore di Rieti, ivi, n. 160 (794); corte e gualdo di S. Stefano, ivi, nn. 186 e 187 (808); gualdo de Auta 48

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pio, il casale di Paternione “in finibus sabinensis”, composto da due sole residenze/aziende contadine, dipendeva dalla curtis Germaniciana, anch’essa nel Reatino, già passata a Farfa per diploma di re Astolfo; alla stessa corte faceva riferimento anche il casale Balberianus, oggetto qualche anno dopo di una contesa fra Farfa e il vescovo di Rieti49. 2.2 Il gualdo di S. Giacinto 2.2.1 Statuto dei coloni pubblici. Una caratterizzazione discreta, non continua, vale anche per l’altro pilastro del patrimonio ducale, i gualdi, che comprendevano normalmente casali al loro interno. Come a Benevento, i gualdi spoletini erano certamente articolati in spazi sia boschivi, sia coltivati. La constatazione di un carattere discontinuo del gualdo vale qui non solo per gli usi del suolo e per le forme dell’insediamento, ma anche per il suo assetto proprietario: accanto a terre pubbliche, sicuramente prevalenti, unità minori erano detenute da altri soggetti, nella maggior parte dei casi per precedenti concessioni ducali o regie50. Era un mosaico difficile da controllare per

ivi, n. 158 (802). Cfr. sulla localizzazione delle proprietà ducali nel Reatino, oltre alle introduzioni degli editori ai documenti citati, numerose indicazioni già in E. Saracco Previdi, «Lo «sculdhais» nel territorio longobardo di Rieti (sec. VIII e IX). Dall’amministrazione longobarda a quella franca», Studi Medievali, s. III, XIV, 1973, pp. 668-76; poi soprattutto E. Migliario, Strutture della proprietà agraria in Sabina dall’età imperiale all’alto Medioevo, Firenze, 1988, pp. 79-99, e Eadem, Uomini, terre e strade. Aspetti dell’Italia centroappenninica fra antichità e alto medioevo, Bari, 1995, in particolare il capitolo 1. 49 CDL, IV/1, nn. 19 (766) e 28 (776). Vedi anche: “casales duos territorii Reatini in massa Nautona, qui pertinuerunt in curte nostra reatina”, ivi, n. 33 (778) e “casales duos qui vocitantur Sibianus et Sucilianus, territorii reatini in Massa Prętorii, qui pertinuerunt ad curtem nostram reatinam”, ivi, n. 37 (783). In questi ultimi due casi la massa sembra però valere solo come riferimento topografico, perché i casali sono di pertinenza della corte ducale di Rieti. Al di fuori dell’ambito pubblico troviamo esempi di massae come strutture di coordinamento di casali (CDL, V, nn. 100 (786) e, meno esplicitamente, 56, a. 770); non altrettanto per le corti (ivi, ad indicem). Sulla massa in questo contesto e le sue ascendenze antiche vedi Migliario, Strutture della proprietà agraria, in particolare pp. 48-9 e Eadem, Uomini, terre e strade, pp. 41-9. 50 Agli esempi analizzati subito sotto di proprietà di soggetti privati, comprese spazialmente nei gualdi, si possono aggiungere quelli desumibili da CDL, V, nn. 9, 10 (747); 11 (748); 21 (754).

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gli stessi attori principali. Come hanno mostrato gli studi fondamentali di Giovanni Tabacco e di Chris Wickham51, una continua ridefinizione degli assetti proprietari e un’ambiguità di fondo fra godimento del bene e sua piena disponibilità producevano nei gualdi una complessa stratificazione di diritti a livelli diversi. Ciò emerge con chiarezza soprattutto dalla documentazione relativa al gualdo spoletino meglio noto, quello di S. Giacinto: i conflitti che si scatenano al suo riguardo permettono di attingere un livello di informazione non consueto neanche nella restante, particolarmente densa documentazione reatina. Il duca Lupo aveva concesso a Farfa il gualdo di S. Giacinto nell’ottobre del 746. Per definire con precisione l’oggetto fu necessario l’anno dopo, in aprile, l’intervento di Insario, un messo regio, affiancato nell’inchiesta da ufficiali e notabili locali, fra cui Immone, gastaldo di Rieti52. Problemi si posero già per la definizione dei confini: gli abitanti del casale di Turris reclamarono la loro estraneità al gualdo. Proprio questa resistenza spiega perché il duca Lupo abbia emanato nel giugno del 747, da Pavia, un altro diploma, con il quale si riconoscevano implicitamente le ragioni dei contadini, ma aggirandole: il casale Turris era localizzato presso il gualdo, quindi distinto da esso, ma concesso a Farfa come bene a sé stante53. Le difficoltà maggiori, che si posero a più livelli, riguardarono però non i confini, ma gli assetti proprietari e i diritti d’uso all’interno del gualdo di S. Giacinto. Nella loro missione Insario e il suo seguito esaminarono diverse questioni, che a volte si intrecciano fra loro in modo molto complesso. Siamo costretti a seguirle molto da vicino, per cercare di renderne comprensibile la logica. Mizico e Lupolo, con i loro fratelli e consorti, definiti coloni publici, detenevano nel gualdo alcuni casali nelle località “Ad Vintilianum et Ad Stablum Ursicini”. Li avevano ricevuti in cambio dell’altro casale “ad Sacerdotes”, già in precedenza concesso a Farfa. Insario dispose che

G. Tabacco, I liberi del re nell’Italia carolingia e postcarolingia, Spoleto, 1966, pp. 113-32; C. Wickham, Studi sulla società degli Appennini nell’alto Medioevo. Contadini, signori e insediamento nel territorio di Valva (Sulmona), Bologna, 1982 (Quaderni del Centro Studi Sorelle Clarke, 2), pp. 18 e ss.; Idem, European forests in the Early Middle Ages: landscape and land clearance (1989), riedito in Idem, Land and Power. Studies in Italian and European Social History, 400-1200, London, 994, pp. 162-70. 52 CDL, IV/1, n. 5 (746); CDL, V, n. 8 (747). 53 CDL, IV/1, n. 6 (747), p. 17. 51

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anche i casali in quel momento detenuti da Mizico e Lupolo passassero a Farfa, in ragione della prossimità al patrimonio farfense (“quia prope est”). Mizico e Lupolo furono però compensati con una nuova assegnazione di terre, situate presso le loro case, in località “ad Centum” e “Alinianus et Stabla Publica”. La quota da assegnare fu misurata per l’occasione; a Lupolo fu concesso un leggero accrescimento rispetto a quanto dovuto, per bilanciare la qualità peggiore del nuovo lotto. Nella fase terminale del breve Insario e il duca Lupo stabilirono che Mizico e Lupolo avrebbero per il futuro corrisposto a Farfa la stessa rendita precedentemente dovuta al pubblico54. I coloni appaiono qui come detentori di un diritto individuale su una quota di terra pubblica, definita non tanto spazialmente, quanto idealmente, secondo una stima della produttività. Ciò dipendeva da uno statuto personale di privilegio, dovuto a una speciale connessione con il pubblico, confermata da un altro documento: nell’atto con cui nel 74955 Isemondo e Teudemondo cedettero a Farfa la metà del casale “ad Centum vel Alinianus vel Stabla Publica”, gestita da loro coloni, Lupolo, titolare dell’altra metà, fu definito anche in questa occasione colono pubblico. È probabile che nella prospettiva di Farfa fosse preferibile ricevere casali privi di coloni, come quelli che in prima battuta erano stati sottratti a Mizico e a Lupolo: ponendovi nuovi concessionari, non protetti dal privilegio radicato e persistente proprio dei coloni pubblici, il monastero poteva sperare di praticarvi uno sfruttamento più intenso. Casali, unità contadine e rendite conseguenti avevano in questo ambito pubblico misure standard, come avveniva anche nel gualdo di Pozzaglia, documentato in età carolingia e studiato da Giovanni Tabacco56. Il confronto fra S. Giacinto e Pozzaglia permette anche di vedere in filigrana come la definizione delle quote variasse secondo i contesti. A S. Giacinto, dove prevaleva una policoltura mista a bosco, le quote assegnate a Mizico e Lupolo furono misurate “per circuitum”; a Pozzaglia, a dominanza cerealicola e a probabile gestione comunitaria, le quote, ormai trasformate in porzioni proprietarie, erano strisce di terra molto più estese in lunghezza che in larghezza57, con un modello che richiama l’open field. 54 55 56 57

CDL, V, n. 8, pp. 38 e 41. CDL, V, n. 12. Tabacco, I liberi del re, pp. 113-22. Il regesto di Farfa, II, n. 292 (854).

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2.2.2 Livelli sociali e pratiche di concessione, fra scrittura e oralità Questi i diritti dei coltivatori; altri soggetti stanziati nel gualdo avevano ricoperto ruoli di più alta responsabilità. Teodicio era stato conductor della corte Germaniciana. Con un suo diploma il duca Lupo aveva reso libero Teodicio e gli aveva concesso le terre già a sua disposizione (“quę ad manus suas habuerat”); la concessione ducale fu però annullata, perché successiva a quella regia in favore di Farfa. Retrocesso al rango di semplice concessionario, Teodicio pare aver conservato il beneficio delle migliorie attuate sulle terre ora divenute farfensi e il vecchio canone dovuto al pubblico, come Mizico e Lupolo: “sed quale redditum exinde, si fuisset in publico, habuit dare, tale de hoc persolvat in ipso monasterio”. Notiamo inoltre come Teodicio fosse stato compensato per la gestione della curtis Germaniciana con il godimento temporaneo (reso stabile solo dal diploma ducale, poi annullato) di terre pubbliche localizzate in un altro ambito, rispetto a quello da lui direttamente amministrato58. Il caso di Teodicio non era isolato. Per ordine del re Liutprando e poi del duca Agiprando, nipote del re, il gastaldo Piccone aveva disposto che ad Adoaldo e Audulfo fossero dati casali presi da una qualche parte del gualdo, agendo insieme con l’actionarius Lucano59; la concessione sembra dunque riguardare anche qui una quota ideale, non reale, di proprietà: “de ipso gualdo alicubi foris de una parte daret casales”60. Adoaldo e Audulfo non avevano diplomi da esibire, ma cercarono comunque di far valere contro Farfa i loro diritti invocando la testimonianza degli actionarii Teodoperto e Martiniano, presenti al momento della concessione. La manovra non ebbe però successo: in un giudicato del 749 Teodeperto (qui definito scario) e Martiniano rifiutarono di testimoniare, dichiarando di ignorare se Adoaldo e Audulfo avessero ricevuto in dono i due casali in cambio del loro servizio e determinando così la vittoria di Farfa61. CDL, V, n. 8, pp. 38-9. CDL, V, n. 8, p. 39, dove secondo me è da modificare l’interpunzione proposta dall’editore: “et qualiter post ipsam demandationem [del duca Agiprando a Piccone] michi Adoald tradidit, et Lucanus, qui erat actionarius”. La virgola dopo “tradidit” va tolta. Il senso del testo è che insieme con Piccone anche Lucano trasmise i beni al solo Adoaldo. Infatti, poco più avanti, Adoaldo e Lucano giurano “quod pro ipso prętexto per eos traditi fuissent ipsi casales”. 60 Ibidem, pp. 39-40. 61 CDL, V, n. 13. 58

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In questa già complessa vicenda qualcuno ricopre inoltre due ruoli distinti. Per ordine del solito Piccone, Adoaldo, allora archiporcarius, aveva personalmente tràdito il casale di Amisiano al fratello di Audulfo, il defunto Guilperto; il casale era interno al gualdo e vicino alla terra di Guilperto62. Nonostante l’opinione contraria dell’editore, ritengo sia proprio lui l’omonimo archiporcarius invocato insieme con il conductor Teodicio come testimone, riguardo alla cessione (in forma orale) di un altro casale, da re Liutprando al presbitero Pardo63; è l’ultimo dei casi sottoposti al messo regio Insario. Dunque Audoaldo era stato in tempi diversi beneficiario e amministratore di beni compresi nel gualdo di S. Giacinto. È probabile che egli abbia ricevuto beni nel gualdo prima di divenirne archiporcarius: già nel 745 Audulfo e Audoaldo (senza titolo) avevano ceduto a Farfa due loro casali posti presso il gualdo, accettando di riceverne in cambio altri due, “ubi invenire in re publica potuerimus”, sotto la supervisione del gastaldo di Rieti, Godefrido; ritorna, ancora una volta, la titolarità di una quota ideale di proprietà pubblica64. La vicenda di Audulfo e dei suoi colleghi actionarii si presta a qualche considerazione ulteriore. Avevano avuto accesso diretto non solo al duca spoletino, ma addirittura al re; più che il rilievo del loro profilo sociale, a mio parere ciò testimonia l’importanza del ruolo da loro ricoperto in quel momento65. Il prestigio degli amministratori di beni ducali era definito anche da pratiche correnti, percepite talvolta come abusi, in una dinamica continua fra livelli di potere diversi. Nel placito di S. Giacinto, al colono pubblico Rinculus fu tolto un casale che gli era stato dato da Lucano, actor/archiporcarius, come compenso per il servizio svolto a favore suo e dei suoi parenti; per la sua povertà, il colono fu tutelato da Insario, che impose a Farfa di dotarlo con una terra di dodici moggi. E il casale Terenziano fu tolto a Clarissimo, che dichiarava di averlo per metà acqui-

CDL, V, n. 8, p. 39: “Et ego Adoald tempore illo, dum essem archiporcarius, tradidi cuidam Guilpert, qui fuit germanus suprascripti Audulfi, casalem, qui cognominatur Amisianus in ipso gualdo prope terram eius per iussionem suprascripti Picconis”. 63 CDL, V, n. 8, p. 41; cfr. contra l’introduzione al documento, p. 36. A mio parere i due sono soltanto in questa occasione citati con il loro titolo perché ricoprivano l’ufficio all’epoca dei fatti in questione. 64 CDL, V, n. 6 (745), ratificato dal diploma ducale in CDL, IV/1, n. 9 (749-750). 65 È forte l’analogia con la posteriore testimonianza beneventana relativa a un conductor, citata sopra, nota 20. 62

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stato dal porcaio Maurolo, per metà ricevuto in cambio di un mulino da Piccone, identificabile con il gastaldo omonimo. Clarissimo dovette poi ammettere di non avere diritti sul casale (“nullam possessionem”), fatta eccezione per gli alberi di olivo, a lui concessi dal duca Faroaldo66. La prassi di Lucano, Maurolo e Piccone, che avevano disposto dei beni pubblici come di cosa propria, donandoli, permutandoli e vendendoli, era di sicuro non eccezionale. In un giudicato del 753 tale Mauro rivendicava contro Farfa il possesso del casale Turranianus (da identificare con il già evocato Turris, presso il gualdo di S. Giacinto), per averlo ricevuto in dono dal gastaldo Pertone; Farfa prevalse, potendo esibire i diplomi del duca Lupo e del re Astolfo, pur posteriori rispetto alla donazione di Pertone67. Nel 756 l’actionarius Gundoaldo cedette all’abate di Farfa il casale Bassianum nel gualdo Gallorum, avendolo ricevuto in dono dal gastaldo di Rieti Rotfredo, in quel momento in carica, per il tramite dell’archigualdator Nandone68; nel 76169 l’actionarius Ilderico permutò con Farfa beni ricevuti in dono dal duca Gisulfo; né in un caso, né nell’altro si fa riferimento ad atti scritti di donazione. In un giudicato, già ricordato, del 77670, si ripropone un copione già noto: il vescovo di Rieti tentò senza successo di contendere il possesso del casale Balberianus a Farfa, destinataria di un diploma di concessione di Astolfo. La chiesa di S. Giacinto, dipendente dal vescovato, aveva ricevuto il casale per donazione da Lupo, figlio di Liutperto. Quest’ultimo era stato a lungo actionarius della curtis Germaniciana e deteneva il casale da tempo (si ripropone qui il legame asimmetrico fra gli amministratori di quella curtis e le loro dotazioni all’interno del gualdo di S. Giacinto). La pratica era considerata del tutto legittima: “Et in illis diebus castaldii qui erant, potestatem habebant casalem donandi ex dono suo, sine duce”. Secondo la difesa del vescovo, Liutperto aveva ottenuto il casale per iniziativa del gastaldo, ma i testimoni favorevoli a Farfa affermarono che sì, al tempo di quei fatti gli ufficiali ducali disponevano in autonomia la donazione di beni di morti senza eredi, ma solo se di modesta entità, casupole o terricelle; non potevano CDL, V, n. 8, entrambi i casi a p. 40. CDL, V, n. 20. Pertone era stato gastaldo di Rieti fra il settembre 745 / giugno 746 fino all’ottobre 746: cfr. introduzione dell’editore, p. 81, con bibliografia ulteriore. I diplomi sono in CDL, IV/1, n. 6 (giugno 747), e in CDL, III, n. 23 (751). 68 CDL, V, n. 23. 69 CDL, V, n. 32. 70 CDL, IV/1, n. 28, insieme con il numero 26, dello stesso anno. 66 67

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invece in alcun modo disporre di un intero casale e neanche di una sua metà, senza il consenso ducale: “non sine palatio”. Va detto che la questione è posta proprio in questi termini da una norma di Liutprando, in cui si cerca di porre freno alla tendenza degli actores a donare terre senza disposizione regia, o eccedendo la quantità disposta dal re71; la distinzione fra beni di modesta entità e casali sembra però nel caso di Liutperto un espediente politico, vista la dimensione spesso ridottissima dei casali stessi, composti talvolta da due o tre unità gestionali. Il riferimento al tempo passato lascia intendere che qualcosa era cambiato e che le pratiche risalenti alla generazione precedente non erano più valide. Tali pratiche sono ispirate da una logica precisa, documentata, come abbiamo visto, da una notevole ricchezza di esempi. Accanto al livello formale e solenne delle donazioni ducali, destinate a chiese, monasteri e fedeli laici eminenti, ne esisteva un secondo: pratiche di circolazione largamente informali, destinate a non lasciare traccia scritta. Talvolta era il duca stesso a concedere oralmente beni pubblici a soggetti investiti di uffici minori (così nel caso, eccezionale, di Adoaldo e Audulfo, mentre il conductor Teodicio era stato destinatario di un diploma); più spesso erano invece gli ufficiali stessi, dai gastaldi in giù, a disporre in autonomia di quote modeste di quei beni a favore di altri. Il ricorso all’oralità72 era comunque pratica comune ed evidentemente accettata da tutte le parti in causa. Una volta acquisito, il bene ricevuto in concessione poteva normalmente essere trasmesso agli eredi o ceduto ad altri, perché usciva dal patrimonio pubblico per divenire proprietà personale, privata del detentore; ciò che invece, non a caso, non valeva per le terre detenute dai coloni pubblici, che pure Liutp. 59, in Azzara e Gasparri, Le leggi dei Longobardi, pp. 171-3. Su scrittura e oralità nelle pratiche di concessione dei duchi di Spoleto un cenno in N. Everett, Literacy in Lombard Italy, c. 568-774, Cambridge, 2003, alle pp. 187-8 e soprattutto, diffusamente, T. Lazzari, La tutela del patrimonio fiscale: pratiche di salvaguardia del pubblico e autorità regia nel regno longobardo del secolo VIII, Reti Medievali Rivista, 18, 1, 2017, pp. 99-121. Molto importanti sul tema in contesto toscano le notazioni di S.M. Collavini e P. Tomei, Beni fiscali e “scritturazione”. Nuove proposte sui contesti di rilascio e di falsificazione di D. OIII269 per il monastero di S. Ponziano di Lucca, in corso di stampa, disponibile in versione provvisoria all’indirizzo: https://pisa.academia.edu/SimoneMariaCollavini. A livello più generale S. Gasparri, Italia longobarda. Il regno, i Franchi, il papato, Roma-Bari, 2012, pp. 56-9, che riprende e sintetizza altri studi dell’autore. In generale su ciò che segue fondamentale Collavini, «Duchi e società locali». 71

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vantavano diritti ben superiori a quelli di un semplice concessionario, ma interamente iscritti in un quadro pubblico. Scritta o orale che fosse, una concessione non era considerata in linea di principio temporanea; poteva però essere revocata in presenza di un’altra precedente, secondo un principio già proprio della legislazione tardoantica73, oppure perché effettuata senza il consenso dell’autorità di vertice. A mio parere la difficoltà – non solo nostra, ma degli stessi contemporanei – di distinguere i vari diritti che insistevano sul gualdo di S. Giacinto non esprime propriamente una loro stratificazione, nel senso di una sovrapposizione e relativa indistinzione fra diritti di proprietà e diritti d’uso: mi pare che alle varie parti in causa fosse invece molto chiara la distinzione fra i diversi livelli di controllo sui beni pubblici, come quella più generale fra pubblico e privato. La difficoltà, che era anche per certi aspetti un’opportunità per i poteri di vertice, mi pare derivare invece dall’intreccio di tre fattori: la tenacia dei diritti del colono pubblico, non assimilabile a un semplice tenutario; il carattere spesso ideale, non reale delle quote di proprietà assegnate ai coloni stessi (con la conseguente mobilità spaziale di una stessa quota, all’interno del complesso fondiario); infine la possibilità di annullare gli effetti di una concessione, invocandone una più antica, oppure affermando che l’agente avesse disposto del bene senza il consenso del duca, o del re. Per il vertice ducale era uno strumento politico efficacissimo di negoziazione e di controllo, potenziato proprio dal frequente ricorso alle concessioni orali, che nella loro informalità permettevano di ricostruire la cronologia dei passaggi, cassandone facilmente qualcuno, secondo le convenienze politiche. Quando il messo Insario e gli altri ufficiali mettono ordine nel mosaico di S. Giacinto, lo fanno essenzialmente secondo due direttive: tutelano in almeno alcuni casi i coloni pubblici, conciliando i loro diritti con la nuova ratio proprietaria di Farfa, e annullano concessioni ‘di secondo grado’ (perché effettuate da autorità minori, o senza il consenso ducale/regio), riportando così nella disponibilità pubblica beni già concessi a soggetti privati. È in definitiva, in un caso e nell’altro, una riaffermazione della superiore autorità dei poteri di vertice, tanto più efficace perché capace di intervenire anche ai livelli di base delle società locali. R. Delmaire, Largesses sacrées et res privata. L’Aerarium impérial et son administration du IVe au VIe siècle, Rome, 1989 (Collection de l’École française de Rome, 121), p. 629. 73

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2.2.3 Beni pubblici, gastaldi e ufficiali minori Gli ufficiali minori furono il fulcro di questo complesso sistema, figure chiave nel rapporto fra duchi e società locali, come ha messo in evidenza Simone Collavini. I gastaldi rimanevano in carica periodi brevissimi, in un avvicendamento continuo, pur essendo espressione delle famiglie reatine più prestigiose, e avevano la possibilità di ricoprire il ruolo più volte, nella loro esistenza74. Gli ufficiali minori avevano invece carriere relativamente lunghe, donde l’identificazione, che talvolta emerge, fra amministratore e bene amministrato75 e la forte implicazione con le società locali: in un’epigrafe edita recentemente da Vincenzo Fiocchi Nicolai l’actionarius Barucio compare come autore di una donazione, forse di arredi liturgici, per la chiesa di S. Maria in Viconovo; al tempo la chiesa era compresa in una corte ducale76. D’altra parte, proprio l’informalità dei passaggi di beni pubblici da lui promossi permetteva al duca di intervenire, negoziando continuamente i suoi favori e annullando o correggendo, senza troppe difficoltà, passaggi precedenti. Tutto il dossier di S. Giacinto lo mostra con chiarezza: per favorire Farfa situazioni del tutto analoghe furono sciolte in modi opposti. E ciò dice come nel Reatino le pratiche informali di cui parliamo creassero una zona grigia di circolazione dei beni pubblici, simile a quella che abbiamo evocato per il ducato beneventano, dovuta non tanto a incertezza di diritti – la distinzione fra pubblico e privato era ben presente – ma alla velocità di circolazione dei beni e ai diversi livelli implicati. Esiste però una differenza, fra Benevento e Spoleto: a Rieti i beni oggetto di redistribuzione continua appartenevano anche ai complessi fiscali maggiori. A BeneCollavini, «Duchi e società locali», p. 162 per la maggiore stabilità degli actionarii e per il loro ruolo cruciale; pp. 141-3 per i gastaldi reatini. 75 CDL, IV/1, n. 2 (740): “de massa ubi Mellitus actionarius est”. 76 V. Fiocchi Nicolai, «Una nuova iscrizione altomedievale dalla chiesa di S. Maria in Viconovo (Scandriglia, Rieti)», in G. Ghini, Z. Mari (a cura di), Lazio e Sabina 8. Ottavo Incontro di Studi sul Lazio e la Sabina. Atti del Convegno, Roma, 30-31 marzo-1 aprile 2011, Roma, 2012, pp. 187-97. L’epigrafe menziona anche un gastaldo Scaptolfo e un duca, probabilmente Ilderico, in carica nel 739 e forse anche nel 740 (ivi, p. 192). Sulla corte vedi anche supra, riferimenti alla nota 15. L’evergeta Barucio agisce qui richiamando il suo ruolo di ufficiale pubblico, in favore di una chiesa su proprietà pubblica; e il ricordo del gastaldo e del duca ricorda da molto vicino la formula di datazione degli atti privati reatini. Ringrazio vivamente Vincenzo Fiocchi Nicolai per avermi segnalato l’epigrafe e le sue implicazioni per il tema qui trattato. 74

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vento i gai non paiono invece toccati in misura significativa da queste pratiche, limitate per l’essenziale ai beni dei morti senza eredi o comunque acquisiti di recente, ‘occasionalmente’, dal palatium beneventano. Nell’ultimo decennio del dominio longobardo, le pratiche di condivisione e redistribuzione subirono una brusca interruzione, riflessa da un cambiamento notevole nella documentazione reatina: la progressiva rarefazione fra i sottoscrittori delle carte di actionarii e di altri agenti minori, preposti all’amministrazione del patrimonio ducale. Numerosissimi fino ai primi anni 760, essi scomparvero rapidamente, a vantaggio di esercitali e sculdasci. Questo cambiamento nelle modalità di espressione dell’eminenza sociale va connesso al riferimento al tempo passato nel giudicato sul casale Balberianus77. È probabile che l’autonomia degli agenti minori nella gestione del patrimonio pubblico sia andata bruscamente decrescendo. Doveva trattarsi di un mutamento complessivo della società reatina: proprio a partire da quegli anni la serie delle donazioni ducali per Farfa si rinnova e si intensifica, con quantità notevolissime di terre sottratte al bacino pubblico per essere conferite al monastero. Tornerò in conclusione su questo punto. Un altro elemento va notato, a completare il quadro: se la circolazione e la redistribuzione di beni pubblici erano di sicuro intense ai livelli bassi, non sembrano altrettanto vive a quelli alti, a vantaggio cioè dei più importanti ufficiali del duca, i gastaldi reatini. Certo Piccone aveva permutato la metà di un casale ducale con un mulino; nel 742 Liutprando gli concesse un casale e gliene confermò un altro78; ed è quasi certo che il gualdo in Talli, proveniente da Goderisio del fu Erfone da un marpahis79, fosse stato parte del patrimonio pubblico; ma è difficile stabilire se fossero state appropriazioni arbitrarie o sancite da concessioni, regie o ducali. Sta di fatto che notizie di donazioni del duca a personaggi e famiglie di alto rango, che pure sono una

Per la diminuzione dei beni pubblici e della loro importanza nella società reatina nei decenni fra dominio longobardo e dominio franco vedi le articolate considerazioni in Collavini, «Des Lombards aux Carolingiens», pp. 281-8. 78 CDL, III/1, n. 15 (742). Sul controllo del ducato dal regno di Liutprando vedi da ultimo C. Azzara, «Spoleto e Benevento e il regno longobardo d’Italia», in I Longobardi dei ducati di Benevento e di Spoleto, pp. 117-22, con riferimenti alle fonti e ulteriore bibliografia. 79 CDL, V, n. 91 (779). 77

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guida fondamentale per comprendere il cambiamento sociale fra lo scorcio del dominio longobardo e la piena affermazione dei Franchi, rimangono molto rare, circoscritte sostanzialmente alla stessa famiglia di Piccone. Nel 757 Pandone vir clarissimus ricevette in compenso del suo servizio beni pubblici per diploma, da re Astolfo e dal duca Alboino. Pandone era il fratello di Piccone ed era stato egli stesso marpahis. Suo figlio, Paolo, avrebbe ricevuto altre diverse donazioni dal duca Ildeprando80. Questo è tutto. D’altra parte a Spoleto non troviamo nulla di paragonabile con le subactiones beneventane: nessuna forma di ‘condivisione’ dei beni pubblici fra il duca e i suoi gastaldi, tanto meno gli ufficiali di corte. La mancanza di condivisione diretta delle terre pubbliche fra duca e ufficiali di alto ragno potrebbe forse essere sostituita da una redistribuzione di redditi, se volessimo considerare come eredità longobarda l’imposta di castaldaticum citata in un diploma di Lotario dell’84081; ma è solo una suggestione. Certo è che la documentazione spoletina disegna una rete di rapporti capace di garantire la base (i tenaci diritti dei coloni pubblici, la libertà condizionata d’azione degli ufficiali minori e la loro implicazione nel circuito di redistribuzione dei beni), limitando al contempo le possibilità di radicamento per le figure di vertice, i gastaldi. Il vantaggio era tutto per la centralità ducale, perseguita però con strumenti e fisionomia molto diversi, rispetto al ducato beneventano. 2.3 Beni pubblici e definizione degli spazi di potere A fronte di un carattere spesso sgranato, quasi su base cellulare, del fisco ducale nel Reatino, gualdi e corti non appaiono così rigidamente separati come lo erano a Benevento gai e actus. Anche se le loro dimensioni non paiono minori rispetto a quelle dei gai beneventani, a giudicare dall’unico caso in cui ne abbiamo una misura82, i gualdi CDL, V, nn. 26 e 67; Il regesto di Farfa, II, n. 251 (821). Cfr. Gasparri, «Il ducato longobardo di Spoleto», pp. 117-118, e Idem, «L’economia del dono. Scambio e competizione nell’Italia longobarda dell’VIII secolo», in Historiae. Scritti per Gherardo Ortalli, Venezia, 2013, I, pp. 42-5; Collavini, «Duchi e società locali», pp. 134-6; Costambeys, Power and Patronage, pp. 226-31. 81 M.G.H., Diplomata Karolinorum, III, Lotharii I et Lotharii II Diplomata, a cura di Th. Schieffer, Weidmann, Berolini et Turici, 1966, Die Urkunde Lothars I. 822-855, n. 51. Cfr. Gasparri, «Il ducato longobardo di Spoleto», p. 96. 82 Le proprietà Alegia e Torrita, cedute da Astolfo a Farfa nel 756 (CDL, III/1, n. 28) sono due gualdi, come risulta dal confronto con altri diplomi ducali, citati alla 80

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reatini non sono trattati come forme di definizione dello spazio pubblico, com’era invece a Benevento; almeno in alcuni casi essi erano compresi all’interno dei distretti, come lo erano le corti. Così, per esempio, il gualdo di S. Giacinto era nel territorio di Rieti, quello di S. Angelo si trovava nel Cicolano83. I distretti non definivano però in modo significativo il raggio d’azione degli ufficiali; almeno non nella gestione dei beni pubblici. È stato da tempo notato come a Spoleto gli ufficiali ducali mostrino una fisionomia territoriale debole, sia ai livelli alti, sia ai livelli di base; ciò vale per gli sculdasci, ma anche per i gastaldi84. Alcuni gastaldi avevano una sede specifica, in primo luogo quelli di Rieti, evocati nella datazione degli atti privati della città e dell’area circostante dopo i duchi stessi. Altri mancavano invece di un proprio ambito di riferimento: erano parte di un corpo, dal quale il duca attingeva di volta in volta secondo necessità. Ciò è particolarmente evidente nell’amministrazione della giustizia, che aveva un carattere di solito spiccatamente collegiale. È possibile aggiungere qualcosa a questa caratterizzazione, articolandola nella prospettiva specifica di questo studio. Fin dall’inizio della serie documentaria, e per tutta l’epoca longobarda, i diplomi dei duchi spoletini portano spesso nell’escatocollo un riferimento all’ufficiale competente sui beni, o sulle prerogative, oggetto della concessione85: “Data iussione mense Maii, per indictionem VII, sub Scaptolfo gastaldio” recita per esempio il primo diploma ducale pervenutoci (724), con cui Transamondo II cedeva a Farfa la chiesa di S. Getulio86. Il confronto fra le carte private reatine e i diplomi di concessione relativi alla Sabina mette in evidenza due elementi. In primo luogo, quando le due serie corrono parallele, i gastaldi citati nei diplomi relativi a beni dell’area reatina sono i

nota 48. Nel diploma di Astolfo se ne dà la misura complessiva di 1600 iugeri, circa 12,74 km2. Per gualdi confinanti fra loro vedi CDL, IV/1, nn. 5 (746); 18 (765), p. 53; 36 (782), p. 108. 83 CDL, IV/1, nn. 5 (746), 16 (761). 84 Saracco Previdi, Lo «sculdhais», pp. 633-657; Gasparri, «Il ducato longobardo di Spoleto», pp. 89-93; Collavini, «Duchi e società locali», in particolare le pp. 143-4. 85 Così Collavini, «Duchi e società locali», nota 71. 86 CDL, IV/1, n. 1, p. 4.

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titolari, in quel momento, della sede reatina87; così è con ogni probabilità per Pertone e Godifredo, certamente per Alifrido e poi per Ilderico88. I gastaldi reatini sembrano però agire su un’area ampia, che non coincideva con i soli fines di Rieti: nel 761 Alifrido è evocato a proposito del gualdo di S. Angelo, posto “in finibus Ciculanis”, come pure della corte di Amiterno e di Interocro, che la documentazione privata permette di identificare come centri esterni all’ambito reatino89. D’altra parte i complessi fiscali presenti nel Reatino non rispondono a un unico centro direzionale. Il casale Paternione si trovava nei fines di Rieti, ma era pertinenza della corte Germaniciana, distinta dalla corte reatina90. D’altra parte non solo gastaldi, ma anche ufficiali minori, non necessariamente coordinati per via gerarchica, o in quadri spazialmente definiti, erano preposti al controllo dei beni pubblici, anche nello stesso ambito reatino. Nella concessione a Farfa del casale Turris, compreso nei fines Sabinenses, cioè di Rieti, l’ufficiale evocato è l’actionarius Gundoaldo91, che già conosciamo. Nel 766 a proposito del casale Paternione è richiamato l’actionarius Godescalco; l’anno dopo, a proposito di diritti di pascolo concessi a Farfa su terre pubbliche, la competenza è del marpahis Rimone, da identificare probabilmen-

Vedi H. Zielinski, Studien zu den Spoletinischen “Privaturkunden” des 8. Jahrhunderts und ihrer Überlieferung im Regestum Farfense, Tübingen, Max Niemeyer, 1972, pp. 224-242 sulla successione dei gastaldi di Rieti fra 718 e 751, dove si dà per scontato che i gastaldi citati nei diplomi a proposito di beni pubblici situati nel Reatino siano gastaldi di Rieti; Collavini, «Duchi e società locali», note 41 e 44, per la successione dei gastaldi reatini anche oltre quella data. 88 Il Bertone gastaldo di CDL, IV/1, nn. 4 (745 settembre – 746 giugno) e 5 (746 ottobre) è da identificare con il Pertone di CDL, V, n. 7 (746 febbraio). Il Godifredo in CDL, IV/1, n. 7 (747 novembre 2) è gastaldo di Rieti in carica in CDL, V, nn. 9 e 10 (747 maggio). Alifrido (CDL, IV/1, n. 16-18 (761 aprile/765 marzo)) è gastaldo di Rieti in CDL, V, nn. 28,30-31, 33, 35, 37-43 (760 aprile/765 marzo), prima del noto Ilderico (cfr. Collavini, «Duchi e società locali», tavola V e passim). 89 CDL, IV/1, n. 19 (766). Sulla distinzione fra l’ambito spaziale reatino e Interocro vedi per esempio CDL, V, n. 55 (770), p. 196: “sive in Sabinis, sive in Marsis, sive in Interocro, sive in Pitiliano”; n. 57: “in Sabinis, in Similiano et in Saliano et in villa Aliena ibidem in Sabinis”; più avanti, nello stesso documento: “in Interocro loco, qui dicitur Pinguis”. 90 CDL, IV/1, n. 19 (766). 91 CDL, IV/1, n. 6 (747). 87

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te con l’omonimo gastaldo reatino, testimoniato qualche anno più tardi92. Il dossier può essere arricchito, prendendo in considerazione i numerosi casi in cui si concedono beni particolarmente ampi, o numerosi, e di conseguenza si evocano più ufficiali. A mio parere qui non si disegnano gerarchie, ma compresenze di ufficiali negli stessi spazi. Nella concessione a Farfa del gualdo di S. Giacinto si evocano il gastaldo Pertone, ma anche l’archiporcarius Causualdo e l’actionarius Gundoaldo; come detto, nella concessione del casale Turris è invece evocato il solo Gundoaldo93. Tirando le somme, potremmo dunque dire che l’autorità dei gastaldi reatini sul patrimonio pubblico irraggiava dalla loro sede, ma estendendosi a un ambito più ampio, che comprendeva anche altri spazi amministrativi non compresi nella loro specifica circoscrizione. D’altra parte la loro autorità sui beni dei duchi non è definibile come esclusiva, né spazialmente coerente: i gastaldi sono affiancata da altri agenti del duca, alti ufficiali del palazzo e altri di rango minore. Con modalità differenti anche a Spoleto, come a Benevento, i quadri spaziali del potere ducale erano complicati da un’istanza di segmentazione, e quindi di controllo dal centro, delle risorse fondiarie pubbliche. Il modello pare funzionare anche per le aree periferiche del ducato, per le quali l’elemento in primo piano sono le forme di condivisione94. 2.4 Forme di condivisione delle risorse Le aree interne ci sono note attraverso dossier di straordinario interesse, anche se numericamente ridotti, studiati con particolare attenzione alle società contadine nei decenni a cavallo fra dominio longobardo

CDL, IV/1, nn. 19, 20 (cfr. Collavini, «Duchi e società locali», nota 74). CDL, IV/1, nn. 5 (746) e 6 (747). 94 Ibidem, nn. 5 e 6. Cfr. anche n. 16 (761): gastaldo Alifrido e archiporcario Lupone, competenti su gualdo di S. Angelo e metà di un castagneto “in Sessiale”; n. 18 (765): gastaldo Alifrido e marepahis Rimone, competenti sui gualdi Alegia e Turrita e sui rispettivi diritti di pascolo; n. 32 (778): Rimone gastaldo e Teudemundo actionarius, competenti su quattro casae in territorio reatino; nn. 33 e 37 (778, 783): Rimone gastaldo e Adeodato actionarius, competenti sui casali Sibianus e Cicinianus; Gumberto e Ilpidio gastaldi e Lupone actionarius, competenti su una corte nel territorio di Penne, settanta olivi in Tronto e cinquecento moggi di terra da una corte in territorio marsicano. 92 93

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e conquista carolingia95. Nella prospettiva che ci interessa, due sono i documenti più importanti, relativi a una cospicua parte del territorio di Valva, presso Sulmona. Da essi è possibile leggere in filigrana alcuni elementi del rapporto fra comunità rurali e terre pubbliche, prima che Desiderio le trasferisse al grande monastero, secondo il racconto della tradizione vulturnense, confermata da un diploma di Carlo del 78796. In un giudicato del 77997 il messo ducale Dagario ribadì gli obblighi dovuti al monastero dagli abitanti di Carapelle, nella valle Trita. La comunità, di cui traspare la stratificazione interna, tendeva a considerare come proprie le terre reclamate dal monastero (“Nichil invasimus, nisi nostra substantia”98), in parte coltivate; sulle terre coltivate e sui mulini gravavano alcuni censi, corrisposti individualmente dai contadini alla corte locale, e obblighi di lavoro sulle terre boschive. La testimonianza di tre vvaldatores fu decisiva: le terre contestate facevano parte di un gualdo, quindi non erano dei Carapellenses. La vittoria del monastero fu sancita dal diploma già ricordato di Carlo, nel quale già si adombra lo statuto servile dei contadini locali. Il secondo documento è di straordinario interesse, ma difficile da utilizzare nella prospettiva di questo studio: è il resoconto di un’altra inchiesta, risalente al maggio 78799 e basata sulla ricognizione delle proprietà nell’area di Peltuino. Lo scopo dichiarato era limitare alle sole loro quote le pretese dei Balbenses, non necessariamente tutti residenti, per tutelare i diritti di S. Vincenzo100. La definizione come actus di due dei complessi fondiari censiti (di PeltuiOltre a Wickham, Studi sulla società degli Appennini, importanti le pagine di L. Feller, Les Abruzzes médiévales. Territoire, économie et société en Italie centrale du IXe au XIIe siècle, Roma, École Française de Rome, 1998 (Bibliothèque de l’École Française de Rome, 300), pp. 190-205. 96 M.G.H., Diplomata Karolinorum, I, Pippini, Carlomanni, Karoli Magni Diplomata, a cura di A. Dopsch, J. Lechner, M. Tangl e E. Mühlbacher, Hannover, 1906, n. 159. 97 CDL, V, n. 90 (779). 98 Ibidem, p. 294. 99 Ibidem, n. 103. 100 Ibidem, p. 333: “Et si forsitan intentio orta fuerit inter monachos vel populo de terre, quę in isto breve scripte sunt, dicendo, quod ipsi homines tantam terram non habeant, quantam in brevem scriptam habent, accedant isti suprascripti, qui iuraverunt, super ipsa loca et per eorum testimonium in ipso sacramento, quod iuraverunt, definiant ipsa intentio, ut quantum exinde tenent, ipsi inter se decernant; et plus non querant, nisi quantum inventum fuerit”. 95

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no e “de casa infra civitate Mattula”), articolati per lo più in allodi101, è probabilmente traccia di partizioni del patrimonio pubblico102, anche se il termine actus, diffuso con questo senso a Benevento, non compare a Spoleto, né nel Nord del regno. Fra gli altri beni censiti troviamo due gualdi, “colle Mediano” e una frazione del gualdo di Trita. Oltre che in casae contadine, i gualdi erano divisi in parti di selva date in concessione a singoli103. Se, com’è probabile, al momento della ricognizione questi gualdi erano ancora sotto il controllo pubblico, c’è qui testimonianza di una modalità di gestione che non conosciamo per il Reatino. Inoltre patrimoni pubblici di enorme estensione sono riscontrabili su una fascia ampia di Italia centrale, fra la Maiella e i comitati di Penne e di Chieti, ancora in epoche successive, a partire dalla documentazione dei grandi cenobi, in particolare S. Vincenzo al Volturno e Montecassino104. Possiamo a questo punto tirare le somme dalle evidenze della ricca documentazione spoletina. Chris Wickham ed Elvira Migliario hanno indicato le possibili ascendenze antiche tanto dei diritti dei coloni sulle terre pubbliche, quanto dei complessi ducali (alcuni, almeno) in Sabina e negli Abruzzi105. Vorrei sottolineare due altri elementi. I diritti dei coloni insediati sui gualdi avevano nell’VIII secolo longobardo una caratterizzazione prevalentemente individuale; erano iscrivibili in un quadro definito con insistenza come pubblico dalle stesse fonti farfensi, che arrivano a qualificare in termini pubblici non solo i beni, ma l’attività stessa dei coloni stanziati sulle terre ducali (labor publicus)106. Questi diritti individuali su terre pubbliche rimangono distinti da diritti collettivi, di cui troviamo traccia fra le pieghe della

Concordano su questo punto Wickham, Studi sulla società degli Appennini, p. 37, e Feller, Les Abruzzes, pp. 196-201, che ipotizza l’origine dell’allodio da una partizione di terre pubbliche, in contesto di colonizzazione dell’incolto. 102 Così anche Feller, Les Abruzzes, p. 198, che pensa però a una sola partizione territoriale del fisco ducale centrata su Peltuino. 103 CDL, V, n. 103, p. 336, ma anche le silvae, non inserite in un gualdo, citate a p. 335. 104 Sull’area di Teramo, Penne e Maiella Feller, Les Abruzzes, pp. 143-7 e 147-50. 105 Wickham, Studi sulla società degli Appennini, pp. 30-7 (critico Feller, Les Abruzzes, nota 151 a p. 198); Wickham, European forests, pp. 163-167; Migliario, Strutture della proprietà agraria e Eadem, Uomini, terre e strade. 106 CDL, IV/1, ad indicem. 101

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documentazione relativa a Valva; ve ne sono di più numerose ed evidenti in alcune aree dell’Italia settentrionale, serbate soprattutto in una serie di placiti famosi107. In questo contesto la distinzione fra patrimonio pubblico e allodi era ben presente e nient’affatto accessoria. L’opacità dei diritti sui beni pubblici derivava piuttosto dalla velocità della circolazione e redistribuzione di quote; dalla pluralità dei livelli implicati e dalla loro relativa autonomia; dalla connessa variabilità, non anarchica, del ricorso a scrittura o oralità, in una logica comunque strettamente ‘verticale’, nella quale il riferimento costante al duca, come apice dell’ordinamento di potere, appare molto chiaro. In modo più sgranato e capillare rispetto a Benevento, il quadro spoletino conferma una forte presa ducale sull’amministrazione del patrimonio. L’architettura di rapporti ricostruibile a partire dagli esempi indagati mi pare indicare un peculiare modello di coesistenza fra duca, suoi ufficiali e società rurali, in via di ridefinizione nei decenni subito precedenti l’avvento dei Franchi. Un prelievo stabile e probabilmente moderato, ma gravante su proprietà nel complesso amplissime, era esercitato tramite una gerarchia articolata di agenti. Al duca era così garantita una consistente base economica e nello stesso tempo la solidarietà di settori larghi delle società locali: erano esse stesse implicate nei gradi più bassi degli ufficiali e detenevano sul patrimonio pubblico diritti percepiti talvolta come proprietari, appunto perché connessi a obblighi e censi relativamente leggeri e stabili. Questa ipotesi complessiva è confortata

CDL, IV/2, n. 103, pp. 334 (“terram quam tenent Presbiterani in Campo”). Un cenno a gestione comunitaria di terre già pubbliche in CDL, III/1, n. 31 (759) = Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I, n. 1: “[vobis advenit, cum omnibus] decimis totius terre, quam earum operarii alicubi laboraverunt ad illarum co(m)munem proprium”; il riferimento è alla corte di Cerropicto, concessa dal re Astolfo al futuro re Desiderio e quindi passata al S. Salvatore di Brescia. Sui Flexiciani, nell’area fra Modena e Reggio, e le terre da loro reclamate con richiamo a un diploma di Liutprando, vedi di recente T. Lazzari, «Comunità rurali nell’alto Medioevo: pratiche di descrizione e spie lessicali nella documentazione scritta», in P. Galetti (a cura di), Villaggi, comunità. paesaggi medievali, Atti del convegno internazionale di studio, Bologna, 14-16 gennaio 2010, Spoleto, 2012, pp. 405-21, e S. Gasparri, «Un placito carolingio e la storia di Comacchio», in L. Jégou, S. Joye, T. Lienhardt, J. Schneider (dir.), Faire lien. Aristocraties, Réseaux et échanges compétitifs. Mélanges en l’honneur de Régine Le Jan, Paris, 2015, pp. 180-5, con richiamo ad altri casi simili e alla bibliografia precedente.

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dall’analogia con studi recenti sull’economia delle proprietà imperiali nell’età del principato108 e potrebbe essere valida anche per altre aree nel Nord del regno, poco documentate: una carta privata di area piacentina suggerisce l’esistenza di censi bassi e stabili su beni pubblici di modesta entità, detenuti da privati e inseriti nei circuiti di scambio usuali per gli allodi109. Questo equilibrio ‘al ribasso’ fra vertice e società locali non era nient’affatto elementare e implica anzi una capacità di controllo da parte ducale discreta, ma effettiva; più discreta che a Benevento, dove il controllo esercitato dai duchi appare più stringente e la loro facoltà di estrarre risorse più acuminata, in un contesto segnato da una prevalenza di popolazione servile. È un punto sul quale le indagini archeologiche potranno dire molto, precisando il contesto materiale in cui volta per volta si concretava la dialettica fra autorità di vertice e società locali. 3. Il Nord del regno Sul patrimonio pubblico nella parte settentrionale del regno sappiamo meno che per i ducati meridionali; ad alcune domande dobbiamo accontentarci di dare risposte più sfumate. Il fatto è che il numero dei diplomi regi genuini è molto limitato. È possibile farsi un’idea solo approssimativa della geografia del fisco, anche perché la documen-

Per il patrimonio imperiale nell’età del principato Maiuro, Res Caesaris. Nell’ambito di una permuta, Artemio e i suoi nipoti, abitanti di una località del territorio di Bardi, fra Parma e Piacenza, cedono una terra; “et repromettemus… ut de ipso ficto, quod in corte domno regi dare devemus, ut nos te exinde securo facere devamus”: CDL, II, a cura di L. Schiaparelli, Roma, 1933 (Fonti per la Storia d’Italia, 63), n. 249 (770) = Chartae Latinae Antiquiores, XXVII (Italy VIII, Italia settentrionale: Cremona, Piacenza, Asti, Torino, Novara), a cura di J.-O. Tjäder, Dietikon-Zürich 1992, n. 826. Sul documento vedi Gasparri, Il regno longobardo, pp. 30-1 e 33-4 e F. Bougard, «Les biens et les revenus publics dans le royaume d’Italie (jusqu’au milieu du X e siècle)», in questo stesso volume, testo corrispondente alle note 16-17. L’interpretazione di gran lunga più probabile mi pare questa: Artemio e i suoi nipoti cedono una terra della curtis regia, trattenendo su di sé l’obbligo di corrispondere il censo, evidentemente fisso, gravante sul bene. Una pratica del tutto analoga riguardo alla στρατεία bizantina si trova nei documenti meridionali di X-XI secolo. Vedi anche il riferimento al censo di un decimo sulle terre detenute in comune dai coloni di Cerropicto, cit. alla nota 107.

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tazione privata non fa quasi alcuno spazio al patrimonio pubblico, neanche dov’è più densa: è il caso dei fondi lucchesi. Alcuni elementi di grande interesse possono invece ricavarsi dai diplomi della prima età carolingia. 3.1 Gai regi e saltus Le famiglie contadine con la loro dotazione fondiaria solo a volte sono aggregate in casali e mai in insiemi maggiori, come le corti110. Le poche attestazioni di gai insistono su un’area centrale della pianura padana a Nord del Po, fra Modena, Reggio e Brescia, con qualche appendice appenninica; è l’area di principale radicamento del S. Salvatore di Brescia e di S. Silvestro di Nonantola e di Bobbio. Queste poche tracce sono tuttavia sufficienti a far intravvedere disponibilità notevolissime. Nel 760 dieci casae massariciae per complessivi quattrocento iugeri furono tratte dalla corte regia sull’Oglio e cedute con altri beni da Desiderio al S. Salvatore di Brescia, destinatario nel 772 di un’altra, importante concessione: una quota del gaio di Reggio di quattromila iugeri, secondo le misure liutprandine corrispondente a oltre trenta chilometri quadrati, confinante con la corte di Migliarina, già in possesso del monastero111. Era una proprietà enorme, ben più ampia anche rispetto alle maggiori quote di gaio concesse parallelamente da Arechi di Benevento a S. Sofia, o ai gualdi Alegia e Turrita ceduti a Farfa; e si consideri che al S. Salvatore andava solo una parte del gaio, la cui estensione era quindi ancora maggiore. Fra il 749 e il 751 (?) Astolfo donò al vescovato di Modena la corte Gena, compresa nel territorio modenese e consistente in cinquecento iugeri di bosco, confinanti su tre lati con il gaio regio, dipendente dalla stessa corte oggetto della concessione. Conferma dell’amplissima disponibilità fondiaria dei re in quell’area, il docuVedi CDL, III/1, nn. 27 (755) e soprattutto 33 (760) = Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I, n. 3: al S. Salvatore di Brescia sono cedute numerose casae rette da famiglie dipendenti, all’apparenza solo in due località organizzate in casali. 111 CDL, III/1, nn. 24, 33, 41 (gli ultimi due anche in Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I, nn. 3 e 19). Per l’estensione dello iugero e del moggio in epoca longobarda vedi riferimenti in B. Andreolli, Misurare la terra: metrologie altomedievali, in Uomo e spazio nell’alto Medioevo. Atti della L Settimana di studio del CISAM, Spoleto, 4-8 aprile 2002, Spoleto, 2003, p. 158 (ipotesi Wickham e Feller sul moggio) e p. 163 (Mazzi e Montanari sullo iugero). 110

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mento sarebbe anche testimonianza di una gerarchia fra curtis e gaio senza paralleli nei ducati meridionali112. Il cuore della Pianura padana non era l’unica area a grande densità di beni pubblici; la nostra idea della situazione al Nord è però molto parziale, più di quanto non lo sia per Benevento e Spoleto, a causa della selettività del canale di trasmissione. Basta a testimoniarlo la più importante concessione della prima età carolingia. Nel 774, poco dopo la conquista di Pavia, insieme con altri beni Carlo concesse a S. Martino di Tours l’isola e il castrum di Sirmione, già appartenuti al publicum e al palatium e ora parte del fisco di Carlo; e i redditi provenienti dalla val Camonica con il saltus Candinus, fino al passo del Tonale sul versante trentino e fino al confine con i territori bresciano e bergamasco, “sicut in publico et ad palatium visa est reddidisse aut inantea fisco nostro ceciderit”113. Il documento è inusuale da molti punti di vista; per la distinzione, insistita, fra pubblico e palatium da una parte, fisco regio dall’altra, utile a marcare la discontinuità di dominio politico e, probabilmente, anche delle forme di rapporto fra re, ufficiali e beni regi; per l’evocazione di sapore tardoantico di un’area di proprietà pubblica con il termine saltus; per la distinzione, mi pare piuttosto chiara, fra proprietà pubbliche e redditi/obblighi dovuti al pubblico, un punto illuminato da altre testimonianze. 3.2 Proiezione territoriale del prelievo regio Il potere regio arricchiva infatti la sua base economica con imposte e obblighi che ricadevano su soggetti non insediati sulle terre pubbliche. In due diplomi regi, uno del 755 per il vescovato di Bergamo, l’altro del 772 per il S. Salvatore, si fa riferimento a obblighi da cui sono esentati i dipendenti delle due chiese. Nel primo caso si fa riferimento a “omnes scuvias et utilitatis, quas homines exinde in puplico CDL, III/1, n. 24: “curtem nostram que dicitur Gena, territorio Mutinense, silva iugis numero quingentis coherentes ibi a tribus partibus a gaio nostro, qui pertinere videtur de ipsa curte Gena”. Sulla corte, che è stata identificata come il primo nucleo della proprietà di S. Silvestro di Nonantola, vedi S. Gelichi, M. Librenti, «Alle origini di una grande proprietà monastica: il territorio nonantolano tra antichità e alto medioevo», in T. Lazzari, L. Mascanzoni, R. Rinaldi (a cura di), La norma e la memoria. Studi per Augusto Vasina, Roma, 2004, pp. 25-41; in particolare le pp. 40-1 sul carattere già strutturato dello spazio agrario attorno al monastero, prima della sua fondazione, con alternanza di bosco e coltivi. 113 M.G.H., Diplomata Karolinorum, I, n. 81, pp. 116-17. 112

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habuerunt consuitudinem faciendum, excepto quando utilitas fuerit cesas faciendum ubi consuitudinem habuerunt”114, dov’è evidente il riferimento a corvées agricole; nel secondo gli obblighi, analoghi, sono evocati precisando che l’esenzione vale indifferentemente per liberi, servi e aldii del monastero115. L’esenzione da obblighi dovuti al pubblico è anche in un diploma datato da Brühl al 770-772, con cui Desiderio confermò a Farfa tre corti donate da Adelchi nel Reatino116. Del ripatico e di altre tasse sul commercio troviamo testimonianza già nel celebre patto di Liutprando con i Comacchiesi117 e poi, in forma prima implicita, poi esplicita, in due diplomi di Ilprando e di Ratchis del 744 e del 746 per S. Antonino di Piacenza, con riferimento a un diploma più antico di Liutprando118. È probabile che l’imposizione di quegli obblighi, in particolare le corvées di lavoro, non fosse diffusa in modo omogeneo. Essa è tuttavia significativa di un’articolazione del prelievo al di là della sola base fondiaria, apparentemente specifica dell’autorità regia e ricadente sulle persone dei sudditi: per l’VIII secolo non ne troviamo traccia né a Benevento, né a Spoleto. Per Benevento sono attestati nel 774 imposte sulle attività di scambio, portaticum e siliquaticum, da cui Arechi, già principe, esenta S. Sofia. Nella sola Spoleto sono attestate, come al Nord, tasse sull’uso dei boschi e dei pascoli compresi nei gai ducali, da cui in un’occasione Farfa viene esentata, ma si rimane qui in un ambito interamente fondiario. Si tratta infatti di un corrispettivo per l’uso di beni pubblici, che il duca esige in quanto titolare di quel patrimonio, come farebbe un qualunque altro proprietario119. Anche il labor publicus, più volte richiamato nei diplomi CDL, III/1, n. 27 (755). Ibidem, n. 44 (772), p. 258: “omnes scufias publicas et angarias atque operas et dationes vel collectas seu teloneo et seliquatico de singulas mercatoras et portoras”, oltre ad altri prelievi per l’uso delle selve regie. 116 CDL, III/1, n. 43, p. 251: “omnibus causis et excubiis publicis”. 117 Edizione recente in Codice Diplomatico della Lombardia medievale (secoli VIIIXII). Privilegia episcopii cremonensis o Codice di Sicardo (715/730 – 1331), a cura di V. Leoni, Pavia, Università di Pavia – Scrineum, 2004 (online all’indirizzo: http:// cdlm.unipv.it/edizioni/cr/cremona-sicardo/, url consultato fino al 30 dicembre 2016), n. 2 (715 o 730). 118 CDL, III/1, nn. 18, dove si conferma al vescovo la cessione del porto, e 19, dove si cita esplicitamente l’esazione del ripatico. Sui due diplomi, pervenutici in copie di X secolo, vedi Gasparri, Il regno longobardo, p. 35. 119 CSS, I, 1 [58] e [59] per Benevento; CDL, IV/1, n. 20 (767) per Spoleto. 114 115

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spoletini, connota il legame speciale fra i coloni e il duca nella medesima sfera: il duca come proprietario, i coloni come coltivatori dipendenti. Le corvées evocate nei diplomi regi esprimono invece una proiezione di tipo territoriale degli obblighi pubblici sulla popolazione rurale insediata in altre proprietà, in questo caso ecclesiastiche; e almeno nel secondo caso sappiamo che gli obblighi gravavano sia sui liberi, sia sui servi. E che uno dei diplomi regi in cui sono testimoniati questi obblighi su base ‘territoriale’ riguardi lo spazio spoletino sembra confermare, non attenuare la differenza fra il Nord e il ducato meridionale: l’evocazione di corvées pubbliche pare qui non una mera inerzia di formulario, ma la sintetica descrizione di una forma di prelievo estranea a Spoleto e lì introdotta dai re, da poco capaci di controllare il ducato e i patrimoni dei duchi. Che si tratti di un modello di importazione sembra inoltre confermato dalle vicende successive di Sextuno, una delle proprietà in quell’occasione concesse da Adelchi a Farfa120. 3.3 Fra gastaldi, duchi e re La proiezione in senso territoriale degli obblighi dovuti al re era forse molto antica e appare connessa con il carattere anch’esso schiettamente territoriale che il potere dei gastaldi sembra avere nel Nord del mondo longobardo, se è possibile generalizzare le evidenze di un dossier celebre, quello della lite fra la curtis regia di Parma e quella di Piacenza121: nel 674 la pertinenza contesa dai gastaldi delle due città di un’ampia

CDL, III/1, n. 43. Le tre corti donate da Adelchi compaiono nel novembre 774 (ibidem, n. 44 = Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I, n. 22) come patrimonio del S. Salvatore. Almeno una delle tre, Sextuno, resta patrimonio del monastero bresciano anche successivamente. Attraverso l’inventario di inizio X secolo ne conosciamo la modalità di gestione, connotata da un impiego massiccio della corvée (certo, in un contesto ormai diverso), apparentemente eccezionale rispetto allo standard reatino, rappresentato dalla documentazione farfense. Cfr. G. Pasquali, Sistemi di produzione agraria e aziende curtensi nell’Italia altomedievale, Bologna, 2008, pp. 209-11, che però attribuisce la differenza alla maggiore ’opacità’ dei patti agrari, rispetto agli inventari, in materia di corvées. Vedi anche T. Leggio, «San Salvatore di Brescia nella valle del Velino. Viabilità e forme insediative tra tarda antichità e alto medioevo», in G. Andenna (a cura di), Arte, cultura e religione in Santa Giulia, Brescia, 2004, pp. 69-78. 121 Sul dossier e il suo contesto è tornato di recente C. Azzara, «Parma longobarda», in R. Greci (a cura di), Storia di Parma, III/1, Parma medievale. Poteri e istituzioni, Parma, 2010, pp. 28-31, con ulteriore bibliografia. 120

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area, gravitante sulla valle del Taro e circoscritta da un confine lineare, fu assegnata a Piacenza, con una ricognizione sul terreno condotta dai messi di re Pertarito. Il riferimento per la soluzione della disputa (di contenuto essenzialmente economico, come mostra il riferimento a pignerationes) era la descrizione del confine fra Parma e Piacenza contenuto in precedente giudicato di Arioaldo (626-636), esplicitamente ricordato nel 674 e giuntoci in stato frammentario: l’area contesa nel giudicato più recente era effettivamente situata al di là del Taro, quindi di competenza del gastaldo piacentino. Nella chiusa del dossier, Pertarito stabilisce: “si liver homo intra ipsas fines possessionem aut de iura parentum aut de concessione regum habere videtur, excepto de tempore illo, quando Godebert invasionem fecit, liceat eum habere”122. L’area contesa non era dunque composta solo da proprietà pubbliche, ma aveva al suo interno anche beni di privati. Mi pare anzi probabile che proprio la prevalenza di proprietà private degli uomini di Parma abbia costituito l’impulso alle pretese del gastaldo di quella città sull’area di confine. La competenza della locale curtis regia è definita in ogni caso in base a spazi precisi, probabilmente coincidenti con i territori cittadini di ascendenza tardoantica, e suggerisce una totale sovrapposizione nella figura del gastaldo fra l’amministratore di beni regi e il rettore di un distretto. Difficile dire se il caso sia significativo di una situazione generale, ma va detto che a livello di diocesi, e con l’attiva partecipazione di un gastaldo alla disputa, la tensione verso una dimensione compiutamente territoriale del potere a base cittadina è evidente in un altro celebre dossier, la lite fra Siena e Arezzo per la giurisdizione su alcune pievi rurali123. La caratterizzazione in senso territoriale – cioè in quadri spazialmente definiti e uniformi – della gestione dei beni pubblici nel Nord del regno va però sfumata. Ad articolare il patrimonio pubblico concorrevano le curtes dei duchi, composte da beni che affiancavano quelli dipendenti

CDL, III/1, nn. 4 e 6 (citazione a p. 25). Cfr. Gasparri, Il regno longobardo, pp. 16-22 sulla contesa Parma-Piacenza, in particolare qui le pp. 17-18, anche per il riferimento alle pignerationes. Godeperto, fratello di Pertarito, è evocato come usurpatore, quindi autore di concessioni nulle. Per una lettura in senso territoriale delle prerogative giurisdizionali degli ufficiali nelle leggi vedi Figliuolo, «L’organizzazione circoscrizionale del territorio», pp. 431-3. 123 Sulla lite vedi Gasparri, Il regno longobardo, pp. 5-16, con riferimenti alle fonti e alla bibliografia più antica, e più di recente Idem, Italia longobarda, pp. 46-51. 122

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dalla curtis regia, a volte nei medesimi spazi. Sono modalità di divisione che sembrano richiamare direttamente la messa in comune di metà del fisco ducale per rafforzare la funzione regia dopo il decennio di interregno, riportata dal racconto di Paolo Diacono124. È un livello ulteriore, rispetto a quelli testimoniati nei ducati meridionali. Ciò emerge in particolar modo dai diplomi di Adelchi, Ansa e Desiderio, dove le concessioni al S. Salvatore comprendono beni propri della famiglia regnante, beni della curtis regia, beni pertinenti a corti ducali e beni a pertinenza mista125, senza quindi che la distinzione fra corte regia e corti ducali limitasse la superiore disponibilità del re su tutti i beni pubblici. Non abbiamo del resto la minima traccia di diplomi ducali per il Nord: la facoltà di concedere era un’esclusiva regia e la posizione dei duchi settentrionali era in ciò del tutto distinta rispetto a quella dei duchi meridionali. È vero che Adelchi stesso aveva probabilmente già occupato la posizione di duca di Brescia126 e che i beni ducali donati al S. Salvatore dovevano essere nella maggior parte dei casi pertinenza di quella corte, ma le concessioni furono operate da Adelchi soltanto dopo l’assunzione del titolo regio. D’altra parte i diplomi in favore del S. Salvatore per beni pertinenti alla curtis ducalis non sembrano un’eccezione, dovuta alla sola preminenza familiare di Desiderio e dei suoi nell’area bresciana: una concessione di Adelchi al monastero di Sesto al Reghena, ricordata in un diploma di Carlo Magno del 781, riguardava i redditi dovuti alla corte ducale di Treviso: “quod in palacio nostro seu in curte ducali nostra Tarvisana consuetudo erat persolvendi de vico qui dicitur Sacco” 127. La divisione fra corte regia e competenza ducale non era così netta da impedire nel 754 a Lucca, al duca Alpert, di gestire per ordine del re Astolfo la permuta di alcuni beni fra la corte regia e Pauli Diaconi Historia Langobardorum, II, 31-32 e III, 16, nell’edizione Capo, pp. 115-17 e 145-7. 125 CDL, III/1, nn. 33 e 39 = Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I, nn. 3 e 14. 126 CDL, III/1, n. 38 (766), p. 230, diploma di Adelchi per il S. Salvatore di Brescia: “[…] omnes res illas, quibus in nostra persona tempore ducati nostri predictus Arichis clericus per cartulam donationis contulerat”. Cfr. J. Jarnut, Prosopographische und sozialgeschichtliche Studien zum Langobardenreich in Italien (568-774), Bonn, Rörscheid, 1972, p. 332 e anche P. Delogu, «Desiderio, re dei Longobardi», in Dizionario Biografico degli Italiani, XXXIX, Roma, 1991, p. 373. 127 CDL, III/1, Deperdita, p. 304, rif. a M.G.H., Diplomata Karolinorum, I, n. 134. Cfr. Tabacco, I liberi del re, pp. 157-61. 124

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la locale chiesa vescovile128. Quando donavano, i re sembrano dunque poter attingere al complesso del patrimonio pubblico, come del resto facevano nei loro domini i duchi di Benevento e di Spoleto. Se la corte ducale viene dunque più volte ricordata, le articolazioni locali della corte regia sono invece evocate nei diplomi solo eccezionalmente (la “curte nostra pestoriense” nel 772129), perché la corte regia è considerata come una sostanziale unità. L’espressione migliore di tale idea mi pare si trovi nella formulazione vagamente paradossale di un passo del giudicato Parma-Piacenza. Il re vi definisce contemporaneamente sia la parte piacentina, sia quella parmense come curtis nostra130: l’opposizione fra le élite urbane che si contendevano la gestione di quote rilevanti di risorse non aveva senso, nella prospettiva regia. Per questo motivo i gastaldi preposti al controllo dei beni volta per volta ceduti non sono mai ricordati. Lo sono invece, in diverse occasioni, gli ufficiali specialmente preposti al controllo dei gualdi, tanto da far pensare che anche nel Nord, come nei ducati meridionali, quote del patrimonio pubblico particolarmente ampie e importanti fossero sottratte all’azione dei gastaldi e gestite dal re attraverso altri canali. Così nel 707, quando Ariperto dispose la donazione alla chiesa di Vercelli di una terra incolta, probabilmente di ampie dimensioni, incaricò di dare seguito alla donazione un referendario, che agì per mezzo di un amministratore di gualdo: “per Garimundum illustrem virum [qualificato come referendario nell’escatocollo del documento] Fuxione uualdeman noster tradere fecit”. Da ciò sembra di poter dedurre una competenza del referendario su quello specifico bene. Nella confinazione è citata la “fine publica vercellensi”, dalla quale la terra donata sembra distinta, quindi non inserita in un quadro territoriale di gestione131. Nel 747 Ratchis confermò a Bobbio alcuni beni sottratti al monastero all’epoca

CDL, I, a cura di L. Schiaparelli, Roma, 1929 (Fonti per la Storia d’Italia, 62), n. 113 (754) = Chartae Latinae Antiquiores, XXXII (Italy XIII, Italia centrale: Lucca, 3), a cura di G. Nicolaj, Dietikon-Zürich 1989, n. 942 (754-755); cfr. Gasparri, Il regno longobardo, pp. 31-2. 129 CDL, III/1, n. 44, p. 257 = Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I, n. 22. 130 CDL, III/1, n. 6, p. 23: “[…] dicebat Daghiberto, gastaldus noster, quod a civitatem Placentina et curte nostra pertinerent ipsa loca. Ad hec respondebat Immo, gastaldus noster, quod a Parmense civitate et curte nostra pertenerent ipsa loca”. 131 Ibidem, n. 8, p. 33. 128

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di Liutprando. La ricognizione sul terreno fu condotta da due messi regi, insieme con il uualdeman Giselberto e con i silvani regi Otone, Rachis e Pascasio132. Infine, nel 772, della trasmissione al S. Salvatore di Brescia dei quattromila iugeri tratti dal gaio di Reggio fu incaricato Abone, uualdeman di quel gaio. Il gastaldo di Reggio, Radoaldo, è ricordato in un diploma di quello stesso anno 772 per una sua donazione al S. Salvatore, non per il suo ruolo istituzionale133. Il canale diretto di gestione regia e di prelievo dei redditi da grandi complessi fondiari pubblici troverebbe una conferma nelle leggi di Rotari e di Liutprando, dove si prevede la destinazione di alcune composizioni direttamente al palatium, distinto in questi casi dalle articolazioni locali della curtis regia134; e avrebbe un parallelo nell’esistenza di una specifica curtis della regina, amministrata attraverso personale proprio e composta anche da terre lontane da Pavia. Un giudicato di Banso, “gastaldio curti domne regine”, è citato nel famoso breve di Ghittia, datato al 763-769 e conservato presso l’archivio arcivescovile di Pisa135. È un documento giustamente celebre, perIbidem, n. 22, p. 110. Ibidem, n. 41, p. 241 = Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I, n. 19. Sugli ufficiali preposti ai gualdi vedi Gasparri, Il regno longobardo, pp. 28-9. “Radoaldus, gastaldius civitatis nostrę Regiense”, citato come autore di una donazione al S. Salvatore in CDL, III/1, n. 44, p. 257 = Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I, n. 22. 134 Alcuni esempi in Gasparri, Il regno longobardo, p. 26. Cfr. anche Bougard, «Les biens et les revenus publics», testo corrispondente alla nota 20. 135 Sul documento vedi soprattutto A. Ghignoli, «Su due famosi documenti pisani dell’VIII secolo», Bullettino dell’Istituto Storico Italiano per il Medio Evo, 106/2, 2004, pp. 38-69 (pp. 42-5 per l’edizione del testo, pervenutoci in originale, con riferimenti alle edizioni più antiche, nel CDL e nelle Chartae Latinae Antiquiores, e pp. 52-53 sulla datazione); Gasparri, Il regno longobardo, pp. 64-5; M. Stoffella, «Crisi e trasformazioni delle élites nella Toscana nord-occidentale nel secolo VIII: esempi a confronto», Reti Medievali Rivista, 8, 2007, pp. 9-11; C. La Rocca, «Carte laiche o carte ecclesiastiche? La natura ibrida delle carte di famiglia del secolo VII», in J. Escalona, H. Sirantoine (dir.), Chartes et cartulaires comme instruments de pouvoir. Espagne et Occident chrétien (VIIIe-XIIe siècles), Toulouse, 2014, pp. 79-84. Gastaldi della regina anche in CDL, III/1, n. 44 = Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I, n. 22. Nel breve di Ghittia Ghignoli ritiene possibile anche la lettura “gasindio” (anziché “gastaldio”). La qualifica di Banso è definita in relazione con la curtis della regina, della quale egli era con ogni probabilità un amministratore; poiché il profilo dei gasindi è improntato a una fedeltà personale, non a compiti amministrativi, la lettura “gastaldio” mi pare preferibile perché più coerente con il contesto. 132 133

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ché nella sua eccezionalità rivelatore di caratteri e limiti della tradizione archivistica di VIII secolo. Il breve è un inventario dei documenti di un archivio privato, circa un centinaio, e di alcuni oggetti preziosi. Uno dei due personaggi che vi campeggiano è un Alahis, identificato in modo convincente con il gastaldo e vir magnificus testimoniato a Lucca nel 716 e nel 722. Nella sua assoluta eccezionalità, il breve getta una luce vivida sul ‘margine esterno’ dell’oggetto analizzato in queste pagine: la concessione di beni pubblici e quindi la loro sottrazione al circuito condiviso fra vertice regio e ufficiali. Il fenomeno era certamente molto più ampio di quanto la documentazione superstite consenta di cogliere, ma il dossier ricostruibile a partire dal breve consente di connotarlo e comprenderne natura e profondità. Fra i sei diplomi sicuramente destinati ad Alahis, ben quattro erano di conferma (in un caso la conferma riguardava altri sei diplomi). Degli altri due, uno è di contenuto ignoto, l’altro è il “precepto cappilato que Liutprand emiserat in Alahis in salinas”. “Cappilato”, cioè non più valido, o annullato. Come aveva già pensato Leicht, si tratta qui forse della concessione temporanea di un bene pubblico, connessa alla funzione di gastaldo svolta per un periodo della sua vita da Alahis136. Il breve mostra dunque con chiarezza l’intervento regio, attraverso la scrittura, a sostegno della fortuna personale del suo gastaldo e fedele, ma non necessariamente il trasferimento stabile nella sua disponibilità di grandi risorse pubbliche. L’esempio di Alahis indica che le concessioni regie dovevano essere diffuse; ma, come abbiamo visto, di entità relativamente modesta sono le concessioni a noi note sia per Benevento, sia per Spoleto, scritte o orali che fossero. Ciò non stupisce, se si considera che a livelli diversi gli agenti ducali e regi disponevano di quote dei beni pubblici in relazione al loro ruolo, in modi diversi secondo il rispettivo rango. È probabile che di livello diverso fossero le donazioni, di cui non abbiamo testimonianza esplicita, intuibili dietro le grandi ricchezze dei gasindi regi nel cuore della pianura padana; ma si tratta lì di una cerchia ristretta e di altissimo prestigio sociale137.

P. S. Leicht, «L’archivio di Alahis» (1939), in Idem, Scritti vari di storia del diritto italiano, II/1, Milano, 1948, p. 234, cit. da Ghignoli, «Su due famosi documenti pisani», nota 111. 137 Sulla probabile diffusione di concessioni regie in forma non scritta nell’ambito della clientela personale vedi Gasparri, Italia longobarda, pp. 56-9. 136

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4. Conclusioni L’analisi che ho proposto si muove su due temi, solo in parte distinti: da una parte il rapporto fra gestione delle terre pubbliche e proiezione del potere sul territorio; dall’altra le forme di condivisione dei beni pubblici a vari livelli sociali. Riletto nella prospettiva dei beni pubblici, il lessico istituzionale rivela in tutta la sua forza l’elemento fondiario del potere di re, duchi e gastaldi. L’imposta fondiaria scomparve nel regno longobardo prima che in qualunque altro regno romano-barbarico138. Nei suoi maturi esiti di VIII secolo, quella precoce estinzione sembra rovesciarsi in una decisiva, talvolta soverchiante rilevanza del potere pubblico come agente di concentrazione e redistribuzione delle risorse fondiarie; e in un nesso strutturale fra esercizio di quel potere e controllo o godimento delle risorse a esso dedicate. Nei tre ambiti di cui si componeva il mondo longobardo, le autorità di vertice disponevano infatti di amplissime proprietà, il cui godimento era da loro condiviso, all’interno di un quadro pubblico di potere, con altri soggetti. A Benevento risalta la coesione fra il duca e una ristrettissima aristocrazia di palazzo, dominanti su una popolazione rurale di statuto servile; a Spoleto, invece, in primo piano sono i diritti dei coloni e la veloce circolazione delle terre pubbliche, in un contesto segnato da una diffusa presenza di piccolo e medio allodio. La documentazione più scarsa relativa al Nord del regno evidenzia un altro fattore, esclusivo del potere regio: la capacità di estendere obblighi e prelievi al di là dei soli coloni stanziati su terre pubbliche, cioè oltre la propria base fondiaria, in una prospettiva propriamente ‘territoriale’. La documentazione ha un taglio molto diverso secondo i tre bacini e induce quindi alla cautela nella comparazione, ma mi pare evidente come le strutture sociali di riferimento fossero almeno in parte diverse, sia alla base, sia al vertice. Attorno a esse si plasmano i circuiti di condivisione e redistribuzione delle risorse pubbliche. Ovunque però si manifesta un tratto comune: la tendenza a disegnare rapporti (fra centro, ufficiali e nuclei fondiari), che prescindono da una rete omogenea di distretti territoriali, o vi si sovrappongono liberamente. Non si tratta, a mio parere, di forme di territorialità più o meno primitive, quindi imperfette, ma al contrario di strumenti di controllo da parte del vertice, regio o ducale che fosse, sulle risorse fondiarie pubbliche, la cui importanza economica Recente sintesi sull’argomento, con bibliografia ulteriore, in Gasparri, «Le basi economiche del potere pubblico». 138

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appare chiara. Sottrarre gai e gualdi al controllo dei gastaldi, per affidarli ad amministratori specificamente dedicati a quei beni, a Benevento e probabilmente al Nord; estendere le competenze dei gastaldi a proprietà esterne al loro ambito di riferimento, intrecciandole con quelle di agenti minori, a Spoleto; compensare quegli stessi agenti con terre dislocate in complessi fondiari diversi, rispetto a quelli che essi stessi avevano gestito, sono tutte manifestazioni diverse di un’esigenza comune: ostacolare la dispersione del patrimonio pubblico, sottraendolo a un’amministrazione divisa per comparti spazialmente definiti, e rafforzarne al contrario la connessione con il centro. Le fonti convergono verso un controllo effettivo, tutt’altro che formale, delle autorità di vertice sul fisco; le risorse che ne derivavano dovevano essere disseminate a vantaggio delle società e delle istituzioni locali (lo erano di sicuro a Spoleto), ma anche, in parte consistente, riservate in modo diretto alla disponibilità di re e duchi. Le premesse di questa ‘approssimazione statica’ rimangono piuttosto oscure e non so se le si potrà chiarire in modo soddisfacente; è per certi aspetti più probabile che le situazioni di VIII secolo possano illuminare retrospettivamente le premesse di VI e le evoluzioni intermedie, in particolare mettendo in evidenza la specificità delle regioni meridionali. In particolare l’architettura centralizzata dei ducati meridionali sembra l’esito coerente di una conquista, che almeno a Benevento ebbe un andamento graduale e, sia pure debolmente, coordinato dal centro: le scarse fonti a nostra disposizione parlano di un’espansione condotta a partire dalla sede ducale139, senza alcuna analogia con il policentrismo del Nord, indotto dalla dialettica originariamente conflittuale fra re e duchi. Anche il carattere molto sfumato dei quadri territoriali nel ducato di Benevento dell’VIII secolo pare l’esito di una disgregazione antica dei territori civici più accentuata che nell’Italia centrale e settentrionale; gli studi non permettono ancora di andare oltre quest’affermazione generica, ma lo stato della rete vescovile, ridotta fra VII e IX secolo a pochissime sedi, è in merito abbastanza eloquente140. È vero che le forme di potere svelate dalla documentazione di VIII secolo appaiono in definitiva funzionali alle strutture sociali e possono quindi essere considerate in sé stesse, non come semplice fattore di tradizione; ma collocare

Gasparri, «Il ducato e il principato», soprattutto le pp. 90-1 e 94-6. Vedi i dati desumibili da G. Vitolo, «Vescovi e diocesi», in Storia del Mezzogiorno, III, Alto Medioevo, Napoli, 1990, pp. 75-86 e V. Loré, Spaces, Power and Local Societies in the Lombard Duchy of Benevento, in corso di stampa, testo corrispondente alle note 26-29.

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le evidenze dalla fase matura in una prospettiva di lungo periodo, che tenga conto organicamente della conquista e del suo rapporto con i contesti regionali, può almeno in parte dar conto delle evidenti differenze fra i tre macroambiti in cui era articolato il mondo longobardo. Fin qui le premesse; qualche prospettiva ancora da esplorare si pone però anche a valle, con gli esiti dell’ultima fase longobarda, prima della conquista franca. A ridurre in modo cospicuo la quantità di risorse condivise fra re, duchi e loro agenti intervenne fra gli anni 750-760 un elemento nuovo, che è fra l’altro all’origine di buona parte della documentazione analizzata in queste pagine: la dotazione di monasteri connessi al vertice regio o ducale con grandi quote di patrimonio pubblico. A volte si trattò di monasteri di tradizione antica, come Farfa, altre di fondazioni nuove e con uno spiccato carattere familiare, come il S. Salvatore di Brescia, S. Sofia di Benevento e Nonantola. Qui la ‘sottrazione’ di beni alla sfera pubblica diviene macroscopica e segna davvero la crisi di un modello, promossa da un cambiamento del vertice; una torsione partita dal centro del potere, nel tentativo di costruire disponibilità fondiarie privilegiate, riserve esclusive, controllate da re e duchi attraverso i monasteri. Era una dimensione familiare nuova della regalità; un’evoluzione originale, che non fu sempre annullata, ma di solito ulteriormente complicata dalla conquista franca141. Il fenomeno è stato ben analizzato, anche in studi recenti, ma ci sfuggono ancora alcuni elementi del quadro, che possano chiarire le ragioni di cambiamenti in parte sincroni, in contesti diversi. Difficile al momento dire quale sia in tali cambiamenti la parte di un’iniziativa regia ormai incisiva anche nei ducati periferici e quale quella di un’evoluzione spontanea, comune alle società politiche locali. Anche in questo caso la chiave per risolvere il problema risiede probabilmente in un esercizio attento della comparazione fra ambiti segnati tanto da forti differenze, quanto da una cultura politica comune *.

Sull’argomento Loré, «Monasteri, re e duchi», testo corrispondente alle note 3-18 e 25-48; Lazzari, La tutela del patrimonio fiscale; e il saggio di F. Bougard in questo stesso volume, tutti con riferimenti alle fonti e ampia bibliografia. * Incipit e conclusioni a parte, questo saggio amplia in modo molto consistente quello pubblicato in Atti del VII seminario del SAAME. Desidero ringraziare Paolo Delogu per avere accettato di leggerlo e discuterlo con me. Le sue preziose osservazioni mi hanno permesso di correggere alcuni errori e mi hanno spinto a rendere più fluidi e più espliciti alcuni passaggi del testo. Eventuali imprecisioni residue sono ovviamente da attribuire soltanto alla mia responsabilità. A Emanuela. Dal gaium Matere in Affle al gagium Regense. 141

François Bougard Les biens et les revenus publics dans le royaume d’Italie (jusqu’au milieu du Xe siècle)

La définition des regalia promulguée en 1158 par l’assemblée de Roncaglia, destinée à clarifier une situation depuis longtemps confuse, permet de se faire une idée du chemin qui sépare la fin de l’Antiquité et le Moyen Âge en matière de biens et de revenus publics en Italie1. L’énumération de ce que Frédéric Barberousse prétend revenir à l’Empire repose pour l’essentiel sur des prélèvements indirects : le produit des amendes et les droits liés aux activités commerciales. Des éléments fonciers sont aussi présents : arimanniae, voies publiques, cours d’eau navigables, pêcheries et salines, mines d’argent, biens tombés dans le domaine public pour cause de justice ou bien parce qu’ils sont devenus vacants par défaut d’héritier, palais urbains – dont traitait plus précisément la loi Palatia et pretoria, perdue. Chaque entrée de cette liste pourrait être cochée dès le ixe siècle, sinon avant. Cependant, il n’y figure pas d’exploitation rurale, de curtis regia. Pour en trouver, il faut se reporter à la liste des vingt-huit curię de Lombardia censées pourvoir à la mensa du roi des Romains : un texte rédigé quelques années auparavant, antérieurement à la descente de Frédéric Barberousse en Italie et dont Renato Bordone a montré l’hétérogénéité. Issu du collage de plusieurs pièces de dates différentes, il fournit des informations non vérifiées et non localisées par le compilateur, qui prend soin de dire son ignorance : “combien elles (les curię) donnent en réalité, nul ne peut le savoir, ni faire la recherche avant que nous n’allions en Lombardie”2. Le troisième pilier des revenus impériaux est celui

MGH Const. I, no 175, pp. 244-5. C. Brühl, « Die Finanzpolitik Friedrich Barbarossas in Italien » [1971], in Idem, Aus Mittelalter und Diplomatik. Gesammelte Aufsätze, I, Hildesheim, 1989, pp. [13-37] 267-91. 2 C. Brühl, T. Kölzer, Das Tafelgüterverzeichnis des römischen Königs, Köln-Wien, 1979, pl. IV ; R. Bordone, « L’enigmatico elenco dei beni fiscali ‘in Lombardia’ al tempo di Federico Barbarossa. Alcune proposte interpretative », in M. Bassetti et al. (a cura di), Studi sul Medioevo per Andrea Castagnetti, Bologna, 2011, pp. 59-73. 1

Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 79-120 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118740

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qu’exprime la loi Tributum dabatur pro capite, tributum dabatur pro agro, dont le seul incipit, à l’imparfait, révèle le côté fantasmé : il est question du passé romain, et nullement des réalités de la perception fiscale du milieu du xiie siècle. Si l’on en jugeait par ces seules sources, nous aurions donc : des revenus principalement indirects ; des biens royaux très mal connus de l’autorité elle-même ; un projet d’impôt direct fondé sur un passé mythique. Vu de très haut, tout se passe comme si, entre le haut Moyen Âge et le temps de Frédéric Barberousse, les plateaux de la balance s’étaient inversés, avec une importance toujours plus grande accordée au prélèvement indirect et une part toujours plus faible de la rente foncière, devenue insaisissable au xiie siècle. Sur la longue durée, l’emprise foncière de la royauté ou du publicum aurait aussi subi un mouvement de baisse inexorable, que l’on a tenté de quantifier il y a déjà longtemps. En 1896, Paul Darmstädter évaluait les pertes comme suit, pour la Lombardie et le Piémont : 5 % pour la période lombarde, 27 % pour les temps carolingiens (774-887), 41 % pour celui des rois dits nationaux (887-962), 18 % entre 962 et 1024, 9 % de 1024 à 10933. Une telle précision, et la tentative même du comptage peuvent faire sourire, mais le constat est bien celui d’un siphonnage constant, plus ou moins rapide selon les époques, par le biais du don ou de la ‘privatisation’ / ‘appropriation’ / ‘patrimonialisation’. On en trouve au reste confirmation dans le fait que, passées les années 1030, les mentions de terra regis dans les descriptions de confins fournies par la documentation privée se font plus rares qu’auparavant. Mais si le phénomène est bien connu, il reste difficile d’en rendre compte autrement que dans les termes peu satisfaisants de ‘l’appauvrissement’ du fisc. La difficulté vient de ce qu’on ne connaît guère les choses que du côté de la dépense, et très peu du côté de la recette. Ou plutôt : on voit les sorties du côté de l’immobilier, les entrées du côté de l’impôt indirect ; d’où une appréciation biaisée de part et d’autre. Les lignes qui suivent ne prétendent pas apporter du neuf, mais rappeler, au moment où les enquêtes sur la question fiscale se multiplient, les grands traits d’une évolution.

P. Darmstädter, Das Reichsgut in der Lombardei und Piemont (568-1250), Strasbourg, 1896, réimpr. Berlin, 1965, p. 5. Le total est de 100 %, ce qui ne signifie pas, bien sûr, que l’intégralité des biens publics avait disparu à la fin du xie siècle.

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1. La période lombarde Les informations sur la période lombarde, déjà amplement examinées par d’autres4, peuvent être présentées rapidement. Le fisc lombard, constitué à mesure de la prise en main de l’Italie romano-byzantine, s’appuie : 1) sur l’héritage impérial, qu’avait maintenu le régime ostrogothique ; 2) sur les dépouilles des grands propriétaires (éliminés physiquement, exilés ou absents de longue date) ; 3) sur les biens des églises épiscopales dès lors que celles-ci n’ont pas trouvé grâce aux yeux des nouveaux maîtres du sol, à la différence de cités comme Trévise5. Il n’est pas structuré de la même manière qu’au nord des Alpes puisque, si l’on en croit Paul Diacre, il y eut après le règne d’Alboin et celui de Cleph un temps de gouvernement exclusivement ducal (574-584), suivi de l’élection d’Authari : la restauratio du royaume fut alors accompagnée de l’affectation aux regales usus de la moitié des substantiae des ducs, “afin de dégager de quoi subvenir au roi lui-même, à son entourage et à ceux qui étaient à son service dans les différents emplois”6. Soit quatre bénéficiaires des biens publics : les ducs, le roi et, à travers lui, sa suite et ses partisans répartis entre les ‘offices’ – à la cour et/ou sur le territoire, on ne sait trop. D’où, aussi, une position foncière des ducs forte dès l’origine et une moindre hégémonie du roi. Cependant, quel que soit le crédit qu’on veuille accorder à la narration de Paul Diacre à propos d’une situation antérieure de deux siècles à l’écriture de son ouvrage, il serait anachronique de vouloir la faire

Voir surtout S. Gasparri, « Le basi economiche del potere pubblico in età longobarda », in P.C. Díaz, I.M. Viso (eds.), Between Taxation and Rent. Fiscal Problems from Late Antiquity to Early Middle Ages, Bari, 2011, pp. 71-85; auparavant, Idem, « Il regno longobardo in Italia. Struttura e funzionamento di uno stato altomedievale », in Idem (a cura di), Il regno dei Longobardi in Italia. Archeologia, società, istituzioni, Spoleto, 2004, pp. 1-92: pp. 22-42 ; C. Brühl, Fodrum, Gistum, Servitium regis. Studien zu den wirtschaftlichen Grundlagen des Königtums im Frankreich und in den fränkischen Nachfolgestaaten Deutschland, Frankreich und Italien vom 6. bis zur Mitte des 14. Jahrhunderts, Köln-Graz, 1968 (Kölner historische Abhandlungen, 14/1), pp. 357-68, 375-92. 5 Paul Diacre, Historia Longobardorum II, 12, éd. G. Waitz, in MGH SSrL, p. 79. 6 Historia Langobardorum. III, 16, p. 101 : “ob restaurationem regni duces qui tunc erant omnem substantiarum suarum medietatem regalibus usibus tribuunt, ut esse possit, unde rex ipse sive qui ei adhaererent eiusque obsequiis per diversa officia dediti alerentur”. 4

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coller aux réalités que laissent entrevoir les actes du viiie siècle. À cette date, l’importance constatée du fisc ducal dans les duchés de Spolète et de Bénévent tient plus vraisemblablement à l’autonomie politique croissante des deux régions depuis la fin du vie siècle. Elle a mené les ducs à avoir leur propre production de diplômes, à la datation privée de référence à l’autorité royale de manière systématique à Bénévent et jusqu’aux années 760 à Spolète, et à disposer de la terre publique selon leur bon vouloir. Par contraste, la position du roi est beaucoup plus forte en plaine du Pô, où il a largement rattrapé son retard entre vie et viiie siècle. Il est le seul acteur en mesure de gérer les ressources publiques tout en en laissant des traces écrites. Dans les années 760-770, les diplômes pour S. Salvatore de Brescia et pour S. Maria de Sesto montrent que le roi a la main sur des biens relevant aussi bien de ‘sa’ curtis publica que de la curtis ducale – qu’il dit aussi volontiers sienne – à Brescia et à Trévise, de même que de biens de l’une ou de l’autre7. Cette assimilation au moins partielle entre les deux entités tient probablement à leur contiguïté physique : c’est la seule trace que l’on pourrait invoquer du partage originel des ressources. Au nord du royaume, c’est au reste la seule mention de biens ducaux avant celles des ixe-xe siècles, qui ressortent d’un autre cadre institutionnel. Instance supérieure, la curtis regia relève de la potestas du souverain, assimilée à la potestas publica ou ‘au palais’, ou encore à la potestas palatii nostri, toutes formulations équivalentes8. Comme telle, elle est urbaine9,

Codice diplomatico longobardo, III, éd. C. Brühl, Rome, 1973 (Fonti per la storia d’Italia, 64), no 33, a. 765, donation à. S. Salvatore de Brescia d’un casale, “pertinens ad curtem nostram et ad curtem ducalem”; no 39, a. 767, donation à S. Salvatore de deux moulins, “sicuti ad curte nostri publica vel ad curtem ducalem pertinuit”; no 44, a. 772: confirmation à S. Salvatore de biens ex iura curtis nostrae regiae que et ex iura curtis docalis ; p. 304, diplôme d’Adelchis perdu pour S. Maria de Sesto, lui attribuant la contribution en sel et en porcs qu’un vicus versait habituellement in palacio nostro seu in curte ducali nostra Tarvisana. Brühl, Fodrum, p. 365. 8 Codice diplomatico longobardo, III, no 18, a. 744 : palatium nostrum ; nos 31 et 39, a. 759, 767: nostra potestas ; no 41, a. 772 : potestas nostra vel palacium nostrum ; no 44, a. 772 : potestas palatii nostri, potestas publica. Gasparri, « Il regno longobardo », pp. 21-2. 9 Outre la curtis regia de Brescia déjà mentionnée, voir Codice diplomatico longobardo, III, no 6, a. 674 : litige entre la curtis regia de Plaisance et celle de Parme ; Codice diplomatico longobardo, I, éd. L. Schiaparelli, Rome, 1929 (Fonti per la storia d’Italia, 62), no 17, a. 714 : curtis regia d’Arezzo ; no 19, a. 715 : c.r. de Sienne ; no 113, 7

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au point que civitas et curtis regia paraissent parfois interchangeables, ce qui n’empêche pas la présence de multiples curtes regiae en milieu rural. Quelles qu’elles soient, ce sont à elles que sont rattachés les gualdi, espaces sylvo-pastoraux : on parle de gualdus publicus ou noster, de pascua publica, de publica animalia10. La présence foncière du roi est ainsi double, à la fois au cœur du territoire et sur ses marges – entendues au sens géographique et non économique –, et avec des modes d’exploitation que l’on pressent différents. Le souci de disposer d’une information précise et à jour sur les biens publics est notable : témoins la demande faite aux actores regis d’établir des inventaires (brevia) pour l’ensemble des curtes royales en 733 et le breve du gagius de Reggio rédigé de la main de son responsable, le waldeman Abo, vers 77011. Relevons toutefois que les brefs dont il s’agit sont semble-t-il destinés à une information d’ordre territorial, pour une meilleure connaissance juridique – nécessaire pour contrecarrer les malversations aux dépens de la chose publique –, et ne relèvent pas d’une préoccupation d’ordre gestionnaire, économique. Les biens publics bénéficient par ailleurs d’une protection juridique particulière, avec la prescription de soixante ans et non de trente comme pour ceux des personnes privées, et une composition deux fois plus élevée12. Rappelons enfin que leur étendue a fait l’objet d’une estimation par Paul Darmstädter pour le Piémont et la Lombardie : un neuvième du sol, chiffre repris par Carlrichard Brühl (10 %) sans autre examen, mais qui relève bien sûr de l’hypothèse13. La terre publique est créatrice de ressources, puisque son usage est soumis à un versement de droits, comme ceux que payaient les abbayes de Farfa et de S. Salvatore de Brescia sur les pâturages (daticum, herbaticum, scaticum) avant d’en être exemptées vers 770, comme l’avaient été avant elles plusieurs habitants de Pegognaga, près de Mantoue, pour

a. 754 (= Chartae latinae antiquiores [ChLA], XXXII, éd. G. Nicolaj, Dietikon-Zurich, 1989, no 942) : c.r. de Lucques. Brühl, Fodrum, pp. 357-8 ; Gasparri, « Il regno longobardo », pp. 22-34; Idem, «Le basi economiche », pp. 79-80. 10 Codice diplomatico longobardo, III, no 24, a. 749-751 (Modène), nos 28 et 43, a. 756, 770-772 (Spolète, Rieti), no 41, a. 772 (Reggio). Gasparri, « Il regno longobardo », p. 28. 11 Notitia de actoribus regis, 5 ; Codice diplomatico longobardo, III, no 41. 12 Liutprand, 78 ; Notitia de actoribus regis, 2 ; Ratchis, 6. 13 Darmstädter, Reichsgut, p. 5 ; Brühl, Fodrum, p. 383.

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la forêt de Fiesso14. La contribution en sel et en porcs fournie au palais et/ou à la curtis ducale de Trévise par le vicus de Piove di Sacco est probablement aussi une redevance issue de l’usage de la terre fiscale15. Un autre exemple est fourni par le fictum versé par un groupe de parents à la curtis royale – un centre d’exploitation proche, ou bien la curtis de Plaisance – au titre de l’exploitation de biens dans le secteur collinaire préapenninique au sud de Plaisance, en 770 : au moment d’échanger ces terres avec un autre de leurs parents, ils s’engagent à verser le fictum à sa place16. Deux interprétations sont ici possibles. Ou bien les terres assujetties à un fictum public sont possédées en toute propriété, ce qui impliquerait qu’elles ont un statut particulier, transmis au fil des générations, en vertu duquel elles sont redevables envers le fisc. La comparaison s’imposerait alors avec celles sur lesquelles, en contexte byzantin, pèsent des obligations militaires. Ou bien, et plus simplement, il s’agit de biens concédés sur l’espace public, certes librement transmissibles mais dont l’usage est grevé d’une taxe. L’engagement à payer le fictum dans l’acte de 770 est alors une simple assurance que, au moment de la transaction, l’autre partie ne reçoive pas un terrain pour lequel elle devra payer dans un futur proche ; dans l’avenir, c’est le nouvel exploitant, en revanche, qui s’en acquittera17. Cette deuxième hypothèse est d’autant plus probable que cette clause suit celle, habituelle, de defensio de l’acte par son auctor juridique : manière de dire que, en cas de contestation de la transaction, et si celle-ci devait être annulée, le nouvel entrant ne serait pas perdant. Le texte est en tout cas précieux, en ce qu’il montre que les biens du fisc peuvent sans difficulté s’intégrer dans le jeu du marché de la terre18. Malgré tout, cela n’est pas sans risque. Si le produit de la rente foncière ou des droits d’usage alimente de Codice diplomatico longobardo, III, nos 43-44 et pp. 297-8. Codice diplomatico longobardo, III, p. 305 ; Brühl, Fodrum, p. 385 ; Gasparri, « Il regno longobardo », p. 42; Idem, «Le basi economiche », p. 81. 16 ChLA XXVII, éd. J.-O. Tjäder, Dietikon-Zurich, 1992, no 826 : “repromettttemus nos [...], ut de ipso ficto, quod in corte domno regi dare deveamus, ut nos te exinde secure facere deveamus». 17 La situation est proche de celle décrite dans un capitulaire de Louis le Pieux daté de 818-819 et qui fut diffusé en Italie, à propos de la terre dite ‘tributaire’ : l’église ou l’individu qui viendrait à entrer en possession (par le jeu du marché ou des successions) d’une terre versant ‘tribut ‘ à la partie publique doit continuer à s’en acquitter, sauf exonération explicite : MGH Capit. I, no 140, p. 287. 18 Gasparri, « Il regno longobardo », p. 31. 14 15

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manière générale la res publica, sa répartition peut donc varier, depuis le niveau local (rural ou urbain) jusqu’au versement direct au palais. Les deux ne se confondent pas, comme l’indique la Notitia de actoribus regis de 733, qui déplore le fait que les actores des curtes royales gardent pour eux le produit des amendes qu’ils infligent, en un détournement qui ne profite nec in rebus publicis nec nulla rationem palatii19. Nous aurons l’occasion de voir la pérennité d’une telle distinction20. Les prélèvements indirects concernent également les tonlieux et taxes sur le sel dans les marchés et aux ports, attestés à partir du début du viiie siècle d’abord pour les ‘étrangers’ (ceux de Comacchio) puis pour les ressortissant du royaume21. Quant à la pensio de trente livres de savon fournie chaque année au Palais “depuis la cité de Plaisance” et dont le roi Ildeprand attribua le produit à l’église épiscopale, je suis tenté d’y voir la ponction sur la production des saponarii locaux, ponction que pourrait justifier le fait qu’ils détenaient un monopole, comme les savonniers de Pavie au xe siècle. Il n’est toutefois pas exclu que l’expression ex Placentina civitate utilisée dans le diplôme se rapporte à l’ensemble de la ville, ce qui en ferait alors plutôt une taxe directe22. Au viiie siècle, il n’est bien sûr plus question, au titre de ces prélèvements directs, de la tertia pars frugum qui a pu peser au lendemain de la conquête sur ceux des ‘nobles romains’ qui n’avaient pas été tués23. La

Notitia de actoribus regis, 3, éd. et trad. C. Azzara et S. Gasparri, Le leggi dei Longobardi, Milano, 1992, pp. 229-30 : T. Lazzari, « La tutela del patrimonio fiscale : pratiche di salvaguardia del pubblico e autorità regia nel regno longobardo del secolo VIII », Reti Medievali Rivista, 18, 1, 2017 (http://rivista.retimedievali. it), p. [8]. 20 Infra, texte correspondant à la note 48. 21 Codex Sicardi, doc. 2 (715 ou 730), éd. V. Leoni pour le Codice diplomatico della Lombardia medievale, 2004, http://cdlm.unipv.it/edizioni/cr/cremona-sicardo/ carte/. 22 Codice diplomatico longobardo, III, nos 18, 27 ; C. Brühl, C. Violante, Die “Honorantiae civitatis Papie”. Transkription, Edition, Kommentar, Köln-Wien, 1983, p. 23 § 13 ; infra, texte correspondant à la note 151. P. Racine, « Associations de marchands et associations de métiers en Italie de 600 à 1200 », dans B. Schwineköper (Hrsg.), Gilden und Zünfte. Kaufmännische und gewerbliche Genossenschaften im frühen und hohen Mittelalter, Sigmaringen, 1985 (Vorträge und Forschungen, 29), pp. 127-49 ; Gasparri, « Il regno longobardo », p. 35; Idem, «Le basi economiche », pp. 83-4. 23 Paul Diacre, Historia Langobardorum II, 32, MGH SSrL, p. 90. 19

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taxation, pour autant qu’on puisse l’appeler ainsi, consiste en des réquisitions de la force de travail sous forme de scuviae (excubiae), angariae, opera et autres utilitates, pesant sur les libres. En revanche, le palais de Pavie recevait une fois l’an une contribution (censum, pensio, datio) de la part de l’ensemble du royaume : non pas des individus, mais des collectivités. C’est ce qui ressort du fait qu’en 781, au moment où Charlemagne confirma la ‘donation’ de Pépin à la papauté, il attribua à celle-ci ladite contribution pour ce qui relevait de la Tuscie lombarde et du duché de Spolète. La confirmation prend soin de préciser qu’un tel transfert de ressources n’impliquait ni dominatio ni subiectio des territoires considérés au profit de Saint-Pierre, ce qui livre en creux la motivation de ce versement annuel et l’identité des payeurs : la reconnaissance de la souveraineté de Pavie de la part des communautés politiques24. La redistribution se fait par le biais du don, aux églises ou aux particuliers. Ces derniers peuvent recevoir non seulement des terres, mais aussi des équipements, comme des moulins, ou encore des salines25. Que la pratique des dona regum26 aux individus soit chose aussi courante que les dona ducum étudiés pour Spolète et Bénévent27 ressort moins des actes conservés que de leurs mentions, comme celles qui figurent dans la liste dite des “archives d’Alahis”, dans les années 760 : où l’on voit que ce personnage, probablement gastald de Lucques, donc administrateur du publicum, a reçu pas moins de sept préceptes de la part du roi Liutprand, dont un destiné à en confirmer six en bloc28. Il faut aussi prendre en compte l’attribution de terres fiscales aux arimanni en échange de leur service comme exercitales : témoin la silva arimannorum située dans le Val Ceno, au sud de Plaisance, qui 24 DD L. I 125, p. 318 l. 18-20 ; Gasparri, « Il regno longobardo », p. 36 ; Idem, «Le basi economiche », p. 84. 25 Codice diplomatico longobardo, III, no 15 et pp. 267-70, 283-6, 294-6, 304-8, 311. 26 Selon l’expression de Codice diplomatico longobardo, III, no 42, p. 245 l. 11 à propos de l’origine des biens transmis par un particulier à sa femme et sa fille : “quantum habere visus fuerat de dona regum seu de iura parentum quam eciam de comparacione”. 27 S. Collavini, « Duchi e società locali nei ducati di Spoleto e di Benevento nel secolo VIII », in I Longobardi nei ducati di Spoleto e di Benevento. Atti del XVI Congresso internazionale di studi sull’alto medioevo, Spoleto, 2003, pp. 125-66. 28 Codice diplomatico longobardo, III, pp. 267-8 ; A. Ghignoli, « Su due famosi documenti pisani dell’VIII secolo », Bullettino dell’Istituto storico italiano per il medio evo, 106, 2, 2004, pp. 1-69.

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fut divisée en quotes-parts selon un principe dont le souvenir subsistait dans les années 82029. Comment équilibrer le système, c’est-à-dire les sorties et les entrées ? Les dons du roi aux églises, la dotation de fondations particulièrement importantes comme S. Salvatore de Brescia, la rémunération des agents sous forme de terres, l’entretien des fidélités individuelles par le don d’objets précieux, les butins concédés ou les tributs à payer aux puissances étrangères – aux Francs, à la fin du vie siècle et dans les années 75030 – sont des ponctions importantes. En 756, Aistulf dut ainsi livrer à Pépin le Bref le tiers du trésor du palais de Pavie31. Ajoutons le grignotage des curtes royales du fait des dons consentis par les gastalds ou les actores de manière autonome et frauduleuse : une dérive contre laquelle Liutprand s’élève en 724, avant de promulguer, en 733, une série de normes de comportement et de gestion à l’intention des actores, visant entre autres à sanctionner toute appropriation illicite, que ce soit de leur fait ou à cause de l’aliénation de biens publics par des servi, aldii ou dépendants du roi32. Les entrées, elles, peuvent être alimentées : par le paiement des amendes en espèces ou bien en terres, solution obligée dès que le montant devient élevé ; par le butin aux dépens des terres byzantines et romaines et par le tribut occasionnel ou durable, comme celui payé par l’Empire jusqu’aux années 640 ou celui versé par les Slaves aux ducs de Frioul jusqu’au temps du roi Ratchis, ou encore comme celui qu’Aistulf, en 751, voulut imposer de manière annuelle aux Romains, sous forme d’une capitation d’un sou d’or33 ; par les confiscations (inpublica29 G. Tabacco, I liberi del re nell’Italia carolingia e postcarolingia, Spoleto, 1966, pp. 133-4 ; G. Musina, Le campagne di Piacenza tra VII e IX secolo : insediamenti e comunità, thèse de l’Université de Bologne, 2012, p. 106. 30 Frédégaire, IV, 45 et Cont. 37-38. 31 Frédégaire, Cont. 38. M. Hardt, Gold und Herrschaft. Die Schätze europäischer Könige und Fürsten im ersten Jahrtausend, Berlin, 2004, p. 40. 32 Liutprand, 59 : “si quis gastaldius vel actor curtem regiam habens ad gobernandum ex ipsa curte sine iussionem regis casa tributaria vel terram, silvam, vitis vel prata ausus fuerit donare [...]”; Notitia de actoribus regis. Voir C. Storti, « Le dimensioni giuridiche della curtis regia longobarda », in Le corti nell’alto medioevo, Spoleto, 2015 (CISAM, 62), pp. 429-72 : pp. 443-4, 464-72 ; T. Lazzari, « La tutela del patrimonio fiscale ». 33 Frédégaire, IV, 69 et Cont. 36 ; Paul Diacre, Historia Langobardorum IV, 38, MGH SSrL, p. 132 ; L. Duchesne, Le Liber pontificalis, I, Roma, 1886, p. 441. Gasparri, « Il regno longobardo », pp. 38-40.

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tio) pour insolvabilité ou pour infidélité au roi34 ; par les biens des personnes dépourvues d’héritier ou de “parents proches”35 ; par le passage de femmes libres sous la potestas publica à cause de leur union avec des servi36. Il peut aussi y avoir des retours dans le fisc de biens cédés de manière temporaire, comme cela semble être le cas pour le gastald Alahis, dont le précepte qui lui accordait des salines est dit, dans l’inventaire, capillatus, c’est-à-dire ‘cassé’ par une incision de la pièce de parchemin : peut-être parce que l’affectation de ce revenu à son profit n’avait plus de raison d’être après sa sortie de charge37. Quoi qu’il en soit, il est impossible de savoir si les deux mouvements se compensaient. La légalisation des donations pieuses en 71338 a certainement détourné vers l’Église des biens qui auparavant seraient passés mécaniquement sous le contrôle du roi. Mais nous n’avons pas de moyen de juger de l’impact de ce manque à gagner. Toute approche strictement comptable des sorties du fisc, qui voudrait se fonder sur le nombre de curtes ou estimer des superficies, serait par ailleurs bien trop superficielle, en l’absence d’étude au cas par cas sur l’importance économique et/ou symbolique de chacun des biens cédés. Des progrès viendront de l’enquête en cours sur la Toscane39. Tout au plus peut-on relever, dès l’époque lombarde, que les biens provenant de confiscations sont réinjectés assez vite dans des donations, non à des individus mais à des monastères, comme le montrent les préceptes à destination de Codice diplomatico longobardo, III, nos 36, 43, 44 35 Rothari 158-160, 163, 223, 231 ; Liutprand 17-18, 32, 34, 77 ; Benoît de SaintAndré, Chronicon, éd. G. Zucchetti, Rome, 1920 (Fonti per la storia d’Italia, 55), p. 65 : “Est autem constitutus in legibus Langobardorum, ut Langobardus qui sine heredes mortuus fuerit, curtis regia succedat”. Voir aussi, dans le Midi, ce que dit le chroniqueur de Salerne à propos de Gumeltruda, femme du prince Adémar (853-861), qui se fait systématiquement donner par son époux, par voie de diplômes, les biens meubles et immeubles des défunts privés d’héritiers, passés dans le domaine princier sicuti mos est : Chronicon Salernitanum, éd. U. Westerbergh, Stockholm, 1956, p. 101. 36 Codice diplomatico longobardo, III, nos 18, 43, 44. Rothari 221, Liutprand 24 ; voir aussi Adelchis 1. 37 Codice diplomatico longobardo, III, p. 268 no 6 : “Et precepto capillato, que Liutprand emiserat in Alahis de salinas”. 38 Liutprand 6. 39 Voir la contribution de Giovanna Bianchi et Federico Cantini dans le présent volume. 34

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Farfa et de S. Salvatore de Brescia. Cela permet de ne pas entamer le capital ‘historique’ de terres publiques tout en chargeant peut-être ces biens d’une valeur particulière : comme s’il y avait un double circuit de donations, l’un rapide, par lequel est redistribué ce qui arrive au roi de manière occasionnelle et parfois controversée ; l’autre plus lent, qui affecte le cœur des possessions. Le phénomène, qui a caractérisé aussi la période carolingienne, est comparable à la mobilité observée pour les éléments périphériques des patrimoines privés, comme ceux qui ont pu constituer la ‘Mogengabe’, plus facilement mise sur le marché de la terre que le reste des biens familiaux40. Il faut encore mettre au compte des souverains lombards un changement notable dans l’affectation de larges étendues foncières dépendant du fisc, par le biais du transfert à des établissements monastiques. Ce mouvement, sur lequel a récemment insisté Tiziana Lazzari41, a duré le temps d’une génération, débutant au milieu du viiie siècle avec Ratchis et se poursuivant sous Aistulf et Didier, pour culminer avec la fondation de S. Salvatore de Brescia. Il faut toutefois distinguer entre les monastères anciens (Farfa, S. Vincenzo al Volturno) et les fondations récentes comme Nonantola, S. Salvatore al Monte Amiata, Leno et Brescia. Farfa et S. Vincenzo al Volturno reçoivent des gualdi, sur lesquels leur gestion vient se surimposer à celle des communautés qui en avaient jusque-là la jouissance, ce qui est source de conflits récurrents et durables. Pour les autres, il fallait constituer une dotation, dans la plupart des cas ex nihilo : c’est-à-dire autant de soustrait aux appétits des actores royaux dont Liutprand stigmatisait la corruption42. Ce phénomène peut être apprécié selon plusieurs critères. Celui de la ‘mise en réserve’ du fisc par la soustraction à la gestion ordinaire ne me convainc qu’à moitié, car les aliénations consenties furent définitives et ne paraissent pas avoir été compensées, pour autant qu’on le sache, par une augmentation particulière des contributions des monastères destinataires en faveur de la royauté. Tout au plus peut-on dire qu’avait été

L. Feller, « “Morgengabe”, dot, tertia : rapport introductif », in Idem, L. Feller, R. Le Jan (éd.), Dots et douaires dans le haut Moyen Âge, Rome, 2002 (Collection de l’École française de Rome, 295), pp. 1-25 : p. 21 ; F. Bougard « Dot et douaire en Italie centro-septentrionale, viiie-xie siècle : un parcours documentaire », ibid., pp. 58-95 : pp. 68-9. 41 Lazzari, « La tutela del patrimonio fiscale », pp. [10]-[12]. 42 Supra, note 19. 40

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trouvé là un moyen radical de mettre fin à l’érosion graduelle dénoncée par le législateur, au profit de Dieu plutôt qu’à des individus. Il faut replacer ces donations dans la chronologie générale des fondations monastiques, qui battent leur plein au viiie siècle et pour lesquelles les souverains lombards désormais pleinement catholiques ne pouvaient être en reste par rapport aux initiatives plus modestes et plus diffuses de leurs sujets. Le critère du contrôle trop facilement qualifié de ‘stratégique’ du territoire ne me paraît pas non plus pleinement satisfaisant – la proximité entre Leno et S. Salvatore de Brescia suffit pour en douter –, et ne peut guère s’appliquer qu’au Monte Amiata, créé avec le soutien d’Aistolf puis promu par Adelchis et dans lequel il est difficile de ne pas reconnaître un instrument au service de l’organisation du territoire, à proximité immédiate de la Tuscie romaine et en lien direct avec les voies de pèlerinage43. La fondation majeure, S. Salvatore de Brescia, assortie d’un mausolée pour Didier et Ansa, est en revanche un cas différent. Elle répond d’une part à un souci de promotion dynastique sur les lieux mêmes dont Didier était originaire : l’initiative est celle du couple et la dotation première naît de leur propria facultas44. D’autre part, elle assure à la reine et à sa fille Anselperga, qui fut la première abbesse, une indépendance économique et une capacité d’action inédites dans le royaume : cette position renforce la position institutionnelle de la souveraine, ce dont ont dû tenir compte ceux qui ont occupé le trône par la suite. C’est en ce sens que la réserve patrimoniale constituée en partie sur le fisc, fossilisé dans sa nouvelle vocation, sert positivement la royauté, plus que ne le font les autres donations. 2. La mise en place du régime carolingien À partir de 774, et à mesure du remplacement des ducs et des gastalds à pouvoir ducal par des comtes francs, le changement de domination politique a aligné les pratiques en vigueur dans le regnum sur celles du nord des Alpes. Cependant, l’attitude des souverains carolingiens face à ce nouveau réservoir de biens publics a changé au cours du temps. Il

W. Kurze, « Monasterium Erfonis. I primi tre secoli di storia del monastero e la loro tradizione documentaria » [1986], in Idem, Monasteri e nobiltà nel Senese e nella Toscana medievale. Studi diplomatici, archeologici, giuridici e sociali, Siena, 1989, pp. 357-74 : pp. 358-60. 44 Codice diplomatico longobardo, III, no 31. 43

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a fallu plus d’une génération pour passer d’une prise en main marquée par la sévérité, à un régime plus ordinaire. Au lendemain de la conquête, la priorité était d’arrimer le nouveau territoire à la Francie. D’où les aliénations de la Valcamonica, de la Valteline et de Bardonecchia en faveur de Saint-Martin de Tours, Saint-Denis et Saint-Pierre de Novalesa45. Des considérations d’ordre véritablement stratégique étaient assurément au premier plan, pour le contrôle de ces points de passage et des cluses qui les défendaient. Cependant, ces dons pouvaient être aussi intéressants pour ce qu’ils offraient en ressources d’huile d’olive (pour le luminaire) dans la région des lacs préalpins et jusqu’en Valteline, ainsi qu’en minerai – bien que l’exploitation des filons argentifères bergamasques ne soit pas attestée avant le xie siècle46. Saint-Denis obtint de Lothaire Ier un droit de marché sur le lac de Côme en 833, avec les revenus fiscaux afférents, et l’on peut penser que l’attachement durable de Saint-Martin de Tours à ses possessions italiennes n’est pas étranger à de telles préoccupations d’ordre économique47. Une formulation en partie commune aux diplômes accordés à Tours et à la Novalesa doit surtout être relevée, qui souligne que les biens proviennent “du public et du palais (lombard)”, “sicut in publico et ad palatium visum est pertinuisse”48, et sont “désormais tombés dans notre fisc”, “et inantea intro fisco nostro ceciderit”. On ne saurait mieux exprimer le transfert de domination : les biens du régime précédent sont mobilisés au profit des Francs. Le regnum Lan-

MGH DD Kar. I 81, 94 ; DD Lo I 92. Sur l’usage liturgique de l’huile d’olive et sur l’oléiculture dans la région, M. Montanari, L’alimentazione contadina nell’alto medioevo, Napoli, 1979, pp. 396-404 ; G.M. Varanini, A . Brugnoli, « Olivi e olio nel patrimonio della famiglia di Totone di Campione », in S. Gasparri, C. La Rocca (a cura di), Carte di famiglia. Strategie, rappresentazione e memoria del gruppo familiare di Totone di Campione (721-877), Roma, 2005, pp. 141-56. A. Stoclet, Autour de Fulrad de Saint-Denis (v. 710-784), Paris, 1993, p. 434, insiste sur la ‘politique minière’ des Carolingiens, qui reste toutefois à démontrer dans le cas de l’argent bergamasque. 47 Saint-Denis : MGH DD Lo. I 13 ; voir aussi DD 100, de 848, restitution à Saint-Denis de la Valteline, qui lui avait été retirée durant le conflit entre Louis le Pieux et Lothaire. – Saint-Martin : P. Baccou, « Sur un acte prétendu faux de Bérenger Ier, roi d’Italie, pour Saint-Martin de Tours », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 115, 2003, pp. 711-25 ; MGH DD O. II 233, DD O. III 289. 48 La formulation in publico et ad palatium n’est pas redondante, mais reproduit une distinction déjà signalée : supra, texte correspondant à la note 20. 45

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gobardorum est certes maintenu dans son identité politique, mais n’a plus d’autonomie quant à l’usage de ses propres biens. Le registre est celui de la prédation, qui veut aussi que le trésor du palais de Didier, le roi vaincu, passe dans les caisses de Charlemagne, de même que celui d’Arechis de Bénévent en 787, plutôt qu’il ne contribue à soutenir la royauté en Italie, fût-elle-même déléguée à Pépin49. Les premiers temps ont été marqués par la volonté d’affirmer avec force les droits du nouveau régime. Les diplômes de Charlemagne manifestent le souci d’afficher une rupture, que l’on dit fondée en droit. En 797 furent ainsi donnés à S. Silvestro de Nonantola des biens que le roi Liutprand avait lui-même cédés en emphytéose au Grec Grégoire, son iocator, puis qui étaient passés sous le dominium du roi franc : un passage iure legitimo, prend-on soin de préciser50. L’exemple le plus significatif est toutefois fourni par la manière dont fut parfois justifié le maintien des largesses des souverains précédents. L’abbaye S. Maria in Sylvis (Sesto al Reghena), en Frioul, avait obtenu du roi Adelchis, ex fisco nostro, dit un diplôme de Charlemagne de 781, ce que le vicus de Sacco avait coutume de verser à ‘notre’ curtis ducale de Trévise, à savoir cent muids de seigle et cinquante porcs. Adelchis avait par ailleurs confirmé des biens sis dans le territoire de ‘notre cité’ de Cividale, ainsi qu’un échange avec un gastald, aux termes duquel l’abbaye était entrée en possession de terres de curte nostra. Or tout cela est illégal, déclare Charlemagne après en avoir discuté avec ses fideles et ses proceres. “C’est pourquoi”, poursuit le diplôme de manière apparemment paradoxale, l’ensemble des biens en question est donné au monastère51. L’acte, transmis en copie du xve siècle, peut avoir été simplifié dans certaines de ses formulations, mais n’est pas suspect. Le point important est que le monastère dispose de ces biens non pas à cause de la confirmation d’un prélèvement sur le fisc fait par le dernier roi lombard, mais ex nostra largitate : manière de faire table rase du passé. Mais pourquoi procéder ainsi ? On peut supposer que la donation/confirmation d’Adelchis fut contestée par les nouveaux responsables du fisc local. L’affaire fut portée devant Charlemagne, qui a tranché. Rien n’a changé pour Sesto, mais il devient manifeste à tous – le diplôme est adressé à Didier : Annales regni Francorum, éd. F. Kurze, MGH SS rer. Germ. 6, a. 774, p. 38. – Arechis : Erchempert, Historia Langobardorum Beneventanorum, 2, MGH SSrL, p. 235. Hardt, Gold und Herrschaft, p. 41. 50 MGH DD Kar. I 183. 51 MGH DD Kar. I 134. 49

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l’ensemble des autorités – que, en matière de concession de biens publics, rien n’est acquis, spécialement pour ce qui fut aliéné dans les temps précédant immédiatement la conquête. Pour les biens qui avaient été cédés par les ducs, les mesures furent plus strictes. Charlemagne ordonna de les réintégrer dans le domaine royal. Au cours d’une séance de justice tenue à Norcia en 821 devant Adalard de Corbie, le duc franc de Spolète Winigis, qui avait succédé au Lombard Hildeprand en 787, expliqua ainsi avoir rappelé ad regiam partem, comme cela lui avait été demandé, l’ensemble de ce que les uns et les autres avaient pu obtenir per precepta ducum52. D’autres procès témoignent du fait que, pendant plusieurs décennies, qui correspondent à peu près à celles des règnes de Charlemagne et de Pépin, et parfois plus tard, les nouvelles autorités ont cherché à récupérer ce qui pouvait l’être et à remettre en cause les concessions des rois lombards53. Les notices conservées ne renvoient l’écho que des affaires gagnées par les anciens bénéficiaires, des monastères puissants, et il s’agit selon toute vraisemblance de l’arbre qui cache la forêt des retours dans le publicum. S. Zeno de Vérone fut ainsi expulsé per fortiam par le premier comte franc du lieu, Vulvanus, de biens qu’il tenait en vertu d’un précepte de Didier. La position du monastère était d’autant plus fragile que le document avait péri lors de l’incendie de la domus sancti Zenonis. Il ne fut rétabli dans ses droits qu’en 806, à l’occasion d’un plaid qui l’opposa au gastald représentant la causa regis sur ordre du comte Hadumar54. En 820 encore, le comte de Vérone fut cité en

I Placiti del « Regnum Italiae », éd. C. Manaresi, Roma, 1955-1960, 3 t. en 5 vol. (Fonti per la storia d’Italia, 92, 96) : I, no 32, p. 102 : “ipsas res ad regiam partem recolligere feci, sicut alias res aliorum hominum, quas per precepta ducum habuerunt, et sicut commendatum michi fuit a domno Karolo imperatore”. 53 Andrea Castagnetti avait déjà insisté sur ce durcissement : « Immigrati nordici, potere politico e rapporti con la società longobarda », in S. de Rachewiltz, J. Riedmann (Hrsg.), Kommunikation und Mobilität im Mittelalter. Begegnungen zwischen dem Süden und der Mitte Europas (11.-14. Jahrhundert), Sigmaringen, 1995, pp. 27-60 : p. 37. 54 Placiti, I, no 18. Sur Vulvanus/Vulfuinus, E. Hlawitschka, Franken, Alemannen, Bayern und Burgunder in Oberitalien (774-962). Zum Verständnis der fränkische Königsherrschaft in Italien, Freiburg im Br., 1960, pp. 292-3 ; A. Zettler, « Die karolingischen Grafen von Verona : Überlegungen und Annäherungsversuche », in H. Krieg, A. Zettler (Hrsg.), In frumento et vino optima : Festschrift für Thomas Zotz zu seinem 60. Geburtstag, Ostfildern, 2004, pp. 89-114 : pp. 97-9. 52

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justice par l’abbé de S. Silvestro de Nonantola pour avoir usurpé ce que tenait le monastère dans la forêt d’Ostiglia et qui provenait du duc Anselme, fondateur de l’établissement ; celui-ci l’avait acquis du roi, probablement Aistulf, dont il était le beau-frère55. Le zèle de l’autorité fiscale ne s’est au reste pas limité à ce qui avait été cédé avant 774. L’impression prévaut que tout détenteur de biens provenant du fisc est susceptible d’une contestation en justice ou d’une récupération de fait. À Crémone, au temps de Pépin, le baiulus Rotechildus annule toutes les donations à l’église locale, y compris ce qu’avait accordé un précepte de Charlemagne56. En 818, le monastère de Nonantola est aux prises avec la curtis royale de Mantoue, qui lui conteste divers droits d’usage (pâture, chasse, pêche) et revenus pourtant détenus en vertu d’un diplôme d’Aistulf régulièrement confirmé depuis par Didier, Charlemagne puis Louis le Pieux57. De même, l’affectation de biens pour constituer des bénéfices en rémunération de service public se fait volontiers à l’aveugle ou par la force – sciemment ou par défaut de mémoire de l’institution ? En 811, Farfa poursuit ainsi en justice un gastald au sujet de terres et de vignes appartenant à l’abbaye mais qui ont été attribués en bénéfice pro publica causa à son adversaire58. Environ une dizaine d’années plus tôt, le baiulus Rotechildus, encore lui, avait profité du fait qu’il avait envoyé en exil l’abbé de S. Bartolomeo de Pistoia pour confier le monastère en bénéfice au Bavarois Nibelung59. L’attention sourcilleuse envers les droits du publicum et la recherche systématique de tout ce qui s’y rattache, avec une volonté marquée de remettre en cause ce qui avait pu être concédé au titre des rois ou des ducs lombards, s’accompagne d’une tendance non moins nette à un alourdissement des prélèvements. Au moins dans les premières décennies qui ont suivi la conquête, le régime est décidément plus exigeant qu’auparavant, d’où des protestations et des conflits. On reproche d’une part d’augmenter ce qui existe déjà (ce sont les superpostae), d’autre part

55 Placiti, I, no 31 ; A. Castagnetti, A. Ciaralli, Falsari a Nonantola.I placiti di Ostiglia (820-827) e le donazioni di Nogara (910-911), Spoleto, 2011, pp. 265-73. 56 Placiti, I, no 119 et Inquisizioni, no VII. 57 Placiti, I, no 30 (= ChLA, 2e s., LXXXVIII, Dietikon-Zurich, 2008, no 31). 58 Placiti, I, no 24. 59 Placiti, I, no 25 ; M. Stoffella, « Le relazioni tra Baviera e Toscana tra viii e ix secolo », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 120, 2008, pp. 73-87: pp. 76-7.

