+ 4 °C : Le climat change... Et vous ? 2212563310, 9782212563313


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+ 4 °C : Le climat change... Et vous ?
 2212563310, 9782212563313

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Xavier Montserrat

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À quoi ressemblerait un monde avec 4 degrés de plus ? Catastrophes naturelles, effondrement de la biodiversité, explosions pandémiques, le changement climatique nous place face à des menaces

extrêmes. Expert en santé publique, Xavier Montserrat décrit de façon concrète comment nos sociétés, nos quotidiens, pourraient être bouleversés dans les décennies à venir. Alors, comment réagir? Après 20 ans d'échecs de la diplomatie climatique, l'action citoyenne est la seule véritable alternative pour agir sur le climat. L'enjeu est primordial : le bilan carbone global des ménages français représente environ 60 % de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre au niveau national. Cet ouvrage propose conseils et points de repère pour agir concrètement et localement, en changeant notre habitat, notre consommation ou nos modes de déplacements. Car la modification de nos habitudes a un réel impact sur notre empreinte carbone: chaque geste compte. vi

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Xavier Montserrat, expert en santé publique, aété professeur à l'École des hautes études en santé publique, directeur d'hôpital, conseiller de ministre de la santé, expert technique international en Asie du Sud-Est et en Afrique de l'Ouest. Il est aujourd'hui directeur du développement durable et de la coopération internationale du département des Côtes-d'Armor.

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Groupe Eyrolles 61, bd Saint- Germain 75240 Paris Cedex 05 www. editions- eyrolles. com

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En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l'éditeur ou du Centre français d'exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.

© Groupe Eyrolles, 2015 ISBN: 978-2- 212-56331 -3

Xavier Montserrat

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Sommaire

Préambule .................................................................................................. 7 Introduction .............................................................................................. 9 Chapitre 1 La planète malade du climat ............................................................ 31

Chapitre 2 Le réchauffement climatique, accélérateur de catastrophes naturelles ................................................................................................ 57

Chapitre 3 Le réchauffement climatique, amplificateur de l'érosion de la biodiversité ................................................................................. 73

Chapitre 4 vi

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Le réchauffement climatique, incubateur des pandémies ..... 91

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Chapitre 5 Du réchauffement climatique à la« rupture post-carbone

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Chapitre 6

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Les sommets climatiques de la dernière chance ..................... 141

Chapitre 7 Les citoyens « sentinelles

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du climat - 60 éco-gestes .......... 161

Conclusion ................................... .......................................................... 201 Les nouveaux mots-clés du changement climatique .................... 207 Index ........ .................................................................................... 211

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Préambule

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En vivant le tsuna1ni en Asie du Sud-Est, les pandén1ies de SRAS 1 et de grippe aviaire au Can1bodge, l'insécurité alünentaire au Niger ou le coup d'État en Côte d'Ivoire, j'ai découvert à quel point l'injustice du développe111ent hun1ain façonne le inonde et n1odifie les 1nodes de vie.J'ai cornpris à quel point l'irrésistible soif d'équité écono1nique et dén1ocratique des peuples, la dégradation brutale de la biodiversité ou le fléau des grandes pandéinies constituent des enj eux cruciaux et irréversibles pour la planète. Mais aujourd'hui, le réchauffe1nent clin1atique aux conséquences hu1naines, environnernentales et géopolitiques n1aj eures, conduit à un véritable bouleversement du n1onde du vivant. Face à une catastrophe liée à l'ex cès du développe111ent hun1ain, la gouvernance clin1atique des États ne peut être l'unique solution. Chacun de nous a vocation à devenir une « sentinelle du clin1at » et à contribuer à l'agenda des solutions.

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Je re1nercie Jean Jouzel, clünatologue vice-président du Groupe scientifique du GIEC, d'avoir inspiré la rédaction de cet ouvrage.

1. SRAS : Syndrome respiratoire aigu sévère.

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Introduction

26 décen1bre 2004, 7 h 58, sur la côte indonésienne, le sol se inet à vibrer. Quarante ininutes plus tard, une vague de 30 111ètres s'écrase sur la ville de Banda Aceh à la pointe nord de Sun1atra. En quelques instants, la ville est noyée sous les eaux et rayée de la carte. En n1oins de deux heures, à plus de 500 k.111/h, un tsunanu subn1erge les côtes de la Thaïlande et de l'Indonésie, avant de frapper celles du Sri Lanka, de l'Inde, puis de l'Afrique 1.

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En France, dans la nuit du 27 au 28 février 2010, la te1np ête côtière Xynthia s'attaque avec une rare violence au littoral atlantique. Des vents atteignant 160 kin/h produisent une houle de près d'une dizaine de 111ètres. En pleine nuit, des ruptures de digues entraînent des inondations rapides et persistantes qui font de non1breuses victünes par noyade, la plupart surprises en plein sonu11eil dans leur lit.

7 noven1bre 2013, 18 heures, des rafales de vent atteignant la vitesse exceptionnelle de 3 79 k.111/h et une houle cyclonique de plus de 10 111ètres dévastent l' archipel des Philippines. Le typhon dantesque Haiyan est le plus puissant jan1ais n1esuré sur Terre. La 111ontée des eaux couplée aux précipitations diluviennes engloutissent les villes côtières. 70 à 80 o/c> des constructions et

1. Le tsunami du 26 décembre 2004 a causé 280 000 morts et fait plusieurs millions de sans-abris.

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des structures situées sur la trajectoire du typhon sont détruites1 . Dans la nuit du 13 au 14 1nars 2015, le cyclone apocalyptique Pain, avec des vents atteignant 330 kn1/h, frappe de plein fouet l'archipel du Vanuatu dans le Pacifique sud, un des pays déjà les plus exposés aux risques de subrnersion n1arine. Avec une certaine ironie clin1atique, au n1ên1e n10111ent se tient, au Japon, la troisiè1ne conférence n1ondiale des Nations unies sur la réduction des risques de catastrophes. Cette conférence se déroule à Sendai, non loin de la centrale de Fukushiina Daiichi, ravagée en 2011 par un séis1ne et un tsunami, qui ont causé une catastrophe nucléaire sans précédent.

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23 février 2003, au 9e étage de l'Hôtel M étropole à Hong Kong se croisent un médecin chinois, une touriste canadienne, une hôtesse de l'air et un ho111111e d'affaires sino-a1néricain. Ces quatre personnes de continents différents, qui ne se connaissent pas, vont déclencher accidentellen1ent une catastrophe épidénliologique niajeure qui va terroriser la planète pendant plusieurs 1nois. Un tsunanli, une ten1pête, un typhon, un cyclone, une pandénue. . . Quels points con1111uns entre ces événe111ents, sinon que nous conm1ençons à payer le prix de notre donlination irraisonnée de la nature et que le réchauffe1nent clünatique est l'addition la plus lourde ? Notre nlonde se dirige inexorablen1ent vers 4 °C de plus à la fin de ce siècle, avec à la clé des épisodes clin1atiques extrê1nes : catastrophes naturelles, perte 1. Le typhon Haiyan a causé 6 200 morts, 1 800 disparus et déplacé plus de 600 000 personnes.

Introduction

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de biodiversité, hausse du niveau des océans, insécurité alin1entaire, risque pandénùque, afflux de réfugiés clünatiques ... L'action de l'Hon1111e 1 interroge aujourd'hui l'habitabilité de la planète. Si l'être hu1nain a toujours été confronté aux peurs, aux risques et aux catastrophes, chacun de nous est désonnais individuelle1nent et p ersonnellen1ent concerné par le change111ent clünatique.

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Au cours de son histoire, l'être hun1ain est devenu un facteur n1ajeur de l'évolution de la planète. Avec plus de 7 n1illiards d'individus, il s'est installé en tant qu'espèce donùnante et a la capacité de p eser sur le cours de son évolution. Plus rien n 'éch appe à l'ünpact des activités hun1aines, celles- ci génèrent des phéno111ènes cli111atiques irréversibles entraînant des situations d' urgences con1plexes et des catastrophes à grande éch elle. L'hu1nanité est rattrapée par les conséquences de ses progrès. Elle a franchi un point d'où il est devenu ünpossible de décélérer ou de ralentir. Nous son11nes devenus les prisonniers d'un processus de réchauffe1nent clin1atique que nous avons nous-1nê111es déclench é. Les n1ots nouveaux ne suffisent plus à décrire la vulnérabilité 1nultidin1ensionnelle et la con1plexité de notre n1onde. Notre environnement est devenu confusiogène et certains aspects débordent 1nê1n e le seuil de l' entende111ent hun1ain. Le défi consiste désormais à penser l'in1pensable, concevoir l'inconcevable, percevoir l'invisible, dire l'indicible et tenter l'in1possible. Face à l'urgence, l'objectif est de comprendre la din1ension globale du 1. Le générique masculin est utilisé sans discrimination. Avec une majuscule, il désigne l'espèce humaine ; en minuscule, il se réfère au genre.

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phénon1ène clin1atique afin de pouvoir agir concrète1nent et localen1ent. Cette déinarch e s'inscrit dans une logiqu e n1ultidin1ensionnelle qui fait appel à différentes expertises ou disciplines : la climatologie 1 (chapitre 1), la riscologie 2 (chapitre 2), l' écologie3 (chapitre 3), l'éco-épidénuologie4 (chapitre 4), la prospective cli1natique (chapitre 5), la diplon1atie clünatique (chapitre 6) et l'action clin1atique citoyenne (chapitre 7).

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UNE CRISE PARFAITE »

L'excès du développement humain

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Dérègle111ent, effondrement, crise systéinique, chaos, pré-cataclysme... la crise cli111atique est parfaite, 1najeure et ulti111e. Il n 'existe aucun précédent historique con1parable au défi clin1atique et à l'accroisse111ent exponentiel des gaz à effet de serre. Les indicateurs écono1niques, sociaux et environnen1entaux, si redoutés lors du Somn1et de la Terre de Rio en 1992, sont aujourd'hui largen1ent dépassés. Il s'agit bien d'une crise de civilisation, apothéose crisique, conjonction d'une 111ultitude de crises d'ordres écono1nique, social, politique, environne1nental et écologique. Nous vivons à la fois un enchaînen1ent et une convergence de crise liées aux excès du développen1ent hun1ain. Si 1. La climatologie comprend plusieurs disciplines scientifiques : glaciologie, vulcanologie, astrophysique, géophysique, océa nographie, aérologie, biochimie, sciences humaines ... 2. Riscologie : science qui étudie les risques maj eurs, naturels ou industriels.

3. Écologie : science qui étudie la biosphère et la biodiversité. 4. Éco-épidémiologie : discipline émergente transversale aux domaines de l'écologie et de l'épidémiologie.

Introduction

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« l'anthropie », c'est-à-dire l'ünpact de l'Honm1e sur la planète, est devenue le paradigi11e du présent, « l'en-

tropie », degré de désordre du systèn1e, devient celui du futur. L'être hu1nain, en déréglant le clin1at et en détruisant les écosystè1nes, détruit son propre avenir et scie la branch e sur laquelle il était assis depuis plus de 100 000 ans. Deux mondes, pour une planète

La crise est parfaite, 1naj eure et ultin1e .. . totale et globale. Nous vivons sur une seule planète, 111ais dans deux 111ondes asyn1étriques. Hyperconso1ru11ation et ultra-co1nn1unication, pour une partie de l'hun1anité, et insécurité alin1entaire, inégalité d'accès aux soins et propagation épidénuque, pour une autre partie qui vit avec 1noins de 2 dollars par jour. Co111111ent peut-on survivre à l'accélération de ces phéno1nènes paradoxaux extrê111es ? Vl

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La crise clin1atique nous oblige à repenser un n1odèle de société dont nous percevons bien qu'il a atteint ses linutes. « Ce n'est pas une crise, n1ais un change111ent de n1onde », analyse Michel Serres 1. Inquiet de voir les Honm1es avan cer « conune des son1na1n bules vers la catastroph e », Edgard Morin2 estüne que « nous ne sonu11es pas en crise, n1ais en n1étan1orphose » et « qu'il n 'y a pas de solution, n1ais il y a une voie ». En tout état de cause, tous les signaux d 'alanne sont au rouge et nous devons trouver rapide1nent une issue.

1. M ichel Serres, philosophe et historien des sciences : Le temps des crises, 2009. 2. Edgard M orin, philosophe et sociologue : Introduction à la pensée complexe, 1990 ; La voie pour l'avenir de l'humanité, 2011.

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Face à cette crise systénùque, des centaines de nùlliers de citoyens ont déjà choisi d'agir et œuvrent au sein de la société civile pour une profonde transition sociale, écono1niqu e et écologique. Cette transition citoyenn e tend à favoriser la fin du « 1nodèle descendant », générant un pouvoir n1oins pyrarnidal, laissant place à des actions plus transversales, collaboratives et participatives. Après 150 ans d' écononùe linéaire générant une conso1nn1ation de n1atière prenùère insoutenable, il devient urgent d'abandonner le 1nodèle de l'hyperconso111111ation et de faire én1erger un 111odèle orienté vers une écononùe plus circulaire et 1noins carbonée. Le défi vital est celui de penser le futur, alors que nous sonunes débordés par l'imprévisibilité du présent. Le débordement de l'imprévisible

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Enlisés dans l'urgence du présent, nous vivons une incapacité historique à nous proj eter dans l'avenir. Le rétrécisse111ent de l'horizon d'action conduit à une difficulté de nùse en sens des événernents. Le déborde111ent de l'irnprévisible ü11pacte le présent, alors que l'enjeu du rnonde s'est déplacé vers le futur. Les stratégies d'action clünatique visent le court tern1e, tandis que l'horizon à 1noyen ou à long ter111e sen1ble s' effacer. Confronté au chaos du monde et à l'obsolescence des n1odèles, nous recherchons des frag111ents de certitude face à une catastrophe à la fois lente et paradoxale. La crise clünatique est une « catastrophe lente 1 ». Dans notre perception de la réalité, une catastrophe doit être spectaculaire et violente. Une avalanche ou un accident d'avion relèvent bien de ce 1nodèle. Ces 1. M ichel Puech, « Les catastrophes lentes », R evue de philosophie et de sciences humaines, 2009.

Introduction

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phénon1ènes provoquent une én1otion, une tension, et in1posent une réaction d'urgence. Or ces catastrophes visibles 111asquent des « catastrophes lentes », conune celle du dérèglen1ent climatique. Pas d'explosion violente, 111ais une catastrophe diffuse, une propagation à « bas bruit » dans une certaine indifférence. La bo1nbe clin1atique est silencieuse, n1ais les conséquen ces inexorables génèrent un bouleversen1ent progressif du inonde du vivant. Il s'agit d'une phase critique dans l'évolution d'un systèn1e con1plexe. Le philosophe Hans Jonas 1 considère que la notion de catastrophe est contenue dans le proj et n1ên1e de civilisation technologique et de son su ccès. Une « catastrophe lente » nécessite une dén1arche d'éveil et de conscientisation nécessitant la prise en charge de soi par soi-1nê1ne.

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La crise clünatique est aussi Nous sommes para« catastrophe une informés de l'urgence son1rnes Nous doxale ». infor111és de l'urgence à agir à agir et pourtant nous et pourtant nous ne channe changeons pas nos geons pas nos habitudes de habitudes de vie. vie. Le diagnostic scientifique est claire111ent établi, 111ais les énùssions de gaz à effet de serre se poursuivent sans linùte. Le chan ge1nent climatique se propage dans l'indifférence, se globalise et s' an1plifie dans la durée. Si la inotivation hu1naine se fonde sur une vision du futur, nous son1111es aujourd'hui proj etés sans visibilité sur une autoroute chaotique, sans linùtation de vitesse ni bande d'arrêt d'urgence. Nous allons droit dans le 111ur, le pied sur l'accélérateur. Nous sonunes 1. H ans Jonas, Le principe de responsabilité, Une éthique pour la civilisation technologique, 1979.

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en outre confrontés à un double paradoxe : d'une part, le dérèglen1ent clünatique 1nenace le développe1nent sur toute la planète, notamn1ent dans les pays les plus pauvres et, d'autre part, le développe111ent - parce qu'il s'acco1npagne d'une auginentation de conso1111nation de ressources naturelles et d'énergie éinettant des gaz à effet de serre -, inenace d'aggraver le dérègle1nent clin1atique. Le changen1ent clin1atique est un processus de long tenne, dans lequel les décisions d'aujourd'hui façonnent l'avenir et génèrent des incertitudes, qui p èsent sur l'exa111en de ses conséquen ces.

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« RÉCHAUFFEMENT»

AU « BOULEVERSEMENT » CLIMATIQUE Un défi inédit pour l'humanité

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Si la Terre a toujours connu des changen1ents clin1atiques, alternant des périodes plus chaudes et plus froides, la caractéristique du ch angernent clünatique actuel est d'être extrê1ne1nent rapide par rapport à ceux qui l'ont précédé, quelques décennies au lieu de plusieurs nullénaires. Si quelques nulliards d'années ont été nécessaires pour que s'instaure un équilibre favorable au développement de la vie sur Terre, cet équilibre est grave1nent n1enacé par l'activité industrielle des 150 dernières années, qui a progressivement inj ecté dans l'at1nosphère un surplus de gaz à effet de serre. La ten1pérature 111oyenne à la surface de la planète a aug111enté en 111oyenne de 0,89 °C entre 1901 et 2012, dont 0,50 °C depuis 1960. Si les énussions se poursuivent, les scientifiques 1nettent en garde contre les effets dévastateurs d'un

Introduction

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réchauffen1ent à + 4 °C à la fin de ce siècle. Pour conserver une chance de rester sous le seuil de danger de + 2 °C de réchauffement, les éinissions 111ondiales de gaz à effet de serre devraient être réduites de 40 à 70 % d'ici 2050 par rapport à 2010. C'est-à-dire que le systèn1e écono1nique devrait pouvoir fonctionner dès à présent en absorbant du C0 2 , plutôt qu'en en én1ettant. Le phéno111ène du change111ent clünatique constitue un défi inédit posé à l'hu1nanité, capable de inodifier l'évolution de la biosphère et d'avoir conscience de l'ünpact écologique global du développe1nent de l'hu1nanité. Avec l'entrée dans une nouvelle ère, que Paul Crutzen, prix Nobel de chünie, et Eugène Storen1er, qualifient « d'anthropocéne 1 », l'hun1anité représente désonnais une 1nenace pour elle-111ê1ne.

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Le phénon1ène du changement clünatique actuel est double : il résulte des activités hu1naines et il est extrê1nen1ent rapide par rapport à ceux qui l'ont précédé. Si aucune 1nesure d'a111pleur n'intervient, le réchauffe1nent clünatique atteindra d'ici la fin de ce siècle entre 2,6 °C et 4,8 °C, soit un écart presque aussi grand que celui qui nous sépare de la dernière glaciation ... il y a 20 000 ans.

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1. Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, L'événernent anthropocène : la Terre, l'histoire et nous, Seuil, 2013.

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Source : 5e rapport du GIEC.

Vers un emballement du réchauffement climatique

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Co1ru11ent penser un futur durable dans un environne1nent de transformation aussi rapide ? La Terre affronte aujourd'hui un réchauffen1ent clünatique à une échelle et à une vitesse sans précédent. Il est devenu particulièren1ent difficile d'appréhender un inonde qui se transfonne à un rythn1e jamais rencontré. Une des difficultés n1ajeures provient du fait que nous avons naturellen1ent tendance à in1aginer l'avenir co1ru11e la continuation du présent. Or la seule certitude est que l'avenir cli1natique ne ressen1blera pas au présent.

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Conunent peut-on appréhender la confusion qui règne dans la perception du futur sans penser que les civilisations sont bien mortelles ? Ilya Prigogine, prix Nobel de chünie, décrit « la fin des certitudes » ; Francis Fukuyan1a, philosophe et écononùste a1néricain, annonce « la fin de !'Histoire » ; le consultant Rowan Gibson évoque « la fin de la route ». R ené Dagorn, géographe et historien, considère que « ce n'est pas à la fin de l'histoire à laquelle nous assistons,

Introduction

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n1ais à la fin de la préhistoire du n1onde ». La seule certitude, c'est que nous approchons d' un point de bifurcation ou de rupture lié à la rapidité des évolutions, la con1plexité des systèn1es d 'organisation et de décision, l' asyn1étrie du développe1nent de la planète.

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L'arch éologie téinoign e du Au rythme actuel fait que les civilisations son t d es ém issions de bien n1ortelles. Il se dessine 111ê111e une typologie de l' efgaz à effet de serre, fondre1nent des civilisations le b udget carbone à p artir de causes internes ou de la planète sera de causes externes, co1nn1e consommé en moins clibouleverse1nents les d'une génération. n1atiques1, les catastrophes naturelles, les épidémies ou l' épuise1nent des ressources. D ans un essai de fiction d'anticipation intitulé L'effondrement de la civilisation occidentale, N aonu Oreskes et Erik Conway2 , deux historiens des sciences, ont décrit les causes possibles de la chute de notre civilisation à la fin du xx1t: siècle. En observateurs du futur, ils se sont p osé la question : co1n 1nent se fait-il que l'accu1nulation de travaux et de savoirs scientifiques sur le change1nent clin1atique n'ait pas généré la nuse en œuvre des décisions nécessaires pour conjurer la crise clin1atique, alors que les prévisions étaient confirn1ées ? L'évolution des civilisations est un phénon1èn e de long tenne, dont on ne perçoit que des aspects atténués sur de courtes périodes. Auj ourd'hui, on assiste à une véritable incapacité à 1. Effondrement de l' empire maya o u de l'empire khmer au x vc siècle, suite à une sécheresse prolongée. 2. Erik M . Conway et N ao mi Oreskes, L'rjfondrement de la civilisation. occidentale, Les liens qui libèrent, 2014.

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concevoir le futur. Nous vivons le trio1nphe d'un futur en n1anque d'avenir. Le futur aux trousses

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Le coni.porte1nent hu1nain est régulé par la rech erche d'un but à atteindre et il est principalen1ent orienté vers le futur. Celui- ci est à la fois une continuité avec le passé et un ense1nble de discontinuités. L'idée de futur défini à la fois co1mne rupture et continuité avec le présent est ancienne. Le précurseur est le con1te de Saint-Sünon1, philosophe politique du XIXe siècle. Il introduit l'idée que le présent est un cha111p de ruines du passé et p orte en lui les gennes du futur. C'est sur l'avenir que l'Hon1111e doit principale111ent fixer son attention. La vision saint-sünonienne de l'histoire rep ose sur l'idée de « inarche de la civilisation »,fondée sur des tendances lourdes, des risques et des ruptures. Pour Saint-Simon, cette marche lie avenir et action , elle n 'est pas une sin1ple prévision, une description de l'avenir ou le prolonge1nent du présent, elle dessine un futur ni.aîtrisable .

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À la fin des années 1950, Gaston Berger invente le n1ot « prospective », pour définir la discipline qui a pour

objet d'étudier l'évolution vers un avenir prévisible. Gaston B erger est considéré conune le « père de la prospective » il s'efforce de convaincre que « den1ain ne sera pas co1mne hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous. Il est moins à découvrir qu 'à inventer2 ». Aujourd'hui, l'invention d'un futur durable constitue le défi n1ajeur. Dans un contexte d'accélération 1. Comte de Saint-Simon (17 60-1825) . 2. Gaston Berger (1896- 1960), Phénoménologie du temps et prospective, PUF.

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Introduction

de la consonunation mondiale et de raréfaction des ressources naturelles, s'ouvre une p ériode nouvelle de risqu es et de ruptures inévitables. 5e rapport du GIEC « Sons réaction ra pide et g lobale, les conséquences seront

irréversibles et dangereuses. L' infl uence de l'Homme sur le système climatiq ue est claire et en augmentation, avec d es incidences o bservées sur tous les continents. Si on ne les maîtrise pas, les changements climatiques vont accroître le risque de conséquences graves, généralisées et irréversibles pour l'être humain et les écosystèmes. »

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Le spectre du déni face aux changem ents clin1atiques s'est évanoui. Entre « clirnato-scepticisn1e » et « clirnatocatastrophis111e », le phénornène du réchauffernent cli111atique fait désonnais consensus au sein de la cormnunauté internationale. Tous les signaux sont au rouge et il n 'est plus possible de nier que le réch auffen1ent cli1natique constitue une catastrophe n1aj eure. L'hu111anité doit affronter une inenace qui provient d' elle-111ê111e. Le GIEC 1 qui synthétise les travaux scientifiques de plusieurs dizain es de pays a dérnontré la réalité et l'origine hurnaine du phénon1ène. Les études se succèdent analysant les causes de réchauffe111ent naturel : El Nino, le rayonne1nent solaire, les 1. G IEC: Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (IPCC : Intergovernm.ental Panel on Cli111ate Change).

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projections volcaniques . . . puis en ajoutant les énùssions de gaz à effet de serre dues aux activités hun1aines avec l'utilisation massive de combustibles fossiles, la déforestation, les rej ets de inéthane . . . C'est ainsi que les experts dén1ontrent que, sans l'intervention hun1aine, le réchauffen1ent clin1atique n'aurait pas lieu . a' ce ruveau.

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Les rapports successifs du L'enjeu du GIEC confinnent clairen1ent changement climatique la responsabilité de l'H o1m11e dans le réchauffen1ent clin1aest l'échel le planétaire tique. Ces rapports établisdu phénomène, saient cette causalité à 50 % son inertie, sa fa ible en 1995, 66 % en 2001, 90 % réversibi lité et sa en 2007 et 95 % en 2013. Les visi bilité limitée. ch ercheurs de !'Organisation fédérale pour la recherche scientifique et industrielle 1 ont désonnais établi que le lien entre réchauffen1ent clitnatique et activité hun1aine est de l'ordre de 99,999 %. Selon une étude publiée en 2014 dans la revue Climate Risk l\/lanagement, il existe inoins d 'une chance sur 100 000 pour que les ten1pératures aient autant augn1enté ces dernières années sans l'in1pact des énussions de gaz à effet de serre. Après l'ère de l'intuition et de la préconscience, l'ère du scepticisme et du déni, nous so1ru11es entrés dans l'ère de la conviction et du diagnostic partagé. Une crise de civilisation

Le changen1ent cli1natique, la crise énergétique et le défi du développ e111ent durable révèlent une véritable 1.

Commonwealth Scientific and Industrial R esearch Organisation (CSIRO), agence australienne pour la recherche scientifique.

Introduction

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crise de civilisation. Nous sonunes engagés dans une spirale infernale qui nous conduit inexorablen1ent vers une crise n1aj eure. La perspective d'une vulnérabilité 1nultidünensionnelle d'un nouveau genre ouvre une p ériode inédite de l'histoire de l'hu1nanité. « Le réchauffen1ent cli1natique constitue un enj eu spirituel pour l'hu1nanité )) proclan1e Mgr Theotonius Go1nes, évêque à Dacca au Bengladesh et représentant de la conféren ce des évêques d'Asie. Les énussions de C0 2 sont un syn1ptô111e, la 1naladie est notre vision consu111ériste du n1onde. « C 'est d'â1ne qu'il faut changer, non de clirnat 1 », professait déjà Sénèque au I er siècle.

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Sans céder au catastrophisn1e, aux ru111eurs et aux vents de panique, il convient de n1esurer les risques et d'être préparés à y faire face. Au-delà du « réflexe d' évite111ent de l' essentiel2 », il s'agit de se confronter à un essentiel que peu encore perçoivent ou acceptent de voir. Si le scénario du pire est peut-être inéluctable, il ne peut en aucun cas confiner à l'inaction. Le n1onde est une construction à laquelle chacun doit participer. La perception d'une n1enace clin1atique induit un nouveau 1node de pensée et une 1notivation nouvelle à agir. La crise clin1atique s'inscrit dans un contexte de réduction des ressources naturelles, en particulier de pénurie de co1nbustibles fossiles, d' épuise1nent des nappes phréatiques et de diminution des terres arables. D ans un inonde interactif, üm11édiat et global, cette crise civilisationnelle in1pose la fin du court- tennis1ne, du façadisn1e, de l'inessentiel et de l'illusion durable. « Nous son11nes à un 1non1ent critique )) , souligne le 1. Sénèque, extrait des Lettres à Luâlius. 2. Réflexe d'évitement de l'essentiel, mis en exergue par le philosophe Kierkegaard (1813-1855).

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Sud-Africain Maesela Kekana, négociateur au sein du groupe Afrique pour les conférences clin1atiques. Si chaque État revendique son ünportance par rapport à l' ense111ble et lutte pour son propre coinpte avec une vision fragn1entaire et linutée, il est logique que l' ensernble soit confusionnel et conflictuel. Agir pour le clin1at in1pose de con1prendre que notre avenir s'inscrit dans la globalité du inonde. Aucune solution aux problèrnes clirnatiques ne peut être trouvée individuellernent, sans prise en con1pte d'un 111ultilatéralisn1e environnemental. Minuit moins trois à l'horloge de Chicago « Il est ininuit moins trois pour la su rvie de l'hun1a-

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nité », évalue M artin Schulz, président du Parle1nent euroIl faut al ler plus p éen 1. D epuis le 22 janvier vite dans la course 2015, l'horloge de C hicago climatique contre la indique 23 h 57. Cette hormontre, mobilisonsloge est un instnunent hautenous pour le climat. inent syinbolique inventé par la co1m11una uté scientifique pour prévenir de l'in1111Ïnence d'une catastrophe. Elle utilise l'analogie du décon1pte vers nunuit pour dénoncer le danger qui pèse sur l'hun1anité, ininuit étant censé 111arquer la fin du inonde. Elle est régulièreinent rnise à jour par les scientifiques atoinistes de l'université de Chicago.

À l'origine, elle représentait la possibilité d'une guerre nucléaire inondiale inais, depuis 2007, elle prend aussi 1. Le Monde du 31 mars 2015, « Le rendez-vous de Paris sur le climat sera crucial )>.

Introduction

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en considération les rnenaces écologiques et les perturbations dues au change1nent clin1atique. Pour justifier le déplace1nent de l'aiguille au début de l'année 201 5, les scientifiques, qui comptent dans leurs rangs 18 prix Nobel, citent la 1nenace du réchauffe1nent cli1natique. Ils jugent très élevée « la probabilité de catastrophe plan étaire, à rnoins que des 1nesures n e soient prises rapide1nent... Sans des réductions beaucoup plus ünportantes, le n1.onde én1.ettra suffisa1n n1ent de dioxyde de carbone d 'ici la fin de ce siècle pour bouleverser profondén1ent le clirnat terrestre 1 ». Quelques signaux positifs ...

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La crise cfunatique impose la prise de décisions urgentes dans un contexte mondial aggravé par les tensions géopolitiques, la guerre écononùque et le terroris1ne. Malgré ces contraintes extrê1nes, certains signaux positifs se n1ultiplient. La 111obilisation 111ondiale est au rendez-vous et la diplo1natie clünatique fait naître un sentünent de possibilités.

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Prenuer signal positif: le 23 septen1bre 2014, les chefs d 'État de 120 pays réunis à New York, sous la présiden ce du Secrétaire général des N arions unies, ont réaffir111é leur engage1n ent à réagir face à la crise cli111atique. À cette occasion, ils ont confinné la capitalisation d' un « fonds vert pour le clin1at » d 'un n1ontant prévisionnel de 1OO 1nilliards par an à con1pter de 2020 . Le 1nê1n e jour, à l'occasion de la « n1arche 111ondiale pour le clin1at », 2 500 événen1ents étaient organisés dans 150 pays. Il s' agit de la plus grande 111obilisation populaire clünatique ja1nais réalisée. Un n1ois plus tard, 1. R k hard Sommerville, protèsseur et chercheur du Scripps Institution of O ceanography à l'université de Californj e.

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le 23 octobre 2014, les 28 pays de l'Union européenne réunis en so1m11et à Bruxelles se sont accordés sur la réduction de 40 % des émissions de C0 2 pour 2030 par rapport à 1990. Le progran11ne « Énergie clin1at 2030 » propose de porter à 27 % la part des énergies renouvelables et à a1néliorer l'efficacité énergétique de 3ow

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Deuxièn1e signal positif: le 12 nove1nbre 2014, après 9 n1ois de négociations secrètes, un accord sinoan1éricain historique sur le cli1nat est signé entre Barack Oba1na et Xi Jinping. Pour la prenuère fois, la Chine et les États-Unis, les deux grandes puissances à l'origine de 40 % des énu ssions de gaz à effet de serre, s'en gagent à travailler ensemble pour parvenir à un accord n1ondial. Ces deux pays reconnaissent qu'ils ont « un rôle particulier à jouer dans la lutte contre le change111ent cli111atique, l'une des plus grandes n1enaces que doit affronter l'hun1anité ». Les États-Unis annoncent une réduction de leurs éinissions de C0 2 de 26 % à 28 % d'ici 2025 par rapport à 2005 et la Chine adopte pour la prenuère fois le principe d'un pic de ses énu ssions de gaz à effet de serre en 2030 au plus tard 1.

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Troisièn1e signal positif: la n1obilisation n1ondiale pour la prise de conscience du dérèglen1ent clin1atique. Le san1edi 28 111ars 2015 a eu lieu « Earth Hour », un événen1ent n1ondial durant lequel les citoyens, les institutions, les villes et les entreprises ont éteint leurs lunuères pendant une heure pour lutter contre le change1nent 1. La simulation climatique des promesses sino-américaines, additionnée à l'engagement européen, se tradui ra quand même par un récha uffement climatique prévisionnel de 3,8 °C en 2100 et cela dans l'hypothèse où le reste du monde suivrait le même comportement vertueux.

Introduction

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clin1atique. À l'initiative de l'organisation non gouvernen1entale WWF 1 , c'est l'une des plus grandes 111anifestations en faveur de la lutte contre le dérèglen1ent cli1natique. Près d 'un nùlliard de p ersonnes, dans plus de 4 000 villes, ont fait le geste sy1nbolique d'éteindre leurs luniières pendant une heure, de 20 h 30 à 21 h 30. En faisant un geste pour la planète, en éteignant les lunuères, ils ont allurné des consciences. Quatriè1ne signal positif: la « coalition C lünat 21 » qui réunit une centaine d'organisations (ONG, associations, syndicats, 111ouven1ents de jeunesse . . .) a organisé, les 30 et 31 111ai 2015, l'opération « 1 000 initiatives p our le cfu11at ».Ce prenùer grand 11101nent de 111obilisation collective décentralisée, en France et à l'étranger, vise à constituer un véritable n1ouven1ent en fave ur de la justice climatique pour répondre aux éch ecs successifs des gouverne1nents à s'entendre face à la crise clünatique. vi

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Cinquiè1ne signal positif: le lancen1ent d' un « débat citoyen planétaire sur le clin1at ».Le 6 juin 2015, plus de 10 000 citoyens de 1OO pays ont pris position sur le réchauffen1ent cli1natique, autour de trois questions clés : Quel avenir voulons-nous ? Quels risques sonunes-nous prêts à prendre ? Quelles sont les solutions possibles ? Cette opération de dén1ocratie participative à grande échelle a été engagée et coordonnée p ar le Secrétariat de la convention-cadre de l'ONU sur le change111ent clin1atique.

1. Le Fonds mondial pour la nature, World Wide Fund (WWF), est l'une des plus importantes ONG de protection de l'environnement. Elle travaille dans plus de 1OO pays et soutien 1 300 proj ets environnementaux.

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Sixièn1e signal positif, la parution, le 18 juin 2015, de !'Encyclique du pape sur l'écologie hun1aine. Intitulée La. sau·vegarde de La maison commune, elle constitue un geste sans précédent. Elle rappelle que « le clin1at est un bien conunun, de tous et pour tous . .. » et invite l'hun1anité à « prendre conscience de la nécessité de réaliser des changen1ents de style de vie, de production et de conson1n1ation, pour co111battre ce réchauffe111ent. Cette Encyclique s'inscrit au cœur des débats scientifiques et dénonce les atern1oien1ents des organisations internationales et le 1nanque d' an1bition des conférences sur le cli1nat. Le pape propose un nouveau credo écologique en s'engageant pour « un développe111ent hun1ain, durable et intégral ».

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Septièn1e signal positif: l'annonce d'un concert planétaire, événen1ent n1ulti-artistes et n1.ulti-villes, en partenariat avec l' Organisation des Nations unies. À la télévision, à la radio ou en ligne sur Internet, ce sera plus de 24 heures de retransnùssion sur les 5 continents, accon1.pagnées d'une grande can1pagne de sensibilisation aux enjeux clin1.atiques, afin de faire pression pour parvenir à un accord an1.bitieux sur le clin1at. Le précédent concert officiel « Live Earth » retransnùs dans le monde avait été organisé le 7 juillet 2007, pour sensibiliser la population à la crise clin1atiq ue. La dirnension festive est indispensable au vouloir vivre ensen1.ble planétaire.

Soyons confiant, il faut croire qu'il reste un peu de raison à la folie humaine.

M ê1ne si elle est tardive et approxitnative, on assiste à la prise de conscience du caractère global et 111.ondial du change1nent clin1atique. L'urgence d'une stratégie

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clin1atique constitue l'enjeu crucial du XXIe siècle et conditionne notre devenir. Cette prise de conscience conduit à des questionne1nents rnultiples : quelle attitude avoir aujourd'hui face aux change111ents clin1atiques ? Les phéno1nènes de dernain vont-ils changer et affecter profondéinent notre rnode de vie ? Faut-il se préparer à une transition ou à une rupture ? Quelles sont les 111odes d'actions possibles ?

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Chapitre 1

La planète malade du climat Le réchauffement du système climatique est sans équivoque, beaucoup de changements observés sont sans précédent depuis des décennies, voire des malénaires. L'influence de /'H omme sur le système climatique est clairement établie 1 . » «

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Vendredi 16 juillet 1774, dans les balbutien1ents de l'aube, alors que la clin1atologie n 'existe pas encore, H orace-Bénédict de Saussure, naturaliste et géologu e suisse, escalade lente1nent la cüne du C ra111ont, au sud-est du 1nont Blanc. Lourde1n ent chargé, il porte avec lui des caisses de verre contenant des thern10n1ètres p our étudier le pouvoir réchauffant du soleil selon l'altitude. Dans les jours qui suivent, il invente l'h élio- thern10111ètre, le prenl.Îer capteur solaire, ancêtre du panneau solaire n1oderne. Un den1i-siècle plus tard, Jean-Baptiste Fourier, mathén1aticien et physicien français, s'inspire de l'expérience du géologue suisse. E n faisant l'analogie avec l' atn1osphère, il découvre en 1824, le principe de « l'effet de serre2 ». Ce phénon1ène naturel essentiel pour la survie de la planète pennet de préserver une ten1pérature n1oyenne sur la Terre de 15 °C, contre - 18 °C si cet effet n 'existait pas. Les gaz à effet de serre sont naturelle111ent peu abondants dans l'atn1osphère, 1nais du fait de l'activité 1. 5c rapport du G IEC. 2. Joseph Fourier, M émoire : « Remarques générales sur les températures du globe terrestre », 1824.

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hu1naine, la concentration de ces gaz a auginenté de 30 % en une centaine d'années. Le change111ent clünatique est principale111ent lié aux activités hu1naines qui altèrent la composition de l' at1nosphère et provoquent un « effet de serre additionnel 1 ».