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de prétendre lever des taxes nouvelles. Les marchands de Comacchio se plaignent en 781 d’une surtaxe de 50 %, exigée en particulier à Mantoue60. En revenant d’exil, l’abbé de S. Bartolomeo de Pistoia déjà cité put certes recouvrer sa charge, tandis que Nibelung fut écarté. Mais ce dernier ne laissa pas moins une mala consuetudo, sous forme d’obligations inédites auxquelles il ne fut pas facile de se soustraire : le service militaire par l’abbé alors que le fondateur du monastère avait laissé des héritiers pour répondre à ce devoir ; des paratas et coniectas pour les missi du roi ; un versement (datio) semble-t-il annuel au palais61. Voici encore, en 835, le clergé de Crémone, dont l’on prétend ‘injustement’ qu’il fournisse des palefrois et des charrois auprès de la camera royale, c’est-à-dire à la curtis de Sospiro62. Le plus notable est ce qui ressort de l’enquête menée vers 804 à Risano/Rižana sur le régime mis en place par le duc Jean, représentant carolingien, en Istrie63. La région, auparavant sous domination byzantine, n’est certes pas représentative du reste du royaume et son caractère excentré rend plus facile la tentation de l’extraordinaire et de l’arbitraire, ce qui n’est pas sans rappeler ce dont se plaignait le patriarche de Grado face aux collectae abusives et répétées qu’infligeait le pouvoir lombard sur les dépendants de son église64. Quoi qu’il en soit, le contraste entre les pratiques de la nouvelle administration et les usages antérieurs en dit long sur les crispations qu’a pu susciter le changement des pouvoirs. Le plaid offre d’abord l’occasion de constater le gouffre qui sépare le régime fiscal de Byzance et celui de l’Occident. “Du temps des Grecs”, chaque ville devait payer un impôt (iustitiae) annuel, en monnaie, pour un total de 344 mancosi (ici, clairement, des nomismata65), à destination du palais impérial. Or le duc Jean, lui, continue de prélever, mais pour son usage personnel, s’indigne-t-on, alors qu’il dispose de ressources, de

MGH DD Kar. I 132 : les nouveaux maîtres exigent des versements en muids d’une capacité de quarante-cinq livres, contre trente précédemment. 61 Placiti, I, no 25. 62 MGH DD Lo. I 25. 63 Placiti, I, no 17. 64 MGH Epp. III, p. 712-713 ; S. Gasparri, « Il regno longobardo », p. 37 ; Idem, « Le basi economiche », p. 82. 65 V. Prigent, « Le mythe du mancus et les origines de l’économie européenne », Revue numismatique, 6e s., 171, 2014, pp. 701-28. 60

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colons, de pêcheries, au titre du fisc66. En d’autres termes, il confond la régie des recettes et n’a aucune notion de ce à quoi doit servir un impôt direct, notamment dans sa redistribution. Les liquidités dont il dispose ne sont pas pensées comme l’élément d’un budget, qui pourrait inclure par exemple le financement militaire, selon les règles que les maîtres de Constantinople rappelèrent encore à Liudprand de Crémone en 968, menaçant de lancer contre Otton toutes les nations grâce à l’argent qui fondait la puissance de l’empire d’Orient67. Il serait trop long d’énumérer tout ce que les habitants de l’Istrie considèrent comme des abus par rapport à ce qui leur était demandé auparavant68. Il en ressort que le duc met le pays en coupe réglée au profit de ses fils, de ses filles et de son gendre. Mais tout n’est pas que prévarication, car il y aussi une différence d’appréciation de ce que devraient être les droits de chacun. À propos des pâturages, pour lesquels, comme sur tant d’autres sujets, sont imposées des angarias et superpostas au point que les gens d’Istrie sont devenus la risée de leurs voisins de Vénétie, de Dalmatie et même des Grecs, la seule défense est qu’il ‘croyait’ que ces biens-là revenaient au publicum. N’y voyons pas malignité, mais plutôt la difficulté à penser certains espaces ruraux comme les pacages et les forêts autrement qu’en relation directe avec le fisc69. L’enquête de 804 montre aussi le poids nouveau des ‘dons’ au palais. Alors que pour les sujets du basileus, le don est une occasion de contact régulière et ritualisée avec l’empereur, le duc, lui, rassemble le tout et le porte lui-même en Francie, court-circuitant ainsi la relation directe “ad suum opus istos solidos habuit et non dixit quod iustitia pallatii fuisset”. Liudprand de Crémone, Legatio 53 : “pecunia, qua pollemus, omnes nationes super ipsum invitabimus [...] ” 68 Le texte a fait l’objet de nombreuses études, spéc. S. Esders, « Regionale Selbstbehauptung zwischen Byzanz und dem Frankenreich. Die inquisitio der Rechtsgewohnheiten Istriens durch die Sendboten Karls des Großen und Pippins von Italien », dans Idem, Th. Scharff (Hrsg.), Eid und Wahrheitssuche. Studien zu rechtlichen Befragungspraktiken in Mittelalter und früher Neuzeit, Frankfurt, 1999, pp. 49-112 ; voir en dernier lieu les contributions réunies dans Acta Histriae, 13, 1, 2005.Traduction française par P. Depreux, Les sociétés occidentales du milieu du VIe à la fin du IXe siècle, Rennes, 2002, pp. 293-9. 69 La même remarque vaut pour le litige entre le comte de Vérone et le monastère de Nonantola à propos de la forêt d’Ostiglia (supra, texte correspondant à la note 55). Voir A. Castagnetti, « Il conte Anselmo I : l’invenzione di un conte carolingio », Studi storici Luigi Simeoni, 56, 2006, p. 9-60 : pp. 33-4. 66 67

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entre la population et le souverain. Les dona annualia, forme d’imposition typiquement carolingienne mais dont nous avons vu qu’elles faisaient déjà partie d’une pratique consolidée à l’époque lombarde, sont à mi-chemin entre la contribution récognitive et la fiscalité70. Ils sont récognitifs d’une sujétion à l’Empire, par exemple, quand ils sont envoyés depuis Rome à Pavie, selon le témoignage – que l’on peut estimer sujet à caution – du Libellus de imperatoria potestate in urbe Roma : dix livres d’or et cent d’argent, dix pallia optima, auxquels s’ajoutent d’éventuels dons privés71. Récognitifs, aussi, pour un monastère comme celui de S. Andrea de Florence, qui avait coutume au milieu du ixe siècle de faire parvenir au palais, chaque année, vestitum unum bonum caprenum, avant que Louis II n’en fît bénéficier l’évêque du lieu72. Mais la démultiplication de ces dons dans l’ensemble du royaume, leur caractère systématique à tous les échelons ainsi que le langage employé à leur propos (persolvere) les placent décidément sur le terrain de la fiscalité, comme au nord des Alpes73 : celle dont s’acquittent les responsables régionaux quand ils se présentent au plaid général et dont on trouve un écho, à un échelon inférieur, dans la mention d’annuales donationes collectées par les exactores, au détour d’un diplôme accordé en 883 à l’église de Bergame74. N’oublions pas non plus ce que les uns et les autres ont pu apporter au palais à l’occasion de tel ou tel événement particulier, par exemple le baptême de la fille de Lothaire, pour lequel l’archevêque de Ravenne fit des dépenses somptuaires aux dépens du trésor de son église, à la fois pour les exenia dus à l’empereur et pour l’acquisition de vêtements de cérémonie fabriqués au palais ou dont celui-ci avait le monopole de la vente75.

Hincmar, De ordine palatii 22 et 29, éd. Th. Gross et R. Schieffer, MGH Fontes iuris 3, p. 72 et 84 ; supra, texte correspondant à la note 24. 71 Libellus de imperatoria potestate in urbe Roma, éd. G. Zucchetti, Roma, 1920 (Fonti per la storia d’Italia, 55), p. 195. 72 R. Piattoli, Le carte della canonica della cattedrale di Firenze (723-1149), Roma, 1938 (Regesta chartarum Italiae, 23), no 2. Voir aussi la datio due par S. Bartolomeo de Pistoia citée plus haut. 73 Hincmar établit l’équivalence entre les annua dona et les regi ac rei publicae vectigalia : De ordine palatii 22 MGH Fontes iuris 3, p. 72, note 165. 74 MGH DD Kar. III 89, p. 147 l. 8. 75 Agnellus, Liber pontificalis ecclesiae Ravennatis 171 : “post omnia exenia augustali tributa, emit ex palatio eius [...] vestimenta baptismalia [...]” 70

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Les prestations dont l’église de Novare fut exemptée en 854 étaient plus probablement étalées durant l’année. Était concerné tout ce que le ‘droit du fisc’ avait pu exiger sur ses biens, à savoir “annona, vinum, caseum, pulli, ova, castaneae fructusque messis atque quae lentibus gignitur plustacia, calcem, venationes vel ceterorum alia”76. Où l’on trouve non seulement des denrées alimentaires, dont la liste fait irrésistiblement à celles que l’on peut lire au fil du capitulaire de villis et qui pourrait être complétée au gré de mentions éparses jusqu’à la fin du xe siècle, mais aussi la fourniture de la chaux, qui faisait partie des obligations contestées par les habitants de l’Istrie en 80477. Certaines des terres prélevées sur le temporel monastique pour être affectées en bénéfice semblent en revanche avoir été soumises à une contribution monétaire, comme cela ressort du polyptyque de Bobbio dressé dans les dernières années du ixe siècle78. Est-ce à dire qu’en dehors de ces versements exigés au fil de l’année par les responsables locaux ou par les missi, ou bien versés une fois l’an par les collectivités (des villes, des monastères), les uns en monnaie, les autres en produits alimentaires, en objets ou en services, les Carolingiens ne savent pas lever l’impôt direct ? Ce n’est pas tout à fait le cas. Il leur arrive d’abord de faire appel à des contributions extraordinaires, comme cette collatio pecuniae imposée par Lothaire à l’ensemble de l’Empire pour financer la fortification de la cité Léonine, au lendemain du pillage de Saint-Pierre par les Sarrasins79. En Italie comme en Francie, l’impôt direct réapparaît aussi sous la forme d’un prélèvement sur la production, dicté au même moment de part et d’autre des Alpes et dont la progression suit semble-t-il le même rythme ici et là dans le courant du ixe siècle : c’est la dîme, dont il faut souligner qu’elle est versée à une MGH DD L. II 14 ; Brühl, Fodrum, p. 448-449. Sur la fourniture de la chaux, qui passe par la construction de fours, également attestée à Bénévent ; F. Bougard, É. Hubert, « La fabrication de la chaux en Italie centrale au Moyen Âge », in Liber amicorum. Études offertes à Pierre Bougard, Arras, 1987, pp. 57-64 : p. 61 ; J.-M. Martin, Guerre, accords et frontières en Italie méridionale pendant le haut Moyen Âge. Pacta de Liburia, Divisio principatus Beneventani et autres actes, Rome, 2005, p. 194. 78 Inventari altomedievali di terre, coloni e redditi, Roma, 1979 (Fonti per la storia d’Italia, 104), pp. 169-70, 172-4 (fisco solidum I, fisco denarios XIII, fisco solidos II etc.) ; voir aussi p. 133 et 154 ; pour la datation du document, Bougard, La justice, p. 383. 79 MGH Capit. II, no 203, c. 7-8, pp. 66-7. 76 77

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institution, l’Église, tout aussi ‘publique’ que l’État, avec lequel l’historiographie ne cesse au reste de l’identifier. En schématisant, on pourrait dire qu’a été mis en place un transfert de ressources, d’une caisse vers une autre. Ce n’est pas la capacité technique du prélèvement fiscal qui est en cause, c’est le fait que ses acteurs changent, et avec eux les secteurs de la redistribution. Il est certes possible que certains aient bénéficié des deux systèmes, puisque la dîme ne finance certes ni l’armée ni ‘l’administration’, mais a pu être affectée, en partie, en ville, à ce que l’on peut assimiler au ravitaillement ou à la défense. De même, les dîmes perçues par certains monastères ont pu servir à l’entretien des abbés laïcs, là où il y en eut. Mais en remettant à l’ordre du jour une forme d’impôt, on ne songeait pas précisément à en affecter le produit à la manière antique. Il s’agit bien d’un choix, non d’une incompétence. L’autre élément de ce choix est de miser au quotidien sur l’impôt indirect, sur lequel les sources sont prolixes et dont Carlrichard Brühl a donné une présentation fournie. L’impôt indirect figure dans la formule d’immunité cum fredis concessis (c’est-à-dire les frais de justice) dont bénéficient sous Charlemagne plusieurs monastères et églises épiscopales, dès 77380. Mais il est aussi volontiers détaillé au détour de tel ou tel diplôme. Ainsi en 822, dans le tout premier diplôme de Lothaire, qui exempte un bateau de commerce de l’abbaye de Farfa des taxes ordinaires, où le vocable générique ‘tonlieu’81 est détaillé pour tous les aspects relatifs à la circulation marchande, voire au-delà : “ripaticum, portaticum, pontaticum, salutaticum, cespitaticum, cenaticum, pastionem, laudaticum, travaticum, pulveraticum, occursus, census, redibitio”. Autant de taxes dont la signification n’est pas toujours limpide, mais dont on perçoit aisément qu’elles se répartissent entre les opérations liées à la circulation, à l’accostage et aux ruptures de charge d’une part, et ce que perçoivent les différents représentants de la chose publique au fil du trajet. En 820, un MGH DD Kar. I 74 (Novalesa), 99 (Farfa), 133 (Reggio), 135 (S. Salvatore de Brescia), 147 (Modène), 157 (S. Vincenzo al Volturno) ; diplôme perdu pour Volterra (MGH DD L. I 199 = Lechner 574). Sur les freda et leur répartition, F.L. Ganshof, « Charlemagne et les institutions de la monarchie franque », dans H. Beumann (Hrsg.), Karl der Grosse. Lebenswerk und Nachleben, I, Düsseldorf, 1965, pp. 394-419 : pp. 379-80 ; J. Durliat, Les finances publiques de Dioclétien aux Carolingiens (284-899), Sigmaringen, 1990 (Beihefte der Francia, 21), p. 219. 81 F.L. Ganshof, « À propos du tonlieu à l’époque carolingienne », dans La città nell’alto medioevo, Spoleto, 1959 (CISAM, 6), pp. 485-508 ; Durliat, Les finances publiques, p. 217. 80

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autre diplôme pour Farfa concerne cette fois l’exemption de ce qui est dû pour l’usage des pâturages publics dans le duché de Spolète : y figurent cette fois daticum, aescaticum, herbaticum, glandaticum, c’est-à-dire une liste déjà présente dans un diplôme de Didier mais augmentée de la glandée ; en 840, un acte de Lothaire y ajoute le castaldaticum, c’est-à-dire les droits perçus par le gastald82. Il serait vain de penser dresser un panorama non seulement complet mais réaliste de la taxation à partir de telles énumérations, si riches soient-elles. Si la liste des produits dus par l’église de Novare peut être considérée comme fiable, émanant selon toute vraisemblance du destinataire même de l’acte, celle du diplôme accordé à Farfa en 822 n’est que le calque d’une formule impériale mise au point pour la Gaule83. Par ailleurs, le souci d’exhaustivité que l’on devine n’a probablement d’égal que l’inventivité des représentants du fisc. Il est donc aussi efficace, et toujours avisé, d’ajouter une formulation susceptible de tout rassembler, y compris ce à quoi l’on n’avait pas pensé : “et tout ce que le fisc avait pu espérer”, précise le diplôme de 822 pour Farfa déjà cité84, selon une expression en vigueur de part et d’autre des Alpes et qui, souvent, dispense même d’en dire davantage. Elle trouve encore un écho en 896 dans un diplôme d’Arnulf pour S. Sisto de Plaisance : après la mention de taxes génériques (tonlieu, ripaticum, portaticum) susceptibles d’être perçues par les exactores de la pars publica dans les mansiones du monastère, les marchés publics, les ports ou autres lieux, vient cette précision que l’exemption concerne aussi bien tout ce qui, en matière d’exaction publique, “peut être dit ou nommé”85. On n’est jamais trop prudent et il en va de la diversité des taxes comme des malédictions bibliques des clauses de sanction spirituelle, parfois décrites par le menu, parfois simplement réunies dans la formule “toutes les malédictions de l’Ancien et du Nouveau Testament” ou “les imprécations habituelles”, ce qui est encore le meilleur moyen de ne pas en oublier86.

82 MGH DD L. I 178, p. 443 ; Codice diplomatico longobardo, III, no 43, p. 250 ; MGH DD Lo. I 51, p. 152. 83 MGH Formulae, p. 301. 84 MGH DD Lo. I 1 : “Et quicquid exinde fiscus sperare poterat aut ad ministros mundanae actionis pervenire [...]”. 85 MGH DD Arn. 141 : “nihilque publice exactionis, quod dici aut nominari potest”. 86 F. Bougard, « Jugement divin, excommunication, anathème et malédiction : la sanction spirituelle dans les sources diplomatiques », in G. Bührer-Thierry,

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L’existence même de ces prélèvements indirects est de nature à susciter le conflit, spécialement quand leur bénéficiaire n’est pas la pars publica et quand surgit une taxe considérée comme nouvelle aux yeux de qui doit la payer. C’était le cas en Istrie, nous l’avons vu. Il en va de même à Crémone, où l’affaire est au cœur du litige qui a durablement opposé l’évêque et les cives. Charlemagne avait concédé à l’Église de Crémone une curtis sur le Pô, le port de Vulpariolo et “les autres ports” entre la ville et l’embouchure de l’Adda. S’y ajoutaient un droit de mouture sur les moulins et un droit sur la circulation (transitoria) des bateaux ainsi que sur celle des marchands (milites) de Comacchio. Au milieu du ixe siècle, les habitants se plaignirent de ce que l’évêque les traitait comme les gens de Comacchio, en exigeant d’eux, qui plus est par la force, une série de taxes selon eux inédites (ripaticum, palifictura, pastum) au port de la cité. L’évêque, lui, se considérait dans son bon droit, estimant pouvoir prélever sur tout negotiator, quelle que fût son origine. Il obtint gain de cause, puis fit confirmer l’issue du plaid par Louis II87. Plusieurs facteurs se mêlent pour expliquer ce litige. D’une part, le fait que les Crémonais étaient nouveaux dans l’armement de navires pour le transport du sel et autres denrées, alors que jusqu’il y a peu, ils avaient opéré sur ceux de Comacchio, payant les taxes de manière commune avec les représentants de l’emporium. D’autre part, l’église de Crémone n’avait été réintégrée dans ses prérogatives que peu d’années auparavant, après de nombreuses années durant lesquelles les revenus indirects avaient fait retour au fisc, sur l’initiative autoritaire du baiulus Rotechildus, déjà nommé88. Enfin, le prélat en charge, Benoît (843/851-878/880), ancien chapelain de l’empereur, avait visiblement une interprétation du précepte de Charlemagne plus extensive que celle de son prédécesseur89. Si le bilan des entrées et sorties de biens et de revenus publics pour l’époque carolingienne est voisin dans sa structure de celui de la période lombarde, l’infléchissement en faveur des prélèvements indirects

S. Gioanni (dir.), Exclure de la communauté chrétienne. Sens et pratiques sociales de l’anathème et de l’excommunication (IV e-XII e siècle), Rome, 2015 (Haut Moyen Âge, 23), pp. 215-38 : p. 224. 87 Placiti, I, no 56 ; MGH DD L. II 4. 88 Supra, texte correspondant à la note 56. 89 Sur toute l’affaire, A.A. Settia, « L’età carolingia e ottoniana », in G. Andenna (a cura di), Storia di Cremona. Dall’alto Medioevo all’età communale, Cremona, 2004, pp. 38-105 : pp. 41-52.

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vaut d’être noté. Omniprésents, bien mieux documentées que pour la période lombarde, ils sont aussi, semble-t-il, plus lourds. De même, le fait que l’on cherche ici et là à définir le contenu du ius fisci des temps carolingiens avec une précision inégalée est en soi nouveau. Reste que la mise en place et le développement de l’immunité ont dans bien des cas annulé les effets de ce qui, au moins durant la première génération qui a suivi la conquête, fut un durcissement. Sur le plan foncier, l’affectation de terres rémunère comme auparavant le service et la fidélité, avec la même différence entre un circuit lent et un circuit court, ce dernier alimenté par les confiscations90. Au chapitre des entrées, il faut ajouter ceci de nouveau, que les biens du roi ont pu s’accroître par le biais du don immédiat ou différé. Le connétable Adalbert destinait ainsi à Louis II tout ce qu’il possédait en ‘Italie’ (la plaine du Pô), en Toscane, dans le duché de Spolète et en Romania (l’ancien exarchat de Ravenne). Cependant, l’empereur les lui rendit en usufruit viager, en prévision d’un transfert, à terme, au profit de Saint-Pierre91. En Tuscie lombarde, d’autres biens furent per cartulam delegati à Louis II ; celui-ci les affecta à sa fondation de la Sainte-Trinité de Casauria92. Signalons encore cette clause, dans une donation post mortem de l’évêque de Padoue à l’église cathédrale S. Giustina, en 874 : s’il venait à se raviser, ou si son successeur voulait affecter les biens autrement, ceux-ci passeraient aux mains du roi d’Italie en charge93.

MGH DD Kar. I 112, 187, 208, 214 ; DD L. I 101 : biens confisqués à des otages, à des fugitifs chez les Avars ou à des partisans du rebelle Rotgaud ; Placiti, I, no 32, et MGH DD L. I 98, 140, DD Lo. I 24 et DD L. II 63 : attribution à Farfa, au Mont-Cassin et à Casauria de biens confisqués à des infidèles passés du côté de Bénévent ; ChLA XXXVIII, no 1112 (Lucques, 787) : une vente de biens est assortie d’une clause de réserve, au cas où le vendeur viendrait à perdre les biens par confiscation après avoir été cité en justice par la curtis regia (“quod absit, si G. rem suam perdiderit et ad publicum devolutam fuerit [...]”) ; Placiti, I, no 76, a. 873 : confiscation au profit de la pars palatii des biens de Gundi, veuve remariée en dépit du fait qu’elle avait pris le voile ; etc. Voir Bougard, La justice, p. 245-6. 91 Placiti, I, no 65, p. 236 ; MGH DD L. II 99. 92 MGH DD L. II 64 et pp. 56-8 pour les actes documentant les acquisitions de Louis II passées ensuite à Casauria ; L. Feller, Les Abruzzes médiévales. Territoire, économie et société en Italie centrale du IX e au XII e siècle, Rome, 1998 (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 300), pp. 170-2. 93 A. Gloria, Codice diplomatico padovano dal secolo sesto a tutto l’undecimo, Venezia, 1877, no 15 : “in potestatem regis qui pro tempore Italia regere videtur”. 90

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Comme à l’époque lombarde, la disponibilité en métal précieux, orfévré ou non, a pu être alimentée par le butin, par exemple celui pris sur les Avars, dont on peut supposer, bien qu’il eût été envoyé à Aix-la-Chapelle, qu’une part échut à Pépin, qui conduisit la campagne militaire de 796. Il est probable, aussi, que l’expédition de Louis II en Italie méridionale a apporté son lot de prises. De même, la reconnaissance de la suprématie franque par le prince de Bénévent s’est exprimée, pendant quelques années au moins, par le versement d’un tribut, dont on peut supposer que le roi d’Italie a profité au moins en partie94. Ce sont autant d’occasions d’enrichissement du trésor royal, et de possibilités offertes de redistribuer cette richesse mobilière par le canal du don. À l’inverse, il a fallu parfois payer des sommes importantes, comme ce fut très probablement le cas pour la libération de Louis II et Engelberge en 871. De telles recettes et dépenses occasionnelles ne remettent pas plus en cause l’équilibre général que ne le font les cadeaux d’ambassade envoyés ou reçus. En revanche, avec les réformes monétaires de Charlemagne, le trésor royal italien n’a plus disposé comme auparavant de ce qui pouvait être perçu sur la frappe de la monnaie d’or. Cette situation est certes partagée avec celle du reste de l’Empire. Mais la moindre disponibilité de minerai argentifère en Italie introduisait un facteur de différenciation avec le nord des Alpes, en défaveur du regnum95. La recherche d’équilibre, rendue d’autant plus nécessaire du fait de la diffusion des concessions en bénéfice, s’est traduite comme au nord des Alpes par la mise à disposition d’une partie des biens d’Église pour alimenter la distribution, ce qui était une manière de garder la main sur ce qui était par ailleurs donné ou concédé temporairement aux représentants de Dieu, au risque pour ces derniers de perdre assez vite le contrôle de ces éléments de leur patrimoine : ainsi à Bobbio et à Leno, au Monte Amiata, à Pistoia, à Reggio, à S. Marino et S. Giovanni Domnarum de Pavie, à S. Salvatore de Brescia96. Les autorités ecclésiastiques

Annales regni Francorum, éd. F. Kurze, MGH SS rer. Germ. 6, a. 812 et 814, p. 137 et 141 : tributs de vingt-cinq mille sous d’or, puis de sept mille sous annuels, imposés par Charlemagne puis par Louis le Pieux à Grimoald IV. 95 A. Rovelli, « Mines et monnaies au haut Moyen Âge. Les sources de l’Italie carolingienne », Bulletin de la Société française de numismatique, 59, 2004, pp. 58-64. 96 Bobbio : M. Nobili, « Vassalli su terra monastica fra re e ‘principi’ : il caso di Bobbio (seconda metà del sec. X-inizi del sec. XI » [1980], in Idem, Gli Obertenghi 94

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du royaume s’en sont plaintes auprès de Louis II au début de son règne, au motif que ces distributions les empêchaient de pourvoir aux utilitates des églises97. De même, ce qui relève de la chose militaire repose sur les détenteurs de la terre indépendamment de son statut d’alleu ou de bénéfice. Comme au viiie siècle, aussi, on a tenté de lutter contre la déperdition insensible de revenus liée à la libre circulation de terres fiscales et au risque qu’elle entraînait, à la faveur des changements de possesseurs, de voir peu à peu se perdre le lien avec ‘l’État’. Un capitulaire de Louis le Pieux daté de 818-819 et qui fut diffusé en Italie prescrit ainsi que l’église ou l’individu qui viendrait à entrer en possession (par le jeu du marché ou des successions) d’une terre versant ‘tribut’ à la partie publique doit continuer à s’en acquitter, sauf exonération explicite98. La prescription de soixante ans pour les biens publics est toujours en vigueur. À cette protection s’ajoute la diffusion de la procédure par

e altri saggi, Perugia, 2006, pp. [299-309] 113-24 : pp. [300-1] 114-15. En 862, une forêt rattachée à un xenodochium du monastère mais affectée à la pars du comte Boniface est considérée comme ‘perdue’ : Inventari altomedievali di terre, coloni e redditi, p. 144. – Leno: FSI DD Bér. Ad. 10. – Monte Amiata : MGH DD L. II 11 : le monastère a été confié ad regendum au marquis Adalbert. – Pistoia : Placiti, I, no 25 (supra, texte correspondant à la note 59). – Reggio : MGH DD Lo. 1 40 : deux curtes prélevées à l’église de Reggio pour les affecter en bénéfice à un fidèle de Lothaire. – S. Marino de Pavie : MGH DD Kar. III 42. – S. Giovanni Domnarum : Éginhard, Translatio et Miracula ss. Marcellini et Petri, 6, MGH SS, 15/1, p. 242. – S. Salvatore de Brescia : C. La Rocca, « Les cadeaux nuptiaux de la famille royale en Italie », in F. Bougard, L. Feller, R. Le Jan (dir.), Dots et douaires dans le haut Moyen Âge, Rome, 2002 (Collection de l’École française de Rome, 295), pp. 499-526 : pp. 506-7. – À Lucques, en 845, l’ancien comte Agano, qui venait d’être remplacé au profit d’Adalbert, reçut l’église S. Michele in Foro de la part de l’évêque, pendant cinq ans, moyennant le paiement d’un cens, à condition de rendre le bien si entretemps il en obtenait un autre en bénéfice de la part du roi ; l’acte ne dit pas dans quel type de patrimoine, public ou ecclésiastique, serait éventuellement taillé ledit bénéfice (Memorie e documenti per servire all’istoria del Ducato di Lucca, V, 2, éd. D. Barsocchini, Lucca, 1837, no 628 ; sur le rôle d’Agano, dont la charge fut une parenthèse politique dans la longue gestion du comté par la même famille d’origine bavaroise, A. Castagnetti, « I vassalli imperiali a Lucca in età carolingia », in S. Pagano, P. Piatti (a cura di), Il patrimonio documentario della chiesa di Lucca. Prospettive di ricerca, Firenze, 2010, pp. 211-84 : pp. 234-6). 97 MGH Capit. II, no 210, c. 10. 98 MGH Capit. I, no 140, p. 287. Le texte a alimenté un débat sur le statut de la terre ‘tributaire’.

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enquête en cas de litige les concernant. Cet héritage du Bas-Empire transmis par la juridiction lombarde fut particulièrement apprécié par les responsables carolingiens, qui en ont fait bénéficier la plupart des grands monastères et des églises épiscopales, dont les biens se trouvaient ainsi alignés sur ceux des res domnicatae99. Enfin, la vigilance des représentants de la pars regia, ou pars palatii, vaut d’être relevée. Certes, elle change de point de vue au fil du temps : après les décennies où nous les avons vus opérer de manière agressive, au mépris souvent des avantages acquis, les voici plutôt cantonnés à un rôle d’observateurs défiants face à la mise en œuvre des largesses des souverains, remettant en cause le bien-fondé des diplômes quand ils estiment lésés les intérêts du fisc. Les exemples dont nous disposons montrent surtout l’échec de telles résistances ; mais rien n’assure, compte tenu des canaux par lesquels a été transmise la documentation, qu’ils sont représentatifs de l’ensemble100. 3. Tableau des biens publics au ixe siècle Pour qui voudrait dresser le tableau de la nature et de la localisation des biens publics au ixe siècle, et sachant qu’il s’agit, pour l’essentiel, d’un héritage, il faudrait prendre en compte : a) les éléments du paysage dits ‘publics’. Certains sont susceptibles de fournir un revenu sous forme de taxe, comme les cours d’eau ou les ponts. Ces derniers justifient aussi des prestations de service pour leur entretien de la part des hommes libres, en tant qu’il s’agit d’une obligation militaire101. D’autres sont laissés à l’usage de la collectivité, comme la voirie (via, strata publica, parfois concédée sur une partie de son tracé, comme ce fut le cas à Plaisance pour permettre la construction de l’abbaye S. Sisto102, et comme ce le fut régulièrement par la suite au

F. Bougard, La justice dans le royaume d’Italie de la fin du VIII e siècle au début du XI e siècle, Rome, 1995, pp. 194-203 ; S. Esders, « Die römischen Wurzeln der fiskalischen Inquisitio der Karolingerzeit », in C. Gauvard (éd.), L’enquête au Moyen Âge, Rome, 2008 (Collection de l’École française de Rome, 399), pp. 13-28 ; J. Davis, Charlemagne’s Practice of Empire, Cambridge, 2015, pp. 259-78. 100 Placiti, I, nos 91, 103. 101 Inventari altomedievali di terre, coloni e redditi, p. 156-157. Tabacco, I liberi del re, pp. 100-4. 102 MGH DD II 67 : “concedimus [...] ubicumque voluerit, infra ipsam urbem Placentinam vel circumcirca, publicas stratas [...] immutare”. 99

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fil des entreprises de fortification), certains gualdi ou certains espaces de pêche, par exemple le mare publicum dont les habitants de l’Istrie disent avoir eu la libre disposition jusqu’à la mise en place du pouvoir carolingien103 : c’est-à-dire autant de lieux où se cristallise l’idée d’un bien commun, susceptible de s’exprimer dans bien des conflits à la fin du viiie et au ixe siècle. Un cas bien étudié mit aux prises la communauté de Flexo avec le monastère de Nonantola104. Au xe siècle encore, à Crémone, la terre qui dépend du gastaldiaticum, c’est-à-dire du gastald de la curtis royale de Sospiro, fait partie des comunalia105. À cela se rattachent les terres dites des arimanni ; b) ce qui, en ville, est dit ‘du roi’ : les murs d’enceinte (à Plaisance, à Milan), les espaces ouverts (par exemple à Arezzo, le forum où est rendue la justice106) ; c) tout ce qui, dans les désignations de confins dont regorgent les actes privés, est dit terra, casa, campus, silva, vinea, pascua ou prata regis, avec une quantité de mentions telle qu’elle indique une présence capillaire de ces biens sur le territoire. Il faut y ajouter la terre dite “de la reine”, pour laquelle les mentions sont peu abondantes mais suffisantes pour rappeler qu’elle existe, au reste dès l’époque lombarde107, et que, dès Charlemagne, la reine – Hildegarde – a

Placiti, I, no 17 : “mare publicum, ubi omnis populus communiter piscabant”. Placiti, I, no 36 ; T. Lazzari, « Comunità rurali nell’alto medioevo: pratiche di descrizione e spie lessicali nella documentazione scritta », in P. Galetti (a cura di), Paesaggi, comunità, villaggi medievali, Spoleto, 2012, pp. 405-21 : p. 414 et suiv., avec l’abondante bibliographie sur l’affaire. 105 E. Falconi, Le carte cremonesi dei secoli VIII-XII, I, Cremona, 1979, no 64 ; Settia, « L’età carolingia e ottoniana », p. 89. 106 Plaisance : MGH DD L. II 67 ; DD Kar. III 29 (murum regium). – Milan : L. Schiaparelli, I diplomi di Guido…, Roma, 1906 (Fonti per la storia d’Italia, 36), no 3. – Arezzo : G. Tessier, Recueil des actes de Charles le Chauve, roi de France (840877), Paris, 1943-1955, no 404 (“forum quod muro adiacet [...] ubi actenus mallationum ventilatae sunt lites”). 107 Pour la période lombarde, voir A. Ghignoli, Carte dell’Archivio arcivescovile di Pisa. Fondo arcivescovile, 1 (720-1100), Pisa, 2006, no 10/53 (= ChLA XXVI, no 808) ; Brühl, Fodrum, p. 366, 376. Pour le ixe siècle, Placiti, I, no 44, a. 840 (à Lucques) ; Ghignoli, Carte, no 29 (= ChLA2 LVIII, Dietikon-Zurich, 2011, no 12), a. 883. Voir aussi les toponymes, par ex. dans le territoire de Vérone, en 973 : “Padulae quae dicitur Reginae [...] locus ubi dicitur Reginae” (Codex diplomaticus Langobardiae, a cura di G. Porro Lambertenghi, Torino, 1873, no 745). 103

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disposé de plusieurs curtes en Italie, dont Pépin fit faire l’inventaire108. Une enquête plus fine sur la répartition des mentions de la terre royale permettrait d’en dire davantage. Dans le comté de Plaisance, par exemple, étudié par Giorgia Musina, la plupart des curtes fiscales se trouvent dans la basse plaine du Pô, et aux premières loges pour avoir probablement promu la bonification de l’inculte. Mais il s’agit tout au plus d’une situation ancienne, celle d’un fisc omniprésent dans l’incultum109. Ces indications éparses se rapportent aux curtes et villae distribuées dans les comtés, confiées à tel ou tel et dont le revenu est ordinairement affecté aux regis expensa – c’est-à-dire dirigé vers la capitale, en monnaie ou en nature –, selon la formulation d’un capitulaire traditionnellement attribué à Lothaire et à l’année 832, mais qui est plus probablement dû à Louis II, avant son accession à l’Empire (844-850)110. Les inventaires relatifs à la curtis de Limonta au temps où celle-ci ne faisait pas partie du patrimoine de S. Ambrogio de Milan mettent précisément en lumière, pour un domaine spécialisé dans l’oléiculture, non seulement la question de la production, mais aussi celle du transport à Pavie111. d) les palais ruraux sont un élément nouveau par rapport à la période lombarde. Celle-ci avait légué les palais de Pavie, Ravenne, Milan, Vérone, Monza et Corteolona. En ville, les souverains carolingiens ont ajouté Mantoue et peut-être Turin. Mais leur apport réside surtout dans la promotion de quelques domaines ruraux (sept, outre celui de Corteolona : Auriola, Gardina, Marengo, Orba, Sospiro, Senna Lodigiana, Marmoriolo) au rang de palatium112. Adaptée aux exigences des déplaceMGH Capit. I 95 (a. 781), c. 14. Musina, Le campagne di Piacenza, p. 150. 110 MGH Capit. II 202, c. 6 : “inquirant missi nostri (per singulos comitatus) villas et cortes, unde regis expensa ministrari solita sit, et a quibus personis modo detineantur.” Brühl, Fodrum, pp. 434-5. Pour la datation du texte, M. Geiselhart, Die Kapitulariengesetzgebung Lothars I. in Italien, Frankfurt am Main, 2002 (Freiburger Beiträge zur mittelalterlichen Geschichte, 15), pp. 201-5. 111 Inventari altomedievali di terre, redditi e coloni, pp. 19-25, avec bibliographie ; nouvel examen de la datation des documents par A. Castagnetti, Una famiglia di immigrati nell’alta Lombardia al servizio del regno (846-898), Verona, 2004, pp. 112-19. 112 F. Bougard, « Palais royaux et impériaux de l’Italie carolingienne et ottonienne », in A. Renoux (dir.), Palais royaux et princiers au Moyen Âge, Le Mans, 1996, pp. 181-96 ; la carte a été à nouveau publiée dans C. La Rocca (ed.), Italy in the Early Middle Ages 476-1000, Oxford, 2002, p. 261. La localisation d’Auriola et 108

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ments de la royauté dans la plaine du Pô, leur localisation répond à des critères qui combinent la proximité avec les grandes voies de communication, les centres de décision et les réserves de chasse. S’il fallait établir une hiérarchie entre ces trois critères, il est probable que la chasse l’emporterait : c’est elle qui peut rendre compte, notamment, de la présence de palatia très proches les uns des autres, comme jumelés (Auriola et Gardina, Orba et Marengo), indépendamment de tout souci d’une couverture raisonnée du territoire113. Par ailleurs, si la désignation palatium n’est pas seulement un fait de vocabulaire, il faut penser que les sites correspondants se distinguent par quelque élément matériel – un bâtiment de pierre, une salle de réception, comme c’est le cas à Marengo, voire un édifice plus imposant flanqué de tours, selon l’hypothèse faite à propos de Gardina114 – des autres curtes où le roi a séjourné. Ainsi forment-ils un groupe restreint au sein de l’ensemble plus vaste des domaines qui, d’après la distinction du capitulaire de 844-850 déjà cité, sont mobilisés non pour la ‘dépense du roi’, mais pour les déplacements de l’empereur et ceux de ses missi115. Il est difficile d’aller au-delà du constat de la répartition des revenus des domaines ruraux en fonction des postes de dépense telle que l’indique le capitulaire de 844-850, dans ce que l’on devine malgré tout constituer un réseau. Sa hiérarchie a peut-être hérité de la distinction déjà signalée entre ce qui relève du ‘public’ et ce qui relève du palais, et dont on trouve encore l’écho dans un diplôme de Louis II, qui fait état de palatia et principales coortes dans le comté de Plaisance, en 874116. Quoi qu’il en soit, dans l’ensemble particulier que forment les palais, il n’est guère possible, en l’absence d’enquête archéologique systématique, de repérer une éventuelle logique économique liée à la production de telle ou telle curtis en particulier. L’exploitation des ressources aurifères des

de Gardina, en Piémont, a été précisée depuis : A.A. Settia, « Nelle foreste del re : le corti Auriola, Gardina e Sulcia dal IX al XII secolo », in Vercelli nel secolo XII. Atti del quarto congresso storico vercellese, Vercelli, 2005, pp. 353-410. 113 Settia, « Nelle foreste del re », p. 398, relève la présence d’un venator royal à Verceil, proche d’Auriola et Gardina, au xe siècle : L. Schiaparelli, I diplomi di Ugo e di Lotario…, Roma, 1924 (Fonti per la storia d’Italia, 38), no 73. 114 Placiti., III, no 358 ; Settia, « Nelle foreste del re », pp. 399-402. 115 MGH Capit. II 202, c. 6 : “necnon et (villae et cortes) quae in transitu domni imperatoris servire debent vel missis transeuntibus necessaria ministrare”. 116 MGH DD L. II 67 ; supra, texte correspondant aux notes 20 et 48.

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sables fluviaux a pu jouer un rôle ici ou là, d’autant plus important que le Palais avait le monopole sur les acquisitions de métal précieux, tout au moins au xe siècle117. À Orba, la présence de vaisselle en ‘pietra ollare’ témoigne d’une bonne insertion dans les circuits commerciaux liés à l’arc alpin, sans plus de différence, toutefois, par rapport à de nombreux autres sites de plaine qui recevaient de la même manière la production artisanale des hautes vallées118. Quant à la maîtrise de grandes étendues forestières et plus généralement foncières, elle est essentielle pour la définition du palais rural, mais non suffisante, si l’on songe par exemple que la curtis de Benevagienna, dans le Piémont, comptait cent mille jugères sans pour autant être comptée parmi les palais119 ; e) l’autre nouveauté est l’existence d’un fisc comtal. Si l’expression fiscus comitalis est bien attestée à la fin du ixe siècle120, savoir ce qu’elle recouvre n’est pas toujours aisé, car la seule mention d’une terra comitis ou d’une curtis ducale au ixe siècle ne permet pas de faire le départ entre ce qui relèverait des biens privés et de ceux afférents à la fonction. Certaines formulations lèvent toutefois le doute. En 826, Louis le Pieux et Lothaire font ainsi un échange avec le comte Boson, lui donnant des biens qui ‘appartiennent’ (pertinentes) au comté de Verceil121. En 876, l’archevêque de Milan reçoit de Charles le Chauve des casellae dépendant du comté de Pavie, mais sises dans le territoire de la ville de Milan122. En 878, voici encore une donation de biens iuris publici de comitatu Placentino à S. Sisto de Plaisance123. Et en 894 l’évêque de Parme Wibod se voit confirmer l’attribution d’une curtis dans le territoire de Parme (in finibus) avec cette précision : sed aliud quod ibi pertinet ad comitatum124. Le verbe pertinere doit être considéré dans sa pleine accep-

Brühl, Violante, Die “Honorantiae civitatis Papie”, p. 21 § 9. M. Cortelazzo, « La Torre (Frugarolo, prov. di Alessandria). Campagne 19911992 », Archeologia medievale, 20, 1993, pp. 339-45. 119 L. Schiaparelli, I diplomi italiani di Ludovico III…, Roma, 1910 (Fonti per la storia d’Italia, 37), no 13. 120 MGH Capit. II 225, c. 8 ; infra, note 146. 121 MGH DD L. I 256. 122 Tessier, Recueil des actes de Charles le Chauve, no 402 : “quasdam casellas ad comitatum Papiensem pertinentes, quae reiacent in finibus praefatae Mediolanensis urbis”. 123 MGH DD Kn. 16. 124 MGH DD Arn. 125. 117 118

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tion juridique, à la différence de la simple localisation topographique in comitatu (positus, ou adiacens). Un diplôme de Lambert de Spolète l’exprime encore à propos de biens sis in comitatu et pago Placentino, mais dont il est précisé qu’ils sont de eodem pertinentes comitatu125. Pour autant, ces distinctions, souvent utiles comme signes du caractère dispersé de la propriété, ne préjugent pas du fait que ce qui relève du comté reste soumis au ius regni (nostri), ou ius nostrum publicum, comme le disent de nombreux diplômes126. C’est pourquoi il serait hasardeux de penser que ce qui ressort du fisc comtal forme une entité séparée, car cet élément s’intègre sans difficulté dans l’une ou l’autre des catégories définies par le capitulaire de 844-850. 4. La fin du ixe et la première moitié du xe siècle : des tensions à la reprise en main par Hugues de Provence À la fin du ixe et pendant la première moitié du xe siècle, ce système est maintenu dans ses grands traits mais connaît aussi des infléchissements notables, liés au contexte politique. Dès les années 860, la constitution du douaire d’Engelberge127 et l’abondante série de diplômes qui ont suivi en sa faveur portent en germe les prémices de certains dérèglements. Le fait que la reine dispose de biens propres relève en soi d’une pratique courante, nous l’avons vu, depuis l’époque lombarde. Hildegarde eut aussi ses curtes italiennes. De même le monastère S. Salvatore de Brescia fut-il attribué d’office à la souveraine en exercice : même Judith, qui n’a jamais mis les pieds en Italie, en a eu le beneficium128. Ce ne sont même pas le nombre, ni l’étendue des biens concernés qui sont en cause, puisque seules deux curtes sont envisagées dans le douaire au sens strict, établi en 851/860. Louis II avait par ailleurs L. Schiaparelli, I diplomi di… Lamberto, Roma, 1906 (Fonti per la storia d’Italia, 36), no 1. 126 Un seul exemple parmi beaucoup d’autres, L. Schiaparelli, I diplomi di Berengario I, Roma, 1903 (Fonti per la storia d’Italia, 35), no 16 : donation d’un manse “iuris regni nostri, pertinentem de comitatu Veronense”. 127 R. Cimino, « Angelberga : il monastero di San Sisto di Piacenza e il corso del fiume Po », Reti Medievali Rivista, 13, 2, 2012 (http://rivista.retimedievali.it), pp. 141-62. 128 MGH DD L. I 246 ; C. La Rocca, « Les cadeaux nuptiaux de la famille royale en Italie », in F. Bougard, L. Feller, R. Le Jan (éd.), Dots et douaires dans le haut Moyen Âge, Rome, 2002 (Collection de l’École française de Rome, 295), pp. 499-526 : p. 506. 125

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pris soin de recueillir l’accord des grands avant de les céder : consensus nécessaire, peut-on penser, puisqu’il s’agissait précisément de biens publics pour lesquels le roi ne peut agir de manière complètement arbitraire et qui, par définition, ne pouvaient faire l’objet d’une cession définitive129. Le malaise vient du fait que, une donation après l’autre, ce dotalicium s’est transformé en tout autre chose, hors norme. Surtout, dans les dernières années du règne de Louis II et à la faveur de la crise politique qui a suivi son décès, tout fut fait pour soustraire ces biens à la sphère publique ordinaire en les transférant à la fondation d’Engelberge, S. Sisto de Plaisance. En 874, l’empereur autorisa sa consors imperii à disposer librement de la totalité de ses biens, y compris de ceux provenant de sa ‘libéralité’130. Quelque temps plus tard, un faux fut composé à S. Sisto pour dire la même chose, mais en rétrodatant la concession à l’année 870 et en prenant soin d’intégrer la mention de l’accord unanime des primores, avec des mots autrement plus forts que dans l’acte de 860/851131. La nécessité d’établir un diplôme pour cela, puis d’en renforcer la teneur par le biais d’une falsification, est révélatrice du fait que cela n’allait pas de soi et qu’une telle faveur, inédite, ne pouvait que susciter des résistances. Celles-ci n’ont pas manqué. En 887, un diplôme de Charles le Gros évoque les ‘contradictions’ dont est victime Engelberge, à commencer pour ce qui est des biens reçus de son époux132. L’identité de tels contradicteurs n’est pas difficile à établir : en 877, Charles le Chauve avait fait mis main basse sur le trésor de l’impératrice, déposé à S. Salvatore de Brescia ; l’année 879, elle, fut marquée par l’offensive de deux comtes et de l’évêque de Novare contre des biens fonciers. Autant de comportements que le pape, protecteur de la veuve de Louis II, fustige comme de la déprédation133. Mais ne s’agit-il pas plutôt de la réaction normale de

MGH DD L. II 30 : “una per consensum et voluntatem nostrorum optimatum”. MGH DD L. II 66. 131 MGH DD L. II 51 : “cum tractatu et consilio atque unanimitate imperii nostri primorum”. L’acte, que l’éditeur considère comme interpolé, est intégralement rejeté, à juste titre selon moi, par (J. F. Böhmer)-H. Zielinski, Regesta imperii, I, 3, 1, Cologne-Vienne, 1991, no 307. 132 DD Kar. III 166. 133 MGH Epp. VII, nos 181, 238, 244. Voir aussi no 173 : le comte Liutfrid et son épouse ont retiré de force du monastère S. Sisto la moniale Garelinda : probablement s’agissait-il de leur fille, qu’il n’y avait plus d’intérêt à laisser auprès d’Engelberge, alors en mauvais termes avec Charles le Gros. 129 130

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qui, après la mort de l’empereur, considérait que les biens confiés à son épouse, prélevés sur les fiscs au sein de différents comtés, pouvaient faire retour dans les caisses publiques ? Il n’y a pas de hasard non plus si Engelberge a tenu à se faire confirmer ses biens par tous les souverains successifs : non seulement Charles le Chauve (en dépit des appétits de ce dernier sur le trésor), Carloman, Charles le Gros, Bérenger Ier et Gui de Spolète, mais aussi Louis le Germanique en 876 puis Arnulf en 889, alors que ces derniers n’étaient en rien maîtres de l’Italie mais s’imposaient comme des acteurs puissants, maîtres en puissance du fisc italien, à ne pas négliger134. Tout se passe comme si, au prix d’une négociation permanente, on avait voulu changer les règles du jeu (en gros, celles de l’usufruit viager), pour éviter que ces biens d’origine publique ne fussent réinjectés dans le circuit ordinaire de la distribution rémunératrice, qui comportait les mêmes risques d’érosion qu’à l’époque lombarde, amplifiés qui plus est par la tendance à la possession héréditaire des bénéfices. Le fait que S. Sisto ait par la suite été confié à des représentantes de la famille royale (spécialement Berthe, la fille de Bérenger Ier, qui disposait aussi de S. Salvatore de Brescia), laissait ces terres sous le contrôle de la royauté135. Celleci put en distraire tel ou tel élément pour constituer d’autres douaires, comme celui d’Ageltrude, dont la position patrimoniale fut renforcée en 891, en lien direct avec l’accession à l’Empire de Gui de Spolète136. En ce sens, l’expression “coffre-fort pour le royaume” est juste137.

MGH DD Kar. III 22 (qui fait état d’un diplôme de Carloman, perdu), 56, 166 (qui fait état d’un diplôme de Charles le Chauve, perdu) ; Schiaparelli, I diplomi di Berengario I, no 4 ; Id., I diplomi di Guido, no 4 ; DD LD. 171; DD Arn. 49. Les confirmations en faveur de S. Sisto postérieures à la mort d’Engelberge montrent que l’ensemble qu’elle avait constitué fut peu affecté par la remise en circulation de biens au profit des reines ou d’autres bénéficiaires : L. Schiaparelli, I diplomi italiani… di Rodolfo II, Roma, 1910 (Fonti per la storia d’Italia, 37), no 8 ; Idem, I diplomi di Ugo e di Lotario, di Berengario e di Adalberto, no 2, p. 6 ; no 1, p. 291. 135 C. Sereno, « Bertilla e Berta : il ruolo di Santa Giulia di Brescia e di San Sisto di Piacenza nel regno di Berengario I », Reti Medievali Rivista, 13, 2, 2012 (http:// rivista.retimedievali.it), pp. 187-202 ; T. Lazzari, « Bertha, amatissima : Berengar I’s daughter and the rule on the fical estates in the Po valley, 10th century, first half », communication à l’International Medieval Congress 2017 (Leeds), à paraître. 136 P. Guglielmotti, « Ageltrude : dal ducato di Spoleto al cuore del regno italico », Reti Medievali Rivista, 13, 2, 2012 (http://rivista.retimedievali.it), pp. 163-86. 137 T. Lazzari, « Dotari e beni fiscali », Reti Medievali Rivista, 13, 2, 2012 (http:// rivista.retimedievali.it), pp. 123-38 : p. 137. 134

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Une telle mise en réserve pose aussi la question de l’usage des revenus qui lui sont liés : quelle est la contrepartie pour le fonctionnement même de la royauté ? Certes, les données du problème ne sont pas seulement économiques. Disposer d’un point d’appui à Plaisance, nœud de communications en plaine du Pô et commandant l’accès vers la Toscane, c’est-à-dire Rome, était un atout non négligeable. La possibilité de s’assurer une clientèle acquise aux intérêts du roi est primordiale. Mais cet aspect très politique, mêlant le souci de faire obstacle aux éventuelles appropriations par des individus qui pourraient se révéler hostiles à terme, tout en se ménageant une liberté de circulation, me paraît postérieure aux années de Louis II, c’est-à-dire à la constitution de la dotation de S. Sisto : elle correspond au veuvage d’Engelberge et à ses efforts pour peser sur le destin du royaume. Comme pour S. Salvatore de Brescia, qui a pu au reste servir de modèle, la dimension mémorielle et dynastique de la fondation ne doit jamais être oubliée. Quant à la lecture encore une fois ‘stratégique’ de la localisation des biens fonciers de S. Sisto, elle me paraît surévaluée, en une région où il était difficile d’échapper à la proximité du Pô ou de l’un ou l’autre de ses nombreux affluents navigables. La fondation personnelle de Louis II à Casauria, initialement dédiée à la sainte Trinité, n’a pas bénéficié des mêmes largesses fiscales que S. Sisto, en dépit de son emplacement, dont la portée politique, pour le coup, ne pouvait échapper à personne. Même si tout laisse croire que l’initiative même d’une fondation, qui suit immédiatement le retour dans l’espace du royaume à l’issue de la captivité de Bénévent (septembre 871)138, relève de l’accomplissement d’un vœu, la position de cette nouvelle abbaye, à la limite méridionale du duché de Spolète, faisait d’elle une gardienne sur le versant adriatique comme le faisait Farfa du côté des terres romaines, et un pendant éventuel à S. Vincenzo al Volturno. La dotation initiale paraît avoir été constituée surtout à partir de ce que l’empereur avait pu obtenir par des achats, des dons ou des confiscations139. En revanche, et peut-être précisément à cause de ce manque de ressources publiques importantes dans la région ou de leur méconnaissance au moment de la fondation, l’abbé semble avoir disposé de liquidités impor138 139

Pour la datation, voir (J. F. Böhmer)-H. Zielinski, Regesta imperii, I, 3, 1, no 333. Supra, texte correspondant aux notes 90 et 92.

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tantes, grâce auxquelles il put mener une politique foncière agressive, en bousculant la structure des patrimoines locaux140. La compétition pour le trône, avec la nécessité qu’elle entraînait de devoir rallier des fidèles aux opinions parfois changeantes, s’est-t-elle par ailleurs traduite par une déperdition rapide, sinon massive de biens fiscaux ? La tendance est bien là, mais l’analyse doit être nuancée. Si le ‘bassin fiscal’ dont disposent les concurrents n’est pas très grand, car il est rare que l’un ou l’autre ait la maîtrise concrète de la totalité du terrain, il ne semble pas que cela ait eu pour conséquence une pression plus forte, car les partisans des uns et des autres étaient répartis à peu près équitablement sur le terrain. Certes, les diplômes en faveur d’individus sont plus nombreux. Mais si on les rapporte à ceux qu’ont pu délivrer les rois lombards d’après l’exemple du gastald Alahis141, cette quantité devient infime. Par ailleurs, les biens concédés sont rarement de grande taille : on parle de terrola, corticella, casella etc. Il faut y voir une part de rhétorique, spécialement de la part de destinataires souvent à l’origine du texte même des diplômes et qui minorent volontiers la portée supposée de leur demande. Mais le fait est que, dans bien des cas, les dimensions paraissent, de fait, réduites. Il n’y a pas en tout cas de quoi parler de ‘dilapidation’ du fisc en direction des personnes privées. Les vrais bénéficiaires du transfert sont les églises épiscopales et, dans une moindre mesure, les monastères. Pour autant, sauf exception et sauf dans des pièces interpolées, les diplômes postérieurs à Louis II ne révèlent pas de concessions démesurées. On a depuis longtemps établi que des donations aussi exorbitantes que celle, prêtée à Carloman puis supposément confirmée par Charles le Gros, de la curtis regia de Parme en faveur de l’église locale, assortie du districtus sur la cité, étaient le fait des faussaires142. Les difficultés naissent plutôt de l’effet cumulé : a) des ‘transfusions’ répétées du ius royal ou impérial vers d’autres ayants droit ; b) de l’immunité fiscale tantôt acquise depuis longtemps, tantôt

Feller, Les Abruzzes médiévales, pp. 175-8 ; Idem, A. Gramain, F. Weber, La fortune de Karol. Marché de la terre et liens personnels dans les Abruzzes au haut Moyen Âge, Rome, 2005 (Collection de l’École française de Rome, 347), pp. 41-9. 141 Supra, texte correspondant à la note 28. 142 MGH DD Kn 24 ; DD Kar. III 115 ; O. Guyotjeannin, « Les pouvoirs publics de l’évêque de Parme au miroir des diplômes royaux et impériaux (fin ixe-début xie siècle », in D. Barthélemy, J.-M. Martin (éd.), Liber largitorius. Études d’histoire médiévale offertes à Pierre Toubert par ses élèves, Genève, 2003, pp. 14-31 : p. 23. 140

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complétée ou élargie, tantôt encore attribuée à de nouveaux acteurs, comme les chapitres canoniaux, et cela même si le privilège de l’immunité ne dispense généralement pas de fournir à l’entretien des missi143 ; c) de la concession de revenus de la fiscalité indirecte, qui relèvent tantôt du tonlieu sur les ports fluviaux, tantôt de la monnaie (à Mantoue, Trévise), tantôt de ce que rapportent les foires et marchés nouvellement créés, spécialement en milieu rural, et qui représentent autant de manques à gagner144, tantôt encore de l’accompagnement obligé de concessions foncières – car on n’imagine plus guère, à partir des années 880, que la donation d’une terre, quelle qu’elle soit, par le roi ne soit pas assortie des tonlieux qui lui sont attachés. Localement, des situations de crise amènent aussi à d’amples transferts de revenus qui valent compensation, comme en 916 au profit de l’église de Crémone, appauvrie par les incursions hongroises et qui bénéficia du produit des taxes à l’intérieur de la cité145. Il existe bien une tension sur les biens publics à la fin du ixe siècle. Le capitulaire promulgué en 898 à Ravenne par Lambert de Spolète en pose un diagnostic partiel – c’est-à-dire ne prenant pas en compte ce qui est réservé pour les douaires –, en tentant de reprendre d’une main ce qui avait été donné de l’autre. Au moment de réaffirmer ‘l’ancienne coutume’ de la fourniture du pastus imperatoris par les évêques et les comtes, au sein d’un programme politique qui se voulait un retour aux sources carolingiennes, on s’aperçut en effet que la dotation dont pouvaient disposer les comtes pour répondre à cette exigence avait pu fondre, ici et là, ‘récemment’ (novo tempore). Le système décrit plus haut n’était plus à même de rendre le service pour lequel il avait été construit : d’où l’idée d’augmenter le stipendium impérial fourni par les églises, à proportion du transfert de biens publics relevant du fisc comtal en leur faveur, selon la même La canonica de Reggio en est bénéficiaire, en 883 (MGH DD Kar. III 85) ; la même année, l’église de Bergame, immuniste de longue date, devient exempte des venationes publicae (DD Kar. III 89). Sur l’immunité et les missi, Brühl, Fodrum, pp. 449-50. 144 Schiaparelli, I diplomi di Berengario I, nos 12, 52, 60, 67, 118. A.A. Settia, « Per foros Italiae. Le aree extraurbane fra Alpi e appennini », in Mercati e mercanti nell’alto Medioevo : l’area euroasiatica e l’area mediterranea, Spoleto, 1993 (CISAM, 40), pp. 187-233. 145 Schiaparelli, I diplomi di Berengario I, no 112, avec une interpolation quant à l’extension de l’immunité dans un rayon de cinq milles hors de la ville. 143

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logique qui faisait tailler des bénéfices sur les patrimoines concédés aux hommes de Dieu146. Il y a fort à parier que la mort de Lambert, survenue la même année, laissa à l’état de vœu pieux un tel mécanisme de compensation. De sorte que les ressources publiques se trouvaient affaiblies sur un double front, celui des disponibilités foncières et celui des rentrées indirectes, à un moment où il fallait non seulement financer la compétition politique mais, à partir de 899, payer régulièrement des tributs aux Hongrois, qui venaient s’ajouter à ce qu’exigeaient probablement les Sarrasins mais sur quoi nous sommes moins bien renseignés. En l’absence de données chiffrées, il serait assurément hasardeux de noircir le tableau. Mais certains ont pu être tentés, pour s’assurer des recettes, par l’alourdissement du prélèvement direct ou par le recours à une taxation extraordinaire. En 914, l’évêque de Parme Elbuncus, dans son testament, interdit que les biens légués à son église, parmi lesquels figurent de nombreux objets précieux, soient utilisés pour satisfaire aux dona regum : faut-il y voir l’expression d’une intolérance nouvelle face à des exigences répétées, en dehors du souhait légitime que le don à Dieu ne soit pas soustrait pour des usages non canoniques ?147 On se souvient que Bérenger Ier, en 921, soumit l’accession de Lambert à la chaire archiépiscopale de Milan au versement d’une importante somme d’argent, qui fut ensuite répartie de manière hiérarchisée entre les serviteurs du palais de Pavie148. En 947, Bérenger II, lui, alla jusqu’à lever un impôt par tête pour réunir les dix muids de monnaies qu’il devait payer au chef hongrois, tout en fondant les pièces pour les allier avec du cuivre, allégeant ainsi le coût de l’opération : occasion pour Liudprand de Crémone de filer une comparaison implicite avec Julien l’Apostat, qui avait taxé les chrétiens au prétexte d’une campagne militaire contre les Perses149. MGH Capit. II 225, c. 8 : “Ut pastus imperatoris ab episcopis et comitibus secundum antiquam consuetudinem solvatur. Quodsi novo tempore fiscus comitalis in ius ecclesiasticum concessus est, augeatur stipendium imperiale ab ecclesia, iuxta quod res publicae fuerint minoratae”. Brühl, Fodrum, pp. 445-7. Charles le Chauve avait précisément donné à l’archevêque de Milan des biens relevant du fisc comtal de Pavie : Tessier, Recueil, no 402 et supra, texte correspondant à la note 122. 147 E. Falconi, « Il testamento del vescovo Elbunco. Note sulla scrittura parmense nei secoli X e XI », Archivio storico per le province parmensi, 4e s., 9, 1957, pp. 49-67. 148 Liudprand de Crémone, Antapodosis II, 57. 149 Liudprand de Crémone, Antapodosis V, 33 ; Cassiodore, Histoire tripartite VI, 39, 1-2 (voir ma traduction, Paris, 2015, p. 321 et 514). 146

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Dans le deuxième quart du xe siècle, le règne de Hugues de Provence fut marqué par une reprise en main des biens et des revenus publics. Hugues est d’abord celui qui, dans un palais reconstruit par ses soins après l’incendie de Pavie de 924150, a remis sur pied l’organisation de la camera regis, qui fut confiée au magister Gisulfus. Les Instituta regalia et ministeria camerae regum Langobardorum montrent le circuit d’une partie de la fiscalité indirecte et permettent surtout d’apprécier le poids qu’elle a pu représenter. Les taxes pèsent d’abord sur les marchandises, au passage des frontières alpines, avec une possibilité d’abonnement sous forme par exemple d’un versement tous les trois ans de métal et d’objets précieux, selon l’accord conclu avec les Anglo-Saxons. Elles touchent aussi le trafic des Vénitiens dans le royaume et ce qui arrive aux portes de la capitale depuis ce même royaume ou depuis les principautés méridionales. Plusieurs métiers sont aussi concernés : ceux de la pêche, du cuir, du savon, du transport fluvial151. Une bonne partie de cette description relève probablement d’un système ancien, hérité. En revanche, les données relatives à la monnaie ont toute chance d’être contemporaines de la réalité du xe siècle. L’exigence de ne pas frapper de pièces au titre inférieur à 10/12 (soit 833 millièmes) correspond bien à ce qu’on sait de la qualité des deniers d’Otton Ier (850/1000), bien supérieure à ceux du temps de Bérenger Ier (746/1000). En l’absence d’analyses sur la production de Hugues, il reste difficile de savoir si l’amélioration constatée à partir d’Otton, que l’on explique volontiers par des raisons fiscales152, lui doit quelque chose. Notons toutefois que son attention pour la question monétaire, en elle-même source de revenus, s’est traduite par la relance de l’atelier de Lucques, fût-ce de manière minime153. Placiti, I, no 136 (a. 935) : “in palacium noviter aedificatum ab domnum Uglonem gloriosissimum rex”; no 144 (a. 945) : “in palacio domnorum regum ab eis noviter aedificatum”. A.A. Settia, « Pavia carolingia e postcarolingia », in Storia di Pavia, II. L’alto medioevo, Pavia, 1987, pp. 69-158: p. 105. 151 Brühl, Violante, Die “Honorantie civitatis Papie” ; pour le monopole sur les achats d’or issu du lavage des sables fluviaux, voir supra, texte correspondant à la note 117. 152 A. Saccocci, « La monetazione del Regnum Italiae e l’evoluzione complessiva del sistema monetario europeo tra VIII e XII secolo », in C. Alfaro, C. Marcos, P. Otero (éd.), XIII Congreso internacional de numismática, Madrid 2003, Madrid, 2005, pp. 1037-49 : p. 1043. 153 Brühl, Violante, Die “Honorantiae civitatis Papie”, § 7, p. 21. L. Travaini, « La moneta milanese tra X e XII secolo. Zecche e monete in Lombardia da Ottone 150

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Seul maître du terrain à partir de 926, Hugues put se permettre d’être plus parcimonieux que ses prédécesseurs en ce qui concerne la dévolution des biens fonds et des revenus issus du fisc154. Sa concession la plus importante – mais elle est présentée comme une confirmation et ne devrait donc pas être considérée comme une aliénation – concerne l’église de Parme, en 926155. L’élimination systématique des opposants fut par ailleurs un moyen d’augmenter les ressources à la disposition du souverain. Il s’agit non seulement de terres, comme celles du marquis Adalbert ‘le Riche’, récupérées en grande partie du fait de la mise à l’écart de ses deux fils, Gui et Lambert, mais aussi des trésors d’objets précieux, dont Liudprand de Crémone rapporte par exemple la quête à propos de Walpertus et Gezo, les deux juges de Pavie qui s’étaient conjurés contre Hugues, puis à propos de Willa, belle-sœur du roi, qui tenta en vain d’emporter dans sa fuite un certain baudrier orné de pierreries156. Pour servir sa politique, Hugues eut par ailleurs la possibilité de puiser dans les biens qui lui venaient de sa famille et dans ce qu’il avait pu recevoir par des donations ou autres transactions. En indiquant avec précision la différence dans l’origine de ses libéralités, les diplômes n’expriment pas une prise de conscience nouvelle de ce qui relève de l’individu par rapport au ‘transpersonnel’. Il s’agit simplement pour le nouveau roi, qui n’avait pas d’attache particulière dans la péninsule, d’exploiter au mieux ce qu’il y détenait, principalement par la voie de l’héritage de Berthe de Toscane, sa mère, et d’ajouter ainsi une dimension supplémentaire à la manifestation de sa générosité157. I alla riforma monetaria di Federico Barbarossa », in Milano e il suo territorio in età comunale. Atti del 11° Congresso internazionale di studi sull’alto medioevo, Spoleto, 1989, pp. 223-43: pp. 227-8 ; A. Rovelli, « The Denaro of Pavia in the early Middle Ages (eighth to eleventh century) » [1995], in Eadem, Coinage and Coin Use in Medieval Italy, Farnham, 2012 (Variorum Collected Studies Series, 1023), article VIII ; W.R. Day, Jr, M. Matzke, A. Saccocci, Medieval European Coinage, 12. Italy I (Northern Italy), Cambridge, 2016, p. 35. 154 G. Fasoli, I re d’Italia (888-962), Firenze, 1949, p. 216, fournit une estimation chiffrée : un diplôme sur cinq est concerné par des aliénations de terre royale sous le règne de Hugues, contre plus du tiers sous Bérenger Ier ; de même, les aliénations de droits fiscaux ne représentent que 6 % de ses diplômes, contre près du quart sous Bérenger. 155 Schiaparelli, I diplomi di Ugo…, no 3 ; Guyotjeannin, « Les pouvoirs publics de l’évêque de Parme », pp. 26-7. 156 Liudprand de Crémone, Antapodosis III, 41 ; IV, 12. 157 Schiaparelli, I diplomi di Ugo e di Lotario…, nos 31-33, 41, 49, 56, 60, 64, 73.

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La constitution des douaires ‘jumeaux’ de Berthe et d’Adélaïde en 937, remarquablement étudiée par Giacomo Vignodelli, marque, elle, la volonté de s’assurer la maîtrise d’une large partie des biens fiscaux158. En rassemblant au profit de sa femme et de sa bru des ensembles patrimoniaux immenses dont il n’était pas question, cette fois, de préparer la dévolution à une fondation pieuse comme au temps d’Engelberge, Hugues se constituait une réserve foncière sécurisée tout en se donnant les moyens d’un meilleur contrôle du territoire, tant sur le plan des ressources économiques que sur celui des axes et nœuds de communication. Dans l’opération, qui implique les terres au voisinage de Pavie – principalement les curtes liées à la forêt d’Orba, mais aussi l’ancienne Olonna, dont l’importance pour la royauté n’est plus à démontrer –, la Toscane et la Lunigiana, le fait de puiser largement dans des biens situés en Toscane fait partie du train de mesures destinées à brider les tendances autonomistes de la marche. Pour autant, puisque Hugues disposait par ailleurs du réservoir formé par les biens maternels, majoritairement situés en Toscane, il pouvait continuer à alimenter le circuit de la distribution. La mobilisation des biens fiscaux par Hugues n’était pas seulement un retour à une politique peut-être plus raisonnée qu’auparavant. Elle est surtout guidée par la volonté de s’assurer un monopole, rendu évident par le fait que, partout où il l’a pu, Hugues a placé dans les douaires l’intégralité des domaines habituellement réservés au séjour du souverain. Là où ce ne fut pas le cas, il s’est empressé de les confier, en même temps que d’autres biens non situés sur l’itinéraire royal, à des fidèles de second rang plutôt qu’à l’élite, ou à d’autres membres de sa famille : la dimension politique revient ici au premier plan159. Cela n’a pas manqué Schiaparelli, I diplomi di Ugo e di Lotario…, nos 46-47. G. Vignodelli, « Berta e Adelaide : la politica di consolidamento del potere regio di Ugo di Arles » Reti Medievali Rivista, 13, 2, 2012 (http://rivista.retimedievali.it), pp. 247-94 ; Idem, « Reshaping a frame : the system of fiscal curtes in northern Italy and the politics of King Hugh of Arles (926-945) », communication à l’International Medieval Congress 2017 (Leeds), à paraître (je remercie l’auteur de m’avoir très tôt fait partager son texte). Les lignes qui suivent doivent tout à ces contributions. 159 Ainsi pour le monastère S. Salvatore d’Agna, confié à Tegrimo, fondateur de la dynastie des comtes Guidi (Schiaparelli, I diplomi di Ugo e di Lotario…, no 9) ; pour Auriola et Foro, cédés au comte Aleramo, et qui font contrepoids à l’influence des marquis d’Ivrée (Schiaparelli, I diplomi di Ugo e di Lotario…, nos 35, 53) ; pour Sospiro, dont l’attribution à Rotlinda, fille naturelle de Hugues, profitait à son 158

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de susciter un débat. Il revient à Atton de Verceil de l’avoir ouvert, et à Giacomo Vignodelli d’avoir attiré l’attention sur lui160. Atton prend l’exemple du gouvernement de Hugues comme repoussoir, c’est-à-dire l’anti-modèle de ce qui arriverait si les Italiens laissaient le roi de Germanie monter sur le trône. Hugues est le type même du dux étranger qui, privé de base bénéficiale solide, se trouve contraint de renverser les équilibres antérieurs pour se créer de toutes pièces un réseau de fidèles qui ne dépendent que de lui. En favorisant ceux-là plutôt que les milites primi ordinis, il a un usage subversif des biens fiscaux, sans aller pour autant jusqu’au bout de sa logique, qui devrait l’amener à une redistribution générale de la terre publique. La question qu’il faut alors poser est celle de savoir si les Ottons, après Hugues, ont encore eu la capacité concrète à agir de manière aussi discrétionnaire sur les biens fiscaux ou s’il n’était pas trop tard. Pour en récupérer l’usage, il aurait fallu mener la même politique d’élimination physique des puissants. La reprise en main des biens publics, les uns ‘gelés’ au service exclusif de la royauté, les autres mis en circulation au profit d’homines novi, s’était faite dans un climat de brutalité. Très vite, les biens assignés en douaire à Berthe et à Adélaïde furent au fond la seule réserve sur laquelle purent agir les successeurs de Hugues. Mais désormais, l’enjeu était moins sur le plan foncier que sur celui des droits, donc des revenus : en poursuivant et amplifiant la dévolution des droits de justice à partir des années 960, c’est une fois encore sur le prélèvement indirect que l’on faisait fond.

époux Elisiardus, un fidèle originaire de Provence dépourvu de base matérielle en Italie (Vignodelli, « Berta e Adelaide », p. 268-271 ; voir aussi no 79) ; pour Ronco et la curtis Spoletina, donnée à Milon de Vérone (no 60). 160 G. Vignodelli, « La competizione per i beni fiscali : Ugo di Arles e le aristocrazie del regno italico (926-945) », in G. Bührer-Thierry, R. Le Jan, V. Loré (éd.), Acquérir, prélever, contrôler : les ressources en compétition, 400-1100, Turnhout, 2017 (Haut Moyen Âge, 25), pp. 151-69.

Régine Le Jan Fisc et ressources royales dans le royaume franc aux ixe et xe siècles Le fisc est un élément fondamental de la puissance publique, dont il est le support matériel. Il a été l’objet de nombreuses études, dans des perspectives diverses. Sans tomber dans une vision trop fiscaliste, qui a conduit à privilégier une continuité presque absolue du prélèvement fiscal1, on doit constater, en suivant les travaux de Josiane Barbier qui portent sur une période longue, du vie au xe siècle2, que dans le royaume franc, les biens fiscaux étaient partout présents, quoique d’ampleur variée selon les régions, qu’ils relevaient d’une administration propre et que le fisc ainsi conçu s’accroissait selon des règles spécifiques – dons au roi, déshérence, confiscations-, tout en étant destiné à être donné3. Les biens à caractère fiscal étaient très divers. En Anjou par exemple, au ixe siècle, on comptait parmi eux la prison et la résidence comtale à Angers, des biens épars autour de Doué-la-Fontaine, de petites exploitations rurales et des villae, plus ou moins grandes, une église à Gennes et un petit monastère à Cunault. Il faut y ajouter vraisemblablement les carrières de Doué-la-Fontaine, les portus sur la Loire et ses affluents, notamment à Angers, et les marchés producteurs de tonlieux dont la plupart nous échappe4. On devait certainement trouver aussi des ensembles fiscaux, désignés par le terme fiscus, accolé à un nom de lieu et se référant au centre administratif et comptable5. Voir à ce sujet, pour une vision fiscaliste, É. Magnou-Nortier, Aux origines de la fiscalité moderne. Le système fiscal et sa gestion dans le royaume des Francs à l’épreuve des sources, Ve-XIe siècles, Genève, 2010. 2 J. Barbier, Palatium, fiscus, saltus. Recherches sur le fisc entre Loire et Rhin du VIe au Xe siècle, thèse de l’Université Paris-Sorbonne, 1994 ; Ead., « Le fisc du royaume franc. Quelques jalons pour une réflexion sur l’État au haut Moyen Âge », in W. Pohl, V. Wieser (Hrsg.), Der frühmittelalterliche Staat – europäische Perspektiven, Wien, 2009 (Forschungen zur Geschichte des Mittelalters, 16), pp. 271-85. 3 Barbier, Recherches, cit. 4 J. Barbier, « Le roi en Anjou : fisc, palais et politique de Childebert Ier à Charles le Chauve (milieu du vie siècle-fin du ixe siècle) », in Le haut Moyen Âge en Anjou, D. Prigent, N-Y. Tonnerre (dir.), Rennes, 2010, pp. 177-92. 5 Barbier, Recherches, pp. 168-73. 1

Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 121-155 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118741

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La confusion entre biens de l’État – le fiscus – et ce qui aurait pu être des biens privés du roi, c’est-à-dire entre trésor public et trésors royaux, semble complète dès l’époque mérovingienne, selon une tendance déjà perceptible dans l’Empire romain tardif, et ceci parce que le roi n’a d’autres biens et d’autre trésor que les biens publics et le trésor royal, ce dernier étant à la fois une entité indissociable de la royauté, un bien inaliénable, et en même temps un bien matériel qui se transforme et se renouvelle. La patrimonialisation s’est encore renforcée avec les Carolingiens qui, on l’a dit, sortent de l’aristocratie et qui, sans doute dès Charles Martel, ont confondu leurs propres biens patrimoniaux, hérités, avec ceux du fisc, un processus qui s’apparente à la patrimonialisation des biens fiscaux donnés par les rois aux églises ou à des laïcs, mais qui en diffère fondamentalement par son lien avec le pouvoir royal et la puissance publique. Le caractère public d’un bien était noté soit par une épithète telle que fiscalis, regius, regalis, soit par des expressions comme res de comitatu, res fisci, res ad regem pertinens, res ad opus regis ou dominicum6, mais l’expression ad fiscum notrum, ad publicum nostrum, courante à l’époque carolingienne, exprime bien cette interpénétration. Autre point qu’il me semble important de noter : le trésor royal change alors de catégorie et perd son caractère de bien inaliénable. Certes, les objets du trésor royal conservent une grande force symbolique, comme ces couronnes que Charles le Chauve se fait voler par les Normands7, mais la symbolique globale du trésor est alors transférée aux regalia, dans un contexte de forte ritualisation. Il n’est plus question de transmettre des trésors royaux de roi en roi, comme c’était le cas à l’époque mérovingienne, et Charlemagne peut ainsi prévoir par testament l’affectation privée de ses res familiares à ses proches et aux églises8. Sans doute ne fautil pas considérer qu’on distingue ici entre ce qui relève de la chose publique, de l’exercice du pouvoir royal, et les objets familiers dont il disposerait à sa guise, mais que les deux catégories s’identifient à la personne de l’empereur, qui transcende elle-même les frontières du public et du privé. Barbier, « Le roi… », p. 178. Annales de Saint-Bertin, a. 865, éd. F. Grat, J. Vielliard, S. Clémencet, Paris, 1964, p. 122. 8 Eginhard, Vie de Charlemagne, c.33, éd. et trad. M. Sot, C. Veyrard-Cosme, Paris, 2014 (Les classiques de l’histoire du Moyen âge, 53), pp. 76-87. 6 7

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Le fisc carolingien s’identifie donc aux caisses du trésor et au patrimoine public. Les conquêtes, les confiscations pour trahison, rébellion ou encore insolvabilité s’ajoutent aux revenus tirés des domaines royaux et du produit de la fiscalité. Les impôts directs (caput et census) ont cessé d’être perçus par le roi dans le courant du viie siècle, mais les rois carolingiens ont multiplié les taxes indirectes. Ils ont aussi inventé un système de prélèvements obligatoires original, sous forme de dons annuels (dona annualia) remis lors de l’assemblée générale, qui touche à la fois les grands et les églises, et Charles le Chauve peut imposer tout le royaume pour payer les tributs aux Normands, une opération exceptionnelle, qui relevait d’ailleurs pour partie de la communication politique. L’attention portée à l’organisation domaniale et au système d’approvisionnement des palais royaux par les fiscs d’un côté, aux douanes, aux marchés, aux tonlieux et à la monnaie d’autre part, surtout sous Charles le Chauve, atteste une volonté de rationaliser les revenus, une attention soutenue portée aux échanges locaux, régionaux et suprarégionaux et aux profits que le roi pouvait en tirer9. Les revenus domaniaux et les taxes servaient d’abord à faire fonctionner la cour et le gouvernement royal. Ils ont ainsi permis de développer la largitio royale à l’égard des églises10 et de réaliser aux viiie et ixe siècles un programme somptuaire de constructions de palais et d’églises, où l’on mettait en scène le souverain carolingien dans le cadre des grandes cérémonies de la cour11. Cependant, ce patrimoine public n’était qu’en partie affecté au palais, entendu au sens politique du terme, et seuls un certain nombre de fiscs royaux étaient réservés à l’usage royal, que le roi vînt ou non séjourner dans les palais qui leur étaient associés. Depuis la généralisation du système des comtés au viiie siècle, une partie des biens et revenus fiscaux était affectée au comté (res de comitatu), ou plutôt associée à la fonction comtale, à titre de « rémunération », et une autre enfin aux établissements immunistes, placés directement sous la

J-P. Devroey, Puissants et misérables. Système social et monde paysan dans l’Europe des Francs (VIe-IXe siècles), Bruxelles, 2006. 10 J. Barbier, « Du patrimoine fiscal au patrimoine ecclésiastique. Les largesses royales aux églises au nord de la Loire (milieu du viiie siècle-fin du xe siècle) », Mélanges de l’Ecole française de Rome. Moyen Âge, 111, 1999, pp. 577-607. 11 R. Le Jan, « Les cérémonies carolingiennes : symbolique de l’ordre, dynamique de la compétition », in Le corti nell’alto medioevo, Spolète, 2015 (Settimane CISAM, LXII), pp. 167-95. 9

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puissance et la protection royales. Mais le roi utilisait aussi les terres publiques comme support matériel de la fidélité, sous forme de dons aux membres de sa famille, à des proches, à des fidèles, ou de bénéfices/ précaires à ses vassi dominici, plus souvent chasés d’ailleurs sur des terres d’Église. La confusion public-privé qu’expriment les expressions ad fiscum nostrum, ad publicum nostrum, se doublait ainsi d’une interpénétration du religieux et du civil permettant aux souverains carolingiens d’utiliser les res ecclesiae sans que cela ait posé problème avant la génération d’Agobard de Lyon et celle d’Hincmar de Reims12. Entre 880 et 920, l’empire carolingien a définitivement éclaté et les règles du jeu politique ont profondément changé. En raison de la crise dynastique, les Carolingiens ont perdu le monopole de la royauté au profit de « roitelets » (reguli), selon l’expression du continuateur des annales de Fulda13, et les royaumes sont devenus indépendants les uns des autres. Dans chacun d’entre eux, la capacité des rois à manipuler les réseaux aristocratiques pour obtenir la coopération des grands d’une part, à contrôler efficacement les ressources fiscales d’autre part s’est réduite, les obligeant ainsi à multiplier des compromis qui leur étaient souvent défavorables. Il ne s’agit pas d’une révolution, puisque l’enjeu du pouvoir à l’époque carolingienne était aussi l’accès à l’espace et au domaine publics. Mais tandis que le problème des rois du ixe siècle était de contrôler les périphéries de leur royaume, en maintenant un système de communication directe avec les élites locales, par le biais des assemblées et des bénéfices14, celui des rois postcarolingiens est de conserver la maîtrise du domaine public au cœur même de l’ancien espace royal carolingien15, face à des compétiteurs qui jouent jeu égal ou presque égal avec eux, en négociant leur fidélité, en n’hésitant plus à agir comme leurs « ennemis». Il s’agit d’un changement de taille, aux conséquences multiples, y compris matérielles.

G. Calvet-Marcadé, Assassins des pauvres. L’Église et l’inaliénabilité des terres à l’époque carolingienne, Turnhout, à paraître (Haut Moyen Âge, 30). 13 Annales Fuldenses, Continuation bavaroise, a. 888, éd. F. Kurze, MGH SS rer. Germ., Hanovre, 1891, p. 116. 14 M. Gravel, Distances, rencontres, communications. Réaliser l’empire sous Charlemagne et Louis le Pieux, Turnhout, 2012 (Haut Moyen Âge, 15). 15 S. MacLean, « Palaces, Itineraries and Political Order in the post-Carolingian Kingdoms », in J. Hudson, A. Rodríguez (eds.), Diverging Paths? The Shapes of Power and Institutions in Medieval Christendom and Islam, Leiden, 2014 (The Medieval Mediterranean, 101), pp. 291-320. 12

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La perte progressive du contrôle du domaine public dans les principautés en construction, à partir de la fin du ixe siècle, a ses origines dans les conceptions patrimoniales du pouvoir carolingien lui-même, dans les formes de transmission héréditaire des charges publiques au sein de groupes de parenté larges pratiquées au ixe siècle16. Le processus est connu : à la faveur des crises de la seconde moitié du ixe siècle, la tendance à l’hérédité s’est renforcée et avec elle le cumul des charges qui a permis aux princes de contrôler directement les fiscs et revenus fiscaux. Ils ont médiatisé les revenus qui servaient à « rémunérer » les agents royaux et à s’attacher les fidélités des élites moyennes17. Ils ont pris le contrôle des monastères royaux, par le biais de l’abbatiat et mis ainsi la main sur les revenus et les réseaux de ces établissements, qui jouissaient souvent de l’immunité. Ils l’ont fait en s’appuyant sur l’idéologie carolingienne qui les associait au pouvoir royal et qui fondait leur pouvoir en Dieu, autant que dans la délégation royale18. Cependant, le processus n’est pas linéaire et s’inscrit dans un contexte d’intense compétition, dont le roi est resté l’un des acteurs principaux au xe siècle. En conséquence, les constructions sont diverses, plus ou moins solides, évolutives. Pour mieux comprendre ces transformations, on s’interrogera donc sur l’instrumentalisation des biens fiscaux par les acteurs, sur la nature du fisc et sur la gestion des ressources et ce qu’elle révèle de l’enchâssement de l’économique dans le politique, une caractéristique des sociétés traditionnelles19. Lieux publics, circulation et mémoire des biens fiscaux (viiie-ixe siècle) La question des lieux publics est intimement liée à celle des biens fiscaux, tant on a l’habitude d’identifier fisc, puissance publique et hiérarchie administrative. Il y avait partout, à l’échelle locale, des lieux où

R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe-Xe siècle). Essai d’anthropologie sociale, Paris, 1995, pp. 249-57. 17 F. Mazel, Féodalités, 888-1180, Paris, 2010, p. 31. 18 R. Le Jan, « La noblesse aux IXe et Xe siècles : continuité et changements », in Ead. Femmes, pouvoirs et société, pp. 190-203. 19 K. Polanyi, La Grande Transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps (1944) trad. française, Paris, 1983. 16

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les communautés faisaient régulièrement des actions juridiques, où elles donnaient forme à leurs valeurs et à leurs normes, toutes actions qui relèvent d’un processus de construction identitaire d’un espace public20. Le vocabulaire attaché à ces lieux à l’époque carolingienne, plus particulièrement l’adjectif publicus et l’adverbe publice, qualifient certaines actions, certaines institutions, certains espaces. Ces termes ont toujours été polymorphes, même en latin classique, puisque l’adverbe publice signifiait à la fois « au nom de l’Etat, officiellement » et « agissant en public, s’adressant au public, publiquement ». Une enquête sur ces termes a donc été conduite dans les cartulaires de Fulda, de Wissembourg, de Lorsch et dans le fonds de Saint-Gall, pour le viiie siècle. Les lieux concernés se situent donc autant dans des espaces anciennement romanisés, comme la Rhénanie ou la Rhétie, que dans les régions qui ne l’avaient pas été et où la puissance franque s’était longtemps exercée dans le cadre lâche des duchés, comme en Hesse, ou en Thuringe. S’interroger sur ce que représentaient les lieux et les domaines royaux dans ces régions permettra de poser des bases permettant de mieux comprendre la flexibilité des concepts liés à la catégorie du « public ». En tenant compte des habitudes notariales et des aléas de la conservation, en original ou en copie, les principales conclusions sont les suivantes : 1) L’adverbe publice sert à attester que le transfert a été fait publiquement, en public. La publicité donne sa force à l’acte et lui confère sa validité, autant que la liste des témoins. Comme un transfert de bien est un acte cérémoniel, il est fait dans un lieu qui ne peut être un lieu dépourvu de sens, si bien que certains lieux reviennent régulièrement et apparaissent ainsi comme des lieux de réunion sinon de pouvoir, ce qui est aussi un des sens de publice21. C’est évidemment le cas de certaines civitates comme Mayence, Worms ou Strasbourg, mais aussi des monastères eux-mêmes, où des actes sont passés publice. D’autres lieux reviennent régulièrement, où on se réunit publiquement pour passer des actes : ainsi la villa de Weinheim dans le Lobdengau, où les notaires

J. Habermas, L’espace public archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise (traduit de l’allemand par Marc B. de Launay), Paris, 1988. P. Boucheron, N. Offenstadt (dir.), L’espace public au Moyen Âge. Débats autour de Jürgen Habermas, Paris, 2011. 21 R. McKitterick avait déjà identifié l’existence de lieux offrant la publicité nécessaire aux transactions, cf. The Carolingians and the Written Word, Cambridge, 1989, pp. 98-115. 20

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habituels sont venus enregistrer publice sept donations au monastère de Lorsch, entre mars et octobre 766, faites par des donateurs différents, pour des biens situés en plusieurs endroits ; dans le cartulaire de Wissembourg, on relève le vicus de Marsal, le castrum de Sarrebourg ou encore Brumath où siège le tribunal (in mallo publico22) et qui est qualifié de fisc royal dans un diplôme de l’empereur Arnulf pour Lorsch de 88923, mais aussi des villae appartenant aux fondateurs, véritables points d’ancrage du pouvoir familial (ainsi autour de l’église de Berg), sans que leur caractère public soit évident, et qui disparaissent ensuite, tandis que d’autres apparaissent, sans doute liés à d’autres groupes. Les scribes sont aussi attentifs à apporter une qualification publique à un certain nombre de lieux, en y accolant l’adjectif publicus. Dans l’espace alémano-rhétique concerné par les actes de Saint-Gall, conservés en originaux, une grande confusion règne entre l’adverbe et l’adjectif, mais tous les lieux qualifiés de publics, y compris les villae, sont des lieux de pouvoir anciens, souvent d’origine romaine, parfois même antérieurs, dont certains éléments, comme les murs fortifiés par exemple, étaient encore bien visibles dans le paysage. Enfin, à partir du milieu du viiie siècle, un glissement s’opère qui conduit à accoler l’adjectif publicus à des lieux ayant intrinsèquement un caractère public, comme les civitates, mais aussi les castra, les vici, avec un grand flou dans la désignation. Ainsi, dans les actes de Lorsch, trois actes sont passés la même année à Ladenburg, chef-lieu du Lobdengau, qualifié alternativement Lobdoe castro, de Lobdenesi ciuitate publica et de Lobduna ciuitate publice. 2) Cette utilisation des formes publice/publicus ne peut se comprendre en utilisant les catégories modernes de public et de privé, ou des catégories romaines qui avaient déjà évolué dans les derniers siècles de l’empire. Il faut au contraire partir de l’idée que publicus ajoute une qualification à un lieu ou une action, se superposant ainsi à d’autres qualifications et d’autres droits qu’elle ne fait pas disparaître complètement. Dans la Germanie du milieu du viiie siècle, les espaces et les lieux de pouvoir étaient encore discontinus et ne formaient pas un réseau structuré. Les palatia, les civitates et les castra qui avaient été contrôlés par les ducs étaient passés sous le contrôle des maires du palais puis des rois carolinTraditiones Wizemburgenses. Die Urkunden des Klosters Weissemburg 661-864, éd. K. Glöckner, A. Doll, Darmstadt, 1979, no 160. 23 Codex Laureshamensis, I, éd. K. Glöckner, Darmstadt, 1929 [= CL], no 50. 22

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giens, mais les élites locales, qui étaient en position dominante avant la mise en place des comtés, contrôlaient de multiples lieux de pouvoir. Comme on a revu à la baisse le nombre des fiscs royaux, y compris dans la région du Rhin Moyen, ces lieux de pouvoir étaient transmis et tenus au titre de l’hereditas, ils étaient aussi utilisés par des communautés plus larges que celle des cohéritiers, pour des actions réalisées publice. Ces points fixes servaient ainsi à structurer et à hiérarchiser des réseaux. En se généralisant comme qualificatif de lieux de statut et d’importance différents, l’adjectif publicus créait une nouvelle géographie mentale qui unifiait le réseau de lieux et qui contribuait finalement à construire le pouvoir carolingien24. Pour notre propos, ces données doivent être croisées avec la question des biens fiscaux. Il en ressort que finalement, les Carolingiens ont sans doute moins donné de parts de domaines fiscaux que de parts de saltus, largement vides d’hommes, et qu’ils ont surtout poussé les possesseurs de villae à entrer dans l’amitié des monastères dont ils prenaient le contrôle, en leur transférant leurs biens25. Le monastère de Fulda fut ainsi fondé dans la forêt de Buchonia, un espace inculte donné par le maire du palais Carloman à Boniface et Sturmi en 74426. L’espace relevait de la puissance publique, puisqu’il était inculte, et que le lieu précis où fut fondé le monastère était situé à l’emplacement d’un ancien palais ducal, détruit vers 700, un lieu de pouvoir symbolique, chargé de mémoire par excellence. Charles Martel avait dû en prendre le contrôle, après la chute du duché de Thuringe, dans les années 730, et son fils Carloman consolidait le pouvoir carolingien dans ces régions en y fondant un monastère. La charte de fondation associait d’ailleurs les élites de la région et les encourageait à donner leurs biens au nouveau monastère, ce qu’elles firent massivement. L’acte de fondation cite parmi les témoins des prefecti parmi lesquels certains, comme Throand, sont qualifiés de viri magnifici dans une lettre que le pape Zacharie

R. Le Jan, « Lieux de pouvoir et espace public dans la Germanie du viiie siècle : Publice/publicus dans les actes diplomatiques », dans G. Blanchi, T. Lazzari, M.C. La Rocca (a cura di), Spazio publico e spazio privato tra storia e archeologia (secoli VI-XI), Atti del VII seminario del SAAME, Turnhout, 2018, pp. 173-98. 25 M. Innes, State and Society in the Early Middle Ages. The Middle Rhine Valley 400-1000, Cambridge, 2000. 26 Vita Sturmi, c. 12, MGH SS II, p. 370 ; Urkundenbuch des Klosters Fulda [= FUB], éd. E. Stengel, I, Marburg, 1913, no 6. 24

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leur adressa quelques années plus tard pour leur rappeler qu’ils devaient s’adresser à l’évêque de leur diocèse pour ordonner les prêtres de leurs églises et pour consacrer les abbés et les abbesses de leurs monastères familiaux27. À environ soixante-dix kilomètres au sud et au sud-est de Fulda, dans ce qui allait devenir la Franconie, deux villages sont respectivement qualifiés de villa publica et de vicus publicus : en 763, Geldersheim est qualifié de villa publica28 et en 784 et 799/800, Milz, où on vient de fonder un monastère, est qualifié de vicus publicus29. Il s’agissait de lieux de pouvoir anciens qui avaient sans doute été concédés par les ducs aux viri magnifici et qui étaient situés à une vingtaine de km de Hammelburg, un important centre de pouvoir des ducs hédenides, sur lequel les Carolingiens avaient mis la main après la chute du duché. Le 7 janvier 777, Charlemagne concéda à Fulda, par un diplôme conservé en original, tous les biens lui appartenant à Hammelburg sur la rivière Saale, avec ses dépendances d’Eschenbach, Diebach, et Erthal30. Le 8 octobre de la même année, les comtes Nithad et Heimo, avec deux vassaux royaux et devant 21 témoins, fixèrent les limites du fiscus d’Hammelburg donné par Charlemagne, après qu’une description des limites précises dudit fiscus eut été faite sous serment par les plus nobles de cet endroit31. La Vita Sturmi, rédigée par l’abbé Eigil au début du ixe siècle, confirme la donation par Charlemagne d’Hammelburg, avec tout ce qui revenait à ce fiscus32. Aucun acte privé ne mentionnant d’autres possesseurs que le roi à Hammelburg, on peut en conclure qu’il s’agissait d’un fisc à usage du roi, auparavant détenu par les ducs, sans qu’on en connaisse l’origine ni la nature. En revanche, Milz était une possession

Lettre du pape Zacharie à Throand et d’autres hommes magnifiques (1er mai 748), MGH. Epistolae Merovingici et Karolini aevi, I, éd. W. Gundlach et E. Dümmler, Berlin, 1892, no 83, pp. 364-5. 28 En 762-763, l’acte par lequel Hahbertus et son épouse Hruadla/Hruadlaug donnent à Fulda des biens sis à Geldersheim et Pfersdorf, une dizaine de km au sud-ouest de Hammelburg, par les mains de l’abbé Sturmi et de l’abbesse Hruadlaug, est passé à Geldersheim même, in villa publica. Les biens appartenaient sans doute à la famille de Hruadlaug, qui devait être la nièce de l’évêque de Wurtzburg Megingoz, du comte Matto et de l’abbesse Hruadlaug (FUB, no 39). 29 FUB, no 154, p. 227-231 30 FUB, no 77, p. 140-147, MGH DD Kar. 1 no 116. 31 FUB, no 83, p. 151-154. 32 Eigil, Vita Sturmi, c. 22, MGH SS II, p. 375. 27

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privée, détenue par un groupe de cohéritiers, qui possédaient aussi les marcae de Rasdorf et Soisdorf33, décrites à l’initiative des possesseurs, au moment de donner leurs biens à Fulda, avant 780, selon le même procédé qu’à Hammelburg34. Les descriptions des marcae de Soisdorf et Rasdorf montrent qu’au début du ixe siècle, elles n’étaient pas encore mises en valeur, même si les toponymes en dorf suggèrent qu’il y avait là deux sites d’habitat récents35, ce que confirme l’existence d’un monasterium à Rasdorf en 81536. Les deux marcae pourraient donc bien avoir constitué les parts longtemps vides et incultes d’un ensemble foncier plus ancien, mais dont aucune origine fiscale n’est attestée. Ces espaces, peut-être mais pas surement cédés par les ducs à des membres de leur entourage, ont dû rester en possession de leurs descendants, qui les avaient maintenus en indivision autour d’églises familiales. La villa de Milz, par son ancienneté et la présence d’une église pré-bonifacienne cristallisa la mémoire identitaire et distinctive du groupe et fut ainsi intégrée dans une sorte de géographie publique en tant que vicus publicus, avant de passer, après les deux marcae, sous le contrôle de Fulda. En Wormsgau, une région anciennement romanisée, on rencontre d’autres configurations. Le village de Dienheim, situé sur le Rhin, à proximité d’une via publica, a été occupé dès l’époque de Halstatt, avec de nombreuses attestations romaines. Sa forte centralité est attestée à l’époque carolingienne par le grand nombre d’actes (150) qui le mentionnent. Il est désigné comme villa publica ou vicus publicus. On y a donc vu un fisc37. Mais si le roi y est bien en possession d’une villa (villam nostram), comprenant une cour seigneuriale et des dépendances, essentiellement constituées de vignes, il y a de nombreux autres aristocrates possesseurs de vignes dans le même village, qui donnent à

33 W. Metz, « Austrasische Adelsherrschaft des 8. Jahrhunderts. Mittelrheinische Grundherren in Ostfranken, Thüringen und Hessen », Historische Zeitschrift 87, 1967, pp. 268-72 ; M. Gockel, « Zur Verwandschaft der Äbtissin Emhilt von Milz », in H. Beumann (Hrsg.), Festschrift für Walter Schlesinger, II, Munich, 1974, pp. 1-70. 34 FUB, no 145, p. 203-206. 35 Les toponymes en dorf, weiler, kirch ne sont généralement pas antérieurs au viiie siècle. 36 Codex diplomaticus Fuldensis, éd. E. J. Droncke, Cassel, 1850, no 323. 37 M. Gockel, Karolingische Königshofe am Mittelrhein, Göttingen, 1970, pp. 222-8.

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Fulda ou à Lorsch, à partir du milieu du viiie siècle38. Rien ne distingue a priori Dienheim de Wackernheim où les Odacer avaient leur église familiale et de nombreuses parcelles de vignes, dont l’une, donnée en 754 par Nordpert, jouxtait celle du roi Pépin, qui est aussi un des possesseurs de Wackernheim39. Dans ces deux villages, la terre est partagée entre de multiples possesseurs, parmi lesquels le roi, des individus de rang comtal ou d’autres, qui ont hérité ces biens ou qui les ont acquis. La propriété de chacun est qualifiée par l’expression iuris nostri/mei ou l’adjectif noster/meus qui peuvent tout aussi bien s’appliquer au droit du roi qu’à celui de n’importe quel autre possesseur. Les mentions in villa publica et in vico publico ne qualifient donc pas la propriété du roi, mais un lieu public. Cependant, la localisation des biens dans la marca de Dienheim (comme dans celle de Bürstadt)40, la mention d’un oppidum dans un acte de 79641 et probablement pour la même année une liste de témoins, conduits par le comte Rupert (Hruodpraht), qui tous ont une hereditas à Dienheim et qui déclarent les revenus de la navigation (de illo naute), de la douane (de illo debito) et des taxes sur les pesées (de illa statera) attendus à Dienheim, confirmerait ce lieu comme un centre de perception fiscale42, sans que la marca de Dienheim ait elle-même été un domaine royal. L’exemple de Bürstadt, qualifié de castrum, avec un fisc bien attesté, va dans le même sens : Williswinde et son fils le comte Cancor, fondateurs de Lorsch, possédaient en toute propriété dans cette marca des terres probablement incultes et une grande part de la forêt, qui avaient constitué la dot de Williswinde43. Ils les donnent à leur nouvelle fondation. L’ancienneté de l’implantation des Adalhelmiens-Rupertiens dans le Wormsgau, depuis le viie siècle au moins, suggère qu’il s’agissait de biens patrimoniaux, sans autre lien avec le roi que d’être situés dans le ressort du castrum de Bürstadt où le roi avait aussi un domaine fiscal. Ainsi donc, la caractérisation de loci patrimoniaux comme lieux publics exprime la polarisation du pouvoir, l’interpénétration du public et du privé, l’importance du concept global de « publicité » plus que l’origine ou la nature fiscale d’une propriété. Quant à la localisa38 39 40 41 42 43

FUB, no 25. FUB, no 26. FUB, nos 28 (756), 76 (776), 168 (780-802), 257 (798), 261 (799). FUB, no 237 a, peut-être d’après 237 b (796). FUB, no 246 [780-802 (796 ?)]. CL, no 10.

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tion in vico publico, in villa publica, elle dépasse le cadre du domaine royal et s’inscrit dans une hiérarchie des lieux publics caractérisés par la présence d’un castrum ou simplement l’ancienneté du lieu de pouvoir. Du côté occidental, les choses sont sans doute moins différentes qu’on le croit. Ainsi, dans l’exemple qui sera développé plus loin, en Mélantois, un pagus situé dans le diocèse de Tournai, le mallus publicus s’est réuni à Fives44, en 87445, sans qu’on ait d’attestation précise de l’existence d’un domaine fiscal à cet endroit, même si le roi y possédait probablement des biens, mis à disposition du comte. De la même manière, un acte est passé en 869 à Vitry-en-Artois, villa publica, alors que le domaine fiscal appartenait à Gisèle, veuve d’Évrard de Frioul46. Dans les régions occidentales, le contexte troublé des années 830-880 met en lumière les problèmes qui se sont posés aux autorités, confrontées aux partages, aux agressions extérieures et à la montée des grands. Le contrôle et l’usage des fiscs dans les zones menacées, frontalières ou périphériques, a en effet été, pour les rois carolingiens et les grands, l’enjeu d’une compétition intense. En Francie occidentale, l’utilisation du fisc d’Angers a été bien étudié par Josiane Barbier dans ce contexte. Elle démontre qu’au bout du compte, en Anjou, les donations fiscales faites par Charles le Chauve à ses fidèles ont été limitées et que ce sont les monastères aristocratiques de Saint-Maur de Glanfeuil et de Saint-Florent de Saumur qui en ont le plus profité47. Comme elle constate ensuite une nette coïncidence entre le patrimoine fiscal du ixe siècle, le siège de vicariae au xe et les châteaux comtaux érigés au xie siècle, elle conclut que le fisc a persisté, en se transformant, mais qu’il a échappé au contrôle royal, selon une chronologie et des modalités que nous ne connaissons pas. Le sud de la Flandre et l’ouest du Hainaut constituent un autre exemple de région menacée et disputée, à cause de sa situation à la fois maritime et frontalière. À l’époque mérovingienne, elle avait un moment fait partie de l’énigmatique duché de Dentelin, situé des rives de la mer du Nord (au nord du Ponthieu) jusqu’à la « frontière » entre Neustrie et Austrasie. Avec la christianisation, de puissants monastères s’y étaient développés, ceux de Saint-Bertin dans le diocèse de ThéAncienne commune, annexée à Lille (Départ. Nord). Cartulaire de l’abbaye de Cysoing et de ses dépendances, éd. I. de Coussemaker, Lille, 1886 [désormais Coussemaker], n°5 (Actum Fivis, mallo publico). 46 Ibid., n°3. 47 Barbier, « Le roi », p. 184-186. 44 45

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rouanne, de Saint-Vaast dans le diocèse d’Arras et de Saint-Amand dans le diocèse de Tournai, tous fondés sur des biens fiscaux ou sur le saltus, donnés par le roi48. La dotation primitive de Saint-Amand, située entre l’Escaut, la Scarpe et l’Elnon, provenait ainsi « de la largesse royale » et, selon les estimations du chanoine Platelle, elle devait avoir une superficie approximative de 9400 hectares, auxquels s’ajoutèrent d’autres domaines limitrophes, portant l’ensemble à 12000 hectares49. Au ixe siècle, la moitié du patrimoine amandinois était regroupée dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres, entre les vallées de la Scarpe et de l’Escaut, à proximité de fiscs royaux qui, au début du ixe siècle, étaient sous contrôle du roi, soit pour son usage soit pour celui des comtes. Cinq de ces fiscs ont été décrits dans le cadre des enquêtes commanditées par Charlemagne, vers 810, la description ayant été transmise par les célèbres brevium exempla ad describendas res ecclesiasticas et fiscales, avec le capitulaire De villis50. Ces fiscs n’étaient pas contigus, mais répartis sur plusieurs pagi – le Mélantois, le Tournaisis, l’Ostrevant –, et ils formaient une seule circonscription fiscale, administrée par un iudex depuis le caput fisci d’Annappes et des maiores locaux. Seuls deux de ces fiscs étaient nommés dans les Brevium, à savoir Annappes et sa dépendance fiscale de Gruson, et Treola. En s’appuyant sur le testament d’Évrard de Frioul et de son épouse Gisèle, daté de 863-86451, et sur des chartes de

Ch. Mériaux, Gallia irradiata. Saints et sanctuaires dans le nord de la Gaule du haut Moyen Âge, Stuttgart, 2006. A-M. Helvétius, Abbayes, évêques et laïques. Une politique du pouvoir en Hainaut au Moyen Âge (VIIe-XIe siècle), Bruxelles, 1994. 49 H. Platelle, Le temporel de l’abbaye de Saint-Amand des origines à 1340, Paris, 1962, pp. 37-42. 50 MGH Capit. 1, éd. A. Boretius, Hanovre, 1883, p. 250-256 ; P. Grierson, « The identity of the unnamed fiscs in the “Brevium exempla ad describendas res ecclesiasticas et fiscales” », Revue belge de philologie et d’histoire 18, 1939, pp. 437-59. 51 Coussemaker, n°1, p. 1-5. Sur le testament, voir F. Bougard, « Trésors et mobilia italiens du haut Moyen Âge », in J.-P. Caillet (éd.), Les trésors de sanctuaires, de l’Antiquité à l’époque romane, Nanterre, 1996, p.p 167-97 ; C. La Rocca, L. Provero, « The dead and their gifts: the will of Eberhard, count of Friuli, and his wife Gisela, daughter of Louis the Pious (863-864) », in F. Theuws, J. Nelson(eds.), Rituals of Power from Late Antiquity to the Early Middle Ages, Leiden, 2000 (Transformations of the Roman World, 8), pp. 225280; S. Lebecq, « Le testament d’Évrard et Gisèle de Cysoing. Présentation et traduction », in L. Jégou, S. Joye, T. Lienhard, J. Schneider (dir.), Splendor reginae. Passions, genre et famille. Mélanges en l’honneur de Régine Le Jan, Turnhout, 2015 (Haut Moyen Âge, 22), pp. 59-68. 48

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Gisèle pour son monastère de Cysoing, fondé sur un bien fiscal, Philip Grierson a naguère proposé d’identifier trois des cinq fiscs comme étant ceux de Cysoing-en-Mélantois, de Somain-en-Ostrevant et de Vitryen-Artois, avec des dépendances. Josiane Barbier, qui a revu le dossier, propose une autre géographie de l’enquête, plus pertinente, mais qui ne change pas les identifications ni la superficie totale, approchant les 8000 hectares. Philip Grierson proposait aussi de chercher le cinquième fisc, Treola, à dominante viticole, du côté de la Rhénanie ou de l’Alémanie, mais Alain Derville a avancé qu’il pouvait s’agir du site primitif de Notre-Dame de la Treille, au cœur du futur domaine comtal de Lille52, et Josiane Barbier, qui accepte l’hypothèse, note que, dans cette configuration, Treola se trouvait fort proche de Finis, c’est-à-dire Fins (actuel quartier Saint-Maurice de Lille) qui était le siège du comté de Mélantois53, et on ajoutera aussi proche de Fives, actuellement rattachée à Lille, dont il a été question plus haut, comme siège du mallus publicus en 87454. Il me semble que l’ensemble fiscal ainsi décrit était probablement le fruit d’une réorganisation récente des domaines publics, dans le contexte des réformes de Charlemagne, mais ces fiscs n’épuisaient pas le patrimoine royal dans la région. Sur la rive gauche de l’Escaut, est encore attesté le fisc de Tournai avec la monnaie, la perception des droits d’accostage, de marché et le tonlieu, concédés par Charles le Simple à l’évêque55, ainsi que la villa de Marquain. Peut-être dépendant de Vitryen-Artois, Biache-Saint-Vaast semble avoir été un autre bien fiscal, ainsi que Mastaing, et Bouchain était le siège du comte d’Ostrevant. Sur la rive droite de l’Escaut enfin, en Hainaut, on connait depuis l’époque mérovingienne le fisc de Famars et le palais de Valenciennes, qui fit l’objet de quatre visites royales entre 842 et 860, dont une rencontre entre Charles le Chauve et Lothaire en 852. Sa situation frontalière,

A. Derville, « Au ixe siècle, dans la lumière de l’apogée carolingien », in L. Trénard (éd.), Histoire d’une métropole. Lille, Roubaix, Tourcoing, Toulouse, 1977, pp. 65-77. 53 Barbier, Recherches, 179. 54 Coussemaker, no 5 (874). 55 Recueil des actes de Charles III le Simple roi de France (= D ChS), no 2, éd. F. Lot et Ph. Lauer, Paris 1939 (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France), daté par H. Loesslein de 899, in Id., Possibilities of Royal Power in the Late Carolingian Age: Charles III « the Simple », thèse de doctorat des Universités de Limoges et de Munich, 2017. 52

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la présence d’un portus sur la rive droite de l’Escaut, la proximité des monastères royaux de Saint-Amand et de Saint-Vaast d’Arras, sur la Scarpe, en faisaient un lieu de pouvoir important. De lui dépendaient les revenus du tonlieu et du droit d’accostage perçus sur le commerce de l’Escaut. Il fut attribué à Lothaire en 843, avec la rive droite de l’Escaut, alors que le monastère de Saint-Amand et l’Ostrevant étaient dans la part de Charles, mais Lothaire exigea que le monastère de Saint-Vaast d’Arras, bien que situé à l’ouest de l’Escaut, sur la Scarpe, fût dans sa part. Charles le Chauve négocia avec son neveu Lothaire II la restitution de Saint-Vaast en 866 et quand il s’empara du regnum Lotharii en 869, avec tout le cours de l’Escaut, il réorganisa peut-être le fisc de Valenciennes, en l’étendant sur la rive gauche, en Ostrevant56. Fiscs, saltus et domaines monastiques avaient fait partie des mêmes ensembles à l’époque mérovingienne et, au ixe siècle, le siège du fisc de Cysoing et le domaine de Rumegies, qui appartenait à la mense de Saint-Amand, n’étaient éloignés que de 14 kilomètres, le fisc de Vitryen-Artois n’était qu’à 20 km de Saint-Vaast d’Arras, la même distance qu’entre Vitry et Annappes. Rieulay, qui faisait partie du fisc de Somain, n’était qu’à 4 kilomètres du monastère de Marchiennes. Dans ces régions, l’histoire des fiscs est donc liée à celle des monastères, en particulier des monastères royaux, les uns et les autres étant des instruments et des enjeux de la compétition politique. Si l’on accepte les identifications proposées, la plus grande partie de l’ensemble fiscal décrit dans les Brevium exempla fit l’objet d’une donation à l’Unrochide Évrard et son épouse Gisèle, fille de l’empereur Louis le Pieux et de Judith, probablement au moment de leur mariage, vers 839. On ne sait pas si l’ensemble des fiscs était alors ad opus regis, s’il faisait partie des res de comitatu, ou les deux, mais le fisc de Treola fut disjoint de la donation à Évrard et Gisèle. S’il était bien situé à l’emplacement du futur château comtal de Lille, il fut peut-être alors rattaché à Fins, chef-lieu du pagus de Mélantois, pour constituer, peut-être avec Fives, des res de comitatu, après la donation à Évrard et Gisèle, car il faut rejeter l’idée qu’Evrard ait pu exercer des fonctions comtales dans la région : tous ses honores se trouvaient en Italie du Nord et il fut, jusqu’à sa mort, un fidèle de Lothaire et de Louis II. Mais qu’advint-il de l’organisation fiscale décrite dans les Brevium quand on en eut disjoint Treola Suggestion de Josiane Barbier dans Valenciennes, notice des palais francs n°517, Dictionnaire du fisc et des palais entre Loire et Meuse (VIe-Xe siècle), à paraître.

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et que les autres fiscs devinrent la propriété d’Évrard et de Gisèle, avec d’autres biens cités dans les chartes, qui n’étaient pas décrits dans les Brevium ? Évrard percevait-il non seulement les produits domaniaux, mais aussi les taxes et autres impôts liés à la puissance publique sur les marchés, ponts, tonlieux, etc. ? Devait-il rétrocéder au roi une partie de ces revenus et répondre à ses demandes comme le faisaient les abbés des monastères royaux57 ? Le testament du couple et les chartes de Gisèle apportent quelques éléments de réponse. Vers 864, le couple répartit « ses » fiscs d’Annappes, de Cysoing avec son monastère, de Somain et de Vitry-en-Artois avec leurs dépendances, et d’autres biens entre leurs trois fils cadets, Bérenger, Adalard et Raoul. Ces fiscs étaient alors sans aucun doute possible leur proprietas58. Pourtant, peu avant la mort d’Évrard, qui intervint entre 866 et 869, son beau-frère, le roi Charles le Chauve, l’accusa de « négligence » et confisqua le fisc de Somain, et peut-être d’autres fiscs, avant de les rendre à sa sœur, devenue veuve. Qu’en conclure ? D’un côté, les fiscs qui avaient été donnés par Louis le Pieux étaient sortis de l’opus regis et avaient été pleinement intégrés au patrimoine des donataires, ils étaient devenus transmissibles, héritables et aliénables, mais d’un autre côté, ils n’avaient pas perdu leur caractère fiscal –ce que confirme la qualification de fiscus qui leur est attribuée dans les actes privés du couple- , et ils restaient soumis au contrôle supérieur du roi, aussi longtemps que celui-ci conservait les moyens de les contrôler. Ces prétentions confirment que les biens en question avaient constitué la dot de Gisèle et les circonstances politiques de la fin du règne expliquent pourquoi l’empereur Louis le Pieux avait doté sa fille d’une manière aussi exceptionnelle en lui donnant près de 8000 hectares en France du Nord. Cette « générosité » était sans nulle doute le résultat d’une négociation avec le groupe unrochide implanté dans l’espace septentrional : le couple impérial avait besoin du soutien de ce groupe en vue du partage de 839 qui devait attribuer comme royaume à Charles le Chauve, frère de Gisèle, l’essentiel des deux Belgique. En même temps, comme Évrard était très probablement déjà comte en Italie du Nord,

Sans adhérer à une vision fiscaliste des Brevium exempla, il faut admettre que les fiscs devenus propriété d’Évrard et Gisèle restaient sous une forme de contrôle royal et qu’à ce titre, on peut envisager une forme de prélèvement fiscal. 58 C. Wickham et T. Reuter, « Introduction », in W. Davies, P. Fouracre (eds.), Property and Power in the Early Middle Ages, 1995, pp. 12-16. 57

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le mariage devait rapprocher le jeune couple de Lothaire, fils aîné de l’empereur, alors en Italie, et conduire ce dernier à accepter un partage en faveur de son demi-frère et filleul Charles le Chauve. Les buts furent atteints, mais tout fut remis en question à la mort de Louis le Pieux et en 843, au partage de Verdun, l’essentiel des domaines du couple dans le nord de la Francie se trouva dans la part de Charles le Chauve, tandis que leurs domaines lotharingiens et leurs honores italiens se trouvaient dans celle de Lothaire, leurs domaines alémaniques relevant enfin de Louis le Germanique. Bien que résidant en Italie, Évrard et Gisèle cherchèrent à consolider leur patrimoine fiscal franc, en y fondant un monastère, pour en faire une possession inaliénable. Or, bien que le groupe des Unrochides se fût renforcé en France du Nord et qu’Adalard, frère d’Évrard, fût devenu abbé de Saint-Bertin en 844, Évrard était l’homme de Lothaire et le couple dut attendre le rapprochement entre Lothaire et Charles le Chauve, concrétisé par la rencontre de Valenciennes en 852 pour pouvoir procéder à une telle consolidation patrimoniale et fonder en 854 un monastère à Cysoing. Cette fondation, que Gisèle présente comme la sienne, s’apparente directement aux fondations des reines carolingiennes sur leur douaire, en particulier celle d’Erstein par l’impératrice Ermengarde, belle-sœur de Gisèle, ou encore d’Andlau par l’impératrice Richarde un peu plus tard. Il s’agissait pour elles de préparer leur veuvage tout en assurant la memoria familiale et en consolidant les liens entre leur parenté et la famille carolingienne. Gisèle n’agit pas autrement et le fait que Charles le Chauve ait bloqué l’opération jusqu’à sa réconciliation avec Lothaire prouve que la fondation avait un caractère éminemment politique. Dix ans plus tard, entre 864 et 866, la confiscation d’un ou plusieurs fiscs par Charles le Chauve va dans le même sens. Elle fait suite au testament du couple qui prévoyait de donner la curtis de Cysoing, avec Camphin, ainsi que le domaine de Somain à leur fils Adalard, abbé de Cysoing, qui en aurait l’usufruit avant que les biens ne passent dans le patrimoine du monastère familial. Le testament a pu être réalisé au moment de la mort de l’abbé Adalard, frère d’Évrard, qui cumulait depuis 861 les abbatiats de Saint-Bertin et de Saint-Amand et qui était devenu le leader du groupe dans la région. Le roi prit aussitôt le contrôle de Saint-Amand, où il plaça rapidement son fils comme abbé, puis en 866 il destitua l’abbé de Saint-Bertin Hunfrid, un proche des Unrochides, et le remplaça par un fidèle, le comte Hilduin. La même année, il obtint de son neveu Lothaire II le monastère

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de Saint-Vaast d’Arras, « retenant aussitôt pour le chef-manse avec les meilleures villae et partageant les autres entre les siens, moins pour leur profit qu’au détriment de son âme », comme le rapporte Hincmar de Reims59. Il procéda alors à une réorganisation du comté d’Ostrevant et confia plusieurs comtés en Flandre ainsi que le Ternois à son gendre Bauduin60. Le testament d’abord, la confiscation ensuite, s’inscrivent dans ce contexte de tensions régionales, mais aussi internationales, car les relations entre Charles le Chauve et son neveu Louis II, qualifié d’ « empereur d’Italie » par Hincmar de Reims dans ses Annales, s’étaient fortement dégradées. En termes de droit, cette confiscation interroge, car, en matière de biens patrimoniaux, une telle sanction ne pouvait intervenir que pour trahison, infidélité, dette. Or, aucune de ces accusations ne semble avoir été portée contre Évrard. Il est vrai qu’elle n’est connue que par les chartes faites par Gisèle après sa réconciliation avec son frère et qu’elle a pu avoir gommé d’autres accusations, mais il est préférable de s’en tenir à la « neglegentia » avancée par Gisèle elle-même et à la nature des donations faites aux femmes de la famille royale. Les biens fiscaux donnés aux reines franques au moment et pendant leur mariage l’étaient en toute propriété et elles les géraient librement, mais le roi conservait un droit de contrôle sur ces fiscs qui finalement ne sortaient complètement du patrimoine royal que par les fondations mémorielles et les donations aux églises61. Ce pouvoir éminent du roi sur les fiscs donnés aux épouses royales lui permettait de les confisquer, ce dont fut victime la reine Otgive au xe siècle, ou encore de les récupérer à la mort de la reine s’ils n’avaient pas été donnés aux églises. Il semble ainsi que les biens fiscaux donnés à Gisèle relevaient de cette catégorie et que Charles le Chauve prétendait pouvoir les contrôler au même titre que ceux de sa mère, de ses épouses, de sa fille Judith. Le devenir de ces biens permet d’aborder la question de la mémoire fiscale des biens donnés par le roi et patrimonialisés par les familles. Après la mort de sa mère Gisèle et celui de son frère Adalard, l’abbé Raoul récupéra l’héritage dans la région, sauf sans doute ce qui avait été Annales Bertiniani, a. 866. J. Dhondt, Les origines de la Flandre et de l’Artois, Arras 1944, p. 27. 61 R. Le Jan, « Douaires et pouvoir des reines en Francie et en Germanie (vie-xe siècle) », in Ead., Femmes, pouvoir et société dans le haut Moyen Âge, Paris, 2001, pp. 68-88. 59

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donné à sa sœur Heilwich, mariée au comte Hucbold. Raoul fut pourvu en 883 par le roi Louis III, son cousin, d’un vaste commandement avec les abbatiats de Saint-Bertin et de Saint-Vaast d’Arras et tous les comtés. Sur son héritage, il donna trois manses situés à Vitry-en-Artois au monastère de Saint-Amand, qui furent inclus dans la confirmation faite en 899 par Charles le Simple aux moines de Saint-Amand62. Ni Vitry-en-Artois ni aucun des autres fiscs n’apparaissent dans les diplômes conservés de Charles le Simple et de ses successeurs, mais pour autant, il n’est pas certain que toute mémoire fiscale de ces biens ait disparu, si l’on considère leur devenir dans le contexte très compétitif des années 890-920. Le comte de Flandre Bauduin II, cousin de l’abbé Raoul, réussit à s’emparer avant 900 d’une partie de son « héritage », c’est-àdire le Ternois, le Boulonnais, l’abbaye de Saint-Bertin, ainsi que des pagi situés au nord de la Scarpe, le Mélantois et le Tournaisis. Dans ce contexte, il mit aussi la main sur Annappes qui fut peut-être rattaché au chef-lieu du pagus, mais le fisc de Gruson et la villa de Bouvines, qui fut donnée au monastère de Saint-Amand par un seigneur local au début du xie siècle63, lui échappèrent, malgré leur proximité et leurs liens anciens avec le caput fisci. À quel titre s’empara-t-il d’Annappes ? En tant qu’héritier de son cousin, puisqu’il avait revendiqué les abbayes de Saint-Bertin et de Saint-Vaast d’Arras à ce titre en 892, à la mort de Raoul, sans les obtenir ? Parce qu’il avait mis la main sur le comté et qu’on avait conservé la mémoire fiscale d’Annappes ? On ne peut le dire, mais il est probable qu’Annappes avait conservé une valeur symbolique forte, que le palais restait visible dans le paysage, perpétuant le souvenir de son origine royale. Les descendants d’Évrard et Gisèle perdirent le contrôle du monastère de Cysoing, que l’abbé Raoul avait donné à l’église de Reims, pour qu’il échappe au comte de Flandre, et ce sont des seigneurs locaux qui firent ensuite fonction d’advocati du monastère sur les domaines de Cysoing et de Somain. En revanche, la famille se maintint dans le nord de l’Ostrevant, avec les descendants d’Heilwich, qui furent aussi seigneurs du castrum de Mortagne, au titre d’abbés laïques de Saint-Amand, jusqu’à la mort de Roger II, en 94264. Les comtes de Flandre, qui soutenaient un certain Arnold/Arnoul à DChS n°18, 17 mars 899. C. Duvivier, Actes et documents anciens intéressant la Belgique, Bruxelles, 1898, t.1, pp. 27-9. 64 Platelle, Temporel, pp. 63-4. Flodoard, a. 938, 940, 942. 62 63

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Douai et dans le sud de l’Ostrevant, prirent le contrôle de Saint-Vaast d’Arras en 932, mais n’étendirent leur tutelle sur le nord de l’Ostrevant et le monastère de Saint-Amand qu’au milieu du xe siècle. En définitive, le comte de Flandre ne réussit que lentement et imparfaitement à s’emparer de l’héritage fiscal des Unrochides, en jouant des droits patrimoniaux et de la mémoire fiscale, eux-mêmes manipulables dans le jeu compétitif. On peut comparer le devenir de ces biens avec celui de la villa de Cluny sur laquelle Guillaume le Pieux et son épouse fondèrent leur monastère en 910, car si le comte avait hérité la terre de sa sœur et de sa mère, l’origine fiscale des biens ne fait aucun doute : la villa avait dû être donnée au comte Warin et à son épouse Ava à l’époque de Louis le Pieux, puis patrimonialisée et transmise par les femmes sur plusieurs générations. On y avait fondé une église où reposaient les corps d’un Warin et d’une Aba/Ava, avant que Guillaume le Pieux n’y établisse un monastère65. Pour consolider sa fondation, Guillaume le Pieux a donné le monastère de Cluny aux saints Apôtres, une façon d’ajouter une forte plus-value symbolique à celle que les tombes des fondateurs, placées dans un espace de l’église abbatiale qui serait toujours laissé libre, lui conféraient déjà. On est tenté de suggérer que les tombes conservaient aussi la mémoire de l’origine fiscale des biens. Accès au domaine public et gestion des ressources royales (xe siècle) Les changements intervenus au xe siècle sont donc la conséquence de la patrimonialisation du pouvoir par les princes, qui estimaient désormais tenir leurs charges de Dieu et par droit héréditaire, autant que du roi, selon la formule gratia dei comes66. Ils ne changèrent pas la nature du fisc et on a fait justice, avec Jane Martindale67 et Josiane Barbier68, de la dissolution du fisc à l’époque féodale, de sa « privatisation », un mythe historiographique aussi peu fondé que celui de la disparition du fisc

R. Le Jan, « La fondation de Cluny, le genre et le premier âge féodal », in D. Iogna-Prat, F. Mazel, I. Rosé, Rennes (éd.), Cluny et le premier âge féodal, 2013, pp. 215-23. 66 Le Jan, Famille et pouvoir; Ead., « La noblesse ». 67 J. Martindale, « The kingdom of Aquitaine and the “dissolution of the Carolingian fisc” » [1985], in Ead., Status, Authority and Regional Power. Aquitaine and France, 9th to 12th Centuries, Aldershot, 1997, article no IX. 68 Barbier, Palatium, pp. 39-65. 65

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mérovingien. Au cœur même de l’espace royal carolingien, le processus de réduction du fisc royal ne se développa d’ailleurs qu’après la chute de Charles le Simple, quand les comtés de Paris, de Meaux et de Melun, et avec eux sans doute les biens du fisc dans ces comtés échappèrent au contrôle du souverain69. Mais l’alternance entre Carolingiens et Robertiens, puis le changement de dynastie en 987 eurent des conséquences sur la catégorisation du fisc royal. Eudes, Robert Ier, Raoul de Bourgogne ont en effet « hérité » du fisc royal carolingien, quand ils ont été élus rois, respectivement en 888, 922 et 923. Mais contrairement à ce qu’avaient fait les Carolingiens au viiie siècle, ils n’ont pas intégré leurs honneurs dans le fisc royal et ils ont maintenu la distinction entre le domaine royal carolingien et leur propre domaine, qu’ils ont fait administrer par des membres de leur famille et qui restait soumis aux règles de l’héritage. Cette distinction ne disparaît pas après l’élection d’Hugues Capet et de son fils Robert, mais les catégories deviennent plus fluides encore, le terme fiscus plus ambigu, comme cela apparaît clairement dans la lettre du comte Eudes II de Blois et de Chartres au roi Robert le Pieux, au sujet des honneurs de son cousin Étienne, comte de Meaux et de Troyes qui venait de décéder en 102370. Elle a été très probablement écrite par Fulbert, évêque de Chartres, fin connaisseur du droit et féru de classiques. Fulbert et Eudes distinguent entre les bénéfices que le roi accorde de tuo fisco, qu’il tire de de son fisc, et les bénéfices qu’on obtient par droit héréditaire, avec la grâce du roi (per tuam gratiam)71. Comme l’a noté Dominique Barthélemy, il y a donc des bénéfices tenus du roi et tirés de son fisc, ceux dont il dispose librement, et des bénéfices patrimoniaux, « où la propriété féodale est un véritable support de l’honneur familial, une terre de noblesse »72. Les comtés de Meaux et de Troyes étaient des charges publiques, des honores au sens carolingien du terme, mais ils relevaient de l’hereditas, même si le roi en investissait le titulaire. Les conséquences sur la catégorisation du fisc apparaissent ici

Barbier, Palatium, pp. 49-50. L. Halphen, « La lettre d’Eudes II de Blois au roi Robert », Revue historique 97, 1908, pp. 287-96 : p. 288. 71 M. Bur, La formation du comté de Champagne, v. 950-v. 1150, Nancy, 1977, pp. 157-8. 72 D. Barthélemy, « Autour d’un récit de pactes (« conventum Hugonis ») : la seigneurie châtelaine et le féodalisme, en France au xie siècle », in Il feudalesimo nell’alto medioevo, Spolète, 2000 (Settimane CISAM, 47), pp. 447-95 : pp. 460-1. 69

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clairement. La distinction opérée par un juriste aussi avisé que Fulbert ne signifie pas qu’une partie du fisc a été « privatisée », qu’elle est sortie du domaine public, comme on l’affirmait encore il y a trente ans, mais que les droits du roi sur son fisc, c’est-à-dire sur ce qui lui revient en tant que roi ou en tant qu’héritier (ce point reste ambigu) et ses droits sur ce qui relève de l’héritage princier ne sont pas les mêmes : sur ces derniers, ils sont en fait beaucoup plus limités, car il ne peut qu’investir l’un des héritiers, en respectant le droit féodal. C’est d’ailleurs au titre d’héritier du comte Étienne que le roi avait retenu les comtés de Meaux et de Troyes. On comprend ainsi la confusion entre feodum et fiscum au xie siècle dans les terres du midi, notée par Élisabeth Magnou-Nortier73. En distinguant deux types de bénéfices, ou de fiefs si l’on veut, Fulbert ne remet pas en cause le caractère public du fisc en général, mais il place le débat sur le terrain de l’accès au domaine public, les compétences du roi en matière de dévolution des bénéfices n’étant pleines et entières qu’à l’intérieur de son propre fisc, c’est-à-dire du domaine royal. Elles sont limitées sur le « fisc des princes ». Les conséquences matérielles de ces transformations sont importantes, puisque, en dehors de ce qu’il contrôlait directement comme princeps, le roi perdit progressivement l’usage du fisc, des palais et des castra, comme celui des monastères royaux et dans une moindre part des charges épiscopales, au profit des princes. Le privilège régalien de la frappe monétaire fut ainsi battu en brèche dès le début du xe siècle par des princes qui battirent monnaie en leur nom dans les ateliers royaux. Dès les années 890, le comte d’Auvergne Guillaume le Pieux, ou son neveu Guillaume le Jeune dans les années 920, battirent monnaie au nom de Guillaume, dans l’atelier royal de Saint-Julien de Brioude qu’ils contrôlaient en tant qu’abbés laïques74. Ils furent suivis par Guillaume de Normandie vers 936, puis Hugues le Grand. Ce dernier frappait monnaie à Beauvais, avec l’évêque, et à Orléans, et les derniers Carolingiens ne contrôlaient plus guère que l’atelier royal de Laon, qui passa sous l’autorité d’Hugues Capet après son élection. La monnaie restait ainsi étroitement liée à l’exercice de la puissance publique, mais le pri-

Magnou-Nortier, Aux origines, p. 705-708. P. Fontanon, « Le monnayage carolingien et les deniers de Brioude », in A. Dubreucq, C. Lauranson-Rosaz, B. Sanial (dir.), Brioude aux temps carolingiens. Actes du colloque international organisé par la ville de Brioude 13-15 septembre 2007, Le Puy-en-Velay, 2010, pp. 407-12.

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vilège royal était passé aux princes et à des évêques qui se constituaient alors en seigneurs temporels. En même temps, les souverains conservèrent des prérogatives rémunérées dans tout le royaume. La disparition des assemblées générales du royaume et des dona annualia dès la fin du ixe siècle est le signe d’un profond changement au sommet, tandis qu’à la base de la pyramide, au plan local, les membres de la familia seigneuriale continuaient à faire des « dons » au seigneur pour exprimer symboliquement leur dépendance et leur fidélité. Ainsi Odon de Cluny insiste-t-il dans la vie de Géraud d’Aurillac sur les cadeaux d’honneur, en forme de pains de cire, que remettaient à Géraud les paysans et les clercs qui constituaient les membres de sa familia75. Ces dons obligatoires peuvent être analysés à la fois comme un élément de stimulation économique et de mobilisation des ressources présentes sur un terroir, et comme un instrument de consolidation des espaces de domination seigneuriaux76. Les rois n’en continuent pas moins de convoquer au coup par coup des assemblées et des conciles, où se mesuraient leur autorité ainsi que la place des grands laïques et celle des évêques : en 978, le roi Lothaire réunit à Laon le duc Hugues Capet et les autres grands du royaume, pour décider d’aller reprendre Aix-la-Chapelle à l’empereur77. En 991, les rois Hugues et Robert convoquent le synode de Sainte-Basle près de Reims, pour juger l’archevêque Arnoul et ils s’y rendent en personne avec les grands, au moment de la sentence, comme l’avait fait Charles le Chauve à Ponthion en 87778. Mais ces assemblées n’étaient plus tenues régulièrement, les grands n’y étaient pas tous présents et le rituel du don s’inscrivait désormais dans le système du gift-giving. Les derniers Carolingiens et les premiers Capétiens continuèrent d’expédier des diplômes bien au-delà des limites de leur domaine dans Odon de Cluny, Vita sancti Geraldi comitis Aureliaci I, 25, éd et trad. A.-M. Bultot-Verleysen, Bruxelles, 2009 (Subsidia Hagiographica, 89), pp. 172-3. 76 C. Wickham, « Rethinking the structure of early medieval economy », in J.R. Davis, M. McCormick (eds.), The Long Morning of Medieval Europe, Aldershot, 2008, pp. 19-32; A. Wilkin, « Quelques réflexions sur la circulation des objets au haut Moyen Âge. Entre contrainte institutionnelle ritualisée et pillage », in L. Feller, A. Rodriguez (dir.), Objets sous contrainte. Circulation des richesses et valeur des choses au Moyen Âge, Paris, 2013 (Série du Lamop, 1), pp. 217-39. 77 Richer, Histoire de France, III, c. 68, éd. et trad. R. Latouche, Paris, 1930-1937 (Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge, 12, 17), t. 2, pp. 84-5. 78 Richer, Histoire de France, IV, c. 69, éd. et trad. Latouche, t.2, pp. 258-9. 75

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des formes caractérisées par une grande continuité79. Geoffrey Koziol les a récemment analysés en termes politiques, en montrant que leur délivrance s’inscrivait souvent dans des contextes de crise, le roi affirmant ainsi sa supériorité au plan symbolique80. Néanmoins, Charles le Simple fut le dernier à donner en 898 des biens de sa proprietas dans le comté de Narbonne, avec tout ce qui revenait au fisc, à un fidèle nommé Théodose81, et des terres fiscales et le fisc de Colonica, avec tout ce qui revenait au fisc à l’église de Narbonne82, même si ces donations doivent être contextualisées, car Charles venait alors de succéder à Eudes. Par la suite, les diplômes furent surtout des confirmations et des restitutions à des églises épiscopales ou à des établissements monastiques auxquels le roi restait lié, ce qui n’amoindrissait pas le fisc royal. Et quand le roi Lothaire a profité de la minorité du jeune Arnoul II pour intervenir en Flandre et qu’il a étendu, en 972, au fisc d’Harnes dans le pagus d’Escrebieu, et à ses dépendances, l’immunité qu’il avait accordée aux autres biens du monastère, avec tout ce que le fisc pouvait en retirer, il agit à la demande de l’abbé de Saint-Pierre au Mont-Blandin de Gand83, dans un espace qu’il ne contrôlait plus directement et à des fins politiques. Mais on peut aussi avancer l’idée que la délivrance de diplômes n’était pas dépourvue d’arrière-plans matériels. Dans un cas particulier, André de Fleury rapporte que le roi Robert aurait reçu 95 livres d’argent de Gauzlin, abbé de St-Benoit-sur-Loire, pour expédier un diplôme interdisant la reconstruction du château d’Yèvre84, un château royal. Il n’est O. Guyotjeannin, « Les évêques dans l’entourage royal sous les premiers Capétiens », in M. Parisse, X. Barral i Altet (dir.), Le roi de France et son royaume autour de l’an mille, Paris, 1992, pp. 90-8 : pp. 90-9ì3. 80 G. Koziol, The Politics of Memory and Identity in Carolingian Royal Diplomas: the West Frankish Kingdom (840-987), Turnhout, 2012 (Utrecht Studies in Medieval Literacy, 19). 81 Recueil des actes de Charles III le Simple, roi de France, 893-923, éd. P. Lauer, Paris, 1940-1949 (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France), no 13, daté par Lauer de 893, par H. Lösslein (Possibilities of Royal Power in the Late Carolongian Age : Charles III « The Simple », thèse de l’Université de Limoges, 2017) de 898. 82 Recueil des actes de Charles III le Simple, no 14. 83 Recueil des actes de Lothaire et de Louis V, rois de France, éd. H. Halphen, F. Lot, Ch. D’Arbois de Jubainville Paris, 1908 (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France), n°40 (31 janvier 972/16 janvier 977). 84 Vie de Gauzlin, abbé de Fleury – Vita Gauzlini abbatis Floriacensis monasterii, c. 33, éd. et trad. R.-H. Bautier et G. Labory, Paris, 1969 (Sources d’histoire médié79

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pas interdit de penser que chaque diplôme donnait lieu à une contrepartie matérielle, tout comme toute investiture de charge, qu’elle fût civile ou ecclésiastique, donnait lieu au versement de munera, que les Grégoriens dénonceraient comme de la simonie. Le volume de ces « rémunérations » n’est pas quantifiable, il a dû être éminemment variable, même si la tendance est à la baisse, puisqu’il dépendait entièrement de l’intérêt des partenaires à participer à des relations que l’on peut sans crainte qualifier de coopétitives85. Les contours du « fisc royal » sont donc constamment renégociés dans le cadre mouvant des relations interpersonnelles qui caractérisent le premier âge féodal, à coup de sièges, de prises de castra et de cités, de trahisons et de pactes, dont témoignent les auteurs contemporains. En même temps, le roi, confronté au problème de la diminution de son fisc, qui n’est plus alimenté par les confiscations des biens des rebelles et des félons, a dû trouver de nouvelles ressources ou diminuer ses dépenses, pour maintenir son statut dans des échanges où les contreparties matérielles servaient à entretenir ou recréer la relation affective qui sous-tendait les relations hiérarchiques. Dès lors, ne serait-il pas possible d’analyser aussi les opérations politiques en termes économiques et de rechercher d’éventuels changements dans la gestion des ressources et des dépenses ? Ressources et dépenses Aux viiie et ixe siècles, la volonté d’entretenir des palais et une cour brillante, d’organiser de fastueuses cérémonies, de faire preuve de largesse en donnant aux églises du royaume, aux pauvres, aux grands, d’échanger des cadeaux avec les autres souverains a sous-tendu les réformes domaniales et fiscales. Les ressources domaniales s’ajoutaient aux déshérences, aux confiscations et aux profits de la guerre prédatrices. Faute d’écrits de gestion et de documents comptables, on ne peut mesurer exactement l’évolution du rapport entre ressources et dépenses royales au xe siècle. J’ai donc retenu quelques indicateurs indirects : les rési-

vale) ; W. M. Newman, Le domaine royal sous les premiers Capétiens (987-1180), Paris, 1937, p. 80. 85 Voir à ce sujet les contributions du volume R. Le Jan, G. Bührer-Thierry, S. Gasparri (dir.), Coopétition. Rivaliser, coopérer dans la société du haut Moyen Âge, Turnhout, 2018 (Haut Moyen Âge, 31).

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dences royales, l’utilisation des fiscs, les arrière-plans économiques des luttes politiques, et la largitio royale à l’égard des églises. L’évolution du système palatial au xe siècle rend bien compte des changements86. Charles le Simple maintient encore l’ancien système résidentiel caractérisé par la multipolarité : il circule entre des sites ruraux, qualifiés de palatia et approvisionnés par les fiscs qui leur étaient attachés, mais par rapport à son grand-père Charles le Chauve, l’échelle de ses itinéraires s’est considérablement réduite : sa résidence de prédilection est Compiègne. Le palais était devenu, dès l’époque de Louis le Pieux, la résidence privilégiée de l’empereur dans le nord-ouest de la Francie. Sous Charles le Chauve, empereur en 875, Compiègne s’affirme comme le palatium par excellence, une Carlopolis dotée d’une prestigieuse basilique mariale. Charles le Simple s’inscrit donc dans la tradition de son grand-père87. On le voit aussi dans les palais d’Attigny, Corbeny ou Ponthion, ainsi qu’à Laon. En revanche, il ne réside plus dans la région parisienne, ni plus à l’ouest88, car il a perdu le contrôle direct de ces régions, avec leurs palais. Comme ses ancêtres, il fait preuve de largitio à l’égard des églises, mais il concentre ses donations sur deux établissements, Saint-Corneille de Compiègne et Saint-Rémi de Reims. Saint-Corneille, associé au palais de Charles le Chauve, reçoit des parts et revenus du fisc de Compiègne, de celui de Verberie et un fisc complet, celui de Ponthion, ainsi que le droit de recevoir les donations des fiscalins89. Saint-Rémi de Reims, où le roi avait sans doute prévu d’être inhumé, à défaut de pouvoir l’être à Saint-Denis, reçoit tout le fisc de Corbeny90. La donation de Ponthion et de Corbeny est le signe que ces palais cessent d’être fréquentés par le roi, comme l’a montré Josiane Barbier91, mais leur transmission par l’intermédiaire de la reine Frérone,

J. Barbier, « Les lieux du pouvoir en Gaule franque. L’exemple des palais », in C. Ehlers (Hrsg.), Deusche Königspfalzen. Beiträge zu ihrer historischen und archäologischen Erforschung. Vol. 8. Places of Power-orte der Herrschaft-Lieux du pouvoir, Göttingen, 2007, pp. 227-46. 87 J. Barbier, « Le système palatial franc : genèse et fonctionnement dans le nordouest du royaume », Bibliothèque de l’École des chartes t. 148, 1990, pp. 245-99, ici 294-5. 88 MacLean, « Palaces », p. 11. 89 DChS nos 90, 95, 96. 90 DChS no 87. 91 Barbier, “Les lieux”, cit. , p. 236. 86

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qui les avait reçus en douaire, est l’expression de changements marqués par l’association directe de la reine au pouvoir et leur prise en charge des donations mémorielles92. Charles le Simple affecte ensuite à sa dernière épouse Otgive le fisc d’Attigny. Ces donations importantes par rapport à la masse des domaines royaux sont une entreprise de consolidation patrimoniale par l’intermédiaire des reines et des monastères93, qui posa problème dès lors que les monastères voulurent en avoir l’usage réel. Charles le Simple et Frérone avaient fait réserve d’usufruit pour des parents de la reine, multipliant ainsi les bénéficiaires, et après la mort de son épouse, le roi a retenu Corbeny pour son usage. Son fils Louis IV ne l’a rendu aux moines de Saint-Rémi que sur son lit de mort, en 95494. Le même Louis IV a repris à sa mère Otgive le fisc d’Attigny qu’elle avait reçu en douaire de Charles le Simple95. On décèle ici un nouveau mode de gestion des ressources royales qui consiste à conserver l’usage des fiscs en restreignant la largitio royale. De la même manière, les diplômes accordés aux églises par les derniers Carolingiens ne sont plus des donations, mais des confirmations ou des renouvellements. Il est vrai que la reine Gerberge, épouse de Louis IV, a offert le fisc de Meersen à Saint-Rémi de Reims, qui devait prendre la place de Saint-Denis, sous contrôle robertien, comme nécropole royale. Mais pour ce faire, elle a utilisé des biens fiscaux situés en Lotharingie qui provenaient du douaire de son premier mari, le duc Giselbert96. Ces biens avaient été revendiqués par les neveux du duc au titre de leur héritage, mais Otton Ier, frère de Gerberge, les avait confisqués, comme Charles le Chauve avait jadis confisqué le douaire de sa sœur. La donation de Gerberge est donc complexe. Elle a une vocation mémorielle et symbolique, puisqu’elle bénéficie aux moines de Saint-Denis, mais les biens offerts sont éloignés de l’église-mère et situés hors du royaume. Elle est politique, car elle s’inscrit dans le cadre des rapports de force en Lotharingie, et enfin elle relève de la gestion

MacLean, « Palaces », cit., p. 7. S. MacLean, « Queenship, nunneries and royal widowhood in Carolingian Europe », Past & Present, 178, 2003, p. 3-38. 94 Recueil des actes de Lothaire et de Louis V, nos 3 et 4. 95 Barbier, Palatium, p. 11. 96 Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. IX (10 février 968), éd. L. Delisle, Paris, 1874, p. 666. 92 93

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patrimoniale, car elle permet d’économiser les ressources royales97. La stratégie déployée par la reine Gerberge, c’est-à-dire par le couple royal, à partir des biens de son douaire lotharingien dont elle avait certainement perdu l’usage, illustre, au-delà de l’intermédiarité des reines du xe siècle, l’instrumentalisation des terres fiscales et de la largitio aux églises, mais aussi un mode de gestion des ressources adapté à leur diminution. Un autre exemple en est donné par le fait qu’à la mort de Louis IV, le jeune Charles, deuxième fils du couple royal, ne reçut aucune part des biens royaux, pas même une charge d’abbé laïque. Les changements dans le mode de résidence des derniers carolingiens sont liés à la diminution du nombre des fiscs et au souci d’en épargner les revenus. Ils conservèrent le contrôle de Compiègne où on les voit parfois, mais ils résidèrent essentiellement à Reims et surtout à Laon, des cités épiscopales bien protégées, qui concentraient pouvoir militaire et pouvoir sacré. Ils économisaient en même temps leurs propres ressources fiscales aux dépens des églises et monastères épiscopaux dont ils utilisaient aussi les contingents militaires, à défaut de pouvoir recruter de larges clientèles vassaliques98. Cette pratique n’était pas nouvelle, puisque Charles le Chauve l’avait beaucoup utilisée, mais elle devint presque systématique. Par ailleurs, Reims et Laon étaient proches des frontières de la Lotharingie, que les Carolingiens cherchaient encore à reprendre par une active politique de lobbying auprès de leurs alliés locaux ou par des interventions militaires. Ces régions connaissaient alors un essor rapide et les luttes qu’a menées le roi Lothaire pour le contrôle de la cité et du castrum de Verdun dans les années 980 ne sont certainement pas dénuées d’arrière-plans économiques. La présence d’un enclos fortifié des marchands (negociatorum claustrum), situé sur la rive de la Meuse opposée à la ville mais relié à elle par deux ponts, atteste l’essor commercial de Verdun, et de la Meuse en général, et des profits qu’on pouvait en espérer99. Cette prédilection pour les villes s’accentua sous les Capétiens. Ils ont finalement recueilli une part de l’ancien domaine royal, avec les palais de Compiègne, Verberie, Attigny et Laon, le reste étant passé aux mains des comtes de Troyes. Ces fiscs et palais s’ajoutaient à leur propre 97 98 99

Sur Gerberge, S. MacLean, Ottonian Queenship, Oxford, 2017, pp. 74-94. Mazel, Féodalités, pp. 31-2. Richer, Histoire de France III, 103, pp. 131-3.

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domaine, réduit par l’émancipation de leurs puissants vassaux ligériens, mais ils contrôlaient quatre sièges archiépiscopaux et seize sièges épiscopaux, dont Noyon, Beauvais, Paris, Orléans, et disposaient de puissantes cités et de prestigieux et riches monastères comme Saint-Denis, Saint-Germain-des-Prés ou Fleury-sur-Loire. Le palais de Compiègne conserva une haute valeur symbolique, comme sous les derniers Carolingiens : Robert le Pieux y a résidé au début de son règne, il y émit plusieurs diplômes, son fils aîné Hugues y fut élu et béni en 1017, avant d’y être inhumé. Saint-Corneille de Compiègne est aussi l’un des rares établissements monastiques, avec Saint-Mesmin de Micy100 et NotreDame de Poissy101 à bénéficier d’une véritable donation royale102. Mais leurs résidences de prédilection furent les cités épiscopales de Paris, Senlis, Orléans et Sens, et accessoirement des monastères comme Chelles ou Saint-Denis, au cœur du domaine capétien de leurs ancêtres. Ces cités, pourvues de marchés, connaissent alors un essor économique indéniable dès la seconde moitié du xe siècle. Les arrière-plans économiques des choix de résidence et de la compétition politique entre le roi et ses pairs apparaissent nettement, avec la recherche de nouvelles ressources fiscales, indirectes, tirées de l’essor commercial, et une gestion plus pragmatique. À l’échelle locale en effet, le contrôle des ports fluviaux associés aux castra devint un enjeu majeur, qui traduit en même temps la fragilité des positions royales. Sur la Seine, en amont de Paris, les rois capétiens contrôlaient la ville de Melun, mais elle fut un moment disputée au roi Robert par le comte de Tours Eudes Ier qui, selon Richer, voulaient prendre le contrôle de ses deux ports très sûrs, qui « s’ajouteraient à ceux qu’il possédait sur la Loire »103. En aval, le roi Robert séjourna à plusieurs reprises dans le castrum de Poissy, où il consolida ses positions en fondant une collégiale à laquelle il offrit les droits de péage, de rouage pour le vin vendu et toute la dîme des bateaux allant et venant dans le port de la Seine, ainsi que les droits sur le marché qui se tenait chaque année, le 8 septembre104. Le débouché maritime de la Seine lui échappait, puisque Rouen était sous le contrôle W. M. Newman, Catalogue des actes de Robert II, roi de France, Paris, 1937, no 58 (1022-1023). 101 Newman, Catalogue, no 98 (996-1031). 102 Newman, Catalogue, no 81 (1029-1030). 103 Richer, Histoire de France IV, 74, p. 266-7. 104 Newman, Catalogue cit., no 98 (996-1031). 100

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du prince normand et plus au Sud, le cours inférieur de la Loire lui échappait aussi, car le comte Eudes possédait Tours et d’autres lieux de passage, tandis que le comte Foulques avait Angers et que Nantes était disputée entre Angevins et Bretons. Mais le roi était maître d’Orléans et jouait un jeu complexe entre les princes de l’ancienne Neustrie. Ces jeux politiques, qui tournaient souvent à l’affrontement, recouvraient à coup sûr des intérêts économiques, car le roi capétien était aussi attentif que les princes aux profits qu’il pouvait tirer de l’essor commercial. L’exemple du Ponthieu montre comment les rois ont utilisé les liens personnels pour conserver, reprendre, trouver des points forts qui, outre leur valeur militaire, avaient aussi une valeur économique. Au ixe siècle, les Carolingiens avaient réussi à concentrer une partie des lucratifs prélèvements fiscaux tirés des échanges maritimes en mer du Nord dans les deux ports de Dorestad, en Frise, et de Quentovic, en Ponthieu. Comme on le sait, ces ports disparurent, à cause de phénomènes naturels et des destructions vikings, mais ils furent remplacés par Till sur le Bas Rhin pour Dorestad et Montreuil sur la Canche pour Quentovic105. Certes ces établissements étaient moins importants que ceux auxquels ils avaient succédé, car d’autres sites s’étaient développés concurremment, mais la Frise comme le Ponthieu furent extrêmement disputés au xe siècle, signe de leur intérêt stratégique et économique. Le Ponthieu et le castrum de Montreuil devinrent un enjeu majeur dans les luttes entre les principaux acteurs politiques de la France du Nord-Ouest, c’est-à-dire les comtes de Flandre au nord, les comtes de Rouen au sud106, et au centre, à une échelle plus locale, les comtes de Montreuil, en principe vassaux du Capétien, et le monastère royal de Saint-Riquier. Au milieu du xe siècle, le comte Arnoul Ier de Flandre qui, selon Richer, « enviait les bénéfices importants que procuraient les importations maritimes »107 à Montreuil, réussit à s’emparer du castrum, donc des revenus douaniers, mais dès son élection, Hugues Capet négocia habilement le mariage de son fils Robert avec la veuve du comte Arnoul II de Flandre, Suzanne, qui apporta Montreuil en dot. Comme le roi Robert répudia rapidement son épouse en refusant de lui rendre S. Lebecq, Hommes, mers et terres du Nord au début du Moyen Âge, 2. Centres, communications, échanges, Villeneuve d’Ascq, 2011, pp. 149-63. 106 P. Bauduin, La première Normandie (Xe-XIe siècle). Sur les frontières de la haute Normandie: identité et construction d’une principauté, Caen, 2004. 107 Richer, Histoire de France II, 11, pp. 144-5. 105

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le castrum, la reine Suzanne s’efforça donc d’en construire un autre, pensant « qu’elle pourrait arrêter de cette forteresse tous les convois de navire »108. Le roi n’hésita pas alors à donner sa sœur en mariage à l’avoué du monastère de Saint-Riquier, Hugues, à qui il confia aussitôt Montreuil, avec le Ponthieu. Il fortifia aussi Abbeville, sur la Somme, pour protéger le port et ses revenus des ambitions normandes109. Il est clair qu’il s’agissait de mettre la main sur des ressources fiscales, dans un contexte de compétition accrue avec et entre les princes. Le roi s’assurait ainsi à nouveau une façade maritime, certes réduite, où débouchait la route de Paris, et une ouverture vers l’Angleterre, avec les revenus fiscaux afférents, qui s’ajoutaient à ceux qu’il tirait des cités et des ports sur la Seine et la Loire. Notons cependant que le poids de Montreuil dans cette compétition était bien moindre que celui de Rouen, dans la principauté normande ou de Boulogne et Gand, dans la principauté flamande. Le troisième mariage du roi Robert, avec Constance d’Arles, ne pouvait lui apporter de nouveaux revenus fiscaux, mais il enrichit les caisses du trésor, puisqu’elle a apporté en dot une grande quantité d’or, ce qui n’était pas négligeable pour faire preuve de la largesse nécessaire à l’expression du statut royal. Les premiers Capétiens reprennent en effet la tradition de la largitio envers les églises qui caractérisait le pouvoir royal au ixe siècle et le pouvoir princier au xe siècle. À la différence des derniers Carolingiens, ils se sont distingués par leurs fondations monastiques : Hugues le Grand et son fils avaient fondé Saint-Magloire de Paris, la reine Adélaïde, épouse d’Hugues Capet, fonda un monastère à Senlis et un autre à Argenteuil. Le roi Robert le Pieux est aussi resté célèbre pour ses constructions et ses donations aux monastères orléanais. Car la largitio des premiers Capétiens, comme celle des autres princes, s’est adressée presque exclusivement aux établissements de leur domaine ancestral, d’où ils tiraient les fondements de leur pouvoir. La seule exception fut, on l’a vu, une

Richer, Histoire de France IV, 87, pp. 285-9. Un conflit autour du domaine de Noyelles-sur-Mer, qui était situé sur la baie de Somme et qui appartenait aux moines de Saint-Riquier, implique le roi Henri Ier qui retient cinq ans le domaine avant de céder aux prières de l’abbé et du comte du Ponthieu Enguerrand, avoué du monastère, qui était son cousin, et qu’il rende enfin Noyelles aux moines : Hariulf, Chronique de l’abbaye de Saint-Riquier IV,7, éd. F. Lot, Paris, 1894 (Collection de textes pour servir à l’étude et à l’enseignement de l’histoire, 17), pp. 190-3.

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donation à Saint-Corneille de Compiègne où le fils aîné du couple royal, Hugues, avait été inhumé. Pour cela, on ne diminua pas le fisc, puisque la reine Constance donna aux moines de Compiègne un bienfonds attenant au palais de Verberie, qu’elle avait acheté avec l’or qu’elle avait apporté en dot110. L’or de la reine Constance nous renvoie à Raoul Glaber, qui relate l’échange de cadeaux entre le roi Robert et l’empereur Henri II, lorsqu’ils se sont rencontrés à Ivois sur la Meuse, en 1023. Le roi y a tenu son rang, en présentant au couple impérial « d’immenses quantités d’or, d’argent et de pierres précieuses, ainsi que cent chevaux somptueusement parés, et sur chacun une cuirasse et un heaume ». L’empereur ne prit qu’un évangéliaire orné d’or et de pierres précieuses et un reliquaire semblable contenant une dent de saint Vincent diacre et martyr; son épouse ne prit qu’une paire d’encensoirs d’or. Le lendemain, le roi fit de même111. Même s’il convient de relativiser les propos du moine bourguignon, jamais avare de louanges à l’égard du roi, le trésor royal permettait au couple royal de faire jeu égal avec l’empereur dans les rencontres et de tenir une cour brillante, où la reine Constance, entourée de méridionaux, donnait le ton. On notera que les partenaires de l’échange, en l’occurrence l’empereur et le roi, surenchérissent dans l’ostentation, mais que chacun conserve l’essentiel de ces richesses. On est bien loin du potlatch décrit par Marcel Mauss pour les Indiens kwakiutl du Nord-Ouest de l’Amérique à la fin du xixe siècle, où les partenaires détruisaient leurs propres richesses112. Ces destructions, on le sait maintenant, étaient le signe d’une déstabilisation des hiérarchies, d’une crise des élites113. Dans le récit de Raoul Glaber, l’échange est contrôlé, « rationnel », les deux

Newman 81 (1029-1030). Raoul Glaber, Histoires, III, 8, trad. M. Arnoux, Turnhout, 1996 (Miroir du Moyen Âge), pp. 156-9. Voir G. Althoff, « Demonstration und Inszenierung. Spielregeln der Kommunikation in mittelalterlicher Öffentlichkeit », in Id., Spielregel der Politik im Mittelalter. Kommunikation in Frieden und Fehde, Darmstadt, 1997, pp. 229-57. 112 M. Mauss, Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, in Id., Sociologie et anthropologie, Paris, 8e éd., 1999, pp. 143-273. 113 A. Curtze Mills, Eagle Down is our Law: Witsuwit’en Law, Feasts, and Land Claims, Vancouver, 1994. 110 111

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partenaires y trouvant avantage114. Mais Raoul Glaber ne manque pas de dénoncer aussi le duc de Bourgogne Otte-Guillaume, un cousin du roi Robert le Pieux, qui « s’imposa en Bourgogne au point de n’être second à personne par ses richesses et sa valeur »115, ce qui traduit de la surenchère, et Adémar de Chabannes dresse un célèbre portrait du duc Guillaume V d’Aquitaine, ami et fidèle du roi, qui, selon lui, avait tout d’un roi et participait directement aux échanges diplomatiques assortis de cadeaux précieux avec les souverains européens et les pontifes romains116. Les richesses du duc égalaient-elles, dépassaient-elles celles du roi ? Ce ne sont pas les auteurs du xie siècle qui nous l’apprendront, mais les richesses des princes les qualifiaient assurément pour rivaliser avec le roi au sein de la coterie des pairs (cotery of equals)117, formée par ceux qui se reconnaissaient et s’estimaient à l’aune de leur statut et de leurs richesses. Dans tous les cas, les biens matériels étaient convertis en biens précieux, qui distinguaient, qui qualifiaient les pairs, avec une attention de plus en plus marquée aux reliques. Cet intérêt ne relève pas seulement du religieux, car dans l’échange, les reliques ne pouvaient être distinguées de leurs précieux reliquaires qui célébraient la gloire de Dieu et celle de ceux qui exerçaient le pouvoir en son nom. Ainsi se combinaient un mode de gestion plus pragmatique et une largesse ostentatoire, mais contrôlée, mesurée, qui caractérisent assurément une forme de rationalité économique en valeur (Wertrationalität)118. Conclusion Au terme de ce parcours sinueux, quelques conclusions se dégagent. De même qu’il ne peut être question d’une quelconque « privatisation » du fisc, qui serait venue rompre un ordre « public » à l’époque féodale, on ne peut assimiler lieu et espace public à la seule présence de biens

M. Weber, Économie et société, 1. Les catégories de la sociologie (1922), Paris, 1995, chapitre II. 115 Raoul Glaber, Histoires, III, 6, trad. citée pp. 153-5. 116 Adémar de Chabannes, Chronique, III, 41, trad. Y. Chauvin, G. Pon, Turnhout, 2003 (Miroir du Moyen Âge), p. 252. 117 A. Weiner, Inalienable possession. The Paradox of Keeping-While-Giving, Berkeley, 1992. 118 Weber, Économie et société. 114

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royaux. Il faut insister sur l’importance de la publicité des actions communautaires, dans certains lieux particuliers auxquels cette publicité confère un caractère public, que le roi y possède ou non des biens. Que beaucoup de ces lieux aient été intrinsèquement liés à la puissance publique, comme les civitates, les castra, voir les vici, ne change rien au fait qu’il y a des lieux où le roi ne semble pas posséder de biens et qui sont qualifiés de publics. Il est possible qu’ils aient fait partie du domaine public, avant d’en sortir à la suite de donations royales, et d’être patrimonialisés, mais cela n’est pas attesté partout. La description des fiscs dans les Brevium exempla traduit la volonté de rationaliser la gestion fiscale par des regroupements sous l’autorité d’un iudex, correspondant probablement à ceux des petits pagi, administrés par un seul comte. Mais le devenir de cet ensemble montre aussi combien les impératifs politiques s’imposaient aux principes de gestion, puisque les fiscs ont été, comme les monastères, des instruments du jeu politique. Certes, les fiscs donnés sous forme de dot à une fille de l’empereur étaient censés rester sous le contrôle royal, mais dans les faits, ils ont été patrimonialisés et s’ils portaient en eux une mémoire fiscale, celle-ci a largement servi les ambitions du comte de Flandre. Au xe siècle, la diminution des ressources royales, liée à la patrimonialisation des charges publiques et à l’agressivité de la compétition politique, réduit l’accès du roi au domaine public, en dehors de son propre espace royal et de ce que Fulbert de Chartres et Eudes II considèrent comme « le fisc du roi », un ensemble aux contours mouvants, toujours remis en compétition. Cependant, le volume global des ressources et des profits disponibles dépend aussi de la conjoncture et des « politiques » économiques, car même si l’analyse conduite ici ne permet pas de tirer des conclusions générales, on peut cependant avancer l’idée que la gestion des ressources royales a eu une forme de rationalité en valeur, pour reprendre une catégorie wébérienne. Les derniers Carolingiens comme les premiers Capétiens economisent leurs fiscs en abandonnant leurs palais ruraux et en résidant dans des cités épiscopales et, pour cette même raison, les derniers Carolingiens abandonnent la largitio royale à l’égard des églises. Les premiers Capétiens la reprennent, parce qu’ils agissent comme des princes et qu’ils bénéficient d’une croissance plus soutenue, mais ils favorisent uniquement les églises et monastères de leur domaine. Derrière leurs entreprises militaires, en particulier celles qui concernent les cités, tous paraissent attentifs aux profits à attendre du commerce. Le rétrécissement du champ d’action royal s’est aussi

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accompagné d’une politique locale plus pragmatique, plus réaliste, sans que pour autant les rois, comme d’ailleurs les princes, aient renoncé aux échanges ostentatoires qui exprimaient le statut et la hiérarchie. L’importance des reliques dans les échanges entre puissants inviterait d’ailleurs à s’interroger aussi sur la valeur symbolique et culturelle des biens publics, terres comprises119.

M. Sahlins, Âge de pierre, âge d’abondance : l’économie des sociétés primitives, Paris, 1991.

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Charles West Royal estates, confiscation and the politics of land in the kingdom of Otto I The Monk and the Caliph In the year 956, an unlikely conversation took place in a palace in Córdoba between a black-robed Christian monk and the great caliph of Al-Andalus, Abd ar-Rahman III, in a scene later celebrated – in classic nineteenth-century orientalist style – by the Catalan painter Dionís Baixeras i Verdaguer1. The monk, John of Gorze, had been sent to Spain as an envoy by King Otto I, but had faced considerable difficulties and delays in obtaining an interview. When after three years the opportunity finally arose, John seized the moment to demonstrate a crashing lack of tact, boasting to his host of King Otto I’s power and wisdom, the strength of his army, his fame and his riches. The caliph responded to the provocation with marvellous diplomacy. What John had said was all very well, he remarked: but why did John’s king share out his power, giving it away to his followers, and relying on their questionable loyalty?2 I am grateful to Ryan Lavelle, Edward Roberts and Chris Wickham for advice on this paper, and to the editors for their forbearance. The research was enabled by a Humboldt Foundation grant, held at the Eberhard Karls University of Tübingen in 2016. Dionís Baixeras i Verdaguer, «La civilització del califat de Còrdova en temps d’Abd-al-Rahman III» (1885). The large-scale painting (3.4 x 6.2 metres) was commissioned for the University of Barcelona, and still hangs there today in the university’s ceremonial hall. There remains some debate over who the painter meant the black-robed Christian monk to be – one possibility is Gerbert of Reims – but John of Gorze is the most likely candidate. 2 “Quod potestatem virtutis suae non sibi soli retinet, sed passus libere quemque suorum propria uti potestate, ita ut partes regni sui inter eos dividat, quasi eos sibi inde fideliores habeat et subiectiores. Quod longe est […]”: Die Geschichte vom Leben des Johannes, Abt des Klosters Gorze, éd. P. Jacobsen, Wiesbaden, 2016 (MGH SRG 81), p. 464 (this new edition includes a German translation, and provides a significantly revised Latin text). A partial English translation of John’s embassy can be found in R. Fletcher, Moorish Spain, Berkeley, 2006, pp. 67-8; a fuller translation in C. Smith, Christians and Moors in Spain, I: 711-1150, Warminster, 1988, pp. 62-75. Unfortunately Smith (who consistently calls Gorze “Görz”) considered 1

Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 157-177 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118742

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The caliph then began to elaborate his point, discussing recent rebellions in Ottonian Germany ; but it is here that the text breaks off in the only surviving manuscript of the source, an account of John of Gorze’s life written a couple of decades later, so we shall never know what the caliph went on to say, nor how John responded. Nor can we be sure whether our record reflects the view of the text’s author, or John’s own reminiscences – or even, however mediated, the genuine opinion of Abd ar-Rahman himself3. But whoever is really speaking here, the analysis is sound. For although this meeting between a Christian monk and a Muslim caliph was obviously a religious encounter, it was also a fiscal one. While the caliphate of Al-Andalus relied on a functioning bureaucratic apparatus to operate an efficient taxation system, the kingdom of Otto I was fundamentally a land-based state, with exactly the consequences for the dispersal of power and resources that the perceptive caliph identified4. Yet despite the acknowledged centrality of the “politics of land” to Otto I’s kingdom and kingship, the nature, extent and function of the Ottonian fisc – that is to say the aggregate of royal rights over land – is still not fully understood, at least in its relation to the wider political economy. This in part reflects the familiar difficulties posed by the evidence for the period, relative to the better-documented Carolingian

the last few lines, the focus here, to be «mere schoolboy boasting» and left them out of his translation. A French translation of the entire text with extensive notes is provided by Jean de Saint-Arnoul: La vie de Jean, abbé de Gorze, tr. M. Parisse, Paris, 1999, here at p. 161. 3 The sole manuscript is Paris, BnF MS lat. 13766, which becomes increasingly illegible towards the end of the text. Up to date discussion of the manuscript, and further references to recent discussion of John’s embassy to Córdoba, in Die Geschichte, ed. Jacobson, pp. 39-72 (visit to Córdoba), pp. 105-15 (detailed manuscript description) and pp. 466, n. 711 (discussion of the caliph’s speech). 4 For this terms of this contrast see C. Wickham, Framing the early Middle Ages: Europe and the Mediterranean, 400-800, Oxford, 2005, pp. 56-150, esp. pp. 58-62. On taxation in the Caliphate, see P. Chalmeta, «An approximate picture of the economy of Al-Andalus», in S. Jayyusi (ed.), The Legacy of Muslim Spain, Leiden, 2004, describing it as “a fiscally based society” (p. 743), and estimating that the state took between half and a third of the product of taxpayers’ work. See now also C. Wickham, «The economy of Italy and Spain in the early Middle Ages», in S. Gelichi, R. Hodges (eds.), New Directions in Early Medieval European Archaeology, Turnhout, 2015 (Haut Moyen Age, 24), pp. 335-45, with further references to recent work.

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and Staufen ages: but it is also a matter of historiographical tradition 5. Having enjoyed a period of sustained attention in the mid twentieth century, bearing fruit in a set of weighty studies, royal property as such has since fallen somewhat out of favour in German historiography 6. Historians have instead focused their attention on palaces, and on how the itinerant kings drew on ecclesiastical resources – the former best represented by the remarkable Deutsches Königspfalzen series published in a number of volumes over several decades, the latter by Carlrichard Brühl’s magisterial study of Königsgastung, that is to say where kings stayed as they travelled around their kingdom 7. Behind this scholarly turn can perhaps be discerned the influence of the distinctive concept of Herrschaft (lordship, rulership) so important in German historiography (indeed, the investigations into palaces have effectively considered them as gigantic Herrschaftszeichen, or symbols of rulership) on the one hand, and of regional studies or Landesgeschichte on the other 8.

On the difficulties posed by the (lack of ) evidence between the Carolingian age and the thirteenth century, see Th. Zotz, «Zur Grundherrschaft des Königs im deutschen Reich vom 10. bis zum frühen 13. Jahrhundert», in W. Rösener (Hrsg.), Grundherrschaft und bauerliche Gesellschaft im Hochmittelalter, Göttingen, 1995 (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für Geschichte, 115), pp. 76-115. For a general discussion of the historiography, see V. Loré’s introduction to this collection. 6 These studies are too numerous to enumerate here, but major sites to have been examined include Aachen, Bodman, Boppard, and Frankfurt, while regional approaches include surveys of Hesse, Lower Lotharingia and the middle Rhineland. Most were published in the 1950s, 1960s and 1970s; for the suggestion that historiographical interest peaked in the 1960s, see E. Kupfer, Königsgut im mittelalterliche Niederösterreich vom 9. bis zum 12. Jahrhundert, St Pölten, 2000, p. 7. 7 An excellent summary of the Deutsches Königspfalzen project is provided by C. Ehlers, «Pfalzenforschung Heute: Eine Einführung in das Repertorium der deutschen Königspfalzen», in C. Ehlers (Hrsg.), Orte der Herrschaft. Mittelalterliche Königspfalzen, Göttingen, 2002, pp. 25-53 (two further volumes have been published subsequently). On Königsgastung, see C.-R. Brühl, Fodrum, Gistum, Servitium regis. Studien zu den wirtschaftlichen Grundlagen des Königtums im Frankenreich und in den fränkischen Nachfolgestaaten Deutschland, Frankreich und Italien vom 6. bis zur Mitte des 14. Jahrhunderts, Köln, 1968 (Kölner historische Abhandlungen, 14). 8 The Deutsches Königspfalzen series began with strong connections to Neuverfassungsgeschichte perspectives, relying heavily on the concept of Herrschaft: the first volume of the series, belatedly published in 1963, is dedicated to P.E. Schramm, ‘dem Erforscher der Herrschaftszeichen’, who also received the volume in type5

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Such studies have together greatly improved our understanding of their respective subjects, but this chapter has a different goal in mind. It seeks to explore the connection between royal lands and royal power, that is to say between the material and the ideological underpinnings of kingship, across the whole kingdom and in a precise chronological period: the reign of Otto I, king from 936, and emperor from 962, until his death in 9729. Measuring Otto I’s fisc The obvious first step might seem to be to assess just how much land King Otto I had at his disposal. In the absence of any contemporary or near-contemporary list – there is no Ottonian or Salian equivalent to the Domesday Book that has so durably shaped the English historiography – this is difficult, but historians in the twentieth century nevertheless rose ably to the challenge. In a path-breaking and subsequently much-cited short book published in 1909, Adolf Eggers drew on the then recently published MGH editions of the Ottonian royal charters to list all known royal properties of the tenth and eleventh centuries, arranged geographically, and with the explicit assumption that these lands represented the “foremost source of finance for the crown and the court”10. Eggers’s book was not accompanied with a map, but a similar methodology was used in script. An influential article for the Landesgeschichte turn in fiscal studies was K. Bosl, «Probleme der Reichsgutforschung im Mittel und Süddeutschland», Jahrbuch für fränkische Landesforschung, 20, 1960, pp. 305-25, arguing that “die fränkische Herrschaft ihrem Wesen nach eine in die Lande hinaus verlängerte Hof- und Pfalzverwaltung und -herrschaft war”. For a heavyweight critique however of methodologies used to reconstruct early fiscal resources in Hesse, see K. Kroeschell, «Die Zentgerichte in Hessen und die fränkische Centene», Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte: Germanistische Abteilung, 73, 1956, pp. 300-60. 9 For comparable approaches to royal land, see M. Innes, «Property, politics and the problem of the Carolingian state», in W. Pohl, V. Wieser (Hrsg.), Der frühmittelalterliche Staat - europäische Perspektiven, Vienna, 2009 (Forschungen zur Geschichte des Mittelalters, 16) pp. 299-314; in a rather different vein, E. Wadle, Reichsgut und Königsherrschaft unter Lothar III. (1125-1137). Ein Beitrag zur Verfassungsgeschichte des 12. Jahrhunderts (Schriften zur Verfassungsgeschichte 12), Berlin, 1969. 10 A. Eggers, Der königliche Grundbesitz des 10 und beginnenden 11. Jahrhunderts, Weimar, 1909 (Quellen und Studien zur Verfassungsgeschichte des Deutschen Reiches in Mittelalter und Neuzeit, 3/2): “die vornehmste Finanzquelle der Krone und des Hofes”. For Domesday’s impact on the study of English royal lands, see R. Lavelle, this volume.

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1956 in the Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte, subsequently regularly reissued into the 1990s as a standard study companion for schools as well as universities, to represent the Carolingian and the Ottonian Reichsgut. Here, the fisc appears as a rash of red dots spread across the Ottonian empire north of the Alps, though with a particular concentration in Saxony, reflecting its status as the Ottonian heartland, and in marked contrast to the lack of blue dots (for the Carolingians) in the region11. As already mentioned, in spite of the stimulus of the research programme into German palaces, interest in the fisc seems to have peaked in the 1960s, and even historians working on the ‘material foundations of kingship’ have shied away from making kingdom-wide assessments12. In the last few years, however, a series of closely-linked articles written by David Bachrach has brought the Ottonian fisc as a whole back into focus13. In one especially stimulating piece, Bachrach has provided an updated survey of the fisc, not just for Otto I but for all rulers of the Ottonian Reich. What is more, this survey proposes perhaps for the first time an attempt at an overall quantitative assessment of royal resources. Sifting through the royal charters, and building on earlier regional studies, Bachrach concluded that Otto I disposed of approximately 45,000 mansi or peasant tenures spread across 900 fiscal units north of the Alps, including 620 villae. Bachrach further estimated that this fisc produced altogether enough agricultural surplus to feed 200,000 adults – or perhaps rather more, as he suggested that these numbers are “almost certainly a significant underestimate”14. In short, Otto controlled vast quantities of land. Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte, Braunschweig, 1956, p. 62. The atlas provides no further details for how the map was put together. 12 For instance, Brühl, Fodrum, who explains at p. 118, n. 9 that “Auf die Geschichte des Reichsguts kann im Rahmen dieser Untersuchung nicht im einzelnen eingegangen werden”. 13 For instance, B. Bachrach, D. Bachrach, «Continuity of written administration in the late Carolingian East c. 887-911: The royal fisc», Frühmittelalterliche Studien, 42, 2008, pp. 109-46; D. Bachrach, «Exercise of royal power in early medieval Europe: the case of Otto the Great 936-73», Early medieval Europe, 17, 2009, pp. 389-419; D. Bachrach, «Inquisitio as a Tool of Royal Governance under the Carolingian and Ottonian Kings», Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte: Germanistische Abteilung, 133, 2016, pp. 1-80. I am grateful to Professor Bachrach for generously sharing his work with me ahead of its publication. 14 D. Bachrach, «Toward an Appraisal of the Wealth of the Ottonian Kings of Germany, 919-1024», Viator, 44, 2, 2013, pp. 1-27, quotation at p. 14. 11

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The overall argument of Bachrach’s article, that the Ottonian kings were not dependent on plunder and tribute, is well taken, and the attempt at quantification is bold and welcome. Yet Bachrach also acknowledges the challenges involved in such measurements, and understandably so 15. In the first place, the information provided by the royal charters on which all such assessments necessarily rest is hardly ideal for the purpose. These documents list resources at the point of their alienation, they seldom give details of how much land was at stake, and often they note that this land had previously been held in benefice by someone else anyway. Bachrach’s figures for the extent of Otto’s fisc might be an underestimate as he suggests; but on a different reading of the same evidence, they could also be (much) too generous. For instance, Bachrach’s estimates assume that if Otto issued a charter at a palace, he can be presumed to have owned at that time the maximum numbers of fiscal properties associated by other historians with that palace, an assumption that seems likely to inflate the figures. The calculations also include grants of land already held in benefice – so not in practice generating income for the king – as well as grants of confiscated land which passed through the king’s hands (with more or less delay, as discussed further below)16. They further presume that if a villa is mentioned in a grant, the king owned all of it, which may not always have been the case 17. Secondly, such measurements assume that Otto’s various fiscal assets were in some way equivalent. In reality, however, royal estates were em-

Compare the caution on the prospects of Quantifizierung of Zotz, «Zur Grundherrschaft», p. 79. 16 The figures are presented in Bachrach, «Toward an Appraisal of the Wealth», pp. 19-20. Charters featured in Bachrach’s list that record land granted in benefice include Die Urkunden Konrad I, Heinrich I und Otto I, ed. Th. Sickel, Hanover, 1879-84 (MGH Diplomatum regum et imperatorum Germaniae I, henceforth abbreviated as D. OI), D. OI 57, 61, 87, 96, 109, 164 and 428. For charters documenting confiscation, see below, pp. 167-74. It may be noted in passing that a couple of minor errors have crept into Bachrach’s impressive list: for instance D. OI 5 is cited instead of D. OI 4. 17 For instance, private charters were demonstrably made concerning lands in villages listed in the royal Lorsch Reichsurbar, as noted by M. Schalles-Fischer, Pfalz und Fiskus Frankfurt. Eine Untersuchung zur Verfassungsgeschichte des fränkischdeutschen Königtums, Göttingen, 1969, pp. 291-6; D. Claude, Geschichte des Erzbistums Magdeburg bis in das 12. Jahrhundert, Köln, 1975, p. 45, makes a similar point about Magdeburg. 15

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bedded in social and environmental circumstances that varied widely across the empire18. Take, for example, Otto I’s assets at the fortification or Burgward of Rothenburg, now some sixty kilometres north-west of Leipzig, which the king granted to the monastery of Magdeburg in the summer of 961 along with all its dependent lands and properties. Bachrach’s article assesses this grant as transferring five ‘fiscal properties’, though the charter itself merely talks in generic terms of the fortification “with its dependant properties”.19 Of what did these properties consist, what did they produce, and how did they produce it? The charter does not say, but to judge from the archaeological evidence, the countryside in this part of Otto’s kingdom was neither heavily cerealised nor densely populated. Its inhabitants instead lived in a mixed economy of small gardens, hunting and gathering, with little evidence for social disparity amongst the settlements before the twelfth century20. Dues from these regions could be seen as tribute payments to those who controlled the fortifications as much as rent for use of the land. These tribute payments were often paid in this region collectively, by ethnic groups, and in kind – for instance in honey, which seems to have been an economically significant form of revenue21. Cf Loré, «Curtis regia», on important differences between southern and northern Italy, this volume. 19 D. OI 230: “cum omnibus appendiciis ad eandem urbem pertinentibus, mancipiis utriusque sexus edificiis campis pratis pascuis silvis aquis aquarumque decursibus […]”. 20 On the archaeology, see J. Henning, «Der slawische Siedlungsraum und die ottonische Expansion östlich der Elbe: Ereignisgeschichte, Archäologie, Dendrochronologie», in J. Henning (Hrsg.), Europa im 10. Jahrhundert. Archäologie einer Aufbruchszeit, Mainz, 2002, pp. 131-46; S. Brather, Archäologie der westlichen Slawen: Siedlung, Wirtschaft und Gesellschaft im früh- und hochmittelalterlichen Ostmitteleuropa, Berlin, 2001 (Ergänzungsbände zum Reallexikon der germanischen Altertumskunde, 30); and most recently, F. Biermann, «Land, elite and exploitation in early medieval western Slavic Territory», Revue Belge de Philologie et d’histoire, 90, 2012, pp. 413-28. On the Burgwarden, see G. Billig, Die Burgwardorganisation im obersächsisch-meißnischen Raum. Archäologisch-archivalisch vergleichende Untersuchungen, Berlin, 1989. 21 On the honey dues, see the useful (though at times polemically-toned) study of J. Brankack, Studien zur Wirtschafts- und Sozialstruktur der Westslawen zwischen Elbe, Saale und Oder aus der Zeit vom 9. bis zum 12. Jahrhundert, Bautzen, 1967; a more recent study by E. Bünz, «Der Meißner Bischof Bruno von Porstendorf (1209/10 - 1228): Herkunft, Aufstieg, Rücktritt, Pensionierung», Neues Archiv für Sächsische Geschichte, 77, 2006, pp. 1-35 at pp. 31-2. 18

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Elsewhere in the Reich, things were rather different. There is no Ottonian equivalent of the Lorsch Reichsurbar, a document apparently listing the ninth-century revenues due from royal estates in the Rhineland; but a charter survives from a Lotharingian monastery – as it happens Gorze, the monastery of John, the tactless ambassador to Córdoba – that sheds some light on the workings of an estate at Brouch, a now vanished village some 50km south of Metz in the west of Otto’s kingdom 22. In August 984, the residents of this estate demanded of the abbot a return to the lighter obligations that they claimed to have previously enjoyed. These obligations the charter describes in detail, dividing them into personal and tenurial categories. Each mundialis owed six pence on St Remi’s day, attended three courts a year, threshed measures of grain, assisted with mowing, and owed two days of regular labour a week. Each of the tenures owed transport services, eight pence after Christmas, deliveries of wood, token gifts of eggs and chickens, and some further labour services, in exchange for which they were given rations of bread and beer. Crucially for our purposes, the charter also explains that the estate had previously been part of the royal fisc prior to its donation to Gorze by a count named Regimbald, probably in the 950s 23. To the extent that we trust the residents’ statement of what their service had been – the abbot himself worried that they might be The settlement disappeared perhaps as early as the thirteenth century; it is sometimes spelled as Bruoch or Bruock. The charter, preserved in the (now lost) cartulary of Gorze, is edited in Cartulaire de Gorze, ed. A. d’Herbomez, Paris, 1898 (Mettensia 2), no. 116, pp. 211-13, and translated into German in Grundherrschaft im früheren Mittelalter, ed. L. Kuchenbuch, Idstein, 1991, pp. 194-7. Discussion in L. Kuchenbuch, «Abschied von der «Grundherrschaft» – Ein Prüfgang durch das ostfränkisch-deutsche Reich 950-1050», Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte: Germanistische Abteilung, 121, 2004, pp. 1-99, at pp. 89-90, interpreting the estate as divided between mundiales and tenure-holding sortiales, and suggesting that further services were not mentioned because they were not disputed; and in J.-P. Devroey, «Confronter la coutume domaniale entre seigneurs et paysans en Lorraine au Xe siècle», in L. Jégou, S. Joye, T. Lienhard, and J. Schneider (dir.), Faire lien. Aristocratie, réseaux et échanges compétitifs: Mélanges en l’honneur de Régine Le Jan, Paris, 2015, pp. 155-78, arguing for a donation date in the 940s, suggesting the charter may have been lightly interpolated, listing the dues, and providing a French translation at pp. 176-7. 23 According to the charter, whose text is difficult to construe and may be corrupt, the homines requested a privilege secundum legem qua ipsi regi, donec 22

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deliberately lying, and perhaps they were – the Brouch charter therefore preserves the obligations of a medium-sized Lotharingian royal estate under the rule of Otto I 24. Nevertheless, we could not extrapolate the ‘average’ returns of Ottonian royal estates from this charter, even if we knew the extent of the demesne land that the labour services were for, or precisely how many people worked on an estate of some twenty-one tenures, some of which (but not necessarily all) were evidently divided into quarters 25. Just as the structures of settlement and production varied across Otto’s vast kingdom, so too did the processes by which surplus production was extracted from those carrying out the labour, as well as the nature and quantity of that surplus. Put plainly, it is difficult to measure on the same scale the estates of Brouch and Rothenburg, located some 550km apart and with quite different economic, environmental and social structures, even without bringing into consideration the networks based around major sites like Frankfurt or Bodman, or the

eius fiscus erat a predicto Raimbaldo, predecessoresque ipsius servierunt  (Cartulaire, ed. Herbomez, p. 211). The German translation for this phrase in Kuchenbuch, Grundherrschaft, p. 195, is “entsprechend dem Recht, durch das sie dem König selbst und dessen Vorgängern dienten, während der vorgenannte Raimbald dessen fiscus innehatte”, supplying a missing word for “innehatte”; Devroey, «Confronter», p. 176, offers “en suivant la lex d’après laquelle ces derniers et leurs predécesseurs ont servi le roi lui-même (tant qu’il s’agissait de son fisc) et le susdit Rambaud”, which is more elegant but requires emending “ipsius” to “ipsorum” and “a” to “ac”. 24 Fear of lying: “ea lege atque conditione ut, si quis forte eos aliquid mentitos fore ac quicquam debiti servitiique celasse convinceret, predicta eorum postulatio funditus cassaretur” (Cartulaire, ed. Herbomez, p. 212). 25 The calculations of total fiscal yield – i.e. how much surplus the fisc produced – provided in Bachrach, «Toward an Appraisal of the Wealth», are of course only an approximation. They are calibrated on a decidedly peculiar charter from the ninth century, relating to Hornau, issued by Louis the German in 874: Die Urkunden Ludwigs des Deutschen, Karlmanns und Ludwigs des Jüngeren, ed. Pp. Kehr, Berlin, 1934 (MGH, Die Urkunden der deutschen Karolinger, 1), no. 155. This charter confirmed a grant of eight mansi made by a woman named Rotlind to the royal chapel of St Mary in Frankfurt, in return for annual payments during her lifetime, listed in terms of various grain, livestock and timber. Given that the grant was permanent, these payments are likely to have been considerably in excess of the estate’s actual annual yields.

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royal forests in the Vosges and elsewhere. 26 The exploitation of these properties varied in nature as well as in intensity. Moreover, Thomas Zotz has argued powerfully that the exploitation of fiscal estates was more episodic and irregular than that of the ecclesiastical estates on which our picture of early medieval landholding is in general based, because of the relatively greater mobility of the kings compared with abbots and even bishops. 27 And as if all this were not enough, it is important to remember that efforts to map or measure the fisc based on collating the surviving documentation are inevitably dependent on the surviving ecclesiastical archives: indeed, the Westermann Atlas mentioned above could profitably be seen as a map of shifting patterns of Carolingian and Ottonian documentation as much as of the location of royal property. As a result, efforts to measure or map the Ottonian fisc as a whole are both admirable and commendable, but they depend on some heroic assumptions; they represent very clearly one reading of the sources, but in their controlled speculation, they also inevitably obscure considerable uncertainties. Assessing fiscal dynamics Such efforts also tend to rely on certain preconceptions about how property worked in the early Middle Ages, and about how royal government worked too. A subjacent idea, and one that has been particularly influential in much recent research on modern fiscal regimes, is the notion of the ‘domain state’, in which rulers like Otto I governed with the revenues from their own property, as opposed to the ‘tax state’, in which the ruler developed techniques for accessing subjects’ private This point was already made by Eggers, Der königliche Grundbesitz, pp. 1314. On forests, see the classic C. Wickham, «European forests in the early Middle Ages: landscape and land clearance», in L’ambiente vegetale nell’alto medioevo, Spoleto, 1990 (Settimane di studio del CISAM, 37), pp. 479-548. See also N. Schroeder, High Lands in a ‘Dark Age’ – Thinking and Rethinking Early Medieval Societies and Environments of North-West Europe, forthcoming, on changing patterns of use of ‘marginal’ land. 27 Zotz, «Zur Grundherrschaft», pp. 113-14. For the mobility of Otto I (complete with a useful map), see E. Müller-Mertens, «Verfassung des Reiches, Reichsstruktur und Herrschaftspraxis unter Otto dem Großen» in M. Puhl (Hrsg.), Otto der Grosse, Magdeburg und Europa, Mainz, 2001, pp. 189-98; another map of Otto’s itinerary is available in Brühl, Fodrum. 26

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property 28. Conventional modern concepts of property, however, do not always do justice to the processes through which human communities interact with those who claim to own them, processes that were shaped by social, economic and indeed political conditions at the most local level, as well as by the dry certainties of legal title. Fiscal estates were not simply a given: they were in flux, the product of evolving negotiations. The Brouch charter is remarkable because “here we see a flash of the ‘strength’ of the people on the ground, otherwise so hard to grasp”, the negotiations between producers and managers and the trials of strength at which our sources tend normally only to hint, for instance when we glimpse Otto’s fiscal managers exceeding their authority to bring more land and people under their control 29. And if that was true at the micro-level, it was true too – and more readily apparent – at the macro-level. It would be a mistake to imagine Otto’s fisc as a fixed or static portfolio of defined assets bequeathed to him by his predecessors, still less as some almost timeless element embedded in a post-Roman hyper-continuity. The landed resources at the disposal of Ottonian kings varied according to political circumstances30. They might shrink if the king felt obliged to grant estates to reward or to encourage loyalty. But they might also grow, for example through the military conFor a recent evaluation, see A. Monson, W. Scheidel (eds.), Fiscal Regimes and the Political Economy of Premodern States, Cambridge, 2015, defining domain states as societies where rulers “had to rely on their own patrimony, just like the others” (p. 7). 29 Quotation from Kuchenbuch, «Abschied», p. 90, “Hier blitzt einmal die sonst so schwer fassbare ‘Stärke’ der Leute vor Ort auf ”. Bachrach, «Inquisitio», provides two examples in which Otto I investigated complaints about fiscal managers abusing their authority and seizing assets of others, pp. 44-7: D. OI 30, issued in 940 (though the charter actually refers to the seizure of mancipia, not a monastery), and D. OI 163, issued in 953 (though the charter does not explicitly state that the king’s agents had seized the land). For further exploration, see also Th. Zotz, «Beobachtungen zur königlichen Grundherrschaft entlang und östlich des Rheins vornehmlich im 9. Jahrhundert», in W. Rösener (Hrsg.), Strukturen der Grundherrschaft im frühen Mittelalter, Göttingen, 1993 (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für Geschichte, 92), pp. 74-125, and Zotz, «Zur Grundherrschaft». 30 A point already stressed in the scholarship: see Wadle, Reichsgut: “Das Reichsgut ist der dingliche Niederschlag der Königsgewalt, die Wiederspiegelung königlicher Herrschaft in der Sachsphäre. Inhalt und Tragweite dieser Herrschaft bestimmen also Umfang und Funktion des Reichsgutes”. Cf M. Herberger, «Krongut» in Handwörterbuch z. deutschen Rechtsgeschichte, 2, Berlin, 1978, col. 1217-29. 28

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quests that had brought both Brouch and Rothenburg under Ottonian control. Otto was moreover also able to draw on the lands of the church, both indirectly by demanding provisions, hospitality and other public services, and occasionally directly, for instance granting to his follower’s lands that were owned by the monasteries of Lorsch and of Fulda, presumably as a result of negotiations that are now no longer decipherable31. In view of this variability, it is no wonder that in 1027, Konrad II, the Salian successor to the Ottonian dynasty, admitted that he simply did not know exactly what lands he owned in Bavaria, and had to arrange a sworn inquest of prominent people from the region to find out. Such inquisitions, also common in earlier periods including Otto’s own reign, can be seen as evidence for royal determination to preserve royal resources; but they can equally be read as opportunities for those involved to present a socially-embedded reckoning of royal assets that reflected political relations as much as strict historical or legal claims32. A number of Otto I’s own charters suggest a degree of uncertainty, or – better – the sense that the fisc was defined by social and political conditions as much as by established, well-known and unchanging land boundaries33. The parchLorsch: D. OI 95, issued in 948; Fulda: D. OI 160, issued in 953. Both charters are discussed in Bachrach, «Exercise», pp. 413-15. On public services, see now S. Esders, «‘Öffentliche’ Abgaben und Leistungen im Übergang von der Spätantike zum Frühmittelalter: Konzeptionen und Befunde», in Th. Kölzer, R. Schieffer (Hrsg.), Von der Spätantike zum frühen Mittelalter. Kontinuitäten und Brüche, Konzeptionen und Befunde, Ostfildern, 2009 (Vorträge und Forschungen, 70), pp. 189-244. The classic English discussion of royal claims to hospitality is J. Bernhardt, Itinerant Kingship and Royal Monasteries in Early Medieval Germany, c. 936-1075, Cambridge, 2006; the classic German discussion is Brühl, Fodrum. Compare here the discussion of English kings’ use of church lands by R. Lavelle, this volume. 32 Die Traditionen des Hochstifts Freising, ed. Th. Bitterauf, Munich, 1905-8 (Quellen und Erörterungen zur bayerischen und deutschen Geschichte, NF 4-5), vol. II, no. 1422: “ut possessiones et predia infra eandem provintiam sita que novissent ad solium sui imperii iure pertinere eodem sacramento publice interrogati manifeste pronuntiarent”. For an illustration of how these inquisitiones might have been choreographed, see the dispute recorded in Formulae Sangallenses, in Formulae Merowingici et Karolini Aevi, ed. K. Zeumer, Hanover, 1882 (MGH Leges), no. 10, p. 384 (from a single tenth-century manuscript). 33 For Otto’s donation – it seems by mistake – of land claimed by Halberstadt to the new see of Magdeburg, see C. Ehlers, Vom karolingische Grenzposten zum Zentralort des Ottonenreiches. Neuere Forschungen zu den frühmittelalterlichen Anfängen Magdeburgs, Magdeburg, 2012, pp. 31-7. See further D. OI 54, where Otto’s 31

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ment records of the fisc that survive are therefore only one representation – though an important one – of a shifting set of fundamentally political relationships whose aggregate could be described as much as counted34. The Ottonian fisc was, in other words, dynamic. One good way of approaching this dynamism is by looking at the confiscation of land, a practice to which it seems Otto I had particularly vigorous recourse. Setting aside the narrative sources, and taking into account the difficulties of working with this kind of record, in total thirty of Otto’s charters document the confiscation of land, and its subsequent regranting 35. In some cases a single act of royal confiscation was reflected in multiple charters, but there is still explicit documentary evidence for twenty-four separate confiscations and regrants. That is more than for any other Ottonian or indeed Carolingian king36. It is striking

possessions in Thingau were confirmed in publico mallo cum iuramento eorundem populorum; D. OI 419, in which a certain Arnald argued that an imperial estate was his, although a panel of witnesses subsequently judged against him; and D. OI 125, in which the king was not sure how much land there was to grant. 34 For an emphasis on the written word, Bachrach and Bachrach, «Continuity», including the intriguing suggestion at p. 145 that Ottonian kings carried round a mobile archive of 800 files, arranged in wooden boxes, in two wagons. 35 D. OI 52, 59, 60, 80, 107, 115, 135, 155, 164, 166, 171, 189, 194, 195, 200, 201, 204, 207, 217, 219, 226, 236, 316, 320, 321, 330, 331, 332, 333 and the charter edited by E. von Ottenthal, «Ein Ineditum Ottos I für den Grafen von Bergamo von 970», Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung, 17, 1896, pp. 35-47. This list, which includes only charters explicitly referring to confiscation, differs slightly from the four previously published: Eggers, Der königliche Grundbesitz, p. 44 (includes D. OI 96 and D. OI 422, neither explicitly mentioning confiscation; omits D. OI 135 and D. OI 201); H.C. Faussner, «Die Verfügungsgewalt des deutschen Königs über weltliches Reichsgut im Hochmittelalter», Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 29, 1973, pp. 345-449, at pp. 412-16 (includes D. OI 54, not explicitly a charter about confiscation; omits D. OI 52, D. OI 60 and D. OI 164); K. Leyser, Rule and Conflict in an Early Medieval Society. Ottonian Saxony, Oxford, 1989, p. 36, at note 33 (includes D. OI 61 and 197, neither explicitly mentioning confiscation; omits D. OI 52, 80, 164 and 330); and Bachrach, «Exercise», p. 409, n. 63 (includes OI 30, 32, 78 and 383, none of which is explicitly about confiscation). 36 For comparison, and for concise discussion, see A. Krah, Absetzungsverfahren als Spiegelbild von Königsmacht. Untersuchungen zum Kräfteverhältnis zwischen Königtum und Adel im Karolingerreich und seinen Nachfolgerstaaten, Aalen, 1985 (Untersuchungen zur deutschen Staats- und Rechtsgeschichte, NF / 26), pp. 258-305, and pp. 393-6. A general overview of confiscation is provided by F.

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Fig. 1 – Charters recording confiscations in the reign of Otto I.

that confiscations are documented from across Otto’s long reign (Fig. 1), without any statistically significant concentration (except for a peak in 966, inflated by three charters made for Magdeburg, each concerning different properties confiscated from Conrad and Eberhard) 37. What is more, every single region of the kingdom is represented in a map of Otto’s documented confiscations, from north to south and from east to west, including south of the Alps (Fig. 2). Without doubt Otto had core regions of his rule – and the relative absence of confiscations in Saxony presumably tells us something about how secure royal conDorn, Landschenkungen der fränkischen Könige. Rechtsinhalt und Geltungsdauer, Paderborn, 1991, including a brief discussion of Ottonian cases, p. 347. A list of pre-Ottonian confiscations is provided in R. Deutinger, Königsherrschaft im Ostfränkischen Reich: eine pragmatische Verfassungsgeschichte der späten Karolingerzeit, Ostfildern, 2006 (Beiträge zur Geschichte und Quellenkunde des Mittelalters, 20), pp. 258-9. Of course many confiscations may not have been labelled as such in the charters: see E. Roberts, «Hegemony, rebellion and history: Flodoard’s Historia Remensis ecclesiae in Ottonian perspective», Journal of Medieval History, 42:2, 2016, pp. 155-76, for a case in point. 37 Compare Th. Zotz, «König Otto I, Graf Guntram und Breisach», Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 137 / NF 98, 1989, pp. 64-77, at p. 67, who suggests a concentration in 944-953 and 959-961.

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Fig. 2 – Location of property confiscated by Otto I.

trol of this area was – but he could make his presence felt everywhere, in stark contrast to his West Frankish royal contemporaries, battling to exercise their authority even in their heartlands 38. These confiscations were not however all of the same kind. They varied in scale, but they also varied in purpose. Otto I sometimes confiscated as a means of bringing rebellious aristocrats to heel, as a move in a set of complex negotiations, part of what we now see as the normal functioning of the Ottonian state 39. The king might even go and stay on the confiscated land to show his authority; but once a new consensus had been brokered, the former rebel’s lands could be returned 40. See on these R. Le Jan in this volume. As classically set out by G. Althoff, for instance in Die Ottonen: Königsherrschaft ohne Staat, Stuttgart, 2005. On the conflicts, see also H. Kamp, «Konflikte und Konfliktführung in den Anfängen der Regierung Ottos I.» in Puhl, Otto der Grosse, pp. 168-78, as well as Leyser, Rule, pp. 9-47. 40 As he did at Vilich: H. Giersiepen, Das Kanonissenstift Vilich von seiner Gründung bis zum Ende des 15. Jahrhunderts, Bonn, 1993 (Veröffentlichungen des Stadtarchivs Bonn, 53). 38

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This is documented in a number of charters that restore lands to their former owners, but the most famous case is that of Liuthar of Walbeck, recorded by the chronicler Bishop Thietmar of Merseburg, Liuthar’s own grandson 41. Thietmar tells us that Liuthar was involved in a plot to assassinate Otto I in 941, the most serious of the various Saxon conspiracies against the king. Once the plot was discovered, Otto executed some of those involved, but on the intervention of his counsellors decided to spare Liuthar’s life, instead exiling him to Bavaria and confiscating his property 42. Just a year later, however, the king restored Liuthar to his land, in return for a cash gift and a present of some estates. Liuthar’s punishment, then, was temporary, and was probably always intended as such. No wonder that few ecclesiastical recipients of confiscated land seem to have held onto it for very long. St-Florin of Koblenz, for instance, did not keep the confiscated land at Beeck and Ewyck that Otto I granted to it in 949, as far as can be established from its surviving archives; nor did Magdeburg hold onto the estates at Kesselheim and Hagenmünster that Otto took from Conrad and Eberhard in 966; nor did the church of St-Mary in Aachen retain Otto’s grant of Gelmen, noted in a charter of 966; and nor did St-Maximin of Trier keep land at Kirn, though it did keep the charter suggesting that it had briefly acquired this property 43. On other occasions, however, churches did hold onto land that Otto I had confiscated and then granted to them – for instance the property at Schlins acquired by Einsiedeln (now in Switzerland) in 949 and, per-

Thietmar, Chronicon, ed. R. Holtzman, Die Chronik des Bischofs Thietmar von Merseburg, 1935 (MGH SRG 9) II, 21, p. 56; Ottonian Germany: the Chronicon of Thietmar of Merseburg, tr. D. Warner, Manchester, 2001, p. 107. For the charters, see Krah, Absetzungsverfahren, pp. 268-70. 42 Thietmar, Chronicon, p. 56: “hunc misit tunc Bawariam […] comprehensis sibi omnibus suimet rebus ac late distributis, usque in annum integrum […]”. See Leyser, Rule, pp. 33-42 for a full analysis. 43 St Florin at Koblenz D. OI 115 (land at Beeck and Ewyck): see A. Diederich, Das Stift Sankt Florin zu Koblenz, Göttingen, 1967, p. 37. Magdeburg: D. OI 333 and 335; see Claude, Geschichte, p. 53. Aachen: D. OI 316: see R. Nolden, «Besitzungen und Einkünfte des Aachener Marienstifts», Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, 86/87 1979/80, pp. 1-455, at p. 146. St-Maximin: D. OI 226; see B. Resmini, Die Benediktinerabtei St. Maximin vor Trier, Berlin, 2016, whose extensive study of St-Maximin’s lands records no trace of these estates. 41

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haps, St-Remi of Reims’s lands at Kusel 44. Otto’s aim seems to have been fully irrevocable confiscation with regard to his treatment of Count Guntramn too, the shadowy figure whose despoilment at an assembly in Augsburg in 952 is recorded only in charters 45. These charters record how Guntramn’s lands around Alsace and the Black Forest, taken from him for an unknown political offence, were regranted over time not to one or two but to four known separate recipients: to the monasteries of Einsiedeln in 952 (and again in 958) and Lorsch in 953, to an aristocrat named Rudolf in 959 (the land was later given to Peterlingen), and to the see of Konstanz in 962 46. Whatever Otto’s motivations in choosing these particular beneficiaries, and whatever the reasons for the staggered nature of the regranting over more than a decade – maybe Otto wanted to enjoy the revenues for a while – the intention must have been to make it difficult or impossible for Guntramn or his relations ever to reclaim this land in its entirety. Just as the foundation of the bishopric at Magdeburg was supposed to reshape the political landscape in Saxony, so the redistribution of Guntramn’s lands was intended as a permanent adjustment to the political and social order of the Breisgau, perhaps – as Thomas Zotz has argued – in order to facilitate the king’s journeys over the Alps as Italy loomed larger in his priorities. The King and the Horse Thief Confiscation was, then, clearly a tool of government for Otto I, reminding us – if we needed to be reminded – that the fisc served political as well as economic ends, and was not only about putting food on the royal table (a requirement which could be organised in part through the church), and probably not at all about paying salaries. Royal land was a vehicle for public authority in local society, whether

Einsiedeln: D. OI 107; see H. Keller, Kloster Einsiedeln im ottonischen Schwaben, Freiburg, 1964 (Forschungen zur oberrheinischen Landesgeschichte, 13), pp. 40 and 98. For the possibility that St-Remi’s property at Kusel had been confiscated from Duke Conrad, see Roberts, «Hegemony». 45 Th. Zotz, «König Otto I, Graf Guntram und Breisach», Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 137 / NF 98, 1989, pp. 64-77. See also Bachrach, «Exercise», pp. 398-403. 46 Einsiedeln: D. OI 155 and D. OI 189; Lorsch D. OI 166; Rudolf D. OI 201; Konstanz D. OI 236. 44

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it was of long-standing or whether it had been recently established by royal judicial action. Yet though the map of confiscations does reflect the reach of Otto’s government, not all the individual confiscations recorded upon it necessarily reflect Otto’s strategic or even tactical decisions. Almost all of Otto’s charters that record confiscation mention some kind of legal procedure, but some of them add the detail that the matter was adjudged not by the royal court, but by scabini, that is local judicial officials47. In these cases, the implication is that although Otto had a hand in redistributing the land, he had not necessarily directly orchestrated the confiscation in the first place. One might not of course want to put too much faith in the details of charter diplomatic. But closer examination of one particular example hardens this suspicion. In 942, a man named Folcuin received from Otto some land at Mangonville, now in Lorraine some 30km south of Nancy, that had been confiscated from a certain Nordbalt by the judgement of the scabini 48. King Otto’s charter says little more about what had been at stake, but the intervention in the charter of Duke Otto, the shortlived duke of Lotharingia in the 940s, suggests Folcuin was in the duke’s circle, rather than someone directly connected to the king, which makes sense too in view of what we know of Folcuin’s kin 49. More light on the event is shed by a charter composed some time later, perhaps around 978 50. The charter records a grant by Alda, Folcuin’s widow, to

D. OI 52, D. OI 80, D. OI 107, D. OI 207, D. OI 219 and D. OI 226. “judicio scabineorum fiscatum erat”: D. OI 52. The charter survives as an original in the departmental archive in Nancy, and is available online courtesy of the Artem database managed by the Université de Lorraine: http://www.cn-telma. fr/originaux/charte209/ 49 For discussion of Folcuin and his kin-group, see J. Nightingale, Monasteries and patrons in the Gorze reform: Lotharingia c.850 - 1000, Oxford, 2001, pp. 1602. On Duke Otto ‘of Verdun’, the son of Ricuin, see R.E. Barth, Der Herzog in Lotharingien im 10. Jahrhundert, Sigmaringen, 1990, pp. 83-103, and W. Mohr, Geschichte des Herzogtums Lothringen, I, Geschichte des Herzogtums Groß-Lothringen (900-1048), Trier, 1974, pp. 32-3. 50 This charter also survives as an original, also in Nancy: http://www.cn-telma. fr/originaux/charte214/. The charter is undated; the dating of the charter to 978 – on the basis that this date best fits the charter’s apparent uncertainty about who the king was – in R.-H. Bautier (dir.), Les origines de l’abbaye de Bouxières-auxDames au diocèse de Toul. Reconstitution du chartrier et édition critique des chartes antérieures à 1200, Nancy, 1987, pp. 44-5, is plausible but not definitive. 47 48

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the recently founded female monastic community of Bouxières (near the city of Toul) of land that her husband had given to her as a dowry. What Folcuin had given Alda, and what she in turn passed on to the nuns of Bouxières, was the land previously owned by the unfortunate Nordbalt, along with King Otto’s charter by which it had been granted. It is remarkable that Alda and Folcuin had apparently carefully stored this charter for decades 51. But even more remarkable is that Alda mentions in passing what Nordbalt’s offence and punishment had been: he had been convicted of stealing horses, for which he had been hanged 52. No other source mentions unlucky Nordbalt. He seems to have been a figure of only local significance, and it seems unlikely that the king had been directly involved in his trial or conviction, especially since the charter explicitly states that this had been carried out by the scabini. Not all Ottonian confiscations, in other words, were matters of high politics: behind this and doubtless other instances lie local disputes that we cannot now fully perceive. Yet what the case of Nordbalt shows – and as has parallels in England around the same time, for instance in the case of the cattle-stealing Helmstan – is the importance for the fisc of the enduring link between royal authority and local politics, both of which determined the shape and nature of the fisc not only on their own but in combination53 . Although it was a key manifestation of royal authority, Otto’s fisc was not a legal arrangement that was simply imposed on localities. Rather – and much like royal authority as a whole – it emerged from a continuous interaction between different kinds of structures, as kings provided public legitimacy for the social order, and in turn benefited from the workings of that social order which kept them on top. As a consequence, the young King Otto I did not need to dip into his own pocket to show favour to Duke Otto, greasing the wheels of regional politics at an unstable moment in Lotharingian history;

For a thorough study of lay archives in the early medieval west, see W. Brown, M. Costambeys, M. Innes, A. Kosto (eds.), Documentary culture and the laity in the early Middle Ages, Cambridge, 2013. 52 Bautier, Bouxières, p. 119: “pro ejus exigentibus culpis quibus pro furto equorum scabineorum judicio fuit fiscatum, et ipse suspensus”. 53 For a recent discussion of the celebrated Fonthill letter, see L. Roach, Kingship and Consent in Anglo-Saxon England, 871-978: Assemblies and the State in the Early Middle Ages, Cambridge, 2013, pp. 125-7. 51

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he did not even have to decide whom else to dispossess. He merely had to take advantage of the workings of tenth-century local justice, which renewed royal resources without requiring the king’s immediate or personal intervention, simply because he was king. As long as the royal court acted as a clearing house in this way, royal authority was unchallenged. Conclusion Let us return to the caliph and the monk as they chatted one afternoon in the summer of 956. As we have seen, Abd ar-Rahman’s diagnosis of Otto’s kingdom was penetrating. The levers of power at Otto’s disposal meant that his rule worked in part through the delegation of resources, above all land. That carried political risks, as shown by the fairly regular rebellions that Otto faced, and it brought with it the obligation to achieve a rough consensus amongst his supporters. Rulers like Abd arRahman could operate in a different way, making use of their regular revenues to pay for salaried agents and other officials without losing control of the tax-base itself. The political parameters of their rule were therefore quite different. Nevertheless, the relationship between royal authority and royal property in the Latin west was complex in the early Middle Ages, more complex than the literature on ‘domain states’ as a precursor to modern ‘tax states’ tends to suppose. It would be a mistake to view a king like Otto I as merely an unusually wealthy landowner living off inherited estates, or to imagine we can accurately measure Otto’s power and resources in acres and hectares. Royal estates were embedded in local conditions, as cultivators negotiated with managers in the Reich’s varying agrarian environments and regimes. Their extent waxed and waned according to a now obscure political calculus, as kings granted them out as gifts and benefices, and replenished them through confiscations and conquest. And Otto’s fisc in aggregate was the outcome of the interaction between these different levels, as royal power confirmed and was in turn underpinned by local social and political arrangements. Otto ruled a ‘domain state’ in the sense that he could not rely on the revenues from wide-ranging taxation: but that did not mean that his access to material resources, let alone his power in general, was simply a matter of inventories or property titles that we could tot up if only all the written records had survived.

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This distinctive interplay between the material and the ideological contributed to the decentralisation of power in the Ottonian kingdom that the caliph saw as a problem. Yet in the hands of a capable ruler like Otto I, the ‘politics of land’ could be made to work in the king’s favour, maintaining royal centrality. It might even seem well adapted to the greatly varying social and economic conditions of Otto’s huge kingdom, in which large-scale regular taxation outside the church was not just impractical but unthinkable, and in fact unnecessary in view of Otto’s needs. Admittedly, a political system constructed in this way faced challenges from the increasing complexities of an urbanising and polycentric society (especially in northern Italy), from threats to the ruler’s ideological legitimacy on which the constant renegotiation of access to land depended, and above all from changes at the local level which increasingly cut kings out of the circulation of land. In Otto I’s time, however, these were challenges that lay largely in the future.

Iñaki Martín Viso Las propiedades regias y la formación del Reino Asturleonés (850-950)* 1. La expansión del reino asturiano y la formación del reino asturleonés La desintegración del sistema político tardorromano, basado en la tributación como mecanismo esencial para la obtención de recursos y para la formación de lazos de patronazgo con el centro imperial, supuso un profundo cambio en las formas de crear y articular las redes políticas. Aunque de manera desigual en el tiempo, y con ritmos y formas muy diferentes, puede afirmarse que las estructuras políticas altomedievales dejaron de depender de los tributos para centrarse en la propiedad de la tierra como principal fundamento de las relaciones sociales y políticas. En esta coyuntura, los bienes regios, interpretados a veces como fiscales y en otras ocasiones sin que hubiera una clara distinción de ese tipo con respecto a las propiedades personales del monarca, se convirtieron en un elemento esencial. Carentes de los Este trabajo se ha realizado dentro del proyecto de investigación Colapso y regeneración política en la Antigüedad Tardía y la Alta Edad Media: el caso del Noroeste peninsular financiado por el Ministerio de Economía y Competitividad (Ref. HAR2013-47789-C3-1-P). Agradezco a Vito Loré su amable invitación a participar en este coloquio, así como a Álvaro Carvajal Castro e Igor Santos Salazar por los comentarios que han realizado al texto, aunque todos los errores son responsabilidad del autor. Abreviaturas utilizadas: Castañeda = Á. Rodríguez González, El Tumbo del monasterio de San Martín de Castañeda, León, 1973; CatAstorga = G. Cavero Domínguez, E. Martín López, Colección documental de la catedral de Astorga, I (646-1126), León, 1999; CatLeón = E. Sáez, Colección documental del archivo de la catedral de León, I. 775-952, León, 1987; Celanova = J.M. Andrade, O tombo de Celanova: estudio introductorio, edición e índices (ss. IX-XII), Santiago de Compostela, 1995; Dueñas = C.M. Reglero de la Fuente, El Monasterio de San Isidro de Dueñas en la Edad Media. Un priorato cluniacense hispano (911-1478). Estudio y colección documental, León, 2005; Eslonza= J.M. Ruiz Asencio, I. Ruiz Albi, Colección documental del Monasterio de San Pedro de Eslonza, León, 2007; Sahagún= J.M. Mínguez Fernández, Colección diplomática del monasterio de Sahagún (siglos IX y X), León, 1976; TA = M. Lucas Álvarez, La documentación del Tumbo A de la Catedral de Santiago: estudio y edición, León, 1997. *

Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 179-212 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118743

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ingresos fiscales, los monarcas se hicieron con tierras. Estas proporcionaban los recursos para las necesidades de sustento de los reyes, pero también, y sobre todo, para fomentar lealtades y alianzas con la aristocracia, gracias a las donaciones. La redistribución basada en la generosidad constituía un factor clave en esas relaciones políticas, una redistribución que, lejos de ser un síntoma de la debilidad de la autoridad central, era un requisito indispensable para la articulación de estructuras de poder sólidas, alimentadas además por el botín y la confiscación, muy frecuentes en estos siglos1. De todos modos, el objetivo de este trabajo no es adentrarse en cómo funcionaron esas relaciones sino que se centra en estudiar los recursos fundiarios y fiscales de los que disponían los reyes en el contexto de la afirmación del reino asturleonés2.

Fig. 1 – El Noroeste de la península ibérica con indicación de las principales regiones.

C. Wickham, Framing the Early Middle Ages. Europe and the Mediterranean, 400-800, Oxford, 2005, pp. 56-145. 2 Sobre el papel de las donaciones regias en el caso asturleonés, es indispensable el trabajo a Á. Carvajal Castro, Bajo la máscara del “regnum”. La monarquía asturleonesa en León (854-1037), Madrid, 2017. 1

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Antes de emprender ese estudio, conviene plantear, aunque sea brevemente, la evolución del Noroeste de la península ibérica a fin de encuadrar más adecuadamente el caso de estudio. La conquista musulmana de Hispania, iniciada en 711, se realizó con relativa rapidez, tras el colapso del poder visigodo. A pesar de que las fuentes no son muy elocuentes –y, cuando así lo son, presentan el problema de una cronología muy tardía-, parece evidente que toda esta zona quedó bajo control musulmán, posiblemente mediante pactos más o menos formalizados, aunque sin que se efectuara una campaña militar específica3. Algunas guarniciones de beréberes pudieron haberse instalado en determinados puntos, como León.4 Sin embargo, en Asturias, en el área cantábrica, surgió un foco político propio. La cronística elaborada en el entorno de la corte asturiana de finales del siglo IX presentó el surgimiento de Asturias a través de la heroica resistencia de Pelayo en Covadonga, animada por una idea de recuperar el territorio político. Los estudios más actuales son escépticos al respecto, pero también con respecto a las hipótesis que defendían una sociedad gentilicia (tribal)5. Por el contrario, se defiende la existencia de poderes locales de diverso signo que se habrían amalgamado poco a poco en torno a jefaturas políticas que se fueron desplazando: de Cangas de Onís a Pravia, centro del antiguo territorio de Pesicos, con quizá algunos perdedores, como las elites emplazadas en Gijón6. En cualquier caso,

F. Maíllo Salgado, Acerca de la conquista árabe de Hispania. Imprecisiones, equívocos y patrañas, Gijón, 2011, pp. 35-42; A. García Sanjuán, La conquista islámica de la Península Ibérica y la tergiversación del pasado. Del catastrofismo al negacionismo, Madrid, 2013, p. 398-9. 4 J.A. Gutiérrez González, F. Miguel Hernández, «La cerámica altomedieval en León: producciones locales y andalusíes de Puerta Obispo», in VIII Congreso Internacional de Cerámica Medieval, Ciudad Real, 2009, vol. I, pp. 443-62. 5 A. Barbero, M. Vigil, La formación del feudalismo en la península ibérica, Barcelona, 1978. 6 F.J. Fernández Conde et al., «Poderes sociales y políticos en Asturias. Siglos VIII-X», in F.J. Fernández Conde, C. García de Castro Valdés (ed.), Poder y simbología en Europa, siglos VIII-X, Gijón, 2009, p. 11-30; M. Fernández Mier, «Changing scales of local power in the early medieval Iberian North-West», in J. Escalona, A. Reynolds (eds.), Scale and Scale Change in the Early Middle Ages. Exploring Landscape, Local Society and the World Beyond, Turnhout, 2011, pp. 87-117; J.A. Gutiérrez González, «Oviedo y el territorio astur entre Mahoma y Carlomagno (siglos VII-IX). El poder del pasado en el origen del reino de Astu3

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se trató de un proceso complejo del que tenemos poca información, pero se ajusta a un fenómeno de regeneración política emprendido desde un área hasta entonces periférica. En la meseta del Duero, el poder beréber se estableció en algunos puntos urbanos o semiurbanos. Sin embargo, la revuelta del Norte de África de 740, que afectó profundamente las estructuras del imperio árabe, se dejó sentir en el Noroeste peninsular. El resultado fue que las tropas beréberes se desplazaron hacia el sur, donde fueron derrotadas, y el Noroeste peninsular quedó fuera del control directo musulmán. Las crónicas asturianas relatan una serie de campañas emprendidas por Alfonso I de Asturias y su hermano Fruela que habrían tenido como consecuencia el arrasamiento de las ciuitates de la meseta del Duero y la emigración de sus pobladores al norte cantábrico7. Esta cita es una pieza clave –aunque no única- en la hipótesis sobre la despoblación de todo este territorio8. Ahora bien, la investigación desde los años 70 del siglo pasado ha negado esa despoblación, aunque con distintos matices.9 Desde mi punto de vista, lo que se produjo fue un vacío político, un profundo colapso que afectó a unas estructuras políticas ya de por sí débiles, pero que no implicó la pérdida demográfica rias», in De Mahoma a Carlomagno: los primeros tiempos (siglos VII-IX), Pamplona, 2013, pp. 377-433. De todos modos, hay otros planteamientos que abogan por una articulación del reino asturiano más coherente y heredera del mundo visigodo ya desde sus comienzos, como los de A. Besga Marroquín, Orígenes hispano-godos del reino de Asturias, Oviedo, 2000 y J.I. Ruiz de la Peña Solar, La monarquía asturiana, Oviedo, 2001. 7 Crónica Alfonso III, versión Rotensis, §13 (J. Gil Fernández, J.L. Moralejo, J.I. Ruiz de la Peña, Crónicas asturianas, Oviedo, 1985). 8 C. Sánchez-Albornoz, Despoblación y repoblación del valle del Duero, Buenos Aires, 1966; Ruiz de la Peña Solar, La monarquía, pp. 63-4. 9 J.Á. García de Cortázar, «Las formas de organización social del espacio del valle del Duero en la Alta Edad Media: de la espontaneidad al control feudal», in Despoblación y colonización del valle del Duero. Siglos VIII-XX, Ávila, 1995, pp. 11-44; J.M. Mínguez, «Innovación y pervivencia en la colonización del valle del Duero», in Despoblación y colonización, pp. 45-79 e idem, «La despoblación del Duero: un tema a debate», in J.Pérez, S. Aguadé Nieto (ed.), Les origines de la féodalité. Hommage à Claudio Sánchez-Albornoz, Madrid, 2000, pp. 169-82; J. Escalona, «Mapping scale change: hierarchization and fission in Castilian rural communities during the tenth and eleventh centuries», in W. Davies, G. Halsall, A. Reynolds (ed.), People and Space in the Middle Ages, 300-1300, Turnhout, 2006, pp. 143-66.

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y sí la creación o reforzamiento de poderes locales en un contexto de fuerte fragmentación10. Por otra parte, las fuentes asturianas advierten de que en otras regiones se mantuvo una estructura política autónoma con respecto a Asturias. Quizá el caso más significativo sea el de Galicia, en el extremo noroccidental de la península ibérica. En esta zona, Claudio SánchezAlbornoz, principal adalid de la despoblación del valle del Duero, defendía el mantenimiento de estructuras antiguas, incluyendo vestigios de un supuesto pago tributario romano: el tributum quadragesimale11. No obstante, esta visión muy apegada a una historia ‘institucionalista’, se ha visto matizada y enriquecida por nuevas aportaciones que muestran la presencia de grandes propietarios, cuyo patrimonio se basaba en buena medida en el control de iglesias locales, la inexistencia de una continuidad institucional desde el mundo visigodo y la pervivencia de un paisaje que mostraría la permanencia a su vez de patrones agroganaderos desde mediados del siglo VI12. El dominio asturiano sobre Galicia fue progresivo. A finales del siglo VIII, debieron emprenderse I. Martín Viso, «Colapso político y sociedades locales: el Noroeste de la península ibérica (siglos VIII-IX)», Reti Medievali. Rivista, 17:2, 2016, pp. 335-69. Véase también J.M. Mínguez, «Poderes locales en el espacio central leonés durante el periodo astur», in Fernández Conde, García de Castro Valdés (ed.), Poder y simbología, pp. 199-214. Hay además evidencias de asentamientos rurales con ocupación en época visigoda que pervivieron hasta el siglo X, como Canto Blanco; J.A. Quirós Castillo (ed.), El poblamiento rural de época visigoda en Hispania. Arqueología del campesinado en el interior peninsular, Bilbao, 2013, pp. 67-85. 11 C. Sánchez-Albornoz, «El tributum quadagesimale. Supervivencias fiscales romanas en Galicia», in Estudios sobre Galicia en la temprana Edad Media, La Coruña, 1981, pp. 269-84. Una crítica a estos planteamientos en A. Isla Frez, La sociedad gallega en la Alta Edad Media, Madrid, 1992, pp. 153-7 y en J.M. Mínguez, «Transformaciones del poder y fiscalidad en la Alta Edad Media», in P.C. Díaz, I. Martín Viso (ed.), Between Taxation and Rent. Fiscal Problems from Late Antiquity to Early Middle Ages, Bari, 2011, pp. 316-17. 12 Isla Frez, La sociedad; R. Portass, «All quiet on the western front? Royal politics in Galicia from c. 800 to c. 950», Early Medieval Europe, 21:3, 2013, pp. 283-306; J.C. Sánchez Pardo, «Power and rural landscapes in early medieval Galicia (400900 AD): towards a re-incorporation of the archaeology into the historical narrative», Early Medieval Europe, 21:2, 2013, pp. 140-68 e idem, «Power strategies in the early medieval churches of Galicia (AD 711-910», in Churches and Social Powers in Early Medieval Europe: Integrating Archaeology and Historical Approach, Turnhout, 2015, pp. 227-68. 10

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campañas militares, descritas por las crónicas asturianas como castigos por la rebeldía. Pero fue con Alfonso II (791-842) cuando se consiguió integrar eficazmente Galicia en el reino asturiano, posiblemente mediante acuerdos con las aristocracias autóctonas13. Llama la atención cómo el primer diploma conocido para el Noroeste – aunque conservado en una copia del siglo X – se refiere a la donación que hizo el rey de Asturias Silo en 775 a varios eclesiásticos de un cillero que poseía en el lugar de Lucis y de dos castros con sus prestaciones. El texto es muy interesante para el propósito que aquí nos reúne: el cillero era un lugar para el almacenamiento de grano y en el texto aparece vinculado al control de dos castros, probablemente los centros de sendos territorios que agruparían a unas pocas aldeas14. El reino asturiano se afianzó durante el reinado de Alfonso II, incorporando entonces un programa ideológico que se ha venido a denominar ‘neogoticista’.15 A partir de esta base de poder y quizá también gracias a un contexto muy específico, en el que se combinaban la crisis interna del emirato de Córdoba y la necesidad de buscar una válvula de escape a las propias tensiones dentro del reino asturiano, este experimentó una gran expansión a lo largo de la segunda mitad del siglo IX y comienzos del siglo X. Si en torno a 850 su espacio político se circunscribía a los territoC. Baliñas Pérez, Do mito á realidade. A definición social e territorial de Galicia na Alta Idade Média (séculos VIII e IX), Santiago de Compostela, 1992, pp. 82-91; E. Portela Silva, «Galicia y la monarquía leonesa», in El reino de León en la Alta Edad Media, VII, León, 1995, pp. 19-35. 14 A. García Leal, El diploma del rey Silo, La Coruña, 2008: “[…] ut darem eis locum orationis in cellario nostro qui est inter Iube et Masoma, inter ribulum Alesancia et Mera, locum qui dicitur Lucis […] castros duos quum omne prestacione suam, montibus et felgarias, parietes qui iui sunt et omnem exitum”. L.R. Menéndez Bueyes, A. Carriles García, «Fiscalidad y poder entre la tardoantigüedad y la Alta Edad Media en un reino postgermánico: el reino de Asturias (periodo formativo, siglos V-VIII)», in Díaz, Martín Viso (ed.), Between Taxation and Rent, pp. 280-7. J.A. Gutiérrez González, «Las villae y la génesis del poblamiento medieval», in C. Fernández Ochoa, V. García-Entero, F. Gil Sendino (ed.), Las villae tardorromanas en el occidente del Imperio: arquitectura y función, Gijón, 2008, pp. 229-31 interpreta el lugar como una propiedad con rasgos típicos del mundo tardoantiguao. 15 Barbero, Vigil, La formación, p. 262-8; A. Isla Frez, «Monarchy and neogothicism in the Astur Kingdom, 711-910», Francia, 26:1, 1998, pp. 41-56; T. Deswarte, De la destruction à la restauration. L’idéologie du royauume d’Oviedo-León (VIIIe-XIe siècles), Turnhout, 2003. 13

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rios del norte cantábrico y a la Galicia septentrional, hacia 940 ocupaba toda la meseta norte hasta el valle del Duero e incluso más allá del río, así como el norte y centro del actual Portugal hasta la cuenca del Mondego. La creciente relevancia de León permite hablar del surgimiento del reino asturleonés, volcado hacia las tierras al sur de la Cordillera Cantábrica. Esta expansión política se representa frecuentemente como una repoblación de espacios vacíos16. Esta imagen se relacionaba con la ideología del reino asturiano a partir de mediados del siglo IX, que se reivindicaba como el sucesor del desaparecido reino godo de Toledo; su expansión territorial estaba legitimada por la inexistencia de población en zonas que habían pertenecido al difunto reino visigodo. Sin embargo, debe entenderse como la negación de la existencia de otros poderes, posiblemente de menor escala, que actuaban en las zonas integradas por el reino asturiano. El argumento de la negación otorgaba al reino asturiano un protagonismo único en el devenir del Noroeste peninsular17. Un corolario de esta herramienta de representación histórica, manifestada en las crónicas asturianas, fue la imagen de un proceso liderado y dominado por los monarcas18. Ahora bien, algunos textos analísticos de carácter local, como la Chronica Laurbanensis o los Anales Castellani Antiquiores, muestran cómo la iniciativa fue protagonizada por distintos personajes llamados condes. Tales condes no eran unos delegados del rey sino que pueden interpretarse cómo magnates que llevaron a cabo la acción de ocupar determinados ‘lugares centrales’ bajo su propia iniciativa, como una fórmula para incrementar su poder y crear una relación privilegiada con el rey19. Así sucedió en lugares tan emblemáticos como Astorga, Coimbra, Sánchez-Albornoz, Despoblación; S. de Moxó, Repoblación y sociedad en la España medieval, Madrid, 1983. 17 A. Isla Frez, «Identidades y goticismo en época de Alfonso III: las propuestas de la Albeldense», Territorio, Sociedad y Poder, 6, 2011, pp. 11-21. 18 J.M. Monsalvo Antón, «Espacios y fronteras en el discurso territorial del reino de Asturias (del Cantábrico al Duero en las crónicas asturianas)», Studia Historica. Historia Medieval, 23, 2005, p. 85. 19 Isla Frez, La sociedad gallega, pp. 136-7 e idem, Ejército, sociedad y política en la península ibérica entre los siglos VI y XI, Madrid, 2010, pp. 139-48; C. Estepa Díez, «Configuración y primera expansión del reino astur. Siglos VIII y IX», in F.J. Lomas, F. Devís (ed.), De Constantino a Carlomagno. Disidentes, heterodoxos, marginados, Cádiz, 1992, pp. 179-95 e idem, «La Castilla primitiva (750-931): condes, territorios y villas», in Fernández Conde, García de Castro Valdés (ed.), Poder y simbología, pp. 261-78. 16

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Chaves (la antigua sede de Hidacio) u Oporto.20 No obstante, el caso más significativo es el de Castilla, donde diversos condes que pugnaban entre sí por el poder regional, lideraron la expansión política dentro de un contexto de competitividad interna.21 La única mención a un rey se refiere a la populatio de Ubierna y Burgos efectuada por el conde Rodrigo en 882 por mandato del Alfonso III, pero puede ser interpretada como la búsqueda de un refrendo superior, de un elemento de legitimidad. De todos modos, el rey lideró directamente algunas de estas iniciativas de expansión territorial. La más importante de todas fue la integración de León, pero también de otros lugares como Sublancio, Zamora, Toro o Dueñas, que no pueden considerarse propiamente como centros urbanos sino una especie de ‘terceros espacios’ entre aldeas y ciudades. Debido a la escasez de datos de la que disponemos, es difícil saber cómo se produjo el establecimiento de ese dominio, pero puede pensarse que una de las claves fue el control de los mecanismos que habían permitido tanto el ejercicio del poder en ámbitos locales como los elementos relacionados con la gestión de actividades comunitarias antes de la integración política. Volviendo al documento del rey Silo, puede que ese fuera el origen del dominio regio y que los castros citados se refiriesen a estructuras políticas locales anteriores al establecimiento de la autoridad asturiana. En cualquier caso, fue en estas zonas controladas directamente por el rey donde aparecieron propiedades regias en el ámbito local, mientras que en las áreas donde los magnates fueron los protagonistas el rey carecía de propiedades e incluso de una influencia local efectiva. El caso de Castilla es representativo, pues los reyes a lo largo del siglo X apenas actuaron directamente, frente a la centralidad ostentada por los condes22. Estepa Díez, «Configuración y primera expansión», pp. 190-1. Estepa Díez, «Configuración y primera expansión», p. 192; J.Á. García de Cortázar, «El espacio cántabro-castellano y alavés en la época de Alfonso II el Casto», Cuadernos de Historia de España, 74, 1997, pp. 112-17; J. Escalona, F. Reyes, «Scale changing on the border: the County of Castile in the tenth century», in Escalona, Reynolds (eds.), Scale and Scale Change, pp. 153-83; I. Santos Salazar, «Competition in the frontiers of the Asturian kingdom: the comites of Castile, Lantarón and Álava (860-940)», in R. Le Jan, G. Bührer-Thierry, S. Gasparri (éd.), Coopétition. Rivaliser, coopérer dans les societés du haut Moyen Âge (500-1100), Turnhout, 2018, pp. 231-51. 22 Estepa Díez, «La Castilla primitiva (750-931)»; J. Escalona, «In the name of a distant King: representing royal authority in the county of Castile, c. 900-1038», Early Medieval Europe, 24:1, 2016, pp. 74-102. 20 21

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La consecuencia es que el poder de los reyes asturleoneses estaba en construcción, sobre todo en la fase formativa, que es la que aquí se analiza. Era un poder entre otros que utilizaba la ideología regia como medio de legitimación de su superior autoridad y las alianzas matrimoniales, la concesión de cargos (que en realidad eran títulos de carácter honorífico que servían para reconocer la preeminencia social) y la redistribución de bienes como mecanismos para sustentar y negociar esa autoridad23. El objetivo de este trabajo es analizar los bienes que tenía el rey a su alcance y dónde se encontraban, un tipo de análisis hasta ahora poco explorado en el caso del reino asturleonés. Para ello, contamos con un corpus de 103 documentos en los que aparecen propiedades del rey. La mayoría de estos textos (84, un 81,5%) son donaciones efectuadas por el rey o por miembros de la familia regia a instituciones eclesiásticas y a algunos laicos; representan el mayor porcentaje y marcan el tipo de información del que disponemos. Pero también hay algunas tipologías más de documentos que hablan de la propiedad de los reyes, incluyendo referencias indirectas en documentos de donación o compraventa entre particulares, aunque son marginales en relación con el total. Por otro lado, las referencias presentan un aumento a partir de 910, en el momento de consolidación del reino, en especial entre 911 y 920, que igualmente corresponde a un incremento de la documentación conservada. Sin embargo, el porcentaje de documentos con referencias a las propiedades regias sobre el total de los documentos conservados en ese lapso de tiempo (911-920) es muy superior al de momentos posteriores. Puede percibirse una intensificación de los lazos políticos basados en el patrocinio regio a través de donaciones en esta fase, tras la expansión territorial. Sin embargo, es preciso tomar en consideración que la documentación escrita no se distribuye homogéneamente por todo el espacio. Hay regiones apenas documentadas (el interior de Portugal, el sur del Duero), donde es difícil establecer si había un fuerte patrimonio regio. No obstante, y a tenor de los datos posteriores, del siglo XII en adelante, parece que se trataba de regiones con un escaso desarrollo tanto de la propiedad regia como de la magnaticia, donde las comunidades locales gozaban de una gran capacidad de autogestión, lo que dio lugar a la formación de importante sistemas concejiles integrados en el señorío del rey (realengo). De todos modos, hay zonas, como la Tierra de Campos, donde la documentación conservada es suficientemente rica y, en cambio, el patrimonio Á. Carvajal Castro, «The monarchy and the elites in early medieval León (ninthtenth centuries)», Journal of Medieval Iberian Studies, 7:2, 2015, pp. 232-48. 23

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regio es escaso. Aquí parece que ese patrimonio regio es más numeroso en épocas posteriores, lo que puede ser tanto el resultado de una información más abundante o quizá de procesos posteriores de obtención de bienes mediante confiscaciones y otros expedientes. No debe olvidarse que el registro ilumina aquello de lo que se desprenden los reyes, por lo que puede haber espacios ocultos a la imagen que nos ofrecen. Fig. 2 – El dossier de documentos sobre los bienes regios.

Fig. 2.1 – Tipología de los documentos en los que se mencionan bienes del rey (850-950).

Fig. 2.2 – Cronología de los documentos con menciones a bienes regios (850-950).

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2. El control sobre áreas agroganaderas: sernas y bustos El estudio del dossier documental pone de relieve cómo los reyes poseían tierras y viñedos en algunas zonas. Es el caso de un manzanar en Cornado, cerca de Santiago de Compostela, donado a la iglesia de Santiago, así como algunas tierras en la zona de Sollanzo, al sudeste de la ciudad de León, y en el área de Coyanza24. Otro diploma revela cómo el rey Ramiro II había ocupado la vega del río Tormes a su paso por Salamanca en 941, pocos meses después de la integración de la ciudad en el territorio político asturleonés25. De todos modos, las referencias son escasas, aunque la localización de los bienes resulta muy significativa. Se trata de zonas con una alta densidad de propiedades regias: Cornado es un commisso –sobre los que se hablará algo más adelante-, mientras que Sollanzo, Coyanza y la ciudad de Salamanca son lugares con una fuerte presencia regia. Por otro lado, el único registro sobre la presencia de bienes de los reyes leoneses en Castilla procede de la donación que hizo en 944 Ramiro II al monasterio de San Pedro de Cardeña de un manzanar que había sido confiscado al conde Fernán González tras su rebeldía. El dato es relevante, porque la propiedad regia provenía de una confiscación, ya que el monarca no disponía de propiedades en Castilla26. Volviendo a las áreas más occidentales del reino, resulta interesante advertir cómo una de esas tierras, concretamente la que entrega el infante Rodrigo al monasterio de Valdevimbre en Valdemora, cerca de Coyanza, en 918, se define como un quiñón, obtenido en su momento por su padre, el rey Alfonso III, el monarca que dirigió la fase de mayor expansión del reino27. El quiñón es un pedazo de tierra cultivado de manera colectiva. Su significado se acerca al de vocablo serna. Aunque este término posee varias acepciones, parece que se refiere a un terreno cultivado por varias familias, pero con un sentido de propiedad colectiva. Los análisis

Véase TA, 21 (911/04/20), Eslonza, 5 (918/03/07), CatLeón, 47 (918/04/24) y 51 y Castañeda, 2 (940/10/19). 25 CatLeón, 159. 26 Escalona, «In the name of a distant King», p. 79-80. El otro documento en el que aparece directamente el rey es una confirmación de Alfonso IV al monasterio de Cardeña de la aldea de Villafría, pero se trata de una aldea que ya poseía el cenobio. 27 CatLeón, 47: “ordinamus atque concedimus uobis ad perabendum quinionem nostrum proprium, de presura patris nostri, bone memorie, domnissimi Adefonsi, de populationem ordinacionis eius”. 24

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sobre la zona castellana así lo han puesto de relieve, deviniendo posteriormente en sinónimo de prestación de trabajo efectuada sobre un espacio de propiedad señorial28. En el caso leonés, las sernas parecen haber funcionado como amplios espacios agroganaderos explotados por varias unidades familiares, a las que se exigían una serie de tributos por parte de una autoridad, y que estaban administradas por gestores locales29. Un aspecto reseñable es que buena parte de las propiedades regias documentadas en este periodo son sernas, distribuidas por la zona occidental de la meseta del Duero y por el territorio de Coimbra, aunque lejos de esta ciudad (figura 3). Es relevante la ausencia a cualquier mención a sernas regias en Galicia -donde, por otro lado, son escasas las menciones a cualquier tipo de serna30- así como en todo el espacio castellano, donde, por el contrario, las sernas son relativamente frecuentes pero están en manos de particulares. La serna aparece así como un elemento de dominio sobre el espacio agroganadero que es frecuente en el patrimonio de las elites de determinadas áreas del Noroeste peninsular, aunque no en Galicia. Ahora bien en el periodo inicial de la monarquía asturleonesa, esas sernas aparecen en un alto porcentaje asociadas al rey – 17, sobre un total de 27 menciones a sernas, es decir un 63%- en áreas sometidas a la expansión política y ajenas a las áreas nucleares del reino asturiano a mediados del siglo IX. Funcionaron, al menos en esas zonas, y muy especialmente en los espacios centrales del valle del Duero, como un marcador de la propiedad regia, aunque también se relacionan con representantes de la más alta aristocracia, como Bermudo Núñez31. Sin embargo, varios de los personajes que aparecen controlando sernas son individuos muy relacionados con el poder regio, como los obispos de León y Astorga32. 28 M.I. Alfonso Antón, «Las sernas en león y Castilla. Contribución al estudio de las relaciones socioeconómicas en el marco del señorío medieval», Moneda y Crédito, 19, 1974, pp. 153-210; E. Botella Pombo, La serna: ocupación, organización y explotación del espacio en la Edad Media (800-1250), Santander, 1988. 29 Á. Carvajal Castro, «Prácticas colectivas y gestión de los espacios agrarios en la Alta Edad Media: una perspectiva comparada desde Irlanda y el noroeste de la península ibérica», Historia Agraria, 73, 2017, pp. 151-83. 30 Para el periodo aquí estudiado (850-950), solo hemos localizado una mención a una serna en Galicia, perteneciente a un tal Anagido Midiz; M. Lucas Álvarez, El Monasterio de San Martiño Pinario de Santiago de Compostela en la Edad Media, La Coruña, 2003, 7. 31 Sahagún, 114 (949/08/13). 32 CatLeón, 5 (873/12/28) y 191 (946/04/17), A. Quintana Prieto, Tumbo Viejo de San Pedro de Montes, León, 1971, 2 (892/11/01), CatAstorga, 28 (925/04/15).

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Las sernas del rey eran tierras destinadas a la agricultura, algunas de las cuales figuran claramente delimitadas, como ocurre con la situada junto al río Nuruego, aunque el documento presenta sospechas de estar interpolado en esa parte33. En otras ocasiones se menciona su capacidad productiva, como cuando en 885 se calcula una serna en Sollanzo de 30 modios de simiente, lo que parece constituir una propiedad de cierto tamaño34. Pero en general, las citas son poco locuaces respecto a las medidas, si bien las menciones parecen indicar que era una propiedad topográficamente compacta, con dimensiones superiores a las parcelas que cultivaban los campesinos. La geografía de las sernas regias revela además una tendencia a su vinculación con determinados ‘lugares centrales’, puntos donde se había establecido la autoridad regia y desde los que ejercía su dominio, como Alcoba de la Ribera, Sollanzo y Dueñas35. También son frecuentes las sernas situadas en las inmediaciones de León36 y en algunos puntos que podrían ser ‘lugares centrales’ de menor importancia, como Belver de los Montes37. Bien es cierto que se conocen sernas regias otras zonas, como la vertiente sur (leonesa) de la Cordillera Cantábrica38 o la zona en torno a las Somozas (o montes de Astorga)39, donde no se detecta la presencia de esos ‘lugares centrales’, aunque sí de una intensa propiedad regia, y en el entorno de Coimbra, pero fuera de dicha ciudad, en el valle del río Anços y en Alvalade (Fig. 3)40. Aunque nos movemos en el terreno de las hipótesis, tanto el relativamente alto número de referencias a sernas regias, que disminuye

CatLeón, 44 (918/01/08): “Dono etiam uobis serna illa iusta flumen quod nuncupant Nuruego, subtus casa de Tonuro, et per illas cruces, et per illa carrera que discurrit ad Luna ata in Matallana, et descendit per penelam Vannil dicta et figit in aqua, et per illa aqua a suso ata illa Tembla, et per illa arca antica ata casa de Gadelo”. 34 TA, 12: “et in suburbio de Sublancio de senera ad semenaturam XXXª modiorum”. Puede compararse con otra serna que poseía el obispo Frunimio de León también en Sollanzo que se mide en 35 modios de simiente; CatLeón 5. 35 TA, 12 (885), Dueñas, 2 (925-919/02/19), 3 (917/08/23) y 4 (924/12/16) y CatLeón, 51 (920/12/28). 36 CatLeón, 24 (909/09/08), 86 (930/03/15) y 87 (0930/03/15). 37 Castañeda, 2 (940/10/19). 38 Otero, 1 (854/05/06), CatLeón, 44 (918/01/08), 68 (925/07/15). 39 CatAstorga, 55 (940/04/11). 40 Lorvão, 7 (933) y 3 (943/02/23). 33

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considerablemente a partir de la segunda mitad del siglo X cuando solo se mencionan dos sernas41, como su geografía serían datos relevantes de qué posee el rey y cómo lo ha obtenido. Las sernas del rey eran espacios trabajados por familias individuales, pero sometidos a un dominio superior. El monarca dispuso de los derechos de acceso sobre esas tierras, es decir la autoridad para gestionar quién y cómo puede acceder a esas tierras. Esa gestión estaba en manos de agentes locales, como los cuatro porqueros que aparecen en la primera mención a una serna, situada en las cercanías de Valdoré, en el alto Esla, que parece tratarse de un espacio de uso ganadero42. La vinculación con algunos ‘lugares centrales’ y su ausencia en las zonas que pertenecían al reino de Asturias antes de 850 podrían ser leídas como un indicio de los mecanismos de integración política. Los poderes locales existentes en esta amplia región entre los siglos VIII y IX habrían disfrutado de una considerable autonomía sin la existencia de una autoridad central superior. Su dominio se basaba – al menos en algunos casos, pues cabe pensar en una fuerte diversidad- en la existencia de ciertos ‘lugares centrales’ y en la gestión de los derechos de acceso colectivos a determinadas tierras relacionadas con los ‘lugares centrales’, en un modelo de poder político de pequeña escala. Algunos documentos parecen atestiguarlo, como en el caso ya señalado del alto Esla, donde fue un tal Purello el que le entregó a Ordoño I la serna en Castro Dueñas, o el presbítero Gratón quien, en 904, entregó al infante Gonzalo, hijo de Alfonso III, sus bienes, entre ellos las sernas que tenía en el castro de Cisneros, es decir en otro posible lugar jerárquico43. De todas formas, la expansión política asturiana permitió que el rey se arrogase esos derechos de escala local, sustituyendo en algunos casos a las elites que pudieran haber existido. Pero el dominio de los reyes asturleoneses se movía en una escala superior, por lo que estas sernas sirvieron sobre todo como mecanismos para crear alianzas y para solidificar la red política, de ahí su presencia en las donaciones regias.

Dueñas 16 (976.11.11) y Sahagún, 316 (0983/11/08). Si avanzamos hasta 1037, momento final del reino asturleonés, nos encontramos solo con otra mención. 42 Otero, 1: “et dedisti nobis ipsas sernas in Castro Donna, cum tuos adporcarios Cruzano et Funo et Cessabo et Bonell [...]” La localización de este lugar debe situarse en el entorno de Valdoré y no en el lugar de Dueñas; Á. Carvajal Castro, «Sociedad y territorio en el norte de León: Valdoré, los Falínez y el entorno del alto Esla (siglos IX-XI)», Studia Historica. Historia Medieval, 31, 2013, p. 109. 43 CatLeón, 17. 41

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Fig. 3 – Localización de las sernas regias (850-950).

Una situación semejante a la de las sernas es la referida a los bustos que poseía el rey. Los bustos serían espacios destinados al pasto del ganado44. La documentación del periodo conserva al menos siete casos de bustos que estaban en manos del rey, aunque uno de ellos, el llamado Bustum Maiore, emplazado en la zona de Valcarce, entre el Bierzo y Galicia, lo recibió el monarca en concepto de confiscación45. Los bustos aparecen en zonas de montaña, como la vertiente sur leonesa de la Cordillera Cantábrica, en la cabecera de los ríos Porma y Bernesga, pero también en comarcas más llanas (figura 4). Resulta de enorme interés el caso de Bustillo del Páramo, en el área de posible influencia de Alcoba de la Ribera. En 918, Ordoño II lo donó al monasterio de Valdevimbre y se señalan unos límites relativamente amplios que incluyen algunas localidades vecinas. De todos modos, debe tenerse en cuenta que ese busto aparece como un bien cuya propiedad se confirma y delimita, por lo que no está claro que originariamente fuera un bien regio46. En

Sánchez Badiola, La configuración, pp. 181-3. TA, 15 (895/11/25) y 50 (927/08/25), CatLeón, 45 (918/01/08) y 48 (919/05/18), Sahagún, 31 (923/06/25), 61 (937) y 129 (950/06/17). 46 CatLeón 45: “in Paramo, Busto, secundum eam antea obtinuistis in diebus genidori nostro et secundum eum post alfetena prendidisti ita modo confirmamus 44 45

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cuanto al busto de Torre de Palle, que podría coincidir con la actual localidad de Bustillo de la Vega, quizá el dominio regio provenga de la confiscación de bienes de Iunez Mahomatelli, que también poseía los lugares de Pedro y Quintanadíez de la Vega47. Si fuera así, en realidad los bustos regios se concentraban en la vertiente meridional de la Cordillera Cantábrica, excluyendo el valle del Duero. Al igual que en el caso de las sernas, los bustos eran espacios extensos en cuyo interior se localizaban propiedades familiares, posiblemente sujetas a algún tipo de dominio superior48. Sin embargo, los bustos no son un elemento asociado exclusivamente a una alta aristocracia, sobre todo en el valle del Duero, sino que formaban parte de patrimonios de elites de menor rango49. También se documenta cómo algunos de los bustos –aunque no los de propiedad regia – procedian de acciones de squalido, es decir creados quizá por roturación y sin duda con el apoyo de la monarquía, posiblemente como un mecanismo para hacer efectivo el dominio de elites en el contexto de la afirmación del reino50. En cualquier caso, serían instrumentos de un dominio social de pequeña eum uobis per terminis suis antiquis, id est: inprimis termino de Ferronio, et de alia parte termino de Manzor, et de alia parte termino de Berzianos et de laia parte karrale qui discurrit ad Coianka, et secundum illum uobis designauit et determinauit pueri nostro, Abaiub iben Tevite,per iusione nostra”. 47 Sahagún, 131: “damus etiam vobis bustum in Torre de Palle cum duabus villulis qui veniunt in nostro rengalengo de Iunez Mahomatelli, Petrosa videlicet et Quintana de Orbeto”. 48 Por ejemplo, un tal Mairaus vendió al monasterio de Sahagún dos tierras en el busto de Picones, cerca del de Tronisco, indicando una serie de propietarios que limitaban con esas tierras, lo que da idea de la presencia de parcelas dentro del busto. Sahagún, 37 (930/06/24). Sin embargo, esto no significa que todos los bustos hayan sido objeto de roturación (Sánchez Badiola, La configuración, p. 183) sino que su delimitación pudo ser un acto de poder por parte de ciertos individuos, un acto sancionado por la monarquía y quizá también un medio para afirmar el dominio de esa monarquía en ámbitos locales. 49 Por ejemplo, tenemos bustos que estaban bajo el control de magnates como Gisvado, pero también de individuos de menor rango, como los descendientes de un tal Feliciano; Eslonza, 9 (929/03/05) y CatLeón, 22 (908/12/03) respectivamente. 50 Tal es el caso de Fredesindo y sus herederos, junto con sus hermanos y sobrinos, que tenían unos bustos en Eslonza, que habían sido obtenidos de squalido por sus abuelos y padres y cuyos límites fueron macados por el infante Gonzalo, hijo de Alfonso III; Eslonza, 24 (950/05/17).

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escala, cuya gestión implicaba el control de los derechos de acceso y, en definitiva, la construcción y el reconocimiento de una autoridad efectiva en esos niveles. La diferencias frente a las sernas, era la dedicación ganadera, en forma de pasto, de los bustos. La expansión política de la monarquía asturiana habría permitido a los reyes hacerse con el control de esos bustos, especialmente relevantes en áreas de montaña.

Fig. 4 – Localización de los bustos regios (850-950).

3. Dominar comunidades: villas e iglesias Dentro del conjunto de documentos conservados, los bienes regios más frecuentemente citados son las villas. Estas se concentran sobre todo en Galicia; áreas como los territorios de Nendos, en las Rías Altas, Bergantiños y Salinas, en las Rías Bajas, o el entorno del Miño aguas abajo de Orense, presentan un alto número de casos. Los monarcas también disponían de villas en la vertiente meridional (leonesa) de la Cordillera Cantábrica, así como en el entorno de León y del territorio de Sollanzo. Las densidades son menores en Tierra de Campos, los montes de Astorga o en Zamora, aunque hay casos altamente significativos. Por último, se citan varias villas en el territorio de Coimbra (suburbio Conimbricensis), pero esa expresión encubre un extenso espacio que no coincide con el ámbito directo de influencia de la ciudad (Fig. 5).

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Fig. 5 – Localización de las villas de posesión regia (850-950).

El término villa en la documentación asturleonesa es polisémico, como ya han señalado numerosos investigadores51. En términos generales, habría dos acepciones. La primera de ellas se refiere a una serie de propiedades agroganaderas de ámbito local, que no estaban necesariamente agrupadas desde un punto de vista topográfico, y que se asociaban a una unidad de gestión. Estas villas in villa, como aparecen en ocasiones, serían la marca de un dominio aristocrático cuando menos local. La segunda de ellas identifica a un asentamiento y, en general, a una aldea. Dentro del elenco de las villas propiedad del rey, la mayor parte corresponde a esa segunda tipología. Un buen ejemplo M.C. Pallares Méndez, E. Portela Silva, «Aproximación al estudio de las explotaciones agrarias en Galicia en los siglos IX a XII», in I Jornadas de metodología aplicada las ciencias históricas, Santiago de Compostela, 1975, vol. II, pp. 99-108; C. de Ayala Martínez, «Relaciones de propiedad y estructura económica del reino de León: los marcos de producción agraria y el trabajo campesino», in El reino de León en la Alta Media, VI, León, 1994, pp. 151-85; E. Portela, M.C. Pallares, «La villa, por dentro. Testimonios galaicos de los siglos X y XI», Studia Historica. Historia Medieval, 16, 1998, pp. 13-43; J.M. Mínguez, «La nueva ordenación del poblamiento en la cuenca septentrional del Duero en los inicios de la Edad Media», Aragón en la Edad Media, 14-15, 1999, pp. 1041-3; I. Martín Viso, Poblamiento y estructuras sociales en el norte de la península ibérica (siglos VI-XIII), Salamanca, 2000, pp. 140-2. 51

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lo constituye la villa de Valdeperdices, localidad emplazada cerca de Zamora, que es delimitada con precisión, incluyendo la mención a otros asentamientos cercanos, como Videmala; dentro de esa villa, el rey poseía un par de huertos que figuran entre los límites52. Otros ejemplos permiten avanzar la hipótesis de que la mayoría de las villas en manos de los reyes eran asentamientos, muchos de ellos identificables hoy en día. Disponemos de algunas noticias que nos informan acerca de cómo se hicieron los reyes con la propiedad de estas villas. Algunas de ellas, como Villa Crescimiri y Travassós, fueron tomadas a los gentiles, lo que probablemente indique algún tipo de resistencia por parte de unos propietarios locales ante la integración política53. No es el único caso detectado de resistencias, ya que Alfonso III tuvo que enfrentarse a una gente barbarica para hacerse con el control de la villa de Alkamín, cerca de Tordesillas, que finalmente obtuvo por squalido54. Aunque se ha leído este texto como una prueba de una presencia de población beréber en la cuenca del Duero, el término que se utiliza en las fuentes coetáneas para identificar a los norteafricanos es mauri, por lo que parece más sencillo pensar en una resistencia local a la implantación de nuevas formas de propiedad55. En otras ocasiones, los textos indican que estas villas fueron confiscadas a distintos personajes por su rebeldía, en un contexto político marcado por las sublevaciones de aristócratas. Así sucede con las villas de la zona de Valcarce, confiscadas a los hijos de Sarracino56, o con Trasariz, que había pertenecido a un tal Vitiza, que había sido infiel al rey57; ambos casos parecen Celanova, 429 (907). TA, 17 (899.12.30): “quas nuper Dominus de manu gentilium abstulit”. 54 Sahagún, 9 (909/04/28): “[v]illa quam dicunt Alkamin, qui est in ripa flumine Durio, de termino de Autero de Sellas usque in valle de Cannas, secundum nos illut de squalido de gente barbarica manu propria cum pueris nostros adprehendimus, tam cultum quam et inclutum ab integro tibi omnia concedimus”. 55 Á. Barrios García, «Repoblación de la zona meridional del Duero. Fases de ocupación, procedencias y distribución espacial de los grupos repobladores», Studia Historica. Historia Medieval, 3, 1985, p. 46; Mínguez, «Innovación», p. 64; I. Martín Viso, «Integración política y regeneración: el sur del Duero en el reino asturleonés», Edad Media. Revista de Historia, 18, 2017, pp. 214-15. 56 TA, 15 (895/11/25). 57 TA, 16 (895/07/11). 52 53

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relacionarse con una revuelta contra Alfonso III en Galicia en torno a 894-895. Pero también hay referencias a villas que fueron compradas por los reyes, como la de Parada Cebraria, en las cercanías de Astorga, vendida por Ensila, sobrino del obispo Indisclo58, o la que había adquirido Ordoño II (910-914) al presbítero Usquela en Dueñas59. Sin embargo, los orígenes de la propiedad regia de la mayoría de las villas son desconocidos. La cesión de las villas permitía la formación de redes políticas gracias al patronazgo regio. Dentro de esas redes aparecen algunos miembros de la familia regia que disfrutaban del control de esas villas, como ocurre con Santa Olaja de Eslonza que había pertenecido a Nuño, hermano de Alfonso III, aunque revirtió a las manos de Ordoño II60. Pero ¿en qué consistía esa propiedad? Parece que se trataba de la imposición de algunas cargas tributarias o rentas y quizá algún tipo de poder jurisdiccional sobre los habitantes. Podría tratarse, por tanto, de una propiedad de un nivel superior a la propiedad específica de las parcelas. Un ejemplo sería el de las villas de Ceia, Pravio y Peiraio, situadas en el valle de Nendos, junto al río Mero, que habían sido entregadas por el cillero Spasando y por Remforco a Alfonso III y habían pasado a Ordoño II; esa donación incluía a los miembros de la familia (casata) de Spasandi, así como a todos los habitantes de las villas obligados a pagar un censo (ratio) al rey61. Es interesante además la existencia de un gestor local, un cillero, que se encargaba posiblemente de la recaudación de esos derechos. Puede concluirse que la propiedad de las villas suponía el acceso a una serie de derechos ejercidos sobre la totalidad (o casi) de los habitantes, a lo que se podía sumar la existencia de un dominio específico sobre siervos, así como una propiedad fundiaria (huertos, tierras). Este tipo de propiedad estaba claramente implantado en la zona galaica. En realidad, era una imitación del dominio aristocrático: los grandes magnates gallegos disponían de un patrimonio compuesto básicamente por villas

CatAstorga, 7 (894/10/04). Dueñas, 7 (935/06/29). 60 Eslonza, 1 (912/08/30). 61 TA, 30 (917/01/20): “dono atque concedo siue et homines qui in eisdem uillis sunt habitatores, qui de casata sunt ipsius Spasandi, uel alios qui cum uilla nobis fecerunt rationem […]”. 58

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e iglesias62. Los reyes emulaban ese patrón, funcionando como unos aristócratas dentro del contexto regional. En otras zonas, la pertenencia de villas sería la consecuencia de la fuerte presencia regia, que ya hemos podido apreciar a través de las sernas y los bustos, e incluso podría ser el resultado de la integración política en zonas donde las sernas y los espacios colectivos no eran un elemento tan relevante en el ámbito local, como sucedería en Zamora. En los documentos, las villas aparecen en varias ocasiones vinculadas a iglesias y monasterios locales, es decir con un ámbito de actuación de escala local. Estos centros religiosos locales eran relativamente numerosos y parecen haber sido un mecanismo utilizado para conseguir y reforzar un dominio de escala local63. El prestigio, el control de ciertos aspectos rituales e incluso la formación de patrimonios relevantes serían factores determinantes. Algunos trabajos arqueológicos muestran la importancia de estos lugares, como sucede en el yacimiento de La Aldea (Baltanás, Palencia), donde posiblemente se erigió una iglesia entre finales del siglo VIII o principios del IX, que fue el germen del lugar conocido como Santa María de la Aldea64. Además este proceso tiene una de sus más claras evidencias en la construcción de iglesias por parte de reyes y aristócratas en lo que se ha venido a denominar el arte prerrománico asturiano. Por otro lado, los textos escritos nos revelan la existencia de estos centros religiosos locales y cómo muchos de ellos estaban en manos de grupos aristocráticos. Pero esto no obvia la posibilidad de que algunas iglesias hubieran sido levantadas por las propias comunidades o por sus notables. Un ejemplo muy ilustrativo –aunque no es el único caso- procede de la división de la herencia paterna (colmellus diuisionis) entre Rosendo y sus hermanos. Celanova, 478 (934/03/11). 63 I. Álvarez Borge, Poder y relaciones sociales en Castilla en la Edad Media, Los territorios entre el Arlanzón y el Duero en los siglos X al XIV, Salamanca, 1996, pp. 5371; W. Davies, Acts of Giving. Individual, Community and Church in Tenth-Century Christian Spain, Oxford, 2007; J.A. Quirós Castillo, «Las iglesias altomedievales en el País Vasco. Del monumento al paisaje», Studia Historica. Historia Medieval, 29, 2011, pp. 175-205. 64 P.J. Cruz Sánchez, E. Martín Rodríguez, «La ocupación medieval del yacimiento de La Aldea y sus niveles fundacionales (Baltanás, Palencia)», in C. Fernández Ibáñez, R. Bohigas Roldán (ed.), In durii regione romanitas. Estudios sobre la presencia romana en el valle del Duero en homenaje a Javier Cortes Álvarez de Miranda, Palencia, 2012, pp. 421-5. 62

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El mapa de los centros religiosos en manos de los reyes durante el periodo de estudio se basa en los textos escritos. Habría que añadir algunos lugares conocidos por su relación con el denominado arte prerrománico (casos de San Miguel de Lillo, Santa Cristina de Lena, San Salvador de Valdediós) emplazados en la región de Asturias65. De igual forma, los textos cronísticos hablan de monasterios de fundación regia en León (San Salvador de Palat del Rey)66 o en la zona de la Valduerna (Destriana)67. No obstante, esos casos no alteran la geografía de los centros religiosos en manos de los reyes, porque se emplazaban en las sedes regias o en zonas donde igualmente se documenta una relativamente alta densidad de propiedades del rey, como Valduerna, a tenor de la documentación posterior. Se conserva además un texto fundacional de Santo Adriano de Tuñón, iglesia con una facies prerrománica, elaborado por la cancillería de Alfonso III; pero se trata de un documento falso que quizá unifique varios textos previos68. A partir de los datos existentes, se dibujan una serie de regiones donde las iglesias y monasterios locales en manos de los reyes eran más frecuentes. Destaca la zona de la ribera del Miño, así como el entorno de León y los montes de Astorga. Otras áreas presentan una menor densidad; algunos casos, como sucede con el área cercana a Águeda, estamos ante iglesias directamente vinculadas a la propiedad de villas (asentamientos). La presencia de estas iglesias locales en manos de los reyes se relacionaba con la existencia de una tupida presencia del patrimonio rey en esas zonas. Sin embargo, en el caso gallego podría vincularse a la forma en la que se articuló el poder aristocrático altomedieval, con una especial incidencia de las iglesias como nódulos de dominio local69. L. Arias Páramo, Prerrománico asturiano. El arte de la monarquía asturiana, Gijón, 1993; J.A. Quirós Castillo, M. Fernández Mier, «Para una historia social de la arquitectura monumental altomedieval asturiana», in P. Mateos Cruz, C. García de Castro Valdés, L. Caballero Zoreda (ed.), Asturias entre visigodos y mozárabes, Madrid, 2012, p. 28-53. 66 J. Pérez de Urbel (ed.), Sampiro. Su crónica y la monarquía leonesa en el siglo X, Madrid, 1952, § 24; J.A. Gutiérrez González, F. Miguel Hernández, «Génesis del urbanismo en la ciudad de León y su transformación en la Edad Media», in El urbanismo de los estados cristianos peninsulares. Codex Aquilarensis, 15, Aguilar de Campoo, 1999, p. 55. 67 Pérez de Urbel, Sampiro, versión pelagiana, § 24 y 29. 68 A.C. Floriano Cumbreño, Diplomática española del periodo astur. Estudio de las fuentes documentales del reino de Asturias (718-909), Oviedo, 1949-1951, pp. 187-92. 69 Sánchez Pardo, «Power strategies». 65

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Fig. 6 – Localización de las iglesias de propiedad regia (850-950).