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CHANGEMENT CLIMATIQUE

INÉLUCTABLE ET IRRÉVERSIBLE

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Le change111ent clin1atique est une réalité désorn1ais considérée conune « non équivoque » par le GIEC et par la co111111unauté scientifique internationale. Les énùssions de gaz à effet de serre dues aux activités hu111aines sont les prenuères responsables de la hausse accélérée des te111pératures depuis une centaine d'années. Les experts confinnent le caractère « inéluctable et irréversible » de l'irnpact cli111atique des activités hu111aines. Ils alertent sur la 111ultiplication des phéno1nènes clin1atiques extrê111es, l' aug111entation des te111pératures et la n1ontée du niveau des océans. Le quotidien d'infonnation britannique The Guardian, en con1111entant le serapport du GIEC, écrivait n1ên1e : « Oublions le tern1e de changen1ent clünatique, c'est à un effondren1ent catastrophique du cli1nat que nous devons nous préparer2 ». 1. Définition de l'ONU : « Changements du climat attribués directement ou indirectement à une activité humaine, altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au co urs de périodes comparables. » 2. Courrier international, 3 octobre 2013, « Changement climatique GIEC : le rapport de l'angoisse», The Guardian.

La planète malade du climat

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Il est possible de percevoir le tableau d' un n1onde à venir plus chaud de 4 °C. Le sud de l'Europe ressen1blera au Sahara et le désert africain s'étendra vers le sud avec des effets dévastateurs dans des pays con11ne le Niger1 et le Nigéria 2 . La neige disparaîtra de la chaîne de l'Hünalaya, un para1nètre qui n1odifiera le débit de cours d'eau dont dépendent plus de 2 nùlliards d'habitants. Le continent an1éricain ne sera pas épargné, en particulier dans les Andes et les n1ontagnes Rocheuses. La fonte des neiges provoquera des pénuries chroniques d'eau dont souffriront de noni.breuses populations. D e plus, la n1ousson du Nord de l' Inde, qui conditionne l'activité agricole de centaines de nùllions de personnes, changera, entraînant des nùgrations et des ni.odifications ünportantes au niveau des n1odes de production et de consorrunation des céréales.

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Le réchauffement climatique pourrait prendre une tournure tragique pour de no1nbreux États. Selon des chercheurs canadiens, la fonte de la calotte glaciaire du Groenland, seconde réserve d'eau douce de la planète après l'Antarctique, provoquerait une forte élévation des océans. D es zones côtières, des îles, ainsi que des inégapoles co1nme Bon1bay, Lagos, Le Caire, New York ou Shanghai, pourraient subir une subn1ersion .

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La gravité et l'acuité du chan gen1ent clin1atique font désorn1ais consensus au sein de la conm1unauté internationale. M ê1ne si les « cli1nato-sceptiques » soutenus par le lobby des énergies fossiles restent encore présent, l' ONU considère qu'il n'y a plus de débat sur cette question. Le non1bre de publications scientifiques 1. N iger : 18 millions d'habitants. 187e pays dans les domaines de la santé, del' éducation et du revenu. 2. Nigéria : 181,3 millions d'habitants. Pays le plus peuplé d'Afriq ue.

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relatives à l'influence hun1aine sur le clünat a plus que do ublé depuis 2005. D ans un o uvrage intitulé L'effondrement de la civilisation occidentale1 , l' An1éricaine N ao1ni Oreskes, historienne des sciences, tente de co1n prendre pourquoi, alors qu e nous aurions dû déj à arrêter l'utilisation des én ergies fossiles, nous en consonu11ons plus que jan1ais et pourquoi rien n' est fait p our prévenir le désastre clin1atique. D e ce point de vue, l' ouragan Sandy aux États-Unis en 2012 et les rapports du GIEC ont eu un in1111ense itnpact sur le débat public, en favorisant la prise de conscience du changen1ent clünatique. Qu'est-ce que le GIEC ? Le Groupe d'experts intergouvernementaux sur I' évolution du climat a été créé en 1988, à Genève, par deux instances des Nations unies, l'Orgonisotion météorolog ique mondiale et le Programme des No tions un ies sur l'environnement. Vl

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Mission Le GIEC fait le point sur l'état des conna issances en matière de changement climatique. Il propose des évaluations scientifiques régu lières sur l'évolution du climat, les incidences et les risques, ainsi que sur les possibilités d'adaptation et d'atténuation. Le GIEC rassemble, évolue et synthétise l'ensemble de l'information scientifique disponible dans le monde. Il offre un panorama de la recherche scientifique en matière de changement climatique. Lo mission du GIEC n'est pas de mener ses propres études, mois d 'évaluer celles des outres.

Composition Le GIEC est composé par les représenta nts des 195 gouvernements membres. Les acteurs du G IEC, y compris 1. Erik M. Conway et N aomi O reskes, op. cit.

La planète malade du climat

son président et les membres des groupes d'experts, sont bénévoles. Seule une douzaine d 'employés permanents travaillant au secrétaria t du G IEC à Genève sont rémunérés. Le GIEC compren d trois groupes de travai l : le groupe 1 trai te des bases scientifiques de l'effet de serre, le g roupe Il des impacts d u cha ngement climatique et de l'adaptation au phénomène, le g roupe Ill de la maîtrise et de la réduction des gaz à effet de serre.

Budget Le coût annuel de fonctio nnement du G IEC s'élève à 5 millions d'euros, dont 200 000 euros financés par la France.

Les messages clés du GIEC En 2007, le 4e rapport du GIEC affirme l'action de

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l'Homme sur le climat. Il est le bilan de 6 années de travaux menés par 2 500 scientifiques. Le groupe d 'experts met en garde contre les conséquences« soudaines, voire irréversibles » du réchauffement en cours. Le GIEC prévoit une hausse de température moyenne de 1,8 °C à 4 °C, pouvan t aller jusqu'à 6 ,4 °C en 21 OO pa r rapport à 1990. Les scientifiques du GIEC établissent cla iremen t la responsab il ité huma ine da ns le récha uffement climatiq ue et annoncent la fréquence a ccrue de certa ins phénomènes météorologiques extrêmes. En 2014, le 5e rapport du GIEC, le plus complet jamais publié, comprend un premier volet sur l'état de la science climatique, un deuxième volet sur l'impact et les vulnérabilités des différentes régions du monde et un troisième volet sur les leviers d'action économique. Ce rapport comprend trois messages clés : d'abord, l'influence de l'Homme sur le climat est incontestable et s'accélère rapidement. Ensuite, nous devons agir vite et de manière décisive si nous voulons éviter d es conséq uences destructrices. Enfin , nous avons encore les moyens de limiter le changement climatique en cours, ma is le temps joue contre nous.

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2014, l'année la plus chaude à l'échelle mondiale

2014 est l'année la plus chaude ja1nais enregistrée depuis le début des relevés thenno111étriques en 1880. Au cours de cette année, la te111pérature rnoyenne terrestre a été supérieure de 0,69 °C à la 1noyenne du xxe siècle 1. C'est la dernière année d'une série d'années chaudes, elles-111êrnes faisant partie de la décennie la plus chaude. 2014 est la 38e année consécutive à présenter une ano1nalie positive de ten1pérature n1oyenne à l'éch elle planétaire. Les 10 années les plus chaudes dans le n1onde depuis 1880 sont toutes postérieures à l'an 2000. La décennie 2000-2009 a été la plus chaude jan1ais enregistrée. Bien entendu, les disparités géographiques den1eurent importantes ; si 2014 a été la plus chaude en Europe, ce n 'est pas le cas aux États-Unis.

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Le constat est le rnêrne si on considère les océans. En 2014, la ten1pérature annuelle globale de la surface des océans a dépassé la n1oyenne de référence de 0,57 °C, faisant de cette année l'année la plus chaude du point de vue océanique depuis 1880. En 10 nùllions d'années, la planète n'a jan1ais connu une telle hausse de te111pérature. D epuis 1850, la te1npérature de la planète a auginenté de 0,8 °C, dont 0,5 °C depuis 1960, et la

Si 2014 est l'année la plus chaude jamais enregistrée, les 10 dernières années constituent également la décennie la plus chaude .

1. R ésultats publiés le 16 janvier 2015 : Rapport de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et rapport de la N ational Aeronautics and Space Administration (NASA) pour l'année 2014. Le Monde du 19 janvier 2015 : « 2014, année la plus chaude enregistrée sur le globe. »

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La planète malade du climat

trajectoire actuelle nous conduit inexorable1nent vers plus de 4 °C à la fin de ce siècle. L' être hun1ain, apparu sur Terre il y a seulement 250 000 ans, n'a ja111ais vécu dans un inonde avec 4 °C de plus. Au cours des 8 000 dernières années, la ternpérature n1oyenne de la planète est restée quasi constante, rendant possible le développen1ent de l'agriculture. Les scientifiques prévoient que, d'ici 2100, la te111pérature inondiale pourrait aug111enter de plus de 1,8 °C à plus de 4,5 °C par rapport à la période 1980- 1999. Il est rassurant d'envisager le réchauffen1ent de la planète À quoi ressemble un monde à 4 °( de plus ? Température planétaire

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Avec l °C de plus

La sécheresse touche certaines régions du globe, alors que d'autres sont soumises à des inondations.

Avec 2 °C de plus

Le processus d 'absorption du C0 2 par les océans est affecté : l'eau devient acide, provoquant la disparition d'environ 500 000 espèces vivant dans les océans.

Avec 3 °C de plus

La banquise et les g laciers fondent complètement. Une savane aride remplace la forêt amazonienne. Le processus de photosynthèse est perturbé. On assiste à l'amplification des catastrophes naturelles : tempêtes, ouragans et inondations.

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Conséquences

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À ce stade, l'équilibre naturel est menacé. Avec 4 °C de plus

L'eau devient de plus en plus rare, les grands fleuves du monde s'assèchent, rendan t certaines régions inhospi talières et provoquant des migrations massives de réfug iés climatiques.

Source : rapport GIEC 2007.

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co1rune un phénomène lent et progressif. Or, la seule certitude, aujourd'hui, est l'accélération de ce phéno1nène. Si une augi11entation de plus de 2 °C expriine un « changement » du clünat, en revanche, une aug111.entation de plus de 4 °C constitue un véritable « bouleverse111ent » du climat. Les grandes inégalités du changement climatique

L'effet de serre s'ünpose co111.1ne un défi 111aj eur des politiques en n1atière d' environne111ent et de développe111ent durable. Le change1nent clin1atique est porteur de trois grandes inégalités, à la fois géographique, socioécononùque et générationnelle.

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Tout d 'abord, on constate une forte inégalité géocli1natique. Si tous les pays sont vulnérables, les régions tropicales, intertropicales et polaires sont les plus exposées et posent la question de la solidarité internationale. Les énùssions de gaz à effet de serre ont principale1nent été le fait des pays développés. Or les change111ents se produiront selon toute probabilité 1najoritaire1nent dans les pays en voie de développe1nent qui se situent dans les zones géographiques les plus exposées aux conséquences du réchauffen1ent cliniatique.

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La justice climatique constitue un enjeu majeur : 15 % de la population mondiale est responsable de 45 % des émissions de gaz à effet de serre.

Ensuite, apparaît une inégalité clünatique au plan socioécononùque. Les pays industrialisés sont les responsables historiques du réchauffe111ent planétaire, n1ais toutes les régions du 111onde ne présentent pas la n1êrn e fragilité.

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Les États n1en1bres du G8 1 représentent de façon collective 15 % de la population 1nondiale, n1ais ils sont responsables de 45 % des énlissions n1ondiales de gaz à effet de serre. Il est légitüne que les pays éinergents aspirent à leur tour au n1ê1ne niveau de développe1nent écono1nique, en dépit des conséquences en tern1es d' én1ission de gaz à effet de serre et de conso1ru11ation de ressources naturelles.

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Enfin, on ne peut occulter une inégalité clin1atique intergénérationnelle. Les éinissions actuelles de C0 2 sont susceptibles de n1odifier le clin1at pour le prochain nUllénaire. Si une nouvelle génération naît tous les 30 ans, c'est au 111oins la trentaine de générations à venir qui risque de souffrir des choix actuels. Ce seront les sociétés du futur qui subiront les conséquences des problè1nes générés depuis 150 ans. Ces générations ne disposeront pas des 1nê1nes conditions naturelles de vie que la nôtre. Le changen1ent clünatique pose un véritable problèn1e de justice et d'équité générationnelle. En se trans111ettant d'une génération à l'autre, ce phénon1ène constitue une véritable « b on1be clü11atique » à retarden1ent .

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Nous vivons à crédit sur le futur. Il est urgent de développer un n1ode de production et de consonunation plus éconon1e en ressources et plus respectueux de l' écosystè1ne inondial.

1. Composition du G8 : États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada, Russie. Les membres du G8 représentent 15 % de la population mondiale, 65 % du PIB et les deux tiers du conunerce international.

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L'IMPACT MULTIDIMENSIONNEL DU CHANGEMENT CLIMATIQ UE

Une vulnérabilité multidimensionnelle

Véritable catalogue à la Prévert, la hausse de la ternpérature terrestre et aquatique génère des phéno1nènes 1nultiples de vulnérabilités 111ultidin1ensionnelles : recul des glaciers et de la banquise, aug1nentation du niveau des océans, subn1ersion rnarine des côtes, disparition d'espèces anirnales et végétales, propagation de virus épidéiniques, auginentation des catastroph es naturelles (inondations, tsunanus, ouragans, cyclones ... ) . Le changen1ent clin1atique constitue une 111enace écosysténuque. C ' est-à-dire que l' ensen1ble des élén1ents du systèn1e interagissent pour constituer une catastrophe 1najeure.

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D es conditions cli1natiques nouvelles sont attendues, avec le bouleversernent des régünes des ternpératures et des pluies, plus de canicules et de séch eresses dans les régions arides et plus de précipitations dans les régions hunudes. Les conséquences sur la sécurité alin1entaire sont inquiétantes : baisse de la disponibilité en eau, avancée des déserts, acidification des terres, affaiblisse111ent ou inversion de courants 111arins, entraînant une baisse globale des ressources des océans et, sur terre, des productions agricoles co111111e le blé, le 1naïs ou le riz.

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Les événements liés au réchauffement climatique • Augmentation du niveau des océans comprise entre 26 et 82 cm en 21 OO, et plus si l'accélération de la fonte des glaciers se poursuit. • Inondation de certaines zones côtières, comme les deltas. • Fonte des glaciers de montagne, d u Groenland, de l'Antarctiq ue et de la banquise a rctiq ue. • Multiplicatio n d'événements climatiques extrêmes : canicules, précipitations intenses, sécheresses, hausse du niveau des eaux, tempêtes. • Diminution des ressources en eau douce et baisse des rendements agricoles dans certaines régions d'Afrique et d'Asie parm i les plus vulnérables, ce qui risque d'engendrer des crises alimentaires et une aggravation de la pauvreté. • Augmentation de certaines maladies à vecteurs : paludisme, fièvre jaune, dengue ...

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• Diminution de la production mondiale de denrées alimentai res, ba isse des rendemen ts agricoles mondiaux de 2 % par décennie en moyenne au cours d u xx1e siècle.

Source : 5e rapport du G IEC.

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Les conséquences sont n1ultiples et génèrent un large éventail d'effets secondaires possibles, susceptibles d' affecter notre n1ode de vie aux niveaux écononùque, sanitaire, environnemental et dérnographiqu e, avec une incidence sur les 1nigrations clirnatiqu es. L'approche 111ultiditnensionnelle de l'i111pact du change111ent cli111atique relie des problé111atiques souvent dissociées.

Copyright© 2015 Eyrolles.

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Les impacts multidimensionnels du changement climatique Catastrophes naturelles

Biodiversité

Eau

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Augmentation des phénomènes météorolog iq ues extrêmes : vogues de chaleur, canicules, sécheresses, pluies d iluviennes, inondations ...

Disparition d'espèces a nimales et végétales terrestres : - risque d'extinction de 20 à 30 % des espèces; - migrations ; - diminution des insectes pollin isateurs.

Fonte des g laciers et des calottes glacia ires : - recul des glaces pola ires; - fonte du permafrost et libération dons l'atmosphère de méthane.

A ugmentation des ouragans, cyclones et tempêtes

Extinction massive de Io biodiversité dons les océans: - acidificatio n des océans et bouleversement des écosystèmes mari ns ; - diminution des ressou rces biolog iq ues ; - migrations des espèces.

Housse du nivea u des Dim inution du rendement océans : de la production - redéfin ition des côtes agricole : risque dons le monde entier et d 'i nsécurité a li menta ire. inondation des zones de fa ibles altitudes ; - perte de 30 % des mara is côtiers et incidence sur Io biod iversité.

- A ugmentation de l'érosion et de Io désertifica tion des terres agricoles; - perte de su rface cultivée .

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Santé Augmentation des risques écoépidémiologiques : le récha uffement cl imatiq ue favorise l'apparition de virus émergents ou réémergents.

Extension géograph ique de malad ies vectorielles : paludisme, fièvre jaune, dengue.

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© Groupe Eyrolles

Copyright© 2015 Eyrolles.

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A ugmentation des séismes et tsunam is : le réchauffement stimule l'activité sismiq ue en généra nt un rééquil ibrage des contra intes tectoniques, liées ou changement de répartition des masses d'ea u et de g lace pesa nt sur la croûte terrestre.

Bouleversement des rythmes biologiques des plantes el des animaux : - changement des rythmes saisonniers ; - changement des interactions entre espèces ; - changement de la répartition géographique des espèces.

Dimi nution de Io d isponibilité en ea u potable el d'irrigatio n : augmentatio n du stress hydrique.

Diminution des ressources halieutiques dons les océans : liée aux mod ifications de salinité el de température .

Impact de Io housse de températures sur la santé : - vagues de cha leurs et de canicules entraînant des stress thermiq ues ; - malad ies résultant de syndromes card iorespiratoires ; - malnutri tion aggravée par la baisse de Io productivité agricole.

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L'adaptation des systèmes humains au changement climatique

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Co1runent réagir face au change1nent cli111atique ? La réponse s'inscrit dans une double di111ension d' adaptation et d'atténuation 1. Les n1esures d'adaptation sont destinées à sur111onter les conséquences de ces changen1ents, tandis que les politiques d'atténuation s' attaquent aux causes du change1nent clin1atique. L'adaptation a pour obj ectif de réduire la vulnérabilité face aux effets du réchauffe1n ent clünatique par une action d'anticipation des change111ents, pour en atténuer les conséquences négatives. L'atténuation est une action qui vise à dinunuer les sources d' éinissions de gaz à effet de serre. Plus l'atténuation sera efficace, n1oins l'adaptation sera coûteuse. Or les efforts sont davantage focalisés sur l'adaptation et le traitement des conséquences, plutôt que sur l'anticipation des causes du réchauffe1nent cli111atique. L'adaptation et l'atténuation concernent des éch elles spatiales et ten1porelles différentes. Si les bénéfices de l'adaptation au changen1ent clin1atique sont locaux, ceux de l'atténuation sont plus globaux .

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La différence entre les notions d'adaptation et d'atténuation

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Objectifs

Mesures palliatives visant à réduire les conséquences du réchauffement climatique

Mesures de prévention ou de réduction des couses du réchauffement climatique

Échelle spatiale

Bénéfices ou réponses locales

Bénéfices globaux et internationaux

Échelle Effets à court terme temporelle

Effets à moyen et long terme

1. Le terme mitigation, en anglais, désigne les moyens et les mesures d'atténuation.

La planète malade du climat

Exemples de mesures d'adaptation • Eau : plan de prévention des risques d'inondation , collecte des eaux de pluie, méthodes efficaces d'irrigation. • Agriculture : meilleure gestion des terres, modification des variétés cultivées et des dates de plantation, recherche de variétés moins exigeantes en eau, migration des cultures, lutte contre l'érosion et protection des sols par le boisement. • Santé : plans de veille sanitaire pour les vogues de chaleur, surveillance et contrôle accrus des maladies sensibles ou climat, salubrité de l'eau et ossoinissement, services médicaux d'urgence.

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Exemples de mesures d'atténuation

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• Bâtiments : diminution des besoins en énergie, rénovation et isolation thermique, optimisation du rendement des appareils électriques et des systèmes de chauffage, utilisation active et passive de l'énerg ie sola ire pour le chauffage, énergie solaire photovoltaïque. • Transports : aménagement du territoire, évolution du transport routier vers le transport ferrovia ire et le transport en commun, amélioration du rendement énergétique des véhicules, véhicules électriques et hybrides de pointe, biocarburants de deuxième génération, modes de déplacement non motorisés. • Énergie : développement des énergies renouvelables : photovoltaïque, éolienne, hydroélectrique, géothermique, marémotrice, houlomotrice, bioénergie et cogénérotion .

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À quels risques les sociétés huFace au réchauffement rnaines et les écosystè111es vontclimatique, il faut ils être confrontés ? L'adaptation apparaît attjourd'hui con11ne privi légier à la fois des une cfu11ension incontournable mesures d'adaptation et urgente de la réponse au pour d iminuer les changernent cli1natique. Elle est conséquences et des con1plén1entaire à la dérnarche mesures d'atténuation d'atténuation qui vise la réducpour réduire les tion des érnissions de gaz à effet causes. de serre. D ans l'avenir, il s'agira de privilégier l'anticipation et la prévention, plutôt que la réactivité et les solutions curatives.L'enj eu n1ajeur de la question cfu11atique est celui de notre 1nodèle de société, de notre conson11J1ation, de notre n1ode de vie et de travail.

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DE L'ÉMISSION DE GAZ À EFFET DE SERRE

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À LA NEUTRALITÉ CLIMATIQUE

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« GES », pour « gaz à effet de serre », sont les trois

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lettres les plus utilisées dans le débat sur le changen1ent clin1atique. Elles désignent les con1posants gazeux qui absorbent le rayonnen1ent infrarouge érnis par la surface de la Terre et qui participent à l'effet de serre. L'augr11entation de leur concentration dans l'at111osphère terrestre est l'un des principaux fac teurs à l' origine du réchauffen1ent climatique. Si le tern1e « effet de serre » a été inventé en 1824, la prise de conscience de l'i111pact sur le changen1ent clin1atique n'a é111ergé que très lenten1ent.

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La découverte de leffet de serre

En 1824, le 111athén1aticien et physicien français JeanBaptiste Joseph Fourier est le prenùer ch ercheur à avoir recours à l'analogie de la serre pour décrire le phénon1ène naturel de rétention partielle des radiations solaires par l'atmosphère. Les toutes pren1ières observations n1étéorologiques débutent en 1873 avec la création àVienne de l' Organisation 1nétéorologique internationale (OMI).

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Influencé par les travaux de Jean-Baptiste Joseph Fourier, le chinùste suédois Svante Arrhénius analyse en 1895 le n1écanisn1e de l'effet de serre. Il élabore une théorie reliant l'augmentation du C0 2 at1nosphérique et l' accroisse1nent des te1npératures terrestres. Arrhénius estüne qu'un double1nent du taux de C0 2 causerait un réchauffement d'environ 5 °C 1 , soit à peine plus que les prévisions du GIEC ... 100 ans plus tard (de 1,8 °C à 4,5 °C). Il n1et en garde contre le développen1ent de l'usage des cornbustibles fossiles qui devrait se traduire par une augrnentation de la te111pérature 111oyenne de la Terre. Ces travaux révèlent l'ancienneté de la théorie scientifique du réchauffernent cli1natique. En 1938, Guy Callendar, ingénieur anglais, puis en 1956, Gilbert Plass, physicien an1éricain, établissent la relation entre l'augn1entation des rej ets industriels de C0 2 et les pre1nières observations de réchauffe111ent clin1atique planétaire. En 1967, deux scientifiques, Syukuro Manabe et Richard Wetherald, prévoient un 1. « On the influence of carbonic acid in the air upon the temperature of the ground », Philosophical Magaz ine and journal of sciences, vol. 5, n° 41, avril 1896.

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doublen1ent de la concentration de C0 2 d'ici le début du XXIe siècle et une élévation de la te1npérature 1noyenne de 2,5 °C. D e façon étonnante, l'ünpact de l'activité hu111aine sur le clin1at n 'est évoqué officiellernent sur la scène internationale qu'en 1979 à Genève, lors de la prenùère conférence rnondiale sur le clin1at. Il aura fallu attendre plus de 150 ans, pour que la découverte de l'effet de serre par Jean-Baptiste Joseph Fourier en 1824 aboutisse à la prernière conférence internationale sur le clin1at. Conunent expliquer ce ten1ps très long? Pour apporter une réponse, on peut parler corrune en psychanalyse d'une longue phase de « préconscience consciente » de la réalité du réchauffen1ent clünatique. Après le ternps des intuitions scientifiques, celui des déinonstrations suscite en réaction le scepticisn1e. La conférence 1nondiale sur le clin1at de Genève ouvre, en 1979, la porte à l'ère de la conviction à agir 1.

De la découverte de l'effet de serre à la première conférence sur le climat, il faudra attendre plus de 150 ans.

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Pour la prenùère fois, à Genève, une assen1blée scientifique internationale reconnaît que les énù ssions anthropiques additionnelles de C0 2 p euvent avoir un effet à long tenne sur le clin1at et appelle tous les gouvernen1ents à « prévoir et prévenir les conséquences possibles de l'action de l'Ho1nn1e sur le clünat qui pourrait nuire au bien-être de l'hun1anité ».

1. Olivier Dumont, Histoire de la découverte du changement climatique, 2013.

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Quel est le mécanisme de l'effet de serre?

Le clünat est naturellement gouverné par le soleil, n1ais selon la co1nposition de l' atn1osphère, le rayonne1nent que la Terre renvoie vers l'espace est plus ou 111oins absorbé. L'air que nous respirons est composé d'un n1élange gazeux qui cornprend 78 % d'azote (N2 ) , 21 % d'oxygène (0 2), qui nous pern1et de vivre, ainsi que 1 % de gaz rare con1n1e l'argon et le néon auxquels il faut ajouter le 1néthane, l'ozone, l' o:>..'Yde nitreux et le gaz carbonique (C0 2 ) 1 . Ce sont ces gaz qui sont à l'origine de l' effet de serre. On peut s' étonner qu'une présence aussi faible de 1 % puisse avoir des conséquences aussi iI11portantes sur la te1npérature de la planète.

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Pour le con1prendre, il faut savoir que les rayons du soleil traversent l'atn1osphère et que près de la 1noitié de ce rayonnernent est absorbé par la surface de la Terre. Celle-ci, à son tour, renvoie une part de cette énergie vers l'espace, c'est « l' effet de serre ». L' atn1osphère terrestre se con1porte con1.1ne la vitre d'une serre géante, laissant entrer une grande partie du rayonnernent solaire n1.ais retenant le rayonnen1ent rééinis. L'énergie apportée s'y transfonne en chaleur. Mais les nuages et les gaz à effet de serre sont opaques aux rayons réén1is par la Terre et en1prisonnent l'énergie thernùque près de la surface du globe, où elle réchauffe l'atn1osphère. L'effet de serre est naturel et bénéfique pour la vie sur la planète, en inaintenant une te1npérature n1oyenne de surface à 15 °C au lieu de - 20 °C. Les gaz à effet de serre sont naturelle1nent très peu abondants. Mais du 1. Soit 0,03 % de gaz carbonique, appelé aussi dioxyde de ca rbone, formule chimique C 0 2 .

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fait de l'activité hu1naine, la concentration de ces gaz dans l' at111osphère s'est n1odifiée. Les effets co1nbinés des différents gaz à effet de serre équivalent aujourd'hui à une au g1nentation de 50 % de C0 2 depuis l' ère préindustrielle. Cet « effet de serre additionnel » constitue le facteur détenninant du réchauffe1nent clitnatique global. Quelle est l'unité de mesure des gaz à effet de serre ?

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Les gaz à effet de serre qui participent aux change111.ents clin1.atiques n'ont pas tous le 111.êtne pouvoir réchauffant, la 111.ên1e nocivité, ni la 111ê111e durée de vie. Pour siinplifier les méthodes de calcul et co1nparer les gaz les uns par rapport aux autres, les scientifiques ont décidé d'utiliser la référence au C0 2 , le dioxyde de carbone. Ce gaz, présent dans l' at111.osphère, est issu de l'activité hu111aine. Pour établir une unité co1mnune entre tous les gaz, on applique un potentiel de réchauffe1nent global. Le « PRG » est l'unité de 111esure de l'effet d'un gaz à effet de serre sur le réchauffe1nent clin1.atique, par rapport à la référence au C0 2 sur une période de 100 ans. Grâce au« PRG »de chaque gaz à effet de serre, on exprime l'ünpact à l'aide d'une unité conunune, la tonne d'équivalent C0 2 (Teq. C0 2 ) ou le kilogra1m11.e équivalent C0 2 (Kgeq.Co 2). D 'une 111anière générale, et dans un souci d'ho111ogén éité, les données sont systématiquen1ent chiffrées en équivalent C0 2 pour quantifier les éinissions de gaz à effet de serre.

La planète malade du climat

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L'origine des gaz à effet de serre liés aux activités humaines

Une quantité considérable de gaz à effet de serre a été émise dans l' at1nosphère - plus de 2 040 gigatonnes - dont la 111oitié des émissions au cours des 40 dernières années. Quelles sont les principales causes des é111issions ? • Les co111bustibles fossiles : l'utilisation inass1ve de co1nbustibles fossiles, principalen1ent le charbon, les produits pétroliers et le gaz naturel, a pernlis le développe1nent industriel, inais des quantités i111portantes de dioxyde de carbone ont été rejetées dans l' at1nosphère.

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• La déforestation : la forêt est un réservoir ünportant de carbone. La disparition de surfaces forestières au profit de cultures ou de pâturages en1111agasinant une plus faible quantité de inatière organique a pour effet d'aug111enter les rej ets de C0 2 dans l' atn1osphère. • Les CFC : l'utilisation des chlorofluorocarbones (CFC), puis des hydrochlorofluorocarbures (HCFC) dans les systè111es de réfrigération et de clitnatisation conduit à des rejets nocifs. Ainsi, le HCFC- 22 (111onochlorodifluorométhane) a un potentiel de réchauffe1nent cli1natique 1 800 fois plus élevé que le C0 2 . • Le protoxyde d'azote : les énlissions de protoxyde d'azote sont en augn1entation constante et résultent en grande partie de l'agriculture industrielle et des 111oteurs à co111bustion. • Le 111éthane : les rejets de 111éthane non naturels sont dus principale1nent aux ru1ninants et aux

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surfaces inondées con1Ille les rizières. On peut irnputer l'augn1entation des énussions de 111éthane à l'aug111entation du cheptel de bovidés, ainsi qu'aux égouts et aux décharges. Or, ce gaz, 1nê1ne s'il se dégrade assez rapidernent en C0 2 , présente un potentiel de réchau.ffen1ent global accru. Le 1néthane cause un effet de serre 23 fois plus ünportant que le gaz carboruque sur 1OO ans. Au- delà des risques actuels identifiés, d'autres sont susceptibles d'apparaître. Ainsi, quand le permafrost - sol des régions arctiques - dégèle, il libère dans l' at1nosphère les gaz à effet de serre qu'il contient. Véritable « bo1nbe à retarden1ent », la ten1pérature sur Terre pourrait alors aug1nenter de plusieurs degrés supplé111entaires avec des vagues de chaleur très élevées. Les spécialistes du 1néthane conseillent d'arrêter sans délai les énussions de gaz carbonique. En outre, en 2013, des chercheurs ont découvert une nouvelle n1olécule qui vient s'ajouter aux six gaz à effet de serre identifiés. Il s'agit du perfluorotributylanune, un gaz dont la nuisance calorifique est 1 700 fois plus élevée que celle du carbone et qui est surtout utilisé dans l'industrie électroruque.

60 % des émissions de gaz à effet de serre sont liés à l'utilisation des combustibles fossi les, pétro le, charbon et gaz naturel.

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Les gaz à effet de serre liés à l'activité humaine 1 • Le gaz carbonique (C02 ) est surtout lié à la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) et à l' industrie (fabrication de c iment. . .). • Le méthane (CH4 ) provient de l'élevage des rum ina nts, de la culture du riz, des décharges d'ordures, des exploitatio ns pétrol ières et gazières. • Le protoxyde d'azote (N 2 0) vient des engrois azotés et de divers procédés chimiq ues. • les gaz fluorés sont des gaz propulseurs dons les bombes aérosols, des gaz réfrigérants des climatiseurs. Ils sont émis aussi par d iverses industries (mousses plastiques, composants d'ordinateurs ... ). • L'hexafluorure de soufre (HFC) est un gaz détecteur de fuites. • Les hydrocarbures perfluorés (PFC) sont émis lors de la fabrication de l'aluminium .

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Quelle est l'évolution des concentrations mondiales des gaz à effet de serre ?

L'Organisation n1étéorologique n1oncliale (OMM) annonce régulièrernent que les concentrations mondiales de gaz à effet de serre ont atteint des niveaux record. D epuis le début de l'ère industrielle, en 1750, la concentration 111oyenne de C0 2 dans l'at111osphère a au g111enté de 41 %, celle du n1éthane de 160 % et celle du protoÀ.ryde d 'azote de 20 %. Le 26 111ai 2014, pour la pre1nière fois, les concentrations rnensuelles de 1. Le Protocole de Kyoto identifie six principaux GES : le dioxyde de carbone (C0 2) , le méthane (CH 4), le protoxyde d'azote (N2 0), ainsi que des gaz à effet de serre industriels comme les hydrochlorofluorocarbures (H FC),l'hexafluorure de soufre (SF6) et les perfluocarbones (PFC).

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C0 2 dans l' atn1osphère ont dépassé le seuil sy111bolique de 400 parties par million (ppn1) dans tout l'hénusphère Nord. Dans l'hénlisphère Sud, les concentrations sont de 393 à 396 pp1n, du fait de la plus faible densité de population et de l'activité écononuque 1 . La situation est très contrastée selon les zones géographiques. La Chine est le principal éinetteur de C0 2 en valeur absolue : 28 % des émissions n1ondiales en 2013, soit 7 ,5 tonnes de C0 2 / an/ habitant, surpassant les énussions par habitant de l'Europe (6,8 t de C0 2 / an/ habitant). Depuis 2006, la Chine a dépassé les États-Unis pour les énùssions de gaz à effet de serre par pays. D ans l'Union européenne, la France est l'un des plus faibles pays én1etteurs, par rapport à sa population, en raison de la forte proportion de production d'électricité d'origine nucléaire et hydraulique.

La France représente 1 % de la population mondiale, 3 % du PIB et 1,3 % des émissions 2. de

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Il convient d' être particulière1nent attentif à « l' effet rebond » des gaz à effet de serre. L'in1pact de ces gaz se produit avec une inertie iinportante. M ên1e si nous arrêtions les émissions de C0 2 , le phéno111ène du réchauffen1ent climatique est engagé pour plusieurs siècles. D'où l'urgence de rechercher une neutralité clünatique.

1. Source : Organisation météorologique mondiale (OMM). 2. Source: INSEE 2010.

La planète malade du climat

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L'objectif ultime: la neutralité carbone d'ici 21 OO

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La notion de n eutralité carbone consiste à co1np enser les gaz à effet de serre émis dans l'atn1osphère par l'utilisation d' énergies fossiles. Le principe de neutralité carbone est basé sur le fait que le C02 étant très nùscible dans l' at1nosphère, une quantité de C02 énùse quelque part peut être con1pensée (en tennes de bilan global) à un autre endroit, par la réduction d'une quantité de C0 2 équivalente. Cette neutralité géographique justifie le systèn1e de« con1pensation volontaire »visant à équilibrer, voire à réduire, la quantité de carbone énùse. C e 111écanisn1e a été in1aginé dans le cadre de l'élaboration du Protocole de Kyoto. Il passe nécessaire1nent par un bilan des énùssions de gaz à effet de serre, puis par la recherche systéinatique d'une cornpensation de toute énùssion nouvelle par le soutien à des proj ets réduisant les éinissions de C0 2 , co1m11e le développe111ent d' énergies renouvelables ou l' an1élioration de la perfonnance énergétique. La con1pensation ne se inonétise pas, elle s'inscrit dans un objectif stratégique d'organisation et une logique de solidarité clin1atique territoriale.

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La con1pensation carbone Le niveau des pose toutefois un problè1ne émissions soutenables « énerg' éthique ». En effet, à long terme détruire une forêt à un endroit pour engager une correspond à une reforestation ailleurs n e con1division par 4 des pense pas de façon équivaémissions actuelles de lente la perte écosystérnique gaz à effet de serre. rendue par la forêt. Il n 'y a neutralité que si l'effet de captation du C0 2 est durable. L'obj ectif de la con1p ensation est la inobilisation de la société civile pour

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réduire « l' en1preinte carbone » et devenir « carbone neutre ». Le paradoxe est que les én1etteurs qui con1pensent sont déj à ceux qui font des efforts pour lüniter leur ünpact environnemental. La « neutralité carbone » se distingue de la « finance carbone », qui est la 1néthode que les États ont choisie en utilisant le 1narché con1111e instrurnent de pilotage des réductions d' énussion de C0 2 . Le n1arché des « pernus de polluer» est l'un des enj eux rnaj eurs du début de XXIe siècle et la Chine pourrait bien être den1ain l'un des principaux acteurs de ce n1arché 111ondial. La planète est malade du clin1at ; l'un des prenuers sy111ptô1nes et le plus perceptible est l'accélération des catastrophes naturelles.

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Chapitre 2

Le réchauffement climatique, accélérateur de catastrophes naturelles « Le changement climatique provoque la destruction des

moyens d'existence et augmente les vulnérabilités. Les risques naturels deviennent plus fréquents et extrêmes 1. »

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L'eau est partout, boueuse et 111enaçante. Dans la lunuère blafarde de l'aube, elle renvoie d' éblouissants reflets 111étalliques. L'île de Bhola, la plus grande île du Bangladesh, située dans l' e1nbouchure du fleuve M eghna, est l'un des épicentres 111ondiaux des catastrophes naturelles liées au réchauffen1ent clin1atique. En 2005, la 111oitié de l'île a été engloutie par les eaux, occasionnant 500 000 sans-abris. Les habitants de Bhola sont décrits con1111e faisant partie des prenùers réfugiés clünatiques dans le 111onde. Le Bangladesh, pays delta avec 160 nlillions d'habitants et une densité de plus de 1 000 h abitants au kin2 , est un pays qui s'efface lenten1ent... Il pourrait p erdre 20 % de son territoire d'ici 2050 et 20 1nillions de Bangladais pourraient devenir des réfugiés climatiques, victin1es de la violen ce des cyclones et de la subn1ersion inarine liées au réchauffe1nent clin1atique. Une grande partie de leur territoire est située à 111oins d'un 111ètre audessus du niveau de la iner. 1. Bekele Geleta, Secrétaire général de la Fédération internationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

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Alors qu'en O ccident, on ne m esure pas encore co1nplèten1ent les conséquences du change1nent cliinatique, 70 pays plus directement exposés découvrent avant les autres à quel point il est un accélérateur de catastrophes naturelles. Les inondations sont la prenuère cause de catastrophes naturelles, n1ais ces inondations sont-elles si naturelles ? Les experts estünent que plus de 70 % des catastroph es dites « naturelles » sont liées au dérègle1nent clin1atique. C 'est deux fois plus qu'il y a vingt ans et ce sera encore davantage dans l'avenir.

QUEL EST L'IMPACT DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE SUR LES PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES EXTRÊMES?

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Le réchauffe1nent clin1atique génère des catastroph es liées à l'augmentation de la te111pérature sur la terre et dans la 111er. Avec le réchauffe1nent, les nuages se for111ent plus facilen1ent et plus rapiden1ent, les pluies sont plus fortes, ainsi que les vagues de chaleur, les canicules et les sécheresses.