Una cuestión es saber si estos lugares fueron fundados por los reyes. Así sucede con las iglesias construidas según los parámetros del denominado prerrománico asturiano. E incluso se mencionan algunos monasterios que pudieron haber sido fundados por los reyes como el de Saelices de Mayorga en 92170. Pero en general, no hay evidencias de ese tipo. Por el contrario, el carácter local de muchos de estos centros religiosos y su asociación generalizada a villas parece indicar una situación distinta. Serían la consecuencia del control regio sobre una comunidad rural (expresada en la villa y en los derechos sobre la misma). La iglesia local funcionaría como uno de los ejes principales del dominio local, por lo que los monarcas, al disponer de una propiedad superior sobre la villa tendrían también un control superior sobre la iglesia. Además no parece factible que los reyes interviniesen de manera muy activa en la construcción de estas iglesias, ya que suponía la participación en dinámicas muy locales, alejadas de los intereses de los monarcas, salvo quizá en el entorno más cercano a León. La ausencia de una indicación directa sobre la relación entre iglesia y villa tampoco supone necesariamente que lo hubiese. Así, la donación de García I al monasterio de Eslonza de las iglesias de Santa María, San Martín obispo, San Julián, Santa Ba70

Sahagún, 23 (921/03/01).

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silisa, San Lorenzo y San Saturnino, todas próximas al cenobio, podría indicar el traspaso de los derechos superiores sobre las iglesias de un conjunto de asentamientos dentro del territorio de Sublancio-Sollanzo, que no se citan71. Por tanto, estaríamos ante iglesias que han sido apropiadas por los reyes, que ya existían anteriormente como parte de las comunidades. Esto explicaría mejor la donación de Fruela II al abad Atanarico el lugar de Caticas, para que construya allí un monasterio, donde antes estaba la iglesia de los Santos Pedro y Pablo, concediendo además las iglesias de San Adrián, Santos Justo y Pastor y otras dos innominadas72. El dominio regio sobre las comunidades locales se expresaba a través de esas iglesias, cuyos derechos son traspasados a un abad para que edifique allí un cenobio. Esta situación nos acerca a la política de patrocinio regio de ciertos monasterios, que se vieron beneficiados por donaciones regias. Es el caso de Sahagún73, o de Santos Cosme y Damián de Abellar, fundado por Cixila, pero apoyado desde un principio por los reyes, en especial por Ordoño II74. Pero tal patrocinio no implicaba que estos cenobios fueran efectivamente parte de la propiedad regia. 4. Territorios y patrimonio regio: los commissa y las mandationes Tierras, sernas, bustos, villas y centros eclesiásticos formaban el conjunto de las propiedades regias de los monarcas asturleoneses durante el proceso de afirmación del reino a partir de los documentos de los que disponemos y de sus particularidades. Pero además los reyes aparecen en esos textos controlando commissa, que entregaban de manera Eslonza, 2 (912/08/30). Puede que las iglesias que aparecen en este documento hayan sido construidas por una iniciativa regia. Sin embargo, parece más factible pensar que esa circunstancia solo se produjo en casos muy puntuales, como en el cercano San Miguel de Escalada, mientras que aquí estaríamos ante iglesias locales, cuyo control regio sería producto del dominio sobre la comunidad; G. Cavero, «La dedicación de la iglesia en el monasterio de San Miguel de Escalada el 20 de noviembre de 913», in V. García Lobo, G. Cavero Domínguez (ed.), San Miguel de Escalada (913-2013), León, 2014, pp. 39-65. 72 Eslonza, 6 (924/09/27). 73 Sahagún, 6 (904.10.22). 74 M.J. Carbajo Serrano, «El monasterio de los Santos Cosme y Damián de Abellar. Monacato y sociedad en la época astur-leonesa», in Archivos Leoneses, 81-82, 1987, pp. 51-7. 71

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temporal a magnates y a instituciones eclesiásticas75. Estas donaciones eran revocables y hay varias evidencias de commissa o de bienes que formaban parte de ellos que fueron confiscados a sus beneficiarios como castigo por su rebeldía; así sucede con las salinas de Lanzada en el commisso de Salinas que habían sido de Hermenegildo Pérez76 o las villas de Perales, Golpejar y Villa Rezmir, que habían pertenecido como commisso a Gonzalo Muñoz77. Puede observarse que se trata de territorios compuestos por villas, es decir aldeas. La traducción del término como condados es engañosa, debido a que su comparación con otros patrones, como el caso carolingio, muestra fuertes diferencias. Los commissa no formaban una red de subdivisiones territoriales que abarcase todo el territorio político78; su presencia se detecta en zonas concretas, mientras que en amplios espacios no se menciona su existencia. Por otra parte, no eran la base de una estructura administrativa, en ningún caso citada. La cesión de los commissa no implicaba que el beneficiario recibiese un cargo sino que se entregaban temporalmente los derechos que se obtenían en esos lugares. Los documentos permiten señalar la existencia de individuos encargados de la gestión de esos bienes. Este sería el caso de Lucido y Aldroito, a quienes Alfonso III ordenó entregar las villas de César, San Julián y Palacios junto con sus habitantes a la iglesia de Santiago, según figura en un documento datado entre 880 y 910. Estas villas formaban parte de un commisso innominado que estaba en manos de Ilianus79. Del texto se desprende la presencia de un beneficiario, Ilianus, y de unos gestores de esos bienes, quienes quizá tuvieran además otras funciones locales. Y también permite constatar que podían entregarse partes de un commisso, en concreto ciertas villas. La cuestión clave es saber qué tipo de propiedad o de prerrogativas disfrutaban los reyes esas villas. En un texto fechado en 912, se nos in-

Isla Frez, La sociedad gallega, pp. 146-7. TA, 13 (886/06/24). 77 S. Domínguez Sánchez, Colección documental medieval de los monasterios de San Claudio de León, Monasterio de Vega y San Pedro de las Dueñas, León, 2001, 2 (946/09/24). 78 Planteamiento defendido por C. Sánchez-Albornoz, «Homines mandationis y iuniores», in Viejos y nuevos estudios sobre las instituciones medievales españolas, I, Madrid, 1976, pp. 367-577. 79 TA, 19. 75

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forma de cómo Ordoño, rey de Galicia bajo la autoridad de su hermano el rey García, donó a la iglesia de Santiago una serie de siervos en la villa de Bama, en el commisso de Montesacro (o Picosacro). En dicho documento, se narra cómo esos siervos los recibieron tiempo atrás los hijos de Suero y Goneroda gracias a la generosidad de la madre de Ordoño, la reina Jimena, esposa de Alfonso III, y habían pertenecido a Goneroda. Pero el obispo Sisnando de Santiago acudió a León para que Alfonso III obligase a los hijos de Gontroda a repartir los siervos, lo cual se hizo tras un acuerdo en la iglesia de San Vicente. Esos siervos pasaron luego a Ordoño, quien hizo entrega de los mismos a la iglesia de Santiago, que es el acto que dio lugar a la redacción del texto. Es interesante advertir cómo se citan los nombres de los siervos (concretamente la parentela de Vistrila) y señalando que pasarán al servicio del obispo Sisnando, pero que, a su muerte, no serán siervos fiscales ni de la Iglesia, sino que serán libres80. Esta historia nos permite interpretar mejor en qué consistían los commissa. El término se refería al ejercicio de poder sobre las personas. Esto permite la cesión a otros individuos, aunque la idea era que el poder regio no alienaba ese poder, porque era una cesión temporal, lo que explica que los siervos volvieran a manos de Ordoño. Por otro lado, estos individuos pagarían unos censos, que es lo que se entregó finalmente a Sisnando, pero que luego podrán ser libres, a la muerte de este, sin ser ni siervos de la Iglesia ni siervos fiscales, concepto de enorme interés, pues nos permite comprender su condición. Debe tenerse en cuenta que se trataba de una familia, la de Vistrila, en la que aparecen diáconos, por lo que no estamos ante un estatus social degradado81. En cuanto a la geografía de los commissa entre 850 y 950, se extiende fundamentalmente por la Galicia occidental y por el curso del río Sil, además de Asturias y zonas de León. Si se añaden las referencias entre 951 y 1000, el mapa se hace más denso, pero, con la excepción de la vertiente meridional de la Cordillera Cantábrica, no hay grandes modificaciones. Por tanto, los commissa se localizan en áreas de fuerte presencia patrimonial regia y son especialmente numerosos en Galicia, frente a la

TA, 23: “post obitum uero eius non ut serui fiscales uel ecclesie set restaurati et ingenui persistant”. 81 TA, 23: “Uisterlanem cum filiis nominatis: Naustum, Hermecotonem, Uitilianem diaconem, et Amimiam, siue et duas suprinas eiusdem Uistrillani nominatas, Uistrileuba et Manosindi, cum filiis qui nati sunt uel qui adhuc nati fuerint, ab integro”. Isla Frez, La sociedad, p. 156. 80

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situación de la meseta. Pero no constituían un entramado que integrase la totalidad del territorio político, como consecuencia de que no eran la emanación de una administración territorial82.

Fig. 7 – Localización de los commissa (850-950).

Puede afirmarse que los commissa fueron una realidad inicialmente gallega, que se debe vincular con la implantación de los monarcas en determinadas zonas de la Galicia central, mientras que no hay evidencias para la Galicia meridional. Los monarcas se hicieron con el control de los mecanismos de dominio de carácter local, basados en territorios que agrupaban a varias aldeas, en algún momento del siglo IX, aunque este proceso no se verificó en todas las áreas. Una hipótesis es que fueran territorios preexistentes, que remitirían a las formas de organización política local de siglos precedentes, debido a que algunos de los commissa figuran ya en el listado del Parroquial Suevo datado en 569-572, como sucede con Quiroga o Deza83. Por otra parte, estos territorios no

C. Estepa Díez, «Formación y consolidación del feudalismo en Castilla y León», in En torno al feudalismo hispánico, Ávila, 1989, pp. 165-8. 83 P. David, Études historiques sur la Galice et le Portugal du VIe au XIIe siècle, Lisboa-París, 1947, p. 38. Ambos territorios aparecen como parroquias de la diócesis de Lugo, aunque es posible que la mención a Deza sea un añadido. 82

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eran una construcción regia, ya que son igualmente mencionados en donaciones y compraventas en las que no intervienen los monarcas, pero en tal caso no aparecen identificados como commisa, un término que queda limitado a los documentos regios84. El monarca poseía una serie de derechos superiores sobre las comunidades y los hombres sobre esos territorios y esto era lo que definía a un espacio como commisso. Ese poder provenía de una propiedad regia de nivel superior, semejante a la que se puede constatar en las villas, pero aplicada a un territorio o a un conjunto de villas, y quizá con una mayor intensidad. En tal sentido, es interesante observar cómo a partir de la segunda mitad del siglo X, el término mandationes se fue extendiendo, sobre todo en la meseta, como sinónimo del commisso. El término expresa de una manera nítida cuál era el significado efectivo de este tipo de estructuras: se definía como un tipo de poder, un derecho de mando entregado a alguien, y no como una estructura administrativa85. Este patrón se transfirió a zonas de la meseta donde el dominio patrimonial del rey en determinadas áreas pudo dar lugar a que se definiese en términos de commisso. Así ocurriría en la vertiente meridional de la Cordillera Cantábrica o en los montes al Oeste de Astorga, donde descolló a finales del siglo X y comienzos del XI la mandatione de Valduerna. En esa zona se documenta una fuerte presencia regia, ya desde el siglo X, cuando se conoce la presencia del monasterio de Destriana, de fundación regia, y al que se pueden asociar algunos restos epigráficos86. También Bermudo II controlaba la villa de Vega in mandatione Orna87. E incluso a comienzos del XI, en un pleito sobre el control de la villa de San Pelayo, sita en la Valduerna, se indica que el lugar fue propiedad de la reina Elvira88. Es en este lugar donde a comienzos del siglo XI

84 Isla Frez, La sociedad gallega, pp. 144-5 e idem, «Aspectos de la organización del espacio en Galicia: el alto Tambre, siglos IX-XI», in M. Barceló, P. Toubert (ed.), L’incastellamento, Roma, 1998, pp. 57-70. 85 Estepa Díez, «Formación y consolidación», pp. 176-8; Carvajal Castro, Bajo la máscara, pp. 155-61. 86 J-F. Rollán Ortiz, «Correlaciones entre la lápida prerrománica de Destriana (León) y las asturianas de Alfonso III», Boletín del Real Instituto de Estudios Asturianos, 155, 2000, pp. 125-40. 87 J.M. Ruiz Asencio, Colección documental del archivo de la catedral de León, III (986-1031), León, 1989, 548 (991/07/29). 88 Ruiz Asencio, Colección, 669 (1003/04/17).

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vemos la presencia de un lugar llamado expresamente Palacios del Rey (Palacios de Valduerna) que actúa como sede donde se resuelven pleitos, algunos de ellos ante el propio rey89. Pero en términos generales, el patrimonio regio en el valle del Duero no se articuló según este modelo, quizá por la existencia de más agentes sociales con capacidad de actuar sobre esos territorios, quizá porque no había un patrimonio regio local tan intenso o quizá simplemente porque los territorios preexistentes se diluyeron en una construcción política dirigida ‘desde arriba’. 5. La propiedad regia y la articulación del reino El examen de la información sobre las propiedades regias entre 850 y 950 permite sacar algunas conclusiones. Si el patrimonio regio era una clave esencial en los mecanismos de patrocinio que facilitaban la creación de redes políticas, la imagen resultante es la de una propiedad regia concentrada en determinados puntos, es decir regionalizada. El monarca surge como un importante propietario en determinados puntos (Galicia central, entorno de León, valles altos del Bernesga, Porma y Esla, montes de Astorga, Zamora, Dueñas), pero estaba completamente ausente en otros sectores. Este contraste es muy significativo, porque las áreas donde el patrimonio regio era débil o inexistente coinciden con aquellas en las que se afirmaron importantes familias magnaticias. En algunos casos, esas familias habían obtenido su dominio gracias a las iniciativas de integración política de determinados puntos a lo largo del siglo IX, como sucedió con Gatón en Astorga, Vimara Peres en Oporto, Hermenegildo Gutiérrez en Coimbra u Odoario en Chaves. También el área castellana quedó al margen de cualquier intervención regia y los condes disfrutaron de una importante capacidad política dentro del reino. Una situación que algo más tarde, en la segunda mitad del siglo X, se repitió con la familia de los Banu Gómez, implantada en espacios de la meseta donde la presencia de la propiedad regia era mínima o inexistente90. Se dibuja así un mapa del reino en el que convivían es-

Además del referido en la nota previa, véase CatAstorga, 212 (1014/04/29). Una discusión sobre la geografía del patrimonio de los Banu Gómez –que habrían tenido una alta concentración en torno a Carrión- y la escasa relación del origen de su patrimonio con el poder regio en Á. Carvajal Castro, «Superar la frontera: mecanismos de integración territorial entre el Cea y el Pisuerga en el siglo X», Anuario de Estudios Medievales, 42:2, 2012, pp. 615-21.

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pacios firmemente anclados en el poder del rey, gracias a los vínculos establecidos por un patrocinio regio alimentado por las propiedades, y espacios donde había un fuerte poder magnaticio91. Estos últimos se reconocían como parte del reino, pero disfrutaban de una posición que implicaba algún tipo de negociación con la autoridad regia y, sobre todo, una gran autonomía política. No obstante, ya se ha advertido de los problemas derivados de que la documentación escrita no se conserva homogéneamente en todo el Noroeste peninsular y que puede haber propiedades regias invisibles debido a que la cesión de las mismas –que es el momento en que pueden ser observadas- fue más tardío o nunca se produjo. Quizá el caso más evidente de los problemas metodológicos es Asturias, el corazón del reino, donde no se registran propiedades regias. La razón estriba en el alto número de falsificaciones efectuadas a partir del siglo XII que impiden reconocer la documentación altomedieval relacionada con los reyes, que indudablemente existió y que sirvió como base para esas falsificaciones, pero que es imposible de recuperar.

Fig. 8 – La distribución de la propiedad regia (850-950).

Las propiedades del rey se centraban sobre todo en derechos de carácter superior, que se expresaban en la gestión de espacios colectivos, como las sernas y los bustos, o la exigencia de censos a comunidades 91

Carvajal Castro, « The monarchy».

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aldeanas, a veces con el añadido del control de una iglesia. Es cierto que los reyes también podían poseer tierras o viñas, como a veces se menciona. Sin embargo, el elevado estatus social de los beneficiarios del patrocinio regio explica que no se cedan bienes fundiarios, aunque estos existieran. En cualquier caso, no eran esas tierras las que definían a la propiedad regia, sino el control de esos derechos superiores. En este sentido, Carlos Estepa defendió el carácter de propiedad dominical de buena parte de estos bienes, es decir, un patrimonio aristocrático que se movía en un nivel superior y que generaba derechos sobre los individuos sometidos dentro de esa propiedad92. Los datos parecen evidenciar que puede aceptarse esa definición para el patrimonio regio, en especial en los commisa. Pero esa propiedad era un recurso más, aunque muy importante, del dominio regio, que incluía otros aspectos como el ejercicio de la autoridad judicial, la dirección de la guerra o herramientas ideológicas que legitimaban su superioridad, entre otros medios93. En cuanto a la diferenciación entre bienes del rey y bienes fiscales, resulta poco operativa para el caso de estudio. Debe tenerse en cuenta que estamos ante una experiencia política de construcción de un reino a partir de una realidad no estatal, en especial en lo que se refiere a los territorios sobre los que se llevó a cabo la expansión política. Incluso el reino de Asturias puede ser definido hasta comienzos del siglo IX más como una jefatura (chiefdom) que como una estructura estatal. En estas condiciones, la diferenciación entre ambos elementos no parece funcionar, una situación que incluso parece remitir también al periodo visigodo, cuando resulta imposible separar los bienes propios del rey de los fiscales94. Por otro lado, se ha podido comprobar la diversidad de situaciones. En Galicia, los bienes regios se articulaban en torno a villas e iglesias, que en muchas ocasiones figuran integradas en commissa, con habitantes considerados siervos por el pago de determinados censos. Este Estepa Díez, «Formación y consolidación» cit. e Idem, «En torno a propiedad dominical, dominio señorial y señorío jurisdiccional», in G. Del Ser Quijano, I. Martín Viso (eds.), Espacios de poder y formas sociales en la Edad Media. Estudios dedicados a Ángel Barios, Salamanca, 2007, pp. 67-75. 93 J.M. Mínguez, «Pervivencia y transformaciones de la concepción y de la práctica del poder en el reino de León (siglos X y XI)», Studia Historica. Historia Medieval, 25, 2007, pp. 15-65. 94 P.C. Díaz Martínez, «La dinámica del poder y la defensa del territorio: para una comprensión del fin del reino visigodo», in De Mahoma a Carlomagno, pp. 176-8. 92

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patrón de patrimonio es similar al que se conoce para los grandes magnates gallegos. En cambio, en la meseta, tienen una gran relevancia las sernas, prácticamente inexistentes en Galicia, que serían la marca de la organización sociopolítica previa a la integración política en un marco donde no había fuertes patrimonios aristocráticos. Por tanto, en cada zona los monarcas se adaptaron a las condiciones existentes y, de alguna forma, imitaron las formas de patrimonio. En Galicia eran unos magnates y en León eran los líderes de comunidades locales. De hecho, la tipología de bienes de los reyes aparece igualmente en el caso de la aristocracia, que tiene villas e mientras en la meseta la propiedad aristocrática se relaciona con las sernas, aunque posee villas e iglesias, siempre en un número muy inferior al patrimonio de la alta aristocracia gallega. Eran, por tanto, patrimonios asimilables a los de la más alta aristocracia en cada zona. La única diferencia era el control de commissa que estuvo siempre en manos de los reyes, al menos hasta que a comienzos del XI el poder de los Flaínez en el alto Esla es reconocido como una mandatione, sin intervención regia95. Pero ¿de dónde procedían estos bienes? En mi opinión, una parte muy importante de ellos provenía de los procesos de expansión territorial. Una de las principales consecuencias de ese fenómeno fue la obtención de un patrimonio que tenía sus bases en las estructuras políticas locales preexistentes. En tal sentido, una de las claves de la expansión política fue la apropiación de derechos y su reconversión en patrimonio regio. La diversidad de situaciones existentes y de fórmulas empleadas para la integración conllevó una fuerte heterogeneidad y regionalización, a las que ya se ha hecho mención. Pero también hay confiscaciones a individuos a quienes se castiga por su rebeldía -desde el punto de vista del rey, por supuesto-, que permitían la obtención de nuevos recursos96. La cuestión estriba en si esos bienes habían formado parte del patrimonio del rey, que los había entregado a tales personas, o si componían un

C. Estepa Díez, «Poder y propiedad feudales en el periodo astur: las mandaciones de los Flaínez en la montaña leonesa», in Miscellània en homenatge al P. Agustí Altisent, Tarragona, 1991, pp. 285-327. 96 Carvajal Castro, «The monarchy». Aunque con una perspectiva que no coincide con los argumentos que aquí se exponen, para las revueltas y confiscaciones es interesante el trabajo de M. Pérez, «Rebelles, infideles, traditores. Insumisión política y poder aristocrático en el reino de León», Historia, Instituciones, Documentos, 38, 2011, pp. 261-82. 95

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patrimonio aristocrático sin vinculación con la monarquía. Resulta imposible determinarlo, aunque hay indicios de que se trataba de bienes entregados por el rey, pues al menos a finales del siglo IX coinciden con áreas donde el patrimonio regio era muy fuerte (Sollanzo, el curso alto del Sil, el occidente gallego)97. No obstante, los reyes dispusieron de otros expedientes para obtener recursos fundiarios. Se documenta en este periodo al menos una venta a favor de los monarcas, la efectuada por Ensila, sobrino del obispo Indisclo de Astorga, de Parada Cebraria –un despoblado cercano a Astorga- a Alfonso III98. E igualmente se documentan donaciones efectuadas a los reyes o a sus familiares directos, como la del presbítero Gratón a favor de Gonzalo, hijo de Alfonso III, de la iglesia de Santa María de Monzón y de sernas en el castro de Cisneros en 90499. Otro caso es el de la villa cercana a San Pedro de Cansoles que había recibido Ramiro, hijo de Alfonso III, de manos de Teodisclo100. Un último ejemplo procede de la donación que hizo el presbítero Scissa a la reina Jimena, esposa de Alfonso III, de la iglesia de Santiago y de la villa de Pelagio, con la iglesia de San Martín, tal y como nos informa un texto de Ordoño II101 datado en 920. De todos modos, el caso más llamativo es el protagonizado por Argemiro, Silo, Aloitio, Pedro, Quindulfo y Froila, quienes hicieron una carta de incomuniatio a favor de Alfonso III, entregando las villas de Salcedo, Villa Plana y Dominici, en el territorio de Lemos, incluyendo los siervos que allí habitan102; se trataba de la creación de un condominio entre esos individuos y el monarca, es decir que expresaba el reconocimiento de una supeditación sociopolítica por parte de individuos de la elite local103. Estas donaciones deben entenderse como medios a través de los cuales elites locales –de manera muy significativa ciertos clérigos- se vinculaban con la red política regia, utilizando para ello a miembros de la familia del rey, aunque no necesariamente al propio monarca. Puede que de esta forma se esté llevando a cabo una suerte de ‘reconocimiento mutuo’ entre poderes, sobre todo en zonas donde 97 98 99 100 101 102 103

TA, 12 (885), 13 (886/06/24), 15 (895/11/25) y 16 (895/07/11). CatAstorga, 7 (894/10/04). León, 17. Sahagún, 12 (915/08/13). TA, 32 (920/05/18). Celanova, 233 (886/04/13). Isla Frez, La sociedad, pp. 228-32.

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los monarcas carecían de un patrimonio fuerte104. Por tanto, cabe interpretar estas donaciones como una vía para que esos individuos entrasen a formar parte de la red política regia, la cual se extendía sobre espacios hasta entonces fuera de su control efectivo. En definitiva, el estudio del patrimonio regio en el periodo formativo del reino asturleonés nos permite valorar más adecuadamente los mecanismos de integración política de un reino en construcción. La propiedad regia se adaptó a los modelos de propiedad aristocrática en cada región y funcionó como un recurso fundamental para dar coherencia a la red política. De esta forma, pueden entenderse mejor los procesos que permitieron la afirmación del poder regio y la diversidad que caracterizó al reino asturleonés, a pesar de la imagen unitaria con la que suele ser representado.

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Carvajal Castro, «The monarchy».

Ryan Lavelle Le contrôle des terres royales dans le royaume anglo-saxon (IXe au début du XIe siècle) : que saurions-nous sans le Domesday Book?*

Il existe une grande ironie dans les études sur la société anglo-saxonne. En raison de la survie de la célèbre enquête du Domesday Book, les spécialistes de cette période doivent souvent tourner leur attention vers la fin de l’époque anglo-saxonne et vers la conquête normande1. Ainsi, tout travail sur les domaines royaux médiévaux ou sur les propriétés foncières dans l’Angleterre anglo-saxonne doit prendre en compte l’étude célèbre de Frederick Maitland, Domesday Book and Beyond2. En effet, la portée des données compilées dans cette enquête est pratiquement exhaustive, en particulier en ce qui concerne les tenures (incluant les domaines royaux) après la conquête normande : au moment de l’enquête en 1086, les commissioners du Domesday ont enregistré les tenures “au jour où il [le roi Édouard] était vivant et mort” (die qua fuit uiuus 7 mortuus ; plus fréquemment TRE, Tempore Regis Edwardi, c’est-à-dire “au temps du roi Édouard”)3. Grâce au Domesday Book, on peut dresser l’inventaire, aux dates de 1066 et 1086 (représenté, en partie, dans la carte de la figure 1), des terres constituant la Terra Regis – à savoir l’en* Je remercie grandement Alban Gautier et Nathalie Barrett pour leurs suggestions et leur aide essentielle dans la correction de mon texte français. 1 Le texte complet est présenté dans J. Morris et al. (eds.), Domesday Book, Chichester, 35 vol., 1975-1986 (History from the Sources) ; traduction anglaise éditée par A. Williams, Domesday Book: A Complete Translation, London, 2002. L’histoire du Domesday est présentée de manière sommaire par E. Hallam, Domesday Book through Nine Centuries, London, 1986. 2 F.W. Maitland, Domesday Book and Beyond: Three Essays in the Early History of England, Cambridge, 1897. Voir sa préface pour ce qui touche aux premiers Anglo-Saxons et à leur Beyond. 3 E.g. Domesday Book Gloucestershire G4 (fol. 162a). Considérant l’existence de « phantom resource » dans l’Angleterre du XIe siècle, David Roffe note les limites des descriptions de l’inland dans le Domesday Book : Decoding Domesday, Woodbridge, 2007, surtout pp. 203-9. Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 213-231 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118744

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semble des terres enregistrées dans un bref du Domesday Book comme étant sous le contrôle du roi Guillaume le Conquérant, mais aussi celles du roi Édouard4. Il convient d’abord de noter qu’il existe toute une tradition d’étude du Domesday Book en Angleterre, déterminée par le sens des droits de l’ancient demesne : cette tradition s’est poursuivie pendant le bas Moyen Âge et au-delà, lors de l’avènement progressif d’une ‘démocratie parlementaire’ au cours du XVIIIe siècle. Les ‘terres du roi’ fournissaient alors au parlement les revenus nécessaires à la ‘liste civile’, c’est-à-dire à l’entretien de de la famille royale et de ses dépendants, selon un principe établi en 16985. Ainsi pour les historiens constitutionnels comme William Blackstone, les terrae dominicales regis sont restées très importantes pendant les siècles ultérieurs : elles formaient un corpus de terres mettant en lumière les rapports entre le roi et son parlement6. La conséquence pour les études anglo-saxonnes, dans un monde ‘anglo-saxon’, reste que l’existence du Domesday Book renforce l’impression de différence avec les royaumes carolingiens (et ‘postcarolingiens’), mais aussi avec les autres territoires insulaires. Il est vrai que, s’il y a eu quelques développements entre 1066 et 1086, ces terres ont, dans l’ensemble, constitué un véritable groupe. Ce groupe est, en soi, très intéressant et révélateur d’une concentration du pouvoir royal dans le sud d’Angleterre (Fig. 1). Ainsi, en réponse à la question du titre de ma contribution – “que saurions-nous sans le Domesday Book ?” – il convient de dire que, sans le Domesday, nous en saurions bien peu ; mais nous n’en saurions que peu s’il ne s’agissait que d’identifier la Terra Regis sur l’ensemble des deux siècles qui séparent la concentration du pouvoir royal dans le royaume de Wessex sous le roi Æthelwulf et ses héritiers (au milieu du IXe siècle) de la conquête normande. En effet, la base économique Pour ce qui concerne les terres du Domesday Book avant 1066, voir F. Grassi, « The Lands and Revenues of Edward the Confessor », English Historical Review, 117, 2002, pp. 251-83. On peut visualiser les terres royales en 1066 et 1086 grâce à un série de cartes par Hallam, Domesday Book, pp. 77-94. 5 Hallam, Domesday Book, pp. 74-113. R.B. Pugh, The Crown Estate: An Historical Essay, London, 1960, pp. 14-8 ; E.A. Reitan, « The Civil List in Eighteenth-Century British Politics: Parliamentary Supremacy Versus the Independence of the Crown », The Historical Journal, 9, 1966, pp. 318-37. 6 W. Blackstone, Commentaries on the Laws of England, I, Oxford, 3e éd., 1768, pp. 286-7. 4

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Fig. 1 – Carte des domaines royaux avant 1066 selon le Domesday Book (d’après D. Hill, Atlas of Anglo-Saxon England, Oxford, 1981).

du pouvoir des rois anglo-saxons était, d’un point de vue conceptuel, plus large que ce que permet la simple localisation d’un groupe des terres. Comme dans toute l’Europe occidentale, la représentation d’un souverain à travers des ‘lieux centraux’ était un concept important ; mais, comme ailleurs, les déplacements d’un souverain mobile et de ses réseaux entre tels ou tels ‘lieux centraux’ étaient aussi essentiels pour le succès de cette représentation7. D’autres questions peuvent également être posées. Les mentions de terres royales dans les sources antérieures à la conquête normande sont Voir de manière générale M. de Jong, F. Theuws, C. van Rhijn (eds.), Topographies of Power in the Early Middle Ages, Leyde, 2001, et, pour ce qui concerne les déplacements royaux, J.W. Bernhardt, Itinerant Kingship and Royal Monasteries in Early Medieval Germany, c. 936-1075, Cambridge, 1993, surtout pp. 45-6. 7

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peu nombreuses. Pour nous faire une idée de la nature de la propriété royale, nous disposons seulement du testament d’Alfred le Grand, qui rapporte les souhaits émis par son père Æthelwulf pour la transmission de ses terres8, et – aussi pendant la règne d’Alfred – de la Vie d’Alfred écrite par Asser (un moine et évêque gallois écrivant à la cour, et peutêtre lui-même proche des milieux de la cour). Au chapitre 16, Asser rapporte que : [...] il fit rédiger une lettre testamentaire, ou plutôt une lettre de recommandations : il prit soin d’y faire coucher correctement par écrit le partage du royaume entre ses fils, à savoir les deux aînés, celui de son propre héritage entre ses fils, sa fille et ses autres parents, et celui des liquidités qui resteraient après lui entre son âme, ses fils et ses nobles9.

Les représentations du partage de la propriété – royaume, terres et autres biens – ont ici une justification claire : c’est “afin que ses fils ne se disputent pas sans raison après le mort de leur père” (ne sui filii post patris obitum indebite inter se disceptarent). On pourrait alors aborder les autres mentions de la propriété royale dans les sources avec l’idée que le fait de citer une propriété était toujours intentionnel, et constituait une manière d’invocation, afin que les sujets royaux, la famille royale dans son ensemble, ainsi que les fils du roi cités par Asser, “ne se disputent pas”. Car les sites royaux dans lesquels on prenait des décisions étaient en eux-mêmes des sites ‘légitimes’, c’est-à-dire qu’ils conféraient une sorte de légitimité aux décisions. Ainsi, dans le testament d’Alfred, on a l’impression que les décisions étaient légitimées parce qu’elles avaient été prises dans le cadre de deux assemblées tenues à Swinbeorg et Lan-

No. 1507 dans P.H. Sawyer (ed.), Anglo-Saxon Charters: An Annotated List and Bibliography, Londres, 1968 (Royal Historical Society Guides and Handbooks, 8) [version révisée, éd. sur le site Electronic Sawyer: S.E. Kelly, R. Rushforth et al. (eds.), Online Catalogue of Anglo-Saxon Charters, http://www.esawyer.org.uk : désormais S]. Texte et trad. fr. dans A. Gautier (éd.), Histoire du Roi Alfred, Paris, 2013 (Les classiques de l’histoire au Moyen Âge, 52), pp. 228-43. 9 “[H]ereditariam, immo commendatoriam, scribi imperavit epistolam: in qua et regni inter filios suos, duos scilicet seniores, et propriae hereditatis inter filios et filiam et etiam propinquos, pecuniarum, quae post se superessent, inter animam et filios et etiam nobiles suos, divisionem ordinabiliter literis mandari procuravit”. Asser, Gesta Regis Alfredi, ch. 16, dans Gautier, Histoire du Roi Alfred, pp. 30-1. 8

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gandene (deux sites non identifiés, voir ci-dessous)10. Pour les participants, le souvenir d’une assemblée était lié à sa localisation, et donc à son nom, de sorte que la légitimité du moment passé pouvait être invoquée au présent. Dans un passé, récent ou lointain, des membres de la noblesse avaient convergé en personne vers l’assemblée, sur un site contrôlé par le roi, et la légitimité des décisions en était accrue. On notera que le testament d’Alfred inclut l’ordre de détruire les version antérieures. Le roi et ses conseillers savaient que, dans un avenir incertain, celui-ci pourrait être contesté : le fait de mentionner Swinbeorg et Langandene a pu fonctionner comme une formule dans une charte, renforçant la légitimité de l’acte dans la mémoire de ceux qui avaient été présents à l’assemblée11. L’article pionnier de Peter Sawyer sur le “royal tun” (centre du domaine royal) anglo-saxon discute précisément l’importance de ces ‘sites légitimes’. En s’appuyant sur le Domesday Book, les chartes, les sources narratives, etc., entre le VIIe et le XIe siècle, Sawyer a identifié dans les sources cent soixante-quatre localités qui peuvent être désignées comme des tunas royaux12. L’étude de Sawyer ne reposait pas seulement sur le Domesday Book, mais reste que, pour la plupart des tunas, celui-ci fournit une bonne liste de vérification ; le conservatisme des institutions assure en effet que les terres restaient souvent dans les mains royales ou dans celles d’officiers royaux, au moins au moment de la photographie de l’année 1066. Nous reviendrons très bientôt aux officiers royaux mais,

S 1507 ; texte et trad. dans Gautier, Histoire du Roi Alfred, pp. 230-3. P. Wormald, « Charters, Law and the Settlement of Disputes in Anglo-Saxon England », dans W. Davies, P. Fouracre (eds.), The Settlement of Disputes in Early Medieval Europe, Cambridge, 1986, pp. 149-68 ; cette thèse apparaît dans G. Koziol, The Politics of Memory and Identity in Carolingian Royal Diplomas: the West Frankish Kingdom (840-987), Turnhout, 2012 ; au sujet des contestations, voir P. Wormald, « On þa Wæpnedhealfe: Kingship and Royal Property from Æthelwulf to Edward the Elder », dans N.J. Higham, D.H. Hill (eds.), Edward the Elder, 899924, London, 2001, pp. 264-79 ; sur le cas du neveu d’Alfred, Æthelwold, et ses contestations durant les années 890, voir R. Lavelle « The Politics of Rebellion: The Ætheling Æthelwold and West Saxon Royal Succession, 899-902 », dans P. Skinner (ed.), Challenging the Boundaries of Medieval History: the Legacy of Timothy Reuter, Turnhout, 2009 (Studies in the Early Middle Ages, 22), pp. 51-80. 12 P.H. Sawyer, « The Royal Tun in Pre-Conquest England », dans P. Wormald, D. Bullough, R. Collins (eds.), Ideal and Reality in Frankish and Anglo-Saxon Society, Oxford, 1983, pp. 273-99. 10 11

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si l’on met de côté quatre sites en Northumbrie localisés en dehors du ressort du Domesday13, on trouve dans les sources dix sites d’une certaine importance qui, selon Sawyer, ne sont pas directement enregistrés dans l’enquête. Il s’agit d’abord des sites d’assemblées de Bapchild, Kent (entre 696-716 et 803)14, Brentford, Middlesex (en 718 et 780)15, Everley, Wiltshire (entre 705 et 709)16, et Woolmer, Hampshire (989, 970, et environ 990)17, ainsi que des sites de deux assemblées ‘législatives’ du règne d’Æthelstan (924–39), à Grateley, Hampshire (v. 925-930, probablement en 926 ou 927) et Thunderfield, Surrey (datation incertaine)18. Les deux domaines “hors Domesday” légués par le roi Alfred étaient situés dans le Surrey, à Eashing (légué à Æthelhelm, fils du roi Æthelred Ier, frère d’Alfred mort en 871) et Leatherhead (légué à Édouard l’Ancien, fils et successeur d’Alfred). Sawyer a relevé une bataille trois siècles plus tôt à Limbury, Bedfordshire, localité qu’Æthelweard désigne comme villa regia ; les autres lieux que l’annaliste identifie ainsi, à savoir Aylesbury (Buckinghamshire), Bensinton (Benson, Oxfordshire) et Eynsham (Oxfordshire), figurent quant à eux dans le Domesday Book19. Sawyer inclut aussi Hellesdon (Norfolk), localisation probable de Hægelisdun,

Bamburgh, Millfield, Walbottle, Yeavering (tous situés dans l’actuel comté de Northumberland), sont mentionnés par Bède, Historia ecclesiastica gentis Anglorum, II.14 (Millfield et Yeavering), III.6 et III.12 (Bamburgh), III.21–22 (Walbottle) : voir B. Colgrave, R.A.B. Mynors (eds.), Bede’s Ecclesiastical History of the English People, Oxford, 1969 ; voir aussi l’Historia Regum, s.a. 750 et 774, dans Symeonis Monachi Opera, ed. T. Arnold, t. II, Londres, 1885 (Rolls Series), p. 39 et 45. 14 S 22 et 290 ; Sawyer, « Royal Tun », p. 290, note que D.C. Douglas (ed.), Domesday Monachorum of Christ Church Canterbury, London, 1944, p. 78, enregistre une église à Bacelde, associée au domaine royal de Milton (DB Kent 1:3 [fols. 2c–d]). 15 S 1247 et 116. 16 S 245. Sawyer note que le diplôme est ‘spurious’, mais que la liste des témoins est ‘genuine’, ce qui constitue l’indice d’une authentique assemblée. 17 S 350, 776, 779, et 1454. 18 Grateley est mentionné comme site d’assemblée dans la version latine de la loi II Æthelstan : voir Die Gesetze der Angelsachsen, éd. F. Liebermann, I, Halle, 1903, pp. 150-67. Thunderfield dans IV Æthelstan ; site nommé dans VI Æthelstan : Die Gesetze, I, éd. Liebermann, pp. 171-2 et 182. Pour la signification des ‘assemblées législatives’, voir P. Wormald, The Making of English Law: King Alfred to the Twelfth Century, vol. I : Legislation and its Limits, Oxford, 1999, pp. 435-8. 19 Æthelweard, s.a. 571, p. 13 ; ASC, s.a. 571 ; Sawyer, « Royal Tun », pp. 274-5. 13

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où le roi Edmond des Angles de l’Est aurait séjourné en 869 avant sa bataille malheureuse contre les Vikings20. Il reste que la majorité des lieux listés par Sawyer peuvent être lié à un vill du Domesday Book. Un bon exemple est Grateley : le site n’est pas noté de manière isolée dans le Domesday, mais un lieu nommé Greatan-leag appartenait certainement à un ensemble foncier qui, dans le Domesday, est lié à un domaine dirigé depuis la localité voisine d’Andover21. Il existe aussi un corpus de quarante-deux localités non identifiées, ni dans le Domesday Book ni ailleurs (voir tableau 1). Ces lieux sont souvent enregistrés comme des sites de réunion, en particulier dans des chartes du royaume de Mercie (Acleah et Clofeshoh, par exemple), mais aussi dans des chroniques (Merantun et Iudanbyrig), ou encore comme des lieux où des textes de loi ont été promulgués (Wihtbordestan). Il est frappant de constater que la localisation de bon nombre des sites associés au roi Alfred le Grand est ‘perdue’: c’est le cas pour Langandene, Leonaford, Meretun et Swinbeorg. Ici, le biographe d’Alfred fournit lui-même le contexte : “Des résidences royales en pierre, déplacées sur son injonction depuis leur ancien emplacement, puis splendidement reconstruites sur ordre royal dans des sites plus adaptés”. (De villis regalibus lapideis antique positione motatis et in decentioribus locis regali imperio decentissime constructis)22. Même s’il existe bien des débats sur l’identification des localités ‘perdues’, et même si quelques historiens locaux s’affirment partisans d’un emplacement ou d’un autre23, il reste que ces lieux ne sont pas facilement identifiables dans les folios du Domesday Book. Peut-être ces terres n’étaient-elles pas restées assez importantes jusqu’en 1085 pour qu’on prenne la peine de les enregistrer dans le Domesday. Après tout, le Chronique anglo-saxonne enregistre les motivations du roi Guillaume pour l’enquête du Domesday, Abbon de Fleury, Passio S. Eadmundi, dans M. Winterbottom (ed.),Three Lives of English Saints, Toronto, 1972, p. 73. 21 DB Hampshire, 1:41 (fol. 39b) ; voir R. Lavelle, « Why Grateley? Reflections on Anglo-Saxon Kingship in a Hampshire Landscape », Hampshire Studies: Proceedings of the Hampshire Field Club and Archaeological Society, 60, 2005, pp. 154-69. 22 Asser, ch. 91, éd. Gautier, pp. 152-5. 23 Pour un bon exemple (malgré la remise en cause de l’identification de Sawyer pour Hægelisdun), voir K. Briggs, « Was Hægelisdun in Essex? A new site for the martyrdom of Edmund », Proceedings of the Suffolk Institute of Archaeology and History, 43:3, 2011, pp. 277-91. 20

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Tab. 1: “Unidentified places” notées par P. Sawyer, dans «Royal Tun», pp. 298-9

Localités royales dans Bède, HE, non mentionnées dans l’enquête du Domesday (4 au total).

Localités mentionnées dans les sources, sans vill cité dans le Domesday Book (13 au total).

Localités mentionnées dans les sources, sans localisation identifiée (41 au total).

Bamburgh, Millfield, Walbottle, Yeavering (toutes dans le comté de Northumberland)

Abingdon (Berks. [maintenant Oxon.]), Bapchild (Kent), Brentford (Middx.), Crewkerne (Som.), Eashing (Surrey), King’s Enham (Hants), Grately (Hants), ?Hellesdon (Norfolk), Kingston/Corfe (Dors.), Leatherhead (Surrey), Limbury (Beds.), Thunderfield (Surrey), Woolmer (Hants)

Acleah; Andredeseme; Arcencale; Aet Astran; Bearuwe; Beorchore; Berghamstyde; Besigahearh; Bicanleag; in monte Biothandoune; Birenefeld; Bradford; Bregford; Bromdun; in Broninis; Bydictun; Campodonum; Clofeshoh; Colleshyl; Escantr; Freoricburna in regione Suthreogeona; iuxta Fullingadich; Godgeocesham; Hurstehevet; Iudanbyrig; Langandene; Leonaford; Medilwong; juxta Mechil Wongtune; Merantun; Meretun; Mirafeld atque Stapulford; Oswaldesdun; Pencrik; Pincanheale; Scythlescester; Seletun; Swinbeorg; Weardburg; Werburgewic; Wihtbordestan; Willherestrio

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qui est censée inclure “ce que le roi lui-même avait dans le pays, en terre et en bétail” (hwet se cyng him sylf hæfde landes 7 orfes innan þam lande)24. Il est évident que la composition précise d’un domaine royal avait pu varier jusqu’au milieu du XIe siècle, et qu’une partie importante des terres avait pu passer hors des mains royales. Par contraste avec une lecture conservatrice du traitement des terres royales, on pourrait dire qu’une lecture évolutive est le phénomène plus important. Sawyer a abordé la question de terres comme Corfe, Seckington, et Pucklechurch, qui n’étaient pas des terres royales en 1066, et où quelques rois ont pourtant souffert un mort violente. Sawyer suggère qu’“il est possible que tels lieux entachés de malchance n’aient pas été conservés par les successeurs de la victime”25. Sa suggestion nous rappelle fort à propos que les indices extérieurs au Domesday peuvent s’avérer aussi importer que le Domesday lui-même. Dans le pages qui suivent, j’aborderai deux points successifs : d’abord le problème de l’approvisionnement de la cours lors de son itinérance ; puis les questions soulevées par le phénomène d’aliénation de certaines propriétés foncières relevant à l’origine d’un certain type de fisc royal. Néanmoins, avant cela, il me faut admettre que, malgré les intentions mises en avant dans le titre de cette contribution, il m’a été impossible de me passer entièrement des données fournies par le Domesday ; je tente à certains moments de m’en affranchir, mais ce grand livre reste trop valable pour l’ignorer entièrement. La ‘ferme d’une nuit’ : l’approvisionnement royal Pour le sud de l’Angleterre, le Domesday Book éclaire l’approvisionnement du roi en montrant l’existence d’un système de terres évaluées selon le principe du feorm anre niht (littéralement ‘ferme d’une nuit’, c’est-à-dire ‘provision d’une nuit’), expression en vieil anglais latinisée dans le Domesday sous la forme firma unius noctis26. Cette évaluation,

ASC E, s.a. 1085. La Chronique anglo-saxonne [ASC] est citée d’après D. Dumville, S. Keynes (eds.), The Anglo-Saxon Chronicle : A Collaborative Edition, Cambridge, 1983-2001. 25 Sawyer, « Royal Tun », p. 276 : “Possibly such unlucky places were not retained by the victim’s successors”. 26 Anre niht feorm, dans S 779 (AD 970), un récit (certes assez problématique) des droits de l’abbaye d’Ely (Cambridgeshire). On trouve diverses versions de l’ex24

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Le contrôle des terres royales dans le royaume anglo-saxon

Fig. 2 – Cartes des domaines royaux du Dorset associés dans le Domesday Book avec la fourniture de la ‘ ferme d’une nuit’.

qui représente une variante du terme plus ancien fostre et du latin pastum, apparaît dans les inscriptions de terres royales dans certains shires du Wessex, principalement le Hampshire, le Dorset, le Wiltshire, le Devon et le Somerset (on la trouve aussi dans quelques régions extérieures au Wessex, mais il s’agit là des shires principaux). Le Domesday Book est très intéressant à cet égard, parce qu’il est ici le témoin des rémanences d’un système d’approvisionnement royal27. La carte de figure 2 présente les données du Dorset. On observe des liens entre les capita des domaines et des hundreds dans les shires, mais aussi que les capita – centres des hundreds, peut-être l’équivalent des pression dæg feorm (« provision du jour ») dans les testaments privés, S 1506 (daté de 941-958), 1511 (daté de 975-987). Pour la latinisation, voir C. Stephenson, « The Firma Unius Noctis and the Customs of the Hundred », English Historical Review, 39, 1924, pp. 161-74 (p. 164). 27 R. Lavelle, « The ‘Farm of One Night’ and the Organisation of Royal Estates in Late Anglo-Saxon Wessex », Haskins Society Journal, 14, 2003, pp. 53-82 ; Royal Estates in Anglo-Saxon Wessex: Land, Property and Family Strategies, Oxford, 2007 (British Archaeological Reports British Series, 437), pp. 13-47. La relative nouveauté de feorm pour foster est mentioné par Wickham, Framing the Early Middle Ages, p. 262.

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Fig. 3 – La region entre Athelney (Somerset) et Edington (Wiltshire) et les terres royales (ASC, s.a. 878).

centenae carolingiennes – jouissaient de prérogatives spatiales, législatives, et même fiscales. Il est probable que les hundreds royaux étaient les successeurs des régions dans lesquels la pouvoir royal pourrait être mis en scène. On pourrait voir une telle démonstration de pouvoir dans la manière dont l’annale 878 de la Chronique anglo-saxonne représente le roi Alfred le Grand. Et après, à Pâques, le roi Alfred avec un petit groupe construisit une fortification (geweorc) à Athelney, et depuis cette fortification il combattit l’armée (here) avec la partie (del) du peuple de Somerset qui était la plus proche de lui. Ensuite, dans la septième semaine après Pâques, il vint à cheval à la Pierre d’Egbert (Ecgbryhtesstan), à l’est de Selwood, et tous les gens du Somerset et du Wiltshire et de la partie du Hampshire qui est de ce côté-ci de la mer y vinrent à sa rencontre, et ils furent joyeux de le voir. Et après une nuit il partit de ces campements (wicum) pour Iley [Oak], et une [nuit] après pour Edington, et là il lutta contre toute l’armée, et il la mit en fuite, et il la poursuivit jusqu’à la fortification, et il y mit le siège pendant une quinzaine de jours28.

28

ASC ABCDE, s.a. 878.

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Le contrôle des terres royales dans le royaume anglo-saxon

Ainsi, Alfred a non seulement visité les capita des hundreds avec sa suite, mais il y a séjourné29. À Athelney (Æþelingaeigge, toponyme qui en vieil anglais signifie ‘île des æthelings [princes]’30), point de départ de sa ‘reconquête’ de Wessex, Alfred a non seulement combattu ses adversaires vikings, mais nous savons par le témoignage du chroniqueur Æthelweard – ealdorman ouest saxon qui a écrit pour sa cousine, l’abbesse d’Essen (aujourd’hui en Rhénanie du Nord-Westphalie) à la fin du Xe siècle – que le roi et ses disciples ont reçu le pastum31. La Chronique signale qu’ils passèrent ensuite une nuit à Ecgbrytesstan, près de Gillingham ; et finalement une nuit à Iley Oak, le centre du hundred lié au domaine royal de Warminster (pour les principales localités et leur proximité avec les centres royaux, voir Fig. 3). C’est un des rares moments où la Chronique rapporte un séjour d’une nuit (voire, dans ce cas, de deux nuits successives). Les autres exemples dans la Chronique de séjours impliquant la réception du feorm interviennent un siècle plus tard, pendant le règne d’Æthelred II unræd (‘le Malavisé’) : ils concernent aussi la projection de la pouvoir royal ou, à l’inverse, un défaut de ce pouvoir32. Bien sur, sans le témoignage du Domesday Book, nous ne saurions pas que ces événements de l’année 878 se sont déroulés dans des centres des hundreds, ni que des lieux comme Iley Oak avaient des fonctions administratives, mais la Chronique donne déjà une certaine importance aux événements en mentionnant leur localisation. Plus tôt et hors de la Chronique, l’auteur de la Vie de Ceolfrith, abbé de Monkwearmouth-Jarrow au VIIe siècle, raconte une histoire qu’il Sur l’épisode, voir R. Lavelle, « Campagnes et stratégies des armées anglosaxonnes pendant l’époque viking », Médiévales, 63, 2012, pp. 123-44, et Idem, « Geographies of power in the Anglo-Saxon Chronicle: The Royal Estates of Wessex », dans A.D. Jorgensen (ed.), Reading the Anglo-Saxon Chronicle: Language, Literature, History, Turnhout, 2010 (Studies in the Early Middle Ages, 23), pp. 187219. Une étude récente des liens entre les centres administratifs des hundreds, les domaines royauc, et les assemblées militaires, est celle de J. Baker, S. Brookes, « Explaining Anglo-Saxon military efficiency: the landscape of mobilization », Anglo-Saxon England, 44, 2015, p. 221-58. 30 D.N. Dumville, « The Ætheling: A Study in Anglo-Saxon Constitutional History » Anglo-Saxon England, 8, 1979, pp. 1-33 (pp. 5-6). 31 A. Campbell, Chronicon Æthelweardi: The Chronicle of Æthelweard, London, 1962, p. 42. 32 Lavelle, « Geographies of Power », pp. 208-9. 29

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situe dans la jeunesse de Ceolfrith et qui concerne le père de ce dernier, officier responsable de la collecte de nourriture pour le roi de Northumbrie33. Une année, au jour fixé, le roi et ses guerriers n’arrivèrent pas comme prévu pour recevoir le feorm : le père de Ceolfrith aurait alors donné alors la nourriture et les provisions aux pauvres “pour l’amour du Christ” – vraie substitution d’un roi à un autre. On peut dire, au moins en termes théologiques, qu’une telle inversion des valeurs royales peut être comparée à une donation permanente de terre, pratique fréquemment évoquée dans l’Historia ecclesiastica de Bède. Comme l’a écrit Frederick Maitland en s’aventurant dans le ‘Beyond’ du Domesday Book, une donation foncière à un minster tel que Monkwearmouth-Jarrow aurait sans doute inclus le droit de feorm pour les bénéficiaires du diplôme ayant aliéné le domaine34. L’aliénation des propriétés foncières et le domaine royal Il est frappant de constater qu’au cours du VIIIe siècle, les nouveaux diplômes royaux, bien que caractérisés par la conservation des certains droits selon le principe de ce que l’on appelle la trinoda necessitas35, n’incluent jamais une conservation du feorm (ni, d’ailleurs, du fostre ou pastum) royal aux côtés de la conservation des droits militaires. Néanmoins, l’inclusion explicite des droits de feorm pour les bénéficiaires de certaines chartes suggère que le droit royal du feorm pouvait être maintenu par le roi – ou du moins que les bénéficiaires des chartes, le plus souvent ecclésiastiques pendant le VIIIe siècle, estimaient que ce risque existait bien et que leur propre usage du droit du

Vita Ceolfridi, ch. 34, dans C. Grocock, I.N. Wood (eds.), The Abbots of Wearmouth and Jarrow, Oxford, 2013 (collection Oxford Medieval Texts), pp. 114-5. 34 Sur le droit de feorm et pastum, voir Maitland, Domesday Book and Beyond, p. 234 et 318. Voir aussi P. Wormald, Bede and the Conversion of England: the Charter Evidence (Jarrow Lecture), Jarrow, 1984, pp. 20-1, et Wickham, Framing the Middle Ages, pp. 314-26. 35 Le terme n’est pas contemporain. Les études classiques sont celles de W.H. Stevenson, « Trinoda Necessitas », English Historical Review, 29, 1914, pp. 689703, et N.P. Brooks, « The Development of Military Obligations in Eighth- and Ninth-Century England », dans P. Clemoes, K. Hughes (eds.), England before the Norman Conquest: Essays presented to Dorothy Whitelock, Cambridge, 1971, pp. 69-84. 33

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Le contrôle des terres royales dans le royaume anglo-saxon

feorm pourrait être contesté par le roi dans un futur incertain36. Dans d’autres cas, la fourniture de nourriture au roi restait peut-être un honneur plutôt qu’une obligation pour certains membres de la noblesse. Nous autres médiévistes, qui utilisons souvent les diplômes accordant aux églises des privilèges d’immunités37, avons spontanément tendance à croire que les motivations d’autres bénéficiaires étaient similaires. Or ces diplômes ne représentent qu’une partie d’une histoire. On peut en effet interpréter l’honneur de nourrir le roi comme une forme de capital social, un moyen d’exercer une certaine influence, et même, dans une société où les obligations étaient remplies dans l’attente d’une certaine réciprocité, un moyen de s’enrichir. Durant le ‘très haut Moyen Âge’, les aristocrates semblent avoir été nourris par le roi sur ses propres provisions ; après les vagues de donations royales de terres à des églises et, un peu plus tard, à l’aristocratie laïque, de nouveaux modes d’approvisionnement devaient être développés afin de nourrir et d’abreuver l’entourage royal38. Il y eut peut-être un ‘moment’, à la fin du VIIe ou début du VIIIe siècle, où le processus d’aliénation de terres a rencontré les systèmes plus traditionnels de fourniture de la cour : les lois du roi Ine de Wessex incluent une clause qui concerne la fourniture (en vieil anglais le fostre) de dix hides39. Le texte n’est pas très clair, mais son contexte est bien royal. La liste des provisions exigée s’avère très similaire à celle que, dans l’Ancien Testament, le roi Salomon reçoit de tout le pays d’Israël ; elle est aussi comparable aux fournitures reçues par les rois gallois du haut Voir deux des chartes de Rochester (Kent) citées par Maitland, Domesday Book and Beyond, p. 235 : S 33 (AD 761-764) et S 1182 (AD 762). Pour le concept de la charte comme protection légale contre des conflits que l’on anticipe, voir Wormald, « Charters, Law and the Settlement ». 37 Voir en particulier B. Rosenwein, Negotiating Space: Power, Restraint, and Privileges of Immunity in Early Medieval Europe, Ithaca, NY, 1999. 38 K. Biddick, « Field Edge, Forest Edge: Early Medieval Social Change and Resource Allocation », dans K. Biddick (ed.), Archaeological Approaches to Medieval Europe, Kalamazoo (Michigan), 1984, pp. 105-18. 39 Ine 70.1, dans Liebermann, Gesetze, I, p. 118-121. Voir R. Lavelle, « Ine 70.1 and Royal Provision in Anglo-Saxon Wessex », dans G. Owen-Crocker, B.W. Schneider (eds.), Kingship, Legislation and Power in Anglo-Saxon England, Woodbridge, 2013, pp. 259-73. Le hide est une mesure foncière, qui à l’origine désignait probablement la quantité de terre qu’une maisonnée paysanne pouvait cultiver : l’équivalent, peut-être, du mansus carolingien. 36

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Tab. 2: Comparaison entre Ine 70.1, l’approvisionnement des rois gallois, et l’Ancien Testament

1 Rois IV.22-23

Ine 70.1

Codes de lois gallois

30 mesures de fine farine 60 measures of gruau 10 bœufs engraissés 20 bœufs de pâturage 100 moutons cerfs chevreuils daims volailles engraissées

10 cuves de miel 300 miches de pain 12 ambers de cervoise galloise 30 ambers de cervoise claire 2 vaches parvenus à maturité or 10 moutons castrés 10 oies 20 poules 10 fromages 1 pleine amber de beurre 5 saumons 20 livres (?) de fourrage 100 anguilles

Llyfr Cyfnerth 1 chargement de farine de froment 1 bœuf 7 gerbes d’avoine 1 mesure de miel 24 deniers ou commutation d’une livre plus hydromel, bragget ou cervoise Llyfr Iowerth 1 chargement de “la meilleure farine qu’on cultive dans le pays” 1 vache ou bœuf 1 baquet d’hydromel 7 gerbes d’avoine 1 truie âgée de trois ans 1 quartier de porc salé 1 récipient de beurre ou commutation d’une livre plus hydromel, bragget ou cervoise

Moyen Âge (voir tableau 2). Peut-être, comme l’a écrit Chris Wickham, la clause d’Ine évoque-t-elle un idéal plutôt qu’une référence à des faits réels40. Cette suggestion est appuyée par le fait que le code de lois d’Ine n’a survécu que sous la forme d’une annexe au code d’Alfred le Grand, pour qui un tel symbolisme était important41. Wickham, Framing the Early Middle Ages, p. 321. D. Pratt, The Political Thought of King Alfred the Great, Cambridge, 2007 (Cambridge Studies in Medieval Life and Thought, 4e sér., 67), pp. 214-8. Pour la transmission de ce code dans les manuscrits anglo-saxons, M.P. Richards, « The Laws of Alfred and Ine », dans N. Guenther Discenza, P.E. Szarmach (eds.), A 40 41

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Le contrôle des terres royales dans le royaume anglo-saxon

Pour ma part, j’ai tenté en 2013 de replacer ce dossier dans le contexte de l’économie des débuts de la période anglo-saxonne, et j’ai avancé l’idée que le code de lois d’Ine avait pour domaine d’application spécifique les régions du sud-ouest de l’Angleterre, alors récemment conquises par Ine. Car le chiffre de dix hides pour l’approvisionnement d’une nuit signifie en réalité que, appliqué sur 365 jours, il aurait fallu 6650 hides pour couvrir l’ensemble de l’année : une telle superficie est du même ordre de grandeur qu’un sous-royaume du Sud-Ouest, à savoir environ 4000 hides. Il n’est certes pas nécessaire de rattacher spécifiquement la législation d’Ine à la conquête du territoire qui est devenu le sud-ouest du royaume de Wessex, mais la législation concernant la fourniture pourrait s’avérer très instructive à cet égard. La provision d’un fostre toutes les dix hides était importante pour démontrer que tous les terres, ou leurs titulaires, avaient maintenu une obligation envers le roi dès lors que les terres avaient été hidated , c’est-à-dire après qu’une évaluation (quelquefois nominale) des hides avait été effectuée42. Mais au Xe siècle, les rois n’étaient plus approvisionnés par les terres de la noblesse. Pour les aristocrates au service du roi, pour qui la détention de chartes et donc de terres en bookland était une marque de statut, les hides étaient devenus un impôt – un impôt dont les terres royales qui fournissaient la ‘ferme d’une nuit’ étaient exemptées. En outre, les donations royales à l’aristocratie au cours du Xe siècle révèlent l’existence de stratégies destinées à conserver un certain degré de contrôle royal. Dans un travail antérieur, j’ai considéré les soixante-dix domaines cédés à des laïcs pendant le règne d’Eadwig (955-959). Environ vingt-cinq de ces domaines apparaissent dans d’autres diplômes royaux, souvent pendant le Xe siècle (figure 4). L’implication continue des intérêts royaux dans certaines terres suggère que, au but du compte, le contrôle des telles terres restaient entre les mains royales43.

Companion to Alfred the Great, Leiden, 2015 (Brill’s Companions to the Christian Tradition, 58), pp. 282-309. 42 M.J. Ryan, « That ‘Dreary Old Question’: the Hide in Early Anglo-Saxon England », dans N.J. Higham, M.J. Ryan (eds.), Place-names, Language and the Anglo-Saxon Landscape, Woodbridge, 2011, pp. 208-23. 43 R. Lavelle, « Royal Control and the Disposition of Estates in Tenth-Century England: Reflections on the Charters of King Eadwig (955-959) », Haskins Society Journal, 23, 2014, pp. 23-49.

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Fig. 4 – Carte des terres données aux laïcs durant le regne d’Eadwig. Noms soulignés sont aussi enregistrés aux chartes des autres rois. (Coastline base map reproduced from Ordnance Survey map data by permission of the Ordnance Survey © Crown copyright 2010.)

Ainsi les donations royales ont pu fonctionner en parallèle des terres royales : il y avait en effet au Xe siècle une forme d’approvisionnement royal, à certains égards comparables à ce qu’évoquait la Vie de Ceolfrith au VIIe siècle. La Vie d’Æthelwold, évêque de Winchester, écrite au milieu du Xe siècle par Wulfstan le Chantre, inclut un petit récit dans lequel le roi Eadred et son entourage séjournent à l’abbaye d’Abingdon (Oxfordshire) : un miracle opéré par saint Æthelwold, qui cumulait l’abbatiat d’Abingdon avec son évêché, permet à cette occasion que la provision d’hydromel ne s’épuise pas. Le récit de ce miracle éclaire au passage un aspect de la composition de l’entourage royal : l’ale était, nous dit l’auteur, une boisson appréciée par les gens du Nord qui accompagnaient le roi, et qui étaient “devenus ivres comme de coutume” (inebriatis suatim)44. Wulfstan of Winchester, M. Lapidge, M. Winterbottom (eds.), Life of St Æthelwold, Oxford, 1991, ch. 12, pp. 22-5. Voir B. Yorke, « Æthelwold and the

44

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Le contrôle des terres royales dans le royaume anglo-saxon

Même si l’anecdote est fondée sur un topos assez légendaire, l’épisode présenté par Wulfstan reste valable. Il est notable que Wulfstan ait suivi la tendance des textes anglo-saxons de donner priorité aux boissons ; ce récit d’une invitation à prandere ne s’intéresse en rien à la nourriture solide45. Un épisode de cette sorte est très rare dans le corpus anglo-saxon, car en dehors de la fondation et des donations, les liens entres les monastères royaux et la famille royale, qui se manifestaient en particulier lors des visites royales, restent peu visibles : peut-être estimait-on inacceptable, durant cette période de ‘réforme bénédictine’, de présenter les monastères royaux comme les vaches à lait du roi. Certains indices suggèrent pourtant que la famille royale traitait ses monastères de cette manière, et peut-être est-ce parce qu’elle pensait en effet comme cela. De tels moments constituaient en effet des occasions d’exploitation, même si en comparaison des monastères royaux de la Germanie ottonienne à la même période, étudiés dans les années 1990 par John Bernhardt46, le nombre de monastères anglo-saxons que l’on peut identifier comme des ‘chambre d’hôtes’ royales est limité. Ainsi les monastères royaux continuaient de fonctionner comme des centres royaux parce que les connexions royales continuaient d’exister. Il n’est guère étonnant que les terres concédées ‘par erreur’ soient associées à des fondations royales : ainsi du New Minster de Winchester suite à la conquête danoise de Cnut le Grand en 1016, mais aussi d’Abingdon durant la réorganisation des terres au lendemain de la mort d’Edgar en 97547. Dans les deux cas, la charte souligne une certaine confusion quant au statut des terres. À Abingdon, Æthelred ne fut en mesure d’apporter une compensation au monastère qu’après avoir reçu d’autres Politics of the Tenth Century », dans Idem (ed.), Bishop Æthelwold: His Career and Influence, Woodbridge, 1988, pp. 65-88 (p. 65), et A. Gautier, « Au miroir de la violence: Anglais et Scandinaves au début du XIe siècle », dans A. Gauier et S. Rossignol (éd.), De la Mer du Nord à la Mer Baltique: Identités, contacts et communications au moyen âge, Lille, 2012, p. 129–42 (p. 139). 45 H. Magennis, Anglo-Saxon Appetites: Food and Drink and Their Consumption in Old English and Related Literature, Dublin, 1999, pp. 28-36, en particulier p. 35 pour ce qui concerne la Vita Æthelwoldi. Voir aussi A. Gautier, Le festin dans l’Angleterre anglo-saxonne (Ve-XIe siècle), Rennes, 2006, p. 55 et 148. 46 Bernhardt, Itinerant Kingship ; voir aussi la contribution de Charles West, ci-dessus. 47 S 956 et 937.

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terres48. Il semble qu’une certaine catégorie de biens familiaux pouvait être contrôlée par les monastères qui jouissaient de connexions royales. Conclusions : une imprécision utile ? En fin de compte, sans le Domesday Book, pourrions-nous connaître les structures des domaines royaux ? La réponse est simple : non. Pourtant, sans le Domesday Book, nous serions bien obligés de chercher ailleurs, et c’est là, en soi, un exercice très sain. Un tel exercice permettrait peutêtre, par exemple, de regarder les monastères royaux comme constituant une sorte de fiscus royal. Mais pour ma part, je ne manque pas de souscrire à la remarque faite par Chris Wickham dans son grand livre : “The underlying reason why these issues have perplexed scholars for so long […] is that the Anglo-Saxons were entirely happy to be vague about the whole issue”49.

Lavelle, Royal Estates, p. 1 et 90. Pour les maintien d’un fisc de taille variable, cf. West, ci-dessus, p. 158-164. 49 Wickham, Framing the Early Middle Ages, p. 323. 48

2. Études de cas. Entre sources écrites et archéologie Casi di studio: fra fonti scritte e archeologia

Fabio Saggioro Struttura e organizzazione delle aziende pubbliche nell’Italia padana (VIII-X secolo)

In questo contributo tenteremo di mettere in evidenza gli aspetti materiali di alcune strutture pubbliche altomedievali, provando a evidenziare il rapporto tra gli spazi del potere pubblico e i processi legati alle economie, alle forme di controllo e gestione dei beni1. Va detto che sotto il profilo archeologico, pur essendo via via aumentati i dati a nostra disposizione negli ultimi decenni, mancano casi di riferimento evidenti legati ad aziende pubbliche in contesti rurali. Focalizzeremo in questa sede la nostra attenzione sui secoli VIII-X articolando il nostro contributo in tre punti: alcune note sulle strutture materiali delle aziende che hanno un’origine o un legame con l’autorità pubblica; 2) l’emergere di elementi della cultura materiale potenzialmente distintivi tra siti (pubblici e non); 3) l’impatto e le forme di gestione che il potere pubblico adottò in queste fasi, osservando i suoi riflessi sulla cultura materiale. 1)

L’azienda pubblica nelle strutture materiali: possibili modelli? Alla fine del VIII secolo, certamente entro l’804, almeno dai dati dendrocronologici raccolti presso quello che sarà un secolo dopo il luogo detto di Nogara2, venne sistemata la sponda di un terrazzo fluviale e Sul tema si segnalano: A. Castagnetti, «Le aristocrazie della Langobardia nelle città e nei territori rurali», Città e campagne nei secoli altomedievali, (LVI Settimana CISAM), Spoleto, pp. 539-620; S. Gasparri, «Le basi economiche del potere pubblico in età longobarda», in P.C. Díaz, I. Martín Viso (eds.), Taxation and Rent. Fiscal Problems from Late Antiquity to Early Middle Ages (Entre el impuesto y la renta. Problemas de la fiscalidad tardoantigua y altomedieval), Bari, 2011, pp. 71-85. P. Cammarosano, Nobili e Re. L’Italia politica dell’alto medioevo, Roma-Bari, 2009. 2 F. Saggioro, «Nogara: un villaggio nella pianura padana tra IX e X secolo», in F. Saggioro, (a cura di), Nogara. Archeologia e storia di un villaggio medievale (Scavi 2003-2008), Roma, 2011, pp. 327-42. 1

Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 235-259 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118745

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Struttura e organizzazione delle aziende pubbliche nell’Italia padana

venne bonificata un’area della valle attraversata dal corso fluviale del Tartaro. Tra l’804 e l’814, sempre rispettando le cronologie derivate dalla dendrocronologia vennero impiantate alcune prime strutture. Dal punto di vista archeologico i dati di queste prime fasi sono meno evidenti, rispetto a quelle successive, ma indicano comunque l’avvio di un processo di occupazione e sistemazione dell’area di riva del fiume (Fig. 1). Senza voler interpretare in un’unica direzione i dati storico-archeologici, vogliamo comunque far notare che è proprio tra l’804 e l’814 che troverebbero datazione alcuni diplomi di Pipino il Breve3 a favore del monastero zenoniano di Verona, concedenti proprietà nella bassa pianura veronese a vicine a questi luoghi. Non la località di Nogara, bensì villaggi e aziende poste a pochi km di distanza da questo insediamento. Non vogliamo evidenziare solo la coincidenza di date, quanto la coincidenza, quella si, di iniziative pubbliche in questa fase di primo quarto o primo ventennio del IX secolo4 in questi territori. Che Nogara fosse una proprietà legata al fisco regio, sin dalle sue origini, pare assai probabile5. La concessione che verrà data nel 906 per l’edificazione del castello venne fatta da Berengario, evidentemente su area fiscale, verso il suo fedele diacono Audiberto. Ma era una proprietà, che – a sua volta, si trovava circondata da altre villae dipendenti dal fisco regio: Tilloano e Due Roveri, mentre poco distante si sarebbe trovata anche la proprietà comitale di Rovescello. Il processo di alienazione dei beni fiscali verso soggetti terzi (soprattutto enti monastici) si attiverebbe in queste aree proprio nel corso del IX e del X secolo. Nogara quindi, almeno in parte, potrebbe essere vista, prima del X secolo come un centro nelle disponibilità del fisco regio. A. Castagnetti, «La pianura veronese nel medioevo. La conquista del suolo e la regolamentazione delle acque», in G. Borelli (a cura di), Una città e il suo fiume. Verona e l’Adige, vol, 2, I, Verona, 1977, pp. 35-138. 4 A. Castagnetti, «Le origini di Nogara (906) fra il re Berengario, il diacono veronese Audiberto, il conte Anselmo e il monastero di Nonantola», in Saggioro, Nogara, pp. 1-50. 5 A. Castagnetti, «Le origini di Nogara», pp. 1-15; A. Castagnetti, «Immigrati nordici, potere politico e rapporti con la società longobarda», in S. de Rachewiltz, J. Riedmann (Hrsg.), Kommunikation und Mobilität im Mittelalter. Begegnungen zwischen dem Süden und der Mitte Europas (11.-14. Jahrhundert), Sigmaringen, 1995, pp. 27-60. 3

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Fig. 1 – Nogara (VR). Abitato altomedievale (da Saggioro, Nogara).

Nella prima metà del IX secolo siamo certi che l’area fosse già ben organizzata: almeno 4 edifici si trovavano ad occupare l’area che era stata bonificata agli inizi del secolo. Due, ma con ogni probabilità tre di questi erano certamente utilizzati anche a scopi residenziali. Edifici rettangolari con pali infissi verticali ed alzati lignei, coprivano superfici tra i 50 e i 70 mq (Fig. 2). Strutture quindi semplici, allineate tra loro, divise da steccati o da una strada che durarono sino alla fine del secolo. Sempre poco prima della metà del IX secolo (intorno all’846, ma non si può escludere venisse concepito contestualmente agli edifici) vennero strutturati un terrazzo e un fossato, a nord di queste strutture, che serviva a regolare le acque . Sul finire del secolo una serie di piccole banchine servivano probabilmente per l’approdo di modeste imbarcazioni. Ancora più a nord, con una funzione che resterebbe ancora in parte da chiarire, si trovava una strada, costruita forse subito dopo la metà del IX secolo, ma ristrutturata con elementi lignei tagliati nel 881 e poi ricoperti da una fase di riporti di terra nel corso del X secolo. Quando nel X secolo (906) Nogara venne concessa al diacono Audiberto per l’edificazione del castello vi transitarono anche molti diritti: il ripatico, il teloneo e i diritti di mercato, ma soprattutto dobbiamo os-

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Struttura e organizzazione delle aziende pubbliche nell’Italia padana

Fig. 2 – Nogara (VR). Edifici di IX-X secolo (da Saggioro, Nogara).

servare a poca distanza era già ben presente un abitato ben organizzato e pianificato. Nelle aree scavate non risultano presenti forme di grande stoccaggio di materiale: solamente, in prossimità delle aree asciutte del dosso fluviale una serie di pozzetti di forma ellittica contenenti soprattutto resti botanici di frutta (semi di ciliegia, pesca, uve). La cultura materiale non presenta per queste prime fasi elementi di particolare distinzione, né nella ceramica, se si esclude qualche frammento di vetrina sparsa6, mentre nel contesto domina ampiamente la presenza della pietra ollare. Rispetto ai siti circostanti per i quali abbiamo dati di scavo (come Bovolone o Povegliano)7 la cultura materiale sembra caratterizzarsi per

G. Buzzo, «La ceramica invetriata in monocottura», in Saggioro, Nogara, pp. 225-20. 7 Per Bovolone: F. Saggioro, G. Di Anastasio, C. Malaguti, A. Manicardi, L. Salzani, «Insediamento ed evoluzione di un castello della Pianura Padana (Bovolone VR (1995-2002), Località Crosare e Via Pascoli», Archeologia Medievale, XXXII, 2005, pp. 169-86. Per Povegliano: C. Maccani, «L’abitato di Povegliano Veronese in età medievale: un paesaggio dell’Alta Pianura padana», in P. Galetti (a cura di), Villaggi, comunità, paesaggi medievali, 2 voll., II, Spoleto, 2012, 645-51. 6

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una maggior varietà di produzioni ceramiche ad impasto refrattario e per una maggior quantità percentuale di pietra ollare. Dal punto di vista architettonico si può segnalare che la fase di bonifica vide una lavorazione del materiale ligneo di maggior qualità, rispetto a quello adottato nella costruzione degli edifici. In sintesi potremmo dire che questa azienda si inseriva in un territorio ampiamente controllato dal sistema fiscale e sembra fosse organizzata come un modesto nucleo insediato e produttivo, probabilmente prevalentemente agricolo, certo inserito in canali di distribuzione di produzioni, come la pietra ollare, su ampia scala. Sul piano delle strutture materiali, alcune considerazioni possono certamente essere fatte. Nogara, così come si può dire per il caso di Piadena, non presenta caratteristiche ‘elitarie’: non esistono cioè elementi nettamente distintivi che possano evidenziare la presenza di personaggi di livello chiaramente più elevato all’interno del sito indagato. D’altronde, a ben vedere, se noi confrontassimo il caso di Nogara con quello registrato dal breve della corte fiscale di Migliarina (X secolo, ma già fine VIII)8, che sappiamo avere un’origine pubblica, non noteremmo certamente sostanziali differenze: almeno sul piano economico si tratta di strutture con una forte vocazione agricola e di sfruttamento dell’incolto, curate da servi, pochi, e massari in un contesto ambientale del tutto analogo. Si tratta di corti che sembrano avere un ruolo di gestione economica e degli spazi, dove forse, va tuttavia notato, saltuariamente si muovono e operano officiali pubblici per le loro inquisizioni, come aveva già evidenziato Andrea Castagnetti nel suo studio sulla corte di Limonta. La rete di questi, forse talvolta modesti, centri, dove si osserverebbero modeste distinzioni sul piano sociale è tuttavia interessante non solo per comprendere il funzionamento del potere pubblico, ma anche per la dinamica di rapporti che finisce per generare, sui territori.

A. Castagnetti, «Corte di Migliarina», in A. Castagnetti, M. Luzzati, G. Pasquali, A. Vasina (a cura di), Inventari altomedievali di terre, coloni e redditi, Roma, 1979, pp. 199-204; G. Pasquali, «La distribuzione geografica delle cappelle e delle aziende rurali descritte nell’inventario altomedievale del monastero di Santa Giulia di Brescia», in San Salvatore di Brescia. Materiali per un museo, II, Brescia 1978, pp. 142-67; per alcuni dati archeologici: C. Corti, «Migliarina nell’altomedioevo: nuovi dati archeologici dall’area della chiesa», in C. Corti, D. Neri, P. Pancaldi (a cura di), Pagani e Cristiani. Forme ed attestazioni di religiosità del mondo antico in Emilia, IV, Bologna 2004, pp. 43-53. 8

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Il conte Ermenulfo9 ebbe l’incarico, ad esempio, di svolgere un’inquisitio per alcuni beni pertinenti alla curtis di Limonta, situata sul lago di Como, incarico che egli a sua volta affidò ad un proprio missus. Appone, suo fratello, come vassallo e ministeriale regio, fu incaricato nell’879 di immettere l’abate di S. Ambrogio nel possesso di alcuni beni spettanti alla curtis di Limonta: egli non si recò sul luogo, ma incaricò a sua volta due propri vassalli e missi – uno di loro, si badi, proveniva dal vicus di Seprio – di investire l’abate Pietro, compito che i due vassalli, recatisi sul luogo, eseguirono. Ma anche nel caso del placito trentino dell’84510 è probabile che alcuni scabini che presero parte al placito provenissero da luoghi e da centri, legati al potere pubblico11. Altri aspetti interessanti emersi in questi anni necessiterebbero di approfondimenti, come il caso di Chiari12, nella pianura bresciana (Fig. 3) o quello di San Giorgio di Mantova13. Questi insediamenti, dalle fortune alterne, che trovano origine nell’altomedioevo, risultarono certamente pianificati con una forma circolare, ma la presenza di un’autorità pubblica non è certa, né evidente, conseguentemente il problema resta inevitabilmente aperto. Certamente va ricordato che uno dei casi più interessanti in questa direzione fu quello indagato da François Bougard presso la Torre di Frugarolo14 in Provincia di Alessandria, dove una serie di sondaggi di scavo tra il 1991 e il 1992 consentirono di individuare per le fasi di IX secolo una serie di strutture lignee, a carattere domestico, associate ad un edificio religioso. Le ricognizioni condotte all’epoca consentirono A. Castagnetti, «Ermenulfo conte di Ludovico II ed Ermenulfo conte di Berengario I», in Mediterraneo, Mezzogiorno, Europa. Studi in onore di C.D. Fonseca, voll. 2, Bari, 2004, I, pp. 175-190. 10 A. Castagnetti, «“Teutisci” nella “Langobardia” carolingia», Verona, 1995. 11 Si veda su questo anche le figure studiate in area piacentina in: N. Mancassola, Uomini senza storia. La piccola proprietà rurale nel territorio di Piacenza dalla conquista carolingia alle invasioni ungariche (774-900), Spoleto, 2013, pp. 89-102, in particolare la vicenda dello sculdascio Pietro da Niviano. 12 I. Venturini, «Il caso di Chiari e le fortificazioni rurali in legno d’area bresciana», Archeologia Medievale, XL, 2013, pp. 119-32. 13 G. Rodighiero, N. Carrara, «L’insediamento di San Giorgio di Mantova tra Tardo Antico e Alto Medioevo», Archeologia Medievale, XL, 2013, pp. 191-204. 14 E. Bonasera, F. Bougard, M. Cortellazzo, «La Torre (Frugarolo, provincia di Alessandria). Campagne 1991-1992 », Archeologia Medievale, XX, 1993, pp. 333-53. 9

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Fig. 3 – Chiari (BS). Fasi altomedievali (da Venturini, «Il caso di Chiari»).

di ipotizzare la presenza di un insediamento accentrato, composto da capanne in materiale deperibile e anteriore alla fase di X secolo del castrum. Una situazione che presenta alcune analogie anche con il caso di Nogara e per la quali si formulava “l’ipotesi di un insediamento concentrato, fondato ex-novo nel nono secolo poco dopo o contemporaneamente ad una chiesa pievana, nel contesto di una colonizzazione agraria in mezzo alla foresta”15. La presenza di strutture ed edifici altomedievali lignei a carattere domestico-residenziale, sembra essere una componente diffusa, al momento, anche nelle strutture quindi gravitanti nella sfera pubblica.

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Bonasera, Bougard, Cortellazzo, «La Torre», p.337.

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Resterebbe quindi piuttosto problematica l’identificazione di elementi ‘distintivi’ all’interno di queste corti o aziende, soprattutto in riferimento all’organizzazione di questi insediamenti, anche se il caso del palazzo/torre di Capiate16, studiato recentemente da Dario Gallina per gli elevati17, lascerebbe immaginare comunque l’esistenza di edifici rurali molto articolati. In questo caso di Capiate a partire dalla Tarda Antichità, ma soprattutto nel periodo altomedievale si andrebbe costituendo uno spazio composto da un grande edificio (palazzo/torre), un edificio religioso e un muro di recinzione. La corte di Capiate, rientrante nella sfera d’influenza del monastero milanese di S. Ambrogio, è bene comunque soggetto e gravitante nella sfera pubblica e meriterebbe ulteriore riflessioni. Il potere regio nella costruzione dei sistemi fondiari: il caso di San Benedetto di Leno Se non è così chiaro, o risulta quantomeno parziale, almeno in molti contesti, l’emergere di elementi distintivi è forse utile prendere in considerazione ed osservare un centro di rilevanza per il potere pubblico, prima longobardo e poi carolingio, come quello del monastero di San Benedetto di Leno. Le origini infatti dell’abbazia di Leno risultano tanto rilevanti per illustrare le dinamiche connesse ai poteri gravitanti intorno alla corte regia di re Desiderio, quanto parziali e frammentarie. È cosa nota la notizia secondo cui Desiderio avesse fatto erigere una cappella dedicata al Salvatore, alla Vergine Maria e a San Michele già prima della sua ascesa al trono, avvenuta nel 756, nel luogo “ubi dicitur Leones”18. Questo primo dato ha evidentemente contribuito, anche da parte di altri studiosi, ad evidenziare come il potere desideriano si radicasse profondamen-

A. Mariani, F. Carminati (a cura di), La curtis di Capiate fra Tardo Antico e Medioevo. Scoperte inedite e nuove ricerche sul territorio, Milano, 2017. 17 D. Gallina, Capiate, «Corte di Sant’Ambrogio. Analisi stratigrafica delle fasi antiche e medievali», in Mariani, Carminati, La curtis di Capiate, pp. 135-207. 18 C. Azzara, «Il re e il monastero. Desiderio e la fondazione di Leno», in A. Baronio (a cura di), L’abbazia di San Benedetto di Leno. Mille anni nel cuore della Pianura Padana, Brixia Sacra, VII, 2002, pp. 21-32; più in generale: E. De Stefanis, «Archeologia dei monasteri altomedievali tra acquisizioni raggiunte e nuove proposte di ricerca», Post Classical Archaeologies, 1, 2011, pp. 349-82. 16

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te nell’area della pianura bresciana, intercettando e godendo in primo luogo del consenso delle aristocrazie del territorio. D’altra parte, osservando il fenomeno entro quadri più generali, che la classe dirigente longobarda investisse negli stessi anni nelle fondazioni monastiche (San Salvatore a Brescia, Nonantola, Monteverdi, etc.) è stato ampiamente sottolineato19. Così come, è bene subito richiamare, la fortuna di cui godette il monastero di Leno anche durante l’età carolingia. Le aristocrazie bresciane cui Desiderio si riferiva erano d’altronde, in quel periodo, capaci di esprimere, figure di rilievo nei quadri del monachesimo della penisola come Petronace, monaco chiamato al riordinamento di Montecassino da Papa Gregorio II. Gli intrecci e i legami con l’abbazia di San Benedetto si espresse evidentemente anche nella scelta del primo abate di Leno, Ermoaldo, proveniente appunto dal cenobio di Montecassino, con altri undici monaci, rivelando di fatto un intreccio di interessi e alleanze articolato su larga parte della penisola. Nel 758, re Desiderio promosse la fondazione dell’abbazia di San Benedetto, presso Leno, traslando le reliquie di una parte del corpo di San Benedetto dal monastero di Montecassino, nonché, da Roma, quelle di Vitale e Marziale. Sul tema appare necessario un richiamo alla riflessione fatta da Michael McCormick20 sul ruolo delle reliquie negli scambi dell’VIII-IX secolo: la percentuale di reliquie provenienti dall’Italia e destinate all’area francese in questa fase è molto alta, intorno al 25% del totale. Questo, secondo lo studioso, denota implicitamente il significativo ruolo di quelle provenienti da Roma e dall’area italiana e conseguentemente, nel nostro caso, dobbiamo sottolineare l’importanza dell’iniziativa desideriana in una fase di complesso confronto tra il mondo carolingio e longobardo21. A questa significativa operazione di costruzione del centro monastico si sommò la dotazione di proprietà che tra la fase longobarda e quella carolingia si concretizzerà in un esteso patrimonio. Il diploma del 958 rivela che l’assetto patrimoniale del monastero si costituiva prevalentemente sull’area bresciana e gardense (che può essere supposta come

Azzara, «Il re e il monastero», pp. 21-24. M. McCormick, Le origini dell’economia europea. Comunicazioni e commercio 300-900 d.C., Milano, 2008, pp. 321-57. 21 Si veda su questo tema: S. Gasparri, «The fall of the Lombard Kingdom: facts, memory and propaganda», in idem (a cura di), 774. Ipotesi su una transizione, Atti del I seminario del SAAME, Turnhout, 2008, pp. 41-65. 19

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l’area di donazione desideriana o delle aristocrazie connesse) con satelliti sparsi verso il Trentino, la Lombardia Occidentale, ma anche in area reggiana e modenese. Il monastero è quindi il centro di una grande proprietà legata da un lato a possedimenti privati di Desiderio, dall’altro vede con ogni probabilità anche donazioni di aristocrazie ad egli collegate o donazioni regie. Di una proprietà, legata a strutture probabilmente precedenti al monastero di metà VIII secolo, sembra emersa traccia anche nella campagna di scavo 2017, cui si sommerebbero alcune presenze già emerse negli scavi della Soprintendenza nelle ricerche precedenti22. Il complesso monastico quindi si andò a collocare su un’area già occupata e strutturata, della quale sappiamo ancora poco. Tentiamo di seguito una breve sintesi dei dati. Due sono le aree indagate nel corso di questi ultimi 10 anni dalla Soprintendenza e dalle indagini congiunte che abbiamo condotto (Fig. 4): una riguarda l’area dei complessi religiosi, l’altra le aree circostanti agli stessi, in particolare il settore settentrionale. Lo scavo sul complesso religioso ha consentito di riconoscere tre fasi edilizie che sono state ad oggi datate tra la metà dell’VIII secolo e la fine del XIII secolo. Nonostante le difficoltà esistenti nella scansione stratigrafica e cronologica degli edifici, la prima fase del complesso religioso può certamente essere ben datata, grazie all’associazione con una tomba con croci dipinte inquadrata tra VIII-IX secolo23. Gli studi già condotti sulla prima fase hanno consentito di ipotizzare un’aula unica, ampia dai 16 ai 24 m. e una terminazione triabsidata. A questa fase ne farebbe seguito una seconda, inquadrabile in età romanica e forse associabile all’iniziativa dell’abate Wenzeslaus (10551068), iniziativa per la quale disponiamo di numerosi interventi registrati: l’ampliamento della chiesa, l’edificazione di un campanile moIn parte già si riprende quanto descritto in : A. Breda, F. Saggioro, M. Bosco, L. Marasco, D. Morandi, M. Moretti, P. Pistis, «Il Monastero di Leno (Bs): indagini archeologiche (2009-2015) e prime riflessioni sul contesto di scavo», Temporis Signa, X, 2015, pp. 1-24; A. Breda, Leno: monastero e territorio. Note archeologiche preliminari, in Baronio, L’abbazia di San Benedetto di Leno, pp. 239-254; A. Breda, «L’indagine archeologica nel sito dell’abbazia di Leno», in A. Baronio (a cura di), San Benedetto “ad Leones”. Un monastero benedettino in terra longobarda, Brixia Sacra, XI, 2006, pp. 111-40. 23 S. Strafella, «Una sepoltura dipinta nell’abbazia di San Benedetto di Leno», in Baronio, San Benedetto “ad Leones”, pp. 159-86. 22

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Fig. 4 – Leno (BS). Aree di scavo del complesso abbaziale di San Benedetto. Evidenziati gli scavi 2013-2017.

numentale sul lato sud, nonché l’edificazione di una cripta sul lato occidentale. Non ci dilungheremo su questi, nè sugli aspetti cronologicamente successivi24. Un secondo punto di interesse è derivato dallo studio archeologico di un settore sud-orientale, che ha documentato almeno sette fasi. Di alcune di esse è stato possibile dare un’indicazione cronologica piuttosto affidabile anche grazie all’utilizzo delle analisi al radiocarbonio su alcune delle sepolture scavate. Alla prima fase appartengono, oltre ad una traccia di spoliazione di edificio a forma di “L”, una serie di buche di palo, strette canalette e un canale con andamento est-ovest. Si tratta in questo caso di una serie di strutture anteriori alla fondazione del complesso monastico, ascrivibile ad età desideriana. Il limite sud-est dell’area interessata dalle strutture appena descritte, è costituito da un secondo canale, che taglia a metà tutto lo scavo ed ha

24

Breda, «L’indagine archeologica», pp. 111-40.

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un andamento nord/est-sud/ovest. I pochi materiali emersi sono per la maggior parte rappresentati da frammenti di ceramica grezza e da contenitori in pietra ollare. Un reperto che offre un riferimento datante è una guarnizione da cintura (seconda metà del VII sec. d.C), contenuta nel riempimento del canale con andamento nord/est-sud/ovest (Fig. 5). Queste evidenze, ovvero la presenza di buche di palo, di ceramica d’uso domestico e di canali che, pur variando debolmente la loro posizione, restano punto di riferimento e limite della maggior parte delle tracce archeologiche, sono plausibilmente interpretabili come resti di edifici e strutture delimitate da un corso d’acqua che potrebbe essere già colmato entro l’VIII sec d. C. Le evidenze che caratterizzano la fase successiva consistono 1)

nella presenza di un terzo corso d’acqua con andamento nord-sud, più largo e strutturato dei precedenti;

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dell’angolo nord-est di una struttura muraria solo parzialmente visibile e di sedici sepolture, datate dalla misurazione radiocarbonica tra la fine del IX e il X sec d.C. Le sepolture sono tutte ad inumazione, orientate est-ovest con cranio ad ovest, per la maggior parte in fossa terragna, contengono individui adulti, sub-adulti, infanti e feti e sono prive di corredo. Dal momento che esse sono parzialmente distribuite intorno alla struttura muraria, l’ipotesi in merito è che tale struttura sia quanto rimane di un ambiente con probabile funzione cultuale.

In corrispondenza dell’area in cui si trovava la maggior parte delle sepolture identificate nella II fase, sorse poi una chiesa di cui sono state rinvenute le fondazioni. La zona absidale della stessa oblitera parzialmente il gruppo di sepolture infantili, facendo pensare che le stesse non fossero più visibili. I canali, invece, restarono stabili, anzi supportati probabilmente nell’avanzato X secolo da una cortina muraria fino a tutto l’XI. Anche per quanto riguarda l’area settentrionale il complesso risultava cinto da corsi d’acqua e fossati. Questo settore sembra non aver avuto una funzione residenziale, ma con ogni probabilità più legata ad attività produttive/economiche. Le prime fasi riscontrate si riferiscono ad una serie di livelli di ghiaie e sabbie, contenenti sporadici frustoli laterizi ed elementi artificiali indicativi della prima frequentazione antropica dell’area. Questi strati sembrano riferibili ad un corso d’acqua, piuttosto ampio, sulla cui sponda orientale si riconoscono una serie di elementi strutturali antropici, con

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Fig. 5 – Elemento di confinazione altomedievale del monastero di San Benedetto. Possibile base per cinta lignea.

resti di pali lignei, che hanno, allo stato attuale, come riferimento ante quem una datazione radiocarbonica a fine IX-metà X secolo. Le prime fasi di vita indagate in quest’area si caratterizzano, quindi, per un progressivo accrescimento stratigrafico, con livelli contenenti frequenti resti lignei, sia come elementi strutturali (pali, travi, probabili assicelle) che come manufatti, ma anche come arbusti e resti vegetali, indicativi di una presenza d’acqua soggetta a variazioni di

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corso e portata, con differenti tipologie di accumuli nel terreno immediatamente adiacente. È a questa fase che possiamo riferire i grandi elementi lignei rinvenuti infissi o adagiati nell’area umida sia nel 2014 che nel 2015 (Fig. 6), e da cui proviene il primo ancoraggio radiocarbonico già ricordato. Si tratta di una fase inquadrabile verosimilmente nel corso del X secolo e che risulta attestata da una serie di strati di terreno limo-sabbioso annerito, che restituiscono oltre ad una forte concentrazione di carboni e tracce sporadiche di rubefazione, sia reperti ceramici che osteologici, seppur in quantità non particolarmente significative per ipotizzare una presenza in quest’area di frequentazioni a carattere domestico, quanto piuttosto una frequentazione a scopo artigianale/produttivo. A testimoniare ulteriormente questa consistente frequentazione dell’area, seppur dai caratteri funzionali non ancora definiti, si rinviene oltre ai resti lignei ancora infissi nel terreno, anche una numerosa serie di buche subcircolari a diametro variabile, riconoscibili sulla fascia di terreno antropizzato o a ridosso della suddetta linea di sponda, in alcuni casi riferibili forse ad ulteriori strutture. Si sono osservati anche i resti di edifici profondamente compromessi e intaccati e che sembrano mantenere un andamento diverso rispetto all’organizzazione ortogonale e risultano legati evidentemente all’andamento del corso d’acqua. Di questi edifici nei settori occidentali le datazioni sembrano rimandare a fasi successive al X secolo, mentre nelle aree più orientali durante la campagna del 2017 sono stati messi in luce i resti di un grande edificio, con più fasi d’utilizzo, indubbiamente anteriore al X secolo e su cui le ricerche si stanno concentrando. Maggiori evidenze sono emerse dagli scavi della campagna 2016, quando, sempre nel settore settentrionale sono stati rinvenuti i resti del fossato, affiancati da una struttura in pietra non legata, riferita ad una divisione, forse ad una cinta in legno, impostata su una base in pietra. Lo spazio, in questo caso, interno al limite è caratterizzato da buche di palo e modesti pozzetti. Anteriormente a questo intervento la campagna di ricerche del 2017 ha evidenziato la presenza di edifici e strutture inquadrabili preliminarmente nel corso del VII secolo (Fig. 7), con focolari e pareti in tecnica mista. La presenza di questi edifici in muratura e legno,che dovranno essere studiati nei prossimi anni, lasciano intravedere come l’iniziativa di fondazione monastica, avvenga in un quadro di insediamento già strutturato e che, pur rimandando per alcuni aspetti a culture materiali simili a Nogara o Torre di Frugarolo,

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Fig. 6 – Elementi delle palificate lignee della riva. Scavi 2013-2015. San Benedetto di Leno (BS).

sembra distinguersi da queste per la presenza e l’utilizzo di pietra che ne determinano una distinzione in termini qualitativi. Il contesto di Leno sembra quindi rivelare che sul piano cronologico la strutturazione – e forse occupazione - dello spazio e la sua definizione (attraverso i fossati e le regolazioni del canale) si concretizzi già nel VIIVIII secolo (quindi anteriormente all’iniziativa del re longobardo) e che nelle fasi successive si assista ad una progressiva e coerente organizzazione delle aree. Restano aperti molti problemi: l’origine dell’occupazione, ad esempio, l’intreccio tra proprietà fiscali e private di Desiderio – nel momento della fondazione del monastero –, e quanto avvenne in età carolingia nella costruzione e dotazione del patrimonio. Note sulla cultura materiale Se dal punto di vista materiale volessimo tentare di individuare alcuni elementi distintivi tra aziende pubbliche o private la questione sarebbe di difficile soluzione. Almeno sul piano della cultura materiale non sembrano infatti sussistere enormi differenze tra l’area di Nogara

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Fig. 7 – Area dell’edificio in muratura e legno, con fasi di VII secolo. Monastero di San Benedetto di Leno (BS).

e Leno, seppur a Leno si manifestino nel complesso religioso, con maggior evidenza, l’utilizzo della pietra e più in generale soluzioni costruttive di maggior livello. L’investimento, in questo caso, però avverrebbe nel complesso religioso, ma non apparirebbe così consistente nel resto dell’insediamento25. In età carolingia il monastero transitò tra gli enti su cui ricadeva probabilmente la protezione del palazzo regio, secondo uno schema piuttosto noto che, fissando linee generali, lasciava autonomia di iniziativa all’ente, chiedendo fedeltà e supporto politico in cambio26. Anche a Nogara, tuttavia, tra la fase di pianificazione/bonifica e di costruzione degli edifici sembrano intervenire due maestranze qualiSebbene quanto emerso nella campagna 2017, con edifici e strutture in tecnica mista e di notevole estensione possano lasciar intendere una certa complessità e articolazione dei casi, soprattutto per le fasi precedenti alla fase monastica. 26 Si veda ad esempio la linea emergente dai capitolari italici: C. Azzara, «I capitolari dei Carolingi», in C. Azzara, P. Moro (a cura di), I capitolari italici. Storia e diritto della dominazione carolingia in Italia, Roma, 1998, pp. 31-45; Ad esempio: 7. Pippini capitulare – 787-788, 6; 12. Pippini capitulare italicum – 806810, 2-3; 15. Capitulare mantuanum primum, mere ecclesiasticum – 813 Ian., 2. 25

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tativamente differenti, lasciando intendere, due possibili attori nella strutturazione dell’abitato. Tra Nogara ed altri centri, come Piadena o S. Agata, per citare i principali scavi coevi, non sembrano sussistere elementi di profonda diversità tali da immaginare l’esistenza di un modello urbanistico e architettonico di azienda pubblica. O quantomeno, allo stato attuale, risulta ancora difficile riconoscere una differenziazione sulla base delle tracce materiali lasciate dall’architettura lignea. Se, quindi, potrebbe non esistere un chiaro modello materiale di azienda pubblica, è possibile invece riconoscere un sistema pubblico nel controllo e nella gestione delle risorse? La pietra ollare: controllo pubblico delle produzioni o rendita economica? Su questo interrogativo ci pare il caso di soffermarci, prendendo come spunto un materiale che nei secoli centrali del medioevo sembra trovarsi in tutta la pianura padana, centro orientale, ma che già dal VI-VII-, si rivela essere una delle produzioni maggiormente diffuse e presente in molti di questi contesti: la pietra ollare27. A Comacchio28, dove gli studi Per un inquadramento del problema ancora: T. Mannoni, H.R. Pfeifer, V. Serneels, «Giacimenti e cave di pietra ollare nelle Alpi», in La pietra ollare dalla preistoria all’età moderna, Atti del Convegno, Como, 16-17 ottobre 1982, Como, 1987, pp. 7-46; Inoltre si vedano anche, ai fini di questo contributo: A. Alberti, «Produzione e commercializzazione della pietra ollare in Italia settentrionale tra Tardo Antico e Alto Medioevo», Atti I Congresso Società Archeologi Medievisti Italiani 1997 – Pisa, Firenze, pp. 335-39; A. Alberti, «I recipienti in pietra ollare», in G.P. Brogiolo (a cura di), S. Giulia di Brescia. Gli scavi dal 1980 al 1992, Firenze, 1999, pp. 261-70; C. Malaguti, A. Zane, «La pietra ollare nell’Italia nord-orientale», Archeologia Medievale, 1999, XXVI, pp. 463-80; M. Sannazzaro, «Pietra ollare: una risorsa alpina. Considerazioni su recenti ritrovamenti a Chiavenna (SO)», in Risorse naturali e attività produttive: Ferento a confronto con altre realtà, Atti del II Convegno di Studi in memoria di Gabriella Maetzke (Viterbo 27-28 aprile 2010), Viterbo, 2011, pp. 229-47. 28 Sulla vocazione commerciale di questo centro e sul suo stretto rapporto con il potere regio longobardo e carolingio: S. Gelichi, «Societies at the Edge: new cities in the Adriatic sea during the early middle ages (8th-9th centuries)», in S. Gelichi, R. Hodges (eds.), New Directions in Early Medieval European Archaeology: Spain and Italy Compared. Essays for Riccardo Francovich, Turnhout, vol. 1, pp. 285-99; S. Gelichi, D. Calaon, E. Grandi, C. Negrelli, «The history of a forgotten town: 27

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coordinati da Sauro Gelichi hanno consentito di evidenziare le caratteristiche materiali dell’importante centro economico, vivace ed attivo, la pietra ollare è stata rinvenuta in vari settori, anche in quelli legati alla produzione di vetro del VI-VII secolo. La pietra ollare raggiunge le coste adriatiche irradiandosi attraverso il Po lungo tutta la Pianura Padana e diventando uno dei pochi prodotti con una diffusione ampia e sovraregionale per questo periodo. Quanto fin qui detto, ci costringe a muoverci al confine con la Rezia, dove possiamo avvicinarci ai luoghi di produzioni di questo prodotto: tra quelli già studiati e identificati da Tiziano Mannoni uno dei più importanti è quello di Chiavenna e della Val Bregaglia. Chiavenna, va detto, è già un importante centro in età romana, abitato che nel medioevo assume un ruolo strategico dal momento che consentiva di controllare il transito di almeno tre passi alpini: il Settimo, il Maloja e lo Spluga29. Questo suo ruolo divenne tuttavia nodale (già nella Tarda Antichità) nel corso dell’alto medioevo, quando una serie di diplomi rivolti al vescovo di Como e di Coira evidenziano il suo ruolo strategico nel controllo dei transiti, garantendo l’accesso in Italia dalla Rezia30. Il controllo pubblico su questo centro, che infatti non vedrà mai sviluppare poteri locali di grande rilievo, sembra rilevante è il territorio non conobbe presenze fondiarie di importanti monasteri, né sviluppò poteri signorili di un certo rilievo. La sfera pubblica, per quanto si intravede dalle fonti scritte, ne mantiene il sostanziale controllo. Clusas et pontem iuris regni nostris de Clavenna è formula che ricorre in una serie di Comacchio and its archaeology», in R. Hodges, S. Gelichi (eds.), From One Sea to Another. Trading Places in the European and Mediterranean Early Middle Ages, Turnhout, pp. 169-205; A. Rucco, Comacchio nell’alto medioevo: il paesaggio tra topografia e geoarcheologia, Firenze, 2015; S. Gasparri, «Un placito carolingio e la storia di Comacchio », in L. Jegou, S. Joye, T. Lienhard, J. Schneider (dir.), Faire lien. Aristocratie, réseaux et échanges compétitifs. Mélanges en l’honneur de Régine Le Jan, Paris, 2015, pp. 179-89. 29 Sul tema dei passaggi alpini e sul ruolo commerciale di Chiavenna tra X e XI, nelle contese tra la chiesa di Coira e quella di Como: E. Mollo, «Le Chiuse: realtà e rappresentazioni mentali del confine alpino nel medioevo», Bollettino storicobibliografico subalpino, LXXXVI, 1986, pp. 333-90; anche per il riferimento a nota 5 dove si rimanda per riferimenti al X-XI secolo a C. Bruhl, C. Violante, Die “Honorantie civitatis Papie”, Wien, 1983, pp. 16-17, 77 sgg. 30 E. Mollo, «Le Chiuse: realtà e rappresentazioni», pp. 346-7.

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privilegi che vengono concessi, ripresi e riconcessi nell’arco di due secoli ai due vescovi31. In questo quadro, tuttavia, il ruolo solidamente pubblico dell’area, anteriormente alla fase di XI secolo è assolutamente sostenibile ed evidente, anche considerando la possibilità di interventi di falsificazione infatti, non verrebbe comunque messa in discussione la rilevanza geopolitica di questo territorio e il ruolo del potere pubblico. E questo ruolo, sul piano topografico, certamente si espresse attraverso il castrum collocato sul colle dominante Chiavenna e che rimase a lungo il centro del sistema delle chiuse. Poco rilevante, quindi e comunque, sembrerebbe questo caso se non fosse invece che presso Chiavenna e il vicino centro di Piuro si abbia una delle aree di produzione della pietra ollare più importanti dell’arco alpino32. Gli studi più recenti sulla distribuzione dei manufatti in pietra ollare hanno infatti evidenziato, non solo per l’area della Pianura Padana, ma anche per l’area tirrenica e adriatica come il tipo D nella classificazione di Mannoni (corrispondente litologicamente appunto all’area di Chiavenna e Piuro) investa la grande maggioranza dei centri della Pianura Padana, con percentuali spesso superiori al 60%-80% di tutta la produzione, evidentemente con varianti sia sul piano cronologico che geografico, ma complessivamente evidenziando il grande successo di questi prodotti33. Le indagini con spettrometro Raman, condotta qualche anno fa, per esempio, sulle caratteristiche dei giacimenti di Piuro e una serie di campioni

In generale si veda: G. Sergi (a cura di), Luoghi di strada nel medioevo. Fra il Po, il mare e le Alpi Occidentali, Torino, 1996; sulla sentenza del 1152: L. Provero, Apparato funzionariale e reti vassallatiche nel regno italico (secoli X-XII) [stampa in A. Spicciani (a cura di), Formazione e strutture dei ceti dominanti nel medioevo: marchesi, conti e visconti nel regno italico (secc. IX-XII), Atti del terzo convegno di Pisa, 18-19 marzo 1999, pp. 175-232. Distribuito in formato digitale da Reti Medievali]. 32 Cfr. nota 27. 33 Si veda ad esempio per casi di X-XI secolo: A. Alberti, «La pietra ollare», in S. Gelichi, M. Librenti, M. Marchesini (a cura di), Un villaggio nella Pianura. Ricerche archeologiche in un insediamento medievale del territorio di Sant’Agata Bolognese, Firenze, 2014, pp. 179-85; C. Malaguti, «Scavi al castello di Piadena. La pietra ollare», in G.P. Brogiolo, N. Mancassola (a cura di) 2005, Campagne medievali. Strutture materiali, economia e società nell’insediamento rurale dell’Italia settentrionale, Mantova, 2005, pp.173-188; C. Malaguti, «La pietra ollare», in Saggioro, Nogara, pp. 211-24. 31

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provenienti dal sito di S. Agata Bolognese (villaggio con fasi di IX-XI secolo, scavato da Mauro Librenti e studiato con Sauro Gelichi) hanno evidenziato come il 70% circa delle produzioni presenti nel villaggio provenga proprio dalle cave piurasche34. E d’altronde, è ben noto, come lo stesso Pier Damiani ricordi in una delle sue lettere una vicenda/leggenda che veniva raccontata in area nonantolana e proprio connessa all’attività estrattiva che avveniva intorno apud Clavenna35. Tre elementi quindi, sono in discussione per semplificare: una grande attività estrattiva e di lavorazione, una notevole distribuzione commerciale, il tutto in un’area dove il potere pubblico è certamente presente. Ne consegue che alcune domande maturano alla luce di queste indagini, sulle quali la ricerca si è forse poco interrogata ancora: chi produce infatti questi prodotti? Come è organizzata l’area di produzione? Chi ne controlla la produzione e chi esercita il controllo su queste aree che evidentemente divennero strategiche nell’economia dei secoli centrali del medioevo per la Pianura Padana? La distribuzione di un primo censimento delle ‘trone’ di pietra ollare avvenuto quest’anno all’interno delle nostre ricerche, ma già consolidato e avviato da una serie di lavori36, ne classifica circa 50-60 per la maggior parte all’interno del comune di Piuro, ma anche diffuse in quello di Chiavenna. Si tratta di cave con diverse caratteristiche che possiamo così riassumere (Fig. 8, vedi Tavole): 1) aree estrattive avvenute su trovanti o massi di frana; 2) aree estrattive in galleria, tipo miniera; 3) aree estrattive in parete. Cronologicamente queste cave hanno una lunghissima durata: per quanto sinora osservato vanno dall’età romana sino all’età moderna ed il paesaggio è stato profondamente adattato alle necessità delle attività estrattive. Di queste attività, al momento, le fonti scritte (salvo Si veda ad esempio: C. Baita, P. P. Lottici, E. Salvioli-Mariani, P. Vandenabeele, M. Librenti, F. Antonelli, D. Bersan, «An integrated Raman and petrographic characterization of Italian mediaeval artifacts in pietra ollare (soapstone)», Journal of Raman Spetroscopy, Volume 45, Issue 1, January 2014, pp. 114-22. 35 MGH, Die Briefe der Deutschen Kaiserzeit, IV, 3, Petrus Damiani, 106 (a. 1064). 36 Tra cui quelli di Sergio Castelletti, «Le antiche cave di pietra ollare in Valchiavenna e Bregaglia», in La pietra ollare nelle Alpi. Coltivazione e utilizzo nelle aree di provenienza, in corso di stampa. 34

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la lettera di Pier Damiani) non riportano alcuna indicazione sino, circa, al XII-XIII secolo, quando le trone (Così sono definite le miniere) figurano nelle disponibilità di privati (modesti enti monastici di recente fondazione) o singoli e qualche tempo più tardi (XIV secolo) di corporazioni e società37. Le aree estrattive comunque riconosciute come più antiche sono quelle presso la Caurga di Chiavenna (Fig. 9, vedi Tavole) e la Trona Alta di Piuro38: si ritiene la prima già sfruttata in età romana – dove si conserva incisa a 15 m dal livello attuale del terreno, un’iscrizione di un certo SALVIUS -, la seconda, sulla base di alcuni indicatori raccolti in questa prima campagna di ricerche, sembra rimandare anch’essa a queste fasi. La cava di Caurga, con altre due aree estrattive di minore importanza circonda il colle del castello di Chiavenna, ovvero una delle aree pubbliche di maggior rilievo strategico di tutto l’abitato. Che l’attività si svolgesse senza una forma di controllo da parte del potere pubblico sembra improbabile. D’altronde, quando già la produzione di pietra ollare è avviata in questa aree, ovvero in età romana, Ulpiano39, testo giuridico di riferimento, riconosceva l’esistenza di consuetudini locali in materia mineraria, che rappresentavano anche eccezioni al divieto di sfruttare cave poste in terreno altrui; in forza di esse si potevano certamente limitare i diritti del proprietario del suolo a favore di estranei, ma solo se il proprietario ne riceveva un adeguato compenso. La situazione patrimoniale del sottosuolo mutò secondo modi e tappe che secondo gli studiosi non ci è dato conoscere con compiutezza, ma sostanzialmente approdò alla costituzione di Graziano, Valente e Teodosio del 382 d.C., in cui viene affermato il principio per cui chiunque avrebbe facoltà di estrarre pietre in un fondo altrui con il solo obbligo di corrispondere una decima del prodotto al fisco e una decima al proprietario. Con queG. Scaramellini, «La pietra ollare in Valchiavenna e Valtellina», in La pietra ollare dalla Preistoria all’età moderna, Como, 1987, pp. 171-80. 38 Sulla Caurga: M. David, V. De Michele, «“Lapis viridis Comensis”: la pietra ollare del bacino di Chiavenna» in G. Olcese (a cura di), Ceramica romana e archeometria : lo stato degli studi, Firenze, 1994, pp. 175-81; M. David, V. De Michele, «Una cava romana di pietra ollare a Chiavenna. Osservazioni preliminari», Clavenna, XXXII, 1993, pp. 75-106. 39 G. Poma, «Aspetti giuridici e legislativi della gestione delle cave in età romana», in C. Guarnieri (a cura di), Il vetro di pietra. Il lapis specularis nel mondo romano dall’estrazione all’uso, Faenza (Ra), 2015, pp. 31-44. 37

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ste premesse l’iniziativa delle comunità – o degli uomini liberi – può essere determinante, finendo per essere comunque assoggettata ad una forma di controllo (e di introito pubblico), come è stato evidenziato in più sedi40. Quello che sembra emergere in maniera evidente è in questo caso il ruolo delle comunità, tanto di Chiavenna, quanto di Piuro. Gli stessi scavi archeologici condotti all’interno del paese di Chiavenna hanno mostrato che l’attività non solo estrattiva, ma anche di lavorazione avveniva in loco, all’interno di botteghe poste in connessione con ramificazioni del fiume Mera, forse sin dall’età romana41. Il centro abitato, pur con inevitabili riassetti urbanistici, sembra aver mantenuto una sostanziale continuità e una vivace dinamicità. Nello scavo di via Picchi, dopo una fase tardo-antica o del primo medioevo dove emergerebbero segni di ridefinizione degli spazi, con possibili abbandoni e con sepolture nel centro abitato, si assiste nella parte più settentrionale alla risistemazione dell’area con livellamenti ed evidenti attività di scarico della lavorazione della pietra ollare, che continuarono, alternandosi a risistemazioni, attività residenziali e artigianali, fino a fasi avanzate del medioevo. Per quanto osservabile sinora, in età bassomedioevale, anche per il centro di Piuro – che forse divenne nel corso del medioevo il cuore della produzione – il sistema potrebbe essere stato analogo e le produzioni erano legate a centri di lavorazione collocati nel villaggio in fondo valle.

G. Tabacco, «I liberi del re nell’Italia carolingia e postcarolingia», Spoleto, 1966; T. Lazzari, «Comunità rurali nell’Alto Medioevo: pratiche di descrizione e spie lessicali nella documentazione scritta», in P. Galetti (a cura di), Paesaggi, comunità, villaggi medievali, 2 voll., II, Spoleto, 2012, pp. 405-23; anche R. Rao, «Beni comuni e identità di villaggio (Lombardia, secoli XI-XII)», in Galetti Paesaggi, pp. 327-43. 41 Per gli scavi archeologici in via Picchi: V. Mariotti, A. D’Alfonso, «Chiavenna (SO). Piazza Castello, angolo via Picchi», Notiziario Soprintendenza Archeologica Lombardia, 2008-2009, pp. 209-18; altri elementi di interesse in: A. D’Alfonso, «Chiavenna (SO). Vicolo dei Molini. Strutture tardoromane», Notiziario Soprintendenza Archeologica Lombardia, 2010-2011, pp. 280-2; Sannazzaro, «Pietra ollare». 40

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Fig. 10 – Caurga di Chiavenna (SO): planimetria (da David, De Michele «“Lapis viridis Comensis”» – rielaborato). N1 e N2 sono nuove aree estrattive identificate.

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Alcune osservazioni conclusive: relazioni tra aziende regie, comunità e risorse Larga parte dei centri presi in esame non evidenziano, sul piano archeologico, in maniera netta specificità legate all’appartenenza/presenza del fisco regio, differenti quantomeno da altre forme insediative di potere signorile. Lo stesso caso di Leno sembra distinguersi dagli altri siti per la qualità del complesso religioso, ma le strutture e le infrastrutture che caratterizzano il centro non presentano differenze sostanziali rispetto a siti come Nogara o Piadena, anche se risulta di grandissimo interesse la presenza di edifici, anche di una certa estensione, databili al VII secolo, quindi anteriori al monastero, possibili evidenze di un’azienda/residenza di origine fiscale o legata forse alle disponibilità private di Desiderio42. Se questo caso di studio potrebbe forse aprire una nuova luce su questi aspetti, crediamo comunque che, in linea generale, i dati siano ancora limitati, e poco adatti per individuare chiare tendenze. Sembra emergere, piuttosto, ed avere una certa rilevanza, il ruolo che il potere pubblico ebbe nell’economia, soprattutto nel rapporto con le comunità e nella gestione delle risorse43. Le aziende, ma anche i monasteri e le – spesso archeologicamente ‘invisibili’ - comunità44 sembrano far parte di un sistema di gestione economica molto più complesso di quanto non si riteneva un tempo. È d’altronde il rapporto che il re (o il potere pubblico) ebbe ad esempio con i Comacchiesi (per il trasporto delle merci), con le comunità di Flexo (per la gestione di grandi selve, come avvenne probabilmente anche a Nogara e Leno) e che forse ebbe anche in area alpina per la produSi veda ad esempio anche quanto accade in Europa Centrale: A. Buko, «Medieval rural settlements in the Central Europe (6th-Mid’ 13th C.): examples from the Polish Lands», in Galetti, Paesaggi, pp. 41-60, oppure cfr:: H. Harold, «Fortified Settlements of the 9th and 10th Centuries AD in Central Europe: Structure, Function and Symbolism», Medieval Archaeology 56 (2012), pp. 6084; anche su questi temi e approcci: H. Harold, «The Natural Environment, Anthropogenic Influences and Supra-Regional Contacts at 9th- to 10th-Century Fortified Elite Settlements in Central Europe», in N. Christie, H. Herold (eds.), Fortified Settlements in Early Medieval Europe, Oxford, pp. 107-20. 43 Cfr. nota 40. 44 Si veda: P. Galetti, «Paesaggi, comunità, villaggi nell’Europa medievale», in Idem, Paesaggi, pp. 1-22; E. Zadora-Rio, «Communautés rurales, territoires et limites», in Galetti, Paesaggi, pp. 79-90; Lazzari, «Comunità rurali». 42

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zione di pietra ollare, che sembra muovere risorse importanti nei quadri della pianura padana. Se forse ricercare modelli insediativi troppo rigidi può essere fuorviante - o appare percorso ancora prematuro sulla base dei dati disponibili - sembra forse maggiormente utile indagare, anche sotto il profilo della cultura materiale, questo complesso sistema di relazioni tra diversi soggetti, differenti poteri e le risorse dei territori.

Maria Turchiano, Giuliano Volpe Faragola e le proprietà pubbliche nel comparto orientale del Ducato beneventano: una prospettiva archeologica* Arechi, Santa Sofia e il territorio tra Puglia e Molise Nel 774 Arechi II, assunto il titolo principesco, donò al monastero di Santa Sofia ampie porzioni di proprietà fondiarie fiscali (gai) localizzate in Puglia e in Molise. Dei dodici gai che l’edizione del Chronicon Sanctae Sophiae ci ha fatto conoscere1, due (o tre) si estendevano nel comparto apulo tra Ascoli Satriano, Candela e Sant’Agata di Puglia (gaio Fecline, gaio Paline e forse gaio Scla) (Fig. 1). Del gaio Fecline, localizzato a Sud-Ovest e a Nord-Ovest di Ausculum, Arechi II concesse la chiesa S. Mercurii con 500 modii di terra, la chiesa S. Reparate con 100 modii di terra di sua pertinenza che il sacerdote deteneva senza il consenso del Palazzo, la Chiesa S. Petri di Aqua Sancta, con un vasto territorio nei pressi di Ascoli Satriano e del torrente Calaggio, oltre a nove (o dieci) case di vaccari; offrì infine gli schiavi (servi et ancille), le vigne e le terre detenute dal sacerdote Munepadu vicino alla chiesa S. Petri ad Aqua Sancta e le concesse l’usufrutto della chiesa S. Stephani2. Oggetto di donazioni fu anche il gaio Paline, ipotizzato tra Ascoli Satriano e Sant’Agata di Puglia, con la chiesa S. Abundi offerta con un territorio di ca. 200 modii3. In questo territorio doveva collocarsi verosimilmente anche il gaio Scla, in cui Arechi II concesse a S. Sofia il diritto di raccogliere annualmente legna, nel luogo più adatto per il trasporto. J.-M. Martin ha suggerito in via ipotetica una identificazione con il gaio Fecline ma * Desideriamo ringraziare Vito Loré con cui abbiamo discusso i temi trattati in questo lavoro, ricevendo numerosi suggerimenti e preziosi spunti di riflessione. 1 Chronicon Sanctae Sophiae (cod. Vat. Lat. 4939), I-II, ed. J.-M. Martin, con uno studio sull’apparato decorativo di G. Orofino, Roma, 2000 (Fonti per la storia dell’Italia medievale. Rerum Italicarum Scriptores, III*-III**) (di seguito CSS). 2 CSS I, 1, [2], [4], [35]; I, 2; I, 5; I, 6; I, 20. 3 Cfr. J.-M. Martin, La Pouille du VIe au XIIe siècle, Rome, 1993 (Collection de l’Ecole Française de Rome, 179), in part. pp. 197-9; J.-M. Martin, Gh. Noyé, La Capitanata nella storia del Mezzogiorno medievale, Bari, 1991, pp. 138-9. Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 261-325 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118746

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Fig. 1 – Carta dei gai localizzati nella Puglia settentrionale e nel Molise (elaborazione A.V. Romano).

non si può escludere una soluzione dell’abbreviatura Scla in Iscla da mettere in relazione con una «Ischia dei Mulini», localizzata nei pressi del Calaggio, dove S. Sofia, nel 941, possedeva un mulino4. Un’altra porzione del fisco ducale in una zona limitrofa ad Ascoli Satriano era il territorium Virisianum di cui il principe Sicardo, nell’835, dona una casa e 300 modii di terra vicini alla chiesa S. Decorentii5. Un diploma del 789 menziona Trasulfo, figlio del condoctor Virisiano Giovanni, che grazie all’intercessione dell’arcivescovo beneventano David riuscì a ottenere dal principe Grimoaldo III la conferma di tutti i beni paterni6. In questo comprensorio abbiamo condotto, a partire dal 2003, un ampio e articolato progetto di ricerche sistematiche, incentrato in particolare sulla valle del Carapelle. Ricognizioni di superficie, prospezioni aeree e geofisiche, analisi bioarcheologiche e archeometriche e scavi archeologici hanno consentito di ricostruire assetti e forme del popolamento rurale dalla Preistoria al Medioevo, modalità di gestione della terra, sistemi di relazione fra siti, infrastrutture e ambiente. Il cuore di

4 5 6

CSS, I, 6, n. 2, p. 345. CSS I, 28. CSS III, 27.

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questo progetto è stato lo scavo del sito di Faragola che, sulla base delle indicazioni topografiche contenute nei documenti7, abbiamo proposto di localizzare nel territorio del gaio Fecline8. Si vedano le osservazioni di Martin, La Pouille, pp. 196-99 e Chronicon Sanctae Sophiae I, 2, n. 1; I, 6, nn. 1, 2, 3, 4, 5. Cfr. anche V. Ficco, «La valle del Carapelle in età altomedievale: dati archeologici e fonti documentarie», in G. Volpe (a cura di), Storia e archeologia globale – 1, Bari, 2015, pp. 43-54, in part. pp. 48-50. 8 La bibliografia è ormai ampia, per cui ci limitiamo ai contributi più recenti, dai quali si può risalire a quelli precedenti. Sugli scavi di Faragola: G. Volpe, M. Turchiano (a cura di), Faragola 1. Un insediamento rurale nella valle del Carapelle. Ricerche e studi, Bari, 2009; G. Volpe, M. Turchiano, «La villa tardoantica e l’abitato altomedievale di Faragola (Ascoli Satriano)», Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts, Römische Abteilung, 118, 2012, pp. 455-91; G. Volpe, M. Turchiano, G. De Venuto, R. Goffredo, «L’insediamento altomedievale di Faragola: dinamiche insediative, assetti economici e cultura materiale tra VII e IX secolo», in C. Ebanista, M. Rotili (a cura di), La trasformazione del mondo romano e le grandi migrazioni. Nuovi popoli dall’Europa settentrionale e centro-orientale alle coste del Mediterraneo, Atti del Convegno Internazionale di Studi (Cimitile-Santa Maria Capua Vetere, 16-17 giugno 2011), Cimitile, 2012, pp. 239-63; M. Turchiano, G. Volpe, «Faragola e l’eredità delle ville in Italia meridionale tra Tardoantico e Altomedioevo», Anales de Arquologìa Cordobesa, 27, 2016, pp. 77-96. Sulle ricerche nella valle del Carapelle: R. Goffredo, G. Volpe, «Fotografia aerea, archeologia globale e paesaggi antichi della Daunia. Esempi dalle valli dell’Ofanto e del Carapelle», Archeologia Aerea, 2, 2007, pp. 219-246; R. Goffredo, V. Ficco, «Tra Ausculum ed Herdonia: i paesaggi di età daunia e romana nella Valle del Carapelle», in Faragola 1, pp. 25-56; R. Goffredo, «Archeologia delle tracce nella valle del Carapelle (Puglia Settentrionale). Metodologie di ricerca integrate per lo studio dei paesaggi di età romana e tardoantica», Archeologia aerea, 4-5, 2011, pp. 191-8; R. Goffredo, V. Ficco, M.F. Casoli, «Un vicus lungo la via Herdonitana? L’abitato di Fontana di Rano nella Valle del Carapelle (Ascoli Satriano, Foggia)», Siris, 12, 2012, pp. 23-52. Sulle indagini archeoambientali, archeometriche e di archeologia dell’architettura e della produzione: V. Caracuta, G. Fiorentino, «L’analisi archeobotanica nell’insediamento di Faragola (FG): il paesaggio vegetale tra spinte antropiche e caratteristiche ambientali tra tardoantico e altomedioevo», in G. Volpe, P. Favia (a cura di), V Congresso Nazionale di Archeologia Medievale (Foggia, Manfredonia 2009), Firenze, 2009, pp. 717-23; A. Buglione, «Ricerche archeozoologiche presso l’abitato altomedievale di Faragola (Ascoli Satriano, FG)», ivi, pp. 708-11; V. Caracuta, G. Fiorentino, M. Turchiano, G. Volpe, «Processi di formazione di due discariche altomedievali nel sito di Faragola. Il contributo dell’analisi archeobotanica», Post Classical Archaeologies, 2, 2012, pp. 225-45; E. Gliozzo, G. Scrima, M. Turchiano, I. Turbanti Memmi, «The Faragola Ceramic Collection: Ceramic Production, Consumption and Exchange in Seventh-Century 7

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Faragola e le proprietà pubbliche

Le indagini, condotte su una superficie di oltre 6000 m2, hanno portato alla scoperta di un insediamento pluristratificato, consentendo di ricostruirne la complessa vicenda insediativa, dalla frequentazione di epoca daunia alla grande villa romana e tardoantica, fino all’abitato altomedievale. Dati di grande interesse sono stati acquisiti sulle fasi di abbandono della residenza tardoantica, sulle nuove forme del popolamento rurale e sui caratteri dell’abitato strutturatosi, tra i corpi di fabbrica della villa preesistente, a partire dalla metà del VII secolo d.C. e protrattosi, con mutamenti morfologici anche significativi, fino alla metà-seconda metà del IX secolo. Le fasi altomedievali di Faragola hanno permesso di riprendere la riflessione su alcuni temi centrali nello studio dell’Italia meridionale altomedievale, dal tema della ‘fine delle ville’ a quello della dissoluzione delle altre forme insediative rurali, a quello della continuità-discontinuità delle strutture territoriali e del ruolo più o meno destrutturante della guerra greco-gotica e della penetrazione longobarda9. Abbiamo ritenuto che il modo migliore per sviluppare il compito assegnatoci in questa sede fosse quello di presentare i dati archeologici di un sito particolarmente significativo per le fasi di VII-VIII sec., per Apulia», Archaeometry, 56, 2014, pp. 961-86; E. Gliozzo, M. Turchiano, F. Giannetti, I. Memmi, «Late Antique and Early Medieval Glass Vessels from Faragola (Italy)», Archaeometry, 58, Suppl. 1, 2016, pp. 113-47; A. Cardone, G. De Venuto, R. Giuliani, «Faragola (Ascoli Satriano, FG): nuovi dati per la conoscenza dell’edilizia abitativa delle campagne altomedievali dell’Italia meridionale», in F. Redi, A. Forgione (a cura di), VI Congresso Nazionale di Archeologia Medievale (L’Aquila 2012), Firenze, 2012, pp. 140-4; G. Scrima, M. Turchiano, «Le ceramiche dei magazzini dell’abitato altomedievale di Faragola (Ascoli Satriano, FG). Tipologie, funzioni e significato sociale», ivi, pp. 601-6; R. Goffredo, M. Maruotti, «Il lavoro per il lavoro: fabbri, officine e cultura materiale nell’insediamento altomedievale di Faragola (Ascoli Satriano, Foggia)», ivi, pp. 656-61. 9 Su questi temi si rinvia a Martin, La Pouille; P. Arthur, «Per una carta archeologica della Puglia altomedievale: questioni di formulazione ed interpretazione», in Bizantini, Longobardi e Arabi in Puglia nell’alto medioevo, Atti del XX Congresso internazionale di studio sull’alto medioevo (Savelletri di Fasano (BR), 3-6 novembre 2011), Spoleto, 2012, pp. 59-85; G. Volpe, M. Turchiano, The Last Enclave. Rural Settlement in the 5th Century in Southern Italy: the Case of Apulia, in P. Delogu, S. Gasparri (a cura di), Le trasformazioni del V secolo. L’Italia, i barbari e l’occidente romano, Turnhout, 2010, pp. 531-77; Volpe, Turchiano, «La villa tardoantica e l’abitato altomedievale», da cui è possibile risalire all’ampia bibliografia generale.