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Vagues de chaleur, canicules et sécheresses

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Le changen1ent clirnatique favorise les événe1nents 111étéorologiques extrên1es, en particulier les vagues de chaleur et les canicules1 . Selon le M et Office 2 , le réchauffe1nent climatique multiplie par dix le risque d'étés extrê1nen1ent chauds en Europe. Ces anon1alies 1. Une canicule se définit, en France, comme un niveau de très fortes chaleurs le jour et la nuit, pendant au moins trois jours consécutifS, avec une température de jour supérieure à 33 °C et une température de nuit au- dessus de 20 °C. 2. Abréviation de M eteorological Ofilce, service national britannique de météorologie.

Le réchauffement climatique, accélérateur de catastrophes naturelles

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de te1npérature soulèvent de no1nbreuses difficultés pour les activités hun1aines, ainsi que pour les espèces anünales et végétales qui doivent s'adapter et résister à des change1nents brutaux de leurs 1nilieux. Ces vagues de chaleur représentent un risque sanitaire élevé, con1111e en téin oigne la forte hausse de n1ortalité lors de la canicLÙe de 2003. En une vingtaine de jours, du 1cr au 20 août 2003, 70 000 personnes sont décédées en Europe, dont 15 000 en France. 82 % des victin1es étaient des personnes âgées de plus de 75 ans. Lors de fortes chaleurs, les personnes fragiles sont les plus exposées au risque de décès. Or il faut s'attendre à ce qu'un événe1nent comn1e la canicule de 2003 perde son caractère exceptionnel à la fin de ce siècle.

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Le réchauffen1ent clin1atique aug1nente la désertification, l'érosion et la dégradation des sols. Les terres deviennent plus sèches, s'appauvrissent, ne jouent plus leur rôle d' alirnentation des végétaux et entraînent la baisse des rende1nents agricoles.Au niveau de la planète, environ 4 1nilliards d'hectares de terres sont n1enacées par la désertification et 250 inillions de personnes en subiront directe111ent les effets. Selon les Nations unies, les régions les plus menacées par la désertification sont l'Afrique, l'Asie et l' An1érique Latine. Les experts estünent que d'ici 2020, 60 nllilions de personnes pourraient quitter les zones désertifiées de l'Afrique sub-saharienne pour gagner le Maghreb et l'Europe, poussés par l'insécurité alin1entaire et les dift'icultés d'accès à l'eau. Les conséquences hun1aines, écononuques et environnem entales de la désertification sont nornbreuses : pauvreté, fanune, pénurie d'eau, érosion de la biodiversité, rnigration des populations et, inévitable1nent, risques d'instabilité politique.

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M ais la sécheresse ne touche pas que les pays en développen1ent. La Californie, dans l'ouest des États-Unis, est en proie à une sécheresse historique qui dure depuis 4 ans. Les tarifs de distribution d'eau ont fla1nbé pour inciter à l' écono1nie et 4,5 nullions de 1nètres carrés de pelouse ont été supprin1és pour réduire les arrosages. Pour la pre1nière fois en 2015, des inesures sans précédent de contrôles des ressources en eaux ont été inises en place, visant à réduire la consonu11ation d'eau de 25 %. Ouragans, cyclones et tempêtes

Les phéno1nènes 1nétéorologiques extrên1es - ouragans dans l'Atlantique Nord, typhons en Asie de l'Est, ou cyclones dans les zones océaniques - voient leur intensité progresser. Environ 70 à 90 cyclones sont relevés chaque année dans le inonde.Selon une étude du GIEC, si ce chiffre est resté stable, les cyclones sont désor111ais d'une intensité supérieure et acco111pagnés de vents de plus de 200 kn1/ h. La liste des cyclones de forte intensité est longue : en 2005, les cyclones Katrina aux États- Unis1, Rita dans le golfe du M exique et Wihna dans la n1er des Caraïbes ; en 2007, le cyclone tropical Sidr balaie les côtes du Bangladesh ; en 2008, Nargis

La vio lence des cyclones s'intensifie et ils sont souvent accompagnés de vents de p lus de 200 km/h. Vl

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1. Le cyclone Katrina a dévasté une région de 235 000 krn2 allant de la Louisiane à l'Alabama en passant par le Mississippi et La Nouvelle-Orléans, soit l'équivalent de la moitié de la France. Plus d'un demi-million de personnes ont été affectées et 1 833 personnes sont décédées.

Le réchauffement climatiq ue, accélérateur de catastrophes naturelles

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dévaste le sud-ouest de la Binnanie, laissant derrière lui 100 000 n1orts ou disparus. Du 21 août au 26 septernbre 201 0, on ne compte aucune journée sans qu'il y ait eu au n1oins un cyclone tropical en activité. En 2011 , l'ouragan Irene inflige d'énonnes dégâts dans les Caraïbes avant d'atteindre la côte est des États-Unis et du Canada. En 2012, Sandy ravage les Antilles, les Bennudes et la côte sud-est des États-Unis.

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En France, le phénornène meurtrier de X ynthia a n1arqué les esprits. Dans la nuit du 27 au 28 février 201 0, la ternpête côtière s'est attaquée avec une violence exceptionnelle au littoral atlantique. Les vents atteignent 160 krn/ h et la houle s'élève à près d'une dizaine de 1nètres. En pleine nuit, des ruptures de digues provoquent des inondations brutales, faisant une cinquantaine de victünes par noyade, la plupart surprises en plein so1nmeil dans leur logen1ent. Dix ans auparavant, les Français se souviennent du choc de la ternpête Lothar du 26 décen1bre 1999, avec des vents souillant jusqu'à 259 kn1/h et causant des do1n1nages sans précédent : toitures arrachées, effondren1ent du réseau électrique et dévastation des forêts. Plus réce1ru11ent, le 14 n1ars 2015, au nord de la Nouvelle-Calédonie, l'archipel des Vanuatu n'est plus qu'un paysage dévasté après le passage du cyclone Pan1, « 1nonstre de Vanuatu », classé niveau 5, soit le 1naxi1nu1n. Avec des rafales de vent dépassant 320 k111/ h , c'est l' une des pires catastrophes cycloniques dans le Pacifique. La capitale, Port-Vila, a pris le cyclone de plein fouet et, dans l'archipel de 83 îles, des villages entiers sont rasés sous la violence du vent. Les arbres, des co cotiers et des gigantesques banians, sont arrachés, l'agriculture est entièren1ent dévastée. Une catastrophe

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de plus pour un pays qui préservait jusque-là son autosuffisance alünentaire. Force est de reconnaître ces dernières années l'intensification des phéno1nènes n1étéorologiques extrêm es liés au dérèglen1ent clin1atique. L'élévation de la te1np érature des océans renforce la puissance de ces catastrophes naturelles, dont l'intensité se voit par ailleurs an1plifiée par la n1ontée du niveau des océans. Facteur aggravant, les inondations et les destructions ont un ü11pact b eaucoup plus 1narqué en raison de la concentration de la population n1ondiale sur les régions " .' cotieres. Brouillard toxique et smog

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Le sn1og 1 , ou brouillard toxique, est un nuage provenant d'un 111élange de polluant atn1osphérique constitué de particules issues de la combustion de centrales au charbon, de gaz d' échappernent et d' ozone. Le s111og est désonnais classifié co1nn1e catastrophe n1étéorologique dans le nouveau règlernent 1nétéorologique, publié par l' Ad1ninistration n1étéorologique de Chine le 13 n1ars 2015. C e nouveau règle1nent classe le brouillard épais et le sn1og sur la m êm e liste que . . . les typhons, les ten1pêtes et la sécheresse. Face aux niveaux élevés et répétés de pollution susceptibles d'engendrer des problè1nes respiratoires, l'administration chinoise diffuse désonnais auprès du public des alertes pour fournir à la population une infon11ation précoce. En 2013, la Chine a recensé davantage de jours de sn1og que dans les 50 dernières années. 1. Le smog est la contraction des mots anglais sm.oke, « fumée » et f og, « brouillard ».

Le réchauffement climatique, accélérateur de catastrophes naturelles

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Pluies diluviennes et inondations

Inondations répétées au Bangladesh, subn1ersion 1narine au Vanuatu, crues de fleuves provoquées par des intempéries exceptionnelles ... Les phéno1nènes d'inondations sont de plus en plus intenses et 1neurtriers. On recense, à l'éch elle 111.ondiale, un 11ùllier de grandes catastrophes naturelles par an, rnajoritairen1.ent provoquées par les inondations qui sont l' événe1nent le plus fréquent et le plus destructeur. La cause est toujours n1.étéorologique : 1noussons, cyclones, ten1.pêtes, pluies diluviennes.. . et les effets sont souvent drarnatiques (inondations, glisse1nents de terrain, coulées de boue, sub1nersions 111.arines, recul du trait de côte, crues de fleuves... ). Inondations catastrophiques ou Cambodge

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En octobre 201 3, en Asie d u Sud-Est, le Cambodge - pays situé en basse altitude - a été confronté à d ' impressionnan tes intempéries. Les pluies abondantes de la mo usson ont entraîné des inondations exceptionnelles, en particulier dans les provinces q ui bordent le M ékong . Les villages avoisinant ses rives on t été inondés. La vi lle d e Siern Reap (qui abrite les temples d'Angkhor), Battambang, Pailin et la province d e Pursat ont été durement touchées. Lo circulation a été perturbée dans toutes les régions situées le long du Mékong. Plus de 800 000 personnes ont souffert de ces inondations, leurs maisons et leurs champs étant fortement endommagés. De nombreuses familles, malheureusement les plus pauvres, se sont retrouvées les pieds dans l'eau. Certaines ont été obligées de fu ir cor leur maison a été totalement submergée. Environ 20 % des rizières cambodgiennes ont été gravement endommagées, a insi que 500 km d e routes natio na les et 4 000 km de pistes. Le coût financier des destructions par les inondations est estimé à 1 mi llia rd de dollars.

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Une des conséquences du changen1ent clünatique en cours est l'accentuation de la fréquence, de l'intensité et de la durée des phénon1èn es 1nétéorologiques extrên1es. Avec le dérèglernent clünatique, le no1nbre de victi111es des inondations pourrait tripler dans le inonde d'ici 2030. Il convient d'ajouter à ces catastrophes les phéno1nènes d'origine géologique liés au changen1ent clin1atique.

COMMENT LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE PROVOQUE-T-IL DES SÉISMES ET DES TSUNAMIS

?

réponse de la croûte terrestre à la fonte des glaces génère plus de tremblements de terre, plus d'éruptions volcaniques, plus de glissements de terrain dans les abysses océaniques·t ». « La

La tectonique climatique

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D écouverte scientifique récente, l' élévation des te1npératures peut stin1uler l'activité sisnuque en provoquant des éruptions volcaniques, des tre1nblen1ents de terre ou des tsunanus. Bill McGuire, géophysicien britannique, professeur de géophysique et des risques cli111atiques à !'University College de Londres, confinne dans un ouvrage2 publié en 2013, qu'il y a bien un lien entre le changernent clllnatique et les catastroph es géologiques. Il a plus particulièren1ent étudié l'in1pact 1. Bill M cGuire, volcanologue et professeur de géophysique et des risques climatiques à !'University College de Londres. 2. Bill M cGuire, Waking the Giant : How a changing climate triggers earthquakes, tsimamis, and volcanoes [Réveiller le géant : comment un changement du climat déclenche des tremblements de terre, tsunamis ou éruptions climatiques], Oxford University Press, 2013. [Non traduit en français.]

Le réchauffement climatique, accélérateur de catastrophes naturelles

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du réchauffe1nent clünatique, non pas sur l' atn1osphère et les océans, nlais sur la géosphère solide. Il a analysé ce que l'on appelle le « forçage clünatique » des risques géologiques : la variation des quantités de glace et d 'eau de nier qui pèse sur la croûte terrestre et génère un rééquilibrage des contraintes tectoniques résultant du changen1ent de répartition des 111asses. Pour le professeur McGuire, la roche est sensible à la inasse d'air, d'eau et de glace qui la recouvre, et il ne faut pas de grands change1nents pour déclen cher une réponse de la croûte terrestre. Les variations de tension sur celle-ci constituent un facteur de déclenche1nent des tren1ble111ents de terre. Sont tout particulièren1ent nùses en cause les variations de niveaux des iners, de l'épaisseur des glaces et la pression des 111asses d'eau et de glace sur les différentes couches géologiques.

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La inodification de la répartiLes variations de tion des inasses d'eau influence pression sur la surface la fréquence des séisn1es. C'est le cas en Chine avec la nùse en de la croûte terrestre service en 2006 du gigantesque constituent un facteur barrage des Trois-Gorges, situé déclencheur de séismes . sur le cours du fleuve Yangtzé. L'accu1nulation d'une trop grande 111asse d'eau dans le réservoir, long de 660 lan et d'une capacité de 39 milliards de inètres cubes, aug1nente les risques de trernble1nents de terre et de glisse111ents de terrain 1. Le gouvernen1ent chinois reconnaît que la création du réservoir peut auginenter la fréquence 1. Le 6 juin 2006, le barrage des Trois-Gorges, situé dans la province du Sichuan, a été inauguré. C e système de contrôle hydraulique le plus important de Chine est suspecté d'avoir déclenché différentes catastrophes.

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des séis1nes. Toutefois, il récuse un lien quelconque avec le puissant tren1ble1nent de terre qui a tué 87 000 personnes dans la région du Sichuan, le 12 n1ai 2008. Juste avant la catastrophe, l'édition en ligne du magazine chinois Caijing faisait état d'une interrogation sur l'in1pact sisnùque possible du barrage des Trois-Gorges.

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Par ailleurs, des travaux de recherche 111enés en Alaska attestent d'un lien de causalité entre la fonte des glaces et les séisn1es locaux. En 1979, un séis1ne de n1agnitude 7 ,2 sur l'échelle de Richter aurait été provoqué par la rapide fonte des glaces à Saint-Elias dans le sud de l'Alaska. Pour la NASA, la dinlinution de la charge glaciaire auginente la probabilité des séis1nes. La nl odélisation des effets du changen1ent clin1atique suggère une augmentation des risques géologiques. Le réchauffen1ent climatique, en 111odifiant la quantité d' eau dans les glaciers et leur vitesse de déplacen1ent, augn1ente les risques géologiques. D e façon gén érale, les conséquences du changen1ent clünatique sur les phénornènes géophysiques n1odifient les équilibres au niveau planétaire et peuvent générer des conséquences géologiques désastreuses. Les travaux scientifiques récents lient désonnais de plus en plus le réchauffe111ent clünatique et l'activité sisnùque.

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Séismes et tsunamis « M agnitude 9 sur l'échelle de Richter. » La conunu-

nauté scientifique constate l'intensification des phéno111ènes telluriques extrên1es. Les séisn1es destructeurs co111111e celui d'Haïti le 12 janvier 2010 1 et les tsunanùs 1. Le 12 janvier 2010, à Haïti, un séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter a dévasté Port-au-Prince et ses environs, ca usant plus de 250 000 morts, 300 000 blessés et 1,3 million de sans-abris.

Le réchauffement climatique, accélérateur de catastrophes naturelles

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d'an1pleur historique co1rune celui du 26 décen1bre 2004 en Asie du Sud-Est, ou celui de Fukushirna au nord-est du Japon le 11 1nars 2011, 1narquent la conscience universelle du village planétaire.

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Toutefois, dans l'histoire des catastrophes hu111anitaires, le tsunanu du 26 décen1bre 2004 occupe une place particulière. Ce véritable « génocide volcanique », d'une n1agnitude de 9,3 sur l'éch elle de Richter constitue un événe1nent catastrophique n1aj eur. C'est l'un des plus violents séis1nes océaniques jan1ais enregistrés dans le n1onde. Des vagues hautes de plus de 10 à 15 n1ètres ont balayé les côtes de l'océan Indien. Le bilan est de plus de 280 000 victin1es et plusieurs nullions de sans-abris, de 3 7 nationalités différentes dans 11 États riverains de l' océan Indien 1 . Ce séisn1e entre dans la catégorie des « tren1ble1nents de terre exceptionnels », c'est-à-dire ayant la capacité de provoquer des dégâts n1ajeurs dans une zone de plus de 1 000 kin. D'après l'Earth Institute de l'université de Colu1nbia, le tre111ble1nent de terre de déce111bre 2004 a libéré une quantité d'énergie équivalant à 700 nullions de bo111bes d'Hiroshüna. En réponse, cette catastrophe a donné lieu à une 111obilisation sans précédent de la conu11unauté internationale, dont l'élan de solidarité planétaire n 'a pas d'équivalent. Aucune autre catastrophe n'a généré une n1obilisation d'une telle ainpleur. Les ONG françaises ont reçu en quelques jours 245 nullions d'euros ; 4 1nois plus tard, elles en avaient dépensé à peine 76 niillions. Face à cette catastrophe exceptionnelle qui a sen1é le chaos sur le littoral de l' océan Indien, chacun s'est senti citoyen du n1onde. 1. Indonésie, Sri Lanka, Inde,Thaïlande, Somalie, M aldives, Malaisie, Birmanie, Tanzanie, Bangladesh et Kenya.

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Autre catastrophe 1najeure qui a frappé fo rten1ent la 1nén1oire collective : le séisn1e du 11111ars 2011 au large de Sendai, au Japon. À 14 h 26, un séis111e très puissant de 1nagnitude 9 sur l'échelle de Richter a provoqué la n1ort de plus de 19 000 personnes et occasionné de non1breux dégâts directs, 1nais aussi indirects du fait du tsunanù qui a été déclenché. Ce séis1ne a provoqué une catastrophe nucléaire sans précédent en dévastant le con1plexe atonùque de Fukushin1a D aiichi, l'une des 25 plus grandes centrales nucléaires du n1onde, située au bord de l'océan Pacifique, à environ 250 kn1 au nord de Tokyo. Il s'agit d'un accident n ucléaire 111aj eur classé niveau 7, le plus élevé de l'éch elle internationale des événernents nucléaires, ce qui, co1n pte tenu du volun1e irnp ortant des rej ets, le place au 1nên1e degré de gravité que la catastrophe de Tch ernobyl en 1986. L'accident nucléaire de Fukushirna a con1biné les effets d 'un accident nucléaire et d'un tre1n blen1ent de terre. La n1enace radioactive est encore partout présente dans la centrale et sur les zones contanùnées. La décon tanunation et le dén1antèle111ent de ce cornplexe constitue un défi de long tenne. Le chantier, qui ne fait qu e co111111en cer, est prévu pour durer 40 ans et n'a, à ce jour,jan1ais été réalisé dans le inonde.

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QUELLE EST LA RÉPERCUSSION DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE SUR L' ÉLÉVATION DU NIVEAU DES OCÉANS

D'ici 21 OO, le niveau de la mer pourrait augmenter de 50 cm à 2 mètres, selon les zones côtières.

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Les observations des satellites et les enregistren1ents des 1narégraphes le long des côtes confinnent l'élévation irréversible du niveau des océans

Le réchauffement climatiq ue, accélérateur de catastrophes naturelles

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attribuée au réchauffement clirnatique. Au cours du xxe siècle, l' augn1entation moyenne de niveau constatée est de 20 Cin, soit 20 fois plus vite qu'au cours des siècles précédents. Actuellement, cette hausse est de l'ordre de 3 1run par an en rnoyenne, avec des variations selon les régions du rnonde, les régions chaudes coïncidant avec une hausse plus irnportante de niveau. Pour l'avenir, les hausses sont difficilen1ent quantifiables et dépendent des hypothèses d' énussion de gaz à effet de serre. D'ici 2100, cette élévation pourrait s'accélérer en l'absence de rnesures d'atténuation des ,, en11ss1ons. Les fa cteurs d'élévation liés au réchauffe1nent clin1atique sont n1ultiples et con1plexes, rnais les scientifiques identifient trois causes principales :

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• les variations d' écoulen1ent des 111asses d' eau vers les océans résultant de la fonte des glaciers de 111ontagne, des calottes polaires du Groenland et de l'Antarctique, responsable de 50 % de la rnontée des eaux; • la dilatation thernuque de l'eau causée par l' augrnentation de la ternpérature de l'océan, constatée jusqu'à des profondeurs de l'ordre de 1 000 n1ètres et représentant environ 35 % de la hausse ; • enfin, le pornpage des nappes phréatiques profondes qui firussent par s' écouler dans la rner. On assiste à une réaction en chaîne, la hausse de la ternp érature des océans entraînant la fonte de la banquise, qui engendre la dinunution de la salinité de l'océan et la rnodification de la circulation thennohaline.

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À savoir la circulation permanente de l'eau des océans, engendrée par les écarts de te111pérature et la salinité des 111asses d'eau. La salinité et la ten1pérature ayant un ünpact direct sur la densité de l'eau de 1ner. La répercussion pour les zones côtières

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L'élévation du niveau de la rner est une n1enace pour les zones littorales urbanisées. De nornbreuses régions côtières très peuplées et des 1négapoles 1naritin1es sont directen1ent atfectées 1 . C'est le cas aux ÉtatsUnis : New York, Miarni ou La Nouvelle-Orléans; en Europe : Londres,Venise,Amsterda1n et Rotterdain aux Pays-Bas, dont un quart du territoire se situe sous le niveau de la 1ner. En Asie, plusieurs 111égapoles sont concernées co1nn1e Tokyo (37 1nillions d'habitants) et O saka (11,5 millions d 'habitants) au Japon, M anille (19,8 nullions d'habitants) aux Philippines, Shanghai (23 nullions d'h abitants) en Chine. Certains pays côtiers sont particulièrernent vulnérables : le Bangladesh , le Can1bodge, le Vietnan1, la Thaïlande, la Chine, les Philippines, l'Égypte. . . Les inondations y seront de plus en plus fréquentes. En outre, il faut prendre en compte le risque de surcôte lié aux événe111ents n1étéorologiques extrêines, ten1pêtes ou tsuna1nis. La 1noitié des villes de plus de 1 1nillion d'habitants sont situées dans des deltas ou des estuaires. À noter qu'une grande partie des infrastructures portuaires, des

1. Environ 60 % de la population mondiale vit à moins de 60 km du littoral. D'après le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), cette proportion atteindra 75 % en 2030. La population côtière a une densité 5 fois supérieure à celle du reste des terres habitées. Sur les 23 mégapoles de plus de 2,5 millions d'habitants, 16 sont situées sur le littoral maritime ou dans des îles.

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raffineries pétrolières ou des centrales nucléaires situées sur le littoral sont vulnérables à une inontée des eaux. L'enfer sur les îles paradisiaques

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Les îles sont les victimes des efiets négatifs du changement clitnatique car elles subissent directe1n ent la 111enace de l'augn1entation du niveau de la 1ner. La planète con1pte environ 180 000 îles, dont près de 2 000 sont françaises. Une partie d'entre elles risque d'être sub1nergée. Les petits États insulaires de faible altitude sont les plus vulnérables. Le GIEC a identifié les régions de la planète les plus sensibles, pour lesquels le risque de subn1ersion lié au réchauffen1ent global pourrait être fatal : les îles Kiribati, Marshall, Tuvalu, Tonga, les États fédérés de Micron ésie, les îles Cook, Antigua, N iévès, ainsi que les Maldives. Dans l'archipel des Maldives, 80 % des îles se trouvent à n1oins d'un ni.ètre du niveau de la ni.er et risquent de disparaître avec la ni.ontée des eaux. En France, l'île de Sein dans le Finistère, au large de la pointe du Raz, est particulière1nent inenacée par la 111ontée du niveau de la 1ner. La vulnérabilité de cette île est liée à son altitude 1noyenne de 1,50 1nètre, certaines parties se trouvant 111ê111e sous le niveau de la n1er. Les te1npêtes et les grandes n1arées donnent un aperçu des phéno1nènes de sub1nersion à venir. L'Europe menacée

La n1ontée du niveau des océans ne 111enace pas seule1nent les petites îles lointaines, n1.ais aussi l'Europe. Les Pays-Bas sont les pre1niers concernés. Les clitnatologu es de l'université néerlandaise de technologie de Delft ont annoncé que l'ün1nersion des Pays-Bas était inévitable et appelé les autorités à réfléchir aux

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solutions pour évacuer la population des reg1ons côtières. Les villes de Copenhague, Anvers, Londres ou Venise sont égale1nent m enacées. L'aggravation de l'érosion de la biodiversité

L'élévation du niveau de la n1er aggrave égalen1ent l'érosion de la biodiversité terrestre et n1arine. Les zones littorales abritent en effet de no111breuses réserves de biodiversité, notanunent les récifs coralliens et les n1angroves. L'Indonésie, les Philippines ou les Caraïbes offrent des zones littorales particulièren1ent vulnérables pour la faune et la flore. En France, la Cai11argue ou le bassin d' Arcachon ainsi que les zones de polders, sont vulnérables.

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Dans un contexte où les zones côtières sont de plus en plus attractives, urbanisées et an1énagées, les risques de catastrophes naturelles sont potentiellen1ent aggravés. Les conséquences hun1aines et sociales de l' élévation du niveau de la n1er sont non1breuses pour les populations exposées et conduiront inévitablen1ent à des nugrations clünatiques. Outre les événe111ents cli111atiques extrên1es, le réchauffen1ent du clünat contribue à l' an1plification de l'érosion de la biodiversité.

Chapitre 3

Le réchauffement climatique, amplificateur de l'érosion de la biodiversité «Je crois qu'on n'a pas encore assez démontré à quel point la destruction de notre environnement naturel n'atteint pas seulement le monde extérieU1; mais l'Homme lui-même 1. »

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Latitude 48°19 Nord, longitude 4°46 Ouest, phare de la Pointe de Saint-Mathieu, terre la plus à l' ouest de la Bretagne, le gobe1nouche noir, silhouette ronde à la queue courte, dos noir contrastant avec la couleur blanche de son ventre, pourchasse sans cesse en vol ses insectes préférés. Oiseau rnigrateur au long cours, le gobe111ouche pèse à peine 15 granunes, inais il s'est taillé sa part de célébrité dans le débat sur le réchauffe1nent clün atique. Nonnalernent, cet oiseau couve lorsque la nourriture pour ses petits - la ch enille du h être - est présente en abondance. Mais avec le réchauffe111ent cfunatique, les ornithologues ren1arquent que les ch enilles éclosent de plus en plus tôt. Pour en profiter, l'oiseau doit avancer sa période de couvaison. Étant donné que le goben1ouche est un oiseau nùgrateur, il revient de ses quartiers d'hiver au sud du Sahara en avril et repart en septen1bre. C es dernières années, l' espèce revient de plus en plus tôt d'Afrique, 111ais cela ne suffit pas pour profiter du pic de nourriture. Le gobe1nouche arrive en retard pour le repas. D ès lors, 1. Konrad Lorenz.

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la population de goben1ouches con1111ence à dinunuer forte1nent. Le gobe1nouche noir représente un bio-indicateur significatif pour l'analyse des conséquences du réchauffe111ent climatique. L'intensité et l'accélération des changen1ents génèrent un véritable bouleversen1ent du inonde anin1al, végétal et hu1nain. Le réchauftèn1ent clünatique contribue au bouleverse1nent des écosystèrnes et des espèces. En outre, les grands régulateurs naturels du clünat que sont les océans, les forêts et les glaciers sont directen1ent influencés par le changen1ent di111atique et ne parviennent plus à ren1plir leur rôle. La Terre est un systèrne vivant dont l'équilibre dépend de sa biodiversité et de l'interaction entre chacun de ses élé111ents.

QUEL EST L'ENJEU DE LA BIODIVERSITÉ POUR L' HOMME vi

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Si l'usage du rnot « biodiversité » est récent, la notion, elle, est ancienne. Adoptée lors du sonu11et de la Terre à Rio en 1992, la convention sur la diversité biologique définit la biodiversité corru11e « la variabilité des organis1nes vivants de toute origine [... ] cela co1nprend la diversité au sein des espèces et entre espèces, ainsi que celle des écosystè1nes ». La notion de biodiversité exprin1e la variabilité du vivant, c'est-à-dire l' ensen1ble des fonnes de vie, intégrant la diversité des écosystèn1es, des espèces et des gènes dans l'espace et dans le ten1ps. L' éinergence du concept de biodiversité est étroiternent liée à l'évolution du n1onde vivant et à la n1enace que l'Honune fait peser sur la nature. Toutes

Le réchauffement climatique, amplificateur de l'érosion de la biodiversité

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les espèces aniin ales et végétales qui vivent au sein des écosystè111es interagissent entre elles, leurs relations sont réglées par la coopération, la con1pétition, la prédation, le parasitis1ne ou la sy1nbiose. Les écosystè111es dépendent de facteurs essentiels co111ni.e l'eau, le sol et bien entendu ... le clirnat.

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La fragilité caractérise les écosystè111es qui peuvent facile1nent être p erturbés ou détruits. Depuis le so1m11et de la Terre à Rio en 1992, la préservation de la biodiversité est considérée con11ne un des enjeux essentiels du développe111ent durable. La convention sur la diversité biologique signée à cette occasion reconnaît la protection de la biodiversité conu11e une « préoccupation co111111une à l'hu111anité ».Toutefois, en 2010, lors de la conférence de Nagoya sur la biodiversité, force a été de constater l'échec de l'objectif international visant à interro111pre la régression de la biodiversité. Il a fallu attendre 2014 et la conférence de P'yongch 'ang en Corée du Sud, sur la diversité biologique, pour qu'un accord international soit adopté, visant à rnobiliser des ressources nouvelles en faveur de la biodiversité.

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LA DISPARITION

DES ESPÈCES ANIMALES ET VÉGÉTALES

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La Terre est un réservoir de vie, niais un réservoir qui s'épuise. La diversité de la faune et de la flore, à la fois terrestre et n'larine, subit actuellen'lent une érosion sans précédent. Il s'agit d'une crise d 'extinction entraînant la disparition de nornbreuses espèces anin'lales et végétales. L' estitnation du rythn'le d'extinction est au rnoins 1OO fois supérieure au rythn1e naturel. Les scientifiques considèrent que nous assistons à une extinction de inasse. 25 % des espèces qui existaient au début du

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xxe siècle pourraient disparaître d'ici 2025. Ces pertes sont dues aux activités hun1aines, en particulier à l' aug111entation des gaz à effet de serre et à la destruction des écosystè111es abritant la faune et la flore. Co111pte tenu du rythrne actuel de disparition des espèces, une grande partie des espèces vivantes que nous connaissons aujourd'hui pourrait avoir disparu d'ici un siècle.

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L'Union internationale pour Près de 30 % des la conservation de la nature espèces végétales et (UICN) évalue à 36 % le animales connaîtront non1bre des espèces rnenacées dans le n1onde2 , dont 1 111a111un risque d'extinction 111ifère sur 5, 1 oiseau sur 8, en lien avec le 1 an1phibien sur 3. Dans le réchauffement de la règne végétal, 1 espèce sur 8 planète1 . de plantes connues est rnenacée d'extinction. L'UICN estirne que d'ici à 2050, 25 à 50 % des espèces pourraient avoir disparu. Par ailleurs, 60 o/c> des écosystèrnes de la planète ont été dégradés au cours des 50 dernières années et deux tiers des écosystèn1es sont aujourd'hui surexploités. Nous perdons des espèces à une vitesse alarn1ante. La surface des forêts a été réduite de 40 %, les n1arécages de 50 %, les récifs coralliens de 20 % et les n1angroves de 35 %. En outre, 75 % de la diversité génétique des plantes cultivées ont été perdus.

1. Source : 4e rapport du GIEC. 2. Les scientifiques évaluent à 13 millions le nombre d'espèces sur Terre, dont seulement 1,8 million a été inventorié. Sur 47 677 espèces étudiées par l'Union internationale po ur la conservation de la nature (UICN), 17 291 espèces sont considérées comme rnenacées.

Le réchauffement climatique, amplificateur de l'érosion de la biodiversité

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L'érosion de la biodiversité résulte des variations de ten1pérature qui affectent le cycle de vie des végétaux et des aniinaux . Trois types de change111ents ünportants sont identifiés : le change1nent de rythmes saisonniers, le changen1ent de l'interaction entre espèces et le change1nent de la répartition géographique des espèces. Les oiseaux et les insectes sont de bons indicateurs du changen1ent clünatique. Le réchaufièn1ent a de 111ultiples in1pacts sur leurs aires de distribution, leurs habitats et leurs nùgrations. Ainsi, on observe une nùgration saisonnière raccourcie. Les hirondelles hivernent désonnais de plus en plus en France au lieu de 1nigrer en Afrique.

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Le frelon asiatique, grand prédateur d'abeilles, envalùt rapide1nent la France. Présent en Aquitaine en 2004, ses colonies s'in1plantent actuellen1ent en Bretagne. Les abeilles, insectes pollinisateurs indisp ensables aux cultures agricoles, qui jouent un rôle ünportant pour la survie de plus de 20 000 espèces végétales, sauront- elles résister à ces nouveaux assaillants ? Autre conséquence palpable du réchauffe1nent clünatique, l'expansion de la chenille processionnaire du pin est en1blé1natique de la propagation des bio-agresseurs liée au réchauffen1ent cfu11atique. Telle une arn1ée en ca111pagne, la chenille processionnaire avance vers le nord de la France à la recherche d'espèces forestières co1ru11e les pins ou les cèdres à effeuiller. Freinant le développen1ent des arbres, ces chenilles h érissées de poils urticants posent égalen1ent un problèn1e sanitaire pour l'Honu11.e. Toutes ces modifications s'inscrivent désor111ais dans un contexte de n1utations accélérées. Les espèces dépendent les unes des autres et peuvent interagir de façon iinprévisible et invasive ou disparaître en cascade.

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Le frelon asiatique colonise

70 % du territoire français

Avec le changement climatique, le frelon asiatique noir à pattes jaunes étend son aire de répartition vers de nouvelles rég ions . Après s'être implanté en Espagne, ou Portugal et en Italie, depuis 2 004 , il colon ise les zones urba ines, péri-urba ines, agricoles et fo restières françaises, en prog ressant rapidement vers le nord . Lo vitesse d u front d ' invasion des frelons est d 'enviro n 1OO km pa r an . Cette espèce exotiq ue invasive est beaucoup plus compétitive que les espèces indigènes et se développe ou détriment des espèces autochtones. Plus agressif qu'une guêpe, le frelon est mieux adopté pour a ttraper les abeilles en vol et détruire leurs ruches. Lo colonisation con tinue de s'étendre sons faiblir à l'ensemble de la Fronce.

L'ACIDIFICATION ET LE RÉCHAUFFEMENT DES OCÉANS

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Plus de 70 % de la surface de Un quart du C02 émis la Terre est recouverte par les dans l'atmosphère océans et leur biodiversité constitue un don1aine largeest absorbé par les 1nent n1éconnu. Le ry thi11e océans et accélère actuel d'acidification des le processus océans est sans précédent et d'acid ification. le processus est en accélération constante. Les océans absorbent naturellement 26 % du C0 2 dégagé chaque année dans l'atmosphère réduisant ainsi l'impact de ce gaz sur le clin1at. Mais lorsque le C0 2 se dissout dans l'eau de 1ner, il accroît l'acidité du nulieu. Les océans jouent un rôle de puits de carbone, ils absorbent l' équivalent de 4 kg de C02 par j our et par personne, ce qui représente le quart des énussions de C0 2 , lünitant ainsi

Le réchauffement climatique, amplificateur de l'érosion de la biodiversité

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l' accroisse111ent du C0 2 at1nosphérique. Toutefois, l'absorption d'une trop grande quantité de gaz carbonique entraîne un excès d'acidification de l' eau de 111er. Depuis le début de la révolution industrielle, l'acidité des océans a auginenté de 30 %. L'acidification dégrade certains écosystè1nes, n1enace la biologie 111arine, les ressources halieutiques et l' écosystèn1e corallien.

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Le réchauffe1nent clin1atique provoque égale1nent une désoxygénation des océans. Ceux-ci absorbent la quasi-totalité du rayonnernent solaire et le rééinettent sous for111e de chaleur. Or, plus l'eau est chaude, 111oins elle contient d'oxygène et plus elle affecte les espèces 1narines. En outre, l'auginentation de la te111pérature de l'eau de 111er en surface a une incidence directe sur les catastrophes naturelles, co1m11e les ouragans et les cyclones. L'acidification des océans ainsi que le réchauffe1nent des eaux de surface réduisent la capacité à absorber le C0 2 de l' atinosphère. Le rôle de régulateur de l'océan est affecté, ne lui perrnettant plus de réduire la concentration du C0 2 dans l' at1nosphère et aggravant son i111pact sur le cli111at. « L'océan est le facteur déternùnant du clünat de notre planète. Il ainortit l'ünpact du change1nent clitnatique, n1ais en paye les conséqu ences », fait valoir Wendy Watson-Wright, secrétaire exécutif de la Con1111Ïssion océanographique intergouverne111entale de l'UNESCO. L'histoire de l'hu1nanité s'écrit avec une encre bleue, la préservation de l'océan p articipe directe1nent à la préservation du cli111at.

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LA FORËT,

UN ÉCOSYSTÈME SENSIBLE

Les forêts constituent d 'ünportants réservoirs de carbone. Elles couvrent environ 30 % de la surface terrestre et renfennent plus de la n1oitié du carbone accu1nulé. Les forêts retiennent le carbone à la fois dans la bion1asse végétale2, vivante et 1norte, dans les n1atières organiques en déco1nposition et dans le sol. C'est le processus de photosynthèse qui entretient la circLÙation naturelle du carbone entre la forêt et l' at111osphère. Le n1ode de fonctionnen1ent des écosystèn1es forestiers pern1et de recycler le carbone et joue un rôle ünportant dans l'équilibre du cycle 1nondial. Peut- on lutter contre l'effet de serre en plantant des arbres ? La forêt se transfonne en puits de carbone lorsqu'elle stocke davantage de carbone qu'elle n'en rejette dans l' at1nosphère. Les boise1nents pern1ettent d' accun1uler des quantités in1portantes de carbone. Les forêts se con1portent à l'échelle rnondiale co1nn1e des « puits de carbone » en con1pensant près de 19 % des énussions annuelles de gaz à effet de serre. Les boisen1ents et la gestion

La forêt, puissant levier climatique, stocke du carbone et compense au niveau mondial 19 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre1 .

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1. En France, la forêt capte 15 % des émissions de C02 . 1 hectare de forêt stocke l'équivalent de 100 tonnes de carbone et 1 m 3 de bois environ 1 tonne de C02 . Source ONF. 2. La biomasse est la matière organique d'origine végétale ou animale composée de carbone. C'est une source d'énergie renouvelable qui peut être issue du bois, des hai es ou des taillis, des cultures énergétiques, des déchets organiques, comme les eilluen.ts d'élevage ou les ordures ménagères biodégradables.

Le réchauffement climatique, amplificateur de l'érosion de la biodiversité

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durable pen11ettent d ' optinliser le rôle de la forêt dans la lutte contre le réchauffen1ent clünatique.