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illustrare le strutture architettoniche, la cultura materiale, l’organizzazione produttiva agraria e manifatturiera, le attività di allevamento, la connotazione sociale e gli scambi, ponendoli in relazione con le fonti scritte. Più arduo il confronto tra i caratteri di questo abitato, sviluppatosi su una terra pubblica, e quelli di altri insediamenti a scala regionale o extraregionale. La limitatissima disponibilità di coevi contesti rurali indagati sistematicamente ed estensivamente (soprattutto di VII sec.) e le scarse conoscenze sulle tipologie insediative e sulla cultura materiale delle comunità rurali meridionali, nel periodo intercorso tra la fine del sistema delle ville e l’avvio di nuove forme del popolamento, circoscrivono la possibilità di individuare peculiarità, analogie o differenze10. In quest’ottica, interessante può rivelarsi uno sguardo al quadro del popolamento rurale altomedievale emerso dalle ricerche condotte negli ultimi in alcune aree lucane. In alta Val D’Agri, ad esempio, a partire dal VII secolo, ville in abbandono furono rioccupate dando vita ad abitati connotati da vocazione artigianale e dalla presenza di diverse unità abitative, riferibili a comunità caratterizzate da un discreto livello di cultura materiale, come si evince anche dai corredi delle necropoli limitrofe11. Fino a pochi anni fa sarebbe stato impensabile avere una visione diversa da quella tradizionale, legata cioè a una immagine di totale ‘catastrofe’, determinata in particolare dalla quasi totale mancanza di dati materiali. Le nuove acquisizioni archeologiche consentono oggi una

Una sintesi delle conoscenze in G. Volpe, «Villaggi e insediamento sparso in Italia meridionale fra Tardoantico e Altomedioevo», in G.P. Brogiolo, A. Chavarría Arnau, M. Valenti (a cura di), Dopo la fine delle ville: le campagne dal VI al IX secolo, 11° Seminario sul Tardo Antico e l’Alto Medioevo (Gavi 2004), Mantova, 2005, pp. 221-49 e Id., «Campagne in trasformazione. Le regioni del Sud», in G.P. Brogiolo, F. Marazzi (a cura di), Longobardi. Un popolo che cambia la storia, catalogo della mostra, Milano, 2017, pp. 144-9. 11 A. Russo, H. Di Giuseppe (a cura di), Felicitas temporum. Dalla terra alle genti: la Basilicata settentrionale tra archeologia e storia, Lavello, 2008, pp. 205-21, 265487, con contributi di M. Gualtieri, H. Fracchia, H. Di Giuseppe, A. Small, C. Sfameni; A. Russo, P. Guerrini, M.P. Gargano, L. Padalino, L. Vacca, «L’alta valle dell’Agri (PZ) tra tardoantico e altomedioevo”. I nuclei funerari», in Temporis Signa. Archeologia della Tarda Antichità e del Medioevo IV, pp. 75-110; A. Russo, A. Pellegrino, M.P. Gargano, «Il territorio dell’Alta Val d’Agri fra tardo antico e alto medioevo», in La trasformazione del mondo romano e le grandi migrazioni, pp. 265-82. 10

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conoscenza più approfondita, oltre che più articolata nel tempo e nello spazio, delle trasformazioni verificatesi tra la fine del VI e il VII-VIII secolo d.C., pur senza cadere in ireniche visioni ipercontinuiste. G.V. Faragola, una proprietà fiscale nel Ducato beneventano L’eredità della villa A un profondo ripensamento degli scenari tradizionali hanno indotto, in particolare, i dati acquisiti a Faragola, la cui complessa esperienza insediativa altomedievale si articola, come si è detto, nell’ambito di una grande proprietà fiscale ducale beneventana. La ‘fine’ della villa tardoantica, a partire dalla seconda metà del VI secolo d.C., non fu accompagnata da eventi traumatici, crolli e disfacimenti strutturali di entità significativa né da soluzioni di continuità12. Sulla base dei dati archeologici acquisiti finora è stata ipotizzata una persistente tenuta strutturale di diversi corpi di fabbrica, di cui non sembra essere venuta meno la praticabilità e continuità d’uso spaziale, come ad es. la cenatio, il frigidarium, la natatio e altri vani dell’impianto termale. È possibile, inoltre, che il balneum, edificato accanto alle terme più grandi, sia stato utilizzato, fino alla seconda metà del VI secolo e forse anche oltre. Parallelamente però si registrano un progressivo smantellamento, sia sul versante architettonico che decorativo, l’abbandono di alcuni ambienti e un cambiamento di destinazione d’uso degli spazi. Nuclei di sepolture infantili furono apprestati soprattutto a Nord e a Est della cenatio, lungo i muri perimetrali, al di sotto della risega di fondazione, di grandi vani precedentemente smantellati e privati dei rivestimenti pavimentali e parietali13 (Fig. 2). Volpe, Turchiano, «La villa tardoantica e l’abitato altomedievale», pp. 471-2. Lucerne, vasellame, tracce di bruciato e rubefazione e residui di pasto ritrovati presso le sepolture rinviano alla pratica del refrigerium. L’occupazione funeraria, tra fine VI e VII secolo, di ambienti e spazi delle ville tardoantiche è fenomeno ormai ben documentato in Italia e in tutto il Mediterraneo occidentale. Su questo tema, diffusamente trattato nella letteratura archeologica, si vedano i contributi raccolti in Brogiolo, Chavarría Arnau, Valenti, Dopo la fine delle ville; cfr. da ultimo P.G. Spanu, «Pultes et panem et merum» (Aug. Conf. VI, 2, I). Cibi e banchetti funerari tra Tarda Antichità e Alto Medioevo», in L’alimentazione nell’Alto Medioevo: pratiche, simboli, ideologie, Atti delle LXIII Settimane della Fondazione CISAM (Spoleto 2015), Spoleto, 2016, pp. 849-903. 12 13

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Fig. 2 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Localizzazione degli immondezzai in grigio (elaborazione A. Fratta).

Due discariche, verosimilmente realizzate intorno alla prima metà del VII secolo nel settore occidentale del deambulatorio che circondava la cenatio e immediatamente all’esterno del portico, con un intervento di asportazione dei piani di calpestio e di sbancamento degli strati sottostanti, furono destinate ad accogliere materiali eterogeni e macerie provenienti dalle operazioni di bonifica e sgombero di ambienti ormai in disuso14 (Fig. 3). L’analisi dei resti della cultura materiale e del record

I depositi hanno restituito una grande quantità di materiali inquadrabili in differenti orizzonti cronologici: ceramiche da cucina, mensa e dispensa, anfore (spatheia di piccole dimensioni in particolare), vetri, metalli, oggetti di ornamento personale, arredi, tra cui alcuni frr. della mensa marmorea a sigma, originariamente alloggiata sullo stibadium della cenatio, elementi di mobilio, resti organici, una calotta cranica umana, scorie di ferro e residui vegetali combusti. 14

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Fig. 3 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Sepolture infantili individuate nel nucleo abitativo settentrionale (foto M. Turchiano).

archeobotanico ha evidenziato un atteggiamento differente nella gestione dei rifiuti tra i due ambienti interessati dagli scarichi, formatisi in un breve arco di tempo, verosimilmente agli inizi del VII secolo d.C.15. In un immondezzaio confluirono materiali e residui vegetali provenienti dalla bonifica di cucine, stalle, magazzini, latrine e ambienti termali; nell’altro furono riversati prevalentemente scarichi di combustibile e scorie ferrose che potrebbero attestare l’esistenza, già nel corso della seconda metà - fine del VI secolo, di installazioni produttive metallurgiche, in aree prossime al luogo di smaltimento. I settori ancora agibili (o resi agibili dopo il repulisti contestuale alla realizzazione delle discariche) diventarono evidentemente una ‘miniera’ di facile approvvigionamento di manufatti metallici, tubature, grappe, da riutilizzare e riciclare (Fig. 4). Le operazioni di spoliazione interessarono anche i rivestimenti pavimentali e parietali, l’apparato scultoreo e gli elementi delle coperture, rivelando così caratteri di organizzazione e sistematicità da ricondurre al lavoro di maestranze specializzate su Caracuta, Fiorentino, Turchiano, Volpe, «Processi di formazione di due discariche altomedievali». 15

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Fig. 4 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Grappe in piombo destinate alla rifusione (foto M. Maruotti).

richiesta di committenti non facilmente identificabili, analogamente a quanto emerso da una ricerca condotta su numerose ville in Italia e nelle province occidentali che ha evidenziato standardizzazione e analogie nelle forme, dimensioni e ubicazioni degli impianti di riciclo (del metallo e dei vetri in particolare) e coerenza tecnologica16. L’unico dato certo è che questo ‘utilizzo’, immediatamente successivo alla ‘fine’ della villa, fu caratterizzato da razionalità organizzativa, come si evince dalla pratica della spoliazione radicale ma al contempo selettiva, con una scelta degli spazi da preservare. Se e in quale misura le operazioni di smantellamento e successivo reimpiego e/o riciclo in ambito rurale siano state controllate o in qualche modo regolamentate da un’autorità pubblica, così come accadeva nei centri urbani, o siano avvenute in modo spontaneo e gestite al di fuori di regole precise è dif-

B. Munro, Recycling in late Roman villas in southern Italy», Mouseion, Series III, 10, 2010, pp. 217-42; Ead., Recycling, demand for materials, and land ownership at villas in Italy and the western provinces in late antiquity (5th-6th century AD)», Journal of Roman Archaeology, 25, pp. 351-70. 16

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ficile stabilirlo con certezza17. Non abbiamo dati concreti per collegare i fenomeni in questione alle élites aristocratiche, mentre il confronto con alcuni contesti urbani, suburbani e rurali sembrerebbe profilare sempre più, da una parte, il ruolo dei nuovi poteri laici ed ecclesiastici, dall’altra l’incidenza delle autorità pubbliche18. Di difficile lettura sono i passaggi di proprietà, volontari o imposti, che potrebbero aver segnato questa fase, e la connotazione sociale di chi utilizzò, gestì e smantellò le strutture della villa. Nuovi proprietari? Amministratori o affittuari? Coloni e personale già al servizio del fundus? Non è escluso che proprio in questa fase, corrispondente alla prima espansione longobarda nella Puglia settentrionale, si sia andata formando la grande proprietà fiscale, per effetto di confische, donazioni, acquisti e attraverso l’incameramento di beni di particolari categorie19; in quest’area non sono note attestazioni della proprietà imperiale di età romana. Un nuovo assetto dell’abitato. Modalità insediative, sistemi socio-economici e cultura materiale Per il pieno VII sec., i dati archeologici delineano una nuova realtà insediativa, economica e sociale. L’esame delle sequenze stratigrafiche, lo studio della cultura materiale, l’analisi delle tecniche edilizie e la lettura integrata degli indicatori bioarcheologici hanno consentito di enucleare i caratteri peculiari di un abitato articolato e strutturato, connotato da buone condizioni di vita. Si registra una sistematica rioccupazione di consistenti nuclei del complesso architettonico tardoantico, con cambiamenti di destinaSu questo tema cfr. J.F. Bernard, Ph. Bernardi, D. Esposito (a cura di), Il reimpiego in architettura. Recupero, trasformazione, uso, Roma, 2008; S.J. Barker, Roman Builders-Pillagers of Salvagers? The Economics of Destruction and Reuse», in S. Camporeale, H. Dessals, A. Pizzo (eds.), Arqueología de la Construción II. Los processos constructivos en el mundo roman: Italia y provincias orientales, Atti del Convegno Internazionale (Siena 2008), Anejos de Archivo Español de Arquelogía, LVII, Madrid-Mérida, 2010, pp. 127-42; C. Panella, P. Pensabene, Reimpiego e progettazione architettonica nei monumenti tardo antichi a Roma», Atti della Pontificia Accademia Romana di Archeologia. Rendiconti, 66, 1992-1993, pp. 111283. 18 Cfr. Turchiano, Volpe, «Faragola e l’eredità delle ville», con bibliografia specifica. 19 Si veda il contributo di Vito Loré in questo volume. 17

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zione d’uso e con opere di miglioramento della stabilità strutturale, consolidamenti e ristrutturazioni delle murature ancora conservate in elevato e con attività di risistemazione delle coperture20 (Fig. 5). Se i settori termali risultano defunzionalizzati, con il probabile abbandono di alcuni vani peraltro mai resi inaccessibili, non possiamo escludere una frequentazione dell’ampio ambiente mosaicato (amb. 3), secondo modalità difficili da ricostruire21. Resta aperto il problema della sopravvivenza della cenatio, con l’eventuale perdita del suo significato originario e una sua nuova possibile funzione all’interno dell’insediamento altomedievale. Questa grande sala, con la sua monumentalità e il suo ricco e originale apparato decorativo, non fu infatti smantellata, demolita o trasformata. Un intervento di ‘monumentalizzazione’ in corrispondenza dell’area di accesso al precedente complesso cenatio-terme22 potrebbe essere stato concepito proprio in funzione della continuità di utilizzo del grande vano. Al di là di un ipotetico e difficilmente valutabile significato simbolico, potrebbe aver avuto infatti un valore materiale, perché appare improbabile che si sia voluto conservare questa sala senza procedere a un sistematico smontaggio di marmi e di altri materiali di pregio solo per una forma di rispetto dell’Antico. Non possiamo escludere che sia stata riutilizzata e reinterpretata con una specifica funzione di sala di rappresentanza riservata a esponenti della corte beneventana, in occasione di spostamenti nei possedimenti ducali, lungo l’antica via Herdonitana. Accanto alla rioccupazione intensiva dei corpi di fabbrica centrali e settentrionali della villa, di grande interesse appaiono alcuni episodi di nuove costruzioni. Alla ‘monumentalizzazione’ della precedente area di accesso al complesso sala da pranzo-terme, cui si è fatto cenno, con la realizzazione di un ingresso scandito da pilastri quadrangolari pavimentato con cocciopesto (amb. 45), si affiancò la costruzione di un adiacente grande vano a pianta rettangolare, con funzione verosimilmente

Volpe, Turchiano, De Venuto, Goffredo, «L’insediamento altomedievale di Faragola», in part. pp. 242-4; Cardone, De Venuto, Giuliani, «Faragola (Ascoli Satriano, FG): nuovi dati». 21 Questo settore era stato interessato, alla fine degli Anni Novanta, dalla realizzazione di uno scavo archeologico mediante molteplici trincee che ne hanno compromesso la lettura stratigrafica. 22 Cfr. infra. 20

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Fig. 5 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Planimetria dell’abitato di pieno VII sec. d.C. (elaborazione F. Monaco).

residenziale (amb. 71)23 (Fig. 6). Quest’ultimo intervento edilizio non compromise la continuità d’uso di un monumentale ambiente absidato, localizzato e verosimilmente realizzato nel tardo VI-VII secolo. I rifacimenti collegati alle fasi di rioccupazioni successive24 impediscono di cogliere la funzione originaria del vano25; suggestiva potrebbe essere l’ipotesi di identificarlo con un edificio di culto26, anche se – ci sembra corretto precisarlo – non disponiamo di elementi cogenti per confermare una sua funzione liturgica. Il vano ha una superficie di circa 85 m2. Originariamente l’ambiente, oggetto di rioccupazioni successive, doveva essere pavimentato in cocciopesto, di cui si conservano lembi degli strati di preparazione. 24 Al di sopra del nucleo centrale di questo corpo di fabbrica absidato, verso la fine dell’VIII-inizi IX secolo, fu edificata una abitazione con zoccolatura lapidea, elevati in argilla, intelaiatura in legno e copertura in grandi tegole. Cfr. infra. 25 Non è stata rinvenuta alcuna traccia della pavimentazione originaria dell’ambiente, a eccezione di alcune tessere musive bianche di medie dimensioni e in pasta vitrea, in deposizione secondaria, negli strati di interro individuati in corrispondenza dell’abside, conservato in fondazione. 26 Sull’importanza, sul ruolo e sui caratteri degli edifici di culto all’interno delle proprietà palatine si vedano le considerazioni infra. 23

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Fig. 6 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Vano residenziale edificato a Est della cenatio (foto M. Turchiano).

Un altro nucleo abitativo realizzato ex novo, dotato di una pavimentazione in cocciopesto e di alzati in argilla pressata (amb. 17)27, fu costruito a Nord-Est dell’ingresso del complesso termale ed è da leggere in pendant con i contigui vani 34, 35 e 14 (Fig. 7); la presenza, in quest’ultimo ambiente, di un fornello in laterizi, lascia supporre una differenziazione funzionale e una articolazione degli spazi. Nel settore localizzato a Nord del complesso cenatio-portico, dopo una radicale attività di smantellamento e rimozione dei piani pavimentali, all’interno dei vani 79, 90, 95 e 96 furono realizzate delle grandi cucine, recuperando la funzione rivestita verosimilmente da tali ambienti nell’architettura della villa tardoantica. Oltre a piastre di cottura28 e a basi per focolari, sono stati rinvenuti strati con consistenti tracce di ru-

L’amb. 17 è largo 5 m e lungo 7,5 m. Le piastre di cottura, generalmente costituite da un unico grande laterizio di forma quadrangolare (dimensioni: 70x70 cm), sono collocate, all’interno degli ambienti, in posizione semicentrale; i focolari realizzati in mattoni o in spezzoni di laterizi, in appoggio ai muri perimetrali. Entrambe le tipologie, posizionate in prossimità di accessi o all’altezza di aperture, per facilitare la dispersione dei fumi e migliorare il tiraggio, potrebbero aver avuto una funzione bivalente di cottura e riscaldamento. 27 28

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Fig. 7 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Vano residenziale pavimentato in cocciopesto e con alzati in argilla pressata (buche di palo ascrivibili alla fase di VIII sec.) (foto G. Volpe).

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befazione e di cenere e molteplici altri indicatori relativi alla lavorazione e alla cottura dei cibi. Sono stati ritrovati resti di frumento, piselli e lenticchie e significativi depositi di ceramiche29. È probabile che alcuni di questi vani fossero utilizzati anche come dispense e come spazi di trasformazione delle derrate, grazie alla presenza di soppalchi lignei30. Non si può escludere un uso abitativo del piano superiore. Lo sviluppo verticale contraddistingue anche due grandi ambienti (amb. 7 e 8), posti immediatamente a Sud della cenatio, utilizzati come magazzini e dispense (Fig. 8). Dotati di soppalco ligneo e di scale di accesso esterne, furono distrutti, intorno alla metà dell’VIII sec., quasi certamente in seguito a un incendio31 (Fig. 9). I magazzini si caratterizzano per una differente destinazione d’uso: l’amb. 8 era adibito allo stoccaggio del frumento (Triticum aestivum/compactum) destinato alla dieta umana, mentre l’amb. 7 alla conservazione di veccia e orzo, forse con destinazione foraggera32. Le stratigrafie hanno restituito consistenti quantità di ceramiche da cucina e da dispensa, alcune con caratteri riconducibili a manufatti di ambito ‘longobardo’: colpiscono la quantità (3500 frammenti ca.), la varietà tipologica e la qualità esecutiva. Segnaliamo i dati dimensionali di alcune olle33, delle anforette34 e di grandi contenitori35 associati a imbuti di differenti dimensioni, indicativi di quantità significative di cibi da cuocere e di derrate da conservare e molto probabilmente da destinare a trasporti a scala locale, regionale o extraregionale36 (Fig. 10). Una delle cucine ha restituito ca. 1500 frammenti ceramici. Sono stati ritrovati resti di travi lignee combuste. 31 Le analisi al 14C, effettuate nei laboratori del CEDAD dell’Università del Salento, hanno fornito una datazione compresa tra il 530 e il 680 d.C. per un travetto ligneo e datazioni al 430-660 d.C., 530-660 d.C., 610-700 d.C. per alcune cariossidi. 32 Caracuta, Fiorentino, «L’analisi archeobotanica», p. 722. 33 Le olle si caratterizzano per una notevole variabilità dimensionale; la capacità va da 1 a 5 litri, per i moduli medio-piccoli, da 6 a 11 litri per quelli più grandi. 34 Le anforette hanno una capacità compresa tra 5,5 e 7 litri. 35 All’interno dei magazzini/depositi sono stati ritrovati 5 contenitori di capacità compresa tra 17 e 23 litri. Tra questi si segnalano un paio di esemplari dall’ampia imboccatura, la cui capacità si attesta intorno ai 100 litri. 36 Le dimensioni medio-piccole, i colli brevi, le anse impostate sotto l’orlo, la forma globulare associata a pareti poco spesse e il fondo piatto rendevano le anforette adatte al trasporto di liquidi e solidi incoerenti, sia per via di terra, su carri o animali da soma, sia per via fluviale e/o marittima, con l’ausilio di chiatte 29 30

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Fig. 8 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Veduta di uno dei magazzini (foto G. Volpe).

Fig. 9 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Dettaglio delle travi in legno e delle cariossidi combuste (foto G. Volpe).

o di piccole imbarcazioni a fondo piatto per il cabotaggio costiero o nelle acque interne. Su questi aspetti si vedano le riflessioni di E. Zanini, «Forma delle anfore e forme del commercio tardoantico: spunti per una riflessione», in S. Menchelli, S. Santoro, M. Pasquinucci, G. Guiducci (eds.), LRCW3. Late Roman Coarse Wares, Cooking Wares and Amphorae in the Mediterranean. Archaeology and Archaeometry. Comparison Between Western and Eastern Mediterranean, Oxford, 2010 (BAR

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Fig. 10 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Campionatura delle ceramiche dipinte rinvenute nei magazzini (scala 1:3) (disegni G. Scrima).

Int. Ser. 2185, II), pp. 139-48. Dovevano essere verosimilmente presenti sistemi di protezione con ramaglie e impagliature, utili a evitare il rischio di spaccature durante l’eventuale trasporto, come dimostra la stesura del colore limitata alla parte superiore dei recipienti e la presenza, in molti casi, di fasci di linee parallele incise in corrispondenza della porzione inferiore.

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Accanto al vasellame, all’interno dei magazzini è stato rinvenuto anche uno straordinario campionario di instrumenta metallici, riferibili ad ambiti funzionali diversificati (Fig. 11). Fanno parte di questa dotazione attrezzi agricoli (1 falcetto, 2 roncole, 1 ascia-piccone, 1 sessola e 1 coltello per sementi)37, strumenti per l’edilizia, la carpenteria e l’artigianato (2 teste di accetta, 3 punteruoli, 1 cazzuola, 2 rastrelli per calce o intonaco), attrezzi per l’allevamento (1 morso equino, 1 tintinnabulum da bestiame) 38 e, infine, utensili di uso domestico (1 campanella da sospensione, 1 coltello ed 1 padella in lega di rame con fondo umbonato39) (Fig. 12). La varietà e la composizione tipologica di questo strumentario, denota una disponibilità di risorse, forse anche di materie prime40, e la presenza Residui di cereali combusti ricoprivano la sessola e un coltello. Le tipologie degli strumenti utilizzati per le attività agricole sono ben associabili al paesaggio agrario ricostruito sulla base degli indicatori archeobotanici e delle analisi dei residui organici. Il falcetto doveva essere utilizzato per tagliare il grano, l’ascia/ piccone per la potatura delle viti (o di altri arbusti di medie dimensioni) o per sistemare radici di alberi di ulivo o da frutto, la sessola come paletta per prendere i cereali conservati in contenitori realizzati in materiali deperibile. A tal proposito è stato evidenziato anche a Faragola l’attuarsi di quel “‘virtuoso’ processo di subordinazione dell’artigianato metallurgico all’agricoltura, che in numerosi contesti dell’Italia centro-settentrionale e del Barbaricum, già a partire dalla fine del V secolo, aveva favorito incrementi nella produttività delle attività agricole” (Goffredo, Maruotti, «Il lavoro per il lavoro», p. 660). Su questi aspetti si vedano F. Zagari, V. La Salvia, «Aspetti della produzione metallurgica longobarda. Note sulla tomba del fabbro di Grupignano e sullo sviluppo dell’attrezzatura agricola», in Paolo Diacono e il Friuli Altomedievale (secc. VI-X), in Atti del XIV Congresso internazionale di studi sull’Alto Medioevo (Cividale del Friuli – Bottenicco di Moimacco 1999), I-II, Spoleto, 2001, pp. 863-86, in part. pp. 875-80 e V. La Salvia, «Tradizioni tecniche, strutture economiche e identità etniche e sociali fra Barbaricum e Mediterraneo nel periodo delle Grandi Migrazioni», Post Classical Archaeologies, 1, 2011, pp. 67-94, in part. pp. 80-1. 38 L’analisi tipologica di questo strumentario ha messo in evidenza tangenze con esemplari provenienti da Villa Clelia, Belmonte, Santa Giulia a Brescia e Monte Barro. 39 La padella, recante sul fondo tracce di una riparazione effettuata in antico, trova confronti con esemplari documentati in contesti di fine VI-VII sec., soprattutto di ambito longobardo, tra cui si segnalano i manufatti ritrovati Nocera Umbra e presso Rossiglione (E. Giannichedda, «Una padella altomedievale da Rossiglione (Genova)», Archeologia Medievale, XX, 1993, pp. 579-90). Dalle stratigrafie dei magazzini/dispense di Faragola proviene anche una padella realizzata in argilla. 40 Sono stati rinvenuti dispositivi e numerose scorie attribuibili a impianti per la lavorazione secondaria del ferro all’interno dei quali potrebbero essere stati 37

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Fig. 11 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Attrezzi e strumenti in ferro conservati in uno dei magazzini dell’abitato di pieno VII sec. (foto M. Maruotti).

Fig. 12 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Padella in lega di rame (foto G. Volpe).

realizzati questi attrezzi, sebbene i contesti artigianali non abbiamo restituito manufatti integri o scartati. Su questi aspetti si vedano le riflessioni in Goffredo, Maruotti, «Il lavoro per il lavoro» cit. e infra.

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di molteplici tipologie di lavoratori e di professionalità specializzate. Non trascurabile è il dato del ritrovamento contestuale di questi attrezzi, conservati tutti insieme all’interno dei magazzini. Intorno alla seconda metà del VII sec. d.C. l’abitato sembra acquisire una spiccata vocazione artigianale, con l’impianto di officine orientate a differenti attività produttive41. Una riconversione d’uso in funzione artigianale42 connota il vano antistante la cenatio, lo spazio immediatamente a Ovest, l’ala orientale del portico e il corridoio di raccordo con le terme che ospitarono pratiche metallurgiche riconducibili a quattro officine43 (Fig. 13). Nel vano antistante la cenatio, dopo la rimozione della pavimentazione originaria, furono apprestati tre forni a pozzetto, utilizzati per la fusione del piombo (Fig. 14)44. Nell’ala orientale del portico fu im-

Si veda da ultimo Goffredo in G. De Venuto, R. Goffredo, M. Turchiano, G. Volpe, «Assetti insediativi, sistemi socio-economici e cultura materiale nella Puglia longobarda. Il caso di Faragola», in G. Volpe (a cura di), Storia e archeologia globale dei paesaggi rurali in Italia fra Tardoantico e Medioevo, Bari, 2018, pp. 131-59. 42 Forme di rifunzionalizzazione in senso produttivo sono state individuate in numerose ville. Fornaci, vasche per la decantazione dell’argilla o per lo spegnimento della calce, forni per la rifusione dei metalli e calcare furono impiantate in spazi in precedenza occupati da peristili, terme e sale da pranzo. Una sintesi di queste tematiche, con valutazioni anche di tipo quantitativo è in A. Castrorao Barba, «Continuità topografica in discontinuità funzionale: trasformazioni e riusi delle ville romane in Italia tra III e VIII secolo», Post Classical Archaeologies, 4, 2014, pp. 259-96. In riferimento alle regioni dell’Italia meridionale, il fenomeno interessa soprattutto il pieno VI e VII secolo, con rare attestazioni già a partire dal IV-V secolo; si veda la disamina in M. Turchiano, «Edilizia residenziale e spazi del lavoro e della produzione nelle ville di Puglia e Basilicata tra Tardoantico e Altomedioevo: riflessioni a partire da alcuni casi di studio», in P. Pensabene, C. Sfameni (a cura di), La villa restaurata e i nuovi studi sull’edilizia residenziale tardoantica, Atti del Convegno internazionale del CISEM (Piazza Armerina 2012), Bari, 2014, p. 367380 e in P. Favia, R. Giuliani, M. Turchiano, «La produzione in Italia meridionale fra Tardo Antico e Medioevo: indicatori archeologici, assetti materiali, relazioni socio-economiche», in A. Molinari, R. Santangeli Valenzani, L. Spera (a cura di), L’archeologia della produzione a Roma (secoli V-XV), Atti del Convegno Internazionale di Studi (Roma 2014), Bari, 2015, pp. 521-51, in part. pp. 525-33. 43 Goffredo, Maruotti, «Il lavoro per il lavoro». 44 Analoghe attività di riciclaggio del piombo sono documentate anche nell’ultima fase di lavorazione dell’officina 2, dotata anche di una contigua area di raccolta degli scarichi e dei residui di lavorazione. 41

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Fig. 13 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Forni a pozzetto apprestati nel vano antistante la cenatio (officina 3) (foto G. Volpe).

Fig. 14 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Dettaglio di uno dei forni a pozzetto (foto G. Volpe).

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piantata una forgia per la lavorazione secondaria del ferro, a cui sono riconducibili un punto di fuoco, un blocco lapideo interpretato come incudine, un bancone da lavoro in laterizi malcotti e ciottoli e numerose piccole scaglie di battitura (Fig. 15). All’attività di affinazione e forgiatura del ferro era destinata anche la bottega installatasi nelle immediate vicinanze dell’ingresso al complesso termale. Gli indicatori di produzione relativi al piombo suggeriscono un’attività di rifusione, prevalentemente delle fistulae recuperate dalla villa (di cui sono stati individuati piccoli depositi in più punti del sito)45, al fine di produrre lingotti circolari, barre per saldature o altri elementi da destinare a successivi impieghi. Una riconversione funzionale a scopo artigianale investì anche il quartiere residenziale e di ‘servizio’, ubicato a Nord del complesso della cenatio. In uno dei vani, un focolare in laterizi, scorie ferrose a calotta, colaticci e resti di forni a pozzetto dismessi, provenienti da un’area adiacente, sono stati messi in relazione alla lavorazione dei metalli, pur in assenza di evidenze riconducibili a impianti. L’ambiente contiguo fu utilizzato come deposito di manufatti metallici, grappe plumbee da riciclare e vetri da finestra. Non si può escludere che due strutture circolari in ciottoli e laterizi, databili all’VIII sec., siano da interpretare come basi di forni fusori46. Un’attività artigianale connessa alla lavorazione delle leghe di rame connota uno degli ambienti del complesso edilizio47, edificato a NordEst del corpo centrale della villa, dove sono state ritrovate scorie e fosse circolari e tracce di esposizione al calore (Fig. 16). L’organizzazione, l’articolazione degli atéliers e la tipologia degli indicatori di produzione individuati sono testimonianze evidenti della capacità di produrre in loco sia oggetti finiti (attrezzi agricoli, strumenti per la carpenteria, suppellettili)48, sia semilavorati anche da destinare a L’ubicazione di tali impianti potrebbe essere stata dettata anche dalla prossimità di accesso alle materie prime da riciclare (fistule plumbee, rubinetti e altri dispositivi idraulici, cerniere di finestre, ecc.). Su questi aspetti si vedano le riflessioni di Munro, Recycling in late Roman villas» e di Ead., Recycling, demand for materials». 46 In alternativa potrebbe trattarsi di basi per macine. Cfr. infra. 47 I caratteri strutturali, l’organizzazione spaziale e l’omogeneità dei vani, potrebbero rinviare a unità abitative utilizzate da parte dei servi e forse anche degli artigiani (cfr. infra). 48 Cfr. supra le considerazioni sul repertorio di strumenti metallici rinvenuti nei magazzini/dispense. 45

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Fig. 15 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Forgia individuata nell’ala orientale del portico della cenatio (foto G. Volpe).

Fig. 16 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Officina adibita alla lavorazione di leghe di rame (foto M. Turchiano).

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circuiti di scambio. La lavorazione del metallo avvenne all’interno di spazi ben definiti e qualificati dalla presenza di impianti e strutture di supporto alla produzione; le botteghe metallurgiche furono oggetto di accurate procedure di manutenzione, testimoniate dalla pressoché completa assenza di scorie provenienti dai piani d’uso, dal frequente rifacimento degli stessi, dalla presenza di aree annesse deputate ad accogliere scarichi di combustibile, residui di lavorazione e resti di forni asportati. Consapevolezza tecnica, organizzazione delle officine, conoscenze pirotecnologiche, ricchezza di materie prime lasciano dunque supporre l’attività di maestranze specializzate che forse si affiancavano a un nucleo di artigiani locali, impegnati nella produzione o nella riparazione di manufatti di semplice fattura. È possibile, inoltre, che la durata di tali attività, soprattutto della lavorazione del piombo, sia stata relativamente breve. Grande rilievo sembra aver avuto anche l’artigianato fittile, favorito senza dubbio dalla disponibilità di banchi argillosi presenti nel territorio. A Nord-Est del nucleo cenatio-portico fu costruita, sulle strutture di una monumentale aula absidata della villa del IV secolo, una fornace, verosimilmente destinata alla cottura di ceramiche, affiancata da una grande vasca in laterizi utilizzata per la decantazione/ stagionatura e/o pestatura dell’argilla (Fig. 17). Le analisi archeometriche hanno dimostrato una piena compatibilità tra l’argilla cruda rinvenuta nella vasca, le ceramiche da cucina, da mensa e da dispensa, ritrovate nelle cucine e nei magazzini, e i sedimenti campionati in alcune cave di argilla e lungo il fiume Carapelle49. Il rinvenimento, in un’area immediatamente circostante il nucleo centrale dell’abitato, di un’altra grande vasca, conferma l’importanza dell’artigianato fittile, orientato alla produzione non solo di ceramiche ma anche probabilmente di laterizi da copertura50. Gliozzo, Scrima, Turchiano, Turbanti Memmi, «The Faragola Ceramic Collection». Le indagini minero-petrografiche e chimiche hanno permesso di evidenziare uno sfruttamento consapevole del territorio, con selezioni funzionali e mirate nella scelta dei bacini di approvvigionamento: i sedimenti poveri di calcio, raccolti lungo il fiume Carapelle, sono stati impiegati per la produzione di vasellame da cucina, mentre le argille ricche di calcio, immediatamente disponibili nelle vicinanze del sito di Faragola, sono state invece destinate alla foggiatura delle stoviglie da mensa. 50 Sono stati indagati crolli poderosi di coperture in laterizi pertinenti alle fasi di pieno-tardo VII e di VIII secolo. 49

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Fig. 17 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Vasca per la decantazione e/o pestatura dell’argilla e fornace (foto M. Turchiano).

Standardizzazione dei manufatti, diversificazione della produzione, ricorrenza degli elementi decorativi, consapevole sfruttamento del territorio, convergono nel delineare i tratti di una produzione omogenea51. Alla prevalente persistenza di un repertorio di matrice tardoantica (brocche, anforette, ciotole, pentole), si associa, a partire dal VII sec., una tendenza verso un rinnovamento dei repertori morfotipologici e decorativi (olle con beccuccio versatoio, bottiglie, olle con orlo trilobato e olle globulari), che in parte si ispirano a modelli bizantini (es. anfore globulari), mutuando suggestioni anche dall’ambito longobardo52 (Fig. 10).

Scrima, Turchiano, «Le ceramiche dei magazzini». Colpisce come gli studi condotti sui manufatti ceramici e metallici abbiano evidenziato, in relazione ad alcune tipologie, tangenze con produzioni di ambito longobardo. È stato ritrovato anche un punzone recante un motivo a graticcio che ricorda alcune ceramiche stampigliate. Se queste similitudini possano essere interpretate come spia di un complesso processo di acculturazione in atto, di confronto e di condivisione di un variegato patrimonio di conoscenze formali, stilistiche e tecnologiche, è difficile stabilirlo sulla base degli scarni elementi disponibili. Cfr. le considerazioni infra. 51

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Anche le terme furono rioccupate, con attività artigianali legate alla lavorazione dell’osso, impiantate in un vano utilizzato in precedenza come probabile apodyterium53. Non si può escludere l’esistenza anche di un artigianato vetrario, cui potrebbero essere collegabili alcuni accumuli di vetri da finestra, tessere musive e vasellame frammentario, forse destinati alla rifusione54. Alcuni indizi potrebbero inoltre far pensare alla presenza di una calcara. Le soluzioni architettoniche adottate e la presenza di strumenti riconducibili alla sfera edilizia potrebbero attestare l’attività di costruttori specializzati, posti a coordinare maestranze stabilmente impegnate in situ nella manutenzione del complesso55. Si assiste infatti, parallelamente a una riformulazione degli spazi abitativi attraverso consolidamenti e riadattamenti con muri in pietra, associati a elevati in materiali deperibili, ad interventi di risistemazione delle coperture e, in alcuni casi, alla realizzazione di nuove costruzioni e di pavimenti in cocciopesto56. La maggior parte delle attività artigianali documentate a Faragola, nelle fasi successive alla ‘fine’ della villa, è dunque basata sul riutilizzo e riciclo di materiali prelevati quasi certamente dal complesso edilizio precedente57. Una delle eccezioni è rappresentata dalla produzione di

53 Sono state rinvenute porzioni di palco di cervo levigate e tagliate e ossa di equino lavorate (A. Buglione, G. De Venuto, «L’uso artigianale del palco di cervo in Puglia fra Tardoantico e Medioevo», in A. Tagliacozzo, I. Fiore, S. Marcone, U. Tecchiati (a cura di), V Convegno Nazionale di Archeozoologia (Rovereto, 2006), Rovereto, 2006, pp. 349-52). Alcune evidenti tracce di tagli osservate su metapodiali di cervo potrebbero essere indicative di una pratica di recupero e trattamento delle pelli (Buglione, «Ricerche archeozoologiche», pp. 709-10). 54 Le analisi archeometriche effettuate sul vasellame vitreo di Herdonia e Faragola, hanno evidenziato l’utilizzo diffuso di rottami di vetro riciclato: E. Gliozzo, M. Turchiano, A. Santagostino Barbone, «Late antique glass vessels and production indicators from the town of Herdonia (Foggia, Italy): new data on CaO-rich/weak HIMT Glass», Archaeometry, 58, Suppl. 1, 2016, pp. 81-112. e Gliozzo, Turchiano, Giannetti, Memmi, «Late Antique and Early Medieval Glass Vessels». 55 Cardone, De Venuto, Giuliani, «Faragola (Ascoli Satriano, FG): nuovi dati». 56 Negli strati di preparazione del cocciopesto furono reimpiegati frammenti di anfore vinarie di provenienza orientale. 57 Si vedano le considerazioni in Turchiano, Volpe, «Faragola e l’eredità delle ville in Italia meridionale», con rinvio alla bibliografia di riferimento.

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vasellame fittile e di tegole da copertura dei tetti58, difficilmente riutilizzabili se non in condizioni integre59. È probabile che attività artigianali così articolate sul piano qualitativo e quantitativo siano state destinate non prioritariamente a soddisfare le esigenze dell’abitato sviluppatosi in loco ma anche, forse soprattutto, al trasporto, vendita e/o scambio esterno, verso Ausculum, Herdonia o altri centri del ducato beneventano60, grazie alla posizione dell’insediamento lungo un importante tracciato viario, la via Aurelia Aeclanensis, e a breve distanza dal fiume Carapelle. I due magazzini potrebbero essere messi in relazione all’accumulo di derrate provenienti dai campi e/o all’immagazzinamento di quote canonarie. Il campione archeobotanico documenta un’economia agricola basata su coltivazioni cerealicole (frumento e orzo) e leguminose (prevalentemente lenticchie, piselli e veccia). Il paesaggio vegetale è caratterizzato da quercia caducifoglie e lentisco e da ginepro, frassino, ramno, olmo campestre, pioppo/salice e olivo61. L’olivo e la vite sono le uniche testimonianze pertinenti ad alberi da frutto, insieme a sporadiche attestazioni di Sorbus cfr. domestica, Punica granatum, Prunus sp. Particolarmente interessante il ritrovamento di endocarpi d’olivo che potrebbe attestare la pratica dell’olivicoltura, ipotesi confermata dalle analisi sui residui organici che hanno rilevato le tracce di olio in alcune anforette e in un imbuto62. Anche la presenza della vite è confortata dal rinvenimento di vinaccioli. Spunti di riflessione su un possibile controllo della gestione degli animali possono essere desunti dalla diversa composizione degli as58 Sono stati rinvenuti accumuli di coppi accatastati, forse selezionati in attesa di essere riutilizzati perché integri. 59 Anche nei grandi centri urbani le industrie di tegole continuarono a essere attive per la difficoltà di riutilizzare elementi non integralmente conservati. 60 B. Munro ha ipotizzato che i materiali recuperati e rilavorati a Faragola siano stati utilizzati nella costruzione del monastero di S. Sofia a Benevento, fondato nel 774 d.C., oppure destinati al centro di Ausculum (Munro, Recycling in late Roman villas», p. 222). 61 Caracuta, Fiorentino, «L’analisi archeobotanica». 62 M.T. Giannotta, P. Favia, M. Lettieri, D. Leone, F. Notarstefano, M. Turchiano, G. Volpe, Sulle tracce del cibo. Le analisi dei residui organici nelle ceramiche per la ricostruzione dei paesaggi della Puglia settentrionale tra Tardoantico e Medioevo», in G. Volpe (a cura di), Storia e archeologia globale dei paesaggi rurali in Italia fra Tardoantico e Medioevo, Bari, 2018, pp. 163-98.

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semblaggi archeobotanici rinvenuti nei due magazzini: l’amb. 7 era adibito alla conservazione di veccia e orzo, associati a infestanti dei campi, verosimilmente utilizzati come foraggio per gli animali63. Tra le piante considerate foraggere sono attestate anche l’avena e la cicerchia, sebbene il loro impiego nella dieta umana non possa essere escluso a priori. Lo scarso numero di infestanti associato al frumento, conservato nell’amb. 8, e alle piante ruderali potrebbe invece indicare un buon livello di specializzazione agricola, conseguente all’adozione di pratiche di pulizia dei coltivi e di setacciatura accurata delle messi prima dell’immagazzinamento e del consumo alimentare64. Di grande interesse la costruzione, al di sopra dei crolli dei vani residenziali della villa di IV secolo, di un forno destinato alla cottura del pane65 e utilizzato probabilmente anche per altre tipologie di preparazioni (ad es. tostatura dei cereali o essiccazione dei legumi) 66. È difficile determinare con certezza se questo forno, significativamente ubicato in un settore periferico rispetto all’abitato, sia stato realizzato in questa fase o successivamente (Fig. 18)67; potrebbe trattarsi di un impianto comunitario, a uso delle famiglie residenti in loco68.

È attestato l’uso dell’orzo anche nell’alimentazione umana, soprattutto come ingrediente di zuppe e polente e raramente, in casi di carestie o di cattivo raccolto, nella panificazione a causa del basso contenuto di glutine che ne limita la lievitazione (M. Montanari, Alimentazione e cultura nel Medioevo, Bari, 1988, pp. 133-5). 64 Caracuta, Fiorentino, «L’analisi archeobotanica», pp. 720-1. 65 Il forno è costituito da una camera emisferica, scavata nel terreno, di cui si conservano filari realizzati in spezzoni di laterizi. Anche il fondo della camera è foderato di laterizi con evidenti tracce di bruciato. Davanti all’imboccatura del forno è collocato un grande concio in pietra, affiancato da altri due elementi lapidei conficcati verticalmente, utilizzato come piano di lavoro. 66 Sugli impianti produttivi da pane si veda la trattazione in F. Stasolla, «Luoghi e strumenti della cucina nell’archeologia del quotidiano altomedievale», in L’alimentazione nell’Alto Medioevo: pratiche, simboli, ideologie, Atti delle LXIII Settimane della Fondazione CISAM (Spoleto 2015), Spoleto, 2016, pp. 578-85. 67 Sono stati ritrovati, all’interno e all’esterno di alcuni ambienti dell’abitato, macine in pietra lavica di piccole e medie dimensioni per uso domestico. È stato rinvenuto anche un frammento pertinente a una macina a clessidra: cfr. infra. 68 Non sappiamo se anche le operazioni di macinazione dei cereali e di preparazione dell’impasto fossero effettuate con forme di organizzazione collettiva o avvenissero in ambito domestico. In uno dei vani della villa tardoantica (amb. 63

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Fig. 18 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Forno da pane (Foto M. Turchiano).

La documentazione archeozoologica evidenzia un’economia fondata sull’allevamento ovicaprino e, secondariamente, suino, con un contributo importante del pollame69. L’abitato si connota come centro di allevamento e di consumo di pecore e capre, finalizzato al reperimento di lana e carne. L’analisi della fusione epifisaria delle ossa ha evidenziato un discreto interesse per la produzione di latte e derivati70. 79) rioccupati nell’VIII sec. sono state rinvenute due basi circolari ipoteticamente interpretate come basamenti per macine granarie (cfr. infra); sono state ritrovate anche macine di piccole e medie dimensioni in vari contesti. A tal proposito ricordiamo l’attestazione di un mulino, di proprietà di S. Sofia, nei pressi del Calaggio (CSS, I, 6, n. 2, p. 345). 69 Sono attestati, con basse percentuali anche gli equini (cavalli e asini) e altri animali domestici (cani e gatti). 70 Sull’allevamento ovino in Puglia fra Tardoantico e Altomedioevo si vedano Buglione, «Ricerche archeozoologiche» e G. Volpe, A. Buglione, G. De Venuto, «Lane, pecore e pastori in Puglia fra Tardoantico e Medioevo: novità dai dati archeozoologici», in M.S. Busana, P. Basso (a cura di), La lana nella Cisalpina romana. Economia e società, Studi in onore di Stefania Pesavento Mattioli (Atti del Convegno, Padova-Verona 2011), Padova, 2012, pp. 243-68.

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Un ruolo significativo fu rivestito anche dai maiali e dal pollame che rappresentò una delle principali risorse alimentari dell’abitato71. L’alta percentuale di resti potrebbe essere messa in relazione non solo a forme di economia domestica72 ma anche alla necessità di garantire eventuali donativi. Interessante appare anche il dato dell’approvvigionamento dell’ittiofauna e dei molluschi, in particolare delle ostriche, che rappresentano il 92% del campione totale. La ridotta attestazione di bovini potrebbe suggerire un loro impiego in attività agricole condotte esternamente all’abitato73. Marginale la presenza di animali selvatici74, da collegare verosimilmente, da un lato, a forme di regolamentazione nell’utilizzo dei boschi, riservati al pascolo dei maiali allo stato brado e all’approvvigionamento di legname, dall’altro, alla costituzione di riserve di caccia destinate esclusivamente a personaggi eminenti della corte beneventana75. Faragola e il gaio Fecline Nel corso dell’VIII secolo si registrano molteplici trasformazioni che sembrano aver interessato le modalità insediative, le tipologie architettoniche, i materiali edilizi, lo spettro delle attività produttive ed economiche e gli assetti sociali. L’abitato è caratterizzato da capanne

71 Le galline, oltre alla carne, fornivano anche uova in gran numero, la cui conservazione poneva alcuni problemi. Massimo Montanari suggerisce che potessero essere conservate in calce, ma non è da escludere che, come è attestato sino a pochi decenni fa, fossero conservate anche in olio. Cibo energetico per eccellenza, le uova erano centrali anche nella dieta quotidiana dei monaci. Sull’importanza delle uova nell’alimentazione si vedano le riflessioni in M. Montanari, L’alimentazione contadina nell’alto Medioevo, Napoli, 1979, pp. 252-3 e Montanari, «Alimentazione e cultura nel Medioevo», p. 82. 72 Sono attestate anche oche domestiche. 73 Cfr. le osservazioni di Buglione, «Ricerche archeozoologiche». 74 Gli animali selvatici più sfruttati risultano essere il cervo e la lepre. 75 La chiesa di San Pietro ad Acqua Sancta viene donata con un territorio vicino ad Ascoli Satriano e al Calaggio, delimitato anche dalla finis Venatoris (CSS, I, 6). In un giudicato del Saccione del 742 si fa riferimento a una clausuria che il duca Romualdo II, nel riconoscere la proprietà dei casali di Monumentum e Perno, aveva riservato ad sua(m) potestate(m) (CSS, III, 30). È denominato Silva Nigra l’actus in cui è collocato il gualdum in Sappione (CSS, III, 35).

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abitative e da strutture funzionali contraddistinte da un marcato utilizzo del legno, da recinti per animali, da impianti per la conservazione di derrate e da spazi per attività artigianali e agricole (Fig. 19). Alla definitiva obliterazione di alcuni settori, tra cui le ali del portico della cenatio, e all’abbandono dei magazzini/depositi, in seguito a un incendio, fa da contrappunto una nuova frequentazione con destinazione abitativa o funzionale di numerosi vani, con piani di calpestio in terra battuta, piastre per la cottura dei cibi e il riscaldamento degli spazi, elevati prevalentemente in materiale deperibile e coperture poggianti sulle strutture murarie preesistenti, con il supporto di pali lignei verticali con funzione di sostegno a travi orizzontali (amb. 4, 5, 9, 11, 14, 17, 45, 71)76. Tra i muri superstiti e all’interno degli strati di obliterazione di uno dei magazzini (amb. 7) fu ricavata una capanna di dimensioni molto ridotte, delimitata da pali perimetrali con rivestimento a incannicciata, inseriti all’interno di una trincea di fondazione di forma ellittica (Fig. 20). Le dimensioni ridotte77 farebbero pensare a un ricovero o a un annesso funzionale, all’esterno del quale sono state individuate buche di palo e tracce di bruciato, riconducibili probabilmente ai resti di un silos in elevato, destinato alla conservazione di derrate78. Nell’area circostante è stato individuato anche un fienile. Più complesse le forme di rioccupazione del complesso abitativo settentrionale, dove in uno dei vani (amb. 80) fu ricavato un riparo appros-

Volpe, Turchiano, De Venuto, Goffredo, «L’insediamento altomedievale di Faragola», pp. 250-2; Cardone, De Venuto, Giuliani, «Faragola (Ascoli Satriano, FG): nuovi dati» Per un quadro sull’edilizia in materiale deperibile si veda V. Fronza, «Edilizia in materiali deperibili nell’alto medioevo italiano: metodologie e casi di studio per un’agenda della ricerca», Post Classical Archaeologies, I, 2011, pp. 95-138, con rinvio alla bibliografia precedente. 77 La capanna è lunga 2,50 m e larga 2 m circa. L’assenza di chiodi tra i reperti rinvenuti in corso di scavo lascerebbe supporre che i diversi elementi delle coperture potessero essere legati tra di loro con cordame o legacci vegetali. 78 Cfr. le osservazioni in De Venuto, Goffredo, Turchiano, Volpe, «Assetti insediativi, sistemi socio-economici», a proposito dei confronti con bauli o contenitori sopraelevati, in legno o in vimini, adoperati per la conservazione di granaglie in contesti domestici (su cui E. Füzes 1981, «Die traditionelle Getreideaufbewahrung im Karpatenbecken», in M. Gast, F. Sigaut (dir.), Les techniques de conservation des grains à long terme. Leur rôle dans la dynamique des systèmes de cultures et des sociétés, I-II, Paris, 1981, pp. 67-9). 76

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Fig. 19 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Planimetria dell’abitato di VIII secolo d.C. (elaborazione F. Monaco).

Fig. 20 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Capanna ricavata all’interno dell’amb. 7 (foto G. Volpe).

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simativamente semicircolare, con fondazione seminterrata, definito da un taglio dal profilo irregolare e dalla presenza di buche di palo79 (Fig. 21). Gli strati di riempimento di quest’ultima area hanno restituito aghi, fuseruole fittili e pesi da telaio che rinviano a pratiche di tessitura80. L’ambiente doveva ospitare principalmente una cucina, come denota la presenza di un focolare dalla struttura abbastanza complessa, costruito con spezzoni di laterizi81 e con l’impiego di alcuni elementi lapidei e dotato di una imboccatura a canale, collocato in prossimità dell’ingresso. Un’altra nuova cucina, dotata di piastra di cottura di forma ellittica, di un bancone di lavoro e di un mortaio lapideo, fu realizzata all’interno dei precedenti vani 95 e 96, ora trasformati in un grande spazio (amb. 86) (Fig. 22). Due strutture di forma circolare, costruite in ciottoli e spezzoni di laterizi, installate nell’amb. 79, potrebbero aver avuto la funzione di basamenti di forni fusori, o alla luce dell’assenza di scorie, di scarti e di altri indicatori, di basi per macine granarie82 (Fig. 17). A questo ambiente era collegato un altro vano (amb. 78), dove, in questa fase, sui crolli delle precedenti rioccupazioni, fu apprestato un nuovo piano di calpestio, separato da una fila di coppi in due settori di probabile diversa destinazione funzionale. Anche il settore orientale dell’abitato fu interessato dalla realizzazione, nell’ambiente 71, di una grande capanna, dopo l’asportazione della pavimentazione originaria nella quale fu praticata una trincea funzionale al posizionamento di un’armatura di pali. L’accesso alla capanna avveniva mediante due cardini lignei portanti, posti a sorreggere un architrave. In uno spazio esterno sia rispetto al complesso architettonico indagato, sia rispetto al nucleo di più intensa frequentazione altomedievale83, Il taglio di fondazione della struttura, dal profilo molto irregolare, delimitava un’area complessiva di 3 x 4,50 m circa. 80 Indicatori associabili alle attività di tessitura sono stati ritrovati anche in altri contesti dell’abitato di VIII secolo. Si veda infra. 81 Alcuni spezzoni di laterizi sono conficcati verticalmente nel terreno, quasi a delimitazione del forno. Le stratigrafie di questo vano hanno restituito un gran numero di frammenti di vasellame da cucina, da mensa e da dispensa. 82 A tal proposito segnaliamo il ritrovamento, nelle stratigrafie altomedievali dell’amb. 87, di un grande frammento di macina a clessidra in pietra lavica che potrebbe attestare un singolare caso di riutilizzo di un dispositivo evidentemente più antico. 83 La capanna è stata rinvenuta nell’ambito di scavi di emergenza, condotti dall’ex Soprintendenza Archeologia della Puglia con la direzione di M. Corrente nel 2013, propedeutici alla realizzazione di un cavidotto. Le indagini hanno 79

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Fig. 21 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Riparo semicircolare e impianto per la cottura dei cibi nell’amb. 80 (foto M. Turchiano).

Fig. 22 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Officina adibita alla lavorazione di leghe di rame (foto M. Turchiano).

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ma ad esso adiacenti, è stata rinvenuta una capanna, assimilabile alla tipologia edilizia del Grubenhaus84 (Fig. 23). Si tratta di una capanna seminterrata di limitate dimensioni, interpretabile come annesso funzionale, impiantata in uno spazio aperto in cui non si può escludere la presenza di altre strutture simili e che lascerebbe supporre una dimensione più ampia e articolata dell’insediamento. Di grande interesse un nucleo edilizio, localizzato a Nord-Est del corpo centrale della villa, costituito da sei ambienti gravitanti su una corte centrale85, costruiti, non sappiamo se già nel pieno VII o nell’VIII sec., riutilizzando i muri perimetrali di un precedente grande edificio probabilmente identificabile come un settore della pars rustica della villa (forse i granai)86 (Fig. 24). Tali ambienti, dotati di una o più piastre di cottura e focolari, hanno restituito suppellettili da cucina e da mensa, contenitori per la conservazione delle derrate, attrezzi e campanacci per animali, indicativi di un uso polifunzionale e promiscuo di tali vani87. interessato una porzione limitata di questo settore dell’insediamento, adiacente al braccio settentrionale del peristilio della villa di IV secolo d.C. 84 Su questa tipologia edilizia si vedano i quadri di sintesi in V. Fronza, «La “Grubenhaus” nell’Altomedioevo europeo», in G. Volpe, P. Favia (a cura di), Atti del V Congresso Nazionale di Archeologia Medievale (Foggia, Manfredonia 1-3 ottobre 2009), Firenze, 2009, pp. 36-9 e Fronza, «Edilizia in materiali deperibili», pp. 121-30, con rinvio alla bibliografia di riferimento. Cfr. anche R. Santangeli Valenzani, Edilizia residenziale in Italia nell’altomedioevo, Roma, 2011, pp. 48-54. Questo modello di capanna risulta attestata in ambito pugliese nell’insediamento in località Scorpo (Supersano, Lecce): P. Arthur, G. Fiorentino, M. Leo Imperiale, «L’insediamento in loc. Scorpo (Supersano, LE) nel VII-VIII secolo. La scoperta di un paesaggio di età altomedievale», Archeologia Medievale, 35, 2008, pp. 365-80; si veda anche P. Arthur, «Edilizia residenziale di età medievale nell’Italia meridionale: alcune evidenze archeologiche», in P. Galetti (a cura di), Edilizia residenziale tra IX-X secolo, Firenze, 2010, pp. 31-58). Recentissimo è il ritrovamento di una capanna seminterrata a Salapia (FG) (G. De Venuto, R. Goffredo, D.M. Totten, G. Volpe, «Salapia: paesaggi urbani dell’Apulia adriatica», in G. Mastrocinque (a cura di), Paesaggi mediterranei di età romana. Archeologia, tutela, comunicazione, Convegno Internazionale (Bari-Egnazia 2016), Bari, 2017, pp. 149-68. 85 Il complesso edilizio doveva essere più esteso e articolarsi in un numero maggiore di ambienti non ancora indagati. 86 I dati sono in corso di elaborazione e dunque la lettura che qui si propone è del tutto preliminare e ipotetica. 87 Lo stretto contatto tra uomini e animali è anche documentato da casi di brucellosi riscontrati, ad esempio, sulle ossa di alcuni individui nel sito di San

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Fig. 23 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Dettaglio della capanna seminterrata (cortesia SABAP Foggia).

Fig. 24 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Nucleo edilizio a Nord-Est del corpo centrale della villa (foto M. Turchiano).

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Una destinazione artigianale connota un ambiente, destinato alla lavorazione dei metalli (in particolare di leghe di rame). Nello spazio centrale della corte è stata parzialmente indagata una struttura, costruita in laterizi, caratterizzata da terra rubefatta, da elevate concentrazioni di cenere e da significative tracce di fuoco, riconducibili a una fornace oppure, data l’assenza di indicatori di lavorazione, a un impianto, dalla struttura abbastanza complessa, destinato alla cottura di cibi. Le soluzioni abitative, l’organizzazione spaziale e l’omogeneità dei vani potrebbero rinviare a unità utilizzate da quanti lavoravano nei pressi della proprietà88. I resti archeozoologici e archeobotanici evidenziano strategie economiche differenti rispetto alle epoche precedenti e nuovi modelli di gestione delle risorse disponibili in loco89. L’incremento, nel corso dell’VIII sec., delle attestazioni di frassino, olmo e pioppo/salice documenta, ad esempio, lo sviluppo della silva minor o silva stalaria. L’abitato sembra accentuare il carattere di specializzazione nell’allevamento di ovini, suini e pollame, configurandosi come centro di produzione e di consumo90. L’interesse per l’allevamento ovino e per la produzione della lana si accentuò proprio nell’VIII sec. La presenza di grandi greggi, l’attestazione di individui sia maschili che femminili e la preponderanza delle pecore rispetto alle capre lascerebbe ipotizzare una significativa produzione di lana che presupponeva una rilevante domanda da parte del mercato, richiedeva la possibilità di una sua di-

Giusto (Lucera) (S. Sublimi Saponetti, P. Emanuel, V. Scattarella, «Paleobiologia di un campione scheletrico tardoantico proveniente dal complesso paleocristiano di San Giusto (Lucera, V-VII secolo d.C.)», in G. Volpe, M. Turchiano (a cura di), Paesaggi e insediamenti rurali in Italia meridionale fra Tardoantico e Medioevo, Atti del 1° Seminario sul Tardoantico e l’Altomedioevo in Italia Meridionale (STAIM 1), Bari, 1995, pp. 315-28, in part. pp. 326-7). 88 Un’organizzazione di tipo centralizzato, basata sulla presenza di «una comunità di manodopera da impiegare in attività economicamente legate alla proprietà» è stata ipotizzata in riferimento alla villa di Villamagna, estesa residenza imperiale nei pressi di Anagni, molto probabilmente parte del fisco bizantino nel VI secolo, quando l’edificio tardoantico fu rioccupato con l’approntamento di alloggi servili (E. Fentress, C. Goodson C. 2012, Villamagna (FR): l’eredità di una villa imperiale in epoca bizantina e medievale, Archeologia Medievale, XXXIX, 2010, pp. 57-86, in part. pp. 63-4). 89 B. Andreolli, M. Montanari, Il bosco nel Medioevo, Bologna, 1998. 90 Buglione, «Ricerche archeozoologiche».

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stribuzione e la disponibilità di capitali, implicando spostamenti verso pascoli e spazi estesi con modalità di gestione transumante, forse a medio e corto raggio, attraverso tratturi, strade antiche e vie di percorrenza naturali91. Non si possono escludere anche pratiche di allevamento stanziale per una parte dell’anno. Alla produzione della lana potrebbero rinviare i consistenti accumuli, rinvenuti in alcuni vani del complesso ormai in disuso o all’interno di dolia, di cenere, le cui proprietà detergenti furono sfruttate nell’Antichità soprattutto per la preparazione del bagno di colore92. Sebbene non siano stati ritrovati veri e propri atéliers per la filatura o tessitura, ad accezione di un ipotetico telaio verticale, la generalizzata diffusione di fusaiole, pesi da telaio e di alcuni aghi (anche in metallo), soprattutto nella fase di pieno/tardo VIII/inizi IX sec., «potrebbe suggerire che queste attività fossero svolte direttamente nelle abitazioni, pur non potendo escludere una destinazione mercantile del prodotto filato»93. I suini, abbattuti in gran parte in età giovanile, rappresentano la seconda categoria maggiormente sfruttata dalla popolazione dell’abitato. La presenza di individui di età fetale e neonatale e l’alta percentuale di esemplari femminili, oltre a essere indicativa di pratiche di allevamento intensivo presso il sito, suggerisce un controllo delle nascite e un abbattimento che non escludeva scrofe gravide. La gestione dei suini è indice di una tendenza economica positiva, probabilmente non limitata alla dimensione dell’autoconsumo, ma aperta a transazioni con l’esterno e connessa all’eventuale corresponsione di quote canonarie, come lascerebbe supporre l’assenza di ossa afferenti al quarto posteriore 94. Doveva essere ricavato anche il lardo95. 91 A. Buglione, G. De Venuto, R. Goffredo, G. Volpe, «Dal Tavoliere alle Murge. Storie di lana, di grano e di Buglione in Puglia tra età romana e Medioevo», in F. Cambi, G. De Venuto, R. Goffredo (a cura di), Storia e archeologia globale – 2, I pascoli, i campi, il mare. Paesaggi d’altura e di pianura in Italia dall’Età del Bronzo al Medioevo, Bari, 2015, pp. 185-243, in part. pp. 203-6. 92 Volpe, Buglione, De Venuto, «Lane, pecore e pastori in Puglia», in part. pp. 251-2. 93 Ivi, p. 252. 94 Cfr. le considerazioni di A. Buglione a proposito dell’età di abbattimento dei maiali e della distribuzione anatomica dei resti ritrovati (Buglione, «Ricerche archeozoologiche», pp. 710-11). 95 Tra le concessioni di Arechi II a S. Sofia compare una fornitura annuale di cento teste di maiali del Palazzo per il lardo (CSS I, 1 [60]).

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Probabilmente l’allevamento era praticato allo stato brado nei querceti circostanti. A tal proposito è interessante notare la sensibile riduzione, nelle stratigrafie altomedievali, delle attestazioni di quercia, ben documentata invece come combustibile degli impianti termali tardoantichi, a fronte di un aumento di pratiche di allevamento dei maiali. È possibile che l’ipersfruttamento dei querceti, nelle fasi tardoantiche, e l’espansione graduale degli spazi destinati all’agricoltura e all’allevamento abbia indotto a una regolamentazione dell’uso del bosco e della risorsa lignea, leggibile anche nella scelta del combustibile, composto in prevalenza da essenze comuni come lentisco, ramno e ulivo, e del materiale da carpenteria, costituito da frassino, olmo e ginepro. Forse una gestione più oculata del manto boschivo si rese necessaria anche per ridurre i rischi di problemi idrogeologici, in un momento in cui, tra VI e VII secolo, un aumento della piovosità è ben attestato, grazie alle analisi degli isotopi stabili del carbonio su materiali archeobotanici96. Ma è anche possibile che una forma di regolamentazione nell’uso del bosco sia legata al carattere fiscale di questa riserva di proprietà ducale. In questo territorio doveva trovarsi, come si è detto, il gaio Scla da cui il monastero di S. Sofia, su concessione di Arechi II, aveva il diritto di raccogliere annualmente legna (ad ligna faciendum annualiter), nel luogo più comodo per il trasporto97. Nell’VIII sec. si segnala anche una più ampia attestazione di animali selvatici, pur minoritari rispetto alle specie domestiche: accanto a cervo e lepre compaiono cinghiale e capriolo, dato che potrebbe indicare un più ampio accesso alla risorsa selvatica da parte della popolazione98. Dall’analisi della distribuzione dei resti è possibile ipotizzare che i cervi fossero introdotti quasi per intero nell’insediamento, comprese le parti V. Caracuta, «Ambiente naturale e strategie agroalimentari in Puglia settentrionale tra tardo antico e alto medioevo: l’esempio di Faragola (FG)», Post Classical Archaeologies, 1, 2011, pp. 275-95. 97 CSS, I, 1 [57]. Nell’835 il principe Sicardo aveva concesso a S. Sofia e alla badessa Wilerona, oltre alla peschiera del Palazzo detta Flumen Longum, nell’actus di Lucera, una superficie sul lago di Lesina e cinquanta modii sulla terraferma per insediarvi le case dei pescatori, con il diritto di pascolo sull’isola nella laguna e altre usanze, tra cui raccogliere paglia, canne e legname (CSS, I, 28). 98 Una punta di freccia in osso rinvenuta potrebbe essere ricondotta alla pratica della caccia che prevedeva l’uso dell’arco sia contro i volatili che contro i mammiferi come i cervi. 96

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destinate alla lavorazione artigianale, come metapodi e palchi. Significative risultano essere anche le attestazioni di lepri99. Tra fine VIII-inizi IX si registra un graduale aumento di bovini, forse per più diffuse pratiche di dissodamento del suolo o, più verosimilmente, per cambiamenti ‘strutturali’ che interessarono l’abitato. Ci sembra interessante rilevare, a tal proposito, che tra i beni offerti da Arechi II a S. Sofia ci siano nove (o dieci) case di vaccari, all’interno del gaio Fecline, detenute da Maurisso, Francoaldu, Ansoin, Maurizone, Aldichis, Mauroaldu, Ursus, Gayruzu, Vvinulx e Scalcone (forse appartenenti alla iudicaria di un ufficiale di corte, il mare pays Faroaldus)100. I dati archeozoologici registrano un maggiore sfruttamento della risorsa marina, accanto a quella fluviale. Oltre alle ostriche vengono introdotte nella dieta anche altre specie (Spondylus sp.; Unio sp.; Glycimeris sp.; Donax trunculus; Lutraria sp.). Un’analisi preliminare ha portato a ipotizzare che i pesci fossero trasportati interi nell’insediamento. Alcuni fori individuati su diverse valve di ostrica, registrati anche in altri contesti dell’Italia meridionale (e presso il vicino centro di Herdonia)101, potrebbero suggerire modalità di trasporto dalla costa, con la necessità di tenerle legate le une alle altre. Si può ipotizzare che pesci e molluschi provenissero da litorale adriatico (Siponto) oppure, secondariamente, dalla costa settentrionale del Gargano (Lesina). Dalle lagune di Salapia102 doveva provenire il sale, prodotto di primissima necessità in vari ambiti103. La lepre rappresenta il 38% totale dei resti di selvaggina: Buglione, «Ricerche archeozoologiche», p. 709. 100 CSS, 1, 1 [2] e CSS, I, 6. 101 Su Herdonia si veda A. Buglione, G. De Venuto, «Indagini archeozoologiche nell’area delle terme di Herdonia. I reperti di età tardoantica e medievale», in G. Volpe (a cura di), Ordona XI, Ricerche archeologiche a Herdonia, Bari, 2008, pp. 245-343. 102 Cfr. G. De Venuto, R. Goffredo, D.M. Totten, M. Ciminale, C. de Mitri, V. Valenzano, «Salapia. Storia e archeologia di una città tra mare e laguna», MEFRA, 127, 1, 2015 online; G. De Venuto, R. Goffredo, D.M. Totten, G. Volpe, «Città rifondate e città in movimento: il caso di Salapia», in P. Galetti (a cura di), Fondare città tra antichità e medioevo, Atti del Convegno di studio (Bologna 2015), Fondazione CISAM, Spoleto, 2016, pp. 45-69. 103 La salagione rappresentava il sistema principale di conservazione dei cibi: carne e pesce in primo luogo, e poi formaggi, ortaggi, legumi, ecc., oltre ad essere utilizzato in cucina per la preparazione dei piatti e del pane. Agli usi alimentari se ne affiancavano altri (dalla farmacologia alla concia delle pelli). 99

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Le ricerche archeozoologiche e archeobotaniche hanno evidenziato la complessità dei regimi alimentari, da leggere in parallelo con la varietà tipologica e funzionale del vasellame da mensa e da cucina, probabile indizio di variazioni nei modelli culturali e nelle abitudini alimentari104. La significativa presenza di olle globulari e secondariamente di pentole di medie e grandi dimensioni e i risultati delle analisi sui residui organici105 suggeriscono un maggiore ricorso al bollito per la preparazione di pietanze liquide e semiliquide106, a base di cereali (frumento, orzo e avena), carne di pollo, agnello e maiale, pesce, vegetali e legumi (piselli e lenticchie)107. I set di stoviglie restituiti dai contesti altomedievali (cucine, magazzini, ecc.) si caratterizzano per la compresenza di molteplici forme, spesso destinate a consumi specifici ma talvolta anche polifunzionali108 (Fig. 25). Interessante si rivela anche l’analisi contestuale del vasellame fittile e vitreo109. A una drastica riduzione delle scodelle in sigillata africana P. Arthur ha sottolineato il nesso tra variazioni morfologiche e fattori economici, culturali, alimentari e ambientali. Spesso trascurata è la variabile climatica: il peggioramento delle condizioni climatiche potrebbe aver inciso sull’incremento di cibi semi-liquidi e di olle e pentole, rispetto alle forme aperte più rare nei corredi domestici altomedievali; P. Arthur, «Pots and boundaries. On cultural and economic areas between Late Antiquity and the Early Middle Ages», in M. Bonifay, J.-Ch. Tréglia (eds.), Late Roman Coarse Wares, Cooking Wares and Amphorae in the Mediterranean, Archaeology and Archaeometry (LRCW 2) I, Oxford, 2007, pp. 15-28. 105 Si vedano i risultati discussi Giannotta, Favia, Lettieri, Leone, Notarstefano, Turchiano, Volpe, «Sulle tracce del cibo», con rinvio alla bibliografia di riferimento. 106 I tegami sono poco attestati nei contesti altomedievali di Faragola. Questo dato potrebbe suggerire una scarsa consuetudine nel consumo di arrosti. I dati quantitativi complessivi e il parallelo confronto con altri contesti tardoantichi apuli documentano comunque un minore uso in cucina dei tegami a partire dal VII sec. (D. Leone, A. Rocco, A. Buglione, «Dalle terme alle capanne. Herdonia tra fine V e VII secolo d.C.», in G. Volpe, P. Favia (a cura di), V Congresso Nazionale di Archeologia Medievale (Foggia-Manfredonia, 2009), Firenze, 2009, pp. 166-75). 107 Cfr. Buglione, «Ricerche archeozoologiche» e Caracuta, Fiorentino, «L’analisi archeobotanica». 108 Non possiamo escludere la presenza di vasellame in legno non conservatosi. Si vedano a tal proposito i ritrovamenti all’interno di un pozzo a Supersano (Le) (Arthur, Fiorentino, Leo Imperiale, «L’insediamento in loc. Scorpo»). 109 F. Giannetti, R. Giuliani, M. Turchiano, «Vetro e alimentazione fra Tardoantico e Medioevo: riflessioni a partire da alcuni casi di studio della Puglia centro-settentrionale», in S. Ciappi, M.G. Diani, M. Uboldi (a cura di), Vetro 104

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Fig. 25 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Campionatura delle ceramiche da cucina altomedievali (scala 1:3) (disegni G. Scrima).

e Alimentazione, Atti delle XVIII Giornate Nazionali di Studio sul Vetro (Pavia 2015), Cremona, 2017, pp. 55-77. Analisi archeometriche del vasellame vitreo sono in Gliozzo, Turchiano, Giannetti, Memmi, «Late Antique and Early Medieval Glass Vessels».

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e orientale fa da contrappunto la presenza di coppe e scodelle prodotte localmente, utilizzate rispettivamente come recipienti da portata e come stoviglie per il consumo individuale dei pasti. Poco attestati invece risultano essere piatti e coppe in vetro. Fanno la loro comparsa nuove forme (olle con beccuccio versatoio, bottiglie con anse tortili, olle con orlo trilobato)110 (Fig. 10). La presenza di recipienti con beccuccio versatoio è forse da mettere in relazione all’esigenza di servire a tavola brodi e filtrare liquidi da versare su altre pietanze. Interessante la presenza di ‘bollitori’ per riscaldare acqua, latte o altri liquidi e di piccole ollette utilizzate per contenere grassi animali, salse o altri condimenti111. Parallelamente continuano a essere utilizzate bottiglie in vetro (talvolta con filamento applicato sotto l’orlo e forse con piede a filamento multiplo) ma risultano minoritarie rispetto alle omologhe forme ceramiche, documentate in molteplici varianti; così come le brocche vitree sono scarsamente attestate. Indubbiamente i manufatti vitrei che maggiormente caratterizzano la mensa sono i bicchieri apodi con orlo arrotondato e i calici112 (Fig. 26). È possibile che, in questo quadro funzionale, le bottiglie in vetro, caratterizzate da capacità relativamente modeste, siano state utilizzate prevalentemente per contenere bevande di qualità pregiata, da consumare con maggiore parsimonia o da mescolare eventualmente all’acqua. Una buona qualità della cultura materiale, parallelamente a un’articolazione delle risorse produttive, connota anche l’abitato di Santa Maria in Civita, lungo il corso del fiume Biferno, probabilmente identificabile con una delle proprietà palatine menzionate nei documenti di VIIIIX secolo113. È stata ricostruita un’alimentazione basata sul consumo di Si vedano le riflessioni supra. A proposito dei risultati delle analisi sui residui organici cfr. Giannotta, Favia, Lettieri, Leone, Notarstefano, Turchiano, Volpe, «Sulle tracce del cibo». 112 Se in età tardoantica la forma del bicchiere è assente nel repertorio fittile, in età altomedievale compare il boccale monoansato. 113 R. Hodges, G. Barker, K. Wade, «Excavations at D85 (Santa Maria in Civita): an Early Medieval Hilltop settlement in Molise», Papers of British School at Rome, 48, 1980, pp. 70-124. L’abitato, in cui dovevano risiedere circa cinquanta individui, si connota come un importante centro di produzione agricola e come luogo di raccolta, e verosimilmente di smistamento, di derrate probabilmente dirette verso la corte beneventana. R. Hodges suggerisce anche l’ipotesi di collegare il sito a una proprietà del monastero di S. Vincenzo al Volturno (R. Hodges, «Beyond the feudalism: monasteries and their management in the VIII 110 111

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Fig. 26 – Faragola (Ascoli Satriano, FG). Vasellame vitreo da contesti altomedievali (disegni F. Giannetti).

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cereali e legumi, con l’integrazione di carne di ovicaprini e di volatili, e l’adozione di un set di stoviglie fittile e vitreo vario, con manufatti anche di provenienza apula114. Il popolamento rurale potrebbe aver ridefinito i propri assetti secondo nuovi schemi, rimodellando spazi e riconvertendo strutture a inedite esigenze e a logiche nuove rispetto al passato. Un forte limite alla comprensione delle dinamiche del popolamento di questa porzione della valle del Carapelle e alla ricostruzione del tessuto socio-economico, è anche legato all’assenza di dati archeologici sulla fisionomia urbana di Ascoli Satriano nell’Altomedioevo115: le fonti testimoniano il mantenimento di una dimensione cittadina con pochi altri centri, quali Lucera, Bovino e Canosa, ai limiti meridionali del comprensorio daunio, oppure Siponto, Salpi e Lesina. La complessa storia di Faragola, dunque, al pari di quanto noto in relazione ad altri insediamenti (es. San Giusto, Avicenna, Agnuli, Casale e Casalene) e comprensori territoriali (es. valli del Carapelle, del Celone e dell’Ofanto) regionali ed extra-regionali, veicola dunque l’immagine di una prima età longobarda in Apulia meno destrutturante rispetto agli assetti insediativi romani e tardoantichi. Anche la cultura materiale, d’altra parte, riflette gli esiti di un’integrazione tra cultura romano-bizantina e longobarda, maturata all’interno di un territorio non militarizzato, dai confini fluidi e ‘permeabili’, caratterizzato da un progressivo inserimento dei nuovi arrivati nel contesto locale, testimoniata anche dalle necropoli116. Una lettura per certi versi analoga sugli and IX centuries», in I Longobardi dei ducati di Spoleto e Benevento. Atti del XVI Congresso internazionale di Studio sull’Alto Medioevo (Spoleto, 20-23 ottobre 2002 – Benevento, 24-27 ottobre 2002), Fondazione CISAM, Spoleto, 2003, pp. 1077-98, in part. pp. 1093-4). 114 Hodges, Barker, Wade, «Excavations at D85 (Santa Maria in Civita)», pp. 111-14. 115 Sull’inserimento di Ascoli tra le sedi di gastaldato cfr. le osservazioni critiche di Martin, La Pouille, pp. 226-9. 116 P. Favia, «L’alto Tavoliere e i Monti della Daunia nel Medioevo fra condizione di frontiera e occasioni di scambi culturali interregionali. Un’analisi archeologica», in C. Ebanista, A. Monciatti (a cura di), Il Molise medievale. Archeologia e arte, Firenze, 2010, pp. 131-46; P. Favia, «Forme di occupazione nelle aree interne dalla conquista bizantina all’avvento dei Longobardi: il confine appulo lucano fra tardo VI e VII secolo», in C. Varaldo (a cura di), Ai confini dell’Impero: insediamenti e fortificazioni bizantine nel Mediterraneo occidentale (VI-VIII sec.), Atti del Convegno (Genova-Bordighera 2002), Bordighera, 2011, pp. 429-66; Volpe,

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esiti della prima occupazione longobarda è stata proposta anche per la bassa valle dell’Ofanto117. Ci si chiede inoltre, se il toponimo Faragola, la cui più antica attestazione documentaria finora nota (Faracula), contenuta in un atto di vendita, si data al 1187118, pur con le cautele necessarie nell’insidioso ambito della toponomastica, possa conservare la traccia della presenza longobarda119. Gli interrogativi posti dalle evidenze materiali sin qui presentate sono molteplici e problematico appare anche il confronto con le fonti scritte, che in relazione a queste nuove realtà insediative si rivelano particolarmente opache, oltre a essere molto rare (in particolare per il VII secolo). Nel loro complesso, come si è detto in premessa, i dati archeologici rafforzerebbero l’ipotesi dello sviluppo, sul nucleo preesistente della villa tardoantica, del centro gestionale di una azienda agraria, nelle forme peculiari attestate dalle fonti scritte dell’Italia meridionale longobarda. Un organismo complesso ma al contempo unitario, un centro direzio«Villaggi e insediamento sparso in Italia meridionale», p. 233. Sulle strategie messe in atto dai Longobardi nei primi decenni della conquista longobarda del Mezzogiorno cfr. anche A. Di Muro, «Dinamiche insediative nel Mezzogiorno longobardo altomedievale (sec. VI-VII). Una traccia», in F. La Manna (a cura di), Studi sul Mezzogiorno longobardo. Insediamenti e trasformazione del paesaggio tra i secoli VI e X, Olevano sul Tusciano (SA), 2012, pp. 185-214. Per un quadro dell’Italia meridionale fra VII e VIII secolo si veda F. Marazzi, «Il Sud dell’Italia fra i secoli VII e VIII», in E. Baquedano (ed.), 711. Arqueològia entre dos mundos, vol. 2, Zona Arqueològica, 15/1, 2011, pp. 385-402. 117 R. Goffredo, Aufidus. Storia e paesaggi della valle dell’Ofanto, Bari, 2011, pp. 189-93. 118 T. Colamarco, Le pergamene di Ascoli Satriano conservate nella Biblioteca di Montevergine (994-1354), Bari, 2012, p. 49 (CDP XXXVI, 26). 119 Si vedano le osservazioni metodologiche di S. Gasparri sull’uso della toponomastica come fonte storica (S. Gasparri, «La frontiera in Italia (sec. VIVIII). Osservazioni su un tema controverso», in G.P. Brogiolo (a cura di), Città, castelli, campagne nei territori di frontiera (secoli VI-VII)», Atti del 5° seminario sul tardontico e l’altomedioevo in Italia centrosettentrionale (Monte Barro-Galbiate 1994), Mantova, 1995, pp. 9-19.). V. Russi ha censito, nella Puglia settentrionale, numerose attestazioni di toponimi come fara, gualdo, sala, sculca e altri (V. Russi, «Toponimi e insediamenti di epoca longobarda in Capitanata», in G. Volpe, M. Turchiano (a cura di), Paesaggi e insediamenti rurali in Italia meridionale fra Tardoantico e Altomedioevo, Atti del 1° Seminario sul Tardoantico e l’Altomedioevo in Italia Meridionale (STAIM 1), Bari, 2005, p. 349-360).

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nale volto a inquadrare il lavoro di famiglie contadine (condome) che rappresentavano unità di produzione e di prelievo120, ubicato all’interno del gaio Fecline, ovvero in quel settore della Puglia settentrionale che sembra essere stato “il cuore del fisco ducale”121. Ancora per gran parte dell’VIII secolo, molteplici sono gli indicatori di gerarchizzazione, di controllo diretto sulla produzione e gestione delle forme del lavoro: gli edifici per l’immagazzinamento di derrate e la conservazione di attrezzi per il lavoro e di ceramiche, il grande vano con funzione residenziale, l’accentramento degli impianti artigianali, il probabile uso ‘collettivo’ delle cucine, del forno da pane e di altri spazi funzionali, la distinzione di un’area di abitato e una di servizio, il livello di specializzazione raggiunto nel comparto agricolo e nell’allevamento, ecc. I corpi di fabbrica individuati erano del resto, con ogni probabilità, dei beni del palatium che rappresentavano la struttura portante della ricchezza del duca122. Le proprietà fiscali (i gai), di cui ci sfuggono ancora i detta-

Questa visione è compatibile con quella di L. Feller che vede la curtis longobarda meridionale di VIII secolo come una sostanziale ‘collection de tenures’, coltivate da affittuari non liberi, le cui famiglie, insieme con la terra coltivata, potevano all’occorrenza essere alienate singolarmente: L. Feller, «L’économie des territoires de Spolète et de Bénévent du VIe au Xe siècle», in I Longobardi dei Ducati di Spoleto e Benevento, pp. 205-42, in part. p. 230, con rinvio alla bibliografia precedente. Al contrario A. Di Muro individua molteplici analogie tra la curtis longobardo-meridionale e la curtis dell’Italia carolingia all’insegna di una sostanziale bipartizione dell’azienda fondiaria (A. Di Muro, «L’azienda curtense nel Mezzogiorno longobardo tra storia e archeologia», Quaderni Friulani di Archeologia, XVIII, 2008, pp. 111-38.). Sull’entità delle proprietà principesche e aristocratiche nel Ducato/Principato di Benevento cfr. le osservazioni di Ch. Wickham, Le società dell’alto medioevo. Europa e Mediterraneo, secoli V-VIII, Roma, 2009 (trad. it. dall’ediz. Oxford, 2005), pp. 246, 776. 121 V. Loré, «I gastaldi nella Puglia longobarda, in Bizantini, Longobardi e Arabi in Puglia nell’alto medioevo», Atti del XX Congresso internazionale di studio sull’alto medioevo (Savelletri di Fasano (BR) 2011), Spoleto, 2012, pp. 249-73, a cui si rinvia per un’analisi dei sistemi e dei meccanismi di gestione, condivisione e circolazione dei beni del fisco ducale nella Puglia longobarda. Cfr. a tal proposito anche le considerazioni di S. Collavini, «Duchi e società locali nei Ducati di Spoleto e Benevento nel secolo VIII», in I Longobardi dei Ducati di Spoleto e Benevento, pp. 125-66, in part. pp. 159-66. 122 E. Cuozzo, «Potere e ricchezza del Duca-Principe di Benevento», in I Longobardi dei Ducati di Spoleto e Benevento, pp. 567-88. 120

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gli dell’organizzazione e dei meccanismi di gestione123, si presentano come un insieme composito di proprietà anche molto estese, con un’alternanza di aree incolte124, connotate dal bosco, forse adibite anche a riserva di caccia del duca, e da quote a colture estensive (cerealicoltura) e intensive (viticoltura e olivicoltura) e con una forza lavoro prevalentemente di natura servile, dedita all’agricoltura e all’allevamento. Il gaio Fecline, in cui sembra articolarsi la complessa esperienza insediativa fin qui tracciata, organizza un tessuto insediativo certamente ridimensionato ma non depresso, punteggiato da nuclei demici raggruppati in case o condome125, chiese e necropoli (Fig. 27). Dei 58 siti individuati tramite ricognizione di superficie nella valle del Carapelle, vissuti tra il IV e la fine del VI secolo d.C., 12 hanno restituito manufatti databili al pieno VII-VIII secolo126. Si tratta di pochi frammenti che attestano, per gli insediamenti in esame, il protrarsi di un’occupazione che si espresse con modalità e forme ancora poco chiare127. 123 Un quadro delle forme e delle modalità di organizzazione, funzionamento e di esercizio del potere nel ducato di Benevento è in Collavini, «Duchi e società locali nei Ducati». 124 Risulta evidente come l’incolto sia stato sfruttato come risorsa e valorizzato non solo per il pascolo degli animali ma anche per l’approvvigionamento della legna, utilizzata come combustibile per il riscaldamento e per la cottura dei cibi, nel campo dell’edilizia, per la costruzione di edifici, soppalchi, tetti, ecc. e nelle attività manifatturiere. Nelle aree costiere o nelle zone paludose, paglia e canne avrebbero potuto essere usate per realizzare sostegni per colture come la vite o giacigli, intrecciare ceste, affumicare carni e pesci, oltre che come combustibile. 125 Nei praecepta oblationis viene adoperata in genere la formula casa que regitur per a cui fa seguito il nome del capofamiglia e l’espressione cum uxore et filiis et omnibus sibi pertinentibus. È stato sottolineato da J.-M. Martin come l’uso del termine casa, invece di condoma più frequentemente attestato in precedenza per designare consorzi familiari di natura giuridica servile, diventi più frequente proprio a partire dalla seconda metà dell’VIII secolo in relazione a un miglioramento della gestione delle curtes dovuto alla penetrazione dei modelli franchi anche nel Principato di Benevento: J.-M. Martin, «Città e campagna: economia e società (sec. VII-XIII)», in G. Galasso, R. Romeo (a cura di), Storia del Mezzogiorno, Vol. III, Alto Medioevo, Napoli, 1990, pp. 259-382, in part. pp. 273-4. 126 Sul popolamento rurale altomedievale della valle del Carapelle si veda da ultimo Ficco, «La valle del Carapelle in età altomedievale». Alcuni di questi siti sono stati interpretati come vici. 127 A questi siti devono sommarsi, oltre agli insediamenti coevi attestati nelle fonti documentarie, quattro aree testimoniate dalla presenza di necropoli

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Fig. 27 – Paesaggio, popolamento e uso del suolo nella valle del Carapelle tra VII e VIII secolo (da Ficco, «La valle del Carapelle in età altomedievale»).

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Un altro elemento che caratterizza il gaio Fecline, così come gli altri gai, è la presenza di chiese. In quasi tutte le porzioni di gai donate da Arechi II a S. Sofia è presente un edificio di culto128 (Fig. 28); nel caso del gaio Fecline si registra una significativa concentrazione con la menzione di ben quattro chiese (S. Mercurii, S. Reparate129, S. Petri di Aqua Sancta e S. Stephani), a cui bisogna aggiungere la chiesa S. Abundi nel limitrofo gaio Paline. Per la chiesa S. Petri di Aqua Sancta, concessa nel 774, è stata proposta l’identificazione130 con S. Petrus in Aqua S. Potiti131, prossime alla via Venusia-Herdonia: si vedano in particolare M. Mazzei, «Nuovi dati sulle necropoli altomedievali», Vetera Christianorum, 30, 2, 1993, pp. 36576, sulla necropoli rinvenuta in località Ciaffa, e M. Corrente, R. Cairoli, D. Marinelli, G. Miranda, A. Santarelli, «Le sepolture di S. Marchitto (Ordona, FG). Tipologie e ritualità funerarie di una comunità rurale», in Redi, Forgione, VI Congresso Nazionale di Archeologia Medievale, pp. 544-50 in relazione alla necropoli recentemente scoperta in località Marchitto. 128 Chiesa di S. Maria di Iuniano (gaio de Albuti); Chiesa di S. Angelo in Altissimo (gaio Biferno); Chiesa di San Magno (gaio Noceto); Chiesa di San Giovanni (gaio casa Polluci); Chiese di S. Marcurio, S. Reparata, S. Pietro di Acqua Santa e S. Stefano (gaio Fecline); Chiesa di S. Abbondio (gaio Paline); Chiesa di S. Michele Arcangelo e Chiesa di S. Maria (gaio Matere in Affle); Chiesa di S. Martino (gaio Motola); Chiesa di S. Stefano (gaio in Strata); Chiesa di S. Angelo (gaio Stoni). Le uniche eccezioni sono rappresentate dal gaio Scla e dal gaio in Campo Senarcunis in riferimento ai quali non vengono citate chiese. 129 Secondo J.-M. Martin si tratterebbe dell’unica testimonianza del culto della santa anteriore al IX secolo; “Si potrebbe ipotizzare che Reparata, supposta martire di Cesarea di Palestina, sia stata associata a Mercurio di Eclano (il cui corpo è stato fatto trasferire a S. Sofia da Arechi), confuso con l’omonimo martire di Cesarea di Cappadocia” (CSS, I, 2, nota 2). Sulle dedicazioni di queste chiese cfr. Giuliani, in R. Giuliani, A. Cardone, N.M. Mangialardi, G. Massimo, «Il progetto “CARE” nella Puglia centro-settentrionale: primi dati e riflessioni», in G. Volpe (a cura di), Storia e archeologia globale dei paesaggi rurali in Italia fra Tardoantico e Medioevo, Bari, 2018, pp. 79-115. 130 Identificazione proposta da J.-M. Martin nella nota 1 a commento di CSS, I, 6. 131 Il toponimo, legato al martire cristiano Potito, attuale patrono di Ascoli Satriano, designa un’area localizzata a circa 4 km a Ovest di Ascoli Satriano, dove, sulla base dell’ipotesi dello storico Pasquale Rosario, si troverebbe un ‘antico’ luogo di culto in cui sarebbe stato decapitato il santo (P. Rosario, «Dall’Ofanto al Carapelle. Storia di Puglia dai tempi più vetusti alla costituzione italica», Ascoli Satriano, 1898-1899, II, pp. 244-7; IV, pp. 117-22, p. 138). Quest’area risulta significativamente connotata dalla cospicua presenza di acqua (sorgenti naturali,

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Fig. 28 – Localizzazione dei toponimi citati nelle fonti scritte (da Ficco, «La valle del Carapelle in età altomedievale»).

pozzi e fiumiciattoli) e dalla prossimità a una mufite, elementi naturali che la leggenda (tradizione) collega emblematicamente agli interventi miracolosi del santo. In una carta del 1774, realizzata dall’agrimensore Giorgio Gatti, è raffigurato un edificio di modeste dimensioni indicato nella legenda come “Chiesa diruta di S Potito”, accanto a una “posta di san Potito o sia Torra”: a tal proposito si vedano le osservazioni di Ficco, «La valle del Carapelle in età altomedievale», pp. 49-50. Le ricognizioni di superficie, nei pressi di Masseria S. Potito, hanno individuato indicatori riferibili a una fattoria di età romana e tardoantica; sono visibili anche i resti di strutture murarie dalla cronologia indefinita.

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citata in un diploma ducale del 724 in cui il duca Romualdo II concesse all’abate Theoderaci, su richiesta dell’attionarius Annuni, Zillone, Warnecauso, Stephano e Therferada, figli del defunto Iohannes Dalmatinus, coloni del duca che risiedevano in loco qui nominatur Gratiano132. Dal documento, redatto in Borfoniana133, emergerebbe una dipendenza della chiesa dall’abate del monastero di S. Pietro maggiore di Benevento a cui era attribuita la cura134. Nel secondo quarto del IX secolo, tra i circa cinquanta possedimenti del ricchissimo beneventano Potone, figura una curtem in Aquasata, molto probabilmente identificabile con la suddetta località Aqua Sancta. «Nel 937, in seguito a un processo celebrato ad Ascoli Satriano, S. Sofia recupera possedimenti siti ad Aqua Sancta, i confini dei quali corrispondono almeno in parte a quelli dell’VIII secolo»135. Nel gaio Fecline sembrerebbe dunque registrarsi una parziale continuità tra il patrimonio concesso a S. Sofia al momento della sua fondazione e i possedimenti attestati successivamente. Questi edifici di culto svolsero una funzione che sembra andare al di là della cura d’anime della popolazione rurale residente nei dintorni, configurandosi come catalizzatori del popolamento136 non solo di territori in precedenza spopolati o depressi, come ritengono alcuni studiosi. Una vera e propria rete di chiese, poste a riorganizzare, controllare e gestire137 campagne talvolta densamente abitate già in

CSS, III, 31. Il toponimo è attestato in alcune varianti in documenti più tardi (Borsoniana, Bulfariana, Buffanianum, Golfinianum) in riferimento all’area dell’Incoronata. In un documento cassinese della fine dell’VIII secolo (792 o 793) è menzionata una curtis in Borsoniana finibus Apulia (Martin, La Pouille, p. 204, nota 262). 134 L’abate di S. Pietro maggiore di Benevento Theoderaci è menzionato in un giudicato datato al 746 (CSS, III, 3). 135 CSS, p. 345. 136 In qualche modo questi edifici di culto altomedievali sembrano quasi riproporre la funzione svolta dalle chiese rurali tardoantiche (paleocristiane) che erano divenute il fulcro di aggregazione degli abitati nelle campagne, con un ruolo rilevante nella produzione agraria e artigianale, nello stoccaggio dei prodotti agricoli, nel pagamento delle imposte, nel commercio e nell’assistenza. 137 Martin, La Pouille, pp. 196-199; Cuozzo, «Potere e ricchezza del DucaPrincipe di Benevento», pp. 581-2. Si vedano le riflessioni di L. Feller a proposito dell’occupazione abusiva di terre fiscali incolte nel corso dell’VIII sec., indicativa da una parte di un problematico controllo delle proprietà fondiarie palatine, dall’altra di tentativi di riappropriazione e messa in valore di porzioni di territorio 132 133

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età tardoantica, come nel caso, ad esempio, del territorio di Ascoli Satriano138. La corte beneventana potrebbe aver incoraggiato questo processo, soprattutto in luoghi nevralgici delle proprietà fiscali, attraverso la fondazione di nuovi luoghi di culto139, la ristrutturazione di complessi preesistenti o anche con la dotazione di beni fondiari140. I chierici erano di fatto rappresentanti della corte, scelti anche per amministrare le proprietà fiscali. Se non graditi o colpevoli di reati di qualche tipo contro la volontà della corte potevano anche essere rimossi; al presbitero della chiesa di Santa Reparata, nel gaio Fecline, fu confiscato quanto sine palatii concessione tenebat141. Sul piano economico, se l’assoluta predominanza delle ceramiche di produzione locale rinvia a circuiti di scambi a breve raggio, la presenza di alcuni indicatori, quali semilavorati di ferro, suggerisce la persistenza di una rete di collegamenti ancora funzionante con i centri portuali della costa, come Siponto e Salapia, e indirettamente la persistenza di flussi commerciali adriatici. Non si può escludere che pesce, molluschi, sale e altri prodotti fossero veicolati a Faragola nell’ambito di circuiti di scambio tra le proprietà fiscali (e forse successivamente tra i possedimenti di S. Sofia). Arechi II infatti offrì a S. Sofia la peschiera del Pa-

da parte delle comunità rurali coordinate da sacerdoti intraprendenti (Feller, «L’économie des territoires de Spolète et de Bénévent du VIe au Xe siècle»). 138 Goffredo, Ficco, «Tra Ausculum ed Herdonia». 139 La terminologia utilizzata in riferimento a queste chiese è varia. È utilizzato prevalentemente il termine ‘sita’ o ‘posta’ (o ‘posita’), in un paio di casi ‘edificata’ e solo in relazione alla chiesa S. Beati Archangeli Michaelis, nel gaio in Affle, viene adoperata l’espressione ‘fundata’. Se tali sfumature lessicali abbiano un significato e siano state adoperate per distinguere chiese di nuova fondazione ducale rispetto a quelle preesistenti è difficile dirlo. Su questi aspetti si vedano le riflessioni di R. Giuliani in Giuliani, Cardone, Mangialardi, Massimo, «Il progetto “CARE” nella Puglia centro-settentrionale». 140 J.M. Martin, «Il Molise nell’alto medioevo», in G. De Benedittis (a cura di), I beni culturali nel Molise. Il Medioevo. Atti del Convegno (Campobasso, 18-19 novembre 1999), Campobasso, 2004, pp. 11-28, in part. pp. 16-17; Cuozzo, «Potere e ricchezza del Duca-Principe di Benevento», pp. 568-9. La chiesa S. Mercurii viene concessa con 500 modii di terra, la chiesa S. Reparate con 100 modii di terra, la chiesa S. Abundi con 200 modii di terra, la chiesa S. Magni con 100 modii, la chiesa S. Angeli in località Altissimus con un terreno lungo 2 miliaria e largo 1, la chiesa S. Marie in Iuniano con un terreno lungo 3 miliaria e largo 1. 141 CSS, I, 2.

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lazzo (lunga 300 passi) a Siponto, con tre condome (le case di Teroaldu, Anseramu e Garoaldu, nella subactio del gastaldo Hermerissus), perché potesse pescare e raccogliere il sale142. Offrì inoltre altre tre condome, sempre a Siponto, in località Sappesse, nella subactio del gastaldo Ermerissi (le case di Audefusu, Audoladu e Maion)143 e due case dei salinai Sirecausu e Vinulus, site a Salpi144. Se si osserva inoltre la geografia dei possedimenti donati da Arechi II al monastero di S. Sofia si coglie una tendenza a strutturare i patrimoni fondiari in modo strategico, lungo le principali direttrici di collegamento con Benevento, rivelando sistemi di controllo delle risorse produttive locali e di centralizzazione delle rendite145 (Fig. 29). Le proprietà nel territorio di Ascoli Satriano si distribuiscono in prossimità della valle del fiume Carapelle e lungo la via Aurelia Aeclanensis (già via Herdonitana), la più importante direttrice di collegamento tra la Puglia e Benevento. A tal proposito è stato evidenziato come «Guidone fosse ancora a conoscenza dell’esistenza di un collegamento viario che, movendo da Benevento seguiva forse il tracciato della via Traiana sino ad Aequum Tuticum, quindi il tratto della via Herculia sino a Scampiglia e di lì proseguisse alla volta di Ascoli Satriano e Ordona, forse lungo il tracciato già ricalcato dalla via Herdonitana. Nell’ambito dunque del progressivo consolidamento in questo comparto dell’Apulia degli interessi fondiari dell’aristocrazia e della chiesa beneventana, è suggestiva l’ipotesi di una rivitalizzazione, tra VII e VIII secolo, di tali direttrici transappenniniche seguite da amministratori, funzionari, maestranze ma anche beni e animali in movimento tra Irpinia e Tavoliere»146. L’impressione che si ricava, incrociando i dati archeologici e documentari di cui si dispone, è che, nel comparto orientale del Ducato beneventano si fosse venuta a definire una sorta di ‘regione economica’, con aree differenti sul piano ecologico ma complementari sul piano

CSS, I, 5. CSS, I, 15. 144 CSS, I, 11. 145 Cfr. le osservazioni di A. Di Muro sul rapporto tra viabilità e interessi fondiari dell’aristocrazia e della chiesa beneventana: A. Di Muro, «L’azienda curtense nel Mezzogiorno longobardo tra storia e archeologia», Quaderni Friulani di Archeologia, XVIII, 2008, pp. 111-38, in part. pp. 124-30. 146 Goffredo in Buglione, De Venuto, Goffredo, Volpe «Dal Tavoliere alle Murge», in part. p. 198-199. 142 143

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Fig. 29 – Insediamenti e viabilità nelle donazioni di Arechi II al monastero di S. Sofia di Benevento (da Di Muro, «L’azienda curtense nel Mezzogiorno longobardo»).

produttivo147. Gli interessi beneventani in quest’area, considerata come nevralgica, emergono in tutta la loro evidenza e in qualche modo contribuirono a creare connessioni e ad allacciare una rete di rapporti. Cerealicoltura e, secondariamente, viticoltura e olivicoltura, allevamento ovicaprino (e suino), sfruttamento della risorsa boschiva, palustre, lacustre e marina e valorizzazione dell’incolto, rappresentano tessere di un sistema socio-economico che aveva trovato un proprio equilibrio, nella nuova cornice del Ducato di Benevento. Risulta ben leggibile una tendenza ad esaltare le vocazioni produttive di ciascun territorio, le cui ‘specializzazioni’ sembrano in molti casi essere state valorizzate: pesca e lavorazione del pescato e del sale nelle zone umide di Siponto, di Salapia e di Lesina/Varano, allevamento ovicaprino nelle aree tradizionalmente legate alla transumanza, allevamento di animali di pregio in alcune aree interne (ad es. i caballarii menzionati in relazione a Larino)148, la cerealicoltura nel Tavoliere e nelle prime propaggini del Subappennino, il reperimento di legname e di altri arbusti e il pascolo nei settori conno-

Una ‘regione economica’ che peraltro si era andata consolidando nel tempo, già a partire da età imperiale, in connessione con gli itinerari della transumanza ad ampio raggio e con il commercio della lana. 148 CSS, 1, 1 [46]. 147

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tati da una maggiore presenza di incolto (in alcuni casi utilizzati anche come riserva di caccia), la produzione artigianale in contesti caratterizzati da ampia disponibilità di materie prime e da consolidate tradizioni artigianali (ad es. territori di Ascoli Satriano, Lucera). In questo contesto, si erano dunque venuti a creare nuovi circuiti di scambio (ed erano stati potenziati quelli già esistenti) che mettevano in connessione siti interni e costieri, diverse proprietà palatine variamente specializzate, e tutti questi centri con la capitale del Ducato e con altre città di rilievo, e poi anche con grandi abbazie quali S. Sofia, Montecassino e S. Vincenzo al Volturno, proprietarie di ampi possedimenti in queste aree. Le derrate prodotte (così come anche gli oggetti manifatturieri) non erano dunque destinate solo all’autoconsumo, ma aanche a soddisfare le esigenze della corte. La scala interregionale di tali mercati deve aver inevitabilmente coinvolto una varietà più ampia e un volume maggiore di beni scambiati. La rete dei circuiti e un certo grado di flessibilità in queste tipologie di scambi garantivano il prioritario rifornimento di beni primari ad alto valore commerciale a costi non elevati, con un conseguente ampliamento degli areali dei traffici e redistribuzione capillare sui territori circostanti dei beni commerciati. La natura fiscale di questi possedimenti non sembra in definitiva aver depresso la geografia economica e produttiva di tali aree, scongiurandone al contrario il ripiegamento su attività finalizzate al mero autoconsumo e stimolandone la produzione. Alla fine dell’insediamento Nel corso del IX secolo si consuma l’epilogo dell’esperienza insediativa del sito di Faragola, che non sembrerebbe conoscere una frequentazione riconducibile al pieno Medioevo149. Al crollo delle coperture e delle strutture murarie si affiancò la creazione di consistenti depositi di terra che obliterarono gran parte degli edifici superstiti. Solo nel settore nord-orientale si registrano episodi costruttivi finalizzati alla realizzazione di abitazioni, verosimilmente unifamiliari, pavimentati con battuti in terra a prevalente matrice ar-

Sulla fase di IX sec. si dispone di scarsi dati. Alcuni contesti hanno restituito ceramiche ascrivibili a questo orizzonte cronologico ma gli elementi finora acquisiti non consentono di proporre scansioni cronologiche e connotazioni socio- economiche più definite. 149

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gillosa, con zoccolo in pietra, elevati in argilla e coperture con tegole (amb. 55, 85, 102). Di particolare rilievo appare, in particolare, un edificio (amb. 102), costruito in corrispondenza del precedente grande vano absidato, caratterizzato da un basamento dall’apparecchiatura più accurata, con l’utilizzo, accanto a ciottoli e a scarti di fornace, di blocchi lapidei parallelepipedi di reimpiego, collocati negli angoli150. L’interno del vano si connota per la presenza di un fornello e per alcune tracce di un ipotetico telaio verticale151; all’esterno sono stati rinvenuti numerosi frammenti di macine granarie. Di certo predomina una frequentazione dell’area con modalità sempre più degradate e destrutturate, con alloggi temporanei e forme di occupazione marginale e di tipo prevalentemente precario o cimiteriale e condizioni materiali stentate, preludio al definitivo abbandono del sito, avvenuto, sulla base dei dati disponibili, intorno alla metà-seconda metà del IX secolo. Accanto ai riflessi di mutamenti politico-istituzionali ed economici che interessarono il principato di Benevento di cui può essere un indizio la scomparsa della parola gaio nell’VIII sec., altri eventi potrebbero aver contribuito ad accelerare la crisi degli assetti insediativi rurali di questo comparto territoriale, come emerge anche dai dati delle ricognizioni nella valle del Carapelle152. Gli Annales Beneventani attestano nell’861 la devastazione di Ascoli Satriano da parte del terzo emiro di Bari, Sawdān, nell’ambito delle scorrerie condotte in quell’anno dai Saraceni ai danni del Principato di Benevento sino all’alta valle del Volturno e a Teano153. M.T. Il ritrovamento, negli strati di disfacimento degli elevati, di blocchetti di argilla compatta ha suggerito l’adozione della tecnica dell’adobe: cfr. Cardone, De Venuto, Giuliani, «Faragola (Ascoli Satriano, FG): nuovi dati», p. 141. 151 Sono state rinvenute tracce di buche di forma quadrangolare e circolare, individuate nel terreno a ridosso del muro perimetrale settentrionale e pesi da telaio. 152 Cfr. Ficco, «La valle del Carapelle in età altomedievale». 153 O. Bertolini, «Gli Annales Beneventani. Contributo allo studio delle fonti per la storia dell’Italia meridionale nei secoli IX-XII. Appendice: Una nuova edizione degli Annales Beneventani e del Catalogus Beneventanus Sanctae Sophiae», Bullettino dell’Istituto storico italiano per il Medio Evo, 42, pp. 1-164, in part. p. 245; Erchemperti Historia Langobardorum Beneventanorum, MGH, SRLI, ed. G. Waitz, Hannover, 1878, pp. 231-64, in part. p. 245. Sulle vicende dell’Emirato di Bari si veda G. Musca, L’Emirato di Bari, 847-871, Bari, 1992. 150

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Oltre Faragola Il caso di Faragola, pur essendo al momento uno dei più eclatanti sotto il profilo archeologico, non è certo isolato nei territori tra la Puglia settentrionale, la Campania orientale e il Molise-Abruzzo meridionale154, anche se si tratta spesso di siti noti solo grazie a scavi occasionali, in particolare di necropoli, alle scarse fonti scritte disponibili, in particolare per il VII e l’VIII secolo, e a volte anche alla toponomastica (un terreno assai insidioso e scivoloso, ma non privo di utili suggestioni). Qui si addensano, com’è noto, le attestazioni di termini come fara, sculca, sala o anche gualdo e gaio. Nell’area della Daunia settentrionale un profondo conoscitore del territorio come Vittorio Russi ha censito alcune decine di toponimi di tale tipo155. La stessa denominazione di Faragola ne è testimone. Una concentrazione è stata notata nell’area delle valli del Trigno, del Biferno e del Fortore: si pensi a Fara e a Fara di Cigno rispettivamente nei pressi di Bagno del Trigno e San Martino in Pensilis156, a Casa Fara presso Ururi157, a Fara Bassa presso Guglionesi158, a Fara presso Gambatesa e a Fara Sentinella, a Le fare del Salvatore e al torrente La Fara nei pressi di Ripalta159. Anche in riferimento alle

Uno studio aggiornato su questo territorio è offerto da E. Morlacchetti, Istituzioni, società ed economia in un’area di confine della Longobardia meridionale: il territorio fra il Trigno e l’Ofanto nell’altomedioevo, Tesi di Dottorato di Ricerca in Storia, Orientalistica e Storia delle Arti, Università di Pisa, XXV ciclo, 2015. 155 V. Russi, «Toponimi e insediamenti di epoca longobarda in Capitanata», in Paesaggi e insediamenti rurali in Italia meridionale, pp. 349-60, in part. pp. 356-8. 156 A.R. Staffa, «Una terra di frontiera: Abruzzo e Molise fra VI e VII secolo», in G.P. Brogiolo (a cura di), Città, castelli, campagne nei territori di frontiera (secoli VIVII). V Seminario sul Tardoantico e l’Altomedioevo in Italia Centrosettentrionale (Monte Barro-Galbiate, 9-10 giugno 1994), Mantova, 1995, pp. 187-238, in part. p. 200. 157 A. Di Niro, M. Santone, W. Santoro (a cura di), Carta del rischio archeologico nell’Area del Cratere. Primi dati di survey nei comuni colpiti dal sisma del 2002, Soprintendenza per i Beni Archeologici del Molise, 2010, p. 21. 158 G. Vincelli, «Di alcuni toponimi del Molise orientale», Samnium, LXXIV, 14 n. s. N. 3, luglio-settembre 2001, pp. 245-60, in part. p. 249. 159 A. Gravina, «Chieuti – Serracapriola – Lesina – S. Paolo Civitate. Il territorio tra Tardoantico e Medioevo. Note di topografia», in G. Clemente (a cura di), Atti del 14 Convegno nazionale sulla Preistoria-Protostoria-Storia della Daunia (San Severo, 27-28 novembre 1993), San Severo, 1996, pp. 17-48, in part. p. 32. 154

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unità produttive rurali, nella documentazione di ambito longobardo sono frequenti i riferimenti a terrae, vici, casalia e, più tardi, alle curtes (diversamente da quanto emerge dalla documentazione relativa alle aree bizantine, dove, con maggior conservatorismo, soprattutto negli atti di origine pontificia, restarono in uso termini come fundi o massae fundorum)160. Purtroppo, nella maggior parte dei casi la ricerca archeologica ha finora offerto un ancora limitato supporto all’individuazione e all’indagine sistematica ed estensiva di tali tipi di insediamento rurale. Eppure i dati disponibili, sia pur frammentari e occasionali e per lo più limitati ai cimiteri (certamente più evidenti degli abitati), disegnano una diffusione di siti strategicamente posti lungo le principali arterie viarie ancora in uso, le vallate fluviali e le alture che dominavano vie e tratturi. Un caso esemplare è rappresentato da San Giusto161 (Fig. 30), nella valle del Celone, nel territorio di Lucera, città sede di un gastaldato e a capo di un actus dai confini enormi che non sembra però interessato dalla presenza di gai162. Nel sito di San Giusto un abitato costituito da edifici che riutilizzavano le strutture più antiche delle chiese paleocristiane e della villa tardoantica (Figg. 31-32), varie capanne e una serie di sepolture si sviluppò tra tardo VI e VII secolo nell’area del monumentale complesso sacro, costituito da una basilica doppia, da un battistero, da terme e da numerosi vani residenziali e produttivi, realizzato tra V e VI secolo reimpiegando le strutture della precedente villa tardoantica, posta all’interno di una vasta proprietà imperiale (il saltus Carminianensis163), che abbiamo proposto di identificare con la sede della diocesi Cfr. Marazzi, «Il Sud dell’Italia fra i secoli VII e VIII», pp. 396-8. Cfr. G. Volpe (a cura di), San Giusto. La villa, le ecclesiae. Primi risultati dagli scavi nel sito rurale di San Giusto (Lucera): 1995-1997, Bari, 1998 e più di recente G. Volpe, A.V. Romano, M. Turchiano, «San Giusto, l’ecclesia e il Saltus Carminianensis: vescovi rurali, insediamenti, produzioni agricole e artigianali. Un approccio globale allo studio della cristianizzazione delle campagne», in S. Cresci, J. Lopez Quiroga, O. Brandt, C. Pappalardo (a cura di), Episcopus, civitas territorium, Atti del XV Congresso Internazionale di Archeologia Cristiana (Toledo 2008), Città del Vaticano, 2013, pp. 559-80 e Volpe, «Città e campagna». 162 Nel territorio di Lucera Arechi II offre a S. Sofia una curtis in località Aquilone, sulla terra del suo servo Cerbalus, con tre condome, ovvero le case di Teroaldu, di Ferrandu e di Pepino. Per queste condome si ritiene plausibile una localizzazione nei pressi del fiume Celone (CSS, pp. 279-280; CSS, I, 1 [52]). 163 NDOcc. 12.18. 160 161

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Fig. 30 – San Giusto (Lucera, FG). Planimetria delle aree indagate (elaborazione G. De Felice).

rurale dell’episcopus Carmeianensis164 attestato all’inizio del VI secolo. La chiesa B, originariamente funeraria, dopo il crollo della chiesa A, a causa di un incendio databile nella seconda metà del VI secolo, dotata di un recinto presbiteriale, continuò a essere utilizzata. Il sito, dunque, pur ridimensionato e profondamente trasformato, continuò a svolgere una funzione centrale nel territorio. In aree limitrofe al sito di San Giusto, le fonti documentarie attestano, nella prima metà del IX secolo, la presenza del vicus di Molezano, in

164

MGH AA 12,437, 453; Mansi 8, coll. 300, 315.

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Fig. 31 – San Giusto (Lucera, FG). Fondo di capanna altomedievale realizzata all’interno del complesso paleocristiano (foto G. Volpe).

Fig. 32 – San Giusto (Lucera, FG). Tracce di rioccupazione di età altomedievale all’interno del battistero (foto G. Volpe).

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cui Magipertus, nell’817, possedeva curtes, vigneti, pascoli, uno pastino ante casa e altri edifici165, e delle località Bassano, in cui Garardi era proprietario di case, curtes, vigneti, campi, boschi, uliveti, alberi, pascoli e vie offerti, nell’846, alla chiesa di S. Giacomo in Canole, cella di Montecassino166 e Terenciano (o Terenziano) dove Aldefrid, nell’847, era in possesso di frutteti e uliveti167. Un altro esempio di notevole interesse, nello stesso territorio daunio, è quello di Monte San Giovanni nei pressi di Carlantino168, dove è stata individuata una necropoli di VI-VII secolo con varie sepolture, tra cui una, purtroppo sconvolta dall’azione di scavatori clandestini, con resti scheletrici di cavallo; le tombe hanno restituito armi, corredi e oggetti personali (pettini, anelli, sigilli, fibule in bronzo dorato con decorazioni zoomorfe o a intrecci, ecc.) di un certo pregio, evidentemente appartenuti a personaggi di rango, tanto che si è ipotizzato che il cimitero possa essere riferito ad un “insediamento con connotazioni anche militari”169. Per tale insediamento si è proposta una identificazione con il gaio Casa Polluci, presente, con la chiesa di San Giovanni, nella stessa lista delle donazioni arechiane del 774170. Scavi recenti, ancora inediti, hanno portato alla scoperta, nella valle, in località Santo Venditto, di una chiesa paleocristiana, la cui costruzione è stata datata al VI secolo, intorno alla quale si andò sviluppando un grande insediamento rurale attivo almeno fino al XII secolo; la chiesa fu oggetto di una ristrutturazione nell’VIII secolo (contestualmente all’abbandono del sito di Monte San Giovanni) e ancora nel IX secolo, quando fu dotata di una cripta affrescata. Di Muro ha proposto di identificare questo edificio di culto con la chiesa della curtis Sancti Iohannis tra il Cigno e il Fortore, anch’essa donata da Arechi II al monastero di Santa Sofia nel 774. Non lontano da Monte San Giovanni, sulla sponda del Fortore, doveva trovare posto un altro gualdo, denominato in finibus Apulee171. Nella zona di confine tra gli antichi territori dauni e frentani, tra il Biferno e il torrente Saccione, si addensano le attestazioni di proprie165 166 167 168 169 170 171

CV, 45. RPD 307. CV, 67. Monte San Giovanni; A. Di Muro, «Dinamiche insediative», pp. 201-5. Di Muro, «Dinamiche insediative», p. 203. CSS 1.1 [6]. CSS 3.32.

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tà ducali, come il gualdo, poi divenuto gaio, Noceto, il gualdo del Biferno, che accoglieva anche un palatium172, e due gualdi, in Sapione e in Canali, presso il Saccione173. Nel gualdo Noceto, attestato nel 742174, erano presenti due casali, Monumentum e Perno, nei quali si raccoglieva la popolazione rurale, prima che fosse trasformato in gaio Noceto, nel quale era la chiesa di San Magno, con cento moggi di terra affidati alla cura del presbyter: secondo un’ipotesi di J.M. Martin175, la trasformazione del gualdo in gaio, dotato di una chiesa, costituirebbe una prova della politica di investimenti da parte della corte beneventana finalizzati al ripopolamento e alla messa a coltura di territori che avevano conosciuto in precedenza abbandoni e forme di degrado ambientale. Nei territori dei gualdi del Biferno e del Saccione sono state rinvenute ville tardoantiche176, abbandonate ma con significative rioccupazioni altomedievali. Nello stesso territorio non si può non citare l’importante sito, posto sulla sommità di una collina, di S. Maria in Civita (Guardialfiera), oggetto degli scavi di R. Hodges177 (Fig. 33). Tra il Saccione e il Fortore si disponevano, infine, le cospicue proprietà del nobile Potone, con ben 49 curtes178. Da questa rapida e certamente incompleta rassegna emerge, sia pure in maniera ancora sfumata, il quadro di un popolamento sparso, a maglie large, con fattorie, curtes e anche alcuni abitati relativamente magCDL 6/2, doc. 4, p. 20. CSS 3.35. 174 CSS 3.30. 175 Martin, «Il Molise nell’alto medioevo», in part. pp. 16-17. 176 F. Rossi, «La ceramica dipinta della villa rustica di S. Martino in Pensilis», in Considerazioni di Storia e Archeologia, 2010, pp. 5-26, in part. pp. 12-13; G. De Benedittis, C. Terzani, M.C. Fracassi, C. Civerra, S. Maria di Casalpiano. Gli scavi archeologici e il restauro architettonico, Pescara, 1993, p. 26. 177 Hodges, Barker, Wade, «Excavations at D85 (Santa Maria in Civita)»; G. Barker, A Mediterranean Valley. Landscape Archaeology and Annales History in the Biferno Valley, Leicester, 1995, pp. 266-71; R. Francovich, R. Hodges, Villa to Village, London, 2003, pp. 81-2.; A. Di Muro, «Curtis, territorio ed economia nel Mezzogiorno meridionale longobardo (secoli VIII-IX)», Quaderni Friulani di Archeologia, XVIII, 2008, pp. 111-38, in part. p. 112; I. Iasiello, Samnium, Assetti e trasformazioni di una provincia dell’Italia tardoantica, Bari, 2009, p. 154. 178 Cfr. ora W. Pohl, Werkstätte der Erinnerung. Montecassino und die Gestaltung der langobardischen Vergangenheit, München, 2001, pp. 197-9; si veda Di Muro, «Curtis, territorio ed economia», pp. 119-20, Fig. 4, con altra bibliografia. 172 173

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Fig. 33 – L’abitato di Santa Maria in Civita (CB) (da Francovich, Hodges, Villa to Village).

giori (casalia), caratterizzato da una densità alquanto ridotta sotto il profilo sia insediativo sia demografico. Ma al tempo stesso si coglie anche un tentativo di ripopolamento delle campagne, con il recupero e la rioccupazione di ville tardoantiche, la costruzione (ad esempio a Monte San Giovanni) o la ristrutturazione di chiese (ad esempio a San Giusto), che pare seguire una precisa strategia, come emerge anche dalla cura riservata alla distribuzione degli insediamenti, significativamente posti lungo gli assi viari, i tratturi della transumanza e i corsi d’acqua. Tale politica di occupazione e di controllo del territorio pare confermare, cioè, lo stretto legame tra gli insediamenti urbani e rurali con il processo di penetrazione ed espansione longobarda179, dall’interno verso la costa, progressivamente sviluppatosi fino al controllo anche del litorale adriatico, del Gargano e del santuario di San Michele. Una strategia forte e decisa, che lega interessi politico-militari a interessi economici, tutt’altro che compatibile con visioni ireniche e continuiste. Nei vari casi esaminati, a partire da quello emblematico di Faragola, alla continuità insediativa fa da contrappunto una netta discontinuità nelle funzioni e nelle forme di vita. G.V.

Una sintesi, con un’attenzione agli insediamenti, è in Di Muro, «Dinamiche insediative», con ampia bibliografia precedente. 179

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Faragola, ultimo atto? Come abbiamo visto, il sito rurale di Faragola ha avuto una ininterrotta vicenda insediativa di oltre un millennio. Dopo la ‘fine della villa’, il progressivo sviluppo e articolarsi dell’azienda agricola altomedievale non comportò la distruzione sistematica delle principali strutture della villa tardoantica, che anzi furono ampiamente riutilizzate, sia negli spazi sia nei materiali, con funzioni nuove. Pur con ovvie profonde differenze, si conservarono le terme con i loro pregevoli mosaici e pavimenti marmorei, coperti da strati di terra battuta, si rispettò la lussuosa cenatio, con i marmi, i tappeti in opus sectile e lo stibadium, tanto che è sorto in noi più volte il sospetto che in qualche modo questo vano sia stato ancora utilizzato per alcune funzioni, pur essendo state installate negli spazi circostanti attività artigianali di vario tipo. Così non è stato nella notte tra il 6 e il 7 settembre 2017, quando un drammatico incendio, sulla cui natura si attendono i risultati delle indagini in corso ma che numerosi indizi inducono a ritenere doloso (anche i Vigili del Fuoco, che pure non escludono la possibilità di un incidente legato alla bruciatura di stoppie nei campi vicini, hanno accertato che l’incendio si è sviluppato all’interno del sito), ha completamente distrutto le strutture delle coperture realizzate tra il 2009 e il 2017 per musealizzare il sito e ha pesantemente danneggiato le pavimentazioni e in parte le strutture murarie antiche. Un incendio che ha fortemente compromesso i risultati di un lavoro sviluppatosi in oltre quattordici anni, che ha coinvolto, oltre agli autori di questo contributo, condirettori delle ricerche, molti altri archeologi e centinaia di studenti dell’Università di Foggia e di altre università italiane e straniere. È un episodio di assoluta gravità, che ci sollecita a un nuovo impegno per Faragola, sia per recuperare e restaurare le strutture archeologiche e ricostruire le coperture, sia per giungere nuovamente ad una fruizione del sito, sia per sviluppare ancor di più gli studi e per pubblicare sistematicamente i risultati degli scavi, che al momento costituiscono l’unica reale memoria di un insediamento di straordinario interesse storico e archeologico. G.V.-M.T.

Giovanna Bianchi, Federico Cantini, Simone Maria Collavini Beni pubblici di ambito toscano*

1. Quantità La duratura fortuna della marca di Tuscia come struttura politica d’inquadramento della regione è un fatto noto, ma finora le sue basi materiali sono state poco indagate. Come ogni ‘stato’ altomedievale, essa si finanziava grazie al suo patrimonio fondiario e al controllo di alcune risorse naturali (miniere, saline, acque e incolti)1. Quanti erano i beni fiscali toscani tra VIII e XI secolo? Dove si trovavano? Avevano caratteristiche diverse dagli altri grandi patrimoni fondiari? Come e quando si era formato questo patrimonio? Come i beni fiscali venivano fatti circolare tra i sostenitori laici ed ecclesiastici dei re e dei marchesi? Com’erano gestiti i beni nella loro diretta disponibilità? Oggi proveremo a rispondere ad alcune di queste domande, concentrandoci su tre aspetti: quantità e qualità dei beni fiscali; e le loro forme di circolazione. Partiamo dalla quantità. Il doppio dotario delle regine Berta e Adelaide (937) offre un’istantanea sui beni fiscali in Toscana. Esso fu pattuito da re Ugo al momento del suo matrimonio con la prima e di quello del figlio Lotario con la seconda. La lista di beni fiscali toscani che conserva ne consente una considerazione quantitativa, poiché in questi due testi di ogni curtis si stima il numero dei mansi2. Le nove curtes toscane citate

* Il saggio è stato concepito ed elaborato in comune dai tre autori, perciò comu-

ne è la responsabilità scientifica, ma i paragrafi 1 e 3 sono stati scritti da S.M. Collavini, il paragrafo 2.1 da F. Cantini, il paragrafo 2.2 da G. Bianchi; le conclusioni (par. 4) sono state scritte insieme. 1 Per un recente panorama sul problema vd. S. Carocci, S.M. Collavini, «Il costo degli stati. Politica e prelievo nell’Occidente medievale (VI-XIV secolo)», Storica, 52, 2012, pp. 7-48. 2 L. Schiaparelli, «I diplomi di Ugo e Lotario», in Idem (a cura di), I diplomi di Ugo e di Lotario di Berengario II e di Adalberto, Roma, 1924 (Fonti per la storia d’IBiens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 327-348 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118747

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nel dotario di Adelaide contavano 880 mansi, mentre i tre monasteri in cui era concentrato il resto dei beni fiscali (S. Salvatore di Sesto, S. Salvatore al Monte Amiata e S. Antimo in Val di Starcia) possedevano ben 3500 mansi3. Per farci un’idea di massima delle dimensioni di questo patrimonio possiamo paragonarlo all’unico patrimonio ‘privato’ noto, quello del vescovo di Lucca. A fine secolo IX Pietro II censì le proprietà della sua chiesa. Ne ricaviamo un’idea del numero di mansi in suo possesso: circa 500 mansi, il 70% dei quali dati in beneficio (feora)4. Non è certo se i numeri evocati dal dotario vadano confrontati con tutti i beni del vescovo di Lucca o soltanto con quelli in gestione diretta (quelli compresi nell’Inventarium), pari al solo 30% del patrimonio complessivo: qui ci atterremo, in via prudenziale, alla prima e minimale ipotesi, anche se è la seconda a essere la più probabile. I beni del dotario – una parte soltanto dei beni fiscali toscani – erano quasi 10 volte quelli del vescovo di Lucca. Inoltre, il solo monastero di S. Salvatore di Sesto, posto in diocesi di Lucca, aveva 2000 mansi, cioè il quadruplo di quelli del vescovo: sui suoi beni vivevano dunque tra le 8 e le 10.000 persone: un talia, 38), nn. 46, 47 (937); per un commento al doppio dotario vd. G. Vignodelli, «Berta e Adelaide: la politica di consolidamento del potere regio di Ugo di Arles», Reti Medievali. Rivista, 13/2, 2012, pp. 247-94. 3 Schiaparelli, «I diplomi di Ugo e Lotario», n. 47 (937). Le curtes elencate sono: Nozzano (40), Avane (60), Lugnano (30), Bientina (60), Cortenuova (Empoli) (70), S. Quirico (40), Piunte (Pistoia) 500, Valli (50), Cornino (30). I monasteri sono: S. Salvatore di Sesto (2000), S. Salvatore al Monte Amiata (500), S. Antimo in Val di Starcia (1000). Questi quasi 4500 mansi sono in realtà solo una parte dei beni fiscali toscani a metà X secolo. Dal conteggio sono escluse le curtes della Lunigiana che non facevano parte della marca e altri beni fiscali attestati da altre fonti in quegli stessi anni. 4 Questi calcoli (da intendersi come approssimativi data la diversa tipologia di fonte) sono basati su M. Luzzati, «Vescovato di Lucca, 1-2», in A. Castagnetti, M. Luzzati, G. Pasquali, A. Vasina (a cura di), Inventari altomedievali di terre, coloni e redditi, Roma, 1979 (Fonti per la Storia d’Italia, 104), pp. 207-46. Non si consideriamo qui le terre date in livello dal vescovato, per le quali esso riceveva sì dei canoni (fra l’altro spesso dati in beneficio a terzi), ma che di fatto non controllava più. Anche di queste terre il vescovo fece redigere un elenco (relativo ai livelli dell’immediato predecessore Gherardo), recentemente edito in P. Tomei, «Un nuovo “polittico” lucchese del IX secolo: il breve de multis pensionibus», Studi medievali, ser. III, 53, 2012, pp. 567-602 (qui anche una bibliografia degli studi sui polittici lucchesi).