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Toutefois, les écosystè1nes forestiers sont parti culière111ent sensibles aux changements clünatiques, notan1111ent la forêt prünaire, celle qui n'a pas encore été exploitée par l'Hornme. Les forêts pri111aires dont les processus biologiques et écologiques de1n eurent intacts sont des réservoirs de biodiversité. Or elles sont déforestées n1assiven1ent par les activités hun1aines, pour ne plus représenter aujourd'hui que 36 % des surfaces forestières dans le n1onde. Chaque année, 15 1nillions d'hectares de forêts sont abattus. La destruction de ces forêts favorise le réchauffe1nent clünatique, l'extinction des espèces anünales et végétales et la désertification. Les forêts prünaires sont détruites inajoritairen1ent pour alirnenter le co1111nerce frauduleux de bois précieux. En France, 39 % des bois exotiques proviendraient d'abattages illégaux . Les activités hu1naines, notan11nent la déforestation, 111odifient les stocks et les échanges. Lors des déboise1nents, des quantités in1portantes de carbone sont libérées. La déforestation tropicale induit chaque année l' érnission de 6 gigatonnes de C0 2 , soit environ 20 % des étnissions n1ondiales annuelles, et dinunu e le stock de carbone de la forêt. Malgré son rôle central, la prise en co1npte du secteur forestier dans la lutte contre le réchauffe1nent clin1atique reste lünitée. Le GIEC souligne que la forêt peut apporter une contribution très significative à l'atténuation du changen1ent climatique pour des coûts faibles, 1nais seule une très faible partie de ce potentiel est rnis en œuvre. Le rapport de Nicholas Stern, écononuste britannique, sur l' écononue du changen1ent clünatique

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publié fin 2006 1, estin1e que les écosystè1nes terrestres pourraient fournir 15 à 30 % des réductions d' éinissions nécessaires pour rester, d'ici 2050, sous le seuil de+ 3 °C. La forê t et le bois sont l' un des grands enjeux des n égociations clin1atiques. D epuis 2013, en France, la con1ptabilisation de la gestion forestière est obligatoire, le stockage et le déstockage de carbone dans les produits bois sont désorn1ais co111ptabilisés, excepté pour les bois ünportés. Une part in1portante des négociations internationales concerne la réduction d' énlissions liées à la déforestation, la dégradation des forêts et la conservation des stocks en forêts.

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En France, chaque année, la forêt assure une réduction des énlissions de l'ordre de 110 1nillions de tonnes équivalent C02 . Si la forêt séquestre directen1ent du carbone dans le sol et dans les arbres, le bois constitue égalen1ent une alternative de substitution durable aux tnatériaux de construction, dont la fabrication et la nlise en œuvre sont particulière1nent éinettrices de gaz à effet de serre. La stin1ulation de la sylviculture durable, du reboisen1ent, la valorisation du bois d' œuvre brut et du bois transfonné pour la construction, constitu ent un puissant levier cli1natique.

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La forêt est un réservoir de carbone qui enunagasine 20 à 50 fois plus de C0 2 que n'in1porte quel autre écosystèn1e. Les arbres absorbent le C0 2 issu de l'air 1. En 2006, le Rapport sur l'économie du changement climatique, rédigé par l'économiste britannique Sir Nicholas Stern, est le premier rapport financé par un gouvernement sur le réchauffement climatique, mené par un économiste et non par un climatologue.

le réchauffement climatique, amp lificateur de l'érosion de la biodiversité

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et le stockent dans le bois sous fonne de carbone. Sin1Liltané1nent, ils fournissent de l'oxygène, ce qui pen11et de réguler le climat. Près de la rnoitié des réserves de C 0 2 de la plan ète se trouve dans les fo rêts. La forêt française couvre près de 30 % du territoire, sans co1n pter les forêts tropicales des départen1ents d' outre-111er 1 .

Au cœur de la Bretagne, un puits de 1OO000 tonnes de carbone

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Dans l'Argoat boisé, le département des Côtes-d'Armor s'est porté acquéreur de 1 000 hectares de la forêt d'Avaugour en 2005 . Cette démarche volontaire vise à promouvoir la forêt comme un réservoir de biodiversité et un laboratoire d u développement durable. La gestion exemplaire de ce massif forestier d émontre que l'on peut concilier une production de bois d 'œuvre de q ualité, la préservation de la b iodiversité et le stockage de carbone . Ce massif forestier constitue un réservoir de 1OO 000 tonnes de carbone, soit l'éq uivalent des ém issions de C0 2 de 1OO 000 a llers-retours Pa ris-New Yo rk 2 . Lo gestion climatique de la forêt optimise le stockage de carbone et permet de jouer un rôle accru dons la lutte contre le réchauffement climatique .

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1. Les trois quarts de la forêt française sont des propriétés privées. 2. U n aller-retour Paris-New York, dans des conditions propices à une bonne efficacité énergétique, émet près de 1 tonne de C02 par passager, soit environ 140 g de C02 au kilomètre.

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L'ACCÉLÉRATION DE LA FONTE DES GLACIERS

« On dit que L'Arctique est notre baromètre, le canari dans la mine. Mais c'est bien plus que cela, les changements dans L'Arctique accélèrent le changement climatique mondial 1. »

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Partout dans le inonde, on assiste à l'accélération de la fonte des glaciers liée au réchauffen1ent clin1atique. D es Andes à l'Hin1alaya, de l'Alaska au Groenland, de l'Europe centrale aux Alpes, les scientifiques constatent que les glaciers fondent sous l'effet des éinissions de gaz à efièt de serre. D urant les 3 dernières décennies, les glaciers tibétains ont perdu 15 % de leur superficie. D epuis la publication du livre d'Ernest H e1ningway, Les neiges du Kilimandjaro, en 1936,le n1ont Kilirnandjaro dans le nord-est de la Tanzanie a perdu 82 % de sa n1asse glaciaire. Au cours des 50 dernières années, en Antarctique, la banquise a reculé de 20 %. Les variations de ten1pératures arctiques sont 8 fois plus in1portantes lors des 20 dernières années que lors des 1 OO ans précédents. Moins de glace se fonne en hiver et plus de glace fond en été.

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Le dégel du permafrost dans les régions polaires constitue une « bombe climatique » à retardement.

Au ryth1ne actuel, les glaciers pourraient avoir totalen1ent disparu d'ici 20 à 30 ans, et les glaces polaires d'ici 2100. Le recul de la banquise et la débâcle des glaciers contribuent à la hausse du niveau

1. Ban Ki-Moon, Secrétaire général des N ations unies. D éclaration du Secrétaire général des Nations unies, M . Ban Ki -M oon, lors de la Conférence mondiale sur le climat organisée par !'Organisation météorologique mondiale (OMM) le 3 septembre 2009, à Genève.

Le réchauffement climatique, amplificateur de l'érosion de la biodiversité

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des océans. En outre, une accélération brutale du phénon1ène est susceptible de se produire. Le plateau continental de l'Arctique étant co1nposé de perrnafrost1, des sédin1ents gelés depuis l'âge glaciaire dégèlent et libèrent d' énonnes quantités de n1éthane enïprisonné, lorsque l'eau del' océan réchauffe ces sols. Ce gaz à effet de serre, 23 fois plus puissant que le gaz carbonique, risque de donner un violent coup d'accélérateur au réchauffen1ent clin1atique.

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L'eau est égale1nent 1nenacée par le dérèglen1.ent cli111atique. Le réchauffen1ent est responsable d' environ 20 % de l'aggravation de la raréfaction de l'eau dans le inonde. Les pluies deviennent 1noins efficaces pour recharger les réserves souterraines et affectent le débit des cours d'eau. Plus rare, l'eau est aussi plus concentrée en polluants et, sur le littoral, on assiste à une substitution de l'eau douce par de l'eau salée. Est affecté, au niveau n1ondial, le secteur de l'agriculture qui prélève 70 % de l'eau à destination de l'irrigation, juste devant le secteur industriel et celui de l'énergie. L'incidence du clünat sur l'eau est égale111ent un phénon1ène an1plificateur de l'érosion de la biodiversité et de l'insécurité alin1entaire.

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BIODIVERSITÉ ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Sécurité ali1nentaire et lutte contre le changen1ent cli111.atique sont indissociables. Le défi clünatique et son in1pact sur la biodiversité ne peuvent être dissociés de 1. Permafrost est un mot anglais qui désigne la partie d'un cryosol gelé en permanence et de ce fait imperméable. En français, on utilise le mot « pergélisol ».

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la survie alin1entaire. L'agriculture est une arn1e pour atténuer les éniissions de gaz à effet de serre, elle a un rôle iinportant à jouer dans la transfonnation des systè1nes de production. La convergence de différentes pratiques clünato-intelligentes peut penn ettre la réduction des énùssions de C0 2 . La prenùère priorité est la réduction des én1issions de 111éthane issues des élevages de run1inants et de leurs efilu ents, par l' essor de la 111éthanisation et une 1neilleure gestion des déj ections animales. La deuxiè1ne priorité est l'utilisation des terres agricoles pour stocker du carbone, notanu11ent par le développen1ent de l' agroforesterie 1 et la création de haies bocagères. La troisiè1ne priorité est la diniinution des engrais azotés2 par une fertilisation nùeux raisonnée et le développen1ent des cultures de légunùneuses 3 pennettant de fixer naturelle111ent l'azote atn1osphérique. D 'autres 1nesures sont égalen1ent nécessaires, comn1e la 1naîtrise de l'artificialisation des sols 4 , la préservation des prairies ou la réduction du gaspillage alirnentaire. Ce sont autant de leviers qui pennettent de réduire les énùssions de gaz à effet de serre.

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1. L'agroforesterie est un mode d'exploitation des terres agricoles associant des plantations d'arbres avec des cultures ou des pâturages. 2. Les engrais azotés, en se décomposant, émettent du protoxyde d'azote, dont le pouvoir réchauffant (PR G) est 300 fois sup érieur au C 0 2 . 3. Plante exploitée comme légume (pois, haricot), fo urrage (trèfle, luzerne), pour l'ornement (a cacia) ou pour le bois (palissandre). 4. Les terres agricoles n'occupent plus que 25 % de la surface terrestre, à l'exclusion de l'Antarctique.

le réchauffement climatique, amplificateur de l'érosion de la biodiversité

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Plein gaz sur les bovins En produisant du méthane, la digestion des vaches contribue fortement au réchauffement climatique. D'après l'Organisation mondiale pour l'agriculture et l'alimentation, l'élevage de bovins constitue l'un des fléaux environnementaux ma jeurs de la pla nète . En France, on estime que la fermentation entérique entraîne l'émission quotidienne de 500 grammes de méthane en moyenne par bovin. L'agence des Nations unies pointe la consommation de viande et de produits laitiers pour expliquer que I' élevage émet, à lui seul, 37 % du méthane lié aux activités humaines. Lo Food and Agricultural Organisation (FAO) estime que l'élevage de ruminants représente 4 ,5 % du réchauffement climatique de la planète.

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Con1pte tenu du bouleverse1nent du régin1e des précipitations, les ressources en eau ne seront plus suffisantes pour répondre à l' ensen1ble des besoins agricoles. Il est indispensable d'engager un effort accru d' optünisation de l'irrigation et d' éconon1ie d'eau, nota1111nent p ar la sélection des variétés et l' agro-écologie 1. Pour faire face aux besoins de la population inondiale, il est urgent de préserver les terres agricoles et de les réserver en priorité pour la production alünentaire.

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Crise alimentaire climatique au Niger Le Niger est l'un des pays le plus pauvres de la planète. Avec 18 millions d'habitants, dont 85 % vivant avec moins de 2 dollars par jour, le Niger est classé parmi les derniers sur l'indice du développement humain des Nations unies. Fortement dépendant d e l'agriculture, ce 1. L'agro-écologie fait le choix du non-labour, de la diversification des cultures, ainsi que de cultures plus économes en eau et en intrants.

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pays est extrêmement vulnérable aux déficits de production. 4 millions d'habitants sont en insécurité alimentaire permanente et 7,5 autres millions en risque d'insécurité. Les variations climatiques se traduisent par des sécheresses de plus en plus fréquentes. Celles-ci son t fortemen t corrélées à de mauva ises récoltes, une hausse d u prix d es produits vivriers et une ba isse du revenu des popula tions rurales . En 2014, le N iger a de nouvea u été frappé par une grave crise a limenta ire. Le cha ngemen t climatique remet la lutte contre la fa im et les crises alimentaires a u cœur des préoccupations internationales.

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Enfin, p ou r évaluer les conséLe système a1imentaire quences du réch auffen1ent mondial est vulnérable. clin1atique sur la biodiverLe changement sité, il faut tenir con1pte de la réponse des espèces et des climatique perturbe liens con1plexes de prédation, les saisons et affecte le de con1pétition ou de sy1n rythme d u calendrier biose qui les relient au sein végétal. des écosystèrnes. La conséquence de l' aug1n entation des énùssions de gaz à effet de serre sur l'évolution de la biodiversité de la planète est 1naj eure et affecte négativen1ent la biodiversité. Le réchauffen1en t clin1atique s'accon1pagne d'une baisse des renden1ents agricoles en lien avec le stress hydrique, la di1ninution des insectes pollinisateurs et l' augin entation des insectes vecteurs de n1aladies. Les multiples effets du change1nent clin1atique sur la biodiversité ün pactent l' écononùe et la production agricole, engendrant n1alnutrition et insécurité alin1entaire. Le changernent clirnatiqu e perturbe les saisons et affecte les dates de gernùnation, de floraison et de

Le réchauffement climatique, amplificateur de l'érosion de la biodiversité

89

n1aturation des plantes et des cultures. Précocité, retard ou absence de récolte fruitière, inalfon11ation des feuilles et des fleurs, la flore subit de plein fouet les fluctuations clünatiques. Aujourd' hui, chacun doit prendre conscience que nos 111odes de développen1ent ne sont pas durables et que nous devons ch anger profondén1ent notre rapport à la nature pour préserver la vie sur Terre. Le changen1ent clin1atique 111enace directe1nent la diversité biologique et un grand no1nbre d' écosystèn1es dont dépend la vie hun1aine.

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Chapitre4

Le réchauffement climatique, incubateur des pandémies «Au cours des dernières décennies, de nou11elles maladies ont commencé à apparaître au rythme sans précédent d'une par an ou da11antage ... LA question n'est pas de sa11oir si une nou11elle pandémie 11a se produire, mais quand1 . »

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Jeudi 21 août 2014, le départe1nent du Var est placé en état de vigilance 2 du Plan national anti-dissénùnation du chikungunya et de la dengue, après la découverte d'un pre1nier cas de dengue dans le départe111ent. Claire, infirnùère, accueille une personne contanùnée qui souhaite garder l'anonyn1at. Ce patient n'a pas voyagé dans un pays étranger où circule le virus et n'a donc pu être contaminé que sur le territoire français. Le responsable de cette transnrission n e n1esure que quelques nullin1ètres, il est noir avec des rayures blanch es sur les pattes et sur l' abdo111en, avec un pic d'agressivité au lever du jour et un autre au crépuscule : c' est l' aedes albopictus, alias le « n1oustique tigre ». Venu d'Asie, il fait partie des 10 esp èces anin1ales les plus invasives et a déjà colonisé plus de 80 pays à travers la planète. À la faveur du change111ent clünatique, il ne cesse de progresser vers le nord de la France, en véhiculant les virus du chikungunya et de la dengue. Naturalisé français en 2014, le n1oustique-tigre est désor111ais bien in1planté dans le sud de la France. Il 1. Rapport OMS sur la santé dans le monde, 2007.

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poursuit sa colonisation du territoire : 18 départe1nents sont en vigilance rouge, 13 en vigilance orange et 51 sous veille enton1ologique1 . Le réchauffernent clünatique est un facteur qui 1nodifie la répartition spatiale des vecteurs de certaines 1naladies infectieuses et favorise l' én1ergence de nouveaux virus2 . D e façon générale, c'est tout l' environne1nent sanitaire hu111ain qui est n1odifié par le change1nent clin1atique. Selon le GIEC, « les projections des changen1ents clünatiques affecteront l'état de santé de nlillions de personnes, particulièren1ent celles à faible capacité d'adaptation ».

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Le changen1ent cli111atique a de 111ultiples incidences sur la santé hu1naine. Incidence directe, en raison de l'exposition au soleil ou au stress thernuque résultant de la recrudescence des vagues de chaleur, des canicules ou des séch eresses. Le rayonnern ent solaire provoque, par sa con1posante UV, l'apparition de cancers ou de n1élano1nes cutanés. Ceux- ci ont augn1enté de 45 % ch ez les honunes et de 19 o/c> ch ez les fenunes entre 1990 et 2010, selon le H aut conseil de la santé publique3 . Les effets physiologiques de la chaleur sur l' organis111e favorisent égalen1ent l' accroissernent de syndro1nes cardiologiques ou respiratoires. En France, les canicules

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1. wvvw. vigilance-moustiques.corn 2. Le réchauffement climatique est un facteur en interaction avec d'autres, comme l'urbanisation, la déforestation o u l'érosion de la biodiversité. La déforestation augmente les contacts entre l'H omme et les animaux forestiers, l'érosion de la biodiversité conduit à la destruction des prédateurs des vecteurs endémiques. 3. R apport du Haut conseil de la santé publique, organe consultatif du ministère de la Santé, en date du 22 mars 2015, présentant les résultats d'une étude menée depuis 2013 su r les impacts sanitaires liés au réchaufièment du climat.

le réchauffement climatique, incubateur des pandémies

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de 2003 et 2006 rappelleront longte1nps l'ünportance du clll11at sur la vie hu1naine et l'ünpact direct sur les populations vulnérables : les personnes âgées, les jeunes enfants et les personnes en situation précaire. Le changen1ent clll11atique a égalen1ent des incidences indirectes en favorisant l'explosion de 1naladies infectieuses liées à l' éinergence de nouveaux vecteurs de transnlission. « Les change1nents cfu11atiques peuvent n1odifier et rendre in1prévisibles les évolutions d'espèces nlicrobiennes et ainsi avoir des effets directs et üm11édiats sur le paysage infectieux auquel est confrontée notre espèce», prévient le Haut conseil de la santé publique. La crise clin1atique gén ère une crise épidéniique liée à l' éin ergence de nouveaux virus mettant en cause la sécurité sanitaire à l'échelle de la planète. Le changen1ent clitnatique n 'est pas la cause directe 1nais constitue un fac teur aggravant des pandénues qui s'an1plifieront dans l'avenir. Vl

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Une menace d'un genre nouveau:« les zoonoses»

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Le réchauffen1ent cli1natique favorise l' én1ergence de « zoonoses », 1naladies d' origine anin1ale transnussibles à l'Ho111111e. Le changen1ent clirnatiq ue a un i111pact sur les réservoirs anünaux p orteurs des virus. Près de 7 5 % des n1aladies hu111aines virales,

75 % des maladies humaines virales, émergentes ou réémergentes, trouvent leur origine dans un agent pathogène animal transmis à l'Homme.

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éinergentes ou ré- émergentes, trouvent leur ong1ne dans un agent pathogène anin1al transnùs à l'Ho1m11e. L'agent pathogène, le réservoir anirnal, le vecteur et l'Hon1111e fon11ent un systè111e co111plexe où les interactions sont no1nbreuses et les équilibres instables. Les virus é111ergents, en franchissant la barrière des esp èces, n1enacent directen1ent l'être hun1ain en se dissénùnant sur la planète par contanùnation interhun1aine. L'Organisation rnondiale de la santé s'inquiète de l' éinergence des « zoonoses » et craint dans l'avenir une diffusion accrue des virus trans1nissibles à l'espèce hu111aine. Sous l'effet du change1nent clünatique, l' aug111entation des populations de p etits rongeurs risque d' ainplifier la circulation des groupes de virus dont ils sont le réservoir. Ces virus ne sont pas pathogènes chez leur hôte réservoir, mais peuvent provoqu er ch ez l' être hu1nain des fièvres hén1orragiques et des syndro1nes cardio-puln1onaires. vi

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Avec le réchauffe1nent clünatique, l'évolution de la pluvion1étrie constitue un autre facteur ünportant de variation de l'incidence des pathologies virales.La déforestation ou les inondations côtières obligent les populations à se déplacer, augmentant le risque de contact entre l'Hon1111e et les réservoirs anin1aux de virus. On peut ainsi craindre une au grnentation des infections co1n1ne le virus Ebola ou le virus de M arburg, dont le réservoir ani1nal correspond à des colonies denses de chauves-souris frugivores in1plantées dans les forêts ou dans certaines grandes villes africaines. La pronùscuité entre les ani111aux et les populations f.:-ivorise l' é111ergence virale chez l'Hon1111e.

le réchauffement climatique, incubateur des pandémies

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Les risques épidémiques sont aggravés par l'action du réchauffement climatique

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La te111pérature, la pluie et l'hunudité sont des facteurs n1ajeurs influençant le développement et la survie des insectes. L' élévation des ten1pératures hivernales inodifie les périodes d'activité et le profil épidénuologique des n1aladies, dont les rnoustiques ou les tiques sont les principaux vecteurs. La diffi1sion géographique des virus transnlis par les n1oustiques s'étend et peut donner lieu à une augn1entation du no1nbre de cas de fièvre jaune ou de dengue.Avec le réchauffernent clin1atique, les épidénues de dengue seront plus no1nbreuses et devraient augn1enter en fréquence. Le n1oustique vecteur de la dengue (aedes albopictus) est présent dans le sud-est de la France depuis 2010. Si son iinplantation est le fruit de l'intensification des échanges internationaux et de l'usage n1assif d'insecticides induisant des résistances accrues, le réchaufiê n1ent climatique a contribué à son développe111ent, esti1ne le Haut conseil de la santé publique. Selon l'OMS, environ 2,5 nlliliards de personnes sont désonnais exposés au risque de conta1nination. Il y a chaque année dans le n1011de environ 50 nllilions de cas de dengue dans les zones équatoriales d' Ainérique, d'Afrique et d'Asie et 500 000 cas de dengue hén1orragique, panni lesquels une forte proportion d'enfants. Lié au réchauffe1n ent cli1natique, le virus du chikungunya circule largernent depuis 2004. Son incidence a atteint 30 % de la population dans l'océan Indien et à La R éunion. Le inoustique vecteur s'étend désonnais dans le sud de la France. Plusieurs inillions de cas sont recensés, incluant des inilliers de voyageurs de retour en Europe. Autre rnaladie très sensible au changen1ent clirnatique, la fièvre de la vallée du Rift. Cette inaladie qui

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touche principalen1ent les animaux peut aussi contanùner l'Honnne. D 'abord identifiée au Kenya, elle se1nble se propager enAfrique du Nord et subsaharienne,jusqu'à l'Arabie saoudite et le Yéinen, ce qui pourrait avoir des conséquences graves et in1prévisibles sur la santé hu1naine. L'impact indirect du changement climatique sur l'émergence des infections virales

Les variations de te1npérature ont des effets imprévisibles et auginentent le taux de transn1ission des agents infectieux en affectant leur vecteur. Un clinut plus chaud contribue à 1nodifier la nature des grippes saisonnières et affecte leur propagation dans le n1onde. La circtùation des vin1s grippaux est directe1nent influencée par la pluvio1nétrie dans les pays tropicaux et ses variations sont des facteurs in1portants affectant l' épidé1niologie. S'agissant de la grippe aviaire, le réchauffen1ent clini.atique pourrait n1odifier les trajectoires des oiseaux nùgrateurs soupçonnés d'infecter les oiseaux don1estiques avec le virus HSN1 très pathogène. D e tels changen1ents contribuent à influencer les relations entre le gibier d'eau et la volaille do1nestique, générant des répercussions dans le ni.onde entier.

Le réchauffement climatique favorise l'apparition et la propagation de virus émergents ou réémergents.

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Le change1nent clünatique p erturbe la con1position des écosystèmes et les interactions entre les espèces. Le GIEC souligne que le réchauffen1ent cli1natique risque d'engendrer une nouvelle répartition spatiale des réservoirs anin1aux de virus, notanunent les insectes vecteurs de ni.aladies infectieuses, en leur offrant de nouveaux n1ilieux en zones chaudes à coloniser.

le réchauffement climatique, incubateur des pandémies

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Le paluclisn1e est sans doute la inalaclie à transnussion vectorielle la plus sensible au réchauffen1ent clin1atique. C ette inalaclie infectieuse potentiellen1ent inortelle est due à plusieurs espèces de parasites appartenant au genre plas1nodiun1. Le parasite est transrnis à l'Hon1111e par la piqûre d'un 111oustique infecté. Le paludisn1e, qui affecte plus d'un nulliard de personnes dans le n1onde, p ourrait réapparaître en Europe occidentale et dans des nouvelles régions de pays en développen1ent. Selon l'OM S, cette 111alaclie cause plus d 'un nullion de décès par an, la population la plus affectée étant les enfants de 111oins de 5 ans. Environ 40 % de la population n1oncliale est exposée au paluclisn1e et 500 nUllions de cas cliniques sont identifiés chaque année. La situation est d'autant plus p réoccupante que les parasites développent des résistances aux n1olécules antipaludiques et les inoustiques craignent de inoins en inoins les insecticides. Aujourd'hui, aucun vaccin n 'est disponible. Les pluies abondantes de n1ousson et la forte hunudité sont des facteurs qui ont une influence 111aj eure sur la reproduction et la survie des nloustiques.

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VIRUS MONDE )) I LA RANÇON

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DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

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Virus Nipah, virus du Nil occidental, fièvre de la vallée du Rift et de nombreux autres pathogènes, notan1111ent les virus grippaux, sont de nouveaux ennenus invisibles. Cette véritable « explosion pandénuque 1 » 1. L'épidémie est l'apparition intermittente d'une maladie infectieuse et contagieuse qui ne touche qu'un groupe de population. Une pandémie est une épidémie qui touche presque tous les habitants d'une même région ou du monde entier.

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constitue une rançon du réchauffen1ent cliinatique et un facteur aggravant. Pour con1prendre les phéno111ènes pandénuques à venir, un regard rétrospectif est nécessaire. Au cours des dix dernières années, 4 « virus n1onde )) sont à l'origine de pandénues ineurtrières : le Syndro1ne respiratoire aigu sévère (SRAS), la grippe aviaire, la grippe 111exicaine et le virus Ebola. Les pandémies récentes de l' histoire humaine Pandémie

Date

8 500 cos, dont 900 décès

Civette

2004 Chikungunyo

875 000 cos

Moustique

2009

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Estimation de l OO

à 300 millions de cos

18 150 décès G rippe mexicaine ou grippe porcine AH 1N 1 dons 2 13 pays

201 3 G rippe avia ire A H7N9 Épidémie en cours

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Origine animale

2003 SRAS

2004 Grippe aviaire A H5N l

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Nombre de morts

201 4 Ebolo

28 000 cos, 11 500 décès Épidémie en cours

Poulet

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Prenlière urgence pandénlique spectaculaire du XXIe siècle liée à un croisernent entre l'Hon1111e et des anin1aux infectés : le Syndro1ne respiratoire aigu sévère (SRAS). Ce virus d'origine inconnue a provoqué de no111breux cas de pneu1nonies aiguës en 2003. Étant donné sa transnussion par voie aérienne, la 1naladie s'est très vite propagée à un grand no1nbre de personnes et dans de no1nbreux pays. Une véritable psychose s'est installée à Pékin, Hong Kong et Singapour, où

le réchauffement climatique, incubateur des pandémies

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la population portait systérnatiquernent des inasques respiratoires en public afin d'éviter la contanùnation. Le SRAS, premier« sériai killer

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du xx1e siècle

Le 21 février 2003, le professeur Jianlun Liu, 111.édecin chinois âgé de 65 ans, exerçant à l'hôpital de Canton dans la province de Guangdong, arrive à Hong K.ong pour assister au rnariage de son neveu. Il s'installe au 9c étage de l'Hôtel Métropole, cha1nbre 911. Pris de fièvre, il est hospitalisé et nleurt quelques jours plus tard. Le 23 février 2003, Mn1e K.w an, une touriste âgée de 78 ans en provenance de Toronto, vient passer ses vacances à Hong Kong. Elle séjourne à !'H ôtel M étropole, chainbre 901. À son retour au Canada, elle réunit sa fa1nille pour raconter son voyage. Le 5 111ars 2003, elle ineurt dans un hôpital de Toronto. Son fils décède le 11 inars. Le 111ê111e jour, Mlle Esther Mock, hôtesse de l'air en partance pour Singapour, s'installe charnbre 904. Le 26 février, un honune d'affaires sino-a111éricain, Johnny Chen, est adnùs à l'hôpital français de H anoï. Il revient d'un voyage dans la province de Guangdong et a séjourné au 9e étage de l'Hôtel M étropole à Hong Kong, cha111bre 910. En 6 jours, un n1.édecin chinois, une touriste canadienne, une hôtesse de l'air et un ho1nn1e d 'affaires sino-a111éricain, 4 personnes de continents différents, qui ne se connaissent pas, vont sans le savoir déclencher accidentellen1ent une catastrophe épidénùologique n1ajeure qui va terroriser la planète pendant plusieurs 1nois et conduire à une alerte épidémique rnondiale. En réponse au rnystère de la chan1.bre 911 et à cette n1aladie 111.ystérieuse qui se dissérnine par l'air et par les vols internationaux, le 12 nlars 2003, l' OMS déclenche

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une alerte n1oncliale. Elle nonune ce virus inconnu « SRAS », quatre lettres pour « Syndron1e respiratoire aigu sévère 1 ».

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Face à l' a1npleur de la n1enace, une investigation sans précédent, n1obilisant polices et spécialistes de laboratoires du 111onde entier, tente de ren1onter à la source du virus en reconstituant la chaîne de contanunation. Toutes les pistes finissent par aboutir au n1ê1ne lieu : la cha1nbre 911 de !'Hôtel Métropole à Hong l{ong. C'est là que le virus sen1ble avoir pris son envol n1onclial. Dans les corridors de l'hôtel, le professeur Liu a rencontré Mine Kwan de la chambre 901,Mlle Esther Mock de la chainbre 904 et Johnny Chen de la chan1bre 91 O. Autant de rencontres, autant de vecteurs de propagation du virus, qui s' e1nbarquent dans différents avions et se répandent conune une traînée de poudre à travers la planète. Dans un premier ten1ps, les épidénliologistes ont pensé que le Dr Liu avait abondanunent toussé et éternué dans l'ascenseur et que le virus du SRAS s'était transnus par des gouttelettes de salive contanunées. Aujourd'hui, une des hypothèses retenues par les eÀ'Perts est que le bouton d'appel du 9c étage a été contanliné et a fait passer le virus aux usagers suivants.

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Partie de Chine, l'épidémie de SRAS a contaminé, en 2003, 8 500 personnes et causé plus de 900 morts.

L'enquête révèle que le 16 noven1bre 2002, un pre1ruer cas de pneun1opathie atypiqu e est survenu à Foshan City, ville proche de Canton dans la province de Guangdong au sud-est de la Chine. Les cherch eurs

1. SRAS ou SARS en anglais: SevereAcute R espiratory Syndrome.

le réchauffement climatique, incubateur des pandémies

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découvrent ce nouveau virus, de la fanulle des coronavirus, chez des civettes sauvages ou chats n1usqués. La source de l' épidéni.ie est liée à des contacts étroits entre la population et des civettes sauvages tradition, nellen1ent vendues sur les rnarchés, et conso1nrnées. A partir de cette source uruque, le virus du SRAS s'est rapiden1ent propagé, utilisant les voies internationales de transport aérien, les flambées les plus in1portantes s'étant concentrées dans les zones à forte densité de population. Après 7 n1ois de crise 111ondiale liée à la diffusion e)...'Plosive du SRAS, la perspective d' une pandéinie de grippe aviaire HSN1 constitue un nouveau signal d'alanne pour toute la planète. Beaucoup plus contagieuse, cette grippe pandéni.ique a des effets dévastateurs et constitue une véritable n1enace épidénuque à l'éch elle inondiale. La

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contagion explosive

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de la grippe aviaire

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La plupart des n1utations virales naissent en Extrê1neOrient, véritable « bouillon de culture » du 111onde. En Asie du Sud-Est, la population a coutun1e de vivre en contact étroit avec des anin1aux « réservoirs de virus ». D epuis 2004, le virus hauten1ent pathogène de la grippe aviaire HSN1 , qui infecte les oiseaux sauvages ou don1estiques, constitue « une très sérieuse inenace », selon l'OMS. La conta1nination est réalisée essentielle1nent par voie aérienne. L'incubation est courte, de 24 à 48 h eures. Les symptô1nes se caractérisent par une fièvre brutale atteignant 40 °C, acco1n pagnée de céphalées et d'une rhinopharyngite. Les forn1es les plus graves donnent des signes d'atteinte respiratoire aiguë, des h én1orragies et des 1nanifestations digestives. Ce

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nouveau virus, inconnu de notre systè1ne inununitaire, génère une n1ortalité de 60 % des p ersonnes atteintes.

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Une conférence internationale, véritable déclaration de guerre contre la grippe aviaire, est organisée à Pékin le 17 janvier 2006. Près de 130 pays sont représentés, une 1nobilisation politique sans précédent dans l'histoire de la lutte épidén1ique, correspondant à une véritable prise de conscience des risques par la co111111unauté internationale. « Il n 'y a pas de ten1ps à p erdre », rappelle aux participants le secrétaire général de l'ONU, KofiAnnan. D eux ans après l'apparition du virus HSN1 , c'est la prenùère offensive 111ondiale coordonnée contre la grippe aviaire. Les responsables gouverne111entaux ont pris conscience du risque sanitaire 111ajeur d'une pandénùe n1eurtrière liée à la possible éinergence d'un virus aviaire hun1anisé. La stratégie de lutte co1nprend la surveillance vétérinaire, les analyses virologiques, les procédures d'abattage, le confine111ent et, le cas échéant, la vaccination. Pour de no1nbreux sp écialistes, cette conférence 1narque le point de départ d'une lutte n1enée grâce à une solidarité sanitaire exceptionnelle. D es stocks de 111édican1ents antiviraux, nota111111ent de Tanùflu, sont constitués en prévision d'une contagion hun1aine .

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Fluctuation du cours du masque 10 février 2006, zone industrielle de la gare, Plaintel, Côtes-d'Armor : 3 x 8 contre 2 x 8 , présence des équipes de travail le week-end, doublement de la surface de production, la société frança ise Bacou-Dal loz, numéro un mondial du matériel de protection, fait tourner ses usines en surrégime, comme en temps de guerre. L'objectif est l'augmentation de la capacité de production de 40 à 1 80 millions de masques resp ira toires. Avec la crainte

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de la transmission humaine de la grippe aviaire, baisers et accolades suscitent l'inquiétude et les commandes de masques respiratoires à usage unique explosent. Les pays renforcent leurs stocks et passent des commandes de millions de masques. La demande dépasse de très loin l'offre et les cours du masque fluctuent sur Internet. Les fabrica nts sont submergés par les commandes . Le 30 août 2005, le Premier mi nistre fra nçais, Dom in ique de Villepin, annonce l'achat de 200 millions de masques et confirme l'acquisition de 40 millions de doses de vacci n.

Après le SRAS en 2003, la grippe aviaire en 2004, le cycle pandénùque se poursuit en 2009 avec un nouveau virus issu d'une inutation d'origine ani111ale : la . . . gnppe 111ex1ca1ne. Guerre mondiale contre la grippe mexicaine

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Prenù ère épidénùe con1battue inondialen1ent dès sa naissance, l'épidénùe de grippe 111exicaine A H1N1 se répand rapide1nent sur toute la planète au printe1nps 2009.

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25 avril 2009, Genève, l'OMS lance un appel à tous les pays pour relever leur niveau de veille épidénùologique. 26 avril 2009, Paris, Mme Roselyne Bachelot, nùnistre de la Santé, organise en urgence une conférence de presse pour faire part des inesures prises pour identifier les prenùers cas. Le inên1.e jour, les États-Unis déclarent « l'état d'urgence sanitaire » et annoncent des dépistages aux frontières. R apiden1ent au Canada, en Allen1agne, en Autriche, en Australie, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Israël, en NouvelleZélande, au Brésil et en France, de non1.breux cas sont confirn1és.

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26 avril 2009, au M exique, foyer de l'épidémie, le gouvernen1ent publie un bilan alarmant sur l' éinergence de cette épidénue. Plus d'un nullier de personnes sont atteints d'une pneu111onie et plus de 60 décès sont constatés, la plupart âgés de 25 à 45 ans. Le n1ên1e jour, l'arn1ée n1exicaine con1111ence à distribuer des n1asques de protection dans les écoles. Lundi 27 avril 2009, le président 111exicain, Felipe Calderon, lance un appel au cal111e, 111ais durcit les 1nesures : isolen1ent des patients, droit des autorités à pénétrer dans tout local, à contrôler les voyageurs, les bagages et les 1narchandises. L'église catholique annule les 1nesses du dimanche. Après la fer111eture des écoles, lycées et universités, théâtres et 111usées, la 1nunicipalité ünpose la fern1eture des b ars de nuit et des discothèques. Les tribunaux de M exico ne siègent plus. L'aéroport de la capitale reste ouvert, 1nais des équipes 111édicales sont présentes. 11 juin 2009, l'OMS décrète « l'état de pandénue et la n1obilisation internationale». En France, le gouverne111ent opte pour « le scénario du pire » et co111mande par anticipation 94 nllilions de doses de vaccin pour une can1pagne de vaccination de 1nasse. L'Institut de veille sanitaire estin1e qu'entre 7, 7 et 14, 7 n1illions de Français ont été infectés.

Le virus de la grippe mexicaine a causé plus de 18 500 décès dans 213 pays.

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tsunami pandémique

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En j anvier 2014, le inonde a redécouvert la peur de la pandé1nie mondiale avec le virus Ebola. La flan1bée de fi èvre hén1orragique a pris une a1npleur catastrophique en se propageant très rapide1nent au Libéria,

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en Sierra Leone, en Guinée-Conakry, avant de gagner le Nigéria et le Sénégal. Quelques cas ont été signalés aux États-Unis et en Espagne, provoquant la panique dans le n1onde occidental. Selon les chiffres de l'OMS en 2015, plus de 25 000 personnes ont été contanunées et plus de 10 500 sont décédées. Le virus Ebola qui sévissait dans la région des Grands lacs en Afrique centrale a 1nigré en Afrique de l' Ouest et s'est propagé avec une vigueur jan1ais atteinte.

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La prenlière victüne, le « patient zéro », est un enfant de 2 ans qui vivait dans un village reculé au cœur de la forêt guinéenne. Il a été infecté par des anin1aux sauvages.Après deux jours de fortes fièvres, l'enfant est décédé. Quelques jours plus tard, sa sœur, sa n1ère et sa grand-111ère sont décédées égale1nent. Ce village figure co1nn1e l'épicentre de l' épidéinie, au carrefour de la Guinée, de la Sierra Leone et du Libéria. L' épidénue s'est an1plifiée lors del' enterre1nent d'une guérisseuse traditionnelle, dans un village reculé de Sierra Leone, proche de la frontière guinéenne. Les douze prenuers patients de Sierra Leone avaient assisté aux obsèques de la guérisseuse qui prétendait soigner cette fièvre hén1orragique. Elle a attiré des n1alades de la Guinée voisine avant de 1nourir d'Ebola. Les participants à son enterren1ent se sont ensuite dispersés à travers la région fro ntalière, déclenchant une réaction en chaîne de décès, puis d ' enterre111ents publics, propices à de nouvelles containinations générant de 1nultiples infections interhun1aines. L'origine de l' épidérnie de fièvre Ebola est un virus, agent de zoonose, qui se trans1net à l'Ho1rune. Ce virus vient des chauves-souris de la zone africaine intertropicale. Les analyses génétiques retracent l'histoire de

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cette épidénue qui a conu11encé par une seule contanunation hurnaine à partir d'un réservoir anin1al, suivi de 111ultiples contaminations interhu111aines. La contagion est effective directe1nent par une 111orsure ou par la conson11nation de viande de chauve-souris ou de singe. La transnussion interhurnaine s'effectue ensuite par contact direct avec des sécrétions haute111ent contanunantes con1111e la salive, l'urine ou le sang conta1niné. Les personnes les plus exposées sont les soignants, les proches et les fa1nilles.