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complesso umano ed economico ben più rilevante della maggiore città toscana del tempo. Il dotario mostra anche la distribuzione geografica dei beni fiscali toscani, che si trovavano nel nord della regione (fulcro del potere marchionale), disponendosi lungo la maggiore viabilità stradale e fluviale. Erano poi particolarmente fitti lungo le coste e il massiccio del Monte Pisano, dove si concentravano alcune materie prime strategiche per il potere regio e marchionale (sale, legname, pietra e minerali ferrosi). (SMC) 2. Qualità Le fonti scritte danno un’idea di massima dell’ampiezza del patrimonio fiscale toscano nel IX e X secolo, ma dicono poco sulla sua qualità, al di là della generica nozione di un’organizzazione di tipo curtense. Un contributo decisivo al riguardo viene invece dall’archeologia. Recenti indagini in due contesti diversi della Tuscia altomedievale hanno consentito di riconoscere tracce di siti di proprietà fiscale (regia o marchionale), che mostrano uno scarto qualitativo rispetto ai coevi siti rurali della regione. 2.1. Il Valdarno Lo studio delle trasformazioni della valle dell’Arno tra la tarda età imperiale e il XIII secolo, condotto a partire dal 2001 attraverso ricognizioni, indagini archeologiche per grandi aree e un serrato dialogo con gli storici delle fonti scritte5, ha previsto anche lo scavo di due siti che ospitarono i centri direzionali di curtes fiscali (Fig. 1, vedi Tavole): • quella regia de Sancto Quirico, ricordata nel già citato doppio dotario delle regine Berta e Adelaide del 9376 e incardinata sulla

F. Cantini, J. Bruttini, F. Carrera, B. Fatighenti, E. Scampoli, C. Toscani, «Il Valdarno tra Tardantichità e Medioevo: archeologia di una grande valle fluviale», in F. Redi, A. Forgione (a cura di), Atti del VI Congresso Nazionale di Archeologia Medievale (L’Aquila, 12-15 settembre 2012), Firenze, 2012, pp. 265-70. 6 Vignodelli, «Berta e Adelaide», pp. 272 e 274. Lo scavo della chiesa di S. Quirico è ora in corso di studio. Un primo accenno ai risultati delle indagini relativamente al periodo carolingio in F. Cantini, «La gestione della produzione fra curtes fiscali e curtes private in età carolingia», in G. Bianchi, C. La Rocca, T. Lazzari (a cura di), Spazio pubblico e spazio privato tra storia e archeologia (secoli VI-XI), Atti del VII seminario del SAAME (Complesso di San Giovanni in Monte, Bologna, 6-8 novembre 2014), Turnhout, 2018, pp. 261-91. 5

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chiesa oggi dedicata ai SS. Quirico e Lucia, posta nel comune di Montelupo Fiorentino (Fi); • quella di San Genesio, di proprietà del marchese di Tuscia Adalberto II, menzionata per la prima volta all’inizio del X secolo7 e oggetto di uno scavo pluriennale, ancora in corso, nel territorio di San Miniato (Pi)8. A San Quirico, gli scavi hanno interessato solo la chiesa. In particolare sono emersi i perimetrali e la zona absidale di un edificio di culto a navata unica (6,80 X 9,34 m circa), interamente intonacato e dotato di un piccolo altare quadrato. La chiesa fu costruita verso la metà dell’VIII secolo, come indicano le datazioni al C14 di due sepolture poste in facciata9, che ospitarono verosimilmente individui di rango10, posti all’interno di un più ampio cimitero con tombe a cassa. Tra la seconda metà dell’VIII e il IX secolo la chiesa fu arricchita con un recinto presbiteriale di cui rimangono un frammento dell’arco e parte di un pluteo, decorati con motivi a intreccio e cani correnti (Fig. 2, vedi Tavole)11. Il complesso si trovava lungo la strada che univa, già dall’età romana, Pisa a Firenze e nei pressi del punto in cui il torrente 7 D. Barsocchini (ed.), Raccolta di documenti per servire alla storia ecclesiastica lucchese, Lucca, 1841 (Memorie e documenti per servire all’istoria del Ducato di Lucca, V/3), n. 1173; P. Tomei, «Locus est famosus». Borgo San Genesio ed il suo territorio (secc. VIII- XII), tesi di laurea magistrale, Università di Pisa, a.a. 2010/2011, rel. S.M. Collavini, pp. 152-4; P. Tomei, «Chiese, vassalli, concubine. Su un inedito placito lucchese dell’anno 900», Mélanges de l’École française de Rome- Moyen Âge [En ligne]. 126-2, 2014, mis en ligne le 04 septembre 2014, consulté le 16 novembre 2016. URL: http://mefrm.revues.org/2037; DOI: 10.4000/mefrm.2037. 8 Lo scavo è attualmente in corso di edizione. Nei due volumi previsti saranno presentate alcune nuove interpretazioni dei dati già editi. Nell’attesa, per la fase di età carolingia cfr.: F. Cantini, «Forme, dimensioni e logiche della produzione nel Medioevo: tendenze generali per l’Italia centrale tra V e XV secolo», in A. Molinari, R. Santangeli Valenzani, L. Spera (a cura di), L’archeologia della produzione a Roma (secoli V-XV), Atti del Convegno Internazionale di Studi (Roma, 27-29 marzo 2014), Bari, 2015, pp. 503-20, in particolare pp. 505-6; Cantini, «La gestione della produzione», pp. 276-79. 9 Analisi realizzate dal CEDAD (Università del Salento), rif. LTL16162A, LTL16163A. 10 E. Bagagli, F. Cantini, F. Mallegni, F. Bartoli, «“Horseman Syndrome” in the Tuscan Early Middle Age: The sk888 Case», Journal of Biological Research, 1, LXXXV, 2012, pp. 203-4. 11 I manufatti sono in corso di studio da parte di R. Belcari.

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Pesa si getta nell’Arno, in un luogo frequentato dall’età augustea, in forme ancora da chiarire, e occupato in età tardo antica da una necropoli con tombe a cappuccina. Anche nel caso della curte que vocitatur … Sancto Genesio, posta nel comitatus di Lucca, il centro direzionale fu collocato in un sito di lunga frequentazione, che aveva visto succedersi una probabile mansio romana, collocata lungo la strada che da Pisa raggiungeva Firenze, una grande necropoli di seconda metà VI secolo, con sepolture di personaggi di rango, anche goti12, una torre in muratura di VII secolo con attigue attività di riduzione e lavorazione del ferro e fusione del bronzo, e una pieve a navata unica, di almeno 11,35 metri di lunghezza e 5,80 m. di larghezza, costruita alla fine del VII secolo, con annesso cimitero. Nel IX secolo (Fig. 3) i dati archeologici mostrano come proprio accanto all’edificio religioso fosse stato impiantato un centro aziendale caratterizzato da: • un torchio da olio in legno a vite verticale; • una macina e un torchio vinario, verosimilmente a trave orizzontale; • una fornace di tipo verticale che produceva brocche e orcioli, decorati con pennellate e gocciolature di ingobbio rosso, in parte probabilmente utilizzati per immagazzinare il vino e l’olio prodotti in loco. Si tratta di contenitori destinati più al territorio circostante (dove sono stati trovati in ricognizione) che non a Lucca, dove il marchese probabilmente riceveva i prodotti della curtis in contenitori più capienti (per il vino probabilmente le botti); • la campagna di scavo 2014 ha poi consentito, per ora solo di individuare, ma non ancora di scavare, una struttura produttiva legata, molto probabilmente, alla lavorazione del ferro, come indicano le scorie trovate intorno al probabile forno13.

F. Cantini, S. Viva, F. Marani, «La necropoli di seconda metà VI secolo di San Genesio (San Miniato-Pisa): elementi endogeni ed esogeni», in C. Ebanista, M. Rotili (a cura di), Fondazioni e rituali funerari delle aristocrazie germaniche nel contesto mediterraneo, Atti del Convegno Internazionale di Studi (18-19 giugno 2015, Cimitile e Santa Maria Capua Vetere), Napoli, 2017, pp. 251-68. 13 Le scorie sono in corso di studio da parte di N. Bresciani e V. Palleschi (CNR di Pisa). 12

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Fig. 3 – Strutture del centro curtense di San Genesio, con la vicina pieve e cimitero.

Il rinvenimento negli strati di abbandono di questa fase produttiva di un frammento di macina da cereali in calcarenite14 di 1 m di diametro suggerisce poi la presenza di un mulino, forse sul vicino fiume Elsa (Fig. 4). Del tutto eccezionale è anche il rinvenimento di due denari carolingi, uno coniato a Tours (768-814) e uno a Orleans (864-867)15. Il secondo è stato trovato residuo in stratigrafie di XVI-XVIII secolo nell’area antistante la facciata della pieve, mentre il primo nel riempimento di una sepoltura di fine IX-inizio X secolo, dove era finito casualmente e non in seguito a una deposizione volontaria. Non si tratta cioè di moneta deposta come Lo studio archeometrico dei frammenti di macine rinvenuti a San Genesio è in corso sotto la direzione del Prof. M. Lezzerini dell’Università di Pisa, cfr. F. Benedetti, Studio archeometrico delle macine provenienti dal sito di San Genesio (San MiniatoPi), tesi di laurea, Università di Pisa, a.a. 2014-2015, rel. F. Cantini, M. Lezzerini. 15 Lo studio delle monete è in corso da parte di C. Cicali (Università degli Studi di Siena). Per un’anticipazione sul denaro di Tours cfr. F. Cantini, «“Il cippo etrusco e il denaro di Tours”. Nuove scoperte dallo scavo del sito di San Genesio-San Miniato (campagna 2008)», Bollettino dell’Accademia degli Euteleti, 75, 2008, pp. 247-53. 14

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Fig. 4 – Macina in calcarenite: frammento e ricostruzione (disegno di F. Benedetti).

elemento di corredo, ma di moneta circolante. Rimane da capire se fosse denaro utilizzato da chi gestiva il centro curtense o giunto nel sito con i pellegrini che percorrevano la Francigena, del cui percorso San Genesio era una submansio, perlomeno alla fine del X secolo, quando vi sostò l’arcivescovo Sigerico16. Le zecche di provenienza, francesi, non permettono di propendere per l’una o l’altra ipotesi in quanto i denari potrebbero essere arrivati prima a Lucca, nelle mani del marchese, e poi, magari attraverso i suoi intermediari, a San Genesio. Alcuni frammenti di vetrina pesante e un esemplare di bicchiere in vetro viola con applicato un filamento di vetro lattimo, che ricorda esemplari carolingi17, indicano poi l’inserimento del sito in traffici ancora extraregionali.

S. Patitucci Uggeri (a cura di), La via Francigena e altre strade della Toscana medievale, Firenze, 2004, pp. 52-3. 17 M. Mendera, F. Cantini, A. Marcante, A. Silvestri, F. Gallo, G. Molin, M. Pescarin Volpato, «Where does the medieval glass from San Genesio (Pisa, Italy) come from?», in S. Wolf, A. de Pury Gysel (dir.), Annales du 20e Congrès de l’As16

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Più problematica, anche se suggestiva, l’identificazione con uno stiletto da scrittura di un manufatto in bronzo a forma di spillone terminante su un lato con una spatolina ricurva, trovato come residuo, nel riempimento della sepoltura di un maschio adulto di fine IX secolo18. Il quadro che possiamo ricostruire per la fase carolingia è quindi quello di un sito dove, nelle immediate vicinanze di una pieve e del suo cimitero, all’incrocio tra la strada che univa Pisa a Firenze e la via Francigena, non distante dai fiumi Arno ed Elsa, si trovava il centro gestionale della curtis marchionale di San Genesio, dove si concentravano macchinari per la trasformazione dei prodotti agricoli, fornaci da ceramica e forni da metallo, e dove circolava moneta, seppur in quantità estremamente modeste. Alla luce di quanto abbiamo illustrato risulta evidente come i dati raccolti dallo scavo dei due siti siano, in termini quantitativi, molto diversi: mentre a San Genesio abbiamo indagato un’area molto vasta, individuando la zona dove si concentravano le strutture produttive, a S. Quirico lo scavo ha riguardato solo la chiesa, cui si lega il toponimo del centro curtense regio e che probabilmente, come a San Genesio, fu il polo intorno al quale potrebbero essere state concentrare le strutture di gestione del patrimonio fondiario. Ritenendo verosimile questa ipotesi possiamo evidenziare alcune costanti che potrebbero caratterizzare, in questa parte della regione, i centri di gestione dei beni fiscali: • la rilevanza degli investimenti, che se per San Genesio è evidente nella costruzione di vari tipi di macchinari e strutture produttive, compresi i mulini, nel caso di San Quirico, pur non avendo ancora indagato l’area posta intorno all’edificio sacro, potrebbe essere riflessa, proprio in epoca carolingia, nel rinnovamento dell’arredo architettonico della chiesa di tarda età longobarda; • la loro collocazione in aree strategiche rispetto alle città del centro-nord della Toscana e alla viabilità fluviale e terrestre, che potrebbe riflettere un uso dei siti come punti di sosta dei proprietari o almeno di chi ne gestiva i patrimoni; • il loro legame con chiese fondate nella piena e tarda età longobarda, forse a suggerire che lo status fiscale dei beni risalisse a questo periodo. sociation Internationale pour l’Histoire du Verre (Fribourg/Ramont 7-11 septembre 2015), Ramont, 2017, pp. 360-5 e in particolare pp. 361-2, fig. 3. 18 I metalli sono in corso di studio da parte di G. Lazzeri.

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Relativamente alla vocazione produttiva il caso di San Genesio sembra indicare, almeno per quest’area del Valdarno, una predilezione per lo sfruttamento delle risorse agricole, affiancato e integrato dalla lavorazione dell’argilla, abbondante nella pianura. Resta da capire se nelle zone ricche di altre risorse ci fosse una differente specializzazione delle aziende. A tal proposito sarebbe interessante indagare le forme di controllo delle cave di materiale lapideo dell’area dei Monti pisani. Se le loro attestazioni scritte non precedono la fine del X secolo19, i dati archeologici consentono di retrodatare l’estrazione di materiale litico all’VIII secolo, come indica il caso del San Michele in Foro di Lucca20, con un incremento del suo sfruttamento, soprattutto per l’edilizia urbana lucchese e pisana, dalla fine del X-inizio XI secolo21. Per la fase altomedievale viene da chiedersi se non fosse proprio il monastero regio di Sesto, posto ai piedi del rilievo, a gestire le pur sporadiche attività di estrazione, che le fonti scritte ci ricordano, in riferimento a questo ente, solo a partire dal 125622. Dal Monte Pisano dovevano essere del resto prelevate già in età carolingia le lastre impiegate per realizzare i tetti di alcuni edifici, posti non

J.A. Quirós Castillo, Modi di costruire a Lucca nell’altomedioevo. Una lettura attraverso l’archeologia dell’architettura, Firenze, 2002, p. 81 e 95. Sull’attestazione scritta dell’esistenza all’inizio del XII secolo di una cava di verrucano sul Monte Pisano, aperta verosimilmente per la costruzione del San Michele alla Verruca, cfr. F. Andreazzoli, «Archeologia dell’architettura di un monastero medievale sul Monte Pisano: San Michele alla Verruca», in R. Francovich, S. Gelichi (a cura di), Monasteri e castelli fra X e XII secolo. Il caso di San Michele alla Verruca e le altre ricerche storico-archeologiche nella Tuscia occidentale, Atti del Convegno di Studi (Uliveto Terme, 17-18 novembre 2000), Firenze, 2003, p. 39-46, in particolare p. 44. 20 J.A. Quirós Castillo, «Técnicas constructivas altomedievales en la ciudad de Pisa y en la Toscana nordoccidental», Arqueología de la arquitectura, 4, 2005, pp. 81-109, in particolare p. 101; Quirós Castillo, «Modi di costruire», p. 53, 121. 21 M. Febbraro, «Prima della cattedrale. Un contributo alla conoscenza dell’architettura altomedievale a Pisa», in A. Alberti, E. Paribeni (a cura di), Archeologia in Piazza dei Miracoli. Gli scavi 2003-2009, Ghezzano, 2011, pp. 551-70, in particolare p. 566, fig. 12; Quirós Castillo, «Técnicas constructivas», pp. 100-1. 22 A.A. Onori, L’abbazia di San Salvatore a Sesto e il Lago di Bientina. Una signoria ecclesiastica 1250/1300, Firenze, 1984, p. 66. 19

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solo nella vicina Pisa23, ma anche a distanza di almeno 25 km, come a San Genesio, dove verosimilmente dovevano essere utilizzate per la copertura della pieve e di alcune tombe24. Potremmo allora immaginare l’esistenza di una circolazione tra le curtes fiscali di particolari prodotti non facilmente reperibili, che poteva avvenire senza bisogno di denaro, che invece potrebbe essere stato utilizzato, oltre che per il pagamento e la riscossione dei censi, anche per l’acquisto di manufatti estranei al circuito curtense, come le ceramiche invetriate e gli oggetti in vetro trovati a San Genesio25. (FC) 2.2. La Toscana Meridionale Per questo comprensorio geografico, in relazione alle evidenze archeologiche collegate a beni fiscali, al momento siamo in grado di elaborare più consistenti ipotesi per l’area delle Colline Metallifere, posta nella parte nord della Maremma e relativa alla porzione di territorio compresa tra la fascia costiera e i rilievi interni (Fig. 5). L’area semi-montana o collinare dell’interno era collegata alla costa da due fiumi, il Cornia e il Pecora. I fiumi attraversavano aree di pianura che vicino al mare si alternavano ad ampie paludi e aree umide, oggi non più percepibili in seguito alle bonifiche ottocentesche. Questo territorio, al contrario di quello descritto nel precedente paragrafo, nell’alto medioevo era lontano da importanti centri urbani: Populonia, posta sull’omonimo promontorio, a partire dalla Tarda Antichità fu un luogo occupato debolmente e a intermittenza, avendo ormai perduto le caratteristiche che in età classica l’avevano caratterizzata come civitas; Massa Marittima acquisì tali peculiarità solo dai secoli centrali del Medioevo, con il definitivo spostamento della sede diocesana nei primi decenni dell’XI secolo26. Per spiegare l’interesse per A Pisa, in Vicolo del Porton Rosso/via Cavalca l’uso di scisti per le coperture è associabile a un edificio altomedievale datato ante fine IX-inizi X secolo e ad una capanna di X secolo (Febbraro, «Prima della cattedrale», p. 556). 24 I materiali lapidei da costruzione sono in corso di studio da parte di A. Arnoldus-Huyzendveld. 25 Sull’economia curtense come sistema caratterizzato da ‘un’autosufficienza complessa’ cfr. G. Petralia, «A proposito dell’immortalità di “Maometto e Carlo Magno” (o di Costantino)», Storica, I, 1995, pp. 37-87, in particolare p. 77. 26 Per una recente rilettura della storia di Populonia tra la Tarda Antichità e l’alto medioevo anche in rapporto allo spostamento della diocesi a Massa Marittima 23

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Fig. 5 – Carta della Toscana con la localizzazione dei siti citati nel testo.

questo comprensorio geografico bisogna, quindi, far riferimento alle sue importanti risorse, citate o meno nei documenti: le saline poste nelle aree umide della costa; i cereali coltivabili nelle aree di pianura o semi collinari; i metalli delle aree interne (ferro, piombo argentifero, rame, argento). Allo sfruttamento di alcune di queste risorse si legò in questo territorio la presenza di ampie proprietà del vescovo di Lucca attestate a partire dall’VIII secolo27. Nell’immediato entroterra costiero la localizzazione di due curtes (Valli e Cornino) menzionate nel sopracitato si rimanda al contributo di S. Gelichi, «Prima del monastero», in G. Bianchi, S. Gelichi (a cura di), Un monastero sul mare. Indagini archeologiche a San Quirico di Populonia (Piombino, LI), Firenze, 2016, pp. 337-72. 27 M.L. Ceccarelli Lemut, «La Maremma populoniese nel Medioevo», in G. Bianchi (a cura di), Campiglia. Un castello e il suo territorio, I, Firenze, 2003, pp. 1-116 in particolare pp. 1-18.

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dotario di Ugo di Provenza28, rappresentano con molta probabilità la punta di un iceberg relativo alla presenza di importanti beni fiscali regi o marchionali distribuiti in tutto il territorio qui esaminato in virtù della ricchezza di risorse. L’ampiezza di tali beni è indirettamente attestata anche dalla menzione di un actor regis in atti risalenti all’VIII secolo, così come da chiari toponimi come Bagno del re, Gualdo al re, Mulinereggi, Teupascio29. Tutto questo territorio insieme a quello del Senese ha al suo interno numerosi siti dalle cui indagini archeologiche è stato formulato da Riccardo Francovich il modello che, come è noto, prevedeva la formazione e la continuità dei siti di altura a partire dal VII secolo sino alla loro trasformazione in castelli nell’XI-XII secolo30. Tra 2010 e 2014 sono state proposte integrazioni o puntualizzazione a questo modello con riferimento all’area delle Colline Metallifere31: una precocità di formazione, alla fine del IX secolo, di fortificazioni con cinte in pietra nel caso di siti legati a committenze con una forte fisionomia pubblica; una differente gestione dei siti in base al tipo di risorse sfruttate, con un ritardo nell’esercizio di diritti signorili all’XI secolo inoltrato (rispetto a quelli con vocazione agricola) nel caso di siti a Vignodelli, «Berta e Adelaide». R. Farinelli, I castelli nella Toscana delle ‘città deboli’. Dinamiche di popolamento e del potere rurale nella Toscana meridionale (secoli VII-XIV), Firenze, 2007, pp. 66-7. 30 R. Francovich, R. Hodges, Villa to Village. The Transformation of the Roman Countryside in Italy, c. 400-1000, London, 2003; R. Francovich, «The beginning of hilltop villages in early medieval Tuscany», in J.R. Davis, M. McCormick (eds.), Long Morning of Medieval Europe, Aldershot, 2008, pp. 55-82. 31 G. Bianchi, «Dominare e gestire un territorio. Ascesa e sviluppo delle ‘signorie forti’ nella Maremma toscana del Centro Nord tra X e metà XII secolo», Archeologia Medievale, XXXVII, 2010, pp. 93-104; G. Bianchi, «Curtes, castelli e comunità rurali di un territorio minerario toscano. Nuove domande per consolidati modelli», in P. Galetti (a cura di), Paesaggi, comunità, villaggi medievali, Atti del Convegno, Bologna 14-16 gennaio 2010, Spoleto, 2012, pp. 495-510; G. Bianchi, «Recenti ricerche nelle Colline Metallifere ed alcune riflessioni sul modello toscano», Archeologia Medievale, XLII, 2015, pp. 9-26.; G. Bianchi, S.M. Collavini, «Risorse e competizione per le risorse nella Toscana dell’XI secolo», in V. Loré. G. Buhrer-Thierry, R. Le Jan (dir.), Acquerir, prelever, controler. Les ressources en competition (400-1100), Turnhout, 2017, pp. 171-88; G. Bianchi, «Public powers, private powers, and the exploitation of metals for coinage: the case of medieval Tuscany», in R. Balzaretti, J. Barrow, P. Skinner (eds.), Italy and Early Medieval Europe. Papers for Chris Wickham, Oxford, 2018, pp. 384-401. 28

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vocazione mineraria, dove probabilmente furono più forti e durature le prerogative del potere pubblico; un sistema di sfruttamento dei solfuri misti, all’interno del quale, già dall’alto medioevo il lavoro di estrazione, lavorazione e poi trasporto dei minerali semilavorati sarebbe stato organizzato in un macro-sistema gestito dal potere pubblico. Dalla fine del 2015 questo comprensorio è al centro delle indagini legate a un progetto europeo ancora in corso, avente come prioritario obiettivo la comprensione dei meccanismi alla base della crescita economica altomedievale in questa porzione del Mediterraneo32. Grazie ai risultati sinora acquisiti dalla ricerca archeologica ed interdisciplinare svolta nel contesto del progetto, le ipotesi in precedenza formulate sono state confermate, ma i nuovi dati evidenziano una realtà più complessa e dinamiche legate in maniera più evidente alla gestione pubblica di beni. Chiare informazioni a riguardo provengono dallo scavo in località Vetricella, un sito posto nella pianura sottostante il castello di Scarlino e originariamente situato a poca distanza dal sistema lagunare che immetteva al mare. In anni passati, dopo la sua individuazione tramite remote sensing, furono realizzati sondaggi di limitata entità33 che però evidenziarono l’eccezionalità del sito e alcune delle sue fasi di vita comprese tra IX e X secolo, sottolineando così anche la presenza di importanti siti di pianura nell’alto medioevo, non previsti nel modello elaborato da Francovich. Vetricella si sta profilando come lo scavo-chiave del progetto europeo, dal momento che le sue sequenze di vita e la relativa cultura materiale riflettono dinamiche specifiche di gestione rapportabili a poteri pubblici grazie alle quali è possibile rileggere contesti già indagati in passato. Al momento le sequenze archeologiche di Vetricella illuminano in maniera piuttosto chiara cosa avvenne tra la fine del IX secolo e i primi decenni dell’XI, quando il sito fu abbandonato. È, però, possibile che i futuri scavi riportino in luce sequenze più antiche caratterizzate da altrettanta complessità. Si tratta del progetto ERC-Advanced Grant 2014 dal titolo Origins of a New Economic Union (7th-12th centuries): Resources, Landscapes and Political Strategies in a Mediterranean Region (nEU-Med) che include nella sua analisi il territorio delle Colline Metallifere, condotto in codirezione tra chi scrive e Richard Hodges, Principal Investigator del progetto, con ente ospitante l’Università degli Studi di Siena. Per ulteriori informazioni si rimanda al sito web del progetto www.neu-med.unisi.it. 33 L. Marasco, «La Castellina di Scarlino e le fortificazioni di terra nelle pianure costiere della Maremma settentrionale», Archeologia Medievale, XXXIX, 2013, pp. 57-69. 32

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Nel periodo sopra citato il sito fu sottoposto a consistenti trasformazioni che comportarono inizialmente la realizzazione di fossati circolari concentrici, con al centro una ipotizzabile struttura, poi obliterata nelle successive trasformazioni con l’edificazione di un edificio quadrangolare (fig. 6, vedi Tavole )34. Se le prossime ricerche faranno luce sulla possibile esistenza o meno di un abitato nelle immediate vicinanze, al momento è la relativa cultura materiale, desumibile dai reperti rinvenuti, che ci illumina sulla presunta vocazione del sito: un luogo dove si stoccavano molte merci (sulla cui natura si sta al momento indagando), come dimostrano le migliaia di frammenti di ceramica acroma depurata e semi depurata riconducibile a forme da dispensa e appunto stoccaggio; un luogo dove si lavorava in prevalenza il ferro e si producevano oggetti finiti, attestato dal ritrovamento di centinaia di reperti in ferro all’interno dei quali si riconoscono insiemi di strumenti per attività artigianali (coltelli, punteruoli) o legati all’equipaggiamento equestre (ferri da cavallo, chiodi da ferratura); un luogo dove, contrariamente agli altri siti del territorio già indagati, circolava moneta come testimonia il rinvenimento di 17 reperti numismatici coniati tra la fine del IX e l’XI secolo. La stretta vicinanza del sito alla curtis di Valli citata nel dotario fa ipotizzare con un buon margine di certezza che Vetricella rientrasse nei beni del patrimonio regio. I dati materiali sinora raccolti cominciano a suggerirci come potesse essere organizzato un possesso di questo tipo. Il sito lontano dalle città, ma comunque prossimo a vie di comunicazione terrestri e marittime attraverso i vicini scali di porto Scabris e di Falesia, aveva una funzione di raccordo per lo sfruttamento delle risorse del territorio ed era un luogo centrale per la raccolta di beni prodotti nell’area e per la produzione specializzata di specifici oggetti (per ora riconoscibili negli strumenti in ferro). L’unicità del suo assetto con fossati circolari e palizzate, costruite al di sopra di un rilievo artificiale che si ergeva nella pianura, conferiva al sito un aspetto originale e simbolicamente molto significativo. La ricerca futura consentirà di ricavare dati in aggiunta a questo quadro per puntualizzare meglio i tipi di produzione.

Per i preliminari dati dello scavo all’interno del progetto nEU-Med si rimanda a L. Marasco, A. Briano, S. Greenslade, S. Leppard, C. Lubritto, P. Ricci, «Investigations at Vetricella: new findings in anthropic and natural landscapes», in G. Bianchi, R. Hodges (eds.), Origins of a New Economic Union (7th-12tth centuries). The nEU-Med Project and the Results of the First Research: October 2015-March 2017, Florence, 2018.

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Il dato che emerge sin da ora è la complessità dell’operazione svolta tra seconda metà IX secolo e X secolo che riguardò non solo la nuova definizione del sito, ma anche importanti trasformazioni del paesaggio circostante, come sta dimostrando la ricerca interdisciplinare sul paleo-alveo del vicino fiume Pecora il cui riempimento con grandi quantità di carboni suggerisce vasti incendi operati per acquisire nuovi spazi coltivabili35. La stessa quantità di reperti ceramici e in ferro sinora rinvenuti evidenzia l’altra importante caratteristica del sito, ovvero la notevole scala di stoccaggio e produzione, ponendo però nuovi interrogativi sulla circolazione di questi ultimi e sulla loro destinazione finale, soprattutto in relazione ai reperti in ferro, vista la loro quasi assoluta mancanza nelle stratigrafie antecedenti l’XI secolo, in altri siti di questo comprensorio geografico indagati in passato. I dati provenienti da Vetricella, allo stesso tempo, consentono di ripensare l’interpretazione di altri luoghi studiati in passato, a suo tempo letti come una sorta di unicum. È il caso del sito in località Torre di Donoratico (Fig. 7, vedi Tavole) nel quale, oltre a un imponente rifacimento del suo assetto sempre nel corso del X secolo36, si ipotizza una specifica produzione di ceramica a vetrina sparsa, della quale rimangono migliaia di frammenti a fronte di una sporadica presenza della stessa classe ceramica in tutti gli altri siti del territorio nel medesimo arco cronologico37.

Si fa riferimento ai primi esiti di una ricerca geo-archeologica e archeobotanica condotta all’interno del progetto europeo nEU-Med (vedi a riguardo nota 32) in occasione di un ampio scasso effettuato dal Consorzio Bonifiche della Maremma per la realizzazione di una vasca accessoria al fiume Pecora, che ha consentito di riconoscere nelle sezioni così ricavate le tracce del paleo-alveo. Per i preliminari dati di questo studi si rimanda a P. Pieruccini, G. Di Pasquale, M. Buonincontri, D. Susini, C. Lubritto, «Changing landscapes in the Colline Metallifere: Early Medieval palaeohydrology and land management along the Pecora river valley» , in Bianchi, Hodges, Origins of a New Economic Union. 36 G. Bianchi, N. Chiarelli, G.M. Crisci, G. Fichera, D. Miriello, «Archeologia di un cantiere curtense: il caso del castello di Donoratico tra IX e X secolo. Sequenze stratigrafiche e analisi archeometriche», Archeologia dell’Architettura, XVI, 2012, pp. 34-50. 37 Le ceramiche a vetrina sparsa sono ora oggetto di una tesi di dottorato ancora in corso di Arianna Briano ed interna al progetto nEU-Med. La tesi, dal titolo La ceramica a vetrina sparsa nella Toscana altomedievale: produzione, cronologia e distribuzione, è svolta all’interno del XXXII ciclo della scuola di dottorato in Scienze 35

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L’imponenza di nuove strutture in muratura, sempre coeve a quelle della Torre di Donoratico e di Vetricella, caratterizza anche il sito di Rocca Alberti (Fig. 8 , vedi Tavole) a Monterotondo Marittimo deputato a un consistente stoccaggio di cereali e difeso da nuove possenti murature in pietra38. Sia il sito di Rocca degli Alberti, sia quello della Torre di Donoratico erano forse in origine compresi all’interno di beni regi poi confluiti nel patrimonio del monastero altomedievale di S. Pietro in Palazzuolo e in ogni caso facevano parte di una ‘rete’ collegabile a possessi fiscali. Pur in possesso di dati inediti che consentono di formulare nuove ipotesi anche per siti già studiati in precedenza, siamo ancora lontani dal poter definire in tutti i loro aspetti i meccanismi di gestione dei beni fiscali regi e marchionali in questo territorio. Alcuni elementi in comune però possono già essere individuati, perlomeno per il periodo compreso tra fine IX e X secolo: la presenza di siti che per imponenza e singolarità del loro assetto possono essere definiti ‘fuori scala’ rispetto agli altri coevi di questo territorio indagati archeologicamente e caratterizzati ancora da poche architetture in legno; il ruolo chiave di questi siti che divengono punti nodali nel territorio in relazione allo sfruttamento delle risorse agricole, ma anche minerarie grazie alla loro connessione con i siti dell’interno da cui si estraevano le materie prime; la presenza al loro interno di produzioni specializzate che non paiono destinate alla circolazione locale. L’insieme di questi dati ci pone di fronte a una sorta di macrosistema interconnesso, facente perno su siti più complessi di altri dal punto sia dell’assetto insediativo, sia della vocazione economica, ma che traeva la propria forza dalla sua appartenenza a domini fiscali39. dell’Antichità e Archeologia, Università di Pisa, Siena, Firenze. Si ringrazia Arianna Briano per avermi fornito questi dati. 38 G. Bianchi, F. Grassi, «Sistemi di stoccaggio nelle campagne italiane (secc. VII-XIII): l’evidenza archeologica dal caso di Rocca degli Alberti in Toscana», in G. Bianchi, J.A. Quiros Castillo, A. Vigil Escalera (eds.), Horrea, Barns and Silos. Storage and Incomes in Early Medieval Europe, Vitoria, 2013, pp. 77-102. 39 Per una trattazione più approfondita di questi temi, delle problematiche connesse all’analisi di questo territorio e alle caratteristiche dei siti definibili come ‘fuori scala’ si rimanda a G. Bianchi, «Spazi pubblici, beni fiscali e sistemi economici rurali nella Tuscia post carolingia: un caso studio attraverso la prospettiva archeologica» in Bianchi, La Rocca, Lazzari, Spazio pubblico e spazio privato, pp. 293-326; G. Bianchi, S. Collavini, «Public estates and economic strategies in early medieval Tuscany: towards a new interpretation», in Bianchi, Hodges, Origins of a New Economic Union.

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In quest’area della Toscana, quanto furono realmente estesi questi ipotizzati macrosistemi? Quale fu la loro valenza economica e quanto la loro creazione affonda le sue radici precedentemente al X secolo, quando, invece, ne abbiamo le evidenze materiali più chiare? A quali scambi esterni la produzione dei siti specializzati era diretta? Questi sono alcuni degli interrogativi cui cercheremo di dare risposta proseguendo la ricerca. Un dato è certo: dopo il crollo della marca di Tuscia, parti di questo sistema si sfaldarono o si trasformarono, con l’abbandono di alcuni siti (come Vetricella) o con la loro riorganizzazione nel quadro della signoria rurale, che li ricondusse a orizzonti politici ed economici più ristretti e frammentati. (GB) 3. Beni fiscali e fonti scritte Un terzo asse tematico della ricerca riguarda il rapporto tra beni fiscali e fonti scritte e cerca di spiegare perché i beni fiscali e le aree nelle quali essi si concentrarono siano sottorappresentati nelle carte d’archivio: una constatazione evidente per chi ha lavorato sui documenti riguardanti i siti archeologici presentati in precedenza. La Toscana è una delle regioni più ricche di carte alto medievali. Parliamo di migliaia di pezzi, soprattutto atti privati, scritti con formulari standardizzati che ne garantivano il valore legale. È a partire da queste fonti che è stata scritta la storia economica e sociale della regione. La povertà di notizie sui beni fiscali in queste fonti è stata spiegata con la dispersione degli atti e la perdita degli archivi dei marchesi e degli aristocratici destinatari delle loro concessioni. Ma per capire meglio il fenomeno va spostato l’accento dalla conservazione alla produzione. Partiamo da un esempio. Verso il 1030 i monaci di S. Michele di Marturi (oggi Poggibonsi) presentarono una proclamatio a Bonifacio di Canossa. Sostenevano che la chiesa di S. Andrea di Papaiano, dipendente dalla curtis fiscale di Marturi, era di loro proprietà. Per dimostrarlo, narrarono la storia della curtis di Marturi, del monastero in essa fondato e del suo patrimonio tra 970 e 102540. Il racconto mostra che il monastero e la curtis fiscale di cui faceva parte erano stati amministrati

Carte della Badia di Marturi nell’Archivio di Stato di Firenze (971-1199), ed. L. Cambi Schmitter, Firenze, 2009 (Biblioteca della Miscellanea Storica della Valdelsa, 23), n. 11; ho in preparazione un più ampio studio di questo documento a cui rimando per una argomentazione più distesa.

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dai marchesi e dai loro visconti e gastaldi non ricorrendo ad atti scritti (donazioni, compravendite, livelli), ma a disposizioni orali o scritte e a concessioni precarie. Tali disposizioni non erano messe per iscritto, se non in forma di brevia o di memorie informali. Quei beni circolavano liberamente tra gli aristocratici legati ai marchesi che li trasferivano ai loro clienti con accordi orali e precari. Uno degli assunti del testo è che scrivere atti privati in questi negozi significasse violare le ‘regole del gioco’. Tali atti scritti andavano annullati in giudizio, perché sovvertivano la stessa natura dei beni fiscali. Ogni concessione doveva essere revocabile dal marchese, che poteva scegliere se lasciare il controllo dei beni ai detentori o assegnarli ad altri. La proclamatio aiuta a spiegare le peculiarità delle fonti scritte riguardo ai beni fiscali. Spiega la povertà di carte dei marchesi, nonostante la loro importanza politica nel IX e X secolo41. Spiega l’assenza negli archivi toscani di atti di concessione di beni e diritti da parte dei marchesi a laici. Un’ultima questione richiede un ragionamento più disteso. Alcuni grandi monasteri fiscali, come S. Salvatore di Sesto, S. Antimo in Val di Starcia o S. Pietro di Monteverdi, hanno lasciato poche carte dei secoli IX-XI. Lo si è per lo più spiegato con una loro dispersione casuale42. L’esempio di S. Salvatore al Monte Amiata, però, suggerisce un’interpretazione alternativa e, a mio parere, più convincente. Nato come

L’unico ‘diploma’ marchionale è quello per i canonici d Lucca: un unicum documentario, riportabile all’ambiente dell’innovatore Pietro II, vd. Regesto del Capitolo di Lucca, ed. P. Guidi, O. Parenti, I, Roma, 1910 (Regesta Chartarum Italiae, 6), n. 3, [889-915]; su questo documento vd. P. Tomei, «Una nuova categoria documentaria nella Toscana marchionale: la donazione in forma di mandato», Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken, i.c.s. 42 Vd. Vita Walfredi und Kloster Monteverdi. Toskanisches Mönchtum zwischen langobardischer und fränkischer Herrschaft, ed. K. Schmid, Tübingen, 1991 e G. Giuliani, «Il monastero di S. Pietro in Palazzolo dalle origini (sec. VIII) fino alla metà del secolo XIII», in S.P.P. Scalfati (a cura di), L’abbazia di S. Pietro in Palazzolo e il comune di Monteverdi, Pisa, 2000, p. 9-38; W. Kurze, «Sulla storia dell’abbazia toscana di S. Antimo nella valle dello Starcia», in Idem, Monasteri e nobiltà nel Senese e nella Toscana medievale, Siena, 1989, pp. 319-38 e W. Kurze, «La fondazione del monastero di S. Salvatore a Sesto presso il lago di Bientina e la storia scritta da fra Benigno nel 1578. La tarda tradizione come problema di metodo», in Idem, Studi toscani: storia e archeologia, Castel Fiorentino, 2002, pp. 229-62. 41

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monastero privato, sottoposto alla tutela regia, almeno dal 937 S. Salvatore entrò nel patrimonio fiscale grazie al dotario orchestrato da Ugo di Provenza. Adelaide, la promessa sposa del giovane Lotario, alla quale esso fu affidato, ebbe poi una splendida carriera: risposata a Ottone I, rimase un personaggio di spicco per tutta l’età ottoniana, sopravvivendo al marito e al figlio Ottone II. S. Salvatore rimase così nella sua disponibilità finché Adelaide non si ritirò a vita privata (995)43. Solo allora Ottone III e Ugo di Tuscia affidarono il monastero a Winizo, un monaco cassinese, che lo riorganizzò44. La struttura dell’archivio monastico riflette bene il suo inserimento nel fisco nel X secolo. Esso è il più ricco della Toscana meridionale, comprendendo oltre 200 pezzi tra VIII e primo XI secolo; e altrettanti fino alla fine del XII. Ma la loro distribuzione è diseguale: un gravissimo vuoto, colmato solo da diplomi o ‘documenti inusuali’, corrisponde agli anni di ‘inserimento nel fisco’. La lacuna s’interrompe proprio con l’arrivo da Montecassino di Winizo e il ritorno all’autonomia patrimoniale del monastero. Il nesso tra “fiscalizzazione” del monastero, nuove regole gestionali e produzione documentaria non potrebbe essere più chiaro45. Anche gli archivi di altri monasteri fiscali, come S. Ponziano di Lucca, mostrano un doppio regime. Confrontando gli elenchi di beni compresi nei diplomi per S. Ponziano con i beni citati nelle numerose carte private conservante nel ricco archivio monastico, si nota che il suo patrimonio si componeva di due parti distinte: la prima, formata dai beni donati o venduti da privati, ben documentata dalle carte d’archivio: la Su Adelaide vd. da ultimo S. MacLean, Ottonian Queenship, Oxford, 2017, pp. 95-126. 44 P. Tomei, «Da Cassino alla Tuscia: disegni politici, idee in movimento. Sulla politica monastica dell’ultima età ottoniana», Quaderni storici, 152, 2016/2, pp. 355-82; su Winizo e S. Salvatore vd. anche M. Marrocchi, Monaci scrittori. San Salvatore al Monte Amiata tra Impero e Papato (secoli VIII-XIII), Firenze, 2014, pp. 133-42. 45 L’edizione dei documenti è in Codex Diplomaticus Amiatinus. Urkundenbuch der Abtei S. Salvatore am Montamiata, ed. W. Kurze, Tübingen, 19741981. La spiegazione avanzata ci pare più convincente delle precedenti che hanno insistito o sulla causale perdita dei documenti del X secolo o sull’esistenza di un nesso tra evoluzione quantitativa delle carte e ‘fioritura’ e ‘decadenza’ del monastero vd. p.es. W. Kurze, «Monasterium Erfonis. I primi tre secoli di storia del monastero e la loro tradizione documentaria», in Idem, Monasteri e nobiltà, pp. 357-74. 43

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seconda, più ampia, formata da beni di origine fiscale e attestata solo da diplomi imperiali e da atti memoriali, privi di valore legale46. Queste due diverse forme di gestione non rimandano solo all’alternativa tra scrittura e oralità. Anche i patrimoni fiscali producevano atti scritti, ma fra di essi solo i diplomi avevano un valore legale duraturo, perciò sono stati conservati; gli altri sono stati per lo più scartati. Si tratta di lettere, che rafforzavano le disposizioni orali, o scritture di tipo narrativo come memorie, querimonie e proclamationes. Per i beni fiscali la difesa dei propri diritti in giudizio avveniva infatti tramite narrazioni e dimostrazioni storico-retoriche. Queste scritture ci sono giunte per due canali: il primo diretto, frutto della loro sopravvivenza casuale. Scopriamo così che differivano per autori e aspetto materiale dagli atti privati. Le forme grafiche e l’impaginazione chiariscono che non erano opera di notai, ma di ecclesiastici formati alle scritture librarie. La crisi politica che, tra 1080 e 1120, fece crollare la marca mise fine al sistema di gestione dei beni fiscali qui descritto. Chi li deteneva disponeva solo di atti privi di valore legale, perciò talora cercò di rivendicarne il possesso trasformando brevia e memorie in atti privati. Furono prodotti allora molti falsi. È questo un secondo canale di trasmissione, di tipo indiretto. (SMC) 4. Conclusioni Proviamo a trarre qualche conclusione. I beni fiscali toscani erano molto ampi, anche se diffusi in maniera diseguale: più numerosi e vari nel nord della Toscana, dove risiedevano i marchesi, si concentravano in primo luogo sullo sfruttamento di risorse naturali strategiche (come sale e minerali) nel sud. La loro gestione e sfruttamento coinvolgeva un gran numero di uomini, facendone un settore fondamentale dell’economia regionale del tempo. Essi mostrano una notevole complessità economica, integrando le produzioni agricole e la loro trasformazione con la gestione delle risorse naturali e di attività artigianali di vario genere. Riguardo alle evidenze materiali al momento sarebbe imprudente S.M. Collavini, P. Tomei, «Beni fiscali e “scritturazione”. Nuove proposte sui contesti di rilascio e falsificazione di D. OIII. 269 per il monastero di S. Ponziano di Lucca», in N. D’Acunto, W. Huschner, S. Roebert (Hrsg.), Originale - Fälschungen - Kopien. Kaiser- und Königsurkunden für Empfänger in “Deutschland” und “Italien” (9.-11. Jahrhundert) und ihre Nachwirkung im Hoch- und Spätmittelalter (bis ca. 1500), Leipzig, 2017, pp. 205-16.

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Giovanna Bianchi, Federico Cantini, Simone Maria Collavini

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generalizzare casi come quelli di S. Genesio o di Vetricella, ma è un fatto che i siti rurali più ampi ed economicamente rilevanti individuati per questa fase siano centri che possiamo con buona sicurezza ritenere fiscali. I nuclei fiscali dunque non solo erano numerosi, ma anche più ricchi e complessi degli insediamenti in mano a ‘privati’. Inoltre essi attestano una maggior efficacia del modello curtense. Le curtes fiscali formavano poi una rete diffusa lungo la viabilità interna e le coste. Lungo questa rete circolavano prodotti e manufatti destinati alle città dove risiedevano i marchesi e le aristocrazie a loro fedeli. Lì affluivano prodotti alimentari, sale e metalli. Lì erano lavorate materie prime di pregio, rare in Occidente, come la seta tessuta in una manifattura della curtis marchionale di Lucca47. Come ricorda Liutprando di Cremona48, le ricchezze che questo sistema garantiva ai marchesi erano immense. Queste risorse alimentavano un’economia basata sul dono e sull’ostentazione, governata dai duchi e volta a legare a sé gli aristocratici, concedendo terre e donando oggetti di prestigio. Questa rete di scambi non aveva, se non in minima parte, una base commerciale e monetaria. Il grosso degli scambi avveniva all’interno del fisco stesso. Il numero delle curtes fiscali e la loro distribuzione sulle principali vie di comunicazione terrestri, fluviali e costiere ne faceva una rete capace di far circolare i prodotti senza necessità di intermediazioni commerciali, ma gli snodi più importanti della rete hanno restituito monete: ciò suggerisce che essi potessero fungere da occasionali punti di contatto con la rete degli scambi commerciali esterni. Tra IX e XI secolo questi beni erano gestiti e concessi ai sostenitori dei re e dei marchesi senza ricorrere alle normali carte, perciò i beni fiscali sono difficili da incontrare nelle fonti scritte e si rischia di sottovalutarne l’importanza. Per studiarli vanno elaborati metodi di ricerca nuovi, anche di tipo interdisciplinare, che integrino storia e archeologia. Riprendendo un’immagine dalla fisica, i beni fiscali sono la “materia oscura” della società toscana, che solo ora cominciamo a intravedere e valutare in tutta la loro importanza strutturale. La loro importanza consiste sia nella loro ampiezza e nel loro rilievo economico, sia nel fatto

Cfr. P. Tomei, «Il sale e la seta. Sulle risorse “pubbliche” nel Tirreno settentrionale (secc. V-XI)», in G. Salmeri (a cura di), La transizione dall’Antichità al medioevo nel Mediterraneo centro-orientale. Casi di studio, in corso di stampa. 48 Liutprando, Antapodosis, ed. P. Chiesa, Milano, 2015 (Fondazione Lorenzo Valla. Scrittori greci e latini), II, 38-9. 47

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Beni pubblici di ambito toscano

che la loro stessa esistenza induce a riconsiderare la corrente immagine della società toscana. Come mostra il paragone tra vescovato di Lucca e S. Salvatore di Sesto, finora abbiamo osservato in dettaglio un protagonista secondario, trascurando il più importante dei convitati. Dobbiamo perciò porci in modo critico verso le fonti scritte che alimentano le attuali ricostruzioni. Esse illustrano spesso patrimoni, relazioni sociali e dinamiche economiche meno rilevanti di quelle che si giocavano nei beni fiscali e che ci sono largamente sconosciute. Il modello di società ricostruito in base alle migliaia di carte vescovili lucchesi è generalizzabile ai ‘mondi fiscali’? La risposta al momento è ‘no’. È ancora difficile proporre un nuovo modello coerente e alternativo, ma speriamo che questa ricerca sia un primo passo in questa direzione.

Luc Bourgeois Le domaine public dans le nord de l’Aquitaine aux VIIe-Xe siècles : une lecture archéologique

Les données fournies par l’archéologie du haut Moyen Âge ne sont pas de nature à éclairer des thèmes comme l’organisation des patrimoines ou la fiscalité, dont seules les sources écrites peuvent atteindre quelques bribes. Elles sont encore plus étrangères à des approches quantitatives comme le nombre des dépendants d’un domaine ou le volume des productions et de la rente. En revanche, seules les recherches de terrain procurent une profondeur chronologique et permettent parfois de saisir la forme de lieux du pouvoir sur lesquels les textes fournissent une information toujours ponctuelle. C’est donc sur ces spécificités des sources archéologiques que nous voudrions nous appuyer pour relire quatre dossiers concernant des biens royaux documentés entre le milieu du VIIe siècle et le Xe siècle et dispersés dans l’ancien diocèse de Poitiers. Le palais de Chasseneuil, les grands domaines d’Ardin et de Curçay-sur-Dive et le district minier de Melle (Fig. 1) permettront de s’interroger, d’une part, sur le poids du réseau d’autorité hérité de l’Antiquité et du très haut Moyen Âge dans la géographie des lieux publics de la fin de l’époque mérovingienne et de la période carolingienne et, d’autre part, sur le domaine royal et son destin. Palais, domaine fiscal et pôles d’occupation : l’exemple de Chasseneuil (VIIIe-Xe siècles) Le réseau palatial des rois carolingiens d’Aquitaine semble s’inscrire en totalité dans l’espace compris entre la Loire et la Dordogne (Fig. 2). Il n’apparait pas en Gascogne, en Toulousain ou en Septimanie, régions où le pouvoir carolingien eut toujours plus de difficultés à s’affirmer et où il disposait peut-être d’un domaine foncier plus limité. Pour le CentreOuest de la France, les limites nord et sud de cet espace de résidence privilégié par les souverains sont matérialisées par des fortifications héritées de l’Antiquité tardive et du très haut Moyen Âge, jalonnant le cours de la Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 349-383 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118748

Le domaine public dans le nord de l’Aquitaine

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Fig. 1 – Localisation des sites étudiés.

Loire, d’une part, de la Gironde et de la Dordogne, d’autre part1. Cette dernière ligne de défense fut complétée par Charlemagne avec l’établissement des castra de Fronsac2 et probablement de Castillon3. Ces palais de la ‘petite Aquitaine’ sont établis à proximité des cités (Chasseneuil près de Poitiers, Jucundiacum près de Limoges, Angeac-Champagne aux portes d’Angoulême) ou, plus ponctuellement, associés à des monas-

L. Bourgeois, J.-F. Boyer, « Les palais carolingiens d’Aquitaine : genèse, implantation et destin », dans L. Bourgeois, C. Remy (éd.), Demeurer défendre et paraître : orientations récentes de l’archéologie des fortifications et des résidences aristocratiques médiévales entre Loire et Pyrénées, actes du colloque de Chauvigny, 14-16 juin 2012, Chauvigny, 2014, pp. 67-118, ici pp. 101-3. 2 Fondation par Charlemagne en 769 (Annales regni Francorum, éd. G.-H. Pertz et F. Kurze, MGH, SRG ad usum scholarum, Hanovre, 1895, §30, p. 30 ; Éginhard, Vie de Charlemagne, § 5, éd. et trad. M. Sot et Ch. Veyrard-Cosme, Paris, 2015, pp. 10-1, la mention du site n’apparaissant toutefois qu’avec le manuscrit BnF lat. 5927, daté du XIe siècle). 3 S. Faravel, F. Boutoulle, « Castillon-sur-Dordogne : une agglomération d’origine castrale du Bordelais au Moyen Âge », dans A. Chédeville, D. Pichot (éd.), Des villes à l’ombre des châteaux. Naissance et essor des villes castrales en France au Moyen Âge, actes du colloque de Vitré, 16-17 octobre, Rennes, 2010, pp. 175-89 (ici p. 178). 1

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tères péri-urbains (Saint-Martial de Limoges et peut-être Saint-Outrille de Bourges). Doué-la-Fontaine, palais établi en frontière de l’Aquitaine et de la Francia, vient se juxtaposer à un ancien vicus et seul le palais auvergnat d’Ébreuil apparait donc relativement isolé du réseau urbain traditionnel. Enfin, ces palais occupent en majorité les rives de cours d’eau ou les bordures de plateau qui les dominent et ils paraissent étroitement reliés à des axes de communication importants facilitant l’itinérance royale. Le palais de Chasseneuil, établi 7 km au nord de Poitiers, répond bien à tous ces critères et la documentation fournie par son environnement permet de poser quelques jalons sur l’espace qu’il domine et le devenir de celui-ci. Avant de se lancer, au printemps 778, dans l’expédition d’Espagne, Charlemagne passe les fêtes de Pâques dans la villa royale de Chasseneuil (-du-Poitou, Vienne). Il laisse en ce lieu son épouse Hildegarde, qui y donne naissance aux jumeaux Louis et Lothaire, ce dernier ne survivant guère4. À cette date, la villa dispose donc d’une infrastructure suffisante pour accueillir le souverain et on peut envisager que ce domaine princier ait préexisté à la conquête de l’Aquitaine. Comme le suggérait Karl-Ferdinand Werner, le choix d’y amener la reine pourrait résulter d’une volonté politique : le fait que l’enfant “s’il s’avérait mâle, fût né en Aquitaine”5, lui donnait une légitimité pour régner sur cette région encore incomplètement soumise. Dès 781 en effet, Louis devint un roi d’Aquitaine qui resta largement soumis aux volontés de son père. Si cet épisode ne marque pas l’émergence du domaine de Chasseneuil, il lui donne une place symbolique dans le réseau de lieux nodaux qui fut mis en place pour le jeune roi. L’Astronome compte en effet Chasseneuil au nombre des quatre palais (avec Doué, Angeac et Ébreuil) dans lesquels Louis hivernait alternativement, au plus tard à partir de 794-7956. Ce texte, rédigé peu après 840, souligne l’importance des ressources fournies par le fisc associé lors de chaque séjour du souverain : “Ainsi, chacun de

L’Astronome, Vita Hludowici imperatoris, éd. E. Tremp, MGH, SRG ad usum scholarum, t. LXIV, Hanovre, 1995, c. 2, p. 286 ; c. 3, p. 288-290. 5 K.-F. Werner, « Hludovicus Augustus : gouverner l’empire chrétien, idées et réalités », dans P. Godman, R. Collins (éd.), Charlemagne’s heir. New perspectives on the reign of Louis the Pious, Oxford, 1990, pp. 3-123 (pp. 23-4). 6 L’Astronome, Vita Hludowici, c. 7, p. 310. Ces années, qui correspondent à la majorité et au mariage de Louis, sont aussi celles où l’existence d’une véritable administration se perçoit pour la première fois autour du jeune roi. La création d’un maillage palatial stable pourrait donc être concomitante de la majorité de Louis. 4

Le domaine public dans le nord de l’Aquitaine

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Fig. 2 – Les palais aquitains à l’époque carolingienne.

ces domaines, quand son année arrivait, avait de quoi suffire à la dépense royale”7. Ce réseau a sans doute été établi à partir de domaines fiscaux préexistants, comme le montrent les exemples des villae d’Angeac et de Chasseneuil, déjà utilisées par Charlemagne, ou de Doué, antérieurement fréquenté par le duc Waïfre et Pépin le Bref8. Id. : “Quae loca, quando quartum redigebatur ad annum, sufficientem regio servitio exhibebant expensam”. 8 Pour Chasseneuil, cf. supra n. 5 ; pour Angeac, voir le diplôme passé à Andiaco en juillet 769 (Die Urkunden Pippins, Karlmanns und Karls der Grossen, éd. E. Mühlbacher, MGH, Dipl. Kar., I, Hanovre, 1906, n°59) ; Pépin le Bref reçoit à Doué les ambassadeurs et otages envoyés par Waïfre (Annales regni Francorum, p. 7

Luc Bourgeois

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C’est à Chasseneuil que Louis reçoit son père en 8009 et de ce palais qu’il expédie un diplôme le 7 avril 80810. D’autre part, le Commentaire sur la Genèse de Claude, futur évêque de Turin, fut achevé à Chasseneuil en 81111. Deux diplômes de son fils Pépin Ier sont également datés de ce palatium, le 11 janvier et le 9 juin 82812. Le palais de Chasseneuil, probablement établi à l’emplacement du bourg actuel13, était associé à un vaste domaine, dont les sources écrites fournissent des bribes (Fig. 3). La foresta, destinée aux chasses royales mais dont le rôle économique ne doit pas être négligé, constitue un satellite habituel des palais14. Pour celui de Chasseneuil, c’est la fonction du vaste espace boisé de Moulière. Pas moins de cinq diplômes de Pépin Ier sont datés depuis une forêt royale, parmi lesquels deux furent établis in foreste Molarias le 27 février et le 1er avril 82515. Le lien organique entre palais et forêt demeure aujourd’hui encore matérialisé par trois chemins anciens qui débouchent de Moulière et se dirigent vers les gués du Clain permettant de rejoindre Chasseneuil. Le couloir naturel constitué par les vallées du Clain puis de la Vienne en aval de Chasseneuil semble aussi avoir abrité un semis continu de terres du fisc, qui furent massivement concédées à des institutions ecclésiastiques parisiennes. Ce vaste secteur de possessions excentriques constitue un exemple unique pour cette région et, comme ailleurs, la conservation de ces domaines lointains donna lieu à de nombreuses difficultés.

18, mais les Continuations de Frédégaire, plus proches des faits relatés, ne mentionnent pas ce lieu). 9 L’Astronome, Vita Hludowici,, c. 12, , p. 312. 10 Cartulaire de l’abbaye de Cormery…, éd. J.-J. Bourassé, Tours, 1891, n°V. 11 P. Boulhol, Claude de Turin : un évêque iconoclaste dans l’Occident carolingien. Étude suivie de l’édition du « Commentaire sur Josué », Paris, 2002, p. 19. 12 Recueil des actes de Pépin Ier et Pépin II, rois d’Aquitaine, éd. L. Levillain, Paris, 1926, n°IX et XII. 13 Bourgeois, Boyer, « Les palais carolingiens d’Aquitaine », p. 74. 14 Sur les forestae carolingiennes, voir entre autres S. Lorenz, « Der Königsforst (forestis) in der Quellen der Merowinger- und Karolingerzeit. Prolegomena zu einer Geschichte mittelalterlichen Nutzwälder », dans D. R. Bauer et al. (Hrsg.), Mönchtum-Kirche-Herrschaft 750-1000, Sigmaringen, 1998, pp. 261-85. 15 S. Perrault, G. Pon, « Deux diplômes du IXe siècle pour Saint-Savin », Bibl. Éc. Chartes, t. 167, 2009, n°1 ; Recueil des actes de Pépin Ier et Pépin II, n° III.

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Fig. 3 – Le palais de Chasseneuil (Vienne) dans son environnement.

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Le 18 mars 868, Charles le Chauve restitue à l’évêque de Paris la villa de Naintré, avec ses églises et dépendances16. Par la suite, l’église et le prieuré de ce domaine apparaissent respectivement sous les vocables de saint Vincent et saint Germain de Paris, qui nous renvoient plutôt à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés et ce sont bien les moines germaniens qui forgent au XIe siècle le faux par lequel Charles le Chauve leur aurait donné cette église en 84717. L’édifice leur appartiendra jusqu’à la Révolution18. Un peu plus au nord, c’est l’abbaye de Saint-Denis qui dût forger dans les premières années du XIIe siècle une série d’actes apocryphes pour conforter son prieuré de Saint-Denis-en-Vaux et ses biens dans les paroisses de Dangé, Vaux, Antran, Ingrandes et Oyré19. Au début du XIVe siècle, les moines dyonisiens disposent également de l’église de Baudiment et de son annexe de Moussais, possessions dont nous ne connaissons pas l’origine20. C’est dans le patrimoine détenu par les premiers ducs d’Aquitaine qu’il faut rechercher la trace d’autres biens d’origine royale et le destin du palais de Chasseneuil. Aucune source ne mentionne plus la résidence royale après 828. Elle ne semble pas avoir été fréquentée par Charles le Chauve, qui multiplie les aliénations de biens fiscaux associés aux résidences royales d’Aquitaine21 et souscrit majoritairement ses diplômes dans des cités et

Recueil des actes de Charles le Chauve, 3 vol., éd. G. Tessier, Paris, 1943-1955, t. II, n°312. 17 Ibid., t. II, n°469. Selon R. Poupardin, ce faux a pu être produit « pour repousser une revendication éventuelle des chanoines de Notre-Dame de Paris » (Recueil des chartes de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés des origines au début du XIIIe siècle, Paris, 1909, p. 56, n. 1). Il paraît plutôt résulter du conflit pour la possession de l’église qui se déroula entre ca 1088 et 1130 entre les moines parisiens et ceux de Saint-Cyprien de Poitiers (Recueil des chartes de Saint-Germain-des-Prés, n°LXXX ; Cartulaire de l’abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers, éd. L. Rédet, Poitiers, 1874, n°9 et 285 ; Veterum scriptorum et monumentum… amplissima collectio, éd. É. Martène et U. Durand, t. I, Paris, 1724, col. 703). 18 Dom Anger, Histoire du prieuré de Saint-Vincent de Naintré, Poitiers, 1904. 19 Ce dossier comprend une donation de Dagobert Ier datée de 637, successivement confirmée par Clovis II, Charlemagne puis Charles le Chauve (Anonyme, « Documents concernant le prieuré de Saint-Denis-en-Vaux », Arch. hist. Poitou, t. VII, 1878, pp. 345-60). Cf. également C. Van Kieft, « Deux diplômes faux de Charlemagne pour Saint-Denis », Le Moyen Âge, t. 64, 1958, pp. 407-10. 20 Pouillé du diocèse de Poitiers, éd. H. Beauchet-Filleau, Poitiers-Niort, 1868, pp. 206-7. 21 J. Martindale, « The kingdom of Aquitaine and the dissolution of the carolingian fisc », Francia, t. 11, 1983, pp. 131-91. 16

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Le domaine public dans le nord de l’Aquitaine

des sanctuaires péri-urbains. La désertion du roi amène automatiquement la disparition du qualificatif de palais qui lui est intrinsèquement liée et, lorsque le site de Chasseneuil réapparait dans les sources en 927-928, il porte l’appelation plus modeste de curtis. Il est désormais détenu par les ducs d’Aquitaine, ainsi que le massif forestier de Moulière et une portion de l’espace compris entre ces deux points, sur la rive gauche du Clain (Fig. 3a). Le prêtre Frotfelme donne alors à Saint-Cyprien de Poitiers des terres à Coulin, qui sont bordées par un bien dépendant de la cour de Chasseneuil22. En janvier 967, des biens confrontent un pré dépendant du domaine éminent de la curtis23. Enfin, vers 990, une terre à Montamisé est contiguë à une terre de l’église Saint-Clément de Chasseneuil24. Mentionnons en exergue que le massif de Moulière doit son nom à la présence de bancs de pierre meulière, dont l’extraction sous forme de meules de moulins est attesté en 1077 mais probablement antérieure. Elle est alors contrôlée par le duc, qui autorise la récente abbaye de Montierneuf à transporter des meules pour ses moulins de Poitiers avec l’aide des dépendants du prince résidant le long du trajet25. Le domaine ducal précoce s’étend également sur la rive gauche du Clain puisque la curtis de Jaunay-Clan et son église (à nouveau dédiée à Saint-Denis) firent partie du domaine du duc Guillaume Fier-à-Bras jusqu’en 989-99026. Il faut attendre les deux dernières décennies du XIe siècle pour que le cœur de l’ancien domaine fiscal soit aliéné. Entre 1087 et 1099, le duc Guil-

Coulin, c. Saint-Georges-les-Baillargeaux (Vienne). Cartulaire de Saint-Cyprien, n°301 (terra pertinente ex curtim Cassenoilo). 23 Documents relatifs à l’abbaye Saint-Pierre de Bourgueil-en-Vallée au diocèse d’Angers (Xe-XIIIe siècles), éd. P. Portejoie, Poitiers, 1996-1997 [inédit], n°87 (curte Capsinsiaco super fluvium Climi). 24 Cart. de Saint-Cyprien, n°320. La localisation de cette église n’est pas fournie mais le sanctuaire de Chasseneuil constitue le seul édifice régional portant ce vocable. Entre 965 et 969, Ebles, frère du duc Guillaume Tête d’Étoupe, donne également à Saint-Maixent des terres de la villa de Sivrec, dans la même paroisse (Chartes et documents pour servir à l’histoire de l’abbaye de Saint-Maixent, éd. A. Richard, t. I, Poitiers, 1886, n°33). 25 Recueil de documents relatifs à l’abbaye de Montierneuf à Poitiers (1076-1319), éd. F. Villard, Poitiers, 1973, n°6. 26 En 989, la chapelle Saint-Denis est concédée en mainferme à un fidèle du duc, Bernefroi ; l’année suivante le sanctuaire et la curtis sont données par Guillaume à son épouse Emma, qui céda peu après ce domaine au monastère de Bourgueil (Documents relatifs à l’abbaye Saint-Pierre de Bourgueil, n°28, 29 et 1). 22

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laume IX concède en effet la villa de Chasseneuil au comte d’Angoulême, afin que ce dernier la confie à l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe27. On notera que l’ancien palais est alors qualifié d’alleu. Le 1er mars 1099 (n. st.), l’évêque de Poitiers Pierre II donne au même monastère l’église Saint-Clément, auparavant “détenue injustement par des laïcs”28. Près de deux siècles après le déclassement du palais de Chasseneuil, ces deux actes marquent la dispersion définitive du grand ensemble domanial issu du fisc carolingien. Les recherches archéologiques permettent également de replacer cet ensemble fiscal dans la géographie des voies de communication et des pôles d’autorité de la moyenne vallée du Clain au cours du premier millénaire (Fig. 3). La principale voie antique reliant les Pyrénées au Bassin parisien empruntait l’interfluve entre Clain et Vienne. Dès la fin du VIIe siècle, elle fut concurrencée par un itinéraire passant par la rive gauche du Clain et desservant Chasseneuil29. Mais le véritable nœud de communications du Seuil du Poitou se situe un peu plus au nord, autour de la confluence des deux rivières, qui constitue le point limite de la navigation depuis l’Atlantique30. C’est là que se sont développés successivement la vaste agglomération antique de Vieux-Poitiers, avec son port sur le Clain, puis le portus mérovingien de Cenon, lieu d’émission de tiers de sous d’or aux VIe-VIIe siècles et point de traversée de la Vienne par la voie antique menant à l’Espagne31. Le secteur d’entre Clain et Vienne constitua également un

27 Cartulaire de l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe, éd. A. Debord, Poitiers, 1982, n°118. 28 Ibid., n°119. 29 Pour une présentation détaillée de ces itinéraires, cf. L. Bourgeois, « De VieuxPoitiers à Châtellerault : le confluent de la Vienne et du Clain de l’Antiquité au Moyen Âge », Bull. Soc. Antiq. Ouest, 5e s., t. XIV, 2000, pp. 163-94 (aux pp. 181-3). 30 Seul un diplôme de Pépin Ier pour Saint-Martin de Tours mentionne la Vienne parmi les rivières où l’abbaye est exempte de tonlieu pour deux bateaux (Recueil des actes de Pépin Ier et Pépin II, n°XVI – 831) mais les autres exemptions royales du haut Moyen Âge fournissent rarement la liste des cours d’eau navigables concernés. 31 Bourgeois, « De Vieux-Poitiers », pp. 164-81. Notons que la confluence la Vienne et du Clain a récemment livré les restes probables d’un quai, associés à un ensemble de chapiteaux en marbre mérovingiens qui pourrait provenir d’une épave coulé face au lieu-dit Fort-Clan (J.-F. Mariotti, « Cenon-sur-Vienne (Vienne), rivière Clain », dans Bilan scientifique régional Poitou-Charentes 2008, Poitiers, 2009, pp. 165-7).

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lieu de mémoire particulier pour la dynastie carolingienne. C’est probablement dans cette zone que se déroula le combat entre Charles Martel et les troupes d’Abd al Rahmân, habituellement datée de 732, et c’est dans les ruines antiques de Vieux-Poitiers que ses fils Carloman et Pépin reçoivent dix ans plus tard la promesse de fidélité du duc Hunald et de ses enfants32. Enfin, un acte faux de Charles le Chauve, inspiré de plusieurs diplômes originaux, est souscrit in loco que dicitur Vetus Pictavis, localisation que le faussaire n’a probablement pas inventée33. Plus que dans le secteur de Chasseneuil, devenu assez secondaire dans la géopolitique princière, les ducs d’Aquitaine du Xe siècle vont réaliser d’importants investissements économiques et politiques autour de cette confluence de la Vienne et du Clain, qui devient progressivement un espace frontalier face aux prétentions des comtes d’Anjou34. Ils édifient sur la rive gauche le castrum de Colombiers, cadre d’un plaid ducal en 926 puis centre d’une nouvelle viguerie35. Sur la rive droite, l’un des grands personnages de la cour ducale entre 904 et 937, Amaricus, se fait inhumer dans l’église voisine du vaste centre domanial récemment fouillé à Pouthumé36. 32 Annales Mettenses priores, éd. B. de Simson, MGH, SRG, Hanovre, 1905, p. 33. Le lieu est indiqué par les Continuations de Frédégaire, c. 25, éd. et trad. J. WallaceHadrill, Londres, 1960, p. 98. Sur ce traité, voir H.-J. Schüssler, « Die fränkische Reichsteilung von Vieux Poitiers (742) und die Reform der Kirche in den Teilreichen Karlmanns und Pepin », Francia, t. XIII, 1985, pp. 47-112. 33 Recueil des actes de Charles le Chauve, t. II, n°470. 34 La poussée angevine dans le nord-est du Poitou (Loudunais et Mirebalais) intervient à partir du troisième quart du Xe siècle dans des conditions mal connues (Chronique des comtes d’Anjou et des seigneurs d’Amboise, éd. L. Halphen et L. Poupardin, Paris, 1913, p. 233 ; Fragmentum Historiae Andegavensis, éd. P. Marchegay et A. Salmon, Chroniques d’Anjou, Paris, t. I, 1856, pp. 375-83). 35 Chartes Poivevines 925-950, éd. É. Carpentier et al., Poitiers, 1999, F004. Colombiers est encore compris dans la viguerie centrée sur l’agglomération antique de Sauves en 936-937 mais celle-ci est démembrée au profit du nouveau castrum avant 965-969 (Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers, n°91 ; Actes des évêques de Limoges des origines à 1197, éd. J. Becquet, Paris, 1999, n°9). Le castrum et le domaine de Colombiers sont donnés à Saint-Cyprien de Poitiers en 936-937 mais ils sont revenus dans le giron ducal en l’an mil, lorsque Guillaume le Grand concède le domaine associé à l’abbaye de Bourgueil (Documents relatifs à l’abbaye Saint-Pierre de Bourgueil, n°40). Cette fortification éphèmère, établie sur un éperon portant les restes d’une tour en opus spicatum, semble rapidement relayée par Châtellerault. 36 Pouthumé, c. et cant. de Châtellerault. T. Cornec et al., « L’habitat et les cimetières du haut Moyen Âge de Pouthumé (Châtellerault, Vienne) » dans L.

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Enfin, un vicomte nommé Adrald apparait en 93637. Ce personnage ou son fils donnèrent leur nom à Châtellerault, nouvelle place forte vérouillant l’accès au Poitou depuis le nord et mentionnée avec sa vicaria castri à partir des environs de l’an mil38.

Origine et destin de deux grands domaines issus du fisc : Ardin et Curçay-sur-Dive Ardin La collection de diplômes royaux concernant le fisc d’Ardin39 est aussi célèbre qu’elle a posé des problèmes de critique. Elle nous est parvenue sous la forme de transcriptions souvent infidèles intégrées aux Acta des évêques du Mans et aux Gesta rédigées entre 832 et 835 sous la direction de l’évêque Aldric, en vue de revendiquer la restitution des possessions de son église. Dans le plus ancien acte, établi en 669, Childéric II informe l’évêque de

Bourgeois (éd.), Wisigoths et Francs autour de la bataille de Vouillé (507) : recherches récentes sur le haut Moyen Âge dans le Centre-Ouest de la France, actes des XXVIIIe journées internationales d’archéologie mérovingienne, Vouillé-Poitiers, 28-30 septembre 2007, Saint-Germain-en-Laye, 2010, pp. 97-111 ; C. Treffort, « L’épitaphe d’Amaricus découverte à Pouthumé », dans L. Bourgeois (éd.), Fortifications et résidences des élites du haut Moyen Âge entre Loire et Garonne, rapport de PCR, Poitiers, 2008, pp. 107-9. 37 Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers, n°549. Voir G. Damon, « Vicomtes et vicomtés dans le Poitou médiéval (IXe-XIIe siècle) : genèse, modalités et transformations », dans Vicomtes et vicomtés dans l’Occident médiéval, éd. H. Débax, Toulouse, 2008, annexe pp. 223-35 (p. 228). 38 Ibid., n°274 (988-1031). 39 Deux-Sèvres, cant. Coulonges-sur-l’Autize. Ce dossier a fait l’objet de nombreuses analyses allant d’un regard hypercritique à la réhabilitation, parmi lesquelles : J. Havet, « Les actes des évêques du Mans », Bibl. Éc. Chartes, t. LIV, 1893, pp. 597-692 et LV, 1894, pp. 5-60 et 306-36 (inachevé) ; Actus pontificum Cenomannis in urbe degentium, éd. G. Busson et A. Ledru, Le Mans, 1902 ; F. Lot, « Un grand domaine à l’époque franque : Ardin en Poitou. Contribution à l’étude de l’impôt », Bibl. École des hautes études, Sc. hist. et phil., fasc. 230, 1921, pp. 109-29 ; W. Goffart, The Le Mans Forgeries : a Chapter from the History of Church Property in the Ninth Century, Cambridge, 1966. Nous utilisons la récente édition de M. Weidemann, Geschichte des Bistums Le Mans von der Spätantike bis zur Karolingerzeit : Actum pontificum Cenommanis in urbe degentium und Gesta Aldrici, 3 vol., Mainz-Bonn, 2002. L’authenticité de ces actes est analysée en détail par Th. Kölzer dans Die Urkunden der Merowinger, MGH, DD Mer., t. I et II, Hannover, 2001.

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Poitiers Didon qu’il a accordé à la cathédrale Saint-Gervais du Mans, pour l’affecter au luminaire, le tribut que le fisc tirait de la curtis d’Ardin en Poitou. Il ordonne de soumettre ce domaine à l’immunité, de sorte qu’aucun judex royal n’y fasse lever ce tribut40. Cette concession, qui fait l’objet d’une publicité auprès de l’évêque de Poitiers (et plus largement des fonctionnaires royaux) est postérieurement confirmée par des diplômes Childebert III (698), Dagobert III (712), Thierry IV (722) puis Childéric III (743), tous largement interpolés41. L’acte de Dagobert III précise que l’immunité dont jouissent les biens de Saint-Gervais ne dispense pas l’évêque du Mans de remettre au trésor royal l’inferanda et l’aureum pagense prélevés sur ces terres. En complément, le diplôme de Childebert III détaille les droits que le judex royal a interdiction d’assumer : la levée de l’impôt, la justice, le droit de gîte et de procuration (mansiones facere et parata). C’est donc le droit de collecter l’impôt royal qui a été concédé en 669 et non la totalité du revenu de ce prélèvement. Il assure à l’Église du Mans un surcroît de contrôle sur les contribuables rattachés à la circonscription fiscale d’Ardin et probablement la portion du revenu due aux intermédiaires42. Quant au domaine foncier lui-même, il semble avoir été concédé à l’Église du Mans par un prédécesseur de Childéric II, comme l’indique un second diplôme, très altéré, délivré par ce souverain en 67343. En juin 721, un engagement est également adressé à l’évêque du Mans Herlemond par huit personnages qualifiés de subordonnés (juniores) de l’agens de la villa d’Ardin, propriété de Saint-Gervais. Ce groupe d’agents assurant solidairement la collecte de l’impôt à la place du personnel du fisc se porte garant du paiement du tribut sur le bétail (inferenda) et de tout ce qui est dû par les pagenses dans l’aire dévolue à chacun d’entre eux et il Éd. Weidemann, n°7 = Kölzer, n°107 : “Cognoscat sanctitas vestra quia nos tributo illo, quicquid de curte cognominante Arduno, sitam in pago Pictavense in luminaribus ad basilicam sancti Gervasii cedo [...] omnia quod ad fiscum nostrum exigitur [...] tributo quod ad fiscum nostrum de Arduno sperabatur”. 41 Éd. Weidemann, n°16, 20, 24 et 26 = Kölzer, n°151, 165, 184 et 190. La même formule est utilisée dans tous ces diplômes : “[…] ut quicquid de villa ipsius aecclesiae Cenommanice noncupante Arduno in pago Pictavo ad fiscum sperabatur”. 42 Dans le cas normal, l’acheminement de la recette fiscale à la cour était placé sous la responsabilité du comte, par exemple le comte de Poitiers Maccon en 590 (Grégoire de Tours, Liber historiarum X, X, 21, éd. B. Krusch, MGH, SRM, t.I/1, Hannover, 1937, p. 514). 43 Éd. Weidemann, n°8 = Kölzer, n°110. 40

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s’engage à faire l’avance de cette masse fiscale, que Ferdinand Lot évaluait à 400 sous, dans un délai d’un mois44. Mais, dès 756, le domaine d’Ardin fait l’objet, avec trois autres domaines de Saint-Gervais du Mans, d’un précaire consenti à deux fidèles de Pépin III, Adalbert et Haganon, moyennant un cens recognitif de douze sous par an45. Ce précaire n’est sans doute qu’une usurpation déguisée et l’Église du Mans ne recouvra jamais son bien, malgré les efforts déployés par ses prélats pour rentrer en possession du domaine, théoriquement confirmé par des diplômes – faux ou interpolés – de Charlemagne (802) et Louis le Pieux (832)46. La documentation permettant de retracer la destinée d’Ardin fait défaut après cette période mais ce dossier demeure le seul à fournir quelques éclairages sur la collecte des revenus fiscaux et le personnel administratif d’un grand domaine poitevin à la fin de l’époque mérovingienne. De son côté, l’archéologie livre des éclairages partiels sur l’origine et l’importance matérielle du chef-lieu domanial d’Ardin (Fig. 4). Le suffixe -dunum du toponyme permet d’envisager la présence d’une fortification protohistorique sur la pointe de l’éperon qui porte le village, aujourd’hui appelée le Châtelier. L’ensemble de cet éperon abritait en tout cas un important complexe gallo-romain, comprenant au moins un bâtiment public possédant un riche décor sculpté (colonnes et chapiteaux, pilastres décorés de feuillages, fragment de frise). Il était associé au praefurnium d’un système de chauffage et à un atelier utilisant de nombreux creusets47. Quelques inhumations réoccupent ces bâtiments à partir du haut Moyen Âge et un très vaste cimetière se développe progressivement dans tout l’espace compris entre l’église et les abords ouest du village. Il semble succéder à une nécropole attestée dès le Ier siècle de notre ère48.

Éd. Weidemann, n°22 : Domolenus, Baudoharius, Rogobertus, Bosolenus, Genbertus, Audobertus, Gundoaldus seu et Adobertus, iunioris Vidranno agente de villa vestra sancti Gervasii, nuncupante Arduno […]. Selon les auteurs, les pagenses sont considérés comme les contribuables ou comme des notables médiateurs assurant la collecte de l’impôt pour les juniores (sur cette dernière interprétation, voir É. Magnou-Nortier, « Les pagenses, notables et fermiers du fisc durant le haut Moyen Âge », Rev. belge Philol. Hist., t. 65, 1987, 2, pp. 237-56). 45 Éd. Weidemann, n°31. 46 Ibid., n°37 et 42. 47 J. et D. Hiernard, Carte archéologique de la Gaule : les Deux-Sèvres. Paris, 1996, pp. 101-2. 48 Ibid. 44

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Vestiges antiques et haut-médiévaux Extension du village au début du XIXe siècle Edifice religieux médiéval

Grignon La grande Eglise

ARDIN La Motte Le Vieux Cimetière Saint-Goard

tize l’Au

Le Châtelier

le D

300

é or

0 m

Fig. 4 – Ardin (Deux-Sèvres) : les vestiges antiques et médiévaux.

Deux autres concentrations de vestiges antiques, également caractérisées par le luxe des matériaux de construction, ont été repérées à l’est du vallon du Doré, entre la chapelle dédiée à saint Goard et le faubourg de Grignon, d’une part, et à la limite des actuelles communes d’Ardin et de Coulongessur-l’Autize, autour du lieu-dit La Vieille Église. Enfin, la partie nord de la commune recèle également des gisements de marbre, dont l’exploitation est attestée pour l’Antiquité et l’époque moderne49. Le fisc royal d’Ardin vient donc probablement relayer une agglomération secondaire antique, mais son rôle comme place centrale du secteur se poursuit au cours du haut Moyen Âge, comme en témoignent l’existence de tiers de sous d’or frappés au nom d’Aredvno à partir des années ca 560-ca 585, dont quatre portant le qualificatif de vicus50, son rôle de centre de colL. Desaivre, Les marbres d’Ardin, Niort, 1894 ; B. Rozes, Étude de deux sites du gisement marbrier d’Ardin (Deux-Sèvres), Poitiers, 1987 ; A. Servant, Ardunum, Arduacinsi, Ardin, 2e éd., Coulonges-sur-l’Autize, 1988, pp. 271-2. 50 B. Fillon, « Attribution de quelques tiers de sol d’or au Poitou. Aredunum, Curciacum ». Mém. Soc. Antiq. Ouest, 1e s., t. 10, 1843, pp. 377-91 ; M. Prou, Catalogue des monnaies françaises de la Bibliothèque nationale : les monnaies mé49

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lecte de l’impôt à la fin de l’époque mérovingienne mais aussi la présence postérieure d’une viguerie, attestée par un acte de 965 ou 96651. Vestige de son importance passée, ce lieu de pouvoir traditionnel donna par la suite son nom à l’un des archiprêtrés du diocèse de Poitiers, contrôlant 78 paroisses jusqu’au XVIIIe siècle52.

Curçay-sur-Dive Le dossier de Curçay-sur-Dive fournit l’occasion d’analyser l’organisation et le substrat d’un autre domaine d’origine royale. En janvier 844 ou 845, Charles le Chauve confirme aux chanoines de Saint-Martin de Tours la possession de la villa de Curçay, en Poitou, qui leur avait été donnée par son père Louis le Pieux afin de pourvoir à l’approvisionnement de la communauté en chapes53. Charles complète la donation paternelle en y ajoutant une petite propriété dans la villa de Rets. Rets correspond aujourd’hui au quartier de l’église paroissiale de Montsoreau (Maine-et-Loire), situé 25 km au nord, sur les bords de Loire. Ce lieu constituait le point d’embarquement des productions des domaines martiniens de la région vers le port établi en marge du complexe canonial54. Parallèlement, Saint-Mar-

rovingiennes, Paris, 1892, n°2274-2276 et A. de Belfort, Description générale des monnaies mérovingiennes par ordre alphabétique des ateliers, 5 vol., Paris, 1892-1895, n°257-263 ; A. Engel, S. Serrure, Traité de numismatique du Moyen Âge, Paris, 18911905, p. 121. 51 Cartulaire de l’abbaye de Saint-Cyprien, n°177. 52 Cet archiprêtré n’est mentionné qu’à partir de 1167 (Chartes et documents pour servir à l’histoire de l’abbaye de Charroux, éd. P. de Montsabert, Poitiers, 1910, n°XLII) mais certaines des circonscriptions voisines sont en place dès le siècle précédant. 53 Curçay-sur-Dive (Vienne). Recueil des actes de Charles le Chauve, n°62 : “[…] confirmare Curciacum villam, […] decernimus villam Curciacum cum omni integritate suisque adjacentiis, situm in pago Pictavo, et medium factum in villa Resti ad en deponanda quae exierunt de Curciaco villa, eisdem fratribus, quam olim genitor meus piae recordationis, dominus Hludowicus, ad habendum capas concesserat […]”. 54 La structuration du domaine carolingien de Saint-Martin de Tours a été analysée en détail par H. Noizet, « Le centre canonial de Saint-Martin de Tours et ses domaines périphériques en Val-de-Loire (IXe-Xe siècles) », Ann. Bretagne, t. 109, 2002, n°2, p. 14-37 et Id., La fabrique de la ville : espaces et sociétés à Tours (IXe-XIIIe siècles), Paris, 2007, chapitre 2. En 832, ce port est utilisé par Louis le Pieux pour franchir la Loire (L’Astronome, Vita Hludowici, § 47, p. 472).

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tin de Tours est exempté de taxes sur les produits transportés sur toutes les rivières navigables de ce secteur55. Le domaine et les droits royaux ont donc fourni tous les éléments permettant le fonctionnement de ce centre domanial. En avril 862, lorsque le même souverain réorganise et confirme les possessions des chanoines tourangeaux après une période de désordre interne, il affecte Curçay, ainsi que la villa voisine d’Antoigné, à la communauté canoniale et confirme le rôle de ces deux domaines : fournir leur vestiaire aux chanoines, qui sont alors plus de 20056. Ces possessions sont donc spécialisés dans la production de laine et peut-être de plantes textiles. La présence de prairies humides dans la vallée de la Dive paraît en effet propice aussi bien à l’élevage ovin qu’à la culture du lin ou du chanvre. On peut envisager que cette activité concerne principalement la portion du domaine gérée en faire-valoir direct et que les produits de l’élevage soient au moins partiellement transformés sur place dans un gynécée, comme c’est le cas dans d’autres grands domaines contemporains57. Sa dépendance de Vetrarias, sur le plateau voisin, est qualifiée de colonia, c’est-à-dire qu’elle est probablement occupée par des tenures paysannes58. Malgré les bouleversements politiques qui marquèrent la seconde moitié du IXe siècle dans la région, cette organisation fut confirmée au siècle suivant par cinq souverains successifs, Eudes (2 juin 896), Charles le Simple (30 avril 903), Raoul (24 mars 931), Louis IV (28 octobre 938) et Hugues Capet (989) 59. La conservation de ces possessions s’avèra malgré tout diffi-

Diplôme d’exemption de Louis le Pieux, 816 (E. Mühlbacher, « Unedirte Diplôme III », Mitteilungen des Instituts für österreichische Geschichtsforschung, t. VII, 1886, n°2, p. 439). 56 Recueil des actes de Charles le Chauve, n°239 : “Denique Antoniacum atque Curciacum cum colonia Vetrarias, sicut jam olim nostris praeceptionibus eis ad vestimenta confirmavimus […]”. 57 Sur les gynécées de grands domaines, cf. L. Bourgeois, « Production et distinction : l’artisan au château (Nord-Ouest de l’Europe, Xe-XIIe siècles) », dans D. Barthelémy, J.-M. Martin (éd.), Richesse et croissance au Moyen Âge, Orient et Occident, Paris, 2014, pp. 151-82 (aux pp. 173-8). 58 La Verrie, Vienne, c. de Saint-Léger-de-Montbrun. 59 Recueil des actes d’Eudes, roi de France (888-898), éd. R.-H. Bautier, Paris, 1967, n°41 ; Recueil des actes de Charles le Simple, roi de France, éd. Ph. Lauer, 2 vol., Paris, 1940, n°XLVI : “[…] Antoniacus quin etiam ad eorum vestimenta et Curciacus cum omnibus sibi pertinentibus […]” ; Recueil des actes de Robert Ier et Raoul, rois de France (922-936), éd. J. Dufour, Paris, 1978, n°15 ; Recueil des actes de Louis IV, 55

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cile, comme l’atteste une très vivante notice de mai 926 relatant les rebondissements d’un procès intenté par le prévôt de la curtis de Curçay, lorsque ce dernier cherche à rentrer en possession de biens dépendant de Curçay et d’Antoigné qui ont fait l’objet d’une usurpation60. Saint-Martin de Tours conserva malgré tout une partie de ses biens au cours de siècles suivants mais le domaine de Curçay semble perdre assez tôt en importance puisqu’il est réuni dès le Moyen Âge classique à celui d’Antoigné et partiellement démembré. Une fois de plus, l’archéologie fournit une profondeur chronologique à ce dossier de textes centré sur les IXe-Xe siècles. Le fond de vallée, en contrebas du village actuel, a fait l’objet de prospections aériennes et pédestres qui ont révélé la présence d’un établissement antique – plus probablement une luxueuse villa qu’une agglomération secondaire – qui s’étend parallèlement à la Dive sur près d’un kilomètre. Des fouilles aussi anciennes que partielles ont entre autres révélé la présence d’un balnéaire et des vestiges de remarquables décors comprenant des stucs peints et des enduits à coquillages, des mosaïques à tesselles de verre et du marbre à foison. Cet établissement survit à l’Antiquité, comme en témoignent l’abondance inhabituelle de la vaisselle importée – en particulier des dérivées de sigillées paléochrétiennes des Ve et VIe siècles – et l’implantation d’un cimetière mérovingien dans les marges occidentales du site61. De plus, des tiers de sou d’or des années 600-675 portent la légende cvrciaco vi mais

roi de France (936-954), éd. Ph. Lauer, Paris, 1914, n°IX ; Recueil des historiens des Gaules et de la France, nlle éd. sous la dir. de L. Delisle, t. X, Paris, 1874, Hugues Capet, n°III, pp. 550-2. 60 Chartes poitevines 925-950, n° F004. Le chanoine effectue une sorte de jeu de piste qui dure une semaine pour négocier successivement avec tous les grands de la région : le vicomte Aimeri (de Loudun ?), le vicomte de Thouars, l’évêque de Poitiers et le duc Ebles Manzer. La restitution intervient le 29 mai dans la villa de Ternay, domaine proche de Curçay, en présence de tous ces personnages. 61 Plans manuscrits de A. Carillon (Poitiers, archives du Service régional de l’archéologie) ; F.-O. de Rilly, « De l’énigmatique poterie mérovingienne de Curçay (Vienne) », Bull. Soc. Antiq. Ouest, 3e s., t. 13, 1944, pp. 349-53 ; G. Germond, « Découvertes archéologiques sorties de l’oubli dans la vallée de la Dive du Nord », Bull. Soc. Hist. Scient. Deux-Sèvres, 1993, pp. 345-59 ; Le stuc, visage oublié de l’art médiéval, catalogue de l’exposition, Paris-Poitiers, 2004, p. 35. Ces données anciennes ont été complétées par des détections aériennes réalisées par Alain Olivier et par une prospection au sol coordonnée par Christine Redien-Lairé et par l’auteur.

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il est impossible de préciser si ce toponyme correspond à Curçay-sur-Dive ou à un autre domaine martinien, Courçay62. Quoi qu’il en soit, ce lieu est qualifié de vicus. Le groupe ecclésial implanté au milieu l’ancien habitat antique confirme l’importance du site au cours du haut Moyen Âge. Un censier de SaintMartin de Tours daté du XIIe siècle63 précise que ce complexe comprend deux édifices. Le sanctuaire principal, consacré à saint Pierre, subsiste aujourd’hui, isolé au milieu du site antique. Sa tour est attribuable au XIe siècle mais son pignon occidental remploie des décors d’entrelacs pré-romans. L’église Saint-Gervais a disparu mais un plan de la fin du XVIIe siècle permet de la localiser quelques dizaines de mètres au sud-est (Fig. 5)64. Ces lieux de culte, isolés sur un site antique et implantés sur un cimetière mérovingien, sont de plus associés à des vocables précoces – qui n’ont rien de martiniens –, et il est probable qu’ils préexistaient à la donation de Louis le Pieux65. L’habitat associé semble abandonné aux alentours de l’an mil pour le versant voisin, autour d’un château et d’une chapelle NotreDame66, mais le centre paroissial demeura isolé en fond de vallée jusqu’à l’époque moderne.

62 Ces frappes sont connues par trois exemplaires au nom du monétaire Fedegius : Prou 2313 ; Belfort 1676 et G. Depeyrot, Le numéraire mérovingien : l’âge de l’or, III : les ateliers centraux, Wetteren, 1998, p. 116 et pl. 46. Sur Courçay, possession martinienne dès l’époque mérovingienne : É. Lorans, « La villa de Courçay en Touraine : approches historique et archéologique », dans É. Magnou-Nortier (éd.), Aux sources de la gestion publique, II. L’invasio des villae ou la villa comme enjeu de pouvoir, Villeneuve-d’Ascq, 1995, pp. 295-312. 63 J.-X. Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et biographique d’Indre-et-Loire et de l’ancienne province de Touraine, Tours, 1878-1884, t. VI, p. 252254 : “[…] Apud Cursiacum census XIII solidorum et IIII denariorum et ecclesia S. Petri, et ecclesiam S. Gervasii et capellam B. Mariae et decimas panis et vini et primicias, et lanam, et capitena”. 64 Arch. dép. Yvelines, A 390, Carte générale de la seigneurie d’Oiron et de la baronnie de Moncontour [1680-1699]. 65 Ce complexe ecclésial est peut-être complété sur la rive droite de la Dive par l’implantation de Celle (cella), mais l’argument est uniquement toponymique. Le pouillé des premières années du XIVe siècle signale la présence à Curçay d’un autre édifice paroissial dédié à saint Hilaire (Pouillé du diocèse de Poitiers, éd. H. Beauchet-Filleau, Poitiers-Niort, 1868, p. 263). Il apparait pour la dernière fois en 1583 et sa localisation n’a pu être précisée. 66 Carré de Busserolle, Dictionnaire.

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Fig. 5 – Les églises de Curzay-sur-Dive (Vienne). Détail de la Carte générale de la seigneurie d’Oiron et de la baronnie de Moncontour [1680-1699] (cl. Arch. Dép. Yvelines, A 390).

De l’argent, du plomb et du verre : le cas de Melle L’argent extrait dans la région de Melle compte parmi les activités d’extraction stratégiques étroitement contrôlés par les pouvoirs publics du haut Moyen Âge. Comme le palais de Chasseneuil, l’agglomération de Melle est établie au contact de la route d’Espagne, qu’elle a captée au cours du Moyen Âge, mais elle est surtout structurée par l’un des principaux chemins permettant le transport du sel depuis la côte atlantique jusqu’au Massif Central67. Cette position à un carrefour aurait suffi à y faire naître un pôle économique mais son développement est principalement dû à sa situation au cœur d’un vaste district de galène argentifère, qui s’étend sur plus de 30 Melle (Deux-Sèvres, chef-lieu de canton). L. Bourgeois, « Melle : la ville, les pouvoirs et les hommes (VIe-XIe siècles) », dans F. Tereygeol (éd.), Du monde franc aux califats omeyyade et abbasside : extraction et produits des mines d’argent de Melle et de Jabali, ouvrage associé à l’exposition Silberpfade zwischen Orient und Okzident, Bochum, Bergbau-Museum, 2014, pp. 11-28, ici p. 11. 67

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km2 (Fig. 6a). Son nom, issu du latin metallum, illustre à lui seul la prééminence de cette activité minière. Aucune trace d’occupation antique n’a été découverte sur l’éperon qui porte la ville actuelle et l’exploitation du district métallifère ne semble pas débuter avant le VIe siècle68. Florian Téreygeol a récemment proposé d’associer l’essor de cette industrie aux besoins de métal neuf provoqués par le passage exclusif des frappes monétaires à l’étalon argent vers 67569. Pour la fin du VIIe siècle, les premières analyses effectuées sur trois isotopes radiogéniques du plomb révèlent l’usage d’argent de Melle pour frapper des deniers probablement émis sur place et pour les lieux d’émission voisins de Brioux-sur-Boutonne et de Saint-Maixent (Deux-Sèvres), mais également des monnayages aux noms de Limoges, Tours, Le Mans, Angers et Bourges70. À partir de cette période, des kilomètres de galeries souterraines et de puits, de vastes ateliers de lavage et de concassage du minerai, quelques traces de fonderies et de gigantesques haldes de stériles et de scories marquent l’intensité de la production jusqu’au Xe siècle. Les filons sollicités s’éloignent progressivement du cœur du district minier au cours de l’époque carolingienne mais, au terme du haut Moyen Âge, les difficultés d’extraction mais peut-être aussi d’approvisionnement en combustible amènent une désertion presque complète du district minier71. Les datations 14C effectuées sur des prélèvements collectés dans les galeries d’extraction et dans les résidus de lavage du minerai ne sont pas antérieures aux VIeVIIe siècles (F. Téreygeol, « Y a-t-il un lien entre la mise en exploitation des mines d’argent de Melle (Deux-Sèvres) et le passage au monométallisme argent vers 675 ? », dans Bourgeois, Wisigoths et Francs, pp. 251-61, ici Fig. 2). Le toponyme METALV, METOLO ou MEDALO VIC(us), porté sur des tiers de sous d’or prouve toutefois la connaissance du gisement de galène argentifère et l’existence du pôle d’occupation au plus tard dans les années 560-585 (Prou 2323-2325 ; Belfort 2878-2879 et 2882). 69 Téreygeol, « Y a-t-il un lien … ». Ce basculement vers l’étalon argent, qui met en circulation des espèces au pouvoir libératoire plus faible, porte en germe une monétarisation de l’économie qui n’existait guère auparavant. La multiplication des trésors à partir de cette date en constitue l’un des effets. Toutefois, la chronologie des frappes proposée par les numismates a tendance à placer trop systématiquement les monnaies d’argent après cette réforme de 673-675, alors que des deniers circulent déjà en petit nombre avant cette date. 70 Ibid., pp. 259-60. 71 Les ultimes datations 14C fournies par l’aire d’extraction et de production correspondent à la fourchette 780-995 ap. J.-C. (Téreygeol, « Y a-t-il un lien … », Fig. 2). Sur la surexploitation des espaces boisés environnants à partir du IXe siècle, perceptible à travers la réduction du format du combustible et la variété plus grande 68

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B

St-Maixent

St-

A

ixe

Ma

Voie antique

369

nt

Route médiévale Principaux habitat médiévaux Gisement de plomb argentifère Sepvret St-Maixent

Zones minières

Cimetière

St-Pierre

Nantes

St-Léger St-Martinlès-Melle

St-Savinien Castrum

MELLE

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St-Génard

3

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Brioux Saintes

100 m Brioux

Fig. 6 – Le district métallifère de Melle (Deux-Sèvres) ; b : l’agglomération de Melle d’après le plan cadastral de 1832.

À l’issue d’un complexe processus de traitement72, extraction et transformation fournissent surtout du plomb, connu par quelques lingots présentant la même composition isotopique que le minerai de Melle73, un faible pourcentage d’argent (ce métal est présent à hauteur de 1 à 2°/°° dans la galène) et, à la marge, un sous-produit du retraitement des scories : des

des essences, voir F. Téreygeol, C. Dubois, « Mines et métallurgie carolingiennes à Melle (Deux-Sèvres) : l’apport des charbons de bois archéologiques », Archéologie médiévale, t. 33, pp. 91-102. 72 Les différentes étapes de la chaîne technique – abattage au feu, préparation puis extraction de l’argent – sont présentées dans Téreygeol, Du monde franc aux califats, pp. 55-76, 93-131 et 133-65 ; M. Bompaire, G. Sarah (éd.), Mines, métal, monnaie, Melle : les voies de la quantification de l’histoire monétaire du haut Moyen Âge, Paris-Genève, 2018. 73 En particulier la série de plombs découverte dans le fleuve Charente à Taillebourg-Port d’Envaux (F. Téreygeol et al., « Les objets en plomb découverts dans le site portuaire médiéval de Taillebourg – Port-d’Envaux : typologie, fonction et origine », ArchéoSciences, n°34, 2010, pp. 243-52).

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verres au plomb, et en particulier des objets souvent identifiés comme des lissoirs à tissu, qui ont été diffusés dans l’espace compris entre la Méditerranée, Kaupang en Norvège et Novgorod en Russie74. Les monnayages carolingiens au nom de Melle se distinguent également par le caractère massif des émissions et par leur diffusion bien au-delà des limites de l’empire carolingien. L’agglomération qui nait à l’époque carolingienne et suffisamment attractive pour qu’elle soit dès 848 la cible d’un raid scandinave75. Elle se compose alors des deux pôles qui se maintiendront jusqu’à la fin du Moyen Âge (Fig. 6b). À la pointe de l’éperon, le castrum, nommé pour la première fois en 950, n’a pas fait l’objet de recherches archéologiques permettant de fixer sa date de construction mais il abrite déjà aux IXe-Xe siècles un habitat assez dense76, ainsi qu’une chapelle ou repose le corps du martyr régional Savinien77. À proximité de ce sanctuaire, un bâtiment incendié a livré un coin monétaire au nom de Charles le Chauve78, quelques monnaies de la fin du IXe siècle ou du début du Xe siècle et une collection d’objets incluant des essais sur plomb, trois marteaux, les fragments d’une balance et un possible lingot d’argent79, autant d’indices qui marquent l’existence probable d’un atelier monétaire à l’abri de l’enceinte. Le cœur du vicus minier se développait plus au nord, autour de l’église Saint-Pierre, attestée en 95080 mais deux fragments sculptés d’entrelacs rap-

B. Gratuze et al., « Les galets de verre au plomb carolingiens issus des scories de Melle : élaboration et distribution », dans M. Bompaire, G. Sarah (éd.), Mines, métal, monnaie, Melle, pp. 87-108. 75 Annales de Saint-Bertin, éd. F. Grat, J. Vielliard et S. Clémencet, Paris, 1964, p. 55 : Nortmanni Metallum vicum populantes, incendio tradunt. 76 A.-M. Fourteau-Bardaji, P. Liepman, Melle, l’Hôpital (Deux-Sèvres), rapport de sondages, Poitiers, Direction régionale des Antiquités historiques, 1984. 77 Attesté indirectement en 928 (Chartes poitevines 925-950, éd. É. Carpentier et al., Poitiers, 1999, F011). 78 C. Gendron, « Le coin monétaire de Melle », dans Argent caché, argent retrouvé. Les trésors monétaires découverts en Deux-Sèvres, catalogue de l’exposition, Parthenay, 2007, pp. 35-6. 79 P.-F. Rondier, Historique des mines de Melle, Paris, 1870, pp. 80-3. 80 Chartes et documents pour servir à l’histoire de l’abbaye de Saint-Maixent, t. I, éd. A. Richard, Poitiers, 1886 (Arch. Hist. Poitou, XVI), n°18 : vicina metulo castro, super alveo Beronna, ubi edificatum est sancti Petri oratorium. Elle est qualifiée d’église paroissiale dans un autre acte du Xe siècle (Chartes Saint-Maixent, n°64). 74

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371

pellent l’existence d’un édifice antérieur à cette date81. Le vaste cimetière associé à ce sanctuaire et qui occupait encore un hectare et demi au XVIIe siècle a livré une collection de onze épitaphes datés entre la fin du VIIIe et le Xe siècle. Ces inscriptions révèlent la présence d’une population laïque et de clercs séculiers. Elles indiquent également la concentration à Melle d’une élite lettrée caractérisée par une anthroponymie germanique et qui correspond probablement au groupe de fidèles du roi chargé du contrôle de l’activité minière et monétaire82. Principal gisement d’argent de l’empire carolingien83, le district minier de Melle et l’atelier monétaire associé ont fait l’objet d’un contrôle actif de la part des pouvoirs publics84. Quelques indices viennent l’attester au cours du IXe siècle. Les Gesta Dagoberti, rédigées dans les années 830-840, affirment que le roi Dagobert Ier (629-639) aurait donné pour la couverture de l’abbatiale de Saint-Denis les 8 000 livres de plomb dus tous les deux ans par Melle, à titre de cens85. Cette mention reflète plutôt la situation existant à l’époque de la rédaction du texte. D’autre part, le célèbre édit de Pitres du 25 juin 864 maintient Melle parmi les dix ateliers habilités à produire le numéraire de Charles le Chauve et tente d’en faire l’unique atelier officiel pour le quart sud-ouest de son royaume86.

B. Farago-Szekeres, « Fouille du cimetière de l’église Saint-Pierre à Melle », Bull. Soc. hist. scient. Deux-Sèvres, 3e s., t. 1, 1993, pp. 373-442 (ici pp. 379-80). 82 Une société de pierre : les épitaphes carolingiennes de Melle, catalogue de l’exposition, Melle, 2009 ; C. Treffort, M. Uberti, « Identité des défunts et statut du groupe dans les inscriptions funéraires des anciens diocèses de Poitiers, Saintes et Angoulême entre le IVe et le Xe siècle », dans Bourgeois, Wisigoths et Francs, pp. 193-213 (en particulier pp. 199-202). 83 Pour une cartographie des gisements argentifères dans l’espace franc, cf. M.C. Bailly-Maître, P. Benoît, « Les mines d’argent de la France médiévale », dans L’argent au Moyen Âge, actes du 28e congrès de la SHMESP, Paris, 1998, pp. 17-45 (ici pp. 21-25). L’exploitation des importants districts miniers de Saxe et d’Europe centrale ne prit son essor qu’aux Xe-XIe siècles. 84 Sur cette question, cf. J. Lafaurie, « La surveillance des ateliers monétaires au IXe siècle », dans W. Paravicini, K.-F. Werner (éd.), Histoire comparée de l’administration (IVe-XVIIIe siècles), actes du XIVe colloque historique franco-allemand, Tours, 27 mars-1er avril 1979, Munich, 1980, pp. 486-96. 85 Gesta Dagoberti I Regis Francorum, éd. B. Krusch, MGH, SRM, t. II, Hanovre, 1888, p. 419, c. 40. 86 Capitularia Regum Francorum, t. II, éd. A. Boretius et V. Krause, Hanovre, 1897 (MGH, Legum, sectio II), n°273, art. 12. Environ 125 noms de lieux subsis81

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Lorsque les sources écrites se multiplient à partir du début du Xe siècle, le contrôle direct de Melle semble désormais relever du comte de Poitou, mais c’était probablement déjà le cas de leurs prédécesseurs avant leur prise d’autonomie par rapport au pouvoir royal. Plusieurs actes passés entre 903 et 925 montrent qu’il exerce son contrôle à travers l’un de ses agents, le vicomte Atton87. Le successeur de ce personnage, Cadelon, déplaça le siège de son pouvoir à Aulnay (Charente-Maritime), dans les confins sud du Poitou, entre 928 et 947-948, ce qui pourrait marquer indirectement l’affaiblissement de l’activité minière88. Ces vicomtes disposaient de terres à Melle et ils semblent partiellement relayés par des viguiers dont on relève la mention à partir de 92589. Le patrimoine des premiers ducs d’Aquitaine semble également très présent, aussi bien dans le castrum qu’autour de l’église Saint-Pierre, comme en témoignent des donations et des mentions de terres comtales comme confronts90. Si l’ate-

tant après la promulgation de cet édit et des liaisons de coins étant attestés entre certains de ceux-ci, J. Lafaurie a proposé de voir dans les lieux nommés par l’édit de Pitres des centres travaillant pour plusieurs lieux d’émission (« L’article XII de l’édit de Pitres du 25 juin 864 », Bull. Soc. Fr. Numism., 1968, pp. 324-6). Il est parallèlement possible d’y voir un échec partiel des mesures prises par Charles le Chauve (M. van Rey, « Die Münzprätung Karls des Kahlen und die westfränkische Königslandschaft », dans Die Stadt in der europaïschen Geschichte. Festschrift Edith Ennen, Bonn, 1972, pp. 158-9). 87 Chartes poitevines 900-925, éd. É. Carpentier et al., Poitiers, 1995, E006 (903), E013 (905), E013 (907) ; Chartes poitevines 925-950, F001 (925). Seule la charte d’avril 907 lui donne clairement le titre de vicecomitis Metulensi. Il n’existe qu’un seul vicomte de Poitou avant le début du principat d’Ebles Manzer (902) et rien ne permet de voir dans la mise en place de vicomtes à Melle “un de ces ‘vicomtes monétaires’ que l’édit de Pitres avait institués pour assister le comte dans l’administration de l’atelier soumis à sa garde” (O. Jeanne-Rose, « La monnaie en Poitou au début de l’époque féodale (fin IXe-milieu XIe siècle) », Bull. Soc. Antiq. Ouest, 5e s., t. IX, 1995, pp. 163-235, ici p. 167). 88 Chartes poitevines 925-950, F007, F011 et F085. Cette translation s’inscrit dans un remaniement des sièges de vicomtés poitevines opéré par le duc d’Aquitaine Guillaume Tête d’Étoupe (Damon, « Vicomtes et vicomtés », p. 228). M. Prou envisageait déjà la disparition de l’atelier monétaire de Melle à l’époque de Charles le Simple (898-923), sans toutefois étayer fortement cette hypothèse (Catalogue des monnaies françaises de la Bibliothèque nationale : les monnaies carolingiennes, Paris, 1896, p. LXXXVIII). 89 Bourgeois, « Melle », p. 22-23. 90 Terre comtale établie in villa Metulo (Chartes Saint-Maixent, n°13 – 908) ; vigne dans la paroisse Saint-Pierre jouxtant une terra comiti (Chartes Saint-Mai-

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lier monétaire déserte probablement assez tôt le site de Melle pour une production dans d’autres places ducales (Niort, Saint-Jean d’Angély et Poitiers), il reste que ces nouveaux ateliers continuèrent à frapper jusqu’en 1189 des deniers et oboles au nom de Melle, immobilisés aux types de Charles le Chauve et de Louis IV d’Outremer91.

Bien publics, patrimoine princier et pôles de pouvoir traditionnels en Poitou : quelques réflexions d’ensemble L’analyse au plus près du terrain de quelques domaines poitevins du fisc entre le VIIe et le Xe siècle révèle que ces patrimoines se superposent ou se juxtaposent souvent à des sites majeurs hérités de l’Antiquité, même si leur forme matérielle n’entretient alors plus grand rapport avec celle des établissements qui les précédaient. Le constat pourrait être largement étendu à l’aide de cas plus imparfaitement documentés : la plupart des lieux centraux traditionnels poitevins demeurent durablement investis par des groupes de pouvoir et constituent des relais d’influence rayonnant sur un espace plus ou moins vaste92. Au-delà de la fonction économique exercée par ces nœuds de communication ou ces vastes domaines, qui contribuaient à l’accumulation de la richesse par le contrôle de la terre et des hommes, les lieux centraux hérités du passé jouèrent longtemps un rôle moteur, non seulement comme théâtres de l’exhibition et de consomxent, n°64 – Xe siècle) ; concession en usufruit de l’église Saint-Pierre par Guillaume Tête d’Étoupe entre 951 et 963 (id., n°27) ; donation par Guillaume le Grand et son épouse de trois maisons situées dans le castrum au petit monastère qu’ils viennent de fonder à Charentenay (Cartulaire de l’abbaye royale de Saint-Jean d’Angély, t. 1, éd. G. Musset, Poitiers, 1901, n°182 – vers 1015). 91 La monnaie de Niort est concédée à l’abbaye de Cluny par Guillaume le Grand entre 1016 et 1029 (Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny, éd. A. Bruel, 6 vol., Paris, 1876-1903, t. 3, n°2737). La comtesse Agnès donne également à ce monastère la monnaie de Saint-Jean d’Angély en 1043 (id., t. 4, n°2855) puis, en 1063, son droit de seigneuriage sur la monnaie de Poitiers au prieuré Saint-Nicolas de cette ville (Cartulaire du prieuré de Saint-Nicolas de Poitiers, éd. L. Redet, Poitiers, 1872, n°1). Sur l’immobilisation des types monétaires poitevins, voir l’exposé synthétique de J. Lafaurie, « Le trésor monétaire du Puy (Haute-Loire). Contribution à l’étude de la monnaie de la fin du Xe siècle », Rev. numism., 5e s., t. 14, 1952, p. 59-169, ici p. 70. 92 R. Le Jan, La société du haut Moyen Âge, VIe-Xe siècle, Paris, 2003, p. 110. Ils constituent donc à la fois une portion de l’espace terrestre et un fragment de l’espace social (le topos et la chora de M. Lévy, M. Lussault, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, 2003, pp. 555-63).

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mation de cette richesse (en particulier à travers le patronage d’édifices religieux)93 mais aussi parce que leur ancienneté même légitimait le pouvoir94, que le statut symbolique de lieux publics leur restait parfois attaché95 et qu’ils concentraient les agents du pouvoir assurant la médiation avec les populations avoisinantes. La diversité des dénominations de ces lieux centraux dans les textes peut déconcerter mais la mise en série des occurences et les quelques informations disponibles sur l’organisation administrative et fiscale de cette période éclairent quelque peu leur emploi. Alors que villa apparait plutôt comme un terme générique, la qualification de curtis (pour Ardin en 669 ou l’ancien palais de Chasseneuil en 927-928, etc.), attestée à partir de la seconde moitié du VIIe siècle, concerne majoritairement des ensembles fonciers possédés ou concédés par le souverain ou détenus par l’un de ses représentants investi d’une autorité publique laïque ou religieuse96. Le

Les sources régionales manquent pour réévaluer le rôle des élites laïques mérovingiennes dans le contrôle des vici, comme cela a pu être récemment fait pour l’Auvergne, où ces sites jouent un rôle clé dans la memoria des lignages aristocratiques et la compétition à laquelle ils se livrent (A. Bayard, Contrôler les lieux, organiser l’espace. Pouvoir et domination dans l’Auvergne du premier Moyen Âge, thèse de doctorat sous la dir. de R. Le Jan, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2016, t. 1, en part. pp. 224-7 et pp. 265-8, 289-91, 308-10). On remarquera toutefois que les sarcophages de luxe et les inscriptions témoignant d’un public lettré se concentrent alors dans quelques monastères, mais également dans les vastes complexes funéraires nés en marge d’agglomérations secondaires antiques : Civaux, Antigny, Rom, etc. (L. Bourgeois, « Le poids du passé : le rôle des pôles de pouvoir traditionnels dans le Poitou des VIe-XIe siècles », dans C. Arrignon et al. (éd.), Cinquante ans d’études médiévales : à la confluence de nos disciplines, actes du colloque de Poitiers, 1-4 septembre 2003, Turnhout, 2005, pp. 537-74, ici p. 548 et Fig. 3). 94 Cf., entre autres, J.-M. Sansterre (éd.), L’autorité du passé dans les sociétés médiévales, actes du colloque de Rome, Rome-Bruxelles, 2004. 95 Sans verser dans l’ ‘hyper-romanisme’, nous ne pouvons suivre S. D. White lorsqu’il prétend que l’idée même de ‘structures publiques’ relèverait d’une rétrojection anachronique des catégories modernes de l’État sur le haut Moyen Âge (« A Crisis of Fidelity in Northern Francia in c. 1000? », dans M.I. Alfonso, H. Kennedy, J. Escalona (eds.), Building Legitimacy: Political Discourses and Forms of Legitimation in Medieval Societies, Leiden, 2004, p. 9-28). La fidélité aux lieux légitimants n’implique pas qu’ils aient gardé la même forme, ni abritent toujours les mêmes fonctions. 96 J.F. Boyer, Pouvoirs et territoires en Aquitaine du VIIe au Xe siècle. Enquête sur l’administration locale, Stuttgart, pp. 427-63. 93

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terme fiscus renvoie plus explicitement au domaine public (Ardin, 669). Pagus, utilisé dans le diplôme suspect de Charlemagne pour Ardin (802), peut-être rapproché, pour le même site, de l’aureum pagense de 698 et des pagenses de l’engagement de 721. Relevant d’une acception bien attestée dans l’Antiquité97, ce terme pourrait désigner un ressort de perception avant de devenir, à l’époque carolingienne, un synonyme de cité, un territoire plus restreint dévolu à un comte ou une indication géographique marquant le prestige d’un lieu central mais désormais sans grande réalité institutionnelle98. Le terme vicus (Ardin, Melle, peut-être Curçay-surDive), pourrait plus renvoyer aux prérogatives publiques de nature civile ou religieuse exercées par ces centres qu’à une forme matérielle d’habitat aggloméré et, à nouveau, certaines sources antiques font du vicus une subdivision administrative à forte connotation fiscale99. Confrontée aux quelques connaissances dont nous disposons sur le terrain, la liste des lieux d’émission de monnaies d’or poitevines à partir de ca 575 reflète une fraction de ces sites privilégiés (Fig. 7). Elle comprend le chef-lieu de cité, des portus (comme Cenon) et de grands monastères (comme Saint-Maixent ou Ligugé100) mais également des vici mérovingiens, relayant souvent des agglomérations antiques (tels Ambernac, Brioux-sur-Boutonne et Raciate vico, le port de Rezé, sur la Loire)101 ou dont l’origine demeure encore obscure (Brion, par exemple)102. Au-delà du cas litigieux de Curçay, de grands domaines comme la domus royale de Méron103 ou Doussay, possession précoce de Saint-Martin de Tours104, M. Tarpin, Vici et pagi dans l’Occident romain, Rome, 2002, pp. 188-202. Boyer, Pouvoirs et territoires, pp. 118-32. 99 Tarpin, Vici et pagi, pp. 53-173. 100 Respectivement Prou 2345 et 2319. 101 Brioux-sur-Boutonne (Deux-Sèvres), Ambernac (Charente) : Bourgeois, « Le poids du passé », pp. 558-62. Rezé (Loire-Atlantique) : B. Leroy, Les monnayages mérovingiens armoricains, Saint-Germain-en-Laye, 2008. 102 Brion (Vienne) : Prou 2279-84 et 2507. 103 Méron, Maine-et-Loire, c. de Montreuil-Bellay. Prou 2325-2327 et Belfort 2882. Sur la donation de ce lieu par Louis le Pieux à Saint-Aubin d’Angers, cf. Recueil des actes de Charles le Chauve, n°116 (849) et, en 966, la donation à la même collégiale de la partie de Méron contestée entre Anjou et Poitou par le comte Geoffroi Grisegonnelle (Cartulaire de l’abbaye de Saint-Aubin d’Angers, éd. B. de Broussillon, 3 vol., Angers, 1896-1903, n°224). 104 Le domaine martinien de Doussay (Vienne) est documenté par un tiers de sous à la légende Dvfsiacvm curtis sci Martini (Belfort 1836), par les épaves 97 98

Le domaine public dans le nord de l’Aquitaine

376

N

Vertou

Méron Vrillé Thouars

St-Philibertde-Grandlieu

Voultegon

Curzay

Pouant

Braye

Loudun

Antran Doussay

Marnes

Aizenay

Trizay

Neuvy-Bouin

Thiré

Thiverzay

Le Langon assurés

Ardin St-Gelais Tourteron Lesson

Niort

plausibles

15 monétaires

Limites restituées de la cité Gains postérieurs sur l'Océan

Celle-l’E.

50 km

Béthines

Brion

Joussay Charroux

Ambernac

0

Yzeures/Creuse

Ligugé

Bessac

Carville 10

POITIERS

POITIERS

Brioux/B. 13 5

Cenon

Dissay

St-Maixent

Melle

Lieux éponymes de deniers (av. 754)

Beaumont

Nanteuil Latillé

Lieux éponymes de tremisses (v. 560-v. 675)

e

Usson

la C h ar en te

St-Mêmele-Tenu

o

ir

la L

Rezé

la Vi enne

Fig. 7 – Toponymes présents sur les émissions de tiers de sous d’or mérovingiens et lieux d’émission des deniers d’argent antérieurs à 754.

n’échappent pas à ce maillage étroitement lié au fisc. La fonction des tiers de sous d’or mérovingiens et l’organisation de leur émission demeurent aprement discutés mais la disponibilité de stocks d’or à monnayer dans ou pour ces lieux, comme le contrôle de la frappe par des monétaires dont on perçoit mieux aujourd’hui le cursus au sein de l’administration105, incitent à considérer les lieux nommés par ces émissions de faible volume comme autant de centres de perception fiscale dont le produit serait converti en espèces permettant d’en identifier l’origine106. de la comptabilité mérovingienne du monastère (Documents financiers de l’époque mérovingienne provenant de Saint-Martin de Tours, éd. P. Gasnault, Paris, 1969) puis par des confirmations de Charles le Chauve, Charles le Simple et Eudes. 105 Sur l’identification des monétaires comme des membres de grandes familles exerçant des charges publiques, voir Bayard, Contrôler les lieux, pp. 286-7 et 364-6 et Boyer, Pouvoirs et territoires. 106 J.-F. Boyer a récemment proposé un schéma d’explication fiscaliste de la production et de l’usage des monnaies d’or mérovingiennes en Aquitaine (Boyer, Pouvoirs et territoires, chap. 1). Ses hypothèses offrent l’avantage d’un cadre d’explication global du phénomène mais on peut douter de la refonte de ces espèces après leur rassemblement à l’échelon de la cité, qui nous semble constituer une complication inutile et impliquerait d’une part la disparition de tiers de sous ori-

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La présence marquée du patrimoine royal à la fois dans des centres de perception du fisc et dans des pôles du réseau d’autorité hérité du passé apparait logique. L’exemple d’Ardin fournit un cas particulièrement bien documenté du phénomène, quelques décennies avant l’accession des Pippinides à la royauté. Il transparait aussi dans l’implantation du palais de Doué-la-Fontaine, héritier d’un complexe résidentiel construit dans les marges d’un vicus abritant trois églises précoces107, ou dans la position d’un monastère comme Saint-Savin-sur-Gartempe, établi par Louis le Pieux dans une terre du fisc et qui capte et revivifie un nœud de communications antérieur108. Il s’inscrit aussi durablement au sein des vieilles fortifications établies le long de la Loire et de ses affluents, comme à Champtoceaux (Maine-et-Loire), point de perception majeur du tonlieu sur le fleuve109. Les plus grandes villae d’origine gallo-romaine n’échappent pas à ce phénomène, comme l’a montré l’exemple de Curçay. On connait les importants investissements que les élites de l’Antiquité tardive leurs ont consacré en Aquitaine110 et l’archéologie montre partout un meilleur taux de survie des établissements ruraux les plus vastes et les plus luxueux au cours du haut Moyen Âge. Cette attraction de pôles de pouvoir et des résidences élitaires hérités du passé atteint les autres groupes dominants du haut Moyen Âge. L’activité de construction des premiers évêques s’inscrit également pour une grande part dans l’étendue ou, plus souvent, dans les marges d’agglo-

ginels, d’autre part leur conversion en lingots ou espèces dont nous n’avons pas trace. Cette théorie laisse également dans l’ombre les importantes implications du passage à l’étalon argent. 107 Bourgeois, Boyer, « Les palais carolingiens », p. 75. 108 Sur le caractère fiscal de la terre abritant le monastère, voir Perrault, Pon, « Deux diplômes », n°1. Sur le déplacement des pôles d’occupation et de la route Poitiers-Bourges entre l’agglomération antique du Gué de Sciaux, le vicus mérovingien d’Antigny puis le monastère de Saint-Savin, cf. L. Bourgeois (dir.), Les petites villes du Haut-Poitou de l’Antiquité au Moyen Âge, t. 1, Chauvigny, 2000, pp. 85-95. 109 Cet éperon fortifié de 23,5 ha, occupé par le duc Austrapius peu avant 560 (Grégoire de Tours, Libri Historiarum X, IV, 18, éd. G. Pertz, MGH, SRM, t. I/1, Hanovre, 1937, p. 150-151), constitue en 647-648 un point de perception du tonlieu sur la Loire (Kölzer, D. Mer., n°84). En 768, Pépin III y rejoint la reine Bertrade pour les fêtes de Pâques et y reçoit une ambassade musulmane (Continuations de Frédégaire, c. 51, pp. 258-9). 110 C. Balmelle, Les demeures aristocratiques d’Aquitaine, Bordeaux, 2001.

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mérations secondaires antiques, comme en témoignent la liste des plus anciennes fondations d’églises épiscopales fournie par les œuvres de Grégoire de Tours111. Une telle source n’existe hélas pas pour le Poitou mais on y remarque la fréquence particulière des groupes ecclésiaux précoces comprenant deux à trois sanctuaires (église principale, baptistère et parfois église funéraire), érigés dans les marges d’agglomérations secondaires gallo-romaines112. De même, de vastes patrimoines épiscopaux apparaissent associés à plusieurs habitats groupés antiques au cours du haut Moyen Âge113. À l’époque où la puissance comtale apparait clairement dans nos sources, c’est-à-dire au Xe siècle, celle-ci ne constitue déjà plus un relai du pouvoir souverain et les comtes-ducs ont visiblement mis la main sur ce qui subsiste du domaine royal. Nous avons vu qu’ils contrôlaient la curtis héritée de l’ancien palais de Chasseneuil mais leur pouvoir s’étend également à d’autres curtes dispersées dans l’étendue du diocèse de Poitiers114. Ils béné-

É. Zadora-Rio (dir.), Des paroisses de Touraine aux communes d’Indre-et-Loire : la formation des territoires, Tours, 2008, pp. 21-5. 112 L’église mérovingienne de Civaux (Vienne), associée à un baptistère, demeure le seul exemple de ces complexes reconnu par l’archéologie. Sur les indices permettant d’envisager d’autres groupes ecclésiaux, cf. B. Boissavit-Camus et L. Bourgeois, « Les premières paroisses du Centre-Ouest de la France : études de cas et thèmes de recherche », dans C. Delaplace (éd.), Aux origines de la paroisse rurale en Gaule méridionale (IVe-IXe siècles), actes du colloque de Toulouse, 21-23 mars 2003, Paris, 2005, pp. 159-72 (pp. 159-65). 113 En particulier à Saint-Pierre-les-Églises (Chauvigny, Vienne), où les évêques de Poitiers maintiennent jusque vers l’an mil le siège d’un vaste domaine dans l’emprise d’une agglomération gallo-romaine pourvue d’un immense cimetière et de trois églises (L. Bourgeois, « De Saint-Pierre-les-Églises à Chauvigny », dans M.-Cl. Chaboisseau (éd.), Chauvigny des origines au XXe siècle, Chauvigny, 2012, pp. 45-58) et à Vendeuvre (Vienne), ou la curtis épiscopale carolingienne s’inscrit dans les marges d’une autre agglomération secondaire antique (L. Bourgeois, « Du grand domaine des évêques de Poitiers aux châtellenies concurrentes : Vendeuvre et Chéneché (Vienne, Xe-XIe siècles) », dans M. Angheben, P. Martin, É. Sparhubert (éd.), Regards croisés sur le monument médiéval. Mélanges offerts à Claude Andrault-Schmitt, Turnhout, 2018). 114 Par exemple Thorigné (Deux-Sèvres) en 948 (Chartes poitevines 925-950, F086), Courcôme (Charente) vers 970 (Documents pour l’histoire de l’église de Saint-Hilaire de Poitiers, éd. L. Rédet, Mém. Soc. Antiqu. Ouest, 1ère s., t. XIV, 1847, n°39) ou la curtis de Spicuiaco en 989 (Cartulaire de Saint-Jean d’Angély, éd. G. Musset, t. 1, Paris et Saintes, 1901, n°5). 111

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ficient aussi de curtes dépendant des monastères qu’ils contrôlent115 ou se font concéder en précaire d’autres grands domaines relevant d’établissements extérieurs au comté, en particulier Saint-Martin de Tours, et ce malgré la répétition des confirmations royales116. Les premiers comtes-ducs contrôlent désormais les pôles économiques les plus actifs de la région. Leurs plus importants castra, qui émergent au Xe siècle, correspondent à des secteurs de ruptures de charge du réseau de communications, souvent au prix d’un glissement du pôle d’occupation antérieur vers la hauteur la plus proche du cours d’eau : au cas de Châtellerault, déjà évoqué, il est possible d’ajouter celui de Niort117, établi au point ou la Sèvre niortaise cesse d’être navigable avec des embarcations d’un certain tonnage. Le castrum comtal de Fontenay-le-Comte, construit sur la hauteur la plus proche de l’antique port du Langon, semble également relayer l’ancien vicus mérovingien de Thiverzay, relégué au rang de faubourg118. La politique de fortification des grands monastères tombés en leur pouvoir, en particulier Saint-Hilaire de Poitiers et Saint-Maixent

En particulier la moitié de celle de Vouzailles, dépendance de Saint-Hilaire de Poitiers (Chartes poitevines avant 900, D030 – 889 et Bourgueil, n°11 – 890). 116 En 891, Ramnoux II et son fils se font ainsi concéder en précaire la curtis de Doussay (Vienne) et les vingt villae qui en dépendent (Chartes poitevines antérieures à 900, D031 ; pour la confirmation royale de 896 : Recueil des actes de Eudes, roi de France (888-898), éd. R.-H. Bautier, Paris, 1967, n°41). 117 Le castrum ducal de Niort est mentionné pour la première fois en 946 (Chartes poitevines 925-950, F08) et plusieurs actes des années 970-980 sont passés devant la cour publique du vicus ou de la villa de Niort (Saint-Maixent, n°45-46, 53-54). Ce site vient relayer l’agglomération antique de Bessac, située sur l’autre rive de la Sèvre, à laquelle nous proposons d’attribuer le triens au nom de BAS(siacum) POR(tus) Prou 2407, et qui fut au Xe siècle le chef-lieu d’une importante viguerie d’Aunis. Toutefois, la colline qui porte la ville de Niort a livré quelques vestiges du Bas Empire et on lui a associé un autre triens légendé NOIORDVM VI(cus)(Prou 2331). 118 Sur l’agglomération antique du Langon, cf. M. Provost et al., Carte archéologique de la Gaule : la Vendée, Paris, 1996, p. 128-137. On peut probablement lui attribuer un triens au nom de Landvconnvm (Belfort 2088). L’importance mérovingienne de Thiverzay est uniquement attestée par d’importantes frappes de tiers de sous d’or (entre autres Belfort 2071, 4251-4276, 4298 et 6443-6446). Plusieurs actes du chartrier de Bourgueil, émis entre 990 et 1003, attestent à la fois du contrôle de Fontenay par les comtes-ducs, de l’existence du château (et d’une curtis antérieure autour de l’église Saint-Christophe) comme du développement urbain (Bourgueil, n°1, 14 et 30). 115

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dans les années 930, vient compléter ce réseau castral119. Les pouvoirs princiers qui contrôlent désormais les marges du Poitou appliquent la même politique de mainmise sur les nœuds de communications et les grands monastères. Ainsi, les futurs comtes de la Marche installent leur castrum primitif en bordure de l’immunité étroite du puissant monastère de Charroux, dont ils semblent avoir été primitivement les avoués, et les comtes d’Anjou établissent à Doué-la-Fontaine un castrum aux portes de l’ancien palais carolingien120. Lorsque leur action se territorialise, à partir des années 930, les vicomtes poitevins occupent également des centres traditionnels, soit en s’installant dans des fortifications héritées du passé (Thouars et probablement Loudun121), soit en contrôlant un centre ancien depuis la hauteur la plus proche (Aulnay, où le castrum vicomtal domine l’emplacement d’une agglomération antique, qui n’abrite plus que l’église paroissiale). Plus modestement, les chefs-lieux des vigueries, relais de l’action comtale mentionnés à partir de 837 (mais principalement documentés à partir de 930) correspondent également pour partie à de vieux centres régionaux, tels les héritiers des agglomérations gallo-romaines que constituent Rom, Sanxay, Bessac (Deux-Sèvres) ou Saint-Jean de Sauves (Vienne) et les vici mérovingiens de Civaux et d’Usson

L. Bourgeois, « La mise en défense des monastères à l’époque carolingienne : les exemples de Saint-Hilaire de Poitiers (Vienne) et de Saint-Maixent (DeuxSèvres) », dans M. Lauwers (éd.), Monastères et espace social. Genèse et transformation d’un système de lieux dans l’Occident médiéval, actes de la table ronde de Nice, 18-19 avril 2008, Turnhout, 2014, pp. 473-502. 120 L. Bourgeois, Les petites villes du Haut-Poitou de l’Antiquité au Moyen Âge, t. 2, Chauvigny, 2005, pp. 47-8 et Fig. 22 ; Bourgeois, Boyer, « Les palais carolingiens », pp. 75-6 et Fig. 5. 121 Thouars (Deux-Sèvres), qualifiée castrum sur un tiers de sou d’or (Prou, n°2487) et de castellum par les Continuations de Frédégaire (c. 43, p. 112) devint le siège du plus ancien vicomte du Poitou. Loudun (Vienne), probablement fortifié dès l’Antiquité tardive, semble abriter un vicomte poitevin en 926 mais passe sous le contrôle des comtes d’Anjou dans le dernier quart du Xe siècle (sur ces deux sites, cf. Bourgeois, Les petites villes du Haut-Poitou, t. 1, pp. 3965 et 107-35 et, pour le vicomte de Loudun, Damon, « Vicomtes et vicomtés », p. 202). 119

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(Vienne)122, tout en s’adaptant progressivement aux nouvelles réalités de l’occupation du sol123. La naissance du duché d’Aquitaine ne semble donc guère bouleverser la géographie antérieure du pouvoir politique et économique. Longtemps mise en avant par la recherche, l’émergence aux Xe-XIe siècles d’un ‘second réseau urbain’, doit ainsi être relativisée. Si certaines agglomérations occupant des situations secondaires semblent créés ex nihilo (comme Parthenay, Deux-Sèvres ou Montmorillon, Vienne), la plupart des villes médiévales du Poitou constituent les nouvelles expressions architecturales de pôles anciens, parfois accompagnées d’un glissement vers une hauteur voisine facilitant la mise en défense124. Lorsque les évêques de Poitiers mettent en place aux Xe-XIe siècles les chefs-lieux d’archidiaconés et d’archiprêtrés, ils tirent encore profit d’une fraction du maillage des vieux sites d’essence publique, quitte à installer ces relais du pouvoir épiscopal dans des établissement matériellement fort déclassés125. Au cours du haut Moyen Âge, ce réseau traditionnel lié à l’exercice de pouvoirs d’essence publique trouve toutefois ses limites lorsqu’il s’agit de développer des productions dont l’importance est cruciale pour l’économie de l’espace franc. On constate alors l’émergence d’importants sites nouveaux, dont Melle et son district minier fournissent un exemple particulièrement fort. Il en est de même de l’exploitation des salines de la baie de Bourgneuf (Loire-Atlantique), face à l’île de Noirmoutier, qui donne lieu à des investissements massifs dès le VIIe siècle126 : en témoignent la fondation de l’abbaye d’Hério en 677, puis Bourgeois, « Le poids du passé », pp. 553-5. Développement de la viguerie de Melle, démembrement de celle de Sauves au profit de Colombiers, castrum de Niort prenant le pas sur l’ancien portus de Bessac, etc. 124 L. Bourgeois, C. Remy, « Les agglomérations d’origine castrale entre Loire et Dordogne (milieu du Xe-début du XIVe siècle) : pôles castraux et habitats subordonnés », dans A.-M. Flambard Héricher, J. Le Maho (éd.), Château, ville et pouvoir au Moyen Âge, Caen, 2012, pp. 51-79 (pp. 52-61). 125 Bourgeois, « Le poids du passé », pp. 549-50. Ainsi, Brioux-Sur-Boutonne devient le chef-lieu du plus vaste archidiaconé poitevin et Ambernac, Rom ou Sanxay, villages nés dans les marges d’agglomérations antiques désertées, des centres d’archiprêtrés. 126 Si une saliculture par ignition se développe dans ce secteur dès la Protohistoire, on ne trouve plus trace de cette activité entre le Ier et le VIe siècle de notre 122 123

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la construction du monastère refuge de Déas à partir de 819127, comme le développement sur les rives du fleuve Tenu du portus Vetraria (à Saint-Même-le-Tenu ou aux environs), qui permettait aux embarcations de gagner la Loire sans devoir affronter la voie maritime. Dans ces marais qui constituaient sans doute à l’origine des espaces publics128, l’ensemble de la documentation révèle le rôle du fisc, aussi bien par la possession d’aires de salines129 ou la concession d’entrepôts130 qu’à travers l’enjeu que constituent les tonlieux régionaux, dont les souverains exemptent les bateaux chargés de sel de monastères parfois lointains131. Ce dernier exemple est assez caractéristique de l’état lacunaire des données archéologiques : aucun témoignage ne vient pour l’instant matérialiser l’exploitation intensive du sel dans cette zone au cours du haut Moyen Âge. Pour d’autres dossiers régionaux, les fils assez ténus qu’il est pos-

ère et la date d’implantation en Poitou de salines par évaporation solaire demeure inconnue. 127 Chartes poitevines antérieures à 900, A001 et C006. Sur ces deux sites, cf. I. Cartron, Les pérégrinations de saint Philibert : genèse d’un réseau monastique dans la société carolingienne, Rennes, 2009, chap. II et III. 128 La notion d’espace public demeure durablement associée aux marais côtiers et aux étiers marins, comme en témoignes les expressions stagnus publicus et estuarius publicus, encore largement utilisée dans les actes du Xe siècle décrivant des salines. Notons aussi que la principale route terrestre contournant le golfe (sans doute l’un des rares itinéraires praticables toute l’année) est qualifiée de via regia en 819 (Chartes poitevines antérieures à 900, C006). 129 Ainsi la villa Scobrit (Saint-Viaud, Loire-Atlantique) et ses salines, données par Louis le Pieux à la communauté de saint Philibert alors que celle-ci a trouvé refuge à Déas (Chartes poitevines antérieures à 900, C020 – 27 novembre 839). 130 En particulier la concession aux moines de Saint-Mesmin de Micy d’aires de stockage sur le port par Louis le Pieux en 821 (Immunes ab omni teloneo. Études de diplomatique, de philologie et d’histoire sur l’exemption de tonlieux au haut Moyen Âge et spécialement sur la Praeceptio de navibus, éd. A. Stoclet, Bruxelles-Rome, 1999, pp. 821-2). 131 O. Bruand, « Pénétration et circulation du sel de l’Atlantique en France septentrionale (VIIIe-XIe siècles) », Annales de Bretagne, t. 115, 2008, n°3, pp. 7-32; A. Stoclet. La rentabilité fiscale de ce trafic du sel n’avait pas échappé au maire du palais Grimoald qui, en 647-648, avait fait accorder à son abbaye de Stavelot par Sigebert III le tonlieu du portus Vetraria sur le Tenu, ainsi que celui de Champtoceaux sur la Loire (Kölzer, D. Mer., n°84). Le portus Vetraria pourrait encore exister vers 1075 (Bruand, « Pénétration et circulation du sel », n. 35).

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sible de tendre entre les textes et le terrain permettent toutefois d’avancer quelques hypothèses sur le substrat de certains biens fonciers relevant du souverain et sur le caractère fonctionnel ou symbolique de la notion de lieu public. Quelle que soit leur fragilité, elles invitent à aborder ces questions autrement que par des semis de points sur une carte.

Juan Antonio Quirós Castillo, Igor Santos Salazar Le basi economiche del potere pubblico in una periferia molto dinamica: Castiglia, Álava, Pamplona (900-1050)* 1. Documentazione scritta, dato materiale e storiografia nella ricerca dei beni fiscali Nell’anno 1047 Sancho Fortuñones donava a San Salvatore di Leire il villaggio di Briñas, posto 135 chilometri a ovest del monastero, sul fiume Ebro, ai confini del regno di Pamplona (Fig. 1, vedi Tavole). Il documento, tràdito in una copia successiva inclusa in un Cartulario di Leire che fu composto tra XII e XIII secolo, offre altre informazioni d’interesse: Sancho, personaggio appartenente alla più alta aristocrazia pamplonese, ricordava come il villaggio di Briñas facesse precedentemente parte del patrimonio del re García el de Nájera (r. 1035-1054)1. Ma di questo passaggio di proprietà non è rimasta alcuna testimonianza scritta. Questo silenzio della documentazione ci impedisce di conoscere la natura e il carattere dei beni legati al re di Pamplona in questa zona di Álava, uno spazio geografico passato sotto l’influenza del regno di Pamplona soltanto a partire dagli anni Venti dell’XI secolo2. Questo articolo è stato realizzato nel contesto del progetto “Agencia campesina y complejidad sociopolítica en el noroeste de la península Ibérica en época medieval”, Ministerio de Economía, Industria y Competitivdad (AEI/FEDER UE HUM2016-76094-C4-2-R) e del Gruppo di Ricerca in Patrimonio e Paesaggi Culturali (Gobierno Vasco, IT936-16) e del Gruppo di Studi Rurali (Unidad Asociada UPV/EHU-CSIC). Juan Antonio Quirós ha scritto il paragrafo 2.2. Igor Santos Salazar il paragrafo 2.1. I paragrafi 1 e 3 scaturiscono da una riflessione comune. 1 “Meam villulam que vocatur Brinnas, cum sua ecclesia et suo heremo et populato, sicut eam habui et adquisiui mihi a rege Garsia”, Á. Martín Duque, Documentación Medieval de Leire (siglos IX-XIII), Pamplona, 1983, n. 41 (a. 1047) [d’ora in poi Leire]. Considerazioni critiche sui fondi dell’archivio di Leire in L.J. Fortún, Leire, un señorío monástico en Navarra (siglos IX-XIX), Pamplona, 1993, pp. 37-50 e per questo documento in particolare, p. 364 e nota 151. 2 Dalla fine del secolo IX la documentazione mostra un’articolazione politica dell’Álava in due comitati, Lantarón e Álava, successivamente unificati (930 ca.) *

Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 385-413 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118749

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Questo caso non fu isolato. Per il trentennio che va dal 1046 al 1076 conosciamo un alto numero di donazioni regie, come mostrano le notizie incluse nei cartulari di Leire e di San Millán de la Cogolla3, in particolare nel corso degli anni del regno di Sancho IV (r. 1054-1076). Già nel 1075, il re, ultimo della storia del regno di Pamplona, donava al monastero di San Millán de la Cogolla medietatem que ex parte regis est in villa [de Torrentelio] cum ecclesia Sancta Maria, beni situati, come la stessa Briñas, su una piccola sommità che domina la riva sinistra del fiume Ebro4. Questa donazione, come quelle precedenti, sembra aver avuto come obiettivo quello di riorganizzare, a favore di una rete di clientele (laiche ed ecclesiastiche) fedeli al re, parte dei beni fiscali presenti in tutto quel settore collocato nelle vicinanze della frontiera con il regno di Castiglia. Una zona caratterizzata dall’esistenza di alcuni seniores fortemente radicati da un punto di vista patrimoniale, della cui fedeltà era lecito dubitare. Molto probabilmente, l’assassinio di Sancho IV nel 1076 e la successiva spartizione del regno di Pamplona tra la Castiglia e nel comitato di Castiglia. Soltanto più tardi quel settore della Penisola Iberica sarebbe rimasto incluso nel regno di Pamplona. Per il contesto politico di questo territorio tra IX e XI secolo vid. G. Martínez Díez, El Condado de Castilla 711-1038, 2 vols. Valladolid, 2005 e J.J. Larrea, La Navarre du IVe au XIIe siècle. Peuplement et société, Bruxelles, 1998. 3 In modo particolare in favore dei monasteri di San Millán de la Cogolla, Leire e del comite in Alaba, don Marcelo: J.Á. García de Cortázar, El dominio del monasterio de San Millán de la Cogolla (siglos X-XIII), Salamanca, 1969; Fortún, Leire, p. 364-365 e J.A. Quirós Castillo and I. Santos Salazar, «Founding and Owning Churches in Early Medieval Álava: The Creation, Transmission and Monumentalisation of Memory», in J. Sánchez-Pardo, M. Shapland (eds.), Churches and Powers in Early Medieval Europe. Integrating Archaeological and Historical Approaches 400-1100 AD, Turnhout, 2015, pp. 48-50. 4 Anche questa notizia è giunta sino ai giorni nostri grazie alla sua copia successiva in un Cartulario (conosciuto come Becerro Galicano di San Millán de la Cogolla) scritto nello scriptorium di quell’abbazia attorno agli ultimi anni del XII secolo: A. Ubieto Arteta, Cartulario de San Millán de la Cogolla (759-1076), Valencia, 1976, doc. n. 425 (a. 1075) [d’ora in poi SMC)]. Sul cartulario si veda D. Paterson, «Reescribiendo el pasado. El Becerro Galicano como reconstrucción de la Historia institucional de San Millán de la Cogolla», Hispania, LXIX, n. 233, 2009, pp. 653-82. Esiste ora un’eccezionale edizione online del cartulario. Il documento citato si trova all’indirizzo: http://www.ehu.eus/galicano/ id597&l=es&tmp=1489134143442.

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l’Aragona sono la cartina di tornasole su cui misurare il fallimento di quella politica di rafforzamento delle reti politiche aristocratiche fedeli al re5. Se la fine del regno di Pamplona è un problema storiografico superato, le novità della ricerca archeologica offrono dati significativi che illuminano il problema dei beni legati alla monarchia. Infatti, il sito di Torrentejo (Fig. 2, vedi Tavole) è stato recentemente oggetto di tre campagne di scavo che, grazie allo studio di alcune delle porzioni di terreno risparmiate dall’espansione del vigneto, hanno messo in luce un’articolata sequenza d’occupazione. Una serie di terrazzamenti di uso agrario datati verso la metà del VII secolo, realizzati grazie a un impressionante lavoro collettivo, possono essere considerati come la prima manifestazione dell’esistenza di questo villaggio in riva all’Ebro (Fig. 3, vedi Tavole). Sul pendio che scende al fiume sono state rinvenute, anche, una serie di modeste abitazioni contadine sulle quali fu costruito, verso l’anno Mille, un edificio di rappresentanza dal carattere monumentale (Fig. 4, vedi Tavole). Nonostante le sue limitate dimensioni (ca. 6 x 4 m), la costruzione è stata realizzata con l’uso dello scalpellino, strumento molto caratteristico degli edifici monumentali dell’altomedioevo alavese6. Questo edificio, costruito in modo perpendicolare al pendio, era accompagnato da una chiesa precedente a quella conservata ancora oggi in alzato. La chiesa primitiva, che deve corrispondere all’edificio ecclesiastico citato nella scrittura di donazione regia dell’anno 1075, aveva anche un cimitero di tombe scavate nella roccia, simili ad altre esistenti nella zona. Una caratteristica singolare di quella primitiva chiesa era il suo orientamento che non rispettava i canoni liturgici tradizionali, come invece fa la chiesa ancora oggi conservata in alzato, costruita già nell’età romanica (Fig. 5, vedi Tavole). La causa di questa diversità è nel suo adeguamento all’urbanesimo creato Nei documenti di alcuni monasteri della Navarra, tra cui Leire, i membri dell’aristocrazia che parteciparono nella congiura contro il re sono definiti, non casualmente, infedelissimi, J.Mª. Lacarra, Historia del reino de Navarra en la Edad Media, Pamplona, 1975, p. 72. 6 Questa tecnica corrisponde al gruppo 2 delle chiese altomedievali di Álava, attribuita ai secoli IX e X da L. Sánchez Zufiaurre nella sua opera Técnicas constructivas medievales. Nuevos documentos arqueológicos para el estudio de la Alta Edad Media en Álava, Vitoria-Gasteiz, 2007, pp. 269-72. Questa stessa tecnica è stata impiega nella realizzazione delle mura del vicino castello di Bilibio (Haro, La Rioja) datate nel X secolo. Si ringrazia José María Tejado per questa notizia, ancora inedita, e Leandro Sánchez, per le sue indicazioni. 5

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intorno all’edificio di rappresentanza di cui si parlava precedentemente. Un esempio d’architettura di prestigio, nonostante la sua modestia materiale, eccezionale per quel che riguarda i registri archeologici a nostra disposizione nel Nord della Penisola Iberica. Purtroppo, le successive trasformazioni dell’abitato non hanno permesso di riconoscere altri edifici annessi o spazi di immagazzinamento. Tuttavia, la costruzione di questo complesso comportò lo spostamento e la riorganizzazione dell’intero abitato di Torrentejo. Inoltre, la sua qualità architettonica e la sua capacità di imporre le regole d’organizzazione dello spazio urbanistico circostante suggeriscono che questo edificio debba essere identificato come un palatium databile tra X e XI secolo7. Più difficile risulta, invece, procedere a una caratterizzazione del palatium. L’identificazione e la descrizione fisica di questi spazi sfugge alla nostra conoscenza. Un aspetto che risulta ancora più grave se pensiamo ai numerosi riferimenti a palatia nella documentazione scritta, concentrati proprio lungo questo settore della valle dell’Ebro, ai confini tra le odierne comunità autonome dei Paesi Baschi e di La Rioja; ugualmente abbondanti sono i riferimenti a queste strutture in altri spazi della Spagna settentrionale, particolarmente nel regno di León8 (Fig. 6). Le funzioni di questo tipo di edifici si colgono con più chiarezza tramite la documentazione scritta. Grazie alle notizie incluse nelle carte, si desume l’esistenza di una notevole diversità tra palatia a seconda del loro carattere: più ‘politico’ nei casi documentati nei centri da dove si articolava il territorio circostante; di organizzazione ‘patrimoniale’ là dove si concentravano i beni regi e comitali (categoria nella quale potrebbe includersi il caso di Torrentejo) o i beni legati alle famiglie dei milites attivi nel territorio. Ma anche le loro funzioni possono essere le più variabili: centri di raccolta delle rendite, spazi di difesa dell’area produttiva circostante; residenza di un’élite sociale in ambito rurale, persino dei conti o L’esistenza di palatia a Torrentejo è attestata nel Cartulario di San Millán lungo l’ultimo quarto dell’XI secolo, Mª.L. Ledesma Rubio, Cartulario de San Millán de la Cogolla (1076-1200), Valencia, 1989, n. 105, a. 1085 [d’ora in avanti Ledesma]. Vedi http://www.ehu.eus/galicano/id257&l=es&tmp=1489134047605. 8 J.Á. García de Cortázar, E. Peña Bocos, «El palatium símbolo y centro de poder, en los reinos de Navarra y Castilla en los siglos X a XII», Mayurca, 22:1, 1989, pp. 281-96 e J. Escalona, I. Martín Viso, «Los palatia, puntos de centralización de rentas en la meseta del Duero (siglos IX-XI)», in A. Vigil-Escalera, G. Bianchi, J.A. Quirós (eds.) Horrea, barns and silos. Storage and incomes in Early Medieval Europe. Vitoria, 2013, pp. 103-26. 7

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Fig. 6 – Palatia di Navarra e Castiglia (secoli X-XI) secondo García de Cortázar e Peña 1989 (citato da Escalona e Martín Viso 2013, p. 106). Si noti la concentrazione delle attestazioni attorno al fiume Ebro e al corso dei suoi affluenti.

dei re in quei (pochissimi) casi meglio documentati9. Tuttavia, è bene ricordarlo, tra la Castiglia e la Navarra, le città (Burgos e Pamplona, più tardi Nájera e Calahorra, ma queste ultime solo dopo le successive conquiste pamplonesi sulle terre della Rioja) non furono i principali nuclei di residenza aristocratica né di concentrazione dei beni dei loro patrimonia. Così, i palatia iberici ricordano, ma su scala più ridotta, le curtes della documentazione d’area carolingia – fondamentalmente nel loro porsi come centro di organizzazione della proprietà agraria e nella loro funzione di nuclei di raccolta delle rendite. Infatti i palatia poterono sviluppare, e difatti svilupparono, più di una funzione. Ed è l’etichetta palatium quella che nasconde, nella documentazione scritta, la polifunzionalità di questi spazi. Purtroppo, le carte non permettono di concludere i termini del paragone con maggiore puntualità. I palatia non possono nemmeno essere ridotti a un unico modello costruttivo. I documenti che illuminano la materialità di questi comCome nelle terre poste accanto alla città di León o attorno all’antica città romana di Clunia, nel sud della contea castigliana. 9

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plessi mostrano l’esistenza di una grande variabilità. Spesso sono anche associati a chiese o altre architetture più strutturate e complesse che appaiono, a partire del X secolo, già dotate di coperture fatte con coppi10. Dunque, non esiste un unico ‘modello’ di palatium, né i suoi caratteri sono identici. Infatti, gli scavi condotti in altri villaggi, quali Loranco o Mutilluri, dove sono attestati palatia di carattere aristocratico, non sono serviti a restituire spazi costruttivi riconducibili a questo tipo di strutture11. Al contrario, in alcune occasioni si è arrivati a proporre l’identificazione di alcuni complessi come palatia, anche in assenza di riferimenti documentari12. Nel caso di Torrentejo, invece, l’ipotesi d’identificazione del palatium posa tanto sull’attestazione scritta quanto su aspetti architettonici e, soprattutto, colpisce la sua sorprendente capacità d’imporre la propria gerarchia urbanistica su tutto il villaggio, forzando, addirittura, un orientamento della chiesa primitiva che non rispettava i criteri liturgici tradizionali13. Gli esempi di Torrentejo, Mutilluri, Briñas sono dunque paradigmatici nell’illustrare, in modo introduttivo e dal punto di vista della documentazione scritta e materiale, le difficoltà analitiche con cui si deve confrontare chi voglia studiare nel Nord della Penisola Iberica i beni fiscali o, meglio, le basi economiche del potere pubblico. In qualunque territorio di tradizione carolingia questi esempi sarebbero stati interpretati come beni fiscali legati a una monarchia. Inoltre, in qualsiasi regione di tradizione carolingia questi beni e i loro riferimenti geografici nella documentazione Escalona, Martín Viso, «Los palatia», pp. 111-15. I. Gómez Tarazaga, «El despoblado medieval de Loranco (Belorado, Burgos): un ejemplo arqueológico en torno a la configuración de la red aldeana de cronología altomedieval», in J. F. Jiménez Alcázar, J. Maíz Chacón, I. Calderón Medina (eds), Actas IV Simposio Internacional de Jóvenes Medievalistas, Lorca, 2008, pp. 77-91; L. Gil Zubillaga, «Los silos de La Llana (Labastida, Álava): memorias de las campañas de excavación de 1995, 1996 y 1997», Estudios de Arqueología Alavesa, 21, 2004, pp. 281-310. 12 A. Azkarate, S. García, J. L. Solaun, «Catedral de Santa María. Nuevas intervenciones arqueológicas en sus inmediaciones», Arkeoikuska, 15, 2016, pp. 130-37. 13 L’identificazione e lo studio archeologico dei palatia hanno profonde conseguenze di natura teorica e metodologica per quel che riguarda la documentazione scritta e quella materiale, soprattutto nella critica delle categorie di analisi e delle narrative basate su paradigmi prestabiliti, J.A. Quirós Castillo, La materialidad de la Historia. La Arqueología en los inicios del siglo XXI, Madrid, 2013, pp. 16-20. 10 11

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scritta sarebbero stati cartografati con l’obiettivo di analizzare gli spazi del potere pubblico (si vedano altri contributi in questo stesso volume). Ma questo tipo di approccio non è proprio della storiografia spagnola, ad eccezione della Catalogna. I beni di questa natura non sono quasi mai posti in relazione con le basi patrimoniali del fisco pubblico, regio o comitale che sia14. Due ci sembrano le principali motivazioni storiografiche alla base di una realtà di studio così diversa rispetto a casi simili del resto del continente europeo: da una parte i limiti dei dati empirici a disposizione degli storici e degli archeologi; dall’altra, la ‘gabbia’ teorica in cui buona parte della storiografia ispanica ha ‘intrappolato’ le proprie approssimazioni ermeneutiche dentro un problema centrale per decostruire le basi del potere politico altomedievale. Il collasso del regno visigoto, il fallimento delle strutture politiche emirali in tutto il settore posto a nord del fiume Duero, la lenta configurazione di poteri politici di piccola scala, dal regno di Pamplona ai comitati di Álava, Lantarón e Castiglia (tutti e tre successivamente unificati in quello castigliano) e, soprattutto, la scarsa disponibilità di fonti scritte hanno favorito approssimazioni molto teoriche, spesso in forte contrasto tra loro. Da una parte, Sánchez Albornoz e i suoi allievi, ma anche autori come Ernesto Pastor, sostengono una continuità pressoché totale con le strutture politiche visigote, rispettivamente per il regno asturiano-leonese o per la Castiglia comitale. Soprattutto per quel che riguarda l’interpretazione del publicum inteso ancora nella presenza del fisco regio come struttura di potere molto solida, con evidenti legami con un suo passato visigoto che però, carte alla mano, risulta del tutto indimostrabile15. Con qualche eccezione: si vedano, infatti, le brevi e molto ponderate pagine dedicate da Juan José Larrea alle basi economiche del potere dei re di Pamplona, La Navarre, pp. 235-55 e il più recente saggio «El reinado de García el de Nájera, entre el viejo y el nuevo orden: rey, barones e infanzones entre al monarquía isidoriana y la feudal», in García Sánchez III “El de Nájera”. Un rey un un reino en la Europa del siglo XI, Logroño, 2005, pp. 153-72 dove si segnala: “el rey de Pamplona […] dispone libremente de una masa considerable de bienes y dominios de naturaleza pública, ejerce derechos sobre montes, pastos y aguas, controla peajes y mercados, dispone de un patrimonio mueble e inmueble sin igual en el reino […]” p. 153. 15 C. Sánchez Albornoz, «El Palatium Regis Astur Leonés», Cuadernos de Historia de España, LIX-LX, 1976, pp. 5-104 ed E. Pastor, Castilla en el tránsito de la Antigüedad al Feudalismo, Valladolid, 1996, pp. 113-43. 14

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Dall’altra parte si pongono, invece, approssimazioni che tendono a sottolineare le forti discontinuità con il passato tardoromano e visigoto, negando al contempo ogni caratterizzazione in senso pubblico delle basi economiche e del carisma politico dei nuovi detentori dell’autorità. Tanto nelle opere di Abilio Barbero e Marcelo Vigil quanto in quelle di Carlos Estepa, Ignacio Álvarez Borge o Julio Escalona, all’immagine di regna imperniati sull’ideale neovisigoto si contrappone dunque un’immagine di disgregazione quasi totale di ogni aspetto pubblico, tanto da un punto di vista politico quanto economico, dove si giunge a caratterizzare come prettamente allodiale il patrimonio dei re e dei conti16. Una proposta ancora più elaborata è quella realizzata una decina d’anni fa da parte di Santiago Castellanos e Iñaki Martín Viso nella quale venivano concettualizzate le dinamiche del potere statale nel nordovest di Spagna in termini di negoziazione tra le autorità centrali e i poteri locali dotati di una notevole stabilità su scala sovralocale. In questo contesto il ruolo dei beni fiscali cede il posto ai beni di proprietà allodiale dei detentori del potere politico17. 2. I limiti empirici 2.1. La documentazione scritta Tra Pamplona e Burgos non si contano quasi documenti conservati in originale per quel che riguarda la documentazione datata tra VIII e X secolo. Il patrimonio documentario è giunto sino ai giorni nostri, per lo più, nei cartulari compilati negli scriptoria delle principali abbazie dei regni di Pamplona e di Castiglia tra XII e XIII secolo (Fig. 7, vedi Tavole)18. Studiare dunque queste terre significa trovarsi davanti A. Barbero, M. Vigil, Sobre los orígenes sociales de la Reconquista, Barcelona, 1984; C. Estepa, «Formación y consolidación del feudalismo en Castilla y León», in En torno al feudalismo hispánico, León, 1989, pp. 157-256 e I. Álvarez Borge, Poder y relaciones sociales en Castilla en la Edad Media: los territorios entre el Arlanzón y el Duero en los siglos X al XIV, Valladolid, 1996 e J. Escalona, Sociedad y territorio en la Alta Edad Media castellana: la formación del Alfoz de Lara, Oxford, 2002. 17 S. Castellanos e I. Martín Viso, «The local articulation of central power in the North of the Iberian Peninsula, 500-1000», Early Medieval Europe, 13, 2005, pp. 1-42. Si veda anche il contributo di Iñaki Martín Viso in questo volume. 18 Fondamentalmente i centri monastici della Castiglia: Santa María de Puerto, Santa María de Valpuesta, San Salvador de Oña, San Pedro de Arlanza, San Cosme e San Damián de Covarrubias, San Pedro de Cardeña, Santo Domingo 16

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al filtro della conservazione archivistica che si risolve nel monopolio delle grandi abbazie sulla memoria documentaria di questi secoli. Un monopolio che è ancora più radicale nel nostro caso poiché quasi tutto il patrimonio documentario delle piccole chiese e monasteri privati finì per disperdersi quando furono assoggettate, tra XI e XII secolo per donazione regia, alla giurisdizione delle principali abbazie del territorio. Infatti, all’interno degli scriptoria di queste ultime istituzioni fu deciso quali materiali copiare e quali distruggere senza conservarne copia, scelta che ha portato alla perdita tanto delle scritture laiche – sono scarsissimi persino i riferimenti incidentali a deperdita laici – quanto della maggior parte dei fondi di tutto quell’universo di chiese e monasteri ‘minori’ dipendenti dalle abbazie ‘maggiori’19. Con una struttura della documentazione scritta come quella appena accennata, non può sorprendere la mancanza, per tutti i tre territori che ci riguardano, di documenti come quelli conservati in zone vicine, quali la Catalogna o il regno di León, e altre studiate in questo libro relative a diverse aree europee: inventari, dotari, sedute giudiziarie in cui si litiga sul possesso di beni fiscali ecc. molti dei quali conservati ancora oggi in originale. Non è dunque possibile, tra Navarra e Castiglia, proporre uno studio come quello pubblicato da David Bacrach sulla valutazione delle basi della ricchezza ottoniana. Men che meno è possibile avvicinarsi a un’analisi dei beni fiscali come quelli raccolti, a cura di Tiziana Lazzari, nel monografico di Reti Medievali Rivista dedicato al patrimonio delle regine20. Ma questo non impedisce che, da una lettura critica della documentazione, spesso concentrata su piccoli particolari, non si riesca a ricostruire, anche se in modo frammentario, un quadro che permetta di intuire indizi sulle basi economiche del publicum. I primi riferimenti a beni e terre connotati dalla loro identificazione con i detentori del pode Silos; della Rioja: Santa María la Real de Nájera, San Martín de Albelda e San Millán de la Cogolla; della Navarra, in modo particolare, Santa María de Iratxe e San Salvador de Leire. 19 Quirós and Santos, «Founding and Owning», p. 41-4, che include bibliografia precedente su questo complesso processo di accorpamento monastico e sulle conseguenze archivistiche che da esso derivarono. 20 D. Bachrach, «Toward an appraisal of the wealth of the Ottonian kings of Germany, 919-1024», Viator, 44:2, 2013, pp. 1-27 and T. Lazzari, «Il patrimonio delle regine: beni del fisco e politica regia fra IX e X secolo», Reti Medievali Rivista, 13:2, 2012, pp. 123-298.

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tere politico sono tardi ed episodici, se paragonati con dati simili conservati a León o nella Catalogna. Bisognerà aspettare sino al 930 perché in un documento copiato nel cartulario del monastero di San Pedro de Arlanza si segnali l’esistenza di una serna de comite. L’importanza di questa notizia sta nel proporre, per la prima volta, un’identificazione tra la terra e l’ufficio comitale21. Dunque, per uno spazio geografico più grande dell’intera Toscana, è possibile rintracciare lungo tutto il X secolo soltanto altri brevi e casuali riferimenti a beni e infrastrutture definiti per una loro caratterizzazione comitale: così i pozzi di acqua salsa nell’odierna Álava, a Salinas de Añana, un riferimento a un pumare de comite nel cartulario di San Pedro de Cardeña, un non meglio precisato terminum de comite tra gli spazi confinanti con una terra donata sempre al monastero di Cardeña22. Inoltre, le copie delle donazioni di re e conti che citano palatia o interi villaggi, edifici ecclesiastici, boschi, terre e infrastrutture quali pozzi di acqua salsa o mulini, descrivono i caratteri di tutti quei beni con grande ambiguità. Infatti non si specifica (quasi) mai la natura giuridica dei beni ceduti23. Per quel che riguarda la fine del X secolo bisognerà L. Serrano, Cartulario de San Pedro de Arlanza, Burgos 1925, doc. n. 8 [d’ora in avanti Arlanza]. La serna era uno spazio di produzione agraria di carattere collettivo, di dimensioni tra le più variabili, molto ben documentata in tutto il nord-est iberico, Galizia esclusa: E. Botella Pombo, La serna: ocupación, organización y explotación del espacio en la Edad Media (800-1250), Santander, 1988 e J. Escalona «De Señores y campesinos a Poderes feudales y comunidades. Elementos para definir la articulación entre territorio y clases sociales en la Alta Edad Media castellana», in I. Álvarez Borge (coord.), Comunidades locales y poderes feudales en la Edad Media, Logroño, 2001, pp. 115-57, a p. 146-7. Si vedano anche le considerazioni del saggio di Iñaki Martín Viso in questo volume. 22 Arlanza, n. 16 (942 marzo 15) e G. Martínez Díez, Colección documental del monasterio de San Pedro de Cardeña, Burgos, 1998, n. 46 (944 agosto 23) e n. 190 (982, agosto 1) rispettivamente. Il meleto viene menzionato dopo essere stato confiscato al conte Fernán González, allora ribelle al re di León: la sua definizione de comite potrebbe, dunque, essere interpretata come un riferimento ai beni allodiali del conte e non come parte del patrimonio ‘pubblico’ del conte di Castiglia. Senza dati più puntuali, la questione deve rimanere aperta. 23 Re e conti segnalano le terre e i beni ceduti in modo ambiguo: quantum ad nos pertinet; nostrarum villa; nostrum monasterium, senza che si possa osservare, al di fuori di ogni ragionevole dubbio, la vera natura dei beni donati. Bisognerà aspettare sino alla seconda metà del XII secolo perché, nel territorio di Álava, riferimenti certi a beni del realengo (della Corona) vengano citati con una certa continuità. Si 21

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aspettare le grandi fondazioni monastiche dei conti di Castiglia per osservare qualcosa di diverso. Nella fondazione di Covarrubias (978) il conte García Fernández segnala come i villaggi e i centri monastici donati serviebant ad illas sedes regales, aspetto che pare connotare una loro appartenenza al fisco pubblico amministrato dal conte di Castiglia24. Nel caso di Oña, invece, fondata nel 1011 dal figlio di García, il conte Sancho, i numerosi beni che costituiscono la dotazione del monastero sono definiti ancora semplicemente come “facultatibus nostris, villas nostras, nostram porcionem […]”25 Forse la diversità tra i due linguaggi è da cercare nella natura dei documenti che ne conservano memoria: la carta di fondazione di Covarrubias si è conservata nella sua pergamena originale, quella di Oña, invece, soltanto tramite copie successive responsabili di non averne riportato, per intero e fedelmente, il contenuto. Nel caso del regno di Pamplona possediamo, anche, esempi frammentari: una donazione pamplonese in favore di Leire datata nell’anno 912 segnala i beni come provenienti dal patrimonio regio (ex parte regis)26. Ma anche la documentazione del regno mostra, per lo più, forte ambiguità nel momento di definire i beni ceduti dai suoi re. Ambiguità che lascia aperto un interrogativo fondamentale: i beni ceduti erano pubblici o provenivano, invece, dal patrimonio privato delle famiglie regie e comitali? Un problema aggravato dal fatto che qui non conserviamo nulla di simile a quanto si osserva in Toscana tramite alcuni diplomi di Ugo di Provenza (r. 926-947), contemporaneo del conte castigliano Fernán González (c. 910-970) o del re pamplonese García I (r. 925-970). Mi riferisco in particolare al diploma di Ugo indirizzato ai canonici di Arezzo in cui furono chiaramente distinti tanto i beni provenienti del fisco regio quanto quelli relativi al patrimonio privato del re27. Nel

veda, ad esempio, l’inquisitio condotta nell’ottobre dell’anno 1175 con l’obiettivo di individuare i beni degli infanzones e della Corona nel fianco più occidentale dell’odierna provincia di Álava, Ledesma, n. 426, a. 1175. 24 M. Zabalza Duque, Colección Diplomática de los condes de Castilla: edición y comentario de los documentos de los condes Fernán González, García Fernández, Sancho García y García Sánchez, Valladolid, 1996, n. 53 [d’ora in avanti CC]. 25 CC, n. 64. 26 Leire, n. 5 (912 ottobre 21). 27 L. Schiaparelli, I diplomi di Ugo e di Lotario, di Berengario II e di Adalberto, Roma, 1924, Diplomi di Ugo e Lorario, n. 33, a. 933. Nel diploma, i beni donati in

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caso iberico, invece, soltanto poche carte mostrano i beni allodiali delle famiglie reali e comitali; nell’anno 991 Sancho Garcés II di Pamplona donava a Leire i beni di suo fratello: possessiones quas illi dinoscebatur habere in villa Navardum28, mentre, già nel primo terzo dell’XI secolo, osserviamo parte dei beni privati della famiglia comitale castigliana grazie alla cessione da parte delle sorelle del conte di Castiglia delle loro hereditates in territorio de Castella in favore del re di Pamplona29. Ma in tutto questo non c’è traccia del publicum30. In altri casi è possibile supporre che i beni ceduti da Sancho III di Pamplona (r. 1004-1035) fossero fiscali (ma l’esercizio è sempre complicato). È questo il caso dei beni con cui furono privilegiati alcuni aristocratici e presbiteri pro optimum et fidelem servitium31. Altri documenti ricordano, ma sono davvero pochissimi, il controllo regio di terre e proprietà confiscate a ribelli o ricevute come multa pagata dopo l’emanazione di una sentenza32. Da questo ultimo punto di vista, più numerosi sono i riferimenti alle tasse legate all’esercizio della giustizia, ai servizi militari e di lavoro, al bottino nella guerra sulla linea del Duero e sulla Rioja islamica, alle trasmissioni ereditarie, ai pedaggi e allo sfruttamento delle acque, dei monti e delle saline, ovvero tutte le voci riguardanti la fiscalità pubblica e l’attività bellica (ma nella Spagna cristiana, Ca-

favore dei canonici provenienti «de iure insuper regni nostri» si distinguono chiaramente da quelli provenienti dall’eredità materna di Ugo. Si veda ora I. Santos Salazar, «Crisis? What Crisis? Political articulation and government in the March of Tuscany through placita and diplomas from Guy of Spoleto to Berengar II» in I. Martín Viso (ed.), The collapse of the early medieval European kingdoms (8th-9th centuries), Reti Medievali Rivista, 17:2, 2016, pp. 251-79. 28 Leire, n. 9, (991 febbraio 15). 29 A. Ubieto Arteta, Cartulario de San Juan de la Peña. Valencia, 1962, n. 49 (1029 julio 7) e n. 55 (1031 gennaio 1) [d’ora in avanti SJP]. 30 Almeno non nelle modalità e con i caratteri con cui il publicum veniva definito nelle leges del regno visigoto, Mª.R. Valverde Castro, Ideología, simbolismo y ejercicio del poder real en la monarquía visigoda: un proceso de cambio, Salamanca, 2000. Si veda anche L. Genicot, «Sur la survivance de la notion d’État dans l’Europe du Nord au haut moyen âge: L’emploi de publicus dans le sources belges antérieures à l’an mil», in Institutionem, Kultur und Gesellschaft im Mittelalter, Sigmaringen, 1984, pp. 147-64. 31 Leire, n. 22 (1024) e SJP, n. 46, (1033 gennaio 8). 32 SMC, n. 414 (1074, marzo 24). http://www.ehu.eus/galicano/id46&l=es&tmp=1489134262322.

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talogna esclusa, non si batté moneta sino all’XI secolo)33. Tasse che la documentazione restituisce in negativo, ovvero quando un senior laico o ecclesiastico, un monastero o una chiesa, ricevevano privilegio d’esenzione. Ma per le cronologie più risalenti troviamo il problema delle interpolazioni, che tendono ad anticipare spesso tali esenzioni a una data molto precedente, impedendo di valutare nella sua giusta misura la fiscalità regia e comitale lungo tutto il X secolo. 2.2. Il dato materiale Per quel che riguarda, invece, l’archeologia dei beni fiscali, l’agenda di ricerca ha seguito i problemi e le definizioni dettati dalla documentazione scritta. Questo aspetto ha determinato che l’attenzione sia stata posta su alcuni monumenti quali le chiese inquadrate nel cosiddetto ‘preromanico asturiano’, chiese associate con la committenza dei re asturiani dall’insieme di cronache composte a Oviedo durante il regno di Alfonso III34. Invece, l’assenza di un numeroso corpus di documenti vincolato ai conti di Castiglia o di Álava, o ai re di Pamplona, ha oscurato la possibilità di un’analisi archeologica dei beni fiscali. D’altra parte, la natura e la qualità dei record archeologici disponibili non ha permesso, ancora, un approccio sistematico a questi problemi. L’archeologia delle società altomedievali nell’area del Cantabrico orientale ha inciso negli ultimi decenni sullo studio delle società contadine e delle società locali da diversi punti di vista, trainata dagli interventi preventivi realizzati, per lo più, su spazi rurali o concentrati su monumenti35. Di conseguenza, non c’è stata ancora un’archeologia incentrata

E. Pastor, Castilla en el tránsito, pp. 172-82. Per quel che riguarda il bottino, si tenga in considerazione quanto detto da J.J. Larrea, «Construir un reino en la periferia de Al-Andalus: Pamplona y el Pirineo occidental en los siglos VIII y XI», in F.J. Fernández Conde, C. García de Castro (eds.), Poder y simbología en Europa. Siglos VIII-X, Oviedo, 2009, pp. 289-91. 34 J.A. Quirós Castillo, M. Fernández Mier, «Para una historia social de la arquitectura monumental altomedieval asturiana», in L. Caballero, P. Mateos Cruz, C. García de Castro Valdés (eds), Asturias entre Visigodos y Mozárabes (Visigodos y Omeyas, VI- Madrid, 2010), Madrid, 2012, pp. 27-53; C. García de Castro, «Visigodos, Asturianos y Carolingios», in Asturias entre Visigodos y Omeyas, pp. 229-86; M.A. Utrero Agudo (ed.), Iglesias altomedievales en Asturias. Arqueología y arquitectura, Madrid, 2016. 35 Vedi ad esempio J.A. Quirós Castillo, Vasconia en la Alta Edad Media, 4501000. Poderes y comunidades rurales en el Norte Peninsular, Bilbao, 2011. 33

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nello studio dei centri di potere e delle loro basi economiche (vincolate ai re o ai conti) che sia stata in grado di valutare l’impatto sui caratteri politici, sociali ed economici delle comunità locali nell’ambito dei processi di emergenza degli stati altomedievali. E anche se oggi sono in corso nuovi progetti che cercano di analizzare la complessità politica di questi territorii attraverso l’analisi delle strutture artigianali e dei sistemi di distribuzione e consumo36, lo studio archeologico delle basi fiscali nell’area qui indagata dovrebbe passare, in primo luogo, dall’analisi dei centri fortificati e dalla loro territorialità. Nonostante questo primo approccio metta in evidenza più la geografia del potere che le basi economiche che fondano tale potere, in un contesto di autorità così fluide e proteiformi come quelle dell’area di Castiglia e Alava, gli scarsi dati disponibili permettono di suggerire che l’azione politica diretta si basava, soprattutto, sulla disponibilità di beni fondiari. Nonostante i vari tentativi di studio sistematico dei centri fortificati altomedievali ubicati nel quadrante nordoccidentale della Spagna37, i limiti dei dati archeologici disponibili fanno sí che la loro interpretazione sia ancora oggetto di discussione. Mentre nel Nord-Italia i castra tardoantichi vengono assegnati in modo sistematico all’azione di un’autorità centrale definita in termini di ‘stato’, le ricerche condotte nel nordovest della Spagna hanno invece posto l’accento sulle capacità d’azione politica delle aristocrazie e, delle volte, sulla stessa political agency delle comunità locali. Molto raramente si fa cenno alla presenza di un qualche tipo di ‘stato’38.

F. Grassi, J. A. Quirós Castillo, A. Alonso Olazabal, L.A. Ortega, C. Fornacelli, State Formation in Early Medieval Castile: Craft Production and Social Complexity, in corso di stampa. 37 Per uno stato della questione vedi J.A. Quirós Castillo, «Defensive sites of the Early Middle Ages in North-West Spain», in J. Barker, S. Brookes, A. Reynolds (eds.), Landscapes of Defence in Early Medieval Europe, Turnhout, 2013, pp. 303-39. 38 Tra le diverse prospettive interpretative vedi I. Martín Viso, «Central Places and the territorial organization of communities: the occupation of hilltop sites in Early Medieval Northern Castile», in W. Davies, G. Halsall, A. Reynolds (eds.), People and Space in the Middle Ages 300-1300, Turnhout, 2003, pp. 167-85; J.A. Gutiérrez González, 2002, «Del Castrum al Castellum: Los castros entre la Antiguedad y la Edad Media», in M.A. De Blas Cortina, A. Villa (eds.), Los poblados fortificados del Noroeste de la Península Ibérica, Navia, 2008, pp. 301-16; G.P. Brogiolo, A. Chavarria Arnau, Aristocrazie e campagne nell’Occidente da Costantino a Carlo Magno, Firenze, 2005. 36

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I survey finora condotti39 hanno mostrato l’esistenza di una notevole diversità geografica e cronologica. Differenze che invitano a non realizzare generalizzazioni semplicistiche. Nell’area della valle del Duero, uno degli spazi più indagati negli ultimi anni, si sono documentati centri fortificati piuttosto complessi, talvolta vincolati a un potere ‘statuale’, come pare sia il caso di El Castillón, in Zamora, o di Peña Amaya, nelle vicinanze di Burgos40. Altri casi, invece, sono molto più complessi da interpretare o paiono configurarsi come spazi di relazione negoziata (ma non sempre pacifica) tra autorità centrali e poteri locali41. Ma la cronologia delle occupazioni di questi castelli e il loro significato è ancora una questione aperta42. In questo contesto di studi, il problema principale per la decodificazione di un’archeologia delle autorità centrali nella zona di cui ci occupiamo risiede nell’assenza di progetti archeologici coerenti, sviluppatesi nei centri che compaiono vincolati con l’azione politica dei conti di Castiglia, come è il caso di Burgos, Lara, Castrojeriz o Clunia43. Anche l’archeologia dei centri di potere in Navarra non è ancora in grado di proporre quadri consistenti, sebbene non manchino interventi recenti di notevole interesse44. Se ci concentriamo, ora, sull’area della valle dell’Ebro, là dove il fiume è confine tra Castiglia e Álava, la situazione diventa ancora più com-

I principali recenti lavori colletivi sono J.A. Quirós Castillo, J.M. Tejado Sebastián eds., Los castillos altomedievales en el Noroeste de la Península Ibérica, Bilbao, 2012; R. Catalán, P. Fuentes, J. C. Sastre (eds.), Las fortificaciones en la Tardoantiguedad. Élites y articulación del territorio (siglos V-VIII), Madrid, 2014. 40 Su El Castillón vedi P. Fuentes Melgar, P. Rodriguez Monterrubio, M. Vázquez Fadón, J. C. Sastre Blanco, El yacimiento arqueológico de El Castillón (Santa Eulalia de Tábara, Zamora). Un enclave tardoantiguo a orillas del Esla, Valladolid, 2015; su Peña Amaya si veda ora J. Quintana López, El castro de Peña Amaya (Amaya, Burgos): del nacimiento de Cantabria al de Castilla, Santander, 2017 (in corso di stampa). 41 I. Martín Viso, «Castella y elites en el suroeste de la Meseta del Duero postromana», in R. Catalán, P. Fuentes, J. C. Sastre, Las fortificaciones, pp. 247-74. 42 A. Vigil-Escalera, C. Tejerizo, «Asentamientos fortificados altomedievales en la Meseta», in R. Catalán, P. Fuentes, J.C. Sastre, Las fortificaciones, pp. 229-46. 43 C. Estepa Díez, «La Castilla primitiva (750-931): condes, territorios y villas», Territorio, Sociedad y Poder anejo 2, 2009, pp. 261-78. 44 M. Ramos Aguirre, «Los castillos altomedievales de Navarra (450-1000)», in J.A. Quirós Castillo, J.M. Tejado Sebastián (eds.), Los castillos altomedievales en el Noroeste de la Península Ibérica, Bilbao, 2012, pp. 163-92. 39

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plessa. L’assenza di un’archeologia dell’Alto Ebro determina, paradossalmente, che la vecchia Castiglia (che corrisponde con l’odierna subregione delle Merindades) sembri uno spazio senza castelli, nonostante il coronimo Castiglia derivi sin dal IX secolo dall’abbondanza di centri fortificati (castillos) nella zona45. Le indagini archeologiche condotte finora mostrano l’esistenza di una notevole diversità tra le aree ubicate in prossimità del fiume Ebro, da una parte, dove ci sono tracce dell’esistenza di centri fortificati associati all’azione dei conti e, dall’altra, aree più periferiche, dove non ci sono castelli prima dei secoli X-XI, come nel caso della pianura posta nell’interno dell’odierna Álava. Così, lungo tutto il corso del fiume, proprio nella zona dove più numerose sono le attestazioni documentarie di beni fiscali, si può parlare dell’esistenza di una serie di “isole d’autorità”46 che delineano una geografia del potere molto frammentata, nella quale si alternano, in modo discontinuo, aree dove l’azione dei conti47 (più tardi dei re) si fa via via più densa rispetto ad altri settori, dove nulla di tutto ciò è osservabile. Seguendo il corso dell’Ebro da ovest verso est, Castro Siero (Valdelateja, Burgos) appare come il primo centro fortificato di riferimento. Si tratta di un nucleo che non è stato ancora oggetto di scavo, anche se nella zona sono stati ritrovati, in passato, materiali d’epoca preromana, tardoromana e altomedievale (Fig. 8, vedi Tavole)48. In cima al castello si trova una piccola chiesetta altomedievale dedicata alle sante Centola ed Elena, datata negli anni 776/7 a partire dall’informazione contenuta in un’epigrafe conservata nella finestra absidale (Fig. 9, vedi Tavole)49. In ogni caso, si tratta della chiesa più antica conservata in un sito fortifiG. Martínez Díez, El Condado de Castilla (711-1038). La Historia frente a la leyenda, Madrid, 2005, p. 137. 46 L’espresione è di I. Martín Viso, Fragmentos de Leviatán. La articulación del espacio zamorano en la Alta Edad Media, Zamora, 2002. 47 Come è il caso de Siero, Mijangos o Lantarón; vedi Estepa Díez, «La Castilla primitiva». 48 R. Bohigas, J. Campillo, J.A. Churruca García, «Carta Arqueológica de la provincia de Burgos. Partidos judiciales de Sedano y Villarcayo», Kobie, XIV 1984, pp. 21-2, 28-9. 49 Ma è una datazione ancora discussa tra gli specialisti. Vedi, da ultimo, L. Caballero Zoreda, «Un conjunto constructivo altomedieval. Quintanilla de Las Viñas y las iglesias con cúpulas sobre pechinas de piedra toba de las provincias de Álava, La Rioja y Burgos», Arqueología de la Arquitectura, 12, 2015: http://dx.doi.org/10.3989/arq.arqt.2015.011 45

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cato posto in un rilievo montuoso in tutta l’area della vecchia Castiglia e Álava. Tuttavia, soltanto uno scavo archeologico permetterà di capire la vera entità del sito. L’area di Trespaderne si trova ca. 30 km a est di Castro Siero. Questo nucleo, dove si collocano il castello di Tedeja e le chiese di Mijangos e del Vallejo de Santillán, è uno dei pochi siti indagati negli ultimi decenni. Mentre la consacrazione della chiesa di Mijangos è documentata da un’epigrafe datata tra la fine del VI e gli inizi del VII secolo, la chiesa di Santa María de los Reyes Godos è stata datata tra il periodo tardoromano e il IX secolo50. Le indagini più recenti si sono concentrate sul castello di Tedeja (Fig. 8, vedi Tavole). Seppure le datazioni assolute disponibili siano piuttosto labili, le sequenze d’occupazione hanno mostrato che il castello fu fondato nel V secolo per essere poi più volte ricostruito lungo i secoli dell’Alto Medioevo51. Ancora quasi una trentina di chilometri ad Est, sempre lungo il corso del fiume Ebro, si trova il cuore di Lantarón, là dove sin dalla fine del IX secolo è attestata un’area legata a un’autorità comitale. Questo territorio, tra l’altro, si trova nelle vicinanze della diocesi di Valpuesta, sede episcopale rurale sorta attorno al IX secolo. Ancora una volta la documentazione scritta mostra, in questo settore dell’Ebro, una geografia del potere piuttosto articolata, composta da vescovi e conti. Così, i riferimenti scritti a palatia, monasteri e centri fortificati disegnano un sistema di potere policentrico attorno al territorio di Lantarón-Valpuesta, che incorpora almeno due castelli (Lantarón e Berbeia), diversi luoghi dove si impartisce giustizia (Espejo-Berbeia) e una sede episcopale distante soltanto 12 km dalle rive del fiume Ebro52. J.A. Lecanda, «Mijangos: la aportación de la epigrafía y el análisis arqueológico al conocimiento de la transición a la Alta Edad Media en Castilla», in L. Caballero, P. Mateos, Visigodos y Omeyas. Un debate entre la Antigüedad Tardía y la Alta Edad Media, Madrid, 2000, pp. 181-286. 51 Dopo l’anno Mille divenne il centro di un alfoz, ovvero dello spazio giurisdizionale organizzato dal suo nucleo centrale. A.L. Palomino Lázaro, M.J. Negredo García, R. Bohigas Roldán, «La fortaleza de Tedeja en Trespaderne y el castillo de Poza de la Sal (Burgos). Variables arqueológicas para el análisis de la articulación del poder local en el tránsito de la tardoantiguedad a la Alta Edad Media en la Castilla del Ebro», in J.A. Quirós Castillo, J.M. Tejado Sebastián (eds.), Los castillos altomedievales en el Noroeste de la Península Ibérica, Bilbao, 2012, pp. 263-90. 52 Su Lantarón vedi I. Santos Salazar, «Los privilegios de Berbeia y Barrio. Élites, memoria y poder en Lantarón durante el siglo X», Studia Historica. Historia 50

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Le indagini archeologiche condotte in questa area si sono articolate sia attraverso scavi (Tejuela, San Martín, Berbeia), sia tramite ricognizioni intensive. Significativamente il castello di Lantarón, citato come tale soltanto nell’anno 117553, risulta al momento non riconoscibile da un punto di vista materiale, mentre quello di Berbeia presenta delle caratteristiche materiali modestissime54. Diverse ragioni spiegano la scarsa entità materiale degli elementi che compongono il sistema di Lantarón. Il policentrismo spaziale, ma probabilmente anche sociopolitico, è un aspetto rilevante che caratterizza l’articolazione di questo spazio, ma anche quello di Tedeja. Detto in un altro modo, nel periodo che va dal IX all’XI secolo il conte era sicuramente la figura più rilevante a Lantarón e contava su beni piuttosto consistenti. Ma il suo dominio non era certamente egemonico. Inoltre, dopo l’unificazione del governo comitale su Lantarón-Castiglia e Álava da parte di Fernán González (verso il 930), Lantarón perse molto del proprio grip politico, poiché fu sostituito dalla fortezza di Término come nuovo centro d’articolazione del territorio su scala subregionale55. Da allora in poi la storia di Lantarón segue una lenta parabola discendente, al punto che lo stesso castello scompare nel corso del Basso Medioevo e lo stesso toponimo, Lantarón, appare condannato alla stessa fine lungo l’epoca moderna. Infine, e ancora dopo poco più di 30 km a est, lungo l’Ebro, troviamo il castello di Buradón, attestato dal X secolo in mano ai conti di Castiglia56, fortezza che costituisce il nucleo politico dell’area dove si ubicano i villaggi di Briñas-Torrentejo (ci sono 3 km di distanza tra il castello e i villagi) e l’insieme di beni fiscali di cui abbiamo parlato prima. Medieval, 31, 2013, pp. 51-81; I. Martín Viso, «Poder político y estructura social en la Castilla altomedieval. El condado de Lantarón (siglos VIII-XI)», in J.I. De la Iglesia Duarte (ed.), Los espacios de poder en la España Medieval, Logroño, 2001, pp. 533-52. 53 Vedi l’inquisitio dell’anno 1175 citata nella nota 23. 54 Come d’altronde la maggior parte delle fortificazioni dei secoli VIII-X del nordovest della Spagna: vedi ad esempio F.J. Fernández Conde, J. Fernández Fernández, «El territorio de Buanga (Asturias). Génesis y formación de un alfoz altomedieval», Territorio, Sociedad y Poder, 5, 2010, pp. 35-67; Quirós Castillo, Tejado Sebastián Los castillos altomedievales. 55 Martín Viso, «Poder político y estructura». 56 Comite Fredinando et uxor eius, domna Urraca, in Castella et in Buradon, (964 maggio 5), SMC 85, http://www.ehu.eus/galicano/id528&l=es&tmp=1489218658951.

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In definitiva, il record archeologico per lo studio dei beni fiscali è difficile, frammentato, polisemico e ancora dipendente ermeneuticamente dalla documentazione scritta. Ma comunque presenta alcuni tratti di interesse. Innanzitutto la sua concentrazione attorno a certi vettori, come la valle dell’Ebro. Un’organizzazione che risulta piuttosto significativa. Con questo non si intende sostenere che non siano esistite altre aree di autorità ubicate in altre zone, ma nella Vecchia Castiglia, fu la valle dell’Ebro l’area dove si concentrarono le più importanti sperimentazioni politiche e la base su cui furono costruite le realtà che diedero vita ai comitati altomedievali (soprattutto Lantarón). Curiosamente questi centri erano separati geograficamente da distanze che si collocano attorno ai 30 km tra di loro (Fig. 10, vedi Tavole)57. Non è semplice interpretare pattern così discontinui e poco documentati che andarono via via configurando le basi del potere pubblico in tutta questa zona, così come non è facile interpretare da un punto di vista sociale e politico i loro esiti territoriali, sempre mutevoli (si pensi alle alterazioni seguite all’unificazione di Lantarón-Castiglia)58. In ogni caso tanto la frammentazione quanto il policentrismo sembrano essere i caratteri che definiscono un sistema politico attivo su piccola scala, carente di centri urbani e dove i diversi soggetti e i differenti centri paiono trarre la loro importanza da continui giochi di potere e dall’esistenza di beni fondiari per lo più invisibili alla documentazione scritta (vedi 2.1). Questa frammentazione e questo complesso sistema spiegano, in ultima istanza, perché il comitato di Castiglia della seconda metà del X e dei primi decenni dell’XI secolo, pur se grande dieci volte il suo omonimo antenato, continuasse a essere articolato attraverso l’inclusione di altri territori politici (i vecchi comitati di Lantarón, Grañón, Cerezo ecc.) che riproponevano, su scala geografica più piccola, l’esercizio di un potere che appariva strutturato, fondamentalmente, attorno a centri fortificati che organizzavano i loro territori circostanti. Territori dove dovevano localizzarsi i beni e i palatia legati ai detentori dell’autorità pubblica. Decostruire in tutta la sua complessità sociale, politica ed

Anche tra Castrosiero e Peña Amaya, sulla valle del Duero, ci sono 30 km circa di distanza. 58 I. Santos Salazar, «Competition in the frontiers of the Asturian kingdom: the comites of Castile, Lantarón and Álava (860-940)», in R. Le Jan, S. Gasparri (eds.), Rivaliser, coopérer: vivre en compétition dans les sociétés du haut Moyen Âge, Turnhout, 2018, pp. 229-49. 57

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economica questo tipo di articolazione necessita però di nuovi progetti di ricerca, densi e ben strutturati, per poter capire meglio tanto i caratteri su cui tali realtà politiche sorsero e furono sviluppate lungo l’Alto Medioevo, quanto la natura e la dislocazione spaziale delle basi materiali su cui poggiava il potere dei conti e dei re. 3. Proposte per future linee di ricerca Bisogna esplorare altri metodi per lo studio delle piattaforme economiche del potere. Metodi che, come si è visto, tengano in considerazione, da un punto di vista comparativo, la scala dei sistemi politici e dei meccanismi di costruzione della legittimità politica che fanno appello al publicum. L’immagine che le fonti scritte e materiali restituiscono in questo settore del Nord della Penisola Iberica sono più complesse (nel senso di più difficilmente decodificabili) di quanto si osservi negli spazi centrali del regno di León, ma anche delle realtà della Catalogna e di altri territori dell’Europa carolingia meglio illuminati dalla documentazione scritta. Castiglia e Álava, persino il regno di Pamplona nelle prime tappe della sua storia, mostrano, invece, processi di articolazione del fisco molto più dinamici e sperimentali. E crediamo che quella dinamicità si debba affrontare seguendo alcune linee d’analisi principali: 1) La scala dei sistemi politici è piccola o molto piccola, ma non per questo meno complessa. Comitati quali Lantarón, Álava o la Castiglia alle origini, sono territori politici paragonabili per estensione a un comitatus tipico carolingio. Lo stesso regno di Pamplona non è più grande. Persino l’organizzazione diocesana deve considerarsi (Pamplona esclusa) una creazione ex novo, ‘costruita’ nel IX secolo, rispondente alle necessità delle nuove élite territoriali più che all’esistenza di una realtà ecclesiastica antica. Infatti, come i comitati, neanche le diocesi (Valpuesta) avevano una città come centro di riferimento59. Ciononostante, la documentazione scritta mostra aristocrazie laiche ed ecclesiastiche, conti e vescovi, che si muovono lungo binari di rappresentazione e azione politica simiJ.A. Quirós, I. Santos Salazar, «Territorios sin ciudades y complejidad social. El cantábrico oriental en la Alta Edad Media», in F. Sabaté, J. Brufal (eds.), The Medieval City and Archaeology, La ciutat medieval i arqueologia. VI Curs Internacional d’Arqueologia Medieval, Lleida, 2015, pp. 139-74.

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li a quanto si osserva nell’Europa carolingia, tanto dal punto di vista della loro leadership militare quanto nell’esercizio delle loro prerogative pubbliche, come mostrano le scarse sedute giudiziarie conservate60. Così, se dei comites della più vecchia Castiglia, di Lantarón, di Álava o dei re di Pamplona non conserviamo altro che brandelli che parlano poco delle basi pubbliche della loro ricchezza, questo silenzio risiede più nei caratteri della documentazione conservata che in una loro relativa “povertà”. Come crediamo di aver mostrato, i dati certi dei patrimoni pubblici si trovano dispersi in un universo documentario particolarmente frammentato che inizia a offrire dati certi e continui soltanto a partire della seconda metà dell’XI secolo e, fondamentalmente, a partire dal XII secolo, quando la sfida per l’egemonia politica nella Valle dell’Ebro tra le monarchie di Castiglia e Navarra provocherà, anche, una maggior cura da parte del potere centrale nel conoscere, e sfruttare, i propri beni. Una realtà che riesce, a volte, a oltrepassare il filtro della tradizionale conservazione archivistica della maggior parte dei documenti nei cartulari monastici61. 2) Oltre ai problemi relativi alla nostra documentazione (scritta e materiale), il secondo punto su cui vorremmo insistere è la necessità di osservare, nel loro contesto, lo sviluppo dei poteri su scala territoriale. In tutto lo spazio geografico preso in considerazione il processo di consolidamento della legittimità politica fu molto dilatato nel tempo, risultato di una negoziazione tra diversi soggetti e di lunghi e complessi processi di competizione cooperativa (coopetition) e legittimazione62. Un coordinamento politico dall’alto come quello che si riscontra tra l’Impero carolingio e i comitati catalani non esistette mai, nonostante che le carte castigliane riconoscano sin dal IX se-

Santos Salazar, «Los privilegios de Berbeia». Si ricordi, ancora una volta, l’inquisitio condotta per ordine del re di Castiglia Alfonso VIII nell’ottobre dell’anno 1175 con l’obiettivo di individuare i beni degli infanzones e della Corona nel sud-ovest di Álava, Ledesma, n. 426. Non casualmente questo documento, unico nel suo genere per quest’area geografica, si conserva al di fuori del cartulario dell’abbazia, nella Colección Minguella, composta nel Settecento dal padre Plácido Romero, archivista del monastero, oggi custodita nell’Archivio di San Millán de la Cogolla. In essa confluirono le copie di documenti non inclusi nei cartulari dell’abbazia. 62 Santos Salazar, «Competition in the frontiers». 60 61

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colo la teorica autorità dei re di León63. Un dato che mostra chiaramente come, anche nella Castiglia-Álava del X secolo, ci fosse una forte idea del publicum come fattore legittimante. Questo aspetto è osservabile anche nella vicina Pamplona, dove, sin dal IX secolo, la gerarchia politica fu articolata attraverso la guida politica e militare di un rex. Non sono utili, perciò, le inerzie storiografiche che identificano le nuove formazioni politiche in continuità con un passato visigoto dai contorni alquanto sfocati. Ma nemmeno i tradizionali approcci di rottura radicale e definitiva risolvono i problemi interpretativi dell’azione dei poteri centrali lungo tutto l’Alto Medioevo castigliano o pamplonese. Anzi, complicano il quadro poiché negano, partendo tutte da diversi apriorismi teorici, la loro complessità sociale e politica che si legge, in filigrana, nei documenti scritti e materiali prima citati. Dai due punti precedenti è utile tornare ora su Álava: parte integrante del regno asturleonese prima; passata successivamente al regno di Pamplona, laboratorio di analisi privilegiato dei problemi relativi ai beni fiscali perché la documentazione alavese restituisce, al di fuori della Catalogna e degli esempi leonesi, il maggior numero di riferimenti a patrimoni pubblici e ad alcuni loro centri gestionali, come i palatia. Risulta significativo sottolineare la concentrazione di beni donati dai re di Pamplona in questo tratto dell’Ebro tra Lantarón (sede di un conte attestato dalla fine del IX secolo) e Torrentejo-Briñas-Mutilluri. È in quest’area dove molti palatia appaiono associati ad aristocrazie vincolate in modo stretto alla monarchia (e che, spesso, dalla Corona hanno ricevuto molti dei loro beni).

Infatti, la complessità sociale in queste aree è molto più accentuata che nel resto del territorio, come dimostra lo studio di diversi marcatori materiali prima citati. Uno di essi è la distribuzione delle prime chiese rurali realizzate con tecnologie sofisticate basate sull’impiego di conci Infatti, in un recente articolo, Julio Escalona ha mostrato come, nonostante che i re di León non apparissero (quasi) mai in prima persona in Castiglia, i conti, veri rettori della politica su scala locale, collegarono il loro nome a quelli dei re leonesi nella datatio delle loro carte, cercando così la legittimità per la propria autorità politica grazie alla copertura ideologica garantita da un monarca lontano, J. Escalona, «In the name of a distant king: representing royal authority in the county of Castile, c. 900-1038» Early Medieval Europe, 24:1, 2016, pp. 74-102. 63

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realizzati ex novo in cantiere, che si datano nel corso del X secolo64. Come nel caso di alcuni esemplari localizzati nelle Asturie, Álava raggruppa un ridotto numero di edifici realizzati da maestranze specializzate e itineranti che compaiono vincolate a committenze d’élite, come avviene nel caso di Aistra65. Risulta interessante osservare come, nonostante il numero di questi edifici sia ridotto, la sua distribuzione si discosti da quella dei palatia, collocandosi anche a una certa distanza dal fiume Ebro (Fig. 11, vedi Tavole). Questo quadro è rinforzato dall’analisi delle distribuzioni dei riferimenti ai milites attestati dall’XI secolo nella documentazione scritta, cioè a tutto quell’universo di piccoli signori attivi su scala molto locale che si localizzano prevalentemente nella cosiddetta pianura di Álava. La forte diversità geografica tra l’Álava dei milites e quella della valle dell’Ebro, dove si concentrano i palatia e i beni legati al fisco regio pamplonese, rispecchia l’esistenza di diverse forme di negoziazione tra re e poteri signorili laici ed ecclesiastici di cui le donazioni regie sono testimonianza. Il vettore rappresentato dalla valle dell’Ebro si pone, dunque, come una piattaforma fondamentale per la costruzione di reti politiche nell’epoca di García el de Nájera e di Sancho IV, ovvero nel periodo che va dal 1035 al 1076, quando lo spazio divenne una frontiera molto dinamica con il nuovo regno castigliano guidato dal fratello di García, Fernando I (1029-1065). Infatti non è una casualità che sia quella la zona dove i re della Navarra (ri-fondata come regno nell’anno 1134) avrebbero creato nel XII secolo un buon numero di borghi franchi su fortezze già attive nel X secolo (Treviño, Arganzón, Labastida, forse Corres), molte delle quali non possiamo dubitare facessero parte dei beni del publicum e, appunto per quello, le uniche piattaforme insediative da cui fosse possibile riorganizzare la rete del popolamento tramite la fondazione di villas reales66. A. León Muñoz, «La construcción en sillería durante la alta edad Media. Una revisión de la información arqueológica», Archeologia Medievale, 35, 2008, pp. 55-74; L. Caballero Zoreda, M. A. Utrero Agudo, «El ciclo constructivo de la Alta Edad Media hispánica. Siglos VIII-X», Archeologia dell’Architettura, XVIII, (2013), pp. 127-146. 65 Per quanto riguarda Aistra si veda ora J.A. Quirós Castillo, «Archaeology of power and hierarchies in early medieval villages in Northern of Spain», in J. Klápšte (ed.), Hierarchies in Rural Settlements, Turnhout, 2013, pp. 199-221. 66 Vedi ora J.A. Quirós Castillo, «Early and High Medieval ‘incastellamento’ in Northern Iberia: Fortified Settlements in the Basque Country and Upper Ebro Valley (9th-12th centuries)», in N. Christie, H. Herold (eds.), Fortified Settlements 64

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In definitiva, risulta significativo constatare che sia proprio questo il settore dell’Ebro che appare più legato alle politiche monarchiche, quando disponiamo di evidenze scritte. Già in epoca visigota esistevano una sede vescovile nell’Alto Ebro (Oca) e castelli vincolati allo stato (come Castillos de los Monjes67), mentre le fonti narrative di quell’epoca restituiscono un interesse da parte dei re per il controllo della Valle68. Appare sintomatico che indizi simili riemergano nella documentazione scritta nei settori di Lantarón-Torrentejo-Briñas (ma in modo molto frammentario) tra il IX secolo e la prima metà dell’XI secolo. Ovvero, ogniqualvolta che un’autorità centrale dimostrava un interesse specifico per l’articolazione distrettuale di una zona determinata, quell’interesse riecheggia negli archivi delle istituzioni ecclesiastiche che parteciparono, insieme ad altre aristocrazie laiche, nei processi di costruzione di quella complessità politica. Infatti nel X secolo essa si riflette nelle carte delle chiese sorte attorno ai comitati di Álava, Lantarón e Castiglia e dal XI e XII secolo, tramite le donazioni ai grandi monasteri legati alla monarchia pamplonese. Il tutto filtrato, tranne nel caso degli esempi più tardi, dalla memoria dei loro cartulari. In conclusione, dunque, siamo consci che la problematica alla base di questa analisi è quella relativa al concetto di Staatlichkeit. Infatti, in altre realtà europee, l’attenzione è stata posta sul processo di formazione statuale (particolarmente nel Regno Unito e in Scandinavia, ma anche nelle terre delle periferie dell’Impero carolingio)69, proponendo soluzioni molto più articolate di fronte alle tradizioni romaniste che considerano lo stato come una presenza permanente e stabile e che si in Early Medieval Europe. Defended Communities of the 8th-10th Centuries, Oxford, 2016, pp. 192-204. 67 J.M. Tejado Sebastián, «Castros militares en el alto valle del Iregua (La Rioja, España): Una realidad “poco común”», Archeologia Medievale, XXXVIII, 2011, pp. 137-81. 68 Come appare dalle citazioni di questo settore della Valle dell’Ebro nella Vita Sancti Aemiliani: J. Oroz, «Sancti Bravlionis Caesaravgvstani episcopi. Vita Sancti Aemiliani», Perficit, 9, 1978, pp. 165-227, p. 189. 69 S. Airlie, W. Pohl, H. Reimitz (Hrsg.), Der Staat im frühen Mittelalter, Vienna, 2006. Da un punto di vista archeologico vedi S.J. Brookes, Economics and Social Change in Anglo-Saxon Kent AD 400-900, Oxford, 2007; A. Reynolds, «The landscape archaeology of secular power in 8th-11th century England», Territorio, Sociedad y Poder anejo 2, (2009), pp. 67-88.

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contrappongono a quelle, più catastrofiste, che negano del tutto l’esistenza dello stato nell’Alto Medioevo. Le complesse dinamiche osservate in formazioni politiche di piccola scala, situate in aree periferiche come quelle che abbiamo qui presentato, pongono la necessità di analizzare su tali binari teorici questa problematica, poiché realtà come l’Álava comitale o il regno di Pamplona basavano la loro operatività politica su meccanismi di negoziazione e coopetizione molto dinamici, fluidi e sperimentali. In tali contesti, i beni fiscali furono soltanto uno tra i tanti strumenti utili alla costruzione dei percorsi volti alla ricerca dell’egemonia politica da parte di autorità centrali attive su scale geografiche molto diverse tra loro.

Table ronde. Comparaison et longue durée Tavola rotonda. Comparazione e lunga durata

Chris Wickham Beni pubblici: a provisional typology

The problematic of beni pubblici, biens publics, public property and rights, in the early middle ages has not been properly confronted in recent historiography, and in an earlier historiography tended to be approached in too positivist and legalist a way – and also very seldom comparatively, with an eye to the early medieval West as a whole. That is why this volume is so important: it marks the beginning of a proper study of how such property and rights actually worked. In my contribution to this table ronde, I want to focus only on public (or ‘fiscal’) land. Taxes, whether direct or indirect, will not be my focus, although François Bougard, among others, showed that they were certainly important in some contexts. (Nor will I spend any time defending the word ‘public’ – I simply mean by it, as do other contributors to this book, property and rights belonging either to rulers and their direct delegates by right of office, or to communities, large and small: in contrast to ‘private’ property and rights, which belonged to individuals or family groups. There were of course also grey areas between the two – and nuances of meaning, as Régine Le Jan commented.) I want to pursue the issue bearing in mind the crucial question of what public land was for. As Vito Loré makes clear in his introduction, we have of course to see this along two axes: economic resources and political power. Sometimes, these worked together: a king with huge lands was more powerful because he had more resources. Sometimes, they were in contradiction: if a ruler conceded land away, temporarily or permanently, he (more rarely she) was sacrificing resources to gain power. Early medieval rulers had to understand how to balance this, so as not to move towards the ‘fragmentation of powers’ which Marc Bloch saw as a key feature of land-based societies. But before 1000 this was less of Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 415-422 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118750

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Comparaison et longue durée / Comparazione e lunga durata

a danger, if only because there were so many public lands, and it was hard, as yet, to alienate them all. Precisely because there were so many public lands, however, they were not all the same. And we have also seen in the articles in this volume that they articulated together with private landholding in quite different ways in different regions of Europe, depending on their scale, and on the nature of the different political systems in each region. As Charles West put it, ‘royal estates were embedded in local conditions’; Iñaki Martín, too, showed how very varying local conditions produced very different results: ‘en Galicia [los reyes] eran unos magnates y en León eran los líderes de comunidades locales’. How this articulation worked depended on individual rulers, too: Charlemagne, and the tenth-century Carolingians (for rather different reasons: Le Jan), gave out very little land on a permanent basis as far as we can see, whereas Charles the Bald in West Francia, Ordoño II in León and Eadwig in England all gave out a lot. In most regions, however, many lands were in constant movement, as public land was given out to the loyal and then confiscated from the disloyal. One might expect, then, public lands to be very similar in structure to private lands, for one could become the other so easily, and sometimes they indeed were. But, as this book clearly shows, they were not necessarily similar; it was more complicated than that. I want here, therefore, to offer a brief and very provisional typology of ten different kinds of public land, taken directly from the way such lands were discussed in the articles in this book. This typology does not consist of mutually exclusive categories; some land was part of more than one at once. You could call this the result of category errors; but I prefer to see it as a set of overlapping relationships, whose intersections – but also whose contrasts – can perhaps act as a framework inside which to understand how public lands operated and were made to operate, in their various ways. First, an important category is ex-imperial estates, now held by the post-Roman rulers who had replaced imperial power. This was only a major feature of Francia and Italy, where of course words like publicus and fiscalis were also taken directly from the Roman past. There is little identifiable continuity in Iberia owing to lack of evidence, there was probably none at all in Britain (see my fourth category below), and of course the issue would not arise in non-imperial regions such as Saxony. The Roman roots of much later public/fiscal land are however very visible in Poitou (Luc Bourgeois), as well as in Italy, as several con-

Table ronde – Chris Wickham

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tributions showed. These lands could be very large indeed under the empire. But they had also often been ceded away by the emperors in long-term lease (emphyteusis) to powerful people – in the Roman empire, where taxation provided most of the resources of the state, public land tended simply to be used to back up power relationships – a practice which continued in Byzantine Italy. I have indeed often wondered whether the whole of the area around Rome itself was actually public land under the empire, with the result that all those suburban senatorial estates (often with substantial constructions on them) were really held in emphyteusis; that would help explain the dominance of church land there in the ninth century and onwards, again held on long leases, once the popes had fully become the rulers of the city1. Domenico Vera once asked me why early medievalists were so sure that kings took over imperial land, given that it was actually occupied by emphyteusis-holding aristocrats, who would seldom have any desire to make clear to a new regime that they were not full proprietors. I have always thought that this was an excellent question; and it means that if one wants to maintain an argument for continuity here, which I would in large part, that one must also argue that record-keeping – and at a provincial level, too, not just in political capitals – must have been continuous. But, beyond that, if Frankish or Lombard rulers did indeed take over such land, as well as adding to it by the expropriation of private owners, the question becomes what they did with it then. Often, they doubtless did the same as the emperors had, making stable and long-term cessions to aristocrats in leases of different kinds (as in Italy), as well as outright gifts to the new ruling classes, lay and ecclesiastical, which privatised it for good. We have documents for both. But they could do other things with such land too, and some of the other categories below are guides to that. Another category which was often old was the major tracts of common land, not used for agriculture, which existed everywhere, covering mountains, marshes and the great woodlands – including outside the former empire, for it is hard to distinguish in this respect between the silvo-pastoral common lands of Italy and France and those of northern Germany and Scandinavia. This was exploited, if it was exploited at all, by communities of varying sizes, who usually regarded themselves as the rightful owners of common land; but rulers also claimed it by 1

C. Wickham, Medieval Rome, Oxford, 2015, pp. 52-62.

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right of their power over all non-private property (see Martín for bustos in northern Spain). When it was exploited enough to be profitable, or potentially so, and when rulers became powerful enough to make their potential claims real, such common land was often given over the heads of communities to churches and monasteries – as is again particularly well-documented in northern Spain2. But much also remained, either because it was too remote or poor to exploit systematically (such as high mountains) or because smaller tracts had become a structural part of village economies. In the latter case, it was not until the territorial lordships/seigneuries/signorie/señoríos of the eleventh century and onwards that lords came to exploit such common lands, through seigneurial dues for pasture or wood rights and the like. But, actually, it was often not until a similar period that villages themselves had come to see it as important that this particular tract of common land belonged to them rather than to the next-door village; the division of common rights between different communities depended on a greater need to use them, which in the early middle ages, with its lower populations, had not necessarily developed. The third category is linked to the second: it consisted in the former empire of forestes or gualdi (respectively the most common Frankish and Italian terms; many Spanish sernas had a similar regime: Martín). These were often largely silvo-pastoral, but no means necessarily so; more important is that they were inhabited by individuals or communities who had rights of possession, owing dues to rulers (who were recognised as having supreme rights over such tracts) which were often small-scale and/or occasional – seen as tributes from clients rather than rents from tenants (Loré, Martín). That is to say, this category was made up of areas where Roman principles of exclusive property did not apply. Unsurprisingly, then, they were even commoner outside the former empire. Arguably, the whole of Anglo-Saxon England before the tenth century was made up of land with similar overlapping non-Roman concepts of possessory right (Ryan Lavelle), which Frederic Maitland called ‘superiority’. I think that the later history of Saxony makes more sense if we think of much of it as originally being ‘forest’, too (see here West on the castle of Rothenburg). These were not areas which rulers had much economic control over, although forestes/gualdi could R. Pastor, Resistencias y luchas campesinas en la época del crecimiento y consolidación de la formación feudal Castilla y León, siglos X-XIII, Madrid, 1980, pp. 83-97.

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include tracts of direct management – the royal villae in the Ardennes, for example, and certainly parts of the Beneventan gualdi or gai too, as the example of Faragola (Giuliano Volpe and Maria Turchiano) clearly shows. When rulers gave them to churches and monasteries, as they often did, these more local powers could sometimes convert them into more ordinary estates, as is demonstrable in both Italy and England, although the process was seldom immediate, and often contested. But while they remained public land, they tended to be a basis for power over people rather than an economic resource3. Leading on from that, it was particularly clear from the papers on England and Spain (Lavelle, Martín, Juan Antonio Quirós and Igor Santos) that royal power which was in the process of crystallisation, out of political structures which had previously been relatively nonhierarchical, would often base itself on concepts and practices of land tenure and royal rights which had no relation to Roman concepts of property and, at least initially, not always to very clearly-defined tenurial relationships either. When looking at kingdoms in construction, we should expect a particularly wide range of tenurial types, that is to say. In Spain kings did indeed control some estates directly (perhaps Torrentejo, for example, in Álava: Quirós-Santos; and certainly large numbers in Galicia: Martín); in England, for a long time, they did not, and simply took dues such as fostre (Lavelle). That considerable variability in the material basis of royal authority in these kingdoms justifies a fourth category here. Next, fifth, comes lands which acted less as economic centres than as symbolic ones: places of power, where rulers expressed their authority publicly and with particular legitimacy. Assembly sites were among these (Lavelle); but also all the wider range of villae publicae or vici publici in Francia where rulers and their subordinates did anything publice (Le Jan). It needs to be stressed that many of these were real economic centres for rulers as well; but many were not, without lessening their considerable role in constructing royal power, so we need to see these symbolic centres as conceptually separate. A sixth category were estates which had been private land but which rulers confiscated and turned into public/fiscal property. Such confisI have discussed this category of land elsewhere, for example in Land and Power, London, 1994, pp. 156-66; for ‘superiority’, F.W. Maitland, Domesday Book and Beyond, Cambridge, 1897.

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cations could go back to the conquest of regions by new rulers, as already noted, but could also occur at any time, when rulers punished the disloyal or the out of favour. These were, of course, the lands which were most likely to be organised in ways similar to private property. We could ask here whether, after conquest periods at least, rulers were more likely to alienate such new land than their older estates; whether, this is to say, the cycle of confiscations and alienations, which our texts intermittently show us, was largely associated with lands in this category. That is hard to tell, but it is worth testing for locally; it was discussed for Italy by both Loré and Bougard. The more that cycle was restricted to formerly private land, the more firmly we could begin to argue that public and private land were potentially separable in their standard modes of exploitation. The other categories all relate to the way rulers dealt with public estates, that is to say lands which were perceived as being held in full property and directly exploitable by dependent tenants, called variously fisci, villae regales or publicae, curtes regiae, and so on. Seventh would come estates which kings kept hold of, but did not exploit very heavily, either economically or politically (kings had so much land that they did not pay attention to every peripheral property); there is a cross-over here with gualdi, for the tenants of such estates might well regard themselves as privileged, but they would not necessarily regard themselves as anything other than tenants. We tend to hear about such estates when kings did alienate them to churches, which then characteristically increased rents, and were opposed in their turn by the peasants who were required to pay them, as in the case of Brouch in tenth-century Lorraine (West). The ex-public Limonta estate on Lake Como is another example of this, for we here again have the claims made by peasants as to rents and services demanded at different points, and they evidently increased after the estate was given to S. Ambrogio in Milan – even though they here involved specialised olive-cultivation, which rulers would always have been interested in economically. But in Italy perhaps the best example of a hardly-exploited royal/imperial estate is Lazise on Lake Garda, which was never alienated to a church, but whose tenants had a series of imperial diplomas guaranteeing their rights and privileges, from the tenth century into the twelfth4. For Limonta, see A. Castagnetti, «Dominico e massaricio a Limonta nei secoli nono e decimo», Rivista di storia dell’agricoltura, 7, 1968, pp. 3-20; R. Balzaret4

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Eighth would then be the world of unstable and conditional cessions of land: temporary gifts, benefices, precariae, fiefs. This certainly lies in the arena of political power, for it was often by such temporary cessions that rulers established loyalty, and held onto it later too, if they could. Such conditional tenures were exploited economically by their beneficiaries, rather than by rulers. This is where we have to reckon on the force of the oral (Simone Collavini in Giovanna Bianchi, Federico Cantini and Collavini), for conditional tenures, which could change holder quite frequently, were very often – even if not always – unrecorded in documents5. As is well known, there was a grey area here between such impermanent gifts and more permanent ones, for strong rulers could confiscate any land, and, conversely, weak rulers could sometimes not get a benefice back, even if its holder was openly disloyal. Several authors (Bougard, Lavelle, Le Jan) also stressed that even outright royal gifts could be reclaimed or regranted with less difficulty than full alienation might have made us suppose; they preserved the ‘memory’ (Le Jan) of the fiscal. But, by and large, fully-owned land was confiscated less often than were conditional holdings, or offices which had land attached (see below): what the Carolingians called honores. Ninth would be, precisely, land held by office-holders by right of their office; it would be much like the previous category, but would be often more stable, and often also easier for us to track, for we tend to know who office-holders were. Not all public land in any given circumscription was necessarily controlled by the local count, duke or marquis (see among others Loré, Bougard); we have enough evidence for land directly controlled by rulers to make it clear to us that the latter in many cases tended to be quite clear about which public lands in a circumscription were kept by them and which went to the office-holder – and of course they had to keep control over some land in this way, for most of the land they ruled was divided into such circumscriptions. Indeed, the degree to which rulers kept such lands is a good proxy for

ti, «The monastery of Sant’Ambrogio and dispute settlement in early medieval Milan», Early medieval Europe, 3, 1994, pp. 1-18. For Lazise, MGH, Ottonis II. diplomata, ed. T. Sickel, Hannover, 1888, n. 291; MGH, Heinrici IV. diplomata, ed. D. von Gladiss and A. Gawlik, Berlin-Hannover, 1941-78, n. 287; MGH, Friderici I. diplomata, ed. H. Appelt, Hannover, 1975-90, n. 876. 5 See further, for the orality attached to some public land, S.M. Collavini, P. Tomei, «Beni fiscali e “scritturazione”», in press.

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the level of capillary local control they could exercise in practice: less in Ottonian Germany outside the royal heartlands (Charles West), more in Italy (Loré, Bougard, Bianchi-Cantini-Collavini). But they could not keep control of them all, for the office-holder had to have enough to exercise his own local power effectively. Then, of course, the degree to which the latter succeeded in patrimonialising such lands is a wellknown proxy for the weakening of central power itself – even though such patrimonialisation by no means necessarily meant the loss of such lands to ‘the public’ (Le Jan). Hence the importance of (for example) establishing whether the land ascribed to the earls of Mercia in 1065 in Domesday Book belonged to them privately, or by temporary right of office; Stephen Baxter’s demonstration that it was the latter has led to substantial rethinking of mid-eleventh-century English royal power6. Finally, and in many ways most important, we have the estates which rulers kept strict control of and did not alienate to anyone. These were the core of their economic resources, the element which made them rich enough to keep them at the apex of political society, as long as they had more of them than anyone else did. They were often on good land, as in Poitou (Bourgeois) or Artois/southern Flanders (Le Jan) or the Serchio delta north of Pisa, or else beside hunting areas, as famously with Aachen. Some fiscal centres of particularly specialised activity have been explored by archaeologists, as with the ceramics and iron produced at S. Genesio and the major ironworking at Vetricella, both on fiscal land in Tuscany (Bianchi-Cantini-Collavini), the pietra ollare produced and exported on a very large scale at Chiavenna (Fabio Saggioro), and the iron, lead, bronze and woollen cloth similarly produced and exchanged at Faragola in Puglia (Volpe-Turchiano). We do not tend to have much written evidence as to the details of their exploitation, but the Brevium Exempla and the Capitulare de Villis both show that the Carolingians, at least, were very serious indeed in the degree to which they valued direct control (often documented in texts) over their peasantry7, and the account in the former of Annappes in southern Flanders has become the classic demonstration that the Frankish state could have as intensive a régime foncier as any polyptych-making monastery. But they were markers of power too. Where there were particularly dense sets of directly-controlled fisci, rulers tended to develop their major political 6 7

S. Baxter, The Earls of Mercia, Oxford, 2007. MGH, Capitularia, 1, ed. A. Boretius, Hannover, 1883, nn. 32, 128.

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centres, Königslandschaften like the areas around Paris, Aachen, Frankfurt and Milan-Pavia, and, later, Magdeburg. And, referring back to the fifth category, particularly important estates, such as Compiègne for the kings of west Francia, Corteolona for the Carolingian kings of Italy, Goslar for the kings of east Francia, Pappiana for the marquises of Tuscany, were as symbolic as they were economic, and were never given away – or, when they were, that alienation marked major changes in the construction of public power, or indeed its eclipse8. I stress these ten categories here simply to help avoid easy assumptions: to make clear that we cannot assume that every public land, or royal estate, was the same. Some were very different from private estates, some were very similar to them. They varied enormously along both the economic and the political axes, too. And, given the weaknesses of our evidence, it is often very hard to tell which category was which. Sometimes the variation must have been between one estate or area and the next, even if both were equally publicly controlled. Take the Adriatic coast from Ascoli Piceno down to northern Puglia, a stretch nearly 300 km long and sometimes more than 30 km deep, between the sea and the mountains – it was ruled by both the duchy of Spoleto, by 750 absorbed into the kingdom of Italy, and the independent duchy/ principality of Benevento. Vito Loré well discussed the southern section of it, but it extended a long way northwards. Much of it was very fertile, except on the mountain slopes. Nearly the whole territory seems to have been fiscal land until the tenth century, except where parts of it were given to monasteries in the late eighth or ninth – I indeed would assume, although we have little evidence about it, that much of it had been fiscal since Roman times. This did not however necessarily make it a Königslandschaft (or Fürstenlandschaft); northern Puglia may well have been, but the part which was controlled by Spoleto was a politically marginal area in our period, as the central Adriatic coast has often been. North of the Beneventan lands, it is as a result almost unstudied, apart

Corteolona was alienated by the empress Adelaide under Otto II or III: MGH, Ottonis II. diplomata, n. 281; MGH, Ottonis III. diplomata, ed. T. Sickel, Hannover, 1893, n. 375; Codex diplomaticus Langobardiae, ed. G. Porro-Lambertenghi (Historiae patriae monumenta, 13), Torino, 1873, n. 997. Pappiana was ceded by Matilde of Canossa in 1103: MGH, Die Urkunden und Briefe der Markgräfin Mathilde von Tuszien, ed. E. and W. Goez, Hannover, 1998, n. 74. 8

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from some lucid pages by Laurent Feller9. Nor is it well-documented except for its central third; some questions about it will never be answered. But we can still ask them. How did it work internally? What were its social relations? And how variable were they? I would stress that we have no grounds for assuming a priori that any one of my ten categories was more important than the others in this large territory; and – given also the wide variation in the evidence we do have for the territory – I would indeed imagine that almost every one of them could have been found here somewhere. What we have to do is to go and look. We have to list evidences of public lands, as Adolf Eggers, Paul Darmstädter and Fedor Schneider did around 1900 for Germany and parts of Italy, in dull but still essential works10; we have to track dates of alienations and look at what postpublic owners made of their new lands – including sometimes going very late, at least into the twelfth century, to find the core estates which had never been ceded before, and then working retrospectively, to see what might have been going on three centuries earlier. This is hard (as West stressed); but not impossible, as Iñaki Martín showed so well for the kingdom of León. We have to do all this before we can generalise – although we must do that too. One thing which the major figures of the middle third of the twentieth century, Bloch, Georges Duby, Cinzio Violante, did was to generalise before doing the work. It was their strength; it made them better historians than people like Schneider, who did the work but did not say anything interesting about it; and they had to do it, to move the discipline along, which they certainly did. But we have to get beyond that now; we have to do both, and do it comparatively too. That is what this book is about; it is about the beginning of that work. It’s the challenge for all of us to push it forwards.

L. Feller, Les Abruzzes médiévales, Roma, 1998, pp. 139-50. A. Eggers, Der königliche Grundbesitz des 10 und beginnenden 11. Jahrhunderts, Weimar, 1909; F. Schneider, Die Reichsverwaltung in Toscana von der Gründung des Langobardenreichs bis zum Ausgang der Staufer (568-1268), Rom, 1914; P. Darmstädter, Das Reichsgut in der Lombardei und Piemont, 568-1250, Strasbourg, 1896. 9

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Simone Maria Collavini I beni pubblici: qualche idea per gli studi futuri

L’attenzione per il tema dei beni fiscali, cioè quei beni e diritti più direttamente controllati dalle maggiori autorità politiche (re, duchi, marchesi) dell’Europa altomedievale per finanziare le proprie strutture di governo e, più latamente, la propria azione politica, sta crescendo rapidamente. L’accumularsi dei nuovi dati e delle proposte interpretative sta generando un campo di studio vivace e in rapido ampliamento, non facile da ricomporre in un quadro d’insieme unitario (come mostrano anche i saggi raccolti in questo volume). Vista la natura di questo contributo, un intervento alla tavola rotonda di un convegno estremamente ricco di spunti originali ed eterogenei, riprenderò e rielaborerò in forma non troppo rapsodica le osservazioni svolte allora, integrandole con qualche ulteriore considerazione maturata a partire dalle ricerche successive mie e altrui. Le riflessioni che seguono riguarderanno essenzialmente due questioni: quella dell’individuazione delle fonti più adatte a garantire un’efficace prosecuzione della ricerca; e la proposta di valorizzare aspetti e punti di vista che non mi sono parsi, durante il convegno, pienamente sviluppati. È un assunto ormai tanto noto da essere banale (ma non per questo meno vero) che ogni ricerca storica – ancor più se concentrata sull’alto medioevo – sia fortemente condizionata dalla struttura delle fonti a partire dalle quali si muove (cfr. in questo volume le considerazioni critiche di West all’approccio di Bachrach). Va però sottolineato che, nel caso dei beni fiscali, tale condizionamento risulta ancora più potente. Non si tratta solo del fatto, di per sé certo non banale, che mancano del tutto gli archivi dei soggetti che controllavano e gestivano questi beni, dei quali non restano neppure quei lacerti che, attraverso meccanismi di selezione ormai ben indagati, testimoniano indirettamente i patrimoni Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 423-431 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118751

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dei laici, talora persino di non primissimo rilievo1. Non meno rilevante dell’assenza, infatti, come sempre nei fenomeni di condizionamento della ricerca da parte della struttura delle fonti, è la presenza: i beni fiscali sono testimoniati con continuità e abbondanza innanzitutto dai diplomi emessi dalle autorità sovrane. Una tipologia di fonti che, anche per il suo valore materiale e prestigio simbolico, ha avuto un indice più elevato di sopravvivenza rispetto alle carte private. A ben vedere i diplomi, per loro stessa natura, non possono che illustrare sempre la medesima vicenda: quella della cessione di beni fiscali a soggetti altri e quindi quella della graduale, più o meno rapida, dissipazione del patrimonio fiscale (cfr. le osservazioni di Bougard sul lavoro di Darmstädter). Proprio dal fatto che i diplomi siano numerosi, quasi tutti editi e complessivamente ben studiati, deriva dunque la più usuale ‘narrazione’ del destino del patrimonio fiscale alto medievale: si assisterebbe a una sua graduale alienazione a vantaggio di diversi soggetti, fra cui spiccano le chiese. Nella stessa direzione si muovono anche le notizie indirette, relativamente numerose, della precedente natura di beni fiscali di proprietà e diritti poi negoziati da altri soggetti: anche in questo caso è proprio l’alienazione del bene fiscale a monte a rendere possibili i successivi negozi, che a loro volta fanno emergere l’informazione nelle fonti. In sua assenza, nulla sapremmo dei beni fiscali. Essi, dunque, per la stessa struttura delle fonti sono di solito documentati quando perdono la propria natura, facendosi privati. Siamo, dunque, informati piuttosto bene circa i beni fiscali che, più o meno rapidamente, uscivano dal controllo regio, mentre quasi nulla sappiamo di quelli, ben più rilevanti per il nostro tema di ricerca, che permanevano nelle mani dei sovrani, costituendo la base della loro potenza materiale e finanziandone l’azione politica. S. Gasparri, C. La Rocca (a cura di), Carte di famiglia. Strategie, rappresentazione e memoria del gruppo famigliare di Totone di Campione (721-877), Roma, 2005 e L. Feller, A. Gramain, F. Weber, La fortune de Karol. Marché de la terre et liens personnels dans les Abruzzes au haut mayen âge, Rome, 2005 (Collection de l’École française de Rome, 347), S.M. Collavini, «Da società rurale periferica a parte dello spazio politico lucchese: S. Regolo in Gualdo tra VIII e IX secolo», in G. Garzella, E. Salvatori (a cura di), “Un filo rosso”. Studi antichi e nuove ricerche sulle orme di Gabriella Rossetti in occasione dei suoi settanta anni, Pisa, 2007 (Piccola biblioteca Gisem, 23), pp. 231-47. Cfr. anche W. Brown, M. Costambeys, M. Innes, A. Kosto (eds.), Documentary Culture and the Laity in the Early Middle Ages, Cambridge, 2013. 1

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Rispetto a questa ‘narrativa’ obbligata determinata dalla struttura delle fonti è possibile, naturalmente, operare correttivi, indagando p.es. gli itinerari regi, ducali e marchionali, che fanno emergere i beni fiscali rimasti in mano ai loro titolari: è infatti da questi complessi patrimoniali che sono datati i diplomi o rogati gli altri negozi. Correttivi del genere, per quanto utili, non alterano però l’immagine d’insieme e non consentono una lettura alternativa della vicenda dei beni fiscali. Se si vuole andare oltre la semplice enunciazione del problema costituito dalla struttura delle fonti, per individuare percorsi di ricerca utili a superare almeno in parte questo condizionamento è necessario ricorrere ad altre testimonianze, che facciano da contraltare alle ricerche – fondamentali e ineludibili – finora condotte. A questo scopo è utile valorizzare maggiormente i ‘margini’ della documentazione, attraverso ricerche che coniughino agli approcci quantitativi quelli qualitativi. In che senso i ‘margini’? Innanzitutto penso ai margini della documentazione d’archivio: molte informazioni, talora passibili persino di essere impiegate serialmente, vengono da elementi come le date topiche (di diplomi e placiti o di atti di marchesi e duchi), le confinanze (con menzioni di terra regia, marchionale ecc.) e la stessa toponomastica (se usata con prudenza). In altri casi, invece, si tratta di testi anche materialmente confinati ai ‘margini’ di pezzi di archivio e codici, come annotazioni e glosse in margine o sul tergo delle pergamene o nei fogli di guardia dei codici2. Si tratta, naturalmente, di informazioni almeno in parte già sfruttate dalla tradizionale ricerca sul Reichsgut3,

Come p. es. la querimonia relativa a Caresana, valorizzata in G. Vignodelli, «Prima di Leone. Originali e copie di diplomi regi e imperiali nell’Archivio Capitolare di Vercelli», in N. D’Acunto, W. Huschner, S. Roebert (Hrsg.), Originale Fälschungen - Kopien. Kaiser- und Königsurkunden für Empfänger in “Deutschland” und “Italien” (9.-11. Jahrhundert) und ihre Nachwirkung im Hoch- und Spätmittelalter (bis ca. 1500), Leipzig, 2017 (Italia regia, 3), pp. 53-80, spec. pp. 71-3, proveniente dai marginalia di un codice vercellese o la lettera di un gastaldo del marchese di Tuscia Bonifacio, copiata in un carta di guardia di un codice lucchese (Archivio Storico Diocesano di Lucca, Biblioteca Capitolare Feliniana, ms 124, c. 3r), in corso di studio da parte di Paolo Tomei (un cenno nella sua tesi di dottorato: Alle radici del potere. La struttura aristocratica del territorio lucchese (896-1096), Tesi di Dottorato in Storia e Orientalistica, Università di Pisa, XXVIII ciclo, 2017, tutore S.M. Collavini, p. 307 nt. 932). 3 Per l’area italica vd. gli esempi di P. Darmstädter, Das Reichsgut in der Lombardei und Piemont (568-1250), Strasbourg, 1896, F. Schneider, Die Reichsverwaltung 2

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ma che possono essere oggi riprese e ampliate, sfruttando la crescita delle conoscenze negli ultimi decenni in settori come quello dell’identificazione dei toponimi e delle persone grazie all’enorme incremento delle ricerche locali. A rendere opportuno il rinnovo di queste ricerche sono anche il rapidissimo aumento del numero degli atti privati editi in maniera finalmente integrale e adeguata e la crescente accessibilità delle carte inedite, anche grazie ai vasti progetti di digitalizzazione di molti archivi. È quindi possibile riprendere e portare a termine progetti di schedatura sistematica dei beni fiscali che integrino quanto mostrato da diplomi e itinerari regi e marchionali, ricorrendo alle notizie indirette derivanti dalle carte private (comprese confinanze e toponomastica) e servendosi dei moderni strumenti informatici che permettono di reperire e incrociare rapidamente le informazioni accumulate. Parlando di margini, però, non mi riferisco solo agli elementi accessori della normale documentazione pubblica e privata, ma anche a documenti inusuali, spesso privi di elementi di corroborazione, quali memorie, brevi, lettere e mandati, querimonie. Si tratta di atti marginali, numericamente e tipologicamente, nell’insieme della documentazione d’archivio, ma alcuni di essi veicolano importantissime informazioni sui beni fiscali, mostrandoli non solo nel momento della loro dispersione, ma anche in quello della loro gestione e accumulazione. Del resto, come almeno in alcune aree geografiche stanno mostrando le ricerche in corso, l’uso della documentazione con valore probatorio (donazioni, compravendite, permute, affitti) riguardo ai beni fiscali pare essere stato piuttosto limitato, poiché essi erano visti come sostanzialmente inalienabili, se non appunto attraverso i diplomi4. La gestione e la circolazione di questi beni, infatti, passò spesso (almeno in area centro-italica) attraverso concessioni precarie, liberamente revocabili, orali o scritte che fossero. Dunque, l’eventuale precipitazione scritta di questi negozi assunse di solito forme diverse in Toscana von der Gründung des Langobardenreiches bis zum Ausgang der Staufer (568-1268), Rom, 1914, C. Brühl, Fodrum, Gistum, Servitium regis. Studien zu den wirtschaftlichen Grundlagen des Königtums im Frankreich und in den fränkischen Nachfolgestaaten Deutschland, Frankreich und Italien vom 6. bis zur Mitte des 14. Jahrhunderts, Köln-Graz, 1968 (Kölner historische Abhandlungen, 14 /1). 4 Per la Toscana vd. p.es. S.M. Collavini, P. Tomei, «Beni fiscali e “scritturazione”. Nuove proposte sui contesti di rilascio e falsificazione di D. OIII. 269 per il monastero di S. Ponziano di Lucca», in D’Acunto, Huschner, Roebert (Hrsg.), Originale - Fälschungen - Kopien, pp. 205-16; chiari paralleli, p. es. per il ducato di Spoleto, nel saggio di V. Loré in questo volume.

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da quelle delle normali e più numerose fonti private (carte) o pubbliche (diplomi) e talora ibride. Furono poi le caratteristiche estrinseche (come l’assenza di datazione e sottoscrizioni) di queste tipologie documentarie, che le rendevano inadeguate a fungere da munimina, ovvero da atti probatori, in contesto giudiziario, a causarne uno scarto ben più severo del resto della documentazione pergamenacea dagli archivi ecclesiastici. Di queste tipologie documentarie, pertanto, sopravvivono solo occasionali esempi, massi erratici, che ci schiudono comunque orizzonti significativi sulle società alto medievali e sul ruolo che in esse giocavano i beni fiscali. Così, una buona strada per studiare i beni fiscali si sta rivelando – almeno in Toscana – quella di partire dall’individuazione nelle serie archivistiche di questi pezzi leggeri o stravaganti e da lì partire in un tentativo di contestualizzazione e interpretazione. Che fare di queste fonti ‘marginali’? E che senso ha il paziente lavoro di ricerca ed esegesi di questi testi al fine di una più adeguata comprensione del nostro tema? E, dunque, quali sono i temi che vale la pena di sviluppare ulteriormente riflettendo sui beni fiscali? I dati offerti da queste fonti (che valorizzano fra l’altro il momento della stabilità e della gestione dei beni fiscali, rispetto a quello della loro cessione e dispersione) vanno usati per raccogliere tracce, indirette e frammentarie, di aspetti altrimenti strutturalmente sottorappresentati: la stabilità e la durata del controllo sui beni fiscali non alienati; le loro forme di gestione e sfruttamento economico; i processi di accumulazione dei beni fiscali, in particolare quelli alternativi alle dinamiche sempre evocate, basate sulle confische a seguito di condanne (criminali o politiche) o di conquiste militari. Per valorizzare queste fonti occorre contestualizzarle: c’è dunque bisogno di un’estrema attenzione ai singoli casi di studio e ancor più alle tradizioni documentarie locali che spiegano i percorsi attraverso i quali documenti di norma scartati siano giunti fino a noi. Perciò, paradossalmente, anche un fenomeno come quello dei beni fiscali che è generale e riguarda in primo luogo i vertici del potere politico andrà studiato nella sua dimensione locale, anche attraverso indagini di lungo periodo sulle società locali e sulla loro storia documentaria (un buon esempio dell’efficacia di un approccio del genere è il caso del gualdo di S. Giacinto, analizzato da Loré in questo volume). In questo contesto di allargamento e differenziazione della base documentaria si colloca anche il crescente ricorso alle fonti materiali (già in atto, come mostra questo volume). Nonostante gli sforzi (e con le

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dovute eccezioni) le fonti scritte risultano assai generiche riguardo ai beni fiscali: non forniscono quasi mai loro descrizioni puntuali e non sono mai sufficientemente dense da permetterne un uso seriale che ne compensi la genericità. Al contrario la sistematica ricerca sulla presenza e localizzazione dei beni fiscali, cui si faceva prima riferimento, può costituire il punto di partenza per un confronto approfondito con i dati che la ricerca archeologica sta producendo in maniera sempre più massiva. Riconosciuta la natura fiscale di un certo sito (cosa al momento praticamente impossibile a partire dal solo registro archeologico), non solo ci si può fare un’idea dell’aspetto materiale dei complessi patrimoniali fiscali, ma si possono istituire utili confronti sia tra siti che hanno un differente titolare, sia tra i diversi siti fiscali di una regione o di più regioni per coglierne regolarità e variabili. I primi esperimenti in questo senso stanno dando esiti molto interessanti (come mostrano i casi toscani e quello di Faragola, qui illustrati). Forti dei risultati e dei solidi dati di confronto così acquisiti, poi, si può tornare alle tracce sparse e frammentarie veicolate dalle fonti scritte, riesaminandole e ‘spremendole’ alla ricerca di ulteriori informazioni utili a comprendere meglio, corroborare o relativizzare il dato archeologico. Solo il serrato confronto tra testi scritti e dati materiali, infine, permette di affrontare il tema, finora di fatto molto trascurato, dell’economia dei beni fiscali, affiancando a considerazioni puramente quantitative e talora pericolosamente grossolane riflessioni di tipo quantitativo5. Alcune di queste fonti, infine, possono aiutare a tematizzare meglio e a provare ad affrontare un tema finora rimasto ai margini: quello dei meccanismi di patronato che garantirono la tenuta e la crescita dei patrimoni fiscali in sede locale. L’importanza dei beni fiscali per la comprensione delle società alto medievali, infatti, non risiede solo nel loro ruolo nel funzionamento dei superiori poteri politici (‘finanziamento dello stato’), ma anche nel loro impatto, peculiare rispetto ad altre tipologie della proprietà fondiaria, sulle strutture e gli assetti di potere delle singole società locali. Un testo come la proclamatio di Marturi (anni Venti del secolo XI) mostra bene che in sede locale i titolari dei beni fiscali (nel caso il marchese di Tuscia e il suo gastaldo Bonizo) non solo gestivano e distribu-

G. Bianchi, S.M. Collavini, «Public estates and economic strategies in Early Medieval Tuscany towards a new interpretation», in G. Bianchi, R. Hodges (eds.), Origins of a New Economic Union (7th-12th Centuries). Preliminary Results of the nEU-Med Project: October 2015-March 2017, Florence, 2018, pp. 147-159. 5

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ivano, in forma precaria, i beni fiscali, ma si proponevano – in primo luogo grazie all’ampiezza del patrimonio da loro controllato – come patroni locali nei confronti di piccoli e medi proprietari. Proteggendo e premiando i propri clienti, stimolavano quei fenomeni di donazione (più o meno condizionata) dei beni, di commendazione e di arrotondamento dei grandi patrimoni ben noti altrove grazie alle serie documentarie dei maggiori monasteri dell’Europa carolingia e post-carolingia. Nel caso delle autorità pubbliche (re, duchi, marchesi e loro ufficiali locali), che disponevano di una forza coercitiva ancora maggiore delle grandi chiese, tali meccanismi dovevano funzionare ben più efficacemente6. Essi sono del resto spesso tratteggiati, deprecandoli (seppur in relazione ai conti più che ai vertici del potere politico), nei capitolari carolingi. Sebbene allo stato degli studi non si possano generalizzare i dati finora disponibili, come ipotesi di lavoro si può ipotizzare che tali meccanismi (quelli del patronato con il conseguente flusso di donazioni e cessioni condizionate a favore del patrono) siano stati altrettanto importanti delle requisizioni nel rinsaldare e rimpolpare i patrimoni fiscali nell’Europa di matrice carolingia. Il fenomeno ha ovviamente una dimensione e una portata generali (evidente nel suo emergere nella legislazione), ma esso funzionava essenzialmente in una dimensione locale, anche perché i clienti sembrano appartenere ai livelli medi e bassi dell’aristocrazia o essere semplici uomini liberi. Anche per questo si raccomanda un approccio a base locale: non si tratta solo del fatto che la base documentaria per lo studio del problema ha una dimensione locale e puntiforme (come si è già detto), ma anche del fatto che è solo a livello locale che si può comprendere il funzionamento concreto del meccanismo del patronato. E solo localmente ne è effettivamente verificabile il grado di successo che, come sappiamo grazie agli esempi paralleli dei grandi monasteri, doveva variare molto anche in caso di distanze fisiche minime e di strutture sociali non troppo dissimili delle società locali. Questi meccanismi – che si incrociano con la diversificata storia della ‘accumulazione primaria’ dei beni fiscali nei regni romano-barbarici e nelle varie e diversificate regioni che li componevano – sono alla base dell’assai differente incidenza dei beni fiscali nelle diverse zone. Un peso importante, lo suggerisce un confronto con le vicende delle res Caesaris S.M. Collavini, I beni fiscali in Tuscia tra X e XI secolo: forme di circolazione e ricadute sulle forme documentarie, i.c.s.;

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nel pieno impero romano, deve aver avuto la scelta, anche questa localmente declinata, da parte delle autorità politiche (centrali e locali) tra l’immediata rimessa in circolo dei beni pervenuti in qualsiasi forma al fisco (massimizzando i vantaggi immediati in termini economici e politici) e la loro accumulazione (che garantiva vantaggi a lungo termine, ma aveva un prezzo immediato). Solo la scelta di mantenere il controllo sui beni fiscali già presenti e su quelli più recentemente pervenuti a re duchi e marchesi permetteva la creazione di patrimoni localmente abbastanza ampi da attivare i meccanismi del patronato locale (che poi li ampliavano ulteriormente) e da rendere quindi ‘politicamente conveniente’ l’investimento di energie e risorse necessarie a mantenere il controllo di patrimoni sempre soggetti ai tentativi di usurpazione o alle lusinghe della concessione ad amici, alleati e chiese, che ne facessero richiesta7. Questa duplice opzione pare aver determinato anche nell’alto medioevo l’esistenza di due circuiti di circolazione dei beni fiscali: uno relativo a quelli, meno strategici, che erano messi rapidamente e ripetutamente in circolazione a vantaggio di clienti e sostenitori politici, e un altro molto più vischioso riguardante beni strategici (per posizione, quantità o tipologia). Questi ultimi beni rimanevano di norma nella disponibilità diretta dei sovrani o venivano assegnati in forme solo precarie (e spesso orali) a soggetti di alto rilievo o di orizzonte prettamente locale: proprio per questo ce ne sono così poche tracce nelle fonti scritte, tanto che ne possiamo accertarne l’esistenza spesso in via solo indiretta o tramite testi del tutto eccezionali e inusuali. È anche per questo che alcuni dei maggior complessi patrimoniali fiscali hanno, ai nostri occhi, l’aspetto di oscure nebulose, i cui margini sono assai meglio illuminati delle aree centrali, spesso del tutto oscure nelle fonti scritte (ma magari clamorosamente brillanti, passando al registro archeologico)8. Concentrare l’attenzione sulla questione della permanenza dei beni fiscali e sulla loro gestione può consentire di cogliere altri fenomeni rilevanti. In particolari situazioni, infatti, alcune fonti scritte (i dotari, ma anche su un piano più generale testi come il Capitulare de Villis o

Per il periodo imperiale vd. M. Maiuro, Res Caesaris. Ricerche sulla proprietà imperiale nel Principato, Bari, 2012; chiari esempi in questa direzione nei saggi di Loré (in relazione a Benevento) e Bougard in questo volume. 8 Cf. le considerazioni relative alla curtis di Cornino in Bianchi, Collavini, «Public estates», p. 150. 7

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i Brevium exempla)9 o materiali (scavi di Vetricella e Faragola) suggeriscono il dispiegarsi di consistenti interventi di pianificazione circa la gestione (‘amministrativa’) e lo sfruttamento economico dei patrimoni fiscali. Questi interventi ebbero rilevanti ricadute sull’organizzazione e la gestione dei beni fiscali, sul loro peso economico, sul loro destino successivo. L’investimento di risorse economiche, di forza lavoro e di competenze gestionali poteva inoltre far decollare il valore di certi beni: sembra questo quello che è possibile leggere dall’indagine sul sito di Vetricella al centro del progetto ERC nEU-Med10. Caratteristici dei beni fiscali, infatti, non sono solo la loro ampiezza e il loro insistere su alcune peculiari risorse naturali connotate come pubbliche (boschi e paludi, miniere e saline), ma anche la loro maggior centralizzazione. Seppur concretamente gestito da una rete di ufficiali maggiori e, soprattutto, minori (gastaldi), il patrimonio fiscale faceva pur sempre riferimento al potere centrale (regio o ducale) che, se lo riteneva opportuno e conveniente, poteva intervenire cambiandone la destinazione d’uso (come re Enrico II per la curtis di Marturi), riorganizzando il patrimonio nel suo complesso (come re Ugo coi dotari), oppure promuovendo ampie azioni di bonifica (certo sfruttando la leva delle corvées pubbliche, su cui pone l’accento anche Loré) e impiantando nuove attività produttive (come a Valli / Vetricella). Insomma, la valorizzazione di nuove tipologie di fonti e la più stretta collaborazione con l’archeologia potranno da un lato mettere in discussione la tradizionale narrativa sui beni fiscali, quella relativa alla loro graduale dissoluzione, a favore di un’analisi più attenta al complesso e contraddittorio equilibrio tra la tensione alla distribuzione e quella al mantenimento (e incremento) dei patrimoni fiscali. D’altro canto, permetteranno di concentrare la nostra attenzione anche sulle ricadute sulle società locali della più o meno cospicua presenza dei beni fiscali e, più ampiamente, sul ruolo che il patrimonio fiscale ebbe nell’evoluzione economica delle diverse società dell’Europa alto medievale.

Sui dotari vd. T. Lazzari (a cura di), «I beni delle regine: beni del fisco e politica regia fra IX e X secolo», Reti Medievali. Rivista, 13/2, 2012, pp. 123-298; per un’esemplare analisi contestuale dei Brevium exempla, vd. in questo volume Le Jan. 10 Vd. gli atti del seminario citato a n. 5. 9

Salvatore Cosentino Le basi economiche del potere imperiale a Bisanzio (IV-X secolo): un confronto

Nella recente storiografia sulla ‘transizione’ dal mondo antico a quello medievale il rapporto tra potere pubblico e economia è stato interpretato soprattutto alla luce della progressiva difficoltà, o incapacità, che regni e principati del primo medioevo ebbero di riscuotere la tassazione. Secondo questa interpretazione la frammentazione territoriale e, appunto, lo spegnersi del sistema fiscale dello stato tardoantico, avrebbero provocato nell’Occidente una considerevole diminuzione della ricchezza di cui i sovrani romano-barbarici potevano godere per intraprendere incisive politiche di carattere ‘pubblico’ concernenti l’esercito, l’apparato amministrativo, la moneta e le infrastrutture sul territorio. La progressiva scomparsa della imposta fondiaria e la sua sostituzione con la rendita, avrebbero comportato un tendenziale potenziamento economico delle aristocrazie a scapito del potere regio. Tale processo sarebbe stato accompagnato se non da un generale miglioramento dei ceti contadini rispetto alla tarda antichità, quanto meno dall’emergere di livelli di vita della popolazione rurale molto più differenziati rispetto al mondo tardo romano. In sintesi, la difficoltà o meno delle monarchie altomedievali di accumulare ampie riserve monetarie o di beni immobili avrebbe determinato da un lato la loro capacità di estensione territoriale, dall’altro i loro rapporti con i gruppi aristocratici dei propri regni1. Questa linea storiografica, com’è noto, caratterizza il modello di sintesi più incisivo del passaggio tra l’antichità e il medioevo proposto nel volume di Ch. Wickham, Framing the Early Middle Ages. Europe and the Mediterranean, c. 300800, Oxford, 2005, che mi sembra sia stato largamente accettato dai medievisti.