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Le 8 août 2014, le conlÏté d'urgence de l'OMS à Genève décrète « une urgence de santé publique de portée n1ondiale » concernant l' épidénue de fièvre héinorragique Ebola. La directrice générale de l'OMS, Mine Margaret Chan, a appelé à l'aide la co1nn1unauté internationale pour venir au secours des pays d'Afrique de l' Ouest. Le 2 septe1nbre 2014, devant les États inernbres de l' 0 NU, la présidente internationale de MSF, le Dr Joanne Liu, dénonce le n1anqu e de ressources internationales qui laisse les pays et les ONG seuls face à une épidéniie d'une an1pleur sans précédent. « L'horloge tourne et le virus Ebola est en train de gagner. . . Le ten1ps des réunions est fini . Chaque jour d'inaction entraîne plus de décès et le lent effondre111ent des pays touchés », déclare-t-elle. Pour tenter d'enrayer l' épidénlie, le gouvernen1ent de Sierra Leone prend la décision de confiner à doniicile 16 niillions de personnes, soit la totalité de sa population, pendant 3 jours, du 19 au 21 septe1nbre 2014. Cette n1esure spectaculaire interdit à toute personne de sortir pour se nourrir et travailler. Cette quarantaine vise à contrôler les incubateurs de la n1aladie, 111ais relève davantage d'une 111esure désespérée. Cette

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décision exceptionnelle de confine1nent a été renouvelée en Sierra Leone, du 27 au 29 111ars 2015, pour 2,5 inillions d 'habitants de Freetown et du nord du pays, pour tenter d'identifier les nouveaux cas. Une ca111pagne de porte à porte interroge la population sur la présence de inalades et rappelle les dangers de la contanlination. Selon l'OMS, en l'absence de relevé épidénuologique précis, le non1bre de cas d'Ebola recensés en Afrique de l'Ouest est large111ent sous-évalué.

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Le réchauffernent clllnatique Les pandémies ont une favorise la inenace biolovertu, elles conduisent gique liée à l'apparition de « virus 111onde », émergents à penser autrement ou ré-éinergents, transgresl'individualisme et sant la barrière de l'espèce. l'indifférence aux autres. Les pandénues pennettent de faire prendre conscience qu'il est de l'intérêt des pays développés d'aider les pays en développe1nent. En effet, si un seul pays au inonde ne 111et pas en œuvre la stratégie de défense épidénuologique, c'est l' ense1nble de la planète qui est 111enacée. Sans réelle coopération, la co1nn1unauté internationale ne sera pas en n1esure de sécuriser son avenir. La survie des uns est la condition essentielle de la survie des autres.

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Chapitre 5

Du réchauffement climatique à la « rupture post-carbone » « Nous avons besoin de renforcer la résilience et de saisir les

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À 7 n1ètres d'altitude au-dessus du niveau de la 1ner,dans la bru111e inatinale du Jutland-du-Nord au Dane1nark, én1erge la petite cité portuaire de Frederikshavn. Son 111aire, Erik Soerensen, a une vraie an1bition clin1atique. Il pense qu'il est essentiel que chacun assu111e ses responsabilités dans la lutte contre le réchauffe1nent clin1atique, dans un n1onde où l' énonne consomn1ation d'énergie fossile inenace les conditions de vie sur Terre. En 2008, il lance une opération pilote pour initier une transition énergétique dans sa ville. Frederikshavn sera la pre111ière ville européenne à utiliser 1OO % d' énergies renouvelables éolienne, solaire, hydroélectrique, rnarén1otrice, géothennique, ainsi que la bio1nasse. Sur la voie de cette transition énergétique, Frederikshavn, 62 000 habitants, a pour objectif de devenir à la fois un laboratoire et une vitrine des technologies de p ointe pour les autres villes. C'est l'occasion de développer un touris1ne vert, attirant de nornbreux visiteurs curieux de voir les avancées du projet. M ené à l'échelle d'un quartier en 2015, ce projet a vocation à être généralisé 1. Ban Ki-M oon, Secrétaire général des N ations unies. «The heat is on, now we must act », Ban Ki-M oon, Secrétaire général des Nations unis, IPCC, Stockholm, 27 septembre 2013.

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à l'ense111ble de la ville d'ici 2030. La petite cité veut dén1ontrer qu'il est possible, avec le soutien de la population, de transfonner en quelques années la conso1n1nation des énergies fossiles en énergies totale1nent renouvelables. Partout dans le 111onde, on assiste à une floraison d'initiatives locales en 1natière de « villes bas carbone », « d'écoquartiers », « d'écocités »,de projets de« n1obilité douce », de bâtünents publics à énergie « passive » ou « positive ». . . Begbed, dans la banlieu e de Londres ; le quartier Vauban à Fribourg ; Kronberg à H anovre ; H anunarby Sjosted, écoquartier de Stockholn1 ; Masdar-City, ville écologique du futur à Abu Dhabi ou Dongtan, l' écocité chinoise. . . sont devenus les syn1boles de ce qui est perçu conu11e une rupture dans la 1nanière de construire, de se déplacer et d'habiter le fiitur.

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VERS LA « RUPTURE POST-CARBONE »

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Les énùssions de C02 ne sont en réalité qu'un sy1nptô1ne . . . la 1naladie, c'est notre vision du inonde. Pour être capable de vivre, l'Honu11e a besoin en pennanence d'ünaginer un futur possible. O r le n1odèle de civilisation consu1nériste que nous avons développ é a atteint ses linùtes et ne correspond plus au vivant que nous sonu11es. Le change1nent cli1natique affecte des nùllions de personnes et fragilise les populations les plus vulnérables. Il inenace un grand no111bre d' écosystè1nes dont dépend la vie hun1aine. Le futur se1nble échapper à notre nlaÎtrise, aux confins de l' égo et du chaos, une rupture doit favoriser l' é111ergence d'une nouvelle ère post-carbone.

Du réchauffement climatique à la« rupture post-carbone ,,

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Le futur aux confins de l'ego et du chaos

Aux confins de l'ego et du chaos, face à l'excès du développe1nent hun1ain, éinerge une vision sociale et altruiste du futur Jere1ny Rifkin, écononùste et prospectiviste an1éricain 1 , appelle à une nouvelle « conscience biosphérique » et une « civilisation de l' e1npathie » qui puissent unir l'hun1anité en tant qu' esp èce. Il pense que la connectivité croissante conduit chacun de nous à rnieux prendre conscience des enj eux du futur. La convergen ce entre les forn1es d'énergie et de con1111unication exige un changen1ent radical de nos 111odes de p ensée, pour constituer un nouveau paradign1e écononùque qui ouvrira l'ère post-carbon e.

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Matthieu Ricard, docteur en génétique cellulaire et 1noine bouddhiste tibétain2 , a la conviction que « la crise révèle l'ünpérieuse nécessité de davantage d' altruisn1e, de sens de coopération et de responsabilité universelle ». L'altérité3 et l'altruis1ne 4 , qu'ils soient de nécessité ou de conviction, influencent positive1nent le 111ode d'être ensen1ble et la recherch e d'une société plus vivable et plus solidaire.

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1. Jeremy Rifkin, Une nouvelle conscience pour un monde en crise, vers une civilisation de l'en1pathie, Les Liens qui Libèrent, 2011 ; LA troisièrne révolution industrielle, Les Liens qui Libèrent, 2012. 2. Matthieu Ricard, Plaidoyer pour l'altruisme, Éditions Nil, 2013. 3 . Altérité : reconnaissance de l'autre dans sa différence, qu'elle soit ethnique, sociale, culturelle ou religieuse. 4. L'altruisme conduit à s'intéresser aux autres, à faire preuve de générosité envers eux, sans rien attendre en retour.

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Philippe l{ourilsky 1, bioloL'a ltruisme, va leur giste et professeur honoraire humaniste universel le au Collège de France, estirne pour sa part qu e « le ten1ps de et essentiel le, l'altruisn1e est venu ». Nous conditionne la devons changer nos représenquestion climatique. tations du inonde et prendre conscience que notre rationalité est linlitée. « Si nous éprouvons tant de difficultés à résoudre collectiven1ent les grands problèn1es de la n1ondialisation, c'est parce qu'en tant qu'individu, nous ne percevons pas la réalité de façon adéquate. »

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La seule certitude est que l'idée de futur se fonde au cœur de l' ego hu1nain. La question de l'ego est vitale p o ur l'action clin1atique. L'ego est la conscience et la représentation que l'on a de soi-111ên1e, c'est le processus dynan1ique qui génère le sentünent d'existence d'un individu. L'ego contrôle notre capacité de juge1nent, notre raisonnernent et notre logique. Notre p erception du futur nous conduit à être les créateurs de notre propre bonheur ou de notre propre 1nalheur. « Le n1onde extérieur est le reflet de notre n1onde intérieur, notre 1notivation résulte en grande partie de la perception de notre futur », prône Eckhart Tolle2 . Le défi d'une transition énergétique est l'acceptation de nouveaux 1nodes de vie face au ch ange111ent cli111atique. C'est la capacité à penser l'hun1ain conu11e centre de gravité du futur, dans un contexte d'accélération clin1atique inéluctable et irréversible.

1. Philippe Kou rilsky, Le temps de l'altruisme, Odile Jacob, 2009. 2. Eckhart Talle, Une nouvelle Terre, Éditions Ariane, 2005.

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D ' un chaos prévisible à l'urgence d'agir, notre futur passe par celui des autres. L' altruis111e est la crête de la civilisation. Entre chaos et ego, une inotivation nouvelle doit nous conduire à penser autre1nent l'individualisni.e et l'indifférence aux autres. Cette lani.e de fond doit reconfigurer notre rnanière d'appréh ender les relations de l'Ho1n1ne avec son environnen1ent, de l'Honi.ni.e avec l'Ho1mne et de l'Ho1n1ne avec lui1nêni.e. La 1notivation pour un vouloir vivre-ense1nble planétaire doit p ern1ettre de se projeter dans un nouveau ni.onde, où la survie des uns est la condition ini.pérative de la survie des autres. Le change1nent clin1atiqu e est un phénon1ène mondial, nous ne pourrons pas nous protéger sans nous protéger ni.utuelle1nent.

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L'ère transrupture

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La dyna1nique post- carbone La notion de s'inscrit dans une stratégie « transrupture » alternative que l'on p eut traduit l'évolution qualifier de « transrupture », c'est-à-dire associant à la fois irréversible de l'idée un futur de transition et un d'une transition futur de rupture. La notion progressive possible, de transrupture traduit l' évoà l'idée d 'une rupture lution irréversible de l'idée brutale inévitable pour d' une transition progressive p réserver la planète. possible, à l'idée d 'une rupture brutale inévitable. Les perspectives pour préserver l' avenir de la planète conduisent à l'évolution du concept de « transition », à celui de « rupture ». La transrupture concerne tous les acteurs, privés ou publics, qui devront agir ou réagir à inesure que se feront plus pressantes

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les inenaces liées au réchauffe1nent cli111atique et à la raréfaction des ressources fossiles. Cette transrupture est à la fois énergétique, écono1nique, déinographique, sociale et urbaine. Les 5 « transruptures » du futur

Transruptures

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Objets

Énergétique

Raréfaction des combustibles foss iles Augmentation des énergies décarbonées renouvelables

Éco no mique

Révolution de l'économie post-carbo ne, c ircula ire, inclusive et durable

Démographique

Afflux migratoires Vieillissement irréversible de la population mondiale

Sociale

Société civile post-carbone C itoyenneté climatique

Urbaine

Ville post-carbone C oncentra tion urbaine cro issante et irréversi ble (en 2050, 70 % de la popula tion mondiale vivra en zone urbaine)

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La transrupture relève de logiques nouvelles, c'est à la fois « le inonde de l'inédit », « un art con1binatoire » et « une dynanlique citoyenne ». C 'est d 'abord « le 111onde de l'inédit », c'est-à-dire de ce qui est entière111ent nouveau, de la rupture avec les fonnes préétablies. C'est l'univers du défi écosysténlique et de la recherche de nouveaux buts à atteindre en rnatière de réduction des gaz à effet de serre. Face à un savoir de plus en plus con1partünenté, la transrupture est égalernent « un art con1binatoire » qui

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se caractérise par une approche transdisciplinaire, associant cli111atologie, vulcanologie, glaciologie, biologie, géophysique, océanographie, aérologie, écononue, urbanis111e ... et, de plus en plus, les sciences hun1aines et sociales. La dyna1nique de transrupture conduit à recherch er une synergie des énergies en vue d'un but conunun, dans une logique de n1utualisation et de change111ent d'échelle. Enfin, la transrupture est L'Europe, responsable « une dynanuque citoyenne ». d 'environ 10 % des Face au cli1nato-catastrophis111e et au clin1ato-sceptiémissions de C02, cis111e, la transrupture traduit s'engage à une le basculen1ent du « n1onde réduction de 40 % de l'incantation » à celui du d'ici 2030. « passage à 1' acte ». Elle favorise l' éinergence d'une dynanuque citoyenne, citadine et rurale pour préserver les écosystèn1es locaux et sociaux. vi

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« Si la Terre est n1inuscule, elle n e

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cela à l'éch elle de l'égoïs1ne hu1nain »,analyse Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste. Il sera « bientôt trop tard pour sauver la santé environne111entale de la planète », affirn1e le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-M oon. S'il n 'existe pas de solutions « clés en 111ain », nous devons agir - individuellen1ent et collectiven1ent - plutôt qu'être dans le déni ou le scepticisn1e, pour faire é111erger un nouveau 111odèle de société post-carbone.

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Les engagements internationaux de réduction des gaz à effet de serre

Objectifs

États

28 États de l'Union européenne

Paquet Énergie-Climat» 2030 : - réduire de 4 0 % les émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990 ; - atteindre une proportio n de 27 % d'énergies renouvelables dans la consommation énergétique tota le ; - viser un objectif de 27 % d'efficacité énergétique.

France

Objectifs 2020 : - moins 17 % des émissions de gaz à effet de serre ; - plus 20 % d 'économies d 'énergie; - plus 23 % d 'énergies renouvelables dans la consommation d 'énergie. Engagement « facteur 4 » visant à diviser par 4 les émissions nationales de gaz à effet de serre d'ici 2050 1 .

USA

Réduction de 26 à 28 % des GES d'ici 2025, par rapport à 2005 .

Russie

Réduction de 25 à 30 % des GES d 'ici 2030, par ra pport à 1990.

Suisse

Réduction de 50 % des GES d'ici 2030, par rapport à 1990 .

Chine

Pic des émissions de GES en 2030.

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1. Le « facteur 4 » consiste à diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050. En France, il s'agit de réduire de 75 % les émissions de gaz à efièt de serre en 40 ans.

Du réchauffement climatique à la« rupture post-carbone ,,

117

VERS DE NOUVEAUX MODES DE VIE L'acceptabilité des changements

Les politiques de lutte contre le changen1ent cli111atique affecteront inévitablen1ent notre n1ode de vie et pas seulen1ent en n1atière de coût de l'énergie ou de taxation du carbone. La perspective d'une adaptation clin1atique viendra 111odifier en profondeur les rapports hun1ains à l'espace et au te111ps. L'adaptation à ces changen1ents suppose de nouveaux rapports sociaux. En effet, au sein de la société, l'être hu111ain exprin1e des préférences, effectue des con1paraisons et agit sous l'influence d' un ense111ble de déternunants sociaux. Le développe1nent d'une société de conso111111ation durable fait appel à la responsabilité citoyenne individuelle, inais aussi aux conventions sociales.

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Actuelle1nent, une grande inajorité de la population con1pte toujours sur un accroissen1ent de la conson1111ation pour rechercher le bien-être. Le consun1érisrne obéit davantage à la recherche d'un accon1plisse1nent individuel qu'à un vrai besoin n1atériel. Or le change111ent qui nous attend suppose un basculen1ent d'une logique « individualiste, consumériste et de 1naîtrise de la nature » à une logique plus orientée vers « la solidarité, la qualité de vie et le respect del' environne1nent ». Ce basculen1ent doit conduire vers une sobriété généralisée, un inode de vie plus équitable et une recherche d'égalisation des e1npreintes écologiques. « D e la société d'abondance à la société du nu eux vivre en bonne intelligence avec notre biosphère ... il nous faut résolu111ent rep enser nos n1anières de produire et de consomn1er »,souligne Hugues de Jouvenel, président de l'association Futuribles International.

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C ette transrupture conduit à évoluer d 'une « écono1nie de possession » à une « écononùe de service », à l' optinùsation de la durée de vie des biens, aux changen1ents progressifs de régirne alünentaire, à la dinùnution de production de déchets, au développe1nent d'un écohabitat évolutif. Dans ce don1aine, la priorité sera donnée à la réhabilitation plutôt qu'à la construction neuve, à la sobriété et aux énergies renouvelables. Faut-il attendre que mon voisin fasse l'effort le premier?

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Le changement climatique reste pour la majorité d'entre nous une notion vague et abstraite, dont les conséquences sont encore peu perceptibles. Il est en effet difficile de concevoir que notre existence personnelle puisse avoir un réel impact sur un phénomène aussi global. Il importe d onc d'ancrer ce changement dans notre quotidien. Face au réchauffemen t clima tique, chacun a une excellen te raison de demander à son voisin de fa ire l'effort le prem ier. La question de l'acceptabilité de ces changements et de l'émergence ra p ide de nouveaux modes de vie a jusqu' ici fa it l'objet de peu d 'études. À l'aven ir, les clima tologues, énergéticiens et économ istes devront davantage associer les sociologues, les psychologues et les urbanistes pour préparer les innovations envi ronnementa les, sociales et sociétales inévitables.

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L'individu se rapproche de sa planète

Les technologies de la con11nunication et du transport facilitent et banalisent le contact avec le inonde. Certains événen1ents n1arquent, au 1nên1e instant, l'in1aginaire de toute la planète, co111111e les catastrophes naturelles ou les épidén1ies ... D es nùllions et parfois des nùlliards d'êtres hurnains sont confrontés

Du réchauffement climatique à la« rupture post-carbone ,,

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aux 111ên1es ü11ages. Une conscience planétaire con1111ence à é111erger. L'individu se rapproche de sa planète et co1ru11ence à construire des liens avec elle. On assiste à des forn1es de co111111unautarisation d'individus qui se découvrent des affinités électives autour d 'initiatives hun1anitaires ou de la défense de la biodiversité. La crise clin1atique favorise une prise de conscience de l'unité planétaire, rapprochant les conu11unautés locales et la société globale.

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À la rnanière du philosophe Peter Sloterdijk, il est possible de définir cette évolution co111111e la tentative de l'Honune de se rapporter à sa « totalité planétaire », de développer sa capacité à penser et habiter la planète Terre. Toutefois, aucune structure, esquisse de gouvernen1ent 111ondial, n 'est encore envisagée. En revanche, des initiatives nouvelles donnent naissance à des organisations non gouverne111entales, des associations ou des co1n1nunautés ouvertes qui génèrent des réseaux d'interconnexion et d'interdépendance, tentatives altennondialistes d'une dérnocratisation du inonde par les citoyens .

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VERS LA VILLE POST-CARBONE

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Les villes françaises concentrent plus de 80 % des habitants et des bâti111ents, plus de 66 % de la inobilité auto111obile et plus de 70 % de la consonunation d'énergie finale. La ville, levier du mouvement post-carbone

Face à l'urbanisation galopante, la lutte contre le réchautfern ent cli111atique prend une din1ension très urbaine. Les villes sont à la fois le lieu du problèn1e et

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le lieu de la solution, elles cumulent les éinissions de gaz à effet de serre et elles sont en prenùère ligne dans la lutte contre le réchauffe111ent clin1atique. En 2007, le cap de 50 % de population urbaine rnondiale a été franchi 1 . D 'ici 2030, 60 % de la population n1ondiale vivra en ville. Le 111onde co1npte d'ores et déjà 36 1négapoles de plus de 10 nùllions d'habitants. En 2030, les villes en développe1nent accueilleront plus de 4 nùlliards d'habitants, soit 80 % des citadins de la planète. Les villes indiennes de Delhi et de Bon1bay atteindront respectiven1ent 19 et 22 nùllions d'habitants, et 17 inillions pour Lagos au N igéria ou Shanghai en C hine.

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La ville est le levier du 111ouPour la lutte contre ve1nent vers la société postle changement carbone. Il ne peut y avoir de transition post-carbone réusclimatique, les villes sie sans l'in1plication forte des sont à la fois le 1ieu du villes énergivores. Les villes problème et le lieu de sont au cœur des enj eux de la la solution. société post-carbone et sont les actrices de la transition énergétique, en raison de l'in1portance et de la con1plexité des change1nents qui doivent être réalisés .

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La perspective d'une société post-carbone est prise en co1npte au plus haut niveau dans les différentes instances internationales : les Nations unies, le G8 et le G20, la Banque 1nondiale, l'OCDE, la Cornnùssion européenne. . . Mais ce sont les 1naires des grandes villes qui sont les 1nieux placés pour con1prendre 1. En Europe, 80 % de la population sera citadine en 2020. Source : rapport de prospective sur l'urbanisation du World Urbanization Prospects des Nations unies, octobre 2014.

Du réchauffement climatique à la « rupture post-carbone,,

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toutes les conséquences concrètes des dérèglen1ents clin1atiques et engager une action efficace. Selon l' Agence internationale de l' énergie (AIE), les villes qui concentrent aujourd'hui la 1noitié de la population rnondiale, soit 3,5 n1illiards d'habitants, représentent les deux tiers de la conso1nn1ation d'énergie et sont responsables de près de 75 % des énrissions de C0 2 .

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En 2050, les villes concenAu niveau mondial, treront près de 6 n1illiards plus de 80 % de et de1ni d'urbains appelés à concilier leurs besoins croisla consommation sants en én ergie, sans aggraver d'énergie est associée le change1nent clii11atique. à l'activité urbaine. Selon les prévisions du Conseil 1nondial de l' énergie, la den1ande d'énergie devrait s'accroître de 27 à 61 % d'ici à 2050, poussée par la pression dén1ographique et l'urbanisation rnassive des pays en développen1ent. En 2050, près de 70 % de la population 1nondiale vivra dans des zones urbaines. Au D ane111ark, la ville de Frederikshavn sera, d'ici 2030, la prenùère ville européenne à utiliser 1OO % d' énergies renouvelables (éolienne, solaire, hydroélectrique, 111arén1otrice, géothernùque et bion1asse) . C e résultat n'est toutefois possible que grâce à des change111ents ünportants non seulernent dans les technologies, dans la rénovation des bâti111ents et la transforn1ation du parc de véhicules . . . n1ais surtout dans les esprits. Assurer la sécurité de l' approvisionne1nent én ergétique tout en préparant « l'ère post-pétrole », tenter de sortir du nucléaire et tirer parti des ressources locales renouvelables, sont les enjeux des politiques énergétiques décarbonées. Près de 4 000 villes européennes,

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signataires de la Convention des n1aires, se sont déjà engagées à respecter ou n1ên1e à aller au-delà des objectifs de baisse des énùssions de C02 fixés par l'Union européenne pour 2020 1. Le 29 janvier 2015, à l'occasion des Assises nationales de l'én ergie, a été lancé en France « l' Appel de ' cette occasion, les représentants des élus Bordeaux ».A locaux et régionaux ont exprin1é leur volonté de répondre à l'urgence du défi clünatique. Les élus locaux 111.ettent en avant le rôle 111.oteur des territoires dans l'adaptation co1nn1e dans l'atténuation, ainsi que le partenariat avec les pays en développe111ent. Ils souhaitent participer à l'agenda des solutions. On assiste aujourd'hui à l' én1ergence d'un réseau n1ondial et d'une stratégie d'alliance entre collectivités territoriales, acteurs incontournables d'une transition clirnatique déinocratique.

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Le 26 n1ars 201 5 à Paris, un so1m11et a réuni les rnaires de plus de 30 villes euroRo111e, Paris, péennes : Athènes, Bruxelles, Bucarest, Genève, Lisbonne, Madrid . .. En signant une déclaration corm11une, ils se sont engagés à réduire d'au inoins 40 % leurs éinissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Mais au-delà, ils se sont aussi engagés à auginenter de façon significative la part d'énergies renouvelables et de poursuivre leurs eflôrts pour réduire

11 est urgent de responsabiliser les acteurs locaux et de renforcer la dimension territoriale de la lutte contre le changement climatique.

1. R apport de la mission prospective du ministère de l'Écologie intitulé « R epenser les villes dans la société post-carbone »,septembre 2013.

Du réchauffement climatique à la« rupture post-carbone ,,

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leur consonunation d'énergie en lien avec les objectif$ de l'Union européenne. Les nlétropoles urbaines veulent expriiner leur rôle central dans la lutte contre le réchauffe1nent clin1atique. La 111aire de Paris, Anne Hidalgo, a rappelé que « le défi cli1natique est bien un défi local » : « D 'ici à 2050, les villes accueilleront les deux tiers de l'hunianité et érnettront 70 % des rej ets de gaz carbonique. » Pour 111ettre en œuvre ces engage1nents, les villes s'efforceront de coordonner leurs investisse1nents publics en achetant de n1anière groupée ou en investissant ensen1ble dans des biens publics et des services verts. L' engagen1ent des collectivités locales, et notanunent des villes, conditionne tout accord climatique. Les ruptures majeures de la ville post-carbone

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Sous contrainte clin1atique et énergétique, la « feuille de route » vers la ville post-carbone ünpose une reconfiguration forte des territoires urbains. Il s'agit de ruptures 111ajeures que tous les acteurs de la transition én ergétique doivent anticiper, en s'attaquant en priorité aux secteurs énergivores co1nn1e le bâtünent et les transports. D ans une persp ective d'évolution postcarbone, il faut envisager une véritable reconstruction des villes. Il s'agit de concevoir et réaliser un véritable changen1ent d'éch elle.

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Un prenuer niveau de changen1ent concerne la rénovation thernuque et énergétique des loge1nents et des bâtünents anciens, visant à diviser au 111oins par trois leur consonunation actuelle. Plus de 70 % des bâtünents publics sont encore chauffés par des énergies fossiles. Un deuxièn1e changen1ent 111aj eur est attendu dans la restructuration des systè1nes d' approvisionne1nent ou de production énergétique, élargissant la part des

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énergies renouvelables. Cette action pern1ettra de s'engager dans une réduction de la production électrique des centrales à énergie fossile. Un troisiè1ne changement in1portant concerne l'adaptation des infrastructures contre les conséqu ences du change1nent clin1atique : catastrophes naturelles, élévation du niveau de la n1er, inondations, séisn1es . .. Un quatrièn1e changernent de taille s'ünpose dans les infrastructures de transport, avec conune principe l'application de la règle des trois tiers : un tiers d 'auto111obiles, un tiers de transports collectifs et un tiers de transports sans inoteur. L'usage de la voiture individuelle provoque aujourd'hui 12 % des énùssions de gaz à effet de serre.

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Enfin, un cinquiè111e changen1ent innovant doit être a1norcé en n1atière de « foresterie urbaine ». La plantation d'arbres en ville est une solution efficace pour absorber le C0 2 et jouer un rôle dans la lutte contre le réchauffen1ent clin1atique. L'enjeu est le développen1ent de la « forêt urbaine » conu11e biotechnologie au service du stockage et de l' absorption de carbone. À titre d ' exe1nple, une étude visant à quantifier le stockage et la séquestration du carbone p ar les forêts urbaines de la ville de H angzhou, en Chine, les a évalués à 1,66 tonne de carbone par hectare et par an. Or les étnissions industrielles de C0 2 sont de 7 gigatonnes de carbone par an. Dans le cas de la ville de Hangzhou, les forêts urbaines ont séquestré

La « forêt urbaine » est une solution efficace pour absorber le C02 dans les villes et lutter contre le réchauffement climatique.

Du réchauffement climatique à la« rupture post-carbone ,,

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annuellen1ent 18,57 % de la quantité de carbone énu se par la cornbustion d' énergies fossiles par l'industrie locale 1 . L'ünage idéale de la ville post-carbone est celle d 'une agglo1nération intégrant les contraintes clin1atiques et énergétiques, plus co1npacte, nueux équilibrée, alliant n1ixité fonctionnelle et sociale, laissant la place à des espaces forestiers et irriguée par des réseaux de transports collectifs performants.

VERS LA DÉCARBONISATION DE L'ÉCONOMIE

Le changement climatique est une formidable opportunité de repenser nos sociétés2 . » «

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La lutte contre les changements cliinatiques in1pose une nouvelle orientation vers un ni.odèle durable pour l' environnen1ent, ni.ais ouvre aussi la voie à une transfonnation radicale de notre n1odèle écononuque. La décarbonisation peut se définir co111n1e l' ensen1ble des ni.esures qui visent à réduire la teneur en carbone d 'une écononue. Ces 1nesures concernent la recherche d 'alternatives ni.oins éinettrices en C0 2 , de processus plus écono111es en énergie, de 111odes de production plus sobres. L'objectif final est d 'abandonner un ni.odèle écono1nique fondé sur la con1bustion de carburants fossiles et de choisir une nouvelle écononue circulaire, inclusive et durable, fondée sur la réduction des énussions de carbone. 1. Impacts of urban forests on offsetting carbon emissions from industrial energy use in Hangzhou, China journal of Environmental Management, M arch-April 2010. 2. Naomi Klein.

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Naonu Klein, journaliste canadienne, fait le pari, dans son ouvrage publié en 2015, Tout peut changer1 , que la crise clùnatique est une opportunité pour renverser co111plète111ent notre système écononuque et que cette transfonnation pourrait nous inener à « un inonde ineilleur, plus juste et équitable ». Pour sauver le cli111at, elle propose de changer de systèn1e de production de valeurs, décentraliser nos dén1ocraties et bouleverser nos inodes de vie. Vers une décarbonisation totale

à l'horizon 2050 ?

Peut- on ünaginer une écononue inondiale sans carbone en 2050 ? Un « futur zéro carbone » ? Ce défi planétaire ü11pose la stabilisation des énussio ns de C0 2 d'ici 2020, puis la division par 4 d'ici 2050. Pour rééquilibrer un système énergétique forten1ent déséquilibré en faveur du carbone fossile, deux types de décarbo nisation sont envisageables : Vl

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• la décarbonisation relative, qui consiste en une transition vers des énergies qui contiennent 111oins de carbone d'origine fossile. M ais dans la 111esure où la conso111111ation d'énergie continue de croître, la quantité totale de carbone fossile énuse dans l' atn1osphère continuera d' augn1enter. Dans cette perspective, on se linlite à favoriser la transition du charbon vers le p étrole, puis du pétrole vers le gaz naturel, car le pétrole, et surtout le gaz naturel, éinettent inoins de C0 2 ; • la décarbonisation absolue qui, en revanche, vise la dinunution de la consonu11ation de carbone fossile 1. Naomi Klein, Tout peut changer, capitalisme et changement climatiq11e,Acta. 0

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Renouveler les énergies renouvelables w o..

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Entre l'évolution du prix du pétrole et le « syndron1e Fukushin1a », le 111odèle énergétique est à repenser. Le

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Japon 1 a stoppé l' ensen1ble de ses réacteurs nucléaires après la catastrophe de Fukushüna et nùse désorrnais principalen1ent sur les énergies renouvelables. Suite à cette catastrophe, certains pays ont officialisé leur sortie du nucléaire, con11ne l' Alle1nagne et, à tenne, l'Italie. La Loi sur la transition énergétique pour la croi ssance verte

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La Loi sur la transition énergétique pour la cro issance verte a pour ob jectifs de renforcer l' indépendance énergétique de la France et réduire les ém issions de gaz à effet de serre. Elle vise à mobiliser à la fois les citoyens, les entreprises, les territoires et les pouvoirs publics, pour les engager vers un nouveau modèle de développement. Elle concerne le logement, les transports, les déchets, l'économie circulaire, la lutte con tre la précarité énergétique et les énergies renouvelables. La loi vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030 et à les diviser par 4 en 2050. La transition énergétique doit perm ettre de consommer mieux en économisant l'énergie, produire autrement en préservant l'environnement, faire progresser la croissance grâce à des projets mobilisateurs et innovants, créer des emplois dans le bâtiment et dans des métiers d 'aven ir.

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En France, la part d 'électricité d'origine nucléaire est la plus iinportante au n1onde : 77 % contre 1noins de 12 % en n1oyenne dans le reste du 111onde. Cette énergie éinet p eu de C0 2 n1ais pose un problè1ne de traiten1ent et de stockage des déchets radioactifs, ainsi 1. Le Japon était au 3e rang des pays producteurs d'énergie nucléaire après les États-Unis et la France. Les États-Unis possèdent le plus grand nombre de réacteurs nucléaires, mais la part de l' électricité nationale d'origine nucléaire y est inférieure à 20 %.

Du réchauffement climatique à la « rupture post-carbone ,,

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que de ressources linùtées en uraniun1. En outre, pour répondre aux pics de de1nande d'énergie en période de pointe, il est fait appel aux centrales électriques fonctionnant avec des co1nbustibles fossiles, dont la production renforce l'effet de serre. Pourtant, un rapport d'étude de l' ADEME 1 dérnontre la possibilité, 111ê111e en France, de parvenir à 1OO % d'énergie d'origine renouvelable en reposant nota1nn1ent sur une large part d'éolien. En France, 6 proj ets de parcs éoliens « offshore » sont en chantier au large du Tréport, de Féca1np, de Courseulles-sur-M er, de Saint-Brieuc, de Saint- Nazaire, des îles d'Yeu et Noirn1outier, soit un total de 425 éoliennes. L'innovation technologique est la clé de la lutte contre le réchauffe1nent clin1atique et il existe un potentiel ünportant d'innovation en n1atière de développen1ent des énergies sobres en carbone. Les d ifférentes sources de production d'électricité e n France vi

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1. Etude de l'ADEME, 2015 : «Vers un nux électrique 100 %

renouvela ble en 2050. »

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La « quête du Graal » des énergies renouvelables Partout dans le monde, les pays s'efforcent de foire émerger des énergies renouvelables. Le Costa Rico produit l OO % de son électricité à partir d'énergies renouvela bles. Le Danemark est le champion du monde de l'éolien qui lui fourni t 40 % de son énergie. En Islande, toute la production électriq ue provient d'énerg ies renouvelables, notamment géotherma les et hydroélectriques. En Europe, certains pays ont déjà atteint leurs objectifs de consomma tion d'énergies renouvelables pour 2020 : la Bulgarie, l'Estonie et la Suède avec 52 %. Les objectifs de l'Union européenne en 2020 ciblent une part globale de 20 % d 'énergies renouvelables dans la consommation énergétique des Européens.

La répartition des énergies renouvelables en France 1 Origine

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Biomasse et déchets

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Biocarburant

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Pour « décarboner » la production d'électricité, les solutions explorent les voies : du « nùx énergétique », bouquet énergétique nuxant les différentes énergies renouvelables, des « sn1art- grids », réseau intelligent de distribution de l'électricité et du « stockage 1. Statistiques 2013, Le l\/londe, 12 février 2015.

Du réchauffement climatique à la« rupture post-carbone ,,

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de l'énergie », enjeu vital pour les activités du futur. D epuis 201 3, plus de la n1oitié des nouvelles capacités de production électrique dans le 111onde utilisent des énergies renouvelables. En Europe, l'Agence internationale de l'énergie estiine que la part des productions d'énergies renouvelables devrait atteindre 26 % en 2030. La biornasse est une des prenuères sources d' énergies renouvelables. La biomasse, matière première post-carbone du futur

La bio1nasse est constituée de l' ensen1ble des 111atières organiques pouvant devenir des sources d'énergies, d' ali111entation et d' équipen1ent. À côté de l'énergie solaire photovoltaïque ou thennique, des énergies éolienne, hydraulique, géothernuque et rnaré111otrice, la bio1nasse est une des prernières sources d'énergie renouvelable. Au plan én ergétique, elle con1prend le « bois énergie », prenuère énergie renouvelable conso1mnée en France, les « agrocarburants » et le « biogaz ». Vl

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La biomasse, matière première post-carbone Nature

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Produits

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Bois matériaux

Construction

Résidus forestiers et de scieries

Bois énerg ie

C ha uffage

Cendres

Al imentation

Résidus de cultures (pai lle ... ), production de biogaz

Forêt

Biomasse végéta le

A limenta ire

Culture Chauffage, Énergétique (colza, miscanthus) carburant

Déjections animales, effluen ts Biomasse d'élevage animale

Fibres textiles, Ouate de cellulose cellulose ...

Production de biogaz par des matières organiques a nimales ou végéta les

Chauffage el production d'électricité par cogénéra tion

Digeslat pour l'amendement orga nique des sols agricoles

Alimentation

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Agroalimentaire A liment

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Déchets Déchets ménagers issus urbains du tri sélectif et solides déchets verts

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Source : 4Degrés+.

Digeslat pour Biomasse humide Production l'amendement (boues des stations de biogaz el organique des d 'épuration ... ) cogénéralion sols agricoles

Du réchauffement climatique à la« rupture post-carbone ,,

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Un nouveau cadre pour le marché mondial du carbone

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D ans une perspective de décarbonisation, il est nécessaire de concevoir un nouveau cadre p our le inarché rnondial du carbone. Le rnarché européen du carbone a vu son in1pact réduit par les politiques de soutien direct aux én ergies renouvelables. La conséquence de cette p olitique est le prix actuel du C0 2 , 5 à 7 euros la tonne, trop faible pour attirer les investissen1ents vers des technologies à faible intensité carbone. Le systè1ne d'échange de quotas d' éinission de C0 2 est le principal instru1nent de l'Europe pour atteindre ses obj ectifs de réduction des énussions de 20 % d 'ici 2020 et de 40 % d 'ici 2030. L' « E1nission Trading Systen1 » (ETS), le systè1ne européen d'échange de quotas d' énussion est un signal-prix qui doit conduire les principaux é111etteurs de C0 2 sur une trajectoire bas carbone. L'ETS oblige les industriels européens à réduire leurs én1issions ou à payer pour le C0 2 éinis. Chaque entreprise se voit attribuer un quota annuel d' é111issions. En cas de dépasse1nent, elle doit acheter des droits d' éinission à une autre entreprise qui a énus 1noins que son quota. L' écononuste britannique Nicholas Stern considère qu'il faut tout faire pour redonner son signal-prix fort au C0 2 et que les industriels aient un intérêt écononuque à 111oins polluer. Pour cela, il estüne nécessaire d' augi11enter le prix du carbone entre 32 et 103 dollars la tonne. Il prévoit inê111e un prix du carbone autour de 150 à 200 dollars la tonne à l'horizon 2035. Par ailleurs, il est indispensable de inettre en place une autorité indépendante du 111arch é carbone pour gérer les quantités de quotas et s'assurer de la régularité des ench ères.

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Le défi de la décarbonisation est au n1oins autant politique, social et culturel, que technologique et écono1nique. Il se traduira par un change1nent profond de nos n1odes de vie, parce que chacun de nous aura acquis la conviction que nos choix individuels constituent les prenliers leviers d'action pour éviter une catastrophe collective globale générant un afilux de réfugiés clin1atiques.

VERS UN AFFLUX DE RÉFUGIÉS CLIMATIQUES

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En septen1bre 2013, IoaneTeitiota, habitant des Kiribati dans le Pacifique, archipel 111enacé par la 111ontée des eaux, est le premier réfugié cli1natique. Il a officielle1nent de1nandé ce statut à la Nouvelle-Zélande. C 'est la prenùère fois qu'une personne récla1ne l'asile en invoquant directen1ent un 111otif cli111atique.Avec l' élévation du niveau des océans et les catastrophes naturelles, ce type de dén1arche devrait se 1nultiplier. Ioane Teitiota, 37 ans et père de 3 enfants, s'est vu refuser le statut de réfugié par les autorités néo-zélandaises. Se référant au statut de la convention de Genève de 1951, celles- ci ont fait valoir que p ersonne ne 111enaçait sa vie s'il retournait ch ez lui.

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De nouvelles « Atlantide

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Les îles Carteret en Papouasie-Nouvelle Guinée disparaissent sous l'océan en raison du réchauffe1nent cli111atique. L'altitude maxünurn de ces îles se situant à 1,50 111ètre au-dessus du niveau de l'océan, la 1nenace est substantielle et les inondations bien réelles. La population insulaire tente de lutter pour en1pêcher la

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sub111ersion en construisant des murs et en plantant des 111angroves, sans succès. Face à l'élévation du niveau de la 1ner, le pronostic des scientifiques est pessinuste. L'évacuation a comn1encé, la population est obligée de s'exiler. En 2005, au Bangladesh, un des pays les plus densén1ent peuplés du monde, la 1noitié de l'île de Bhola a été engloutie sous les eaux, catastrophe à la suite de laquelle 500 000 personnes se sont retrouvées sans-abris. Les habitants des îles Carteret ou de Bhola sont les premiers d'une longue liste de réfugiés cli111atiques. Des millions de réfugiés climatiques avant la fin du siècle

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Dans les décennies à venir, la carte du 111onde pourrait considérable1nent évoluer. D e no111breux États insulaires pourraient disparaître et des pays perdre une grande partie de leurs territoires côtiers. La crainte d'un afflux de de1nandeurs d'asile cli111atiques touchés par des catastrophes liées au clin1at est bien réelle. Territoires engloutis, villages ou villes rasées, habitations détruites. . . Chaque année, les p opulations sont de plus en plus non1breuses à subir le dérèglern ent cli111atique, qu'il s'agisse d'ouragans, de typhons, de tsunanùs, d'inondations, de sécheresses, de pénuries d'eau et d' ali111ents, de maladies éinergentes. Quel que soit le continent, les aléas climatiques laissent souvent les gouvern en1ents sans réaction devant l' an1pleur des draines hu1nains et écono1niques. Véritable « tsunami 1nigratoire », un grand no1nbre de réfugiés clin1atiques franchiront des frontières. Ces flux 111igratoires aggraveront des conflits existants pour le contrôle des ressources ou en créeront de nouveaux.

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Depuis 2012, les experts évaluent à 32 nllllions de personnes par an en n1oyenne le no1nbre de réfugiés clin1atiques. Toutefois, un chiffre précis est difficile à établir dans la n1esure où le lien entre dérègle1nent clitnatique et décision de nligrer reste difficile à établir.

Les effets du changement c limatique et la perte de biodiversité seront à l'origine de p lus de 200 mi llions de réfugiés climatiques par an, en 2050. Un statut officiel de

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réfugié climatique »

La plupart des victin1es du réchauffe1nent cli1natique se déplacent au sein m ê1ne de leur propre pays. Quand elles franchissent les fronti ères, elles ne bénéficient pas du statut de réfugié. À ce jour, il n 'existe pas de statut juridique dans le droit international. Les dispositions actuelles ne prennent pas en con1pte les nligrations provoquées par le changement clin1atique. Les réfugiés clünatiques risquent donc de devenir des apatrides, dont le droit à une citoyenneté sera 111enacé. Cette nouvelle catégorie de réfugiés interpelle les autorités, notanu11ent dans la perspective d'une augn1entation rapide de leur non1bre. L'ONU appelle à la reconnaissance d'un statut juridique pour les réfugiés ou déplacés environnen1entaux sur le principe de l' asile politique. M ais le sort des réfugiés clin1atiques n 'est pas la priorité des conférences cli111atiques, dont l'objectif est l'élaboration d'un accord international sur le clünat. Le cas des déplacés clirnatiques s'illustre actuellen1ent par le n1anque de volonté politique qui l'entoure, les gouverne1nents craignant

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qu'en accordant un « asile clin1atique », les flux nùgratoires deviennent incontrôlables. L'invention d'un statut officiel de réfugié clin1atique constitue une étape incontournable à l'expression de la solidarité internationale face au change1nent clin1atique.

VERS LA GÉO-INGÉNIERIE CLIMATIQUE

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Le rêve des géo-ingénieurs est de pallier scientifiquen1ent le déséquilibre clin1atique par le déploien1ent de techniques p errnettant de lutter contre l'accélération des effets du réchauffe111ent clin1atique. La géoingen1erie co1nprend l' ensen1ble des différentes technologies de n1anipulation scientifique du clin1at à l'échelle planétaire. Il ne s'agit plus de réduire les énùssions de gaz à effet de serre, ni de chercher à s'adapter aux ch angen1ents induits par le réchauffe1nent, n1ais bien d'intervenir dans les 111écanisn1es clin1atiques eux-111ê111es pour en contrôler les effets.

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L'évocation des techniques de géo-ingénierie dans le 5c rapport du GIEC a soulevé de vives polénùques en raison des risques environne1nentaux et des incertitudes techniques. Les effets secondaires et les risques induits sont actuellen1ent inconnus. En outre, la rech erche d'un « plan B », avant n1ên1e d'avoir expérÎ111enté un « plan A », présente le risqu e de retarder la transition vers une écononùe post-carbone, fondée sur la réduction et la suppression des énùssions de carbone. Le GIEC analyse deux hypothèses principales : d'une part, l'extraction du C0 2 atn1osphérique à grande échelle 1 par captage et stockage. Les techniques pour 1. CRD : Carbon R emoval Dioxide.

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absorber le dioxyde de carbone atlnosphérique à grande échelle consistent à retirer du C0 2 du cycle at111osphérique par des technologies biochinnques d'absorption 111arine ou terrestre. D'autre part, la gestion du rayonne1nent solaire 1 par renvoi du rayonne111ent du soleil vers l' espace. Les technologies atn1osphériques consistent à renvoyer une partie du rayonne1nent solaire, en introduisant dans l' atn1osph ère des particules ou des produits pern1ettant de dinlinuer l' ensoleille1nent en pulvérisant des aérosols dans l'at111osphère, sous for111e de dio2'..)'de de soufre, de sulfure d'hydrogène ou d'acide sulfurique, par exe111ple. L'utilisation de canons, de ballons ou un bouclier spatial placé en état stationnaire sont à l'étude. Toutefois, si ces 111éthodes pern1ettent de réduire ten1porairen1ent le réchauffen1ent à la surface de la Terre, elles ne inodifient pas le processus de changen1ent clin1atique.

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Une autre option est égale111ent envisagée avec le stockage géologique du C 0 2 dans des puits de carbone, soit par inj ection en couch es profondes, soit par injection dans les grands fonds océaniques . Stockage géologique du C 0 2 , extraction du carbone de l' atmosphère, réfrigérateu r planétaire « Planetary Cooler » ou bouclier stratosph ériqu e « StratoShield ». . . , les apprentis sorciers du clin1at poursuivent sous toutes les forn1es leur recherch e d'un

L'Agence internationale de l'énergie préconise de laisser dans le sol plus de deux tiers des réserves de combustibles fossiles identifiées à ce jour.

1. SRM : Solar Radiation Management.

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arsenal de solutions technologiques pour tenter d' apporter une réponse au réchauffe111ent cli111atique. Pour ses partisans, la géo-ingénierie apparaît co1nn1e un espoir et une solution scientifique incontournable, alors que, pour ses détracteurs, elle a des effets pervers, en contournant la recon11nandation des clirnatologues de laisser dans le sol les réserves recensées de con1bustibles fossiles et de sortir de la crise clünatique par une transforn1ation de la conso1mnation des énergies fossiles en énergies 1OO % renouvelables.

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Pour que le change1nent clünatique reste sous contrôle, il faudrait que 80 % des gisen1ents de charbon, 50 % du gaz et le tiers du pétrole connu restent dans le sol alors qu'il est possible de l'en extraire. Notre consonu11ation, d'ici à 2050, ne devrait pas représenter plus d'un tiers des réserves prouvées de co1nbustibles fossiles afin de ne pas dépasser les 2 °C de réchauffe1nent 111axin1al. Pour réussir, le prochain sornrnet clitnatique devra décider de laisser inexploitée une très grande partie des ressources d'énergie fossile identifiées à ce jour.

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Chapitre 6

Les sommets climatiques de la dernière chance « Il

y a un but, mais pas de chemin, ce que nous nommons

chemin est hésitation 1. »

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San1edi 13 décernbre 2014, 10 heures, Lüna au Pérou, la nuit a été courte. Le so1nn1et 111ondial sur le cfunat joue les prolongations. Après 15 jours de négociations, la conférence a dû être prolongée de 36 heures pour parvenir à un accord qui sauve davantage la face que la planète. Cette 2oe conférence internationale des Nations unies rassen1ble les délégations officielles de 195 États, soit près de 20 000 participants, 20 000 invités, ainsi que 3 000 journalistes accrédités. Après une prenùère se1naine de négociations, les chefs d'État et les nunistres se succèdent à la tribune pour des interventions protocolaires de trois nunutes 111axin1un1 par pays. Le Costa Rica insiste sur l'in1portance du reboisen1ent, la Colo1nbie évoque la biodiversité, l' Argentine interpelle les pays développés sur leur rôle dans le dérèglen1ent cfu11atique, le Venezuela reprend la célèbre fonnule prononcée par le président Hugo C havez en 2009 au sonunet de Copenhague : « N e changeons pas le clin1at, changeons le systèn1e. » La n1ajorité des discours soulignent les intérêts particuliers de chaque pays, l'urgence clirnatique d'agir et la nécessité d'un accord pour linuter le réchauffe1nent clünatique. 1. Franz Kafka.

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Dans les coulisses de la conférence, l'in1pression qui donùne est que la n1ontagne a accouché d'une souris, que trop de ten1ps a été perdu, que les négociations sont pennanentes et n'aboutissent qu'à des résultats décevants. Un négociateur reconnaît : « On avance co1nn1e des lünaces, alors qu'on devrait être des lièvres. » Un chef de délégation s'interroge : « Con1bien de COP faudra-t-il pour voir des résultats tangibles ? » Une ainbassadrice reconnaît : « Il n'y a aucune avancée, on joue avec le feu . » Le processus de décision est si co111pliqué que beaucoup de délégués sont perdus. Ce 13 décen1bre à Lin1a, faute de consensus, la n1oitié des délégués ainsi que la presse ont déserté la conférence. Le clivage Nord/ Sud est frappant alors que s'ouvre la dernière séance plénière pour présenter une nouvelle version du tex te final. Ultin1e con1pronùs d'une gouvernance par défaut, toute décision finale devant être adoptée par les 195 pays à . . . l'unanünité. vi

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LE « GRAND BAL DE LA DIPLOMATIE CLIMATIQUE »

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Berlin 1995, l{yoto 1997, La H aye 2000, Copenhague 2009, Cancun 2010, Durban 2011, Doha 2012, Varsovie 2013, Lüna 2014 ... Autant de lieux, de dates en1blétnatiques et de pro1nesses diplo111atiques. D epuis la COP 1 en 1995 à Berlin, les représentants des États se rencontrent chaque année. Les « Conferences of Parties » (COP) rytlunent la diplomatie climatique. Les États se réunissent pour tenter de trouver un accord international contraignant afin de lutter contre le réchaufiè111ent clünatique. Chaque conférence constitue l'espoir d'une étape décisive dans la négociation d'un futur accord international sur le clünat. Pourtant,

Les sommets climatiques de la dernière chance

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après deux décennies de négociations, d' engagen1ents et, le plus souvent, de reculs, il faut reconnaître que la suite du sonunet de la Terre à Rio en 1992 n'est en réalité que désillusions et désengagements. Les pron1esses et les déclarations générales se sont n1ultipliées. Les conférences clünatiques sont devenues des caisses de résonnance rnondiales, où l'on s'efforce de n e rien se dire, n1ais dans toutes les langues. Différents épisodes d'une 1nauvaise série de sonu11ets se sont succédé, en particulier le « 1nandat de Berlin », le « syndron1e de Kyoto », « l'échec de La H aye », « l'échec retentissant du sonunet de Copenhague », à 1nettre en perspective avec le « sonunet de la dernière chance », la conférence « Paris climat 2015 ». Le « mandat de Berlin

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En 1995, la COP 1 se réunit à Berlin. Pre1nière conférence des parties à la convention sur le clin1at, cette conférence adopte ce que l'on a appelé le « n1andat de Berlin » qui reconnaît la nécessité d'un renforcernent des engage1nents des pays développés. Cette prise de position initie un nouveau cycle de négociations portant sur le principe d'obj ectifs quantifiés de linùtation et de réduction des énùssions de gaz à effet de serre.

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Le « syndrome de Kyoto

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Étape ünportante en 1997 à Kyoto, au Japon, la COP 3 adopte un protocole à la convention sur le clin1at engageant 38 pays (les États-Unis, le Canada, le Japon, l'Union européenne et des pays de l'Est) à réduire les énùssions de gaz à effet de serre. Sous la pression d'un groupe de pays industrialisés conduits par les États- Unis, des n1écanis1n es de flexibilité sont

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créés p ern1ettant à un pays de ren1plir ses obligations, non pas en linl.Îtant ses énussions n1ais en finançant des réductions à l'étranger. Mais dès l'année suivante, lors de la COP 4 réunie à Buenos Aires, on assiste à la confrontation entre les pays en développe1nent et les pays industrialisés, seuls concernés dans un prenuer ternps par la nuse en œuvre du protocole de l{yoto. Les É tats-Urus tentent d'accélérer la nuse en œuvre des pern1is d' éinission négociables et s'opposent à tout co1npronus. Historiquen1ent l'un des principaux én1etteurs de gaz à effet de serre, il est le seul pays industrialisé à n e jan1ais avoir ratifié le protocole de Kyoto après l'avoir sign é, faute d'accord au Congrès. L'échec de la conférence de La Haye

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En 2000 à La H aye, les négociateurs de la COP 6 échouent à trouver un accord sur la nuse en œuvre des 111.esures adoptées à Kyoto. Une opposition apparaît entre les États-Unis et ses alliés (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande,Japon), d'une part et l'Union européenne, d'autre part. Celle- ci plaide pour que 50 % au rnoins des engage1nents pris soient réalisés à l'intérieur de chaque pays, pour la création d'une structure supranationale de régulation et pour l'instauration de sanctions contre les pays contrevenants. Le président français,Jacques Chirac, intervenant à la conférence de La Haye, affinne qu'il y a « non-assistance à planète en danger» . En 2001 à Marrakech, la COP 7 tente de traduire juridique1nent les règles de nuse en œuvre du protocole de l{yoto. En 2005 à Montréal, la COP 11 adopte les règles de fonctionne1nent pern1ettant la rnise en œ uvre de la totalité de ce protocole. Le rnarché du carbone

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Les sommets climatiques de la dernière chance

devient dès lors une réalité. Mais les 107 pays en développen1ent qui ont ratifié ce protocole n 'auront que de sünples obligations d 'inventaire d 'éinissions polluantes. En 2006 à Nairobi au Kenya, la COP 12 décide la révision du protocole de Kyoto. La question de l' élargisse1nent de l'accord à des pays conu11e la Chine ou l'Inde, non con cernés par la pren1ière phase, est posée. La conférence est centrée sur le renforce1nent des n1écanis1nes de soutien aux pays en développen1ent, avec la inise en œuvre du mécanis111e de développe1nent propre qui permet à des pays industrialisés d'investir dans des pays du Sud pour contrebalancer leurs éinissions de gaz à effet de serre dans les pays du Nord.

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Le protocole de Kyoto est une victoire à la Pyrrhus. Loin de réduire ou de stabiliser les gaz à effet de serre, la production de ceux-ci a auginenté de 3 % par an dans le sillage de la croissance écono1nique de la Chine. Le protocole de Kyoto est régulière1nent contesté par les lobbies éconorniques qui considèrent que la lutte contre le réchauffen1ent climatique ne doit pas freiner la croissance écononiique.

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L'échec retentissant du sommet de Copenhague

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En 2009 à Copenhague, la COP 15 a pour obj ectif d'élaborer un nouveau traité qui doit prendre la suite du protocole de Kyoto sur la réduction des énùssions des gaz à effet de serre venant à échéance en 2012. Toutefois, cette négociation fait l'obj et de no1nbreux désaccords. Le clivage

Le « syndrome de Copenhague » exprime la déception extrême des militants de la lutte contre le changement climatique, convaincus que c 'était le sommet de la dernière chance.

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s'accentue entre pays industrialisés et pays én1ergents, soutenus par les pays en développen1ent. Tant que les pays industrialisés n'auront pas adopté des réductions d' éinissions, le Brésil, la Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud décident de ne pas souscrire au futur traité et refusent de baisser leurs propres énùssions. Si les États reconnaissent que « des réductions sévères d' énùssions 111ondiales devront être conduites », ils ne reprennent pas l'objectif de réduction de 25 à 40 % des éinissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020, proposé par l'Union européenne et rejeté par le gouverne1n ent an1éricain. La conférence de Copenhague n1arque une évolution significative dans la négociation cli1natique. Jusque-là, la logique était celle d'un accord de coopération internationale orientant les politiques nationales. D ésonnais, les pays émergents exprünent clairen1ent leur intention de donner la priorité à leurs politiques nationales de réduction des gaz à effet de serre, sans qu' elles soient dictées par un accord international. vi

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Faute de consensus, cette conférence clin1atique s'achève par un accord a nùnitna, les gouvernen1ents décidant de ne rien faire qui puisse affecter la croissance écono1nique. Les contradictions entre pays riches, pauvres et én1ergents affectent le dialogue. Un accord juridiquen1ent non contraignant, 1nis au point par les États-Unis et 4 pays érnergents (Chine, Brésil, Inde et Afrique du Sud), est adopté. Ce texte ailinne la nécessité de litniter le réchauffe1nent planétaire à 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle, n1ais ne con1porte aucun engagen1ent chiffré de réduction des énùssions de gaz à effet de serre. La conférence de Copenhague est un échec retentissant et la déception est à la n1esure des espérances.

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Les sommets climatiques de la dernière chance

De Cancun à Lima, une

«

marelle stratégique

»

L'échec de la conférence de Copenhague est su1v1 d'une série d'accords au rabais. En 2010 à Cancun au M exique, la COP 16 adopte un accord rnettant en place une série de 1nécanisrnes financiers pour lutter contre le réchauffen1ent clin1atique. Un « fonds vert» est officiellen1ent créé pour soutenir les progranu11es et politiques d'adaptation des pays en développen1ent. Toutefois, l'accord de Cancun repose uniquen1ent sur des n1écanis1nes non contraignants, confirn1ant les positions adoptées lors de la conférence de Copenhague l'année précédente.

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En 2011 , à Durban en Afrique du Sud, dans un contexte ni.arqué par la catastrophe nucléaire de Fukushin1a 1 , la COP 17 reprend les négociations sur le changen1ent cli1natique. Cette conférence aboutit à une feuille de route prévoyant d'établir d'ici à 2015 un pacte global de rédu ction des éinissions de gaz à effet de serre. Un accord englobe pour la pre1nière fois tous les pays dans la lutte contre le réchauffen1ent clünatique, notan11nent la Chine, l'Inde et les États-Unis. Toutefois, ce texte ne prévoit ni contrainte juridique, ni hausse du niveau des 1nesures pour linuter le réchauffen1ent sous le seuil de 2 °C.

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En 2012, à Doha au Qatar, la COP 18, puis l'ann ée suivante à Varsovie en Pologne, la COP 19, n1arquent un recul sur la négociation d'un futur accord. La conférence de Doha prolonge jusqu'à la fin de l'année 2015 les objectifs du protocole de Kyoto qui s'ach evaient en 2012. S'agissant du « fonds vert», le n1ode de 1. Catastrophe n ucléaire de Fukushima au Japon, suite au tsunami du l 1 mars 2011.

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fonctionne1nent est précisé n1ais son 1node d' afu11entation reste toujours à définir.

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En déce1nbre 2014, à Lima La p lanète négocie au Pérou, la C OP 20 tente son climat depuis la de poser les pren1ières pierres d'un nouvel accord n1onconférence de Berlin dial sur le clünat. La conféen 1995. Mais le rence doit être prolongée bilan reste très limité, de 36 heures pour aboutir à 195 pays sont toujours un accord au rabais pennetà la recherche d 'un tant de sauver les apparences. accord mondial. Le bilan est nùtigé, il laisse à nouveau un goût ainer. Au centre des divergences, les questions de financen1ents et de responsabilités face au change111ent clünatique. Les pays en développen1ent considèrent que les États riches ne font pas assez d' efforts financiers, alors qu'ils sont en grande partie responsables du changen1ent clirnatique. L'accord final est vidé de sa substance pour contenter les représentants des 195 délégations1. Seule avancée, la pron1esse de verser 10 1nilliards de dollars au « fonds vert » créé en 2009, dont le n1ontant total devait s'élever à 1OO nùlliards de dollars, niais qui n 'a j a1nais été alünenté. Les véritables décisions pour aboutir à un accord applicable à partir de 2020 sont renvoyées à la C OP 21 à Paris en 2015.

1. Lors de la COP 20, les délégations adoptent le principe de « responsabilités communes mais différenciées ... à la lumière des différentes circonstances nationales ». Ce principe maintient une séparation entre les engagements attendus des pays développés et ceux des pays en développement.

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Les sommets climatiques de la dernière chance

Du

«

métarisque

»

à la

«

métagouvernance

»

En 20 ans, la question clünatique s'est hissée au so111111et de l'agenda 1nondial et un processus 1nultilatéral inédit a été élaboré. Mais le bilan de ces négociations reste très linùté, créant autant d'attentes et de frustrations, que de désillusions. La géopolitique du clin1at traduit un véritable « syndron1e de Babel » aux confins d'une gouvernance trop n1olle et d'une géopolitique trop dure. Faute d'un accord entre les États et en application de la convention sur les change111ents cli111atiques, toutes les décisions des conférences clirnatiques doivent recueillir l'unarùmité des 195 pays. Cette situation oblige au consensus pennanent et tire les a1nbitions vers le bas. Par ailleurs, en raison des divergences fortes générées par la différence de niveau de développe1n ent, de ressources naturelles et d'intérêts nationaux géostratégiques entre les États, les positions politiques se durcissent. Vl

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Lors des négociations clünatiques, les États étaient traditionnellen1ent répartis en deux catégories : les pays en voie de développe1nent et les pays développés. D epuis la COP 20 à Lüna en 2014, les frontières entre ces deux grands blocs ont éclaté. Face aux pays développés, on assiste à l' é111ergence d'une profusion de groupes. On distingue le « G77 », un groupe ancien et hétérogène réunissant les grands pays é111ergents con1111e la C hine ou le Brésil, les pays les 1noins avancés co1n1ne le Mali, le Népal, le Chili, le M exique ou la Corée du Sud. On trouve ensuite l'Alliance des petits États insulaires en développen1ent, particulière1nent exposés à la 1nontée des océans, le Groupe des États africains, l' Alliance indépendante de l' A1nérique Latine et des Caraïbes, le Groupe de l'intégrité

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environnen1entale, associant le Liechtenstein, Monaco, la Corée du Sud, la Suisse et le M exique, le « LikeMinded D eveloping Countries » qui regroupe des pays co1nme la Bolivie, la Chine, C uba, l' Iran, l'Iraq, le M ali, le Sri Lanka ou l'Arabie Saoudite, le Group e des États les 111oins développés qui réunit les pays les plus vulnérables. L'Union européenne, les États-Unis, le Canada, l'Australie, le Japon et la Russie négocient le plus souvent de façon indépendante. Ces différents groupes se sont spécialisés et chacun développe son propre agenda et ses priorités. La profusion de groupes con1plexifi e le jeu des négociations cli111atiques.

Qui doit payer pour les émissions de gaz à effet de serre ?

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Pour les pays émergents, ce sont les pays développés qu i doivent supporter l'effort financier, au nom de leur responsabilité historique. Mais les pays développés, confrontés à des urgences économ iq ues, peinent à dégager les ressources financières à la hauteur de leurs engagements et préfèrent compter sur les acteurs non étatiques de la société civile : ONG, entreprises et collectivités terri toriales. Les pays les plus vulnérables, eux, attendent que soit tenue la promesse faite lors de la conférence de Copenhague en 2009, d 'abonder un « fonds vert pour le climat» de 1OO milliards de dollars par an.

Du « 1nétarisque » à la « 1nétagouvernance », une nouvelle clünato-stratégie doit fonder la gouvernance 1nondiale. Les conférences sur le clin1at sont avant tout des négociations entre États. À l'heure où ces conférences tentent de fixer de nouveaux obj ectifs pour

Les sommets climatiques de la dernière chance

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les prochaines décennies, les ONG critiquent la lenteur des processus et l'absence de véritables résultats concrets. L'éch ec des négociations renforce le rôle et la responsabilité des acteurs non étatiques. «

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Sommets de la Terre : la maison brûle toujours ...

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Parallèle1nent aux conférences annuelles sur le clünat, les so111111ets de la Terre organisés tous les 10 ans suscitent un inu11ense espoir : Stockholn1 1972, Nairobi 1982, Rio zéro en 1992,Johannesburg 2002, Rio + 20 en 2012. Par cet événe1nent exceptionnel, l'ONU ch erch e à stin1uler le développe111ent durable au niveau 111ondial. Lors du 1cr so1nmet de la Terre à Stockhohn en 1972 a lieu une prise de conscience historique. C e sonunet donne naissance au Progra1nn1e des N ations unies pour l'environnement (PNUE), juste un an avant le prenùer choc pétrolier de 1973 qui fera prendre conscien ce de l'ampleur du problè111e de l' épuise1nent des ressources naturelles. Le 2e so111111et de la Terre en 1982 à Nairobi est un échec, la con1111unauté internationale se h eurte au contexte de guerre froide et au désintérêt des États-Unis. En revanch e, le 3e sorm11et de la Terre en 1992 à Rio de Jan eiro au Brésil, identifié conu11e « Rio zéro », est un rendez-vous essentiel pour le clin1at 1 • Le 1. Le rapport « Notre avenir à tous »,publié en 1987 par Mme Gro H arlem Brundtland, présidente norvégienne de la Commission mondiale sur l'environnement et le développem ent de l' ONU, a servi de base au sommet de la Terre à Rio en 1992. Ce rapport utilise pour la première fois l' expression « sustainable development )), traduit de façon inappropriée en français par « développemen t d urable». C'est-à-dire « un développement qui répond aux besoins du p résent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».

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con1111andant Cousteau, personnage en1bléinatique, 1nonte sur la scène avant tous les chefs d'État. Il rappelle la gravité de la situation et regrette que 20 ans aient été perdus depuis le 1er sonunet de la Terre à Stockhohn en 1972. Toutefois, il se veut optin1iste et insiste pour que des décisions soient désorn1ais inises en œuvre. Sous l'égide des Nations unies, 131 chefs d'État signent 2 500 recon1111andations d'action pour le xx1c siècle, sous le non1 d'« Agenda 21 ».En outre, ils adoptent une déclaration sur les forêts et trois conventions spécifiques sur « la biodiversité », « la désertification » et « le réchauffen1ent clünatique ». Ce son1111et lance la Convention-cadre des Nations unies sur les change1nents clin1atiques. L'objectif est « de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'at1nosphère à un niveau qui einp êch e toute perturbation humaine dangereuse du systè1ne clünatique 1 ». vi

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Dix ans plus tard, en 2002, le 4e son11net de la Terre à Johannesburg constitue égale1nent un événe1nent n1arquant. La co1nn1unauté internationale y réaffirn1e son engagen1ent pour lutter contre le change1nent cli111atique. Ce so1nn1et rassernble 40 000 délégu és, ce qui en a fait la plus grande conférence j a1nais organisée p ar les Nations unies. Les thè1n es prioritaires sont l' eau, l'énergie, la productivité agricole, la biodiversité et la santé. Un plan d'action est adopté concernant différents do1naines : pauvreté, conson1111ation, 1. L'article 2 de la Convention-cadre des Nations unies sur le climat issue du sommet de Rio, précise pour la première fois que l' obj ectif ultime de la Conférence des parties (COP) est de « stabiliser les concentrations de gaz à efièt de serre dans l'atmosphère à un nivea u qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique l>.

Les sommets climatiques de la dernière chance

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ressources naturelles .. . Devant l' Asseni.blée plénière du sonu11et de la Terre, le président de la R épublique française, Jacques Chirac, prononce un discours se référant au réchauffe1nent clünatique et à la destruction de la nature. Il critique l'indifférence des habitants de la Terre face à cette catastrophe qui 1net en danger l'espèce hu1naine tout entière. Il souligne nota1nni.ent le risque pour les États insulaires qui sont 1nenacés de disparition du fait du réchauffe111ent clin1atique.

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Toutefois, au 5e sonunet de « Notre maison brûle la Terre, intitulé « Rio + 20 » et nous regardons en 201 2, il n e sortira aucune ailleurs. La nature décision n1ajeure. Tout se mutilée, surexploitée, passe con11ne si l'hu1nanité ne parvient plus à acceptait son iinpuissance se reconstituer et à gérer le futur. Le so111ni.et « Rio zéro » en 1992 avait nous refusons de fait de l' environne1nent une l'admettre. La Terre et priorité inondiale ; 20 ans l'humanité sont en péril après, Rio + 20 s'achève avec et nous en sommes l'adoption d'un con1promis responsables » , a ininini.a. Le Progra1nme extrait du discours des Nations unies pour l'environne111ent établit que du président Jacques sur 90 objectifs prioritaires Chirac, le 2 septembre en 1992, seulen1ent 4 ont 2002 à Johannesburg. connu des progrès significatifs. L'obj ectif de réduction des énùssions de gaz à effet de serre n'a pas connu de progrès et les éinissions devraient doubler d'ici 2050 si aucune n1esure d'urgence n 'est engagée. Dans le con11nuniqué final, « L'avenir que nous voulons », les

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États s'engagent à pro1nouvoir une « écononue verte » épargnant les ressources naturelles de la planète et éradiquant la pauvreté, mais les critiques sont non1breuses sur l'absence d'objectifs contraignants et de financen1.ent à la hauteur des ambitions. Les son11nets de la Terre présentent un enjeu sy1nbolique, ils visent à dérnontrer la capacité collective de n1obilisation pour gérer les problèn1es planétaires. Or, le son1.n1et de la Terre à Rio en 1992, événen1ent historique prometteur, a été suivi p endant une vingtaine d'années d 'un « grand bal de la diplon1.atie clin1atique », alternant échecs de l'action et pron1esses diplo111atiques. La conférence « Paris clin1at 2015 » s'inscrit dans cet ultimatun1 de la gouvernance clünatique. La conférence Paris climat 2015 : « ultimatum diplomatique » Vl

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2015 est « l'année zéro » pour le cli111at. D epuis plus de 20 ans, les États cherchent un accord 1nondial sans y parvenir. Le dernier sur la liste des « son1.rnets de la dernière chance », la conférence niondiale « Paris cli1nat 2015 » vise à aboutir à l'accord le plus ainbitieux j an1ais signé, une entente universelle pour lutter contre le changen1ent climatique. C et accord, destiné à succéder au protocole de Kyoto à partir de 2020, a vocation à tracer la route vers une destination de long tenne, en ünpliquant pour la pren1ière fois l' ense1nble des États pour lüniter à plus 2 °C la te1npérature 1nondiale d'ici la fin du siècle. Cet accord international constitue le cadre général d'une transaction vers une société et une éconon1Îe post-carbone.

Les sommets climatiques de la dernière chance

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La COP 21 n'est pas un La conférence point d' aboutisse1nent niais Paris cl imat 2015 un point de départ d'une stratégie d'alliance pour le n'est pas un point cli111at reposant sur 4 piliers : d'aboutissement un « accord n1.ultilatéra1 », des mais un point de « con tri butions nationales » départ d 'une stratégie pour une écononùe bas card'alliance pour le bone, un « dispositif financier c limat. et technique » visant à 1nobiliser 100 111illiards de dollars par an en 2020 et un « agenda des solutions » én1anant de la société civile. Dans cette perspective, 6 n1ois avant la conférence cli1natique de Paris a été organisé pour la prenùère fois le « so1n111.et 111.ondial Clin1at et territoires » à Lyon. Ce grand rendez-vous des acteurs non étatiques, porté par les collectivités locales, a pernùs de faire éinerger des propositions et des initiatives concrètes développées par la société civile. Le développen1ent humain résultant des Objectifs du développen1.ent durable (ODD) et l'agenda du développen1.ent post-201 5 finalisé par les Nations unies constituent une priorité 111.ajeure de la COP 21. Il ne faut pas oublier qu'une partie de l'hu1nanité n'a pas encore accès à l'électricité et qu'en Afrique subsaharienne, par exe1nple, le taux d'électrification est inférieur à 30 % de la population. Il appartient aux pays riches, dans un double ünpératif de solidarité et de coopération, de financer les proj ets d'adaptation au change1nent clünatique et d'aide au développe1nent décarboné des pays les plus vulnérables. «Toutes les éinissions de gaz à effet de serre n'ont pas le 1nê1ne

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statut 111oral », écrit le philosophe an1éricain Ja1nes Garvey. Les éinissions de luxe des pays développés doivent être distinguées des éinissions de subsistance des pays en développen1ent. L'enjeu de la conférence Paris clirnat 2015 est de diviser par 4 les én1issions 111ondiales de gaz à effet de serre d'ici 2050, alors qu'elles aug1nentent de plus de 3 % par an. Nous son1111es à la croisée des chenùns, l'objectif est d' élaborer une réponse politique à la hauteur du diagnostic scientifique. Or les négociations des Nations unies sont en décalage face à l'urgence clin1atique. Quelle que soit la réponse, celle-ci sera en tout état de cause insuffisante par rapport à l' an1pleur du défi clin1atique à venir. Co111111e le souligne le clin1atologue Jean Jouzel1 : « 2 °C n'est qu'un objectif politique ». Quelle que soit la nature de l'accord, la so1m11e des engage1nents de l' ense1nble des États ne pennettra pas de temr l'objectif sy1nbolique de plus 2 °C en 2100. Après tant d'échecs, n1algré le réchauffen1ent diplon1atique et la pression de la société civile, un accord clünatique ne pourra pas tout résoudre et ne constituera qu'un jalon sur la route chaotique d'un futur post-carbone.

Pour la première fois dans son histoire, l'humanité est devenue une communauté de destin. Le réchauffement climatique concerne tous les humains et tous les continents.

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1. Jean Jouzel, climatologue, vice-président du groupe scientifique du GIEC, auteur du Dlfi climatiqtte, objectif: 2 °C, Dunod, 2014.

Copyright© 2015 Eyrolles.

©Groupe Eyrolles

Les repères clés de l'histoire du changement climatique Les grandes étapes

Dates

1824 1873

Événements Jean-Baptiste Fourier découvre « l'effet de serre » Création de !'Organisation météorologique internationale (OMI)

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De la découverte de l'effet de serre à la première conférence cl imat : 150 ans de « préconscience consciente »

1938/1956

Guy Ca llendaren 1938 et Gi lbert Plass en 1956 établissent la relation entre l'accroissement des rejets industriels de C0 2 et les premières observations de réchauffement di matique

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1961

Charles Keeling produi t une prem ière cou rbe confirmant une progression régulière de la concentration de C02

1967

Syukuro Manabe et Richard Wetherald annoncent un doublement de la concentration de C0 2 d' ici le début du XXIe siècle et une élévation de la tem pératu re moyenne de 2 5 °C

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1972

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Copyright© 2015 Eyrolles.

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les grandes étapes Première conférence mondiale su r le climat

Dates

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Événements

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1979

l re conférence mondiale sur le climat à Genève

1982

2 9 sommet de la Terre à Nairobi (Kenya)

1985

Convention de Vienne sur la protection de la couche d'ozone

1987

Protocole de Montréal sur les substances qui appauvrissent la couche d'ozone

1987

Rapport Bruntland de la Commission mondiale su r l'environnement et le développement de l'ONU : « Notre avenir à tous »

1988

C réation du G IEC

1990

Publication du l er rapport du G IEC

1992

3e sommet de la Terre à Rio de Janeiro (Brésil) : « Rio zéro

1995

Publication du 2 9 rapport du G IEC Première Conférence des parties à la convention sur le cl imat COP l à Berlin

Émergence d'une expertise climatique Le sommet de la polarisation climatique 20 ans d'échecs des conférences sur le climat

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© Groupe Eyrolles

Copyright© 2015 Eyrolles.

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Les grandes étapes Le« syndrome de Kyoto

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L'échec de la conférence de La Haye

Dates

1997

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Événements

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COP 3 à Kyoto Uapon) Adoption du protocole de Kyoto

1998

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4 à Buenos Aires (Argenti ne)

2000

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3e rapport du G IEC

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2002

4e sommet de la Terre à Johannesburg (Afrique du Sud)

2006

COP 12 à Nairobi (Kenya) Révision du protocole de Kyoto

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L'échec retentissant du sommet de Copenhague

De Cancun à Li ma, des accords au rabais

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4e rapport du G IEC

2007

Publication du

2009

COP 15 à Copenhague (Danemark) Reconna issance de l'objectif de + 2 °C

20 10

COP

20 11

COP 17 à Durban (Afrique du Sud) Prolongation du protocole de Kyoto jusqu'en

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Copyright© 2015 Eyrolles.

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les grandes étapes

Paris climat 2015, sommet de la dernière chance

Dates

OO

Événements

20 12

5e sommet de la Terre : « Rio+ 20 COP l 8 à Doha (Qa tar)

20 13

COP 19 à Varsovie (Pologne) Pas d'avancée sur le financement du « fonds vert

20 14

Publication du 5e rapport du G IEC COP 20 à Li ma (Pérou) Projet de texte de négocia tion, base de discussion de la COP 2 1

20 15

COP 21 Paris cl imat 20 15

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© Groupe Eyrolles

Chapitre 7

Les citoyens « sentinelles » du climat - 60 éco-gestes « Ce sont de petits changements qui vont vraiment nous ai:der à sauver la planète 1. »

Jeudi 24 décen1bre 2015, 21 heures, il fait nuit noire, pas de neige 111ais le vent est glacial. À l'extérieur, le bilan carbone de la distribution de cadeaux par le Père Noël a un fort ünpact écologique.À l'intérieur, pas de chauffage, la chaleur hu1naine dégagée par les êtres vivants, ainsi que les rayons du soleil de la journée, suffisent à chauffer l'habitation. La maison à énergie passive aux norn1es RT 2020 est le nouvel horizon de la transrupture post-carbone. Elle éconornise beaucoup d' énergie2 et di111inue considérablernent l'ünpact de l'habitat sur l' environne111ent. Habiter une 1naison à énergie passive n'est pas une contrainte 111ais une contribution positive à la lutte contre le réchauffernent clünatique.

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À partir d'un échantillon représentatif, l'institut BVA3 observe que le change1nent clünatique est un enjeu

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1. R evue du PNUE, 2010. R evue du Programme des Nations unies pour l'environnement, décembre 20 10. 2. La dépense énergétique pour une maison passive est 4 fois moindre que celle d'un logement respectant la réglementation thermique RT 2005 et 10 fois moindre qu'un logement standard préexistant. 3. « Le changement climatique, un enjeu encore lointain pour une majorité de Français», Le Monde.fr, 19 mars 2015. Échantillon de 1 056 personnes interrogées entre le 26 février et le 5 mars 2015 par l'institut BVA.