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Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 433-442 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118752

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Vorrei riprendere questa prospettiva ‘occidentale’ alla luce delle esperienze socio-economiche dell’«impero che non sarebbe morto»2, cioè l’impero romano d’Oriente, che noi chiamiamo comunemente bizantino nella sua fase propriamente medievale. Nell’ottica della sua ‘sopravvivenza’, appare meritevole di approfondimento il ruolo giocato dalla comitiva rerum privatarum come l’istituzione che consentì agli imperatori tardo romani di intraprendere politiche militari ed economiche di grande respiro, che non sarebbe stato possibile effettuare, probabilmente, solo attraverso quella che noi oggi chiameremmo la fiscalità generale3. Il suo responsabile, che appare tra il 326 e il 3394, aveva sotto il proprio controllo la gestione di tutti i beni immobili appartenenti alla corona. Si trattava di un enorme complesso di proprietà formatosi per accumulo delle ricchezze lasciate dagli imperatori che si erano susseguiti da Augusto in avanti, dai testamenti di coloro che donavano ai cesari, dai beni intestati o sequestrati, dalle proprietà dei municipi e da quelle dei templi pagani5. Una costituzione del 399 testimonia che i palatini rerum privatarum erano in quel periodo almeno 3006; più o meno nello stesso lasso di tempo, la Notitia Dignitatum, consente di appurare che gli uffici centrali a Costantinopoli erano divisi in 4 scrinia o dipartimenti (beneficii, canones, securitates e largitiones privatarum)7. Le terre della res privata agli inizi del V secolo comprendevano circa il

Si tratta del titolo del recente volume di J. Haldon, The Empire that Would Not Die. The Paradox of Eastern Roman Survival, 640-740, Cambridge Mass. – London, 2016. 3 Sempre tenendo conto dell’ambiguità semantica che ha il termine fiscus nella tarda antichità, potendo designare a seconda dei contesti, sia l’insieme di proventi spettanti all’impero, in opposizione a quelli del senato o delle città, sia i tributi spettanti alla res privata e alle largitiones: cfr. R. Delmaire, Largesses sacrées et res privata. L’aerarium impérial et son administration du IVe au VIe siècle, Rome, 1989 (Collection de l’École Française de Rome, 121), pp. 11-12. A sua volta, la res privata era composta sia dai beni che spettavano alla corona, cioè all’istituzione imperiale, sia da quelli che servivano per il diretto mantenimento della corte e dei singoli imperatori. 4 Delmaire, Largesses sacrées et res privata, p. 37. Il primo comes rei privatarum menzionato nella legislazione è Eusebius: cfr. CTh X 10, 6, datata al 6 aprile 342. 5 Delmaire, Largesses sacrées et res privata, pp. 597-657. 6 CTh VI 30, 16. 7 C. Neira Faleiro, La Notitia dignitatum. Nueva edición crítica y comentario histórico, Madrid, 2005 (Nueva Roma, 25), Or. XIV, 10-13. 2

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18,5% della superfice dell’Africa Proconsularis e il 15% della Byzacena8. La loro presenza non si limitava all’Africa, ma era diffusa in tutto l’impero. Sempre nel V secolo, nel territorio della città di Kyrrhos (in Siria), il 16% delle terre apparteneva alla res privata9. Sue concentrazioni di beni vi erano in Cappadocia, nella Apulia et Calabria, in Sicilia, Africa e in Sardegna10, dove la domus Marinae ancora alla fine del VI secolo possedeva delle proprietà11. Sembra non esistesse una chiara destinazione legislativa degli introiti della res privata12; ma certamente essi erano impiegati anche per il soddisfacimento di funzioni eminentemente pubbliche. Il fallito tentativo di riconquista dell’Africa attuato nel 468, forse la più costosa spedizione militare nella storia dell’impero tardoromano e bizantino, venne finanziata complessivamente da una cifra che oscilla nelle fonti tra 7 milioni e mezzo e 10 milioni di solidi. Di essi il 45,68% furono forniti dalle prefetture pretoriane (3.384.000 solidi), il 37,79% dalla res privata (2.800.000 solidi) e il 16,52% (1.224.000 solidi) dalle largitiones13. Nel corso del regno di Anastasio I (491-518) vi fu una riforma della struttura della res privata con la creazione di una branca separata, la comitiva patrimonii14. Il processo che portò alla sua formazione è oscuro, ma sembra che nel nuovo dicastero Anastasio

A.H. Jones, The Later Roman Empire, 284-602: A Social, Economic and Administrative Survey, II, Oxford, 1964, p. 816. 9 Ibid., p. 816. 10 Ibid., p. 782; Delmaires, Largesses sacrées et res privata, pp. 214-17. 11 Cf. S. Cosentino, «A New Evidence of the oikos tōn Marinēs: The seal of Theophylaktos kouratōr», in C. Stavrakos, A.-K. Wassiliou, M.K. Krikorian (Hrsg.), Hypermachos. Studien zu Byzantinistik, Armenologie und Georgistik. Festschrift für Werner Seibt zum 65. Geburtstag, Wiesbaden, 2008, pp. 23-8. 12 Si veda l’elenco delle sue funzioni attraverso le 104 leggi indirizzate al comes rerum privatarum tra il IV e il VI secolo, analizzate da Delmaire, Largesses sacrées et res privata, pp. 75-80. 13 Per la menzione delle fonti relative alla spedizione si rimanda a S. Cosentino, «Fine della fiscalità, fine dello stato romano?», in P. Delogu, S. Gasparri (a cura di), Le trasformazioni del V secolo: l’Italia, i barbari e l’Occidente romano, Turnhout, 2010, pp. 22-3. 14 Delmaire, Largesses sacrées et res privata, p. 694-8. Quasi contemporaneamente alla misura di Anastasio, anche nel regno ostrogoto venne istituito un comes patrimonii tra il 494 e il 504: ivi, p. 692; al momento della riconquista dell’Italia da parte delle truppe romano orientali, questo ufficio non fu abolito, ma mantenuto attivo con il nome di comitiva sacri patrimonii per Italiam: ivi, pp. 693-4. 8

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riunisse una parte di beni destinati a finanziare la spesa pubblica15. Nel corso di tre secoli l’enorme agglomerato di terre, edifici, laboratori, case che in età costantiniana era stato posto sotto il controllo del comes rei privatae aveva subito diverse suddivisioni. Verso la fine del IV secolo, le tenute cappadoci erano state poste sotto il praepositus sacri palatii e avevano assunto il nome di domus divina per Cappadociam16; esse servivano eminentemente per il soddisfacimento dei bisogni della corte costantinopolitana, che però aveva anche due altre diverse casse per l’imperatore e per l’imperatrice. Nuclei della res privata erano andati ad alimentare, a partire dall’età di Teodosio II, le dotazioni private di membri della famiglia teodosiana amministrate da curatores (la ‘casa’ di Marina, di Placidia, di Ormisda)17. Anastasio I, come si è detto, istituì il comes patrimonii; e Giustiniano, dopo la riconquista dell’Italia, costituì un patrimonium Italiae assegnato ad un proprio comes. Continuava ad esistere, naturalmente, il comes rei privatae. In sintesi, accanto ai grandi dignitari della fiscalità generale, i praefecti per quella annonaria, e i comites largitionales per varie altre responsabilità (soprattutto riscossione delle imposte in denaro e in metallo prezioso, nonché la corresponsione dei donativi all’esercito), la considerevole ricchezza dello stato tardoantico godette anche della partecipazione affatto secondaria, direi anzi centrale, dei beni della corona. Il loro uso discrezionale da parte dell’imperatore non ne impedì una continua ed efficace surrogazione del bilancio statale. Nel corso del VII secolo l’apparato finanziario di origine tardoantica subì trasformazioni i cui processi sono male documentati e in larga parte ci sfuggono. Probabilmente si può affermare che in questo campo, come anche in quello degli ordinamenti militari, si assistette ad un certo grado di continuità. Tale continuità sembra evidente soprattutto in due fenomeni. Il primo riguarda il ruolo preponderante che la sakellē, il tesoro imperiale, e il suo responsabile, il sakellarios, ebbero nel sostentamento

Delmaire, Largesses sacrées et res privata, p. 695. Delmaire, Largesses sacrées et res privata, pp. 220-3; M. Kaplan, Les hommes et la terre à Byzance du VIe au XIe siècle. Propriété et exploitation du sol, Paris, 1992 (Byzantina Sorbonensia, 10), pp. 140-2; W. Brandes, Finanzverwaltung in Krisenzeit. Untersuchungen zur byzantinischen Administration im 6.-9. Jahrhundert, Frankfurt am Main, 2002 (Forschungen zur byzantinischen Rechtsgeschichte, 25), pp. 39-48. 17 Delmaire, Largesses sacrées et res privata, pp. 223-8 e, supra, nota 16. 15

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della spesa pubblica. Se anche questo funzionario non fu affatto l’erede del comes sacrarum largitionum e del comes rei privatarum, come argomentato da W. Brandes contro una lunga tradizione di studi che sostiene il contrario18, bisogna ammettere, tuttavia, che egli nel VII e nell’VIII secolo appare come il principale ufficiale finanziario19. Nel primo organigramma amministrativo di età mediobizantina, il cosiddetto Taktikon Uspensky (842-843), il patrikios kai sakellarios è il primo in ordine di precedenza dei dignitari civili20. Peraltro, il complesso degli uffici di carattere finanziario ascrivibile ad un controllo diretto dell’imperatore, continua anche a Bisanzio ad essere piuttosto articolato. Di essi, almeno nel IX secolo, il sakellarios sembra una sorta di supervisore; ma sono attivi anche un chartoularios della sakellē (cassa imperiale)21, un preposto al vestiarion (sorta di arsenale in cui si conservava materiale necessario alla flotta)22 e un preposto all’edikon o idikon (cioè una cassa ‘speciale’ o ‘privata’, che conservava le rhogai da pagare al senato, oggetti e vestiti preziosi)23, nonché diversi kouratores di beni speciali. Il secondo processo di continuità con gli assetti tardoantichi, più evidente, riguarda le modalità di finanziamento dell’esercito tra l’età di Eraclio (610-641) e quella di Leone III (717-741). La struttura delle grandi prefetture andò in crisi in Oriente nel corso degli anni ’30-’40 del VII secolo24. Essa fu probabilmente sostituita da un nuovo sistema basato sui funzionari chiamati kommerkiarioi, sebbene le esatte mansioni di questi ultimi siano molto dibattute. Una linea storiografica rappresentata da M. Hendy, J. Haldon e W. Treadgold ritiene fossero incaricati di assegnare alle truppe armi e divise e di percepire le imposte sulla loro vendita; altri studiosi, come A. Dunn e W. Brandes, pensano a funzionari del fisco incaricati del prelievo e dello stoccaggio

Brandes, Finanzverwaltung in Krisenzeit, part. pp. 430-1, 475-6. Ibid., pp. 427-79. 20 Cf. Les listes de préséance byzantines des IXe et Xe siècles. Introduction, texte, traduction et commentaire par N. Oikonomides, Paris, 1972, p. 49, 22. Per quanto riguarda la datazione del Taktikon Uspensky, preferisco mantenere quella proposta da Oikonomides; una diversa ipotesi di datazione all’813-815 è stata avanzata da T. Živković, «Uspenskij’s Taktikon and the theme of Dalmatia», Byzantina Symmeikta, 17, 2005, pp. 50-85. 21 Oikonomides, Les listes, p. 51, 7. 22 Ibid., p. 51, 8. 23 Ibid., p. 53, 21. 24 Brandes, Finanzverwaltung in Krisenzeiten, pp. 48-62. 18

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dell’imposta in natura in grandi depositi statali, espletando una pratica simile alla coemptio o synōnē tardoantica; una terza linea storiografica, impersonata (tra gli altri) dal compianto N. Oikonomides25, e ora riattualizzata da F. Montinaro, sostiene invece che i kommerkiarioi esercitassero, nel VII e agli inizi dell’VIII secolo, il ruolo di imprenditori del commercio della seta grezza e di altri tessuti preziosi26. Una osservazione generale che si può opporre alla recente ricostruzione di Montinaro è che è difficile pensare che proprio in un momento di sostanziale decrescita e riconfigurazione dei traffici commerciali, come fu il periodo dalla metà del VII alla metà dell’VIII secolo, si abbia la massima attestazione in assoluto dei sigilli dei kommerkiarioi27. In ogni caso, se questi ultimi erano Per le posizioni storiografiche e la bibliografia relativa al dibattito precedente all’articolo di Montinaro (su cui v. infra, n. 26), rimando a S. Cosentino, «Economia e fiscalità nei “secoli oscuri”: in margine alla questione dei kommerkiarioi», in R. Gentile Messina (a cura di), Bisanzio e le periferie dell’impero, Roma, 2011, pp. 59-72. 26 F. Montinaro, «Le premiers commerciaires byzantins», Travaux et Mémoires 17, 2013 (= Constructing the Seventh Century ed. by C. Zuckerman), pp. 351-538. 27 Si tratta di una obiezione avanzata anche da Haldon, The Empire that Would Not Die, pp. 262-3. Bisogna, però, aggiungere che in questo lavoro Haldon non respinge completamente l’interpretazione di Montinaro, prospettando dei kommerkiarioi una visione multifunzionale (approvvigionamento di Costantinopoli, operatori del commercio della seta e dei prodotti di lusso, gestori della synōnē). Ma contrariamente alla pratica tardoantica, in cui quest’ultima funzione era esplicata attraverso acquisti forzosi addossati ai contribuenti, nel VII secolo il tesoro imperiale avrebbe dotato i kommerkiarioi con fondi statali al fine di compiere gli acquisti direttamente nelle province. Nell’avanzare questa ipotesi, Haldon si fonda sull’importante articolo di V. Prigent, «The mobilization of fiscal resources in the Byzantine empire (eighth to eleventh centuries)», in J. Hudson, A. Rodriguez (eds.), Diverging Paths? The Shapes of Power and Institutions in Medieval Christendom and Islam, Leiden-Boston, 2014, pp. 182-229, part. pp. 192-8. Il meccanismo prospettato è plausibile, e io stesso avevo avanzato quest’ipotesi in un articolo del 2011 (cfr. Cosentino, «Economia e fiscalità nei secoli oscuri», pp. 69-70). Devo aggiungere, però, che il mio stesso argomento ora mi convince meno. Infatti, se il tesoro imperiale avesse effettivamente fornito di fondi i kommerkiarioi per effettuare la synōnē nelle province orientali, dovremmo avere una presenza di numerario di bronzo più rilevante nei siti archeologici scavati in Anatolia e nei Balcani nelle fasi relative ai ‘dark ages’, cosa che non è. Mi sembra, infatti, improbabile che il tesoro imperiale assegnasse ai kommerkiarioi monete d’oro, invece che di bronzo, per espletare l’acquisto di grano e di altri generi alimentari nei territori dell’impero. Rimango, tuttavia, convinto che la funzione dei questi oscuri funzionari fosse quella di approvvigionare l’esercito. 25

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effettivamente impegnati nel vettovagliamento dell’esercito, il loro modo di operare avveniva ancora secondo un meccanismo tardoantico: le specie fiscali erano prima raccolte, immagazzinate e poi distribuite alle truppe. Questo sistema appare abbandonato nel corso dell’età degli Isaurici. Si può affermare che nell’VIII, molto più che nel VII secolo, si verificarono importanti mutamenti nell’impiego delle risorse economiche del potere imperiale e nei modi con i quali esso richiese alle società provinciali l’espletamento della funzione militare. Dal regno di Costantino V (741-775) il tesoro imperiale assunse direttamente su di sé l’onere di retribuire unità al suo diretto servizio, che stazionavano nei pressi della capitale o nelle regioni vicine. Prima del 765 Costantino V reclutò due nuovi reggimenti cui assegnò nomi dal sapore tardoantico: le Scholai e gli Exkoubitoi28; seguì, poi, nel periodo successivo, l’istituzione dell’Arithmos (o Bigla), dei Phoideratoi e degli Hikanatoi (quest’ultimo costituito da Niceforo I)29. Nell’età che va dal regno di Leone III a quello di Niceforo I (802-811), trasformazioni di rilievo si verificarono anche nel servizio degli eserciti provinciali, sebbene esse siano molto difficili da elucidare. Niceforo I verso l’809 emanò una legge, aspramente criticata da Teofane, in base alla quale l’onere militare avrebbe dovuto essere espletato anche da individui privi di proprietà fondiaria, qualificati come ptōchoi; essi si sarebbero dovuti riunire in consorzi, nell’ambito dei quali uno serviva materialmente nell’esercito, mentre gli altri contribuivano al suo mantenimento30. Questo provvedimento, come ho cercato di dimostrare altrove, ha stringenti affinità con cinque capitolari carolingi emanati tra l’807 e l’82531. La misura di Niceforo I sembra dunque indicare che nel corso della età degli Isaurici Cfr. J. Haldon, Byzantine Praetorians, Bonn, 1984 (Poikila Byzantina, 3), pp. 228-35. 29 Ibid., pp. 236-256. 30 Cfr. Theophanis Chronographia AM 6302, ed. C. de Boor, Leipzig, 1883, p. 486, ll. 23-6. 31 S. Cosentino, «Land and military service in the ninth century: A note on Nicephorus and Charlemagne», in A. Beihammer, B. Krönung, C. Ludwig (hrsg.), Prosopon Rhomaikon. Ergänze Studien zur Prosopographie der mittelbyzantinischen Zeit, Berlin / Boston, 2017 (Millennium – Studies, 68), pp. 211-19. Due delle ‘vessazioni’ – a detta di Teofane – operate da Niceforo I, sono al centro dell’articolo di J. Haldon, «A context for two ‘evil deeds’: Nikephoros I and the origins of the themata», in O. Delouis, S. Métivier, P. Pagès (éds.), Le saint, le moin et le paysan. Mélanges d’histoire byzantine offerts à Michel Kaplan, Paris, 2016, pp. 245-65. 28

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imperiale, rompendo decisamente con gli schemi di tradizione tardoantica, abbia richiesto che nelle province il servizio militare fosse finanziato direttamente da porzioni del possesso fondiario dei singoli proprietari. I dettagli con i quali questo orientamento fu messo in opera ci sfuggono completamente; ma l’atto di Niceforo I – secondo alcuni studiosi prefigurante una situazione innovativa32, a mio avviso, invece, ‘nuovo’ solo nella sua applicazione ai proprietari meno abbienti – indica che da un certo momento in avanti, da collocare probabilmente nell’VIII secolo, il potere pubblico richiese che il servizio militare fosse espletato sulla base del possesso di una determinata quota di beni immobili. Che il reclutamento nel ruolo di stratiōtēs avvenisse su base volontaria, dietro una garanzia patrimoniale, o che fosse reso obbligatorio per i capifamiglia che disponevano di una certa porzione di ricchezza immobiliare, appaiono entrambe ipotesi possibili. Una chiara normativa in relazione a questo aspetto appare solo nel X secolo, con la famosa legge di Costantino VII Porfirogenito sugli stratiōtika ktēmata, i ‘beni militari’, appunto33. Sbaglieremmo, però, a ritenere che la piena costituzione del regime dei temi a Bisanzio, nel corso del IX secolo, comportasse un disimpegno delle finanze imperiali nel funzionamento complessivo della macchina militare e amministrativa. Non sappiamo con precisione, per esempio, in che misura il pagamento delle rhogai, cioè le occasionali rimunerazioni in denaro assegnate ai membri degli eserciti tematici, fosse effettuato attingendo al logothesion tou genikou (officio della finanza pubblica) o anche alla sakellē. La retribuzione cerimoniale dei dignitari di corte, che nei secoli X e XI era effettuata durante la settimana che precedeva la Pasqua, ricadeva invece sicuramente sulle casse del basileus34. Il ruolo Haldon, «A context for two ‘evil deeds’», p. 248. Il testo della novella si legge in N. Svoronos, Les novelles des empereurs macédoniens concernant la terre et les stratiotes. Introduction – édition – commentaires, édition posthume et index établis par P. Gounaridis, Athènes, 1994, pp. 104-17 (introduzione), 118-26 (testo) (= I. Zepos, P. Zepos, Jus graecoromanum, I. Athenai 1931, 222-6). Traduzione inglese e introduzione alla novella da parte di E. McGeer, The Land Legislation of the Macedonian Emperors, Toronto, 2000 (Medieval Sources in Translation 38), pp. 68-76. Il provvedimento, scritto materialmente dal patrikios e kouaistōr Teodoro Dekapolites, ci è stato trasmesso senza data nella tradizione manoscritta; ma Svoronos (e con lui McGeer) argomenta convincentemente per una sua pubblicazione nel 947 o 948. 34 Cerimonia descritta per l’età di Costantino VII da Liutprando da Cremona (cfr. Liutp. Crem. Antapodosis VI, 10 ed. P. Chiesa, Turnhout, 1998 [Corpus Christia32 33

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decisivo delle sue finanze è dimostrato dal peso rivestito dalla flotta imperiale in rapporto alle flotte tematiche nelle grandi spedizioni lanciate contro la Siria e Creta nel 911-912 e contro Creta nel 949. Nella prima il droungarios del basilikos ploimos guidava una squadra di 100 navi da guerra e di 23.800 uomini, una cifra molto maggiore rispetto alle 31 navi da guerra e ai 6760 uomini forniti da tema dei Kibyrrhaiōtai; alle 22 navi da guerra e ai 4680 uomini del tema di Samo; alle 12 navi da guerra e ai 3100 uomini del tema dell’Aigaion Pelagos; alle 10 navi da guerra e, infine, ai 3000 uomini del tema di Hellas35. La proporzione nella spedizione cretese del 949 è la medesima: la flotta imperiale era in questo caso composta da 60 navi da guerra e 8870 uomini, mentre quella dei Kibyrrhaiōtai da 21 navi da guerra e 1560 uomini; quella di Samos, da 12 navi da guerra e 1548 uomini; inoltre, il tourmarchēs del Peloponnēsos guidava un gruppo di 4 chelandia36. In questo caso le forze del tema dell’Aigaion Pelagos (10 navi da guerra e 1152 uomini) furono lasciate a protezione di Costantinopoli. Anche nelle forze di terra, il peso dei tagmata costantinopolitani fu considerevole nel contesto bellico del X secolo, al punto che, secondo diversi storici, le grandi vittorie ottenute da Giovanni Kurkuas, Niceforo Foca e Giovanni Zimisce sulla frontiera siriana non sarebbero state possibili senza questi reggimenti di élite37.

norum. Continuatio Medievalis, CLVI], p. 149). Su di essa, cfr. N. Oikonomides, «Title and Income at the Byzantine court», in H. Maguire (ed.), Byzantine Court Culture from 829 to 1204, Washington D.C., 1997, pp. 199-215, part. pp. 200-1. 35 Cfr. J. Haldon, «Theory and Practice in Tenth-Century Military Administration. Chapters II, 44 and 45 of the Book of Cerimonies», Travaux et Mémoires 13, 2000, pp. 202-352; J.H. Pryor, E.M., Jeffreys, The Age of the ΔΡΟΜΩΝ. The Byzantine Navy, ca. 500-1204, Leiden – Boston, 2006 (The Medieval Mediterranean. Peoples, Economies and Cultures, 62), pp. 548-9. 36 Haldon, «Theory and Practice», pp. 218-21; Pryor, Jeffreys, The Age of the ΔΡΟΜΩΝ, pp. 554-6. 37 Cfr. per esempio J.C. Cheynet, Pouvoir et contestations à Byzance (963-1210), Paris, 1990 (Byzantina Sorbonensia, 9), pp. 303-13; H.-J. Kühn, Die byzantinische Armee im 10. und 11. Jahrhundert, Wien, 1991, pp. 123-57; E. McGeer, Sowing the Dragon’s Teeth: Byzantine Warfare in the Tenth Century, Washington D. C., 1995 (Dumbarton Oaks Studies, XXXIII), pp. 197-222; J. Haldon, «L’armée au XIe siècle: quelques questions et quelques problèmes», Travaux et Mémoires, 21/2, 2017 (= Autour du Premier humanisme byzantin & des Cinq études sur le XIe siècle. Quarante ans après Paul Lemerle, éds. B. Flusin, J.-C. Cheynet), pp. 581-92, part. pp. 586-9.

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In conclusione, il complesso dei beni economici della corona fu determinante per la tenuta e il rafforzamento dell’impero bizantino tra il VII e il X secolo. Essi erano teoricamente a disposizione dell’imperatore ma, di fatto, furono impiegati costantemente per sostenere né più né meno funzioni amministrative e militari che interessavano l’intera collettività. La legislazione sociale degli imperatori macedoni del X secolo – Leone VI, Romano II, Costantino VII e Niceforo Foca – segnala indubbiamente un consolidamento economico delle basi patrimoniali della aristocrazia bizantina nel corso di quel secolo. Ma è da verificare sino a che punto tale potenziamento coincidesse con un massiccio accaparramento di terre imperiali o, piuttosto, come la legislazione lascia intendere, di beni dei proprietari medio-piccoli. Il rafforzamento patrimoniale del ceto arcontale tra X e XI secolo non necessariamente determinò, per sé stesso, una perdita di incisività politica da parte della basileia. Quest’ultima, come l’età comnena avrebbe dimostrato, rimase per tutto il XII secolo un potere coercitivo forte e in grado di disciplinare sostanzialmente la dialettica sociale38. Sotto il profilo economico, tuttavia, proprio con i sovrani della dinastia comnena si fece strada la prassi di concedere non solo titoli, rhogai o esenzioni fiscali (come nel passato), ma vere e proprie concessione di terra39. L’uso di fare ricorso non a gratifiche in denaro o a posizioni nell’apparato burocratico della capitale, tipico dei secoli dal VIII al X secolo, venne progressivamente abbandonato dalla basileia. Nel corso del XIII secolo divenne comune la consuetudine di concedere, soprattutto ai militari, vaste porzioni di terra di proprietà dello stato – sotto il termine ambiguo di pronoia40 – che progressivamente intaccò al patrimonio imperiale, finché nell’età di Michele VIII (1259-1282) l’intera macchina amministrativa venne sostanzialmente privata della fiscalità come strumento di retribuzione dei servizi dei propri sudditi41.

L. Neville, Authority in Byzantine Provincial society, 950-1100, Cambridge, 2004, pp. 31-8. 39 Cfr. M.C. Bartusis, Land and Privilege in Byzantium. The Institution of Pronoia, Cambridge, 2012, p. 612. 40 Ibid., pp. 14-31. 41 Ibid., p. 612. 38

Tiziana Lazzari Sugli usi speciali dei beni pubblici: i dotari delle regine e i patrimoni dei monasteri

L’insieme delle ricerche raccolte in questo volume, così come la pluralità degli interventi che si propongono quali contributi a una discussione finale non intesa a proporre sintesi, quanto piuttosto a illustrare prospettive diverse di indagine, vanno a costituire un insieme davvero poliedrico sulle forme di approccio al tema dei beni pubblici. Il mio contributo intende illustrare la prospettiva specifica degli usi non ordinari dei beni fiscali, usi speciali o ‘eccettuativi’, come sono stati definiti da Vito Loré1 e cioè quegli usi che creavano riserve di beni regi attraverso la loro cessione a soggetti privati – le mogli dei re e alcune specifiche fondazioni monastiche – attraverso strumenti giuridici di ambito privatistico quali le costituzioni di dote. Le considerazioni che farò qui traggono origine da alcuni miei lavori usciti in anni recenti2, le cui proposte interpretative sono discusse in alcuni contributi di questo volume3.

V. Loré, «Monasteri, re e duchi: modelli di relazione fra VIII e X secolo», in Monachesimi d’Oriente e d’Occidente nell’alto Medioevo. Atti della LXIV Settimana di studio della Fondazione CISAM, Spoleto, 31 marzo – 3 aprile 2016, Spoleto, 2017, pp. 947-84. 2 T. Lazzari, «La tutela del patrimonio fiscale: pratiche di salvaguardia del pubblico e autorità regia nel regno longobardo del secolo VIII», Reti Medievali Rivista, 18, 1, 2017, pp. 99-121. 3 In questo volume, soprattutto F. Bougard, « Les biens et les revenus publics dans le royaume d’Italie », alle pp. 87-8 e 110; e anche S.M. Collavini, pp. 428-9 e V. Loré, «Curtis regia e beni dei duchi. Il patrimonio pubblico nel regno longobardo», pp. 75-6. 1

Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 443-452 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118753

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Beni del fisco e documentazione Nei saggi di Bianchi, Cantini e Collavini, in particolare, e di Vito Loré, emerge con grande chiarezza il problema del rapporto difficile fra beni del fisco regio e documentazione scritta4. Alcune testimonianze nei processi di fine secolo VIII, che riguardano il patrimonio fiscale del ducato di Spoleto ceduto a Santa Maria di Farfa, mostrano in modo esplicito quali fossero le modalità consuetudinarie di conferimento dei beni pubblici a privati, chiese e comunità, modalità completamente estranee alla messa per iscritto, che pure era già stata disposta da re Liutprando, a tutela di un patrimonio pubblico esposto, a quel che sembra, a perdite gravi connesse alla corruzione degli ufficiali minori5. Quelle testimonianze sono preziose perché mostrano lo sconcerto di numerosi attori sociali - vescovi, aristocrazie, comunità locali – di fronte alle rivendicazioni degli enti monastici che potevano vantare con una nuova prova, la prova documentale, di essere legittimi possessori di beni del fisco regio. Anche se non si è d’accordo nell’attribuire valore ‘strategico’ alle riserve fiscali che furono convogliate nei patrimoni monastici6, resta comunque il fatto che proprio la costituzione di tali patrimoni, e le controversie che ne seguirono, segna il momento in cui i beni del fisco cominciano a diventare visibili ai nostri occhi, grazie proprio alla documentazione che fu prodotta e conservata in quelle circostanze. È qui che, però, ha origine un problema interpretativo di non poca rilevanza: per chi intende che la donazione di quote del fisco regio ai monasteri da parte di re e duchi abbia segnato la loro definitiva uscita dal novero dei beni pubblici, allora davvero non ha senso considerare tale pratica quale una strategia regia eccettuativa nell’uso di tali beni. Credo invece che numerose tracce documentarie possano testimoniare che così non era, e che i beni del fisco, anche se donati ai monasteri, conservassero una qualità pubblica – certo ancora da chiarire – ma che emerge dalle

S.M. Collavini, P. Tomei, «Beni fiscali e “scritturazione”. Nuove proposte sui contesti di rilascio e falsificazione di D. OIII. 269 per il monastero di S. Ponziano di Lucca», in N. D’Acunto, W. Huschner, S. Roebert (Hrsg.), Originale - Fälschungen - Kopien. Kaiser- und Königsurkunden für Empfänger in “Deutschland” und “Italien” (9.-11. Jahrhundert) und ihre Nachwirkung im Hoch- und Spätmittelalter (bis ca. 1500), Leipzig, 2017 (Italia regia, 3), pp. 205-16. 5 Lazzari, «La tutela del patrimonio fiscale». 6 Così Bougard, « Les biens et les revenus publics », pp. 87-8. 4

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pratiche politico-documentarie dell’epoca. Che senso avrebbe avuto, a tale proposito, da parte dei monasteri, richiedere conferma di tali beni a ogni cambio di re, se quei beni non avessero avuto una qualità intrinseca che li rendeva riconoscibilmente ‘pubblici’? Non credo che la ricerca della sola conferma del favore regio possa giustificare i lunghi – e, attenzione, variabili – elenchi di beni contenuti in quelle conferme. E anche le interpolazioni, che tentavano di aggiungere pertinenze nuove a quelle liste, possono trovare rinnovata ragione in quest’ottica. Riserve di beni del fisco? Nel suo contributo, François Bougard si dice convinto solo parzialmente dell’idea che esistesse una pratica di riservare beni fiscali, sottraendoli alla gestione ordinaria e concentrandoli nei patrimoni monastici, perché osserva che le alienazioni furono definitive e non sembra che siano state compensate da contributi speciali dei monasteri in favore del regno7. Non si può che essere d’accordo su questo ultimo punto, anche se non si può escludere che, nella pratica, tali monasteri impiegassero almeno parte del loro patrimonio per formare e consolidare clientele utili al re, fungendo in tal modo da intermediari con il potere regio più affidabili dei funzionari minori. Sul fatto invece che le alienazioni fossero definitive, la ricca documentazione di San Salvatore di Brescia fornisce indicazioni diverse. Una vicenda esemplificativa può essere una permuta, decisa da Anselperga, prima badessa del monastero e figlia di re Desiderio, negli anni Sessanta del secolo VIII: tramite una complicata serie di transazioni patrimoniali8, ottenne la grande corte di Alfiano, posta lungo il corso dell’Oglio, con anche un porto sul fiume. Anselperga cedette però, in cambio di Alfiano, tutti i beni del monastero bresciano che si trovavano lungo il corso del fiume Adda e la corte di Valtellina che dominava la strada che, dalla chiusa di Chiavenna, conduceva alla valle dell’Adige e a Castel Firmiano9. A nord del lago di Como si tro-

Bougard, « Les biens et les revenus publics », a p 87. Su Alfiano e lo strator Gisulfo si veda S. Gasparri, «Grandi proprietari e sovrani nell’Italia longobarda dell’VIII secolo», in Atti del VI Congresso Internazionale di Studi sull’alto Medioevo, Spoleto, 1980, pp. 429-42, alle pp. 438-40. 9 Per la ricostruzione puntuale dell’intera vicenda si veda T. Lazzari, «Bertha, amatissima: Berengar I’s daughter and the rule on the fiscal estates in the Po valley, 10th century, first half», relazione tenuta all’IMC 2017 (Leeds), in corso di stampa. 7 8

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vava anche la curtis regia di Summolaco, oggi Somolaco, che Desiderio aveva assegnato a San Benedetto di Leno10. I due monasteri ‘gemelli’, fondati da Desiderio nel difficile momento della presa del regno, avevano dunque il controllo di un’area di strada che consentiva di arrivare dai valichi alpini fino al cuore del territorio che Desiderio controllava in modo sicuro, senza dovere arrivare al corso del Po. Una volta raggiunta la stabilità del regno, tali beni dal rilevante valore militare furono ceduti dalla badessa al gasindio Alchis, erede per via femminile dello strator Gisulfo: erano uomini, come dimostrano i loro attributi, strettamente legati alla clientela personale del re. Il gasindio Alchis divenne così il nuovo responsabile del controllo dell’area di strada che dall’Oglio e attraverso il lago di Como, conduceva alla Valtellina, nonché della valle stessa. Quell’operazione di permute fra privati – il monastero e due donne legate ad Alchis da uno stretto rapporto di parentela – non fece però perdere alle proprietà regie la loro qualità pubblica. Al momento della conquista del regno longobardo, infatti, la stessa area di strada, che partendo dalla cima del lago di Iseo percorreva la Valtellina fino al passo dello Stelvio, e la curtis che la ordinava, furono assegnate da Carlo Magno al monastero di St. Denis, con ogni probabilità immediatamente dopo la conquista, nel 774. Il 14 marzo 775, infatti, Carlomagno concedeva al monastero l’immunità11, usando un diploma analogo del padre Pipino come modello, cui furono aggiunte soltanto le poche parole che ricordavano la concessione al cenobio della Valtellina, nella Langobardia da poco, “deo propitio”, conquistata. È una vicenda che appare contemporanea, e gemella nella sostanza, a quella analizzata da Vito Loré nel suo contributo, quando, con un “documento inusuale da molti punti di vista”12, Carlomagno concesse al monastero di San Martino di Tours l’isola e il castrum di Sirmione, e i redditi provenienti dalla val Camonica con il saltus Candinus, fino al passo del Tonale, terre e redditi che “in publico et ad palatium visa est reddidisse aut inantea fisco nostro ceciderit”. L’isola e il castrum di Sirmione erano stati al centro di un’operazione concertata dalla regina Ansa meno di un decennio prima, che aveva condotto alla fondazione Sui possessi di Leno, si veda A. Baronio, «Il monastero di San Salvatore-San Benedetto di Leno e le sue pertinenze nel quadro della ‘politica monastica’ di Desiderio», Civiltà bresciana, 19-1, 2010, pp. 57-83. 11 MGH DD Kar. I, n. 94. 12 Loré, «Curtis regia e beni dei duchi», a p. 66. 10

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di un monastero all’interno del castrum, confermato a San Salvatore di Brescia da Adelchi nel 77213. La val Camonica, invece, si trova nell’elenco dei beni del monastero bresciano dati in usufrutto alla badessa Amalberga dall’imperatore Lotario I nell’83714. Sono due vicende molto puntuali, sulle quali occorrerà senz’altro riflettere ancora, soprattutto sulla base di una riconsiderazione complessiva del patrimonio documentario di San Salvatore e della sua tradizione15, ma per ora, quello che basta notare è che sembrano dimostrare in modo difficilmente equivocabile che i beni fiscali donati ai monasteri conservavano lo statuto di beni pubblici e restavano nella disponibilità, sia pure indiretta, dei re, anche se tale disponibilità emerge nella documentazione che ci è rimasta con rare attestazioni legate a momenti particolari. Ma quel che conta ancora di più, per i ragionamenti che conduciamo qui, è che fosse pensabile – e dunque considerato legittimo – lo spostamento dalla disponibilità di tali beni da un ente monastico all’altro, secondo il volere del re. Dai monasteri ai dotari delle regine Rispetto alla potenzialità di costituire riserve di beni del fisco nella immediata disponibilità regia, le carte di dote in favore delle regine agirono in un secondo momento rispetto alle costituzioni di riserve monastiche, e con ancora maggiore efficacia. Lo studio delle doti maritali in favore delle regine è un tema storiografico relativamente recente, emerso in occasione

E. Barbieri, I. Rapisarda, G. Cossandi (a cura di), Le carte del monastero di S. Giulia di Brescia, I. (759-1170), in Codice Diplomatico della Lombardia Medievale, 2008, n. 22, http://www.lombardiabeniculturali.it/cdlm/edizioni/bs/brescia-sgiulia1/carte/sgiulia0772-11-11B. 14 MGH, DD Lot. I, n. 35. 15 G. Cossandi, «La tradizione copiale e i falsi per Santa Giulia di Brescia», in N. D’Acunto, W. Huschner, S. Roebert (Hrsg.), Originale - Falschungen - Kopien. Kaiser- und Konigsurkunden fiir Empfanger in Deutschland und ltalien” (9.-11. Jahrhundert) und ihre Nachwirkungen im Hoch- und Spatmittelalter (bis ca. 1500) – Originali - falsi - copie. Documenti imperiali e regi per destinatari tedeschi e italiani (secc. IX-XI) e i loro effetti nel Medioevo e nella prima età moderna (fino al 1500 circa), Leipzig-Karlsruhe, 2018, pp. 155-73 e T. Lazzari, « Une identité variable: la mémoire des origines de San Salvatore de Brescia entre les Lombards et les Carolingiens (XIe-XIIe siècles) », in Mémoire et Communauté au haut Moyen Âge. Reproduction de la communauté et construction de l’identité (VIe-XIIe siècle). Actes du colloque (Lille, Arras – 13-15 septembre 2018), in corso di stampa. 13

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di un convegno organizzato a Lille nel 2002, dedicato ai rapporti patrimoniali connessi alle varie tappe delle unioni matrimoniali nei secoli dell’alto Medioevo16. Fu Régine Le Jan in quell’occasione a occuparsi dello specifico caso dei dotari delle regine fra IX e XI secolo nei regni dei Franchi occidentali e orientali17 e Cristina La Rocca dedicò nella stessa occasione uno studio al patrimonio di San Salvatore di Brescia e alla sua connessione con le doti delle regine italiche18. Furono entrambi studi seminali, perché prima di allora non si era affrontato mai in modo specifico il problema della dotazione maritale delle regine, che erano mogli sì, ma mogli molto speciali perché andavano a costituire la coppia regia, riconoscibile e riconosciuta come tale solo a partire dai primi decenni del secolo IX. Il questionario del convegno di Lille proponeva il problema delle relazioni patrimoniali connesse ai legami matrimoniali e le regine costituivano solo un caso fra i tanti: nonostante il fuoco della ricerca fosse quindi molto remoto dal tema dei beni pubblici, nei lavori di Le Jan e La Rocca affiorava comunque il problema del fisco regio, sia pure con rilievo diverso dettato dalla molteplicità dei casi di specie presi in esame. Affiorava inevitabilmente, perché i dotari delle regine venivano formati di frequente con porzioni di beni pubblici e, altro elemento da rilevare, quei beni – anche se erano ceduti con formule di piena proprietà – non venivano dispersi entro linee ereditarie personali e private, ma venivano invece destinati dalle regine stesse alla fondazione di enti monastici, spesso femminili, al momento della vedovanza e talvolta anche prima19. Si tratta di una sorta di leit-motiv, che veniva allora indagato sottolineando la funzione commemorativa delle fondazioni monastiche e il ruolo che aveva la regina nella costruzione della memoria familiare e nel culto dei defunti: un ruolo cui veniva attribuita una grande rilevanza nella stessa definizione della queenship, da un lato, e della formazione della coppia regnante, solo da tempi molto recenti intesa quale monogamica e indissolubile. F. Bougard, L. Feller, R. Le Jan (dir.), Dots et douaires dans le haut Moyen Âge, Rome, 2002 (Collection de l’École française de Rome, 295). 17 R. Le Jan, « Douaires et pouvoirs des reines en France et en Germanie (VIe-Xe siècle) », in Bougard, Feller, Le Jan (dir.), Dots et douaires, pp. 457-98. 18 C. La Rocca, « Les cadeaux nuptiaux de la famille royale en Italie », in Bougard, Feller, Le Jan (dir.), Dots et douaires, pp. 499-526. 19 Talora, in area germanica, rientravano anche nella disponibilità diretta del fisco e venivano assegnati quali dotalizi alle regine di generazioni successive: su questo si veda G. Althoff, «Probleme um die dos der Königinnen im 10. und 11. Jahrhundert», in M. Parisse (dir.), Veuves et veuvage dans le haut Moyen Âge, Paris, 1993, pp. 123-32. 16

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A questi elementi, io proposi di aggiungere attenzione specifica alla dislocazione geografica di quei beni e alla loro identificazione minuta, al fine di indagare se i dotari delle regine, pur se costituiti – come si è detto – grazie agli strumenti offerti dal diritto privato, potessero essere concepiti dai re in funzione del governo politico del regno20. La creazione di riserve di beni del fisco, poteva essere utile, infatti, per mettere in atto investimenti straordinari su alcune proprietà – e questo pare essere il caso delle corti maremmane descritte nei dotari di Berta ed Adelaide21, così come per riservarsi un controllo esclusivo di alcuni beni fondiari, una riserva che poteva così esulare dalla rete dei funzionari pubblici. In tutti i casi esaminati allora, grazie al riconoscimento puntuale e alla geolocalizzazione dei beni dei dotari, è emersa una logica territoriale sottesa, diversa ogni volta, ma sempre connessa con la volontà politica regia in quei precisi frangenti. È questo che ci ha permesso di interpretare quei dotari come peculiari strumenti di governo: il re avocava infatti direttamente a sé, attraverso un atto privato, la costituzione di dote, una serie di beni del fisco che proprio quegli atti stessi servivano a definire e a coordinare e che andavano a costituire i tasselli di una strategia di controllo regio del territorio basata sul concreto possesso di beni, terre e diritti. Descrivere, delimitare, definire Uno degli obiettivi principali che, io credo, i re intendevano ottenere ordinando la compilazione di quei dotari era proprio l’elenco stesso di quelle curtes. Dar loro un nome e inserirle in una lista era infatti la prima operazione che le eccettuava dalla massa, diversamente non sempre ben definita, dei beni del fisco. Già Liutprando aveva disposto di realizzare inventari “de omni territuria” che pertinevano a ogni singola corte del fisco22, ma qui pare intervenire un intento non solo di generica salvaguardia, ma di precisa definizione di ambiti peculiari di azione regia.

T. Lazzari (a cura di), «I beni delle regine: beni del fisco e politica regia fra IX e X secolo», Reti Medievali. Rivista, 13/2, 2012, pp. 123-298. 21 G. Vignodelli, «Berta e Adelaide: la politica di consolidamento del potere regio di Ugo di Arles» Reti Medievali Rivista, 13, 2, 2012 (http://rivista.retimedievali. it), pp. 247-94. 22 Notitia de actoribus regis, in F. Beyerle (ed.), Leges Langobardorum 643-866, Witzenhausen, 1962 (Germanenrechte Neue Folge. Westgermanisches Recht), cap. 3. 20

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Sono soprattutto i contributi degli archeologi in questo volume che consentono di spostare il fuoco dell’indagine dal problema del prelievo, legato a una tradizione di studi sulla signoria e di attenzione alle condizioni dei ceti subalterni, al problema invece dell’investimento, voluto dal potere regio, o ducale, sul territorio. Si è detto, ambiti peculiari di azione regia: ecco, soprattutto nei casi toscani pare proprio che sia stato un investimento cospicuo in termini di intervento sull’ambiente per la realizzazione di infrastrutture produttive a segnare l’atto di nascita di alcune curtes regie che troviamo elencate nei dotari23. La disponibilità di risorse naturali – la pietra ollare, per esempio24, e i metalli, preziosi o meno – appaiono così essere stati gli elementi catalizzatori di quegli investimenti che dovettero segnare, talvolta, la nascita di curtes del fisco in luoghi che in precedenza dovevano essere state lande improduttive, terre rivendicate da nessuno. Insieme con le confische e la successione ereditaria di chi moriva senza lasciare eredi, questa politica regia di investimento attivo nell’estrazione delle risorse e nella produzione connessa è un elemento che va a sottolineare con forza l’assetto dinamico del patrimonio fiscale, un patrimonio che poteva incrementarsi nel momento in cui la volontà regia decideva di sfruttare determinate risorse e di creare le infrastrutture per farlo. Il problema della rappresentazione Per finire, vorrei prendere in considerazione brevemente due problemi che ho affrontato, ma non risolto nei miei lavori sul tema, che assumono particolare rilievo rispetto all’uso ‘eccettuativo’ del fisco ma che possono essere di utile riflessione per tutti. In una ricerca rinnovata nei metodi e nelle questioni come appare oggi, dai contributi di questo volume, l’indagine sul fisco regio inteso quale risorsa dinamica per il governo del regno, emerge infatti una questione di metodo importante, che già ci si presentò con chiarezza durante lo studio dei dotari, ed è la questione legata alla rappresentazione grafica e alla georeferenziazione dei beni del patrimonio del regno. La scelta di una forma o un’altra di rappresentazione grafica di tali beni comporta inevitabilmente una interpretazione che va a incidere sulla visione complessiva che il ricerG. Bianchi, F. Cantini, S.M. Collavini, «Beni pubblici di ambito toscano». F. Saggioro, «Struttura e organizzazione delle aziende pubbliche nell’Italia padana (VIII-X secolo)». 23

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catore stesso assume poi sul problema. La modalità scelta per la rappresentazione è strettamente connessa alla definizione della realtà fisica di tali beni, su cui spesso sappiamo ben poco: rappresentare in una carta georeferenziata una curtis composta da centinaia di mansi lontani anche chilometri fra loro dovrebbe comportare segni diversi da quelli che occorrono per descrivere la compattezza – o la presunta compattezza – di un gualdo, e un segno diverso ancora dovrebbe rappresentare la realtà davvero puntiforme, per una volta, delle curtes che paiono agire come unità produttive specializzate. Non è un dettaglio da poco, almeno per due ordini di questioni: da un lato, per valutare la consistenza complessiva e l’impatto sul territorio della proprietà regia, un impatto che cominciamo a intravedere come davvero massiccio in molte delle aree prese in esame nel volume, ma che a oggi si manifesta più attraverso i vuoti (documentari, insediativi) che attraverso menzioni e tracce che ne consentano una rappresentazione positiva. E, dall’altro, per riuscire davvero, e con maggiore profondità di comprensione, a valutare la ‘strategia’ regia, rispetto alla messa in riserva delle risorse, nei patrimoni dei monasteri o in quelli delle regine. Attorno alle valli e ai passi alpini, così come nelle aree di valico appenniniche si addensano le attestazioni di beni del fisco, spesso ‘in transito’ verso i patrimoni dei monasteri, e questo fa pensare al generico valore strategico del controllo delle aree di strada, ma i contenuti concreti di quel valore strategico ci sfuggono, non sapendo se attribuirlo alla sola presenza regia, all’esazione di dazi, allo sfruttamento economico delle potenzialità offerte da un’area di valico o a tutte queste cose insieme. Lo statuto speciale dei beni del fisco Infine, dalla prospettiva ‘eccettuativa’ emerge con grande chiarezza il problema dello statuto speciale dei beni del fisco regio. La devoluzione attraverso atti privati di quote del patrimonio pubblico alle regine comportava una cessione di tali beni in proprietà piena e in perpetuo. Le regine avrebbero potuto, a rigore e secondo il dettato stesso delle carte, incamerare quei beni nei patrimoni propri e degli eredi, disperdendo così in poche generazioni quelle proprietà nei diversi rivoli della successione privata e delle compravendite. Ma così non fu e dalla stessa conservazione delle carte dotali nei patrimoni archivistici degli enti monastici possiamo ben capire che il dettato di quei documenti di dote non corrispondeva a una pratica che appare politica, e non patrimonia-

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Comparaison et longue durée / Comparazione e lunga durata

le. Già Gerd Althoff25 si pose il problema in merito ai dotari delle regine ottoniane e poi saliche, che presentano elenchi di beni che transitavano nei patrimoni privati di quelle donne ma che poi si ritrovavano nei patrimoni monastici o nella piena disponibilità del re che li assegna diversamente, spesso a una nuova regina. Althoff si interrogava allora sulla effettiva capacità patrimoniale femminile: la nostra prospettiva, oggi, è chiederci invece perché e a cosa serviva usare formule di cessione e di possesso così ambigue sui beni fiscali assegnati nei dotari. Era lecito allora, secondo il sentire effettivo, cedere a privati, e in modo definitivo, quote del fisco regio? Se i monasteri, come già si è detto sopra, si facevano sempre confermare le proprietà a ogni cambio di re, e se talvolta esse non venivano confermate nella loro interezza e assegnate invece ad altri, evidentemente il problema non riguardava soltanto le donne e i loro patrimoni dotali, ma lo statuto stesso della proprietà del fisco regio. Questo statuto speciale dei beni fiscali, che pare emergere con chiarezza dal fenomeno dei dotari delle regine, credo possa avere un rilievo per spiegare come mai esse li impiegassero in larga misura per fondare o dotare monasteri: al di là delle funzioni memoriali senz’altro importanti, la nostra attenzione vuole qui concentrarsi soltanto sui beni in sé. Si diceva, nelle carte di dote, che essi erano ceduti in piena proprietà e che la donna poteva liberamente venderli: ma siamo certi che avrebbero trovato un acquirente? Si potevano davvero – nella prassi – vendere e comperare i beni del fisco regio? La risposta che io ho proposto per ora, ben consapevole di quanto il problema resti aperto, è che la regina, una volta rimasta vedova, garantisse con la fondazione di un ente monastico la continuità del valore politico di quella riserva di beni del fisco che era stata formata da quella specifica coppia regia, cercando di ottenere in tal modo una base patrimoniale, seppur mediata dalla comunità monastica, per un’attività politica che non terminava – come noto – con lo stato di vedovanza26.

25 26

Althoff, «Probleme um die dos der Königinnen». Lazzari, «Dotari e beni fiscali», Lazzari, «I beni delle regine».

Giuliano Volpe L’archeologia globale dei paesaggi e la transizione dal saltus al gaio

Il tema affrontato in questo seminario tocca – lo hanno sottolineato in molti – un aspetto fondamentale del più ampio e complesso tema delle trasformazioni delle campagne italiane tra tarda antichità e alto medioevo. Non può, dunque, essere disgiunto da un’analisi complessiva di questa transizione. Nel mio breve contributo alla riflessione sviluppata in questa tavola rotonda (ringraziando gli organizzatori per avermi voluto coinvolgere) vorrei, pertanto, toccare sostanzialmente due punti, a partire dal mio osservatorio particolare di ‘archeologo dei paesaggi’ e facendo riferimento – mi scuso in partenza per questo – ad alcune mie specifiche esperienze personali: 1. L’apporto dell’archeologia globale dei paesaggi, i suoi limiti, le sue potenzialità. 2. I regimi di proprietà e il passaggio dalla proprietà imperiale romana alla proprietà fiscale longobarda. 1. A questo seminario, prevalentemente pensato e organizzato da storici, sono stati invitati alcuni archeologi rappresentativi di vari dei gruppi di ricerca (ovviamente ce ne sono anche altri molto attivi) impegnati in ricerche archeologiche sistematiche in determinati ambiti territoriali: F. Saggioro per l’Italia padana, G. Bianchi e F. Cantini per la Toscana, L. Bourgeois per l’Aquitania, J.A. Quiros Castillo e I. Santos Salazar per la Castiglia, Alava e Pamplona, oltre a me stesso con M. Turchiano per la Puglia settentrionale. È questo il primo aspetto che vorrei richiamare, dal punto di vista dell’archeologo dei paesaggi. Negli ultimi decenni il livello di acquisizione di dati sulle campagne altomedievali, a partire dal fenomeno della fine delle ville e delle forme d’insediamento sviluppatesi successivamente, è notevolmente cresciuto grazie sia alla maggiore Biens publics, biens du roi. Les bases économiques des pouvoirs royaux dans le haut Moyen Âge, sous la direction de F. Bougard, et V. Loré, Turnhout, Brepols 2019 (SCISAM, 9), p. 453-461 FHG10.1484/M.SCISAM-EB.5.118754

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applicazione del metodo stratigrafico tanto nello scavo quanto nella lettura dei paesaggi, sia al superamento di una visione selettiva e classicista, sia all’applicazione sempre maggiore di un approccio globale1 e contestuale2 allo studio dei territori, capace di cogliere la complessità e le relazioni tra le varie componenti dei paesaggi stratificati3. Come sappiamo bene, una serie di fattori ha condizionato in passato la lettura di rioccupazioni, trasformazioni, riutilizzi e spoliazioni, che interessarono le ville e le altre tipologie del paesaggio rurale tardoantico (le piccole fattorie, i vici, le stationes, ecc.), con una tendenza diffusa a interpretare tali fenomeni in chiave prevalentemente ‘negativa’, come sinonimo di mera rioccupazione marginale, precaria e degradata, di squatting. Se mi è concesso un cenno a un esempio che riguarda le mie ricerche, trovo impressionante il cambiamento verificatosi nelle conoscenze delle campagne tra tardoantico e altomedioevo, un periodo che poco più di vent’anni fa, nell’importante monografia di Jean-Marie Martin4, un’opera ancora oggi fondamentale, poteva contare su poche fonti, in particolare quelle di tipo materiale. Negli anni Novanta del secolo scorso, infatti, per la fase altomedievale non sembrava esserci alternativa al buio, considerato che “après l’obscurité presque totale du VIIe siècle, le VIIIe – surtout dans ses dernières décennies – et la première moitié du IXe sont pour l’historien un îlot de clarté relative”5. Il quadro socioeconomico del VI-VII secolo non poteva che essere letto secondo la categoria des catastrophes: “La catastrophe est brutale. Elle résulte d’une baisse démographique sans doute rapide, qu’il faut bien supposer et qu’on peut, hypothétiquement, attribuer aux épidémies, et résulte aussi de l’invasion lombarde. Celle-ci touche le pays inégalement, en fonction à la fois de la géographie et de l’avance des envahisseurs. Dans la plaine du Nord, elle entraîne sans doute très rapidement, avec la ruine Si vedano i vari contributi in G.P. Brogiolo, E. Giannichedda (a cura di), Archeologia globale, Archeologia Medievale, XLI, 2014, pp. 11-150; in particolare G. Volpe, R. Goffredo, «Il ponte e la pietra. Alcune considerazioni sull’archeologia globale dei paesaggi», ivi, pp. 39-53. 1

2

Rinvio alle riflessioni di A. Carandini, La forza del contesto, Roma-Bari, 2017.

G.P. Brogiolo, «Dall’archeologia dell’architettura all’archeologia della complessità», Pyrenae, 38, 1, 2007, pp. 7-38. 3

J.-M. Martin, La Pouille du VIe au XIIe siècle, (Collection de l’Ecole Française de Rome, 179) Rome, 1993.

4

5

Martin, La Pouille, p. 161.

Table ronde – Giuliano Volpe

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de l’administration romaine, l’abandon complet d’une bonne partie des cités et ne laisse dans les zones rurales, on le verra, qu’une population clairsemée”6. Il cambiamento di prospettiva è l’esito delle ricerche archeologiche sistematiche di quest’ultimo ventennio7. Questo tema ci riporta alla questione annosa del rapporto tra i diversi sistemi di fonti e in particolare tra fonti scritte e fonti archeologiche e, anche, alla necessità che gli archeologi sappiano costruire modelli innanzitutto a partire dai dati materiali, evitando il duplice rischio sempre in agguato di autoreferenzialità e/o di dipendenza subalterna da altri modelli. Il rischio che la ricerca archeologica sia sentita (o almeno venga percepita da alcuni, sia storici sia, più o meno inconsapevolmente, archeologi) come mero strumento di conferma di quanto è noto dai testi è sempre in agguato. Sotto questo profilo, ritengo che sia stato un bene per noi, quando abbiamo scavato il sito di Faragola, scoprire solo grazie all’indagine stratigrafica una complessa fase altomedievale prima del tutto imprevedibile, e non subire alcun condizionamento, operando in una condizione di ‘libertà’ che ci ha consentito di analizzare il sito e di costruire un modello insediativo, che poi, sulla base di una ipotesi, abbiamo proposto di collegare con il gaio Fecline incluso dal Chronicon Sanctae Sophiae tra le donazioni fatte nel 774 da Arechi II a Santa Sofia8. La ricerca archeologica deve, però, fare anche i conti ancora con numerosi limiti, a cominciare dall’effettiva visibilità dei siti altomedievali. Sappiamo bene come la ricognizione di superficie non consenta, da sola, di ricostruire i paesaggi altomedievali, sia per la labilità delle tracce sia per l’assenza in interi territori di ‘fossili guida’, per cui le carte di distribuzione dei siti rischiano di descrivere una realtà desolante di abbandono. Solo lo scavo stratigrafico consente di acquisire dati più chiari su queste fasi. Mi limito, ancora una volta, a esempi vissuti in prima persona: senza lo scavo, sulla base dei soli dati di superficie, non avremmo minimamente conosciuto tutte le complesse fasi altomedievali di Faragola o di San Giusto. 6

Martin, La Pouille, p. 160.

Si vedano a questo proposito le riflessioni da me proposte in «L’apporto dell’archeologia alla conoscenza dei paesaggi altomedievali della Apulia», in V. Rivera Magos, F. Violante (a cura di), Apprendere ciò che vive. Studi in onore di Raffaele Licinio, Bari, 2017, pp. 579-90. 7

8

Si veda supra il contributo di M. Turchiano e mio.

456

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La ricerca archeologica, per sua natura, tende a enfatizzare le distinzioni e le specificità territoriali e locali, più che le generalizzazioni e i caratteri d’insieme, pur necessari. Nell’analisi delle sequenze dei siti e dei paesaggi l’archeologia è maggiormente in grado di cogliere e valorizzare gli elementi di differenza, di distanza, di trasformazione e anche di rottura. La regionalizzazione della penisola è, peraltro, uno dei caratteri dei secoli qui presi in esame. Le diversità regionali che l’archeologia va mettendo in luce condannano definitivamente alla crisi le evoluzioni unilineari, ad esempio quella ‘dalla villa al villaggio’ o anche dal ‘vicus al villaggio’, o l’individuazione di un unico momento di rottura del sistema agrario tardoantico, a fronte anche di significative differenze nelle scansioni temporali. Insistere sulle specificità locali senza cadere nella trappola del localismo e nell’incapacità di costruire modelli: ecco uno dei nodi dell’attuale ricerca archeologica. Un ulteriore aspetto, ancora di tipo metodologico, che mi preme indicare, è relativo alla necessità di superare una visione eccessivamente sitocentrica: la storia dei paesaggi altomedievali (e non solo) non è fatta solo di siti, ma anche di vuoti, di spazi liberi, di incolto, di ambiente naturale, di territori ‘marginali’ come le zone umide, le lagune, le saline, i territori montuosi, per non parlare del pascolo e del bosco. La nostra percezione moderna ci porta spesso a considerare le montagne o le aree interne non urbanizzate o non interessate da insediamenti produttivi rurali come spazi marginali e alcune pratiche economiche come poco razionali. I paesaggi dell’incolto9 andrebbero analizzati con lo stesso grado di approfondimento di quelli agrari, nella diacronia e con una visione ecosistemica10. Va, dunque, salutata con favore la nuova e promettente stagione di ricerche storiche e archeologiche sui paesaggi montani, sui pascoli, sulle foreste, sulle aree interne o quelle umide, anche grazie a un ricorso maggiore alle indagini geofisiche, in particolare con l’impiego del LIDAR, e ai metodi dell’archeologia ambientale, con veri e propri scavi del paesaggio, trincee ecologiche, carotaggi, indagini

Cfr. S. Burri, «Reflections on the concept of marginal landscapes trought a study of late medieval incultum in Provence (South-eastern France)», Post Classical Archaeologies, 4, 2014, pp. 7-38; si vedano anche i contributi in F. Cambi, G. De Venuto, R. Goffredo (a cura di), Storia e archeologia globale, 2. I pascoli, i campi e il mare. Paesaggi d’altura e di pianura in Italia dall’Età del Bronzo al Medioevo, Bari, 2015.

9

G.P. Brogiolo, «Nuovi sviluppi nell’archeologia dei paesaggi: l’esempio del progetto APSAT (2008-2013)», Archeologia Medievale, XLI, 2014, pp. 11-22. 10

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geomorfologiche, archeobotaniche, archeozoologiche, palinologiche, microsedimentologiche, analisi sul DNA, sui fosfati, sugli isotopi. Un interesse particolare hanno le indagini sulle variazioni climatiche, che hanno registrato un peggioramento delle condizioni generali tra il VI e l’VIII secolo, rispetto alle migliori condizioni riferite ai secoli IV e V: mi scuso se ancora una volta faccio un riferimento al caso di Faragola, dove le indagini archeobotaniche e paleoclimatiche stanno fornendo una ricostruzione non solo del paesaggio vegetale e dello sfruttamento delle risorse ma anche delle variazioni climatiche, con un’interessante corrispondenza tra clima più favorevole e fasi di maggior sviluppo dell’insediamento, documentato dall’insieme dei dati archeologici, e, viceversa, fasi di peggioramento climatico e di ‘crisi’ o maggiore difficoltà del sito11. Questo approccio globale ai paesaggi altomedievali (e in generale ai paesaggi storici) rappresenta anche la via maestra per andare oltre la mera interdisciplinarità (che è già da tempo nel bagaglio metodologico di storici e archeologi), per realizzare una convergenza e una ricomposizione unitaria di percorsi di ricerca differenti. L’affermarsi degli specialismi è assolutamente necessaria per garantire un affinamento delle indagini e uno ‘scavo in profondità’ in ogni sistema di fonti. Ma è sempre in agguato il rischio di attribuire alla singola specializzazione e al singolo sistema di fonti una patente di totalità, con derive che portano all’isolamento e alla autoreferenzialità. In realtà ogni specialismo potrebbe mettere in campo tutte le proprie potenzialità solo grazie alla consapevolezza della propria limitatezza e della necessità di confronti, interazioni, integrazioni. Anche per questo la moderna ricerca storico-archeologica non può che essere un lavoro d’equipe: questo elemento emerge chiaramente nei contributi archeologici presentati in questo convegno, ma bisogna essere anche consapevoli che non rappresenta ancora la norma. Prevale ancora il lavoro individuale, isolato, del singolo ricercatore. Mancano ancora le figure e soprattutto i luoghi in grado di favorire l’elaborazione di visioni d’insieme e di sollecitare il dialogo e la collaborazione tra i diversi sa-

G. Fiorentino, V. Caracuta, G. Volpe, M. Turchiano, G. Quarta, M. D’Elia, L. Calcagnile, «The first millennium AD climate fluctuations in the Tavoliere Plain (Apulia, Italy): New preliminary data from the 14C AMS-dated plant remains from the archaeological site of Faragola», Nuclear Instruments and Methods in Physics Research B, 268, 2010, pp. 1084-7. 11

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peri. Si registra un ritardo in questa direzione, già nella fase formativa universitaria (ma lo stesso vale per il mondo della ricerca e della tutela), perché non esistono o sono assai rari gli spazi del reale confronto interdisciplinare, mentre si insiste, in tutti e tre i livelli di studi, spesso in maniera ripetitiva, quasi solo nella progressiva specializzazione disciplinare. Oggi, infatti, la convergenza multidisciplinare rappresenta qualcosa di molto più complesso dall’interdisciplinarità sperimentata, pure con risultati apprezzabili, in passato. Non è più sufficiente il solo confronto tra storici e archeologi. Oggi servirebbe una multidisciplinarità molto più ricca di apporti umanistici, scientifici e tecnologici. In questo consiste un reale approccio globale e contestuale allo studio dei territori e di fenomeni complessi come quelli analizzati in questa occasione. Ma anche sul concetto di ‘contesto’, tanto sbandierato e da tutti teoricamente difeso, ma poi assai poco praticato, ci sarebbe molto da discutere. 2. È di difficile soluzione sulla base dei soli dati archeologici, in mancanza di altri tipi di fonti, il nodo relativo all’identificazione del tipo di insediamento, alla sua natura, al regime di proprietà. Certo è possibile avanzare ipotesi sulla base del tipo di cultura materiale, dell’articolazione sociale evidenziata dall’organizzazione e specializzazione dell’insediamento e dell’alimentazione, ma non è affatto facile avere la certezza di essere in presenza di una proprietà fiscale, ecclesiastica e privata, in particolare per il VII e anche per l’VIII secolo, in assenza di altre informazioni. In questo ambito si registra, inoltre, una profonda differenza tra regioni centro-settentrionali e centro-meridionali, com’è emerso anche dalle relazioni presentate in questo seminario. Esemplare è il caso toscano illustrato da G. Bianchi, F. Cantini e S. Collavini, quando sottolineano, ad esempio, che “il doppio dotario delle regine Berta e Adelaide (937) offre un’istantanea sui beni fiscali in Toscana”; così l’archeologia può offrire conferme e dare informazioni ‘qualitative’ sul patrimonio fiscale, come nel caso delle curtes di San Quirico e di San Genesio. Molto interessante è anche il tentativo messo in atto da Fabio Saggioro in area padana, a partire dagli importanti casi di Nogara, Piedena, Leno e altri ancora, di andare al di là di schemi predeterminati e di “modelli insediativi troppo rigidi”, nella consapevolezza che i “centri presi in esame non evidenziano, sul piano archeologico, in maniera netta specificità legate all’appartenenza/presenza del fisco regio, differenti quantomeno da altre forme insediative di potere signorile”, per cercare

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di disegnare “un sistema di gestione economica molto più complesso di quanto non si riteneva un tempo”, come emerge, ad esempio, dallo studio della produzione e circolazione della pietra ollare. Molto diversa è la situazione in altri territori meno ricchi di informazioni nei documenti scritti. In tutti, però, è possibile formulare le stesse domande storiche, anche se i tentativi di risposta devono avvalersi di strumenti e percorsi differenti. Quanti erano i beni fiscali? “Dove si trovavano? Avevano caratteristiche diverse dagli altri grandi patrimoni fondiari? Come e quando si era formato questo patrimonio? Come i beni fiscali venivano fatti circolare tra i sostenitori laici ed ecclesiastici dei re e dei marchesi? Com’erano gestiti i beni nella loro diretta disponibilità?”12. Mi limito ancora una volta a due casi personalmente indagati: San Giusto e Faragola. Una prima domanda in questo caso da porre è: che fine hanno fatto le grandi proprietà imperiali tardoantiche o le grandi proprietà aristocratiche? La villa romana di San Giusto era parte di un’ampia proprietà imperiale, documentata nell’Apulia settentrionale, con il cuore nella Valle del Celone, tra Luceria, Aecae e Arpi, da numerose epigrafi almeno a partire dal tardo I secolo d.C. e identificabile, con una buona dose di attendibilità, con il saltus Carminianensis, gestito dal procurator rei privatae per Apuliam et Calabriam sive saltus Carminianensis, noto dalla Notitia Dignitatum (NDOcc. 12-18). In questo territorio si sviluppò una diocesi rurale, da identificare verosimilmente con la sede di Probus episcopus Carmeianensis presente ai concili romani nei primi anni del VI secolo (MGH AA, 12, 437, 453)13. Nel territorio circostante abbiamo individuaCfr. supra Collavini; sulla formazione e sugli sviluppi della proprietà imperiale romana rinvio, con altra bibliografia specifica, al bel libro di M. Maiuro, Res Caesaris. Ricerche sulla proprietà imperiale romana, Bari, 2012. Si vedano anche le importanti osservazioni di D. Vera, «Imperial estates in Late Roman Southern Italy: land concentration and rent distribution», in A.M. Small (ed.), Beyond Vagnari. New Themes in the Study of Roman South Italy, Bari, 2014, pp. 285-93.

12

G. Volpe, A.V. Romano, M. Turchiano «San Giusto, l’ecclesia e il Saltus Carminianensis: vescovi rurali, insediamenti, produzioni agricole e artigianali. Un approccio globale allo studio della cristianizzazione delle campagne», in S. Cresci, J. Lopez Quiroga, O. Brandt, C. Pappalardo (a cura di), Episcopus, civitas territorium, Atti del XV Congresso Internazionale di Archeologia Cristiana (Toledo 2008), Città del Vaticano, 2013 (Studi di Antichità Cristiane, LXV), pp. 559-80, con altra bibliografia precedente.

13

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to decine di siti tardoantichi, tra cui ville, piccole fattorie e anche villaggi, oltre a non meno di quattro chiese paleocristiane e relativi cimiteri. Sulla base delle nostre indagini territoriali, abbiamo formulato varie ipotesi sull’estensione di questa grande proprietà imperiale tra i monti dauni e la pianura del Tavoliere (circa 380 Km2, pari a 152.380 iugera o, addirittura, di oltre 1.000 km2, se si ritenesse possibile un ampliamento fino alla fascia costiera). Quale destino ebbe questa proprietà imperiale? Fu trasformata almeno in parte in proprietà ecclesiastica? O transitò, come pare molto probabile, nelle disponibilità della domus regia, pure ben attestata in zona? Un Moderatus conductor domus regiae è noto da una lettera di papa Gelasio I, Ep. 3, inviata ai vescovi Giusto e Probo, quest’ultimo forse da identificare proprio con il vescovo carminianense. E dopo la conclusione della guerra greco-gotica è possibile che sia stata recuperata alla proprietà dell’imperatore d’Oriente? E dopo? Il sito di San Giusto risulta ancora occupato e una delle due chiese rimaste in funzione almeno per tutto il VII secolo e parte del successivo. Lucera conobbe una significativa presenza longobarda, fu sede di gastaldato. Nella valle del Celone è documentata una curtis con tre condomae. Nel territorio di Carlantino è stata rinvenuta una chiesa con un’importante necropoli con corredi dai chiari elementi longobardi. Insomma in questo caso appare abbastanza verosimile che il saltus Carminianensis sia transitato, interamente o parzialmente, dando vita ad uno o più gualdi-gai, nelle proprietà fiscali della corte beneventana, che a questo territorio, fino a Siponto e al santuario micaelico sul Gargano, riservò non a caso un’attenzione particolare, evidentemente perché sentito come strategico dal punto di vista sia militare sia economico. Ma ci manca la certezza. Al contrario, nella valle del Carapelle non si dispone di chiare tracce di proprietà imperiale per l’età romana ma, come si è visto nel caso di Faragola, non mancano i dati relativi a proprietà fiscali longobarde: come si formarono in questo caso? Attraverso confische? E infine, che fisionomia dobbiamo immaginare per i guadi e i gai? Corrispondente all’immagine classica del saltus inteso come grande estensione destinata al pascolo, al bosco e all’incolto? Com’è noto secondo Festo nel saltus “vi sono foreste e pascoli, e perciò possono esservi anche delle abitazioni; se una qualche parte minore di quel saltus viene arata dai pastori o dai guardiani, il fatto non inficia la denominazione di saltus, non più di quanto avviene per la definizione di fundus, attribuita ad un terreno coltivato che può contenere un edificio, nel caso che una qualche

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minore parte di esso contenga un bosco”14. Ebbene, proprio le nostre ricerche sul saltus Carminianensis hanno fornito un quadro molto diverso, presentando un territorio popolato di ville, fattorie, vici, chiese rurali, tanto da farci ritenere che il termine saltus in età tardoantica più che indicare un tipo di organizzazione produttiva e insediativa dominata dall’economia del pascolo e della selva possa segnalare la presenza di una grandissima proprietà unitaria sotto il profilo amministrativo e organizzativo ma plurale sotto il profilo delle destinazioni colturali e produttive e delle forme dell’insediamento rurale, forse più vicina alla categoria della massa fundorum. In tal senso credo si possa anche dimostrare come le ricerche archeologiche sistematiche condotte in un territorio ben definito possano portare a rivedere e anche a stravolgere posizioni storiografiche e stereotipi a volte consolidati negli studi. Possiamo ritenere che anche gualdo-gaio non debba necessariamente coincidere con un territorio a prevalenza di bosco e incolto15 ma che possa prevedere un’articolazione molto più complessa di tali grandi proprietà fiscali? I dati forniti da Faragola e dalla valle del Carapelle sembrano indirizzare in tal senso. Ma sulla definizione della fisonomia insediativa ed economica del gualdo e del gaio c’è ancora molto da lavorare e penso che questo possa e debba essere uno dei prossimi obiettivi dell’archeologia dei paesaggi altomedievali.

Cfr. su questo tema A. Giardina, «Uomini e spazi aperti», in E. Gabba, A. Schiavone (a cura di), Storia di Roma, 4. Caratteri e morfologie, Torino, 1999, pp. 71-99; E. Migliario, «A proposito di CTh IX, 30, 1-5: alcune riflessioni sul paesaggio italico tardoantico», Archeologia Medievale, XXII, 1995, pp. 475-85; L. Capogrossi Colognesi, «Dalla villa al saltus: continuità e trasformazioni», in Du Latifundium au Latifondo. Un héritage de Rome, une creation médiévale ou moderne? Actes de la table ronde (Bordeaux 1992), Paris, 1995, pp. 191-211.

14

Si rinvia a F. Sabatini, Riflessi linguistici della dominazione longobarda nell›Italia mediana e meridionale, Firenze, 1963, ora utilmente ripubblicato con aggiornamenti, Id., «Riflessi linguistici della dominazione longobarda nell’Italia mediana e meridionale», in C. Ebanista, M. Rotili (a cura di), Aristocrazie e società fra transizione romano-germanica e alto Medioevo, Atti del Convegno internazionale di studi, Cimitile-Santa Maria Capua Vetere 14-15 giugno 2012, Giornate sulla tarda antichità e il medioevo, 6 , San Vitaliano (NA), p. 353-441, cfr. in part. pp. 389-93. 15

Planches / Tavole

Régine Le Jan Fisc et ressources royales dans le royaume franc aux IXe et Xe siècles

Fig. 1 – Les bien d’Evrard et de Gisèle dans leur contexte.

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Planches / Tavole

Fabio Saggioro Struttura e organizzazione delle aziende pubbliche nell’Italia padana (VIII-X secolo)

Fig. 8 – Parete estrattiva di pietra ollare denominata Trona Alta, Piuro (SO).

Planches / Tavole

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Fig. 9 – Immagini della Caurga di Chiavenna (SO): tracce di lavorazione della parete e iscrizione ‘SALVIVS’.

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Planches / Tavole

Giovanna Bianchi, Federico Cantini, Simone Maria Collavini Beni pubblici di ambito toscano

Fig. 1 – Carta del Valdarno con i siti citati nel testo (modificata da Vignodelli, «Berta e Adelaide») e foto satellitari con localizzazione dei centri curtensi di San Genesio e San Quirico rispetto alla viabilità.

Planches / Tavole

Fig. 2 – Resti del recinto presbiteriale rinvenuti in una fossa che taglia l’abside della chiesa altomedievale di S. Quirico.

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Planches / Tavole

Fig. 6 – Il sito di Vetricella alla fine della prima campagna di scavo (ottobre 2016). In basso a destra come si presentava il sito prima delle indagini archeologiche.

Planches / Tavole

Fig. 7 – Ricostruzione del sito di Donoratico tra fine IX e X secolo (grafica Mirko Buono).

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Planches / Tavole

Fig. 8 – Rocca degli Alberti (Monterotondo M.mo): l’area di scavo a fine campagna (foto P. Nannini, Soprintendenza Archeologica della Toscana).

Planches / Tavole

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Igor Santos Salazar, Juan Antonio Quirós Castillo Le basi economiche del potere pubblico in una periferia molto dinamica: Castiglia, Álava, Pamplona (900-1050)

Fig. 1 – Mappa con le principali località citate nel testo (con la localizzazione dei confini dell’odierna provincia di Álava).

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Planches / Tavole

Fig. 2 – Vista generale del sito di Torrentejo (Labastida, Álava).

Fig. 3 – Terrazzamenti altomedievali di Torrentejo (Labastida, Álava).

Planches / Tavole

Fig. 4 – Palatium rinvenuto a Torrentejo (Labastida, Álava).

Fig. 5 – Chiesa di Santa Maria di Torrentejo e orientamento delle strutture precedenti.

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Planches / Tavole

Fig. 7 – Localizzazione dei principali monasteri con archivi altomedievali nell’area di Castiglia e Navarra.

Planches / Tavole

Fig. 8. – Vista generale del castello di Castro Siero (Valdelateja, Burgos).

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Planches / Tavole

Fig. 9 – Finestra absidale della chiesa delle Sante Centola ed Elena di Siero (Valdelatela, Burgos) datata nell’VIII secolo.

Planches / Tavole

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Fig. 10 – Mappa con la localizzazione dei principali centri comitali nel X secolo e di altri central places della vecchia Castiglia a partire da Estepa 2009. Si noti l’esistenza di distanze regolari tra i diversi centri.

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Planches / Tavole

Fig. 11 – Mappa di Álava con la localizzazione dei palatia, le chiese altomedievali realizzate in conci, altre chiese, i milites e i borghi franchi di fondazione regia, sorti su castelli precedenti.

Index Indice dei nomi e delle cose notevoli

Index / Indice dei nomi e delle cose notevoli N.B. : l’indexation des noms des auteurs modernes porte sur le texte des contributions, à l’exclusion des notes ; les noms des auteurs du présent volume cités dans la table ronde ne sont pas non plus indexés.

A Aachen 103, 143, 159n, 420-421. – StMaria

Adalard, fils d’Évrard de Frioul, abbé de Saint-Vaast 136-138 Adalbertus, connétable 102

Abbeville 151

Adalbertus I, marquis de Toscane 104n

Abingdon, abbaye 229-230

Adalbertus II, marquis de Toscane 118, 330

Abd al Rahman, gouverneur d’AlAndalus 358

Adda, r. 101, 445

Abd al Rahman III, calife de Cordóba 157-158, 176

Adélaïde, impératrice 119-120, 327-329, 345, 421n, 449, 458

Abellar, Santos Cosme y Damián, abbaye 202

Adélaïde, reine de France 151

Abo, vualdeman 74, 83

Adelchis, roi des Lombards 31, 38n, 6970, 72, 82n, 90, 92, 447

Abruzzo 38, 64

Adémar, prince de Salerno 88n

Acerenza 41, 43

Adeodatus, actionarius 62n

Acleah 219

Adige, fl. 445

actionarius 41n, 48n, 52-54, 57-58, 62, 312 ; v. Adeodatus, Annunus, Audulfus, Barucio, Godescalcus, Gundoaldus, Ildericus, Liutpertus, Lucanus, Lupus, Martinianus, Mellitus, Teodepertus, Teudemundus

Adoaldus, archiporcarius, colon 52-53

actor (regis) 54-55, 83, 85, 87, 89, 338; v. agens, Notitia actus 34, 40-46, 59, 64, 290n, 299n, 319

Adrald, vicomte 359 Æthelhelm, fils d’Æthelred Ier 218 Æthelred II, roi d’Angleterre 224, 230 Æthelstan, roi d’Angleterre 218 Æthelwold (saint), évêque de Winchester 229

Adalard de Corbie 93

Æthelwuold, neveu d’Alfred de Wessex 217n

Adalard, frère d’Évrard de Frioul, abbé de Saint-Bertin 137

Æthelwulf, roi de Wessex 214, 216 Affle, gaio 36n

484

Index

Agano, comte de Lucca 104n Ageltrude, impératrice 112 agens 360; v. actor Agiprandus, duc de Spoleto 52 Agna, S. Salvatore, abbaye 119n Agnellus, Liber pontificalis ecclesiae Ravennatis 97n Agnès, duchesse d’Aquitaine 373n Agnuli 305 Agobard, évêque de Lyon 124 Águeda 200 Aimeri, vicomte (Loudun ?) 365n

Alfonso VIII, roi de Castilla 184, 405n Alfred le Grand, roi de Wessex 216-219, 223-224, 227 Alifridus, gastald de Rieti 61n, 62n Alegia, gualdum 48n, 59n, 62n, 67 Alkamín, villa 197 Alpertus, duc de Lucca 72 Althoff (Gerd) 452 Alvalade 191 Álvarez Borge (Ignacio) 392

Aistra 407

Amalberga, abbesse de S. Salvatore de Brescia 447

Aistulf v. Astolf

Ambernac 375

Aix-la-Chapelle v. Aachen

Amisiano, casale 53

Alahis, gastald de Lucca 75, 86, 88, 114

Amiterno, curtis 38n, 48n, 61

Álava, comté 385 et suiv. Alboin, roi des Lombards 31n, 81 Alboinus, duc de Spoleto 59 Alchis, gasindius 446 Alcoba de la Ribera 191, 193 Aldric, évêque du Mans 359

Anagni 297 Anastase Ier, empereur 435-436 Anços, fl. 191 Andlau 137 angariae 69n, 86, 96 Angeac-Champagne 350-352

Aleramus, comte 119n

Angers 121, 132, 150, 368. – SaintAubin, abbaye 375n

Alfiano, curtis 445

Angoulême 350, 357

Alfonso Ier, roi des Asturias 182

animalia publica 83

Alfonso II, roi des Asturias 184

Annappes, fisc 133, 135-136, 139, 420

Alfonso III, roi des Asturias 186, 189, 192, 194n, 197-198, 200, 203-204, 211, 397 Alfonso IV, roi des Asturias 189n

Annunus, actionarius 41n, 312 Ansa, reine des Lombards 72, 90, 446

Index

Anselmus, duc de Ceneda 94

Ascle, gualdum 48n

Anselperga, abbesse de S. Salvatore de Brescia 38n, 90, 445

Ascoli Piceno 421

Antigny, vicus 374n, 377n Antoigné, villa 364-365 Antran 355 Antrodoco, curtis 48n Appo, ministerialis 240 archigualdator 54 ; v. vualdator, Nando archiporcarius 53-54, 62 ; v. Adoaldus, Causualdus, Lucanus, Lupus Aragón 387 Ardin 349, 359-362, 374-377 Arechis II, prince de Benevento 32n, 34, 38n, 42, 46, 67, 69, 92, 261, 298n, 299-300, 310, 313-314, 319n, 322, 455 Arezzo 71, 82n, 106, 395 Arganzón 407 Argenteuil, abbaye 151 arimanni, arimanniae 79, 86, 106 ; v. silva

485

Ascoli Satriano 261 et suiv. Astolf, roi des Lombards 32, 49, 54, 59n, 60n, 65n, 72, 87, 89, 94 Astorga 185, 190-191, 195, 198, 200, 206-207, 211 Atanarico, abbé d’Eslonza 202 Athelney 223-224 Attigny 146-148 Atton, évêque de Vercelli 119 Atton, vicomte de Poitiers 372 Audibertus, diacre 236-237 Audulfus, actionarius, colon 52-53 Augsburg 173 Auguste, empereur 434 Aulnay 372, 380 aureum pagense 360, 375 Auriola, curtis 107-108, 119n Austrapius, duc 377n Auta, gualdum 48n Authari, roi des Lombards 81

Arioaldus, roi des Lombards 71

Ava, épouse du comte Warin 140

Aripertus, roi des Lombards 73

Avane, curtis 328n

Arno, fl. 329 et suiv.

Avars 102n, 103

Arnoul, archevêque de Reims 143

Avellino 37n, 43-45

Arnoul I ,comte de Flandre 150

Avicenna 305

Arnoul II,comte de Flandre 144

Aylesbury 218

er

Arnulf, empereur 100, 112, 127 Arras, abbaye Saint-Vaast 133, 135, 138-140

B Bachrach (David) 161-163, 423

486

Index

Bagno del re 338 baiulus 94, 101; v. Rotechildus Balberianus, casale 49, 54, 58 Bama, villa 204 Banso, gastald / gasindius 74 Bapchild 218

Pietro Maggiore 312. – S. Sofia 31n, 34, 35n, 42, 46, 67, 78, 261, 287n, 299-300, 310, 312-316, 319n. – S. Sofia a Ponticello 33, 34n Beneviagenna, curtis 109 Benoît (saint) 243

Barbero (Abilio) 392

Benoît, évêque de Crémone 100

Barbier (Josiane) 121, 132, 134, 140, 146

Bensinton 218 Berbeia 401-402

Bardi 66n

Bérenger Ier, empereur 112, 116117, 118n, 136, 236

Bardonecchia 91 Barthélemy (Dominique) 8, 21, 141

Bérenger II, roi d’Italie 116

Barucio, actionarius 57

Bergantiños 195

Basilicata 37n

Bermudo II roi de León 206

Bassianum, casale 54

Bermudo Núñez, comte de Cea 190

Baudiment 355 Bauduin, comte de Flandre 138 Bauduin II, comte de Flandre 139 Baxter (Stephen) 420 Beauvais 142, 149 Beeck 172 Belmonte 278n

Bergamo 68, 91, 97, 115n

Bernesga, r. 193, 207 Bernhardt (John) 230 Berta, reine d’Italie 119-120, 327, 329, 449, 458 Berta de Toscane 118 Berta, fille de Bérenger Ier 112 Berto v. Perto

Belver de los Montes 191

Bertrade, reine des Francs 377n

bénéfice 13, 94, 103-104, 110, 124, 141-142, 328, 419; v. feora

Bessac, port 379n, 380 Biache-Saint-Vaast 134

Benevento 31-34, 36, 37n, 38-40, 43-49, 58-60, 62, 64-69, 73, 7578, 82, 86, 92, 98n, 102n, 103, 113, 261-262, 266, 271, 287, 290, 303n, 307n, 308n, 312-315, 317, 323, 417, 421, 430n, 460. – S.

Bientina, curtis 328n Bierzo 193 Biferno, fl. 303, 318, 322; gaio, gualdo 35n, 323 Bilibio 387n

Index

Bitianus, curticella 47 Blackstone (William) 214 Bloch (Marc) 10-15, 19, 25, 27, 413, 422 Bobbio, abbaye 67, 73, 98, 103 Bodman 159n, 165 Bois (Guy) 8 Boniface (saint) 128 Boniface de Canossa, marquis de Toscane 15n, 343, 425n Boniface, comte 104n Bonizo, gastald 425n, 428 Boppard 159n Bordone (Renato) 79 Boson, comte 109 Bouchain 134 Bougard (François) 23, 240 Boulogne-sur-Mer 151 Bourges 368, 377n. – SaintOutrille, abbaye 351 Bourgneuf 381 Bourgueil, abbaye 356n, 358n, 379n Bouvines, villa 139 Bouxières, abbaye 175 Bovino 305 Bovolone 238 Brandes (Wolfram) 437 Brentford 218 Brescia 67. – S. Salvatore / S. Giulia, abbaye 38n, 65n, 67-68, 70n, 72, 74, 78, 82-83, 87, 89-

487

90, 99n, 103, 104n, 110-113, 243, 278n, 445, 447-448 breve, brevia 37n, 51, 63n, 64n, 74-75, 83, 239, 328n; Brevium exempla 133, 135-136, 154, 420, 431 Briñas 385, 386, 390, 402, 406, 408 Brion 375 Brioude, Saint-Julien, abbaye 142 Brioux-sur-Boutonne 368, 375, 381n Brouch (Bruoch, Bruock) 164-165, 167-168, 418 Brühl (Carlrichard) 69, 83, 99, 159 Brumath 127 Buchonia, forêt 128 Buradón 402 Bürstadt, marca, castrum 131 Burgos 186, 389, 392, 399-400 Bustillo de la Vega 194 Bustillo del Páramo 193 busto (regis) 193-195, 199, 202, 208, 416 Bustum Maiore 193

C Cadelon, vicomte de Poitiers 372 Calabria 36, 41, 459 Calaggio, r. 261-262, 289n, 290n calx 98 camera regis 95

488

Index

Cammarosano (Paolo) 23 Campania 39 Camphin 137 Camposarcone, gaio 45 campus regius 106 Cancor, comte 131 Canche, fl. 150 Candela 261 Cangas de Onís 181 Candinus, saltus 68, 446 Canosa 41, 43-44, 305 Capiate 242 capitulaires: MGH Capit. I 32 De villis 98, 420, 430; I 92 250n; I 95 107n, 250n; I 102 250n; I 128 133, 420; I 140 84n, 104; II 202 107n, 108; II 210 104; II 225 115-116; II 273 371n Capua 36, 41, 44 caput, capitation 87, 123 Carapelle 63, 262, 284, 287, 305, 308-311, 314, 317, 460-461

Bassianum, Paternione, Terenziano, Turris Casale 305 Casalene 305 Casauria, abbaye 102, 113 Caserta 40 Cassano 41 Castagnetti (Andrea) 239 castaldaticum v. gastaldiaticum Castel Firmiano 445 Castellanos (Santiago) 392 Castilla 186, 189, 385 et suiv. Castillon-sur-Dordogne, castrum 350 Castillos de los Monjes 408 Castrosiero 400-401, 403n Castrojeriz 399 castrum 68, 127, 131-132, 139, 142, 145, 148-151, 154, 184n, 192n, 241, 253, 350, 358-359, 370, 372, 373n, 379-380, 381n, 398, 446-447

Caresana, curtis 425n

Catalogna 391, 393-394, 404, 406

Carlantino 322

Caticas 202

Carloman, roi de Francie orientale 114

causa publica 94; c. regis 93

Carloman, maire du palais 128 Carminianensis, saltus 319, 459-461 casa masaricia 67; c. regia 106 Casa Polluci, gaio 36n, 128n, 322 casale 33, 34n, 47-55, 58, 61-62, 82n; v. Amiasiano, Balberianus,

Causualdus, archiporcarius 62 Ceia, villa 198 Celone, r. 305, 319, 459 cenaticum 99 Ceno, r. 86 Cenon, portus 357, 375 censum, census 47, 48n, 66n, 86,

Index

99, 123, 198, 204, 208-209, 366n; v. ratio Centola (sainte) 400 Ceolfrith, abbé de Monkwearmouth-Jarrow 224225 Cerezo, comté 403 César, villa 203 cespaticum 99 Champtoceaux, port 377, 382n Charente, fl. 369n Charentenay, abbaye 373n Charlemagne 63, 68, 72, 86, 9294, 99, 101, 103, 106, 122, 129, 133-134, 350-352, 355n, 361, 375, 414, 446 Charles le Chauve, empereur 109, 111-112, 116n, 122-123, 132, 135138, 143, 146-148, 355, 358, 363, 370-373, 376n, 414 Charles le Gros, empereur 111-112, 114 Charles le Simple, roi des Francs 134, 139, 141, 144, 146-147, 364, 372n, 376n Charles Martel, maire du palais 122, 128, 358 Charles, duc de Basse-Lotharingie 148

Chaves 186, 207 Chelles, abbaye 149 Chiari 240 Chiavenna, cluse 252-256, 420, 445 Chieti 64 Childebert III, roi des Francs 360 Childéric II, roi des Francs 359 Childéric III, roi des Francs 360 Cicolano 48n, 60-61 Cigno, r. 322 Cisneros 192, 211 civitas 83, 336 ; c. publica 127 Civaux, vicus 374n, 378n, 380 Clain, r. 353, 356-358 Claude, évêque de Turin 353 Cleph, roi des Lombards 81 Clofeshoh 219 Clovis II, roi des Francs 355n Clunia Sulpicia 389n, 399 Cluny, villa, abbaye 140, 373n Cnut le Grand, roi de Danemark 230 coemptio 438 Coimbra 185, 190-191, 195, 207

Charroux, abbaye 380

Coira / Chur 252

chasse 94, 108, 290, 299n, 308, 316, 353; v. venatio

collatio pecuniae 98

Chasseneuil-du-Poitou 349-358, 367, 374, 378. – Saint-Clément 356 Châtellerault 358n, 379

489

Collavini (Simone Maria) 19, 31, 57 collectae 69n, 95 Colonica, fisc 144

490

Index

Colombiers, castrum 358, 381 Colonia v; Vetrarias colonus publicus 42, 45, 47, 4950, 54, 56, 59, 64-65, 66n, 70, 76, 96, 270, 312; v. Adoaldus, Audulfus, Lupolus, Mizico, Rinculus, Teodicius

Constantin VII Porphyrogénète 440, 442 consuetudo v. mala c. Conza 41, 43-44 Corbeny 146-147 Córdoba 157, 158n, 164, 184

Comacchio 69, 85, 95, 101, 251, 258

Corfe 221

comes, comte v. fiscus, pumare, res privata; terminum, terra

Cornado 189

commissa 202-205, 209-210 commisso 189, 203-204, 206 communalia 106 Como 252n; lac 418, 445-446 Compiègne 146, 148-149, 421. – Saint-Corneille, abbaye 146, 149, 152 condoma 40, 44, 48, 307-308, 314, 319n, 460 conductor 40, 52, 53n, 460 confiscation 26, 39n, 87-88, 102n, 113, 121, 123, 136-138, 145, 147, 157 et suiv., 180, 188-189, 193-194, 197, 203, 210, 270, 313, 394n, 396, 414, 417-419, 427, 450, 460; v. commissa, inpublicatio coniectae 95 Conrad II, empereur 168 Conrad le Roux, duc de Lotharingie 170, 173n Constance d’Arles, reine de France 151-152 Constant II, empereur 44 Constantin V, empereur 439

Coriose, gualdum 48n Cornino, curtis 328n, 337, 430n Corres 407 Corteolona 107, 119, 421 Cortenuova, curtis 328n corvées 14n, 69-70, 431; v. angariae, labor publicus, opera Coulin 356 Coulonges-sur-l’Autize 362 Courcôme 378n Covadonga 181 Covarrubias, San Cosme et San Damyan 392n, 395 Coyanza 189 Cremona 94-97, 101, 106, 115 Cunault, abbaye 121 curator 436 Curçay-sur-Dive, curtis, villa 349, 359, 363-366, 375, 377. – SaintGervais 366. – Saint-Hilaire 366n. – Saint-Pierre 366 curiae 79 curtis 43, 48-49, 52, 54, 68, 101, 107-109, 119, 120n, 137, 240, 307n, 308n, 312n, 319, 322-323,

Index

327-329, 331, 336, 337, 340, 343344, 347, 378-379, 389, 449, 451, 458; c. ducalis 71-73, 92, 109, 334, 347, 356, 360, 365, 374, 376n, 378n, 379, 380n, 430n, 431, 446, 451, 460; c. publica 82; c. regia 19, 31, 66n, 70-74, 79, 82-84, 88n, 92, 94-95, 102n, 106, 107n, 114, 418, 446, 450; c. reginae 74, 107, 110

Dentelin, duché 132 Derville (Alain) 134 Desiderius / Didier, roi des Lombards 32, 38n, 63, 65n, 67, 69, 72, 89, 92, 242-244, 249, 258, 445-446 Destriana, abbaye 200, 206 Deza 204

Curtis Spoletina 120n

Di Muro (Alessandro) 322

Cusani, gualdum 48n

Didon, évêque de Poitiers 360

Cysoing, fisc, abbaye 134-137, 139

Diebach 129 Dienheim 130-131

D Dagarius, missus du duc de Spoleto 63

domus divina 436; d. regia 375, 460 Dominici, villa 211

Daghibertus, gastald de Piacenza 73n

dona 86, 97, 116, 123, 143

Dagobert Ier, roi des Francs 355n, 371

Dordogne, fl. 349-350

Dagobert III, roi des Francs 360

Donoratico 341-342 Dorestad 150

Dalmatie 96

Doué-la-Fontaine 121, 351, 377, 380

Dangé 355

Dousssay, curtis 375, 379n

Darmstädter (Paul) 80, 83, 422, 424 daticum 83, 100 datio, dationes 69n, 86, 95, 97n; v. aureum pagense, inferenda David, archevêque de Benevento 262 Déas, abbaye 382 debitum 131 decima, dîme 98-99, 149, 255, 366n

491

Duas Rovores, curtis 236 Duby (Georges) 7, 21, 422 Dueñas 186, 191-192, 198, 207 Duero,fl. 182-183, 185, 187, 190, 194, 197, 207, 391, 396, 399, 403n Dunn (Archibald W.) 437

E Eaded, roi d’Angleterre 229

492

Index

Eadwig, roi d’Angleterre 228, 414

Ermoaldus, abbé de Leno 243

Eashing 218

Erstein 137

Ebles Manzer, duc d’Aquitaine 365n, 372n

Erthal 129

Ébreuil 351

escaticum, scaticum 83, 100

Ebro, fl. 385-388, 399-403, 405408 Ecgbrytesstan 223-224 Edgar, roi d’Angleterre 230 Edington 223 Edmond, roi des Angles de l’Est 219 Édouard l’Ancien, roi des AngloSaxons 218 Édouard le Confesseur, roi d’Angleterre 213-214

Escalona (Julio) 392 Escaut, fl. 133-135 Eschenbach 129 Escrebieu, pagus 144 Eslonza, abbaye 194n, 201-202 Essen, abbaye 224 Estepa Díez (Carlos) 209, 392 estuarius publicus 382n Étienne, comte de Meaux et de Troyes 141

Eggers (Adolf ) 160, 422

Eudes, roi des Francs 141, 144, 364, 376n

Einsiedeln, abbaye 172-173

Eudes II, comte de Blois 141, 154

El Castillón 399

Eudes Ier, comte de Tours 149-150

Elbuncus, évêque de Parme 116

Eusebius, comes rei privatarum 434n

Elena (sainte) 400 Elisiardus, comte 120n Elnon, fl. 133 Elsa, r. 332, 334 Elvira, reine de León 206 Emma, duchesse d’Aquitaine 356n Engelberge, impératrice 103, 110113, 119 Enguerrand, comte du Ponthieu 151n

Everley 218 Évrard, duc de Bavière 170 Évrard, duc de Frioul, 132-133, 136-139 Ewyck 172 exactores 97, 101 excubiae, scuviae 86; exc. publicae 69n exenia 97 exercitalis 86; v. gualdus

Ermengarda, impératrice 137

expensa regis 107n

Ermenulfus, comte 240

Eynsham 218

Index

F Falesia 340 Famars, fisc 134

109, 115, 116n, 122-123, 135, 236, 394 (v. pumare, terminum, terra); fisc ducal 59, 64n, 72, 262, 307; fiscalis 122, 414; caput fisci 133, 139

fara (et toponymes dérivés) 318

Fives 132, 134-135

Faragola 35-36, 261 et suiv., 417, 455, 459, 461

Flandre 132, 138, 144

Faroaldus, duc de Spoleto 54

Foglianise 40

Faroaldus, marpahis 45, 300 Farfa, abbaye 38n, 46-62, 67, 6970, 78, 83, 89, 94, 99-100, 102n, 113, 444 Fedegius, monetarius 366n Fecline, gaio 35, 261, 263, 290, 300, 307-308, 310, 312-313, 455 Felecte, gualdum 48n Feller (Laurent) 422 feodum, fief 142, 419 feora 328; v. bénéfice feorm anre niht, firma unius noctis 221 et suiv.

493

Fleury-sur-Loire, abbaye 144, 149 Folcuin 174-175 Fontenay-le-Comte, castrum 379 foresta, forêt 166, 353, 416 ; v. Buchonia, Moulière Foro, villa 119n Fortore, fl. 318, 322 fostre (pastum) 222, 225-226, 228, 417 Foulques, comte d’Anjou 150 Fouracre (Paul) 23 Francigena, via 333 Francovich (Riccardo) 338-339

Ferdolfus, gastald 45

Frankfurt am Main 159n, 165, 421

Fernán González, comte de Castilla 189, 394n, 402

freda 99

fictum 66n, 84

Frérone, reine des Francs 146

Fiesso, Flexo 65n, 84, 106, 258

Frise 150

finis publica 73

Fronsac, castrum 350

Fins 135

Fruela Ier, roi des Asturias 182

Fiocchi Nicolai (Vincenzo) 57

Fruela II, roi des Asturias 202

Firenze 330-331, 334. – S. Andrea, abbaye 97

Frugarolo 240, 248

fiscus 91-92, 98n, 100n, 102, 121122, 124, 141-142, 231, 360n, 375, 418, 420, 434n, 446; f. comitalis

Frédéric Barberousse, empereur 79

Fulbert, évêque de Chartres 141142, 154 Fulda, abbaye 126, 128-131, 168

494

Index

G

Rotulus, Scaptolfus, Trasarus gastaldatus 41, 43-44, 305n, 319, 460 ; v. Acerenza, Ascoli, Lucera, Quintus Decimus

gagius, gaio 34-37, 40, 41n, 43, 4546, 58, 59, 67-69, 74, 77, 83, 261263, 290, 299-300, 307-308, 310, 312-313, 317-319, 322-323, 417, 455, 460-461; v. Affle, Albuti, Biferno, Camposarcone, Casa Polluci, Fecline, gualdum

gastald(i)aticum 100, 106

Galicia 183-185, 190, 193, 195, 198, 204-205, 207, 209-210, 414, 417

Gélase Ier, pape 460

Gallina (Dario) 242 Gallorum, gualdum 48n, 54 Gand 151. – Saint-Pierre au Mont-Blandin, abbaye 144

Gauzlin, abbé de Fleury 144 Gaydemarus, referendarius 45 Geldersheim, villa publica 129 Gelichi (Sauro) 252, 254 Gelmen 172 Gena, curtis 67

García Ier, roi d’Oviedo 201, 204

Gennes 121

García Ier, roi de Pamplona 395

Geoffroi Grisegonnelle, comte d’Anjou 375n

García Sañchez III El de Nájera, roi de Pamplona 385

Géraud d’Aurillac 143

García Fernández, comte de Castilla 395

Gerberge, reine des Francs 147148

Gardina, curtis 107-108

Germaniciana, curtis 48n, 49, 52, 54, 61

Garelinda, moniale 111n Gargano 300, 324. – S. Michele 324, 460 Garimundus, referendarius 73 gasindius 74n; v. Alchis, Banso Gasparri (Stefano) 19, 31 gastald 38n, 41-42, 44-45, 50, 52-55, 57-62, 70-71, 73-77, 86-88, 90, 92-94, 100, 106, 114, 314, 344, 425n, 428, 431 ; v. Alahis, Alifridus, Banso, Bonizo, Daghibertus, Ferdolfus, Godefridus, Gumbertus, Hermerissus, Ildericus, Ilpidius, Immo, Perto, Picco, Radoaldus, Rimo, Rodegari, Rotfredus,

Gezo, juge 118 Gherardus, évêque de Lucques 328n Ghittia 74 Gijón 181 Gillingham 224 Giselbertus, duc de Lotharingie 147 Giselbertus, vualdeman 74 Gisla, épouse d’Everardus de Frioul 132-139 Gisulfus, duc de Spoleto 54 Gisulfus, magister camerae 117

Index

Gisulfus, strator 446 glandaticum 99 Glanfeuil, Saint-Maur, abbaye 132 Godefridus, gastald de Rieti 53, 61n Godescalcus, actionarius 61 Golpejar, villa 203 Gonzalo, fils d’Alphonse III des Asturias 194n, 211 Gonzalo Muñoz 203 Gorze, abbaye 157, 164 Goslar 421 Grado 95 Grañón, comté 403 Grateley 218-219 Greatan-leag 219 Grégoire II, pape 243 Grégoire de Tours 378 Grégoire, iocator 92 Grierson (Philip) 134

495

Auta, Biferno, Coriose, Cusani, Felecte, gaio, Gallorum, Gualdum Novum, Laranu, Longone, Mogianus, Mollionice, Mons Calvus, Neviano, Patianum, Pontianum, Pozzaglia, Rivus Curvus, S. Angelo, S. Giacinto, S. Stefano, Saccione, Talli, Tancies, Trita, Turrita; gualdus exercitalis 40; gualdus publicus 83 Gualdo al re 338 Gualdum Novum 48n Gué de Sciaux 377n Gui de Spolète, empereur 112 Gui, marquis de Toscane 118 Guillaume le Conquérant 219 Guillaume Ier le Pieux, comte d’Auvergne, duc d’Aquitaine 140, 142 Guillaume II le Jeune, comte d’Auvergne, duc d’aquitaine 142 Guillaume III Tête d’Étoupe, duc d’Aquitaine 356n, 372n

Grimoald, duc de Benevento 44

Guillaume IV Fier-à-Bras, duc d’Aquitaine 356

Grimoald III, prince de Benevento 40n, 262

Guillaume V le Grand, duc d’Aquitaine 153, 358n, 373n

Grimoald IV, prince de Benevento 103n

Guillaume IX, duc d’Aquitaine 357

Grimoald, maire du palais 382n

Guillaume Ier de Normandie 142

Gruson, fisc 133, 139

Gumbertus, gastald 62n

guald- v. vuald-.

Gumeltruda, épouse d’Adémar de Salerno 88n

gualdum / gualdus 18-19, 34-37, 39-41n, 45-54, 56, 58-64, 67, 73, 74n, 77, 83, 89, 106, 290n, 306n, 318, 322-323, 338, 416-418, 427, 451, 460-461; v. Alegia, Ascle,

Gundi 102n Gundoaldus, actionarius 54, 61 Guntramnus, comte 173

Index

496

H Hadumarus, comte de Vérone 93

Hincmarus, archevêque de Reims 124, 138; De ordine palatii 97n Hodges (Richard) 323

Hægelisdun 218, 219n

Hongrois 115-116

Hagenmünster 172

honor 13, 135, 137, 141, 419

Hainaut 132, 134

Honorantie civitatis Papie 117

Haldon (John) 437

Hruadlaug, abbesse 129

Hammelburg, fiscus 129

Hruodpraht, comte 131

Harnes, fisc 144

Hucbold, comte 139

Heilwich, fille d’Évrard de Frioul 139

Hugues Capet, roi de France 141143, 149-152, 364

Heimo, comte 129

Hugues de Provence, roi d’Italie 117-120, 327, 338, 347, 395, 396n, 431

Hellesdon 218 Helmstan, voleur 175 Hendy (Michael) 437 Henri II, empereur 152, 431 Henri I , roi de France 151n er

Hugues, marquis de Toscane 345, 347 Hugues le Grand, duc des Francs 142, 151

Héraclius, empereur 437

Hugues, avoué de Saint-Riquier 151

herbaticum 83, 100

Hunald, duc d’Aquitaine 358

Herdonia 271, 286n, 287, 300, 310n, 314 Hério, abbaye 381 Herlemundus, évêque du Mans 360 Hermenegildo Pérez 203 Hermerissus, gastald 314 Hidacio / Hydace, évêque de Chaves 186

Hunfrid, abbé de Saint-Bertin 137

I Ildeprandus, roi des Lombards 85 Ildeprandus, duc de Spoleto 48n, 59, 93 Ildericus, duc de Spoleto 57n Ildericus, actionarius 54

Hildegarda, reine des Francs 106, 110, 351

Ildericus, gastald de Rieti 61n

Hilduin, comte, abbé de SaintBertin 137-138

Ilpidius, gastald 62n

Iley Oak 223-224 Ilprandus, roi des Lombards 69

Index

Immo, gastald de Parma 73n

J

Immo, gastald de Rieti 50

Jarrow v. Monkwearmouth

immunité 99, 102, 114-115, 123, 125, 144, 226, 360, 380, 446

Jaunay-Clan, curtis 356

Indisclo, évêque d’Astorga 198, 211

Jean Tzimiskès, empereur 441

Ine, roi de Wessex (70.1) 226-227 inferenda 360 Ingrandes 355

497

Jean Kourkouas 441 Jimena, reine des Aturies 204, 211 Judith, impératrice 110, 135

Innes (Matthew) 23

Judith, fille de Charles le Chauve 138

inpublicatio 87

Julien l’Apostat, empereur 116

inquisitio 105, 161n, 167n, 168, 240, 395n, 402n, 405n

Justinien, empereur 436

Insarius, missus royal 50-51, 53-54, 56

K

Interocro, curtis 38n, 61

Kasselheim 172

Iohannes, duc d’Istrie 95 Iohannes, conductor 40n Iratxe, Santa María, abbaye 393n Irpinia 41 Isemundus 51 Iseo, lac 446 Istrie 95-96, 98, 101, 106 Iucundiacum 350 Iudanbyrig 219 Iunez Mahomatelli 194 iudiciaria 42

Kaupang 370 Kirn 172 Koblenz, St-Florin 172 kommerkiarios 438 Konstanz 173 Koziol (Geoffrey) 144 Kusel 173

L La Aldea, Santa María 199 La Rioja 388-389, 393n, 396

iuniores 360, 361n

La Rocca (Cristina) 448

ius publicum 110; ius regni 110, 114, 252

Labastida 407 labor publicus 64, 69

iustitia palatii 96n; iustitiae 95

Lambert de Spolète, empereur 110, 115-116

Ivois 152

498

Index

Lambert, archevêque de Milan 116

406, 414, 422. – San Salvador de Palat del Rey 200

Lambert de Toscane 118

Léon III, empereur 437, 439

Langandene 217-219

Léon VI, empereur

Langon, port 379

Leonaford 219

Lantarón, comté 385n, 391, 400n, 401-402-406, 408

Lesina 299n, 300, 305, 315

Lanzada, salines 203 Laon 142-143, 146, 148 Lara 399 Laranu, gualdum 48n largitas, largitio 92, 123, 146-148, 151, 154, 434-435 largitionalis (comes) 436 Larino 44 Latiniano 44

Librenti (Mauro) 254 Liburia 35n, 37n Ligugé, abbaye 375 Lille 134-135 Lillo, San Miguel 200 Limbury, villa regia 218 Limoges 350, 368. – Saint-Martial 351 Limonta 107, 239-240, 418

laudaticum 99

Liudprand, évêque de Cremona 96, 116, 118, 347, 440n

Lazio 39

Liutfrid, comte 111n

Lazzari (Tiziana) 89

Liuthar de Walbeck 172

Le Jan (Régine) 22, 448

Liutpertus, actionarius 54

Le Mans 359-361, 368. – SaintGervais 360-361

Liutprand, roi des Lombards 52-53, 55, 58, 65n, 67, 69, 74-75, 86-87, 88n, 89, 92, 444, 449

Leatherhead 218 Leicht (Pier Silverio) 75 Leire, San Salvador, abbaye 385386, 387n, 393, 395-396 Lemos 211 Lena, Santa Cristina 200 Leno, abbaye 89-90, 103, 104n, 242 et suiv., 446, 458 León 181, 185-186, 189-191, 195, 200-201, 204, 207, 210, 242 et suiv., 388, 389n, 393-394, 404,

Llyr Cyfnerth 227 Llyr Iowerth 227 Loi lombarde 34n (Rothari 223), 55n (Liutprand 59), 88 (Rothari 158-160, 163, 221, 223, 231; Liutprand 6, 17-18, 24, 32, 34, 77; Adelchis 1); v. Notitia Loire, fl. 121, 150-151, 349-350, 363, 375, 377, 382 Lombardia 79-80, 83, 244

Index

Longone, gualdum 48n

Lugnano, curtis 328n

Loranco 390

Lugo 204n

Lorsch, abbaye 126-127, 131, 162n, 164, 168, 173

Lupolus, colonus publicus 50-52

Lot (Ferdinand) 12, 361 Lothaire Ier, empereur 59, 91, 97100, 104n, 107, 109, 135, 137, 447 Lothaire, roi des Francs 143-144, 148 Lothaire II, roi de Lotharingie 135, 137 Lothaire, roi d’Italie 327, 345 Lothaire, frère jumeau de Louis le Pieux 351

499

Lupus, duc de Spoleto 47, 50-52, 54 Lupus, actionarius 62n Lupus, archiporcarius 62n

M Macco, comte de Poitiers 360n Magdeburg 162n, 163, 168n, 170, 172-173, 421 Magnou-Nortier (Élisabeth) 142

Loudun 380

Maiella 64

Louis le Pieux, empereur 84n, 91n, 94, 103n, 104, 109, 135-137, 140, 146, 351, 361, 363, 364n, 366, 375n, 377, 382n

mallus publicus 127, 132, 134, 169n; mallationes lites 106n

Louis II, empereur 97, 101 Louis le Germanique, roi des Francs 109, 137

Mainz 126 Maitland (Frederick) 213, 225, 416 mala consuetudo 95 mancosus 95

Louis III, roi des Francs 139

mandatio 206, 210

Louis IV, roi des Francs 147-148, 364

Mangonville 174

Lucania 37n

mansio, doit de gîte 360

Lucanus, actionarius, actor, archiporcarius 52, 54 Lucca 67, 72, 75, 328, 331, 333, 335, 337, 344n, 345, 347, 348. – S. Michele in Foro 104n, 335. – S. Ponziano, abbaye 345 Lucera 41, 43, 45, 297n, 299n, 305, 316, 319, 459-460 Lucis 184

Mannoni (Tiziano) 252 Mantova 83, 94-95, 107, 115 Marazzi (Federico) 39 Marcelo, comte d’Álava 386n Marchiennes, abbaye 135 marchés 69n, 85, 91, 100, 115, 121, 123, 134, 136, 149, 237 ; v. teloneum mare publicum 106

500

Index

Marengo, curtis 107-108

Mellitus, actionarius 47n, 48n, 57n

maripassus, marpahis 44-45, 58-59, 62 ; v. Perto, Rimo

Melun 141, 149

Marmoriolo, curtis 107 Marquain, villa 134 Marsal, vicus 127 Marsi 61n, 62n Martial (saint) 243 Martin (Jean-Marie) 45, 261, 323, 454 Martín Viso (Iñaki) 392 Martindale (Jane) 140 Martinianus, actionarius 52 Marturi, curtis, S. Michele 343, 428, 431. massa (fundorum) 38n, 48, 49n, 57n, 319, 461

mensa regis 79 Mera, fl. 256 Merantun 219 Meretun 219 mercati v. marchés Mercie 219, 420 Mera, r. 198 Méron, domus 375 Metz 164 Meuse, fl. 148, 152 Michel VIII, empereur 442 Micy, Saint-Mesmin, abbaye 149, 382n Migliarina, curtis 67, 239

Massa Marittima 336

Migliario (Elvira) 64

Mastaing 134

Mijangos 400n, 401

Matera 36n

Milano 106-107, 109, 116, 421. – S. Ambrogio 107, 240, 242, 418

Matto, comte 129n Maurianula 47 Maurolus, porcarius 54 Mauss (Marcel) 152

milites 101, 120, 388, 407 Milo, comte de Verona 120n Milz, vicus publicus, villa 129-130

Meaux 141-142

mines, minerai 79, 254-255, 268, 327, 349, 368-372, 381, 431; v. Melle

Meersen, fisc 147

Miño, r. 200

Megingoz, évêque de Würzburg 129n

Mitola, comte de Capoue

McCormick (Michael) 243

Mélantois, pagus 132-135, 139 Melle 349, 355, 369-373, 375, 381. – Saint-Pierre 370, 372

Mizico, colonus publicus 50-52 Modena 65n, 67, 83n, 99n, 244n Mogianus, gualdum 48n

Index

Molezano, vicus 320

Musina (Giorgia) 107

Molise 37, 44, 261 et suiv.

Mutilluri 390, 406

501

Mollionice, gualdum 48n Monkwearmouth-Jarrow, abbaye 224-225 monnaie 10-11, 95, 98, 103, 107, 115-117, 123, 134, 142, 362, 365-366, 368, 370-376, 380

N Naintré, villa 355 Nájera, Santa María la Real, 393n Nando, archigualdator 54

Mons Calvus, gualdum 48n

Nantes 150

Montagnano 47

Narbonne 144

Montamisé 356

naus, navigation 79, 113, 117, 131, 357, 364, 379; v. ripaticum

Monte Barro 278n Monte San Giovanni 322, 324 Montecassino, abbaye 64, 102n, 243, 316, 322, 334, 345 Montelupo Fiorentino 330 Monteverdi, S. Pietro, abbaye 243, 344

Navarra 387n, 389, 393, 399, 405, 407 Negotianum 47 Nendos 95 Neviano, gualdum 48n Nibelungus, Bavarois 94-95

Montinaro (Federico) 438

Nicéphore Ier, empereur 439-440

Montmorillon 381

Nicéphore Phoca, empereur 441442

Montreuil, castrum 150-151 Montsoreau 363 Monza 107 Monzón, Santa María 211 Mortagne, castrum 139 Moulière, foresta 353, 356 moulins 54, 58, 63, 82, 86, 101, 262, 289n, 332, 356, 394, Moussais 355 Mulinereggi 338 murus regius 106n Musileo 48n

Niort 373, 379, 381n Nithad, comte 129 Nocera Umbra 278n Noceto 323 Nogara, castrum 235-239, 241, 248251, 258, 458 Noirmoutier 381 Nonantola, abbaye 67, 68n, 78, 89, 92, 94, 96n, 106, 243, 254 Norcia 93 Nordbaltus, voleur 175 Normands 122-123

502

Index

Northumbria 218, 225

Oto, silvanus regis 74

Notitia de actoribus regis 85, 449n

Otte-Guillaume, duc de Bourgogne 153

Notitia dignitatum 434, 459 Novalesa, abbaye 91, 99n Novara 98, 100, 111 Novgorod 370 Noyelles-sur-Mer 151n Noyon 149 Nozzano, curtis 328n Nuño, frère d’Alphonse III des Asturias 198 Nuruego, fl. 191

Otton Ier, empereur 96, 117, 147, 157 et suiv., 345 Otton II, empereur 345, 421n Otton III, empereur 345, 421n Oviedo 397 Oyré 355

P Padova, S. Giustina 102 pagenses 375 pagus 375; v. Escrebieu, Mélantois, Ostrevant, Ternois, Tournaisis

O Oca 408 occursus 99

Palacios, villa 203

Odacer, famille 131

Palacios del Rey (P. de la Valduerna) 207

Ofanto, fl. 305-306

Palat del Rey, San Salvador 200

Oglio, r. 67, 445-446 opera 69n

palatium 31, 33, 37, 42-43, 58, 68, 74, 82n, 91, 96n, 107-108, 146, 150n, 307, 323, 353, 388-390, 446; v. iustitia, pars, potestas

Oporto 186, 207

palifictura 101

Orba, curtis 107-109, 119

Paline, gaio 261, 310

Ordoño I , roi des Asturias 192

Pamplona 385 et suiv.

Ordoño II, roi de Galicia et de León 193, 198, 202, 204, 211, 414

Pando, vir clarissimus 59

Oikonomides (Nicolas) 438

er

Orléans 142, 149-150, 332 Ortisiano 47 Ostiglia 94, 96n Ostrevant, pagus 133-135, 138-140 Otgive, reine des Francs 138, 147

Papaiano, S. Andrea 343 Pappiana, curtis 421 Parada Cebraria, villa 198, 211 parata(e) 95, 360 Paris 141, 149, 151, 355. – SaintGermain-des-Prés, abbaye 149,

Index

355. – Saint-Magloire, abbaye 151 Parma 66n, 70-71, 73, 82n, 109, 114, 116, 118 pars palatii 102n, 105; p. publica 100-101; p. regia / regis 93, 105, 395

503

Pépin III le Bref, roi des Francs 8687, 92-94, 103, 107, 131, 236, 352, 358, 361, 377n, 446 Pépin Ier, roi d’Aquitaine 353, 357n Perctarit, roi des Lombards 71

Parthenay 381

Perales, villa 203

Pascasius, silvanus regis 74

Pergoaldus 33

pascua (pascoli, pâtures) 36, 62, 69, 83, 94, 96, 100, 227, 290, 298, 299n, 308n, 315, 322, 456, 460461. – p. publica 83. – p. regia 106

Perto, gastald 54

pastio, pastum 99-100, 222, 224; pastus imperatoris 115, 116n; v. feorm, fostre

Petrus II, évêque de Lucques 328, 344n

Pastor (Ernesto) 391

Pfersdorf 129n

Paternione, casale 49, 61-62 Patianum, gualdum 48n patrimonium 436 Paulus Diaconus 72, 81 Pavia 31, 34, 50, 68, 74, 85-86. – S. Giovanni Domnarum, abbaye 103, 104n. – S. Marino, abbaye 103, 104n pêche, pêcheries, pêcheurs 45, 79, 94, 96, 106, 117, 299n, 313-315 Pecora, fl. 341 Pegognaga 83 Peiraio, villa 198 Pelagio, villa 211 Pelayo, roi des Asturias 181 Peltuino 63-64 Peña Amaya 399, 403n Penne 38n, 62n, 64 pensio 85-86, 328n

Perto, maripassus 48n Peterlingen, abbaye 173

Petrus de Niviano, sculdascius 240n Piacenza 66n, 69-71, 73, 82n, 8486, 100, 105-106-109, 111, 113. – S. Antonino 69. – S. Sisto 100, 105, 109, 111 Piadena 239, 251, 258, 458 Picco, gastald 52-54, 58-59 Piemonte 80, 83, 109 Pierre Damien (saint) 254-255 Pietrastornina 43 Piove di Sacco, vicus 72, 84, 92 Pirenne (Henri) 9, 12 Pisa 74, 330-331, 334-336, 420 Pistoia 73, 94, 103, 104n. – S. Bartolomeo, abbaye 94-95, 97n Pîtres, édit de 371, 372n Piunte, curtis 328n Piuro 253-256 Platelle (Henri) 133

504

Index

Po, fl. 252, 446 Poissy, castrum 149. – Notre-Dame, abbaye 149 Poitiers 349 et suiv. – Montierneuf, abbaye 356. – Saint-Cyprien, abbaye 355n, 356, 358n. – SaintHilaire, abbaye 379-380 Polanyi (Karl) 25 pontaticum 99

69, 80, 82-83, 85-86, 88, 91, 93-94, 96, 97n, 100-101, 102n, 105-106, 109-110, 115n, 116n, 122, 124, 126132, 134, 169n, 382n, 391, 393, 396, 404, 406-407, 414, 417-418, 446; v. animalia, causa, civitas, colonus, curtis, estuarius, excubiae, fictum, finis, gualdus, ius, labor, mallus, mare, pars, pascua, potestas, res, scufiae, stagnus, strata, venatio, via, vicus, villa

Ponthieu 132, 150-151

Pucklechurch 221

Ponthion 143, 146

Puglia 35, 37, 41, 43, 261 et suiv., 420-421, 453, 45

Pontianum, gualdum 48n Populonia 336

pulveraticum 99

porcarius 54 ; v. archiporcarius, Maurolus

pumare de comite 394

Porma, fl. 193, 207

Q

portaticum 69, 99-100

Quentovic 150

ports 69n, 85, 100-101, 115, 121, 135, 149-151, 313, 340, 357, 363, 369n, 375, 379, 381n, 382, 445

Quiroga 204

potestas palatii, potestas publica 82, 88 Poto 37n, 312 Pouthumé 358 Povegliano 238 Pozzaglia 48n, 51 prata regia 106 Pravia 181

R Rachis, silvanus regis 74 Radelchis I, prince de Benevento 40n Radoaldus, gastald de Reggio 74 Ramiro II, roi de León 189 Ramiro, fils d’Alfonso III roi des Asturias 211

Pravio, villa 198

Ramnoux II, comte de Poitiers 379n

precaria 124, 361, 379, 419

Raoul, roi des Francs 141, 364

pronoia 442

Rodulfus, fils d’Évrard de Frioul, comte, abbé 136, 139

publice 126-128, 168n, 417 publicus, -a, -um 48, 51-53, 65, 68-

Rasdorf, marca 130

Index

ratio 198 ; r. palatii 85 Ratchis, roi des Lombards 69, 73, 87, 89 Ravenna 97, 102, 107, 115 realengo 394n redibitio 99 referendarius v. Garimundus, Gaydemarus regalia 79 regalis usus 81 Reggio Emilia 65n, 67, 74, 83, 99n, 103, 104n, 115n, 244n Regimbaldus, comte 164 Reims 139, 148. – Saint-Remi, abbaye 146-147, 173 reginae: curtis, terra 74, 106-107 ; gastald 74

505

50, 53-54, 58, 60-61, 83n Rieulay 135 Rimo, gastald, marepahis 61, 62n Rimo, marpahis 62 Rinculus, colonus publicus 53 ripaticum, accostage 69, 97, 99-100, 237 Risano/Rižana 95 Rivus Curvus, gualdum 48n Robert Ier, roi des Francs 141 Robert II, roi de France 141, 143144, 150-153 Rocca Alberti 342 Rochester 226 Rodegari, gastald 42n Rodrigo, comte de Castilla 186

regis, regius, -a, -um 122; v. casa, curtis, domus, expensa, murus, pars, realengo, serna, servitium, silva, terra, venator, via, villa, vinea

Roger II de Sicile 39n

rente foncière (rendita, rent) 10, 25, 44-45, 51, 80, 84, 163, 314, 349, 388-389, 416, 418, 433

Romuald II, duc de Benevento 312

Rom 374n, 380 Roma 97, 113. – S. Pietro 98, 102 Romain II, empereur Roncaglia 79

res privata 434-437, 459; v. Eusebius

Ronco 120n

res publica 53, 85, 116n

Rossiglione 278n

Rets, villa 363

Rotechildus, baiulus 94, 101

Reynolds (Susan) 21

Rotfredus, gastald de Rieti 54

Rezé, port 375

Rotgaudus 102n

rhogai 440, 442

Rothenburg 163, 165, 168, 416

Riccarda, impératrice 137

Rotlinda, fille de Hugues de Provence 119n

Rieti 38n, 46-47, 49, 57-62, 64, 69, 70n. – S. Salvatore, abbaye 48n,

Rotulus, gastald 40n, 41n

506

Index

Rouen 149, 151

S. Pietro in Palazzuolo, abbaye 342

Rovescello 236

S. Quirico, curtis 328n, 329-330, 334, 458

Rumegies 135 Russi (Vittorio) 318

S. Salvatore al Monte Amiata, abbaye 89-90, 103, 104n, 328, 344345

S

S. Stefano, gualdum 48n

S. Agata Bolognese 251, 254

S. Vincenzo, abbaye (Siponto) 43

S. Agata di Puglia 261

S. Vincenzo al Volturno, abbaye 39, 63-64, 89, 99n, 113, 303n, 316

S. Angelo, église (Biferno) 35n S. Angelo, gualdum 48n, 60-61, 62n

Saccione, fl. 322; gualdum 290n, 323

S. Antimo in Val di Starcia, abbaye 328, 344

Saelices de Mayorga 201

S. Felice, église (Siponto) 42

Saint-Amand, abbaye (Elnone) 133, 135, 137, 139-140

S. Genesio, curtis 330-336, 347, 420, 458

Sahagún, abbaye 194n, 202

Saint-Amand-de-Boixe, abbaye 357

S. Getulio, église 60

Saint-Basle, synode de 143

S. Giacinto, gualdum 48n-50-51, 53-54, 56-57, 60, 62, 427

Saint-Bertin, abbaye 132, 137, 139

S. Giorgio di Mantova 240 S. Giusto,casale 305, 319-320, 324, 455, 459-460 S. Liberatore, abbaye (Benevento) 38n S. Maria, église (Albuti) 35n S. Maria in Civita 303, 323 S. Maria in Viconovo, église (Rieti) 38n, 57 S. Michele alla Verruca, abbaye 335 S. Miniato 330 S. Nicandro, église (Siponto) 42 S. Pietro, abbaye (Siponto) 43

Saint-Denis, abbaye 91, 146-147, 149, 355-356, 371, 446 Saint-Denis-en-Vaux 355 Saint-Gall, abbaye 126-127 Saint-Jean-d’Angély 373. – SaintNicolas 373n Saint-Jean-de-Sauves, vicaria 380 Saint-Maixent, abbaye 356n, 368, 375, 379 Saint-Même-le-Tenu 382 Saint-Pierre-les-Églises 378n Saint-Riquier, abbaye 150-151 Saint-Savin-sur-Gartempe, abbaye 377

Index

Saint-Viaud 382n sakellē, sakellarios 436-437, 440 sala 318 Salamanca 189 Salapia 295, 300, 313, 315 Salcedo, villa 211

507

Sancho IV Garcés, roi de Pamplona 386, 407 Sancho, comte de Castilla 395 Sancho Fortuñones 385 Santa María de Puerto, abbaye 392n

Salerno 36, 42-43

Santa María de Valpuesta, abbaye 392n

Salina de Añana 394

Santa Olaja de Eslonza, villa 198

Salinas 195

Santiago de Compostela 189, 203204, 211

salines v. sel Salomon, roi d’Israël 226 Salpi 305 saltus 36, 67-68, 128, 133, 135, 319, 446, 459-461; v. Candinus, Carminianensis

Santo Domingo de Silos, abbaye 392n Sanxay 380 saponarii, savon 85, 117 Sarrasins 98, 116

salutaticum 99

Sarrebourg, castrum 127

San Julián, villa 203

Saumur, Saint-Florent, abbaye 132

San Millán de la Cogolla 386, 388n, 393n, 405n

Savinien (saint) 370

San Pedro de Arlanza, abbaye 392n, 394

Sawyer (Peter) 217-219, 221

San Pedro de Cardeña, abbaye 189, 392n, 394

Saxe 161, 170, 173, 371n, 414, 416 Scabris 340 Scampiglia 314

San Pedro de Cansoles 211

Scaptolfus, gastald de Rieti 57n, 60

San Pelayo, villa 206

Scarpe, fl. 133, 135, 136

San Salvador de Oña, abbaye 392n, 395

scario 53; v. Teodepertus

Sánchez-Albornoz (Claudio) 183, 391

Schlins 172

Sancho II Garcés, roi de Pamplona 396 Sancho III Garcès le Grand, roi de Pamplona 396

scaticum v. escaticum Schneider (Fedor) 422 Scla, gaio 261-262, 299, 310 Scobrit, villa 382n scufiae publicae 69n

508

Index

sculca 318

siliquaticum 69

sculdascius 48n, 58, 60; v. Petrus de Niviano, Teodemondus

Sil, r. 204

scuviae v. excubiae

Silo, roi des Asturias 184, 186

Seckington 221

silva arimannorum 86; s. regia 106

Secundus, gastald et vestararius 45

silvanus regius 74; v. Oto, Pascasius, Rachis

Seine, fl. 149-151

Siponto 41-43, 300, 305, 313-315, 460

sel, salines 75, 79, 82n, 86, 88, 203, 300, 304, 313-315, 327, 329, 337, 346-347, 367, 381-382, 394, 396, 431, 456 Selwood 223 Senlis 149, 151 Senna Lodigiana, curtis 107 Sens 149 Serchio, fl. 420 serna (regis) 189-195, 199, 202, 208, 210-211, 394, 416; s. de comite 394 servitium, service(s) 9-10, 13n, 59, 81, 86, 94-95, 98, 102, 105, 164165, 168, 395-396, 440, 442; s. regium 352n Sesto, S. Salvatore, abbaye 328, 335, 344, 348 Sesto al Reghena, abbaye (S. Maria in Sylvis) 72, 82, 92 Sextuno, curtis 48n, 70

Sirmione, castrum 68, 446 Sisnando, évêque de Santiago de Compostela 204 Slaves 87 Soisdorf, marca 130 Sollanzo 189, 191, 195, 202, 211 Somain-en-Ostrevant, fisc 134-137, 139 Somme, fl. 151 Somolaco, curtis 446 Sospiro 95, 106-107, 119n Spicuaco, curtis 378n Spoleto 31-32, 36, 38n, 40, 46-50, 53, 55n, 58-60, 62, 64-65, 68-70, 73, 75-77, 82, 83n, 86, 93, 100, 102, 110, 112-113, 115, 421, 426n, 444 stagnus publicus 382n statera 131

Sicard, prince de Benevent 262, 299n

Stavelot, abbaye 382n

Siena 71, 82n

Strasbourg 126

Sigebert III, roi des Francs 382n

strata publica 105

Sigericus, archevêque de Canterbury 333

stratéia 66n, 440 strator 446; v. Gisulfus

Index

509

Sturmi (saint) 128

Ternois, pagus 138-139

subactio 44-46, 59, 314

terra comitis 109, 372n; t. regis/regia 80, 106, 213-214

Sulmona 63 superpostae 94, 96 Suzanne, reine de France 150-151

tertia 47n, 85 Teudemundus, actionarius 51, 62n

Swinbeorg 216-217, 219

Teupascio 338

T

Théodose II, empereur 436

Tabacco (Giovanni) 8, 16-19, 50

Theoderaci, abbé de S. Pietro Maggiore (Benevento) 312

Taillebourg – Port-d’Envaux 369n

Theodosius, fidelis de Charles le Simple 144

Talli, gualdum 48n, 58

Thierry IV, roi des Francs 360

Tancies, gualdum 58

Thiverzay, vicus 379

Taranto 41

Thorigné 378n

Tartaro, fl. 236

Throand, prefectus 128

Tauriano 47

Thouars, castrum 365n, 380

Tedeja 401-402

Thunderfiels 218

Tegrimus, comte 119n

Tierra de Campos 187, 195

teloneum, tonlieu 69n, 85, 99-100, 115, 121, 123, 134-136, 237, 357n, 377, 382

Till 150

Teodemondus, sculdascius 48n Teodepertus, actionarius, scario 52-53

Tillioano, villa 236 tonlieu v. teloneum Tordesillas 197 Torino 107

Teodicius, duc de Spoleto 38n

Tormes, r. 189

Teodicius, conductor, colon 52, 55

Toro 186

Teramo 64n Terenziano, casale 53 Téreygeol (Florian) 368 terminum de comite 394 Ternay, villa 365n

Torranianus v. Turris Torre de Palle 194 Torrentejo 387-388, 390, 402, 406, 408, 417 Toscana, Tuscia 88, 327 et suiv., 394-395, 427-428, 458 Toto transpadanus 33

510

Index

Tournai 132-134

Tuñón, Santo Adrianao 200

Tournaisis, pagus 139

Turchiano (Maria) 35

Tours 149-150, 332, 368. – SaintMartin, abbaye 68, 91, 357n, 363, 365-366, 375, 379, 446

Turrita, gualdum 48n, 59n, 62n, 67

Transamundus II, duc de Spoleto 47n, 60 Transamundus, comte de Capoue 44 transitoria 101 Trasariz, villa 197 Trasarus, gastald 45 Trasoaldus 33 Trasulfus 40n Travassós, villa 197 travaticum 99 Treadgold (William) 437 Treola (Notre-Dame de la Treille, Lille), fisc 133-136 Trespaderne, Santa Maria de los Reyes Godos 401

Turris / Torranianus, casale 50, 54, 61-62

U Ubierna 186 Ugo v. Hugues Ulpien 255 Ursipertus, conductor 40n Usson, vicus 380 utilitates 86

V Val Camonica 68, 91, 446-447 Valcarce 193, 197 Valdediós, San Salvador 200

Treviño 407

Valdemora 189

Treviso 72, 81-82, 84, 92, 115

Valdepercides, villa 197

tributarius 87n, 104n

Valdevimbre, abbaye 189, 193

tribut, tributum 80, 84n, 87, 97n, 103-104, 116, 123, 162-163, 179, 183, 190, 198, 360, 416, 434n

Valdoré 192

Trier, St-Maximin 172 Trigno, fl. 318 Trita, gualdum 63-64 Tronto 62n Troyes 141-142, 149 tun (pl. tunas), centre du domaine royal 217

Valduerna 200, 206-207 Valenciennes, fisc 134-135, 137 Valli, curtis 328n, 337, 340 Valtellina 91, 445-446 Valva 63, 65 Vaux 355 venatio 98; venationes publicae 115n venator regis 108n

Index

Vendeuvre 378n

Villamagna 297

Vera (Domenico) 415

Vincent (saint) 152

Verberie 146, 148, 152

vinea regis 106

Vercelli 73, 108n, 109

Violante (Cinzio) 9, 422

Verdun, castrum 137, 148

Vital (saint) 243

Verona 96n, 106n, 107, 110n, 120n. – S. Zeno, abbaye 93, 236

Vitry-en-Artois, fisc 132, 134-136, 139

vestararius v. Secundus

Volpe (Giuliano) 35

Vetraria, portus 382

Vouzailles 379n

Vetrarias, colonia 364

vualdator 63; v. archigualdator

Vetricella 339-343, 347, 420, 431

vualdeman 73-74; v. Abo, Giselbertus

via publica 105 ; v. regia 382n

Vulfuinus/Vulvanus, comte de Vérone 93

vicaria, viguerie 132, 358n, 359, 380 vicus 82n, 84, 92, 127, 240, 320, 351, 362, 366, 370, 375, 377, 379, 456; v. publicus 129-130, 417 Videmala, villa 197 Vienne, fl. 353, 357-358 Vignodelli (Giacomo) 119-120 Vikings 150, 219, 224 villa 61n, 121, 126-128, 130, 134, 138-140, 161-162, 195 et suiv., 236, 266 et suiv., 351-352, 355357, 360, 361n, 363-365, 373n, 374, 377, 379n, 382n, 386, 394n396, 417, 456; v. publica 129-132, 417; v. regia/regalis/regis 107, 108n, 218-219, 407, 418 Villa Clelia 278n Villa Crescimiri 197 Villa Plana 211 Villa Rezmir 203

511

Vulpariolo, port 100

W Wackernheim 131 Wadulfus 33 Waïfre, duc d’Aquitaine 352 Walpertus, juge 118 Warinus, comte 140 Warminster 224 Weinheim, villa 126 Wenzeslaus, abbé de Leno 244 Werner (Karl-Ferdinand) 351 Wickham (Chris) 7, 12, 24, 50, 64, 231 Wilerona, abbesse de S. Sofia (Benevento) 299n Willa, épouse de Boson de Toscane 118

512

Index

Williswinda 131

Y

Winchester, New Minster 230

Yèvre, castrum 144

Winigis, duc de Spoleto 93 Winizo, abbé de S. Salvatore al Monte Amiata 345

Z

Wissembourg, abbaye 126-127

Zaccaria, abbé de S. Sofia a Ponticello (Benevento) 33, 34n

Withbordestan 219

Zacharie, pape 128

Wood (Ian) 22

Zamora 186, 195, 197, 199, 207, 399

Woolmer 218

Zotz (Thomas) 166, 173

Worms 126