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encore lointain pour une n1ajorité de Français. La lutte contre le réchauffen1ent est une priorité pour seule111ent 13 % des personnes interrogées. Toutefois, plus de 3 personnes sur 4 se déclarent personnelle111ent « très inquiètes » (20 %) ou « plutôt inquiètes » (57 %) des conséquences possibles. Elles disent avoir déjà constaté personnellen1ent certains de ces ünpacts, notan1111ent des inondations et des te111pêtes plus fréquentes et plus intenses, ou encore une augrnentation de la ternpérature n1oyenne. Un citoyen sur 2 (51 %) espère qu'une 111obilisation de l'opinion n1ondiale parviendra à n1ettre la pression sur les décideurs. Si deux tiers des sondés ne sont « pas confiants » dans la capacité de l'Homn1e à préserver la planète, près de 2 Français sur 3 (62 %) se disent prêts à agir à leur échelle, en adoptant des gestes au quotidien susceptibles de réduire les émissions de gaz à efret de serre.

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CHAQUE GESTE COMPTE, IL N>Y A PAS DE PETITS GESTES

Chaque citoyen a vocation à devenir une « sentinelle » du clünat. Pourtant, force est de reconnaître que le prenuer réflexe de chacun est d'abord de se n1ettre en retrait, tant la gravité du problè1ne climatique se111ble h ors de portée au niveau individuel. Or, nous son11nes tous, chacun à notre niveau, de petits éinetteurs de gaz à effet de serre. À côté des en gagen1ents internationaux, des grandes conférences des Nations unies et des rapports

Le réchauffement climatique n'est pas uniquement dû à quelques gros émetteurs isolés, mais au contraire à des mi 11ions de petits émetteurs.

Les citoyens « sentinelles,, du cl imat-60 éco-gestes

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du GIEC, l'action citoyenne est l'occasion d'une n1obilisation concrète et locale. Pour la lutte contre le réchauffen1ent clin1atique, il n 'y a pas de petits gestes, la « clün-attitude » des petits ruisseaux fait les grandes rivières des écono1nies d' énergie. Le bilan carbone global des 1nénages français représente environ 60 % de l' ense1nble des én1issions au niveau national. La 111odification de nos h abitudes, nota1111nent en 1natière de transport, de loge1nent et d' alünentation, a un réel ünpact sur notre en1preinte carbone. Dans les principaux don1aines de la vie quotidienne, des gestes sin1ples peuvent réduire nos énussions de gaz à effet de serre. L'action citoyenne peut peser sur le cours des événen1ents, l'in1portant est d 'agir avant qu'il ne soit trop tard.

LUTTER CONTRE LE DËCROCHAGE CITOYEN vi

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Co1111nent peut-on agir pour le clünat dans sa vie quotidienne ? Face au réchauffen1ent clin1atique, chacun doit se sentir personnelle1nent responsable. Or, hornus un e ininorité de nlilitants d'ores et déjà convaincus, la 111ajorité de la population attend des n1esures lui p er111ettant de co111prendre le sens des actions alternatives en direction desquelles elle puisse s'engager. D ans l'attente d'un grand débat public sur le changen1ent clin1atique, le rôle des collectivités locales est de proposer un cadre de cohérence pour guider l' action individuelle et pro1nouvoir le développe1nent des énergies renouvelables participatives. Et si nous décidions de ne pas aller dans le 1nur ? Et si l'urgence et les a1nbitions avaient rendez-vous ? Ce choix induit un bouleversen1ent du 1node de vie individuel qui affecte

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tous les besoins hun1ains : l'habitat, l' alünentation, les déplacen1ents, les achats de consonu11ation, la gestion de l'électricité, de la connectivité, de l'eau, des déchets, inais égale1nent la santé, les usages en inatière de loisirs et de vacances, ainsi que les attitudes citoyennes à développer dans le rnonde du travail.

ACTION CLIMATIQUE ET HABITAT

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D epuis longten1ps, nous Le secteur de l'habitat avons adopté des co1nporteest responsable en ments liés au faible coût de France de 26 % des l'énergie et des n1atières pre1nières. Aujourd'hui, les éinisémissions de gaz à sions de gaz à effet de serre effet de serre. et la raréfaction des ressources obligent nous naturelles à réinterroger nos habitudes en inatière d'habitat. Certaines actions concrètes pern1ettent de réaliser des écononùes structurelles de rénovation énergétique et des écononùes d 'usage, visant à réduire l' e1npreinte carbone liée au logen1ent.

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Éco-geste #1 - J'isole thermiquement mon logement

Une bonne isolation th ennique pennet de dinùnuer forten1ent les éinissions de gaz à effet de serre liées au chauffage. Entre un logen1ent bien isolé et un loge1nent inal isolé, à te1npérature intérieure identique, la dépense énergétique de chaufL'lge p eut varier du sünple au double. Les inatériaux d'isolation et leur inise en œuvre varient selon le type de loge111ent. En situation optin1ale, on peut réussir à dinùnuer la

Les citoyens« sentinelles,, du cl imat-60 éco-gestes

165

conso1nn1ation d 'un loge111ent de 90 % en con1binant isolation, régulation de la te1npérature et solaire passif 1 . Une isolation efficace peut faire gagner jusqu'à 30 % de la facture d' énergie. À titre indicatif, la ouate de cellulose est un isolant qui procure une excellente protection contre le froid en hiver et a une très bonne inertie thernùque contre la chaleur en été. Cet isolant cellulosique est fabriqué à partir de 85 % de journaux recyclés et de 15 % d'additif ignifugeant. En plaque ou en vrac, la ouate de cellulose est idéale pour une p ose en toitures, con1bles, sous-pentes ou n1urs. Autre 1natériau isolant, la laine de bois est fabriquée à base de fibres de bois utilisées pour l'isolation thernùque sous fonne de panneaux polyvalents. Éco-geste #2 - J'économise le chauffage

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Selon l' ADEME, 80 % de la consonunation én ergétique d 'un logern ent est liée à deux postes : le chauffage (69 %) et l'eau chaude sanitaire (12 %). Si le ch auffage est d'origine électrique, il représente en 1noyenne 50 % de la conson1111ation d 'én ergie d'un foyer. Les autres sources de chauffage sont variables, soit d'origine fossile con1111e le fioul, le charbon, le gaz naturel, le gaz de pétrole liquéfié, soit en provenance d'én ergies renouvelables conu11e le bois, le solaire ou la géothernùe. Au niveau thernùque, une décision ünportante consiste à réduire la te1npérature de consigne du chauffage, de l'eau chaude sanitaire et à rechercher l' optinùsation du 1. H abitat dans lequel la climatisation est réalisée en tirant le meilleur parti du rayonnement solaire, de l'isolation et de la circulation naturelle de l'air.

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systèn1e de chauffage. L' AD EME préconise une te1npérature de 19 °C dans les pièces à vivre, 16 °C dans les chan1bres la nuit et 17 °C dans la salle de bains ou les sanitaires. Il convient donc de veiller à garder une te111pérature an1biante inférieure à 19 °C. Chaque degré en dessous de cette lirnite pern1et une écono1nie de chauffage. Baisser la ten1pérature d'un degré en hiver p eut faire écononliser 10 % de la conson11nation d' énergie pour le chauffage. Un autre 1noyen efficace de faire des écononlies d'énergie est de fenner les volets, persiennes et doubles rideaux à la nuit en hiver. Enfin, inutile de chauffer les pièces en votre absence, grâce à la progra1nmation, régulez les te111pératures de chauffage. L'entretien régulier de la chaudière et du chauffe-eau pennet d' écono1niser 10 à 20 % d'énergie. Éco-geste #3 - Je réduis la température de l'eau chaude

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Le chauffage de l'eau chaude sanitaire correspond en n1oyenne à 12 ex) de la conson1111ation énergétique totale, pour un volu1ne de stockage co1npris entre 150 et 300 litres d'eau. Or, en rnoyenne, une personne utilise 50 litres d'eau chaude par jour. Il est possible de réduire la te1npérature du ballon d' eau chaude à 50 ou 60 °C, plutôt que 80 °C, te1npérature de consign e habituelle. Par ailleurs, il est judicieux d 'isoler le ballon d'eau chaude et d'adapter sa capacité aux besoins. Enfin, l'installation d'un chauffe-eau solaire est une solution intéressante. Éco-geste #4 - J'évite la climatisation

Si le réchauffornent clünatique incite à l'utilisation de la clin1atisation, la généralisation des systèrnes de

Les citoyens« sentinelles ,, d u cl imat-60 éco-gestes

167

clin1atisation contribue à de fortes consonu11ations d'électricité. Un systèn1e de clin1atisation nécessite l'utilisation de puissants gaz à effet de serre qui p euvent se libérer dans l' atn1osphère en cas de 111auvais entretien ou de panne. Il est possible d' éviter la clünatisation en renforçant l'isolation des bâti111ents pour conserver la chaleur en hiver et la fraîcheur en été. Éco-geste #5 - Je choisis de vivre en appartement plutôt qu'en maison

Les apparte1nents sont jusqu'à deux fois 111oins conso1n1nateurs d'énergie que les rnaisons pour le chauffage, à superficie égale, car la surface en contact avec l' extérieur est proportionnellement plus faible que pour une 1naison, le reste étant en contact avec un autre apparten1ent, générale1nent chauffé. Les inuneubles sont en général situés en zones urbaines denses, donc proches des services de transports en co1mnun, des co1n1nerces et des lieux de travail. Vl

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Éco-geste #6 - Je fais le choix d'une habitation à énergie passive

Aujourd'hui, le développe111ent technologique est tel qu'il est possible de se passer de chaufiage 1. La chaleur passive du soleil ainsi que la chaleur hu1naine et les activités do1nestiques sont large111ent suffisantes pour se passer de ce systèn1e. Lors de sa construction, un habitat à énergie passive est un peu plus ch er, n1ais l'investisse1nent est vite co1npensé puisqu'il n'y a pas 1. En 20 ans, les normes de réglementation thernùque ont considérablement amélioré la performance thermique des logements. RT 2000 : 110 kWh/m2 /an, RT 2012 : 50 kWh/m 2 /an et RT 2020 : 15 kWh/m2 /an.

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d'installation de chaudière, pas d'entretien , pas de facture d'énergie. L'avantage que procure l'énergie solaire passive est la réduction de la conson1111ation d'énergie et le confort ressenti par les occupants. La n1aison solaire à énergie passive est conçue pour éviter toute déperdition thennique et profiter au n1axin1un1 des apports therrniques gratuits du soleil. Sa fonne est cornpacte pour réduire la surface d'échange. La façade sud est tournée vers le soleil et les ouvertures y sont n1ajoritaire111ent placées. Des fenêtres n1oins nornbreuses et plus p etites p euvent être positionnées sur les façades ouest et est, rnais il convient d' éviter toute ouverture sur la façade nord. En Europe, une stratégie basée sur l'énergie solaire passive est bien plus perfonnante que le systè1ne de pon1pe à chaleur, l'énergie solaire active, photovoltaïque ou thernuque. Le surcoût est faible (5 à 15 %) et le retour sur investisse1nent est relative111ent rapide (5 à 10 ans). Un logen1ent répondant au label « habitat passif» conson11ne jusqu'à 10 fois n1oins d' énergie qu'une habitation standard pour son chauffage et la production d'eau chaude. Ce type d'habitat faiblen1ent conso1mnateur en énergie produit très peu de gaz à effet de serre.

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La ma ison climatique bois carbone « + 4 °( » • Localisation : Saint-Péver, Côte d'Armor, Bretagne • Caractéristique : maison biomasse climatique à énergie passive • Maître d'œuvre : Christophe Gauffeny, architecte • Besoin en chauffage : 9 kWh/ m2 /an (norme RT 2020 : 15 kWh/m 2/an) • Test d' infiltrométrie N

50 = 0,30 h- 1

• Rénovation en surélévation bo is : la C harpenterie, Olivier et Soph ie Cabon

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• Menuiseries extérieures : bois triple vitrage • Isolation : laine de bois (4 cm) et ouate de cellulose dans les murs (22 cm), au sol et au plafond (40 cm) • Ventilation : Compact Aerosmart S Drexel & Weiss, VMC double flux. Installation Art'Elec • Bardage extérieur : bois mélèze • Aménagements intérieurs, cloisons, plafond : sapin du N ord et parquet en chêne • Bi lan carbone : stockage de 15 tonnes équivalent

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ACTION CLIMATIQUE ET ALIMENTATION

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Faire le ch oix d' une alirnenL'alimentation est tation avec une einpreinte responsable de 20 à carbone plus faible est bénéfiqu e pour le cli111at et p er30 % des émissions n1et de préserver son capital mondiales de gaz à santé. Attention, le surpoids effet de serre. et l'obésité concernent près de 30 % de l'hun1anité et constitue un phéno1nèn e en forte aug1nentation. Cette « épidénùe n1assive » résulte d'un déséquilibre én ergétique entre calories consonu11ées et calories dépensées. C'est une source de gaspillage d'énergie. Éco-geste #7 - J'achète des produits de saison cultivés localement

La solution est dans l'assiette. Il faut s'efforcer de n1anger des alin1ents produits locale1nent et tenter de devenir « locavore ».Cela p ern1et de lirniter le rej et de C0 2 dans l' at1nosphère lié au transport, notan11nent

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en avion. Au-delà de l'origine géographique des produits, la prise en con1pte de la saisonnalité est essentielle. C hoisir des produits de saison, fruits et légu1nes, si possible produits locale1nent, permet de réduire les énussions de gaz à effet de serre liées nota1nment au chaufiàge des cultures sous serre. La liste des produits de saison est disponible sur de non1breux sites Internet con11ne « consoglobe » ou « cuisine-facile 1 ». À titre d' exen1ple, n1anger au 1nois de n1ars 1 kg de fraises provenant d' An1érique du Sud ou d'Israël et transportées par avion revient à conson11ner près de 5 litres de pétrole. Tandis que déguster au n1ois de j uin la n1ên1e quantité de fraises produites locale1n ent conso1ru11e 0,2 litre. Éco-geste #8 - J'évite dans la mesure du possible la congélation

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L'in1pact des fluides frigorigènes sur l' environnernent est devenu un enjeu 1najeur. Congeler des produits alin1entaires de1nande de l' énergie et engendre des énussions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, la plupart des systèn1es de congélation et de réfrigération sous pression ne sont pas totalement étanch es. Les fluides réfrigérants sont en général des halocarbures qui sont des gaz à effet de serre extrêmen1ent puissants. Le taux de fuites annuelles dans les installations frigorifiques des grandes surfaces peut atteindre 30 % de la quantité totale de fluides frigorigènes.

1. http:/ /www.consoglobe.com/ pg- fruits-de-sa ison http:/ /cuisine-facile.corn/ calendrier- de-saison.php

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Éco-geste #9- J'achète des produits peu transformés

Les produits alin1entaires ayant fait l'obj et de transforn1ations représentent des transports et des dépenses énergétiques supplém entaires. Généralen1ent, plus le produit ach eté est proche du produit brut, plus l' en1preinte carbone est faible. En outre, il faut s'efforcer de privilégier les produits en conditionnen1ent éconornique, peu ernballés ou en vrac, afin de réduire les en1ballages, de inodérer les émissions de gaz à effet de serre liées à cette fabrication et de réduire les déch ets d' e111ballage. On peut acheter au détail en ne prenant que la juste quantité pour faire ses courses sans s'encon1brer des e111ballages. Éco-geste #10 - J'achète au fur et à mesure

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La différence entre ce que nous ach etons et ce que nous utilisons s'appelle le gaspillage. En 1noyenne, 26 % de notre nourriture finit à la p oubelle. Il faut donc éviter d'ach eter en quantité trop ünportante si nous ne son1111es pas sûrs de pouvoir en conso1111ner la totalité. Par ailleurs, certains produits con11ne les fruits et les légun1es perdent vite leurs qualités.

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Éco-geste #11 - Je diminue ma consommation de viande et de produits laitiers

La production de viande, en particulier bovine, est très én1ettrice de gaz à effet de serre. L'élevage génère 18 % des énù ssions de gaz à effet de serre en raison de la production de n1éthane entérique liée à la ru1nination des

Chiffres-carbone : • 1 kg de bœuf = 27 kg équivalent carbone et 15 000 litres d'eau • 1 kg de poulet= 3,7 kg équivalent carbone et 4 000 litres d'eau

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bovins. Au niveau n1ondial, 38 % des surfaces cultivées en céréales sont destinées à l'alin1entation du bétail. Ce qui, à l'échelle de la planète, pose la question de l' équilibre global entre viande et culture. En France, 80 % des céréales servent à nourrir les anin1aux et non à l' alin1entation hun1aine. Pour l'élevage du bétail, il faut produire des cultures fourragères et donc avoir de grandes surfaces agricoles, conso1nmer de grandes quantités d'eau et de p esticides. L'agriculture biologiqu e, qui n 'utilise pas d'engrais minéraux ou de produits phytosanitaires de synth èse, pennet de réduire les énussions globales de gaz à effet de serre de 30 % pour les viandes rouges et de plus de 50 % pour la volaille et les fruits et légu1nes.

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Réduire la conso1nn1ation de produits laitiers, n1anger 1noins de viande rouge et davantage de légun1es secs ou de fruits oléagineux permet de réduire l' en1preinte carbone de son ali1nentation, tout en ainéliorant sa santé. Les produits anünaux sont la pre1nière source d'acides gras saturés et favorisent les n1aladies de pléthore : hypertension, diabète, hypercholestéroléinie, arthrite, cancers ou n1aladies cardio-vasculaires. . . La solution n'est pas, bien entendu, de devenir végétarien, n1ais de s'efforcer de réduire sa conson1111ation de viande et de produits laitiers pour limiter les éinissions de gaz à effet de serre.

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Le bœuf est le produit protéiné qui a l'ünpact le plus ünportant sur l' environnernent. Éco-geste #12 - J'évite de boire de l'eau en bouteille

Il faut 7 litres d'eau pour fabriquer une bouteille d'eau en plastique.

Il faut 7 litres d'eau pour fabriquer une bouteille en plastique et l'eau en bouteille n' est pas toujours

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indispensable. L'eau courante en France est généralen1ent de bonne qualité et boire l'eau du robinet pern1et d'épargner l'usage de bouteilles en plastique. Éco-geste #13 - Je découvre la gastronomie climatique

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La cuisine clin1atique n1ontre la voie à suivre pour une gastrononue soucieuse des préoccupations sociétales et environnen1entales. Elle fait appel à des produits dont l' ernpreinte carbone est faible aux niveaux de la production, de la distribution et de la transforn1ation. La cuisine clin1atique vise à valoriser des produits bruts et faiblen1ent transforn1és, notam111ent par des cuissons longues. Elle recherche un équilibre entre l'aspect gustatif et la provenance des alünents. Les plats climato-co1npatibles font appel à des produits de saison, produits localement ou issus de circuits courts, et s'évertuent à révéler les saveurs originelles des alin1ents. La cuisine potagère du grand chef parisien Alain Passard1 relève de ce registre. Pour ce ch ef étoilé, le goût est une cornbinaison sin1ple de 2 à 3 saveurs, et ses produits proviennent du terroir en fonction des saisons. Il propose par exen1ple à l' auton1ne un « carpaccio de betteraves rouges aux noisettes grillées », ou au printen1ps une « crèn1e de petits pois au citron et à la coriandre ». Pour vous rnettre en appétit, les recettes sont non1breuses sur le site Terroirs de chefS 2 .

1. R estaurant Arpège, 84 rue de Varenne, 75007 Paris, 3 étoiles au G ui de M ichelin 2015 . 2. http:/ /www.terroirsdechefs.com/

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J'\CTION CLIMATIQUE ET MOBILITÉ

À titre individuel, chacun peut agir locale1nent pour limiter ses déplace1nents et réduire son irnpact en ternies d' énùssions de gaz à effet de serre. En attendant l'arrivée de « véhicules décarbonés »,il ünporte chaque fois que possible de favoriser la sobriété énergétique en pro1nouvant les « transports doux2 », les transports collectifs ou le covoiturage. R éduire ses besoins, regrouper et li1niter ses déplace1nents, réduire la taille et la puissance de son véhicule, contribuent à réduire les éinissions de gaz à effet de serre.

Le seeteu r des transports génère en France 27 % d 'émissions de gaz à effet de serre1.

Éco-geste #14 - Je pratique l'écoconduite

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En adoptant quelques principes d' écoconduite, il est possible de réduire la conson11nation de carburant de 20 % environ. • Moteur froid : ne faites pas tourner le n1oteur au ralenti pour le faire chauffer. Conunencez à rouler à vitesse n1odérée, en accélérant doucen1ent pendant les 5 pre1niers kilon1ètres. Sinon, la surconso1runation en ville peut atteindre 45 % sur le prernier kilon1ètre et 25 % sur le second. Par ailleurs, les pots catalytiques n e fonctionnent pas de n1anière opti1nale à froid. 1. Au niveau mondial, le nombre de véhicules en circulation devrait doubler d'ici 2035 pour atteindre 1, 7 milliard selon l' Agence internationale de l'énergie. 2. Les transports doux caractérisent tous les modes de transports sans moteurs qui ne génèrent pas de gaz à effet de serre.

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• Surconso11unation : réduisez votre vitesse pour di111inuer la surconsonunation. En passant de 130 à 120 kin/ h sur autoroute avec une voiture inoyenne, on 111.et 18 minutes de plus pour faire Lyon-Paris, niais on écono1nise entre 3,5 et 4,5 litres de carburant selon la 111.otorisation et le type de véhicule. Une conduite souple et fluide, sans agressivité et sans à-coups du régi111e inoteur, évite des surconso111111ations ünportantes, surtout en ville. C h oisir le régi111e adapté à la vitesse à laquelle on roule est un facte ur ünportant d ' écononlies. Enfin, couper le 111.0teur dès qu'on s'arrête plus de 10 secondes est une bonne habitude à prendre.

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• Pression des pneus : les pneus sous-gonflés aug1nentent la conso1runation des véhicules et les é111issions de C0 2 . Un sous-gonflage de 0,3 bar entraîne 1,2 % de conso111111ation en plus, de 0,5 bar 2,4 % de conso11u11ation en plus.Vérifiez leur pression au 1ninitnu111 tous les 2 n1ois. Pour vérifier leur pression dans de bonnes conditions, il faut avoir roulé 111oins de 3 kn1 .

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• Cli1natisation : l'usage de la cli111.atisation doit être évité chaque fois que possible. Quand elle fonctionne, la cli111atisation augn1ente la consonunation de carburant de votre véhicule de 1 à 7 % suivant la ten1pérature, le véhicule et l' usage. Éco-geste #15 - Je m'intéresse à l'écomobilité

L' écomobilité est une notion récente apparue dans le sillage de la promotion du développen1ent durable. Elle regroupe la nlise en place et la gestion de 111odes de transport jugés plus propres à l'égard de l'environn e1nent et pern1ettant de réduire les énlissions de gaz à

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effet de serre. L' écon1obilité recherche l' ensen1ble des 1nodes de déplace1nent alternatifs à l'auton1obile individuelle et vise à diminuer la dépendance de la société vis-à-vis de l' auto1nobile. Éco-geste #16 - Je pratique le covoiturage ou l'autopartage

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Une voiture est inutilisée en moyenne 95 % du te1nps. Partager un véhicule présente de no1nbreux avantages : n1oins de frais pour le conducteur et les passagers, 1noins de voitures en circulation, n1oins de nuisances liées aux transports et un renforcen1ent des relations hu1naines. De nombreux sites Internet regroupent les offres et les de1nandes. Ils proposent aussi souvent une évaluation du coût du traj et. Les inscriptions aux sites de covoiturage auginentent rapide1nent, au rythn1e de 4 000 inscriptions par jour. Blablacar, nu1néro 1 du covoiturage en France, annonce 3 millions d'inscrits et 600 000 personnes transportées par n1ois. Le pre1nier organisateur du covoiturage est l'entreprise (43 %), puis les collectivités (22 %) et les établisse1nents de santé (10 %) .

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L'autopartage ou « car sharing » entre particuliers se développe égalen1ent. Des particuliers proposent leur voiture à la location ou ch erchent à louer une voiture par le biais de plateforn1es Internet. Le coût est d'environ 25 €/jour et 5 à 10 centiines d'euros/ kn1 hors carburant. Une assurance spécifique couvre la voiture, le te111ps de la location. Ce type de service connaît un développen1ent très rapide. Aujourd'hui, environ 1OO 000 personnes sont inscrites sur des sites de location de voitures entre particuliers, pour environ 25 000 véhicules disponibles. Les services d' autopartage sont une solution de n1obilité à encourager.

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Comparaison des émissions de carbone pour 1OO km

• 1OO • 1OO • 1OO • 1OO

km en avion = 106 kg équivalent carbone km en voi ture = 70 kg équivalent carbone km en moto= 40 kg équivalent ca rbone km en tra in = 10 kg équiva lent carbone

Éco-geste #17 - J'achète une voiture économe

En 1noyenne, en France, 80 % des foyers sont équipés d' une voiture. Le choix du type de véhicule est bien entendu déterniinant. D e l'usage du 4X4 en zon e urbaine à l'acquisition d'un véhicule à n1oteur therniique, hybride ou électrique, les options sont no1n breuses. Elles traduisent le degré d' engage111ent de son propriétaire vis-à-vis de la lutte contre les étnissions de gaz à effet de serre.

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Plus d'un nulliard de voitures Le nombre de roulent sur les routes de la véhicules sur la p lanète planète et environ 80 rnillions sont fabriquées chaque année. a dépassé 1 mi ll iard, La production de véhicules soit 1 voiture pour électriques et hybrides reste 7 personnes . Actuellen1ent, négligeable. les véhicules hybrides représentent 1n oins de 2 % des véhicules fabriqués dans le n1onde. Ces voitures possèdent un rnoteur plus efficace et elles récupèrent l'énergie cinétique au 1110111ent du freinage pour la convertir en électricité, laquelle sert à alünenter la partie électrique du groupe propulseur. C e systè111e pennet de gagner 30 à 50 % de carburant. En revanche, l'achat d'une voiture électrique n' est pas n écessairernent un bon rnoyen de lutter contre l'effet

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de serre. Cela dépend du n1ode de production de l'électricité. Selon les Nations unies, le parc autornobile 111ondial devrait tripler d'ici 2050, alünenté à 80 % par les pays en développernent. Éco-geste #18 - Je prends les transports en commun plutôt que la voiture pour aller au travail

La rnajorité des actifS travaillent à plus de 15 krn de leur donùcile et les trois quarts de ces trajets se font en voiture avec, le plus souvent, une seule personne à bord. Les traj ets en voiture génèrent des conso1n111ations de carburant et des énùssions in1portantes de polluants et de gaz à effet de serre. Les transports n'ont pas tous le 1nê111e iinpact : le bus én1et 2 fois 111oins de gaz à effet de serre et le train jusqu'à 30 fois 1noins que la voiture ou l'avion par personne transportée. Éco-geste #19 - J'évite de prendre l'avion Vl

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Un avion décolle chaque seconde dans le n1onde, soit environ 80 000 vols con11nerciaux par jour, l'équivalent de 30 nùllions de vols par an, pour transporter plus de 3 nùlliards de voyageurs en 2014. Avec une 1noyenne de 1OO voyageurs par avion, on estin1e que sont présents à tout 1no1nent dans le ciel 500 000 personnes, dans 5 000 avions. Un avion équivaut en 1noyenne à autant de p etites voitures qu'il a de sièges passagers. Au niveau 1nondial, les émissions de gaz à effet de serre du transport aérien ont augmenté de 30 % entre 1990 et 2004, alors que le trafic progressait de 94 %. Sil' efficacité énergétique du transport aérien s'est an1éliorée, on estin1e qu'il y aura plus de 200 nùllions de vols par an en 2020. Il est te111ps de réfléchir avant de cliquer sur Internet pour réserver un vol en urgence.

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ACTION CLIMATIQUE ET ACHATS DE CONSOMMATION

Entraînés par la société de conso1m11ation, nous so1m11es consta1n111ent sollicités, directe111ent ou virtuellement par Internet, pour acheter de nouveaux biens 111atériels ou équipen1ents. Savoir résister, se satisfaire des biens n écessaires sans s' encon1brer du superflu et ne pas céder à la publicité constituent une attitude clin1atique citoyenne qui a un ünpact positif sur la réduction les énùssions de gaz à effet de serre. En con1prenant nùeux les conséquences environnen1entales de nos actes de consonu11ation, nous retrouvons une capacité à décider, à ch oisir et à juger par nous-111ê111es. Par nos achats, nous influençons les conditions de fabrication des produits, ainsi que le inarché, et contribuons à l'évolution de la société de conson101ation.

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Pour éviter de se suréquiper et de devoir renouveler trop rapiden1ent un nlatériel à l'obsolescence progranu11ée, il est in1portant de bien définir ses besoins. Ensuite, il faut acheter des produits perforn1ants, consonu11ant p eu d'énergie ou favorisant des sources d' écononùe lors de l'utilisation. En effet, tous les produits que nous achetons ont un ünpact environnernental car ils nécessitent, de par leur production, leur e111ballage et leur livraison, des nlatières prenùères et de l'énergie. Les écoproduits sont plus respectueux de l' environne111ent tout en conservant leurs qualités. Éco-geste #20 - Je préfère les produits

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éthiques

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Les engage1nents écononùques, sociaux et environne111entaux du co1mnerce équitable encouragent des pratiques agricoles garantes de la protection de 1' environnen1ent. Les acteurs du con1n1erce équitable se

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1n obilisent pour atténuer les effets du dérègle1nent clün atique. Ces produits contribuent à des échanges co1n1nerciaux équitables entre le Nord et le Sud. Ils sont visibles sous les 1narques « Artisans du n1onde » ou « label Max Havelaar », par exe1nple. Ach eter éthique pose toutefois la question du transport induit par l'ünportation de ces produits. Éco-geste #21 - Je sélectionne les produits affichant un indice carbone

L'achat de produits affichant un indice carbone pen11et de fournir une inforn1ation sur l'in1pact clünatique des produits consommés et de per111ettre aux conso1n1nateurs de faire un choix en connaissance de cause. L'étiquetage environnemental indique la quantité de C0 2 énùse tout au long du cycle de vie des produits et s' exprüne en gran1n1e équivalent C02 pour 1OO g de produit fini. Vl

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Éco-geste #22 - Je choisis les piles rechargeables

Nous ach etons plus d 'un nùlliard de piles par an en France en oubliant leur in1pact cliau matique. Énergivores mon1ent de leur fabrication, la production des piles consonune 50 à 1OO fois plus d 'énergie qu'elle n 'en restitue. Si la fabrication des piles nécessite b eaucoup d'énergie, elle nécessite également des ressources non renouvelables con1rne le n1ercure, le cadnùum, le lithiurn ou le nickel. En outre, les piles usagées se révèlent très polluantes : 70 % du nùlliard des piles j etables vendues

La production des pi les jetables consomme 50 à 1OO fois p lus d 'énergie qu'elle n'en restitue.

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Comparatif entre piles jetables et piles rechargeables PILES JETABLES

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Performances, faible coût d'acha t, longue conservation.

Perte de charge plus rapide, moins adaptées aux équipements à usage occasionnel (lampe de poche, télécommande ... ).

Les piles alcalines jetables, plus puissantes et endurantes, représentent les trois quarts du marché en volume. Il fout 50 fo is plus Observations d'énergie pour fabriquer une pile a lca line jetab le que ce qu'elle fou rnira pendant toute sa durée de vie.

Une pile rechargeable supporte 400 à l 000 charges. Il existe 2 types de piles : - Les piles nickel-métal hydrure (NiMHJ se déchargent moins vite, avec une pu issance énergétique de 20 à 30 % supplémenta ire. - Les p iles au nickelcadmium (N iCdJ ont une durée de vie moins longue.

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Très économiques, réduction des déchets, nouvelles technolog ies performan tes.

Fabrication énerg ivore, fa ib le rentabi lité énergétique, souvent Inconvénients jetées sans être recyclées.

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PILES RECHARGEABLES

Source : 4Degrés+

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ne sont ja1nais rapportés pour être recyclés 1. Il est donc plus efficace d'utiliser des piles rechargeables à l'hydrure 111étallique de nickel (NiMH) qui sont réutilisables de 400 à 1 000 fois et dont l'ünpact environnen1ental est bien 111oindre. Les piles rechargeables 1. Un décret prévoit, depuis le 1er janvier 2001,l'obligation pour les consonunateurs de rapporter les piles et accumulateurs usagés. La France compte 33 000 points de collecte.

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ont un in1pact 28 fois moindre sur le réchauffe1nent clünatique et conso1nn1ent jusqu'à 23 fois rnoins de ressources naturelles non renouvelables. Il faut choisir dans la 1nesure du possible des équipe1nents qui n 'utilisent pas ou peu de piles, réduire leur non1bre, récupérer les piles usagées pour les recycler et investir dans un chargeur de piles NiMH qui peut 111ê1ne être ... solaire. Éco-geste #23 - J'opte pour des lampes de poche de type LED

Les lan1pes de poche à LED 1 conson1111ent entre 5 et 10 fois 111oins d'énergie qu'une lan1pe classique, pour une durée de vie co111prise entre 50 000 et 1OO 000 heures. Il est donc plus judicieux de ren1placer les la111pes de poche traditionnelles qui usent les piles en quelques h eures et sont 1nunies d'une ainpoule dont la durée de vie ne dépasse pas quelques dizaines d'heures. Vl

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Éco-geste #24 - Mon choix, c'est le bois

D ans la fabrication de nombreux objets, le bois est en concurrence avec le plastique, l'acier, l'alu1niniu111 ou le b éton. Pourtant, la grande différen ce, c'est son caractère renouvelable. Le bois a l'avantage de contribuer à l'absorption et au stockage du C0 2 . Une tonne de bois correspond à 1,4 tonne de C02 absorbé. Au stade de sa production, il nécessite 4 fois 1noins d'énergie que le béton, 60 fois n1oins que l'acier et 130 fois 1noins que l'alu1ninium. Toutefois, le bois n 'est réellement une ressource renouvelable que si les forêts dont il est issu sont gérées de 1. LED : Light-Emitting Diode (diode électrolumjnescente) .

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façon durable 1. Parmi les bois labellisés, il est préférable de privilégier les essences locales, tout aussi résistantes que les exotiques, 1nais au transport 1noins énergivore. D e 111anière générale, le bois est plus résistant que le plastique et n 'est pas un dérivé du pétrole. Éco-geste #25 - Je n'achète pas de vêtements à nettoyer à sec

La plupart des entreprises de nettoyage à sec utilisent du perchloroéthylène. N onnale1nent utilisé en circuit fern1é, des traces de ce solvant se retrouvent dans les nappes phréatiques et les rivières. Or il réchauffe le clin1at et dégrade l' environne111ent ; il est égalen1ent très nocif pour les écosystèn1es aquatiques. Les pressings écologiques qui n ' einploient que des produits biodégradables sont encore rares, aussi il vaut inieux éviter d'acheter des vêteni.ents ou du linge nécessitant un nettoyage à sec.

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A CTION CLIMATIQUE, ÉLECTRICITÉ ET CONNECTIVITÉ

La consoni.111ation en énergie électrique d'une fan1ille française s'élève en 111oyenne à 6 700 kWh par an, soit 0,0002 kWh par seconde. Le chauffage représente environ 55 % de la consonu11ation totale et l' eau chaude environ 22 %. Un chiffre qui a tendance à aug111enter avec la multiplication des appareils électriques. 1. L'Union européenne a défini la gestion forestière durable comme la gestion et l'utilisation des terrains boisés de manière à ce qu'ils maintiennent leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour le fotur, les fonctions écologiques, économ iques, sociales pertinentes, au niveau local, national et international et qu'ils ne causent pas préjudice à d 'autres écosystèmes.

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La consommation des appareils électriques Appareils électriques

% de consommation

Réfrigérateur/congélateur

32 %

Éclairage

14 %

Love-va isselle

14 %

Sèche-linge

14 %

Aud iovisuel

12 %

Lave-linge

7%

Divers

7% 100 %

Total Source : Institut national

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Pour düninuer la conso1nrnation électrique, choisissez des appareils à basse conso1n111ation. Les appareils de classe énergétique A sont plus chers, 1nais conso1n1nent jusqu'à 10 fois inoins 1 . Préférez le rnicro- ondes au four traditionnel, il utilise 10 fois 111oins cl' énergie. La consonunation du congélateur dépend de l'écart de ten1pérature avec l'extérieur, il vaut donc n1ieux le placer dans un lieu non chauffé. D égivrez régulièren1ent le réfrigérateur avant que la couche de givre n'atteigne 3 nun cl' épaisseur, ce qui pern1et cl' écononuser jusqu'à 30 % de la conson1111ation cl' électricité. Utilisez des progranunateurs pour gérer l'utilisation de votre chauffage quand vous êtes absent. Privilégiez la douche à la baignoire car elle conso1rune environ 70 % de rnoins cl' eau chaude. Installer des écononuseurs 1. D es appareils de classe énergétique A ++ font leur apparition, réduisant la consommation et la facture d'électri cité de 20 % par rapport à la classe A + .

Les citoyens« sentinelles ,, d u cl imat-60 éco-gestes

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d'eau sur les robinets pern1et de diminu er de n1oitié la conson1n1ation d'eau. Éco-geste #26 - Je change les ampoules

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L' éclairage représente en Les ampoules LED n1oyenne 14 ex) de la facture éclairent 20 fois d'électricité d'une fan1ille plus longtemps et française et l'énergie conson1n1ée représente 8 % des éinisconsomment 10 fois sions de C0 2 . En 1natière moins d'énergie. d'éclairage, il ünporte de re1nplacer les ainpoules classiques à incandescence ou halogène par des an1poules LED, qui durent plus longtemps et divisent la conso1nn1ation par 10. Ne nécessitant qu'un faible investisse111ent, cet achat est vite an1orti par la düninution de conso1nn1ation électrique. Par ailleurs, attention aux abat-j our de couleur sornbre qui peuvent absorber 50 à 80 % de la lunùère, obligeant à 1nultiplier les sources lurnineuses.

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Éco-geste #27 - Je débranche les appareils électriques en veille

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D ébranch er les appareils électriques qui restent en veille peut faire écononùser j usqu'à 7 % du n1ontant de la conso1mnation électrique. D e non1breux appareils électron1énagers ou 1nultünédias sont branchés en pennanence, souvent en « veille cach ée » lorsqu'ils ne sont pas utilisés, 1nais ils continuent à conson11ner. C'est le cas des ordinateurs et des périphériques en veille ou des érnetteurs wifi qui p euvent être débranchés la nuit.

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Éco-geste #28 - Je m'informe de la consommation de mes appareils de connectivité multimédia

L'audiovisuel, l'infonnatique, la téléphonie 111obile et la connectique ont envahi notre quotidien. Ils re1nplissent de non1breuses fonctions : sn1artphone, agenda électronique, console de jeux, lecteur 1nulti1nédia ... et utilisent des piles ou une batterie à recharger qui finissent par consonu11er beaucoup d'énergie. En outre, alors que les écrans LCD se généralisent, la taille des écrans ne cesse d' augn1enter au détrin1ent de la consonunation électrique. De façon générale, il faut privilégier les ordinateurs portables qui conso1111nent 50 à 80 % d'énergie en rnoins que les ordinateurs fixes. Par ailleurs, il faut être conscient que l'inforrnatique fixe ou rnobile est de plus en plus en n1ode connexion perrnanente et conson1111e de l'énergie. Les data centers, face cach ée de l'ère nun1érique, sont les ogres énergivores d'Internet. À chaque courriel envoyé, à chaque vidéo visionnée, à chaque requête sur un rnoteur de recherche, des 1nilliers de serveurs sont sollicités. En France, ils consonu11ent environ 9 % de notre électricité. À titre de con1paraison, si l' ense1nble des data centers étaient un pays, ce serait le 6e consonu11ateur d'électricité au n1onde.

En 2020, les data centers américains rejetteront dans l'atmosphère autant de C02 que le trafic aérien.

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Éco-geste #29 - Je m'interroge sur l'utilité de certains appareils électriques

Il faut se poser la question de l'utilité de certains appareils électriques : cafetière, grille-pain, sèche-linge 1 ou congélateur par exe1nple, si vous allez régulièren1ent faire les courses. Par ailleurs, sach ez que si 98,3 % des Français sont équipés d'un téléviseur, un écran plas111a conso111111e le double d'un écran LCD.

ACTION CLIMATIQUE ET EAU

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Un Français consonune en rnoyenne 150 litres d'eau potable par jour2 . La conso1nn1ation totale en eau don1estique dans le n1onde est estin1ée en 1noyenne à 40 litres d'eau par jour et par personne. En stabilisant ou en réduisant notre conson11nation d'eau, nous contribuons à préserver l'équilibre de la planète et de ses occupants. Les interrelations entre le change1nent clin1atique et le cycle de l' eau sont no1nbreuses et redoutables. L'eau est régulièren1ent citée parnu les crises les plus graves que l'hun1anité aura à affronter dans les prochaines décennies.

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Éco-geste #30 - J'évite de faire couler l'eau inutilement

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L'eau du réseau de distribution est délivrée à une pression de 3 bars, c'est- à- dire 17 litres par nunute. Les nutigeurs et les réducteurs de débit des robinets linutent utilernent la consomn1ation d'eau. Par ailleurs, 1. Le sèche-linge consomme 2 fois plus d'électricité en moyenne qu'un lave-linge et n'a pas toujours son utilité si vous avez de l'espace pour sécher le linge. 2. Source : Centre d'information de l'eau, février 2007.

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optez pour des systèn1es de chasse d 'eau à deux débits. Une ch asse d'eau classique consonu11e entre 6 et 12 litres d 'eau, une chasse d'eau à double co1m11ande entre 3 à 6 litres. Éco-geste #31 - Je prends des douches

Pour écononuser l'eau et l'énergie, prenez une douch e plutôt qu'un bain, cela pen11et de diviser en i11oyenne par trois la consonu11ation d'eau. Une douch e conso111111e de 50 à 80 litres d'eau, contre 150 à 300 litres pour un bain. Toutefois, ce principe dép end du débit et du te111ps de la douche, car une longue douche vaut un bain. Éco-geste #32 - J'économise« l'eau virtuelle»

Outre les écononues directes d'eau, il est possible de faire des écononlies ünportantes « d'eau virtuelle » nécessaire pour la fabrication des produits de consonu11ation. Vl

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Consommation en « eau virtuelle »

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Boissons et produits alimentaires

Litres d'eau

Fabrication de biens de consommation l litre de carburant

Litres d'eau

1 litre d'eau minérale

71

l litre de lait

7901

1 litre de jus d'orange

de 22 à l 000 1

1 t-sh irt en coton

2700 1

l kg de bœuf

15 000 1

l jean

10 000 1

l kg de porc

48001

1 kg d'acier

600à8001

l kg de poulet

40001

1 kg de carton

60à4001

1 kg de papier

18 1 7501

Les citoyens« sentinelles ,, d u cl imat-60 éco-gestes

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Éco-geste #33 - Je récupère l'eau de pluie

L'eau de pluie n 'est ni calcaire ni chlorée et elle a l'avantage d'être gratuite. Le potentiel de récupération d'eau de pluie est ünportant puisque l'on peut collecter, selon les régions, entre 45 et 80 n13 pour 100 rn2 de toiture. En disposant d'un réservoir d'une capacité suffisante, cela pennet d'assurer les besoins d'arrosage d'un jardin, ainsi que l' alirnentation d'une 1nachine à laver et de toilettes.

ACTION CLIMATIQUE ET DÉCHETS

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En France, la quantité de déchets n1énagers produite est en n1oyenne de 460 kg par an et par habitant. Ce chiffre est supérieur en milieu urbain par rapport aux zones rurales. Selon leur nature, la durée de vie des déch ets varie de 3 n1ois pour du papier, à 500 ans pour une bouteille ou un sac en plastique, 1 000 ans pour du polystyrène expansé, 5 000 ans pour du verre. Certains produits sont totalen1ent non biodégradables co1nn1e les pneus.

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Éco-geste #34 - Je refuse les sachets plastiques

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D ans le monde, quelque 18 milliards de sacs plastiques sont distribués chaque année et plus de 10 nulliards ne seront jan1ais recyclés. Chaque Européen en conso1nn1e environ 500 par an en n1oyenne et la France est l'un des plus gros conso1nn1ateurs de sacs plastiques au n1onde. La production de ces sacs conso1111ne des produits pétroliers, de l'eau et én1et des gaz à effet de serre. On esti111e que 8, 7 sacs en plastique contiennent assez d'én ergie en pétrole pour pennettre à une voiture de

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rouler 1 kn1. Il est tout à fait possible de refuser les sachets plastiques en les réutilisant ou en réhabilitant l'usage de sacs réutilisables ou de paniers. Éco-geste #35 - J'évite les produits à l'obsolescence programmée

Il est préférable d'acheter des objets de bonne qualité qui dureront plus longte1nps. Pour le n1atériel infonnatique, il faut faire le choix de n1odèles qui peuvent évoluer facilen1ent pour en augn1enter les perforn1ances, par extension de 111é111oire ou ajout de processeurs sans être obligé de les changer. Quand les équipe1nents électriques ou électroniques ton1bent en panne, n 'hésitez pas à faire appel à un professionnel pour un diagnostic, un devis et, le cas échéant, une réparation. Éco-geste #36 - Je trie mes déchets

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Le tri des déchets per111et de lutter efficace1nent contre le gaspillage des ressources naturelles, de pron1ouvoir les écononues d'énergie et de linuter les gaz à effet de serre. Pour pouvoir être recyclés, les déchets ne doivent pas être n1élangés avec les ordures n1énagères sinon les 1natières pren1ières secondaires ne sont plus récupérables. Les n1atériaux recyclés s'offrent une seconde vie, ainsi le papier est recyclable jusqu'à 6 fois, l'alun1iniu1n des 1nilliers de fois et le verre indéfinünent. Éco-geste #37 - Je composte mes déchets organiques

Vous pouvez installer une poubelle pour les déchets organiques afin de les transformer en con1post, utilisable ensuite pour ainender le jardin. Il est possible de se procurer un con1posteur ou un lon1bricon1posteur et, en quelques n1ois,les déchets alii11entaires seront transforn1és

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en con1post. Cela pennet de réduire de 30 % la quantité de déchets non triés qui doivent être incinérés.

A CTION CLIMATIQUE ET SANTÉ

La préservation de la santé et celle du cliinat sont inti111en1ent liés. L'objectif est de prévenir plutôt que de gu érir et de ch erch er à soigner sa santé en soignant la planète. Pour cela voici quelques conseils. Éco-geste #38 - Je privilégie la marche à pied

Un inode de vie trop sédentaire est néfaste pour la santé. En France, plus de 80 % de la population habite en ville et ne n1arche plus suffisanunent. Éco-geste #39 - Je pratique un sport

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La pratique d'une activité physique est bénéfique pour la santé. Faire du vélo, de la natation, de la course à pied ou du Tai chi ... c'est être au plus près de ses besoins physiologiques et psychologiques. La pratique sportive de111ande persévérance et assiduité, ce qui présente de non1breux avantages pour la santé. Toutefois, il n'est pas indispensable de devenir « ironwon1an » o u « ironn1an »,super h éros de triathlon parcourant 3,8 k111 à la nage, 180 k1n à vélo, suivi d'un inarathon de 42 k1n. Éco-geste #40 - J'évite les ascenseurs et les escalators

Mon ter ou descendre les escaliers favorise la circulation sanguine et l'oxygénation du cerveau. La vascularisation est prin1ordiale pour la santé, car c'est le sang qui approvisionne les organes en oxygène.

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Éco-geste #41 - Je privilégie mon sommeil

Le corps a besoin de dormir, ce n'est pas une perte de ten1ps 111ais un besoin physiologique. Donnir suffisanu11ent et régulièren1ent est un bon inoyen pour être clin1atiquen1ent éconon1e. La nuit, la consonu11ation énergétique est inoindre si on dort. Les besoins de la planète rejoignent ainsi ceux de la santé. Éco-geste #42 - Je pratique l'art de la cuisine

Cuisiner aussi souvent que possible favorise une bonne hygiène de vie. Se procurer des produits de bonne qualités, les cuisiner, élaborer des plats de saison à partir de produits locaux, c'est se donner des chances d'avoir une n1eilleure santé tout en li1nitant les gaz à effet de serre. Éco-geste #43 - Je mange moins de viande

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En 111oyenne, un Français n1ange près de 88 kg de viande par an, soit plus de 240 g par jour. La surconsonu11ation de viande rouge saturée de graisse a pour effet d' aug1nenter la prévalence de certaines affections conune l'hypertension, l'hypercholestérolénùe, les 111.aladies cardio-vasculaires, l'obésité, le diabète ou différentes fonnes de cancers . .. Le fer présent dans la viande rouge joue un rôle OÀrydant qui favorise les inaladies intla1n111atoires et le vieillisse111ent. À partir de l'âge adulte, la viande rouge n 'est pas une nécessité pour la santé. Éco-geste #44 - Je limite la consommation de produits raffinés

Que ce soient le sucre ou les plats cuisinés, leur dinùnution favorise la santé et l' en1preinte carbone. Les systèn1es de production industrielle et agroalin1entaire sont forten1ent conso1mnateurs d 'én ergie.

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Éco-geste #45 - Je baisse la température de mon logement

La te111pérature inoyenne du corps hurnain a aug111enté d'environ 1 °C depuis un siècle. Le 1nétabolis1ne du 111onde vivant est influencé par la te1npérature. Le 111onde des bactéries et des virus est très sensible à l' environnen1ent dans lequel elles évoluent et la réduction de la te111pérature ainbiante à 19 °C est un inode de prévention. Éco-geste #46 - J'oublie la climatisation

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Ne pas utiliser la cli1natisation, c'est aussi préserver son systè1ne inu11unitaire. Transpirer est un acte biologique naturel qui p ennet de réguler la te111pérature du corps, n1ais aussi d'éliminer des substances toxiques pour l'organisme. Par ailleurs, les grandes variations de ten1pérature, avec une amplitude supérieure à 10 °C, affectent la santé. Elles peuvent engendrer des infections respiratoires et des irritations oculaires, l'air clin1atisé étant beaucoup plus sec. Plus grave : la cli1natisation p eut exceptionnellernent provoquer un choc thennique entraînant une perte de connaissance ou n1ê1ne un risque d'arrêt cardiaque .

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Éco-geste #4 7 - Je ne jette pas les médicaments

Une grande part des principes actifs des médican1ents sont élüninés. Résistants au traiten1ent des eaux usées dans les stations d'épuration, on les retrouve dans les rivières et les 1ners, où ils agissent sur la faune et la flore aquatiques, affectant la biodiversité. Les n1édican1ents périn1és, non utilisés, doivent être rapportés à la pharrnacie afin d'éviter les rejets dans la nature.

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A CTION CLIMATIQUE, LOISIRS ET VACANCES

Les loisirs et les vacances sont des n101nents privilégiés pour se détendre et agir en faveur du clünat. Ces deux activités sont parfaiten1ent con1patibles, à condition d'être vigilant. Éco-geste #48 - Je limite et compense le C02 émis lors de mes voyages

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En vacances, il est préférable de privilégier les destinations de proxinuté, de faire de la randonnée ou de l' écotouris111e. Si possible, il faut s'efforcer de linuter les déplacen1ents en véhicules 111otorisés et se déplacer en train ou en vélo pour linuter les énussions de gaz à effet de serre. S'il n 'est pas possible d'éviter le transport en avion, il vaut mieux préférer les vols directs, car les décollages nécessitent des quantités ünportantes de carburant. On peut co1npenser le C0 2 énus lors des voyages en finançant des projets de protection de la biodiversité ou de reboisements.

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Éco-geste #49 - Je préfère l'écotourisme

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La biodiversité a une valeur écononuqu e 111esurable dans le do1naine des loisirs et de l' écotouris1ne. Il existe aujourd'hui de non1breux écolabels pour sélectionner l'h ébergement de vacances et privilégier les structures qui investissent pour préserver l'environn e1nent. L' écotourisme est un touris111e écologique, responsable, équitable, solidaire et . . . cli1natiqu e. Éco-geste #50 - J'évite les activités de loisirs motorisés

Il faut éviter autant que possible les loisirs inotorisés ou 1nécaniques : 1notos, scooters des nlers ou autres

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engins 111otorisés de loisirs. La nlarche à pied ou le vélo doivent être privilégiés à la voiture lors des déplacen1ents, ainsi que les activités de découverte de la nature, de randonnée et les loisirs doux à faible e111preinte carbone. Éco-geste #51 - Je soutiens des projets de reforestation

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Les arbres captent le gaz carbonique, dégagent de l'oxygèn e et participent au 1naintien de l'équilibre cli1natique. Pour lutter contre la déforestation et la surexploitation, il faut soutenir les proj ets de reforestation en France et dans le nlonde. Il est possible de participer à la can1pagne « Plantons pour la planète », nlenée par le Progranune des Nations unies pour l' environne111ent 1 ou le progra1111ne « Plantons pour une einpreinte positive » porté par la Fondation Yves Rocher sous l'égide de l'Institut de France et engagée aux côtés de l' Association française de l'arbre charnpêtre (AFAC) 2 pour la plantation de 50 1nillions d'arbres.

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Éco-geste # 52 - J'élabore un« Agenda 21 familial»

La lutte contre le changen1ent clin1atique n'est pas que l'affaire des experts. La démarche « Agenda 21 des fanùlles » vise à ünpliquer et responsabiliser chaque n1en1bre d'une fa1nille dans tous les gestes de la vie quotidienne. Portée par des associations ou des collectivités locales, la dén1arche Agenda 21 vise à faire évoluer progressive1nent les usages en 1natière d' alin1entation, d'eau, d'énergie, de déchets, de déplacen1ents, de santé 1. http:/ /www.plant- for-the-planet-billiontreecampaign.org/ 2. http:www.afac- agroforesteries.fr

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ou d' environne1nent. L'objectif est de réduire l' einpreinte carbone de chaque fanlille et de favoriser les échanges d'expériences en organisant des réunions conviviales entre les fa1nilles adhérentes au progra1nme.

Éco-geste # 53 - J'adhère à une association climatique citoyenne

Échanger ses pratiques d'action clin1atique au sein d'une association pennet de s'inscrire dans une dynanuque collective plus efficace. Le Réseau Action Clin1at (RAC) France fédère les associations in1pliquées dans la lutte contre le changen1ent clin1atique. Ce réseau représente en France le « C liinate Action N etwork » qui réunit 450 associations 111e1nbres dans le inonde. En consultant le site du RAC, vous trouverez certaine1nent une de ces associations présente à proxinuté de chez vous (www.rac-f.org/). Vl

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Éco-geste # 54 - Je participe à la Journée mondiale pour le climat

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À l'initiative de plusieurs asso ciations écologiques françaises, le 8 décen1bre est la date officielle de la Journée inondiale pour le cli1nat. Peu connue du public, cette journée pennet de corrnnuniquer sur le réchauffe1nent cli111atique, d'alerter l'opinion sur les conséquences prévisibles et de rappeler la nécessité d'agir ensen1ble pour en linuter les effets. C'est l'occasion de sensibiliser votre fa1nille, vos voisins et vos an1is sur les actions à 111ener. Seule une n1obilisation planétaire pourra rernédier à un réchauffe1nent observé à l'échelle 1nondiale.

Les citoyens« sentinelles,, du cl imat-60 éco-gestes

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A CTION CLIMATIQUE ET MONDE DU TRAVAIL

Le inonde du travail est un lieu privilégié pour agir en faveur du clünat et relier valeurs personnelles et professionnelles. L'objectif est d'intégrer les préoccupations clünatiques dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), des Agenda 21 et des bilans carbone. Éco-geste #55 - Je propose une démarche climatique à mon employeur

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In1pliquez votre en1ployeur et 111otivez vos collègues, c'est un prenuer pas pour engager des changen1ents de co1n porten1ent. Il existe des déinarches globales pern1ettant de soutenir les entreprises qui souhaitent s'engager dans le développe1nent durable et le inanage111ent environnen1ental. La certification ISO 14001, le référentiel « Eco-Manage1nent and Audit Sche1ne » (EMAS) et d'autres outils d'évaluation des entreprises pern1ettent d' a1néliorer la perfonnance environnen1entale. La référence « Engage1nent volontaire de l'entreprise pour l' environne1nent » (EnVol) concerne les entreprises de 111oins de 50 salariés. Par ailleurs, l'article 26 de la loi Grenelle II du 12 juillet 2010 portant engage1nent national pour l'environne1nent a rendu obligatoire la réalisation d' un bilan des énussions de gaz à effet de serre pour les entreprises de plus de 500 salariés, les collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants et les établisse1nents publics de plus de 250 personnes. Les diagnostics ou des plans d'actions plus ponctuels sont envisageables sous la fonne d'audit énergétique des bâtin1ents, d' organisation de la gestion des déch ets, de la nuse en place de

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plans de déplacen1ent entreprises ou inter-entreprises (PDE et PDIE). Éco-geste #56- J'incite mon employeur à agir pour la biodiversité

Une autre perspective consiste à convaincre votre en1ployeur de con1penser l'in1pact des énùssions de C0 2 ou d'augmenter son engage1nent en faveur de la biodiversité. Il s'agit de subventionner des associations de protection de la nature ou de financer des progranu11es en faveur de la lutte contre le change111ent clin1atique. Il est égalen1ent possible d'in1pliquer les salariés en les envoyant sur le terrain dans le cadre de congés solidaires 1 . Éco-geste #57 - Je m'engage dans le cadre du mécénat d'entreprise

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Co1nprendre quels sont les facteurs du changen1ent clünatique, les conséquences sur l' environne1nent et les populations, constituent un enjeu n1ajeur. Conune d'autres grandes entreprises, la Fondation BNP Paribas participe au 111écénat d'entreprise. Elle situe son action dans une dé111arche pluridisciplinaire, en faveur de projets innovants dédiés à la culture, à la solidarité et à l' environnen1ent. Dans ce cadre, elle soutient la recherche sur le changement cli111atique à travers un 1. La Loi N ° 95- 116 du 4 février 1995 relative au congé de solidarité internationale a pour objet de permettre à un salarié de participer à une mission d'entraide à l'étranger. La durée du congé de solidarité internationale ne peut excéder 6 mois. Sans être professionnel de l'humanitaire ou de l'aide au développement, chacun possède une compétence, un savoir-faire professionnel ou personnel, potentiellement utile à autrui. Voir http:// www.planete- urgence.org/

Les citoyens« sentinelles,, du cl imat-60 éco-gestes

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progranu11.e de 1nécénat intitulé « Clin1ate Initiative ». Ses projets traitent de sujets diversifiés con1111.e l'étude du risque d 'invasion de certaines esp èces d'insectes, les conséqu ences du changement climatique sur l'océan Austral, l'accélération de la fonte du p ergélisol, l'étude des clünats passés afin d'ajuster les 111odèles de cli111at ou l'étude de l' évolution des cli1nats et des bio111arqueurs. Éco-geste #58 - Je limite mes déplacements professionnels

Les progrès de l'infonnatique et de la téléphonie per1nettent aujourd'hui de conu11uniquer sans se déplacer. Une réunion téléphonique ou une visioconférence peut réunir des professionnels sans perte de te1nps de transport, sans consollU11ation de carburant et en linutant les éinissions atmosphériques de gaz à effet de serre. Éco-geste #59 - Je pratique le covoiturage Vl

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Bien souvent, pour les trajets do1nicile-travail, les voitures n e sont occupées que par une seule personne . C'est une solution pratique dans les zones 1nal desservies par les transports en conunun et envisageable aussi bien en ville qu'à la campagne. Le covoiturage peut se n1.ettre en place de façon infonnelle entre collègu es habitant à proxinuté. L'entreprise peut égale1nent le proposer de façon plus organisée. Il existe en France plus de 200 services de covoiturage ; le pre1nier organisateur est l'entreprise.

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Éco-geste #60 - Je pratique le télétravail ou le travail à domicile

Le télétravail se développe, c'est une opporturute lorsque l'on travaille loin de son donùcile. Dans certaines conditions, travailler chez soi à ternps plein p eut éconon1iser près de 50 % de l' érnission annuelle n1oyenne d'un Français. C es différents conseils en faveur de l'action clünatique citoyenne visent à pern1ettre à chacun de se rnontrer soucieux des conséquences de ses actes afin de veiller à préserver le clin1at. Pour évaluer concrète1nent les résultats des efforts fournis, il est possible de calculer son en1preinte carbone personnelle. C'est- à-dire la n1esure du volurne de C0 2 énùs par chacun d'entre nous par la cornbustion d'énergies fossiles. D e nornbreux calculateurs gratuits d' ernpreinte carbone sont proposés sur Internet1 .

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Il n'y a pas de solutions « clés en main», il appartient à chaque citoyen d'agir au quotidien et de devenir une « sentinelle du climat ».

L'action clirnatique citoyenne joue un rôle clé pour que le fatalisrne cède la place à l'initiative et l' engage1nent en faveur d'une société post-carbone. Nous devons évoluer collective111ent de la notion de développe111ent durable à celle de développen1ent humain durable.

1. Calculate urs gratuits « d'empreinte carbone >> : www·.calculateurcarbone.org, www.coachcarbone.org ou www.myclimate.org

Conclusion

Une nouvelle manière de penser est nécessaire si L'humanité ·veut survivre1. » «

Le réchauffe1nent clirnatique jette un froid. Notre inonde se dirige inexorablen1ent vers 4 °C de plus à la fin de ce siècle, avec la confrontation à des événen1ents clin1atiques extrên1es. L'incidence du cli1nat sur la planète est un phéno1nène accélérateur des catastrophes naturelles, ainplificateur de l'érosion de la biodiversité et incubateur de pandéinies.

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Auj ourd'hui, il s'agit de tirer les leçons de l'histoire et tenter de se préserver du pire, avoir conscience des 111enaces liées aux vulnérabilités nouvelles et essayer de passer d'une histoire subie à une histoire anticipée. Il faut échapper à l'illusion d'un ordre établi dans la durée. La réalité est con1plexe et le changen1ent climatique, turbulent et ünprévisible, n 'est qu'une étape du long processus d'évolution de l'histoire hun1aine. Mais la difficulté est toujours de prendre la 111esure du change1nent au 1110111ent où on le vit.

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L'action de l'Honune interroge chaque j our davantage l'habitabilité de la planète. Nous vivons à crédit sur le futur et, au rythn1e actuel, le budget carbone de la planète sera consonuné en 111oins d'une génération. S'il faut résister à toute tendance au décourage111ent résultant de l'an1pleur du virage à prendre et du pas de 1. Albert Einstein.

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ten1ps très court, il convient de se préparer à de nouveaux rnodes de vie. Face au changernent clirnatique, il irnporte de convertir le découragernent en reconquête de l'avenir et cultiver l'espoir d'une résilience. Diviser par 4, ou plus, les émissions de gaz à effet de serre ne condarnne pas nécessairernent à l' obscurantisn1e n1oyenâgeux, et « société post-carbone » ne rirne pas forcérnent avec décroissance. La crise clirnatique doit s'analyser par une lecture innovante, visant l'équilibre hun1ain conu11e centre de gravité du futur.

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La perspective de 4 °C de plus est celle d'un change111ent d'ère climatique. Face aux lenteurs de la gouvernance étatique, le volontaris1n e de la société civile doit favoriser un sursaut mondial et l' érnergence d'un nouvel état d'esprit, où le fatalis1ne cède la place à l'action afin d'éviter un « dépôt de bilan planétaire». L'agir clünatique se fonde sur trois priorités : la co1npréhension globale du « puzzle clirnatique », l' engagen1ent cli111atique citoyen et la construction d'une société post-carbone.

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COMPRENDRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE POUR AGIR

Les clés pour con1prendre sont les clés pour agir. Le changen1ent s' an1orce par la prise de conscience. Entre ego et chaos, la con1préhension du réchauffe111ent clirnatique nécessite un investissen1ent éducatif et culturel considérable. Éveiller et éduquer au change1nent clin1atique la « génération post-carbone » à venir constitue une priorité. Le ch ange1nent profond de société que vivra cette génération exige une véritable détnarche d'alphabétisation et de conscientisation. Agir pour le cli111at, c'est, pour chaque enseignant, concevoir

Conclusion

203

et dispenser un progran1111e transdisciplinaire d ' éducation cli1natique. C 'est pour chaque einployeur engager, dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), une action de n1obilisation clünatique des ressources hurnaines 1 . C 'est pour chaque élu, niaire ou président de collectivités territoriales, la nùse en œuvre d'une pédagogie clirnatique favorisant l'initiative citoyenne. C'est pour chaque électeur, la volonté de soutenir un candidat engagé dans la lutte contre le réchauffen1ent clin1atique. Notre n1otivation pour le devenir de la planète doit trouver son fonden1ent dans la prise de conscience des enjeux du futur. La con1préhension globale du défi cfunat- énergie est un préalable à tout engagen1ent social et hun1ain.

AGIR CHACUN À SON NIVEAU, CAR NOUS SOMMES TOUS DES ÉMETIEURS DE GAZ À EFFET DE SERRE vi

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Sept nùlliards d'êtres hun1ains sont confrontés au réchauffe111ent cli1natique sur une planète dont les ressources naturelles s'épuisent rapide1nent. L'enjeu n1aj eur du XXIe siècle est à la fois la coopération clin1atique entre les peuples, les pays développés ayant une dette historique à l'égard des pays en développen1ent, et la 111obilisation citoyenne n1ondiale face à l'urgence clin1atique. M obilisons-nous pour le cli1nat, l'action de chacun est déternùnante car nous son1mes tous des éinetteurs 1. Responsabilités environnementales, sociales et sociétales des entreprises : «Teambuilding corporate and carbon footprint », mobilisation climatique et empreinte carbone, association française« 4Degrés+ ».Contact : 4degresplus@gmail. com

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de gaz à effet de serre, soit parce que nous brûlons directe1nent des co1nbustibles fossiles, soit parce que nous choisissons de consonuner un service ou d'acheter un produit dont la fabrication engendre des éinissions de gaz à effet de serre. L'énergie la plus éconon1e et la n1oins éinettrice est bien entendu celle qui n'est pas produite ou conson1n1ée. En étant conscient des conséqu ences de nos n1odes de consonunation, il est possible, par des gestes sünples, de contribuer à la lutte contre le réchauffen1ent clünatique. C h acun, à son éch elle, au quotidien, peut agir efficace1nent pour la préservation du clünat.

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Notre co1nporte1nent individuel de consonunation traduit notre inscription au 111onde. Cette « world1110tivation », ou « n1otivation pour la planète », exprii11e à la fois un engage1nent individuel de court tenne et une évolution sociologique de long ternie. Il s'agit pour chacun de nous de trouver un ch e1nin de réduction des conson11nations d'énergies fossiles et d' énussion de gaz à effet serre, qui concilie l'expression de son ego et s'inscrive dans la rech erch e d'un équilibre collectif et d'une n1ulti-thérapie de l'urgence .

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PARTICIPER À L'ÉMERGENCE D'UNE CIVILISATION POST-CARBONE

La transrupture post-carbone conduit au choix d'une gouvernance clünatique fondée sur une alliance entre acteurs étatiques et société civile, pour une action dé1nocratique et citoyenne. D es voies nouvelles de développe1nent de l'hu1nanité se profilent à l'horizon, à condition d'être capable individuelle1nent et collective1nent de les saisir. Aujourd'hui, plus que jan1ais,

Conclusion

205

notre futur passe par celui des autres. La sécurité de tous les pays dépend de la capacité de chacun d'entre eux à agir efficace1nent et à contribuer à la sécurité de tous. Face à la contagion du futur, la survie des uns est plus que jan1ais la condition de la survie des autres. La civilisation post-carbone se fonde sur une solidarité clin1atique entre pays développés, pays é111ergents et p ays en développe1nent, sans oublier le sort des réfugiés clünatiques.

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D epuis le serapport du GIEC publié le 2 noven1bre 2014, le diagnostic est clair et nous ne rnanquons ni d'infonnations, ni de possibilités d'action sur le cli1nat. Mais faire des efforts irnportants au cœur d'une crise écononuque et au sein d'une co111pétition internationale dont les règles ne prenn ent pas vraiinent en co1npte le L'lcteur cli1natique est difficile, et nous h ésitons. Mais le clin1at futur n'a que faire de ces h ésitations et dépendra forten1ent de notre n1otivation « facteur 4 » et des actions que nous entreprendrons personnellen1ent. Les conséquences d'une h ausse de 2 °C seront sévères dans une grande partie du inonde et un dépassen1ent de ce seuil, probable si nous ne faisons rien, sera dévastateur. Le n1onde file vers + 4 °C à la fin du siècle. Le clünat change, et vous ?

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Les nouveaux mots-clés du changement climatique

On ne peut penser sans 1nots, les 1nots nouveaux sont nécessaires pour inventer den1ain. Adaptation : capacité à réagir face aux effets du change1nent clünatique par une action à réduire les conséquences préjudiciables du réch auffen1ent cli111atique. Atténuation : capacité à réagir face aux effets du réchauffe111ent cli1natique en s'attaquant aux causes des change1nents à venir. M esures de prévention ou de réduction des causes des émissions de gaz à effet de serre.

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Climato-catastrophisme : conception qui présente co1rune inéluctable et désastreuses les conséquences du réch auffe111ent clin1atique. C live Ha111ilton, philosophe du clin1at 1 , n 'h ésite pas à parler de fin du rnonde, tel que nous le connaissons aujourd'hui. D avid l{aroly, professeur de l'université de Melbourne, estüne que l'hu111anité doit passer par une phase de deuil du n1onde d'aujourd'hui afin de parvenir à accepter la réalité de la fin du n1onde actuel et se inettre enfin à agir pour s'adapter. Climutation : phéno1nène de n1utations cli1natiques aux conséquences inaj eures pour la planète, co1nn1e l' an1plification anthropique de l'effet de serre et la variation croissan te des ten1pératures. 1. Clive H amilton, philosophe du climat, a pubJjé un ouvrage intitulé Requiem pour l'espère humaine :pourquoi nous résistons à la vérité sur le changement climatique, Presses de Science Po, 2010.

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Climato-scepticisme : le rnot « clin1ato-sceptique » a fait son entrée dans l'édition 2014 du Petit Larousse. Il désigne les personnes qui inettent en doute l'existence du change111ent clirnatique, et nota1n111ent l'impact des activités hun1aines. Aujourd'hui, cette doctrine n1et 111oins en doute l'existence 111ê1ne du réchauffe111ent cli1natique que son arnpleur. En France, C laude Allègre, ancien n1inistre de la R ech erch e, a été la figure du inouven1ent cli1nato-sceptique. Il a publié en 2010 un ouvrage intitulé L'imposture climatique. Compensation carbone : action par laquelle un pays, une entreprise ou une personne qui érnet du C0 2 rén1unère un gestionnaire de ressources pour financer un projet réduisant en contrepartie les énùssions de gaz à effet de serre.L'objectif est de co1npenser globalernent les énùssions générées. ,

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Ecobiosystème : ensen1ble de concepts reliés et organisés visant à l'organisation de la vie dans la « n1aison 111onde ». « Éco )) vient du grec ancien oîkos (rnaison), bio du grec ancien « bios » (vie) et « systèn1e )) du latin systema, en1prunté au grec ancien, réunion en un ense1nble unique de plusieurs élén1ents. ,

Ecocide : acte de destruction ou d'endonu11age111ent irnportant d'un écosystèn1e, notanu11ent par son exploitation excessive. C e néologisn1e est construit à partir des inots « écosystè1ne » et « génocide » et sy1nbolise la destruction totale d'un écosystèn1e. ,

Ecosphère : écosystème dans lequel plusieurs niveaux interagissent les uns avec les autres : la inatière, l' énergie et les êtres vivants. Certains écologues préfèrent utiliser ce tern1e plutôt que celui de biosphère. L' écosphère désigne l' ensen1ble fonné par la biosphère

les nouveaux mots-clés du changement climatique

209

et l'atinosphère. Le tern1.e érnergent sera peut-être celui « d' écobiosphère ». ,

Ecotectonique : discipline nouvelle qui s'intéresse aux conditions de construction de la « inaison 111.onde » et sa p érennité future. De « eco » du grec ancien oîkos (111aison) et « tectonique » du grec tekton (bâtisseur) . ,

Eco- épidémiologie : discipline éinergente, transversale aux don1aines de l'écologie et de l' épidénùologe. L' éco-épidéiniologie cherche à co1nprendre conunent les inodifications environne1nentales et clin1atiques influent sur la santé hu1naine. Elle s'intéresse aux relations écologiqu es entre les facteurs de pathogénicité, les populations- cibles et l' environnenJ.ent, pour lüniter les ünpacts sanitaires des changen1ents clünatiques et environnenJ.entaux.

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Empreinte écologique : indicateur d'évaluation environne1nental qui con1.ptabilise la pression exercée par l'Hon1111.e sur l' environnen1.ent. L' ernpreinte écologiqu e vise à évaluer l'in1.pact des activités hunJ.aines sur les écosystè111es. La notion d' « ernpreinte carbone » reste toutefois abstraite et difficile à appréhender.

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Décarbonisation : ensen1ble des rnesures et techniques qui visent à réduire la teneur en carbone des énergies, voire d'une écono1nie entière. Le principe de neutralité carbone consiste à con1penser les énùssions de gaz à effet de serre dans l'atn1osphère dues à l'utilisation des énergies fossiles. L'obj ectif est de découpler la fonction énergie du carbone fossile. Géo-ingénierie : tern1.e utilisé pour désigner les proj ets scientifiques visant à rnodifier le clirnat terrestre pour faire face aux effets du réchauffe1nent clünatique. Il s'agit de techniques d'interventions hurnaines

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visant à stabiliser le climat et non d' une alternative à une écono111ie post-carbone. Le GIEC définit la géoingénierie co1m11e « l' ense1nble des techniqu es visant à stabiliser le systè1ne clünatique par une gestion directe de l'équilibre énergétique de la Terre, de façon à re1nédier à l'effet de serre renforcé ». Riscologie : regroupe les sciences qui étudient les risques naturels. Elle s'intéresse plus particulièren1ent aux risques 111ajeurs. La cindynique con1bine des aspects de sciences naturelles, géologie et 111étéorologie pour les catastrophes naturelles.

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Tectonique climatique : concept selon lequel il existe un lien entre événernents clin1atiques et 1nouven1ents tectoniques. Si les 1nouven1ents tectoniques influencent le cli1nat, désormais, l'inverse est égale1nent vérifié : l'évolution du clirnat affecte le n1ouven1ent des plaques tectoniques. Aux tern1es « sisrnotectonique », « volcanotectonique », « écotectonique », « biotectonique », s'ajoute désorn1ais celui de « tectonique clünatique ».

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Transrupture : notion qui traduit l'évolution irréversible de l'idée d'une transition progressive possible, con1111e en 1natière de transition énergétique, à l'idée d'une rupture brutale inévitable pour préserver la planète. Les perspectives pour l'avenir de la planète conduisent à une évolution du concept de transition, à celui de rupture.

Index A achat 179 acidification des océans 78 activité physique 191 adaptation 44 agroforesterie 86 ali mentation 169 altruisn1e 111 an1poule LED 185 appel de Bordeaux 122 Arrhénius Svante 47 artificialisation des sols 86 atténuation 44 autopartage 176 vi

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B Bangladesh 57 barrage des Trois-Gorges 65 biodiversité 74 bion12sse 131 bois 182 bouclier stratosphérique 138

c canicule 58 catastrophe lente 14 chauffage 165

chenille processionnaire du pin 77 chikungunya 91,95 climatisation 166, 193 clin12to-catastrophisme 21 clünato-scepticism.e 21 coalition Clin1at 21 27 commerce équi table 179 compost 190 congélation 170 congé solidaire 198 consommation d'eau 187, 188 consommation de viande 171, 192 consommation électrique 184,186 Conway Erik 19 COP 21 155 covoiturage 176, 199 crise de civilisation 23 cuisine climatique 173 cyclone 60

D Dagorn René 18 décarbonisation absolue 126 décarbonisation relative 126 déchet1nénager 189

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dengue 91,95 de Saussure HoraceBénédict 31 diplon1atie clin1atique 142

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Barth Hour 26 eau 85 eau chaude sanitaire 166 eau en bouteille 172 eau virtuelle 188 écoconduite 174 écon1obilité 175 écosystèn1e 7 4 écotouris111e 194 effet de serre 49 élévation du niveau de la n1er 70 emba11age 171 Enüssion Trading Systen1 (ETS) 133 énergie renouvelable 127

frelon asiatique 77 Fukushin1a Daiichi 68 Fukuyama Francis 18

G gaspillage 171 géo-ingénierie 137 GES 46 GIEC 34 goben1ouche noir 73 grippe aviaire HSN1 101 grippe n1exicaine A H1 N1 103

H habitat 164 habitat passif 167 horloge de Chicago 24

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F fièvre de la vallée du Rift 95 Fondation BNP Paribas 198 Fondation Yves Rocher 195 fonte des glaciers 84 forêt 80 forêt urbaine 124 Fourier Jean-Baptiste Joseph 31, 47, 48, 157

indice carbone 180 inondation 63 isolation thernlÎque 164

J Jouvenel Hugues de 117

K Klein N aonu 126 Kourilsky Philippe 112

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Index

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lan1pe à LED 182

récupération d'eau de pluie

M managen1ent environnern_ental 197 n1arche n1ondiale pour le climat 25 M cGuire Bill 64 n1écénat d'entreprise 198 n1obilité 174 Morin Edgard 13 n1oustique tigre 91 n1ouvement locavore 169

N nettoyage à sec 183 neutralité carbon e 55 vi

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obsolescence progranm1ée 179, 190 Oreskes N aomi , 19 ouragan 60 p

paludisme 97 pandémie 98 Paris clinut 2015 154 pile rechargeable 181 Prigogine Ilya 18 produits laitiers 172

189 réducteur de débit d'eau 187 reforestation 195 réfugié clinutique 134 responsabilité sociétale des entreprises (RSE) 197 Ricard Matthieu 111 Rifki n J eren1y 111 Rio + 20 153 Rio de Janeiro 151

s sac plastique 189 santé 191 sécheresse 58 séisn1e 68 Serres Michel 13 Sloterdijk Peter 119 sn1og 62 son1-n1et de la Terre (3e), Rio de Janeiro 151 sonunet de la Terre (4c:), Johannesburg 152 Stern Nicholas 133 stockage géologique du C 02 138 survi e alin1entaire 86 Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) 1OO